Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Cursente Benoît. Les montagnes des médiévistes. In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de
l'enseignement supérieur public, 34ᵉ congrès, Chambéry, 2003. Montagnes médiévales. pp. 415-433;
doi : https://doi.org/10.3406/shmes.2003.1866
https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_2004_act_34_1_1866
Benoît CURSENTE
les fruits devant l'aréopage des médiévistes français. Il m'est apparu que
mon rôle était, à cette place, de réintroduire ces deux ailes opposées de la
recherche pour mieux être en mesure d'apprécier et de mettre en
perspective les résultats de nos travaux chambériens.
Je me propose d'ordonner les réflexions qui suivent selon deux
registres. Tout d'abord, je reviendrai sur la riche pâture d'analyses et
d'informations qui nous a été offerte durant ces deux journées. Je
m'efforcerai d'en mettre en perspective les principaux apports. Dans un
second temps, j'examinerai les deux questions sous-jacentes à nos travaux
qui me paraissent conditionner le devenir des études sur les montagnes
médiévales : 1) Dans quelle mesure est-il pertinent et possible d'étudier
les sociétés de montagnes ? ; 2) Les sociétés de montagnes sont-elles
irréductiblement diverses, voire hétérogènes, ou bien subtilement
structurées par une charpente de même nature sinon de même apparence ?
Nos travaux ont été organisés autour de quatre thèmes : la
montagne traversée, la montagne gouvernée, la montagne vécue, la
montagne imaginaire. En fait ces quatre thèmes recouvrent deux façons
d'envisager les recherches : d'un côté la montagne considérée comme un
espace d'altérité, d'un autre la montagne considérée comme un espace
vécu. Et cette bi-polarisation thématique recouvre largement une autre
dualité. Dans le premier cas de figure, la montagne éclairée par des
sources qui lui sont extérieures se trouve dans une situation de
protohistoire ; dans le second elle est considérée comme un espace pleinement
historique. C'est là simplement prolonger le regard dialectique sur « ceux
qui passent et ceux qui restent »2, souvent repris depuis 1989.
2. P. Dubuis éd., Ceux guipassent et ceux qui restent. Études sur les trafics transalpins et leur impact
local, Actes du colloque de Bourg-Saint-Pierre, 1988, Grand-Saint-Bernard, 1989.
3. H. Martin, Mentalités médiévales II. Représentations collectives du xf au XV siècle, Paris, 2001,
p. 26-30.
Les montagnes des médiévistes 417
4. La montagne dans le texte médiéval. Entre mythe et réalité, Cl. Thomasset et D. James-Raoul éd.,
Paris, 2000.
5. Formule empruntée à Ph. Joutard, « La haute montagne. Visions et représentations », Le monde
alpin et rhodanien, 16/1-2 (1988), p. 7.
6. La question des interactions entre géographie savante et espace vécu a été récemment posée par
P. Gautier Dalché, dans le compte rendu paru dans Cahiers de Civilisation Médiévale, 44 (2001),
p. 384-385, à propos du livre de D. Dickinson, Medieval Space. The Extent of Microspatial
Knowledge in Western Europe During the Middle Ages, Lund, 1996.
418 Benoît CURSENTE
La montagne traversée :
marchands et pèlerins
La montagne se définit comme un espace où la circulation joue un
rôle d'autant plus structurant que le relief lui fait obstacle. Dans les
sources comme dans l'historiographie, la thème de la traversée des
montagnes occupe une place importante7. On a ici, avec bonheur,
poursuivi l'exploitation de la riche veine des récits de pèlerinage ou de
voyage profanes. Une fois la part faite, par un décryptage approprié, à la
dimension proprement humaine des faits, on en vient à un registre
d'analyse plus structural. La montagne se définit, simultanément, par la
particulière importance de situations d'isolement et une bonne capacité
d'insertion dans l'économie englobante (et par là même de syncrétisme8).
C'est une subtile affaire d'échelle, de moments, et de secteurs. L'étude
des péages, naturellement, privilégie l'image de l'ouverture. Comment
avoir une pesée globale de la « porosité » d'un massif ? Yves Coativy s'est
essayé à en expérimenter une en se fondant sur l'étude des trésors
monétaires.
