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DICTIONNAIRE
UNIVERSEL

DES SCIEIES, DIS LETTRES ET DES ARTS


L’Auteur et les Éditeurs de cet ouvrage se réservent le droit de le faire traduire
dans toutes les langues. Ils poursuivront, en vertu des lois, décrets et traités inter-

nationaux ,
toutes contrefaçons et toutes traductions publiées au mépris de leurs
droits.

Le dépôt légal de cet ouvrage a été fait a Paris dans le cours du mois de no-
vembre 1854, et toutes les formalités prescrites par les traités ont été remplies dans
les divers États avec lesquels la France a conclu des conventions littéraires.

AVIS.

Tout exemplaire de cet ouvrage non revêtu de la griffe de l’Auteur et des Éditeurs
sera réputé contrefait.

Ch, Lahure et 0*®, imprimeurs du Sénat et de la Cour de Cassation,


rue de Yaugirard , 9 ,
près de l’Odéon.
, ,

DICTIONNAIRE
UNIVERSEL

CONTENANT

FOUR X.ES SCIENCES :

Les SciuffcES MÉTAPHTSiQUK^ et MORALES : Religion , Théologie Liturgie Philosophie Psychologie , Logique^ *, — ;

Métaphysique et Morale Education


; ;
— ;
,

Droit et Législation Politique , Administration Economie sociale ÿ ,

II. Les Sciences mathématiques: Mathématiques pures Arithmétique, Algèbre, Géométrie ^


^

-- Mathématiques appliquées, Mécanique


,
Astronomie. Génie, Art militaire Marine ; ,

—> Calcul des probabilités Assurances , Tontines, Loteries


—Géodésie et Arpentage; — ,

Métrologie (Mesures, Poids et Monnaies) etc.


;

, ;

III. Les Sciences physiques et les Sciences naturelles : Physique et Chimie;


— Minéralogie et Géologie Botanique Zoologie ;
;
Anatomie Physiologie
,
— , ;

IV. Les Sciences méuicalbs : Médecine , Chirurgie Pharmacie et Matière médicale ; Art vétérinaire ;
,

V. Les Sciences occultes : Alchimie , Astrologie , Magie , Sorcellerie , etc.;

FOUR LES LETTRES t

I. La Grammaire : Grammaire générale Linguistique Philologie;


La Rhétorique : Genre oratoire, genres didactique, épistolaire etc.;
II.
,

Figures , Tropes
,


III. La Poétique Poésie lyrique épique, dramatique didactique etc.
: Prosodie; ,
,

,
— ;

Les Etudes historiques : Formes diverses de l’histoire , Histoire proprement dite Chroniques, Mémoires, , etc.,

Chronologie Archéologie Paléographie , Numismatique , Blason
,

— Géographie théorique, Ethnographie, Statistique;


, ;

FOUR LES ARTS :

1. Les Beaux-Arts et les Arts d* agrément : Dessin , Peinture Gravure Lithographie , Photographie
—Sculpture et Statuaire —
Architecture —
Musique Danse et Chorégraphie ;
,
;

— ;

Gymnastique Escrime , Équitation Chasse Pêche ;


,
;

,
,

Jeux divers: Jeux d’adresse, Jeux de hasard, Jeux de combinaison ;

II. Les Arts utiles : Àrts agricoles. Agriculture, Sylviculture, Horticulture;


Arts métallurgiques, Extraction et Travail des Métaux et des Minéraux;

Arts industriels , Arts et Métiers , Fabriques et Manufactures Produits chimiques ; ,

— Professions commerciales, Négoce, Banque, Change, etc.;

Avec l’Explication et l’Étymologie de tous les termes techniques,


l’Histoire sommaire des diverses branches des connaissances humaines,
et l’Indication des principaux ouvrages qui s’y rapportent;

RÉDIGÉ ,
AVEC LA COLLABORATION d’AÜTEURS SPÉCIAÜX

PAR M.-N. BOUILLET,


CONSEILLER HONORAIRE DE L’ONIVERSITÉ , INSPECTEUR DE L’ ACADÉMIE DE PARIS,
OFFICIER DE LA LÉGION D’HONNEUR , MEMBRE DE L’ORDRE DE CHARLES III d’ESPAGNE , ETC ;

Auteur du Dictionnaire universel d'Histoire et de Géographie.

QUATRIÈME ÉDITION
REVUE ET CORRIGÉE

PARIS
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C'
RUE PIERRE-SARRAZIN, N° 14

( Près de l’École de médecine)

1859
Droit de treduction réservé.
,

PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION

Il deux sortes de difficultés qui peuvent arrêter celui qui aime à s’instruire
est
et à se rendre compte les unes se rapportent aux personnages dont les noms ont,
;

à quelque titre que ce soit attiré l’attention des hommes aux lieux qui offrent
, ,

quelque importance géographique, historique, administrative ou industrielle; les


autres, aux objets de la nature, aux créations de l’art ou de l’industrie, aux décou-
vertes de la science; en un mot, les unes se rapportent aux noms, les autres aux
choses. S’il est intéressant pour un esprit cultivé de se représenter les hommes qui
ont influé sur le sort de leurs semblables ou contribué à leurs jouissances, les
contrées qui ont été le théâtre de grands événements ou le berceau des per-
sonnages célèbres il est nécessaire pour tous de connaître les êtres qui nous
,

entourent, les forces qui animent la nature et qui agissent incessamment sur nous,
les éléments dont toutes choses sont composées; de se familiariser avec les inven-
tions de tout genre qu’a enfantées le génie de l’homme.
Dans noire Dictionnaire ibniversel d' Histoire et de Géographie, nous nous sommes
efforcé de satisfaire au premier de ces besoins, en levant les difficultés qui nais-
sent des noms propres ; dans le Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et des
Arts, que nous publions aujourd’hui , nous tentons de répondre au second, en
offrant pour l’étude des choses le même genre de secours.
Il existe déjà, il est vrai, un grand nombre d’ouvrages qui paraissent avoir cette

destination : tels sont les Dictionnaires de la langue ou Yocabxdaircs les Encyclo-


pédies de toute espèce. Mais, parmi ces ouvrages, les uns, les Dictionnaires de la
langue, ne peuvent, quelque complète que soit leur nomenclature, offrir que de
pures définitions de mots, sans |vénétrer jusqu’à la nature des choses les autres,
;

les Encyclopédies, allant au delà du but, donnent sur chaque sujet de longues dis-
sertations ou même de véritables traités, plutôt que de simples notices, et attei-
gnent ainsi de vastes proportions qui les mettent hors de la portée de la plupart
des lecteurs. Il fallait un livre qui se plaçât entre ces deux sortes d’ouvrages; qui,
moins superficiel que les premiers, moins développé que les seconds, donnât sur
chaque matière, et de la manière la plus exacte, les notions vraiment indispen-
sables, mais qui, en même temps, les présentât sous la forme la plus succincte et
la plus substantielle; et qui, à la faveur du laconisme de l’expression et d’un
choix sévère dans les détails, pût condenser toutes ces notions en un seul volume,
d’un usage facile pour tous. Il fallait, en un mot, une Encyclopédie pratique, où
trouvassent place tous les sujets sur lesquels il y a quelque chose d’utile ou d’inté-
ressant à dire. Malgré des tentatives dont on ne doit pas méconnaître la valeur,
il nous a semblé qu’un tel livre restait encore à faire . c’est ce livre que nous
avons tenté d’exécuter.
Il était, on le conçoit, impossible à une seule personne de réunir toutes les

connaissances nécessaires pour accomplir uue si vaste entreprise ; aussi avons-


nous dû, pour les parties qui ne pouvaient nous être familières, nous assurer le
concours d’auteurs spéciaux, versés dans chacune d’elles. Nous réservant, avec la
direction générale de tout l’ouvrage, les Sciences métaphysiques et morales, qui ont
été l’objet constant de nos études et que nous avons enseignées pendant vingt
années, ainsi que les Sciences historiques, qui se rattachent étroitement aux travaux
que nous avons précédemment publiés sur l’histoire et la géographie, nous avons
confié les Sciences physiques et mathématiques, avec les Arts industriels, qui en sont
l’application, àM. Ch. Gerliardt, docteur ès sciences, professeur de chimie à la
Faculté des sciences de Strasbourg auteur d’un Précis de Chimie organique qui
,
,

VI

depuis longtemps fait autorité, et d’un Traité de Chimie organique destiné à com-
pléter le grand Traité de Chimie de Berzélius (1); —
les Sciences naturelles, à
M, Ach. Comte, professeur d’histoire naturelle au lycée Charlemagne, aujonrd’luii
directeur de l’Ecole préparatoire à l’enseignement supérieur de Nantes, à qui l’on
doit, entre autres ouvrages écrits pour la jeunesse, le Règne animal de Cuvier dis-
posé en tableaux méthodiques les Cahiers d' Histoire naturelle à V usage des collèges
et un Traité d’ Histoire naturelle; —
les Sciences médicales, à M. le D'' V. Jeannoël,
,

médecin-major dans les hôpitaux militaires et l’un des officiers les plus distin-

gués du Corps de santé. La partie littéraire a été traitée par M. Alphonse Legouëz,
professeur au lycée Bonaparte, auteur de divers ouvrages classiques. La position
qu’occupe chacun de ces collahorateurs, les travaux que plusieurs ont déjà publiés,
la réputation dont ils jouissent, garantissent assez leur parfaite compétence, et
donnent l’assurance que cet ouvrage sera au niveau des connaissances actuelles.
A ces noms, nous devons ajouter ici ceux de plusieurs personnes qui nous ont
aussi prêté leur concours, quoique d’une manière moins assidue. M. Ed. Bonnier,
professeur à la Faculté de droit de Paris, a bien voulu revoir les articles de
Droit les plus importants. M. Val. Parisot professeur de littérature à la Faculté
,

de Douai, nous a donné des articles de littérature et de philologie où l’on retrouve


la solide instruction qu’on lui connaît. M. C.-R. d’Hurbal colonel d’état-major, ,

nous a fourni les documents les plus exacts sur l’Art et l’Administration militaires.
M. le D'' Rigal, médecin du lycée Bonaparte, a coopéré de la manière la plus utile
à la rédaction des articles de Médecine. M. Cap, auteur d’ouvrages couronnés par
diverses sociétés savantes, a traité la Matière médicale. M. Aggiutorib, profe.sseur
de musique, et Lun de nos plus gracieux compositeurs, a revu ce qui se rapporte
à la Musique. M. Jacquet, licencié ès sciences, auteur d’un Cours élémentaire
d' Histoire naturelle, avait préparé nombre d’articles sur les objets de scs études ;
mais une mort aussi cruelle que prématurée nous l’a enlevé avant qu’il eût pu
mettre la dernière main à son travail.
Malgré cette diversité de collaborateurs, que nécessitait la multiplicité des ma-
tières, l’unité de l’ouvrage a été maintenue avec le plus grand soin, et c’est là,
nous ne craignons pas de le dire, un mérite par lequel ce Dictionnaire se distin-
guera de la plupart des autres recueils de ce genre. On y trouvera d’un bout à ,

l’autre, le même esprit, la même marche, le même style.


L’esprit qu’on s’est efforcé d’y faire régner, c’est, avant tout, un respect scru-
puleux pour tout ce qui doit être respecté ainsi, dans les sujets qui intéressent la
:

morale ou la religion, on a écarté tout ce qui aurait pu alarmer la pudeur ou la


foi; bien que cet ouvrage ne soit pas exclusivement destiné à la jeunesse et qu’il
s’adresse à toutes les classes de lecteurs, on a voulu qu’il pût, en toute sécurité,
être mis entre les mains des jeunes gens, auxquels il sera plus parliculièrement
utile. En outre, dans toutes les matières qui sont encore controversées, on s’est
fait un devoir d’observer une stricte impartialité entre les doctrines en lutte, et
de parler avec de justes égards de toutes les opinions sincères dans ces cas, on :

s’est borné à exposer fidèlement l’état de la science, sans faire prévaloir de système.
Dans la rédaction des articles, on a partout suivi une marche uniforme. Immé-
diatement après le nom de la chose, on a donné l’étymologie du mot, quand elle
devait en éclaircir le sens, ou même seulement quand elh; pouvait aider la mé-
moire. Viennent ensuite la définition adoptée par la science, la description,
réduite aux traits essentiels et vraiment caractéristiques, les divisions et les classi-
fications consacrées, les usages et les applications de l’objet décrit ou les inconvé-
nients qu’il peut offrir. Les articles se terminent, quand il y a lieu, par une notice
historique qui fait connaître l’origine et le progrès de chaque science ou de
chaque art, l’époque et l’auteur de chaque découverte. Enfin, on a joint aux ar-
ticles principaux des indications bibliographiques, qui renvoient aux meilleurs
ouvrages publiés sur chaque matière.
Quant au genre de style, il était commandé par la nature même d’un ouvi’age
où il fallait dire le plus de choses avec le moins de mots, et qui aurait pu prendre
( i'Depuis que cos lignes sont ncrilos, nous avons en à déplorer la mon de col excellent collaliurateur, qui, tnen
que jeune ern-.in e, s’étau déjà placé, par ses découvertes et ses tliéories, au premier rang des c..imistes
: c’est une
perte également sensible pour sa famille, pour scs amis et pour la scie.uce.
vil

pour devise Res, non verba. Le style devait donc être laconique, sans cesser d’être
;

clair ;
il en outre, être éminemment exact et expressif. Or, il n’y a que la
devait,
langue scientifique qui remplisse ces conditions aucune périphrase n’eût pu rem-
;

placer, pour la description cl’im minéral, d’un végétal, d’un animal, pour l’analyse
d’un corps, pour la démonstration d’iin théorème, les termes propres et la savante
phraséologie qu’ont adoptés les minéralogistes, les botanistes, les zoologues, les
chimistes, les géomètres ce sont là comme autant de signes algébriques auxquels la
:

science moderne do.it en grande .rtie sa précision , sa rigueur et scs progrès.


'

Le nombre des personnes (|ui ou été initiées par leurs études premières au lan-
gage technique s’accroissant de jour eu jour, nous pouvions sans inconvénient
eiuprunter ce langage; néanmoins, pour venir en aide aux lecteurs auxquels il
est moins familier, nous avons de préférence employé les termes vulgaires toutes
les fois que nous pouvions le faire sans nuire à l’exactitude ; en outre, nous avons
pris soin d’expliquer, à leur ordre alphabétique, tous les termes techniques qui
étaient de nature à offrir quelque obscurité.
Pour-mieux assurer runité et l’harmonie du tout, pour éviter les contradic-
tions, omissions, les répétitions, les doubles emplois, les faux renvois, qui
les
déparent tant d’ouvrages de ce genre, nous nous sommes réservé le soin, non-
seulement de distribuer le travail entre les divers collahoratciu's, mais de coor-
donner et de reviser tous les articles, afin de les mettre en accord et de les
proportionner entre eux. Un jeune et savant professeur, que nous avons déjà
nommé parmi nos collaborateurs principaux, et qui précédemment nous avait
prêté le plus utile concours dans la préparation du Dictionnaire universel cVEisloire
et de Géographie, M. Alphonse Legouëz, nous a, cette fois encore, secondé dans
cette partie si pénible et si délicate de notre fâche avec autant de dévouement
que d’intelligence nous lui en témoignons ici toute notre reconnaissance.
:

Nous osons espérer que, giAce au concours de tant d’efforts, ce livre atteindra
sa destination et qu’il rendra quelques services. Bien que le projet de l’ouvrage
remonte à un grand nombre d’années et que l’exécution en soit commencée depuis
])i’ès de sept ans (1), il est tellement accommodé aux besoins de l’époque qu’il pourra

paraître une œuvre de circonstance*. Ilofli'e, en effet, cette association des Sciences
et des Lettres qui est aujourd’hui reconnue comme la condition indispensable de
toute éducation sérieuse et complète, association cjuc de sages réformes ont récem-
ment consommée dans tous nos grands établissements d’instruction publique (2).
En facilitant au savant et au lettré l’accès d’un nouvel ordre de connaissances, au-
quel chacun d’eux était jusque-là resté trop étranger, il contribuera à faire cesser
ce funeste divorce qui à trop longtemps existé entre les Lettres et les Sciences.
C’est surtout par la partie scientifique que cet ouvrage nous paraît devoir se
recommander. L’impulsion extraordinaire qui a été donnée depuis quelques
années à celte partie des éludes, les grandes découvertes qui ont été faites, les
applications merveilleuses que ces découvertes ont reçues, et qui ont si bien jus-
tifié, même aux yeux du vulgaire, ce mot prophétique de Bacon Savoir, c’est ;

pouvoir (3), ce sont là autant de causes qui ont appelé sur les Sciences l’attention
et la faveur universelles, et qui ont donné au plus grand nombre le désir d’y
être initié. Ce livre aidera à satisfaire un si légitime désir. Rassemblant eu un seul
corps et en un seul volume des notions qui sont éparses dans vingt dictionnaires
différents, ou perdues dans dévastés encyclopédies, les résumant de la manière la
plus brève, la plus simple et la plus exacte, il mettra à la portée de tous des.
connaissances indispensables, qui trop longtemps ont été réservées au plus petit
nombre il donnera immédiatement à riiomme du monde la définition de termes
;

techniques qu’il rencontre à chaque instant dans les livres, dans les journaux,
dans la conversation même, et qui lui offraient autant d’énigmes; la description
de machines et de procédés qu’il a tous les jours sous les yeux sans les compren-

(i) L’auteur avait, dès 1829, signé avec l’éditeur de ce livre un traité pour la rédaction d'un Dictionnaire ency-
clopédique: l’exécution, longtemps retardée par l’acconiplissemcnt de devoirs sacrés et par la rédaoCion d’autres
ouvrages, ii’a pu être effectuée par lui qu’à la suite de la Révolution de, isàS, qui luiavait fait des loi.sirs prématurés.
(2 Voir le décret du lo avril iS52, le Plan d'etudes du 30 août 1852 et les Programmes qui y sont annexé.s.
)

(3) « Scientia et putentia humana in idem coincidunt, » Novum Organum, lib. I, aphor. 3 (vol. Il, page 9 de notre
édition).
VIII

dre; ilrappellera à l’étudiant, peut-être même quelquefois au savant, les élé-


ments propriétés essentielles d’un composé chimique, les caractères distinc-
et les
tifs d’une famille ou d’un genre en botanique, en zoologie; il indiquera à la mère
de famille les symptômes d’un mal naissant et les premiers remèdes à y apporter.
S’il ne satisfait pas complètement à toutes les questions, ce livre pourra du moins,
à la faveur des renseignements bibliographiques qu’il contient, indiquer aux
esprits curieux les sources où ils iront puiser plus abondamment.

Répondant, comme le Dictionnaire universel d'Hisioire et de Géographie, à un


besoin réel, conçu dans le même esprit, exécuté par le même auteur, sur un plan
analogue, dans les mêmes proportions et jusque dans la même forme, le Dictionnaire
universel des Sciences, des Lettres et des Arts est destiné à devenir le compagnon
inséparable de son devancier. Ces deux ouvrages forment, en effet, comme les
deux moitiés d’un même tout ils se complètent nécessairement l’un l’autre. Il y
:

a môme entre eux, malgré la différence essentielle des deux sphères de l’Histoire et
de la Science, des points de contact qui nous ont plus d’une fois obligé de ren-
voyer de l’im à l’autre c’est ce qui a eu lieu surtout pour la législation, pour les
:

institutions publiques, pour les titres de dignités et de fonctions, toutes matières


qui appartiennent également à la science politique et à l’histoire des peuples.
Le bienveillant accueil fait par le public au Dictionnaire universel d’Histoire et
de Géographie est ce qui nous a enhardi à entreprendre une œuvre devant l’exé-
cution de laquelle nous avions longtemps reculé. Nous avons apporté dans la
rédaction du Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et des Arts le môme
zèle, les mêmes soins, avec une expérience plus grande. Puisse le nouveau venu
obtenir un peu de cette faveur qui a été prodiguée à son aîné!
Paris, le 15 novembre 1854.

AVIS SUR LA QUATRIÈME ÉOITIOIV.

Quatre ans à peine se sont écoulés depuis que le Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres et
des Arts a paru, et déjà il est devenu nécessaire d’en donner une quatrième édition.
Nous ne pouvions mieux reconnaître un accueil si empressé qu’en faisant tous nos efforts pour perfec-
tionner notre œuvre. Nous l’avons revisée avec le plus grand soin, et cette nouvelle édition, nous osons
l’espérer, offrira de notables améliorations : quelques fautes, qui étaient inévitables dans un premier tra-
vail, ont été corrigées; plusieurs lacunes ont ôté comblées; les travaux nouveaux ont été mentionnés, les
découvertes récentes ont trouvé place.
Toutefois, nous sommes loin de croire qu’il ne reste rien à faire, et, pour mieux assurer le perfection-
nement progressif de cet ouvrage, nous appelons de nouveaule concours bienveillant de nos lecteurs. Nous
recevrons avec reconnaissance les communications qui auraient pour objet de nous signaler les amélio-
rations qu’il y aurait lieu d’y introduire. Déjà il nous a été adressé plusieurs indications de ce genre
que nous nous sommes empressé de mettre à profit. Nous sommes heureux de pouvoir exprimer ici toute
notre gratitude aux personnes à qui nous les devons.

Paris, le l<"' janvier 1859.


, , , , ,

DICTIONNAIRE
UNIVERSEL

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.


^ss»-

ABAQ ABBA
A,voyelle et première lettre de l'alphabet dans ABATELLEMENT ,
terme de Jurisprudence em-
presque toutes les langues connues (elle est la 13« ployé dans les Échelles du Levant pour exprimer la

dans l’éthiopien et la 10® dans le runique). Dans la sentence par laquelle le consul de France interdit tout
composition des mots, l’a placé en tète d’un mot est commerce avec les négociants qui auraient résilié
ordinairement privatif dans les langues sanscrite leur marché ou n’auraient pas payé leurs dettes.
grecque , latine, et dans leurs dérivés : athée, sans ABATTÉE , mouvement en vertu duquel un bâ-

Dieu; amens, sans raison, insensé. Dans les. nom- timent qui n’est animé d’aucune vitesse tourne au-
bres, et' valait 1 chez les Grecs, ,a. 1,000; chez les tour de son axe vertical : ainsi , l’abattée a lieu
Romains, A valait 500 (avant l’emploi du D pour cet lors de l’appareillage, ou quand le navire est en
usage ) ; Â 5,000. —
Dans le calendrier romain , A panne ou à la cape, etc. — Abattée se dit aussi de
était lapremière des lettres nundinales; il est en- l’espace entier parcouru pendant le mouvement.
core dans notre calendrier la première des lettres ABATTOIR, établissement dans lequel les bou-
dominicales. —
En Logique, A indique la proposition chers sont tenus de venir abattre et préparer les ani-
universelle affirmative Asserit A, negat E, verum
: maux destinés à la consommation. On y trouve réunis,
generaliter ambo. —
En Musique , a désigne le la. outre les cases destinées à l’abattage , u:: abreuvoir,
— Dans les abréviations, A se met, chez les anciens, une cour dallée, dite voirie, oii l’on jette les matières
pour Aulus , Augustus annus etc.; chez les mo- tirées de l’estomac et des intestins, des fonderies de
dernes, pour^teMe, etc,
,


Dans les formules mé- suif, des échaudoirs où sont lavées à l’eau chaude
dicales , â ou aa veut dire ; égale quantité de chaque et préparées les issues des animaux destinées aux
substance. —
Sur nos monnaies, A indique la fabri- tripiers. Ces établissements, de création toute ré-
que de Paris. —
Dans les formules chimiques, Ag, cente, ont fait disparaître ces tueries infectes qui
veut dire argent; A/, alumine; As, arsenic; Au, compromettaient la santé des grandes villes. Les
or ; Az, azote. abattoirs de Paris peuvent servir de modèles. Ils
ABAISSEMENT des équations. Voy. équation. sont au nombre de 5, placés aux extrémités des
ABAISSEURS (muscles). Voy. muscles. faubourgs les plus populeux ( faubourgs St-Honor^
ABAJOUES (pour au bas des joues), poches in- Montmartre, Ménilmontant, plaine d’Ivry, Grenelle).
térieures situées aux deux côtés de la bouche chez les Décrétés dès 1810, ces abattoirs n’ont été achevés qu’en
singes de l’ancien continent, les rongeurs diplos- 1818., On en trouve la description et l’historique dans
tomes et les chauves-souris nyctères, leur servent les Études relatives à l’art des constructions de
comme de garde-manger pour conserver les ali- M. Bruyère, Paris, 1823. — On a, en outre, depuis
ments elles sont formées par la distension des
: peu d’années , établi près Paris un abattoir de che-
muscles de la joue. vaux, qui n’a pas rendu moins de services que les
ABANDON DE BIENS. Foy. cession de biens. abattoirs de boucherie, en remplaçant les équar-
ABAQUE ( du grec abax ) , espèce de buffet ou de rissages qui ensanglantaient et infectaient la capi-
comptoir que les anciens employaient à différents tale , et eu fournissant à l’industrie les moyens d’u-
usages. Le plus souvent ce mot désignait une table tiliser des débris qui jusque-là étaient perdus pour
couverte de poussière ou de sable fin sùr laquelle les la plupart : cet abattoir est situé à Aubervilliers
anciens faisaient leurs calculs ou traçaient des fi- dans la plaine des Vertus.
gures de géométrie. Uabaque de Pythagore était ABBAYE, monastère d’un ordre particulier, di-
notre table de multiplication. On a depuis étendu le rigé par un abbé ou une abbesse; bâtiments du
nom d'abaque à des tableaux propres à faciliter las monastère. — On distingue abbaye en règle ou ré-
calculs. On doit à M. Léon Lalanne un Abaque ou gulière qui he peut avoir pour chef qu’un reli-
Compteur universel donnant à vue, au moyen de gieux, et abbaye en commande, qui peut avoir pour
lignes droites tracées dans différents sens, les ré- abbé un séculier ( Voy. abbé au Dict. univ. d’Hist.
sultats de tous les calculs d’arithmétique, de géo- et de Géogr.). — Les monastères de Bénédictins, Ber-
métrie , de mécanique pratique, etc. (Paris, 1845 et nardins, Prémontrés, Trappistes, avaient rang d’aô-
1851), Voy. ARITHMOMÈTRE , HACU1NE ARITHMÉTIQUE. baye; la plupart possédaient de grands biens. On
En Architecture, on nomme abaque la tablette connaît surtout l’abbaye du Mont-Cassin en Italie ;
formant la partie supérieure du chapiteau des colon- celles de Cluny, Citeaux, Clairvaux, la Trappe, eu
nes , sur laquelle porte l’architrave ; on la nomme France; de Fulde,Corvey, en Allemagne; deSt-Gall,
aussi tailloir. en Suisse ; de Westminster, en Angleterre , etc. Les
1
, ,

AljEl ABEU
abbayes furent supprimées en France eu 17 90 et leurs tres. On distingue plusieurs espèces d’abeilles: les unes
biens réunis au domaine. Cependant il en a été 4epuis vivent en société vivent solitaires. Parmi
les autres
,
rétabli quelques-unes (Trappistes, Bénédictins, etc.). les abeilles sociales, on appelle villageoises celles
ABCES (du latin abscessus , séparation) , amas de qui vivent hors de la dépendance de l’homme, et
us formé dans une cavité accidentelle ou naturelle. dowesUçues celles qu’on soigne pour avoir du miel:
es Grecs le nommaient aposfèwie. Un abcès est tou- celles-ci ont peur type VJ commune. Apis melliflca.
.
_

jours la conséquence d’une inflammation. On dis- L’Abeille commune a le corps brun et velu.
tingue : abcès chaud ou aigu, quand l’inflamma- Son abdomen est composé de six anneaux dont le
tion a marché avec rapidité et que la tumeur est dernier cache un aiguillon piquant et barbé. Sa
rouge et douloureuse; abcès froid ou chronique, bouche est munie d’une trompe qui se cache, dans
quand la marche de l’inflammation a été lente et peu le repos , sous la tête et le thorax , et qui lui sert à
apppente , et que la tumeur est molle et indolente ;
sucer les fleurs. Ses pattes sont velues et garnies de
ahcès par congestion ou symptomatique, quand petites brosses qui lui servent à retenir le pollen
l’amas de pus dans une pariie est le résultat d’une des" fleurs et à en fabriquer la cire. Les abeilles vi-
inflammation dont le siège est dans une région vent en société dans des ruches, sous un gouverne-
éloignée. On reconnaît que l’abcès est mûr quand ment qui présente l’image d’une monarchie. Ces
on sent sous le doigt une sorte de fluctuation. Le réunions, dites essaims, qui sont ordinairement de
traitement des abcès, quand ils ne crèvent pas na- 30 à 40,000 abeilles, se composent : 1® d’ouvrières ou
turellement, ou quand ils ne se dissipent pas par atieilles travailleuses, qui sont neutres, c’est-à-dire
résorption , consiste à donner une issue à la matière sans sexe; 2® d'abeilles mâles, dites faux -bour-
purulente. On y réussit tantôt au moyen de simples dons j et 3® d’une femelle qui exerce l’autorité sur
applications émollientes ou maturatives , tantôt en téus, et qu’on nomme reine ou mère-abeille. —
les ouvrant avec le bistouri, ou en faisant la ponction, Les ouvrières sont les plus petites : les unes recueil-
tantôt en les brûlant avec un caustique ou même lent dans le calice des fleurs les matériaux dont
avec le feu. elles forment la cire et le miel , construisent avec la
ABDICATION, acte par lequel le chef d’un État cire des cellules régulières ou alvéoles, destinées à
se dépouille de la puissance suprême (pour les ab- recevoir le miel et à loger les œufs ; les autres nour-
dications les plus célèbres, Voy. le Bict. univ. d’Hist. rissent les larves issues de ces œufs, et qu’on appelle
et deGeogr^. —
On donnait aussi ce nom, chez les le couvain. —
Los bourdons, au nombre de 1,000
anciens, à un
acte par lequel un père désavouait son environ par essaim, sont plus grands que les ou-
fils comme indigne et l’excluait de sa famille : cet vrières , mais n’ont point d’aiguillon. Destinés à fé-
,
acte entraînait l’exhérédation. conder la femelle , ils sont tués par les ouvrières dès
ABDOMEN (du latin abdo, cacher, envelopper). que les œufs sont pondus et que leur rôle est, par
C’est la partie du corps faisant suite au thorax, et conséquent, achevé. —
La reine est l’àme de l’es-
destinée à contenir, en général la dernière portion
,
saim. Il ne peut y en avoir deux dans la même
des organes digestifs et l’appareil de la génération. ruche ; s’il en naît plusieurs , ou elles vont former
Cette partie, dans l’iiomme et les animaux verté- de nouveaux essaims, ou elles sont mises à mort par
brés , constitue le ventre, grande cavité qui s’étend celle qui est éclose la première. La reine est plus
entre le diaphragme, le bassin et les vertèbres lom- grande que les autres abeilles ; destinée à propager
baires, et qui contient les principaux viscères. L’ab- l’espèce, elle a été, à cet effet, douée d’une prodi-
iomen est doublé intérieurement d’une membrane gieuse fécondité ; elle pond des milliers d’œufs et eu
unie et mince, appelée péritoine, qui enveloppe tous dépose un dans chaque cellule ; il en sort un petit
les viscères contenus dans cette cavité. On y dis- ver blanc ou larve qui se transforme bientôt en
tingue trois régions : la région épigastrique qui chrysalide , puis en abeiUe. Les larves sont nourries
comprend, en avant, l’épigastre ou creux de l’es- et soignées par les ouvrières ( Voy. essaim , ru-
tomac, et, sur les côtés, les hypocondres la région
;
che, miel). —
La piqûre des abeilles est fort dou-
ombilicale, qui comprend l’ombilic et les flancs; loureuse; on calme la souffrance qu’elle cause en
la région hypogastrique^qm comprend l’hypogastre extrayant le dard s’il est resté dans la plaie , et en
et les fosses iliaques. —
Dans les poissons et les rep- faisant des onctions huileuses ou simplement des lo-
tiles, qui n’ont point de diaphragme, l’abdomen tions avec de l’eau fraîche légèrement acidulée.
se
cpnfond avec le thorax. Dans les Crustacés, il forme L’homme a su do temps immémorial exploiter
ce que l’on appelle improprement la queue de ces les abeilles la fable attribue l’invention do cet ai t
;
animaux. Dans les insqctes, il est formé d’anneaux au berger Ai’istée ,
fils d’Apollon et de la nymphe
rétractiles plus ou moins solides, et est souvent très- Cyrène. Les anciens célèbrent les abeilles du mont
allongé. Enfin , il est nul ou peu distinct dans les Ida, qui nourrirent Jupiter; celles de l’IIymette et
animaux des dernières classes. de l’Hybla, qui fournissaient le meilleur miel. En
ABDOMINAUX (poissons). Cuvier nomme ainsi France, on élève surtout les abeilles dans les an-
un ordre de poissons malacoptérygiens qui ont les ciennes provinces du Languedoc, du Dauphiné, de
nageoires ventrales suspendues sous V abdomen en la Bretagne, dans le Gàtinais et aux environs de
arrière des pectorales. Cet ordre, qui comprend la Paris. —Les mœurs des abeilles, poétiquement dé-
jdupart des poissons d’eau douce embrasse cinq fa- crites par Virgile (Géorg., IV) et par Vanière (Âpes),
,

milles Cyprinoïdes, Esoces, Süurdides, Salmones,


: ont été philosophiquement observées par Réaumur
Clupes. Schirach, Bonnet et Huber,de Genève. V. apiculture
ABDUCTEURS (muscles). Voy. muscles. L’abeille est l’emblème de l’ordre et du travail; à
ABÉCÉDAIRE, livre dans lequel ou apprend à ce titre, elle figure dans les arnioiries et les devises
lire. Voy. lecture (Méthodes de). aussi bien que dans les descriptions des poètes. —
ABEILLE ou mouche a miel, Apw, genre d’insectes On croit que les abeilles étaient le symbole de la tribu
Hyménoptères, de la famille des Mellifères, section des Francs ; on eu a trouvé dans le tombeau de Cliil •
des Apiaires , est ainsi caractérisé : antennes ordi- déric. Le manteau impérial et les armoiries de Na-
dinaireraent brisées, filiformes, composées de douze poléon étaient parsemés d’abeilles d’or. —
Le pape
ou treize articulations ; mâchoire et lèvre inférieure Urbain VllI portait des abeilles dans ses armes.
fléchies en dessous, longues et étroites; palpes maxil- ABERRATION de la lumière. On nomme ainsi
laires très-petites ; labiaux en forme de soies corps
;
une déviation apparente ou réelle des rayons lumi-
court, plus ou moins velu; premier article des tarses neux, soit que ces rayons nous viennent des astres, soit
fort grand ; un aiguillon caché à l’extrémité de qu’ils traversent les lentilles. L’aberration des astres
l’abdomen dans les femelles et les ouvrières ou neu- D’est qu’appareate. Elle est due h la combinaison du
, , , , ,

AELE 3 — ABOU
mouvement rectiligne do la lumière avecle mouvement meau dans les petites bulles de verre qui forment la
de la terre dans son orbite. Son effet est de faire dé- corps de la perle fausse, et que l’on remplit ensuite
crire aux astres dans l'espace d'une année une ellipse de cire pour leur donner plus de solidité. C’est un
dont le petit axe varie pour chaque étoile , mais dont nommé Jauuin, marchand de chapelets à Paris, qui
le demi-grand axe a pour valeur constante 20”, 25. a inventé cette fabrication.
— En Optique, on nomme aberration de sphéricité ABLÉGAT (du latin legatus, envoyé, ab hors
l'étendue plus ou moins grande dans laquelle se réu- de), vicaire d'un légat, h’ablégat est un commis-
nissent les rayons lumineux partant d’un même saire spécial chargé par la cour de Rome de porter
point , après avoir traversé une lentille. Cette dévia- à un cardinal nouvellement nommé la barrette et la
tion , due à la sphéricité même de la lentille , rend calotte rouges. Ses fonctions cessent dès que le car-
l’image confuse. On y obvie , en partie , en ne lais- dinal a reçu les insignes de sa dignité.
sant pénétrer dans le verre , au moyen d’un écran ABLET, ABLETTE. Voy. ABLE.
que les rayonsvoisins de l’axe. — Enfin, l’on nomme ABLUTION, pratique commandée par quelques
le phénomène de dispersion qui accompagne ces religions , et qui consiste à se laver à des heures dé-
mêmes rayons, abei'ration de rép'angibilité, à cause terminées. Les croyants espèrent purifier l’âme en
de leur réfrangibilité inégale. Cet effet donne lieu lavant le corps. Les ablutions étaient prescrites chez
aux teintes irisées que l’on observe sur les bords de les Juifs, les Grecs, les Romains; de nos jours, les
l’image, et que l’on peut faire disparaitre presque Indiens, les Slahométans surtout, font encore de
complètement. Yoy. achromatisme. fréquentes ablutions : les Turcs ne prient jamais
ABIÉTIISEëS {A'abies, sapin), tribu de la fa- sans avoir fait la grande ou la petite ablution. La
mille des Conifères , établie par L. Richard ; arbres grande ablution , c’est lo bain ou la purification du
gigantesques, remarquables par leur forme conique, corps entier ; elle se nomme ghoust; la petite ablu-
leurs feuilles aciculées qui leur ont fait donner le tion, qui se nomme abdest, se fait à la fontaine, et
nom A'arbres à aiguilles par l’abondance de leur consiste à laver les cinq sens. Ils ont une troisième
poUen qui forme les pluies de soufre, par la forme sorte A'ablution appelée sablonneuse ou teiTeuse :
conique de leur fruit appelé de là cône ou strobile, et elle a lieu quand il n’y a point d’eau ou qu’un ma-
enfin par les écailles doubles de leurs chatons femelles lade ne peut souffrir l’eau sans danger de mort. —
et la position réfléchie des deux ovules nus que cha- Chez les Catholiques, Vablution est une des céré-
que écaille supérieure porte à sa base. Voy. pin, monies de la messe : eUe consista en ce qu’après la
SAPIN, CÈDRE, MÉLÈZE, etc. communion, le prêtre se fait verser entre les doigts
AR1GEAT (ô'abigere, emmener, détourner). On un peu de vin et d’eau qui retombe dans le calice et
appelait ainsi chez les Romains le vol de bestiaux qu’il boit ensuite, en prononçant ces mots ; Corpus
dans les pâturages. Le mot n’a pas été maintenu tuum, Domine, quoa sumpsi etc.
dans notre droit français , mais le fait est prévu : ABOLITION (LETTRES ü’), lettres par lesquelles un
l’art. 388 du Code pénal punit d’un emprisonne- souverain , usant de son autorité, absolvait un cou-
ment d’un an au moins et de cinq ans au plus celui pable d’un crime qui eût été irrémissible selon les
qui a volé ou tenté de voler dans les champs des che- règles ordinaires de la justice. L’effet des lettres d’a-
vaux ou bêtes de charge, de gros et de menus bestiaux. bolition n’était que de remettre la peine due au crime
AB INTESTAT (pour ab intestaio, provenant d’un sans préjudicier jamais à l’intérêt civil des parties
homme qui n’a pas testé) , se dit de la succession offensées. — On nommait lettres d’abolition géné-
qui s’ouvre sans que le défunt ait fait de testament, rale celles que le roi accordait quelquefois à une
et de l’héritier même qui recueille cette succession. province, à une ville, pour crime contre l’autorité
Dans ce cas, qui est le plus fréquent, la succession royale. En 1649 le roi donna une déclaration por-
est réglée par la loi. Voy. succession. tant abolition de tout ce qui s’était passé dans la
ABJURATION , acte public et solennel par lequel ville d’Aix depuis le lundi gras de l’année 1648 jus-
on renonce à une religion fausse, à une hérésie, qu’au 20 janvier suivant. En 1660, des lettres d’abo-
à un schisme, pour embrasser la religion chi-étienne, lition furent accordées en faveur de Louis de Bour-
spécialement la religion catholique, ou pour rentrer bon , prince de Condé , et de ceux qui avaient suivi
dans le sein de l’Église. L’histoire en offre des exem- sofl parti. En 1670, les duels , les assassinats prémé-
ples célèbres : on connaît surtout les abjurations dités et le rapt par violence , furent exceptés du bé-
de Henri IV montant sur le trône, 1593 de la reine néfice de l’abolition.
;
Christine de Suède, 1655; de Turenue, 1668; ABOLITIONISTE, partisan de l’abolition de l’es-
d’Auguste 11, électeur de Saxe, puis roi de Pologne, clavage. L’abolitionisme, né en Angleterre, où il eut
1706. On a aussi remarqué dans ces derniers temps pour apôtres, au xvii® siècle \V. Penn, et au xviii'
celles de Zacharie Werner, du comte de Stolberg,
de Wilberforce , a fini par triompher presque partout;
Frédéric Schlegel, de Louis de Haller, tous quatre il n’a plus guère d’adversaires qu’aux États-Unis
littérateurs célèbres en Allemagnej celle du duc et dans les États du Midi, dont la prospérité semble
de
la duchesse d’Anhalt-Cœthen, etc. Voy. apostasie. liée à la conservation de l’esclavage ; aussi, toute la
ABLATIF. Voy. cas. population y est divisée en abolitionistes et anti-
AELE {ô’albùs, blanc, par transposition de let- abolitionistes.
tres) , Leuciscus, vulg. Poisson blanc, espèce du
genre ABORDAGE, se dit soit du choc accidentel de
Cyprin, renferme despoissons blancs d’eaudouce,dont deux bâtiments, soit de l’action d’aborder un vais-
le plus connu est V Ablette ooAblet, petit poisson
dont seau pour s’en emparer. Dans les combats de mer,
i organisation se rapproche
de celle du genre Carpe : pour exécuter l’abordage, il faut d’abord accrocher
corps aplati, argenté; tête pointue; mâchoire infé-
le vaisseau ennemi : ce qui se fait en jetant dessu.;
rieure un peu jplus longue que l’autre. 11 ne dépasse
de forts crochets en fer attachés à des chaînes ei
guère 7 centimètres. 11 est commun dans la Seine on dits grappins; puis les assaillants se précipitent ar-
;
le pêche pouren retirer une substance nacrée
nommée més de sabres, de pistolets et de haches. Les com-
essence d’Orient, dont ou se sert pour la fabrica-
bats à l’abordage conviennent surtout aux peuples
ti(m des fausses perles. — Pour préparer l’essence d’une valeur brillante; c’est à ce genre de combat
d Orient, on écaille d’abord les ablettes; on lave que les anciens Romains durent leurs victoires sui-
ensuite les écailles, on les broie dans l’eau,
puis tes Carthaginois , et la marine française une grande
on laisse reposer la matière, qui se rassemble au
partie de ses succès ; on cite les combats à l’abor-
fond sous forme d’une huile épaisse de la couleur
dage de la frégate la Belle-Poule dans la guerre
des perles. Il suffit ensuite de décanter et d’intro-
de l’indépendauce américaine, et de la corvette la
duire une goutte de cette liqueur avec un chalu- Bayonnaise couin la frégate anglaise l’Embuscade.
, , . , , ,,,

ABRO —4— ABSO


ABOYEUR, oiseau de l’ordre des Échassiers, est petits arbrisseaux élégants, aux feuilles larges et an-
une espèce du genre Cheyalier; il est à peu près de guleuses, aux fleurs pourpres, réunies en bouqviets.
la grosseur d’un pigeon et son cri a quelque rap- Le fruit est sec, insipide, impropre à l’alimentation.
port avec l’aboiement du chien. L’aboyeur habite les L’abrome est originaire de Tlnde, et réussit dans
marécages des côtes de l’Europe : c’est le Chevalier nos jardins; mais elle craint le froid.
aux pieds verts de plusieurs auteurs. ABROTANE ou abrotone. Voy. aurone.
Â6RANCHES (c.-à-d. sans branchies) une des ABRUS (du grec aôros, élégant), plante légumi-
trois grandes divisions établies par Cuvier dans l’or- neuse-papilionacée, originaire de l’Inde, puis trans-
dre des Annélides ou vers à sang rouge. Ce groupe portée en Amérique et en Afrique. Son fruit ren-
renferme les Lombrics ou Vers de terre, les Nais, les fèrme des gradues rouges avec un point noir, dont
Sangsues, et les Gordius. les Américaines se plaisent à faire des colliers et des
ABRÉGÉ. Voy. compendium et épitomé. chapelets; sa racine et ses feuilles sont sucrées, et
ABRÉVIATION (de brevis, court). Les abrévia- s’emploient au même usage que la réglisse.
tions sont de différentes sortes : 1° de pures initiales, ABSCISSE (du latin abscissus, coupé, divisé).
comme M. pour Monsieur, S. M- pour Sa Majesté; Voy. COORDONNÉES.
N, pour nord , S. pour sud , etc. ; on les trouvera ABSENCE, ABSENT (d'abs, hors de, ens, étant).
aux articles consacrés à chaque lettre de l’alphabet ; On appelle ainsi, en Droit, l’état d’une personne qui
2® des combinaisons de lettres unies entre elles par a disparu de son domicile et dont on n’a point reçu de
des ligatures ( Voy. ligatures , sigles , mono- nouvelles depuis assez longtemps pour que son exis-
grammes ) , comme dans les anciens manuscrits ; tence soit devenue incertaine. Selon la loi française,
3“ des signes purement conventionnels comme ceux l’absence est d’abord présumée, quand l’état de
qu’emploient les mathématiciens (Voy. signes), les disparition sans nouvelles s’est maintenu pendant
astronomes, les médecins, les chimistes, etc. (Foy. as- un certain temps; après quatre ans, l’absence est
tronomie, médecine, chimie, etc.). — Les abrévia- constatée par une enquête; un an après, elle est
tions étaient employées dès les temps les plus an- déclarée puis les héritiers présomptifs de l’absent
ciens : on en attribue l’invention aux Égyptiens , à se font envoyer , moyennant caution , en possession
qui les Grecs les empruntèrent; elles furent perfec- provisoire de ses biens. Après trente ans , les cau-
tionnées par Tiron, affranchi de Cicéron, de qui tions sont déchargées , et la possession devient défi-
elles prirent le nom de notes tironiennes. Déjà très- nitive. Si l’absent reparaît après l’absence déclarée
communes dans les manuscrits du vi‘ siècle, les il recouvre ses biens ; mais il laisse une portion des
abréviations le furent davantage au viii®, encore revenus plus ou moins forte , selon la longueur de
plus au IX® ; elles se multiplièrent à l’infini du x® au l’absence. S’il revient après l’envoi en possession dé-
XV® siècle. L’écriture en fut farcie, même dans les finitive, il reprend sa fortune dans l’état où elle
ouvrages en langue vulgaire, et dans les premiers se trouve, sans avoir droit à répéter les revenus.
livres imprimés. Philippe le Bel fut obligé, en 1304, Tout ce qui concerne l’absence a été réglé par le
de rendre une ordonnance pour bannir des minutes Code civil (liv. I ,
titre iv, et liv. 111, titre i, ch. 6).
des notaires, et surtout des actes juridiques , toutes ABSIDE ou APSIDE (du grec absis, arceau de
les abréviations qui exposaient les actes à être fal- voûte). En Architecture, ce mot signifie un arc ou
sifiés ou mal entendus : celte défense a été renou- une voûte en forme de croix d’une église ou d’une
velée par l’article 42 du Code civil. — L’étude des chapelle ; mais on ne sait pas bien si c’était le ves-
abréviations employées dans les anciens manuscrits tibule d’une église, ou l’ambon ou le jubé que l’on
est devenue une science : c’est une partie importante désignait sous ce nom dans les premiers temps. —
de la paléographie. On peut consulter sur ce sujet En Astronomie, on nomme absides les extrémités
les traités de paléographie de Montfaucon, de Kopp ; du grand axe de l’orbite d’une planète; en d’autres
le Nouveau traité de diplomatime des Bénédictins ; termes , les deux points où cette planète se trouve
le Lexicon diplomaticum de Walter, V Archéologie soit à sa plus grande, soit à sa plus petite distance
deVermigliosi (12” leçon); les recherches de Lacurne de la terre ou du soleil. La ligne qui joint ces deux
de Ste-Palaye sur les Antiquités françaises; les Élé- points est la ligne des absides. Le point où la pla-
ments de paléographie de Natalis de Wailly (t. I) . nète est à la plus grande distance du soleil est l’a-
ABRICOTIER, Prunus armeniaca de Linné, phélie ; celui où il en est le plus rapproché est le
arbre fruitier du genre prunier, de la famille des périhélie. Si c’est par rapport à la terre que la di-
Rosacées tribu des Amygdalées , parait être origi-
. stance est appréciée, on dit apogée et périgée.
naire d’Arménie. La fleur, d’un blanc d’albâtre, ABSINTHÉ (en grec absinùiion, qu’on dérive de
s’ouvre des premières au printemps. Tout le monde a privatif, et psinthos, plaisir) nom qui a été donné,
,

connaît son fruit parfumé : c’est un des plus agréables à cause de leur amertume , à deux espèces du genre
qu’on serve sur nos tables; on en fait des confitures, Armoise, de la famille des Composées, tribu des
des compotes , des pâtes ; on en extrait de l’eau de Corymbifères. Ces deux espèces sont la grande ab-
noyau , etc. L’abricotier réussit dans les terres qui sinthe (Artemisia absinthium) et la petite absinthe
ne sont ni trop fortes ni trop légères ; il vient en (Artemisia pontica] La première est une plante vi-
espalier ou en plein vent. Ses variétés les plus ré- vace , haute de près d’un mètre , et que l’on emploie
pandues sont ; VA. pèche ou de Nancy , VA. ave- en médecine comme tonique et vermifuge. On en
line ou de Hollande, VA. angoumois, VA. alberge. fait le vin d’absinthe connu des anciens. La tein-
On multiplie l’abricotier soit en semant les noyaux, ture alcoolique constitue Vabsinthe suisse de nos
soit en le greffant sur prunier ou amandier. L’a- tables. Le wermout n’est autre chose qu’une in-
mande du noyau de l’abricotier est amère et con- fusion d’absinthe dans du vin blanc. En chimie, on
tient un peu d’aeide cyanhydrique. Le bois laisse a nommé longtemps sel d’absinthe le sous-carbo-
parfois exsuder une gomme qui a beaucoup de rap- nate de potasse, parce que autrefois l’on préparait
port avec la gomme du Sénégal. — Le mot abricot ce sel par l’incinération et la lixiviation de la plante.
est une corruption de l’italien albicocca, dont l’éty- ABSOLU (d'absolvere délier) , se dit, en Méta-
mologie est incertaine; les uns le dérivent d’npncu;, physique, de ce qui ne suppose rien au-dessus de
exposé au soleil , les autres de prœcoquus à cause soi; de ce qui ne dépend d’aucune condition. On
de la précocité de ses feuilles; Gébelin le tire d’a- l’oppose au relatif, au conditionnel. Les vérités ab-
vercoccus, fruit à coquille qui naît au printemps; solues sont les vérités nécessaires et universelles
M. Caussin de PercevaJ dérive ce nom de l’arabe. comme les axiomes mathématiques, métaphysi-
ÂBROME (du grec a privatif, et broma, nourri- ques , etc. — Les métaphysiciens modernes, surtout
ture), genre de la famille des Malvacées, renferme de en Allemagne, ont consumé beaucoup d’efforts à la
, , ,

ABST O ABUS
recherche de l’absolu , c’est-à-dire d’une vérité pre- remplace au^Durd’hui parles détersifs nettoient
mière et incontestable qui servît de base à la science, les surfaces sans les irriter.
ou d’un être indépendant de qui tout dérivât : un ABSTINENCE (de tenere ah, tenir loin de). L’abs-
tel être ne peut évidemment être que Dieu. tinence, ou la privation de certains aliments, de cer-
ABSOLUTION [à'absolvere , délier). En Droit cri- tains pleûsirs, est prescrite tantôt par la médecine
minel, c’est, non pas l’acquittement d’un accusé, comme moyen d’hygiène ou de guérison, et elle
mais le jugement qui renvoie de l’ao<’usation un ac- prend alors le nom de diète ou régime; tantôt par
cusé même coupable , mais dont le crime ou le délit le moraliste comme moyen de combattre les désirs
n’est atteint par aucune loi. Cette distinction résulte grossiers , et de mieux assurer l’empire de Tâme sur
des articles 358, 364 et 366 du Code d’instruction le corps (en ce sens , elle a été surtout recommandée
criminelle. — En Théologie , c’est Tacte par lequel par les Pythagoriciens, qui défendaient l’usage des
le prêtre remet les péchés après la confession , en viandes par les Stoïciens, notamment par Epictète,
;

prononçant les paroles sacramentelles. Le droit de qui réduisait toute la morale à ces deux préceptes :
remettre les péchés est fondé sur ces paroles du Abstine , Sustine) ; tantôt par les religions , comme
Sauveur : « Ceux à qui vous aurez remis les péchés, moyen de mortification et de pénitence. Cette pra-
leurs péchés leur seront remis. » (S. Jean, xx, vs. tique, adoptée dans l’Inde et chez la plupart des
23.) «Tout ce que vous lierez ou délierez sur la terre, peuples orientaux, a passé du mosaisme au christia-
sera lié ou délié dans le ciel. » (S. Matthieu, xvi, 19.) nisme ; l’abstinence est prescrite par S. Paul ;
ABSORBANTS [à’absorbere, boire) En Chirurgie, Ep. aux Rom., xiv, 21.
. On distingue l'absti-
on donne ce nom à des substances spongieuses, prq^ nence proprement dite du jeûne : l’abstinence pro-
près à s’imbiber des liquides épanchés, comme la char-‘ prement dite consiste seulement à se priver d’aliments
pie, l’agaric, l’amadou, etc. — En Médecine, ce sont gras à certains jours, par exemple, dans le culte
des médicaments propres à absorber les acides qui se catholique, les vendredis et samedis , et la veille des
développent quelquefois dans les voies digestives : fêtes solennelles. — h' abstinence prolongée, ou la
tels sont le carbonate de chaux, la magnésie, etc. — privation complète d’aliments , donne lieu d’abord à
En Physiologie, on donne ce nom aux vaisseaux lym- ce sentiment de faim et de faiblesse que tout le
phatiques et aux vaisseaux chylifères dont l’ensemble monde connaît , à une grande sécheresse de la
constitue ce que l’on a appelé le système absorbant. bouche et à des douleurs épigastriques; puis l’intel-
ABSORPTION (à'absorbere , boire). C’est le phé- ligence s’affaisse; survient enfin une exaltation ner-
nomène général par lequel un corps se pénètre veuse, souvent accompagnée de délire, de fureur,
d’qn autre corps solide, liquide ou gazeux, appliqué et suivie bientôt d’une atonie complète qui se ter-
à sa surface. En Physique , l’absorption a lieu sans mine par la mort.
que ni l’un ni l’autre des deux corps change de na- ABSTRACTION (du Idilo trahere abs tirer hors,
ture : tel est le cas , en général , des substances séparer). On nomme ainsi en Psychologie : 1“ la fa-
dites hygrométriques , comme le sel , l’argile , la culté et l’opération par laquelle l’esprit, séparant co
chaux vive. — En Chimie , il y a absorption d’un qui est naturellement uni, considère les qualités in-
corps par un autre lorsque deux corps se combinent dépendamment des substances dans lesquelles elles
au contact, ou qu’un gaz disparait en se combinant résident, par exemple, la blancheur sans la neige;
avec un autre corps solide ou liquide. —En Physio- 2® l’idée qui résulte de cette manière d’envisager les
logie, on nomme absorption une fonction par la- choses, idée que l’on nomme aussi idée abstraite.
quelle les vaisseaux absorbent, pompent, tant à L’abstraction n’est pas une faculté à part : c’est l’at-
l’intérieur qu’à la périphérie de tous ies organes, tention portée sur une face des objets ; l’idée abs-
un fluide connu sous ie nom de lymphe, qu’ils traite, fugitive de sa nature, est fixée au moyen
transmettent ensuite dans la masse du sang. L’appa- d’un mot, avec lequel elle s’incorpore bientôt. —
reil qui remplit cette fonction est dit appareil lym- L’homme est natureilement porté à réaliser les abs-
phatique; il est aidé dans son action par le système tractions : c’est ainsi que les païens ont personnifié
veineux. On a longtemps regardé le phénomène de et divinisé la Beauté (Vénus) , la Sagesse (Minerve),
l’absorption comme le résultat d’une propriété vitale la Justice (Thémis) , la Jeunesse (Hébé) ; que Platon
particulière; M. Magendie a montré que c’était un et ses disciples ont réalisé, sous le nom d’archétypes,
simple phénomène d’imbibition. Voy. endosmose. d’idées, les essences de chaque genre, de chaque
ABSOUTE {d'absoudre) , cérémonie quj.se pra- espèce ; que les Scolastiques , à leur suite , ont mul-
tique dans l’Eglise catholique le jeudi de la semaine tiplié les universaux, vaines entités qui ont donné
sainte , pour représenter l’absolution qu’on donnait naissance à la célèbre querelle des Réalistes et des
vers le même temps aux pénitents de la primitive Nominaux ; que les philosophes modernes sont tom-
Église. Le prêtre récite les sept psaumes de la péni- bés dans mille erreurs en réalisant les uns l’idée de
tence, suivis de quelques oraisons relatives au re- substance, comme Spinosa, les autres les idées de
pentir qu’on doit avoir de ses péchés puis il pro- temps, d'espace, d'infini, d'absolu, comme les Ra-
;

nonce les formules Misereatur et Indulgentiam. — tionalistes allemands. CondiUac a fait voir dans plu-
C’est aussi l’ensemble des cérémonies qui précèdent sieurs de ses écrits , notamment dans son Traité des
immédiatement l’inhumation chez ies Catholiques. systèmes les dangers des idées abstraites.
ABSTEME (du latin abstemius, dérivé lui-même ABSTRAIT (nombre). Voy. nombre.
d’ûôs, sans, et femef«w,vin),se dit généralement des ABUS d’autorité ou de pouvoir. Ils peuvent être
personnes qui s’abstiennent entièrement de boire du commis contre les particuliers et contre la chose
vin, soit par régime, soit par aversion pour cette publique : contre les particuliers , lorsqu’un fonc-
liqueur. Les théologiens protestants emploient plus tionnaire viole un domicile, refuse de rendre la jus-
particulièrement ce mot pour signifier les personnes tice , exerce sans motif légitime des violences contre
qui ne peuvent participer à la coupe dans le sacre- les personnes ;— contre la chose publique, lorsqu’un
ment de l’eucharistie, à cause de l’aversion naturelle fonctionnaire requiert ou ordonne l’action de la chose
qu’elles ont pour le vin. Leurs sectes sont partagées publique contre l’exécution d’une loi, d’une ordon-
sur la question de savoir si l’on doit laisser commu- nance, d’un mandat de justice, contre la perception
nier les abstèmes. — Chez les premiers Romains d’une contribution. Les peines dont les fonction-
toutes les femmes devaient être abstèmes. tionnaires sont passibles dans chacun de ces cas sont
ABSTERGENTS {d'abs et tergere, essuyer) , remè- fixées par le Code pénal (liv. III, tit. i, art. 184, 191).
des extérieurs anciennement employés pour enlever ABUS d’autorité ECCLÉSIASTIQUE. Les cas d’abus,
les matières visqueuses et putrides de la peau, et qu’on définis par le Concordat de 1801 , sont : l’usurpa-
supposait agir par un principe savonneux. On les tion ou l’excès de pouvoir, la contravention aux lois
, , ,

ACAC —6— ACAD


et règlements de l’État, l’infraction des règles con- fort bien sans être très-sec. L’A. glutineux, dont
sacrées par les canons reçus en France, l’attentat les fleurs sont d’un beau rose; l’A. parasol, dont
aux libertés, franchises et coutumes de l’Église gal- le port £st si distihgué et qui se multiplie par la
licane. Ils donnent lieu à V appel comme d'abus. greffe sur l’acacia commun; l’A. boule, sont au
Voy. APPEL COMME d’aBÜS. nombre des plus jolies variétés que l’on ait introdui-
ABDS DE COHFUKCE. Aux termes du Code pénal tes dans nos jardins.
(lÎT. III, tit. Il, art. 406-409), on se rend coupable ACACIÉES, tribu de la famille des Légumineuses,
de ce délit : 1® en abusant des besoins, des faiblesses section des Mimosées, renferme les genres Acaefa
ou des passions d’un mineur pour lui faire souscrire (g. type) , Mimosa, Adenanthera, Darlingtonia
des obligations , quittances ou décharges à son pré- Albizzia, yachelia, Zygia, Inga, Prosopis.
judice; 2® en abusant d’un blanc-seing; 3® en dé- ACADÉMIE. Ce mot a successivement désigné :

tournant au préjudice du propriétaire des effets, de- 1®.Un gymnase d’Athènes avec de vastes jardins,
niers, marchandises, qu’on n’aurait reçus qu’à titre établi dans des terrains qui avaient appartenu à un
de dépôt; 4® en soustrayant quelque titre, pièce ou certain Académus dont il prit le nom ;
mémoire dans une contestation judiciaire. Des peines 2®. L’école philosophique que Platon ouvrit dans
graduées sont appliquées à chacun de ces délits. ces jardins vers Van 388 avant J.-C., et les diverses
ACACIA (mot dérivé, selon les uns, du grec àké, écoles qui en sortirent;
pointe, aiguillon, selon les autres, d'akakia, sans 3®. Diverses sociétés scientifiques, littéraires et ar-
méchanceté, parce que les espèces connues primiti- tistiques (pour ces académies, Voy. notre Dict. univ.
vement étaient sans aiguillons, ou n’avaient que des d’Hist.et rfeG^oÿr., et, dans celui-ci, l’art, institut);
aiguillons inoffensifs). Ce nom est appliqué par les 4®. Les divisions de l’administration universitaire
botanistes et par les gens du monde à deux genres de France- ces divisions , établies par le décret du
:

très-différents de la famille des Légumineuses. 17 mars 1808, furent d’abord en nombre égal à celui
Acacia des botanistes. Acacia proprement dit, de des cours d’appel; réduites à vingt par l’Assemblée
la tribu des Acaciées, section des Mimosées, renferme eonstituante de 1848, elles ont été portées à un nom-
des arbres dont les uns sont inermes et les autres bre égal à celui des départements par la loi du là
armés d’aiguillons; il est caractérisé par un calice mars 1850, et fixées à 16 par celle du l4juin 1854;
urcéolé, ordinairement à cinq dents, par une corolle 5®. Des écoles analogues à nos Collèges ou à nosF. -
infundibulifnrme plus longue que le calice et par des cultés ; c’est surtout à l’étranger, notamment en Bel-
étamines en nombre indéfini, et à filets libres : ovaire gique et en Prusse, que cette dénomination est usitée ;
unistyle, stigmate simple; gousse uniloculaire, sèche 6®. Des écoles d’armes d’équitation , ou môme
,

et bivalve. On en compte près de 300 espèces , à de musique; on a par suite étendu ce nom à un théâ-
fleurs jaunes, blanches, rouges ou verdâtres; la tre ;l’Opéra est dit Académie de musique.
plupart sont équatoriales. Les principales sont 1’^. 7®. Dans les arts du dessin , on nomme ainsi une
à fruits sucrés de Saint-Domingue , VA. mielleicx figure entière, peinte ou dessinée d’après un modèle
de l’Arabie, l’i4. à grandes gousses de l’Amérique, nu ou d’apiès la bosse. Ces figures étaient sans
l’jl. féroce do Chine, VA. saponaire de Cochinchine, doute ainsi nommées parce qu’après avoir été co-
VA. balsamique du Chili, VA. d’Egypte ou Gom- piées par les élèves , elles étaient exposées dans l’é-
mier rouge et VA. du Sénégal ou Gommier blanc cole ou l’académie.
qui fournissent la gomme arabique; VA. catéchou ACAJOU, nom donné à trois arbres d’Amérique
de l’Inde, qui donne le cachou; VA. pudique, qui, de genres différents :
au moindre attouchement, replie ses feuilles; VA. 1®. L’A. à meubles : il appartient à la famille
de Sainte-Hélène, dont les rameaux pendent comme des Cédrélacces et forme le genre Swietenia Mnho-
ceux du saule pleureur, etc. goni ; c’est un grand arbre de l’Amérique méridio-
L’Acacia de nos jardins, ou faux acacia, appelé nale, très-rameux ; son bois, très- dur et très-com-
par les botanistes Robinier, parce qu’il fut introduit pacte, d’un brun rougeâtre, est un des meilleurs
d’Amérique en France par J. Robin, médecin et pour les ouvrages de charpente, de menuiserie, de
botmiste du temps de Henri IV, appartient à la tabletterie et surtout d’ébénisterie. Les ébénistes s’en
section des Papilionacées. Il est caractérisé par ses servent pour fabriquer des meubles de luxe; on
feuilles pennées avec impaire, sa corolle irrégulière à l’emploie soit massif, soit en feuilles plaquées; sous
carène obtuse, ses étamines diadelphes et son ovaire à cette dernière forme , il offre les plus belles nuances,
16 ou 20 ovules surmonté d’un style barbu antérieu- et, par l’heureuse disposition des veines, forme d’élé-
rement. Tout le monde connaît son joli feuillage gants dessins. Il prend un très-beau poli , et sa cou-
ses fleurs faites comme celles des pois et des fèves leur est presque inaltérable. Ce n’est qu’au com-
pendantes en grappes de la manière la plus gra- mencement du dernier siècle que le bois d’acajou a
cieuse et exhalant une odeur suave. On en trouve commencé à être employé introduit d’abord en An-
;

dans nos bosquets de 15 à 18 espèces qui se distin- gleterre, il s’est rapidement répandu sur le continent.
guent par leur taille , le port de leurs branches , la 2®. L’A. à planches, connu des botanistes sous
couleur de leurs fleurs, tantôt blanches, tantôt jaunes le nom de Cedrela, à cause de quelque analogie
ou roses, et par le nombre de leurs épines. — L’A. avec le cèdre : c’est un très-grand arbre qui fournit
blanc, acacia commun, peut atteindre plus de vingt des planches dont on se sert surtout pour la con-
mètres; mais on en voit rarement de cette taille, struction des vaisseaux.
parce que le vent brise facilement ses jeunes bran- 3®. L’A. à pommes improprement appelé Acn-
ches ; ses racines sont traçantes ; il en sort des pousses jou, espèce d’ Anacardier, nommé par les botanistes
qui surprennent à cause de leur éloignement de la Anacardium occidentale et Cassuvium pomiferum,
tige-mère. Le bois de cet acacia se travaille bien, arbre de la famille des Térébinthacées, plus petit que
parce qu’il est dur, solide et d’une maille très-fine; les précédents, qui fournit la pomme et la noix d’aca-
il convient aux menuisiers et aux tourneurs par sa jou : la pomme n’est qu’un pédoncule très-développé
belle couleur jaune et son brillant poli. On l’emploie qui supporte la noix; la noix, en forme de rein,
comme bois de charpente en Amérique , et l’on a re- est lisse, grisâtre , et renferme une amande blanche,
marqué qu’il se pourrit difficilement; aussi est-il émulsive, d’une saveur agréable, d’où l’on extrait
propre aux pilotis, aux échalas des vignes, etc. Les une huile très-inflammable, qui teint le linge d’une
bestiaux mangent comme fourrage d’hiver ses feuilles manière indélébile et détruit les verrues.
fraîches et fanées. On le multiplie de semis, de dra- Le mot Acajou paraît être indigène ; dans le'
geons ; il pourrait se mettre en taillis et en coupes langues do racine malaise, ce mot désigne tout bois
réglées pour faire du bois de chauffage, car il brûle bon à travailler.
, , , ,, , , ; , ,,,

ACAR —7— ACCE


ACALÈPHE (mot grec qui veut dire ortie) , classe
2*^ dans la terre, sur les animaux vivants ou morts. Ils
des Zoophytes (3® de Cuvier), animaux marins, géla- sont ovipares , et se multiplient prodigieusement.
tineux, à forme circulaire et rayonnants, divisés par Le type de cette famille est l’Acarus. Voy. ce mot.
Cuvier en deux ordres : A. simples, qui flottent AGARÜS (du grec akarès, indivisible), genre
et nagent dans la mer au moyen de la contraction d’animalcules de la tribu des Acarides. Ils ont la
et de la dilatation de leur corps, et A. hydro- bouche conformée en suçoir et respirent par des
statiques, suspendues dans les eaux au moyen de trachées. Ce genre renferme plusieurs espèces que
vessies. Leurs mouvements sont lents; leur bouche l’on trouve dans les substances qui subissent quel-
leur sert aussi d’anus. Dans cette classe rentrent les que altération , notamment dans la farine , dans le
Méduses, les Vélelles les Phy salies, les Diphyes. vieux fromage on les appelle aussi mites ou cirons.
— Plusieurs de ces animaux ont la propriété de
;

Quelques-uns vivent en parasites sur d’autres ani-


causer au contact une sensation de brûlure analogue maux et même sous leur chair ; on les connaît sous
à celle des orties : de là leur nom. le nom de tiques ou ricins et de sarcoptes. Pairmi
ACALYPHE (du grec acalypha, pour acaléphè, ces derniers, on doit surtout remarquer l’acarus de
ortie ) , vulgairement Ricinelle, genre de la famille la gale, A. scabiei qui a donné lieu à de lon-
des Euphorbiacées, type de la tribu des Acalyphées, gues controverses. Signalé dès le xvi® siècle par
renfeime un assez grand nombre d’espèces', la Scaliger et Ingrassias, décrit par Morgagni, son
plupart originaires des régions tropicales de l’Amé- existence fut compromise par Galès , qui , dans un
rique. Elles sont herbacées ou frutescentes, et res- travail publié en 1812, l’avait confondu avec 1a mite
semblent assez par leur port à Yortie, sans toutefois du fromage : fut retrouvé une vingtaine d’années
il

posséder les propriétés nuisibles de cette plante. plus tard par unélève en médecine , M. Renucci
ACALYPHÉES (du genre type Acalypha) tribu dans les sillons qu’il se creuse; son existence est
de la famille des Euphorbiacées. Elle est formée aujourd’hui hors de doute : c’est à sa morsure qu’on
des genres Acalypha, Mercurialis, Alchornea, Tra- attribue les vésicules de la gale.
ganthus, Mappa, Tragia, Omphalea. Y. omphalier ACATALECTIQUE (vers). Voy. catalectique.
ACANTHACEES, famille de plantes dicotylédones, ACATALEPSIE (du grec a privatif, et catalepsis,
appartenant à l’Hypocorollie de Jussieu et aux Exo- compréhension) ,
incompréhensibilité ou impossibi-
gènes corolliflor es de De Candolle, a pour type le genre lité de saisir le vrai, de rien connaître certainement.
Acanthe, et se distingue parles caractères suivants ; Cette doctrine fut soutenue par Arcésilas, chef de
plantes herbacées ou frutescentes , feuilles opposées, la deuxième Académie, en opposition au dogmatisme
fleurs hermaphrodites , calice découpé en plusieurs des Stoïciens qui enseignaient la catalepsis ou fa-
parties, corolle monopétale, deux ou quatre éta- culté de saisir le vrai. — Les partisans de cette doc-
mines, un style, un ou deux stigmates, capsules à trine s’appelaient Acataleptiques ce nom s’étendit
deux loges, deux valves longitudinales, cloison op- à tous les Sceptiques et Pyrrhoniens.
posée aux valves se partageant en deux parties adhé- ACAULE (du grec a privatif et caulos tige) , se
rentes aux valves et pourvues de crochets dans les dit des plantes dont les feuilles et les fleurs semblent
aisselles desquels les graines sont placées. Les Acan- être privées de tige et naître du collet de la racine
thacées forment trois tribus : les Thunbergiées comme le pissenlit, la primevère, etc.; la tige existe,
les Nelsoniées et les Ecmatacanthées. mais dans des proportions si petites qu’elle ne con-
ACANTHE ( du grec akantha épine ) , plante stitue qu’une souche ou rhizome.
herbacée, de la famille des Acanthacées, remarquable ACCAPAREUR (du latin capere, prendre), spécu-
par la beauté de son port et par ses feuilles élé- lateur qui retire de la circulation une forte quantité
gantes. On en connaît douze espèces , la plupart de denrées ou de marchandises de la même espèce
dans les régions tropicales. Deux seulement, YAcan- dans l’intention d’en causer la rareté sur le marché,
thus mollis et YAcanthus spinosus, croissent natu- d’en élever le prix, et de s’en approprier alors le
rellement dans le midi de l’Europe. — La feuille débit, afin de réaliser un bénéfice exorbitant. Ce
d’acanthe, large et profondément découpée, a été genre de spéculation , qui s’exerce le plus souvent
appliquée de bonne heure à l’ornement des frises sur les choses de première nécessité, notamment sur
des corniches, et principalement du chapiteau ; elle le blé , ne peut se faire qu’aux dépens du consom-
est un des traits distinctifs de l’ordre corinthien. mateur , surtout du pauvre. 11 fut pratiqué en grand
Vitruve raconte que Callimaque , habile architecte sous Louis XV par une association toute-puissante
de Corinthe, aurait conçu l’idée de cet ornement en qui longtemps exploita et ruina la France. {V. Pacte
voyant le bel effet produit par des branches d’acan- de Famine au Dict. univ, d’Hist. et de Geogr.). —
the roulées en volute, qui s’étalent développées L’accaparement , condamné par la morale , a été
autour d’un panier laissé sur la tombe d’unejeune fille. dans presque tous les pays , défendu par les lois
— On donne à l’acanthe le nom vulgaire de branc- plusieurs de nos rois, Philippe VI (1343), Louis XI
:

ursine, à cause, dit-on, d’une prétendue ressem- (1482), etc., tentèrent de le proscrire. Il est atteint
blance qu’aurait sa feuille avec la patte d’ours. par les art. 419 et 420 du Code pénal, dirigés contre
ACANTHIAS, espèce de Squale. Voy. aiguillât. ceux qui emploient des manœuvres frauduleuses
ACANTHOPTÉRYGIENS (du grec akantha, épine, pour faire hausser ou baisser le prix des marchandises.
et pterygion, nageoire; à nageoires piquaniss) ACCÉLÉRATION du mouvement des étoiles.
nom donné par Cuvier, d’après Artédi, au premier F. étoiles.— A. de laCIIUTEDESCORPS. F. PESANTEUR.
ordre des Poissons osseux. Ils ont la mâchoire supé- ACCENT (i’accentus, chant, intonation). On
rieure mobile, les branchies en forme de peigne, des nomme ainsi : 1® certaine manière de prononcer soit
rayons osseux et piquants aux nageoires. Cet ordre les mots , soit les syllabes ; 2® certains signes gram-
se subdivise en quinze familles : Perçdides, Joues- maticaux.
cuirassées, Sciéndides, Sparoides, Ménides, Squam- On peut, en débitant une phrase ml un membre
mipennes, Scombérdides, Tœnidides, Teuthies, Pha- de phrase , appuyer sur les mots qui semblent plus
ryngiens labyrinthi formes, Mugiloides, Gobioides, propres, soit àfaire comprendre lapenséc, soit àmieux
Pectorales pédiculées, Laordides, Bouches-en-flûte. rendre le sentiment; l’accent est dit logique dans
ACARIDES (du grec akarès, insécable, d’où acari, le premier cas
,
pathétique dans le second. On peut
ciron , mite), tribu de la famille des Holètres, ordre aussi , en prononçant un mot, élever ou abaisser la
des Arachnides. Cette tribu se compose d’animaux voix sur une syllabe , selon le degré d’importance
fort petits ou même microscopiques, connus vul- qu’on attribue à cette syllabe dans le mot; c’est alors
gairement sous les noms de mites , cirons , teignes. l’accent prosodique on tonique; on l’appelle aigu
On les trouve partout, sou* les écerces d’arbres, quand la voix s’élève, grave quand elle s’abaisse.
, , , , , , ,,,

ACCI —8— ACCO


circonflexe quand elle s’élève et s’abaisse succcssi- d' Oiseaux de proie, et Duméril sous celui de Ra-
ement sur la même voyelle. Ces diverses manières paces.
d’accentuer les syllabes, qui font de la parole une ACCISE (du bas latin accf«a , taille , impôt, dé-
espèce de chant, étaient surtout sensibles chez les rivé d'accidere couper, tailler), impôt analogue à
Grecs et les Romains; elles forment , avec la quan- nos contributions indirectes, porte le plus souvent
tité, la base de leur versification. Elles se retrou- sur les boissons. L’accise commença d’être en usage
vent, quoique avec moins de force , dans les langues en France; elle fut établie en Hollande dès la nais-
modernes; les Français seuls ne font pas sentir l’ac- sance de la république; de là eUe passa, en 1430,
cent. On doit à M. Bétolaud un Traité de l’Accentuât, en Allemagne, puis dans les Etats de Brandebourg,
grecque et à MM. Weill et Benlœw un Tr. de l’A latine. . et enfin en Saxe. En Belgique, les droits d’accise
Accent grammatical. On donna d’abord le nom sont aujourd’hui perçus sur les bières, vins, vinai-
d’accents aux signes employés pour marquer l’ac- gres, boissons distillées, et s’étendent même sur le sel
cent prosodique : ces signes sont ( ' ) pour l’accent et le sucre. En Angleterre , l’accwe s’appelle excise.
aigu, (') pour le grave, (*) pour l’accent circonflexe. ACCOLADE (de ad collum) cérémonie usitée
On en attribue l’invention à Aristophane 'de By- dans la réception d’un chevalier, consistait à l’em-
zance, grammairien qui florissait dans Alexandrie au brasser en lui passant les deux bras autour du cou ;
siècle avant J. -G. —
Ces signes, qui, dans les on le frappait aussi du plat de l’épée en forme de
langues anciennes, marquaient véritablement l’ac- croix sur l’une et l’autre épaule , et en prononçant
cent ou l’intonation, ne sont plus dans notre langue en même temps quelques paroles sacramentelles. —
que de purs signes orthographiques destinés soit L’accolade est encore en usage dans la franc-ma-
à indiquer les diverses manières de prononcer cer- çonnerie. — Dans l’oçdre de la Légion d’honneur, c’est
taines voyelles (é, è, é) , soit à distinguer un mot la cérémonie par laquelle une personne qui vient
d’un autre mot qui s’écrit de même [a, à; ou, où; d’être brevetée de cet ordre est reçue par un mem-
du, dû). Cet emploi de l’accent dans notre ortho- bre délégué à cet effet. — En Musique , l’accolade
graphe ne paraît pas remonter plus haut que le est un trait vertical , tiré à la marge des portées
règne de Louis XllI. afin d’unir ensemble toutes les parties.
ACCEPTATION se dit, en Droit, du consente- ACCOMPAGNEMENT. On appelle ainsi , en Mu-
ment légal de celui à qui l’on fait une offre. On dis- sique , l’application des accords à une mélodie don-
tingue ; A. de communauté acte par lequel une née , suivant les règles de la science harmonique.
veuve ou ses héritiers acceptent la communauté de C’est un emploi restreint de l’harmonie. On distingue
biens, qui était entre le mari et la femme; A. — plusieurs sortes d’accompagnements : l’A. plaqué
dfune donation, consentement du donataire; A. — consiste à placer sous les notes principales d’une mé-
de succession, acte par lequel le présomptif héritier lodie l’accord qu’elles doivent porter; l’A. figuré
du défunt manifeste qu’il se porte son héritier; — réunit les formes de la mélodie à celles de l’harmonie ;
A. de succession sous bénéfice d’inventaire, celle c’est proprement le contre-point ; TA. de la partition
qui est précédée ou suivie d’un inventaire fidèle et s’entend de Tart de traduire sur le piano les effets
exact; ses effets sont de donner à l’héritier l’avan- d’instrumentation que le compositeur a conçus pour
tage de n’être tenu des dettes que jusqu’à concur- l’orchestre ou pour divers instruments. —Dans le
rence des biens de la succession, et de ne point con- sens vulgaire , accompagner, c’est exécuter les par-
fondre ses biens personnels avec ceux de la succes- ties d’harmonie qui soutiennent la partie principale,
sion. — Dans le commerce , acceptation se dit de la en même temps 'que le chanteur ou l’instrumentiste
signature qu’un banquier , marchand ou négociant, qui récite cette partie. Le talent de l’accompagna-
met au bas d’une lettre de change tirée sur lui ; cette teur est de faire valoir le chant sans le couvrir,
acceptation l’oblige à payer la lettre à son échéance. comme cela n’arrive que trop souvent. — On attribue
ACCÈS [d'accedere, s’approcher) , ensemble de l’invention de l’accompagnement à Louis Viadana,
symptômes qui cessent et reviennent à des inter- maître de chapelle à Mantoue au commencement du
valles plus ou moins éloignés. Ce mot se dit surtout xvii^ siècle. Cet art fut perfectionné au siècle suivant
dans les cas de fièvre intermittente. L’accès de lièvre par François Gasparini à Venise , et par Rameau
Intermittente se compose de trois temps ou stades ; Catel et Fétis en France. On doit àFétis un Traité
le froid , la chaleur et la sueur. L’accès complet est de l’accorrwagnement 1829, in-4.
celui qui présente ces trois stades ; l’accès est incom- ACCORD. En Musique , plusieurs sons émis simul-
let si un ou deux de ces stades viennent à manquer, tanément et dont la réunion est agréable à l’oreille
’intervalle qui sépare les accès est dit apyrexie ou prennent le nom d’accord. L’accord le plus simple
intermission. Quand la douleur est portée à son plus est formé par deux notes. Deux voix chantant à la
haut degré , l’accès prend le nom de paroxysme. tierce produisent déjà une harmonie agréable mais
;

ACCESSION s’approcher, s’ajouter),


(d’accedere s’il s’y joint une troisième voix attaquant la quinte
se dit, en Droit, de l’extension que reçoit une chose l’harmonie est complète , et il en résulte ce qu’on
dont on est propriétaire , par l’union d’un objet ac- nomme un accord parfait; c’est l’accord normal,
cessoire; cette union de l’accessoire au principal d’où procèdent tous les autres. L’accord parfait a
rend le propriétaire du principal maître de l’acces- pour fondement les premières divisions du mono-
soire. De tà le principe : L’accessoire suit le prin- corde , c’est-à-dire d’une corde tendue qui donne un
cipal. La loi française a fait de \'accessio7i une ma- son déterminé. Si Ton divise cette corde par la moi-
nière d’acquérir la propriété elle a posé en prin-
;
tié , on obtient l’octave supérieure ; son quart donne
cipe que «la propriété d’une chose, soit mobilière, la double octave ; son tiers , la douzième ; le cin-
soit immobilière, donne droit sur tout ce qu’elle quième, la dix-septième; le sixième, l’octave du
produit, soit accessoirement, soit naturellement, tiers; le septième, la vingt et unième ; le huitième,
soit artificiellement. » Les fruits de la terre, les fruits la triple octave , et le neuvième la vingt-troisième :

civils, le croit des animaux, appartiennent au pro- ce qui représente une suite de tierces, et donne tous
priétaire par droit d’accession, ainsi que tout ce qui les sons dont se forme l’accord le plus compliqué.
peut être extrait d’un terrain au moyen des fouilles — On distingue des accords consonnants et des ac-
(sauf les exceptions relatives aux mines), tout ce qui cords dissonants. Les premiers se composent des in-
s’y ajoute par atterrissement ou alluvion. Voy. Code tervalles de tierce , de quarte , de quinte , de sixte
civil, art. 546-577. et d’octave , qui sont les plus agréables ; les autres
ACCIPITRES (du latfn accipiter, épervier) ,
nom où figurent la seconde et" la septième, ne peuvent
donné par Linné au premier ordre de la classifica- satisfaire l’oreille qu’à la condition d’être suivis d’un
tion des oiseaux, que Cuvier a désignés sous le nom accord consonnant , ou , comme on dit , de se ré-
, ,,,
, , , , ,

ACCO —9— ACCU


soudre sur une tonsonnance. Ces deux familles d’ac- ACCORE , nom donné dans l’Art de la construc-
cords dérivent, l’un de l’accord parfait, l’autre de tion maritime à des élançons ou fortes pièces de
l’accord de septième. Ce dernier se compose de bois qui servent à étayer un vaisseau en construction
f[uatre notes, à la tierce supérieure l’une de l’autre : ou en réparation. —On appelle encore ainsi le con-
sol, si, ré, fa. L’accord de neuvième, qui se forme tour d’un banc ou écueil à partir du point où la
en ajoutant la bémol aux quatre premières notes profondeur de l’eau n’est plus apprédable au moyen
n’est autre chose que le même accord dans le mode de plombs attachés à des cordages. —
Le mot ac-
mineur.— Les notes qui composent un accord quel- core s’emploie aussi comme adjectif dans le même
conque peuvent se combiner de diverses manières. sens qu’e^carp^ pour désigner une côté élevée et
Ce changement d’ordre se nomme renversement. coupée perpendiculairement à la surface de la mer.
Voy. RENVERSEMENT et HARMONIE. ACCOUCHEMENT (de couché). On nomme ainsi
La science des accords, qui se confond avec celle 1® l’expulsion naturelle et spontanée du fœtus hu-
de l’harmonie , ne date guère que du xvi® siècle ; main hors du sein de la mère; 2® l’extraction du
elle doit le plus au Vénitien Cl. Monteverde ,
au même fœtus par Xaccoucheur, au moyen d’une opé-
géomètre français Sauveur , à Rameau , à Tartini ration plus ou moins compliquée.
à Catel. Berton a donné un Dictionnaire des ac- L’accouchement a lieu, en général, â la fin du
cords à la suite de son Traité d’harmonie, 1815 et ;
neuvième mois de grossesse on le nomme préma-
;

Dourlen un Tableau de tous les accords, 1824. turé avant cette époque , lorsque l’enfant est viable ;
ACCORD se dit aussi de l’état d’un instrument dont tardif, après les neuf mois révolus ; la loi en a fixé
les cordes sont entre elles dans toute leur justesse, ou les limites au 300® jour, c’est-à-dire à la fin du
de l’état de tous les instruments ensemble par rap- dixième mois depuis la mort, le départ ou la sépa-
port à un ton donné. Un instrument à vent est tou- ration de l’époux. Relativement à la manière dont
jours d’accord avec lui-même il peut ne pas l’être
;
il se termine , l’accouchement est dit naturel quand
avec les autres instruments ; pour l’y mettre, il faut il s’opère par les seules forces de la nature manuel, ;

qu’on allonge le corps de l’instrument s’il est trop lorsqu’il réclame le secours de la main mécanique ;

haut , ou qu’on le raccourcisse s’il est trop bas. De ou laborieux quand la main doit s’armer d’instru-
même on tend ou on lâche les cordes d’un violon , —
ments, tels que le levier, le forceps, etc. Dans les pre-
d’un piano, les peaux des timbales c’est ce qu’on
: miers temps, les femmes accouchèrent seules, comme
nomme accorder. Voy. accordeur. cela a lieu de nos jours encore chez les sauvages, et
ACCORD , en Grammaire , se dit des mots qui , à si souvent dans nos campagnes. Plus tard , quand
raison du rapport d’identité ou de liaison indisso- la nécessité eut fait réduire en méthode la pratique
luble qu’ont entre elles les choses qu’ils expriment, des accouchements , cette pratique devint une pro-
subissent les mêmes accidents grammaticaux , c’est- fession exclusivement exercée par des femmes âgées
à-dire prennent le même nombre , le même genre, et expérimentées, dites matrones. C’est ce qui avait
la même personne c’est ainsi que l’adjectif s’accorde
: lieu chez les Israélites. Il en fut d’abord ainsi cher
avec son substantif en genre, en nombre, et en cas les Égyptiens et les Grecs. Hippocrate et Aristote
(dans les langues qui ont des cas) ; le verbe s’ac- les appellent omphalotomoi ( coupeuses de cordon
corde avec son sujet en nombre et en personne, etc. ombilical ) ; mais déjà il y avait aussi en Grèce des
ACCORDÉON {d’accord , harmonie) , instrument médecins plus particulièrement voués à venir en aide
de musique composé de plusieurs languettes de mé- aux sages-femmes dans les cas difficiles. En France,
tal qui sont mises en vibration par un soufflet. En jusqu’au xvii® siècle, cette profession fut exclusive-
pressant des touches disposées sur le devant de l’in- ment exercée par des femmes ; ce fut en 1663, pour
strument, l’air fait vibrer la languette placée devant les premières couches de la duch. de La Vallière, qu’un
les touches qui se lèvent, et il s’échappe par l’ou- chirurgien fut mystérieusement appelé pour la pre-
verture qu’elles lui laissent , en faisant entendre un mière fois le secret ayant transpiré, les princesses et
;

son. En tirant et retirant le soufflet, on produit les autres dames de la cour suivirent l’exemple de la
deux sons bien distincts. En ouvrant deux clefs pla- maîtresse du roi ; bientôt la coutume en devint à la
cées sur le devant, on entend deux accords qui peu- mode, et l’on inventa le nom (Xaccoucheur.
vent servir à s’accompagner. Tout l’instrument est L’art des accouchements, obstétrique, tocologie,
accordé naturellément de manière à produire con- ne s’est perfectionné que fort tard ; on en peut suivre
stamment l’accord du ton. Il a la forme d’un livre les progrès dans les ouvrages de Paré , Mauriceau
et se tient de la main droite la gauche fait aller le
; Smellie, Levret, Astruc, Puzos, Baudelocque, Gar-
soufflet. Le son de l’accordéon peut être agréable, dien, et de nos jours , dans les traités particuliers et
mais il monotone. Cet instrument, d’invention
est les cliniques des Capuron , des Moreau , des Velpeau,
toute récente, nous vient de l’Allemagne. de P. Dubois , de Chailly , et dans les livres si émi-
ACCORDEUR , celui qui fait profession d’accorder nemment pratiques de M“®“ Lachapelle et Boivin.
certains instruments de musique d’un mécanisme ACCOUCHEUR. Voy. accouchement.
compliqué, comme le piano, l’orgue, etc. Les ac- ACCOUCHEUR (crapaud), Bufo obsteMcans, espèce de
cordeurs sont presque tous des facteurs d’instru- crapaud commune aux environs de Paris , ainsi ap-
ments , familiarisés avec les principes de l’acousti- pelée , parce que le mâle , au moment du frai , aide la
que. Ils se servent pour accorder d’un outil qu’on femelle à se débarrasser de ses œufs, qui sont assez
nomme accordoir. M. Giorgio di Roma a publié, gros. Quelques-uns en font un genre à part, sous
dans V Encyclopédie Roret un Manuel de l’Accor- le nom d'Alyte.
deur de pianos. —Pour les personnes qui veu- ACCUSATIF. Voy. cas.
lent se passer d’accordeur , on a imaginé un petit ACCUSATION , poursuite d’un crime ou d’un
instrument qui porte lui-même le nom éT accordeur, délit. Dans notre Droit criminel, ce mot est restreint
et qui se compose de douze diapasons d’acier dis- au cas où il s’agit de crime ; la loi nomme préven-
posés sur une planche sonore et donnant avec jus- tion la mise en jugement pour simple délit. Dans —
tesse les douze demi-tons de la gamme par tempéra- toute accusation, il faut distinguer l'inculpation
ment égal. On peut encore recourir à un instrument qui comprend la dénonciation du crime et l’instruc-
plus simple, au Monocorde ; c’est une planchette de tion ; la prévention déclaration du juge d’instruc-
sapin aux deux bouts de laquelle est fixée une corde tion qui statue sur les suites à donner à l’incul-
sonore qu’on allonge et qu’on accourcit à volonté pation , et
qui renvoie l’affaire , s’il y a lieu , à la
au moyen d’un chevalet mobile, pour donner les chambre des mises en accusation ; la mise en accu-
douze demi-tons de la gamme calculés sur autant de .sation proprement dite, résultant d’un arrêt de
lignes transvei’sales. Voy. aussile mot crromamètre. cette clmmbre qui, après avoir reconnu qu’il y
, ,, , ,

ACÉT — 10 — ACÈT
avait des indices assez graves contre le prévenu , le un petit agaric vert, ayant un disque en ombelle
renvoie devant la cour d’assises. Ala suite de la un peu concave : d’où son nom.
mise en accusation , le procureur général dresse Vacte ACÉTATES composés d’acide acé-
sels artificiels
d’accusation. — Les formalités à remplir à l’égard
,
tique et d’un oxyde métallique. Voici les principaux :

des accusés sont déterminées par le Code d’instruc- Acétate d’alumine. On l’obtient par double dé-
tion criminelle , notamment aux articles 217 et sui- composition, au moyen de l’alun et de l’acétate de
vants, et par le décret du 6 juillet 1810. plomb préalablement dissous dans l’eau. Il sert de
,

A Athènes, dans les différends entre particuliers mordant dans l’impression des toiles.
la personne lésée pouvait seule accuser ; mais, pour Acétate de cuivre. Il y a deux sels de ce nom :

les délits qui concernaient l’Etat, chacuu en avait Vacétate neutre, appelé vulgairement Vert distillé,
le droit. On portait ces accusations devant le sénat ou Vert cristallisé, Cristaux de Vénus, se présente en
devant le peuple, qui, après un premier jugement, prismes rhomboidaux [C*H®0®,CMO-}^ag], légère-
les renvoyait aux cours supérieures. L’accusateur ment efflorescents et d’un vert foncé, qui s’obtiennent
s’engageait par serment à soutenir l’accusation. S’il en dissolvant dans du vinaigre distillé Vacétate ba-
s’en désistait, ou s’il n’obtenait pas la cinquième sique ou sous-acétate plus connu sous le nom de
partie des suffrages, il était condamné à une amende Verdet ou de Vert-de-gris, et renfermant les mêmes
de 1,000 drachmes. Celui qui ne pouvait convaincre éléments, plus une certaine quantité d’oxyde de
d’impiété un citoyen qu’il avait accusé était con- cuivre. Ce dernier acétate se prépare en grand dans
damné à mort. — A Rome, tout citoyen avait droit le midi de la France , surtout à Grenoble et à Mont-
d’en accuser un autre. On remettait au préteur l’acte pellier, au moyen de lames minces de cuivre, em-
d’accusation; le jugement avait lieu le trentième, pilées avec du marc de raisin qu’on a laissé s’aigrir.
quelquefois le dixième jour après l’accusation. L'abus Le métal est oxydé par l’air, et l’oxyde formé s’unit
de ce droit donna naissance aux délateurs [Voy. ce à l’acide acétique contenu dans le marc. Ce sous-
mot). — Sous la République française, on créa l’em- acétate est presque insoluble dans l’eau , mais très-
ploi d’accusateur public (1793). Ce magistrat était soluble dans le vinaigre et dans les autres acides. —
chargé de poursuivre les personnes prévenues de Ces deux acétates sont vénéneux. On les emploie
crime; il était nommé par l’assemblée électorale. Il comme couleurs vertes dans la peinture à l’huile
a depuis été remplacé par le procureur du roi, au- et comme mordants dans la teinture en noir sur
jourd’hui procureur impérial. laine on en fait aussi des liqueurs nommées vert
;

ACENE (mot grec qui signifie pomée, perche), d'eau, vert préparé, qui servent au lavis des plans.
mesure de longueur employée dans l’ancienne Grèce Les médecins font usage du vert-de-gris comme es-
et l’Asie , valait 10 pieds grecs (3“,08). On la nom- carotique. —
Toutes les fois que des liqueurs ou des
mait aussi décapode (dix pieds). mets mêlés de vinaigre se refroidissent et séjournent
ACÉPHALES (du grec acéphaloi, sans tête), dans des vases de cuivre, ils se chargent d’une cer-
4' classe de Cuvier dans l’embranchement des Mollus- taine quantité d’acétate de cuivre , et acquièrent ainsi
ques. Elle renferme les huîtres et les moules, animaux des propriétés extrêmement délétères. On peut, ce-
qui n’ont pas de tête apparente, mais seulement une pendant , faire bouillir du vinaigre dans des casse-
bouche cachée sous les plis du manteau. On nomme roles de cuivre sans avoir ii craindre d’accident,
aussi acéphales ces embryons ou fœtus d’animaux pourvu qu’on ne laisse pas le vinaigre s’y refroidir.
d’ordres supérieurs qui, par l’effet d’un dévelop- — Il ne faut pas confondre le sous-acétate de cuivre
pement incomplet, manquent de tête. Voy. monstres. avec le vert-de-gris qui se forme à la surface des
ACÉRACÉES ou acérinées (d’acer, érable) , fa- ustensiles de cuivre , des statues de bronze , des
mille de plantes Dicotylédones polypétales , a pour pièces de monnaie , par la seule action de l’air hu-
principaux caractères ; Corolle de 5 à 9 pétales 7 a mide; ce vert-de-gris n’est qu’un sous - carbonate
12 étamines , ovaire à 2 ou 3 loges; le fruit est une de cuivre. —
Les Grecs et les Romains connaissaient
samare ou une capsule. Elle formait autrefois deux le sous-acétate de cuivre ; ils l’employaient comme
sections ayant pour types les genres Érable eiMarron- couleur et comme médicament, et le préparaient
nier. La l’’® seule a été conservée sous le nom d’.4ce- comme aujourd’hui.
rinées, et ne se compose que des genres Acer (Erable) Acétate de fer, liqueur brun-foncé, incristalli-
et Neyundium. Pour la 2®, Voy. hippocastanées. sable , qu’on obtient en mettant en digestion du
ACERDÈSE (du grec akerdès sans valeur), dit vinaigre de vin ou de l’acide pyroligneux distillé
aussi Oxyde de manganèse prismatique Manga- ,
avec des rognures de tôle ou de vieille ferraille. On
nèse oxydé hydraté, Manganèse argentin , Manga- l’emploie comme mordant dans les ateliers de tein-
nite , Manganèse oxydé terreux ; minéral gris de ture et d’indienne.
fer, cristallin et fibreux, d’une pesanteur spécifique Acétate de plrnnb. Il existe un acétate neutre et des
de 4,328, est composé de sesquioxyde de manganèse sous-acétates. Le premier, plus connu sous le nom de
hydraté. Il forme des gîtes considérables dans tous sel de Saturne, sucre de plomb [C*H^O*,PôO-l-3ag],
les teiTains. On le rencontre particulièrement à La- se présente en prismes incolores, efflorescents, d’une
veline dans les Vosges, à LaVoulte dans l’Ardèche saveur à la fois sucrée et astringente. Il est très-
à Saint-Jean-de-Gardonnenque dans les Cévennes, à vénéneux. On l’obtient en dissolvant de la litharge
l’abbaye de Sept-Fonts dans l’Ailier , etc. 11 a moins dans de l’acide acétique, et faisant cristalliser la so-
de valeur commerciale que la pyrolusite, et ne con- lution par la concentration. On en consomme beau-
vient pas à la préparation de l’oxygène. coup pour la fabrication de la céruse et de l’acétate
ACÉRÉS (du grec akéros, sans corne), nom donné d’alumine ou mordant rouge des indienneurs. Les
par quelques naturalistes à certains animaux (soit médecins l’administrentquelquefois à l’intérieur pour
mollusques, soit arachnides) dépourvus de tentacules. eombattrelessueursnocturnes desphthisiques. 11 était
ACÉTABULE [d'acetum, vinaigre) , mesure dont déjà connu des alchimistes. —
Le sous-acétate de
les Romains se servaient pour mesurer quelques li- plomb est un sel blanc qui s’obtient en dissolvant
quides, tire son nom du vase où l’on mettait le de la litharge dans l’acétate neutre. Les médecins
vinaigre ; il contenait la moitié de Vhémine, le hui- l’emploient en dissolution à l’extérieur, sous le nom
tième du sextarius, et valait 6 centilitres, 74. d’extrait de Saturne, comme calmant, pour pré-
Les naturalistes ont donné le nom d’acétabule à. venir ou détruire l’inflammation , pour hâter la ci-
une production marine que l’on avait d’abord classée catrisation des plaies. L’eaw blanche, ou eau de
à tort parmi les Zoophytes, mais que M. Rafeneau Goulard, ainsi appelée du nom d’un chirurgien de
de Lille a reconnue pour appartenir au règne végé- MontpeUier, avec laquelle on lave les plaies, est la
tal. C’est une plante cryptogame, qui ressemble à même sous-acétate, étendu de beaucoup d’eau et
, , . , , ,

ACHR — 11 — ACID
troublô par un peu de sous-carbonate de plomb en persion. Ce résultat se trouve naturellement réalisé
suspension. dans Tœil, qui est parfaitement achromatique.
ACÉTIFICATION {à’acetum vinaigre , et facere, Newton, admettant que la réfrangibilité était tou-
faire) , réaction chimique qui transforme i’esprit-de- jours proportionnelle à la dispersion, avait cru in-
vin en vinaigre. Voy. ce mot et acétique (acide). soluble le problème de l’achromatisme; mais Hall
ACÉTIQUE (acide), du latin acetum, vinaigre, en 1733, et, après lui, J. Dollond, prouvèrent Terreui
liquide contenu dans le vinaigre et dans tous les de leur compatriote en construisant les premiers des
produits de la fermentation acide des liquides spiri- lunettes achromatiques. Les deux sortes de verres
tueux , tels que le vin , la bière , le cidre , etc. A employées par Dollond et usitées généralement de-
l’état concentré, il a une odeur forte et pénétrante, puis sont le crown-glass ou verre semblable au verre
mais agréable, ce qui le fait employer contre les à vitres, et le flint-glass, qui est analogue au cris-
défaillances {sel anglais ou sel de vinaigre)', il tal, et contient environ le tiers de son poids de
peut même s’obtenir sous forme solide et cristallisée ; plomb. Dollond obtint l’achromatisme en appliquant
il renferme alors du carbone , de l’hydrogène et de une lentille biconcave de flint contre une lentille
l’oxygène dans les rapports de C‘H^0’-)-;a^ , et bout biconve.xe de crown. Le flint jouit d’un pouvoir ré-
à 120". Il se produit en grande quantité dans la fringent et d’un pouvoir dispersif plus grand que
carbonisation du bois en vases clos, et c’est par ce le Crown : il en résulte que les rayons rouges et les
moyen qu’on le prépare de préférence : de là le rayons violets deviennent parallèles au sortir de la
nom A' acide pyroligneux ou de vinaigre de bois , lentille. On peut aussi substituer avec avantage le
qu’on lui donne dans le commerce. On l’emploie cristal de roche au crown. Les substances liquides
particulièrement dans les laboratoires de chimie, peuvent, comme les solides, entrer dans la composi-
ainsi que pour la préparation des acétates. Voy. ce tion des objectifs achromatiques. Le Dr Blair em-
mot et VINAIGRE. ploie d’une part le crown, et de l’autre une solu-
ACÉTONE, on Esprit pyroacétique liquide in- tion de chlorure d’antimoine (beurre d’antimoine)
colore, d’une odeur empyreumatique, inflammable, dissous dans Tacide chlorhydrique, ou bien une so-
qui se produit dans la distillation sèche des acétates, lution de bichlorure de mercure (sublimé corrosif)
ainsi que du sucre, de Tacide tartrique, de l’acide dans le sel ammoniac. Il introduit le liquide entre
citrique, etc. Il est plus léger que Teau, et se môle deux lentilles de crown, qui sont. Tune plane-con-
avec ce liquide en toutes proportions. Il renferme du vexe , et l’autre concave-convexe.
carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène dans les ACIDE (en latin acidus, du grec acis, pointe,
rapports de C’H^O. 11 a été découvert au commen- piquant), corps qui jouit de la propriété de se com-
cement de ce siècle par l’Irlandais Chenevix : il s’em- biner avec une base salifiable pour former un sel, et
ploie quelquefois comme solvant. qui , dans l’opinion commune , se rend au pôle po-
ACHARNAR, étoile de première grandeur, située sitif quand on décompose le sel par la pile électri-
à l'extrémité australe de la constellation appelée que. Les acides solubles dans Teau sont caractérisé?
Éridan. Voy. éridan. par une saveur aigre, par la propriété qu’ils possè-
ACHE , Apium genre de plantes herbacées de la
,
dent de rougir le tournesol bleu, et par celle de dé-
famille des Ombellifères, tribu des Amminées, com- composer avec effervescence la craie et le marbre.
prenant plusieurs espèces, dont les plus connues sont On a cru pendant longtemps que tous les acides
le persil {A.petroselinum),\océ\or\ [A.graveolens], renfermaient de To.xygcne ; cet élément entre en
et Tache proprement dite. Celle-ci est d’un beau vert ; effet dans la composition du plus grand nombre ;

ses feuilles approchent de celles du persil ordinaire ; mais on sait aujourd’hui que l’hydrogène forme
mais elles sont plus amples et plus épaisses : elle aussi beaucoup d’acides. Les acides se divisent donc
croit dans les marais et le long des ruisseaux. Cul- en acides hydrogénés ou hydracides formés par
tivée , elle perd sa saveur âcre et amère. Les anciens l’hydrogène; et acides oxygénés ou oxacides, for-
mettaient Tache au nombre des plantes funèbres. més par l’oxygène. Ces derniers se subdivisent, en
ACHILLE (tendon d’). Voy. tendon. outre , en acides anhydres ou sans eau , et acides
ACHlLLEE,.dc/»7/ea, genredeplantesde la famille hydratés ou combinés avec de Teau. D’après le.s
desComposées-Sénécionidées: herbe vivace, commune théories plus récentes de MM. Laurent etCerhardt,
aux deux continents , à fleurs blanches en corym- les hydracides et les acides hydratés comptent seul?
bes, à odeur légèrement aromatique, à feuilles dé- parmi les acides; les autres sont considérés comme
coupées et un peu velues. Cette plante renferme un des corps à part, appelés anhydrides.
suc amer, longtemps regardé comme fébrifuge. On On appelle acides minéraux les acides fournis
prétend qu’Achille s’en servait pour cicatriser des par le règne minéral; acides métalliques, les acides
blessures (d’où son nom). Ses propriétés vulné- formés par l’oxygène et un métal; acides organi-
raires n’en sont pas moins fort douteuses. On en ques, les acides renfermant du carbone, et obtenus
distingue un assez grand nombre de variétés, qu’on avec les substances organiques; acides gras, les
cultive dans les jardins TA. dorée, qui a des fleurs
; acides organiques extraits des graisses et des huiles
d’un jaune doré; TA. à mille feuilles, à fleurs grasses; acides pyrogénés, les acides produits par
pourpres; TA. sternutatoire ou herbe à éternuer, l’action de la chaleur sur les matières organiques.
dite aussi bouton d’argent, à fleurs blanches; TA. Dans la nomenclature proposée par Guyton-
de Hongrie, à fleurs blanches aussi, mais plus petite. Morveau et Lavoisier, les acides minéraux se dési-
ACHROMATISME (du grecs privatif, et cArowa, gnent par un adjectif formé du nom des éléments
couleur). On nomme ainsi la destruction de cette unis à l’oxygène, et terminé en eux ou en ique;
variété de couleurs qui résulte de la décomposition ainsi acide sulfureux, acide phosphorique, veut dire
de la lumière. Lorsqu’on regarde les objets extérieurs acides formés par le soufre et l’oxygène, par le
à travers un prisme de verre ou à travers une lunette phosphore et l’oxygène. Si Tacide est formé par de
ordinaire ils paraissent bordés de franges colorées
,
l’hydrogène, on commence l’adjectif par hydro, ou
Cet effet est produit par la déviation inégale qu’é- bien on le termine par hydrique : acide hydro-
prouvent les divers rayons colorés, soit à leur entrée, chlorique ou chlorhydrique, c’est-à-dire acide com-
soit à leur sortie du verre. On est parvenu à neutra- posé de chlore et d'hydrogène. Les deux syllabe?
liser ces effets dans les lunettes dites achromatiques. eux et ique qu’on ajoute aux noms des acides
Dans ces lunettes, les objectifs sont formés de deux oxygénés, ont une signification différente : ique cor-
ou de plusieurs verres de facultés réfractives diffé- respond toujours à un acide qui renferme plus
rentes , accolés les uns contre les autres, de manière d’oxygène que Tacide dont le nom se termine en
à anéantir, en se compensant, les effets de la dis- eux) ainsi Tacide sulfurique est plus oxygéné que
, , , , ,,

ACIË — 12 ACOL
l’acide sulfureux. Dans les cas où l’oxygène forme fer forgé; l’acier fondu, provenant de la fusion
avec un seul élément plus de deux acides , on com- d’un des aciers précédents ; et enfin, l’acier indien,
mence le nom de l’adjectif par quelque particule dit acier wootz , imité des Orientaux. — On trouve
distinctive; par exemple, hypo (en grec, au-dessousl; souvent dans les forges catalanes l’acier naturel en
hyper (au-dessus); on per (au plus haut degré). traitant certains minerais de fer très-pur. — On ob-
Ainsi racide hyposulfnreux est un acide composé tient l’acier de forge en soumettant les fontes grises
de soufre et de proportions d’oxygène plus faibles ou blanches à l’action de la chaleur et d’un courant
que dans l’acide sulfureux; l’acide perchlorique ren- d’air; on leur fait perdre alors une quantité sur-
ferme plus d’oxygène que l’acide chlorique , etc. abondante de carbone, ainsi que d’autres substances
— Les acides dont le nom se termine en eux for- étrangères. L’acter de forge est le plus commun ;
ment des sels dont Je nom finit en ite; les acides c’est avec lui qu’on fabrique la grosse coutellerie
dont le nom se termine en ique donnent des sels les ressorts de voiture, les sabres, les scies, les in-
dont le nom finit en ate. Ainsi l’acide sulfureux struments aratoires, etc. C’est dans l’Isère, la Thu-
produit les sulfites ,
l’acide sulfurique les sulfates ringe, la Westphalie, la Styrie, la Carinthie, que
l’acidephosphoreux donne les phosphites; l’acide
;

l’on fabrique principalement l’acier de forge. — On


hypophosphoreux, les hypophosphites l’acide per- ;
prépare V acier de cémentation, dit aussi acier poule,
chlorique, les perchlorates. en chauffant fortement du fer en barre au milieu
Les acides organiques, qui sont infiniment plus d’une poussière composée de charbon, de suie, de
nombreux que les acides minéraux, et qui renfer- cendres et de sel marin. Les meilleurs aciers de cé-
ment tous du carbone et de l’hydrogène, la plupart menlation sont les fers suédois, norwégiens et russes.
de l’oxygène , quelques-uns aussi de l’azote , n’ont On emploie l’acier poule à la fabrication des limes
aucune nomenclature régulière. et (Jes objets de quincaillerie ;
on le soude au fer
Les acides les plus connus sont, parmi les acides pour armer des marteaux, des cisailles, des en-
minéraux, les acides sulfurique, sulfureux, suif- clumes, etc. — L’acier fondu ou acier fin s’obtient
hydrique, azotique ou nitrique, phosphorique, ar- par la fusion des autres aciers. 11 acquiert par la
sénieux arsénique , chromique
,
fluorhydrique ,
,
trempe une dureté et une ténacité très-grandes :
chlorhydrique, chlorique, ioaique, carbonique, bo- c’est avec lui que l’on confectionne les burins et les
rique, silicique; parmi les acides végétaux et ani- ciseaux capables de couper la fonte, le fer et les
maux, les acides formique, cyanhydrique on prus- autres aciers. 11 prend le plus beau poli ; aussi l’em-
tique, oxalique, acétique, malique, tartrique, suc- ploie-t-on de préférence pour la belle coutellerie
cinique, benzoïque, citrique, etc. Voy. ces mots. fine, la bijouterie d’acier, les ressorts de montre,
Plusieurs acides sont employés en médecine : tels les instruments de chirurgie , les coins des mon-
sont les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique, naies , etc. — L’acier indien , dit aussi acier wootz,
phosphorique, tartrique, citrique, oxalique et acé- est celui avec lequel les Orientaux fabriquent, de-
tique. Étendus de beaucoup d’eau et donnés sous puis un temps immémorial, leurs excellentes lames
forme de boisson acidulé, ils diminuent la chaleur de sabre , appelées damas , du nom de la ville de
et l’irritation ; ce qui leur a valu le nom de rafraî- Syrie où elles se préparent particulièrement. Les
chissants, tempérants, antiphlogistiques. On y re- dessins moirés qu’on y remarque paraissent être dus
court dans les cas de fièvre, d’inflammation, de à la présence, dans la pâte de l’acier, d’un carbure
pléthore, d’excitation du cœur, d’affections bilieuses; de fer cristallisé, qui se trouve mis à découvert par
contre les vomissements des femmes enceintes , les l’action des acides. Stodart et Faraday ont trouvé,
hoquets spasmodiques. On les emploie aussi à l’ex- en 1822 , qu’en alliant à l’acier de petites quantités
térieur, contre les cors, les entorses, les dartres, les de certains métaux, comme le platine, l’argent, le
phlogoses, et, en général, contre toutes les irrita- palladium , on lui donne , avec la propriété de se
tions de la peau. damasser, la dureté , le grain et tous les caractères
ACIER (d’acier, tranchant), substance métallique de l’aciez* de l’Inde. Aussi aujourd’hui imite-t-on
formée de fer pur et d’une très-petite quantité de parfaitement cet acier : les manufactures des Bou-
carbone, variant de 1 à 2 centièmes. Sous cette forme ches-du-Rhône envoient même en Orient de très-
le fer acquiert des propriétés nouvelles. Lorsqu’après belles lames damassées où le platine est uni à l’acier.
l’avoir fait rougir, on le refroidit brusquement en L’art de préparer l’acier, que la Bible attribue à
le plongeant dans l’eau, l’acier devient très-élas- Tubalcaïn , et dans lequel excellaient les Chalybes
tique, moins dense, moins ductile, plus dur et peuple du Pont qui donna son nom à cette prépa-
très-cassant à froid dans cet état, on l’appelle acier
; ration du fer {chalybs en grec, veut dire acier),
trempé. En ne chautfant l’acier trempé que jus- fut enseigné aux Européens par les Orientaux; c’est
qu’au moment où sa surface se colore , c’est-à-dire surtout à partir du xe siècle que les armes blanches
en deçà du point où il a subi la trempe , et le lais- furent fabriquées avec l’acier. Les petits instruments
sant ensuite refroidir lentement, on pratique l’opé- d’acier, tels que couteaux et ciseaux, ne furent
ration du recuit, opération qui a pour objet de connus que plus tard. On ne vendit des aiguilles
donner à l’acier des (jegrés de dureté et d’élasticité d’acier en Angleterre que sous la reine Marie. La
variables, appropriés au genre de fabrication auquel fabrication de l’acier fondu a été découverte par Ben-
on le destine. On peut distinguer l’acier du fer en jamin Huntsman, qui créa en 1740 le premier éta-
déposant à la surface du métal poli une goutte d’a- blissement de ce genre à Handsworth près de
cide sulfurique affaibli : avec l’acier, il se produit Sheffleld. Les aciéries d’Angleterre sont encore au-
une tache noire due au charbon mis à nu , taedis jourd’hui très-renommées.
qu’il n’apparaît sur le fer qu’une tache verdâtre que ACNÉ (qu’on dérive d’a augmentatif et de knao
l’eau enlève aisément. En outre, l’acier est moins at- ou knêmi démanger) , nom donné par quelques
tirable à l’aimant, mais il conserve plus longtempsque pathologistes à une variété de la couperose , par
le fer la propriété magnétique : aussi prepare-t-on d’autres à la dartre pustuleuse disséminée. Voy.
de préférence avec, l’acier les aimants artificiels. DARTRE et COUPEROSE.
L’acier est susceptible de recevoir par le poli un ACOLYTES (du grec acolouthos suivant). On
très-bel éclat; il s’applique, dans l’industrie, Ji mille nomme ainsi les clercs qui ont reçu le plus élevé
usages qui varient selon sa (jualité. des quatre ordres mineurs de l’Église catholique
On distingue plusieurs espèces d’acier ; l’acier et dont l’oflice est de suivre et de servir les diacres et
naturel, retiré directement des minerais ; V acier de s. -diacres dans le ministère des autels. Ils doivent por-

forge, ontenu par l’aflinage partiel de la fonte ; l’a- ter l’encens, allumer et tenir les cierges, présenter au
cier de cémentation, préparé par la cémentation du prêtre l’eau et le vin. Souvent, surtout dans les cam-
, , ; -,,, , ,,,

ACOU 13 — ACRO
pagues, ces fonctions sont remplies aujourd’hui par des sons, traite de tout ce qui se rapporte à la for-
les sacristains et les enfants de chœur. Autrefois, mation, à la transmission, à la réflexion, enfin à la
les acolytes suivaient partout les évêques pour les propagation du son. C’est une science mixte, qui
servir et porter leurs messages. appartient aux mathématiques , à la physique et à
ACONIT (en grec aconiton, qu’on dérive d’a- la musique : l’acoustique mathématique fait con-
coné, pierre , parce ,que ceite plante croît dans les naître les lois du mouvement de vibration, consi-
terrains pierreux) , genre de la famille des Renon déré comme cause occasionnelle du son ; l’acous-
enlacées , tribu des Elléborées , plante herbacée qui tique physique étudie les phénomènes sonores ; l’a-
renferme des végétaux très-vénéneux en général coustique musicale considère les sons comme faisant
mais remarquables par la beauté de leurs fleurs partie d’un système de musique. — L’acoustique
qui ressembient à de petits casques et se groupent restreinte pendant longtemps à la considération
en épis. Les deux espèces les plus connues sont ; musicale des sons ,
a été cultivée dès la plus haute
VA. napel, vulgairement tue-chien, qui se dis- antiquité. Ce fut Pythagore qui découvrit les rap-
tingue par un bel épi de fleurs bleues, en forme de ports qui existent entre les longueurs des cordes vi-
casque fermé ; par ses feuilles étroites, finement dé- brantes, d’où résultent les différences de tons. Ce-
coupées, luisantes et d’un vert glabre ; elle contient pendant cette science fit peu de progrès jusqu’à la
un poison très-violent et corrosif; 2® VA. tue-loup, fin du xvii' siècle. Bacon connaissait déjà le fait de
que caractérise la couleur de ses fleurs , qui sont la propagation et de la réflexion du son ; mais il en
d’un jaune livide, mais à peu près de la même forme ignorait les lois. Sauveur fut le premier qui exposa
et disposées également en épi ; ses feuilles sont d’un la théorie des cordes vibrantes et son application à
vert sombre, plus larges que celles du napel et un la musique , une des branches importantes de la
peu velues. —
L’aconit croît naturellement dans les physique. Après lui, Taylor, D. Bernouilli, Euler,
Alpes, et est très-commun en Savoie. On a employé D’Alembert et Lagrange développèrent cette partie
l’aconit-napel contre les rhumatismes et les névral- de la science : Chladni publia en 1809 ses décou-
gies, contre les affections arthritiques , contre l’hy- vertes sur la vibration des surfaces élastiques. Depuis
dropisie et la paralysie. L’homœopathie, surtout, cette époque, MM. Biot, Cagniard-Latour, Savart
en fait un grand usage pour combattre la suraefi- surtout, enrichirent l’Acoustique par de nombreuses
vité de la circulation artérielle, les hémorragies expériences ; ce dernier, s’attachant aux mouve-
actives, en un mot, pour remplacer dans la plupart ments individuels des molécules, détermina le sens,
des cas les émissions sanguines. On extrait de l’aconit les lois et les caractères des divers modes d’ébran-
Vaconitine (Foy. ce mot). —
Selon les poètes, l’aconit lements qu’elles peuvent recevoir , selon la nature
naquit de l’écume de Cerbère , lorsque Hercule lui particulière des divers corps solides , etc. MM. Pois-
étreignit fortement le gosier, et l’arracha des enfers. son et Cauchy ont aussi contribué aux progrès de
ACONITINE, alcali végétal , en grains incolores, l’acoustique par leurs travaux mathématiques.
fort amers et vénéneux, contenu dans les aconits il : ACQUA-TINTA, A.-TOFANA, etc. Voy. AquA.
contient du carbone, de l’hydrogène, de l’azote et ACQUÊT {d'acquérir), bien dont on devient pro-
de l’oxygène. Sa formule est C*“H”NO'*. priétaire par achat ou de toute autre manière que
ACONITIQTJE (acide), dit aussi Acide pyrocitri- par succession ou donation. La communauté con-
que ou citridique, acide organique, cristallisant en jugale peut être réduite aux acquêts ( Code civil
croûtes mamelonnées, incolores, très-solubles, trouvé art. 1497) , c’est-à-dire aux biens acquis pendant le
par Peschier dans le suc des aconits, en combinaison mariage ; dans ce cas, les biens propres, c’est-à-dire
avec de la chaux. D’après les expériences de Ber- apportés par l’un ou l’autre des époux , restent la
zôlius et de M. Crasso, il s’obtient aussi artificieile- propriété exclusive de chacun d’eux.
ment par l’action de la chaleur sur l’acide citrique. ACQUIT-A-CAUTION , autorisation délivrée par
Avec les bases, il forme les aconitates l’extrait les employés des douanes ou des contributions in-
d’aconit dépose souvent de l’aconitatede chaux sous directes pour qu’une marchandise qui n’a point en-
la forme de grains blancs. Formule ; C*HO’HO. core payé les droits de consommation puisse libre-
ACORÉES (du genre Acorus, qui en est le type, ment circuler d’un entrepôt à un autre, sous la
tribu des Aroidées, comprenant les genres Acoms garantie qu’elle ne sera pas détournée de sa desti-
et Gymnostachys. nation. Au moyen de cette autorisation, les mar-
ACORUS (qu’on dérive du grec coré, prunelle, chandises sont exemptes de la visite des bureaux
parce que, selon Dioscoride, cette plante guérit les placés sur la route qu’elles doivent parcourir.
maux d’yeux), dite aussi Jonc odorant, Iris jaune ACRE (du latin ager, ayrt, champ) , mesure de
Lis des marais plante de la famille des Aroïdées superficie usitée autrefois en France, variait selon
croissant dans les lieux humides et sur le bord des les provinces où elle était en usage; sa valeur la
eaux, est vivace, épaisse, parasite : tiges souterraines, plus ordinaire était d’un arpent et demi. L’acre de
fleurs odorantes , en chaton ; racines aromatiques Normandie, le plus connu, se divisait en 4 vergées,
dont on fait quelque usage en médecine comme et la vergée en 40 pef-ches ; il valait 81 ares 71 cen-
excitant et sudorifique; on les mange en Auvergne; tiares.— Ailleurs, l’acre ne valait guère que 50 ares.
on peut en extraire par distillation une liqueur forte. — L’acre anglais vaut 40 ares 47 centiares.
On distingue VA. calamus, originaire de l’Inde ACRIDIENS (du grec acris sauterelle), famille
commune en Europe , et qui entre dans la com- de Tordre des Orthoptères établi par Latreille (Sau-
position de la thériaque et du mithridate, et 1’^. teurs de Cuvier) , caractérisée par ses antennes fili-
gramineus, originaire de Chine, moins répandu. formes ou prismatiques, des tarses de trois articles
ACOTYLÉDONS ou acotvlédones (du grec a priv, des cuisses renflées propres au saut, renferme une
et de cotyledôn ) , nom que l’on donne aux plan- vingtaine d’espèces, et a pour type la Sauterelle
tes privées de cotylédons. On les a nommées aussi (Voy. ce mot). Répandus sur toute la terre, ces ani-
Inembryonés (Richard), parce qu’elles n’ont pas maux se multiplient prodigieusement , et exercent
d’embryon, Agames (Necker) et Cryptogames surtout dans le Midi, les plus grands ravages.
(Linné) parce qu’elles n’ont pas de fleurs ou que
, ACROBATE (du grec acrobatès, qui marche en
du moins on ne leur en voit pas. —
L. de Jussieu en haut, en Tair) , nom donné parles anciens aux danseurs
a formé sa première classe acotvlédonie, composée de corde, a été remis en honneur dans ces derniers
des familles : Algues, Champignons, Lichens, temps, et a remplacé celui de funambule. Les acro-
Mousses, Lyeopodiacées , Fougères, Equisétacées bates dansent sur la corde tendue ou lâche, disposée
et Marsiléacées. horizontalement ou obliquement, et font mille tours
ACOUSTIQUE (du grec acouô j’écoute) , science de force. Ces exercices, qui exigent beaucoup de vl-
, , ,., , , ,,

ACRO — 14 — ACTE
gueur, de souplesse et d’aplomb, ont. été de tout dosserets ou petits murs élevés entre le socle et la
temps en possession de divertir la foule; ils sont tablette des balustrades.
mentionnés par plusieurs écrivains grecs et latins ACTE (d’ag'o, agir). En Morale, on distingue, se-
Nicéphore Grégoras , Nicétas, Manilius , Vopiscus lon la manière dont l’agent se développe , des actes
Quelques individus ont montré dans ces exercices spontanés ou instinctifs , volontaires ou réfléchis
une telle supériorité, qu’ils ont acquis une célébrité libres ou délibérés ; selon la nature de la faculté qui
populaire : on cite, entre autres, le fameux Tuccaro, agit, des actes physiques , intellectuels, moraux ; se-
dit l'Arckan ,^sous Maximilieu II et Charles IX ;
Forioso, en France, sous l’Empire, et, de nos jours,
lon le mérite de l’agent, des actes bons, vertueux,
s’ils sont conformes au devoir ; mauvais, coupables,
Saqui et il signor Diavolo. s’ils
y sont contraires. —
En Métaphysique et en Lo-
ACROCARPES (du grec acros au sommet, et gique, on oppose acte à puissance. La puissance
carpos, fruit, parce que les capsules sont à l’extré- est une simple faculté ou propriété , comme la pe-
mité des tiges) , d® ordre de la famille des Mousses dans santeur; l’acte est l’exercice de la faculté, la réali-
la classification de C. Montagne, divisé en 27 tribus : sation d’un fait , comme la chute d’un corps. On ne
Polytricées, BuxbaumiéeSj Bartramiées, Oréadées, peut conclure de la puissance à l’acte, à passe ad
Funariées, Méésiées, Bryees, Leptosfomées, Ortho- actmn-, mais, au contraire, la conséquence est bonne
tricées, Zygodontées , Grimmiées, Encalyptées de l’acte à la puissance. —
Dans la Pratique , Acte
Hydropogonées, Trichnstomées, Ripariace'es, Dicra- se dit de tout écrit qui sert à constater ou à justi-
nees, Syrrhopodontées, Discéliées, Weissiées, Octo- fier quelque chose. On distingue : A. privés, qui se
blépharées, Tetrodontées, Hedvigiacée.s, Schistosté- passent entre particuliers, sans le ministère d’aucune
gées, Splanchnées,Pottiacées, Sphagnées, Phascées. personne publique; A. publics ou authentiques,
ACROGÈNES (du grec acros, sommet, genos, qui sont passés par-devant des personnes qui ont
naissance croissant pàr le sommet ) , nom que
;
un caractère public, comme les actes notariés; A.
M. Lindley donne aux Acotylédon.s de Jussieu , par judiciaires où le ministère des avoués et du juge
opposition avec les Endogènes et les Exogènes, qui, interviennent; A. extra-judiciaires, qui ne sont
pour lui , remplacent les Monocotylédons et les Di- que le fait des huissiers et sergents; A. respectueux,
cotylédons. Les Acrogènes sont ainsi nommées, ceux qui, à défaut de consentement des père et mère,
parce que ces plantes s’accroissent par l’allongement doivent avoir lieu avant le mariage , quand le fils a
de leur extrémité. plus de 25 ans et la fille plus de 21 ; A. de noto-
ACROLÉINE (du latin acer, âcre, et oîeum riété, déclaration signée par plusieurs témoins, et
huile), liquide extrêmement volatil, qui se produit pouvant , en certains cas , suppléer un acte de nais-
par l’action d’une chaleur élevée sur les graisses et sance A. de l’État civil, ceux par lesquels les offi-
•,

les huiles grasses, et à un haut


dont la vapeur irrite ciers de l’État civil constatent les naissances , les
degré les yeux et les voies respiratoires. 11 renferme —
mariages , les décès. En Politique , on connaît sous
du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène dans les le titre d’.4. constitutionnel la constitution publiée
rapports exprimés par la formule C®H*0’. Il a été en 1793 par la Convention nationale; d’A. addition-
isolé et étudié pour la première fois par M. Redten- nel, les articles que Napoléon ajouta, dans les Cent-
hacher de Prague en 1843. Jours, aux constitutions de l’Empire : il présenta cet
ACROMION ( du grec acros , extrême, et omos , acte le 22 avril 1815 à l’acceptation des Français.
épaule) , apophyse de l’omoplate produite par une Dans l’Art dramatique. Acte se dit des divisions
éminence appelée e'pine. Dans l’eiifauce, ce n’est d’une pièce; chaque acte se subdivise en scènes. La
encore qu’un cartilage; il s’ossifie pou â peu jusqu’à division en actes ne paraît pas tranchée dans les poètes
20 ans ; il est alors parfaitement dur, et forme grecs; elle l’est mieux chez les Romains; Horace
avec l’omoplate un tout continu. Voy. omoplate. commande la division de chaque pièce en cinq actes :

ACROSTIC, Acrostichum (du grec acros, sommet, Neve minor» neu sit quioto productior acta
stichos, rangée) , genre de fougères qui appartien- Fabula quæ posci \ult et spectata repoui.

nent aux Pûlypodiacées , à capsules nues. M. Gaudi- Les modernes ne se sont nullement assujettis à cette
chaud a formé sous le nom àè Acrostichiées une règle : ils ont des pièces eu 4 actes, en 2 et en 1;
tribu dont le genre Acrostic est le type. cependant il y eu a peu qui en comptent plus de 5.
ACROSTICHE (du grec acros, extrémité, stichos, Chez les Romains on nommait acte simple
vers), petite pièce de poésie dans laquelle chaque {actus simplex, aclus minimus) , une mesure de su-
vers commence par une faisant partie d’un
lettre perficie qui avait 120 pieds romains de long sur 4
nom qu’on écrit en travers à la marge et qu’on de large , et qui valait 42 de nos mètres carrés ;
prend pour sujet, comme on le voit dans les vers acte carré [adus quadratus ou semis), une mesure
suivauis sur la belle Laure ,
l’amante de Pétrarque :
qui était moitié àa jugerum, et qui avait 120 pieds
ciel qui lasauva de son propre penchant romains en tous sens ; elle valait 12 de nos ares
beauté du corps unit celle de l’âme; plus 60 mètres et 40 centimètres carrés.
GU seul de ses regards par un pouvoir touchant,
,
ACTEE (du grec actœa, sureau), genre de la fa-
tsendait à la vertu le cœur de son amant.
P3lle embellit l'amour en épurant sa flamme. mille des Renonculacées , tribu des Elléborées ;
plante vivace à rliizome traçant, s’élève à 1“,30,
Ce genre était fort en vogue dans les bas siècles de la donne de jolies fleui's blanches, mais est vénéneuse.
littérature grecque il fut imité des Grecs à la re-
; Elle vient en pleine terre, et se plaît dans les lieux
naissance des lettres, surtout sous François 1er. ^.u- ombragés. Sa racine, dite Ellébore noir, est em-
jourd’hui il est fort décrié, et ne compte plus que ployée en médecine et sert de remède contre une
parmi les difficiles nugœ. maladie des bœufs. On distingue TA. cimicifuge ou
ACROSTIuHIÈES (du genre type Acrostichum), Chasse-punaise, TA. épiée (spicata) ou herbe de
tribu de l’ordre des Polypodiacées, de la famille des Saint-Christophe TA. des Alpes, TA. à grappes.
Fougères. Cette tribu renferme les genres Acrosti- ACTEURS. C’est en Grèce que parurent les pre-
chum (Acrostic), Polybotrya, Olfersia et Gym- miers acteurs connus :
nopteris.
Thespis fut le premier qui, barbouillé de lie,
ACROTÈRE (à'acroteros comparatif d’acros, Promeua par les bourgs cette heureuse folie.
placé plus haut). On nomme ainsi, en Architec- Et, d’acteurs mal ornés chargeant un tombereau,
ture, un petit piédestal ordinairement sans base et Amusa les passants d’un spectacle nouveau.
sans corniche, destiné à porter des statues, des vases Chez les anciens n’y avait d’acteurs que des liom-
ou autres ornements, et qu’on place au milieu et mes; les
il

femmes ne montaient pas sur la scène. —


eux côtés des frontons. On donne aussi ce nom aux Chez les Grecs ,
la profession d’acteur n’avait rien
, , ,

ACTl — 15 — AÜAG
de déshonorant elle*. était souvent remplie par les sens : Avoir action contre quelqu’un. L’action est
auteurs eux-mêmes. Chez les Romains, au contraire, dite personnelle quand dirigée contre une
elle est
elle ne pouvait être exercée que par des esclaves : personne dont on se prétend créancier ; réelle, quand
un Romain qui montait sur le théâtre perdait ses elle a pour but la revendication d’une chose (res) ;

droits de citoyen. Chez les modernes, surtout dans mixte si elle est à la fois dirigée contre les biens
les pays catholiques, il a longtemps régné contre et contre la personne qui les détient; civile, si la
les acteurs de fâcheux préjugés, effet des anathèmes poursuite est faite dans un intérêt privé; crimi-
prononcés par la religion contre les théâtres. Il était nelle, si elle a pour but la punition d’un crime :

défendu d’enterrer les comédiens en terre sainte. Ces cette dernière s’appelle aussi publique, parce qu’elle
préjugés s’effacent tous les jours, et l’acteur est estimé est faite d’office dans un intérêt public. On nomme
en proportion de sa conduite et de sa valeur person- A. pétitoire, celle par laquelle le propriétaire
nelle. Les plus grands acteurs de l’antiquité sont, d’un fonds , ou un ayant droit sur ce fonds , agit
chez les Grecs , Polus et Théodore ; chez les Ro- contre le possesseur à l’effet de recouvrer sa pro-
mains, Ésope et Roscius, qui excellèrent, le premier priété ou la jouissance de ses droits ; A. posses-
dans la tragédie , et le second dans la comédie. soire, celle par laquelle on demande à recouvrer
Dans les temps modernes, les noms les plus célèbres une possession, ou à être maintenu en possession.
sont, parmi les acteurs, ceux des tragiques Garrick, En Matière commerciale et industrielle, on nomme
Lekain, Larive, Talma, Kemble ; des comiques Molô, action une part dans les fonds et dans l’intérêt d’une
Préville, Baron ; parmi les actrices, ceux de Champ- compagnie formée pour une entreprise quelconque
mèlé, Lecouvreur, Dumesnil, Clairon, Mars, Duches- (mines, canaux, chemins de fer, banque, etc.). Ces
noy, George, Rachel. Plusieurs des plus grands au- actions peuvent se négocier; elles sont en hausse
teurs ont été en même temps d’excellents acteurs, à ou en baisse, selon qu’on en espère plus ou moins.
leur tête Shakspeare et Molière. Ce mode de placement, né du besoin d’associer
ACTIF. En termes de Commerce, V actif est la pour les grandes entreprises des fortunes qui se-
réunion des sommes dues à un négociant, de tous les raient insuffisantes isolément, est d’origine fort ré-
biens, mobiliers ou immobiliers, qu’il peut posséder; cente. Il est sujet à de très-grandes variations. En
on l’oppose au passif, qui est, au contraire, le total 1719, on vit les actions de la compagnie des Indes
des sommes dont le négociant est débiteur. — Au occidentales, établie par Law, s’élever en six mois
budget de l’État, V actif se compose de la percep- de 100 à 1,900 liv., puis tomber tout à coup, et
tion de tous les impôts , du recouvrement de toutes ruiner des milliers de familles. —
Les actions sont
les créances, quelles que soient leur nature et leur nominatives ou au porteur; la cession s’en fait,
source. — En Grammaire, on oppose aussi actif à dans le premier cas, en inscrivant sur les registres
passif ; verbe actif, voix active. Voy. verbe. une déclaration de transfert; dans le second, par la
ACTINIE (du ^rcc actis, rayon), zoophyte ma- simple remise du titre.
rin, genre d'e Polypes rayonnés et charnus, à ten- ACTIVITÉ , puissance d’agir : on l’oppose à la
tacules nombreux, au centre desquels est une ouver- Passivité. On distingue l’activité physique ou force
ture qui sert â la fois de bouche et d’anus. Ces ani- motrice, principe de toutes les facultés physiques ,
maux ont la forme d’un cylindre ou d’une demi- cause de tous nos mouvements; l’activité mentale,
sphère à couleurs brillantes, et s’épanouissent à la principe de toutes nos facultés intellectuelles et mo-
manière des fleurs ; d’où vient qu’on les appelle Ané- rales. L’activité, quelles que soient d’ailleurs ses
mones de mer. Leur contact est brûlant, ce qui leur applications, peut être successivement spontanée ou
fait aussi donner le nom à' Orties de mer. Cependant instinctive , volontaire ou éclairée , libre ou déli-
quelques espèces sont comestibles : telles sont YA. bérée, habituelle ou machinale. Quelques philo-
edulis , qu’on trouve sur les côtes de Provence. sophes, en réduisant tout à la sensation, ont impli-
ACTINOTE. Voy. amphibole. citement détruit l’activité; Laromiguière et Maine
ACTION. En Mécanique, le mot action exprime de Biran se sont honorés en rétablissant le rôle de
tantôt l’effort qu’une force déploie contre un corps l’activité, bien que ce dernier ait paru d’abord bor-
tantôt l’effet, le mouvement résultant de cet effort. ner ce rôle à l’exercice de la force motrice, à Y effort
C’est un axiome en Mécanique, que la réaction musculaire.
est toujours égale à l’action. On admet aussi que
,
ACUPONCTURE (d’acus, aXgmWe, punctura pi-
lorsqu’il survient quelque changement dans l’état qûre) opération qui consiste à introduire des ai-
,
des corps, la quantité d’action qu’ils perdent est la guilles dans le corps, a été employée pour guérir cer-
plus petite possible : cette vérité, établie par Mau- taines affections, telles que névralgies, douleurs
pertuis , est connue sous le nom de principe de la rhumastimales , paralysies, inflammations. On se
moindre action. —
En Littérature, V action le dé- sert , à cet effet , d’aiguilles fines , en or, en argent
veloppement, suivant les règles de l’art, de l’événement ou en acier détrempé; on les garnit d’une tête de
qui fait le sujet du drame et de l’épopée ; on y dis- métal ou de cire pour qu’elles ne s’enfoncent pas
tingue trois parties ; l’exposition, le nœud, le dé- tout entières. Les Chinois, les Japonais pratiquent
noùment. La règle de toute action est l’unité : depuis des siècles l’acuponcture ; c’est leur remède
universel. Le voyageur Kæmpfer apporta cette mé-
...SU qaodTÎs simplex dmU&xat et onom.
thode en Europe à la fin du xvn» siècle. Elle était
Cette règle ,
fondée sur une nécessité réelle
, parce fort négligée, lorsqu’on 1826 M. J. Cloquet la remit
que en se divisant , a mieux ré-
l’intérêt se dissipe en vogue; mais elle retomba bientôt dans l’oubli.
sisté aux des novateurs que celles qui pres-
efforts M. Cloquet a donné un Traité de l’Acuponcture, Paris,
crivent l’unité de temps et de lieu. —
Dans l’Art 1826, etM. Pelletan une Notice sur l’Acup,, 1828.
oratoire, Yaction est le geste et le débit : les anciens ADAGE (en latin adagium, qu’on dérive d’aef
y attachaient la plus grande importance. Démo- agendum , pour agir, règle d’action), maxime ou
sthèue y réduisait pieque tout, et. disait que l’ac- règle de conduite dont l’expression est consacrée et
tion est le commencement, le milieu et la fin de est devenue proverbiale. Chaque nation a ses adages ;
l’art de l’orateur. Cicéron l’appelle le langage du l’Orient surtout est riche en ce genre : on l’a sur-
corps , sermo corporis , et lui consacre une grande nommé le pays des adages. Erasme a extrait des
place dans ses traités de rhétorique. —
En Juris- auteurs anciens plus de quatre mille sentences de ce
prudence, Yaction est à la fois le droit de réclamer genre : ce recueil est connu sous le titre d! Adages
en justice ce qui nous appartient ; Jus persequendi d’Erasme.
injudicio quod sibi debetur {Itistit., lib. IV, tit. vi), ADAGIO, mot italien qui signifie à l’aise, posé-
et l’usage que l’on fait de ce droit. On dit en ce ment. Ce mat, placé â la tête d’un morceau de mu-
, , ,, ,,

ÂDHÉ - 16 — ADJE
sique, indique que le mouvement en est moins lent solides de la surface d’un liquide. Pour mesurer cet
que celui du largo , et moins animé que celui de effort, on se sert d’une balance : d’un côté on met
\'andante. C’est à Corredi, violoniste du xvu' siècle, le disque , de l’autre on met des contre-poids ; et
que l’on doit l’introduction de Vadagio. quand l’équilibre est établi, on approche la surface
ADANSONIA, nom donné par quelques botanistes liquide jusqu’à l’instant où elle touche la surface
au Baobab dédié au célèbre Adanson. V. baobab.
, inférieure du disque ; alors on ajoute peu à peu des
ADANSONIÉES (du genre type Adansonia, Bao- poids du côté opposé ; l’on note combien il en faut
bab) , tribu des Bombacées , comprenant les genres mettre pour rompre l’adhésion. Ce procédé a été
Adansonia, Bombax, Erione, Eriodendron. imaginé par Taylor et perfectionné pai- Cigna
ADDITION {A'addo ajouter) ,
opération d’ Arith- Guyton-Morveau, etc.
métique qui a pour objet de réunir plusieurs nom- ADIANTE, Adiantum (mot grec qui signifie fou-
bres en un seul appelé somme ou total. C’est la gère), genre de Fougères, à feuilles minces et trans-
première des quatre règles fondamentales de cette parentes, à tige grêle et lisse comme les cheveux, ce
science. S’il s’agit de nombres entiers, tout l’artiüce qui leur a valu le nom de Capillaires. 11 comprend
de l’opération consiste à additionner d’abord la co- environ CO espèces, dont deux habitent nos climats
lonne des unités simples de tous les nombres proposés, tempérés ce sont l’A. pedatum on A. de Canada, et
:

puis les dizaines, puis les centaines, et ainsi de suite ; VA. capillus Ve?ieris ou Cheveu de Vénus. Cette der-
en un 'mot, à substituer à l’opération proposée plu- nière ti*e son nom du pédicule et de la nervure mé-
sieurs opérations partielles beaucoup plus simples. diane des feuilles, qui ont la couleur et la finesse des
Si les nombres à ajouter sont complexes c’est-à- cheveux châtains. Cette jolie plante est commune à
dire s’ils contiennent des parties de dénominations tous les climats on la trouve dans le midi do la
;

diverses , ayant entre elles des rapports connus France, aux environs de Montpellier, ce qui l’a fait
comme toises, pieds, pouces, lignes, etc., on ajoute aussi nommer Capillaire de Montpellier. Elle se
ensemble les parties de même grandeur, en ayant trouve entre les fentes des rochers humides, sur le
soin de prélever , s’il y a lieu , sur chaque somme bord des fontaines. Sou feuillage, très-découpé , est
partielle les unités de l’ordre supérieur, afin de les élégant, et la plante desséchée a un arôme léger,
reporter à la colonne des unités de cet ordre. Pour — fort agréable , qui la rend propre à être employée
additionner des fractions, il faut préalablement les en infusion dans la toux ; on en fait également un
réduire au même dénominateur, afin qu’elles repré- sirop connu sous le nom de sirop de capillaire.
sentent des parties de même grandeur, puis ajouter ADIANTÉES (du genre type) , tribu de la section
ensemble les numérateurs des fractions ainsi ré- des Polypodiacées, famille des Fougères, renferme les
duites, et donner à leur somme le dénominateur genres Adiantum, Lonchitis, Pteris, Cheilanthus.
commun. —
L’addition des quantités algébriques ADIPI(3UE (acide), acide organique, à cristaux
s’effectue en écrivant à la suite l’une de l’autre
les blancs, obtenu par M. Laurent eu faisant agir l’acide
avec leurs signes , et en réduisant les termes sem- azotique sur les corps gras (en latin adeps).
Idables, s’il y a lieu : ainsi la somme de 2a-)- b, et ADIPQCIRE (à' adeps, adipis, graisse, c’est-à-dire
a — 2A, est 2a-)-6-l-a —
26, ou, en réduisant, cire grasse), ou Gras de cadavre, produit de la dé-
3a — 6. composition des substances animales dans la terre hu-
ADDUCTEURS (müscles). V. muscles adducteurs. mide ou sous l’eau. Ce produit se rencontre fréquem-
ADELPHES (du grec adelphos, frère), se dit, en ment dans les cimetières humides. Il a été observé
Botanique, des étamines réunies en certain nombre pour la Iro fois en 1787 par Fourcroy. M. Chevreul
sur un support commun qu’on a proposé de nom- l’a trouvé formé d’une petite quantité d’ammonia-
mer anc?/’op6ore de là les épithètes de monadelphes
.•
que, de potasse , de chaux, unie à beaucoup d’acide
(étamines réunies en un seul groupe ) , diadelphes margarique et à très-peu d’acide oléique. L’adipo-
(deux groupes), etc., et les noms de monadelphie cire provient seulement de la graisse préexistante
diadelphie, polyadelphie, donnés par Linné à trois dans le corps mort, et non de l’altération de la
des classes de son système sexuel. chair humaine, des tendons ou des cartilages, ainsi
ADÉNITE, ADÉNOLOGiE, ADÉNOTOMIE, etc., mots qu’on l’avait d’abord supposé. Les Anglais font avec
dérivés du grec aden, glande. Voy. glande. Vadipocire des chandelles économiques d’une con-
ADHÉRENCE [A'aakærere, être attaché à) , état sistance plus grande que le suif, et qui ressemblent
de deux corps qui, sans se pénétrer, sont retenus beaucoup aux bougies de cire. Jusqu’à ces derniers
l’un près de l’autre par le seul contact des surfaces. temps, on a confondu à tort l’adipocire avec le
L’eau, par exemple, adhère à un grand nombre de Blanc de haleine ou Céline, et avec la Cholestérine
corps ; les particules d’une même goutte d’eau ont extraite des sécrétions biliaires de l’homme.
aussi entre elles une certaine adhérence : les parti- ADIVE ou coRSAc , espèce de Chien. V. corsac.
cules d’huile en ont entre elles une encore plus ADJECTIF (A'adjicio, ajouter), une des parties es-
grande. Deux disques bien polis de métal , de verre sentielles du discours, exprime une qualité, une ma-
ou de marbre, adhèrent entre eux, et il faut une nière d’être comme ajoutée ou rapportée à une sub-
assez grande force pour les séparer, même dans le stance ; aussi n’y a-t-il point d’adjectif sans substantif,
vide. L'adhérence est un élément très-important exprimé ou sous-entendu. Comme la qualité est insé-
dans la construction des machines. Sur les chemins parable du sujet, l’adjectif subit toutes les variations
de fer, par exemple , on diminue les obstacles qui du substantif; il s’accorde avec lui en genre, en
s’opposent à la marche des locomotives, en aug- nombre, en cas. Il y a cependant quelques langues,
mentant leur adhérence aux rails. Dans ces derniers comme l’anglais, le persan, le turc, où l’adjectif est
temps, un habile chimiste, M. Nicklès, a proposé de invariable. Quelques grammairiens rapportent l’ad-
renforcer cette adhérence en transformant les roues jectif au nom, distinguant des noms substantifs et
des locomotives en aimants au moyen d’un système des noms adjectifs; l’Académie semble conûrmer
de piles galvaniques. —
On attribue le phénomène cette manière de voir quand elle définit les adjectifs
de l’adhérence à une force que l’on nomme adhé- noms que l’on joint substantifs pour les qua-
aux
sion, espèce d’attraction moléculaire qui commence lifier ou les modifier. —
On distingue deux classes
à se faire sentir lorsque deux corps se répondent d’adjectifs : les adjectifs qmlificatifs, comme blanc,
par un grand nombre de points d’une surface unie ; noir; beau, laid, qui expriment les qualités pro-
cependant ce phénomène ne parait point étranger à pres aux personnes et aux choses ; et les adjectifs
ce qu’on nomme affinité chimique ou attraction de déterminatifs, comme ce, ces; un, plusieurs; mon,
combinaison. On détermine la force d’adhésion en ton, son, etc., qui expriment les diverses manières
évaluant l’effort nécessaire pour détacher des disques dont l’esprit envisage les choseâ. Il y a quatre sortes
, , , ,,
,

ADMI — 17 — ADRA
d’adjectifs déterminatifs ; les adjectifs numéraux ,
Après la révolution de février 1848 , le gouver-
démonstratifs, possessifs et indéfinis; on fait aussi nement provisoire créa une École d’administra-
rentrer Variicle dans la classe des adjectifs déter- tion : cette école fut annexée au collège de France;
minatifs. —
Pour Y Adjectif verbal , Voy. verbal. les cours devaient être faits par les hommes les
ADJOINT (du latin adjunctus). Ce mot, qui si- plus éminents du nouveau gouvernement; MM. La-
gnifie en général toute personne associée à une autre martine , Garnier-Pagès , Marrast , Ledru-Rollin ;
pour l’aider dans ses travaux, s’applique tout spé- mais aucun d’eux ne monta jamais en chaire, et
cialement à Y adjoint au maire officier public qui, l’école, mal conçue, quoique utile dans sa destina-
dans chaque commune, est chargé de remplacer le tion , fut supprimée en 1849 par l’Assemblée légis-
maire en cas d’absence et d’empêchement, et qui lative; il fut seulement créé, dans plusieurs des
le seconde dans ses fonctions. Voy. maire. Facultés, de nouveaux cours de droit administratif.
ADJUDANT (du latin adjuvare aider) , officier ADONIDE (d’ Adonis, personnage mythologique)
militaire, subordonné à un autre pour l’aider dans plante herbacée, de la famille des Renonculacées,
ses fonctions. Les adjudants sous-officiers font le d’un aspect élégant, à feuilles finement découpées,
service journalier; ils sont les premiers parmi les à fleurs ordinairement solitaires, rouges ou citrines,
sous-officiers; ils ont une solde plus élevée, un ayant cinq ou six pétales. Elle est très-abondante
uniforme plus distingué; ils portent à droite une dans les blés. On distingue l’A. vernaleoa de prin-
épaulette d’or ou d’arg. à franges simples, barrée d’un temps, l’A. estivale ou d’été, dite aussi Œil-de per-
double galon tissé dans le corps ; à gauche une contre- drix, et surtout l’A. automnale ou Goutte- de- sang
épaulette semblable. Ce grade a été créé en 1771. ainsi nommée à cause de sa couleur d’un rouge
Les adjudants ont autorité et inspection immédiate pourpre. Cette dernière, selon la Fable, reçut le sang
sur les sous-otticiers et caporaux, pour tout ce qui d’Adonis blessé : c’est de là qu’elle tire son nom.
a rapport au service et à la discipline ils sont
; Elle est cultivée dans nos jardins. On l’expose au nord.
chargés de l’instruction des caporaux; ils sont sous ADONIQUE (vers), vers latin composé d’un dactyle
les ordres des adjudants-majors. —
Les adjudants- et d’un spondée ou d’un trochée. Ex. Tërruïtürbém.
:

majors sont chargés de tous les détails du service, Il termine ordinairement la strophe saphique Voy. {

ainsi que de l’instruction des sous-officiers et capo- saphique). On croit que son nom vient de ce que
raux de leur bataillon. Les adjudants-majors sont ce vers était usité dans les lamentations ou fêtes
nommés par le ministre on les prend dans le grade de
;
lugubres en l’honneur d’ Adonis.
capitaine. Ils portent les insignes de leur grade, ADOPTION (d’adoptare, dérivé de opto, choisir),
mais avec des épaulettes d’une couleur distincte de acte en vertu duquel un étranger est admis à faire
celle du corps (blanches quand celles du corps sont artie d’une famille qui le reçoit dans son sein,
jaunes, jaunes quand elles sont blanches). Ces adju- ’adoption était pratiquée par tous les peuples an-
dants ont été créés en 1790. —
Les adjudants géné- ciens. A Athènes , on ne pouvait adopter que des
raux, créés en 1790 , appelés aussi adjudants com- enfants légitimes, qui n’eussent pas plus de vingt
mandants , sont devenus colonels d’état-major. ans. 11 fallait, pour adopter, avoir un âge prescrit
ADJUDANT DE PLACE. Voy. AIDE-MAJOR. par la loi et être inscrit sur les registres publics.
ADJUDICATION (d’adjudicare, juger en faveur A Rome, l’adoption était très-fréquente : elle se fit
de, adjuger), concession faite aux enchères ou au d’abord avec l’autorisation des pontifes, et, plus
rabais par un officier public chargé des pouvoirs tard , avec celle des magistrats ou du peuple. L’a-
nécessaires. Celui qui adjuge est dit adjudicateur, doptant avait droit de vie et de mort sur l’adopté :
celui à qui on adjuge adjudicataire. 11 y a trois celui-ci devait avoir dix-huit ans de moins que le
sortes d’adjudications ; \°V A. volontaire onia. y cnie premier. Dans l’origine, les patriciens ne pouvaient
que fait aux enchères un individu majeur et capa- adopter les plébéiens ; mais ceux-ci pouvaient adop-
ble de traiter, qui vend ses immeubles ou ses meu- ter un patricien. Quelquefois on adoptait par testa-
bles sans y être contraint par ses créanciers; 2® Y A. ment. L’adopté prenait le nom et le surnom de
forcée o\x judiciaire ou la vente que les créanciers l’adoptant, et y ajoutait son nom de famille ou son
poursuivent en justice des biens de leur débiteur surnom, dont il faisait un adjectif : ainsi, Scipio
pour obtenir leur payement ; 3® Y A. administrative, Æmilianus , Ccesar Octavianus , indiquaient que
que fait l’Administration pour les ventes ou baux des l’adopté des Scipions ou des Césars se nommait d’a-
biens de l’État, des départ, et communes. —L’A se fait, . bord Æmilius ou Octavius. —
En France, l’usage
soit à la chaleur des enchères et à l’extinction des feux, de l’adoption se perdit après la première race de nos
soit par soumission cachetée. Toute adjudication doit rois. Rétablie en 1792, l’adoption a été consacrée
être faite avec publicité et concurrence. La conces- dans le Code civil. L’adoptant doit être âgé de plus
sion n’est définitive qu’après vingt-quatre heures. de cinquante ans, avoir au moins quinze ans de plus
ADMINISTRATION publioue. On nomme ainsi que l’adopté, et n’avoir pas d’enfants légitimes ; s’il
l’ensemble des pouvoirs qui , soit au centre de l’E- est marié, il faut le consentement de l’autre époux.
tat, soit dans chaque département, arrondissement, L’adopté doit être majeur. —
Outre l’adoption ordi-
canton et commune, sont chargés de l’exécution naire, leCode admet l’adoption rémunératoire
des lois d’intérêt général qui statuent sur les rap- faite en reconnaissance de quelque grand service,
ports nécessaires de chaque administré avec la so- et l’adoption testamentaire. Tout ce qui regarde
ciété. Les principaux agents de l’A. sont, après le l’adoption est réglé par le Code civil, liv. I, tit. viii.
chef de l’État (empereur, roi ou président), les minis- ADOXA (du grec a priv., et doxa, gloire, sans
tres et leurs agents, préfets et maires, etc. On dis- éclat), nom donné par les botanistes à la Moscatelle,
tingue : A. civile, judiciaire, ecclésiastique, uni- sans doute à cause du peu d’éclat de ses fleurs,
versitaire, militaire, financière, forestière; A. des petites et d’un jaune verdâtre. Voy. moscatelle.
ponts-et-chaussées, des hospices; A. centrale, dépar- ADRAGANT (par corruption du mot tragacan-
tementale, municipale, etc. tha, nom grec de l’arbrisseau épineux qui donne cetie
La science de l’administration, d’origine toute ré- gomme), gomme qui découle spontanément des tiges
cente, est surtout redevable en France aux travaux et des rameaux de certains arbrisseaux, surtout de
de M. de Gérando, qui occupa la première chaire de Y Astragalus tragacantha et de l’Astragalus verus,
droit administratif à la Faculté de Paris; et à ceux qui se trouvent dans la Turquie d’Asie ainsi que dans
(le MM_. Cormenin etMacarel. M. L. Dufour a donnéun
la Perse. L’adragant est en petits fragments ruba-
Traité de Droit administratif appliqué (1854), nés, opaques, de couleur blanche. Il sert en méde-
MM. Blanche et Boulatignier, un Dictform. d’A.(1850), cine comme analeptique ; en pharmacie , il donne do
et M. Block , un Dictionn. de l’A franc.
(1856).
. la consistance et le liant à plusieurs médicaments on ;

2
, ,,.,
, -

ADVE — 18 AÉRO
en fait des loochs, des crèmes , des gelées. Dans les déterminer : sagement, formé de sapienti mente,
arts , il donne du lustre et de la consistance et sert veut dire avec un esprit sage.
,
aux appréteurs, aux confiseurs, aux fabricants de ADYNAMIE (du grec a privatif, et dynamis,
couleurs, etc. La propriété qu’il a de former des mu- force ) , privation de force, disposition ou état mor-
cilages est due à un principe immédiat que l’on en bide caractérisé par l’abattement profond de la phy-
a extrait, et que l’on nomme Adragantine. sionomie, la flaccidité des chairs, la difficulté ou
ADRESSE. On nomme ainsi, en Politique, un dis- l’impossibilité du mouvement , l’obscurcissement des
cours adressé au chef de l’État par un corps politi- sensations ,des affections morales et des opérations
que, administratif, ou par une réunion de citoyens. Intellectuelles. Cet état d’adynamie s’observe dans
Sous la monarchie, on appliquait spécialement ce des maladies bien différentes , spécialement dans le
nom à la réponse faite par les chambres au discours typhus, le scorbut et la fièvre typho'ide, que l’on dé-
du trône. On connaît surtout la célèbre adresse dite signait autrefois sous le nom de fièvre adrjnamique.
des Deux cent vingt et un, votée en mars 1830 par ÆGAGRE ,
chèvre sauvage. Voy. chèvre.
221 membres de la Chambre des députés, en réponse ÆGAGROPILES. Voy. bézoard.
lu discours menaçant de Charles X. Cette adresse ÆGIGÈRÈES, tribu formée par De Candolle dans la
mal accueillie par le roi , fut bientôt suivie de la ré- famille des Myrsinacées ou Myrsinées, ne renferme
solution de juillet. — L’adresse , dont la discussion que le genre Ægiceras (du grec aix, aigos, ebè-
faisait perdre un temps précieux, a été supprimée vre , et héros, corne , ainsi nommé par allusion à
depuis la Résolution de 1848. la forme du fruit) , de l’Asie tropicale. Ce sont des
ADULAIRE, espèce de Feldspath qu’on trouve sur- arbrisseaux à fleurs blanches réunies en grappes ou
tout au mont Adule (Saint-Gothard) en Suisse. On en ombelles à l’extrémité des rameaux. Suivant
la nomme aussi Pierre de lune, à cause de sa cou- Rumph, les feuilles d’une espèce peuvent se manger,
leur blanche et de son éclat nacré. Les lapidaires la même crues, tandis que celles d’une espèce voisine
montent sur les bagues et les épingles. sont très-vénéneuses et servent à tuer le poisson.
ADULTE (âge). Voy. âge. ÆGILOPS (mot grec dérivé d’aïx, chèvre , et dps,
ADULTÈRE {&adiUterare , changer, corrompre œil). On nomme ainsi en Médecine un petit ulcère
dérivé A! aller, autre). Ce mot désigne et la violation qui se forme à l’angle interne de l’œil , et qui , lors-
de la foi conjugale et la personne coupable de cette qu’il devient calleux et sinueux, s’appelle fistule la-
violation. Le crime d’adultère
,
qui porte le trouble crymale. D est ainsi appelé , dit-on , parce que cette
dans les familles, et qui, commis par la mère, m^adie est commune aux chèvres.
charge le père d’enfants qui lui sont étrangers, En Botanique, on nomme Ægilops, vulg. (EU de
a été de tout temps flétri par la morale, condamné chèvre, wa g. de Graminées voisin du Trilicum, à épi
par les diverses religions , et puni sévèrement, simple, composé d’épillets fossiles, solitaires, de deux
quoique à des degrés différents, par la législation. à trois fleurs. On en distingue quatre espèces com-
Défendu par le Décalogue, il était puni de mort munes dans le midi de la France. On à prétendu
chez les Juifs les deux coupables étaient lapidés
: que le froment n’était qu’une modification d’une de
Les Lacédémoniens, les Germains, punissaient éga- ces espèces ,
V Ægilops ovata.
lement l'adultère du dernier supplice :c’est ce' ÆGLEFIN ou aigrefin, poisson du genre Gade,
qui a lieu encore aujourd’hui chez les Musulmans et analogue à la morue ; sa chair s’enlève aussi facile-
chez la plupart des Orientaux. A Athènes, la femme ment par feuilles, mais elle est moins recherchée. Ce
coupable était répudiée et exclue des temples. A poisson ne parvient guère qu’à la longueur de quatre
Rome, elle était livrée au mari, qui pouvait la ré- ou cinq décimètres. On le trouve dans l’Océan Sep-
pudier ou même la tuer; la loi Julia, rendue par tentrional. Tl s’approche dans les mois de février et
Auguste, prononçmt, selon les cas, la mort ou la de mars, en troupes serrées, vers les rivages septen-
relégation. — En France, avant la Révolution, la trionaux de l’Europe.
femme adultère était le plus souvent enfermée, pour ÆPYORNIS (du grec aipys , immense et ornis , ,

le reste de ses jours, dans un couvent ou dans un oiseau), genre d’oiseaux gigantesques, tout à fait
hôpital avec les femmes de mauvaise vie. Aujourd’hui, distinct de l’autruche et du casoar, et dont on n’a que
l'adultère donne dieu à la séparation (au divorce, quelques os et les œufs. Ces œufs, découverts à Ma-
avant l’abolition du divorce), Code civil, art. 229, dagascar en 1850, ont une capacité de huit à dix
'230. La femme adultère est, en outre, condamnée litres les Malgaches s’en servent comme de vases.
:

par le Code pénal (art. 336-39) à la réclusion pen- AÉRAGE, aération. Foy. ventilation.
dant un temps qui peut varier de 3 mois à 2 ans ;
AÉRIFORME (qui a la forme de l’air) , se dit des
son complice est passible de la même peine, et, de fluides qui, différant de l’air atmosphérique par
plus ,' d’une amende de 100 à 2,000 fr.; le meurtre leur nature propre, lui ressemblent par leur trans-
1 ommis sur les coupables pris en flagrant délit par le parence, leur élasticité, leur compressibilité tels :

mari outragé est déclaré excusable (C. p. 324). Le sont les gaz et les vapeurs.
mari adultère est condamné à une amende de 100 à AÉROLITHES (du grec aer, air, et lithos, pierre),
JOOO fr., s'il a entretenu une concubine dans la maison dits aussi Bolides, Pierres météoriques. Météorites,
conjugale(339) .Les enfants adultérins ne peuvent être masses minérales plus ou moins volumineuses qui
reconnus ni légitimés ; ils n’ont droit qu’à des aliments. tombent de l’atmosphère. Elles sont généralement
AD 'VERBE (dearf, à, auprès, et nerôwm, mot), mot arrondies et recouvertes d’une écorce noire ; elles se
invariable, dont la fonction est de modifier le mot, composent de diverses substances terreuses ou mé-
verbe, adjectif ou adverbe, auprès duquel il se place. talliques , dont quelques-unes sont cristallisées et
U y ajoute une idée de degré, très, fort, trop, j>lus, les autres en globules ou en petites veines. On y
moins, peu, beaucoup; de manière, lentement, trouve principalement du fer allié à du nickel et à
doucement, aisément; de temps , comine demain du chrôme, quelquefois aussi à du soufre, à de la
aujourd’hui, hier; de lieu, comme ici, là. L’adverbe silice, à du manganèse. —
La chute des aérolitbes
» est pas, à proprement parler, un élément essentiel est ordinairement précédée de l’apparition de globes
d langage ; il n’est lui-même qu’un mot composé
1
enflammés qui se meuvent dans l’espace avec une
qu’une forme abrégée et mixte, qui équivaut à une grande vitesse et à une très-grande hauteur, et qui
préposition suivie de son complément ; agir sage- finissent par éclater en produisant de fortes déto-
ment c’est agir avec sagesse.
,
— Tous nos adverbes nations. Les pierres météoriques arrivent brûlantes
en ment ne sont autre chose qu’un adjectif joint à à la surface de la terre, et dégagent souvent des —
l’ablatif latin mente qui lui-même est pour avec vapeurs sulfureuses au moment de leur chute.
une disposition , une manière, que l’adjectif vient On pensé d’abord que les aérolitbes se formaient
a
,

AÉRO — 19 — ÆTHU
dans l’espace, vers la limite de notre atmosphère, ronaute aux plus graves dangers, fut bientôt aban-
par yoie d’agrégation et de condensation ; plus tard, donné. Dès 1783, le ph^icien Charles sut mettre à
Laplace a supposé qu’elles pouvaient être lancées profit la légèreté du gaz hydrogène pour le substituer
par les volcans de la lune. Mais, depuis quelques à l’air raréfié par la chaleur; ce gaz^ en effet, à la
années, on est disposé à regarder les pierres mé- même température que l’air, pèse environ quinze fois
téoriques comme des fragments de petites planètes moins que lui. On emploie de préférence aujourd’hui
qui, circulant irrégulièrement dans l’espace et se trou- le gaz d’éclairage. L’enveloppe se fait avec du tafletas
vant engagées dans notre système, cèdent à l’attrac- gommé de bonne qualité; un filet qui embrasse 1e
tion de la terre et se précipitent sur elle dès qu’elles ballon supporte la nacelle dans laquelle se place
entrent dans sa sphère d’activité. Cette hypothèse rat- l’aéronaute. Les couches de l’atmosphère étant de
tache ce phénomène à celui des étoiles filantes {Voy. plus en plus raréfiées à mesure qu’on s’élève , l’aéro-
ce mot) .

On regarde comme des aérolithes les masses naute parvenu à une certaine hauteur n’éprouve
plus qu’une poussée égale à son poids, et, par con-
de fer plus ou moins considérables qu’on trouve à la
surface de la terre en quelques lieux, bien qu’on n’en séquent, ne peut s’élever davantage. Si l’on gonflait
ait pasobservé la chute; plusieurs d’entre elles ont un entièrement le ballon en quittant la terre, l’hydro-
j)Oids qui dépasse plusieurs milliers de kilogrammes. gène tendant sans cesse à se mettre en équilibre
— La chute de pierres tombées du ciel est un fait avec l’air environnant, pourrait crever ce ballon à
connu de toute antiquité. Il est question dans Josué une certaine hauteur; pour prévenir ce résultat,
d’une pluie de pierres qui détruisit l’armée ennemie. on ne remplit les aérostats qu’aux trois quarts.
Les pierres miraculeuses que les anciens nommaient L’aéronaute se munit aussi d’une provision de lest,
bœtyles, uhadirs, et qu’ils gardaient dans les tem- dont il jette une partie quand il veut s’élever da-
ples en les consacrant aux dieux , surtout à Cybèle vantage et que le ballon n’a plus de force ascen-
n’étaient sans doute que des aérolithes. Plutarque, sionnelle. Pour redescendre, il ouvre, au moyen
dans la Vie de Ly sandre, décrit une pierre qui était d’une corde , une soupape ménagée à la partie su-
tombée en Thrace, près de l’embouchure de l’Ægos- périeure du ballon, et par laquelle s’échappe
Potamos. Longtemps les savants modernes ont relégué alors une portion du gaz hydrogène. L’invention
lespierrestombéesdu ciel parmi lescontespopulaires; du parachute ( Voy. ce mot prévient une partie
un fait de ce genre constaté à Sienne, en Toscane,
)

des dangers de 1a navigation aérienne. — Les


par le savant Cbladni le 16 juin 1794, ébranla les aérostats n’ont guère été jusqu’ici qu’un curieux et
incrédules; un autre fait, qui eut lieu en plein jour intéressant spectacle destiné à amuser la foule dans
à L’Aigle, en Normandie, le 26 avril 1803, et qui les fêtes publiques; ce jeu hardi a donné la célébrité
fut l’objet d’une enquête de la part de l’Académie à quelques aéronautes , mais il a été fatal à plusieurs
des sciences, dissipa tous les doutes. — Un savant (
Voy. aéronaute). On a aussi essayé d’en faire
anglais, M. Howard, a dressé une liste chronolo- quelques applications utiles : ainsi, on s’est servi
gique de toutes les pierres tombées du ciel depuis des ballons pour reconnaître en temps de guerre
les temps les plus reculés jusqu’en 1818; M. Chladni les positions de l’ennemi ; il fut formé en 1793 une
a continué cette liste jusqu’en 1824. compagnie d’ingénieurs aérostatîers, et à la bataille
AÉRONAUTE (du latin aer, air, et nauta, naviga- de Fleurus (1794), des officiers montés dans un
teur). On nomme ainsi ceux qui voyagent dans l’air au ballon observaient les mouvements des Autrichiens ;
moyen A’aérostats {Voy. ce mot). Les plus célèbres ce moyen a été bientôt abandonné. Les Russes ten-
aéronautes, après les frères Montgolfier, inventeurs tèrent, en 1812, de se servir des aérostats pour jeter
de l’aérostat, sont : Blanchard, qui réussit à traver- sur l’armée française des projectiles incendiaires ;
ser la Manche en 1785 ; Pilàtre de Rosier, qui voulut mais cette tentative échoua. —MM. Biot et Gay-
renouveler l’expérience peu de mois après, mais qui Lussac appliquèrent en 1804 l’aérostat à la solution
périt pour avoir imprudemment placé au-dessous de plusieurs problèmes de physique ; M. Gay-Lussac
d’un ballon plein d’hydrogène une montgolfière avec s'élèva à près de 7,000 mètres, la plus grande hau-
son foyer ardent ; Garnerin, qui le 1 ''' se servit du para- teur atteinte jusqu’ici. MM. Bixio et Barrai ont éga-
chute (1797) ; M“® Blanchard, qui périt par le feu en lement exécuté, en 1850, deux ascensions dans un
lançant des artifices du haut de sa nacelle au jardin
de Tivoli (1819) , et, de nos jours , MM. Robertson,
but scientifique. — M. Arago a proposé de se servir
de l’aérostat pour faire passer dans le sol l’électricité
Green, Margat, Godard, Poitevin, Petin ; Tun d’eux, contenue dans les nuages et préserver ainsi les ré-
M. Green, a renouvelé le trajet de la Manche en 1851. coltes de la grêle; on n’a pas encore expérimenté
AEROSTAT (du latin aer, air, sfare, se tenir) , es- ce moyen. — De nombreux essais ont été faits pou»-
pèce de ballon rempli d’un fluide plus léger que l’air, et diriger les aérostats. On trouve sur cette matière
au moyen duquel on peut s’élever dans l’atmosphère. un intéressant article dans le Magasin pittoresque
Cn appelle aéronaute celui qui monte l’aérostat. Le (rnai 1844) ; M. Francallet a écrit une dissertation
principe de cette ascension est le même que celui Sur les moyens de diriger les aérostats (Paris,
qui fait monter à la surface de l’eau les corps moins 1849) mais jusqu’ici le succès n’a point confirmé
;
denses qu’on y a plongés : c’est que tout corps plongé les moyens proposés. M. Petin prétendait résoudre
dans un fluide quelconque perd une partie de son le problème au moyen d’un navire aérien soutenu
poids égale au poids du fluide qu’il déplace. —
Les par plusieurs ballons (1851) On peut consulter, pour
.

aérostats furent imaginés par les frères Montgolfier, lus de détails, YÂérostation, ou Guide pour servir
d’Annonay, qui firent leur première expérience à l’histoire et à la pratique des ballons, par
Annonay, le 5 juin 1783 ; ils la répétèrent à Versailles M. Dupuis-Delcour (Paris, 1849) j et les Ballons,
le 20 sept. Leur ballon, appelé de leur nom montgol- ou Histoire de la locomotion aérienne depuis son
formé d’une enveloppe de toile doublée de
fière, était origine jusqu’à nos jours, par M. J. Turgan
papier et renfermait de l’air dilaté par la chaleur (on (Paris, 1850).
produit cette dilatation en brûlant de la paille sous' AÉROSTA'TIER ou aérostier. Voy. aérostat.
un orifice ménagé à la partie inférieure du ballon). ÆSCULUS. Voy. marronnier.
Au mois d’oct. 1783, Pilâtre de Rosier et le marquis ÆSTHÉTIQUE. Voy. esthétique et beau.
d’Arlandes osèrent les premiers s’élever dans une ÆTHUSE, Æthusa (du grec àithô, j’enflamme),
nacelle suspendue au-dessous d’une de ces mont- genre de la famille des Ombellifères , ainsi nommé
golfières; -pom éviter que le refroidissement qu’é- à cause de l’âcreté du suc de la plante. On distingue.
prouvait te ballon ne ramenât l’air qu’il contenait à 1® VÆ. cynapium, ou petite ciguë, qui est très-
son premiei volume, ils entretenaient du feu sous vénéneuse et qu’on peut confondre facilement avec
l’orifice de l’aérostat. Ce procédé qui exposait l’aé- le persil ; elle en diffère toutefois par l’odeur fétide
,

2.
— , ,

AFFI 20 — AFFI
ipi’elleexhale quand on froisse ses feuilles entre les un culot d’argent fin. — U affinage de la fonte, c’est-
loigts, et par la couleur de ses fleurs qui sont très- à-dire sa conversion en fer ductile et malléable,
blanches , tandis que celles du persil sont d’un consiste à la chauffer fortement au contact de l’air,
aune verdâtre; 2°l'Æ. à feuilles capillaires, qui afin d’oxyder le carbone et les autres matières étran-
i des vertus médicales et qui nourrit les bestiaux. gères. Cette opération se pratique dans des four-
AFFAIRES ÉTRANGÈRES. V. RELATIONS EXTÉRIEURES. neaux particuliers appelés pudlings ou fours àpud-
AFFALER (S’), terme de marine, s’approcher ler. — On appelle encore affinage : 1“ l’opération
irop près de la côte au risque de ne pouvoir ensuite qui a pour but de rendre le chanvre plus long, plus
ie délivrer. Un bâtiment affale lorsqu’il est poussé doux et plus fin ; ce qu’on obtient en le faisant passer
trop près de la côte par le vent ou par les courants. par plusieurs peignes de fer très-déliés et très-fins ;

— On dit, en prenant ce mot activement, affaler 2“ la dernière opération que l’on fait subir aux ai-
me manœuvre, pour l’abaisser, peser sur elle pour guilles , et qui consiste à aiguiser leur pointe sur
raincre le frottement qui la retient. une pierre ; 3® la dernière tenture que l’on fait subir
AFFECTION (d’afficere, toucher, émouvoir). En aux draps.
Psychologie morale, on désigne spécialement par AFFIMTÉ (d’fld, auprès, finis, limite; voisin).
le nom d’affections une classe de principes d’action, En Droit, que le mariage établit entre
c’est l’alliance
;elle qui est tirée des sentiments qui se rapportent à un époux de son conjoint; c’est une
et les parents
los semblables et qui est opposée aux mobiles pure- sorte de parenté civile. Les personnes ainsi unies
ment personnels. On divise les affections en bienveil- sont dites affins. On les nomme plus communément
iantes, telles que l’amour, l’amour paternel, filial, alliés : deux beaux-frèi es sont alliés entre eux ; une
’raternel, l’amitié, la pitié, le patriotisme, la belle-mère est alliée à sa belle-fille. —Les Théolo-
iliilanthropie , la reconnaissance; et en malveil- giens catholiques ont admis trois sortes d’affinités
'antes, telles que la haine, la jalousie, l’envie, la comme empêchement au mariage ; 1® entre le mari
rengeance, la misanthropie. — En Médecine, le et les parents de sa femme , et entre la femme et
mot affection est devenue synonyme de maladie : les parents de son mari; 2® entre le mari et les
ilfection rhumatismale, catarrhale, scrofuleuse, etc. alliés de la femme , et entre la femme et les alliés
AFFICHES (d’affigere, attacher, expliquer). En de son mari ; 3» entre l’adoptant , ses parents ou
rertu de la loi du 22 juillet 1790, les affiches pu- alliés, et l’adopté, ses parents et alliés. Dans le
bliées par le gouvernement peuvent seules être im- Code civil promulgué en 1803, les seules affinités qui
primées sur papier blanc; les affiches des simples mettent obstacle au mariage sont celles de beau-
particuliers doivent être sur papier de couleur. Ces père et belle-mère, beau-fils et beUe-fille, gendre
Jernières sont, en outre, soumises à un droit de et bru, beau-frère et belle-sœur (art. 161 et suiv.).
timbre et à de sévères règlements : la loi du 10 dé- Toutefois une loi du 16 août 1832 autorise le chef de
cembre 1830 prohibait toute publication politique au l’Etat à lever plusieurs de ces prohibitions; cette loi
moyen d’affiches ou placards; celle du 16 juillet 1850 permet notamment le mariage entre beau-frère et
a renouvelé et aggravé les prescriptions antérieures. belle-sœur.
AFFICHES (petites-). En 1638, le médecin Re- En Chimie, l’affinité est la tendance qu’ont les
naudot fit paraître sous le titre de Bureau d'a- corps à se combiner ensemble. On dit plus commu-
dresses, les Petites-Affiches de Paris, qui cessèrent nément aujourd’hui attraction chimique. Elle se
â sa mort (1653). Ce recueil périodique , repris en distingue des autres attractions moléculaires en ce
1715 et continué encore aujourd’hui, offre un assem- qu’elle ne se manifeste qu’entre des corps de nature
blage exact de toutes les affiches intéressantes et des différente, et qu’elle donne naissance à des composés
avis que les particuliers font publier. dont les propriétés diffèrent de celles des corps com-
AFFILOIR (de fil), instrument destiné à aiguiser posants. Le résultat de l’affinité est la combinaison
les instruments tranchants en leur donnant le fil, chimique. Les anciens chimistes distinguaient plu-
quand ils l’ont perdu , ou en leur enlevant le morfil sieurs espèces d’affinités ; affinité élective , prédis-
quand ils viennent d’être aiguisés à la meule. C’est posante, divellente , quiescente, etc. On conserve
le plus souvent une pierre schisteuse sur laquelle on encore quelquefois la première de ces dénominations,
répand quelquefois un peu d’huile pour favoriser le et l’on distingue l’affinité élective en simple quand
glissement de la lame. —On a récemment inventé un un corps mis en présence d’un autre, composé de
affiloir d’un nouveau genre : c’est un appareil com- deux éléments, se combine avec l’un de ces éléments
posé de deux cylindres d’acier placés parallèlement par une sorte de préférence et à l’exclusion du second ;

sur un plan horizontal, et garnis de cercles d’en- et en double, quand deux corps composés chacun
viron 5 millim. de largeur qui s’emboîtent légère- de deux éléments échangent un de leurs éléments.
ment les uns dans les autres et qui sont striés de Exemple : l’eau et le perchlorure de phosphore
manière à former de véritables limes. donnent de l’acide chlorhydrique et de l’acide phos-
affinage , opération de métallurgie par laquelle phorique. — Le mot affinité paraît avoir été employé
on dépouille certains Corps des substances qui en alté- pour la première fois par Barchusen , chimiste alle-
raient la pureté. Ce mot s’emploie surtout pour les mand , dans ses Eléments de chimie (Leyde, 1703).
métaux, notamment l’or, l’argent et la fonte. — Geoffroy l’aîné publia en 1718 la première table
U affinage de l’or a pour but de séparer ce métal de d’affinités; d’autres furent dressées par Wenzel,
l’argent et du cuivre. Autrefois, on effectuait cette Bergmann, Guyton-Morveau, et par plusieurs autres
séparation par la méthode dite du départ (ainsi chimistes du siècle dernier. —
On a, dans ce siècle,
nommée du mot départir, séparer), qui consistait rapporté l’affinité à un mode particulier d’électrisa-
à dissoudre le métal dans l’acide nitrique ; il se fai- tion imaginé par M. Ampère. Suivant lui , chaque
sait du nitrate d’argent et de cuivre soluble , tandis particule matérielle contient une électricité propre
que l’or restait à l’état métallique et insoluble. Mais positive ou négative , dont elle ne peut se départir,
on a renoncé à l’emploi de ce procédé, parce qu’il y et, par suite, elle s’entoure dans l’air d’une couche
avait toujours une certaine quantité d’or entraînée d’électricité contraire, qui rend positive celle dont
dans la dissolution. Aujourd’hui, on remplace l’acide l’électricité propre est négative, et réciproquement.
nitri(pie par l’acide sulfurique bouillant. \J affinage Cela posé , il y aura combinaison entre les molécules
de l’argent consiste à faire fondre ce métal dans un d’atmosphères d’électricité contraire, et répulsion
creuset lorsque le métal est fondu, on jette dans le
: entre celles qui seront chargées d’une électricité de
creuset du salpêtre qui se combine avec le cuivre même nature; et l’attraction ou la répulsion sera
sans toucher à l’argent ; ce mélange surnage à la d’autant plus forte, que la différence d’électrisation
surface du bain , et l'on trouve au fond du creuset des particules sera plus grande.
, , , ,,

AFFR 21 — AGAM
AFFIRMATION (de firmare, rendre ferme, cer- qu’il était libre de s’en aller (d’où l’expression de manu-
En Logique, c’est tantôt l’acte par lequel
tain). l’es- mittcre, qui signifie aussi : affr anchir de la manus ou
prit prononce sur la réalité d’un fait : affirmation autorité du maître) ; 2° par le cens (per censum) : l’e^
est alorsopposée à doute ; tantôt celui par lequel on clave que son maître pouvait affranchir ainsi n’avaût
juge qu’une substance possède une qualité; affirma- qu’à inscrire son nom sur les registres publics (cens)
tion est alors opposée à négation. Dieu est tout- et à déclarer son bien; 3° par testament: le maître
puissant jugement affirmatif; Dieu n’est pas in- déclarait dans son testament qu’il accordait la li-
juste, jugement négatif. berté à son esclave. On affranchit dans la suite par
En Droit, l’affirmation est la déclaration de la lettresou bien en déclarant l’esclave libre devant
;
vérité d’un fait, avec ou sans serment. D y a affir- cinq témoins, ou en le faisant manger à sa table.
mation de compte, de créante, de procès-ver- Pour être affranchi, ilfaUait avoir dix-huit ans. Les
baux, etc., selon les objets auxquels l’affirmation esclaves affranchis se coupaient les cheveux, et re-
s’applique. D’après Tarticlel781duCode civil, l’af- cevaient un bonnet , le pileum, comme signe de li-
firmation des maîtres, quand il s’agit de gages ou berté; alors ils choisissaient un prénom, et faisaient
d’appointements ,
prévaut sur celle des domestiques précéder leur nom de celui de leur patron.— Pour
et des ouvriers. Ce privilège, supprimé en 1848, a l’affranchissement chez les modernes, Voy. serfs,
été rétabli peu après. Foy. serment. ESCLAVES. —
Pour l’affranchissemeut des Communes,
ÀFFIXES {à’affixus attaché à) , particules qui Voy. COMMUNES.
se mettent à la fin des mots pour y ajouter l’idée AFFRONTÉ (de front), se dit, en termes de
accessoire de rapport à l’une des trois personnes Blason , des animaux qui semblent se regarder, et
comme cela a lieu dans les langues hébraïque, syria- en général, de toutes pièces posées en face l’une de
que, samaritaine, turque, laponne, péruvienne, etc. l’autre : deux lions affrontés.
On oppose aMxe à suffixe et h. préfixe. AFFUSION (de fundere, verser), application de
AFFOUAGE [A’ ad focum, destiné au feu). On l’eau usitée en Thérapeutique, consiste à faire tom-
nomme ainsi et le bois de chauffage qui se délivre ber ce liquide sur le corps, non en colonne d’un
annuellement aux habitants de certaines communes, petit diamètre, comme dans la douche, mais en
et le droit de recevoir ce bois. Cet usage, réglé par masse assez considérable pour atteindre à la fois
la loi du 26 nivôse an II, est imité d’une loi donnée une grande étendue de la surface cutanée. L’eau
à la Lorraine par Stanislas de Pologne. Il est in- des affusions est prise à diverses températures, et est
terdit de vendre son bois d’affouage. On doit à chargée de principes médicamenteux qui diffèrent
M. E. Meaame un Traité des droits d’usage dans selon les cas. On les emploie contre l’aliénation
les forêts et de l’affouage, 1851, 2 v. in-8. mentale, contre les affections nerveuses, contre la
AFFOURCHE (ancre d’). Voy. ancre. goutte, le rhumatisme, le tétanos. L’affusion pro-
AFFRANCHI (de fi'anc, libre), libertus, manu- duit une percussion et un refroidissement subit; elle
On nommait ainsi, chez
missus. les anciens, les détermine la constriction des vaisseaux capillaires
esclaves qui recevaient de leurs maîtres la liberté. et la concentration du sang sur les organes inté-
Chez les Grecs, les affranchis n’étaient pas consi- rieurs ; aussi ne doit-on l’employer qu’avec prudence.
dérés comme citoyens, et ne jouissaient d’aucun AFFUT [Aefût, dérivé de fustis, bâton), assemblage
droit. Ils étaient tenus de rendre encore certains de pièces de charpente sur lequel on monte un canon,
services à leurs anciens maîtres ; ceux-ci, de leur côté, et qu’on fait mouvoir par le moyen de deux roues.
leur devaient aide et protection. Les affranchis quit- On distingue VA. à rouage des A. de places et des
taient le plus souvent leur nom d’esclaves. — A Rome, A. marins, qui, au lieu de roues ordinaires, n’ont
on nommait libertus l’affranchi qui avait été lui- que des roulettes pleines qui suffisent pour faire
même esclave; libertinus, celai qui était né d’affran- mouvoir le canon sur un rempart ou sur de petits
chis. L’affranchi pouvait devenir citoyen, mais il espaces. L’A. à rouage lui-même diffère selon qu’il
était incapable d’exercer les hautes charges de l’Etat. est destiné à des pièces de campagne ou à des pièces
Les liberti et les libertini portaient un vêtement par- de montagne. L’affût sur lequel on place les mor-
ticulier. Longtemps méprisés à Rome, les affranchis tiers se nomme A. de mortier, et il n’a point de
devinrent tout-puissants sous les empereurs, surtout roues. Le système des affûts a été notamment amé-
sous les princes les plus corrompus, auxquels ils lioré depuis 1815 par l’introduction des A. à flèche
rendaient les services les plus abjects : sous Claude adoptés d’abord par les Anglais, et admis dans notre
et Néron, les Pallas, les Narcisse furent les maîtres artillerie en 1827.
de l’empire. En termes de Chasse, on nomme affût un lieu
AITRANCHISSEMENT. Chez les anciens , l’af- caché où l’on attend le gibier à la sortie ou à l’en-
franchissement était l’acte par lequel on rendait la trée du bois. La chasse à l’affût, comme toute autre
liberté à un esclave. A Sparte, le peuple seul pou- chasse, est interdite sur le terrain d’autrui.
vait affranchir les esclaves; il n’usait de ce droit que AGALLOCHE ou bois d’aloès. Voy. aouilaire.
pour récompenser des services rendus aux citoyens AGALMATOLITHE (du grec agalma, statue, et
ou à l’État. On déclarait l’esclave libre en lui met- lithos, pierre), minéral qui nous est apporté de la
tant une couronne sur la tête. A Athènes, le maître Chine sous la forme de petites statuettes et de ma-
pouvait affranchir son esclave : il le présentait à gots, servant d’ornement pour les cheminées; il est
un archonte , et le déclarait libre en lui mettant la translucide, d’un aspect mat, blanc, avec une lé-
main sur la tête ; ensuite un héraut annonçait l’af- gère teinte rose, grise, jaune ou verte; il se laisse
franchissement au peuple. Quelquefois la république couper et modeler facilement avec un instrument
affranchissait un esclave, et lui accordait le droit tranchant. D renferme beaucoup de silice et d’alu-
de citoyen lorsqu’il avait rendu de grands services. mine , avec un peu de chaux et de potasse.
A Rome , l’affranchissement commença sous Servius AGAMES (du grec a priv., et gamos, mariage,
Tulhus. Les maîtres affranchissaient eux-mêmes leurs c’est-à-dire sans organes sexuels), nom donné par
esclaves. Cela se faisait de trois manières : 1» par quelques botanistes aux plantes privées d’organes
la baguette {per vindictam) : le maître aUait de- sexuels, et dont les corpuscules reproducteurs ne sont
vant le consul ou le préteur, le proconsul ou le pro- pas de véritables graines. Ce mot , introduit dans
préteur, et lui proposait par une formule d’usage la science par Richard , est synonyme de cryptoga-
de donner la liberté à son esclave; si le magistrat y
consentait, il le déclarait libre en lui frappant la
mes. Voy. ce mot. —
Parmi les animaux, les poly-
pes d’eau douce, la plupart des radiaires et les in-
tête avec une baguette puis le maître ou le licteur
; fusoires, paraissent être agames. —
On donne le nom
le frappait sur la joue et lui faisait signe de la main A’agames à un groupe de Sauriens propres à TA-
, ,
, ,

AGAT - -22 — AGE


mérique, communs surtout à la Guyane. —
Agame ble à celle de la cire. Ces pierres font feu au briquet,
est aussi le nom d’une espèce de mollusque fossile quoique moins dures que le cristal de roche et le silex
appartenant au genre Bélemnite. ordinaire. Quand les bandesde couleur sont peu nom-
AGAMI, Psophia, g. d’oiseauxde l’ordre des Échas- breuses, et que les couleurs en sont très-tranchées,
siers, placé par Cuvier en tête de sa tribu des noir et blanc, par exemple, l’agate s’appelle onyx.
Grues, a pour type l’Agami trompette de la Guyane, Les agates d’un blanc laiteux, légèrement bleuâtre,
ainsi appelé à cause du bruit rauque qu’il fait en- se nomment calcédoines' les agates rouge cerise,
tendre fréquemment. L’agami s’attache à l’homme cornalines; les rouge orangé, sardoines: les bleu
et prend, pour lui rendre service, toutes les habi- de ciel, saphirines, les vert pomme, chrysopra-
tudes du chien. Cet oiseau est recherché pour sa ses; les vert foncé, tachetées de rouge, héliotro-
chair, qui est d’une saveur délicate. pes. On nomme A. œillée celle dont les couches
AGAPANTHE (c’est-à-dire fleur aimable, du grec sont circulaires; A. jaspée, celle qui est mêlée avec
agapè, amour, et anthos, fleur), belle plante liliacée, du jaspe; A. herborisée ou arhorisée, celle qui
à ovaire libre et non adhérent, forme un genre offre dans l’intérieur de sa pâte des représentations
qui a pour type VA. ombelle ( Crinum africa- d’herbes ou d’arbres; A. mousseuse, celie dont l’in-
num, L.) du cap de Bonne-Espérance. On la cul- térieur semble renfermer de la mousse ; A. enhy-
tive dans nos jardins sous le nom de Tubéreuse bleue. dre, celle qui contient des gouttelettes d’eau. Les
Sa tige, d’un mètre environ de hauteur, se pare agates sont employées dans la bijouterie et la gravure
en juillet d’une belle aigrette de fleurs bleues, de sur pierre. On les utilise aussi, à cause de leur
laforme et de la grosseur de celles de la tubéreuse, dureté , à la confection de mortiers, molettes , l)ru-
mais qui n’ont pas d’odeur. Originaire d’Afrique nissoirs, etc. —
On fait aujourd’hui des agates ar-
cette plante craint les plus petites gelées : aussi la qui imitent parfaitement la nature.
tificielles
rentre-t-on à la fin de l’automne pour ne la sortir L’A d’Islandeest l’Obsidienne; VA. noire, le Jayet.
.

qu’en février ou en mars. AGAYÉ (du grec agauos, admirable), genre de


AGAPANTHÉES, sous-ordre de la famille des Li- la famille des Amaryllidées , détaché des Liliacées
liacées, comprenant les genres Agapanthus (genre par Herbert. L’espèce la plus remarquable est la
type) et Phormium, Fourcroye séculaire {Furerœa longœva), consacrée
AGARIC (dérivé, selon Dioscoride , à’Agaria, con- à Fourcroy, et qui, suivant les traditions du Mexique,
trée de la Sarmatie méridionale où ce champignon serait quatre cents ans avant de fleurir. Son tronc at-
croit en abondance), genre de Champignons qui teint 15 à 16 mètres de hauteur sans que son dia-
ont pour caractère principal un chapeau distinct du mètre dépasse 35 à 40 centimètres. La tige est em-
pédicule et garni intérieurement de lames nom- brassée par des feuilles épaisses et surmontées d’un
breuses irradiant du centre à la circonférence. Les beau panache de fleurs d’un blanc jaunâtre. La
agarics croissent dans les lieux humides et ombra- Fourcroye séculaire est originaire du Mexique on :

gés, dans les prairies, les fumiers, les troncs d’ar- la cultive aujourd’hui en Europe. Ses feuilles four-
bres , les caves et les bois pourris. Ce genre contient nissent une liqueur enivrante très-agréable et fort
un grand nombre d’espèces, dont quelques-unes en usage au Mexique. Une autre espèce, VA. améri-
offrent un mets très-délicat, mais qui, pour la caine ou Pitte des Antilles, fournit par les libres de
plupart , sont vénéneuses. L’A. comestible ( A. ses feuilles une excellente filasse dont on fait des cor-
edulis) ou Champignon de comhe, est le seul des, des hamacs, et même des tissus pour vêtements.
qu’on permette de vendre à Paris. Le pédicule est AGE (qu’on dérive A’œvum, d’où successivement
haut de 3 à 5 centimètres , le chapeau convexe, aive, aige, aage , âge). Les physiologistes distin-
lisse, garni en dessous de feuillets d’un rose terne guent quatre âges 1® l’enfance divisée en pre-
:

et qui noircit en vieillissant. La couleur générale est mière enfance {l’infantia des Latins) jusqu’à? ans,
d’un blanc brunâtre ; l’odeur et le goût sont très- et en seconde enfance [pueritia), qui finit à 14 ou
agréables. Parmi les champignons comestibles qui 15 ans pour les garçons, à 11 ou 12 pour les filles;
se trouvent dans les bois, on estime surtout l’O- : 2» V adolescence et le jeunesse, qui commence à l’é-
ronge, le Mousseron, VA. élevé, VA. annulaire, etc. poque où finit le précédent et se termine à 25 ans ;
Parmi les espèces dangereuses, on remarque VA. 3® Vâge adulte {virilitas), où le corps humain a ac-
styptique, de couleur jaune cannelle, dont le quis son entier développement ; cet âge peut durer
chapeau hémisphérique ressemble à une oreille jusqu’à 55 ans ; on y distingue l’âge viril proprement
d’homme; VA. caustique, de couleur rouge; VA. dit, de 25 à 35 ans environ, et V âge consistant ou
brûlant de couleur jaune sale, etc. —
On connaît âge mûr, de 35 à 55, pendant lequel la nature paraît
encore sous le nom A’ Agarics certaines espèces de stationnaire; 4® enfin, la vieillesse {senectusj, qui
champignons parasites, employées dans la chirurgie commence vers 55 ou 60 ans et se termine par la dé-
ou dans les arts : VA. de chêne ou Amadouvier, crépitude et la mort. —
D’autres physiologistes ont
avec lequel on prépare l’amadou; VA. de mélèze distingué seulement trois âges 1® âge d’accroisse-
:

dit A. blanc ou des boutiques, substance blanche


,
ment (de un an à 25 ans), comprenant l'enfance
spongieuse , qui était jadis fort employée comme vo- et l’adolescence; 2® âge stationnaire (de 25 à 55),
mitif et purgatif, et qu'on n’emploie plus guère correspondant à Vâge adulte; 3® Vâge de décrois-
que dans la médecine vétérinaire; les naturalistes sement, se rapportant à la vieillesse.
modernes rangent ces espèces dans le genre Bolet, Les anciens distinguaient 4 âges dans l’histoire
réservant celui A’ Agaric aux champignons dont la du genre humain l’âge d’or, Vâge d’argent, Vâge
:

surface intérieure offre des lames rayonnantes. d’airain, Vâge de fer. Voy. ces mots au Dict.
AGARICINÉS { du genre Agaric, qui en est le univ. d’Èist. et de Géogr.
type) , tribu de la famille des Champignons, section On le mot âge aux animaux , aux
applique
des Basidiosporés , renferme les genres Agaricus, plantes,aux astres même. Llâge d’un cheval est in-
Amanita, Cantharellus , Lentinus, Panus, Monta- diqué par les dents, le sabot, le poil, la queue , les
gnites, Pterophyllus, Heliomyces, Xerotus, Trogia, yeux. On appelle hors d’âge le cheval qui n’a plus les
Schizophyllum, Lenzites, Cyctomyces. marques auxquelles on pourrait reconnaître le nom-
AGATE (qu’on dérive A’AcTiates, fleuve de Sicile, bre de ses années. —
L’âge d’un arbre se connaît au
sur les bords duquel on trouvait cette pierre), variété nombre des cercles que présente sa coupe transver-
de Quartz, renfermant tous ceux qui n’ont pas l’aspect sale. Les bourrelets placés aux différentes tailles^ des
vitreux. Les Agates se reconnaissent à leurs couleurs arbres fruitiers indiquent aussi leur âge. —
L’âge
vives etvariées,ordinairement mélangées par bandes de la lum est le temps écoulé depuis la dernière
ondulées et concentriques; leur cassure est sembla- nouvelle lune. On détermine l’âge de la lune pour
, , , ,,

AGIT — 23 AGOU
un jour donné, à l’aide de l’épacte de l’année dans AGNAT (en latin agnatus, natus, né, ad, au-
laquelle se trouve le jour proposé. près). Dans le Droit romain, les agnats sont des
ACE LÉGAL. La loi a fixé l’âge nécessaire pour ac- collatéraux qui descendent par mâles d’une même
complir certains actes : 1“ pour gérer ses biens et souche masculine et qui, à ce titre, appartiennent
se marier {Voy, majorité); 2“ pour 'adopter {Voy. à la même famille, sont soumis à la puissance pater-
adoption); 3® pour être appelé au service mili- nelle du même chef; on les oppose aux cognais,
taire : on tire dès qu’on a 20 ans révolus ; 4® pour qui descendent aussi d’une souche commune, mais
être électeur, éligible, juré [Voy. cés mots); 5® pour sans unité de famille : deux frères de père étaient
encourir certaines peines au-dessous de 16 ans , le
: agnats; deux frères de mère seulement étaient
prévenu est présumé avoir agi sans discernement ; cognais. Les agnats seuls composaient, à Rome, la
à 70 ans, on n’est plus soumis à la contrainte par famille légale; seuls ils étaient appelés à la tutelle,
corps. Voy. bénéfice d’age. et venaient en second ordre à l’hérédité. Cette dis-
AGENT [A’agere, agir). Ce mot s’applique à la tinction fut abandonnée dès le temps de Justinien.
fois aux forces de la nature, comme le calorique
,
AGNEAU (en latin, agnus; du grec agnos,
l’électricité, le magnétisme, etc., qui sont dits chaste, pur, parce que dans les sacrifices l’agneau
agents physiques, et aux personnes chargées d'un était considéré comme une victime pure et agréable
service quelconque ;
dans le 2' sens on distingue : à Dieu). C’est le petit d’une brebis tant qu’il ne
Agents d’affaires, mandataires chargés de suivre passe pas un an : après un an, l’agneau prend le
les affaires de leurs clients
;

Agents de change nom de bélier ou de mouton. La chair de l’agneau
oDiciers ministériels nommés par le chef de l’Etat est tendre, délicate, gélatineuse, mais laxative. Sa
et chargés de négocier à la Bourse les effets publics peau sert à faire des gants de femme etdes fourrures.
français ou étrangers (rentes sur l’Etat, actions de AGNEAU PASCAL. Les Juifs nommaient ainsi Ta-
banque, de sociétés industrielles, etc.) , et de coter gneau qu’ils immolaient le jour de la Pâque, en mé-
ces diverses valeurs. A Paris, ils sont aujourd’hui moire de la délivrance de leurs pères et de leur
au nombre de soixante , fournissent un cautionne- sortie d’Égypte. L’agneau pascal devait être sans
ment de 125,000 fr.,et sont régis par une chambre tache, être mâle, et n’avoir qu’un an. On le mangeait
syndicale. Leurs honoraires sont d’un huitième à un avec du pain sans levain et des laitues sauvages , à
quart pour cent sur chaque opération. L’institu- l’entrée de la nuit. — Jésus-Christ est souvent dé-
tion des agents de change remonte au règne de signé par l’Agneau de Dieu dont le sang a lavé
Charles IX ; —
Agents comptables ( économes , les péchés des hommes.
commis d’administration, etc.); —
Agents diplo- AGNEAU, AGNEL, AiGNEL , AGNELET, monnaie d’or
matiques (ambassadeurs, ministres plénipotentiaires, qui a eu cours en France sous plusieurs rois, de
résidents , chargés d’affaires avec ou sans caractère Louis IX à Jean II le Bon. La valeur en a varié ;
ofllciei ) ; —
Agents de la force publique (commis- elle valait sous saint Louis 13 fr. 95 c.; sous Jean II,
saires, officiers de paix gendarmes gardes cham- 16 fr. 50 c. EUe avait pour effigie un agneau avec
, ,
pêtres, sergents de ville, agents de police); — cette devise Agnus Dei, qui tollis peccata mundi,
;

