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Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Economie de la connaissance et développement au Maroc :

Cas des Technologies d’information et de communication (TIC)

Amal NAJAB, Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et sociales


d’Ain Sebâa, Université Hassan II- Mohammedia
(najabamal@gmail.com).
GSM (212) 6 6849 49 54

Résumé :
Le présent article s’attache à examiner le rôle des TIC dans le développement économique.
L’expérience abordée est celle du Maroc. Pour ce faire, nous avons développé dans un
premier temps les composantes de l’économie de la connaissance, surtout les technologies
d’informations et de communication (TIC).

Ensuite, nous avons dressé un état des lieux de la réalité des TIC en présentant une étude
comparative tout en utilisant des indicateurs TIC utilisés au niveau international. Le but est de
situer le Maroc par rapport à d’autres pays dans ce domaine, pour ébaucher quelques
orientations afin de développer une utilisation efficace des TIC, en vue du renforcement de
l’insertion du Maroc dans l’économie de la connaissance.

L’ensemble des indicateurs sur l’état de développement des TIC au Maroc permettent
d’avancer des résultats positifs. Cependant, en ce qui concerne l’influence des TIC sur le
développement du pays, des résultats positifs et significatifs, nécessitent que toutes les formes
de l’économie de la connaissance soient réunies. Un peu à l’image d’un puzzle, il faut avoir
une conception d’ensemble du système (un ensemble d’éléments qui s’emboitent les uns dans
les autres).
Mots clés : développement, économie de la connaissance, TIC, diffusion technologique,
progrès.
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Introduction :
Au cours de ces dernières années, l’économie mondiale a connu des changements
fondamentaux. En effet, la conjoncture économique internationale a évolué rapidement sous
l’effet du développement massif des technologies de l’information et des communications
(TIC) et de la place croissante de l’innovation. Les conséquences économiques, techniques,
organisationnelles et sociales de cette évolution sont considérables.
En effet, ces mutations au niveau global se reflètent par le biais de transformations au sein de
l’entreprise et l’émergence de nouvelles capacités et compétences, de nouvelles fonctions et
de nouveaux modes d’organisation et de gestion.

L’ensemble de ces mutations permettent d’avancer, qu’au moins dans les pays développés,
nous assistons aujourd’hui au « passage » d’une économie industrielle à « une économie de la
connaissance ».
Cette économie de la connaissance qui n’a pas de fondement physique (palpable), se fonde sur
de nouvelles composantes (intangibles) : le savoir, les connaissances, la créativité, les
capacités intellectuelles et les technologies de l'information. Il n’est pas étonnant que cette
économie de la connaissance s’impose de plus en plus à toutes les sociétés, compte tenu des
progrès rapides qu’elle génère dans tous les domaines économiques et sociaux.

L’intégration de ce mode de développement par les pays en voie de développement, devient


une nécessité, par risque, de se voir marginalisés, par rapport aux modes de production de
cette économie.
Par ailleurs, l’une des causes et conséquences de cette économie est le développement des
TIC. En effet, l’importance grandissante des technologies de l’information et de la
communication, s’impose en tant que base essentielle des économies les plus dynamiques et
durables.

Comme l’a écrit Foray1 : " La science et la technologie jouent donc un rôle important dans
l’économie fondée sur la connaissance ".

1
Foray D., L’économie de la connaissance, Paris, Editions la Découverte, Repère, Paris, 2000, p.17.
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Les TIC offrent plusieurs possibilités : créer des emplois, favoriser l’accès à une éducation de
qualité ou encore faciliter l’apprentissage tout au long de la vie.
D’autre part, elles facilitent la transformation des éléments immatériels, permettent
d’accélérer le processus de globalisation et par conséquent provoquent des bouleversements
dans les économies, les sociétés et cultures.

Pour le Maroc, les enjeux associés à l'entrée dans l'économie de la connaissance sont
nombreux. Ils intéressent aussi bien la compétitivité et la croissance que l'évolution de la
société dans son ensemble. Dés lors, notre pays devra faire face à cette nouvelle donne, en
permettant aux TIC d’être un support majeur d’accélération et de consolidation des fonctions
créatrices de valeur.

En matière des TIC, le pays a entamé plusieurs réformes durant les dix dernières années qui
sont nécessaires pour l’application effective de l’économie de la connaissance. On notera, à
titre d’exemple, la stratégie « Maroc Numeric 2013 » qui a vu le jour en 2009 et qui a prévu
en particulier d’accélérer l’informatisation des PME, de rapprocher les services publics des
usagers, et de faciliter l’accès des citoyens à l’internet haut débit.

Les télécoms représentent l’un des secteurs stratégiques pour l’avenir de notre économie,
visant notamment à rendre les technologies de l’information et de la communication plus
accessibles à tous, réduire la fracture numérique et accompagner le développement
économique et social du pays.

Toutefois, la diffusion des TIC nécessite des compétences et des connaissances sans
lesquelles ces technologies ne peuvent déceler leurs bienfaits. La seule présence des TIC ne
peut suffire à engager une dynamique vertueuse.

C’est dans cette perspective que s’inscrit notre problématique en lançant les questions
suivantes :
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-L’usage des TIC est considéré comme un facteur essentiel pour l’émergence de la société du
savoir. Dans quelle mesure ces technologies peuvent constituer un vecteur de développement
de notre pays ?

-Les performances en matière d’usage des TIC, peuvent-elles constituer une condition
suffisante à l’insertion dans l’EC ?

Ce travail se propose de présenter le rôle des TIC dans le développement économique.


L’expérience abordée est celle de l’économie marocaine. Il convient de caractériser et
d’analyser, en premier lieu, ce que l’on entend par économie de la connaissance, en explorant,
ses différentes composantes (en particulier les TIC), ses caractéristiques et son nouvel
environnement.

