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COLLOQUE INTERNATIONAL : « QUELLE MICROFINANCE POUR

L’AGRICULTURE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT ? »


4 – 6 DECEMBRE 2007, PARIS (FRANCE)

Introduction et développement du warrantage au Niger à travers les


institutions de micro-finance et au profit des producteurs agricoles

Sani BOUBACAR, FAO, Niger

1. Historique et justification de l’introduction du warrantage au Niger

En 1999, à son démarrage, le Projet Intrants Niger-FAO-Belgique, tout comme les nombreux projets
de développement, a rencontré des difficultés pour le financement des intrants agricoles, dans le
cadre de la mise en œuvre de son mandat de « promotion de l’utilisation des intrants agricoles par les
organisations de producteurs ». En effet si les solutions techniques culturales existent, elles ne
peuvent cependant aboutir si l'accès aux intrants reste aléatoire avec une disponibilité à point nommé
et un financement non assurés.

La plupart des institutions financières (IMF et banques) excluent le financement des intrants agricoles
tant les risques d’avortement des productions, avec les aléas climatiques , ainsi que les risques de
non remboursement des crédits, avec l’héritage de la mauvaise culture de crédit laissée par les
expériences précédentes, sont grands. Aussi, les banques se cantonnent en milieu urbain et les IMF,
en milieu rural, ciblent les activités de commercialisations. Les IF ne s’engagent à financer les
productions agricoles que si un partenaire s’engage à prendre en partie ou en totalité les risques.

Les seuls mécanismes existants pour le financement des intrants sont peu viables (fonds de
roulement, banques d’intrants, crédit de campagne agricole, …) mis en place les projets agricoles ou
sont usuriers comme les prêts accordés, à des taux élevés de 50 à 100% (le « atchi ba dadi » qui se
pratique notamment dans les zone de cultures de rente), par des spéculateurs informels.

Tous ces types de crédits ne font pas la prospérité des producteurs agricoles, au contraire, ils
contribuent beaucoup à son endettement et sa paupérisation, le maintenant dans un cercle vicieux.
En effet, il est généralement prévu que tous ces crédits accordés pour divers besoins économiques ou
sociaux, tout le long de l’année, soient remboursés à la récolte, période de meilleure solvabilité du
producteur. Ce procédé oblige le producteur, ainsi coincé, à céder sa production à vil prix au
commerçant, qui est le plus souvent le créancier usurier.

C’est dans ce contexte de spéculation sur les produits agricoles par les commerçants, d’extrême
pauvreté du producteur agricole nigérien constamment confronté à un manque de liquidité et à des
difficultés d’accès aux crédits, que le Projet « Promotion de l’utilisation des intrants agricoles par les
organisations de producteurs» (Projet du Ministère de l’Agriculture et exécuté par la FAO,
communément appelé « Projet Intrants ») s’est attelé à chercher et proposer une solution innovante,
efficace, viable et pérenne, tenant compte des préoccupations bancaires de garantie des crédits, mais
également tenant compte des faibles capacités des producteurs et de leurs besoins de financement
des intrants.

Ainsi, dès 1999, le Projet Intrants a entamé une expérimentation du financement des intrants à partir
du warrantage des récoltes. Cette technique (en anglais « Inventory Credit » : littéralement « crédit sur
inventaire ») est une technique de crédit qui se base sur une garantie constituée par un stock de
produits agricoles susceptibles d’augmenter de valeur.

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4 – 6 décembre 2007 au Centre de conférence Pierre Mendès France, Paris (France)
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Introduction et développement du warrantage au Niger à travers les institutions de micro-finance et au profit
des producteurs agricoles

La technique du crédit warranté fut introduite et adaptée au Niger pour aider le petit producteur, à
travers sa coopérative, à commercialiser plus tard et à meilleur prix ses produits agricoles tout en
disposant de liquidités (crédits) pour subvenir à ses besoins ou développer une activité rentable juste
après la récolte. En bénéficiant du différentiel de prix entre la période de récolte et la période de
soudure, le producteur acquiert ainsi la capacité financière pour acheter au comptant des intrants,
sans altérer le maigre budget du ménage. Cette disponibilité financière permet aussi, pour les
organisations de producteurs, de structurer la demande en intrants en la rendant solvable, prévisible
et groupée.
La technique du warrantage connût rapidement un succès important tant auprès des producteurs que
de leurs partenaires, dont les systèmes financiers opérant en milieu rural et même les banques
classiques. Elle offre, en effet, des avantages pour le producteur qui gagne ainsi plus d’argent mais
aussi pour l’IFR qui voit là un moyen sûr de distribuer du crédit en disposant d’une bonne garantie.