Argents voyers chargés de l’entretien et de la rec- miserere nobis, et sur le revers une croix fleurdelisée.
tification des routes et chemins , etc. AGNUS ou AGNUS DEI ( agneau de Dieu) , prière
AGGLUTINATIFS (de gluten, colle) , substances de l’Église catholique qui commence par ces mots
emplastiques qui ont la propriété d’adhérer forte- et qui se répète trois fois à la messe entre le Pater
ment à la peau , et qu’on emploie pour maintenir et la communion. — On nomme encore ainsi un
les ièvres des plaies en contact jusqu’à ce qu’elles morceau de cire rond et plat, bénitpar le pape, sur
,
soient réunies par la cicatrisation. Les agglutinatifs lequel est empreinte l’image d’un agneau portant
dont on se sert le plus souvent sont le sparadrap l’étendard de la croix, avec le nom du pape régnant et
le diachylon gommé, l’emplâtre d’André de La- Tannée de son pontificat. Le pape bénit les agnus tous
croix , et le taffetas d’Angleterre. les sept ans , et en fait donner un grand nombre.
AGGRAVANTES (circonstances). Yoy. circon- Cette coutume vient de ce que jadis , dans la plu-
stances. part des églises , on distribuait au peuple les mor-
AGIO (de l’italien aggio, ajouté, donné en sus, ceaux du cierge pascal bénit le samedi saint. ARome,
plus-value). C’est la différence entre la valeur nomi- l’archidiacre bénissait, à la place du cierge pascal,
nale et la valeur réelle des monnaies de la cire qu’il distribuait par morceaux moulés en
, entre l’ar-
gent courant et le papier de banque, entre l’ar- forme d’agneau. Cet usage est antérieur au ix' siècle.
gent du pays et l’argent d’une nation étrangère, et AGNUS CASTüs, nom officinal du Vitex agnus cas-
en général entre deux valeurs négociables quelcon- tus, L., genre de la famille des Gattiliers; arbris-
ques. Ce mot a été étendu au bénéfice que Ton fait seau aromatique, à feuilles digitées, à fleurs en
en trafiquant des monnaies ou en spéculant sur les épis, violettes ou d’un gris blanchâtre, d’un effet
différentes valeurs. —
On a par suite appelé agio- fort agréable dans les massifs. On attribuait à cette
tage le jeu qui se fait sur les fonds publics par des plante des propriétés anaphrodisiaques qui sont loin
capitalistes qui les achètent ou les vendent par d’être constatées , mais qui lui ont valu son nom.
spéculation, et qui souvent emploient, pour les faire AGONIE (du grec agon, combat), dernière lutte
monter ou descendre, les manœuvres les moins de la vie contre la mort. Le malade éprouve alors,
loyales. On nomme agioteurs ceux qui se livrent à tantôt une prostration complète des forces, tantôt
ce genre de jeu. —
L’agiotage, qui parfois enrichit une violente agitation des principes vitaux ; quel-
le spéculateur en un instant
, sans travail, le ruine quefois il perd connaissance , souvent il conserve
plus souvent encore : tout le monde connaît les toutes ses facultés intellectuelles. Le visage de Tago-
désastreux résultats du système de Law. On a sou- nisant est pâle et jaunâtre, ses yeux ternes, sa peau
vent tenté de réprimer Tagiotage la loi du 13 : ridée, le nez contracté ; sa respiration est rauque et
fructidor an III, du 28 vendémiaire an IV, les ar- embarrassée. L’agonie dure habituellement quel-
ticles 85 et 86 du Code de commerce, 421 et 422 du ques heures, quelquefois plusieurs jours. Du reste
Code pénal, ont frappé certaines spéculations illi- elle présente des phénomènes différents suivant les
cites ;
mais le mal n’a pu être déraciné. âges : le vieillard décrépit finit par gradations in-
AGIOGRAPHE. Voy. hagiographe. sensibles, et n'a pour ainsi dire pas d’agonie.
AGITATO , mot italien qui indique que le mor- AGOUTI, genrede la fam. des Gabiais, del’ordre des
ceau de musique en tête duquel on le place doit Rongeurs, originaire de l’Amérique et de TOcéanie.
avoir le caractère de l'agitation c’est-à-dire expri- On en connaît trois espèces ; l’Agouti proprement
,
mer un sentiment de vague et de trouble inquiet dit, l’Acouchi et l’Agouti huppé. Cet animal a la
, , , ,, —
AGllI — 24 — AGRO
taille, les mœurs et les habitudes du lièvre et du à la vie. — L’agriculture remonte au berceau du
iapin ; il se rapproche aussi du cochon d'Inde par genre humain : elle dut naître dès que la chasse,
son corps plus Yolumineux à la partie postérieure, la pêche et les troupeaux ne suflBrent plus
^
pour
par la forme aplatie de sa tête, par ses oreilles nourrir l’homme. Connue de toute antiquité en
courtes, minces, arrondies; par ses doigts au nom- Asie, elle se répandit de là sur toute la terre, et
bre de cinq sur les pattes de devant, et de trois sur fut partout honorée comme la nourrice et la bien-
les pattes de derrière, armés d’ongles très-forts; faitrice du genre humain. Les Egyptiens en attri-
par sa queue très-courte ou nulle ; cependant il s’en buaient l’invention à Isis, les Grecs à Cérès et à
distingue par ses jambes de derrière, plus longues Triptolème, inspiré par la déesse, et les Italiens à
d’un tiers que celles de devant. Le poil est lisse et Saturne ou à Janus. En Chine, elle est de temps
brillant, ras sur les membres, plus long sur le dos immémorial l’objet d’une sorte de culte; à Rome,
et la croupe ; le pelage est fauve orangé , foncé de elle fut en grand honneur pendant les beaux
temps
noir avec des nuances verdâtres, \lagouti ne se de la République : les plus grands hommes culti-
creuse pas de terriers ; il habite dans le creux des vaient leurs champs de leurs propres mains. Long-
arbres, et vit de fruits, de feuilles et déracinés. Sa temps négligée dans les temps modernes et livrée à
chair est délicate et recherchée. On le réduit faci- une routine aveugle, elle a été transformée, de-
lement en domesticité. Sa peau sert à divers usages. puis une eentaine d’années, par les savantes re-
AGRÉÉS (c’est-à-dire admis, autorisés), prati- cherches des agronomes français et anglais et par
ciens attachés aux tribunaux de commerce français les découvertes de la chimie. La jachère a été
pour y représenter les plaideurs. On les nomme remplacée par les assolements et les prairies ar-
ainsi , parce qu’ils doivent être agréés ou accrédités tificielles; de bonnes méthodes d’irrigation, de
par le tribunal comme mandataires des parties ; on précieux amendements , de nouveaux engrais ont
les appelait autrefois postulants, procureurs aux été introduits; les instruments aratoires ont été
consuls. Le Code de procédure défend l’intervention perfectionnés ; des fermes modèles ont été établies
des avoués devant les tribunaux de commerce , afin sur divers points de l’Europe (Hofwyll en Suisse, Ho-
de simplifier les affaires; les agréés remplissent henheim enWürtemberg, Mœglin en Prusse; Roville,
leur office. La plupart sont avocats. A Paris, il n’y Grignon, La Saulsaie,Grand-Jouan,St-Angeau, etc.,
a que quinze agréés. Leur profession est extrême- en France); des cours ont été ouverts, des sociétés
ment laborieuse à cause de la multiplicité des affai- fondéespour perfectionner les méthodes. En France,
res dont ils sont chargés et de l’extrême rapidité il avait été formé, dès 1819, un conseil d’agricul-
de la procédure commerciale. ture chargé de veiller à tout ce qui peut contribuer
AGRÉGÉ (de grex, troupeau, groupe). On au progrès, et de distribuer des récompenses; en
donne cette épithète, en Botanique, aux parties 1830, un ministère de l’agriculture fut constitué ;
des plantes qui naissent plusieurs ensemble d’un enfin , une loi du 3 octobre 1848 a organisé l’en-
même point. Ainsi une bulbe (vulgairement oignon) seignement de l’agriculture en créant des Fermes-
est agrégée lorsqu’elle est formée de la réunion de Écoles dans tous les départements, des écoles ré-
plusieurs petites bulbes, nommées càieux, comme gionales dans certaines zones de culture, et un
dans l’ail. Les fleurs sont agrégées quand elles Institut agronomiq., àVersailles (auj. supprimé).
sont réunies dans un réceptacle commun, ou qu’elles Les ouvr. les plus célèbres sur l’agriculture sont : le
naissent plusieurs ensemble d’un même point de la poëme d’Hésiode sur les Travaux et les jours, les
tige, comme dans la scabieuse, le buis, la re- Géorgiques de Virgile, les traités de Caton, de
nouée, etc. Les /ruits sont a^re^ei quand ils sont Columelle, de Palladius, de Varron, de Rerustica;
composés de plusieurs petits fruits réunis, comme les Géoponiques de Cassianus Bassus, le Théâtre
la mûre la framboise, etc. d’agriculture d’Olivier de Serres , la Maison rus~
AGRÉGÉS {Atgrex, troupeau, corps), nom tique de Ch. Estienne, la Nouvelle Maison rusti-
qu’on donne en France aux personnes admises, que de Liger , le Cours d’agriculture de l’abbé
après un concours , dans le corps des professeurs. Rozier, les Éléments d’agriculture de Duhamel, le
L’instruction secondaire comptait, antérieurement Nouveau Cours complet a’ agriculture du siècle,
à 1852, sept ordres d’agrégés : ceux de philosophie, par les membres de la section d’agriculture de l’In-
de matliématiques, de physique; des classes supé- stitut, les Annales de l'agriculture de Tessier,
rieures des lettres, d’histoire, de grammaire, des lan- Bosc, etc„ et les écrits plus récents de M. de Dombasle,
gues vivantes. Un décret en date du 10 avril 1852 a Thouin, Boussingault, Liebig, Moll, Payen,etc. Ces
changé cet état de choses. Aux termes de l’art. 7 de travaux ont été résumés dans la Maison rustique du
ce décret : « 11 y a deux sortes d’agrégation , l’une XIX® siècle, dans le Cours élémentaire d’ Agriculture
pour les lettres, l’autre pour les sciences. Les candi- de MM. Girardin et Dubreuil, 1850, et dans le Précis
dats doivent être âgés de 25 ans , avoir fait la classe d’ Agriculture de MM. Payen et Richard, 1851. La
pendant 5 ans et être pourvus du diplôme de licen- science doi t aussi beaucoup aux écrits des savants agro -
cié ès lettres ou de licencié ès sciences. Trois années nomes étrang. , surtout à ceux d’A. Young, A.Hunter,
d’Ecole normale comptent, ainsi que le diplôme de Marshall, Sainclair, D. Low; Thaër, Schwerz, etc.
docteur ès lettres ou de docteur ès sciences, pour deux AGRION, genre d’insectes névroptères, famille
années de classe. » Un règlement du 21 février 1853 des Subulicornes, assez semblables aux Libellules
a déterminé la nature et la forme des épreuves. ou Demoiselles. Voy. libellules.
Les Facultés des Lettres et des Sciences, l’Ecole de AGRIPAUME. Voy. léonure.
Médecine, l’Ecole de Pliarmacie ont aussi des agrégés AGRONOME (du grec agros, champ, et nomos,
(àl’École deDroit,ilsprenricntle iiomde Suppléants), règle) , celui qui est versé dans la science agricole
agriculture (d’ager, champ, et cultura, et qui peut enseigner les règles de l’agriculture.
soin ) , art de cultiver la terre , de la fertiliser et \J agriculteur cultive , Y agronome sait comment on
de lui faire produire les plantes utiles à l’homme. doit cultiver ou écrit sur l’agriculture. L’agronome
On y joint l'art de gouverner et de multiplier les est exposé à de graves erreurs et à de dangereux
animaux domestiques. Prise dans son acception la mécomptes s’il ne joint la pratique à la théorie.
plus étendue, elle comprend, avec V agriculture h’ agronomie, née de l’application de la raison à
proprement dite, Y horticulture la silviculture l’observation et à l’expérience, est une science nou-
Y arboriculture la viticulture, Yéconomie rurale] velle par rapport à l’agriculture, dont les pratiques
mais le plus souvent on en détache ces études spé- l’ont de beaucoup devancée. Voy. agriculture.
ciales , et on la borne à la culture des champs AGROS'TEMMÉ (mot grec qui signifie couronne
opérée dans le but d’en tirer les plantes nécessaires des champs), genre de la famille des Caryophyllées,
, , — ,

AIDE 25 — AIGL
renferme des plantes d’un aspect agréable qui crois- chargée de rendre la justice et de juger en dernier
sent dans les blés. Les fleurs sont pourpres , à 5 pé- ressort les procès- en matière d’aides ou impôts
tales, en forme d’étoiles. Le fruit est une capsule fut créée en 1355 par le roi Jean et constituée en
ovoide, à une seule loge, renfermant des graines 1364 par Charles Y. Il y avait en France treize
nombreuses. L’espèce la plus commune, Y A. gi- cours des aides ; à Paris, Rouen, Nantes, Bor
thago vulgairement Nielle des blés, a des se- deaux.Pau, Montpellier , Montauban, Grenoble,
mences farineuses qui communiquent un goût amer Aix. Dijon, Chdlons, Nanci et Metz. Supprimée
à la farine ; leur écorce est noire et donne cette en 1771 avec le parlement par le chancelier Mau-
couleur au pain. L’A. en couronne, dite Coque- peou , cette juridiction fut rétablie de 1774 à 1790.
lourde, a les fleurs d’un beau pourpre et se cultive aïeuls. Voy. ASCENDANTS.
dans les jardins ; elle vient d’Italie. AIGLE, Aquila, genre d’oiseaux de proie, de
AGROSTIDE (du grec agrostis, gazon), genre l’ordre des Rapaces, de la famille des Diurnes et de
de la famille des Graminées. Ses espèces sont nom- la tribu des Faucons, caractérisé par un bec sans
bieuses, variées et donnent un bon fourrage. L’A. dentelure et droit à sa base jusqu’auprès de l’extré-
dite Epi du vent, Spicaventi, est remarquable par mité , où il se courbe beaucoup ; par des pieds ro-
sa panicule découpée, élégante, qui s’agite au bustes armés d’ongles aigus et tranchants, par leur
moindre souffle. L’A. traçante, A. stolonifera, sert vue perçante et leur grande envergure. Les aigles
à retenir les terres par ses rejets rampants. Elle est habitent les rochers les plus sauvages et les plus
connue dans les campagnes sous le nom de traînasse. escarpés ; ils vivent fort longtemps, et n’ont qu’une
AGROSTIDÉES, tribu de la famille des Graminées, seule femelle, avec laquelle ils passent leur vie en-
renferme les genres Agrostis, Cinna, Ægopogon, tière. Les jeunes aigles ou aiglons mettent plusieurs
Lycurus, Coleanthus , Polypogon, Gastriaium. années pour arriver à leur complet accroissement.
Ai. Voy. BRADYPE et paresseux. Leur plumage change considérablement par la mue.
AIDE DE CAMP, officier d’ordonnance attaché — Cuvier compte jusqu’à 8 sous-genres d’aigles A igle
:

à la personne d’un général pour transmettre ses proprement dit, Aigle pêcheur owPygargue , Bal-
ordres partout où ils peuvent être nécessaires, et buzard, Circaète, Caracara , Harpie, Aigle au-
veiller à leur exécution. On les appelait au xvii® siè- tour, Cymindis.
cle aîcfw des maréchaux de camp des arrnéet du L’Aigle proprement dit a le corps emplumé jusqu’à
roi. Ils remontent sous des noms divers aux temps la base des doigts et l’aile aussi longue que la queue.
les plus anciens de la monarchie. — Les généraux On en compte 4 espèces ; Aigle commun. Aigle im-
de brigade ont deux aides de camp , savoir un ca-
:
périal, Aigle criard. Aigle botté. —\1Aigle com-
pitaine et un lieutenant ; les généraux de division mun, dit aussi Grand aigle on Aigle royal, est d’un
trois : un chef d’escadron et deux capitaines; les brun noirâtre, moins foncé à la partie supérieure
maréchaux de France, quatre un colonel, un chef
:
de la tête et sous le corps. C’est un des plus puis-
d’escadron et deux capitaines. Les souverains at- sants oiseaux de proie; la femelle, plus grande
tachent aussi à leur personne un certain nombre que le mâle, a plus d’un mètre de l’extrémité du
d'aides de camp, et en accordent un nombre plus bec au bout des ongles, et ses ailes étendues ont
limité aux membres de leur famille. près de 3 mètres. Son vol est étendu et rapide.
AIDE-MAJOR, nom donné autrefois à un officier Il chasse les faons, les lièvres, les agneaux, les

subordonné au major et qui le remplaçait en cas enlève et les transporte dans son nid ou aire. 11
d'absence. Ce n’était pas un grade particulier ; ces s’attaque même à de plus grands animaux, qu’il tue
fonctions étaient remplies par des capitaines ou des et dévore sur place. Pris jeune, il peut être réduit
lieutenants. Aujourd’hui on confond ces fonction- à la domesticité. Son courage , sa force la majesté
,

naires sous le nom à’ Adjudants {Voy.ee mot).—. de son vol l’ont fait nommer le roi des oiseaux. Il
Dans le Corps de Santé, on nomme Aides-majors les* a été chez tous les peuples l’emblème de la force,
médecins militaires placés dans chaque régiment de la puissance et de la majesté. C’était l’attribut
sous les ordres du médecin-major on en distingue
;
et le messager de Jupiter chez les anciens. —
de première classe et de deuxième classe; ils ontau- L’Aigle impérial est plus petit que l’Aigle royal,
dessous d'eux des sous-aides. de couleur moins foncée, et porte sur le dos deux
AIDES. On nommait ainsi autrefois un impôt grandes plaques blanches qui lui ont fait donner le
qu’on levait sur le vin et les autres boissons pour nom d’ Aigle à dos blanc. — L’Aigle criard, dit
aider le roi à subvenir aux charges de l’État; il aussi Petit aigle ou Canardier, a 80 centimètres
se payait par toutes les classes, à la différence des de long et 1“,30 de vol ou d’envergure il est d’un
;

tailles, que le tiers état payait seul. Cet impôt s’in- brun sombre , un peu blanchâtre sous la gorge ; ses
troduisit sous la 3« race des rois de France. On nom- yeux et ses doigts sont jaunes; mais ce qui le dis-
mait A. libres et gracieuses les sommes offertes tingue plus particulièrement des autres aigles, ce
volontairement dans les nécessités imprévues , et sont des taches ovales, d’un assez beau blanc, que
A. chevels, loyaux ou léaux les contributions l’on trouve sous ses ailes et sur les plumes de ses
qu’un seigneur levait sur ses vassaux dans diverses jambes. Il fait la chasse aux canards, aux petits
circonstances; il y en avait de quatre sortes : 1» A. oiseaux, aux rats, etc. Il pousse des cris plaintifs, et
de mariage, quand un seigneur mariait sa fille aî- se laisse dresser à la chasse. On le trouve dans toute
née; 2“ A. de rançon, quand le seigneur était pri- l'Europe. L’Aiglebotté ressemble auxBuses par son
sonnier; 3“ A. de chevalerie, quand le fils aîné du bec légèrement arqué, par l’ensemble de ses formes et
seigneur était fait chevalier; 4« A. d’allée d’outre- par sa taille (50 centimètres seulement). Le dessous
mer, quand le seigneur partait pour la croisade. du corps et les tarses sont d’un blanc moucheté qui
On levait encore des aides pour un voyage du sei- les détache du reste du corps, ce qui lui donne
gneur à la cour, pour la défense du territoire, pour la l’apparence d’être chaussé ou botté. — L’Aigle a
réparation des maisons royales, pour l’achat d’une été pris comme emblème par plusieurs nations :

terre [A. de rigueur) ; on en payait pour être dispensé les Perses et les Épirotes, puis les Romains, les
d’accompagner le seigneur à l’armée [A. de l’ost^ empereurs d’Occident et d’Orient , l’Empire d’Au-
et de chevauchée), etc. — La dénomination d’aides triche , Napoléon , l’adoptèrent pour enseigne mili-
s’étendit ensuite à tous les impôts levés pour les taire. 11 fait , en outre, partie des armoiries des rois
besoins de l’État sur les objets de consommation ou de Prusse, de Sicile, de Sardaigne, de Pologne, et
sur les marchandises ; ce qui correspond à peu près donne son nom à plusieurs ordres de chevalerie en
ù nos contributions indirectes. Prusse, en Pologne, en Wurtemberg. — L’aigle a été
WDES ( COUR DES ) , ancienne cour souveraine rétablie sur nos drapeaux par décret du 31 déc. 1851.
, , , ,

AIGU — 26 — AIGU
AiGLk, monnaie d’or en usage aux États-Unis des Silicates alumineux doubles. Elles sont for-
d’Amérique, ainsi nommée parce qu’elle porte l’ef- mées de 1 atome de quadrisilicate de glucine et
figie d’un aigle, h’ aigle de 5 dollars vaut 27 fr. de 2 atomes de bisilicate d’alumine colorés par
60 cent, et demi de notre monnaie. Le double aigle 2 ou 3 centièmes seulement d’oxyde de fer. Ces
vaut 55 fr. 21 cent. Le demi-aigle de 2 dollars et pierres font un assez joli effet quand elles sont bien
demi vaut 13 fr. 80 cent, et quart. taillées et sans défauts on en fait des colliers, des
;

AIGLE, constellation de l’hémisphère septentrio- bagues, des épingles, des pendants d’oreilles, etc.
nal , au S.-E. de la Lyre ; son aile droite touche la — Presque toutes les Aigues-marines viennent du
ligne équinoxiale, son aile gauche est voisine du Brésil ou de la Russie. Une Aigue-marine d’une
Serpent. On y remarque trois étoiles sur une même belle couleur, bien pure et pesant 5 grammes ne
ligne droite ; celle du milieu est de première gran- vaut pas plus de 36 à 40 francs. La plus remar-
deur on la nomme Altàir ou Atàir.
: — On réunit quable est celle qui orne la couronne royale d’An-
souvent à cette constellation celle d’Ântinoüs, qui gleterre elle a près de 6 centimètres de diamètre.
;

en est voisine. AIGUILLAT, Spinax, nom vulgaire du Squale


AIGREFIN. Voy. æglefin. acanthias, espèce de chien de mer. L’Aiguillât pos-
AlGREMOINE,A5T{OTom'a,plantevivace,delafam. sède des évents et a les dents petites et tranchantes;
des Rosacées-Dryadées , aux feuilles longues, ailées, lapartie antérieure deses nageoires dorsales est munie
aux fleurs jaunes, tubuleuses, à cinq pétales, dis- d’une longue et forte épine de nature cornée, qui
posées en épis terminaux. L’A. eu/)oforia se distingue perce comme une aiguille, d’où son nom. Il man-
à ses feuilles qui embrassent la tige , et à son fruit que de nageoires à l'extrémité du corps. Ces pois-
hérissé de pointes : elie est commune en France. On sons ne dépassent pas un mètre de longueur. L’A.
s’en sert en médecine , comme tonique contre les ordinaire est d’un gris bleuâtre en dessus et d’un
,
catarrhes pulmonaires. On l’emploie en gargarismes blanc sale sous le ventre. Il vit de poissons, de
contre les maux de gorge, en cataplasmes détersifs, crustacés, de mollusques. Sa chair est blanche et peu
ou comme vulnéraire et comme vermifuge. Plante — délicate. On retire de son foie une huile limpide
de la famille des Papavéracées. Voy. argémone. employée dans les arts, et à laquelle on attribue la
AIGRETTE (A’arista, épi, ou, selon Gébelin, de vertu de calmer les douleurs rhumatismales. Sa
crista, crête), faisceau de plumes effilées et droites peau est rude et sert aux tourneurs pour polir.
qui orne le haut de la tête de certains oiseaux, tels AIGUILLE (du latin aculeus aiguillon, dérivé
que le duc, Je héron, le hibou, le paon, etc. — A’acus, aiguille) , petit instrument d’acier fort délié,
On a étendu ce nom : 1“ à un bouquet de plumes pointu par un bout, percé par l’autre, et qui sert à
(plumet) et aux panaches que l’on porte sur les coudre. Pour fabriquer les aiguilles, on emploie du
chapeaux ou les casques dans l’armée, ou que l’on fil d’acier d’excellente qualité. L’aiguille passe par
emploie pour la coiffure des femmes ; 2» à un fais- une foule de mains et subit un grand nombre d’o-
ceau de pierreries ou de diamants disposé en forme pérations : lorsque le fil d’acier est suffisamment
d’aigrette et destiné à la parure; 3“ à une pièce tréfdé ou dégrossi , on le coupe par brins à peu
d’artifice dans laquelle les étincelles forment en se près d’égale longueur; un second ouvrier prend
réunissant une aigrette de feu ; 4« à des faisceaux ces brins et les palme, c’est-à-dire aplatit sur Ten-
de rayons lumineux qu’on aperçoit aux extrémités clume le bout qui doit faire la tête de Taiguille ;
et aux angles des corps électrisés, et qu’on nomme l’aplatissement fait, on passe les aiguilles par le
aigrettes lumineuses. feu pour recuire Tacier et lui conserver ainsi toute
En Botanique, on donne le nom A’ aigrettes à des sa douceur; puis un autre ouvrier, armé d’un poin-
toufles de filaments qui couronnent la graine ou le çon, perce sur Tenclume une des faces aplaties;
fruit de certaines plantes telle est l’aigrette du pis-
: le trou ainsi formé prend le nom de chas; on
senlit ou des chardons, qui se détache à la moindre évide ensuite ce trou , c’est-à-dire on pratique à la
agitation de l’air, et va transporter la graine à lime une petite rainure de chaque côté du trou pour
de longues distances, h’ aigrette des plantes est dite recevoir le Cl ; enfin , on empointe Taiguille. Cette
membraneuse, lorsqu’elle forme un bourrelet autour dernière opération , qui s’exécute en faisant tourner
du fruit (comme dans \a. chicorée) squammeuse la pointe de Taiguille sur une pierre d’émeri mise
composée d’écailles (œillet d’Inde) ; soyeuse, formée en mouvement par une roue à main, était autre-
de poils fins ou soies ; poilue, si ses poils sont simples fois très-pernicieuse pour la santé des ouvriers, à
(chardon)', plumeuse, si les poils sont ramassés; cause de la poussière qu’elle développe; aujour-
sessile, si le faisceau de poils part immédiatement d’hui tout danger a disparu, grâce à un mécanisme
iu fruit; pédiculée ou stipitée, si elle est au som- inventé en 1SÜ9 par un ouvrier anglais, G. Prior,
met d’un petit filet nommé pédicule ou stipe. et à l’aide ducpicl cette poussière est enlevée par
En Zoologie, on appelle spécialement Aigrette le vent d’un fort soufflet. L’aiguille ainsi terminée,
une espèce de héron qui porte une belle aigrette sur il faut encore procéder à d’autres opérations non

le dos, et l’on distingue la grande Aigrette, dont moins importantes, telles que la trempe, le polis-
les miles adultes ont les plumes du bas du dos sage, le dégraissage et finalement le triage et
longues et effilées, et la petite Aigrette, dont les X affinage. —
La grande perfection des aiguilles ne
plumes du bas du dos sont effilées , mais moins lon- consiste pas seulement dans la finesse et la trempe
gues que celles du héron grande aigrette. de Tacier, mais surtout en ce que la pointe soit
AIGREURS, rapports de gaz ou de liquides at- exactement dans Taxe et que Tœil ou chas ne coupe
gris, sont le résultat tantôt du mauvais choix des pas le C’est ce qui distingue les aiguilles de
fil.
aliments, tantôt d’une digestion pénible ou d’une bonne fabrique anglaise , faites avec un soin tout
sécrétion acide des cryptes de l’estomac. Dans ce particulier. La fabrication des aiguilles d’embal-
dernier cas, on les combat par l’emploi des ab- lage, à tricoter, etc., est plus ou moins seUiblable
sorbants, notamment de la magnésie, que Ton prend à celle des aiguilles à coudre.
délayée dans de Teau ou en pastilles; mais ce n’est On a étendu le nom A’aiguille à tout ce qui a
là qu'un palliatif qui ne dispense pas de traiter di- quelque analogie avec cet instrument, soit pour
rectement la maladie d’estomac. Tusage , soit pour la forme pointue : par exemple
AIGUE-MARINE (A’aqua marina, eau de mer), à des tiges métalliques dont on se sert en chirur-
nom que Ton donne dans la bijouterie à une va- gie, comme Xaiguille à cataracte, Xaiguille à
riété d’émeraude commune dont la couleur est d’un fistule, à inoculation, à séton, Xaiguille qui sert
vert bleuâtre , comme Teau de mer. Les Aigues- à l’acuponcture ; —
aux verges métalliques qui ser-
mariues sont rangées par Beudant dans la famille vent à indiquer l’heure sur les cadrans solaires.
, ,

AIGU 27 - AILE
les horloges , les montres , ou à marquer la direc- cher du vêtement. Aujourd’hui,
les diverses parties
tion du courant magnétique dans la boussole : on elle n’a plus guère d’usage que comme ornement :
nomme celles-ci aiguilles aimantées ( Voy. ci- c’est, chez nous, une simple décoration, qui entre
après) ;

aux sommets des montagnes taillées en dans certains uniformes. Dans la cavalerie, elle est
pointes aiguës (YAiguille du Midi, près de Cha- de fil ou de coton pour les simples cavaliers, d’or ou
mouni,en Suisse) —
àdes monuments pointus (VAi-
;
d’argent pour les officiers, et mélangée de Cl et de
uille ou Obélisque de Cléopâtre, celles de Saint- métal pour les sous-officiers ; elle se porte pendue k
ierre de Rome, de la place de la Concorde); — l’épaule. —
Les aspirants de marine portent l’aiguil-
à des clochers très-élevés (YAiguille d’Anvers, de lette d’or. —
Les aiguillettes se terminent aux deux
Strasbourg, les Aiguilles de Chartres) ; —à cer- bouts par de petits cylindres argentés ou dorés, dits
tains poissons de fo*‘me très -allongée que l’on afférons. —
On nomme encore Aiguillette une es-
nomme Aiguilles de mer, tels que les syngnathes, pèce d’escargot mince et effilé, du genre Bulime.
l’orphie ,
etc. AIGUILLON (du latin aculeus, dérivé d’acus,
Dans Chemins de fer, on appelle aiguilles des
les aiguille). Ce mot, qui signifie au propre une pointe
portions de rails qui servent à opérer les change- de fer qu’on met au bout d’un bâton pour piquer
ments de voie ; ces aiguilles peuvent tourner autour les bœufs , a été étendu à certains organes d’ani-
de boulons verticaux et sont liées entre elles par une maux et de végétaux qui ont quelque analogie avec
traverse rigide de manière à ne pouvoir se déplacer l’aiguillon. —
Dans le règne animal, Taiguilloq est
l’une sans l’autre : elles forment un chemin tempo- une sorte de dard, organe offensif et défensif très-
raire sur lequel passe la locomotive. On appelle ai- délié, en forme de petite aiguille, que certains in-
guilleur l’ouvrier chargé de manœuvrer les aiguilles. sectes (abeilles, bourdons, frelons , guêpes, etc.)
AIGUILLE AIMANTÉE, petit barreau ou lame d’a- portent à l’extrémité de l’abdomen ; souvent il pro-
cier, pointu par les deux bouts, mobile sur un duit une piqûre dangereuse en introduisant sous la
pivot et rendu magnétique par influence, est la peau un liquide irritant qui y est contenu; souvent
partie essentielle de la boussole. Une aiguille ai- aussi l’aiguillon reste dans la plaie, et l’insecte meurt
mantée qu’on abandonne à elle-même se tourne de en perdant.
le —
Dans le règne végétal , on donne
mauière que ses extrémités, o\x pôles se dirigent ce nom aux piquants dont plusieurs plantes sont ar-
vers les pôles magnétiques de la terre. L’extrémité mées; ils diffèrent de Tépine en ce qu’ils ne sont
sud ou australe Ae l’aiguille est tournée vers le nord, fixés qu’à l’écorce et s’en détachent facilement, tan-
l’extrémité nord ou boréale est tournée vers le midi. dis que l’épine fait corps avec les parties où elle
Cette propriété remarquable se reproduit partout : croît ; le rosier, la ronce , l’acacia ont des aiguillons ;
sur toute la surface de la terre, au sommet des le houx, l’épine-vinette ont des épines.
plus hautes montagnes comme dans les mines les AIL, en latin Allium, plante bulbeuse, de la fa-
plus profondes, partout l’aiguille aimantée prend mille des Asphodélées, vivace ou bisannuelle, dont
une direction fixe à laquelle elle revient lorsqu’on l'oignon, d’une odeur forte et d’un goût piquant e'
Dans le même lieu, les aiguilles aiman-
l’en écarte. bien connu, se compose de plusieurs petites gousses
téesprennent des directions sensiblement parallèles ; réunies sous une enveloppe commune. Cet oignon
mais , sur des points de la terre qui sont éloignés s’appelle tête d’ail. Outre Tail ordinaire (A. sati-
de quelques degrés en longitude ou en latitude, ce vum) , on connaît plusieurs variétés intéressantes :

parallélisme n’existe plus, et l’on voit l’aiguille dé- le poireau [A. porrurri), la ciboule (A. fistulosum),
vier plus ou moins à l’E. ou à l’O. du méridien. En la.civette (A. schœnoprasum) , Y oignon proprement
outre, l’aiguille aimantée ne conserve pas partout dit (A. cepa), l’échalote (A. ascalonicum) la ro-
la position horizontale, mais incline plus ou moins cambole (A. scorodoprasum), qui sont utilisées dans
vers le centre de la terre. On nomme déclinaison l’économie domestique, et Y Ail doré (A. Moly), plante
la déviation de l’aiguille vers l’E. ou vers l’O., et d’ornement (Fn;/. moly). Les Égyptiens paraissent
i>ic/i«awow l’angle qu’elle forme avec l’horizon [Voy. l’avoir cultivé les premiers; il était dans leur pays
BOUSSOLE, DÉCLINAISON, INCLINAISON). — Enfin, plu- moins âcre que dans le nôtre. De nosjours, il s’en fait
sieurs causes accidentelles agissent sur l’aiguille ai- une grande consommation dans le Midi , où il sert
mantée, ou pour la déranger brusquement de sa po- à assaisonner presque tous les mets. L’ail pos-
sition, OU pour troubler au moins la régularité de ses sède des propriétés médicales très-nombreuses ; sa
variations diurnes ; telles sont les tremblements de vertu vermifuge est connue. On le considère, en
terre , les éruptions de volcans , et surtout les auro- outre, comme fébrifuge , diurétique , antiseptique,
res boréales. Quand le tonnerre frappe des corps aiitiscorbiitique. En mâchant des feuilles de persil ou
aimantés, ou quand il tombe seulement à quelque de cerfeuil , on peut neutraliser l’odeur de l’ail.
distance, il change, détruit ou renverse leur ma- AILANTE, ATLANTE. Voy. vernis de la chine.
gnétisme, et expose ainsi le navigateur à des erreurs AILE, en latin ala, partie du corps des oiseaux,
funestes. Le fer même qui entre daus la construction de plusieurs insectes et même de quelques poissons,
du navire peut suffire pour faine dévier l’aiguille. qui leur sert à voler ; cet organe est l’analogue du
On appelle aiguille aimantée astatique, c.-à-d. bras. Les oiseaux et les insectes ont des ailes d’une
non (du grec a priv. et istèmi, j’arrête), une
fixe forme plane et large ; celles des oiseaux sont revê-
aiguille aimantée disposée de manière qu’elle cesse tues de plumes; celles des insectes sont fines et
d(obéir au magnétisme de la terre ; elle sert à étu- transparentes. L’aile de la chauve-souris est mem-
dier les propriétés du magnétisme dans les aimants. braneuse et allongée. —
Ce nom a été étendu à
On détruit l’effet de la terre- en plaçant en présence des organes ou à des objets qui n’ont avec l’aile
de l’aiguille aimantée un barreau aimanté disposé des oiseaux qu’une analogie fort éloignée.
de telle sorte que son pôle le plus voisin soit pareil Les Anatomistes nomment ainsi certaines parties
à celui de même nom que l’aiguille tourne de son situées de chaque côté d’un organe ; les ailes du nez,
côté par l’iiifluence de la terre ; en éloignant ou en formant le côté externe de l’ouverture des narines;
rapprochant ce barreau, on peut arriver à un point l’aile de l’oreille, partie supérieure et évasée du
où son contrebalance exactement l’action de
efl’et pavillon de l’oreille. —
On a aussi nommé Aile la
la terre. Un
autre moyen consiste à opposer à une lèvre extérieure de plusieurs coquilles, lorsqu’elle esi
aiguille aiguille de même force dont les pôles
une plus dilatée qu’à l’ordinaire; les nageoires de plusieurs
soient tournés eu sens contraire. mollusques, et même quelques espèces d’animaux ;

AIGUILLETTE (diminutif d’aiguille), morceau l’Aile d’aigle ou Strombe géant ; l'Aile de chauve-
de tresse , de tissu ou de cordon plat et rond ferré souris, ou Strombe pied de pélican. Voy. ces mots.
,
par les deux bouts, qui a servi longtemps à atta.- En Botanique, on nomme aile la partie latérale de
, ,,

AIMA — 28 AIMA
la corolle des Papilionacées ; on appelle encore ainsi On donne souvent
ture ou un faisceau magnétique.
toutes les membranes saillantes des végétaux dispo- aux aimants forme de fer-à-cheval.
la
sées aux côtés de la tige, des rameaux, etc. On Une aiguille aimantée , suspendue librement
nomme feuilles ailées celles qui sont composées de prend une direction déterminée, du S. au N. (V. ai-
deux folioles opposées. guille AIMANTÉE et boussole) La force directrice à
.

En Architecture, on nomme ailes deux parties laquelle elle obéit réside dans la terre, qui est elle-
construites à droite et à gauche, pour accompagner même un vaste aimant , ayant une ligne moyenne
le principal corps de logis; les ailes d’une église et des pôles opposés (Voy. magnétisme terrestre).
en sont les bas-côtés. — Dans l’Art militaire et la — Les aimants servent à reconnaître la présence du
Marine, les ailes sont les deux extrémités d’une fer, même en petite quantité , dans les minerais et
armée rangée en bataille, et faisant face à l’en- dans les pierres précieuses ; à séparer de petits objets
nemi; l'aile droite est celle qui est à la droite du corps en fer, tels que des goupilles, confondus dans des
d’armée, Vaile gauche, celle qui est à la gauche. amas de poudres métalliques ou de tout autre alliage ;
AILE ou ALE, espôcc de bière. Voy. ale. enfin, à former la boussole qui dirige le navigateur,
AILERON. On nomme ainsi, chez les oiseaux, en lui indiquant approximativement la position des
l’extrémité de l’aile , composée de trois , quatre ou points cardinaux.
cinq plumes longues et étroites , dites pennes : Les anciens connaissaient les propriétés de l’ai-
c’est ce qu’on nomme aussi fouet de l’aile; — chez mant, qu’ils appelaientwaÿnev, pierre herculéenne,
les insectes , de petites lamelles ou écailles placées sideritis ou pierre de Lydie. Mais ce ne fut que dans
au-dessous du point où naissent les ailes anté- le XII® siècle que l’on connut en Europe la faculté
rieures, et qui se continuent avec d’autres écailles qu’a ce minerai de se diriger constamment vers
semblables, nommées cueillerons; elles sont blan- le pôle nord (Voy. boussole). Le médecin anglais
châtres et arrondies ; — chez les poissons , les os Gilbert a le premier démontré, à la fin du xvi® siè-
qui retiennent les rayons des nageoires. — En cle, que la terre est magnétique et que c’est son
Mécanique, ce sont les petites planches dont sont action qui dirige l’aiguille aimantée. —
Les Égyp-
garnies les roues des moulins, et sur lesquelles tiens croyaient beaucoup aux propriétés thérapeu-
tombe l’eau , dont le poids fait tourner ces roues. tiques de l’aimant, et lui attribuaient une action mer-
AIMANT (par contraction du grec adamas, ada- veilleuse, soit àl’intérieur, soit à l’extérieur. Cet usage
mantos, diamant, à cause de la dureté de la pierre de l’aimant était depuis longtemps tombé dans l’oubli :

d’aimant), nom donné d’abord à une espèce de Mesmer, au dernier siècle, le remit en vogue [Voy.
minerai de fer, d’un aspect métallique, d’un noir magnétisme animal). De nos jours, l’aimant est peu
brillant, et qui a la propriété d’attirer le fer, Ta- employé comme moyen de traitement ; on lui re-
cier, le cobalt et 1e nickel ; puis appliqué générale- connaît cependant une vertu sédative et antispasmo-
ment à des barres d’acier rendues magnétiques artili- dique, et on l’emploie contre les névralgies ; M. Réca-
ciellement {Voy. aimantation); on nomme ces der- mier l’a récemment remis en honneur pour cet usage.
niers aimants artificiels. La pierre d’aimant ou aimant de ceylan. Voy. tourmaline.
aimant naturel, se compose d’une combinaison de AIMANTATION , opération par laquelle on com-
protoxyde et de peroxyde de fer (FeO-f-Fe’ O’), munique à l’acier ou au fer des propriétés magné-
qu’on appelle fer oxydulé magnétique. On la trouve tiques. On emploie pour cela divers procédés :
en Suède, en Norw^e, à l’île d’Elbe et aux États- 1® la simple touche, opération qui consiste à frot-
Unis d'Amérique. — Lorsqu’on plonge un aimant ter la pièce qu’on veut aimanter sur un fort ai-
soit naturel, soit artificiel, dans de la limaille de mant naturel ou artificiel, en la faisant glisser
fer, on voit celle-ci
y adhérer ; si l’on présente Tai- chaque fois d’un bout à l’autre, toujours dans le même
mant à distance, la limaille en est attirée et s’é- sens et sans en changer le pôle ; 2“ la touche séparée,
lance sur lui. Certains aimants sont très-faibles, et ou procédé de Duhamel, procédé avantageux pour ai-
sous un grand volume n’exercent sur le fer qu’une manter les aiguilles de boussole on dispose sur une
;

attraction peu sensible ; d’autres sont très-puissants même ligne et à une certaine distance l’un de l’autre
et peuvent soulever des masses de 50 et même de deux barreaux aimantés dont les pôles opposés se re-
100 kilogrammes. — La limaille ne se répand pas gardent; sur ces barreaux, qui restent fixes, on place
uniformément sur la surface d’un aimant ; elle l’aiguille qu’il s’agit d’aimanter ; prenant alors deux
s’amoncelle surtout autour de deux points opposés autres barreaux aimantés, un de chaque main, on les
qu’on appelle les pôles de l’aimant, et il reste vers le pose au milieu de l’aiguille en les inclinant sur elle
milieu une ligne dont les points n’exercent aucune de 25® ou 30®, et on les fait glisser en sens contraire
action attractive, et qui se nomme ligne neutre ou sous cette même inclinaison , de manière à ce qu’ils
ligne moyenne. Si l’on brise un aimant en un arrivent en même temps aux extrémités de l’aiguille ;
nombre quelconque de parties et qu’on plonge là, on les relève, on les rapporte au milieu, et l’on
dans la limaille chacune de ces parties, on trouve répète la môme manœuvre jusqu’à ce que l’aiguille
que chacune d’elles devient un aimant à son tour, se trouve suffisamment aimantée ; —
3® la double
ayant ses deux pôles et sa ligne moyenne au mi- touche, ou procédé d’Æpinus, qui s’emploie pour
lieu. Quelquefois on observe plus de deux pôles aimanter les pièces fortes; il est semblable au pré-
sur un aimant; alors, chaque pôle touche toujours cédent, avec la différence qu’on promène les bar-
un pôle de nom contraire; on dit qu’un pareil ai- reaux aimantés ensemble, et sans les rapprocher,
mant a des pôles conséquents. — Dans les aimants, depuis le milieu de la pièce jusqu’à l’une de ses
les pôles de même nom se repoussent les pôles de extrémités , puis on les ramène à l’extrémité oppo-
,

nom contraire s’attirent, et ces attractions ou ré- sée , et l’on revient par la même route à plusieurs
pulsions sont en raison inverse du carré des di- reprises. — Outre ces trois procédés d’aimantation
stances. On peut s’en assurer aisément, en sus- l’action de la terre, le choc, la torsion, les dé-
pendant librement un aimant et en approchant charges électriques, les courants voltaïques, peuvent
successivement les deux pôles d’un second ai- encore développer dans le fer et dans l’acier les
mant. propriétés magnétiques ainsi, les croix de fer pla-
:

Les aimants prennent des noms diffé-


artificiels cées sur les clochers des églises deviennent à la
rents : aiguilles aimantées, lames aimantées, bar- longue de très-bons aimants; tous les outils des
reaux aimantés, etc., suivant leurs dimensions. forgerons sont dans un état magnétique , etc. C’est
La réunion de plusieurs aiguilles ou de plusieurs même en soumettantdesbarreauxde feràl’action d’un
lames aimantées ayant toutes les pôles de même courant continu qu’on- a obtenu les aimants les plu®
nom tournés dans le même sens forme une arma- puissants (Voy. électro-magnétisme) ; on en a fait
,

AIR - 29 — AIR
tout récemment d’importantes applications dans la que, une quantité variable de vapeur d’eau et un peu
téléeraphie électrique. d’hydrogène carboné. Cette composition de l’air pur
AINE (jadis aigne, corruption du latin inguen), et normal peut être modifiée par des causes acci-
jonction de la cuisse et du bas-ventre, est un enfon- dentelles, telles que la respiration des animaux ^ la
cement anguleux formé des muscles larges de l’ab- combustion du bois ou du charbon , la décompo-
domen qui s’unissent avec les muscles de la partie sition des matières organiques par la putréfac-
antérieure de la cuisse. Cette partie , siège de nom- tion , etc. —
L’air joue un rôle immense dans la
breux ganglions lymphatiques, est sujette à des nature il est indispensable à la vîe des animaux
:

tumeurs, telles qu’ abcès par congestion et bubons, à auxquels il fournit l’oxygène nécessaire à la respi-
des hernies, à des anévrismes. ration ; il ne l’est pas moins à la vie des plantes
AINESSE (d’aîné, dérivé A’antè natus, né anté- qui y puisent l’oxygène ,
l’azote et l’acide carbo-
rieurement). Longtemps le titre d’aîné donna droit nique ; il détermine le phénomène de la combus-
à certaines prérogatives , notamment à celle de pren- tion ;
il est le véhicule du son , et par suite du lan-
dre dans la succession des parents une plus grande gage; enfin, il est utilisé par l’industrie de l’homme
part que les autres enfants ; c’est ce qu’on appelait et employé comme force motrice dans la navigation
droit d’aînesse. Ce droit remonte à la plus haute à voile, les moulins à vent, les fusils à vent, les
antiquité; l’histoire d’Ésaü et de Jacob nous le chemins de fer atmosphériques, etc.
montre établi chez les Hébreux. En Égypte, en Grèce, La pesanteur de l’air, entrevue par Aristote, connue
à Rome, chez les Germains, l’atné jouissait de pri- de Bacon, ne fut nettement exprimée pour la pre-
vilèges particuliers; cependant ce droit n’est pas mière fois qu’en 1643 par Torricelli, disciple de Ga-
consacré par la législation romaine. En France , le lilée. Des fontainiers de Florence ayant inutilement
droit d’aînesse n’était pas connu sous la race ; tenté d’élever l’eau , par le moyen de la pompe, à
la couronne et les alleux se partageaient alors entre une hauteur plus grande que 32 pieds, Galilée
les frères; sous les races suivantes, il fut introduit soupçonna le premier que l’ascension de l’eau dans
afin de mettre un terme aux perpétuelles divisions le corps de pompe était due à la pression exercée
des Etats ; de la famille royale , il s’étendit bientôt par l’air sur la surface libre du liquide contenu
à celles des seigneurs féodaux, puis à toutes les dans le réservoir, et que la limite de 32 pieds
autres; il était régi par le Droit coutumier. Ce droit était la hauteur nécessaire pour qu’une colonne
d’aînesse , si contraire à l’égalité et aux sentiments d’eau fît équilibre à cette pression. Plus tard ,
Tor-
d’affection que le père porte à tous ses enfants in- ricellimit ce principe hors de doute. Pascal
distinctement , a été aboli en France par les lois du confirma cette théorie par de nouvelles expérien-
15 mars 1790 et du 8 avril 1791. Charles X tenta en ces. De son côté Mariette découvrit la loi qui règle
vain de le rétablir en 1826 ; cette proposition im- la compressibilité
,

Ce ne fut qu’à la
de l’air. —
populaire fut rejetée par la chambre des Pairs elle- fin du siècle dernier qu’on connut la composition
même. Le droit d’aînesse ne fut maintenu que pour de l’air et le rôle que joue ce fluide dans les com-
l’hérédité du trône et pour certains cats particuliers binaisons chimiques. Déjà , en 1630 , Jean Rey
(Foÿ. MAJORAT). — Le droit d’aînesse subsiste encore ayant vérifié l’expérience de Brun , pharmacien de
dans la plupart des autres pays de l’Europe , en Bergerac , qui avait trouvé que l’étain augmente de
Russie , en Êspagne , en Italie , en Angleterre sur- poids par la calcination expliqua ce phénomène ,
tout, où il assure la puissance de l’aristocratie, en l’attribuant à l’absorption de l’air par le métal;
mais où il condamne une foule d’enfants de famille cependant les idées de Rey restèrent ensevelies
à la misère. — Dans l’ancien régime, les cadets, dans l’oubli jusqu’en 1774 à cette époque Priest-:

privés de leur part dans l’héritage, embrassaient ley et Bayen reconnurent que toutes les substances
le parti des armes ou se consacraient au service di- désignées sous le nom de chaux métalliques doi-
vin; souvent aussi, ils allaient chercher fortune en vent à l’absorption d’un des principes de l’air l’excès
pays étranger. de poids et tous les caractères qui les distinguent
AIR (du grec aer), fluide gazeux qui forme au- du métal qu’elles contiennent. Enfin Lavoisier,
tour du globe terrestre une enveloppe désignée sous complétant les recherches de ses devanciers, donna
le nom à'atmos’phère. L’air paraît incolore quand la première analyse de l’air, examina les produits
il ne forme pas une couche très-épaisse mais vu de toutes les combustions, et parvint à fonder une
,
en m^se, il est bleu ; cette couleur, attribuée par le théorie nouvelle que toutes les expériences ulté-
vulgaire à une voûte céleste imaginaire, se montre rieures n’ont fait que consolider. Toutefois, il admit
dans toute sa pureté en l’absence des nuages. L’air encore trop d’oxygène dans l’air, et les véritables
nous paraît sans odeur et sans saveur, mais il est proportions ne furent établies que par les analyses
probable que nous en jugeons ainsi par l’habitude de MM. de Humboldt et Gay-Lussac, dont les résul-
où nous sonunes de le respirer dès notre naissance tats ont été confirmés par les derniers travaux do
;
enfin , l’air est pesant comme tous les corps gazeux, MM. Dumas, Boussingault , Régnault, etc.
et comme eux très-élastique : 1 litre d’air, à la AIR INFLAMMABLE. Voy. HYDROGÈNE.
température de 0» et sous la pression de 0“,76, AIR, en Musique (de l’italien aria, qu’on dérive
pèse 1 gr., 2935 ; l’air est donc 770 fois moins pe- du latin œra, chiffre, signe de prosodie chez les
sant que l’eau. La pesanteur d’une masse d’air Romains) , morceau de musique à une seule partie
donnée varie selon l’état de l’atmosphère ; on me- principale. L’air est le plus souvent composé pour
sure cette pesanteur au moyen du baromètre (Voy. le chant ou pour la danse ; de là la distinction des
ce mot). D n’est guère possible de déterminer airs de chant, qui prennent les noms de romances,
exactement la hauteur de l’atmosphère car elle ne cavatines, rondeaux, couplets, etc., et des airs de
,
finit pas brusquement à une certaine élévation l’air
danse, tels que le menuet, la gavotte, \a.courante.
devient seulement de plus en plus rare à mesure
;

qu’on s’élève ; cependant cette hauteur a été évaluée


la gigue, V anglaise, X allemande, etc. Parmi —
les airs de chant on distingue de petits airs, qui
approximativement à environ 80,000 mètres (ou 20 ne se composent guère que de deux ou trois phra-
lieues.) Le poids de la colonne d’air qui presse surune ses , et de grands airs ou airs d’opéra ( Varia ou
surface d’un centimètre carré est d’un kilogr. environ. la cavatine des Italiens), qui se composent ordinai-
L’air atmosphérique, que les anciens regardaient rement d’un cantabile, souvent précédé d’un ré-
comme un corps simple et qu’ils mettaient au nom- citatif et suivi d’un allegro impétueux; mais cette
bre des 4 éléments est un mélange d’oxygène et coupe se modifie de mille manières ; ainsi, l’air peut
,
d’azote, dans la proportion de 21 à commencer par un allegro animé, être suivi d’un
79; il ren-
ferme en outre quelques millièmes d’acide carboni- cantabile, et revenir au sujet et au mouvement
, , , , , , ,,

AIRE 30 - AJUS
yrimitifs. Dans tous les cas, le grand air doit avoir sont pas d’accord sur la manière d’écrire ce met :
Ie double objet d’exprimer Un sentiment profond les uns préférant aire, comme dérivant d’area,
et de faire briller la voix et le talent du chanteur. superficie , champ ; les autres , air, qu’ils dérivent
— On appelle airs de bravoure dans les opéras d’arare , sillonner.
ceux qui ont plus spécialement cette dernière des- AIRELLE, FacciniMm, genre de plantes de la
tination. —
Longtemps les airs de danse eurent un famille des Éricacées, tribu des Vacciniées, dont il
caractère déterminé et furent faits exprès ; aujour- forme le type. L’A. myrtille [Vaccinium myrtil-
d’hui on les tire le plus souvent des opéras en vogue ; lus) ainsi nommée à cause de sa ressemblance
cependant on a conservé certains airs de danse, le avec le myrte , est un arbuste à tiges anguleuses
fandango, la valse, \& polonaise, le galop, la polka. rameuses, à fleurs d’un blanc lavé de rouge, aux-
Ces airs doivent se distinguer surtout par un mou- quelles succèdent des baies d’un bleu noirâtre qui
vement gracieux et par un rhythme bien cadencé. ont une saveur acide et rafraîchissante ; il est com-
— Chaque peuple a ses airs nationaux et ses chan- mun dans les bois, les lieux couverts et monta-
sons populaires : tels sont les barcarolles à Venise, gneux. Une autre oipcc.e,\’ A. ponctuée [Vacc. vitis
les tarentelles et les villanelles à Naples , le ranz idæa ) , est un sous-arbrisseau à fleurs rougeâtres
des vaches en Suisse, les liederen Allemagne, les en grappes terminales penchées. Les baies sont éga-
boléros les seguidillas en Espagne, les songs en lement rouges, acides, et peuvent servir à préparer
Ecosse et en Irlande. En France, chaque province une boisson fermentée fort agréable. On en fait
a les siens l’Auvergne a ses bourrées ; le Poitou
; usage dans la médecine et la teinture. Les mar-
ses branles; la Bourgogne j ses noéls, etc. chands de vin se servent quelquefois de ce fruit
AIR A, nom botanique de la Canche. Voy. ce mot. pour colorer le vin aussi le nomme-t-on teint— vin.
;

AIRAIN , mot indéterminé par lequel on traduit — L’A. coussinette [Vacc. Oxycoccus) dite aussi
généralement l’expression œs des Romains. Ceux-ci Canneberge, se plaît dans les endroits marécageux
paraissent avoir quelquefois désigné par ce mot le du nord de l’Europe. Ses tiges sont déliées, li-
cuivre pur; mais plus fréquemment ils l’ont appli- gneuses et garnies de petites feuilles. Sa fleur isolée
qué aux alliages de ce métal avec plusieurs autres donne, en se dépouillant, un fruit rouge et très-
substances métalliques, notamment avec l’or, l’ar- acide. Les Russes font de ce fruit une boisson de
gent, le zinc, le plomb et l’étain. La fabrication couleur rosacée très-rafraîchissante et antiscorbu-
de l’airain était une partie importante de l’art mé- tique. Dans les arts on s’en sert pour nettoyer et
tallurgique chez les anciens ; ils s’en sei’vaient blanchir l’argenterie.
principalement pour faire de la monnaie et des AISSELLE (du \d.X\n axilla) cavité qui se trouve
statues. L’airain de Délos et celui d’Égine étaient les au-dessous de la jonction du bras avec l’épaule. Sa
plus estimés. —
On appelait airain de Corinthe un peau est molle, fine, et attachée aux parties qui
alliage qu’on supposait s’être produit fortuitement l’entourent par un tissu très-extensible et lâche.
par la fusion d’un grand nombre de métaux pré- Les maladies qui s’y forment sont l’engorgement
cieux pendant l’incendie de cette viUe par Mummius, des ganglions, les abcès, les bubons (qui, dans les
alliage que l’art sut reproduire. —
Le mot airain temps de peste, sont un des symptômes de l’infec-
s'emploie aussi, la plupart du temps dans le langage tion ) , les anévrismes. —
On nomme ainsi en Bo-
poétique, pour désigner plus particulièrement les al- tanique l’angle formé par une feuille ou par un
liages de cuivre et d'étain qui servent à la fabrication rameau sur une branche ou sur la tige. L’organe
des canons, des cloches, des statues, etc. Voy. bronze. situé dans cet angle prend l’épithète A’axillaire :

AIRE (du latin area), se dit, en Géométrie, de la ainsi les fleurs de la pervenche sont axillaires.
superficie d’une figure. Pour mesurer l’aire ou la AJONC, Ulex, genre de la famille des Légumi-
surface d’une figure plane, on prend pour unité neuses, sous -ordre des Papilionacées , tribu des
de mesure l’aire d’un carré dont les côtés sont Lotées. Ce genre ne renferme que des arbustes
l’unité linéaire. Ainsi, en adoptant le mètre pour velus, à feuilles simples, longues et épineuses, à
unité des mesures linéaires et le mètre carré pour fleurs jaunes et solitaires. L’Ajonc d’Europe, ap-
unité de surface, l’aire d’une figure quelconque pelé aussi Genet épineux. Jonc marin et Sain-
sera déterminée quand on connaîtra combien elle foin d’hiver, est un arbrisseau toujours vert dont
contient de mètres carrés ou de parties de mètre les feuilles, d’abord souples, se changent, à la fin
carré. Toutes les propositions de la géométrie re- de l’automne, en épines dures, d’un vert sombre.
latives à l’aire des figures planes peuvent se rame- L'ajonc pousse naturellement dans les lieux secs et
ner aux suivantes : 'Tout rectangle a pour mesure arides. On l’emploie pour nourrir les bestiaux
le produit de sa base par sa hauteur; l’aire d’un pour chauffer le four et faire des enclos. Cette
triangle est égale à la moitié du produit de sa base plante, qui vient spontanément dans nos pays, a
[lar sa hauteur; l’aire d’un parallélogramme est la vertu d’utiliser les mauvaises terres, qu’elle rend,
égale au produit de sa base par sa hauteur; l’aire par l’incinération, propres à la culture après 6 ans.
d’un trapèze est égale à la moitié du produit de sa AJOUPA , nom donné dans les colonies à une es-
hauteur j>ar la somme des deux bases parallèles. pèce de hutte portée sur des pieux , que l’on re-
AIRE-DE-VENT OU AIR-DE-VENT. Les marins nom- couvre à la hâte de branchages , de paille ou de
ment ainsi la trente-deuxième partie de l’horizon ; jonc. Les marins construisent des ajoupas quand
ce qui, en divisant l’horizon en 360 degrés, donne ils vont à terre sur une côte inhabitée pour renou-
pour chaque aire-de-vent 15 degrés, 15 minutes. veler leurs provisions.
Pour les dénommer, on prend les noms assortis AJOURNEMENT. En Droit, on appelle ainsi
d’abord aux quatre points cardinaux (est, nord par lequel un huissier dénonce à une per-
l’acte
midi, ouest); puis aux qnattve col latéraux [nord- sonne une demande formée contre elle, avec som-
ouest, sud-est. sud-ouest , nord-est); aux huit in- mation de comparaître à certain jour; c’est ce
termédiaires (sud-sud-est, sud-sud-ouest, etc.); et qu’on appelle communément assignation [Voy. ce
enfin aux seize points marins compris entre les seize mot). Tout ce qui concerne les ajournements est
points susdits [nord-quart-nord-est, nord-est-quart- réglé par le Code de Procédure (liv. II, titre u).
tiord, nord-est-quart-est, etc.). Les aires-de-vent AJUGA, plante. Voy. bugle.
écrites sur la r-oie des vents, cercle placé sous l’aiguille AJÜGOIDËES, tribu formée par Bentham dansla fa-
aimantée de la boussole, servent à indiquer la di- mille des Labiées, renferme les genres Ajuga (Bugle),
rection suivie par cette aiguille, et par suite celle Amethystea. Teucrium (Germandrée), Cyinaria, etc.
des vents. Les aires se nomment encore rumbs , AJUSTEUR’ [d’ad jusfum, sous-entendu rfiri-
demi-rumbs , quarts de rumb. — Les marins ne gere, rendre juste, exact), ouvrier qui, dans les
, , ,

ALAM 31 — ALBA
arts mécaniques, réunit les diverses parties d’une chimie , on remplace généralement les alambics par
machine exécutées par d’autres ouvriers, et qui des cornues. —
On attribue aux Arabes la construction
les assemble et les raccorde pour qu’elles puissent des premiers alambics.’ Arnaud de Villeneuve , au
fonctionner. Dans l’horlogerie, l’ajusteur est plus XIII® siècle, en propagea Tusage en Europe.
ordinairement appelé finisseur j dans d’autres arts, ALANGIÉES (d’alangî, nom hindou du genre
on le nomme monteur. —
L’ajusteur, dans l’art du type), petite famille que M. de Gandolle a détachée
monnayage, est chargé de donner le poids légal des Myrtacées. Elle ne se compose que du seul genre
aux flans des monnaies, c’est-à-dire aux pièces dé Alangium qui ne renferme qu’une espèce, VA. à
métal destinées à passer sous le balancier pour être dix pétales [A. decapetalum), arbre de l’Inde à
frappées. —
On appelle ajustoir une petite balance fleurs grandes et odorantes et ayant pour fruit un
où l’on pèse et ajuste les monnaies avant de les drupe monosperme , bon à manger. Le suc des ra-
marquer ; on la nomme aussi tre'buchet. cines est employé au Malabar contre la morsure des
AJUTAGES ou ajutoirs (du verbe ajouter), pe- serpents et comme purgatif.
tits tuyaux coniques ou cylindriques qui s’ajoutent ALATERNE , alaternus, L., arbrisseau
ou s’adaptent à l’extrémité d’un tuyau plus grand, du genre Nerprun, qu’on trouve surtout dans les
pour régler l’écoulement d’un liquide. La forme lieux humides du midi de l’Europe, atteint quel-
de l’ajutage influe beaucoup sur la vitesse de l’é- quefois 5 mètres de haut; son feuillage, toujours
coulement , et par suite sur la dépense d’eau vert, est d’une teinte sombre ; ses feuilles sont
dans le même temps. Un ajutage de même forme luisantes, ovales, légèrement dentelées sur les bords
que la veine fluide peut augmenter la dépense du li- et d’une consistance assez ferme. Cet arbrisseau est
quide dans le rapport de 3 à 2. Au contraire , un très-branchu ; il a Técorce brune ; ses fleurs , peu
ajutage cylindrique ou conique la diminue. C’est apparentes, sont verdâtres et sentent le miel. On
aussi l’ajutage qui détermine la forme du jet du li- l’a introduit dans les jardins d’agrément, où il
quide. L’emploi des ajutages, lorsqu’il est fait avec forme des buissons. On le multiplie de graines , de
ai t, produit des effets très-heureux, tels que gerbes, marcottes et d’éclats. Autrefois cet arbre était ré-
berceaux, etc. —
On donne aussi le nom d’ajutage à puté de mauvais voisinage , parce que le suc qu’il
un petit tuyau de métal ou de caoutchouc destiné à fournit est couleur de sang.
joindre l’un à l’autre deux appareils chimiques. ALAUDIDÉES {d’alauda, alouette), famille d’oi-
AKENE ou ACHÈNE (du grec a privatif, et chainô, seaux de Tordre des Passereaux conirostres de Cu-
s’ouvrir). On applique cette épithète à un genre de vier, renferme deux sous-familles ; les Alaudinées,
fruit indéhiscent c’est généralement un fruit sec, g.-tjpel'alouette,etles Anthusinées.g-.tyÿeVanthus.
;
à une seule semence, dont le péricarpe, réduit à ALBACORE, nom donné au Thon et à l’Espadon.
une lame mince, adhère plus ou moins intimement ALBATRE (du grec alabastros, qui a la même si-
avec l’enveloppe de la graine et avec le tube du gnification), nom donné à deux sortes de pierres de
calice comme on le remarque dans la semence de composition différente, que Ton emploie dans les
,
carotte et la chicorée. arts : et —
VA. calcaire. VA. gypseux
VA. gypseux
AKIS (mot grec qui signifie poiwfe), coléoptère ou alabastrite, sulfate de chaux hydraté, est remar-
du genre Pimélie, section des Hétéromères, famille quable par sa blancheur proverbiale, mais il est
des Mélasomes; petit insecte noir, lisse, dont le extrêmement tendre et le moindre frottement peut
corselet, plus large que la tête et fortement échan- en détacher des parcelles; on le sculpte pour en
cré en avant, a les bords relevés sur les côtés. On faire des objets d’ornement, vases, pendules, petites
en connaît plusieurs variétés qui vivent sur les ter- statues, etc. Il en existe de vastes carrières àVol-
lains tenant en dissolution des substances salines. terra, en 'Toscane; on a trouvé à Lagny, près de
ALABANDINE , pierre précieuse que Ton trou- Paris , un albâtre veiné qu’on exploite avec avan-
vait dans les environs d’Alabanda, en Carie. Elle
tenait le milieu entre le grenat et le rubis
tage. —
VA. calcaire, dit aussi A. oriental, A.
;
elle est proprement dit, variété de chaux carbonatée, est
plus transparente que le premier, moins obscure beaucoup plus dur et peut même rayer le marbre ;
que le second; elle est dure et anguleuse. On la il est susceptible d’un beau poli ; il est d’un blanc
nomme aujourd’hui spinelle rouge pourpré. On lui laiteux , un peu roux ou jaune de miel , et offre des
donne le premier rang après le rubis. veines qui sont d’un agréable effet. On en fait de
ALABASTRITE. Voy. albatre gypseüx. beaux ouvrages , des vases , des camées , et même
ALABASTRON, nom donné par les Grecs à des de grandes statues. Les anciens, qui en faisaient
vases à parfum sans anse, faits en albâtre, a été un grand usage, le tiraient de l’Egypte, de l’Asie
ensuite appliqué à une mesure de capacité usitée Mineure, de Tlnde. On a trouvé à Montmartre, près
autrefois en Grèce et en Orient; elle valait un demi- de Paris, un albâtre calcaire d’un beau jaune de
xestès, un cotyle; en mesures françaises, 0 lit., 26. miel, mais en petite quantité.
ALAMBIC (du grec ambix vase distillatoire ALBATROS (du latin albatus, vêtu de blanc),
précédé de l’article arabe al), appareil employé Biomedea oiseaux aquatiques de Tordre des Pal-
dans les arts chimiques pour distiller, c’est-à-dire mipèdes, de la famille des Longipennes ou Grands-
pour séparer un liquide volatil des substances fixes Voiliers , sont les oiseaux d’eau les plus gros et les
ou moins volatiles que lui. Les trois parties essen- plus voraces. Leur séjour habituel à la surface des
tielles d’un alambic sont la cucurbite, le chapi-
: eaux les a fait surnommer pélasgiens; leur taille
teau et le réfrigérant. La cucurbite est la partie énorme les a fait appeler par les matelots moutons
inférieure dans laquelle sont placées les matières à du Cap et vaisseaux de guerre. Us atteignent en
distiller; elle doit être construite de manière à pré- effet un mètre de longueur, et leurs ailes étendues
senter à l’action de la chaleur la plus grande sur- dépassent trois mètres; leur bec est terminé par un
face possible. Le chapiteau conduit les vapeurs de crochet qui semble ajouté après coup et est d’un
la cucurbite dans le réfrigérant c’est un tuyau blanc jaunâtre ; le dessus du corps est blanc avec
;
ajusté à ces deux parties; il doit être assez large quelques bandes brunes, et le dessous tout blanc;
pour ne pas opposer de résistance aux vapeurs qui les jambes sont courtes, et les pattes, qui n’ont que
le traversent. Le réfrigérant est la partie dans la- trois doigts, dirigés en avant, sont d’un rose pâle. L’al-
quelle les vapeurs se condensent et prennent Tétat batros est lourd, lâche et glouton ; il vit de poisson
liquide ; il consiste ordinairement en un serpentin et en dévore une énorme quantité. On connaît 5 es-
ou tube en spirale, qui plonge dans Teau froide. pèces d’albatros : VA. commun, le plus grand do
La forme des alambics varie suivant les besoins des tous, dont le cri ressemble au braiment de Tàne;
industries qui s’en servent. Dans les laboratoires de TA. exilé ou A. gris; VA. chocolat ou bai-brun,
— ,.

ALBÜ S — ALCA
VA. brun ou fuligineux ; VA. ruban-jaune ou à portée d’Allemagne en France au commencement
sourcils noirs. Les Albatros habitent les mers au- de ce siècle. — C’est aussi un portefeuille de pocVie
strales, et, malgré leur volume considérable, ils ou mémorandum à l’usage des voyageurs.
volent rapidement et s’avancent très-loin en pleine ALBUMEN (mot latin qui signifie glaire, blanc
mer. Leur chair est dure et d’un goût détestable. d’œuf), partie de l’amande ou de la graine appliquée
ALBERGIER, arbre fruitier, assez grand, à feuilles sur l’embryon , auquel il sert de nourriture quand il
en cœur, dentelées, plus petites que celles de l’a- est jeune. L’albumen n’a pas d’organisation vascu-
bricotier. Ses fruits, nommés alberges, tiennent de laire. Il manque dans plusieurs graines, et sa nature
la pêche et de l’abricot ; ils sont précoces , mûrs à varie beaucoup : il est sec et farineux dans les Grami-
la mi-août, généralement abondants et de bonne nées, coriace dans les Ombellifères , oléagineux et
qualité; leur couleur est jaune fîtncé; leur peau, ra- charnu dans les Euphorbiacées , corné dans les Ru-
boteuse et colorée ; leur chair est fondante, vineuse, biacées et membraneux dans les Labiées. C’est le
légèrement amère. Le noyau est gros , et contient périsperme de Jussieu et l’endosperme de Richard.
une amande amère. C’est à. tort qu’on regarde ALBUMINE [à’ albumen, blanc d’œuf ), matière
quelquefois l’albergier comme une variété de l’abri- visqueuse, blanchâtre, d’une saveur un peu salée,
cotier ; il forme dans ce genre une espèce distincte. et qui constitue l’un des éléments des corps orga-
On le cultive surtout en Touraine. nisés (animaux et végétaux). Elle se distingue des
ALBINOS (dimin. à’albus, blanc). On nomme autres substances organiques par la propriété qu’elle
ainsi certains individus dont la peau est blafarde ou possède de se coaguler par la chaleur. Elle constitue
d’un blanc fade , ainsi que les cheveux et les poils, presque en totalité le blanc d’œuf et le sérum du
dont les yeux rouges et pâles ne peuvent supporter sang ; on la trouve dans la matière cérébrale et
la lumière du jour. Cette anomalie est due à l’ab- nerveuse, dans l’humeur vitrée de l’œil, dans l’eau
sence du pigment , matière qui colore la peau, les des hydropiques et dans tous les liquides séreux.
yeux et les cheveux. C’est le résultat d’une maladie Les cheveux, les ongles, les durillons de toute sorte
qui peut attaquer l’homme sous tous les climats ; sont formés d’albumine concrétée. Elle est égale-
mais ce n’est pas le caractère d’une race particu- ment contenue dans le suc des légumes, des raves,
lière, comme on l’a cru longtemps. On trouve beau- des choux-fleurs, des asperges; quand on fait bouil-
coup plus d’albinos en Afrique, parmi les nègres, que lir ce suc, il s’en sépare un coagulum qui est iden-
dans tous les autres pays ; ce qui leur a fait donner tique au blanc d’œuf. Les amandes et les noix en
le nom de nègres blancs. Les albinos mâles sont renferment aussi. L’albumine est une combinaison de
généralement impuissants; mais les femmes peu- carbone, d’hydrogène, d’azote et d’oxygène avec do
vent devenir mères. — L’albinisme se rencontre petites quantités de soufre et de phosphore. On —
souvent chez des animaux; c’est à cette maladie s’en sert en médecine dans les cas d’empoisonne-
qu’est due la blancheur du poil dans les souris, ment par des sels minéraux (principalement de
les éléphants , les serins , les cerfs , les chiens , les cuivre et de mercure) ; battue et mêlée avec l’huile,
lapins et dans certains merles ; car lesmerles blancs, elle guérit les brûlures récentes. Dans les arts, on
pour être rares , n’en sont pas moins réels. l’emploie pour clarifier les divers liquides , les su-
ALBITE , espèce de feldspath. Voy. schorl blanc. cres, etc., et pour coller les vins, parce qu’elle forme
ALBUGESE ou albügo {à'albus, blanc), tache en se coagulant une sorte de réseau qui entraîne
de l’œil , vulgairement nommée taie , est produite les substances tenues en suspension dans ces li-
par le dépôt d’une matière blanche entre les lames quides. On s’en sert encore pour donner plus de
de la cornée. Ses causes sont l’ophthalmie, les vices blancheur et de légèreté à certaines pâtes, pour re-
dartreux , scrofuleux , etc. La tache , opaque , lai- coller la porcelaine et le verre cassés, etc.
teuse quand elle est récente, devient, avec le temps, ALCADE. Voy. le Bict. univ. d’Hist. et de Géogr.
crayeuse et nacrée; elle est peu douloureuse. L’al- ALCADÉES {à’alca, pingouin), tribu de la fa-
bugo est d’autant plus difficile à guérir qu’elle est mille des Brachyptères, ordre des Palmipèdes de
plus ancienne et que le malade est plus âgé. On em- Cuvier; on en a fait une famille composée des
ploie à cet effet un collyre composé de sucre candi genres Pingouin, Guillemot, Mergule, Macareux,
en poudre fine et d’un peu de nitre, de vitriol ou Ce'rorhynque et Starique, et caractérisée par des
,d’os de sèche. pieds implantés très en arrière , entièrement palmés
ALBUGINÉ {à’albus, blanc) , épithète donnée en et sans pouce, des ailes courtes, peu propres au vol.
Anatomie aux membranes remarquables à la fois —
On y avait aussi, mais à tort, rapporté le Plongeon
par leur blancheur et leur consistance ; on nomme ALCAHEST, mot arbitrairement forgé par Para-
tunique albuginée de l’œil, la sclérotique ; humeur celse pour désigner une liqueur propre , selon lui
nlbuginée, l’humeur aqueuse de l’œil; fibre albu- à guérir toute sorte d’engorgements. Ce nom a été —
ginée, celle qui forme les tendons, les ligaments donné par Van Helmontà un dissolvant universel et
articulaires; cette fibre se distingue des autres par à un remède propre à raunener les corps à leur 1” vie.
sa fermeté et son élasticité ; on la nomme, selon ses —L’Alcahest de Glauber est une liqueur épaisse que
diverses applications, a^one'üro5e, tendon, ligament, l’on obtient en faisant détoner sur des charbons' ar-
ALBUM, mot latin qui veut dire blanc. Ôn nom- dents du nitrate de potasse, ce qui le transforme en
mait ainsi chez les Romains des tablettes blanches sous-carbonate de potasse. UAlcahest de Respour
ou des murs blanchis avec un enduit de plâtre , sur est un mélange de potasse et d’oxyde de zinc.
lesquels les préteurs publiaient leurs édits , ou bien ALCAÏQUE (vEBs), vers grec inventé par le poète
sur lesquels on affichait des documents officiels. Alcée, et adopté chez les Latins, est formé de quatre
Selon quelques auteurs , ce mot désignait seule- pieds et d’une césure, qui se place au milieu : le
ment les caractères blancs avec lesquels on les 1er pied est un spondée, rarement un iambe ; le 2® un
écrivait. Par suite, on a nommé a/ium le droit iambe ; puis la césure , et enfin deux dactyles :
prétorien, pour le distinguer du droit civil, que
Düice èt dëc8 rum ïst pr5 pllrl X mSrt.
Von nommait rubrica (de couleur rouge), parce 1 j 1 |

qu’on écrivait les titres des lois en rouge. — Au-


— On appelle strophe alcdique une strophe com-
jourd’hui on appelle album un portefeuille composé posée de 4 vers, dont les deux premiers sont alcai-
de feuilles détachées sur lesquelles les personnes ques , comme dans ces vers d’Horace r
dont on veut conserver le souvenir, ou dont on veut
Omnes eodem cogimur omnium
posséder un autographe, écrivent leurs noms, leurs
:

Yersatur urna : serius ocius .

ensées, des airs notés , peignent des portraits, des Sors exitura et nos in eeterouni
,

eurs ou des paysages, etc. Cette mode a été im- Kxilium imposilura cymbœ.
, , , ,, , ,,

ALCA — 33 — ALCH
ALCALI (de l’arabe al-kali, la soudeL se dit en même plateau de la balance l’alcali et l’acide des»
Chimie de certaines substances douées d une saveur tiné à le saturer, contenus dans deux ballons con-
àcre et urineuse, caractérisées par leur causticité tigus, et, après les avoir mêlés, on fait une nou-
et par l’énergie avec laquelle elles se combinent avec velle pesée; la différence de poids sur la première
les acides. Les alcalis solubles dans l’eau ramènent pesée indique l’acide carbonique dégagé. Ces deux
au bleu le tournesol rougi par les acides, verdissent méthodes sont décrites avec beaucoup de détails
le sirop de violettes, et brunissent la teinture de dans le Précis d’analyse de M. Frésénius.
curcuma. Les anciens chimistes n’appliquaient le ALCALIN, ALCALINITÉ, se disent, en Cliimie,
mot alcali qu’à trois substances la potasse, qu’ils
: de la propriété que possèdent certains corps solu-
nommaient a/ca/i minéral] la soude, alcali végé- bles dans l’eau de ramener au bleu le tournesol
tal] et l’ammoniaque, alcali volatil. La chimie rougi par les acides : on dit réaction alcaline, par
moderne distingue les alcalis proprement dits opposition à réaction acide. Les sulfures alcalins
comprenant, outre les trois précédents, la lithine; sont les sulfures formés de soufre et de quelqu’un
et les alcalis terreux ou terres alcalines, compre- des métaux qui produisent avec l’oxygène les alcalis
nant la chaux, la baryte, la strontiane et la ma- ou oxydes alcalins (potassium , sodium , calcium
gnésie. A l’exception de l’ammoniaque, tous ces baryum). On appelle sels alcalins les sels à base
alcalis sont des oxydes métalliques ; aucun d’eux d’alcali, surtout ceux qui renferment un excès de
ne se rencontre dans la nature à l’état de liberté. On Côtte
les appelle aussi alcalis caustiques pour les distin- ALCALOÏDE (c’est-à-dire xemê/aê/e à l’alcali),
guer des alcalis carbonatés, combinaisons des al- synonyme A’alcali végétal. Voy. alcali.
calis caustiques avec l’acide carbonique, qui par- ALCANNA, plante plus connue sous le nom do
tagent beaucoup de propriétés avec les alcalis libres. HENNÉ. Voy. ce mot.
— Les alcalis végétaux de la chimie moderne ALCARAZAS, ou mieux alcarraza, mot arabe
appelés aussi bases végétales, alcaloïdes ou alcalis qui désigne un vase poreux en forme de bouteille
organiques sont de beaucoup plus nombreux que dont on se sert dans les pays chauds, surtout en
les alcalis fournis par le règne minéral; ils con- Espagne, pour rafraîchir l’eau. Ces vases étant, par
tiennent tous du carbone, de l’hydrogène et de leur porosité , légèrement perméables , la vaporisa-
l’azote, et la plupart d’entre eux de l’oxygène. tion qui a lieu à leur surface leur enlève assez de
Parmi ces alcaloïdes, les uns existent tout formés calorique pour refroidir le liquide qu’ils contien-
dans les organes des plantes, en combinaison avec nent. On les place à l’ombre, et on les expose à un
certains acides : tels sont la quinine, la morphine, courant d’air pour augmenter l’évaporation. Selon
la strychnine, etc.; les autres sont le produit de M. Darcet, ils sont formés d’un mélange de 5 parties
réactions chimiques sur certaines substances orga- de terre calcaire et de 8 parties d’argile ; on y in-
niques : tels sont l’aniline, la quinoléine, la tolui- troduitaussi un peu de sel. —
Ce genre de vases était
dine, etc. Les alcalis végétaux naturels sont géné- connu de toute antiquité chez les Egjqjliens ; les
ralement insolubles dans l’eau, ce qui permet de Arabes l’introduisirent en Espagne. On les fabrique
les extraire des organes qui les renferment, en aussi avec succès en France M. Fourmy, qui a le
:

traitant ceux-ci par de l’acide chlorhydrique ou premier fabriqué de ces vases à rafraîchir, les a
sulfurique affaibli, et décomposant la solution par nommés hydrocérames.
de la chaux ou de l’ammoniaque, qui vient alors ALCEDÏDÈES {A’alcedn, nom de l’alcyon ou du
précipiter les alcaloïdes. Presque toutes les plantes martin-pêcheur), famille d’oiseaux de l’ordre des
vénéneuses doivent leur action à de semblables al- Passereaux, formée aux dépens de celle des Syndac-
calis : la ciguë contient la conine; la belladone tyles de Cuvier, est caractérisée par un bec fort
renferme l’atropine; le pied d’alouette staphisaigre, allongé, droit, presque quadraiigulaire; pieds à
dit herbe aux poux contient la delphine, etc. Ces tarses très-courts , complètement syndactyles. Elle
alcalis sont devenus, pour la plupart, des remèdes comprend les genres Martin - pécheur, Ispida ou
précieux dont l’emploi a remplacé, dans presque Céryle. Céyx, Alcyon, etc.
tous les cas, celui des végétaux dont on les extrait. ALCÉE (du grec alkéa, mauve), genre déplantés
Les alcalis minéraux étaient connus fort ancien- de la famille des Malvacées, réuni aujourd’hui par
nement (Yoy. l’art, do chacun d’eux). La découverte la plupart des botanistes au genre Althéa ou Gui-
des alcalis végétaux ne remonte qu’à l’année 1817, mauve. L’espèce la plus remarquable est YAlthea
époque à laquelle Sertuerner, pharmacien de Ha- rosca {Alcée des jardins. Rose tréniière ou Passe-
novre, découvrit la morphine dans l’opium. Depuis rose), qui fait l’ornement des parterres. Sa tige est
lors, la liste des alcalis végétaux s’est considérable- élevée, droite, velue, couverte de belle? fleurs
ment accrue, grâce aux recherches de MM. Pelletier dont la nuance varie du blanc au rouge jaune et
et Caventou , Robiquet, Brandes , Geiger, Henry fils au cramoisi. Elle est originaire de Syrie , d’où elle
et Plisson. Dans ces derniers temps, Woehler, Hof- fut apportée à l’^oque des croisades. Une autre
mann, Gerhardt et Zinin ont fait connaître des pro- espèce, venue de Chine, à fleurs blanches et pour-
cédés à l’aide desquels on peut produire certains al- pres panachées, est très- recherchée des amateurs.
calis végétaux au moyen des réactions chimiques. ALCHEMILLÉ ou alchimille, genre de plantes
ALCALIMÈTRE (de l’arabe al-kali, et du grec de la famille des Rosacées; herbe vivace, aux feuilles
métron mesure ) , instrument servant à détermi- palmées ou digitées et aux fleurs verdâtres, en co-
ner les proportions d’alcali caustique ou carbonaté rynibes ou en grappes terminales. L’A. vulgaire,
contenues dans les potasses et les soudes du com- ou Pied-de-lion est très-commune dans les prés
merce. Les parties alcalines étant les seules utiles et bois montagneux : elle possède des pro-
les
au blanchisseur, au teinturier, au savonnier, etc., priétés astringentes. Les alchimistes employaient
cette détermination indique la valeur intrinsèque dans l’opération du grand œuvre la rosée recueillie
de ces produits. Deux méthodes sont en usage : la sur ses feuilles : de là son nom. L’A. des Alpes
première, proposée en 1801 par Descroizillcs et A. alpina et argentea) est remarquable par le
modifiée par Gay-Lussac, est la plus expéditive ; iivet soyeux et argenté de la lame inférieure de
elle consiste à saturer l’alcali par de l’acide sulfu- ses fenilies.
rique étendu, d’un titre connu, et contenu dans ALCHIMIE (de l’article arabe al et du mot chi-
une burette graduée ; le point de saturation se re- mie). science occulte qui étudiait, comme aujou.-d’liui
connaît à l’aide d’un papier de tournesol. L’autre la chimie, les combinaisons des corps, et cherchait
méthode, moins prompte, mais plus exacte, est à surprendre les secrets de la nature, mais dans le
due à MM. Frésénius et Will : on équilibre sur le but chimérique d’opérer la transmutation des mê-
3
,,

ALCO —U— ALCO


taux en transformant les substances plus viles en les veines. dissout fort bien les résines, les es-
11
métaux précieux , de faire de l’or et de composer sences, les matières grasses; il se combine avec les
une panacée ou remède universel, propre à prolonger acides, et produit ce que les chimistes appellent des
indéfiniment la vie. L’agent tout-puissant au moyen éthers. — ün obtient l’alcool absolu en distillant
duquel l’alcliimistc devait opérer ces merveilles l’alcool du commerce avec des substances très-avides
était appelé la pierre p/iilosophale; et l'opération d’eau, telles que la chaux vive ou le carbonate de
elle-même était le grand œuvre. Le mercure, l'or, potasse. L'alcool du commerce s’obtient en soumettant
l'antimoine, sont les métaux dont les alchimistes à la distillation les liquides sucrés qui ont éprouvé la
se servaient le plus. L'alchimie s’associait le plus fermentation siiiritueuse. Cette opération se prati-
souvent à l'astrologie et à la magie. Les Égyptiens que en grand sur les vins. Ou tire aussi de l’alcool du
l’appelaient V Art sacré, parce que cet art n’était cidre, des mélasses, de la betterave, de la pomme de
connu que de leurs prêtres; on l’a aussi nommée \'art terre, des grains, du bois même, etc. —
l/alcool est,
hermétique, parce i|ue l’invention en était attribuée après l’eau, le dissolvant le plus général. Les chi-
à Hermès Trismégiste. Le nom d'alc/iimie est dû aux mistes l’emploient très-fréquemment dans leurs tra-
Arabes, et ne parait pas remonter au delà du vaux d’analyse; les pharmaciens le font servir à la
IX' siècle. Quant à la science elle-même, ses adep- préparàtion des teintures et des alcoolats. On l’u-
tes lui attribuaient la plus haute antiquité prati-
:
tilise dans les arts à la fabrication des vernis sic-
quée, selon eux, même avant le déluge, par Tu- catifs; les parfumeurs en consomment aussi beau-
balcain, elle fut conservée par Cbam, (iis de Noé, à coup pour composer une foule de liqueurs aroma-
qui elle emprunta son nom et (lui l’enseigna aux tiipies, qu’ils désignent sous les noms d’esprits
Egyptiens. Ce qui parait vrai, c’est que ce dernier d’odeur, d’extraits d’odeur, d’eaux de senteur,
peuple eut de bonne heure, ainsi que les Chinois, des d’eaux spiritueoses. Etendu d’eau et pris en petite
connaissances étendues en chimie, et que c’est de quantité, l’alcool excite les forces momentanément,
ses mains que cette science passa aux Grecs et aux tandis qu’à plus haute dose il les détruit, et pro-
Arabes, qui l’apportèrent en Occident. Elle régna duit l’ivresse. L'usage trop fréquent de l’alcool à
au moyen âge; discréditée à mesure que les mé- l’état d’eau -de -vie devient presipie toujours une
thodes rationnelles firent des progrès, elle céda la source d'irritations chroniques et de lésions orga-
place, dès le xvii« siècle, à la Chimie, qui hérita niques des plus graves. L’alcool se répand promp-
de son nom, en conservant ce ([u’elle pouvait con- tement dans tous les organes, qui en restent im-
tenir d’utile. Cependant elle compte encore quel- prégnés : quelques médecins attribuent à cette

ques adeptes, dupes ou charlatans. Après l’antique imprégnation générale de l’économie les combus-
flermos, père de l’Art sacré, à quion attribue les tions spontanées, qu’on observe surtout chez ceux
livres dits hermétiques, qui paraissent avoir été qui ab'isent des liqueurs fortes.
fabriqués en Egypte au ni' ou iv' siècle de notre Dans le commerce, on rencontre l’alcool à divers
ère^ on nomme parmi les plus célèbres alchimistes états de concentration. Pour déterminer exactement
le Grec Zosime, écrivain du v« siècle, auteur d’un son degré de force, on se sert d’instruments appelés
livre sur VArt de faire de l’or; les Arabes Geber aréomètres et alcoomètres {Voy. ces mots). Le —
ou Giaber (ix® siècle ), Al- Farabi , Avicenne, et commerce a adopté des noms particuliers pour dis-
depuis, le moine Roger B.icon, Albert le Grand, tinguer les didérents degrés de spirituosité de l’al-
Raymond Luile , Nicolas Flamel , Georges Agri- cool. Les premiers produits de la distillation, mar-
cole, Basile Valentin, les Rose-croix, Paracelse, quant depuis 16® jusqu’à 20“ de l’aréomètre de
qui obtint une immense renommée en appliquant Cartier, portent le nom d’eau-de-vie. On appelle
l’alchimie à la médecine. Au xvui® siècle même, particulièrement preuve de Hollande ou eau-de-
de grands charlatans , le comte de Saint-Germain vie ordinaire celle qui marque 19®, et eau-de-vie
Cagliostro, J. -J. Casanova, firent de nombreuses forte celle qui a de 21 à 22®. Au delà de ce degré,
dupes en pi étendant posséder les secrets de l’alchi- les produits alcooliques prennent le nom d’esprits,
mie. — Quelque chimérique que cet art pût être et le plus ou moins d’eau qu’ils contiennent s’ex-
dans son but, il reposait sur l’observaiion de quel- prime par des nombres qu’on indique sous la forme
ques faits merveilleux, mais réels, et on lui doit de fractions. Ces nombres font connaître la quan-
d'imporUntes découvertes. Lenglet Dufresnoy a tité d’eau qu’il faut ajouter à chaque partie d’es-
donné une Histoire de la philosophie hermétique, prit pour le ramener à l’état d’eau-de-vie ordi-
1742;Schmieder,unef/(xf.rfe/’Afc/«'»!ie,Halle,i832; naire ou à 19®. Ainsi on nomme esprit trois-cinq
M. ¥\"mer,VAlchimieetlesAlchimisles, Paris,1854. de l’alcool à 29® 1/2 , parce qu’en prenant 3 volumes
ALCOOL Ole l’arabe n/-ea/io/ , corps très-subtil), de ce liquide, et y ajoutant i volumes d’eau, on
dit aussi hydrate d’oxyde d’éthyle, esprit-de-vin obtient 5 volumes d’eau-de-vie à 19®; on appelle
eau-de-vie, trois-six; liquide incolore, très-volatil esprit trois-six de l’alcool à 33®, doxit 3 volumes
et très-combustible, composé de carbone, d’hydro- mêlés à 3 volumes d’eau produisent 6 volumes
gène et d’oxygène dans les rapports de C‘H"0’, d’eau-de-vie à 19®, etc.
et se produisant dans la fermentation des liquides Voici les titres et les noms vulgaires des différents
sucrés. Dans l’état de pureté chimique, on le dé- alcools du commerce ;

signe plus particulièrement sous le nom d’alcool Ar^omè* Alcoomètre


Ire de
absolu ou d’alcool anhydre; mais c’est toujours à de Cartier. Gay*Luscae. Den.^ité.
l’état de mélange avec une proportion d’eau plus Eau-de-vie faible 37"9 0,957
ou moins grande qu’on le trouve dans le com- Jd 42®5 0,949
merce. L’alcool absolu des chimistes a une densité Id .. 18» 46®5 0,943
de 0,79 et bout à 78». Sa saveur est âcre et brû- Eau-de-vie ordinaire..... 19® 50®1 0,936
lante; son odeur faible, mais enivrante. 11 absorbe Id 53»4 0,930
rapidement i’iiiimidité de l’air; mêlé avec l’eau, il Eau-de-vie forte 56®5 0,924
dégage de la chaleur; avec la neige, dans une Id ,. 22® 59®2 0,918
proportion d’une partie d’alcool pris à la tempéra- Esprit trois-cinq 78®0 0,X69
ture de 0» et d’une demi-partie de neige, il donne Esprit trois-six . . 33® 85®1 0,851
un froid qui peut aller jusqu’à 37®. 11 enlève l’eau Esprit trois-sept ,. 35® 88«5 0,840
même aux parties vivantes, qu’il racornit, ce qui Esprit rectifié ,. 36® 90»2 0,835
le rend très-propre â la conservation des prépara- Esjirit trois-huit 92»5 0,826
tions anatoniiques ; c’est encore par la même raison Alcool à 40® .. 40® 95»9 0,814
qu’il détermine la mort quand on l’injecte dans Alcool absolu 100®0 0,794
, , , ; ,

ALCY - 35 — ALER
C’est probablement aux Arabes qu’on doit l'art ou fdets en nombre variable. Ils sont tantôt en
d’extraire l’alcool du xin et des autres liqueurs fer- forme d’arbustes, tantôt semblables à des champi-
mentées. Arnaud de Villeneuve, savant du xiii» gnons, d’autres fois ils forment sur la surface des
siècle, à qui on fait quelquefois lionneur de cette corps une croûte assez épaisse. Ils ont de belles cou-
découverte, ne lit que propager l’usage de l’alcool leurs que la lumière leur fait (lerdre. Les cendres
en médecine. Ce que Raymond Luile et scs suc- d’alcyons brûlés étaient jadis employées comme den-
cesseurs appelaient quinta essentia, d’où l’on a tifrices.On leur attribuait aussi la propriété de faire
formé quintessence et dont ils faisaient la base de pousser les cheveux cl la barbe. —
Ce genre donne
leurs travaux alchimiques, n était autre chose que son nom à l’ordre des Alcyonées ou Atrynniens de
de l’esprit-de-vin rectifié au moyen de la chaleur Lamonroux,qui renferme,oulrer/l/t7/on proprement
du fumier. Au xv® siècle, l’esprit-de-vin n’était en- dit, V Alcyonelle, V Ammothée la Loltdaire, etc.
core qu’un médicament et ne se trouvait que dans ALCYONEES, ai.cvoneli.e. Von. aixyon.
l’officine des pharmaciens; mais, avant la lin du ALDERARAN (en arabe, qui brille), étoile de
XVI» siècle, il servait déjà comme boisson dans première grandeur, placée dans Vceil du Taurq^fu.
presque tous les pays de l'Europe. ALLEE, nom que les Hindous donnent à leurs
ALCOOLAT, alcool qui a été chargé, au moyen villages, principalement sur la côte de Coroman-
de la distillation, des parties aromatiques de certains del ; ce nom vient des Arabes.
végétaux : ce nom a remplacé celui A' esprit. On peut ALDÉIIY’ÜE (par contraction Acsmolf^alcooldés-
citer \’A. vulnéraire , VA. de coehléuria ,
Veau de hydrogéné), dit aussi éther o.rygéné liquide inco-
Cologne, le baume de Fiorarenti. Les alcoolats lore, extrêmement volatil , composé de carbone ,
sont simples ou composés: simples, quand il n’eii- d'hydrogène et d'oxygène dans les rapports de
tre qu’une seule substance dans leur préparation ; C‘11‘0*, et résultant de l’action de l’oxygène sur
composés , quand on a distillé l’alcool sur plusieurs l’alcool. 11 se forme dans un gr.and nombre de cir-
substances. constances, lorsque l’alcool est mis en cont.act avec
ALCOOLATE, combinaison d''alcool avec un sel. des corps oxygénants; il se produit, entre autres ,
ALCOOMÈTRE (c. -à-d. mesure de l’alcool), dans la préparation du vinaigre , quand l’accès de
espèce d’aréomètre servant à indi(iuer la quantité l’air à l’alcool n’est pas assez comfdet pour la trans-
d’alcool contenue dans les esprits-de-vin du com- formation de ce rnpiiile en acide acétique II a été
merce; il a été construit par Cay-Lussac en 1824. découvert par M. Liebig en 1835.
Il marque 0“ dans l’eau et 100“ dans l’alcool ab- ALE (mot anglais qu’on prononce été), espece
solu ; il indique immédiatement la (piantité d’al- de bière anglaise, blonde, transparente et sans
cool réel qui existe dans un esprit : ainsi l’esprit amertume, parce qu’on la fabrique sans houblon.
qui marque 60“ contient 60 pour 100 d’alcool Elle est le produit de la fermeulation de la drèche
pur. Comme les variations de température augmen- qu’on a fait infuser d;wis de l’eau boidllante. On en
tent ou diminuent le volume des liquides, et par fait de deux sortes Vale légère, rafraîchissante;
;

suite leur densité , les indications de l’alcoomètre Vede de garde, boisson nourrissante et tonique,
ne sont exactes qu’autant qu’elles sont prises à la mais qui enivre vite, parce qu’elle contient une
température à laquelle l’instrument a été gradué, assez grande quantité d’alcool. On estime Valed’É-
c'est-a-dire à 15 degrés; mais M. Gay-Lussac a cosse. On fabrique aussi de l’at'e en France.
construit des tables où les corrections à faire sont ALEGTORS (du grec aleclor. coq), nom donné
indiquées. MM. Lerebours et Secretaii ont construit par quelques-uns à une fam. de l’ordre de Gallinacés
un thermomètre alcoométrique. —
Pour reconnaître d’Amérique, intermédiaires entre les dindons et les
la proportion d’alcool contenue dans les vins, on faisans; ils ont la queue large et arrondie, com-
en distille une portion; on note le volume de l’al- posée de douze plumes grandes et roides , et man-
cool faible obtenu
,
et l’on détermine le degré à quent d’éperons aux jambes. Ces oiseaux vivent dans
l’aide de l’alcoomètre. Descroizilles a imaginé pour les bois, se nourrissant de bourgeons cl de fruits;
ces essais un petit alambic, perfectionné depuis par ils sont très-sociables, et se réduisent facilcnrenl en
M. Gay-Lussac par M. Dunal de Montpellier.
et domestici té. Le pri ne. genre est le Pénélope. V, ce mot.
ALCüRAN ,
livre sacré des Musulmans. Voy. le ALEMRROTH (motchaldéen qui signifie le ehef-
Dict. univ. d’IUst. et de Géogr. d’œuvre de l’art). Les alchimistes nommaient ainsi
ALCYON , nom que les Grecs donnaient à un oi- le produit de la sublimation du deutochlorure de
seau qui faisait son nid sur le bord de la mer ou, à mercure (sublimé corrosif) et du sel ammoniac; ils
ce qu’ils croyaient , sur la mer elle-même. On ne le nommaient aussi .sel de sagesse. Ce produit jouit
sait pas bien quel était cet oiseau : les uns le re- de propriétés stimulantes; il a été abandonné par
trouvent dans le martin-pêcheur; les autres dans la médecine moderne.
le pétrel des tempêtes ou dans l’hirondelle salan- ALÊNE, poinçon droit ou courbe destiné à per-
gane dont les Chinois recherchent les nids comme cer le cuir, dont les cordonniers et les bourreliers
mets délicat. Selon la Fable, Alcyone, femme de font un continuel usage ils s’en servent pour per-
:

Céyx, roi de Trachine, s’étant précipitée dans la mer cer deux morceaux de cuir qui doivent être cousus
en apprenant la mort de son époux, avait été ch.angée ensemble. L’alêne est en acier, et se fabrique à la
en alcyon. Cet oiseau était consacré à Thétis. 11 forge ou à la lime. Le fabricant d’alênes est dit
était le symbole de la paix et de la tranquillité, aténier. — On nomme alêne, dans le midi de la
parce qu’il ne peut faire son nid sur la mer que France, la raie à museau aigu, dite raie oxyrhinque.
quand ses eaux sont calmes. On donnait le nom de ALÈNOIS (cresson). Voy. cresson.
jours alcyoniens aux quinze jours de l’année pen- ALEPINÉ , étoffe dont la chaîne
en soie et l.a
est
dant lesquels l’alcyon était supposé faire son nid et trame en A’Alep, se
laine. Cette étoffe, originaire
couver ses œufs à la faveur du calme de la mer (c’é- fabrique aujourd’hui avec succès en France, no-
taient le jour du solstice d’hiver, les sept qui le pré- tamment à Amiens. —
On nomme Galles alépines
cèdent et les sept qui le suivent). des noix deg.alle qui viennent d’Alep.
Quelques ornithologistes donnent le nom A’alcyon ALERIONS (A'aqxdlario diminutif A’aquila)
ou clcyone au martin-pêcheur, oiseau de mer et nom donné autrefois à de petites aigles sans bec ni
des marécages, et en font le type d’un genre qui jambes que l’on mettait dans les armoiries et qui
comprend plusieurs especes : A. tétradactyle sans avaient les ailes étendues. Lorsqu’il y avait plus
huppe, A. tétradactyle huppé, et A. iridactyle. de trois aigles dans un écu, ou que, le nombre des
ALCïON, genre de Polypes nus, de la famille des aigles étant de trois seulement, ces oiseaux étaient
Alcyoniens, couronnés à leur extrémité de tentacules accompagnés d’autres pièces héraldiques, on les
3.
, ,

ALGÈ — 36 — ALGÈ
nommait aiglettes ou alérions. La maison de Lor- emploie sont prises arbitrairement :
lettres qu’elle
raine portait d’or à la bande de gueules, chargée toutefois, on désigne ordinairement les quantités
de trois alérions d'argent. La maison de Montmo- connues parles premières lettres de l’alphabet, a,
rency portait 16 alérions en mémoire d’autant de b, c, d, etc., et l’on réserve les trois dernières, x,
drapeauï pris sur l’ennemi. y, Z, pour désigner les inconnues; n exprime un
ALÉSOÎR {de lès, bords, côtés) , instrument ou nombre quelconque. —
Outre les lettres , l’al-
machine dont on se sert pour terminer les surfaces gèbre se sert encore, pour abréger le calcul, de
cylindriques concaves, par exemple pour agrandir, certains signes particuliers dont les principaux sont :
arrondir et polir la surface intérieure d’un corps le signe de l’addition, -f-, pltis: a -|- 6; le signe de
de pompe, d’une machine à vapeur, le canon la soustraction,
, —
moins : a —
ô; le signe de la
d’une bouche à feu, d’un fusil, etc. L’objet à aléser multiplication, x , qui multiplie : a y. b, ou a . 6,
étant fixé dans un étau , Valésoir effectue son tra- ou même ab; le signe de la division, j, qui di-
vail en tournant sur lui-même, et en avançant
dans le sens de son axe; par ce double mouvement, vise ; ^ ou a ; b:
b
le signe de l’égalité , = ,
égal à :

il coupe, refoule ou use la matière, jusqu’à ce que

le calibre du trou sur lequel il opère soit du même a=b; de supériorité ou d’infériorité, >,
les signes

cabbre que lui. h’alésage dans le fer, l’acier, le plus grand :a>b, et <, plus petit ; a< b ; le coefp. -
cuivre rouge, l’étain, le plomb, etc., se fait à dent, chiffre qui s’écrit à la gauche d’une lettre pour
l’huile ou à l’eau, il se fait à sec dans la fonte de
exprimer que la quantité qu’elle représente do‘>t être
fer. On le facilite dans le cuivre jaune en mettant
répétée plusieurs fois ; ainsi, au lieu d’écrire, a a
-\-a, on écrit 3a; Vexposatâ, nombre placé à droite
de la cire. L’invention de l’alésoir ne parait pas re-
et un peu au-dessus d’une lettre, et qui indique sa
monter delà du dernier siècle.
.au
ALEXANDRIN (vers), vers français de six pieds
puissance, c’est-à-dire combien de fois la quantité
ou plutôt de douze syllabes. Vuy. vens. exprimée par cette lettre doit être multipliée par
ALEXIPHARMAQUES (du grec alexéin, repous- elle - même , ou combien de fois cette lettre doit

ser, et pharmacon, drogue, poison), remèdes propres


être prise comme facteur : ainsi ,
a’ est pour
à prévenir ou à détruire les mauvais effets des poi- a a X a; enfin, pour désigner qu’on prend la ra-
X
sons. On rangeait dans cette classe les racines d'an- cine d’un nombre, c’est-à-dire qu’on descend de la
gélique, d’aunée, de gingembre, les feuilles de puissance au nombre dont elle provient, on emploie
le signe x/, appelé radical, en mettant entre les
menthe, de thym; les fleurs de sureau, d’œillet;
l’écorce d’orange, de cannelle, etc. C’étaient, en
branches un chiffre qui marque le degré de la racine
gén., des remèdes toniques, excitants, sudorifiques. à extraire : ainsi y
a veut dire racine 3» ou cu-
ALEXITÈRES (d'alexéin) remèdes préservatifs. bique de a.
ALEZAN (de l’arabe ulhezan) poil de cheval ti- Les opérations de l’algèbre sont les mêmes que
rant sur le roux. Ce poil a plusieurs nuances qu’on celles de l’arithmétique : addition, soustraction,
désigne sous le nom A' alezan clair, alezan poil de multiplication, division, élévation aux puissances,
vache, alezan bai, alezan vif, alezan obscur, extraction des r.aeines; mais comme en algèbre on
alezan brûlé. Les chevaux dont le poil a cette der- désigne les valeurs numériques par des lettres,
nière nuance passent pour être tres-vigoureux. chaque problème y conduit à une solution exprimée
AI.EENIDE , nouvelle composition métallique dé- par ces lettres entremêlées de signes c’est ce qui :

couverte en IfôO par MM. Ch. et M. Halphen, et constitue une formule algébrique, sorte de t.abieau
qui imite parfaitement l’argent. On en fait des des opérations à exécuter pour obtenir la réponse
couverts de table et autres pièces d’argenterie. au problème. On-exprime à l’aide de deux formules
Celte composition p.araît n’ètre que du maillechort disposées en équations {Voy. ce mot), les relations
argenté, et contient : cuivre, 591; zinc, 30‘2; qui existent entre des quantités différentes.
nickel , 97 fer, 10.

L’origine de l’algèbre ne peut être déterminée
ALGALIE (mot d’origine ar.abe), sonde creuse avec ex.actitude , et bien qu’il en existe des traces
qu’on introduit dans la vessie pour faire évacuer dans les écrits des plus anciens mathématiciens,
l’urine. On les fait, selon le besoin, en argent, en ce n’est proprement que depuis Diophante, au-
platine, en gomme élastique, ou bien encore en teur grec d’Alexandrie au iv® siècle , qu’elle a
tissu de soie enduit d’huile de Un. Voy. sonde. formé une science vraiment distincte de l’arith-
ALGAROT, poudre inventée par Victor Algarotti, métique. On ignore par qui les Arabes connurent
médecin de Vérone. C’est un oxychlorure d’anti- l’algèbre : les uns supposent qu’ils la tenaient des
moine qu’on obtient en traitant le chlorure d’anti- Grecs; d’autres qu’ils en doivent la connaissance
moine par l’eau distillée. On employait autrefois aux Indiens. Toujours est-il que l’algèbre et son
cette poudre comme purgative et émétique, et on nom ont été transmis à l’Europe, et particulière-
lui donnait le beau nom de mercure de vie; au- ment à l’Espagne par les Arabes , vers l’an 1100.
jourd'hui elle est presque entièrement abandonnée. L’Italie paraît avoir cultivé cette science, après son
ALGÈRRE (
de l’arabe al-djaber, science des introduction en Europe, avant toutes les autres
restitutions). C’est la science des nombres consi- nations : Lucas de Burgo (Lucas Paciolus) publia
dérés dans leurs rapports généraux, ou l’arithmé- plusieurs traités d’algèbre vers la fin du xv« siècle.
tique généralisée. Les nombres, comme tous les Après lui, Jérôme Cardan , professeur à Milan, se
objets des connaissances liumaines, peuvent être rendit célèbre, au milieu du xvi® siècle , par la pu-
considérés eu particulier et en général; de là deux blication de son Arte magna, contenant la résolu-
branches de la science des nombres : X arithméti- tion des équations du troisième degré , résolution
que, qui a pour objet les faits, et Valgèbre, qui établit qui lui avait été révélée en partie par Nicolas Tar-
de ces faits En disant, par ex., que 5 multiplié
les lois . taglia celle des équations du quatrième degré est
;

par 4 donne le même produit que 4 multiplié par due à Scipion Ferrari , élève de Cardan. A la même
5, on énonce un fait d’urillimétiqiie; mais si l’on époque, la science algébrique fut cultivée avec ar-
établit d’une manière générale que le produit de deur en Allemagne, en Angleterre et en France;
deux nombres quelconques est le même dans quel- c’est surtout depuis Viète, savant français du
que ordre qu’on les multiplie , on formule une XVI® siècle , que l’algèbre a changé de face. Sor-
proposition d’algèbre, une loi des nombres. — tant enfin des considérations individuelles, cet il-

L’algèbre représente les nombres par des lettres, lustremathématicien envisagea les nombres d’une
et considère les propriétés qu’ils possèdent indé- manière beaucoup plus générale, et établit l’usage
pendamment de toutes valeurs déterminées; les des lettres pour représenter toutes les quantité*
, , ,,, , ,

ALIB - 37 — ALIG
connues ou inconnues; ce qui fît donner à son al- ALIBOUFIER, Styrax, arbrisseau originaire du
gèbre le nom de spécieuse, parce que tout y est Levant, acclimaté dans le midi de la France et en
représenté par des symboles ; Viète s’éleva jusqu’à Italie, appartenant à la famille des Diospyrées. L’A-
la résolution générale des équations de tous les liboufier officinal fournit, par une incision faite à
degrés. Après lui, Albert Gérard en Flandre et à son tronc et à scs rameaux, une gomme aroma-
Harriot en Angleterre s’illustrèrent par d’impor- tique nommée storax. Les aliboufîers forment dans
tantes découvertes. Au xvii» et au xviii® siècle, les jardins d’agréables buissons. Leurs fleurs, blan-
beaucoup de mathématiciens enrichirent le do- ches et semblables à cellesdes orangers, leurs feuilles,
maine de l’algèbre Descaries découvrit l’applica-
: qui sont d’un beau vert, font un bel effet.
tion de l’algèbre à la géométrie; Leibnitz et New- ALIDADE (de l’arabe ul-hidad règle), règle
ton se disputèrent la découverte du calcul diffé- mobile de bois ou de métal , portant perpendiculai-
rentiel Lambert publia de profondes recherches
;
rement à chaque extrémité une pinnule ou plaque
sur les diviseurs des nombres et sur les fonctions percée d’une fente dans son milieu. On s’en sert
continues Lagrange perfectionna les méthodes
;
pour viser les objets et déterminer leur direction,
d’ajiproximation ; Laplace féconda la science des lorsqu’on lève les plans à l’aide de l’instrument
nombres dans sa brillante Analrjse des probabi- nommé planchette (Voy. ce mot). On remplace avec
lités; enfîn, Euler étendit la théorie des suites, avantage les pinnulesde l’alidade par une lunette qui
créa le calcul algébrique des fonctions circulaires permet à la vue de s’étendre plus loin et de mieux
traita entièrement la mécanique par l’algèbre, et ajuster les signaux. — On appelle encore alidade
perfectionna considérablement le calcul différentiel la règle mobile qui, partant du centre d’un cercle
et le calcul intégral. Plusieurs autres noms illustres, divisé en degrés, peut en parcourir tout le limbe
tels que Fermai, Bernouilli, Moivre, Wallis, Stir- pour mesurer les angles.
ling, Maupertuis, d’Alembert, etc., perfectionnèrent ALIENATION (à’alienum facere, rendre autre
encore, dans ces deux siècles, toutes les branches ou étranger), transport qu’une personne fait à une
do l’algèbre. Deux femmes. Maria Agnesi au xviiio autre d’une propriété soit mobilière, soit immobi-
siècle et Sophie Germain de nos jours, doivent aussi lière :donner, vendre, échanger, c’est aliéner. On
être comptées parmi les plus habiles algébristes. distingue VA. à titre gratuit, comme une donation,
L’algèbre d’Euler avec des notes de Lagrange un legs, et VA. à titre onéreux, comme une vente,
«'elles de Lacroix, de Bourdon , dt MM. Mayer et un échange, un prêt de consommation. L’aliénation
Choquet, de M. Ch. Briot, de MM. Lionnet, far- n’est pas permise par la loi française ;1» aux pro-
nier, etc., sont les traités classiques les plus estimés. priétaires incapables, c’est-à-dire aux interdits et aux
ALGOL, étoile brillante. Voy. persée. mineurs qui n’ont point réclamé l’entremise de leurs
ALGOBITHME, mot arabe dont plusieurs auteurs, tuteurs, anx femmes mariées qui n’y sont point dû-
siii tout les Espagnols, se sont servis, après les Arabes, ment autorisées, aux époux mariés sous le régime
pour signifîei' la science des nombres et notamment dotal ; 2" aux propriétaires grevés de substitution
i.x pratique de l’Algèbre. —
Il se prend aussi pour et aux gens de rnain-morte. Les biens de mineur,
désigner la méthode et la notation de toute espèce les biens propres à la femme mariée ne peuvent être
de calcul : c’est dans ce sens qu’on dit Valgorithme aliénés qu’à -certaines conditions. En outre, il y a
du calcul intégral, l'algorithme du calcul exponen- des choses qui de leur nature ne peuvent être alié-
tiel, V al yorithme du calcul des sinus, etc ' nées : telles sont, dans les monai'chies, les domaines
ALGUES, Algœ, plantes agames, de texture de la couronne, les majorais, les terres substituées.
cellulaire ou filamenteuse, dépourvues de vaisseaux, ALIÉNATION MENTALE, terme général sous lequel on
et ordinairement aquatiques, susceptibles de se re- réunit les diverses maladies mentales (Voy. folie,
produire soit par gemmes , soit par sporules ou DÉMENCE, monomanie). — En Droit, l’aliénation
séminules répandues sur leur surface. Jussieu en mentale est une cause d’interdiction.
avait fait la première famille de sa classe Acoty- ALIÉNÉS. Ces malheureux, si longtemps aban-
lédonie en Conferves, qui habitent
et les divisait donnés sans secours ou traités avec barbarie comme
les eaux douces, et Fucus ou Varechs, qui habitent des animaux malfaisants, ont, depuis le commen-
tes eaux salées. Lamouroux les partagea en Hydro- cement de ce siècle, attiré l’attention de médecins
phytes ou algues d’eau douce, et Thalassiophytes philanthropes et du gouvernement. MM. Pinel et Es-
qui vivent dans les eaux salées. Aujourd’hui , on quirol donnèrent l’exemple de substituer aux trai-
les partage communément en trois sections com- tements violents dont ils étaient l’objet, des mesures
prenant chacune un certain nombre de tribus ; de douceur, et firent tomber les chaînes dont le
les Zoospermées (Zoosporées et Sysporées de M. De- plus souvent ils étaient chargés. L’Etat, par di-
caisne) , les Flor idées ou Choristosporées et les verses mesures, adoucit leur sort en France : la loi
Phycoïdées ou Haplosporées (Voy. ces mots). Les du 30 juin 1838 leur ouvrit de nombreux asiles en
algues sont généralement recueillies comme engrais. faisant une obligation à chaque département d’en-
Les paysans rassemblent en monceaux celles que la tretenir un établissement public destiné à les rece-
mer apporte sur le rivage, et les répandent sur le voir et à les soigner. Ces mesures ont déjà produit
sol, ou les font sécher pour les brûler et pour ex- les meilleurs effets.
traire de leurs cendres la soude et l’iode qu’elles ALIGNEMENT (de ligne) tracé que fait l’auto-
contiennent. Quelques algues sont alimentaires rité administrative pour fixer la largeur de la voie
comme Vulve étendue et le varech comestible en publique et la ligne sur laquelle doivent être con-
Ecosse, la durwillée utile au Chili, la laitue de struits les bâtiments qui bordent les rues et les
mer. Vulve ombiliquée et les gélidies que les hi- routes. Pendant longtemps, les maisons ont été
rondelles salanganes emploient à la confection de construites sans règle et sans plan; les premiers
leurs nids. D’autres enfin, comme la mousse de actes de l’autorité en France pour régulariser les
Corse, les varechs, son t vermifuges. O n doit à J . Agardh constructions remontent à Henri IV, qui rendit un
un Species Algarum fort estimé (iMnrfa?,1848,etc. ). édit sur ce sujet en 1607. Un décret impérial du
ALIBI (mot latin qui signifie ailleurs). Ce mot 16 septembre 1807 résuma et coordonna toutes les
exprime qu’une personne était dans un lieu autre dispositions antérieures; c’est depuis celte époque
que celui où on la supposait être en même temps. que la plupart des villes de France, Paris surtout,
h'alibi est invoqué en justice comme moyen de dé- se sont transformées. Par application de ce décret,
fense , et consiste à prouver que l’accusé se trouvait, l’administration trace des plans , fixe des tracés et
par son éloignement du lieu où a été commis l’acte des hauteurs auxquels chacun est tenu de se con-
incriminé, dans l'impossibilité d'y prendre part. former : une Commission d’alignements est iusti-
, , , — ,

ALIS — 38 ALKE
tuée à cet effet dans le sein des conseils municipaux étamines périgyniques, formée par Richard £,uk
des grandes villes. — On trouvera dans le Diction- dépens des Joncs de Jussieu, a pour type l’Alisma.
naire (T Administration tout ce qui concerne cette Elfe renferme des plantes herbacées, vivaces, à
matière; l’auteur y fait connaître par qui et com- feuilles simples et croissant sur le bord des ruis-
ment l’alignement doit être donné, quels sont les seaux , des étangs et dans les terres marécageuses.
droits et les obligations des particuliers en matière Elles forment 3 genres; Atisma, Damasonium et Sa-
d’alignement, et y traite des réclamations et des gitlaria. La plupart des espèces appartiennen t à l’Eu-
contraventions. Voy. voiniE. rope; quelques-unes sont propres aux Tropiques.
ALUIENTS (d’a/ere, nourrir). Le choix des ali- ALISME. Alisma (mot grec qui veut dire plan-
ments est ce qui influe le plus sur la santé. Les tain d’eau ), genre de plantes herbacées , vivaces
aliments qui nourrissent le plus sous le moindre type de la famille des Alismacées : calices à 6 divi-
volume doivent, toutes choses égales d’ailleurs, être sions profondes, dont les 3 intérieures sont péta-
préférés par les sujets qui se livrent à des travaux loides et les 3 extérieures vertes et caliciformes;
fatigants. Les aliments considérés comme rafrai- ordinairement 6 étamines, pistils très-nombreux,
îhissants sont ceux qui , par l’abondance de leur réunis en tête au centre de la fleur. 11 renferme dix
eau de végétation et par leur acidité plus ou moins espèces dont une, le plantain d’eau ou fluteau (A.
prononcée, calment la soif et tempèrent la chaleur plantago, L.) , croit en France sur le bord des ma-
animale : tels sont les fruits rouges, les cerises, les rais et des étangs. Ses tiges sont droites, lisses,
groseilles, les framboises, les fraises, les oranges, triangulaires, creuses, articulées ou nouées; ses
les citrons, les melons, l’oseille, les salades, etc. fleurs petites , roses , et portées sur une longue tige;
Les aliments excitants ou e'chauffants sont ceux qui les feuilles radicales sont droites, ovales, engainan-
stimulent les tissus organiques; ils doivent en partie tes. On a attribué à sa racine pulvérisée la propriété
cette propriété à diverses substances, telles que le de guérir la rage, mais rien n’est moins certain.
poivre, le sel, le girofle, le gingembre, la cannelle, ALIZARINE , matière colorante rouge que l’on
le laurier, le thym, l’ail, etc. Les aliments tuniques retire de VAlizari (Rubia tinctorum), racine sèche
excitent lentement les tissus et leur communiquent de la garance. Elle est mêlée dans la garance à une
une force durable : tels sont principalement le pain, antre matière de couleur jaune, dont on la sépare
les grosses viandes et le gibier; ce sont, en général, par la macération. C’est à MM. Robiquet et Collin
ceuj qui contiennent le plus de fibrine, comme la que l’on doit Ip. découverte de l’Alizarine et des
chair musculaire du bœuf, du mouton, etc.; de gé- moyens de l’isoler (1826). Voy. garance.
latine, comme les os, les membianes, la chair ALIZÉS (vents), qu’on dérive A’alis, vieux mot
musculaire des jeunes animaux; A' albumine (cer- qui signifiait uni, régulier; se dit de certains vents
veau, foie, œufs, huîtres, e.\.e.), A’osniazome (bouil- qui, dans les mers ouvertes et au large des côtes,
lon et viandes rôties), de gluten (pain et fécules); soufflent perpétuellement dans la même direc-
enfin, les aliments mixtes (poissons), formés de pro- tion, et qui s’étendent des deux côtés de l’équateur
portions è peu près égales de fibrine, de gélatine et jusqu’au 30® degré de latitude environ. La tendance
d’albumine. Malgré leur extrême variété, tous les des vents alizés est de l E. à l’O. , comme le mou-
aliments se composent chimiquement des mômes vement diurne du soleil. Selon les uns, l’explication
éléments : oxygène, hydrogène, azote et carbone. de ces vents repose sur ce fait général, que l’air
Leur vertu nutritive est en proportion de leur azote. froid venu des climats septentrionaux coule par le
Ondoitau Gautier un Tr. des Aliments (IS29) et a bas vers l’air chaud de l’Equateur, et que celui-ci
M. Payen un Tr. des Substances alimentaires se déverse par le haut sur le premier ; selon d’au-
En Jurisprudence, on nomme aliments ce qui est tres ils seraient l’elfet de la rotation de la terre.
,

nécessaire à la nourriture, au logement et à l’en- ALIZIER , Cralœgus genre de la faiiffilc des


tretien d’une personne ; ou fournit les aliments soit Rosacées, tribu des Pomacées ; calice à 5 dents,
en nature, soit en argent, ce qui constitue une corolles à 5 pétales étalés et arrondis, ovaire ayant
pension viagère. Le père, et après lui, la mère, puis de 2 à 5 loges, styles glabres, fruit charnu, oblong,
les ascendants paternels ou maternels, doivent des comme la poire, couronné par les dents du calice.
aliments à leurs enfants ou descendants; les en- L'A. i/anc, dit aussi Alloucliier {C. aria), est un ar-
fants, les gendres et brus sont tenus de nourrir leurs bi’isseau épineux assez commuu sur toutes les monta-
parents pauvres; les époux, de s’alimenter l’un l’au- gnes de France. La dureté de son bois le fait recher
tre (Code civil, art. 203, 205 et suiv.) ; mais ces cher par les menuisiers, les tourneurs et les luthiers;
secours ne sont accordés que dans la proportion des ces derniers en font des flûtes. Les fleurs sont ter-
besoins de celui qui les réclame et de la fortune de minales, étalées, petites, blanches et roses; les
celui qui les doit (art. 208;. Les aliments sont en- feuilles sont ovales, dentées, argentées au-dessous,
lore dus au débiteur par celui qui le fait incarcé- l’écorce grisâtre ; les fruits , dits alizés sont rouges,

rer. On nomme provision alimentaire la somme agréables au goût et bous à manger. L’écorce et les
attribuée par les juges jusqu’à l'issue du procès à fruits sont astringents; on les recommande contre
celle des piarties qui réclame des aliments. la diarrhée. — L A~eiviier et l'Aubepinc ne sont,
ALIQLAM'E (du latin aliquantus en quelle ainsi cpie le Torminal, que des espèces d’Alizier.
quantité), se dit, en Mathématiques, des partiis ALKEKENGE (nom arabe), Physalis, genre de
d'nn tout qui, répétées un certain nombre de fois, plantes de la famille des Solanécs. La seule espèce
ne font pas ce nombre complet, mais un nombre qui soit indigène est connue sous le nom vulgaire
plus grand ou plus petit : ainsi , 2 est une partie de Coqueret : c’est une plante herbacée , remarqua-
aliquante de7; en ctfet, 7 est compris entre 2x3 ble par son calice à cinq lobes, renflé pendant la
et 2x4 ou entre 6 et 8.
, maturité, et formant une sorte de vessie, d’un rouge
ALiyUüTE (du latin aliquotus, combien de fois), vif, ainsi que hi baie qui y est contenue. Ses baies
se dit, en Mathématiifues, d'une (luantité i|ui divise sont employées comme diurétiques. On les a préco-
une autre exactement, ou qui, répétée un certain nisées tout récemment comme un succédané du
nombre de fois, reproduit cette autre quantité : quinquina et de ses préparation.s contre les fièvres
ainsi, 2, 3, 4, C, qui divisent exactement 12, en sont intermittentes, jiropriétés que l’expérience n’a pas
les [larties ahquotes. Avant la prédominance du sys- encore suffisamment constatées.
tème décimal, les parties uliquotes étaient d'un usage ALKERMES (de l’arabe al, le; ethonnès, écai •
fréquent dans le calcul des nombres complexes. late), liqueur de table fort agréable , mais trcs-exci-
ALI SES (vents), ALISIER. iiuzEs , alizier. taute , tire son nom des graines de kermès qu’on
ALISMACEËS, famille de Mouocotylédones , à emploie pour lui donner une belle couleur rouge
; , , , —

ALLA — 39 — ALLI
(Voy. kermès). Pour la préparation de cette liqueur, ALLEGE (d’alléger), petit bâtiment dont la
on prend Feuilles de laurier, 500gram.; macis,
:
forme et la grandeur varient selon le besoin, et dont
35 gr.; muscade et cannelle, 61 gr.; girofle, 8 gr.; la fonction est d’alléger les grands navires, de por-
on pendant six semaines dans 11 litres
fait infuser ter une portion de leur charge pendant leur arme-
d'alcool on filtre et on distille pour en tirer
faible ;
ment ou leur désarmement. Ce ne sont génétale-
12 litres , en ajoutant 750 gr. de sucre et en colo- ment que des barques dont le service se borne â
rant avec le kermès. Celte liaueur, recherchée en parcourir un port ou une rade. Cependant on donne
Italie, se prépare surtout à Florence, au couvent aussi ce nom à des navires; celui qui ramena de
de Santa-Maria-Novella. On en faisait aussi beau- Luxor l’obélis(|ue de la place de la Concorde était
coup à Moié.pellier. une allège à trois mâts verticaux de 35 mètres de
ALLAH , nom de Dieu chez les Arabes et les quille environ. —
En Architecture, on nomme Al-
Mahométans, répond à ceux A’Elohim et Adoncii, lège un mur d’appui dans l’embrasure d’une fenê-
chez les Juifs. L'adoration d'Allah est recomman- tre; il d’une éiiaisseur moindre auo la fenêtre.
est
dée par le Koran comme le dogme fondamental de ALLÉGORIE (du grec allas, autre, et agoreuô,
la religion. —
Le mot Allah signifie par excellence parler) , fiction qui offre à l’esprit un objet de ma-
l'être diene de culte , t'être adorable. nière à lui en représenter un autre avec lequel il a
ALLAITEMENT. H peut être pratiqué soit par la des rapports. C’est aussi une figure de style, que l’on
mère, soit par une nourrice, soit par un animal, soit définit une métaphore continuée. De là deux sortes
enfin par des moyens artificiels. d’allégories : l’une qui a l’étendue d’un poëme,
y Allaitement maternel, plus naturel, est aussi
le comme les Moutons de M“® Deshoulières,
Allé- les

le meilleur de tous, sauf de rares circonstances où il gories de J.-B. Rousseau (Minerve, la Vérité, la
pourrait être funeste à la mère et nuisible à l’en- Morosophie) ou d’un morceau qu’on pourrait dé-
fant. 11 faut que la mère qui veut nourrir soit d’une tacher , comme les Prières la Ceinture de Vénus
bonne constitution ,
sans aucune alfection hérédi- d’Homère , la Mollesse de Boileau, V Envie, dans la
taire qu’elle jouisse d’une bonne santé , qu’elle ait
,
Henriade l’autre, qui se réduit à un rapproche-
un lait de bonne qualité et assez abondant. Quatre ment pour lequel quelques vers ou même quelques
ou cinq heures après la délivrance, la mère doit pré- mots suffisent :

senter le sein; l’enfant y puisera le premier lait,


Snr les ailes du Temps la Tristesse s'envole.
colostrum , dont les propriétés légèrement laxatives
sont en rapport avec le besoin qu’il a de rendre son Lemierre a donné à la fois l’exemple et le carac-
méconium. —
Tant que l’enfant trouve au sein de tère essentiel de l’allégorie dans ce vers célèbre :
sa mère une nourriture suffisante, il n’est pas né- L’Allégorie habite un palais diaphane.
cessaire de donner d’autres aliments; il faut sur-
lui
tout s’abstenir de toute nourriture solide avant les L’allégorie n’est pas moins familière au peintre et
premières dents. Vers le l'i® ou 15® mois arrive au sculpteur qu’au poète. On admire l’allégorie par
l’époque du sevrage, qui sera d’autant plus facile laquelle Prudhon a représenté le Crime poursuivi
que l’enfant y aura été graduellement préparé. —
par la Justice et le Remords. L’allégorie est telle-
Pour V Allaitement pratiqué par une nourrice, ment familière à l’esprit humain , que C’est à elle
Voy. NOURRICE. que l’on doit la plupart des fables du paganisme.
Allaitement par une femelle de mammifère. Beaucoup de passages de l’Ecriture paraissent éga-
Bien que le lait de jument et d’ànesse ait le plus lement ne pouvoir s'expliquer qu’en les considérant
d’analogie avec le lait de la femme, on préfère comme des allégories, comme l’ont fait S. Matthieu,
la chèvre à cause de la facilité avec laquelle elle se S. Paul, S. Clément d’Alexandrie, Origène , S. Au-
laisse teter. Il faut choisir une chèvre bien confor- gustin , S. Grégoire ,
et beaucoup de théologiens
mée, blanche et sans cornes. Le lait de chèvre, actif, modernes , surtout en Allemagne.
nourrissant, convient aux enfants lymphatiques. ALLEGRO (du latin alacer, vif, gai), mot ita-
Allaitement artificiel. 11 consiste a nourrir l’en- lien qui signifie gai joyeux mais qui , en Musi-
,

fant avec du lait de vache ou de chèvre réchauffé que, n'indique que le degré de vitesse que l’on doit
au bain-marie; on se sert à cet effet soit du verre, donner au mouvement d’un morceau. Ce mouve-
soit du petit pot, soit du biberon. Cet allaitement ment tient le milieu entre Vandantino et le presto:
doit être rejeté toutes les fois qu’il est possible il admet plusieurs modifications, que rendent les

de faire autretnent ;
il ne donne souvent que des en- expressions allegro moderato, agitato, vivace,
fants pâles et chétifs. Dans ce mode d’allaitement, maesloso, etc. Le premier morceau d’une sympho-
au lieu de couper le lait avec de l’eau d’orge , de nie , d’un quatuor, d’une pièce de musique instru-
gruau, ou avec du bouillon, il serait préférable, mcntale,est presque toujours un allegro. L’alle- —
pour les premiers temps surtout , de se procurer le gretto est un diminutif de l’allegro, qui indique un
premier lait de chaque traite, l’analyse ayant dé- mouvement un peu plus léger et animé.
montré que ce lait, plus léger et moins nourris- ALLELUIA (mot hébreu signifiant louez le Sei-
sant, ne renferme que 5 à 10 pour cent de crème, gneur) , cri d’acclamation , chant de joie ordinaire
tandis que le lait qui vient à la fin de la traite en dans les jours de solennité et d’allégresse, qui a
contient 12, 15 et 20 pour cent, et s’éloigne ainsi passé de la synagogue à l’égiise ; se fait surtout
beaucoup du lait de femme. entendre dans le temps de Pâques. On ne chante
ALLANTOÏDE (du grec allas, ullantos, boyau), pas l’alléluia aux offices des morts ni depuis la Septua-
sorte de sac membraneux, faisant partie de l’arrière- gésirne jusqu’à la fin du Carême. Ce chant, fort ancien
faix des mammifères, a son siège entre le chorion dans rÈglise grecque, fut introduit dans l’Eglise
et l’amnios, et contient un liquide nommé liqueur latine par S. Jérôme, au temps du pape Damase.
allantoique. L’allantoide communique avec la vessie ALI.EI.U1A , nom vulgaire de VOxalide blanche
du fœtus au moyen d’un canal nommé ouraque. On (Oxalis acetosella, L.), dite aussi Suntleou Pain
croit que sa fonction est de recevoir l’iirine que de coucou. Celte plante fleurit vers Pâques : d’où son
sécrètent les reins pendant la vie intra-utérine. — nom. Elle est fort sèmblable à l’cseille, et fournit
Wœhlcr a découvert dans la liqueur allantoique le sel dit sel d'oseille (oialate acidulé de potasse).
de la vache et dans l’urine du veau un principe ALLEU, nom de la terre libre dans le régime
cristallisable qu’il a nommé allantoïne. 11 est insi- féodal. Voy. le Dict. univ. d’Ilist. et de Gécgr.
pide, sans action sur les couleurs végétales et très- ALLIAGE, combinaison d’un métal avec d’au-
soluble dans l'eau. On l’obtient artificiellement par tres métaux. Quand l’un des métaux combinés est
l’action du peroxyde de plomb sur l’acide urique. du mercure, l'alliage porte le nom d’amalgame
,

ALLI _ 40 — ALLI
{Voy. ce mot). Lorsque les métaux s’unissent entre Il est évident que les problèmes de cette seconda
eux ,
changent plus ou moins de propriétés :
ils espèce ont une multitude infinie de solutions. Dans
tantôt ils deviennent plus sonores, comme le cuivre notre exemple, si l’on double les résultats, on a
.allié à l’étain; ta.ilôl plus durs, comme l'argent 4 1/2 et 5 1/2 hectolitres, qui conviennent aussi
ou l’or alliés au cuivre; d'autres fois, l’alliage est bien que 2,25 et 2,75 ; on pourrait de même tri-
plus fusible que métaux composants, comme,
les pler, quadrupler, décupler, et, en général, multi-
par exemple, de bismuth, plomb et étain,
l’alliage plier ces deux nombres par telle quantité qu’on
dit alliage de Darcet. La densité des alliages est jugerait à propos, soit entière, soit fractionnaire.
ordinairement plus grande que celle des métauxeon- L’arithmétique ne fournit, pour ces sortes de ques-
stituants, les molécules se trouvant alors plus rappro- tions, que des méthodes de tâtonnement : leur so-
chées par leur aCGnité qu’elles ne l’étaient par leur lution générale ne peut s’obtenir que par l’algèbre.
cohésion. Généralement, ils sont moins ductiles ALLIANCE (du latin alligare, lier), se dit parti-
que leurs composants; enfin, ils sont souvent plus culièrement, en Droit, de l’union de l’homme et
oxydables. Les alliages ont été considérés longtemps de la femme par mariage {Voy. mariage et affinité),
comme de simples mélanges , par la raison qu’on et, en Politique, de l’union de deux ou plusieurs
peut mêler les métaux fusibles en proportions quel- Etats qui se rapprochent dans le but de se défendre
conques ; mais on a reconnu depuis que beaucoup ou d’attaquer un ennemi commun ; de là alliance
d’alliages sont de véritables combinaisons chimi- défensive et alliance offensive (Pour les alliances les
ques, car ils peuvent s’obtenir sous la forme cris- plus célèbres dans l’histoire, Voy. le Bict. univ.
tallisée, à l’instar des autres combinaisons. On — d’Hist. et de Géogr., au mot alliance).
trouve dans la nature quelques alliages; mais le En Théologie, on nomme alliance l’union du
plus souvent ils sont le produit de l’art, et s’ob- Seigneur avec l’homme, et l’on distingue Ancienne :

tiennent tous par le moyen de la chaleur. Parmi alliance, celle que Dieu contracta avec Abraham et
les alliages les plus utilisés dans l’industrie, faut il ses descendants, et qu’il confirma par la loi de
citer :bronze (étain et cuivre) ;
le le laiton (cuivre Mo'ise ; Nouvelle alliance, celle dont Jésus-Christ a
et zinc) auquel se rattachent le chrgsotalque et le
,
été le médiateur et qu’il a scellée de son sang. In-
similor; Xb. soudure des plombiers {^\orab et étain); dépendamment de ces deux alliauces solennelles, on
les alliages qui servent à faire les caractères d’im- cite encore dans les livres sacrés celle que Dieu fit
primerie (plomb , antimoine , et quelquefois cui- avec Adam avant et après le péché originel; celle
vre); ou la poterie d’étain (étain, antimoine et qu’il fit avec Noé , et don t l’arc-en-ciel fut le signe; celle
cuivre) ; et ceux qui sont connus sous le nom de qu’il fit avec des Israélites par l’intermédiaire de Moïse,
métal d’Alger (étain, plomb, antimoine), de wi<f- et dont le gage fut les tables de la loi, conservées
tal de la reine (étain, antimoine, plomb, bis- dans l’arche d’alliance. L’alliance de Dieu avec Adam
muth) , employé pour les théières anglaises ; d'al- a reçu le nom de loi de nature; l’alliance avec Moïse,
liage de Dai'cet (bismuth, étain , plomb ), fusible à celui de loi de rigueur ; l’alliance avec le genre hu-
90®, dont on fait les plaques fusibles ou soupapes de main par la médiation de J.-C. est la loi de grâce.
sûreté, et dont quelques dentistes se servent pour ALLIE, celui qui est joint à un autre par un lien
plomber les dents ; enfin les alliages de l’or et de d’affinité. Pour les effets civils de ce lien, V. affinité.
l’argent avec le cuivre, qui sont usités dans la fa- ALLIGATOR ou caïman , une des trois grandes
brication des monnaies et \’ orfèvrerie. divisions du genre Crocodffe, renferme plusieurs
ALLIAGE (règle d’) , Opération d’arithmétique qui espèces particulières aux grands fleuves de l’Amé-
sert à trouver : 1® le prix d’un mélange, les quantités rique du Sud ; ils ont le museau large et obtus,
et les prix des parties mélangées étant connus ; 2° la les dents très-inégales et dirigées en dedans, à la
quotité des parties à mélanger, d’après un prix fixé mâchoire inférieure, les pieds à demi palmés; ils
d’avance pour le mélange, et le prix connu des par- atteignent une longueur de 4 à 6 mètres. Leur
ties à mélanger. Voici comment on procède : couleur est d’un brun verdâtre en dessus avec des
l®r cas : on a mêlé 10 hectolitres de blé à 24 fr. bandes transversales irrégulières et blanchâtres en
avec 12 à 25 fr. et 7 à 30 fr.; que vaut le mélange? dessous ; ce sont les moins aquatiques des croco-
diles. L’alligator marche assez vite en droite li-
10 hectolitres à 24 fr. font 240 fr.
12 — à 25 — 300
gne , ne tourne qu’avec peine, mais nage avec une
7 — à 30 — 210
effrayante rapidité ; il a pour ennemis le jaguar, le
tigre et surtout le marsouin. Les indigènes man-
gent la chair de cet animal malgré la forte odeur
29 hect. coûtent ensemble 750 fr.
de musc qui lui est propre; les nègres se servent do
En 750 par 29 on trouvera que l’heetolitre
divisant sa graisse contre les rhumatismes; ils tannent sa
du mélange vaut 25 fr. 86 c. peau , qui donne un assez bon cuir. On voit de
2' cas 11 s’agit de faire un mélange de blé temps à autre des alligators en Europe dans les

:

dont l’hectolitre revienne à 27 fr. 75 c., avec des ménageries ambulantes des bateleurs. Cuvier dé-
blés à 25 et 30 fr. combien en faut-il prendre de
: rive le nom d’alligator du portugais lagarto, cor-
chacun? On commence par prendre la différence des ruption du latin lacerta, lézard; d’autres le font
prix donnés sur le prix du mélange, et l'on écrit venir de legator, nom vulgaire du crocodile dans la
ces différences en ordre inverse, de cette manière : presqu’île de Gange. 11 peut venir tout simplement

Prix du mélange 27 du latin alligare, lier, enlacer, parce qu’on attri-


fr. 75 c.
25 — différence buait à ces animaux (quoique à tort) l’art d’attirer
— différence 2,25
fr.
Prix donnés et de tromper les passants en imitant la voix d’un
30 fr. 2,75
enfant qui pousse des cris plaintifs. Les natura- —
Si l’on mélange 2,25 hectolitres à 25 fr. avec 2,75 hec- listes comptent 5 espèces d’alligators ; l’A. à pau-
tolitres à 30 fr., le blé reviendra à 27 fr. 75 c., pières osseuses; \’A. à museau de brochet, VA. à
ainsi qu’on peut s’en assurer par le calcul ; lunettes, VA. cynocéphale, et VA. à points noirs.
Voy. crocodile.
2,25 hectolitres à 25 fr. font 56 fr. 25 c.
2,75 — à 30 — 82 50 ALLITÉRATION ( de littera
tion des mêmes lettres , surtout des mêmes conson-
lettre ) ,
répéti-

nes. Elle produit quelquefois d’heureux effets d’har-


5,00 hect. coûtent ensemble 138 fr. 75 c.
monie imitative , comme dans ces vers célèbres :
Donc 1 hectolitre coûte 138 fr. 75 c. divisés par Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur res Utes?
5, c’est-à-dire 27 fr. 75 c. I
croupe se recourbe en replis tortueux.
, , , , , ,

ALLU ki — ALMI
en fabriquer 60,000 à l’heure. Une
Elle sert encore à aider la mémoire, comme dans M. Pelletier,

quelques proverbes ; « Qui terre a guerre a. Qui seule fabrique, celle d’ÈlIe Dixon à Newton en An-
refiMe, imise. » Mais elle devient un défaut lors- gleterre, en fabrique plus de 2 milliards par an. Le
qu’elle ne peint rien, et n’est que l’effet de la né- D' Roussel a publié, dans la collection Roret, un
gligence du poëte, comme dans ce vers de Voltaire : Manuel des allumettes chimiques.
ALLURE (A’aller, marcher) , manière dont une
KoOf n’est rien que Nanine n'honorc.
il
personne ou un anima! marche habituellement ou
qu’un jeu puéril qui n’a porte son corps en marchant. Les allures du cheval
Souvent l’allitération n’est
sont de quatre sortes, le pas, le frof , l’amble le
d’autre mérite que celui de la difficulté vaincue,
comme dans ces poëmes dont tous les mots commen- galop. — Dans la Marine, on nomme allure la dispo-
sition de la voilure par rapport au vent que reçoit
çaient par la même lettre : on sait que dans un
le bâtiment. On distingue trois allures ou trois ma-
poëme composé eu l’honneur de Charles le Chauve
nières de marcher le plus près le largue et le
tous les mots commençaient par la lettre C; dans
:

vent arrière.
un autre, où l’on chantait la guerre des Pourceaux,
tous les mots commençaient par la lettre P :
ALLUVION (en latin alluvio, de luo, baigner,
ad, auprès ) , accumulation successive de vase , do
Plaudite PorcfUi, porcorum pigrapropago
,
sable, de gravier, de débris organiques et d’autres
Progredilur, etc.
matériaux, entraînés et rejetés sur les côtes par ies
— Chez les peuples Scandinaves, l’allitération ou eaux de la mer, et sur les rivages et à l’embouchure
l’emploi desmêmes consonnes était le principe do- des fleuves et des grandes rivières. Elle donne nais-
minant de la versification , comme la mesure chez sance aux terrains d’alluvion, les plus récents de
les anciens et la rime chez nous. tous, et dont plusieurs se forment presque sous
ALLOPATHIE (du grec allas, autre, el pathos, nos yeux : les deltas de la basse Égypte et du Da-
maladie), système de médecine opposé à Vhomœo- nube, le sol des vallées du Pô et de TArno, les
pathie, a pour objet de guérir les maladies en re- polders de la Hollande , et, en général, une grande
courant à des remèdes d’une nature contraire , sui- partie des terrains qui bordent la mer du Nord sont
vant l’aphorisme : Contraria contrariis curuntur. des exemples d’alluvions dues aux crues d’eau de
C’est la médecine hippocratique.-— On nomme allo- l’époque actuelle. La surface des grandes plaines et
pathes, allopathistes, les partisans de ce système. le fond des grandes vallées sont aussi recouverts or-
ALLOUCHIER, nom donné à VAlizier à fleurs dinairement d’un puissant terrain d’alluvion, qui
blanches, parce qu’on emploie son bois, qui est remonte à des temps antérieurs à l’époque actuelle.
très-dur, à faire des alluchons de moulin et des vis — En Jurisprudence, l’alluvion, qui n’est qu’un
de pressoir. Voy. alizier. cas de l’accession donne au propriétaire le droit
ALLRUNES (du mot runes, caractères Scandi- de s’approprier le terrain qui s’est ainsi formé dans
naves), espèce de poupées couvertes de caractères les limites de sa propriété. L’exercice de ce droit est
runiques, auxquelles les anciens Germains deman- réglé par les articles 556 et suiv. du Code civil, qui
daient des oracles. Ils donnaient encore ce nom à ont été modifiés en 1850 de manière à rendre plus
leurs sorcières ou à des racines de plantes auxquelles équitable le partage des terrains d’alluvion.
iis attribuaient des propriétés merveilleuses. ALMANACH (qu’on dérive de Tarabe al manach,
ALLUCHON , dent d’une roue d’engrenage qui ne le comput) , nom vulgaire du calendrier. Les an-
fait pas corps avec la couronne : c’est une pièce de ciens almanachs contenaient, outre le calendrier
bois ou de fonte qui s’adapte à la roue pour en proprement dit, des prédictions sur les phénomènes
former les dents. Tantôt les alluchons sont implan- astronomiques ou météorologiques, et même sur
tés perpendiculairement à la surface courbe de la les événements politiques; on connaît surtout en
roue , qui prend le nom de hérisson; tantôt ils s’a- ce genre l’ Almanach de Nostradamus publié par
daptent à la partie plane et latérale vers son contour ; cet astrologue de 1550 à 1567, celui de Matthieu
cette seconde espèce de roue s’appelle rouet. Dans les Laensberg, A\i Almanach de Liège, publié à partir
machines qui éprouvent beaucoup de frottement et de 1636. A ces prédictions ridicules on a, de nos
dont les dents sont par conséquent promptement jours, substitué dans les almanachs, qui sont la
usées, il faudrait changer souvent la roue tout en- principale lecture du peuple , des notions utiles sur
tière, si les alluchons n’obviaient à cet inconvénient. l’agriculture, l’industrie, la politique, etc. On —
ALLUMETTES. Pendant longtemps on n’a em- a étendu le nom à’Almanach à une foule de livres
ployé que les allumettes soufrées , que tout le monde publiés annuellement avec un calendrier en tête, et
connaît ; elles ont été depuis quelques années rem- dont le but est de donner au public des productions
placées par les allumettes oxygénées , phosphori- nouvelles, des renseignements utiles, ou de propager
ques, etc. —
On appelle allumettes oxygénées des certaines doctrines : tels sont l’Almanach des Muses,
allumettes soufrées dont on enduit l’extrémité d’un recueil annuel de poésies nouvelles qui eu t une grande
mélange de chlorate de potasse, de fleur de soufre vogue dans le dernier siècle; l’ Almanach nautique,
et d’eau gommée. Pour faire usage de ces allumettes, qui a pris depuis 1788 le titre de Connaissance des
on les trempe dans un flacon qui contient des fila- temps et qui est publié par le Bureau des longitudes ;

ments d’amiante imprégnés d’acide sulfurique : l’Alm. impérial (jadis A. royal, A. national], fondi;
dès qu’on retire l’allumette, elle s’enflamme. Les en 16'79, qui contient, outre l’état des souverains, la
allumettes phosphoriques, dites aussi A. chimiques liste officielle de tous les fonctionnaires; l’Almanach
allemandes, sont enduites d’une pâte composée de du commerce, fondé par Delatynna en 1798, et con-
phosphore, de nitrate ou de chlorate de potasse tinué depuis parBottin les Almanachs de Weimar,
;
et de ^mme, colorée avec de l’indigo ou du mi- de Gotha précieux pour la généalogie et la
etc.,
nium, Pour éviter que Thumidité ne les altère on ,
chronologie. Voy. calendrier, annuaire.
les trempe dans un vernis à la sandaraque. On n’a ALMÉES, danseuses et chanteuses en Orient.
qu’à frotter l’allumette contre un corps sec, et on Voy. le Dict. univ. d'Hist. et de Géogr.
la voit s’enflammer. Ces allumettes sont beaucoup ALMICANTARATS (de l’arabe almocantharat).
plus commodes que les précédentes, mais aussi On nomme ainsi, en Astronomie, descercles parallèles
plus dangereuses. —
La fabrication des allumettes à l’horizon qu’on imagine passer partons les degrés
n’est pas sans intérêt et sans importance : quatre du méridien : ils servent à faire connaître la hauteur
ou cinq ouvrieos, en se partageant l’ouvrage, en du soleil et des étoiles; aussi les appelle-t-on souvent
fabriquent 4 ou 5,000 à l’heure. On peut même, cercles ou parallèles de hauteur; ils sont d'usage
au moyen d’un rabot récemment inventé par dans la gnomonique pour tracer des cadrans solaires.
, , , , , ,

ALOS _ ^^2 — ALPA


ALMUD ou ALMUDE, mesure de liquides en Portu- d’insectes et de petits poissons. Vers la fin d’avril
gal, vaut 16 lit., 54 cent. Eile se divise en Icantares et pendant le mois de mai , elles remontent, pour
et 12 cavadas; 18 ainuidcs font un baril; 26, une frayer, dans les fleuves et quelquefois dans leui's af-
•pipe ; 52 ,
un tonneau. fluents : on pêche l’alose au tramail, et elle meurt
ALOÉS (en grec, aloè), genre de plantes grasses aussitôt qu’on l'a tirée de l’eau.
de la famille des Liliacécs, tribu des Aloiiiées, au ALOUATES, Stentor, esjièce de singes, de la
calice tubuleux , cylindriciue , aux feuilles spi- famille des Hurleurs, du sous-genre Sapajou, ha-
neuses, cbarnues, réunies à base de la hampe,
la bitant les contrées chaudes de l’Amérique. Ils sont
et se terminant par un épi làclie de fleurs rouges. à peine hauts de 6 décim., ont la queue forte et
L'aloès appartient presque exclusivement à l’Afri- prenante, la poitrine large. Ils ont une voix forte,
que; cependant on le trouve aussi dans le midi do effrayante, tout à fait disjiroportionnée avec leur
l’Europe , et on le cultive dans nos jardins. Son suc petite taille, ce qui est dû à la rapacité énorme des
fournit des matières colorantes et une gomme rési- ventricules de leur larynx, où l’air expiré résonne
neuse, amère, odorante et utile en médecine. On comme dans un tambour. Ces singes, lestes et fa-
tire de ses feuilles un fil très-fort et très-blanc dont rouches, s’attroupent dans les bois. Ils pansent
on fait des cordes, les meilleures qui existent, des eux-mêmes leurs blessures. Leur chair est bonne à
filets, des tissus. Le suc de l’aloès se distingue dans manger.
le commerce en A sncotrin ou succotrin (tiré d’abord
. ALOUCHIER. Voy. allouciiier.
de nie de Socotora), d'un jaune transparent, d'une ALOUETTE (
latin alauda , genre d’oiseaux
du )

saveur amère et aromatique, d’une odeur forte; de l’ordre des Passereaux, de la famille des Alau-
aloès hépatique, plus grossier, d’un rouge brun dinées ( Conirostres de Cuvier ) , se trouve dans
comme le foie (en grec hépar) ; aloès caballin, moins toute l’Europe, dans l’Inde et l’Afrique, et a pour
estimé, d’un brun sale, et usité seulement comme type Y alouette des champs, qui est un peu plus
médicament pour les chevaux. L’aloès, pris à petite grosse que le moineau. Ou connaît le plumage
dose, est tonique ; à plus haute dose , c’est un pur- de l’alouette , d’un gris roussâtre , son chant conti-
gatif puissant; on l’emploie contre la jaunisse et la nuel, dont les accents sont perçants et mélodieux,
constipation ; son effet est lent, mais sûr : on le défend l’activité avec laquelle elle cherche sa nourri-
aux personnes affectées d’hémorroides. La pulpe de ture dans les champs, sur les routes; la manière
ses feuilles neutralise les brûlures. L’aloès fait la base dont elle s’élève dans les airs en chantant de plus
de la préparation mmmke élixir de Ion que vie. L'A- — en plus fort jusqu’au moment où elle se laisse
loès-pilte est la même chose que V Agace. Voy. ce mot. tomber à terre avec une rapidité extraordinaire; on
ALOÈS (Bois d’) , ou bois d’aigle. Voy. aquilaire. connaît aussi la facilité avec laquelle elle apprend
ALÜI (du latin ad legem selon la loi ; ou du toutes sortes d’airs. L’alouette libre vit ordinaire-
verbe alloyer, ancienne variante (Y allier), alliage ment dans les champs; elle se nourrit de petits vers
de métaux précieux fait dans des proportions con- et de petits insectes; mais en cage elle mange vo-
venables à la destination du mélange. Il signiüe aussi, lontiers de la pâtée faite avec du pain et des graines
en parlant des matières d’or et d’argent , le titre écrasées. Enfermée, elle essaye continuellement de
légal de ces métaux. Un objet, une monnaie est de s’envoler, et se casserait bientôt la tète si on n’avait
bon aloi quand la matière est au titre de l’ordon- la précaution de couvrir la cage avec une toile. Les
nance; ils sont de bas ou de mauvais aloi quand alouettes font leur nid à terre, dans l’avoine, le
ils n’ont pas le titre qu’ils devraient avoir. trèfle, la luzerne. A l’entrée de l’hiver elles se ré-
ALOÏNEES, tribu de la famille des Liliacées, unissent en troupes nombreuses; elles engraissent
renferme genres Aloës et Yucca.
les beaucoup à cette époque; on leur donne alors com-
ALOPÉCIE (du grec alopex renard; animal munément le nom cle mauviettes; dans cet état,
sujet à une espèce de gale suivie de dépilation). On elles sont recherchées par les chasseurs, qui les
nomme ainsi la chute temporaire des cheveux et attrapent au filet ou qui les tirent au miroir. On dis-
des poils elle diffère de la calvitie
: qui en est la tingue plusieurs espèces d’alouettes VA. commune,
:

perte permanente. L’alopécie a lieu , soit à la suite qui a l’ongle du pouce remarquablement long, ce
d’excès ou de maladies qui tiennent presque toutes qui l’aide à marcher dans les terres labourées;
d un état anormal de la peau, soit par l’ellel de YA. calandre, qui est plus grosse, et dont le bec est
cosmétiques irritants. Un des moyens de traitement plus fort et a la forme conique; elle se distingue
réputés les plus efficaces, c’est de raser fréquem- aussi par sa gorge blanche et son collier noir ; elle
ment la région dénudée, d’y pratiquer des lotions habite les pays chauds; VA. huppée, dite aussi A.
émollientes si la peau est sensible ou irritée; to- des chemins et Cochevis, qui se fait remarquer par
niques au contraire, lorsqu’il s’agit de réveiller sa petite huppe de plumes qu’elle redresse à volonté.
l'action des follicules pileux. On y joindra des em- ALOUETTE DE MER, Pclidna, oisoau du genre des
brocations d'huile d’amandes douces, ou de laurier, Bécasseaux , de 1a famille des Echassiers , a le bec
de lavande, de camomille; l’usage de la pommade crochu, le pouce long, les jambes assez hautes et
de üupuytren; enlin des frictions faites avec un mé- nues à leur partie inférieure. Son vol est vif et
lange d'huile d’amandes douces et de rhum. rapide. Ces oiseaux forment des sociétés nombreuses.
ALOPECUflUS(c.-à-rl. guette f/e Renard). F.vulpin. On les trouve sur les rivages des deux continents;
ALOSE (en latin alosa), espèce du genre Ha- ils sont longs de 15 centimètres environ, cendrés en

reng, de la famille des Chipes, qui se trouve sur dessus du corps, blancs en dessous; la poitrine est
!es côtes de l’Europe et de l’Amérique du Nord. nuagée de gris en hiver; en été, leur plumage est
Elle a pour type Yalose commune qui ne diffère fauve tacheté de noir, avec de petites taches noires
du hareng que par une échancrure au milieu de la sur le devant du cou et de la poitrine, et une pla-
mâchoire supérieure, par sa taille plus grande qui que noire sous le ventre. Leur chair est bonne tant
atteint jusqu'à un mètre, par l’absence de dents et mais elle rancit en vieillissant.
qu’elle est fraîche,
par une tache noire derrière les ouies; elle a la tète ALPAGA ou ALPAGA, espèce de Ruminants, du
large et veinée, le dos épais et arrondi, le ventre genre Lama, propreà l’Amérique méridionale, in-
mince et tranchaut. La chair de l’alose est très- termédiaire entre le lama proprement dit et la vi-
délicate femelles sont plus grosses, et offrent un
; les gogne, avec lesquels il a été longtemps confondu.
meilleur manger que
les mâles. —
Valose finie est Il porte une laine remarquable par sa longueur, sa

moins délicate que l’alose commune; elle se recon- finesse et son moelleux. Cet animal est alerte, doux
naît aux petites dents dont sa bouche est garnie et et s’attache à l’homme. Les alpacas ont vécu en do-
4 sa forme plus allongée. —
Les aloses vivent devers, mesticité en Espagne; ils pourraient se naturaliser
, , ,

ALPH — 43 — ALST
de même dans le la France.
midi de —
On a étendu graphe, a fait sentir le besoin d’un alphabet complet,
le nom à’alpaca à une belle étoffe faite avec la applicable à toutes les langues; Wilkins, Dalgarno
lai ne de l’alpaca. Dans ces derniers temps on a vendu et Lodwick chez les Anglais, Leibnitz en Allema-
à Paris, sous ce nom, des étoffes de laine à longs gne, Debrosses et Volney chez nous, ont tenté de
poils, très-cliaudes et d'un prix très-modique. C'est remplir cette lacune; mais aucun résultat n’a pu
à Ternaux qu'on doit cette utile fabrication. être obtenu jusqu’ici. —11 a été publié des recueils

ALPHA, première lettre de l’alphabet grec, em- comparatifs d’alphabets; les plus complets sont
pruntée à y’aleph des Phéniciens et des Hébreux, ceux de De Dry [Alphaheta.... a mundo creato,
correspond à notre A. —
Les mots alpha et ôméga Francf. , 1596), de Des Hauterayes (Caractères et
s’emploient pour dire le commencement et la lin, Alphabets des langues mortes et vivantes, dans
parce que ces deux lettres sont la première et la les planches de V Encyclopédie ) des Bénédictins
dernière de l’alphabet grec c’est ainsi que Dieu dit
; (Nouveau traité de Diplomatique 1765), la Pan-
de lui dans l’Apocalypse (ch. i, v.8) : Je suis l’alpha tographia de l’anglais Ed. Fry, Lond., 1799, et les
et Vàméija. Alphabets publiés par les presses de la Propagande
ALPHAlîET (des mots alpha et hêla, noms des à Rome.
deux premières lettres de l’alphabet grec). Malgré ALPHABET MAKÜEL. VolJ. SOURDS MUETS.
l’extrême diversité des langues et des écritures, la ALPHONSIN , instrument de chirurgie , ainsi
plupart des alphabets offrent, dans le nombre, le nommé d’Alphonse Ferri, chirurgien, qui l’inventa
nom, l’ordre et môme la forme des caractères, des en 1552, est destiné à extraire les balles du corps.
ressemblances qui attestent une origine commune. Il est composé de trois branchas élastiques réunies

Les Egyptiens , les Chaldéens et les Phéniciens se dans une poignée commune, susceptibles de s’entre-
disputent l’honneur d’avoir inventé l’écriture al- écarter par leur extrémité libre , qui est en forme
phabétique; selon l’opinion la plus commune, cet de cuiller, et entourées d’une virole courante qui
honneur appartiendrait aux Phéniciens, dont l’al- les rapproche comme un porte crayon. Cet instru-
phabet offre, au reste, de grandes analogies avec ceux ment est peu usité aujourd'hui; on le remplace par
des Chaldéens, des Hébreux, des Syriaques, des des tire-balles et des pinces à gaine.
Arabes, des Persans et des Arméniens. C’est le Phé- ALPHüS (motgrec qui signifie blanc], sortedelè-
nicien Cadmus qui aurait apporté eu Grèce l'alpha- pre caractérisée jiar des taches é/ane/(e« et farineuses.
bet et l’art d’écrire ; ALPINIA (de Pr. Alpin, botaniste), genre de Zin-
gibéracées , tribu des Alpiniées. Voy. galanga.
Phœnices primi, famæ si creditur, ausi
UaDsuram rudibus vocem signare ûguris (Luc.» Pbor»., UI, aâO), ALPISTE, Phalaris, genre de la famille des Gra-
minées, a la tige frêle, les feuilles longues et
Les Grecs, en colonisant l’Italie, introduisirent
minces, les fleurs disposées en épis ovales et al-
leur alphabet chez les Etrusques, qui le transmi-
longés, le fruit oblong. Une espèce, VA. des Cana-
rent aux Romains avec quelques variations dans la
ries , produit dus graines qui se mangent en
forme des caractères ; les Romains le 'répandirent
bouillie dans l’Espagne, et donne un fourrage ex-
dans toute l’Europe. L’alphabet grec, comme le
cellent. Cette plante sert à la nourriture des oiseaux
phénicien, n’avait dans i’origine que 16 lettres :
domestiques, surtout des serins. La farine qu’elle
-y, J, f, /, JC, A, V, O, JT-, p, (7, r, u.
fournit est employée avec succès pour l'encollage
Palamède inventa, dit-on, au siège de Tioie les des tissus fins. — On remarque encore VA. aspe-
4 lettres 6, §, (p, %, et Simonide y ajouta, cinq relle, dite Riz bâtard parce que ses graines pour-
siècles après, les lettres Ç, >/, \p, a. L’alphabet la- raient remplacer le riz, et VA. chiendent, cultivée
tin, apportédc Grèce, dit-on, par l’Arcadien Evandre, dans les jardins à cause de ses panachesde fleurs pur-
n’eut aussi d'abord que 16 lettres, comme le prouvent purines et de ses feuilles rayées de jaune et de vert.
les inscriptions étrusques; c’étaient ; a, b, c, d, e, f ALQUIFÜUX (mot d’origine arabe), nom donné
i, m,n, O, p, r, s, t, u ; ce n’est que plus tard qu’on
l, par les potiers à la galène ou sulfure de plomb
y ajouta les 7 lettres g, h, k, q, x, y, z. Claude naturel. Ils l’emploient à l’état pulvérulent pour
voulut y introduire trois nouveaux signes , mais faire le vernis noir sur les poteries
;
ce vernis n'est
cette innovation ne dura pas plus que son règne. autre chose qu’un émail très-fusible, rendu noir
— Notre alphabet, qui n’est que celui des Latins par l’interposition du sulfure de plomb. En Orient,
et qui nous est commun avec presque tous les peu- les femmes se servent de l’alquifoux pour se teindre
ples de l’Europe, a 25 lettres; il n’en avait que les cils et les soui'cils.
23 quand on ne distinguait pas les lettres i et y, ALRUNES. Voy. allrunes.
U et U, distinction dont la première idée remonte ALSINE (en grec alsinè, nom d’une plante des
au xvi« siècle, mais qui n’est bien établie que de- bois, dérivé A’alsos, bois), Alsina, genre de la
puis une soixantaine d’années. —
Après l’alphabet famille des Caryophyllées. L’A. media est cette
phénicien, les plus importants à connaître sont ceux jolie petite plante si connue sous les noms vulgaires
de l’Inde, surtout celui du Devanagari le dialecte de Mouron des oiseaux ou de Morgeline {Morsus
le plus parfait du sanscrit; on y compte 50 carac- ÿrtWwa?), parce que les oiseaux et les poules en sont
tères; et au lieu d’être jetées au hasard comme dans très -avides. Sa tige est menue, rameuse; ses feuilles
nos alphabets, les lettres sont disposées dans un sont ovales, aigues, d’un vert tendre. La fleur est
ordre philosophique, d’après leurs analogies natu- blanche, petite, portée sur un long pédoncule. La
relles. —
On remarque aussi l’alphabet runique, ré- plante fleurit toute l’année; elle passe pour avoir
pandu dans le nord de l’Europe et dont il ne reste des propriétés rafraîchissantes. U ne faut pas la
que quelques vestiges dansles anciennes inscriptions. confondre avec le Mouron rouge (Anagallis), qui
Pour être parfait , un alphabet devrait avoir appartient aux Primulacées.
autant de signes qu’il y a d’éléments de la voix ALSINÈES (du genre type Alsine), tribu des
à. noter (on en compte de 35 à 40) et n’en avoir Caryophyliées , renfermant les genres A Sa-
pas davantage; or, la plupart des alphabets man- gina, Buffonia, Queria, Arenaria, Brachystemma,
quent de plusieurs de ces signe, (en français, par Holosfeum, Stellaria, Cerastium, Malachium.
exemple, on est obligé de donner à la lettre e plu- ALSODINEES. Voy. violacées.
sieurs valeurs : e, é, ê), et en même temps les alpha- ALSTROEMERIE (du botaniste Ch. Alstrœmer),
bets ont plusieurs signes surabondants (c dur, k, q, genre d’Amaryllidées, propre à la partie équinoxiale
remplissent dans notre écriture le même office). Cette du nouveau monde. L’A. pélégrine ou Lis des
imperfection des alphabets, qui est la principale Incas, originaire du Pérou, e«t une des plus belles
source des difficultés qu’offrent la lecture et l’ortho- fleurs connues ; racine vivace, tige haute de 80 centi-
, , ,, , ,,

ALTO — 44 ALUM
mètres, feuilles contournées, longues, pointues, fleurs ALUCITE (du latin ûJ/mcco, éclairer,
briller),
grandes, à six divisions inégales, blanches, rayées petits insectes lépidoptères, à couleurs métalliques
et lavées de rose à l’extérieur, marquées à la base très-resplendissaiites, appartiennent au genre Pha-
d’une tache jaune, et pointillées de pourpre en de- lène et à la section des ’Tinéites, et ont du rappoit
dans. Quelques espèces répandent une odeur suave. avec les teignes, les ptérophores, les py raies et les
Ces plantes ne sont cultivées que dans nos serres. ypsolophes. Ce genre a été créé par Fabricius. On
ALTAIR ou ATAÏR, étoile centrale de la constel- distingue : l’A. xylostelle, qui vit sur difl'érents ar-
lation de l’Aigle, est de première grandeur. brisseaux et qui attaque de préférence les choux et
ALTER EGO (c’est-à-dire autre moi], titre oflî- les navets parmi les plantes polagèr. s VA. delaju-
;

ciel en usage dans le royaume des Deux-Siciles, en lienne; l’A. des grains, qui fit de grands ravages dans
vertu duquel le roi transmet à un vicaire général l’Angoumois en 1770, etc. On a fait beaucoup de re-
le plein exercice de sa puissance, faisant en quel- cherches pour détruire YAlucite du blé; le meilleur
que sorte de ce vicaire une seconde personne royale. procédé est celui qu’a proposé M. Doyère en 1850 ;
Il correspond à ce qu’on appelait chez nous lieute- il consiste à chauffer le blé jusqu’à 60 degrés ce
(

nant général du royaume. qu’on appelle le soixante/') ; à cette température


ALTERNAT, méthode par laquelle on alterne l’insecte est détruit sans que le grain soit altéré.
les cultures en forçant le sol à donner des produits ALUDEL (d’a privatif, et du latin luturn, qui
successifs de difl'érents genres, adaptés à la nature n’est point luté, qui reste ouvert). Les chimistes
de la, terre. C’est une des opérations les plus déli- nomment ainsi des espèces de pots ouverts par leur
cates et les plus nécessaires de l’économie rurale. partie inférieure et supérieure, et qui s’emboîtent
Voy. ASSOLEMENT. les uns dans les autres, en sorte qu’ils peuvent for-
ALTERNES (feuilles). Voy. feuilles. mer un tuyau plus ou moins long. Le pot ou Yalu-
ALTERNES-EXTERNES et ALTERNES-INTERNES (aNGLES). del qui termine ce tuyau doit être fermé par le
Voy. ANGLES. haut, et n’avoir qu’un petit trou. On emploie ces
ALTESSE [A’altus élevé), titre d’honneur vases pour la sublimation du soufre et du mercure.
qui se donne actuellement aux princes non sou- ALÛMELLE (d’abord alamelle, qu’on dérive du
verains , a longtemps été porté par les rois eux- latin lamella, petite lame). On nomme ainsi : 1“ en
mèmes. 'Les rois d’Angleterre jusqu’à Jacques termes de Tabletiers, une lame de couteau aiguisée
et ceux d’Espagne jusqu’à Charles V , n’ont point d’un seul côté, comme le serait un ciseau de menui-
eu d’autre titre. Eu France, le titre d’ Altesse fut sier, et qui sert à gratter le buis, l’ivoire, l’écaille,
porté d’abord par les ducs d’Orléans. Eu 1633 , les la corne , etc. ; c’est une alumelle qui forme la
aînés de la brandie cadette de Bourbon prirent le partie essentielle du rabot; 2“ dans la Marine, des
titre <ï Altesse 7-oyale; et sous Louis XIV, le titre petites plaques de fer très-plates, dont on garnit les
d’Altesse ayant été étendu aux princes l%itimés, mortaises pour que le frottement des barres n’en
le prince de Condé prit , pour s’en distinguer, le use pas le bois intérieur.
litre d’Altesse sérénissime. Aujourd’hui, sauf quel- ALUMINATE, combinaison de l’alumine avec un
ques exceptions, le titre d’Altesse royale ou im- autre oxyde. On rencontre plusieurs aluminates
tériale appartient à tous les princes issus en droite dans la nature : tels sont le spinelle , le pléo7iastc,
la. gahnite, la cymophane qui sont des aluminates
figné d’un roi ou d’un empereur, et celui d’Al-
tesse sérénissime à leurs collatéraux. de magnésie, de protoxyde de fer, d’oxyde de zinc,
ALTHEE (en grec althaia, d’althéin, guérir), et de glucine.
nom scientifique du genre de plantes malvacées ap- ALUMINE (du latin alumen, alun), dit aussi
pelé ordinairement Guimauve', les espèces princi- oxyde d’aluminium, terre d’alun', combinaison
pales sont l’A. officinale [Voy. guimauve) et VAlcée de l’oxygène avec l’alunynium (Al'O’); se trouve
ou Rose trérnière [Voy. alcée). On extrait de la dans la nature à l’état cristallisé , plus ou moins
racine Yalthéine, mélange de magnésie et d’une pur, et constitue alors le co7'indon, le7'ubis, la
substance cristallisable identique à l’asparagine. topaze orientale, le saphir o/'iental, l’émei'i. L’a-
ALT1SE ou ALTiftUE, Altica (du grec halticos lumine des laboratoires est une poudre légère
l'auteur), petit insecte coléoptère, de la famille des blanche, insipide, inodore, infusible à la chaleur des
Cycliques, a la singulière faculté de sa'uter comme plus violents feux de forge ; elle est insoluble dans
les puces. L’espèce la plus commune en France et l’eau, mais elle se dissout dans les acides, si elle n’a
la plus grande est l’A. potagère, dite aussi Puce- pas été soumise à une trop forte calcination. Récem-
rotte longue de 5 millim. , verte ou bleue ment précipitée d’une de ses' combinaisons , elle se
ovale, allongée, avec la couverture des ailes poin- présente sous forme de gelée blanche ( tiyd/'ate
tillée; les antennes ou filets de la tête sont noires. d’alumine), soluble dans la potasse: dans cet état,
L’A. rubis, la plus jolie, est d’un rouge doré écla- elle a une affinité prononcée pour les matières co-
tant, avec les ailes vertes ou bleues. — Cet insecte lorantes, qu’elle enlève à l’eau et aux autres sub-
est très-commun dans les environs de Paris, et vit stances qui y sont unies; elle forme, avec ces ma-
surtout sux dépens des crucifères. 11 est très-nuisible. tières colorantes, des composés insolubles qui portent
ALTITUDE, hauteur d’un lieu au-dessus de lamer. dans les arts le nom de laques. Simplement dessé-
AL'fO (du latin altus, profond), nom donné au- chée , l’alumine absorbe l’humidité des corps avec
trefois au genre le plus grave des voix aiguës des lesquels ou la met en contact, et happe à la langue.
femmes et des hommes. On dit aujourd’hui haute- L’alumine existe dans tous les sols propres à la
contre en parlant des hommes, et contralto ou culture [Voy. argile); elle est aussi une des par-
contralto en parlant des femmes. — On appelle ties constituantes de l’alun des teinturiers. — Ou
aussi alto un iiLstruinent à 4 cordes [la, ré , sol, l’obtient pure, soit en calcinant au rouge de l’alun
ut) connu jadis sous le nom de viole', c'est un in- d’ammoniaque, soit en précipitant l’alun de po-
strument un peu plus gi-and que le violon ordi- tasse par de l’ammoniaque. —
L’alumine se com-
naire, et qui, dans un orchestre, tient le milieu porte avec certaines bases comme un véritable
entre le violon et le violoncelle ou la basse. On acide , et forme avec ces bases des composés salins
l’appelle aussi alto viola ou quitite.— Autrefois on appelés aluf/iinates : tel est l’aluminate de ma-
appelait alto basso un instrument de percussion à gnésie qui constitue le rubis spinelle. Avec la
,
cordes que le musicien frappait d’une main, tandis silice ,
forme des silicates qui constituent soit
elle
que de l’autre il jouait sur la flûte un air qui s’u- l’argile la plus pure, servant à fabriquer la por-
nissait aux sons de l’alto accordé à l’octave, à la celaine , soit les terres employées à la confection
quinte et à la quarte. des poteries communes, et les glaises qui servent
,, ,

ALUN 45 — ALYS
à garantir les bassins d’infiltrations. — A part les une fabrique semblable à la Tolfa (près de Civita-
silicates naturels formant les argiles, les glaises, Yecchia) , où se trouve une riche mine d’alun. Plu-
les diverses terres et une fo\jile de minéraux, il
sieurs exploitations de mines d’alun s’élevèrent suc-
n’y a, parmi les combinaisons de l’alumine, que cessivement, au XVI® siècle, en Allemagne, en
le sulfate et surtout Valun qui présentent de Espagne et en France ; mais cette industrie ne fit

l’intérôt. Les sels d'alumine solubles ont, en gé- de véritables progrès que dans les temps modernes,
néral, une saveur astringente et douceâtre; ils par le secours de la chimie. A la fin du siècle der-
sont incolores, et donnent, par l’ammoniaque, un nier, Curaudau établit la première fabrique d’alun
précipité gélatineux d’hydrate d’alumine. artificiel à Javelle , près de Paris; à la même épo-

L’histoire de l’alumine se rattache à celle de l’a- que, Chaptal en fonda une à Montpellier. La pro-
lun ; ce n’est que depuis 1754 que Margraff a re- duction totale de Talun en France s’élève annuelle-
connu la nature particulière de l’oxyde terreux que ment à 3 millions de kilogrammes; le département
l’on extrait de ce sel. de l’Aisne en fournit seul la moitié.
ALUMINITE, minéral blanc et terreux, trouvé ALUN ALUMiNÉ, dit aussi Alun saturé de sa terre,
pour première fois aux environs de Halle, et, plus
la sous-sulfate de potasse et d’alumine insoluble, qui
tard, dans les terrains tertiaires d’Auteuil et de s’obtient quand on fait bouUlir Talun avec de Talu-
Lunel-Vieil (Gard). C’est un sous-sulfate d’alumine. mine en gelée.
ALUMllNltjIVl, métal qu’on extrait des combinaisons ALON d’ammoniaqoe , alun renfermant de l’ammo-
d’alumine, surtout du chlorure,' en les traitant par le niaque à la place de la potasse , se prépare de la
potassium et lesodium. Isolé parM. Wœhler en 1827, même manière, et présente les mêmes propriétés.
sous la forme d’une poudre grise, il a été obtenu en On utilise à la fabrication de ce sel le sel d’ammo-
masse compacte par M. Deville en 1854; il a alors niaque fourni en grandes quantités par les usines à
l’éclat de l’argent, mais est plus léger et plus tenace. gaz de l’éclairage. On le distingue de Talun ordi-
ALUN , sel blanc , très-soluble dans l’eau , as- naire en le triturant avec de la chaux humide ; il
tringent, cristallisé en octaèdres réguliers, est formé exhale alors une odeur ammoniacale très-prononcée.
par la combinaison du sulfate d’alumine avec le ALUN DE CHROME, alun renfermant de Toxyde de
sulfate de potasse et l’eau (A1’0“,3S0’ -|-KO,SO“-f- chrome à la place de Talumine contenue dans Talun
24ag'). Il existe tout formé aux environs de plu- ordinaire ; il est d’un violet foncé , presque noir.
sieurs volcans ; mais la quantité en est si faible ALUN DE FER, alun renfermant du sesquioxyde de
qu’il faut recourir à différents procédés pour four- fer à la place de Talumine renfermée dans Talun
nir au commerce les 4 ou 5 millions de kilogrammes ordinaire.
qui lui sont annuellement nécessaires. Tantôt on le ALUN DE PLUME , alumine sulfatée naturelle qui ,

retire de l’alunite; tantôt on l’obtient en abandon- forme fibreuse. Voy. alunogène.


se présente sous
nant au contact de Tair des schistes alumineux ALUN DE ROME OU cuBiouE , alun Ordinaire cristal-
préalablement calcinés; on lessive le produit, et on lisé en cubes et fabriqué à la Tolfa, près de Civita-
ajoute du sulfate de potasse. Enfln, en traitant les Vecchia, dans les Etats romains. Ses cristaux sont
argiles les plus pures par l’acide sulfurique faible rendus opaques par une très-petite quantité d’alu-
et versant dans les liqueurs concentrées du sulfate mine mécaniquement interposée; ils ont d’ailleurs
de potasse, on produit de toutes pièces de Talun très- la même composition que Talun octaèdre.
pur. — Dans le commerce, l’alun est ordinairement ALUN DE SOUDE, alun renfermant de la soude à la
en grosses masses blanches et translucides, qu’on place de la potasse contenue dans Talun ordinaire.
obtient en faisant fondre les cristaux dans leur eau ALUNAGE , opération qui consiste , dans la tein-
de cristallisation , et coulant le liquide dans de ture, à fixer les couleurs sur les tissus, â l’aide de
grands vases , où il se fige. —
La calcination bour- Talun. Voy. mordançage.
soufle l’alun , et le transforme en une poudre lé- ALUN^E, dite aussi Pierre d’alun. Beurre de
gère, poreuse et blanche; ceta/«w calciné est em- montagne, minéral blanc, tantôt dur, tantôt tendre
ployé par les médecins pour ronger les ulcères et et terreux , qu’on rencontre dans le tuf trachytique
les chairs baveuses. —
L’alun sert principalement de la Tolfa et du mont Dore. C’est un sulfate d’alu-
dans la teinture comme mordant. 11 est d’autant mine et de potasse hydraté. Pendant longtemps , la
plus estimé qu’il contient moins de sulfate de fer, pierre d’alun de la Tolfa fournissait au commerce
attendu que ce sel lui communique la propriété une grande partie de Talun employé. Pour retirer
d’altérer certaines couleurs délicates, comme celles Talun de l’alunite, on grille celle-ci et onia transporte
de la gaude et de la cochenille. On reconnaît la sur une aire où on l’arrose continuellement, afin de
présence du fer dans Talun en ajoutant à sa solu- la faire elDeurir; on la réduit ensuite en pâte, on la
tion quelques gouttes de ferrocyanure de potas- lessive à chaud , et on la fait cristalliser.
sium : si Talun contient du fer, le mélange prend ALUNOGÈNE , alumine sulfatée naturelle. Ce se!
alors une bleue.
teinte —
L’alun s’emploie aussi est fréquent dans les solfatares, où il est le produit
pour préserver les substances animales de la putré- de l’altération des trachytes par les vapeurs qui les
faction, pour conserveries peaux avec leurs poils, traversent. Dans les mines , on le voit s’efileurir à
pour garantir les bois et toiles de l’incendie la surface des roches qui contiennent des pyrites.
pour fabriquer le papier, la colle forte , pour raffi- 11 se présente sous la forme de houppes concrétion-
ner le sucre, pour clarifier les eaux bourbeuses ; nées ou de fibres déliées , analogues à la soie.
les blanchisseuses des environs de Paris s’en servent ALVÉOLE (du latin alveolus, diminutif de al-
pour éclaircir Teau de Seine, rendue trouble par veus, lit, cavité, loge), cellules ou loges que les
les orages. —
Outre Talun ordinaire, il existe di- abeilles et les guêpes se construisent pour y élever
vers composés isomorphes de cet alun, qui renfer- leurs larves; elles sont en cire, et ont toutes la
ment de l’ammoniaque, de la soude, du chrôme, forme d’un petit godet hexagonal ; la réunion des
du fer, etc., à la place de la potasse et de l’alumine. alvéoles forme le gâteau ; elles servent à la fois
La connaissance de Talun nous vient de TO- de berceau aux jeunes abeilles et de magasin de
rlent ; jusqu’au xv« siècle, il fut surtout préparé miel. — On applique aussi ce nom, en Anatomie,
à Constantinople , à Alep , en Syrie , d’où Ton aux cavités creusées dans Iss os des mâchoires et
tirait Talun connu sous le nom à’ alun de roche, nom destinées à recevoir les dents , et , en Botanique
qu’il porte encore dans le commerce. La première aux petites cavités du réceptacle où sont logées les
fabrique d’alun fut établie en Europe au xv® siècle, semences de certaines fleurs : le réceptacle alors est
dans l’ile d’lschia,par un marchand génois, nommé dit alvéolé.
Perdis. A la même époque, Jean de Castro éleva ALYSSE, Alyssum{à’a privatif, et lyssa, rage,
, ,,

AMAL — 46 — AMAN
parce que les anciens attribuaient k cette plante des consiste k broyer le minerai avec de l’eau pour en
propriétés elïïcaces contre cette maladie) , Yulgaire- faire une espèce de pkte, k y incorporer du sel
ment Passe-rage, genre de la famille des Crucifères, marin, puis du magistral (mélange d’oxyde de fer
renferme plusieurs espèces trés-eommunes : VA. et de sulfate de cuivre, provenant^du grillage de la
faune (A. saxatile, L.), originaire de Candie, pyrite de cuivre), et enfin du mercure. Quand l’a-
très-cultivée dans les jardins, où elle est connue malgamation s’est opérée, au bout de deux ou trois
sous le nom de Corbeille d’or; ses fleurs jaunes, mois, on lave le produit, puis on presse et on dis-
petites, mais nombreuses, forment, en effet, de tille l’amalgame. Ce procédé perd beaucoup de mer-
larges touffes dorées d’un aspect agréable; son fruit cure. — L’amalgamation a été inventée au Mexique
consiste en une silicule orbiculaire , velue et aplatie ; en 1557 par un mineur nommé Bartolomé de Mé-
VA. sinuée, originaire d’Espagne; VA. des Pyré- dina , et introduite au Pérou en 1571 par Fernandez
nées, arbrisseau propre à former de beaux buis- de Velasco. Adoptée en Europe dans le courant du
sons : ses fleurs sont petites, blanches, réunies au siècle dernier, elle a été moaifiée depuis par de
nombre de 20 à 25, et durent fort longtemps. Born , et perfectionnée par Charpentier, Gellert et
ALYTE , batracien anoure , connu sous le nom plusieurs autres métallurgistes allemands.
de Crapaud accoucheur. Voy. accoucheur. AMALGAME (du grec ama, ensemble, et gamos,
AMADOU (qu’on dérive du latin ad manumdulcc, mariage, ou, selon d’autres, d’un mot arabe), alliage
doux au toucher), substance spongieuse fournie par du mercure avec d’autres métaux. Les amalgames
la partie interne d’un champignon appelé Agaric sont décomposés par lachaleur,et dégagentalors tout
de chêne ou Amadouvier {Boletus igniarius de le mercure ; plusieurs sont fusibles k la température
Linné) , et préparée de manière à prendre feu au ordinaire. —
Les amalgames d’or et d’argent servent
moyen d’une étincelle produite par une pierre à k dorer et k argenter les autres métaux. Un amal-
fusil et un briquet. Pour préparer l’amadou , on game d’étain sert k mettre les glaces au tain. Les den-
enlève d’abord de l’agaric la partie supérieure qui tistes emploient souvent l’amalgame d’argent pour
est très-coriace; la partie fongueuse, d’un jaune plomberies dents; en Angleterre, on fait servir au
brun, placée au-dessous, est ensuite coupée en tran- même usage l’amalgame de palladium. C’est avec
ches minces et battue au marteau , jusiju’à ce un amalgame de bismuth qu’on donne aux globes
qu’elle devienne tout à fait souple : dans ce premier de verre une apparence métallique.
état , l’agaric sert pour arrêter les hémorragies. Pour AMANDE (en grec , amygdalè). Ce nom , limité
en faire de l’amadou propre k allumer le feu , on d’abord au fruit de l’Amandier, s’est ensuite étendu
l’imprègne d’une dissolution de nitrate de potasse au corps blanc et tendre renfermé dans le noyau
ou de nitrate de plomb, et on le fait sécher. Quel- de certains fruits. Les botanistes le prennent même
quefois on roule l’amadou dans de la poudre k ca- dans un sens plus général : ils nomment amande
non : c’est Vamadou noir. Les vesses-de-loup, sorte la substance blanche contenue dans toute graine ;
de plantes du genre Lycoperdon donnent un ama- ainsi entendue, l’amande présente deux parties dis-
dou tout préparé qu’il sulTit d’imbiber d’une légère tinctes VembryoH, partie essentielle de la reproduc-
:

eau de poudre. On fait aussi de l’amadou avec des tion, et le périsperme, qui sert k nourrir l’embryon.
feuilles de papier k sucre, et mémo avec du linge — Les amandes proprement dites ont des propriétés
qu’on laisse brûler jusqu’k ce que la flamme s’étei- diG'ércntes, selon l’espèce d’amandier qui les porte.
gne, et qu’on étouffe k l’instant. — L’emploi de l’a- On distingue des awnrnrfM rfoMces, bonnes k manger,
madou contre les hémorragies était connu des an- qui renferment une huile blanche et douce usitée en
ciens : longtemps négligé, il a été renouvelé, k la pharmacie, surtout pour les loochs blancs et les émul-
Gn du siècle dernier, par un nommé Brossard, et sions (les unes, dites flol, son^à coque dure, les autres
a été fort utile dans nos grandes guerres. d coque tendre); des amandes amères, gui contien-
AMADOUVIER, champignon du genre Bolet, nent de l’acide cyanhydrique , et qui sont em-
avec lequel on fait l’amadou. Voy. agaric et bolet. ployées comme fébrifuges et toniques. Ou a, en
AMALGAMATION , opération par laquelle on outre , désigné , dans le commerce , par des noms
combine le mercure avec d’autres métaux. On l’ap- particuliers plusieurs sortes d’amandes : A. à la
plique surtout k l’extraction de l’argent. On distin- dame à. coc\ne grosse, solide, arrondie, pointue
,

gue deux procédés : VA. .saxonne on de Freyherg, k l’un dos bouts , couverte de trous et sillonnée de
et VA. américaine. A Freyherg, après avoir bo- lignes vermiculaires ; A. à la princesse, en coques
cardé (écrasé) le minerai d’argent, on le mêle avec de moyenne grosseur, aplaties, minces, fragiles,
un dixième de sel marin , et on le grille dans un jaunâtres et d’une saveur douce; A. de Chinon
fourneau k réverbère, afin de convertir le sulfure dépouillées de leurs coques et d’un jaune brun;
d’argent en chlorure. Ensuite on réduit en poudre A. de Valence, grandes, aplaties, pointues k l’une
Cne le produit de la calcination , et on le met avec de leurs extrémités, et comprimées dans la partie
de l’eau et des disques de fer forgé dans des ton- moyenne; A. d'Italie, plus petites, moins douces
neaux traversés par un axe horizontal ipii tourne au et moins déprimées au milieu; A. d’Espagne et de
moyen d’une roue. Après avoir fait mouvoir les ton- Malaga , d’une saveur douce et très-agréable , sem-
neaux pendant une heure, on y introduit du mer- blable k celle des noisettes ; A. de MÙhaun (Avey-
cure, et on le remet de nouveau en mouvement pen- ron), qu’on vend dépouillées de leur coque, eu
dant 16 ou 18 heures. Danscette opération, lechlorure fèves longues et aplaties, etc.
d’argent est décomposé par le fer : il en résulte du AMANDIER, Amygdalus, genre de la famille
chlorure de fer soluble et de l’argent métallique des Rosacées, tribu desDmpacées ou Amygdalées,
très-divisé qui s’unit au mercure. L’amalgame d’ar- se compose d’arbres et d’arbrisseaux k feuilles
gent, étant liquide k la température ordinaire, se étroites, lancéolées, dont les fleurs s’épanouissent
rassemble aisément, et s’obtient pur par le lavage. de très-bonne heure. Le fruit est charnu , globu-
On le soumet ensuite k la distillation en le chauf- leux ou allongé, marqué d’un sillon longitudinal
fant sur des plateaux circulaires de fer, disposés et renfermant un noyau dont la surface est mar-
les uns au-dessus des autres , et recouverts d’une quée de sillons irréguliers, et dans lequel on trouve
cloche de fer : le mercure se volatilise et se con- l’amande ( Voy. ce mot). Le genre Amandier com-
dense dans le bas de l’appareil; l’argent reste sur prend deux espèces principales VA. commun et
:

les plateaux. Ge procédé , malgré le prix élevé du VA. -pécher [Voy. pêcher). L’amaudier commun,
mercure, est le seul qui convienne pour le traite- originaire du Levant ou de l’Afrique, réussit sur-
ment des minerais pauvres. — La métiiode améri- tout dans le midi de l’Europe, où il atteint 10 mè-
caine, plus ancienne que le procédé de Freyherg, tres de hauteur. Ses fleurs , petites et blanches ,
, , , ,,,, , , , , , , , ,

AMAR — 47 — AMAZ
s’ouTrent aux premiers rayons du soleil de jan- lidées vraies et les Galanthées. Les Amaryllidées
vier : aussi sout-elles souvent détruites par les vraies renferment les genres
Amaryllis, Narcissus,
gelées. On distingue deux espèces d’amandier com- Zephyranthes , Corbularia, Ajax, Clinanllte, Pan-
mun : l’A. à amandes douces et VA. à amayi- cratium, Crinum, Cyrtanthus Uabranlhus etc,
,

des amères. Le bois de cet arbre est dur et bien AMARYLLIS, belle plante de la famille des Nar-
coloré ; ce qui le fait rechercher par les tourneurs. cissées, a sans doute reçu, â cause de sa beauté,
Du tronc découle une gomme rougeâtre, analogue le nom de la bergère Amaryllis, chantée par Vir-
à la gomme arabique. Outre l’amandier commun gile dans ses È
g log ues. EWe ,esi en eflèt, re-
les jardiniers cultivent VA. argenté, ainsi nommé marquable par la grandeur, la forme et l’éclat de
de la couleur de son feuillage, et VA. nain, qui ne ses fleurs, qui exhalent une odeur très-suave. Les
s'élève guère à plus de 70 centimètres : c’est un joli amaryllis proviennent d’un oignon comme les ja-
arbrisseau , à fleurs de couleur pourpre. —
L’aman- cinthes; leurs feuilles sortent de terre; du milieu
dier reçoit les grelTes du pêcher et de l’abricotier. du faisceau qu’elles forment s’élève une tige plus
AMANITE , genre de Champignons, ainsi nommé ou moins allongée , qui se termine par une ou plu-
du mont Amanus en Cilicie , où ils étaient très- sieurs fleurs rouges, jaunes ou roses. On distingue
abondants, est caractérisé par une bourse {volva) surtout ; VA. très-belle plus connue sous le nom
qui entoure le champignon dans sa jeunesse, et par de Lis-saint-Jacques originaire du Mexique ; sa
un pédicule bulbeux à la base. Son chapeau est fleur unique, du plus beau rouge pourpré, se com-
garni en dessous de feuillets inégaux. Les princi- pose de trois pétales inférieurs et de trois autres
pales espèces d’amanites sont les Oronges. Ce genre pétales qui se redressent en Tair en s’écartant comme
renferme à la fois les champignons les plus recher- les bras d’une croix ; on ne la cultive que depuis
chés pour la fable et ceux qui sont le plusvénéneux. 1593, époque où on l’apporta en Espagne; —VA.
AMARANTACÊES , famille de plantes dicotylé- de Guernesey qui porte plusieurs fleurs à la fois ,
dones apétales , renferme des végétaux herbacés à d’un rouge vif; elle est originaire de l'ile de France
feuilles alternes ou opposées, à fleurs petites, réu- et du Japon , et Ton présume qu’elle ne croît na-
nies en épis et en grand nombre. A cette famille turellement à Guernesey que parce qu’un vaisseau
appartiennent les genres Amarante, qui en est le venant d’Asie y aura porté des oignons de cette belle
type, et Gomphrene ou Amarantme. plante; — VA. belladonne originaire des Antilles,
AMARANTE (du grec a privatif, et mardinô, se remarquable par ses grandes fleurs roses mêlées de
flétrir), Amarantus genre type de la famille des blanc, qui sont quelquefois au nombre de huit sur
Amarantacées, ainsi nommé à cause de la persi- la même tige ; on peut la cultiver en pleine terre,
stance de ses fleurs, renferme des plantes herbacées, pourvu qu’on lui choisisse un terrain léger et une
annuelles, dont les fleurs sont en épis ou en grap- exposition chaude; —VA. jaune, vulgairement
pes, et disséminées dans toutes les contrées du nommée Narcisse; elle est beaucoup moins belle
monde. L’amarante est cultivée dans les jardins et moins rare que les précédentes; on la trouve
d’ornement , et fleurit en automne. L’A. à fleurs dans tous les jardins.
en queue nommée aussi Discipline religieuse ou AMAUROSE (du grec amaurosis, obscurcisse-
Queue de retiardjAwae tige haute de près d’un mètre, ment), dite aussi goutte sereine , cataracte noire,
des feuilles ovales, oblongues, rougeâtres, des fleurs diminution ou perte complète de la vue, produite
en longues grappes, pendantes et cramoisies; elle par la paralysie du nerf optique ou de la rétine,
se sème d’elle-même et vient partout. L’A. créte- sans altération appréciable dans l’organisation de
de-coq, ou Pns'te-velours { Celosia), a ses fleurs en Tœil; elle peut kre bornée à un seul œil, ou les
forme de panache, et ressemble à du velours d’une affecter tous les deux à la fois. Elle a pour causes
belle couleur rouge mêlée de violet; c’est cette es- principales ; l’exposition de Tœil à une vive lumière,
pèce qui a donné son nom à la couleur amarante. des lectures assidues, la vieillesse, les contusions du
L’A. tricolore a ses feuilles tachées de jaune, de globe de Tœil ou du front, les lésions organiques du
vert et de rouge ; les fleurs sont vertes et latérales. cerveau, les études microscopiques, les chagrins
L’A. blette a la tige rameuse, couchée à la base, prolongés , la colère, l’ivresse répétée, la plétliore ,
les feuilles ovales, échancrées au sommet; cette la suppression de la sueur, d’un émonctoire , d’un
espèce est comestible. —
L’amarante était, chez les exanthème cutané, d’une hémorragie périodique;
anciens, le symbole de l’immortalité. Les magiciens la disparition prompte de la teigne des dartres
,
attribuaient aux couronnes faites de cette fleur la de la goutte, du rhumatisme ; les accès d’hystérie
vertu de concilier la faveur et la gloire à ceux qui d’épilepsie l’apoplexie ; les saignées trop rappro-
;
en portaient. Dans l’Académie des jeux floraux chées ; les poisons narcotiques. L’invasion a lieu tan-
l’amarante d’or est le prix de Tode. — Christine tôt graduellement et tantôt subitement. L’amaurose
reine de Suède, avait institué en 1653 un oy'dre est complète ou incomplète ; ordinairement conti-
de l’ Amarante, qui ne fut pas conservé après elle. nue elle est quelquefois périodique : sa durée est
AMARANTINE. Voy. gomphrène. généralement longue. Le pronostic est très -grave
AMARQUE (de marquer). Voy. bouée ou tonne. quand la maladie occupe les deux yeux , qu’elle est
AMARRE , câble ou chaîne servant à attacher au très-ancienne; que la pupille est déformée, dilatée,
rivage une barque ou un vaisseau. On donne en- et qu’on voit une teinte grisâtre au fond de Tœil.
core ce nom aux cordages qui servent au touage Le traitement varie comme les causes il est gé-
:

au halage, à Tévitage des navires, ainsi qu’au bout néral ou local. Le traitement général consiste dans
de corde qu’on jette à un canot, à un homme pour l’emploi de tous les moyens dérivatifs et révulsifs.
Taiüer à acoster. — Amarrer, c’est assujettir, ar- Parmi les remèdes locaux. On recommande les fric-
rêter, lier un objet, ou mettre un vaisseau en état tions et applications narcotiques sur Tœil, celles de
de n’être pas entraîné par les vents. baume de Fioraventi, de gaz acide sulfureux, de gaz
AMARYLLIÜEES , famille naturelle de végétaux ammoniac, la vapeur d’éther phosphoré; les sachets
monocotylédons , est un démembrement formé aromatiques, dont on couvre les yeux ; enfin , on
par Robert Brown aux dépens des Narcissées de a essayé les sternutatoires, l’électricité et le galva-
Jussieu, et a pour type V Amartjllis. Ses caractères nisme. Le Dr Deval adonné un Traité de T Amaurose.
sont ; calice monosépale, tubuleux, à six divisions.; AMAZONES, nom donné par Buffon aux jierro-
étamines au nombre de six , â ûlets libres ou sou- quets à plumage vert, dont le fouet de i’aile est
dés , ovaire infère, style simple, stigmate trilobé. coloré de rouge et de jaune. On les trouve dans
La famille des Amaryllidées se divise en quatre l’Amérique du Sud sur les bords du fleuve des Ama-
tribus : les Hypoxydées les igavées, les Amaryl- zones. Ces perroquets se distinguent par Téclat , la
|
, , , ,

AMBI — 48 — AMBR
vivacité de leurs couleurs , leur facilité à parler, et que l’homme fait exception et se sert exclusivement
par une douceur qui les fait rechercher. de la main droite. 11 serait cependant à désirer que
AMAZONITE, espèce de feldspath vert, opaque, les deux mains fussent également exercées; il est
susceptible de recevoir un beau poli, ainsi nommée même certaines professions dans lesquelles on ne
parce qu'on la trouve sur les bords du fleuve des peut bien réussir si l’on n’est ambidextre : telles
Amazones. Les anciens la connaissaient, comme sont la chirurgie ,
l’art vétérinaire et plusieurs mé-
le prouvent les camées et les vases grecs faits de tiers, comme celui de l’aiguiseur, du tourneur, etc.
cette substance qu'on voit encore dans plusieurs AMBLE (du latin ambulare, se promener), sorte
musées. Us la tiraient de l'Orient ou des monts d’allure entre le pas et le trot, par laquelle l’ani-
Ourals , où l'on en trouve encore. Voy. jade. mal, pour avancer, fait mouvoir simultanément ses
AMBASSADEUR (du bas latin ambascia qu'on deux membres du même côté. L’ours et la girafe
dérive lui-même du celtique amhacht serviteur, sont les deux seuls animaux qui marchent naturel-
ministre) , agent diplomatique de premier ordre, lement l’amble; c’est aus.°i l’allure du poulain, et
envoyé par un prince ou un Etat souverain près d'un quelquefois même du cheval aéjà grand; mais le
autre prince ou État, pour le représenter, ou pour plus souvent cette allure est chez le cheval l’effet
donner communication des volontés du gouverne- de l’art. On y façonne également l’àneet le mulet.
ment qui l'envoie. Les ambassadeurs sont ordinaires Cette façon d’aller, qui fatigue beaucoup les épaules
ou extraordinaires. Les ambassadeurs ordinaires du coursier, est extrêmement douce pour le cava-
résident auprès des gouvernements étrangers, et lier^ L’amble était fort en honneur au moyeu âge;
ont pour mission d'aplanir les difficultés qui pour- on dressait à marcher l’amble des haquenées pour
raient survenir entre l'Etat qu'ils représentent et les abbés, les châtelaines, etc. Aujourd’hui cette
celui près duquel ils sont accrédités. Les ambassa- allure est fort peu cultivée dans nos manèges.
deurs extraordinaires sont ceux qu’on envoie dans AMBLY... (du grec ambly, obtus), mot qui entre
un cas particulier, comme un couronnement, un dans la composition de beaucoup de termes scien-
mariage , etc. Les ambassadeurs jouissent de cer- tifiques amblygone, à angles obtus; amblyope,
:

taines prérogatives : ils ont accès toutes les fois à vue faible ; amblyptère à ailes tronquées , etc.
qu'ils le désirent auprès du chef de l’État; leur — L’amblyopie est le premier degi’é de l’amau-
personne et leur domicile sont inviolables; pendant rose : dans cet état, te malade ne peut distinguer
longtemps même ils eurent droit d’asile. Les am- que les objets volumineux, bien éclairés, et d’une
bassadeurs remplissent en général pour leurs compa- couleur tranchée.
triotes les fonctions d’ofQciers civils. —
L'usage des AMBON (du grec amhôn, hauteur ou bord en
ambassadeurs résidents ne remonte pas au delà du saillie), tribune sur le devant du chœur d’une église,
xiii® siècle. Quoique chaque Etat entretienne des dans laquelle on montait autrefois soit pour prê-
représentants auprès des autres Etats , fort peu de cher, soit pour lire ou chanter certaines parties do
ces représentants ont le titre et le rang d'ambassa- l’office; on y lisait le graduel, l’évangile etl’épîtrc.
deurs : sous la monarchie , la France n’entretenait Il est question de l’ambon dans nos annales dès
d’ambassadeurs qu’auprès de l’Autriche , de la Bel- l’an 800. On voit encore un ambon à Paris dans
gique, des Deux-Siciles, de l’Eispagne, des Etats l’église Saint-Etienne-du-Mont et à Notre-Dame ;
Romains, de la Grande-Bretagne, de la Russie, de l’église Saint-Clément, à Rome, en a trois. On con-
la Sardaigne, de la Suisse et de la Turquie, puis- naît davantage V ambon sous le nom de jubé.
sances qui avaient également des ambassadeurs au- AMBRE (en arabe ambar), nom donné à deux
près d’elle; elle n’entretenait auprès des autres substances, l’ambre jaune et l’ambre gris, qui
gouvernements que des ministres plénipotentiaires n’ont guère de commun que d’être toutes deux
dos envoyés extraordinaires ou des chargés d’affai- aromatiques.
res. En 1848, la France remplaça ses ambassadeurs AMBRE JAUNE, dit aussî Succîn ou Carabé, espèce
par des ministres plénipotentiaires : depuis l’avéne- de résine fossile, jaune, diaphane, d’une odeur
ment de l’empereur Napoléon III, les anciennes am- agréable, sui generis, homogène et susceptible de
bassades ont été rétablies. On doit à Wicquefortl’Am- recevoir un beau poli. Lorsqu’on le soumet à la des-
bassadeur et ses fonctions (Cologne, 1715, 2 vol. siccation , il donne de l’acide succinique. Il appar-
in-4°), ouvrage classique sur la matière, et à Mar- tient particulièrement aux terrains tertiaires; il ac-
tens le Manuel diplomatique, Leipzig, 1823, in-8». compagne le lignite dans plusieurs localités, comme,
AMBASSE , genre de poissons de la famille des par exemple, autour de Soissons et à Saint-Paulet
Percoides , formé par Cuvier et Valenciennes. L’A. (Gard). Il existe en assez grande quantité dans les
de Commerson, ainsi nommé parce que ce natura- dunes sablonneuses qui bordent le rivage de la mer
liste l’observa le premier, est l’espèce type. Il at- Baltique, entre Kœnigsberg etMémel; le mouve-
teint jusqu’à 20 centim. de longueur; son dos est ment des eaux en dépose beaucoup sur la côte. Il
d’un vert brunâtre, quelquefois pointillé de noir ; parait provenir d’une espèce de conifères antédilu-
une bande argentée se fait remarquer sur les deux viens, dont on ne rencontre plus que les graines
côtés du coi ps, depuis l’ouverture des ouïes jusqu’à et les cônes; il était primitivement fluide, comme
la queue. Sa chair est très-estimée. On trouve ce le prouvent les insectes et les brins de plante qu’il
poisson en abondance dans les mers de l’Inde et contient quelquefois. Les poètes anciens supposaient
sur les côtes de l’île Bourbon ; on le conserve dans que les grains d’ambre provenaient des larmes de.s
la saumure comme les anchois. sœurs de Phaéthon. —
L’ambre entre dans la com-
AMBE (du latin ambo, deux), combinaison de position du vernis gras et sert à fabriquer de petits
deux numéros pris ensemble à la loterie, et qui objets d’ornement, colliers, chapelets, etc. L’ambre
sont sortis ensemble. L’ambe simple pioduisait 270 jaune {électron, en grec) devient électrique par le
fois la mise, et l’ambe déterminé 5,100 ambe dé-
: frottement ; c’est de son nom grec qu’est dérivé le
terminé se disait de deux numéros sortant dans mot d’électricité. 11 est antispasmodique et excitant.
l’ordre indiqué par le joueur. —
Ambe se dit aussi AMBRE GRIS, substaiice grasse, aromatique, qui
nu loto de deux numéros gagnants placés sur la donne un parfum analogue au musc. Elle pio-
même ligne horizontale. vient de certains cachalots, notamment le Phy-
AMBIDEXTRE (du latin ambo, deux, et dextera, seler macrocephalus et parait être une concrétion
xnain droite), qui se sert inditl'éremment, et avec formée dans les intestins ou dans l’estomac de ce
la même adresse, de la main droite et de la main cétacé. On la trouve ordinairement en petits mor-
gauche. Tous les mammifères munis de mains sont ceaux, quelquefois aussi en masses d’un volume
ambidextres ; ce n’est que par l’effet de l’éducation assez considérable, flottant à la surface de la mer.
,

