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Gueroult
Author(s): Gilles Deleuze
Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 74e Année, No. 4 (Octobre-Décembre 1969),
pp. 426-437
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40901154
Accessed: 31-07-2018 21:36 UTC
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ÉTUDES CRITIQUES
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Spinoza et la méthode de Gueroult
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Gilles Deleuze
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Spinoza et la méthode de Gueroult
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Rbvub db Méta. - No 4, 1969. 28
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Gilles Deleuze
1. Sur ces deux contre-sens, cf. la mise au point définitive dans l'appendice n° 3
(et surtout la critique des interprétations de Brunschvicg et d'Eduard von Hartmann).
'¿. F. 163, p. 107.
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Spinoza et la méthode de Gueroult
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Cilles Deleuze
1. P. 33.
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Spinoza et la méthode de Gueroult
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Gilles Deleuze
Le « nexus » entre les deux séries apparaît bien dans la notion de cause
de soi, avec son rôle central dans la genèse. Causa sui est d'abord une pro-
priété de chaque substance qualifiée. Et l'apparent cercle vicieux d'après
lequel elle dérive elle-même de l'infini, mais aussi le fonde, se dénoue de
la manière suivante : elle dérive elle-même de Pinfinitude comme pleine
perfection d'essence, mais fonde Pinfinitude en son vrai sens comme affir-
mation absolue d'existence. Il en est de même pour Dieu ou la substance
unique : son existence est prouvée d'abord par l'infinité de son essence,
ensuite par la cause de soi comme raison génétique de Pinfinitude d'exis-
tence, « à savoir la puissance infiniment infinie de VEns realissimumy
par quoi cet être, se causant nécessairement lui-même, pose absolument
son existence dans toute son étendue et plénitude, sans limitation ni
défaillance » K On en concluera d'une part que l'ensemble de la cons-
truction génétique n'est pas separable d'une déduction des propres,
dont la causa sui est le principal. La déduction des propres s'entrelace,
s'entrecroise avec la construction génétique : « Si en effet on a découvert
que la chose se cause elle-même après avoir procédé à la genèse de son
essence... il est non moins certain que la genèse de la chose n'a été obtenue
que par la connaissance de ce propre qui rend raison de son existence.
Et de ce fait, un progrès fondamental s'est trouvé accompli aussi dans la
connaissance de l'essence, puisque sa vérité étant alors au plus haut
point démontrée, il devient au plus haut point certain qu'elle est réelle-
ment une essence. Or ce qui vaut pour la causa sui vaut, à des degrés
divers, pour tous les autres propres : éternité, infinitude, indivisibilité,
unicité, etc., puisque ceux-ci ne sont rien d'autre que la causa sui elle-
même, envisagée à différents points de vue *. » D'autre part, la causa
sui apparaît bien au « nexus « des deux séries de la genèse, puisque c'est
l'identité des attributs quant à la cause ou l'acte causal, qui explique
Punicité d'une seule substance existant par soi, malgré la différence de
ces attributs quant à l'essence : réalités diverses et incommensurables,
les attributs ne s'intègrent dans un être indivisible « que par l'identité
de Pacte causal par lequel ils se donnent l'existence et produisent leurs
modes » 8.
La causa sui anime tout le thème de la puissance. Toutefois on risque-
rait un contre-sens si, évaluant mal l'entrecroisement des notions, on
prêtait à cette puissance une indépendance qu'elle n'a pas, et aux propres
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Spinoza et la méthode de Gueroult
une autonomie qu'ils n'ont pas par rapport à l'essence. La puissance elle-
même, la causa sui, est seulement un propre ; et s'il est vrai qu'elle se
déplace des substances qualifiées à la substance unique, c'est seulement
dans la mesure où cette substance, en raison de son essence, jouit a for-
tiori des caractères des attributs substantiels, en raison de la leur. Confor-
mément à la différence du propre et de l'essence, la substance ne serait
pas unique sans la puissance, mais ce n'est pas par la puissance qu'elle
l'est, c'est par l'essence : « Si, par l'unicité de la puissance (des attri-
buts), nous comprenons comment il est possible qu'ils ne soient qu'un être
malgré la diversité de leurs essences propres, la raison qui fonde leur union
en une seule substance, c'est seulement la perfection infinie constitutive
de l'essence de Dieu » *. C'est pourquoi il est si fâcheux d'inverser la for-
mule de Spinoza, et de faire comme si l'essence de Dieu était puissance,
tandis que Spinoza dit que « la puissance de Dieu est son essence même » f.
