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Introduction
I- La notion d’Institution :

Le mot Institution est un terme commode qui vient de la sociologie. Il désigne


l’organisation des Hommes en communauté. Il permet d’analyser cette organisation et
d’envisager la manière et les procédures de fonctionnement de la communauté humaine.

La vie sociale s’exprime dans de multiples institutions telles que la famille, l’école,
le pénitencier, le parlement. On peut parler également d’institutions internationales et
communautaires.

II-
II- Le mot politique :

Le mot politique associé au mot Institution désigne une catégorie particulière


d’Institution. Une Institution politique désigne d’une manière générale le mode
d’organisation politique dans un Etat.

Toute communauté humaine quelle que soit sa dimension, qu’elle soit une tribu,
une cité, un empire, un Etat, une Union… connaît l’existence d’un pouvoir qui se manifeste
par une division du travail entre des personnes où des autorités qui commandent et qui ont
du pouvoir de contrainte sur d’autres personnes. D’une autre manière, il y a une relation
inégalitaire entre les autorités et le reste de la communauté.

Toute Institution politique est le lieu où s’organise et se déploie l’activité


politique. C’est là où le pouvoir est très recherché parce qu’il procure des privilèges
matériels : ceux qui ont du pouvoir constituent l’élite ayant un statut juridique, social,
économique et politique particulier. Le propre de l’activité politique est justement de faire
apparaître cette élite restreinte.

Remarque :
Une Institution politique a pour fonction de faire naître une décision politique.
Or celle-ci, prise par les autorités, a un effet parfois contraignant sur la manière dont les
hommes vivent en commun. Une décision politique peut en effet modifier le comportement
des agents économiques, voire changer l’organisation sociale d’une communauté. Une
décision fiscale par exemple conditionne certainement le comportement des gestionnaires.

Il existe des institutions qui revêtent d’autres vocations (institution administrative


par exemple), d’où la nécessité de distinguer les institutions politiques des autres institutions,
et plus précisément :

• Les fonctions politiques des fonctions administratives ;


• Les agents politiques des agents administratifs.

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Au Maroc, les chambres professionnelles ont pour fonction d’organiser les


activités de la profession. Les chambres de commerce par exemple représentent l’ensemble
des commerçants, l’ensemble des entreprises et l’ensemble des services (fonction
administrative). Elles sont chargées aussi d’élire des conseillers (fonction politique). Par
ailleurs, les syndicats des salariés et des fonctionnaires ont pour objet de défendre les
intérêts matériels et les conditions morales des membres. Ils élisent également des conseillers
parlementaires. Dans le premier exemple, c’est une Institution politique qui assume une
fonction politique ; dans le second exemple c’est une Institution particulière qui se voit se
confier une fonction politique.

III-
III- L’étude des Institutions politiques :

En général, les Institutions politiques font l’objet d’une approche juridique qui
révèle néanmoins des limites. Une approche institutionnelle est à adopter.

1- L’approche juridique :

L’approche juridique est une approche normative qui cherche à dégager le sens,
la signification et l’interprétation d’une norme (ou d’un texte) juridique. Elle favorise donc
une analyse interne des textes et elle se focalise sur la structure, l’ordonnancement des textes
relatifs aux Institutions politiques.

L’analyse juridique est l’ensemble des règles, principes et procédures qui :

• Encadrent le statut de l’Institution (comment elle est organisée) ;


• Régissent chaque Institution.
Exemple : Le parlement est une Institution codifiée par un ensemble de règles :
l’élection, l’organisation, le pouvoir.

2- Les limites
limites de l’analyse juridique :

La faiblesse de l’analyse juridique est le fait qu’elle isole les institutions de leur
environnement et leurs contraintes extérieures qui les influencent.

Le droit électoral organise l’ensemble des opérations électorales de façon


transparente, régulière et sincère. Il sanctionne également les actes qui portent atteinte à
l’honnêteté.

L’Etat est organisé par un texte spécial dit « Constitution ». C’est un procédé
d’organisation du pouvoir qui permet la création d’un ordre politique.

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Chapitre premier : L’Etat.


Il y a plusieurs approches du traitement de la notion de l’Etat selon le point de
vue (économique par exemple). L’Etat peut faire l’objet d’une analyse historique car
l’histoire permet de réfléchir sur le processus très long qui a débouché sur son existence. Il
existe deux catégories d’Etat :

• Certains Etats se sont constitués de manière progressive ; c’est l’exemple des


Etats européens constitués en général pour sortir du moyen âge.
• Il s’agit des Etats dits nouveaux qui ont été créés en général après :
- La décomposition de l’empire ottomane. Ce sont les Etats du Moyen
Orient et quelques Etats de l’Europe de l’Est.