Ensuite, nous commençons par dresser un état des lieux de la réalité des TIC au Maroc en
présentant une étude comparative tout en utilisant des indicateurs TIC utilisés au niveau
international, afin de situer le Maroc par rapport à d’autres pays dans ce domaine, et pour
ébaucher enfin quelques orientations afin de développer une utilisation efficace des TIC, en
vue du renforcement de l’insertion du Maroc dans l’économie de la connaissance.

I-Economie de la connaissance, TIC et développement


L’évolution des modes de production et de diffusion des connaissances provoquent un
changement dans la relation entre connaissance et développement économique.
La première section revient sur les notions d’économie de la connaissance et insiste sur la
nécessité de définir et de différencier connaissance et information. Elle présente également les
caractéristiques de l’économie du savoir et met l’accent sur le nouvel environnement de
l’économie de la connaissance.
Aussi, elle propose une analyse du rôle des TIC dans l’émergence de l’économie du savoir et
une approche théorique de la question du développement par les TIC.
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I-1-Economie de la connaissance : définitions, fondements et caractéristiques


I-1-1Définition
La définition de l’économie de la connaissance varie selon les travaux. D'une part, on trouve
une définition large de l’économie de la connaissance, qui s’intéresse à l'ensemble des
connaissances produites et mobilisées dans les activités économiques, que celles-ci soient
codifiées ou tacites ou qu'elles découlent d'activités intentionnelles ou de processus
d'apprentissage.
D'autre part, des travaux théoriques et empiriques s'intéressent à un domaine particulier de la
connaissance, à savoir la connaissance technologique au sens étroit du terme et qui se fondent
sur ce qui est le plus facilement mesurable, à savoir la production et la diffusion de
connaissances codifiées résultant d'activités formelles de recherche.

Cette conception de l’économie de la connaissance, délimite au sein de l’économie un certain


nombre de secteurs spécialisés dans la production et le traitement de la connaissance et de
l’information. Arrow est à l’origine de cette conception2. Selon celle-ci, Les activités de
production classique sont séparées de l’activité d’innovation. La connaissance est produite par
un secteur spécialisé à partir d’une fonction de production qui associe du travail qualifié et du
capital. L’output de ce secteur consiste en de l’information échangée sur un marché.
Toutefois, afin de mieux comprendre les processus de création et de diffusion des
connaissances, les travaux des vingt dernières années en économie du savoir ont mis en
évidence les limites de cette conception qui bornait l'économie de la connaissance à un secteur
spécialisé. Ils ont souligné le caractère décisif, d’une part, de la distinction entre connaissance
et information, et d’autre part, des processus d’apprentissage.

Ils ont mis l’accent également sur la prise de conscience plus forte que l’éducation, la
formation et l’innovation contribuent, en sus de la connaissance technologique, à la croissance
des économies dans un contexte de mondialisation, ainsi que sur le degré d’intégration entre
ces différents axes dans le fonctionnement des économies.

2
Arrow K.J., (1962), The Economic Implications of Learning by Doing, Review of Economic Studies, juin
1962, pp.155-173.
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De sa part, la banque mondiale a défini quatre piliers (K. Dahlman, 2003) sur lesquels doit
être basée l’économie de la connaissance. Ces quatre "piliers" sont l‘éducation à tous les
niveaux, les capacités d‘innovation sous diverses formes, les technologies de l’information et
de la communication et le climat des affaires. Il est utile de signaler que le degré d’intégration
entre ces piliers est essentiel pour le fonctionnement de cette économie.

I-1-2 Les fondements de la connaissance : entre savoir et information


En premier lieu, il est utile de distinguer deux notions qui sont liées entre elles et qui sont
souvent confondues : la connaissance et l’information. Puis on montrera qu’il est également
nécessaire de ne pas confondre connaissance et information avec les TIC.

A- Ne pas confondre information et connaissance


Afin de situer la place des TIC dans « l’économie de la connaissance », il serait utile de
définir et de différencier « connaissance» et « information ». L’analyse économique a
longtemps assimilé la connaissance et l’information. Toutefois, depuis ces dernières années,
plusieurs études tendent à discerner « information » et « connaissance » pour mettre en valeur
la différence entre les deux concepts, pour comprendre les processus de création et de
diffusion des savoirs, et pour mieux comprendre les mutations économiques des sociétés.

Foray3 considère que la connaissance est d'abord une capacité d'apprentissage et une capacité
cognitive, alors que l'information reste un ensemble de données formatées et structurées,
d’une certaine façon inertes ou inactives, ne pouvant pas elles-mêmes engendrer de nouvelles
informations. Ainsi, l’information est une étape préliminaire pour parvenir à la connaissance
et ne peut être assimilée à elle.

Par exemple, si je voyage en Egypte pour admirer les pyramides âgées de plusieurs siècles. Il
s’agit d’une connaissance de ces merveilles architecturales. En revanche, si je lis un livre se
rapportant au mystère des pyramides égyptiennes, il s’agit d’une information.

D’après Thomas Durand4, la connaissance correspond à l’ensemble structuré des informations


assimilées et intégrées dans des cadres de référence qui permet à l’entreprise de conduire ses

3
Foray D., op. cit.
4
Durand T., L’Alchimie de la compétence, Revue Française de Gestion, n° 127, Janvier-Février 2000.
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activités et d’opérer dans un contexte spécifique en mobilisant des interprétations différentes,


partielles et contradictoires.

Dans ce cadre, la connaissance est conçue comme une structure qui implique une capacité à
rechercher les informations pertinentes, à les sélectionner puis à les traiter. Ainsi,
contrairement à l'information, qui existe indépendamment des individus, la connaissance est
"attachée" aux individus puisqu'elles reposent sur leurs facultés subjectives (Rallet 1997).