Émergent deux faits contradictoires, qui méritent d'être également
soulignés. D'un côté, il faut prendre garde que nos propres habitus ne
nous poussent à l'anachronisme : eu égard à la conception médiévale de
la commodité et de la rapidité des transports, « la montagne barrière
n'existe même pas » (O. Kammerer). Cela étant, il faut sans doute
distinguer hautes terres et hautes vallées. L'apport de la période médiévale à
l'amélioration de la circulation intra-montagnarde, particulièrement dans
les Alpes, s'avère fondamental. La possibilité de passer un col en toutes
saisons constitue en soi une véritable révolution commerciale. Chacun
garde à l'esprit les pages magnifiques que Jean-François Bergier a
consacrées à l'aménagement du Saint-Gothard. Il était juste de reprendre ce
dossier majeur et Pierre Racine a fait pour nous le point sur le rôle
majeur que joue ce maillon de « l'axe eurasiatique » qui permet de relier
Londres à la Chine. Les spectaculaires aménagements des hautes vallées
ne doivent pas masquer des réalités beaucoup plus modestes mais sans
doute aussi beaucoup plus habituelles des conditions de circulation en
7. À titre indicatif quelques jalons : J.-F. Bergier, « Le trafic à travers les Alpes et les liaisons
transalpines du haut Moyen Âge jusqu'au XVIIe siècle », dans Le Alpi e l'Europa, III, Bari, 1975,
p. 1-72 ; P. Dubuis, éd., Ceux qui passent et ceux qui restent..., op. cit. ; G. Castelnuovo, « Tempi,
distanze e percorsi in montagna », dans Spazi, tempi, misure e percorsi nell'Europa del Basso
medioevo, Atti del XXXII Convegno Storico intemazionale deU'Academia Tudertina (Todi 1995),
Spolète, 1996, p. 211-236.
8. Cf. l'introduction d'E. Castelnuovo au magnifique volume collectif// Gotico nelle Alpi, 1350-
1450, Trente, 2002, p. 17-33.
Les montagnes des médiévistes 419
9. F. Bréchon, Réseau routier et organisation de l'espace en Vivarais et sur ses marges au Moyen Âge,
Thèse de Université de Lyon 2, 2000, dactyl.
10. B. Debarbieux, « La traversée des Alpes : une histoire d'échelles et d'intérêts, d'épousailles et
de divorces », Traverser Us Alpes, Revue de géographie alpine, 89 (2002), p. 1 1-24.
11. P. Freedman, Images of the Medieval Peasant, Stanford, 1999, p. 185-199 (l'Andorre et la
Suisse fournissent les paradigmes des libertés paysannes au Moyen Âge).
420 Benoît CURSENTE
12. Voir aussi F. Mouthon, « Moines et paysans sur les alpages de Savoie (xie-XIIIe siècles) : mythe
et réalité », Cahiers d'histoire, 46/1 (2001), p. 10-25.
13. On comparera avec profit son interprétation avec celle qui a été récemment proposée par
N. Vivier, « La république des escartons », Annales du Midi, CXIV (2002), p. 501-515.
14. J.-F. Bergier, Guillaume Tell, Paris, 1988.
15. On peut trouver jusqu'à une date récente dans certains ouvrages un discours situé dans la
filiation de celui que tenait il y a un siècle J. Grand Carteret, La montagne à travers les siècles, 1,
Grenoble-Moûtiers, 1903, p. 36 : «Inculte étant inoccupée (la montagne) sera défrichée pour
devenir sous la haute direction des religieux un modèle de culture agricole ».
16. G. Chittolini, « Principe e comunità alpine », dans Città, comunità efeudi degli stati dell'Italia
centro-settentrionale (secoli XIV-XVl), Milan, 1996, p. 127-144 : la construction des principautés
nord-italiennes s'accompagne au XVe siècle d'un relâchement du contrôle exercé sur la partie
alpestre (ce que F. Ratzel avait qualifié en 1896 « d'anomalie » alpestre).