- La décolonisation française (Afrique noire francophone), anglaise ou


issus de l’empire espagnol (Amérique latine).

Il y a plusieurs itinéraires pour constituer un Etat :

• La consolidation de l’Etat : Les sociétés humaines sont toutes organisées sous la


forme de l’Etat. Certaines communautés (les Palestiniens) souhaitent créer leur
propre Etat.
le nombre d’Etats est devenu très important à la fin du 20ème siècle.
Il y a donc revendication permanente de créer des Etats.

• Certains Etats sont en crise et se sont effondrés (URSS, Yougoslavie,


Rwanda…) Il y a parfois difficulté de maintenir le statut formel de l’Etat.
Donc, l’approche historique éclaire certains aspects du fonctionnement actuel de
l’Etat qui peut faire l’objet d’un traitement sociologique, d’une approche de science
politique ou encore d’une approche juridique.

Section 1 : L’originalité et la définition de l’Etat.

L’Etat n’est pas une personne physique. Cependant, on a affaire à des individus
(des personnes physiques) qui représentent l’Etat (une personne morale).

I- L’Etat est une personne morale :

Le droit moderne organise une classification entre les personnes physiques et les
personnes morales. Il existe aussi une notion de personnalité juridique : ce sont les sujets de
droit soumis à un régime juridique particulier.

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Le droit public est composé de règles et de lois ayant pour particularité de


s’imposer d’autorité sur les sujets de droit. C’est un droit inégalitaire, il met l’Etat dans une
situation juridique supérieure par rapport aux autres sujets de droit (soumission et
domination).

La puissance de l’Etat s’exprime dans la formule suivante : « l’Etat est une


Institution qui dispose du monopole d’utilisation de la contrainte ou la force publique ».
Max Weber ajoute une nuance importante : « L’usage de la violence doit être légitime.
L’Etat utilise la contrainte sous une forme juridique. Les lois et règlements émanant de l’Etat
sont exécutables en général. Après leur publication dans le bulletin officiel, cette contrainte
juridique obéit à un formalisme juridique très précis ».

L’ordre public revêt trois fonctions : la tranquillité publique, l’hygiène publique,


et la célébrité publique. Il permet de garantir un minimum de vie sociale et de protéger les
personnes et les biens. La violence légitime est dictée par la défense de l’intérêt général.

L’Etat peut utiliser les forces de l’ordre pour l’application des règlements ou pour
rétablir l’ordre public, mais dans la mesure de la gravité des situations, car il y des cas où la
violence physique est allée jusqu’à exterminer une population.

Le droit international contemporain a élaboré un système de règles pour


protéger les citoyens contre les exterminations collectives dont ont souffert plusieurs
populations (Soudan…). Le tribunal pénal international TPI qui siège à la Haye est chargé
de sanctionner les responsables des génocides. Par ailleurs, le tribunal Africain poursuit les
personnes impliquées dans les assassinats collectifs.

La violence d’Etat a plus ou moins débouché sur la justice. Au Maroc, elle a


donné naissance à l’IER dont l’objectif est de :

• Dénoncer les atteintes à la vie et aux droits élémentaires des individus.


• Réparer les dommages physiques et moraux des victimes de la coercition.
Pour maîtriser l’usage de la violence, l’Etat prévoit un ensemble d’organes :
organe législatif, organe judiciaire… qui exercent un pouvoir institutionnalisé en son nom.

Le fait que des personnes physiques prennent des décisions au nom de l’Etat
exprime qu’il y a une distribution des compétences et des responsabilités.

Remarque : Il est à distinguer entre l’organe et la personne physique. On parle


ainsi de la couronne britannique, de la monarchie marocaine. Ces deux institutions ne se
réduisent pas à leur titulaire physique mais comprennent un certain nombre de caractères :
le titulaire d’une fonction peut disparaître mais l’institution demeure. Toutefois, on peut
organiser une succession au pouvoir.

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II- Les effets de la notion de personne morale :

Des conséquences peuvent être déduites de la présence de la notion de personne


morale de droit public.

A- Les personnes physiques de droit public :

Ils utilisent la notion de puissance, autorité et commandement public, avec


possibilité de faire usage de la coercition. Le contrôle de la violence physique peut être
politique, parlementaire, judiciaire (par le juge), citoyen (par les O.N.G, l’IER).

Le Maroc a adhéré aux conventions internationales relatives à l’interdiction de


l’usage de la torture, et a réformé le code pénal pour :

• Interdire la torture dans les lieux de détention ;


• Pénaliser les auteurs des actes qui portent atteinte à la dignité, à la vie, à
l’intégrité physique des personnes arrêtées d’une manière générale.