Le warrantage fut adopté et développé rapidement par tant de protagonistes différents qu’il a donné
lieu à de nombreuses variantes, interprétations, erreurs et succès.

Afin d’accompagner et formaliser le développement du warrantage, l’ensemble des acteurs ont fait
confiance au Projet Intrants pour concevoir les modules de formation, assurer le suivi-évaluations d’un
grand nombre d’opérations, de déceler les dérives et de proposer de nouvelles règles appropriées,
jusqu’à l’élaboration et l’édition d’un guide en la matière, présentant quelques règles et
recommandations.

2. Adaptation de la technique de warrantage au contexte du Niger

a. Le warrantage « orthodoxe »
La technique de warrantage consiste dans la possibilité pour tout agriculteur d’offrir sa récolte en gage
du remboursement d’un prêt sollicité pour financer le début du cycle de production suivant ou tout
autre activité productive agricole (élevage notamment). Seulement, comme les établissements
financiers n’ont pas, toujours, les moyens de conserver l’objet de la garantie (le warrant) dans leurs
murs, il a été imaginé de procéder à la mise en gage au moyen d’un « entiercement » : les
marchandises sont entreposées dans des magasins généraux, dont les gestionnaires délivrent en
échange des documents appelés « récépissés-warrants » ou « certificat de dépôt », destinés à
représenter à la fois la créance et la marchandise donnée en garantie, permettant de faire circuler
toutes deux par la voie de l’endossement. Le schéma 1 décrit cette technique, dite de warrantage
orthodoxe.

Schéma 1 : Les 3 acteurs du warrantage orthodoxe : Producteur-Entreposeur agréé-Banquier


PHASE 1 : A LA RECOLTE (CONSTITUTION)
1. Le producteur dépose ses produits à
Entreposeur l ’entrepôt
2. L ’entreposeur délivre un certificat de dépôt
1
3. Le producteur donne le certificat de dépôt au banquier
2
4. Le banquier donne le crédit à la 80% de la valeur du jour

Producteur 4 Banquier
3

PHASE 2 : A LA SOUDURE (DENOUEMENT) 5. Le producteur et l ’acheteur déposent le prix


du stock à la banque

Entreposeur 6. Le banquier donne le certificat dépôt à


l ’acheteur

8 7. L ’acheteur donne le certificat dépôt à


7 l ’entreposeur

8. L ’entreposeur donne la marchandise à


Producteur
Banquier l ’acheteur
5
Acheteur
6

Cependant, cette technique présente l’inconvénient de dessaisir obligatoirement le débiteur, par le


biais de l’entreposeur agréé.

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Introduction et développement du warrantage au Niger à travers les institutions de micro-finance et au profit
des producteurs agricoles

Par la suite, différentes sortes de warrants n’opérant pas de déplacement des marchandises données
en garanties ont donc vu le jour, dénommés génériquement « warrants à domicile » similaire des
« crédits sur inventaire » ou « inventory crédit » connus dans le droit d’origine britannique. En Europe,
c’est à cette catégorie qu’appartient le plus souvent le warrant agricole.
Dans le contexte des pays en développement, le warrantage prend l’une ou l’autre forme, en
« détention bancaire », en « tierce détention », en « warrant à domicile » ou « détention
communautaire », selon les pays.
Généralement, en plus du contrat de crédit, un autre contrat est toujours établi (convention de
nantissement de stock) pour gérer la garantie constituée de stock de produits agricoles. Mais aussi,
les deux aspects (crédit et garantie) peuvent être gérés par un même contrat.

b. L’adaptation nigérienne du warrantage

A défaut de l’entreposeur agréé, le choix, de la forme à donner au warrantage au Niger, a porté sur la
«détention communautaire» à laquelle un certain nombre d’adaptations ont été apportées :

 les producteurs, réunis en Coopératives (appelées ici Organisations de Producteurs ou « OP »),


stockent une partie de leur production dans un magasin approprié qui leur appartient. Le
producteur individuel n’a pas accès directement au crédit warranté ; c’est son OP qui emprunte
auprès de l’IFR et qui sous-distribue le crédit à ses membres.