AMBK — 49 - AME
aux environs de Madagascar, de la cûle de Coro- loges parle spadix qui est plan, contient d’un côté
mandel , des lies Moluques et du Japon. Elle est une seule fleur femelle sessile, de l’autre 8 étamines
plus légère que l’eau et d’un gris cendré ; elle se disposées sur deux rangées. Ce genre ne se compose
ramollit par la chaleur et fond comme la cire. Elle que d’une seule espèce, VA. de Bassi (botaniste
se compose en grande partie d’un corps gras parti- bolonais), petite plante vivace qui croit en Sicile.
culier, appelé ambréine, vanté jadis comme aphro- AMBULANCE [d’ambulare, marcher, se dépla-
disiaque et antispasmodique. L’ambre gris n’est cer), espèce d’hôpital militaire attaché à un corps
plus guère employé que dans la parfumerie. d’armée en campagne, et qui peut se transporter
On nomme ambre blanc une variété de l’ambre en tout lieu. Une ambulance peut être établie dans
jaune ,
moins colorée ; —
ambre noir, le jayet. un bâtiment particulier au voisinage du champ de
AMBRÉINE , matière d’un blanc brillant , insi- bataille, ou sous une tente, ou même en pleine
pide , presque inodore, fusible à 30», se volatilisant campagne, derrière les rangs de l’armée. On y
au-dessus de 100». L’eau ne la dissout pas. Ella place les soldats malades ou blessés. Le service de
s’obtient en traitant l’ambre gris par l’alcool; la l’ambulance se compose de chirurgiens qui pansent
connaissance en est due à MM. Pelletier et Caventou. ou opèrent les blessés, et d’infirmiers militaires or-
AMBRÉIQUE (acide), acide obtenu par l’action ganisés en compagnies d’ambulance, qui relèvent
de l’acide nitrique sur l’ambréine. 11 est jaune en les blessés et les soignent. On distingue : A. vo-
masse, blanc quand il est divisé. 11 fond au-dessus lantes, placées près du lieu du combat et dont les
de 100», renferme de l’azote, mais ne donne pas d’am- membres vont quelquefois chercher les blessés au
moniaque dans sa décomposition; il est peu soluble milieu même du feu, et A. de réserve, qui res-
dans l’eau froide, et se dissout dans l’alcool et l’éther. tent sur le derrière et forment des hôpitaux tempo-
AMBRETTE {A’arnbre), Succinea, espèce odo- raires. —Ce n’est guère que depuis Henri IV qu’on
,

rante du genre Ketmie, de la famille des Malva- a songé à établir un service de ce genre ; mais il n’a
cées. C’est un arbrisseau originaire de l’Asie et de été vraiment constitué que pendant les grandes guer-
l’Amérique, haut de plus d’un mètre, à feuilles res de la République et de l’Empire. C’est à Percy
palmées à 5 ou 7 divisions pointues et dentées ; ses et à Larrey qu’il doit le plus : ce dernier institua les
îleurs, portées sur un pédoncule assez long, sont de ambulances volantes en 1793, à l’armée du Rhin.
couleur jaune soufre; ses graines, petites, réni- AME (des mots anima animus) , en grec psyché,
,

formes, exhadent une odeur marquée d’ambre et principe de la vie et de la pensée, substance conçue
de musc : elles servent dans la parfumerie , et sont comme immatérielle, et qui, jointe au corps, con-
employées pour la fabrication du parfum dit poudre stitue l’homme. Elle est l’objet d’une science parti-
de Chypre. Ces graines, nommées aussi abelmosch culière, la Psychologie Voy. ce mot).
(

(graine de musc), furent longtemps en usage pour Immatérialité de l’âme. On prouve que l’âme
parfumer la poudre à blanchir les cheveux. est immatérielle en s’appuyant sur ce principe :
On nomme poire d’ambrette une petite poire qui Que des propriétés différentes supposent des sub-
a un goût d’ambre. stances distinctes; or, l’observation nous fait décou-
Le nom A'ambreüe a aussi été donné à un genre vrir dans la nature deux ordres de propriétés
de Mollusques gastéropodes voisin des Hélices, qui essentiellement différentes : d’un côté, l’étendue,
a une coquille ovale, allongée; on en trouve sur la solidité , la figure , la pesanteur, etc. ; de l’autre,
les bords du Rhin et aux environs de Paris. chez certains êtres, le sentiment, la pensée, la vie;
AMBROISIE (du grec ambrotos, immortel), nour- donc, il existe deux sortes de substances dans les-
riture des dieux, qui, selon la Fable, rendait im- quelles résident ces propriétés ; le corps ou la ma-
mortels ceux qui en mangeaient. Elle était neuf tière, Vâme ou V esprit. Bien plus, on reconnaît
fois plus douce que le miel , et exhalait une odeur que plusieurs de ces propriétés sont non-seulement
,
suave. L’essence nous en est inconnue. Le plus distinctes, mais opposées, incompatibles; que tan-
grand nombre des auteurs en font un aliment so- dis que les corps sont inertes, esclaves de la fatalité,
lide, et l’opposent au nectar, qui était un breuvage. l’homme se sent actif et libre; que tandis que le
AMBROISIE, Ambrosia, genre de la famille des Co- corps est composé d’un amas de molécules qui se
rymbifères, a pour caractères ; fleurs monoïques, séparent , qui se renouvellent perpétuellement
corolles très-courtes, 1 style, 2 stigmates ; fruits re- l’homme sent en lui quelque chose qui reste un et
couverts par le calice. Ce genre renferme des herbes simple ou indivisible au milieu des sensations venues
ou des arbustes à feuilles alternes ou opposées et sou- des sources les plus diverses ; qui est identique, et qui
vent découpées. On en connaît cinq ou six espèces, persiste à travers toutes les vicissitudes de l’organisme;
toutes propres à l’Amérique, à l’exception d’une d’où l’on conclut que l’âme est essentiellement dis-
seule qui croît sur le bord de la mer dans les pays tincte du corps et ne saurait être confondue avec lui.
du midi de l’Europe; c’est VA. maritime, herbe L’immatérialité de l’âme sert à démontrer son
haute d’un demi-mètre, à racine fibreuse, à feuilles immortalité. Voy. ce mot.
ti ès-découpées
,
soyeuses , blanchâtres ; odeur aro- L’âme fut d’abord conçue sous la forme d’un
matique, saveur un peu amère. Elle est regardée souffle (anémos, anima], d’une flamme, en un
comme stomachique et résolutive; on en fait des mot , d’une substance plus subtile que le corps.
infusions dans l’eau, le vin, etc. Pythagore et Anaxagore paraissent être les pre-
AMBROISIE ANSÉRiNE, Chenopodium ambrosioides, miers qui aient formulé philosophiquement la dis-
plante potagère du genre Chénopode, que l’on dit ori- tinction de l’âme et du corps ; recueilli par Platon
ginaire du Mexique, quoiqu’elle se trouve naturelle- et par Aristote, le dogme de la spiritualité a été
ment en France , est annuelle, rameuse , garnie de pour ainsi dire constitué et établi sur des bases so-
feuilles d’un beau vert , de fleurs blanchâtres , dispo- lides par les Néoplatoniciens; adopté par les Pères
sées en petites grappes, qui s’épanouissent en juin et de l'Eglise, il entra dans l’enseignement officiel des
durent jusqu’en octobre. Elle répand une odeur aro- Scolastiques. Descartes plaça l’essence de l’âme dans
matique et agréable. On la cultive en pleine terre et la pensée, comme celle du corps dans l’étendue;
dans les jardins. On a pris quelque temps ses feuilles Leibnitz, sortant de l’abstraction , dans laquelle était
en infusion sous le nom vulgaire de thé du Mexique. resté Descartes, donna pour substratum à iapensée la
AMBROSINIEES, tribu de la famille des Aroidées, monade, être simple, essentiellement actif et sensible.
renferme les deux genres Ambrosinie et Crypto- Non contents de distinguer l’âme du corps, les
coryne. Le premier de ces genres est curieux à cause philosophes se sont demandé : 1» comment l’âme
de sa spathe roulée, presque close, et terminée par communique avec le corps ; 2» où elle réside ;
une longue pointe. Cette spathe , partagée en deux 3» quand elle s’est unie au corps; 4» c« qu’elle devient

A
, , ,

AME 50 — AMEN
à la mort; 5» si l’àme est propre à l’iionime , si les ditions diverses dans lesquelles ils se trouvent placés.
animaux, si le monde même n’ont pas aussi une àme. Les principaux auteurs à consulter sur \’Âme
Sur le !<"' point, quatre réponses ont été faites : sont : Platon (Phédon, Alcibiade), Aristote (De
selon les uns , l’àme et le corps agissent physique- Anima), Plotin (Ennéades) Nemesius (De Natura
ment l’un sur l’autre {influx phÿsique), ce qui est hominis). Descartes (Méditations), Wolf (Psycho-
ou ne rien expliquer ou tomber dans une contra- logie). Astruc (Immatérialité et immortalité de
diction en assimilant' l’àme au corps; selon d’au- l’Ame), Bonnet (Essai analytique sur les facultés
tres , les deux substances ne peuvent agir l’une sur de Pâme\, A. Baxter (Recherches sur la nature de
l'autre, maisil existe entre elles un médiateur, que l’âme), Collins (Essais sur la nature et la desti-
Cudworth nomme médiateur plastique et dont U nation de Pâme), La Luzerne (Dissertation sur la
fait un être d’une nature particulière, tandis que spiritualité de l’âme).
Descartes et êlalebrauche le trouvent dans Dieu AME (Musique). L’âme du violon et des autres
même [assistance divine) ; selon Leibnitz, il n’y a instruments à cordes est un petit cylindre de bois
ni action réciproque , ni médiateur ; mais l’âme et qui se pose debout entre la table supérieure et le
le corps, comme deux horloges bien réglées qui fond de l’instrument, dans le double but de main-
marcheraient d’accord, se développent parallèlement tenir la distance respective des parties et d’établir
en vertu de leur nature propre et de l’impulsion entre elles des vibrations uniformes.
qu’ils ont reçue une fois pour toutes du Créa- AMEN, mot hébreu qui signifie ainsi soit-il,
teur qui les a accouplées (harmonie préétablie). terminait toutes les prières chez les Juifs. Au com-
Sur le 2' point, les uns, distinguant plusieurs mencement d’une phrase (Amen dico vobis) il
âmes, ont, avec Platon, assigné à chacune un siège signifiait en vérité, certai«e?ne?d. Aujourd’hui, les
particulier à l’âme raisonnable, le cer>jeau; à l’âme
•.
Chrétiens et les Mahométans disent aussi amen à
irascible, la poitrine; à l’âme concupiscible, le bas- la fin de leurs prières. Ce mot a même passé chez
ventre; les autres lui ont donné un siège unique, nous dans le style familier, et s’emploie dans les
soit le cerveau tout entier, soit une partie du cer- locutions suivantes : Depuis Pater jusqu’à Amen;
veau, la glande pinéale (Descartes), le corps cal- dire Amen à tout ce qu’on dit, etc.
leux (la Peyronie), le cervelet, etc.; d’autres enfin AMENAGEMENT, art qui consiste à diviser une
la disent répandue dans tout le corps et amalgamée forêt en coupes successives et à régler l’étendue et
avec chacune de ses parties (Plolin). l’âge des coupes annuelles. Cet art n’a commencé
Sur le 3« point, Platon, Origène, etc., ont pensé à attirer l’atlenlioii qu’au dernier siècle, et a été
que les âmes existaient antérieurement, et que Dieu l’objet des travaux de Buffon, Duhamel, Béaumur,
unit une âme à un corps au moment de la nais- Rozier, Varenne de Feuille, Pertuis, etc., dont
sance, taudis que la plupart des théologiens ensei- les recherches ont été ésumées par Baudrülart, dans
l

gnent que Dieu crée une nouvelle âme pour chaque son Dictionnaire des Forêts.
nouveau corps; quelques-uns, approuvés en cela AMENDE (du latin menda, faute), peine pécu-
par Leibnitz, croient que toutes les âmes ont existé niaire imposée par la loi, ou laissée à l’arbitraire du
en germe dans le premier homme et qu’elles se juge, pour punir une faute légère, le plus souvent
propagent, comme les corps, par la génération. une simple contravention aux règlements de police.
Sur le 4° point, quelipies philosophes , les disci- Tantôt l’amende est une peine principale et isolée,
ples de Leucippe, de Démocrite et d’Epicure chez tantôt c’est une peine accessoire en tout cas, elle
:

les anciens, les matérialistes, tels que d’Holbach, ne pi oCte jamais qu’au fisc. —On retrouve les traces
Lamettrie, Broussais, chez les modernes, croient que de cette peine dans toutes les législations ; au moyen
l’àme meurt avec le corps , ou plutôt ils ne la dis- âge on l’admettait pour les crimes les plus graves,
tinguent pas du corps; mais la plupart des philo- même pour le meurtre, lorsque le coupable était
sophes, d’accord en cela avec les diverses religions, noble ou seigneur; chez les Francs, on appelait
ont admis qu’apros la mort, l’âme avait une vie nou- wehrgeld ou composition la somme payée dans ce
velle dans laquelle elle était récompensée ou punie cas à la famille de l’offens'é , et frède ou gage de
selon ses œuvres, laissant d’ailleurs aux religions paix, la part que le fisc prélevait sur cette somme.
positives le soin do décrire le genre des peines et — Faire amende honorable, c’était autrefois aller
des récompenses. Pythagore, allant plus loin, pré- nu , en chemise, la torche à la main, et la corde au
tendit que les âmes animaient successivement plu- cou, demander pardon à Dieu et au roi, à la porte
sieurs corps (Métempsycose). d’une église ou ailleurs , d’un crime quelconque.
Sur le dernier point, les anciens, d’après Ari- Aujoui d’hui c’est demander pardon d’une offense à
stote, accordaient aux animaux une âme sensitive quelqu’un , lui faire réparation.
et donnaient même aux plantes une Û7ne végéta- AMENDEMENT (du latin amendare, corriger). On
tive, réservant pour l’homme Vâme rationnelle nomme ainsi en Agriculture les matériaux et les
qui s’unit en lui aux deux autres; Descartes refuse opérations qui ont pour but d’accroître la faculté
toute âme aux bêtes et en fait de pures machines; végétative d’un sol , et d’en modifier la nature par
Condillac restitue une àme aux bêtes et leur accorde l'addition de substances étrangères qui lui man-
des facultés analogues aux nôtres, mais inférieures quaient. L’art des amendements doit être appliqué
et proportionnées à leur organisation. —
Enfin , la en raison combinée de la nature du sol et de celle
Inpart des philosophes anciens, Timée, Platon, des végétaux que l’on veut obtenir. Les principaux
énon, Plotin et ses disciples donnent au Monde amendements sont l’argile pour un sol_ sableux ;
une âme, que les uns distinguent de Dieu, que les le sable pour un sol argileux; les marnes, la
autres confondent avec lui ; on peut rapporter à craie concassée, le plâtre, le sel marin, le nitre,
cette dernière classe les panthéistes modernes, Va- les cendres, qui agissent surtout comme stimu-
nini, Spinosa, Schelling, etc. lants de la végétation. On étend quelquefois ,
Sur toutes ces questions, le plus sage serait peut- mais à tort, le nom d’amendements aux engrais.
être de dire qu’elles sont hors de notre portée. L’art des amendements ne date guère que du der-
Toutefois, on lèverait une partie des ditficultés re- nier siècle; il a fait en grande partie la prospérité
latives aux rapports de l'âme et du corps, si , au lieu agricole de l’Angleterre et de la Belgique ; il est
d’établir un antagonisme absolu entre les deux sub- encore trop négligé en France. Franklin, au xviii« siè-
stances, on admettait, avec Leibnitz, que toutes cle, et de nos jours MM. de Dombasle, Boussingaull
deux procèdent de monades, éléments simples, et Gasparin, ont beaucoup contribué à le mettre en
ayant en puissance la vie et le mouvement , et qui honneur. La Maison rustique du xix» siècle (vol. I,
se produisent sous différentes formes, suivant les con- ch. 3) donne, sur ce sujet, de précieuses directions.
, , , , , ,

AMIA — 51 — AMID
nomme amendements les modi- montagne. L’amiante se compose de silicate de ma-
En Politique, on
flcations apportées à une loi lors de sa discussion gnésie, souvent hydraté, en proportions qui le rap-
publique dans les
,

chambres ou assemblées délibé- prochent de l’amphibole et du pyroxène. —


Les an-
rantes. Les amendements doivent être imprimés et ciens regardaient l’amiante comme une espèce de lin
distribués avant d’être discutés. produit par une plante des Indes : ils en faisaient
AMEN'T AGEES, famille de plantes qui, dans la des nappes et des serviettes qu’on jetait au feu pour
classification de L. de Jussieu, comprend un grand les blanchir; des mèches de lampe qui brûlaient dans
nombre de genres , remarquables par la forme de l’huile sans se consumer; des linceuls pour les cada-
leurs fleurs disposées en chatons (amentum ). Les vres , afin de pouvoir recueillir leurs cendres sans
ormes, les bouleaux, les peupliers , les saules, les qu’elles se mêlassent à celles du bûcher. Les alchi-
chênes et les châtaigniers en font partie. Les Ameii- mistes l’appelaient lin vif ou laine de salamandre,
tacées de L. de Jussieu forment aujourd’hui 7 fa- parce que, suivant eux, la salamandre était à l’é-
milles : les Ulmacées, les Cupulif'ères les Bétu- preuve du feu. L’art de filer l’amiante a été retrouvé
lacées les Saticinées, les Myricées, les Juglan- de nos jours en Italie on en fait du papier et de la
:

de'es, les Platames, et comprennent les plus beaux dentelle incombustibles; M. Aldini en a fait des vête-
arbres de nos forêts et quelques arbustes , comme ments servant à préserver les pompiers des premières
le coudrier et l’aune. atteintes du feu; on emploie aussi l’amiante pour
AMER, nom vulgaire de la vésicule du fiel. retenir l’acide sulfUrique dans les briquets oxygénés.
AMERS , médicaments caractérisés par la savepr — Cette substance, autrefois très-rare et très-chère,
toute spéciale que rappelle ce nom : tels sont le quin- est aujourd’hui très-commune on la trouve dans les
;

quina, le quassia, la gentiane, le café, la petite Hautes-Alpes, dans les Pyrénées (près de Barèges),
centaurée , la camomille, le scordium, la rhubarbe, en Écosse, en Corse, et dans la Tarantaise en Savoie ;
l’écorce d’orange, la fève saint-Ignace, où l’amer- c’est de ce dernier pays qu'on tire l’amiante dont
tume est plus ou moins forte. On retrouve ce goût les filaments sont les plus longs et les plus soyeux.
dans des familles entières, les Labiées, les Corym- AMICT (du latin amictus, vêtement), linge bénit,
bifères, les Laurinées , où il est associé à divers de forme carrée , que les ecclésiastiques se mettent
principes aromatiques. Les amers ont des vertus sur les épaules avant de revêtir l’aube, et après
médicales précieuses : ils sont stomachiques , fébri- l’avoir un instant placé sur la tête. Le diacre , le
fuges, anthelmiutiques, emménagogues ; on leur sous-diacre et les induts portent aussi l’amict quand
attribue même la propriété de combattre la goutte : ils servent à l’autel. Cet ornement est considéré

la poudre du duc de Portland, longtemps recomman- comme le symbole de la retenue que doivent garder
dée contre la goutte , n’est qu'un composé d’amers. ceux qui le portent.
AMÉTHYSTE (du grec ame'thystès formé de a ,\MIDES (formé d’am, première syllabe d'ammo-
privatif, et mélkè ivresse, parce que les anciens niaque, et de la terminaison ide), classe décomposés
attribuaient à cette pierre la propriété de préserver qui diffèrent des sels ammoniacaux par l’absence des
de l’ivresse ) , pierre précieuse de couleur violette éléments de l’eau, et qui sont capables de se conver-
est un quartz transparent, coloré par de l’oxyde de tir en ces sels en s’assimilant les éléments de l’eau.
manganèse; elle s’emploie dans la bijouterie. Les La chimie organique surtout est riche en amides. A
plus belles améthystes viennent des Indes, des As- chaque amide correspond un acide ; aussi désigne-
turies, du Brésil, de la Sibérie; on en trouve aussi t-on les amides par les noms de leurs acides : amide
en France et en Allemagne. La couleur violette de phosphorique ou phosphamide, amide oxalique
cette pierre l’a fait adopter pour orner l’anneau pas- ou oxamide, etc. Ces corps ont une grande impor-
toral des évêques, ce qui l’a fait nommer pierre d'é- tance théorique : MM. Laurent et Gerhardt ont fait
vêque . —
L’A. orientale est une variété de corindon. connaître les lois de leur composition. La première
AMETHYSTÉE , plante annuelle de la famille amide a été découverte eu 1830 par M. Dumas, en
des Labiées , ainsi nommée de la ressemblance de distillant de l’oxalate d’ammoniaque. Le résidu ob-
sa couleur avec celle de l’améthyste , est haute de tenu était représenté par C’0*,N*H% composé qui
30 centimètres. Elle est originaire de la Sibérie ; on ne diffère de l’oxalate employé que par l’absence
la cultive dans nos jardins. Sa tige porte des feuilles de deux atomes d’eau.
opposées et d’un vert tendre. Ses fleurs, petites, do AMIDINE , substance opaque ou demi-transpa-
couleur bleu-violet, sont disposées trois par trois, rente, de couleur blanche ou jaunâtre, très-friable,
et répandent une odeur suave. inodore , insipide , soluble dans l’eau bouillante
AMEUBLISSEMENT (de meuble). Lorsque les insoluble dans l’alcool , que l’on obtient en aban-
époux font entrer en communauté tout ou partie donnant à lui-même l’empois d’amidon, à la tem-
de leurs immeubles présents ou futurs, les assimi- pérature ordinaire, avec ou sans le contact de l’air.
lant par fiction à des meubles , cette clause s’ap- AMIDON (par corruption du grec amylon, dérivé
pelle, en Droit, ameublissement {Voy. sur ce sujet lui- même d’a privatif, et mylé, meule, c’est-à-
les art. 1505 et suiv. du Gode civil). dire farine faite sans le secours delà meule), poudre
En Agriculture, on appelle ameublissement le blanche et sans saveur, formée de granules sphé-
travail qui consiste à t’endre une terre plus meuble, roïdes , ovoïdes ou plus ou moins allongés , qu’on
plus légère on y réussit par de fréquents binages,
: extrait de diverses plantes, tellesque les céréales et au-
qui, en même temps qu’ils enlèvent les herbes nui- tres graminées, les semences des légumineuses (fèves,
sibles facilitent l’action des rosées et des eaux
,
haricots , pois , lentilles) , les racines ou tubercules
pluviales. charnus de la pomme de terre, du topinambour,
AMIANTE (du grec amiantos, incorruptible), du manioc , les tiges des palmiers, plusieurs espèces
substance minérale, tantôt verte ou grisâtre, tantôt de lichens, les racines d’aunée, de dahlia, les bulbes
blanche , qu’on rencontre en masses fibreuses ou du lis, les fruits du chêne, du marronnier d’Inde,
feutrées, souples et soyeuses, se trouve particuliè- du châtaignier, etc. On donne particulièrement le
rement dans les fissures des dépôts de serpentine. nom d’amidon à l’amidon des céréales ; on appelle
L’amiante semble s’enflammer au feu , mais ne su- fécule l’amidon extrait de la pomme de terre.
b.t point de détérioration ; celte propriété et sa — Le plus ancien procédé pour extraire l’amidon
structure filamenteuse lui ont fait donner par Haiiy consiste à altérer profondément les farines par une
le nom iVasbesIe flexible, par opposition à l’as- longue fermentation; le gluten devient ainsi solu-
beste proprement dite , dont les fibres sont plus ble , et l’un peut alors en séparer facilement l’ami-
roides : on la désigne aussi sous les noms de papier don. D’après un procédé préférable dû à M. E. Martin,
fossile, liège fossile, cuir fossile, bois et carton de de Vervins, on fait une pâte de la matière d’où
4.
,,,
, ,, , , , , , ,

AMIR -- 52 — AMMO
l’ou veut extraire l’amidon ,
soumet cette
et l’on veu , le duc d’Angouiâme. Après 1830, le titre pu-
pâte à un lavage continu sur un tamis en toile mé- rement honorifique de grand amiral disparut; mais
lallique : on obtient, d’une part, dans le liquide, Louis-Philippe créa trois titres d’amiraux ; une loi
l’amidon en suspension et la matière sucrée dis- du 17 juin 1841 maintint ce nombre pour les temps
soute; de l'autre, sur le tamis, le gluten sans al- de guerre, mais le réduisit à deux en temps de
tération. L’extraction de la fécule de la pomme de paix. Les amiraux furent assimilés aux maréchaux
terre se fait par le même procédé, après que les de France , et ne purent être pris que parmi les
tubercules ont été réduits en pulpe très-fine. On hauts officiers de la marine. Ils ont sous leurs or-
trouve dans le commerce plusieurs espèces de fécules dres des vice-amiraux et des contre-amiraux, qui,
connues sous lesnoms dearrow-root, tapioka, sagou, dans l’usage, sont tous salués du titre d’awtrat
qui ne sont que diverses formesde l’amidon. Àl'étatde [Voy. ces mots). — Le vaisseau monté par un ami-
pureté, l’amidon, quelle qu’en soit l’origine, est ral est dit vaisseau amiral. En outre, il y a dans
partout identique, et ne constitue qu’une seule es- chaque grand port un vaisseau dit Vamiral sur
pèce chimique. — L’amidon renferme du carbone lequel flotte le pavillon du préfet maritime ; il sert
de l’hydrogène et de l’oxygène dans les rapports de corps de garde principal , et est affecté à la po-
il est insoluble dans l’eau froide; l’eau lice du port ; on y passe les revues.
chaude le convertit en une matière collante et mu- En Conchyliologie, on nomme amiral une co-
cilagineuse, appelée vulgairement empois. quille univalve du genre Cône, qui se trouve sur
L’amidon se colore en bleu par une solution les côtes de la mer des Indes, le Conus ammiralit
d’iode. La sensibilité de l’amidon comme réactif de Linné. Ce coquillage est très-beau et très -re-
de l’iode est telle qu’on peut reconnaître dans un cherché.
liquide, au moyen d’une solution aqueuse d’amidon, AMIRAUTÉ. C’était autrefois une cour conten-
jusqu’à 1/550,000 d’iode libre. Sous l’influence des tieuse ayant une juridiction spéciale , distincte des
acides faibles, aidés de la chaleur, l’amidon se con- tribunaux judiciaires. On y rendait la justice sur
vertit d’abord en une matière gommeuse, diterfeaj- les faits et les contestations de la marine et du com-
trine, puis en une matière sucrée appelée glucose ou merce, sous le nom et l’autorité de l’amiral. L’ami-
sucre de fécule. La même transformation s’effectue rauté avait dans tous les ports du royaume des sièges
parl’actioude \a.diastase{Voy. ceniot) coiitenuedans et des bureaux. Le chef des officiers de chaque sié^ge
l’orge germée. Ces transformations donnent à l’ami- prenait le nom de lieutenant de l’amirauté. —
don une grande importance dans plusieurs arts in- Napoléon avait créé en 1810 un Conseil de marine;
dustriels , entre autres dans la fabrication de l’eau- supprimé en 1814, ce conseil fut rétabli en 1824
de-vie dite eau-de-vie de pommes de terre. sous le nom de Conseil d’amirauté, pour régler
La fécule offre un aliment abondant, assez nour- tout ce qui concerne la marine. D fut réorganisé
I issant et facile à composer :sa fadeur naturelle en par mie ordonnance du 26 août 1830, qui fixa le
fait l’excipient approprié d’une foule de matièies nombre de ses membres à sept ; un amiral, vice-
d’assaisonnement. Dans les fabriques d’indiennes président , deux vice-amiraux, deux contre-amiraux
l’amidon de blé est employé pour épaissir les mor- (un de ces derniers est directeur du personnel de la
dants, auxquels il donne plus de consistance que la marine) , un officier supérieur du génie maritime
gomme. L’apprêt qu’on donne aux toiles de lin , de directeur des ports, un commissaire général, direc-
chanvre et de coton, pour leur communiquer du teur des fonds et des soldes de retraite ; il est pré-
lustre et une certaine fermeté, est souvent fait avec sidé par le ministre de la marine. Ce conseil a été
de l’empois de fécule. Autrefois on consommait une reconstitué par décret du 16 janvier 1850. — En
énorme quantité d’amidon pour poudrer les che- Angleterre, l’Amirauté, composée de plusieurs
veux. Les confiseurs en font un usage journalier commissaires appelés lords de F Amirauté a la
pour la composition des dragées. En Médecine , on direction suprême de tout ce qui concerne la ma-
emploie l’amidon comme adoucissant; on le donne rine, et possède les attributions judiciaires de l’an-
en lavement dans les diarrhées. cienne amirauté de France.
AMIE [d’amis, nom de la Pélamide chez les Grecs), AMMI ( mot tiré du nom grec d’une plante incer-
genre de poissons de la famille des Scombéro'ides taine) , plante herbacée de lafamille des Ombellifères,
a pour type le Scombre pelamys ou Pelamys sarde originaire du Levant. 11 y en a plusieurs espèces ; on
des ichthyologistes modernes. Aujourd’hui ce pois- distingue VA. majus dont les semences aromati-
son se trouve surtout en Amérique, dans les ri- ques, très-chaudes, sont analogues au cumin; VA.
vières de la Caroline. visnaga dit herbe aux cure-dents parce que les
AMILACË, nom donné aux corps ou substances rayons de ses ombelles servent aux 'Turcs à faire des
qui ont par leurs propriétés générales du rapport brosses à dents qu’on expédie pour Marseille.
avec l’amidon. On a nommé fécule amilacée toute AMMINÉES, tribu des Ombellifères, section des
poudre végétale blanche qui ressemble à l’amidon. Orthospermées , renfermant les genres Ammi. Ci-
AMIRAJL ( de l’arabe émir al ma, chef de l’eau cuta, Zizia, Apium, Petroselinum Ægopodium,
.

commandant de mer), général en chef de la flotte. Carum, Pimpinella, Sium,Sison, Buplevrum, etc.
Ce titre, emprunté à la marine arabe , parait avoir AMMOCOETE ( du grec ammos sable , et koité,
d’abord été adopté par les Siciliens et les Génois. gîte) , genre de poissons établi par Duméril , de la
Saint Louis est le premier qui ait introduit cette famille des Cyclostomes, assez ressemblant aux an-
dignité en France ; il fit de l’amiral une des grandes guilles et aux lamproies. L’A. lamproyon, lam-
dignités de la couronne, et lui confia l’administra- prillon est long d’environ 20 centim. et gros
tion de la marine ; il investit de cette charge , en comme un fort tuyau de plume. Son dos est ver-
1270, Florent de Varennes. Charles lY créa, en dâtre et le dessous de son corps blanc. U s’enfonce
1322, un grand amiral, avec de nouvelles préro- dans le sable , et vit de petits poissons. L’A,
gatives. RicheÜeu , redoutant l’influence que cette rouge est d’un rouge de sang plus foncé sur le
,

haute dignité pouvait donner à celui qui eu était dos que sous le ventre. On trouve ces poissons à
revêtu , la supprima en 1627. Louis XIV la rétablit l’embouchure de la Seine. A Rouen, on mange la
en 1669, mais en diminuant les prérogatives de ce première espèce, et toutes deux servent d’appât
grand ofllcier de la couronne. Supprimé de nouveau pour la pêche.
en 1791 par l’Assemblée nationale, le titre de grand AMMODYTE (c’est-à-dire, en grec, qui habite
amiral fut nominalement rétabli en 1806 par Na- dans le sable). Voy. éqüille.
poléon, qui le conféra à son beau-frère Murat ; il fut AMMON (corne d’), nom vulgaire de l’Ammonite
maintenu par Louis XYlll, qui le donna à son ne- [Voy. ce nom). — En Anatomie, on appelle Cornes
, , , ,,

AMMO — 53 — AMNI
dTAmmon deux sailliesmédullaires recourbées en les fosses d’aisances, dans les cimetières, dans les
forme de corne, et allant,dans le cerveau, du corps charniers remplis d’immondices. Elle fournit à la
calleux à la partie inférieure des ventricules latéraux. végétation l’azote nécessaire à la formation d’i*n
AMMONÉES. Voy. ammonidées. grand nombre de composés.
(sel), ainsi nommé à Ammonium Les alchimistes ne connaissaient l’ammoniaque
'
AMMONIAC
oasis de l’ancienne Libye d’où on tirait ce sel, qu’en dissolution dans l’eau; Priestley le premier
dit aussi Chlorhydrate ou Hydrochlorate d’am- l’a isolée à l’état de gaz. Les anciens Egyptiens

moniaque, Chlorure d’ammonium ; sel composé ainsi que les Arabes , savaient préparer le sel am-
d’acide chlorhydrique et d’ammoniaque ( HCl
NH’). Il estblanc, fibreux, se cassant avec diffi-
+ moniac, d’où l’ammoniaque s’extrait encore aujour-
d’hui. Voy. AMMONIAC (sel).
culté, fort soluble dans l’eau, d’une saveur fraîche, AMMONIDEES ou ammonées (du grec ammos, sa-
un peu piquante. On l’emploie, dans les arts, pour ble), famillede Coquilles qui se reconnaissent à leurs
l’étamage et la soudure, et dans les laboratoires cloisons sinueuses, découpées dans leur contour, se
pour la préparation de l’ammoniaque. —
On trouve réunissant entre elles contre la paroi intérieure de
le sel ammoniac dans les urines humaines et dans la coquille, et s’y articulant par des sutures décou-
la Dente des animaux qui mangent des herbes sa- pées. distingue Y Ammonite et la Baculite.
On y
lées, particulièrement dans celle des chameaux. ammonite, genre de la famille des Ammoni-
Les volcans , les houillères embrasées en fournissent dées , renferme des coquilles en forme de dis-
également. — De temps immémorial, on sut en ques en spirale, découpées dans leur contour, à
Égypte extraire le sel ammoniac de la fiente des cha- tours contigus et apparents , percées dans leur in-
meaux; dans ce pays, où les excréments servent térieur par une sorte de tube. Ces coquilles, qui
de combustibles, la suie qu’ils fournissent est chauffée atteignent souvent une grande dimension, ne sont
dans de grands matras en verre, et le sel ammoniac encore connues qu’à l’état fossile ; elles forment quel-
se condense alors sur les parois et s’y moule en quefois des chaînes de montagnes entières. Leur
quelque sorte ; de là la forme particulière des pains intérieur est orné de belles couleurs. Quelques-unes
du commerce. En France, le sel ammoniac et les sont converties en agates.On nomme vulgairement
autres combinaisons ammoniacales se préparent en l’Ammonite Corwe d’Ammon.
grand dans les fabriques, à l’aide de toute espèce AMMONIUM, nom donné par les chimistes à une
de matières animales azotées qu’on soumet à l’action combinaison hypothétique d’azote et d’hydrogène,
du feu dans des cylindres en fonte ; on distille ainsi dans les rapports de NH'*, et qui jouerait le rôle
de la corne, du vieux cuir, des chiffons de laine, de métal dans les sels ammoniacauix. Le chlorhy-
et l’on combine le produit avec les acides nécessaires. drate d’ammoniaque, par exemple, s’obtient par la
AMMONIAQUE, dit aussi Alcali volatil, Azo- combinaison directe de l’acide chlorhydrique (HCl)
ture d' hydrogène , Amidure d’ hydrogène , Oxyde et de l’ammoniaque (NH^); la théorie de l’ammo-
d’ammonium' combinaison d’azote et d’hydrogène nium fait de ce produit un chlorure d’ammonium
(NH®, 1 volume d’azote et 3 volumes d’hydrogène et suppose que l’hydrogène se serait détaché du
condensés à 2 volumes) , gaz incolore, d’une densité chlore de l’acide chlorhydrique pour se porter sur
de 0,596, d’une saveur âcre et caustique, d'une l’ammoniaque et produire ainsi le métal composé
odeur urineuse et pénétrante ; éteint les corps en ammonium, lequel se serait ensuite combiné avec
combustion, se liquéfie par un froid de —40", et se le chlore. Cette hypothèse, due à Ampère, fait
solidifie par l’action simultanée d’un grand froid et rentrer les combinaisons de l’ammoniaque dans la
d’une pression de plusieurs atmosphères. — L’eau théorie générale des sels , et explique pourquoi les
dissout jusqu’à 670 fois son volume de gaz ammo- sels ammoniacaux ont toujours la même forme que
niaque ; la solution , dite ammoniaque liquide, est les sels de potasse correspondants.
fréquemment employée dans les laboratoires de chi- AMMONIURES, composés résultant de la combi-
mie pour i'extraction et la décomposition d’une naison de l’ammoniaque avec les oxydes de certains
foule de sunstances; elle sert aux teinturiers pour métaux, comme l’or, l’argent, le mercure, le pla-
dissoudre ou pour nuancer certaines matières colo- tine. Ces composés, dont la préparation est fort
rantes,aux dégraisseurs pour nettoyer lesétoffes, etc. dangereuse, détonent avec violence par la percus-
Appliquée sur la peau , elle la rougit , et même si
,
sion, la chaleur ou le frottement. Un décigrammo
elle est concentrée, elle la brûle; aussi est-elle em- d’ammoniure de bi-oxyde d’or produit une explo-
ployée pour cautériser les morsures des serpents sion comparable à celle d’un pistolet.
venimeux et des chiens enragés, les piqûres des AMNÉSIE ( du grec a priv. , et mnésis mé-
guêpes et d’autres insectes. L’irritation produite par moire), perte de la mémoire, est considérée par
le gaz ammoniaque dans les membranes olfactives quelques auteurs comme une maladie particulière;
peut être utilisée pour rappeler à la vie des per- elle est le plus souvent le symptôme de quelque
sonnes asphyxiées ou tombées en syncope. —L’am-
moniaque sature les acides, et produit avec eux les
maladie cachée. Elle peut aussi être l’éffet de causes
apparentes, telles que blessures, épanchement do
sels ammoniacaux, dont les principaux sont le: sang ou de sérosité, inflammation. Elle offre toutes
chlorhydrate ou sel ammoniox, le carbonate le sortes de variétés, et peut être purement partielle;
nitrate, V acétate, le sulfate et \o phosphate. On on voit des personnes perdre la mémoire des dates,
reconnaît ces combinaisons en ce qu’elles dégagent des noms propres, même des noms communs, tout
de l’ammoniaque quand on les broie avec de la en conservant, du reste, l’intégrité de leurs facultés.
chaux. La dissolution d’ammoniaque ramène au AMNIOS (mot grec de même signification), mem-
bleu le tournesol rougi par les acides, verdit le sirop brane lisse, transparente, de nature séreuse, d’une
de violettes, et brunit le papier de curcuma. Lors- grande ténuité , qui sert d’enveloppe au fœtus dans
qu’on ajoute à un sel d’ammoniaque de la potasse le sein de la mère. Elle le recouvre directement et
ou de la chaux, l’ammoniaque est expulsée. Cette est couverte elle-même par une autre membrane
réaction s’utilise pour l’extraction de l’ammoniaque : nommée chorion. L’amnios exhale à l’intérieur un
on l’obtient, en effet, en chauffant ensemble parties fluide nommé les eaux de l’amnios, ou simple-
égales de chaux vive et de sel ammoniac. ment les eaux, au milieu duquel nage le fœtus
L’ammoniaque est la plus commune des combi- dans le sein de la mère. Ce fluide est limpide,
naisons azotées : elle se répand dans l’atmosphère jaunâtre ou blanchâtre et comme laiteux. Il sert à
par suite des décompositions qui s’accomplissent garantir le fœtus d’une compression douloureuse
sans cesse à la surface du globe dans les matières a modérer ou amortir les chocs extérieurs, et à
organiques ; elle .se développe en abondance dans préparer les voies à l’accouchement.
, ,

AMOK — 54 — AMPE
AMNISTIE (du grec anrnestia, oubli), pardon, Pour les fusils à silex , l’amorce est une portion de
r^ission d’une peine accordée à. celui qui s’est la charge de la cartouche que l’on verse dans le
rendu coupable d’un délit ou d’un crime. Comme bassinet. Pour les armes à percussion , c’est une
le droit de grâce, le droit d’amnistie appartient petite quantité de poudre fulminante , fixée dans le
ordinairement au souverain. En France, il était fond d’une capsule qui elle-même se place sur un
exercé par les rois, qui cependant y ont plusieurs petit cône percé, nommé la cheminée. Ces dernières
fois fait intervenir le pouvoir législatif. La Consti- amorces sont préférables, parce qu’elles permettent
tution de 1848 exigeait une loi spéciale. —
Presque de faire feu malgré le vent et la pluie, et augmen-
toujours après les révolutions on accorde des am- du départ.
tent la promptitude
nisties, parce que les lois ordinaires seraient inap- AMORPHA (du grec amorphes, difforme, à
plicables. Les plus célèbres amnisties sont : celle de cause de l’irrégularité, de la corolle), arbrisseau de
Tlirasybule, qui créa ce nom pour une loi qu’il fit la Caroline, de la famille des" Légumineuses, dont
rendi-e à Athènes, après l’expulsion des trentetyrans; les fleurs sont très-irrégulières, sa corolle man-
celle qui fut accordée par Charles IX en 1570 aux pro- quant d’ailes et de carène. Sa racine pelée guérit
testants, et qui n’en fut pas moins suivie de la Saint- les maux de dents. \JA. fruticosa se cultive dans
Barthélemy (1572); celle par laquelle Charles II, nos jardins. Ses feuilles, d’un vert noir, ses fleurs,
rétabli sur le trône d’Angleterre , accorda la grâce en long épi ponrpre et violet, sont d’un aspect
aux juges de son père; celle de 1802, qui rouvrit la agréable. On appelle cet arbrisseau Indigo bâtard,
France aux émigrés; celle par laquelle Louis XVIII quoiqu’il ressemble peu à l’indigotier, et qu’il n’ait
pardonna à ceux qui avaient pris part au retour pas sa vertu colorante. C’est un arbre d’agrément.
de Napoléon (1816), mais en faisant de nombreuses AMORPHE (du grec amorphos, sans forme), épi-
exceptions. Louis-Philippe en accorda une à tous thète donnée aux minéraux dont la cristallisation est
les condamnés politiques en 1837 à l’occasion du confuse, et, en général, à toutes les substances, ou
mariage de son fils, le duc d’Orléans. parties, dont la forme est mal déterminée.
AMODIATION (du latin ad modium, au bois- AMORTISSEMENT {A’amortir, annuler). On
seau), bail à ferme d’une terre au moyen du par- nomme ainsi aujourd’hui l’extinction graduelle de
tage des produits dans une proportion stipulée en- la dette publique au moyen de fonds consacrés au
tre le propriétaire et le fermier (dit en ce cas colon rachat des rentes. La première idée de cette institu-
partiah'e). On dit amodier une terre pour l’aller- tion appartient aux États de Hollande , qui la fondè-
mer eu grain ou eu argent. Voy. sur ce genre de bail rent en 1655. Des institutions analogues furent adop-
le Cod. civ., art. 1763, 1827 et suiv. tées successivement par le pape Innocent VI ,
par
AMOME, Amomum (du grec amomon, nom d’une l’Angleterre, sur la proposition de Robert Walpole :

plante odoriférante de l’Inde), genre de la famille Pitt la réorganisa d’après les calculs du D' Price.
des Amomées, renferme des herbes aromatiques, En F rance, M. de Machault avait proposé dès 1743
originaires des pays chauds, à racines épaisses, à le projet d’une Caisse d’amortissement : ce projet
feuilles entières, lancéolées, engainantes, à fleurs ne fut mis à exécution qu’en 1764, mais sans suc-
en épi ou en petite grappe terminale; calice trilide, cès; réorganisée en 1784, cette institution fut aban-
corolle à 4 divisions, 1 étamine â filet plane, et tri- donnée dès 1788 ; rétablie en 1799, elle fonctionna
lobé au sommet. On emploie les graines de ces avec succès sous l’Empire ; elle a été reconstituée par
plantes comme épices et coir.me assaisonnements, les lois de finances de 1816 et 1817 et dotée d’un
dans les ragoûts indiens; quelques espèces servent revenu annuel. La révolution de 1848 est venue
â des usages médicinaux. Chez les anciens, ce genre suspendre son action. Les financiers ne sont pas d’ac-
de plantes jouissait d’une grande réputation. Les cord sur l’eflicacité des caisses d’amortissement, du
espèces les plus connues sont le Cardamome et la moins telles qu’ellessontaujourd’hui constituées : elles
Graine de paradis. ont été supprimées de fait en Angleterre depuis 1827.
AMOMÉES (A’ Amomum, type de la famille), fa- On nommait autrefois en France amortissement
mille de plantes herbacées, monocotylédones, créée une permission que le roi accordait, moyennant finan-
par Richard et répondant aux Balisiers de Jussieu, ces ,
aux gens de main-morte églises et commu-
aux Drymyrrhizées deVentenat et àux Scitamine'es nautés religieuses, de posséder des fiefs et héritages à
de Brown. Racines tubéreuses, épaisses et aromati- perpétuité, contrairement aux anciennes constitu-
ques; feuilles simples, entières, engainantes; fleurs tions de la France. Louis IX régla que, pour obtenir
grandes , en épi uu en grappe ; capsules à trois cette autorisation, l’intéressé payerait au roi un droit
valves (s’ouvrant de trois côtés). Les genres de cette arbitrairement taxé par lui et aux seigneurs une in-
famille sont, outre l’Amomum, qui en est le type, demnité. Les patentes par lesquelles on donnait ces
le Balisier, le Gingembre, le Curcuma, etc. On faveurs furent appelées lettres d’amortissement.
divise aujourd’hui cette famille en deux tribus, les AMOURETTE, nom vulgaire de plusieurs plantes
Zingibe'racées et les Cannées. des champs qui se font remarquer par un port
AMONT (du latin ad montem, du côté de la gracieux. Il s’applique spécialement à une plante
montagne, d’en haut), terme dont les bateliers se vivace de la famille des Graminées, du genre Brize,
servent pour signifier le côté d’où descend un fleuve, qui habite les prés secs et les montagnes dénudées
une rivière; il est l’opposé A’aval, et c’est dans ce de bois. Elle fournit un fourrage court, mais de
sens qu’on dit le pays d’amont, le vent d’amont;
: bonne qualité, aimé des chevaux, des vaches et
on dit encore : en amont de la ville, en amont surtout des moutons. Ses épis sont courts et ovales.
du pont, pour désigner un endroit de la rivière — On appelle A. des prés la Lychnide fleur de
qui est au-dessus de la ville, du pont. Aller en coucou, A. moussue la Saxifrage hypndide, et
amont, c’est aller en remontant le cours de l’eau. petite A. le Paturin airagroste. —
Le Bois d’amou-
— Dans la Marine , on appelle Vent d’amont le rette est celui d’une espèce d’acacia mimosa.
vent compris depuis le N.-E. jusqu’au S.-E. , en AMPÉLIDÉES grec ampélos, vigne), famille
(flu
passant par l’E. de plantes dicotylédones polypétales hypogynes ,
AMORCE, petite quantité de poudre placée à qui renferme plusieurs genres dont le plus impor-
l’extérieurdes armes détonantes, et dont l’in- tant est la Vigne. Ces plantes, successivement nom-
flammation communique le feu à la charge â tra- mées par les botanistes rén/'/’ères, Vitacées, Sarmen-
vers une ouverture pratiquée à cet effet, et qu’on tacées, ont enfin reçu de Kunth le nom A’Ampéli-
nomme lumière. Pour les pièces d’artillerie, l’a- Leurs fleurs sont petites, verdâtres, formées d’un
morce est généralement renfermée dans une paille calice à 4 ou 5 divisions très-petites, d’une corolle
ou un roseau mince et prend le nom A’étoupille. à 4 ou 5 pétales alternant avec les dents du calice.
, , ,, , , ,

AMPH — 55 — AMPH
d’autant d’étamines opposées aux pétales , et d’un amphigouri une petite parodie en style amphigou-
OTaire libre qui devient une baie lors de sa maturité. rique dans laquelle on reproduit les rimes de la
AMPÉLITE (du grec ampélos vigne), schiste pièce que l’on veut tourner en ridicule. Scarron,
argileux noir, qu’on mettait anciennement au pied Collé, ont fait des amphigouris. Tout le monde con-
des vignes, soit pour détruire les insectes nuisi- naît celui qui commence par ce vers :
bles, soit pour servir d’engrais; c’est un mélange Un jour qu’il faisait huit , je dormais éveillé etc.
,

d’anthracite et de matières phylladiennes schis-


teuses, fortement chargé de pyrite blanche. On AMPHlMACRÉ(d’a??îp/iî, autour; macros, long),
distingue ÏA. alunifère, employée à la fabrication pied de vers grec ou latin , composé d’une brève
de l’alun, et VA. graphique, nommée vulgaire- entre deux longues, comme càsiîtàs; on l’oppose à
ment pierre d’Itaiie et craijon des charpentiers VAmphibraque (formé de brachys, bref), qui se
parce qu’elle leur sert à faire des crayons noirs. compose d’une longue entre deux brèves, ainàré.
AMPÉLOGRAPHIE (du ampélos vigne, et AMPHINOME, genre d’Annélides. Fou. aknélides.
graphe, décrire), traité de la vigne {Voy. vigne). AMPHIPODES {éV amphi, des deux côtés, et pous,
Cette intéressante partie de la science a été surtout podos pied), nom donné par Latreille à de petits
avancée par les travaux de M. C. Odart, qui a Crustacés aquatiques et terrestres qui forment son
donné sous ce titre un ouvrage qui fait autorité. 14' ordre. Ils constituent le 3' ordre de la sectioii
AMPHIBIE (du grec amphibies, à double vie), des Malacostracésde Cuvier. La tête de ces animaux
nom donné aux animaux qui ont la propriété de est distincte du thorax et porte quatre antennes. Le
vivre sur la terre et sous l’eau ; ces animaux ont à corps est muni de huit paires de pieds, et se ter-
la fois des poumons pour respirer l’air atmosphé- mine par une espèce de queue. Ces animaux ont
rique et des branchies pour respirer l’air contenu généralement, à la base extérieure des pieds et à par-
dans l’eau : tels sont les sirènes, les protées, les tir de la deuxième paire, des bourses vésiculaires
ménobranches, les axolotls. Les phoques, les morses, dont on ignore l’usage. Les Amphipodes forment
les crocodiles, les castors, improprement appelés trois familles, les Crevettines, les Podocérides et
amphibies puisqu’ils n’ont pas de branchies, ne les Hypérines.
peuvent rester dans l’eau qu’un temps très-court AMPHISBÉNE [à' amphi, des deux côtés, et
et sont forcés de venir de temps en temps à la sur- baino marcher), nom donné par les Grecs à un
,

face pour respirer. Les larves de plusieurs reptiles, serpent auquel ils attribuaient la faculté de mar-
comme le têtard de la grenouille, sont amphibies cher en arrière comme en avant. Ce nom est au-
dans les premiers temps de leur existence. jourd’hui appliqué par les naturalistes à des rep-
AMPHIBOLE (^du grec amphibolos ambigu, à tiles de la famille des Ophidiens apodes de Cuvier,
cause de son analogie avec d’autres minéraux), le que l’on ne trouve guère qu’en Amérique et dans
Schorl noir des anciens minéralogistes, genre mi- quelques parties de l’Afrique, qui ont un volume
néralogiq.ue comprenant des substances blanches, égal dans toute l’étendue du corps, et dont la queue
vertes ou noires, fort analogues aux pyroxènes, est aussi grosse que la tête, ce qui la fait confondre
clivables aussi en prismes rhomboidaux, mais où avec elle , et ce qui explique l’erreur des anciens.
les faces sont inclinées de 124<> à 127°. La densité Leur tête est recouverte de grandes plaques; leur
des amphiboles varie de 2,9 à 3,2. Ils renferment de corps est revêtu d’écailles égales , uniformes , car-
la silice combinée avec de la magnésie et de la chaux rées et lisses. Ces animaux n’ont qu’un poumon et
ou du protoxyde de fer. On distingue 1’^. blanche, ne sont pas venimeux. Ils sont ovipares et se nour-
appelée aussi Trémolite ou Grammatite dont l’a- rissent rl’insectes et de fourmis. La taille des am-
miante est une variété; VA. verte ou Actinote, dite phisbenes varie de 2 à 60 centimètres. Leur couleur
aussi Amphibolite VA. noire ou Hornblende VA.
•, est blanche rosée, bleue jaunâtre, blanche avec
;
aciculuire ou Strahlsiein des Allemands; VA. gra- des bandes noirâtres ou brunâtres, ou enlin brune.
nuliforme ou Pargasite, à laquelle les minéralo- AMPHISCIEISS {A’ amphi, des deux côtés, et skia,
gistes ailemands ont donné le nom de tigererz ombre), nom qu’on donne aux peuples qui demeu-
mine tigrée; VA. compacte ou cornéenne. Les rent entre les deux tropiques, et qui, par cette
amphiboles appartiennent à peu près à tous les raison, jettent une ombre méridienne en un temps
dépôts de cristallisation, où elles forment des cou- de l’année vers le midi, et en l’autre, vers le nord.
ches plus ou moins considérables en compagnie AMPHITHEATRE (du grec amphi, autour, et
du mica, du feldspath, des grenats, etc. Mêlées avec théatron, théâtre), vaste édifice destiné chez les
l'orlhose ou l’albite, elles constituent les siénites Romains à donner au peuple des spectacles, des
et les diorites. Elles sont surtout communes dans combats d’animaux, de gladiateurs, des représen-
les terrains trachytiques
,
notamment au Saint- tations dramatiques, des exercices nautiques. L’am-
Cothard, dans le Tyrol, la Saxe, la Bohême, etc. phithéâtre était de forme ronde ou ovale. Dans le
— On en fait des boutons d’habits, des manches milieu était une place ovale nommée arène à cause
de couteaux et des verres noirs ou verts. du sable fin (en latin arena) qui la recouvrait,
AMPHIBBAQUE, pied de vers grec. V. amphimacre. et où avaient lieu les spectacles. L’arène était en-
AMPHlGÈNE (du grec amphi, doublement, et tourée d’un large mur, haut de 4 à b mètres :
génos, naissance, parce qu’on peut en diviser les sur ce mur était placé un premier rang de sièges
cristaux dans deux sens diüérents), dit aussi Leucite, A
nommé podium. partir du podium, des rangs
Leucolite, Grenat du Vésuve, minéral cristallisé en de sièges , placés les uns au-dessus des autres , s’é-
trapézoèdre translucide, généralement incolore ou levaient en gradins jusqu’au sommet de l’édifice.
d'un blanc de lait, appartient aux terrains volcani- Ces sièges étaient divisés en trois étages, entre
ques et se trouve dans les laves de la Somma, de lesquels il y avait des allées circulaires, prœcinc-
Frascati, d’Albano, près de Rome, etc., ainsi que tiones. De distance en distance étaient pratiqués
dans les roches basaltiques des bords du Rhin. C’est des escaliers pour monter d’un étage à l’autre, scc-
un silicate d’alumine et de potasse. laria. Sous le premier rang de sièges, autour de
AMPHIGOURI (du grec amphi, autour, et gyros, l’arène, étaient des voûtes peu élevées, dans les-
cercle ), discours buriesque fait à dessein dont les quelles on renfermait les gladiateurs , ou les bêtes
,
mots n’ont entre eux aucune liaison et ne présen- féroces qu’ils devaient combattre, ou l’eau qui devait
tent aucun sens raisonnable. Les deux plaidoyers changer l’arène en un bassin pour les naumachies.
et La sentence qui se trouvent dans Je Pantagruel Ces voûtes, caveœ étaient fermées par des grilles
de Rabelais (liv. 11, c. 11-13) offrent un exemple de fer (ferreis clathrîs); et au-dessous d’elles,
curieux d’amphigouri. — En Roésie, on nomme entre le mur et l’arène, était un canal plein d’càu,
, , , ;

AMPL — 56 — AMPU
nommé euripus, pour empêcher les bêtes féroces astre quand il se trouve à l’horizon. Elle est occase
de s’élancer sur les spectateurs. Le peuple entrait et ou occidentale quand on la compte du point de
sortait par de vastes portes nommées vomiforia. l’occident , pour un astre qui se couche ; ortive ou
L’amphithéâtre étaitdécouvert. Quand il pleuvait ou orientale, quand on la compte du point de l’orient,
que la chaleur était trop forte, on étendait des toiles pour un astre qui se lève. •
au-dessus. —Les hommes de chaque condition AMPOULE (du latin ampuUa, fiole à ventre
avaient un quartier particulier {cuneus). Des maî- bombé), nom donné, 1» en Chimie et en Pharma-
tres de cérémonies, designatores assignaient à cie , à de petites fioles de verre , et en général à
chacun sa place. L’empereur, les sénateurs et les tous les vaisseaux qui ont un col assez long et un
ambassadeurs étrangers se plaçaient sur le podium. gros ventre; 2° en Médecine, à une tumeur nom-
Le siège de l’empereur (suggestum) était élevé mée aussi cloche et phlyctène, et formée par du
comme une chaire et surmonté d’un dais. La place pus ou de la sérosité, accumulé entre le derme et
de celui qui donnait les jeux et celle des vestales l’épiderme de la peau, à la suite de brûlures, de
étaient décorées d’un pavillon semblable. Derrière pression forte, de frottements rudes ou répétés;
les sénateurs étaient les chevaliers sur quatorze 3» en Botanique, à des filaments transparents,
rangs. Derrière ceux-ci enfin, le peuple s’asseyait simples ou rameux, cylindriques, articulés, que
sur des degrés de pierre, popularia. — Les Ro- possèdent certaines plantes marines, et auxquels ces
mains empruntèrent les amphithéâtres aux Étrus- plantes doivent la propriété de surnager.
ques. Jules César paraît avoir fait construire le Ou appelait Sainte-Ampoule une fiole remplie
pi'emier à Rome, l’an 45 avant J.-C.; il était en d’huile bénite, qui servait à sacrer les rois de France.
bois. Auguste en fit construire un en pierre, l’an 26 Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
avant J.-C. Le plus célèbre amphithéâtre est le Co- AMPULLAIRE [A'ampulla, ampoule) , Mollusque
lysée, construit à Rome sous Vespasien et achevé de l’ordre des Pulmonés de Cuvier, caractérisé par
sous Titus, l’an 80 de J.-C. D avait 540 m. environ une coquille globuleuse, ventrue, ayant une ou-
de circonférence et 80 arcades. 11 pouvait conte- verture large et presque ronde. Ces animaux ha-
nir cent vingt mille spectateurs. 11 en reste encore bitent la terre, les lacs, les fleuves et les rivières;
des ruines. — 11 existait aussi de nombreux amphi- ils sont carnivores, herbivores et frugivores. On

théâtres dans le reste de ritalie, en Espagne, en remarque l’A. idole, qui habite le Mississipi, fleuve
Gaulej on cite dans notre pays ceux de Saintes, d’Amérique : c’est une des plus grosses espèces con-
d’Autun, d’Arles, de Fréjus, de Nîmes; ce dernier les Indiens l’ont en vénération; VA. cordon
nues;
a été conservé presque intact. bleu, reconnaissable aux zones bleues qui teignent
On nomme amphithéâtre modernes :1° un son dernier tour.
demi-cercle élevé vis-à-vis de la scène dans les théâ- AMPUTATION (du latin amputare, couper). Les
tres, rempli de degrés placés les uns au-dessus des amputations se pratiquent ou dans la continuité
autres, d’où les spectateurs voient le spectacle plus des membres, ou dans leur contiguité cette der-
commodément; 2» un lieu où le professeur donne nom A'amputation dans
nière opéi'ation prend le
ses leçons et fait ses démonstrations; les plus remar- l’article. Dans Tun ou dans l’autre cas, il est né-
quables en ce genre sont, à Paris, ceux de l’École cessaire de conserver une quantité de parties molles
la Sorbonne, du Muséum d’histoire
de médecine, de suffisante pour recouvrir les os. On remplit cette
du Conservatoire des arts et métiers.
naturelle et condition par Tune des trois méthodes suivantes :

AMPHITRITE, nom donné par Cuvier à un genre la méthode circulaire, la méthode à lambeaux,
d’Annélides, de la famille des Tubicoles. Ces ani- et la méthode ovalaire ou oblique.
maux, semblables à des vers, ont à la partie anté- 1«. Wamputation circulaire, qui longtemps fut
rieure de la tète des espèces de pailles ou filets de la seule pratiquée , consiste à couper les chairs d’un
couleur dorée, rangés en peigne ou en couronne, seul trait, perpendiculairement à Tos; mais ce mode
ce qui sans doute leur a fait donner le nom de la de division des parties molles avait l’inconvénient
reine des mers; autour de la bouche sont de très- de produire la dénudation de Tos et la conicité du
nombreux filets. Us habitent des tuyaux légers qu’ils moignon ,
par la rétraction plus ou moins grande
se composent eux-mêmes, et qu’ils transportent avec dos chairs et des téguments : aussi J.-L. Petit,
eux. On distingue VA. dorée (A. auricoma), dont Cheselden, Louis, Valentin, Alençon, B. Bell, etc.,
le tube est formé de grains ronds de diverses couleurs. ont-ils imaginé divers procédés pour ne couper les
AMPHITRITE, astéroidc. Voy. plakète. parties molles qu’en deux ou trois temps, eu égard
AMPHORÉ (en grec amphoreus , A’amphi, des au degré de contractilité des tissus incisés , et de
deux côtés, et phérô, porter), vase à deux anses manière que la plaie représente un cône creux,
dans lequel on conservait le vin. A Rome , on mar- au fond duquel se trouve l’extrémité de Tos.
quait sur chaque amphore l’année du consulat sous 2“. Wamputation à lambeaux a été pratiquée d’a-

lequel le vin avait été recueilli. C’était aussi le nom bord par Lowdham, chirurgien d’Oxford, en 1679;
d’une mesure de liquides usitée en Grèce et à Rome. Verduin, d’Amsterdam, en 1696, et Sabourin , de
L’amphore grecque, plus connue sous le nom de Genève, eu 1702, en revendiquèrent l’invention.
métrhès, valait 38 lit., 83 de nos mesures. L’am- Us ne conservaient qu’un seul lambeau. Malgré les
phore romaine, nommée aussi quadrantal avait modifications avantageuses apportées à cette mé-
un pied romain en tous sens. On en conservait au thode par Garengeot, Lafaye, O’Halloran, chirur-
Capitole un type ou modèle qui prenait le titre A'am- gien irlandais, etc. , on Ta presque généralement
phora capitoiina. Élle contenait 2 urnes, ou 8 conges abandonnée. Ravaton et Vermalle proposèrent cha-
ou 48 setiers, et valait de nos mesures 25 lit., 89. cun, en 1739, un nouveau procédé par lequel ils
AMPLEXICAULÉ (du latin amplecti, embrasser, conservaient deux lambeaux. Pour pratiquer cette
ttcaulis, tige), nom donné en Botanique aux feuilles amputation , on plonge l’instrument tranchant à
qui s’élargissent à leur base et embrassent leur tige, travers les chairs, près du point où Ton veut scier
comme les feuilles de l’aloès, des agaves. l’os , là où doit être la base des lambeaux ; et , le
AMPLITUDE, ligne horizontale comprise entre membre étant traversé de part en part, on taille
le point d’où l’on suppose que commence un arc de haut en bas, sans retirer l’instrument, un lam-
ou une portion de parabole et le point où cet arc beau conique à son extrémité; on fait ensuite un
so termine. Dans le jet des bombes, on nomme semblable lambeau de l’autre côté de Tos.
amplitude de jet l’arc de la courbe que décrit le 3®. Les amputations obliques, appelées par Scou-
projectile. —
En Astronomie, on nomme amplitude tetten amputations ovalaires, à raison de la forme de
l’arc de l'horizon compris entre l’équateur et cet leur surface, sont en quelque sorte une transition des
, , , , , ,,

AMYG 57 — ANAB
amputations circulaires aux amputations à lambeaux; amandes amères et dans les feuilles du laurier-
elles ont pour caractère essentiel la section des par- cerise , du prunier, etc. H a la propriété de se dé-
ties molles sur un plan oblique ou en bec de flûte. composer en présence de Teau de l’albumine des
et
De quelque manière que les parties molles aient amandes amères en huile essentielleet en acide prus-
ètè divisées, il reste ensuite à scier l’os; puis, à sique. On en doit la découverte à MM. Robiquet et
lier les artères. Le pansement différé suivant que Rüutron-Charlard (1830). MM. Liebig etWiehler en
l'on a en vue l’adhésion primitive ou secondaire ont proposé l’emploi en médecine en place de Teau
des bords de la plaie. distillée d’amandes amères et de laurier-cerise.
Depuis peu d’années , la chirurgie a trouvé pour AMYGDALITE, dite aussi Angine tonsillaire
les amputations un secours puissant dans les anes- Esquinancie inflammation des amygdales. Celte
thésiques qui annulent la douleur. Voy. chloro- maladie est le plus souvent produite par un refroi-
FOKME et ÉTHÉRISATION. dissement subit. Ses principaux symptômes sont le :

On nomme Appareil à amputation un appareil gonflement des amygdales, leur rougeur, la diffi-
qui contient tout ce qui est nécessaire soit pour culté d’avaler et de respirer, la sensation d’un corps
l’amputation, soit pour les ligatures et le panse- étranger, la parole confuse et gênée; en déprimant
ment : tourniquet, garrot, couteaux, bistouris, scies, base de la langue, on voit les amygdales tumé-
la
tenailles incisives, pinces à disséquer , tenaculuin, dépasser les piliers du voile du palais; le plus
fiées
aiguilles courbes, bandelettes, compresses, üls, ordinairement les symptômes augmentent d’inten-
épmnges, etc. sité pendant trois ou quatre jours, et diminuent
AMULETTE (que Ton dérive de l’arabe liamdil ensuite sous l’influence d’un traitement antiphlogis-
préservatif, ou du latin amoliri préserver), objet tique très-actif. On prescrit les boissons délayantes
consacré par la superstition et la crédulité, et que et mucilagineuses, les cataplcismes émollients au-
Ton porte sur soi afin d’écarter les démons, les tour du cou , et les vapeurs de même nature diri-
maladies , les accidents , etc. Les Chaldéens et les gées vers Tarrière-bouche. On applique des sang-
Égyptiens cominuniquerent aux Grecs et aux Ro- sues au cou , mais en ayant soin , dès qu’elles ont
mains la croyance aux amulettes. Les peuples sau- cessé de saigner, de faire prendre un pédiluve irri-
vages de l’Amérique, de TÜcéanie, de l’Afrique, tant, et d’insister sur les moyens dérivatifs les plus
les Musulmans et les Arabes sont ceux qui vénè- énergiques. Souvent la saignée générale est néces-
rent le plus toute sorte d’amulettes : ils portent saire. Gettu maladie peut durer de 4 à 14 jours. Le
continuellement sur eux des objets auxquels ils plus souvent la terminaison est heureuse.
donnent de grands pouvoirs. Ces objets sont, soit AMYGDALOIDE (d amygdalè, amande, et eidos
des pierres taillées d’une certaine manière, avee ressemblance). Ou appelle ainsi tout fragment de
certains caractères mystiques écrits dessus; soit des roche contenant dans son intérieur des espèces de
figures de divinités, des versets du Coran; ils va- noyaux plus ou moins arrondis, souvent de nature
rient d’après Tintention de chaque personne. — dill'érente de celle de la masse qui ies renferme.
L’usage des amulettes pénétra même dans le chris- Presque toutes les agates employées dans la bijou-
lianisme; il devint général au moyen âge, et les terie proviennent de noyaux de ce genre, que Ton
vestiges en subsistèrent longtemps; on sait que recueille principalement aux environs d’Oberstein
l'ascal lui-même portait une amulette. Les conciles (Oldenbourg).
ont condamné l’usage des amulettes, avec lesquelles AMYLACE. Voy. ahilacé.
il ne faut cejiendant pas confondre les reliques des
AMYRIDEES, tribu de la famille des Térébin-
saints, les agnus et autres objets bénits par les thacées est formée du seul genre Amyris, nom
,
prières de TEglise. latin du Dalsamier. Voy. balsamier.
AMURES {d'ad murum, attaché au mur), cor- ANA, nom que Ton donne à des recueils de pen-
dages qui servent à amurer les voiles , c’est-à-dire sées détachées, de bons mots, de traits d’histoire,
à les maintenir du côté d’où vient le vent. On d’anecdotes relatives aux hommes qui se sont fait
nomme amure de revers celle qui se trouve sous remarquer par leur esprit ou par leurs actions [ana
le vent. On üxe les amures dans un trou pratiqué
n’est que la terminaison du nominatif pluriel neutre
dans le côté du vaisseau . et que Ton nomme dogue d’adjectifs latins en anus, ajoutée à divers noms pro-
d'amure. Amurer tout (ms , c’est tirer les amures, pres). Tels sont les Menagiana, Bievriana, Bonapar-
et par suite les points des voiles où elles sont fixées

tiana, Voltairiana, etc., recueils des pensées, des ac-
le plus près des dogues d’amure.
tions ou des bons mots de Ménage , de M. de Bièvre,
AMYGDALÉES ou dropacées , groupe formé par de Bonaparte, de Voltaire. Le premier livre qui ait
L. de Jussieu dans la famille des Rosacées, consti- porté un titre de ce genre est le Scaligeriana, recueil
tuant aujourd’hui une tribu, et même, selon quel- d’observations sur divers écrits, recueillies dans les
ques botanistes, une famille, contient la plupart ouvrages de Scaliger, savant célèbre du xvi® siècle;
de nos arbres fruitiers à noyau monosperme (abri- il fut publié en 1666. Au commencement de ce siè-
cotier, prunier, pêcher, amandier, etc.) il tire son cle , un compilateur infatigable. Cousin d’Avallon,
;
nom du mot grec amygdale , amande. On remar- a publié un nombre prodigieux de recueils de ce
que dans les Amygdalées la présence du principe le genre. D’Artigny a donné un catalogue des Ana
plus vénéneux que Ton connaisse, Tacide cyanhydri- dans ses Nouveaux mémoires d’histoire.
que, qui se trouve dans les feuilles et les noyaux. En Médecine, ana est employé dans les ordon-
AMYGDALES (du grec amydalè , amande, à nances pour indiquer qu’il faut mêler ensemble une
cause de leur forme), nom de deux glandes mu- quantité égale de drogues, autant de Tune_que de
queuses, de forme ovoide, rugueuses à leur surface, l’autre. On écrit très-fréquemment â et aa; il est
au tissu mou et d’un gris rougeâtre, placées près de probable que le mot ana est résulté de la réunion
la racine de la langue. Elles servent à sécréter une des deux a joints au moyen de l’euphonique n.
liqueur muqueuse qui facilite la digestion et la dé- ANABAINE ( du grec anabaino monter, parce
glutition. On peut cependant, dans quelques cas, en que l’Anabaine monte à la surface des eaux) , végé-
pratiquer la résection sans inconvénient. On les tal de la tribu des Nostocinées, famille des Phycées,
lomme aussi tonsilles. Voy. amygdalite. avait d’abord été mis par les naturalistes au rang
AMYGDALINE (du grec amygdalè, amande), des Zoophytes. Les Anabaines sont des êtres qui
principe chimique composé de carbone, d’hydro- servent de transition entre les végétaux et les ani-
gene, d’azote et d’oxygène ( C*“H*’NO’*4-6off ), maux, et qui participent de ces deux grandes divisions
cristallisé en feuillets blancs et nacrés soluble naturelles. Us sont caractérisés, selon Bory de Saint-
,
dans Teau et l’alcool. On le rencontre dans les Vincent, par des filaments libres et simples, à double
, , ,

ANAG — 58 — ANAG
tube, dont l’extérieur est lisse et inarticulé, tandis les croyances des Indiens, l’amande aurait la pro-
que l’intérieur est composé d’articles ovoïdes, dispo- priété d’atténuer les humeurs, d’exalter les sens, et
sés comme les grainsd’un collier. Ces êtres sont de donner de l’esprit. Le suc de l’écorce, combiné
muqueux au tact. Us ont un mouvement progressif avec la chaux, sert, comme l’huile extraite de la
semblable à la manière dont rampent les lombrics noix d’acajou, à marquer le linge d’une manièrb
de terre. L’.4. fausse oscillaire, d’un vert noir, indélébile.
semblable à des brins de ficelle , forme un tissu très- ANACHORÈTE (mot grec dérivé û’anachoréd, se
serré sur les plantes qui habitent les eaux pures retirer, vivre à l’écart) ,
homme retiré du monde ,

Stagnantes. L'A. membranine a des filaments plus qui vit en solitaire dans un désert, pour ne s’occu-
fins que la précédente, d’un beau vert foncé, ram- per que de Dieu et n’avoir plus commerce avec
pant sur les plantes des fossés tranquilles. L'A. les hommes. Les anachorètes remontent aux pre-
thermale tapisse les bassins d’eau chaude. L’i4. im- miers siècles du christianisme. On en trouve même
palpable a ses filaments presque imperceptibles, et le berceau chez les Juifs : une de leurs sectes, les
teint d’une couleur verte la surface de la vase. Esséniens , s’adonnait depuis longtemps à la vie
L'A, lichéniforme croît vers la fin de l’automne sur contemplative. Ils se multiplièrent aux ii« et ni® siè-
la terre grasse des jardins ombragés, dans les allées cles par suite des persécutions ordonnées contre les
des potagers et les endroits nus des pelouses; elle Chrétiens. Un grand nombre d’entre eux se réfugiè-
y forme des taches luisantes d’un vert triste. On — rent dans les déserts de la Thébaïde. Plusieurs sont
a donné aussi le nom AiAnabaine à une plante eu- célèbres on connaît surtout Paul l’Ermite ou le
:

phorbiacée, grimpante, originaire du Brésil. Thébain, qui passe pour le premier anachorète (250),
ANABAS (du anabaino monter), genre de S. Antoine, S. Paeôme, S. Siméon Stylite, qui
poissons de la famille des Pharyngiens-Labyrinthi- s’imposaient d’incroyables privations {Voy. ermite).
formes , fondé sur une seule espèce de la mer des — Peu à peu les anachorètes se réunirent entre
Indes, qui grimpe, dit-on, sur les plantes aquatiques, eux, et formèrent des congrégations sous le nom de
et qui peut vivre assez longtemps hors de l’eau. Les cénobites. Ce fut là l’origine de l’état monastique.
jongleurs indiens s’en servent pour amuser le peu- ANACHRONISME (du grec ana, qui exprime in-
ple. L’Anabas a 15 centim. environ ; il est de cou- terversion, et chronos, temps), faute contre ta
leur verte, sombre, quelquefois rayé de bandes chronologie. Virgile commet sciemment un ana-
transversales : sa chair est fade et désagréable : ce- chronisme quand il fait vivre ensemble Ènée et Di-
pendant les Indiens la mangent, à cause des pro- don , quoique le premier soit de près de trois cents
priétés médicales qu’ils lui attribuent. ans antérieur à l’autre. C’est par un anachronisme
ANABLEPS {dlanablépô, lever les yeux, regarder consacré que l’on place la naissance de Jésus-Christ
en haut), genre de poissons créé par Artedi et placé l’an 4004 du monde; il a été reconnu que cette
par Cuvier dans les Cyprinoïdes. Us ont le tiers date, déterminée par Denys le Petit au vi® siècle,
postérieur du corps aplati sur les côtés la partie devait être reportée à trois ou quatre ans plus tôt.
;

antérieure, ainsi que la tête, très-déprimées; ils — Anachronisme se dit, par extension, de toute
sont couverts de larges écailles ; la bouche est une erreur qui attribue aux personnages d’une époque
fente transversale aussi large que le museau. L’Ana- les idées, les usages, les costumes d’une autre épo-
bleps est surtout remarquable par la singulière dis- que. Les peintres italiens ont commis beaucoup
position de son œil, dont plusieurs parties sont d’anachronismes dans le costume et les attributs ;
le
doubles : on y distingue deux cornées, deux iris théâtre présentait constamment un anachronisme du
et deux prunelles; ce qui lui donne la singulière même genre en habillant à la moderne les person-
faculté d’avoir deux champs de vision; c’est-à-dire nages antiques : Voltaire, aidé de Lekain, a fait
de regarder en môme temps au-dessus de sa tête et cesser ce choquant anachronisme.
autour de lui. Ce poisson est commun en Améri- ANACLASTIQUE (du grec anaclaô, briser, ré-
que, où on le nomme gros-œil, parce que son œil fracter), qui concerne la réfraction de la lumière.
est gros et saillant. 11 atteint 25 centim. de longueur. Ainsi on dit tables anaclastiques pour tables de
Sa chair est très-estimée. réfraction; point anaclastique celui où un rayon
ANACAMPTIQUE (du grec anacamptô, réfléchir), lumineux réfracté rencontre la surface qui le ré-
nom donné quelquefois à la partie de l’Optique qui tracte; courbes anaclastiques, courbes apparentes
traite de la réflexion de la lumière en général; il que forme le fond d’un vase plein d’eau pour un
est synonyme de Catoptrique. —
On emploie aussi œil placé dans l’air, ou le plafond d’une chambre
ce mot pour désigner la réflexion des sons. pour un œil placé dans un bassin plein d’eau au
ANACANTHE (du grec a privatif, et acantha, milieu de cette chambre, ou la voûte du ciel vue
épine), genre de poissons de la famille des Raies, par réfraction à travers l’atmosphère.
ainsi nommés parce qu’ils n’ont pas de nageoires ANACOLUTHE (en grec anacoluthos, incohérent,
dorsales ni d’aiguillons, a pour type l'A. orbicu- d’a privatif, et acolouthos, compagnon), eilipse
laire de la mer Rouge. par laquelle on retranche dans une phrase le cor-
ANACARDIACEES, tribu de la famille des Téré- rélatif ordinaire de l’un des mots exprimés. Ainsi
binthacées, renfermant, outre le genre type Ana- dans ce vers de Virgile {En., 11, 331) :
cardium (Anacardier), les genres Pistacia, Comocla- Müii^quot magDis nuDquam veoere Mycenis »
dia, Cyrtocarpa, Odina, Pegia, Solenocarpus
Schinus, Lilhræa, Rhus, Botryceras, Anaphre- le quoi exigerait un tôt, qui ne s’y trouve pas; dans
nium, Ozoroa, Melanorrhcea, Cluta, Mangifera, ce vers de Voltaire [Mérope, 1, 3) :
Semecarpus, Buchanania, Erythrostigma. Qui sert bien soo pa^s n*a pas besoin d^sTtax ,

ANACARDIER (en grec anacardion, dérivé lui-


même de cardia cœur), genre d’arbres de la fa-
,
on sous-entend celui devant qui,
mille des Térébinthacées, propre à l’Inde, à fleurs ANACRÈONTIQUE (genre) , genre de littérature
petites, disposées en grappes, à fruits en forme dont Anacréon a donné le modèle, consiste à chanter
de cœur, appuyés sur un réceptacle charnu un peu dans des vers légers et gracieux les plaisirs, les ris,
plus gros que le fruit , mais jamais aussi développé l’amour, le vin. Catulle et Horace, chez les Latins;
que dans la pomme d’acajou. Ce genre est si voisin Pétrarque, Guarini,en Ilalie; en France, Chaulieu,
de l’acajou (Cassuvium) que quelques botanistes ne La Fare, St-Aulaire, Voltaire, Parny, Dorât, Pezay,
l’cn distinguent pas. L’on mange l'amande de ce cultivèrent , bien qu’avec des succès fort divers, ce
fruit, nommée anacarde ou noix de marais. Il genre de poésie, qui trop souvent blesse la décence.
fournit un vernis très-recherché en Chine. D’après ANACïCLlQÜE (du grec anacyaléô, retourner en
, , ,,,

ANAG — 59 — ANAL
gens inverse), nom donné à certains vers qui offrent ANALCIME grec a privatif , et alcimos, fort;
(^du

un sens, soit qu’on les lise naturellement, soit sans force), suWtance minérale, ainsi nommée à
qu’on les lise à rebours. Les vers anacydiques joui- cause de son peu de vertu électrique , est composée
rent d’une grande vogue sous Charles IX et de silice, d’alumine, de soude et d’eau. Elle est
Louis Xll, où ils reçurent le nom de rétrogrades blanche, avec des nuances couleur de chair ; ses
lus à rebours ils offraient encore, outre le sens, la cristaux, qui affectent la forme trapézoïdale, offrent
mesure et la rime. —
Les anciens connaissaient ces des propriétés optiques fort curieuses. On la trouve
sortes de vers; les nommaient sotadiques, de
ils au mont Etna, dans les lies Hébrides, en Ecosse, etc.
Sotadès, poëte grec de Maronée en Tbrace, qui ANALE, nageoire voisine de Vanus. Voy. nageoire.
passait pour en être l’inventeur. Envoiciun exemple: ANALECTES, Analeeta (du grec andlégô, choi-
subito motibus ibit amor.
sir), titredonné à divers recueils de morceaux choisis
Roma libi
d’auteurs anciens ou à des coliections de pièces déta-
AXADYOMÈPJE (mot grec qui signifle sortant de chées, rassemblées pour les conserver. On connaît
l'eau), genre de Polypes à cellules, dont le polypier surtout les Analeeta veterum poetarum de Brunck
est composé d’articulations régulièrement disposées (Strasbourg, 1785, 3 vol. in-8»), qui est la plus
en brandies, sillonnées de nervures symétriques et complète des anthologies publiées jusque-là.
articulées comparables à certaines dentelles. Ce ré-
,
ANALEMME (du grec analemma, hauteur),
seau est formé d’une substance un peu cornée, re- terme d’ Astronomie qui désigne une opération au
couverte d’un enduit gélatineux et verdâtre. Ces moyen de laquelle on trouve la hauteur d’un astre
polypes habitent les côtes de France et d'Italie. On à toute heure et le moment de son passage au méri-
les rencontre dans la mousse de Corse. dien. Cette opération n’est autre que la projection
ANAGALLIDE, Anagallis (du grec anagélaô, orthographique de la hauteur de l’astre sur un des
éclater de rire, parce que les anciens attribuaient plans de la sphère. —
On emploie aussi le mot ana-
à cette plante la faculté de guérir ia mélancolie) lemme comme synonyme de Planisphère, pour dé-
genre de la famille des Primulacées, renfermant signer la projection orthographique de tous les cer-
plusieurs plantes herbacées. La plus commune est cles de la sphère sur les colures des solstices.
VA. des champs vulgairement Mouron rouge, qui ANALEPTIOUE (du grec analepticos, conforta-
a les tiges faibles, un peu couchées et rameuses, les tif), tout ce qui tend à rétablir les forces. Les fécules,
feuilles opposées , ovales, les fleurs ordinairement les bouillons, les gelées animales, le chocolat, les
d’un rouge brique , variant quelquefois du blanc au œufs, sont des aliments analeptiques. La classe
bleu. Elle fleurit dans les champs depuis mai jus- des toniques fournit les médicaments analeptiques.
qu’en octobre. Elle tue les oiseaux à qui on la donne. ANALOGIE (du grec analogia, proportion , cor-
Il ne faut donc pas la confondre avec le Mouron des respondance) , ressemblance plus ou moins parfaite
oiseaux ou Alsine {Voy. ce mot). On l’a longtemps entre plusieurs choses. —
La Logique étudie l’analogie
préconisée contre la rage, mais sans preuve. comme étant le fondement de raisonnements nom-
ANAGALLIüEES, tribu de la famille des Pri- breux, qui ont la plus grande importance dans les
mulacées renfermant les genres Anagallis (genre sciences ainsi que d.ans la conduite de la vie. On en
^
type), Micropyxis, Centunculus. distingue trois sortes, selon la nature des rapports sur
ANAGOGIE (du grec anagogè, action d’élever, lesquels on s’appuie or, ces rapports peuvent être
:

transport) , interprétation figurée d’un fait ou d’un 1” d’effet à cause ou de cause à effet, 2“ de moyens à
texte de la Bible, pour lui faire signifler les choses fin ou de fin à moyens, 3“ de pure ressemblance ou
du ciel. L’interprétation anagogique est celle que de concomitance. De l’analogie des effets on conclut
l’on lire d’un sens naturel et littéral, pour s’élever à celle des causes ; de l’analogie des moyens à celle
à un sens spirituel et mystique. de la fin; de la ressemblance partielle à une ressem-
ANAGRAMME (en grec anagramma écrit à re- blance totale. Condillac a exposé complètement ce
bours) , transposition ou dérangement des lettres sujet dans son Art de raisonner, et a montré com-
d’un ou de plusieurs mots , pour en former un ou ment les trois sortes de raisonnement par analogie
ou plusieurs autres qui aient un sens différent. L’a- concourent à nous apprendre que les hommes qui
nagramme du mot Versailles est ville seras; celle nous entourent, qui sont faits comme nous (analogie
du poëte Pierre de Ronsard, Rose de Pindare; de pure ressemblance); qui agissent comme nous
celle de Marie Touchet, maîtresse du roi Charles IX, (analogie de cause) ; qui ont les mêmes organes que
je charme tout; de vigneron, ivrogne; de logica, nous (analogie de moyens), doivent être en tout point
caligo. Dans le nom de Pilastre du Rosier, qui exé- nos semblables, et posséder les mêmes facultés que
cuta la première ascension aérostatique, on trouva : nous, bien que nous ne puissions observer directe-
Tues le premier roi de l’air (la lettre;? étant prise ment en eux ces facultés.
pour abréviation de premier). Lorsque Bonaparte En Mathématiques, analogie est synonyme de pro-
arriva au pouvoir, on trouva dans les mots Révolution portion. —
On nomme analogies de Napier (ou Né-
française cette prédiction : Un Corse la finira On . — per) , quatre formules découvertes par ce géomètre
attribue l’invention des anagrammes à Lycophron pour la résolution des triangles sphériques. Ces for-
poëte grec qui florissait environ 280 ans avant J. -G. mules, très-usitées dans les calculs trigonométriques,
Elles furent en vogue à la cour de France au sont les suivantes :
XVI' siècle : Daurat y excellait. Le goût de ces la-
= COS. 1/2 [B — C).
X
1

borieuses bagatelles a passé depuis longtemps. tang. -|-(ô-f c) cot. -Lfl


ANAGYRE ou bois voKTST:,Anagyris fœtida (nom cos. 1/2 I
+ CL
tang. Ÿ 6 — c) =
sin. 1/2 (B C).
grec dérivé de gyros. cercle, à cause de la forme cot. a x
arrondie de ses fruits) , arbrisseau d’un mètre env.
(
sin. 1/2 1

1/2 (b
+ C).

C) =
de haut, de la famille des Légumineuses, à feuilles cos. .
c).
tang. -i-
(B -j- cot. jpka
trifoliées, blanchâtres, cotonneuses, à fleurs jaunes cos. 1/2- + c .

tang. A (B — C) =
en faisceaux; la gousse est plane, allongée, un peu sin. 1/2 (6 c)
Ax
1

cot.
courbée, et renferme plusieurs graines. bleuâtres,
réniformes. L’épithète de puant donnée à cet arbris-
sin. 1/2 (6 + c).

seau vient de l’odeur fétide qu’exhalent son écorce ANALYSE (du grec analuô, délier, dissoudre),
ou ses feuilles quand on les froisse. 11 se plaît sur les réduction d’une chose en ses parties. La définition
lieux montueux du Midi de ia France et de l’Espagne. de ce mot varie selon qu’il s’agit d’opérations ma-
Ses fleurs devancent le printemps. Ses feuilles sont ré- térielles , mentales ou grammaticales.
solutives;sessemeDces fournissent un puissantvomitif. Dans l’ordre matériel, l’analyse est mécanique si
, , ,

ANAL — 60 — ANAP
elle se borne à détacher, sans en altérer la nature ler ces matières dans des appareils appropriés , et à
les parties unies entre elles, comme les rouages d’une recueillir les produits de la combustion. —
L’ana-
montre, d’une machine, les couches d’un minéral, I lyse chimique , très-imparfaite jusqu’au commence-
les organes d’un végétal ou d’un physique, \
ment de ce siècle, est aujourd’hui d’une grande
si elle isole successivement les différentes forces qui précision, grâce aux travaux de Berzélius, Stro-
j

concourent à la production d’un phénomène; chi- meyer, Berthier, H. Rose, etc. MM. Gay-Lussac et
mique, si elle décompose un corps en ses principes Thénard ont fait les premières analyses exactes des
constituants. Voy. ci-après analyse chimique. matières végétales et animales; les perfectionne-
Dans l’ordre intellectuel, l’analyse prend le nom de ments apportés à leur méthode par M. Liebig et
philosophique; on la nomme aussi k. logique, par M. Dumas ont donné une grande impulsion à la
opposition aux précédentes, qu’on réunit sous le nom chimie organique. Le Traité d’analyse de M. Henri
d'A. physique. L’analyse philosophique varie elle- Rose (traduit par Jourdan, 2 vol. in-8», Paris) est
même selon qu’on l’applique dans les sciences d’ob- l’ouvrage le plus complet sur cette matière. Le
servation ou dans les sciences de raisonnement ; Précis d’analyse d^ M. Frésénius (traduit en franc,
dans les premières, elle est descriptive, si elle se par Sacc, 1847) et le Précis rf’azm/. ÿuaWaftuede MM.
borne à décomposer par la pensée un tout complexe Gerhardt et Chancel (1855) sont les meilleurs abrégés.
en observant successivement et avec ordre ce qui d’a- ANALYSE MATHÉMATIQUE. Elle cousiste à supposer
bord avait ôté vu simultanément; abstractive et com- vrai ce qui est en question , à tirer de ces supposi-
parative, si elle compare les choses entre elles, afin tions les conséquences qui en dérivent, et de celles-ci
de les classer d’après leurs ressemblances. Dans l’un de nouvelles , jusqu’à ce qu’on soit parvenu à quel-
et l’autre cas , elle est dite psychologique, si c’est à que chose qui soit évidemment vrai ou faux , d’évi-
l’âme seule qu’elle s’applique. demment possible ou impossible. La nature de cette
Dans les sciences de raisonnement, elle est induc- dernière conséquence décide de la vérité ou de la
tive, si elle remonte des effets aux causes , des faits possibilité de la proposition qu’on examine. Ou at-
particuliers aux lois générales; déductive, si elle tribue à Platon la première application de la mé-
démontre une vérité en prouvant qu’elle est impli- thode analytique aux constructions de la géométrie.
quée dans une vérité déjà connue ; mathématique, — Quelques mathématiciens donnent au mot ana-
si elle s’applique à la solution des problèmes ma- lyse une signification plus étendue et moins rigou-
thématiques. Voy. ci-après, analyse mathématique. reuse, en l’appliquant à presque toutes les branches de
A chacune de ces analyses correspond un procédé la science des nombres ainsi ils nomment l’algèbre,
:

opposé, la synthèse, qui va des parties au tout, des analyse finie; le calcul différentiel, analyse infini-
causes aux effets, des principes aux conséquences. tésimale, etc. Ds désignent aussi, sous le nom de
On définit l’analyse en général, d’après le but géométrie analytique l’application de l’algèbre .à
qu’elle se propose partout, méthode d’invention, la géométrie, c’est-à-dire la partie de la géométrie
d’investigation; et la synthèse, méthode d’exposi- qui traite spécialement de la génération et de b
tion, de doctrine, d’enseignement. On a beaucoup comparaison universelle des étendues.
disputé sur la prééminence de l’analyse et de la syn- ANANAS, Bromelia, type de la famille des Bro-
thèse Condillac et ses disciples exaltent l’analyse et
: méliacées, plante vivace, épineuse, originaire de
lui sacrifient lasynthèse; mais , dans le plus grand l’Amérique du Sud, a un port élégant, des feuilles
nombre des cas, ces deux méthodes sont insépara- longues et vertes, radicales, roides, enveloppant
bles, et doivent concourir pour donner une connais- une tige assez forte, droite, charnue et robuste, cou-
sance complète des objets. ronnée elle-même d’un épi de fleurs nombreuses et
En Grammaire, l’analyse étudie le discours dans '

violacées, auxquelles succèdent des baies si pressées


tous ses éléments , et chaque élément sous tous ses qu’elles ne semblent faire qu’un seul fruit. Ce fruit,
aspects; elle est dite logique, quand elle décompose qui a la forme d'une pomme de pin et qui, à sa ma-
la proposition en ses éléments constituants, sujet turité, est d’un jaune doré , exhale un parfum des
logique, attribut logique, verbe; grammaticale, plus agréables; sa chair est délicieuse. Il y a plu-
quand elle prend chaque mot à part pour en faire sieurs variétés d’ananas, à fruits rouges, blancs,
connaître l’espèce, le nombre , le cas, la personne, violets, noirs, pyramidaux, etc. En Europe l’ananas
le mode, etc. se cultive en serre-chaude ; mais , malgré les soins
ANALYSE CHIMIQUE. C’est l’ensemble des opérations les plus minutieux, il y perd une partie de son par-
à l’aide desquelles le chimiste détermine la nature fum. Pour reproduire cette plante, il suffit de dé-
et les proportions des parties constituantes d’un tacher avec soin le bouquet de feuilles vertes qui
composé. On distingue VA. qualitative, recherche surmonte le fruit, et de le mettre en terre ; on pro-
de la nature des parties constituantes , et l’A. quan- page encore l’ananas au moyen d’œilletons qui se for-
titative ou Dosage, recherche des proportions dans ment à côté des pieds qui ont fleuri. —
L'ananas est
lesquelles ces parties sont combinées. mentionné pour la première fois dans un voyage
Vanalyse qualitative précède toujours le dosage : fait au Brésil en 1555 par le Français Jean de Léry.
elle consiste, en général, à dissoudre dans un li- Importé en Angleterre sous Charles II par le jardi-
quide approprié la substance qu’on examine, à ver- nier Rose il ne pénétra que plus lard en France
,
:

ser dans la solution d’autres solutions d’une nature Louis X'V fit servir, en 1733, sur sa table à Ver-
connue appelées réactifs, telles que des acides, des sailles les deux premiers ananas qui aient mûri sous
alcalis , des sels , de manière à y produire des chan- notre climat. — On nomme vulgairement A. des
gements apparents, soit d’état, soit de couleur. Les bois ou sauvage, la Tillandsie; A. pitte, une va-
solvants employés sont l’eau , l’acide chlorhydrique, riété d’ananas non épineuse; A. fraisier, une espèce
l’acide nitrique, l’eau régale, les alcalis. Cette mé- de fraisier dont le fruit est gros; — A. de mer, le
thode d’analyse est dite par la voie humide : on madrépore, plus connu sous le nom dèAstrée,
l’oppose à l’analyse par la voie sèche, qui se fait au ANAPESTE (en grec anapaistos dérivé d'ana-
moyen de la chaleur. —
Les opérations de V analyse paio, frapper à rebours), pied des vers grecs et
quantitative sont entièrement subordonnées à la latins, est composé de deux brèves et une longue
nature et au nombre des éléments à doser; le chi- (sôbôlês), au rebours du dactyle qui se compose
miste les combine de manière à séparer chaque élé- d’une longue suivie de deux brèves.
ment sous une forme qui permette d’en prendre le ANAPHORE (du grec ana, en haut; phérb,
poids exact. Le dosage des matières organiques porter) , figure de rhétorique qui consiste à répéter
s’exécute d’après un procédé particulier connu sous le même mot au commencement de deux ou plu-
le nom d'analyse organique, et qui consiste à brû- sieurs phrases, ou à recommencer delà même ma-
, . , , , ,

ANAS — 61 — ANAT
nière les divers membres d’une période, comme dans abouchement). On nomme ainsi, en Anatomie, la

la célèbre imprécation de Camille {Hor., IV, 5) : communication qui existe soit entre les vaisseaux
soit entre les nerfs au moyen de leurs embranche-
Rome, l'unique objet de mon ressentiment! ,

Rome h qui vient ton bras d'immoler mon amant


,
I ments. Les anastomoses servent à la circulation du
Rome qui t’a nu naître.... sang et du fluide nerveux que l’on suppose exister
ANARCHIE (du grec a priv., et archè, pouvoir, dans les nerfs.
autorité), état d’un peuple, d’une cité qui n’a plus ANATHÈME (en grec anathéma, chose exposée
ni chef ni autorité à laquelle on obéisse. L’histoire en haut), nom donné chez les anciens à une offrande
offre de trop nombreux exemples de cet état fu- suspendue dans les temples des dieux, ou à une
neste ; à Rome, dans le l®' siècle avant J.-C., siè- victime expiatoire dévouée aux dieux infernaux. —
cle marqué par les proscriptions de Marins, de Sylla, Dans l’Eglise chrétienne , ce mot devint synonyme
par les luttes et le triumvirat d’Octave , d’Antoine de malédiction, et désigna la séparation d’un hommo
et de Lépide ; aux 2® et 3® siècles , quand les préto- de la communion des üdcles, séparation prononcée
riens font et défont les empereurs; en France, sous par un concile, par le pape ou un évéque, contre un
les derniers Carlovingiens , époque où se dissout le hérétique. L’Eglise a quelquefois étendu l’anathème,
lien féodal et où chaque seigneur se rend indépen- C -à-d. la malédiction, à des animaux malfaisants.
dant; pendant la démence de Charles VI; sous les — Lorsqu’un hérétique veut se convertir, il est
règnes de Charles IX et de Henri III; dans les an- obligé de dire anathème à ses erreurs; cet anathème
nées 1793 et 1794, et dans les premiers mois qui est dit abjiiratoire.
suivirent la révolution de 1848; en Pologne, après ANATIDÈES (du latin anas canard), famille de
l’extinction de la race des Jagellons et l’établisse- l’ordre des Palmipèdes de Cuvier, se compose de
ment de la royauté élective , etc. L’anarchie aboutit toutes les espèces que Linné comprenait dans son
le plus souvent au despotisme. —
De nos jours , il genre Anas, groupe des plus naturels, caractérisé
s’est trouvé un sophiste pour présenter Y Anarchie par un bec large , le plus souvent déprimé et ar-
comme l’idéal de la société; M. Proudhon, auteur de rondi à son extrémité , revêtu d’une peau molle
ce système, définit l’anarchie (qu’il écrit an-archie) plutôt que d’une véritable corne , garni à ses bords
lasuppression de toute intervention gouvernementale. de lamelles transversailes en forme de petites dents ;
ANARRHIQUE (du grec anarrichômai grimper, ce qui lui a fait aussi donner par Cuvier le nom de
parce qu’on ci’oit que ce poisson grimpe sur les ro- Lamellirostres On le divise en Cygnes, Oies, Ca-
chers sous-marins), poisson de la famille des Go- nards et Céréopsis.
bioides , a la peau lisse et muqueuse , les nageoires ANATIFE, genre de Mollusques de la famille des
pectorales etcaudalearrondies(les nageoires ventrales Cirrhopodes pédiculés : coquille composée de 5 val-
n’existent pas) , la bouche armée de nombreuses ves (2 de chaiiDe côté et la 5® sur le bord dorsal),
dents,, d’une grande force. L'A.-loup, nommé aussi réunies par une membrane qui les borde et les
Loup marin, Chat marin, etc., habite les mers du maintient; dans la coquille fermée, ces valves sont
Nord et vient souvent sur nos côtes. C’est un poisson rapprochées en forme de cône aplati, soutenu sur
féroce et dangereux, qui dépasse2 mètres; sa chair, un pédicule flexible dont l’animal se sert pour se
comparable à celle de l’anguille peut se manger,
,
fixer sur différents corps; ces mollusques s’attachent
mais elle est peu estimée. Sa couleur est d’un brun à la cale des navires. L’Anatife se retrouve dans
noirâtre, un peu plus clair sous le ventre, avec douze toutes les mers. On en mange plusieurs espèces. —
ou treize bandes verticales brunes sur les côtés. Sa Le nom A'anatife est dérivé d’anos, canard, et
peau sert à faire de la colle forte et des lanières. fero, porter, produire, parce que l’on croit, dit-on,
ANAS. Voy. canard et anatidées. dans le Nord de l’Europe que ces animaux donnent
ANASARQUE (du grec a priv., et asarcos, mai- naissance aux canardf. sauvages.
gre; non maigre, bouffi), hydropisie ou accumu- ANATOCISME (du grec anatocismos, reproduc-
lation de sérosité dans le tissu cellulaire, surtout tion des intérêts), contrat usuraire qui consiste à
dans le tissu sous-cutané. La peau est froide, lui- percevoir l’intérêt des intérêts mêmes, en ajoutant
sante, et d’une couleur blanc de lait. Les princi- ces intérêts au capital , et formant ainsi un autre
pales causes qui déterminent l’anasarque sont l’ac- capital dont on tire aussi les intérêts. L’anatocisme
tion prolongée de l’humidité atmosphérique , la est condamné par les lois civiles et canoniques. Ce-
suppression brusque d’une transpiration abondante pendant il est autorisé par notre Code civil (art. 1154)
ou de quelque écoulement; elle vient souvent chez lorsqu’il s’agit d’intérêts échus et dus au moins pour
les enfants à la suite de la rougeole ou de la scar- une année entière.
latine, lorsqu’on les expose trop tôt à un air froid ANATOMIE du (
grec anatemno couper, dissé-
et humide. La terminaison de l’anasarque est quel- quer), science qui a pour objet rétude des organes
quefois fâcheuse. Dans les cas les plus favorables, qui, par leur réunion, constituent les êtres orga-
la sérosité s’écoule du corps par les voies urinaires. nisés , animaux ou végétaux. Cette science ne pro-
— U faut bien distinguer l’anasarque essentielle de cède qu’en divisant ou disséquant le corps qu’on
celle qui n’est que symptomatique. Le traitement veut connaître : de là son nom. Elle prend le nom
diffère peu de celui de l’hydropisie {Voy. ce mot). d’j4. générale, lorsqu’elle s’occupe de la structure et
ANASTAÏIQUE (du grec anastaticos, qui res- des propriétés des tissus communs à divers organes,
suscite), vulgairement Rose de Jéricho, genre de et d’.4. descriptive, lorsqu’elle s’attache plus parti-
lantes, de la famille des Crucifères, croissant en culièrement à la description des formes et de la
yrie,en Palestine et en Egypte, a la tige rameuse, figure de chaque organe. L’anatomie, soit générale,
garnie de feuilles oblongues,et terminée par des épis soit descriptive, se divise, en outre, selon son objet,
de fleurs blanches. Dès que la graine a atteint l’épo- en A. végétale ou Phytotomie, lorsqu’ eUe s’appli-
que de la maturité , cette plante se pelotte et se que aux végétaux, A. animale ou Zootomie, quand
dessèche. Les vents l’arrachent au sol sablonneux elle s’occupe des animaux. Cette dernière prend le
d’Afrique ; la mer la charrie jusque sur nofe côtes. nom d'A. humaine ou Anthropotomie quand elle
Lorsqu’elle touche une terre humide, les racines a pour but de faire connaître la structure du corps
s’accrochent au sol , et une nouvelle végétation s’ac- humain; d'A. comparée, quand elle considère l’or-
complit ; c’est là la raison de son nom. Cette plante ganisation d’animaux autres que l’homme. L’Ana-
a des propriétés hygrométriques : elle se dilate et tomie humaine se subdivise en Squelettologie, étude
s'étend quand l’air est humide, et se resserre quand des parties dures du corps, comprenant Vostéolo-
il est sec. gie, étude des os, et \a. synaesmotogie, étude des li-
ANASTOMOSE (en grec anastomôsis, ouverture, gaments; Sarcologie, étude des poities moUes,
, , , , , , ,

ANCH — 62 — ANCR
comprenant iBimyologie, étude des muscles; la«e- par une taille plus petite et une bouche plus large.
vrologie, des nerfs; Vangiologie, des vaisseaux; Leur tète se prolonge en un petit museau conique
Vadénologie. des glandes; la splanchnologie des et pointu. Ils ont de 10 à 11 centimètres , sont al-
viscères; la. aermatologie, des téguments généraux. longés, étroits, ronds sur le dos, couverts d’écailles
— On a nommé A. chirurgicale l’étude des or- larges, transparentes, qui se détachent de la peau
organes considérés sous te rapport des opérations à avec une grande facilité. Us vivent en troupes nom-
exécuter; A. pathologique celle des altérations que breuses. On en prend chaque année, pendant le
l’état de maladie produit dans les organes du corps printemps et l’été, une quantité innombrable sur
humain; A. artificielle ou imitative, l’art de mo- nos côtes du midi : c’est dans les nuits obscures , et
deler et de représenter avec de la cire, du plâtre ou en les attirant par une vive clarté , qu’on les pêche
du carton, les difl'érentes préparations d’anatomie. avec des filets nommés en Provence rissoles. Frais,
Inconnue aux anciens, qui eussent regardé comme les anchois sont peu estimés. On les sale presque tous
une profanation l’ouverture d’un cadavre, l’Anato- pour les conserver et les exporter. Pour les saler, on
mie humaine fut longtemps remplacée par la dis- leur arrache la tête et on les vide; on les lave en-
section des animaux les plus rapprochés de l’homme. suite; puis on les place dans des barils ou de petites
Hérophile, Èrasistrate, médecins du iii' siècle av. boites de métal, et on les dispose de telle manière
J.-C., passent pour être les premiers qui aient dis- qu’il y ait un lit de sel et un lit d’anchois. On a
séqué des corps humains. Galien, au ne siècle après coutume de mêler au sel de la poussière d’argile,
J.-C., rassembla en un corps toutes les connais- ce qui leur donne une couleur rougeâtre. Les meil-
sances anatomiques obtenues jusqu’à lui , et ses leures salaisons se font à Fréjus, à Cannes, à Saint-
ouvrages firent loi pendant plus de mille ans. Au Tropez et autres lieux du littoral de la Méditerranée.
xive siècle, un médecin de Bologne, Mondini, fit On en fait un grand commerce à Marseille. On em-
des démonstrations publiques d’anatomie (1.315). ploie les anchois comme assaisonnement. Les an-
Vesale , en publiant son grand traité De corporis ciens faisaient un grand usage de ce poisson; il entrait
hurnani fabrica (1543), fut le véritable créateur dans leur saumure [garum).
de l’anatomie scientifique, qui fit de rapides progrès ANCHÜSEES (du genre Anchuse, qui en est le
entre les mains de Harvey, Malpigbi, Stcnon, Èlis- type ) , sous-ti-ibu des Borraginées , comprend les
süii, Albinus, Haller, et surtout de Bicbat. genres Cérinthe, Echium, Pulmonaria, Lithosper-
L’Anatomie comparée, née au dernier siècle des tra- 77mm , Nonnea , Dioclea , Lycopsis Anchusa Bo-
, ,

vaux de Vicq d’Azyr et de Daubenton, a ôté presque t/'iospe/'mum Myosotis, Symphytum, Borrago
dès le début portée au plus haut degré par Cuvier, Trachystemon.
,


Le genre Anchuse, type do celte
dont les tr.avaux ont été complétés par Bliimenbach, tribu, renferme une espèce médicinale, l’A. itali-
Duméril, Blainville, Meekel, Carus, etc. De son côté, que ou Bnylosse, quicroitauxenvir. de Paris, et qu’on
Geoffroy-St-Hilaire faisait faire un nouveau pas à la emploie pour remplacer la bourrache, comme mu-
science en créant l’anatomie philosophique. cilagineuse , diaphorétique et diurétique.
L’étude de l’anatomie, qu’il n’est pas toujours pos- ANCOLIE, Aquitegia, plante de la famille des Re-
sible de faire sur la nature même, a trouvé do puis- nonculacées, tribu des Elléborées, remarqualfle par
sants auxiliaires, d’abord dans des planches gravées, l’organisation de sa fleur, qui ressemble à un capuchon
puis dans la sculpture et dans le moulage en cire, qui ou a un bec avec des serres d’aigle, et par ses feuilles,
a été porté à une admirable perfection par Znmbo qui forment une espèce de cornet où se déposent
et Galii, en Italie, Laumonier et Pinson, en France; les gouttes de pluie et de rosée. On cultive VA. vul-
ces moyens ont été surpassés de nos jours par les gaire QU des bois, nommée aussi Gant de Notre-
procédés dus au D>' Auzoux : il réussit en 1822 à fa- Dame qui est un des plus beaux ornements de nos
briquer avec une pâte de carton des pièces d’anatomie parterres ; elle est vivace , à fleurs bleues qui de-
d’une admirable fidélité, qui peuvent se monter et se viennent doubles par la culture, blanches, jaunes,
démonter à volonté : c’est ce qu’il nomme a7iatomie rouges, violettes et panachées; VA. des Alpes, plus
élastique (du grec klastos, qui peut se briser). petite, à fleurs bleues; VA. de Sibérie, à fleurs
Les ouvrages classiques d’anatomie les plus répan- grandes , bleues et entourées d’un anneau blanc ;
dus aujourd’hui sont ceux d’A. Boyer, Bayle, Cloquet, l’A. du Canada, au port élégant, aux fleurs d’un
Cruveilhicr, Velpeau, et le Traité complet de TA. de beau rouge mêlé de jaune saflrané , portées par un
T homme de Bourgery et Jacob, 1830-52. pédoncule légèrement courbé. —Le nom d’ancolie
ANCHE (du grec anchô, serrer, rétrécir, parce parait être une corruption à’aquilegia gouttière,
que l’anche rétrécit le passage de l’air). On ap- nom que les anciens donnaient â cette plante, parce
pelle ainsi le bec de quelques instruments à vent qu’elle recueille, dans le cornet que forment ses
dits, à cause de cela, instruments à anche, tels que feuilles, l’eau de la pluie et de la rosée.
le hautbois, la clarinette, le cor anglais et le bas- ANCRAGE , lieu de la mer où l’on peut commo-
son. L’anche est ordinairement formée de deux dément jeter l’a«cre ; on le nomme i)lus ordinaire-
languettes de roseau, fort minces, appliquées l’une ment mouillage. —
On nomme droit d’ancrage le
sur l’autre et ajustées sur un petit tube de métal. droit qu’on exige des bâtiments qui mouillent sur
Cet appareil s’adapte à l’instrument de diverses une rade étrangère ; ce droit est fixé par les règle-
manières, et l’exécutant lui imprime, en soufflant ments particuliers do chaque nation maritime
dedans et en le pressant entre ses levres, des vi- ANCRE (du latin anchot'a), instrument en fer
brations qui produisent le son. L’anche de la cla- forgé servant à retenir les vaisseaux au mouillage
rinette n’a qu’une seule languette, appliquée sur un par le moyen d’un câble c’est une barre ou tige
:

bec d’une forme particulière. Dans l’orgue, quelques dont l’extrémité inférieure se partage eu deux cour-
tuyaux sont armés d’un appareil analogue , qu’on bes terminées chacune par un fort crochet destiné
nomme jeu d’anche. — On appelle aussi anche le à s’enfoncer sur le fond. L’ancre se compose de 5
conduit par lequel passe le grain dans un moulin. parties : 1® un a7ineau en fer, que l’on nomme or-
ANCHILOPS (d'anchi, proche de, et ops, œil), ganeau, qu’on entortille de petites cordes que l’on
petite tumeur située vers le grand angle de l’œil, au- nomme amboudinure et qui sert pour y attacher
devant ou à côté du sac lacrymal. Souvent il per- un câble; 2® la verge ou tige droite, dont l’extré-
siste et forme un kyste. Lorsqu’il vient à s’ouvrir, mité est percée d’un trou par où passe l’anneau;
il s’en écoule une matière muqueuse ou purulente. 3® la croisée ou crosse, qui est soudée au bout de
Le petit ulcère qui lui succède se nomme œyilops. la verge , et dont chaque moitié est appelée bras
ANCHOIS, E.ngraulis, poissons de couleur brune, ou bi'anche ; 4® deux pattes qui sont des espèces de
de la famille des Glupes, se distinguent des harengs crochets ou pointes recourbées, l’une à droite et Fan-
, ,

ANDP - 63 — Am
tre i îi peu près semblables à des hame-
gauche, les végétaux dans lesquels les deux sexes sont réu-
çons assemblage de deux pièces de bois
5° le jas nis , et qui se suffisent à eux-mêmes pour se re-
; ,
do même proportion et figure, jointes ensemble par produire. —
On a proposé de réserver ce nom aux
dos chevilles de fer au-dessous du trou de la verge plantes qui ont les deux sexes dans des fleurs sépa-
et à angle droit avec la crosse son ofûce est d’em-
: rées sur le même individu, comme le noyer et le noi-
pècher l'ancre de coucher de plat sur le sable , et setier, et de donner le nom d’hermaphrodite à toutes
de faire que l'une des pattes s’enfonce dans le ter- celles dont les sexes sont réunis dans une même fleur.
rain solide qui se trouve au fond de la mer. Les ANDROÏDE [d'aner, homme et eidos, forgie, qui
vaisseaux ont ordinairement trois ancres , deux qui ressemble à l'homme) , automate à figure humaine,
sont toujours prêtes à ia poupe, et une troisième, qui , au moyen de ressorts habilement disposés â
aiipelée l'ancre de salut, qui est plus forte que les l’intérieur, exécute plus ou moins bien les mouve-
deux autres, et dont on se sert pour sauver le vais- ments de l’homme. On connaît le flûteur deVaucan-
seau en danger de périr sur une côte. Un bâtiment son,lejouenrd’échecsdeKempelen,etc. F. automate.
à trois mâts porte six ou sept ancres. Le poids des ANDROMÈDE constellation voisine du pôle arc-
ancres varie de 100 à 3,000 kiiogr. —
Ou appelle
,

tique, près de Cassiojiée et de Persée, se compose


ancre d’ affourché une ancre légère qui sert à affour- de 59 étoiles. Elle est représentée dans les plani-
cherun \)h,\mcïd,.Âffourcher, c’est jeter une 2® ancre sphères célestes par une figure de femme enchaînée
en sens opposé, de manière que les cordages qui re- qui rappelle la fable d’Andromède.
tiennent les deux ancres forment entre eux une es- ANDROMÈDE , genre de Bruyères , de la famille
pèce de fourche. Le vaisseau , retenu par les deux des Èricacées , forme des arbrisseaux s’élevant quel-
ancres, qui ont des directions opposées, ne change quefois à la hauteur d’arbres, ayant les feuilles al-
presque point de place, pendant les changements de ternes ou opposées , coriaces , et les fleurs en grap-
marée ou de vent. pes ou en épis. Le port élégant des Andromèdes les
Il se fait des ancres en plusieurs endroits de a fait admettre comme ornement dans nos jardins;
France; une des fabriques les plus considérables est on remarque VA. en arbre, bel arbuste à feuilles
celle des Forges de la Chaussade, entre Guerigny elliptiques ; VA. magnifique, buisson d’un mètre en-
et Cosne (Nièvre) ; on y fait annuellement 600 mil- viron de hauteur, dont les feuilles sont couvertes en
liers d’ancres, le plus grand nombre pour la marine dessous d’une poudre blanche; VA. à plusieurs
militaire. 11 y a encore des fabriques d’ancres dans feuilles, aux feuilles luisantes, toujours vertes. Cet
l’Angoumois, le Berry, à Douai, à Toulon, etc. arbrisseau est indigène de l’Amérique tropicale. Il
En Architecture, on nomme ancre une barre de est le type de la tribu des Andrornédées.
fer en forme de S, T, Y , ou même en ligne droite, ANDROPHORE (d’awer, m^eyphoros, qui porte),
qui, passée dans l’œil d’un tirant, relient l’écar- nom donné par quelques botanistes au filet de l’é-
tement de la poussée des voûtes ou dos murs d’un tamine lorsqu’il porte plusieurs anthères, ou plutôt
bâtiment, maintient les tuyaux de cheminée fort à la réunion des filets en un ou plusieurs faisceaux.
élevés, ou affermit les pilots de garde dont on garnit C’est ce qui caractérise les classes 6®, 7« et 8® de
les devants d’un quai ou d’une jetée. Linné. Voy. étamine.
ANCRE , anker, mesure de liquides employée dans ANDROPOGON, c’est-â-dire barbe d’homme (d’«-
le Nord et la Hollande, h’anker d’Amsterdam con- ner, homme; poÿou, barbe), genre de Graminées,
tient 32 mingles, à peu près 37 lit. 15 cent, h’anker ainsi nommé à cause de ses racines touffues, a pour
de Suède, de même capacité, contient 15 pots de caractères ; épillets géminés ou ternés, celui du cen-
Suède. L’anier de Danemarsk contient 37 lit. 68 cent. tre sessile, hermaphrodite, uniflore; fleurs en épis.
ANDALOÜSITE , pierre commune en Andalousie, Il donne son nom â la tribu des Andropogonées, qui
plus connue sous le nom de macle. Voy. ce mot. compte jusqu’à 150 espèces. Les principales sont :
ANDANTE (participe du verbe italien andare, VA. nard, dont la racine {Nard indien) a des pro-
aller). Ce mot sert, en Musique, à indiquer un mouve- priétés excitantes; V A.schœnanihus, aussi originaire
ment gracieux et modéré, plus animé que V adagio des Indes et de l’Arabie, exhalant une odeur de
et plus lent que X'allegro. C’est celui qui caractérise, citron ; ses fleurs se prennent en infusion comme le
en général , les airs que l’on désigne par le titre de thé ; VA caricosum, qui sert de chaume pour couvrir
.

cantubile. On le prend quelquefois substantivement les maisons à file de Java. Les racines d’une autre
pour indiquer un morceau de musique qui a ce ca- espèce entrent, sous le nom de chiendent, dans la
ractère. h’andantino est un diminutif de l’andante, confection de brosses et de balais. Celles de VA.
dont le mouvement est un peu plus accéléré. squarrosus ont reçu le nom de Vétiver ( de veto et
ANDOUILLE , sorte de charcuterie , consiste le vermis), parce qu’elles exhalent une odeur aroma-
plus souvent en boyaux et chair de porc , mêlés de tique à laquelle on attribue la vertu de préserver
graisse et hachés, qu’on enferme dans un autre les vêtements de l'invasion des vers.
boyau. C’est un mets peu relevé : on estime pour- ANE (du latin asmus), quadrupède non rumi-
tant les andouilletles de Truyes. On fait aussi des nant, faisant partie du genre Cheval, se distingue
xndouiilesde sanglier, de bœuf, de fraise de veau, etc. du cheval par une tête plus grosse et moins allon-
— On dérive le mot du latin edulïum, bon à manger. gée, par des oreilles plus longues, par une queue
ANDOUlLLEll, terme de 'Vénerie. F. bois de cekf. garnie de poils à son extrémité seulement , par des
ANDBENE, insecte hyménoptère, de la famille épaules plus étroites, traversées, chez le mâle, d’une
des Mellifères, dont l’espèce la plus commune, ligne noire qui se croise avec une autre ligue de
ÏA. des murs, se rencontre en France. Elle est môme couleur tracée le long de l’écliiue, par un dos
longue de 15 millim., d’un noir bleuâtre, avec des plus tranchant, par une croupe moins carrée, enfin
poils blancs sur la tète; le corselet, l’abdomen, pur un cri dilférent on sait que le braiment est le cri
:

les pieds et les ailes sont noirâtres. La femelle dé- de l’âne, et le hennissement celui du cheval. L’âne vit
pose dans les murs un miel particulier d’une odeur dans nos climats de 15 à 16 ans. Accouplé à la jument,
narcotique. L’Andrène est le type de la famille des il donne le mulet. On connaît la sobriété de l'âne,

Andrenètes créée par Latreille. son aptitude au travail , la sûreté de sa marche ; on


ANDROCYNE (du grec aner, génitif andros connaît aussi ses vices, qui l’ont rendu un objet de
homme, et gynè, femme). En Zoolcgie, on donne mépris; mais ces vices viennent on grande partie de
spécialement le nom d’androgynes aux animaux l’état de dégradation dans lequel il est tombé par
qui , tout en possédant les deux sexes, ne peuvent se suite du peu de sr in qu’on prend de lui et des mau-
reproduire qu’en s’accouplant deux à deux, comme vais traitements dont on l’accable.
les limaces. — En Botanique, on nomme ainsi L’âne parait être, comme le cheval, originaire de
, ,

ÂNÉM — 64 — ANÉR
l'Arabie; on croit qu’il n’est autre que V Onagre, qui à la différence de la girouette qui en indiqua
viten grandes troupes dans les déserts de l’Asie cen- la direction. Celui de Wolf consiste dans un mé-
trale: dans cet état, il est de la grandeur d’un cheval canisme qui , s’adaptant à une girouette ou à un
de moyenne taille et porte la tête haute; ses oreilles moulinet, fait mouvoir une aiguille autour d’un
sont moins longues et plus fines; il est actif, vigi- cadran où sont tracées les divisions d’une rose des
lant, sociable avec ses pareils, et sa fuite est aussi vents. L’anémomètre de Lind est un niveau d’eau
rapide et plus soutenue que celle du meilleur che- dont un des tubes verticaux est courbé horizontale-
val. En Perse , les ânes sont d’une beauté remar- ment , de manière à pouvoir être opposé au vent :
quable et peuvent soutenir longtemps une vitesse l’ascension de l’eau refoulée dans l’autre tube in-
de 10 kilomètres à l’heure. On trouve aussi en dique la vitesse. L’anémomètre le plus communé-
Égypte, en Grèce et même en Espagne des ânes ment employé consiste en une simple planche carrée,
d’une beauté, d’une tailie et d’une force bien su- appuyée au centre contre un ressort à boudin
périeures à ce que nous connaissons. Aussi l’âne qu’elle déprime; une tige de fer est fixée à la
était-il estimé chez les Orientaux et chez les Grecs planche pour Taccrocher et la retenir lorsqu’elle
(surtout en Arcadie) presque à l’égal du cheval : est arrivée au plus haut point de pression. M. De-
c’est encore aujourd’hui chez quelques peuples la lamanon a inventé un anémomètre musical composé
monture des gens de condition , le cheval étant ré- de 21 tuyaux, où le vent, en entrant, produisait,
servé pour les combats. selon sa force, les notes de trois octaves successives.
La peau de l’âne, dure et élastique, sert à faire ANÉMONE (mot grec qu’on dérive A’anémos,
des tambours, des cribles, des tamis, du gros par- vent, parce que cette fleur se plaît en plein vent),
chemin et de la peau de chagrin. genre de la famille desRenonculacées, type de la tribu
ANECDOTES (du grec anecdotes, non publié), des Anémonées, se compose de jolies plantes vi-
nom donné primitivement à divers recueils d’ou- vaces, à tige droite et robuste, à feuilles d’un vert
vrages inédits, le plus souvent tirés des manuscrits foncé, découpées, à fleurs doubles, dont les cou-
grecs : tels sont les Ânecdota græca de Muratori leurs sont magnifujiies et variées. C’est une des
(1709) et ceux de Bekker (1804), les Anecdota litte- plus belles plantes de nos jardins : elle ffeurit<des
raria de J.-Chr. Amaduci (17'73). —
On l’a depuis premières et annonce le retour du printemps. On
appliqué à un court récit contenant de petits faits en compte plus de 300 variétés , parmi lesquelles
neufs et de nature à intéresser; on a fait de nombreux on distingue VA. pulsatille , d’un beau violet,
recueils de récits de ce genre qui sont lus avec quoique un peu sombre, emblème de la tristesse;
plaisir comme délassement. Un
des mieux faits est VA. en ombelle, des montagnes de Provence; VA.
le Manuel anecdotique de Celnart, 4 v. in-18. hépatique d’un bleu tendre , variant au rose , au
— On connaît sous le nom A'Ana des recueils d’a-
,

violet et au blanc; VA. Sylvie, à fleur blanche et


necdotes relatives à un même personnage. Voy. ana. purpurine; VA. des fleuristes, reproduisant les
ANÉLECTRIQUE (du grec a priv., et électron, couleurs de Tarc-en-ciel , même le vert, et faisant
électricité), se disait autrefois des corps qui n’étaient l’ornement le plus riche de nos parterres , etc. Les
point électrisables par le frottement , tels que les anémones se plaisent dans des plaines élevées et
métaux et l’eau , par opposition aux corps dits idio- recherchent des lieux exposés au vent; on peut en
électriques (la cire, le verre). Aujourd’hui, on sait obtenir presque en toute saison , en les plantant à
que tous les corps sont électriques par le frotte- divers mois de l’année. Ces plantes. si brillantes se
ment; mais que les corps bons conducteurs, comme fanent facilement, et sont l’emblème de la fragilité ;
l’eau les métaux précédemment regardés comme
, ,
elles n’ont point d’odeur; enfin on assure qu’elles
anélcctriques , ont seulement besoin d’être isolés sont aussi dangereuses que belles, et qu’elles doivent
pour conserver l’électricité que le frottement leur a être mises au nombre des poisons âcres exerçant
communiquée. une action corrosive sur les tissus, et stupéfiante
ANÉMIÉ (du grec a priv., et aima, sang), état sur le système nerveux. — Selon la Fable , l’ané-
morbide opposé à la pléthore, consiste, non pas, mone était née du mélange du sang d’ Adonis et des
comme le mot l'indique, en une diminution absolue larmes de Vénus.
de la quantité du sang, mais dans un abaissement ANÉMONE DE MER, nom douné aux Actinées, qui
de la qualité, le nombre des globules de ce liquide ressemblent souvent à une fleur épanouie.
devenant inférieur au nombre normal. Suivant ANÉMOSCOPE (du grec anémos, vent, et sco~
MM. Andral et Gavarret la moyenne normale dies
,
péin observer. Voy. girouette et anémomètre.
globules est de 127 sur 1,000. L’abaissement de ce ANEMOMÉES, tribu des Renonculacées, est formée
nombre à 113 et même au-dessous n’est pas in- des genres Anémone (genre type), Vhalictrum
compatible avec l’état de santé. C’est le chiffre 80 Pulsatille, Hépatique, Hamadryas , Hydrastis .

qu’on doit regarder comme la limite où le vice du Adonis, Myosw~us.


sang commence à être décidément morbide. Le mal ANENCÉPHALIE (d’a priv., et encéphalon, cer-
est plus grand encore si les globules tombent à 60 veau), monstres qui naissent sans cerveau ni moelle
ou à 50 ; ce dernier chiffre est celui qu’on a cou- épinière. Cette monstruosité est presque exclusive-
tume de rencontrer dans la chlorose confirmée. ment propre à l’espèce humaine. Les fœtus ainsi
L’eau augmente dans le sang à proportion que les conformés naissent vers le 7« ou le 8« mois de la
globules y diminuent. Les symptômes essentiels de grossesse, et meurent en naissant. M. Geoffroy-
l’anémie sont la décoloration et l’affaiblissement. Saint-Hilaire en a fait une famille de l’ordre des
Quand elle est portée à un haut degré, il y a pâleur Autosites. — A parler rigoureusement , il n’y a ja-
extrême de la peau et des surfaces muqueuses visi- mais absence complète de l'encéphale; on en ren-
bles, et toutes les fonctions sont plus ou moins contre toujours quelques rudiments.
troublées. Cet état est généralement l’effet de l’in- ANÉROÏDE (du grec a priv., et d’aer, air) , es-
suffisance des aliments ou de l’usage de substances pèce de baromètre, qui se compose d’une boîte mé-
trop peu nutritives, d’évacuations exagérées, etc.; tallique dans laquelle on fait le vide. La paroi su-
quelquefois aussi il survient sans causes apprécia- périeure est assez mince pour céder sensiblement
bles. L’anémie essentielle réclame l’emploi des fer- à la pression atmosphérique et s’enfoncer en se r.ip-
:

rugineux , des amers , des toniques de la nature du prochant ou en s’éloignant de la paroi opposée, sui-
quimiuina, et un régime analeptique. vant que cette pression augmente ou diminue, elle
ANÉMOMÈTRES (du grec anémos, vent, et mé- met en mouvement un index dont les divisions, dA-
tron, mesure). On possède une foule d’instruments terminées expérimentalement, corresponden t â celles
de ce nom destinés à mesurer la force du vent de l’échelle des baromètres ordinaires. L’anéroïde est
, , . ,

ANÉV — 65 — ANGE
moins fragile que le baromètre et se laisse aisément ce mot) : on les appelait actifs,
parce que de cette
transporter, mais ses indications ne sont pas aussi affection résulte une augmentation de la force con-
rigoureuses. On l’a proposé pour l’usage des marins et tractile du cœur. Quant aux anévrismes passifs, ils

des aéronautes. 11 a été inventé en 1847 par M. Védy consistent dans l’amincissement des parois du cœur,
ANESTHESIE (d’a privatif, et aisthésis, sensi- d’où résulte l’agrandissement de ses cavités et l’af-
bilité) privation générale ou partielle de la faculté faiblissement de ses fonctions. Voy. coeur.
,

de sentir. Ou nomme
anesthésiques les substances ANGARIES (du grec angaréia, corvée). On ap-
qui, comme cbloroforme, l’éther et les divers
le pelle ainsi, en Droit maritime, les prestations et les
liquides étliérés, ont la propriété de suspendre la obligations qu’impose un souverain aux navires ar-
sensibilité. On y recourt journellement depuis quel- rêtés dans ses ports et dans ses plages , comme de
ques années pour annuler la douleur dans les opé- transporter pour lui, en temps de guerre, des sol-
rations chirurgicales. On doit à M. le D' Bouisson dats, des armes, des munitions de guerre, etc.,
un Traité de la Méthode anesthésique (1852). moyennant indemnité; aucun navire ne peut se
ANETH (du grec anethon, fenouil odorant), soustraire à l’obligation des angaries. A l’époque de
plante aromatique annuelle, de la famille des Om- l’expédition d'Egypte, cette obligation a été mise
bcllifcres, commune dans le midi de la France, en en vigueur dans les ports de Marseille , de Toulon
Espagne et en Italie. Elle monte à 40 ou 60 centi- et autres
,
pour le transport de l’armée. Ce n’est du
mètres. Son odeur est forte et agréable, son goût reste que quand les vaisseaux de guerre ne peuvent
âcre et piquant. Ses racines servent, dans la cui- suffire au service de transport que les puissances ma-
sine , à donner du goût aux végétaux. On en retire ritimes ont ainsi recours aux bâtiments de la ma-
une huile essentielle , autrefois très-recherchée en rine marchande.
médecine et employée par les gladiateurs, à cause de ANGE (du grec aggélos, envoyé, messager),
la propriété qu’on lui attribuait d’augmenter les créature spirituelle et intelligente, immortelle et
forces. En Médecine , on prescrit scs graines comme incorruptible, intermédiaire entre l’homme et la
toniques, excitantes et carminatives. Les confiseurs Divinité. Les théologiens divisent les anges en trois
les emploient en guise d’anis. Cette plante était pour hiérarchies , et chaque hiérarchie en trois ordres.
les anciens le symbole de la joie : ils se couron- La Irc
comprend les Séraphins, les Chérubins et
naient d’aneth dans les festins. les Trônes; la 2«, les Dominations, les Vertus et
ANÉYIUSME (du grec aneurusma, dilatation). les Puissances
;
la 3«, les Principautés les Ar-
On nomme proprement anévrisme une tumeur pro- changes, à la tête desquels on place saint Michel,
duite dans l’intérieur d’une artère par la dilatation et les simples Anges, dont le nom s’est étendu à
des membranes qui constituent ses pai’ois : c’est tous; ces derniers sont attachés spécialement aux
VA. vrai. On a étendu ce nom aux tumeurs pro- hommes. C’est à S. Denis l’Aréopagite qu’on attribue
duites par ie sang épanché hors d’une artère cette classification.
(A. faux), ainsi qu’aux dilatations du cœur. La fonction des anges, en général, est de bénir
Anévrismes des artères. On les divise en trauma- Dieu et de chanter ses louanges. On distingue de
tiques o\i spontanés, selon qu’ils sont ou non la suite bons anges, les seuls qui conservent le nom dé anges,
d’une blessure. L’A. vrai est généralement spon- et de mauvais anges ou anges déchus, que Dieu a
tané, ou, du moins, il survient sans cause appa- précipités dans l’abîme, à cause de leur révolte, et
rente ; tantôt il est externe, quand il affecte tes artères qui sont devenus les démons. Chaque homme, en
placées superficiellement, comme dans l’anévrisme naissant, reçoit de Dieu un ange gardien, destiné
du jarret , qu’on observe souvent chez les laquais à le pousser au bien , en détruisant la puissance du
obligés de monter derrière les voitures; tantôt il démon. Les Catholiques rendent un culte aux an-
est interne, quand il affecte les artères intérieures : ges : la Fête des saints anges gardiens se célèbre le
l’abus des boissons spiritueuses , les passions vio- 2 octobre. Les Protestants rejettent ce culte.
lentes, le chagrin, occasionnent souvent l’anévrisme On représente les anges sous des traits humains,
interne : c’est une maladie grave contre laquelle il n’y pareequ’ils ont souvent apparu ainsi à ceux àqui Dieu
a pas de traitement direct; on ne peut la combattre les a envoyés. On leur donne des ailes pour mar-
que par un traitement débilitant (saignées fréquentes, quer la promptitude avec laquelle ils obéissent à
diète rigoureuse ou régime lacté) , par le repos et Dieu et la protection dont ils environnent ceux dont
l’emploi de la digitale. —
Pour les anévrismes ex- la garde leur est confiée. Le vêtement qui les couvre
ternes , l’oblitération de l’artère est le seul moyen est lumineux et léger; ils sont presque toujours en-
de guérison : on l’obtient quelquefois par une tourés d’un nuage blanc. C’est à peu près ainsi
compression méthodique longtemps exercée, soit qu’on représente Gabriel annonçant à la vierge
sur la tumeur elle-même , soit au-dessus d’elle Marie l’incarnation du Verbe , Raphaël conduisant
de manière à arrêter le cours du sang ; mais le plus Tobie, Michel terrassant Lucifer. Quelquefois on
souvent il faut recourir à la ligature de l’artère. peint les anges sous les traits de petits enfants nus
Quand on ne fait aucun traitement, la tumeur finit et ailés,
emblèmes d'innocence ; d’autres fois ils
par s’ouvrir, et cette rupture de l’anévrisme en- sont représentés simplement par des tètes d’enfants
traîne une hémorragie mortelle ou la gangrène de entourées de deux ailes.
la partie malade. La doctrine des anges nous vient des Juifs ; elle était
L’A. faux est le plus souvent traumatique; c’est également répandue parmi les Perses et les Babylo-
une plaie de l’artère, avec épanchement de sang niens; il parait même que ce n’est que pendant la
dans le tissu cellulaire environnant les médecins ; captivité de Babylone que les Juifs connurent les
en ont constaté plusieurs espèces, parmi lesquelles noms des anges. Les Pères de l’Eglise ne sont pas
on remarque TA. variqueux, dit aussi A. par anas- complètement d’accord sur leur nature. Le P. Mal-
tomose, lorsque, par suite d’une double lésion donat a résumé les données sur ce sujet dans sa
d’une artère et d’une veine, le sang, par une anas- Théologie des Anges.
tomose contre nature, passe de l’artère dans la ANGE DE MER OU SQUATiNE , poîssoH de la famille
veine, et distend les parois de ce dernier vaisseau. des Plagiostomes , établie par Duméril, se place
Anévrismes du cœur. Ils se distinguent eu A. ac- entre les squales et les raies : les nageoires pecto-
tifs et A. passifs. Les premiers, improprement rales sont blanches et étendues comme celles que l’on
nommés anévrismes puisqu’ils consistent dans un donne aux anges; la tète est arrondie, et la bouche
développement morbide des parois du cœur, qui en fendue à son extrémité. Ou en connaît trois espèces,
rétrécit les cavités bien loin de les dilater, sont au- dont deux se pêchent sur nos côtes ; 1“ VA. squa-
jourd’hui désignés par le nom A' hypertrophie Voy. tine, de 2 à 3 mètres de long ; toute la partie su-
(

5
, , , , , . , , ,

ANGI — 66 — ANGL
périeure du corps est couverte d’une peau rude et en A. laryngée et A. trachéale. Le Croup n’est
d’un gris roussâtre ; le mâle a de petites épines au qu’une variété de cette dernière , variété nommée
bord des pectorales; 2° VA. épineux, qui porte le aussi A. membraneuse, polypeuse, striduleuse, etc.
long du dos une rangée de fortes épines. — On appelle A. laryngée œdémateuse ou œdème
ANGE d’oRj monnaie d’or en usage sous Philippe de la glotte le gonflement œdémateux de la mem-
de Valois et sous les régnes suivants, ainsi nom- brane muqueuse qui tapisse l’ouverture supérieure
mée parce qu’elle portait l’eftlgie d’un ange, valait du larynx, par l’infiltration séreuse ou purulente
75 sous de l’époque (environ 21 fr. 3ü cent, de notre du tissu cellulaire sous-jacent.
monnaie). Vorj. angelot. On nomme A. maligne ou gangréneuse uno espèce
ANGÉIOGRAPHIE , angéiologie. Voy. angio- d’angine caractérisée par le développement de pla-
graphie , etc. ques irrégulières, d’un blanc jaunâtre ou grisâtre, et
ANGÉLICÉES, tribu de la famille des Ombelli- d’un aspect lardacé, qui, s’accumulant rapidement
fères, section des Orthospermées, renferme les genres sur les amygdales, les côtés du pharynx et le voile du
Angelica (g. type), Archangelica, Selinum. palais, obstruent les voies aériennes et étouffent le
ANGELIQUE , Angelica (ainsi nommée par allu- malade : c’est VA. couenneuse de Guersant, la Biph-
sion à ses vertus bienfaisantes) , plante aromatique thérite de Bretonneau. —
L’A. de poitrine ou Ster-
et charnue, de la famille des Ombeliifèrcs, genre nalgie est une névrose des organes de la respiration.
type de la tribu des Angélicées : tige droite, ro- Le traitement de l’angine est, en général, celui
buste, cannelée, s’élevant â la hauteur de 2 mètres; des inflammations aiguës, et varie selon l’espèce.
feuilles grandes, ailées et d’un beau vert; ombelles Voy. AMYGDALITE , CROUP, LARYNGITE , etC.
à rayons nombreux, étalés; fruits ovoïdes et ren- ÀNGIOLOGIE, ANGIOGRAPHIE ( du grec angéioH
fermant deux graines. On en connaît neuf ou dix vaisseau, et légô, graphô, parler, décrire) , descrip-
espèces; la plus belle est l’A. archangélique que tion des vaisseaux du corps humain, partie de l’Ana-
l’on croit originaire de Syrie , mais qui vient aussi tomie qui traite des vaisseaux du corps humain.
naturellement en France et dans le nord de l’Eu- Elle comprend l’étude des artères [artériologié)
rope. Sa tige , ses feuilles, ses racines et ses semen- celle des veines {phlébologie) et celle des vaisseaux
ces sont odorantes, stomachiques, cordiales et ver- lymphatiques {angiohydrologie).
mifuges. Confites dans du sucre, ses tiges donnent ANGIOSPERMIË (du grec angéion, vase, capsule,
des conserves délicieuses et parfumées, et offrent et sperma, graine). C’est, dans la classification
un aliment agréable et salutaire. Sa racine , qui botanique de Linné , le 2« ordre de sa 14« classe.
fournit une liqueur spiritueuse, est employée cemme Il comprend toutes les plantes qui, avec quatre éta-
diurétique; ses feuilles peuvent être utiles à l’entre- mines didynames, ont leur graine renfermée dans
tien et à l’hygiène de la bouche. C’est surtout dans la une capsule ; telles sont les scrofulaires les digi-
ville de Niort que l’on prépare l’angélique du com- tales, les bignones. —
Ces plantes prennent elles-
merce. — On a donné encore ce nom à une variété de mêmes le nom éV Angiospermes
la Poire, à la Podagraire et à une espèce d’Aralie. ANGLE (du latin angulus), se dit, en Géométrie,
ANGELOT, monnaie du moyen âge, ainsi nom- de la portion d’espace comprise entre plusieurs
mée parce qu’elle portait l’empreinte d’un petit ange. lignes ou plusieurs surfaces inclinées qui se rencon-
11 y en eut en or et en argent. L’angelot d’or, dimi- trent. Les lignes ou les surfaces qui forment l’angle
nutif de Vange d’or, fut usité en France depuis 1240 sont les côtés de l’angle ; leur point de rencontre est
jusque sous le règne de Louis XL S. Michel y était le sommet. On désigne un angle formé par 2 lignes
figuré avec une épée dans la main droite, un écu soit par une seule lettre placée au sommet, soit par
de fleurs de lis dans la main gauche, et un serpent trois lettres écrites sur les côtés et au sommet de
sous les pieds. Cet angelot valait un écu d’or fin l’angle, la lettre du sommet étant placée entre les
environ 14 fr. 20 c. — Un angelot d’or d’une moin- deux autres. Lorsque les côtés sont des droites,
dre valeur (7 fr. 40 c.) fut frappé, en 1427, par le l’angle est dit rectiligne ou angle plan; quand ce
roi d’Angleterre Henri VI, alors maître de Paris. sont des courbes, il prend le nom de curviligne ; il
Le même prince émit aussi .un angelot d’argent, s’appelle mixtiligne quand l’un des côtés est droit
qui valait environ 5 fr. 60 c. de notre monnaie. et l’autre courbe. —
On nomme A. droits les
:

ANGELUS, prière à la sainte Vierge, qui com- angles formés par deux lignes perpendiculaires entre
mence par ces mots Angélus Bomini nuntiavit elles; A. obtus, les angles plus grands, et A. aigus,
Mariæ (l’Ange du Seigneur annonça à Marie). les angles moindres qu’un angle droit; A. corres-
Elle se compose de 3 versets , dont chacun est suivi pondants, les angles dont les côtés sont situés dans
de la salutation angélique. Les Catholiques la réci- le même sens, l’un en dedans, l’autre en dehors de
tent trois fois par jour, le matin, à midi et le soir ; deux parallèles, et tous deux du même côté de la
on sonne la cloche chaque fois pour avertir de sécante; A. internes, les angles qui sont compris
faire cette prière. Le pape Urbain II institua cet en dedans de deux parallèles coupées par une sé-
usage au concile de Clermont. Jean XXII rédigea, en cante; A. externes, les angles en dehors de ces pa-
1316, la prière telle qu’elle est encore récitée aujour- rallèles; A. alternes internes, les angles situés en
d’hui. Louis XI l’introduisit en France en 147^ dedans de deux parallèles, d’un côté différent de
ANGINE (du latin angere, suffoquer, étrangler), la sécante; A. alternes externes, les angles situés
vulgairement mal de gorge, esquinancie, inflamma- en dehors de ces parallèles et d’un côté différent de
tion plus ou moins intense de l’arrière-bouche et du la sécante; A. adjacents, ceux qui sont formés par
pharynx, ou du larynx et de la trachée-artère. De là la rencontre de deux lignes et qui ont un côté com-
deux espèces principales d’angine : celle qui a son mun; A. opposés, deux angles qui se touchent par
siège dans les voies alimentaires, caractérisée par le sommet et dont les côtés de l’un sont formés par
la gêne de la déglutition ; et celle qui affecte les le prolongement des côtés de l’autre.
voies respiratoires , dont le symptôme principal est On appelle : Angles dièdres (du grec dis, deux
la difficulté de respirer. fois, et hédra, base) les portions de l’espace indéfini
La Ir», dite A. gutturale, consiste dans l’in- comprises entre deux plans qui se coupent; A. po-
flammation de la membrane muqueuse qui revêt lyèdres (du grec poly, beaucoup, et hédra), ou
l’isthme du gosier, le voile du palais, ses piliers, A. solides, les angles formés par trois ou plusieurs
la luette, les amygdales, etc. Elle se subdivise, plans dont les intersections vont se réunir en un
selon la partie affectée, en A. tonsillaire ou amyg- même point ; chacun des angles rectilignes formant
dalite , A. pharyngée et A. œsophagienne. l’angle solide prend le nom de face.
La 2‘, VA. des voies respiratoires, se subdivise Les angles qui ont leurs sommets au centre d'un
, , , ,

ANGL — 67 — ANGU
même cercle sont entre eux comme les arcs inter- bord des dents supérieures et par le point le plus
ceptés par leurs côtés ; les angles qui interceptent saillantdu front et l’autre s’étend horizontalement
,

des arcs égaux sont égaux. On peut donc mesurer du conduit ded’oreille aux mêmes dents. Camper à
tout angle proposé, en décrivant de son sommet cherché, en comparant l’ouverture de cet angle
pris pour centre, et avec un rayon quelconque, un dans les différents animaux, à calculer le volume du
arc de cercle, et en cherchant le nombre de degrés cerveau et à juger par là du degré d’intelligence de
de l’arc qui est limité par la rencontre des deux chacun d’eux. Plus cet angle est aigu, plus le cer-
côtés (Foy. rappotîteür). Si l’angle à mesurer est, veau de l’animal est petit, plus son intelligence est
par exempte , formé par deux routes qui se croi- obtuse. L’homme a reçu le plus grand cerveau de
sent, ou par des rayons visuels dirigés d’un lieu tous, et dans l’espèce humaine, l’Européen est le
vers deux objets désignés, on emploie une circon- mieux partagé : chez les Européens , l’angle facial
férence divisée en degrés et armée d’une alidade est de 80 à 85®; chez les Mogols, de 75°; chez les
ou d’une lunette mobile autour du centre et pou- nègres, de 70 à 72®; celui dé l’orang-outang est
vant se placer sur tous les raj’ons du cercle; en de 67®. L’angle facial du Jupiter Olympien et de
dirigeant la lunette successivement vers les deux l’Apollon du Belvédère a plus de 90®.
objets, et lisant sur le limbe l’arc parcouru dans ANGOISSE (du latin angere, presser). C’est pro-
le mouvement du rayon , on obtient la mesure de prement un sentiment de resserrement à la région
l’angle cherché. C’est sur cette théorie que sont fon- épigastrique, accompagné d’une grande difficulté
dées les divisions du graphomètre, de la boussole, du de respirer et d’une tristesse excessive c’est le
:

cercle répétiteur, du théodolite, et de tous les instru- dernier degré de Xanxiélé. Cet état pénible résulte
ments destinés il mesurer les angles sur le terrain. ordinairement de la vue d’un danger qui nous me-
En Astronomie, on nomme A. déposition l’angle nace et que nous sentons ne pouvoir éviter, ainsi
que forment les arcs menés d’une étoile au pôle de que de commotions morales souvent renouvelées;
l’écliptique et à celui de l’équateur; il est formé c’est aussi le symptôme de plusieurs maladies, telles
par les arcs sur lesquels se comptent la latitude et la que l'hypocondrie, la rage, la folie.
déclinaison; A. horaires, ceux qui sont formés au On appelait jadis poire d’angoisse un instrument
pôle par les plans des cercles horaires et le plan du en forme de poire avec lequel les voleurs bâillon-
méridien; leur mesure est l’arc de l’équateur compris naient ceux qu’ils voulaient dépoudlcr. Ce mot
entre ces cercles. Ces angles varient à chaque in- s’emploie encore au figuré.
stant : tant que l’étoile est vers l’E., elle se rap- ANGORA, nom donné à une race de chats, de
proche du méridien et l’angle horaire décroît; il lapins et de chèvres à poil long et soyeux , ori-
est nul au méridien et croît en sens opposé après ginaires d’Angora ( Ancyre), en Anatolie.
ce passage; A. de commutation, l’angle formé au ANGOSTURE, sorte d’écorce. Voy. angusture.
centre du soleil par deux lignes, dont l’une est tirée ANGREC, Lfmoiforum.g.d’Orchidées.F. luiodore.
de la terre et l’autre du lieu de la planète réduite à ANGUILLE, Murœna de Linné, pois-
l’écliptique; A. d’élongation, l’angle formé par son connu de tous , type de la famille des Anguil-
deux lignes menées de la terre, l’une au soleil, l’au- liformes, abonde dans les rivières, les lacs et les
tre à la planète; ou bien la différence entre le lieu étangs de toute l’Europe. Elle a le corps grêle,
du soleil et le lieu géocentrique de la planète; A. cylindrique , souple , couvert d’une peau grasse et
de longitude, celui qui est formé au pôle de l’éclip- glissante, dont les écailles ne sont visibles qu’après
tique par le méridien et le cercle de longitude d’une le dessèchement ; la tête étroite et pointue, la bou-
étoile; A. parallactique formé par le vertical et che garnie de dents. Ces poissons ont la propriété
le cercle de latitude. de vivre hors de l’eau et de ramper comme les rep-
En Optique, on nomme A. visuel ou optique tiles; on les trouve souvent dans les prés maréca-
l’angle formé par deux rayons visuels menés du geux. Leur couleur est le plus souvent noirâtre ou
centre de l’œil aux extrémités d’un objet. L’œil es- d’un vert olive en dessus, et jaunâtre ou blanche
time la grandeur d’un objet suivant la grandeur de en dessous. La chair des anguilles fournit un ali-
l’image qui se peint sur la rétine; cette image est ment aussi sain qu’agréable. L’A. commune est
toujours en rapport avec l’ouverture de l’angle que très-répandue en Europe, en Amérique et en Asie.
font entre eux les rayons extrêmes partis de l’objet Elle se tient cachée pendant le jour dans la vase,
et qui vont se croiser dans la prunelle. Une consé- et sort la nuit pour aller à la recherche de sa nour-
quence nécessaire de ce mode d’appréciation est riture, qui consiste en vers et en petits poissons;
qu’un même objet est jugé plus grand ou plus petit, elle a communément de 5 à 10 décim. de long; elle
suivant la distance. —
peut dépasser de beaucoup cette taille: Le Congre,
En Physique, on nomme A. d’incidence l’angle ou A. de mer, atteint une longueur de plus de 2 mè-
formé par le rayon incident et la normale, ou per- tres; son corps est de couleur blanchâtre, ses na-
pendiculaire au point d’incidence; A. de réflexion, geoires verticales portent une bordure noire ; c’est un
l’angle formé par le rayon réfléchi et la normale poisson fort commun pendant toute l’année sur les
A. de réfraction, l’angle formé par le rayon ré-
;
marchés de Paris; la chair en est peu délicate. —
fracté et la noraale; A. de polarisation, l’angle On croit que l’anguille est ovovivipare c’est-à-
que le rayonréfléchi,complétementpolarisé,faitavec dire que les œufs éclosent dans le sein de la mère.
la normale. Brewster a découvert que la tangente de On a récemment fait des expériences intéressantes
cetangle est toujours égale à l’indice de réfraction. sur les moyens de multiplier ce poisson, qui est
L’angle de polarisation n’est pas le même pour les aussi facile à élever qu’il est précieux.
différents minéraux ; aussi, dans beaucoup de cas, la On connaît ce proverbe ; Il semble l’anguille de
connaissance de cet angle suffit-elle pour reconnaître Melun , il crie avant qxCon l’écorche pour dire :
les espèces auxquelles ils appartiennent : le dia- Il se plaint avant d’avoir du mal. Ce proverbe vient,
mant, par exemple, sur lequel on ne peut faire dit-on, de ce qu’un bourgeois de Melun, nommé
aucun essai quand il est taillé, se distingue immé- L’Anguille , jouant le rôle de saint Barthélemy dans
diatement des pierres fausses par cette observation. un mystère , fut effrayé et cria avant que le bour-
L’angle de polarisation maximum du diamant (celui reau, qui s’approchait en feignant de vouloir l’écor-
sous lequel ses surfaces polarisent la lumière en cher, eût mis la main sur lui.
plus grande proportion) est de 21» 59'; celui du ANGUILLIFORMES , famille de poissons, formée
verre est de 35« 25'; celui du quartz, de 33® 2'. par Cuvier dans l’ordre des Malacoptérygiens apo-
ANGLE FACIAL, angle formé par la rencontre de des. Ces poissons manquent de nageoires ventrales,
deux lignes, dont l’une passe verticalement par le ont le corps allongé , couvert d’une peau épaisse et
5.
, , , ,

ANI 68 ANIM
gluante, les dcailles peu visibles, une vessie nata- rique, a bec très-arqué et très-élevé supérieure-
le
toire de forme variable et singulière. A cette fa- ment , les ailes faibles , à rémiges courtes , la queue
mille appartiennent les genres Anguille, Murène, longue, étagée. Il est très-familier et susceptible de
Ophisure , Gymnote, Gymnarque Equille etc.
,
domesticité. Un même nid sert à plusieurs femelles;
ANGUIS, serpent. Appliqué d’abord à tous les rep- c’est en commun qu’elles
y pondent et qu’elles y
tiles opliidiens, ce nom, tout latin, désigne aujour- couvent. L’Ani se nourrit de lézards, d’insectes, et
d’hui une famille de reptiles à corps cylindrique, souvent s’abat sur le dos des animaux pour
y en-
dépourvu de membres apparents, et dont l’organi- lever la vermine qui les ronge : c’est de là que lui
sation intérieure se rapproche de celle des lézards. vient le nom scientifique de Crotophaga (^du grec
Ils ont la bouche petite, à peine dilatable; les croton, tique, vermine; phagé, manger). La chair
dents petites, nombreuses, serrées; le corps revêtu de cet oiseau est de mauvais goût.
d’écailles uniformes, listes, etc. h’ Anguis vit de pe- ANIL. Voy. INDIGOTIER.
tits insectes et est vivipare. La longueur de son corps ANILIDES (du portugais anil indigo), s’emploie
est de 40 à 50 centimètres. L'A. fragile ou Serpent en Chimie comme terme générique pour désigner
de verre, ainsi nommé à cause de la facilité avec une classe de composés qui diffèrent des sels d’ani-
laquelle il se brise entre les doigts, est inoffensif line par les éléments de l’eau, et qui peuvent se
et habite les bois sablonneux de l’Europe il
: est convertir en ces sels en siassimilant ces éléments.
gros comme le petit doigt ; sa couleur varie d’un Ils ont été découverts par M. Gerhai'dt eu 1846.
blanc argenté au brun fauve ou grisâtre. On le ANILINE (même étymologie opilanilide), alcali
nomme vulgairement Orvet, Envoyé et Aveugle. végétal huileux, très-âcre, d’une odeur aromatique,
ANGUSTURE, Angostura, écorce usitée en mé- composé de carbone, d’hydrogène et d’azote, dans
decine , ainsi nommée de la ville de ce nom en les rapports de C**H'N. M. Fritzsche l’a découvert
Guyane, où on l’a connue pour la première fois. 11 en distillant l’indigo avec la potasse; il se rencontre
en existe deux sortes, qu’il est important de distin- en abondance dans l’buile du goudron de houille.
guer : la vraie qui est un remède précieux, et la 11 forme avec les acides des sels cristallisables, qui

fausse, qui est un poison dangereux. L'A. vraie, se colorent en violet avec le chlorure de chaux.
que fournit le Cusparé {Cusparia Bomplandi), ANILLE (du latin anellus, annellus, petit anneau).
arbre d’Amérique est livrée par le commerce en
,
On nomme ainsi, en Technologie, une espèce d’anneau
morceaux variables de forme de grosseur et de en fer qui soutient la meule supérieure d’un mou-
,

longueur, amincis sur les bords, très-fragiles, peu lin à farine ; —


en Hydraulique, une sorte de tirants
épais , d’une texture peu serrée , d'une odeur désa- ou d’anneaux de fer scellés dans le parement des
gréable et d’une saveur très-amère. Elle a une vertu bajoyers d’une écluse, pour retenir les poteaux de
tonique et anli-dyssentérique, et est employée comme garde posés le long des branches et sur les faces
succédané du quinquina contre les fièvres, surtout de l’avant-bec des piles; —
dans le Blason, une figure
contre la lièvre jaune. L’^l. fausse, qui se trouvequel-, en forme de deux G adossés ; on dit porter d’azur :

quefois mélangée à la vraie, est fournie par le com- à une anille d’argent entourée d’une couronne de
merce en morceaux plus forts , non amincis sur les gueules.
bords, non fragiles, pesants , compactes , à surface ANIMAL (règne), l’ensemble des êtres organisés
grisâtre ou couleur de rouille, inodores et très-amers. connus sous le nom général d’animaux, c’est-à-dire
Ou ignore rarb.>'e qui la produit; les uns l’attribuent doués de sensibilité et de mouvement. Linné les
au Brucea ferruginea, les autres au Strychnos co- distinguait des êtres appartenant aux deux autres
lubrina de Linné ou au Strychnos nux vomica. règnes de la nature dans les lignes suivantes :

ANHELATION (du latin anhelare, souffler), es- Mineralia c?'escunt ; Vegetabilia crescunt et vi-
soufflement, état dans lequel la respiration est fré- vant; Animalia crescunt, et vivant, et sentiunt.
quente , courte , et les mouvements de la poitrine Cuvier partageait les animaux en 4 grands em-
très-prononcés, accompagne un grand nombre d'af- branchements 1“ VERTÉBRÉS , se subdivisant en
:

fections , telles que l’asthme , les anévrismes , etc. Mammifères, Oiseaux, Reptiles et Poissons ; 2» mol-
ANHINGA (nom brésilien de cet oiseau), Plotus LUSûUES, qui u’ont point de squelette, et se subdi-
L., genie d’oiseaux Palmipèdes totipalmes, ont le visent en Acéphales, Céphalopodes, Ptéropodes
bec plus long que la tête, le cou mince et allongé, Gastéropodes, Brachiopodes et Cirrhopodes ; 3“ ar-
la queue grande et large, contrairement aux oi- ticulés, se subdivisant en Crustacés, Arachnides,
seaux d’eau. L’Anhinga habite les contrées les plus Myriapodes Annélides et Insectes; 4» rayonnés
,

chaudes de l’Amérique et fait son nid sur les ar- ou zooPHYTES, subdivisés en Échinodermes, Intes-
bres; il se traîne difficilement à terre, mais il a le tinaux, Acalèphes Polypes et Infusoires.
,

vol très-élevé. Il est piscivore, et excellent nageur Les progrès de la science ont modifié quelques
en même temps que percheur. Sa chair est mauvaise. parties du système de Cuvier. Les Articulés ont été
ANHYDRE (du grec a priv., et liydor, eau), épi- placés avantlcsMüllusqucs etont été partagés en deux
thète donnée par les chimistes à certaines combi- sous-embranchements les articulés phopreme.vt
:

naisons qui ne renferment pas d’eau, ou qui ont été DITS , comprenant /«secles, Myriapodes, Arachni-
privées d’eau par un procédé quelconque; on dit : des, Crustacés et Cirrhopodes, et les vers, jiartagés
acide anhydre, sel anhydre, par opposition à en 4 classes Annélides, Rotateurs, Turbellariés
:

acide hydraté , sel hydraté, qui contient de l’eau. et Helminthes. Les Mollusques ont formé de même
ANHYDRIDE , synonyme d’acide anhydre. 2 sous-embranchements les mollusüues proprement
:

ANHYDRITE minéral cristallin, blanc ou gris,


,
dits: Céphalopodes, Gastéropodes, Ptéropodes et
composé de sulfate de chaux anhydre, est très-ré- Acéphales, et les holluscoides, formés des Tuni-
pandu dans les Alpes, où il forme quelquefois des ciers et des Bryozoaires. Enfin les Zoophytes (dont
masses considérables à la jonction des terrains de les lutestin.aux ont servi à former la classe des Hel-
cristallisation et des terrains de sédiment. 11 est minthes dans le sous-embranchement des Vers),
impropre à la fabrication du plâtre. Une variété comprennent maintenant Echinodermes Acalé-
:
,

légèrement siliceuse, d’un gris bleuâtre, est em- phes Polypes, Infusoires et Spongiaires. Cette
,

ployée en Italie pour faire des tables et des cheminées, division est celle qui est adoptée dans le Cours élé-
sous le nom de marbre de Bergame ou de bardi- mentaire d’ Histoire naturelle de M. Milue-Edvi'ards.
qlio; on la tire de Vulpino, à 60 kil. de Milan. ANIMALCULES, animaux tellement petits qu’ils
ANI (nom indigène), Crotophaga, genre d'oiseaux ne peuvent être distingués qu’à l’aide d’un micro-
de l’ordre des Grimpeurs, famille des Cuculidées, scope. Ou les appelle aussi pour ce motif micro-
originaire des contrées les plus chaudes de l’Amé- scopiques. La connaissance de ces êtres est encore
, ,

ANKY — 69 — ANNE
fort imparfaite. On a attribué à l’invasion d’ani- être relâchés, il faut faire exécuter graduellement
malcules malfaisants les maladies épidémiques. des mouvements à l’articulation malade.
ANIME, espèce de cuirasse composée de lames de ANNALES. C’est proprement la relation simple
métal, était d’un usage général au moyen âge; on impartiale et sans jugement des faits qui se passent
s’en servait encore en Italie il y a deux siècles, sous chaque année ; les annales servent à la formation
le nom l’anima, animetta. L’anime a aussi été des histoires. Les plus anciennes annales connues
appelée garde-cœur. sont celles de la Chine, qui remontent jusqu’à près de
ANIMÉ. Voy. résine animé. 3,000 ans avant J.-C. Les plus célèbres sont, chez les
ANIÂIISME {à' anima, âme), système physiolo- Grecs, celles des Athéniens, écrites sur les marbres
gique qui explique les phénomènes de la vie et de dits de Paros ou d'Arundel; chez les Romains, les
la maladie par l’action de l’âme, au lieu de les rap- Annales maximi, qui servirent à l'histoire de Roipe ;
porter â des causes purement physiques ou chimi- le soin de les rédiger était une des fonctions du grand

ques. Cette doctrine, dont Y archée Je Van-Helmoiit prêtre; il écrivait sur des tablettes tous les événe-
paraît être le germe, a été soutenue au xviiie siècle ments qui avaient eu lieu dans l’Etat , et exposait
par le célèbre Stahl , professeur à l’université de ces tablettes dans son logis , afin que le peuple pût
Halle; elle se retrouve, avec quelques modifications, aller les lire. C’est ce qui les faisait aussi appeler
dans la théorie du principe vital de l’école de Annales pontificum. Cette coutume, qui remonte
Montpellier, de Barthez, Bordeu, etc. Elle a perdu aux- premiers temps de Rome, subsista jusqu’en
du terrain à mesure que l’action des causes physi- 134 avant J.-C. —
On a étendu le nom à’ Annales
ques a été mieux connue ; mais elle compte encore à des histoires suivies on connaît surtout sous ce
:

de chauds partisans et puise de solides arguments titre les Annales de Tacite , qui embrassent l’his-
dans l’influence incontestable du moral sur le phy- toire des événements qui eurent lieu depuis la mort
sique. Ses partisans s’appellent Animistes. d’Auguste jusqu’à celle de Néron c’est un des plus
:

ANIS Pimpinella anisum (du grec am'50«, même


. beaux monuments de la littérature romaine.
signifie.), plante annuelle de la famille des Ombelli- ANNEAU (du latin annulas) , ornement en usage
fères, tribu des Amminées. Elle appartient au genre dès la plus haute antiquité : on le trouve chez les
Boucage et est caractérisée par son fruit réticulé et Egyptiens, les Hébreux, les Perses, les Grecs,desquels
le peu de durée de sa tige, qui est annuelle. On la il passa aux Romains. Dans quelques pays, on en por-

cultive en grand aux environs d’Angers , de Bor- tait même aux pieds. A Rome, l’anneau distinguait
deaux, en Espagne et en Orient. Elle est originaire les différents ordres de citoyens. Dans les premiers
de l’Egypte. Ses graines sont très-aromatiques, et temps de la république, les sénateurs étaient les seuls
exhalent une odeur agréable : en Italie et en Alle- qui eussent droit de porter l’anneau d’or. Bientôt ce
magne, on inèle ces graines avec le pain; partout droit s’étendit aux chevaliers, puis à toutes les autres
elles entrent dans la plupart des pâtisseries. Les classes, et enfin il ne fut plus une distinction. Ce-
dragées d’anis sont très-estimées, surtout celles de pendant l’anneau de fer demeura toujours la marque
Verdun, ainsi que la liqueur d’anis ou anisette : caractéristique des esclaves. —
Les anneaux ser-
l’anisette de Bordeaux a un grand renom ; cepen- vaient souvent, comme chez nous, de cachets {an-
dant celle d’Amsterdam lui fait une redoutable con- nuli sigillarii) ; le mari en donnait un à son épouse
currence. On emploie Vanisvert en médecine comme le jour des fiançaillesannulas nuptialis ou spon-
(
stomachique et apéritif, pour réveiller les forces salifias), usage qui s’est aussimaintenu chez les mo-
vitales, favoriser la digestion, augmenter le lait dernes {alliance) ; en mourant, on le laissait, comme
chez les nourrices et les femelles des animaux, on le voit par la mort d’Alexandre , à celui qu’on
aider l’expectoration. On en retire-une huile grasse voulait désigner pour son héritier ou son successeur.
odoi-ante et une huile essentielle bleue qui, â h’ anneau est, avec la crosse, le symbole du pou-
Francfort et dans d’autres localités, sert à teindre voir pastoral ; il est donné par le pape aux évêques,
l’eau-de-vie. —
On nomme Anis âcre ou A. aigre le aux archevêques et aux cardinaux ; il est le plus sou-
cumin , Am's de Paris une variété de fenouil dont vent d’or, et au milieu est enchâssée une améthyste.
on mange les racines et le bas de la tige , Anis —U anneau du pêcheur est un anneau ou sceau avec
étoilé la Badiane de la Chine, qui sert aussi à fa- lequel le pape signe les brefs apostoliques. 11 porte
briquer l’anisette de Bordeaux. Voy. badiane. l’image de saint Pierre (rjui fut lui-même pêcheur),
ANISETTE , liqueur fort estimée , produite par assis dans sa barque. L’usage de cet anneau re-
la distillation de l’alcool avec de l’anis. Voy. anis. monte aux premiers siècles de l’Eglise. L’anneau doit
ANISIQUE (acide), dit aussi acide dracique ou être rompu à la mort de chaque pontife.
draconique, acide incolore, solide et cristallisé, En Astronomie, on appelle anneau astronomique,
qui se produit par l’action de l’acide nitrique sur solaire ou horaire, un petit cadran portatif sur le-
l’essence d’anis et l’essence d’estragon ; découvert en quel sont gravés les signes du zodiaque. Cet anneau
1841 par M. Cahours. Sa formule est C’®H’0’’H0. est percé d’une rainure à jour recouverte d’un autre
ANKYLOSE (du grec agkylos, courbé), diminu- anneau mobile et percé d’un trou qu’on fait corres-
tion ou impossibilité absolue des mouvements d’une pondre aux signes du zodiaque qui paraissent pen-
articulation naturellement mobile. On distingue dant le mois. Le point lumineux qui passe par ce
VA. vraie ou complète, lorsqu’il y a soudure des trou exposé au soleil indique l’heure gravée sur la
extrémités articulaires entre elles; etl’d. fausse ou surface du cercle, et par suite la latitude du lieu
incomplète, lorsque les surfaces articulaires exé- où l’on se trouve.
cutent encore quelques mouvements les unes sur En Anatomie , on nomme anneau toute ouverture
les autres. On a vu des sujets chez lesquels l’anky- qui traverse un muscle et livre passage à des vais-
lose complète s’est étendu à tous les membres. L’an- seaux ou à des nerfs tels sont principalement
:

kylose, vraie ou fausse, suppose toujours que le Vanneau inguinal ou sus-pubien creusé dans l’é-
membre est resté longtemps immobile, comme il paisseur du muscle costo-abdominal , et où s’enga-
arrive à la suite des luxations, des fractures, etc. gent les viscères dans la hernie inguinale ou des-
Ce peut être aussi un elfet des progrès de Tâge. On cente, et Vanneau ombilical qui , dans le fœtus,
remédie à ce mal au moyen des bains, des cataplas- donne passage aux vaisseaux ombilicaux et dont la
mes, des fomentations émollientes, des embrocations cicatrice forme le nombril. —
En Histoire naturelle,
huileuses, et par l’usage des eaux thermales de on emploie aussi ce nom pour désigner certaines
Bourbonne, do Baréges, prises en bains, douches et parties des plantes et des animaux des classes infé-
boissons. Lorsque, par l’usage de ces moyens, les rieures, comme dans les champignons, les mousses,
ligaments et les autres parties molles commencent à les fougères, les insectes, les annélides, etc.
,
, ,,

ANNE — 70 — ANNE
ANNEAUX COLORÉS , phénomène d’optique que pré- astronomique. L’année tropique est l’année solaire
sentent tous les corps diaphanes réduits en lames vraie, c.-à-d. le temps que met le soleil à revenir
assez minces, est produit par l’effet de deux ré- au même tropique, et, par conséquent, celui qui
flexions uniformes, qui ont litu aux deux surfaces de est nécessaire pour que chaque saison se reproduise
ces lames. On l’observe dans les bandes de verre souf- dans le même ordre. C’est pour cela que les astro-
flées à la lampe et gonflées jusqu’au point d’éclater ; nomes l’appellent aussi année équinoxiale. Us nom-
dans les lames de clivage des cristaux; dans les bulles ment année sidérale celle qui est calculée sur le
de savon ou dans les gouttes d’huile qui s’étalent sur retour apparent du soleil à la même étoile. Le re-
l’eau. 11 se produit également dans les métaux po- tour du soleil aux mêmes étoiles exigeant un temps
lis, comme le fer et l’acier, sous l’action de la cha- plus considérable que le retour du soleil à l’équa-
leur et au contact de l’air; il est dù, dans ce cas, année excède l’année tropique de 20' 20".
teur, cette
à une légère pellicule d’oxyde. Enfin l’air, les va- L’année civile a toujours été chez tous les peu-
,

peurs et les gaz donnent naissance au même phé- ples , ou solaire ou lunaire. Chez les Egyptiens
nomène. Newton en a le premier reconnu les lois : l’année civile était composée de 360 jours et di-
1“ Dans chaque substance , les couleurs changent visée en 12 mois de 30 jours ; après le 12® mois
avec l’épaisseur de la lame et avec l’obliquité sous on ajoutait 5 jours additionnels , qui portaient à
laquelle on la regarde ; mais dans tous les cas elles 365 jours la durée totale de l’année. L’année des
disparaissent quand la lame est trop mince ou trop Juifs était une année lunaire, composée de 12 mois
épaisse. 2° Les couleurs simples donnent des an- alternativement de 30 et de 29 jours; elle était
neaux qui sont alternativement brillants et sombres ; ainsi de 354 jours. Tous les 3 ans, on ajoutait un
dans les différentes couleurs, les anneaux du même 13e mois de 30 jours; cette année, dite embolis-
ordre ont des diamètres d’autant plus grands que mique ou intercalaire avait 384 jours; chaque
les couleurs qui les forment sont moins réfrangibles. 7® année était une année sabbatique; au bout de
3“ Dans une lame mince quelconque, les épaisseurs 7 semaines d’années, ou de 49 ans, on célébrait
correspondant aux anneaux brillants des différents Vannée du jubilé (Voy. sabbat, jubilé). —
L’année
ordres suivent la série des nombres impairs 1,3, grecque était à la fois lunaire et solaire, c.-à-d.
5,7, etc., tandis que les épaisseurs correspondant que les mois étaient réglés sur le cours de la lune,
aux anneaux noirs suivent des nombres pairs Q, 2, et la longueur de l’année sur le cours du soleil. Ce
4. 6, etc. 4“ Dans deux lames de diverses substances, qui avait nécessité ce mélange , c’est que les céré-
les épaisseurs qui correspondent aux anneaux du monies civiles et religieuses étaient fixées , tantôt
même ordre produits avec la même lumière sont au retour des phases de la lune, tantôt au retour
entre elles eu raison inverse des indices de réfrac- des différentes saisons. Après de nombreux essais
tion de ces substances. pour accorder ces deux années, les Grecs adoptè-
On doit aussi à Newton la découverte des anneaux rent une année fautive de 360 jours, composée de
colorés produits par les plaques épaisses : lorsqu’un 12 mois de 30 jours chacun ; mais bientôt on s’a-
rayon solaire entre dans la chambre noire par une perçut que d’un côté la révolution de la lune n’était
ouverture de 4 ou 5 millim. de diamètre , et qu’il pas exactement de 30 jours, et que, de l’autre, l’an-
tombe sur un miroir concave de verre étamé qui née de 360 jours retardait sur l’année solaire , de
le renvoie exactement dans la direction de l’inci- manière que les saisons ne tombaient plus dans les
dence , on distingue autour de l’ouverture , sur un mêmes mois ; alors on forma des mois qui avaient
carton blanc disposé à cet effet, une série d’anneaux alternativement 29 et 30 jours , ce qui faisait une
très-éclatants. Newton a reconnu que : 1“ dans une année de 354 jours. Puis, pour mettre cette année
lumière homogène quelconque , les carrés des dia- en harmonie avec l’année solaire, on ajoutait tous
mètres suivent, pour les anneaux brillants, la série les 2 ans à la fin du dernier mois un mois sup-
des nombres pairs 0, 2, 4, 6, etc., et pour les an- plémentaire de 30 jours , nommé posidéon 2“ ; ce
neaux sombres, la série des nombres impairs 1, 3, qui faisait une période de 25 mois lunaires et de
5. 7, etc. ; 2“ avec un même miroir, placé à la même 738 jours. On nomma ce cycle de 2 ans la diété-
distance , les diamètres des anneaux de même ordre ride (2 fois Vannée'). La diétéride ne redressait
dans les différentes couleurs vont en décroissant, pas entièrement les erreurs , et ne rétablissait pas
depuis le rouge jusqu’au violet, et leurs rapports encore l’égalité entre l’année lunaire et l’année so-
sont les mêmes que pour les anneaux formés dans laire elle avait 6 h. 21' de moins que 25 révolu-
:

les lames minces; 3» les diamètres des anneaux de tions de la lune, et 7 j. 12 h. 22' de plus que 2 an-
même couleur et de même ordre , formés avec des nées solaires. Après plusieurs essais de correction,
miroirs de même rayon et de différente épaisseur, on forma vers le v® siècle avant J.-C. un cycle
sont réciproquement proportionnels aux racines car- nommé octaétéride ou période de 8 années. Sup-
rées des épaisseurs des miroirs. posant l’année solaire de 365 jours un quart , l’an-
ANNEAU DE SATURNE. VoiJ. SATURNE. née lunaire de 354, 8 années solaires =2,922 jours,
ANNÉE (du latin annus) , nombre déterminé de 8 années lunaires =
2,832 jours; la différence était
jours qui forment une certaine période solaire ou donc au bout de 8 ans de 90 jours, dont on pouvait
,
lunaire, suivant qu’on mesure le temps par les ré- faire 3 mois chacun de 30 jours. Si donc, dans
volutions du soleil ou par celles de la lune. l’espace de 8 années lunaires, on intei'cale ces 3 mois,
L’année est dite astronomique on civile, suivant la totalité sera la même que celle des 8 années so-
que cette division du temps s'applique spécialement laires. Ou répartit ces 3 mois dans les 8 ans le
:

aux phénomènes célestes ou aux usages sociaux. 1»’' au bout de la


3®, le 2® au bout de la 5®, le 3® au
La durée de l’année astronomique solaire, cal- bout de la 8®, en sorte que ces 3 annéesavaientchacune
culée sur le temps qu’emploie le soleil à faire le 13 mois au lieu de 12, et 384 jours au lieu de 354.
tour de l’écliptique , c.-à,-d. le temps qui s’écoule L’année des Romains eut d’abord 10 mois seu-
entre un solstice et un solstice semblable , ou bien lement , puis 12. Pour régler les intercalations
entre un équinoxe et un équinoxe semblable est Jules César fit venir à Rome Sosigène , astronome
,
de 365 jours 5 h. 48' 51" 6"'. La durée de l’année d’Alexandrie , lequel , supposant que l’année eom-
astronomique lu7iaire est calculée sur la durée de mune était de 365 jours un quart, établit que l’an-
12 lunaisons, chacune d’elles étant de 29 j. 12 h. née commune serait trois fois de suite de 365 jours,
44' 2" 8'"; cette année se compose ainsi de 354 et la quatrième de 366. Le jour intercalaire se pla-
j.
8 h. 48' 34". Ce sont ces fractions diflicilement çait 6 jours avant les calendes de mars, et on l’ap-
appréciables pour les usages de la vie sociale qui pelait bissexto calendas d’où nous avons donné à
forment la différence entre l’année civile etl’année cette année le nom de bissextile. Cette réforme.
, , , ,

ANNE — 71 — ANNU
qui date de l’au 47 avant J.-C., est connue sous le également sur les deux côtés du corps; le genre
nom d’ère julienne. Amphinome, type de cet ordre, se distingue à ses
Mais l’année julienne est trop longue d’environ pieds saillants armés de soies sans crochets, et à la
11', 10 ou 12", qui produisent à peu près un jour disposition de ses branchies qui existent à tous les
en 134 ans, ou 3 jours en 400 ans. En 1582, les segments du corps , excepté aux 3 ou 4 premiers.
inconvénients résultant de cette erreur devinrent Ces animaux habitent les mers des contrées chaudes.
assez manifestes pour que le pape Grégoire XllI M. Milne-Edwards fait des Annélides sa Ir® classe
cherchât à y remédier par une nouvelle réforme- ; des Animaux annelés ou vers , qu’il place après les
on fut obligé de retrancher 10 jours à l’année ci- Insectes , les Arachnides et les Crustacés , et il les
vile , et le 5 du mois d’obtebre 1582 fut compté fait suivre des Rolifères que Cuvier avait placés dans
pour le 15; mais aün qu’une pareille confusion ne les Infusoires, et des Vers intestinaux (Turbellariées
se renouvelât plus , on dut retrancher ce qu’il y et Helminthes), dont Cuvier avait fait sa 2“ classe
avait de trop dans l’année julienne , c.-à-d. un jour de Zoophytes.
sur 134 ans : à cet effet, on convint qu’à l’avenir ANNEXE (du latin annexas, formé de ad, à ; nec-
3 des années séculaires qui, d’apiès le calendrier tere, lier, ce qui est joint à une chose principale) se,

julien, devaient être bissextiles, seraient communes, disait en termes de Droit féodal , des terres ou do-
,

et que dans la 4® seulement on intercalerait un jour maines attachées à une seigneurie dont ils n’étaient
supplémentaire. Cette réforme , connue sous le nom pas mouvants ou dépendants. —Aujourd’hui ce mot
de grégorienne a été généralement adoptée , quoi- exprime en Droit 1® les pièces ajoutées à un acte et
;

qu’à des époques fort diverses ( les Anglais ne l’ad- en dépendant ; 2° les acquisitions ajoutées à une pro-
mirent qu’en 1752). Le calendrier julien n’est plus priété possédée précédemment, et que l’on a augmen-
suivi qu’en Russie et en Grèce; l’ancienne manière de tée ; 3® certains endroits consacrés à l’exercice du
compter s’appelle le vieux style par opposition à
,
culte , et qui ne sont ni paroisses ni succursales.
celle qui est en usage dans le reste de l’Europe , et ANNUAIRE [ééannus, année), publication annuelle
qu’on nomme nouveau style ; elle est aujourd’hui dans laquelle on donne, outre le calendrier de l’année,
en retard sur le nouveau style de 12 jours. l’histoire et la statistique d’un pays, d’un départe-
En 1792, on imagina en France une réforme du ment , d’une ville , d’une société , et où l’on rend
calendrier, en empruntant aux Égyptiens la divi- compte de tous les changements qui ont eu lieu
sion de l’année en 12 mois de 30 jours avec l’ad- dans le courant de l’année. Les ouvrages le plus es-
dition de jours épagomènes, qu’on appela complé- timés en ce genre sont V Annuaire historique de Le-
:

mentaires, au nombre de D ou de 6 , suivant que sur; VAnnuaire des Deux-Mondes publié pour la
l’année était commune ou bissextile. Ce calendrier, première fois en 1851 par les éditeurs de la Revue
dit républicain, n’a été en usage que durant envi- des Deux-Mondes. On a étendu le nom d’An-
ron 13 ans (1792-1805). nuaire à ce qui s’appelait précédemment A/wanacA r
L’époque du commencement de l’année a varié Annuaire du Commerce, Annuaire militaire, An-
chez tous les peuples. Les Égyptiens, les Chaldéens, nuaire du Clergé etc. \Voy. almanach). —
\jArb-
les Perses, les Syriens, les Phéniciens
,
les Cartha- nuaire du Dur-eau des longitudes, publié chaque
ginois, lacommençaientàl’équinoxe d’automne. C’est année à Paris , est un recueil d’observations astro-
aussi vers cette époque (au 25 septembre) que les Juifs nomiques et météorologiques extraites de la Connais-
commençaient leur année civile, bien que l’année sance des Temps, el contient diverses Tables usuelles.
ecclésicistique commençât à l’équinoxe du printemps. Cet ouvrage parut pour la première fois en 1796.
— Le commencement -de l’année des Grecs se trou- ANNUEL. En Botanique , on nomme plantes an-
vait au solstice d’hiver à la première réforme (22 dé- nuelles, par opposition à plantes vivaces, colles qui
cembre) , et au solstice d’été (3 juillet) à la deuxième. croissent, se développent et meurent dans l’année.
— Celle des Romains commençait à l’équinoxe du On nomme bisannuelles celles qui vivent deux ans.
printemps sous Romulus, au solstice d’hiver depuis La première année , la tige se flétrit ; elle en pro-
Numa. — En France, le commencement de l’année a duit une nouvelle qui meurt avec elle à la fin de
souvent varié en général, sous la première race, ce
; la seconde année. Le blé et toutes les Graminées sont
fut le mai , jour où l’on passait les troupes en annuels; le chou, la carotle sont bisannuels.
revue. Sous la deuxième race, ce fut le jour de Noël, Dans la Liturgie , annuel signifie Messe dite tout
au solstice d’hiver. Sous la troisième , le jour de les jours ou chaque semaine de l’année du deuil pour
Pâques. Un édit de Charles IX, de 1564, ordonna le repos de l’âme d’un défunt.
que l’année commencerait le l®' janvier. — L’an- ANNUITÉ (d’annus, année) , mode de payement
née républicaine commençait le vendémiaire, qui dans lequel le débiteur s’acquitte envers le créancier
correspondait alternativement au 22 et au 23 sep- en lui versant chaque année une somme composée
tembre. Voy. CALENDRIER. partie des intérêts, partie d’une fraction de capital.
ANNÉE CLIMATÉRIQUE. Voy. CLIMATÉRIQUE. Soit une somme de 10,000 fr. empruntée pour dix
ANNÉLIDES ( à’annellus, petit anneau), classe ans à 5 0/0 au lieu de payer chaque année 500 fr.
:

d’animaux articulés , renfermant des vers au corps d’intérêts qui ne diminuent en rien le capital à
mou , au sang rouge , qui vivent dans la mer, rembourser, on peut , par un calcul facile , trouver
dans le sable humide , etc. ; leur corps est muni une somme qui, la même pour chaque année,
soit de segments , soit de rides transverses qui res- comprenne à la fois les intérêts et une portion du
semblent à de petits anneaux. Ce nom fut créé par capital, portion qui s’accroîtra chaque année, tandis
Lamarck pour désigner les animaux que Cuviei qu’au contraire les intérêts diminueront; cette
appelait Vers à sang rouge. D’après lui les Anné^
,
somme est 1,295 fr. Ce mode de remboursement
lides se divisent en 3 ordres : Â. apodes (Hirudées, est , on le voit , le moins onéreux M. Grémilliet
Echiuridées ) ; A. antennées (Aphrodites, Néréides, a donné ,
dans sa Théorie du calcul des intérêts
Eunicées, Amphinomes); A. sédentaires (Dorsalées, des tables qui offrent la solution de toutes les
Maldaoées, Amphitritées, Serpulées). Les travaux
plus récents de M. de Blainvîlle et de M. Milne-
questions d’annuités. —
Le remboursement par an-
nuités, d’abord employé en Angleterre, a été adopté
Edwards ont apporté des modifications à cette divi- depuis en France et dans plusieurs autres États. —
sion. Aujourd’hui on divise les Annélides en 4 or- On a par suite étendu le nom d’annuités à des ac-
dres : les A. errantes, les Tubicoles ou Sédentaires, tions ou engagements productifs d’intérêts, mis en
les Terricoles et les Suceuses. circulation par le Trésor à l’occasion d’un emprunt
Les .4. errantes, qui forment le ordre, ont public dont le capital est remboursable par fractions
leurs organes, et surtout leurs branchies, disposés à des échéances déterminées. En France, il avait.éte
, , , , , . , ,

ANON — 72 — ANSE
créé 60 millions A’anmités de ce genre pour payer large de plus de 25 centim. et écailleux à l’extérieur
;
les reconnaissances do liquidation ; ces annuités il renferme plusieurs graines. On en compte
jusqu’à
étaient de deux classes, l’une, de 10 millions, à 40 espèces, entre autres VA. muricata, nommée
6 Oyü d'intérêt, l’autre, de 50 millions, à 4 0/0. aussi Corossol ou Cachiman ; VA. à trois pétales ou
ANOBIUM (c.-à-d. sans vie), insecte. K. vrillette. Cherimolia et 1’^. écailleuse ou Pommier can-
ANOBLISSEMENT. Voy. noblesse. nelle, dont les fruits sont très-succulents et se ser-
ANODINS (du grec a priv., et odynè, douleur) , re- vent sur les tables au Pérou. Ceux de VA. réticulée
mèdes qui ont la propriété de calmer et même de ou Cœur-r/e-éeew/ se donnent aux animaux de basse-
faire cesser entièrement une douleur. Les médica- cour. La graine passe pour vénéneuse; mais on re-
ments gélatineux, mucilagineux, les corps gras, etc. tire de l’écorce un remède contre la dyssenterie.
sont anodins. L’opium, le pavot, la ciguë, la jus- ANONYME (du grec a priv., et onoma, nom). On
quiame, en un mot les narcotiques à petites doses, nomme ainsi et les écrits dont l’auteur ne se nomme
prennent plus spécialement ce nom. pas et l’auteur même de ces écrits. Baillet avait pu-
ANODONTE (d’a priv., aiodous, odontos, dent) blié dès 1690, sous le titre d’ Auteurs déguisés, des
genre de Coquilles, de la famille des Mytilacés, que recherches sur les ouvrages anonymes de son temps.
l’on trouve très-souvent dans les fleuves et dans les Le bibliophile Barbier a donné un ouvrage complet
étangs de nos pays, sont minces et fi-agiles, compo- et précieux sur la matière , le Dictionnaire des ou-
sées d’une nacre assez belle, argentée, recouverte vrages anonymes et pseudonymes, 4 vol. in-S», 1822.
d’une peau verte; elles ressemblent aux moules, et Le voile de l’anonyme a trop souvent servi à cacher
doivent leur nom à la forme de leur charnière qui de coupables attaques. Condamnées de tout temps par
est linéaire et sans dents. L’A. dilatée grande de la morale, elles ont été flétries par le poëte qui a dit :
15 à 20 centimètres, sert aux habitants des cam-
ÜQ écrit clandestin n'est point d'un honnêtehomme .
pagnes pour écrémer le lait. Quand me nomme.
j'attaque quelqu'un , je signe et je
ANOLIS (nom indigène) , genre de Reptiles sau-
riens de l’Amériqvie et des Antilles, de la famille Les attaques anonymes faites par la voie de la presse
des Lézards iguaniens de Duméril , se distinguent se trouvent atteintes par la loi de 1850, qui prescrit
par la largeur de leurs doigts ; ce qui les a fait de signer tous les articles de journaux.
nommer Larges-doigts. Leur couleur est varialile ANONYME (société). Voy SOCIÉTÉ ANONYME.
comme celle des caméléons. Les Anolis mordent for- ANOPLOTHÉRIUM (du grec anoplos sans ar-
tement et avec assez d'acharnement la main qui les mes, tAeVioa, animal), mammifère fossile de l’ordre
saisit ; mais leur morsure est innocente. des Pachydermes, restitué par Cuvier d’après des
ANOMAL, ANOMALIE (d’a priv., et nomos, loi, débris trouvés dans des carrières de plâtre aux envi-
règle) , nom donné à ce qui s’écarte de la règle com- rons de Paris. Ces animaux, dont la race est éteinte,
mune. En Botanique, on nomme anomales les par- avaient le pied fendu en deux doigts comme le cha-
ties de la plante (fleurs, feuilles, etc.), qui par leur meau; chaque mâchoire renfermait 20 dents. On
forme irrégulière se distinguent de la classe dont distingue VA. commun, de la taille d’un ânon, am-
elles auraient dû faire partie. phibie herbivore, au poil lisse et court, et ressem-
En Astronomie , on appelle anomalie la distance blant à la loutre , animal nageur et peut-être plon-
d’un astre à son périhélie. L’A. moyenne est la di- geur ; et l’.4. moyen, de la taille et de la forme d’une
stance d’un astre à son périhélie avec cette condition gazelle , herbivore et u’iiabitant pas les lieux hu-
nécessaire qu’elle est toujours proportionnelle aux mides. — C’est par l’Anoplothérion que Cuvier a
temps ;
VA. vraie est l’angle formé au centre du so- commencé à démontrer que parmi les ossements
leil par le rayon vecteur et le grand centre de l’el- fossiles il y avait des débris de races d’animaux in-
lipse : la dill'érence entre VA. vraie et VA. moyenne connues aujourd’hui dans la nature vivante.
donne l’é(|uation du centre ou
l’équation de l’orbite. ANOREXIE (du grec a priv., etorexis, appétit),
\J A. excentrique est celle qui est vue du centre état maladif dans lequel on n’éprouve aucun désir
d’un cercle circonscrit à l’ellipse , pour un point du de prendre des aliments. Voy. appétit.
cercle qui a la même ordonnée que l’ellipse. ANOSMIE (du grec a priv. et osmè, odeur) , af-
ANOMALISTIQÜE [à’ anomalie] se dit, en As- faiblissement ou perte de l’odorat on l’observe
:

tronomie, du temps qu’une planète qui part de dans le rhume de cerveau , dans la lièvre ataxique
l’un des sommets de son orbite met à y revenir, et dans l’hystérie ; on l’attribue tantôt à l’abondance
c.-à-d. de la durée de toutes ses anomalies ce temps : et à l’altération du mucus nasal, et tantôt à la sé-
diffère de la révolution sidérale , parce que l’axe de cheresse de la membrane muqueuse des fosses na-
l’orbite varie de position. C’est dans ce sens que l’on sales. Les parfumeurs, qui vivent dans une atmo-
dit révolution anomalistique, année anomalistique. sphère chargée de substances très-odorantes, et les
ANOMIE (d’a priv., et nomos règle, irrégulier), ouvriers qui respirent journèliement des vapeurs
genre de coquilles de la famille des üstracés, à deux irritantes , sont sujets à l’anosmie.
valves inégales , minces et translucides , d’une cou- ANOURES (du grec a priv., et oura, queue), nom
leur jaune plus ou moins foncée. Ces coquilles s’at- donné par Duméril à une famille de Batraciens qui,
tachent sur les corps marins , sur des animaux et dans l’âge adulte , n’ont point de queue tels sont :

même sur d’autres coquilles. Une de leurs valves est \c% Grenouilles les Crapauds, tes, Rainettes.
percée , aplatie ; l’autre est plus grande , concave ANSERINE (d’anYcr, oie , parce que cette plante
et entière. L’espèce la plus commune, la Pelure d'oi- a des feuilles en forme de patte d’oie) , Clienopodium,
gnon, habite la Méditerranée, la Manche et l’Atlan- genre type de la famille des Atriplicées ou Chéno-
tique. Les riverains la mangent comme les huîtres. podées ; tige cannelée, feuilles alternes, fleurs ver-
ANONACÊES [d’Anone, genre type) , famille ae dâtres, peu apparentes et disposées en petits pa-
plantes dicotylédones polypétales, renferme des ar- quets à l’extrémité des rameaux. Les graines de VA.
brisseaux ou des arbres étrangers, à rameaux nom- verte se mangent en guise de millet, et les feuilles
breux , à feuilles simples et alternes; les fleurs sont en guise d’épinards. L’A. pourprée se cultive dans
placées à l’aisselle des feuilles ou des rameaux, sans les jardins; la médecine emploie VA. vermifuge et
stipules. VA. fétide : celle-ci passe pour calmer les douleurs
ANONE (nom indigène), genre type de la fa- après l’accouchement. —
Voy. ambroisie ansérine.
mille des Anonacées, est composé d’arbrisseaux ori- ANSERINEES (du genre type Ansérùie) tribu
ginaires des contrées voisines de l’équateur. Ou les de la famille des Atriplicées ou Chénopodées, com-
cultive en Espagne. Leur fruit charnu est en forme de prendles genres Chenopodium ^nsérine], Beta,
poire ou de cœur et composé de plusieurs baies; il est Ambrina (Ambroisie ansérine), Blitum (blèle).
, , , ,, ,,

ANTE — 73 — ANTH
Od nomme aussi Anserinées {d’anser, oie) une sous- ignore leur destination , les uns en faisant l’organe
famille d’oiseaux de la famille desAnatidées, ordre des du tact; les autres, de l’odorat ou de l’ouïe Ton :

Palmipèdes, comprenant les genres Oie et Bernache. pense cependant assez généralement qu’elles servent
ANSPECT (du celtique ann spek, un levier) , nom à ces animaux d’organes du toucher.
donné à des leviers de dilférentes proportions qui ANTENNEES, 2® ordre des Annélidesde Lamarck,
servent, dans la marine militaire, à pointer les ca- correspondant aux Annélides errantes de Cuvier.
nons de 30 , 24, 18 et 12. Les anspects sont faits en Voy. ANNÉLIDES.
bois de frône ou d’orme; le gros bout, taillé en ANTENNULES. Voy. palpes.
sifflet , est aujourd’hui ferré. ANTÈOCCUPATION, figure de Rhétorique, qui
ANSPESSADES, nom donné anciennement à des consiste à aller au-devant d’une objection pour la
officiers armés de lances dans l’infanterie française. détruire. ,Foy. prolepse.
Il
y avait douze anspessades par bande de trois cents ANTHÈLE (du grec anthélion, petite fleur)
hommes; ces emplois étaient réservés à la noblesse grappe de fleurs dont les rameaux sont longs et
et étaient payés 30 livres par mois. Le nom d’anspes- étalés. Ce mot est spécialement appliqué par Meyer
sades est une corruption de l’italien lande spezzate, â l’inflorescence des joncs.
lances brisées ; on les nommait ainsi parce que, quand ANTHELMINTIQUES [d’anti, contre, et helmins,
un gentilhomme sortait de la cavalerie pour venir ver) , remèdes contre les vers. Voy. vermifuges.
servir dans l’infanterie , il brisait sa lance pour la ANTHEMIDÉES, sous-tribu des Sénéciouidées, de
-accourcir. la famille des Composées, renferme les genres An-
ANTAGONISTE (du grec anti contre, agonizo- thémis oo. Camomille, genre type , iliarafa , Le-
mai, lutter), qui agit en sens opposé. En Anatomie, pidophorum, Ptarniica , Achillea, Diotis , San-
ou nomme muscles antagonistes des muscles atta- tolina, Lasiospermum Xanthocephalum, Leucan-
,

chés à la même partie et agissant en sens contraire. themum, Matricaria, Pyrethrum, Chrysanthemum,
Il n’y a pas de muscle qui n’ait scs antagonistes. Cotula, Aromia, Cenia, Athanasia, Eriocladium,
— En Physiologie , on appelle antagonisme l’oppo- Artemisia, Tanacetum, Abrotanella, Hippia, Erio-
sition qui existe entre certains organes ou certaines cephalus.
fonctions, comme entre le cerveau et l’estomac, ANTHÉMIS (mot grec qui signifie petite fleur,
entre le système nerveux et le système musculaire. fleuron).Voy. camomille et curïsanthéme.
ANTARCTIQUE (du grec an O', contre, à l’op- ANTHÈRE (du grec anthéros, fleuri , dérivé lui-
posite , et arctos ourse , constellation boréale ) , se même d’anthos, fleur). On nomme ainsi dans les
dit du pôle méridional et du cercle qui l’entoure fleurs un petit sac membraneux de couleur jaune ,
par opposition au pôle boréal ou arctique et au violette ou rougeâtre, de forme le plus souvent
cercle polaire arctique. Voy. pôle et cercles. ovoïde, placé au sommet du filet de Vétamine, et qui
ANTARES, étoile de première grandeur située renferme la poussière fécondante ou pollen. L’an-
au cœur du Scorpion. Voy. scorpion. thère se compose de deux poches (quelquefois quatre,
antécédent (de cedere ante, passée devant). et même davantage) unies entre elles ou séparées par
En Arithmétique ce mot désigne le et le 3« terme un corps nommé connectif. Leur disposition varie
d’une proportion le 2« et le 4« terme sont dits
: beaucoup. L’anthère ne s’ouvre qu’à l’époque de
conséquents. — En Logique, c’est la If® des deux l’entier épanouissement de la fleur. Le nombre la
propositions dont se compose un enthymème. — forme et la disposition des anthères ont fourni
,
aux
En Grammaire , c’est le nom ou pronom qui pré- auteurs de classifications de bons caractères botani-
cède le relatif qui , lequel, et lui impose son genre ques. —Le mot même d’anthère entre dans plusieurs
et son nombre. Dans cette phrase : Dieu qui nous dénominations , comme celle de Synanthérées.
gouverne. Dieu est l’antécédent du relatif qui. ANTHERIG (du grec anthéricos, plante qu’on croit
ANTÉDILUVIEN, tout ce qui a existé avant le la même que l’Asphodèle) , Phalangium. genre de Li-
déluge. Les savants appliquent spécialement ce nom liacées renfermant un grand nombre d’espèces her-
aux animaux , aux plantes et aux divers corps or- bacées, indigènes dans les parties chaudes d’Europe,
ganiques que l’on suppose antérieurs au déluge , d’Asie, au Cap, à la Nouvelle-Hollande, est le type
dont les races ou les espèces se sont peidues : tels de la tribu desAnthéricées de Linné racines fasci-
:

sont les Mastodontes , \cs Anoplothériums etc. Ces culées-fibreuscs feuilles radicales filiformes fleurs
débris et ceux d’autres animaux encore existants ,
,

en grappes ou en panicules. — V. savon (Plante ,

à).
comme le rhinocéros, l’éléphant, etc., se trouvent ANTHERICEES, tribu des Asphodélées, renferme
en grand nombre dans le sein de la terre [Voy. les genres Anthericum (genre typio) , Asphndelus
fossiles). — Les géologues donnent le nom d’anté- Ilemerocallis, Stypandra, Cæsia, Tricoryne.
diluviennes aux formations alluviales qu’on sup- ANTHERIDIE (diminutif d’anï/ière). Voy. mousses.
pose avoir précédé le déluge. AN'THÈSE ( du grec anthésis, floraison ) , épa-
ANTEFIXE (du latin ante, devant, et fixus nouissement des fleurs. L’anthèse est soumise à Tin-
fixé) , ornement employé dans l’architecture des fluence du climat, de la chaleur, de la lumière,
anciens, avait ordinairement la forme d’une pal- de la température, des saisons, et même de l’heure.
mette ou d’une tète de lion, et s’appliquait au bord ANTHIAS, nom grec d’un poisson de la Méditer-
des toits couverts de tuiles creuses pour en masquer ranée, le même que le Barbier ou Serran. V. serran.
les vides. Les anciens coloraient souvent les anté- ANTHOLOGIE (du grec nnlhos, fleur, et /éÿd,
Qxes des plus vives couleurs. choisir; choix de fleurs, bouquet) , se dit figuré-
ANTENNE (en latin antenna), vergue d’une ga- ment d’un recueil de petites pièces de vers choisies.
lère et autres bâtiments gréés en voiles latines. Les On a fait des recueils de ce genre dans toutes les
antennes sont longues , formées de plusieurs pièces nations lettrées : ainsi il y a des anthologies la-
d’assemblage ; par leur construction , comme par la tines, françaises, anglaises, arabes même; cependant
position qu’on leur donne, elles diffèrent beaucoup ce nom est resté plus spécialement attaché à un-re-
des vergues adaptées à nos voiles carrées. Le nom cueil de poésies grecques formé au xiv' siècle par Pla-
d’antenne est surtout usité dans la Méditerranée. nude. V. ANTHOLOGIE au Dict. d’Hist. et de Géogr.
ANTENNES (ainsi nommées à cause de leur ana- ANTHOZOAIRES [fleurs-plantes). Voy. polypes.
logie avec les antennes des navires) , vulgairement ANTHRACITE (du grec anthrax, charbon),
cornes, filets articulés, mobiles, rétractiles, com- vulgairement houille éclatante, charbon inconibus-
posés de petits cylindres creux , et pilacés entre les 0'6/e, substance noire, d’un éclat métalloïde, friable,
yeux des insectes et des crustacés. Elles varient à brûlant lentement et avec difficulté , sans répandre
l’infini, quant à leur forme et à leur nombre. On de fumée ni d’odeur. Ces derniers caractères la
, , , , , , , ,,