B- Les personnes morales de droit public :

Une distinction est introduite entre les personnes morales (Etat, commune,
région) et les personnes physiques qui les représentent. Exemple : les documents
administratifs sont signés par des personnes physiques.

En effet, le pouvoir n’est pas la propriété personnelle de celui qui l’exerce. Il en


résulte une distinction entre la propriété privée et le patrimoine de l’Etat qui comporte les
biens en nature et l’argent public.

1- le patrimoine de l’Etat :

En principe, le patrimoine de l’Etat ne se confond pas avec le patrimoine privé.


L’Etat possède un domaine public distinct (forêts, domaines maritimes publics…) qui :

• A pour vocation d’être mis à la disposition de tous, donc pour l’intérêt


général. Toutefois, il peut faire l’objet d’une exploitation ; il peut être occupé.
• Est inaliénable : il ne peut être vendu, et ce pour garantir l’intérêt général.

2- L’argent public :

C’est la caisse publique. Selon les systèmes élaborés par les Etats contemporains,
le trésor public ne se peut se confondre avec la cassette personnelle des personnes physiques
qui le gèrent.

On distingue l’argent public (au sens large) qui fait l’objet d’un contrôle politique
et judiciaire, du budget public qui fait l’objet d’une autorisation budgétaire annuelle par les
représentants de la nation.
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La notion du budget :
C’est un état des recettes publiques (impôts, taxes, droit d’enregistrement...) et
des dépenses publiques.

Une nouvelle notion dite « liste civile » a été introduite. A l’origine, ce concept
frais a été pratiqué au Royaume Uni où le parlement anglais votait les dépenses nécessaires
à la couronne britannique. En effet, Les Etats modernes budgétisent – sans débat - des lignes
pour le financement de la fonction de chef de l’Etat et des autorités politiques.

Au Maroc, la constitution stipule que : « le Roi dispose d’une liste civile ».

3- La protection du patrimoine public :

Le patrimoine de l’Etat jouit de deux systèmes de protection :

a- Premier système :
L’argent public fait l’objet d’une protection pénale. Sont sanctionnés : Les
malversations, les détournements de fonds publics ou toute appropriation privée de l’argent
public en dehors des règles de la comptabilité publique.

Au Maroc, la cour spéciale de justice a été créée en 1965 pour traiter des
différentes atteintes à l’argent public. Cette juridiction a été supprimée et la tâche a été
confiée aux tribunaux judiciaires.

b- Deuxième système :
La tradition française a élaboré la cour des comptes qui, en 1976, a fait l’objet
d’une réforme, et a été inscrite dans la constitution. Le contrôle des fonds publics est alors
un principe constitutionnel.

Le Maroc a signé récemment une convention internationale élaborée dans le


cadre de l’O.N.U et soutenue par la banque mondiale, par l’union européenne et par les
organismes des droits de l’homme, qui sanctionne la corruption et prévoit la création d’un
organisme qui doit en traiter les questions.

Les Etats non institutionnalisés où manque une reddition des comptes


(accountability) sont appelés Etats patrimoniaux ou néo-patrimoniaux. Faute d’organisation
horizontale ou verticale du pouvoir, les ressources publiques y subissent une distribution
clientéliste par les autorités pour se procurer allégeance et loyauté.

III- La qualité de souveraineté de l’Etat.

• La constitution marocaine débute par l’expression « le royaume du Maroc,


Etat souverain ».

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• A l’époque de l’URSS, on parlait de souveraineté limitée pour désigner les


Etats qui l’entouraient et qui étaient soumis à son contrôle.
• Les gens qui étaient contre les élections pour la constitution européenne,
étaient appelés les Souverainistes.
• Le gouvernement libanais est-il maître chez lui ?
• Le conseil de sécurité a envoyé un contingent au Sud du Soudan, est-ce que
celui-ci est souverain chez lui ?

A- La notion de souveraineté :

La souveraineté est un attribut (ou une dimension) incontournable de l’Etat. On


ne peut parler d’Etat dénué de souveraineté. C’est le cas du Maroc entre 1912 et 1956, qui
était protégé, et représenté par la France à l’étranger.

La souveraineté revêt une dimension externe et une dimension interne.

1- La souveraineté externe :

Elle se révèle lors des rapports de l’Etat avec les autres Etats, les organisations
internationales et les groupements régionaux et/ou les ensembles régionaux (exemple : UE).

En matière extérieure, on dit que l’Etat est souverain s’il dispose d’une
autonomie de prise de décision, et s’il est maître de limiter ses compétences et ses pouvoirs
extérieurs. Nulle puissance ne peut les lui réduire.