 Ensuite, l’IFR locale, vérifie la quantité, la qualité et le mode d’entreposage des produits stockés
par l’OP et ses membres ainsi que les normes du magasin (capacité, santé et sûreté), consulte les
prix sur le marché et octroie à l’OP un crédit d’un montant équivalant à 80% de la valeur du stock.

 L’IFR et l’OP ferment alors le magasin Représentant de l’IFR Représentant de


ensemble en mettant deux cadenas (cf. et son cadenas l’OP et son cadenas
image 1) : l’un pour l’OP et l’autre pour
l’IFR, chacune des 2 partie gardant
toutes les clés de son propre cadenas.
Il n’y a pas d’échange ou de prêt de
clés, le magasin n’est ouvert qu’en
présence des 2 parties. Ce dispositif de
« double cadenas » et la signature
d’une « convention de nantissement du
stock » remplacent la tierce détention
par l’entreposeur et le certificat de
dépôt, dans le cas du warrantage
orthodoxe. Image 1 : Principe du « double cadenas »

 L’OP partage alors le crédit ainsi reçu à ses membres en fonction de la contribution de chacun au
stock mis en garantie. Chaque paysan reçoit donc l’argent de sa récolte comme s’il l’avait vendue
-mais il ne l’a pas vendu. L’opération de crédit warranté est dite « nouée ».

 Avec cet argent, le paysan peut financer une activité génératrice de revenu (à conseiller) ou faire
face à des dépenses sociales. L’intérêt du warrantage est justement de permettre de financer
n’importe quel objet (à éviter) pour le producteur puisque l’IFR possède une garantie.

 Quelques mois après, le producteur rembourse son crédit et l’IFR libère le stock qui, entre-temps,
a augmenté de valeur. L’opération est alors « dénouée ». Le crédit est remboursé avec le produit
de l’AGR et non avec le produit de la vente du stock de garantie. Le recours à la garantie se fait
uniquement en cas de difficulté de remboursement avec le produit de l’AGR.

Le crédit warranté se noue au moment où les prix sont au plus bas et se dénoue au moment où les
prix ont augmenté significativement. L’opération dure généralement quelques mois (3 à 6 mois) et se
situe entre 2 cycles saisonniers de la production agricole.

Rappelons que les principes du warrantage, tels que adaptés au Niger, ont été éprouvés et validés
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avec l’appui d’une expertise internationale, au cours d’un atelier national en 2005 ayant regroupé les
professionnels de la micro-finance et bon nombre d’autres acteurs.
ère
En résumé, le tableau 1 présente la vérification du respect des principes du warrantage (1 colonne
ème ème
du tableau) dans l’adaptation nigérienne (3 et 4 colonnes).

Sept (7) principes du warrantage ont été identifiés, le respect vérifié et l’adaptation éprouvée.
Certaines adaptations sont encore fragiles, il s’agit en particulier de :
• professionnalisme, encore insuffisant, des OP dans l’entreposage et gestion des stocks ;
• confiance (parfois exagérée) de l’IFR au client : les organes de décisions (Conseil
d’Administration, Comité de Crédit,…) de certaines IFR accordent parfois une confiance
exagérée au client, entraînant une mise en cause de la garantie du crédit.
Par contre d’autres adaptations consolident les principes du warrantage, on peut citer :
• Recherche de l’adéquation montant crédit/valeur garantie/risques : En effet un montant de
crédit inférieur à la valeur de la garantie, sécurise davantage le remboursement ;
• Sûreté de la source (s) de remboursement du crédit : le conditionnement du
remboursement sur la base des résultats des AGR, double les sources de remboursement :
résultats des AGR et vente éventuelle de la garantie.