ANÏÜ — 74 ANTl
distinguent le la houille. L'anthracite est composé phes, surtout en Allemagne. Platner, qui publia
de carbone j le silice , do fer, avec traces d’hydro- sous ce titre un ouvrage célèbre (Leipzig, 1772)
gène et de matières terreuses. Ce minéral a les s’en sert pour désigner la psychologie ou la science
mêmes usages que la houille ; il produit une cha- qui traite de l’intelligence humaine , des facultés
leur intense , mais il est très-diilicile à allumer. qui distinguent particulièrement Thomme des au-
C'est avec l'anthracite pulvérisé, uni ù, de la houille tres animaux. Burdach entend par Anthropologie
et à une petite quantité d’argile, qu’on forme les Teiisemble des connaissances anatomiques, chimi-
bûches économiques, que l’on place au fond des ques , physiologiques et p:^fchologiques relatives à
cheminées pour entretenir le feu. On peut aussi le Thomme. Prise dans toute son étendue, l’Anthropo-
tailler comme le marbre et en faire des ornements logie est la science universelle de Thomme, soit qu’on
de cheminée. —
L'anthracite se rencontre le plus le considère comme un individu, dans sa structure,
souvent dans les terrains de sédiment; on le trouve dans sa composition et dans ses phénomènes physio-
ar couches. Les gîtes les plus considérables en logi(iues et intellectuels, soit qu’on Tétudie comme
rance sont ceux des bords de la Loire, entre Angers une espèce, présentant plusieurs races vivant en so-
et Nantes; ils se prolongent dans l’I Ile-et-Vilaine, ciété et se perfectionnant par la civilisation.
ainsi que dans la Mayenne et dans la Sarthe. ANTHROPOMORPHISME [à’ anthropos homme,
ANTHRAX (du grec anthrax, charbon), tumeur et morphè forme) , erreur de ceux qui attribuent
inflammatoire du tissu cellulaire sous-cutané et do à Dieu un corps humain. Cette erreur, qui paraît
la peau, très-dure et très-douloureuse , offrant à son naturelle aux peuples dans l’enfance , engendra
centre une escarre noire entourée d’un cercle rouge et Tidolàtrie dès les premiers temps ; elle fut également
luisant. On distingue deux espèces d’anthrax: loT.i4. professée dans les premiers siècles du christianisme
bénin ou furonculeux se terminant comme le Fu- par des hérétiques que combattirent S. Èpiphane
roncle par la formation et la chute d’un bourbil- Origène et S. Augustin. Tertullien semble pencher
lon; 2“ VA. malin o\\ pestilentiel plus connu sous vers cette erreur.
le nom de Charbon, tumeur essentiellement gan- ANTHROPOPHAGES (
d’anthropos homme ,
gi'éneuse et amenant une mort prompte si l’on ne se eiphugo, manger). L’anthropophagie parait avoir
hâte d’y remédier par V incision et la cautérisation. régné de tout temps chez les peuples barbares. Sans
— Lç traitement de V Anthrax bénin consiste d’a- rappeler les horribles festins de Tantale, de Ly-
bord dans l’application d’un grand nombre de sang- caon, de 'l'hyesle, si célèbres dans la Fable, sans
sues et de cataplasmes émollients, ensuite dans le parler de Polyphème et des Lestrygons, qui, au
débridement de la tumeur au moyen d’incisions cru- dire d'Homère , dévorèrent les compagnons d’U-
ciales; on expulse par des pressions méthodiques le lysse; les Scythes, les Germains, les Bohèmes, les
pus et les bourbillons détachés, et l’on panse avec Celtes , les Carthaginois , les Ethiopiens , furent an-
des plumasseaux de charpie enduits d’onguent dé- thropophages, au dire de Strabon et de Pline. Lors de
tersif, par-dessus lesquels on place un cataplasme la découverte de l’Amérique , on trouva l’anthropo-
émollient. —
Pour VA7ithrax malm, Voy. cuarbon. phagie établie chez les Caràibes des Antilles, chez
ANTHRAX. Les Entomologistes donnent ce nom à les peuples du nouveau continent , même dans les
un genre de mouches de Tordre des Diptères, fa- cminres civilisés du Mexique et du Pérou. Elle règne
mille des Tanystomes de Cuvier. Les Anthrax volent encore aujourd’hui parmi les sauvages de l’Améri-
avec une grande rapidité. On les voit souvent pla- que du nord, dans le centre de l’Afrique, surtout
ner au-dessus des fleurs, où ils restent longtemps chez les Jaguas ; en Asie , chez quelques peuplades
comme suspendus ,en imprimant à leurs ailes un de TInde , dans les îles de la Sonde , surtout à Su-
mouvement vibratoire. Leur ailes sont moitié opa- matra , chez les Battas , dans l’Australie , la Nou-
ques et moitié transparentes , et la partie opaque est velle-Zélande , la Polynésie. Toutefois on doit dire
ordinairement noire, d’où leur nom. que le plus souvent Thomme ne se nourrit de chair
ANTHRÈNE (du grec anthrénè, guêpe, frelon), humaine (jue quand il est pressé par la faim ou qu’il
genre de Coléoptères pentamères clavicornes, ayant veut assouvir sa vengeance ou satisfaire ses dieux ;
pour type VA. des musées; ils n’ontrien de coimnun les sauvages les plus féroces respectent ceux de leur
avec les guêpes, dont GeoU'roy leur a bien à tort tribu; ils ne dévorent que les ennemis pris à la
donné le nom. La larve des anthrènes fait beau- guerre ou les victimes offertes en sacrifice.
coup de tort aux collections d'histoire naturelle : ANTHUSINEES (du latin anthus, pipit), famille
on prévient leurs ravages par une grande propreté d’oiseaux. Vou. alacdidées et pipit.
et en fermant hermétiquement les armoires. Cet in- ANTHYLLIS, g.deLotées,analogiieauTrèfle, ren-
secte contrefait le mort quand on le touche. ferme des arbrisseaux à feuilles imparipennées, à sti-
ANTHROPOLITHE (du grec anthropos homme, pules adhérentes au pétiole, à fleurs terminales, en ca-
et lithos pierre) , nom donné à des ossements fos- pitule. L’A. vulneraria passe pour vulnéraire.
siles que Ton a cru être des ossements humains ou ANTI ,
mot grec qui signifie contre, entre
des hommes pétrifiés. On a beaucoup discuté sur dans la composition d’un grand nombre de mots et
ces débris , au moyen desquels on a voulu prouver exprime opposition : antijebrile, antinational, etc.
un premier eataclysme plus ancien que notre dé- ANTIAPHRODISIAQUÉ (du grec anti, contre,
luge; mais la plupart ont été reconnus pour être des aphroditè, Vénus), substances propres à amortir
restes de mammifères ou de reptiles. Jusqu’à présent l’appétit vénérien : Vagnus castus, le camphre, le
on n’a point trouvé de véritables ossements humains fiénuphar, ont été regardés comme tels.
dans les terrains les plus anciens ni même dans les ANTIARIS (du mot japonais antjar, nom de cette
terrains tertiaires de tous les étages. Il n’en a été plante) , plante de la famille des 'ürticées, particu-
trouvé que dans des roches de formation récente, lière à Tîle de Java. Une espèce, le boun-upas,
comme à la Guadeloupe ou dans les brèches osseuses nommée par les botanistes Antiaris toxicaria,
qui remplissent les fentes des rochers sur les côtes plante à écorce lisse , épaisse , blanchâtre , à
de laMéditerranée,commeàGibraltar, à Nice, à Cor- feuilles alternes , ovales , d’un vert pâle , produit un
fou, etc.; on a trouvé en 1837, dans les brèches osseu- poison extrêmement violent c’est un suc blanc on
:

ses de 1 lie de Candie, une portion de squelette humain jaunâtre , laiteux et visqueux ; les Javanais s’en
qui se voit au Muséum d'histoire naturelle de Paris. servent pour empoisonner leurs flèches.
ANTHROPOLOGIE (û’anthropos, homme, logos, ANTICHRESE (du grec anti, à la place de, et chrè-
discours) ,
nom vague donné à Tétude de l’homme sis, usage : échange) , contrat par lequel un débi-
soit physique, soit moral, a été indistinctement teur, en nantissement de sa dette, remet aucréancier
employé par les physiologistes et par les philoso- un immeuble avec la faculté d’en percevoir les fruité,
, , , , , ,

ANTI — 75 - ANTI
\ la charge d'imputer annuellement la valeur de ces se volatilise au rouge blanc et brûle au contact de
fruits sur les intérêts et ensuite sur le capital de Pair en répandant d’abondantes vapeurs blanches
lacréancc (Codeciv., art. 2071, 2072 et 2085). C’est d’oxyde d’ antimoine qui se condensent sur des
ce qu’on nommait mort-gage. Celui au profit de qui corps froids en petits cristaux blancs et brillants,
Vantichi'èse est consentie est appelé antichréiste. appelés autrefois fleurs ou neige d’antimoine. —
ANTICHTHONES [à'anti, en opposition ; c/tfAon Il se rencontre rarement dans la nature à l’état

terre), peuples qui habitent à deux points opposés métallique , état sous lequel on le nomme dans le
de la tei're , mais à égale latitude. Les saisons sont commerce régule d’antimoine', on l’extrait du sul-
renversées pour ces peuples. fure. Ce sulfure, que Ton nomme aussi stibine, anti-
ANTICIPATION. On nomme ainsi ,
en termes de moine cru, se trouve en masses fibreuses ou grenues,
Commerce, les avances sur consignation de mar- de couleur grise ; il fond à la seule flamme d’une
chandises , avances que les négociants sont dans l’u- bougie. Ou rencontre le sulfure d’antimoine dans les
sage de faire à leurs correspondants qui leur envoient terrains anciens en France, dans le Puy-de-Dôme,
:

des marchandises en commission, et leur adressent le Gard, TAriége et la Vendée; en Angleterre,


des cargaisons. Les anticipations sont ordinairement en Saxe, en Suède, au Hartz, en Hongrie, au
d’un tiers du montant de la facture. Mexique, en Sibérie, aux Indes orientales, à Mar-
ANTIDATE (du latin ante, avant, datus, donné), tabaii, au Pégu, à Bornéo, etc. On préparait au-
date* d’un acte antérieure à celle qu’il devrait réel- trefois avec ce sulfure une foule de médicaments
lement avoir. L’anO'ofaie peut, dans un acte public, destinés surtout à combattre les affections cutanées
constituer le' crime de faux , surtout lorsqu’elle tend chroniques, la syphilis, le rhumatisme, la goutte,etc.
ci porter préjudice à autrui elle est souvent une
: On le fait quelquefois encore entrer dans la pré-
cause de nullité. L’art. 139 du Code de commerce paration de certaines décoctions sudorifiques. Les
défend expressément d’antidater les ordres des bil- anciens chimistes donnaient le nom de crocus me-
lets ou lettres de change. Le législateur, en établis- tallorum (safran des métaux) et de verre d’anti-
sant la formalité de l’enregistrement, a pris de sages moine à 1 antimoine sulfuré plus ou moins grillé,
mesures contre l’antidate des actes. et contenant une certaine quantité d’oxyde d’an-
ANTIDOTE (dugrecanfirfo/ov, donné contre), L'om timoine.
donné aux substances propres à neutraliser les poisons L’antimoine forme avec l’oxygène trois combi-
et les venins, à les décomposer ou à se combiner avec l’oxyde d’antimoine, l’acide antimonieux
naisons :

eux pour former des produits inertes et inolfensifs : et l’acide ardimonique. En outre, il forme avec les
on emploie l’albumine contre le sublimé corrosif, le acides un grand nombre de sels : on sait que l’émé-
sel contre le nitrate d’argent, les acides contre les tique n’est qu’un tartrate d’antimoine et de potasse.
poisons alcalins, etc. Ces remèdes, pour produire un —
On reconnaît , en général , les combinaisons de
effet, doivent être administrés immédiatement après l’antimoine au sulfure orangé qui se précipite par
l’introduction du poison. — 11 ne peut exister d’anti- l’addition de l’hydrogène sulfuré à leur solution
dote universel : le remède varie nécessairement se- ainsi qu’aux taches caractéristiques qu’elles donnent
lon la nature du mal. C’est donc à l’occasion de avec l’appareil de Marsh.
1 article consacré à chaque poison
que l’on fera con- L’antimoine entre dans un grand nombre d’allia-
naître son antidote. Vog. poison. ges; il sert à donner aux métaux de la dureté et les
AN’TIENNE (abréviation à’untiphonè, répons), pa- rend cassants : c’est surtout avec Tétain, le plomb,
roles tirées des livres saints, originairement chantées le bismuth qu’on Tallie. Ces alliages servent à faire
à l’office par deux chœurs qui se répondaient alterna- des poteries d’étain , des ustensiles de ménage, sur-
tivement. Aujourd’hui, l’antienne est un chant ou un tout les belles théières anglaises en métal de la
récitatif qui précède ou suit les psaumes ou les can- reine, des couverts en métal d’Alger, des caractères
tiques ; quelquefois pourtant on les chante seules : d’imprimerie et les planches stéréotypes. Les usten-
c’est ce qui arrive dans les antiennes solennelles, siles formés de ces alliages sont très-brillants, mais
comme celles de commémoraison ou de procession. promptement et noircissent.
se ternissent
On choisit, en général, pour antiennes des passages On nomme quelquefois A. blanc, Toxyde d'anti-
courts tirés de l'Ecriture, qui conviennent à la fête moine; A. en plumes, un minéral composé de sul-
que Ton célèbre. — On donne aussi ce nom à quel- fure de plomb et de sulfure d’antimoine; beurre
ques prières en l’honneur de la Vierge, comme le d’ A., une combinaison de chlore et d’antimoine
Satve Regina, l’Alma Redemptoris mater, qui sont employée en médecine comme escarrotique , et qui
suivies d’un verset d’un répons et d’une oraison, sert dans l’industrie pour bronzer les métaux, surtout
ANTI-LAITEUX. Voy. lait. les canons de fusil ; A. diaphoi'étique une combinai-
ANTILOPE ( par corruption du nom à’antlio- son d’antimoine et de potasse qu’on prescrit comme
lops donné par Eustathe à un animal à longues sudorifKjue , etc.
cornes dentelées), genre de Mammifères ruminants, L’aut (moine ne fut connu comme métal que fort
de la famille des Tubicornes, qui se place entre les tard; c'est à Basile Valentin, moine. du xv" siècle,
cerfs et les chèvres. Les Antilopes se distinguent par qu’on en attribue la découverte. Cependant son prin-
leurs cornes ci'euses, entourant un noyau osseux; cipal composé , le sulfure, était fort anciennement
par leurs formes gracieuses, leur légèreté à la course, connu ; il est déjà mentionné par Hippocrate et Ga-
leur vue perçante , la finesse de leur ouie et de leur lien, qui l’employaient à l’extérieur, surtout dans les
odorat ; elles sont timides , paisibles , sociables , et collyres secs. Dioscoride le cite sous le nom de mimmi,
vivent ordinairement en troupes. On les trouve prin- Pline sous celui de stibium. Les alchimistes en
* cipalement dans l’Afrique centrale; cependant il en firent une étude approfondie; ils lui attribuaient
existe aussi plusieurs espèces en Asie ; on en a même des propriétés merveilleuses et lui donnaient le titre
ti'ouvé en Europe et en Amérique. On les divise en de régule ou petit roi ; ils découvrirent presque tous
plusieurs espèces [Gazelles, Bubales, Oryx, Acuticor- ses composés et en tirèrent des remèdes puissants,
nes, Strepsicères, Léiocères, Ramicères, Tseirans
)
dont quelques-uns donnèrent lieu à de vives discus-
dont les caractères sont peu tranchés ot sur lesquelles sions [Voy. ANTIMONIAUX et émétiûue).
les naturalistes ne sont pas d’accord. L’Isar des Quant à l’origine du nom, on conte que le moine
Pyrénées, ou Chamois, est une variété d’Antilope. Basile Valentin ayant remarqué l’action purgative
ANTUVIOINE, Antimonium, Stibium, métal d’un exercée sur des animaux par une préparation d’anti-
blanc bleuâtre brillant, lamelleux, se rapprochant moine qu’ils avaient avalée par hasard, imagina de
J
beaucoup de 1 arsenic , avec lequel il est souvent s’en servir également pour traiter ses confrères, mais
Ottélé, d’une densité d’en v. 6,75,. se fond â env. 480", que tous en moururent; c’est de là, dit-on, que serait
, , , , , ,

ANTI — 76 — ANTI
venu nom à’antimoine, c.-à-d. contraire ans. moi-
le nisme ingénieux qui s’adapte à un orgue, à un har-
nes. D’autres dérivent ce nom de ce que pendant long- monium ou à un piano, et exécute sur ces instru-
temps on a cru que ce métal ne se trouvait yamaii seul ments mêmes, au moyen d’une manivelle ou d’un
dans la nature [anti monos opposé à la solitude). levier, les airs les plus difficiles. Ce mécanisme se
ANIIMONIATES, sels formés par l’acide antimo- compose d’une boite oblongue, dont la partie supé-
nique et une base métallique. rieure est recouverte d’une plaque de métal percée
ANTIMONlAUXj classe de médicaments dont l’an- dans sa largeur d’une série de petites ouvertures
timoine est la base ou le principe actif. Les prin- très-rapprochées, laissant passage à des becs d’acier
cipaux sont X’éynttique le soufre doré et le ker- qui font saillie. Ces becs se prolongent à l'intérieur
mès, que les praticiens prescrivent contre les scro- de la boîte et correspondent avec chaque note de
fules , les maladies chroniques de la peau , celles des l’instrument. La musique est notée sur de petites
organes pulmonaires et des viscères abdominaux. planchettes de bois dans lesquelles sont implantées
Beaucoup d'antimoniaux sont des poisons irritants. des pointes de fer; on place ces planchettes sur l’ap-
ANTIMOISIEÜX (acide), combinaison de l’anti- pareil et on tourne la manivelle. Les pointes dont
moine avec l’oxygène, donnant avec les bases les celle-ci est armée rencontrant successivement en
antimonites. passant les becs d’acier en saillie, ceux-ci s’abais-
AISTIMOÎSIQUE (acide), combinaison de l’anti- sent et transmettent leurs mouvements aux touches.
moine avec l'oxygène , renfermant plus d’oxygène L’antiphonel a été inventé en 1846 par M. A. Dcbain.
que l’acide antimonieuxj c’est une poudre jaunitre, AN’TIPHRASE (du grec anti contre, et phrazô,
rougissant le tournesol , soluble dans l’acide cblor- parler), figure de Rhétorique par laquelle on em-
hj'drique et la potasse. Elle donne avec les bases ploie une locution, une phrase, dans un sens con-
Ipç nnfimnYtintpç traire à sa signification ordinaire et à la pensée
ANTIMONITES, sels formés par l’acide antimo- même de celui qui parle ; il s’y mêle un certain degré
nieux et une base métallique. d’ironie. C’est par antiphrase que les Crées nom-
ANTIMONIURES, combinaisons de l’antimoine maient les Furies Euménides, c.-à-d. bienveillantes,
avec un autre métal. On rencontre plusieurs antimo- la merNoirePonfM Euxinus, ou mer Hospitalière
niuresdans la nature, notamment Tantimoniure d'ar- que Ton donna à deux des Ptolémées, qui avaient fait
gent (discrase), de plomb {plomb antirnonié) , etc, périr les auteurs de leurs jours, les surnoms de Phi-
ANTINOMIE (du grec a?iti, en opposition, et no- lopator, Philométor (qui aime son père, sa mère).
mos loi). On nomme ainsi en Philosophie la con- ANTIPODES (du grec anti, contre, etpous, po-
tradiction qui existe entre des principes qui pa- dos, pied), se dit et des points diamétralement op-
raissent également vrais. Kant s’est plu, dans sa posés du globe terrestre, et des êtres qui habitent
Critique de la raison pure à rassembler les anti- les contrées placées dans cette situation. Les pays
nomies qui s’olfrcnt à notre esprit; c’est ainsi que qui sont sur des parallèles à Téquateur, à égal éloi-
Ton peut essayer de soutenir à la fois que le monde est gnement de ce cercle et aux extrémités d’un même
éternel, ou qu’il a eu un commencement; qu’il est diamètre, les uns au midi, les autres au nord, enfin
infini ou qu’il doit avoir des bornes; que la matière qui ont le même méridien et qui sont sous ce mé-
est divisible à l’infini ou que la divisibilité infinie ridien à la distance les uns des autres de 180®, c.-à-d.
est impossible; qu’il y a de la liberté dans le de la moitié du méridien , ces pays sont antipodes ;
monde , ou que tout est soumis à la fatalité ; que leurs habitants ont effectivement les pieds diamétra-
tout est contingent ou qu’il existe un être néces- lement opposés. Les antipodes de Paris sont dans le
saire. Kant en conclut à l’impuissance de la raison Grand-Océan, au Sud-Est de la Nouvelle-Zélande.
humaine. — On nomme aussi antinomies en Ju- Les antipodes éprouvent à peu près les mêmes de-
risprudence , les contradictions qui existent entre grés de chaleur et de froid, et ont des jours et des
deux lois ou deux dispositions d’une même loi. nuits d’une égale longueur, mais en des temps op-
ANTlODüNTALGlQUES {à’anii, contre; odoiis, posés : ainsi, quand il est midi pour l’un des anti-
dent, et alqos, douleur), moyens propres à combat- podes, il est minuit pour l’autre; et lorsque pour
tre le mal de dents. Voy. de.nts et odontalgie. l’un les jours ont atteint leur plus grand accrois-
ANTIPAPE (de anti, contre, et pape\ nom donné sement, ils sont pour l’autre au point le plus court.
à ceux qui, à dilférentes époques, prirent le titre Les antipodes, aujourd'hni incontestés, ont été
de pape, en opposition au souverain pontife élu le sujet de nombreuses controverses chez les an-
canoniquement. Us sont sortis, les uns des rivalités ciens : Lactance se moque de ceux qui croyaient aux
intérieures de l'Eglise , les autres de l’influence de antipodes; saint Augustin combat aussi leur exi-
la politique, surtout de l’intervention des empereurs stence ; le pape Zacharie censura le prêtre 'Virgile
d’Allemagne dans les affaires d'Italie. On en compte pour avoir soutenu une opinion analogue. L'incrédu-
28 du me au xve siècle. Fby. leurs noms dans la lité générale qui régnait à Tégard des antipodes est
liste des papes, au Dict. univ. d’Hist. et de Géoyr. un des plus grands obstacles qu'ait rencontrés Chris-
ANTll’HLOGISTlQUE (du grec anti, contre, et tophe Colomb pour faire approuver son projet de
phlox,phlogos, inflammation), se dit du traitement voyage. Le succès de ce voyage commença la dé-
et des médicaments propres à combattre l'inflamma- monstration des antipodes; elle fut complétée par
tion. Le traitement antiphlogistique, recommandé la navigation de Magellan autour du monde.
surtout par l’école de Broussais, consiste dans l’emploi ANTIPYRETIQUÉS (du grec pyrétos, fièvre).
des saignées générales ou locales, des boissons aqueu- Voy. fébrifuges.
ses ou amylacées, mucilagineuscs ou acidulés, selon ANTIQUAIRE, savant qui s’occupe de l’élude des
les circonstances, des bains tièdes, des applications monuments et des objets antiques ; on dit de pré-
émollientes et de l’abstinence. férence aujourd'hui Archéologue. On ne donne plus
On a aussi appliqué Tépithète à’antiphlogistique guère le nom d’antiquaires qu’à certains amateurs
à la chimie de Lavoisier, parce qu’elle combattait qui , le plus souvent sans études préparatoires, font
la doctrine du phlogistique de Stahl. des collections de fragments, de médailles, de mon-
ANTIPHONAIRE (du grec antiphonè, antienne), naies, d’objets de tout genre, antiques, ou qu’on leur
livre d’église contenant le chant des Matines , des vend pour tels. — Il s’est formé en France et à
Laudes et autres heures, et offrant en même temps l’étranger plusieurs sociétés qui se livrent à l’étude,
les répons et les versets, le tout noté en plain-chant. à la collection et à la conservation des objets anti-
Le pape Grégoire le Grand passe pour être le pre- ques, surtout des monuments nationaux la plus an-
:

mier auteur de ces recueils. cienne est celle de Londres, qui date de 1572; la So-
ANT.tPUONEL {d’anti, eiphonè, voix), méca- ciété des Antiquaires de France^ fondée en 1805 sous
; — , , ,

ANTI 77 — AORl
le titre d’Académie celtique, a rendu de grands ser- putréfaction). On a proposé comme tels des remèdes
\ices. Voy. ANiiauiTés , archéologie. fort divers ; les véritables antiseptiques sont pris
ANTl(^UES. On comprend sous ce nom les mé- dans la classe des acides , des astringents , des toni-
temps anciens qui nous sont
dailles et statues des ques, des stimulants. La potion antiseptique con-
parvenues; il y a au Louvre une Salle des anti- tient de la serpentaire de Yirginie, du sirop de
ques qui renferme d'immenses richesses. M. de Cla- quinquina, de la teinture alcoolique de quinquina,
rac ,
qui fut conservateur du Musée après Yisconti, du camphre , de l’acétate d ammoniaque liquide.
en a donné un bon catalogue. On lui doit, en outre, ANTISPASMODIQUES, remèdes propres à com-
le Musée de la sculpture antique (1827, etc.). Les battre les spasmes à ramener à l’état nor-
c.-à-d.
savants modernes qui ont écrit avec le plus de goût mal la sensibilité des muscles et des nerfs trop ir-
sur les Antiques sont ; Yisconti, Winckelmann rités, et à combattre les convulsions : tels sont les
Wollf, Heyne , Bouterweek , Boettiger. gommes-résines fétides, le musc, l’ambre gris, le
ANTIQUITÉS. L’étude dés antiquités embrasse camphre et toutes les plantes qui, comme les sau-
tout ce qui concerne les temps anciens institutions,
: ges, les menthes, les mélisses, etc., contiennent
croyances , usages , arts , monuments , tels que tem- du camphre. Les eaux distillées de lis, de muguet,
ples,
édifices publics , tombeaux , sculptures , pein- de fleurs d’oranger, les éthers et les teintures éthé-
tures, pierres gravées, ustensiles, inscriptions, etc. rées, sont aussi antispasmodiques. La potion an-
Elle a été l’objet de travaux immenses , parmi les- tispasmodique du Codex se compose de sirop de
quels on remarque les Trésors d’ Antiquités sacrées
; fleur d’oranger, d'eau distillée de fleurs de tilleul et
d’ügliolini ,
grecques de Gronovius,
à' Antiquités d’oranger, d’éther sulfurique.
à' Antiquités romaines de Grævius
,
Sallengre , Pa- ANTISPASTIQUE. Ce mot s’emploie comme syno-
lini; les ouvrages de Potter, Lambert Bos, Ilaver- nyme d’antispasmodique, et a la même étymologie.
eamp, relatifs à la Grèce; de Rosini, Nieuport, ANTISTROPHE (du grec antistréphô, se retour-
Pitiscus , Maternus, Heyne, relatifs à Rome ; de Mu- ner), 2v partie des stances dans la poésie lyrique des
ratori sur l’Italie au moyen âge; les recherches de anciens Grecs. On la nommait ainsi , parce qu’après
Grupeii , Hcineccius, Hummel, sur les Antiquités avoir chanté la strophe en marchant dans uii sens, le
teutoniques de J. Martin, La Sauvagère , sur les chœur chantait l’antistrophe en revenant sur scs pas.
Antiquités gauloises ; de AY. Baxter sur les Antiqui- ANTITHESE (du grec antithésis, opposition) ,
fi-
tés britanniques j ceux d’A. Lenoir et de Dusomme- gure de style qui oppose les pensées aux pensées ^ les
rard sur les anciens monuments français. Les An- mots aux mots. Ce vers de Corneille au sujet d Au-
tiquités grecques de Robinson, et les Antiquit.rom. guste offre un bel exemple d’antithèse

d’Adam sont des livres classiques. V. archéologie, £l iDOQlé sur le faite, il aspire à desceudre.
:

ANTIRRHINÉES , tribu de la famille des Scro-


fulariées , renferme les genres Antirrhinum ( genre Ou trouve une piquante antithèse dans l’épigramme
type), Linaria, Galuesia. Maurandia , Lophosper- d’Ausone sur üidon , que l’on a ainsi traduite

mum, Rhododtitun. \J Antirrhinum est appelé vul- Pauvre Didoo où Ta réduite
,

De tes mdris le triste sort?


gairement i/M/her, Èlufledeveau owGueule-de-loup.
I/im en mourant cause la fuite.
ANTISCIENS (À'anti, en opposition, skia, om- L'autre en .fuyant cause ta mort.
bre) , peuples dont les ombres ont à midi des direc-
L’antithèse plaît infiniment par le contraste
tions contraires ce sont les peuples situés sous la
:
qu’elle présente à l'esprit; mais il est facile d’en
même longitude et ayant une latitude égale les
, abuser. On a justement blâmé cette antithèse que
uns au-dessus et les autres au-dessous de l'équa-
teur. Les uns et les autres voient passer le soleil
Racine met dans la bouche de Pyrrhus :

au méridien dans le même instant, mais ceux-ci Bj-ûlé de plus de feux que je n’en allumai.

dans la saison d’été, ceux-là dans la saison d'hiver; ANTONOMASE (du grec anti, eu place de, et
s’ils regardent le soleil à midi, ils se trouveront
en onoma, nom; échange de nom) ,
figure de Rhétori-
face l’un de l'autre, et leurs ombres seront opposées.
que dans laquelle on emploie le nom commun pour
ANTISCORBUTIQUES, substances propres à com- le nom propre (le Sage, le Roi prophète, \’ Apôtre,
battre le scorbut : telles sont les racines du raifort,
V Orateur romain, pour Salomon , David, S. Paul
les feuilles du cochléaria du cresson , et un grand
, Cicéi'on) , ou le nom propre pour le nom commun :
nombre de plantes crucifères. Les sucs antiscorbu-
tiques sont obtenus , selon le Codex par expression Du Auguste aisément peut faire des Virgiles.
,
de parties égales de feuilles de cochléaria de cres- ANTOFLE du grec anthopihylle),
(par corruption
son et de trèfle d’eau. — ,
Ou prépare le vin anti- fruit du giroflier, charnu, noir, aromatique, de
scorbutique en mettant macérer pendant huit jours forme ovo'ide, analogue à l’olive, fournit une huile
dans une bouteille de vin blanc, en quantités déter- essentielle très-répandue et sert à faire des confitures
minées, de la racine fraîche de raifort sauvage très-agréables. Vog. giroflier et clou de girofle.
coupée menu, des feuilles fraîches de cochléarîa, ANUS (mot latin de même signification) orifice
,
de trèfle d’eau, des graînes de moutarde noîrc con- du rectum, situé à 3 centimètres environ au-devant
tuses , et du scî ammonîae. —
Les feuilîes fi aîciies du coccyx , est fermé par un anneau musculeux
de cochléarîa , de trèfle d’eau de cresson de fun- nommé sphincter de l’anus, qui, en partie sou-
,
taîne , la racine de raifort sauvage les oranges mis à l’empire de la volonté, permet ou empêche
,
amères et la cannelle sont, avec le vin blanc et le la sortie des matières contenues dans l’intestin. —
sucre, les éléments du sirop) antiscorbutique. On nomme anus artificiel une ouverture faite par
ANTISCROFULEUX, remèdes propres à combattre l’art pour suppléer à l’anus naturel on y a recours :

les scrofules. Les pilules antiscrofuleuses sont com- lorsqu’il y a imperforation du rectum ou absence de
posées de scamrnonée et sulfure de mercure noir, cet intestin. —
L’a/mv est dit contre nature lorsque,
oxyde d’antimoine blanc, cloportes préparés et savon au lieu de se trouver à l’endroit ordinaire , il s’ouvre
amygdalin, avec sirop des cinq racines X’élixir anti- à 1 ombilic ou dans toute autre région. Les chirur-
;
scrofuleux, de racine de gentiane carbonate d’am- giens établissent artificiellement un anus contre
,
moniaque, alcool à 5G° cent. Si l’on remplace le car- nature dans certaines lésions de l’extrémité infé-
bonate d ammoniaque par trois gros de carbonate de rieure du canal Jntestinal. L’anus peut être le siège
soude, on a Vélixir antiscrofuleux de Pegrilhe . de plusieurs affections plus ou moins graves, telles
Aujourd hui on emploie surtout comme autiscrofu- que fistules, ulcères, hémorroïdes, etc.
leux les préparations d’iode, AORISTE(du grec a priv., et oristos, défini) , un
ANTISEPTIQUES (du grec anti, contre, eisepsis. des temps passés des verbes grecs, exprime tantôt
. , ; ,,

APAT 78 — aphi
une action d’habitude, tantôt une action faite à une recommandaient également Y apathie (qu’ils nom-
époque déterminée; il est alors analogue à notre maient aussi ataraxie, imperturbabilité), comme
prétérit déünii 11 semble que dans ce dernier cas le souverain bien , comme le but de la sagesse.
il
y ait contradiction entre la fonction de l’aoriste et APATITE (du grec apataô, tromper), chaux phos-
le nom de ce temps; mais on peut dire que l’aoriste phatée naturelle, se rencontre en petits filons dans le
est par lui seul indéterminé, et qu’il ne devient défini granit, en masses vertes ou jaunes, cristallines ou con-
qu’au moyen des adverbes de temps qu’on y joint. Il crétionnées; c’est la plus dure des substances cal-
!«'' et 2e, qui caires. Sa transparence l’avait d’abord fait prendre
y a en grec deux aoristes qu’on appelle
diffèrent par la forme plutôt que par lo sens ; le 1er pour une pierre précieuse de là son nom. Les va-
:

dérive du futur premier, le 2® du futur second. riétés en sont nombreuses. Celle qui est transparente
AORTE (mot grec de même signification), dite a été nommée Béryl de Saxe ou Augustite celle qui
aussi grande artère, vaisseau dorsal, principale est en cristaux bleuâtres, ii/oroa;üïe; celle quiestver-
artère du corps destinée à porter le sang rouge dans dâtre, Pierre d’asperge ; celle qui est pulvérulente.
tous les organes. Elle part du ventricule gauche du Terre de marmarosch; la variété blanche et ter-
cœur, s’élève d’abord un peu au-dessus, et se recourbe reuse, Phosphorite, parce que sa poussière embrasée
ensuite pour descendre jusqu’au bassin : cette cour- devient phosphorescente. Il y a encore des apatites
bure se nomme crosse de l’aorte', elle varie, selon violettes, rouges, jaunâtres, vert foncé, lami-
les animaux , d’étendue , de formes et de disposition. naires, lamellaires , granulaires foreuses, com-
,

Quelques animaux, comme la sèche, ont deux aortes. pactes, etc. Les plus belles se trouvent en Saxe, en
— L’aorte peut être le siège do maladies graves; la Bohême , en Suisse et en Espagne.
plus commune est Tanévrisme. L’inflammation de APEPSIE (du grec a priv., et peptô, cuire, digé-
l’aorte prend le nom à’ aortite. A Cooper et M. James rer) défaut de digestion , mauvaise digestion ; état
,
ont tenté sans succès la ligature de Taorte dans des maladif qui empêche que l’aliment pris ne fournisse
cas d’anévrisme désespérés. Toutefois la même ex- le chyle qui sert à la formation du sang et à la nour-
périence faite sur des animaux a réussi à Cooper lui- riture du corps. Ce terme est aujourd'hui peu usité;
même, à Béclard et à plusieurs autres chirurgiens. on dit plutôt dyspepsie.
AOUT (par corruption à’augustus). Ce mois se APERCEPTION , mot créé par Leibnitz et que ce
nommait d’abord jrexfi/is, parce qu’il était le sixième philosophe oppose h perception. «La perception,
de Tannée de Romulus, qui n’était que de dix mois. selon lui , c’est l’état intérieur de la monade repré-
Il devint le huitième de Tannée de Numa, qui ajouta sentant les choses externes, et ï’ aperception est la
deux mois à celle de Romulus mais il n’en conserva
; conscience ou la connaissance réflexive de cet état in-
pas moins son nom primitif de sextilis jusqu’à Au- térieur, laquelle n’est pas donnée à toutes les âmes. »
guste : cet empereur lui donna le sien en Tlionneur APEREA, espèce type du genre Cobaye. Voy. ce mot.
des victoires qu’il avait remportées pendant ce mois APÉRITIF (du latin aperire, ouvrir, quî ouvre le
l’an 8 avant J.-C. —Ce mois étant dans nos cli- passage ) , substances propres à rétablir la liberté
mats celui où mûrissent les blés et la plupart des dans les voies digestives, biliaires, urinaires, etc. ;
fruits, on prend souvent le mot d’août pour la mois- tels sont les sels purgatifs employés à petites doses ,
son et la récolte mêmes. De là aussi l’expression les racines d’ache , de fenouil , de persil , d’asperge
aoùter pour mûrir. —
Le mois d’août a 31 jours. de petit houx. Les racines de capillaire , de chien-
APAGOGIE (du grec apo, de,etag'<5, conduire; dent, de chardon-roland, d’arrête-bœuf et de fraisier,
déduire) , méthode de raisonnement qui sert à prou- les substances toniques amères (la scorsonère , le
ver la vérité d’une proposition en démontrant Tab- pissenlit , la chicorée et autres plantes de la même
surdité d’une proposition contraire : c’est ce qu’on famille), et divers ferrugineux (les oxydes et sels de
nomme aussi Deductio ad absurdum. fer, et les eaux minérales ferrugineuses) , ont la
APANAGE (du bas latin apanare, approvisionner même propriété , mais à un moindre degré : ce qui
de pain, doter), espèce de dot, en terres ou en re- les fait nommer apéritifs mineurs.
venus , que Ton donne awx princes d’une maison ré- APÉTALES (d’a priv., et pétalon, pétale). On
gnante , pour qu’ils puissent vivre d’une manière donne celte épithète aux fleurs dépourvues de pé-
conforme à leur rang. L’apanage n’est en usage que tales, et par conséquent de corolles, comme les Gra-
depuis les rois de la 3e race ; il remplaça les partages minées et les Amarantacées. Tournefort avait donné
de territoire qui avaient été si funestes aux deux ce nom à une de ses classes.
premières dynasties. La législation des apanages en APHÉLIE (du grec apo, loin, et hélios, soleil)
France s’est fixée lentement : de Hugues Capet jus- point de l’orbite d’une planète où elle se trouve à
qu’à la fin du règne de Philippe-Auguste , les fils de sa plus grande distance du soleil. On l’oppose à pé-
France reçoivent certains domaines en toute pro- rihélie, point de l’orbite où la planète se trouve à
priété; le roi ne se réserve que la suzeraineté. A sa plus petite distance du soleil. Le soleil occupant
partir de Louis VIU on stipule la condition du re- un des foyers de l’ellipse parcourue parles planètes,
tour à défaut d’hoirs. Sous Philippe le Bel , les le point de l’ellipse le plus éloigné do cet astre et le
collatéraux sont exclus , ainsi que les filles, du droit point le plus rapproché sont les deux extrémités de
à l’apanage territorial qui est remplacé pour les la droite qui passe par les foyers cette ligne est
:

filles par une dot en espèces. Charles IX fixa par une dite grand axe ou ligne des absides. Voy. absides.
ordonnance de 1566 la législation sur ce point , et’ APHÉRÈSE (du grec aphairésis, retranchement),
cet état de choses subsista jusqu’en 1790. La consti- figure grammaticale par laquelle on retranche une
tution de cette époque assurait aux princes des syllabe ou une lettre au commencement d’un mot,
rentes apanagères au moment de leur mariage. Des à la différence de l’apocope qui s’exerce sur la fin
dispositions semblables furent proposées sous Louis- du mot. LasI j’ai tant souffert! pour Hélas 1 Lors,
Philippe en faveur des princes de la famille royale ; ouvrant Tœil, pour A /ors. L’aphérèse n’a lieu que
adoptées sans difficulté pour le prince royal (duc rarement en français.
d’Orléans) , elles furent rejetées à Tégard du duc APHIDIENS (du grec aphis, puceron ), famiile
de Nemours (1840). On doit à M. Dupin aîné un de Tordre des Hémiptères, section des Homoptères
Traité des apanages (1817 et 1835). établie par Latreille, a pour type le genre Puceron.
APATHIE (d’a priv. , et pathos, passion) , exemp- Ces petits insectes, ordinairement mous , vivent sur
tion de trouble. Les Stoïciens entendaient par ce les végétaux , dont ils pompent les sucs au moyen
mot l’anéantissement des passions par la raison, de leur trompe. On nomme Aphidiphages une fa-
insensibilité volontaire qui est le triomphe de la mille de Coléoptères qui vivent de ces insectes :
liberté et Tapanage du vrai sage.— Les Pyrrhoniens tels sont les Coccinelles, les Hémérobes.
,. , ,

APHT — 79 APOG
APHONIE (du grec a priv.,etp7iO>î^, son , voix), APHYE (du grec aphyè, loche), petit poisson de
privation de la voix , état dans lequel le malade ne la Méditerranée du genre des Gobies. —
Ce nom est
peut produire aucun son. L'aphonie diffère de l'ea;- quelquefois synonyme de fretin, et dans ce cas il
tinction de voix, dans laquelle des sons^ même ar- s’appliqiie également aux goujons aux surmulets et
,
ticulés, mais extrêmement faibles, se font entendre. même à l’anchois.
L'aphonie résulte naturellement des lésions affec- API (d’appianim malum, pomme d’Appius , Ro-
tant les organes vocaux , telles que l’inflammation main qui , au rapport de Pline , obtint ces pommes
aiguë ou chronique de la membrane muqueuse du par la greffe) , nom vulgaire d’une variété de Pom-
larynx et des autres parties des voies aériennes , la mier dont le fruit est assez estimé. La pomme d’api
bronchite et l’angine gutturale , le croup , l’œdème est petite
,
d’un rouge vif d’un côté , blanche de
de la glotte, la phthisie laryngée, les ulcères sy- l’autre; la peau est très-fine; la chair est blanche
,
philitiques; elle reconnaît aussi pour cause l’action ferme at croquant sousladent, l’eau douce et sucrée.
subite dn froid, les efforts de chant, de déclamation, APIAIRES (d’apis abeille ), tribu d’insectes Hy-
les cris répétés, la frayeur, la colère, l’ivresse, cer- ménoptères mellifères , section des Porte-aiguillons.
taines névroses, etc. —
Le traitement varie d’après Les Apiaires se distinguent des autres Hyménoptères
les causes. Les gargarismes émollients , l’eau d’orge par l’allongement de leur mâchoire , de leurs palpes
miellée, la décoction des quatre fruits pectoraux, et de leurs lèvres qui forment une espèce de trompe
l’inspiration de vapeurs émollientes et sédatives, les et par la forme déliée de leur languette ordinaire-
,
cataplasmes autour du cou, les sangsues et ventouses ment terminée en une pointe qui est souvent velue
scarifiées au cou, à la nuque, les pédiluves sinapisés, ou soyeuse; elles ont la tête triangulaire, verticale.
les frictions avec la pommade stibiée sur la région Elles volent avec rapidité de fleur en fleur pour re-
du larynx , les vésicatoires et sétons à la nuque , cueillir le miel. Cette tribu se divise en deux classes :
l’insufflation d’alun dans la gorge et les gargarismes les A. solitaires ou parasites et les A. sociales',
aluminés, les purgatifs, la cautérisation de la mu- les Abeilles proprement dites (apes) sont un des
queuse laryngée avec une solution de nitrate d’ar- genres principaux de cette tribu, d‘>nt elles forment
gent, sont les moyens le plus souvent prescrits. le type et à laquelle elles donnent leur nom.
APHORISME (du grec aphorizô, définir), défini- APICULTURE (d’apis, abeille, cultura, culture),
tion ou sentence dans laquelle on présente briève- partie de l’Agronomie qui traite de l’éducation des
ment ce qu’il y a de plus important à savoir sur une abeilles, a été surtoutcultivéeenAllemagne. On doità
chose les aphorismes doivent renfermer en peu de
: P. de Beauvois et à M. de Frarière de bons Tr. d’A.
mots beaucoup de sens. Cette forme convient surtout M. Lombard a fait avec succès des cours sur ce sujet.
aux sciences : on connaît en Médecine les Apho~ APlüN (du grec apion, poire, sans doute â cause
rismes d’Hippocrate , de l’école de Salerne , de de leur forme), genre de Coléoptères tétramères,
Boerhaave; en Droit, ceux de Godefroy; en Poli- de la grande famille des Curculionites. Ces insectes,
tique, ceux de Harrington. Le Novum organum de de fort petite taille (4 à 5 millim.), font, à l’état de
Bacon est aussi écrit en aphorismes. larve , de grands ravages dans les récoltes'de grain.
APHRODISIA(îl]ES (du grec Aphrodite, Vénus) APIUM, nom latin et botanique de l’.4c/ie.
remèdes propres à rétablir les forces des organes re- APLATISSOIR, instrument qui, dans les forges,
producteurs. Les substances aromatiques, stimulantes sert à aplatir et étendre les barres de fer, se com-
ou toniques, telles que les truffes, les champignons, pose de cylindres de fer qu'on tient approchés ou
les baumes, le musc, le safran surtout les cantha-
,
éloignés à discrétion , et entre lesquels la barre de
rides , phosphore,
le passent pour avoir cette vertu ; fer, entraînée par le mouvement que font ces cy-
mais , lors même qu’il ne serait pas immoral de re- lindres sur eux-mêmes , est allongée et aplatie.
courir à de tels moyens, il ne faudrait en user qu’a- A-PLOMB (fil-). Voy. fil-a-plomb.
vec la plus grande circonspection ; car leur abus peut APLUSTRE (du lat. aplustrum, esp. de girouette),
amener les maladies les plus graves , mêm.e la mort. ornement en forme de girouette garnie de banderoles,
APHRODITES (du grec Aphrodite, Vénus), fa- qui se plaçait au haut de la poupe des navires. C’é-
mille d’Annélides errantes ; tête distincte munie tait, dans la Sculpture, un des attributs de Neptune.
d(antennes, trompes armées de quatre mâchoires; APLYSIE (du grec aplysia, saleté, à cause de
pieds très-développés , inégaux, et alternes dans la son odeur nauséabonde), genre de Mollusques gas-
plus grande longueur du corps. Le type de cette fa- téropodes voisin des Limaces, au corps charnu,
mUle est Y A. hérissée, qu’on trouve sur nos côtes, oblong, allongé ou arrondi, bombé en dessus, plat
et qui se fait remarquer par ses brillantes couleurs. en dessous , sans coquille. On les trouve sur presque
APHTHES (en grec aphtha, du verbe aptéin, toutes les côtes; elles habitent les plages peu pro-
enflammer), petites ulcérations blanchâtres et brû- fondes, vaseuses ou sableuses. Les pteheurs leur
lantes qui se développent sur la membrane mu- attribuent des qualités malfaisantes : elles rejettent,
queuse de la bouche ou du tube digestif, et se ter- en effet, lorsqu’on cherche à les prendre, une li-
minent ordinairement par cicatrisation. Les aphthes queur infecte que l’on a prise pour un venin mor-
sont tantôt idiopathiques et iaxXbl symptomatiques tel et qui entrait, dit-on jadis dans les poisons des
,
On les observe à tous les âges de la vie , quelquefois Romains. Cuvier croit que cette liqueur, qui est rouge-
chez les nouveau-nés. Les aphthes simples et discrets foncé , n’est autre que la pourpre des anciens. Les
sont une indisposition légère qui cède promptement Aplysies ont reçu le nom vulgaire de Lièvres marins,
à la diète, aux boissons adoucissantes et relâchantes, sans doute à cause de leurs tentacules antérieures
comme l’eau d’orge, l’eau de veau, le petit kit, etc. qui sont très-longues, comme les oreilles du lièvre.
Dans l’aphthe confluent, il faut insister d’abord sur APOCOPE (du grec apocoptâ, couper), retran-
les collutoires adoucissants et calmants, comme la chement d’une lettre ou d’une syllabe à la fin d’un
décoction de guimauve , de pavot , de laitue , avec mot Tun%Vin’,Viden\ p. Tune, Visne, etc. Les poètes
:

addition de lait. On touchera les aphthes les plus français usent quelquefois de l’apocope '.je voi pour
douloureux avec du mucilage de pépins de coing, je vois; encor pour encore, etc. On dit par apocope
soit pur, soit additionné de quelques gouttes de lau- grand’mcre, grand’messe, etc.
danum. Aussitôt que les ulcérations seront peu dou- APOCRISIAIRE (du grec apocrisis, réponse), di-
loureuses, on emploiera les astringents et les exci- gnitaire du Bas-Empire , chargé de faire connaître
tants avec ménagement, les boissons acidulées, puis les décisions du souverain. Les apocrisiaires for-
les caustiques , le borate de soude
,
l’acide chlorhy- maient un corps d’officiers publics; leur chef portait
drique, l'alun, le nitrate d’argent : ce dernier le titre de grand apocrisiaire et remplissait les
moyen amène une prompte cicatrisation. fonctions de chancelier, garde du sceau. — On don-
, ,, ,, , ,

APOG — 80 — APON
nait aussi cerom à des ecclésiastiques députés par le d’une planète à la terre. Il répond au périhélie dos
pape près la cour de Constantinople ou de toute autre modernes. —
Les termes à’apogée et périgée ne
cour. —Sous la Ir® race de nos rois et même sous peuvent aujourd’hui s’appliquer proprement qu’aux
Charlemagne, on nommait ajweri'^iaiî-e l’officier ec- rapports de la lune et de la terre : Tapogée est le
clésiastique remplissant les fonctions désignées de- point où la lune est le plus éloignée de notre globe,
puis sous le titrede grand aumônier le périgée celui où elle en est le plus rapprochée.
APOCRYPHES (du grec apocryphes caché, tenu APOGON (d’a priv., et ;)oÿon, barbe), genre de
secret) , livres dont l’auteur est inconnu ou supposé poisson de la famille des Pcrco'ides , très-estimé des
et dont l’autorité est douteuse. Ces livres étaient anciens qui l’appelaient mulliis. Il n’a point de bar-
très-nombreux avant la découverte de l’imprimerie, billons,d’où son nom. Ha le corps long de l.lcentim.,
la fraude étant alors favorisée par le défaut de pu- d’un très-beau rouge, à reflets dorés et argentés, aux
blicité et de moyens de contrôle. On cite comme écailles unies, larges cl loinbant facilement. Sa
apocryphes , parmi les ouvrages profanes , les Art- chair est douce et délicate , surtout sur les côtes de
nales d’Egypte attribuées à ïhaut, les écrits attri- la Méditerranée. On le nomme en quelques endroits
bués à Hermès Trismégiste, les Livres sibyllins, le liai des rougets. Artédi l’appelle Mullus imberbis.
les Vers dorés de Pythagore, les Poèmes d'Orphée APOLLONICON {A’ Apollon, dieu des arts), grand
et plusieurs autres livres fabriqués par l’école d’A- orgue à cylindre, propre à être touché par plusieurs
lexandrie, les, fragments d’auteurs anciens publiés musiciens à la fois, au moyen de cinq claviers adap-
par Annius de Viterbe. — Il a paru dans les premiers tés les uns à côté des autres. Le son en est majestueux
siècles de l’Église une foule de livres apocryphes, se et très-varié. Il fut inventé à Londres en 1817 par
rattachant, les uns à l’Ancien Testament, tels que F light et Robson ; il est analogue au Panharmonicon
V Apocalypse d’Adam, V Évangile d’Ève le Livre de Maelzel, et à T Apollonion, instrument à deux cla-
de Seth le Testament de Noé, le Livre d’ Abraham, viers inventé par Jean Vœller à Darmstadt vers la fin
le Testament des douze patriarches
;
les autres, du xvni® siècle, et qui était touché par un automate.
au Nouveau Testament : Évangile selon les Hé- APOLOGÉTIQUE , partie de la science théologi-
breux, etc. [Voy. évakgile). La plupart de ces livres que qui expose les motifs, prouve la vérité et la per-
ont péri. — L’Église , pour épargner aux üdélcs fection du christianisme, et qui répond aux attaques
toute incertitude ,
a dressé une liste des livres re- de scs adversaires. On désigne spécialement sous lo
connus comme authentiques : c’est ce qu’on nomme titre d’Apo/o^'èéei ou quelques auteurs
Livres canoniques. Voy. canoniques (livres). des premiers siècles qui ont écrit en ce sens : S. Jus-
APOCY’N (du grec ay;o, loin de, A'^on, chien; plante tin, Athénagore, Taticn, Théophile et Hermias,
dont les chiens doivent s’éloigner), genre type de parmi les Grecs; Tertullicn, Minutius Félix, Lac-
la familie des Apocynées, section des Apocynées tance , Arnobe, parmi les Latins; et, chez les mo-
vraies, composé de plantes exotii[ues, vivaces, ro- dernes, Hugo Grotius, Nœsselt, Less, Reinhard,
bustes et traçantes, à fouilles opposées, glabres, à Spalding , Rosenmuller, etc. On y joint quelquefois
calice et à corolle quinquéfides, à cinq étamines, à l’auteur du Ge«i’e du Christianisme.

ovaire double, surmonté d’un stigmate presque ses- APOLOGUE (du %ree apologos récit détourné)
sile. Nous citerons parmi les espèces TA. maritime,
: récit d’une action allégorique attribuée le plus sou-
dont le suc est fort vénéneux; TA. gobe-mouches, dont vent à des animaux , dans lequel on a pour but d’ar-
les pétales en se contractant retiennent les petits in- river indirectement à une conclusion morale et in-
sectes qui s’y posent, et les emprisonnent; TA. à structive ; cette conclusion, qu’on appelle la morale
feuilles herbacées, plante textile comme le chanvre. de la fable, peut n’ètre pas exprimée. Le style de
T'outes sécrètent un suc laiteux qui est vénéneux. l’apologue doit être simple, familier, naturel et
APOCYNÉES, famille de plantes dicotylédones, même na'if. L’apologue parait être né de la nécessité
monopétales, hypogyues, remarquable par les poils de faire entendre des vérités qu’il eût été difficile ou
soyeux qui surmontent sa graine , et qui dans quel- dangereux de présenter sans déguisement : aussi en
ques especes, surtout dans les Asclépiades, sert à place-t-on le berceau dans les cours :
faire des étolfes [Voy. ouate). Cette famille est di- Jamais la vérité n’enlre mieux chez les rois
visée aujourd’hui, d’après Brown, en doux sections Que lorsque de la fable elle emprunte la voix«
:

lus Asclépiadées et lus Apocynées vraies. Cette der- L’origine de l’apologue se perd dans la nuit des
nière a pour type TApocyn, et renferme en oub e les temps on en trouve plusieurs exemples dans l’An-
:

Pervenches, les Lauriers-roses, etc. M. Endlicher cien Testament (représentations de Nathan à David,
partage cette 2® section eu quatre sous-ordres Ca- : de Joatham aux Sichémites, etc.) et dans les premiers
rissées, Oqjhioxylées , Euapocynées et Wrightiées. temps de l'histoire des Grecs et des Romains (apo-
APODEb (d'a priv., et pous ,
podos pied) ,
épi- logues de Stésichore, de Ménénius, etc.); on eu at-
thète qui s’applique également à certains oiseaux tribue le plus souvent l'invention au Phrygien Ésope
qui ont les pieds si courts qu’ils ont de la peine à (qu’on place au vi® siècle avant J. -C.), parce que c’est
marcher, aux poissons dépourvus de nageoires, et lui qui paraît avoir cultivé ce genre avec le plus de
aux larves des insectes dépourvus de pattes. suite et de succès chez les anciens. Cependant l’In-
Lamarck et Blainville nomment spécialement dien Pilpay , l’Arabe Lokman , lui disputent la prio-
Apodes une classe d’Annélides (jui comprend la plus rité. Après eux, les plus célèbres fabulistes sont:
grande partie des vers intestinaux. chez les Grecs , Babrius, dont les fables ont été ré-
APÜDiCTlQUE (du grec upodeiknumi démon- cemment retrouvées chez les Romains , Phèdre ,
;

trer) , se dit en Logique des jugements qui sentie Aviauus; en Italie, Faorne, Abslemius, auteur de
résultat de la démonstration et non de l'expérience, failles latines Gasti , l’ingénieux auteur des Ani-
,
et qui, par conséquent, entraînent la conviction de maux parlants; en France, l’inimitable La Fon-
leur nécessité on oppose les connaissances apodicti-
: taine, Lamotle, Florian, Aubert, Lcbailly , Boisard,
ques, la certitude apodicliijue, aux connaissances sen- Arnault, Viennet; en Angleterre, J. Gay,Dodslcy;
sibles, à la certitude empirique. C’est surtout dans en Allemagne, Lessing, Pfefl’el; en Russie, Kryloff.
I école do Kant (jue cette dénomination est usitée. APONÉVROSES (du svecapo, Ae,heuron, nerf,
^
APOGEE (du grec apo, loin de, et gè, terre). parce que les anciens les regardaient comme des
C’est, dans le système de Ptolérnée et des anciens, expansions nerveuses) , membranes blanches, lui-
le point de l’orbite d'une planète où elle est le plus santes, très-résistantes, composées de fibres entre-
éloignée de la terre. Le soleil est à son apogée quand croisées. On distingue 1® A. partielles ou muscu-
:

la terre est à son aphélie [Voy. ce mot). On oppose laires, qui se continuent avec les fibres musculaires,
à l’apogée le périgée, qui est la plus petite distance et ne diffèrent des tendons que par leur forme aola-
, ,,, ,

APOS - 81 — APOZ
lie : on les nomme A. d’insertion si elles sont à nom grec de la figure de Rhétorique plus connue
l’extrémité des muscles (Ex. : les grand et petit sous le nom de Réticence.
oblique de l’abdomen) , qu’elles servent alors à fixer APOSTASIE (du grec apçstasia, défection),
aux os; .d. d’intersection si elies interrompent la acte de celui qui renonce à sa religion , spéciale-
continuité du muscle (Ex. : le muscle droit abdo- ment à la religion chrétienne, ou d’un religieux qui
minal) , et se continuent des deux côtés avec des renonce à ses vœux. Les plus célèbres apostasies sont
fibres musculaires; 2» A. générales, ou d’enveloppe, cellesde Julien et de Henri VIII. Les premiers temps
ou capsulaires, qui ont la forme des membres , de la Réforme et 1 a Révolution française ont offert un
dont elles recouvrent et maintiennent les muscles, assez grand nombre de religieux qui apostasièrent.
APOPHTHEGME (du grec apophthegma, sen- — Dans l’ancien droit canonique, l’apostat était
tence, précepte), dit mémorable, pensée forte et frappé de diverses peines , telles que l’excommuni-
exprimée laconiquement de quelque personnage cé- cation, la privation de juridiction, des droits de cité.
lèbre. Plutarque nous a conservé un grand nombre L’apostat qui rentrait dans le sein de l’Eglise avait à
d’apophthegmesdesanciens. Lycosthène (Wolffhardt) subir les plus dures pénitences.
a donné un intéressant recueil d’ Apophthegmes. APOSTÈME, APOSTUME (du grec apostêma,
APOPHYSES (du grec apophysis, rejeton, ex- abcès). Voy. abcès.
croissance). On nomme ainsi les éminences natu- APOSTROPHE (du grec apostréphô détourner),
relles des os, lorsque ces éminences sont allongées figure oratoire par laquelle on détourne son discours
et très-saillantes. Elles ont reçu différents noms qui de l’objet auquel il est consacré, pour s’adresser
expriment leur forme, comme A. styloîde, A. cora- tout à coup à une personne ou à une chose , soit
coïde, etc., pour dire en forme de stylet ou de poin-
: pour l’invoquer en témoignage, soit pour lui faire
çon, en forme de bec de corbeau, etc.; ou qui rap- des reproches. Cette fig. hardie, voisinede la proxopo-
pellent le nom de quelque anatomiste , comme l’A. pée, est d’un grand effet quand elle est bien placée.
d’Ingrassias (ce sont les petites ailes du sphénoïde). APOTHEME (du grec apotithêmi, déposer, abais-
APOPLEXIE (du grec apoplettéin frapper avec ser), perpendiculaire abaissée du centre d’un polygone
violence , abattre) , maladie du cerveau caractérisée régulier sur l’un de ses côtés. — Apothème d’une
par une paralysie soudaine plus ou moins complète pyramide. Voy. pyramide.
plus ou moins durable , du sentiment et du mouve- Berzélius appelle Apothème (dépôt) un précipité
ment, dans une ou plusieurs parties du corps sans minéral d^à connu sous le nom d'extractif oxydé.
que la respiration et la circulation soient suspen- APOTHEOSE (du grec apotliéotis, divinisation),
dues. Cette paralysie est produite le plus ordinaire- cérémonie par laquelle les anciens plaçaient un
ment par un épanchement de sang dans les mem- homme illustre au rang des dieux. Cette cérémonie
branes du cerveau , dans les ventricules ou dans la remonte aux temps les plus anciens; la plupart des
substance même de l’encéphale c’est VA. sanguine,
: dieux du paganisme ne sont sans doute que des héros
que l’on définit une hémorragie cérébrale. Assez sou- divinisés. On en trouve quelques exemples chez les
vent, au lieu de sang, c’est une sérosité plus ou moins Grecs dans les temps historiques ainsi , Alexandre
:

abondante qui s’épanche dansrarachnoide ou dans les mit au rang des dieux son ami Éphestion ; mais c’est
ventricules cérébraux ; V apoplexie est alors séreuse. à Rome que cette cérémonie fut le plus multipliée;
D’autrefois on ne reconnaît aucune lésion matérielle la plupart des empereurs romains furent divini-
appréciable : V apoplexie est dite alors nerveuse. sés après leur mort. Pour célébrer l’apothéose de
L’apoplexie sanguine, qui est la plus commune, ces derniers , on plaçait sur un lit d’ivoire une
peut avoir pour cause tout ce qui détermine un afflux image en cire ressemblant au défunt. Le sénat la
considérable de sang vers le cerveau ; l’excès des tra- visitait, et des médecins donnaient chaque jour des
vaux intellectuels ou des émotions morales , l’abus bulletins de sa santé, comme s’il se fût agi d’un per-
des liqueurs alcooliques, l’exposition à un soleil trop sonnage vivant ; au 7® jour, ils annonçaient sa mort;
ardent ou à un froid trop intense , la suppression les jeunes gens les plus distingués portaient le lit de
d’une évacuation habituelle , etc. Elle est surtout parade au Champ de Mars, et le plaçaient sur un ca-
fréquente de 45 à 60 ans; on y est plus exposé dans tafalque pyramidal, formé de matières combustibles.
les temps très-chauds ou très-froids. Quelquefois On chantait tout autour des hymnes en l’honneur du
l’attaque survient d'une manière brusque et ino- défunt, et on faisait défiler devant lui les eflîgiesdes
pinée, ce qui lui a valu le nom d’apoplexie fou- grands hommes; puis l’empereur régnant mettait le
droyante; alors la mort a lieu sur-le-champ. L’at- feu au catafalque avec une torche, et après lui les sé-
taque est ordinairement annoncée par divers symp- nateurs et les chevaliers. Du milieu des flammes on
tômes, tels que violents maux de tête, éblouisse- voyait sortir un aigle qui , selon la croyance , em-
ments, vertiges, palpitations, tintements d’oreilles, portait aux deux Tàme du défunt. Si c’était une
fourmillements incommodes dans les membres impératrice, on se servait d’un paon au lieu d aigle.
somnolence , parole embarrassée , intelligence en- APOTHICAIRE (du grec apothékè, serre , lieu où
gourdie. On peut prévenir l’attaque par des émis- Tou met en réserve), celui dont la profession est de
sions sanguines , par l’emploi des révulsifs. Quand préparer et de vendre les médicaments. Les apo-
elle a eu lieu, il faut débarrasser le malade des vê- thicaires ne faisaient autrefois à Paris qu’un seul
tements trop serrés, le transporter sans secousse dans corps de communauté avec les marchands épiciers-
un lieu aéré , d’une température fraîche , éloigné du droguistes; c’était le second des six corps mar-
bruit; maintenir la tète élevée et découverte; prati- chands. De nos jours, cette profession est plus re-
quer une saignée copieuse à la jugulaire, au pli du levée à raison des connaissances scientifiques qu’elle
bras ou à la saphène. Concurremment avec la sai- exige. On emploie aujourd’hui de préférence le mot
gnée générale, on emploiera avantageusement la Pharmacien. Voy. ce mot.
saignée locale au moyen de sangsues à la nuque APOZÈME (du grec apozéma, décoction), potion
aux apophyses mastoïdes , ou à l’anus , ainsi que les composée d’une décoction ou infusion d’une ou de
ventouses sc.arifiées. On applique en môme temps sur plusieurs substances végétales, à laquelle on ajoute
la tête des compresses imbibées d’eau froide et sou- divers autres médicaments, tels que sels, sirops,
vent renouvelées. A ces moyens on ajoutera des pé- électuaires, teintures. On prépare des apozèmes
diluves sinapisés, des lavements laxatifs ou purgatifs purgatifs, fébrifuges, antiscorbutiques, etc. La ti-
préparés avec le séné, le sulfate de soude, l’aloès, etc., sane royale , la décoction blanche , sont des Apozè-
enfin la diète, les boissons délayantes et le repos le mes. L’Apozème est toujours très-composé ou très-
plus absolu. chai’gé de principes végétaux: aussi ne sert-il jamais,
APOSIOPÈSE (d’opo, de, et siopaô, se taire). comme la tisane, de boisson habituelle. Les Apo-
6
, , , , ,

APPE — 82 APPE
zèines ne sont guère employés aujourd'hui, à cause demande la réformation du jugement ,
intimé celui
du dégoût qu’ils inspirent au malade. contre qui cette réformalioii est demandée.
APPARAT, ou en latin apparatus (c.-à-d. ici in- Les règles et les effets de Tappel varient selon
strument d’étude) nom donné autrefois à certains que le jugement attaqué a été rendu en matière
livres disposés en forme de dictionnaires ou de catalo- civile , criminelle , administrative ou ecclésiastique.
gues et propres à faciliter les études classiques : tels I. En matière civile, o-ü peut, en principe, appeler

sont VA. sacré, livre renfermant par ordie alpliahé- de tous les jugements rendus par les tribunaux ci-
tique les nomsdes auteurs ecclésiastiques et les titres vils de degré; on excepte les jugements rendus
de leurs ouvrages; VA. poétique, recueil de diverses par les juges de paix dans certaines limites, les
poésies; VApparatus au Ciceronem, espèce de con- jugements préparatoires et ceux qui ont force de
cordance ou de recueil de phrases cicéroniennes. chose jugée. Le délai pour interjeter appel est gé-
APPARAUX {A’ apparatus apprêt, machine). néralement do 3 mois (art. 443 du Code de procéd.).
Dans la Marine, on désigne sous ce nom collectif Les appels des jugements des juges de paix sont
tous les objets nécessaires à certains mouvements portés devant le tribunal de fr» instance de Tar-
d’un vaisseau , tels que les voiles , les vergues , les roiidissement ; les jugements rendus par les tribu-
poulies, les ancres, les cabestans, le gouvernail, les naux de instance et de commerce sont portés
câbles , etc. : on y comprend môme l’artillerie d’un devant la cour d’appel. L'acte d’appel doit, sous
bâtiment. On dit d’un vaisseau bien disposé, qu’il peine de nullité, contenir assignation dans les délais
a ses agrès et ses apparaux. de la loi, et être signifié <à personne ou domicile
APPAREIL (du latin apparare, préparer). On (art. 466). L’appel est en général suspensif de l’exé-
nomme ainsi, en Physiologie, l’ensemble des or- cution du jugement attaijué. Celui qui succombe en
ganes qui concourent à une même fonction A.
: appel doit payer une amende de 6 à 10 fr. (art. 47 1).
digestif, A. respiratoire. Un système d’organes II. En matière criminelle, on peut appeler des
comprend tous ceux qui sont formés d'un tissu jugements de simple police et des jugements rendus
semblable; un appareil comprend souvent des or- par les tribunaux correctionnels; mais on ne peut
ganes de nature très-diD'érente. —
En Chirurgie, on appeler des jugements rendus par les cours d’assises.
appelle Appareil l’assemblage méthodique de tous les — Toutefois ces jugements, comme les jugements
instruments et objets nécessaires pour praticpier une civils, peuvent être portés en cour de cassation pour
opération {Voy. amputation). Par extension, on a violation de la loi ou pour vice de forme.
donné le nom A’ Appareil [capsa chirurgica) au pla- III. En matière adminish'ative on se pourvoit
teau à compartiments sur lequel sont placées les di- en appel devant le ConseiTd’Etat. par l’intermédiaire
verses pièces nécessaires pour les i»anscments. —
En des avocats spécialement attachés à ce conseil.
Chimie, on nomme Appareil un assemblage
aussi IV. En matière ecclésiastique, on peut recourir
d’ustensiles nécessaires pour une opération ou une devant l’autorité civile contre les abus de pouvoir
expérience on eonnait surtout VA. de Marsh {.Voy.
: commis par les supérieurs ecclésiastiques, cl dans
arsenic). —En Architecture, c’est l’art de tracer les cas de contravention aux constitutions ou concor-
exactement et ue disposer les pierres qui conviennent dats reçus dans le pays c’est ce qu’on nomme appel
:

à chaque partie d’un édifice. comme d’abus. Ce droit était reconnu eu France dès
APPAREILLEUR , ouvrier-chef des tailleurs de 1329. Les appels comme d’abus étaient jadis déférés
pierre, qui fait le choix des pierres , trace la forme tantôt aux parlements , tantôt aux conseils souve-
à leur donner, marque la place qu’elles doivent oc- rains; ils ont été attribués par le Concordat de 1801
cuper, dirige cl surveille ceux qui les taillent et ceux au Conseil d’Ètat; la loi du 18 germinal an X
qui les posent. L’Appareilleur doit connaître â fond (8 avril 1802) , qui régit encore la matière, a réglé
la géométrie pratique, le dessin linéaire, et la nature les formes à suivre.
des matériaux qu’il emploie. Quand on bâtit, c’est un APPEL AU PEUPLE , di oit dont jouissait tout citoyen
grand avantage d’avoir un habile Appareilleur. romain de faire juger une cause criminelle par le
APPARITEURS {A'apparere, apparaître). On dé- peuple en dernier ressort. Ce droit a ôté rétabli pen-
signait en général par ce nom chez les Romains dant la RévolnUon française : ceux qui voulaient
tous les ofticiers chargés do Toxécutiou des oi'drcs dos sauver Louis XVI votèrent presque tous pour Tappel
magistrats, tels que les l'ctcurs, les scribes, les in- au peuple. L’exereice de ce droit fut réglé par les dé-
terprètes. Aujourd’hui ou le donne aux huissiers qui, crets des 5 fructid. an III, 24 et25 frim an Vlll, l’arrêté
.

dans les cérémonies de l’Université , précèdent le du 20 Qoréal an X, le sénatus-consulte du 28 flor.an XII.


recteur et les doyens des diverses facultés, portant la APPEL COMME d’abus. Voy. ci-dessus Appel en ma-
masse devant eux. Les Appariteurs sont , eu outre tière ecclésiastique.
chargés de maintenir Tordre dans les salles de cours. appel, en termes d’Escrime, désigne une feinte
APPEAU {A’appel), sifflet d’oiseleur qui sert à ou un temps faux fait hors de mesure, pour forcer
contref'iire les dilférenls cris des oiseaux , ct , par ce son advereairc à attaquer la partie qu’on découvre,
moyen , à les appeler et à les attirer dans le piège. Ou pour mieux le surprendre à son tour et le faire s’en-
distingue : VA. à sifflet, avec lequel on imite le cri ferrer lui-mème.
des alouettes, des perdrix , des cailles; VA. à lan- APPELANTS. On a donné ce nom, dans le der-
uetle, ou pipeau, qui ne consiste qu’eu un petit ru- nier siècle, à ceux qui, en 1717, inlerjolèrenl appel
an ou meme une simple feuille de chiendent, et au futur concile de la bulle Unigenitus par la-
avec lequel ou épouvante les oiseaux en contrefai- quelle Clément XI avait condamné un livre du P.i
sant le cri de la chouette; T^l. à frouer, forméd'uno Quesnel où se trouvaient reproduites quelques-unes
feuille de lierre disposée en cornet, qui contrefait des erreurs de Jansénius ; ils comptaient parmi eux
le cri ou le vol des geais et des mei les etc.
,
— Ou plusieurs évêques. Cet appel n’eut aucun effet.
appelle aussi Appeau Toiseau qui sert à Toiscleur APPENDICE (de pendei'e ad, pendre à, s’ajou-
pour attirer les autres. ter), nom donné, en Histoire naturelle, à des or-
APPEL. On nomme ainsi, en Droit, Tacle par le- ganes qui s’attachent aux parties essentielles. On
quel une partie condamnée s’adresse à une juridic- nomme ainsi, en Zoologie, diverses sortes de mem-
tion supérieure pour faire réformer le premier juge- bres qui sont ajoutés aux anneaux du corps des
.menl. On distingue: VA. principal, première ré- animaux articulés; — en Botanique , les petits pro-
clamation par laquelle on défère le jugement au longements qui garnissent la corolle de certaines
tribunal supérieur, et T.4. incident, interjeté par Borragiuées, ainsi que les écailles qui entourent l’o-
la partie poursuivie en ajipcl, durant le cours de vaire des Graminées et la partie supérieure de la
l’appel [irincipal. On nomme appelant celui qui squamme de certaines Synanthérées : on appelle il.
, ,

APPO — 83 — APPÜ
terminal le petit filet qui se prolonge au-dessous de sous et centimes : par arrêt du Conseil du 21 jan-
l’anthère; èaii/ajVw les petits prolongements qui vier 1821 , il est défendu de donner en monnaie de
se trouvent à la partie inférieure des loges de l’anthère. billon , dans les payements , plus que les appoints
APPÉTIT {d'appetere, désirer, rechercher). Les qui ne peuvent se faire en écus; 2® une somme qui
Scolastiques désignaient en général par ce nom la forme le solde ou la balance d’un compte; on dit,
faculté par laquelle l’àme se porte vers un bien par exemple, tiierune lettre de change par appoint,
(A. conctcpùcible), ou s’éloigne d’un mal {A. irasci- lorsqu’on la tire pour solder un compte.
ble). — Dans la classification des principes actifs APPORT. On nomme ainsi, en Droit, les valeurs,
proposée par les Écossais , et généralement adoptée de quelque nature qu’elles soient , que chaque asso-
aujouid’hui , les appétits sont des principes actifs cié apporte dans une société commerciale , et plus
,

qui tirent leur origine du corps , qui ne sont spécialement, ce qu’un époux apporte dans la com-
point continus, mais périodiques, et à la satisfac- munauté. Sous le régime de la communauté pure
tion desquels nous sommes poussés par une sensa- et simple, apports de deux époux, s’ils ne con-
les
tion désagréable , telle que la faim , la soif , le be- sistent quen objets mobiliers, deviennent communs
soin de sommeil , etc. On les oppose aux désirs et entre eux. On fixe d’habitude dans le contrat de
aux affections. —
En Médecine , l’appétit est pro- mariage la valeur des apports de chaque époux.
prement le désir de manger. Comme la faim, il Lorsque les époux stipulent qu’ils mettront réci-
a son siège dans le système des ganglions , mais il proquement dans la communauté jusqu’à concur-
en diffère en ce qu’il n’est pas une sensation pé- rence d’une somme ou d’une valeur déterminée , ils
nible. 11 s’annonce par une excitation des papilles sont par cela seul censés se réserver le surplus (Code
nerveuses et une sécrétion abondante de salive ; la civ., art. 1600).— La femme, en renonçant à la com-
faim apaisée, il peut subsister encore. L’appétit peut munauté, perd son apport, à moins qu’elle n’ait stipulé
devenir un symptôme de maladies; parfois il est lors du contrat la fac. de le reprendre(a. 1497, 1514).
exagéré , dévorant {cynorexie, quelque- APPOSITION {àeponere ad, placer auprès), figure
fois bizarre, dépravé” { en wes des femmes grosses, de construction, qui consiste à placer l'un auprès de
pica, malacia); enfin il peut être détruit et rem- l’autre , sans conjonction , deux noms dont le der-
placé par un dégoût invincible des aliments {a>io- nier sert de qualificatif, comme dans ces phrases :
rexie)) d’ordinaire, ces perturbations de l’appétit Cicéron, l’orateur romain; Titus, les délices du
surviennent et disparaissent avec d'autres maladies genre humain ; Attila, le fléau de Bien. Celte figure
dont ils sont la conséquence. est très-usitée en poésie ; Racine le fils en offre un
APPLICATION. Ou nomme ainsi dans les Sciences exemple dans les vers suivants :
l’usage que l'on fait des principes d'une science pour C’est dans un faible objet , imperceptible ouvrage
Que i’art de l’ouvrier me frappe davaulage,
étendre ou éclairer une autre science (de ralgcbro
par exemple, pour perfectionner la géométrie) , cl, APPRENTI ,
APi'RENTissAGE. Avant l’abolition des
spécialement, le passage de la théorie à la pratique. jurandes et des maîtrises, les apprentis étaient obli-
APPLICATION (ÉCOLES d’). Il y a en France deux gés , par les statuts des communautés d’arts et mé-
écoles militaires d’application, ainsi nommées parce tiers , à passer près des maîtres un temps fi.xé qui
qu’on y fait V application des tliéorics abstraites qui était au moins de 3 ans; ils étaient assujettis à un
ont fait jusque-là l’objet de renseignement École
: état voisin de la servitude, et ne pouvaient s’établir
d’application de l’artillerie et du génie, créée ou qu’en remplissant des conditions fort dures. Cet état
1802 par le premier consul, et l’Ecole d’application de clioses a été aboli en 1791 par l’Assemblée Con-
du corps d’état-major, créée en 1818 sous le minis- stituante. L’apprentissage est aujourd’hui régi par
tère du maréchal Gouvion Saint-Cyr. —
La première la loi du 22 germinal an XI et par celle du '22 fé-
decesécoles, établie àMetz, et organisée parl’ordonn. vrier 1851 ; cette dernière loi a eu surtout pour but
du 5 juin 1831 et le décret du 24 juin 1854, compte de prévenir l’abus que certains maîtres pouvaient
100 élèves, qui y sont admis en sortant de l’Écoie faire encore des jeunes gens confiés à leurs soins.
polytechnique, après un examen ouvert à cet effet, APPRÉTELR, ouvrier qui donne l’appréf, c.-à-d.
et qui, en y arrivant, prennent le grade et le rang qui fait subir aux marcliandises , draps , toiles , co-
de sous-lieutenant; la durée de Ijenseignement est tonnades, certaines préparations qui ont pour but
de 2 à 3 ans. — La seconde, établie à Paris, compte de leur donner du lustre, du poli et de la fermeté.
de 40 à 50 élèves; ils sont choisis parmi les élèves de Pour les étoffes de lin ou de chanvre , l’apprêt con-
Saint-Cyr et de l’École polytechnique, et ont aussi le siste dans un mélange d’amidon et d’azur ; quand
brevet de sous-lieutenant. Après deux ansd’études, les elles ont reçu cet apprêt, on les déplisse, on les ca-
élèves vont passer deux ans dans chacune des trois landre , et enfin on les met à la presse. Pour les—
armes, infanterie, cavalerie, artillerie, avant de élofl'es de coton
,
on les apprête avec de l’amidon
remplir les fonctions d’officiers il’état-major. bien épuré , puis on les fait passer entre deux cy-
II existe en outre une École d’application du lindres chauffés qui lustrent à la fois l’endroit et
génie maritime, établie à Lorient en 1791, dans le l’envers. —Pour les draperies, l’apprêt s’effectue à
but de former des ingénieurs chargés de diriger la l’aide d’une pression plus ou moins forte; cette
construction des vaisseaux de la marine royale , et pression peut être combinée ou non avec l’action
les travaux relatifs à ce service. Les élèves sont clioi- de la clialeur, d’où deux sortes d’apprêts, le cati à
sls au concours parmi ceux qui ont fait deux années chaud et le cati à froid. Voy. cati.
d’études à l’École polytechnique. APPROCHES. Ce mot désigne spécialement, dans
APPLICATION SUR DENTELLE. V. DENTELLE, BRODERIE. l’Art militaire, les travaux à l’aide desquels on tente
APPOGGIATURE. Ce mot, tiré de l’italien [appog- de parvenir jusqu’au corps d’une place qu’on as-
giare, appuyer) , s’applique, en Musique, à une pe- siège, tout en se mettant à couvert de son feu.
tite note sur laquelle on appuie légèrement avant APPROXIMATION. On nomme ainsi en Mathé-
d’attaquer la note principale. L’appoggiature peut se matiques une opération par laquelle on trouve , au
placer au-dessus ou au-dessous de cette note. Sa durée moyen du calcul ou d’une construction géométrique,
vaut ordinairement la moitié de la note suivante et se la valeur approximative d’une quantité que l’on ne
prend sur la valeur de celle-ci. L’appoggialure est peut déterminer rigoureusement. Le calcul de.s ap-
préparée quand elle est précédée d’une note située proximations est particulièrement employé à recher-
au même degré qu’elle-même. Son exécution bien cher les racines carrées et cubiques des nombres qui
appliquée ajoute au charme et à la grâce du chant. ne sont pas des carrés ou des cubes parfaits. M. J.
APPOINT. On appelle ainsi : 1“ la petite monnaie Vieille adonné la Théorie des Approximations, 1854.
qu’on ajoute à la grosse pour solder un compte par APPULSE (du latin appulsus, poussé auprès), S9
6.
, , ,, .

APYR — 84 — AQUE
dit,en Astronomie, du passage de la lune^)?’èi d’une intermédiaire aux accès dans tes fièvres intermitten-
étoile, soit qu’ily ait éclipse, soit que le bord de la tes; — cessation du mouvement fébrile. Voy. fièvre.
lune liasse seulement à quelques minutes de l’étoile, AQUARELLE (de l’italien acquarella, peinture
de manière à être observée dans le même champ à l’eau) , dessin au lavis et de plusieurs couleurs. On
de la lunette; on observe les appulses avec soin se sert à cet effet de couleurs délayées à l'eau et
pour déterminer les lieux de la lune, les erreurs des légèrement gommées que l’on applique sur du pa-
tables, et les longitudes des lieux. pier, du carton ou de l’ivoire; ou prépare pour cet
APR0N,j4 ?pro(d’avper, rude, à cause de la rudesse usage un papier particulier dit papier Watermann.
de ses écailles), genre de poissons Acanthoptérygie ns, L’aquarelle se distingue par la finesse et la transpa-
de la famille des Percoides, ne düfcre dos Perches rence des teintes , par la fraîcheur et l’éclat des
proprement dites qu’en ce qu'il a le palais hérissé de couleurs; elle se prête surtout à la peinture des
dents , le museau saillant et les deux dorsales éloi- portraits, des fleurs, des oiseaux, des paysages,
gnées et ne se touchant pas. On le trouve surtout pourvu que les sujets soient de petite dimension.
dans les eaux du Rhône et du Danube, h’ A. ordi- Ce genre de peinture , qui offre un agréable délas-
naire, nommé Sorcier par les pêcheurs du Rhône sement , est devenu fort à la mode depuis quelques
est long d’environ 20 cenlim. Son corps est allongé années il s’est formé en Angleterre
; une société
et à peu près arrondi. Sa tête est déprimée; les aquarellistes On trouve dans la collection des
joues, les mâchoires, la poitrine, sont dépourvues Manuels-Roret un Manuel de peinture à l' aquarelle.
d’écailles. La partie supérieure du corps est d’un AQUA-TINTA, ou mieux acüua tinta ( c.-à-d.
brun rougeâtre, et l’inférieure d’un blanc gris. Ce en italien eau teinte) , genre de gravure sur cuivre
poisson, dont la chair est blanche, légère et d'un qui imite les dessins au lavis faits à fcncre de
goût agréable , se nourrit de vers et aime les eaux Chine , au bistre ou à la sépia. On l’emploie spécia-
pures et vives. Une autre espèce, le Cingle ou Zin- lement pour les dessins de grande dimension. On
gel, qui habite les eaux du Danube, a un demi-mètre grave d’abord â l’eau -forte les contours de la fi-
de longueur, et un corps triangulaire. Sa chair est gure; on couvre ensuite d’un vernis noir impéné-
blanche, ferme eUd’cxcellent goût. trable â l’acide nitrique les parties de la planche où
APSIDE. Voy. abside. il ne doit
y avoir ni trait ni ombre; puis on répand
APTERES (du grec a priv., et pte'ron, aile) , épi- sur la planche de la colophane réduite en pou-
thète donnée en Zoologie aux animaux articulés dé- dre très-fine, et on l’expose, à une chaleur ardente
pourvus d’ailes. Linné comprenait sous cette dénomi- jusqu’à ce que la résine soit fondue; par ce moyen,
nation les Crustacés, les Arachnides, les Myriapodes, il se forme de petits espaces par lesquels l’acidc

les Parasites, etc., mémo les Vers, en un mot, tous nitrique peut s’insinuer. L’acide est alors versé sur
les animaux articulés n’acquérant jamais d’ailes , et la planche, et on l’y laisse cinq minutes, temps
il en formait un ordre du règne animal. Lamarck sulïïsant pour que l’acide puisse mordre. On renou-
conserva ce nom; mais il ne s’applique plus aujour- velle l’opération plusieurs fois pour tracer les om-
d’hui à aucun ordre. On l’emploie adjectivement bres les plus fortes. Quoique moins estimée que la
pour désigner tels ou tels animaux articulés privés gravure au burin, Vaqua-tinta est parvenue à un
d’ailes ou qui n’en ont que de rudimentaires. haut degré de perfection , et a pu reproduire à très-
APTÉRODICÈRE (du grec apte'ros, sans ailes, bon marché une foule de beaux tableaux. Jazet a pu-
et dikéros à deux cornes), sous-classe d’insectes, blié de magnifiques estampes gravées par ce procédé.
composée de ceux qui sont aptères, qui ne subissent AQUA-TOFANA, c.-à-d. en italien eau de Tofana,
point de métamorphoses, et ont deux antennes et six dite aussi Aquetta di Napoli, poison très-subtil dont
pieds. Ellecomprendlesr/iysawoarevetlesParavi/ex. on attribue l’invention à une femme de Palerme
APTERYGlEiNS (d’a priv., et ptéryx nageoire) nommée Tofana, qui commença à le répandre vers
animaux qui manquent d’organe spécial pour nager. 1659. C’était un liquide transparent, limpide comme
— On divise les Mollusques en deux classes principa- l’eau, inodore, qui n’éveillait en rien le soupçon. Ce
les les Ptérygiens, qui ont un pied, les Aptérygiens,
: poison n’agissait que lentement, et ne laissait aucune
qui manquent de cet organe. trace. Tofana, dont les crimes furent découverts seu-
APTÉRYX (même étym.), oiseau singulier de la lement en 1709, mourut, dit-on, étranglée en prison,
Nouvelle-Zélande, de la taille d’une oie, au plu- après avoir causé la mort de plus de six cents per-
mage brun ferrugineux. D a de grands rapports avec sonnes, au nombre desquelles quelques-uns ont même
l’Autruche, et ses jambes sont celles des Gallinacés. compté deux papes. On a beauc. disputé sur la compo-
Scs ailes, presque milles, sont terminées par un sition de V Aqua-Tofana : l’opinion la plus probable
ongle fort et arqué. Quelques naturalistes en font est que c’était une solution très-étendue d’acide arsé-
une classe à jiart, dite des Nultipennes. nieux mêlée à d’autres substances qui la déguisaient.
APTINUS (du grec aptén, sans ailes) genre de ,
AQUEDUC (du latina^u® ductus, conduited’eau),
Coléoptères pentamères de la famille des Carabi- canal construit en pierre ou en maçonnerie , élevé
ques, très-voisin des Rrachines , avec lesquels on l’a sur un terrain inégal pour ménager la pente de
longtemps confondu, mais dont il se distingue par l’eau et la conduire dans un lieu qui en est dé-
l’absence d’ailes et par ses élytres tronqués oblique- pourvu. Quand il traverse des vallées, il est sup-
ment à l’extrémité, taudis qu’ils sont coupés car- porté par des arcades, qui quelquefois même sont
rément dans les Rrachines. 'foutes les espèces de élevées par étages les unes au-dessus des autres. On
ce genre jouissent, comme les Rrachines, de la fa- citait dans l’antiquité l’aqueduc de Sésostris à Mem-
culté singulière de lancer par l’anus , avec fumée et phis, celui de Sérairamis à Rabylone , celui de Sa-
explosion , une liqueur volatile brûlante et causti- lomon dans le pays d Israël. Le premier aqueduc
que ( Voy. br.vchine). L’A. Batiste peut fournir de construit par les Romains fut dû au célèbre auteur
suite 10 à 12 décharges. de la voie Appienne ; on le nommait Aqua Appia.
APUREMENT de compte. Cette formule, en usage Plusieurs autres se formèrent ensuite : V Anio Vêtus,
dans la comptabilité, désigne que lescomptcsenlre les Y Aqua Martia, YAquaJulia, Y Aqua Virgo; ce der-
commerçants ont été vériüèset entièrement terminés. nier, construit par Agrippa, avait 14,105 pas ro-
APYRE (d’a priv. elpyr, feu), épithète appli- mains. Parmi les aqueducs que les Romains con-
quée en Chimie en Minéralogie à certaines sub-
et struisirent dans les provinces , les plus célèbres sont
stances infusibles , telles que le cristal de roche l’aqaeduc de Nîmes , dit pont du Gard , qui a trois
l’amiante. —Ce nom a été donné spécialement à un rangs d’arcades superposées; l’aqueduc de Ségovie;
minéral qu’on nomme aussi Macle et Andalousite. l’aqueduc de Metz , qui traversait la Moselle ; l’aque-
APYREXIE (du gi-ec a priv., et pyr, feu) , temps duc d’Arcueil, près de Paris attribué à l’empereur
, , , , , ,

ARAB — 85 — ARAC
Constance Chlore , et rcleyé ou plutôt remplacé en 1 mètre ,
et porte un
épi de fleurs blanches et assez
1624 par Marie de Médicis. Louis XIV fit exécuter grandes. La plus belle espèce est l’.l. du Caucase
l’aqueduc de Montpellier; il commença celui de (A. caucasica) ,
remarquable par la précocité de sa
Maintenon, qui devait conduire à Versailles une par- floraison et par les touffes veloutées de ses feuilles;
tie des eaux de l'Eure; mais ce monument gigantes- elle produit un joli effet dans les plates-bandes.
que n’a pas été achevé il a 48 arcades, qui forment
: ARABINE, principe chimique , soluble dans l’eau
3 rangs. Un des jilus récents est le superbe aqueduc froide, et qui constitue en grande partie la gomme
de Roqiiefavour qui conduit à Marseille les eaux de arabique {Voy. comme). Les acides affaiblis le con-
la Durance et réunit deux rochers séparés par une vertissent par l’ébullition en sucre de raisin.
vallée de 400 mètres; dans certains endroits ses ar- ARAC ou RACK, nom donné par les Indiens à toute
cades ont 86 mètres de haut. Il a été achevé en 1848. liqueur spiritueuse, et surtout à celle qu’ils retirent
Les Anatomistes emploient par analogie le mol d’un mélange de riz , de sucre de canne et d’une
A'aqueduc pour désigner certains conduits qui éta- noix de coco, ou de la distillation du jus de cocotier.
blissent des communications entre différentes parties — L’arac de Goa est celui dont on fait la plus forte
des organes tels sont \’A. de Fallope
: ou canal consommation, quoiqu’il soit moins fort que celui
Bpiro'ide de l’os temporal; VA. du vestibule conduit de Batavia. Les Anglais se -servent de l’arac comme
osseux qui s'étend du vestibule à la face postérieure du rhum pour composer leur punch. Les Tar- —
du rocher; VA. du limaçon, conduit extrêmement tares donnent le nomd’arnc à une liqueur enivrante
étroit qui va de la rampe du tympan au bord posté- extraite du lait de cavale.
rieur du rocher; VA. de Sylvius, canal intermé- ARACARI, espèce de Toucan , originaire du Bré-
diaire des ventricules, situé dans l’épaisseur du cer- sil, un peu plus gros que le merle, ainsi appelé par
veau et sur la ligne médiane. imitation deson chant. G’estle Pteroglossus d’illiger.
AQUIFÜLIACÉES, famille déplantés ainsi nom- ARACATCHA, plante de la famille des Ombellifè-
mée de V Aquifolium espèce de Houx, qui en est res, originaire de l’Amérique Méridionale, et cul-
le type, est plus connue sous le nom A’ilkinées. tivée surtout aux environs de Santa-Fé do Bogota,
A(JU1LA1RE , Aquilaria, grand arbre originaire est connue en Europe depuis 1801. Ses racines, en
des Indes Orientales, est le type de la famille peu forme de corne de vache , offrent un aliment sain et
nombreuse des Aquilarinées. C’est de cet arbre agréable; leur saveur tient de la châtaigne et de la
qu’on tire le Bois d’aigle ou Bois d'aloès, dit aussi pomme de terre. On les mange crues ou cuites sous
Agalloche, Cambac, Calambouc, Garo, bois pesant, la cendre, et elles s’apprêtent comme les pommes de
résineux, d’une odeur faible que la chaleur rend aro- terre. On a récemm. réussi à les acclimater en France.
matique et agréable. H en existe plusieurs variétés. ARACEES ou aroIdèes [A’ Arum). Voy. aruidées.
On faisait autrefois des fumigations avec le bois d'a- AR.4CHU)E, genredelafiinille des Légumiueuses-
loès. Les Indiens en brûlent dans leurs maisons pour Césalpiniées c’est une plante annuelle, qui rampe en
:

purifier et j)arfumer l’air. couvrant le sol comme d’une épaisse chevelure, et


AQUILEGIA. Voy. akcolie. produit un grand nombre de longues gousses dites
ARA (ainsi nommé par imitation du cri rauque Pistaches de terre, qui renferment des espèces d’a-
de cet oiseau), Macrocercus, perroquet de l’Amérique mandes de la grosseur d’une petite aveline. A mesure
Septentrionale, a la queue plus longue que le corps, que les gousses succèdent aux fleurs , elles entrent
les joues dépourvues de plumes, recouvertes d’une dans la terre pour achever leur maturité. Les aman-
membrane blanche, le bec très-fort et crochu. L’ara des de l’Aracliide, fraîches ou cuites sous la cendre
est surtout remarquable par sa grande taille et ou dans l’eau, offrent un aliment agréable on en ex- :

par sa beauté ; son plumage est orné des plus tiaitune huile limpide, claire, inodore, moins grasse
brillantes couleurs , bleu , jaune d’or, vert, rouge
,
que l’huile d’olive, à laquelle on la dit supérieure, et
qui , nuancées et fondues sur les diverses parties de qui rancit difficilement; on en fait aussi une pâte qui
son corps , produisent un effet ravissant. De tous les se môle au cacao pour faire le chocolat ; elle sert aussi
aras, celui qui s’acclimate le mieux en France est à fabriquer le savon en Espagne. Celte plante, qui a
l’ara bleu de Buffon. Ces oiseaux voient par troupes, toute l’utilité de l’olive et de la pomme de terre à la
et sont frugivores; on les apprivoise aisément. fois, est originaire de l’Amérique; elle n’est bien
ARABESQUES , ornements de sculpture , de pein- connue que depuis 1798, qu’elle a été décrite par le
ture et d’architecture
,
ainsi nommés parce qu’ils docteur Bodarl le lacopierre. On la trouve aujour-
sont surtout à la mode chez les Arabes sont formés d’hui en Chine, au Japon,àMacassar, aussi bien qu’en
débranchés, de feuillages et de fruits, d’animaux Amérique; elle prospère en Italie, en Espagne, et
et d’êtres imaginaires, ou de draperies, de ru- même dans le midi de la France; on l'a récemment
bans, etc., assortis, contrastés, groupés ou enlacés importée avec succès au Sénégal et en Algérie.
avec art, de manière à produire un effet agréable. ARACHNIDES (du grec arachné, araignée), classe
La loi de Manomet interdit toute représentation de d’animaux articulés dont la tête se confond avec le
figures d’hommes et d’animaux; ce qui fait qu’on thorax , dont la bouche est composée de deux man-
n'en rencontre point dans celles de ces compositions dibules se mouvant de haut en bas , d’une paire de
qui sont véritablement l’ouvrage des Arabes ; mais mâchoires supportant chacune une palpe elles ont ;

les Européens, que n’atteint point cette défense, le ventre énorme , divisé en anneaux et supporté par
groupent ensemble dans leuis arabesques toutes huit pattes terminées par deux ou trois crochets, les
sortes de figures et d’objets bizarres. Les Romains yeux lisses et petits, variant de deux à douze. On y
ont connu et recherché les ornements arabesques comprend , outre les araignées proprement dites, les
;
les Arabes les ont remis à la mode en Europe au Galiopodes, les Scorpions, les Ixodes ou Ricins, les
moyen âge. Poux , les Teignes. Les Arachnides se divisent en
ARABETTE ou anABiDE, Avabis , Arabidium, deux oidres d’après la structure de leurs organes
genre de plante delà famille des Crucifères, ainsi respiratoires 1® les A. pulmonaires respirant par
:

nommée, sans doute, parce qu’elle est originaire d’A- des poumons ou poches pulmonaires (t’est à cet
rabie, renferme des plantes herbacées, annuelles ou ordre qu’appartiennent les Aranéides ou Araignées
vivaces , à Heurs petites, blanches ou roses peu ap- proprement dites) , et lesyl. trachéennes respirant
,
parentes et inodores. Elle est très-répandue en Eu- par des hachées comme les insectes. Tels sont les
rope on la cultive dans les jardins. WA. des Alqies
; Faucheurs et les Acarides ou Mites.
[A. alpina) forme des touffes toujours vertes qui se ARACHNOÏDE, nom donné par les anatomistes
couvrent de fleurs blanches un peu odorantes dès la à diverses membranes à cause de leur ténuité, com-
fin de mars. WA. petite-tour [A. turrita) monte à parable à celle de la toile à'araignée, notamment à
, , , ,

ARAL — 86 ARBA
l’une des membranes de l’œil qui renferme le cris- de nos Ombellifères , a pour type VAralie. La ra-
tallin etl’humeur vitrée, et à la deuxième des mé- cine de Ginseng à laquelle les Chinois attribuent
ninges ou enveloppes du cerveau , placée entre la des propriétés médicales merveilleuses, appartient
pie-mère et la dure-mère. à une Araliacée.
ARACHNOLOGIE. Voy. aranéologie. ARALIE, genre type de la famille des Aralia-
ARAGONITE, carbonate de chaux naturel, cris- cées, plante exotique : feuilles alternes, fleurs à 5 sé-
tallisé dans le système prismatique rectangulaire, pales , à 5 pétales , à 5 étamines et à 5 styles le
;
non susceptible de clivage {Voy. spath d’islande) ; fruit est une baie à 5 loges. La racine est sucrée, aro-
se rencontre sous forme corallo'ide ou en petites matique , et peut servir à la nourriture de l’homme.
masses bacillaires ou fibreuses, blanches ou jaunâ- On cultive les Aralies comme plantes d’agrément, à
tres, dans les gîtes de minerais de fer, dans les fen- cause de la douce odeur qu’exhalent leurs fleurs
tes des dépôts basaltiques et des roches serpentineu- blanches. — On distingue VA. spinosa ou Angéli-
ses, dans les argiles
gypseuses des dépôts salifères, etc. que épineuse, arbrisseau indigène des États-Unis,
Certains tufs calcaires, ceux de Vichy, par exem- de 3 à 4 mètres de haut ; l’écorce de sa racine est
ple, sont entièrement à l’état d’aragonite. Ce minéral employée comme drastique ; VA. nudicaulis ou
fut trouvé en 1775 dans V Aragon : d’où son nom. Salsepareille de Virginie-, VA. racemosa, qui passe
ARAIGNÉE (en latin araneà) animal connu de pour efficace contre les rhumatismes, etc.
tous, de la famille des Aranéides, forme un genre ARANÉIDES (du latin aranea, araignée) , Ire fa-
qui comprend lui-même un assez grand nombre mille de l’ordre des Arachnides pulmonaires, ca-
d’espèces. La plus commune est VA. fileuse ou do- ractérisée par l’existence de quatre ou six appen-
mestique, dont l’abdomen offre six mamelons, dits dices articulés appelés filières, situés à l’extrémité
filières, renfermant une liqueur qui se concrète par de leur abdomen. C’est par ces filières que sortent
le contact de l’air, et forme des fils soyeux et ténus les fils soyeux dont elles tissent leurs toiles. Les Ara-
avec lesquels les araignées enveloppent leurs œufs néides portent aussi le nom de Pileuses. Elles com-
ou forment la toile qui leur sert de demeure et de prennent deux genres les Araignées et les Mygales.
:

filets, ainsi que les fils connus dans la campagne ARANÉOLOGIE, ARACHNOLOGIE (du latin aranea ou
sous le nom de fils de la Vierge. Ces animaux sont du grec arachné, araignée, et logos, discours), art de
carnassiers, et se livrent entre eux des guerres prédire les changements et les variations atmosphéri-
cruelles. Cependant ils sont , dit-on , susceptibles de ques d’après le travail et le mouvement des araignées.
s’apprivoiser : tout le monde connaît l’histoire de On a observé que lorsqu’il doit pleuvoir, les araignées
Pélisson, qui, enfermé à la Bastille, avait apprivoisé restent dans la torpeur; elles en sortent pour re-
une araignée qu’il attirait par le son d’un instrument. prendre le travail dès qu’elles sentent revenir le
On a essayé d’utiliser la toile d’araignée on en faisait
: beau temps. Dans le Iw cas, elles raccourcissent les
autrefois des cataplasmes en les mêlant avec de la fils do leur toile; dans le elles les allongent. 11
suie , du sel et du vinaigre , pour arrêter la fièvre en est à peu près de même pour le froid et la cha-
quarte; on s’en servait aussi pour arrêter les hémoi'- leur. Les anciens croyaient beaucoup aux signes
ragies. Enfin on en a fait des étoffes , mais qui n’ont tirés des araignées; le peuple, dans ses préjugés, leur
jamais eu une grande solidité. —
Outre VA fileuse, on attribue une sorte de divination : « Araignée du

.

distingue des A. vagabondes, coureuses, voltigeuses, matin , chagrin ; araignée du soir, espoir. » Quel-
sauteuses, des A aquatiques, etc. L’espèce la plus cé-
. ques savants modernes ont fait des recherches sur
lèbre est la grosse araignée de Tarente, dite Tarentule le rapport des mouvements des araignées avec le
{yoy. ce mot), sur laquelle on a fait bien des contes. temps Quatremère Disjonval, emprisonné au com-
:

Les araignées sont le plus souvent un objet de dé- mencement de la Révolution , employa les huit mois
goût ou même d’horreur ; leur aspect peut justifier de sa captivité à faire des observations sur ce sujet,
cette aversion. En outre, elles répandent un venin qui et publia un curieux traité d’ Aranéologie ainsi
tue les insectes qu’elles attrapent; toutefois ce venin qu’un Calendrier aranéologique (1795 et 1797).
ne peut offrir aucun danger à 1 homme comme
,
ARASES, ou PIERRES d’arase (de ras), pierres
cela a été constaté par de nombreuses expériences. de bas appareil qui servent à araser (mettre de ni-
Quelques personnes sont parvenues à surmonter le veau) un cours d’assises à la hauteur des planchers
dégoût qu’inspire l’araignée , au point même d’en ou plinthes d’un bâtiment. —En termes de Menui-
manger on : que l’astronome Lalande se plaisait
sait serie, araser, c’est couper, à une certaine épaisseur,
à croquer l’araignée de cave , à laq\ielle il trouvait avec une scie faite pour cet usage , le bas des plan-
un goût do noisette. —
L’araignée nous rend des ches où l’on veut mettre des emboîtures, tout en con-
services réels en chassant une foule d’insectes nui- servant assez de bois pour faire les tenons.
sibles aux fruits de la terre aussi l’une des espèces,
: ARAUCARIA , genre de Conifères qui tire son
la petite araignée du raisin , a-t-elle mérité le nom nom du pays des Araucans, au S. du Chili, où on l’a
de Bienfaisante. —
Les naturalistes à qui cette trouvé pour la Ir® fois ce sont de très-grands arbres à
:

partie de la science doit le plus sont Treviranus tige droite, portant, comme les Sapins, des branches
Lyonnet, L. Dufour, Marcel de Serres, Brandt, rapprochées en faux verticilles très-réguliers. On
Walekenaer, qui a donné en 1806 l’Histoire natu- les retrouve, avec quelques différences, dans le Bré-
relle des Aranéides. Voy. aranéologie. sil et la Nouv.-Hollande. —
On a découvert dans
Le mot Araignée sert souvent à désigner certains les terrains houillers des bois fossiles analogues à
objets dont la forme rappelle plus ou moins l’arai- V Aracauria; on les a nommés Araucarites.
gnée ou sa toile : ainsi , dans l’Art militaire , on ARBALESTRILLE (diminutif d’arbalète), nom
nomme araignée les branches ou rayons de galerie, donné jadis à un instrument de marine qui sei'vait
lesconduitsde mine ou chemins sous terre qui sortent à prendre en mer la hauteur du soleil ou des astres.
d’un puits commun, et qui, par une ouverture d’un On le nommait aussi radiomètre, verge d’or, bâton
mètre environ de largeur, s’avancent sous le terrain de Jacob. Cet instrument, qui était défectueux, a
des ouvrages où l’on veut conduire des mines. En — été remplacé par le quart de cercle et l’octant.
termes de Mmae ,V araignée est un réseau dont les ARBALÈTE (par corruption d’arcus balista), arc
cordes vont s’attacher dans des trous espacés , percés composé dont on se servait avant l’invention de l’ar-
à cet effet dans des poutres. tillerie , pour lancer des flèches ou d’autres projec-
ARAIRE. Voy. charrue. tiles avec plus de force et de justesse qu’avec Lire
ARALIACEES, famille de végétaux dicotylédones, ordinaire. L’arbalète est formée d’une branche de
polypétales, à étamines épigynes, composée de plan- métal dur et flexible, aux extrémités de laquelle
tes herbacées et d’arbrisseaux exotiques très-voisins est attachée une corde; cotte branche de métal est
, ,, , , , ,

ARBI 87 — ARBR
fixée par son milieu sur une pièce en- bois appelée dises et du cours du change dans diverses places

fût ou arbrier, ayant une rainure dans une partie


opération à l’aide de laquelle un négociant reconnaît
les places où 'il peut faire le plus grand bénéfice. Il
de sa longueur pour diriger la flècbe; ce fût est
terminé par une espèce de crosse que l’on appuie à fait en conséquence passer des fonds clans ces places,

l’épaule en fixant l’œil dans la direction de la rai- pour y effectuer des achats ou des remises.
nure; à l’endroit de la plus grande tension do l’arc, ARBITRE , juge. Voy. arditrage.
ARBITRE (libre). Voy. LIBERTÉ.
il
y a un crochet pour retenir la corde; la flèche
est placée le long du fût, et s’appuie sur la corde; ARBORICULTURE, partie de l’agriculture qui
lorsque l’on a ajusté, on détache la corde au moyen concerne la culture des arbres. Elle traite et des soins
d’une détente, et la flèche part avec une grande généraux applicables à toute espèce d’arbres (choix et
rapidité. On bandait l’arbalète soit avec la main ou préparation des terrains, modes divers de reproduction
le piedsoit avec un moulinet et une poulie , selon par semis, drageons, marcottes, boutures, greffe, etc.),
la
,
dimension de l'arme. — On attribue l’invention et des soins particuliers à chaque espèce à ce dernier
:

de l’arbalète aux Phéniciens; il ne parait pas ce- effet , elle partage les arbres en 5 grandes classes :
pendant que les Romains l’aient connue, à moins Arbres forestiers. Arbres d.’ agrément. Arbres frui-
ipi’on ne ia confonde avec leur manubaliste ou ba- tiers, Vignes, Arbres et arbrisseaux fourragers,
listc à main. Il n’en est question en France qu’au pour reprendre chacune d’elles en particulier [Voy.
temps de Louis le Gros; Philippe-Auguste créa des FORÊTS, VIGNES, etc.). Lcs ouvragcs classiques sur la
compagnies d’ilréafetners, qui prirent une grande matière sont ; le Traité des Arbres et Arbustes que
importance dans l’armée; leur chef portait le nom Ton cultive en pleine terre en Europe et particu-
do Grand maître des Arbalétriers et sa charge lièrement en France, par Duhamel du Monceau, Veil-
était la Ire après celle de maréchal de France; elle fut lard, .Taume Saint-Hilaire, Mirbel, Poiret, continué
réunie en 1515 à celle de grand maître de l’artillerie. par M. Loiseleur-Deslonchamps , 7 vol. in-f», avec
Il existait encore sous François 1er un corps d’Arba- figures ; le Nouveau traité des arbres fruitiers par
létriers; ce n’est qu’à la fin du xvi® siècle qu’il fut dé- Duhamel, Yeillard, Mirbel, Poiret et Loiseleur-Des-
finitivement supprimé. 11 y a encore auj. dans plu- lonchamps ,
2 vol. in-f», et le Cours élémentaire
sieurs villes des compagnies libres d’archers amateurs. d’ Arboriculture par A. Dubreuil (1854, 3® éd.).
Les serruriers , taillandiers et autres ouvriers en ARBORISATION , espèce de dessin naturel , or-
métaux donnent le nom d’arbalète à un instrument dinairement noir, qu’on remarque sur certaines
composé de deux lames élastiques d’acier courbées pierres , telles que les agates , et qui représente des
l’une contre l’autre, le gros bout de la première tou- rameaux d’arbres. Les arborisations proviennent des
cliant au bout mince de la seconde, et retenues ensem- infiltrations métalliques qui s’opèrent dans les fis-
ble dans cette position par deux viroles de fer placées sures des pierres. On dit aussi dendrite.
vers les extrémités. L’une de ces lames estattachée au ARBOUSIER (du latin arbutus môme sens),
plancher, au point qui correspond verticalement en genre de plantes de la famille des Éricinées ou
deçà des mâchoires de l’étau ; l’autre lame s’appli- Bniyères, comprend des arbrisseaux, des arbustes
que contre une coche pratiquée au dos d’une lime à et des arbres , d'un port remarquable et d’un beau
deux manches, qui, elle-même, pose sur l’ouvrage feuillage toujours vert , qui croissent en Amérique,
à polir. L’arbalète épargne à l’ouvrier la fatigue do en Asie et en Europe. On distingue VA. commun,
:

presser la lime sur la pièce qu’il travaille. ou des Pyrénées qui s’élève à la hauteur de 3 à
ARBALÉTRIER , soldat armé d’une arbalète. 9 m., en Espagne, en Italie et dans les Pyrénées :
Voy. ce mot. ses fleurs sont blanches ou roses, en grappes; son
En Zoologie , c’est le nom vulgaire du Martinet fruit ressemble à la fraise , ce qui fait donner sou-
noir, qui, par sa forme et la vitesse de son vol, rap- vent à l’arbousier commun le nom d’ Arbre à frai-
pelle l’arbalète. —
Dans la Charpente , on nomme ses; les oiseaux sort friands de ce fruit; on retire
ainsi des pièces de bois qui servent à former le de sa pulpe jaune et mucilagineuse un sucre doux
comble d’un bâtiment; elles sont posées oblique- et liquide, ce qui le fait encore nommer Arbre à su-
ment , de manière à s’assembler par leur bout su- cre : on en extrait aussi depuis 1807 de l’eau-de-vie
périeur dans la poutre perpendiculaire qu’on appelle et de l’alcool; —l’^l. des Alpes, arbuste rampant , à
poinçon ou aiguille, et par le bout opposé dans la fleurs rouges, à feuilles semblables à celles du buis,
poutre horizontale ou entrait. ce qui lui a fait donner le nom de Busserole; on le
ARBENNE , oiseau ressemblant à la Perdrix et ,
nomme aussi Raisin d'ours : ses feuilles servent au
vulgairement nommé Perdrix blanche. Voy. ce mot. tannage du cuir, surtout pour la préparation du
ARBITRAGE {d’arbiter, juge), jugement de tiers maroquin ; la décoction de ces feuilles s(emploie
que les parties choisissent pour prononcer sur leurs aussi en Médecine contre la diarrhée et la gravelle,
différends, ou que le magistrat délègue à cet effet. mais leur efficacité n’est pas démontrée.
Delà, deux sortes d’arbitrages, l’A. volontaire et ARBRE (du latin arbor), nom sous lequel on dési-
VA. forcé. Dans le !«, les arbitres ont dû être dési- gne vulgairement tous les végétaux ligneux dont les
gnés à l’avance par une convention que l’on nomme racines subsistent un grand nombre d’années, dont
compromis; si les deux arbitres ne tombent pas la tige est épaisse , élevée , nue à la base , chargée
d’accord , on recourt pour les départager à un tiers de branches et de feuilles au sommet. Les arbres se
arbitre, qui est nommé soit par les deux premiers, distinguent en A dicotylédones ou exogènes (Chêne,

.

soit par le tribunal. Ce qui concerne l’arbitrage vo- Peuplier, Pommier, etc.) et A. monocotyledonés ou
,

lontaire a été réglé par le Code de procédure, art. 1 005 endogènes (Palmier, Jonc, Canne à sucre, etc.). Les
et suiv. On peut toujours appeler des décisions des ar- troncs des premiers présentent de l’extérieur à l’in-
bitres volontaires, sauf convention contraire. — Entre térieur, une
,
de couches concentriques divisées
série
associés commerciaux, toute contestation devait être, en deux systèmes : le système cortical formé de
en vertu des art. 51 et suiv. du Code de commerce, sou- l’épiderme, de l’enveloppe herbacée, des couches
mise à l’I. forcé: une loi récente, rendue en 1856, a corticales et du liber ; et le système central, formé
supprimé cette obligation.— Lorsque les arbitres sont de l’aubier, du bois proprement dit, de l’étui mé-
nommés par les parties, leurs décisions sont appelées dullaire et de la moelle. Déplus, les dicotylédonés
sentences arbitrales ; s’ils sont nommés d’office par s’accroissent chaque année en grosseur, par la foi-
les juges, elles sont nommées rapport arbitral. mation d’une nouvelle couche entre l’aubier et le
En termes de Commerce et de Banque , l’arbitrage liber [Voy. sève), et en hauteur, par un nouveau
estune opération de calcul fondée sur la comparai- scion ou rejet que le bourgeon terminal forme cha-
son de la valeur des fonds , du pri,x des marchan- que année au-dessus du bourgeon de l’année précé-
, ——————— — , , , —
, — — , — , —— , —

ARBR — 88 — ARC
dente. Au contraire les arbres monocotylédonés , — A. puant, la Fétidie, le Sterculier ; A. aux —
dont la tige
,
prend le nom de stipe, ne présentent à quarante écus, le Ginkgo; —
A. saint, la Melia; —
l’intérieur qu’une masse homogène de tissu cellu- A. de Ste-Lucie, le Bois de Ste-Lucie; A. de St- —
laire , sans cûuclies distinctes , et où se distribuent Thomas, la Bauhinie; —
A. à sang ie Millepertuis;
longitudinalement des Cbres ligneuses. L’accroisse- — A. desoie, la Mimosa et plusieurs Apocynées, qui
ment en hauteur se fait par la formation d’un nou- donnent un duvet bianc et soyeux ; A. à suif, le Cro-
Teau disque au-dessus du disque provenant de la sou- ton; A. à thé, leSyraploque; A. triste, le Nyctan-
dure des feuilles de l’année précédente , et l’accrois- the; — A. à la vache, le Galactodendrc ; A. à ve- —
sement en grosseur n’est presque dû qu’à la pres- lours, la Tournefortie; A. au vermillon, le Quercus
sion des disques supérieurs sur les disques inférieurs. coccifère; A. au vernis, le Terminalicr, le Rhus;
De là vient que l’on peut connaître l’âge d’un arbre A. de vie le Thuya; —
A. du voyageur, l’Uranie.
dicotylédon en comptant le nombre de couches que Les Anatomistes nomment Arbre de vie certaines
son tronc présente près de la racine, et celui d’un mo- ramifications qu’offre le cervelet. Elles sont l’effet de
nocotylédon en comptant le nombre des anneaui for- lames blanches, courtes, concentriques, entremêlées
més par ledesséchement des feuilles de chaque année. de lames grises , qui semblent former les branches
Les arbres ne fleurissent et , à plus forte raison, d’un arbre dépouillé de ses feuilles. On observe cette
ne peuvent donner de fruits que plusieurs années disposition dans la substance médullaire qui revêt
après qu’ils ont été semés. Ordinairement de 40 à les parois du cerveau.
50 ans, l’arbre est dans toute sa force; de 50 à 60, Les Alchimistes donnaient le nom à’ Arbres métal-
il se soutient encore; mais de 70 à 90 il décline et liques à certaines cristallisations métalliques. Les
,
finit par périr. Cependant on a vu un grand nombre principales sont Ï’A. de Diane et l’A. de Sahirne,
d’arbres dépasser ce terme et ofl'rir des exemples que l’on voit souvent exposées à l’étalage des phar-
d’une longévité extraordinaire tels sont le Cèdre
: maciens. —
L’A. de Diane, ou A. philosophique,
du Liban , le Baobab , etc. ; quelques-uns même au- est un amalgame d’argent, cristallisé en petites
raient dépassé plusieurs milliers d’années. houppes hrillantes et réunies sous forme de végéta-
Les arbres proprement dits ne se distinguent guère tions, qu’on obtient en abandonnant pendant quel-
des arbrisseaux et des arbustes que par une plus ques jours du mercure dans une dissolution un peu
haute taille et une plus longue durée. Les arbris- concentrée de nitrate d’argent. C’est Eck deSuIzbach
seaux ont à peine un tronc, ou leur tronc se divise qui , dans le xv= siècle , a fait la première mention
presque à la racine; ils ne s’élèvent guère au-dessus de l’arbre de Diane. —
L’A. de Saturne est un dé-
de 4 ou 5 m. : tels sont l’Aubépine, le Cognassier, le pôt de plomb métallique et cristallisé , qui se pro-
Néflier, le Sureau. Les arbustes plus petits (jueles duit sous forme de végétation lorsqu’on abandonne
arbrisseaux , aiï'ectent la forme de buisson tels sont : une lame de zinc dans une solution d’acétate de plomb.
les Bruyères, certains Rosiers, les Daphnés, le Dryas En Mécanique, on nomme Arbre une grande
octopétale, plusieurs Saules. Enfin, les sous-arbris- pièce de bois ou de fonte , immobile ou même mo-
seaux, tels que laVignevierge,la Clématite, tiennent bile , qui est la partie principale d’une machine et
le milieu entre les arbustes et les plantes herbacées. autour de laquelle tourne la machine tout entière.
Selon les divers points de vue sous lesquels on peut Les horlogers nomment ainsi 1“ une ]>ièce ronde
:

considérer les arbres, on les groupe encore en A. ou carrée , qui a des pivots , et sur laiiuelle est or-
à feuilles caduques et A. d feuilles persistantes ou dinairement adaptée une roue ; 2» l’essieu qui est
A. verts, en A. indigènes et A. exotiques, en A. au milieu du barillet d’une montre ou d’une pen-
forestiers et A. fruitiers. Voy. ces mots et l'article dule ; 3" un outil qui sert à monter des roues et
ARBORICULTURE. d’autres pièces , de manière à pouvoir les tourner
On donne vulgairement le nom à'arht'e, en y entre deux pointes ; 4<> un outil qui est armé d’un
ajoutant un trait distinctif, à divers végétaux remar- crochet, et qui sert à mettre les ressorts dans les
quables par certaines propriétés. Voici les principaux : barillets et à les en ôter.
Arbre à l’ail, la Cerdane ; —
A. d’amour, le En termes de Marine, on nomme Arbres les mâts
Gaînier; — A. d’argent, le Protée argenté; A. — qui portent des antennes et des voiles latines. Le
de baume, le Bursère gommifère, le Badamier,etc.; mât de l’avant se nomme A. de trinquet; celui du
— A. à beurre, la Bassie butyracée —
A. à bourre, milieu, A. de mestre. L’A. de touret est l’axe sur
l’Arec chevelu; — ;

A. du Brésil ou Bre'sillet, la Cés- lequel tournent plusieurs espèces de dévidoirs.


alpinie épineuse; A. de— Castor, le Magnolia; — On nomme A. généalogique une table en forme
A. du ciel, le Ginkgo ; —
A. à cire, le Myrica céri- d’arbre, où l’auteur de la famille forme la souche,
fôre et le Céroxylon andicole; —
A. de corail ou et d’où l’on voit sortir comme d’un tronc diverses
immortel, le Corallodendre érythrin; —
A. à cor- branches de consanguinité, de parenté; les arbres
des, le Figuier de File Bourhon ; —
A. au coton, généalogiques furent jadis un grand objet de luxe;
le Fromager à 5 feuilles; A. de Chypre, leCordia — A. encyclopédique, un tableau systématique des
gérascanthe, le Cyprès chauve, etc.; —
A. de Cy- sciences et des arts disposé de manière à faire voir
thère. le Spondias ; A. du diable, le Sablier; — leur enchainement et leurs rapports mutuels on :

A de Dieu le Figuier religieux ;


. —
A. d’encens connaît surtout tes arbres encyclopédiques dressés
diverses espèces d’Ainyrides et d’iciquiers; A. de — dans ce but par Bacon et par d’Alembert (on trouve
fer, le Bois de fei'; —
A. à fraises l’Arbousier; — ce dernier en tête de \’ Encyclopédie).
A. à franges, le Cbionanthe; A. à la glu, le Houx, ARBRES VERTS. Ou appelle ainsi les arbres qui con-
l’Hippomanebiglanduleuse; A. à la gomme, l’Eu- servent leur feuillage pendant l’hiver ; tels sont
calypte, le Métrosidère; A. à grives, le Sorbier; les Lauriers , les Alaternes, les 'Yeuses, etc. ; mais
A. à l’huile, le Dryandre; A. de Judée, le Cercis ce nom est plus particulièrement réservé pour plu-
ou Gaînier; —
A. à lait, plusieurs Apocynées et sieurs arbres de la famille des Conifères (l’ius , Sa-
Euphorbiacées, qui ont un suc blanc et laiteux; — pins , Ifs, Genévriers , Thuyas, etc.).
A. au lis, le Tulipier; A. de mai ou de St-Jean, ARBRISSEAU , ARBUSTE. Voy. arbre.
le Panax; — A. à la main, le Chéirostème; A. à — ARC (du latin arcus) instrument dont tout le
la migraine, le Premne; —
A. de mille ans le monde connaît la forme et l’u.sage, est certainement
Baobab ; — A. de Moïse, le Mespile pyracauthe; — la plus ancienne de toutes les armes il en est fait
:

A. de neige, la Viburue, le Cliiouanthe ; A. or- — mention dans l’Ecriture sainte, et la Fable en attri-
déal ou à épreuves, l’Ery Ihrophle ; A à pain. l’Ar- bue l’invention à Apollon. C’est encore aujourd’hui
tocarpe; — A. à papier, la Broussonetie;
.

A. à la — le principal moyen d’attaque et de défense des sau-


pistache, le Staphylier;— .4. au poivre, le Schine; vages. L’emploi de l’arc a persisté longtemps dans
, , ,

ARC — 89 ARC
lesarmées modernes même,
après l’invention de la l’honneur de Trajan ; ce n’est qu’une copie de l’arc de
poudre de guerre; l’arbalète n’en est qu'un perfec- Titus; VA. d’Ancône, en marbre blanc, dédié aussià
tionnement. LouisXl commença en 1481 à abolir l’u- Trajan ; VA. de Rimini, dédié à Auguste, et le plus
sage de l’arc et de la flèclic. Voy. archehs et flèche. ancien des arcs élevés par les Romains; VA. de
En Géométrie , on appelle arc toute portion d’une Suze, au pied du mont Cenis , dédié à Auguste ;
ligne courbe. On nomme corde de l’arc la ligne qui ceux de Carpentras , d’Aix , d’Arles , d’Autun , de
joint SOS extrémités, /lèc/ie de l’arc la perpendiculaire Cavaillon, du pont de St-Charaas, de St-Remi (B.-du-
menée au milieu de la corde et qui se termine à l’arc Rhône) , d’ürange , le plus antique que la France
même. La rectification d’un arc consiste à construire possède , celui de Reims, celui de Djimilah en Al-
une ligne droite qui lui soit exactement égale. L’arc gérie; qui tous sont l’oeuvre des Romains.
de cercle est une partie de la circonférence du cer- Paris possède quatre arcs de triomphe : celui de
cle. Les arcs égaux sont ceux d’un même cercle qui la Porte St-Denis, élevé en 1673 aux frais de la ville,
contiennent le même nombre de degrés; les arcj^em- à l'occasion du passage du Rhin par Louis XIV ; celui
iêaé/cA' contiennent le même nombre de degrés, mais de la Porte St-Martin, dédié à Louis XIV après la
appartiennent à des cercles différents. Les arcs con- conquête de la Franche-Comté; celui du Carrousel,
centriques sont ceux qui ont le même centre. érigé à la gloire de Napoléon et des armées françaises
En Âstronomie,on appelle .dre diurne la portion de en 1806; celui de V Etoile, dit spécialement VArc de
cercle qu’un astre parcourt sur l'horizon. L'A. semi- Triomphe, œuvre de Chalgriu et Huyot, commencé
diurne est la portion que l’astre décrit pour arriver de en 1806 et terminé en 1835; c’est le plus colossal de
l’horizon au méridien , ou celle qu’il parcourt pour tous les arcs de triomphe (il a 45 mètres de haut) ;
aller du midi à l’horizon. — L’A. d'élévation du sa position est magnifique.
pôle contient les degrés compris depuis le pôle jus- ARCACÉES (du latin area, coffre , à cause de
qu’à l’horizon. — L’A. de l’équateur est la partie l’analogie de leur forme avec celle d’un coffre) , fa-
de cercle comprise entre les méridiens de deux en- mille de Mollusques acéphales ostracés, à coquille
droits ; c’est cet arc qui détermine la longitude. — bivalve, régulière, équivalve, ayant des dents petites,
L'A. de progression ou de direction est un arc de nombreuses, entrant les unes dans les autres et dis-
l’écliptique qu’une planète semble parcourir en sui- posées , sur l’une et l’autre valve , en lignes droites
vant l’ordre des signes; les A. de rétrogradation ou brisées. L’Arche en est le type. Ces coquilles sont
sont des arcs de l’écliptique qu’une planète semble transverses ou arrondies. Quelques espèces se fixent
décrire contre l’ordre des signes. —L’^4. de station aux rochers ; d’autres vivent enfouies dans le sable à
première est l’arc qui détermine le mouvement peu de distance des côtes toutes sont marines.
:

d'une planète stationnaire dans le premier demi- ARCADE {à’arcus, arc). En Architecture, c’est
cercle de son épicycle; ÏA. de station seconde, une ouverture pratiquée dans un mur dont le haut
celui qui détermine le mouvement de cette planète a la forme d’un demi-cercle parfait : telles sont à
dans l’autre dcmi-corcle de son épicycle. —L’A. Paris les arcades de la rue de Rivoli , de l’ancienne
entre les centres est, dans les éclipses solaires, l’arc place Royale , de l’ancien Palais-Royal.
tiré perpendiculairement du centre au soleil, ou, En Anatomie , on nomme Arcade alvéolaire ou
dans les éclipses lunaires, du centre de l’ombre de la dentaire l’espèce d’arc formé par la série des al-
terre sur l'orbite de la lune. — L’A. de vision ou véoles et des dents sur les os ma.xillaires ; A. orbi-
ù’émersion mesure la distance à laquelle le soleil taires les rebords saillants des orbites ; A. sourci-
est au-dessus de l’horizon quand une étoile que ses lières, deux saillies de l’os frontal qui correspondent
,
rayons cachaient commence à reparaître. aux sourcils; A. palmaire, une courbure que for-
En Numismatique ,
Varc est un attribut ou un ment dans la paume de la main les veines et les
emblème qui se voit sur beaucoup de médailles, qui artères radicales et cubitales; A. plantaire, une
représentent Diane, Apollon, Éros ou l’Amour; courbure semblable formée sous la plante des pieds
dans celles qui représentent des rois de Perse ou par les veines et les artères plantaires, etc.
des Parthes , l’arc se voit comme arme de guerre. ARCANE {d'ai'canum, secret), nom donné à tout
En Architecture , on nomme arc toute construc- procédé mystérieux, notamment aux opérations de
tion dont le prolil a la forme d’une courbe : VA. dou- l’alchimie , aux remèdes secrets ou dont on cache la
bleau est celui qui fait saillie au-dessous d’une composition pour en relever aux yeux du public l’ef-
voûte pour la consolider; VA. à plein cintre, celui ficacité et le prix : le plus célèbre est la pierre phi-
dont le prolil est un arc de cercle il est surbaissé
;
losophale [Voy. ce mol). —Les anciens chimistes
quand il est moins courbé qu’un arc de cercle; sur- nommaient .4. double le sulfate de potasse; A. déco-
haussé quand il est plus courbé ; V arc-boutant est rait , le deutoxyde de mercure rouge préparé par
un pilier destiné à soutenir une voûte et terminé à l’acide nitrique ; A. jovial ou de Jupiter, un mélange
sa partie supérieure par un demi-arc qui sert à de deutoxyde d’étain et de nitrate de mercure.
joindre ensemble la voûte d'un édifice et le mur ARCANSON [d’archet ] , résine qui sert à frotter
extérieur :on voit beaucoup d’arcs-boutants aux les archets. Voy. brai et colophane.
édifices gothiques. ARCASSE , partie extérieure de la poupe d’un na-
ARCS DE TRIOMPHE, monuments formés de grands vire qui se compose del’élambot etde diverses barres
portiques cintrés , placés le plus souvent à l’entrée assemblées sur cette pièce transversalement à la
des villes, sur des ponts, des chemins publics, et direction de la quille. La plus élevée de ces barres
ornés de figures, de bas-reliefs et d'inscriptions pour est la barre d’arcasse; puis viennent la barre
consacrer la gloire d’un vainqueur ou le souvenir de d'hourdi et la barre du pont.
quelque événement mémorable. C’est aux Romains ARC-EN-CIEL ou iris , météore qui se produit
qu’on doit la première idée de ces constructions. Les quand un nuage ojiposé au soleil luisant se résout
arcs de triomphe étaient le plus souvent élevés pour en pluie , et qu’on tourne le dos à cet astre. Le phé-
l’entrée des triomphateurs. Les plus célèbres de ces nomène s’observe lorsque la hauteur du soleil qui
monuments sont : VA. de Constantin, haut de 16 m., éclaire le nuage est moindre que 42» au-dessus de
élevé à Rome à l’occasion des victoires que Con- l’horizon. On aperçoit ordinairement deux arcs «on-
stantin remporta sur Maxence; VA. de Septime- centriques avec la même suite de couleurs que dans
Séuère, au pied du Capitole; VA. de Gallien, élevé le spectre solaire; dans l’arc intérieur, beaucoup
vers l’an 260 de notre ère; l’.<4. de Titus, érigé à plus vif que l’autre, le rouge est en haut et le violet
l’occasion de la prise de Jérusalem : les bas-reliefs en bas ; c’est le contraire dans l’arc supérieur, qui est
qui décorent cet arc en font un monument précieux souvent trop pâle pour être bien distingué. Ce mé-
pour l’histoire de l’art; VA. de Bénévent, élevé en téore résulte de la réfraction et de la réflexion de.s
, , , - , , ,,

ARCH — 90 ARCH
rayons solaires, combinées ensemble, dans des gouttes l’arche depuis cette époque. — jOn avait appelé ce
d’eau sphériques. On parvient à l’imiter en jetant coffre arche d’alliance parce que les objets qui s’y
de l’eau en l’air , de manière qu’elle s’éparpille ; trouvaient déposés étaient les signes visibles de l’al-
les jets d’eau, les cascades, offrent ce phénemène du Seigneur avec le peuple hébreu.
liance
lorsqu’on est placé convenablement pour l’observer. ARCHE DE NOÉ , immense vaisseau en forme de cof-
Antonio de Dominis, évêque de Spalatro, démon- fre {area) que Dieu , après avoir résolu de punir les
tra le premier la véritable nature de l’arc-en-ciel ; hommes par le déluge , ordonna à Noé de construire
mais c’est surtout à Nevs’ton que nous sommes rede- pour s’y réfugier. L’arche avait 300 coudées de long,
vables d’une théorie exacte de ce phénomène. — 50 de large et 30 de haut : Noé mit cent ans à la
L’arc-en-ciel est , selon la Bible , le gage de récon- construire. Elle renfermait ce patriarche et sa fa-
ciliation donné par Dieu à Noé après le Déluge. Les mille , un couple de chaque animal impur et sept
païens y voyaient la trace laissée par Iris, messagère d’auimaux purs. Après un an, l’arche s’arrêta sur
des dieux. le mont Ararat.
archaïsme (du grec archaios, ancien), expres- ARCHÉE ( du grec archaion dérivé à’archè
sion , tournure vieillie que l’on emploie soit par né- principe dominant), nom inventé par Paracelse
gligence , soit , ie plus souvent , à dessein ; on pour désigner l’esprit vital, qui , selon lui, préside à
l’oppose à néologisme. On trouve de nombreux ar- la nutrition et à la conservation des êtres vivants
;
chaïsmes, parmi les anciens, chez Salluste et Lu- ce n’est pas un être spirituel , mais un corps astral,
crèce; parmi nos poètes, chez La Fontaine. Chateau- émané de la substance des astres. Il est placé dans
briand , M. Villemain , ont souvent, par d’heureuses l’estomac. Van Helmont lit de Varchée le principe
hardiesses, rajeuni des mots vieillis. Paul-Louis actif dans tous les corps ; selon lui , il ne préside pas
Courier, dans ses traductions grecques, Vander- seulement aux fonctions de la vie, mais il donne
bourg, dans les Poésies de Clotilde de Surville, aux corps et à chaque organe la forme qui leur est
ont imité avec succès notre vieux langage. propre ; aussi existe-t-il autant d’archées qu’il y a
ARCHAL (fil d’). Voy. fild’arcual. d'organes. Stahl et les animistes ont attribué à l’àme
ARCHANGE (du grec archos, chef, et aggélos, le rôle que Van-Helmont faisait jouer à ses archées.
ange)^ ange d’un ordre supérieur; l’avant-dernier ARCHÉOLOGIE {A’ archaios, ancien, et logos,
dans l’ordre des neuf chœurs d’esprits célestes. Les discours), science qui s’occupe de tout ce qui
archanges portent les messages du Seigneur dans les est relatif aux mœurs et usages des anciens , et
occasions importantes. L’Écriture sainte n’en nomme spécialement de leurs arts et de leurs monuments :
que trois : Gabriel, Raphaël et Michel, le vainqueur on l’a définie en ce sens la science de l’Antiquité
de Satan. Voy. anges. figurée. Elle embrasse les différentes parties de l’art
ARGHANGÉLIQUE (c. à-d. Angélique supé- des anciens, l’architecture (édifices publics et pri-
rieure), sous-genre du genre Angélique, dite aussi vés , temples , palais , pyramides , obélisques , etc.)
Archangélique officinale, plante bisannuelle origi- la sculpture ( statuaire , bas-reliefs , vases , orne-
naire de Syrie et qui croit naturellement en Europe ments) , la peinture et le dessin ( sur bois , sur toile,
sur le bord des ruisseaux , dans les pays de monta- sur marbre, sur ivoire, mosaïques), la gravure
gnes. L’huile essentielle des racines de l’archangé- (camées, intailles , médailles et monnaies). L’.\r-
lique agit sur nous comme l’éther. Les jeunes pous- chéologie s’occupe aussi de certains monuments
ses de la plante passent pour antiscorbutiques. écrits , tels que les inscriptions sur marbre , sur
ARCHE (du latin area coffre ) , voûte en arcade pierre, sur papyrus, et de tout ce qui est relatif à l’é-
entre les piles d’un pont. Les arches peuvent être criture des langues anciennes ou à la paléographie.
ou surhaussées ou surbaissées, ou en plein cintre. On ne doit pas confondre l’arc/ieo/oÿMe, qui classe
On nomme maîtresse arche celle du milieu d’un et contrôle les monuments, et sait en tirer des in-
pont , ordinairement plus large et plus élevée que ductions sur les idées , l’industrie , les mœurs et
les autres; A. elliptique, celle dont le trait forme l’histoire des anciens peuples, avec l’antiquaire,
une demi-ellipse, comme au Pont-Royal à Paris; qui ne fait que rechercher et recueillir ces monu-
A. extra-dossée celle dont les voussoirs sont égaux ments , et qui , pour cela , a moins besoin d’érudi-
en longueur, parallèles à leurs douelles, comme au tion que de goût, de tact et d’habitude. —
Laurent
pont Notre-Dame à Paris. L’A. marinière est celle de Médicis , en établissant à Florence un enseigne-
qui est réservée au passage des bateaux. ment public sur les monuments de l’antiquité , fut
En Zoologie , on nomme Arche un genre de co- le créateur de la science que nous nommons Archéo-
quilles bivalves , servant de type à la famiUe des logie. Grævius , Gronovius , Montfaucon , Kircher,
Ârcacées : test à crochets écartés, caractérisé par Hardouin , Vaillant, Muratori , Millin , Caylus, Bar-
les nombreuses petites dents en forme de peigne thélemy, d’Agincourt , Quatremère, Visconti, culti-
dont la charnière est ornée. L’A. bistou?'née et VA. vant la science à des points de vue divers, l’avancè-
demi-torse sont les plus recherchées. On nomme Ai'- rent par de précieuses collections ou par de savantes
cacites les espèces fossiles du genre Arche. recherches; Winckelmann donna l’Histoire de l’art
ARCHE d’alliance, espèce de coffre {area) à peu près chez les anciens. Outrelesgrandsouvragesdesauteurs
carré dans lequel les Hébreux conservaient les tables qui viennent d’être nommés, on peut consulter avec
de la loi données pai- Dieu à Moïse sur le mont Sinaî, fruit le Traité élémentaire d’archéologie de M. Cham-
la verge d’Aaron et un vase plein de la manne du pollion-Figeac (1843),le Jlfanuef d’archéologie A’ (Att-
désert. L’arche était de bois de séthim , recouverte fried Muller, traduit par Nicard (1845), et le Dic-
de lames d’or en dedans et en dehors, longue de deux tionnaire d’antiquités de Mongès. Voy. antiquités,
coudées et demie : son couvercle, appelé propi- NUMISMATIQUE , GLYPTIQUE, ÉPIGRAPHIE, PALÉOGRAPHIE.
tiatoire, supportait deux chérubins en or, qui le L’Archéologie nationale , longtemps négligée , a
couvraient de leurs ailes. Elle était placée dans le pris un grand essor dans ce siècle, surtout depuis la
tabernacle. Les Juifs avaient une très-grande véné- Restauration (1815) : les hommes auxquels la science
ration pour l’arche ; on la portait dans les guerres. doit le plus sont : M. Lenoir, qui créa le Musée des
Les,Phili3tins la prirent sous Héli; mais, punis de monuments français, aujourd’huiàl’écoledes Beaux-
ce sacrilège par la main de Dieu, ils la renvoyèrent Arts; M. Dusommerard , créateur d’un musée d’an-
bientôt. Après le siège de Jérusalem par Nabuchodo- tiquités nationales , auteur des Arts au moyen âge]
nosor, le prophète Jérémie fit transporter l’arche et M. de Gaumont , qui s’est surtout occupé des anti-
l’autel des parfums sur le mont Nébo, célèbre par la quités de la Normandie, MM. Taylor, Didron , etc.
mort de Moïse, et les cacha dans une caverne dont il M. Batissieradonnédes^WmenfscT.lrc^^oL nation.,
ferma si bjeu Ventrée , que l’on n’a jamais retrouvé 1843; M. de Gaumont, des Rudiments d’Arch., 1853.
, ,, ,

ARCH — 91 — ARCH
ARCHER. Chez les les Scythes, les Cré-
anciens, les églises des diocèses administrés par leurs suffra-
tois, les Parthes, Thraces passaient pour d'ex-
les gants, et d’y faire les règlements nécessaires pour le
cellents archers : l’histoire a conservé les noms maintien de la discipline ecclésiastique. Aujourd’hui,
d’Aster,d’Amphipolis, qui perça l’œil droit de Phi- leur droit se borne à juger les appels, à convoquer
lippe , et de Ménélas , qui , au rapport de Zosime les conciles provinciaux et â y présider.
lançait avec un seul arc trois flèches à la fois , et Il y a en France 15 archevêchés. Pour les noms de

frappait trois buts différents. Chez les modernes, ces archevêchés et de leurs suffragants, Voy. le Dict.
les archers anglais étaient renommés par leur adresse, unie. d’Hist. et de Géogr. à l’art. France.
— Les Grecs et les Romains avaient des troupes lé- ARCHI. Ce mot, qui est tiré du grec archè, et
gères d’archers. En France, il existait de nom- qui signifie principe, supériorité, se joint à une
breux corps d’archers : Charles YII établit un foule de mots pour marquer la prééminence dans
corps de francs-archers les uns à pied, les au- des choses de même espèce. Ainsi on AM archichance-
tres à cheval, ainsi nommés parce qu’ils étaient lier, archiduc, etc.,pourdésignerune personne d’un
francs ou exempts de tout impôt ; ils étaient tirés rang supérieur â celui de chancelier, de duc, etc.
du corps de la noblesse ou conféraient la noblesse : ARCHIATRE (mot qui principal médecin),
Louis XI les supprima en 1481. titre du médecin spécialement chargé de la santé du
On nommait archers de la connétablie les offi- monarque Marchifus , médecin de Childebert , fut
:

ciers chargés d’exécuter les sentences des lieute- le premier qui porta ce titre, et Dodard, médecin de
nants des maréchaux de France ; ils avaient le droit Louis XV, fut le dernier.
d’exploiter partout le royaume , et de mettre à exé- ARCH1CAMÈRIER,archichambei.lan, archichance-
cution les arrêts de toute espèce de juges ; — archers lier, etc. Foy. CAMÉRIER, CHAMBELLAN, CHANCELIER, CtC.
de la garde, des gardes du corps armés d’un arc ou ARCHICONFRÉR1E. Voy. confrérie.

d’une arbalète. Pourles A. c?e lamanche, F. manche. ARCHIDIACRE. On nommait ainsi jadis le pre-
L’usage de l’arc s’est maintenue dans quelques loca- mier et le plus ancien des diacres ; il était le principal
lités, surtout en Picardie : il
y existe des Compa- ministre de l’évêque, et était chargé surtout de l’admi-
gnies d’archers, ayant leurs statuts et leur costume. nistration du temporel. C’est aujourd’hui un supé-
ARCHER. On nomme ainsi , en Zoologie, un genre rieur ecclésiastique qui a droit de visite sur les cures
de poissons de la famille des Squammipennes de d’un diocèse. Dans quelques diocèses les archidiacres
Cuvier. On le reconnaît à sa dorsale très-reculée sont institués vicaires généraux par l’évêque, qui
aux sept rayons qui soutiennent la membrane des les rend dépositaires de ses pouvoirs. Ils forment la
branchies , et aux dents veloutées qui garnissent ses partie active du conseil épiscopal, et tirent leur
mâchoires et ses palatins. On ne connaît qu’une titre de l’église à laquelle ils sont attachés tels sont, :

seule espèce de ce genre, ÏA. sagittaire Toxotes, à Paris , les archidiacres de Notre-Dame, de Ste-Ge-
(
Jaculator, Cuv.), petit poisson du Gange et de l’Ar- neviève et de St-Denis, qui sont en même temps grands
chipel indien, de 18 à 20 centim. de longueur, qui vicaires du diocèse. Le titre d’archidiacre n’est connu
jouit de la curieuse faculté de lancer de l’eau avec que depuis le concile de Nicée. Voy. diacre.
sa bouche à plus d’un mètre de hauteur sur les in- ARCHIDUC, celui dont l’autorité s’élève au-des-
sectes dont il faitsa proie : de là son nom. sus des autres ducs. En France, il y eut un archiduc
ARCHET (diminiitif d’arc). Dans les Arts
méca- d’Austrasie dès le règne de Dagobert. Le Brabant et
niques, on nomme ainsi une sorte de petit arc la Lorraine eurent plus tard le titre d’archiduchés.
composé d’une lame d’acier ou d’une baleine em- Les ducs d’Autriche, qui dès 1156 avaient pris le titre
manchée dans un morceau de bois , et d’une grosse A’archiducs, ne le virent confirmer qu’en 1453. Au-
corde de boyau fixée par une de ses extrémités à la jourd’hui, le titre d’archiduc n’est plus affecté qu’aux
partie de la lame qui est près du manche et s’ac- princes de la maison d’Autriche.
,
crochant par l’autre extrémité àl’un des crans ou en- ARCHILOQUIEN (vers), vers grec dont on attribue
tailles pratiqués à l’autre bout de la baleine. Les ar-
l’invention à Archiloque,Est souvent employé par les
quebusiers, les doreurs , les horlogers, les serruriers, poètes latins. On distingue l’arc/iî/oyaie/i proprement
les tourneurs, se servent d’archets pour faire tourner dit , composé de deux dactyles et d’une césure :
la boîte à foret. —
En Musique , c’est une baguette Pülvls ët ûmbrl sû mus (EIok.)
de bois dur , qui avait dans le principe quelque I [ ;

rapport de forme avec un arc, et dont la corde est grand archiloquien qui a 7 pieds
: les 3 premiers,

représentée par un faisceau de crins de cheval que dactyles ou spondés; le 4°, dactyle; les 3 derniers,
l’on tend à volonté au moyen d’une vis. Ces crins trochées :
sont enduits de colophane, et, en les passant à angle Sôlvîlür [
SerTs ht 1
ëms grâ 1
ta tTcI |
yerts j
et F8 1
vôdî (H.) ;

droit sur les cordes d’un instrument, on en tire des


letétramètre archiloquien, qui a les 4 derniers pieds
sons d’une plus ou moins grande intensité. De l’art
de l’hexamètre :
de tenir et de gouverner l’archet dépendent le talent
Crâs In gëns US râbtmus êéquër. (HoR.)
du violoniste , du violoncelliste, et les effets presque | | |

magiques que l’on tire des instruments à cordes. ARCHIMANDRITE, c.-à-d. chef du troupeau (du
ARCHÉTYPE (du grec arcAè, principe, et fÿpos, grec archè et mandra, troupeau) , nom d’un supérieur
modèle) , modèle primordial. Ce mot , synonyme de monastère chez les Grecs, ou en général de tous
à’idée dans la langue de Platon , désigne les formes les supérieurs ecclésiastiques de l’Eglise grecque.
substantielles des choses qui existaient de toute L’archimandrite porte une large robe noire; une
éternité dans la pensée divine et qui sont le modèle
,
croix d’or lui tombe sur la poitrine , et il tient à la
ou le patron sur lequel tous les êtres ont été créés. main un bâton incrusté d’or et d’ivoire.
ARCHEVÊQUE (du grec arcAos, c,)iet,eie'piscopos, ARCHINE, mesure de longueur russe analogue à
évêque) , prélat métropolitain qui est tout à la fois notre aune, est usitée aussi en Turquie et en Perse,
évêque d’un diocèse et chef d’une province ecclé- et vaut environ 70 centimètres. Il en faut 1,500 pour
siastique : les autres évêques de la province sont ses égaler la verste.
suffragants. Gette dignité est d’institution aposto- ARCHIPEL. Ce nom, qui a d’abord désigné spécia-
lique ; mais le titre d'archevêque ne remonte qu’au lement la mer orientale de la Grèce ( Voy. l’art, ar-
La marque de la dignité des archevêques
IV® siècle. chipel au Bict. univ. d’Hist. et de G^oy/’.), a, depuis,
Gsthpallium {Voy. cemot) Autrefoisles archevêques
. étéétendu à toute mer parsemée d’îles, et même aux
assisûient par eux-mêmes ou par des délégués aux groupes d’îles qu’on rencontre dans ces mère. Tels
élections des évêques leurs suffragants, confirmaient sont l’A. des Antilles en Amérique, TA. de Sumteva-
ceux qui avaieni été élus, avaient le droit de visiter Timor en Océanie, l’A. Arctique dans la mer Arctique.
, , ,, , , ,

ARC H - 92 — ARCH
ARCHIPRÉTRE , curé ou prêtre délégué par l’évê- à l’architecture ancienne formèrent d’abord le vieux
que pour être le chef des autres dans l'oflice sacer- gothique, que l’on distingua, selon le pays, en
dotal j c’était ordinairement le plus ancien: aussi A. lombarde, A. saxonne, A. normande, etc. Les arts
l’appelaii-on doyen. Les archiprètres avaient jadis de l’Orient, en se mêlant au vieux gothique, formè-
droit d’inspection. Aujourd’hui, dans la plupart des rent le style byzantin ou A. byzantine, remar-
diocèses, ce titre n’est resté que comme une dignité quable par une plus grande élévation dans les
de chapitre. Aux termes du décret du 11 juin 1811 arcs et par la substitution des voûtes aux plafonds
il doit être donné au curé d’une éqlise cathédrale : plats. 'L A. arabe, venue d’Espagne, remplaça bientôt
c'est du reste une simple dénomination honorifique. le style byzantin et apporta en France scs colonnettes,
ARCHITECTE (du grec arché, et tectôn, ouvrier, ses pierres découpées, ses murs à jour et un grand luxe
ouvrier en chef), artiste dont le travail consiste à d’ornements fantastiques (arabesques). VA. sari-a-
dresser le plan et le devis d un édifice, et à diriger sine ou gothique moderne, ou simplement gothique,
les constructions. Lorsqu’il s’est chargé d’une con- se forma ensuite du mélange du vieux gothique et du
struction à forfait, il ne peut demander aucune aug- style byzantin avec l’architecture arabe et maures-
mentation de prix. Selon la jurisprudence établie en que peu à peu on y vit dominer l’ogive, les formes
:

France, l’architecte est responsable de la solidité des aigücs et anguleuses, et les ornements se multipliè-
constructions dont il a dressé les plans et les devis, rent à l’infini (Foy. gothiûue). —
Cependant l’Italie,
pendant dix ans,*à partir du jour où les travaux ont au xvie siècle, fit revivre le goût de l’architecture
été terminés. 11 a un privilège comme créancier sur antique, et amena une heureuse renaissance dont
les édifices Outre l’art de con-
qu’il a construits. les effets se font encore sentir. Aujourd’hui, on voit
struire, l’archllecte doit posséder à fond la législa- régner dans l’architecture, comme dans tout le reste,
tion des bâtiments. Pour l’indication des plus cé- un éclectisme éclairé.
lèbres architectes, Voij. architecture. Parmi les principaux architectes , nous citerons
ARCHITEC'TÜWQUE (du grec archè, et tectôn, dans l’antiquité Agamède et Trophonius, qui éri-
:

ouvrier en chef), art de la construction; se prend le gèrent le temple d’Apollon à Delphes; Ctésiphon
plus souvent comme synonyme d’architecture. Voy. et Métagène, qui bâtirent le temple de Diane à
ce mot et cokstruction. Ephèse; Anlimachide, qui, avec Antistate, Cal-
ARCHITECTURE ( d'architecte) , ari de bâtir sui- leschros et Porinos, fut chargé de bâtir le temple
vant des règles et des proportions convenables. On de Jupiter Olympien; Charès, qui érigea le colosse
divise cet art, suivant ses usages, en trois grandes de Rhodes; Ictinus et Callicrate, qui dressèrent,
sections : A. civile, qui a pour objet la cousti'uction sous la direction de Phidias, les plans du Parthénon
des édifices propres aux usages de la vie , tels que d’Athènes Satirus et Pitée , qui érigèrent le fa-
;

maisons, palais, temples, théâtres, etc.; A. mili- meux tombeau de Mausole ; le Macédonien Dinocrate,
taire, qui est l’art de fortifier les villes et de prépa- à qui l’on attribua le singulier projet de donner au
rer les moyens d’attaque et de défense des places; mont Athos la figure d’Alexandre; enfin Vitruve, le
A. navale, qui a pour objet la construction des na- seul des anciens qui nous ait laissé un traité complet
vires, des ports, des magasins, des chantiers, etc. et classique d’architecture. Viennent ensuite Apollo-
L’architecture civile admet elle-même une foule de dore, qui construisit dans la basse Hongrie le fa-
divisions entre lesquelles on distingue : \’ A. reli- meux pont du Danube, et à Rome le Temple et le
gieuse, celle des édifices consacrés au culte; VA. ru- Forum de Trajan Anthémius, qui, avec Isidore de
;

rale, cellü des constructions relatives à l’agricul- Milet, fut chargé par Justinien de la construction
ture; VA. hydraulique qui s’occupe des fondations de l’église de Sainte-Sophie, à Constantinople; Ar-
sous l’eau et de la conduite des eaux, etc. nolfo (dl Lapo) et Brunelleschi, auxquels Florence
Considérée sous le rapport de l’art et comme vi- doit sa cathédrale; le Bramante, qui s’immortalisa
sant au beau, l’architecture admet cinq ordres qui surtout dans la construction de la basilique de Saint-
se distinguent par la forme, la proportion et l’or- Pierre, achevée par Michel -Ange; Palladio, qui
nementation des colonnes ou de l’entablement ; le éleva le palais des doges à Venise; Vignole, à qui
dorique, Vionique, le corinthien, le toscan, le com- l’on doit un Traité de perspective et un Traité des
posite. ( Voy. ces mots et ordres d’architecture) . cinq ordi'es, encore classique; Inigo-Jones, le Vi-
Presque tous les peuples ont eu leur architecture truve de l’Angleterre, et Christo[ihe Wren , qui re-
qui est, jusqu’à un certain point, l’expression de construisit la basilique de Saint-Paul à Londres;
leur civilisation. L’architecture de l’antique Egypte en France, L. Bernin, Philibert Delorme, De Brosse,
et celle des Assyriens se distinguent par la soli- Perrault, Mausart , Servandoni, Soulllot , Rondelet,
dité et le colossal des monuments. L’architecture Gabriel, Brongniart, Chalgrin, Huyot, Visconti, etc.
des Indiens offre le même type leurs temples ou
: La Fiance, qui a déjà fourni tant de grands ar-
pagodes sont taillés dans le roc; leurs monuments chitectes, n’a rien épargné pour assurer les progrès
se font remarquer d’ailleurs par le luxe des ligures de l’art l’Ecole des Beaux-Arts, dans sa section d’ar-
:

humaines et des divinités allégoriques. L’architec- chitecture, offre à la jeunesse tous les moyens d étude ;
ture chinoise , invariable depuis des siècles, est re- des prix sont décernés chaque année; le grand prix
connaissable à ses toits terminés en pointe, qui rap- est envoyé à Rome avec le titre de pensionnaire de
pellent les tentes et les pavillons légers qui lui ont l'Académie de France; enfin, une section de l’Insti-
servi de type. La Grèce fut, surtout au temps de Pé- tut reçoit les architectes les plus distingués.
riclès, le siège de la plus belle architecture : c'est à ce Les principaux ouvrages à consulter sur l’archi-
pays que nous devons les trois ordres principaux (do- tecture et sur son histoire, sont, outre ceux des au-
rique, ionique et corinthien). En Italie, les Etrusques teurs déjà indiqués les Cours d’architecture de
:

introduisirent l’ordre dit, d’après eux, toscan, qui Blondel, de d’Aviler, de Durand, le Traité de T Art
dérivait de l’ordre doriipie. Les Romains, tout en de bâtir de Rondelet; le Traité d’architecture de
adoptant les ordres des Grecs et des Etrusques, y M. L. Raynaud (1 851'; le Dictionnaire d’architecture
ajoutèrent l’ordre composite mélange judicieux des de Quatremère de Quincy; {'Histoire des jdus cé-
précédents ; l’architecture prit chez eux un grand lèbres architectes du même; {'Histoire de T Archi-
déveloiipement, et atteignit son apogée sous Au- tecture de Th. Hope , traduit de l’anglais par A. Ba-
guste. Comme tous les arts, elle fut presque anéan- ron ; le Manuel de l’Hist. de TArchit., de D. Ramée ;
tie par les barbares. — L’architecture du moyen âge les Monuments anciens et modernes, deGailhabaud;
estjdu vi« au xi« siècle, connue des archéologues sous {q Dict.de Archit. fi'ançaise,dc'\'io{{el le Duc, etc.
l’

le nom d’.d. romane, ou architecture romaine dégé- ARCHITRAVE (du grec archos, principal, et du
nérée, Les modifications apportées par chaque peuple latin trabs, poutre), Vépistyle des Grecs, partie in-
, , , ,

ARCO — 93 — ARDO
férieure de rentablement, qui pose immédiatement artisans qui travaillent le poil, la laine ou le coton
sur les chapiteaux des colonnes. On appelle A. cou- les chapeliers, bourreliers, etc., pour diviser les ma-

pes, celle qui est interrompue par l’ouverture ou tières et les séparer des ordures qu’elles contiennent;
par la traverse du chambranle d’une fenêtre; .4. mu- l’ouvrier qui manie cet instrument est appelé ar-
tiléc, celle dont on retranche quelquefois la saillie, çonneur. Dans plusieurs établissements on a sub-
en l’arasant avec la frise ces deux sortes d'archi-
: stitué à l’arçon un cylindre tournant, percé de pe-
traves sont d’un mauvais effet. Voy. entablement. tites fentes longitudinales dans lesquelles on insère
ARCHI-TRESORIER , dignité dont l’électeur pa- des cordes de boyau tendues convenablement. Cette
latin était revêtu dans l’ancien Empire d’Allemagne. substitution a pour but de prévenir les fâcheux effets
L’archi-trésorier précédait à cheval l’empereur le que peuvent produire sur la santé des arçonneurs
jour du couronnement et répandait sur la place pu- la poussière et les petits filaments que leur travail
blique des pièces d’or et d’argent. — Sous l’Empire fait voltigerautour d’eux et qu’ils avalent sans cesse.
français, il y avait un archi-trésorier, mais ces fonc- ARCTlE [A’arctos, ours) , genre d’insectes Lépi-
tions étaient purement honorifiques; c’était le doptères de la famille des Nocturnes , ainsi appelés
3® grand dignitaire de la couronne : ce titre fut à cause de leurs chenilles très-velues. Ce sont des
confié à l’ancien consul Lebrun. papillons de nuit très-communs en France. Ils éclo-
ARCHIVES (du latin archivum, dérivé lui-même sent au mois d’aoùt. Leurs chenilles quittent leur
du grec archéion, môme signification), collection toile au printemps pour se répandre s.ur les arbres,
de documents manuscrits ou imprimés, renfermant dont elles rongent les premières pousses. Quand
l’histoire d’une famille, d’une communauté , d’une elles sont parvenues à toute leur croissance, elles
ville ou d’un Etat. Ce motse prend aussi pour le lieu filent une coque lâche entre quelques feuilles d’ar-
où ces pièces sont conservées. —
Les anciens conser- bres et y restent jusqu’à leur dernière métamor-
vaient leurs archives dans des temples. En France, phose. L’A. cul brun, de taille moyenne , d’un brun
sous les premiers rois, les archives suivaient les rois doré , est garnie de poils sur tout son corps ; la che-
à la guerre ou dans le^ voyages; aussi étaient-elles nille est noirâtre , avec des tubercules de même
exposées à tomber entre les mains de l’ennemi, couleur, d’où s’élèvent des aigrettes de poils rous-
comme cela eut lieu en 1194, à la bataille de sàtres; elle a deux lignes rouges et deux lignes
Fréteval, le camp de Philippe-Auguste ayant été blanches le long du dos. Cette chenille dévore les
surpris par le roi d’Angleterre. On sentit dès lors le feuilles des bois. —
On connaît encore VA. cul
besoin de créer des dépôts permanents; mais ce n’est doré et VA. du saule.
que sous Louis XIV, en 1688, que les archives re- ARCTIQUE ,
c.-à-d. v>oisin de l’Ourse {arctos en
çurent une véritable organisation. Alors il y eut les grec) ou du Nord. Voy. pôle arctique.
archives de la guerre, de la marine, de la Justice, etc. ARCTOMYDES (du grec arctos, ours, et mus
En 1790, on centralisa tous ces dépôts d’archives rat) ,
nom donné
par Latreille à une famille qui a
dans l’ancien hôtel de Soubise, à PariSj avec le titre pour type le genre Marmotte (en latin Arctomys].
à’ A. du royaume, titre remplacé auj. par celui ARCTONYX (du grec arctos ours , et onyx, on-
,

d’d. de l’Empire ; ce dépôt est confié a un Garde des gle), ou Bn/i-saur, blaireau de l’Inde. V. bali-saur.
Archives, qui depuis 1853 a reçu le titre de Direc- ARCTOTEES ou ARCTOT 1 DÉES {d’arctos, ours),
teur gênerai. Les archives nationales sont régies par tribu de la famille des Corymbifères , établie par
une ordonnance du 5 janvier 1846; elles forment G Cassini, et ayant pour caractères des capitules mul-
.

trois sections : section historique, section admini- tiflores, pourvus de fleurons, ordinairement femelles
sU-ative, section judiciaire. M. Bordier a donné l’His- ou neutres, et des fruits souvent ailés. Cette tribu a
toire des Archives, 1855. —Cet établissement a été pour type le genre Arctotide [Arctotis), que l’on cul-
complété par l’institution de l’Ecole des Chartes tive comme plante d’agrément, principalement VA.
(Foÿ. chartes). —Les ministères (notamment ceux tricolore et VA. à fleurs de rose.
de la Marine et des Affaires étrangères) toutes les ARCTURUS (du grec arctos, ourse, et oura,
,
grandes administrations publiques, ainsi que la plu- queue) de
première grandeur, située
étoile fixe la
,
part des villes, ont leurs archives particulières. dans la constellation du Bouvier, et vers laquelle pa-
ARCHIVISTES. Voy. chartes (école des). raît se diriger la queue de la grande Ourse. On ob-
ARCHIVOLTE ( d ’arcus, arc, et volutus roulé), ser« dans cette étoile un mouvement qui lui est
moulure plus ou moins large, en saillie, régnant sur la propre ; elle avance vers le midi de 4' par siècle.
tête des voussoirs d’une arcade dont elle suit et orne ARDÉB, mesure de capacité pour les grains, usi-
le contour d’une imposte à l’autre. Les moulures des tée dans presque toute l’Afrique, vaut 182,000 litres.
archivoltes imitent celles des architraves, et ne doi- ARDEIDEES (du latin ardea, héron ) , famille de
vent, par conséquent, recevoir que des ornements Tordre des Echassiers répondant aux Cullrirostres
en proportion avec la nature des ordres. On nomme de Cuvier. L’on y compte cinq sous-familles : Grui-
A. rustique, celle qui n’a que des moulures très- nées , Ardéinées , Ciconinées, Ibisinées el Arami-
simples qu’interrompent des bossages unis ou ver- nées, ayant pour types les genres Grue , Héron, Ci-
miculés ; A . retournée celle dont la moulure après gogne, Ibis et Courliri. Voy. ces mots.
,
s’étre arrêtée à Timproviste, fait un retour d’é- ARDENTS (mal des). Voy. feu sacré.
querre, et, se prolongeant sur toute la largeur du ARDISIACEES [d’ Ardisia genre type) , famille
j)ied-droit ou du trumeau va rejoindre l’imposte de de plantes établie par L. Jussieu , la même que
,
l’arcade voisine. R. Brown nomme Myrsinées. Voy. ce mot.
ARCHONTES (du grec archô, commander), pre- ARD1S1E, Arrfma (du grec ardis, flèche, à cause
miers magistrats d’Athènes. Voy. le Dict. univ. de quelque analogie de forme) , type de la famille
d’Hist. et de Géogr. des Ardisiacées, renferme des arbres, des arbris-
ARÇON (du latin arcus, arc), espèce d’arc for- seaux et des sous-arbrisseaux élégants, à feuilles le
mant le corps d’une selle de cheval, est composé de plus souvent denticulées, propres aux contrées
deux pièces de bois unies au moyen d’une branche chaudes de l’Asie et de l’Amérique, et dont plusieurs
de fer; il est le plus souvent rembourré et garni de espèces à belles fleurs roses ou purpurines sont cul-
cuir. On distingue l’^I. antérieur ou de devant, VA. tivées dans nos serres.
postérieur ou de derrière. On place souvent sur les ARDISIEES, tribu de la famille des Myrsinées
côtés des poches ou fontes destinées à recevoir des (Ardisiacées de L. Jussieu) , renferme les genres
pistolets dits de là pistolets d’arçon. Ardisia, Wallenia, Conomorpha, Cybianthus,
Dans les Arts mécaniques, l’arçon est un instru- Myrsine Embelia, Choripetalum.
,

ment en forme d’archet de violon dont se servent les ARDOISE (qu’on dérive du celtique ard, pierre ,
, , ,

AREC — 94 — AREO
ou d’une ville à’Ardy en Irlande, d’où les premières à la tribu des Arécinées ; fleurs unisexuées, réunies
ardoises auraient été tirées) , espèce de pierre schis- sur le même spadice ou régime ; trois, six ou douze
teuse dont on se sert pour couvrir les maisons, est une étamines naissant à la base de la corolle; drupe
variété de la roche nommée par les géologues Phyl- charnu contenant une seule graine à périsperme
lade [Voy. ce mot). Elle se présente sous ta forme de corné. L’A. de l’Inde, nommé à tort Catechu {Voy.
masses faciles à diviser en feuillets minces, solides et CACHOU 1, ressemble au cocotier. Le fruit, nommé
droits. L’ardoise n’absorbe pas l’eau, ce qui la fait re- aussi Arec, est une noix ovoide qui , dans l’Inde
chercher pour la couverture des édifices. Les ardoises atteint la grosseur d’un oeuf de poule. La pulpe dé
offrent souvent dans le sens de leurs feuillets un lui- son fruit, tendre et astringente , entre dans la com-
sant satiné; leur couleur est très-variable, mais la position de l’espèce de pâte masticatoire appelée
teinte la plus ordinaire est le gris bleuâtre. Les ar- bétel, Aoni les Orientaux font un fréquent usage.
doises se trouvent en couches très-inclinées, quel- ARÉCINÉES, tribu de la famille des Palmiers,
quefois verticales , et dont les feuillets ne sont pas renfermant les genres Areca ou Arec (genre type),
toujours parallèles au plan des couches. Ces couches Pinanga, Caryota, Iriartea, Chamœàorea, More-
appartiennent aux ten'aius de transition et pré- nia Èuterpe CEnocarpus.
, ,

sentent fréquemment des empreintes de corps or- ARÉNACÉ (du latin arena sable) , se dit de ro-
ganisés. On les exploite, suivant leur position, tantût ches friables, composées de petits grains se dés-
à ciel ouvert, tantôt par galeries souterraines; on agrégeant facilement , et ayant l’aspect du sable.
les extrait par blocs. Les meilleures ardoises sont ARÉNAIRE, Arenaria [àlarena, sable, parce que
dures, pesantes, sonores, et ne s’imbibent pas; cette plante croit dans les endroits sableux), vulgai-
chauffées au four, elles acquièrent plus de ténacité. rement Sabline. Voy. ce mot.
Les principales ardoisières sont, en France , celles ARÈNE (du latin arena, sable). On nomme ainsi,
des Ardennes, surtout celles de Charlevillc et celles en Géologie , tout amas de particules de pierres
de Fumay, les plus estimées de toutes; celles de formé des débris de matières lapidifiques calcina-
Maine-et-Loire , abondantes surtout dans les com- bles. L’arène , ie gravier et le sable sont la même
munes de Trelazé et des Agraux, près d’Angers substance; ils ne difl'èrent que par la grosseur des
(dite la Ville-Noire
,
â cause du grand nombre grains. L’arène tient le milieu entre le sable et le
d’ardoises qu’on y emploie) ; celles de l’Isère , de la gravier. On distingue A. marine, A. fluviatile A. ,

Dordogne, de la Corrèze, de la Manche, du F'i- fossile, selon qu’elle se trouve sur les bords de la mer,
nistère; à l’étranger, celles du Westmorcland en dans le lit des rivières ou dans les entrailles de la
Angleterre, dont les produits sont les plus durables, terre. On donne à l’Arkose le nom d’A. friable.
et celles de Chiavari dans la province de Gènes, qui Les anciens nommaient arène un lieu circulaire
fournissent des ardoises de très-grande dimension. et sablé au centre de l’amphithéâtre, où s’exécu-
On distingue plusieurs qualités d'ardoises; on les taient les combats de gladiateurs et de bêtes féroces;
nomme, dans l’ordre de leur valeur, carrée fine, gros le sable servait soit à amortir les chutes
,
soit à ab-
noir, poil noir, poil taché, poil roux , carte , liéri- sorber le sang. Celui qui s’y montrait en spectacle
delle. La carrée est faite du coeur de la pierre; elle se nommait Arenarius, Le nom à’arènes s’étendit
porte environ 21 centim. sur 30, et doit être sans ensuite à l’amphithéâtre tout entier. —
On remarque
rousseur. Le gi'os noir n’en diffère qu’en ce qu'il encore en France les Arènes de Nîmes, d’Arles, de
n’a pas été tiré d’un morceau de pierre qui pût Fréjus, de Poitiers, etc. Voy. amphithéâtre.
soutenir les dimensions requises pour l’ardoise car- ARENG , nom indigène uun genre de Palmiers
rée. Le poil noir, est plus mince et plus léger. Le appelé aussi Saguerus, renfermant une seule espèce,
poil taché a des endroits roux. Le poil roux est commune auxMoluques,etqui s’élève jusqu’à 20 m.;
une ardoise toute rousse ce sont les premières fon-
;
sa moelle donne un excellent sagou, et ses fruils
cées qui la donnent, et ce n’est proprement que de confits sont agréables. Sa sève produit du sucre , et
la cosse, La carte a la même figure que la carrée, ses feuilles renferment des fibres propres à faire
mais plus petite et plus mince. 'L'héridelle est une des cordes.
ardoise étroite et longue , dont les côtés seulement ARÉNICOLES {d’at'ena, sable, et co/ere, habiter),
ont été taillés, mais dont on a laissé les deux autres genre d’Annélides errantes, renfermant des vers qui
extrémités brutes.
* habitent dans le sable sur le bord des mers d’Eu-
L’usage des ardoises pour la couverture des édi- rope. L’A. despécheurs est longue de 15 à 25 centim.,
fices n’était point connu des anciens, qui n’em- de couleur cendrée, rougeâtre ou brune. Son corps est
ployaient que la tuile ; on ignore môme l’époque allongé , mou, fusiforme , plus gros au milieu qu’aux
précise à laquelle ces matériaux ont commencé à deux extrémités, muni d’une tête peu distincte;
être usités chez les modernes. On sait seulement, ses pieds sont très-nombreux. Les pêcheurs se ser-
par une charte du xi® siècle , déposée dans les ar- vent des arénicoles pour la pêche du poisson de mer.
chives de Fumay, qu’il y avait déjà alors dans cette Iis les trouvent dans des trous creusés dans le sable.
ville une confrérie d’ardoisiers. — Genre de Coléoptères établi par Latreille dans la
Outre leur application à la couverture des maisons, tribu des Scarabéides, famille des Lamellicornes.
les ardoises servent à faire des tablettes sur lesquelles Ses caractères sont : antennes de 9 à 11 articles,
on écrit avec un crayon fait de schiste gris tendre, mandibules cornées et arquées, élytres recouvrant
et ne rayant pas l’ardoise. On se sert aujourd’hui de complètement l’abdomen, et pattes postérieures très-
ces ardoises dans toutes les écoles en place de papier, reculées en arrière. Les Arénicoles, comme les Co-
pour apprendre l’écriture, le calcul et le dessin. prophages, vivent dans les bouses, déposent leurs
On a, dans ces dernières années, fabriqué des œufs en terre, et volent le soir par un temps sereiiî.
ardoises artificielles : leur composition est la ARÉOLE (diminutif d’area, aire, surface), cercle
même que celle du carton-pierre. Voy, ce mot. irisé qui entoure la lune. On clonne aussi ce nom au
ARE (d’area, aire , surface) , unité de mesure cercle coloré qui entoure les mamelons des hommes
agraire de notre nouveau système métrique. C’est ainsi que les yeux , ou qui règne autour de certains
un décamètre carré ou un carré dont chaque côté a boutons, comme dans la variole. —
En Anatomie, ce
10 mètres de long, ayant, par conséquent, 100 mètres sont les petits interstices que laissent entre elles les
carrés de superficie. L’are est le centième de l’Àec- anastomoses : ils sont remplis d’une substance plus
tare, et se subdivise en centiares ou mètres carrés. ou moins fluide et diversement colorée.
11 contient env. 26 toises carrées ou 3 perches. ARÉOMÈTRE (du grec araios, léger , peu dense,
AREC ou AREQUIER, genre de Palmiers , originaire et rnétron, mesure) , instrument servant à mesurer
de l’Amériaue et des Indes, et qui a servi de type la densité relative des liquides dans lesquels il est
, , ,,
,,

ARÉO — 95 — ARGÉ
plongé; selon ses différents usages, il porte aussi les On construit encore des aréomètres qui font con-
noms de pèse-liqueur, pèse-acide, pèse-sel, pèse- naître immédiatement la densité du liquide dans le-
sirop, pèse-lait, etc. Sa construction repose sur ce quel on les plonge; on fait aisément un aréomètre
principe , découvert par Archimède , qu'un corps étalon de ee genre , en graduant l’instrument dans
plongé dans un liquide perd de son poids un poids des liqueurs dont la densité est connue.
égal à celui du volume du liquide déplacé. ARÉOPAGE, tribunal d’Athènes, renommé par sa
On distingue deux sortes d’aréomètres : les aréo- sagesse. Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
mètres à volume constant et à poids variable , et les AREPENNIS, mesure de superficie des anciens
aréomètres à volume variable et à poids constant. Gaulois, égale à un demi-jugerum des Romains.
Les aréomètres de Nicholson et de Fahrenheit appar- C’est de là qu’est venu notre mot arpent.
tiennent à la première catégorie ; les autres aréo- ARÉQUIER. Voy. arec.
mètres se rangent dans la seconda. ARÉIÉ (du latin arista, barbe d’épi), nom donné
I. L'aréomètre de Fahrenheit se compose d’un vulgairement à différentes pièces osseuses des pois-
tube creux en verre , portant à son extrémité in- sons : leur colonne vertébrale , armée de longues
férieure une partie renflée dans laquelle se trouve apophyses épineuses , est la grande arête qui
un corps pesant (du mercure ou de la grenaille forme la charpente ducurps; leurscôtes nombreuses,
de plomb), afin de maintenir dans une position soudées avec les apophyses transverscs, sont les
verticale le tube immergé; à l’autre extrémité se arêtes proprement dites; on donne aussi ce nom
ti'ouve une petite cuvette , supportée par une tige, aux rayons petites pièces osseuses , longues et grê-
sur laquelle est marqué un trait , dit point d'af- les , qui soutiennent les nageoires, ainsi qu’aux sty-
fleurement. Pour se servir de cet aréomètre , on le lets allongés qui , chez certains poissons , partent
plonge dans un liquide, et l’on ajoute des poids des vertèbres des côtes et soutiennent les chairs.
dans la cuvette, de manière à enfoncer l’instru- En Botanique, l'arête ou barbe est le filet allongé,
ment jusqu’au point d’affleurement. Cet aréomètre roide , coriace et quelquefois articulé , qui naît
est à volume constant puisque, à chaque expé- brusquement du dos ou du sommet des valves de la
rience , on l’enfonce d une égale quantité ; mais il glume dans les Graminées. On ne doit pas la con-
est à poids variable , le nombre des poids à ajouter fondre avec la soie , qui n’est que le prolongement
pour l’affleurer variant avec chaque liquide. Exem- d’une des nervures de la fleur. Le blé , le seigle
ple l’aréomètre pesant 70 grammes, il faut, pour le
; l’orge, l’avoine , le riz, ont une arête.
faire enfoncer dans l’eau distillée, ajouter 30 gram- En Minéralogie, arête se dit de la ligne de jonc-
mes; le volume d’eau déplacée pèse donc 100 gram- tion de deux surfaces ou de deux plans , qui sont in-
mes. Portant ensuite l’instrument dans l’acide sulfu- clinés l’un sur l’autre dans un cristal. L’égalité des
rique, on trouve que, pour l’affleurer, il faut ajouter arêtes dépend, non-seulement de leur longueur,
115 grammes; le poids total est donc 70+115 mais encore de l’angle que font entre eux les plans
= 185 ; le volume d’acide sulfurique déplacé pèse dont elles sont l’intersection.
donc 185. Mais ce volume est le même que celui de En Architecture, Varéte est l’angle saillant que
l’eau dans l’expérience précédente ; un volume d’a- forment deux faces droites ou courbes d’une pierre
cide sulfurique pèse donc 185, quand un pareil vo- d’une pièce de bois, etc. Une pièce de bois est taillée
lume d’eau pèse 100. La densité de l’acide sulfuri- à arête vive, lorsqu’on l’a bien équarrie, qu’on
que est donc à celle de l’eau comme 1,85 est à 1. n’y a laissé ni écorce ni aubier, et que tous les an-
— L’aréomètre de Nicholson est le même instrument; gles en sont bien marqués.
seulement il est fait en métal , et il porte vers le bas ARÉTIIUSE (du nom d’une fontaine de Sicile
un petit seau mobile qui sert à peser les corps sous connue dans la Mythologie), genre de la famille
l’eau. On l’emploie pour prendre la densité des des Orchidées, qui a servi de type à la tribu des
corps solides. Il a été perfectionné par Guyton Mor- Aréthusées. On cultive dansles jardins l’^l. bulbeuse,
veau , qui lui a donné le nom de gravimètre. petite plante sans feuilles dont la hampe se termine
II. Les aréomètres à volume variable et à poids con- par une fleur purpurine assez grande.
stant, dits A. de Richter, sont d’un usage plus habi- ARÉTHUSÉES, tribu établie par Lindley dans la
tuel que les aréomètres précédents : ils se composent famille des Orchidées, caractérisée par son antlière
d’une tige creuse en verre , portant une boule ou un terminale en opercule, et par son pollen , dont les
cylindre également creux, et plus loin, un petit grains pulvérulents sont réunis en lobules par une
appendice contenant le lest ; une bande de papier matière élastique , renferme les genres : Aréthuse
est soigneusement fixée dans l’intérieur de la tige, (genre-type) , C/i/orœa, Limodorum , Âciantkus
pour porter les divisions qui marquent les différents Corysanthes , Pogonia, Vanilla, Cyrtosia.
points d’affleurement. Le poids de cet aréomètre étant ARÊTIER [ÜLai'ête], pièce de charpente, droite
constant, il eu résulte que les densités des liquides ou courbe dans sa longueur, qui se place à la partie
dans lesquels il s’enfonce sont entre elles en raison in- saillante et rampante d’un comble formée par la
verse des volumes immergés. C’est d’après ce principe rencontre de la face et de la croupe.
qu’on gradue l’instrument. Les graduations qui sont ARGALI (du mongol argu, crête de montagne)
les plus en usage sont celles de Baume et de Cartier. mouton sauvage qui habite les montagnes méridio-
Baumé, pour graduer son aréomètre, marquait zéro nales de la Sibérie. 11 est de la taille du daim; les
au point de l’affleurement de l’instrument dans une cornes du mâle sont grosses , longues , triangulaires
solution faiteavec 90 parties d’eau distilléect lOpar- et imiilantées sur le sommet de la tête , de manière
ties de sel marin, l’observation étant prise à la tem- à se toucher presque à leur racine, et à se diriger
pérature de 12» ,5. Il marquaitlO degrés au point où ensuite obliquement en haut et en dehors. Une four-
l’instrument affleurait dans l’eau distillée ; puis il rure extérieure rude recouvre une faible quantité de
continuait à diviser, en prenant pour base la gran- laine douce et blanche. L’A, de Sibérie paraît être la
deur des premières divisions. — L’aréomètre de Car- souche de tous les moutons de l’Asie.
tier, généralement employé dans le commerce, ne ARGANE, plante exotique. Voy. sidéroxti.e.
s’emploie que pour des liqueurs légères; c’est une ARGÉMONÉ (du grec argéma, maladie de Tœil
modification de l’aréomètre de Damné; le zéro est le contre laquelle cette plante était employée) , genre
même iwur les deux instruments, mais l’aréomètre de la famille des Papavéracées , sous-tribu des Papa-
de Cartier s’enfonce à 30» quand celui de Baumé vérinées : calice à deux ou trois sépales mucronés,
affleure à 32“. Enfin M. Gay-Lussac a constiuit un velus; corolle de quatre à six pétales, quatre ou sept
aréomètre destiné spécialement à l’essai des esprits: stigmates non soudés , capsule uniloculaire à cinq
on le nomme alcoomètre. Voy. alcoomètre. v.alves,renfermant de nombreuses graines. Ces plan-
, , ,

ARGE — 96 — ARGE
les sont herbacées, annuelles, à lige paniculée et de couleur noire; cet effet est surtout marqué dans
feuillée , renfermant un sue propre jaunâtre. Les l’argenterie qui est exposée aux émanations des
feuilles sont glauques, glabres, et les üeurs grandes, fosses d’aisances; les cuillères d’argent se colorent
jaunes ou blanches. Cette plante appartient 5 l’.\mé- aussi au contact des œufs ou d’autres aliments con-
rique et à l’Asie équatoriale. L'A. commune, ÏA. à tenant du soufre. Pour rendre aux ustensiles leur
fleurs blanches et i’A. à grandes fleurs, sont cul- beauté première , il suffit de les frotter avec un peu
tirées dans nos jardins comme plantes d’agrément. d'huile ou de craie, ou avec une toile line imbibée
La première est encore connue sous les noms de Pa- d’ammoniaque; lorsque la teinte noire persiste,
vot épineux et de Chardon bénit des Américains. le mieux est de les plonger un instant dans l’acide
ARGÈMOiSEES, tribu de la famille des Papavéra- chlorhydrique bouillant, ou dans une dissolution
cées, renferme les genres (g. type), Papa- de caméléon minéral. — Parmi les acides, il n’y a
ver, Chelidonium, Gtaucium, Bocconia, Roemeria. guère que l’acide sulfurique, Tacide nitriiiue et Teau
ARGENT (du grec argos blanc) , métal blanc , régale qui attaquent l’argent le premier n’a d’ac-
:

d’une pesanteur spéciOque de 10,40, un peu plus tion , toutefois , qu’autant qu’il est concentré et
élastique et plus sonore que l’or; fusible à 1000». bouillant; il produit un sulfate peu soluble; le se-
C’est, après l’or, le plus inaltérable et le plus cond dissout l’argent à la température ordinaire, en
ductile des métaux : on peut le réduire en feuilles le convertissant en nitrate; enfin Teau régale agit
si minces que 8,000 de ces feuilles n’ont pas Té- aussi à froid, mais le métal se convertit, dans ce
paisseur de 2 millim. 1/2, et qu’un gramme peut cas , en chlorure insoluble.
être tiré en un fd de 2540 à 2550 mètres de lon- Parmi les combinaisons chimiques de l'argent, il
gueur. L’argent, dans l’état de pureté absolue, est faut citer comme importantes, à part les minerais
plus dur que l’or, mais moins que le cuivre ; aussi, déjà nommés, le nitrate le chlorure et le fulmi-
pour que les monnaies, les bijoux , les ustensiles, les nate [Voy. ces mots). Les sels d’argent sont, en gé-
vases qu’on fabrique avec ce métal , puissent con- néral, incolores, lorsque Tacide qu’ils renferment
server leur forme , et résister plus longtemps à l’u- n'est pas lui-méme coloré; leur saveur est astrin-
sure, on est obligé d’y allier une certaine quantité gente et métallique. On les reconnaît à ce que Tacide
de cuivre. Ainsi la monnaie d’argent de France ren- chlorhydrique y produit un précipité blanc et cail-
ferme 9/10 d’argent et 1/10 de cuivre; la vaisselle lebotté , insoluble dans Teau et les acides , mais so-
d’argent contient 5 p. 0/0 de cuivre; les bijoux d’ar- luble dans l’ammoniaque. Le fer, le cuivre , l’étain
gent renferment 1/4 de cuivre. La quantité d’argent et le plomb précipitent l’argent de ses dissolutions.
qui se trouve dans chacun de ces alliages constitue L’argent est connu dis la jilus haute antiquité.
ce qu’on appelle le titre de l’argent. Le kilogramme Les alchimistes le désignaient par le symbole de la
d’argent pur, payé en argent monnayé, vaut 222 fr. lune ou de Diane , à cause de la ressemblance de sa
22 cent.; le kilogr. d’argent au titre de 900/1000 couleur avec l’éclat de la lune ; ils connaissaient
vaut 200 fr. également le chlorure et le nitrate d’argent.
L’argent existe dans la nature sous un assez grand ARGENT AIGRE. VoiJ. ARGENT SULFURÉ FRAGILE.
nombre de formes ; à l’état de pureté plus ou moins ARGENT AMALGAMÉ , minéral d’un beau blanc d’ar-
grande, dans TA. natif; combiné avec le soufre, gent cristallisé, avec éclat métallique, et composé de
dans ÏA. sulfuré; avec le soufre et l’antimoine, mercure (64) et d’argent (36). Les crislaux les plus
dans ÏA. rouge; avec le chlore, dans ÏA. corné habituels sont en dodécaèdres réguliers; les plus
ou chloruré ; avec le brome , dans ÏA. bromure'; beaux viennent de Moschel-Landsberg, en Bavière.
avec Tor,dans To?- natif et ï auro-poudre ; avec l’ar- ARGENT ANTIMONIAL, dit aussi Discrase, minéral
senic et l’antimoine, dans ï A. arsenical et ÏA. anti- d’un blanc d’argent avec éclat métallique, en masses
monial; avec le mercure, dans ïarquérite. Parmi cristallines ou amorphes, composé d’argent (76) et
ces minerais, le sulfure est le plus abondant ; vien- d’antimoine (24); accompagne les mines d’argent
nent ensuite l’argent natif, le chlorure et l’alliage arsénifère de Wolfach dans le pays de Bade, d'An-
d’antimoine. Les mines d’argent les plus célèbres et dréasberg, au Hartz, et de Guadalcanal,en Espagne.
les plus riches sont situées au Mexique (celle de Gua- ARGENT ARSENICAL, mine d’argent contenant de
naiato est la plus riche de l’univers), au Pérou, l’arsenic, du fer et du soufre, dans tles propor-
au Chili , aux Etats-Unis, en Colombie. En Europe, tions variables.
il
y a aussi des mines d’argent fort importantes en : ARGENT BLANC, mine d’argent contenant du plomb,
Hongrie, en Transylvanie, en Norwége, en Saxe, de l’antimoine et du soufre.
dans le pays de Mansfeld, en Westphalie, etc. Ce- ARGENT BROMURÉ , minéral vert et cristallisé , com-
pendant le nouveau monde fournit à lui seul près posé de brome et d’argent, très-abondant dans les
des9/10de tout l 'argent qui entre dans le commerce. mines du Chili, notamment dans le district de
On extrait principalement l’argent de son sul- Plataros; on le désigne dans le pays sous le nom
fure ; mais on exploite aussi comme mines d’ar- de P lata verde (argent vert).
gent certains minerais qui renferment accidentel- ARGENT CHLORURÉ, CORNÉ OU MURiATÉ , Kérürgyre ,
lement ce composé : telles sont les galènes argenti- combinaison de chlore (25) et d’argent (75) qui forme
fères; nous en possédons des mines en France, à un des minerais les plus riches du Chili ; le plus or-
Sainte-Marie-aux-Mines et à Giromagny dans le Haut- dinairement il y est en petits crislaux cubiques dissé-
Rhin, à Huelgoat dans le Finistère, à Allemont dans minés dans des couches ferrugineuses , désignées
Tlsère. Les procédés d’extraction varient en raison dans le pays sous le nom de pacos et de colorados.
de la nature des mines, de leur richesse et des Il est peu commun dans les mines d’Europe. Il est
lieux où elles se trouvent; toutefois , en dernier ré- blanc ou brunâtre, demi-transparent, et se coupe
sultat , ces procédés consistent presque tous à rame- au couteau comme de la cire ou de la corne.
ner l’argent à Télat métallique, lorsqu’il n’y est pas, ARGENT FULMINANT, Azoture OU Ammoniure (Par-
et à en former
,
avec un métal convenable , un al- gent, poudre noire et brillante , composée d’argent
liage fusible qui puisse , en raison de sa densité , se et d’azote , ayant la propriété de se décomposer par
séparer des gangues qui accompagnent l’argent. le plus léger choc. On l’obtient en versant de Tam-
Voy. AFFINAGE , AMALGAMATION , COUPELLATION. moniaque dans un sel d’argent, puis de la potasse.
L’argent est inaltérable à Tair et dans Teau ; ce qui C’est une des poudres les plus détonantes qu'on
lui a valu, de la part des anciens, Tépithète de noble. connaisse. Ce composé dangereux a été découvert
Lorsqu il perd son éclat, il faut attribuer cet effet par Berthollet ; il ne faut pas le confondre avec le
à la présence accidentelle de l’hydrogène sulfuré : fulminate d’argent.
ce gaz produit alors un sulfure d’argent lequel est ARGENT NATIF , minéral d’un blanc d’argent plus
, , ,

x\RGE — 97 — ARGI
ou moins terne , composé en plus grande partie d’ar- minces qu’on fait adhérer à l’aide de la chaleur et
gent , avec une certaine proportion de cuivre , et d’une pression longtemps exercée au moyen d’un
quelquefois avec de l’arsenic et de l’antimoine. Dans brunissoir d’acier; on décape les pièces en les chauf-
quelques localités, il est aurifère. Il accompagne fant au rouge , et les plongeant ensuite dans de
les autres minerais d’argent, particulièrement le l’acide nitrique très-étendu (eau seconde). Ce mode
sulfure et le chlorure ; il s y présente en cristaux, d’argenter est fort dispendieux et ne peut guère être
en filaments, quelquefois en plaques plus ou moins pratiqué sur les petites pièces de métal destinées
étendues, enfin en morceaux massifs. Il n’est pas aux ornements, surtout lorsqu’elles sont relevées en
rare de trouver de ces masses amorphes pesant bosse; l’usure en est d’ailleurs assez prompte; enfin,
un kil. ;
on en cite deux de la mine de Kongsberg quand une pièce a été argentée par ce procédé , on
qui pesaient plusieurs quintaux chacune. Le plus or- est forcé , si elle est usée en quelques endroits de
dinairement l’argent natif est disséminé dans des la réargenter en entier (Voy. plaqué). — ,
L’argen-
roches ferrugineuses, appelées terres rouges, véri- ture au pouce , imaginée par Mellawitz , consiste à
tables minerais d’argent , contenant de 1 à 4 mil- appliquer l’argent par frottement. La base des pré-
lièmes d'argent : tels sont le minerai de Huelgoat, parations employée pour cette argenture est presque
en Bretagne, et ceux du Chili et du Mexique. toujours le chlorure d’argent. Si l’on frotte une
ARGENT NOIR , Synonyme d'argent sulfuré fragile. lame de cuivre ou de laiton avec ce chlorure récem-
ARGENT ROUGE, Argyrythrose , Argent untimunié ment précipité et humecté d’un peu d’eau salée,
mlfuré, minerai d’argent remarquable par la belle l’argent revient à l’état métallique et pénètre assez
couleur rouge qu’il ofl're quand on le brise ou qu’on profondément dans le cuivre. —
L’argenture galva-
le réduit en poussière il est cristallisé et renferme 59
;
nique ou électro-chimique se pratique aujourd’hui
pour 100 d’argent; le reste se compose de soufre et sur une échelle très-étendue, et est destinée à rem-
d’antimoine. Il ne se trouve qu’en petite quantité placer toutes les autres méthodes; elle a été intro-
dans les mines d’Europe, et y est subordonné aux duite en 1840 par MM. Elkington et Ruolz, qui ont
gîtes d’argent sulfuré ; mais au Mexique et au Pérou, pris pour l’exploiter un brevet de 15 ans. D’après ce
il forme la partie la plus importante de certains procédé , on dissout l’argent dans des agents conve-
dépôts et la source de produits considérables. nables; on place dans ce bain les pièces à argenter,
ARGENT SULFURÉ , ilrÿî/rose, Argent vitreux mi- et, par Tefl'et de l’électricité développée au moyen
néral d’un gris d'acier ou de plomb , quelquefois en d’une pile, on précipite l’argent pur, qui vient se
cubes ou en octaèdres réguliers, en dendrites, en fila- fixer sur ces pièces. Les bains se composent générale-
ments contournés, ou en petites masses mamelon- ment d’un sel d’argent (carbonate, chlorure, phos-
nées , renferme 87 pour 100 d’argent combiné avec du phate, borate) dissous dans une solution aqueuse de
soufre ; il se trouve en filons ou amas plus ou moins cyanure de potassium ou d’hyposulfite de soude.
riches dans les terrains de cristallisation, ou dans les ARGILE (en grec argiîlos formé de argos,
terrains de sédiment qui les avoisinent. Les dépôts les blanc), terre grasse, molle et ductile, avec laquelle
plus célèbres en Europe sont ceux de Hongrie et de on fait des vases. Les argiles sont des combinaisons,
Transylvanie ; viennent ensuite les mines de Kongs- en proportions variables, de silice, d’alumine et
berg en Norwége , de Sala en Suède , des environs d’eau, quelquefois pures, souvent mélangées de ma-
de Freyberg en Saxe, etc. Mais c’est surtout dans tières étrangères, telles que carbonate de chaux ou
l’Amérique équatoriale , au Mexique et au Pérou, de magnésie ,
silicate de chaux, oxyde de fer, etc.
qu’il se trouve le plus abondamment. On lesreconnaît au toucher gras et onctueux , au
ARGENTERIE. Voy. argent et vaisselle. poli que le frottement de l’ongle leur communique,
ARGENTIER, nom donné autrefois aux fabricants et à la propriété de former avec l’eau une pâte qui
d’objets d’argent, ainsi qu’à tous ceux qui faisaient durcit par la cuisson. Ce dernier caractère rend les
le commerce de l’argent, banquiers, changeurs, etc., argiles précieuses pour la confection des poteries de
a été ensuite appliqué spécialement à un officier toutes sortes , depuis les plus communes , comme les
qui, à la cour et dans les grandes maisons, était briques et les carreaux, jusqu’aux plus estimées,
pré^sé pour administrer les finances. En France, comme la porcelaine. Très-répandues à la surface de
ce fut d’abord le titre de l’officier qui réglait les la terre , où elles se trouvent par couches épaisses,
ilépenses de la maison du roi. Sous la branche les argiles appartiennent en quelque sorte à tous les
des 'Valois, ce fut un grand officier chargé de per- terrains; elles forment fréquemment des collines qui
cevoir et d’administrer les finances du royaume sont remarquables en ce qu’elles ne présentent pas
;
sous Charles VII , Jacques Cœur portable titre d’ Ar- le moindre escarpement, et sont d’une stérilité com-
gentier du En 1515, sous François Dr, l’argen-
roi. plète. Les géologues pensent que l’argile est produite
tier prit le titrede surintendant des finances ; le pre- par la décomposition de diverses substances, telles
mier fut Jacques de La Baume de Samblançay. que le porphyre, le granit, le basalte.
ARGENTINE , genre de poissons de la famille des Outre VA. commune, dite terre glaise, ou A. fi-
Saumons , au corps allongé , peu comprimé , sem- guline, qu’emploient les potiers et les sculpteurs,
blables à la truite, et caractérisés par les six rayons on distingue plusieurs autres espèces VA. à foulon,
:

de leurs ouïes. L’œil de l’argentine est grand , sa dite aussi Terre à foulon, A. smectique (du grec
langue est armée de dents. Ce poisson possède une sméchô, nettoyer) argile très-tendre, qui sert princi-
vessie natatoire épaisse et très-chargée d’une sub- palement à enlever aux draps Thuile employée dans
stance argentée qui sert à fabriquer les fausses per- leur fabrication; dans beaucoup de pays on en fait
les, et se prépare comme celle de l’ablette. L’argen- usage en guise de savon , pour nettoyer le linge ; les
tine est pour cela l’objet d’un commerce important argiles à foulon contiennent en moyenne 45 pour
dans la Méditerranée, surtout dans l’Adriatique. 100 de silice, 20 d’alumine, avec un peu d’oxyde
— C’est aussi le nom vulgaire de la Potentille. de fer; le reste est de l’eau; —
VA. à porcelaine,
ARGENTURE , art d’appliquer de l’argent sur la le kaolin des Chinois, argile résultant de la décom-
superficie des objets. En fait de métaux, on n’argente position du feldspath; elle se rencontre fréquem-
guère que le cuivre, le laiton et le maillechort; l’ar- ment dans les pays à montagnes granitiques. Les
genture sur bois se fait comme la dorure. Les pro- belles variétés s’emploient à faire de la porcelaine.
cédés d’argenture sur métal se réduisent à trois : Les environs de Saint-Yrieix, près de Limoges, ren-
VA. en feuilles, VA. au pouce, et VA. galvanique. ferment un gîte de kaolin qui est l’objet d’une ex-
L’argenture en feuilles est le procédé le plus ancien ; ploitation très-active , et qui alimente un grand
eUe consiste à appliquer sur le cuivre, préalablement nombre de manufactures; il contient 31,09 silice,
bien décapé et préparé , des feuilles d’argent très- en combinaison avec 34,6 alumine et 12,17 eau ; le
7
, , , ,

ARGO — 98 — ARGU
surplus est formé de silice libre. —
L’A. calcaire est mines; le fruit est d’un jaune éclatant, de la grosseur
connue sous le nom de Marne {Yoy. marne). — d’un pois, et globuleux. Il est acide, très-astringent,
L’ A. plastique (du grec, plastikos, dérivé de plassâ, et mûrit en septembre. Les racines longues et tra-
façonner), est une argile très-tenace et réfractaire, çantes servent à fixer les sables mouvants des dunes,
avec laquelle on fait la faïence fine. On a donné ce à contenir les eaux des torrents, les rives des fleuves
nom, en Géologie, à l’argile située à la base des ter- et des rivières , la berge des fossés etc. De ses ra-
,
rains tertiaires , et qui recouvre immédiatement la cines on fait découler par incision un suc gommeux
craie : telle est l’argile d’Auteuil, près Paris, d’Abon- employé dans 1a médecine vétérinaire. Le bois est
dant, près Dreux , de Stourbridge, en Angleterre , la blanc et très-dur. L’Argousier abonde en Provence,
terre de pipe de Vollcndar, près de Cobleutz, et l’ar- en Dauphiné, dans les Alpes et sur les bords du Rhin.
gile de Gross-Almerode , dont on fait les creusets de ARGOUSIN (corruption de l’csp. alguazil), bas-
Hesse. —UA. plombagine, argile mélangée de bi- officier chargé dans les bagnesde la garde des forçats.
tume ou de charbon , s’emploie avec avantage à la ARGUE , sorte de filière à l’usage des tireurs d’or,
fabrication des creusets pour acier fondu. qui sert à dégrossir les lingots d’or et d’argent. 11
ARGILOLITHE {A’argillos argile, et lithos, y a dans plusieurs villes de France, notamment à
pierre ), roche de grès rouge renfermant des parties Paris, à Lyon, à Trévoux, des Bureaux de l' Argue,
argileuses plus compactes, que l’on a confondues où les orfèvres et les tireurs d’or font dégrossir leurs
avec des pétrosilex ou des trachytes décomposées. lingots.Ces bureaux ont été établis dans l’origine
ARGO , grande constellation de l’hémisphère au- pour conserver au fisc les droits de marque. 11 est dé-
stral , renferme de Ir® grandeur Canopus.
l’étoile fendu aux orfèvres d’arguer chez eux leurs métaux.
ARGONAUTE (ainsi nommé du
grec Argonautès, ARGUMENT {A’arguere, accuser, convaincre).
par allusion à l’instinct navigateur de cet animal), On donne ce nom , en Logique
,
à toute preuve em-
le Nautilus des anciens, genre de Mollusques cé- ployée pour établir une proposition , pour attaquer
phalopodes, habitant une coquille mince, blanche ou réfuter un adversaire ; c’est un raisonnement ex-
demi-transparente , qui a un peu la forme d’une primé. On en distingue de plusieurs sortes : sous le
nacelle. Il a autour de la bouche huit pieds por- rapport de la forme , les principaux arguments sont
tant chacun deux rangs de ventouses, et sa bouche le syllogisme, le prosyllogisme, l’enthymème, l’épi-
est armée d’un bec noirâtre, corné, en forme de chéreme,lediiemme,le sorite,i’excmple,rinduction ;
bec de perroquet. L’animal ne ticnT à sa coquille — sous ie rapport de la méthode de démonstration
par aucun ligament et peut même la quitter dans les arguments sont dits à priori ou à posteriori, se-
un danger pressant, lorsqu’elle l’embarrasse dans lon qu’ils sont déduits d’axiomes, de vérités précé-
sa fuite. Les anciens ont cru que l'Argonaute pou- demment démontrées, ou qu’ils s’appuient sur l’ex-
vait s’élever du fond de la mer, retourner sa co- périence ;
— sous rapport du genre de certitude
le
quille à la surface de l’eau, voguer ainsi par un qu’ils comportent, ils sont apodictiques ou dialecti-
vent doux en se servant de six de ses bras comme ques, selon qu’ils reposent sur des vérités nécessaires
de rames, et des deux autres, élargis aux extrémités, et absolues ou sur des propositions d’une vérité con-
comme de voiles ; qu’enün , au moindre danger, il tingente ou relative. —
On appelle A. ad hominem,
pouvait retirer promptement ses agrès et se préci- celui qui s’adresse directement à l’adversaire, en se
piter au fond de la mer. Mais on sait maintenant servant contre lui de ses propres concessions. — L’ar-
que l’Argonaute nage à reculons comme les autres gumentation consiste dans Tart de manier les argu-
céphalopodes, par le refoulement de Teau au moyen ments pour établir une vérité ou attaquer une erreur.
de son tube locomoteur. On le trouve dans la MédP- Les Scolastiques avaient poussé cet art jusqu’à l’abus.
terrannée , les mers de l’Inde et le Grand Océan. On s’exerce encore aujourd’hui à l’argumentation
ARGOT, langage particulier aux malfaiteurs. dans les cours de philosophie , surtout dans les sé-
Chaque pays a le sien. Comme la connaissance de minaires.
ce langage peut être utile à la justice , on en a donné En Astronomie , on nomme argument la quantité
des vocabulaires : Péchon de Ruby publia, dès 1622, de laquelle dépend une équation, une inégalité ou
la Vie généreuse des Mallois, gueux, bohémiens une circonstance quelconque du mouvement d’une
et cagoux, contenant leurs façons de vivre, subti- planète. L’A. de latitude est la distance d’une pla-
lités et gergon; Grand val a donné un Dictionnaire nète à son nœud ascendant , parce que cette distance
A rgot français ; Vidocq a rédigé un vocabulaire de l’ar- sert à calculer la latitude de la planète ; l'A. annuel
got de nos jours ; M. Francisque Michel a publié de cu- est la distance du soleil à l’apogée de la lune, ou
rieuses Études de philologie comparée sur VA., 1855. l’arc de l’écliptique compris entre le soleil et cet
Voici quelques exemples de termes d’A buter, chou-
. : apogée; VA. de la parallaxe est l’effet qu’elle pro-
riner, tuer; grinche ,yote\xr-, goepeur, vagabond; duit sur une observation , et qui sert à déterminer
ouvrage, vol; travailler, voler; manger le mor- la parallaxe horizontale.
ceau, révéler; marquant, ivrogne; cogne-grive, ARGUS (du nom d’un personnage mythologique
gendarme; la rousse, la police; Jiloche, bourse; qui fut changé en paon). Ce nom a été donné à des
pré, bagne; escarpe, assassin; enflaquer, arrêter; animaux de natures fort différentes. En Ornithologie,
mousselùie pièces d’argent; sor bonne, tête, etc. V Argus est une espèce du genre Faisan^ Phasianus
Cette langue se compose partie de mots pris dans un Argus : c’est un magniüque oiseau, qu on trouve à
sens différent de leur acception vulgaire {canton, Java et à Sumatra, et dont la chair est très-délicate.
prison ; lance, eau) ; partie de mots suggérés par quel- Son nom lui vient du grand nombre d’yeux répandus
que analogie {curieux , ]\xge d’instruction; tocante, sur sou plumage. Toutefois, il diffère du paon par ses
montre; tournante, clef; cassantes, noix; cornant, reclrices moins nombreuses et par l’absence d’ergots
bœuf); partie de mots estropiés (boutanc/ie, bouti- —
aux tarses. ^En lchthyologie,deux poissons ont reçu
que; santM, santé; tontine, tout); partie de mots le nom à’A7'gus : l'un, de la famille des Leptoso-
entièrement fabriqués {satou, bois; tirou, chemin). mes , est remarquable par ses vives couleurs ; l’autre
ARGOUSIER, Hippophaë, genre dé la famille des est un pleuronecte ou poisson plat, et présente,
Elæagnées , renfermant des arbrisseaux qui peuvent comme les soles, les limandes, etc., deux yeux
atteindre 4 ou 5 m. de haut, mais qui forment le plus placés d’un même côté de la tête. —
Parmi les Rep-
souvent des buissons hauts de 1 m. on de 1 m. 1/2. tiles, une couleuvre et une espèce de lézard portenl
L’Argousier est épineux, garni de feuilles alternes, le nom d’Argus. —
En Entomologie , c’est une espèce
persistantes, pai semôes en dessous d’écailles blanches de Papillon diurne du genre Polyommate; ses ailes
ou roussâtres, ainsi que les rameaux ; les fleurs sont sont d’un beau bleu et tachetées ; il voltige sur les
petites, vertes, dioiques, et les fleurs mâles à 4 éta- bruyères et les prairies. Il est commun eu France.
, ,

ARIA - 99 — ARIS
— En Malacologie J
on nomme Argus une coquille aux environs des marais Pontins. L’arm cattiva se
(lu genre Porcelaine, qui est recouverte de taches fait sentir à Rome même dans la ville basse. C’est
,

semblables à des yeux. ce qu’on nomme aussi malaria (mauvais air).


