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Pourquoi dit-on que les vaccins confèrent une «immunité de groupe» ?

 Par François Bourdillon Daniel Lévy-Bruhl

 Mis à jour le 18/10/2017 à 11:02

 Publié le 17/10/2017 à 19:07

AVIS D’EXPERTS- La plupart des vaccins confèrent une


protection individuelle, mais ils protègent aussi les
personnes non vaccinées. Deux scientifiques de Santé
publique France expliquent ce phénomène.

*François Bourdillon est directeur général de Santé publique France;


Daniel Lévy-Bruhl est responsable de l’unité vaccination de Santé
publique France.
La vaccination a, pour la grande majorité des vaccins, une double
dimension de protection individuelle et collective. La notion de
protection individuelle est bien comprise du grand public. C’est moins le
cas des effets indirects de protection vaccinale qualifiée d’immunité de
groupe.
Il ne s’agit pas d’une protection conférée par le système immunitaire
des sujets non vaccinés mais d’un moindre risque de rencontrer l’agent
pathogène (virus ou bactérie), du fait de vivre dans un environnement
comportant une proportion élevée de sujets vaccinés qui ne peuvent
transmettre la maladie.
Cette protection se manifeste essentiellement pour des maladies qui ne
peuvent se transmettre que de personne à personne. La diminution du
nombre de cas induite par la vaccination entraîne une diminution
équivalente du nombre de sources de contamination pour les
personnes non immunisées contre la maladie. En effet, la vaccination
empêche non seulement la personne vaccinée d’être malade mais le
plus souvent prévient la multiplication de l’agent pathogène chez la
personne vaccinée.
La vaccination empêche non seulement la personne
vaccinée d’être malade, et elle prévient la
multiplication de l’agent pathogène chez la
personne vaccinée
Dans une population non vaccinée, une personne infectée par un agent
pathogène, qu’elle développe ou non des signes de la maladie, va
contaminer un certain nombre de personnes de son entourage et
chacune d’entre elles va également contaminer un nombre équivalent
d’autres personnes et ainsi de suite. Ceci est à la base de la croissance
exponentielle du nombre de sujets infectés lorsqu’un virus ou une
bactérie est introduit(e) dans une population qui y est réceptive et
explique les phénomènes épidémiques.
Dans une population bien vaccinée, la plupart des personnes
contaminées seront des personnes chez qui l’agent pathogène ne
pourra pas se multiplier. Ces personnes ne seront donc plus à même de
permettre la poursuite de la circulation du virus ou de la bactérie,
entraînant une forte réduction de la circulation de l’agent pathogène.
Les sujets non vaccinés seront ainsi protégés par les sujets vaccinés,
qui agissent comme une barrière entre eux et le virus ou la bactérie.
Cette protection indirecte est indispensable pour protéger les
personnes ne pouvant pas être vaccinées, en particulier les nourrissons
trop jeunes pour recevoir les vaccins ou les personnes qui présentent
une contre-indication. Elle l’est aussi pour les personnes, enfants ou
adultes, qui n’ont pas été vaccinées. Plusieurs exemples permettent
d’éclairer ce phénomène.
Disparition des méningites du nourrisson
Ainsi la mise en œuvre de la vaccination contre Haemophilus influenzae
b a fait quasiment disparaître en quelques années les redoutables
méningites et épiglottites du nourrisson occasionnées par cette
bactérie. La vaccination est recommandée à partir de 2 mois et la
protection complète nécessite 3 doses. Or les données de surveillance
épidémiologique ont montré la quasi-disparition de ces maladies y
compris chez les nourrissons dans les tout premiers mois de vie, alors
qu’ils sont encore trop jeunes pour être protégés par la vaccination.
Cette protection indirecte est le reflet de l’éradication de la bactérie
chez les enfants plus âgés vaccinés avec qui les nourrissons sont en
contact, par exemple en crèche, et qui étaient, avant la vaccination, la
principale source de contamination des nouveau-nés.
La vaccination contre le pneumocoque avec le vaccin conjugué illustre
également les effets collectifs très favorables qu’une vaccination peut
avoir bien au-delà de la tranche d’âge des sujets vaccinés. Alors que le
vaccin n’est pas utilisé chez l’adulte, l’incidence des infections invasives
à pneumocoque (infections où le pneumocoque envahit le sang ou le
liquide céphalo-rachidien) a en effet diminué entre 2008-2009 et 2015
de 38 % chez les personnes âgées. Ceci est le résultat de la diminution
très importante du portage des sérotypes vaccinaux chez les enfants
vaccinés, la gorge des enfants constituant la principale source de
contamination des adultes par les pneumocoques.
Expérience néerlandaise
Si la couverture vaccinale est élevée, une diminution
de l’incidence de la maladie affectant l’ensemble de
la population, vaccinée et non vaccinée, peut
permettre d’éradiquer une maladie
On pourrait citer également l’expérience néerlandaise qui a montré la
quasi-disparition des infections à méningocoque C grâce à une
couverture vaccinale très élevée chez les enfants de 1 à 18 ans. Ce
constat laisse penser que si la couverture vaccinale contre le
méningocoque C, en France, avait été suffisamment élevée pour
induire une immunité de groupe, une très grande partie des 467 cas,
dont 66 décès survenus depuis 2011 chez des personnes de moins de 1
an ou de plus de 24 ans, aurait été évitée (au-delà de la trentaine de
décès âgés entre 1 à 24 ans survenus chez des sujets non vaccinés).
Enfin, si la couverture vaccinale est élevée, une diminution de
l’incidence de la maladie affectant l’ensemble de la population, vaccinée
et non vaccinée, peut permettre d’éradiquer une maladie, c’est-à-dire
de faire totalement disparaître l’agent pathogène responsable. Cela a
été le cas pour la variole et a permis d’interrompre la vaccination.
La combinaison de la protection individuelle et collective grâce à des
niveaux de couverture vaccinale élevés a permis d’éliminer totalement
la diphtérie et la poliomyélite ou presque totalement les infections à
Haemophilus influenzae b de l’enfant. A contrario, les niveaux
insuffisants de couverture vaccinale atteints pour la vaccination contre
la rougeole au regard de sa très grande transmissibilité ainsi que pour
la vaccination contre le méningocoque C n’ont pas permis d’induire une
immunité de groupe suffisante pour éliminer ces maladies. Ceci se
traduit par la survenue de cas et de décès, en particulier parmi les
populations qui ne peuvent bénéficier de la protection directe de la
vaccination et dont la seule protection repose sur l’immunité de
groupe.
À l’heure où l’engagement citoyen a un sens tout particulier, où le
sentiment d’insécurité collective alimente les peurs mais aussi les élans
de solidarité, il est temps de rappeler que la vaccination protège,
collectivement, la santé des populations. Elle est le bouclier le plus
efficace que nous ayons pour prévenir les épidémies, et protéger
notamment les plus jeunes et les plus fragiles. Se faire vacciner,
vacciner ses enfants, c’est bâtir un cordon de sécurité qui nous protège
tous, contre des maladies potentiellement très graves. N’attendons pas
qu’une sévère épidémie ne vienne nous le rappeler.
http://sante.lefigaro.fr/article/pourquoi-dit-on-que-les-vaccins-conferent-une-immunite-de-groupe-/

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