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OMBLIGO

 1982-1983 ∑ , $<>a y retorno

 pp 45/6/7 (hasta el final del cap)

(Habla del $ y su escritura; se pregunta por la escritura en Lacan de S1; S2)

Evidemment, c'est justifié par l'ordre signifiant. Mais on en a alors conclu que le sujet

avait si bien disparu que Lacan était un peu en retard à continuer de parler du sujet et

même du sujet barré. Après avoir vu en lui un chantre de cette nouvelle époque, les

philosophes ont commencé à s'impatienter du fait que Lacan continuait de traîner avec lui

le sujet : puisqu'il est barré, pourquoi continuer d'en parler, pourquoi continuer de le mettre en

cause? Il nous reste alors le langage qui parle tout seul. Ne dites vous pas vous même que

l'inconscient est un langage qui parle tout seul? Eh bien, pour nous aussi! Le langage qui parle

tout seul, ce sont nos bibliothèques, et l'écriture du symptôme, nous ne demandons qu'à

l'écrire.

Si Lacan a continué de garder ce sujet barré, c'est précisément parce qu'il y a une idée

que l'on ne peut pas du tout avoir à partir de la pure logique signifiante, à savoir l'idée du

fantasme. Ca veut dire que le langage ne parle pas tout seul et que la chaîne signifiante ne

continue pas à tourner toute seule de façon métonymique. A toutes ces considérations qui

ont marqué le structuralisme littéraire et philosophique, on peut dire qu'il manquait le

fantasme. L'ombilic du rêve, on a trouvé ça formidable. On a trouvé formidable que

l'interprétation signifiante, ça puisse continuer à se ramifier à l'infini. On a trouvé là, il faut

(pp45)

bien le dire, un véhicule à grosses thèses universitaires. Dans cet ordre des choses, il n'y a

évidemment pas de raison de s'arrêter. C'est ce qu'ils font dans leurs thèses: ils parlent tout
seul.

Si Lacan, par contre, a maintenu la fonction du sujet barré, c'est précisément parce que

le refoulement originaire ne se suffit pas tout seul. Qu'estce que c'est, le refoulement

originaire ? Le refoulement originaire, ça a la même structure que la métaphore du

symptôme. C'est comme ça que Lacan l'a introduit quand il a essayé de reformuler le

refoulement originaire de Freud. Le refoulement originaire, c'est la métaphore primordiale.

Qu'estce que ça veut dire, le sujet barré, sinon qu'il y a un signifiant qui pousse le sujet

dans les dessous par rapport au reste d'une chaîne:

A cet égard, le refoulement originaire n'est rien d'autre que cette substitution signifiante

première dont le sujet ne revient pas, sinon qu'à se véhiculer sous les signifiants. Ce n'est

pas la métaphore paternelle mais la métaphore originaire la métaphore par quoi nous

rendons compte de cette idée de Freud qu'il y a un refoulement qu'on ne pourra jamais

lever. C'est cela qu'écrit $: le sujet est originairement refoulé.

Seulement, il faut s'apercevoir qu'il y a quelque chose qui complémente ce refoulement

originaire. Ce qui nous oppose aux philosophes structuralistes, si je puis dire, ou à ceux qui

ont procédé de cette veine, c'est que eux ils sont persuadés que le refoulement originaire se

suffit à lui même, et qu'après il n'y a plus rien il n'y a plus rien que le signifiant qui se

répercute.

C'est indiscutable puisque ce $, on ne le voit jamais. C'est indiscutable, sauf qu'il y a le

fantasme, c'estàdire qu'en même temps que s'opère cette métaphore, nous constatons reprenons

un peu ici le langage de l'empirisme que le sujet reste fixé disons cela commeça pour l'instant à

une image privilégiée. Si le refoulement originaire comme tel est par définition inaccessible, eh
bien, ce que l'on constate dans la psychanalyse, c'est que ce rapport là n'est pas inaccessible. C'est
ça, si je puis dire, la merveille: si le refoulement originaire est inaccessible, le fantasme
fondamental, lui, ne l'est pas. Et pour prendre position là dessus d'une façon claire, je dirai que le
fantasme fondamental est ce qui répond au refoulement comme originaire. C'est, en tout cas, ce
que j'essaye de développer là, en en retrouvant les linéaments chez Freud et chez Lacan.

