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L155
EXERŒCES SPIRITUELS
DE SAINT IGNACE,
msposâs' poU“ LES RETRAITES.
i-àC
—.—’
ÈVÈGHÉ DE TOURNAI.
Æ7/4vine/0M 1/‘-
Cl 0
c (n
' EXERCICES SPIRITUELS
DE} SÆ‘ÆŒÎË ÆCBŒÆŒE a
DISPOSÉS POUR UNE RETRAITE DE HUIT JOURS,
Par le n. P. BELLÉCIUS,
m; LA CoMPAGNIE m; .u'çsns ;
TOME PREMIER.
TOURNAI,
J. CASTERMAN, LIBBAIBE-ÉDITEUR,
IMPRIMEUR DE L'EVECHÉ.
Aru- .lpprubah'un.
AP9E© ÆŒIQŒ.
ÉVÊCHÉ DE POITIEBS.
JEAN-BAUX“! DE BOUILLÊ. , parla miséricorde divine et la grâce du Saint
Siége apostolique, évêque de Poitiers;
M. Berthon, desservant de Lnpuye, en notre diocèse , ayant. soumis à notre
examen sa traduction française du Medulla asœaeos de Bellécius, nous l'avons
approuvée et approuvons par les présentes. M. Berthon trouvera une ample
récompense de ses veilles dans les fruits abondants que produira ce livre plein
de science et de piété: nous en recommandons plus spécialement la lecture à
MM. les Ecclésiastiques et aux personnes qui ont embrassé la vie religieuse.
Donné à Poitiers, sous notre seing et le contre-seing du Secrétaire de
I'Ëvéché, le 10 février 1837.
J; J.—B., ÉVÊQUE DE PomEas.
Par maniement de Monseigneur ,
CHAVEAU.
--‘......'.
- AVERTISSEMENT DE TRADUCTEUR‘.
INTRODUCTION
AUX
c
AUX exancices. ‘
21
‘ Introduction, n° 7.
22 INTRODUCTION
AVERTISSEMENT .
.1 Ch. 2,1.° 6 et 7.
AUX EXERCICES. 5.3
vigilance' sur son imagination , ne consentant à au
cune pensée de quelque chose que ce puisse être, qui
n’aurait point de rapport à la retraite , comme s'il ne
nous restait plus dans ce monde aucune autre affaire
qui dût nous occuper; je dis plus, renvoyant les
pensées pieuses elles-mêmes qui ne conviendraient
pas assez à la méditation qu'on vient de faire ou à
celle que l'on prépare; 3° par l'observation d'une
entière solitude, ne sortant pas de sa chambre sans
nécessité, s'interdisant rigoureusement toute autre
occupation; de sorte que non-seulement dans le
cours de la journée, mais encore après le repas,
ou ne lise, on ne considère, on n'écrive rien autre
chose que ce qui est prescrit pour ce jour et qui
se rapporte aux exercices et à leur fin. On devra
même aussi s'abstenir de ces travaux de main qui
fatiguant trop le corps ou qui dissipent l'esprit; car
on fera d'autant plus de progrès qu'on se sera
renfermé dans une retraite plus austère, éloigné de
toutes ses connaissances , de tous ses amis, et déga
gé de tout soin, de toute sollicitude temporelle ; et
plus l’âme se trouvera isolée et séparée des créatu
res , plus elle sera en disposition et en état de cher
cher et de trouver son Créateur °.
On rapporte que, dans notre collége (le Spire , un
ministre de l'empereur , l'un des personnages les plus
célèbres de son temps ,homme également habile dans
'la guerre et dans les conseils , vaquait aux exercices
de S. Ignace dans une solitude si profonde, que non
seulement il se rendit inaccessible à ses amis même
les plus intimes , mais qu'il ne se permit.’ même pas
d'ouvrir une lettre que lui envoya alors l’empereur
Ferdinand; il remit, au contraire, pour la décache
ter, à la fin de sa retraite, disant que l'afl'aire qu’il
1 Directoire, ch. 2, n°2, et ch. 4 , n" l.
54 INTRODUCTION
‘ Directoire, ch. 8 , n0 3.
56 INTRODUCTION
1 Il Pierre, c. 2, v. 22. —
AUx EXERCICES. 1“
ËBÏËÊE Æ@ÜÊ.
PREMIÈRE MÉDITATION.
DE LA FIN DE L’HOMME.
Premier Point.
1 Génèse, c. 1. v. 26.
46 1"r JOUR. 1"' MÉDITATION
‘ Psaume 8, v. 6.
DE LA F“ DE. L'HOMME. 47
souveraine pouvait, il est vrai, nous laisser ensevelis
dans notre néant , dans un éternel oubli; mais sa vo
lonté une fois arrêtée de nous en tirer, il n’a pas pu
nous donner ce bienfait de la vie pour une autre fin
que lui-même. Personne ne vient en ce monde pour y
jouir des richesses, des honneurs et des plaisirs; pour
y acquérir la science , se faire des amis et une réputa
tion , mais pour servir Dieu; car c'est la tout l'hom
me ‘ : comme si Salomon disait : Tout homme est né
pour cela , puisque tous les hommes , sans exception
comme sans prescription , la condition de créature
l'exigeant ainsi, sont essentiellement les serviteurs de
Dieu.
2° Servir Dieu est la fin de l'homme et son affaire
unique. Quelqu'un eût-il réglé, au grand applaudis
sement des peuples , toutes les affaires de l'univers
entier ; eût-il , toujours heureux dans ses désirs , en
tassé les richesses des Indes , accumulé les dignités
royales, étendu sans mesure ses vastes possessions; s'il
n'a pas rendu à son Créateur le service qu'il lui doit ,
au jugement du ciel il n'a rien fait, il'a occupé inu
tilement la terre : au contraire, celui qui, ici-bas ,
n'aurait rien fait absolument pour le monde, qui au
rait langui, toujours malade dans un lit, ou qui,
méprisé de tous ses semblables, n'aurait habité qu'un
réduit obscur , s'il a servi Dieu , il a suffisamment tra
vaillé, parce qu’il a conduit à sa fin cette affaire uni
que, pour laquelle la vie présente lui a été donnée.
3° Servir Dieu est notre fin dernière : c'est une
affaire telle que son accomplissement parfait peut
seul rassasier l'âme et lui donner la paix; car cette
seule- fin obtenue, cette seule affaire bien terminée,
quoique nous manquerions de tout le reste, quoique
Troisième Point.
AFFECTIONS.
LECTURE
SUR LE PREMIER EXERCICE , QUE S. IGNACE APPELLE LE
FONDEMENT.
5 1°:
I. Ce n'est pas sans être éclairé de Dieu que S.
Ignace commence son livre admirable par la considé
ration de la fin dernière pour laquelle nous avons été
créés et placés sur la terre; car 1° la sagesse elle-mê
me nous enseigne que , dans toutes nos entreprises ,
notre première attention doit se porter sur la fin que
nous nous proposons d'obtenir; parce que cette fin
est la mesure et la règle de tous les moyens et comme
le centre auquel ils se rapportent. Ainsi, puisque
'
SUR LE romanes-r. 55
g 11.
I. Quant à ce qui regarde cet exercice en lui-mê
me , de la fin de l'homme , il comprend deux points
qui méritent une sérieuse méditation.
1° L'homme a été créé pour cette fin , savoir, de
louer et d’lwnorer le Sezlqnem" son Dieu , et enfin de
se sauver en le servant.
2° Tout ce qui existe sur la terre a été créé à cause
de l'homme, afin qu'il s'en aide pour atteindre la fin
de sa création ‘. En conséquence, de même que
l'homme a été créé pour Dieu, de même aussi tout le
reste a été fait pour l'homme; et comme l'Etre souve
rain est la fin de l'homme, aussi l'homme à son tour
est la fin de tout ce qui a, dans cet univers, ou le
sentiment , ou la vie, ou l'existence. Servir notre
Créateur est notre fin essentielle, unique et'la plus
importante : tel était le sujet de la méditation du ma
tin. La matière de la seconde méditation sera donc ce
deuxième principe, que toutes les autres créatures ne
sont que des moyens qui nous aident à parvenirà
cette fin. Cette vérité est du genre de celles que la foi,
la raison et l'expérience établissent par un témoignage
commun , et qui ne peut être niée que par un athée
ou un insensé.
De tout cela , notre saint auteur tire , par une con
séquence naturelle, deux conclusions de la plus haute
importance : la première, que nous ne devons user
des choses créées ou ne nous: en abstenir, qu'autant
‘Apoc.,e.9,v.2.—3Sag.,c.5, v.8.
60 1°’ JOUR. LECTURE
tenant, malheureux , et dites quelle utilité, quel
profit y avez-vous trouvé?