La transformation des informations en connaissances opérationnelles, nécessite des capacités


d’apprentissage. En ce sens, la connaissance exige une aptitude d’apprentissage et implique
une activité cognitive de la part de l’agent et elle est étroitement liée au processus
d’apprentissage, d’éducation, de recherche et d’utilisation des compétences.
Cependant, l’information5 est un flux de messages susceptibles d’influencer et de restructurer
le savoir. Il s’agit d’un processus de sélection, de traitement et d’interprétation des messages
reçus.

Par ailleurs, la reproduction de la connaissance et la reproduction de l’information sont


également des phénomènes différents. Comme le souligne Foray (2000), la distinction entre
connaissance et information permet de préciser les problèmes économiques relatifs à ces deux
notions. La reproduction de l’information se faisant à un coût quasi nul, le problème
économique qui lui est associé est celui de sa révélation et de sa production. En revanche, le
problème économique principal associé à la connaissance est celui de sa reproduction qui
passe, même quand elle est sous forme codifiée, par un processus d’apprentissage.

La connaissance comme l’information constituent les principales sources de productivité, de


croissance et de compétitivité. Toutefois, le traitement de l’information en nouvelles
connaissances exige de la compétence et met donc en valeur le capital humain qui constitue
un facteur déterminant de la croissance économique.

La distinction entre connaissance et information renvoie à une seconde distinction : entre


connaissance codifiée et connaissance tacite. La connaissance codifiée est celle qui peut être
transformée en information. Elle devient alors un produit commercialisable, elle se rapproche

5
Machlup F., The Production and Distribution of Knowledge in United States, Princeton, 1962 .
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des caractéristiques d’une marchandise6. Elle peut être plus précisément décrite et spécifiée,
en termes de contenu et de propriété intellectuelle.

La tendance à la codification des connaissances est croissante, ainsi que le développement de


dispositifs permettant d'utiliser cette connaissance codifiée. Les TIC y jouent un rôle central.
Elles augmentent la valeur ajoutée de la connaissance codifiée en permettant son transfert à
longue distance et à faible coût.

B- Ne pas confondre connaissance et TIC


On ne peut assimiler l’économie de la connaissance aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication. Certes, la diffusion des TIC a joué un rôle primordial
dans l’essor de l’économie de la connaissance à travers une diminution des coûts de
transmission de l’information, et de codification des connaissances. Elles sont également un
facteur d’accélération du rythme de l’innovation. Pourtant, ils ne sont qu’un support parmi
d’autres d’une production plus collective des connaissances.

I-1-3 Les caractéristiques majeures de l’économie de la connaissance


Deux aspects principaux permettent de caractériser l’économie de la connaissance. D’une
part, une tendance longue7 relative à l’augmentation des ressources consacrées à la production
et à la transmission des connaissances (recherche et développement, formation, éducation) et
d’autre part, l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

a- Développement des investissements et des activités de « connaissance» :


-L’augmentation de la part du capital intangible : De nombreuses études réalisées par les
chercheurs en matière d’économie de la connaissance présentent l’importance croissante du
capital intangible, parmi les tendances majeures de cette économie. D’après Foray, à partir
des années quatre-vingt, le progrès technique a permis d’accroitre la part du capital intangible
parmi les facteurs de production. Ce dernier constituait la principale source du progrès
technique et de l’accroissement de la productivité du travail.

6
Foray D., op. cit.
7
Foray,D., op.cit.
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-Le développement des industries de connaissance : La connaissance et la technologie sont


désormais reconnues par les économies modernes de l’OCDE, comme moteur de la
productivité et de la croissance économique. Cela se reflète dans la tendance à la croissance
de ces économies dans l’investissement et les industries de haute technologie et l’utilisation
d’une main-d’œuvre hautement qualifiée.
Au cours des dix dernières années, l’investissement s’oriente vers les biens et services de
haute technologie, notamment les technologies de l’information et des communications. Les
dépenses de recherche atteignent environ 2.3 pour cent du PIB dans la zone OCDE8. Les
dépenses consacrées à l’amélioration des produits alimentent la croissance des services fondés
sur le savoir, tels que les études techniques et la publicité.

-La montée des emplois hautement qualifiés : elle constitue la troisième caractéristique du
développement des économies fondées sur la connaissance. En effet, cette croissance des
emplois hautement qualifiés, est liée en partie à l’avènement des technologies de
l’information et leur diffusion. Mais, elle s’explique par des évolutions plus larges qui
caractérisent les économies fondées sur la connaissance.

b-L’introduction des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication :


La diffusion et les progrès des NTIC jouent indéniablement un rôle majeur dans l’essor de
l'économie de la connaissance en tant que support d'innovations technologiques et
organisationnelles. Elles sont également le support à une production plus collective du savoir.

Il est indéniable que le capital immatériel a existé de tout temps, l’importance stratégique du
savoir s’est considérablement accrue avec la montée des TIC, dont l’utilisation de plus en plus
intensive modifie en profondeur non seulement la portée, mais également la nature même du
processus d’accumulation et de diffusion du savoir9.
Ainsi, capital intangible et diffusion des NTIC provoquent un rythme soutenu d’innovation,
caractérisant ainsi l’économie de la connaissance, où les changements sont permanents et
difficiles à mesurer impliquant le développement des niveaux de formation et des activités
d’innovation permanentes.