Un Etat souverain est d’abord indépendant. La société internationale et le droit


international ne reconnaissent que les Etats souverains et indépendants qui sont présumés
égaux puisque lors de l’assemblée générale des Nations Unies, chaque Etat a une seule voix.
Les Nations Unies est un ensemble d’Etats souverains.

Cependant, la réalité de la notion d’indépendance et de souveraineté est plus


complexe. Exemple : Le Maroc a décidé d’octroyer aux provinces du Sahara un statut
d’autonomie interne. Celle-ci va-t-elle déboucher sur une atteinte de la souveraineté du
Maroc sur ses territoires ?

2- La souveraineté interne :

A l’intérieur d’un Etat, le titulaire du pouvoir suprême peut instaurer un ordre


politique donné, organiser l’Etat, aménager les institutions, reconnaître certains principes.
Autrement dit, la souveraineté interne permet l’exécution la fonction de l’Etat.

Le titulaire de la souveraineté se voit doté d’un pouvoir supérieur. Au Maroc par


exemple, la qualité de représentant de la nation est renforcée par la notion d’Amir

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Al mouaminine. Par ailleurs, l’acquisition de La qualité de représentant vient soit de la


religion soit de l’élection, voie loyale.

Généralement, dans les Etats modernes, la souveraineté réside dans l’ensemble de


la communauté nationale. Le peuple (la nation) en est titulaire, et détient le pouvoir de
choisir ses représentants et le régime politique sous lequel il compte vivre. Autrement dit, le
peuple est l’ensemble des les électeurs qui :

• Expriment ou non leur unanimité pour la constitution ;


• Choisissent par la voie électorale leurs représentants dans les Institutions.

B- Les conséquences de la souveraineté :

La souveraineté peut justifier un pouvoir arbitraire ou un excès de pouvoir.

Premier cas :

La souveraineté populaire peut déboucher sur un régime dictatorial et des


pratiques autoritaires car son titulaire considère qu’il est le seul à représenter tout le peuple.
Exemple : la première république Jacobine en France 1973-1795, étant une république
populaire a débouché sur la terreur.

Second cas :

Une souveraineté basée sur une lecture des textes religieux peut également
déboucher sur un autoritarisme.

Pour éviter les pratiques autoritaires dans tout régime politique, il faut respecter un certain
dosage. Les trois souverainetés : populaire, nationale et monarchiste doivent coexister pour
déboucher sur un régime modéré.

Section 2 : Les éléments constitutifs de l’Etat.

L’Etat est une population qui occupe un territoire et qui vit sous une autorité
politique. Trois éléments cumulatifs sont alors à retenir : le territoire, la population et le
pouvoir.

I- Le territoire :

A- La consistance du territoire :

Le territoire est composé de l’espace terrestre, maritime et aérien. En principe, il


est limité par des frontières qui doivent être reconnues par les Etats voisins et par les
Nations Unies.

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Le territoire peut ne pas être homogène : c’est le cas de certains pays tels la
France, et peut être contigu où certaines frontières ne sont pas territorialement fixées du fait
des conditions géographiques. Dans ce dernier cas, apparaissent des nomades qui échappent
au contrôle administratif de l’Etat, les opérations électorales nécessitant un domicile fixe.

L’Etat exerce sa souveraineté en général sur l’ensemble de son territoire.


Cependant, il y a dérogation à cette règle pour deux raisons :

1- Première raison :

En cas de guerre civile ou de conflits armés, l’Etat n’a aucun pouvoir sur une
portion de son territoire. Le Sud du Liban par exemple échappe au gouvernement libanais.

2- Seconde
Seconde raison :

Dans le cas de l’envoi par l’ONU des missions militaires sur un Etat donné, La
souveraineté de celui-ci se voit affaiblie en conséquence (Exemples : Le Liban, Le Soudan).

B- Les fonctions du territoire :

Les Etats procèdent à l’organisation juridique et administrative du territoire - sur


lequel ils exercent leur souveraineté – sous forme d’entités territoriales : provinces,
préfectures ou de collectivités locales, d’où la répartition des compétences entre l’Etat et ces
entités.

En cas d’autonomie interne, le territoire continue à relever de l’Etat même si les


droits applicables sont différents.

II- La population :

La population légale d’un Etat est fixée par une décision du pouvoir par décret
au bulletin officiel suite au recensement général de la population. Ce recensement permet
des comparaisons internationales en matière de PNB et de PIB. Il permet également de
connaître la pyramide des âges de la population, les problèmes démographiques, le niveau
de vie, l’urbanisation et l’état linguistique.