C'est-à-dire : la puissance est le propre inséparable de l'essence, et qui
exprime à la fois comment l'essence est cause de l'existence de la sub-
stance et cause des autres choses qui en découlent. « La puissance n'est
rien d'autre que l'essence » signifie donc deux choses, qu'on cesse de
comprendre dès qu'on inverse la formule : Io Dieu n'a pas d'autre puis-
sance que celle de son essence, il n'agit et ne produit que par son essence,
et non par un entendement et une volonté : il est donc cause de toutes
choses au même sens que cause de soi, la notion de puissance exprimant
précisément l'identité de la cause de toutes choses avec la cause de soi ;
2° les produits ou effets de Dieu sont des propriétés qui découlent de
l'essence, mais qui sont nécessairement produits dans les attributs cons-
titutifs de cette essence ; ce sont donc des modes, dont l'unité dans les
attributs différents s'explique à son tour par le thème de la puissance,
c'est-à-dire par l'identité de l'acte causal qui les pose en chacun d'eux
(d'où l'assimilation effets réels = propriétés = modes ; et la formule
« Dieu produit une infinité de choses en une infinité de modes », où chose
renvoie à la cause singulière agissant dans tous les attributs à la fois, et
modes, aux essences dépendant des attributs respectifs) ».
L'entrelacement rigoureux de l'essence et de la puissance exclut que
les essences soient comme des modèles dans un entendement créateur,
et la puissance, comme une force nue dans une volonté créatrice. Conce-
voir des possibles est exclu de Dieu, autant que réaliser des contingents :
l'entendement, comme la volonté, ne peut être qu'un mode, fini ou
infini. Encore faut-il apprécier justement cette dévalorisation de l'enten-
dement. Car lorsqu'on établit l'entendement dans l'essence de Dieu,
il est clair que le mot entendement prend un sens équivoque, que l'enten-
1. P. 239.
2. Pp. 379-380.
3. P. 237 : t Infiniment différents quant à leur essence, ils sont donc identiques quant
à leur cause, chose identique signifiant ici cause identique », et p. 260.
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Gilles Deleuze
dement infini n'a plus avec le nôtre qu'un rapport d'analogie, et que les
perfections en général qui conviennent à Dieu n'ont pas la même forme
que celles qui reviennent aux créatures. Áu contraire, quand nous disons
que l'entendement divin n'est pas moins un mode que l'entendement
fini ou humain, nous ne fondons pas seulement l'adéquation de l'enten-
dement humain comme partie à l'entendement divin comme tout, nous
fondons également l'adéquation de tout entendement aux formes qu'il
comprend, puisque les modes enveloppent les perfections dont ils dépendent
sous les mêmes formes que celles qui constituent V essence de la substance»
Le mode est un effet ; mais si l'effet diffère de la cause en essence et en
existence, il a du moins en commun avec la cause les formes qu'il enve-
loppe seulement dans son essence, tandis qu'elles constituent l'essence
de la substance 1. Ainsi la réduction de l'entendement infini à l'état de
mode ne se sépare pas de deux autres thèses, qui assurent à la fois la plus
rigoureuse distinction d'essence et d'existence entre la substance et ses
produits, et pourtant la plus parfaite communauté de forme (univocité).
Inversement, la confusion de l'entendement infini avec l'essence de la
substance entraîne pour son compte une distorsion des formes que Dieu
ne possède qu'à sa manière incompréhensible, c'est-à-dire éminemment,
mais aussi une confusion d'essence entre la substance et les créatures,
puisque ce sont les perfections de l'homme qu'on attribue à Dieu en se
contentant de les élever à l'infini f.
C'est ce statut formel de l'entendement qui rend compte de la possi-
bilité de la méthode géométrique, synthétique et génétique. D'où l'insis-
tance de M. Gueroult sur la nature de l'entendement spinoziste, l'oppo-
sition de Descartes et de Spinoza quant à ce problème, et la thèse la plus
radicale du spinozisme : le rationalisme absolu, fondé sur l'adéquation
de notre entendement au savoir absolu. « En affirmant la totale intelli-
gibilité pour l'homme de l'essence de Dieu et des choses, Spinoza a parfai-
tement conscience de s'opposer à Descartes.... Le rationalisme absolu,
imposant la totale intelligibilité de Dieu, clef de la totale intelligibilité
des choses, est donc pour le spinozisme le premier article de foi. Par
lui seulement, l'âme, purgée des multiples superstitions dont la notion
d'un Dieu incompréhensible est le suprême asile, accomplit cette union
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Spinoza et la méthode de Gueroult
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