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Université Mohammed V

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques


et Sociales Agdal – Rabat

MASTER : finances publiques et fiscalité 2016/2018


Module : La reddition des comptes

Les attributions juridictionnelles de la


Cour des Comptes

Préparé par : Professeur :

- Soumia Lahdiri Mr. OUSTANI


- Fatima ezzahra ELarabi

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Plan :
Introduction
Axe I : présentation générale de la cour des comptes

AXE II : vérification, instruction et jugement des


comptes

AXE III : Gestion de fait

AXE IV : Discipline budgétaire et financière

Conclusion

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INTRODUCTION

Le Maroc a entrepris durant la dernière décennie un important dispositif


de réformes visant l’amélioration de la gouvernance publique, comme
couronnement logique d’un processus de mutations et de maturation de son
institution de contrôle supérieur des finances publiques. En fait, celle-ci s’est
façonnée de manière progressive en n’étant au début, qu’un mécanisme
administratif et comptable que juridictionnel des comptes des comptables
publics légué à l’organisme institué en 1960 relevant du Ministère des Finances
dit «la Commission Nationale des Comptes», puis érigée en 1979, en vertu de la
loi N° 12-79, en une vraie Cour des comptes en tant qu’organe juridictionnel
chargé d’assurer le contrôle supérieur des finances publiques. En 1996, le
législateur marocain a hissé la Cour des comptes à une véritable institution
constitutionnelle chargée du contrôle supérieur, indépendante des pouvoirs
exécutif et législatif. Un tournant historique a eu lieu en 2002, puisque cette
évolution a été consacrée par la promulgation de la Loi N° 62-99 formant Code
Ce statut a été renforcé par la constitution de 2011 qui a conféré une place de
choix aux principes et valeurs du contrôle de la régularité, de la conformité, de
l’appréciation des résultats atteints en termes d’efficacité, d’économie,
d’efficience, d’environnement et d’éthique. C’est dire un attellement définitif à
l’esprit de la bonne gouvernance ainsi qu’à la qualité des institutions qui ont
désormais la tâche, outre de contrôler et conseiller le Gouvernement, d’assister
le Parlement, d’apporter appui au pouvoir judiciaire et à faire le suivi du
patrimoine des décideurs et responsables publics.
Ce contrôle revêt un caractère important puisque les deniers publics
forment une partie très importante et essentielle de la chose publique. La
performance et la confiance dans la gestion des finances publiques se trouvent
parfois entachées par les erreurs, les fraudes, les gaspillages qui sont imputables
non seulement aux comportements des gestionnaires publics, mais également
aux choix politiques de ceux qui agissent au nom de l’Etat.
L’existence d’un dispositif efficace de contrôle des finances publiques est
à même de permettre de rétablir la confiance des citoyens dans l’Etat et les
autres entités publiques (collectivités territoriales, établissements publics) ;
préconisé par la Constitution de 2011 qui a renforcé son rang d’institution
supérieure de contrôle des finances publiques du Royaume, qui garantit son
indépendance. Elle est davantage impliquée dans la protection des principes et

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valeurs de bonne gouvernance, de transparence et de reddition des comptes de
l’Etat et des organismes publics.
Les exigences de la nouvelle constitution et des réformes touchant les
finances publiques, ainsi que les attentes des citoyens poussent à une réflexion
sur le rôle que devra jouer la Cour des comptes dans ce domaine.
Problématique :
• Quelle fonction juridictionnelle exercé par la cour des comptes pour la
protection des deniers publics ?

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AXE I : Présentation générale
de la Cour des Comptes