ARG YLIE (du nom d’un duc A’Argyle, en Écosse) ARIADNE (nom d’un personnage mythologique),
genre de la famille des Bignoniacées, tribu des Bi- genre d’ Aranéides détaché des Dysdères, et caracté-
gnoniées, renferme quelques espèces originaires du risé par les yeux intermédiaires de la ligue posté-
Chili, à tiges dressées et cylindriques , à feuilles al- rieure, plus gros que les autres. Ce genre a pour
ternes peltées digitées, et à fleurs terminales {pres- type l’A. insidiatrke qu’on trouve en Egypte.
que en grappes, jaunes et à gorge ponctuée de rouge. ARICIE (nom mythologique), genre d’Annélides
ARGYNNE, genre d’insectes Lépidoptères. Ce sont errantes, qui vit dans la mer. On en trouve plusieurs
des papillons de jour, dont les antennes sont termi- espèces sur les eûtes d’Europe. —
Genre de Diptères
nées par une espèce de bouton ; les organes de la athéricères, tribu des Muscides, section des AnUiomy-
bouche sont apparents. Les chenilles sont épineuses sides, qui fréquente ies lieux humides, et dont les
et vivent sur les violettes et plantes semblables. Leurs larves se développent dans des détritus de matières
chrysalides, qui ont la forme d’un sabot, se suspen- végétales. L’A. lardicre est commune partout.
dent par la queue. On en distingue plusieurs espèces : ARIETTE, diminutif d’aria, air. C’est un petit air
A. nacré, A. collier argenté , A. petite violette, A. détaché, léger et gracieux , tenant le milieu entre la
cardinal. Cette dernière espèce, commune dans le romance et la chanson. Très en usage au xvu® siècle,
midi de la France, et large de près de 7 centim. les ariettes ont passé de mode, et sont remplacées dans
et demi, est fauve avec plusieurs rangs de taches les opéras parce qu’on appelle aujourd’hui cavatine.
rondes et une ligne prolongée sur les deux ailes en ARILLE, arillus,prolongement du cordon ombi-
zigzags noirs. Les ailes antérieures sont verdâtres en lical des graines : une expansion du tropho-
c’est
dessous ; les inférieures sont d'un vert mat, traversées sperme ou podosperme qui se répand sur la graine de
longitu(linalement par quatre bandes argentées. certaines plantes et la recouvre plus ou moins. On
ARGYRE (du grec argyros, argent), insecte Dip- l’observe sur la graine du muscadier (où elle prend
tère brachocère
,
de la famille de Braehystomes le nom demacis), sarcelle de l’oxalide,du fusain, etc.
tribu des üolichopodes. Ce genre tire son nom du Ou nomma arillée la graine qui présente une arille.
duvet argenté qui recouvre le corps des principales ARION (d’un nom mythologique), genre de Mol-
espèces. Les caractères du genre sont : front dé- lusques, détaché de celui des Limaces, est caractérisé
primé, article des antennes comprimé et pointu, yeux par un pore muqueux situé à l’extrémité du corps.
velus, et appendices de l’abdomen filiforme. L’es- Les Arions vivent dans les endroits liumides des jai-
pèce principale est l’A. diaphane qu’on voitvoler en dinsj leur couleur est d’un rouge foncé. On connaît
mai et en juin dans toute l’Europe. la faveur populaire dont jouit l’A. des empiriques
z^GYREE (du grec argyréios, d’argent) . En Zoo- ou limace rouge. Les charlatans vendent la poudre
logie, c’est un genre de Lépidoptères diurnes, de la qu’ils en retirent par la calcination, pour guérir
famille des Papilionides, remarquable par les bandes diverses maladies. Voy. limace.
et les taches de points ocellés, argentés ou dorés qui ARISTOCRATIE (du grec aristos, meilleur, et
ornent leurs ailes. — En Botanique, on désigne par ce cratéia, pouvoir), forme de gouvernement où l’au-
nom un genre de la famille des Convolvulacées, tribu torité serait confiée aux hommes les meilleurs, aux
des Convolvulées caractérisé par un calice à 5 feuilles plus vertueux et aux plus éclairés. Il est douteux que
,
un ovaire biloculaire, un embryon courbe, et des ce type idéal ait jamais été réalisé, et l’aristocratie n';
cotylédons ridés à radicule infère. Ce sont des ar bris- été le plus souvent que le gouvernement des princi'
seaux volubiles, à fleurs amples et élégantes, que l’on paux citoyens, de ceux qui s’élevaient au-dessus du
cultive comme ornement de serre chaude. autres par leur puissance ou leurs richesses. Tels fu-
ARGYRIDES (à’ argyros, argent), nom donné par rent dans l’antiquité les gouvernements d’Athènu.-
Beudant à une famille de minéraux qui ont pour sousla législation de Solon ; ceux de Rome et de Car-
type l’argent. thage; etdans les temps modernes, les gouvernements
ARGYROLÉPIS idu grec argyros, argent, et de Venise, de Gènes, de Berne, qu’il serait mieux du
lépis, écaille )
,
genre de Lépidoptères de la famille des nommer des oligarchies. —
Dans plusieurs monar-
Nocturnes, tribu des Platyomides , papillon remar- chies l’aristocratie a une grande place, comme ou le
quable par les raies et les taches argentées qui, dans voit en Angleterre et en France, où la noblesse a de
toutes les espèces, ornent les ailes déjà, éclatantes de tout temps joué un rôle important : la Chambre des
riches couleurs. Le type de ce genre est ÏA. de Bau- Lords en Angleterre, laChambre des Pairs en France,
mann [Pyralis Baumannia, Fabr.), qu’on rencontre sont des institutions aristocratiques. — Depuis la Ré-
quelquefois aux environs de Paris. volution, le mot aristocrate, aujourd’hui abrégé par
ARGYRONETE (d’argyros, argent, et néô, filer), le peuple en celui d’aristo, aété employé abusivement
genre d’araignée de l’ordre des Pulmonaires, famUle pour désigner, non-seulement les nobles et les privi-
des Aranéides. — L’A. aquatique condamnée à légiés, mais tous ceux qu’on suspectait d 'être attachés
vivre au sein des eaux, et ne pouvant respirer que à l’ancien régime ou de possécler quelque richesse;
l’air atmosphérique, sécrète une matière soyeuse ce n’était le plus souvent qu’une qualification perfide
qu’elle étale et dont elle se fait une cloche qu’elle adoptée par les délateurs pour perdre leurs victimes.
remplit d’air. Cette même cloche lui sert de retraite ARISTOLOCHE (en grec aristolochéia, d’aristos,
et de filet pour prendre sa proie. L’argyronète se excellent, eXlochéia, accouchement, parce que cett(i
trouve en France, mais principalement dans le nord plante passait chez les anciens pour faciliter les ac-
de l’Europe , jusqu’en Suède et en Laponie. couchements) , genre type de la famille des Aristo-
ARGYROSE. Voy. argent sdlfuré. lochiées. C’est une herbe ligneuse, ayant pour ca-
ARGYRYTHROSE {d’argyros, argent, et érythros, ractères un périanthe marcescent , tubuleux , ventru
royge) Fow. argent roüge,
. à la base, et six étamines adnées au style et au stig-
ARHIZES (de a priv. , etrhiza, racine), nom mate, avec anthères introrses; la fleur, dépourvue de-
sous lequel Richard désigne les plantes acotylédones, corolle, présente un calice en forme de siphon re-
plantes qui sont dépourvues d’embryon, et par con- courbé ou de tube terminé en languette, qui ne per
-séquent de radicule. met de la confondre avec aucune autre. Nous cite-
ARIA CATTIVA (air contagieux). Les Italiens dé- rons l’A. clématite {Voy. clématite); l’A. siphon, ori-
signent par ce nom les émanations marécageuses qui ginaire de Virginie, dont les tiges dépassent 10 m.
produisent des fièvres pernicieuses dans la campagne de longueur, et qui dans nos jardins recouvrent les
de Rome, et dont l’influence s’exerce principalement berceaux de leurs larges feuilles en creur; \aSerpen-
, , , ,,
.

AKIT 100 — ARMA


taire de Virginie ou Â. anguicida, dont le suc, au des divisions logzu’ithmiques, qui servent à exécuter
rapport de Jacquin, engourdit et tue les serpents; l'A. les calculs arithmétiques. M. Thomas, de Colmar, a
longue et VA. ronde, employées comme sudorifique. inventé en 1851 un arithmomètre ou machine à cal-
ARISTÜLÜCHIEES, famille de plantes dicotylé- culer. C’est un appareil en bois ou en cuivre , avec
dones, apétales et liermaplirodites, à ovaire adhé- lequel on obtient des produits de quatrillions en
rent de 3 à 6 loges, et à étamines épigynes au nom- quelques secondes; on en extrait la racine carrée
bre de 6 à 12, a pour type l’Aristoloche. Leurs avec la preuve, en une minute 20 secondes,
tiges sont herbacées, ou frutescentes ou grimpantes, ARKOSE , roche qui varie beaucoup dans sa tex-
et leur feuilles simples et alternes. V. aristoloche. ture, tantôt grenue et composée de grains de quartz
ARITHMÉTHJUE (en grec arithmétiké dérivé hyalin et de feldspath, tantôt compacte ou argi-
à’arithmos nombre , science des nombres , qui a
)
loide. Dans l’A. commune, le quartz est dominant ;
pour objet la réalisation des calculs. On la nomme dans l’A. granitdide, c’est le fÿdspath; dans l’A.
A. numérale, quand elle opère sur des nombres milliaire, les grains sont d’une petitesse remarqua-
déterminés, et emploie des chiffres; et A, lit- ble. L’A. friable ou Arène sert à faire des mortiers
térale ou spécieuse, quand, au lieu de chiffres, hydrauliques. On emploie plusieurs variétés à faire
elle emploie les lettres de l’alphabet ; celle - ci des cheminées de fourneaux , des carreaux de dal-
reçoit le nom à’ algèbre. —
Les nombres peuvent être lage ou des meules de moulin.
considérés sous le rapport de leur formation ou gé- ARLEQUIN , personnage comique de la scène ita-
nération , et sous celui de leur relation ou compa- lienne , destiné primitivement à amuser le public
raison. Le premier point de vue conduit aux diîl'é- par ses lazzi pendant les intervalles des représenta-
rentes opérations d’arithmétique ; addition , sous- tions , a pour costume un vêtement collant, composé
traction, multiplication , division, élévation aux de morceaux de drap triangulaires de couleurs di-
puissances , extraction des racines. De la compa- verses , et des souliers sans talons. 11 a la tête rasée
laison des nombres résultent les rapports, propor- un masque noir et une batte à la main. Son caractère
tions, progressions, logarithmes. Voy. ces mots. est un mélange de naïveté , d’esprit , de malice et
L’origine de l’arithmétique est extrêmement obs- de grâce , joint à une extrême agilité. Importé en
cure. Selon Platon et Diogène Laërce , l’arithméti- France au xviii® siècle , l’arlequin devint bientôt le
que et la géométrie seraient d’origine égyptienne; personnage à la mode, et fut, avec Colombine , sa
.1osèphe,au contraire, afQrme qu’ Abraham, pendant maîtresse, le héros de cent petites pièces qui prirent
son séjour en Égypte , avait le premier enseigné le nom d’arlequinades. Dominique , Carlin , Tho-
l'arithmétique aux habitants de ce pays. On ne sau- massin, Laporte , se firent un nom dans ce rôle. —
rait, non plus, préciser l’époque â laquelle' s’éta- Les uns voient dans l’Arlequin un reste des anciens
blirent les signes numériques et les premières mé- mimes; les autres le disent tout récent, et placent sa
thodes de calcul. 11 est constant , toutefois , que naissance en 1580 : ils racontent que plusieurs en-
presque toutes les nations ont été conduites à poser fants de Bergame, l’étant cotisés pour habiller un
la même échelle numérique pour base de leur arilh- de leurs camarades pauvre, lui apportèrent chacun
métique; car, à l’exception des Chinois, tous les un morceau de drap de couleur différente , dont il
peuples ont clioisi la division décimale ou la mé- fut fait un seul habit. On prétend qu’Arlequin re-
thode de calculer par période de dix , sans doute présente plus particulièrement les ridicules du pays
par suite de l’habitude , contractée dès l’enfance bergamasque.
de compter sur les doigts. Voy. numération. En Zoologie, le nom d’ Arlequin a été donné à plu-
Les savants arabes sont d’accord pour reconnaître sieurs animaux remarquables par la bigarrure de
que c’est aux peuples de l’Inde qu’ils ont emprunté, leurs couleurs ; aux chiens danois; à une espèce de
vers le x" siècle , les caractères que nous nommons colibri [Trochilus multicolor) ; à une grande et belle
chiffres arabes, et qu’ils nommaient chiffres in- espèce de Coléoptères de Cayenne, de la tribu des La-
diens. Ce fut vers le commencement du xiii« siècle miaires. —
On appelle Ar/eç«i«eunecoquille du genre
que l’arithmétique arabe se répandit en Europe. Le Porcelaine, longtemps fort rare, mais aujourd’hui as-
moine grec Planude,Jean Halifax, plus connu sous le sez commune {Cyprœahistrio,^.); fausse Arlequine
nom de Sacro-Bosco , et plus tard , après l’invention une autre espèce du même
genre {Cypræa arabica).
de l’imprimerie, Lucas de Burgoet Nicolas Tartaglia ARIIADILLE , genre de Crustacés de la famille
en Italie, Clavius et Ramus en France, Stifelius et des Cloportides, ordre des Isopodes, renfermant
llenischius en Allemagne , Buckley , Diggs et Re- des animaux assez semblables aux cloportes, qui ha-
corde en Angleterre , peuvent être cités comme les bitent les lieux humides , caves , rochers , etc. L’A
principaux arithméticiens de cette première époque des boutiques est grise , et a le 2« anneau du corps
de la science. Mais l’arithmétique ne doit son entier très-grand et échancré. Voy. cloporte.
développement qu’aux immenses progrès que fit l'al- AIÏMARINTE , plante. Voy. cachryde.
gèbre dans les deux derniers siècles. Voy. algèbre. ARMATEUR ,
celui (jui arme un navire , c’est-à-
Les traités d’arithmétique les plus estimés eu dire qui le fournit de tout ce qui lui est nécessaire
France sont ceux de Lacroix, de Clairaut,de Be- pour aller en mer mâture , voilure , gréement
:

zout, de Mauduit; les plus répandus aujourd’hui armes, munitions , etc. L’armateur est tantôt un
sont ceux de Reynaud, Bourdon, Cirodde, Guilmin, négociant qui affrète un vaisseau , et le charge de
Bertrand, Tarnier; et ceux de Grémilliet, Degrange, marchandises pour l’expédier à un port de com-
Midy, Querret, Lonquêtre, Juvigny, appliqués au com- merce tels sont les armateurs du Havre , de Mar-
:

merce. M.Saigeya donné desProWèm.eiarithm^h'gMM. seille de Toulon , de Bordeaux , de Cherbourg , de


,
Diverses machines et divers moyens graphiques Saint-Malo , etc. ; tantôt le commandant d’un vais-
ont été imaginés pour abréger ou simplifier les cal- seau armé en course, et destiné à s'emparer, en
culs d’ar'thmétique : tels sont le Calculateur de Pas- temps de guerre , des bâtiments ennemis dans ce :

cal , la Machine arithmétique de Leibnitz, les Bâ- second sens, armateur est à peu près synonyme de
tons de Néper, les Machines à calculer de L’Épine et corsaire. Presque tous nos célèbresmarinsdu xvirtsiè-
do Boitissendeau , de Royer, du Milanais Torchi, cle, Jean-Bart, Duguay-Trouin, etc., ont commencé
Y Abaque ou Compteur universel de M. Léon La- leur carrière par être armateurs. Voy. corsaire.
lanne, Y Arithmom&tre de M. Thomas, de Colmar, ARMATURE ou armure se dit, en Physique, des
(Voy. ces mots). La plupart de ces moyens mécani- pièces de fer doux qui sont mises en contact avec les
ques sont plus curieux qu’utiles. aimants, pour en maintenir l’activité par la décom-
ARITHMOMÈTRE (du grec arithmos, nombre, et position magnétique qu’elles éprouvent. Pour armer
métron, mesure), instrument sur lequel sont tracées des barreaux aimantés, on les dispose parallèlement.
, D, , .

ARME — 101 ARMO


de manière que les pôles contraires se correspon- Dans T Art militaire , arme se dit des différents
dent , et on ajoute transversalement aux deux extré- corps de troupes qui composent une armée : in-
mités deux prismes quadrangulaires de fer doux qui fanterie, cavalerie, artillerie , génie. On l’applique
complètent le parallélogramme. Chacune de ces même aux subdivisions de ces corps , et l’on dit :
pièces de fer devient ainsi un aimant qui réagit sur l’arme de l’infanterie légère ou de l’infanterie de
les barreaux pour y fixer les fluides décomposés. ligne, l’arme des dragons, des lanciers, des cui-
Dans les Arts mécaniques, ou nomme armature rassiers, etc. On doit au colonel prussien Decker
tout assemblage de barres ou liens de fer servant à un traité des Trois armes (infanterie, cavalerie,
soutenir ou à contenir les parties d’un ouvrage de ma- artillerie, comprenant le génie), traduit en fran-
çonnerie, de charpenterie , de mécanique , d’un mo- çais en 1851 : c’est un excellent guide pratique.
dèle de sculpture eu terre, d’une flgurede bronze, etc. ARMES HÉRALDIQUES. Voy. ARMOIRIES.
L’armature des fondeurs se compose de plusieurs ARMES d’honneur , armes décernées aux soldats
pièces attachées les unes aux autres au moyen de pour des actions éclatantes : ce genre de récom-
vis^ de clavettes , de boulons. pense , déjà fréquent chez les anciens , notamment
Ln Musique, l’arma^Mre est la réunion des signes qui chez les Romains et les Gaulois , fut renouvelé sous
se trouvent à la clef et qui sont affectés au ton et au la République française par un décret de la Conven-
mode dans lesquels le morceau de musique est écrit. tion. Cette institution a été supprimée lors de la
ARMÉE (par ellipse pour troupe armée, force création de la Légion d’honneur, qui l’a remplacée
trméeb C’est l’ensemble des forces militaires d’un avec avantage par la décoration.
Etat. On distingue A. de terre, A. de mer ou na-
: ARMES PROHIBÉES. Aux tcrmes d’une ordonnance
lale' A. de guerre ou d’ expédition, A. de réserve, du 23 mars 1728, encore en vigueur, toute fabrique,
A. d’observation; A. active, A. sédentaire, tous commerce, port et usage de poignards, fusils,
mots qui s’entendent d’eux-mêmes. L’armée propre- baïonnettes, pistolets de poche , épées en bâton, et
ment dite est une force active permanente et tout autres armes offensives, cachées ou secrètes, sont
srganisée pour le combat. Elle se compose à’infan- défendues. Les fusils à vent , les cannes renfermant
\erie , de cavalerie
,
A’ artillerie et de troupes de une arme à feu ont,depuis, été compris dans la même
jénie (Voy. ces mots) Elle se fractionne en divisions,
. prohibition. Aux termes de l’ait. 314 du Code pénal,
brigades, régiments; les régiments se subdivisent tout porteur d’armes prohibées est puni d’un empri-
cux-mèmes en bataillons (infanterie), escadrons sonnement de six jours à six mois. —
Toutefois , le
[cavalerie) batteries (artillerie).
,
port d’armes de chasse est permis à certaines épo-
Les armées chez la.,plupart des peuples anciens et ques et à des conditions déterminées par la loi. Voy.
dans les premiers siècles de l’histoire moderne, sous PORT d’armes.
le régime féodal, étaient purement temporaires et se ARMILLAIRE (sphère) , du latin armilla, bra-
dissolvaient le plus souvent au bout d’une campagne : celet. Voy. SPHÈRE.
l’armée n’est devenue permanente en France que sous ARMILLES (du latin armilla, bracelet). On
Philippe-Auguste ; elle n’a même été définitivement nomme ainsi, en Architecture, les moulures qui en-
organisée qu’en 1374. h’ Annuaire militaire donne tourent en forme d’anneaux le chapiteau dorique im-
chaque année les détails de l’état actuel de l’armée. médiatement au-dessous de l’ove. Ces moulures se
On doit à M. le général Bardin un Dictionna ire de nomment filets ou listeaux, lorsque, au lieu de tour-
l’Armée (1851), à M. Pascal l'Histoire de l’Armée ner circulairement, elles sont étendues en ligue droite.
(1854), et à M. Durat-Lasalle un Traité du Droit et de En Astronomie , c’est un instrument composé de
ia Législation des A. de terre et de mer (1842-46). deux cercles de cuivre gradués , fixés dans le plan
ARMÉE NAVALE. Elle S6 composB de trois escadres de l’équateur et du méridien , dont se servaient les
commandées , la première par un amiral ou par un anciens astronomes pour prendre des angles. Les
vice-amiral commandant en chef, la deuxième par un armilles d’Alexandrie servirent à d’importantes ob-
vice-amiral , et la troisième par un contre-amiral. servations qui conduisirent Hipparque à déterminer
Chacune des escadres doit avoir au moins deux divi- le changement de situation des étoiles fixes et la
sions. Une division ne saurait compter moins de précession des équinoxes. Tycho-Brahé est le dernier
trois vaisseaux elle est commandée par le capitaine astronome qui se soit servi d’armilles.
;
le plus ancien. 11 y a, en outre plusieurs frégates ARMISTICE [A’arma, et de la terminaison sti-
,
et bâtiments légers destinés à éclairer la marche et tium dérivé de stare, s’arrêter) , suspension des
à porter les ordres. actes d’hostilité entre deux armées. Sa durée est dé-
ARMES (du celtique arm, bras?). On distingue : terminée par la convention ; on ne reprend les ar-
.d. offensives, subdivisées elles-mêmes en A. de mes que quand une des parties belligérantes a notifié
main, autrefois d. d’Aas< (massue, épieu, lance, pi- à l’autre la reprise des hostilités; ce qu’on appelle
que,ballebarde,sabre,épée,etc.) etd. rfeyW (fronde, dénoncer V armistice. Le plus souvent l’armistice
javelot, arc et flèche, arbalète, arquebuse, mousquet est un acheminement à la conclusion d’une trêve ou
ou fusil, pistolet, etc.) , 2“ A. défensives (bouclier, d’une paix définitive.
casque , cuirasse , brassard, cuissard etc.). Aujoui-
, ARMOIRE [à’armarium, parce que, sans doute,
(l’hui on divise vulgairement les armes offensives en les premières armoires servirent à serrer des armes)
A. blanches (sabre, épée) et A. à feu (fusil, pistolet, Les comptables ont généralement une Armoire à

canon, etc.). Les fabriques d’armes les plus renom- trois clefs y où sont déposées les sommes impor-
mées au moyen âge étaient celles de Damas, de Cré- tantes, et qu’ils ne peuvent ouvrir sans le concours
mone, de Tolède. Les plus importantes aujourd’hui d’agents supérieurs.
sont, en France, celles de Paris, Saint-Étienne, On connaît, sous le nom A’Armoire de fer, une
Cbarleville, Metz, Strasbourg, Rouen, Amboise; armoire secrète du château des Tuileries, décou-
en Belgique, celles de Liège, Namur; en Angle- verte au mois de novembre 1792 par les révéla-
^®Ere, celles de Birmingham, Sheffield, etc. — tions de l’ouvrier serrurier qui l’avait construite
y a en France quatre manufactures d’armes du Gou- pour Louis XYl. Les papiers qu’on y trouva, ou
vernement , dont trois pour les armes à feu seule- qu’on prétendit y avoir trouvés , fournirent contre
ment, Saint-Étienne, Tulle et Mutzig, et une à la fois l’infortuné monarque plusieurs chefs d’accusation.
pour les armes blanches et les armes à feu, Châtelle- ARMOIRIES ou armes héraldiques , emblèmes do
rault; la direction et la surveillance en sont confiées noblesse et de dignité que l’on portait originairement
à des officiers d’artillerie. Il en avait une cinquième sur les armures et les drapeaux, et qui servent à dis-
y
à Klingenthal, près de Schelestadt; elle a été ré- tinguer les personnes, les famiUes, les sociétés ou cor-
cenunent supprimée. porations, les villes et les nations. La science qiu
, , , , ,.,

ARMO — 102 — AROI


traite de ces emblèmes est le Blason {Voy. ce mot). droits de l’Italie. On en tire aussi
des Indes Orientales.
— Si l’on considère les armoiries sous ie rapport ARMORACIA (nom ancien de l’espèce-type, com-
(le leur composition, on y distingue Vécu, les émaux mune dans l’Armorique ou Bretagne) ,
genre de la
et les figures ornements qui sont décrits à l’article famille des Crucifères, tribu des Alyssiniées, caractérisé
BLASON. Si on les considère sous celui de leur desti- par son calice à 4 sépales égaux, sa corolle à
nation ou de leur signification, on en distingue de 4 pétales onguiculés , ses 6 étamines alternant
liuit espèces; A. de domaine, destinées à symbo- avec 6 petites glandes situées à la base de la corolle.
liser les empires, royaumeç, fiefs; 2. A. de dignités, L’espèce connue des anciens est YA. rusticana {Co-
symboles de certaines fonctions, que l’on porte indé- chlearia armcracia de Linné), vulgairement Rai/br^
pendamment des armes personnelles; 3. A. de con- sauvage, Cranson de Bretagne , Moutardel le dont
cession, qui contiennent quelques signes ou pièces la racine a une saveur piquante comme celle de la
des armoiries des souverains, conceWe^ par honneur moutarde. On s’en sert comme d’assaisonnement ; la
à un particulier; 4. A. de villes, que les cités adop- médecine l’emploie comme vermifuge , stimulant,
tèrent pour la plupart lors de l’affranchissement des diurétique , et surtout comme antiscorbutique.
communes; 5. A. de patronage, dans lesquelles les ARMORIAL , registre ou catalogue contenant les
armes de la ville sont unies à celles d’un prince, sous armes ou armoiries de la noblesse d’un royaume
le patronage duquel elle se place; A. de préten- celles d’une province, d’une ville, d’une famille,
tion , qui contiennent des pièces destinées à indiquer dessinées, peintes ou seulement décrites. —Il existe
les droits que l’on prétend avoir sur certains domai- dans chai^ue pays un grand nombre de recueils de co
nes;?. .4. de sociétés OTi de corporations, telles qu’u- genre : on connaît surtout le Livre d’Or, armorial
nivcrsités, académies, communautésreligieuses, corps de Venise, ouvert en 1297 par ledogeGradenigo, pour
de marchands et artisans; i.A. de famille, les plus y inscrire toutes les familles nobles de la Républi-
nombreuses de toutes, quisont dites légitimes, vraies, que; Y Armorial général de France, dressé par
pures, ci pleines, quand elles ne sont accompagnées (i’Hozier, grand généalogiste et juge d’armes de
d’aucun signe accessoire; brisées, quand les cadets France, continué par de La Chesnaie des Bois; Y Ar-
les modifient pour se distinguer des aînés; diffa- morial de r Empire français, parH.Simon.M. Jouf-
mées quand souverain, pour quelque méfait , y
le froy d’Escliavannes a publié récemment un Armo-
apporte quelque modification injurieuse ; à enquérir, rial universel, 1844-50. Voy. armoiries.
lorscpi’el'es violent les règles héraldiques , et pré- ARMURE, mot qui désigna chez les Grecs, les
sentent (luelque chose de louche; parlantes, lors- Romains, au moyen âge, et même jusqu’à Louis XIV,
qu’elles (résignent le nom de celui qui les porte. toutes les pièces dont s’armaient les guerriers, mais
Les armoiries de famille avaient été abolies en surtout les armes défensives , telles que le casque
France, en même temps que la noblesse , par l’Assem- le bouclier, la cuirasse, les brassards, cuissards,
blée nationale , le 20 juin 1790. Elles ont été rétablies gantelets, etc. Voy. panoplie.
en 1804 par Napoléon, qui créa une nouvelle noblesse, ARMURE, en Magnétisme. Voy. armature.
à laquelle il donna de nouvelles armoiries. Elles ont ARMURIER. On nommait ainsi primitivement
été reconnues par Louis XVIII, et ont survécu à. la l’ouvrier qui fabriquait ou vendait des armes défen-
révolution de 1848, bien qu’il ait été défendu de sives, comme casijues, evurasses, et on le distinguait
rendre des titres de noblesse dans les actes publics. de Y arquebusier, (pii fabrique des armes à jet et des
E es armoiries des villes avaient aussi été suppri- armes à feu. Aujourd’hui, on réunit sous le nom gé-
mées à la Révolution ; elles ont été rétablies par or- néral éYarmuriers tous ceux qui fabriquent des
donnance du 26 septembre 1814; il est d’usage de armes, de quelque nature qu’elles soient. Voy. armes.
les graver sur le sceau de la mairie de les représen-
,
Les armuriers sont soumis à des règlements sé-
ter sur les édifices municipaux, sur le drapeau de la vères ils sont tenus, aux termes d’une ordonnance
:

garde nationale, etc. du 24 juillet 1816, (l’avoir un registre parafé indi-


On peut consulter, outre les traités de Blason , la quant l’espèce et la quantité d’armes qu’ils fabri-
Vraie et parfaite science des armoiries du mar- quent ou vendent, avec les noms des acheteurs. Ils
quis de Magny, 1845 ; le Nouveau traité historique ne peuvent donner à leurs armes le calibre de
et archéologique de la science des armoiries, du guerre (décret du 14 déc. 1810). Enfin, ils ne peu-
môme auteur, ainsi que les Armoriais. Voy. ce mot. vent, sous peine d’emprisonnement et de confiscation,
ARMOISE (par corruption i’artemisia nom latin vendre des armes prohibées. Voy. ce mot. M. Pau- —
de cette plante) , genre de plantes de la famille des lin Desormeaux a publié un Manuel de V Armurier.
Composées, tribu des Artémisiées, caractérisé par ARNl, espèce de Buffle. Voy. buffle.
ses capitules discoïdes ses fleurs en panicules ra-
,
ARNICA (d e péarmica, s ternutatoi re?) , g. de la fara
meuses et ses feuüles alternes, découpées, coton- des Composées, tribu des Sénécionidées,se distingue
neuses en dessous. Ce genre renferme des plantes par l’aigrette qui couronne toutes les graines. Les
herbacées ou frutescentes, remarquables par une fleurs sont jaunes et radiées, les feuilles opposées ou
huile volatile et un principe amer, auxquels elles alternes, radicales ou caulinaires. L’arniquo est ster-
doivent des propriétés aromatiques et toniques. Les nutatoire, et est employée en médecine à cause de
principales espèces de ce genre sont 1» YArtemisia
: ses propriétés excitantes, surtout dans le traitement
vulga)'is,ou Armoise vulgaire, plante très-commune, des lésions mécaniques. On s’en sert à l’état de tein-
abondante en principes amers et résineux, et dont la ture. Les médecins homœopathes l’emploient de plus
tige, haute d’un mètre, est remarquable par ses bou- dans les congestions sanguines , les hémorragies ac-
(piets de fleurs petites, d’un blanc jaunâtre, extrême- tives , l’apoplexie cérébrale, les affections rhumatis-
ment nombreuses : ces fleurs sont, depuis Hippocrate, males, et en général partout où la médecine ordi-
employées en médecine comme emménagogues, toni- naire a recours à la saignée. On appelle aussi cette
ques et antispasmodiques la racine a été préconisée
;
plante Tabac des Vosges et Bétoine de montagne.
en Allemagne contre l’épilepsie; 2® Y A Absinthium
. AROBE. Voy. arrobb.
ou Absinthe, plus riche en principes Eiromatiques que AROIDEES ou ARACÉES {S Arum, nom latin du
la précédente; 3°YA. Dracunculus ou Estragon; Gouet qui en est le type) , famille de plantes mono-
A°YA. abrotanum ou Auroue; 5° YA.judàica ou Se- cotylédones : racine vivace , tubéreuse et charnue,
men contra, puissant vermifuge (F. semen-contra) ; feuilles embrassant la tige; beaucoup d’espèces sont
&’‘YA.acetica, (jui exhale une odeur d’acide acétique. acaules; la tige, quand elle existe, est tantôt dres-
ARMOISIN ou ARMOISE , sorte de taffetas faible et sée, tantôt sarmenteuse , et s’élevant ainsi , à l’aide
peu lustré, ordinairement de couleur rouge, qui se des végétaux ligneux, à une très-grande hauteur.
fabrique à Lyon, à Avignon, à Florence et autres en- Ces plantes naissent à l’ombre, dans les lieux humi-
, ,

ARON — 103 ARPE


renferment des sucs vénéneux. Cette famille
des, et corymbes, et que l’on cultive comme ornement il ;

renferme les genres Arum, Ambrosinia, Acorus, est propre à l’Amérique du Nord.
Colocasia, etc. AROURA (mot grec qui signifie champ), l’are des
AROMADENDRON (du gree ar orna, parfum, et Grecs , mesure de superficie qui valait 2,500 pieds
dendron, arbre), genre de la famille des Magno- grecs carrés; de nos mesures,. 2 ares, 37 m.c. 55.
liacées, tribu des Magnoliées , offrant un calice à 4 ARPÈGE ou HARPÉGE (en ital. arpeggio, de l’ital.
sépales verdâtres, et une corolle de 20 à 34 pétales arpa, harpe) , manière de faire entendre successive-
disposés en ordre quaternaire, les intérieurs graduel- ment les sons d’un accord, en les attaquant tour à tour
lement plus petits. Le fruit est un syncarpe globu- et avec rapidité, comme on le fait sur la harpe pour
leux presque ligneux. La seule espèce que l’on con- suppléer au peu de durée des notes. L’arpége diffère
naisse est \'A. élégant, l’un des plus beaux arbres de la batterie en ce qu’il ne contient que les notes
qu’on puisse voir, et qui fournit un excellent bois de d’un même accord , et qu’il les exprime régulière-
construction. Les feuilles et l’écorce exhalent un ment du grave à l’aigu et de l’aigu au grave Voy.
arôme très-agréable, et sont employées comme stoma- batterie). —
Dans la musique écrite pour le piano
(

chiques. 11 droit naturellement dans les forêts de Java. ou la harpe , on l’indique par une barre perpendi-
AROMATE (du grec aroma, parfum) , toute sub- culaipe ondulée , placée avant l’accord.
stance qui répand une odeur plus ou moins suave. ARPENT [A’ arapennis nom d’une mesure gau-
Les aromates qui sont tirés des végétaux doivent loise), ancienne mesure dé surface usitée en France,
ieur odeur à des huiles essentielles et à des résines. variant selon les localités, mais se divisant toujours
La plupart des aromates nous sont fournis par les en 100 perches. Les plus usités étaient :

]iays chauds, notamment par l’Arabie ; les uns s’em- 1“. h’ A. d’ ordonnance ou des eaux et forêts, dit
ploient en médecine , comme l’aloès et les baumes A. royal, A. légal, composé de 100 perches carrées
excitants et antispasmodiques ; d’autres servent de 22 pieds de côté, et contenant 48,400 pieds carrés;
comme assaisonnements, tels que le poivre, la mus- 2«. L'A. commun, employé dans le Gàtinais, l’Or-
cade, la cannelle , le macis , le piment, l’anis, la ba- léanais, la Brie, le Poitou, etc., composé de 100 per-
diane, la coriandre , etc. ; d’autres en parfumerie ches de 20 pieds de côté, ou 40,000 pieds carrés;
comme l’encens, la myrrhe, la vanille, le benjoin. S». L'A. de Paris, de 100 perches de 18 pieds de
L’ambre gris et le musc sont des aromates fournis par côté chacune, et contenant 900 toises carrées ou
le règne animal. 32,400 pieds carrés.
ARÜMATITE [dlaroma, arôme), anciennement Le tableau suivant donne la valeur de ces trois
Myrrhinite, substance bitumineuse qui a l’odeur et sortes d’arpents en mesures actuelles :

la couleur de la myrrhe; on la trouve en Égypte et


en Arabie, où on l’emploie comme pierre précieuse.
AROME (même étymologie) C’est cette portion du VALEURS EN HECTARES, ARES ET CENTIARES
.

w ^
corps odorant qui, en se volatilisant, se mêle à l’air
M DES ARPENTS
et vient produire la sensation des odeurs, comme Oa

cela se remarque dans le café , le thé , les infusions O « d’ordonnance DES ARPENTS DES ARPENTS
îz;
ou des
de tilleul, de fleur d’oranger, etc. Cette portion vo- fl
communs. de Pai’is.
eaux et forêts.
latile peut être fixée par l’eau , les huiles , les grais-
ses, l’alcool, etc., soit au moyen de
des liquides sur les plantes odorantes
la distillation
comme pour
RAC RAC BAC
,
1 0 51 07 0 42 21 0 34 19
les eaux distillées, les alcoolats, etc. ; soit par la sim-
2 1 02 14 0 84 42 0 68 38
ple imprégnation pour les graisses ouïes pommades.
3 1 53 22 1 26 62 1 02 57
ARüMIE [A' aroma, arôme) , genre de Coléoptères 4 2 04 29 1 68 83 1 36 75
tétramères , famille des Longicornes, reconnaissable
5 2 55 36 2 11 04 1 70 94
à ses antennes glabres, à ses élytres presque planes,
6 3 06 43 2 53 25 2 05 13
non arrondies à Tangle suturai , et à l’odeur de rose 2 39 32
7 3 57 50 2 95 46
qu’exhalent plusieurs espèces , partieuhèrement le
8 4 08 58 3 37 67 2 73 51
Cerambyx moschatus et le Cerambyx ambrosia- 3 07 70
9 4 59 65 3 79 87
cus, dit vulgairement Capricorne à odeur de rose,
10 5 10 72 4 22 08 3 41 89
qu’on trouve sur les saules. Il est d’un vert brun et
a une longueur de 2 centimètres. L’A. métrique n’est autre chose que V hectare.
AROINÜÉ, AKONDELLEet iiARONDELLE, anciens noms ARPENTAGE , art de mesurer les terrains , ou
(le THirondelle tombés en désuétude. — Dans les Mol- application de la géométrie à la mesure des terrains.
lusques, ARONDE est synonyme d’ avicole. Les opérations de l’arpentage se divisent en trois
ARONDE (üUEUE d’) , poiu' Queue d’hirondelle, parties l'arpentage proprement dit, comprenant
:

nom donné dans la Fortification aux ailes ou bran- les opérations qu’il faut exécuter sur le terrain môme;
ches d'un ouvrage à corne ou à couronne, lors- le levé des plans, ou les opérations qui ont pour bul
qu’elles vont en se rapprochant vers le corps de la de représenter sur le papier la figure et les propor-
place, de sorte que la gorge se trouve moins étendue tions du terrain mesuré; et enfin, le toisé, ou les
que le front. —
Dans la Marine , on appelle Queue calculs nécessaires poui- arriver à la oonnaissanco de
d’aronde une sorte d’écart ou moyen d’assemblage la superficie de l’aire du terrain. Les instruments
servant à lier deux pièces de bois. Ce nom vient, dans dont on se sert pour opérer sur le terrain sont : l'é-
les deux cas, d’une ressemblance gr-ossière avec la querre, le graphomètre, la boussole d’arpenteur,
forme de la queue d’hirondelle. la planchette et le niveau [Voy. ces mots). Il faut de
ARONDELLE , grosse ligne de pêche , composée plus une chaîne et des fiches pour mesurer les lon-
d’un cordage d’env. 25 brasses de long, garni de pe- gueurs , et Ats jalons pour tracer les alignements.
tites lignes dites avançons, et armées chacune d’iia- Tous les écrivains s’accordent à placer en Egypte
meçons; on la fixe sur le sable au bord de la mer, à l’origine de l’arpentage; c’est cet art qui a donné
marée basse. —
naissance à la géométrie. ^Le meilleur Manuel d’ar-
ARONIE (du grec arônia, néflier), genre de la fa- pentage est celui de M. Lacroix; il a été complété
mille des Rosacées , tribu des Pomacées ; calice à cinq, par MM. Hogard et Chartier dans leur Manuel d’ar-
dents dressées pendant la floraison , 5 pétales cour- pentage supplémentaire. OndoitàM. Lefèvre etàM.
tement onguiculés, étamines divergentes aussi lon- L.-A. Lamotte des rmfte'i estimés d’ Arpentage,
gues que les pétales. Ce genre ne renferme que des etc., et à M. D. Puille un Coure d’ Arpentage, tâüL
arbrisseaux à fleurs petites, disposées en cymes ou en ARPENTEUR. Voy. l’art, ci-dessus, et pluvier.
, ,, — ,

ARRE — 104 — ARRO


ARPENTEUSE, nom donné vulgairement à des uns, du grec areston, décret). En Jurisprudence, c’est
chenilles de Lépidoptères nocturnes, de la tribu des ladécision d’unecoursouveraine. On distingue Yarrét
Phaléniles, dont le corps est très-long, et qui ont un du jugement, qui est la décision d’un tribunal infé-
tel intervalle entre les pattes de derrière et celles de rieur. Les arrêts des cours d’appel sont définitifs et
devant, que leur abdomen est forcé de se plier pour exécutoires toutefois, on peu t se pourvoir en cassation
;

faciliter le transportdu corps, ce qui fait qu’elles pour viol de la loi ou vice de forme. A. de renvoi, celui
. .

semblent arpenter le chemiu qu’elles parcourent. par lequel la chambre des mises en accusation ren-
ARQUEBUSAÜE, coup d’arquebuse. Onconnaît — voie un prévenu devant la cour d’assises , ou par le-
sous le nom A’Eau d’arquebusade une eau vulné- quel la cour de cassation , en rendant une décision
raire que employait autrefois à l’extérieur con-
l’on judiciaire , renvoie l’affaire devant d’autres juges ;
tre les plaies produites par une arme à feu. L’Eau A. d’admission celui par lequel la cour de cassation
d’arquebusade de Theden, qui fut longtemps en admet le pourvoi du demandeur. —
On appelle A. du
vogue, est une liqueur qu’on préparait en mêlant Conseil les décisions rendues par le conseil d’Etat
ensemble 150 grammes d’acide sulfurique concentré en matière contentieuse. —Les arrêts se rendirent
et 720 gr. d’alcool à 80»cent., et ajoutant au mélange en latin jusqu’à François l"; ce qui donna lieu bien
une dissolution de 360 gr. de sucre dans 150 gr. souvent à de fausses interprétations.
d’eau et 720 gr. de suc d’oseille filtrée. En Allema- On a nommé arrêtistes les compilateurs d’arrêts.
gne, on prépare cette eau en mêlant ensemble 1 par- A leur tête se placent MM. Sirey et Dalloz.
tie d’acide sulfurique, 6 de vinaigre, autant d’alcool Arrêt de la saisie d’une personne ou
se dit aussi
et 2 de miel despumé. d’une chose [Voy. arrestation et saisie).
ARQUEBUSE (de l’ital. arcohugio, composé lui- Les maisons d'arrêt sont des prisons où l’on en-
même d’arco, arc, et buso, percé) C’est la première
. ferme les personnes jjreuerawes d’un crime. Elles fu-
forme des armes à feu portatives. L’arquebuse se rent établies par un décret de l’Assemblée consti-
composait d’un long tube de fer porté par deux tuante en 1791 : auparavant, prévenus, accusés,
hommes, et que l’on appuyait, pour en faire usage, coupables, étaient confondus dans une même prison.
sur une fourchette fixée en terre ; on la chargeait Dans l’armée , les arrêts sont une punition qu’on
avec de la poudre et des pierres , et l’on y mettait le inflige aux officiers pour des fautes contre le ser-
feu avec une mèche. Bayard , en 1524, fut blessé à vice ou la discipline. Les A. simples ne dispen-
mort par uue arquebuse. On diminua successivement sent pas du service ; l’officier garde sa chambre
la longueur et le poids de l’arquebuse; on eut des seulement pendant les heures où son devoir ne l’ap-
arquebuses à croc, à rouet, à mèche, à serpentin; pelle pas au dehors. Si l’officier est aux A. forcés
enfin, on y adapta la batterie à pierre. Son usage, ou de rigueur, il est dispensé de tout service , et ne
qui commença avec le règne de Charles VI, n’a pas sort sous aucun prétexte. Ordinairement les officiers
dépassé le xvii® siècle; elle fut remplacée par le gardent les arrêts sur leur parole. Les arrêts simples
mousquet et le fusil. —
Outre les arquebuses à feu, peuvent être ordonnés à tout inférieur par tout supé-
il
y eut des arquebuses à vent, construites sur les rieur, à charge d’en rendre compte. Les arrêts forcés
mêmes principes que nos fusils à vent. ne sont prescrits que par le chef de corps. L’officier
ARQUEBUSIER. C’est proprement celui qui fabri- mis aux arrêts forcés remet son épée à l’adjudant-
que et vend des armes à feu portatives. On les con- major qui les lui signifie.
fond généralement aujourd’hui avec les armuriers ARRETÉ , acte émané de l’autorité administra-
(
Voy. ce mot). —
On donna depuis le xiv« siècle le tive. On a 3 mois pour se pourvoir contre les arrêtés
nom à’arquebusiers à des compagnies de soldats ar- des sous-préfets devant le préfet , des préfets devant
més d’arquebuses. 11 y en avait à pied et à cheval ; ils le ministre , du ministre devant le Conseil d’Etat.
se composaient de l’élite des citoyens, et furent d’une ARRETE-BOEUF, espèce de Bugrane , plante ainsi
grande ressource pour la défense en cas de siège; nommée parce que ses racines traçantes font souvent
ils jouissaient de nombreux privilèges. Le nom d’ar- obstacle à la charrue. Voy. bügrane.
quebusier subsista même après que l’arquebuse eut ARRHENATUÉRE (du grec arrhen mâle, et
été abandonnée on voit figurer des compagnies
: ather, barbe d’épi) , genre de la famille des Grami
d'arquebusiei s dans les guerres de 1733 et de 1741. nées, tribu des Avénacées,apour type VA. avenacée,
ARQUÊRITE, amalgame d’argent. grande plante vivace , commune dans tous nos prés.
ARRACACIIA ou aracatcha. Voy. aracatcha. ARRHES (du latin arrha, arrhœ ) , argent qu’un
ARRAGONITE. Voy. aragonite. locataire ou un acquéreur donne pour garantie de
ARRASE. Voy. arase. l’exécution d’un marché verbal. Quand une vente a
ARREMON (mot grec qui signifie silencieux ) été faite avec des arrhes , chacun des contractants
genre de l’ordre des Passereaux deutirostres , com- est libre de s’en départir : celui qui les a données, en
mun dans l’Amérique Méridionale. Les Arrémous les perdant ; celui qui ies a reçues , en restituant le
sont d’un naturel tranquille , solitaire et presque double (Code civ., art. 1590). Voy. denier a dieu.
stupide , se laissent facilement approcher, et ne font ARRIÈRE (F) d’un bâtiment. Voy. avant (T).
entendre aucun cri ni aucun chant : d’où leur
'

ARRIÉRE-BAN, arrière-fief, etc. Voy. ban, fief.


nom. Us se tiennent à terre dans les lieux couverts. ARRIERE-GARDE , corps de troupe destiné à cou-
ARRÉRAGES (par corruption d’arrie'rage) inté- vrir la retraite d’une armée ou d’un corps d’armée.
rêts, pensions, rentes foncières et autres redevances Elle doit se composer d’artillerie avec quelques piè-
annuelles, dont le payement est en arrière. Us ces de campagne, et de cavalerie légère. Celle-ci agit
produisent intérêt du jour de la demande ou de la dans la plaine , soutenue par l’infanterie ; les chas-
convention (C. civ., 1156j. Les arrérages üe rentes et seurs tiennent en respect les éclaireurs de l’ennemi.
les intérêts se prescrivent pai- 5 ans (C. civ. 2277). ARRIMAGE , opération qui consiste à distribuer
ARRESTATION. Hors le cas de flagrant délit convenablement et à placer avec solidité , dans l’in-
dans lequel toute personne est tenue de saisir le térieur d’un bâtiment , les divers objets qui compo-
coupable (art. 106 du Code d’instr. crim.) , l’arresta- sent sa charge , sa cargaison. Ainsi , on embarque
tion ne peut être opérée qu’en vertu d’un mandat d’abord le lest au fond de la cale; puis on forme
régulier, contenant le motif de l’arrestation l’au- au-dessus du lest 4 compartiments, au milieu des-
,
torité de laquelle il émane , et notifié à la personne quels on place l’eau, le vin et les poudres; sur les cô-
arrêtée (art. 96). Le Code pénal punit les arresta- charbon , le sable , les boulets , etc.
tés se placent le
tions illégales des travaux forcés à temps ou à per- ARROBA , arrobe , nom d’une mesure de poids
pétuité .selon la gravité des cas (art. 34 1 -344). et d’une mesure de capacité, dont on se sert en
ARRET (d’arr^fer, décider, ou, selon quelques- Espagne, en Portugal et dans l’Amérique espa-
, . ,, , , , , ,

ARSE — 105 — ARSE


pays. Comnie mesure riaux dont on fait usage à la guerre, sur terre et sur
gaole , et qui varie selon les
mer. Il y a trois sortes d’arsenaux pour V artillerie,
de poids , l’arrobe d’Espagne , la plus répandue

:

vaut 25 livres espagnoles (ou 11 kil. et demi) . Comme


pour le génie, pour la marine. Un A. d’artillerie
se compose A' ateliers pour la fabrication ou la répa-
mesure de capacité, on distingue 1 A, menor, qui vaut
ration des armes, et de magasins où sont déposés
2 litres un quart, et VA. mayor, qui vaut 16 litres.
ARROCHË, Atriplex, genre-type de la famille des et rangés avec art les armes , les bouches à feu, les
Atriplicéesou ChéQopodées. VA. des jardins, vulg. projectiles, les poudres et artifices. —
Un A. du
Belle dame, Bonne dame, Follette, se cultive dans nus
génie contient également des ateliers où l’on con-
potagersjon lacroitoriginaired’ Asie. Sa racine est an- fectionne les outils de pionniers, les voitures, etc.,
nuelle , sa tige droite , d’un vert pâle ; ses feuilles et des magasins pour les objets confectionnés. —
larges, dentées, triangulaires, aiguës, d’un vert Les A. maritimes, placés sur le bord de la mer, ren-
jaune. Les fleurs sont presque toujours monoïques ferment des chantiers de construction , des ateliers
ies fleurs mâles offrant un périgone de trois à cinq pour la fabrication des cordages, ancres , voiles , des
sépales, avec autant d’étamines; et les fleurs fe- magasins pour les bois et objets fabriqués. Les —
melles, deux styles sans périgone. On mange en sa- principaux arsenaux militaires sont, en France, ceux
;ade les feuilles de l’arroclie ; on en met dans le de Paris et Vincennes , de Strasbourg , Metz , Lille,
bouillon , auquel ses feuilles donnent une couleur Besançon, Perpignan (Auxonne, Douai, Grenoble, La
dorée; ses graines sont purgatives et émétiques. Fère, Rennes, Strasbourg et Toulouse, ont, en outre,
(Quelques variétés fournissent de la soude. des arsenaux destinés à la confection et à l’entretien
ARROCHE PUANTE. Foi/. ANSÉRINE FÉTIDE. du matériel de l’artillerie) ; en Angleterre, la Tour de
ARRONDISSEMENT. On nomme spécialement Londres et l’arsenal de Woolwich, servant aussi pour
ainsi, enFrance,lapremiêresubdivision d’un départe- la marine; en Autriche, l’arsenal de Budweiss; en
ment ayant un chef-lieu, un administrateur particu- Russie , ceux de Kief , Saint-Pétersbourg , Moscou ;
lier (préfet ou s.-préfet) et un conseil. Chaque départe- en Prusse, ceux de Berlin , Gologne , Neiss. Les —
ment est divisé en arrondissements communaux, ren- principaux arsenaux maritimes sont, en France ,
’.ermant plusieurs justices de paix ou cantons
,
qui ceux de Brest , Toulon , Cherbourg; en Angleterre,
cux-mèmes contiennent des communes administrées Woolwich, Portsmouth, Plymouth , Deptford; en
par des maires. Il y a 363 arrondissements Voy. leurs
(
Italie, celui de Venise, le plus ancien de tous, con-
noms à l’article de chaque département dans notre struit en 1337 par André de Pise.
Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.) — On nomme aussi ARSÉNIATES, sels formés par l’acide arsénique el
arrondissement une fraction d’une grande ville qui une base. Plusieurs arséniates s’emploient en méde-
a ses ofQciers civils distincts de ceux des autres cine, particulièrement VA. de ^ourfe [AsO^,2NaO,
fractions de la cité : Paris a douze arrondissements. HO -j-24ag’] ; c’est un beau sel blanc , assez soluble
ARRONDISSEMENT FORESTIER. Voy. FORETS. dans l’eau, et de la forme cristalline du phosphate à
ARRONDISSEMENT MARITIME. 11 y 611 a 5 611 France : même base. Dissous dans l’eau , il constitue la solu-
Cherbourg , Brest , Lorient , Rochefort , Toulon. Ils tion de Pearson , qu’on administre dans les fièvres
sont administrés par un préfet maritime, vice-amiral intermittentes, dans les maladies cutanées et dans
ou contre-amiral. plusieurs maladies chroniques. — Les arséniates de
ARROSEMENT (du latin ?’ov, j’on's, rosée). L’eau chaux (phainnacolithe ou arsénicite), de cobalt {éry-
employée à cette opération de jardinage doit être thrine],de fer (sidérétine), et de plomb [mimétèse),
très-pure , bien aérée et la plus dégagée possible de se rencontrent tout formés dans la nature.
,
matières solubles ou en suspension. Par cette raison, ARSENIC (d'arrhènicon, nom donné par les Grecs
l’eau de pluie et l’eau de rivière conviennent mieux à l’orpiment ou sulfure d’arsenic) , métal qui , à
que l’eau des sources ou des puits. Cette dernière doit l’état de pureté est gris d’acier , cassant , volatil ,
,
être exposée quelque temps au soleil avant de servir. sans saveur ni odeur, d’une densité de 5,628, com-
L’arrosement doit se faire le soir, et non au soleil, bustible , et qui répand par le grillage une fumée
la trop grande chaleur pouvant déterminer des brû- blanche d’une odeur alliacée. On donne , dans le
lures et des dessécheipents nuisibles. On emploie de langage vulgaire, le nom d’ai-senic à la combinaison
préférence des arrosoirs à pomme, qui disséminent de ce métal avec l’oxygène, qui est la forme sous la-
l’eau et imitent la pluie. Voy. irrigation. quelle lise présente le plus souvent : c’est ce que les
ARROSOIR. Outre l’instrumentde jardinage connu chimistes appellent acide arsénieux. Voy. arsénieux.
de tout le monde, on nomme ainsi un genre de Mollus- L’arsenic se rencontre dans la nature sous diffé-
ques acéphales, voisin des Fistulanes, dont les coquilles rentes formes , soit à l’état métallique (rt. natif),
univalves, tubuleuses, et claviformes à une extrémité, soit en combinaison avec le cobalt {smaltine ou
ügurent la pomme d’un arrosoir. Ces Mollusques cobalt arsenical), le nickel [nickéline ou nickel ar-
vivent enfoncés perpendiculairement dans le sable senical) , le soufre {réalgar et orpiment] le soufre
ARROW-ROOT (mot anglais, qu’on prononce et le cobalt (cobalt gris) le soufre et le nickel (di-
arrô-route, et qui veut dire racine à flèche, parce somose) le soufre et le fer (mispikel), etc. Il est
que les naturels l’emploient pour détruire l’effet des surtout abondant, sous ces diverses formes dans les ,

flèches empoisonnées) , fécule blanche que l’on ex- dépôts métallifères de Saxe, de Bohême, de Hongrie,
trait de la racine du Maranta arundinacea ou in- de Souabe, du Harz, et du Puy-de-Dôme en France.
dica et de quelques autres plantes de la même fa- Comme métal, l’arsenic est sans usage; mais il
mille (celle des Amomées). Cette plante originaire
,
forme de nombreuses combinaisons, remarquables
des Indes Orientales, est cultivée maintenant à la par l’action énergique qu’elles exercent, aux doses
Jamaïque , à la Guyane , etc. L’Arrow-root est re- les plus faibles, sur les êtres organisés. Il existe deux
commandée en médecine dans les cas d’irritation du combinaisons de l’arsenic avec l’oxygène Vacide :

canal intestinal ; on l'emploie aussi comme nourriture arsénieux AsO^ ), vulgairement ?no/’f aax z’ats, et
(
de la première enfance : elle est très-nourrissante.
ARS{d’artus, membre), se dit des quatre membres
Vacide arsénique (AsO*) Voy. ces mots. Quelques-
. —
unes des combinaisons de l’arsenic peuvent fournir
d’un animal et de l’espace entre l’épaule et la poitrine. il la médecine d’utiles médicaments (Voy. arseni-
ARSCHIN ou ARCHiNE. Voy. arciiine. caux) ; mais trop souvent elles servent à des usages
ARSENAL (par corruption d’ara; navalis, cita- coupables la plupart des empoisonnements se font,
:

delle navale , parce que les premiers arsenaux fu- en effet, avec des combinaisons arsenicales.
rent consacrés à la marine ; ou , selon d’autres , de On reconnaît , en général , les combinaisons
l’arabe darsenna, port de guerre), bâtiment destiné arsenicales à l’odeur alliacée qu’elles répandent
à fabriquer et â conserver les machines et les maté- lorsqu’on en saupoudie un charbon rouge. On
, , , , , ,

ARSE — 106 — ART


peut , dans toute substance , découvrir la présence duit principal par le grillage du mispikcl (combi-
des plus petites quantités d’arsenic à l’aiie de l’ap- naison d’arsenic, de fer et de soufre) L’exploitation
.

pareil dit de Marsh, du nom d’un chimiste anglais^ de la mine d’Altenberg remonte à plus de 400 ans.
qui s’en servit le premier (en 1836) : c’est un simple L’acide arsénieux est un des corps les plus véné-
flacon , où l’on dégage du gaz hydrogène, au moyen neux ; il développe sur les tissus animaux des ta-
de zinc et d’acide sulfurique, et où l’on introduit la ches rouges, gangréneuses, les ulcère, et finit par
substance à examiner. L'arsenic se combine, dans les détruire complètement; les symptômes de l’em-
CCS circonstances , avec le gaz hydrogène ; la com- poisonnement se manifestent ordinairement un
binaison , gazeuse elle-même [hydrogène arsérdqué quart d’heure après l’introduction de l’acide dans
ou arséniure d’ hydrogène , s’échappe par l’orilice
)
l’estomac; les victimes succombent, en proie aux
d’un tube de verre effilé , fixé dans le bouchon qui douleurs les plus vives. Dioscoride fait déjà mention
ferme le flacon. On allume le jet de gaz, et l’on tient de l’action vénéneuse de l’arsenic blanc. C’est avec
au-dessus de la flamme une soucoupe de porcelaine cette substance que la fameuse Tofana composait,
blanche; si la matière renferme la moindre trace au xviiie siècle, le poison qu’on nommait alors Aqua-
d’arsenic, on voit alors se déposer des taches d’arsenic Tofana (Voy. ce mot). — Les plus petites traces
métallique noires aux endroits où la porcelaine est en d’acide arsénieux peuvent se découvrir à l’aide de
contact avec la flamme; la présence de l’arsenic se V appareil de Marsh [Voy. arsenic). — La magnésie
reconnaît déjà à la couleur de la flamme, qui, au calcinée et l’hydrate de peroxyde de fer sont les
lieu d’être d’un jaune pâle comme avec l’hydrogène meilleurs antidotes de l’acide arsénieux.
pur, est alors d'un blanc bleuâtre , et répand des On emploie l’acide arsénieux pour détruire les
fumées blanches. Ce moyen de découvrir l’arsenic souris et les rats : ou l’associe, dans ce cas, avec
s’emploie dans les opérations de médecine légale. de la farine et de la graisse; et, pour mieux allé-
L’arsenic n’était pas connu des anciens; ce que les cher ces animaux, on ajoute à la pâte quelques se-
Grecs et les Arabes nomment ainsi est l’orpiment, mences de fenouil. Les naturalistes font un grand
l’un des sulfures de ce métal. 11 paraît avoir été usage de l’acide arsénieux pour préserver de la pu-
"onnu de Paracelse ; mais Brandt est le premier tréfaction les insectes, la peau des animaux, les
qui, en 1733, l’ait bien étudié. oiseaux empaillés et les autres objets de nature ani-
ARSENIC BLANC. Voy. ARSÉNIEUX (acide). male; ils l’associent à une bouillie savonneuse et
ARSENIC NATIF, arsenic métallique presque pur calcaire , appelée savon de Bécœur. Dans les verre-
qu’on rencontre en masses noires , lamellaires ou ba- ries, on mêle de l’acide arsénieux à la pâte du verre
cillaires,
dans beaucoup de localités , associé à l’ar- pour la blanchir et la rendre plus fusible. Les tein-
gent sulfuré , au cobalt gris et à la nickéline. La turiers et les indienneurs s’en servent aussi, mais,
poudre aux mouches du commerce , appelée aussi, le plus souvent
,
après l’avoir uni aux bases , et no-
mais fort improprement mine de cobalt, est de l’ar- tamment à la potasse. Enfin , on emploie l’acide ar-
senic natif en poudre, dont on fait un fréquent usage sénieux en médecine ; il fait la base de diverses
dans les campagnes pour détruire les mouches. On poudres ou pâtes arsenicales usitées comme escar-
eu met un peu avec de l’eau dans une assiette; une rotiques , contre le cancer surtout ; il entre dans la
petite quantité du métal absorbe l’oxygène de l’air, composition des pilules asiatiques, employées dans
et se transforme en acide arsénieux, qui se dissout l’Inde contre la lèpre tuberculeuse ; des pilules de
et rend ainsi l’eau vénéneuse. Tanjore, préconisées pour la guérison de la morsure
ARSENIC SULFURÉ JAUNE. Yoy. ORPIMENT, des animaux venimeux ; de la poudre de Plenciz,
ARSENIC SULFURÉ ROUGE. Voy. RÉALGAR. recommandée contre les fièvres intermittentes, etc.
ARSENICAUX , classe de médicaments dont l’ar- ARSÈNIQUE (acide), combinaison de l’arsenic
senic est la base et le principe actif; ils sont d’un avec l’oxygène [AsO“], d’un blanc de lait et d’une
'mploi fort dangereux. On les administre, particu- saveur très-acide il est très-vénéneux. On l’obtient
:

lièrement l’acide arsénieux, dans un grand nombre en faisant bouillir l’acide arsénieux avec de l’eau ré-
le maladies cutanées
,
dans les fièvres rebelles qui gale. L’acide arsénique a été découvert par Sclieele
résistent au quinquina , dans l’hydrophobie , le en 1775. Il se rencontre dans la nature en combi-
rhumatisme aigu, la phthisie, etc. Les Indiens passent naison avec plusieurs bases. Voy. arséniates.
pour avoir les premiers administré l’acide arsénieux. ARSÉNITES ,sels formés d’acide arsénieux et d’une
L’application des poudres ou pâtes arsenicales sur base. L’A. de cuivre entre dans la composition du
les cancers ulcérés de la peau remonte à la. plus vert de Scheele employé en peinture. L'A. de po-
haute antiquité , aussi bien que l’emploi de l’orpi- tasse est un liquide visqueux, incristallisable , âcre
ment, associé à la chaux vive comme dépilatoire. et très-vénéneux. C’est le seul arsénite employé en
ARSÉNICITE ou PHARMACOLiTHE (du grcc pliar- médecine ; il fait la base de la liqueur de Fowler,
raacon poison , et lithos pierre) , chaux arséniatée où il est mélangé avec de l’aJcoolat de mélisse. On
naturelle , se présente en petits cristaux ou en houp- l’emploie dans les mêmes cas que l’acide arsénieux.
pes blanches cristallines , le plus souvent accompa- ARSÉNIURES , combinaisons de l’arsenic avec un
gnées et colorées en rose par l’arséniate de cobalt. autre métal. On rencontre dans la nature plusieurs
ARSÉNIDES , nom donné par Beudant à une fa- arséniures, notamment VA. de cobalt [cobaltine)
.nille de minéraux dont l’arsenic est le type. et VA. de nickel [nickéline). — L'A. d’hydrogène
ARSÉNIEUX (acide) , dit aussi arsenic blanc , ar- ou hydrogène arséniqué (AsIU) est un gaz exces-
senic oxydé mort aux rats combinaison de l’ar- sivement vénéneux, qui se produit lorsque du gaz
,
senic avec l’oxygène [AsO’] , se présente en masses hydrogène se développe en présence d’une combi-
compactes, d’un blanc de lait ou légèrement jaunes, naison arsenicale , comme , par exemple , dans l’ap-
ordinairement opaques ; il ressemble , en poudre , à pareil de Marsh. Il répand une odeur nauséabonde
du sucre pilé ; est peu soluble dans l’eau , et n’a et brûle avec une flamme blanche, en répandant
presque pas de saveur; se réduit en vapeur quand des vapeurs d’acide arsénieux. Le chimiste Gehlen
on le jette sur des charbons rouges , et exhale alors périt en 1815 pour en avoir respiré de très-petites
une forte odeur d’ail. Sa dissolution rougit légère- quantités. Ce gaz a été découvert en 1775 par Scheele.
ment le tournesol. On obtient l’acide arsénieux ART (en latin ars, artis, du grec arétè, vertu
comme produit secondaire dans le traitement des puissance). Pris dans sa plus grande extension, ce
mines de cobalt et de nickel de la Saxe et de la Bo- mot , qui s’oppose à science pure exprime tout en-
hême , qui renferment l’arsenic à l’état d’arséniure. semble des procédés par lesquels l’homme parvient
Dans certaines localités, notamment à Reichenslein à produire quelque œuvre, soit dans le but d’assurer
et à Altenberg en Silésie , on le prépare comme pro- sa conservation et son bien-être physique, soit pour
, , , , , ,, ,

ART - Î07 ARTE


faire naître quelque jouissance intellectuelle ou mo- l’idée appartient à François de Neufehâteau (1797)
rale; d’où la grande division des arts en A. utiles offrent des récompenses honorifiques et des mentions
ou A. mécaniques , et A. libéraux. à ceux auxquels l’industrie doit quelques progrès.
Les A. mécàniques, qui réclament le travail de Elles n’ont pas tardé à être imitées par les nations
la main ou le secours des machines , ont pour but ou étrangères et ont été le germe de Y Exposition univer-
X’exploiter la nature , comme l’agriculture , ou de la selle qui a eu lieu à Londres en 1851. Foi/, exposition.
ransformer, ce qui donne naissance aux arts in- AR'TABÈ , mesure de capacité pour les choses sè-
lustriels et manufacturiers, qui se divisent à l’infini ches , en usage chez les anciens Perses , équivalait à
selon les procédés qu’ils emploient ou les besoins peu près au médimne des Grecs, et valait 51 lit. 78 c.
(u’ils tendent à satisfaire, tels que ceux de nour- de nos nouvelles mesures. L'Artabé des Égyptiens
liture, de vêtement, d’habitation, etc. Voy. ci- valait 26 cbeniccs deux tiers (environ 25 lit. ).
llessous ARTS ET MÉTIERS. ARTÉMISIÉES [^d’Artemisia armoise, genre
Les, A. libéraux., fruits del’imagination, s’adressent type de cette tribu), tribu de la famille des Compo-
ou à l'esprit seul, d’où les Belles-Lettres (F. belles- sées : capitules discoides, fleurs du disque herm.a-
lettres) , ou aux sens en même temps qu’à l’esprit, phrodites, à style bifide; fruits cylindriques, à côtes
il'où les Beaux-Arts (F. beaüx-arts). Les anciens ad- saillantes et sans aigrettes ; réceptacle dépourvu de
mettaient 7 arts libéraux. Grammaire, Rhétorique, paillettes. La plupart de ces plantes sont aromatiques.
philosophie. Arithmétique, Géométrie, Astronomie, — Principaux genres ; Armoise, Tanaisie, Lépido-
et Musique, qu’ils avaient mnémonisés dans ce vers : thèque„ etc.

Lingna Tropus Ratio Nunaerus Tonus Aoguins Astra,


ARTÈRES (
d’artéria nom de la trachée-artère
, , , ,
chez les Grecs), vaisseaux destinés à porter le sang
, ,

ART SACRÉ, nom donné p.ar les anciens, surtout soitdu cœur aux poumons, comme VA. pulmonaire,
dans l’école d’Alexandrie, à la chimie, dont les se- soitdu cœur à toutes les parties du corps, comme
crets étaient réservés aux prêtres. Voy. alchimie. YA. aorte. La Ir® sort du ventricule droit du cœur
ARTS , se disait autrefois , dans les universités , des et porte aux poumons du sang noir; la 2® paît du
humanités et de la philosophie. Le Maître ès arts ventricule gauche, et porte à tous les organes le sang
était celui qui avait pris le degré donnant le pouvoir devenu rouge en traversant les poumons. Chaque
d’enseigner. La Faculté des arts comprenait les artère est formée de trois membranes superposées :

régents de l’université chargés d’enseigner les hu- ITine externe, fibro-celhdeuse ^ Ymtre moyenne,
manités et la philosophie , et tous ceux qui avaient dite tunique artérielle, ou membrane propre des
obtenu le diplôme de maître ès arts. artères; la 3®, interne, qui est le prolongement do
ARTS d’agrément. On nomme ainsi spécialement les celle qui tapisse les ventricules du cœur. L’aorte
arts du Dessin, la Musique, la Danse, etc., considérés s’élève d’abord au-dessus du cœur, puis passe der-
comme de simples amusements, comme des moyens rière cet organe en faisant une courbure appelée
de plaire, d’être agréable. Voy. chacun de ces mots. crosse de l’aorte, et redescend sur le devant de la
arts et métiers. Ces professions étaient, sous colonne vertébrale jusqu’au bassin , où elle se divise
l'ancien régime, partagées en deux grandes classes : en deux branches appelées iliaques primitives qui
celles qui étaient libres et celles qui étaient en ju- se rendent à chacun des deux membres inférieurs.
randes ; ces dernières formaient 44 corarqunautés De la crosse de l’aorte partent les A. cantides in-
d’jtrls et métiers. Il y avait en outre 6 corps de mar- ternes et externes, qui se rendent à la tête, et les
chands et fabricants, qui étaient : 1° les drapiers A. sous-clavières qui se rendent aux membres su-
merciers; 2» les épiciers; 3“ les bonnetiers, pelle- périeurs. De la portion descendante de l’aorte par-
tiers, chapeliers; 4® les orfèvres batteurs et tireurs tent les artères destinées à nourrir les organes con-
,
d’or; 5® les fabricants d’étoffes, luthiers, rubaniers; tenus dans le thorax et l’abdomen. — Ce qui fait
6® les marchands de vin. —
Depuis que la Révolution immédiatement reconnaître une artère, c’est le bat-
a supprimé les maîtrises , les anciens règlements ont tement, ou pulsation, appelé poids : il naît de l’im-
disparu les patentes ont remplacé le droit de maî-
; pulsion vive et brusque que le cœur imprime au sang
trise , en sorte que l’entrée des professions commer- qu’il lance dans l’intérieur des artères , et de l’élas-
ciales et industrielles est entièrement libre. Cepen- ticité des parois artérielles. La plus petite ouverture
dant, ces professions sont assujetties à des règlements pratiquée à une artère donne lieu à un jet de 'sang
de police extérieure et de garantie générale. La loi de qui sort par saccades à chaque contraction du cœur ;
de germinal an XI a posé sur cette matière des rè- la compression de ce vaisseau ouvert, faite entre
gles qui sont encore en vigueur aujourd’hui. le cœur et la plaie , arrête immédiatement la sortie
Les procédés particuliers employés dans les divers du sang. Le sang des artères , dit sang artériel est
arts sont l’objet d’une science spéciale, d’origine rouge écarlate , tandis que celui des veines est plus
toute moderne , la Technologie. Voy. ce mot. noir. — L’inflammation des artères se nomme arté-
Les arts mécaniques trouvent en France de puis- rite. Voy. ce mot.
sants secours dans diverses institutions , notam- ARTÈRE (trachée-). VoiJ. TRACHÉE-ARTÈRE
ment dans les Écoles d’Arts et Métiei's , le Conser- ARTÉRIOTOMIE (du grec artéria artère, et
vatoire des Arts et Métiers et les Expositions de tomè section), opération chirurgicale qui consiste
l’Industrie. —
Les Ecoles d’Arts et Métiers, fondées à ouvrir une artère pour en tirer du sang. Cette opé-
en 1803 par Chaptal, sont destinées à propager les ration se pratique seulement sur les artères tempo-
connaissances relatives à l’exercice des arts indus- rales superficielles et auriculaires postéiteures , à
Iriels. L’enseignement y est à la fois théorique et cause de leur position superficielle , et parce qu’il est
[iratique. L’âge fixé pour l’admission des candidats facile d’arrêter ensuite le sang , les os du crâne ser-
«St de 13 ans au moins et de 16 ans au plus. Il vant de points d’appui pour la compression.
y en a
3 en France : à Angers, à Châlons-sur-Marne, à Aix. ARTÉRITE , inflammation des artères. Cette
— h’Ec. des Arts et Manufactures, fondée à Paris en phlegmasie, encore peu connue, quoique assez fré-
1829 par des particuliers, acquise par l’État en 1857, quente. est bornée ordinairement à la membrane
forme des ingénieurs civils, des chefs d’exploitation et interne ou au tissu cellulaire sous-jacent, et dépend,
d’industrie. —
Le Conservatoire des Arts et Métiers, soit d’une lésion de l’artère, soit du voisinage d’uns
fondé en l’an lll ( 1795 ) et situé à Paris, est destiné à partie enflammée. Les symptômes de l’artérite sont :

recevoir le modèle réduit des machines et instru- l’augmentation de la force des battements artériels,
ments propres aux arts mécaniques, et à répandre les et un sentiment de chaleur et de malaise dans la
connaissances utiles à l’industrie {Voy. conserva- partie qu’occupe l’artère enflammée.
toire). —
Les Expositions de l’Industrie, dont ARTÉSIEN (püiTs). Voy. puits.
, , , ,,, ,, , ,

ARTI 108 — ARTI


ARTHRITE (du grec arthron, articulation), in- et des tarses des animaux articulés. — En Botanique,
flammation simple des tissus fibreux et séreux des on nomme articles les espaces compris entre deux
articulations, produite uniquement par une violence nœuds, dans les Prêles, les Algues, etc.
extérieure, telle qu’un coup, une chute, une plaie, En Grammaire, on appelle Article nne espèce de
une distension, etc. L’Arthrite {Arthrique trauma- mots sur laquelle les grammairiens sont loin d’être
tique de quelques auteurs) est toujours bornée à d’accord. L’Académie se borne à dire que c’est celle
l’a'rticulation sur laquelle la cause a directement des parties du discours qui précède ordinairement
agi ; ce qui la distingue de la goutte et du rhuma- le substantif. Les anciens grammaririens
, Régnier,
tisme articulaire , que quelques médecins appellent Desraarais, Restant, et, d’après eux, Lhomond,
aussi arthrites, mais qui occupent toujours , soit à la disent que c’est une particule ajoutée à un nom
fois , soit successivement , plusieurs articulations.— pour en marquer le genre et le nombre, comme
On combat Tarthrite par une application de sangsues s’il ne fallait pas
,
au contraire , connaître le genre
et lie topiques émollients ou résolutifs. et le nombre d’un nom avant de savoir quel article
Ün nomme Arthritique ce qui a rapport aux arti- employer. Dumarsais et Condiüac ont reconnu les
culations : ainsi l’on dit : Douleurs arthritiques premiers chez nous que l’article sert à modifier
Remèdes arthritiques etc. les substantifs et à indiquer quelle est l’étendue
ARTHROUIE, forme grec du mot articulation. de leur signification. On complétera cette définition
Voy. ARTICULATION et ARTHRODIÉES. en ajoutant, avec M. Thurot, que l’article sert,
ÀRTHRODIEES (du grec arthrôdia, articula- avant tout, à substantifier le mot qu’il précède,
I ion L groupe de la famille des Algues , de l’ordre c.-â-d. à faire savoir que ce mot est pris comme
l'es Pliycées, renferme des végétaux qui ressem- exprimant une substance et non une simple abs-
blent assez à des Polypiers pour qu’on ne puisse en- traction. — L’article n’est point une partie essentielle
core décider si un certain nombre d’entre eux ne du discours; ce n’est qu’une espece d'adjectif dë~
sont pas des animaux. M. Bory-Saint-Vincent a pro- terminatif. Plusieurs langues, le latin, le persan,
posé d’en former, sous le nom de Règne psycho- n’ont pas d’article. Dans celles qui le possèdent, il
diaire, un règne intermédiaire entre le règne vé- contribue puissamment à la clarté. —
On distingue
gétal et le règne animal. Ces animaux se composent deux sortes d’articles l’.4. indéfini, un, une, des,
;

de simples filaments formés de deux tubes , l’un ex- qui désigne un être en le présentant comme in-
lérieur et transparent , l’autre intérieur, articulé et connu ou comme indéterminé; VA. défini, le, -la,
rempli d’une matière colorante , verte , pourpre ou les, qui désigne un être comme déjà connu, et qui,
jaunâtre. On les a partagés en quatre tribus : les selon les circonstances , annonce qu’il doit être pris
Fragillariées, lesOscillarie'es, les Conjuguées ei\cs dans toute son étendue ou dans une partie déter-
Zoocarpées. Le groupe des Arthrodiées a pour type minée de son étendue. Plusieurs grammairiens mo-
l’Arthrodie, substance végétale réunie en taches ver- dernes suppriment l’article indéfini, prétendant qu’U
dâtres qui flottent sur les eaux douces et stagnantes. n’est jamaisqu’un nom de nombre.
ARTIIRÜSPORÉS, division des Champignons. ARTICULATION [d’ articulas jointure), assem-
ARTHROSTÈME (du grec arthron, articulation, blage et mode d’union de deux os, qu’ils soient ou non
et ste'ma étamine), genre de la famille des Mélasto- mobiles l’un sur l’autre. Les articulations se distin-
inacées , herbe ou sous-arbrisseau de l’Amérique guent en mobiles (diarthroses), immobiles {synar-
méridionale , remarquable par l'élégance de ses throses), et mixtes {amphiarthroses ) .

Sous le nom
llcurs; on en cultive plusieurs espèces dans nos serres. de diarthrose, on comprend 1“ Venarthrose, arti-
;

ARTICHAUT, en latin Cinai'a, genre de la famille culation d’une tête saillante dans une cavité, comme la
des Composées, tribu des Cinarées ou Cardons, plante tête du fémur dans la cavité cotyloide ; 2° le ginglyme,
vivace, à la racine grosse, fibreuse, aux feuilles lan- qui n’a de mouvement qu’en deux sens opposés et
céolées , à la tige droite et rameuse, surmontée d’un que l’on distingue en ginglyme latéral, ne per-
calice grand, évasé , formé d’écailles superposées et mettant qu’un mouvement de rotation , comme celui
cliarnues,qui constituent une espèce de pomme ; l’in- de l’atlas sur l’apophyse odontoïde , et ginglyme an-
térieur est garni de poils appelés foin. C’est cette gulaire, ne possédant qu’un mouvement d’un seul
pomme,nommée elle-même artichaut, une l’on mange côté, comme celui du coude; 3“ Varthrodie, arti-
dans l’espèce cultivée, le Cinara scolymus.hes varié- culation où la cavité est peu profonde , comme l’ar-
tés les plus estimées sont : 1" l'A. vert ou commun, ticulation temporo-maxillaire ; 4“ l'articulation ser-
auquel se rapportent les sous-variétés dites A. de rée, à surfaces presque planes , comme celle des os du
Ijion et A. camus ou de Bretagne; 2° VA. violet carpe. —La sÿnarf/iroi’e comprend \ ° là suture, qui
:

plus allongé ; 3“ VA. rouge, plus petit que les pré- a lieu par engrenage , comme celle des os du crâne ;
cédents; 4“ VA. blanc, dont la culture est la plus 2“ l'harmonie simple juxtaposition des surfaces,
délicate. —W artichaut craint les gelées des pays co.mme celle des os maxillaires supérieurs ; 3» la
septentrionaux; comme il a de grosses et longues gomphose, ou implantation d’une éminence dans
racines, il lui faut une terre profonde et meuble, une cavité, par exemple , celle des dents dans leurs
ün le multiplie de graines et d’œilletons. alvéoles; 4“ là schindylèse, implantation d’une lame
L’artichaut est originaire d’Ethiopie ; il se servait osseuse dans une rainure, comme celle du vomer
sur les tables des Grecs et des Romains. dans la rainure sphénoïdale. —
L'amphiarthrose a
Quant à l’étymologie du mot, les uns la tirent des lieu par l’intermédiaire d’une substance cartilagi-
mots celtiques art, épine, et chaulx, choux ; d’autres, neuse douée d’une certaine flexibilité telle est celle:

lu mot grec artutikè qu’on trouve dans Trallien des vertèbres. — En général , on nomme symphyse
et qui parait n’ètre qu’un mot arabe grécisé. les divers moyens d’union des os. On appelle syn-
On nomme vulgairement A. d’hiver, le topinam- chondrose celle qui a lieu au moyen de cartilages ;
bour; A. des Indes, la patate; A. sauvage, la jou- syssarcose celle qui a lieu au moyen de muscles;
barbe. synévrose, celle qui a lieu au moyen de membranes,
ARTICLE {d’ articulas petit membre, jointure) et syndesmose, celle qui s’effectue par des ligaments.
On appelle ainsi , en Anatomie , toute articulation On nomme fausse articulation celle qui s’établit
mobile. On emploie plus généralement le mot gé- entre les deux fragments d’une fracture ou entre
nérique d’articulation ; cependant , en Chirurgie , on les parties en contact dans une luxation : dans le
dit encore am;iufa/ion dans l’article, pour désigner lv''cas,rarticulation estditesi/mum^rafi’e, etdans le
celle que l’on pratique en coupant un membre à l’en- 2«, supplémentaire . —
Les articulations sont sujettes
droit où il se joint au corps. — En Zoologie , on donne à une foule de maladies, telles que plaies, entorses,
ce nom aux pièces mobUes des antennes, des palpes diastases, luxations, ankylosés, carie, rhumatisme ar-
, , , ,, , , ,

ARTI — 109 — AKÏI


liculaire, goutte, hydarthrose, tumeur blanche, etc. que Napoléon dut une grande partie de ses succès.
Yoy. ces mots. Le corps de l’Artillerie , organisé par ordonnanc-^s
ARTICULÉS (ainsi nommés à cause des anneaux des 5 août 1829 et 18 sept. 1833 et par décret du 14févr.
articulés les uns aux autres, dont leur corps est 1854, se compose , d’après ce dernier décret, d’un état-
formé) , le 2“ des 4 embranchements des animaux, major particulier comprenant 315 Officiers (colo-
est caractérisé par sou système nerveux qui se com- nels, lieutenants colonels, chefs d’escadron, capitai-
pose : 1“ d’un ganglion cervical, situé dans la tête et nes) et 833 Employés militaires ei civils (gardes, ar-
que l’on a appelé cerveau ; 2<> d’un ou de plusieurs tificiers, ouvriers d’état, gardiens de batterie, contrô-
ganglions thoraciques d’où partent les filets ner- leurs des fonderies, contrôleurs d’armes), et d’un corps
veux qui se rendent dans les pattes ; 3® de ganglions de troupes, qui lui-même comprend 17 régiments, sa-
abdominaux en nombre variable ; 4“ d’un ganglion voir5 Régiments d’artillerie àpied, 1 R. d' artillerie-
anal j 5® d’une chaîne ganglionnaire double, qui pontonniers, 7 R. d’artillerie montés, 4 R. d’artille-
parcourt toute la longueur du corps et unit entre eux rie à cheval ; 12 Compagnies d’ouvriers d’artillerie,
ces divers ganglions. De plus , tous les Articulés sont 5C. d’armuriers d’ artillerie ;'ÔC. de canoniers vété-
à sang blanc , excepté les annélides , et présentent rans; plus, i R. d’art àcheval de la Garde impér. (les
.

presque tous un squelette extérieur formé par le dur- anciens escadrons des parcs d’art, ont été fondus dans
cissement de la peau. Chez presque tous aussi, le les régiments). Les R. d’artillerie à pied ont 12 bat-
corps est formé d’auneaux enchâssés les uns dans les teries à pied, plus 6 batteries de parc, les R. d’ar-
autres et plus ou moins mobiles et rétractiles. Les tillerie montés ont 15 ôaf/en'evwojifees; les R. d’art,
articulés se divisent en quatre classes les Insectes
: àcheval ont 3 batteries à cheval. Les batteries mon-
les Crustacés les Arachnides et les Annélides. tées sont celles où les canonniers sont placées sur les
ARTIFICE (d'artificium, invention ingénieuse), coffres ou caissons; les batteries non montées (A. à
toute composiliùn de matières aisées à enflammer, pied proprement dite) n’ont aucune pièce avec elles :

employée soit à ta guerre , soit à des réjouissances. les bouches à feu et les équipages de siège qui peu-
— On nomme feux d'artifice des feux brillants pré- vent leur être nécessaires leur sont amenés par le
parés avec certaines matières très-combustibles , et train des parcs de l’artillerie. Dans l’armée française,
destinés à charmer la vue dans les fêtes publiques le nombre des bouches à feu est calculé à raison de 2
ou particulières. Les matières fondamentales de pièces par 1,000 hommes; ainsi, pour une armée de
toutes les compositions des feux d’artifice sont les 200,000 hommes, il faut 400 bouches à feu. Le nom-
éléments de la poudre à canon , le nitre , le soufre bre d’hommes qui compose les régiments d’ Artille-
et le charbon, que l’on mêle avec d’autres substances rie varie selon que ces régiments sont sur le pied de
destinées particulièrement à donner aux feux di- guerre ou sur le pied de paix. — L’uniforme des régi-
verses couleurs; telles sont : la limaille de fer, de ments d’Artillerie est un habit bleu à revers; collet,
cuivre, de zinc, les résines, la poudre de lycopode , revers, passe-poils des parements et des retroussis,
le nitrate de strontiane
, le
sulfure d’antimoine , etc. bleus; parements en pointe, épaulettes, brides d’é-
Les feux rouges se font généralement avec du ni- paulettes, passe-poils du collet, des revers, écar-
trate de strontiane
,
les feux blancs avec du sulfure lates; boutons Jaunes et bombés, empreints de deux
d’antimoine , les feux bleus avec de la limaille de canons croisés; une grenade au-dessus et le numéro
zinc. Les flammes de Bengale se font avec 7 parties du corps au-dessous ; pantalon bleu avec deux
de nitre , 2 parties de soufre et 1 partie de sulfure bandes et passe-poils écarlates ; shako en drap bleu
d’antimoine. Les principales formes desfeux d’artifice de roi, avec galon, chevrons et ganse écarlate, et
sont les /wiêes, les pétards, \es soleils, les marrons,
: sur le devant duquel sont appliqués deux canons en
les chandelles romaines, les pièces yiontées etc. cuivre croisés ; le shako a de plus un plumet tom-
— On fait aussi à la guerre un grand usage des ar- bant, en crin, et écarlate. Les buflleteries sont blan-
tifices , surtout des fusées
,
qui servent tantôt de si- ches. Les officiers portent l’épaulette et le cordon du
gnaux , tantôt de moyens incendiaires; on connaît shako en or. L’armement des régiments d’A. à pied
surtout les fusées à la Congrève. Voy. pyrotechnie. est le mousqueton et le sabre-bàionnette. —
Tout ce
La composition des feux d’artifice , connue en qui intéresse le service est soumis à un comité con-
Chine dès la plus haute antiquité , a suivi chez les sultatif de V Artillerie, séant à Paris, composé de
modernes la découverte de la poudre à canon. Les sept généraux de division, inspecteurs généraux
plus belles inventions en ce genre sont dues aux de l’Artillerie , et présidé par le général de division
célèbres Ruggieri , père et fils , qui , depuis le com- le plus ancien de ceux qui en font partie; un officier
mencement de ce siècle, ont exécuté à Rome, à Paris, supérieur d’artillerie en est le secrétaire. —
Le corps
et dans les principales capitales de l’Europe, les plus des officiers d’ Artillerie eut longtemps une école spé-
brillants feux d’artifice. ciale. Cette école, établie d’£d)ord à Châlons-sur-
ARTIFICIER, artisan qui confectionne les pièces Marne, a été réunie, en 1802, à l’école du génie de
d’artifice , soit de réjouissance soit de guerre telles Metz , sous le nom commun ^Ecole d’apMcation
que fusées , pétards , etc. —A , ,
l’armée , la confection de l’Artillerie et du Génie. V. application (Ecole d’).
des artifices est confiée aux artilleurs. On nomme Il existe en outre plusieurs écoles destinées à l’in-
maître arti^cierle sous-oCflcier chargé, dans chaque struction spéciale des artilleurs : elles sont établies à
régiment d’artillerie , de diriger les travaux pyro- Metz, Douai, Strasbourg, Besançon, Toulouse,
techniques: il a le grade de maréchal des logis. Rennes, La Fère, Lyon, Bourges et Vincennes,
ARTILLÉRIE (que les uns dérivent de Tilal. arte Le nom d.’ Artillerie est antérieur dans nos ar-
di tirare ; les autres , par épigramme sans doute mées à l’introduction des bouches à feu; 11 s’ap-
d'ars tollendi, art de mettre à mort; mais qui vient pliquait originairement au service des machines
évidemment du vieux verbe français artiller, em- de guerre ; on trouve dès le xii® siècle en France
ployer l’arf). Ce mot désigne à la fois les bouches à une charge de Maître de l’ Artillerie. Le nom d’Ar-
feu employées à la guerre : canons, bombes, mortiers, tillerie fut naturellement étendu au service des bou-
obusiers, etc.; l’art de les fabriquer et de les appli- ches à feu dès qu’elles furent connues Voy. canon,
(

quer aux besoins de la guerre [Voy. pyrotechnie, POüDRE A canon). En 1479, Louis XI créa un Maître-
balistique) ; et le corps chargé de ce service. général de l’ Artillerie que François 1®^, en 1515,
On distingue ; A. de terre, A. de mer', A. de siège; éleva au titre de Grand maître de l’Artillerie, en
A. de campagne (celle-ci se subdivise en A. à pied ; A. réunissant à cette charge celle de Grand maître des
à cheval ou A. légère ;A.de montagne) ; c’est à son ar- arbalétriers. Ceiie charge fut supprimée en 1755, et
tillerie de campagne qui avait reçu de lui d’immenses
,
ses attributions réunies au ministère de la Guerre :
développements et d’importants perfectionnements. c’est peu après , en 1758, que fut constitué le corps
, . , ,, , ,,,

ARÜS 110 — ASBE


royal de V Artillerie. —
C’est à Jean Bureau , maî- ministres de la religion chez les Romains, inférieurs
tre de Charles VU, qu’est due l’or-
l’Artillerie sous aux augures, étaient chargés de tirer des présages do
ganisation de ce seiTice en France. Gribeau\al, dans l’observation des victimes. Foy. augures.
le siècle dernier, Paixhans, dans celui-ci , ont fait ARYTÉNOÏDE (du grec arytaina, entonnoir, et
faire de grands progrès à cette partie de l’art mili- eidos, forme , nom de deux petits cartilages situés
)

taire : le premier a donné à l’artillerie de campagne en haut et en arrière du larynx, au-dessus du carti-
les règles qu’elle a suivies jusqu’à Napoléon; le lage cricoide. Ils ont la forme d’une pyramide tri-
deuxième a amplLüé la force du canon. angulaire un peu contournée sur elle-même; Us
Les ouvrages les plus utiles à consulter, avec ceux sont unis entre eux par leur face postérieure au
de ces deux auteurs, sont : le Traité d’ Artillerie moyen du muscle aryténoïdien les glandes ary-
théorique et "pratique, de Piohért, 1828; le Diction- ténoïdiennes ont la forme d’un L, et sont logées
naire d’ Artillerie de Cotte, 1822-32; l’Histoire de dans le repli que forme la membrane muqueuse en
TArtillerie, de Brunet, 1842 ; le Manuel d’ Artillerie se portant de l’épiglotte aux cartilages aryténoïdes ;
(1836) et les Etudes sur le passé et l’avenir de TA., elles sont formées par une agglomération de petits
du prince Louis Bonaparte (Napoléon III), 1 846 et 1851 grains fermes et de couleur grise rougeâtre ; eUes
ABÏIMÜN (d'ar, pour arriéré, et fimon), voile la sécrètent un mucus qui enduit le larynx.
plus rapprochée de Tarrière ou du limon. Ou nomme AS , chez les Romains désignait ; 1® toute unité
,

mât d’artimon, vergue d’artimon, le basmàtetla 2® l’unité de poids , 3® l’unité de monnaie.


vergue qui supportent cette voile. 1®. As pouvait se dire d’une unité quelconque
ABTISONS, A.nï usons, iusecles qui se nourrissent de considérée comme divisibie , comme la livre , le se-
matières végétales ou animales, principalement de tier, le jugerum , etc.; dans les successions, ce mot
pelleteries et de toutes sortes d’étoffes. Ces insectes désignait l'héritage tout entier : hœres ex asse si-
appartiennent à des genres et souvent à des ordres gniliait l’héritier de tout le bien. L’as, quelle que
ti'ès-dilféreuts; tels sont VAnthrène, la Teigne, la
: fût la nature de l’unité qu’il représentait, se divisait
Dermeste, les Psoques, etc. en 12 parties ou onces (unciæ). Les fractions de l’as
ARTOCARPE (du grec artos, pain, et carpos, étaient le deunx, valant 11 onces; le dextuns
fruit) , vulgairement Arbre à pain genre de la fa- 10 onces ; le dodrans 9 ; le bes, 8; le septunx, 7 ;
, ,

mille des ürticées, type de la tribu des Artocarpées ; le semis ou semissis, 6; le quincunx, 5; le. triens,
arbres à suc laiteux à fleurs monoïques eu chatons,
',

4; le quudrans ou teruncius, 3; le sextans, 2;


tous originaires de l’Asie équatoriale, mais dont quel- le sexcuncia ou sescunx , 1 once 1/2; et enfin Yonce.
ques-uns se trouvent eu Polynésie. —
L’espèce appe- 2°. L’av ou livre romaine, libra, unité de poids,
lée Arbre à pain [Artocarpus incisa) est un arbre de valait de nos poids 327 grammes 18’7 milligr.
15 à 16 m., à cime large et touû'ue , qui croit natu- 3®. L'as, monnaie, ces, assipondium ou libella,
rellement aux lies de la Sonde et aux Moluques ses ;
fut d'abord une masse de cuivre du poids d’une
fruits, qui dépassent un décimètre de diamètre, ser- bvre , sans effigie. Servies Tullius est le premier roi
vent en effet de nourriture aux habitants ils eu pré-
; qui y ait substitué une monnaie. Les multiples de
parent de plus une pâte fermentée qu’ils mangent l’as étaient le dupondius (2 as) , le quatrussis (4 as) ;
dans la saison où l’arbre est dépourvu de fruits. Le— les sous-miütiples le semissis (demi-as) , le triens
:

Jaquier, autre espèce de ce genre, ainsi nommé de (tiers d’as). L’as,réduità2oncesen264avantJ.-G.,


tjaca, son nom malais, a les feuilles plus petites que le fut à 1 once en 217 et enfin à uue demi-once en
celles de l’arbre à pain, et très-entières ; ses fruits, 191. Jusqu’en 264 avant J. -G., l’as valut 8 centimes
qui atteignent près d’un mètre de longueur sur 30 à de notre monnaie. Depuis cette époque, il ne valut
40 centimètres de diamètre, se mangent de même. plus guère que 5 centimes. Cette monnaie fut rem-
— h' Arbre à lait ou Arbre à la vache ( Brosimum placée par le sesterce ( Voy. ce mot) lorsque les mon-
ou Galactodendron utile) fournit un suc laiteux, naies devinrent communes à Rome.
très-doux , dont se nourrissent les babitanls de la C’est de l’as , nom romain de l’unité , qu’est venu
Cordillère de Venezuela. le nom donné, dans nos jeux, au point unique
ARTS. Voy. art et beaux-arts. marqué sur une carte ou sur l’un des cêtés d’un dé
ARUM, genre type de la famille des Aroidées à la- ainsi qu’à la carte qui porte ce point. Elle vaut
quelle il donne son nom , est plus connu sous son selon les jeux, un ou onze. —
Au jeu de la bouil-
nom vulgaire de gouet. Voy. ce mot. lotte, on appelle as percé (par corruption de l’italien
ARUNDINACÉES (du genre type .drunrfo) , tribu asso per se) l’as qui se trouve seul de sa couleur.
de la famille des Graminées, renl'ermant les genres AS üDi COURT , jeu de cartes dans lequel l’as, étant
Ârundo (Roscom) ,Camalagroslis, Pentapogon, Am- la plus basse carte , est passé par celui qui l’a reçu
pelodesmos, Gynérium, Phragmites. à sou voisin , ([ni tâche de s’eu débarrasser de même
ARUNDINAIRE [à'arundo, roseau) , genre de la en le donnant à un antre. Celui entre les mains de
famille des Graminées, tribu des Avénacées, a pour qui il reste perd
et paye.
type TA. macrosperme, graminée arborescente et ASARET (du nom latin asarum ) genre de la fa-
presque gigantesque de l’Amérique du Nord , dont les mille des Aristolocbiées herbes vivaces, souvent
:

chaumes ligneux atleignentjus(iu’à 12 et même 15 ni. acaules, à rbizùme rampant et à feuilles réniformes.
ARUNUINE, genre de la famille des Orchidées, Toutes possèdent un principe âcre et purgatif, l’A-
originaire des Indes Orientales, est une plante ter- sarine, isolée par MM. Blanchet ot Sell. L'A. d’Eu-
restre , non parasite, à fleurs de couleur purpurine, rope, appelé aussi Oreillette, Cabaret, Nard sau-
grandes et disposées en grappe. vage, paraît être un excellent succédané de l’ipé-
ARUNDO (non latin du Roseau) , genre de la fa- cacuauha. Sa racine, desséchée et réduite en poudre,
mille des Graminées, ayant pour type V Arundo do- est un violent sleruutatoire. L’Asarum virginicum
nax, vulgairement Canne de Provence, originaire et l’A. ari folium se cultivent comme plautesd’agré-
des parties orientales de l’Europe; remarquable par ment. L' A. rotundi folium est le Baccar, que les an-
ses tiges élevées, (|ui atteignent quelquefois jusqu’à ciens recherchaient pour tresser les couronnes.
5 m., ses feuilles larges lancéolées, ses épillets mul- ASBESTE (du grec asbestos incombustible),
tiûores et son fruit glabre. L’Arundo est cultivée substance minérale à fibres roides, cassantes, com-
dans le midi de la France sa racine est employée en
; posée en grande partie de silicate de chaux et de
médecine comme sudoriliquo ; scs tiges servent à magnésie , renfermant , en proportions diverses, les
faire des manches de quenouilles, des écbalas, des éléments de la trémolite, et souvent mélangée de
cannes, des manches de lignes. serpentine et de diallage. Les dé'Jfôts de serpentine
ARÜSPICES (d’ara, autel, et i/îj/n'cio, observer). présentent souvent des fissures remplies de ces ma-
, , , ,, , ,

ASGE 111 — ASGL


tières, tantôt à fibres roides , tantôt à libres fines et passe au méridien en même temps que l’astre. L’av-
souples comme 4e l’étoupe de soie. Les premières cension oblique d’un astre est Tare de Téquatcur
sont l’aiôeste, et les autres Taw/a/ife. Toutes deux compris entre le premier point du Bélier ou le
sont célèbres pour leur incombustibilité. F, amiante. colure des équinoxes, et le point de Téquateur qui
ASCALABüTE [d’ascalalios, nom grec du gecko), se lève en même temps que Tastre ; elle est plus ou
genre de Lézards, dont le gecko du midi de l'Europe moins grande suivant la différente obliquité de la
est l’espèce la plus ancienuemeiit connue. sphère, tandis que cette obliquité n’exerce aucune
ASCARIDES (eu grec ascaris ) , genre de xers de iullucncc sur l’ascension droite. La différence entre
Tordre des Intestinaux cavitaires de Cuvier : corps ces deux ascensions se nomme la différence ascen-
rond, aminci aux deux extrémités; bouche garnie de sionnelle. La position d’un astre est entièrement dé-
trois papilles charnues , entre lesquelles sort de temps terminée sur la voûte céleste lorsque son ascension
en temps un tube très-court. Ün trouve des espèces droite est connue, ainsi que la distance où Use trouve
de ce genre dans le corps de toutes sortes d’animaux. de Téquateur au moment de sou passage au méri-
L’espèce appelée A. lombricul se montre dans dien : Tare du méridien qui mesure cette distance
Thomme dans
,
le cheval , dans Tàne , le zèbre , le se nomme déclinaison de Tastre. L’ascension droite
bœuf, le cochon. Ce ver est blanchâtre; il séjourne et la déclinaison sont, pour un astre, la même chose
habituellement à la surface du canal iulestinal , et que la longitude et la latitude pour un lieu terrestre.
donne lieu souvent à des maladies graves. 11 atteint ASCENSION (en aérostat). Voy. aérostat.
près de 50 ceutim., et se multiplie quelquefois étran- ASCENSION , fête religieuse. Voy. le Dict. univ.
gement. h’ A. vermiculaire, que Ton trouve souvent d’Hist. et de Géogr.
chez les enfants dans certaines maladies, n’a qu’un ASCÈTES (en grec, ascétès, du verbe askéô,
centimètre de longueur. Pour les moyens de com- s’exercer à la piété) nom donné, dans les premiers
battre ces vers, Voy. vers intestinaux. temps de l’Église, aux solitaires qui se consacraient
ASCENDANT se dit, en Astronomie, de tout ce qui aux exercices de la piété, surtout à Toraison et à la
se meut eu montant au-dessus de l’horizon ainsi on
: mortification. Dans la suite, on adonné ce nom à tous
nomme astres ascendants les astres qui montent sur les religieux, cénobites ou solitaires. Lesd-scètev s’im-
l’horizon dans quelque parallèle à l’équateur ?iœuds posaient des jeûnes extraordinaires, s’exerçaient à
;
ascendants d’une planète , les points où elle traverse porter le cilice , à marcher nu-pieds , à se priver de
l’écliptique, en allant du midi au nord. —
Los signes sommeil; ils avaient de fréquentes extases. La vie
ascendants sont ceux que parcourt le soleil quand ascétique fut surtout commune eu Orient ; de saints
il s’éloigne de plus en plus sur l’horizon ; ce sont les évêques, de savants docteurs, entre autres, Origène,
trois premiers et les trois derniers du zodiaiiue, le S. Basile , l’avaient menée. S. Basile a composé des
Bélier, le Taureau, les Gémeaux; le Capricorne exercices spirituels pour la vie religieuse, sous le
le Verseau, \e% Poissons. Los autres signes sont dits nom à’ Ascétiques. —
On appelle encore ascétique
descendants, —En Mathèinati(iues, on appelle j/ro- tout ce qui a rapport à une vie retirée et contem-
gression ascendante celle dont les termes vont en plative ; ascétisme, la disposition à se livrer exclu-
croissant. — En Anatomie, \civaisseaux ascendants sivement et avec exaltation à la vie ascétique ; en ce
sont les vaisseaux qui portent le sang des parties sens , sainte Thérèse olfre le type de l’ascétisme.
inférieures aux parties supérieures du corps. L’ar- ASCIDIE (du grec ascidion petite outre) , dite
tère ascendante est le tronc supérieur de Taortc. aussi Outre de mer, genre de Mollusques acéphales
On appelle veine cave ascendante celle qui porte le à test gélatineux, coriace ou même encroûté de sable,
sang des parties inféiieures au cœur. —
En Bota- que Ton a quelquefois confondu avec une coquille
nique, on nomme collet ascendant le collet qui, en bivalve. Ce genrerenferme des animaux marins longs
se développant, s’élève avec la plumule, et porte de 10 à 30 ceutim., qui ont le manteau très-épais, en
les cotylédons à la lumière; étamines ascendantes forme d’outre, fermé de toutes parts, excepté à deux
celles qui se portent vers la partie supérieure de la orifices. Les Ascidies sont d'un roux cendré, blanc on
fleur; graine ascendante, celle dont le hile, à peu orangé, avec les orifices rouges; elles sont privées de
près de niveau avec le placenta, est situé un peu au- la faculté de marcher ; elles se fixent aux rochers el
dessus du point le plus bas de la graine, dans la aux autres corps. Elles lancent de Teau par un de
loge du péricarpe lèvre ascendante la lèvre supé- leurs orifices sur ce qui les inquiète. On les trouve
;
rieure d’une corolle labiée qui se relève par son dans toutes les mers. Quelques espèces se mangent.
,
extrémité; pétales ascendants, ceux qui se diri- ASCIDIÉES (du grec ascidion, petite outre), se
gent vers le sommet de la partie qui les porte dit, en Botanique, des feuilles terminées par une sorte
;
style ascendant celui qui, dans une fleur irrégu- de vase, comme celles du Népenthe distillatoire.
lière , s’écarte de Taxe pour se porter vers la partie ASCIDIENSou TUNiciERS libres. Lamarck nomme
supérieure ; tige ascendante celle qui se dresse ainsi le deuxième ordre de la classe des Mollusques
vers le ciel , après avoir marché horizontalement. Tuniciers, renfermant lesTéthyeset les Thalides. —
ASCENDANTS. En termes de Généalogie, ce sont Dans la méthode de Cuvier, ce groupe répond au
tous les parents qui sont au-dessus de nous, en li- genre Ascidie. Voy. ce mot.

gne directe ou indirecte. La plupart des obligations ASCIENS (de a priv., et skia, ombre), habitants
imposées par la loi aux asceaidants et aux descen- du globe terrestre qui, en certains temps de Tannée,
dants sont réciproques telle est celle de se fournir
: n’ont point d’ombre : tels sont les habitants de 1;
des aliments, tel est le droit de successibilité; mais zone torride, parce que le soleil est, à certains jours,
il en est qui n’appartiennent qu’aux ascendants : verticalement au-dessus de leurs tètes.
tel est le droit de ceux-ci de former opposition au ASCITE (du nom grec ascitès, enflé, dérivé
mariage de leurs enfants ou descendants. d’ascos, putre), hydropisie abdominale, provenant
ASCENSION se dit, en Astronomie, de l’arc de d’un amas de sérosité dans la cavité du péritoine.
cercle mesuré sur l’équateur
,
et compris entre le Elle a les mômes causes que les autres espèces d’hy-
point équinoxial et le point de l’équateur, qui se dropisie, et est soumise au même traitement. Quand
lève en même temps qu’une étoile ou qu’une pla- Tascite est ancienne et la distension du ventre con-
nète. Uascension droite d’un astre est Tare de Té- sidérable ,
le mal est incurable.
quateur, compté dans i’ordre des signes, depuis le ASCLÈPIADE A’ Asclépios
(
nom grec d’Escu-
commencement du Bélier jusqu’au point où il est lape ) , genre type des Asclépiadées , section de la
coupé par le méridien de cet astre , ou , ce qui est famille des Apocynées : herbes vivaces à feuilles
la même chose, c’est Tare équatorial compris entre opposées ou verticillées ; calice et coroUe quinqué-
le point équinoxial et le point de l’équateur qui partis et couronne staminale quinquéphylle. Plu-
, , . . ,

ASIL — 112 — ASIM


sieurs espèces se cultivent comme plantes d’agré- Le nom d'asile est consacré aujourd’hui à dé-
ment. L'A. de Syrie, indigène de l’Asie, porte les nommer des établissements spéciaux de bienfai-
noms de Plante à soie, Apocyn à ouate soyeuse, sance qui servent de retraite à des infirmes, des
Coton sauvage parce que ses fruits , en forme de vieillards, notamment l’Asile de la Providence, à
gousses allongées, sont remplis degraines surmontées Montmartre,!, en 1804 pour les vieillards ou infirmes
d’aigrettes nombreuses d’une grande Onesse, tenant des deux sexes par M. et M“* Micault de Vieuville.
à la fois de la soie et du coton. On s’en sert pour Soixante personnesysontlogées, nourries etsoignées.
ouater les vêtements, garnir les matela^ coussins et ASILE (salles d’) , établissements destinés à re-
meubles, fabriquer des couvertures. Cette plante cueillir et à mettre à l’abri de l’abandon les enfants
est cultivée en grand aux États-Unis et en Silésie, en bas âge auxquels des parents pauvres et travail-
où elle remplace le chanvre. lant en journée ne sauraient donner les soins et la
ASCLÉPIADE (vers) , vers lyrique des anciens surveillance nécessaires : on les a nommés un mo-
ainsi nommé du poète Asclépiade , son inventeur. Il ment en 1848 Ecoles maternelles. On y reçoit les
se compose de douze syllabes, que l’on peut scander enfants de 2 à 6 ans ; on leur donne les premiers
de deux manières : un spondée, deux choriambes et principes de l’éducatipn, et on leur fait faire certains
un ïambe; ou bien, un spondée, un dactyle et une exercices proportionnés à leur âge et propres à les
césure , puis deux dactyles. Toute la première ode distraire ou à les instruire. La direction de chaque
d’Horace est en vers asclépiades : asile est généralement confiée à des femmes, laïques

Uêcæ ( nâs 31 StÏ 3 |


ëdïtë rë {
gtbüs.
ou religieuses, quelquefois à un ménage. —La créa-
tion de ces utiles établissements appartient à une
00 Mêcæ Dâs SiS tIs ëdïlë rëgTbus.
[ I | |
Française, M“® Pastoret, qui, émue de pitié à la
ASCLÉPIADÉES grande section de la famille des
,
vue d’enfants abandonnés, fonda en 1801, à ses frais,
Apocynées, renferme des plantes à suc laiteux et la première salle d’asile à Paris (rue Miromesnil).
corrosif , frutescentes ou herbacées , garnies de Déjà , cependant, quelque chose d’analogue avait été
feuilles simples et entières, de fleurs à un seul pé- tenté dans les Vosges, au Ban de la Roche, par le
tale, disposées en ombelles, et de fruits composés pasteur Fr. Oberlin. Peu encouragées en France, les
de deux follicules oblongs , contenant des semences salles d’asile furent mieux accueillies à Genève
garnies d’une aigrette soyeuse. M. R. Brown en a fait d’où elles se répandirent par toute la Suisse, puis
une famille, qu’il subdivise en six tribus Asclépia- : en Angleterre; c’est de là qu’elles nous revinrent
dées vraies, Céropégiées, Gonolobées, Oxypétalées, avec quelques perfectionnements. M. Cochin établit
Pe'riplocées et Se'camone'es. Les Asclépiadées vraies en 1828 un asile modèle dans le 12® arrondissement de
renferment les genres Ascle'pias, Otaria, Cynan— Paris (r. St-Hippolyte); mais ce n’est qu’en 1837
chum, Vincetoxicum (üompte-venin),etc. que les Salles cl’ A furent organisées, par ordonn. du
ASELLE crustacé. Voy. asellide.
,
22 déc., sur la proposition de M. de Salvandy, alors
ASELLIDES (du latin asellus, petit âne,sans doute grand -maître de l’Université. Elles ont pris place dans
parce que la forme aplatie de leur dos permet de les la loi du 15 mars 1860 (art. 57-59), qui a constitué l’en-
charger de petits fardeaux), famille de Crustacés seignement à tous ses degrés. Mtsesen 1854 sous la pro-
isopodes, renfermant des animaux assez semblables tection de l’Impératrice(décret du 17 mai), ellesont été
aux cloportes, et nommés ase//es. Ils ont un corps réorganisées par décret du 21 mai. Auj., il existe des
obloiig , déprimé , et une queue d’un seul article salles d’asile dans presque toutes les localités de
fort grand etarrondi, portant deux appendices four- quelque importance ; des comités locaux, des inspec-
chus, composés d’une tige déliée, cylindrique. L’A. trices bénévoles, sont chargés de les surveiller; en
vulgaire est très-commun en France, dans les eaux outre, une inspection générale a été créée pour don-
douces et stagnantes. Sa couleur est ceudrée; sa lon- ner à tous les établissements une direction commune ;
gueur de 13 à 15 millim. sur une largeur de 4 à 6. des examens ont été étabfis pour l’admission des di-
ASILE (du grec asylon, dérivé d’a priv., et de rectrices d’ asile ; une Ecole normale a été fondée
sulaô^ piller, forcer ; qui ne peut être forcé , invio- pour former des directrices; des ouvrages de genres
lable ) , lieu de refuge et de sûreté pour les crimi- divers (recueils d’images, syllabaires, petites histoi-
nels , d’où il n’était pas permis de les arracher. res, chants), dus, pour la plupart , à M“® Chevreau-
Chez les anciens, les temples, les statues des dieux, Lemercier, déléguée générale pour l’inspection, ont
les tombeaux, les autels, jouissaient du droit d’a- été composés et appropriés aux besoins de la première
sile;
toutefois, ce droit ne fut pas toujours respecté : enfance. — On peut consulter avec fruit le Manuel des
ainsi, les Lacédémoniens arrachèrent Pausanias du Salles d’A. de M. Cochin et le Nouv. Manuel, par une
temple de Minerve. —
Cette coutume passa du pa- Sœur ; le Guide des Salles d’A de M. Jubé de la Per-
ganisme au christianisme. Au moyen âge, les égli- relle;l'Essaisur l’inspect. desSalles d’A. deM'"' Che-
ses, puis tout cequi faisait partie du domaine ecclé- vreau ; l’Enseign ement prat. de M"' Pape-Carpantier ;
siastique furent des asiles; ce droit, introduit sous
, VUist. et la Législ. des Salles d’A. d&M. deMalarce.
Constantin, avait encore été étendu, par un décret de ASILIQUES (du latin asilus, nom du genre type),
Théodose le Jeune, en 431, et plus tard , par le tribu d’insectes de la famille des Tanystomes, ordre
concile de Tolède. Les plus célèbres asiles, au moyen des Diptères : tête déprimée, trompe peu saillante,
âge, furent, en France , les églises de Notre-Dame palpes petites, face barbue, yeux distants. Les asi-
de Paris et de St-Martin de Tours; en Angleterre, liques sont des insectes carnassiers et très-voraces.
Beverley. Le droit d’asile ayant donné lieu à de Ils saisissent au vol d’autres insectes, les tuent en
graves abus par l’impunité qu’il assurait aux crimi- les piquant avec une des pièces, dure et aiguë, de
uels, le pouvoir temporel travailla constamment à leur suçoir, et les sucent ensuite. Les grandes es-
le restreindre ; Louis XII supprima plusieurs asiles pèces, comme les taons, tourmentent beaucôup les
dès 1500, et François I®', en 1539, abolit le droit bestiaux sur la fin de l’été. Cette tribu a pour type
d’asile en France. Cependant, jusqu’en 1789, ce droit le genre Asile, à lèvre supérieure tronquée oblique-
se maintint à Paris pour la maison royaie et pour ment, à abdomen allongé, pointu, et dont le vol ra-
l’hôtel du grand prieur de Malte ( le Temple). Le droit pide est accompagné d’un bourdonnement a.ssez fort.
d’asile n’existe plus aujourd’hui en Europe que pour L’A. frelon et VA. cendré se rencontrent souvent
les hôtels des ambassadeurs et autres ministres ou dans les lieux secs, à terre ou sur les troncs d’arbres.
agents politiques à l’étranger : il s’étend à toutes les ASIMINA, AsiMiNiER, genre de la famille des
personnes attachées à leur service ; mais ce droit ne Anonacées , composé d’arbustes et d'arbrisseaux
va pas jusqu'à couvrir les criminels indigènes, pour communs à la Louisiane, dont l’écorce et les feuilles
lesquels l’extradition est autorisée par les traités. exhalent une odeur fétide lorsqu’on les broie , et
, , , , ,

ASPE — 113 — ASPH


dont les fruits, nommés asimines, sont alimen- ASPÉRIFOLIÉES (dlasper, rude, et folium, feuille,
taires, quoique peu savoureux. Plusieurs se cultivent, à cause des aspérités dont les
feuilles sont couvertes),
même en France , comme arbustes d'ornement. nom sous lequel Linné désignait les plantes appelées
ASIPHONOBRANCHES (du grec asiphôn, privé plus tard Borraginées. Ce nom a été conservé pour
de siphon, et branchia, branchies), 2® ordre des un sous-ordre de cette famille, divisé en deux tribus,
Mollusques paracéphalophores dioïques de Blain- les Ehrétiées et Borragiriées vraies.
les
ville. Ce sont ceux qui n’ont pas au-dessus de la tête, ASPÉRULE (en latin asperula, diminutif âi'asper,
comme les siphonobranches, un canal formé par le rude) , genre de la famille des Rubiacées , renfermant
manteau et destiné à porter l’eau sur les branchies. des plantes herbacées , utiles et agréables à la fois.
Ils correspondent à peu près à la famille des Tro- L’A. rubéole donne par sa racine une couleur rouge
choïdes de l’ordre des Pectinibranches de Cuvier. aussi belle que celle de la garance. Elle se trouve
ASPARAGINE , principe chimique azoté , cristal- dans les terres en friche ; on la nomme Herbe à l’es-
lisant en prismes droits à base rhombo'idale , inco- quinancie, parce que ses infusions guérissent cette
lore, sans odeur, d’une saveur fraîche, et contenant maladie. L’A. bleue fournit aussi une bonne couleur
C*H“N’0® -j-ûo. Il a été décoi^ert en 1805 dans les pour la teinture. L’A. odorante dite aussi Reine ou
asperges par Vauquelin et Robiquet; on l’a rencon- Muguet des bois aux fleurs blanches , répand une
tré depuis dans la racine de guimauve (où il a pris odeur douce et agréable; on la trouve dans les bois
le nom à’ al théine ) ,
la belladone, les betteraves ,
la humides. On la prend en infusion théiforrae.
grande consoude, etc. ASPERSION. Voy. eau bénite et eau lustrale.
ASPARAGINÉES (du latin asparagits, nom du asphalte (du CTec asphaltos bitume), dit
genre qu i en est le type) , famille de plantes monocoty- aussiBitume de Judée Poix minérale scoraciée,
,

lédones à étamines périgynes, de Jussieu, composée Karabé de Sodome et Baume de momie, bitume
de plantes vivaces , herbacées ou sous-frutescentes ; solide, d’un noir brillant, dur et caissant comme la
fleurs accompagnées de spathes , calice pétaloide à résine , mais insoluble dans l’alcool, et fusible à plus
6 divisions , 6 étamines alternant avec ces divisions, de 100®. Son nom lui vient du lac Asphaltite ( Mer
ovaire supère à un ou plusieurs styles ; fruit for- Morte), en Syrie, sur les eaux duquel il surnage et

mant une baie ou une capsule. Les Asparaginées de où on le recueille de temps immémorial. Les Egyp-
Jussieu ont été démembrées par les botanistes mo- tiens s’en servaient pour les embaumements (d’où le
dernes. Plusieurs genres ont été réunis aux Aspho- nom de Baume de momie ) ;
les Babyloniens en en-
dèles, d’autres aux Smilacées, et le reste, sous le nom duisaient les briques dont ils construisaient leurs
d' Asparagées, forme actuellement une simple tribu édifices ; les Romains recouvraient d’une couche lé-
de la famille des Liliacées. Cette tribu renferme les gère d’asphalte les statues qu’ils voulaient préserver
genres Asparagus (asperge) , Dracœna , CordylUv, des injures de l’air; les modernes le font entrer dans
Dianelle, OEdera et Taetsia. la composition de certains vernis.
ASPARTIQUE (acide), acide organique, cristal- Dans le commerce, on étend le nom d' Asphalte
lisé en feuillets blancs, et qu’on obtient par la mé- à une autre espèce de bitume, le Bitume glutineux
tamorphose de l’asparagine. Il renferme C®U®NO',HO. ou Pétrole tenace (mallhe et pissasphalte des miné-
ASPECT. On nomme ainsi, en Astronomie, la ralogistes), substance molle, glutineuse, durcissant
situation des astres les uns par rapport aux autres. par le froid, se ramollissant par la chaleur. Cette es-
L’aspect prend le nom de conjonction quand l’angle pèce d’asphalte est très-abondante en Europe et en
de deux planètes est de 0“ ; il est sextÙ quand il est Asie, notamment en France , en Suisse ( à Neufehâ-
de 60® ; quartil de 90® ; trme , de 120® ; il s’appelle tel ) , en Bavière , en Hongrie , en Galicie ; la France
opposition quand cet angle est de 180®. Les astro- possède plusieurs localités où il découle, soit du cal-
logues faisaient de ces divers aspects les fondements caiie, soit de l’argile, soit du grès, soit aussi de quel-
de leurs prédictions, et distinguaient les A. bénins ques roches volcaniques ; à Gabian (Hérault) , à
ou de bon augure, et les A. malfaisants. Seyssel, près du Rhône (Ain), au Puy-de-Ia-Pége
ASPERGE (du grec asparagos, asperge), genre près de Clermont (Puy-de-Dôme), etc. Ce bitume
type de la famille des Asparaginées, plante vivace, sert à enduire les cordages et les bois qui doivent
feuilles en général petites et sétacées , fleurs pe- servir dans l’eau , à goudronner les toiles , à préser-
tites et jaunâtres, calice tubuleux ou subcampa- ver de l’humidité les plâtres et les constructions en
niforme , ovaire à trois loges contenant chacune maçonnerie; mêlé avec le sable, il acquiert une
deux ovules , baies globuleuses , presque sphériques. grande consistance et sert à faire des enduits pour
L’espèce la plus utile est TA. officinale, dont les recouvrir les terrasses , les trottoirs et même les
jeunes pousses, ou turions, sont un mets très-re- routes ; il remplace avec économie les tuiles et le
cherché. L’asperge aime un sol léger et substantiel. zinc pour la couverture des bâtiments; enfin, il
Comme la racine de l’asperge tend toujours à se entre dans la composition des vernis noirs et même
rapprocher d* la surface de la terre , on la plante de la cire à cacheter.
dans des fossés séparés par des ados, et chaque an- ASPHODÈLE (du grec asphodèles, sorte de lis),
née on la recouvre de terre pour qu’elle prenne du genre type de la famille des Asphodélées; plante lier
corps. A la troisième année , on commence à couper baeée et vivace, à racine fasciculée, à tige gracieuse
les plus grosses pousses pour les manger. Les tiges et élancée , donnant de belles fleurs en grappes tan. ,

qu’on laisse monter sont hautes de 80 centim. à tôt jaunes, tantôt blanches, à 6 étamines insérées
1 mètre. Leurs feuilles linéaires leur donnent l’appa- à la base des pétales, et dont les filets dilatés for-
rence des arbres verts, et leurs fleurs verdâtres font ment une sorte de voûte qui recouvre l’ovaire. L’A.
place à de petits fruits rouges de brique , un peu plus jaune, vulgairement appelé Bâton de Jacob, et
gros que la groseille. On multiplie les asperges soit l’A. rameux , on Bâton royal, à fleurs blanches mar-
par semis, soit par griffes ou pieds que l’on repique. quées de lignes roussâtres , sont les espèces lès plus
Tout le monde sait que l’asperge communique aux recherchées pour l’ornement des parterres. L’aspho-
urines une odeur fétide quelques gouttes de térében-
: dèle est commun en Grèce, en Italie et en France ;
thine la changent promptement en odeur de violette. ses tubercules offrent aux bestiaux une nourriture
En Médecine , la racine d’asperge est recommandée saine ; on en extrait de l’alcool ; le bulbe a été employé
comme apéritive et diurétique. Ses jeunes pousses contré la gale. — Chez les anciens, l’Asphodèle était
exercent une action sédative sur la circulation et une plante sacrée qu’on entretenait autour des tom-
pau'ticulièrement sur les mouvements du cœur. On beaux commele mets le plus agréable aux morts. Elle
eù prépare un sirop connu sous le nom de sirop de était aussi, selon Théophraste, le gage des amours.
pointes d’asperges.^ ASPHODÉLÉES , famille de plantes monocotylé-
S
, , , , , ,

ASPI m— ASPR
dones à étamines périgynes , de Jussieu , ayant pour espèce de Lavande {Lavandula spica). —
\J huile
type l’Asphodèle , est réunie aujourd’hui par la plu- d’ Aspic est une substance liquide , volatile , transpa-
part des botanistes à celle des Liiiacées , dont elle rente, aromatique, et de saveur âcre, que Ton obtient
ne se distingue guère que par son port , sa racine par la distillation des fleurs de cette lavande. Elle
fibreuse, ses feuilles linéaires et ses fleurs en grappes est employée en médecine et dans Tart vétérinaire ;
simples ou ramifiées. Genres principaux Asphodèle,
: elle sert aussipour la préparation de certains vernis.
Muscari, Hyacinthe, Scille, Oi-nithogalle , Ail Elle est très-inflammable et dissout très-bien lasanda-
Hémérocalle. raque; ce qui permet de reconnaître la fraude,lorsque
ASPHYXIE (en grec asphyxia, d’a privatif, et cette huile est falsifiée. Les pêcheurs en recouvrent
sphyxis pouls privation du pouls) , état de mort ap-
;
l’appât de leurs lignes pour faire mordre le poisson.
parente, provenant primitivement de la suspension ASPIC, dans TArt culinaire, est le nom d’une espèce
des phénomènes respiratoires , et amenant par suite d’entrée qui se compose de filets de volaille , de gi-
celle des fonctions cérébrales, do la circulation, ainsi bier ou de poisson , renfermés avec des truffes des
,
que des autres fonctions, enfin la mort réelle. On dis- crêtes , des œufs durs et des tranches de cornichons,
tingue A. par submersion, celle des noyés; A. par
: dans une masse de gelée translucide, à laquelle on
strangulation oa par suffocation', A. par des gaz non donne une forme élégante au moyen d’un moule.
respirables (gaz azote, hydrogène, protoxyde d’azote, ASPICARPA (du grec aspis, écusson, et carpos,
oxyde de carbone , air atmosphérique non renou- fruit ),genre de la famille des Malpighiacées , cu-
velé , hydrogène carboné) ; A. par des gaz délétè- rieux en ce qu’il porte deux sortes de fleurs : les
res vulgairement plomb des fosses d’aisances , mé-
(
unes normales, disposées par quatre, en ombelles,
phitisme) , tels que la vapeur de charbon celle des
,
sur de longs pédoncules, et formées d’un calice quia
cuves de raisin et des liquides en fermentation, les gaz quéparti , ayant 2 glandes à sa base , d’une corolle à
des marais ou des mines de charbon de terre ; A. par 5 pétales, de 5 étamines, de 3 ovaires et d’un style;
la foudre, par le froid-, enfin, A. des nouveau-nés. les autres anormales, très-petites, verdâtres, pres-
— Dans cet état, la mort est le résultat de la non-con- que sessiles, situées à l’aisselle des feuilles, et for-
version du sang veineux en sang artériel , le premier mées d’un calice qui est aussi quinquéparti , mais
exerçant sur les organes une action stupéfiante. Pour sans glandes, sans corolle, et avec 2 ovaires sans
combattre l’asphyxie , il faut éloigner d’abord les style. Le nom à’Aspicarpa est tiré de la forme des
causes du mal ; exposer le malade à l’air libre , le fruits, qui a quelque analogie avec celle d’un écus-
dépouiller de ses vêtements; réveiller l’action des son ce sont des carpelles indéhiscents garnis de trois
:

poumons par des odeurs fortes, y insuffler de l’air ; crêtes, une au milieu et deux sur les côtés. Les deux
administrer, s’il se peut , de l’eau vinaigrée des la-
,
espèces que Ton connaît sont deux sous-arbrisseaux
vements irritants, des frictions sèches ou aromati- du Mexique ;
on les cultive dans nos serres.
ques, des aspersions froides; on pratiquera, selon ASPIDIÉES (
du grec aspis, bouclier, et eidos,
que l’exigeront les circonstances, une saignée du forme), tribu de la famille des Fougères, section
bras , du pied ou de la jugulaire ; l’électricité et le des Polypodiacées, distinguée à ses groupes de cap-
galvanisme ont souvent réussi. Au reste , le succès sules arrondies ou ovales, recouvertes d’un tégument
dépend surtout de la prompte application du re- réiiiforme et situées sur les nervures ou à leur ex-
mède. Une Instruction rédigée par ordre de l’Ad- trémité. Cette tribu a pour type le genre Aspidie, où
ministration , approuvée par le Conseil de salubrité se trouve la Fougère femelle, commune dans tous nos
le 19 juin 1835, et affichée dans chaque corps de bois. Elle comprend de plus les genres Polystichum
garde, indique les secours à donner aux noyés et et Nephrodium.
asphyxiés ; en outre , une boite de secours doit être ASPIÜOPHORE (du grec aspis bouclier, et pho-
déposée dans les mêmes lieux. ros, porteur), genre de la famille des Perco'ides,
ASPIC (du grec aspis, tiré lui-même àespidzô, poisson des mers du Nord qui a les joues et tout le
distendre), nom qui a servi, chez les anciens, à corps cuirassé (d’où son nom). Une petite espèce
désigner plusieurs sortes de serpents , principale- d’aspidophores s’avance jusque dans la Manche, où
ment la Vipère haje, ou A. de Cléopâtre, qui pos- elle est assez abondante.
sède, en effet, la faculté de distendre et de gonfler ASPIRANT DE MARINE, nom donné au com-
son cou. Cette espèce se trouve en Egypte. Elle tire son mencement de la Révolution à un officier placé im-
nom de ce que la reine Cléopâtre, craignant de servir médiatement au-dessous de l’enseigne on le nom- ;

au triomphe d’Auguste après la bataille d’Actium mait auparavant garde-marine. Le titre d’aspirant
s’en fit apporter une dans une corbeille de figues, et fut remplacé sous l’Empire par celui de sous-lieu-
se fit piquer par elle au sein. La morsure de cette tenant de marine et sous la Restauration par celui
vipère, quoique promptement mortelle, passait pour à' élève de marine', il a été depuis rétabli ; on distin-
ne causer aucune douleur. Galien rapporte qu’à gue des aspirants ou élèves de U® et de 2« classe.
Alexandrie, pour abréger le supplice des criminels, ASPLflNIACÉES {éV asplénium du genre
on les faisait piquer à la poitrine par cet aspic. Au- type), tribu de la famille des Fougères, section des
jourd’hui les jongleurs savent , en lui pressant la Polypodiacées, caractérisée par ses groupes de cap-
nuque avec le doigt, le faire tomber dans une sorte sules linéaires , situées le long des nervures secon-
de catalepsie qui le rend immobile et roide comme daires, et par le tégument qui les recouvre, inséré

un bâton. Les modernes ont, comme les anciens, ap- aux nervures d’un côté et libre de l’autre. Le genre
pliqué le nom d’aspic à des espèces fort différentes : Asplénie renferme le Polytric des murs humides
ainsi, l’on a VA. de Lacépède {Vipera ocellata ) , et que Ton emploie pour remplacer la capillaire , et la
VA. de Linné {Coluber aspis). Toutefois, c’est à cette Rhizophylle des États-Unis, dont les frondes sim-
dernière, qui n’est qu’une variété de la vipère com ples et lancéolées se terminent par un appendice
mune ( Yipera berus ) , que Ton conserve plus spé- linéaire qui s’enfonce en terre et y prend racine.
cialement le nom à'aspic. On la connaît même sous Les autres genres sont la Scolopendre et le Blechne.
ce nom dans les campagnes. Elle est brune ou rous- ASPRE , monnaie de compte de Turquie , dont
sâtre, et porte sur le dos une double rangée de ta- 80, 100 ou 120 font, selon les temps et les pays,
ches noires transversales qui toutes ensemble for- 40 paras ou une piastre de 2 francs , la valeur de
ment une bande ployée en zigzag. On trouve cet Taspre ayant varié par suite de l’altération des mon-
aspic dans la forêt de Fontainebleau et même aux naies. L’aspre de Turquie et de Tunis ne vaut que
environs de Paris. Sa morsure passe pour plus dan- 2 cent. 1/2 ; Taspre d’Alger vaut moins d’un centime.
gereuse que celle de la vipère grise. Voy. vipère. ASPRÈDE, genre de poissons de la famille des
ispic, en Botanique, est le nom vulgaire d'une Silures de Cuvier, se distingue par l’aplatissement
, , ; , ,,

ASSE — 113 ASSE


de la tète ,
qui est énorme en pro^iortion du corps. où , depuis Solon ,
tout se décidait sur la place pu-
On le trou-ve surtout dans les fleuves de l’Inde. blique; chez les Romains, où ces assemblées, tenues
ASSA FOEÏlDA (du persan asa, résine, et du au Forum, prirent le nom de comices, et où elles
latin fœtida, fétide), gomme-résine qui découle de subsistèrent jusqu’à la chute de la république ; chez
la plante appelée Ferula assa fœtida, a une saveur les Germains et les Francs, où elles sont connues
et une odeur fétides, analogues à celles de l’ail, sous les noms de malls, champs-de-mars, ctiamps-
dues particulièrement à une huile essentielle sulfu- de-mai; chez les Anglo-Saxons, qui les appelaient
rée. Elle croit dans la Perse et dans l’indoustan. On wittenagemot dans les cantons suisses, depuis leur
l’exporte du golfe Persique à Bombay et à Calcutta, affranchissement, etc. On les voit abolir à mesure
d’où on l’expédie en Europe. Elle arrive en masses que la féodalité et le pouvoir absolu font des pro-
irrégulières, emballées dans des nattes, en barils grès. Toutefois, elles reparaissent dans les temps
ou en caisses ; cette dernière forme est celle qui con- modernes, mais sous une nouvelle forme, plus com-
tient la meilleure qualité. Elle s’emploie en médecine, patible avec l’accroissement des populations, sous
le plus souvent sous forme de pilules ou de teinture, la foime de collèges électoraux et à' assemblées re-
comme antispasmodique et comme excitant. Les présentatives : telles sont, en Espagne, les antiques
Asiatiques aiment son odeur et sa saveur et s’eu ser- Cortès; en Angleterre et dans les autres gouverne-
vent comme assaisonnement; aussi, tandis que les ments constitutionnels, les Chambres législatives
Européens appellent Tassa stercus diaboli, ceux-là en France , les États provinciaux et les États gé-
la nomment délices des dieux, et en assaisonnent néraux de France, les Assemblées de notables,
presque tous leurs aliments. VA. constituante VA. législative, la Convention,
,

ASSAISONNEMENTS (de saison, parce que au- les deux Conseils qui lui succédèrent, le Corps
trefois on disait, en Agriculture, assaisonner la législatif, les Chambres de la Restauration, les
terre pour la préparer et la fumer selon les saisons) nouvelles A. constituante et législative de la répu-
substances destinées à relever la saveur des aliments, blique de 1848 (Pour l’historique de ces diverses as-
et à faciliter la digestion. Les assaisonnements peu- semblées, Voy. notre Dict. univ. d’Hist. et de
vent être empruntés aux trois règnes de la nature : Géogr.). —
On a vu reparaître en France des as-
au règne minéral (sel , nitre) ; au règne végétal (vi- semblées universelles, mais pour certains actes seu-
naigre, acide citrique , cannelle, muscade, girofle, lement, comme élections ou sanction de quelques
gingembre , ail , oignon, estragon, poivre, piment, grandes mesures : telles étaient les Assemblées pri-
vanille, sucre, huile, champignon, truffe, etc.) plus maires, créées par la constitution de 1791, et celles
;
rarement au règne animal (graisse, beurre, lait, fro- auxquelles furent soumises la nomination du consul
mage, miel, saumure, etc.) . —L’usage des assaison- à vie et celle de l’empereur; telles sont encore les
nements parait indispensable à l’homme; on le trouve Assemblées électorales convoquées depuis 1848, soit
pai tout ; mais l’abus peut nuire en excitant un ap-
, pour élire les représentants, soit pour nommer le pré-
pétit factice et en introduisant dans l’économie des sident de la République et Tempereur Napoléon III.
principes âcres et malfaisants. assemblées du clergé. Sous l’ancienne monarchie,
ASSASSINAT (de l’arabe hassas, malfaiteur, ou il se tenait régulièrement en France des Assem-
de hachichin, surnom donné à une secte d’Ismaé- •
blées du clergé, que Ton distinguait en A. ordinai-
liens qui s’enivraient avec le hachich, et qui res et extraordinaires. Les A. ordinaires étaient
, sur
Tordre du Vieux de la Montagne , commirent des elles-mêmes grandes on petites, et se tenaient al-
meurtres fameux) .Notre Gode pénal (art. 296) qualifie ternativement de 5 en 5 ans. Les grandes assem-
assassmat tout meurtre commis avec préméditation blées du clergé étaient composées de quatre dépu-
ou gue^pens. Tout individu coui)abla d’assassinat tés de chaque province ecclésiastique ; deux étaient
est puni de mort (art. 302), sauf le cas de circonstances du premier ordre, archevêques ou évêques, et deux
atténuantes introduit plus tard dans la législation. du second ordre , abbés ou prieurs, etc.; leur objet
La menace d’assassinat , avec ordre de remplir cer- était de renouveler avec le roi le contrat des dé-
taines conditions, entraîne la peine des travaux for- cimes ordinaires, et d’accorder au roi quelque se-
cés à temps, si cette menace est faite par écrit; elle cours extraordinaire. Les petites assemblées se
est punie d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans composaient de deux députés seulement de chaque
et d’une amende de 25 à 300 fr. si elle a été pure- province, qui étaient chargés d’examiner les comptes
,
ment verbale (art. 305, 307, etc.). Les complices du receveur général du clergé , et de faire un pré-
sont punis comme les auteurs (art. 59). sent au roi. Dans les A. extraordinaires on trai-
ASSAUT (pour assault, à'assailhr) attaque vive tait des affaires générales de l’Église de France, et
et violente faite à une place assiégée, au moyen de ce qui regarde la foi , les mœurs et la discipline :
d’une brèche pratiquée par la sape ou par le ca- on les appelait synodes et conciles.
non : c’est l’acte final d’un siège. On eu distingue ASSEMBLÉES DE CRÉANCIERS , réunioDS des créan-
trois sortes jJ’A. des ouvrages extérieurs, qui se ciers d’un failli ou d’un débiteur qui se trouve dans
donne le plus souvent par surprise et la nuit ; VA. l’embarras. Ces assemblées ont pour objet d’entendre
du corps de lu place, qui n’a lieu qu’après que les des propositions d’arrangement et d’en délibérer ;
ouvrages extérieurs ont été emportés, et qui se livre elles aboutissent ordinairement à ce qu’on appelle
à la brèche d’un bastion VA. général, dirigé à la fois concordat ou atermoiement. Quoique très-fréquen-
;
contre plusieurs bastions. Parmi les assauts célèbres, tes , ces réunions n’ont aucun caractère légal.
on cite , au dernier siècle, ceux de Berg-op-Zoom et ASSEMBLÉES DE FAMILLE. Voy. CONSEIL DE FAMILLE.
de Port-Mahon ; dans celui-ci, ceux de Girone, Sara- ASSERMENTÉ se dit de tout fonctionnaire pu-
gosse, Constantine par les Français, de Seringapa- blic qui a prêté serment avant d’entrer en exer-
tam, de Saint-Sébastien, de Badajoz par les Anglais. cice, ou de certains délégués appelés par les tribu-
ASSAUT d’armes, combat simulé entre deux person- naux, et qui prêtent serment avant de remplir leur
nes : on se sert de fleurets mouchetés on se couvre
;
la figure d’un masque et la poitrine d’un plastron.
office ; les noiamo experts assermentés.
on —
Pen-
dant Révolution, onnovxmo.pfrêtres assermentés
la
ASSEMBLÉES politiques. Ces assemblées remon- les prêtres qui avaient prêté serment à la Constitu-
tent à l’origine des sociétés tion civile du clergé , par opposition à ceux qui s’y
, et se trouvent chez
tous les peuples qui ont joui de quelque liberté ; étaient refusés, dils prêtres non assermentés.
chez les Hébreux chez les premiers Égyptiens ASSESSEUR (du latin assessor, qui s’assied au-
,
chez les Grecs, surtout à Sparte, où les affaires, exa- près du président), magistral adjoint à un jugo
minées d’abord par le sénat , étaient ensuite sou- principal pour l’aider dans l’exercice de ses fonc-
mises à l’approbation du peuple et à Athènes tions, ou le suppléer en cas d’absence. Ce titre
; ,

8.
,

ASSI — 116 — ASSI


emprunté aux Romains, désignait, sous l'ancienne et domicile du demandeur, les noms et demeures de
monarchie française , ce que nous appelons aujour- l’huissier etdu défendeur, le jour pour comparaître;
d’hui simples juges et conseillers. L'Assemblée con- elles doivent être faites à personne et à domicile, et
stituante, par la loi du 24 août 1790, donnait au être enregistrées dans les trois jours. On assigne d’or-
juge de paix deux assesseurs pour siéger et déli- dinaire à huitaine ; dans les cas urgents, on peut assi-
bérer avec lui; ces assesseurs ont été supprimés, gner à bref délai. 'Tout ce qui concerne les assignations
et le titre d’assesseur a entièrement disparu de est prescrit dans le Code de procédure (art. 59-74).
notre législation moderne. On le trouve cependant ASSIMILATION (du latin assimilare rendre
,
encore employé dans les colonies. semblable) , fonction commune' à tous les êtres or-
ASSIENTE (de l’espagnol asiendo, contrat), mar- ganisés en vertu de laquelle ils transforment en
ché par lequel le gouvernement espagnol avait cédé leur propre substance les matières qu’ils puisent au
à une compagnie étrangère dite Compagnie de dehors : c’est un des actes de la nutrition. F. ce mot.
l’Assiente le droit d’importer des esclaves dans les ASSIMINIER. Voy. asimina.
colonies espagnoles. Ce privilège avait été aecordé ASSISES (d’asveoO’, pour assemblées où l’on était
:

dès le XVI® siècle aux Anglais et aux Hollandais ; assis). On nommait ainsi autrefois en France des
Philippe d’Anjou, devenu roi d’Espagne, le leur assemblées extraordinaires qui se tenaient tous les
retira en 1702 pour le concéder à une société fran- ans à certains jours pour rendre la justice, juger
çaise, \a. Compagnie française de Guinée; il fut, les appels et surveiller les juridictions inférieures ;
après la paix d’Utrecht (1713), rendu aux Anglais, on y lisait aussi , en présence de tous les officiers
qui le conservèrent jusqu’en 1739, époque où la publics, les lois et ordonnances du souverain. On
guerre éclata entre l’Espagne et l’Angleterre : de- distinguables petites assises, plaids or-
• puis lors, la traite des noirs fut libre jusqu’au dinaires, où étaient jugées à de fréquents intervalles
moment où la philanthropie s’efforça de l’abolir. toutes sortes d’affaires, et les grandes assises ou
ASSIGNAT (du latin assignatus, assigné, affecté), plaids extraordinaires, assemblées solennelles qui
papier monnaie ainsi nommé parce qu'on avait as- ne siégeaient que dans des cas spéciaux, déterminés
signé pour son remboursement la valeur des biens par la nature de la cause et la qualité des person-
nationaux. 11 fut créé le l®r avril 1790 , et annulé le nes. C’est dans une assemblée de ce dernier genre
19 février 1796 (30 pluviôse an TV). L’Assemblée que furent lus en 1099, à Jérusalem, les lois et
nationale, pour remédier au désordre des finances, statuts rédigés par Godefroi de Bouillon pour le
avait autorisé, sur la proposition de Bailly, l’émis- royaume de Jérusalem, nouvellement érigé {Voy.
sion d’un papier représentatif de la valeur d’une ASSISES DE JÉRUSALEM au Dict. univ. d’Hist. et de
masse énorme de biens nationaux : c’est ce papier Géogr.). — Lors de la formation des parlements , les
qu’on nomma assignats. Il devait porter intérêt et attributions de ces grandes assemblées passèrent aux
être brûlé à mesure des ventes de biens nationaux. nouveaux corps judiciaires les assises ordinaires
:

La première émission fut de 400 millions. Bientôt —


furentseules maintenues. Aujourd’hui le nom d’of-
la disette du numéraire, effet de l’émigration et sises ne s’applique qu’aux cours tribunaux
des troubles politiques qui détruisaient toute con- institués en France pour juger les affaires criminel-
fiance , fît donner aux assignats cours forcé de mon- les, avec le secours d’un jury. Voy. cour.
naie : les biens nationaux ne pouvant être vendus ASSISES. En Architecture, on nomme ainsi chaque
assez promptement, les assignats eurent , dès le mo- rangée horizontale de pierres de taille dont est
ment de leur émission , une valeur inférieure à celle composé le mur d’un édifice. Pour plus de solidité,
du numéraire. Les émissions successives, et toujours toutes les assises doivent être d’une égale hauteur,
plus considérables , imposées au gouvernement par et les pierres reposer sur la même base que celle
les besoins de l’Etat, en augmentèrent de plus en sur laquelle elles gisaient dans la carrière.
plus la dépréciation. En septembre 1792, il avait été En Géologie, on nomme assises les bancs de masses
fabriqué pour 2 milliards 700 millions d’assignats ; minérales superposées qui ont été déposées par les
en août 1793, la somme des émissions était de 5 mil- eaux à différentes époques, et qui sont presque
liards. L’assignat qui, au commencement de 1793, toujours séparées par des lignes ou des joints paral-
valait encore le tiers de sa valeur nominale, ne lèles de diverse nature.
valut plus que le sixième au mois d’août de la même ASSISTANCE pübliûue {A’ad et sistere , se tenir
année. En 1796, des émissions nouvelles et exorbi- auprès, secourir). Sous ce nom on réunit aujour-
tantes avaient porté la somme des assignats à d’hui tous les moyens par lesquels la société vient
45 milliards 578 millions. Ils ne conservaient plus au secours de quelqu’un de ses membres : ce n’esi
alors qu’un demi-centième de la valeur nominale : guère qu’une autre dénomination de ce que la religion
les objets les plus vulgaires se vendaient à des prix avait appelé cûarf té', et la philosophie
fabuleux. Le louis de 24 livres valait alors 8,000 li- pie, bienfaisance. La Constitution de 1848 faisait à
vres en assignats, c’est-à-dire 330 capitaux pour un. l’État un devoir de l’assistance : « La République
Lorsqu’enfîn on brisa la planche aux assignats , on y est-il dit {Préamb., art. viii) , doit, par une as-
offrit en dédommagement aux détenteurs d’assignats sistance fraternelle, assurer l’existence des ci-
des mandats, qui ne tardèrent pas eux-mêmes à se toyens nécessiteux , soit en leur procurant du tra-
déprécier, et toutes les familles qui avaient eu con- vail dans les limites de ses ressources, soit en don-
fiance dans ce papier de la République furent ruinées. nant, à défaut de la famille, des seeours à ceux
ASSIGNATS RUSSES OU ASSIGNATIONS, papier-monnaie qui sont hors d’état de travailler. » A l’assistance se
créé par l’impératrice Catherine , éprouva, à la suite rapportent la Crèche, la Salle d’asile, les Écoles gra-
des guerres de la Révolution et de l’Empire, une tuites, les Caisses d’épargne, les Hôpitaux, Hospices
dépréciation considérable, mais fut néanmoins main- et Asiles de vieillards et d’infirmes de tout genre,
tenu. L’empereur Nicolas les consolida en 1839, aveugles, sourds-muets, etc., les Bureaux de bien-
en fixant leur valeur sur le pied de 350 papier faisance; tous établissements créés bien avant 1848,
contre 100 argent, et prit des mesures efficaces pour aider et soulager l’homme à tous les âges et
pour les rembourser. dans toutes les positions ; il y a ôté ajouté depuis 1848
assignation , acte par lequel une partie en ap- plusieurs institutions utiles : la Caisse de retraite
pelle une autre devant un tribunal on le nomme
: pour la Vieillesse (loi du 18 juin 1850), l’organisation
aussi ajournement. Les assignations doivent être légale des Sociétés de Secours mutuels (loi du 15 j uil-
données par un huissier, contenir l’objet de la de- let 1850) et de X: Apprentissage 1851), l’As-
mande,l’exposé des moyens sur lesquels on fonde ses sistance judfctofre (loi du 22 janvier 1851). On doit
prétentious, la date, les noms, prénoms, profession àM. A> Monuler une savante Zltst. de l’Assist., 1856.
. , , ,,

ASSO 117 ^ ASSU


ASSOCIATION. Ce mot est le plus souvent syno- vant : 1« année, racines fumées et bien labourées ,
nyme de société ou même de compagnie : ainsi on navets ou pommes de terre ; 2« année , céréales
dit association politique, reli gieuse, commerciale, etc. d’hiver (orge , seigle ou froment) ; au printemps ,
(Voy. SOCIÉTÉ, compagnie). — Les membres de l’as- dans la céréale , trèfle qu’on coupe après la mois-
sociation ou de la société sont dit associés. son ; 3' année , trèfle dont on obtient deux coupes ,
La grande association humaine a été récemment après quoi on l’enterre, on laboure et l’on sème
l’objet de systèmes qui prétendaient régénérer la so- une céréale; 4® année, céréales.
ciété tout entière : tels sont ceux de Babeuf, Saint- Dans un système d’assolement bien entendu , on
Simon, Robert Owen, Fourier, Cabet, Louis Blanc, fait alterner les plantes dans un ordre tel que la
systèmes connus sous les noms de babouvisme, socia- première n’enlève pas au sol les substances néces-
lisme, coopération, communisme. Voy. ces mots. saires à la seconde, ni celle-ci les substances indis-
Certaines associations sont déclarées par la loi il- pensables à la troisième , et ainsi de suite ; de telle
licites : le Code pénal (art. 291) défend les asso- façon qu’à la reprise de la rotation , la première
ciations de plus de personnes ; la. \o\ du 10 avril plante retrouve , ainsi que chacune des suivantes
1834 et le décretdu 25 mars 1852 ontrégléle droit d’as- une nouvelle affluence des substances minérales qui
sociation et de réunion.— Les A. de malfaiteurs sont lui conviennent, rendues, dans l’intervalle , solubles
punies des travaux forcés (Code pénal, art. 265). et assimilables par l’action de l’air et des pluies.
ASSOCIATION DOUANIÈRE. Vov. ZOI.L-VEREIN. Les Egyptiens , les Grecs et surtout les Romains
ASSOCIATIONS OUVRIÈRES. Voy OUVRIER. connaissaient déjà l’avantage des assolements en
ASSOCIATIONS d’idées , tendance qu’ont nos pen- agriculture. Parmi les nations modernes, c’est sur-
sées à s’exciter mutuellement , en sorte qu’il suffit tout dans la Flandre française et en Belgique qu’on
souvent de réveiller l’une d’entre elles pour que peut étudier les bonnes pratiques agricoles.
toutes les autres se présentent presque simultané- Les Traités de Thaër et de Schwerz sont les ou-
ment à l’esprit. La liaison qui s’établit entre les vrages où les assolements sont le mieux étudiés. Les
mots et les phrases d’un discours que nous avons ouvrages de MM. Boussingault , Pictet , Yvard, Morel
appris par cœur, celle des différentes notes d’une de Vindé, Joigneaux, sont aussi utiles à consulter.
pièce de musique dans l’esprit de celui qui l’exécute ASSONANCE, ressemblance approximative de son
de souvenir, nous offrent des exemples familiers d’as- dans les finales des mots ; c’est une espèce de rime
sociation. Cette association est toujours le résultat des incomplète, comme dans sowiôre, tondre; peintre,
rapports qui existent entre les choses et entre les peindre ; tombe , onde. L’assonance , proscrite dans
idées. Les principaux de ces rapports sont ceux de notre versification, est au contraire recherchée en
ressemblance ou de contraste , de contiguïté , de si- Espagne, où l’on fait rimer des mots comme le-
multanéité ou de succession, de tout à partie , de gera, cubierta, meratierra. On en trouve de fré-
cause à effet, de moyen à tin, etc. Les idées s’associent quents exemples dans Lope de Véga et Calderon.
par la ressemblance qui existe soit entre les formes, ASSURANCE , contrat aléatoire par lequel une
comme quand un portrait rappelle l’original ; soit personne qu’on nomme assureur s’engage envers
entre les sons ,
comme dans l’harmonie imitative et une autre qu’on nomme assuré, moyennant un prix
la rime ; soit entre les pensées, comme dans les com- àii prime d’assurance à le couvrir de certains ris-
paraisons, les allégories, etc.; par la contiguïté, d’où ques, à réparer les accidents ou pertes qu’il peut
fa mémoire locale
,
le plaisir que causent les lieux éprouver : cette convention s’établit par un écrit
célèbres , etc. ; par la simultanéité , comme dans les dit police d’assurance. Outre ces A. à primes, il
synchronismes ; par la succession , comme dans la existe un autre mode d’assurance, dit A. mutuelle,
science de l’histoire et par une foule d’autres rap-
;
qui consiste dans une association de personnes qui
ports. Ces associations peuvent être fortuites et na- conviennent de se garantir réciproquement contre
turelles, ou volontaires eX artificielles : elles sont certains risques. L’assurance s’applique à une foule
volontaires lorsque, pour retenir un fait prêt à nous d’objets : on s’assure contre les risques de mer, l’in-
échapper, nous le rattachons forcément à un objet cendie, la grêle, le recrutement, les chances de mort,
qui nous est familier. C’est là le principe de la mé- les faillites, etc.; on peut, par le même moyen, parer
moire artificielle , de la Mnémotechnie. Les auteurs à toutes sortes d’éventualités, préparer une dot pour
qui se sont occupés avec le plus de succès de l’asso- ses enfants, se créer un revenu pour sa vieillesse, etc.
ciation des idées sont : Hume, Hartley Dugald Ste- 11 en France et à l’étranger une foule d’insti-
existe
,
wart , Thomas Brown, Mackintosh. tutions formées dans ce but : les principales à Paris
ASSOLEMENT, art de varier les récoltes sur le sont, pour les risques de mer, la Compagnie d’assu-
même terrain , de faire succéder l’un à l’autre des rance maritime, fondée en 1818, la Sécurité (1836),
végétaux différents. A cet effet, on divise le terrain l’Union des ports, le Lloyd français ; — contre l’in-
d’une exploitation rurale en diverses soles, ou par- cendie, la Société mutuelle, qui date de 1816, le So-
ties successivement affectées à la culture
,
de ma- leil, le Phénix, la. Compagnie nationale (ci-devant
nière qu’au bout d’un certain nombre d’années la royale), créée en 1820, la Providence [l&ZÈ), la. Fra-
même plante , tour à tour reçue sur les différentes ternelle, la Salamandre ; —
contre la grêle, la Cérès,
soles, revienne sur la première. —
Certaines plantes, l'Étoile, l’Union générale;— conire la mortalité, la
comme les pois, le trèfle, le lin, ne reviennent Compagnie nationale, Compagnie d’assurances
la
dans le même sol qu’après quelques années il y a ;
générales, la Concorde, etc.
même des plantes, comme les céréales, dont la Le Code de commerce, reproduisant la plupart des
culture continue dans le même terrain va jusqu’à dispositions des sages ordonnances de 1681 et de
épuiser le sol. On a remarqué , d’un autre côté 1779, a réglé tout ce qui regarde les assurances (ti-
qu’un terrain qui se refuse à la production d’une tre X et suiv.), spécialement les assurances maritimes.
certaine espèce de plantes ne cesse pas pour cela L’origine des assurances est toute moderne : l’idée
d’être fertile pour toutes les autres. Ces expériences en parait due aux Italiens : c’est aux risques de mer
réunies ont conduit à la pratique des assolements qu’ils l’appliquèrent d’abord. D’Italie les assurances
ou de la rotation des récoltes, dans laquelle on passèrent bientôt aux autres peuples commerçants
fait suivre un ordre déterminé aux végétaux qu’on de l’Europe. On en trouve la trace , au moyen âge,
veut cultiver sur le même terrain , et au moyen dans les règlements des grandes villes nautiques,
de laquelle on a pu renoncer au système ruineux Oléron, Rouen, Barcelone, Anvers , Amsterdam. Ce
des jachères. 11 existe une foule d’assolements sui- n’est que beaucoup plus tard que les assurances fu-
,
vant la nature des terrains; le plus vanté est celui de rent appliquées aux propriétés terrestres : la pre-
quatre ans. dit du Norfolk , disposé dans l’ordre sui- mière société d’assurances des maisons fut créée à
,
, , , ,
,

ASTÉ 118 — ASTH


Londres en 1684; en France, des essais du même forme), nom donné par les astronomes modernes
genre avaient été faits en 1754 et 1786 mais ce n'est
;
aux petites planètes télescopiques (Fby. planète).
que de 1816 que date vraiment chez nous l’établis- On donne aussi ce nom à ces masses pierreuses qui
sement du système des assurances. — C’est aussi tombent parfois sur notre globe et qui, en traver-
à l’Angleterre que sont dues les assurances sur la sant l’atmosphère, donnent lieu à ce que le vulgaire
vie : la première société de ce genre date de 1706. appelle étoiles filantes. Ces astéroïdes s’expliquent
Longtemps proscrites en France par d’absurdes pré- en admettant , avec M. Arago , une zone immense
jugés, les assurances sur la vie, tentées sans succès de corps plus ou moins gros tournant autour du so-
en 1787, ne s’établirent qu’en 1819, époque de la leil , et dont la terre s’approcherait à certaines épo-

fondation de la Compagrde d’assurances générales ques au point que son attraction en soustrairait un
sur la vie des hommes. certain nombre à celle du soleil. Voy. aérolithes.
ASTACUS, ASTAQOE, nom grec des écrevisses, a ASTÉROIDÉES (du genre Aster, qui en est le
formé les mots Astaciens pour une division de Crus- type), tribu de la famille des Composées, section
tacés décapodes macroures, ayant pour type le genre des Corymbifères ; ovaire comprimé des deux côtés,
Astacus ou Écrevisse; et Astacoïdes, genre de Déca- à aigrette irrégulière, branches du style arquées en
podes, différant des écrevisses communes par ses dedans, convergentes, et poilues intérieurement, à
antennes externes, dépourvues des lances mobiles, leur sommet. Elle est divisée en six sous-tribus :
et ayant pour type Y Astacoïde de Madagascar. Astérinées, Baccharidées , Tarchonanthées, Inulées,
ASTARTÉ (nom emprunté à une divinité des Buphthalmées et Eclyptées.
Syriens), belle coquille de Mollusques acéphales, ASTÉROMÉTRE ( de aster astre , et métréô
qui forme un sous-genre du genre Vénus, mais mesurer). On a donné ce nom à un instrument qui
(lont l’animal est inconnu. On en trouve quelques n’est plus d’usage aujourd’hui et que l’on employait
espèces vivantes dans les mers du Nord et dans la à déterminer sans calculs l’heure du lever et du cou-
Méditerranée , et beaucoup d’espèces fossiles dans cher des astres. Il se composait d’un parallélogramme
presque tous les terrains tertiaires et secondaires. rectangulaire, de hois, de carton ou de cuivre, sur-
ASTER (du %rcc aster, étoile, à cause de la dis- monté d’un plateau circulaire mobile et supportantun
position de ses fleurons), genre de Composées de la index fixe destiné à l’orienter. —
On donne encore le
section des Corymbifères de Jussieu, servant au- nom A’astéromètre ou A'astromètre à Y héliomètre
jourd’hui de type à la tribu des Astéroidées herbes
: qui sert à mesurer les diamètres apparents des astres
vivaces, à rhizomes rampants, à tiges souvent ra- et tes petites distances des étoiles. Voy. héuomètre.
meuses, à feuilles alternes. La plupart de ces plantes ASTÉROPHYLLITES ( du grec aster, étoile , et
croissent naturellement dans les pays du Nord. On en phyllon feuille ), plantes fossiles dont les feuilles
cultive une foule dans les parterres. La plus remar- sont réunies en grand nombre en verticilles et dis-
quable yariété est lafieine-Af arÿumïe. V. MAKGUEIIITE. posées en étoiles. On en trouve dans les terrains
ASTÉRIES (du grec aster, étoile) , l'® famille de houillers de toute l’Europe.
Zoophytes de la classe des Èchinodermes de Cuvier, ASTHÉNIE (du grec a priv., et sthénos, force),
ordre des Pédicellés : corps orbiculaire, déprimé, faiblesse générale du corps, diminution de forces.
divisé en rayons qui leur ont valu le nom A’ étoiles ASTHME (du grec asthma, essoufflement, respi-
de mer. Chaque rayon est muni par-dessous d’une ration pénible), névrose de l’appareil respiratoire,
gouttière, bordée, de chaque côté, d’épines mo- caractérisée par la difficulté de respirer, revenant
biles et de trous pour le passage des pieds, qui sont par accès ordinairement irréguliers, inégaux, et non
rétractiles. La bouche est située au centre , point accompagnés de fièvre. Les causes de cette maladie
de réunion de toutes les gouttières. Les étoiles de sont la conformation vicieuse de la poitrine, un
:

mer habitent toutes les eaux marines. Elles vivent tempérament nerveux à l’excès, le froid humide, les
de Mollusques, et sont très-voraces. Elles abondent variations brusques de la température, les peines
assez sur les côtes de la Manche pour qu’on les em- morales vives, les excès, la pléthore, le dérangement
ploie à fumer les terres. Le type de cette famille ou la suppression du flux menstruel ou hémorroï-
est le genre Astérie, dont on compte plus de 60 es- dal, d’un exanthème, d’un exutoire, de la goutte, etc.
pèces. L’A. rouge et YA. à aigrettes sont celles Cette affection est plus commune chez tes hommes
qui sont les plus communes sur nos côtes. que chez tes femmes , chez les vieillards que chez
ASTÈRINEES , sous-tribu des Astéroidées , de la les jeunes gens; elle est ordinairement héréditaire
famille des Composées , renferme les genres Aster et presque toujours symptomatique, particulière-
(genre type), Amellus, Felicia, Agathea, Galatella, ment d’une affection organique du cœur, des pou-
Tripolium , Xylorrhiza, Encephalus , .Olearia mons , on des voies digestives.
Eurybia, Melanodendron , Erigeron Rhyncho- ,
Les accès se manifestent presque toujours le soir
spermum, Bellis , Paquerinn, Xanthocoma, Gym- ou pendant la nuit; l’invasion est subite; elle dé-
nosperma, Lepiaophyllum , Ei'ato, Chrysopsis bute par un sentiment de resserrement de la poi-
Chrysocoma Solidago, Ammodia, Eriocarpum,
,
trine; le malade ne peut rester couché; il a besoin
Linosyris, Pteronia. de se tenir assis, ou debout, et de respirer un air
AS'TÉRISME (du latin asterimus, dérivé du grec frais ;
il s’agite et craint d’étouffer; la respiration
aster, étoile). Ce mot s’employait autrefois en As- est précipitée ,
haletante, entrecoupée, bruyante;
tronomie pour celui de constellation. —
En Miné- 1a toux est pénible ou suffocante et convulsive ; la
ralogie, on nomme ainsi ces étoiles brillantes qu’on figure est altérée, pâle et fatiguée, ou au contraire
aperçoit dans certaines substances cristallisées quand gonflée et livide; enfin les accidents se calment, la
elles réfléchissent une vive lumière
,
ou quand on toux s’humecte , l’expectoration s’établit. Cette ma-
regarde la lumière d’une bougie à travers ces sub- ladie est ordinairement incurable, sans être mor-
stances. Une variété de saphir est connue pour son telle ; elle se termine quelquefois par Y hydrothorax.
astérisme. M. Babinet a rattaché ce phénomène à Le premier soin doit être d’éloigner de l’asthma-
celui que présentent des réseaux de lignes parallèles. tique tout ce qui peut empêcher le libre accès de
ASTÉRISQUE (du latin <wfemcî«, dimin. d’as- l’air ou gêner la respiration ; on emploie la saignée
trum, étoile). En termes de Typographie, c’est un générale si l’accès est long ou intense, et le sujet
petit signe en forme d’étoile (’) que l’on met dans jeune, fort et pléthorique; puis, ventouses scarifiées
pour marquer un renvoi. On s’en sert aussi
les écrits sur la poitrine ; révulsifs énergiques, pédiluves, ma-
peur indiquer une lacune ou pour faire entendre nuluves irritants; sinapismes sur les extrémités et
qu’un mot est tombé en désuétude. sur le thorax. Ou combat le mal au moyen de nar-
ASTEROÏDE (du grec aster, astre, et eidos, cotiques et d’antispasmodiques. On a également con-
, , , ,,

ASTR — 119 — ASÏR


seillé des excitants diffusibles , tels que le café , le eux, ils forment des masses épaisses agglomérées
vin chaud , le sous-carbonate d’ammoniaque , les qui encroûtent souvent les corps marins solides. Les
sudoriliques, les diurétiques , les laxatifs, les purga- Astrées abondent dans les régions chaudes. On en
tifs. Les expectorants, comme l’oxymel scillitique, trouve beaucoup de fossiles , principalement dans
le kermès, sont recommandés vers la fin de l’accès. les terrains tertiaires ou jurassiques.

On a aussi employé l'inspiration de l’oxygène, du En Astronomie , Astrée était jadis le nom de la


chlore , et des fumigations de vapeurs de plantes nar- 'Vierge. —On a récemment donné ce nom à une pla-
cotiques, morelle, belladone et pavot, L’électricité nète télescopique, découverte en 1845 par M. Hencke,
galvanique a quelquefois modéré la violence des accès, do Driessen. L’inclinaison de son orbite sur l’éclip-
do même que des aimants placés sur les régions an- tique est de 5» 19’ 23" ; son excentricité est de 0,1953.
térieure et postérieure du thorax. Dans l’intervalle Eile fait sa révolution autour du soleil en 1511 j. ;
dos accès, on insistera sur les moyens hygiéniques: sa distance au soleil est un peu plus de 2 fois 1/2
air pur de la campagne , et surtout des pays tem- (2,577) celle de la terre au même astre.
pérés ; régime doux et léger ; exercice modéré et ASTRINGENTS (de astringere resserrer), sub-
journalier; voyages sur mer; habitation d’appar- stances qui ont la propriété de crisper et de resser-
tements vastes, bien aérés, à température douce et rer les parties avec lesquelles on les met en con-
égale vêtements chauds , flanelle sur la peau, etc.
;
tact. La médecine les emploie pour arrêter les éva-
ASTICOTS, nom vulgaire des larves de plusieurs cuations sanguines ou autres. Ce sont, en général,
espèces de mouches {Musca ccesar, M. carniaria, des acides étendus , certains sels , tels que l’alun
M. vivipara). Ces larves, qui se développent dans l’acétate de plomb; ou, enfin, certaines substances
la viande , servent d’appât et sont recherchées à la contenant de l’acide galhque ou du tannin, comme
fois par les pêcheurs et par ceux qui se livrent à le cachou , la noix de galle , le brou de noix , etc.
l’engraissage de la volaille et des jeunes faisans. Les — En Pharmacie, on nomme espèces astringentes
ouvriers de Montfaucon en font commerce. Pour se l’écorce de grenadier et les racines de bistorte et de
les procurer, ils étalent par terre des débris d’ani- lormentille, mêlées en parties égales.
maux, et en font une couche de 25 à 30 centim., ASTRüITES(du grec aster, étoile), nom employé
qu’ils recouvrent de paille pour la garantir de l’ac- par quelques naturalistes pour désigner des Poly-
tion du soleil. Les mouches , attirées par l’odeur, piers à cellules étoilées, tels que les Astrées. Les
s’y précipitent , y déposent leurs œufs , et au bout Astroites sont de deux sortes les unes renferment
:

de quelques jours toute la matière n’est plus qu’une des animaux, et appartiennent à la famille des
masse mouvante composée de larves. Madrépores les autres sont de véritables pétrifica-
;

ASTRAGALE (du grec astragalos osselet, join- tions; elles sont connues sous le nom de Stellites.
ture). En Anatomie, c'est un os du talon à éminence ASTROLABE (du grec aster, et lamhanô, saisir,
convexe, qui est le plus saillant des os du tarse. atteindre), instrument qui servait à observer les astres
En Botanique, c’est un genre de plantes de la et à mesurer la longitude et la latitude. On distin-
famille des Légumineuses , tribu des Papiliona- guait : VA. armillaire qui ressemblait à notre
cées, aux fleurs disposées en épi, aux feuilles ailées, sphère armillaire il était formé de quatre cercles
;

au fruit court et renflé, divisé en deux loges, et placés l’un dans l’autre et représentant, l’un l’écli-
dont les graines simulent l’os du talon. Ce genre a ptique, l’autre le coluie des solstices; le 3« tour-
plus de 150 espèces, parmi lesquelles l’A. tragacan- nait autour des pôles de l’écliptique et indiquait les
tha, qui produit, la gomme adragant, et VA. Bœ- longitudes; le 4®, ou l’interne, portait deux pinnules
ficus, qu’on trouve en Portugal , et dont les graines qui servaient à regarder la lune ou tout autre astre ;
passent pour être le meilleur succédané du café. — V A. planisphère oa-polaire, qui figurait une pro-
L’Astragale donne son nom aux Astragalées, sub- jection du globe faite sur un plan parallèle à l’é-
division des Légumineuses , dont elle est le type. quateur par des lignes tracées de l’un des pôles, et
En Architecture , c’est une moulure ronde qui où les méridiens étaient représentés par des lignes
forme la base du chapiteau et porte immédiate- droites c’était ainsi une sorte de mappemonde.
:

ment sur le fût de la colonne en se joignant au filet — L’A. de mer est un instrument semblable aux
au-dessus du congé. Quelquefois on comprend ce précédents, dont on se sert pour prendre en mer la
filet même dans ce qu’on appelle l’Astragale. hauteur du pôle, du soleil, d’une étoile, etc.
ASTRANCE, genre de la famille des Ombellifères, L’invention de l’astrolabe est due à Hipparque, as-
composé d’herbes vivaces à feuilles palmées, à om- tronome grec, qui. vivait au ii» siècle avant J. -G.
belles multiflores, longuement pédiculées et à fleurs Ptolémée faisait un fréquent usage de cet instru-
blanches ou roses. Ce genre a pour type VAstrance ment, que son peu de précision a fait abandonner.
commune vivace qui se trouve dans les prai- ASTROLOGIE {A’astron, astre, et logos, discours,
ries des Alpes et des Pyrénées, et qui est cultivée traité ), prétendue science au moyen de laquelle on
comme plante de parterre. Voy. elléborine. se flattait de prédire l’avenir. On doit distinguer
ASTRE (du grec aster), terme général qui s’ap- avec soin l’A. naturelle, qui a pour objet de pré-
plique aux étoiles, aux planètes et à leurs satellites, dire le retour des astres, les éclipses, les marées,
ainsi qu’aux comètes {Voy. ces mots). —
On a long- et même les changements de temps
,
les tempêtes
temps attribué aux astres une influence sur les des- les sécheresses et les inondations, que Ton attri-
tinées des hommes d’où V Astrologie ( Voy. ce mot).
: buait à l’influence des astres; et VA, judiciaire,
La science moderne, tout en dissipant ces préjugés, a par laquelle on prétendait pouvoir, au moyen de la
cependant reconnu l’influence toute physique que présence des astres et de leur aspect, prédire les des-
certains astreg, notamment les planètes et les co- tinées des hommes et des empires. La î'® s’appuie sur
mètes, peuvent avoir sur l’atmosphère terrestre et les données de l’astronomie et de la météorologie ;
sur les êtres qui y sont plongés. la 2®, la seule que Ton désigne aujourd’hui sous le
ASTRÉE {A’aster, étoile), sous-genre des Polypes nom à! astrologie, n’est que le fruit de l’imagination
madrépores de Cuvier, et genre des Polypes paren- ou delà fourberie; après avoir longtemps exercé un
chymateux de Blainville : son corps cylindrique empire absolu sur les esprits crédules, elle est enfin re-
terminé supérieurement par un disque circulaire léguée avec Talchimie et la magie parmi les chimères.
lui donne beaucoup de ressemblance avec les Acti- Aussi ancienne que l’astronomie , l’astrologie par
nies: mais elle en diffère par la disposition étoilée raitêtre née comme elle en Chaldée; c’est pourquoi
des lames qui garnissent intérieurement chacune les anciens nommaient les astrologues Chaldéens;
des loges du Polypier. Comme , çn se reproduisant ils les appelaient aussi Mathématiciens, à cause des
par bourgeons, ces polypes ne se séparent pas entre calculs auxquels ils se livraient. De Chaldée Tastro-
, , , , — ,

ASTR — 120 — ASTR


logie passa en Égypte, puis en Grèce et en Italie ; re- des cartes géographiques, et établirent en Grèce
cueillie par les Arabes , elle fut portée par eux en les premiers principes d’une astronomie scientifique.
Espagne et dans tout l’Occident. Pendant longtemps A peu près à la même époque, Pythagore devinait
elle fut tellement en vogue dans les États de l’Eu- le mouvement quotidien de la terre sur son axe,
rope, que chaque prince avait un astrologue à sa et son mouvement annuel autour du soleil ; les co-
cour et qu’il ne naissait pas un personnage de quel- mètes elles-mêmes furent rattachées par lui, comme
que importance sans qu’on appelât des astrologues les planètes, au système solaire. Environ un siècle
pour tirer son horoscope. —
Les abus auxquels don- après Pythagore, on voit fleurir parmi les Grecs Méton
nèrent lieu de tout temps les prédictions des astro- et Euctémon, et plus tard Callippe, auxquels on doit
logues firent souvent prendre contre eux des mesures des observations précieuses. Cette première période
sévères : Auguste fît revivre d’anciennes lois qui les finit à Pythéas, de Marseille, qui observa la longueur
condamnaient à mort; l’empereur Constance or- méridienne du gnomon au solstice d’été.
donna qu’ils fussent mis à la question et déchirés A dater de la fondation de l’école d’Alexandrie
avec des ongles de fer; Charlemagne rendit contre l’Astronomie prit une forme plus rigoureuse et entra
eux plusieurs édits; Sixte V fulmina l’anathème; dans une nouvelle ère les observations s’exécutèrent
:

une bulle d’Urbain VIII les menaçait du dernier alors à l’aide d’instruments ingénieux, propres à
supplice; en France, Henri III (1579), Louis XIII mesurer les angles , et furent calculées d’après les
(1628), Louis XIV (1682) les frappèrent des peines méthodes trigonométriques. Aristarque, de Samos
les plus sévères. Mais, d’un autre côté, des princes (280 ans av. J.-C.), Hipparque (160 av. J.-C.), et Pto-
puissants, Tibère, Louis XI, Charles-Quint, Cathe- lémée (140 après J.-C.), sont les trois noms les plus
rine de Médicis les protégèrent ouvertement. Malgré illustres de cette école. Aristarque renouvela, quoique
ces puissants appuis, l’astrologie perdit de son crédit sans succès, les idées de Pythagore. Hipparque voulut
à mesure que la science fît des progrès; elle finit par recommencer tout ce qui avait été fait jusqu’alors,
succomber sous l’arme du ridicule. — Les plus cé- et n’admettre que des résultats fondés soit sur des
lèbres astrologues sont : Cardan, Regiomontanus, observations nouvelles , soit sur une nouvelle discus-
J. Stoffler,Thomas dePisan (père de la célèbre Ca- sion des observations précédentes il inventa l’astro-
:

therine de Pisan), Corne Ruggieri, astrologue de Ca- labe, détermina la durée de l’année tropique, forma
therine de Médicis, les Nostradamus, Phil. et Matthieu les premières tables du soleil, fixa la durée des révolu-
Laensberg ; en outre , les plus célèbres astronomes, tions de la lune relativement aux étoiles et à la terre,
depuis Ptolémée jusqu’à Képler, crurent à l’astrolo- et découvrit la précession des équinoxes. A la suite
gie; elle ne disparut qu’avec le triomphe du système d’Hipparque, on doit compter Geminus, qui a laissé
de Copernic. un Traité d’ Astronomie et quelques observateurs,
ASTROMÉTRE.^ Voy. astéromètre. tels qu’Agrippa , Ménélaüs , Théon , Posidonius , qui
ASTRONOMIE (du grec aster, astre, et nomos, reconnut les lois du phénomène du flux et du reflux;
loi), science des mouvements des corps célestes. Sosigène, que César venir d’Alexandrie à Rome
fit
Elle comporte trois grandes divisions : l’A. empiri- pour réformer le calendrier. Enfin, Ptolémée coor-
que, qui explique les phénomènes du ciel d’après donna et rectifia tous les travaux de ses prédéces-
l’hypothèse que la terre est au centre d’uae sphère seurs, y ajouta des découvertes nouvelles, et en forma
dont les astres occupent la surface; l’A. théorique om. un système complet qu’adoptèrent toutes les nations ;
scientifique qui explique les différents rapports des il admettait que la terre se trouvait placée au milieu
astres entre eux, comme leur position relative, leur du monde, et que les astres se mouvaient autour d’elle
éloignement, leur vitesse, et qui, par conséquent, dans des cercles excentriques. —
Les successeurs de
s’applique à faire connaître la véritable forme de l’u- Ptolémée se bornèrent à commenter ses ouvrages. A
nivers; VA. physique, dont l’objet est de déterminer partir du viii® siècle, on voit l’Astronomie en faveur
les causesdes mouvements célestes par les principes chez les Arabes. Les astronomes de Bagdad, proté-
delà mécanique. L’application générale de la théorie gés parles califes abbassides, surtout par Al-Mamoun,
aux observations, à la construction des instruments, deuxième fils d’Haroun-al-Raschid (813) , firent un
aux calculs, constitue VA. pratique. On désigne grand nombre d’observations importantes, et dressè-
souvent par les noms d’ Uranographie de Cosmogra- rent de nouvelles tables du soleil et de la lune plus
phie. la partie purement descriptive de l’Astronomie. exactes que celles de Ptolémée ; ils déterminèrent
On attribue aux Chaldéens les premières notions avec plus de précision qu’Hipparque la durée de Tan-
de l’astronomie, qui, dans l’origine, ne se sépa- née tropique, et mesurèrent , dans une plaine de la
rait pas de l’astrologie. Leurs observations se rap- Mésopotamie, un degré du méridien, dans le but
portent surtout aux mouvements des constellations d’obtenir une évaluation de la grandeur de la terre.
ainsi qu’à la marche du soleil et aux phases de la Vers la fin du xiii® siècle, les études astronomiques
lune. On avait remarqué que le soleil, la lune et les commencèrent à refleurir en Europe , grâce à Tin-
planètes alors connues ne s’écartaient jamais, dans fluence arabe; leYnouvementcontinua durantlexiv®
leurs mouvements, d’un espace circonscrit ; cette ob- et le xv« siècle : Jean Muller, plus connu sous le nom
servation donna l’idée de cette zone imaginaire qu’on de Regiomontanus, et Bernard Walther se signa-
a nommée Zodiaque, et de sa division en douze con- lèrent alors par de nombreux travaux ; toutefois
stellations. Les Égyptiens avaient aussi des connais- ces savants ne firent aucune découverte importante ;
sances en astronomie, ainsi que le prouve, par exem- mais ils préparèrent la révolution scientifique qui
ple, la disposition exacte de leurs pyramides vers les s’accomplit au xvi® siècle.
quatre points cardinaux et leurs zodiaques ; mais C’est Copernic qui commence cette troisième pé-
aucune de leurs observations ne nous a été conser- riode de l’histoire de l’Astronomie ; il démontiw, les
vée ; ils s’adonnaient, comme les Chaldéens, auxrêves erreurs du sytème de Ptolémée ; il rendit compte de
de l’astrologie judiciaire. Les Chinois se vantent de la révolution diurne apparente du ciel par le mou-
posséder dans leurs annales les observations astrono- vement de rotation de la terre, et expliqua la préces-
miques les plus anciennes. Quoi qu’il en soit, l’histoire sion des équinoxes par le mouvement d’oscillation
authentique del’astronomienecommenceen Occident qui s’opère dans Taxe du globe il reconnut que les
;

qu’en Grèce, avec Thalès etPythagore. Le premier, mouvements directs et rétrogrades des planètes ne
600 ans av. J.-C., enseigna la sphéricité de la terre, sont que des apparences produites par la combinai-
l’obliquité de l’écliptique, et expliqua les vraies son du mouvement de la terre autour du soleil avec
causes des éclipses. Après Thalès, l’école ionienne le mouvement des planètes. —
Malgré l’évidence des
vit fleurir successivement Anaximandre, Anaximène, idées de Copernic, elles eurent longtemps à lutter
Anaxagorc, qui introduisirent l’usage du gnomon et contre les préjugés de la routine : on sait que Galilée,
, ,

ASYM — 121 — ATER


qui défendait ce système, ftit traduit devant le tribunal détermine pas l’acception du mot asymptote, il ne
de l’Inquisition pour avoir voulu l’appuyer par des in- s’applique qu’à une ligne droite.
terprétationshasardéesdelaBible,etse vit contraint de ATARAXIE (du grec a priv., et taraxis, émo-
le renier. Cependant, les travaux de Tycho-Brahéetde tion). Les Stoïciens et les Pyrrhoniens appelaient
Huyghens , les découvertes de Galilée et de Képler, ainsi ce calme d’esprit, cette inaltérable tranquillité,
mirent, dès la fin du xvn® siècle, les opinions de Co- fruit d’une âme impassible et d’Un jugement sain
pernic à l’abri de toute discussion. Enfin, Newton, qu’il faut à l’homme pour agir convenablement dans
rapprochant et étendant toutes ces découvertes , toutes les circonstances de la vie : c’était, suivant
trouva dans l’a?éracéîO?j et la gravitation universelle eux , le souverain bien. Voy. apathie.
le principe général des mouvements célestes. Depuis, ATAXIE (de a priv., et taxis, ordre) , ensemble
l’histoire de l’Astronomie ne présente guère que le de phénomènes nerveux remarquables par l’irrégu-
développement de ses théories. larité de la marche des maladies auxquelles ils sont
Indépendamment des noms illustres que nous ve- liés. Ils indiquent toujours une affection cérébrale
nons de citer, l’Astronomie moderne s’honore de ceux plus ou moins grave. Leurs caractères sont l’affai-
de J. Cassini,Italien, qui vint à Paris sous Louis XIV, blissement, la perversion des sens, un état convul-
et enrichit la science d’un nombre considérable de sif ou au contraire une immobilité absolue de la
découvertes; de Lacaille, Laplace, Lalande, Delam- face, des soubresauts, de l’aphonie, etc. —
On nomme
brc parmi les Français ; de Hévélius, Roëmer, Mayer, fièvres ataxiques une classe de fièvres dont le cours
Bcssel parmi les Allemands; de Flamsteed, Halley, présente ces phénomènes.
Bradley, Herschell parmi les Anglais, etc. Enfin, ATÈLES (du grec Imparfait), genre de
MM. Arago, Leverrier, Mathieu, raye, Chacornac, singes américains de la tribu des Sapajous de Cuvier,
Encke, Graham, Hind, Vico, Gasparis, etc. occupent caractérisés par leur queue fortement prenante, cal-
un rang élevé entre les célébrités contemporaines. leuse inférieurement, à son extrémité, et par leurs
Parmi les ouvrages spéciaux, les Traités de Lalande mains antérieures dépourvues de pouces.. Les Atèles
(1792); de Laplace (Me'cam'gue céleste)', deDelambre sont des animaux doux, craintifs, et lents dans leurs
(1814); de ^\o\,{Traité élém. d’Astron. pAy.ç.,1805et mouvements; leur voix est un sifflement doux et
1841); d’Herschel (tr.parM. Cournot,1836); deFran- fluté. Ils habitent l’Amérique du Sud et vivent
cœur {Traité élém. d’Astr. et Astr. pratique)-, àe De- peu de temps lorsqu'on les apporte en Europe.
launay j,Cours élém. d’Astr., 1853); d’ Arago {Astr. Les plus connus sont l’,i4. noir ou Cayou de la
populaire, posthume, 1855), méritent une mention Guyane; VA. métis de la Colombie, ainsi appelé de
spéciale. M. J. Coulier en 1824, M. A. Guynemer en sa couleur qui est celle du métis né du nègre et de
1852, ont donné des Dictionn. d’ Astronomie.
toire de l’Astronomie a eu pour interprètes Mon-
L’his- — l’Indien , et VA pentadactyle, quiporte aux mains une
.