Les limites de "L'instance de la lettre", elles peuvent être sensibles à l'analyste. Elles sont

sensibles dans la direction de la cure. D'ailleurs, Lacan n'a pas prétendu, avec "L'instance

de la lettre", donner une direction de la cure. Ce n'est pas critiquer Lacan que de resituer ce

texte là où il a sa propriété. Lacan savait ce qu'il faisait quand il a été présenter ce texte à la

faculté des Lettres de Paris. On a fait un beau sort à ce texte puisqu'on l'a fait fonctionner

depuis bientôt trente ans. Lacan a regonflé l'université littéraire avec ça. Il y a peu de choses

qui ont eu un effet pareil. Il a trouvé, bien sûr, un point de départ chez Jakobson, mais si

on s'est mis à s'intéresser à Jakobson du côté de l'université littéraire, c'est parce qu'il y

avait ce texte de Lacan.

Quelqu'un comme Roland Barthes, pour qui j'ai beaucoup d'amitié et d'admiration, ne se

cachait pas de s'être mis vers 57 à Saussure, c'estàdire dans le mouvement même où Lacan
attrapait cette affairelà.

Et comme ces mouvements d'influences subissent certains tours, je suis allé, moi, lire "L'instance
de la lettre", parce qu'à son premier séminaire à l'Ecole des Hautes Etudes, Barthes avait évoqué
ce texte de Lacan en même temps que celui de Jakobson.

C'est donc un texte qui n'était pas destiné à exposer la direction de la cure. Il était destiné

à exposer la psychanalyse devant un certain auditoire tout à fait déterminé. C'était une

considération destinée à exposer la structure de l'inconscient, et, cette considération, par

quoi alors demandetelle à être corrigée?

Eh bien, ça demande à être corrigé par ce qu'il faut restituer de la conjonction du sujet et

du réel. Ce que nous appelons refoulement originaire, fantasme fondamental et masochisme

primordial, ce sont trois modes sous lesquels nous mettons en question cette conjonction

pp46

du sujet et du réel, et je dirai que c'est ça qui va nous aider à rentrer dans Un enfant est

battu.
J'ai fait là, au fond, une préparation à la lecture de Un enfant est battu. Je ne vais pas

faire cette lecture aujourd'hui. Je commencerai ça la semaine prochaine. C'est là que l'on

arrive à situer ce qui est resté toujours énigmatique dans ce texte de Freud, à savoir que le

temps deuxième du fantasme n'est jamais remémoré. Le temps second, je suis battue par le

père, n'émerge jamais dans la cure.

Au fond, Freud nous en dit assez pour que nous nous apercevions que la formule

masochiste qu'il nous présente, je suis battue, est corrélative d'un refoulement définitif. Estce

que ça ne nous met pas sur la piste de considérer que le masochisme primordial, qui est

là par Freud mis en question, est aussi bien relatif à ce que comporte d'originaire le

refoulement inaccessible, dont il nous entretient par exemple dans Inhibition, symptôme,

angoisse.

Si nous avançons dans cette voie, nous comprendrons ce que Lacan met en question

quand il parle de fantasme fondamental. Le fantasme fondamental, c'est ce qui fait le joint c'est

là mon hypothèse et je vous en donne une petite idée avant de terminer du

refoulement originaire et du masochisme primordial. Le refoulement originaire, on n'a

jamais prétendu vouloir le traverser. C'est même ce qui fait son propre. Par contre, l'enjeu

de l'analyse tel que le situe Lacan, c'est du côté du fantasme fondamental.

Quant au symptôme, vous pouvez remarquer qu'il est absent de cette ligne. Il n'y a pas, à

proprement parler, de symptôme fondamental. C'est déjà ce que nous dit Freud. Le seul

symptôme que l'on peut dire originaire, c'est le refoulement.

Eh bien, c'est sur ce pointlà que je reprendrai la fois prochaine.

pp211/12 (los impasses del saber), S2

Lacan à la place où manque pour nous le fondement de vérité du savoir. Qu'à ce point de

manque on inscrive le nom de Freud, Lacan l'avait prévu. On l'inscrivait déjà du vivant de

Freud. Aujourd'hui, c'est maintenant le nom de Lacan qu'on inscrit. Il faut bien dire que j'essaye
qu'il n'en soit pas ainsi à ce cours. Je m'efforce de prendre Lacan comme référence, mais pour
essentiellement ce qu'on peut suivre du développement de son enseignement à partir de ses
impasses. C'est la voie que luimême prescrit quand il implique que ce n'est à partir de rien d'autre
que des impasses du savoir que le savoir se développe. Le propre de l'expérience analytique, c'est
de mettre ça en scène.