1. Présentation :
Le système de gestion financière du secteur public au Maroc est basé sur les normes
juridiques supérieures de Royaume : Constitution du Royaume et Loi Organique relative
aux lois de finances sous le contrôle du Conseil constitutionnel.
L'introduction du contrôle supérieur des finances publiques dans le royaume s'est
faite de manière progressive ; on est ainsi passé d'un contrôle, orienté principalement vers
régularité des opérations financières publiques avec la Commission Nationale des Comptes
crée en 1960 à l'instauration d'une institution supérieure de contrôle dotée de larges
prérogatives qui est la cour des comptes. La cour des comptes a été donc institue en vertu
de la loi n°12-79 du 14 septembre 1979, en tant qu’institution supérieure de contrôle des
finances publiques, élevée par la suite au rang d’institution constitutionnelle en 1996.
-Promulgation de la loi n°62-99 formant code des juridictions financières :
En application des dispositions constitutionnelles, la loi n°62-99 formant code des
juridictions financières promulguée le 13 juin 2002 a constitué un moment fort dans
l'évolution du paysage du contrôle supérieur des finances publiques au Maroc, du fait
qu'elle a clarifié l'organisation et le fonctionnement des juridictions financières, leurs
attributions juridictionnelles et extra juridictionnelles ainsi que les procédures applicables
dans les différents domaines de leurs interventions.
Cette loi, composée de trois livres, a marqué une étape importante dans l’itinéraire
de la Cour des comptes du fait qu’elle a explicitement fixé les attributions, l’organisation
et le fonctionnement de la Cour (livre I), des Cours Régionales des Comptes (livre II) ainsi
que le statut particulier des magistrats de ces juridictions (livre III).
- les juridictions financière selon la constitution 2011:
Les juridictions financières se composent de la cour des comptes et les cours
régionales des comptes.
Le rôle de ces juridictions s’articule, principalement autour du bon usage des deniers
publics. Entant que juridictions, elles jugent les comptes des comptables publics et

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exercent une fonction juridictionnelle en matière de discipline budgétaire et financière.
Entant qu’autorité de contrôle indépendante, elles exercent un contrôle sur la gestion des
organismes qui recourent au financement public.
La constitution de 2011 a renforcé le rôle de la cour des comptes ; selon l’article 147
l’indépendance de la cour des comptes est garantie par la constitution, ce même article
ajoute que la cour des comptes contrôle et assure le suivi des déclarations du patrimoine,
audite les comptes des partis politiques et vérifie la régularité des dépenses des opérations
électorales.
La Constitution consacre aussi la compétence consultative de l’institution. Celle-ci
est habilitée à répondre aux questions et consultations en rapport avec les fonctions de
législation, de contrôle et d'évaluation, exercées par le Parlement, les instances judiciaires
et le gouvernement.

2. L’organisation de la cour des comptes :

La cour des comptes est composée des magistrats, qui sont régis par un statut
particulier similaire à celui des autres magistrats, et des fonctionnaires. La composition de
la cour des comptes est régie par les articles 4 à 16 du code des juridictions financières.

 Les magistrats : ce corps est constitué de :

- Premier président : qui dirige et organise les travaux de la cour et exerce ses attributions
par décisions, arrêtés, ordonnances et référés
- Procureur Général du Roi : La Cour des Comptes est dotée d’un Parquet Général dirigé
par le Procureur Général du Roi qui est nommé par Dahir. Il exerce le Ministère public dans
les matières juridictionnelles dévolues à la cour et dispose d’un secrétariat. Il est assisté
dans l’exercice de ses fonctions par des Avocats Généraux choisis parmi les Conseillers de
la Cour.

- Secrétariat général : Le secrétaire général de la cour veille à ce que les comptes,


pièces et documents prévus par le code des juridictions financières soient produits par
les personnes concernées, dans les délais impartis. Il avise le procureur général du Roi
en cas de retard.

Il assiste le premier président dans la coordination des travaux de la cour ainsi que dans
l'organisation des audiences des formations de la cour. Il concourt également avec lui
à la coordination des travaux des cours régionales.
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Le premier président peut lui déléguer, par arrêté, sa signature en matière de gestion
des personnels des juridictions financières.

Il assure, sous l'autorité du premier président, le fonctionnement des services


administratifs de la cour et du greffe.

Le greffe enregistre les comptes et les autres documents comptables produits à la cour
et en assure la distribution aux chambres selon le programme des travaux de la cour.
Il procède à l'archivage desdits comptes et documents. Il notifie les arrêts et actes de
la cour et certifie les copies et extraits de ses actes juridictionnels.

-Conseil de la magistrature : Le Conseil de la Magistrature des Juridictions Financières est


chargé de veiller à l’application du Statut tant en ce qui concerne la nomination, le
déroulement de carrière que l’application des mesures disciplinaires des magistrats. Ce
Conseil est présidé par le Premier Président.
A noter que ces magistrats bénéficient d’une grande autonomie garantie par l’inamovibilité
et les incompatibilités de leurs fonctions avec tout mandat politique ou administratif.
Les magistrats des juridictions financières sont régis par un statut particulier prévu par le
code des juridictions financières.
Les magistrats sont répartis dans les grades suivants :
 Hors grade : Premier Président ainsi que le Procureur Général du Roi.
 Grade exceptionnel : Conseiller maître.
 Premier grade : Premier Conseiller.
 Deuxième grade : Deuxième Conseiller.