Ah! ils répondront par ces lamentables gémisse
ments : [Vous nous sommes égarés de la voie de la
vérité , nous avons sacrifié notre fin dernière en abu
sant des moyens qui nous étaient donnés, et nous
avons perdu tout à fait le chemin du ciel. Hélas! par
notre faute, la lumière de lajustice n'a point luipour
nous, et, à cause de nos péchés, le soleil de l'intelli
gence ne s'est point levé sur nous ° : voilà pourquoi
une tempête noire et ténébreuse nous est réservée
pour l'éternité '.
Ah ! je n’ai fait que goûter un peu de miel 5, s'écrie
avec douleur un habitant des abîmes, en soulevant sa
tête environnée de flammes ; ah! le plaisir était pas
sager, et maintenant la douleur succède à lajoie "', et
elle durera toujours. Un second fait entendre cet
autre gémissement : J'avais beaucoup de biens en ré
serve pour plusieurs années 5 , et tout à coup l'indi
gence est venue me surprendre comme un homme qui
marche à grands pas, et la pauvreté s'est saisie de
moi comme ferait un homme armé 6. J'accomplis main
tenant l’oracle du Prophète : Ils seront afl'amés com
me des chiens 7. Un troisième 'répète ces tristes lamen
tations : Hélas! à quelle afl‘lictionje suis réduit, et
en quel abîme de tristesse je me vois plongé, moi qui
étais autre/ois si content et si chéri au milieu de la
puissance quim’environnait 8' , moi qui étais vêtu de
pourpre et de lin 9. Ah! maintenant je suis couvert
de honte et enveloppé de confusion comme d'un double
manteau ‘°.
s m.
I. Selon S. Ignace , notre indifférence doit s’appli
quer pour deux raisons à ces quatre choses: l°la
pauvreté ou les richesses , 2° les honneurs ou le mé
pris , 3° la santé ou la maladie , 4" la vie longue ou la
vie courte; car 1°, c'est surtouLà leur occasion que
notre âme perd cette heureuse indifl-érence , se por
tant à ce qui peut lui être préjudiciable; 2° parce
que ces choses sont comme la source à laquelle rc
monte tout ce qui est un obstacle à notre dernière
fin; puisque, dit S. Jean, tout ce qui est dans le
monde est concupiscence de la chair , et concupis
cence des yeux, et orgueil de la vie 2. Elles sont encore
comme l'étoupe dont l'infernal oiseleur a tissu ses
1 Elle est ainsi conçue: Celui qui commence les exercices trou
oem une facilité merveilleuse à les faire, s'il y vient avec ferveur
et avec courage ; s'il ofl're àson Créateur toute son infection , toute
sa volante'; et si , pour le servir de la manière la plus conforme à
son bon plaisir , il le laisse le maître de disposer de sa personne et
de tout ce qui dépend de lui. -— 2I Jean , c. 9,1 16.
sor: LE FONDEMENT. 65
perfides filets , que S. Antoine , ce grand et illustre
anachorète, vit tendus sur toute la surface de la terre,
et avec lesquels Satan ravit à des milliers d'âmes la
sainte indifférence , leur enlève le ciel et les entraîne
à leur perte en les rendant ses esclaves.
Et ne dites pas que les richesses et les honneurs
sont mal comparés à la santé et à la vie , par la raison
que celles-ci sont d'elles-mêmes un bien , qu’elles ont
une convenance intime avec notre nature , que , par
conséquent , on peut les désirer pour elles-mêmes ,
et que l'homme est obligé en conscience de se les pro
curer et de les conserver par des moyens licites ; que
ce ne serait donc point une indiflérence louable de ne
vouloir pas plus la santé que la maladie, la vie lon
gue que la vie courte: non , ce langage ne serait pas
vrai.
Car , ainsi que l'enseigne Suarès , quoique la vie et
la santé soient un de ces biens que l'on peut désirer
pour eux-mêmes , à cause de leur convenance avec
notre nature; quoiqu'ils soient , en quelque sorte ,
nécessaires à sa parfaite intégrité , et que, par consé
quent , ce ne soit point une chose illicite de s'arrêter
à ce désir sans le rapporter à aucune autre fin ; néan
moins il y a une plus grande perfection à n’aimer ces
sortes de biens qu'autant qu'ils sont pour nous des
moyens de vertu ; car, quoiqu’ils puissent être aimés
pour eux-mêmes , cependant, parce qu’ils sont sou
vent à l'homme une occasion de pécher , ou du moins
de ne pas avancer dans la vertu , il s’ensuit qu'il est
très-utile de n'y attacher ses désirs qu'autant qu’ils
peuvent nous conduire à une vertu plus parfaite.
Ajoutez à cette raison que souvent la pratique de
la vertu , surtout d'une vertu parfaite , exige qu'on
méprise ces biens ou qu'on les prodigue pour Dieu. Il
est donc très-certainement nécessaire que l’homme
étende jusqu'à eux son indifférence , pour être prêt ,
I. 6
66 1" JOUR. LECTURE
dans l'oceasion , à en faire promptement le généreux
sacrifice. Telle est la réponse'de Suarès à quelques
critiques qui 'blâmaient en ce point la doctrine des
Exercices. On voit clairement , par tout ce qui vient
d’être dit, combien S. Ignace agissait avec une sagesse
toute divine, en appliquant nommément à ces quatre
chefs cette parfaite indifférence qu'il inculque avec
tant de force.
11. Mais puisque Dieu, en appelant les religieux
au saint état de la religion , leur a assez manifesté en
quel genre de vie il veut qu’ils le servent , ils ne peu
vent plus ni ne doivent étendre jusqu'à leur état
cette disposition d'indifférence à tout état que nous
avons recommandé plus haut : de sorte que tout
doute en cette matière doit être promptement rejeté
et repoussé comme une pensée mauvaise et impie , à
moins qu’on ne veuille se laisser prendre aux ruses
du démon et perdre tout le fruit de cette retraite. Ce
fondement donc une fois posé , que la souveraine
sagesse désire que nous la servions dans la sainte
société où nous avons été reçus , il ne nous reste
plus qu’à être indifférents à la manière dont nous
accomplirons nos devoirs dans l'état que nous avons
' déjà choisi et suivant la mesure de grâce qui nous est
accordée.
Et en outre , puisque l'état religieux que nous pro
fessons et les obligations du saint habit dont nous
sommes revêtus , ne nous permettent plus d'être in
différents à la pauvreté ou aux richesses et aux digni
tés du monde, parce que, dans l'émission de nos
vœux , nous nous sommes engagés solennellement à
les fuir , il ne nous reste plus qu’à appliquer notre
indifférence , avec une généreuse ferveur , à des cho
ses plus convenables à notre état présent , mais qui
aient aussi quelque rapport à ces quatre principaux
points.
SUR LE FONDEMENT. 67
Par exemple, 1° à remplir , dans le saint état de
la religion, les emplois honorables ou les emplois les
plus bas , à être profès ou à rester dans un moindre
rang, à professer les classes supérieures ou les clas
ses inférieures; 2° à vivre dans un collége riche ou
pauvre , dans une habitation aisée ou incommode , à
avoir des supérieurs doux ou sévères, des compagnons
agréables ou ennuyeux; 3° à être en santé ou à tom
ber malade , surtout si l’on contracte cette maladie à
l'occasion des emplois qu'on occupe , de la localité et
du mauvais air qu'on y respire, à l'occasion des ali
ments et de mille autres causes de cette nature; 4° à
prolonger sa viejusqu'à une extrême vieillesse, ou à
l’abréger par les ennuis, les voyages, les travaux et
toutes les charges que l'on remplit.
Mais si quelqu’un était persuadé qu'il lui est inu
tile de s'appliquer à acquérir l'indifférence à l'égard
de ces quatre choses , soit parce qu’il a déjà atteint
cette perfection de l'indifférence, soit parce que jouis
sant d'une santé robuste , étant cher à ses supérieurs
et estimé de tout le monde, il n'a point à craindre ni
les bas emplois, ni les établissements obscurs , ni une
mort prochaine , et qu'il peut espérer, au contraire ,
de couler , sous son heureuse étoile , des jours pleins
des douceurs , des aises et des honneurs de la vie
pour lesquels il semble né; il faut au moins qu’un
tel homme se montre indifférent à éviter ou à accep
ter , à supporter ou à faire tout ce qu'il connaîtra
dans ces exercices que Dieu demande de lui ; il faut
qu'il ne fixe aucunes bornes aux mouvements de l'Es
prit-Saint, qu'il ne consente à aucun pacte entre la
nature et la grâce , et qu’il n’établisse, dans le che
min de la vertu , aucunes limites au-delà desquelles
il ne voudrait pas avancer; il faut qu’il se remette
tout entier au bon plaisir de son Créateur pour être
prêt à tout; en un mot, qu’il soit résolu de s'élever,
'1'r»
68 1”r JOUR. LECTURE
‘ Directoire, ch. 12 , n° 5.
1"' JOUR. n° min. DE LA FIN DE L'uomie RELIGIEUX. 71
11e MÉDITATION.
- —"_-
_ i_
DE LA FIN DE L'HOMME RELIGIEUX.
Premier Point.