Tableau 1 : Respect des principes du warrantage dans le warrantage orthodoxe et dans l’adaptation au Niger
Principes Technique de Technique de Warrantage au Niger Remarques sur le warrantage au Niger
Warrantage orthodoxe
L’OP est une institution agréée par les autorités. Mais elle a
1. Professionnalisme
besoin d’être formée aux techniques du warrantage, car elle doit
dans l’entreposage et la Entreposeur spécialisé et
Magasin coopératif approprié, propriété s’engager, à travers une convention de nantissement, être
gestion des stocks agréé pour la tierce
de l’OP responsable des risques qui adviendront au stock pendant sa
(Entrepôt agréé par la détention
mise en garantie (elle remplit, par là, les fonctions de
banque/IFR)
l’entreposeur agréé)
Produits agricoles, Produits agricoles (céréales,…),
Il a été constaté qu’il a été mis en garantie, sans problèmes, des
choisis pour leur qualité pastoraux (cuirs, peaux,…), sylvicoles
stocks d’engrais par une boutique d’intrants et acceptés par
vérifiée, leur bonne (gomme arabique, ….) ou artisanaux
2. l’IFR.
conservabilité, leur (maroquinerie, vannerie,…) choisis
« Warrantabilité » des Des acteurs (IFR, OP, projets) cherchent à créer des
volume raisonnable, dont pour leur qualité vérifiée, leur bonne
produits agricoles mis infrastructures appropriées au stockage de certains produits dont
la valeur doit augmenter conservabilité, leur volume
en garantie l’augmentation de la valeur marchande est très intéressante mais
(au minimum constante raisonnable, dont la valeur doit
dont il persiste des difficultés de conservation (oignon,…) ou
pendant la durée du augmenter (au minimum constante
d’encombrement (fanes niébé, palme de doum,…)
crédit) pendant la durée du crédit)
Risque bien circonscrit, en absence
Risque bien circonscrit
d’entreposeur agréé, avec d’autres
avec l’assurance prise sur Avec le warrantage, la garantie sur les crédits octroyés par des
3. Adéquation montant mesures : principe de « double cadenas,
le certificat de dépôt : IFR passe de 20% (apports personnels) ou 33% (épargne
crédit/valeur caution solidaire, montant de crédit
Montant du crédit égal préalable) des crédits ordinaires à 100%, en début du crédit, et
garantie/risques inférieur (80%) à la valeur du stock,
(100%) à la valeur du plus de 150% à la fin du crédit warranté.
crédit de court terme, remboursement
jour de la garantie.
grâce au revenu d’une AGR.
La durée de l’augmentation des prix de la plupart des produits
Calage de la durée et la Calage de la durée et la période du
agricoles va de la période des récoltes à la période de soudure,
4. Inflexibilité de la période du crédit à celles crédit à celles de l’augmentation des
soit 8 à 9 mois. Mais, afin de dénouer le crédit et de libérer la
durée et période du de l’augmentation des prix des produits agricoles mis en
garantie en début de la période de soudure, correspondant à
crédit warranté prix des produits garantie. En pratique, la durée du crédit
période de campagne agricole d’hivernage, les 2 parties arrêtent
agricoles mis en garantie n’excède pas 6 mois.
la durée du crédit à 6 mois.
L’appartenance à une organisation agréée (personne morale)
Personnes morales (OP) agréées facilite l’accès au crédit pour les personnes physiques les plus
Personnes physiques et uniquement, avec règlement intérieur vulnérables (femmes, jeunes), pour qui l’établissement des
5. Confiance au client
morales disposant d’un de caution solidaire. L’octroi de crédit documents de crédit est difficile à réaliser isolement.
certificat de dépôt warranté aux personnes physiques est En réservant le warrantage aux OP, la pratique nigérienne
exclu. sécurise, par la même occasion, une bonne partie des vivres, des
semences et des revenus des populations rurales.
Certificat de dépôt « Principe du double cadenas » et La confiance de l’IFR par la détention des clés du magasin et
6. Tangibilité de la
délivré par l’entreposeur signature d’une « convention de d’une convention de nantissement de stock est doublée par la
garantie
agréé nantissement de stock» caution solidaire de l’OP (personne morale)
Au Niger, la garantie du remboursement du crédit, en plus du
stock, est le plus souvent doublée par l’obligation faite par l’IFR
7. Sûreté de la source Réalisation d’une AGR avec le crédit
à l’OP que l’objet du crédit soit un investissement dans des AGR
(s) de remboursement Stock comme garantie +
et que le remboursement s’exécute d’abord normalement sur les
du crédit Stock comme garantie
produits de l’AGR et seulement en cas de difficultés avec la
vente du stock de garantie.

