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Sigal Pierre André. Comment on concevait et on traitait la paralysie en Occident dans le haut Moyen Age.. In: Revue d'histoire
des sciences, tome 24, n°3, 1971. pp. 193-211;
doi : 10.3406/rhs.1971.3210
http://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1971_num_24_3_3210
(1) Augusto Beccaria, / codici di medicína del periodo presalernitano (secolo IX,
X, XI), Roma, 1956, et Ernest Wickersheimer, Les manuscrits latins de médecine du
haut Moyen Age dans les bibliothèques de France, Paris, Editions duC.N.R.S., 1966. Ces
manuscrits recopient ou résument la plupart du temps les œuvres des médecins de
l'Antiquité. Au xne siècle, en particulier à Salerne, des traités plus originaux furent
élaborés. L'un des plus connus est la Praclica Brevis attribuée à Johannes Platearius.
L'édition utilisée ici est celle publiée à Lyon en 1525. Il y a eu au xne siècle deux célèbres
médecins salernitains appelés Platearius : Johannes et Matthaeus, probablement de la
même famille. On attribue en général la Pralica Brevis à Johannes, tandis que Matthaeus
est considéré comme l'auteur du Liber de simplici medicína, utilisé également pour cet
article.
(2) II faut pourtant citer deux études pionnières : F. Vercauteren, Les médecins
dans les principautés de Belgique et du nord de la France du vine au xine siècle, Le
Moyen Age, 1951, nos 3-4, pp. 61-92 ; et E. Wickersheimer, Les guérisons
miraculeuses du cardinal Pierre de Luxembourg, 1387-1390, Comptes rendus du IIe Congrès
International de l'Histoire de la Médecine, Evreux, 1922. A noter également le chapitre
plein d'intérêt consacré par Juan Uria à l'aspect médical du pèlerinage à Saint-Jacques-
de-Compostelle dans l'ouvrage collectif de L. Vasquez de Parga, J. M. Laccara et
J. Uria, Las peregrinaciones a Santiago de Compostela, Madrid, 1948, 3 vol.
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(1) L'essentiel de la documentation utilisée concerne les xie et xne siècles, période
très riche en recueils de miracles et que j'étudie par ailleurs dans le cadre d'une thèse
de doctorat. Les recueils utilisés sont les suivants : Miracles de saint Benoit à l'abbaye
de Fleury-sur-Loire (du ixe au xiie siècle), édités par E. de Certain, Paris, 1858 ;
Miracles de saint Vulfran à l'abbaye de Saint- Wandrille (deuxième moitié du xie siècle),
édités en partie par Dom J. Laporte, « Société d'Histoire de Normandie », Mélanges,
14e série, 1938, pp. 21-83, et en partie parles Ada Sanctorum, Société des Bollandistes,
Anvers-Bruxelles, depuis 1643 (cet ouvrage sera désigné désormais par le sigle AASS),
mars, t. III, pp. 150-161 ; Miracles de saint Aubert de Cambrai (xie-xne siècles), Ana-
lecta Bollandiana, t. XIX, 1900, pp. 198-212 ; Miracles de saint Onen à Rouen (deuxième
moitié du xie siècle), AASS, août, t. IV, pp. 826-839, et Analecta Bollandiana, t. XX,
1901, pp. 169-176 ; Miracles de saint Adalard de Corbie (deuxième moitié du xie siècle),
Migne, Patrologie latine, t. XLVIII, col. 1064-1074 ; Miracles du Précieux Sang à
l'église de la Trinité de Fécamp (fin du xie et début du xne siècle), publiés par l'abbé
Sauvage, « Société d'Histoire de Normandie », Mélanges, 2e série, 1893, pp. 9-49 ;
Miracles de saint Gilles (premier tiers du xne siècle), Monumenla Germaniae Historica,
Scriptores, t. XII, pp. 316-323, et Analecta Bollandiana, t. IX, 1890, pp. 394-421 ;
Miracles de Notre-Dame de Coutances (première moitié du xne siècle), édités par E.-A.
Pigeon, Histoire de la cathédrale de Coutances, Coutances, 1876, pp. 368-383 ; Miracles
de saint Gibrien en 1145 à l'abbaye Saint- Rémi de Reims, AASS, mai, t. VII, pp. 618-
650 ; Vie de saint Gérard, fondateur de la Sauve-Majeure (vie composée dans la première
moitié du xne siècle), .AAS-S, avril, t. I, pp. 414-430 ; Miracles de saint Angilbert à
l'abbaye de Saint-Riquier (début du xne siècle), Dom J. Mabillon, Ada Sanctorum
ordinis Sancti Benedicti, t. IV, lre partie, pp. 131-145 ; Miracles de saint Aile (ou Agile)
à l'abbaye de Rebais (xne siècle), AASS, août, t. VI, pp. 587-596 ; Miracles de saint
Gilduin à l'abbaye Saint-Père de Chartres (deuxième moitié du xne siècle), Analecta
Bollandiana, t. I, 1882, pp. 154-177 ; Miracles de Notre-Dame de Rocamadour (deuxième
moitié du xne siècle), édités par le chanoine Albe, Paris, 1907 ; Vie de saint Bernard,
pénitent à Saint-Omer (fin du xne siècle), AASS, avril, t. II, pp. 674-691 ; Miracles
de saint Eloi à Noyon (fin du xne siècle), Analecta Bollandiana, t. IX, 1890, pp. 426-434.