Ce savoir déjà là avant qu'il vienne au jour, il demande un sujet tout à fait spécial pour être

supporté. Au fond, ce qu'on a inventé pour supporter le savoir, c'est, dans la règle, un

élément qui se saurait luimême, qui mettrait en mesure de savoir le savoir. Mais si nous

devons, nous, concevoir un sujet du savoir, il est entendu que nous ne pouvons pas

procéder de cette façonlà.

Donc, le minimum, c'est ce que Lacan a posé, à savoir et ce n'est pas une élucubration que

ce qu'implique l'expérience analytique prise au ras de la pratique, c'est que le sujet n'est le
support du savoir qu'à en être séparé. Foncièrement, ce sujet se définit par le fait qu'il fait défaut
au savoir. C'est cette torsion qui nous met en mesure de parler du sujet du savoir inconscient, c'est
à dire le sujet du savoir qu'il ne sait pas, et, même audelà, sujet du savoir qu'il ne peut pas savoir
ce qui, à l'occasion, conduit Lacan à parler de sujet d'un nonsavoir.

Le nonsavoir en question n'est pas un nonarticulé qui permettrait de se bercer dans les nuées de
l'affectif. Le sujet du nonsavoir, ça veut dire le sujet d'un savoir marqué de la négation. Le
nonsavoir est tout à fait articulé. Le fait que ce savoir ne puisse se soutenir hors de la
connaissance, ça demande que l'on prenne les hiéroglyphes comme modèle de ce savoir. Vous
savez que c'est un modèle que Lacan prend à l'occasion, par exemple dans son Séminaire XI. C'est
un modèle d'autant mieux venu que Freud avait cette passion de l'Egypte que vous connaissez, et
que l'on est là dans le paradigme du déchiffrage. Le hiéroglyphe, vous savez que c'était
parfaitement articulé, et ce avant que ça s'éclaire pour nous. Voilà donc le paradigme d'un savoir
qui subsiste indépendamment de la connaissancequ'on en a.

En même temps, ce paradigme est trompeur. Il l'est parce que c'est l'espoir même du névrosé
d'arriver à déchiffrer sa pierre de Rosette: croire que finalement ça sera déchiffré de fond en
comble. Le savoir Champollion esn que, on peut précisément le déchiffrer jusqu'aubout. C'est
démontré. Mais le particulier du savoir inconscient qui ne nous intéresse pas là comme un thème
général mais en rapport avec le symptôme, et pour arriver à situer l'implication de la castration
dans le symptôme en repartant de ce qui peut paraître bien connu ,le singulier, donc, du savoir
inconscient, c'est qu'on ne peut pas le déchiffrer jusqu'au bout. C'est ce que Freud a posé à la fin
de L'Interprétation des rêves, en parlant de son fameux ombilic, S2, qui est séparé du corps du
savoir, à quoi nous pouvons donner, nous, une inscription précise, à savoir qu'il y a au moins un
signifiant separeé du corps du savoir, et qui comme tel est inaccessible.
Il n'y a qu'à choisir l'une des deux inscriptions pour l'écrire: S1 ou S2. Lacan, le plus souvent, a
choisi S2, mais à d'autres moments, et selon les besoins de la cause, il a préféré l'écrire avec
l'indice 1. C'est une inscription précise pour cet ombilic. On peut nommer ça avec le terme
freudien d'ombilic, mais aussi bien avec le terme freudien de refoulement originaire, ce
refoulement inaccessible qu'il faut poser comme préalable et qui attire à lui tous les refoulements
secondaires. Lacan l'a appelé aussi par le nom qu'il n'a pas seulement réservé à la structure de la
psychose, à savoir la Verwerfung. Le refoulement, le bon refoulement névrotique est aussi bien
fondé sur la Verwerfung, sur la forclusion d'un signifiant, qui nous est nécessaire pour penser
l'institution du sujet du savoir comme savoir qu'il ne sait pas et cela surplombe le refoulement, ça
ne laisse aucune promesse à ce que l'on s'imagine de la prise de conscience.