 Les fonctionnaires:

Les possibilités d’admettre des agents ou fonctionnaires pour exercer des missions de
contrôle au sein de la cour est consacrée par l’article 5 du code des juridictions financières.
Aux termes de cet article “des fonctionnaires ou agents appartenant ou ayant appartenu à
des corps d’inspection ou de contrôle ou ayant exercé des juridictions financière peuvent
être désignés par décision du premier président après accord de leur supérieur
hiérarchique, en vue de participer à des missions de contrôle dans le cadre des attributions
de la cour autres que juridictionnelles”.

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3. Organigramme

4. Communication de la Cour des Comptes

 Rapport annuel :

Dans son rapport annuel, la Cour rend compte de l’ensemble de ses activités, fait la
synthèse des observations qu’elle a relevées, de ses propositions d’amélioration de la
gestion des finances publiques et de celle des services et organismes publics ayant fait
l’objet de contrôle, reprend les commentaires des autorités gouvernementales et des

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responsables des institutions et organismes concernés et donne un résumé du rapport
de la Cour sur l’exécution de la Loi de finances. Le rapport annuel de la Cour est
présenté à Sa Majesté le ROI par le Premier Président ; il est publié au Bulletin officiel.

 Référés du Premier Président :

Dans toutes les matières qui relèvent de la compétence de la Cour, le Premier Président
peut présenter ses observations et suggestions aux autorités gouvernementales
compétentes par voie de référés. Dans chaque ministère, un haut fonctionnaire ayant
au moins le rang de directeur d’administration centrale est chargé de veiller à la suite
donnée aux référés du Premier Président. Cette désignation est notifiée à la Cour.

 Rapport sur l’exécution de la Loi de finances :

La Cour des comptes élabore un rapport sur l’exécution de la Loi de finances qui
accompagne le projet de Loi de règlement. Ce rapport retrace notamment les résultats
de l’exécution de la Loi de finances et les observations suscitées par la comparaison
des prévisions et des réalisations.
 Déclaration Générale de Conformité :

La déclaration générale de conformité devant accompagner le rapport sur l’exécution


de la Loi de finances, permet de rapprocher les résultats des comptes individuels
produits à la Cour par les comptables publics de ceux du compte général du royaume
établi et communiqué à la Cour par le ministre chargé des finances.
 Rapports particuliers relatifs au contrôle de la gestion :

Les rapports particuliers délibérés en chambre, sont adressés par le Premier Président
au Premier ministre, au ministre chargé des finances et au ministre de tutelle, lesquels
peuvent formuler leurs observations et exprimer leurs avis dans un délai fixé par le
Premier Président et qui ne peut être inférieur à un mois. Ces rapports, accompagnés
des avis et commentaires reçus, sont ensuite transmis au comité des programmes et
des rapports en vue de leur insertion, le cas échéant, au rapport annuel.
 Rapports thématiques :

Dans le cadre de son assistance au Gouvernement et au Parlement, la Cour des


comptes publie des rapports thématiques en relation avec les réformes économiques
et sociales menées par le Maroc.

 Lettres des Présidents de Chambres :

Dans le cadre du contrôle de la gestion, les Chambres peuvent décider d’adresser des
observations aux responsables des organismes concernés sous forme de lettres des
Présidents de Chambres.
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AXE II : vérification,
instruction et jugement des
comptes

1. Vérification des comptes


Au sens de l’article 25 la cour des comptes vérifie les comptes des services de l’Etat
ainsi que ceux des établissements publics et des entreprises dont le capital est souscrit
exclusivement par l’Etat ou les Etablissements Publics, ou conjointement par l’Etat, des
Etablissements Publics et des Collectivités Locales, lorsque ces organismes sont dotés
d’un comptable public.
Il est à signaler que parmi les nouveautés du code des juridictions financières et en vue
d’appréhender la responsabilité des différents intervenants dans l’exécution des
opérations financières publiques : ordonnateurs, contrôleurs et comptable, la cour
juge désormais les comptes des services de l’Etat ainsi que ceux des entreprises et des
entreprises et établissements publics et non les comptes des comptables publics
comme le prévoyaient les dispositions de la loi n° 12-79.
Les comptables publics des services de l’Etat sont tenus de produire annuellement à la
cour une situation comptable des opérations des recettes, de dépenses et de trésorerie
exécutées par leurs soins, dans les formes prévues par la réglementation en vigueur.
A cet égard, la cour des comptes vérifie et juge les comptes des organismes suivants :
- Les services de l’Etat
- Les établissements publics
- Les entreprises dont le capital est souscrit exclusivement par l’Etat ou des
Etablissements publics ou conjointement par l’Etat, des établissements publics
et des Collectivités Locales lorsque ces organismes sont dotés d’un comptable
public.