Les montagnes des médiévistes 421
17. C'est ce que suggère P. Cammorossano, « L'organizzazione dei poteri territoriali nell'arco
alpino », dans L'organizzazione del territorio in Italia e Germania, secoli XIII-XIV, G. Chittolini et
D. Wiloweit éd., Bologne, 1994, p. 79.
18. R. Brondy, Chambéry : histoire d'une capitale vers 1350-1560, Lyon, 1988 ; J. Theurot, Dole,
genèse d'une capitale provinciale, des origines à la fin du XV siècle ; les structures et les hommes, 2 vol.,
Dole, 1998 ; C. Denjean, « Puigcerda, 1177 : un modèle pour une "ville nouvelle" ? », Saint-
Michel-de-Cuxà, 2001, Cahiers de Saint-Michel-de-Cuxà, 2002.
19. Ville et montagne. Stadt und Gebirge, Histoire des Alpes 5 (2000), Zurich, 2000 (cf. les
contributions de K. Brandsstâtter, M. Kosi, G. Chittolini, G. Castelnuovo, G.-M. Varanini).
20. Cf. G.-M. Varanini « Città alpine del tardo Medioevo », dans // Gotico nelle Alpi..., op. cit.,
p. 35-51.
21. P. Porte, Larina de l'Antiquité tardive au haut Moyen Âge, thèse de l'Université d'Aix-
Marseille I, 2001, dactyl. ; programme de recherche coordonné par Laurent Schneider (avec la
422 Benoît CURSENTE
29. R. Comba, A.-L Dal Verme, I. Naso éd., Greggi, mandrie e pastori nelle Alpi occidentali (secoliXII-
XïJ, Cuneo, 1996.
30. C. Rendu, La montagne d'Enveig. Une estive pyrénéenne dans la longue durée, Perpignan, 2003.
31. Je me borne à renvoyer aux Actes, en cours de publication, du colloque de Tarbes (juin 2002)
« Religion et montagnes », qui parachève un programme de travail de deux années coordonné par
l'EPHE (N. Lemaitre) et l'UMR 5136 FRAMESPA (S. Brunei).
32. Voir la révision de ce lieu commun historiographique que fait J. Tricard, Les campagnes
limousines du XlV au XVf siècle. Originalité et limites d'une reconstruction rurale, Paris, 1 996, chap. 4.
33. Cf. en dernier lieu R. Comba, « La mobilita geografica délie popolazioni montane : l'esempio
délie Alpi Maritime », dans Contadini, signori e mercanti nel Piemonte médiévale, Rome-
Bari, p. 85-107.
34. Ph. Maurice, La famille en Gévaudan au XV siècle, Paris, 1998.
35. On en trouvera une excellente discussion dans la thèse de D. Albera, L'organisation domestique
dans l'espace alpin. Équilibres écologiques, effets de frontières, transformations historiques, Université
d'Aix-Marseille, 1995.
424 Benoît CURSENTE
36. B. Cursente, Des maisons et des hommes. La Gascogne médiévale, Toulouse, 1998, R. Viader,
L 'Andorre. .., op. cit.
37. E. Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Paris, 1975.
38. Par exemple P. P. Viazzo, Upland communities. Environment, Population and Social Structure
in the Alpe Since the Sixteenth Century, Cambridge, 1989.
39. R. Me Netting, Balancing on an Alp. Ecological Change and Continuity in a Swiss Moutain
Community, Cambridge, 1981.
40. H. Falque-Vert, Les hommes et la montagne en Dauphiné au XIIf siècle, Grenoble, 1997.
41. J.-P. Boyer, Hommes et communautés du haut pays niçois médiéval : la Vésubie (Xllf-xV siècles),
Nice, 1 990 ; N. Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Age : économie et
société, fin Xllf-début XVf siècle, Paris, 2001 ; P. Dubuis, Une économie alpine à la fin du Moyen
Age. Orsières, VEntremont et les régions voisines, 1250-1500, 2 vol., Sion, 1990; R. Viader,
L Andorre..., op. cit.