: sorte de tubercule ou de verrue à la place du pouce.


tucla (Histoire des Mathématiques,n9'i ,A'io\.'n\-À); ATELIERS (jadis atteliers, nom donné originai-
Bailly ( Hist. de l'Astr. ancienne et moderne, 1775’ rement aux basses-cours des fermes où l’on attelait
1787, 1805, 2 vol. in-4) Delambre [Hist. de TAs-
; les chevaux et les bœufs, et où travaillaient les bour-
trommie, 1817-1821, 5 vol. in-4) Matthieu {Hist. ; reliers, les charrons et autres ouvriers employés aux
de l’Astronomie au xvme siècle, l%n, in-4).— L’As- travaux de la campagne), lieux où se réunissent les
tronomie a été'chantée, chez les anciens, par Aratus ouvriers d’une fabrique, manufacture, usine ou au-
et Manilius, chez les modernes, par Daru. tre établissement industriel, pour y travailler en
Signes astronomiques : Signes du zodiaque : V, commun. On appelle spécialement c/ia;iO'e?w les ate-
.e Bélier;
y , le Taureau; #, les Gémeaux; ©, le liers où
travaillent les tailleurs de pierres, les char-
Lancer; ^2, le Lion; TO, laVierge; la Balance; pentiers , les scieurs de long , les constructeurs de
fil,, le Scorpion
; »»,
le Sagittaire ; le Capricorne vaisseaux. — On appelle Ateliers de charité des ate-
f:,’
le Verseau;
,
les Poissons. —©
figure le So-
;
liers formés temporairement dans les hivers rigou-
9, Vénus; Ô>laTerre;C,laLune; reux, dans des temps de disette ou de stagnation de
CT, Mars; g, Vesta,; $, Junon; Ç, Gérés; ,Pallas; commerce , pour donner du travail à ceux qui en
%
TC, Jupiter; I), Saturne; 4, Herschell ou Uranus; manquent. L’ouverture en France d’ateliers d’ur-
f , Flore; Métis ; T, Hébé ; ^
Astrée ; ffii Iris gence remonte assez loin : un édit de 1545 prescrit
dii > Hygie ; Y , Neptune ; — Q nœud ascendant
,

;
;

,
d’employer des mendiants valides aux travaux pu-
blics ; des ordonnances du 13 avril 1685, 10 février
nœud descendant.
Pour 1699, 6 août 1709, règlent la police de ces ateliers.
Brayer a eu l’heureuse idée de dé-
les étoiles,
_

signer chacune des étoiles d’une même constellation Louis XVI étendit ce mode d’assistance à tout le
par les lettres de l’alphabet grec en attribuant les royaume (ord. des 11 mai 1786 ou 1788). En 1790,
,
premières lettres aux étoiles les plus brillantes. Les on ouvrit dans Paris et dans les environs de veistes
lettres latines et les chiffres ordinaires sont employés ateliers publics ; ces établissements devinrent l’objet

à la suite quand le nombre des astres est trop grand. spécial de la loi du 24 vendémiaire an XII. On a éga-
lement recouru à ces ateliers dans les disettes de 1810
ASTROSCOPE (du grec a.ster, astre, eXscopéô, et de 1817, après la révolution de 1830, en 1837,
considérer), instrument astronomique composé de
lors de la crise industrielle qui affligea la ville de
deux cônes , sur les faces desquels les étoiles et
les
Lyon , et ils furent à ces diverses époques d’un grand
constellations
sont décrites , et qui donne le
secours. En 1848, on y recourut encore à Paris, où
moyen de retrouver aisément dans le ciel. Il a
les
ils prirent le nom d! Ateliers nationaux; mais la
été inventé en 1698 par Schukhard, de Tubingue.
mauvaise organisation de ces ateliers, le nombre
ASYLE. Yoy. asile. immense d’hommes qui y accoururent, et qui s’é-
ASYMPTOTE (du grec a priv., syn, avec, et^i- leva à plus de 100,000, enfin l’insubordination qui
ptô, tomber: c’est-à-dire qui ne coïncide pas), se s’y introduisit bientôt, en firent un danger immi-
dit en Géométrie d’une ligne droite qui s’approche nent; la dissolution de ces ateliers fut ordonnée par
de plus en plus d’une ligne courbe, sans pouvoir la l’Assemblée nationale; mais cette mesure devint le
rencontrer , lors même qu’on les suppose l’une et prétexte de la terrible insurrection qui ensanglanta
l’autre indéfiniment prolongées [Voy. conchoIde). — la capitale pendant les journées des 24-27 juin 1848
On étend quelquefois le nom d'asymptote à des bran- ATERMOIEMENT, terme ou délai de grâce ac-
ches de courbes qui ne peuvent également se ren- cordé par le créancier au débiteur qui est dans l’im-
contrer, quoiqu’elles s’approchent les unes des au- possibilité de payer à l’échéance. 11 dépend de la
tres à l’infini. Ainsi asymptotes peuvent se seule volonté du créancier. Cet acte diffère du con-
, les
diviser en droites et courbes; mais, lorsqu’on ne cordat en ce qu’il n’oblige que les créanciers qui
, — ,,
,

ATHË — 122 - ATLA


l’ont signé; il n’est fait en général que pour em- thollet, Darcet, Sedaine,Lesueur,Dalayrac. Ces deux
pêcher la faillite. établissements ont rendu de grands services, et ont
ATEUCHUS (du gr. ateuchès, sans armes), genre subsisté jusqu’à ces derniers temps. — Le nom d’A-
de Coléoptères pentamères de la famille des Lamelli- thénée a été depuis appliqué, notamment en Belgi-
cornes , tribu des Scarabéides coprophages. Ce sont que, à divers établissements d’instruction publique.
des insectes d’assez grande taille, semblables aux Athenæum est le titre de deux journaux littéraires
scarabées, mais dépourvus de cornes (d’où leur nom), estimés, publiés en Angleterre et en France.
à corps ovale ou arrondi , à corselet large et bombé : ATHERICÈRES (du gr. ather, pointe, et héros,
ils vivent dans les excréments. L'A. sacré, qui est corne), famille d’insectes de l’ordre des Diptères, a
noir, habite le nord de l’Afrique; on le, voit figuré pour caractères une trompe ordinairement membra-
sur les monuments égyptiens; VA. d’Egypte, qui neuse, terminée par deux lèvres, renfermée, ainsi
habite le Sennaar, est d’un beau vert cuivreux ou que les palpes , pendant le repos , dans une cavité
doré. de la tête contenant un suçoir de deux pièces le plus
ATHÉISME (d’a priv., et théos, dieu), doctrine souvent, et des antennes toujours accompagnées d’une
qui consiste à nier l’existence de Dieu. Il faut dis- soie.Cette famille était divisée par Latreille eu4 tribus:
tinguer un A. négatif, celui des hommes qui , par Syrphides, Œstrides, Conopsaires, et Muscides.
stupidité, ne se sont pas élevés à l’idée d’un Dieu ATHERMANE (du gr. apriv., et thermos, chaud),
comme quelques peuplades sauvages, ou de ceux se dit en Physique des substances qui arrêtent la
qui , par irréflexion , vivent comme s’il n’y avait pas chaleur rayonnante, comme les corps opaques arrê-
de Dieu, et VA. positif ou systématique professé tent la lumière , par opposition aux subtances dia~
par certains philosophes qui rejettent l’existence de thermanes. Voy. duthehmanes .
Dieu, et qui combattent les preuves qu’on en donne, ATHLÈTES (du gr. athléin, combattre), ceux
expliquant tout dans l’univers par une aveugle né- qui combattaient dans les jeux publics de la Grèce,
cessité ou par un capricieux hasard : tels étaient chez et se livraient à des exercices gymnastiques. Ce nom
les anciens, Leucippe,Démocrite, Épicure, Évhémère, ne s’appliquait d’abord qu’à ceux qui s’exerçaient à
Diagoras de Mélos, Straton de Lampsaque, Lu- la lutte ou au pugilat; on l’étendit ensuite à ceux
crèce; chez les modernes, Diderot, d’Holbach, Nai- qui disputaient le prix de la course , du saut et du
geon , Lalande, Sylvain Maréchal, Chaumette, et disque. Les exercices des athlètes furent institués
de nos jours Proudhon, qui furent conduits à cette pour former les jeunes gens aux travaux et aux fati-
désolante doctrine par leurs systèmes de matérialisme gues de la guerre ; ils devinrent bientôt des spec-
et de fatalisme. —
On confond quelquefois, et bien à tacles publics. Pour être admis à paraître comme
tort, avec les athées les panthéistes, tels queXéno- athlète , il fallait : 1“ être Grec et homme libre ;
phane chez les anciens , Jordano Bruno , Spinosa 2» être de mœurs pures et irréprochables; 3» jurer
Schelling chez les modernes, qui, loin de nier Dieu, d’observer les lois du régime athlétique , régime qui
absorbent tout en lui. —
L’ouvrage où l’athéisme est consistait dans l’usage exclusif de certains aliments
exposé avec le plus d’audace est le Système de la et l’abstinence de plaisirs énervants. —Dans la lutte
Nature, mis par d’Holbach sous le nom de Mirabaud. et le pugilat les couples se tiraient au sort. Le vain-
Sylvain Maréchal a publié un Dictionnaire des queur recevait des couronnes; celui qui avait été
Athées, où il prodigue de la manière la plus ridicule couronné trois fois aux jeux sacrés était exempt de
cette dénomination l’appliquant même aux hommes charges et d’impôts. Les athlètes qui réunissaient
les plus religieux.
,
—L’athéisme est réfuté dans les cinq talents de la lutte, du pugilat, de la course,
tous les Traités de l’existence de Dieu ; il a été en du saut et du disque, avaient le nom de pentathles
outre combattu ex professa par le P. Lami, Buddée, chez les Grecs, et de quintertiones chez les Romains.
Abicht, Muller, Heidenrich, etc. —
On doit à Le- ATLANTES (pluriel grec d'Atlas), figures ou
clerc l’Histoire des systèmes des anciens Athées demi-figures d’hommes employées en guise de co-
et à Reimann Historia Atheismi et Atheorum falso lonnes ou de pilastres pour soutenir un ouvrage d’ar-
et mérita suspectorum, 1725. Voy. dieu , théologie . chitecture, tel qu’un balcon ou autres semblables :
ATHENEES {A' Athéné, nom grec de Minerve, on les appelle aussi télamones. Les figures de fem-
déesse des sciences et des arts), nom donné chez mes s’appellent cariatides. Voy. ce mot.
les anciens à divers édifices d’Athènes, d’Alexandrie, ATLAS ( du nom du personnage mythologique qui
de Rome et de Constantinople, consacrés aux sciences soutenait le monde), collection de cartes géogra-
et aux arts. L’un des plus célèbres est celui qui fut phiques. Gérard Mercator paraît être le premier qui
élevé à Rome, sous l’empereur Adrien, l’an 125 ; ait employé ce mot dans ce sens; depuis, il a été
les auteurs venaient
y lire leurs ouvrages en pré- étendu à toute collection de planches de quelque
sence d’une assemblée nombreuse; il servait aussi nature qu'elles fussent, dessins, plans, tableaux his-
de collège, et on y faisait des leçons publiques. toriques et généalogiques. Les A. géographiques les
L’empereur Caligula en avait fait bâtir un sembla- plus complets et les plus estimés aujourd’hui en
ble à Lyon, l’an 37 de J.-C.; il y avait institué des France sont, après les travaux exécutés au nom de
prix d’éloquence grecque et latine : les vaincus l’État par le corps d’état-major, ceux de Brué, revus
étaient obligés, dit-on, d’effacer leurs compositions par Picquet , de Lapie et d’Andriveau Goujon. —
avec une éponge ou avec la langue ; sinon, iU étaient Parmi les collections de tableaux historiques, on con-
fouettés ou jetés dans le fleuve. naît surtout l’A. historique et généalogique de Le-
Dans les temps modernes, on a étendu le nom sage (Las Cases), complété par l’A. des littératures
à’ Athénée à tout lieu où s’assemblent des savants de M. J. de Mancy, l’A. historique des Etats eur
et des gens de lettres pour faire des cours de scien- ropéens, de Kruse, traduit par Ansart et Lebas.
ces et de littérature. On connait surtout VA. de En Anatomie, on donne le nom d'Atlas à la pre-
Paris, fondé en 1785, connu d’abord sous les noms mière vertèbre du cou, parce qu’elle supporte la tête
de Musée, puis de Lycée (rue de Valois). On y fai- comme Atlas supportait le globe céleste. — On a
sait des cours sur branches des lettres et
les diverses formé de ce mot celui A’atloïde pour désigner tout
des sciences : Laharpe, Marmontel, Ginguené, Le- ce qui se rattache à cette vertèbre : d’où Atldide-
mercier, Garat, Fourcroy, Cuvier y professèrent. mastoïdien, A. musculaire, A. occipital, etc.
L'A. rfesArf#, fondé aussi à Paris, en 1792, sous la dé- En Entomologie, on nomme Atlas une belle es-
nomination de Lycée des Arts, réunit également l’é- pèce de Lépidoptères nocturnes, connue des mar-
lite des savants
, des, littérateurs et des artistes : on chands sous le nom de Phalène à miroirs, parce
comptait parmi ses fondateurs Lavoisier, Lalande, qu’elle a sur le milieu de chaque aile une grande
Condorcet, Valmonfde Bomare, Parmentier, Ber- I tache triangulaire encadrée de noir sur un fond d'uo
, , ,

ATOM — 123 — ATRI


rouge fauve. Elle se trouve principalement dans le fréquemment en chimie du mot poids ato-
sert-on
midi de la Chine et aux Moluquei. mique au lieu de nombre proportionnel ou d’équi-
ATMOMÉTRE ( du gr. atmos, vapeur, et mitron, valent Voy. PROPORTIONS CHIMIQUES , ISOMÉRIE , ISO-
mesure), instrument qui sert à calculer la quantité
(

MORPHISME). — L’hypothèse des atomes se rencontre


de liquide passé , dans un temps connu , à l’état de déjà dans les écrits des philosophes grecs, Démocrite,
vapeur. On peut se servir à cet effet de toute espèce Leucippe, Èpicure {Voy. atomisme) ; mais elle resta
de vase divisé en parties d’égales capacités. Au bout de longtemps reléguée dans l’oubli, comme les sciences
quelque temps , on verra le liquide baisser dans le physiques elles-mêmes. Depuis la renaissance des
vase, et la différence du niveau antérieur et du niveau sciences, elle fut remise en lumière par Gassendi, le
actuel exprimera la quantité de liquide vaporisé. restaurateur de la philosophie d’Èpicure, et attira
ATMOSPHÈRE (du gr. atmos, vapeur, et sphaira, l’attention de Descartes, de Swedenborg, de Newton,
sphère), couche de gaz ou fluide élastique qui en- de Leibnitz, qui identifie les atomes avec ses monades
toure la plupart des corps célestes; se dit en parti- { Voy. ce mot). Mais ce fut Dalton [New System of Che-
culier de la masse d’air qui enveloppe notre globe mical philosophy, 1810 ) qui le premier conforma
( Foy. air). — Les observations astronomiques s’ac- Tbypothèse des atomes aux lois des proportions chi-
cordent à faire admettre, autour des planètes et de miques, et en fit ainsi un auxiliaire utile dans la dé-
leurs satellites, des atmosphères semblables à l’atmo- monstration des vérités de la chimie. Les idées de
sphère terrestre. Cependant la lune fait exception : Dalton, adoptées par Humphry Davy et Berzélius, sont
elle ne présente pas de nuages à sa surface, ni rien entrées dans la science; elles forment ce qu’on nomme
qui puisse indiquer la présence d’une atmosphère. aujourd’hui la théorie atomistique. Elles ont été ce-
En Physique , le nom A' atmosphère a été étendu à pendant modifiées par plusieurs savants : on doit à
toute couche de fluide qui entoure un corps isolé, Ampère et à M. Gaudin des spéculations ingénieuses
composé d’une matière plus dense ou d’une autre sur ce sujet.
nature. On dit, par exemple, A. d’électricité. ATOMISME, système de philosophie qui explique
Le mot atmosphère s’emploie aussi comme unité le monde par l’existence des atomes. Moschus de
de force, pour évaluer de très-grandes pressions ; cette Sidon, qui vivait avant la guerre de Troie, fut, au
unité est la pression atmosphérique ordinaire agis-
,
dire de Posidonius , le 1®' auteur de ce système ;
sant sur l’unité de surface, et mesurée par la colonne on le trouve également dans l’Inde, où il fut pro-
barométrique : elle équivaut à un poids de 1 kil. sur fessé par Kanada et Gautama ; mais il est surtout
un centimètre carré. Les parois d’un vase qui contient connu par la forme que lui donnèrent les Grecs.
de la vapeur ou du gaz à la tension de deuxatmosphè- Leucippe et Démocrite expliquaient tout par le vide
res, ne supportent en réalité qu’un excès de tension et pai- les atomes, éléments éternels, indivisibles,
d’une atmosphère, puisque ce vase est pressé extérieu- indestructibles, qui, animés d’un mouvement essen-
rement par l’air ambiant. Les Anglais ne comptent tiel, s’agitaient librement dans le vide, et y for-
ordinairement que l’excès dépréssion. Voy. pression. maient, par l’effet du pur hasard , toutes les combi-
ATOME (du gr. apriv., et temnô, couper: insé- naisons qu’on voit dans le monde. Epicure modifia
cable), particule infiniment petite de la matière, et légèrement ce système en douant les atomes d’une
qui résiste à toute division. Supposons qu’on divise sorte de liberté, en leur donnant une forme courbe
la matière par tous les moyens possibles méca- ou crochue et un mouvement oblique [clinamen),
,
niques ou chimiques, on arrivera enfin à une li- afin qu’ils pussent s’attacher les uns aux autres.
mite devant laquelle toute division ultérieure devra Le poète latin Lucrèce mit en beaux vers cette
s’arrêter; la particule matérielle qui oppose cette philosophie. Sous toutes ses formes, l’atomisme,
résistance , c’est V atome. — L’insuffisance de nos expliquant le monde par le hasard ou la nécessité
moyens de division nous empêche d’atteindre les vé- conduisait au matérialisme et à l’athéisme. Le phi-
ritables atomes ; nous ne pouvons séparer de la ma- losophe Gassendi ressuscita ce système au xvii® siècle,
tière que des groupes d’atomes, ou, comme on dit, mais en cherchant à le concilier avec la foi.
des molécules. Dans la molécule d'un corps réputé ATONIE (du grec a priv., et tonos, ton, ressort),
simple, les atomes sont similaires ou de même qua- faiblesse générale de tous les organes , et particu-
lité; dans les molécules d’un corps composé, les lièrement des organes contractiles, h’atonie n’ex-
atomes sont hétérogènes ou de qualités différentes. prime qu’un relâchement des tissus; l’asthénie in-
Lorsqu’une combinaison chimique s’effectue, les mo- dique l’affaiblissement de leurs fonctions. On combat
lécules échangent un certain nombre de leurs ato- l’atonie par les toniques. Voy. ce mot.
mes ,'lesquels se juxtaposent alors dans un ordre dé- ATRABILE (du latin atra, noire, et bilis bile),
terminé; quand, par exemple, le carbone et l’oxygène humeur particulière, de couleur noire, formée, selon
se combinent
,
la molécule de carbone échange un les anciens, d’une partie limoneuse du sang ou de
certain nombre d’atomes de carbone contre un cer- la bile , sécrétée par le pancréas, et qu’ils croyaient
tain nombre d’atomes d’oxygène, et réciproquement. engendrer la mélancolie et les manies. Cette opinion
— Cette hypothèse des atomes rend parfaitement est tout hypothétique ; mais on continue d’appeler
compte des proportions chimiques. On conçoit que, atrabile la bile qui atteint une couleur très-noire
si la molécule de chaque corps simple se compose dans certaines maladies. On nomme atrabilaires les
d’atomes ayant un poids déterminé, ce même poids hypocondriaques, chez lesquels on croyait Tatrabile
doit se retrouver n fois dans toutes les combinaisons, prédominante ; par suite, on a étendu ce nom à tout
n étant un nombre entier. L’analyse démontre que homme d’un caractère chagrin et intraitable,
l’oxyde de carbone, par exemple, contient, sur 14 ATRE. Voij. CHEMINÉE et enchevêtrure.
parties, 8 d’oxygène et 6 de carbone; or, si l’on sup- ATRIPLICÈES, ATRiPLiciNÉES {A’atriplex, nom
pose que la molécule d’oxygène se compose d’atomes, latin de l’Arroche , genre type ) , famille de plantes
pesant chacun 8 unités, et la molécule de carbone, apétales, à étamines périgynes, renferme des herbes
d’atomes pesant chacun 6 unités, la molécule d’oxyde annuelles ou vivaces, ou des arbrisseaux, répandus sur
de carbone se composera de 1 atome d’oxygène et de toute la surface du globe, et principalement en dehors
l atome de carbone. L’analyse prouve de même des tropiques. L’épinard, la bette, le quinoa, font,
que, dans l’acide carbonique, 16 parties (2 fois 8) ainsi que l’arroche , partie de cette famille. Au nom
<l’oxygène sont unies à 6 parties de carbone; dans A’ Âtriplicées proposé par A. L. de Jussieu, quel-
la théorie atomique, la molécule de l’acide carbo- ques auteurs substituent celui de Chénopodées { Voy.
nique se compose donc de 2 atomes d’oxygène et ce mot). Cette famille contient 7 trilmy. Anséri-
de 1 atome de carbone. Dans ces exemples, atome de- nées , Spinaciées, Camphorosmées, Corisperméesy
vient synonyme de nombre proportionnel; aussi se Salicorniées, Suœdinées et Salsolées.
, , , , , , ,

ATTE — 124 - ATTE


ATROPA.nomlatindelaiîeWarfone. Yoy. ce mot. Aristote à un insecte qui ronge les fruits), genre
ATROPHIE (du grec a priv., et trophè nourri- d’insectes Coléopti, es tétramères, famille des Curw
ture), amaigrissement, diminution progressive dans culionites. Leurs larves, semblables à celles des cha-
le volume de tout le corps ou d’une de ses parties rançons, sont blanches, formées de 12 anneaux,
due au manque de sucs nourriciers. C’est moins une sans pattes , munies de deux mandibules cornées qui
maladie qu’un symptôme, et un symptôme fort grave. servent à l’animal pour percer la pulpe des fruits
L’A. partielle est l’atrophie due au repos absolu et pour marcher en se cramponnant. Ces larves at-
d’un membre, ou à la compression qu’il a eue à taquent les fleurs et les feuilles aussi bien que les
supporter, ou à l’effet d’une autre maladie, telle fruits et font de grands ravages.
que le rhumatisme. — On nomme A. mésentérique ATTELLE (mot dérivé, selon Ducange, de ar-
l’induration ou tuméfaction des glandes du mésen- tula, qui, dans la basse latinité, signifiait copenw),
tère , qu’on observe exclusivement chez les enfants lames de bois flexibles , mais résistantes , plus ou
depuis la l'® enfance jusque vers la 7® ou la 9' an- moins longues, que l’on applique, garnies de linge,
née ; elle est constamment accompagnée de l’amai- le long d’un membre fracturé, pour le maintenir
grissement progressif de toutes les parties du corps. dans l’immobilité et prévenir le déplacement des
C’est ce qu’on nomme le carreau. Voy. ce mot. fragments. On a fait aussi des attelles en écorce
ATROPINE, alcali végétal contenu dans toutes d’arbre, en fer-blanc, en baleine, en cuivre, etc.
les parties de la Belladone (Atropa). Il se présente On emploie encore, dans certains cas, des attelles
sous la forme d’aiguilles blanches et soyeuses , sans faites avec un carton fort épais, que l’on mouille
odeur , très-amères , peu solubles dans l’eau , très- avant de les appliquer, et qui se moulent alors sur
solubles dans l’alcool. Cet alcali est extrêmement vé- le membre, auquel on les fixe par un bandage roulé ;
néneux un millième de grain introduit dans la pu-
: on applique au même usage la dextrine ( Vorj. ce
pille suffit pour la dilater d’une manière persistante, mot). — On donne aussi aux attelles le nom i'éclisses.
il a été extrait pour la 1'» fois par MM. Geiger et ATTENTAT (A’attentare attaquer), entreprise
Hesse. Sa composition se représente par C’*H*^NO’. criminelle contre les personnes ou contre les choses.
ATROPOS (du nom d’une des Parques), espèce Le Code pénal distingue ; 1® A. contre la sûreté
de Lépidoptères crépusculaires, tribu des Sphingides de l’État, ou A. politiques-, 2° A. à la liberté in-
achéronties, vulgairement appelé Papillon à tête dividuelle et aux droits des citoyens; 3® A. à la
de mort, parce qu’il porte sur son corselet l’em- pudeur et A. aux mœurs, et traite successivement
preinte assez exacte de la face du squelette humain. de chacun d’eux et des peines qui y sont attachées
Le Sphinx Airopos est en outre remarquable par (1® art. 76-90, 2® 114 et suiv., 3® 330 et suiv.).
sa grande taille et surtout par la faculté qu’il pos- ATTENTION (de tendere ad, tendre vers). En
sède seul entre tous les insectes de faire entendre Psychologie, ce mot désigne et la concentration
un cri lorsqu’il est inquiété
;
ce cri est assez sem- volontaire, exclusive, prolongée de l’esprit sur un
blable à celui de la souris. Les Naturalistes sont objet, et la faculté qui opère cette concentration.
fort divisés sur l’explication de cette faculté. Nos premières connaissances sont confuses, obscures,
ATTACES, ATTACiDES [A’attacxis, sorte d’insecte incomplètes; pour les rendre distinctes, claires et
mentionné dans la Bible), nom donné par Linné à complètes, il est nécessaire de revenir volontaire-
la Ire division de son grand genre Phalène, qui ment sur les faits dont nous avions d’abord reçu
embrasse tous les Lépidoptères nocturnes. Nous ci- l’impression tout passivement; il faut nous arrêter
terons comme types des espèces de ce genre soit sur un objet, et le détacher de tous ceux qui l’en-
,
exotiques, soit indigènes, l’H. (Foy. atlas, fin), tourent; il faut enfin retenir nos regards sur cet
l’un des plus grands Lépidoptères qu’on connaisse et objet assez longtemps pour l’observer sous toutes
qui se trouve en Chine , et le Grand Paon Pavonia ses faces ; c’est ce que fait l’attention elle est la con-
;
,
major, commun dans les environs de Paris. dition de la connaissance distincte et de la mémoire ;
ATTACHEMENTS. Ce mot se dit, dans la Construc- sans elle les impressions sont comme non avenues.
tion, des notes que les architectes ou les vérificateurs Appliquée aux phénomènes de conscience, l’attention
prennent sur les ouvrages de diverses espèces lors- est appelée réflexion; appliquée à l’étude des corps,
qu’ils sont encore apparents, pour
y avoir recours c’est Vobservation externe. Donner son attention
(lans le règlement des mémoires : on dit en ce sens. aux objets de la vue, c’est regarder, et non plus
Prendre des attachements. simplement voir; aux objets de Touie, c’est écouter,
ATTAQUE, action par laquelle on se présente et non plus entendre , etc. — Condillac ne voit dans
devant l’ennemi pour engager le combat. On dis- l’attention qu’une transformation de la sensation ;
tingue VA. des lignes, VA. en rase campagne l’H. selon lui, c’est la sensation devenue dominante,
de place. L’attaque d’une place se fait de quatre ma- exclusive. Laromiguière , Maine de Biran, et avec
nières, par surprise, par blocus, par bombardement, eux les meilleurs psychologistes, regardent, au con-
enfin dans toutes les règles, ou siège. Yoy. siège. traire, l’attention comme essentiellement distincte
En Médecine, on nomme ainsi l’invasion subite de la sensation , la étant active et la 2® pure-
d’une maladie périodique, telle que la goutte, le ment passive. Selon Laromiguière, l’attention est le
rhumatisme; ou d’une affection sujette à des retours principe de toutes les facultés de l’entendement ; la
plus ou moins fréquents, comme l’apoplexie. On — comparaison n’est qu’une double attention, et le
appelle attaques de nerfs des spasmes et divers phé- raisonnement une double comparaison.
nomènes nerveux que l’on observe particulièrement ATTÉNUANTES (circonstances). Voy. circon-
chez les femmes et chez les individus très-irritables. stances.
ATTE (du grecaffdjSauterLHè/a, insec te sauteur de ATTERRAGE (du latin ad, près, et terra, terre),
la fam. des Formicaires, appelé aussi Fourmi de visite. C’est, en termes de Marine, l’arrivée en vue d’une
ATTE ou SALTiauE , genre d’Aranéides formé par terre , et la reconnaissance de cette terre , ordinai-
Walckenaër : 8 yeux inégaux, disposés sur trois lignes, rement faite sur les points les plus avancés et ley
lls^ épient leur proie et la saisissent en sautant plus remarquables des côtes. Aux approches d’une
( d’où leur nom ) ou en courant. Les Attes sont de terre, on dit être à V atterrage même avant d’êtn»
petite taille, et ont souvent des couleurs vives et à portée de l’apercevoir.
variées; ils sont répandus dans les diverses parties ATTERRISSEMENT (de ad et terram), se dit le
du monde. 11 en existe un grand nombre d’espèces plus souvent dans le même sensqu’aWMufo/î. Ce moi
qu’on réunit en quatre divisions ; Sauteuses, Vol- désigne plus particulièrement les dépôts de sable, de
tigeuses, Longimanes et Coudées. limon et de cailloux roulés, formés par les fleuves
ATTËLABE (du grec atlélahos nom donné par vers leur embouchure , ou par la mer sur certaines
— — ,

ATTtV m— ATTR
plages; de là on distingue les A. marins et les nion de Newton a été pleinement confirmée par les
A fluviatiles. Voy. alluvion et dunes. observations sur la déviation du fil à plomb dans le
.

ATTICISME, mélange de pureté de langage, de voisinage des montagnes, observations faites d’abord
délicatesse , de finesse de goût, qui distinguait les au Pérou par Bouguer et La Condamine en 1738, et
Athéniens. —
Dans la Grammaire grecque, on nomme ensuite en Ecosse par Maskelyne en 1774. L’expé-
ainsi le dialecte particulier aux Athéniens. rience de Cavendish sur l’action des sphères métal-
ATTIQUE, ornement d’architecture qui couronne liques a prouvé d’une manière directe, pour les corps
un édifice ou la partie supérieure d’une façade , et terrestres, la réalité d’une attraction réciproque.
a pour objet de dissimuler le toit. 11 repose immé- Les attractions moléculaires qui s’exercent dans
diatement sur l’entablement. Il est orné quelquefois les corps par le contact immédiat prennent les noms
de petites colonnes ou de sculptures; souvent c’est de cohésion, (V adhésion, de capillarité on à’ affi-
un simple mur sans ornement. C’est aux Athéniens nité {Voy. ces mots), suivant les phénomènes aux-
que les Romains et les modernes ont emprunté quels elles donnent naissance. Il est probable que
l'attique : de là son nom. Étage en attique. Voy. ces phénomènes ne sont que des manifestations par-
ÉTAGE. Dialecte attique. Voy. atticisme etniALECTE. ticulières de la gravitation universelle.
ATTOLE , ATTOLON. Ce nom , qui a d’abord dési- Le principe de l’attraction avait été entrevu par
gné spécialement les groupes d’îles qui forment Copernic et par Képler : les premiers qui en adoptè-
l’archipel des Maldives, a depuis été étendu à toutes rent l’idée furent : en Angleterre, Gilbert, Fr. Bacon
les réunions d’îles qui offrent les mêmes caractères ; et Hooke; en France, Fermât et Roberval; en Ita-
ce sont de petites îles basses, groupées sur d’étroits lie, Galilée et Borelli. Mais, jusqu’à Newton, ce
plateaux madréporiques , qui ceignent un bassin principe avait été très - imparfaitement défini et
circulaire ou une île plus importante et plus élevée, incomplètement appliqué : c’est dans ses Philoso-
et présentent des dentelures accessibles aux piro- phiœ naturalis principia mathematica que ce grand
gues ou aux navires; telles sont les îles de Tarchi- physicien Ta exposé avec toutes ses conséquences. La
pel Paumatou ou Dangereux, de l’archipel Cen- Mécanique céleste de Laplace peut être considérée
tral ou Mulgrave. comme le complément de ce bel ouvrage.
ATTORNEY, nom donné, en Angleterre, à l’offi- ATTRAHIÈRE {A’ attrahere attirer). On nom-
cier public qui remplit les fonctions de procureur ou mait ainsi, sous le régime féodal, un droit qu’avait
d’avoué. Le procureur du roi prend le titre à’attor- le seigneur d’attirer à lui et de s’approprier les
ney général. Quand l’attorney est attaché à l’une des biens des criminels, aubains, bâtards et serfs.
diverses cours d’équité, il prend le titre plus relevé ATTRAPE-MOUCHE ou gobe-mouche, nom vul-
de sollicitor. La classe des attorneys est très-nom- gaire de plusieurs espèces de plantes qui ont la pro-
breuse; on en compte 3,000 à Londres, et 8,000 priété de retenir ou d’emprisonner les insectes qui
dans les provinces. se posent sur leurs fleurs ou leurs feuilles : telles sont
ATTRACTION, propriété dont toutes les parties de le Gouet gobe-mouche et surtout la Dionée attrape-
la matière paraissent douées , et en vertu de laquelle mouche, dont les feuilles, d’une extrême irritabilité, se
elles tendent les unes vers les autres. On la nomme resserrent en se repliant sur l’insecte qui vient à les tou-
A. universelle ou gravitation lorsqu’elle agit à di- cher et le retiennent captif. L’apocyn du Canada, le
stance, et A. moléculaire lorsqu’elle agit au contact. laurier-rose et la scammonée de Montpellier, sai-
L’attraction universelle est le principe de presque sissent par la trompe les mouches qui viennent
tous les phénomènes de l’astronomie. Non-seule- puiser le suc mielleux qui se trouve au fond de
ment les centres des corps célestes s’attirent réci- leurs corolles ; un silène et plusieurs lychnides les
proquement, mais cette action s’exerce aussi entre retiennent par l’enduit visqueux de leurs tiges, etc.
toutes leurs molécules. Ainsi, par exemple, la na- ATTRIBUT. En Métaphysique, on nomme ainsi
ture des Orbites que décrivent respectivement la toute propriété permanente d’un être, découlant do
terre autour du soleil et la lune autour de la terre sa nature même ainsi , l’éternité, l’infinité, l’unité,
:

prouve une attraction réciproque entre les centres la justice, la providence, la toute-puissance, etc.,
de ces trois grands corps ; les phénomènes du flux sont les attributs de Dieu.
et du reflux , de la prôcession des équinoxes et de En Grammaire , on oppose attribut à sujet : l’at-
la nutation de l’axe terrestre, démontrent une at- tribut exprime ce qu’on affirme ou qu’on nie du
traction semblable des centres du soleil et de la lune sujet d’une proposition. Dans cette phrase ; Dieu
sur les molécules de la mer et sur les molécules li- est bon , le mot bon exprime la qualité que j’affirme
quides ou solides qui forment le renflement de la de Dieu; c’est V attribut. L’attribut est énoncé ou
terre à l’équateur. Les observations ont établi une par un adjectif, ou par un participe, ou même
analogie parfaite entre la force appelée pesanteur, par un substantif. Exemples : Le mérite est mo-
qui fait tomber les corps sur la terre , et les forces deste; tout est changeant; la vertu est estimée;
diverses qui produisent les mouvements célestes. pauvreté n’est pas vice. Souvent l’attribut forme
Newton, guidé par les lois de Képler {Voy. pla- un seul mot avec le verbe : Thomme pense, pour :

nètes) , a démontré que tous les corps de la na- est pensant. — On distingue A. simple , celui
ture V attirent mutuellement en raison directe des qui n’exprime qu’une manière d’être du sujet : Le
masses et en raison inverse du carré des distan- ciel est pur; A. composé, celui qui exprime plu-
ces. On a remarqué depuis que cette diminution de sieurs manières d’être du sujet : Dieu est juste et
l’attraction en proportion des distances a lieu d’après bon; A. incomplexe, celui qui a par lui-même une
la même loi suivant laquelle diminuent les intensités signification complète, c’est-à-dire qui n’a aucune
du son, de la lumière, de la chaleur, ainsi que espèce de complément : Le soleil est lumineux;
celles des attractions ou des répulsions électriques A. complexe, celui qui n’offre une signification
et magnétiques. —Suivant la théorie newtonienne, complète qu’à l’aide d’un ou de plusieurs complé-
l’attraction pénètre les particules les plus minimes ments : L’oisiveté est la mère de tous les vices.
de la matière , et l’action combinée de toutes les ATTRIBUTS , s^boles consacrés à caractériser
parties de la terre forme les attractions de la masse les divinités de la Fable et les héros de l’Antiquité
totale. Par la même raison qu’un corps pesant tend ou à symboliser les êtres moraux : ainsi l’aigle et la
vers le bas en parcourant une perpendiculaire à la foudre étaient les attributs de Jupiter; le trident,
surface de la terre, il est attiré vers le centre d’une celui de Neptune ; un glaive et une balance , ceux
montagne voisine par une force plus ou moins delà Justice; le caducée, celui de Mercure; la mas-
grande, suivant la distance de cette montagne et sue, celui d’Hercule, etc. Cheï les Égyptiens, la
la quantité de matière qu’elle contient. Cette opi- croix ansée (T surmonté d’un anneau) était le sym-
, ,

AUBE — 126 — AUDI


bole de la vie divine; dans leurs sculptures antiques, et les clôtures; et son bois, qui est très-dur, sert
chaque dieu la tient à la main. Toutes les divinités aux tourneurs. On fait avec ses fruits une liqueur
avaient aussi en main le sceptre. LTconologie est la fermentée. Depuis quelques années, on cultive dans
connaissance des attributs par lesquels chaque être les jardins une variété d’aubépine à fleurs doubles,
est désigné. Cette connaissance est indispensable à originaire de Mahon. On la greffe sur l’aubépine or-
l’artiste pour représenter fidèlement les personnages dinaire, sur laquelle se greffent aussi le néflier, le
mythologiques, et pour figurer les êtres idéaux ; poirier et le coignassier. Le rossignol aime l’aubé-
vertus, vices, arts, etc. Voy. ejiblémes et iconologie. pine , et y fait souvent son nid. —A
Athènes, l’au-
ATTRITION {d'atterere, froisser), douleur d’avoir bépine était l’emblème de l’espérance. Les jeunes
offensé Dieu causée par la honte d’avoir commis le filles portaient des branches d’aubépine aux noces

péché, ou par la crainte d’en recevoir le châtiment; de leurs compagnes, et l’hôtel de l’hyménée était
elle prépare le pécheur à recevoir la grâce, dans le sa éclairé par des torches faites du bois de cet arbuste.
crement de pénitence : c'est une contrition impar- AUBERGINE (du latin albus, blanc), nom vul-
faite. Elle diffère de la contrition parfaite , qui est la gaire d’une espèce de Morelle, appelée aussi Melon-
douleur d’avoir péché, causée surtout par l’amour gène. Cette plante, qui croit naturellement en i

de Dieu ; et de la componction qui est la douleur Asie, en Afrique et en Amérique, porte des fruits ;
'

profonde d’une âme désolée d’avoir offensé Dieu. blancs semblables à des œufs; quelquefois ils sont
Le mot d’attrition a été introduit dans la langue allongés, recourbés comme des concombres, et de
théologique au xm® siècle; il fut adopté par le concile couleur violette, jaune ou rougeâtre. Ces fruits sont
de Ti ente. Bossuet et l’assemblée du clergé de 1700 un mets recherché, surtout dans le midi de la
déclarent que celui qui se contente de Vattrition France et de toute l’Europe. Voy. morelle.
n’a pas assez de soin de son salut. AUBERGISTE (de l’ital. alberya, dérivé lui-même
ATTROUPEMENT, assemblée illicite et tumul- par corruption de l’ail, hebergen, loger). Les auber-
tueuse sur la voie publique. D’après la loi du 10 avril gistes sont tenus, sous peine d’amende, d’inscrire
1831, les attroupements doivent se dissoudre à la sur un registre spécial tout voyageur qui loge chez
première sommation du magistrat, revêtu de son eux (art. 475 du Code pénal). Ils sont responsables
écharpe. Si le rassemblement ne se disperse pas des effets apportés par le voyageur (Code civ., art. 1302
aussitôt, la sommation est renouvelée et précédée et 1952); ils ont un privilège sur ces effets pour le
d’un roulement de tambour ou d’un son do trompe. payement de leurs fournitures, mais leur action se
Après trois sommations restées sans résultat, il peut prescrit par six mois 2102, 2271).
(art.
être fait emploi de la force. Les individus arrêtés AUBE-VIGNE. Voy. clématite.
dans les attroupements sont punis d’un emprison- AUBIER (du latin albus blanc, à cause de sa
nement qui peut aller, selon la gravité des cas, couleur ordinairement blanche) , partie ligneuse
d’un jour à deux ans, et d’une interdiction plus ou des arbres , interposée entre le bois et la couche
moins prolongée des droits civiques. Ces dispositions, interne de l’écorce ou liber, se convertit en bois
dont la plupart se trouvaient déjà dans la loi du 3 chaque année , et forme ces cercles concentriques
août 1 791 , ont été complétées dans la loi du 7 uin 1848. que l’on voit sur les arbres quand on coupe leurs
j
ATWÜOD (machine d’) , machine dont on se sert troncs ou leurs branches horizontalement. Un au-
pour démontrer les lois de [apesanteur. Voy. ce mot. bier nouveau succède à celui qui s’est converti en
ATYPIQLHîS (du grec a priv., et typos, type), bois. L’aubier renferme de l’eau, de la résine et
épithète donnée aux maladies périodiques, surtout divers autres fluides. Il se solidifie peu à peu pen-
aux fièvres intermittentes, dont les attaques ou les dant qu’une nouvelle couche d’aubier se prépare et
accès reparaissent sans régularité. subit les mêmes changements. L’aubier n’a pas tou
AUBAINE (droit d’) , droit par lequel le fisc d’un jours la couleur du bois : ainsi, dans l’ébène, dont
Etat s' attribue lesbiens del’étranger (dit jadis «îiûrti'n, le bois est noir, l’aubier est blanc; dans le cam-
^alibi natus) qui meurt sur le territoire de cet péche, qui est rouge, l’aubier est gris jaunâtre , etc.
Etat. Ce droit odieux s’exerça longtemps en France, On le distingue toujours aisément du bois propre-
ilfut aboli par l’Assemblée constituante le 6 août ment dit, qui est d’un tou plus foncé et plus dur. V.
1790. La loi du 14 juillet 1819 en a effacé les der-
y a des bois tendres , tels que le saule et le peu- j

nières traces en abrogeant les art. 726 et 912 du plier, vulgairement appelés bois blancs, qui, à un
Code civil, et en autorisant les étrangers à succéder certain âge, n’ont plus que de l’aubier: le bois se
et à disposer en France aussi bien que les Français. pourrit en vieillissant, l’arbre devient creux, et la
AUBE {d'albus, blanc), tunique blanche, en lin, vie ne se continue que par les couches externes de
qui descend jusqu’aux pieds, et que le prêtre porte l’aubier et par l’écorce.
à l’autel sur la soutane et par-dessous la chasuble. AUBIFOIN {d'albus, blanc, fœnum, foin), nom
En Hydraulique, on appelle aube les planches donné dans quelques pays au Bluet, notamment àune !

fixées à la circonférence des roues dos moulins à plus grande espèce qui vient sur les montagnes, et
eau, ou de toute autre machine que ce liquide fait dont les fleurs sont quelquefois blanches. Voy. bluet.
[

'

mouvoir, et sur lesquelles s’exerce l’action de l’eau AUBIN, allure dans laquelle le cire val gaiope avec
pour faire tourner les roues : l’aube plonge per- les jambes de devant et trotte ou va l’ambic avec le
pendiculairement dans l’eau. —.On appelle aubes train de derrière. On estime peu le cheval qui va ;

courbes, des aubes imaginées par M. Poncelet, et qui l’aubin, parce que, le plus souvent, cette allure vient
,
reçoivent l’eau à leur partie inférieure; ce qui est de la faiblesse des jambes et des reins; d’ailleurs
j
avantageux pour les petites chutes d’eau, et beau- elle ne peut durer longtemps et n’est point propre j
coup plus économique. pour la voiture. i

AUBEPINE , AUBÉPiN (du latin alba spina, épine AUCUBA (nom indigène), genre de la famille
blanche) , nom vulgaire du Mespilus oxyacantha,
j

des Cornées, à fleurs dioiques, à calice tronqué i

espèce du genre Ne'flier, de la famille des Rosacées très-petit, à 4 dents, à 4 pétales ovales, 4 étamines,
et de la tribu des Pomacées. Quelques botanistes 1 style, 1 stigmate et une baie monosperme. L’A.— j

j
rangent à tort cette espèce dans les Alisiers, genre du Japon est un arbuste de 12 à 14 décim. de haut, j

très-voisin. C’eSt un arbuste à fleurs blanches, quel- et très-rameux. On le cultive beaucoup dans nos jar-
j
quefois roses, disposées par bouquets ou corymbes, dins à cause du bel effet qu’il produit en hiver par '
d’une odeur très-agréable, mais qui entêtent promp- ses feuilles d’un vert pâle, agréablement panachées.
tement , et auxquels succèdent de petits fruits à os- AUDIENCE {d'audire, écouter), temps que les '

selets, rouges et charnus. Ses rameaux, très-serrés tribunaux consacrent à l’audition des causes qui sont [

et garnis d’épines le font rechercher pour les haies portées devant eux, et lieu où se rend la justice.
,
AUGM 127 — AULI
Aux termes de 87 du Code de Procéd.), les
la loi (art. consonne [tuptô, je frappe; imparfait, étupton)’, et
audiences en France doivent être publiques, hors le VA. temporel, qui augmente le mot dans sa quan-
cas de Imis elos (Voy. ce mot). — Les délits d’au- tité, en transformant en longue sa voyelle initiale
dience qui pourraient entraver le cours de la justice lorsque celle-ci est une brève : agapad, j’aime ; éga-
doivent être punis sur-le-champ , aux termes de la pôn, j’aimais; orizô, je borne; ôrizon, je bornais.
loi.— On appelle audienciers les huissiers chargés AUGURE (en lat. augurium, d'avium garritus,
d’ouvrir et de fermer les portes de l’audience, d’y selon Varron). Chez les Romains, ce mot désignait
maintenir l’ordre et le silence , et d’exécuter tous les à la fois les présages que l’on tirait du vol, du chant,
ordres donnés par le président. — On appelle au~ de l’appétit des oiseaux (ce qu’on appelait spécia-
diences solennelles des audiences d'apparat dans lement auspices ), ou de certains phénomènes de
lesquelles se plaident les causes les plus impor- de l’air, tels qu’éclairs, orages, foudre; et les mi-
tantes, où s’entérinent ordinairement les lettres de nistres de la religion qui étaient chargés d’observer
grâce ou de commutation" de peine , et où les les oiseaux et l’état de l’atmosphère pour en tirer
avocats viennent prêter serment; elles ont lieu des présages. Les objets d’où se tiraient les pré-
surtout lorsque, par suite des difficultés du débat et sages étaient au nombre de douze ; ils étaient con-
de la diversité de la jurisprudence, plusieurs sections signés, ainsi que la science augurale, dans des li-
d’un tribunal supérieur (cour d’appel ou cour de cassa- vres dits Livres auguraux. Les prêtres chargés de
tion ) ont été réunies pour fixer l’application de la loi. ce soin, les Augures, formaient un collège qui joue
AUDITIF. Voy. conduit auditif, nerf auditif. un grand rôle dans l’histoire romaine ; car rien d’im-
AUDITEURS. Ce nom a été donné tantôt à des portant ne s,e faisait sans qu’on eût pris leur avis.
magistrats en titre , tantôt à des fonctionnaires qui Cette superstition paraît être originaire d’Asie ; on en
font un noviciat. Il existait sous notre ancienne mo- place le berceau dans la Chaldée et la Phry gie ; d’Asie
narchie des A. des comptes, officiers chargés d’exa- elle passa aux Grecs, aux Etrusques , puis aux Ro-
miner les finances du roi , et analogues à nos réfé- mains. Les Augures furent introduits à Rome par
rendaires; des A. de régiment, chargés d’appliquer Romulus même. Ils étaient d’abord choisis parmi les

les lois militaires. ARome,on nomme ;4. de larote, patriciens; ce ne fut que l’an 299 av. J.-C. qu’on
les membres du célèbre tribunal de ce nom [Voy. nomma des Augures plébéiens. Leur nombre, qui
rote); on nomme A. de la Chambre apostolique, n'était d’abord que de 3 ou 5 , fut plus tard élevé
des juges de la cour de Rome, dont l’autorité s’étend à 9 , puis à 15 sous Auguste, il devint illimité.
• —
au spirituel sur toutes sortes de personnes, citoyens La foi dans les Augures fut de bonne heure ébranlée.
ou étrangers, prélats, princes, etc.; ils connaissent On connaît la conduite impie de Claudius Pulcher,
de tous les appels de l’Etat ecclésiastique même de qui, mécontent de leurs présages, fit jeter à l’eau
,
tous les contrats où l’on s’est soumis aux censures les poulets sacrés, disant de les faire boire puisqu’ils
ecclésiastiques. ne voulaient pas manger. Caton ne comprenait pas
Le nom A’auditeur désigne chez nous des jeunes que deux augures pussent se regarder sans rire.
gens admis près du conseil d’Etat pour y acquérir Cicéron, bien qu’augure lui-même, écrivit un livre
la connaissance des affaires : d’après la loi organi- pour dévoiler la vanité de la science des augures.
que du 8 mars 1849, ils devaient avoir 21 ans au moins AUGUSTALE , monnaie d’or frappée en Sicile par
et 25 au pluset être choisis au concours. Auj. ils sont l’empereur Frédéric II, était ainsi nommée parce que
nommés par l’Empereur. Les auditeurs forment la pé- les empereurs d’Allemagne prenaient le titre d’Au-
pinière des conseillers de préfectures, des sous-préfets gustes on leur qualité d’empereurs d’Occident. Son
et des mal très des requêtes. llssontdivisésen2 classes. poids était de 100 grains.
AUDITION. Elle résulte de ce que les vibrations des AUGUSTE, Augusta, Augustea, nom donné à
corps sonores, pénétrant dans les cavités de l’oreille, quelques plantes, à cause de leur port majestueux,
et arrivant par le conduit auditif jusqu’à la mem- notamment au genre Stiftia, ainsi qu’à une espèce
brane du tympan, sont communiquées aux nerfs au- d’œillet cramoisi et blanc qui porte une grosse fleur.
ditifs, et par ceux-ci transmises au cerveau. —
Pour — On appelle A. le grand, A. le triomphant, un bel
le mécanisme de l’audition, Voy. ouïe et oreille. œillet piqueté , à cause de sa largeur et de la quan-
AUFFE ou LYCÉE SPART, Spartum lygeum, es- tité de ses feuilles.
pèce de Graminée dont les libres filandreuses sont Auguste est aussi le nom d’une monnaie d’or en
employées dans le Levant à faire des cordages pour Saxe , ainsi appelée en l’honneur des rois du nom
les navires ; on en fait aussi des nattes dont on ta- d’Auguste qui ont régné sur ce pays. Vauguste de
pisse l’intérieur des soutes; on en fait môme des 5 thalers vaut 20 fr. 74 c. et demi. On frappe aussi
filets à grandes mailles. Cette plante vient d’Espagne des doubles-augustes et des demi-augustes.
et du nord de l’Afrique. Voy. spart. AUGUSTIN (saint-), nom d’un caractère d’im-
AUGITE (du gr. augé, éclat), nom employé dans primerie. Voy. SAINT-AUGUSTIN.
la minéralogie allemande pour désigner une pierre AUGUSTltE. Voy. apatite.
précieuse translucide, tantôt verte, tantôt brune ou AULIQUE {d'aula, cour). Dans l’ancien empire
noire. C’est une variété du genre que Haüy a nommé germanique, on nommait Conseil aulique un tribunal
Pyroxène. — Chez les anciens c’était le nom d’une suprême, jugeant en dernier ressort et sans appel
pierre brillante, que l’on croit être la turquoise ou les causes attribuées à l’empereur. Ce conseil se com-
l’émeraude aigue-marine. posait dans les derniers temps d’un vice-chancelier,
AUGMENT (dulat. augmentum, dérivé d’augere, d’un président catholique et de 18 assesseurs , 9 catho-
augmenter). Dans notre ancienne Jurisprudence, on liques et 9 protestants. 11 tenait ses assemblées dans
nommait ainsi la portion des biens du mari que la la capitale de l’empire. Le conseil aulique avait été
femme survivante atait droit de prendre, comme instituéen 1501, parTempereur Maximilien. Dans l’o-
donation à cause de noces, dans les pays de droit rigine, il cumulait avec ses attributions judiciaires
écrit, et comme douaire dans les pays coutumiers. les fonctions de conseil de régence; mais, en 1559,
Dans le Droit romain , c’était l’augmentation do dot il fut décidé qu’il se bornerait à son caractère de
que la femme apportait pendant le mariage. cour de justice, et ne s’immiscerait plus dans l’ad-
En Grammaire, Vaugment est un accroissement ministration des affaires publiques. Ce conseil fut
initial que subissent les verbes dans quelques lan- supprimé en 1806, lors de la reconstitution de l’em-
gues, comme le sanscrit et le grec, pour marquer les pire germanique. —
Dans ces derniers temps, le titre
temps passés. On
distingue en grec VA. syllabique, de Conseil aulique est devenu un terme générique
qui ajoute au
mot une syllabe en plaçant un e au qu’on a appliqué dans les Etats germaniques aux
commencement lorsque ce mot a pour initiale une principaux corps de Tordre politique, administratif,
, , , , , ,

AUMÜ — 128 AÜNÉ


judiciaire ou militaire. Ainsi, il y eut li Vienne un depuis Charles V qu’on commença abattre l’au-
conseil aulique d’État, un conseil aulique de guerre, musse sur les épaules, et ensuite sur le bras.
qui dirigea les mouvements des armées impériales AUNATRE (en latin alnaster, A'alnus, aune),
dans les guerres contre la France; il y a encore au- genre de la famille des Bétulacées, tenant le milieu
jourd’hui un conseil aulique de la police, chargé de entre les Aunes et les Bouleaux. C’est un arbuste
surveiller les étrangers ; une commission aulique des commun dans les hautes régions des Alpes. 11 dif-
études, chargée des universités allemandes, etc. fère de l'Aune par les chatons mâles qui ne sont
AULOFFE ou oloffe (de lof, côté du navire pas en grappes, par les chatons femelles qui nais-
qui est frappé par le vent), mouvement du navire sent de bourgeons foliaires , et par le nombre plus
vers le vent, action par laquelle le navire, tournant considérable d’étamines.
autour de son axe vertical, marche pour s’approcher AUNE ^u
latin alnus), genre d’arbres de la fa-
du lit du vent : c’est l’opposé de l’arrivée. mille des Bétulacées, faisant partie du groupe des
AUMAILLES (bêtes). Votj. bêtes. Amentacées chatons mâles en grappe terminale,
:

AUMONE (par corruption du grec éléémosynè, à écailles triflores , à périanthe régulier et rotacé
compassion). Ce mot, qui n’exprime aujourd’hui profondément quadrilobé, à 4 étamines; chatom
qu’un acte de bienfaisance volontaire exercé le plus femelles ou en grappe, courts et cylindracés, à
souvent en dons d’argent, était autrefois le nom d’une écailles biflores; strobile ovoïde, court et obtus. Les
peine pécuniaire infligée par le juge pour certains Aunes sont des arbres ou des arbrisseaux qui ha-
crimes ou certains délits; ces aumônes étaient appli- bitent pour la plupart les régions extra-tropicales.
quées aux hôpitaux ou au pain des prisonniers. — On en connaît plusieurs espèces; l’espèce que l’on
Par suite, ou nomma ainsi toutes les donations faites désigne plus particulièrement sous le nom d’Aune
aux églises par les seigneurs, et même tous les biens est Y A.fVisqueux qui ne prospère bien que dans
ecclésiastiques. On les divisait en A. onéreuses, es- les lieux humides ou même baignés d’eau, et dont
pèces de bénéfices qui payaient les redevances et les les racines longues et entrelacées sont propres à
charges dues au seigneur, et A. pures ou franches fixer le sol des rivages ; son bois ne s’altère pas dans
exemptes de ces redevances et de ces charges. Les A. l'eau , aussi l’emploie-t-on pour faire des pilotis ; il
fieffées étaient celles qui étaient de fondation royale ; est susceptible d'un beau poli, ce qui le fait re-
le payement en était assigné sur le domaine de la chercher des menuisiers et des sabotiers. Le char-
couronne , pour être fait en deniers ou en nature. bon qu’il fournit est un des meilleurs pour la fa-
AUMONIER, Eleemosynarius officier ecclésias- brication de la poudre. Son écorce est astringente
tique attaché i la personne des évêques, des rois et détersive; on l’emploie au tannage et dans la
et des princes pour desservir leur chapelle , exercer teinture en noir et en brun. On se sert encore de
auprès d’eux le ministère sacré et distribuer leurs l’aune pour faire des conduits d’eau, des échalas, etc.
aumônes. On donne aussi ce nom aux prêtres atta- \YA. grisâtre difl'ère du précédent par ses feuilles,
chés à un corps de militaires ou de marins, à un qui sont sèches et lisses, tandis que celles de YA.
lycée ou collège , à un hospice ou à tout autre éta- visqueux sont gluantes et ponctuées. On le préfère
blissement public; tous doivent être approuvés de pour tous les usages auxquels s’emploie ce dernier.
l’évêque diocésain. On fait remonter à l’an 742 l’in- — On appelle vulgairement A. noir la Bourdaine.
stitution des A. de l’armée; supprimés en 1830, ils AUNE , ancienne mesure de longueur pour les
ont été rétablis en 1854 pour le temps de campa- étoffes tirait son nom du mot latin ulna , bras

gne. Les A. de marine avaient été maintenus; leur
,

étendu, et représentait originairement la longueur


service est réglé par les ordonnances des 29 novem- des bras ouverts. Elle variait de pays à pays ; on
bre et 16 décembre 1815 et 8 janvier 1823. la divisait en demi-aune, tiers, quart, huitième
On appelait Grand aumônier de France un of- d’aune , etc. L’aune de Paris avait 3 pieds 7 pouces
ficier de la couronne , ordinairement choisi parmi 10 lignes, et valait 1“,18844.
les ecclésiastiques d’une naissance distinguée, et qui '
était le ecclésiastique de la maison du roi ; il
disposait des fonds destinés aux aumônes du roi, VALEUR VALEUR
Paris. MÈTRES
célébrait le service divin dans la chapelle royale, AUNES
en fractions
d’aune. eu AUNES
carrées.

officiait en présence du roi partout où il se trou- KÈTRES. CARRÉS.


de MÈTRES.
vait, et jouissait de plusieurs prérogatives, notam-
tnent de remplir, en quelque lieu que ce fût, les fonc-
1 1,1884 1/2 0,5942 1 1,4123
tions épiscopales, sans demander permission à l’évê-
2 2,3769 1/3 0,3961 2 2,8246
que du diocèse. Il avait au-dessous de lui un l®r aumô- 3,5653
3 2/3 0,7922 3 4,2369
nier et 8 aumôniers ordinaires. La Grande aumô-
4 4,7538 1/4 0.2971 4 5,6492
nerie finit par former comme un clergé à part, qui
5 5,9422 3/4 0,8913 5 7,0615
prétendait se soustraire aux règles ordinaires, et qui,
6 7,1307 1/6 0,1981 6 8,4738
pour ce motif, eut de fréquents démêlés avec l’auto-
7 8,3191 0,9904 7
rité diocésaine. —
On fait remonter cette charge au 8 9,5076
5/6
1/8 0,1485 8
9,8861
11,2984
berceau de la monarchie : appelé sous la race 9
9 10,6960 3/8 0,4456 12,7107
apocrisiaire sous la 2® archichapelain le grand 10
10 11,8845 5/8 0,7427 14,1230
aumônier ne prit ce nom que sous la 3® race , au
temps de Charles VIIl. Cette charge, supprimée en Pour former la transition de l’ancienne aune au
1792 avec la monarchie , fut rétablie au retour des mètre, on avait introduit, en 1812, une aune de
Bourbons, et disparut définitivement en 1830. 1“20, un peu plus longue que l’aune véritable.
AUMUSSE, AUMUCE (dulat. bar. almucia, dérivé de L’aune porte dans les différents États de l’Europe
l’allem. mutze, vêtement de tête), fourrure dont les les noms de vare, verge, canne, brasse, palme, yard ;
chanoines, les chapelains et les chantres se couvraient elle varie entre 0“51, longueur de l’aune de Dal-
originairement la tête et le derrière du cou dans les matie, et 2“ 0016, longueur de l’aune de Rome.
offices de nuit, et qu’ aujourd’hui ils portent ordinai- AUNES ( du latin barbare alcunce ) , génies mal-
rement sur le bras. — L’aumusse était, dès le temps faisants qui, suivant les Allemands, had>itaient les
des Mérovingiens, et resta pendant près de mille ans campagnes, les fontaines, etc. Leur chef était appelé
la coiBure universelle en France. Les laïques, du ix® le roi des Aunes.
au XIV* siècle, portèrent des aumusses en peau; AUNÉE (du nom de Yaune, arbre â l’ombre duquel
celles qui étaient en étoffe fourrée d’hermine ou de cette plante croit ordinairement), Inula, genre de la
menue soie s'appelaient chaperons. Ce n’est que famille des Composées, â fleurs du pourtour femeUes
,, , , ,

AURI — 129 — AL'RO


et ligulées , cellesde l’intérieur régulières , tubu- de manière que lui seul puisse l’entendre. —
Le doigt
leuses , à 5 dents , et à anthères munies de caudi- auriculaire est le petit doigt, ainsi nommé parce qu’à
cules. L’A. hélène {Inula helenium) était, suivant cause de sa petitesse il peut facilement être introduit
les Grecs, née des larmes d’Hélène. Sa racine amère dans le conduit auditif externe.
et aromatique est employée comme stimulante En Botanique, on nomme Auriculaires un genre
emménagogue et diaphorétique. Thompson en a de Champignons de la section des Basidiosporés, et
retiré un principe immédiat appelé Inuline {Voy. qui ont la forme d’une oreille. Ce genre , autrefois
ce mot). L’A. odorante s’emploie de même et est confondu avec les Auricules ( Voy. ce mot) a été dé- ,

encore plus aromatique. L’A. des prés a été pré- taché des Théléphores par Bulliard. Une espèce, VA.
conisée contre la dysenterie. mesentorica .croit en France sur les vieux troncs.
AURA, mot latin qui signifie souffle, vapeur sub- AURICULE (diminutif d’aw'is, oreille), nom que
tile, a été employé par les Physiologistes pour l’on donne en Anatomie à l’oreille externe ou pavillon
exprimer la sensation d’une sorte de vapeur qui de l’oreille. —En Zoologie, on nomme Auricule :
semble partir du tronc et des membres et s’élever 1 » les crêtes formées sur les côtés de la tête de cer-
vers la tête, avant l’invasion des attaques d’épilepsie tains oiseaux par les pennes les plus élevées, comme
et d’hystérie. On dit en ce sens l’Aura épileptique, dans plusieurs espèces Je chouettes; 2“ un genre de
l’Aura hystérique, etc. Mollusques gastéropodes pulmonés, dont l’ouver-
AURADE, ADRADO [dlaurum, or), nom vul- ture est semblable à l’oreille d’un homme : les es-
gaire du Spare doré, sur les côtes de France, princi- pèces de ce genre sont assez rares; 1 ’j4. de Midas
palement sur celles de la Méditcrrannée. Voy. spare. et Y A. de Judas sont les plus grandes de toutes.
AüRANTIACÉES ( du nom spécifique de l’Oran- En Botanique, on nomme Auricule (vulgaire-
ger commun, Citrus aurantium), famille de plantes ment Oreille d’ours) un genre de la famille des Pri-
dicotylédones polypétales, à étamines hypogynes, mulacées, à calice campanulé, à colonne ventrue, et
appelée aussi famille des Hespéridées [Voy. ce mot). remarquable par l’élégance de ses fleurs U
A. com-
Ses caractères sont : calice urcéolé ou campanulé à mune ou des fleuristes, qui orne fous les parterres,
3, 4 ou 5 dents, même nombre de pétales alternant est originaire des Alpes. —
On nomme encore Auri-
avec les dents du calice , étamines en nombre double cules les appendices en forme d’oreille qui se trou-
ou multiple des pétales, ovaire libre, style simple, vent à la base des feuilles, comme dans la sauge,
et, pour fruit, baie sèche ou charnue, à écorce ou des pétioles, comme dans le citron, ou des sti-
épaisse, renfermant un nombre variable de graines pules, comme dans jungermancs.
les —
Enfin , ce
entourées d’une pulpe mucilagineuse ou enfermées nom d’ Auricule donné à deux espèces de
a été
dans des vésicules succulentes. Les Aurantiacées sont Champignons appartenant l’une au genre Pézize
des arbres ou arbustes à feuilles alternes, à folioles l’autre au genre Théléphora. Voy. ces mots.
coriMes , criblées d’utricules transparentes remplies AURIQUE. En Chimie, cette épithète exprime toute
d’huile volatile d’odeur ordinairement suave. Quoi- combinaison dont l’or fait la base oxyde aurique,
:

que originaires des régions tropicales elles se trou- sels auriques.


,
vent aujourd’hui répandues sur toute la terre, et Dans la Marine, on nomme voile aurique toute
leur mutiipiication est si facile que leurs feuilles voile trapézoïdale, telles que celles qui se hissent
mêmes, mises en terre, y prennent racine en fort dans la cfirection des étais ou s’euverguent sur des
peu de temps. Le principal genre de cette famille cornes; on nomme les premières voiles d’étai, et les
est l’Oranyer [Citrus), qui renferme le Limonnier, secondes voiles à corne. L’usage de ces voiles a, dans
le Citronnier et Y Oranger proprement dit, tous ar- les bâtiments dits traits-carrés des inconvénients
bres connus de tout le monde. qui les y ont fait abandonner. On ne les emploie
AURATES (
(Yaurum, or), sels formés par la com- guère que dans les lougres et les chasse-marées.
binaison d’une base sahfiable avec l’oxyde aurique AUROCHS (de l’allemand aurochs, bœuf sauvage),
ou oxyde d'or jouant le rôle d’acide. espèce du genre Bœuf, appelée aussi Crus. L’Au-
AURÉLIE [(Yaurum, or), nom que les anciens rochs a le pelage composé de deux sortes de poils,
donnaient aux nymphes des Lépidoptères, à cause les uns, fauves, doux et laineux, espèce de bourre
de 1 éclat doré qu’offro l’enveloppe de quelques pa- recouvrant les parties inférieures; les autres, ceux
pillons diurnes. On les appelle aujourd’hui cJmjsa- du dos et dos régions antérieures, plus longs, bruns,
lides. Voy. ce mot.
durs et grossiers. Le menton est ombragé par une
AURÉOLE, cercle lumineux dont les peintres et barbe longue et pendante, les cornes sont grosses,
quelquefois les sculpteurs ornent la tète des person- rondes et latérales; le front est bombé; enfin, cet
nagesd’uneoriginecéleste. On ne donnad’abord d’au- animal a 14 paires de côtes , tandis que nos bœufs
réole qu’à Jésus-Christ puis on l’étendit à la Vierge
; n’en ont que 13. L’aurochs est, après l’éléphant et
aux apôtres , aux anges j enfin , des le v' siècle on le rhinocéros , le plus gros des quadrupèdes mam-
,
l’accorda à tous les saints, et même aux objets sym- mifères. Le mâle, haut de 2 m., a jusqu’à 3“33
boliques du culte chrétien. Voy. nimbe. de long. Cet animal, très-féroce à l’état de nature,
AÜREUS (sous-entendu nummos), monnaie d’or est susceptible d’être réduit en domesticité lorsqu’il
des Romains, ne fut en usage que fort tard, vers est pris jeune. Sa chair est un excellent manger ;
l’an 203 av. J.-C. L’aureus pesait d’abord un scru-
sa toison et son cuir sont très-recherchés. L’au-
pule seulement, le 24« de l’once, et valait 20 sesterces rochs était autrefois très-répandu dans les forêts
ou 5 deniers (environ 4 fr. 9 c.). On en frappa de- de l’Europe tempérée; il est aujourd’hui confiné
puis de 2, de 3 et de 4 scrupules valant 40 , 60 et dans les forêts de la Lithuanie, des monts Krapacks,
,
80 sesterces. Depuis César jusqu’à Constantin l’or et du Caucase. On l’a considéré comme la souche
,
étant devenu plus commun, le poids de l’aureus fut de nos bœufs domestiques. Voy. boeuf.
porté bien au delà d’un scrupule et varia fréquem- AUROIDES , classe de métaux renfermant l’or et
ment ; Constantin en fixa le poids à 4 scrupules, et l’iridium. Leurs combinaisons oxygénées n’ont pas
le nomma solidus aureus-,
pendant toute cette épo- d’acidité ni d’alcalinité à un degré marqué ; ils ne
que , il équivalait à 100 sesterces ou 25 deniers. Sous sont altérés ni par les acides seuls, ni par les sels
Auguste, 1 aureus valait 20 fr. 38 c.; sousDomitien, binaires avec les acides ; ils forment des combinai-
d ne valait plus que 17 fr. 59 c. sons directes avec le chlore.
AURICULAIRE (d’am's, oreille). Un témoin AURONE , Artemisia ahrotanum espèce de plan te
auriculaire est celui qui a entendu lui-même les du genre Armoise, que l’on cultive dans les jardins.
choses dont il dépose. — La confession auriculaire
est celle qui se fait en secret
On la nomme aussi Aurone mâle, Citronelle ou
,
à l’oreille du prêtre, Garde-robe. L’Aurone est un arbuste très-ramiflé,
9
,

AUSC — 130 — AUTE


dont exhalent
les feuilles, pressées entre les doigts, désigne ainsi, dans le langage médical, une méthode
une odeur de citron ; elle jouit des propriétés de de diagnostic, qui est basée sur la connaissance des
l’armoise commune, mais à un moindre degré. Cette bruits que l’organisme en fonction produit, tant dans
plante croit naturellement dans le midi de la France. l’état sain que dans l’état de maladie. Elle com-
— On nomme Âurone femelle une plante d’un autre prend l’étude et l’appréciation de tous les bruits qui
genre de la même famille, la Santoline petit-cyprès. peuvent être perçus soit à distance , soit par l’oreille
AURORE {aurora, qu’on dérive d'aurea hora), immédiatement appliquée sur la région qui résonne,
lumière faible qui commence à colorer l’atmosphère ou encore par l’intermédiaire d’instruments destinés
quand le soleil est à 18 degrés au-dessous do l’hori- à conduire le son [stéthoscope, plessimètre).\je% pra-
zon et qui continue à augmenter jusqu’au lever de
,
ticiens préfèrent aujourd’hui, avec raison, au stétho-
cet astre. Les poètes ont fait de l’Aurore une divi- scope (aMscM/tatiOKwe'rffate), l’application immédiate
nité, et lui ont créé une intéressante légende [Voy. le de l’oreille seule [auscultation immédiate). —
L’au-
Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.). Ils la représentent scuitation s’applique le plus généralement au diagnos-
vêtue d’une robe de safran ou d’un jaune pâle, un tic et au traitement des maladies des poumons et du
flambeau à la main, sortant d’un palais de vermeil, cœur. Elle a été en outre appliquée au diagnostic des
et montant sur un quadrige attelé de chevaux blancs fractures, de la péritonite adhésive, de la grossesse,
aux freins d’or, aux rênes de pourpre. Homère la des maladies de l’encéphale, de la caisse du tympan
dépeint couronnée d’un grand voile, chassant de- et des sinus frontaux. —
Cette méthode de diagnos-
devant elle le Soleil et la Nuit , et faisant pâlir les tic, indiquée déjà par Hippocrate , fut mise en hon-
étoiles; il lui donne des doigts et des cheveux cou- neur par Laënnec, en 1816. La méthode de Laën-
leur de rose, lui fait verser la rosée sur la terre, et nec, exposée par M. Andral dans le Traité de V Aus-
met dans ses mains les clefs des portes de l’Orient. cultation médiate (4® édit.,' 1837 K a été perfec-
ADRORE BORÉALE , phénomèmo lumineux qui par tionnée par M. Piorry et par MM. Barth et Roger,
raît quelquefois dans le ciel, la nuit et du côté du auxquels on doit un bon Traité d’ auscultation et de
nord , ce qui le lait aussi appeler lumière polaire. percussion, 1841 et 1844.
On l’aperçoit rarement dans nos climats ; mais assez AUSPICES, nom donné par les anciens , d’abord
fréquemment dans les pays plus voisins du pôle arcti- aux présages tirés du vol des oiseaux, puis aux de-
que, en Laponie, en Norvège, en Islande, en Sibérie, vins qui se livraient à ce genre de divination. Dans
où il rompt la monotonie des longues nuits hyperbo- l’origine, les fonctions d’aMvpîce^différaient de celles
réennes. Ilseprésente sous l’aspect d’un arc enflammé, d'augures I les premiers tirant leurs présages du vol
qui subsiste pendant plusieurs heures; l’espace sombre des oiseaux, et les seconds de leur chant; depuis, on
entouré par cet arc est traversé , de temps à autre, confondit ces deux fonctions sous le titre d’augures.
par des éclairs diffus et colorés, tandis que l’arc lui- Voy. ce mot.
même est continuellement agité par des traits écla- AUSSIÈRE, cordage composé de trois ou quatre
tants, qui formentdes raies blanchâtres analogues aux cordes ou torons tordus ensemble et dont on fait les
dents d’un poigne, et qui, lancés au dehors, dépas- câbles; il a une circonférence d’environ 33 centi-
sent le zénith , et vont concentrer leur lumière dans mètres. On s’en sert communément pour remuer de
tm espace presque circulaire appelé la couronne de lourdes masses et pour changer de place les navires.
l’aurore boréale. — Ce phénomène est intimement AUSTER, nom latin du vent du midi, qu’on dé-
lié à la cause du magnétisme terrestre. En effet, le rive du grec auô, sécher. Les marins de la Médi-
sommet de l’arc lumineux est toujours situé dans le terrannée, le nomment encore de nos jours austro.
plan du méridien magnétique du lieu de l’observa- AUSTRAL (du latin auster, vent du sud). On
tion ;
le centre de la couronne se trouve toujours appelle ainsi tout ce qui appartient au sud : on dit
sur le prolongement de la boussole d’inclinaison; l’hémisphère austral, le pôle austral, etc. Les terres
enfin , dès qu’une aurore boréale est signalée , on australes (Nouvelle-Hollande, etc.) ont été découvertes
constate, même dans les lieux très-éloignés de son en 1628, par une flotte hollandaise commandée par
apparition, des perturbations dans l’inclinaison et Charpentier. Plusieurs navigateurs ont cru a l exi-
la déclinaison de l’aiguille aimantée. — L’aurore stence d’un continent austral, sRué a
de hautes la-
aux parties boréales
boréale fut pendant longtemps un sujet de terreur titudes, et faisant couire-poids
et de superstition. Gassendi vit le premier ce phéno- de l’Asie et de l’Amérique. L’existence de ce conti-
mène avec les yeux d’un philosophe ; il l’observa plu- nent est encore à prouver.
sieursfüis, notamment le 12 sept. 1621. Halley soup- AUSTRÈGUES (de l’allem. austragen, rapporter,
çonna que les aurores boréales pourraient bien être décider), nom qu’on donnait dans l’ancien empire
de simples phénomènes magnétiques ; aujourd’hui, germanique à des arbitres devant lesquels les élec-
la découverte de F araday, qui fit naître delà lumière teurs, princes, comtes, barons, prélats et nobles
par l’action des seules forces magnétiques, a donné immédiats, avaient le droit de porter certaines causes.
a ce soupçon la valeur d’une certitude expérimentale. Il y avait trois sortes d’austrègues : ceux
de plein
« L’apparition de l’aurore boréale, dit M. de Hum- droit, pour les princes et États immédiats de l’Em-
boldt, est l’acte qui met fin à un orage magnéti- pire, ceux qu’on nommait par compromis et ceux
que de même que, dans les orages électriques, un que les empereurs accordaient à des villes impériales
phénomène de lumière, l’éclair, annonce que l’équi- ou à d’autres membres du saint-empire. L’établis-
libre, momentanément troublé, vient de se rétablir sement des austrègues date du xiu® siècle. Ils ont
enfin dans la distribution de l’électricité. » —On a été, depuis, remplacés par la diète germanique
pour
membres
aussi reconnu de semblables météores dans les ré- toutes les contestations élevées entre les
gions australes : Frasier, Cook et plusieurs autres de la Confédération ;
cependant, il
y a encore des
navigateurs en ont aperçu dans ces parages. Voy. cas réservés à une juridiction d’austrègues.
sur les aurores boréales le Cosmos de M. de Hum- AUTEL (dulat. altare, qu’on dérive d’acte ara),
boldt (I, 214), et tous les Traités de météorologie. construction érigée sur un lieu élevé , consacrée à
borrunes
AURURES , combinaisons de l’or avec un autre la divinité, et sur laquelle les premiers
métal , sont attaquables par l’eau régale , et donnent consommaient leurs sacrifices ou déposaient leurs
ainsi une solution qui précipite en pourpre par le offrandes. On en trouve chez tous les peuples. Dans
protochlorure d’étain. Les seuls composés de ce le temple des Juifs, il y avait deux autels, l’un d ai-
et ser-
genre qu’on connaisse sont : l’jl. d'argent ou or rain et servant aux holocaustes , l’autre d’or
argentifère, et 1’^. de palladium et d’argent, ap- vant à brûler des parfums. Dans les temples païens,
pelé aussi auro-poudre. le granit, le porphyre , les riches
métaux, servaient
d un
AUSCULTATION (de auscultare, écouter). On à la construction des autels. Ils avaient la forme
, , , ,

AUTH — 131 - AUTO


piédestal carré, triangulaire ou môme circulaire. On mode ou ton dont la dominante est la quinte de la
les ornait de sculptures, de bas-reliefs et d’inscrip- finale. On regarde aussi comme authentiques tous
tions, et on les entourait d’une balustrade d’or et les tons,pourvu que la modulation soit régulière,
d’airain, dont l’enceinte formait le sanctuaire. On parce qu’on ne reconnaît jamais pour finale que la
trouve chez les Gaulois des pierres carrées, percées note qui a pour dominante la quinte à l’aigu ou
d’un trou [dolmen et menhir), qui, à ce qu’on croit, la quarte au grave. L’Eglise latine a aujourd’hui 4
leur servaient d’autels. —
Chez les Chrétiens, l’autel tons authentiques ; le l®r, le 3®, le 5® et le 7®; on
est une espèce de table carrée, de marbre, de bois , de les nomme ainsi parce que ce furent les 4 tons ap-
pierre ou de métal, élevée à hau teur d’appui , et placée prouvés par S. Ambroise, à qui on doit le plain-chant.
dans les églises ouïes chapelles de telle sorte que, AUTOBIOGRAPHIE (du autos, soi-même,
autant que possible , la face du prêtre soit tournée bios, vie, et graphô, écrire), récit qu’un personnage
vers l’orient. Al’endroit où le prêtre consacre lepain fait de sa propre vie. —
Ce mot, tout moderne, peut
mystique est une pierre marquée de cinq croix , et s’appliquer aux détails qu’à différentes époques quel-
sous laquelle sontrenfermées desreliques de saints. La ques hommes célèbres ont donnés sur leur propre
cérémonie delabénédiction decette pierre par l’évêque histoire, sous le nom de Confessions comme saint
est la, consécration de l’autel. Au-dessus de l’autel se Augustin et J. -J. Rousseau, ou sous celui de Mé-
trouveletabernacle,devantlequelunelampebrû!ejour moires, comme B. Cellini, Gœthe, Alfieri, Casanova.
et nuit quand le S. Sacrement y est exposé. Lorsqu’il y a C’est surtout en Allemagne que les autohiogra-
plusieurs autels dans la même église, l’autel prin- nhip^ crnrtpn ’vno’np
cipal, érigé dans le chœur, est dit maître-autel. Il ^ AUTOCHTHONES (du gr. autos, même, ehthôn,
y a des autels portatifs , que les 'missionnaires terre : issu du pays même), nom que les Grecs don-
portent avec eux dans leurs courses apostoliques : naient aux peuples qui se prétendaient originaires du
ce sont des pierres carrées, beaucoup plus petites et pays môme qu’ils habitaient. Ce mot est synonyme
plus minces que celles des autels fixes. d'aborigèneoa d’indigène. Les peuples anciens, sur-
En Astronomie, l’Autel est une constellation de tout les Athéniens, tenaient à lionneur de passer pour
l’hémisphère austral , qui a trois étoiles tertiaires , et autochthones quoique l’histoire atteste que l’Atti-
qui est placée sous la queue du Scoipion. Les poètes que avait peuplée par des colonies égyptiennes.
été
disent que c’est l’autel sur lequel les dieux jurèrent AUTOCLAVE (du grec autos soi-meme , et du
fidélité à Juniter avant la guerre contre les Titans. latin davis, clef), xase qui a la propriété de se
AUTEUR. Les Droits des auteurs sont réglés par fermer de lui-même par la pression de la vapeur.
13 janv. 1791 et 19 juillet 1793, par le décret
les lois des Cet appareil n’est autre chose qu’un perfectionne-
du 5 févr. 1810, et par les lois du 3 août 1844 et 8 avril ment de la marmite de Papin {Voy. ce mot). L’ou-
1854: les auteurs ont droit à la propriété de leurs ou- verture est ovale ; le couvercle est de même forme,
vrages pendant toute leur vie ; après eux, leur veuve mais un peu plus grand. On l’introduit dans le vase
exerce ce droit pendant toute sa vie, et leurs enfants [
par son petit diamètre, et on le retourne pour qu’il
pendant 30 ans. La propriété littéraire est protégée par bouche l’orifice; la vapeur, en se dégageant, le
les loisqui punissent la contrefaçon ( Voj/. propriété presse contre l’ouverture, et ferme celle-ci d’autant
LITTÉRAIRE et contrefaçon) On doit à 1\L A.-Ch. Re-
. plus hermétiquement que la température est plus
nouard un excellent Traité des droits d’auteur. élevée. Des rondelles d’alliage fusible, placées en de-
On entend plus spécialementpar droits d’auteurles dans du couvercle, servent de soupape de sûreté à
allocations accordées aux auteurs d’ouvtages drama- l’appareil, qui doit être en tôle ou en cuivre. On a
tiques, et qui leur sont payées chaque fois qu’on joue introduit l’autoclave dans les ménages comme mar-
leurs pièces sur un point quelconque du territoire. mite économique pour soumettre à une prompte et
A Paris, à l’Académie de musique, 500 fr., partagés puissante coction la viande et autres aliments, mais
entre le compositeur et le poëte , sont alloués à un l’usage n’en est pas sans danger.
grand opéra pour chacune des 40 premières repré- AUTOCRATE (en grec autocratos, d'autos, soi-
sentations; puis 100 fr. à chacune des suivantes indé- même, et cratéô, exercer le pouvoir), souverain ab-
finiment; les opéras en 2 actes ou en 1 acte sont payés
solu. Ce titre , donné d’abord par les Athéniens à
170 fr. aux 40 premières lepréscntations, et ensuite un général en chef investi de pouvoirs discrétion-
50 fr. Il en est de même pour les ballets en 3 et 2 naires et disoensé de rendre compte, fut ensuite af-
actes; ceux d’un acte n’ont que le tiers de cette fecté aux erapereursde Byzance ; c’est d’eux qu’il a été
somme. Au Théâtre-Français et à l’Opéra-Comique emprunté, comme celui de Tzar (César), par les em-
les droits sont fixés, pour les grands ouvrages au 12= pereurs de Russie qui le portent seuls aujouiiThui.
,
de la recette brute pour les autres, suivant le nom-
;
AUTOGRAPHE (du grec autos, soi-même, et
bre d’actes, au 16« ou au 24®. Les théâtres des dépar- graphô, écrire). Ce mot s’emploie comme adjectif :

tements sont divisés en cinq classes, dont la première, lettre autographe, écrite de la main de l’auteur; et
qui comprend nos grandes villes, paye, suivant le nom- comme substantif : un autographe de Voliaîre, de
bre d’actes, de 36 à 18 fr. Ces droits, dans les dépar- Rousseau, de Napoléon. —
Le mot d’autographe
tements , sont perçus par des agents dramatiques. était déjà connu des anciens Suétone et Pline par-
;

AUTHENTIQUE (du grec authentès, qui agit lent de recueils d’autographes. Depuis le commen-
de sa propre main). En Jurisprudence, on appelle cement de ce siècle, on s’est plu à recueillir de nom-
actes authentiques les actes émanés d’officiers pu- breux autographes et ce goût est devenu chez quel-
blics, et accompagnés de toutes les conditions exi- ques personnes une vive passion, pour la satisfaction
gées par la loi pour que foi y soit ajoutée. —
Dans de laquelle on n’a pas reculé devant les plus folles
la Critique historique, on nomme livres authen- dépenses; aussi la recherche des autographes est-
tiques ceux qui sont réellement de l’auteur auquel elle devenue pour d’habiles spéculateurs une bran-
le titre les attribue, et du temps auquel la tradition che importante de commerce. —
Les autographes
les rapporte : on oppose, en ce sens, authentique au ne servent pas seulement à alimenter la curiosité :

mot apocryphe Voy. ce mot.)


(

Dans l’histoire du ils peuvent quelquefois aider à résoudre d’intéres-
Droit romain, les Authentiques sont la traduction sants problèmes d’histoire et de critique littéraire.
authentique des Novelles de Justinien, traduction — Outre les riches collections qu’offrent les établis-
revêtue par l’empereur Justin II de la sanction de sements publics, notamment la Bibüothèque natio-
l’autorité publique. Cette traduction a été mise au nale de Paris et les Archives, on cite celles de plu-
iour vers l’an 1130, par le jurisconsulte Irnérius, et sieurs amateurs ; de MM. de Châteaugiron, Dolo-
revue au xiii® siècle par Accurse. mieu, Monmerqué, Guilbert de Pixérécourt, Bérard,
En Musique, on nomme mode authentique an Berthevin, Saint-Gervais, d’Aligre, Anatole de Mon-
9 .
, ,

AUTO — 132 — AUTO


tcsquiou; surtout celles de MM. de
Villcnave et Feuil- condité de la terre), troisième saison de l’année, qui
letde Couches. — On supplée à des au-
la possession commence le jour du deuxième équino.xe, au moment
tographes par les fac-similé, dont il a été publié où le soleil entre dans le signe de la Balance, le 23 sep-
divers recueils; le plus abondantes! VIsographie des tembre et quelquefois le 22 {Voy. saisons), qui finit
hommes célèbres [Varis, 1827). M. Fontaine a donné le 21 ou le 22 décembre, lorsque le soleil entre dans le
le Manuel de l’amateur d" Autographes, Paris, 1836. signe du Capricorne; sa durée est de 89 jours 16 heu-
ADTOGRAPHIE [dl autographe), application de res 5/10. Depuis le premier jour de l’automne, qui est
la lithographie au moyen de laquelle on peut dé- celui de l’équinoxe, les jours vont en décroissant dans
calquer et transporter sur une pierre lithographique notre hémisphère et sont toujours plus courts que
les traits de sa propre écriture ou d’un dessin fait à les nuits. C’est dans cette saison que les fruits mû-
la plume, et les multiplier ensuite par l’impression. rissent dans nos climats ; c’est aussi la plus féconde
Il faut pour cela écrire sur du papier préparé, et se en maladies. Les pays placés près de l’équateur n'ont
servir d’encre préparée également {Voy. uthocra- pas d’automne (Foy. saisons). — On représente l’Au-
phie). — C’est Senefelder qui inventa ce procédé dès tomne sous les traits d’une femme puissante elle ;

1799. On journellement pour les circulaires,


s’en sert est couronnée de pampres, d’une main une
et tient
les fac-similé, les factures, etc. On peut appliquer belle grappe de raisin, et a un bras chargé d’une
aussi avec succès ce procédé aux cartes de géogra^jliie, corne d’abondance pleine de fruits de toute espèce.
aux dessins au trait, et même
aux gravures. Quelquefois elle est représentée sous la figure de
11 existe un autre procédé autographique qui con- Bacchus ou d’une bacchante.
siste à écrire sur un papier dont le verso est enduit AUTONOME (du grec autos soi-mème , et no-
d’une couleur qui se déteint, dans les seuls endroits mos, loi : qui ne reçoit de loi que de soi-même).
touchés par la plume ou le crayon, sur un autre En Morale , on nomme ainsi , depuis Kant, Tàme
papier placé au-dessous. qui , soustraite à l’empire des passions, n’obéit qu’à
AUTOMATE (en gr. automates, spontané, formé la raison. L’état d’une telle âme est \’ autonomie.
de autos soi-même, et wad , s’élancer, se mouvoir), En Histoire,on nomme autonomes certaines villes
machine qui, par l’effet d’un mécanisme caché, imite auxquelles lesRomains, après les avoir conquises,
les mouvements des créatures vivantes. Le pouvoir laissaient le droit de se gouverner par leurs propres
moteur de presque tous les automates est un res- lois, tout en restant vassales de la république : telles
sort que l’on fait en acier, à cause de la force qu’il furent longtemps la plupart des villes de la Grèce
possède sous un très-faible volume. On se sert et de l’Asie Mineure. Elles différaient des villes entiè-
aussi, mais plus rarement, de poids, ou de sable rement libres en ce que celles-ci ne reconnaissaient
fin tombant sur la circonférence d’une roue par la- pas l’autorité du magistrat romain qui gouvernait
quelle le reste du mécanisme est mis en mouve- la province dans laquelle elles étaient situées.
ment. On a construit des automates dès les temps Eu Numismatique, on appelle médailles autono-
anciens on connaît le pigeon d’Archytas , qui
; mes celles qui étaient frappées dans les villes qui
volait; mais c’est aux progrès de l’horlogerie que avaient conservé ou obtenu le droit de battre mon-
cet art doit ses plus grandes merveilles. Vers la naie comme preuve de leur autonomie; et par
fin du XIII® siècle, plusieurs horloges entre autres extension, toutes les monnaies que les villes ont
,
celles de Strasbourg, de Lubeck, de Prague et d’Ol- fait frapper pour leur usage particulier, lorsque
mütz faisaient déjà mouvoir des mécanismes remar- ces monnaies ne portent aucun type étranger.
quables. Deux automatesdu célèbre mécanicien fran- AUTOPLASTIE. Voy. rhinoplastie et plastioue.
çais Vaucanson excitèrent au plus haut point l’admi- AUTOPSIE [d'autos, soi-même, etopsis, vue),
ration publique au siècle dernier l’un était un
: inspection faite par soi-même de l’état d’un corps. Ce
joueur de flûte qui exécutait plusieurs airs, et l’autre mot s’en tend spécialement de ['autopsie cadavérique,
un canard qui nageait, mangeait, digérait et offrait ou nécropsie, acte par lequel on explore tous les orga-
une imitation parfaite de l’animal. Droz, de La nes après la mort, soit pour en connaître la disposition,
Chaux de Fonds , et Frédéric de Knauss, de Vienne, les altérations morbides; soit, en médecine légale,
sont aussi connus pour leurs automates. On cite — pour déterminer quelle a été la cause de la mort.
encore ; Vandredde d’Albert le Grand , qui ouvrait Dans le premier cas, on peut se borner à l’ouverture
en saluant à ceux qui venaient frapper à sa porte ; de telle ou telle cavité splanchnique, ou à l’exa-
la mouche et l’aigle volants de Regiomontanus ; men spécial de telle ou telle partie; mais, dans
plusieurs pièces de Léonard de Vinci; les têtes par- ce cas même, on ne peut faire l’ouverture du corps
lantes de l’abbé Mical ; enfin,, le fameux joueur d’é- que du consentement de la famille, et après en
checs du baron de Kempelen, automate qui, en 1809, avoir prévenu Tofïicier de police; en outre, il
fit sa partie à Schoenbrunn avec l’empereur Napo- ne peut y être procédé qu’après la vérification lé-
léon. —On ne construit presque plus d’automates, gale du décès, et en présence de l’officier de santé
parce que ces machines sont très-coûteuses, et chargé de constater les décès. —
Dans les cas de
qu’ayaiii bientôt satisfait la curiosité, elles cessent médecine légale, l'autopsie ne doit être faite qu’a-
d’intéresser. Cependant, dans la Suisse française, près qu’un procès-verbal constatant la levée du
plusieurs artistes continuent encore de faire de pe- cadavre a été adressé au procureur impérial c’est
:

titsautomates, par exemple, des serins ou d’autres à ce magistrat seul qu’il appartient de juger si l’au-
petits oiseaux qu’on place dans des tabatières. — topsie est nécessaire, de désigner des hommes de
Pour plus de détails sur les automates , Voy. Schott, l’art pour la faire ,
et de faire à ce sujet les ré-
Technica curiosa; les Œuvres de Kircher, de Lana, quisitions convenables.
de Porta, de Wilkins, de Salomon de Caus ; Borgnis, AUTORISATION. En Droit, on nomme ainsi le con-
Traité des machines imitatives, 1820, in-4; Kem- sentement donné à un acte fait par une personne qui
pelen, ExplicuTion du joueur d’échecs, 1821, in-8. est sous notre dépendance , ou qui ne peut agir sans
AU’TOMATIQUES (mouvements), mouvements qui notre participation il faut qu’une femme soit auto-
:

dépendent uniquement de l’organisation, et sur les- risée par son mari ou par la justice , un fils
par son
quels la volonté n’a aucun pouvoir ; tels sont : la père, un pupille pqr son tuteur; un avoué par celui
respiration, la circulation du sang, le battement des qu’il représente , üîi syndic par sa communauté,
un
veines; ou qui ont lieu sans aucun but déterminé, administrateur de commune ou d’hospice par l’au-
tels sont les mouvements de l’enfant nouveau-né,
: torité à laquelle il est subordonné. Il faut, en outre,
les mouvements de certains maniaques ou délirants. des autorisations spéciales pour attaquer en justice
AUTOMNE (du lat. autumnus, dérivé de aucto ou les représentants et les fonctionnaires.
augeo, augmenter, parce que c’est la saison de la fé- AUTORITÉ se dit et du droit de commander et
,
, ,,

AUTK — 133 — AVAL


de ceux qui exercent ce droit. On distingue ; A. bivore, mais si vorace, qu’elle avale indistincte-
législative, administrative , judiciaire, munici- ment avec ses aliments tout ce qui sc présente
pale. etc. — En Logique, autorité est synonyme comme bois, pierres, fragments de métaux, etc.
de crédibilité, motif de certitude c’est en ce sens
; C’est le seul oiseau qui urine. Sa chair, défendue par
que l’on dit A. des sens, de la conscience , de lu la loi aux Hébreux, était, au contraire, estimée des
raison, du témoignage, de l’Eglise, etc. —
On Romains. Plusieurs tribus d’Afrique s’en nourris-
prend plus particulièrement ce mot dans le sens de sent. Ses oeufs pèsent un kilogr. et demi. L’au-
foi due au témoignage, et l’on appelle système de truche les dépose sur le sable, où ils éclosent à la
l’autorité cette doctrine, enseignée par M. de La- chaleur du soleil ; cependant elle les couve la nuit
mennais dans son Traité de l’indifférence qui veut
,
et dans les saisons froides. L’autruche ne peut vo-
que la raison soit impuissante par elle seule, et que ler; mais, en revanche, sa force et sa rapidité à
les jugements auxquels nous adhérons d’après nos la course sont incroyables ; les meilleurs cour-
lumières individuelles ne soient certains qu’autant siers ne peuvent l’atteindre que lorsqu’elle est fa-
qu’ils sont confirmés par la révélation divine ou par tiguée, et après 8 ou 10 heures de poursuite; aussi
le consentement universel. s’en sert-on comme de monture. Ceux qui chassent
AUToniTÉ (abus d’). Voy. abus. l’autruche la tuent à coups de bâton pour éviter
AUTOSITE (du grec autosites, qui se nourrit de de gâter ses plumes. Certains peuples d’Afrique
soi-méme) , nom donné par Is. Geoffroy Saint - Hi- en élèvent en domesticité de nombreux tr'^upeaux.
laire aux monstres simples qui sont capables de — On donne le nom d’^. d’Amérique au Nan-
vivre et de se nourrir par le jeu de leurs propres dou, qui forme un genre distinct. Voy. ce mot.
organes, et qui , par conséquent, peuvent subsister A'VAL (du latin ad, à, vers ; vallis, vallée en bas).
:

plus ou moins longtemps hors du sein de leur mère. On nomme ainsi, dans la navigation des rivières, le
AUTOUR, Astur{àw grec asférias, étoilé, à cause côté vers lequel descend la rivière ; il est l’opposé
des étoiles que forment en se croisant les raies de son à’amont, qui signifie le côté d’où la ri-viêre des-
plumage) , genre de l’ordre des Rapaces, de la famille cend. Naviguer en aval , aller aval , c’est suivre le
des Diurnes et de la tribu des Faucons. Il est un peu cours de l’eau. On dit par corruption : aller à vau
plus grand que la Buse, à laquelle il ressemble. 11 se l’eau, pour : se laisser entraîner par le courant.
divise en deux sous-genres , les Autours et les Éper- Le pays d’aval est celui où l’on arrive ea descen-
viers, et contient beaucoup d’espèces répandues dans dant la rivière, par opposition au pays d’amont,
les deux hémisphères. L’A. ordinaire est brun en vers lequel on irait en remontant la rivière. — Dans
dessus et blanc rayé de brun en dessous. Il n’y a que la Marine , on appelle vent d’aval tout vent qui
la femelle qui s’appelle autour; le mâle se nomme souffle sur les côtes en venant du large, depuis le
tiercelet; et comme il y a d’autres oiseaux de proie S.-S.-E. jusqu’au N.-N.-O., passant par l’O.; U est
dont les mâles s’appellent tiercelets, il faut dire l’opposé du vent d’amont.
tiercelet d’autour, pour le distinguer du faucon Dans le Commerce, on appelle aval (par abrévia-
du gerfaut , etc. — On employait autrefois l’autour, tion pour à valoir, à valoir pour), ou aval de garan-
ainsi que l’épervier, pour la chasse aux perdrix et tie, une souscription qu’un tiers étranger au tireur
aux faisans. Celte chasse est appelée autourserie ou appose à une lettre de change ou à un billet à ordre
chasse du bas vol , par opposition avec la chasse négociable; il suffît pour cela de mettre au-dessous
du haut vol , qui se fait avec le faucon. L’autour, sa signature avec ces mots bon pour aval. C’est un
:

en effet , chasse en rasant la terre et non en s’éle- engagement solidaire. Le plus souvent on donne son
vant comme le faucon. On ne le chaperonne point. aval sur le billet même; quelquefois on le donne par
On le prend jeune pour l’habituer à partir de des- acte séparé. Le donneur d’aval s’engage ainsi en-
sus le poing , et à revenir à la voix de son maître. vers le porteur à payer le montant du billet, dans
On a des chiens pour faire lever le gibier dès que
: le cas où ce billet n’aurait pas été payé par celui
l’autour le voit, il part, et, lorsqu’il l’a atteint, on le pour qui l’aval est donné.
lui retireen lui présentant quelques morceaux de AVALANCHE (du latin ad, et valles, vallée )
viande. Cet art èiait connu des Romains. Autrefois, masse de neige qui roule du sommet des hautes
en France, l’ autourserie était le débassement des montagnes, grossit dans sa course, et renverse tout
particuliers et des simples gentilshommes, tandis ce qu’elle rencontre. La fonte des neiges, au prin-
que la fauconnerie était celui des rois et des temps, est la principale cause de la formation des
princes. Aujourd’hui encore elle est pratiquée en avalanches; la terre s’échauffe aux rayons du so-
Allemagne , en Pologne , en Perse , pour la chasse leil, et, communiquant sa chaleur à la base de la
de la perdrix, du faisan, du canard, de l’oie sau- neige qui repose sur elle, en détermine la fusion,
vage, du lièvre et du lapin. En Perse, on chasse de manière que les couches supérieures s’en déta-
même la gazelle avec l’autour, en lui apprenant chent et viennent ainsi rouler avec fracas sur le
à ne trouver sa nourriture que dans les yeux d’une flanc des montagnes. La moindre agitation de l’air
gazelle empaillée. provoque souvent la chute des avalanches : c’est
AUTOURSERIE. Voy. autour. pour cela qu’on recommande aux voyageurs le si-
AUTRUCHE (du grec strouthos, autruche), genre lence dans le voisinage des masses de neige où elles
de l’ordre des Echassiers, famille des Brévipennes ont coutume de se former. Elles causent, en rou-
caractérisé par sa taille gigantesque ses jambes lant, un vent si violent qu’il arrive souvent que les
,
demi-nues, ses deux doigts dont l’externe est plus hommes et les animaux en sont étouffés. C’est sur-
court que l’interne , et ses ailes rudimentaires im- tout en Suisse, en Suède et en Norvège que les
propres au vol. Son bec déprimé ses grands yeux avalanches sont communes et terribles.
,
et sa petite tète, lui donnent un air stupide qui a AVALOIRE, partie du harnais consistant en une
passé en proverbe. Ses plumes fournissent un or- large bande de cuir double, assujettie par les deux
nement fort recherché et sont un important objet bouts à deux anneaux de fer situés à l’extrémité
de commerce. On ne connaît qu’une espèce d’autru- des reculements, et soutenue par des bandes de
che, l’A. d’Afrique, que les Grai^ appelaient Strou- cuir qui descendent du surdos. L’avaloire, main-
ihocamélos ou Oiseau-chameau, d’après les ressem- tenue dans une position horizontale , entoure les
blances qu’ils lui trouvaient avec le chameau. Cette cuisses du cheval , et sert à faire reculer la voiture
espèce se trouve dans l’intérieur de l’Afrique et en à laquelle le cheval est attaché, au moyen des
Asie, dans l’Inde en deçà du Gange. L’autruche est bandes de côté qui tirent les chaînettes et le timon
le plus grand de tous les oiseaux sa taille dépasse
: en arrière. — Les chapeliers nomment ainsi un
deux mètres, et son poids 40 kilogr. Elle est her- outil moitié métal et moitié bois dont ils se servent
, , ,,
,

AVAU — 134 AVEN


pour avaler la ficelle, c’est-à-dire pour la faire Code de commerce est tout entier consacré aux ava-
descendre du haut de la forme jusqu’au bas. ries. Les indemnités auxquelles elles donnent droit
AVALURE (du verbe avaler, aller en descen- varient selon qu’il s’agit d’A. grosses ou d'A. sim-
dant) , maladie du cheval qui consiste dans la sé- ples. Les marchandises avariées restent au compte
paration de la corne du pied et la formation d’une du propriétaire lorsque l’avarie ne résulte pas des fau-
corne nouvelle qui naît au biseau , chasse la vieille tes du commissionnaire, voiturier, mandataire, etc.
corne, et s’ûi>a/e en descendant sur le bord infé- Dans le cas d’avaries causées à un navire par un ac-
rieur de la paroi. Ce renouvellement de la corne a cident imprévu , c’est le propriétaire du navire qui
toujours pour symptôme une bosse, un cercle, une seul supporte la conséquence de ces accidents.
dépression ou une désunion. AVELANÈDE ou vélanède, fruit du Chêne Velani
AVANCEIVIENT. L'armée et la marine sont jus- [Quercus œgylops) qui croît dans le Levant, se
qu’ici les seuls corps où les règles de l’avancement compose d’une vaste cupule hémisphérique et d’un
aient été posées par une loi : partout ailleurs le sort gland quelquefois beaucoup plus gros que le pouce
des fonctionnaires est livré à L’arbitraire et dépend souvent creux et rempli d’une poussière noirâtre,
soit de l’esprit de justice et des lumières de chaque produite par la décomposition de sa partie charnue.
ministre, soit de ses préférences personnelles. La loi On s’en sert, comme du gallon, pour le tannage des
qui régit l’avancement dans l’armée de terre est du cuirs : c’est l’objet d’un grand commerce dans tout
17 avril 1832 celle qui régit l’armée navale est du le Levant, surtout à Smyrne. On l’appelle aussi,
20 avril de la
;

même année. mais improprement. Gallon du Levant. —


L’ave-
AVANXEMEKT D’hOIRIE. Voy. HOIRIE. lanède du Piémont est une espèce de galle grise
AYANIE (de l’arabe haouan, opprobe). Ce mot, qui se développe sur le gland du chêne, et qui
qui, dans le langage vulgaire, signifie une insulte le recouvre en totalité ou en partie cette excrois-
:

gratuite, un traitement humiliant fait avec l’inten- sance est irrégulière, d’une couleur jaunâtre ou rou-
tion de livrer au mépris celui qui en est l’objet, geâtre et d’une saveur un peu astringente. Ou l’em-
est proprement employé dans le Levant pour expri- ploie aux mêmes usages que l’avelanède du Levant.
mer les extorsions , présents ou amendes que les pa- AVELINE (du latin avellina, noisette, dérivé d’A-
chas et les douaniers turcs arrachent aux marchands vella, auj. Avellino,Vûle du royaume de Naples), fruit
chrétiens, sous prétexte de contraventiop i des rè- de l’avelinier, variété du noisetier : c’est une espèce
glements qui le plus souvent n’ont jamais existé. de grosse noisette presque ronde, dont l’amande tire
AVANT (l’). On nomme ainsi, dans la Marine, sur le violet. Les avelines sont recherchées à cause
la partie antérieure
d’un bâtiment, celle qui s’avance de leur grosseur, de leur délicatesse et de leur préco-
iapremière à la mer. C’est aussi toute la partie du cité : elles sont plus nourrissantes que les noix
vaisseau comprise entre le grand mât et la proue. mais on les digère difficilement. Elles renferment
On dit les canons, le gaillard, les manœuvres, etc.,
: un principe volatil et de l’huile. Elles entrent dans
à’avant, pour dire ceux de cette partie du vaisseau. une infinité de préparations cuhnaires ; les confi-
On oppose V avant à V arrière, partie postérieure seurs les habillent de sucre pour en faire des dra-
du navire, où se trouvent le grand mât, le gou- gées rondes. Elles sont fort communes en Italie; on
vernail et la poupe. Lesmatelots se tiennent toujours estime surtout en France celles du pays de Foix et du
sur Y avant ; les officiers se placent sur l’amère. Roussillon. Voy. noisetier et coudrier.
AVANTAGE. En Jurisprudence, on nomme ainsi AVENACEES , tribu de la famille des Graminées,
la portion de bien qu’un père donne à un de ses en- renferme les genres Auewaou Avoine{g. type). Aéra,
fants au delà de la part que la loi lui attribue. Cet Airopsis, Trisetaria, Trisetum, Lagurus, Eriachne,
avantage se prend sur la quotité disponible des biens Anisi^oMn.Danthonia, Triodia, Pentameris.
du donateur ou testateur, non réservée par la loi au A'VEPŒMENT (d’aduenere , arriver, parvenir). En
profit des ascendants ou des descendants. Le maxi- Politique , c’est le moment où un prince prend pos-
mum des libéralités de ce genre ne peut excéder une session de la dignité suprême. Les rois de France,
part d’enfant (Code civil, art. 413). Les époux peuvent lors de leur avènement, levaient autrefois sur leurs
aussi se faire des avantages (Gode civil, ai't. 1094). sujets, un impôt spécial : c’est rs qu'on appelait
AVANT-BRAS, partie antérieure du bras. F. bras. droit de joyeux avènement. Louis XVI, en montant
AVANT-CORPS, ce qui fait saillie sur le nu d’un sur le trône , renonça à ce droit. —
En Religion
corps d’architecture. Les avant-corps ne sont quel- ce mot est spécialement consacré pour exprimer la
quefois destinés qu’à la décoration souvent aussi venue du Sauveur. On distingue deux avènements ;
;
ils augmentent la solidité des murailles en doublant l’un s’est accompli quand le Verbe divin s’est incarné;
leur épaisseur. —
En Serrurerie , on donne le nom l’autre ne s’accomplira que lorsque Jésus -Christ
à avant-corps à toutes les pièces qui excèdent la descendra visiblement du Ciel, environné de toute sa
surface de la pièce principale, et qui forment saillie. gloire , et qu’il viendra juger tous les hommes.
AVANT-GARDE, corps de troupes dé taohé en
avant du corps d’armée en marche pour reconnaître
— Pendant les quatre semaines qui précèdent Noël,
jour de l’avénement de Jésus-Christ, les Chrétiens
les débouchés et les chemins
,
et ouvrir les voies à se préparent à fêter dignement la venue du Sau-
l’armée. La force de l’avant-garde est d’ordinaire veur : c’est cet espace de temps qu’on nomme
le cinquièrne de celle du total de l’armée. La di- Avent {d'adventus arrivée). La durée de l’Avent
stance de l’avant-garde au corps principal doit être n’a pas été la même dans tous les temps, ni pour
réglée de manière à ce qu’elle puisse toujours être toutes les Églises. Aujourd’hui, le dimanche de
secourue. —
Dans la Marine, l’avant-garde est celle l’Avent est celui qui se trouve le plus rapproché de
des divisions d’une escadre ou d’une flotte qui mar- la fin de novembre, c.-à-d. entre le 26 de ce mois ei
che la première , et forme la tête de ligne. le 4 décembre exclusivement.
AVANT-LA-LÈ'TTRE (gravure), belle épreuve ti- AVENIR (pour à venir). On nomme ainsi, en
rée ayant qu’on ait inscrit le sujet au bas de la planche. Procédure, un acte d’avoué à avoué. C’est une som-
AVANT-POSTES, postes de sûreté qui entourent mation pai’ laquelle un avoué somme la partie ad-
un camp, un bivouac ou des cantonnements, pour verse de se trouver tel^ur àl’audience, pour y plaider
qu en cas d’attaque les troupes ne soient pas prises conjointement. On dir: donner, signifier un avenir.
au dépourvu. Les avant-postes communiquent entre AVENT. Voy. avènement.
eux par une ligne de sentinelles ou de vedettes. AVENTURE. (m AL d’). Voy. panaris.
AVARIE, tout dommage emportant dépréciation AVENTURINE , pierre artificielle parsemée de
d’une chose. Ce terme s’emploie plus particulière- paillettes brillantes, n’est (|ue du verre fondu où
ment dans le commerce maritime. Le titre IX du l'on a mélé 4 pendant la fusion, des parcelles d’un
, , , , ,

AVEU — 135 — AVOC


composé métallique, tel que le fer ou le cuivre. On Les aveugles y apprennent ,
par des procédés par-
prétend qu’un ouvrier de Venise , ayant laissé tom- ticuliers, la lecture, l’écriture, la géographie, l’his-
ber par aventure de la limaille dans du verre en toire les langues les mathématiques , la musique
fusion, remarqua l'heureux résultat de ce mélange ;
,
et divers métiers.
,
— De nombreux établissements
qu’il sut le reproduire à volonté , et qu’il lui donna analogues ont été fondés sur ce modèle dans les
le nom i’aventurine. —
Ce nom a depuis été étendu principales villes de l’Europe , à Berlin , à Breslau,
à une pierre naturelle, variété de quartz grenu ou à Vienne , à Zurich , à Bruxelles , à Londres et à
de feldspath, demi-transparente, colorée en rouge Edimbourg, et jusqu’en Amérique.
ou en jaune, offrant aussi à l’intérieur des points Les principaux ouvrages à consulter sont Lettre :

brillants qui ont l’apparence de paillettes d’or. sur les Aveugles, par Diderot Essai sur l’éducation
;

AVEU. En matière civile, l’aveu fait pleine foi des Aveugles, par V. Haiiy; Essai sur l’instruction
contre son auteur ; il ne peut être scindé , c’est-à- des Aveugles, par le D^ Guillié ; Des Aveugles : leur
dire accepté pour une partie et répudié pour une état physique, moral et intellectuel, par P. -A. Dufau,
autre; il est irrévocable (Code civ., 1354-56). — directeur de l’Institution nationale de Paris , 1837 et
En matière criminelle, il n’est qu’un des moyens 1850, ouvrage couronné par l’Académie.
d’instruction , mais ne fait pas par lui seul preuve AVICEPTOLOGIE (du latin avis, oiseau, capere,
contre son auteur. Autrefois, l’aveu suffisait pour prendre, et logos, discours), description des diverses
faire condamner trop souvent poïir l’obtenir de l’ac-
: chasses aux oiseaux, des procédés qu’il faut suivre,
cusé, on ne craignait pas de recourir à la torture. des instruments et des ruses auxquels on doit avoir
AVEU et DÉNOMBREMENT. On nommait ainsi , en recours pour prendre les oiseaux; tels sont: l’Avi-
Droit féodal , un acte fait par-devant notaire , scellé ceptologie française, par Bulliard, Paris, 1830; le
et signé, dans lequel le vassal avouait qu’il était Chasseur aux filets, par Blaze, Paris, 1839, etc.
soumis, lui et son fief, à son seigneur , et faisait le AVICULE ( d'avicula , petit oiseau ), genre de
détail de toutes les redevances et de tous les droits Mollusques acéphales, appelé successivement Hi-
attachés à son fief. Si le vassal ne faisait pas cette ronde, Aronde et Avicule et dont la coquille bi-
déclaration dans les quai’ante jours de l’acquisition valve et inéquilatérale, a quelque ressemblance avec
du fief, le seigneur pouvait le confisquer. la queue d’une hirondelle. Ces coquilles sont toutes
AVEUGLES (du bas latin aboculus, abocellus, marines ; le test est mince , fragile et nacré en de-
formé d’ab priv., et oculus, œil). La privation de dans. L’A. margaritifère fournit les perles fines.
la vue est ou native (d’où le nom d’aveugles-ués), ce On trouve l’Avicule dans toutes les mers.
qui est le cas le plus rare, ou accidentelle ;
elle peut, AVIRON (qu’on dérive du verbe otVer), espèce
dans ce dernier cas, être l’effet de maladies très-diffé- de rame légère bien connue, dont on- se sert pour
rentes ophthalmie, cataracte,.amaurose, taie, glau-
: faire marcher les bateaux sur les rivières ; c’est une
côme , dégénérescence des membranes de l’œil, etc. sorte de levier en bois dont l’extrémité aplatie se
Le nombre des aveugles augmente dans une grande nomme pelle, et l’autre le bras. Il sert aussi à la mer
proportion à mesure que l’on approche de l’équateur, pour les petites embarcations, lorsque la faiblesse du
ce qui est l’effet de la trop vive réverbération de la lu- vent empêche de faire usage de la voile.
inière, surtout dons les pays sablonneux. —
On a plu- AVISO , nom donné à tout bâtiment de guerre,
sieurs fois rendu la vue à des aveugles-nés, par l’opé- léger et rapide , employé pour porter des avis des
ration de la cataracte ; Cheselden chirurgien an-
,
dépêches, etc. On emploie pour ce service des bricks,
glais, qui le premier'obtint cet admirable résultat, a des goélettes ou des lougres.
donné d’intéressants détails sur les progrès de la vi- AYITAILLEMENT (de victualia). On comprend
sion chez les opérés. —
Les aveugles se font remar- sous ce nom les provisions des navires nécessaires à
quer par l’immobilité des traits la finesse du tact la subsistance des équipages. Elles consistent prin-
,
et de l’ouie, la gravité du caractère, la ténacité, cipalement en légumes secs, biscuits, viandes salées,
la force de la raison. Plusieurs ont occupé un rang farines, riz, vermicelle, vins, eaux-de-vie; dans les
élevé dans les sciences, dans les arts et l’industrie : voyages de long cours , on embarque de la volaille
on cite chez les anciens, Diogène d’Alexandrie, sa- vivante, des moutons, des chèvres, pour avoir
vant universel, qui fut le maître de saint Jérôme; quelque temps de la viande fraîche et du lait.
dans les temps modernes, Saunderson, un des grands Les navires français en partance sont soumis, pour
mathématiciens de l’Angleterre. ravitaillement, à la loi du 22 août 1791. L’art. 2
Objets naturels de commisération, les aveugles porte «Les vivres et provisions du royaume, em-
:

avaient depuis longtemps trouvé asile dans des éta- barqués dans les navires français, pour quelque navi-
blissements publics, dont le plus ancien et le plus gation que ce soit, pourvu qu’ils soient uniquement
célèbre est oebxi des Quinze-Vingis fondé par saint destinés à la nourriture des équipages et passagers,
Louis ; mais on ne s’était nullement occupé de les jouiront, à la sortie, de l’exemption de tous droits. »
faire jouir des bienfaits de l’éducation Valentin : — Pour les navires français qui viennent de l’étranger
Haiiy, frère du célèbre minéralogiste, combla cette et qui s’y sont ravitaillés, leurs vivres et provisions
lacune. Il eut l’heureuse idée de substituer pour sont soumis aux lois et tarifs d’entrée pour toute
les aveugles les signes en relief aux formes visibles, quantité qui excède le nécessaire.
fît imprimer des alphabets et des ouvrages d’après AVIVES [d’aqua viva, eau vive, parce que les che-
ce système et réussit ainsi facilement à leur ap-
, vaux contractent cette maladie en buvant des eaux
prendre la lecture, l’écriture, les éléments des scien- vives) , nom donné à des glandes situées à la partie
ces, la musique etc. 11 fonda dans ce but, dès 1783, supérieure et postérieure de la ganache du cheval
,

une institution de Jeunes Aveugles qui , en 1791 dans l’intervalle qui se trouve entre la tête et la.
fut érigée en établissement public; fermée pendant cou, au-dessous de l’oreille; et à une maladie du
la Révolution l’Institution fut rouverte en 1817; cheval dans laquelle les avives sont enflées et doulou-
,
installée d’abord dans l’ancien séminaire de Saint- reuses ; elles s’enflent quelquefois au point de gêner
Firmin, rue Saint-Victor, elle fut transférée en 1838 la respiration. Cette maladie attaque aussi les chiens.
au boulevard des Invalides. Cette maison est consa- AVOCAT (du latin advocatus, appelé auprès , au
crée à l’éducation de 60 jeunes garçons et de 30 jeu- secours). Pour obtenir le titre d’avocat, il faut avoir
nes filles aveugles, entretenus gratuitement pendant reçu dans une faculté de droit le grade de licencié,
8 années aux frais de l’Etat. Pour
y être admis, qui est conféré après trois années d’études et à la suite
les enfants doivent être âgés de 10 ans au moins, d'examens publics. Tout licencié qui veut être admis
de 14 ans au plus. Indépendamment des élèves gra- à plaider doit d’abord se faire attacher à un tribunal,
tuits, on admet dans l’Institution des élèves payants. en prêtant serment de ne rien dire qui soit contraire
, , , , ,

AVOC — 136 — AVOI


aux lois ou à morale publique. Le jeune ayocat
la la moitié de sa longueur. Ce sont des oiseaux de
ayant d'être inscrit délînitiyement au tableau de rivage voyageurs , et que l’on trouve particulière-
,

son ordre, est soumis à un stage de trois ans, pen- ment dans les pays froids ou tempérés, sur les côtes
dant lequel il doit suiyre les audiences des tribu- d’Europe et d’Amérique. Ils se nourrissent de frai de
naux et les conférences tenues pour l’instruction des poisson , de vers et d’insectes aquatiques qu’ils trou-
stagiaires ; il a néanmoins pendant son stage le droit vent dans la vase des endroits guéables. Ils courent
de plaider toutes les affaires qui lui seraient confiées. et nagent avec vitesse et sont très-farouches. La
Lesayocats de chaque barreau sont soumis à un con- chair des jeunes Avocettes est assez délicate. L’A.
seil de discipline électif j ce conseil est présidé par le d’Europe se trouve sur nos côtes : elle est de la gros-
bâtonnier, qui est le chef de l'ordre. 11 connaît des seur d’un pigeon; elle a le plumage mêlé de noir et
plaintes que les clients peuyent former contre les de blanc, avec la tête et les tarses noirs. Cet oiseau
membres de l'ordre à raison de l'exercice de leur pro- remonte quelquefois les fleuves, ce qui explique qu’il
fession j il a, en outre, droit de surveillance sur tous soit très-commun dans le Poitou, où chaque année
les avocats inscrits au tableau, et principalement sur il est l’objet d’une chasse active.
les stagiaires c'est le conseil qui prononce sur toutes
: AVOINE (du latin avena), genre de Graminées,
les demandes d'admission au stage et d'inscription au faisant partie du groupe des Céréales, caractérisé
tableau de l’ordre. Il peut, en certains cas, prononcer par ses fleurs en panicules, sa glume bivalve à deux
des peines disciplinaires aux termes de l’art. 18 de
: ou plusieurs fleurs, et sa glumelle à deux valves
l’ord. du 20 noy. 1822, ces peines sont :l’avertisse- pointues, dont l’extérieure porte une arête longue,
ment, la réprimande, l’interdiction temporaire, dont roide et tordue à sa base. L’avoine paraît être Indi-
la durée ne peut excéder une année, enfin, la radia- gène dans l’Europe septentrionale. On en connaît une
tion du tableau sauf recours devant la cour d’appel. cinquantaine d’espèces, presque toutes originaires
,
Bien qu'inscrits sur le tableau d’une seule cour, les d’Europe, et quelques-unes du cap de Bonne-Espé-
avocats peuvent plaider par toute la F rance. L’avocat rance.— L’A. commî/ne (Avena sativa) est, on lésait,
ne peut réclamer judiciairement ses honoraires. la nourriture par excellence du cheval ; on la donne
Les jeunes avocats trouveront d’excellents conseils aussi aux bestiaux et aux volailles. Elle engraisse
dans le Dialogue des Avocats, de Loysel, les Règles les moutons, elle augmente la production du lait
pour former un avocat, de Biarnoy de Merville, les des brebis-mères et double la ponte des œufs dans
Lettres sur la profession d' Avocat de Camus, le les volailles. Elle sert encore dans quelques pays
Manuel des jeunes Avocats de M. Dupin aîné, et pauvres à faire du pain ; mais ce pain est lourd
les Règles de la profession d’avocat de M. Mollot. peu nutritif et d’une saveur désagréable. On peut
Pour les .détails historiques sur la profession d’a- faire avec ce grain de la bière et de l’eau-de-vie.
vocat, et pour l’histoîre de l’ordre, Voy. BinnEAU. Enfin, les tiges vertes de l’avoine donnent un excel-
Les Avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de lent fourrage, et les balles de la fleur servent au cou-
cassation sont des officiers ministériels chargés de cher du pauvre et des enfants en bas âge. L’Avoine
suivre la procédure et de plaider pour les parties se sème en septembre ou octobre dans l’ouest de la
devant le Conseil d'Éiat et la Cour de cassation. France, et partout ailleurs en février, mars ou avril.
Ces deux offices, jadis séparés sous divers titres, L’Avoine commune présente plusieurs variétés :
ont été réunis par l'ordonnance du 10 sept. 1817, VA d’hiver, à balles rayées de brun ; VA de Géorgie,
. .

qui en même temps a réglé la discipline intérieure à feuilles larges et à grain jaunâtre; VA. de Brie,
de ce corps. Pour remplir ces fonctions, il faut être à grain noir, très-renflé , l’A. de Hongrie à grains
âgé de 25 ans, avoir au moins deux années de stage blancs et gros, mais qui a l’inconvénient de s’égrener
comme avocat , et être agréé par le conseil parti- facilement elle fut introduite en France en 1759;
:

culier de l’ordre, par le ministre de la justice et la VA. patate, à grain blanc et court, nouvellement im-
Cour de cassation. Ces offices sont transmissibles à portée d’Angleterre et sujette au charbon. L’A. de
prix^ d’argent ; leur nombre est fixé à 60. Zélande (Pays-Bas) est la plus belle et la meilleure.—
h’ Avocat général est un magistrat attaché au minis- Parmi les autres especes d’ Avoine, nous citerons :

tère public près la cour de cassation ou près les cours 1“ l’A. unilatérale, à panicules sonCes, dont les épil-
d’appel , et chargé de porter la parole au nom du lets s’inclinent tous du même côté on en distingue de
;

procureur général, et sous sa direction, pour défen- blanche et de noire; 2“ l’A. nue, qui doit son nom à
dre la loi et l’ordre public; il est secondé et suppléé la disposition qu’ont ses grains à sortir tout mondés de
au besoin par des substituts. Avant 1789, on donnait la balle par le battage; 3“ l’A courte, à feuilles, àbar-
.

ce titre à ceux d’entre les officiers du parquet d’un bes et à grains plus courts que dans les autres espèces;
parlement ou d’une cour souveraine qui étaient char- 4» la Folle-avoine (A. fatua), ainsi appelée à cause de
gés de discuter à l’audience, devant les juges, les sa panicule étalée, grêle et munie de longues barbes
mômes causes que discutaient les avocats du roi de- qui oscillent au moindre vent. Les trois premières
vant les sièges royaux. Les fonctions d’avocats géné- de ces espèces s’emploient comme l’avoine commune.
raux et de procureurs généraux ont été réunies pen- La folle-avoine, au contraire, est une des plantes les
dant tout le temps qui s’est écoulé depuis la Révolution plus nuisibles aux récoltes elle étouffe les blés par
:

jusqu’à l’installation des cours royales. ses racines, et ses graines, mûres de bonne heure,
AVOCATIER (d’aoMfcafe, nom caraïbe de cet se ressèment d’elles-mêmes au point qu’il est difficile
arbre) , Laurus persea, arbre d'Amérique, du genre d’en débarrasser les terres qui en sont infestées. Les
Laurier, a la hauteur du poirier, est toujours vert, Hollandais l’ont cependant mise à profil pour raffer-
et donne un fruit vulgairement appelé poire avocat, mir le sable mouvant de leurs dunes.
qui ressemble pour la forme et la grosseur à,une Indépendamment de son utilité pour la nourriture
poire de bon chrétien , mais qui renferme un noyau des animaux, l’Avoine sert encore aux amldonniers;
en forme de cœur; il a un goût très-agréable. On on en fait aussi des gruaux.
prépare avec ce fruit un mets estimé ; on le regarde AVOIR DU POIDS (livre), Pound, nom que les
comme antidysentérique. Les feuilles de l’Avocatier Anglais donnent à leur livre de 16 onces, générale-
entrent dans la composition de l’élixir américain dit ment usitée dans le commerce , surtout pour peser
de Courcelles : elles sont stomachiques, carminatives, les marchandises d’un gros volume, comme le chan-
résolutives; on les recommande dans les maladies vre, le café , le coton ; ils Innomment ainsi par op-
pédiculaires , la jaunisse et la colique hystérique. position à leur hvre troy, qui n’en a que 12, et qui
AV OCET'TE, genre d’oiseaux de l’ordre des Echas- sert pour les objets précieux. La livre auoîr-du-poids
siers, famille des Longirostres :pieds palmés, hec vaut 453t’i-,545. Toutes les marchandises où il y a
allongé, grêle et recourbé en haut, à partir de du rebut, du déchet, se vendent à Vavoir du poids.
, , , , , , ,

AVKl — 137 — AXE


AVORTEMENT (du latin abortus, m. sign.). L'a- parce que la terre paraît alors ouvrir son sein )
vortement s’observe le plus fréquemment dans les quatrième mois de notre année, pendant lequel
trois premiers mois de la grossesse. On distingue : les jours s’allongent, la température s’adoucit, et
i’A. ovulaire, qui s’étend jusqu’aux 20 premiers commence la végétation. Ce mois a 30 jours C’était le
jours de la conception; VA. embryonnaire, qui com- deuxième mois de l'année romaine, quand elle com-
prend jusqu’au t)0« jour de la grossesse ; VA. fœtal mençait en mars, avant la réforme de Numa. Le mois
où l’expulsion du fœtus est suivie de phénomènes d’avril était chez les Romains consacré à Vénus. Le
semblables à ceux de l’accouchement. Morgagni a soleil parcourt pendant ce mois le signe du Taureau.
observé que le nombre des avortons femelles était Tout le monde connaît le dicton Donner, faire
:

plus considérable que celui des mâles; ce que Désor- avaler un poisson d’avril pour Faire accroire à
;

meaux et Velpeau constatent également. quelqu’un , le premier jour d’avril, une fausse nou-
L’avortement est naturel , accidentel ou provo- velle , ou l’engager à faire quelque démarche inu-
qué naturel il peut tenir ou à un état particulier
: tile, afin d’avoir lieu de se moquer do lui. On pré-
des organes, ou à un état de faiblesse générale et tend que ce proverbe, dans lequel le mot poisson
de mauvaise saîlté habituelle, ou, au contraire, à aurait été, par corruption, substitué à celui àe pas-
une constitution pléthorique; accidentel, il peut sion, n’est qu’une allusion inconvenante à la passion
résulter d’exercices forcés, de mouvements exagérés de Jésus-Christ, arrivée le 3 avril, parce que ce
ou violents, de la danse, de l'équitation, de chutes, jour-là le Sauveur fut, par dérision, renvoyé d’ur.
de secousses subites, de coups sur l’abdomen ou sur tribunal à un autre.
les lombes, d’émotions Yïsres-, provoque', il peut avoir AXE (du latin axis dérivé du grec axôn, es-
été déterminé par des violences quelconques, par sieu, pivot). En Géométrie, l’aœe est une ligne droite
l’action d’un moyen mécanique sur le fœtus ou ses autour de laquelle une figure plane fait sa révolution
enveloppes, manœuvres employées souvent dans un pour produire ou engendrer un solide. Ainsi , un
but criminel; par l’abus des saignées, des bains, demi-cercle qui se meut autour de son diamètre en
des purgatifs drastiques, des emménagogues, etc. repos engendre une sphère dont l’axe est ce même
La loi punit sévèrement l’avortement provoqué. diamètre; si un triangle rectangle tourne autour de
«Quiconque, dit le Code pénal, art. 317, par ali- sa perpendiculaire en repos, il décrit un cône dont
ments, breuvages, médicaments, violences ou par l’axe est cette perpendiculaire. Le même mot s’em-
tout autre moyen aura procuré l’avortement d’une ploie encore plus généralement pour désigner une
,
femme enceinte, soit qu’elle y ait consenti ou non, ligne qu’on conçoit tirée du sommet d’une figure
sera puni de la réclusion. —
La même peine sera au milieu de sa base. —On nomme A. d’un cercle
prononcée contre la femme qui se sera procuré l’a- ou d’une sphère une ligne quelconque passant par
vortement à elle-même ou qui aura consenti à faire le centre, et terminée à la circonférence par les deux
usage des moyens à elle indiqués ou administrés à extrémités; — A. d’un cône, une ligne tirée du som-
cet effet, si l’avortement s’en est suivi.—Les méde- met au centre de la base; —
A. d’un cylindre,
cins, chirurgiens et autres officiers de santé, ainsi une ligne menée du centre d’une de ses bases au
que les pharmaciens , qui auront indiqué ou admi- centre de l’autre base. —
Dans l’ellipse et l’hyper-
nistré ces moyens, seront condamnés à la peine des bole, VA. transverse est le diamètre passant par
travaux forcés à temps, dans le cas où l’avorte- les deux foyers et les deux principaux sommets de
mentaurait eu lieu. » — Chez les Romains la peine la figure; dans l’hyperbole, c’est le plus court dia-
portée contre ceux qui provoquaient l’avortement
,

mètre; dans l’ellipse, le plus long; —


1’^. conju-
était celle des travaux publics ou la relégation dans gué ou second axe est le diamètre passant par le
une île , avec confiscation d’une partie des biens centre et perpendiculaire à l’axe transverse c’est le :
;
la mère coupable était punie d’exil. Voy. encise. plus court des diamètres conjugués.
AVOUÉS, officiers ministériels établis près les tri- En Mécanique, on nomme axe toute ligne autour
bunaux civils de Ir® instance et près les cours d’appel, de laquelle un corps peut tourner A. d’une ba- :

pour représenter les parties et faire les actes de pro- lance, la ligne sur laquelle la balance se meut A. de •,

cédure pendant toute la durée de l’instance. On ne rotation, la ligne autour de laquelle un corps tourne
peut plaider en France sans ministère d’avoué à.dé- réellement lorsqu’il est en mouvement ; A. d’oscil-
;
faut d’avocats, les avoués pourvus du titre de licencié lation d’un pendule la ligne droite qui passe par le
peuvent plaider eux-mêmes. Le nombre de ces offi- centre autour duquel un pendule fait ses vibrations.
ciers est limité; leurs charges sont transmissibles à En Minéralogie, on nomme Axe cristallographi-
prix d’argent. Pour obtenir ce titre, il faut être âgé que une ligne droite supposée dans l’intérieur des
de 25 ans au moins,présenter un certificat de capacité, cristaux, et autour de laquelle leurs faces sont or-
délivré dans les écoles de droit après 2 années d’étude, données symétriquement. Les différents systèmes
et prêter serinent; il faut, en outre, justifier d’une cristallins sont basés sur les dispositions que des
cléricature de 5 années. Les avoués ne peuvent se plans, assujettis aux lois de symétrie, peuvent
rendre adjudicataires des biens dont ils sont chargés prendre autour de certains axes. —
On nomme A.
de poursuivre la vente. L’action des avoués pour le optique d’un cristal, A. de double réfraction,
payement de leurs frais et salaires se prescrit par ou ligne neutre, la direction suivant laquelle la
2 ans. Les avoués de chaque cour et de chaque tribu- double réfraction des rayons lumineux cesse d’avoir
nal ont une chambre pour leur discipline intérieure. lieu dans un cristal. Tous les cristaux dont les faces
— Les avoués se nommaientautrefois Procureurs. Les sont ordonnées autour d’une ligne unique, tels que
offices de procureurs furent supprimés par la loi du ceux qui dérivent du rhomboèdre et du prisme à
30 mars 1791 ; mais la même loi établit près des tri- base carrée , ont aussi un seul axe optique, qui est
bunaux de districtjsous le nom à’ Avoués, des officiers l’axe cristallographique. Les substances qui jouis-
ministériels chargés de représenter les parties. La loi sent de cette propriété sont dites à un axe. Les
du 3 brumaire an II supprima les avoués eux-mêmes, cristaux dont toutes les faces verticales ne sont pas
mais ils furent rétablis par la loi du 27 ventôse an ordonnées autour d’un axe unique, comme le
VIII. L’organisation de ce corps a été constituée par prisme di'oit rectangulaire et les deux prismes obli-
les décrets des 6 juill. 1810 et
2 juill. 1812 la cham-
;
ques , possèdent deux axes de double réfraction ;
bre des Avoués a été instituée par un décret du 13 fri- on les appelle cristaux à deux axes. Les corps cris-
maire an IX. tallisés , dans le système régulier, ne possèdent pas
ivoDÉs DES ÉGLISES. V.loDîct. univ.d'H. et de G. la double réfraction.
AVOVER, magistrat suisse. 'Voy. Ibid. En Optique, on nomme A. optique oa visuel un
AVRIL (en latin, aprilis , à’aperire, ouvrir. rayon passant par le centre de l’œil, ou tombant
, , ,

AXOL 138 — AZER


perpendiculairement sur l’œilj A. d’une lentille, due, la langue courte, les dents petites et nom-
l’axe du solide dont la lentille est un segment, breuses. Les yeux, dépourvus de paupières, sont pe-
ou la ligne qui joint les deux sommets ou points tits
,
et placés près de l’extrémité du museau. L’axo-
centraux des deux surfaces opposées du verre. lotl parvient à 20 ou 25 centimètres de longueur
;
En Astronomie, c’est la ligne di'oite, imagi- la queue en prend à peu près la moitié. Ce reptile
naire, supposée passer à travers la terre, le so- vit en société dans les lacs des plus hautes monta-
leil, les planètes, les satellites, etc., et autour gnes du Mexique. Les Mexicains le mangent.
de laquelle ils exécutent leurs rotations dimmes. AXONGE (du latin axungia, graisse, formé de
La terre et les planètes, dans leurs mouvements axis, essieu, et ungere, oindre), graisse animale
de translation sur leurs orbites, se meuvent de de consistance molle. On désigne plus particulière-
manière que l’axe de chacun avance toujours pa- ment par ce nom la graisse de porc, qu’on nomme
rallèlement à lui-même, ou est toujours dirigé vers aussi saindoux. Elle se compose principalement d’un
les mêmes parties du ciel. —
A. du monde, ligne mélange de deux principes organiques, l’un liquide,
droite autour de laquelle la voûte céleste , formée V oléine, et l’autre solide , la margarine om stéarine.
par les étoiles , semble faire sa rotation. La terre La consistance et la fusibilité de l’axoSge varient sui-
est si loin des étoiles, et si petite comparativement vant les proportions qui existent entre ces deux prin-
à leur éloignement, qu’on peut la considérer comme cipes. — On extrait l’axonge de la panne de porc, en
un point mathématique, par lequel passerait l’axe faisant fondre celle-ci, convenablement lavée, dans
du monde , et comme le centre d’une sphère à la de l’eau bouillante, passant la graisse fondue au tra-
surface de laquelle seraient placées les étoiles. — vers d’un tamis serré , et la coulant dans de petits
A., de l’horizon, de l’équateur, etc., ligne droite vases à minces parois et à large surface, placés dans
tirée à travers le centre de chacun de ces cercles, un endroit frais. On fait un grand usage de l’axonge
et perpendiculaire à leur plan. dans la cuisine. Elle sert, en pharmacie, pour pré-
ÀXLLLAIRE {à'axilla, aisselle), se dit, en Ana- parer les onguents; elle est la base des pommades
tomie ,
de tout ce qui appartient à l’aisselle ou en cosmétiques. Elle sert aussi aux corroyeurs, auxhon-
fait partie telle est la veine axillaire.
: — En Bo- groyeurs, pour l’éclairage, le graissage des roues, etc.
tanique, on nomme les rameaux, feuilles, AYAPANA, Eupatorium ayapana, plante du
fleurs ou épines qui naissent au point où deux bran- genre Eupatoire , de la famüle des Composées , ori-
ches se bifurquent, et au point d’insertion d’une ginaire du Brésil, d’où elle a été transportée à l’île de
feuille à la tige ou au rameau qui la porte. France arbuste dont les feuilles, étroites et lancéo-
:

AXUSITE (du grec axinè, hache) , minéral re- lées, ont une odeur aromatique et une saveur faible-
marquable par ses cristaux tranchants, en forme de ment amère. On lui attribuait, au Brésil, la vertu de
hache, et par sa belle couleur violacée, se compose guérir la morsure desserpenls; on l’a même longtemps
d’un sihcate d’alumine et de chaux avec de petites vantée comme une panacée universelle. Elle n’est
,
quantités d’acide borique et d’oxydes métalliques. plus guère cultivée que pour la beauté de ses fleurs,
Elle est commune en France ; les plus beaux cris- d’un pourpre très-vif. On l’emploie en guise de thé.
taux proviennent des montagnes de l’Oysans, dans AYË-AYE. Voy. cueiromïs.
le dép. de l’Isère. On l’emploie en bijouterie. AYLANTE. Voy. vernis de lk chine.
AXIOME (du grec axiûma, dogme), proposition AYUNTAMENTO (de l’espagnol junla, réunion,
évidente par elle-même, et qui n’a pas besoin de conseil). C’est, en Espagne , le corps des conseillers
démonstration. Ex. : Le tout est plus grand que sa municipaux d’une commune, d’une cité. 11 est pré-
partie ; deux quantités égales à une troisième sont sidé par l’alcade , et annuellement élu par le peu-
égales entre elles; tout effet a une cause, etc. Les ple. Cette institution remonte à une haute anti-
axiomes sont le point de départ de toute démons- quité. On appelle aussi ayuntamento la maison où
tration. Dans les sciences qui procèdent synthéti- se réunit le corps municipal.
quement, comme dans la Géométrie, on commence AZALÉA (du grec azaléos, brûlé), genre de la fa-
par poser les axiomes afin de préparer la démons- mille des Rhododendrées, remarquable par la beauté
tration des théorèmes ou la solution des problèmes. et quelquefois par la bonne odeur do sa fleur. On
AXIOMETRE (du lat. axis, axe, et du grec l’a mal à propos nommé Chèvrefeuille d'Amérique :
métron, mesure), petite machine qui indique à pre- car ce n’est pas un Chèvrefeuille, et il habite égale-
mière vue la direction de la barre du gouvernail ment les régions tempérées des deux continents.il est
dans les bâtiments où cette barre est cachée dans précieux pour l’horticulture, qui lui doit plusieurs
l’arrière et ne se meut qu’à l’aide d’une roue et espèces recherchées comme arbrisseaux d’ornement,
de cordages. On s’en sert peu aujourd’hui. par exemple, les A. pontica, viscosa, nudiflora, etc.
AXIS. En Anatomie, on nomme ainsi la 2' ver- AZÉDARACH (mot arabe qui veut dire arbre vé-
tèbre du cou, parce qu’elle forme une espèce de néneux) , espèce du genre Met ia, de la famille des
pivot [axis] sur lequel tournent à la fois la pre- Méliacées; joli arbre, originaire de la Perse, où il at-
mière vertebre et la tête. On lui a aussi donné le teint 10ou 12 m.,vientbien en Italieetmême dans le
nom à'axdide c’est-à-dire semblable à un axe. midi de la France. Ses fleurs, placées au bout des ra-
En Zoologie, Axis est le nom d’un mammifère meaux comme, celles de l’acacia, sont d’un blanc
du genre Cerf. Le cerf axis, ou cerf du Gange, vit mêlé de bleu et de violet, et répandent une odeur
dans l’Indoustan et particulièrement dans le Ben- très-suave, surtout pendant la nuit. Elles font place
gale. Ses formes sont celles du daim, dont il a aussi à des ü uits semblables à des cerises, dont les pro-
la taille. Son pelage est d’un fauve assez vif, mou- priétés vénéneuses ont été fort exagérées. La racine
cheté de blanc sur le flanc et le dos; le menton, de cet arbuste est employée comme anthelmintique.
la gorge,
le ventre, sont blancs la queue, longue
;
Ses fruits donnent une bonne huile. On le nomme aussi
de 30 centim., est blanche en dessous fauve en des- Faux sycomore, Lilas des Indes, Lilas de la Chine,
,
sus, et marquée sur les côtés d’une ligne noire. Arbre à chapelet , Arbre saint : ces deux derniers
Sa course est des plus rapides. Cet animal est doux, noms lui viennent de l’usage que l’on fait en Italie
timide et facile à apprivoiser. En Europe, il fait de ses noyaux cannelés pour faire des chapelets.
l’ornement de nos parcs. AZEROLIËR , J/espi/Ms ou Cratœgus azarolus,
AXOLOTL, nom mexicain d’un reptile, sous- vulg. Épine d’Espagne, espèce d’Alisier, semblable
genre de Salamandres , de l’ordre des Batraciens de à l'aubépine elle en diffère cependant par son fruit,
:

Cuvier. Ce reptile amphibie , semblable à la sala- qui est plus gros, par ses feuilles plus grandes,
mandre, est d’une couleur grise ardoisée; il a la sa tige plus haute et sans épines. Ses fleurs sont
tête grande , déprimée, arrondie la bouche très-fen- disposées eu grappes ; sou fruit, nommé azerole ,
,, , , ,, ,

AZOT 139 — AZUR


est rouge, acide, sucré, rafraîchissant; il sert à AZOTE (oxydes d’) ,
Combinaisons de l’azote avec
faire des confitures très-agréables. l’oxygène. U en existe cinq : deux composés indiffé-
AZIMUT (de l’arabe al-sem'pt chemin, droit rents, le protoxyde et le deutoxyde ou bioxyde
chemin) , se ait, en Astronomie , de l’angle que fait d'azote; et trois acides V acide nitreux, V acide
:

avec le méridien un cercle vertical passant par un hyponitrique et V acide nitrique.


astre;cet angle se mesure par l’arc de l’horizon Le protoxyde d'azote, dit aussi oxyde azoteux
compris entre ce cercle vertical et le méridien. Il ou nitreux, est un gaz incolore et inodore, d’une den-
est donné par un théodolite , lorsqu’on connaît la sité de 1,52. Il SC liquéfie et se solidifie même par l’ac-
direction de la méridienne. azimut, quand le so- tion d’un grand froid et d’une forte pression. Il se dé-
leil se lève ou se couche, est le complément de l’am- compose aisément par l’action de la chaleur quand :

plitude orientale ou occidentale, ou ce qui lui on y plonge une allumette présentant encore quel-
manque pour faire un quart de la circonférence. — ques points d’ignition il la rallume entièrement
,

Les cercles verticaux se nomment quelquefois aussi comme le ferait le gaz oxygène pur ; c’est que le
azimuts. — L’A. d’un mur est l’angle dont il décline mélange d’azote et d’oxygène qui résulte de la dé-
,

vers l’est ou vem l’ouest. La déclinaison d’un mur composition du protoxyde d’azote par le feu , ren-
vertical est l’angle qu’il forme avec le premier ver- ferme , sous le même volume , plus d’oxygène
tical , c’est-à-dire le plan qui passe par le zénith que l’air atmosphérique (33,33 pour 100). Le pro-
et les points d’est et d’ouest; cet angle est le com- toxyde d’azote peut être respiré impunément pen-
plément do l’azimut. — L’A. magnétique est l’arc dant quelque temps seulement il finit, toutefois, :

de riiorizon compris entre le méridien du lieu et le par asphyxier comme l’hydrogène et l’azote, par
méridien magnétique ; c’est la mesure de la décli- privation d’oxygène. Suivant quelques observateurs,
naison do l’aiguille aimantée. —
A. du plan de po- le protoxyde d’azote produirait, quand on le respire,
larisation se dit, en Optique, de l’angle que forme une sensation délicieuse, accompagnée d’un rire
le plan avec le plan d’incidence ou de réflexion. insolite ce qui l’a fait nommer gaz hilarant. On
:

AZIMUTAL, qui représente les azimuts ou qui l’obtient en soumettant à l’action de la chaleur le ni-
les mesure. Compas azimutal, cadran ayant son trate d’ammoniaque. Ce sel renferme de l’azote, de
style perpendiculaire au plan de l'horizon; il sert l’hydrogène et de l’oxygène (NO^,HO-}-NH’’) dans
à trouver l’amplitude d’un corps céleste. des proportions telles , que , par l’effet d’une simple
AZOCH, AZOTH, mots barbares employés au- transposition moléculaire, il peut en résulter de
trefois pour désigner le mercure et quelques-unes l’azote et de l’eau (2N0-}-4H0).
de ses combiziaisons, comme le cinabre. Les alchi- Le deutoxyde a’ azote, dit aussi oxyde azoti-
mistes regardaient autrefois le mercure comme la ma- que ou nitrique (NO’), est un gaz incolore comme
tière première de tous les métaux. L’azoth de Para- le protoxyde.il est impossible d’en apprécier l’odeur ;
celse, dont ce célèbre empirique faisait sa panacée car il se convertit immédiatement, au contact de l’air,
universelle , était une composition d’or, d’argent et en vapeurs rutilantes, très-corrosives, connues sous
de inercure. Celui d’Helsingius, ou or horizontal le nom à’acide hyponitrique. 11 se produit très-sou-
se faisait avec de l’or pur en larmes et du mercure. vent dans l’action de l’acide nitrique sur les mé-
AZOLLES, plantes aquatiques, rapportées d’abord taux on l’obtient , entre autres , en versant de l’a-
:

à la farnille desNaïadées, puis à celle des Marsiléacées. cide nitrique affaibli sur de la tournure de cuivre
Lesespècesprincipales sont VA. microphylle ou àpe- ou de fer. 11 éteint les corps en combustion.
tiies feuilles, du Brésil, et VA. pinnée, de laNouvelle- Priestley a découvert eu 1776 le protoxyde d’a-
Hollande. On a surtout observé ces plantes surles eaux zote; on lui doit aussi les premières notions exactes
stagnantes des terres Magellaniques, du Chili, de la sur le deutoxyde, que Haies avait déjà obtenu avant
Cotombie, dans quelques parties des Etats-Unis, etc. lui. Bertholiet, Daltou, Davy, Gay-Lussac, ont
AZOTATES, combinaisons de l’acide azotique ou soumis ces deux oxydes à des analyses exactes.
nitrique avec les bases salifiables. Voy. kituates. Pour les combinaisons acides, Voy. leurs noms.
AZOTE (du grec a priv., ci zôtikos, vital), dit AZOTEUX (acide). Voy. nitreux (acide). —
aussi mtroyàne, air phlogistiqué gaz incolore, (oxyde). Voy. azote (protoxyde d’).
inodore et insipide, formant les 79/100 de l’air at- AZOTH ou AZOCH. Voy. azoch.
mosphérique; plus léger que l’air (sa densité est AZOTIQUE (acide). Voy. KiTRiquE (acide). —
0,971) ; il est irrespirable et éteint les corps en com- (oxyde). Voy. AZOTE (deutoxyde d’).
bustion. Très-différent de l’oxygène, qui se combine AZOTITES. Voy. nitrites.
facilement avec la plupart des autres corps simples, AZOTURES, combinaisons de l’azote avec un autre
l’azote ne se combine avec aucun corps par voie di- corps. L’azote ne s’unit directement à aucun corps ;
recte; on no le reconnaît qu’à ses propriétés néga- les azotures qu’on obtient par des moyens détour-
tives. U forme un des éléments de l’ammoniaque, nés, par exemple à l’aide de l’ammoniaque, sont,
de
) acide nitrique ou azotique (eau-forte), du salpêtre, en général, des combinaisons très-peu stables qui
et d’un grand nombre de composés organiques, tels se détruisent par l’action de la chaleur, souvent
que la fibrine du sang et de la chair musculaire l’al- même par l’effet seul du choc telles sont les azotures
:
,
bumine du sang et des œufs, la gélatine, le fromage, connues sous les noms do chlorure d'azote d’or
les alcalis végétaux, l'indigo, etc. Il joue un très- fulminant, à' argent fulminant etc.
grand rôle dans la nature il établit une des prin-
:

cipales différences entre les substances animales,


AZOTÜRE DE CARBONE. Voy. CYANOGÈNE ; D’HY- —
où DROGÈNE. Voy. AMMOKIAOUE.
il abonde, et les
sulistances végétales, qui, pour la AZUR (par corruption de l’arabe lazur bleu
plupart, n’en renferment pas.
wents moyens

On l’obtient par dif- de ciel, beau bleu clair). L’azur est une des cou-
: le plus simple consiste à brûler du leurs héraldiques : cette couleur céleste est le sym-
phosphore sous une cloche pleincd’air, de manière à bole de la justice. Les armes des rois de France
en absorber tout l’oxygène le gaz restant consiste en étaient trois fleurs de lis d’or en champ d’azur. A
;
azote presque pur. On peut aussi se le défaut de couleur, l’azur est marqué dans les livres
procurer en
décomposant l’ammoniaque par le chlore qui s’em- de blason par des hachures, ou simples ligues qui
,
pare de l’hydrogène de cet alcali et met l’azote en vont horizontalement de gauche à droite, d’un côté
,
hberté. Enfin, les chimistes l’obtiennent aussi à l’autre de l’écu.
par la
décomposition du nitrite d’ammoniaque. On nomme A. de cuivre, un minéral nommé au-
L’azote n’est connu que depuis 1775 la découverte
;
en est due à Priestley. Scheele était aussi parvenu,
jourd’hui AziM'ite [Voy ce mot) ; —
Bleu d’azur, une
matière colorante d’un beau bleu , employé dans les
a peu près à la même
époque, à le séparer de l’air. arts [Voy. bdeü d’azub) ; —
Pien'e d’azur, Lapis la-
, , ,

BABi 140 — BAG


zuli, un minéral d’un bleu d’azur, plus connu des mi- et zygos , pair)
,
veine qui va de la veine cave su-
néralogistes sous le nom de Lazulite. Voy. ce mot. périeure au-dessus du 'cœur, à un des points de la
AZURITE, dit aussi azur de cuivre, cuivre veine cave inférieure , à laquelle elle s’unit dans la
carbonate bleu; minéral d’un beau bleu, qu’on partie inférieure de l’abdomen , soit directement
rencontre dans les gîtes métalliques, sous forme de soit par l’intermédiaire d’une des veines lombaires.
cristaux ou à l’état terreux ; il s’est trouvé, pendant Cette veine a quelquefois servi à remplacer la veine
un temps, en abondance à Chessy, près de Lyon, cave inférieure dans des cas de ligature de cette
dans les grès bigarrés. Il renferme 69 0/0 d’oxyde dernière veine. —
Morgagni donnait le nom d’azygos
de cuivre. Il est employé, dans quelques localités à la luette, qui est formée par les deuxpalato-staphy-
pour la peinture. —
Le même nom se donnait aussi iins, qu’il considérait comme un seul muscle.
autrefois à un minéral silicaté , plus connu aujour- AZYME (du gr. a priv., et z7/wè, levain), pain sans
d’hui sous le nom de Klaprothiie. levain que les Juifs mangent dans le temps de la
AZYGOS {c’est-à-dire impair, du grec a priv., Pâque. Voy. le Dict. univ. d’Hisf. et de Ge'ogr.

B
B. Cette lettre est la de presque tous les alpha- d’un bouquet de poils à son extrémité. Les babirous-
bets anciens et modernes; c’est la des consonnes; sas sont bons nageurs ; ils habitent les forêts maréca-
les Hébreux la nommaient beth, les Latins bé, les geuses des îles de l’archipel Indien. On lesréduitfa-
Grecs è^fü. C’est la l''« des labiales; on a même pré- cilemen t en domesticité. Leur chair est d’un bon goût.
tendu que sa forme était la ligure de la lèvre. — BABLAH, nom donné dans le commerce aux gous-
Comme lettre numérale, B valait 2 chez les Hé- ses de l’Acacia d’Arabie. Ce fruit, de 10 à 12centim.
breux et les Grecs. Chez les Latins, B désignaitSOO; de long, est d’un noir grisâtre et couvert d’une pous-
B valait 3,000. —
Dans le Calendrier, B est la 2' des sière grise. On s’en sert dans la teinture.
sept lettres dominicales. Foj/. dominicale (Lettre). — BABORD (par corruption de bas-bord), côté gau-
Sur les inscriptions et les médailles antiques, le B che d’un bâtiment lorsqu’on regarde de l’arrière à l’a-
est l’abréviation de Brutus, Balbus et autres noms vant on l’oppose à tribord, qui est le côté droit et le
:

semblables; dans les Fastes, il signifie que les per- côté d’honneur. Les o.fiiciers se mettent à tribord, les
sonnages après le nom desquels il est placé sont maîtres et les matelots à bâbord; ce n’est que par le
en fonction pour la deuxième fois {bis). B. F. in- tribord qu’on entre dans un bâtiment; le bâbord, ré-
diquait honæ fortunœ (à la bonne fortune) ou bo- servé pour la manœuvre, n’est abordable que par le
num fatum heureux destin); B. V. bene vixit (il
i,
,

moyen de cordages. —
On donne quelquefois le nom
a bien vécu); B. Q. bene quiescat (qu’il repose eu de bâtiment de bâbord ou bas-bord (par opposi-
paix). Placé devant le nom des saints, il signifie tion à haut-bord ) aux bâtiments de guerre qui n’ont
beatus (bienheureux). —
En Musique, B-fa-si, ou qu’une batterie, ainsi qu’à la plupart des navires de
simplement B, désigne chez les Allemands et chez commerce. —
On nomme bâborclais les hommes de
plusieurs autres peuples la note si. Dans la gamme l’équipage qui sont du quart de bâbord , c’est-à-dire
des Anglais, b correspond au ré des Français. Pour de service à bâbord; ce quart, qui est de 4 heures,
B mol et B quarre, Voy. bémol et bécaiuie. Sur — commence à minuit, et finit à 4 heures, pour re-
les monnaies, B est la marque de Rouen BB est celle prendre à 8 heures.
de la monnaie de Strasbourg. Dans la nomen-— ;

BABOUCHES (du persan papous, formé de pa,


clature chimique, B désigne le bore; Ba désigne le pied, et pousche qui couvre), sorte de chaussure
baryum, Bi bismuth, et Br le b^ome; dans l’an-
le pointue, légèrement recourbée par le bout, sans
cien alphabet chimique, B désignait le mercure. quartier et sans talon, dont l’usage est fort répandu
BABA, sorte de gâteau dans la composition du- dans l’Orient. On les fait en maroquin ou en étoffe
quel on fait entrer des raisins de Corinthe, du de soie, et plus ou moins chargées de broderies d’or
muscat de Malaga, du cédrat, du safran, de la et d’argent. On les quitte par politesse lorsqu’on
crème, etc. Cette pâtisserie, d’origine polonaise, a entre dans un appartement.
été introduite en France par le roi Stanislas. Elle BABOUIN, espèce de singe du genre Cynocé-
est encore aujourd'hui en grande faveur. phale, reconnaissable à sa face couleur de chair;
BABEURRE (par corruption de bas-beurre), ou dessus de son corps est jaune verdâtre, le dessous
le
L.uï DE BEURRE, Dom douiié au résidu de la prépa- d’un jaune plus pâle; de chaque côté des mâchoires
ration du beurre ce n’est que du petit-lait tenant il a des favoris blanchâtres; sa queue, r.-levée à
;
en suspension du caséum et une petite quantité de son origine, se reploie bientôt et descend jusqu’au
beurre. Cette liqueur est laxative, ce qui la fait jarret; ses fesses sont calleuses et rouges ou de cou-
prescrire comme remède dans certaines maladies. leur tannée. Ce singe habite l’Afrique tropicale ;
BABICHON, espèce d’épagneul. Voy. épagneul. les anciens Égyptiens, qui le connaissaient, lui ren-
BABIROUSSA (du malais éaéi/, cochon, et rusa, daient une sorte de culte. Le babouin est très-mé-
cerf), ou cocHON-CERF, genre de mammifères voisin chant, et se fait remarquer par sa lubricité. Quel-
des sangliers, dont il se distingue surtout par le ques naturalistes ont confondu le babouin avec le
nombre et forme des dents. Leurs canines supérieu-
la lion, ou sphinx des anciens.
res, que anciens avaient prises pour de véritables
les lABOU'VISME, doctrine de Babeuf, tendait à éta-
cornes (d’ou le nom de cochon-cerf), percent la peau blir l’égalité des fortunes par la spoliation et par l’ap-
du museau et se recourbent en arrière pour s’enfon- plication d’une nouvelle loi agraire. Cette doctrine
cer quelquefois dans les chairs du front, après avoir dangereuse amena la condamnation de son auteur,
décrit un arc de plusieurs centimètres d’élévation. qui périt sur l’échafaud en 1797 VVoy. babeuf au
Le babiroussa se fait remarquer par ses formes tra- Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.). C'est la première
pues et son museau très-allongé; scs oreilles sont forme du socialisme en France. On doit à M. Ed.
petites, pointues et dirigées en arrière; sa peau, Fleury Babeuf et le Socialisme en 1796, Paris, 1851.
dure et épaisse, forme des plis dans plusieurs en- BAC (mot d'origine celtique), grand bateau plat
droits du corps, ce qui lui donne quelque ressem- principalement destiné à passer les animaux, les
blance avec le rhinocéros ; sa queue est grêle et garnie charrettes, etc., au moyen d’un câble tendu d’un
, , , , , N ,,

BACG — 141 — BADA


bord du fleuve à l’autre, ou attaché au milieu du BACCARA , jeu de hasard dans lequel les point.*
fleuve par une ancre. Les bacs étaient autrefois des de 10, 20, 30 sont nommés baccara, d’où le nom
entreprises particulières appartenant à quelque châ- du jeu. Il a lieu entre un banquier et des pontes,
telain qui se chargeait de passer ses vassaux, moyen- qui sont eux-mêmes divisés en deux bandes, l’une
nant un droit de péage qu’il haussait ou baissait à à droite, l’autre à gauche du banquier. Le nombre
volonté. L'autorité domaniale enleva peu à peu l’ex- 9 est le plus beau point, et après lui 8, 7; les
ploitation des bacs à la féodalité. Ils furent rendus joueurs tendent à se former un jeu dans lequel se
libres en 1792 ; mais la loi du 6 frimaire an Vil a trouve un de ces nombres aussi toutes les fois qu’un
;

mis l’État en possession de tous les bacs , moyen- ponte n’a que 4 ou moins que 4, il doit tii'er; dans
nant indemnité, et en a placé le produit au rang les autres cas, doit être content.
il

des revenus publics ; l’État les afferme. BACCHARIDÉÉS (de Baccharis, genre type),
BACCALAURÉAT (du latin bacca, baie, et lau- sous-tribu des Astéroidées, de la famille des Corn-
rus laurier, parce que jadis on donnait aux bache- posées , est caractérisée par ses capitules multifloros
liers une couronne de laurier chargée de scs baies), dioïques et ses corolles tubuleuses. Le Baccharis
premier degré qu’on prend dans une Faculté pour genre type, se compose de plantes frutescentes,
parvenir ensuite à la licence, puis au doctorat. Ce- pour la plupart originaires de l’Amérique méridio-
lui qui a obtenu ce grade est nommé bachelier. nale. Le B. de Virginie et le B. à fleurs de lau-
Le Baccalauréat ès lettres est conféré par les Fa- rieur-rose sont cultivées dans nos jardins. Il ne —
cultés des Lettres, conformément aux règlements des faut pas confondre le Baccharis avec le Baccar ou
I4juill. 1840, 26 nov. 1849, 1” avrill851, modifiés par Baccaris [Asaret] qui appartient à la famille des
le décret du 10 avril 1852 et l’arrêté du 5 sept. 1S52. Aristolochiées.
Pour être admis à l’examen , il suffît d’être âgé de BACHELIER, en latin baccalaureus, baccalaurea-
16 ans; précédemment, il fallait produire un tus. Anciennement ce mot désignait un chevalier qui
d'études constatant qu’on avait suivi des cours deRhé- n’avait pas assez de vassaux pour faire porter devant
torique et de Philosophie dans un établissement public lui une bannière (et alors ce nom était synonyme
ou dans sa famille ; cette condition a été supprimée par de bas-chevalier)', plus tard il fut appliqué à un
un décret du 16 nov. 1849. Les candidats ont à subir étudiant en Théologie, ou encore à un chanoine
deux épreuves l’une écrite, comprenant une version
; de rang inférieur. Dans la suite, il prit l’accep-
latine et une composition latine ou française , l’autre tion de jeune homme en général , comme celui de
orale, comprenant l’explication d’auteurs grecs, latins bachelette désignait une jeune fille. —
Aujourd’hui
et français, ainsi que des questions de Logique, d’His- on ne l’emploie plus que pour désigner celui qui
toii;e et de Géographie, d’Arithmétique,de Géométrie a subi dans une Faculté l’examen du baccalauréat
et cle Physique; les questions sont tirées au sort d’après iVoy. ce mot) et.qui enaobtenu le diplôme. Avant —
un programme ; les examens sont publics. Le Bacc. ès 1789, les communautés d’arts et métiers avaient aussi
lettres est exigé pour l’admission aux cours des Facultés leurs bacheliers. —
Les Universités étrangères, no-
de droit et de l’Ecole normale et aux emplois de plu- tamment en Angleterre, confèrent un titre de ba-
sieurs administrations. — Le Baccalauréat es sciences chelier [bachelor] ; mais ce grade n’a rien de com-
est soumis aux mêmes conditions d’âge et d’admission. mun avec le nôtre ; il exige une somme de connais-
Aux fermes de l’arrêté du 7 sept. 1852, les candidats ont sances beaucoup plus étendues.
aussi à subir deux épreuves l’une écrite, comprenant
: BACILE (de bacillus baguette), Crithmum
une version latine et une composition deMathémati- genre de la famille des Ombellifères, plante xd-
quesoude Physique; l’autre orale, comprenant l’expli- vace, à racine charnue, fusiforme, longue et pivo-
cation d’auteurs latins et français, allemands ou an- tante. Le B. maritime pousse dans les fentes des
glais, ainsi que des questions de Logique, d’Histoire et rochers et les crevasses des vieux murs (d’où son nom
de Géographie, de Mathématiques, de Sciences physi- vulgaire àe perce-pierre ou passe-pierre). Elle croît
ques et naturelles. Avant 1852, on distinguait un B. ès surtout sur les bords de la mer. On confît ses feuilles
sciences mathématiques et un B. ès sciences physi- .dans le vinaigre comme l’estragon.
ques : le décretdu 10 avril asupprimé cette distinction. BACILLAIRE (de bacillus, baguette), nom qu’on
Le Bacc. ès sciences est exigé pour être admis dans les donne à certains cristaux en prismes allongés et ar-
Ecoles de médecine et de pharmacie, à l’Ecole normale rondis, comme ceux de l’aragonite, de l’épidote, du
(section des sciences), aux Ecoles polytechnique, mili- plomb carbonaté , etc. —
C’est aussi le nom d’un
taire et forestière.— Dans les Facultés de Droit, pour genre d’infusoires, animaux suivant quelques natu-
obtenir le diplôme de bachelier, il faut justifler de ralistes, végétaux suivant d’autres, qui sont le type
huit inscriptions et subir deux examens portant, l’un d’une famille dite des Bacillariées.
sur le Code civil et les Institutes de Justinien, fau-
tre sur le Code civil, le Code de procédure, le Code
B.ACINET ou BASSINET. Voy. casque. —
om vul-
gaire de la renoncule bulbeuse. Voy. renoncule.
pénal et le Code d’instruction criminelle. — Dans BACULITHE (du lat. baculus bâton, et du gr.
la Faculté de Théologie, on distinguait autrefois
lithos, pierre), genre de coquilles fossiles apparte-
des B. simples {simplices), des B. faisant leur nant à la classe des Céphalopodes. Ces coquilles at-
cours [currentes) et des B. formés [formati): il teignent quelquefois plus d’un mètre, mais on les
fallait des études très-longues pour arriver à ci s trouve rarement entières. On n’en connaît que deux
grades. Cette organisation a été détruite lors de espèces ; la B. vertébrale et la B. cylindre. Les
l’institution universitaire des chaires de Théologie. fragments qu’on trouve de la première espèce of-
Depuis la suppression de l’antique Sorbonne, on ne frent quelques ressemblances avec des vertèbres d’a-
distingue plus que les bacheliers du premier or- nimaux supérieurs; c’est ce qui les a fait nommer
dre (ou aspirant à la licence) et les bacheliers vertèbres fossiles par les anciens naturalistes.
simples ou du second ordre. Pour obtenir ce grade BADAMIER (par corruption de Bois de Damier,
il faut être
âgé de 20 ans au moins, avoir fait pé- nom vulgaire de l’espèce type dansl’îleMaurice), Ter-
dant trois ans un cours de théologie dans une Fa- minalia, genre de la famille des Combrétacées, ren-
culté ou un Séminaire, répondre sur la théologie natu-
ferme des arbrisseaux et des arbres qui croissent gé-
relle, sur les traités de la Religion et de l’Église;
néralement en Asie. Leur port est très-élégant; les
enfin, soutenir sur ces matières une thèse en latin.
fleurs, petites et blanchâtres, sont disposées en épis
BACCAR, Baccaris, plante souvent citée par les solitaires; le fruit, dit Myrobalan, est ovoïde, com-
auteurs anciens ; c’est ïAsaret à feuilles rondes, primé, et contient un noyeau osseux On distingue le :
.

plante fort commune, que l’on recherchait autrefois B. de Malabar {T. Catappa), qui donne des aman-
pour en faire des couronnes. Voy. asaret. des émulsives très-agréables au goût , et dont on re-
, , , , ,

BAGA — 142 BAGU


tire par l'expression une huile excellente analogue à en connaît 3 espèces : le Prionops plumatus, ou
celle d'olWe; le B. benjoin, arbrisseau des Indes Bagadais Geoffroy du Sénégal, le P. cristatus, de
Orientales, qui fournit une matière résineuse, odo- l’Abyssinie, et le P. falacoma, de l’Afrique centrale.
rante, analogue au benjoin, et employée quelquefois BAGASSE. Voy. bagage.
dans les églises pour remplacer l’encens son bois
: BAGASSIER, genre d’arbres encore peu connu, de
est très-estimé pour la construction , et son écorce la famille des Artocarpées, est fondé sur une espèce
sert à tanner le cuir et à le teindre en rouge ; le qui croit à la Guyane et porte des fruits de la gros-
B. vernis indigène à Java et sur les montagnes de seur d’une orange. Ce fruit est recherché des Indiens,
rinde et de la Chine, qui donne, naturellement ou et le tronc de l’arbre leur sert à faire des pirogues.
par incision, un suc laiteux, résineux et caustique, BAGNES ( de l’italien bagno bain , du nom de
dont les émanations sont très-dangereuses ; c’est l’édifice de Constantinople où l’on enfermait jadis les
avec ce suc que les Chinois préparent le vernis si esclaves européens du sultan après le travail, lieu
connu sous le nom de laque. qu’on nomme ainsi lui-même à cause des bains qui y
BADELAIRE (de baudel, vieux mot qui signifie étaient annexés) , établissements créés en F rance après
baudrier), terme de Blason, désigne une épée la suppression des galères, en 1748, et destinés à re-
courte, large et recourbée comme un sabre. cevoir les forçats ou galériens, criminels condamnés
BADERNE , gros cordage tressé comme un lacet, aux travaux forcés, soit à perpétuité, soit à temps.
dont on se sert sur les navires pour soutenir les Les premiers bagnes s’élevèrent à Brest et à Mar-
chevaux contre le roulis. On en met aussi sous les seille; on en établit ensuite à Cherbourg et à Lo-
cabestans et dans les diverses parties exposées à de rient et dans plusieurs autres ports. En 1852, on n’en
grands frottements, comme garniture ou fourrure. comptait plus que trois : à Brest, à Toulon et à Ro-
BADIANE ou badun , Illicium genre de la fa- chefort. Par une ordonnance du 20 août 1828 , les
mille des Magnoliacées tribu des llliciées , renferme bagnes de Brest et de Rochefort étaient destinés à
,
des arbrisseaux toujours verts et exhalant une odeur recevoir lescondamnés à plus de 10 ans de travaux
suave et aromatique. La B, de la Chine ou du Ja- forcés ;
de Toulon , les condamnés à 10 ans et
celui
pon, dite Anis étoilé, à cause de la forme qu’affecte au-dessous; celui de Lorient, les militaires condam-
son fruit, pourrait être cultivée dans le midi de la nés aux travaux forcés pour insubordination ; mais
France. Son feuillage rappelle celui du laurier ; ses cette distribution est abandonnée depuis 1836 déjà :

fleurs sont jaunes et odorantes; les semences ont même le bagne de Lorient avait été supprimé dès
l’arome de l’anis et du fenouil : dans l’Inde et en 1830. Le costume des forçats se compose d’un pan-
Chine on les brûle comme parfum, on les fait en- talon, d’une veste ou d'un gilet, d’une houppelande
trer dans presque tous les aliments on les mêle au
,
et d’un bonnet. Les condamnés de 5 à 10 ans ont
thé, au café, aux liqueurs; en Europe, elles servent le costume de couleur rouge. Ceux qui ont un plus
à la fabrication du ratafia de Boulogne et à par- long temps à faire se distinguent par un bonnet
fumer l’anisette. Le bois de la badiane, nommé vert. Les condamnés à vie ont la houppelande rouge
bois d’ anis est propre aux ouvrages de tour et à avec une large raie brune , couvrant les épaules et
la marqueterie. Deux autres espèces, la B. à grandes la poitrine, et le bonnet d’une couleur brun foncé.
fleurs rouges et la B. à petites fleurs , connue en Les bagnes dépendent du ministère de la Marine ;
Europe depuis 1771, sont originaires des Florides; ils sont placés sous l’autorité des préfets maritimes,
elles servent aussi à préparer une liqueur excellente. sous la surveillance des commissaires de marine et
BADIGEON , espèce de peinture en détrempe dont sous la garde des gardes-chiourme. Leur population
se servent les maçons pour donner aux enduits de était en 1852 de 7 à 8,000 condamnés. — Dans l’ori-
plâtre la couleur de la pierre, se fait avec de la chaux gine, les galériens restaient dans les bagnes enchaî-
éteinte et de l’alun délayés dans l’eau. On teint ce nés sur leurs bancs ; un très-petit nombre étaient ad-
lait de chaux avec de la pierre calcaire pulvérisée; on mis aux travaux de grande fatigue des arsenaux.
y ajoute, soit de l’ocre pour le rendre plus jaune, soit Sous l’administration de M. de laReinty, ils furent
du noir de fumée pour le rendre gris ou bleu noir. tous admis à tour de rôle aux travaux extérieurs. De-
— En Sculpture, badigeon se dit d’un mélange de puis, on n’a point cessé d’améliorer leur condition
plâtre et de pierre pulvérisée
,
mis en détrempe dans un but d’humanité et de moralisation : on les a
dont on se sert pour remplir les trous des figures et classés soit d’après la durée de leur peine, soit d’après
en réparer les défauts. la nature de leurs crimes. Les condamnés, d’abord
BAF, nom sous lequel on désigne les jumarls, attachés deux à deux à la même chaîne, obtiennent
qu’on suppose provenir de l’union du taureau et de par leur bonne conduite d’être découplés et de faire
la jument. On nomme Bifs ceux qui proviennent remplacer leur boulet par une manille, petit anneau
de l’union du cheval ou de la vache. de fer plus léger; on leur permet de se livrer aux
BAFETAS ou exffetas , grosse toile de coton travaux de leur profession, on enseigne même une
blanc qui vient des Indes Orientales. Les meilleures industrie à ceux qui n’en ont pas ; on les laisse tra-
sont celles de Surate. vailler pour leur propre compte pendant certaines
BAGAGES ou bagasses, nom qu’on donne, dans heures; enfin, depuis 1829 le principe des salaires
les colonies, aux tiges de cannes à sucre qu’on a et des masses de réserve a été étendu à tous les ba-
pa.ssées au moulin pour en exprimer le suc. On les gues. Un décret du 16 février 1852 a prononcé la
fait sécher et on en forme des bottes qui servent à suppression des bagues, et les a remplacés par les
chauffer les chaudières. On nourrit les bestiaux avec colonies pénitentiaires. —M. B. Appert a publié :
celles qui ont été réduites en trop petits fragments. Bagnes , prisons et criminels, 1836, 4 vol. in-8.
— On donne aussi ce nom aux tiges de l’indigo BAGUE (de l’italien bacca, perle ronde) V. anneau.
.

quand on les retire de la cuve après I4 fermentation. BAGUE (jeu de), sorte de jeu fort ancien qui con-
BAGADAIS, Prionops, genre de l’ordre des Pas- siste à emporter en courant, au bout d’une lance ou
sereaux , de la famille des Lanidées , intermédiaire d’un stylet, un anneau suspendu. Chez les Grecs et
entre les Pies-Grièches et les Fourmiliers : bec droit, les Romains, et dans les carrousels du moyen âge,
courbé à l’extrémité, garni à la base de plumes on courait la bague à cheval ou sur des chars ; des
sétacées, rigides et dirigées en avant jusqu’à moitié prix étaient décernés aux vainqueurs. De nos jours
de sa longueur ; yeux bordés d’un cercle de peau on voit encore courre la bague dans les foires et les
nue, rebordée et souvent festonnée. Ces oiseaux, promenades pubhques, mais sur des chevaux ou des
particuliers à l’Afrique , sont sauvages et criards ; sièges de bois mus circulairement à force de bras ; ce
ils vivent dans les endroits humides, où ils cherchent n’est plus qu’un divertissement à l’usage des enfants.
dans le sol les insectes qui font leur nourriture. On BAGUENAUDIER, genre de la famille des Légu-
; , , , ,
,

BAIE — 143 - BAIL


mineuses, tribu des Papilionacées, renfermant des donne aussi, par extension, à des fruits dont les
/ arbrisseaux très-agréables à la Tue et qui croissent graines sont contenues dans des loges, tels que ceux
naturellement dans nos climats. Le B. ordinaire de la belladone, de la morelle, du genévrier, etc. ;
très-commun en France , atteint de 3 à 4 m. j ses on dit alors baie monosperme ou poly sperme sui-
feuilles sont composées de 9 à 11 folioles ovales, ar- vant qu’elle est à une ou plusieurs graines.
rondies , un peu échancrées au sommet. Les fleurs En Architecture, le mot baie, écrit autrefois bée,
sont jaunes, disposées en épis; elles paraissent en qu’on fait dériver du vieux français béer (ouvrir la
mai et durent jusqu’à la fin de l’automne. Les fruits bouche ), désigne toutes sortes d’ouvertures percées
ou baguenaudes sont des gousses vésiculeuses d’un dans les murs pour y ouvrir une porte ou des fenêtres.
vert rougeâtre; elles sont pleines d’air et éclatent BAIERINE (de l’allemand Bdiern, Bavière), nom
avec bruit quand on les presse entre les doigts. Cet donné à la Tantalite de Bavière. Voy. ce mot.
arbrisseau est aussi connu sous le nom de faux séné, BAIL, contrat par lequel celui qui est proprié-
parce que ses fleurs et ses fruits sont, comme le séné, taire d’une chose, ou qui en a temporairement la
purgatifs, mais ce n’est que quand ils sont adminis- disposition, la cède à un tiers pour en jouir et en
trés à fortes doses. On cultive encore le B. d’Éthio- recueillir les fruits pendant un temps déterminé
pie, à fleurs écarlates, et le B. d’ Orient à fleurs moyennant un prix annuel. On nomme bailleur
rouges marquées de deux taches jaunes. celui qui cède, qui baille ; preneur, celui à qui le
BAGUETTE divinatoire. Il a toujours été d’usage bail est consenti. Le mot de bail s’applique aux ob-
d’armer d’une baguette Ips magiciens, les sorpiers, jets les plus divers :1e bail qui comprend les services
les devins de toute sorte, par souvenir sans doute personnels de l’homme s’appelle contrat de louage ;
de la verge miraculeuse de Moïse et d’Aaron , ou celui qui s’applique aux bestiaux, bail à cheptel;
de la baguette magique de Gircé ou de Médée. On celui qui s’applique au logement , contrat de loca-
désigne plus particulièrement sous le nom de ba- tion, bail de maison, bail à loyer; le louage des
guette divinatoire un bâton de coudrier, de noise- héritages ruraux, bail à ferme ou de biens ruraux.
tier, d’aune, de hêtre, de pommier, courbe ou four- Tout bail, quel qu’en soit l’objet, peut être fait
chu par un bout, au moyen duquel on prétendait verbalement ou par écrit; sous seing-privé ou par-
découvrir les sources d’eau cachées, les mines, les devant notaire. La durée des baux varie au gré des
trésors enfouis et même les traces des meurtriers et parties contractantes ; on les fait ordinairement de
des voleurs. L’opérateur tenait la baguette horizon- 3, 6 ou 9 ans. Si le temps que doit durer un bail
talement entre ses mains, en la laissant libre de se n’était pas fixé par la convention, l’usage des lieux et
mouvoir, et dès qu’il approchait d’un endroit où il la nature de la chose louée détermineraient la règle
y avait de l’eau ou du métal, elle se mettait spon- à suivre pour le fixer. A Paris , il y a annuellement
tanément à tourner entre ses doigts. L’art de s’en quatre termes pour commencer et pour finir les baux
servir s’appelait rhabdomancie celui qui était doué et locations des appartements et des maisons. Ainsi,
de la vertu de découvrir ainsi les sources était appelé le bail sur la durée duquel on n’a fait aucune con-
hydroscope. A la lin du xvn» siècle, un paysan lyon- vention ne finit qu’au terme pour lequel l’une des
nais, nommé J. Aymar, et plus tard un nommé parties juge à propos de donner ou de prendre congé.
Bleton, ont passé pour d’habiles rhabdomanciens, et Si le loyer excède 1,000 fr. par an, le congé doit
il s’est trouvé quantité de savants pour
discuter gra- être signifié six mois avant l’expiration du terme
vement sur la puissance de la baguette divinatoire. auquel on doit sorisf; il suffit que le congé soit si-
BAGUETTE d’or, uom Vulgaire de la Giroflée jaune. gnifié trois mois avant l’expiration du terme , si le
Baguettes (passer par les), punition corporelle loyer est au-dessous de 1,000 fr. et au-dessus de
qu’on inflig;eait autrefois aux soldats pour de légères 400 fr. , et six semaines avant la fin du terme si
fautes de discipline; elle consistait à passer, nu jus- le loyer est au-dessous de 400 fr. L’obligation prin-
qu’à la ceinture , entre deux haies de soldats armés cipale du bailleur est de délivrer au preneur la chose
de baguettes de saule ou d’osier, dont ils frappaient louée afin que celui-ei puisse en faire usage, et de lui
le patient lorsqu’il passait devant
eux. Cette punition, en garantir la jouissance : quand même cette obli-
supprimée en France en 1788 subsiste encore en gation ne serait pas expressément énoncée dans le
,
Aimleterre, en Allemagne, en Prusse et en Russie. bail, le bailleur n’y serait pas moins soumis. La prin-
BAHUT, mot aneien qui désigne une sorte de cipale obhgation du preneur est l’obligation dç payer
coffre dont le couvercle, fait en voûte, est recouvert au bailleur le prix convenu pour la jouissance de la
de cuir ou de cuivre, et garni de clous rangés avec chose louée ; il doit, en outre, user des choses en bon
soin. Cette dénomination a depuis été étendue à père de famille, suivant la destination convenue, et
toutes sortes de coffres anciens, de quelque forme faire les réparations lecatives. Il peut sous-louer si
qu’ils soient. Quelques-uns de ces vieux meubles, cette faculté ne lui a pas été formellement interdite.
sculptés avec un art aujourd’hui perdu Le défaut de payement des loyers suffit pour donner
, sont re-
cherchés par les amateurs, qui les payent un grand ouverture à la résolution du bail.
prix. — En Architecture , on nomme pierres tail- On nomme Baux par Anticipation ceux que l’on
lées en bahut celles qui sont arrondies par-dessus, fait longtemps avant l’expiration du bail courant :

comme le sont les couvercles de bahut telles sont


: ceux qui seraientfaits plus de deux années avant l’ex-
les pierres qui recouvrent le parapet de nos ponts, piration du bail courant, lorsqu’ils émanent d’un
BAI (de l’espagnol bajo), couleur brune tirant simple administrateur, sont réputés nuis si l’adminis-
sur le rouge, se dit et du poil de certains chevaux et trateur n’a plus ses pouvoirs au moment de l’ouver-
du cheval même qui a le poil de cette couleur. On ture du bail; — B. à comptant, à moisson ou à por-
distingue le bai clair, le oai doré, le bai brun, le tion de fruits, ceux par lesquels le propriétaire d’une
bai châtain, le bai cerise. On appelle bai miroité vigne la donnait à loyer sous la condition que le
ou à miroir la couleur d’un cheval dont le corps preneur lui remettrait une portion des fruits; —
est parseiné de taches rondes d’une teinte plus claire B. à convenant ou à domaine congéable, des baux
que la teinte générale. particuliers à la Bretagne, par lesquels le proprié-
BAIE. En Botanique on appelle baies en latin
,
taire d’une niaison et de terres de la campagne
(
baccœ) tous les fruits charnus, sans loges distinctes, ayant besoin d’argent, ou voulant assurer les rentes
dont les graines (ou pépins) nagent sans ordlre au d’une terre éloignée et n’avoir pas l’embarras des
milieu de la pulpe tels sont les grains de raisins,
; réparations, donnait sa terre et sa maison à une
les groseilles etc. On étend ce nom à la fraise,
, à la autre personne, à la charge, pour le preneur, de
Iramboise , à la mûre, formées de fruits agrégés, payer une rente et de faire les corvées ordinaires
qui sont à proprement parler des syncarpes On le pour en jouir à perpétuité • — B emphytéotigues
, , ,,

BAIN — iU BAIN
les locations faites à très-long terme , ordinairement substances étrangères , mucilagineuses , aromati-

pour 99 ans [Voy. emphytéose); B. judiciaires, las, ques, etc. On emploie encore les bains de lait, d’huile,,
baux faits, par la seule autorité delà justice, des biens de vin ; les bains de tripes, de gélatine ; les bains ds
saisis sur un propriétaire poursuivi par ses créan- vapeur ou étuves humides, les bains de sable et même
ciers; — B. à locatairie ou à culture perpétuelle, de boues, des bains de marc de raisin, et plus fré-
des baux par lesquels le propriétaire aliénait à per- quemment aujourd'hui les bains de mer et ceux
pétuité la jouissance du bien qui lui appartenait, d’eaux minérales ( Voy. ce mot) Les bains sont, sui-
.

tout en se réservant la propriété foncière; B. à — vant leur composition et leur température, relâ-
longues années, ceux qui ont une duiée de plus de chants, toniques, stimulants, rubéfiants, sudorifiques.
neuf ans; —
B. en nourriture les contrats par les- Sous le rapport de la température, on distingue
quels une personne se donnait elle-même à bail pour les bains froids, tempérés, chauds. On entend par
être nourrie et entretenue et moyennant le payement B. froid le bain pris à la température des rivières
annuel d’une somme arrêtée à forfait ; ce contrat pendant l’été, c’est-à-dire de 12 à 18“ centigr. Il est
était surtout usité pour les mineurs et pour les frais, de 18 à 25“ cent. Ces bains agissent comme
vieillards qui voulaient s’assurer une existence tran- toniques, par la réaction qui en résulte. On les prend
quille; — B. en payement ceux par lesquels un ordinairement en plein air, dans une eau courante.
débiteur donne la chose qui lui appartient en bail L’exercice de la natation concourt beaucoup à en
à son créancier pour se libérer de sa dette ; ce con- augmenter les bons effets. Les B. de mer, si en vo-
trat a pris, quant aux immeubles, la dénomination gue de nos jours, se distinguent par leur action
à’antichrèse [Voy. ce mot); —
B. à rentes, des con- excitante et tonique , dont l’énergie tient aux prin-
trats de vente dans lesquels le prix était représenté cipes salins qui s’y trouvent en dissolution, aing
par une rente foncière, irrachetable; —
B. à vie, qu’à la percussion produite par le choc continué
ceux qui sont faits pour tout le temps de la vie, soit des lames, et à la plus grande densité de l’eau. Les
du bailleur, soit du preneur ; ces baux peuvent être B. froids sont utiles dans une fo-ule de maladies
constitués successivement sur trois tètes. nerveuses et inflammatoires, dans le tétanos, l’a-
Tout ce qui concerne les baux est réglé par le liénation mentale; dans les brûlures, les entorses,
Gode civil, liv. III , tit. vm, art. 1708, 1709, etc. certaines hémorragies opiniâtres ; dans l’incontinence
BAILE. Voy. eajule. d’urine , la chorée , la chlorose , l’aménorrhée , les
BAILLARD ou baillarge, nom donné, dans quel- scrofules , etc. ; mais ils sont contraires aux plétho-
ques locali tés, kVorge commune, parce que, au moyen riques, aux personnes qui toussent, ou qui ont la
âge, le froment étant de droit réservé au seigneur, diarrhée ; aux ané.vrismatiques , aux asthmatiques
il ne restait au baillard, c.-à-d. au teneur du bail, aux femmes enceintes et aux vieillards. Le B. —
que Torge pour fabriquer son pain. chaud, tiède ou tempéré, dont la température varie
BAILLE, moitié de tonneau en forme de baquet, de 28“ à 35“ centigr., est celui, qu’on prend surtout
de forme régulière, plus large du fond que du comme moyen d’hygiène. Il est calmant et relâ-
haut, dont on se sert dans la marine pour divers chant; il augmente la transpiration, et délasse mieux
usages, notamment pour y mettre le brai dont on que le bain froid. Il convient particulièrement aux
enduit les fentes et les joints du navire. tempéraments secs, irritables; aux vieillards, aux
BAILLEMENT (de bâiller, onomatopée du bruit enfants, aux femmes. La propriété sédative des bains
qu’on fait en bâillant). Lé bâillement paraît avoir chauds est précieuse dans les maJraJies inflamma-
pour effet d'introduire une plus grande quantité toires et douloureuses , telles que les rhumatismes
d’air dans les poumons, et de la proportionner à la les courbatures les convulsions ,
les névroses ,
la
,

quantité de sang qui a besoin d’être revivifiée ; en péritonite, l’entérite, l’iléus, à l’approche des cou-
effet , il a lieu toutes les fois qu’une cause quelcon- ches, etc. —
Les B. de vapeur agissent par le ca-
que tend à diminuer la quantité de l’air ou à accu- lorique combiné avec de l’eau en vapeur, chargée
muler le sang dans le cœur ou les poumons telles : ou non de substances aromatiques volatiles. On n’é-
sont l’envie de dormir ou le moment du réveil , la lève guère leur température au-dessus de 50 à
faim ou le travail pénible de la digestion , le séjour 75“ centigrades. Us sont recommandés dans les
dans un air trop rare ou corrompu, la monotonie douleurs rhumatismales, la sciatique, les dartres et
des sons, l’ennui ,
etc. Comme tous les actes qui autres dermatoses chroniques, etc. Le bain de va-
dépendent du système nerveux, le bâillement peut peur s’administre aujourd’hui au moyen d’appareils
se produire en vertu du seul instinct d’imitation ; ingénieux, commodes et simples, dans lesquels on
ou sait que la vue d'une personne qui bâille donne introduit soit le corps entier, excepté la tête, soit
envie de bâiller. Ce malaise est quelquefois le symp- une partie du corps seulement. On le porte à do-
tôme de certaines maladies, comme l’épilepsie , micile; on le donne partout, dans le lit même, sous
l’hystérie, etc. il peut même, par sa fréquence et les couvertures, où l’on fait pénétrer par un tube
son opiniâtreté, constituer une maladie véritable. la vapeur dégagée au moyen de la lampe à alcool.
BAiLLÈRE, Clibadium, plante de la Guyane, de Pour les B. d’ eaux minérales , V. eaux minérales.
la famille des Composées, tribu des Sénécionidées. Les Orientaux font un usage quotidien des bains;
BAILLI, ancien officier de justice. Voy. le Bict. ils leur sont prescrits par la religion fVoy. ablu-
U7iiv. d’Hist. et de Géogr. tions). Les anciens, les Romains surtout, avaient
BAILLOQUES, plumes d’autruche mêlées natu- un grand nombre de bains publics et gratuits ou
rellement de briin obscur et de blanc. Ces sortes quasi-gratuits (le pauvre y était admis, à Rome,
dé plumés sont employées par les plumassiers telles moyennant un quadrans, ou environ 2 centimes) les :

qu’elles ont été tirées de l’oiseau; cependant on les empereurs en bâtirent un grand nombre pour cap-
savonne pour les rendre un peu vives et leur don- ter la faveur populaire [Voy. thermes). Quel- —
ner de l’éclat. La plume bailloque est peu estimée. ques peuples modernes ont aussi établi des bains
BAIN (du latin ia^neuw). Employés le plus souvent publics ; les Anglais nous ont précédés dans cette
pour des raisons de propreté, les bains sont, en outre, institution; l’Assemblée nationale l’a introduite en
pour le médecin , un des plus puissants moyens thé- France par la loi du 3 février 1851.
rapeutiques. Considérés sous le rapport médical, on Bains égyptiens. Ils consistent à subir graduelle-
les divise en bains entiers ou généraux, etbains par- ment tous les degrés de la chaleur jusqu’à celui de
tiels ou locaux, qui sont les demi-bains ou bains de l’étuve, et à redescendre ensuite graduellement de la
siège, les pédiluves, manuluves, etc. L’eau qui sert chaleur de l’étuve jusqu’à la température ordinaire.
aux bains peut être courante ou stagnante; elle est Bains russes. En Russie on les prend dans une
,

simple et naturelle, ou elle tient en dissolution des salle où se trouve un fourneau de fonte chargé de cail-
, , , ,,

BAJO — 145 — BALA


loux (le rivière rougis par le feu d’un fourneau. En BAJOUE, partie de la tête du cochon et de quelques
versant de l’eau sur les cailloux, l'étuve, de sèche, autres quaclrupèdes qui s’étend depuis l’œil jusqu’à
devient humide. Les personnes (}ui fréquentent ces la mâchoire. — Dans les Arts mécaniques, on nomme
bains se mettent sur des banquettes ou sur des ma- ainsi les bossages ou coussinets qui tiennent aux
telas de foin. Les bains russes ont été introduits ré- jumelles d’une machine, comme le tire-plomb,
cemment dans les grandes villes de l’Europe , et en dont les vitriers se servent pour fondre le plomb
particulier à Paris, où ils ont été perfectionnés : au- qu’ils emploient pour les vitres.
jourd'hui, la vapeur, préparée dans des chaudières, BAJOYERS. On nomme ainsi en Architecture les
arrive par des tuyaux dans une chambre revêtue de murs de revêtement d’une chambre d’écluse, dont les
faïence. Après le bain, on se fait frictionner et extrémités sont fermées par des portes ou des vannes,
masser; puis on reçoit la douche froide. ainsi ((ue les murs ou ailes des culées des ponts.
Batns turcs. C’est l’étuve sèche. Les édifices des- BAJULË (du latin bajulus porteur, soutien),
tinés à ces bains chez les Turcs sont construits en nom donné primitivement à un des magistrats les
pierre de taille et composés de plusieurs pièces pavées plus importants du Bas-Empire, spécialement à celui
de marbre et chauffées au moyen de tuyaux qui par- qui était chargé de l’éducation d’un prince. Ce mot
courent leurs parois et portent la chaleur partout. clésigna au moyen âge le principal ministre d’État,
•\près avoir pris le bain, on se repose sur un lit, où chargé du poids des affaires. Charlemagne donna Ar-
l’on prend du café, des sorbets, de la limonade. nould pour bajule à son fils Louis d’Aquitaine. En
bain (Ordre du), ordre de chevalerie en Angle- Italie, bajule signifiait la même chose que régent
terre. Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. en France et protecteur en Angleterre. — Il y avait
BAIN-MARIE, balneum Mariœ (ainsi appelé du dans les églises et les monastères des bajules préposés
nom de l’inventeur), appareil employé en chimie à diverses fonctions. —
On disait aussi baile par cor-
pour chauffer d’une manière douce et uniforme ruption. C’est de ce mot qu’on dérive celui de bailli.
quand on craint l’action immédiate et inégale de la BALADINS (du latin barbare ballare, qu’on dé-
flamme. On emploie pour cela un vase rempli d’eau rive du gr. ballizéin, danser), danseurs de théâ-
ou de tout autre liquide en ébullition, dans lequel on tres et de carrefours, étaient déjà nombreux chez
plonge un autre vase contenant la matière sur la- les Romains; ils furent mis en vogue au moyen
quelle on veut opérer. Le bain-marie est constam- âge par les trouvères, qui les introduisirent à leur
ment employé en cuisine; il sert aussi à distiller suite dans les châteaux pour distraire les nobles
les substances volatiles et aromatiques à évaporer châtelains. Us faisaient jadis partie de la confrérie
,
les extraits, etc. — Quand on remplace l’eau bouil- des ménestriers , et étaient gouvernés par un chef
. lante par le sable , le même vase prend le nom de qu’on appelait le roi desbaladins. Foj/. jongleurs,
B. de sable; il s’appelle B. de vapeur lorsqu’il SALTIMBANQUES, BATELEURS.
contient de l’eau en vapeur. BALÆNICEPS (mottirédu latin qui signifie à tête
baïonnette, sorte de dague ou d’épée que l’on de baleine), genre d’oiseau’de l’ordre des Echas-
adapte au bout du fusil, tire son nom de Bayonne, où siers, haut de plus d’un mètre , et semblable à la
on la fabriqua d’abord. Cet instrument est mentionné cigogne par la forme de ses ailes et de ses pattes, a
par les auteurs dès 1571 ; mais ce n’cst qu’en 1640 pour caractère principal une tête énorme, munie
qu’on essaya d’adapter les baïonnettes au bout des d’un bec massif, rappelant de loin par sa grosseur la
canons des mousquets. En 1670, elles remplacèrent tête de la baleine. Ce genre a été formé sur un seul
en partie les piques des troupes françaises. On plaça individu trouvé en 1850 sur les bords du Nil blanc,
d’abord la baïonnette dans le canon du mousquet au- par le voyageur anglais Parkyns. Cet oiseau extraor-
;
jourd’hui, on la fixe au bout du fusil au moyen d’une dinaire a été appelé Balæniceps rex.
douille à ressort. Dans les compagnies de chasseurs BALAIS, rubis mêlé de rouge et d’orangé. Voy.
de Viacennes, la baïonnette a été remplacée par le RUBIS et SPINELLE.
sabre-baïonnette, dont la poignée est disposée de BALANCE (du latin bilanx formé de bis deux
m^ière à pouvoir s’adapter au canon du fusil. fois , et lanx bassin) , instrument qui sert à trou-
BAIOQUE (de l’italien bajocco), monnaie de cui- ver le poids d’un corps. C’est un levier droit du pre-
vre qui a cours dans l’Etat ecclésiastique, est le 20' de mier genre. Voy. levier.
la lire (livre) et vaut un peu plus de 6 centimes. Pour On distingue la balance ordinaire et la romaine.
faciliter les rapports avec les Français, il a été convenu La B. ordinaire se compose d’une verge d’acier
en 1849 que le B. ne compterait que pour 5 centimes. trempé, appelée fléau, dont les deux bras sont d’é-
BAISE-MAIN. Dans l’origine, le vassal rendait gale longueur ce fléau porte à ses extrémités deux
:

hommage à son seigneur en lui baisant la main. bassins ou plateaux suspendus à l’aide de chaî-
Plus tard , le baise-main ne fut plus qu’une partie nes ou de tiges métalliques, et repose par son mi-
de l’étiquette des cours. Cet usage subsiste encore lieu sur un point fixe autour duquel il oscille li-
en Espagne et en Russie. On nomme aussi baise- brement. Le contact du fléau et du support a lieu
main l'audience que le sultan donne aux ambassa- sur le tranchant d’un couteau d’acier fixé au premier,
deurs, parce que ceux-ci lui baisaient jadis la main. et portant sur une chape ou sur un plan d’acier par-
— On appelle encore baise-main la cérémonie qui a faitement poli ; la suspension des plateaux aux ex-
lieuau moment de l’offrande autrefois le curé donnai t
: trémités (lu fléau s’établit de la même manière.
à baiser samain ; il ne donne plus auj. que la patène. Le corps à peser, placé dans l’un des bassins, a
BAISEMENT des pieds. Ce mot se dit l» de la : pour poids la somme de ceux qui, placés dans l’au-
cérémonie où l’on baise les pieds ou la mule du pape tre bassin , lui font équilibre. Coinme il est impos-
;
2“ de la coutume observée dans l’Église catholique,
sible d’atteindre une exactitude parfaite dans l’éga-
par laquelle, le jeudi saint, l’officiant qui a célébré lité des deux bras du fléau , il est nécessaire , dans
la messe lave et baise les pieds de treize vieillards ou les cas qui exigent une grande précision, d’avoir
de treize enfants, en commémoration du pareil acte recours à la méthode des doubles pesées, due à
de Jésus-Christ pendant la Cène. Borda. On commence par tarer le corps à peser
BAJET, espèce d’huître, commune sur les côtes à l’aide de grains de plomb, de sable, etc.; on le
occidentales de l’Afrique, a la coquille plus épaisse remplace ensuite par des poids connus, de manière
que l’huître ordinaire, très-aplatie et presque ronde. à faire équilibre à la tare; ceux-ci donnent ainsi
BAJOIRE. On nomme ainsi en Numismatique exactement le poids du corps. L’emploi de cette mé-
une pièce de monnaie ou une médaille qui a pour ef- thode exige que la balance soit très-sensible c.-à-d.
figie deux têtes de profil qui paraissent appliquées
qu’elle trébuche sous le moindre poids excédant celui
l’une sur l’autre, celles, par exemple, de deux époux.
qui fait l’équilibre la balance remplit cette condition
;

10
, ,

BALA — 146 — BALA


quand le centre de gravité du fléau est placé un peu pendu verticalement à l’une de ses extrémités, et por-
au-dessous de son point de suspension; il ne faut pas tant à l’autre un petit poids cylindrique au-dessus
;

cependant que ce centre soit situé trop bas, car la se trouve une aiguille horizontale. Pour reconnaître
balance serait alors paresseuse; la balance serait les plus petites forces, on les fait agir à l’extrémité
folle et l’équilibre ne pourrait exister que momenta- de l’aiguille, et l’on apprécie leur intensité par l’an-
nément, si le centre de gravité se trouvait au-dessus gle de déviation qu’eUes déterminent dans sa posi-
du point de suspension. Une balance est d’autant plus tion , et par conséquent, par la torsion du fil ; de là
sensible que les bras du fléau sont plus allongés ; ils le nom donné à l’instrument. La pointe de l’aiguille
doivent être en même temps assez résistants pour ne parcourt un cercle horizontal de 360 degrés, et tout
pas plier sous la charge. — Des améliorations ingé- l’appareil est renfermé dans une cage cylindrique
nieuses ont été apportées de nos jours au.v balances or- en verre, qui le protège contre l’action de l’air, et
dinaires; on remarque surtout la balance de Fortin. dont le contour présente aussi la division en 360
Dans la romaine feinsi nommée parce qu’elle était degrés. Voy. électroscope.
fort usitée chez les Romains) , les bras du fléau sont Faire la balance, c’est, dans la Tenue des livres,
d’inégale longueur; le poids équilibrant, qui est con- faire une opération par laquelle le teneur de livres
stant, s’applique sur le long bras, à des distances va- arrête et solde, sur le grand-livre tenu en partie dou-
riables du point desuspension ; le corps à peser se place ble, tous les comptes des débiteurs et des créanciers
sur un plateau , à l’extrémité du petit bras , ou s’y at- d’une maison de commerce, tous ceux relatifs à ses
tache par uu crochet. Supposons que, le plateau étant pertes et à ses bénéfices, et en général tous ceux qui
vide, le fléau soit horizontal; alors un poids de 1 kil. se trouvent sur ses livres, de quelque nature qu’ils
placé sur le plus long bras et à une distance du point soient. Cette balance a pour objet de connaître la
de suspension égale au bras le plus court, ferait équi- situation des affaires d’un négociant, la totalité des
libre à un corps placé sur le plateau et pesant 1 kil.; dettes actives et passives, au moyen d’un inventaire
mais si l’on écarte du point de suspension le poids mo- générai que les teneurs delivresappeUent6f/«u(F.ce
bile, etqu'onle place à unedistancedouble, triple, etc., mot) Un négociant qui veut mettre de Tordre dans ses
.

11 fera équilibre à un corps pesant 2,3 kil. affaires doit faire la balance générale de ses livres à
, etc.
Pour peser avec une romaine, il faut donc que le une époque fixe de chaque année, pour connaître au
plus long bras soit gradué, c’est-à-dire divisé en juste sa situation. —Faire la balance d’entrée, c’est
parties égales chacune au petit bras, à partir du transporter sur de nouveaux livres tous les comptes
point de suspension de la balance; la division à la- soldés sur les anciens. Il suffit pour cela de dé-
quelle le poids mobile doit être placé pour faire biter au journal le compte de balance d’entrée
équilibre à un corps, indique le rapport du poids de tous les articles dont le compte de balance de.
mobile avec le poids de ce corps. — On se sert sortie a été crédité; et, par contre, de créditer ce
quelquefois d’une balance à levier coudé dans la- même compte de balance d’entrée de tous les articles
quelle on n’emploie aussi qu’un poids unique celui-ci dont la balance de sortie a été débitée , en obser-
;
demeure toujours fixé au même point du fléau; le point vant en même temps de débiter et créditer les débi-
d’appui est également fixe, et les différences de poids teurs et créanciers originaires.
sont indiquées par les variations de l’angle que faille La Balance du commerce osS. le résultat des impor-
bras du levier coudé avec la verticale. — Outre ces tations et des exportations d’un pays comparées en-
deux instruments, qu’on appelle aussi pevowv, on em- semble; ce résultat s’obtient par le relevé des registres
ploie encore des balances à ressort ou pesons à res- des douanes , Dans lesquels on trouve le détail de.s
sort, oùl’onapprécielepoids des corps par laforce d’un marchandises entrées et sorties, et qui s’évaluent en-
ressort de flexion ou d’un ressort à boudin. Comme
la force des ressorts s’altère assez promptement
suiteen argent. — C’est seulement à partir du xvi® ou
,
ces du xvii® siècle qu’on a commencé à établir ces sortes
instruments ne sont pas susceptibles de précision. de balances. Lorsque la valeur des exportations rem-
L’usagede la balance remonte à une très-haute an- portait sur celle des importations , on regardait ce
tiquité. Les anciens la plaçaient dans la main de Thé- résultat comme très-avantageux ; mais les données
mis ou Astréeet en faisaient le symbole de la Justice. qu’on a prétendu tirer de ces calculs pour détermi-
En Astronomie, la Balance est le signe de septem- ner la richesse des nations paraissent aujourd’hui
bre. Le soleil entre dans ce signe le 23 de ce mois. La fort contestables.
constellation qui lui donne son nom a quatre étoiles BALANCELLE, jolie embarcation d’origine na-
disposées en quadrilatère, dont une assez belle et trois politaine, pointue des deux bouts et naviguant à la
tertiaires. On croit que ce nom lui vient de ce que voile ou à l’aviron. Les balancelles n’ont qu’un seul
les jours et les nuits sont d’égale longueur lorsque màt , une grande voile à antenne et une vingtaine
le soleil entre dans le signe où elle se trouve. d’avirons. Ce genre d’embarcation , autrefois ti’ès-
La Balance hydrostatique imaginée par Gali- commun dans la Méditerranée, ne se trouve plus
lée, sert à déterminer la pesanteur spécifique des guère que sur les côtes d’Espagne. Les Espagnols
liquides et des solides. C’est une balance ordinaire, s’en servent pour cabotage et la pêche.
le
dont l’un des plateaux, souvent plus petit et plus BALANCEUR, espèce de Gros-bec de l’Amérique
court que l’autre, porte en dessous un crochet. On Méridionale , de la famille des Granivores, Ce nom
pèse d’abord sur cette balance à la manière ordi- lui vient de ce qu’il vole en se balançant.
naire le corps dont on veut déterminer la pesanteur BALANCIER (de balance). En Mécanique, on
spécifique; on l’attache ensuite à un fil de soie qu’on appelle ainsi toute partie d’une macliine qui a un
suspend au crochet de la balance, on le plonge dans mouvement d’oscillation , et qui sert à ralentir ou
l'eau et on le pèse dans cet état; il éprouve alors à régulariser les mouvements des autres parties.
une perte de poids représentée par le poids du vo- Ainsi dans la machine à vapeur ordinaire (système de
lume d’eau qu’il a déplacé. Exemple : un corps Watt), le balancier est une large pièce de fonte fixée
pèse dans l’air 45 gr., dans l’eau 41 gr. par son milieu sur des appuis fixes, et communi-
82; l’eau
déplacée pèse donc 3 gr. 18. D’après cela, le poids quant par une de ses extrémités avec la tige du
du corps est au poids de l’eau comme 45 est à 3,18, piston, et par l’autre avec une tige appelée bielle,
ou comme 14,15 est à 1. Le poids spécifique du corps qui sert à imprimer un mouvement de rotation con-
est donc 14,15. Voy. âjiéomùtre.
La Balance de torsion est un appareil inventé vers
tinu à la manivelle du volant. — Dans une pompe, le
balancier est une pièce de bois placée horizontale-
1784, par le physicien Coulomb , pour apprécier les ment sur un point d’appui , et qui sert de mouva-
forces d’attraction et de répulsion des corps électri- —
ment pour faire monter les tringles des corps. Dans
ques ou aimantés. D consiste en un bimétallique sus- une pendule, c’est une tige métallique portant un
* ,.,

BALC 147 — BALE


diS({ue à son extrémité inférieure, et qui sert à ré- de la première galerie, près des loges d’avant-scène.
gler le mouvement des roues. Voy. pendule. BALDAQUIN (de l’itaben Balduchino, ville où
Dans la fabrication des Monnaies, le balancier est l’on fabriquait des draps de diverses couleurs). On
une sorte de presse mise en mouvement à Taide d’un appela d’abord ainsi le dais sous lequel, dans les
double levier horizontal chargé de plomb à ses extré- processions, on porte le Saint-Sacrement. Plus tard,
mités, et dont on se sert poiu- battre la monnaie. La on donna ce norn à un ouvrage d’architecture en
vis de pression , qui en forme la pièce principale bois, en marbre ou en bronze, élevé en forme de
est terminée inférieurement tantôt par un coin qui dôme sur des colonnes , et servant à couvrir l’autel
forme l’empreinte, tantôt par un outU à découper d’une église. Le plus célèbre baldaquin de ce genre
qu’on appelle empoTte-pièce.Ce balancier, inventé des est le baldaquin de Saint-Pierre de Rome , con-
1615, parN. Briot, tailleur des monnaies, ne fut adop- struit par Le Bernin ; il est en bronze, et porté sur
té par la Monnaie qu’en 1645. Droz le perfectionna. quatre colonnes torses. On remarque aussi ceux des
En Histoire naturelle, on nomme balanciers de Invalides et du Val-de-Grâce. — On appelle encore
petits appendices membraneux qu’on remarque à baldaquin la tenture dressée, dans les églises , au-
l’origine des ailes des insectes diptères; ils sont dessus de la chaire épiscopale; celle qui couvre le
placés au-dessous des ailerons, et se composent d’un trône d’un souverain, et même encore le ciel d’un lit.
filet plus ou moins long, terminé par un bouton ar- BALEINÉ (en latin balœna; du grec phalæna,
rondi, ovale, ou tronqué. On n’est pas d’accord sur nom commun à plusieurs espèces de Cétacés), gigan-
l’usage de ces organes ; les uns pensent qu’ils servent tesque animal, de la classe des Mammifères, ordre des
à faciliter le vol des insectes qui les portent , en les Cétacés, apour caractères distinctifs ; au lieu de dents,
maintenant en équilibre; d’autres, qu’ils fout partie de des fanons ou lames cornées , minces, fibreuses,
l’appareil respiratoire ; quelques-uns ont prétendu, effilées à leur bord et en forme de faux, occupant,
mais à tort, que ce sont eux qui produisent le bour- au nombre de 8 à 900, la mâchoire supérieure seu-
donnement que ces insectes font entendi’e en volant. lement, l’inférieure étant nue et sans armure ;
BALANÇOIRE. Voy. bascule et ESCAnroLEiTE. deux évents, ou orifices situés au sommet de la tête.
BALANE, jBaéawtLS (du grec ôa/awos, gland), La B. franche ou B. proprement dite {Balœna my-
genre d’ Articulés, de la classe des Cirrhipèdes, a sticetus L.) atteint une longueur de 20 à 25 m.
pour type le B. tintinnabulum, appelé vulgairement sur une circonférence de 10 à 13 m. à son plus
Gland de mer. Tulipe Turban. 11 est assez sem-
,
grand diamètre, et pèse de 70 à 100 mille kilogr.;
blable à un gland, d’où son nom. H s’attache aux sa tète énorme fait à peu près le tiers de sa lon-
roches des côtes, aux pieux des digues, à la carène gueur totale, et ne se distingue du tronc que par
des vaisseaux. C’est, en Chine, 1x 0 mets délicat. une légère dépression; sa gueule, transversale,
^
BALANINE (du grec balanos, gland), genre de large, un peu sinueuse, est située à la partie an-
Coléoptères tétramères, de la famille des Gurculio- térieure-inférieure de la tête : elle a de 2 à 3 m.
nites , est surtout remarquable par sa trompe
, qui
de largeur sur 3 à 4 m. de hauteur intérieurement.
surpasse la longueur de son corps. Avec elle il Chaque fois que la baleine ouvre la gueule , une
perce les noisettes encore vertes, et glisse un énorme masse d’eau s’y précipite , passe à travers
y
œuf. La larve, après avoir vécu aux dépens de les fanons comme à travers un crible en y laissant
l’amande , peyee dans la coque un trou circulaire pris les poissons qu’elle contenait , et s’échappe par
se glisse en terre, et s’y transforme en nymphe. les évents avec une force telle, que la gerbe s’élève
BALANITE (du grec balanos , gland) , nom que quelquefois à plus de 6 m. Le gosier de la baleine
Pline donne au Châtaignier. — 11 désigne aussi un est fort étroit : aussi cet énorme animal ne se
genre de plantes de la famille des Olacinées, fondé uourril-il que de fucus, de plantes marines, de
sur ime seule espèce, le B. égyptien [B. œgyptiaca mollusques et de poissons de petite taiUe , tels que
)
abondant en Nigritie. Il y en a au Jardin des plantes, les harengs, les merlans, etc. Sa langue est épaisse,
mais ils n’y fleurissent point. fort longue et presque entièrement formée d’un
'

B^AUSTE (en grec, balaustion), fleur du Gre- tissu graisseux. Les yeux, de la grosseur de ceux du
nadier sauvage. Elle est d’un rouge vif, et a des bœuf, sont relativement très-petits; ils sont très-écar-
propriétés astringentes. —Les botanistes ont donné tés ; on n’aperçoit pas à l’extérieur de conduit au-
*
ce nom à tous les fruits qui ont pour caractère ditif. La baleine n’a que deux membres antérieurs
l’adhérence au calice , comme dans le grenadier : courts et dilatés en forme de nageoires : ils sont
ces fruits sont couronnés par les dents du calice; situés â la face antérieure de la poitrine , assez rap-
ils ont Técorce dure, et renferment, dans un grand prochés l’un de l’autre, mais nullement préhen-
nombre de loges , des graines à épiderme drupacé siles ; sa queue est agile et vigoureuse ; elle est d’une
BALBUZARD, dit aussi Aigle pêcheur, en latin largeur énorme et placée horizontalement ; l’animal
Pandion, oiseau de proie de la famille des Falconi- s’ensertpour frapper l’eau; il avance en plongeant et se
dées, long de près de 70 centim., porte un .manteau relevant alternativement. Son dos est lisse, sans bosse
brun, et a la tête plus ou moins variée de blanc. Sa ni nageoires; sa peau est une sorte de cuir mollasse
nourriture consiste en poissons, qu’il va chercher jus- et huileux, de couleur brune ou noirâtre, quelque-
qu’au fond dé l’eau, après avoir plané au-dessus, et fois marbré de blanc en dessus , et blanchâtre eu
s’étre précipité du haut des airs, comme le fait le dessous; sous cette peau s’étend une couche très-
faucon. On le trouve sur le bord des étangs, des lacs épaisse de tissu lardacé dont on extrait jusqu’à 60
et des rivières, dans presque tous les continents. et 80 quintaux d’une huile très-précieuse pour l’in-
BALCON (de l’italien balcone, qu’on fait dériver dustrie. — La baleine vit toujours dans l’eau; mais
soit du bas latin palcus, poutre, soit du grec ballô, elle a souvent besoin de monter à la surface pour
lancer) , saillie pratiquée sur la façade extérieure prendre l’air nécessaire à sa respiration. Elle nage
d’un bâtiment, et ordinairement portée sur des avec assez de vitesse pour faire environ 10 kil. à
colonnes ou des consoles. Les balcons ne paraissent l’heure; sa queue seule lui sert de moteur pour
pas remonter au delà du moyen âge : c’était alors avancer; ses nageoires pectorales, toujours éten-
de petites tourelles placées au-dessus des portes des dues, la tiennent en équilibre. Elle plonge jusqu’au
forteresses et d’où on lançait des traits sur l’en- fond de l’Océan avec une extrême rapidité. On
nemi. Les balcons sont prodigués dans les monuments ignore la durée normale de la vie de la baleine. A
d’architecture gothique, surtout en Espagne et en chaque portée eUe ne produit qu’un seul baleineau :
Italie ; ils sont beaucoup plus rares dans les pays du elle l’allaite au moyen de mamelles placées sur le
Nord.— Dans une salle de spectacle , on appelle bal- devant de la poitrine ; elle ne s'en sépare que fort
con certaines places réservées aux deux extrémités tard , et semble l’élever avec beaucoiq? de tendresse.
to.
, ,

BALI 148 — BALL


La baleine est un animal inoffensif et craintif ; un animal carnassier, de la famille des Plantigra-
elle est cependant très-redoutable aux matelots par des, qui a 1e port d’un ours, le museau, les yeux et
le déplacement considérable qu'elle produit au mi- la queue d’un cochon. Il grogne comme l’ours, et
lieu des yagues, soit en plongeant, soit en remon- est omnivore. On le trouve dans l’Indoustan.
tant à la surface de la mer, et par les mouvements BALISE (du latin barbare palitius, dérivé de pa-
brusques et rapides de sa queue, qui peuvent sub- /mot, pieu), sorte de bouée flottante, qui sert à indi»
merger les plus fortes embarcations. queraux navigateurs les écueils et les endroits dange-
Uhuile de baleine entre dans la fabrication du reux. Elle est composée le plus souvent de grosses
gaz à éclairage, des savons noirs, du goudron et boules de liège, peinte de couleurs vives, souvent sur-
dans la préparation des cuirs. Avec les fanons, qu’on montée d’un pavillon pendant le jour, et d’un fanal
appelle aussi baleines, on fait des montures de para- pendant la nuit. —
La balise la plus remarquable est
pluies , des cannes , des baguettes de fusil, des gar- la Balise à la Logan ou Pyramide oscillante, qui,
nitures de corsets, etc. Quant à la substance qu’on à cause de la résistance de sa base, ne court jamais
appelle à tort blanc de baleine, on la tire d’une risque d’être submergée, et conserve toujours sa
autre espèce de Cétacé, le CacAa^t (F. ce mot). Cer- position verticale : elle a été inventée, au xvie siè-
tains peuples du Nord se nourrissent de la chair de cle, en Angleterre.
la baleine, et se servent de ses côtes comme de bois de BALISIER, Canna, genre delà famille des Amo-
charpente pour la construction de leurs habitations. mées , renferme des plantes exotiques herbacées , à
On trouvait autrefois des baleines dans toutes fleurs rouges ou jaunes, disposées en épi au som-
les mers de l’Europe; aujourd’hui, poursuivies avec met de la tige. Les Américains du Sud et les In-
acharnement par les baleiniers, elles se retirent diens en tirent une belle teinture pourpre. On le
dans les glaces du Nord. C’est au Groënland , au cultive dans nos jardins, à cause de la beauté de
Spitzberg, dans le détroit de Davis, la baie de Baf- ses fleurs. On distingue le B. d’Inde, le B. à feuilles
fin, etc., que se rendent, tous les ans, les bâti- étroites, le B. flasque et le B. glauque.
ments armés pour la pêche de la baleine. Pour BALISTE (en latin balista, du grec ballâ, lan-
s’emparer d’un ennemi si redoutable , un pêcheur cer) ,
machine de guerre en usage chez les anciens
expérimenté , monté sur une barque légère , s’en servait à lancer contre l’ennemi des traits et des pro-
approche avec précaution pendant son sommeil, et jectilesde toute nature , età battre en brèche les
lui lance un harpon près d’une nageoire pectorale. murailles d’une ville assiégée on lui donne aussi
:

La baleine, surprise, plonge aussitôt, emportant les noms de catapulte, à’ onagre, de scorpion, etc.
avec elle le fer du harpon , auquel est attachée une Les naturalistes ont donné le nom de Batiste à
immense corde qui suit l’animal jusqu’au fond de un genre de poissons de la famille des Scléroder-
l’eau; bientôt la baleine reparaît à la surface de mes , dont la nageoire dorsale est armée d’un ai-
la mer pour respirer; on la frappe encore, et l’on guillon , que l’animal relève avec vivacité quand il
répète les coups jusqu’à ce qu’elle soit affaiblie et craint quelque danger. Ce genre renferme plusieurs
meure. Elle est ensuite traînée aux vaisseaux ou au espèces, toutes remarquables par l’éclat de leurs cou-
rivage , où on la dépèce pour en mettre la graisse leurs, souvent métalliques.
dans des tonneaux. Aujourd’hui, on se sert avec BALISTIQUE ou ballistique (du grec ballô,- lan-
succès de fusées à la Congrève pour frapper de loin cer ) C’était, avant l’invention des armes à feu, l’art
.