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2. Instruction des comptes
Au vu du programme annuel de la cour des comptes ; le président de la chambre
répartit les comptes et les situations comptables entre les conseillers rapporteurs en
vue de procéder à leur vérification et instruction.
Dans le cadre du nouveau code des juridictions financières, le conseiller rapporteur a
de larges pouvoirs d’investigations. Il peut ainsi exiger de l’ordonnateur, contrôleur,
du comptable public ou de tout autre responsable toutes les précisions ou justifications
qu’il juge nécessaires dans la limite des compétences de chacun et des documents qu’il
est tenu de conserver en application des dispositions réglementaires en vigueur.
La vérification ne porte pas uniquement sur la régularité et la conformité des
opérations financières publiques, mais également sur l’appréciation de la gestion.
Selon les dispositions de l’article 32 du code formant juridictions financières et à l’issue
de la vérification, le rapporteur établit deux rapports :
 Dans le premier rapport : il présente les résultats de l’instruction du compte ou
de situation comptable présenté par le comptable public et relève s’il y a lieu,
les observations sur des faits de nature à mettre en jeu la responsabilité,
notamment de l’ordonnateur , du contrôleur ou du comptable public dans les
matières juridictionnelles de la cour, chacun dans la limite des compétences qui
lui sont dévolues.
 Dans le deuxième rapport : le conseiller rapporteur reprend les observations
relatives à la gestion du service, de l’établissement ou entreprise public
concerné et qui relèvent des compétences de la cour en matière de contrôle de
la gestion.

3. Jugement des comptes


La formation de jugement statue sur les pièces à huis clos après examen du rapport,
des réponses des intervenants dans le processus d’exercice des opérations financières
publiques, de l’avis du contre rapporteur et des conclusions du procureur général du
roi.
La formation de jugement est composée désormais de cinq magistrats au lieu de
quatre selon la loi 12-79.
Si la cour ne retient aucune irrégularité à la charge du comptable, elle statue sur le
compte par un arrêt définitif. Lorsqu’elle établit l’existence d’irrégularités, elle lui
enjoint par arrêt provisoire de produire par écrit ses justifications ou de reverser les

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sommes qu’elle déclare comme étant dues à l’organisme public concerné dans un délai
qui ne peut être inférieur à trois mois.
Le nouveau code des juridictions financières a énuméré le cas ou le comptable peut
être mise en débet, les autres cas peuvent être appréhendés par la cour en matière de
discipline budgétaire et financières.
Dans ce sens le comptable peut ainsi être mis en débet en cas de :
 Absence de justification de service fait
 Inexactitude des calculs de liquidation
 Absence de visa préalable d’engagement
 Non-respect des règles de prescription de déchéance
 Inobservation du caractère libératoire du règlement
 Absence de diligences que le comptable doit accomplir en matière de
recouvrement des recettes.

La compétence de jugement des comptes se caractérise par les points suivants :

 C’est une procédure inquisitoire :

Cela veut dire que le jugement des comptes présente cette singularité d’être une
instance sans demandeur. Les comptes doivent être rendus par les comptables
d’office, à l’échéance des termes réglementaires sans attendre une assignation à cette
fin. Le jugement des comptes n’est pas nécessairement, ni même généralement
contentieux.
Souvent, après examen, la gestion des comptables se révèle irréprochable et le juge
les en décharge sans discussion. Ce n’est que s’ils refusent de rendre leurs comptes ou
si l’examen de ces comptes révèle des omissions ou des irrégularités que s’ouvre un
débat contentieux.
Dans ce cas c’est le juge qui initie et conduit l’instance puisqu’il n’y a ni litige à régler
entre les parties ni poursuites engagées par le ministère.