C'est le minimum que nous pouvons poser si nous constatons que dans notre expérience rien ne
ressemble à la prise de conscience, et encore moins au savoir absolu. Il faut donc poser une
Verwerfung du signifiant, une Verwerfung du signifiant unaire, qui fonde, si je puis dire, la
psychose humaine. Ce n'est pas que nous ne puissions pas, à l'occasion, incarner ce signifiant
forclos. Nous pouvons l'incarner par la forclusion du signifiant La femme. C'est la remarque de
Freud sur ce fait que les deux sexes se réfèrent au même signifiant, signifiant emprunté au corps
de l'homme et qui est le phallus. C'est ce que nous pouvons vérifier: dans la psychose, la rentrée
en jeu de ce signifiant verworfen est corrélative d'un signifiant qui dans la règle n'est pas dans
cette position, et qui est le Nom du Père.

Il y a beaucoup de noms pour ce signifiant verworfen. Lacan a donné celui de La femme, et il en a


donné un autre plus général quand il a dit qu'il n'y avait pas de rapport sexuel. Le il n'y a pas de
rapport sexuel, c'est ce qui, non pas est ce signifiant, mais ce qui le cadre. Il n'y a pas de rapport
sexuel veut dire foncièrement que le savoir sexuel est en déficit. Les productions de savoir sur le
sexe ne manquent pas, mais le savoir sur le sexe qu'il faudrait, il n'est pas là. C'est ce qui rend
compte de la floraison des savoirs qui se substituent à cesavoir du sexe qu'il faudrait la question
du savoir scientifique devenant là prégnante, puisque ce savoir peut être défini par le fait qu'il ne
prend précisément pas son envol de ce manque de savoir sur le sexe. Enfin, son envol, il le prend
comme les autres, mais il n'en porte pas la marque, alors que tout ce qu'on a élaboré de savoir
jusqu'au savoir scientifique, est strictement déterminé par ce manque du savoir sexuel qu'il
faudrait.

 1983-1984 La réponse du réel


 Pp 127/128

En plus, on lui a donné un titre qui est faux. On l'a appelé La Famille. Ca ne s'appelle pas du tout
comme ça. On ne comprend rien si on se repère sur ce titre. Ce texte faisait partie d'une
encyclopédie, dont les grandes lignes avaient été tracées par le psychologue Henri Vallon. Grâce
lui soit rendu d'avoir fait appel à Lacan pour faire un chapitre - Lacan qui n'était pas persona grata
dans le milieu. Il y avait, dans cette encyclopédie, la famille, l'école, et la profession. Et le titre
original du texte, c'était: "Les complexes familiaux dans la formation de l'individu".

Je dirai que le mérite de ce texte - rétrospectivement, car, c'est un fait, on ne peut plus le lire
qu'ainsi -, c'est qu'il n'y a aucune chance qu'on arrive à le lire comme un chapitre d'une
encyclopédie en se disant: vivement qu'on arrive au chapitre sur l'école! Il n'y a aucune chance.
Maintenant, on ne peut plus le lire que d'une seule façon. On ne peut plus le dire que comme
précurseur de l'enseignement de Lacan. Disons qu'à la date où il a été fait, c'est

 127/28

une synthèse sensationnelle de la théorie du développement psychique et d'une clinique

freudienne abrégée. Il y a là une maestria tout à fait extraordinaire. On y est, bien sûr, endeçà

de ce que sera l'enseignement de Lacan. Il est même sensible qu'on a affaire à un jeune

psychanalyste et psychiatre. Mais ça ne fait que d'autant mieux saillir quelle est la table

d'orientation de Lacan - table qui lui permet de se diriger convenablement dans cette affaire

d'inconscient et d'histoire de l'inconscient.

En même temps, il faut bien dire que ce qui est le plus absent dans ce texte, c'est le concept

d'inconscient lui-même. C'est frappant. Il n'y a aucune théorie de l'inconscient dans ce texte.

Il n'y a pas non plus une théorie de la pratique psychanalytique. Le texte qui a précédé

celui-là, qui s'appelle "Au-delà du principe de réalité", et qui date de 1936, donne le début

d'une phénoménologie de l'expérience analytique, mais, dans celui-là, il n'y a rien de

semblable. Il faut dire d'ailleurs que ce n'est pas son objet essentiel.