1lCor.,c.l,v. I9.
DE LA FIN DE L'HOMME RELIGIEUX.
Deuxième Point.
Troisième Point.
AFFECTIONS .
cousmr'sn ATION
SUR L'INDIFFÉRENCE A TOUT LIEU , CHARGE, EMPLOI ET ÉTAT
DE SANTÉ.
‘Sag.,c.8,v.l.
soa L°mmrrsaauea. 87
qui doit la punir : néanmoins je dis et je prétends
que le souverain Maître de l’univers, quoiqu’il ne
veuille pas le péché, veut cependant son effet; et
que , puisque ce lieu et cet emploi , cette,maladie et
ces chagrins ne sont pas un péché , ils sont donc l'ob
jet de la volonté divine, bien qu'ils soient la consé
quence de la faute d’autrui.
Ainsi, quoique le Seigneur des vertus ‘ ait détesté
la vente de Joseph, il approuva cependant son séjour
en Egypte et la charge qu'il y remplit. Dieu m’a
envoyé , l'avoue-t-il lui-même , Dieu m'a envoyé avant
vous en Egypte 2. Remarquez : Dieu; non pas la
jalousie de ses frères, mais la Providence d’en haut.
De même, quoique toutes les misères et les calamités
qui fondirent sur Job sortisscnt de la malice de Sa
tan, elles étaient cependant l'objet du bon plaisir
éternel de Dieu. Le Seigneur m'a donné, le Seigneur
m’a ôté 5: tel est le témoignage que rend de lui-même
ce prophète de la terre de Hus. Remarquez : non pas
Satan, mais le Seigneur. Enfin le Père céleste a con
damné la rage des Juifs, et cependant il décréta lui
même la mort de son Fils : aussi Jésus-Christ dit-il à
S. Pierre : Vous ne voulez pas que je boive le calice
que mon Père m'a donné ‘? Remarquez bien encore:
il dit, non pas le calice des Juifs, mais le calice que
lui a donné son Père. '
Par une conduite semblable, la sainteté de Dieu
détestera donc la malveillance de vos compagnons,
l’imprudence de vos supérieurs et la jalousie de vos
envieux ; mais cependant il exige de vous cette posi
tion, cette infortune , cette oppression qui en est
l’effet. O religieux! ce n'est pas la jalousie de vos
frères, mais la providence du ciel; ce n'est pas Satan,
' EXAMEN.
111° MÉDITATION.
BÊPÉTITION DES DEUX PBÉCÉDENTES.
Avertissement.
1 Il Mach. , c. l , v. 24.
94 1"° J01m. mB MÉDITATION.
‘l’s. 138,116.
\
REMARQUE .
— —e“
PREMIÈRE MÉDITATION.
Deuxième Point.
lGen.,c. 3,v. 5.
son LE CIIATIMENT DU pÉcuÉ. 105
' AFFECTIONS.
Ainsi, l° gémissons de nos fautes passées , pre
nons garde de n’en plus commettre à l'avenir; 2°
courbés jusqu’à terre sous le poids de nos péchés ,
humilions-nous sous la main puissante de Dieu , et ,
en considérant nos iniquités, comprimons le désir
soa LE CHATIMEN'I DU pÊcmä. 407
‘ llebr. c. 6, v. 6.
{08 11° JOUR. .t.“ MËDITATION.
Ah ! mon âme ! vois ton Jésus; il meurt sur la
croix...., et il meurt non-seulement pour les péchés
d'Adam , mais aussi pour tes propres crimes...; il
meurt , et c'est toi qui portes sur lui une main cruel
le...
A cette
Ah !catastrophe
tu le vois, leet soleil
tu ne s'obscurcit,
fonds pas enles
larmes
pierres
LECTURE.
8 1er
g n.
I D'abord la contrition. Le saint concile de Trente
la définit une douleur et une détestation des péchés
qu'on a commis , avec le ferme propos de ne plus pé
cher : ce qui revient à dire une douleur jointe à la
détestation de nos fautes passées et une horreur de
tout péché futur. S. Ignace ,' pour l'cxciter en nous
par des moyens naturels, nous interdit les ris et tou
tes les paroles qui peuvent provoquer à rire ; il veut
encore que nous rejetions même toutes les pensées
pieuses que nous trouverions dans le sujet d'un mys
tère joyeux, et il désire que nous entretenions cette
sainte tristesse en notre âme , en tenant notre chambre
dans l'obscurité et en augmentant nos mortifications
corporelles. Il nous fait la première recommandation,
parce que de telles pensées arrêtent la douleur et les
larmes qu'il faut chercher dans cette semaine; il
tient à ce que nous observions la seconde , afin qu’elle
nous obtienne la componction du cœur , la douleur
de nos péchés et l'abondance des larmes.
Mais, prévoyant que cette terreur imprimée à nos
âmes par le spectacle de la punition des anges et d'A
dam , par la considération de la grièveté de nos pro
pres crimes et des tourments de l'enfer qu'ils ont
mérités , pourrait ôter à notre douleur ses mouve
ments les plus affectueux , il a en soin d'ajouter , à la
fin de chacune de ces méditations , quelque motif
dont le souvenir fût très-propre à faire couler nos
larmes. Ainsi , à la fin de la première méditation , il
nous montre Jésus-Christ mourant en croix pour le
péché. Dans le colloque de la seconde et de la troisiè
1 lsaîe, e. 33,11. 7.
420 11° JOUR. LECTURE.
Au jour du jugement, ces illustres pénitents , qui
peuplèrent la Thébaïde, s'élèveront et nous reproche
ront notre dureté. Il s’élèvera ce soldat qui mourut au
pied de la colonne de S. Siméon-Stylite, succombant
à la véhémence de sa contrition. Il s'élèvera aussi ce
noble qui, ayant entendu S. Ulric, religieux de l'ordre
des prédicateurs, tonner contre la malice du péché ,
en fut saisi d'horreur et expira à l’instant. Enfin ils
s’élèveront innombrables ces pauvres gens de la cam
pagne, qui, ayant compris , dans les missions, la
grieveté d'une faute mortelle, auront répandu beau
coup de larmes et se seront même souvent abandon
nés à de longs gémissements. Ils s'élèveront, dis-je , et
nous condamneront; nous , oui nous , qui étant reli
gieux , c'est-à-dire qui, ayant fait profession de l'état
de pénitence , n’avons pas un seul gémissement ,
même durant ces exercices , pour compatir aux dou
leurs du divin Sauveur mourant sur la croix et mou
rant pour nous ; nous qui ne déplorons pas , par le
moindre soupir, l’abus si coupable que nous avons
fait de sa miséricorde et les injures si horribles dont
nous avons outragé sa bonté infinie.
O Dieu! qui manifestez surtout votre puissance en
pardonnant et en faisant miséricorde, qui dissimulez
nos péchés pour que nous fassions pénitence, répan
dez avec clémence dans nos cœurs la grâce de votre
Saint-Esprit, qui nous aide à efl'acer, par nos pleurs
et nos gémissements, les taches de nos péchés ; tirez
de nos yeux des ruisseaux de larmes , qui éteignent
l'ardeur des flammes éternelles que nous avons me'
ritées 1.
g 111.
I- Cette douleur des fautes passées, si elle est
‘ Prière de l'Eglise.
DOULEUR ET HAINE DU encait. 121
S N.
Quant à la confession , qui est le second moyen de
purifier notre âme , quoique saint Ignace estime qu'il
convient de ia/'aire après les exercices de la première
semaine, il place néanmoins, dès le commencement,
I'examen général de conscience, qui nous doit être
d'un secours très-utile pour purifier notre âme et
faire une bonne confession de nos péchés. Comme
tout exercice de la retraite doit toujours demeurer in
tact. cet examen doit se faire aux heures qui ne sont
marquées pour aucun autre exercice, comme serait le
temps d’après le repas ou durant le travail des mains.
Et quoique, dans cet examen approfondi de l'état
de notre cœur , nous devions nous garantir d’une trop
grande inquiétude, qui nous entraînerait dans beau
coup de scrupules , il faut cependant aussi y apporter
un tel soin, qu'il nous devienne pour la suite , et sur
tout pour l'heure de la mort, comme un bouclier
contre les terreurs de la nuit 1, et comme le fonde
ment assuré du repos et de la tranquillité de notre
âme. Nous y mettrons toute la diligence convenable
suivant : 1° la longueur du temps pendant lequel on
a différé cet acte d’expiation de ses fautes , 2° la multi.
tude et la grièueté des péchés qu'on a commis , 3° la
nature des affaires qu'on a faites , 4° la diversité des
emplois qu'on a remplis.
II. Il faut laisser au jugement du confesseur de dé
cider si l’on devra faire une revue de toute la vie, ou
seulement du temps qui a suivi la dernière qu'on a
faite, ou même simplement d'une année. On peut voir
là-dessus ce qu'en dit le Directoire. Cependant il fau
dra toujours détourner de la confession générale les
personnes scrupuleuses et celles qui ont été autrefois
1 Cantiq. , c. 3, v. a.
426 11° JOUR. LECTURE.
sujettes au vice de l'impureté , ou qui en éprouvent
même encore de fortes tentations; car l'examen trop
exact auquel elles se livreraient leur serait plus nuisi
ble qu'utile.