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3. Efficacité, viabilité et limites du warrantage au Niger

Pour le producteur ou l’OP qui fait le warrantage, les résultats économiques (moyennes sur plusieurs
années, concernant divers produits agricoles mis en garantie et divers AGR objets du crédit), il a été
observé une augmentation de 25% sur la valeur du stock, un gain net de 8% sur l’AGR, soit une
augmentation totale (nette de toutes charges) d’environ 33% du capital en 4-6 mois (cf. graphique 1)

Graphique 1 : Gains nets du producteur suite aux opérations de warrantage.

5.000.000

33%
4.000.000 25%
8%

3.000.000

2.000.000

1.000.000

Garantie AGR Total fonds après

Aussi, d’autres enquêtes sur les résultats du warrantage montrent que 20% en moyenne de la marge
brute est consacrée aux intrants. En moyenne 12% des crédits obtenus servent à l’achat des intrants
(6% chez les producteurs des cultures sèches et jusqu’à 48% chez les producteurs à dominance
maraîchère), en moyenne 16% de la valeur des stocks de garantie servent à l’achat des intrants (12%
chez les producteurs des cultures sèches et jusqu’à 44% chez les producteurs à dominance
maraîchère).

Des stocks de produits agricoles constituant la garantie au crédit warranté, en moyenne 29% sont
constitués de stocks de semences (32% chez les producteurs des cultures sèches et 8% chez les
producteurs à dominance maraîchère), et 18% en moyenne des stocks sont constitués de vivres
pour la soudure (20% chez les producteurs des cultures sèches et 0 à 16% chez les producteurs à
dominance maraîchère) et 53% en moyenne des stocks sont destinés à la vente (48% chez les
producteurs des cultures sèches et jusqu’à 90% chez les producteurs à dominance maraîchère).

Cette enquête révèle d’autres objectifs de sécurité alimentaire (stockage de vivres), de sécurisation de
la campagne agricole (préservation des semences, liquidité pour achat d’intrants) en plus de l’objectif
de valorisation des produits agricoles par la vente à bons prix, pour les ménages agricoles.

Sur le plan financier, le warrantage permet, pour les IFR, de réduire les risques en auto-garantissant
le crédit (garantie tangible, facilement liquidable et divisible), en doublant la garantie d’une caution
solidaire par le groupage de petits crédits par les organisations de producteurs, et il permet
d’améliorer l’offre de service de crédit en encourageant les IMF à s’installer en milieu rural. Jusqu’à
présent, les crédits warrantés sont remboursés, sans grandes difficultés, à 100% capital et intérêts, ce
qui améliore globalement la santé du portefeuille et la crédibilité/éligibilité de l’IFM vis à vis des
banques qui la refinance.

Ce sont ces aspects d’amélioration de l’offre de services financiers en milieu rural par le warrantage
qui ont amené le Programme de Développement des Services Financiers Ruraux (PDSFR) à inscrire
cette innovation dans son programme de recherche-développement et d’être en partenariat avec le
Projet Intrants pour assurer de nombreuses formations et voyages d’études pour les OP et les IFR.

La viabilité du warrantage au Niger, gage de sa pérennisation et de son développement, repose sur


l’intérêt et les avantages (profits financiers, garantie du crédit, sécurité alimentaire,

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sécurisation/financement des campagnes agricoles, sortie du cycle de l’endettement/paupérisation,…)


que lui trouvent bon nombre d’acteurs (OP, IFR, projets, ONG, Etat, bailleurs) par rapport, chacun à
ses propres objectifs.

Cette viabilité repose également sur la volonté et la capacité intrinsèques des acteurs principaux du
warrantage, c’est à dire, les OP et les IFR ; les autres (projets de développement, banques, …)
viennent pour renforcer les capacités (professionnalisation, développement des infrastructures de
stockage, financement,…) des premiers.

Mais, malgré les multiples avantages que présente le warrantage, son développement ne dépend pas
seulement de la simple volonté des principaux acteurs, il reste encore, dans le contexte de pauvreté,
tributaire d’appuis extérieurs (besoins croissants en formation, en infrastructures de stockage et en
financement,…).