Dans ce texte, il n'est pas question non plus de la parole, du langage et du discours

analytique, mais, ce qui est saisissant - et c'est pour ça que je fais cette petite digression -,

c'est qu'il y a déjà une distinction tout à fait sévère entre le moi et le sujet. Je dirai que c'est

ça le point d'ombilication essentiel de l'enseignement de Lacan, là-même où fait encore

défaut ce qui lui viendra par la suite du structuralisme, de Jakobson et de Lévi-Strauss. Tout

cela est absent mais, en même temps, c'est comme appelé en creux. On a là, sur ce thème de

la famille, visiblement une bonne orientation et qui vient d'ailleurs que de l'oeuvre de
Freud, qui n'est pas essentiellement fondée sur elle, qui a son indépendance par rapport à

elle. Ca permettra d'y prendre appui pour l'inconscient structuré comme un langage, qui -

on le répète assez - n'est pas dans Freud.

Sur quoi l'accent est-il mis d'emblée dans ce texte? Bien sûr sur le fait que la famille est un

phénomène de génération et que ça concerne la vie, qu'il y a famille chez l'animal comme

chez l'homme, mais que même si on peut isoler la famille par rapport à la génération, à la

procréation et à la nécessité du maintien d'un milieu de développement pour les jeunes par

les individus adultes, on a ce fait que déjà chez l'animal, le social est différent du

strictement familial, du strictement naturel, et que pour passer à l'homme, il faut en passer

par le développement des relations sociales: "L'espèce humaine se caractérise par un

développement singulier des relations sociales que soutiennent les capacités

exceptionnelles de communication mentale, et corrélativement par une économie

paradoxale des instincts, qui s'y montrent essentiellement susceptibles de conversion et

d'inversion, et n'ont plus d'effets isolables que sporadiques."

Lacan met d'emblée hors jeu le pur instinct naturel chez l'homme en considérant

simplement l'observation, l'expérience, la psychopathologie, l'anthropologie de l'époque. Ca

lui suffit pour exclure le pur instinct en ce qui concerne l'homme, et pour au contraire

mettre en valeur l'instance constitutive de la culture chez tout ce qui concerne ce dernier.

Même chez l'animal, il y a un élément social qui n'est pas strictement naturel, et, chez

l'homme, ce social prend forme de culture. D'emblée, avant même le repérage des

structures élémentaires de la parenté par Lévi-Strauss, le repère de Lacan est de poser qu'il

n'y a pas, où qu'on cherche dans l'espèce humaine, de nature qui ne soit remaniée par la

culture. La dimension culturelle domine. Le facteur culturel domine. Et ça conduit Lacan à

parler de cette "économie paradoxale des instincts".

Ce n'est pas par le détour de la psychanalyse que Lacan, dès son départ, dans sa table

d'orientation prépsychanalytique, isole la fonction paternelle comme exemple même d'une


fonction qui n'est pas déductible de la nature. Dès avant Lévi-Strauss, il est fait allusion à la

complexité des formes de la parenté: "Les modes d'organisation de l'autorité familiale, les

pp128

lois de la transmission, les concepts de la descendance et de la parenté qui leur sont joints,

les lois de l'héritage et de la succession qui s'y combinent, enfin les rapports intimes avec

les lois du mariage [...] leur interprétation devrait s'éclairer des données comparées de

l'ethnographie, de l'histoire, du droit, et de la statistique sociale." Et tout cela établit, dit-il,

que "la famille est une institution".

De quoi s'agit-il ici? D'abord de relativiser la forme familiale existante. Lacan amène là

déjà un aperçu de ce que seront les recherches contemporaines sur l'histoire de la famille.

Mais disons que ce qui est là appelé culturel est en définitive un ersatz du symbolique. Ce

qui fait défaut, c'est le concept du symbolique, mais il fait défaut de la bonne façon. On

saisit qu'il est là appelé de toutes les manières possibles. Le fait que d'emblée on ne trouve

pas chez l'homme le besoin et l'instinct naturels, mais que ceux-ci soient remaniés dans une

autre dimension qui est de culture, appelle évidemment le concept du symbolique. On ne

trouve pas ici, bien sûr, le concept de l'Autre majuscule. Il n'est pas encore dit que tout

message de cette communication soi-disant mentale se forme au lieu de l'Autre, mais la

domination du facteur culturel est déjà articulée d'une façon suffisamment claire.

On constate aussi l'aspiration qui sera celle de Lacan avec ses mathèmes, c'est-à-dire

l'aspiration à un enseignement de simplicité. C'est en effet ce qu'on trouve ici, puisque ce

qui est donné comme clef de la théorie du développement et de la psychopathologie, c'est

un concept et un seul, à savoir celui de complexe. Un seul complexe qui n'est justement pas

présenté à partir de la psychanalyse, mais dans une formule généralisée. Un seul concept

qui est quoi? C'est un concept qui est antithétique à celui de l'instinct.