8
OCDE, (1996), L'économie fondée sur le savoir, Paris.
9
Epingard, P. (1999), » L’investissement immatériel, coeur d’une économie fondée sur le savoir », Editions du
CNRS, p. 163.
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I-2-Rôle des TIC dans l’économie de la connaissance


La diffusion et les progrès qu'ont connus les TIC jouent un rôle déterminant dans l'économie
de la connaissance en tant que vecteurs de progrès. En effet, l’usage intensif des TIC a rendu
ces technologies des outils incontournables. Elles interviennent non seulement dans la
production de biens mais aussi dans celles de connaissances et en particulier d’éducation et
obligent tous les pays d’adopter des politiques de généralisation de ces technologies pour
permettre aux pays de profiter des gains d’efficacité qu’elles permettent de dégager.
Globalement, leur contribution est manifeste à plusieurs niveaux. Toutes les dimensions de
l'économie de la connaissance étant touchées par leur diffusion. Ainsi, des gains de
productivité pourraient alors être dégagés dans de nombreux domaines :
Le rôle des TIC est essentiel dans la codification des connaissances. En effet, ces technologies
transforment les connaissances en information, les rendant immédiatement accessibles aux
utilisateurs.

En matière d’innovation, les TIC accroissent l’échange d’information et l’efficacité du


processus d’innovation. Elles offrent de nouvelles possibilités aux pays en développement de
s´intégrer aux marchés mondiaux, et de diversifier leurs exportations.

Les TIC investissent également le secteur de l’éducation et de la formation et pourraient


améliorer le niveau de qualification par divers moyens (actualisation des méthodes
pédagogiques, développement de la formation à distance, échange d’informations,
téléconférence et université virtuelle).

Ils permettent également d’améliorer les capacités d’apprentissage de l’entreprise, et le


développement du niveau de qualification. En effet, les entreprises profitent désormais des
coûts de transaction plus faibles du fait des progrès des TIC, et face au développement de
l’économie en réseau, elles sont appelées à se réorganiser afin de gérer les connaissances.

En outre, les TIC permettent d’optimiser les modes de gestion et d’organisation des
institutions, qui profitent désormais d’une meilleure qualité de l’information et gagnent en
efficacité.
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I-3 Technologies d’information et de communication et développement


Pour certains auteurs, la diffusion des TIC s'est accompagnée d'une diminution de la
productivité globale des facteurs. Cela est connu par « le paradoxe de la productivité », tel
que formulé par Solow, qui posait le problème de la coexistence d'un ralentissement des gains
de productivité et d'une accélération du progrès technique dans le domaine des TIC.

Ces chercheurs précisent que les apports des TIC, dépendent des modifications
organisationnelles qui accompagnent leur diffusion. En d’autres termes, la diffusion et
l'utilisation efficace d'une nouvelle technologie reposent sur un processus de réorganisation et
d'apprentissage au niveau de tous les secteurs.En fait, les gains de l’informatisation des
économies paraissent indissociables de l’adaptation des structures productives et, notamment,
de l’organisation du travail à travers une substitution du travail qualifié à une formation
continue permanente ; travail non qualifié et un renforcement de la logique de compétence
(M.Gollac, 2003).

Néanmoins, selon d’autres analyses, ce paradoxe est dépassé. L’introduction des TIC est
déterminante. Elles sont désormais l’un des moteurs de la croissance et un gisement d’emplois
prometteurs.
Dans ce cadre, les TIC constituent des instruments au service du développement d’un
pays, mais à condition de préparer un environnement propice pour pouvoir bénéficier des
gains générés par ces technologies. Des investissements complémentaires en compétences, en
changement organisationnel et en innovation sont nécessaires.

Les opportunités créées par l’approfondissement de l’usage des TIC pour des besoins
professionnels sont nombreuses : elles incluent les centres d’appel, le télémarketing, le
téléconseil, l’offre de contenu et à terme l’offre d’équipements, autant d’emplois qui peuvent
être créés.

La diffusion et l’utilisation des TIC permet de contribuer aux performances de l’économie, de


part leurs rôles dans l’investissement global et de leur participation à l’accroissement de la
productivité dans les secteurs qui les utilisent et les produisent.
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Au niveau microéconomique, les TIC ont des impacts positifs sur la productivité de
l’entreprise. Elles améliorent sa productivité (réduction des coûts, développement d’intranet,
amélioration de la gestion des stocks et des approvisionnements). Mais, il est utile de signaler
que les retombées bénéfiques des TIC ne se manifestent qu’au bout d’un certain temps
consacré à l’exercice du changement organisationnel des entreprises.

Les TIC permettent également de créer de nouveaux services qui peuvent contribuer à une
plus grande efficacité économique : commerce électronique, administration en ligne.

II- TIC : Quelle opportunité de développement pour le Maroc ?

Avant de procéder à une analyse de l’état des lieux des TIC au Maroc, une étude comparative
est nécessaire en utilisant comme base comparative les indicateurs TIC pertinents, afin
d’évaluer les avancées et les retards du Maroc dans ce domaine.

II-1 Benchmarking :
Plusieurs indicateurs permettent d’établir des comparaisons et d’observer les progrès
accomplis par les différents pays en matière d'utilisation des TIC (KEI, ICT, NRI). Ils sont
élaborés par des organismes internationaux tels que l’Union Internationale des
Télécommunications (UIT), le Forum Economique Mondial (FEM) et la Banque mondiale et
se composent de plusieurs critères (quantitatifs et qualitatifs) liés, directement ou
indirectement aux TIC. Cependant, notre analyse portera sur les indicateurs élaborés par le
FEM et ce, en s'appuyant sur ses derniers rapports.

Comme chaque année, le FEM publie son rapport sur les évolutions réalisées par les pays en
matière de technologies de l’information. Il met en exergue l’importance stratégique de
l’économie numérique et effectue tous les ans une étude cherchant à évaluer le degré de
maturité des différents pays dans ce domaine.

Intitulé « The Global Information Technology Report 2013 : Growth and Jobs in a
Hyperconnected World », le rapport classe cette année 144 économies sur la base du NRI.
Pour le mesurer, l’indice NRI, pour l’année 2013, calcule la capacité d’un pays à exploiter les
opportunités offertes par les TIC prenant en compte quatre éléments :
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- L’environnement politique et réglementaire ;


- Le degré de préparation en termes d’infrastructure, d’ « affordability10 » et de compétences ;
- L’usage des TIC par les individus, les entreprises et le gouvernement ;
- Les impacts économiques et sociaux des TIC.