 C’est une procédure écrite et contradictoire

Le rapporteur communique ses observations aux personnes concernées, leur donnant


ainsi l’occasion de fournir leurs explications.
En effet, les observations relevés sont adressés selon le cas à l’ordonnateur, au
contraire, au comptable public ou à tout autre responsable, qui doivent répondre dans
un délai de deux mois, sauf dérogation exceptionnelle accordée par le président de la
chambre ou de la cour régionale

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AXE III : Gestion de fait

Les juridictions financières au Maroc exercent une compétence à l’égard des


comptables de fait. A ce titre, il y a lieu de signaler que la gestion de fait ne peut être
expliqué que par référence aux principes et règles régissant la comptabilité publique
et à travers la concrétisation des multiples pratiques de violation de ses principes et
règles.
A cet égard, toutes les personnes publiques doivent en principe respecter les règles du
droit budgétaire et de la comptabilité publique qui se manifestent notamment par :

 Le respect des principes régissant l’autorisation budgétaire

Aucune opération de recette ou de dépense ne peut être recouvrée ou exécutée s’elle


n’est pas autorisée. L’autorisation résulte de la loi des finances. Cette autorisation
constitue le préliminaire à toute opération comptable portant sur le maniement des
deniers publics.

 Le respect scrupuleux du principe de séparation des ordonnateurs


et des comptables

Le principe de séparation des ordonnateurs et des comptables est à la base de


l’organisation de la comptabilité publique. L’exécution des opérations financières est
confiée à deux ordres d’agents distincts et séparés : les ordonnateurs et les
comptables ; cette règle se justifie par la volonté d’éviter les malversations et fraudes.

 Le respect des règles relatives aux règles régissant les opérations


de dépenses et des recettes publiques

Le processus d’exécution des dépenses publiques se déroule en quatre phases :


l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement (phase administrative) et le paiement
(phase comptable).
Dans ce sens, la gestion de fait demeure ignorée des gestionnaires marocains
faute de jurisprudence financière en la matière. La spécificité épistémologique du
concept de gestion de fait se trouve au carrefour de plusieurs disciplines (droit de la
comptabilité publique, finances publiques, droit administratif).
Dans ce cadre de gestion de fait se manifeste à partir du code des juridictions
financières dès les éléments suivants :
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L’article 41 du code des juridictions financières dispose que la cour déclare comptable
de fait, toute personne qui effectue sans y être habilitée par l’autorité compétente,
des opérations de recettes, des dépenses, de détention et de maniement des fonds ou
des valeurs n’appartenant pas auxdits organismes, mais que les comptables publics
sont exclusivement chargés d’exécuter en vertu des lois et règlement en vigueur .
Les opérations de nature à constituer des gestions de fait sont des déférées à la cour
des comptes par le procureur général du roi près de la cour qui agit soit de sa propre
initiative, soit à la demande du ministre chargé des finances, des ministres intéressés,
du trésorier général du royaume ou des comptables publics.
En outre la cour peut se saisir d’office au vu des constations faites à l’occasion de la
vérification des comptes.
Lorsque la cour déclare une personne comptable de fait, elle lui enjoint par le même
arrêt de produire son compte dans un délai qu’elle fixe et qui ne peut être inférieur à
deux mois.

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AXE IV : Discipline budgétaire
et financière

La fonction juridictionnelle en matière de discipline budgétaire et financière s’exerce à


l’égard de tout responsable, fonctionnaire ou agent de l’un des organismes soumis au
contrôle de la cour des comptes, qui commet des infractions prévues par le code des
juridictions financières.
En matière de discipline budgétaire et financière, la cour fonctionne comme une de
justice avec tout cela exige comme garanties des droits de la défense, l’audition de
toute personne dont la responsabilité peut être engagée, avec la présence physique
du mis en cause et de son avocat à la séance de jugement, en sus de la citation des
témoins.
Le code des juridictions financières a énuméré dans son article 51, les organismes
soumis au contrôle de la cour en matière de discipline budgétaire et financière, il ya :
 Les services de l’Etat
 Les établissements publics
 Les sociétés ou entreprises dans lesquelles l’Etat ou des établissements publics
détiennent séparément ou conjointement, directement ou indirectement, une
participation majoritaire au capital ou un pouvoir prépondérant de décision.
 Les sociétés ou entreprises dans lesquelles l’Etat ou des établissements publics
détiennent conjointement avec des collectivités locales, une participation
majoritaire au capital ou un pouvoir prépondérant de décision.