Vous voyez bien que le point d'appui de Lacan, dans ce renfermement de l'inconscient de

l'époque, est un point d'appui externe, extérieur à la psychanalyse même, puisque quand il
définit ce complexe, il le définit essentiellement comme un facteur de culture…

CE QUI FAIT INSIGNE

 1986 - 1987
 (pp308)

C'est radicaliser et généraliser la fonction de ce terme que d'en montrer la présence, l'instance,
dans toute représentation subjective. À cet égard, il suit toute subjectivation comme son ombre,
parce qu'il en est la condition même. Ce S2 qui ne représente pas le sujet, c'est, si l'on veut, le
refoulement même dans ce qu'il a d'originaire. Par là-même, il est apte à valoir comme l'ombilic
de l'inconscient, comme ce qui reste toujours de savoir, comme ce dans quoi on puise pour faire
représentation subjective, et qui est la réserve sur la quelle on compte. Ça veut dire qu'avec elle,
on ne compte pas. C'est une banque inépuisable sur laquelle le sujet peut toujours tirer – son
compte sera toujours rempli. Il n'y a pas là de déficit structural de la balance des paiements. Le
banquier qui ne tombe jamais en banqueroute, c'est S2. À cet égard, une fin d'analyse est toujours
une interruption

 2001-2002 El desencanto
 Pp 184

Éric Laurent:

Hallucinations même pour lui positives. L’objet est halluciné sous la forme de l’écran, pour lui le
rêve est une hallucination. Alors bien entendu, Lacan ne le suit pas du tout sur ce plan-là du rêve
comme hallucination. C’est une erreur mais qui peut avoir ses lettres de noblesse freudienne,
disons une certaine lecture de la satisfaction hallucinée chez Freud, mais Lacan ne le suit pas du
tout là-dessus. Pour Lacan, la psychose n’est pas un rêve, mais par contre ce qui l’avait intéressé,
c’est qu’au moins il saisissait par là une présence d’une dimension autre que celle de la
représentation et pas simplement à partir de la question de l’ombilic du rêve, mais à partir non
pas de la fin du signifiant ou du noeud signifiant, mais à partir de ce blanc.

 2008 – 2009 Chose de fineusse en psychanalise


 Pp 16-17

Il y a cette expression, que Freud emploie dans la Traumdeutung, de l’ombilic du rêve, le point où
en définitive les interprétations à la fois convergent et s’emmêlent et ouvrent sur un horizon
indéfini. Et donc l’homme qui a fait le premier recueil – qui aujourd’hui encore reste le seul – de
ses interprétations de ses rêves, qui les a multipliées, est celui qui dit, in fine, que toutes ces
interprétations sont inachevées, et qu’elles ne sont pas inachevées par fatigue ou lassitude, mais
de structure, que tout rêve comporte un ombilic, un point à l’horizon – pour le dire
mathématiquement –, et qu’aucune interprétation n’est, à proprement parler, terminée. Ce
principe de l’infini, ce principe freudien de l’infini, est celui qui anime aussi bien son texte «
Analyse finie et infinie » qui prescrit aux psychanalystes le retour dans la position d’analysant,
périodiquement, tous les cinq ans. Ce principe de l’infini vaut pour l’interprétation, on peut dire
aussi : Interprétation finie et infinie, à certains égards, en effet, on s’arrête, ça se boucle, et, sous
un autre angle, c’est encore à poursuivre. Et c’est le même principe de l’infini qui inspire Freud
plus tard, dans Inhibition, Symptôme et Angoisse, à évoquer, en-deçà de tout refoulement
susceptible d’être levé, le refoulement fondamental, comme il l’appelle, qui, lui, est indépassable,
qui pour le sujet est éternel, et dont il dit même qu’il attire à lui tous les refoulements. Il est,
comme dans la théorie de la gravitation, une masse attirant à elle les refoulements partiels, qu’on
surmonte indéfiniment sans parvenir à la complétude.

C’est, là, l’incomplétude de l’entreprise analytique, pour tout sujet, dont Freud est animé, et que
Lacan, sans doute, à un moment, sans nier le refoulement primordial, ou fondamental, a essayé
d’invalider avec sa construction dite de la passe, pour des raisons évidemment fondées, mais qui,
néanmoins, se sont trouvées mises en question et défaites dans la suite de son enseignement, de
telle sorte que ce principe freudien de l’infini est à remettre à l’ordre du jour.

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