Les produits agricoles les plus intéressants sont les produits faciles à stocker, non périssables et qui
augmentent de prix régulièrement d’un cycle de production à un autre. Ce sont ces produits-là qui vont
le plus rassurer l’IFR. Si l’un des 3 critères manque, certaines précautions doivent alors être prises.
Exemple : l’oignon est un produit périssable mais il jouit d’un excellent marché et augmente de prix
très régulièrement et très fort (dans la proportion de 1 à 10). Ici, des précautions sont à prendre en
1 2
amont du stockage (méthodes culturales adaptées ) et lors du stockage proprement dit.

Le type de produit et sa durée de vie détermine l’opportunité de l’activité de warrantage/mis en gage.


Un produit fragile – sensible à la conservation et qui a une courte durée de vie moins d’un mois
/semaine (ex: tomates, choux, niébé,…) est difficile à prendre en gage car la conservation est de très
courte durée et onéreuse. L’IFR doit avoir la compétence de vérification de la qualité des produits ou
recourir aux services d’un technicien compétent pour vérifier la qualité.
Des produits trop volumineux (ex: pastèque, fanes de niébé) demandent trop d’espace de stockage :
prix de stockage élevé. Les produits dont les prix varient trop sur une courte période sont difficiles à
prendre en warrantage.

Les produits ont des cycles de marché. Certains doivent se vendre dès la récolte (ex: maraîchers)
d’autres peuvent être facilement conservés et d’autres ont de fortes variations des prix saisonniers
selon l’offre et la demande.
La durée du prêt warranté doit être agencée de manière à correspondre à la durée de période
d’augmentation du prix du produit mis en garantie. Le début du crédit correspond à la période où les
prix du produit sont le plus bas, et la fin du crédit correspond à la période où les prix du produits sont
les plus intéressants.

La durée moyenne du crédit, convenue par les IFR, n’excède guère 6 mois et la période de
warrantage ne doit pas sortir de la période de l’augmentation de la valeur du produit pris en garantie.

Actuellement, les céréales dominent dans les stocks présentés en garantie au crédit, malgré leur
défaut d’être parfois subventionné par l’Etat en cas de situation d’urgence de déficit céréalier dans
certaines zones du pays, en certaines années de crise alimentaire.

De plus en plus, les produits de culture de rente (niébé, souchet, sésame, poivron sec, oignon, …)
prennent de l’ampleur dans les stocks de warrantage, à cause de leur forte valeur marchande, de
l’existence de nombreux débouchés d’écoulement, de leur fort différentiel de prix observé pour la
plupart de ces produits, malgré quelques problèmes techniques de production pour certains (pour
l’oignon de conservation,…) et/ou de stockage pour d’autres (oignon, niébé,…).

1
En apportant une bonne fertilisation sans excès d’azote, avec du sulfate de potasse pour obtenir des bulbes
serrés, de bon goût et de bonne conservation et une irrigation sans excès, stoppée 15 jours avant la récolte.
2
En stockant les oignons dans des magasins aérés, par couches d’oignons pas trop épaisses et avec des visites
régulières pour enlever les oignons qui pourrissent. Pour cela, il suffit de convenir des horaires de visites avec un
représentant de la banque et un représentant de l’OP, chacun muni de sa clé pour surveiller le stock et enlever les
oignons pourris. (annexe : magasin de stockage d’oignon).

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4. Démarche de développement du warrantage au Niger

Le Projet Intrants de la FAO, promoteur-initiateur du warrantage au Niger, dans sa démarche de


recherche d’ancrage de pérennisation et de développement de ses activités, a joué dès le départ le
rôle de démonstrateur de la viabilité et de l’efficacité du warrantage, par des apports techniques
(formations) et méthodologiques (suivi-évaluation actif, participatif et itératif) aux vrais acteurs (OP,
IMF et banques) en se basant sur leurs propres capacités, leur mise en relation, et par des actions
d’information/sensibilisation d’autres promoteurs (projets, ONG, Etat et bailleurs) pour les amener à se
convaincre des multiples avantages du warrantage et à fournir les moyens de lever les contraintes
(besoins croissants de formations, de magasins, de ressources financières) qui se posent au
développement du warrantage.