1-1 Performances du Maroc en matière des TIC : positionnement mondial.


Selon l’édition 2013 du NRI, le Maroc a pu gagner deux places dans le classement mondial
des TIC, en se plaçant à la 89ème position contre 91 l’année dernière.
L’analyse des pays en tête du classement présente la performance des états de l’Europe du
Nord qui ont su développer des approches efficaces dans le domaine des TIC. La Finlande,
Singapour, la Suède sont en tête du NRI du FEM.

Au niveau du monde arabe, les pays les mieux classés, par le FEM en 2013, sont le Qatar
(23e), les Emirats Arabes Unis (25e) et le Bahreïn (29e). Cette performance est due à une
bonne préparation aux TIC (infrastructures, accessibilité financière et compétences) ainsi
grâce à leur environnement favorable à l’entrepreneuriat et à l’innovation. Le Maroc devance
le Liban et l’Algérie qui a perdu 13 places par rapport à l’année dernière. L’Egypte par contre
dépasse le Royaume en se positionnant au 80e rang. La Tunisie n’apparait pas dans le
classement de 2013, le FEM11 l’explique par une rupture structurelle dans les données, ce qui
rendait difficile les comparaisons avec les autres années.

Comparé à certains pays émergents, notre pays est devancé par le Brésil (60ème rang), la
Russie (54ème rang), l’Inde (68ème rang) et la Chine (58ème rang). Il est par contre mieux
positionné que certains pays africains tels que le Sénégal (107ème rang), la Côte d’ivoire
(120ème rang) et le Mali (122ème rang).

1-2-Analyse du classement du Maroc selon les principales composantes du NRI


Le Maroc se positionne dans le lot des pays ayant des indicateurs se trouvant dans la
deuxième partie du classement 2013 (à partir du 73ème rang) et qui sont pour l’essentiel des
états d’Afrique, d’Amérique Latine ou d’Asie.

10
mesure le fait que les TIC soient abordables ;
11
Forum Economique Mondial, (2013), rapport annuel.
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Si notre pays a pu gagner deux places dans le classement mondial, il connait encore plusieurs
défaillances. Les principaux indicateurs sont à la baisse notamment l’environnement des TIC
(74ème rang en 2013 contre 66ème rang en 2012) et l’impact des TIC (111 ème rang en 2013
contre 109ème rang en 2012).

1-2-1 Environnement des TIC


Après de grands progrès au niveau de cet indicateur jusqu’en 2008, notre pays a perdu 8
places, en passant de la 66ème (en 2012) à la 74ème place en 2013. Les pays du Conseil de
Coopération du Golf (CCG) figurent à nouveau en bonne place pour leurs classements au
niveau de cet indicateur et devancent de loin notre pays. En le comparant avec des pays de
même niveau de développement, notre pays se positionne mieux que l’Egypte et l’Algérie.

Le recul du classement du Maroc au niveau de cet indicateur est lié essentiellement à celui
enregistré au niveau de « l’environnement politique » et « l’environnement des affaires » qui
ont baissé12 de 5 et 13 rangs respectivement (figure 1).

Figure 1: Classement du Maroc et des pays de la région MENA selon


l’indicateur Environnement des TIC
160
140
120
100
80 2012
60 2013
40
20
0
arabes…
Emirats

Jordanie

Liban
Maroc
Oman

Tunisie

Koweit
Qatar

Algérie
Egypte
Bahrain

saoudite
Arabie

Source: The Global Information Technology Report 2012-2013, WEF

1-2-2 Niveau de préparation

Au niveau de cette composante, le Maroc a avancé de 12 rangs par rapport à l’année 2012 en
passant du 100 ème rang au 88 ème rang (figure 2). En dépit de cette progression, notre pays

12
FEM, (2013), rapport annuel, op.cit.
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est devancé par les pays de la CCG, l’Egypte et le Liban. Cette progression13 a été réalisée
suite aux évolutions enregistrées en 2011 au niveau des indicateurs « télécoms » du NRI.
Dans ce cadre, la meilleure performance réalisée par le Maroc a été enregistré au niveau de
son classement pour le pilier « Affrodability » (la facilité d’accès). Sur ce plan, le Maroc est
passé de la 77ème position en 2012 à la 30ème position en 2013.

A signaler que ce pilier est basé sur trois indicateurs14, à savoir les tarifs de la téléphonie
mobile, les tarifs du haut débit fixe et le niveau de compétition dans les marchés de l’internet
et de la téléphonie.A ce niveau, un progrès a été réalisé notamment grâce à la baisse des tarifs
de la téléphonie mobile observée en 2011, qui a permis à notre pays d’avancer de 45 points,
passant du 135ème rang en 2012 au 90ème rang en 2013. Cependant, notre pays est faiblement
classé pour ce qui est de sa tarification (90ème rang) en 2013.
Pour l’indicateur relatif aux tarifs du haut débit fixe, le Maroc se positionne, en 2013, au 23ème
rang. En matière de concurrence dans les marchés de la téléphonie et de l’Internet, le Maroc
est classé au 1er rang, au même titre que 57 autres pays.

Par ailleurs, au niveau du pilier « Skills » (compétences), le rapport du FEM 2013 note de
faibles performances, notamment pour ce qui est de la qualité du système éducatif (105ème
rang), le pourcentage d’enfants suivant l’enseignement secondaire (113ème rang) et le
pourcentage d’adultes sachant lire et écrire (130ème rang). Ce qui indique que les réformes
entreprises ne sont pas suffisantes.