Ja baleine.— La pêche de la baleine était inconnue de diriger et de faire jouer les machines; mainte-
aux anciens. C’est vers le xi^ siècle de notre ère nant , elle embrasse aussi les armes pyro -balisti-
qu’on la voit naître. Les Basques, les Bretons et les ques de l’artillerie et de l’infanterie : elle enseigne
Normands la pratiquèrent d’abord sur les côtes de à calculer le jet des projectiles, les lignes des
France et d’Espagne; ils furent bientôt surpassés par trajectoires, le tir des bouches à feu, ta direction
les Hollandais, les Anglais et les Américains. En des bombes, des boulets, des balles ; à en évaluer la
France, des primes sont accordées à cette pêche. portée en la calculant sur la distance connue du but,
On distingue sous le nom de Nord-Caper ou do sur le poids de la charge de l’arme à feu, sur la pro-
Sarda une espèce de baleine de même taille que portion et la pesanteur des mobiles. Ceux auxquels
la baleine franche , mais à museau plus effilé , à la Balistique doit le plus sont Tartaglia, Bélidor,
:

forme plus svelte et plus agile dans ses mouvements ; Blondel, Martillière, Montalembeid, Piobert, etc.
elle est aussi plus carnassière. On la trouve ordi- BALIVEAUX ou bailliveaux. On nomme ainsi
nairement près du cap Nord, d’où son nom. — des arbres de belle venue et nés de semences qu’on
Dans les mers du Sud , on trouve des baleines qui réserve dans la coupe des taillis pour en faire des
diffèrent de la baleine franche par une nageoire arbres de haute futaie. Le nombre en est réglé par
dorsale et des plis transversaux sous le col on les
: les ordonnances des eaux et forêts : les baliveaux
désigne sous le nom générique de Baleinoptères ou conservés doivent avoir au moins 10 ans ; on ne doit
de Rorquals. La pêche de ces baleines se fait au pas les couper qu’ils n’en aient au moins 40. Les
cap de Bonne-Espérance et au S. de l’Amérique ; elle baliveaux ont l’avantage de fournir du bois de char-
est très-productive. pente , de mettre les jeunes plants et les pousses
On trouve un grand nombre d’ossements de Balei- des taillis abattus à l’abri des ardeurs du soleil. On
nes fossiles, surtout dans l’Asie Septentrionale on: appelle B. de l’âge du taillis ceux qui sont du
appelle B. de Lamanon une baleine fossile décrite même âge que le taillis, et qu’on réserve hors de
par lepaturaliste de ce nom, et qui avait été décou- l’exploitation; B. modernes, ceux qui ont deux ou
verte à Paris, rue Dauphine, sous le sol d’une cave. trois ans d’aménagement; B. anciens ou Vieilles
BALEINE (la), grande constellation de l’hémisphère écorces ceux qui en ont davantage, par exemple
austral, située sous les Poissons et près de l’eau du 80 ans dans un taillis de 20 ans , 100 ans dans un
Verseau. Ptolémée y comptait 21 étoiles. On en taillis de 25, 120 dans un taillis de 30. L’opération
compte aujourd’hui près de 100; l’une d’elles est par laquelle on fait choix des baliveaux s’appelle
remarquable par des vicissitudes d’éclat et d’obscu- balivage; elle est accompagnée du martelage.
rité. Les poètes disent que cette constellation est le BALLADE (du français bal), genre de poésie
monstre envoyé par Neptune pour dévorer Andro- dont le caractère a souvent varié. Dans l’origine ,
mède, qui fut mis au ciel par Neptune même. en Italie et en France, la ballade n’était qu’une
Quelques-uns remplacent la baleine par un dragon. chanson naïve composée pour l’accompagnement
BALEINOPTÈRE. Voy. baleine. de la Aanse d’où son nom. Du temps de Marot,
:

BALl-SAUR , nom indien d’une sorte de Blaireau, c’était un petit poème qui se composait ordinairement
dont Cuvier avait fait à tort le genre Arctonyx. C’est de trois couplets de même mesure et sur les mêmes
, , , ,

BALL — 149 — BALS


rimes , se terminant chacun par un vers qui servait comme une balle ; on joue au ballon avec le poing ou
de refrain; ces trois couplets étaient suivis d’un qua- avec le pied. On fait aussi des ballons en caoutchouc.
trième j terminé de même par le refrain et portant BALLON AÉROSTATIÜUE. Voy. AÉROSTAT.
le nom &’ envoi. Cette espèce de ballade a quelque En Géographie, on nomme ballon le sommet ar-
analogie avec le sonnet et le madrigal. Devenue, au rondi de certaines montagnes. 11 y a plusieurs ballons
xvie siècle, une espèce de jeu d’esprit où l’on s’inquié- dans la chaîne des Vosges. On donne spécialement le
tait moins du sens que de la rime et de l’harmonie, nom de B. d’Alsace à un des monts les plus élevés
elle fut proscrite par les grands poètes du xvii® siècle. de la chaîne des Vosges, près de la source de la Mo-
Transportée en Angleterre par les Normands , la selle il a 1,403 m. au-dessus du niveau de la mer.
;

ballade y devint, surtout chez les Écossais, le récit poé- BALLOTÉ , genre de la famille des Labiées à ,

tique et populaire de quelque événement fabuleux calice hypocratériforme, à 5 dents égales, ne ren-
ou réel , dans le genre des romanceros espagnols ; ferme qu’une espèce, la B. fétide [Ballota nigra),
elle a conservé ce caractère dans les poésies du commune dans les haies et les décombres. On l’em-
Nord et dans celles de l’Allemagne. De nos jours , ploie comme stimulant en la mélangeant au Mar-
,

M. V. Hugo et plusieurs autres poètes français ont rube ce qui lui a valuson nom vulgaire de Marrube
;

composé des ballades dans ce dernier genre. noir. Voy. marrube.


BALLASTAGE (de l’anglais ballast, lest), terme BALLOTTAGE (de ballotte, ayant le même sens
employé dans les chemins de fer pour exprimer que boule). Voy. élections et scrutin.
l’opération qui consiste à ensabler la voie ferrée. BALSAMlEPi ou bauhier ( du grec balsamon,
BALLE (du grec ballô, lancer). On nomme ainsi : baume), Amyris, genre de la famille des Térébin-
1". Les projectiles en plomb qu’on lance au moyen thacées renferme plusieurs espèces d’arbrisseaux,
,

des armes à feu portatives ; on les fond dans des dont les plus connus sont le B. élémifère, le B.
moules en forme de tenailles, formés de deux parties Giléad et le B. de la Mecque. Le l®r, originaire du
assemblées à charnière et portant chacune une cavité Brésil, fournit par incision la résine élémi; on l’ap-
hémisphérique; il y en a de divers calibres: pour les pelle quelquefois Bois de chandelles. Le 2® produit
fusils de munition elles ont auj. de diamètre le baume connu sous le nom de Térébenthine de
(arrêté du 11 mars 1848) on leur donne aussi diHéren.- Giléad : il tire son nom d’une ville de Judée où
;
tes formes: on en a récemment fabriqué de coniques; il fut transporté d'Abyssinie dès le xviii® siècle
2». Ces petites pelotes rondes et élastiques dont avant J.-C. Le 3' est un arbrisseau de l’Arabie, des
, ,
on se sert pour jouer en se les renvoyant le jeu de
; feuilles et dos rameaux duquel on retire un suc
balle ne diffère du jeu de paume que parce qu’on blanc et résineux formant une huile limpide em-
emploie la main au lieu de raquette [Voy. pauîme) : ployée comme cosmétique par les riches musul-
ce jeu , qui remonte à la plus haute antiquité, est manes, et qui, mêlée à d’autres drogues, forme le
un exercice gymnastique des plus salùtaires; Baume de la Mecque ou Térébenthine de Judée. —
3“. L’enveloppe florale des Graminées, particu- Le genre Balsamicr, aujourd’hui très-restreint, a
lièrement du blé et de l’avoine :c’est une espèce pour type Y Amyris balsamifera, qui donne le Bois
de pellicule légère qui se détache pendant le battage de rose. On en a retiré les JS. Giléad et de la Mecque
;
on la nomme aussi glume, menue paille les bes- pour former le genre Balsamodendron, ainsi que le
;
tiaux la mangent avec plaisir on s’en sert aussi pour B. élémifère pour former le genre Icica. V. ces mots.
;
couvrir les planches de légumes qui craignent le BALSAMIFLUEES (du latin balsamum, baume,
froid , et pour garnir les coussins sur lesquels on et fluo, couler), famille de plantes comprenant de
couche les jeunes enfants; grands arbres de l’Amérique du Nord et de l’Asie,
4®. Des tampons dont les imprimeurs
se servent remarquables par l’abondance du suc résineux, de
pour étendre l’encre sur la forriie ils ont été avan- la nature des baumes fournit leur écorce ; on
, que
:

tageusement remplacés, vers 1820, par les rouleaux; connaît aussi ce suc sous le nom de liquidumbar.
5®. Certaine quantité de marchandises telles
, que BALSAMINE , Impatiens genre de plantes de la
coton, toiles, draps, enfermées dans une même famille des Balsaminées renferme un assez grand
,
enveloppe d où le nom de porte-balle.
:
nombre d’espèces qu’on'trouve dans les champs et
BALLET (du niot français bal) , danse figurée, dans les jardins. La B. des bois {bnpatiens noli tan-
exécutée par plusieurs personnes et mêlée de panto- gere, est âcre et vénéneuse; ses feuilles et ses fleurs
mime , qui représente une action tragique ou comi- teignent la laine en rouge elle est employée en mé-'
;
que, ou bien une allégorie. Les ballets étaient decine comme diurétique son nom latin, qui a fait
:

connus des anciens. Dans les temps modernes, ils re- appeler tout le genre Impatiens, vient de ce que
parurentpour la première fois en Italie au xv® siècle, lorsqu’on touche à sa tige à l’épociue de la maturité,
et furent introduits en France par Catherine ses capsules se contractent subitement, et leurs valves
de
Wédicis. Mazarin et surtout Louis XIV eurent beau- se roulent en projetant leurs graines autour d’elles! La
coup de goût pour ce genre de divertissement ce : B. des jardins {[. balsa/mina) originaire de l’Inde,
monarque dansa longtemps dans des ballets allégo- est remarquable par la couleur variée de ses fleurs elle
;
riques dits Ballets du Roi, et dont Molière eut quel- s’emploie comme
vulnéraire c’est de là sans doute
:

quefois la direction. Le premier ballet-pantomime que lui est nom (de balsamum, baume).
venu son
fut donné à Paris en 1071 il était intitulé
: les Fêtes BALSAMINÉES (de Balsamine nom du genre
de Bacchus et de l’Amour, de Quinault etLulli. La type), famille de plantes dicotylédones, à corolle po-
première danseuse marquante qui parut à l’Opéra lypétale et à étamines hypogynes calice à 5 folioles
:

dans un ballet fut Prévost en 1704; vinrent en- irrégulières, dont l’une se prolonge inférieurement
suite la Camargo, laSallé, la Guimard; en éperon , corolle à 5 pétales qui alternent avec les
et, de nos
jours, Taglioni, Essler, C. Grisi, etc. Parmi les divisions du calice, 5 étamines soudées entre elles par
danseurs, on cite surtout les Vestris, Dauberval, les leurs anthères, ovaire libre à 5 loges. Toutes les plan-
Gardel , Milon , etc. Entre les nombreux composi- tes de cette famille sont herbacées, à feuilles simples,
teurs de ballets, il faut remarquer
Gardel et sur- sans stipules; leurs fleurs, jaunes, blanches, roses ou
tout Noyerre (1727-1807), qui porta
la chorégraphie violacées, ont beaucoup de tendance à se panacher et
au degré de perfection qu’elle a atteint de nos
jours. à doubler par la culture.
y ou. chorégraphie DANSE et
, PANTOMIME. BALSAMIQUE, qui tient de la nature des baumes
On a longtemps attribué aux Balsamiques la vertu
BALLON (augmentatif de balle], vessie gonflée de guérir toutes les plaies ce n’est guère qu’au siè-
;
d air au moyen d’une pompe foulante
et recouverte cle dernier qu’on est revenu de cette erreur.
do peau, que deux ou plusieurs Pilules balsamiques, Voy. pii.ules.
joueurs sc renvoient
, , , , ,

BAN — 150 - BANC


BALSA MITE, genre de Composées, détaché du gen- que sans doute ce genre de proclamation se faisait
re Tanaisie, àinvolucre imbriqué, à fleurons tubuleux. en déployant un étendard. 11 désigne encore aujour-
Ces plantes tirent leur nom de leur odeur balsami- d’hui 1» la publication à l’église de la promesse de
;

que. La B. odorante, dite aussi Menthe coq, Menthe mariage faite entre deux personnes, ou l’affiche placée
Notre-Dame et Baume des jardins naturel- à la porte de la mairie pour le même objet ; 2» la
lement dans le midi de la France, et est cultivée résidence assignée à un condamné libéré mais sou- ,

dans lesjardins; c'est un puissant stimulant; on mis à la surveillance de la police c’est dans ce sens :

l’emploie comme correctif de l’opium. qu’on dit garder son ban, rompre son ban.
BALSAMODENDRON (du grec balsamos, baume, Ban des vendanges. Voy. vendakges.
et dendron, arbre), genre détaché iju genre Amyris, Pour les acceptions purement historiques de ce
de la famille des Térébinthacées : fleurs diclines, mot Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
.

calice à 4 dents, corolle à 4 pétales, 8 étamines. Ce BANALITÉ (droit de) ,


droit qu’avait autrefois
genre, composé d’arbres et d’arbrisseaux, renferme un seigneur d’assujettir ses vassaux à se servir de
le Balsamier Giléad iB. Gileadense et le Balsa- son moulin, de son four, de son pressoir, de sa
)
mier de la Mecque {B. opobulsamum), longtemps forge , etc. ,
lors même qu’ils auraient pu s’en pas-
confondus avec le genre Balsamier. Voy. ce mot. ser. Ce droit inique a été aboli , et sans indemnité,
BALSANES, taches rondes de poils blancs que par la loi du 15 mars 1790.
certains chevaux ont au-dessus du sabot , et qu’ils BANANIER, Musa, genre type de la famille des
apportent en naissant. On les a longtemps regar- Musacées, renferme une douzaine d’espèces de plantes
dées comme un signe de qualité. herbacées qui toutes croissent en Afrique et dans
BALTADJI, nom que portent à Constantinople des les deux Indes. Le B. commun {Musa paradisiaca)
gardes du palais spécialement chargés du service du a une tige de 4 à 5 m., surmontée d’un long et large
sérail ainsi que de la garde des princes et princesses feuillage , et de trois ou quatre régimes renfermant
du sang ; lis sont au nombre de 400, sous l’autorité du chacun une cinquantaine de baies succulentes. Ces
Kizlar-agasl, chef des eunuques noirs. Leur nom veut haies , appelées bananes ressemblent assez à de
dire porte-hache, et vient de ce que, quand ils accom- petits concombres, et la pulpe qu’elles renferment
pagnent au dehors les dames du harem, ils portent est un aliment sain et agréable dont on fait usage
une hallebarde dont le fer a la forme d’une hache. dans toutes les régions intertropicales ; quand on les
BALUSTRADE , appui formé d’une rangée de ba- pressure, elles rendent une liqueur qu’on nomme ntn
lustres ou petits piliers à hauteur d’appui, et sur- de bananes. Les feuilles du Bananier, longues de 2 à
monté d’une tablette. Les balustrades servent à 3 m., sont assez larges et assez flexibles pour servir
terminer une terrasse , un balcon , à former l’amor- de vêtement ; elles se prêtent en outre à une foule
tissement d’un édifice , la clôture d’un sanctuaire, d’usages domestiques. —
Le Figuier-bananier [Musa
d’une estrade, la rampe d’un escalier. Elles peuvent sapientium) a des fruits plus petits, mais plus nom-
être, ainsi que la tablette qui les surmonte, en breux, plus sucrés, et dont la saveur se rapproche
pierre, en marbre, en fer, en bronze, en bois. — On de celle de nos figues , comme son nom l’indique.
distingue dans les balustres dont est formée la ba- BANC (du latin barbare bancus). Outre l’acception
lustrade, le chapiteau, la tige, le piédouche. On que tout le monde connaît, ce mot exprime l® des :

dérive le mot de balustre, en latin balaustrium, du amas de sable, de vase, de rochers, de coquilles ou
grec balaustion, fleur de grenadier sauvage, à la- de coraux qui se trouvent au fond de la mer, des
quelle on prétend que la forme du balustre ressemble. lacs et des rivières on connaît surtout le grand
:

BAMBOCHADE , genre de tableaux représentant banc de Terre-Neuve bas-fond situé à 100 kil. de
des scènes grotesques ou burlesques, tire son nom nie de ce nom, et chef-lieu de pêcheries célèbres;
du peintre flamand Van Laar, surnommé le Bam- 2o d’immenses associations de poissons qui vivent en-
boche (de l’italien bamboccio, contrefait) à cause semble et voyagent par troupes, tels que les morues,
de sa mauvaise tournure, peintre qui créa ce genre, les maquerefux, les harengs, etc. ; 3» les assises des
et y excella. Les bambochades à peu d’exceptions couches pierreuses qui composent l’écorce du globe.
près, sont le luirlesque de la peinture. En Chirurgie , on appelle Banc d’Hippoa'ate une
BAMBOU, Bambuza, genre de la famille des Gra- machine inventée, dit-on, par Hippocrate, et qui ser-
minées , composée de plantes souvent gigantesques, vait à réduire les luxations et les fractures de la cuisse.
originaires de l’Inde et des îles de la Sonde, et re- En Angleterre, le Banc du roi en anglais King’s
marquables par leur port, qui est celui des Palmiers. bench, est une cour souveraine, qui connaît des
Leurs épillets sont lancéolés, comprimés, à 5 fleurs crimes de haute trahison, des attentats contre le gou-
renfermant chacune 6 étamines. Ce genre a pour vernement et la sûreté publique, et, par extension,
type VArundo Bambos ou Bambou, qui atteint sou- des causes civiles entre particuliers; c’est une des
vent 20 m. de hauteur. Il tient à la fois du roseau trois cours de haute juttice de Westminster.- Autre-
et du palmier. Sa tige est droite et présente des fois le roi la présidait en personne, assis sur un banc
noeuds espacés également ; elle fournit un bois placé au-dessus du siège des autres juges.
flexible, à la fois solide et léger; ses feuilles res- Dans les églises, on appelle banc d’œuvre
banc ,

semblent à celles du roseau; ses fleurs sont des de l’œuvre un siège affecté au maire et à ses ad-
espèces d’épis ou de panicules peu colorées. Le bam- joints, aux marguilliers et aux membres de la fabri-
bou sert è, une foule d’usages les Indiens mangent
: que. Il est placé en face de la chaire et se compose
ses jeunes pousses comme des asperges; de ses nœuds ordinairement d’un banc à dos avec un prie-Dieu, le
découle une liqueur douce, qui se concrète à l’air tout enfermé dans une petite clôture à hauteur d’ap-
et peut remplacer le sucre; avec son bois, on fait pui, et le plus souvent travaillé avec soin. Le nom de
aux Indes des ustensiles, des meubles, des palan- banc d’œuvre est une abréviation de banc des maîtres
quins, des bateaux et même des poutres pour la de l’œuvre, magistri delT opéra, dénomination
construction des maisons; c’est avec les jeunes tiges donnée originairement en Italie aux personnes char-
qu'on fait les cannes si estimées qui portent le nom gées de veiller à la réparation et à l’entretien des
de bam bous, les tiges de parapluies et d’ombrelles ; églises , et que nous nommons fabriciens.
son écorce, taillée en lanières flexibles, est tressée BANCO, mot italien qui veut dire banque, et qui,
en nattes et en corbeilles ; macérée et réduite en pAte, ajouté au nom d’une monnaie soit réelle , soit de
elle donne le papier de Chine, etc. compte, signifie que sa valeur diffère de la valeur de
BAN (du latin barbare bannum, tiré lui-même la monnaie courante et doit être prise sur le pied
du tudesque bann, bannière). Ce mot signifia d’a- des valeurs de banque tels sont le marc banco de
bord étendard > puis proclamation publique , parce Hambourg, les florins banco de Gènes, le rouble pc-
, , ,

BAND — 151 — BANN


ier ou assignat banco de Russie. La monnaie front de bandière quand elle se trouve en ligne,
anco est invariable, tandis que la monnaie cou- avec les drapeaux et les étendards en tête des corps.
rante varie sans cesse. Les nouvelles banques n"ont BANDIT (de Vital, bandito), désignait d’abord un
pas conservé cette distinction, qui cause de grands banni, puis un meurtrier à gages, et maintenant
embarras , et n’est bonne qu’à fournir matièro à l’a- s’applique à tons les assassins et aux voleurs de
giotage, La banque d’Amsterdam l’avait adoptée, à grands chemins. Les bandits infestent plus parti-
l’exemple des anciennes banques de l’Italie : celle de culièrement le royaume de Naples et la Sicile , où
Hambourg s’en sert encore ; mais cet usage a été ils forment une espèce d’association.

exclu des banques de l’Angleterre, des États-Unis et BANDOLINE (de bandeau], solution visqueuse
de la France. et aromatisée , préparée par les parfumeurs avec le
BANDAGE (du mot français bande, tiré lui-même mucilage des pépins de coings ou de graines de psyl-
de l’allemand band lien ) , appareil plus ou moins lium. Les dames s’en servent pour lisser les cheveux.
compliqué, qui sert au pansement des maladies chi- BANIANS (arbre des), arbre de l’Inde et de la
rurgicales; il se compose ordinairement de pièces Perse, espèce de figuier, dont les branches, pendant
de linge, telles que serviettes, bandes, bandelettes, jusqu’à terre, y prennent racine et donnent naissance
compresses, charpie, etc., auxquelles se joignent à de nouveaux troncs qui produisent d’autres bran-
quelquefois des corps solides , par exemple, des at~ ches et d’autres troncs, etc., de manière à finir par
telles, ou planchettes de bois ou de carton, de petits former une petite forêt. Cet arbre porte un fruit de la
faisceaux de paille, des sacs ou coussins de balle d’a- grosseur d’une noix. Son nom lui vient de ce que les
voine, etc. On étend aussi le nom de bandage à de Banians , idolâtres de l’Inde , se retirent sous cet ar-
véritable machines, comme le garrot, le tourniquet, bre et y bâtissent des pagodes et des caravansérails.
les bandages herniaires ou brayers[Voy. ces mots). Les Persans l’appellent lui; nous l’appelons aussi
— On nomme B. simples ceux qui ne servent qu’cà figuier des Banians figuier de Bengale.
,

maintenir en place les pièces d’un pansement; B. BANLIEUE (des deux mots franç. ban-ei lieue).
contentifs, ceux qui maintiennent une hernie ou une Dans l’ancienne jurisprudence, ce mot signifiait Vé-
luxation réduite; JS. incarnatifs ou unissants, ceux tendue d’une lieue à l’entour d’une ville, espace
qui rapprochent des surfaces divisées ; B. divisifs, dans lequel se faisait la proclamation des bans ou
ceux qui empêchent une réunion anormale; JS. ex- ordonnances de l’autorité. Aujourd’hui, on n’en-
pulsifs, ceux qui expriment le pus tendant à séjour- tend plus sous ce nom que l’ensemble des bourgs
ner dans une plaie; B. compressifs ceux qui ar- et des communes qui sont dans le voisinage d’une
rêtent une hémorragie, ou qui exercent une com- grande ville, et qui en dépendent administrative-
pression méthodique sur un membre engorgé. — ment, bien qu’ayant leur juridiction particulière.
L’art d’appliquer les bandages est une branche im- BAJNNERET (de bannière), nom qu’on donnai ,
portante de la chirurgie, et l’une de celles qui laissent au moyen âge, à tout chevalier qui avait droit de
le plus au talent de l’opérateur en effet, la forme du porter bannière. Ce droit appartenait à celui q ui
;
bandage varie nécessairement suivant l’emplacement pouvait armer 50 lances et un nombre proportion né
de la maladie, la disposition des parties malades, le de gens de pied. Il y avait des fiefs auxquels était
but qu’on se propose d’atteindre; il existe toutefois attaché le droit de porter bannière. 11 existait une
un certain nombre de bandages en quelque sorte sorte de hiérarchie parmi les bannerets; on distin-
consacrés ; on leur a donné des noms particuliers, dé- guait les barons-bannerets ou grands bannerets ,
rivés ou de la partie sur laquelle ils sont appliqués, les chevaliers-bannerets et les écuyers-bannerets.
ou de la forme qu’ils présentent , ou du nom de leur BANNIÈRE (de bande). C’était, dans l’origine,
inventeur ; tels sont le B. des pauvres ou de Galien, l’étendard de tout grand feudataire ou chevalier-
celui de Scultet ou à 18 chefs la fronde, le B. banneret. La bannière était de forme carrée, et se
en T, leB. inguinal, le 8 déchiffré, etc. portait au bout d’une lance, fixée au-dessous du fer
BANDE (du bas latin bandum, drapeau, ban- au moyen d’un bâton transversal. La bannière de
nière). En termes de Blason, la bande est une des France était ou bleue et parsemée de fleurs de lit
pièces dites honorables, elle traverse Vécu diagona- d’or sans nombre, ou entièrement blanche ; il ne faut
lement, de droite à gauche : c’est le contraire de la pas la confondre avec i’oriflamme ou bannière de
barre. — En Architecture, on appelle bandes les l’abbaye de St-Denis. Quant aux autres bannières,
principaux membres des architraves , chambranles, elles différaient suivant les armoiries ou le capidce
impostes, archivoltes, qui ont peu de hauteur et de du possesseur. — Aujourd’hui, il n’y a plus de ban-
saillie sur une grande longueur. — En termes d’im- nières que dans les églises. On nomme ainsi l’éten-
primerie , les bandes sont les pièces de fer sur les- dard placé dans le chœur et que l’on porte dans les
quelles roule le train de la presse. —
En Astronomie, processions solennelles à la suite de la croix ; on y
on appelle bandes de Saturne et de Jupiter des es- voit figurée l’image de la sainte Vierge ou celle d’un
pèces de zones obscures qui entourent le disque de saint, patron de la paroisse. — En termes de Marine,
ces deux planètes (Voy. satürne, jupiter). — En bannière est synonyme de pavillon. Voy. ce mot.
termes de Marine, on nomme bandes de ris des pièces BANNISSEMENT (de&an, pris dans le sens d’édit
de toile cousues sur les huniers et les perroquets pour prononçant l’eæil), expulsion du territoire d’un pays.
renforcer les voiles àl’endroit où passent les garcettes. Il ne faut pas confondre le B. avec la Déporlaiion
Le mot bande signifie aussi une troupe d’hommes (
Voy. ce mot). — Cette peine existait chez les an-
réunis sous un même drapeau ou dans un même but. ciens : Y ostracisme, \e pétalisme étaient, chez les
Voy. au Bict. unie. d’Hist. et de Géogr. les mots Grecs, des bannissements temporaires, mais sans ju-
; c’étaient des mesures purement
bandes militaires et bande noire. gement politiques,
BANDEAU. On nomme ainsi, en Architecture, qui n’emportaient aucune idée de déshonneur.

une bande plate et unie , en saillie sur le nu du Autrefois, en France, le bannissement était perpétuel
mur autour d’une baie de porte ou de fenêtre , des- ou temporaire ; dans le premier cas, il entraînait la
tinée à tenir lieu de chambranle. —
C’est aussi une confiscation des biens et la mort civile. Aujourd hui,
ne
planche étroite dont on surmonte les lambris de me- il entraîne seulement la dégradation civique, et
nuiserie, immédiatement au-dessous du plafond, lors- peut être prononcé que pour 10 ans au plus ; toute-
que celui-ci n’a point de corniche. fois, le banni qui rentre avant l’expiration de sa peine
BANDIÈRE (de bande), espèce de bannière qu’on encourt la détention pour un temps au moins égal
place au sommet des mâts d’un navire et sur la- au temps de la peine qui restait à courir (C. pénal, art.
,
quelle sont brodées les armes du souvera.in. —
Dans 28, 32, etc.).— Le bannissement ne frappe guère
que
les délits politiques; et bien qu’il soit au nombre
VArt militaire, on dit qu’une armée est rangée en des
,
, ,

BANQ - 1 52 — BANQ
peines applicables par les tribunaux ordinaires, il , ont été portées par une loi du 24 décembre 1819
est rarement appliqué. C'est, le plus souvent, une jusqu’à 525 millions ; en outre, un décret du 14 mars
mesure de circonstance à laquelle les gouvernements 1848 a donné temporairement cours forcé à ses bil-
ont recours dans l’intérêt de leur propre sûreté ainsi : lets, mais ce décret n’a pas tardé à être rapporté.
on a vu successivement l’ordonnance du 24 juillet Une assemblée d’actionnaires, représentée par
1815 et la loi du 12 janvier 1816 bannir de France 200 d’entre eux, nomme 15 régents et 3 censeurs,
les membres de la famille de Napoléon la loi du;
qui forment 6 comités dits des Comptoirs, des Bil-
10 avril 1832 bannir Charles X et sa famille ; et le lets, des Comptes, des Caisses, des Relations avec
décret du Gouvernement provisoire du 24 février le Trésor et les receveurs généraux, des Livres et
1848 bannir la maison d’Orléans. portefeuilles. La direction supérieure est attribuée
BANQUE (de l’italien banco, banc, parce que jadis à un gouverneur et à deux sous-gouverneurs nommés
ceux qui faisaient le commerce d’argent avaient leur par le chef de l’État ; mais ils n’exercent qu’un pou-
banc particulier dans les marchés publics) , com- voir négatif, au moyen d'un droit de veto ; la di-
merce qui a principalement pour but de suppléer à rection effective appartient au Conseil général de la
l’insulfisance et à l’incommodité de la monnaie mé- Banque. LaBanque de France distribue annuellement
talliciue, et qui consiste à négocier des effets, à les d’importants dividendes à ses actionnaires. Elle pu-
escompter avec des espèces, à ouvrir des crédits, à blie à des époques périodiques son état de situation.
faciliter le change d’une place à l’autre au moyen de Il existe en outre des banques coloniales
,
créées
traites et de lettres de change, le tout en prélevant un par une loi du 11 juillet 1851, et une banque de
droit de commission. Ceux qui font ce commerce l’Algérie, créée par une loi du 4 août 1851 , sur le
s’appellent banquiers. Ce genre d’industrie est tout modèle de la Banque de France.
moderne ; il parait être né au xiv' siècle de l’inven- Les principales banques de l’Europe, avec la Ban-
tion de lalettre de change. F. banquier et cambiste. que de France, sont la B. de Londres , fondée en
:

BANQUES PUBLIQUES, établissements de crédit fon- .1694, dont les bank-notes ont cours en tout lieu;
dés avec l’appui et sous la surveillance des gouver- les bénéfices réalisés pendant Tannée 1836 par cette
nements, pour faciliter la circulation des valeurs. banque se sont élevés à 25 000 liv. st., toutes dépen-
On en trouve aujourd’hui dans toutes les capitales. ses payées ; on peut attribuer ce bénéfice au taux
La BANQUE DE FRANCE, Siégeant à Paris, escompte, modéré de l’intérêt qu’elle prend, qui n’est què de
à un taux qui varie, les effets portant trois signatures 2 1/2 p. 100; — la B. d’Amsterdam, qui fut établie
de commerçants solvables. Elle fait des avances sur dès 1609, et qui, un moment suspendue à l’époque de
dépôt de fonds publics, d’actions et obligations de che- la réunion de la Hollande àl’Empire français, a repris
mins de fer et autres, de lingots et de monnaies étran- depuis ses opérations; —
la B. deHambourg, fondée
gères. Elle tient une caisse de dépôts volontaires en 1619, qui ne prête que sur lingots; — la B. de
pour toute sorte de titres, et pour lingots d’or et Berlin, reconstituée en 1816 ; elle est tout à fait dé-
d’argent, monnaies, diamants, moyennant un droit pendante du gouvernement; — la B. de Naples, fon-
de garde calculé sur la valeur estimative, à rai- dée en 1 808 , qui jouit d’un crédit assez solide et
son d’un demi -quart pour cent pour chaque six assez étendu ; — la B. d’Autriche ou de Vienne,
mois. Elle se charge du recouvrement des effets qui fondée en 1816, qui prête sur dépôt d’obligations
lui sont remis; elle reçoit en compte courant les d’Etat, à un taux très-modique; —la B. de Russie,
sommes versées par les négociants ou établissements fondée par Catherine II, en 1786. — La plus an-
publics. Elle a le privilège d’émettre des billets au cienne des banques de l’Europe était la B. de Ve-
porfeur payables à vue; ces billets, qui pendan* nise, fondée au xii® siècle, supprimée en 1797. •

longtemps ont été de 1,000 fr. et de 500 fr., ad- En Amérique,, on connaît surtout la B. de Phila-
mettent depuis 1848 des coupures de 200 et de lOOfr. delphie ou des États-Unis, fondée en 1791 avec pri-
Elle peut établir des comptoirs ou succcursales dans vilège de TUnion pour 20 années, et qui retira de la
les départements :ces succursales , dont plusieurs circulation tous ses billets en 1815; —la B. de T Amé-
formaient avant 1848 des banques distinctes, étaient rique du Nord, fondée en 1816. On compte, en outre,
le 1er janvier 1852 au nombre de 28 Angers , An-
; une infinité de banques dans les divers États de TU-
goulême, Besançon, Bordeaux, Caen, Chûteauroux nion il n’y en avait pas moins de 588 en 1836, plus 146
;

Ciermont, Grenoble, Le Havre, Lille, Limoges, Lyon, succursales. La plupart de ces établissements s’étant
Le Mans , Marseille , Metz , Montpellier, Mulhouse livrés à des spéculations aventureuses qui compro-
Nantes , Nimes, Orléans, Rennes, Reims, Rouen, mettaient la fortune publique, le président Jackson
Saint-Étienne, Saint-Quentin, Strasbourg, 'Toulouse, se déclara leur adversaire ; il les fit supprimer en
Valenciennes. Le nombre s’en est encore accru depuis. 1833 ; mais elles ne fardèrent pas à se reconstituer.
Les fonds de la Banque sont déposés dans des BANQUE DU PEUPLE OU d’ÉCHANGE. Voy. ÉCHANGE.
caves où Ton ne pénètre que par un seul escalier en BANQUEROUTE (de l’italien banco rotto banc
spirale, et dont la porte en fer est fermée à trois rompu , parce que, dans l’origine, on brisait le banc
clefs ; ces caves peuvent être inondées au premier or- où se tenait dans le marché le banquier insolvalde).
dre. Les espèces, contenues dans des barils, n’en La banqueroute, qu’il ne faut pas confondre avec la
sont extraites qu’avec des formalités qui rendent les simple faillite (Voy. ce mot), est un crime ou un
soustractions impossibles. délit selon les circonstances : loin d’être, comme la
La Banque de France fut instituée par les lois du faillite, excusable et digne de l’indulgence des créan-
24 germinal an XI (14 avril 1803) et du 22 avril 1806. ciers, elle mérite toute la sévérité des lois. Le livre III
Ses statuts ont été approuvés par décret du 16 jan- du Code de commerce est tout entier consacré aux-
vier 1808. Son privilège, plusieurs fois prorogé, faillites et aux banqueroutes. Décrété le 12 septem-
s’é-
tend en ce moment jusqu’en 1867. Son capital, qui bre 1807, ce livre a été remplacé depuis par la loi du
originairement était de 45 millions, partagés en 28 mai 1838 , dont voici les principales dispositions
45 mille actions de mille francs fut élevé par la en ce qui concerne la banqueroute.
,
loi du 22 avril 1806 à 90 millions,
puis réduit à La banqueroute est simple ou frauduleuse.
67,900,000 fr.; il a été porté en 1848 à 91,250,000 fr., Les faits qui constituent le commerçant en état
par suite de la réunion des banques départementales. banqueroute simple sont : des dépenses jugées ex-
Eile possède eu outre une réserve de 16,980,750 cessives la perte de sommes notables, soit dans des
fr" ;
La Banque , d’après ses statuts primitifs, ne pouvait opérations de hasard, soit dans des opérations fic-
émettre de billets que pour une valeur triple de son tives de bourse ; des achats de marchandises faits
capital; mais depuis 1848, elle a été autorisée
a par le failli pour les revendre au-dessous du coui s ;
faire des émissions beaucoup plus considérables,
qui des circulations d’effets établies ou des emprunts
, ,, , ,

BAOB — 153 — BAQÜ


ruineux contractés dans l’intention d’ajourner sa rieux végétal; d’où le nom latin d’ Adansonia 11
faillite ; le payement d’une créance au préjudice de
observa au Sénégal un baobab qui, suivant ses cal-
la masse. La banqueroute simple est un délit de la culs, déduits du nombre des couches qu’il attribuait
compétence des tribunaux correctionnels elle est pu-
-, au tronc, devait avoir plus de 6000 ans d’existence ;
nie d’un emprisonnement d’un mois au moins et de mais , depuis ces calculs ont paru exagérés.
,

deux ans au plus (Code pénal, art, 402). Le banque- BAPHOMET , nom donné à des signes mystique
vouticT simple peut être admis à la réhabilitation ou idolâtriques auxquels on accusait les Templier
quand il a subi sa peine.— Le banqueroutier fraudu- de rendre un culte secret, analogue à celui des
leux est le commerçant failli qui soustrait ses livres, Gnostiques ou des Manichéens. Les uns dérivent ce
détourne ou dissimule une partie de son actif, et se mot du grec baphè, immersion, baptême, et métis,
reconnait frauduleusement débiteur de sommes qu’il sagesse baptême de sagesse, à cause des révélations
:

ne doit pas. Les banqueroutiers frauduleux sont pu- qu’on faisait aux initiés; les autres n’y voient qu’une
nis de la peine des travaux forcés à temps (Code corruption du nom de Mahomet. LeBaphomet, qu’on
pénal, art. 402) ils sont à jamais flétris.
;
—En ma- a retrouvé sur quelques monuments , était repré-
tière de B. frauduleuse les complices sont punis comme
,
senté sous une figure humaine ayant les attributs
les auteurs (C. pén., art. 597 ). MM. Bédarride, Str des deux sexes , tenant à la main la clef de la vie
Nexent, etc., ont traité des Faillites elBanqueroutes (en forme de croix ansée) , et entourée de signes as-
BANQUIER, négociant qui, moyennant un cour- tronomiques, tels que le soleil, la lune, les étoiles,
tage , aide et facilite les échanges d’argent ou fait et de signes maçonniques, tels que le tablier, la
des avances sur garantie {Voy. banoue). Les États, chaîne, chandelier à sept branches.
comme les particuliers, ont eu de tout temps besoin BAPTÊME (du grec haptizô, laver), le premier
des services des banquiers ; l'histoire conserve les des sept sacrements. Il efface la souillure du péché
noms de plusieurs de ceux qui sont venus au secours originel, nous fait chrétiens, enfants de Dieu et de
des gouvernements dont les finances étaient obérées, l’Église. Il consiste, dans l’Église catholique , à
de Jacques Cœur, de Samuel Bernard, de Pâris, de verser de l’eau sur la tête de celui qui reçoit
Necker. De nos jours surtout, les banquiers ont ac- le baptême, en prononçant ces paroles sacramen-
quis une importance extiême ; les Rothschild, les telles Je te baptise au nom du Père, et du Fils,
:

Baring, les Hope,les Laffitte, etc., ont, par la masse et du Saint-Esprit. —


Outre cette manière de bap-
des capitauxdont ils disposaient, exercé la plus grande tiser, qu’on nomme Baptême par infusion, on dis-
influence sur le crédit public. —
On doit à MM. Peu- tingue le B. par immersion, qui consiste à plon-
:

chet etTrémery le Manuel du Banquier, à M. Cour- ger dans l’eau tout le corps de la personne qu’on
celle-Seneuil un Traité des opérations de Banque, baptise, et le B. par aspersion qui consistait à je*
et iiM.Paignon la Théorie des opérations de Banque. ter de l’eau sur une assemblée , comme on le fait
Dans certains jeux de hasard, on appelle banquier encore dans la cérémonie de l’aspersion , au com-
celui qui garde et fournit l'argent du jeu. mencement de la messe ; ces deux derniers modes
Le banquier expéditionnaire en cour de Rome est usités en Orient et dans les premiers temps du
un officier de cette cour chargé de faire venir de la christianisme,, ne sont plus pratiqués aujourd'hui.
pénitencerie ou de la chancellerie du pape les bulles, Autrefois le baptême n’était conféré que dans un
les dispenses, les expéditions, etc. âge avancé et après de longues épreuves, connues
BANQUISE (de banc) bancs flottants de glace sous le nom de catéchuménat {Voy. catéchumène);
qu’on rencontre dans les mers voisines du pôle, et aujourd’hui, au contraire, on baptise presque tou-
qui ferment le passage aux vaisseaux et les retien- jours les enfants peu de jours après leur naissance.
,
nent quelquefois captifs pendant des mois entiers. — Le baptême était déjà pratiqué comme symbole
BANVIN, droit féodal par lequel un seigneur de purification par S. Jean, qui, comme on sait,
pouvait vendre tout le vin de son cru, avant qu’au- baptisa Jésus-Christ sur les bords du Jourdain; mais
cun de ses vassaux pût mettre le sien en vente. Ce c’est le Sauveur qui donna à cette cérémonie la force
nom vient de ban à vin, publication du jour où il d’effacer le péché : il institua le vrai baptême chré-
particuliers de vendre leurs vins. tien en disant à ses apôtres : « Allez enseigner toutes
BAOBAB (nom indigène), Adansonia diyitata, les nations, et baptisez-lesaunomdu Père, etduFüs,
arbre du Sénégal, de la famille des Bombacéos, sub- et du
Saint-Esprit. » (S. Matth., ch. xxviii, v. 19).
division des Malvacées de Jussieu, est le plus gros Outre le Baptême de l’eau, les Théologiens recon-
des végétaux ebenus , et le plus remarquable par sa naissent le B. de désir et le B. de sang, l’Eglise
longévité. Son tronc, dont la hauteur dépasse rare- ayant toujours cru que la foi, jointe à la contrition et
ment 4 ou 5 m., acquiert quelquefois 30 m. de cir- au désir du baptême, peut tenir lieu du sacrement
conférence; il est surmonté par un énorme faisceau (comme chez le bon larron); et que le sang versé
de branches, atteignant chacune jusqu’à 20 et 25 m. pour la foi par les martyrs opère les mêmes effets tpie
de longueur ; les branches inférieures retombent sou- le baptême à l’égard de ceux qui meurent pour J. -C.
vent jusqu’à terio, entraînées par leur propre poids. Les Anabaptistes nient l’efficacité du baptême donné
Ses feuilles sont digitées d’où lui vient son épi- aux enfants, et rebaptisent ceux qui ont été baptisés
thète caractéristique; ses fleurs, formées d’un calice avant Tàge de raison c’est de là que vient leur nom.
:

coriace cyathiforme, quinquéfide et d’une corolle à


,
On appelle Fonts baptismaux le réservoir qui
5 pé laies ovales, renferment des étamines nombreuses, contient Teau du baptême et Baptistère un édifice,
,
monadelphes, et un ovaire à très-long style. Son ordinairement séparé des églises, où l'on conserve
fruit, que les Européens appellent Pain de singe cette eau et où l’on confère le sacrement du bap-
et Calebasse, est une grosse capsule ligneuse, ovale, tême. Il y a en Italie des baptistères remarquables.
longue de 30 centim. il contient une pulpe aigre-
: Onconnaîtsous le nom de Baptême des tropiques,
lette, sucrée et rafraîchissante. C’est la substance une cérémonie burlesque qui a lieu au passage d’un
charnue et friable de ce fruit que l’on apportait navire sous l’un des tropiques ou sous l’équateur,
autrefois en Europe sous le nom de Te.’re de Lem- et qui consiste à inonder d’eau de mer ceux qui
nos substance végétale qu’il ne faut pas confondre passent ces lignes pour la première fois. Les officiers
avec la terre sigillée bolaire qui porte le môme nom. et les passagers se rachètent du baptême en donnant
Cet arbre réussit très-bien en Amérique. Ses feuilles de l’argent aux matelots.
passent pour très-émollientes. On a signalé récem- BAQÜET MAGNÉTIQUE, appareil magnétique qui
ment son écorce comme possédant des propriétés fé- consistait en une espèce de cuve fermée d’un cou-
brifuges capables de rivaliser avec le quinquina. — vercle , autour de laquelle se rangeaient les mala-
Adanson est un des premiers qui aient décrit ce cu- des , et d’où s’élevaient des branches de fer poli.
, , , , ,

BARA 154 — BARB


terminées en pointe émoussée, les unes plus courtes, BARATHRE (en grec, barathren) gouffre de
les autres plus longues , servant de conducteurs au l’Attique où l’on précipitait les criminels condam-
fluide magnétique. Mesmer se servait de ce baquet nés à mort. revêt» de pierres de taille comme
Il était

pour magnétiser en grand , et produisait , avec son un puits , et ses parois étaient , ainsi que le fond
,
secours, des crises ou convulsions , qui paraissaient hérissées de pointes de fer, de telle sorte que le
être contagieuses. Le baquet fut bientôt abandonné. malheureux cpi’on y jetait n’arrivait au fond qu’hor-
AQUOIS ou VAQDOis, arbre exotique. V. pandanus. riblement déchiré. —
Par extension , on a donné le
AR OU BARS, genre de poisson de la famille nom de barathre à toute espèce de gouffre et même
des Perco ides, très-voisin des Perches d'eau douce, à l’enfer, surtout dans les auteurs ecclésiastiques.
dont il ne se distingue que par la présence de BARATTE , dite aussi battoir, beurrière , serène,
dents sur la langue et par l’absence de dente- instrument employé pour fabriquer le beurre , sert
lures aux sous-orbitaires , aux sous-opercules et à à séparer le petit lait de la partie butyrique. Il y
l’inter-opercule. Le type de ce genre est le B. en a de plusieurs sortes. La plus commune est une
commun {Labrax lupus), appelé Perche de mer espèce de grand seau , plus étroit par le haut que
par les riverains de la Méditerranée, et Loupi ou par le bas ; on couvre l’ouverture avec une sébile
Loubine sur les côtes de Bretagne et de Guyenne. percée d’un trou au milieu, par lequel passe un
Il est gris bleu argenté sur le dos et blanc sous le long bâton, qui sert de manche au bat-beurre. La
ventre; sa taille ordinaire est de 60 à 80 centim. baratte de M. de Valcourt , préférable à la baratte
La chair du bar est très-reeherchée ; quand ce ordinaire, est composée d’un petit baril cylindri-
poisson est de belle taille, on le sert pour grosse que , traversé dans sa longueur par un axe auquel
ièce au premier service sur les meilleures tables. sont adaptées deux ailes, tournant au moyen d’une
E es Grecs, qui l’appelaient Labrax, l’estimaient manivelle placée à l’une des extrémités de l’axe.
beaucoup. Les anciens Romains l’appelaient Lupus, — La baratte dite de Billancourt est composée
probablement à cause de sa voracité; ils le faisaient d’une caisse rectangulaire ou légèrement pyrami-
figurer sur leurs tables dans les grands festins. — dale , percée au point le plus bas d’un trou qui se
Le B. rayé ou Poisson de roche des États-Unis a le ferme au moyen d’une cheville ; dans son intérieur,
ventre argenté. 11 surpasse notre bar par sa beauté, sont placées quatre ailes assemblées sur un arbre qui
sa taille et l’excellence de sa chair. traverse l’axe de l’essieu portant la manivelle. On—
En Métrologie, on nomme bar un poids en usage connaît encore la B. flamande, la B. de Clèves, la
sur la côte de Coromandel, équivalant à 140 kilogr. B. de Brabant, en usage aussi en Hollande et dans
~ Lorsqu’on créa le système métrique , on avait une partie de l’Allemagne ; la B. vosgienne , em-
d’abord donné au poids de mille kilogr. le nom de ployée aussi dans les montagnes de la Franche-Comté
bar (dérivé du grec barus, pesant). On a bientôt et de la Suisse; la B. à berceau ou balançoire, qui
abandonné cette dénomination. sert dans le comté d’Aberdeen, dans le paysde Galles
BAR , machine de transport. Voy. bard. et en Amérique; la B. de Bowler, etc.; toutes ont
BARAQUE (d’un mot espagnol qui veut dire beaucoup de rapport avec la baratte de M. de Valcourt.
hutte de pêcheur). Dans l’Art militaire, on appelle BARBACANE, petit ouvrage de fortification,
ainsi des espèces de cabanes construites pour les ayant pour objet de masquer un pont ou une porte
troupes en campagne. La construction en est con- de ville , consiste en un simple mur percé de cré-
fiée au génie. Le camp de Boulogne s’éleva en ba- neaux ou de meurtrières. On donne encore ce nom
raques de 40 hommes. On appelle baraquement la à plusieurs sortes d’ouvrages avancés , destinés à
branche de l’art stratégique qui s’occupe de la couvrir les parties faibles d’une muraille , un che-
construction des baraques et de leur distribution. min couvert, etc. —
En Architecture, on appelle bar-
En Angleterre , le baraquement forme une branche bacanes ces ouvertures étroites et longues en hau-
spéciale du service militaire dirigée par le barrak- teur qu’on pratique aux murs qui soutiennent des
,
master-general (assistant quartier-maître général). terres, afin de ménager une issue à l’écoulement des
BARAT , patente de drogman , délivrée par les eaux : on dit aussi chantepleure.
consuls ou agents des afl'aires étrangères dans le BARBACOLE , jeu de hasard,dit aussi Eocca ou Bas-
Levant, à des sujets du Grand-Seigneur, pour les sette, paraît être le même que le Pharaon. V. ce mot.
autoriser à servir d’interprètes auprès des ambas- BARBACOU, genre d’oiseaux de l'ordre des Grim-
sadeurs. Le barat soustrait le sujet ottoman à sa peurs et de la famille des Barbus^Les barbacous
juridiction propre , pour le placer sous celle des ont une coloration noirâtre ou ardoisée et uniforme.
Européens résidant dans l’empire de Turquie, et lui Ils habitent l’Amérique Méridionale. L’espèce la
confère quelques privilèges, avec un costume parti- plus connue est le Barbacou à face blanche.
culier. Ces sortes de protections se vendent comme BARBARÉE, herbe bisannuelle de la famille des
une marchandise. Les barats de France et d’Angle- Crucifères, à feuilles lyrées et à fleurs petites, jau-
terre sont les plus estimés et aussi les plus chers. nes , odorantes , habite les terrains sablonneux et
BARATERIE (du vieux français barat, barate humides. L’espèce la plus commune est la B. vul-
tromperie). On nomme ainsi, dans le Droit mari- gaire dite aussi Herbe de Ste-Barbe , Herbe aux
time , toute prévarication du capitaine , maître pa- charpentiers, Julienne jaune et Rondofte. Toutes
,
tron ou pilote chargé de la conduite d’un navire les parties de la barbarée ont une saveur piquante
,
telle que soustraction de marchandises naufrage analogue à celle du cresson; les jeunes feuilles se
,
volontaire, fraude commise au détriment des ar- mangent en salade. La barbarée précoce se cultive
mateurs , assureurs ou associés. La baraterie peut sous le nom de Roquette des jardins.
aussi avoir lieu de complicité entre le capitaine et l’ar- BARBARES. Les Grecs et les Romains donnaient
mateur contre les assureurs. La baraterie soit iso- cette qualification à tous les peuples qui ne par-
lée , soit de complicité , est justiciable des tribu- laient pas leur langue. Dans l’histoire moderne, on
naux criminels, et entraîne les peines les plus l’applique spécialement aux peuples asiatiques, ger-
graves. Le capitaine ou patron sera puni de mort mains, slaves ou Scandinaves, qui se jetèrent sur
s’il a volontairement fait périr son bâtiment l’empire romain et les parties de l’Europe ciÿisées.
; des tra-
vaux forcés à perpétuité, s’il l’a détourné à son pro- Les plus connus sont les Huns, les Alains et les
fit ; à temps
,
s il a détruit tout ou partie de son char- Bulgares, de la famille asiatiquet; les Goths, les
gement. Le complice est puni comme l’auteur prin- Visigoths, les Gépides, de la famille scythico-ger-
cipal. Ces peines , déjà contenues dans une ordon- manique; les Vandales, les Suèves, les Lombards,
nance d’août 1681, ont été édictées de nouveau par le les Bourguignons, les Francs, de la famille ger-
Code pénal (art. 408) et par la loi du 10 avril 1825. manique; les Saxons, les Teutons, lesCimbres et
, , ,

BARB — lo5 — BARB


les Normands , de la famille Scandinave. Voy. pour des pattes et de la moitié postérieure du corps , ce
l’histoire de ces peuples le Dict. univ. d’H. et de G. qui lui donne à peu près l’apparence d’un lion à
BARBE (du latin barba). La manière de porter crinière. —Barbet est aussi le nom vulgaire de plu-
la barbe a constamment varié, selon les peuples, sieurs poissons, le Barbeau, le Rouget et le Mulet.
les temps, les modes. Tantôt on la porte longue , On a donné ironiquement le nom de Barbets aux
tantôt on la rase, soit entièrement, soit en partie. restes des anciens Vaudois et Albigeois, réfugiés dans
Les Égyptiens passent pour être le premier peuple les vallées du Piémont. Ils tirent ce nom, dit-on, de
qui se soit rasé. Les Grecs portaient en général la celui de Barbes, qu’ils avaient donné à leurs minis-
barbe longue; cependant Alexandre fit raser les Ma- tres, à cause des grandes barbes qu’ils portaient.
cédoniens. Les Romains ne commencèrent à se raser BARBETTE. Dans l’Artillerie , on nomme ainsi
que l’an 295 av. J.-C. Adrien rétablit la barbe; une espèce de batterie c’est une petite élévation en
:

Constantin se la fit couper. Les Gaulois portaient la terre que l’on pratique aux angles flanqués des ou-
barbe longue; les Francs se rasaient et né portaient vrages pour y placer des canons, qu’on tire pardes-
que les moustaches. Rétablie par Charlemagne , la sus le parapet au lieu de tirer par les embrasures :

barbe fut abandonnée par Louis le Jeune; elle fut c’est ce qu’on appelle tirer à barbette.
remise à la mode par François Rf; Henri IV la por- BARBICANS et barbions, oiseaux. Voy. barbus.
tait de médiocre grandeur. Les règlements militaires BARBIER (de barbé). Chez les anciens, les bar-
ont tantôt prescrit, tantôtdéfendu le port de la barbe biers portaient le nom plus général de tonsores
dans nos armées. En dernier lieu , elle était portée (tondeurs), et entretenaient à la fois la barbe, les
exclusivement par les sapeurs une circulaire du 21
: cheveux et les ongles. A Rome, comme à Athènes,
janvier 1831 avait supprimé ce dernier asile de la leurs boutiques étaient le rendez-vous des oisifs et
barbe, mais elle n’a pas tardé à rentrer dans ses des nouvellistes. En France, les barbiers portaient
droits. —On a écrit une foule d’ouvrages sur les jadis le nom de mires et remplissaient en partie les
modifications sans nombre qu’a subies la barbe les
;
fonctions de chirurgien. Quelques-uns jouèrent un
amateurs peuvent consulter VHisfoire de la barbe, rôle très-important : Pierre La Brosse , barbier de
par D. Calmet; la Pogonoloqie de Dulaure, 1786; saint Louis , devint ministre de Philippe le Hardi ;
l'Histoire des révolutions de la barbe des Fran- Olivier le Dain, barbier de Louis XI, fut aussi son
çais depuis l’origine de la monarchie, 1826, et confident. Les barbiers furent érigés en corporation
l’Histoire des moustaches et de la barbe, 1836. en 1674. Ils avaient ppur patrons S. Côme et S. Da-
Par extension, on a appelé barbe : 1» chez les mien (27 sept.). —
On distinguait jadis les B. -perru-
mammifères, les poils qui croissent au menton du B
quiers et les .-chirurgiens ; on a donné quelquefois
bouc et de la chèvre , à la figure de certains singes et à ces derniers le nom de fraters. Après 1789, les B.-
aux fanons des baleines; 2® chez les oiseaux, les chirurgiens abandonnèrent le rasoir, et les B.-perru-
faisceaux de petites plumes ou poils qui pendent à la quiers échangèrent leur nom contre celui de coiffeurs.
base du bec, ainsi que les filaments qui garnissent les BABBIEB, poisson. Voy. ANTHIAS et SERRAN.
deux côtés d’une plume ; 3“ chez les insectes, les poils BARBILLONS (de barbe) , filaments qu’on rencon-
longs et roides qui garnissent le front de certains tre autour de la bouche de certaines espèces de pois-
diptères et entourent la base de leur trompe. sons, et qu’on a regardés comme des organes du tact.
En Botanique , on désigne sous ce nom les filaments Ce mot désigne aussi 1® les antenmdes et lesÿ^^/pe^
des étamines des molènes, le style et le stigmate des des animaux articulés; 2® des replis de la membrane
gesses , le filet qui termine ou accompagne la balle muqueuse de la bouche , situés sous la langue du
desblés, orges et autres graminées (Foy. aussi arête). cheval, de cliaque côté du frein, et formant une
— On nomme vulgairement B. de bouc le Salsifis sorte de mamelon qui sert de pavillon à l’orifice ex-
sauvage; B. de capucin, une variété de Chicorée térieur des glandes maxillaires. Les empiriques les
sauvage qui, renfermée à la cave dans un tonneau coupent sous prétexte qu’ils empêchent les chevaux
rempli de terre , pousse des jets allongés et blancs de boire. — On nomme encore barbillons les jeunes
qu’on mange en salade; B. de chèvre, la Spirée; barbeaux et une espèce de squale.
B. de Dieu, V Andropogon; B. de Jupiter, la. Jou- BARBOTE, nom vulgaire de la Lotte commune
barbe; B. de renard, Y Astragale adragant, etc. Gadus Lota) poisson d’eau douce de l’ordre des
Le cheval barbe est un cheval de Barbarie ; ces ilalacoptérygienssubbrachiens, famille des Gadoides.
chevaux sont estimés pour leur vigueur. C’est un très-bon poisson dont on fait d’excellentes
BARBE (sainte-). Voy. SAINTE-BARBE. fritures {Voy. gade). —
En Botanique, Barbote est
BARBEAU, sous-genre de Cyprins , de la famille le nom vulgaire de la Vesce.
lies Cyprinoïdes, caractérisé par ses barbillons et BARBOTINE , dite aussi Santoline et Semen-
ar la brièveté de ses nageoires dorsales et anales. cOtUra, poudre à vers composée, a pour base la graine
S porte à la mâchoire supérieure quatre bar-
,
d’une espèce d’Armoise. Voy. semen-contra.
billons , dont deux au bout et deux aux angles : BARBUE, Passer Rhombus, espèce du genre Tur-
c’est de là que lui vient son nom. Le type de ce bot : c’est un poisson de mer très-ressemblant au tur-
sous-genre est le B. commun, appelé aussi Bar bot, bot commun; mais il est plus large et plus mince et
Barbiau et Barbet, qui vit dans les eaux douces. n’a point d’aiguillons. La barbue est très-estimée
Sa taille est de 35 à 40 centim. Sa chair est assez quoique sa chair soit moins ferme et rnoins savou-
estimée ; mais on attribue à ses oeufs des propriétés reuse que celle du turbot. Son nom lui vient vrai-
vénéneuses qui ne sont point constatées. semblablement des filets minces et libres, analogues
Barbeau est aussi le nom vulgaire du Bluet et aux barbes de poisson , qui dépassent les rayons
é-
de quelques autres Centaurées : le B. jaune est la Cen- extérieurs de sa nageoire dorsale , rayons qui s
taurée odorante ; le B. musqué, la Centaurée mus- tendent jusque sur la tête de l’animal, entre les yeux.
quée; le B. de montagne, la Centaurée vivace. BARBUS ou Eücco'iNÉES (de barba, barbe, et de
BAJRBET (de barbe, à cause de son poil), espèce bucca, joue, à cause de la forme de leur bec), fa-
de chien à poils longs et frisés de couleur blanche mille d’oiseaux Grimpeurs , a pour caractères un
ou noire, appartient à la race des Épagneuls; on bec conique, renflé latéralement, et garni à sa base
l’appelle aussi Caniche et Chien canard. Le barbet de plusieurs faisceaux de barbes roides , dirigées en
aime beaucoup l’eau , et peut être employé pour la avant. Ces oiseaux habitent les contrées les plus
chasse à l’étang. 11 est très-intelligent et très-attaché chaudes des deux continents ; leur plumage est bril-
à son maître; mais la longueur de son poil l’expose lant, mais ils ont l’air pesant et stupide. On distingue
à^se crotter affreusement en marchant par les rues: les Barbus proprement dits, qui habitent l’Asie^ et
c'est pour cette raison qu’on lui rase souvent le poil l’Amérique les Barbicans ou Pogonias qu on
;
,

BARI — 156 — BARO


trouve en Afrique; les Barbions, qu’on trouve en du genre Agaric. — On donne ce nom à une ma-
Afrique ,
en Asie et en Amérique ; enfin les Tama- nière de préparer l’artichaut; elle consiste à farcir
fias et les Barbacous, qu’on ne trouve que dans ce légume, à le passer un instant dans un peu de
l’Amérique méridionale. beurre, et à le faire cuire doucement dans une tour-
BARCAROLLE (de barca, barque), c.-à-d. chan- tière avec quelques cuillerées de bonne huile. On
son de barque , de batelier, ainsi nommée parce sert l’artichaut ainsi préparé sur une sauce italienne.
qu'elle est chantée par les gondoliers de Venise, qui, BARIL , petit tonneau de bois destiné à contenir
^Is n’ont pas inventé ce genre , en conservent du diverses sortes de marchandises sèches ou liquides
moins le goût et la tradition dans toute sa pureté. et dont la capacité varie suivant les usages auxquels
Ce sont ordinairement jles strophes, des couplets, on l’emploie. En France, les ordonnances sur 1
en dialecte vénitien, souvent des stances du Tasse, barillage prescrivaient de donner aux barils la
ornés d’une mélodie simple, touchante ou animée. 8« partie de la capacité d’un muid ou 18 boisseaux
Des compositeurs habiles les ont plus d’une fois de Paris (235 litres). Le baril de poudre contient
lacées avec succès dans des ouvrages dramatiques. 50 kilogr.; le baril de savon contient 126 kil.; mille
E e mouvement à 6.8 en est léger, et rappelle assez harengs forment un baril.
bien le jeu de la rame qui fend les eaui. BARILLE, nom commun à plusieurs plantes ma-
BARD ou BAR , forte civière dont on se sert dans rines qui donnent la soude. 11 s’applicpie aussi à
les chantiers pour porter les moellons, les pierres une espèce de soude estimée que les Espagnols
et autres matériaux servant à bâtir. fabriquent, et qui est employée dans la fabrication
BARDANE, Arctiumlj., Lappa J., genre de Com- du savon. Il s’en exportait une grande quantité pour
posées, tribu des Cynarées. La B. officinale pretium Marseille avant qu’on eût trouvé l’art de fabriquer
iappa), genre type, croit naturellement en Europe le la soude (Foy. soude). —
Qualité de soie. Voy. cabesse.
long des chemins et dans les terres incultes. C’est une BARILLET ( diminutif de baril ). On appelle
plante à tige rameuse, de 70 centim. de hauteur, gar- ainsi, en Anatomie, une cavité assez grande située
nie de feuilles vertes en dessus, blanches et cotonneu- derrière le tambour de l’creille; —
on Horlogerie,
ses en dessous. Ses fleurs, purpurines ou violacées, un tambour plus ou moins plat, qui renferme un
sont contenues dans un calice formé d’écailles qui ressort plié en spirale il
y a le barillet de la son-

:

s’accrochent aux vêtements et à la toison des brebis. nerie et celui du mouvement ; eu Hydraulique
Sa racine s’emploie comme dépurative et sudorifique un corps de bois cylindrique avec un clapet de bois
contre les maladies de la peau, d’où son nom d’ Herbe placé sur le dessus, ou bien le piston d’une pompe à
aux teimeux. La bardane se nomme aussi Glouteron. bras qui n’a pas de corps de pompe, mais qui joue
BARDEAU ou bardot, petit mulet qui provient dans un tuyau de plomb et élève l’eau par aspiration.
de l’accouplement d’un cheval et d’une ânesse. Ce BARITE, BARIUM. Voy. baryte, b.aryum.
mot s’emploie figurativement pour désigner celui BARITON. Voy. baryton.
qui est un objet de mépris et de sarcasmes. BAROMÈTRE (du grec ba7-os, poids, et métron,
Dans la Bâtisse , on appelle Bardeau une sorte mesure), instrument de physique servant à. indi-
d’ais mince et court qui sert à soutenir les tuiles quer les variations qu’éprouve la pression de l’at-
et les ardoises sur les toits, ou à porter les carreaux. mosphère. Il se compose d’un tube de verre long
BARDES, poètes et ministres du culte chez les d’environ 90 centim., qui, après avoir été rempli de
Gaulois et les Bretons. F. le Dict. univ. d H. et de G.- mercure, est renversé par son extrémité ouverte dans
BARDIGLIO, espèce de marbre. Voy. marbre. une cuvette également remplie de mercure ; cet ap-
BARDOTTIER , Imbricaria genre d’arbre de la
,
pareil est fixé sur une planchette divisée en centi-
famille des Sapotiliers, fondé sur une espèce qu’on mètres de bas en haut. 11 présente à sa partie supé-
trouve à File Bourbon. C’est un arbre lactescent. On le rieure un vide, que Ton appelle chambre bai'omé-
nomme aussi bois de natte, à cause de l’usage qu’on trique , vide barométrique ou vide de Torricelli,
fait de son bois, débité par lattes, pour couvrir les dans lequel le mercure peut se mouvoir librement.
maisons. Ses fruits sont gros et bons à manger. 51 l’on fait répondre le zéro de l’échelle au niveau du
BARÈGE , étoffe de laine légère et non croisée, mercure de la cuvette, on voit que, malgré la commu-
dont on fait des châles, des fichus, des écharpes, des nication établie entre le liquide de la cuvette et celui
robes de femme. Elle tire son nom de Baréges, quoi- du tube, ce dernier s’élève à environ 760 millim. ou
que ce soit plutôt à Bagnères de Bigorre (Hautes- 28 pouces au-dessus de l’autre. Cette inégalité de ni-
Pyrénées) qu’on la fabrique. veau est due à la pression de l’air extérieur sur la sur-
Eau de Barèges. Voy. e.vox minérales. face du mercure contenu dans la cuvette : elle prouve
BAREGINE , substance extraite des eaux de Ba- que le poids de ia colonne renfermée dans le tube fait
règes , nommée aussi Glairine. Voy. glairine. équilibre à cette pression de l’atmosphère. Si à la place
BAREME , livre contenant des calculs tout faits, du mercure on employait de l’eau, qui est 13 fois 1/2
est ainsi nommé de Barrême, qui composa le pre- moins pesante que le mercure, la colonne s’élèverait
mier livre de ce genre. On a depuis publié sous le à une hauteur 13 fois 1/2 plus grande , c.-a-d. a
même titre une foule de livres de Comptes faits. 32 pieds ou 10“,26 , hauteur où elle parvient en effet
BARGE, Limosa, genre d’oiseaux Echassiers delà dans les tuyaux de pompe.
famille des Longirostres. La B.
à queue noire ou Le baromètre sert communément à prédire la
commune, qui est le type de ce genre, ressemble pluie et le beau temps, mais ses indications sont
beaucoup à la Bécasse mais a la taille plus élancée
,
peu sûres. Quand la colonne est très-élevée, c’est
et les pattes plus élevées. On remarque encore la signe de beau temps; quand elle descend, c'est signe
B. aboyeuse ou à queue rayée, qui est d’un gris de mauvais temps de 766 mitlirnètres à 773,
;

brun, à plumes bordées de blanc, et qui a le croupion le temps est généralement beau ; à 760 , il est va-
blanc rayé en hiver, tandis qu’elle est presque entiè- riable au-dessous, l’instrument annonce la pluie
;

rement rousse en été. Les barges habitent les ma- et le vent; à 730, point le plus bas qui ait été ob-
rais salés et les bords do la mer ce sont des oiseaux
;
servé, il présage les tempêtes. Le baromètre monte
tristes, timides, glapissants ils vivent en troupe et dans le beau temps parce que l’air, étant alors sec
;
restent toujours cachés dans les roseaux. et plus pesant, exerce une plus forte pression sur
barge, barque à voile carrée, usitée sur la Loire. le mercure contenu dans la cuvette; il descend dans
BARIGEL (dei’italien ô«rfÿe//o), nom que porte le mauvais temps , parce que l’air, étant alors hu-
à Rome et à Modène le capitaine des archers chargé mide et plus léger, exerce une moindre pression sur
de veiller à la sûreté et à la tranquillité publiques. la cuvette. — Comme la colonne mercurielle se dé-
BARIGOULE, sorte de Champignon comestible, I
prime à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère,
, , , ,

BARO — 157 — BARR


parce qu’elle fait alors équilibre à des couches cure; on y attache un fil qui s’enroule sur une
moins élevées et conséquemment moins pesantes, on poulie et qui porte un contre-poids à son extré-
tire parti de ce fait pour employer le baromètre à mité ; quand le mercure monte ou descend dans la
mesurer les hauteurs. courte branche, le mercure en suit le mouvement
Galilée paraît avoir eu la première idée du haro- et fait marcher l’aiguille. Les frottements et les adhé-
mètre; elle lui fut suggérée par un fontainier de rences rendent la marchp de cet instrument très-
Florence qui avait remarqué que l’eau ne pouvait peu exactes.
irrégulière et ses indications
s’élever dans les eorps de pompe au-dessus d’une Le baromètre éprouve dans un même lieu des
hauteur invariable (32 pieds ou 10“,26) ; mais ce fut variations plus ou moins considérables à Paris,:

Torricelli, son disciple, qui construisit le premier il n’y a presque pas de jour où il ne change de
instrument de ce genre en 1643. Depuis, on a beau- plusieurs millimètres. On distingue deux sortes de
coup perfectionné le baromètre. Toutes les formes variations les variations horaires, qui, se repro-
:

qu’on a imaginées reviennent généralement à deux : duisant très-régulièroment à des heures marquées
le B. à cuvette et le B. à siphon. sont d’une grandeur constante ;
et les variations
Baromètre à cuvette. Dans le baromètre à cu- accidentelles, qui surviennent irrégulièrement sans
vette ordinaire , les indications ne sont pas bien qu’on en puisse prévoir ni l’époque ni l’étendue.
exactes, parce que le niveau du mercure dans la Dans nos climats, l’heure de midi est l’heure de la
cuvette, qui est considéré comme fixe, s’abaisse ou journée où la hauteur du baromètre est très-sensi-
s’élève suivant que le mercure monte ou descend blement la hauteur moyenne du jour; en hiver,
dans le tube ; on remédie en grande partie à cet le maximum est à 9 heures du matin, le minimum
inconvénient en donnant à la cuvette beaucoup plus à 3 heures de l’après-midi, et le second maximum
de largeur qu’au tube. Dans le B. de Fortin, la à 9 heures du soir ; en été , le maximum a lieu
cuvette se compose d’un fond en peau, qu’une vis avant 8 heures du matin , le minimum à 4 heures
fait monter ou descendre à volonté
;
la partie supé- de l’après-midi, et le second maximum à 11 heures
rieure de la cuvette porte une petite pointe en ivoire, du soir. La hauteur moyenne du baromètre, à Paris,
à l’aide de laquelle on obtient un niveau constant. est de 756 millim. On doit à M. de Humboldt, et
Ce baromètre est portatif ; il est enfermé dans un surtout à M. Ramond, de nombreuses observations
étui en métal, fendu sur les côtés, et qui porte des sur les variations horaires du baromètre.
divisions; la cuvette est recouverte par une peau BAROMÈTRE ANÉROÏDE. Voy. ANÉROÏDE.
perméable à l’air et imperméable au mercure. BARON, BARONNET, titres de noblesse. Voy. le
Baromètre à siphon. Dans les baromètres à cu- Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
vette , l’action capillaire du verre sur le mercure dé- BARRAGE (duv. barrer), obstacle que Ton op-
prime la colonne dans le tube plus fortement que dans pose à un cours d’eau pour en exhausser le niveau,
la cuvette ;
cette cause d’erreur n’existe pas dans le soit qu’on veuille le rendre plus navigable, soit
baromètre à siphon. Celui-ci est formé par un tube qu’on ait besoin d’une chute d’eau pour le service
recourbé en U, à branches inégales, mais de même d’une usine. Il y a des bai'rages fixes, construits en
diamètre ; la dépression est alors la même des deux maçonnerie et en bois, et des barrages mobiles^,
côtés et n’a plus besoin d’être corrigée. On gradue formés de poutrelles superposées horizontalement
cet instrument au moyen d’une règle mobile qui ou d’aiguilles verticales, et s’enlevant à volonté. —
porte les divisions et qui fait mouvoir en même On appelait autrefois droit de barrage un droit
temps une petite tige d’ivoire qu’on amène avant établi pour la réparation des ponts ou du pavé des
,
chaque observation , à affleurer la surface du mer- routes, ou bien encore un droit d’entrée qu’on payait
cure. Quelquefois on applique à l’instrument une à la porte de certaines villes. Il était ainsi nommé,
règle fixe dont le zéro est placé au-dessous ou au-
,
parce qu’aux lieux où on le percevait on plaçait
dessus du point que le niveau du mercure peut at- une barre en travers du chemin.
teindre dans la courte branche; on obtient la hau- BARRAS, nom donné au suc résineux qui dé-
teur exacte en retranchant de la hauteur observée coule du pin maritime , lorsqu’il s’est desséché sur
dans la longue branche , la différence de hauteur l’arbre en masses jaunes. A l’état liquide, on le
observée entre le zéro fixe sur la tige et le niveau du nomme galipot.
mercure dans la courte branche , si le zéro est situé BARRE. Ce mot s’emploie dans un grand nombre
au-dessous; on ajoute au contraire cette différence d’acceptions nous citerons seulement les suivantes :

si le zéro se trouve placé au-dessus du niveau. — ;

En Géographie , on appelle barre de sable ou sim-


Le B. de Gay-Lussac est un baromètre à siphon plement barre, des amas de sables, ordinairement
dont les deux branches sont séparées par une por- mouvants, qui obstruent l’embouchure d’un fleuve
tion de tube capillaire dont le diamètre est assez fin ou l’entrée d’un port; barre d’eau une vague élevée,
pour que l’air ne puisse traverser le mercure et le transversale, que produit le choc des eaux des grands
déplacer ; l’extrémité de la courte branche est entiè- fleuves, descendant avec force contre les eaux de la
rement fermée, et ne présente, sur le côté, qu’une mer qui remontent par l’effet de la marée. Dans le
petite ouverture par où Tair peut pénétrer, mais qui fl. des Amazones, la barre, appelée par les indigènes

ne permet pas au mercure de sortir. Ce baromètre prororoca, s’élève jusqu’à 15 m.; dans la Seine, son
est portatif et a une graduation fixe. Le B. de— effet est ressenti jusqu’à Rouen; les riverains de la
Bunten est un perfectionnement du précédent. Il est Dordogne donnent à la barre le nom de mascaret.
formé de deux tubes soudés dont le supérieur, ter- Dans la Marine on nomme ôarre du gouvernail
,
miné en pointe , s’enfonce un peu au-dessous de la à la tète du gouvernail et qui sert à le
le levier fixé
soudure , de manière à laisser autour de la pointe manœuvrer; aujourd’hui, cette barre est en bois,
un petit espace circulaire. De cette sorte, les bulles et A son extrémité est attachée une corde appelée
d’air qui restent adhérentes aux parois du tube drosse, dont les bouts vont s’enrouler sur un cylin-
dans le renversement de l’instrument au lieu d’ar-
,
dre ou roue qui aide au maniement ; —
barre d’ar-
river par le ballottement jusque dans le vide ba- casse , la corde du grand arc formé par les estains
rométrique, viennent se loger dans l’angle circu- appuyés sur l’étambot , lequel est comme la flèche
laire formé autour de la soudure, et n’abaissent pas de cet arc ; —
barre d’hourdy, une barre parallèle
par leur force expansive la colonne barométrique et inférieure à la barre d’arcasse ; au-dessous de
comme elles le font dans le baromètre de Gay-Lussac. cette barre est la barre de pont qui est à la hau-
Le Baromètre à cadran est encore un baromètre teur du pont; —barres d’écoutilles, de longues
à siphon , disposé de manière à faire mouvoir une lattes en fer fixées par des pitons et des cadenas
aiguille; un petit poids pèse sur la surface du mer- sur les couvertures formées de plusieurs planches
, , —

BARR — 158 — BARR


dont on recouvre les larges ouvertures qui livrent Arnauld, Patru. Au xviii® siècle, Cochin, Gerbier,
passage des ponts supérieurs à la cale ou à l’inté- Linguet, Bergasse, Delamalle , Tronchet, Desèze,
rieur du navire ; —
barres de hune, bai'res de per- Chauveau-Lagarde , soutiennent l’honneur du bar-
roquet, barres de cacatois, de petites pièces de bois reau; ils trouvent dans lesBerryer, les Hennequin,
placées en travers , à distances difl’érentes, sur l’élé- les Dupin , de dignes successeurs.
vation de l’ensemble d’un mât, et qui supportent la Il a été publié, sous le titre de Barreau français,

base de chacun des mâts particuliers, dont chacun de riches recueiis des chefs-d’œuvre d’éloq. judiciaire
forme , par sa superpositioin , le mât proprement dit. (16 v.in-8, Paris, 1821-25, et 20 V. in-8, 1823-47). Outre
En termes de Blason , la barre est une des pièces une Histoire abrégée de l’ordre des avocats par
honorables de l’écu , qui va du haut de la partie "Boucher d’Argis (1753) , on a V Histoire des avocats au
gauche au bas de la partie droite ; c’est le con- Parlement et au Ban'eau de Paris, par M. Fournel
traire de la bande. On appelle barre de bâtardise (1813 ) , histoire que complètent les Souvenirs de
une barre un peu plus étroite que la barre simple, Berryer père (1839), On doit à M. Grellet-Dumazeau
et qui sert à barrer les armes des bâtards. des Recherches et Etudes sur le Barreau de Rome,
En Métallurgie, on donne le nom de barre au depuis son origine jusqu’à Justinien (Paris, 1851).
produit de la fbnte des mines des métaux précieux BARREAU AIMANTÉ. Voy. AIMANT.
purifié, affiné et façonné en lingots ; sur chaque barre BARRES, nom donné à l’intervalle qui, dans la
on indique par quatre marques le poids, le titre, le mâchoire du cheval, existe entre les incisives et les
millésime et la douane où les droits ont été acquittés. molaires, et sur lequel porte le mors. Chez Jes ru-
Dans un Tribunal, on appelle la barre l’enceinte minants et les rongeurs, c’est la place vide existant
particulière réservée aux juges, parce qu’elle est entre les incisives et les molaires.
ordinairement fermée par une barre ou barrière à Autrefois , on désignait sous le nom de barres un
hauteur d’appui les avocats et les avoués se pla-
: exercice d’hommes armés combattant ensemble,
et
cent derrière la barre. On a étendu ce nom à Ten- avec de courtes épées, dans un espace fermé de
ceinte des chambres législatives. barrières. Par suite, on a donné ce nom à un jeu qui
En Métrologie, on noname barre une mesure consiste à se former en deux camps, séparés par une
pour les étoffesdont on se sert en Espagne. On barre tracée sur le sol , puis à venir se provoquer
distingue la barre de Valence qui eontient 90 cen- réciproquement et à courir les uns contre les au-
timètres , et celle de Castille qui en a 85. Voy. vare. tres, pour faire des prisonniers ou pour délivrer les
BARREAU. Ce mot désigne et le lieu où les prisonniers faits par le camp opposé.
avocats se tiennent à l’audience pour plaider, et le BARRETTE (de l’italien barretta), bonnet carré
corps même des avocats; il vient de la barre ou de couleur noire et à trois cornes que portent les
balustrade qui sépare le tribunal du lieu où siègent ecclésiastiques, surtout en Italie; ordinairement 11
les avocats. — Le barreau a produit, à toutes les se plie en s’aplatissant. —
On donne plus spéciale-
époques, des hommes célèbres, et a joué un rôle ment ce nom à un petit bonnet carré de couleur
important. Chez les Grecs et les Romains, il fut la rouge qui est un des insignes des cardinaux, et qu’il
pépinière des orateurs et des hommes d'Etat Aristide,
: ne faut pas confondre avec le berettino ou calotte
déridés, Hypéride, Lysias, Démosthène,Eschine dans rouge. La barrette est remise aux cardinaux par un
Athènes ; Cicéron, Hortensius, Marc-Antoine, Crassus envoyé de pape, qui prend le titre d’ablégat. C’est
à Rome, furent l’honneur du barreau en même Grégoire XIV qui introduisit l’usage de la barrette,
temps que de la tribune. —
Sous les empereurs ro- afin de distinguer les cardinaux. —
Le bonnet de doc-
mains, sans jouer de rôle politique il compte en- teur se nomme aussi barrette : il se distingue de la
,
core dans ses rangs les hommes les plus distingués, barrette ordinaire en ce qu’il a quatre cornes.
Pline, Papinien, Ulpien, etc. Anéanti par Tinva- BARRICADE (de barre), espece de retranche-
sion des barbares, le barreau se relève au moyen ment fait à la hâte avec des tonneaux, des fascines,
âge. Longtemps la défense est confiée aux clercs de des paniers pleins de terre, des arbres, des pieux,
l’Eglise ; mais un concile leur interdit le barreau des pavés ou tout autre obstacle, pour défendre
(1180). Ce n’est que sous Louis IX qu’on voit pa- un passage, une avenue, une porte, une brèche. On
raître en France le nom d'avocat l’ordre, déjà régle- a également donné ce nom à des chaînes tendues
^
menté par une ordonnance de 1274, est constitué par à travers une rue pour empêcher le passage. Ce —
l’ordonnance de 1344. Tout en partageant depuis le genre de défense a joué un grand rôle à Paris dans
sort des parlements, il conserve son organisation plusieurs insurrections. Outre l’emploi qu’on en fit
jusqu’en 1790. Il est alors supprimé, comme toutes dans la célèbre journée du 12 mai 1588, appelée
les institutions de l’ancien régime. Pendant plusieurs spécialement la Jownée des barricades ( Voy. le
années , L’exercice de la profession d’avocat fut ou- Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.), on y recourut en-
vert à tout le monde ; ceux qui s’y livraient pre- core le 29 août 1648, pour forcer Anne d’Autriche
naient le titre de défenseurs officieux. L’ordre des à renvoyer Mazarin le 27 juillet 1830, pour repous-
;

avocats ne fut rétabli qu’en 1804 (loi du 22 ventôse ser les troupes de Charles X, à la suite de la pro-
an xii). Un décret du 14 déc. 1810 soumit le barreau mulgation des ordonnances du 25 juillet ; dans les
à un règlement sévère : le décret du 2 jufilet 1802, journées des 23 et 24 février 1848 .pour arrêter la
les ordonnances du 20 mars 1822 et 27 août 1830 marche des troupes du roi Louis-Philippe; enfin,
complétèrent son organisation. dans les fatales journées de juin 1848.
Le barreau français a subi de grandes vicissitudes. BARRIÈRES (du mot français barre), nom sous
Dès le XIV® siècle, il comptait des hommes d’un lequel on désigne, outre les grilles et les barrières pro-
grand savoir et d’une rare vertu , tels que Yves Hé- prement dites, les bureaux établis à l’entrée d’une
lori, qui fut canonisé, J. Faber, Pierre de Bellepçr- ville, sur un pont, sur une
route, à la frontière d’un
che, Raoul de Presles, Régnault d’Acy, Guillaume de pays ou d’une province, pour la perception d’un
Dormans, Jean Desmarets, J. Juvénal des Ursins, droit de douane, d’entrée ou d’octroi, d’un péage,
Tean de la Rivière, Jean de Vailly, Raulin, Cousi-
not, etc. ; mais l’éloquence de cette époque, déclama-
d’une taxe, etc. —
Paris a 56 barrières, dont les
principales sont au N., celles de l’Étoile, du Roule,
:

toire, verbeuse, surchargée de digressions inutiles et de Clichy, Saint-Depis, de La Villette, de Beileville


de citations déplacées , était fort discréditée. Avec le et du Trône; au S., celles 'de Fontainebleau ou
XVI® siècle commence pour le barreau français une d’Italie,Saint-Jacques, d’Enfer, du Maine, etc.
ère nouvelle : c’est alors que brillent Dumoulin, En Angleterre et en Allemagne .1 existe sur ies
G. Coquille, Poyet, Chopin, Br&son, Bodin, Ayrault, routes d^es barrières où l’on perçoit sur les voitures,
Loyseau , Pithpu, Loisel, Pasquier, Lemaistre, Ant. les chevaux et les bêtes de somme, des taxes desti-
, ,.

BARY — 169 — BASA


nées à payer les frais de construction et d’entretien la plus considérable des substances métalliques. On
des voies publiques. l’emploie dans les laboratoires de chimie pour pré-
Autrefois, à Paris, les sergents du Châtelet se te- parer lesautres sels de baryte. Les céruses com-
naient ordinairement appuyés sur la barrière qui munes du commerce sont quelquefois sophistiquées
était au-devant du Châtelet, pour être prêts , au pre- avec la poudre de ce minéral.
mier ordre du juge ou à la réquisition des parties ; BARYTON (du grec barys, grave, et tonos, ton).
dans la suite, on leur construisit en différents C’est la voix d’homme qui, pour la gravité, tient
quartiers, des corps de garde qui conservèrent le le milieu entre le ténor et la basse-t?iille et qui
,
nom de barrières des sergents] c’est de là qu’a pris est spéciale aux voix de basse dans leur jeunesse.
son nom le lieu appelé la Barrière des sergents, On Ta aussi nommée taille et concordant, parce
dans la rue Saint-Honoré , en face de la rue du Coq. qu’elle servait à lier entre elles les deux autres
BARRIQUE , espèce de futaille ou de tonneau ser- voix. Son diapason commence au si bémol grave
,
vant, comme le baril , à expédier des marchandises et s’élève jusqu’au fa, à la 12«. On l’écrit ordinai-
solides ou liquides, telles que la morue, les vins, rement, dans la partition, à la clef de fa, 4« ligne.
les huiles, les eaux-de-vie et les sucres. Sa conte- Le baryton est fort employé dans les opéras fran-
nance varie suivant les pays à Bordeaux, la barrique
; çais, et c’est peut-être le genre de voix le plus
de vin contient 200 pintes de Paris ou 186 lit., 263 ;
commun en France. — On a donné le môme nom
à La RocheUe, à Cognac, et dans tout le pays d’Au- à un instrument de la famille des Violons qui se
nis la barrique d’eau-de-vie compte pour 27 veltes
,
montait avec sept cordes. L’usage de cet instrument
(205 lit., 45) à Nantes et en divers lieux de la Bre-
;
est aujourd’hui abandonné.
tagne et de l’Anjou, elle est évaluée à 29 veltes BARYUM, corps simple métalli(iue contenu dans
(220 lit., 69) ; à Bordeaux, à Bayonne, et en plusieurs la baryte, aété isolé par. HumphryDavy enl808, au
endroits de la Guyenne à 32 veltes (243 lit., 84).
,
moyen de la pile de Volta. 11 est jaune, brillant, pèse
La barrique en usage pour les vins et eaux-de-vie env. 4,0, est très-oxydable et décompose l’eau à la
à Agen contient 100 pots du pays, lesquels font à température ordinaire.
peu près 240 pintes de Paris, ou 223 lit. 51 cent. BAS. Ce vêtement, ainsi nommé parce qu’il cou-
BARTAVELLE,nom vulgaire de laperdrix grecque. vre le basàe la jambe, était inconnu aux anciens.
BARTONIA, nom botanique de la Centaurelle. Les Germains et les peuples du Nord n’en portaient
BARYTE (du grec barys, pesant), dite aussi prot- point non plus. Au moyen âge , on se couvrit d’a-
oxyde àe baryum, terre alcaline composée de baryum bord les jambes avec du drap , de la toile ou de la
et d’oxygène [BaO], blanche ou grisâtre, d’une saveur peau qu’on attachait avec des cordons ou des cour-
caustique, tire son nom de sa pesanteur (4 fois celle roies. Les premiers bas de tricot ne datent que du
de l’eau). Lorsqu’on fait tomber sur de la baryte quel- règne de Ff-ançois Rf. Son fils, Henri II, porta, dit-
ques gouttes d’eau, elle s’échauffe, se délite et fait en- on, les premiers bas de soie qui aient été fabriqués
tendre un bruissement semblable à celui que produi- en France. -- Le métier à bas ou métier à tricoter,
rait un fer rougi : 1 partie de baryte exige 5 parties cette machine ingénieuse avec laquelle on fabrique
d’eau pour se dissoudre. Exposée à l’air, la baryte, non-seulement des bas, mais toute espèce de tricot,
comme les autres alcalis , en attire l’humidité et se fut inventé en France , en 1650, par un compagnon
carbonate. Calcinée dans le gaz oxygène, eUe se con- serrurier des environs de Caen, qui, rebuté par les
vertit en bioxyde ou peroxyde de baryum [ BaO* ]. tracasseries que lui suscita le corps des marchands
La baryte se rencontre fréquemment dans la na- bonnetiers , alla porter son invention en Angleterre
ture, en combinaison avec l’acide sulfurique, à l’état Elle en fut rapportée par un Français nommé
de spath pesant ou bande sulfatée, ou avec l’acide J. Hindres, qui, en 1656, établit au château de Ma-
cwbonique, à l’état de baryte carbonatée ou withé- drid , près de Boulogne , la première manufacture de
rite. Ces deux minéraux, et surtout le premier, ser- bas qu’on ait vue en France. Depuis cette époque, le
vent à la préparation de tous les sels de baryte. On métier à bas a reçu de nombreux perfectionnements.
obtient la baryte pure en calcinant au rouge, dans un Bas-bleu. En France et en Angleterre, on appelle
creuset, le nib-ate de baryte. M. Boussingault s’en ainsi ( blue stocking en anglais ) les femmes beaux
est servi tout récemment pour obtenir l’oxygène en esprits, ou qui visent à une réputation littéraire.
grand, en l’enlevant directement à l’air atmosphé- Quelques-uns attribuent l’origine de cette expression
rique, et le rendant libre immédiatement après. à lady Montagne; d’autres la font remonter au
M. Dubrunfaut en a tiré parti dès 1850 pour extraire xve siècle, parce qu’alors il existait à Venise une so-
des mélasses tout le sucre cristallisable qu’elles con- ciété littéraire dite Societa délia Calza (société du
tiennent. La baryte est peu employée en médecine Bas) , dans laquelle les femmes étaient reçues.
;

mêlée à l’huile d’olive ,


elle a été conseillée à l’exté- BASALTE (mot qu’on croit tiré de l’éthiopien), ro-
rieur contre les dartres. Les sels de baryte solubles che noire ou brune d’origine ignée, très-dure et très-
sont d’un emploi fort utile dans l’analyse chimique tenace, sonore, d’une densité égale à3, composée
;
ils servent particulièrement à découvrir l’acide sul- d’un mélange extrêmement intime de pyroxène et
furique et les sulfates, avec lesquels ils donnent un de feldspath , d’albite ou labradorite. On y trouve
précipité blanc, insoluble dans les acides. Us sont fort souvent disséminés des distaux de péridot , de py-
vénéneux. —
La baryte a été découverte par Scheele roxène, de mica, de zéolithes, de fer titané, etc. On
en 1774 dans le spath pesant ou baryte sulfatée. rencontre le basalte en filons et en masses intercalées
BARYTE CARBOXATÉE, dit aussi withérüe minéral dans toutes sortes de roches , et surtout en grandes
composé de baryte et d’acide carbonique, découvert nappes qui recouvrent comme un manteau la surface
par le docteur Witheringdans lamine de plomb de du sol, comme dans les anciennes provinces de l’Au-
Snailbach, dans le Shropshire, en Angleterre. Il a vergne, du Velay et du Vivarais, en plusieurs points
été trouvé depuis dans plusieurs autres localités. U des Iles britanniques, de l’Islande , etc. Les meisses
est blanc, fibreux, insoluble dans l’eau, et d’une basaltiques sont souvent divisées en fragments pris-
densité de 4,3. La baryte carbonatée est un poison matiques , placés dans une situation verticale ; cette
pour les animaux cette propriété la fait désigner,
: division provient du retrait de la roche en fusion
en Angleterre,souslenom Ae piej're contre les rats. au moment du refroidissement. Les prismes basal-
BARYTE SULFATÉE, spath pesant ou barytine, mi- tiques ont quelquefois une longueur considérable
néral blanc ou jaunâtre, remarquable par sa forte et présentent les apparences les plus extraordi-
pesanteur spécifique qui est de 4,5 (de là le nom de naires : les monuments naturels les plus célèbres
baryte) ;
se présente en veines ou en couches dans en ce genre sont les colonnades de la côte d’Antrim
les terrains de toutes les époques c’est la gangue en Irlande, le pavé basaltique ou la Chaussée des
;
, , , , , , , , ,

BASE — 160 — BASI


Géants des environs de Buslimill dans la naême lo- ainsi, en Arpentage, une ligne droite, mesurée
calité , et surtout la Grotte de Fingal dans l’île de sur le terrain avec la plus grande exactitude possi-
Staffa, l’une des
Hébrides. ble , et sur laquelle on construit une série de trian-
Le basalte est trop dur et trop cassant pour pou- gles pour déterminer la situation des objets ; —
en
voir être taillé; on ne peut l’employer dans les Astronomie, la distance mesurée sur la terre entre
constructions que comme moellon. On en fait ce- deux points fixes Irès-éloignés , dans le but de
pendant quelquefois des pilons et des mortiers, ou trouver l’étendue des degrés terrestres , et , par
même des enclumes pour les batteurs d’or. conséquent, là grandeur de la terre; —
en Chimie,
BASANE (du bas latin bisus bis , brun , noirâ- toute substance qui , combinée avec un acide
tre, à cause de la couleur que le tan donne à la produit un sel; c’est ce qu’on nomme aussi base sa-
peau) . peau de mouton , bélier ou brebis, passée au li fiable; les bases solubles dans l’eau sont connues
tan, s'emploie à divers usages, suivant les différents sous le nom d’alcalis [Voy. ce mot) ; —
en Géo-
apprêts qu’elle reçoit. Amincie et teinte, glacée et métrie, la partie la plus basse d’une figure, ou
apprêtée commele maroquin, dorée, marbrée ou es- celle qui est opposée au sommet. Dans un triangle,
tampée, elle sert à faire des garnitures de chapeaux, on peut prendre indifféremment pour base un quel-
des gaines, des dessus de tables, de chaises, de ban- conque de ses côtés ; dans les triangles rectangles,
quettes, de fauteuils; c’est surtout comme couver- on prend ordinairement l’hypoténuse , et , dans
ture de livre qu’elle est employée ce genre de re-
: les triangles isocèles, le côté inégal aux deux au-
liure est plus économique que le veau, mais moins tres. La B. d’un cylindre est l’une quelconque de
solide. Plus forte et moins façonnée , la basane est ses surfaces planes; la B. d’une pyramide est le
employée par les selliers , bourreliers , coffretiers et polygone sur lequel elle est construite ; la B. d’un
souflletiers, aux différents travaux de leur état. cône est le cercle sur lequel il est construit; la B.
On distingue ; B. tannées ou de couche qui sont d’une section conique est la ligne droite que forme
tannées de même que les peaux de veau , et dont l’intersection du plan coupant avec la base du cône.
l’emploi le plus ordinaire est de servir à faire des ta- BASELLE , vulgairement Épinard des Indes ,
pisseries de cuir doré ; B. coudrées , qui n’ont été genre de plantes exotiques , de la famille des Ché-
que rougies dans l’eau chaude avec le ta n, après avoir nopodées , est composé d’herbes annuelles , charnues,
été pelées par le moyen de la chaux; B. chipées, succulentes et volubiles. La B. rouge, originaire des
apprêtées d’une manière particulière qu’on appelle Indes Orientales, et la B. blanche delà Chine, sont
cnipage {Voy. ce mot) B. passées en mesquis, dans
;
toutes deux acclimatées en France. Leurs feuilles
l’apprêt desquelles les tanneurs ont employé le redou se mangent comme celles des épinards; leurs baies
au lieu de tan B. aludes ainsi appelées parce que,

,
noires fournissent une couleur pourpre assez belle,
dans les apprêts qu’on leur donne , on emploie de mais peu solide. La B. vésiculeuse originaire du
l’eau d’alun : c’est cette dernière espèce qui sert Pérou , se cultive chez nous en serre chaude.
pour les couvertures de livres et de portefeuilles. — BASIGÈNE (du grec basis, base, et gennaô, en-
La France, surtout dans les départements formés des gendrer), épithète donnée par Berzélius aux corps
anciennes provinces du Lyonnais et du Limousin, fa- électro-négatifs qui ne neutralisent pas les métaux,
brique une grande quantité de basanes ; on les pré- mais qui au contraire produisent avec eux des com-
pare dans les départements, et on les finit à Paris. posés électro-négatifs ou des acides, et des composés
BAS-BORD. Voy. bâbord. électro-positifs ou des bases comme l’oxygène , le
BASCULE, nom sous lequel on désigne tout sys- soufre, le sélénium, etc.
tème de corps suspendu sur un point, mobile ou BASILAIRE (c.-à-d. qui sert de base ) , épithète
non, et autour duquel ce corps oscille jusqu’à ce donnée par quelques anatomistes au sphénoïde et
qu’il se trouve en équilibre. Le fléau d’une balance au sacrum, os situés l’un à la base du crâne, et
est une bascule à bras égaux. Beaucoup de machi- l’autre à celle de la colonne vertébrale. On appelle
nes hydrauliques très-simples sont fondées sur ce sys- vertèbre basilaù'e la dernière vertèbre des lombes ;
tème : telles sont la B. hydraulique, la
B. de d’Ar- apophyse basilaire, le prolongement osseux qui
tigues, l’Horloge à eau de Perrault. Dans les hor- forme l’angle inférieur de l’occipital; artère ou
loges mécaniques, on appelle bascule un levier qui tronc basilaire le tronc formé par la réunion des
règle le mouvement de la sonnerie, et soulève les deux vertébrales , vers le bord postérieur de la pro-
marteaux qui frappent l'heure. Dans les orgues, on tubérance du cerveau. — En Botanique, on nomme
nomme B. du positif ou du petit orgue des règles basilaire tout organe placé à la base d’une partie
de bois, longues d’environ 2 m., qui établissent la quelconque. L’embryon est basilaire quand il est
communication entre le clavier du positif et le logé tout entier dans la portion du périsperme la
Mmmier. — Tout le monde connaît le Jeu de la plus voisine du style; le style est basilaire quand il
bascule espèce de balançoire qui consiste en une naît de la base de l’ovaire etc.
,

pièce de bois mise en équilibre sur un point élevé, BASILÉE (du grec basileia, reine), plante ori-
et à chaque extrémité de laquelle peuvent se mettre ginaire du cap de Bonne-Espérance, de la famille
des personnes pour se balancer. —
En Politique des Asphodélées , est nommé aussi Eucomis. La B.
on adonné le nom de Système de bascule à un sys- royale, l’espèce la plus remarquable par son port,
tème par lequel le pouvoir, placé entre deux par- se cultive dans nos jai dins comme plante d’agrément.
tis, se porte tantôt vers l’un
,
tantôt vers l’autre. Ce BASILIC. Les anciens donnaient ce nom à un
système n’est pas nouveau; mais le mot n’a été in- animal fabuleux auquel ils attribuaient toute es-
troduit dans le langage politique qu’à propos du mi- pèce de propriétés nuisibles : c’était un reptile à
nistère de M. Decazes, sous le règne de Louis XVIII. huit pattes, dont la piqûre donnait instantanément
BAS DE CASSE. On nomme ainsi, en Typo- la mort, dont le regard foudroyait, à moins qu’on
graphie, la partie inférieure de la casse d’im- ne l’eût aperçu 1e premier; sa tête portait une cou-
primerie. Le bas de casse est divisé ordinairement ronne : d’où son nom ( basilicos , en grec , veut
en 54 cassetins de différentes grandeurs, contenant dire royal). — Linné a donné ce nom à un lézard
tous des lettres et des caractères. On appelle lettres de la famille des Iguaniens, qui a sur la tête une
bas de casse les lettres qui sont contenues dans la sorte de capuchon en forme de couronne : cet ani-
partie inférieure de la casse ainsi que les lettres mal, fort inoff'ensif, est originaire d’Amérique; il
,
qui, bien que contenues dans la partie appelée vit sur les arbres, où il saute de branche en branche
haut de casse, sont comme celles du bas de casse pour cueillir les graines ou attraper les insectes.
des minuscules ou petites lettres. BASILIC (du grec basilicos, royal, à cause de sa
BASE (de basis, fondement, appui). On appelle bonne odeur), Ocymum, genre de la fam. desLabiées,
, ,

BASI — 161 — BASS


ilînferme un grand nombre de plantes aromatiques, d’un côté , d’autres à petites raies Imperceptibles, sans
originaires des pays chauds, dont plusieurs espèces poil , et d’autres à grandes raies ou barres , aussi sans
sont cultivées dans nos jardins. On les recherche poil.— Les villes où il se fabrique des basins en ré-
à cause de leur odeur agréable , qui réside surtout putation sont Alençon, Lyon, Paris, Rouen, Tou-
dans les feuilles. Le B. commun (Ocymum basili— louse, Troyes, Saint-Quentin, Cambrai. On en tire
cum), originaire des Indes, a une tige droite, lé- aussi de l’étranger, surtout de Suisse, de Belgique,
gèrement velue, des feuilles petites en forme de d’Angleterre, du Bengale et de Pondichéry ; ces deux
cœur, et dentelées sur les bords; des fleurs blan- derniers sont supérieurs à tous ceux d’Europe. —
ches ou purpurines : son infusion est stimulante et Les basins rayés de Troyes sont fabriqués de Di ou
antispasmodique. Le B. à petites feuilles ou B. noir de chanvre, avec coton doublé et retors pour la
de Ceylan , à feuilles ovales , vertes ou violettes , ü chaîne, et tout coton pour la trame ; le nombre des
fleurs charnues, petites, blanches, ne s’élève qu’i fils de chaîne est proportionné à celui des raies : ils

15 ou 20 centim., et forme un petit buisson; son ont de 50 à 60 centimètres de large. — Depuis le


odeur est très-forte. Le B. anisé fournit un assai- progrès des manufactures anglaises, le débit des
sonnement très-agréable. Les basilics aiment la cha- basins français à l’étranger a beaucoup diminué.
leur. Si l’on veut en jouir longtemps, il faut les BASIQUE , se dit en Chimie d’un sel qui renferme
tondre en houle au moment de la floraison. une quantité de base plus grande que celle qui est
BASILICON (onguent), du grec basilicos, royal, contenue dans le sel neutre, formé par le même
ainsi nommé à cause delà vertu qu’on lui attribuait. acide et la même base. —On dit aussi d’un acide
On appelle ainsi , en Pharmacie , un onguent com- qu’il est monobasique, bibasique ou tribasique, sui-
posé de cire jaune, d’huile, de cire grasse et de poix, vant qu’il se combine, pour former un sel neutre,
et qu’on emploie pour exciter la suppuration. On le avec un, deux ou trois équivalents de base.
nomme aussi é^^rap^arwzacon (à 4 drogues), à cause BASOCHE , ancienne association des clercs du
des 4 éléments dont il est composé. Parlement. Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
BASILIQUE (du grec basilicos, royal). Ce mot, BAS-RELIEF, ouvrage de sculpture formant saillio
qui sigaïüe maison royale fut d’abord, dit-on, le sur un fond auquel il tient, ou sur lequel on l’a
nom de l’édifice où l’archonte-rof rendait la justice appliqué. — On distingue ; le 6as-re/ie/’propremenl
à Athènes ; chez les Romains il désignait des bâti- dit, dont les figures sont pou saillantes et comme
ments somptueux dans lesquels les magistrats ren- aplaties sur le fond : tels sont les bas-reliefs de
daient la justice à couvert; c’étaient d’ordinaire de J. Goujon dans la cour du Louvre et sur la fontaine
vastes salles rectangulaires , dont la longueur était des Innocents; le demi-relief en demi-bosse, dont
double de la largeur elles étaient ornées de sta-
;
les figures sortent du fond de la moitié de leur épais-
tues et partagées par des rangs de colonnes en plu- seur; le haut-relief, dont les figures sont presque
sieurs galeries ou nefs dont celle du milieu était détachées du fond et approchent de la ronde-bosse.
toujours la plus large. — Dans la suite, on donna — Les Grecs ont excellé dans la sculpture des bas-
ce nom aux premières églises chrétiennes, qui, reliefs; ceux du Parthénon sont encore aujourd’hui
presque toutes, étaient construites sur le modèle les modèles de l’art. Les Romains ont également
des basiliques romaines. Elles en diffèrent toute- réussi dans ce genre ; on cite surtout les bas-reliefs
fois en ce que les doubles galeries latérales s’arrê- des colonnes Trajane et Antonine, ceux de l’arc do
tent devant le chœur, dont elles sont séparées par une Titus, etc. De nos jours, le célèbre Thorwaldsen a
ouverture transversale qui, avec la nef, figure la exécuté pour la villa Sommariva , sur le lac de Côme,
croix, et eu ce que l’arcade ou voûte placée sur les une longue frise dont le sujet est le Triomphe d’A-
colonnes y est substituée à l’architrave. —Parmi les lexandre, et qui peut rivaliser avec les plus beaux
anciennes basiliques chrétiennes de Rome les plus cé- bas-reliefs de l’antiquité.
lèbres sont celles de St-Laurent, deSte-Agnès et de BASSE. On donne ce nom à la partie la plus grave
St-Paul-hors-des-murs ; elles furent ensuite imitées de l’harmonie. On nomme basse fondamentale, ou
par les somptueuses basiliques de Ste-Marie-Majeure note principale, la note qui forme le son fonda-
et de St-Jean-de-Latran. — En France, on remarque mental de chaque accord; c’est elle qui donne le
la basilique de St-Germain-l’Auxerrois à Paris, celle nom à un accord parfait : ainsi un accord à'ut est
de St-Saturnin à Toulouse , etc. Les nouvelles églises celui qui a ut pour basse fondamentale. On appelle
de St-Vincent-de-Paule et de Notre-Dame-de-Lorette, basse continue celle qui suit la mélodie pendant
à Paris, offrent une imitation du type primitif de la toute sa durée, et basse figurée celle qui forme une
basilique chrétienne. — Vulgairement, le mot basili- sorte de chant opposé au chant principal, en em-
que est étendu à toute église vaste et majestueuse. ployant les notes les plus graves des mêmes accords.
BASiLiquE (veine), du grec basilicos, royal, à — La basse est la partie la plus importante de toute
cause du rôle important que lui attribuaient les an- combinaison harmonique : c'est sur elle que se fon-
ciens anatomistes. Eile est formée de la réunion des dent les accords et que s’appuie lamélodie ouïe chant.
deux veines cubitales, naît à la partie interne du On donne aussi le nom de basse on de basse-taille
pli du coude, au-devant de humérale, monte
l’artère à la voix d’homme la plus grave, qui s’étend du
le long de la partie interne du bras, au-devant du second fa grave du piano jusqu’au ré hors des lignes
nerf cubital, et s’enfonce dans le creux de l’aisselle, (à la clef de fa, 3® ligne). La voix de basse était au-
pour s’ouvrir dans la veine axillaire. C’est une des trefois appelée basse-contre, et le baryton étciit alors
veines où se pratique la saignée du bras. —
La veine appelé basse-taille aujourd’hui on désigne sous le
médiane basilique est une des branches de la pré- nom de basse-contre une voix qui, ayant le même tim-
cédente. —Les anciens , qui croyaient que la basi- bre que la basse-taille, a mpins d'étendue à l’aigu et
lique du bras droit avait rapport avec le foie, et plus au grave. —Dans les concerts vocaux , on ap-
celle du bras gauche avec la rate, nommaient ces pelle basse-chantante la voix pour laquelle le com-
deux veines hépatique et splénique. positeur fait un chant mélodieux, vif et léger, ca-
BASILIQUES , collection de lois romaines traduites pable de répondre aux traits de chant des ténors ou
en grec par l’ordre de l’empereur Basile I«r. Voy. ce des premières cantatrices.
nom au Dicf. univ. d’Hist. et de Géogr. On appelle quelquefois basse le violoncelle, parce
BASIN (du grec bambacinos, de coton), étoffe que, dans le quatuor et dans l’orchestre, cet instru-
croisée qui est ordinairement fabriquée toute en fil ment représente toujours la partie la plus grave du
de coton, tant pour la chaîne que pour la trame. U chant ou de l’harmonie.
y adesbasinslargesou étroits; lins, moyens ou gros; BASSE-LICE ou mieux basse-ltsse, espèce de
brochés, cannelés, cordelés; les uns unis avec du poil tapisserie dont la chaîne est tendue horizontalement

II
, ,,

BASS — 162 BAST


sur le métier dit la lisse {Voy. ce mot). Ce tissu peut graphie; c’est à Biiache qu’est due l’introduction
être de laine ou de soie, souvent rehaussé d'or, et re- de cette méthode, qui a été popularisée par Balbi.
présente des sujets divers, comme figures de person- Dans les ports de mer, on appelle bassins, de
nages, d’animaus, paysages et autres objets sembia- vastes réservoirs ou arrière-ports : ce sont des en-
bles. La basse-lisse est ainsi nommée par opposition ceintes de maçonnerie, fermées par des portes, où l’on
à la haute-lisse, non pas à cause de la différence de tient les vaisseaux constamment à flot; oq les rem-
l’ouvrage, qui est le môme quant aux résultats, mais plit d’eau à volonté.
par rapport à la différence de la situation des mé- BASSINET (diminutif de ôûm/w), partie de la pla-
tiers sur lesquels on les travaille, celui de la basse- tine d’une arme à feu et à silex dans laquelle on met
lisse étant posé à plat et horizontal, tandis que celui l’amorce et qui est recouverte par la batterie. On
de la haute-lisse est dressé perpendiculairement, nomme B. de sûreté un demi-cylindre creux qui,
BASSET (de bas) , espece de chien de chasse de en tournant de droite à gauche , recouvre toute l’a-
la race des Epagneuls est ainsi nommé parce qu’il morce et empêche ainsi qu’elle ne s’enflamme , si
,
est bas sur jambes. Il a la tête grosse et longue, les la détente vient à partir accidentellement. Dans les
oreilles longues, le corps allongé, le poil fauve et les fusils à piston, il n’y a pas de bassinet. — On dé-
pattes cambrées en dedans, quelquefois torses. Le signe encore sous ce nom : 1® une poche membra-
basset est un chien courant; il s’emploie surtout dans neuse, irrégulièrement ovale, située dans le fond do
la cliasse au renard, parce que sa taille lui permet la scissure du rein, dans le sens de la longueur de
de se glisser dans les terriers de cet animal. cet organe, den ière la veine et l’artère rénales ; —
BASSETTE, jeu de cartes, dit aussi Baréneofe ou 2® une espèce de casque (F. cisquE) ;— 3® une plante
Hocca, et analogue au Pharaon, mais plus dangereux appelée aussi Bouton d’or ou Renoncule bulbeuse.
encore, fut autrefois en grande vogue en France. On BASSON (de basse) , jadis fagotto, instrument de
l’attribue à un noble vénitien, qui fut puni par Teiil musique à vent ou à anche, qui, parmi les instru-
pour une telle invention. Il fut défendu en France ments de cette nature, représente ce qu'est le violon-
sous Louis XIV (1691) , et tomba bientôt dans l’oubli. celle parmi les instruments à cordes. Son diapason,
BASSIE , Bttsafa (ainsi nommée du célèbre naviga- qui comprend trois octaves, s’étend du si bémol grave
teur G. Bass), genre de la famille des Sapotées, pro- du piano au si bémol aigu de la clef de sol. Chez
pre à l’Asie équatoriale. Ce sont des arbres lactescents, les Allemands et les Français, il remplit plus sou-
à fleurs jaunes, nutantes ou pendantes. Espèces prin- vent dans l’orchestre le rôle de l’alto que celui du
cipales 1» la B. longifeuille, fréquemment cultivée
: violoncelle ; il ne tient guère ce dernier rang que
au Bengale en raison de ses usages économiques on ;
dans les basses chantantes ou les rentrées de fugue,
exprime de ses graines une huile grasse, comestible, la faible intensité de sa voix le rendant peu capable
et servant à l’éclairage; les fleurs sont bonnes à de renforcer les basses ordinaires. Il figure avec
manger après avoir été torréfiées ; le fruit est mangé plus d’avantage dans la musique d’instruments à
en bouillie; lesuc laiteux de l’écorce est un bon vent, où il reprend tout à fait le rôle du violoncelle.
remède contre les maladies de la peau ; le bois est Son caractère est tendre, mélancolique, religieux ;
aussi dur et aussi incorruptible que le bois de tek, son timbre est doux , sympathique , et son diapason
mais plus difficile à travailler; 2“ la B. latifeuille, très-étendu le rend fort utile dans l’instrumentation.
qui ne le cède guère en utilité à la précédente BASSORINE , principe gommeux composé de car-
et qui croît dans les contrées montueuses du même bone, d'hydrogène et d’oxygène (C'*H'‘'0'®), in-
pays ; son bois est dur, très-tenace ; s^s fleurs soluble dans l’eau froide, se gonflant dans l’eau
qui se mangent sans préparation , ont une saveur chaude, et formant la partie essentielle du salep
douce et vineuse, et fournissent une boisson alcooli- (bulbe de certaines orchidées), de la gomme de
que ; les graines fournissent aussi de l’huile ; 3<> La B. Bassora et de la gomme adragant. On en indique
butyrace'e, croissant au Népal, contient à l’état frais aussi la présence dans Tassa fœtida, ainsi que dans
une substance analogue au beurre {beurre de Galam), la fève Saint-Ignace. La Bassorine a été découverte
qui, avec le temps, durcit peu à peu et devient sem- par Vauquelin dans la gomme de Bassora; elle est
blable au suif. Cette substance est regardée par les jusqu’ici sans usage.
Hindous commeunspéciüquecontre les rhumatismes. BASTERNE, en latin basterna, espèce de chariot
BASSIN (du bas latin baccinum, dérivé lui-même couvert et traîné par des bœufs, en usage chez les
du mot uavV En Anatomie, on appelle bassin cette Romains , de qui l’usage en passa aux Francs de la
cavité osseuse qui termine inférieurement le tronc 1''® race.
C’était aussi une espèce de litière à Tusage
et qui fournit un point d’appui aux os des membres des dames , traînée par des mules.
inférieurs. Le bassin se compose de quatre os irré- BASTIDE , nom donné dans TArt militaire à de
guliers, larges et aplatis : le sacrum et le coccyx petites fortifications dont on entoure une place, soit
en arrière, et les os iliaques on innommés sur les pour l’assiéger, soit pour la défendre. — On donne
côtés et en devant; ces os sont solidement réunis aussi ce nom aux maisons de plaisance dans la Pro-
ar un ensemble de cartilages et de ligaments. Le vence et particulièrement aux environs de Marseille.
E assin soutient et renferme la plus grande partie des BASTILLE (du verbe bâtir), nom donné, au
intestins, les organes génitaux internes, la vessie et moyen âge , à tout ouvrage de fortificatù n en gé-
le rectum. Sa position n’est point horizontale; il néral , désignait spécialement au siècle dernier une
forme avec l’axe du corps un angle d’environ 140®. célèbre forteresse située à Paris {Voy. le Dict. univ.
Le bassin delà femme est, en raison de sa destina- d’Hist. et de Géogr.). — En termes de Blason , le
tion, beaucoup plus large que celui de l’homme. Le mot Bastille se dit ; 1® des pièces qui ont des cré-
bassin de l’espèce humaine diffère de celui des autres neaux renversés vers la pointe de Técu; 2» de Vécu
animaux vertébrés par le développement considéra- lui-même, lorsqu’il est garni do tours.
ble des os iliaques, déveloijpement rendu nécessaire BASTINGAGE , filets doublés de toile peinte
par l’attitude verticale de l’homme. établis sur le plat-bord et le long des gaillards d'un
En Géographie, on appelle bassin l’ensemble de navire, de manière à y former une sorte d’encais-
toutes les pentes d’un terrain traversé par le lit sement long et continu, au moyen de chandeliers en
d’un fleuve et de toutes les vallées qui fer et de filières. Ils servent à loger pendant le jour
y aboutis-
sent , ou bien encore l’ensemble de tous les versants les hamacs de l’équipage. — Pendant une action
qui circonscrivent une mer intérieure :de là deux les bastingages garnis de leurs hamacs forment une
sortes de bassins, les B. fluviatiles et les B. mari- espèce de parapet ou de rempart qui protège contra
times, La distinction des bassins est une des grandes la mousqueterie l’équipage en service sur le pont.
bases de l’enseignement philosophique de la géo- Le bastingage remplace l’ancienne /lanesade, qui se
,, — ,

BATA — 163 BATE


faisait avec les boucliers ou pavois rangés sur le bord buissons (thamnoi). On remarque le Balara rayé de
du vaisseau. Cayenne, long de 1 7 cent., le B. maculé et le B, noir.
BASTION (de idOV), ouvrage de fortification qui ÎBATARD. Voy. enfant naturel.
fait partie de l’enceinte d’une place forte, a la forme BATARDEAU, espèce de digue faite le plus sou-
d’un pentagone et se compose de deux faces for- vent d’un double rang de pieux, d’ais et de terre,
mant un angle saillant sur la campagne flan- pour détourner un cours d’eau, ou pour enceindre
qué), de deux flancs qui rattachent le bastion aux une partie d’un sol submergé sur laquelle on veut
courtines, et d’une gorge qui sépare l’extrémité des travailler momentanément à l’abri du contact de
flancs, et par où l’on entre dans le bastion; l’u- l’eau souvent c’est une simple cloison de menues
;

nion des fâces aux flancs forme deux angles appe- branches en forme de claie. Les batardeaux servent
lés angles d’épaule. L’espace renfermé entre les surtout à construire les fondations des quais et des
faces et les flancs est le terre-plein. 11 y a des bas- ponts. —
Dans les Foidifications , on nomme ainsi un
tions réguliers et irréguliers, vides ou pleins, massif de maçonnerie qui sert à retenir l’eau d’un fossé.
coupés, c.-à-d. à angle rentrant, détachés, c.-à-d. BATATE, Batatas, plante. Voy. patate.
isolés do l’enceinte, etc. Le bastion est formé géné- BATEAU, nom donné à toute espèce de petit bâ-
ralement d’une masse de terre revêtue de gazon timent de transport, principalement à ceux qui ser-
de briques et de pierres, qui s’avance en dehors d’une vent sur les rivières. Us marchent tantôt avec la
ligne ou d’une place pour la fortifier. On n’a com- rame ou le croc, tantôt à la voile, tantôt à la vapeur.
mencé à se servir de bastions qu’au commencement — On appelle bateaux plats des chaloupes à fond
du XVI» siècle. plat qui tirent fort peu d'eau et servent au transport
BASTONNADE (de bâton), punition corporelle des troupes; — bateaux-postes, des bateaux halés
dont Tusage est répandu chez un grand nombre de par des chevaux de poste et qui servent à transporter
peuples et remonte à la plus haute antiquité. Elle rapidement des voyageurs sur des rivières et des ca-
n'avait rien de déshonorant chez les anciens, non —
naux; bateaux sous-marins, des appareils destinés
plus que de nos jours chez les Chinois et les Mu- à descendre ou naviguer sous l’eau : les premiers ba-
sulmans. Ces derniers l’appliquent sous la plante teaux de cc genre ont été construits par l’Américain
des pieds; tous les autres peuples l’administrent sur Bushnell, en 1787 Xabateaux on cloches à plongeur
:

le dos. Chez les Russes, le knout a remplacé la bas- bateaux


(F. plongeur) rentrentdans cette catégorie;
tonnade [Voy. fustigation). —Les Romains appli- à vapeur, ceux qui marchent à l’aide de la vapeur.
quaient la bastonnade à leurs soldats aussi bien qu’à bateaux a vapeur ou pyroscaphes. Ces bateaux
leurs esclaves ; les Allemands et les Anglais ont con- marchent au moyen de deux roues à aubes ou par
servé en partie cet usage {Voy. baguettes). Cette lettes placées de cliaque côté du bateau et qui sont
punition est depuis longtemps rayée de nos codes. mues par une machine à vapeur Voy. ce mot) on
( ;

BAS-VENTRE. Voy. abdomen et ventre. a depuis peu remplacé avec succès les roues par une
BATAILLE, action générale entre deux armées. vis ou hélice placée à l’arrière du bateau, au bout de
Une action ne mérite le nom de B. rangée que la quille, etque la machine à vapeur fait tourner avec
lorsqu’un général en chef déploie en personne la une grande rapidité.
totalité ou la grande majorité de ses forces, et qu’il La France et l’Amérique se disputent l'honneur
combat avec l’armée ennemie pendant très-long- de l’invention de la navigation à vapeur; la plus
temps. On appelle ordre de bataille la disposition grande part en appartient à la France. Dès 1095,
particulière que chaque général donne à son corps D. Papin avait décrit un bateau recevant l’impul-
d’armée sur le champ de bataille. 11 y a des ordres sion des roues mues par la vapeur ; peu d’années après,
de bataille obliques, parallèles, perpendiculaires, en 1699, Duquel faisait des expériences pour rem-
convexes, concaves, etc. —On trouvera l’indication placer les rames par des roues à palettes. En 1753,
de toutes les batailles célèbres, au nom du lieu où l’abbé Gautier, de Lunéville, indiqua de son côté,
chacune s’est livrée , dans le Bict. univ. d’Hist. et dans un mémoire lu à l’Académie de Nancy, les
de Géogr., ou , avec plus de détails, dans le Dic- moyens d’arriver au même but. En 1775, Périer
tionnaii'e des Sièges et Batailles, de Lacroix (1771), construisit à Paris un bateau qu’il munit d’une ma-
ouvrage refondu et complété dans le Dictionnaire cliine à vapeur; le marquis de Joulfroy renouvela
historique des Batailles (Paris, 1818). l’expérience en 1776 sur le Doubs et en 1780 sur la
BATAILLON , nom donné dans l’infanterie à une Saône. L’Américain Fulton, qui avait été témoin de
fraction d’un régiment qui se compose ordinaire- ces dernières expériences, les renouvela en 1803 à Pa-
ment de 7 à 800 hommes . partagés en huit compa- ris, et proposa à Napoléon de construire des bâtiments
gnies, dont deux d’élite {grenadiers et voltigeurs) à vapeur pour la marine de l'État. Rebuté par un
et six dites de fusiliers ou soldats du centre. Le refus, il porta la nouvelle invention aux Etats-Unis,
nombre des bataillons de chaque régiment a fré- et construisit en 1807, à New-York, le premier ba-
quemment varié, ainsi que le nombre d’hommes de teau à vapeur qui ait fait un service régulier. L'An-
chaque bataillon ; aujourd’hui il y a trois bataillons gleterre n’adopta qu’en 1812 ce nouveau mode de
par régiment. Chaque bataillon est sous les ordres navigation ; il ne revint en France qu’en 1816,
d’un officier supérieur appelé chef de bataillon ou et ne fut appliqué à un service public qu’on 1819.
commandant. Ce grade, placé immédiatement au- — Répandue aujourd’hui chez tous les peuples civi-
dessus de celui de capitaine , a été créé en 1774 ; il lisés, la navigation à vapeur a fait de prodigieux
a pour signes distinctifs une épaulette à graines d’é- progrès et a donné aux communications une in-
inards à gauche et une contre-épaulette à droite. croyable rapidité : ainsi , le passage d’Amérique en
£e chef de bataillon est responsable de l’instruction Europe a pu être effectué en 10 jours. En outre, les
théorique et pratique du bataillon ; il surveille la bateaux à vapeur semblent appelés à faire une révo-
discipline, le service, la tenue, l’entretien des ef- lution dans la marine militaire. — On a dans ces der-
fets, etc. —Dans la Garde nationale, le bataillon est nières années tenté de combiner la voile et la va-
l’unité de corps il est commandé par un chef de
: peur; mais le problème ne paraît pas avoir encore
bataillon et partagé en six ou huit compagnies com- été résolu d’une manière entièrement satisfaisante.
prenant chacune de 2 à 300 hommes. —Avant 1852, BATELEUR (que l’on dérive, par transposition
ie bataillon était une fraction de la légion ; on en de lettres, du latin balatro, qui a la même signi-
comptait quatre par légion. fication ; ou du bas latin bastum, d’où bastelle
BAT ARA, Tliamnophüus, genre de la famille des échafaud, tréteau) , espèce d'histrion qui monte sur
Pies-grièches ,
répandu en Afrique et en Amérique les tréteaux pour amuser la populace. 11 y a eu des
renferme des oiseaux insectivores qui vivent dans les bateleurs à toutes les époques ; dès le vi® siècle avant
11 .
, , ,, , ,,

BATO — 164 — BATT


J -C., Dolon et Susarion d’Icarie, dans l’Attique, se Musique , on nomme B. de mesure un petit bâton ,
distinguaient déjà par les farces qu'ils jouaient de- ordinairement en él^ne, dont se sert quelquefois le
vant les Athéniens. Quelques bateleurs se sent fait chef d’un nombreux orchestre pour battre la mesure.
un nom populaire : les plus célèbres que nous ayons En Botanique, on nomme vulgairement B. dt Ja-
eus en France sont : Tabarin, Turlupin, Gauthier- cob, l’Asphodèle jaune ; B. pastor al ou royal, l’As-
Garguille, Gros-Guillaume, Guillot-Gorju, Bobèche, phodèle blanc; B. d’or, la Giroflée jaune à fleurs
Galimafré et Gringalet. doubles; B. de Saint-Jean la- Persicaire et la Gi-
BATBLEUR, Terutopius, genre d’Oiseaux de proie, roflée à fleurs rouges. Ces plantes sont ainsi nom-
de la famille des Aigles , a pour type le B. à mées à cause de la disposition de leurs fleurs, qui
courte queue, de la taille de l’aigle Jean-le-blanc, forment autour de la tige un épi long et cylindrique.
mais beaucoup plus court ; son plumage , où de BATONNIER (de bâton). On appelle ainsi le chef
larges bandes cendrées se détachent sur le noir vif de Fordre des avocats , parce que , les avocats for-
des rémiges, offre les formes les plus bizarres. Cet mant autrefois une confrérie, dite de Saint-Nicolas,
oiseau , dont les allures et les mœurs sont singu- le chef de cette confrérie portait dans les cérémo-
lières, est très-commun au cap de Bonne-Espérance, nies le bâton du saint. Le bâtonnier est chargé de
le long de la côte Natal. présider les conférences des avocats, et de veiller à
BATIMENT. En Architecture, ce mot s’applique tout ce qui regarde la discipline de l’ordre; il est
à tous les genres de constructions, mais plus parti- assisté du Conseil de l’ordre. Le bâtonnier est élu
culièrement à celles qui servent à l’habitation. On pour un an , et peut être réélu.
appelle Industries du B. celles qui concourent à la BATRACHOMYOMACHIE (du grec batr-achos
construction : maçonnerie, charpente, menuiserie, grenouille , mys rat , et macliè combat) , Combat
serrurerie, etc —
Desgodets a donné les Lois du B.
,

des rats et des grenouilles , titre à’un poème héroi-


Dans la Marine, on nomme bâtiment toute espèce de comique, de 294 vers, qu’on attribue faussement à
navire, petit ou grand, toute construction pontée et Homère , et dont l’auteur véritable parait être un
disposée pour naviguer en pleine mer. On les divise, certain Pygrès, frère d’Artémise , reine de Carie.
selon la nature du moteur, en Bâtiments à rames ou C’est une ingénieuse parodie de V Iliade, dont le mé-
Galères {V. ce mot),/!, à voiles etJÎ. à vapeur. On les rite consiste surtout dans l’opposition d’un fond plai-
nomme, selon leur destination, B. de guerre, de com- sant avec la forme sérieuse de l’épopée.
merce, dépêché, de transport, et on les distingue, BATRACIENS (du grec batrachos grenouille)
selon leur force, leur mâture, leur grément, par les 4® ordre de la classe des Reptiles , a pour type la
noms particuliers de Vaisseau de ligne, Frégate, Grenouille, et se compose d’animaux qui, pendant
Brick, F lute,Gabarre, Goélette, Cotre, Paquebot, etc. les premiers temps de leur vie, respirent par des
Bâtiments civils (Conseil des). Voy. conseil. branchies et ressemblent à des poissons, mais qui
BATISTE , toile de lin ou de chanvre dont le fil acquièrent ensuite, par une série de métamorphoses
est très-fin et le tissu très-serré a été ainsi nom-
, plus ou moins complètes, les caractère» communs
mée de Baptiste Chambray , qui en fabriqua pour aux autres reptiles. Presque tous les Batraciens sont
la première fois au xiii« siècle. On la fabrique sur- amphibies ; ils sont d’abord herbivores , et devien-
tout dans les départements du Nord du Pas-de- nent carnivores dans l’état parfait ; ils vivent fort
,
Calais et de la Somme. On estime aussi celle de longtemps , et se trouvent dans toutes les parties
Belgique et des Indes. On appelle B. hollandée la du monde. Aujourd’hui, d’après la méthode de
batiste la plus forte, parce qu’elle ressemble à la MM. Duméril et Bibron , les Batraciens sont parta-
toile de Hollande, étant, comme elle, très-serrée gés en trois sous-ordres : 1“ les Péromèles qui
et très-unie; Toile d’ortie, une batiste écrue, faite établissent d’un coté le passage des Ophidiens aux
avec du lin grisâtre. On emploie, pour tisser la ba- Batraciens , et de l’autre aux poissons : corps cylin-
tiste , un fil très-blanc nommé rame qu’on tire du drique et nu, membres nuis , yeux inapparents ou
,
Hainaut, Elle sert à faire des mouchoirs et du linge absents une seule famille , celle des Céciloïdcs ;
fin de corps. — On appelle B. d’Écosse une étoffe 2“ les
;

Anoures, dits aussi B. nageurs ou sauteurs ,


de coton dont le tissu est très-serré. qui en grandissant perdent leur queue, et prennent
BATITURES ou battitüres, écailles ou parcelles quatre pattes corps trapu et ramassé , peau nue
:

qui se détachent d’un métal que l’on forge. et molle, tête déprimée et sans cou, pattes plus ou
BATON. De toute antiquité, le bâton a été employé moins longues, doigts dépourvus d’ongles ou munis
comme marque de dignité et de pouvoir. Chez les d’étuis cornés; genres principaux, Grenouilles, Rai-
Romains, les consuls portaient un B. d’ivoire; les nettes, Crapauds, Pipas; dans l’état transitoire, on
préteurs, un B. d’or; les augures, un bâton, dit lituus, les nomme Têtards; 3“ les Urodèles à métamor-
recourbé en forme de crosse, comme le B. pastoral phose moins complète , à queue ronde ou compri-
que portaient autrefois les évêques et les abbés (Fby. mée et persistante, à côtes rudimentaires, à bran-
crosse). Les premiers rois de France tenaient d’une chies caduques ou nulles ; principaux genres : Sa-
main leur sceptre et de l’autre un bâton de la hau- lamandres , Protées, etc.
teur d’un homme, recouvert de lames d’or. De tout BATTAGE (du verbe battre) , opération d’agri-
temps, les généraux d’armée ont porté un bâton de culture qui a pour but de séparer les grains de leur
commandement on appelle aujourd’hui B. de ma-
: épi et les graines de leurs enveloppes. Le blé, le
réchal un petit bâton court, revêtu de velours violet seigle, les pois, les haricots, le trèfle, la luzerne, etc.,
et parsemé d’abeilles d’or, que portent les maréchaux se battent au fléau , ou sous les pieds des chevaux
de France. — En termes de Blason, le bâton est une ou des bœufs : dans ce dernier cas, l’opération
bande placée sur l’écu. On l’appelle péri en bande prend le nom de dépiquage. H y a aussi le Bâttage au
lorsque la bande va de droite à gauche, et péri en rouleau, usité dans tout le midi , et le B. à la ma-
barre quand elle va de gauche à droite. — En Géo- chine, imaginé depuis près d’un demi-siècle par un
métrie , on appelait B. de Jacob un instrument, Écossais nommé Andrew Meikle. La navette , le
aujourd’hui abandonné, qui servait à prendre les colza, etc., se frappent avec des baguettes ou sur les
hauteurs ou les distances par le moyen des angles parois d’un tonneau défoncé par un bout. On égrène
on le nommait aussi arbalestrille et radiomètre. — ;
le mais à la main.
En Marine, on nomme B. de vadel ou de guipon un BATTE, nom donné 1» à un petit bâton rond dont
:

long bâton garni de bouchons d’étoupe , dont on on se sert pour battre le beurre ; 2® à un sabre de bois
se sert pour goudronner le navire; B. d’hiver, une que portent les arlequins ; 3“ à la partie polie et lui-
espèce de petit mât qu’on substitue à chacun des sante d’un corps d’épée ; 4® aux plaques d’étain dont
nnâtsde perroquet, dans la saison des vents. — En les potiers se servent pour faire des pièces de rapport
,, , , ,

BATT 165 BAUD


BATTEMENT , nom qu’on donne , en Médecine et tireurs d’or. — L’art du batteur d’or est très-ancien;
aux mouvements de contraction ou de dilatation du il étaitconnu des Romains ; mais , suivant Pline
cœur et des artères [Voy. pouls), aux mouvements ils ne tiraient d’une once d’or que 5 à 600 feuilles
spasmodiques que l’on observe quelquefois dans les de quatre doigts en carré.
muscles des paupières, de la face, des organes inté- BATTOLOGIE (de Battus nom d’un roi de Cy-
rieurs, etc.; enfin, aux pulsations que font éprouver rène qui était bègue, et de logos, discours), répétition
certaines parties enflammées. — On désigne sous ce Inutile de la même chose. C’est le défaut des per-
nom en Architecture un triangle de bois ou de fer sonnes qui ont adopté un mot qu’elles placent à
plat qui cache la jonction de deux vantaux d'une tout propos , et qu’elles prononcent comme machi-
porte, d’une croisée, etc.; — en Musique, 1® le nalement; défaut aussi fatigant qu’il est répandu.
trille, 2® l’action de battre la mesure; —
en Cho- BATTORIE, nom qu'on donnait aux comptoirs
régraphie, certains mouvements en l’air qui se font que les villes hanséatiques avaient autrefois dans
avec une jambe, tandis que l’autre soutient le poids plusieurs villes d’Europe.
du corps; — en Escrime, un coup qui consiste BATTUE , action de battre les bois et les taillis
à frapper la lame de son épée contre celle de son avec grand bruit, pour en faire sortir les loups, les
adversaire, quelquefois en retirant l’épée à soi : on renards et autres bêtes que l’on veut chasser. La
distingue le B. de tierce, le B. de quarte, etc. manière de procéder aux battues pour la destruc-
BATTERIE (du verbe battre). Dans l’Artillerie tion des loups est indiquée par l’ordonnance du
on appelle ainsi la réunion de plusieurs bouches 20 août 1814, l’instruction du ministre de l’intérieur
à feu destinées à agir concurremment. On distin- du 9 juillet 1818 et l’instruction de l’administration
gue : d’une part, les B. de place et de siège, les forestière du 23 mars 1821.
B. de campagne, les B. flottantes et les B. de BATZ (d’un vieux mot allemand qui signifie ours,
côtes, ainsi nommées de leurs diverses destinations; symbole du canton de Berne) , petite monnaie ori-
de l’autre, les B. directes, croisées, d’enfilade, de ginaire de Suisse , et aujourd’hui répandue dans
revers, de côté, en écharpe ou de bricole, rasan- toute l’Allemagne. C’est une pièce de cuivre, saucée
tes; les B. par camarades, les B. enterrées, en d’argent. Elle vaut 10 rappes en Suisse et 4 kreut-
barbette ou à découvert; les B. à ricochet, etc., zers en Allemagne. Le batz valait autrefois 14 ou 15c.
ainsi nommées selon la manière dont elles sont placées de France; le système monétaire français ayant été
pour le combat. Les vaisseaux de guerre ont deux ou adopté en Suisse en 1850,1e batz a été réduit à 10 c.
trois batteries couvertes et une batterie découverte. Les premiers batz furent frappés à Berne en 1450.
On donne aussi le nom de batterie à une compa- BAU , nom donné à de longues solives qui traver-
gnie d’artillerie , et sous ce nom on comprend à la sent un navire d’un flanc à l’autre, et servent à sou-
fois le personnel et le matériel ; en France , chaque tenir les tülacs et affermir le bordage. On nomme B.
régimentd’artillerie comprend seize batteries, com- de dalle le premier bau vers l’arrière; B. de lof, le
mandées chacune par un capitaine à chacune d’elles
;
dernier bail sur l’avant; maître bau, celui qui traverse
sont attachées six bouches à feu. Voy. artillerie. le bâtiment dans sa plus grande largeur; faux baux,
Ce nom désigne encore : 1“ la pièce d’acier qui des solives semblables aux baux ordinaires , placées
couvre le bassinet des fusils à silex, et contre laquelle à 2 m. de distance l’une de l’autre sous le premier
donne la pierre que porte le chien ; 2® les diverses tillac des grands vaisseaux , afin de fortifier le fond
manières de battre le tambour, comme V assemblée, du bâtiment, et de former le faux pont.
le roulement, la diane, la retraite, la générale, etc. BAUBI ou CHIEN NORMAND , variété du chien do-
En Physique, on appelle B. électrique, B. mestique , dont le corps est épais et la tête courte ;
galvanique des appareils disposés pour produire de on l’emploie à la chasse du renard et du sanglier.
fortes décharges électriques. Voy. bouteille de BAUD, race de chiens originaires de Barbarie ,
LEYDE et PILE. et qu’on appelle aussi Chiens-cerfs ou Chiens muets.
En Musique , on donne le nom de batterie à une BAUDET, nom vulgaire qu’on donne k l’âne en
manière de frapper l’une après l’autre les différentes général, ou à l’âne entier qui sert d’étalon. Foy. ane.
notes d’un ou de plusieurs accords pour donner plus BAUDRIER (du latin baldullus, corruption de
de mouvement à l’harmonie. Ces notes se répètent balteus ) , bande de buffle , de cuir ou d’étoffe , qui
d’une manière régulière et symétrique, et admet- se met en écharpe , et sert à porter l’épée ou le sa-
tent quelquefois des notes de passage qui sont en bre, Le baudrier est d’un usage très-ancien; au
dehors de l’harmonie, mais qui n’en changent point moyen âge, c’était un signe de commandement.
l’effet général. Dans nos armées , il a été plusieurs fois abandonné
BATTEUR D’OR, artisan qui bat les lames d’or, et repris : supprimé par Louis XIV en 1690 , remis
et les réduit à coups de marteau en feuilles très- en faveur vers la fin du siècle dernier, il a été, de-
minces, destinées à la dorure. L’or qu’on emploie puis quelques années , presque généralement rem-
pour ce travail doit être parfaitement pur. Après avoir placé par le ceinturon.
réduit le métal, par plusieurs laminages successifs On nomme Baudrier d’Orion les 3 étoiles secon-
à un ruban d’un millimètre d’épaisseur, on le coupe daires situées sur une même ligne au milieu du grand
par quartiers d’enviroi^ 4 cent, de long ; on forge quadrilatère formé par la constellation d’Orion. On
ensuite ces quartiers d’abord à nu , puis entre des appelle aussi ces étoiles les 3 Rois, la Ceinture, le
feuilles de vélin formant un cahier appelé moule à Râteau, le Bâton de Jacob.
coucher. Les feuilles d’or, ainsi battues et considé- On nomme vulgairement Baudrier de Neptune
rablement amincies, sont coupées en quatre et pla- l’espèce d’ Algue appelée Laminaire saccharine, à
cées entre des feuilles de baudruche : le nouveau cause de sa forme et de sa longueur considérable.
cahier, appelé chaudret, est encore battu pendant BAUDROIE ou baudreüil, dite aussi Raie péche-
deux heures et réduit à une ténuité telle que 30 gr. resse ou Diable de mer, en latin, Lophius, genre de
d’or peuvent fournir 5,000 feuilles carrées de poissons de lafamille des Acanthoptérygiens, commun
9 centim. de côté, et couvrir, par conséquent, une dans la Méditerranée et dans l’Océan d’Europe. Ce
surface de 40 m. carrés. Les rognures qui se déta- poisson est surtout remarquable par sa forme bizarre
chent de ces feuilles servent à faire l’or en coquille, et laide, par sa tête énorme et sa taille , qui atteint
destiné à la peinture. On se sert des mêmes procédés presque 2 m. Il vit habituellement sur le sable ou
pour battre l’argent et même le cuivre. Les bat- enfoncé dans la vase, et fait flotter au-dessus les fi-
teurs d’or sont assujettis aux règlements de police lets longs et mobiles dont sa tète est armée , attirant
sur la garantie des matières d’or et d’argent, et ainsi les petits poissons, qui les prennent pour des vers.
désignés parmi les patentés sous le nom de batteurs BAUDRUCHE ou peau divine , pellicule menjbra-
, , ,

BAUM — 166 — BAUM


neuse qui tapisse le gros intestin du bœuf et du par incision d’un pin originaire du Canada. C’est
mouton : on en fait, en la dégraissant et la prépa- une espèce de térébenthine dont l’odeur est moins
rant, une espèce de parchemin fort léger que les désagréable que celle de la térébenthine de copahu,
médecins emploient pour garantir du contact de dont elle partage les propriétés médicales.
l’air les surfaces malades, et les batteurs d’or pour BAUME CHiRON. Il Consiste en un mélange d’huile
réduire l’or en feuilles; elle sert aussi à faire de d’olive, de cire jaune, de térébenthine, de cam-
petits aérostats On dérive le mot baudruche du phre , de baume du Pérou noir, coloré au moyen
vieux verbe baudroyer, préparer des cuirs pour les de la racine d’orcanelte. Ce baume, à la fois tonique
ceintures et baudriers, et adoucissant, parait tirer son nom du centaure
BAUFFE. Les pécheurs nomment ainsi une grosse Chiron, autrefois célèbre dans l’art de guérir,
corde le long de laquelle sont distribuées nombre BAUME DU COMMANDEUR DE FERMES, OU simplement
de lignes garnies d'haims ou hameçons ; c’est aussi DD COMMANDEUR, alcool composé, dont l’oliban, la
ce qu’ils appellent maîtresse corde. La bauffe, qu’on myrrhe, le baume de Tolu et le benjoin font la
se contente de poser sur le bord de la mer, est enfouie base; on y joint de l’aloès, de l’angélique, du
dans le sable ou retenue par de grosses cablières. mille-pertuis. Il est stimulant; on l’emploie soit à
BAUGE, nom donné, 1® au gite que le sanglier l’intérieur, soit en frictions.
se choisit dans les lieux écartés et humides, 2® au BAUME DE COPAHU , térébenthine très-fluide qui dé-
nid de l’écureuil. — Il s’applique par figure à toute coule du Copaifera officinalis : elle a une odeur
habitation sale et infecte. forte, une saveur âcre, amère, très-désagréable.
BAUHINIE (ainsi nommé des frères BanAfn , bo- C’est un stimulant très-actif dont l’action porte sur-
tanistes du XVI® siècle) , genre de plantes de la fa- tout sur les membranes muqueuses ; aussi y recourt-
mille des Légiimineuses-Césalpiniées, renferme des on avec succès contre certaines inflammations de ces
arbrisseaux élégants, propres aux régions équato- membranes. On l’emploie liquide, ou solidifié à l’aide
riales. La B. cotonneuse est un excellent vermi- de la magnésie ; on le falsifie souvent avec de la té-
fuge, et scs racines, pilées, sont employées contre rébenthine ordinaire ou de l’huile de ricin.
les tumeurs scrofuleuses et les maladies* des yeux. BAUME DE FiORAVENTi, nom donné à divers produits
BAUME (en latin , balsamum) , exsudation végé- obtenus en distillant plusieurs substances résineuses
tale résineuse , liquide ou solide , jaune ou brune et balsamiques, telles que la térébenthine, la myrrhe,
^
et d une odeur agréable. Les baumes sont des mé- la résine élémi, la cannelle, le girofle, le gingem-
langes de résine, d’huile essentielle et d’acide ben- bre, etc., préalablement macérées dans l’alcool. Le
zoïque ou cinnamique; ils découlent de l’écorce des B. de F. spiritueux qui est limpide et piquant, et
arbres naturellement ou par des incisions; ils se qu’on emploie en frictions dans les rhumatismes chro-
colorent à l’air, et y prennent plus de consistance niques, est le premier produit fourni par la distilla-
par la volatilisation ou la résinification d’une partie tion au bain-marie du mélange ci-dessus. Le B. de F.
de leur huile essentielle. Les principaux baumes huileux s’obtient en enlevant le marc qui reste dans
sont ceux du Pérou , de Tolu , le benjoin , le sty- l’alambic, et en le distillant dans une cucurbite de fer
rax, etc. Ils ont pour caractère commun d’être so- ou de terre vernissée ; il a l’aspect d’une huile citrine.
lubles dans l’éther et l’alcool , d’où l’eau les préci- Le B. noir n’est autre chose que l’huile noire que l’on
pite , et de céder à l’eau leur acide benzoïque. — obtient lorsqu’on élève assez la température pour
Ou nomme aussi baume des plantes aromatiques vul- charbonner les matières contenues dans la cucurbite.
néraires (menthe, tanaisie, etc.). Les Pharmaciens BAUME DE GENEVIÈVE c’cst un composé d’huile d’o-
:

appliquent ce nom à des remèdes huileux ou spiri- live, de cire jaune, de poudre de santal rouge, de
tueux , ou à des onguents dans la préparation des- térébenthine; auquel on ajoute une certaine propor-
quels entrent des baumes naturels, et qui passent tion de camphre. Il a beaucoup d’analogie avec le
pour guérir les plaies, par exemple le baume du baume d’Arcéus, dont il possède aussi les propriétés.
Commandeur, le baume samaritain, le baume tran- BAUME HYPNOTIQUE (du grcc hypuos sommeil),
quille. Cërtaines térébenthines et certaines résines li- espèce de Uniment préparé avec des sucs de plantes
quides reçoivent improprement le nom do baumes, narcotiques, de l’opium, du safran, de l’huile de
tomme le B. de Copahu, le B. de la Mecque ou de noix muscade , unis à un corps gras ou à l’onguent
Judée, etc. — En général, les baumes s’emploient populéum. 11 est, de môme que le baume tranquille,
soit comme remèdes , soit comme parfums et cosmé- employé en frictions comme calmant.
tiques; longtemps ils servirent à V embaumement. BAUME HYSTÉRIQUE , mélange à peu près solide
BAUME d’acier ou d’aiguilles. On fait dissoudre à d’huiles essentielles et de substances résineuses fé-
chaud de la limaille d’acier dans de l’acide nitri- tides, composé de bitume de Judée, aloès, galba-
que; on ajoute de l’alcool rectifié et de l’huile d’o- num, ladanum, assa fœtida, castoréum et opium;
live , on chauffe et on triture avec soin. On obtient huiles volatiles de rue et de succin , huiles volatiles
ainsi une pommade d’un rouge brun qu’on em- d’absinthe , de Sabine , de pétiole , beurre de mus-
ploie en frictions contre les douleurs articulaires. cade. On en formait une masse demi-solide, que
_
BAUME ACOUSTIQUE , médicament dont la composi- l’on conservait pour la faire respirer et pour en ap-
tion varie et dans laquelle entrent plusieurs huiles, pliquer sur l’ombilic dans les accès hystériques.
essences et teintures, comme l’huile de rue, la tein- BAUME DE JUDÉE OU DE LA MECQUE. Voy. TÉRÉBEN-
ture d’assa fœtida, etc.; on l’emploie contre les sur- THINE DE JUDÉE.
dités accidentelles et atoniques. BAUME DE LABORDE OU DE FOURCROY, COmpOSé de
BAUME d’ambre. Voy. LIQUIDAMBAR et BALSAMIFLUÉES. substances résineuses, telles qu’oliban, térében-
BAUME ANODIN DE BATES , ainsi Lommé de son au- thine, storax, benjoin; de plantes aromatiques, de
teur : c’est un savon contenant du camphre et de genièvre, de thériaque; le tout infusé dans l’huile
l’opium en dissolution; on l’emploie contre les né- d’olive : on l’applique sur les gerçures de la peau
vralgies et les rhumatismes chroniques. pour calmer les douleurs et faciliter la cicatrisation.
BAUME d’arcéus, ainsi appelé d’un médecin es- BAUME DE LECTOURE , DE CONDOM OU DE VINCEGUÈRE,
pagnol de ce nom, sorte d’onguent mou dont on ,
mélange d’huiles essentielles tenant en dissolution
se sert en chirurgie pour hâter la cicatrisation des du camphre , du safran, du musc et de l’ambre gris.
ulcères, et pour s’opposer aux effets des contusions, C’est un stimulant très-actif ; il provoque les sueurs.
meurtrissures , etc. C'est un mélange de suif de On le prend par gouttes sur du sucre; on le porte
mouton, de graisse de porc, avec de la térében- comme aromate, ou on le brûle dans les appartements.
thine et de la résine. BAUME DE LDCATEL, mélange de cire, de vin,
BAUME DD CANADA, qul découle naturellement ou d’huile d’olive, de térébenthine et de baume du Pé-
, , , , ,

BAVE — 167 — BEAU


rou ,
coloré par le santal rouge. Il a beaucoup d’a- BAYADÈRES (duportugais bailadeîra, dan-
nalogie avec le baume de Geneviève. Il a été recom- seuse ), femmes indiennes qui cultivent le chant et
mandé dans la phtliisie pulmonaire. la danse. Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
BAÜSIE DE LA MECQUE. Voy. TÉRÉBENTHINE DE JUDÉE. BAYONNETTE. Voy. baïonnette.
BAUME NERVAL OU NERViN, formé de moelle de bœuf BAYOQUE. Voy. baioque.
purifiée, de beurre ou huile concrète de muscade, BAZAR , mot persan qui équivaut à ceux de mar-
d'huile volatile de romarin de camphre , de baume
,
ché, de magasin. En Orient, les bazars sont des édi-
de Tolu, d’alcool. On le regarde comme propre à fices publics, des dépôts de marchandises, tantôt dé-
fortifier les nerfs et l’on s’en sert en frictions contre couverts, tantôt surmontés de toits ou de coupoles,
les douleurs rhumatismales et les entorses. distribués en magasins et en étages où l’on vend toutes
BAUME OPODELDOCH. Voy. OPODELDOCH. sortes de produits, et même des esclaves. Le bazar de
BAUME DU PÉROU il est fourni par le Myroxylon
: Tauris, en Arménie, renferme 15,000 boutiques. En
peruiferum arbre de la famille des Légumineuses Europe, on a donné récemment le même nom à des
indigène au Pérou et au Mexique. On distingue le monuments ayant une destination analogue.
baume d’incision, le baume en coque, lebautne duron BDELLAIRES (du grec bdallô, sucer), famille de
sec, et le baume de lotion. 11 entrait autrefois dans la vers intestinaux apodes, qui se meuvent au moyen
composition des pilules de Morton, prescrites contre de ventouses placées aux deux extrémités du corps,
la phthisie pulmonaire; il est peu employé auj. comme dans les sangsues.
BAUME DU SAMARITAIN, onguent qu6 l’on pr.épare en BDELLE, Bdella, genred’Acarides, à8pieds,qui
faisant bouillir à petit feu parties égales d’huile et de a un suçoir avancé pour bouche, 4 yeux, des palpes
vin : on l’emploie dans les ulcères douloureux. C’est, allongées, les pieds postérieurs plus longs, le corps
dit-on, celui qu’employa le Samaritain de l’Évangile. mou, rouge; elles se tiennent sous les pierres, sous
BAUME DE SOUFRE, dissolution d’une partie de floufs les écorces d’arbres, dans la mousse. — Voy. sangsue.
de soufre dans quatre parties d’une huile essentielle. BDELLIUM (du grec bdellion) gomme résine
— Le B. de soufre anisé, ainsi appelé parce que l’huile provenant d’une espèce de Balsamodendron qu’on
d’anis entre dans sa composition, a une belle couleur trouve en Afrique, dans l’Inde et l’Arabie. Le bdel-
rouge; on l’employait autrefois comme stimulant et lium, qui ressemble à la myrrhe, se rencontre dans le
carminatif. Le B. de soufre térébenthiné préparé commerce en masses ou en grains arrondis, d’un rouge
avec l’huile essentielle de térébenthine, était em- foncé, opaques, luisants, cassants, d’une odeur parti-
ployé dans les maladies des reins et de la vessie. culière, d’une saveur amère; il répand en brûlant
BAUME DE TOLU : U est foumi par le Myroxylon une odeur assez agréable, ce qui le fait prescrire en
toluiferum, qui vient dans les environs de Tolu, près fumigations dans les affections spasmodiques, etc.
de Carthagène (Amérique du S.). Il est solide, sec et Les médecins l’appliquent quelquefois à l’intérieur
cassant, d’une couleur fauve clair,demi-transparent; comme résolutif et émollient. Dioscoride et Pline en
son odeur est suave et agréable. On en fait un sirop font déjà mention.
et des tablettes fort usités contre le rhume et les ca- BDELLOMÈTRE (du grec Maf/d, sucer, oimé-
tarrhes les parfumeurs l’emploient fréquemment.
;
tron, mesure), instrument destiné à remplacer les
BAUME TRANQUILLE, huile d’oüve tenant en dissolu- sangsues. Il se compose d’une pompe ou ventouse,
tion certains principes de plantes narcotiques (bella- armée de lancettes ou scarificateurs, et graduée afin
done, jusquiame, pavot, stramonium, etc.) et de de mesurer ta quantité de sang que l’on retire do
plantes aromatiques (menthe, lavande, absinthe, la plaie. On en doit l’invention au docteur Sarlan-
rue, sauge, etc.), avec du mucilage. On l’emploie en dière (1819), Bien que cet instrument ait été souvent
frictions comme calmant. modifié et perfectionné, on en fait encore peu d’usage.
BAUME VERT DE METZ OU DE FEUILLET, COmpOSé de BÉATIFICATION (du latin beatus, bienheureux,
plusieurs huiles fixes, tenant en dissolution du sous- et facere, faire), acte par lequel le pape déclare que
carbonate de cuivre, du sulfate de zinc , de la téré- l’âme d’une personne qui a vécu saintement jouit
benthine, de Taloès, et les huiles essentielles de ge- dans le sein de Dieu du bonheur éternel ou béati-
nièvre et de girofle ; il est vert et caustique. On l’em- tude, et permet de lui rendre un culte religieux.
ploie pour hâter la cautérisation des ulcères fongueux. Cet acte ne peut avoir lieu que 50 ans après la mort
BAUME DE VIE d’hoffmann , teinture excitante, com- delà personne. La B. précède la canonisation ; les hon-
posée d’ambre gris et d’huiles volatiles dissous dans neurs qu’on rend aux béatifiés sont provisoires et li-
l’alcool ; on l’emploie à l’intérieur et à l’extérieur. mités quant aux lieux et aux personnes. Alexandre III
BAUME, en provençal, signifie grotte, caverne, de fixa les règles à suivre pour la béatification et la ca-
là le nom de baume donné à plusieurs lieux, no- nonisation. On doit à Benoît XIV un traité De Beati-
tamment à la Ste-Baume (Var), où, dit-on, sainte ficatione et Canonisatione servorum Dei.
Madeleine vint finir sa vie. BEATITUDE, en latin beatitudo, état des bien-
BAUMIER. Voy. balsamier. heureux dans la vie éternelle. — Les théologiens dis-
BA’VAROISE boisson diversement composée, n’é-
,
tinguent la B. objective, qui est Dieu même, et la
tait,dans l’origine, que du lait chaud aromatisé avec B. formelle, qui consiste dans la connaissance, l’a-
du thé, dans lequel on mettait, au lieu de sucre, du si- mour de Dieu et la joie de le voir et de l’aimer. Ils
rop de capillaire. Elle fut mise à la mode au com- appellent B. surnaturelle la possession de la grâce et
mencement du dernier siècle par des princes de Ba- des vertus surnaturelles qui disposent le juste au bon-
vière qui, se trouvant à Paris, allaient souvent pren- heur éternel, et l’assemblage des biens que la nature
dre le thé au café Procope. —
On fait également des —
ne peut acquérir par ses propres forces. On nomme
bavaroises à l’eau simple, au café, au chocolat, etc., B. évangéliques les huit maximes qui serventd’exorde
mais toujours en sucrant avec du sirop de capillaire. au discours de J.-C. sur la montagne, et qui renfer-
C’est une boisson agréable, qui adoucit et diminue ment l’abrégé de sa morale (S. Matthieu, ch. 5, v. 3 et
la toux, favorise la transpiration et procure le som- suiv. ). On sait que ces maximes commencent par ces
meil. On la prend le plus souvent par pur agrément. mots a Heureux (beati) ceux qui ont l’esprit de pau-
:

BAVE, salive écumeuse, épaisse et visqueuse qui vreté car le roy des cieux est à eux. » De là leur nom.
: .

sort involontairement de la bouche, surtout chez les BEAU. Les philosophes ont disputé à perte de vue
enfants et les vieillards. On appelle aussi bave l’é- sur la nature du beau : les uns, se contentant de le
cume quelquefois liquide, sanguinolente et mêlée de définir par l’impression qu’il produit sur nous , di-
mucosités, c|ui s’échappe de la bouche dans cer- sent que le beau est ce qui plaît; les autres, préten-
taines maladies, comme dans l’épilepsie, l’hydro- dant découvrir l’essence même du beau, n’y voient,
phobie ou rage, la salivation mercurielle, etc. avec Platon, qu'un reflet de Vidéal, que la splen-
, , , —
BEAU 168 BÊCA
deur du vrai, qu’une réminiscence de la beauté su- deux à Paris. — On peut encore compter au nombre
prême contemplée par l’âme dans une vie antérieure ; des plus puissants moyens d’encouragement les Ex-
ou ils le placent, avec Aristote, daLüsVordreet l’hur- positions annuelles des Beaux-arts ou Salons.
monie des parties', avec Leibnitz, WolfT, Baum- L’Académie publieun Dict.des Beaux-Arts (1854).
garten, dans la perfection; avec Crousaz, dans Vu BEC , organe particulier aux oiseaux , leur tient
nité jointe à la variété; quelques-uns cherchent le lieu de bouche et renferme assez souvent les organes
caractère du beau dans Xs^convenanceoo l’aptitude des de l’odorat : c’est une substance cornée ; il se com-
choses à remplir leur destination, ou même dans leur pose de deux pièces nommées mandibules ; il affecte
utilité; la plupart, au contraire, opposent le beau des formes fort diverses. Chez certains oiseaux, cet
à l’utile, et le disent essentiellement désintéressé. organe ne sert pas seulement à saisir la nourriture, à
Plusieursphilosophes modernes, notamment M. Jouf- la dépecer et à la concasser; il fait aussi l’office d’une
froy, font consister le beau dans V expression dans 3® patte pour s’accrocher et grimper aux branches.
la manifestation de l’invisible par le visible, des sen- Le mot bec s’applique également à d’autres classes
timents de l’âme par les formes corporelles ; mais ils d’animaux , lorsque leur bouche ressemble plus ou
ne font en cela que reculer la diflîculté. moins au bec d’un oiseau , par exemple aux tortues,
Le mot beau s’applique à tant de choses d’ordres aux têtards, aux seiches et à tous les mollusques cé-
essentiellement différents, qu’il semble impossible phalopodes. 11 désigne aussi l’avance cornée de la
d’en donner une définition unique, qui embrasse tous tête du charançon et celle que fait le front de la
les objets beaux considérés en eux-mêmes ou objec- sauterelle,de la cigale, etc.; enfin, le suçoir qui fait
tivement; on distingue, en effet ; Beau physique, le caractère de l’ordre des Hémiptères, etc.
B. intellectuel, B. moral; B. réel, B. idéal; B. es- En Anatomie, on appelle Bec de cuiller une petite
sentiel, B. conventionnel ; B. naturel, B. imitatif ; lame fort mince qui sépare la portion osseuse de la
B. sirriple, B. complexe etc.; dans le beau physique trompe d’Eustache du canal destiné au passage du
même, on distingue le B. pittoresque (les couleurs, muscle interne du marteau.
les formes), le B. musical, etc. Cependant, si l’on se Les Chirurgiens ont donné le nom de bec à plu-
borne à considérer le beau par rapport à l’effet qu’il sieurs espèces de pinces plus ou moins longues et
produit sur nous , ou subjectivement, on pourra dire recourbées , dont la forme a quelque ressemblance
que le beau est, non-seulement ce qui plaît, mais ce avec le bec de certains animaux tels sont le B. de
:

qui charme, ce qui excite les sentiments d’amour ou cane, le B. de corbin, le B. de cygne, le B. de
d’admiration. — Le moibeau paraît avoir été origi- grue, eie.W en a été de même dans les arts et dans l’in-
nairement appliqué à un seul ordre d’objets , sans dustrie. Bec-d’âne est le nom d’un instrument dont
doute à ceux qui charment la vue; il aura ensuite été on se sert en Chirurgie pour l’extraction des balles.
naturellement étendu à tout ce qui peut, comme ces On appelle Bec de lièvre une difformité résultant
objets, nous procurer un plaisir purement contempla- de la division naturelle ou accidentelle de l’une des
tif. C’est ce que semble confirmer le Dictionnaire de lèvres et particulièrement de la lèvre supérieure ; le
V Académie ; le beau y est défini « Ce dont les pro-
: bec de lièvre nuit à la prononciation, à la respiration,
portions, les formes et les couleurs plaisent aux yeux à la succion, et donne lieu à un écoulement de salive
et font naître l’admiration. » — L’étude du beau a, qui jette les enfants dans l’épuisement; on y remédie
• de tout temps, donné lieu à d’intéressantes recher- par une suture qui réunit les deux bords de ladivision.
ches, et est devenue l’objet d’une science spéciale à En Botanique, on appelle Bec de cigogne, de
laquelle Baumgarten a donné le nom é’Esthétique. grue, de héron, plusieurs espèces de géraniums.
Les principaux auteurs qui ont traité du beau sont : Dans l’Industrie, on donne le nom de bec à l’ori-
Platon (surtout dans le Phèdre et le Banquet) ,P\oün fice de diverses sortes de tuyaux , notamment de
Ennéade P®, 6® liv.) le P. André {Essai sur le
,
ceux qui servent à l’éclairage, soit à l’huile, soit
ikau), Crousaz {Traité du Beau), Hutcheson {Ori- au gaz. Voy. éclairage.
gine des idées de beauté et de vertu) ; Hogarth, Ali- BECABUÎNGA (de l’ail. plante d’eau),
son, Burke.Dugald Stewart {Essais sur le beau et le espèce de Véronique qui croit sur le bord des ruis-
sublime);iovitVvoy (Coursd’Esthétique); en Allema- seaux et que l’on confond quelquefois avec le cresson
gne,Baumgartcn, Kant, Hégel. Voy. esthétique. de fontaine; ce qui lui a fait donner le nom de Véroni-
BEAUPRÉ (mat de). Voy. mat. que çressonnée. On l’emploie comme antiscorbutique.
BEAUX-ARTS. On réunit sous ce nom tous les BÉCARD, nom vulgaire du Saumon {Voy. sau-
arts qui ont pour but de charmer les sens par la mon) ; — nom vulgaire du Grand Harle commun,
culture du beau : les arts du dessin (peinture, sculp- oiseau à grand bec recourbé.
ture, gravure, architecture) ; la musique, la danse. BECARDE, genre de l’ordre des Passereaux et
La plupart des nations civilisées, la France surtout, de la famille des Pies-grièches, a pour type la Pie-
ont créé diverses institutions pour encourager et grièche de Cayenne, remarquable par son bec large
pourperfectionner les beaux-arts; les principales sont : et bombé en dessus et en dessous.
1® V Ecole des Beaux-Arts Aovdèe, à Paris dès 1793, BÉCARRE , signe musical qui a cette forme t( , et
établie plus tard rue des Petits-Augustins, dans le qui , placé devant une note , indique qu’après avoir
local de l’ancien musée des monuments, constituée été altérée précédemment par un dièse ou un bé-
par ordonnance du 4 août 1819 ; elle comprend l’en- mol , cette note doit revenir à son ton naturel. Son
seignement de la peinture, de la sculpture et de nom lui vient de B carré : le B, qui désignait le
l’architecture ; les cours sont terminés par des con- si dans l’ancienne notation , était appelé B dur ou
cours; les grands prix sont envoyés â Rome; — 2® le à panse carrée, quand il formait la quinte supé-
Conservatoire de musique, organisé en 1795, destiné rieure du fa, et B mol, ou à panse ronde, quand
à l’enseignement de la musique et des arts qui s’y rat- il était baissé d’un demi-ton. Telle est à la fois

tachent {Voy. conservatoire) ; — 3® V Académie des l’origine des mots bécarre et bémol. Le bécarre
Beaux-Arts fondée en 1655 par Louis XIV sous le servait ainsi à détruire l’effet d’un bémol antérieur;
titre d’ Académie de Peinture et de Sculpture, com- lorsque par la suite on imagina le dièse , qui élevait
plétée en 1671 par -une Académie d’ Architecture, et la note d’un demi-ton, on employa également le
comprise depuis dans i’Institut, où elle forme la 4® bécarre pour la ramener au ton naturel. Voy. bémol.
classe : elle compte 40 titulaires, répartis en 5 sec- BÉCASSE (du mot bec, à cause de l’extrême
tions ; peinture, sculpture, architecture, gravure, longueur de son bec) , Scolopax, genre d’oiseaux
composition musicale; — 4° diverses sociétés libres, Échassiers, de la famille desLongirostres: bec long,
telles que la Société des amis des Arts, fondée avant droit , grêle , peu ferme renflé et crochu à la
17S9,V Athénée des Beaux-Arts, fondé en 1834, tous pointe; mandibules sillonnées jusqu’à moitié de leur
, . , ,

BEC 169 — BEDE


longueur^ narines latérales, fendues en long près ailes et laqueue brunes, le bec et les pieds noirs.
du bord de la mandibule et recouvertes d'une Cet oiseau se nourrit de graines de pins et de fruits;
membrane; pieds et ailes médiocres, tarses totale- sa présence est un fléau pour les cultivateurs.
ment emplumés, queue courte. Ce genre se divise BEC-DUR, nom vulgaire du Gros-bec commun.
en trois sous-genres : les Bécasses proprement dites, Voy. CROS-BEC.
les Bécassines et les Bécassines chevaliers. —
La BEC-EN - CISEAUX , ou coupeur d’ead, Rhyn-
B. ordinaire {Scolopax rusticola) est longue de chops, genre d’oiseaux de l’ordre des Palmipèdes. Hs
34 à 36 cent.; elle a le haut de la tête, le cou, le ressemblent aux Hirondelles de mer par leurs petits
dos, les couvertures des ailes variées de marron, pieds, leurs longues ailes, leur queue fourchue,
noir et gris ; quatre bandes transversales noires sur mais s’en distinguent par leur bec , dont la mandi-
le cou; de chaque côté de la tête une petite bande bule supérieure est d’un tiers plus petite que l’infé-
noire qui s’étend depuis le coin de la bouche jus- rieure ; toutes deux sont droites et comprimées. Le
qu’aux yeux; le bec et les pieds sont couleur de B. noir est blanc , à calotte et manteau noirs , avec
chair, ombrés de gris. La Bécasse se trouve par une bande blanche sur l’aile , et les grandes plumes
toute l’Europe; elle habite, selon la saison, les bois de la queue blanches en dehors; le bec et les pieds
ou les plaines marécageuses, et vit ordinairement sont rouges. Ces oiseaux, dont la taille égale celle
par couples, rarement en troupe ; elle se nourrit de du pigeon, viv. en troupes dans les mers d’Amérique.
vers et d’insectes. Cet oiseau marche mal , mais BEC- EN-FOURREAU, nom vulgaire du Chionis.
court assez vite; son vol est assez rapide, mais lourd BEC-FIGUE, nom vulgaire du Gobe-mouche noir
et peu soutenu ; poursuivi par le chasseur, il se tapit et du Gobe-mouche à collier (Voy. gobe-mouche).
sons les feuilles sèches et reste souvent immobile — Dans le midi de la France et en Italie on donne
sous l’arrêt. La Bécasse est peu intelligente ; son aussi le nom de Bec-figues à différentes espèces
allure gênée, sa tête comprimée, ses gros yeux et d’oiseaux insectivores. Fauvettes, Becs-fins, etc.,
sa mauvaise vue lui donnent une physionomie stu- qui , en automne , se nourrissent de figues , de rai-
pide qui est devenue proverbiale. Sa chair est esti- sins et autres fruits, ce qui les engraisse à l’excès
mée lorsqu’elle est grasse et qu’elle est faisandée. et donne â leur chair le goût le plus fin et le plus
— Pour les deux autres genres, Voy. bécassine. délicat. On leur fait alors la chasse. —
Bec-figue
BÉCASSE DE MER. V OIJ COURLIEU et CENTRISQÜE. d’hiver, nom vulgaire de la Linotte et du Pipi.
BECASSEAU, Tringa, genre d’oiseaux de l’ordre BEC-FIN , genre d’oiseaux de la famille des Den-
des Echassiers et de la famille des Longirostres. Ce tirostres, renferme les sous-genres Traquet, Ru-
sont des oiseaux de rivage , qui ont beaucoup de biette, Fauvette, Accentor, Roitelet, Troglodyte
ressemblance avec les Bécasses. Ils habitent le bord Hochequeue et Farlouse, de Cuvier. Un grand nombre
des lacs, des marais et les côtes de la mer. Le B. de zoologistes en font aujourd’hui une famille sous
cocorli, commun en Europe, est long de 20 cent. le nom de Sylviadées. Ces oiseaux ont le bec fait
Au genre Bécasseau appartient le Combattant si comme une alêne et ne vivent que d’insectes , de
remarquable par son humeur belliqueuse pendant la vers ou de fruits mous; ils ne nous arrivent en
saison des amours, et l’Alouette de mer. Voy. cemoi. France qu’au commencement du printemps.
BECASSINE , oiseau de passage, est une espèce BECHAMEL , sorte de sauce blanche que l’on sert
du genre Bécasse, et se distingue de la Bécasse le plus souvent avec le poisson, tire son nom du mar-
proprement dite par la partie inférieure du tarse quis de Béchamel , maître d’hôtel de Louis XIV.
dénuée de plumes. La B. ordinaire est longue de BÊCHE, outil de jardinage, formé d’un fer large
27 cent. , y compris le bec qui en a 9,; sa tète est et tranchant , avec un manche de bois d’environ
divisée par deux raies longitudinales noires et trois 1 mètre , sert à couper la terre et à la retourner. On
rougeâtres; le menton est blanc, le cou varié de en distingue plusieurs espèces.
brun et de rougeâtre ; la poitrine et le ventre sont On désigne sous le nom de Bêche-Lisette un in-
blancs; le dessus du corps est varié de brun , de secte du genre Eumolpe qui fait beaucoup de tort à
rouge pâle et de noir. La Bécassine arrive en France la vigne. On le nomme aussi Coupe-bourgeon.
au printemps et niche dans les joncs et les roseaux BECHIQUES (du grec béx, béchos, toux). On
desmarécages; en été, elle quitte nos contrées, pour désigne ainsi, en Médecine, les remèdes employés
revenir en automne et disparaître en hiver. Sou vol contre la toux, tels que les fleurs de violettes, la
est rapide et irrégulier; aussi sa chasse demande- guimauve, le sirop de capillaire, les dattes, les
t-elle de l’adresse. La double B., très-commune en jujubes, les figues et raisins secs, etc.
France, est plus grande d’un tiers que la précédente. BEC-JAUNE ou béjaune , terme de Fauconnerie,
La. petite B. ou la Sourde, dite aussi Bécassin ou désigne un jeune oiseau de proie qui n’est point en-
Bécasson, a 20 cent, de long. Elle n’a qu'une bande core formé et qui ne sait point chasser. Ce nom vient
noire sur la tête; le fond du manteau a des reflets de ce que la plupart des oiseaux qui n’ont pas en-
vert bronzé; un demi-collier gris occupe la n.uque; core toutes leurs plumes ont le bec jaune. — Ce mol
ses flancs sont mouchetés de brun comme la poi- est passé dans le langage familier pour désigner un
trine. Elle habite les prairies marécageuses. jeune homme simple et sans expérience.
Les B. chevaliers autre espèce du genre Bécasse, BÈCUNE, poisson de mer, qu’on nomme aussi
ont le doigt extérieur et celui du milieu réunis par Brochet de mer, parce qu’il ressemble au Brochet.
une petite membrane ; ce sont de véritables cheva- On le pêche sur les côtes de la Guinée et de l’Amé-
liers [Voy. ce mot ) à bec de Bécassine. A cette espèce rique en octobre. C’est une espèce de Sphyrène.
appartient la Bécasse ponctuée de l’Amérique du BEDAUD, BEDAüDE, nom vulgaire de plusieurs
Nord , qui se nourrit de coquilles qu’elle trouve insectes dont le corps présente deux couleurs bien
dans les marins salins. tranchées. Telles sont la Cigale bedaude de Geof-
BEC-CROCHE, nom vulgaire du jeune Ibis rouge. froy et la chenille de la Vanesse gamma. On ap-
Voy. IBIS. pelle aussi Bedaude la Corneille mantelée.
BEC-CROISE, Loxia, genre de Passereaux co- BEDEAU (du latin pedum, baguette). On ap-
nirostres, renferme des oiseaux à bec robuste, épais pelait ainsi, dans les universités, des employés sub-
et comprimé , dont les mandibules sont tellement alternes qui , dans les cérémonies publiques , mar
courbes que leurs pointes s’entre-croisent en sens chaient, une masse à la main, devant le recteur et
inverse. Les narines sont petites, rondes et recou- les principaux membres de l’université. Aujourd’hui
vertes de plumes dirigées en avant. Les Becs-croisés on emploie dans le même sens le terme d! appari-
habitent le nord des deux continents. Le B. des —
teur. On donnait aussi ce nom à une espèce d'oIB-
pins, long do 17 cent., a le plumage verdâtre, les cier de justice inférieure qui, anciennement, citait
, ,
,
,, ,.