Néanmoins, quelque confession que l’on fasse, soit
générale, soit annuelle ou de six mois seulement, il
faudra toujours s'appliquer à déclarer au juge de no
tre âme principalement les péchés qui n'ont pas été
encore bien confessés, ceux qui nous inquiètent et qui
nous tourmentent davantage , ceux enfin que nous
craignons devoir nous troubler à la mort.
Nous devrons encore examiner, avec un soin tout
particulier, nos péchés secrets et les péchés d'autrui
dont nous serions coupables 1,' le bien que nous avons
omis et les devoirs que nous avons négligés; et nous
nous appliquerons, en les exposant à l'arbitre de
notre conscience, à employer les mêmes expressions
dont le démon se servira un jour lorsqu'il nous en
accusera.
En un mot, nous devrons faire cette confession avec
autant de soin que si nous devions mourir incontinent
après, et comparaître au tribunal de Dieu, de sorte
que nous acquérions à notre conscience le' témoignage
intérieur et comme l’assurance que nous avons bien
réglé , dans ces exercices, les comptes de notre âme ,
et qu'il ne reste plus rien d'inquiétant à revenir. Ce
lui qui sort de cette retraite sans avoir acquis ce té
moignage, s'en retire privé du fruit le plus désirable
et de la plus inappréciable consolation.
111. Mais il y a surtout deux obstacles qui s'opposent
trop souvent, par malheur, au succès d'nne si sainte
entreprise : ce sont la peine qu'exige l’examen de nos
péchés , et la honte qu'il faut surmonter ensuite pour
les découvrir. Pour ce qui regarde la peine que cet
1Ps.l8,v. 13.
DOULEUR ET HAINE DU pEcnE. 127
‘(3.16,1 2.
428 11° mon. LECTURE.
La deuxième se tire de la personne du confesseur :
0 homme! pourquoi craignez-vous de vous confes
ter .9 Ce que je saispar la confessiomje le sais moins
que ce que j'ignore entièrement. Pourquoi rougissez
vous de confesser vos péchés .9 Je suis un pécheur
comme vous ; vous êtes homme, confessez-vous à un
homme ; pécheur , découvrez-vous à un pécheur qui
peut commettre les mêmes crimes et de plus grands
encore ; car il n'y a point de péché qu'un homme ait
déjà fait et qu'un autre ne puisse pas faire.
Le jugement universel est le troisième coup dont
le saint Evêque d'Hippone frappe et anéantit ce mal
heureux prétexte d'une fausse honte. Voici ce qu’il
dit : Il vaut bien mienx maintenant supporter un
peu de confusion devant un homme , que d'être acca
blé au jour du jugement devant des millions d’hom
mes , par l'ignominie d'une réprobation flétrissante.
Considérez donc que votre confesseur sera un de
ceux qui se trouveront à cejugement , et ne rougis
sez pas de lui découvrir, pour votre plus grand bien,
ce qu'il connaîtra alors clairement, mais à votre
honte et avec le plus grand méprispour vous ’. Telles'
sont les pensées de S. Augustin : ajoutez-y qu'il faut
ou vous repentir ou brûler.
Pour Dieu , pour le ciel , pour votre âme , ne rou
gissez donc point de dire la vérité ; car il y a une
confusion qui fait tomber dans le péché , et il y en a
une autre qui attire la gloire et la grâce 2. Vaincre
cette honte dans une sincère confession et en triom
pher , c'est, au témoignage de S. Grégoire, une action
héroïque et tout à fait glorieuse. Je n'admire pas
- moins , dit-il , une humble confession des péchés que
les actes sublimes de la vertu , puisqu'il faut souvent
Ile MÉDITATION.
Premier Point.
.1Sa.,c.l1,
g v.23.-—2Job 2 c. l3,c.'î7.5.-— 3Jac ‘I .,c.-l0,
v.15. —"Jérém., e. 2, v.1'2. —- 5 Ibid.,e. 2, W99.
156 il° mon. u‘ MÉDITATION.
lence impardonnable! tu as abusé pour pêcher de ses
dons mêmes et de ses faveurs; tu as fait servir effron
tément à l'irriter tes sens , les talents de ton esprit ,
les dons de la nature, surtout celui de la santé- Ah !
que tes membres, saisis d'horreur pour de tels excès,
demeurent immobiles, et que ta voix s’éteigne sur
tes lèvres.
0 Seigneur! je suis plus ingrat que tous les ani
maux , qui, du moins , ne vous offensent pas; je suis
plus ingrat que les infidèles et que tous les païens , à
qui vous n'avez pas accordé autant de bienfaits qu'à
moi; plus ingrat que les démons eux-mêmes, à qui
vous n'avez pas donné votre Fils pour rançon. Je
l’avoue, mon ingratitude jointe à ma bassesse , aug
mente sans mesure la grandeur de mon péché; mais
pardonnez à mon sincère repentir.... , soyez touché de
mes bonnes résolutions.
Troisième Point.
AFFECTIONS.
1l’s.4l3,v.16.-——2Isaïe,c.I,v6.'——3Job,e.l5,v.l6. —
"Ps. 37,v. 5. — 5 Ibid. 89, v.13. — 6Tobie,c. 4, V. N.
140 n'' JOUR. n‘ MÉD1TATION.
sir de l'élévation. Et vous, ô mépris , injures et oppro
bres! venez tous à moi, et attaquez-vous à moi pour
venger le mépris que j’ai fait de Dieu.
4° Acte de haine de soi-même. O détestable amour
de la sensualité ! c'est toi qui m’as fourni des armes
pour attaquer mon Dieu, c’est toi qui as été la cause
de tant de crimes; mais maintenant, à mon. tour , je
vais aussi moi-même tirer vengeance de toi. La sen
tence est portée : qu’il soit détruit ce corps de péché ‘.
Courage donc , ô mon âme ! fais de généreux efforts ;
enflamme-toi , comme S. Bernard, d'une divine colè
re, et , saintement irritée contre toi-même, écrie-toi
avec cet illustre pénitent: Que Dieu se lève, que la
chair périsse, que l'homme ennemi soit méprise; ce
contempteur de Dieu, cet amateur de soi-même , il
est coupable de mort ; qu’il soit crucifié. Désormais ,
que l’amour de la sensualité , que le désir de l'éléva
tion ne me détourne pas de votre service , qui est ma
dernière fin , et ne fasse point perdre à mon âme
l'indifférence qu'elle s'est proposée hier.
GONSIDÊR ATION.
DE LA DOUBLE RACINE DES PÊCHES.
‘Rom.,c.8,v. 6.
son LA DOUBLE RACINE 1ms pÉcaÉs. 441
rence qu'on se propose, et on ne tendra pas directe
ment à sa dernière fin. Aussi ai-je dit plus haut , dans
la lecture spirituelle, S I , n° 3, et avec intention ,
qu'en nous livrant aujourd'hui à de plus vifs senti
ments de douleur et de haine pour les péchés que
'nous avons commis, nous devons en produire des
actes qui remontent jusqu’à la source même de nos
fautes; car le second fruit de 'ce jour consiste à détes
ter la cause de nos iniquités.
Or, deux choses constituent ce funeste germe : l"
la première, c'est le désir d'exceller , ou l’orgueil ; 2°
la seconde, c'est la soif des jouissances , l'amour de
soi-même , ou la sensualité : c'est de là que presque
toutes les fautes, soit mortelles, soit vénielles, dont
nous souillons notre conscience, sortent comme d'un
germe fécond , celles-là mêmes qui ont pour mère
l’avarice, qui est aussi une troisième source de nos
péchés ". La sainte Ecriture nous atteste que tous les
maux ont commencé par l'orgueil2; et S. Thomas
nous enseigne que l'orgueil est la cause première de
tout mal. Nous devons en dire autant, suivant la
doctrine de S. Ambroise, de l'amour de soi-même . du
'désir des jouissances. C'est la voix de la raison,
appuyée des leçons de l’expérience : en effet, comme
cet amour, ainsi que l'explique S. Thomas, est une
convoitise de quelque chose qui flatte les sens , et que
l'âme reçoit cette délectation par le moyen des orga
nes du corps , comme de la. vue , du goût, du tou
cher, ete., il s'ensuit que même cet amour est la
source honteuse de toutes les fautes qui se commettent
par les sens. La considération des effets que produit
‘ Abdias, v. 2 et 3.
144 11° JOUR. coNsmi'mArioN.
préféré aux autres ! Vous , horrible copie du démon,
vous avez horreur du blâme, de l’oubli et de la der
nière place parmi vos compagnons! Oui , vous êtes
plein d'orgueil ‘, si ces pensées ne vous inspirent pas,
ne vous font pas souhaiter votre propre abaissement.