13
ANRT, Communiqué de presse sur l’évolution des télécommunications du 15 avril 2013.
14
ANRT, op.cit.
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Figure 2: Classement du Maroc et des pays de la région MENA selon


l’indicateur Niveau de Préparation
120

100

80

60
2012
40
2013
20

Tunisie

Liban
Emirats arabes

Jordanie

Koweit

Maroc
Qatar

Algérie
Oman

Egypte
Bahrain

saoudite
Arabie
unis

Source: The Global Information Technology Report 2012-2013, WEF

1-2-3 Usage des TIC


Pour ce qui est de cette composante, le Maroc a gagné deux places par rapport à l’année 2012,
passant de 73ème rang au 71ème rang. Au niveau de cet indicateur, le Maroc se trouve par
conséquent parmi les pays ayant un recours relativement faible aux TIC. Il est largement
devancé par les pays du (CCG). Il est mieux positionné que l’Egypte, le Liban et l’Algérie
(figure 3).

En 2013, la faible performance incombe essentiellement à un recul au niveau des deux


piliers « usage dans l’entreprise » et « usage de l’administration », en particulier au niveau de
la mise à disponibilité par le gouvernement d’informations, d’outils participatifs et de services
en ligne (122ème rang) et en matière de l’usage des TIC par les entreprises dans le cadre de
leur capacité à innover (115ème rang ).

Par ailleurs, pour ce qui est du pilier « usage individuel », le Maroc a gagné 18 places en
arrivant au 56ème rang après avoir été 74ème en 2012.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Pour ce qui est de l’élément « Internet et utilisation des réseaux sociaux », notre pays figure
parmi les 50 pays au niveau de l’utilisation des réseaux sociaux (45ème rang) et (54ème rang) en
ce qui concerne le nombre d’internautes.

Figure 3: Classement du Maroc et des pays de la région MENA selon


l’indicateur Usage des TIC
160
140
120
100
80
60
2012
40
20 2013
0
Arabie saoudite

Tunisie

Liban
Jordanie

Koweit

Maroc
Qatar

Oman
Emirats arabes unis

Algérie
Egypte
Bahrain

Source: The Global Information Technology Report 2012-2013, WEF

1-2-4 Impact des TIC

C’est la composante au niveau de laquelle le Maroc est mal situé (111ème rang). Il est
largement devancé par la plupart des pays de la région MENA (figure 4). Le repli a concerné
les deux piliers « impact économique » (122ème rang) et « impact social » (105ème rang).
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Figure 4: Classement du Maroc et des pays de la région MENA


160 selon l’indicateur Impact des TIC
140
120
100
80
60
40 2013
20
0

Liban
Qatar

Arabie saoudite

Jordanie
Oman

Tunisie
Emirats arabes

Koweit

Maroc

Algérie
Egypte
Bahrain

unis

Source: The Global Information Technology Report 2013, WEF

-L’impact économique : On note le faible impact des TIC sur les nouveaux services et
produits (87ème rang) ainsi que le poids limité des effectifs concernés par les activités de
connaissances (102ème rang).

-L’impact social : On remarque le faible usage d’Internet dans les écoles (95ème rang),
l’emploi limité des TIC pour faciliter l’accès aux services de base (92ème rang) et un
fléchissement au niveau de l’e-participation (124ème rang).
Selon le rapport du FEM 2013, le Maroc ne semble pas être en mesure de tirer pleinement
partie des TIC pour stimuler le développement économique souhaité.

L’analyse du benchmarking montre que malgré les points forts réalisés au niveau de certains
piliers, le Maroc souffre de faiblesses importantes dans le développement des TIC qui
entravent sa capacité à bénéficier des avantages découlant de la mise en place et de
l'utilisation de ces technologies. Le faible niveau de développement des infrastructures et le
contenu numérique (95ème ), conjugué à l'insuffisance des compétences disponibles
(114ème) et à une faible capacité d’innovation (79ème ), engendrent une faible utilisation de
la technologie par tous les agents, en particulier les usages dans l’entreprise (99ème ) et les
usages de l’administration (81ème ).

Ceci montre également qu’on n’a pas de politique claire en matière des TIC et que les
investissements nécessaires n’ont pas été effectués. C’est la conséquence d’une série de
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

faiblesses qui touchent plusieurs domaines (l’éducation et la R&D, système politique et


réglementaire, l’environnement économique…etc.) .
Ainsi, il est temps de prendre en considération les enjeux des TIC et de prendre des mesures
plus audacieuses dans ce cadre.

II-2 Etat des lieux des TIC au Maroc


Si l’économie numérique est le principal facteur de gain de compétitivité des économies
développées, c’est parce que les investissements dans les TIC accroissent la compétitivité de
l’ensemble des autres secteurs de l’économie. En effet, le secteur des TIC 15 représente 7% du
PIB mondial et draine près de 25% de la croissance mondiale et plus de 60% des emplois dans
le monde industrialisé. Ainsi, pour ce qui est de ce pilier de l’économie de la connaissance, le
Maroc a développé une vision « Maroc Numeric » suite à la politique nationale sur les TI
(Technologies de l’Information) (2009-2013).

L'adoption du plan "Maroc Numeric 2013" témoigne de l’importance accordée par les
décideurs au secteur en vue de favoriser le développement d'une société de la connaissance
fondée sur la diffusion de l'usage des TIC. Cette stratégie tablait sur l’objectif de générer, à la
fin de 2013, un PIB additionnel de 27 milliards de DH et 26.000 nouveaux emplois. Cette
stratégie s’assigne également comme objectifs d’accroitre l’accessibilité de l’Internet haut
débit aux citoyens, de faciliter l’accès à la connaissance et de rapprocher l’administration des
besoins des citoyens en termes d’efficacité, de qualité et de transparence à travers le
programme « e-gouvernement ».
En matière de la couverture des TIC, un progrès significatif a été atteint ; la téléphonie mobile
a affiché une importante croissance : A fin 2012, le parc du mobile16 totalise plus de 39
millions de d’abonnés contre près de 36,5 millions à fin 2011, soit une hausse annuelle de
6,74% avec un taux de pénétration à 119,97%. Cette technologie pourra améliorer la situation
économique de l’ensemble de la population.