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(1) E. Wickersheimer, op. cit., pp. 8-9. Il ne semble pas d'ailleurs que les Arabes
aient apporté de grandes nouveautés dans l'étude et le traitement de la paralysie.
(2) Sur les idées de Galien, cf. H. Vigouroux, Etude sommaire de la physiologie de
Galien, thèse de médecine de la Faculté de Montpellier, 1878.
(3) Galien, De symptomatum causis, I, édit. G. Kuhn, Galenus, opera omnia,
Leipzig, 1822-1833, vol. VII, pp. 110-111 : « Sic igitur et nervus si crassior et durior
quam pro sua nátura sit redditus, facultatis ipsius delationem oblaedet. Sane crassior
erit si vel glutinosis vel crassis alatur succis, vel violente frigore, sit stipatus. Si autem
a duro aliquo corpore illi extrinsecus occursante comprimatur, ne sic quidem liberum
facultati transitům praebebit. Proinde qui nervi laqueis vel manibus constringuntur et
qui extrinsecus ab alicujus partis vicinae phegmone vel scirrho comprimuntur et
qui aut luxatis aut fractis ossibus angustiores fiunt, omnes primo quidem torpent,
postea vero omnino sensum motumque perdunt : vocaturque ejusmodinervorum vitium
paralysis, nervorum resolutio : quae quum in eodem génère cum torpore sit, magnitudine
ab eo differt. «
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(1) Grégoire de Tours, De Virlutibus Sancti Martini, II, chap. 56, édit.
H.-L. Bordier, « Société de l'Histoire de France », Paris, 1860.
(2) Un adolescent élevé au monastère de Saint-Nicolas d'Angers guérit de la façon
suivante : « Nam nervorum quibus antea constrictus fuerat vinculis dissolutis, sangui-
nem erupisse conspeximus, qui ad terram usque per ejus suras defluens, cunctis quod
factum erat in eo sanitatis signum propalabat », Miracles de saint Nicolas ď Angers,
§ 4, Catalogue codicum hagiographicorum... in Bibliotheca Nationali Parisiensi, 1889-
1893, t. III, pp. 161-162.
(3) Miracles de saint Gilduin, § 18-19.
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hémiplégies (16 cas) sont nettement plus rares. Pour ces trois
derniers cas on ne peut douter qu'il s'agisse vraiment de paralysies
à cause de la concordance de plusieurs symptômes.
C'est peut-être pour l'hémiplégie que les descriptions sont les
plus intéressantes. Voici d'abord un cas d'hémiplégie droite ; il
s'agit d'une femme adulte, ainsi caractérisée :
« Dextrum latus emortuum, bracchium cum manu aridum, coxam cum pede
uno anno et amplius contractam habebat » (1).
de paralysie des jambes : « Extensione atque conclusione exerceant eas partes, non
tamen sine suasione, qua non solum aliorum motibus exerceantur, verum etiam suis
ipsi connitantur. » Caelius Aurelianus est un médecin romain assez mal connu. On pense
généralement qu'il a vécu au ve siècle et il est surtout connu comme traducteur du
célèbre médecin grec du ne siècle Soranos d'Ephèse. Plusieurs de ses traductions ou
adaptations figurent dans un manuscrit du ixe siècle actuellement à Chartres, mais qui
proviendrait, selon certains historiens, de l'abbaye de Fleury-sur-Loire, cf. J. Tribalet,
op. cit.
(1) Ainsi l'antidote blanca (le mot semble féminin à cette époque), ainsi appelé,
car il purge les humeurs blanches, c'est-à-dire le flegme, l'antidote benedicta car il est
béni par ceux qui l'utilisent, l'antidote hierapicra dont le nom provient de sa saveur
amère. V Antidotaire Nicolas dont l'auteur serait, d'après Ludwig Choulant, le
médecin salernitain Nicolaus, aurait été écrit dans la première moitié du xne siècle. Il a été
imprimé pour la première fois à Venise en 1471. Une traduction française du xive siècle,
malheureusement incomplète, a été éditée par le Dr Paul Dorveaux, V Anlidolaire
Nicolas. Deux traductions françaises de V Anlidotarium Nicolai, l'une du XIVe siècle...
Vautre du XVe siècle..., Paris, 1896.
(2) Les manuscrits utilisés sont les suivants : Bibliothèque Nationale, manuscrits
latins n°s 7021, 11218 et 11219; Bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier,
manuscrits n° 185 (provenant de l'abbaye Saint-André de Villeneuve) et n° 382.
Egalement deux antidotaires publiés par H. Sigerist, Studien und Texte zur fruhmiltelatter-
lichen Rezeptliteratur, Leipzig, 1923, pp. 36 et 119 : l'Antidotaire de Glasgow,
probablement d'origine italienne et l'Antidotaire de Bamberg.
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(1) Ces substances figurent presque toutes, avec l'indication de leurs propriétés,
dans le Liber de simplici medicína appelé aussi Circa instans et plus tard le Grand
herbier de Salerne, attribué au médecin salernitain Matthaeus Platearius. Cette
pharmacopée, l'une des plus célèbres du Moyen Age, a été rédigée au xne siècle. C'est en
fait une édition revue et très augmentée du De gradibus simplicium de Constantin
l'Africain. L'ouvrage a été imprimé dès 1488, mais l'édition utilisée ici est celle de 1525.
Une traduction française du хше siècle a été publiée par le Dr Paul Dorveaux avec un
glossaire très pratique : Le livre des simples médecines, Paris, 1913.
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Conclusion