La population est composée des nationaux vivant sur le territoire, et des


étrangers qui y sont rattachés. L’Etat doit faire participer la diaspora dans ses rouages
politiques ; la France a organisé une représentation des français résidants à l’étranger au
sénat. Le Maroc a déjà tenté une expérience similaire qu’il n’a pas renouvelée aux dernières
élections parlementaires de 2002.

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A- L’appartenance nationale :

La population ne se limite pas à la structure démographique. Les habitants d’un


Etat, même ne se connaissant pas, éprouvent un même sentiment d’appartenance nationale.

En principe, les Etats s’identifient à la nation. Certains Etats font toutefois


coexister plusieurs communautés à leurs différences linguistiques, culturelles et religieuses
sans que le sentiment national commun disparaisse.

Exemple : sur le territoire de la Suisse règnent quatre langues (le français,


l’allemand, l’italien et le romain) et trois principales religions (catholique, protestante et
communauté juive). Le Liban est également une société multiconfessionnelle reconnue par la
constitution (catholique ou maronite, sunnite, les druzes et les chiites). Le pouvoir est par
conséquent distribué suite à un accord entre l’élite libanaise qu’elle soit chrétienne ou
musulmane.

Définition de la nation :

La nation est une entité abstraite réunissant la volonté, les inspirations et le destin d’une
communauté. C’est un groupe humain uni par l’histoire, par la culture mais aussi par la vive
volonté de vivre en commun. Il existe deux conceptions de la nation :

1- Conception allemande :
Les théoriciens allemands définissent la nation à partir de critères objectifs : la
langue, la culture et la manière de vivre. Si l’Allemagne a développé cette théorie, qui
débouche sur un nationalisme exacerbé, c’est que son histoire est faite tardivement en
Europe.

2- Conception française :
La conception française est issue de la révolution française mettant fin à l’ancien
régime qui séparait la nation en trois catégories sociales : le clergé (Eglise), la noblesse et le
tiers Etat. Elle considère que la nation est le produit d’un acte de volonté, d’une adhésion
volontaire de vivre ensemble et de se rattacher à la nation. La théorie française est
subjective dans la mesure où elle fait appel au sentiment et à la volonté de vivre en
commun.

B- La construction de l’Etat national :

1- La culture du patriotisme :

La « nation » est un concept récent. Il et lié historiquement à l’effondrement de


l’empire ottoman et à la décolonisation française, anglaise ou espagnole qui ont donné
naissance à de nouveaux Etats, d’où la naissance des principes de nationalité ET du droit des
peuples de disposer d’eux-mêmes.

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Certaines nations nouvelles n’ont même pas une langue, c’est le cas des pays de
l’Afrique noire. D’autres par ailleurs connaissent une mosaïque culturelle, ethnique et
linguistique. Certaines ethnies (communautés ou tribus) sont réparties sur plusieurs Etats.

Pour consolider le sentiment national, les autorités cultivent l’attachement des


individus vis-à-vis de l’Etat. Ainsi, Ils se basent sur des mythes fondateurs, et commémorent
des cérémonies qui se focalisent sur les expériences passées du pays. La consécration des
monuments et l’enseignement de l’histoire renforcent également l’identité nationale.

2- La constitution de l’Etat
l’Etat :

Deux scénarios sont envisageables pour qu’un Etat moderne, composé


d’éléments humains différents, puisse être bâti.

a- Formule institutionnelle :
Les populations, qui partagent les mêmes langage et culture, sont intégrées dans
des régions à régime juridique spécial. L’Espagne a créé l’Etat d’autonomie interne. La
solution institutionnelle organise la variété à l’intérieur d’un seul Etat à l’image de la
Belgique, la Suisse et l’Italie.

b- Formule radicale :
Les populations, dont l’identité est très forte, s’imposent et se transforment en
Etats indépendants à l’image de la Slovaquie.

C- Les conséquences de l’existence de l’Etat national :

Les individus sont liés à l’Etat par le lien de nationalité.


nationalité Celle-ci permet l’exercice
des droits civils et politiques d’une part, et l’exercice de la citoyenneté d’autre part. cette
citoyenneté est un ensemble de rapports et statuts, que le citoyen entretient avec l’Etat, qui
permet :

• D’acquérir la qualité d’électeur, sous réserve que l’on remplisse les critères
requis (âge, profession...), et par conséquent le droit de vote à l’occasion des
élections locales, législatives et référendaires. Le citoyen peut alors désigner
une partie du gouvernement. Cette qualité est en principe universelle.
Actuellement, il y a égalité devant le suffrage qui était d’abord réservé
uniquement aux riches, ensuite au masculin, puis au féminin en plus.
Récemment, le vote est devenu accessible aux jeunes.
• D’être candidat (éligibilité) à un poste électif. Ceci exige des conditions d’âge,
de résidence et de profession différente par rapport aux conditions de
citoyenneté.
• D’exercer les libertés collectives comme être membre d’un parti politique,
d’un syndicat, d’une organisation professionnelle ou d’une association
quelconque.