S’agissant de la téléphonie fixe, le marché continue sa progression mais à une vitesse moins
notable que les segments d’internet et du mobile. En effet, le parc fixe connaît une baisse de

15
Stratégie nationale pour la société de l’information et de l’économie numérique (Maroc Numéric 2013),
Ministère de l’Industrie du Commerce et des Nouvelles Technologies.
16
ANRT, Communiqué de presse, 11 février 2013.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

8,05% au terme de l’année 2012 et atteint 3,27 millions d’abonnés, soit un taux de pénétration
de 10,08% à fin 2012.17
En 2012, l’équipement des ménages18 en téléphone fixe est de 31% contre 92% en téléphonie
mobile. Le parc Internet continue sa tendance haussière aussi bien au niveau du nombre
d’utilisateurs que du taux de pénétration. Il avoisine les 4 millions d’abonnés, ce qui porte son
taux de pénétration à plus de 12% de la population.

Egalement, l’un des indicateurs fort de la dynamique du marché est le rythme de croissance
de l’accès internet. Le segment de l’Internet profite de la dynamique que connaît le parc 3G
qui domine le marché avec 82% du parc global contre 17% pour l’internet haut débit (ADSL).
Un développement en matière de l’infrastructure technique a été réalisé permettant de suivre
l’accroissement rapide de l’usage de l’Internet. Ainsi, la bande passante Internet internationale
a plus que doublé. Elle est passée de 124 400 Mbps en décembre 2011 à 266 000 Mbps à fin
2012.19

Par ailleurs, dans le cadre du Plan Maroc Numérique 2013, divers programmes ont été mis en
place pour soutenir la diffusion des TIC. Quatre priorités stratégiques et deux mesures
d’accompagnement structurent le Plan « Maroc Numeric 2013 » et concourent activement au
développement des autres grands chantiers lancés par notre pays.

D’abord, les programmes destinés à transformer la société marocaine en société


d’information et de savoir (le programme INJAZ, le projet Nafid@, programme GENIE et
l’amélioration de l’accès à l’Internet Haut et Très Haut débit). La stratégie Maroc Numeric
2013 a également institué « l’e-Gouvernement » en tant qu’axe prioritaire. Il a pour objectif
de mettre les TI au service du rapprochement entre l’administration (sur tout le territoire) et
les besoins du citoyen et de l’entreprise.

Actuellement, 22 services e-gov sont actifs. Parmi les projets suivis par le programme et qui
contribuent au développement de l’économie numérique, on cite (la gestion intégrée de la

17
ANRT, op.cit.
18
ANRT, (2012), Rapport annuel.
19
ANRT, (2012), op.cit.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

dépense publique, le paiement des taxes et des impôts en ligne, le registre du commerce en
ligne…etc.).

Ainsi, malgré les efforts considérables déployés dans ce cadre, le Maroc doit rattraper son
retard sur les services publics en ligne20 (122ème), et l'importance accordée à l'utilisation
d'Internet pour les affaires, tous les deux très indispensables pour tirer profit de l'économie
fondée sur la connaissance.

Aussi, les entreprises bénéficient d’un accompagnement étroit pour favoriser l’équipement et
le développement des usages TI au sein des entreprises. A cet égard, on peut citer plusieurs
programmes destinés à ces entreprises (Progamme « Moussanada TI », INFITAH et RAWAJ
TI….etc.).

La quatrième priorité stratégique de la MN2013 est de favoriser l'émergence de pôles


d'excellence à fort potentiel à l’export. A ce titre, un certain nombre d’infrastructures, de
mécanismes et d’outils de financements ont été mis en place (Intilak, Tatwir, Maroc Numeric
Fund, Cluster TI, Technopark Casa et Rabat, Centre Marocain de l’Innovation, etc.).
Toutefois, Maroc Numeric 2013 n'a pas de politique explicite en matière de développement
des ressources humaines dans le but d'exploiter les connaissances pour la production et les
exportations des TIC.

20
Forum Economique Mondial, (2013), rapport annuel.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Conclusion :
L’économie de la connaissance est aujourd’hui envisagée comme un vecteur de
développement. Il apparaît toutefois que de nombreuses conditions doivent être réunies pour
atteindre cet objectif.

Les performances en matière d’usage des TIC ne peuvent constituer une condition suffisante à
l’insertion dans l’EC. L’ensemble des indicateurs sur l’état de développement des TIC au
Maroc permettent d’avancer des résultats positifs. Cependant, en ce qui concerne l’influence
des TIC sur le développement du pays, des résultats positifs et significatifs, nécessitent que
toutes les formes de l’économie de la connaissance soient réunies. Un peu à l’image d’un
puzzle, il faut avoir une conception d’ensemble du système (un ensemble d’éléments qui
s’emboitent les unes dans les autres).

L’économie de la connaissance ne peut se limiter aux seules technologies de l’information


mais elle porte également sur d’autres facteurs (l’éducation, de l’innovation et le cadre
économique et institutionnel). Ces facteurs, s’ils ne soient pas au rendez-vous, peuvent
constituer des contraintes au lieu d’être des vecteurs de développement, et vont se traduire par
un usage limité des TIC. Plus globalement, ils vont inscrire notre pays dans des voies
d’insertion subie et marginale.