Le code de juridictions financières a cité un ensemble des infractions en matière de


discipline budgétaire et financière, les infractions relatives aux règles d’exécution des
recettes ou des dépenses ou de gestion des biens publics, sont désormais
individualisées au niveau des trois intervenants dans le processus d’exécution des
opérations financières publiques, à savoir les ordonnateurs, les contrôleurs et les
comptables.
Les ordonnateurs, sous ordonnateurs ou responsables, ainsi que les fonctionnaires ou
agents placés sous leurs ordres ou agissant pour leur comptes, sont passible des

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sanctions prévues au code des juridictions financières si, dans l’exercice de leurs
fonctions, ils ont :

 Enfreint les règles d’engagement, de liquidation et d’ordonnancement de


dépenses publiques ;

 Enfreint la réglementation relative aux marchés publics ;

 Enfreint la législation et la réglementation relatives à la gestion des


fonctionnaires et des agents ;

 Enfreint les règles relatives à la constatation, à la liquidation et à


l'ordonnancement des créances publiques ;

 Enfreint les règles de recouvrement des créances publiques dont ils ont
éventuellement la charge en vertu de la législation en vigueur ;

 Enfreint les règles de gestion du patrimoine des organismes soumis au


contrôle de la cour ;

 Imputé irrégulièrement une dépense en vue de permettre un dépassement de


crédits ;

 Dissimulé des pièces, ou produit aux juridictions financières des pièces


falsifiées on inexactes ;

 Omis, en méconnaissance ou en violation des dispositions fiscales en vigueur,


de remplir les obligations qui en découlent en vue d'avantager indûment des
contribuables ;

 Procuré à eux-mêmes ou à autrui un avantage injustifié en espèces ou en


nature ;

 Causé un préjudice à l'organisme public au sein duquel ils exercent des


responsabilités, par des carences graves dans les contrôles qu'ils sont tenus
d'exercer ou par des omissions ou négligences répétées dans leur rôle de
direction.

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1. La procédure de contrôle de la discipline
budgétaire :
La saisine de la cour des comptes peut se faire par les autorités énumérées à l’article
57 de la loi sur la cour des comptes, il s’agit :1
 Du Procureur général du Roi agissant, soit de sa propre initiative soit à la
demande du premier président ou d’une formation de la cour ;

 Du chef de gouvernement 2

 Des présidents de la chambre des représentants et la chambre des conseillers

 Du ministre chargé des finances

 Des ministres, pour les faits relevés à la charge des fonctionnaires et agents
placés sous leur autorité et par les faits relevés à la charge des responsables et
agents des organismes placés sous leur tutelle

Dans cette procédure, en se basant sur des documents et informations fournis, le


procureur général décide :

 Soit le classement de l’affaire par décision motivée et communiquée à la partie


qui a soumis l’affaire à la cour, tout en gardant le droit de revenir sur la décision
de classement, si à travers les pièces et informations complémentaires que
reçoit le procureur général, lui apparait des présomptions sur l’existence de
l’une des infractions déjà mentionnées

 Si le classement n’a pas été décidé, le procureur général sollicite du premier


président la désignation d’un conseiller rapporteur chargé de l’instruction qui
est habilité à procéder à toutes enquêtes et investigations auprès de tous les
organismes publics ou privés, se faire communiquer tous documents et
entendre toutes les personnes dont la responsabilité paraitrait engagée, ou tous
témoins après qu’ils aient prêté serment selon les formes et conditions prévues
par le code de procédure pénale.

1
Pour plus de détail sur la procédure de contrôle de la discipline financière et budgétaire voir les articles 57 à 65
du code des juridictions financière
2
Loi 55.16 modifiant et complétant la loi 62.99 formant code des juridictions financière (remplace l’appellation
Premier ministre par Chef de gouvernement)

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Une fois l’instruction terminée, le conseiller rapporteur communique le dossier et le
rapport d’instruction, au procureur général du Roi, qui dépose ses réquisitions dans un
délai de 15 jours à compter de la date de réception. La personne concernée est
informée du dossier le concernant.
Lorsque le premier président estime, après examen du dossier, que l’affaire est en
d’être jugée, il ordonne qu’elle soit portée au rôle des audiences de la chambre
compétente en matière de discipline budgétaire et financière.
Dans cette procédure il faut signaler que l’accusé est assisté par un avocat agréé
auprès de la cour suprême et pourra avoir des témoins.
Les arrêts sont rendus-dans un délai maximum de 2 mois à compter de la date
de la mise en délibéré de l’affaire- à la majorité des voix. En cas de partage égal des
voix, celle du président est prépondérante.