Les montagnes des médiévistes 425
45. On trouvera, entre autres ouvrages, une illustration de ce constat dans les thèses de
P. Bonnassie, La Catalogne du milieu duX" à la fin du xt siècle. Croissance et mutations d'une société,
Toulouse, 1975-1976, 2 vol. ; F. Menant, Campagnes lombardes du Moyen Âge. L'économie et la
société rurales dans la région de Bergame, de Crémone et de Brescia du X~ au XIIf siècle, Rome, 1 993 ;
J.-J. Larrea, La Navarre du iV au XIf siècle. Peuplement et société, Bruxelles, 1998.
46. C. Rendu, La montagne d'Enveig. .., op. cit., p. 330-331.
Les montagnes des médiévistes 427
47. Voir à titre d'exemples la charte de Tende (fin XIe siècle) récemment revisitée par L. Ripart,
« Le comté de Ventimille a-t-il relevé des marquis arduinides ? », dans Le comté de Vintimille et la
famille comtale, A. Venturini éd., Menton, 1998, p. 147-167.
48. Fait récemment noté tant dans les Alpes que dans les Pyrénées : F. Mouthon, « Le règlement
des conflits d'alpages dans les Alpes occidentales (Xllf-XVf siècles) », dans Le règlement des conflits
au Moyen Âge (Congrès SHMESP d'Angers, 2000), Paris, 2001, p. 259-279, et R. Viader, L'Andorre. . .,
op. cit., chap. 8.
49. P. Caroni, « Statutum et silentium. Viaggio ne\Y entourage silenzioso dell diritto statutario »,
Archivo storico ticinese, 117 (1995), p. 129-160.
50. M. Gelting, « Les hommes, le pouvoir et les archives : autour des reconnaissances du mas
Diderens à Hermillon », Études savoisiennes, 3 (1994), p. 5-45.
428 Benoît CURSENTE
51. J. Berlioz, « L'effondrement du mont Granier en Savoie (fin 1248). Production, transmission et
réception des récits historiques et légendaires (xiIl'-XVlf siècles) », Le monde alpin et rhodanien, 15/1-2
(1987), p. 7-68 ; cf. aussi L'éboulement du Granier et le sanctuaire de Myans, Chambéry, 1998.
52. D. Galop, La forêt, l'homme et le troupeau dans les Pyrénées: 6000 ans d'histoire de
l'environnement entre Garonne et Pyrénées, Toulouse, 1998.
53. M.-P. Ruas, Productions agricoles, stockage et finage en Montagne Noire médiévale. Le grenier
castrai de Durfort (Tarn), Paris, 2002.
54. C. Rendu, La montagne d'Enveig..., op. cit.
55. A. Durand, Les paysages médiévaux du Languedoc (X-Xlf siècles), Toulouse, 1998 ; habilitation
en cours d'achèvement sur les montagnes du Sud.
56. Est sous presse l'ouvrage coordonné par L. Fau, Approches de l'habitat médiéval et de l'activité
économique en moyenne montagne. Les dépendances de la domerie d'Aubrac, Paris.
Les montagnes des médiévistes 429
57. A. Guerreau, L 'avenir d'un passé incertain. Quelle histoire du Moyen Âge au XXÏ siècle ?, Paris, 200 1 .
58. Je remercie chaleureusement Guido Castelnuovo de m'avoir aidé à compléter ma
bibliographie « alpestre ».
430 Benoît CURSENTE
59. Cf. en dernier lieu Le village des Limousins. Études sur l'habitat et la société rurale du Moyen Âge
à nos jours, J. Tricard éd., Limoges, 2003.
60. R. Me Netting, Balancing on an Alp..., op. cit.
61. Essentiel est à cet égard l'éclairage des modernistes : L. Fontaine, « Les sociétés alpines sont-
elles des républiques de petits propriétaires ? », dans La montagne à l'époque moderne. .., op. cit., p. 47.
62. B. Cursente, Des maisons et des hommes..., op. cit, met au jour le fossé qui sépare les casalers,
maîtres de maisons peu différenciés de la petite aristocratie, et leurs propres tenanciers appelés botoys.
63. Deux exemples : celui de Montaillou, E. Le Roy Ladurie, Montaillou..., op. cit., p. 43 ; et
celui du village suisse deTôrbel, R. Me Netting, Balancing on an Alp..., op. cit., p. 53.