Le Projet Intrants s’est reposé sur un partenariat de 4 parties (OP-IMF-Projet local-Projet Intrants) ou
5 parties (OP-IMF-Banque-Projet local-Projet Intrants) :

- le Projet Intrants conçoit les modules de formation en tenant compte des adaptations
nécessaires tout en respectant les principes fondamentaux du warrantage, assure les
formations de formateurs pour les OP et les IMF, organise et cordonne le suivi-évaluation
participatif, décèle les dérives éventuelles et proposes de nouvelles procédures/règles
correctives qui tiennent compte des capacités des acteurs. Les voyages d’études sur les
expériences en cours, organisés par le Projet Intrants en collaboration ou non avec des
projets partenaires, ont beaucoup facilité l’effet « tâche d’huile », concernant le
développement du warrantage

- L’OP constitue un groupement de membres désirant faire le warrantage, accepte les


règles/principes du warrantage, élabore et adopte un règlement intérieur approprié, aménage
(ou s’engage à construire) un magasin répondant aux normes, constitue le stock en quantité
suffisante dans le respect des normes de qualité, met en place un comité de gestion,
s’engage à gérer le stock, de parrainer la demande de crédit auprès de l’IMF, de soumettre la
demande crédit à la période appropriée, de sous-distribuer le crédit et de le recouvrer de
manière professionnelle.

- L’IMF adapte sa politique de crédit (allègement/annulation de l’épargne monétaire préalable


au crédit, engagement pour le suivi des stocks en rapport avec l’OP, élaboration des outils de
gestion appropriés,..) par rapport aux particularités du warrantage, mobilise les ressources
financières nécessaire sur ses fonds propres ou sur les ressources affectées (lignes de crédit)
au warrantage par un partenaire ou recherche des emprunts bancaires.

- Le Projet local, selon ses capacités et ses orientations, apporte des appuis soit à l’OP (des
contributions aux formations, à l’aménagement du magasin, à la mise en relation avec l’IMF,
au suivi-évaluation) soit à l’IMF (des contributions aux formations, en ligne de crédit, en
équipement, à la prise en charge des charges de suivi des stocks pendant un temps
déterminé, au suivi-évaluation).

- La banque vérifie, à la demande, l’éligibilité au crédit de l’IMF pour lui accorder les facilités de
ligne de crédit ou de refinancement.

D’autre part, le projet sensibilise les ministères techniques (Ministère du Développement Agricole,
Ministère de l’Economie et des Finances, Ministère de l’Aménagement du Territoire et du
Développement Communautaire,…) ainsi que les agences de coopération bi et multi-latérale pour qu’il
tiennent compte du warrantage dans l’élaboration des stratégies et des projets.

Grâce à ces types de partenariats, les volumes financiers du warrantage sont passés d’une
expérience portant sur moins de 2 millions FCFA en 1999 à de véritables opérations financières (sans
aucun encadrement technique) portant sur près d’ 1 milliard FCFA en 2007 (cf. graphique 2).

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Graphique 2 : Rôles des partenaires dans l’évolution des montants des crédits warrantés au Niger

1.200.000.000

1.000.000.000

800.000.000

600.000.000

400.000.000

200.000.000

1998
1999 1999
2000 2000
2001 2001
2002 2002
2003 2003
2004 2004
2005 2005
2006 2006
2007

5. Enseignement tiré de la démarche de développement du warrantage au Niger

Le rôle de « catalyseur », joué par le Projet Intrants, lui permet de disparaître sans compromettre le
développement du warrantage qui pourrait se poursuivre grâce aux acquis, notamment :

- La capitalisation de 8 années d’expérience par le Projet Intrants,


- l’existence d’un guide de bonnes pratiques du warrantage, capitalisant l’expérience de 8
années d’exercice, élaboré par le Projet Intrants et ses partenaires.
- l’existence de nombreux formateurs formés par le Projet Intrants et ses partenaires,
- l’engouement des OP et des IMF à faire du warrantage,
- le soutien des banques, de plus en plus grand, qui trouvent au warrantage une porte d’entrée
pour le financement des ruraux qui représentent plus de 80% de la population.
- La reconnaissance du warrantage comme un instrument efficace de lutte contre la pauvreté
en milieu rural par les projets de développement en cours, par l’Etat et les bailleurs.
- L’inscription du warrantage dans les politiques de développement du pays (SIAD, SDR,
SNMF).