Pour ce qui est des TIC, les principaux défis demeurent, l'utilisation productive des TI et les
investissements privés dans ce secteur, compte tenu de son fort potentiel de création
d'emplois. L’expérience marocaine montre une forte tendance à privilégier l’usage au
détriment de la production et de l’innovation dans le secteur des TIC. Toutefois, l’économie
fondée sur la connaissance nécessite une couverture plus élevée en termes d'utilisation, mais
aussi en termes de production des TIC. L’interaction judicieuse des TIC aux autres facteurs de
développement ainsi que la capacité des populations, entreprises et des Etats à les utiliser
permettent aux TIC d’être des instruments au service de développement.

Le Maroc n’a pas adopté une approche globale basée sur la connaissance, il a travaillé sur les
différents piliers de l’économie de la connaissance séparément. En effet, chacun de ces piliers
a bénéficié de plans et programmes spécifiques (Maroc Numéric 2013, Maroc innovation,
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Plan d’urgence 2009-2012…etc.), alors qu’une coordination entre les différents programmes
fonctionnels est nécessaire.

L'enjeu d'aujourd'hui et de demain, à l'heure des nouvelles technologies d’information et de


communication, est pour chaque pays de s'intégrer efficacement dans l'économie mondiale de
l'information et de la connaissance. Cela remet à l’ordre du jour les axes suivants :
-Adopter une politique commune qui favorise le développement de toutes les composantes de
l’économie de la connaissance. Pour ce faire, un effort conjoint et équilibré sur tous ses piliers
est nécessaire ;
-Mettre en place un cadre institutionnel basé sur une bonne gouvernance ;
-Promouvoir le passage à la société de l'information et de la connaissance fonctionnant en
réseau :
 Une croissance fondée sur l’innovation et la connaissance est plus que justifiée aux pays de
l’Union du Maghreb Arabe qui devront faire face à de multiples défis. En effet, ils affrontent
de nombreux défis communs concernant la formation et l’emploi. Aussi, la proximité
géographique, les liens sociaux et culturels constituent autant de facteurs qui peuvent
permettre le développement d’une coopération à plus grande envergure entre ces pays, dans
les domaines de la recherche, de la formation et des TIC, afin de créer des complémentarités
et des synergies possibles.
Aussi, en vue de renforcer les capacités de négociation avec les partenaires, le renforcement
de l’union maghrébine est d’une importance cruciale. Il est temps de faire renaitre cette union
même si elle n’a pas beaucoup avancé sur les plans politique et économique.

 Réfléchir sur les axes d’une stratégie marocaine appropriée, en matière des TIC, vis-à-vis de
l’Afrique. La contribution marocaine pourrait être d’un grand apport en matière des TIC, pour
ce qui est de l’insertion de certains pays africains dans l’économie de la connaissance.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Références bibliographiques

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juin 1962, pp.155-173, 1962.
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Paris, La documentation française, 2000.
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Publication, Washington., 2003.
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Février 2000.
Epingard, « L’investissement immatériel, cœur d’une économie fondée sur le savoir »,
Editions du CNRS, p. 163., 1999.
Foray., L'économie de la connaissance, Paris, Editions la Découverte, 2000.
Gadrey., , Nouvelle économie, nouveau mythe ?, Paris, Flammarion., 2000.
Commissariat général au plan, Economie de la connaissance, rapport de recherche, Paris, La
documentation française. , 2001.
CNUCED, Science et technologie pour le développement : Le nouveau paradigme des TIC,
Rapport (2007-2008) sur l’économie de l’information.2007.
CNUCED, L’économie de l’information : les TIC, catalyseur du développement du secteur
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française, 2003.
Guellec, Economie de l’innovation, Paris, Editions la Découverte., 2009.
J.L.Reiffers, et J.E Aubert, « La connaissance au service du développement - le
développement des économies fondées sur la connaissance dans la région Moyen-Orient et
Afrique du Nord : facteurs clés », Rapport Banque Mondiale, Marseille, 2 septembre 2002.
Machlup, The Production and Distribution of Knowledge in United States, Princeton, 1962
OCDE, « L'économie fondée sur le savoir, » Paris, 1996.
A.Rallet, "Les TIC et la coordination à distance" dans Organisation spatiale et coordination
des activités d'innovation des entreprises, rapport de recherche au CGP, coordonné par Y.
Lung., 1997.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

W.E. Steinmueller., « Les économies fondées sur le savoir –leurs liens avec les technologies
de l'information et de la communication", in La société du savoir, Revue internationale des
sciences sociales, mars 2002.
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Annexe: Les figures

Figure 1: Classement du Maroc et des pays de la région MENA selon


l’indicateur Environnement des TIC
160
140
120
100
80 2012

60 2013

40
20
0
arabes unis

Jordanie

Liban
Qatar

Oman

Tunisie

Koweit

Maroc

Algérie
Egypte
Bahrain

saoudite
Arabie
Emirats

Figure 2: Classement du Maroc et des pays de la région MENA selon


120
l’indicateur Niveau de Préparation

100

80

60
2012
40 2013

20

0
Liban
Arabie saoudite

Jordanie

Tunisie
Emirats arabes

Oman

Koweit

Maroc
Qatar

Egypte

Algérie
Bahrain

unis
Revue Organisation et Territoire n°1, 2015

Figure 3: Classement du Maroc et des pays de la région MENA


selon l’indicateur Usage des TIC
160
140
120
100
80
60
2012
40
2013
20
0
Arabie saoudite

Koweit

Liban
Maroc

Algérie
Qatar

Emirats arabes unis

Oman

Jordanie

Tunisie

Egypte
Bahrain

Figure 4:Impact des TIC


160
140
120
100
80
60
40 2013
20
0
Liban
Jordanie
Qatar

Arabie saoudite

Tunisie
Emirats arabes

Oman

Koweit

Maroc

Algérie
Bahrain

Egypte
unis

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