Les montagnes des médiévistes 431
64. P. Toubert, Les structures du Latium médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du IX" à la fin
du Xlf siècle, 2 vol., Rome, 1973.
65. L. Feller, Les Abruzzes médiévales. Territoire, économie et société en Italie centrale du IX" au
Xlf siècle, Rome, 1998, chap. 6.
66. Villages pyrénéens. Morphogenèse d'un habitat de montagne, M. Berthe et B. Cursente éd.,
Toulouse, 2001.
67. N. Lemaitre, « Y a-t-il une spécificité de la religion des montagnes ? », dans La montagne à
l'époque moderne..., op. cit., p. 135-155.
432 Benoît CURSENTE
dans les Alpes 8. Dans les Pyrénées, les travaux récents permettent de
mettre au jour contrastes et nuances. Dans les hautes vallées du centre de
la chaîne, l'Église a littéralement été « possédée »69 : du XIIIe siècle au
concile de Trente les prêtres y ressortissent à un système familial et non à
l'Église universelle, de même que la dîme y est communautairement
gérée, à l'instar des pâturages70. Et, comme on l'a bien montré pour le
Dauphiné, la sorcellerie et la déviance ne préexistent pas, mais naissent de
la friction entre des sociétés paysannes particulièrement cohérentes et
l'irruption en force de l'État moderne et de l'Église universelle71.
7) II faut cependant prendre garde de taxer trop vite œs sociétés
« autres » d'archaïques. On parlera plutôt, là encore, de paradoxe. D'un
côté, par nécessité et par choix, les communautés sont portées à vivre dans
une auto-suffisance conservatrice. Mais elles se caractérisent, aussi, par une
remarquable capacité d'adaptation à l'innovation et au changement. Elles
ont su précocement en plusieurs endroits, grâce à des techniques de fumure
et d'irrigation, élaborer un système de production « hautement intensif»7 .
Par ailleurs, en dehors et parfois loin du manse où s'enracinent les élites
montagnardes, fonctionnent des réseaux familiaux que les sources, quand
elles existent, permettent d'identifier. Artisans, marchands, prêtres,
mercenaires, notaires, officiers, contribuent ainsi à leur façon à la renommée, à la
prospérité, voire à la simple survie de la cellule-souche. Sans doute faut-il
replacer dans cette perspective, du moins partiellement, les phénomènes
migratoires. On observe enfin que ces sociétés sont plus que d'autres, par
nécessité et par culture, prédisposées à la pluri-activité et à l'échange.
L'essor du pastoralisme ressortit à la logique spéculative d'une économie
ouverte. Partout où il a été étudié, le décollage de la métallurgie
montagnarde, dans les derniers siècles du Moyen Âge, se révèle indissociable d'un
engagement des élites locales. Et formulons l'hypothèse que si les rapports
ville-montagne se laissent si difficilement décrypter c'est, pour partie, que la
dialectique y est plus déroutante. Les élites urbaines qui investissent la
montagne sont parfois issues des branches cadettes des élites
communautaires qui ont investi la ville !
68. D. Rando, « La Chiesa e il villaggio in area alpina (secoli XIV-XV) », dans // Gotico nelleAlpi. . .,
op. cit., p. 53-59.
69. R. Viader, L'Andorre..., op. cit., chap. 7.
70. S. Brunet, Les prêtres des montagnes. La vie, la mort, la foi dans les Pyrénées centrales sous
l'Ancien Régime, Aspet, 2001 (restitue la genèse médiévale, à partir du XIIIe siècle, d'une situation
qui perdure jusqu'au XVIIe siècle).
71. P. Paravy, De la chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné. Évêques, saints et déviants
(v. 1340-v. 1530), 2 vol., Rome, 1993 ; « Dissidences religieuses et sorcellerie : une spécificité
montagnarde ? », Heresis, 39, 2003.
72. R. Me Netting, Balancing on an Alp..., op. cit., p. 43-49.
Les montagnes des médiévistes 433
73. C. Wickham, The Moutain and the City. The Tuscan Appenines in the Early Middle Ages,
Oxford, 1988 ; Id., Communautés et clienteles en Toscane au Xlf siècle. Les origines de la commune
rurale dans la région de Lucques, Rennes, 2001 .