Reconnaissons donc combien le souvenir d'un seul
péché que nous aurions commis, surtout d'un péché
mortel, doit être une incitation puissante à la haine
de l'orgueil et de l'amour de soi-même; et combien la
laideur d'une âme en état de péché , si on la considère
de près, est un remède eflicace contre l'orgueil et la
sensualité. Le paon étale fièrement l’éclat de sa queue
étoilée; mais s'il vient à abaisser son regard et à aper
cevoir la difformité de ses pieds , aussitôt, tout con
fus, il laisse tomber sa crête qu'il tenait si haut : ainsi, .
l'homme superbe venant à considérer la difformité de
son âme, réprimera avec une humble confusion la
vanité de ses pensées , et même , saintement indigné,
il détestera sa chair comme la funeste cause d'un si
honteux désordre.
Ne dites pas que vous avez déjà purifié , dans le
saint tribunal , les souillures que vous aviez contrac
tées ; car d'abord vous n’en êtes rien moins que cer
tain. Vous savez que vous avez péché, vous ignorez si
vous avez bien fait pénitence. Plus d'une raison peut
être jette même là-dessus votre conscience dans un
doute justement inquiétant. Mais accordons que tout
a été pleinement effacé par les larmes d’un cœur con
trit; cependant, remarquez-le bien, au moins pour le
temps où vous avez péché, au moins en vous considé
rant dans ce moment précis où vous avez consenti à
ces grandes fautes , vous serez pendant toute l'éter
nité , aux yeux de la Majesté suprême, un objet d'hor
reur , de haine et d'exécration. Fussiez-vous mainte
llsaïe, c. 16, v. 6.
ou LA DOUBLE RACINE nes pÉcnÉs. 145
nant éminent en vertu, élevé au-dessus des autres
par votre sainteté , surpasseriez-vous les séraphins en
amour pour Dieu, cependant, en vous considérant
tel que vous étiez dans le temps de votre vie auquel
vous violiez la loi du Créateur, vous avez toujours
été , vous êtes encore maintenant , et vous serez tou
jours l’objet de la colère, de l'aversion , de la ven
geance et de la détestation de la très-sainte Trinité
tout entière.
La théologie établit le fondement de cette assertion.
Car quoiqu'il y ait en Dieu des actes intérieurs qui
sont contingents, c’est-à-dire qui n'auraient pas existé
dans une autre hypothèse, ces mêmes actes, dans
l'hypothèse dont ils sont la conséquence ‘ , sont né_
cessairement éternels, puisque, si on les considère
dans leur sujet, ils sont Dieu lui-même , et par con
séquent tout aussi exempts de changement que cet
être parfaitement immuable. Ainsi celui qui , pour
un péché mortel, a été à la fois l'objet et le terme
de“ l’indignation divine , le sera toujours quant à
cette funeste circonstance de sa vie.
Et tel est le puissant motif qui a rempli les plus
grands Saints d’une 'haine continuelle d’eux-mêmes et
d’une perpétuelle humiliation, qui les a fait descen- .
dre dans l’abîme de leur néant, et qui les a armés
d'une juste colère pour se punir eux-mêmes. Quoi de
plus juste? car nous méprisons ce qui est vil, nous
haïssons et nous détestons ce qui est infâme ; et com
me le péché nous rend vils et infâmes au suprême
degré, il s'ensuit évidemment que l’état de laideur
d'une â'mepécheresse est'le motif le plus pressant de.
s'abaisser et de châtier son corps.
’ Par exemple, l'acte intérieur par lequel Dieu déteste le re-'
niement de S. Pierre, est un acte contingent; il dépend du
péché de cet apôtre, et le suppose: il en est la conséquence. il
n'existerait pas dans la supposition ou l'hypothèse contraire.
1. 13
. -h ._ -.
‘Zaeh., e. 11, v. 2.
DE LA DOUBLE RACINE mas pécmäs. 149
démons. O vérité épouvantable! ô puissant motif
d'humilité ! j'ai péché ; j'ai mérité l'enfer ; je peux
pécher encore, et par conséquent devenir la proie
de ces flammes dévorantes. Peut-être mourrai-je dans
le péché, et serai-je éternellement damné. Hélas ! je
ne manque pas de raisons probables , qui doivent
me faire craindre un tel supplice , et qui m'inspirent
ce triste pressentiment , que je pécherai encore, que
je mourrai dans le péché, et que je périrai éternelle
ment.
Va donc, orgueilleux! va , poussière et cendre ,
vil tison d'enfer , ose t'élever ; préfère-toi aux autres
après la considération de cette vérité , et , respirant la
fumée de l'abîme, mets ta complaisance en tes pro
pres qualités. O superbe! regarde, l'enfer élargit
son sein ‘ : tu demeures suspendu sur son bord , à
chaque heure le pied peut le glisser, et tu vas tomber
subitement dans ce gouffre affreux ; et tu dresses ton
front , tu portes la tête dans les nues , et tu te figu
res , avec une aveugle complaisance en toi-même ,
être déjà je ne sais quel héros ! O tyrannique incli
nation ou mal! oui, celui qui te médite sans deve
nir humble , est digne de tout le mépris qui attend
les damnés.
S'il était permis à un damné de sortir libre de la
prison de l'enfer , si on lui accordait le temps et le
moyen de faire pénitence , oh ! de combien de puni
tions volontaires, de quels affreux supplices il châ
tierait son corps ! afin que, fortifié désormais contre
'les attraits de la chair , il ne retombât plus dans cet
abîme ; .et la reconnaissance pour' une faveur si ines
timable , l'enflammant à son tour de l'amour de Dieu,
il chercherait à réparer au moins de quelque manière
l’honneur blessé de cette grande miséricorde , en sa
1halo, 0. 5, v. 14.
450 n’ moa. cousméimTmn.
1 Ecclés. , e. 7, v. 19.
1
EXAMEN
‘ Matth, c. 23, v. 6.
154 n‘ moa. EXAMEN.
‘Tobie,c. 4, v. 14
DÉFAUTS ne L'oRcUEiL , ETC. 155
mêmes les nombreux ruisseaux de vices qu'elle ali
mente. -
Ce désir des sensualités s’appelle aussi concuj
piscence. Il est , au jugement de S. Thomas , la con
voitise d'une chose qui produit une délectation , un
plaisir dans les sens. L'âme reçoit cette délectation
par l’entremise des organes du corps , comme de la
vue , du goût , du toucher, ete. Ses fil‘les sont : la
gourmandise , l'ivrognerie, la paresse , la luxure ,
l'oisiveté , la curiosité , l'envie , la colère, ete.
Examinez donc si, dans le boire et le manger,
vous n’accordez point trop au goût ; si vous ne favo
risez point votre immortification par la recherche
dans le vêtement , par la mollesse de votre lit, et en
vous accordant un trop long sommeil; si vous suivez
les satisfactions de la chair , si vous' désirez les récréa
tions , si vous fuyez le travail, si vous demeurez dans
l’oisiveté, si vous avez la retenue des yeux, si vous
enviez les avantages et le repos des autres, si vous
vous indignez contre ceux qui troublent le vôtre , si
vous cultivez des amitiés particulières , si vous aimez
avec une aflection trop tendre vos parents et vos pro
ches, si vous n'avez point d'autres défauts de ce genre.
Cherchez à découvrir lesquels de ces vices germent
davantage dans votre cœur comme une pernicicuse
ivraie. Employez tous les jours , pour déraciner cette
herbe maligne, le sarcloir de l'examen particulier,
vous souvenant de cette leçon de Thomas à Kempis :
En vérité, c'est bien nous tromper nous-mêmes que
d'avoir un amour aussi déréglé pour notre chair;
car, plus vous vous épargnez maintenant vous-mê
mes, en suivant les désordres de votre chair , plus
vous en serez châtié sévèrement dans la suite, et plus
vous amassez de matière pour ce feu ‘. Corrigez donc
vos défauts.
1 Imit. de J.-C., I. I, e. 24.
156 11° roox m’ MÉDITATION.
AVERTISSEMENT .
111° MÊDITATION.
DE L’ENFER.
Premier Point.
Deuxième Point.
Quatrième Point.
AFFECTIONS .
PREMIÈRE MÉDITATION
DE LA MORT.
Premier Point.
LECTURE
S Icr
‘ Direct. , c. 39, n° 2.
CONNAISSANCE DE SOI-MÊME. 179
1 Direct, c. 10, n° 9.
182 111’ mon. LECTURE.
5 11.