2. Les sanctions réservées aux infractions :


Au terme de ses investigations la cour prononce une amende à l’encontre des
fonctionnaires auteurs des infractions constatées et retenues dans leurs arrêts
provisoires. Cette amende ne doit pas être inférieure à 1000 Dhs par infraction sans
toutefois que le montant de l’amende ne puisse dépasser la rémunération nette
annuelle que la personne concernée a perçu à la date de l’infraction, et lorsque la cour
constate que les infractions ont causé une perte à l’un des organismes soumis à son
contrôle, elle peut condamner leurs auteurs au remboursement des sommes
correspondantes, en principal et intérêt. Il s’agit là d’une innovation très importante
qui contribuera sans nul doute à la moralisation de la vie publique et à la préservation
des deniers publics.
Il convient de signaler que les arrêts de la cour peuvent faire l’objet d’un recours en
cassation ou en cassation ou en révision dans les formes et conditions prévues aux
articles 70 à 74 de la loi n 62-99 sur la cour des comptes.

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CONCLUSION

La cour des comptes vise à contribuer à l'amélioration de la gestion


publique à travers l'exercice d'un contrôle de régularité sur les opérations
financières effectuées par les organismes publics et un contrôle de la gestion qui
consiste à apprécier la gestion desdits organismes conformément aux principes
d'efficacité, d'économie, d'efficience et de préservation de l'environnement.
La Cour des comptes est totalement indépendante des autres institutions
de l'Etat. Elle n'est pas l'auxiliaire de la Justice. Elle permet d'informer Sa
Majesté, le Premier ministre, le gouvernement, le Parlement et l'opinion
publique de ce qui se passe au niveau de la gestion publique dans un objectif
stratégique qui contribue de façon étudiée, rationnelle et professionnelle à
l'élargissement du cercle de la bonne gouvernance, avec le respect de la loi.
Dans ce cadre, convient-il de rappeler que le rôle des juridictions financières
s'articule autour de deux principales dimensions :
La prévention des risques encourus par la gestion publique :
Cette prévention nécessite la mise en exergue des insuffisances
organisationnelles et fonctionnelles des organismes contrôlés, la nature et la
variété des opérations comportant des risques significatifs et invitant les
gestionnaires à en éviter l'impact négatif sur la gestion des finances publiques.
Les rapports des juridictions financières constituent, ainsi le moyen utile d'attirer
l'attention des autorités publiques sur les différentes zones à risque.
La sanction des actes dans le cadre des attributions juridictionnelles :
Cette fonction constitue l'un des atouts du modèle juridictionnel de contrôle
supérieur des finances publiques adopté par le Royaume du Maroc depuis la
création de la Cour des comptes.
En effet, toutes les irrégularités de gestion relevées par les différentes missions
de contrôle de conformité et de gestion menées par la Cour des comptes et les
Cours régionales des comptes sont jugées et sanctionnées par les formations
compétentes au sein de ces juridictions. Les sanctions interviennent
naturellement lorsque leurs actes ne sont pas conformes à la législation et à la
réglementation relative aux finances publiques. Par ailleurs, les juridictions

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financières accomplissent leur devoir en matière de l'enclenchement des
poursuites pénales. Elles communiquent tous les dossiers relatifs aux actes
susceptibles de constituer des infractions au code pénal au Ministre de la justice
pour qu'ils soient traités par les juridictions de droit commun.
Néanmoins, force est de constater, que la mission juridictionnelle de la Cour est
capable, non seulement, de renforcer ses recommandations en donnant une
qualification juridique aux cas de mauvaise gestion et de faiblesse des systèmes
de contrôle interne, mais aussi, de sanctionner les comportements et les
pratiques des responsables et gestionnaires publics qui auraient commis des
infractions aux lois et règlements en vigueur, régissant les opérations de recettes
et de dépenses des organismes publics.
En sus, de sa mission non juridictionnelle de contrôle de la gestion qui devient
incessamment importante par rapport aux autres attributions, en raison de son
impact positif sur la gestion publique et de sa contribution à l'instauration des
principes de transparence et de bonne gouvernance.

20
Bibliographie

- code des juridictions financières, Loi n°62-99, 2002


- mémoire de Samira Azeddine : l’apport des juridictions financières à la
bonne gouvernance
Webographie

- http://www.courdescomptes.ma
- https://www.maghress.com

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