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Remarques :
• La qualité du citoyen au Maroc est en rupture avec le statut du sujet de droit.
Or la qualité de celui-ci implique exclusivement son obéissance au pouvoir.
• La qualité de nationalité permet l’accès, sans distinction aucune, à la fonction
publique, locale ou nationale qu’elle soit. Toutefois, certains métiers
demeurent inaccessibles au féminin.

Section 3 : Le pouvoir.

Il s’agit du pouvoir exercé par l’Etat assorti du monopole de l’usage de la


coercition légitime. La fondation des Etats modernes s'est adossée sur quatre principes :

• Former un pouvoir central et un seul centre de décision ;


• Dessaisir les personnes, à l’intérieur du territoire, du pouvoir ;
• Confier le pouvoir à l’Etat ;
• Mettre en oeuvre le pouvoir. Et ce moyennant deux actions :
 Collecter les ressources fiscales. Donc l’Etat dispose désormais de
l’argent.
 Constituer une armée professionnelle et permanente composée non pas
de mercenaires mais de patriotes. De ce fait, l’Etat moderne est d’abord
une organisation rationnelle.

I- La coercition : pouvoir de la domination :

Le mot « pouvoir » est généralement suivi d’un qualificatif pour désigner le


champ de sa pratique, tel le pouvoir financier, le pouvoir syndical, le pouvoir intellectuel, le
pouvoir médiatique, le pouvoir religieux...

Le pouvoir introduit une relation inégalitaire ou de domination entre deux


individus. Dire qu’un individu ou groupe ait du pouvoir, c’est affirmer sa supériorité, sa
puissance sur un autre individu ou groupe. En effet, on ne peut qualifier de dominant un
Etat dépourvu de pouvoir de contrainte.

Il existe deux types de domination :

A- Domination personnelle :

Dans les sociétés traditionnelles très peu organisées, la domination se traduisait


pour des raisons religieuses lorsqu’une personne obéit au pôle de la zaouïa, ou par peur au
chef de tribu ou encore au chérif du coin... La domination prend alors des allures
personnelles. Elle doit déboucher progressivement sur une relation institutionnelle.

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B- Domination institutionnelle :

Mettant en jeu non plus des individus mais des institutions, la domination
institutionnelle est exercée par des personnes morales : les institutions. Elle s’exerce à partir
les procédures, les règles et les lois dans toute une organisation à l’intérieur de l’Etat.

Mais, la difficulté réside dans le passage de la domination personnelle à la


domination institutionnelle lorsqu’elles coexistent toutes les deux. Cette institutionnalisation
du pouvoir est toujours délicate dans la mesure où les personnes physiques représentant
l’Etat font obéir dans une certaine légitimité, sans avoir recours à la violence. Les citoyens
obéissent en général au pouvoir car ils considèrent que les titulaires du pouvoir sont faits
pour l’exercer. Plus un régime politique est stable, plus il est légitime auprès de la
population y soumise.

Plusieurs formes de légitimité existent. On peut les regrouper en deux catégories :


légitimité traditionnelle et légitimité moderne. Les deux regroupent les deux types de
dominations pré-citées.

1- Légitimité moderne :

Elle s’appuie sur l’expression souveraine du peuple. Elle provient du choix des
électeurs de ceux qui vont les gouverner. Le pouvoir est alors issu des urnes.

2- Légitimité traditionnelle :

Elle s’adosse à des relations traditionnelles.

II- Les expressions institutionnelles du pouvoir :

Dans les Etats modernes, les pouvoirs sont répartis entre plusieurs organes pour
éviter la concentration de puissance. Les organes subissent également une séparation par le
système de nomination. Certains d’entre eux sont élus, d’autres sont désignés.

Le pouvoir législatif, à l’image du parlement ou chambre des représentants, peut


à son tour être divisé. La production des lois n’incombe pas à une chambre unique. Elle est
faite suite à l’ensemble des interventions des deux chambres qui constituent le parlement.

• La première chambre ou chambre basse, est généralement issue du vote


populaire. Les citoyens électeurs choisissent leurs représentants.
• La seconde chambre ou chambre haute, est créée par méfiance vis-à-vis du
vote populaire, et élue par une élite généralement peu nombreuse, dans le but
d’intervenir dans le processus de production des lois. Elle sert de contrepoids
de la chambre basse.