1. Après avoir jusqu'ici expliqué les moyens d'ac
quérir la connaissance de soi-même, nous yjoindrons
les deux méditations de la mort et du jugement, dont
l'importance assurément le mérite. S. Ignace dit ex
pressément qu'on peut s'appliquer à ces deux sujets;
et le Directoire en fait presque une obligation lors
qu'il dit : On ne doit omettre que très-rarement les
eaercices de la mort et dujugement ‘ : et il a raison;
car rien ne montre aussi évidemment la misère de
notre corps que la mort, et rien ne découvre aussi
manifestement la malice de notre âme que le juge
ment. Ces deux choses nous font voir plus clairement
que le jour que nous ne sommes que néant etpéché:
néant du côté du corps, et péché du côté de l'âme;
néant même de tous côtés, puisque le péché n'est
qu'un néant digne de l’enfer : preuve incontestable
que ces deux exercices de la mort et du jugement sont
d‘un puissant secours pour se connaître soi-même et
pour acquérir ensuite le mépris et la haine de soi
même, qui sont la conséquence immédiate et rigou
reuse de cette connaissance.
Et certes jamais la misère et le néant de notre corps
n'apparaissent plus vivement que quelques jours
après la mort 2. Ahl quel triste, quel hideux, quel
5 111.
I. De plus , ces deux méditations, dit le Directoire ,
ont une grande fiwce pour détourner notre âme de
Z'amour désordonné des choses humaines et visibles ‘:
tel est le second fruit qu'une fervente application doit
nous en faire retirer. Nous avons commencé à éprou
ver cet heureux effet dans la première méditation
d'aujourd'hui , qui nous a aidé à repousser bien loin,
je l'espère, la triple convoitise des richesses, des hon
neurs et des plaisirs.
Assurément je ne crois pas que rien autre chose
puisse nous détourner plus eflicacemcnt de l'orgueil
et de l’amour-propre, et de cette convoitise des riches
ses et des commodités qui naît des deux premiers vi
ces. Pourquoi, en effet, ô idolâtre insensé d'un mé
prisable néant ! si telle est, après votre mort, comme
je viens de vous la représenter, la condition de votre
corps, pourquoi, poussière et cendre , vous enorgueil
lissez-vous 2.? Si vous êtes un amas de fumier et la
pâture des vers, pourquoi votre cœur vous élève-t
il .9... Pourquoi donc votre esprit se dresse-t-il contre
Dieu 5 ? Puisque vous êtes poussière et néant , pour
1Direct., c. 15, n° 14. —- 2 Ecclés.,c. l0,v. 9. - sJob,
0.15, v. 12 et 13.
188 me moa. LECTURE.
IIe MÉDITATION.
DU JUGEMENT PARTICULIER.
Premier Point.
Deuxième Point.
AFFECTIONS.
GONSIDÈRATION.
MÉTHODE POUR SE PRÉPARER A LA MORT.
111° MÉDITATION.
' DE L’ENFANT PBODIGUE.
Premier Point.
Deuxième Point.
lllParal, c. 12, v. 5.
DE L'ENFANT PItODIGUE. 211
une , elle est dépouillée de la robe d'innocence; pau
vre, elle est destituée des lumières et des secours
célestes, elle est toute blessée par les démons, ces
cruels ravisseurs des âmes. 2° Elle périt de faim : la
manne du ciel, la méditation , la dégoûte; elle s'en
nuie du pain des anges, de la divine Eucharistie; elle
a en aversion les autres exercices de piété qui entre
tiendraient la vigueur de sa vertu; dans sa folle in
tempérance, elle n’est avide que des cosses réservées
aux pourceaux , e'est-à-dire de ses sensualités , de ses
plaisirs et de ses aises.
3° Elle est encore abandonnée, moquée, trahie
par ceux-là mêmes pour l'amour desquels elle avait
offensé Dieu : justes représailles qu'éprouve cette âme
qui avait abandonné le Créateur pour des choses
créées , qui l'abandonnent à leur tour avec une sem
blable perfidie. 4° Enfin elle est misérablement traitée
et persécutée par ces mêmes passions, par ces désirs
dépravés auxquels elle a voué un honteux esclavage.
Son orgueil la conduit aux plus décevantes humilia
tions , et c'est son amour même pour les commodités
de la vie qui la précipite dans les plus affreuses' misè
res : bien plus , de même que l'enfant prodigue dési
rait se rassasier des cosses que mangeaient les pour
ceaux , et que personne ne lui en donnait ‘ , de même
aussi cet homme est frustré de ces mêmes voluptés
dont il se proposait la jouissance en abandonnant le
souverain bien; elles lui sont refusées', ou du moins
elles lui deviennent cruellement amères par les cha
grins et les remords de conscience qui les suivent. O
état vraiment malheureux, ô état vraiment déplora
ble d'une telle âme! O que cependant le frère du
prodigue se trouvait heureux dans la maison de son
père! Cet infortuné transfuge éprouva , en se livrant
AFFECTIONS;
1 lmit. de J, 0., l. 4, v. 2.
‘I
®unumäme a - ‘Ë' C'
AVERTISSEMENT.
PREMIÈRE MÉDITATION.
DU RÈGNE DE JÉSUS-CHBIST.
Premier Point. '
AFFECTIONS .
LECTURE.
DE L'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST.
S Ier
‘Direct, c. l8,n° l.
226 w’ mon. LECTURE.
d'une main courageuse les racines de nos maux : bien
plus, nous sommes sincèrement revenus à notre père
par la pénitence, et avec l'enfant prodigue nous avons
pris la résolution inébranlable de servir ensuite , avec
une invariable constance, Dieu le meilleur des maî
tres ; et, ce qui est un précieux effet de l'indifférence
tant recommandée jusqu'ici , nous avons résolu de le
servir en la manière qu'il le veut.
Il. Or , cette manière n’est autre que l'imitation de
Jésus- Christ. Le Père éternel veut, en effet , que
nous le servions précisément en imitant Jésus-Christ;
car c'est a quoi nous avons été appelés, dit le Prince
des Apôtres , afin que non-seulement nous l'écou
tions, selon ce commandement descendu du ciel:
C'est-Ià mon Fils bien-aimé , écoutez-le ’ , mais en
core pour que nous marchz’ons sur ses traces 2; et rien
n'est plus juste , puisqu'il est le modèle que le Père a
proposé aux hommes , afin qu’en limitant nous car.
rigions et nous réqlions nos mœurs corrompues, et
que nous dirigz-ons nos pas dans les sentiers de la
paix 5 : par conséquent , la manière dont le souverain
Maître veut que nous l'honorions, nous, ses créatu
res , consiste dans l’imitalion de Jésus-Christ , comme
nous le comprendrons encore mieux par ce qui nous
reste à dire.
Dieu veut que chacun de nous le serve de la ma
nière qui est propre à sa condition et qui'est néces
saireà son salut: or, pour des chrétiens, cette manière
consiste dans l’imitation de Jésus-Christ. En effet,
comme la fin propre et essentielle de l'homme c'est
de servir son Créateur , de même la fin propre et
essentielle du chrétien c'est d'imiter Jésus-Christ;
car , dit S. Grégoire de Nysse , le chrétien est un autre
g n. o
5 m.
I. Du reste, notre Sauveur appelle tous les hom
mes à venir s'associer à une œuvre si grande et si
glorieuse 1 , je' veux dire celle de rétablir ce royaume
spirituel , qui reçoit ses accroissements , lorsque nous
procurons la gloire de Dieu en nous appliquant à
notre perfection et à celle du prochain , à l'imitation
de Jésus-Christ : il nous appelle , dis-je , tous , sans
en excepter aucun ; car Dieu nous a tous destinés à
‘Direot.,'c. 19,11» 1.
DE L'IMITATION DE JÈSUS-CHRIST. 255
\ 3 N.
I. Néanmoins , nonobstant cette indifférence, telle
doit être, suivant la pensée de S. Ignace , la disposi
tion de notre cœur, que non-seulement nous dési
rionstmais encore que nous prenions en notre âme
la ferme résolution et d'imiter Jésus- Christ, et de le
suivre leplus près qu'il nous est possible , autant que
cela peut servir à accroitre davantage sa gloire et
notre hommage 2, nous efforçant pour cela de nous
rendre parfaits dans l'état que nous avons déjà
choisi, ou dans celui que la divine bonté nous inspi
‘ Directoire, c. 19, n° 2.
244 W° J01m. LECTURE.
dans les hommes , la concupiscence de la chair, la
concupiscence des yeux et l'orgueil de la vie , sont
de tous nos ennemis ceux qui portent le plus souvent
le ravage et la dévastation dans le royaume de Dieu ,
et qui s'opposent avec le plus de fureur aux inten
tions de Jésus-Christ , voilà pourquoi, dès sa pre
mière entrée dans le monde , notre auguste Rédemp
teur à déclaré la guerre à ce triple monstre infernal ,
l'attaquant avec des armes nouvelles qui l'ont frappé
à mort. Ces armes sont l'humilité du cœur, l’austérité
de la vie et la pauvreté pratique. C'est ainsi que ,
par son exemple, il nous engage à partager ses com
bats, et nous apprend à remporter la victoire.