Les IMF trouvent que le warrantage est actuellement le type de crédit le plus sûr en milieu rural. Il
améliore simultanément leur encours de crédit, leur taux de recouvrement et leur taux de pénétration.
Pour toutes ces raisons, les IMF qui intègrent le warrantage dans leurs produits sont les plus éligibles
au refinancement bancaire, notamment au niveau de la Banque Régionale Solidarité-Niger qui s’est
engagée à promouvoir les IMF comme partenaires financiers pour sous-distribuer le crédit en milieu
rural, et le warrantage comme un moyen de sécurisation du crédit.

Les OP et les producteurs agricoles, bénéficiaires des crédits warrantés constituent leurs garanties
généralement avec des stocks de vivres pour la « période de soudure alimentaire » (20%, soit environ
10.000 tonnes), de semences pour la campagne prochaine (30%, soit environ 15.000 tonnes
préservées) et de produits destinés à la vente à un bon prix (50% des stocks), ce qui concoure
significativement (avec une épargne de plus de 50.000 tonnes de vivres) à l’amélioration de la sécurité
alimentaire, surtout dans un pays à déficit céréalier récurrent comme le Niger.

Colloque « Quelle microfinance pour l’agriculture des pays en développement ? »


4 – 6 décembre 2007 au Centre de conférence Pierre Mendès France, Paris (France)
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Introduction et développement du warrantage au Niger à travers les institutions de micro-finance et au profit
des producteurs agricoles

Les OP utilisent une partie des crédits (12%) et une partie des bénéfices (20%) dans l’achat des
intrants agricoles susceptibles de créer une augmentation des productions d’environ 7.000 tonnes
supplémentaires par an. Les activités génératrices de revenus entreprises par les producteurs grâce
aux crédits warrantés font gagner plus de 100 millions CFA par an, faisant vivre environ 2000
personnes.

Les résultats concrets (avec seulement 25% d’exécution du potentiel réalisable) tirés du warrantage
par les parties prenantes ont créé un tel engouement que la demande des OP dépasse de loin l’offre
des IMF. Cet intérêt pour le warrantage a aujourd’hui dépassé les frontières du Niger, avec les visites
des expériences nigériennes par certaines OP, IMF et des projets de développement des pays
voisins, comme le Nigéria, le Bénin, le Burkina Faso et le Mali, afin de les reproduire chez eux.

Tous ces chiffres actuels, sur le warrantage, pourraient être quadruplés (jusqu’à 4 milliards CFA de
crédit warranté par an) sans perturber le marché. Les principales contraintes à ce développement sont
l’insuffisance des capacités de financement actuelles des IMF, d’infrastructures de stockage au niveau
des OP (besoin de plus de 1000 magasins supplémentaires), de professionnalisme au niveau des OP
et IMF ainsi que l’insuffisance de information/formation sur le warrantage pour l’ensemble des acteurs.

Le PDSFR ayant pris fin en Mars 2007 et le Projet Intrants/FAO se terminant en Novembre 2007, le
warrantage au Niger va se trouver démuni de ses premiers promoteurs au moment où les actions
menées jusqu’alors méritent d’être consolidées afin de permettre au warrantage d’avoir l’envergure
nécessaire pour contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté des ruraux.

On note l’intention du gouvernement (message de vœux du premier ministre au président de la


république à l’occasion du nouvel an 2007) de « …développer le système de warrantage pour le
financement des fonds de roulement nécessaires à nos paysans… ». Cette intention a besoin certes
d’un accompagnement des partenaires techniques et financiers habituels du gouvernement, par la
formulation, pour 15.000 $USD et le financement d’un projet de promotion du warrantage (formations,
magasins, équipements, mécanismes financiers,…), pour un coût approximatif entre 6 et 7 millions
$USD .

Ces apports se justifieraient par les effets et impacts que produiraient les opérations de warrantage au
niveau des objectifs fixés à l’horizon 2015 par les OMD et la stratégie de lutte contre la pauvreté dont
s’était doté le Niger depuis 2001.

Colloque « Quelle microfinance pour l’agriculture des pays en développement ? »


4 – 6 décembre 2007 au Centre de conférence Pierre Mendès France, Paris (France)
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