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Par ailleurs, il y a séparation des matières et compétences dévolues à un même


organe, en l’occurrence la matière législative et la matière exécutive. Deux formules peuvent
se présenter :

• La première formule (généralement fréquente) consiste à ce que Les matières


législatives soient énumérées pour délimiter le champ d’intervention du
pouvoir législatif. Le reste des matières incombe au pouvoir exécutif.
• La seconde formule donne au parlement une compétence générale pour
intervenir dans toutes les matières.
Le pouvoir exécutif peut être exercé soit par un seul organe (c’est le cas des Etats-
Unis d’Amérique et la Grande Bretagne), ou par deux organes qui sont le chef D’Etat et le
chef du gouvernement (cas de la France).

La séparation des pouvoirs revêt deux formes :

• La concentration des pouvoirs : les pouvoirs et les matières sont séparés mais
exercés à la fois par un seul organe. C’est le cas du Maroc entre 1960 et 1970
où le Roi était en même temps législateur et chef de l’exécutif.
• La confusion des pouvoirs : les pouvoirs ne sont pas distingués, c’est le cas
d’un Etat non organisé.
Le principe de la séparation des pouvoirs a donné naissance à la notion du
pouvoir public attribué à des organes de l’Etat.

Exemples de la constitution :
« Le Roi exerce les pouvoirs qui lui sont attribués par la constitution »

« Le premier ministre exerce le pouvoir réglementaire »

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Chapitre 2 : Les fonctions de l’Etat.


L’Etat assume un certain nombre de fonctions variées. Celles-ci relèvent
essentiellement de l’économie, l’Etat étant un régulateur de l’activité économique. En
matière politique, l’Etat assure un rôle de cohésion sociale.

Traditionnellement, l’Etat assume trois fonctions principales : la fonction


législative, la fonction exécutive et la fonction judiciaire.

Section 1 : La fonction législative de l’Etat.

Elle consiste en la production de lois qui font partie du droit. Généralement, la


confection des lois incombe à une institution particulière appelée le parlement.

Les autorités politiques au sens large sont élues par l’ensemble du corps
électoral : ensemble de personnes, individus qui de par la loi accèdent au droit de vote.
Celui-ci doit être libre, régulier et sans pression aucune subie par les électeurs. L’origine du
pouvoir est donc issue des urnes, et à partir du moment où des autorités politiques sont
choisies, elles bénéficient de la légitimité démocratique.

I- Les élections : le vote.

Au départ, le vote était réservé seulement aux riches. Seuls les citoyens actifs en
avaient le droit. Ensuite, il est devenu universel, accessible à tous les hommes. Une troisième
étape est venue donner à la femme ce droit, puis une quatrième étape en faveur des jeunes.

Pour pouvoir participer au suffrage universel direct (S.U.D), les électeurs doivent
remplir des conditions énumérées par le droit électoral : la nationalité, l’âge, la profession
(un militaire ou un agent public représentant l’Etat doit garder une certaine neutralité) et la
capacité judiciaire (les tribunaux peuvent priver un citoyen de son droit de vote).

Les conditions supplémentaires des opérations électorales sont :

• L’inscription sur les listes électorales ;


• Les campagnes électorales ;
• Le vote proprement dit le jour « J » ;
• Le dépouillement des bulletins de vote pour proclamer le vainqueur ;
• Possibilité de contester les résultats électoraux auprès des tribunaux.

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Afin que les suffrages traduisent la volonté de l’ensemble du corps électoral,


l’acte de vote jouit d’une protection juridique. Certains Etats font même du vote une
obligation sans que la non inscription sur les listes électorales soit assortie de sanction
pécuniaire ou d’atteinte à la liberté.

Pourtant - et paradoxalement - dans certains Etats, le pouvoir exécutif fort, qui


n’est pas issu d’élections, coexiste avec un parlement voté et composé de deux chambres.

Les élections dans ce cas ne permettent pas de dégager librement une élite
politique, mais plutôt d’exprimer la volonté de l’Etat : c’est le système des candidatures
officielles dont l’Etat détermine le nombre.

L’introduction du vote dans ces pays trouve souvent des difficultés à s’implanter.
En effet, le droit électoral est constamment réécrit, modifié, complété. D’un code à un
autre, on multiplie les sanctions, on alourdit les peines pour éradiquer sinon réduire les
fraudes.