En effet , quoique nous nous soyons efforcés , dans
la première semaine , d'arrachcr cette dangereuse
ivraie, parce qu’elle est ‘la principale racine de nos
défauts et la cause funeste qui nous éloigne de notre
dernière fin, nous n’avons cependant alors combattu
que notre affection vicieuse pour les honneurs du
monde, les plaisirs de la chair, les commodités de la
vie et les richesses, sans déclarer encore une 'guerre
ouverte à cette horreur innée en nous de la pauvreté,
du mépris, des travaux et des douleurs. .
Comme il est nécessaire que cette horreur s'affai
blisse pour que nous obtenions l’inestimable indiffé
rence pour les richesses ou pour la pauvreté , pour
les délices ou pour les afllictions , pour tout lieu .
pour tout emploi et pour tout degré de vertu , aussi
nous appliquerons-nous , dans cette semaine , sinon
à la faire disparaître entièrement , du moins à en
amortir la vivacité, en inspirant à nos âmes l'estime,
l'amour et même le désir d'une telle disposition.
C'est pourquoi, de même que le fruit que nous de
vions retirer de la première semaine , était le mépris,
la haine et la fuite de toute affection vicieuse pour
les richesses , les honneurs et les plaisirs de la chair ,
DE L’lMiTATiON DE JÉSUS-CHRIST. 245
11e MÉDITATION.
DE L‘INCABNATION.
Premier Point.
AFFECTIONS.
Deuxième Point.
‘Jean,c.3,v.«t.
ne L'INCARNATION. ' 255
tous ces maux avec une obéissance très‘prompte , en
offrant successivement sa tête aux épines, ses yeux
aux larmes, ses joues aux soufliets , sa face à d’igno
minieux crachats , sa bouche au fiel et au vinaigre, et
tout son corps aux plaies et à une. mort cruelle. O soif
vraiment insatiable de souffrir! 6 que cet exemple de
notre Chef doit nous faire rougir, nous , compagnons
de Jésus trop délicats !
Le fruit que nous devons recueillir de cette médi
tation est non-seulement le mépris des honneurs et
la haine des douceurs et des délicatesses de la chair ,
mais encore l'estime, et de plus un commencement
d’amour pour le mépris et les souffrances , joint au
désir d’éprouver en nous comme le besoin de les re
chercher avec ardeur et de les obtenir réellement.
AFFECTIONS .
GONSIDÊRATION
SUR L'HUMILITÊ.
1 S. Augustin.
r. 22
258 1V° mon. CONSIDÉRATION
Il. Sa grande utilité nous apprend encore à l'aimer.
Tout ce qui nous est utile et profitable obtient facile
ment notre amour ; or, le premier bien dont nous
enrichit l'humilité, c'est une ressemblance parfaite
avec Jésus-Christ. Comme l'état d’abjection a été l’état
du Sauveur sur la terre , de même une âme établie
et contente en cet état est comme un autre Jésus
Christ et sa copie fidèle : ses sentiments et ses affec
tions sont tout à fait conformes aux sentiments et aux
affections de notre divin Rédempteur, qui a toujours
grandement estimé les mépris et les opprobres , les a
aimés très-tendrement, et n'a rien désiré autre chose ,
tant qu'il a vécu, que d'être dédaigné et méprisé.
Une telle âme boit au même calice avec Jésus-Christ
le vin amer de l'abjection ; elle se nourrit du même
pain de l'humiliation; elle est couverte comme lui du
même habit de confusion ‘ ; enfin elle est traitée de la
même manière que lui par le Père éternel; en un
mot, elle porte avec joie l'ignominie de Jésus- Christ2,
Ïestimant un plus précieux trésor que les richesses
des Egyptiens 5. .
Mais qui nous dira dignement combien il est avan
tageux de faire revivre en nous tous les traits de notre
divin Sauveur; de nous revêtir de ses mêmes habits ,
et de nous parer de ses couleurs; d'avoir le même
goût et la même volonté; d'estimer ou de mépriser ,
d'aimer ou de haïr , de rechercher ou de fuir les mê
mes choses que lui; d'être conduits par le même
esprit, et comme animés par la même âme, d'être
enfin, par cette ressemblance de mœurs et cette société
de condition , la joie du cœur de Jésus , sa couronne
et ses délices '? Comment donc ne pas aimer l'humilité
qui associe notre âme à Jésus-Christ , qui la rend
EXAMEN
1 5. Bernard. _- 211m1.
SUR L'nUmLHÉ. 265
pense rien , ilne dit rien de grand de lui-même, mais
' il se juge le dernier de tous ‘ ; 2" à supporter patiem
ment et en silence que les autres tiennent la même
conduite envers nous; 3° à désirer même qu'il en
arrive ainsi, et à en chercher avec soin l'occasion ; 4°
à nous réjouir, dans notre cœur, si, selon notre
désir, on nous condamne , et à en rendre grâces à
Dieu. Examinez maintenant si vous êtes arrivé à l’un
de ces degrés, et auquel vous êtes arrivé; voyez vers
lequel vous avez résolu de diriger désormais vos
efforts, et quels moyens vous voulez prendre pour y
parvenir.
Enfin on distingue trois qualités de l'humilité. La
première , c’est qu'elle doit être volontaire en nous;
car les voleurs aussi s'humilient par force : l'humilité
qui se plaint ne mérite pas le nom de vertu. La deu
xième , c'est d'être sincère; 'car le masque de l'humi
lité est le comble de l'orgueil2 : il y en a qui s’humi
lient par feinte 5, qui cherchent dans l'humilité la
gloire de l'humilité 4‘, qui afltigent leur corps par
l'abstinence , et qui cherchent dans leur abstinence
les honneurs et les faveurs des hommes 5. Cette hu
milité hypocrite et couverte du manteau de la vertu ,
n'est qu'ambition. La troisième qualité de l'humilité ,
c’est la discrétion, qui nous l'ait discerner quand et
combien , en quel lieu et en quelle occupation , par
quel moyen et de quelle manière, pour quelle fin et
avec quelle prudence nous devons nous humilier;
afin qu'un supérieur ne s'expose pas à ne pouvoir
plus assujettir la conduite de ses inférieurs au joug
de la discipline , en s'humilient lui-même plus qu'il
ne convient 6.
Examinez donc 1° combien volontiers et combien
''fi.'
ne LA NATIVITÉ DE JÊSUS-CHRIST. 267
[Ile MÉDITATION.
DE LA NATIVITÉ DE JÉSUS-CHRIST.
Premier Point.
1 S. Bernard.
DE LA NATlVlTÉ DE näsos-cumsr. 2H
AFFECTIONS.
D O
0 0
ŒÛÆËŒ sonna
PREMIÈRE MÉDITATION.
DE LA FUITE DE JÉSUS-GHBIST EN ÉGYPTE.
Premier Point.
Deuxième Point.
Troisième Point.
AFFECTIONS .
LECTURE
s le!
‘ Direct.,c. 34 , n° 3.
292 v" JOUR. LECTURE.
5 111.
I. Nous avons trois choses à expliquer à l'égard de
l'élection: 1° la disposition d'esprit de la part de celui
qui veut faire un choix , 2° la manière de bien choisir,
3° la matière ou les points de l’élection. Pour ce qui
regarde la disposition d'esprit, elle renferme, selon
le Directoire 5 , trois conditions, 1° une entière indif
férence pour toutes choses , 2° l'extinction de toute
affection désordonnée , 3° une forte inclination à ce
qui est le plus parfait. Tout ce que nous avons déjà
dit et tout ce que nous dirons encore , nous montre
évidemment avec quelle sagesse S. Ïgnace, dans les
exercices de cette deuxième semaine, nous porte à
1 Liv. des Exercices. — 2 Direct., e. 19, n° 3, et e. 34, n“ 3.
v-3Ibid.,c.33,n°3et-'4,etc.23,n°3. ' '
PRÉPARATION DE L'AME A L'ÉLECTION. 295
1 Directoire, c. 23, n° 3.
9.94 v° JOUR. LECTURE.
sidérer si on ne conseillerait point à quelqu'un à qui
on souhaiterait le même degré de perfection qu'à soi
et qui nous consulterait sur une affection semblable
à'celle qu'on ressent soi-même , si on ne lui conseille
rait pas, dis-je, d'y renoncer; 3° se demander si, à
l'heure de la mort , on ne désirerait point avoir suivi
une autre règle que cette affection ; 4" enfin , voir si
elle est si pure qu'on ne doive pas y trouver l'ombre
même de la vanité au jour dujugement ‘. Celui qui -
avec cette pierre de touche , éprouvera sérieusement
et à plusieurs reprises ses propres aflections , recon
naîtra sans peine et séparera ce qui est précieua de
ce ai est vil 2. '
îes moyens de corriger nos mauvais mouvements
sont , 1° de plier ces affections vicieuses en sens
inverse , en sorte que si. on sent son cœur incliné vers
les honneurs du monde , on le ramène , au contraire ,
vers l’amour du mépris; 2° d'intéresser la bonté de
Dieu par des prières assidues, par des pénitences
corporelles , par d'autres exercices de piété , et de lui
demander avec ferveur qu'il nous inspire l'attrait de
la vertu opposée à notre mauvaise inclination, en lui
adressant ces pieux soupirs ou d'autres semblables .