Par ailleurs, quand un parti politique dominant (parti hégémonique) existe,

• Il contrôle les candidatures, et les choisit ;


• Il distribue et finance les campagnes électorales ;
• Il contrôle le dépouillement pour faire sortir l’élite.

II- Le parlement :

A- Définition du parlement :

L’apparition du parlement a été une révolution très importante dans la


construction des Etats, bien qu’il soit toujours confronté à des difficultés pour s’implanter
entant qu’institution représentative indépendante. Depuis l’empire Ottoman au 19ème
siècle, passant par la Tunisie et l’Egypt, l’introduction d’une culture politique moderne a
échoué. En général, les pays arabes et musulmans souffrent de cette difficulté. Par ailleurs, le
parlement y souffre également de l’existence du parti unique qui, au meilleur des cas
accepte la formation de petits partis.

Toute fois, leur contact avec l’occident et l’impact de la révolution française ont
stimulé réflexion. Certains penseurs ont réfléchi à la modernisation des structures politiques,
économiques, éducatives et sociales, notamment la promotion du statut de la femme.

Le parlement est un marché de postes électifs qui affèrent à la compétition


électorale. La chambre des représentants offre 325 emplois plus 270 postes électifs de La
chambre des conseillers. A ajouter à ces postes électifs, les postes de conseillers communaux,
100 postes électifs de régions, des postes électifs professionnels, des postes des délégués du
personnel dans les administrations et dans les entreprises.

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B- Composition du parlement :

Le parlement, dit aussi congrès ou diète, peut être élu par suffrage direct ou par
suffrage indirect. Il peut être composé soit d’une seule chambre élue généralement par
suffrage universel direct, ou de deux chambres. Dans le premier cas, on a affaire à un
système monocaméral (monocaméralisme), le second cas est un système bicaméral. La
composition des chambres est différente d’une situation à une autre.

Le parlement est généralement composé de deux chambres : une chambre des


représentants et une chambre professionnelle (qui représente l’agriculture, CCIS, l’artisanat,
la pêche...). Les salariés de la fonction publique et du secteur privé, eux, sont représentés
par des syndicats.

C’est la Grande Bretagne qui était à l’origine du système bicaméral avec une
chambre pour les communes et une autre chambre pour les lords. En France, la deuxième
chambre est composée de représentants des collectivités territoriales : les communes.

Au Liban, le parlement organise une représentation ethnique par une minorité


religieuse ou culturelle. Le système électoral libanais est taillé sur mesure pour représenter les
grandes confessions : les Chiites, les Sunnites.

III- Le cas marocain :

Entre 1900 et 1956, le protectorat avait organisé deux représentations


professionnelles :

• Une chambre d’agriculture avec deux sections, française et marocaine.


• Une chambre de commerce et d’industrie avec les mêmes deux sections,
française et marocaine.
Après l’indépendance, le Maroc a continué de faire jouer au champ professionnel
un rôle important et a adopté le système bicaméral en 1962. La première chambre était élue
par S.U.D, la seconde par des collèges électoraux différents : les représentants de syndicats
des salariés, des chambres professionnelles et des communes.

Les chambres professionnelles étaient au nombre de quatre :

• La chambre d’agriculture qui constitue un collège électoral autonome. Les


critères pour être électeur de cette chambre sont déterminés. Elle comprend
les propriétaires et les khammass.
• La chambre de commerce, d’industrie et de service (CCIS) regroupe l’ensemble
des activités économique, commerciale et de services. Pourtant, un problème
de représentation se pose pour les professions qui disparaissent, pour celles qui
évoluent ou encore pour celles qui naissent (informatique, électronique...).

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• La chambre d’artisanat.
• La chambre des pêches maritimes.
Le système bicaméral a été abandonné en 1972, la composition des corps
électoraux restant sans changement, puis réhabilité en 1996. En 1962 et en 1996, la première
chambre était élue au S.U.D et avait gardé la représentation professionnelle. Mais en 1972,
il s’agissait d’une seule chambre avec des collèges électoraux différents : une partie des
représentants élue au S.U.D et l’autre au S.U.I.

Le débat actuel porte sur la suppression ou non de la deuxième chambre. Deux


scénarios peuvent se présenter :

• Revoir la composition et réserver la deuxième chambre uniquement à la


représentation des régions, des communes et des collectivités locales (c’est le
cas des pays d’Europe).
• Vider la deuxième chambre de la représentation professionnelle et renvoyer
celle-ci dans une institution spéciale appelée le conseil économique et social (le
système français).

IV- La fonction législative du parlement :

Le terme « législatif » contient la notion « loi ». En effet, le parlement est chargé


d’approuver la promulgation des lois dans un Etat, et d’y contrôler la vie politique par
conséquent.

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