Seigneur, donnez-moi l'estime de l'humilité, l'amour
de la patience et le désir des soufi’rances ; 3° d'offrir
souvent dans le jour, à la souveraine Majesté, un
cœur libre de tout désir illégitime, conduit par une
intention pure et indifférent pour tout , protestant
que désormais notre âme ne désirera ni ne haïra , ne
voudra ni ne refusera rien que dans la seule vue
d'honorer et de servir Dieu. Par ces sages moyens ,
nous pourrons facilement discerner les affections
suspectes , corriger celles qui sont vicieuses et nous
mettre en état de faire un bon choix; car il arrive
11e MÉDITATION.
Premier Point.
AFFECTIONS .
:oNsmÊn “nos.
DE LA HORTIFICATION.
‘ S. Bernard. — 2 S. Ambrcise.
512 v" JOUR. CONSIDËRATION.
tion comme pécheurs ; car nous avons péché, notre
conscience l'atteste , et la vérité éternelle nous assure
qu’il nous faudra satisfaire pour notre péché : Rien
de souillé n'entrera dans la céleste patrie ‘. il est
vrai que la coulpe du péché est remise par une bonne
confession; mais la peine temporelle due au péché
reste encore à expier. La dette de cette peine est une
tache; aucune tache n'entre dans le ciel :donc au
cune âme n'y entrera avec cette dette; donc cette
dette doit être payée ou en cette vie par la mortifica
tion , ou en l'autre par le feu : l'un et l'autre est cer
tain. Si vous ne voulez pas brûler unjour, il est donc
nécessaire que vous acquittiez maintenant vos dettes,
en les payant d'avance par des austérités volontaires:
la mortification nous est donc nécessaire, parce que
nous sommes pécheurs.
3° Mais cette vertu n'est pour personne aussi né
cessaire et aussi essentielle comme elle l'est pour les
religioux ; car l'état religieux n'est qu'une continuel
le mortification des sens, la mort des appétits et le
sépulcre de la concupiscence. Que convient-il à des
religieux , par l'obligation de leur règle, de faire
autre chose que de s'assujettir à une continuelle vio
lence , que de vivre pour Dieu seul et de mourir tous
les jours à euxmiêmes et au monde? Oui , ces deux
mots : abstiens-toi, supporte , sont les deux pôles
autour desquels roule la vie religieuse : en un mot,
le religieux est un homme qui est crucifié au monde
et à' qui le monde est crucifié , c'est-à-dire qui est en
opposition avec le monde , qui n'estime , qui n’aime
et ne désire que ce que celui-ci méprise , hait et
déteste ; il trouve insipide ce que la chair trouve
délicieux ; il poursuit l'amour-propre d’une haine
continuelle : telle est la condition de l’état religieux.
T,{.._.7_.Çra__.. .._—.. ‘M . -N
DE LA HORTIFICATION. 515
eês .
520 v” mon. exsuen !
EXAMEN
lIlc MEDITATION.
Avorüuement.
Premier Point.
Deuxième Point.
AFFECTIONS .
Pull.
Avertissement du traducteur. 7
Lectures particulières pour la retraite de huitjours. 11
RETRAITE DE HUIT JOURS.
Préface de l'auteur. . l3
la traduction aux Exercices de Retraite. 17
PREMIER JOUR.
1"' Ilinrunou. De la fin de l'homme. 45
Lac-mu. Sur le premier exercice, que S. Ignace appelle le fondement. 52
Il" Mitnrrnlon. De la fin de l'homme religieux. 7l
CoIS'IDIIATIoN. Sur l'indi/fe'rence à tout lieu, charge , emploi et étatdc
santé. 79
EXAIII. Des obstacles à l'indifférence. 89
[11° Mini-“non. Répétition des deux précédentes. 91
DEUXIÈME JOUR.
1" Mémrnrou. Du châtiment du péché des anges et du péché d'Adarn. 99
Lien“. De la douleur et de la haine du péché. l I0
I1” MI’Inn-u-Ion. De nos propres péchés. 33|
Consmtmnon. De la double racine des péchés. H0
EXAMEN. Sur les defauls qui viennent de l'orgueil et de l'amour--propre 152
III° Mtmnnom De l'enfer. l56
TROISIÈME JOUR.
1" MÉDITATIoN. De la mort. ' l68
Luron. Sur la connaissance de soi-même. . 177
11° MÉDI‘I-ATIŒI. Du jugementparticulicr. l92
CoasmÉunox. Méthode pour se préparer à la mort. ‘99
"1° lltnrn'noa. De l'enfant prodigue. 208
QUATRIÈME 101m.
Aoertissemen t. 217
I" lllx’mlrnmn. Du règne de .la'stts- Christ. 218
Lscrun. De l'imitation de Jésus- Christ. 2'25
ll° MÉDITA'I-Ion. De l'incarnation. 247
COMIDÉIATIoN. Sur l'humilité. 255
Ennxn. Sur la même vertu. 263
lll" Mémnrwn. De la Nativité de Jésus-Christ. ' 267
CINQUIÈME JOUR.
1" MÉDITATION. De la fuite de Je'sus- Christ en Egyptc. 273
Luron. Sur la préparation de l'âme à l'élection. 280
11° llûmnnou. De la vie cachée de Jésus-Christ. 30‘
CQMIDËIM-IoI. De la momification. 310
Ennui. Sur la même vertu. 320
Il!‘ Mñmruxox. Js'sus- Christ demeure trois jours au temple. 326
H1! Dl LA TAILI.
LECTURES PARTICULIÈRES
roux
LA RETRAITE DE HUIT JOURS.
PREMIER JOUR. — l" Mimnnon. Mallh. , chap. 6, verset l9,jusgu'à la
fin. — lmi'lation de J.-C., liv. 3, chap. 37.
11° MÉDITATIon. Philip. , e. 3, o. 7,jusqu'à la fin. — Imilat. , l. 8, c. IO.
III° Msmrnlon. Lue, 0 I2. -— ImiL, l. 3 , 1'. I7.
DEUXIÈME JOUR. -— I" MÉDITATIon. Il Pierre, 0. 2. -— ImiL', l. 3 , c. l4. .
Il" Mtmnnon. IJean, c. 2, o. l- 17. — Inn'l. , l. 3 , cs7, 11° 2. _
III" Mitmnnos. Mallh. , c. 25. — Imital., I. l , c. 24 , n" 3, 4 , 6e! 7. j
TROISIÈME JOUR. — I“a MÉmnnox. Rem. , c. 5. — Imil. , l. l , c. 23. i
l
Il” Mi'amnnon. Il Cor. , c. 5. -- Imilat. , l. l, e. 24 - n° l , 2, 4 et 5.
111° MÉDITATIon. Luc, c. 15. - Irm'lat. , l. 4 , c. 9, n° 2, 3 e16. iI
QUATRIÈME JOUR. — l" MÉDITATIoN. Jean , c. [5. -— Imit. , I. l , c. l , n°1
Iel2;l.2,c.l,n°let2. "
II° Mlolrnloa. Plu'h'p. , c. 2. — Imilat. , I. 2 , o. I , n° 5 cl 6. - 3
111° Mtnlnnou. Lue, 0. 2, v. l-20. — Imr'lal. , I. 3, 0. IS. 3 '
CINQUIÈME JOUR. — l" Mtmnnon. lle'br. , c. 3. -— Imr'l. , I. 3 ,0. I5. .l
II° Ms’mnnon. Philipp. , r. 4. — Imilal. , l. 3 , 0. I3. '
Ill” Mioirnxos- Mail/r. , 0. 10,17. 28, jusqu'à la fin. -— ImilaL, l. 3, c. 323;
SIXIÈME JOUR. — 1"' Mitmrnlos. Il Con, c. 6. —- ImitaL, l. 3, c. 56. ' '
Il" MÉDITATIon. GaIal. , c. 3. — ImiL, I. 3, c. 27.
III" Msmnnor. Malt/1., c. 5. -— Imilat. , I. 2 , c. il.
.a.‘
vu. ='{'
SEPTIÈME JOUR. —- I" Mitmnnos. Jean, c. I8. — ImiL, 2'. c. 2,- l. 3
6. 4l.
11° Mlmnnon. Jean , 0. I9, o. 1-27. — 14m. , l. 3 , 0. I9.
III° Mini-“non. Lue, c. 23 — ImilaL, l. 2, c. 12, n° I , 2,5, 6, 7 et 9.
HUITIÈME JOUR. — I" MÉIIITA'I-Ion. 1 Cor. , c. I5. -- ImilaL, l. 3 , c' 49' 1-.
Il° MÉDITATIoN Jean, c. 14. — Imilat. , l. 2 , c. 7 et 8.
"1° MÉDITATIoN. IJean , c. 4. -— lmilat. , I. 3 , c. 34.
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LEC'I'URES PARTICULIÈRES
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