BÉGA . - 170 - BÊLI


en jugement et qui exécutait les sentences des baillis d e Médecine et l’Ac. desScienc.— M. Becquerel (1843)
sénéchaux etautres juges. Les Awissiero de nos jours M. Mathieu (I847),ont aussi écrit sur le Bégayement.
les ont remplacés. —
Dans les églises catholiques BÉGONE, Üeÿo/H'a, plante exotique. F.bégoniacées.
on donne encore le nom de bedeaux à des em- BÉGONIACEES (de Michel Bégon, botaniste fran-
ployés subalternes laïques , qui précèdent le clergé çais), famille de plantes dicotylédones herbacées, for-
dans les cérémonies, et maintiennent le bon ordre mée par M. Richard pour un genre singulier que l’on
dans l’église pendant l’office. Ils sont vêtus de robes ne peut rapporter à aucune des familles de Jussieu,
noires , rouges ou violettes, et ont à main une verge le genre Bégone : il se compose de plantes à fleurs
de baleine noire. irrégulières monoïques, et disposées en panicules
'QÈV)'iLG\]KK,SpongiacynobasH,Fungus rosaceus, comme dans l’oseille, dont elles ont à peu près le
galle ou excroissance qui se développe sur diverses port et la saveur. Elles sont toutes originaires des
espèces de rosiers , notamment sur l’églantier, et régions intertropicales. Plusieurs se mangent dans les
qui est produite par la piqûre d’un insecte (Cynips colonies, à l’instar de l’oseille, dont on leur donne
rosæ). Cette excroissance est spongieuse, remplie le nom ; telles sont la Bégone brillante, originaire
intérieurement de cellules dans lesquelles sont lo- des Antilles, remarquable par ses fleurs roses et ses
gées les larves des cynips , de la gi'osseur du pouce, ramiOcations dichotomiques; la B. uan'éedelaChine,
recouverte d’une espèce de mousse , d’une couleur qui se distingue par sa tige d’un rouge vif et ses
verte mêlée de rouge. Elle est légèrement astringente. grandes fleurs roses. La première de ces plantes a
BÉE , terme d’Architecture. Voy. baie. été employée contre le scorbut et les hémorragies.
BEFFROI. Ce mot, qu’on trouve aussi écrit ber- BÈGUE. Voy. bégayement.
froi semble venir du celtique ber, porter, et ef- BÉGUM , titre d’honneur donné , dans l’Hindous-
freid , effroi. Il désignait dans l’origine une machine tan , à l’épouse favorite de l’empereur. La bégum
de guerre construite en forme de tour portée sur jouissait d’un grand crédit, faisait et défaisait les
liuatre roues et assez élevée pour dominer les rem- ministres : on en a vu même commander les armées.

parts des villes. Elle était remplie de soldats qui, BEHEN, nom de deux racines dillérentes : le B.
plongeant de là sur les murailles, en écartaient les blanc, d’une odeur aromatique, d’une saveur stypti-
assiégés en faisant pleuvoir sur eux une grêle de que, produit parla Centaurée behen,àv\ mont Liban

:

traits. Dans la suite on donna ce nom à une tour il est très-tonique; le B. l’owÿe, originaire delaSyrie,

ou clocher, élevé dans les villes et les forteresses qu’on dit produit par la Statice limonium, et qui se
d’où l’on faisait le guet, et où il y avait une cloche trouve dans le commerce par tranches compactes d’un
pour sonner l’alarme. Lors de l’établissement des rouge noir il est astringentet tonique ; on l’employait
:

communes en France , un des premiers privilèges autrefois contre les hémorragies et les diarrhées.
qu’elles réclamèrent fut celui d’avoir un beffroi. La BÉJAUNE, pour bec jaune. Voy. bec jaune.
possession du droit de beffroi devint alors pour les BEIGE ou BECHE , espèce de serge noire , grise ou
villes une marque de liberté et de franchise. — mélangée, que l’on nomme aussi Serge naturelle
Aujourd’hui le mot beffroi ne désigne plus guère parce que la laine qui a servi à sa fabrication n’a
qu’une grosse cloche ou la cloche principale d’une reçu aucune teinture. Voy, serge.
église ou d’une tour et la charpente qui la soutient. BÉLEMNITES (du grec bélemnon, flèche) , nom
BEGAYEMENT (du latin barb. bigare, répéter, donné à certaines coquilles fossiles qui affectent la
dérivé sans doute de bis), embarras plus ou moins forme d’un doigt ou d’un fer de lance, et qu’on
grand dans la parole , hésitation , répétition sac- trouve en grandes masses formant des bancs. Ou
cadée ,
suspension pénible ,
et même empêchement croit que c’est la coquille d’un mollusque céphalo-
complet de la faculté d’articuler certaines lettres. Il pode, dont l’espèce n’existe plus , et qui était voisin
est beaucoup plus rare chez les femmes que chez les des Calmars. On a publié une infinité de contes sur
hommes. Lebégayementne dépend pas toujours d’un ces fossiles ; on les a appelés pierres de lynx, parce
vice de conformation de la langue; il est dù tantôt à que l’on prétendait que c’était de l’urine de lynx
un état de faiblesse des muscles vocaux, tantôt à un pétrifiée; quelques-uns les ont regardés comme des
état nerveux et spasmodique. —
M. Colombat, qui a stalactites, du bois pétrifié, des dents de poisson, etc.
fait de cette infirmité une étude particulière, admet BELETTE (par corruption du latin melis, belette),
deux espèces principales de bégayement ; la If®, Putorius mustela, espèce du genre Putois, un peu
paraissant avoir quelque analogie avec la danse de plus petite que le rat, est effilée, souple, d’une jolie
Saint- Guy ou chorée, a reçu le nom de labio- couleur fauve en dessus, d’un très-beau blanc en des-
choréique-, la seconde, appelée gutturo-tétanique sous. La belette a l’œil vif et lin, le museau pointu,
est caractérisée par une sorte de roideur tétanique les pattes courtes et court avec beaucoup de vitesse.
de tous les muscles de la respiration, principale- Elle porte, comme le furet et le putois, une odeur
ment de ceux du larynx et du pharynx.
au traitement, tout moyen qui entrave les mouve-
Quant — extrêmement forte. Cet animal se trouve dans toute
l’Europe méridionale et tempérée. Il est très-carnas-
ments tumultueux des organes de la parole, qui sier : l’été , il se nourrit de mulots, de jeunes lape-
les assujettit à une certaine régularité, peut, avec reaux, d’oiseaux qu’il surprend dans leur nid, etmême
de la constance et une volonté ferme corriger et de crapauds et de couleuvres; l’hiver, il s’introduit
,
faire cesser le béga 'ement. C’est d’après ce prin- dans les fermes, et fait de grands dégâts dans les co-
3
cipe que, depuis le commencement de ce siècle, lombiers et les poulaillers. La fourrure de la belette
diverses méthodes ont été employées avec des passe quelquefois dans le commerce, où elle reçoit
succès variés, notamment la méthode d'Itard, en une teinte brune foncée et se vend sous le nom de
1817; la méthode de Leigh, de New-York, martre lustrée: ce n’est que celle qui vient du Nord,
importée en Europe en 1825, et perfectionnée par de Sibérie surtout, qui a de la valeur.
M. Malbouche , dite méthode américaine. La plus BÉLIER (du verbe bêler), mâle de la brebis ,
récente et celle qui compte le plus de succès est la prend le nom de mouton quand il a subi la castra-
méthode de M Colombat : le rhythme en est une tion {Voy. mouton). Le bélier était chez les anciens
des principales bases; en s’aidant de ce puissant consacré à Mercure, qui avait enseigné à tondre les
auxiliaire, l’auteur a imaginé une espèce de gym- brebis; on l’attribue aussi quelquefois à Cybèle.
nastique qu’il distingue en pectorale, gutturale, Constellation située entre les Poissons et le Taureau,
linguale et labiale ; il en a décrit les divers méca- au-dessous d’Andromède, donne son nom à l’un des
nismes et l’application méthodique à chaque variété signes du Zodiaque, dans lequel le soleil entre le
de bégayement, dans son Traité complet de tous les 20 mars. Son apparition coïncidait jadE avec l’équi-
vices de la parole, couronné en 1833 par l’Académie noxe du printemps. Selon la Fable, cette constel-
, , ,

BELL — 171 — BÉNÉ


lation est le bélier qui portait la toison d’or et qui, bellatum, nom vulgaire d’une espèce de plante du
après avoir conduit dans la Colchide Phry\usetHellé, genre Ornithogalle, de la famille des Liliacées, dontles
fut sacrifié par Phryrus, puis transporté au ciel. fleursne s’ouvrent que vers les onze heures du matin.
BÉLIER, machine de guerre dont on se servait, BELLE D’UN JOUR, nom vulgaire de l’Héméro-
avant l'invention de la poudre , pour enfoncer les calle et de V Asphodèle.
portes et même les murailles des villes assiégées. BELLES-LETTRES. Voy. lettres, littérature.
Elle consistait essentiellement en une énorme poutre BELLIS (du latin bellus, joli, mignon), genre
garnie à son extrémité d’une tête de bélier en fer botanique qui renferme les plantes généralement
ou en bronze ; elle était suspendue à une forte char- appelées Pâquerettes et Petites Marguerites.
pente avec des chaînes et de gros câbles, et on la BELLONE, planète. Voy. le Tableau desPlanètes.
mettait en mouvement à force de bras. L’invention BELLOTE , variété du Chêne vert à feuilles
du bélier remonte à une très-haute antiquité ; on rondes , bordées de dents épineuses et d’un gris
paraît s’en être servi au temps de David et au siège glauque en dessous, que l’on trouve sur les côtes
de Troie. —La machine dont on se sert aujourd’hui

d’Afrique, en Espagne et dans le midi de la France
our enfoncer les pilotis porte le même nom. donne des glands allongés et assez gros qui peu-
E e B. hydraulique, inventé en 1797 par MM. Mont- vent se manger.
golDer, sert à élever l’eau d’une rivière à une certaine BELVÉDÈRE (de l’italiea bellovedere, belle vue),
hauteur, au moyen de la force même du courant. petit pavillon qui couronne et domine les maisons
BELLADONE ou belladonne (de l’italien bella de plaisance. Le plus fameux est celui du Vatican
donna, belle femme, parce que les Italiens se ser- élevé par Bramante. — On y admire l’Apollon du
vaient de ses fruits pour composer une espèce de fard), Belvédère, statue d’Apollon découverte à Capo
en latin Atropa (d’Atropos, une des Parques, par d’Anzo (l’ancienne Antium) dans le xvi« siècle. Cette
allusion aux propriétés malfaisantes de cette plante), statue, apportée à Paris en 1797, fut rendue en 1 Sl.'l.
genre de plantes de la famille des Solanées, renfer- BELVISIA (de P. de Beauvois). V. napoléons.
mant des arbrisseaux et des herbes , à feuilles al- BEMBEX (mot grec qui signifie toupie] , genre
ternes, à fleurs violacées. Plusieurs espèces de ce d’insectes Hyménoptères , nommés ainsi à cause de
genre sont regardées comme vénéneuses. L’espèce la la forme de leur abdomen , appartient à la section
plus remarquable est la B. commune (Atropa bella- des Porte-aiguillons et à la famille des Fouisseurs. Ils
donna], qui croit en France, près des lieux habités ont la forme et la couleur des guêpes, la bouche des
et dans les bois, et se multiplie par ses semences abeilles et les mœurs des sphéges. On les trouve
et ses racines; elle atteint plus d’un mètre de hau- dans leslieux sablonneux et exposés au soleil. Le
teur et forme de larges buissons d’un aspect triste
;
Bembex à bec, qui est noir avec des bandes trans-
ses tiges rameuses sont ovales-aiguës, molles, pu- verses d’un jaune citron sur l’abdomen, est très-
ùescentes, répandant, quand on les froisse, une commun aux environs de Paris.
odeur vireuse et nauséabonde ; ses fleurs, d’un rouge BEMBIDION , genre de Coléoptères pentamères ,
terne, donnent naissance à des baies d’abord vertes, famille des Carabiques. Ils sont, en général, très-
puis rougeâtres, semblables à la cerise-guigne, dont petits ; ils vivent presque tous au bord des eaux
le jus est un poison narcotique fort subtil ; on re- dans le sable, sous les débris de végétaux, et cou-
médie à son ingestion récente par les vomitifs et les rent sur la vase, sous les pierres, sous les écorces.
boissons acidulées; les médecins emploient la bella- BÉMOL , signe musical qui s’écrit ainsi : j , a
done contre la toux, contre la coqueluche convulsive pour objet, quand on le place devant une note , de
et contre les névralgies ; cette plante a, en outre, la l’abaisser d’un demi-ton. On peut l’employer d’une
propriété singulière de dilater considérablement la manière accidentelle; mais quand il entre dans la
pupille; aussi l’emploie-t-on pour faciliter l’opération gamme naturelle d’un morceau de musique, on le
de la cataracte; ses baies, cueillies avant leur matu- place à la clef, et, dans ce cas, il s’applique à
rité, fournissent aux peintres en miniature une belle toutes les notes semblables du même morceau, à
couleur verte. On cite aussi la B. d’Espagne, à moins qu’elles ne soient ramenées à leur ton na-
feuilles petites, arrondies à fleurs jaunâtres, et la
,
turel par un bécarre. Voy. bécarre.
B. à fleurs de nicotiane, arbrisseau de l’Amérique BEN ou MORINGA , genre de plantes du groupe des
du Sud, à fleurs blanchâtres, réunies en faisceau, Légumineuses dont quelques botanistes ont fait une
qui ont les propriétés narcotiques de la belladone famille sous le nom de Moringées. Ce genre se com-
commune. — On donne encore le nom de Bella- pose d’arbres originaires de l’Asie tropicale , et que
done à deux espèces d’Amaryllis, à la Mandragore l’on trouve maintenant en Afrique et en Amérique.
et à la Morelle. Voy. ces mots. Leurs feuilles sont pennées, leurs fleurs irrégulières;
BELLE (la), jeu de hasard analogue au loto et leur fruit est une silique uniloculaire à trois valves.
au biribi , se joue avec un tableau aux numéros du- L’espèce principale est le Ben oléifère ou Moringc
quel correspondent d’autres numéros renfermés dans de Ceylan, arbre de moyenne grandeur et dont l’é-
un sac. Le tableau est divisé en 13 colonnes portant 8 corce, la racine et même les feuilles ont une saveur
numéros chacune. Après que chaque joueur a fait et une odeur analogues à celles du raifort sauvage.
son jeu, le banquier tire un numéro; il paye ceux que Le bois de cet arbre, nommé bois néphrétique, s’em-
ce numéro fait gagner, et garde le reste pour lui. ploie dans les néphrites calculeuses; sa racine est an-
BELLE-DAME , nom vulgaire d’un papillon du tispasmodique ; ses semences, appelées noix de ben,
genre Vanesse, et de deux plantes, l’Amaryllis bel- contiennent une amande qui donne par l'expression
ladone eiHArroche. une huile grasse, inodore, transparente, purgative,
BELLE-DE-JOUR, Convolvulus iricolor, espèce appelée huile de ben. Cette huile se sépare en deux
de liseron à fleurs bleues et blanches qui ne s’épa- parties, l'une solide et l’autre liquide, très-diflicile-
nouissent que pendant le jour et se referment la nuit; ment congelable : les parfumeurs l’emploient pour
on la cultive dans les jardins à cause de la beauté de extraire les huiles essentielles des fleurs dont on ne
ses fleurs. peut rien retirer par la distillation , telles que le
BELLE-DE-NUIT, MîVaôiVîsyaJapjsa, nom vulg. jasmin et la jonquille.
du Nyctage faux jalap, plante exotique dont les BÉNÉDICTION (de benedicere bénir). L'usage
fleurs, rouges ou jauues, semblables à celles du liseron, d’appeler la protection divine sur ceux qu’on aime
ne s’épanouissent guère qu’après le coucher du soleil. est très-ancien. De tout temps, un père a donné sa
— C’est aussi le nom vulgaire de la Rousserolle ou bénédiction à ses enfants, surtout au lit de la mort ;
Rossignol de rivière, un vieillard a béni desj^rsonnes d’un âge inférieur.
BELLE-DE-ONZE-HEURES, Omithogallum um- On voit même dans FÉcriture les rois patriarches
, , ,

BÉNI — 172 — BENZ


rononcer la bénédiction sur leur peuple tout entier. de l’Église, sert à bénir les fidèles et les objets du
g e bonne heure aussi, le droit de donner la bénédic- culte , à exorciser, etc. Dans les premiers temps du
tion a été du ressort des ministres du culte. Moïse christianisme , il y avait à l’entrée de chaque église
charge expressément de cette mission les lévites de des réservoirs d’eau consacrée , afin que les commu-
la race d’Aaron, et leur en prescrit les termes ; de nos niants pussent se laver les mains et la bouche avant
jours encore, la bénédiction n’est prononcée dans les de recevoir l’hostie : de là l’usage des bénitiers.
synagogues que par des individus regardés comme On ne peut donner la date précise de l’institution de
descendants d’Aaron. —
L’usage de la bénédiction bénédiction de l’eau, mais on la trouve établie dès le
s’est conservé chez les Chrétiens. Les prêtres bénissent temps de S. Basile. Le prêtre bénit l’eau le dimanche,
soit en faisant simplement le signe de la croix sur les avant la grand’messe ; on la bénit aussi d’une manière
personnes ou sur les choses, comme cela a lieu à la solennelle la veille de Pâques et de la Pentecôte. —
fin de la messe, soit d’une manière plus solennelle, L’eow lustrale des anciens était qq. chose d’analogue.
en tenant à la main , pendant qu’ils font ce signe BENl'TIER. Outre le vase qui contient l’eau bénite,
un objet consacré, comme dans la bénédiction du on nomme ainsi une coquille, la plus grande des co-
Saint-Sacrement. Le pape , les évêques, donnent la quilles connues, de l’ordre des Acéphales concliyfè-
bénédiction sur leur passage en faisant le signe de res, le Tridacne géant, dont le poids s’élève jusqu’à
la croix : le pape donne solennellement une fois par 250 kil. les bénitiers de l’église de Saint-Sulpice,
;

an , à Pâques , la grande bénédiction : urbi et orbi. que la république de Venise donna à François pr,
On prononce encore la bénédiction sur les choses sont formés de deux de ces coquilles. — On appelle
pour les consacrer, par exemple sur l’eau bénite , le grand Bénitier une coquille bivalve qui acquiert un
pain bénit, le cierge pascal, les autels et les orne- très-gros volume , et qui sert quelquefois de béni-
ments religieux, les églises, etc. Le pape envoie tier petit Bénitier, une coquille du genre Peigne.
;

aussi en présent des objets bénits ou consacrés telle : BENJOIN, baume ou résine qui découle par in-
fut, entre autres , la rose d’or bénite en 1366 par cision de plusieurs arbres , notamment du Stgrax-
le pape Urbain V en faveur de la reine Jeanne de benjoin, arbre de la famille des Styracées, qui croit
Sicile, cérémonie qui depuis s’est reproduite tous les à Java, à Sumatra et dans toute la Malaisie. 11 con-
ans et se pratique encore aujourd’hui. —
On appelle tient de la résine, de l’acide benzoïque et un peu
Bénédiction apostolique le salut que donne le pape d’huile volatile; il présente une odeur suave qui se
au commencement de ses bulles et de ses brefs ; — développe surtout lorsqu’on en projette sur des char-
B. nuptiale, la cérémonie religieuse observée dans bons ardents, où il répand une fumée épaisse et blan-
toutes les communions chrétiennes et qui consiste
,
che. On s’en sert comme d’encens dans les églises ;
à bénir les nouveaux époux. En France, la bénédic- on l’emploie aussi en fumigations contre les mala-
tion nuptiale doit être précédée du mariage civil. dies de poitrine. En versant dans l’eau la teinture
BÉNÉFICE (du latin beneficium).Y.\i Politique, alcoolique de benjoin, on obtient un liquide laiteux,
ce mot se disait particulièrement des terres con- employé dans la toilette sous le nom de lait virgi-
quises que les premiers rois francs distribuaient à nal. On extrait du benjoin V acide benzoïque {Vog.
leurs compagnons d’armes; il a désigné ensuite cer- ce mot). — On trouve dans le commerce deux variétés
taines dignités ecclésiastiques accompagnées d’un de benjoin 7 le B. amygdaldtde qui est en larmes
revenu qui n’en pouvait être séparé. V. pour l’histo- ovoïdes, blanchâtres, agglomérées dans une pâte plus
rique de ces bénéfices le Dict. univ. d’Hist. et de G. brune; le B. en sortes, qui est moins pur et d’une
En Jurisprudence, on appelle, en général, béné- couleur brune plus uniforme. Voy. aussi badamier.
fice une exception favorable admise par la loi dans BENNE, grand panier qu’on place sur les chariots
certains cas déterminés. I^e B. d’ inventaire est un dans les mines de houille pour transporter le charbon.
privilège accordé à l’héritier qui craindrait de com- BENOITE (c.-à-d. bénite, à cause de ses proprié-
promettre sa fortune personnelle en acceptant une tés médicales) , Geum, genre de plantes herbacées de
succession dont il ne connaît pas les forces et les la famille des Rosacées, à fleurs droites et terminales,
charges. Celui qui hérite ainsi n’est tenu de payer àfeuilles radicales ternéeset à tige droite. La B. com-
les dettes de la succession que jusqu’à concurrence mune [Geum urbanum) se plaît dans les bois et les
des biens qu’il doit recueillir; il conserve mémo lieux ombragés et humides; sa racine, brune-rou-
contre la succession le droit de réclamer le paye- geâtre, d’une saveur un peu amère et aromatique,
ment de ses créances. —
Le B. d’âge est une sorte d’une odeur analogue à celle de girofle (d’où le nom
de privilège qui exempte certaines personnes des de radix caryophyllata) passe pour vulnéraire, su-
dispositions d’une loi à cause de leur âge. Ainsi dorifique, astringente; on l’emploie contre les hé-
l’âge de 50 ans dispense du service de la garde na- morragies et les fièvres intermittentes. On l’a pro-
tionale; à 65, on peut refuser d’être tuteur; à 70 ans, posée pour remplacer le quinquina. La B. aqua-
on peut être dispensé des fonctions de juré; on est à tique (G. rivale) a les mêmes propriétés.
l’abri de la contrainte par corps, ainsi que de la con- BENZAMIDE , substance appartenant à la classe
damnation à la déportation et aux travaux forcés, des Amides ( Voy. ce mot) ; elle représente dans sa
même à temps (Code pénal, art. 70). —
On appelle composition les éléments du benzoate d’ammoniaque,
B. de cession la faculté qui est accordée par la loi au moins un atome d’eau.
débiteur malheureux, mais de bonne foi, de faire en BENZINE, dite aussi Gaséine, Benzole, Phène,
justice abandon de ses biens à ses créanciers pour liquide incolore, très-mobile, réfractant fortement
conserver lalibertéde sa personne; B. de discussion, la lumière, d’une odeur forte et empyreumalique,
la faculté accordée à la caution d’obliger le créancier, composé de carbone et d’hydrogène dans les rap-
au moment où il dirige des poursuites contre elle, à ports de- G” H'. Il bout à 86», présente une densité
saisir et à faire vendre les biens du débiteur princi- de 0,86, et ne se dissout pas dans l’eau. On l’obtient
pal; B, de division, la faculté accordée aux diver- en distillant l’acide benzoïque avec un excès de chaux
ses cautions d'un même débiteur pour une même caustique. Il se produit en grande quantité par la
dette, d’exiger que le créancier divise sa demande, et décomposition, à la chaleur rouge, des huiles grasses,
à la portion de chacune d’elles dans la dette.
la réduise résines et autres substances organiques. Il sert à enle-
BENGALE (feux de). Voy. artifice et feu. ver les taches. Découvert en 1833 parM.Mitscherlich.
BEN GALl, nom donné à plusieurs espèces d’oiseaux BENZOATES, sels formés par l’acide benzoïque et
Granivores, originaires du Ben-
du genre Gros-becs, une bise. Aucun benzoate n’est employé en médecine.
gale. — C’est aussi le nom d’un
idiome de l’Inde, dé- BENZOILE, radical composé de carbone, d’hydro-
rivé du sanscrit , et qui se parle dans le Bengale. gène et d’oxygène dans les rapports de G'^ H'O^ HO,
BÉNITE (eau) , eau consacrée par les cérémonies et admis par quelques chimistes dans les combinai-
,,, ,,

BERG — 173 - BERG


sons qui dérivent de l'acide benzoïque et de l’es- prévenir leurs maladies. Il doit se pourvoir de chiens
sence d’amendes amères. attentifs, alertes, et les dresser dès le jeune âge en
benzoïque (acide), dit aussi fleur de benjoin, les menant aux champs avec des chiens tout formés.
acide organique composé de carbone , d’hydrogène Deux bons chiens peuvent faire paître 400 moutons.
et d’oiygène dans les rapports de C'*H®0’-|-H0; il — L’équipement complet du berger se compose :

est blanc, cristallisable en longues aiguilles, d’une 1“ d’une houlette, longue canne, portant à une
saveur acidulé et âcre, inodore à l’état de pureté, fu- extrémité une petite bêche destinée à lancer de la
sible à 120», bouillant à 239®. Il est à peine soluble terre aux bêtes qui s’écartent, et à l’autre un crochet
dans l’eau froide; il se dissout dans 12 parties d’eau en fer pour saisir par la cuisse celles qu’il veut exa-
bouillante. Il existe dans le benjoin, d’où on l’extrait miner; 2® d’un fouet pour corriger les chiens ou
en chauSânt cette résine dans une terrine sur la- 3® d’une panetière conte-
faire lever le troupeau
;

quelle on a Blé un cornet de papier, de manière nant de l’ammoniaque liquide et un trocart pour
que l’acide benzoïque puisse s’y sublimer. Il se pro- la météorisation, un grattoir et une petite boîte
duit dans une foule de circoriËtances : par l’action d’onguent pour la gale, une lancette et des bandages
de l’air sur l’essence d’amandes amères, par l’action pour les coups de sang , etc. La panetière sert en-
des agents oxygénants sur l’acide cinnamique, la core à recueillir les agneaux qui naissent aux champs,
gélatine, le caséum, etc. Il s’emploie quelquefois en et à les garantir du froid jusqu’à ce que l’on soit
médecine, dans les affections chroniques des pou- rentré à la bergerie. — On peut consulter pour plus
mons. — L’acide benzoïque était déjà connu de quel- de détails : 1® l’Instruction pour les bergers, de
ques alchimistes Jérôme Rosello (Alexius Pedemon-
: Daubenton; 2® l’article Berger, de Rozier, dans son
tanus), dans son ouvrage de Secretis (1557) , et Li- Cours complet d’ Agriculture 3® l’article de Tessier
',

bavius, dans son Alchymia (1595), parlent déjà du dans le Dictionnaire d’ Agriculture.
produit de la distillation du benjoin. Vigénère men- BERGERIE , construction rurale destinée à loger
tionne, dans son Traité du feu et du sel (1608) , l’a- les bêtes ovines. Une bergerie doit être salubre et
cide benzoïque obtenu par sublimation. tempérée :on élèvera donc , au besoin , le sol des
BER. Dans la Construction maritime, on nomme bergeries en le couvrant de sable, de gravier ou de
ainsi un appareil de charpente et de cordages placé pierres, pour éviter l’humidité; on le nivellera pour
sous un grand bâtiment, pour le supporter pen- laisser aux urines un écoulement facile on entourera ;

dant qu’on le construit ou qu’on le répare , et qui le bâtiment de fossés pour arrêter les eaux du voi-
glisse sur la cale lorsqu’on lance ce bâtiment à l’eau : sinage ; les murs seront percés aux faces opposées
le bâtiment se dégage de son ber lorsqu’il est à flot. pour le renouvellement de l’air ces ouvertures seront
;

En Botanique, c’est le nom vulgaire d’une espèce formées de simples créneaux longs et étroits, se fer-
de Jujubier, grand arbre de l’Inde qui porte beaucoup mant avec une botte de paille ; enfin , chaque bête
de feuilles, de fleurs et de fruits; sa feuille ressemble devra avoir un espace au moins égal à une fois sa
à celle du pommier, d’un vert obscur par-dessus largeur et deux fois sa longueur. La meilleure forme
blanchâtre par-dessous; la fleur est petite, blanche, à donner au bâtiment est celle d’un carré long avec
à cinq pétales, inodore; le fruit ressemble à celui du des râteliers simples aux quatre murs et un râtelier
Jujubier commun , mais il est d’un goût plus agréable, double au milieu ; d’autres subdivisions seront éta-
BERBÉRIDEES (du grec berberi, coquillage qui blies au moyen de claies, soit pour les béliers, soit
ressemble au fruit de l’épine-vinette), famille de plan- pour les couples de béliers et de brebis, soit pour les
tes dicotylédones polypétales, renfermant des her- bêtes malades ; enfin , deux portes cochères seront
bes ou des arbrisseaux à feuilles alternes, simples ou percées en face l’une de l’autre au milieu de deux
composées, à fleurs ordinairement jaunes, en épis ou murs opposés, pour faciliter l’enlèvement du fumier.
en grappes ; le fruit est une baie à plusieurs graines. Outre les râteliers, une bergerie doit être munie
Le type de la famille est le genre Berberis, qui ren- d’auges : ces auges sont faites de planches de sapin
ferme l’épine-vinette. Voy. ce mot. clouées deux à deux en forme de V le berger les :

BERBETH (corruption du grec barbitos, luth) place au moment de donner les rations de grain
instrument de musique à 4 cordes, employé par les de son, de racines coupées, etc., et les enlève après
Arabes, qui prétendent dans ses accents trouver un le repas. Enfin il est utile que l’on place de distance
antidote contre les maux de l’humanité. Les quatre en distance , dans la bergerie , surtout pendant les
cordes du berbeth donnent les notes mi, si, sol, ré. saisons pluvieuses , de petits sacs remplis de sel que
Ce sont les premières cordes de la guitare, instru- les moutons viennent lécher, ce qui augmente leur
ment qui fut importé en Espagne par les Arabes. appétit, et, selon quelques agronomes, diminue beau-
BERCE, nom vulgaire de plusieurs espèces de plan- coup leur mortalité. — M. Morel de Vindé avait fait
tes ombellifères du genre Heracleum. La plus con- construire, dans son domainede laCelle-Saint-Cloud,
nue , appelée aussi Branche-ursine bâtarde (H. une bergerie que l’on a jusqu’ici considérée comme
spondylium ), est grande , vivace et fort commune le meilleur modèle des constructions de ce genre. —
dans le nord de l Europe; on en retire, par la fer- L’État entretient des bergeries sur plusieurs points
mentation, une liqueur alcoolique très-enivrante. du territoire; les plus importantes sont celles de
BERCEAU DE LA VIERGE , nom vulgaire de la Clé- Rambouillet (pour les mérinos) ; de Monlcravel (Pas-
matite des haies, dont on couvre les berceaux. de-Calais), de Gévrolles (Côtes-d’Or).
BERGAMOTTE (de la ville de Bergame, où, sans BERGERIE, poëme pastoral. Voy. pastorale (poésie).
doute, on fit d’abord l’essence de ce nom), petite BERGERONNETTE, dite aussi Lavandière, en la-
orange d’un goût exquis et d’une odeur délicieuse tin Motacilla, petit oiseau de passage à longs pieds,
fruit du Bergamottier (Citrus margarita), que l’on à bec droit et grêle, à queue longue, est une espèce
cultive dans le Midi de l’Europe. On double avec son du sous-genre Hochequeue , du genre Bec-fin. 11 re-
écorce des bonbonnières qu’on appelle bergamot- çoit ces divers noms parce qu’il voltige continuelle-
tes, et qui exhalent une odeur suave; elle fournit ment soit autour des bergeries et des troupeaux,
aussi une essence agréable qui s’emploie en par- soit au bord des eaux, où il se baigne, et à cause de
fumerie. — Les jardiniers donnent le nom de ber- l’habitude qu’il a de mouvoir sans cesse sa queue
gamotte à une poire fondante et parfumée dont l’o- de haut en bas. La Bergeronnette se nourrit d’in-
deur se rapproche de celle de l’orange de ce nom. sectes; elle se trouve dans toute l'Europe, et ar-
BERGER (du latin vervex, mouton). Un bon ber- rive dans nos contrées au printemps. On en distin-
ger doit savoir loger, nourrir, abreuver, tondre et gue plusieurs espèces , dont les plus communes sont
guérir au besoin ses brebis il doit vivre avec elles
; la B. grise ou Lavandière proprement dite, remai--
jour et nuit, être en état de reconnaître chacune et de I
quable par la longueur de sa queue ; la B. jaune
BERN — 174 — BERZ
qui reste chez nous toute l’année , et la B. printa- BERNARD-L’ERMITE ,
espèce de Crustacé ma-
nière, est également jaune. croure, du genre des Pagures, vit ordinairement
llERlBÉRI (d'un mot indien qui signifie brebis), renfermé dans des coquilles univalves. Il s’y glisse
maladie particulière aux habitants des Indes Orien- en y introduisant sa queue , qui est molle et sans
talesdans laquelle les malades marchent péniblement écailles. Cette espèce est abondamment répandue
et accroupis, en imitant les mouvements de la brebis. sur toutes nos côtes de l’Ouest et de la Manche.
Cette maladie est caractérisée par un abattement gé- BERNE (de l’italien berna), terme de Marine.
néral, des lassitudes spontanées, l’engourdissement Mettre le pavillon en berne, c’est le hisser moins
des membres, en un mot, par un trouble général haut qu’à la hauteur ordinaire, et plié sur lui-même,
de la sensibilité et de la motilité. Elle a été consi- de manière que les plis, retenus par des liens, ne
dérée par les uns comme une espèce de rhumatisme puissent se développer au souffle du vent : le bout
chronique ou de lumbago; d’autres la rapprochent de la queue est seul déferlé. Le pavillon national
de la danse de Saint-Guy, Le béribéri, bien qu’in- mis en berne et appuyé d’un coup de canon est un
curable ,
n'est point mortel. signal de détresse adopté en mer pour demander du
BERICHON, bérichot ou bérichet, nom vulgaire secours; c’est aussi un signe de deuil. Un bâtiment
du Troglodyte ou Roitelet. de commerce en partance hisse son pavillon en berne
BER1L, pierre précieuse. Voy. béryl. pour appeler son équipage abord. On met aussi en
BERLE (du latin Berula), nom vulgaire du genre berne pour demander un pilote.
Siiirn, notamment du Sium lalifolium, espèce ap- BEROE (nom mythologique), genre de Zoophytes
pelée vulgairement Ache d’eau, Cresson de fon- de l’ordre des Acalèphes libres, famille des Méduses,
taine : dans les lieux maréca-
cette espèce se trouve composé d’animaux à corps ovale ou globuleux,
geux ;
pour diurétique et antiscorbutique.
elle passe garni de côtes saillantes hérissées de filaments ou
BERLINE (de Berlin, où elle a été inventée), voi- de dentelles dans lesquelles on aperçoit des ramifi-
ture suspendue à deux fonds et à quatre roues et re- cations vasculaires et une sorte de mouvement de
couverte d’une espèce de capote qu’on peut relever fluide. Ces animaux brillent d’une lumière phos-
ou abaisser à volonté on s’en sert à la ville et en
: phorescente verte très-intense , lorsqu’on les irrite.
voyage. La première berline fut, dit-on, fabriquée à Ils sont composés d’une sorte de gélatine transpa-
Berlin dans le xvii® siècle, par Philippe Chiese, archi- rente, se résolvent en eau pour peu qu’on les blesse
tecte de l’électeur de Brandebourg. On nomme — en les touchant ils ne peuvent vivre un instant hors
;

berlingot une berline coupée à un seul fond. de l’eau , et se dissolvent dans l’alcool. On ne con-
BERLINGE, grosse étoffe en fil et en laine. On en naît pas leur mode de reproduction ni de nourriture.
fabrique en Framce dans le département du Finistère. BERRl, mesure itinéraire de Turquie, égale Ikilo-
BERLUE (de l’italien varia lume lumière qui ,
mètre 670 mètres.
varie), aberratiou du sens de la vue, dans laquelle BERTHELOTIA (de Berthelot, botaniste français),
on croit voir des objets que l’on n’a pas réellement genre d’Astéroidées , qui comprend deux espèces :
devant les yeux, tels que des points étincelants ou l’une à fleurs velues, originaire du Sénégal; l’autre,
noirs, des insectes qui semblent voler dans l’air, des à fleurs glabres , indigène dans l’Inde tropicale.
toiles d’araignées, etc. On a donné à ces phénomènes BERTHOLLETIA (de Berthollet, chimiste fran-
bizarres le nom dè imaginations La berlue est sou-. çais ), très-grand arbre de l’Amérique du Sud, com-
vent un l'r degré de l’amaurose; d’autres fois c’est mun dans les forêts de l’Orénoque, forme à lui seul
un symptôme précurseur de l’apoplexie. On emploie un genre qui appartient à la famille des Myrtacées.
centre cette affection les saignées, les fomentations, Sa fleur est jaune, en épis, avec des étamines blan-
les topiques, les vomitifs et les purgatifs. Du nom — ches; son fruit est comestible, et on le cultive pour
de cette maladie vient la locution avoir la berlue, cette raison à la Guyane et au Brésil.
pour dire voir ce qui n’est pas, mal juger des choses.
: BÉRULE (altération de ferula) , Siumangusti-
BERME, terme de fortifications, chemin d’en- folium, espèce du genre Sium, herbe ïivace qui
viron 1“,25 de large entre le pied du rempart et le croît en Europe et dans l’Amérique septentrionale.
fossé. —
On appelle aussi berme le chemin qu’on Elle se trouve dans les fossés inondés, dans les mares
laisse entre une levée et le bord d’un canal ou*d’un et les eaux peu courantes. Voy. berle.
fossé pour retenir les terres. BÉRUS , nom scientifique de la Vipère commune.
Les Amidonniers nomment berme un tonneau où BÉRYL (en grec béryllos), variété d’Emeraude
ils font fermenter le froment dont ils se servent pour qui est vert-clair, jaune ou jaunâtre. On l'appelle
fabriquer l’amidon. Aigue-marine quand elle a la couleur d’eau de mer ;
BERNACHE, sous-genre des Canards de Cuvier, Émeraude miellée, quand elle a la teinte jaune du
très-voisin des Oies, à bec court, menu, dont les miel. On nomme Béryl de Saxe ou Augustite, une
bords ne laissent point paraître au dehors l’extré- variété transparente d’Apatite Voy. ce mot) Le béryl
(
.

mité des lamelles buccales. Les espèces principales sert aux graveurs sur pierre, et entre dans la com-
sont : 1» rOi'e bernache ou à joues blanches, qui a position des mosaïques. Les bijoutiers en font divers
le dos noir et gris une fable qui eut longtemps cours
: ornements : colliers, bracelets, cachets, etc., qui
la faisait naître sur les arbres comme un fruit ce qui
,
sont à bon marché. — Pline avait déjà reconnu que
la admettre comme gibier maigre; 2“ l’Ole d'È-
fit cette pierre précieuse devait être une variété ie l'é-
gypte, dont le plumage, d’un fond gris-blanc, est meraude. Le même auteur prétend qu’on ne ren-
agréablement varié de zigzags brun-roussâtre. Cette contre le béryl que dans l’Inde ; mais on en a aussi
espèce était révérée des anciens Égyptiens à cause de trouvé en France, à Nantes et à Limoges ; en Irlande,
son attachement pour ses petits. Elle se montre quel- dans la chaîne des monts Wicklows ; en Ecosse, au
quefois, ainsi que la précédente, aux environs de Paris. Pérou, au Brésil, etc.
On nomme aussi Bernache un Mollusque acéphale BERYLLIUM. Voy. glucynium.
à coquille univalve qui s’attache à la carène des na- BÉRYX (mot grec), genre de la famille des Per»
vires qui ne sont pas doublés en cuivre, et coïdes; poissons brillants d’un beau rouge relevé
y forme à
la longue une croûte épaisse qui nuit à la navigation. de teintes dorées. On en connaît deux espèces : la
BERNAGE, mélange de céréales et d.î graines lé- plus grande, le B. décadactyle , vient du nord de
gumineuses, que l'on sème en automne pour être l’Atlantique intertropicale; la seconde, des mers de
fauchées en printemps. On ledonneaux bestiaux pour la Nouvelle-Guinée : elle est rôuge et rayée d’or.
les faire passer de la nourriture sèche à la nourri- BERZÉLl’THE (de Berzélius, chimiste suédois, et
ture verte. Les Romains empruntèrent aux Gaulois lithium), A\ie aussi Pétalithe, silicate alumineux à
la connaissance et l’emploi du bernage. base do lithine, de couleur nacrée et à structure la-
,, , ,

BESY — 175 — BETE


mrllaire, raie fortement le Terre et étincelle par le d’analogie avec la Brisque ou Mariage, se joue ordi-
cnoc du briquet. C'est dans ce minéral que Berzélius nairement à deux personnes, quelquefois à trois ; on
a découvert l'oxyde de lithium (1818). La berzélithe a se sert d’un jeu de piquet, soit simple, et alors la par-
été observée d'abord à l'ile d'Uto en Suède, dans un tie se termine en 500 points, soit double ou triple, et,
gîte de fer magnétique. On l’a retrouvée aux États- dans ce cas, elle peut être fixée à 12 ou 1,500 points.
Unis, dans un calcaire saccharo'ide et des blocs er- Chaque joueur reçoit d’abord huit cartes , et, après
ratiques. chaque levée, il en prend une au talon, jusqu’à
BÈS, nom donné chez les Romains aux deux tiers entier épuisement. Le talent du joueur consiste sur-
de l’as ou 8 onces. Ce mot s’employait aussi pour les tout à former des mariages ou groupes qui donnent
deux tiers d’une mesure, d’un tout quelconque. beaucoup de points : en effet, 4 as se comptent
BESAIGRE (pour presque aigre), maladie qui 100 points; 4 rois, 80, etc.; un mariage simple ou
attaque le vin quandil est déposé dans une cave peu double, de 20 à 40 points; le Bésy, c.-à-d. l’accou-
fraîche et quand il est mal soigné, soit dans la cave, plement de la dame de pique et du valet de car-
soit dans le tonneau. Le vin besaigre prend une reau, 40 points; le double Bésy, 500, etc. Déplus,
saveur qui n’est pas précisément celle du vinaigre l’as, le roi, la dame, le valet, valent .solémentll,
mais qui en approche. 10, 4, 3 et 2 points. —
Le Bésy est originaire du
BESAIGUE (du latin bis, deux fois; acuta, aiguë), Limousin il a été récemment importé à Paris.
:

arme usitée au moyen âge, sur la forme de laquelle BÉTAIL (de bestia, bête), nom collectif des ani-
les auteurs ne sont pas d’accord. Tantôt on s’en maux domestiques d’une ferme, spécialement de ceux
servait pour frapper de près , tantôt on la lançait que l’on mène paître. On distingue le gros bétail,
de loin. Au siège d’Orléans, en 1428, les défenseurs qui comprend les bêtes bovines, telles que le tau-
de la ville se servaient de besaiguës, arme qui avait reau, la vache, le buffle, le chameau, etc.; et le menu
alors d’un côté une hache assez large, et de l’autre bétail, qui comprend les bêtes à laine , telles que le
un morceau de fer très-pointu. — On donne aussi bélier, le mouton , etc., les bêtes à poil , la chèvre ,
le nom de besaiguë à un outil de fer, taillant par le bouc, etc., et les bêtes à soie, telles que le cochon,
les deux bouts , dont Tun est en bec d’âne, et l’au- la truie, etc. On étend quelquefois le nom de bétail
tre en ciseau; il sert à dresser et à réparer le bois aux espèces chevalines (cheval, âne, mulet, etc.) .

de charpente, à faire les tenons, mortaises, etc. Le bétail est un des éléments nécessaires de l’agricul-
— Outil de bois qui sert aux cordonniers à lisser ture : outre qu’il est indispensable pour labourer la
ou polir le devant des semelles de souliers. terre et en transporter les produits, le fumier qu’on
^ BES ANT, BEz ANT, ou BVZANT, Byzantium, ancienne fait avec ses déjections est un des moyens les plus effi-
monnaie d’or de l’empire de Byzance ou de Con- caces de fertiliser le sol ; en outre , le bétail peut seul
stantinople, se répandit en France aux xn® et xiii' siè- donner une valeur aux herbages. L’infériorité de l’a-
cles, et y fut connue sous le nom de sou d’or. On griculture française par rapport à celle de plusieurs
n’est pas d’accord sur sa valeur, qui d’ailleurs pa- pays étrangers, notamment de l’Angleterre, tient
raît avoir varié comme celle de toutes les monnaies. surtout à ce que l’on a trop longtemps négligé eu
Selon Souquet {Métrologie française), lebesa.at\à\a.it France l’élève du bétail.
au XII® siècle 20 fr. 22 cent. On sait que saint Louis, BETE , animal privé de raison ; on oppose en ce
fait prisonnier en Egypte
, paya pour la rançon de
sens la bête à Y homme. Les philosophes ont beau-
ses seuls chevaliers 8,000 besants d’or, qu’on évalue coup disputé sur la nature des bêtes : les uns leur
à sept millions environ. — Les rois de France pré- accordant une âme, mais une âme fort inférieure à
sentaient à la messe, le joui de leur sacre,13 besants celle de l’homme, et purement sensitive ; les autres
d’or.— En termes de Blason, on appelle Besant une leur refusant une âme, malgré toutes les analogies
pièce d’or que les paladins mettaient sur leur écu qui plaident en leur faveur, et les réduisant, avec
pour faire voir qu’ils avaient fait le voyage de la Descartes, à l’état de pures machines. Voy. ame.
Terre Sainte. En Agronomie, on distingue Bêtes à cornes, B.
BESICLES (de bis oculi, doubles yeux). On en à laine, B. de somme, B. de trait, B. de labour;
attribue vulgairement l’invention à Roger Bacon ou tous mots qui s’expliquent d’eux-mêmes.
à Alexandre de Spina, frère dominicain, qui les au- On appelait autrefois Bêtes aumailles ou seule-
rait découvertes en 1280 ou 1311; mais on les trouve ment Aumailles, les bêtes à cornes et autres animaux
mentionnées dans un poëme grec dès 1150. Elles domestiques admis à paître dans les forêts ; on dérive
étaient connues de temps immémorial en Chine. ce mot, par corruption, du latin manualia (s. eut.
BESLÉRIE (de Basile Besler, botaniste allemand pecora), animaux apprivoisés.
du XVI® siècle), genre de la famille des Gesnéracées On nomme vulgairement Bêtes à Dieu, B. à bon
ayant pour caractères : un calice libre , quinquéfide Dieu B. à Martin les Coccinelles
, ,

B. à feu
;

et coloré ; une corolle hypogyiie, subcampanulée et les Lampyres, les Taupins, les Fulgures et les Sco-
quinquéfide; 4 étamines didynames, 1 ovaire libre lopendres, qui répandent pendant la nuit un éclat
à ovules nombreux et à style simple ; enfin, de belles phosphorescent; —
B. à la grande dent, le Morse ;
fleurs jaunes ou rouges en grappes terminales. Ce — B. de la mort, la Chouette, l’Effraie, etc.; —
sont des plantes herbacées habitant toutes les forêts B. noire, domestique, la Blatte des cui-
le Grillon
de l’Amérique méiidionale. La B. incarnat, la B. sines, le Ténébrion des boulangers; —
B. puante,
jaune et la B. à grandes fleurs sont cultivées dans la Mouffette, petit quadrupède noir dont l’urine suf-
nos serres comme plantes d’agrément. foque; — B. rouges, les Tiques, insectes du genre
BESOIN , terme de Commerce. Dans le commerce Acarus, dont la morsure cause devivesdémangeaisons.
de banque, les tireurs ou endosseurs d’une lettre de BÉTE (Jeu de la), jeu de cartes, absolument le
change écrivent souvent au bas: au besoin chez il/..., même que celui de la mouche ; les termes seuls sont
ce qui signifie qu’en cas de non-acceptation ou de changés : on y dit bête pour mouche {Voy. moüche).
non-payement, le porteur peut se présenter chezM. —
Ce jeu est passé de mode. La bête ombrée (ou hom-
qui payera le montant de la lettre de change. brée) n’est qu’un diminutif du jeu de Yhombre. On
BESTIAIRES (du latin bestia, bête), ceux qui, chez y joue à 2, 3, 4 ou 5 personnes, avec un jeu de piquet
les anciens Romains, étaient destinés à combattre et avec des jetons ayant une valeur convenue pour
dans les cirques contre les bêtes féroces. C’étaient faire l’enjeu; chaque joueur reçoit 5 cartes, distribuées
des prisonniers de gperre, des criminels, des esclaves par 2 et 3 ou 3 et 2 ; il ne faut que 3 levées poui-
coupables, ou des Chrétiens. — Recueils de Traités gagner le coup. —
A ces jeux et à plusieurs autres,
sur les bêles ou d’apologues où les bêtes figurent. on appelle béte la somme que l’on dépose quand on a
BESY ou BÉsiGUE, jeu de cartes, qui a beaucoup I
perdu un coup, et qui reste au jeu pour être payée à
, , —

BETT — 176 BEUR


celui qui gagnera. Mettre sa bête, c’est déposer cette pèces, la blanche surtout, servent à l'extraction du
somme faire la bête, c’est perdre le coup ; tirer la sucre de betterave (Voy. sucre), dont la fabrica-
;

bête, gagner la bête, c'est gagner le coup. tion , indiquée dès 1775 , s’est introduite en France
BETEL, Chavica Betle, espèce du sous-genre Cha- sous l’Empire, et qui a pris une si vaste extension. On
vica, appartenant au genre Poivrier, plante sarmen- en tire aussi depuis peu de l’alcool. La racine cuite peut
teuse des Indes Orientales, grimpante à la manière donner un vin doux très-agréable et des confitures
des vignes, et cultivée près de la mer : c’est une es- excellentes; avec la pulpe on fabrique du papier. A
pèce de poivre. Les Indiens forment avec ses feuilles, Angers, au Mesuil-Saint-Firmin, à Oëstres, près de
mêlées avec de l’arec et de la chaux vive, une pré- S.-Quentin, on fait avec sa racine torréfiée un café de
paration appelée aussi bétel, qu’ils mâchent con- betterave, au moins aussi bon que celui de chicorée.
tinuellement. Le bétel est tonique et astringent; il La Betterave peut se cultiver dans presque tous les
stimule l'estomac et prévient la dysenterie, mais il terrains, mais elle préfère les sols légers, meubles,
gâte les dents et les fait tomber promptement. profonds et riches en humus. Dans les assolements,
BETILLES , mousselines ou toiles de coton blan- elle remplace utilement la jachère. On fume le sol
ches, qui se fabriquent aux Indes Orientales, particu- qui doit la produire avant janvier, principalement
lièrement à Pondichéry. On distingue la B. simple, avec les tourtes que l’on retire du colza et autres
un peu grossière ; la B. organdi, qui a le grain rond plantes oléagineuses, ou avec les récoltes enfouies en
et est très-fine, et la B, tarlatane, qui est fort claire. vert : les fumiers animaux paraissent nuisibles aux
BETOINE (du nom des Vettones, peuple d'Espagne betteraves que l’on destine à la fabrication du sucre.
qui parait avoir le premier connu cette plante) plante ,
Le semis se fait à la fin d’avril et au commencement
vivace de la famille des Labiées , aux fleurs rouges de mai ; on reproduit aussi la plante par le repi-
ou blanches, aux feuilles velues et oblongues; ses quage. L’arrachage a lieu du 15 septembre à la fin
racines ont une odeur pénétrante elles sont éméti-
: d’octobre ; c’est quelques jours auparavant que doit
ques et purgatives; ses feuilles sont sternutatoires se faire l’enlèvement des feuilles : quelques personnes
et peuvent se prendre en guise de tabac. Les anciens le font à tort durant la végétation , ce qui diminue
lui attribuaient beaucoup de vertus. la proportion du principe sucré de la plante. La
On nomme B. d’eau la Scrofulaire aquatique , et rentrée des betteraves doit avoir lieu avant la gelée.
B. de montagne l’Arnica. L'insecte le plus redoutable à la betterave est la larve
BETON (de l’anglais bletong, poudingue factice), du hanneton , ou ver blanc ; le dessèchement des
mélange d’un mortier hydraulique avec des cailloux feuilles décèle sa presence. La betterave est, en outre,
ou des pierres et des briques concassées ; il a la pro- exposée à une maladie dite Pied-chaud, qui se dé-
priété de durcir promptement dans l’eau. On fait veloppe avant que la plante ait acquis six feuilles;
fréquemment usage du béton dans les ponts et cette maladie flétrit une partie de la racine et arrête
chaussées, surtout pour les constructions hydrauli- la croissance de la plante ou la fait périr. Une ma-
ques. Voy. CHAUX HYDRAULIQUE et CIMENT. ladie nouvelle a été observée en 1851 dans les envi-
On donne aussi le nom de béton au lait trouble rons de Valenciennes : elle se reconnaît à des mar-
et épais contenu dans les mamelles au moment do brures que présentent les feuilles, et qui proviennent
l’accouchement. de l’infiltration de l’air au milieu de la sève de la
BETTE (d’un mot celtique bett, qui signifie rouge) plante; la racine présente des lignes noirâtres. Cette
Beia genre de la famille des Cbénopodées , origi- maladie altère le goût de la betterave et en diminue
naire du midi de l’Europe, renferme plusieurs plan- de plus de moitié le rendement.
tes potagères fort utiles qui se cultivent en France. BETULINE (du latin betula, bouleau) , espèce de
Les deux espèces principales sont la Betterave {Voy. camphre ou huile volatile solide qu’on trouve dans
ci-après), et la B.-Poirée. —
La B.-Poirée, vulgaire- l’épiderme du bouleau blanc. Voy. cuir de Russie.
ment Poirée, Beta cicla, L. , est une plante potagère ; BÉTULINÉES ou bétulacées (du latin betula,
sa racine est cylindrique, ligneuse; sa tige, droite, bouleau ) , famille de plantes dicotylédonées dicli-
haute d’un mètre environ ,
garnie de feuilles larges nes, qui forment une subdivision du grand groupe
et ovales ;
sès fleurs, petites et blanchâtres. La bette des Amentacées, et renferme les genres Aune et
s’applique en médecine à divers usages la feuille,
; —
Bouleau. On a trouvé en Vétéravie, à l’état fossile,
large et molle , sert à panser les vésicatoires et les des chatons qu’on croit pouvoir rapporter à ces deux
cautères; elle est émolliente et relâchante; on peut genres, et auxquels on a donné le nom de Bétulites.
aussi manger ces feuilles, qui sont douces et fades ; BÉTYLE J BfiBt)//oY , pierre que Cybèle présenta,
mêlées à l’oseille, elles en corrigent l’àcidité. Une — enveloppée de langes, à Saturne, qui l’avala, la pre-
variété de la bette commune fournit des feuilles re- nant pour Jupiter, son fils nouveau-né. Par suite, on
marquables par le développement que prend leur ner- nomma ainsi des pierres qui avaient la forme d'un
vure moyenne, que l’on mange en guise de cardon ;
coin ou d’un cône, et qui étaient révérées chez les
on la nomme Carde-poirée, parce qu’elle a quelque anciens comme un symbole divin ; en les oignait
analogie pour le goût avec les cardons d’Espagne. d’huile, de vin, et même de sang. On leur attribuait
BE’TTERAVE (de bette et de rave ) ,
Beta vulga- une foule de vertus mei’veilleuses. On les rencontrait
ris, plante potagère du genre Bette, se distingue par en grand nombre chez les Syriens, surtout sur le
sa racine charnue, pivotante comme la rave, et qui at- mont Liban , chez les Grecs et les Romains.
teint un volume considérable. Il y en a trois variétés : BEURRE (du latin butyrum,pr\& du grec boutyron,
1® 1a B. rouge ou B. champêtre, remarquable par la formé lui-même de bous, vache, et tyros, fromage),
volume de saracine,par le nombre et la grandeur de substance grasse de couleur citrine, plus légère que
ses feuilles par sa couleur, qui varie du blanc rose
,
l’eau, très-fusible, et tenue en suspension dans le
au rouge cramoisi sa racine sort de terre de plus de
;
lait des animaux. Elle renferme de la margarine ,
la moitié de sa longueur on la mange cuite ou con-
: de l’oléine , de la butyrine et une petite quantité de
fite dans le vinaigre avec de la salade; c’est cette va- matière colorante jaune.
riété qui convient le mieux à la nourriture des bes- Pour préparer le beurre , on abandonne d’abord
tiaux; on lui donne quelquefois le nom de Poirée le lait à lui-même; puis on enlève la crème avec
rouge, et à sa racine celui de Racine de Disette ; — un écrémoir , et on bat celte crème dans une ba-
2® la B. blanche, ou deSilésie,à chair claire et à peau ratte (Voy. ce mot). Les particules de beurre se ré-
blanche, â forme assez régulièrement conique; elle unissent alors par l’agitation, et se séparent de la par-
fut introduite en France en 1815 par Mathieu de tie liquide ou lait de beurre. Terme moyen, il faut

Dombasle; 3® la B. jaune, ou de Castelnaudary, qui 28 litres de lait pour obtenir 1 kilogr. de beurre ; unB
est d’une moyenne grosseur : ces deux dernières es- bonne vache donne environ 64kil. de beurre par an.
, , , ,

BEUR — 177 — BIBI


Le beurre fin a ordinairement une teinte jaune, que gras, solide, qu’on retire du fruit de VÈldis guineen-
l’on imite assezbien avec la fleur du souci ou le safran. sis,qui croit dans la Guinée et la Guyane ; il est cou-
Le contact de l’air fait rancir promptement le leur de chair, et a l’odeur de la violette ; il renferme
beurre, surtout en été; pour obvier à cet inconvé- un acide gras particulier, Yacide palmitique. On
nient, qui provient des parties séreuses ou caséeuses l’emploie à la fabrication des bougies et des savons.
que le beurre peut contenir, il faut faire subir au BEURIUEBE. Voy. baratte.
beurre des lavages réitérés. On est aussi dans l’usage BEZANT. Voy. besant.
de le fondre à une douce chaleur ou de le saler ; il BEZOARD (du persan bedzdhar, contre-poison)
se conserve alors fort longtemps. nom donné à certaines concrétions formées dans
Parsuite, on distingue B. frais, B. salé^iB. fondu.
: l’estomac ou dans les intestins de quelques animaux,
Le B. frais est celui qui est nouvellement battu. comme la chèvre, la gazelle, le ehamois,le porc-épic,
11 est apporté ou en livres ou en mottes. A Paris, le le bœuf, le cheval, le câiman, et qui étaient van-
beurre en livres vient des villages voisins, de Saint- tées autrefois comme des médicaments très-efficaces
Germain et du Gàtinais. Les beurres en mottes sont contre les maladies éruptives et pestilentielles, et
envoyés d’Isigny, de Gournay, de la Louppe , etc. même contre les poisons. On portait ces concrétions
Le B. salé est du beurre que l’on a pétri avec le comme des amulettes, propres non-seulement à pré-
sel pour le conserver. Le sel blanc est moins propre server des maladies, mais encore à écarter les malé-
que le gris pour les salaisons; il rend les beurres plus fices : ces croyances étaient surtout populaires dans
âcres. Les provinces qui fournissent le plus de beurre l’Orient, en Italie, en Espagne, en Portugal. De nos
salé sont la Bretagne , la Normandie, la Flandre et jours, les bézoards ne sont plus que des objets de
le Boulonnais. Il en vient aussi de Hollande, d’An- curiosité; ils ont cependant conservé en Orient leur
gleterre, d'Ècosse et d’Irlande. Les beurres salés do antique célébrité : parmi les présents envoyés à Na-
la Bretagne, ceux de la Prévalais surtout, sont les poléon en 1808 par le shah de Perse, il y avait trois
plus estimés. Ils viennent en petits pots de grès d’en- bézoards; on n’y trouva que du bois et quelques sels,
viron un-demi kilogr. ; mais ce beurre n’est pas de H y avait aussi des Bézoards /’acO’ces composés avec
garde et se graisse aisément. La basse Normandie des yeux d’écrevisse, des pinces de crabe, broyés et
fo\irnitdeux sortes de beurres salés: les gros beurres mé'iés avec le musc, l’ambre gris, etc. Enfin on ap-
et les B. fins ou B. d’herbes; on les tire surtout pelait bézoards toutes les substances auxquelles on
d'isigny. Les B. fins ou d’herbes (ainsi appelés parce crut reconnaître les vertus attribuées aux bézoards.
qu’ils sont faits dans le temps que les vaches sont On trouve souvent dans l’estomac des ruminants,
dans les herbages) sont envoyés dans de petits pots et notamment du bœuf, des concrétions qu’on a cru
de grès de 250 à 500 gr. Les gros beurres sont ap- analogues aux bézoards; elles sont formées des poils
portés en pots de grès ou en tinettes de bois les pots,
: que ces animaux avalent en se léchant; nos paysans
nommés tidlevannes, sont du poids de 3 à 20 kilog.; nomment ces concrétions gobes, et attribuent leur
les tinettes pèsent depuis 10 Jusqu’à 100 kilog. formation à un sort jeté sur les animaux; les vété-
Les B. fondus arrivent à Paris presque tous d’Isi- rinaires les appellent bulithes (de bous, bœuf, et
gny et d’autres endroits de la Normandie; ces beur- lithos, pierre), ou œgagropiles (du grec aix, chè-
res , bien fondus et bien empotés dans des pots de vre, eipilos, balle de laine).
grès, peuvent se maintenir bons deux ans entiers. BI (du latin bis deux fois) , syllabe dont les ter-
On les envoie aussi en pots ou en tinettes. mes de Chimie sont souvent précédés : tels que bi~
Le beurre est généralement employé comme ali- oxyde, bisulfate, bi-chlorure, etc. {Voy. oxyde,
ment. Les médecins le prescrivent quelquefoiscomme SULFATE, CHLORURE, ctc.). Lorsqu’elle précède le
pectoral et adoucissant; on l’applique, à l’extérieur, nom des sels oxygénés, elle indique que ces sels sont
sur les ulcérations superlicielles les gerçures, les acides (bisels) la quantité d’acide combinée avec
,
croûtes du cuir chevelu, etc.; mais s’il n’est pas très- la base y étant double de celle qui est contenue dans
frais, il irrite au lieu d’adoucir, et, loin de calmer les sels neutres.
les éruptions, il en fait naître quelquefois. BIBERON (de bibere, boire), petits vases de
On a donné le nom de beurre à certaines matières verre, de porcelaine, d’argent ou autre métal,
végétales grasses, telles que le B. de cacao, le B. de pourvus d’un col ou d’un tube plus ou moins al-
rnuscade, etc. { Voy. ci-après); et à certaines prépara- longé et recourbé, avec lesquels on fait boire les en-
tions culinairesdontle beurre fait la base, tellesque les fants au berceau et les malades qu’une cause quel-
B. de piment, d’ail, d’anchois, de Montpellier (mé- conque empêche de boire avec un verre ordinaire.
lange de beurre, anchois, cornichons, jaunes d’œuf, Le plus ordinairement, c’est une fiole bouchée avec
épices, etc.), le B. de homard, d’écrevisse, etc. un morceau d’éponge fine recouvert d’un linge fixé
Les anciens chimistes appliquaient le même nom autour du goulot. On substitue souvent à l’éponge
à certains chlorures liquides ou de la consistance du et au linge, qui ont de graves inconvénients, un
beurre , comme le B. d’antimoine de bismuth, de bout de sein ou mamelon artificiel fait avec de la
,

zinc, etc. Voy. antimoine, bismuth etc.


,
gomme élastique (biberons de Salmer),ou avec une
BEURRE DE CACAO, matière grasse contenue dans tétine de vache préparée (biberons de Breton) :
les semences du Theobroma-cacuo. On en fait des ces derniers biberons consistent en un flacon de cris-
pilules et des crèmes pectorales. tal percé à sa partie moyenne d’un trou capable
BEURRE DE COCO , matière grasse , huileuse qu’on d’admettre une forte épingle, et destiné à permettre
,
extrait de l’amande ou semence du cocotier de l’Amé- l’entrée de l’air; le bouchon, également de cristal,
rique du Sud. Il s’emploie comme aliment; on l’utilise présente une saillie en forme de cône sur laquelle
aussi dans la fabrication des bougies et des savons. est fixé le pis de vache préparé; on rend l’écoulement
BEURRE DE GALAM , corps gras , blanc , concret, du lait plus ou moins facile en laissant libre ou en
onctueux, provenant du Bassia butyracea de la côte bouchant avec le doigt le petit trou latéral indiqué
d Afrique. H ressemble au beurre de palme. V. eassie. ci-dessus. — On vante aussi les B. Darbo les B.
BEURRE DE MONTAGNE OU DE BOCHE, SOrte d’alun Obin, les B. Churrière, ainsi nommés de leurs inven-
naturel , qu’on réduit en pâte. Voy. alunite. teurs, et qui ont chacun leurs avantages particuliers.
BEURRE DE MUSCADE , huile concrète qu’on extrait BIBION, genre d’insectes Diptères, de la famille
du Myristica aromatica,se compose, en plus grande des Némocères, à tète large et arrondie chez les mâ-
partie, d’un produit particulier appelé Mijristine les, plate et carrée chez les femelles. Ces insectes,
par les chimistes. Les médecins le prescrivent en connus aussi sous le nom vulgaire de Mouches de
frictions , ou associé à d’autres médicaments. Saint-Marc et de Mouches de Saint-Jean, %e rencon-
BEURRE DE PALME, dit aussi HuUe de palme, corps trent partout, et ne font aucun tort à la végétation.

12
, , , , , , ,

BIBL — 178 — BIBL


BIBLE (du grec billion, livre, le livre par excel- pour titre à un ouvrage géographique contenant à
lence), recueil de nos Saintes-Ecritures. Voy. le Dict. la fois des cartes et un texte , publié de 1824 à 1826,
univ. d’Hist. et de Ge'ogr. par MM. Bailleul et Vivien, pour l’enseignement élé-
BIBLIOGRAPHIE (du grec billion, livre, et gra- mentaire de la géographie et de l’histoire.
phô, écrire) , science qui consiste à connaître les li- BIBLIOPHILE (du grec billion, livre ,et philos,
vres, tant sous le rapport de leur sujet et de leur ami), amateur de livres, ceiui qui aime sagement les
contenu que sous celui de la forme sous laquelle ils livres, qui a du goût pour les bons ouvrages et qui
se produisent ou de leur condition matérielle et de sait les discerner d’avec les mauvais. Ce mot se dit par
leur prix de là deux sortes de bibliographies ; la B.
: opposition à bibliomane. li a été formé en France, en
littéraire et la B. matérielle', la !''« s’adresse au sa- 1820, une Société de bibliophiles qui se compose de
vant, la 2« au libraire ou à l’amateur. Depuis que les vingt-quatre membres et de cinq associés étrangers,
livres se sont multipliés à l’infini et qu’il a été tant et qui n’admet dans son sein aucune personne faisant
écrit sur les matières les plus diverses, le premier commerce de livres. Elle réimprime des ouvrages
soin de toute personne qui étudie ou qui veut écrire rares, et ne les tire qu’à autant d’exemplaires qu’elle
doit être de s’informer des ouvrages qui existent sur compte de membres.
chaque sujet : c’est la bibliographie qui le lui ap- BIBLIOTHÈQUES (du grec billion, livre, et thékè,
prend ; aussi peut-on dire qu’elle est en ce sens le pré- dépôt) L’usage des bibliothèques remonte aussi haut
.

liminaire de toutes les sciences, le guide de toutes dans tes temps anciens que la culture des sciences et
les autres. On lui doit d’excellents catalogues clas- des lettres. 'Tous les peuples civilisés de l’antiquité
,
sés dans un ordre méthodique, conformément à la ont eu des bibliothèques soit publiques, soit privées;
division naturelle des sciences. Les anciens ne — les plus célèbres parmi les premières sont ; la B. d’A-
nous ont laissé aucun ouvrage qui appartienne à la lexandrie, fondée par Ptolémée Soter vers 290 av.
bibliographie proprement dite. Le premier ouvrage J.-C., détruite l’an 640de notre ère par l’ordre du calife
de ce genre que nous connaissions est la Bibliotheca Omar, et qui contint jusqu’à 700,000 volumes; la B.
mundi de Vincent de Beauvais, contemporain de de Pergame, fondée par Attale 1^’", la B. Palatine,
S. Louis. Longtemps négligée, la Bibliographie fut construite par l’empereur Auguste, sur le mont Pala-
ébauchée en France par Duverdier et Lacroix du tin; etlaB. Ulpienne,îoTmèe. àRomesousTrajan (Ul-
Maine , au xvi' siècle ; elle doit surtout aux travaux pius Trajanus). —
Au moyen âge, une grande partie
de G.-F. Debure [Bibliographie instructive 1763- des bibliothèques anciennes avaient disparu par l’effet
68) ; d’Alex. Barbier [Nouvelle bibliothèque d’un de l’invasion desBarbares et de l’ignorance qui en fut
homme de goût, 1808-10; Dictionnaire des ano- la suite. Leurs débris , conservés dans les cloîtres
nymes et des pseudonymes, 1806) ; de Peignot [Ma- ne s’augmentaient que lentement par le travail des
nuel bibliographique, 1800) ; de Quérard (la France copistes; mais, après la découverte de l’imprimerie,
littéraire, 1817-31, qui se continue sous le titre de on vit les bibliothèques s’accroître et se multiplier
Littérature française contemporaine) : et surtout de toutes parts. —
De nos jours , les pays les plus
de Brunet, l’auteur du Manuel du libraire, ou- riches en monuments de ce genre sont la France,
vrage devenu classique. La Bibliographie de la l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne.
France journal de la librairie, rédigé depuis 1811 France. Paris compte actuellement 39 bibliothè-
par M. Beuchot ; le ./ournaf général de la littérature ques publiques, dont 4 principales, savoir la B.
:

de France et le Journal général de la littérature Nationale dont on fait remonter l’origine à Char-
étrangère publiés tous deux jusqu’à ces derniers les V, et qui
,
après avoir plusieurs fois changé de
temps par la maison Treuttel et Wurtz, permettent local , fut définitivement établie rue Richelieu en
de suivre d’année en année les progrès de la Bi- 1721 ; sous Louis XIll , elle ne comptait encore que
bliographie depuis le commencement du siècle. — 16,746 volumes; à la mort de Colbert en 1683, elle en
Les Anglais ont aussi cultivé avec zèie la Biblio- avait déjà 50,542 ; aujourd’hui elle possède plus
graphie; mais ils se sont plutôt attachés à la partie de 500,000 volumes imprimés , 450,000 brochures,
matérielle, recherchant par-dessus tout les livres 60,000 manuscrits , 600,000 estampes , 100,000 mé-
rares et anciens c’est là le caractère principal de
: dailles, camées, etc. ; —
la B. de l’Arsenal ou de
leurs bibliographes , notamment de Dibdin. Les — Monsieur, b l’Arsenal, créée par le marquis d’Argen-
Allemands se sont surtout distingués par la patience, son de Paulmy et vendue en 1785 au comte d’Artois,
l’étendue et l’exactitude de leurs recherches ; leurs puis accrue en 1787 de la bibliothèque du duc de
plus grands bibliographes sont Ersch , qui publia, La Vallière ; —
la B. Mazarine au palais actuel de
de 1793 à 1809, V Âllgemeines repertorium der Lit- l’Institut, formée en 1648, pour le cardinal Mazarin,
teratur, et Ebert,à qui l’on doit \’ Allgemeines bi- par les soins de G. Naudé, et qui devint publique
bliographisches Lexicon, 1821-30 : ce sont les ouvra- en 1688 ; — la B. Sainte-Geneviève, fondée en 1623
ges les plus complets en ce genre. Voy. catalogue. par les religieux Génovéfains, récemment restaurée
BIBLIOLITHE (du grec billion, livre, et lithos, et établie dans un magnifique local construit place
pierre). On a désigné sous ce nom certaines pierres —
du Panthéon. Après Paris, les villes de France qui
calcaires et schisteuses qui , divisées en lames min- possèdent les plus riches bibliothèques sont Lyon ,
ces , présentent l’aspect des feuillets d’un livre ; elles Bordeaux, Rouen, Aix, Strasbourg, Montpellier,
ofi'rent ordinairement des empreintes de végétaux. Dijon, Besançon, Troyes, Versailles,Toulouse, Caen.
BIBLIOMANE (de billion, livre, et mania, folie), Italie. Les plus célèbres bibliothèques de l’itaiic
celui qui a la passion des livres , surtout des livres sont : à Rome, la B. du Vatican, fondée en 1455
rares et curieux , et qui les recherche non pas tant par le pape Nicolas V, restaurée et accrue par Sixte-
pour s’instruire que pour en repaître sa vue et se fé- Quint et Léon X; elle renferme beaucoup de manu-
liciterde les posséder. La bibliomanie est l’aberration scrits précieux; —
à Venise, la B. de St-Marc, fondée
de la bibliophilie. Le moi bibliomanie esi delà façon au xv« siècle par le cardinal Bessarion ; —
à Milan , la
de Gui-Patin. Née en Hollande, à la fin du xvii'siècJe, B. Ambrosienne fondée par le cardinal Fréd. Bor-
célte passion règne surtout en Angleterre , où l’on a romée; —
à Florence, les B. Médicéo-lMurentienne
vu payerdes prix fabuleux pour des livres qui n’avaient et Léopoldine ; —
à Naples, la Borbonica ; etc.
de valeur que par leur rareté ou leur singularité. Espagne. On cite la B. de l’Escurial, fondée pai
Th. Dibdin s’est fait le guide de ces amateurs fanati- Charles-Quint et considérablement augmentée par
ques en publiant à leur usage sa Bibliomania (Lond., Philippe II ; la B. Royale, à Madrid , créée en 1712
1811) et son Bibliographical Decameron (1817). les bibliothèques d’Aicala, de Salamanque , etc.
BIBLIOMAPPE , mot hybride formé du grec bi- Angleterre. Parmi les nombreuses bibliothèques
llion, livre , et du latin mappa, carte, a été donné de l’Angleterre, les plus grandes sont la B. Bod-:
, , , ,, , , ,

BIEF 179 — BIEN


léienne, à Oxford, ainsi nommée de sir Th. Bod- appelle bief supérieur ou arrière-bief la partie qui
ley, ambassadeur d'Élisabeth., devenue publique en se trouve en amont de l’écluse; bief inférieur ou
1612; la B. du British Muséum à Londres ; celles sous-bief, celle qui se trouve en aval.
de Cambridge, Édimbourg, Glasgow, Dublin, etc. BIELLÉ. On nomme ainsi en Mécanique une pièce
Allemagne. Nous citerons seulement : en Autri- qui, dans une machine, sert à communiquer lemouve-
che , la B. Impériale de Vienne , fondée eu 1480 et ment: c’est une tige inflexible, articulée par ses ex-
accrue de la bibliothèque de Mathias Corvin : elle trémités è deux points, les tenant à la même distance,
possède plus de 300,000 volumes; celles de Prague unissant leurs mouvements et servant ainsi à trans-
de Grætz et de Presbourg; — en Prusse, celles de mettre la puissance de l’un à l’autre. On en fait
Berlin et de Halle. —Viennent ensuite les biblio- usage toutes les fois qu’il s’agit de transformer un
thèques de Munich , de Dresde , de Leipzig, de Ha- mouvement de va-et-vient en un mouvement circu-
novre, de Wolfcnbuttel, de Stuttgard , etc. laire , comme dans les machines à vapeur, ou un
Pour l’art de distribuer et d’administrer les biblio- mouvement circulaire en un mouvement de va-et-
thèques, on pourra consulter la Bibliothéconomie vient, comme dans les scieries. On en distingue de
récemment publiée par M. L.-A. Constantin (Hesse). plusieurs sortes selon leur dimension, leur position,
BIBLIQUES (sociétés), sociétés protestantes fon- ou leur destination ; grande bielle bielle latérale,
,

dées pour la propagation des livres saints parmi les bielle pendante, bielle en double bride, eto. On les
classes pauvres, sont surtoutrépandues enJAngleterre. fait en fonte ou en fer.
La plus ancienne date de 1780 ; la plus importante est BIEN. En Morale, on nomme bien tout ce que
la Société biblique britannique et étrangère, fondée l’homme peut rechercher, et l’on distingue le bien
en 1804. Depuis ce temps, d'autres sociétés bibliques physique ou bien sensible, qui comprend tout ce qui
ont été établies sur le même plan en Russie, en Alle- peut être utile ou agréable à l’homme, tout ce qui
magne, en Amérique, en France. La Société bi- peut contribuer à son bonheur, et le bien moral, ou
blique protestante de Paris fut fondée en 1818. Ces le bon, l’honnête, qui comprend tout ce que l’homme
sociétés ont répandu plus de 30 millions de bibles approuve, tout ce qui est conforme à l’ordre, au
sur toute la surface du globe. devoir. Les philosophes ont beaucoup disputé sur la
BICARBONATE, BicxRBURE, etc. F. carbonate, etc. nature du bien moral : les uns cherchent, avec Épi-
BICEPHALE ( du latin bis, deux fois , et du grec cure, Hobbes, Helvétius, Bentham, à le réduire à l’u-
ké^alè, tête) , monstre à, deux têtes. Voy. monstres. tile, ou tout au moins à l’utilité générale ; les autres
BICEPS (de bis, deux fois, caput, tête) , nom de le considèrent comme essentiellement distinct de
deux muscles qui ont chacun deux attaches à leur l’utile, et le définissent , tantôt avec Platon, Zénon,
partie supérieure : le B. brachial situé à lU partie Clarke, Kant ; ce qui est conforme à la pensée de Dieii,
antérieure du bras, fléchit l’avant-bras sur le bras ; à la raison, à l’ordre, à l’essence et à la destination des
le B. crural, situé à la partie postérieure de la choses, aux dictées de la conscience ; tantôt, qvec Ad.
cuisse , fléchit la jambe sur la cuisse , ou celle-ci sur Smith, ce qui est propre à exciter le sentiment de la
la jambe. Il est aussi rotateur de la jambe en dehors. sympathie, de l’approbation. Quelque différentes que
— On nomme bicipital ce qui a rapport au biceps. paraissent ces solutions , il serait facile de montrer
BICHE , femelle du cerf. Voy. cerf. qu’elles se concilient au fond et s’accordent pour
BICHET, mesure de grains jadis en usage dans la nous prescrire la même conduite. — La question du
Bourgogne, Lyonnais, à Meaux , et dans quelques
le souverain bien, qui a aussi tant occupé les mora-^
autres pays. Le bichet de Lyon équivalait à peu près listes et les théologiens, dépend de la précédente, les
à 40 titres celui de Sens, à un peu plus de 20.
• uns plaçant le souverain bien dans le plaisir,dp,ns le
BICHON ou CHIEN DE MALTE (de barbichon, dimi- bonheur sensible, c.-à-d. dans la recherche de l’utile;
nutif de barbet) jolie espèce de chien provenant du les autres, dans la vertu, c.-à-d. d.ins la pratique du
croisement du petit barbet et de l’épagneul. Le bi- bien moral : la véritable solution est encore ici dans
chon a le nez court, le "poil long, blanc et très-fin. l'accord du bonheur et de la vertu. — On peut con-
Ces petits chiens ont été longtemps à la mode, et les sulter sur ces graves questions tous les auteurs qui
dames les portaient dans leur manchon. ont écrit sur la morale , mais plus spécialement Pla-
BICORNES (du latin bis, deux fois, et cornu, ton {République) Cicéron (de Finibus bonorum et
corne), nom, donné par Ventenat à la famille des malorum et Paradoxes ) , S. Augustin {De summo
Bruyères ou Érycinées de Jussieu , à cause des deux bond), Malebranche {Conversations chrétiennes),
appendices filiformes qui surmontent les anthères. Clarke {Traité de l’existence de Dieu), Kant {Criti~
BIDENT, Bidens (de bis, double, et dens, dent), que de la raison pratique), J.-J. Rousseau {Profes-
genre de la famille des Composées, tribu des Sénécio- sion de foi du vicaire savoyard) , M. Cousin (Cours
nées, formé de plantes annuelles, à feuilles opposées de philosophie de, 1828, 20® leçon), M. Jouffroy (Cours
et ù. capitules multiflores radiés; ses semences sont de di'oit naturel), Droz (de la Philosophie morale).
couronnées de deux dents ou arêtes. Ce genre a pour BIENFAISANCE. Cette vertu, que la religion nom-
type le B. à calice feuillé (B. tripartita), vulgaire- me charité la philosophie philanthropie, et dont le
ment Chanvre aquatique, qui habite le bord des eaux. nom actuel, employé pour la première fois par l’abbé
BIDET, petit cheval, excellent pour la selle et le de St-Pierre, ne date que du dernier siècle (1725), ne
service des postes; il est précieux pour sa vigueur, s’exerça longtemps qu’individuellement et sans règle.
sa ténacité et sa sobriété peu communes. C’est une L’exercice public de la bienfaisance, qui avait été
race particulière, que l’on élève surtout en Auvergne. déjà l’objet d’une ordonnance de François I®' en
BIDON , nom d’une ancienne mesure pour les li- 1536, d’un édit de Henri II en 1547, fut organisé
quides, qui équivalait à 5 pintes de Paris (4 lit., 65). sur de nouvelles bases par la loi du 7 frimaire an 'V,
Il a depuis désigné une espèce de broc de bois em- qui créa les bureaux de bienfaisance : les ordon-
ployé dans la mai ine et à l'armée et dans lequel on nances du 31 octobre (1821 et du 6 juin 1830 ont
met à boire pour 5 hommes. — On appelle bidon complété cette organisation. La République de 1848
d’homme de troupe petit bidon , un vase de fer-
,
a substitué au mot de Bienfaisance publique celui
blanc propre à contenir la boisson de chaque soldat. à’ Assistance et a fait de l’assistance un devoir à
BIEF ou biez , nom donné en Hydraulique : 1» à l’État, dans la Constitution même (Voy. assistance).
un petit canal qui détourne un cours d’eau , ou qui On doit à M. de Gérando un excellent traité De la
le soutient à une certaine élévation pour le faire en- Bienfaisance publique (1839). M. Tailhand a donné
suite tomber sur les roues d’un moulin; 2® à la l’Histoirede la Bienfaisance publique (1848).
partie horizontale d’un canal comprise entre deux Bureaux de bienfaisance. Ces établissements sont
écluses ou deux pertuis {Voy. écluse et canal). On chargés de distribuer des secours à domicile; les fonc-
13
, ,

BIÊR — 180 — BIGN


tiens des membres qui le composent sont gratuites; bientôt à 15 degrés; de là il passe dans une cuve très-
iis peuvent se faire aider par des commissaires et des profonde, nommée cuve à guilloire ou cuve à fer-
dames de charité. Les caisses de res bureaux sont ali- mentation. ün y délaye une petite quantité de levure
mentées, soit par les revenus de biens qui leur appar- de bière provenant d'opérations précédentes, de ma-
tiennent, soit par les droits établis sur les spectacles, nière que la fermentation spiritueuse s’y développe.
bals, concerts, soit enfin par les dons et les legs parti- Dès qu’elle est terminée, au bout de quelques jours
culiers. Ces utiles établissements se sont multipliés au on soutire la bière pour en séparer la levure qui s'y
point que, dès 1843, on en comptait en France 7,600. est formée. Enfin, on procède à la clarification avec
BIENHEUREUX. On nomme ainsi dans le style re- de la colle blanche de Flandre ou avec de la gélatine
ligieux : 1“ ceux qui jouissent dans le ciel de la féli- animale. — La bière bien préparée se conserve en gé-
cité éternelle; 2“ ceux que l’Eglise reconnaît, par néral d’autant plus longtemps qu’elle est plus forte.
un acte solennel qui précède la canonisation, comme La bière ordinaire devient promptement acide, et
devant être placés au nombre de ceux qui jouissent doit être bue dans les 3 ou 4 mois qui suivent sa pré-
de la gloire éternelle, et qui sont jugés dignes d’une paration. —La bière est une boisson nourrissante,
vénération particulière. Voy. béatification. qui excite les organes digestifs et facilite la sécrétion
BIENS. On donne ce nom, en Droit, à tout ce des urines. Prise en trop forte quantité, elle donne
que l’homme peut posséder. Le Code civil (art. 516) des vertiges, pèse à l’estomac et occasionne une ivresse
partage tous les biens en Meubles et Immeubles. En prolongée et stupéfiante.
outre, on distingue,au point de vue du mariage :B. com- L’usage de la bière est très-ancien. Mo'ise trouva
muns, B. dotaux, B. paraphernaux, etc.lV. ces mots). cette boisson en usage en Égypte. Les auteurs grecs,
— On appelle Biens-fonds tous les biens immeubles, qui l’appelaient d’orge, en attribuent l’invention
tels que les fonds de terre les vignes, les bois, les aux Égyptiens; suivant eux, ce serait à Péluse, ville
,
édifices, etc.; on appelle Biens communaux ceux à située à l’embouchure du Nil, qu'on l’aurait d’abord
la propriété ou au produit desquels tous les habitants préjiarée. Les Latins la nommaient cervitia, mot
d’une commune ont un droit acquis. —
On a appelé, qu’on dérive de Cereris w'iiv (vigne de Gérés), et d’où
depuis la Révolution, Biens nationaux ceux qui vient ceruoive. Les Espagnols, les Germains, les Gaulois
étaient devenus la propriété de la nation, par l’elfet la connaissaient de temps immémorial. V. brasserie.
de la suppression des ordres religieux, de la confisca- BIÈRE (de l’allemand bahre, civière), cercueil en
tion des biens des émigrés, etc. Ces biens, que l’État bois où l’on met les morts. Voy. cercueil.
mit en vente, furent longtemps frappés de défaveur. BIÈ'VRE, ancien nom du Castor. Voy. castor.
L’indemnité d’un milliard accordée en 1825 aux émi- BIEZ ou BIEF, ternie d'’Hydraulique. Voy. bief.
grés leur rendit leur valeur en donnant aux ache- BIGAMIE (du latin bis, deux fois, et du grec ga-
teurs toute sécurité. mos, mariage), crime de celui qui contracte un se-
BIÈRE (de l’allemand hier), boisson fermentée, cond mariage avant la dissolution du premier. Chez
préparée avec l’orge et le houblon ; outre les éléments les Romains, la peine de ce crime était laissée à l’ar-
fournis par ces deux substances, elle contient beau- bitrage du juge ; ordinairement le bigame était noté
coup d’eau, de petites quantités d’alcool, de sucre, de d’infamie. Autrefois , en France , le bigame était
gomme, de gluten, de phosphate de chaux et de ma- pendu ; on se contenta ensuite de l’envoyer aux ga-
gnésie, tenus en dissolution dans les acides acétiipie lères; aujourd’hui, d’après l’art. 340 du Code pénal,
et phosphorique. Elle est plus ou moins chargée d’a- la bigamie est punie des travaux forcés à temps. En
cide carbonique libre, ce qui la fait mousser. —11 y a un Suède, on inflige la peine de mort; il en a été de
très-grand nombre de variétés de bière, surtout dans même en Angleterre jusqu’à Guillaume III; à '•“tte
les pays où, comme en Angleterre, en Hollande, en peine on substitua depuis celle de la prison ; touU,iois
Belgique, etc., la vigne n’est pas généralement culti- le criminel devait avoir en outre la main brûlée. Au-
vée. —Les dill'érences que présentent l’a/e, le porter, trefois, en Suisse, lorsque deux femmes réclamaient
le stout, le faro, le ginger-beer la bière blanche, la un même mari, le corps du bigame était, dit-on,
bière brune, la double bière, la petite bière, ne pro- coupé en deux. En Orient, la bigamie et même la poly-
viennent que de quelques modifications dans les pro- gamie sont permises par la religion et la loi du pays.
cédés de préparation ou dans les proportions relatives BIGARADE, appelée aussi Orange amere, fruit
du Bigaradier ( Cifrws ), à pulpe amère,
d’eau, d’orge et de houblon.
La fabrication de la bière embrasse quatre opéra- d’un jaune rouge, et sur la peau de laquelle s’élè-
tions \e maltage, le brassage, la fermentation et
: vent quehpies excroissances. Voy. oranger.
la clarification. — Le maltage a pour but de faire BIGARREAU (du bas latin bigarella, fait de
germer l’orge et par là d’y développer le sucre né- bis. deux fois, et varellus, diminutif de varias, va-
cessaire à la fermentation : l’orge germée prend le rié), espece de cerise rouge et blanche, et d’une
nom de malt. Pour l’amener à cet état, on la fait ra- chair ferme, ainsi appelée parce qu’elle est bigarrée
mollir et gonfler dans l’eau, puis on l’étend en couches de rouge et de blanc. Les bigarreaux sont fort sujets
minces, à la température de 14 à 15 degrés, sur un à être attaquées par les vers. — On nomme bigar-
plancher où elle ne tarde pas à germer. Lorsque le reautiers les variétés de cerisier qui les produisent.
germe a acquis à peu près la longueur du grain, on BIGNONIACÉES ou bignoniées (ainsi nommées par
arrête la germination en exposant l’orge à une cha- Tüurnefort en l’honneur de l’abbé J. -P. Bignon, son
leur d’environ 60 à 70 degrés. Le fourneau sur lequel protecteur), famille de plantes dicotylédones mono-
ce léger grillage s’exécute s’appelle touraille; le pétales hypogynes, de Jussieu, renferme des arbres,
malt touraillé s’appelle aussi drèche. — Après avoir des arbustes élégants, et très-souvent des lianes re-
réduit le malt ainsi desséché en farine grossière , on marquables par l’éclat de leurs fleurs. Elle a pour ca-
passe à l’opération du brassage en faisant tremper rar.tcres calice divisé, corolle presque toujours irré-
:

le produit pendant quelques heures dans une grande gulière, à 4 ou 5 lobes; 5 étamines, dont une presque
cuve , avec de l’eau chauflée à 50 ou 60 degrés; en- toujours stérile; ovaire simple; un style, stigmate
suite, on soutire le liquide, et on le fait chauffer dans simple ou bilohé. Le fruit est une capsule sèche, unie
de grandes chaudières avec du houblon. Sans le prin- ou hiloculaire, bivalve, ou une sorte de drupe sec, à
cipe amer et aromatique du houblon, labière ne pour- une ou plusieurs loges. Cette famille renferme les
rait pas se conserver et s’aigrirait promptement. genres Hignonie. Catalpa, etc.
— Lorsque le moût de bière ainsi obtenu est sutli- BIGNÜNIE, Bignonia, genre de plantes exotiques
samment concentré, on le fait couler, après en avoir de la famille des Bignoniacées. Ce sont des arbustes
séparé le houblon , dans des cuves très-larges et peu ou des arbrisseaux grimpants qui peuvent servir à la
profondes, dites rafraicliissoirs où il se refroidit décoration des berceaux, et qui se trouvent dans les
BILA — 181 — BILE
contrées équinoxiales : on en compte environ 80 es- luation de ses biens mobiliers et immobiliers , le ta-
pèces. On cultive chez nous la B. orangée, dont les
: bleau de ses profits, de ses pertes et de ses dépenses.
fleurs forment de petits bouquets pourpre et orangé, — Tout failli qui ne pourrait fournir de bilan, faute
et leJasmin de Virginie [B. radicans).Voy. jasmin. d’avoir eu ses livres de commerce en règle , pour-
BIGORISE (corruption de bicornis, qui a deux cor- rait kre poursuivi comme banqueroutier (Code de

nes) Ce mot désigne 1“ une espèce d’enclume à 2 cor-


.
:
Comm., art. .586).

nes, dont un bout liniten pointe, et qui sert à tourner BILATERAL (du lat. bis, deux fois, latus, lateris,

les grosses pièces en rond; 2“ un coin de fer dont côté). Se en Botanique, des parties d’une plante
dit,

les calfats se servent pour couper les clous qui se disposées des deux côtés d’un organe central. Les
trouvent dans les joints; 3“ une masse en bois avec feuilles de l’if, par exemple, sont bilatérales.
laquelle les corroyeurs foulent les peaux mouillées. BILATÉRAL ( CONTRAT ), Convention qui lie les deux
— C’est encore le nom d’un petit coquillage univalve parties. Vog. contrat et svnallacmatiüue.
ayant la forme d’un colimaçon, et qui s’attache aux BILBOQUET (de bille et baquet, petit morceau de
rochers, ün le nomme aussi bigorneau, vignot, bois). Le jouet de ce nom, qui est connu de tous, fut
pilau, hibou, guignette. etc. Il est comestible. mis à la mode en France par le roi Henri 111, qui
BIGRE (en bas latin oigrus, corruption à’apiger, l’aimait à la passion.
ou àlapicurus, qui réunit ou qui soigne les abeilles), On appelle bilboquet: dans la fabrication des Mon-
Ce nom désignait autrefois un garde forestier ou un naies, un morceau de fer en forme d’ovale très-allongé
individu riverain d’une forêt auquel était commis le au milieu duquel est un cercle en creux de la gran-
som de veiller à la conservation des abeilles et de re- deur du flan que l’on veut ajuster : au centre est un
cueillir leur miel et leur cire. — Les bigres avaient petit trou pour repousser le flan en dehors, lorsqu’il
le droit de couper ou d'abattre les arbres où se trou- se trouve trop attaché au bilboquet; — dans la Con-
vaient les essaims. Un édit de 1669 leur ôta ce droit. struction, tout petit carré de pierre qui, ayant été scié
BIGUES, mùtereauxquiontà leurextrémitédes pou- d’un plus gros , reste dans le chantier —
;
dans la Ty-
lies, et quiservent à élever ou à soutenir desfardeaux, à pographie, certains petits ouvrages de ville, tels que
étayer une machineà màter, un bâtiment couché, etc. billets de faire part pour un mariage, pour un bap-
BIJOU , BIJOUTIER (qu’on dérive de bis, deux fois, tême, pour un décès, avis au public, etc.; — chez les
etjoculus, jouet). On peut employer à la confec- Coiffeurs, un instrument dont ils se servent pour fri-
tion des bijoux toutes sortes de matières, or, argent, ser les cheveux destinés à faire des perruques : c’est
cuivre, fer, acier, ivoire, os, nacre, écaille, bois un petit morceau de bois tourné, arrondi par les extré-
même; mais c'est surtout aux ouvrages faits en mé- mités, de la grosseur du pouce, et un peu aminci au
taux précieux qu’on applique le nom de bijoux, milieu c’est sur ce milieu qu’on roule les cheveux.
;

et l’on nomme bijoutier celui qui fabrique ou qui BILE (du latin bilis), dite aussi fiel, en grec cholè,
vend ces ouvrages. On distingue quatre sortes de liquide sécrété par le foie, plus ou moins visqueux,
bijouteries : la B. en fin, qui travaille l’or; la B. en d’une couleur jaune-verdâtre, d’une odeur peu pro-
argent-, la B. en faux, qui travaille le cuivre doré, noncée, d’une saveur amère et faiblement alcaline;
le similor, l’or de Manheim, le chrysocalque, etc.; la jointe en toute proportion avec l’eau et l’alcool, la
B. en acier, introduite en France en 1740, et qui eut bile s’y mêle très-bien, et elle est précipitée de ces
longtemps une vogue méritée. On peut y joindre la liquides par le sous-acétate de plomb. — Beaucoup
B. en fonte, récemmentimportéede Berlin, qui opère de chimistes se sont occupés de l’analyse de la bile;
par le simple moulage de la fonte de fer; la France mais ce n’est que dans ces derniers temps qu’on en
n’a pas tardé à égaler la Prusse dans cette fabrication. a reconnu la composition exacte. M. Strecker, qui a
Les bijoux en or et en argent doivent avoir un titre publié, depuis 1847, les travaux les plus complets
fixé par la loi (loi du 19 brumaire an VI), et dont sur cette matière, a trouvé que la bile de boeuf, de
l'élévation varie selon la destination des objets fabri- chien et de brebis se compose essentiellement d’un
qués ; on admet 3 titres pour les bijoux d'or l«f, 920
: mélange de deux sels de soude, dont l’un est formé
millièmes de lin et 80 d'alliage; 2“, 840 de fin et 160 par V acide eholique (du grec cholè, bile), composé
d’alliage; 3®, 750 et 250. 11 y a également 3 titres de carbone, d’hydrogène, d’azote et d’oxygène, et
pour l'argent; !«<, 950 d’alliage et 50 de fin; 2®, 800 dont l’autre est constitué par Vacide choléique, qui
et 200, 3®, 500 et 500. Un poinçonnage que porte renferme les mêmes éléments associés à du soufre.
chaque objet indique le titre particulier de chaque Outre ces deux parties essentielles, la bile renferme
bijou. — La bijouterie de France et celle d’Angle- accidentellement, et en très-petite quantité, de l’a-
terre sont les plus estimées ; mais la première l’em- cide margarique, de la cholestérine et du sel marin.
porte par le goût et l’élégance du dessin. La bile de poisson contient les mêmes acides com-
Le goût des bijoux a régné eu tout lieu et en tout binés avec de la potasse. Dans la bile de porc, le
temps, surtout chez les femmes; dans l’antiquité, il fut même chimiste a trouvé deux sels de soude formés
porté à l’excès; au moyen âge les bijoux étaient l’at- par deux acides homologues des précédents.
tribut de la noblesse; aujourd’hui ils sont indistinc- On appelle bile hépatique celle qui vient directe-
tement portés par toutes les classes de la société. ment du foie pour se rendre immédiatement dans le
M. J ulia F ontenelle a publ. un Manuel du bijoutier. duodénum et bile cystique ccBe, qui séjourne dans la
;

BUUGUÉ (de bis, deux, tl jugum, joug), se dit vésicule biliaire avant de couler dans le duodénum par
en Botanique des feuilles pennées dont le pétiole le canal cholédoque. C’est dans cette dernière qu’on
commun porte deux paires de folioles. trouve la cholestérine, qui ne se rencontre jamais
BILABIE (du latin bis, deux fois, labium, lèvre), dans la hile hépatique, et qui forme la base des cal~
se dit, en Botanique, d’un organe dont les parties culs biliaires que l’on trouve souvent dans la vési-
distinctes ou soudées sont disposées de manière à cule surtout chez les vieillards.
,
représenter deux lèvres, l’uiie supérieure, et l’autre La à la digestion; versée dans le duodé-
bile sert
inférieure. Les familles des Labiées, des Acanthacées, num par le canal cholédoque, elle se mêle aux ali-
offrent des exemples de calices et de corolles labiées. ments déjà digérés par l’estomac, et aide à leur con-
BILAN (du lat. bilanx, balance), état ou inventaire version en chyle, qui est l’état dans lequel ils doivent
de l’actif et du passif d’un négociant. — On dit vul- être absorbés pour se mêler au sang : l’excès de ce
gairement d’un négociant qa’il a déposé son bilan, liquide ou son absence contribue à vicier la digestion.
pour dire qu’il se déclare en état de faillite. Dans ce — Les gensdumonde font jouer un grand rôle à labile
cas, en efl’et, le failli est obligé de fournir son bilan, dans presque toutes les maladies; sans repousser la
e.-à-d. l’état actif et passif de ses affaires; cet inven- part active qu’elle peut y prendre dans beaucoup de
taire doit, en outre, contenir l’énumération et l’éva- circonstances, il est encore aujourd’hui bien diflicibj
, —
BILL — 182 — BILO
de préciser rien de positif à cet égard ; toutefois, il est ment du à ordre doit aussi être daté, exprimer
billet
certaines maladies, comme la jaunisse ou ictère, où la valeur fournie , et énoncer le nom de celui à l’or-
elle joue évidemment le principal rôle.— La bile dis- dre de qui il est passé. Si l’endossement n’est pas
sout la plupart des matiè*-es grasses; les dégrais- conforme à ces dispositions , il n’opère pas le trans-
seurs s’en servent même de préférence au savon port, il n’est qu’une procuration (art. 137 et 138).
pour nettoyer les étoffes de laine. On a vanté l’ex- Le B. de banque est un papier de crédit qui tient
trait de fiel de bœuf pour combattre certaines mala- lieu d’argent monnayé et qui est payable à vue c’est
;
dies, par exemple, les engorgements chroniques du une espèce d’effet au porteur qui ne diffère du pré-
foie et des autres viscères abdominaux, les affections cédent que parce qu’il offre la gai antie d’une société
vermineuses, etc. autorisée par l’État, au lieu de celle d’individus isolés.
BILIEUX. On appelle maladies bilieuses les af- Les plus grandes précautions ont été prises pour que
fections que l’on attribue à la surabondance de la les B. de banque ne pussent être contrefaits ; on a
bile ou à l’altération de ses qualités; fièvre bilieuse fabriqué à cet effet un papier particulier, une encre
l’ensemble des symptômes qui résultent de l’inflam- indélébile; on détache les billets d’un registre à
mation de la membrane muqueuse de l’estomac et souche, 011 les couvre de signes que l’on s’efforce
du duodénum ,
avec exagération de la sécrétion de de rendre inimitables; eu outre, la valeur du billet
la bile ; tempe'rament bilieux, le tempérament de se lit au travers du papier. Voy. filagramme.
l’homme chez lequel la bile prédomine ; les caractè- Billets de l’échiquier, effets mis en circulation
res principaux de ce tempérament sont des muscles par l’échiquier ou la trésorerie de l’Angleterre, por-
prononcés, des formes rudes, une charpente forte, le tent intérêt jusqu’à leur remboursement : ils sont
corps agile, une coloration extérieure foncée, les che- ordinairement de 100, 500 ou 1,000 liv. st. chacun.
veux noirs, la physionomie hardie, les yeux étince- BILLON (monnaies de), de vellon, cuivre ; menue
lants, une grande facilité de conception, une imagi- monnaie, intermédiaire entre la monnaie d’argent
nation vive, une volonté forte, des passions ardentes, et la monnaie de cuivre, était formée d’un bas métal,
l'impatience de toute domination. où le cuivre était uni à l’argent dans une propor-
BILL, mot de la langue anglaise qui signifie, tion supérieure au titre légal ; c’étaient originaire-
dans le langage parlementaire, un projet de loi quel- ment des espèces d’argent, qui furent altérées par
conque. Chaque bill subit trois lectures et trois votes un mélange de cuivre de plus en plus considérable.
successifs, et doit avoir l’approbation des deux Cham- Il
y avait deux sortes de monnaies de billon : l’une,
bres et la sanction du souverain; il devient alors dite de haut-billon, qui comprenait les espècesdepuis
acte du parlement et statut du royaume. — On ap- 10 denier^ de loi jusqu’à 6 (c.-à-d. de 10 à 6 douziè-
pelle Bill d’indemnité une résolution par laquelle le mes d’argent pur); l’autre, dite de bas-billon, à la-
parlement déclare qu’un acte ministériel, bien qu’ir- quelle ou rapportait les espèces qui étaient au-des-
régulier, ne donnera lieu à aucune poursuite. sous de 6 deniers d e loi.—On ne se servit guère de cette
BILLARD ( du mot français bille ), jeu qui se joue monnaie avant la 3« race de nos rois. Dès le x« siècle,
avec des billes d’ivoire sur une table longue de 3 à on rencontre quelques deniers d’argent bas; après
4 m., large à peu près de moitié, garnie de rebords ou Louis IX, on ne trouve plus (;ue des deniers de bas
bandes rembourrées, couverte d’un tapis vert , et à billon. Les pièces de billon qui furent fabriquées sous
laquelle il y a ordinairement six blouses. —
Le jeu de la 3® race étaient les blancs, les douzains, les liards,
billard parait dériver du jeu de boules. 11 était fort les hardis, lesdoubles, ladeniers, lesmailleson obo-
anciennement connu en Angleterre, où il a peut-être les, la pougeoisc, dite aussi pite ou poitevine. Toutes
été inventé ; il a été mis à la mode en France par ces espèces ont ôté successivement démonétisées. La
Louis XIV, à qui les médecins avaient recommandé dernière monnaie de billon qui ail été fabriquée en
cet exercice après ses repas : on prétend que Cba- France était la petite pièce de 10 cent, créée sous Na-
millard, qui faisait la partie du roi, ne dut sa for- poléon (loi du 15 sept. 1807), pesant 2 grammes et
tune politique qu’à l’adresse qu’il déployait à ce jeu. contenant 200 parties d’argent contre 800 de cuivre;
— Chacun sait que , pour pousser les billes , on se elle a aussi été abandonnée. D’après un décret du
sert d’une espèce de longue canne appelée queue, 18 août 1810 , la monnaie de billon , ainsi que la
garnie à l’un de ses bouts, le plus mince, d’un mor- monnaie de cuivre, ne peut être employée dans les
ceau de cuir dit procédé, et à l’autre d’une plaque payements, si ce n’est de gré à gré, que pour l’ap-
d’os ou d’ivoire. Les parties qu’on joue le plus ordi- point de la pièce de 5 francs. Antérieurement, on
nairement sont la carambole le doublé, la partie pouvait payer en billon un quarantième des sommes
blanche, la partie russe, etc. : les règles de ce jeu dues. — On étend parfois, mais improprement, le
sont connues de tout le monde. —
Un bon billard doit nom de billon aux monnaies de cuivre pur. On ap-
être parfaitement horizontal et immobile , et avoir pelle aussi billon toute monnaie décriée ou défec-
des bandes bien élastiques. tueuse. Par suite, on a appelé billonnage le trafic
BILLE. Outre la petite boule de pierre, de stuc ou illégal de monnaies défectueuses; ce trafic est puni
d’agate, avec laquelle jouent les enfants, et la boule comme celui de la fausse monnaie. Mettre unemon-
d’ivoire qui sert au billard, ce mot désigne, dans l’In- naie au billon, c’est déclarer qu’elle n’a plus cours.
dustrie, un morceau de tronc d’arbre brut et destiné En Numismatique, on appelle billon des médailles
à être équarri, un morceau d’acier carré destiné à de cuivre alliées d’une très-petite quantité d’argent;
être travaillé , et une espèce de bateau connue aussi on leur donne aussi quelquefois le nom de potin.
sous le nom de fustereau. Voy. füstere.vu. En Agriculture, on nomme billon certains ados
BILLET (du latin bulla). Outre son acception vul- ou petites élévations de terre, plus ou moins larges et
gaire, ce mot a pris par extension plusieurs signifi- bombés, qu’on forme dans un terrain avec la char-
cations spéciales ainsi on nomme Billet à ordre, un
: rue, et qui sont séparés par des raies profondes. C’est
effet commercial par lequel le souscripteur s’engage surtout dans la Brie que Ton pratique le billonnage.
à payer à échéance une certaine somme à une per- On se sert à cet effet d’une charrue à deux versoirs,
sonne désignée ou à toute autre personne qui la re- de manière à rejeter la terre à droite et à gauche.
présentera et à laquelle le billet aura été passé par BILLONNAGE. Voy. billon.
endossement, loni billet à ordre doit être daté ; il doit BILOBE (de bis, deux fois, et lobus, lobe), organe
énoncer la somme à payer, le nom de celui à l’ordre dont les deux divisions sont séparées par un sinus
duquel il est souscrit , l’époque à laquelle le paye- obtus ou plus ou moins arrondi à son fond. Le mot
ment doit s’effectuer, la valeur qui a été fournie en bilobé s’emploie comme synonyme de dicotylédoné.
espèces, marchandises, en compte ou de toute autre BILOCULAIKE (de bis, deux fois, et loculus, loge),
manière {Code de commerce, art. 188). L’endosse- se dit eu Botanique des parties de la plante qui pré-
, ,

BINO — 183 — BIRl

sentent deux loges ou deux cavités : légume bilocu- dont les croisés se trouvent en arrière sur l’occiput,
et en avant sur la racine du nez et sur le front.
laire,
baie biloculaire, feuilles biloculaires.
BIMANES , ordre de la classe des Mammifères, BINOME (du grec bis, deux fois, et nomè, part),
ne renferme que l’homme, et est caractérisé par l’exi- se dit, en Algèbre, d’une quantité composée de deux

stence de viains aux membres thoraciques seule- parties , séparées par les signes -J- ou Ainsi a-^b, — .

ment. Les singes ont des mains aux quatre mem- — —4a’6, a
2a-\-bx, 3b 2a:, 7x -, etc., sont au-
bres, ce quiles fait nommer quadrumanes. coso
BIMBELOTERIE [d^bimbelot, jouet, dérivé lui- tant de binômes. — On oppose ôzndme à monôme et
même de l’italien bambola, poupée), commerce de à polynôme. Voy. ces mots.
jouets d’enfants, en bois, en os, en fer-blanc, et plus LoB.de Newton est une formule qui exprime le dé-
spécialement en plomb coulé dans des moules, objets veloppement d’un binôme élevé aune puissance quel-
avec lesquels les enfants jouent à la chapelle, aux sol- conque. La 2® puissance ou carré de a\b esta*-|-2aô
dats, etc. Ce genre de commerce, qui paraît si futile, -(-ô* ; la 3® puissance ou cube est a^-\-3u^b-\-3ab'^-\-b^
produit des sommes immenses. La ville de Nurem- et ainsi de suite. Ces différentes puissances du binôme
berg avait autrefois le monopole de la fabrication et a-[-6 suivent une loi assez compliquée, qui aété décou-
du commerce des jouets d’enfants j Manheim four- verte par Newton et exprimée , pour l’exposant quel-
nissait la petite sculptureen bois; aujourd'hui, l’in- conque , m, par cette formule, devenue célèbre :
dustrie française rivalise en ce genre avec l’Allema-
gne. On estime surtout les sculptures de bois et d’os (a -f- ô)“ == a“ ma’^—^ b -|- 6* -j-
1.2
de Saint-Claude (Jura).
BINAGE, façon donnée à la terre avec un instru-
m{m — 1) («2 —2) (jm— 3ô3_|_gtc.
ment appelé binette ou béchot, instrument que Ton 1.2.3
remplace souvent, suivant le cas, par la ratissoire, Cette expression générale a été gravée sur le tom-
la houe à la main ou la houe à cheval. L’objet du bi- beau de Newton, dans Tabbaye de Westminster,
nage est de détruire les mauvaises herbes, et d’ameu- comme l’une de ses plus belles découvertes.
blir le sol pour qu’il absorbe mieux l’humidité. Il s’ap- BINOT ou BiNoiR (de binage), petite charrue des-
plique surtout aux vignes ; on bine aussi les pommes tinée à enterrer la graine semée avant le dernier
de terre, les betteraves, les carottes, le colza, l’œil- labour ; elle est très-usitée dans le Brabant , la Bel-
lette, etc.; on bine rarement les céréales, à cause gique et la Flandre française.
des frais qu’cntraine ce mode de culture. En géné- BIOGRAPHIE (du grec ôtos, vie, olgrapliô, écrire),
ral, il faut attendre pour le binage que la terre soit vie d’un individu, est une des branches les plus in-
légèrement humectée et qu’elle s’émiette facilement. téressantes et les plus utiles de l’histoire. On en
Dans l’Eglise, on nomme binage (du latin bùius, trouve de nombreux exemples chez les anciens Plu- :

double) le double service qu’un prêtre, à ce autorisé, tarque Diogène Laërce Cornélius Nepos, Suétone,
, ,

fait en disant deux messes le même jour, soit dans sa Eunape, ont écrit la vie des grands hommes, de.®
propre église, soit en deux endroits différents. Il est philosophes, des généraux célèbres, des empereurs
permis de biner dans certains diocèses, à cause de la romains; à la renaissance, Pétrarque, Boccace, Bran-
rareté des prêtres. tôme, Paul Jove, etc. , rédigèrent des biographies esti-
BINAIRE (du latin bini^ deux à la fois). En Arith- mées ; mais tous ces auteurs n’avaient donné que quel-
métique , on appelle système binaire un système do ques vies isolées; ce n’est guère qu’au xvii® siècle que
numération dans lequel les chiffres suivraient, non naquit l’idée de faire des recueils complets de bio-
la progression décuple, comme dans la nôtre, mais graphies. Les DicOonziaO es historiques de Moréri et
seulement la progression double , et qui n’emploie- de Bayle furent les premiers essaisen ce genre. Ladvo-
rait que deux caractères, 1 et 0. Leibnitz avait in- cat. Barrai, Chaudon et Delandine,Feller, ont donné
venté un système binaire qui a eu quelque temps une depuis desDictionnaires historiques et biographiques
sorte de célébrité. On dit aussi système dyadique. de proportions etde destinationsfort diverses; ces re-
En Chimie, on appelle binaires les corps composés cueils ont été éclipsés par la Biographie universelle
do deux corps simples : Teau , la plupart des acides des frères Michaud, commencée en 1811 et dont le
cl des oxydes sont des composés binaires. Supplément n’est pas encore achevé. —
Les Anglais
En Musique, on donne le nom
de mesure binaire estiment le Dictionnaire biographique général, p\x-
à toute mesure qui peut se partager en de\ix temps, blié pour la 1®' fois à Londres en 1763.— OEttinger a
par opposition avec la mesure ternaire, qui se partage donné la Bibliographie biographique, Brux., 1854.
en trois temps égaux. Quand la mesure est à 4 temps, BIOLOGIE (du grec bios, vie; logos, discours),
elle se marque par un C; lorsqu’elle est à 2 temps, partie de la Physiologie qui traite de la vie en gé-
on emploie le 4? traversé d’une barre, dit C barre'. — néral et des diverses formes de la vie.
On appelle coupe binaire, la coupe d'un morceau en BIPÈDES (du latin bis, deux fois, et pes, pedis,
deux parties , dont la première contient ce que l’on pied), nom donné en Histoire naturelle à tous les ani-
nomme l’exposition, et la seconde les développe- maux qui n’ont que deux pieds.Tous les bimanes sont
ments. Cette coupe s’applique surtout aux pièces de bipèdes; les oiseaux sont essentiellement bipèdes.
musique instrumentale, telles que le l®r et le 4» mor- — Cuvier a aussi donné ce nom à un genre de rep-
ceau d’une symphonie, d’un quatuor ou d’une sonate. tiles sauriens, de la famille des Scincoidiens, qui
BINETTE, instrument aratoire. Voy. binage. ont deux petites pattes postérieures.
BINOCLE (du latin bis, deux fois, et oaulus, œil), BIPENNE (du latin bis, deux fois ; penna, plume,
espèce de lunettes ou de double lorgnon qu’on tient aile), hache à deux tranchants, en usage surtout chez
à la main, est formé de deux branches réunies dans les peuples de la Thrace , de la Scythie et de Ger-
une seule charnière, et sert à voir les objets des deux manie ; c’était aussi l’arme des Amazones. La bipenne
yeux en —
même temps. On a aussi appliqué ce nom des Francs s’appelait francisque {Voy. ce mot)
à des lorgnettes à double tube, appelées plus ordi- Les botanistes donnent le nom de bipennées ou bi-
nairement jumelles, qui furent inventées dans le pinnées aux feuilles composées dont le pétiole com-
xvn' siècle; c'est au père Reitha, capucin allemand, mun porte latéralement des pétioles secondaires, qui
qu’appartient cette invention, qu’on trouve consignée eux-mêmes portent latéralement des folioles : telles
dans un de ses ouvrages, qu’il avait intitulé Oculus sont les feuilles de la fumeterre.
Henoc et Eliœ. BIRÉME (du latin bis, deux fois, remus, rame), ga-
Les Chirurgiens appellent binocle un bandage dit lère qui avait deux rangs de rames de chaque côté.
aussi diophthalme qui sert à maintenir un appa- BIRIBI (en italien biribisso), jeu de hasard, ana-
reil sur les deux yeux, et qui représente un >i. logue au loto, qui nous vient d’Italie et qui a été long-
, .

BISE 184 — BISO


temps en vogue. Pour le jouer, il faut un grand ta- glaces de miroir, de l’arrête d’un bois équarri, du
I

bleau contenant 70 cases numérotées, et un sac con- dos d’un couteau, du tranchant d'un outil, etc.
tenant 64 petites boules creuses numérotées aussi. Il On appelle cartes biseautées des cartes de chaque
y a le banquier et les pontes. Celles-ci mettent ce côté desquelles des joueurs de mauvaise foi ont re-
qu'elles veulent sur chaque nombre; le banquier tire tranché une bandelette aiguë, un triangle excessive-
une boule, et si le numéro qu'elle porte correspond ment allongé, alin de les reconnaître au besoin, et
à une case chargée, il paye 64 fois la mise; mais de pour tromper leurs adversaires.
s'en servir
comme la couche appartient au banquier, celui-ci Bl-SEL en Chimie, d’un sel acide dans
se dit,
a toujours un avantage de 7 sur 70. On peut jouer lequel la quantité d’acide est double de celle qui est
le bi?'ibi de plusieurs autres manières. contenue dans le sel neutre formé par le même acide
BISAIGUE. Voy. besaigue. et la même base. On désigne les bi-sels en faisant
BISAILLE (de l’adjectif bis, bise), mélange de pois précéder de la syllabe bi le nom générique des sels;
gris et de vesces, dont on nourrit certains animaux, ainsi on bi-sulfate, bi-tartrate, bi-oxaiate, etc.
dit :

particulièrement tes pigeons. — On donne aussi ce BISERRULE (de bis, deux fois, serrula petite
nom à la plus bise des farines, celle avec laquelle on scie),
genre de la famille des Papilionacées , plante
fait le pain bis. herbacée, annuelle, à feuilles imparipennées qui
BISANNUEL (de bis, deux fois, ounns, année), se lui donnent quelque analogie avec une double scie,
dit d’une plante dont la vie dure 2 années, c.-cà-d. qui à petites fleurs bleuâtres, à gousse biloculaire, croit
ne fleui'it, ne fructifie et neraeurt qu’au bout de2ans. au midi de l’Europe et en Orient , dans les lieux
BISCAIEN. Ce mot a été d’abord employé comme pierreux.
adjectif avec le mot mousquet, pour désigner un BISET, Columba livia, espèce du genre Pigeon,
mousquet à fort calibre ou fusil de rempart, inventé ainsi nommée à cause de sa couleur bise, a le corps
ou originairement employé en Biscaye. 11 a été de- gris d’ardoise, le tour du cou vert changeant, avec
puis transporté à la balle du mousquet biscaien c'est: une double bande noire sur l’aile, et le croupion
dans ce sens seul qu’on le prend aujourd'hui. —Le blanc. Le biset sauvage est considéré comme la sou-
biscaien est rond et à peu près de la grosseur d’un che de la plupart des pigeons domestiques. C’est un
petit œuf; c'est le plus petit des boulets de canon; oiseau voyageur assez rare en Europe , mais très-
il est ordinairement de fer fondu, et porte de 400 à commun en Asie et surtout en Afrique. On l’appelle
600 m. on le fait entrer dans les charges à mitraille.
: aussi Pigeon de roche, parce qu’il aime à faire son
BISCHOF ( mot allemand qui veut dire évêque, et nid dans les trous des rochers. —
On appelait autre-
qui n’est lui-même qu’une corruption du latin epi- fois biset une grosse étoffe commune de couleur bise.
scopus), boisson froide composée de vin sucré, de ci- BISHOP ou BISCHOF. Voy. bischof.
tron ou d’orange et de muscade, est répandue sur- BISMUTH (de l’allemand wismuth, même signi-
tout en Allema.gne et en Hollande. C’est un breuvage fication), dit aussi Étain de glace, métal blanc,
généreux et réconfortant; il a probablement tiré son grisâtre , lamelleux , fragile , fusible à 250», et pe-
nom de sa couleur violette, qui est celle du costume sant spécifiquement 9,85. 11 cristallise avec facilité
des évêques. Les catholiques d’Allemagne 'le nom- en cubes ou en trémies tétraédriques, brillant des
ment de préférence vin pourpré. plus vives couleurs. On le rencontre particulière-
BlSCO'i'TE (du latin bis, deux fois, eicodus, cuit; ment à Tétat natif, uni avec le soufre ou Tarsenic,
en italien biscotto), sorte de pâtisserie qui consiste dans les mines de cobalt et d’argent de la Saxe , de
ordinairement en tranches de pain séchées au four. la Thuringe et de la Bohême. Pour l’avoir pur, il
Les biscottes de Bruxelles sont les plus recherchées. suffit de chauffer le minerai dansdes tuyaux de fonte
— En Provence, on appelle biscottes des marrons légèrement inclinés; à mesure que le métal fond,
cuits dans du vin blanc et passés ensuite au fi%r. il se rend dans un récipient placé à l’extrémité infé-

BISCUIT (en italien biscotto, du latin bis, deux fois, rieure des tuyaux. Le bismuth est un des métaux les
et du mot français cuit). On nomme ainsi : 1“ une plus fusibles, et il communique cette propriété aux
pâtisserie délicate faite avec des œufs, de la farine métaux avec lesquels on Tallie on en forme l’alliage
:

et du sucre, qu’on aromatise quelquefois avec de l’eau fusible de Darcet {Voy. alli.ace). On se sert d’un al-
de fleur d’oranger, de l’anis, etc. On fait à Reims des liage de 5 parties de bismuth, de 3 de plomb et de 2
biscuits secs fort estimés. Quelquefois on incorpore d’étain, alliage qui fond à 92®, pour obtenir des clichés
â la pâte du biscuit des substances médicamenteuses des gravures sur bois. Le bismuth uni à f étain le rend
actives, des vermifuges, des sels mercuriels, etc., pour plus dur. Il s’amalgame très-bien avec le mercure, et
faire prendre plus facilementces remèdes aux enfants forme un alliage coulant, très-avantageux pour l’éta-
et à certains malades : on connaît surtout en ce mage des glaces. Le bismuth se combine avec l’oxy-
genre les biscuits dépuratifs du docteur Ollivier; — gène, etdonne un oxyde jaune qui avec les acides forrne
2® un pain en forme de galette auquel on a donné les selsde bismuth. Ce qu’on appelait jadis magistère
deux et quelquefois quatre cuissons pour le durcir, et de bismuth est un sous-azotate de bismuth il con-- :

dont on fait provision pour les voyages sur mer, ce stitue le blanc de fard. ^he
sous-azotate de bismuth
qui le fait appeler spécialement biscuit de mer; c’est estemployé comme sédatif et antispasmodique, sur-
la nourriture ordinaire des marins ; leur ration est de tout dans les crampes d’estomac. —
Le bismuth fut
trois biscuits par jour. Ou en distribue aussi quelque- longtemps confondu avec d’autres métaux analogues,
fois aux troupes en campagne. L’usage du biscuit était telsque le plomb et l’étain. Ce n’est qu’au xvr siècle
connu des Romains ; il s’introduisit dans les armées (vers 1520) qu’il a été distingué et décrit [lar Agricole
romaines., comme approvisionnement de campagne, Le Bismuth sulfure ou BismuUane est un miné-

au temps des Antonins. On appelle aussi biscuit de ral composé de soufre ei de bismuth ;
il est gris d’a-

mer l’os de seiche qu'on donne aux oiseaux en cage cier, brillant, et seprésente en cristaux aciculaires.
pour aiguiser leur bec. 11 en existe des variétés qui renferment, en outre,

On nomme eacora biscuit un ouvrage de porcelaine du cuivre , du plomb , et même de l’argent.


cuit qu’on laisse dans son blanc mat, sans
au four, et BISON (lie ivisent, nom sous lequel on désignait
peinture ni couverte; on en fait des figurines. l’Aurochs dans la langue des Germains), Bos ame-
BISE, nom particulier donné au vent sec et froid ricanus, espèce de bœuf sauvage de l’Amérique sep-
qui, pendant l'hiver, souffle du nord-est : les Italiens tentrionale, se distingue surtout par sa longue barbe,
l’appellent frawowfane. Le mot 6 ixe est quelquefois par la bosse qui surmonte ses épaules, et sa tète cou-
synonyme d'hiver, surtout en poésie. verte d’une laine épaisse. Ses cornes sont courtes,
BISEAU (du latin bisellus), extrémité ou bord arrondies noires et susceptibles d’un beau poli; sa
,

coupé en biais , en talus se dit surtout du bord des queue, peu longue, se termine par un bouquet de
, ; , , ,

BITO 185 BLAI


poils. Pendant dans les fo-
l’hiver, le bison se tient nuel ; il à rattacher les cordages, à garnir
sert à lier,
rêts; l'été, il habite les prairies. Cet animal , natu- les manœuvres usées par le frottement etc.
,
rellement farouche , s’apprivoise aisément quand il BITRICHE, Bitrischus, synonyme de roitelet.
est pris jeune. A l’état sauvage, on le chasse pour sa BITTE, nom donné, en Marine, à un assemblage
peau, qui donne un bon cuir, ainsi que pour sa lan- de charpentes formé de deux montants perpendicu-
gue et sa bosse , qui sont un manger délicat. Le bi- laires et d’un traversin qui tes croise. La bitte est
son habite surtout l’Amérique septentrionale; on le placée sur favant d’un navire , et sert à amarrer les
traque avec ardeur sur les bords du Missouri et du câbles qui tiennent aux ancres jetées au fond de la
Mississipi. M. Lamare-Picquot a proposé , en 1849, mer. Les vaisseaux de ligne ont leurs bittes dans la
d’introduire le bison en France, comme un animal batterie basse; les frégates les ont dans leur batterie;
à la fois propre au trait et à la consommation. les bâtiments sans batterie, sur le pont supérieur.
BISQUE (du latin bis, deux fois, et coda, cuite) BITUME (du latin bitumen) , nom générique donné
espèce de purée , autrefois fort à la mode , et qu’on à des substances combustibles, dont l’origine et la
servait en guise de potage au commencement du re- composition n’ont pas encore été bien définies ; ils
pas ; on y faisait entrer des écrevisses pilées, du riz, sont tantôt liquides ou visqueux (naphte), tantôt
diverses sortes de légumes, etc. Quelquefois on rem- solides (asphalte) ; leur couleur est brune ou noire;
plaçait les écrevisses par un hachis de poisson ou à l’état solide, ils sont friables et pulvérulents, s'é-
une purée de gibier. On appelait Bisque à la reine lectrisent par le frottement comme les résines, et se
une bisque faite avec du blanc de poulet. liquéfient par une faible chaleur; tous les bitumes
Au jeu de paume, on appelle bisque l’avantage brûlent avec flamme et fumée épaisse , en dégageant
qu'un joueur fait à un autre lorsqu’il lui donne une odeur forte qui leur est particulière. On en dis-
quinze points dans le cours d’une partie ; on dérive tingue plusieurs variétés, dont les principales sont:
alors ce mot de biscaye, mot qui se disait autrefois \' Asphalte ou Bitume de Judée, le Malthe ou Pissas-

dans le jeu de paume. phatte, dita ussi Bitume g lut ineux {Voy. asphalte),
BISQUINS, peaux de mouton avec leur laine, pré- le Naphte, le Pétrole ou Huile de pierre ( Voy. ces
parées par les mégissiers. Les bourreliers en font mots). On comprend encore sous le nom de bitumes
des couvertures pour les colliers des chevaux de trait. le Bétinite ou Rétinasphatte, le Succin, etc.
BISSEXTILE (année) , année de 366 jours où se BIVALVE se dit, en Conchyliologie, des coquilles
rencontre le bissexte c.-à-d. où l’on compte deux composées de deux valves, comme celles de l’huître
fois {bis) le sixième {sextus) jour avant les calendes et autres mollusques acéphales, et, en Botanique,
de mars. Voy. année. des capsules formées de deux parties , comme celle
BISTORTE (du latin bis, deux fois, et tortus du lilas, les noyaux des drupes , etc.
ioTdn), Potygonum bistorta, nom vulgaire d’une es- BIVOUAC ou BiVAG (de l’allemand beywacht
pèce du genre Renouée, plante delà famille desPoly- formé lui-même de bey, auprès, et wacht, veille) ,
gonées, dont les racines sont contournées en forme établissement qu’une armée en campagne fait en
d’S. En Suisse et en France, où elle se trouve dans les plein air, le jour ou la nuit, pour prendre du repos :
endroits marécageux, cette plante sert de nourriture c’est une espèce de campement à la belle étoile. Au-
aux bestiaux. Sesracines sont astringentes et toniques. trefois, ce mot ne s’entendait que d’une garde ex-
BISTOURI (du nom de la ville de Pistori ou Pis- traordinaire faite la nuit en plein air par un poste,
toie en Italie, autrefois renommée pour sa coutel- une division , quelquefois même une armée ; mais
lerie), petit couteau à lame fixe ou flottante, dont ce n’était que dans les occasions périlleuses qu’on te-
les chirurgiens se servent pour couper les chairs et nait une armée au bivouac. L’usage du bivouac per-
faire des incisions. Il n’existe point de différence manent date des guerres de la Révolution ; il a in-
essentielle entre le bistouri et le scalpel. Tout ce que troduit dans les armées une rapidité de mouvemenî
l’on peut dire ,
c’est que le bistouri est ordinaire- extraordinaire en les délivrant des embarras du cam-
ment à lame flottante, et le scalpel à lame fixe on
;
pe.ment et du baraquement; mais il peut compro-
dit de préférence bistouri quand il s’agit d'opéra- mettre la santé du soldat.
tions faites sur le vivant, et scalpel lorsqu’il s’agit BIXA , vieux nom du Rocou, devenu 1e nom scien-
de dissections faites sur le cadavre. —
11 y a diffé- tifique de cet arbuste. Le Bixa a donné son nom
rentes sortes de bistouris, que l’on distingue, soit par aux Bixacées, famille de plantes Dicotylédones po-
le nom de leurs inventeurs ; B. de Poit, de Cooper, lypétales hypogynes, dont il est le type. Voy. rocou.
de Dupuytren soit par Informe qu’ils affectent B. : BLACK-DROPS {gouttes noù-es) , nom anglais d’un
droit , convexe , recourbé, boutonné, à la lime; ou médicament très-usité en Angleterre. Il a pour base
bien encore par le genre d’opération auquel ils sont l’opium uni à l’acide acétique, et est employé comme
destinés :B. gastrique, herniaire, lithotome, etc. calmant. On en donne de deux à six gouttes dans une
BISTRE. Ce mot, qui au propre est le nom de la potion. Six gouttes contiennent un grain d’opium.
suie détrempée qui se forme dans les cheminées, ou BLAIREAU, Meles, genre de Mammifères de Tor-
qui dégoutte des tuyaux de poêle, est devenu le nom dre des Carnassiers et de la famille des Plantigrades:
d’une couleur d’un brun roussàtre , fabriquée avec corps bas sur jambes, pieds à cinq doigts, munis
cette suie. Le bistre n’est employé que comme cou- d’ongles robustes, propres à fouiller; queue courte et
leur âi l’eau. On s’en servait autrefois pour faire des velue, poche remplie d’une humeur grasse et infecte,
dessins au lavis. On fait avec le tabac et le jus de placée auprès de l’anus. Le B. ordinaire {Meles vul-
réglisse noir une couleur à peu près semblable. Du garis] est long de 60 centim. environ, non compris
reste , les peintres et les architectes ont remplacé la queue ; il a un pelage long et bien fourni , gris-
le bistre par la sépia et par Tencre de Chine. brun par-dessus, noir en dessous. Une bande longi-
Bl-SULFATE, Bl-SOLFITE. V. BI, BI-SEL, SULFATE,etc. tudinale noire existe de chaque côté de la tête , pas-
BITESTACÈS (de bis, deux fois, testa, coquille). sant sur Tœil et sur Toreille. Cet animal répand une
Crustacés de l’ordre des Brauchiopodes,dont le corps odeur très-forte ; il vit solitaire et habite les bois
est couvert d’un double bouclier semblable à une co- sombres, où il se creuse un terrier tortueux et obli-
quille bivalve: tels sont les Cypris, les Daphnies, etc. que. 11 fait sa nourriture de tout ce qu’il peut pren-
BITORD ou BiSTORD (du latin bis, deux fois, et dre : baies, fruits charnus, et, au besoin, mulets,
tortus, tordu) , petit cordage composé de deux ou grenouilles, serpents, etc. Pris jeune, il s’habitue à
trois fils de caret, quelquefois de quatre, goudronnés la domesticité. On le trouve dans l’Europe et l’Amé-
et tortillés ensemble. On le fait avec du gros fil de rique du Nord. La peau du blaireau fournit une four-
caret neuf, et on le conserve en pelotes dans les rure grossière ; les bourreliers en couvrent les colliers
corderies. A bord ,
le bitord est d’un usage conti- et harnais des attelas-es de routiers; ses poils servent
, , ,

BLAN — 186 BLAN


à faire des brosses molles et de gros pinceaux : par blancde cérose, carbonate de plomb. Voy. cérose.
suite, on a spécialement appelé blaireau le pinceau BLANC DE champignon, filets blancs, arrondis et spon-
avec lequel on se savonne la barbe. Les peaux et gieux que Ton trouve dans les vieilles couches à cham-
les poils du blaireau sont expédiés, en grande par- pignons, proviennent de la germination des sémi-
tie, de la Savoie, des départements de l’Isère et des nules de ces végétaux. On s’en sert pour la repro-
Hautes-Alpes. Il en vient aussi du Levant. — Le B. duction artificielle du champignon de couche. Ce blanc
Taisson (il/. Taxas), qu’on trouve dans les mêmes peut se conserver dans un lieu sec plusieurs années.
lieux que le précédent, et le B. Carcajou [M. Labrado- BLANC d’espagne, de dieppedal ou de meodon, car-
rica) du Labrador, que l’on avait pris pour des espè- bonate de chaux ou craie pulvérisée, puis réduite en
ces distinctes, ne sont que des variétés duB. commun. pâte au moyen de Teau. On le débité moulé sous
BLAIRIE (droit de), ou Droit de vaine pâture, forme de pains ovoïdes ou cylindriques. On emploie le
droit perçu par un seigneur haut justicier, pour la blanc d’Espagne comme crayon pour écrire sur les
permission qu’il accordait aux. habitants de faire tableaux noirs; il entre dans la peinture à la détrempe.
paître leurs bestiaux sur les terres après la récolte, Ou trouve cette craie en abondance en Espagne , à
ou dans les bois et les héritages non clos. Dieppedah près de Rouen; àMeudon,prèsde Pari.-;, etc.
BLANC, couleur qui résulte de la réunion des — Le B. d’albâtre est un sulfate de chaux que Ton
sept couleurs dont un rayon solaire est composé emploiq, réduit en poudre fine, aux mêmes usages.
{Voy. SPECTRE solaire); on obtient un blanc parfait BLANC DE FARD , Combinaison d’acide azotique et
en retranchant les rayons jaunes. — On donne aussi d’oxyde de bismuth (sous-azotate de bismuth), em-
ce nom à la couleur ou matière blanche dont les ployée quelquefois par les dames pour blanchir la
peintres , les maçons , etc., se servent pour blanchir peau. Ce blanc a l’inconvénient de rendre la peau
une surface quelconque. Voy. ci-après blanc d’ar- rugueuse , et de noircir par le contact des émana-
gent, d'espagne, de plomb, de zinc, etc. tions sulfureuses. Dans l’origine, le blanc de fard,
En Agriculture, le blanc est une maladie des vé- adopté par les femmes grecques , était une terre ar-
gétaux, caractérisée par une sorte de poussière blan- gileuse de Chio ou de Samos, mêlée à une terre cal-
che qui se manifeste surtout sur les feuilles : on dis- caire et délayée dans du vinaigre.
tingue le B. sec et le B. mielleux ou Lèpre au BLANC DE HAMBOURG, DE HOLLANDE, DE VENISE, Cé-
meunier. Depuis peu d’années , cette maladie a en- ruse ou carbonate de plomb, mélangé avec plus ou
vahi la vigne : on attribue le blanc de la vigne à un moins de sulfate de baryte, s’emploie dans la peinture.
petit champignon , dit Oïdium Tuckerii, parce qu'il BLANC-MANGER, aliment qu’on prescrit souvent aux
fut remarqué pour la fois (en 1845) par un jardi- estomacs délicats et aux convalescents, se compose
nier anglais nommé Tucker. On y remédie en souf- ordinairement de gelée animale , rendue blanche et
flant sur la vigne, préalablement mouillée, de la fleur opaque par une addition de lait d’amandes; on y
de soufre; on la prévient en enduisant la vigne, im- joint du sucre , de Teau de fleurs d’oranger, et d’au-
médiatement après la taille, avec du chlorure de chaux. tres substances , afin d’en varier la saveur.
Dans la Monnaie, on a donné , à différentes épo- BLANC DE PLOMB, synonyme de carbonate de plomb
ques , le nom de blanc à une monnaie de billon qui BLANc-RHASis, vulgairement Blanc-raisin, onguent
était originairement en argent pur, et dont la valeur de couleur blanche qui doit son nom arabe à son
réelle a souvent varié, parce qu’on y a introduit des inventeur. 11 se compose d'huile rosat, de cire, de
quantités de cuivre de plus en plus considérables. céruse et de camphre. Ou l’emploie contre les brû-
On distinguait surtout les grands blancs ou gros de- lures et plusieurs maladies de la peau.
niers blancs, qui valaient 10 deniers tournois, et les BLANC-SEING, Voxj. BLANC (dans les Transactions).
petits blancs ou demi-blancs qui n’en valaiejjt que BLANC de zinc. Synonyme d’oxyde de zinc.
5. Sous Jean le Bon le gros blanc ne valait pas plus Il remplace avantageusement la céruse dans la pein-
,
de 22 c. Sous Henri II, on lit des gros valant 2 sols ture à Thuile ; il ne noircit pas par les émanations
6 deniers ou 30 deniers , et qu’on appela pour cette sulfureuses , et n’exerce aucun effet fâcheux sur la
raison six-blancs. Quoique cette monnaie n’existe santé des ouvriers. L’usage commence à s’en répan-
plus dans le commerce, on a conservé l’usage de dire dre aujourd’hui; un arrêté ministériel du24 août 1849
six-blancs pour deux sous et demi. en a prescrit l’emploi pour tous les travaux publics.
Dans les Transactions , on nomme blanc l’espace BLANCARDS, toiles blanches et légères, fabri-
laissé dans une écriture sans être rempli, et pourl’être quées de iil plat dans la Normandie. On en exportait
plus tard ; de là ces expressions : quittance enhlanc, beaucoup autrefois pour l’Amérique.
quittance où on laisse en blanc le nom de celui qui BLANCHARD, Fa/coa/èe^cens, grosse espèced’Ai-
doit payer; /)roc«rû/ion enblanc, procuration où le gle-Autour qu’on trouve en Orient.
nom de celui qui doit en être chargé est laissé en BLANCHARD VELOUTÉ, dit aussi Houque laineuse,
blanc; signature en blanc, dit aussi blanc-seing et espèce de plante du genre Houque, de la famille des
même è/anc, signature apposée sur un papier blanc. Graminées; herbe vivace qui se trouve abondam-
En terme de Banque, être en blanc signille ac- ment répandue dans la plupart des prairies natu-
cepter une traite sans en être couvert, ou donner un relles. On en peut faire un très-bon pâturage en l’as-
mandat avant d’en avoir reçu les fonds. sociant avec le trèfle, la minette et autres herbes.
En Poésie , on désigne sous le nom de vers blancs C’est elle qui fait la qualité supérieure des herbages
des vers qui ne riment point. Voy. vers. du pays de Bray (Seine-Inférieure).
BLANC d’argent, qualité supérieure de céruse em- BLANCHE. On nomme ainsi, en Musique, une note
ployée dans la peinture. Voy. cérose. dont mais qui porte une tige ( f J
la tête est évidée,
BLANC de baleine OU SPERMA cETi, matière grasse, ne soit pas confondue avec la ronde. La
afin qu’elle
solide, d’un blanc éclatant, formée par la réunion blanche vaut la moitié d’une ronde , ou deux noires,
de petites écailles luisantes, est contenue dans une quatre croches ,
huit doubles croches , etc.
huile grasse qui entoure le cerveau du cachalot et BLANCHIMENT , opération qui a pour but de dé-
de quelques autres poissons : on ne la trouve pas truire certaines matières qui colorent les étoffes ou
dans la baleine, quoique, par l’erreur des premiers d’autres objets. —
Les tissus végétaux se blanchis-
naturalistes, elle lui ait emprunté son nom. Le blanc sent par une toute autre méthode que les étoffes de
de baleine tond à44<>,et se compose d'un principe par- soie et de laine. La méthode ancienne, pour les toiles
ticulier appelé Céline, qui a la propriété de se trans- de chanvre, de lin et de coton, consiste à les exposer
former par la saponification en acide palmitique. Il sur un pré , pendant un temps plus ou moins long,
entre danslafabricationdesplusbellesbougies; autre- à l’action simultanée de l’humidité et de la lumière
fois, on l'employait ec médecine contre les catarrhes. solaire. Le procédé nouveau, dù à Berthollet, est
, , , , , , ,,
,

BLAP 187 — BLAS


bien plus expéditif on laisse tremper les toiles dans
: nord de l’Eui ope, passe pour être de mauvais augure :
de l’eau chaude pour enlever toutes les parties so- aussi les gens superstitieux le redoutent-ilsbeaucoup.
lubles; on les dégorge par un moyen mécanique BLASON , science qui s’occupe de la connaissance
quelconque; on les lait bouillir dans une lessive et de l’explication des armoiries. On fait dériver le
de soude; on les rince, et on les fait séjourner pen- mot blason de l’allemand blasen , sonner du cor,
dant quelques heures dans un bain de chlorure de parce que c’est en sonnant du cor que ceux qui se
chaux. Après le rinçage à l’eau courante, on leur présentaient aux lices des anciens tournois annon-
donne un bain d’eau aiguisée par un peu d’acide çaient leur venue. Les hérauts décrivaient ensuite à
sulfurique ; on lave, et l’on finit par un bain de sa- haute voix les armoiries de chacun des concurrents,
Yon. —Ou blanchit la laine au moyen du sou- ce qu’on appelait blasonner : c’est de cet office des
frage, c’est-à-dire en l’exposant humide à l’action hérauts qu’est venu le nom d’ Art héraldique, sous
du gaz acide sulfureux; le chlore et les alcalis at- lequel on désigne souvent le blason. — Les princi-
taquant la laine , il est impossible de les employer paux éléments de la science du blason consistent
pour la blanchir. — On blanchit la soie en la main- dans la connaissance de Vécu, des émaux, des piè-
tenant dans des dissolutions bouillantes de savon ; ces et meubles. L’ecw, ou champ sur lequel sont
on y parvient aussi par le soufrage. — Pour blan- placées les armoiries, représente l’ancien bouclier;
chir M ivoire jauni, on le brosse avec de la pierre sa forme, variable suivant les pays, est le plus sou-
ponce calcinée et délayée dans l’eau, puis on le ren- vent, en France, celle d’un rectangle posé droit, et
ferme encore humide sous une cloche de verre qu’on terminé , au milieu de sa ligne inférieure , par une
expose journellement au soleil. — On blanchit la pointe peu saillante. On y distingue le haut ou chef,
cire jaune en la réduisant en rubans minces qu’on le milieu ou centre, et le bas ou pointe; il se divise
expose au soleil et à la fraîcheur des nuits , sur des en (px&ire partitions savoir :le parti formé par
châssis en toile. La cire se blanchit promptement une ligne perpendiculaire divisant l’écu ; le coupé
dans le gaz oxygène pur. Un procédé expéditif et formé par une ligne horizontale; le tranché, par une
peu coûteux consiste à la faire fondre , à y verser ligne diagonale de droite à gauche ; et le taillé, par
une petite quantité d’acide sulfurique, puis à y ajou- une ligne diagonale de gauche à droite. — Les émaux
ter (pielques fragments de salpêtre, en agitant le sont le nom collectif donné aux métaux, couleurs
tout avec une spatule de bois. ou fourrures qui colorent l’écu. Il y a deux métaux
BLANCHIMENT DES MÉTAUX. VolJ. DÉROCHER. l’or et l'argent; cinq couleurs, l’azur (bleu) , les
BLANCHISSAGE Du linge. Il comprend huit opé- gueules (rouge) , le sinople (vert) , le sable (noir) et
rations : 1“ trempage, simple imbibition d’eau froide; lepourpre (violet); et deux fourrures, l'hermine cl
2® essangeage, lavage fait aussi à l’eau froide pour le umV (fourrure de couleur blanc et azur). — Lesjaiè
enlever le plus gros de la malpropreté ; 3® coulage ces. Alla pièces honorables ou figures héraldiques,
ou lessivage, qui consiste à faire passer à travers le sont au nombre de neuf, savoir ; le chef, la fasce,
linge une dissolution alcaline de soude ou de po- le pal, la croix, la bande, la barre , le chevron, le
tasse , le plus souvent des cendres {Voy. lessive); sautoir et le pairie {Voy. ces mots). Les meubles
4® savonnage, dans le but d’enlever les taches qui sont les ornements intérieurs de l’écu ; il faut y dis-
auraient résisté aux opérations précédentes; 5® rin- tinguer les figures naturelles, prises des animaux,
çage pour enlever l’eau de savon ; 6® égouttage; des plantes, des astres, du corps humain, etc., et
7® séchage ; 8® pliage et repassage. — On a substi- les figures artificielles, telles que châteaux , instru-
tué avec succès au mode ordinaire de blanchissage ments de guerre ou de métiers, besants, tourteaux,
qui est fort pénible, le blanchissage à la vapeur. Cette billettes, alérions, merlettes, canettes, étoiles, crois-
méthode n’était d’abord appliquée qu’au blanchi- —
sants^ jÿ^oisettes, molettes d’éperons, etc. Outre les
ment du coton écru ; ce fut Chaptal qui le premier ornements intérieurs qui meublent lechampde Técu,
imagina qu’on pourrait s’en servir pour le blanchis- il
y a les ornements extérieurs qui l’entourent: tels
sage du linge. Curaudau perfectionna ce procédé, et sont les casques et couronnes, les lambrequins, les
le recommanda au public dans un Essai sur le blan- supports et tenants, les insignes et ordres de cheva-
chissage à la vapeur (Paris, 1806). Ce procédé réu- lerie. Pour plus de détails, on peut consulter les
nit des avantages qui doivent le faire préférer : traités spéciaux de blason , entre autres , celui du
économie de tem.ps, de savon et de combustibles, P. Ménestrier, augmenté dans l’édit, donnée à Lyon,
un iformité, exactitude dans le lessiv âge. Il a été adopté 1770, ceux de la Roque, de La Colombière, du P. de
pour l’armée par décret du 10 déc. 1853. — On doit à Varenne, le Manuel du Bl. de J. Pautet, l’A/'morial
H. René Uuvoir un Appareil de lessivage par circu- universel de Jouffroy d’Eschavannes, 1844, le Traité
lation, qui abrège le travail et ménage le linge. complet du Bl.de Borel dUauterive, 1846, le Dict. hé-
BLANCHISSERIE, établissement destiné à blan- raldique deCh. Graudmaison,1853, etc. V. armoiries.
chir les toiles. Pour les procédés de blanchiment, Les Français sont les premiers qui aient réduit le
Voy. BLANCHIMENT. —On nomme plus spécialement blason en art , et ce sont eux qui ont les armes les
Buanderies les établissements destinés au blanchis- plus régulières. Les Allemands ne s’en occupèrent
sage du linge de corps et de ménage. que bien postérieurement, et les Anglais blasoniient
Blanquette , espece de raisin dont la feuille encore aujourd’hui en français. —Le blason ne pa-
est recouverte d’un duvet blanc et cotonneux. En rait pas remonter au delà des croisades. Bien avant
Gascogne et dans le bas Languedoc, on en fait un cette époque, il y eut des signes particuliers, des
vin blanc , doux et spiritueux , qu’on nomme aussi emblèmes, des ornements pris par les peuples guer-
blanquette : on estime surtout la B. de Limoux riers ou les héros pour servir de signe de ralliement
(Aude). —On appelle encore blanquette ou blan- dans le combat; mais il ne faut pas confondre ces
quet une poire d’été qui a la peau blanche.- Il y en signes isolés, variables, avec les signes convenus,
a de deux sortes , le gros et le petit blanquet : le invariables et surtout héréditaires qui constituent
gros blanquet est bon à manger au commencement le blason proprement dit. Au temps des croisades,
de juillet, et le petit blanquet vers la fin d’août. dans ces armées composées de vingt peuples divers
BLAPS (du grec blaptô , nuire) , genre d’insectes la nécessité de se faire reconnaitre de ses soldats
Coléoptères, de la famille des Mélasomes, se tient obligea chaque chef de revêtir des insignes particu-
dans les parties obscures, sales et humides des habi- liers. Au retour de la croisade, le guerrier eut soin de
tations. Ces insectes sont noirs, et répandent au tou- conserver ces insignes, qui rappelaient ses exploits, et
cher une odeur désagréable. Ils n’ont pas d’ailes, mais les transmit à ses descendants comme un titre d’hon-
ils courent avec beaucoup de vitesse. Le B. porte- neur. C’est sous S. Louis, à ce qu'on croit, que cette
malheur {B. mortisaga) qu’on trouve dans tout le transmission reçut un caractère régulier.
, , ,

BLÉ 188 — BLEU


BLASPHÈME (du grec blaptô nuire , et phémè miers. Ce qui est certain , c’est que la culture du blé
réputation), parole impie prononcée avec l’intention était en honneur en Chine bien des siècles avant
d’outrager la Divinité ou la Religion. Le blasphème nos temps historiques. Voy. céréales et grains.
diffère du sacrilège en ce que le premier consiste en BLECHNE, Blechnum, genre de Fougères , tribu
paroles, et le deuxième en actions. Chez les Hébreux, desAspléniacées, à feuillesallongées, composées defo-
le blasphémateur était puni de mort et lapidé par lioles simples, aiguës, à une seule nervure. On trouve
le peuple [Lévit., ch. xxiv,v. 14 et 16). En France, chez nous le B. spicant, qui est le type de ce genre.
les ordonnances de S. Louis et de quèlques autres BLEIME (du grec bléma, coup, blessure), meur-
de nos rois lui infligeaient la peine du pilori ou le trissure ou rougeur qui survient quelquefois à la
condamnaient, selon les cas, à avoir la langue per- sole des talons du cheval , et qui est suivie d’abcès.
cée avec un fer rouge. Le pape Pie V, par décret BLENDE (de l’ail, hlenden, briller), nom donné,
de 1556, condamna ceux qui s’étaient rendus coupa- en Minéralogie, au sulfure de zinc naturel. V. zînc.
bles de ce crime à une amende pour la première fois, BLEPHARITE (du grec blépharon, paupière), in-
au fouet pour la deuxième; s’ils étaient ecclésiasti- flammation des paupières, soit qu’elle affecte le corps
ques , ils étaient dégradés et envoyés aux galères. de la paupière ,
soit qu’elle s’arrête au bord ciliaire
Depuis , le châtiment a été réduit à une amende et aux muqueux dont il est garni :
follicules pileux et
honorable prononcée au pied des autels. c’est cette dernière qu’on appelle quelquefois lip-
BLASTÈME (du grec blastos, germe), nom donné, pitude psorophthalmie ou teigne des paupières.
,

dans les plantes, au corps qui porte les cotylédons, BLESITE (du latin blœsus, bègue), vice dans la
cl qui comprend la radicule, la gemmule et la tigelle. parole, qui consiste à substituer une consonne douce
lîLATTE(du grecblapiôjUnxTe) jBlatta, genred’in- à une plus dure, comme le z à l’s, le d au t, l’s au
sectes Orthoptères, de la famille des Coureurs, d’une g, \’i au y, etc. ; par exemple , à prononcer zerbe,
grande agilité, ne se montrent que la nuit, et habi- zeval, au lieu de gerbe, cheval. Cette prononciation
tent les planchers des maisons, où ils sont un véritable est familière aux enfants. Si elle persistait, il suffirait,
fléau; ils mangent le pain, la farine, etc. Leur couleur pour la faire disparaître, d’une attention constante.
est brune, roussâtre ou jaunâtre; ils répandent une BLESSURE (du grec, plesséin, frapper). Selon la
odeur désagréable. On en distingue un grand nom- cause qui les produit, les blessures peuvent être rap-
bre d’espèces : la B. des cuisines (Blatta orientalis), portées à deux grandes divisions les unes sont l’effet
:

qui est d’un brun noirâtre et très-aplatie , infeste les d’agents chimiques, tels que le calorique et les causti-
boulangeries , les cuisines et les garde-manger de ques; elles comprennent la brûlure eiXa. cautérisa-
presque toute l’Europe ; la B. des Lapons qui est
,
tion; les autres sont opérées par des puissances mé-
plus petite , dévore les provisions de poissons que les caniques, telles que les percussions, les tractions, les
habitants du Nord font sécher pour leur nourriture. instruments tranchants, piquants, contondants, dé-
BLE ou BLED (du saxon blad, grain), plante de la chirants, et prennent les noms de contusion, disten-
famille des Graminées hordéacées, à tige longue et sion, luxation, fracture, plaie, etc. —
En Médecine
mince, qui produit le grain dont on fait le pain. On légale, on distingue 1® les B. mortelles, qu’on sub-
;

appelle vulgairement blé toute espèce de céréales : divise en B. nécessairement mortelles et B. acciden-
gros blés, les froments et les seigles; blé méteil, le tellement mortelles; 2® les B. non mortelles, qui sont
blé moitié froment, moitié seigle; pefife blés, l’orge, complètement curables ou incomplètement curables
l’avoine, le millet, le sarrasin. On appelle blé par ex- OndoitàDupuytren un Traité des blessures par ar
cellence le pur froment (triticum sativum) :lors- mes de guerre {Leçons de Cl inique, X'iZÿ). Voy. plaie.
qu’on dit blé simplement, on entend toujours le fro- Selon notre législation , l’auteur de blessures
ment. Voy. ce mot. faites volontairement et entraînant une incapacité de
On nomme vulgairement B. à chapeaux une es- travail de plus de 20 jours est puni de la réclusion (C.
pèce de blé de Toscane, dont la paille sert à fabri- pénal, art. 309), ou aii moins d'une année d’emprison-
quer des chapeaux estimés; B. avrillet, le froment nement (loi de 1832). Si elles ont été faites avec pré-
<iue Ton sème en mars et en avril; B. blanc, une méditation, la peine est celle des travaux forcés à
variété commune dans l’ancien Dauphiné, qui four- temps (art. 310). Si la maladie n'a pas été de plus de
nit une très-belle farine; B. cotonneux ou français, 20 jours, l’auteur de blessures volontaires est puni
une variété que l’on cultive dans le haut et bas Rhin, d’un emprisonnement de 6 jours à 2 ans, et d’une
en Italie et en Espagne. amende de 16 à 200 ou de l’une de ces deux pei-
fr.,
Le blé est dit broui s’il est attaqué par la rouille ; nes seulement ; et y a eu préméditation ou guet-
s’il

charbonné, s’il est noirci par la carie; coulé, si les apens, l’emprisonnement est de 2 à 5 ans, et l'a-
grains sont petits, peu farineux; échauffé, si une fer- mende de 50 à 500 fr. (art. 311) Si les blessures ont
.

mentation intérieure a détruit la partie alimentaire; été involontaires, leur auteur est puni seulement d’un
mouillé, si le grain est altéré par les pluies; ver- emprisonnement de 6 jours à 2 mois, et d’une amende
moulu, s’il est gâté par la présence d’insectes. de 16 àlOOfr. (art. .320). —
La loi détermine, en ou-
On donne quelquefois le nom de blé à des plantes tre, le cas où l’auteur de blessures doit être puni plus

qui n’ont aucun rapport avec le genre Froment : rigoureusement à raison de la qualité des personües
ainsi on nomme B. barbu ou de Guinée le Sorgho, blessées ou des circonstances du crime ou délit (312);
espèce de millet B. de Canarie ou d'oiseau l’Al- elle détermine également certains cas où les bles-
;

piste; B. de vache, le Mélampyre des champs, la sures sont réputées eaicwsa blés (321-26, 463). Indépen-
Saponaire rouge ; B. noir, la Renouée et le Sarrasin ; damment des peines ci-dessus, l’auteur de blessu-
B. de Turquie, d’Inde, d’ Espagne o\xd’Italie,\e'^Biii. res peut, sur la demande de la personne lésée, être
L’origine du blé se perd dans la nuit des temps : condamné à ries dommages-intérêts, qui varient selon
on ne le trouve pas aujourd’hui à l’état naturel , et la gravité et les suites des lésions, et qui sont fixés
Ton doit présumer qu’il n’est qu’*ne transformation ordinairement d’après les rappor ts des médecins.
opérée par la culture d’une espèce inférieure, comme BLETE ou BLETTE (du grec blax, mou), Blitum,
l'épeautre ou la fétuque flottante. Un savant agro- genre de plantes annuelles, glabres, charnues, de la
nome, M. Esprit Fabre, a cru trouver la première famille des Chénopodées. La principale espèce est la
forme du blé dans X’Ægilops iriticoides. La Fable a Blette à tête ow Epinard- fraise {B. capitatum), ainsi
fait honneur de l’introduction du blé tantôt à üsiris, appelée à cause de scs fleurs en capitules agglomérés,
divinité de l’Egypte , tantôt à Gérés , qui l’aurait et à cause de ses fruitssemblablesà des fraises. On la
cultivé d’abord dans les plaines d’Enna , en Sicile. cultive dans les jardins. On l’emploie aussi comme
Les Athéniens, les Crétois et plusieurs autres peuples plante potagère, et, en médecine, comme émolliente.
io disputaient l'honneur de l’avoir cultivé les pre- BLEU d’azur, ou simplement azur, matière colo-
, ,

BLEU — 189 - BLOG


rante de couleur bleu de ciel , que l’on obtient par grédients qui lui donnent une couleur approchant
la pulvérisation du Bleu d’outremer ou Lazulite, ou du bleu. Voy. court-bouillon.
que l’on forme artificiellement en faisant fondre du BLEUS { les) , nom de parti : il est opposé tantôt à
minerai de cobalt et du sable avec de la potasse ou Verts, tantôt à Blancs. V. le Dict. univ. d'H. et de G.
de la soude; il en résulte un verre bleu qu’on pul- BLEUET ou BLUET, Centaurea cyanus, plante ap-
vérise sous des meules. On le prépare en grand dans partenant au genre Centaurée, de la famille des Car-
la Saxe , la Hesse et la Silésie. — Si la poudre est duacées, croît naturellement dans les blés; sa fleur,
grossière, on l'appelle azur à poudrer; si elle est d’un joli bleu, est recherchée comme ornement par
très-fine, azur d'émail.— Les diverses qualités d’azur les villageois; elle est, en outre, recommandée en in-
sont connues dans le commerce sous les noms à’ azur fusion comme légèrement astringente; son eau, di-
de premier, de second, de troisième ti de quatrième stillée, a été préconisée contre les ophthalmies,d’où

feu : on entend par feu le degré de vivacité et de le nom de casse-lunettes donné quelquefois au bleuet;
finesse de l’azur. Cette couleur sert à donner une on s’en sert aussi contre les érésipèles et les rougeurs
teinte azurée au linge, aux différents tissus, aux de visage. On nomme aussi le bleuet Aubifoin,
papiers, et surtout aux poteries, aux porcelaines, etc. Barbeau, Jacée des blés. On a obtenu par la cul-
— On faisait autrefois de l’azur factice avec de l’in- ture des bleuets de diverses couleurs : violets, pour-
digo ou du suc de violettes broyé avec de la craie; prés, blancs même, mais jamais jaunes.
avec du sel ammoniac et de l’argent, ou encore avec Le Bleuet du Canada est une espèce du genre Ai
du soufre, du mercure et du sel ammoniac. relie ; le B. du Levant est la Centaurée mouchetée
BLED DE COBALT. Voij. COBALT et l’art, précédent. BLEUET, nom vulgaire du Martin-pêcheur d’Europe.
BLEU DE COMPOSITION , dit aussi bleu en liqueur ou Voy. MARTIN-PÈCHEUR.
bleu de Saxe dissolution d’indigo dans l’acide sul- BLINDAGE, BLINDE (de l’allemand blinden, aveu-
furique fumant il sert dans la teinture.
: gler), ouvrage de fortification fait avec des bran-
BLEU DE FRAN’CE, Synonyme de bleu de Prusse. ches d’arbres entrelacées et posées de travers entre
BLEU DE MONTAGNE OU Ccndres bleues, mélange de deux rangées de pieux de la hauteur d’un homme,
chaux , de sulfate de chaux et de carbonate de cui- sert à cacher et à garantir du feu de l’ennemi les
vre, employé eu peinture. Voy, cuivre azuré. hommes qui s’y trouvent ; on l’emploie particuliè-
BLEU d’outremer , coulcur très-belle et très-solide, rement à la tête de la tranchée, lorsqu’elle s’é-
préparée avec un minéral bleu appelé lazulite ou- tend de front vers le glacis. — On se sert aussi du
tremer qui nous vient de Perse, de Chine et de blindage jjour mettre à Tabri des bombes les corps
Boukarie. On prépare aussi de l’outremer factice ou de garde, les magasins militaires, et même des bâ-
bleu Guimet (du nom d’un fabricant), dont les pein- timents. Dans ce cas, on emploie pour le former
tres font une grande consommation. Voy. outremer. des poutres solides qu’on recouvre de fascines, de fu-
bleu de PRUSSE ou DE BERLIN , appelé aussi prus- mier, de terre, sur un mètre au moins d’épaisseur.
siate de fer, ferrocyanure de fer, combinaison BLOCAGE ou blocaille (diminutif de bloc), menu
formée de cyanogène et de fer, solide, d’un bleu moellon, pierrailles que l’on réunit pour remplir les
foncé, sans saveur ni odeur, prenant par le frotte- vides dans un ouvrage de maçonnerie. Ce sont de
ment un reflet métallique; insoluble dans l’eau, l’al- petites pierres brutes , irrégulières, ([u’on emploie
cool, les acides faibles. Les caractères suivants le sans aucune préparation pour la construction de cer-
distinguent de l’indigo chauffé fortement à l’air, le
: taines fondations ou dans Teau ; on les jette pêle-
bleu de Prusse brûle difficilement, et laisse un résidu mêle avec le mortier ; on les emploie aussi pour
brun de peroxyde de fer ; le chlore ne détruit pas sa garnir le milieu des murs et des gros massifs.
couleur; l’.acide sulfurique concentré le rend tout à En termes de Typographie, on appelle blocage une
fait blane; les alcalis caustiques concentrés le déco- ou plusieurs lettres retournées ou renversées pour
lorent entièrement. Le bleu de Prusse du commerce tenir provisoirement la place de celles qui devraient y
renferme toujours de l’alumine, avec laquelle on le être ; on recourt au blocage quand les lettres man-
mélange pour lui donner du corps. On obtient le bleu quent dans la casse ou qu’on est incertain sur un
de Prusse en précipitant du prussiate de potasse Jaune mot indéchiffrable : on appelle bloquer, disposer
(ferrocyanure de potassium) par une dissolution faite ainsi les lettres.
avec du sulfate de fer et de l’alun, et en lavant le pré- BLOCKHAUS (de Tall. block, bloc, tronc d’arbre,
cipité avec de l’eau jusqu’à ce qu’il ait acquis une et haus, maison), redoute détachée, fortin ordinaire-
belle couleur bleue. 11 s’emploie dans la fabrica- ment construit en bois, qui n’a pas d’issue apparente,
tion dos papiers peints, la peinture à l’huile, l’azu- et qui communique souterrainement à un ouvrage
rage des papiers, l’impression des indiennes et des principal dont il n’est que le poste avancé. Souvent
tissus de laine et de soie. 11 présente aussi de nom- aussi le blockaus n’est qu’une palanque à ciel ouvert,
breuses applications dans la teinture ; mais, dans ce à fossés, à meurtrières, quelquefois environnée d’une
cas, on le produit directement sur les tissus en mor- enceinte. Dans la guerre d'Afrique, on fait un grand
dançant ceux-ci dans un sel de fer, et les plongeant usage du blockhaus ; on en construit eu mâchicoulis,
ensuite dans un bain de prussiate de potasse. — La à un étage couvert, et sans fossé.
découverte du bleu de Prusse fut faite par hasard, en BLOeâ. En Géologie, on nomme ainsi des fragments
1710, par Diesbach, fabricant de couleurs de Berlin. de roche dont la grosseur est supérieure à celle de la
Dippel fit, à cette époque, les premières recherches tête, et peut même aller jusqu’à 1,000 m. cubes. Quand
sur ce composé, etWoodward décrivit le premier, en les fragments sont peu considérables , on les appelle
1724, le procédé depréparation, que l’on tenait secret ; cailloux et rognons. — On nomme blocs erratiques
c’est ce procédé qui est encore suivi aujourd’hui. des blocs de toute grosseur, ayant quelquefois plus de
BLEU DE THÉNARD. C’est du phosphate de cobalt 1,000 m. cubes, qui se trouvent répandus sur le sol,
mélangé avec de l’alumine. M. Thénard l’a proposé et qui n’ont souvent aucune analogie avec les espèces
en remplacement de l'outremer. de roches sur lesquelles ils gisent; de sorte qu’on ne
BLEU. Dans le Blanchissage , passer du linge au peut expliquer leur présence que par l’action de
bleu, c’est tremper du linge , après l’avoir blan- causes violentes qui les ont détachés des hautes mon-
chi, dans une eau imprégnée de bleu en liqueur. tagnes et transportés à de grandes distances : tels
Donner le bleu à une toile, c’est la faire passer dans sont les blocs erratiques du versant oriental du Jura,
une eau où l’on a fait dissoudre un peu d’amidon qui paraissent venir des Alpes, et ceux du Nord de
avec de l’émail ou azur de Hollande. — Dans l’art l’Europe, qui paraissent détachés des monts Durais.
culinaire, mettre un poisson au bleu, c’est le faire BLOCUS (du verbe bloquer ou de blockhaus), opé-
cuire à une sorte de court-bouillon avec des in- ration militaire qui consiste à occuper les avenues
, ,,

BOA — 190 — BOEU


d’une place, d’un port, soit pour empêcher les sorties, pereur, qui habile les parties humides des forêts de
soit pour réduire la place et l’obtenir par famine. — l’Amérique du Sud, notamment de la Guyane. Ce ser-
Les blocus au moyen des lignes fortifiées étaient fré- pent est quelquefois long de près de 10 m. et gros
quents chez les anciens; ils sont devenus plus rares comme le corps d’un homme ; il est brun sur le dos,
dans l’art militaire moderne. Cependant, on cite les jaune sur les flancs, avec de larges taches noirâtres,
blocus d’Ancône (1799), de Gènes (1800), de Pampe- et par-dessous pointillé sur un fond argenté ; il a le
lune (1813), qui tous ont duré près de 6 mois. corps couvert d’écailles en dessus , de plaques courtes
Dans le Droit maritime , les neutres ont généra- et serrées sous le ventre et sous la queue ; sa tête est
lement adopté le principe de ne reconnaître en état plate et petite , relativement à la longueur de son
de véritable blocus que les ports dont le blocus serait coi’ps , son cou grêle et son museau court et obtus ;

réel et non purement fictif ce principe a été con- sa bouche, largement fendue, peut, au moyen d’un
:

sacré par le Congrès de Paris le 30 mars 1866. os mastoide libre et d’un os intra-articulaii’e qui
On appelle blocus continental le système d’exclu- unissent la mâchoire inférieure au temporal, s’ou-
sion générale par lequel Napoléon voulait interdire vrir et se distendre démesurément. Cette faculté,
à l’Angleterre tout accès sur le continent européen ; jointe â celle de sécréter une espèce de bave gluante,
il fut décrété par l’Empereur le 21 novembre 1806. On permet au boa d’engloutir des animaux entiers , des
sait que l’exécution de ce système l’entraîna dans des agoutis, des gazelles, des chèvres même. Le boa vit
guerres continuelles qui finirent par amener sa ruine. dans le creux des vieux arbres , où il se tient dans
BLONDE, ouvrage semblable à la dentelle pour le une immobilité complète et roulé en spirale jusqu’à
travail, et qui n’en diffère que par la matière elle
: ce que la faim le fasse sortir; il se glisse alors dans
se fait généralement en soie blanche. Il existe aussi les roseaux, ou se suspend aux branches d’un arbre
des blondes noires. — La perfection des blondes ré- pour guetter les animaux dont il fait sa proie, se
sulte de leur finesse, de la régularité de leur texture, lance sur eux avec une violence extrême , les en-
et de la blancheur qu’on a su conserver à la soie. On lace de ses replis , les brise et les pétrit , pour ainsi
les blanchit difficilement. On a donné le nom de dire, dans ses anneaux vigoureux , et les réduit ainsi
blonde de fil à la mignonnette, sorte de dentelle faite en une masse informe qu’il engloutit dans son énorme
à fond clair, et ressemblant au fond de la blonde con- gueule. Le Boa étant dépourvu d’appareil mastica-
nue sous le nom de tulle. 11 y a aussi des blondes de teur, la digestion est lente et difficile; aussi, pendant
coton. — Les villes de France où l’on fabrique des tout le temps qu’elle s’opère, est-il dans un état d’en-
blondes de soie sont : Arras, Avesne, Bar-le-Duc, gourdissement qui permet de l’approcher sans dan-
Bayeui, Caen, Clermont en Auvergn^ Gisors, Lyon, ger ; il répand alors une odeur insupportable. La

Magny, Orléans, Paris, le Puy, Saint-Etienne, Tours, chair des Boas est, dit-on, comestible; leur graisse,
Vienne; les plus belles blondes se font à Chantilly. assez abondante , passe pour un excellent remède
On en fabrique aussi en Suisse, à Genève, en Hol- contre les meurtrissures. La ménagerie de Paris pos-
lande, en Saxe, à Milan. sède plusieurs boas, qui même ont pu s’y reproduire.
BLOUSE, espèce de sarrau de grosse toile, ayant — On a pensé que l’énorme serpent tué en Afrique
il peu près la forme d’une chemise
, que les chaire- par l’armée de Régulas aurait pu être un boa ce ne :

tiers, les paysans et les ouvriers portent par-dessus peut être qu’un Python Voy. ce mot) , dont la lon-
(

leurs autres vêtements. — La blouse n’est autre chose gueur parait avoir été exagérée par Pline.
(]ue le sayon des Gaulois; elle porte même encore ce ROCARD , machine servant à écraser, à pulvériser
nom dans le midi de la France. L’ancien sayon était de les substances qu’on soumet à son action, est parti-
laine ou de peau ; lablouse moderne est de toile, deco- culièrementemployée, dans les Mines,àbroyer le mi-
ton ou de laine. Sous l’Empire, la blouse fut adoptée nerai avant de le mettre au feu pour le fondre. Elle
en France pour la milice citoyenne et rurale et pour se compose de pilons armés, à leur extrémité infé-
les ouvriei-s dans les villes. C’est encore l’uniforme rieure ,
d’une masse de fer. On appelle l’opération
des gardes nationales dans beaucoup de campagnes. bocarder, bocardage. Voy. minekai.
On sait qu'on nomme aussi ô/ouse chaque trou des BOEUF (du latin bos, dérivé lui-même du grec
coins et des côtés d’un billard un billarda six blouses.
; bous ) , genre de « Quadrupèdes ruminants, à pieds
BLUET , plante des champs. Voy. bleuet. fourebus et à cornes creuses, qui se distinguent des
BLUTAGE, opération qui a pour but de nettoyer autres genres de cette famille tels que les chèvres
,

le grain et de débarrasser la farine, en la tamisant les moutons et les antilopes, par un eorps trapu
du son ainsi que des corps étrangers introduits par par des membres courts et robustes, par un eou garni
la mouture. On appelle blutoir ou bluteau l’instru- en dessous d’une peau lâche qu’on appelle fanon,
ment employé pour ce travail ; et on distingue le par des cornes qui se courbent d’abord en bas et en
bluteau à grain, espèce de crible, et le bluteau à dehors, et dont Taxe osseux est creux intérieurement,
arine, tamis très-fin , formé de toiles métalliques, et communique avec les sinus frontaux.» (Cuvier).
f.e blutoir est partagé en trois ou quatre divisions, Ce genre comprend un grand nombre d’espèces dont
selon l’espèce de farine qu’on veut obtenir. Ordinai- les principales, après le Bœuf domestique, sont la :

rement on emploie des blutoirs tournants; on a de- Buffe, le Bison, VAurochs, le Yack, le Zébu, etc.
puis imaginé de rendre le blutoir fixe , et d’établir boeuf domestique. Cette espèce , aujourd’hui ré-
dans son intérieur et sur son axe un système de bros- pandue en Europe, en Asie, en Afrique et même en
ses tournantes, qui , passant continuellement sur les Amérique, offre beaucoup de variétés son origine a
mailles du tamis , les empêchent de s’obstruer. — ;

été rapportée à l’Aurochs; mais elle est contestée.


Le bluteau a remplacé le tamis à la main , dont on On donne au mâle le nom de Taureau, quand il est
se sert encore dans beaucoup de localités, et qui lui- entier; au mâle qui a subi la castration , celui de
même a remplacé les paniers de jonc dont on se ser- Bœa/" proprement dit; à la femelle, celui de Vache;
»,ait dans les temps anciens. le Veau est un jeune taureau , la Genisse, une jeune
BOA (du nom que les anciens donnaient à une cou- vache. Le bœuf est un animal lourd , mais robuste ;
leuvre qui se glissait dans les troupeaux pour y sucer, il est naturellement doux, patient , et même suscep-

dit-on, le lait des vaches, boes, en grec), genre de Rep- tible d’attachement; mais quand il a été irrité et
tilesdel'ordredesOphidiens,qui n’a pointdecrochets qu’il est furieux, il devient redoutable; jamais il ne
venimeux, mais qui est cependant redoutable par recule devant le danger, il y donne tête baissée , et,
sa grande taille et sa force musculaire. On en trouve grâce aux cornes puissantes dont sa tête est armée,
plusieurs espèces répandues en Asie , en Afrique et il peut résister à toute espèce d’ennemi. Son cri est
en Amérique ; la plus célèbre est, sans contredit, le un mugissement grave, sourd et prolongé. Le pelage
B. constricteur, dit aussi B. devin, B. royal ou em- du bœuf est ordinairement rougeâtre ; souvent aussi
, , ,,

BOIS — 191 — BOIS


Ilest noir, blanc , ou mélangé de ces trois nuances ; colorées : elles constituent l’aubier. Considéré dans
sa taille moyenne est de 1™,30 , sa longueur de ses éléments constitutifs, le bois proprement dit se
2“ ,20 son poids de 5 à 600 kilogr. ; mais ces pro-
,
compose : 1° de tissu ligneux, système de vaisseaux
portions varient suivant la race, le climat, ou la superposés les uns aux autres et tellement adhérents
qualité des pâturages. Les pays qui sont renommés qu’ils semblent former des fibres continues; 2“ de uaiî-
pour produire les plus belles races sont : la Suisse seaux aériens ; 3» d’un tissu utriculaire. —
Dans les
la Normandie , l’Angleterre et la Hollande. Les ca- Monocotylédons, le Bois est sous la forme de fibres
ractères généraux auxquels on peut reconnaître un ou de faisceaux distincts et plongés au milieu d’un
bœuf de bonne qualité sont les suivants tête courte,
; tissu cellulaire qui forme la masse de la tige ; ces fi-
front large, oreilles grandes, velues et unies , yeux bres ligneuses sont d’autant plus abondantes et plus
gros et noirs, mufle gros et camus, naseaux bien ou- serrées les unes contre les autres qu’elles sont plus
verts, dents blanches , lèvres noires, cornes noires, éloignées du centre de la tige : c’est le contraire
cou charnu , épaules grosses , poitrine large , fanon dans les Dicotylédons.
pendant jusqu’aux genoux , reins larges , flancs étof- Le bois est pour l’homme une matière précieuse
fés, croupe épaisse, membres gros et bien musclés, qu’il emploie, suivant ses diverses qualités, à une in-
dos droit, queue pendante et bien garnie de poils, finité d’usages : les uns sont plus durs et plus denses,
pieds fermes, jaunes et bleuâtres, cuir épais etsouple, et ce sont d’ordinaire ceux dont la croissance est plus
poil doux, soyeux et frisé sur le front. Quant à la cou- lente; les autres s’altèrent plus lentement à l’air ou
leur on n’est pas d’accord sur celle qu’il faut préférer. dans l’eau; d’autres se distinguent par leur ténacité,
— Le bœuf vit communément de 14 à 15 ans; vers leurs veines colorées, leurs propriétés tinctoriales,
3 ans , on le dresse au labour ou à porter le harnais ; médicales, etc. De là plusieurs grandes classes ;
de 5 cà 10 , il atteint sa plus grande force , et rend à 1®. Bois de chauffage. Les essences les plus dures et
l’homme les plus grands services ; à 12 ans, il quitte la les plus pesantes
,
telles que le chêne , le hêtre , le
charrue pour passer à l’engraissement, et de là à la charme, etc., sont les meilleures; les bois blancs, qui
boucherie. Après sa mort, rien n’est perdu dans ce donnent en brûlant beaucoup de flamme, sont recher-
précieux animal ; sa chair fournit à l’homme le meil- chés pour le chauffage des fours. On distingue, parmi
leur et le plus substantiel des aliments; sa peau, tan- les bois à brûler :le B. neuf, qui vient par bateaux
née, corroyée, chamoisée, sert à fabriquer des chaus- ou charrois; le B. flotté, qui arrive par trains et
sures, des harnais, etc.; de sa graisse on fait du suif, séjourne longtemps dans l’eau; le B. gravier ou'demi-
de la pommade, de l’huile dite de pied de bœuf; de flotté; le B. pelard, chêne dont on a enlevé l’écorce
son poil, de la bourre pour les tapissiers, les sel- pour faire du tan; le brigot, composé uniquement de
liers, etc. ; de ses cornes, des peignes, des boutons, des pieds de bouleau et de branches de vieux chêne. Au
tabatières ; de ses os, des ouvrages au tour, de la gé- bois de chauffage se rattache le charbon ou bois car-
latine, du noir animal ; de ses nerfs ou tendons, des bonisé pour l’usage domestique Le bois à brûler se
cravaches ; de ses intestins, des enveloppes pour les vend soit à la mesure (jadis à la corde et à la voie,
saucissons, de la baudruche, etc.; le sang sert pour le aujourd'hui au stère) , soit au poids : cette 2® ma-
raffinage du sucre et la fabrication du bleu de Prusse; nière, introduite depuis peu d’années, expose moins
le fiel, pour le dégraissage et la peinture; les issues, l’acheteur à être trompé. Le commerce du bois est
pour la colle de peau, etc. — Dès la plus haute anti- soumis à des règlements particuliers; on les trouvera
quité , l’utilité du bœuf a été reconnue : les Égyp- dansle Manuel dumarchand de bois de Marié de Lisle.
tiens l’ont consacrée en rendant un culte public au 2®. Bois de construction. Le chêne, l’orme, lehêtre,
bœuf Apis. Cet animal apparait dans toutes les céré- le charme, le châtaignier, le cèdre, le pin , le sapin
monies religieuses de l’Antiquité, soit comme objet et le mélèze sont les plus propres à la grande char-
d’adoration, soit comme victime immolée à la Divi- pente; le chêne et l’aune pour les ouvrages de jji/otep'e;
nité. La cérémonie du Bœuf Gras, qui subsiste encore les grands pins du Nord pour la mâture des vaisseaux ;
parmi nous, est un reste de ces anciennes coutumes. le bois de tek pour la construction de la coque.
BOEUF A BOSSE. Voy. zÉBu; — d’amérique. Voy. 3®. Bois de travail. Ce sont : pour le charronnage,
bison; — MUSQUÉ. Voy. ovibos. l’orme, le frêne, l’érable, le charme, le hêtre, l’acacia ;
BOEUF MARIN OU DE MER, nom de l’hippopotame, pour la menuiserie, le noyer, le tilleul, le cerisier, le
du lamantin et de plusieurs phoques. Voy. ces mots. merisier, les bois blancs ; pour l’ébénisterie, l’acajou,
BOGUE (le bôx ou le boôps d’Aristote) , genre de le palissandre , le bois de rose , le bois de citron
poissons de la famille des Sparoides, que l’on pêche l’ébène, et en général les bois durs, veinés, suscepti-
sur les côtes de la Méditerranée. Sa chair est délicate bles d’un beau poli et offrant des reflets variés ; les
et très-recherchée par les Provençaux. bois à grain fin, tels que le buis, le chêne vert, le
BOIARD ou BOYARD, titre que portent les grands cytise , sont recherchés pour le tour et les manches
feudataires et les nobles en Russie, en Valachie , en d’outils; les jeunes bois de châtaignier, de noisetier,
Transylvanie. V. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. dits B. feuil lards, pour les cercles et les lattes.
BOIS (en latin, lignum). On entend vulgairement 4®. Bois colorants ou de teinture. On comprend
parce nom la substance compacte et solide qui com- dans cette classe tous les bois employés en teinture
pose la racine, la tige et les branches des arbres et tels que les bois du Brésil, de Campêche, le santal,
des arbrisseaux. Les Botanistes le donnent plus spé- le bois jaune, le sumac fustet, etc.; on peut y rat-
cialement à la partie dure et fibreuse qu’on trouve tacher les bois dont l’écorce sert de tan le chêne
immédiatement sous l’écorce. — Dans les Dicotylé- rouge, le peuplier, le bouleau.
dons, c.-à-d. dans presque tous les arbres de nos cli- 5®. Bois résineux, provenant de tous les arbres qui
mats , le Bois se présente sous la forme de couches fournissent non -seulement de la résine, comme le
concentriques de densité et d’épaisseur variables , et pin, mais aussi de la gomme, du vernis, du baume,
dont le nombre représente l’âge de la tige ; au cen- des parfums , etc.
tre se trouve le canal médullaire d’où partent en 6® Bois médicinaux ou sudorifiques : le gaïae,
, ,
divergeant vers la circonférence, des lignes droites le sassafras, la squine et la salsepareille, etc.
appelées rayons médullaires, qui coupent les couches Outre tant d’emplois variés, l’industrie moderne
concentriques et font communiquer la moelle inté- tire encore du bois, par la distillation, de l’acide acé-
rieure avec le tissu cellulaire de l’écorce. Les couches tique, ainsi qu’une huile propre à l’éclairage et à la
intérieures, qui sont les plus anciennes , sont aussi peinture ; on peut même en extraire des substances
les plus dures : elles forment le cœur du bois ou bois alimentaires , notamment du sucre.
proprement dit ; les couches extérieures, qui sont On a appliqué le nom de Bois à un grand nombre
de formation plus récente, sont plus tendres et moins d’arbres en l’accompagnantd’une épithète empruntée
, , —
, , , , . ,

BOIS — 192 BOIS


soit au pays d’où ils yiennent, soit à leur forme ex- meubles; —
B. saint, le Gayac; —
B. de Ste-Lucie, le
térieure, à la qualité qu’on ieur attribue,ou à l’usage Cerisi er Mahaleb, bois odorant qu’on travaille au tour,
qu’on en fait. Voici ies principaux : particulièrement en Lorraine, au village de Ste-Lucie,
B. d‘ Absinthe [Voy. dois amer); —
B. d’ Acajou, d’où son nom; —
B. satiné, provenant du Ferolia,
le Cédrel odorant et le Mahogoni , qui fournit l'aca- arbre de Cayenne on en connaît trois sortes, le
;

jou à meubles [Voy. acajou); —


B. d’ Aigle ou B. rouge , le veiné et le paillé ; c’est un des plus beaux
d’Aloès, l’Aquilaire ; —
B. à Aiguilles, arbres rési- bois de marqueterie sa couleur, ondoyante comme
;

neux de la famille des Abiétinées, dont les feuilles, le satin, change suivant le degré d’inclinaison de la
quelquefois très-longues, sont eflilées comme des ai- surface; —
B. de senteur, \oRuizia variabilis, qui
guilles; — B. d’ Amarante, bois de marqueterie, est bleu, et le Ruizia cordata, qui est blanc; —
provenant du Mahogoni des Antilles; —
B. amer, la B. de Spa, bois blancs préparés à Spa, dont on fait
Cassie, le Simarouba,etc.; —
B. d' Amourette, l’Aca- des écrans, des coffres, des étuis, qu’on recouvre de
cia à petites feuilles et l’Acacia à feuilles de tamari- peintures et de vernis. —
B. trompette, .la Cécropie.
nier; — B. d’Anis, l’Avocatier, la Badiane étoilée, BOIS, en latin silva, réunion, dans un même es-
le Limonellierde Madagascar, qui exhalent une odeur pace de terrain, d’arbres et d’arbrisseaux plantés na-
d’anis; — B. d’Anisette, le Piper Aduncum, espèce turellement ou artificiellement. Lorsque l’étendue
de poivre en arbre ; —
B. bénit, le Buis ; B. blancs, — qu’ils occupent devient considérable , le bois prend
les arbres à bois tendre, peu coloré, comme le Trem- le nom de Forêt. On distingue les bois taillis, dont
ble, le Peuplier, le Bouleau, le Saule, le Tilleul, etc.; les arbres n’ont pas encore 40 ans; de demi- futaie,
— B. Bouton, le Ccphalantlius; —
B. de Brésil de 40 à 60; de jeune futaie, de 60 à 100, et de
ou Brésillet, B. de Fernambouc, B. d’Inde, prove- haute futaie , qui dépassent cet âge. Voy. forêt.
nant du Cæsalpiniu echinata,.d.rhre du Brésil, de la En Zoologie, on donne le nom de bois à ces
famille des Légumineuses, pesant, dur, compacte et espèces de cornes rameuses qui parent la tête du
d’un rouge brunâtre on l’empioie pour teindre en
: cerf, du renne, du daim et de l’élan. Elles se distin-
rouge pourpre; il j)asse aussi pour astringent; B. — guent des cornes proprement dites en ce qu’elles
de Campéche provenant de [’Hœmatoxylum cam- sont partagées en plusieurs branches, revêtues d’une
pechianum grand arbre de la famille des Légumi- écorce dans le temps de leur accroissement, solides
neuses , qui croît dans la baie de Campéche , au dans toute leur épaisseur^ et en tout semblables à
Mexique, et dans les Antilles on l’apporte en grosses
: une production végétale. C’est à la fois un ornement
bûches, d’un brun noirâtre extérieurement, d’un et une arme défensive. Les mâles seuls en sont pour-
rouge foncé à l’intérieur, d’une odeur agréable; il vus, et ils le voient tomber tous les ans à l’époque
sert pour la teinture en noir et en violet ; on l’em- du rut pour repousser au printemps suivant. Chaque
ploie aussi en médecine comme astringent; les mar- année un rameau nouveau s’ajoute aux rameaux exi-
chands de vin s’en servent pour sophistiquer leurs stants en termes de Vénerie, on appelle undouiller

:

vins; B. de Cannelle, le Canneîlier, le Laurier chacun de ces rameaux. —


Le bois de cerf est un
blanc de l’ile Maurice, etc.; B. Canon, leCecropia; objet de commerce; on le travaille comme l’os et
— B. de Chandelles, leBalsamier élémifère,le Dra- l’ivoire; on en fait des manches de couteaux, des
gonier à feuilles réfléchies, et plusieurs arbres rési- tuyaux de pipe, des pommes de canne, etc. 11 entre
neux qu’on nomme aussi B. à flambeau ; B. de Ci- — aussi dans plusieurs préparations pharmaceutiques
tron, le Citronnier, beau bois Jaune, dont on fait de sous le nom de corne de cerf. Voy. ce mot.
la marqueterie; —
B. à Coton, le Peuplier de Vir- BOISSEAU (de èoïv), ancienne mesure de capacité
ginie et les autres arbres, dont les graines sont sur- pour les choses sèclies , de forme cylindrique, faite
montées d’une touffe de poils blancs et soyeux, ana- d’une éclisse ou feuille de bois courbée sur elle-même,
logues au coton ; —
B. de Couleuvre, l’Üphiose, le était le 12® du setier, et se divisait en 16 litrons. Sa
Draconte, le Nerprun ferrugineux, etc., qui passent capacité variait selon les localités le boisseau de
:

pour spécifiques contre la morsure des serpents; — Paris ,


plus de celui qui avait
qui se rapprochait le
B. de Crocodile, la Clutie musquée, dont l’odeur été établi par Charlemagne pour tout son empire
ressemble à celle du crocodile; —
B. Cuir, le Uirca; contenait environ 20 livres ou 10 kil. de blé, et équi-
— B. de Damier, le Badamier; —
B. à enivrer, le valait a 13 lit., 01. Il devait avoir, aux termes d’une
Tithymale arborescent, le Galéga soyeux, la Coque ordonnance de 1670 , 8 pouces 2 lignes et demi de
du Levant, etc.; —
B. de Fer, bois exotiques, à hauteur sur 10 pouces de diamètre.
libre très-dure, qui rendent un son métallique quand-
BOISSEAUX DE FARIS RÉDUITS EN LITRES.
on les frappe tels que le Sideroxylon cinereum
;

le Fagarier de la Jamaïque [Fugara pterola) le Nagas


BOISSEAUX. LITRES. BOISSEAUX. LITRES.
de Ceylan (Mesua ferrea) , etc.; ils sont noirs, bruns,
ou veinés ; on en fait des armes, des cannes , des ou-
vrages de tour, etc.; —
B. de Fièvre, tous les Quin- 1 13,01 7 91,06
quinas et le Millepertuis en arbre; —
B. Gentil, !e 2 26,02 8 104,07
Daphné; — B. d’ Inde [Voy. bois de Brésil) ; B. — 3 39,02 9
10
117,07
jaune, boisde cette couleur (le Laurier de la Jamaï- 4 52,03 130,08
que , le Bignone à ébène, le Tulipier, le Sumac fus- 5 65,04 11 143,09
tet, etc.) , qu’on emploie dans la teinture et l’ébé- 6 78,05 12 156,10
nisterie; — B. à Lardoire l’Évonymus; B. de — Aujourd’hui on donne encore communément le
Mai, l’Aubépine commune; —
B. de Perpignan, les nom de boisseau à la 8® partie d’un hectolitre; ce
rejetons du Micocoulier, dont on fait des fouets de co- boisseau métrique est un vase de bois cylindrique
cher; — B. à Poudre, le Nerprun bourdaine, dont on ayant 25centiin. de haut etaulant de diamètre.
se sert dans la fabrication de la poudre; B. Puant, — BOISSELLERIE (de boisseau) Ce genre de com-
l’Anagyris et le Quassia fœtida; —
B. punais le merce, qui tient à la vannerie et à la tonnellerie,
Cornouiller sanguin; —
B. de Rose, de Rhodes comprend une foule de menus ouvrages en bois, tels
ou de Chypre, diverses espèces de Balsamier, de que boisseaux, litres et autres mesures de capacité,
Sébestier, de Liserons [Convolvulus) des Canaries, seaux, soufflets, tam is, crililcs, caisses de tambour, etc.
qui exhalent une odeur de rose fort agréable et qu’on — La Boissellerie se fabrique, en France, dans les
emploie en parfumerie et comme poudre steruuta- forêts de St-Gobain , de Coucy près de Laon, à Vil-
toire ; et plusieurs arbres exotiques des Antilles et de lers-Cotterets, à Troyes, à Calais , à Fréjus, dans les
la Chine, dont le bois, d’un rouge noirâtre, est rayé Hautes-Alpes, etc. Les mesures en bois ne doivent
de belles veines d’un noir brillant : on en fait des être faites qu’en chêne.

BOLÉ — 19â — BOMB
BOISSONS. Au point de vue de leur composition, par un rhythme particulier, à trois temps , et s’écrit
on peut les diviser en 4classes B. aqueuse, l'eau dont
: presque toujours dans le mode mineur ; il s’accom-
les effets varient selon qu’elle est plus ou moins aérée, pagne volontiers de la guitare ou d’un pizzicato,
plus ou moins pure, ou chargée de sels calcaires, ma- analogue d’instruments à cordes : c’est une espèce
gnésiens, alumineux, ou mélangée à d'autres sub- de séguedille {Voy. ce mot).
stances, comme le sucre, les divers mucilages ; B. aci- BOLET (du çrecbolitès, en latin boletm), genre
dulés, eau acidulée par quelque acide : la limonade, de la famille des Champignons, tribu des Basidiospo-
l'orangeade; l’eau vineuse ou rougie, l'oxycrat, l’eau rés, a pour caractère un chapeau conique, lisse en
aiguisée par une petite quantité de vinaigre , d’eau- dessus, sinué et rempli en dessous de tubes ou cavités
de-vie; l’eau tenant en dissolution une faible dose plus ou moins profondes, non percé au sommet , et
d’éther ; le lait de coco frais, les sirops étendus d’eau, port-é sur un pédoncule ordinairement plein et quel-
le petit-lait, le soda-water, l’eau de Seltz, etc.; B. quefois renflé en bulbe à sa base. C’est le genre Aga-
ferrnenlées, provenant de matières végétales qu’on a ricus des anciens, et ce nom lui est resté pour les es-
fait fermenter; tels sont : le vin, la bière, le cidre, pèces officinales. — Le genre Bolet renferme uno
le poiré, le cormé, l’hydromel, le pulque ou poulcre, vingtaine d’espèces, dont la plupart ne sont pas vé-
le vin du palmier vinifère, la sapinette, etc.; B. spi- néneuses, et dont quelques-unes sont comestibles :
7'i tueuses ou alcooliques, dont l’alcool est le véhicule
;
on trouve ces dernières en France (surtout dans le
tels sont : l’alcool , 1 eau-de-vie , le taCa ou rhum, le Midi et dans l’Ouest ) et en Italie ; on leur donne
rack ou arack, le kirschwasser, le marasquin, le per- souvent le nom de cepe ou ceps, à cause de la forme
sicot, l’opium, etc.; B. aromatiques, qui se préparent de leur pédoncule qui est renflé comme un oignon
par infusion , décoction ou mélange ; tels sont le : (en latin cœpe). Nous citerons 1 “ le B. bronzé ou
:

café, le thé et les diverses infusions théiformes, etc. ceps noir, rare aux environs de Paris chapeau brun
:

Au point de vue de leurs effets, on les divise en désal- foncé, tubes courts et jaunâtres, pédoncule veiné; le
térantes, telles sont les boissons aqueuses, acidulés, B. comestible ou ceps ordinaire, très-commun dans
alcalines; excitantes et toniques, telles sont les bois- les bois chapeau fauve, tubes longs et jaunâtres,
:

sons fermentées, alcooliques et aromatiques on sait


: pédoncule veiné ; le B. orangé ou gyrole rouge ,
quels déplorables effets produit l’abus des boissons al- d’un beau rouge orangé; le B. rude, assez sembla-
cooliques ; c’est surtout en Angleterre qu’ils ont été ble au précédent, pédoncule mince et cylindrique,
portés au plus haut degré. 11 s’est établi dans ce pays hérissé de petits points noirs; 2® le B. du mélèze ou
des Sociétés de tempérance x>o\iv combattre cet abus. Agaric blanc, l’agaric des anciens, excroissance ana-
Les boissons fermentées ont été , dans presque tous logue aux champignons qu’on trouve sur le tronc du
les pays, soumises à des impôts spéciaux connus sous pin larix on l’emploie en médecine comme éméti-
:

les noms d’accise, aides , droits réunis, contribu- que et comme drastique; il entre dans la teinture
tions indirectes {Voy. ces mots). En France, ces d’aloès dite élixir de longue vie; le B. amadouvier,
boissons sont assujetties à une foule de droits divers : agaric de chêne ou agaric proprement dit, qui se
droits de fabrication, d’entrée, de circulation, de trouve sur le chêne , le hêtre , le tilleul , le bou-
débit, qui ont donné lieu, de tout temps, aux plus leau, etc.; on en fait l’amadou (Foy. ce mot) ; les chi-
vives réclamations. Une enquête a été faite en 1850 et rurgiens l’emploient pour arrêter les hémorragies.
1851 par une commission de l’Assemblée nationale Voy. AGARIC et CHAMPIGNONS.
pour préparer la réforme de ces impôts ; le résultat Bolide (du grec boUs, tdos, trait, projectile), sorte
en a été publié en 1851. M. Ch. Villedeuil a donné de météores qui tombent du sein de l’espace sur la
une Histoire deV impôt des boissons. Par. ,1851, in-8. terre avec une grande vitesse, sont plus connus sous
BOITE A SAVONNETTE. Voy. PYXIDE. les noms d’aérolithes et d 'étoiles filantes. V. ces mots.
BOL (du grec bolos, morceau ou bouchée), petite BOMBACÉES , famille de plantes Dicotylédones ,
motte de terre argileuse, douce au toucher, blanche détachée des Malvacées , renferme des arbres gigan-
ou rouge, à laquelle les anciens attribuaient des pro- tesques, à feuilles le plus souvent composées ou pal-
priétés médicamenteuses que l’expérience n’a point mées, à fleurs ordinairement régulières et réunies
confirmées; on lui donnait des formes particulières, en grappes ou en panicules. Le calice a 5 divisions,
et on lui imprimait un cachet, d’où le nom de terre la corolle 5 pétales, les étamines sont au nombre de
sigillée. Tels étaient le bol d’Arménie et la terre 5 et l’ovaire est divisé en 5 loges. Le fruit est le plus
de Lemnos {
Voy. ce mot). —Le B. d’Arménie ou souvent pulpeux et indéhiscent. Toutes ces plantes
B. oriental, qu’on tirait de Perse et d’Arménie, était habitent les régions tropicales. Les principaux genres
en masses compactes, d’un rouge vif, dû à de l’oxyde sont le genre Fromager (le Bombax des Botanistes)
de fer : il était estimé comme astringent et hémosta- et le Baobab. Voy. ces mots,
tique. Pline en traite sous le nom de sinopica BOMBARDE (de bombe). Originairement, ce nom,
(liv. XXXV, c. 6). Boërhaave administrait ces bols dans synonyme de catapulte, désignait de grands instru-
les fièvres malignes et les maladies pestilentielles. ments dont on se servait pour lancer des projectiles,
Les Pharmaciens désignent sous le nom de bols quel que fût d’ailleurs le système qui les mît enjeu.
des médicaments qui ne diffèrent des pilules que Plus tard, il fut spécialement appliqué à de grosses
par leur volume plus considérable. Souvent on leur et courtes bouches à feu, à tir courbe, en fer forgé,
donne la forme d’une olive , pour que les malades supportées par des grues ou des charpentes, et desti-
puissent les avaler plus facilement : tel est le bolus ad nées à lancer d’énormes pierres contre les remparts
quartanam, employé contre la fièvre quarte, et qui ou les murailles; ces machines étaient servies par des
se compose d’un mélange de quinquina, d’émétique Bombardiers. Il y avait aussi des bombardes allon-
et de carbonate de potasse. gées qu’on nommait fauconneaux, dragons volants,
Les Physiologistes appellent bol alimentaire la scorpions, serpoitines. On employaitsurtout les bom-
masse que forment les aliments après avoir été sou- bardes comme moyens offensifs. Ces machines lourdes
mis à la mastication et à l’insalivation. La langue se et colossales avaient l’inconvénient d’être fort diffi-
dirige dans toutes les parties de la bouche, rassem- ciles à transporter et crevaient souvent ; on les a aban-
ble les parcelles alimentaires en un seul bol qui est données et on les a remplacées par les mortiers.
poussé dans le pharynx et l’œsophage par le méca- Dans la Marine, on nomme bombarde \m bâtiment
nisme de la déglutition. à fond plat doublé en forts bordages croisés diagona-
BOLAIRES (terres). Voy. bol. lement, et destiné â recevoir un ou plusieurs mortiers
BOLERO (de Boléro, danseur espagnol), mot es- pour lancer des bombes sur une place forte ou sur une
pagnol qui s’applique à des airs de chant et de dansa flotte. Les premières bombardes, dites galiotes à
fort répandus en Espagne. Le boléro est caractérisé bombes, furent construites sous Louis XIV par Bern,
15
, , ,

BOMB — 194 — BONG


Renau d’Éliçagaray Duquesne en fît le premier essai
;
Hyménoptères, a pour type le genre Bourdon (en
au bombardement d’Alger en 1 682. Depuis, on a consi- latin Bombns). Voy. bourdon et mellifères.
dérablementsimplifié l’armement desbombardes, qui, BOMBYLE, Bombylius (du grec bombylè, sorte d’a-
dans l'origine, était très-difficile et très-dispendieux. beille), genred’insectesDiptères, famille des Tanysto-
On donne quelquefois, mais par abus de mot, le mes, renferme une quarantaine d’espèces. Les bom-
nom de bombardes à de petits bâtiments marchands byles ont le corps ramassé , large couvert de poils
,
de la Méditerranée ayant un grand mât à pible qui denses, la tête petite, arrondie, armée d’une longue
porte des voiles carrées , et un mât d’artimon, quel- trompe et de palpes cylindriques, le corselet élevé, les
quefois avec une voile latine. pattes longues, les ailes grandes, étendues horizonta-
On nommait aussi bombarde une espèce de haut- lement, le vol extrêmement rapide. Ds sont plus com-
bois, usi té aux XVI» et xvii® siècles, et qui se ouait avec
j
muns et plus grands dans le Midi que dans le Nord.
une anche. BOMBYX (du grec bombyx, ver à soie), genre de
BOMBARDEMENT, pluie de bombes, obus, bou- Lépidoptères nocturnes, établi par Linné et adopté
lets rouges et autres projectiles incendiaires. On re- par tous les auteurs, avait pour type le ver à soie;
court à ce moyen soit contre les places fortes, pour mais il a été tellement réduit par des retranche-
les détruire, soit contre des villes entières, pour en ments successifs que les caractères qu’on lui assi-
châtier les habitants; dans le l»r cas, il est de peu gnait d’abord ne peuvent plus lui convenir le Bom-
:

d’effet, parce que la garnison évite le danger en sa byx par excellence (celui du mûrier ou ver à soie )
couvrant de blindages ou en se retirant dans les case- qui aurait dû y rester comme type, n'en fait même
mates; dansle2« cas, il est barbare parce qu’il frappe plus partie. Le genre Bombyx se réduit en Europe à
sur des non-combattants. Les principaux bombarde- cinq espèces le B. du chêne (vulgairement Minime
:

ments dont l’histoire a conservé le souvenir sont ceux à bandes), brun avec une bande jaune, et remar-
d’Alger en 1682 et 1683 par Duquesne; de Gènes, en quable par la finesse de son odorat; le B. de la
1684; de Tripoli, en 1685; de Barcelone, en 1691; ronce, le B. du trèfle, le B. du spart et le B. bor-

de Bruxelles, en 1694 ; de Prague, en 1759 ; de Bréda, gne. Le Bombyx cynthia, qui vit sur le ricin, don ne,
Lille, Lyon, Maestricht, Mayence, en 1793; deMenin, dit-on, une très-bonne soie. — Foy. ver a soie.
Valenciennes, Le Quesnoy, Ostende, en 1794; de BON. En Comptabilité, on appelle ainsi tout ordre,
Copenhague par les Anglais, en 1807 ; de Saragosse, toute autorisation par écrit adressée à un caissier,
en 1808 ; d'Anvers, en 1832 ; de St-Jean-d’Ulloa, en à un correspondant, à un fournisseur, de payer ou
1838; de Mogador, en 1844; de Salé, en 1851. de livrer pour le compte de celui qui a signé le bon
BOMBARDIERS. Ce mot, qui signifiait d’abord les et qui en avait le droit. Voy. bons du trésor.
militaires chargés de manœuvrer la bombarde, a BONACE (de l’italien bonaccia), calme de la mer,
désigné depuis ceux qui manœuvrent le mortier. se dit surtout d’un temps d’arrêt dans un mauvais
Louvois créa en 1671 deux compagnies de Bombar- temps ; c’est souvent l’annonce d’une grande
tempête.
diers; leur nombre fut augmenté depuis, et ils for- BONAPARTEA, genre de Broméliacées de l’Amé-
mèrent un régiment; ils furent réunis en 1720 à rique mérid. La B. juncea donne de belles fleurs
l’artillerie. Cependant, le nom est resté : dans les jaunes en spirale autour d’une hampe de 3 à 4 m.
batteries de mortiers on distingue encore aujourd’hui BON-CHRETlEN , sorte de poire dont il y a deux
les artilleurs en bombardiers et en servants. espèces. Tune d’été, l’autre d’hiver. On cueille cette
BOMBASINE (de bombyx, ver à soie), nom créé dernière en novembre, et on la conserve pour en
récemment pour certaines étofl’es nouvelles de divers faire des compotes. Elle a été apportée d’Italie en
tissus en soie en coton ou même en laine que Ton France, sous le règne de Louis XI, par S. François de
, ,
emploie pour châles, vêtements d’homme ou robes Paule, qu’on appelait le bon chrétien par excellence.
de femme. La bombasine ne diffère guère que par BONDREE, Pernis, oiseau de proie appartenant
le nom de Yalépine. Ce genre de fabrication nous a au genre Milan, de la tribu des Faucons, distingué à
été apporté de Milan. ses tarses courts , robustes , réticulés , aux plumes
BOMBAX, nom botanique du Fromager. V. ce mot. écailleuses qui recouvrent l’espace situé entre la com-
BOMBE (onomatopée qui rappelle le bruit que la missure de son bec et Tœil. On n’en trouve qu’une
bombe fait en éclatant), globe de fer creux rempli seule espèce en Europe : la B. commune ( Falco api-
de poudre, qu’on lance avec un mortier, et qui éclate vorus) qui se tient ordinairement sur les arbres en
ensuite au moyen d’une fusée. La bombe est percée plaine pour épier les mulots, grenouilles, lézards, ainsi
d’un trou conique appelé œil oo. goulot; on y place la que les abeilles et autres insectes dont elle fait sa nour-
fusée qui est remplie d’une composition assez lente â riture ; cet oiseau court facilement et ne vole guère
brûler pour donner à la bombe le temps d’arriver à sa que de buisson en buisson ; son plumage est mêlé de
destination avant d’éclater. De chaque côté de Tœil se brun et de blanc-jaunâtre ; sa longueur est de 65 cen-
trouvent deux anses ou mentonnets qui aident à timètres environ. On n’a encore bien constaté qu’une
mettre la bombe dans le mortier ; à la partie opposée seconde espèce de ce genre, la B. huppée de Java.
à Tœil, et dite culot, il y a une sur-épaisseur qui em- BONDüC , dit aussi Chicot du Canada, arbre du
pêche la bomhe de tomber sur la fusée. Les bombes Canada, espèce du genre Guilandine, de la famille
ont 12 pouces, 10 pouces ou 8 pouces de diamètre des Papilionacée.: césalpiniées; son tronc s’élève à
(32, 27 on 21 centim.) , et pèsent environ 70, 50 ou 20 mètres, ses feunies bipennees atteignent 1 mètre.
20 kil. M. Paixhansen a fait de 500kil.,qui ont servi 11 se multiplie par graines et par racines, et réussit
au siège d’Anvers en 1832. On varie la charge suivant très-bien en Europe ; on le cultive à cause de sou
l’effet auquel on les destine dans tous les cas, la courbe bois qui est propre à plusieurs arts, mais surtout à
;
qu’elles décrivent est une parabole. — On appelle cause de son fruit qui fournit une huile inodore, in-
bombe lumineusexyo mobile inflammable rempli d’ar- altérable, et que Ton met à profit pour conserver
tifice qu’on lance dans le but de produire une vive Taroraedes parfums: onle nomme vulg. Œil déchut.

lumière autour des forteresses. On attribue l’inven- BONGARE,Borayaras, genre de serpentsvetùnenx
tion de la bombe à Malatesta, prince deRimini,mort de Tordre des Ophidiens, qu’on a longtemps confondu
en 1457 ; cependant, suivant quelques auteurs, les avec les boas (d’où le nom de pseudo-boas) , a pour
Vénitiens en auraient fait usage dès l’anl376 au siège caractères tête courte et couverte de grandesplaques,
:

de Jadra. On ne voit paraître les bombes en France occiput plus renflé , dos comprimé en carène ; pas
qu’en 1521, au siège de Mézières; elles furent perfec- de crochets mobiles, mais les premières maxillaires
tionnées en 1588, pendant les guerres de Flandre. antérieures fort grandes et communiquant avec une
BOMBlTES(du grec bombètès bourdonnant), glande venimeuse. On en distingue 3 espèces ’.leB.à
groupe de la famille des Mellifères, de Tordre des anneaux, qui dépasse 2 m., le B, bleu, toutes deux
, , , ,

BONN — 195 — BORA


communes dans le Bengale, et le B. à demi-bandes sert, en l’agitant, pour accompagner la musique mi-
de nie de Jaya. litaire. Eu 1822,1e Bonnet chinois avait été introduit

BON-HENRI, Chenopodium bonus henricus, nom d’abord dans la musique de l’infanterie de la garde
vulgaire d’une espèce du genre Anserine (en latin royale; il a tout à fait disparu de la musique militaire.
chenopodium], qui croit sur les montagnes et autour BONNETERIE (de bonnet), industrie qui s’occupa
des maisons, et que l’on mange comme les épinards. de la confection et de la vente de tous les articles fa-
BONHEUR. Les Philosophes se sont partagés sur briqués soit avec l’aiguille à tricoter, soit au métier à
la déflnition du Bonheur, sur les moyens de l’obte- bas, tels que bonnets, bas, camisoles, gilets, pan-
nir. Les uns le placent, comme les Épicuriens, dans talons, gant», mitaines, filets, etc. Ces objets se fai-
la jouissance de tous les plaisirs ; les autres, avec les saient autrefois à la main ; ils se font tous aujour-
Stoïciens, dans l’accomplissement de tous les de- d’hui au moyen d’un seul et même métier, le métier
voirs; d’autres, avec Platon, Aristote et la plupart à tricoter. — La bonneterie a pris un grand déve-
des moralistes, dans la conciliation de ces deux grands loppement en France : les principales fabriques sont
buts de la vie humaine, le plaisir et la vertu, dans à Paris et dans les départements de l’Aube, du Calva-
la jouissance de tous les biens (santé, aisance, plai- dos , de la Somme , du Gard. L’Angleterre , l’Italie
sirs des sens, de l’esprit et du cœur) et dans l’accom- l’Égypte, nous opposent une redoutable concurrence.
plissement de tous les devoirs. - -Le Christianisme On fabrique à. Tunis des bonnets d’une espèce parti-
est venu compléter cette solution et lever les contra- culière, dits casquets ou gasquets. —On trouvera
dictions qu’elle présente ici-bas, où trop souvent le d’intéressants détails sur cette industrie dans le Ma-
bonheur et la vertu sont en lutte, en faisant de cette nuel du bonnetier de MM. Leblanc et Préaux-Caltot.
vie un temps d’épreuve, et en plaçant le vrai bon- BONNETTE, voile supplémentaire que l’on étend
heur dans une autre vie. — La question du bonheur, sur un bout-dehors , dans prolongement du plan
le
qui se confond avec celle du souverain bien , a été d’une voile principale, dont on augmente ainsi l’é-
traitée par tous les moralistes, notamment par Ari- tendue. Les bonnettes maillées sont des bandes de
stote, dans sa. Morale; par Cicéron, De finibus bo- toile qu’on lace avec le bord inférieur des basses voi-
norum et malorum; par Sénèque, De vita beata, etc. les pour profiter du vent qui s’échappe par-dessous.
Les meilleurs traités sur ce sujet ont été réunis dans Les bonnettes prennent le nom de la voile près de
le Temple duBonheur (Bouillon, 1770, 4 vol. in-12). laquelle on les attache; on nomme B. basses ceUes
M. Droz a publié un Essai sur l’Art d’être heureux, qui se placent à côté des basses voiles.
et M. B. Delessert, le Guide du Bonheur. V. bien, Dans la Fortification , on appelle bonnette un ou-
BON-HOMME, Verbascum thapsus, nom' vulgaire vrage composé de deux faces qui forment un angle
d’une espèce de plante du genre Molène, appelée saillant avec parapet et palissade au devant.
aussi Bouillon-Blanc. Voy. ce mot. BONS DD TRÉSOR , dits d’abord Bons royaux. Par
BON-HOMME-MISilRE, nom vulgaire du Rouge- une loi du 4 août 1831, le ministre des Finances fut
gorge. Voy. ce mot. autorisé à créer, pour le service de la trésorerie et
BONI (génitif de bonum), terme employé dans les pour ses négociations avec la Banque, des bons por-
Finances pour exprimer ce qui reste en caisse après tant intérêt et payables à échéance fixe ces bons
;

que les dépenses prescrites ont été effectuées c’est ; font partie de la dette flottante. Limité d’abord à
l’opposé de déficit. C’est généralement par l’impor- 140 millions, le montant des bons du Trésor a été
tance du boni qu’on apprécie la bonne administration porté en 1832 à 250 millions; le gouvernement fut
des comptables. même alors autorisé à faire provisoirement de nou-
BONIER ou BONNIER , mesure de terre usitée dans velles émissions quand les besoins du service l’exi-
la Flandre française et la Belgique
;
sa grandeur geraient. U résulta de là une augmentation exagérée
varie, suivant les localités, de 54 à 137 ares. des bons du Trésor, qui devinrent en 1848 une des
BONITE, Boniton, nom donné à plusieurs poissons principales causes des embarras des finances ; on ne
du genre Scombre, s’applique plus communément put y remédier qu’en consolidant ces bons et en les
au Thon à ventre rayé { Scomber pelamys ) qu’on convertissant en rentes sur l’État.
trouve surtout dans les mers intertropicales. V. thon. BONZES, prêtres de la Chine et du Japon. Voy. le
BONNE-DAME, nom vulgaire de l’Arroche des jar- Dict. wiiv. d’Hist. et de Géogr.
dins. Voy. ARROCHE. BORACITE, dite aussi Magnésie boratée, minéral
BONNET. Un bonnet carré était, dans l’ancienne composé d’acide borique et de magnésie ; c’est un
Université , la coiffure et l’insigne des docteurs en borate naturel , qu’on rencontre en cristaux blancs
Théologie, en Droit, en Médecine, etc. ; d’où les ex- cubiques dans le gypse, à Lunébourg (Brunswick),
pressions de prendre le bonnet, recevoir le bonnet, et à Segebèrg(Holstein). Il est remarquable par la sy-
pour dire recevoir le titre de docteur.
: —
Les prêtres métrie de ses cristaux, qui ne présentent aux angles
au chœur portent aussi le bonnet carré. V. barrette. que la moitié des facettes modifiantes. V. uëmiédrie.
On appelait autrefois B. vert un bonnet que les BORATES, sels composés d’acide borique et d’une
débiteurs étaient forcés de porter quand ils avaient base. On reconnaît les borates à la propriété qu’ils
fait cession de biens en justice possèdent de colorer en vert la flamme de l’alcool
; c’est aujourd’hui la
coiffure des galériens condamnés à plus de dix ans. lorsqu’on les délaye dans ce liquide , après les avoir
Pour le B. rouge ou B. phrygien, emblème révo- mélangés avec de l’acide sulfurique concentré. Il
lutionnaire, Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. existe des B. neutres et des B. acides ou biborates.
En Zoologie, on nomme Bonnet le second esto- Le biborate de soude est le seul borate employé
mac des Ruminants ; — en Ornithologie , la partie dans les arts {Voy. borax). On le rencontre tout
supérieure de la tête de l’oiseau; — en Conchyliolo- formé dans la nature, ainsi que le B. de magnésie
gie, c’est le nom vulgaire d’un grand nombre de co- et le B. de chaux. Voy. boracite et hydroboracite.
quilles, telles que le B. chinois [Pétalle chinois), le BORAX ( de l’arabe baurach ) ou Biborate de
B. de fou [Chama-Cor] le B. de Neptune (Pétalle soude, sel formé par l’acide borique et la soude (NaO,
équestre), le B. de Sologne [Cassis festicuiis). 2BO’ -[-10 aq), incolore et inodore, d’une saveur lé-
En Botanique, on donne ce nom à div. espèces d’A- gèrement alcaline , cristallisant en prismes hexago-
carics et de Champignons. —
B. deprêlre. V. fusain. naux aplatis, terminés par un pointement à trois
En Chirurgie, on nomme B. d’Hippoerate une faces. Il existe dans certains lacs de la Perse et de
sorte de bandage appelé aussi capeline. Voy. ce mot. l’Inde, d’où il nous arrive en petits cristaux agglo-
En Musique , on appelle Bonnet chinois ou Cha- mérés , d’un jaune verdâtre , recouverts d’un enduit
peau chinois une espèce de petit parasol de cuivre terreux et imprégnés d’une matière grasse qui leur
mince, garni de grelots et de sonnettes, dont on se donne un toucher onctueux : c’est le Borax brut ou
, , ,

BORD 196 — BORÜ


tinkahoa le raffine, en Europe, par des cristallisa- a un conservateur des hypothèques pour que ce der-
tions. Le B. artificiel, qu’on prépare en saturant nier le copie sur ses registres; cet extrait contient la
l’acide borique par le carbonate de soude , a rem- désignation des sommes dues en principal et acces-
placé presque partout le borax de l’Inde. —Le borax soires : c’est l’inscription de ce bordereau sur les re-
fond’, au-dessus de la chaleur rouge , en un liquide gistres qui fixe la date et le rang de l’hypothèque.
limpide qui se fige par le refroidissement en un BORE, corps simple, brun-verdâtre , sans saveur
verre incolore et transparent; il a la propriété de ni odeur, infusible, qu’on extrait du borax et de l’a-
faciliter la fusion des oxydes métalliques et de les cide borique (Voy. ces mots). Il brûle au contact de
dissoudre; il se colore diversement, suivant la nature l’airquand on le chauffe au-dessous du rouge , et se
de ces oxydes, ce qui le rend précieux dans l’analyse convertit alors en acide borique. Le bore fut isolé en
des minéraux. On s’en sert surtout, dans la bijou- 1808 parGay-Lussac et Thénard. Il a été, en 1 857 , l’ob-
terie et l’orfèvrerie pour décaper les métaux des-
,
jet de nouvelles l echerches de la part de M. Deville.
tinés à être soudés ensemble ; les serruriers et les BOREAL ( de Borée nom du vent du Nord chez
chaudronniers l’utilisent pour araser la tôle et le fer, les anciensLqui est au nord, qui appartient au nord.
et les plombiers pour les soudures. On l’emploie aussi BORÉAL (hémisphère, PÔLE). Voy. HÉMISPHÈRE,
dans la préparation du strass, des émaux, et, en gé- PÔLE. — BORÉALE (aurore). Voy. AURORE.
néral , des couleurs employées sur verre ou sur por- BORIQUE (acide), ou Acide boracique, la Sasso-
celaine. Les médecins le prescrivent en gargarismes line des minéralogistes, combinaison de bore et d’oxy-
contre les aphthes, en collyres dans les ophthalmies, gène (BO’), blanche, solide, sans couleur ni odeur,
en tisanes ou en pommades contre certaines maladies d’une saveur acide faible , peu soluble dans l’eau
de la peau , et , en particulier, contre les éruptions froide, assez soluble dans l’eau chaude, où elle cris-
accompagnées de vives démangeaisons. On attribue tallise par le refroidissement en paillettes nacrées. Le
aussi au borax la propriété de faciliter l’accouche- bore se dissout aussi dans l’alcool; cette solution brûle
ment à la manière du seigle ergoté. — On pense que avec une flamme verte. Il fond par la chaleur, en
c’est le borax que Pline appelle Chrysocolla sou-
{
un verre transparent. 11 forme avec les bases les bo-
dure de l’or), à cause de la propriété qu’il lui con- rates. L’acide borique existe en dissolution dans les
naissait de servir à souder l’or aux autres métaux. eaux de plusieurs petits lacs, particulièrement en Tos-
BORBORYGME (
du grec borborygmos , bruit cane, dans les lagonis ou amas boueux de Sasso (près
sourd) bruit que font entendre les gaz contenus
,
de Sienne), de Castel-Nuovo, de Monte-Cerbero et de
dans l’abdomen, quand ils se déplacent au milieu Cherchiajo, qui en contiennent une grande quantité.
des liquides contenus dans le tube intestinal; il est Il suffit, pour l’en extraire, de concentrer les eaux par

quelquefois le symptôme d’un embarras gastrique. l’évaporation, et de purifier l’acide par des cristalli-
Souvent, cependant, il se remarque chez quelques sations ; ce procédé est exploité sur les lieux mêmes,
personnes en état de santé, surtout lorsqu’elles sont dans un grand nombre d’établissements. On peut aussi
à jeun. On les appelle vulgairement ÿar5^0M^7/emen/^. extraire l’acide borique du borax, en décomposant
BORD, terme de Marine. Ce mot, qui proprement une solution de ce sel par de l’acide sulfurique con-
signifie côté ou muraille du navire, s’emploie aussi centré. — L’acide borique sert à fabriquer le borax
pour le bâtiment même ; il signifie encore bordée. artificiel et à vernir quelques poteries. Il entre dans
Dans le premier sens, on dit : le bord du vent, le la composition de quelques verres. On l’employait
long du bord, bord à bord (côte à côte), bâtiment autrefois en médecine sous le nom de sel sédatif. Il
de haut-bord, de bas-bord, etc.; dans le deuxième, fut découvert par Homberg vers 1702.
on dit : aller à bord, venir du bord, les hommes BORNE , BORNAGE. On entend par borne toute
du bord, le régime du boj'd; dans le troisième sens, marque, soit naturelle, soit artificielle, indiquant la
on dit : courir un bord, pour naviguer au plus près ligne de séparation de deux héritages contigus. Le
du vent pendant une longueur de temps quelconque. Code civil (art. 646) reconnaît à tout propriétaire le
Voy. BABORD, TRIBORD, BORDÉE, etc. droit d’obliger ses voisins au bornage de leurs proprié-
BORD AGE, en termes de Marine, planches épaisses tés contiguës ; le Code pén. punit le déplacement ou la
qui couvrent en dehors les côtes ou les membrures suppression des bornes de la réclusion ou de l’empri-
d’un navire. On les fait en chêne et en sapin. sonnement avec amende, selon les cas (art. 389, 456).
L’épaisseur du bordage est de 0‘",30 à 0“,50, sa hau- L’origine des bornes remonte au berceau de la ci-
teur de 1 m. à 1"',50 au-dessus de la flottaison. vilisation : on l’attribue aux Égyptiens, auxquels les
BORDÉE, terme de Marine, longueur de chemin inondations du Nil en avaient fait une nécessité; les
parcourue par un navire sous l’allure du plus près Grecs consacraient les bornes à Hermès; les Romains
et sans virer de bord. On court des bordées lorsqu’on les mettaient sous la protection du dieu Terme.
est obligé de louvoyer. — On donne aussi ce nom à B. milliaires bornes placées de distance en di-
la décharge simultanée ou complète de tous les ca- stance le long des routes pour indiquer les milles, les
nons placés sur un même bord du bâtiment. lieues, les kilomètres, etc. Les Romains les plaçaient
BORDELAGE (de borde, vieux mot qui signifiait avec le plus grand soin sur toutes leurs routes, et on en
petite fermé), tenure en roture, en usage surtout dans trouve encore un grand nombre dans les pays qu’ils
le Nivernais. Faute de payement de la redevance, avaient soumis. — B. -fontaines petites fontaines
le seigneur pouvait rentrer dans l’héritage ; le tenan- en forme de bornes, établies dans les grandes villes de
cier ne pouvait démembrer les choses qu’il tenait en France, et auxquelles sont adaptés des robinets qu’on
bordelage ; ses collatéraux ne pouvaient lui succé- ouvre à certaines heures pour tenir les rues propres.
der ; et si le détenteur vendait l’héritage, le seigneur BORRAGINEES (du latin borrago, bourrache,
pouvait ou le retenir en remboursant l’acquéreur, genre type ) , famille de plantes Dicotylédones mo-
ou prendre la moitié du prix fixé par le contrat. nopétales hypogynes, à fleurs disposées en épis uni-
BORDEREAU, état récapitulatif des espèces di- latéraux , à feuilles alternes et souvent hérissées de
verses qui composent une certaine somme , note des poils rudes, à racine vivace. Elle comprend un grand
espèces que l’on donne en payement ou que l'on re- nombre de genres , dont le plus connu est la Bour-
çoit.— On appelle B. de compte un extrait de compte rache. Ces plantes, en général mucilagineuses et
dans lequel on récapitule les sommes du débit et du émollientes, sont aussi diurétiques, à cause de l’azo-
crédit, afin de les balancer; —B. de collocation, un tate de potasse qu’elles contiennent; quelques espè-
acte que le greffier d’un tribunal délivre à chacun des ces fournissent à la teinture un principe colorant.
créanciers hypothécaires utilement colloqués dans Cette famille renferme les genres Bo^rrac/ie, TfeVio-
un ordre, et qui indique leur tour de payement; trqpe, Cynoglosse, Consoude, etc. Voy. ces mots.
—B. d’inscription, un extrait d’acte que l’on remet BORURE, combinaison du bore avec un métal.
, , , , , ,

BOST 197 BOTA


BOSPHORE (du grec bous, bœuf, et poros, pas- pique ;
Tatout est toujours la couleur dans laquelle
sage; espace qu’un bœuf pourrait traverser à la on fait lademande d'un certain nombre de levées.
nage) , étroit espace de mer resserré entre deux ter- Un tableau indicateur règle combien chacun des
res, et par lequel deux mers communiquent. On con- coups rapporte au gagnant. — Ce jeu commença à
naît sous ce nom le B. de Thrace et le B. cimmé- être en usage en 1778 : il doit son nom à la ville de
rien, ainsi qu’un royaume qui occupait les rives de Boston, où fut proclamée l’indépendance américaine,
ce dernier. Pour ces noms, F. le D. univ.d’H. et de G. et semble consacrer le souvenir de cet événement.
BOSSAGE (de bosse). En Architecture, on nomme BOSWELLIA (de l’Anglais Boswell, à qui elle fut
ainsi toute saillie laissée à la surface d’un ouvrage dédiée) , genre de la famille des Térébinthacées
de pierre ou de bois, soit comme ornement,soit pour tribu des Burséracées, renferme des plantes à ca-
lice libre, à corolle pentapétale, à dix étamines, à
y faire quelque sculpture. Voij. bosse.
BOSSE. En Pathologie, on appelle ainsi une saillie capsule à trois côtes, à trois loges, à trois valves, qui
contre nature , résultant d’une déviation de la co- produisent unê résine balsamique. Le Boswellia thu-
lonne vertébrale , des côtes ou du sternum. Quand rifera ou Serrata est un arbre à fleurs petites, ver-
cette difformité est en arrière, elle prend le nom de dâtres, disposées en épis axillaires il est très-com-
:

gibbosité; quand elle est en avant, celui de cam- mun dans la province de Bérar enindoustan. C’est lui
brure ou recourbement ; sur les côtés, celui à’obsti- qui donne Tencens de TInde, qu’on obtient au moyen
pation. On combat ces difformités au moyen des d’incisions pratiquées profondément à son tronc.
procédés orthopédiques. Voy. orthopédie. BOTAL (trou de). Voy. trou de botal.
En Anatomie, on appelle bosses les éminences ar- BOTANIQUE (du grec botanè, plante), science
rondies que l’on voit à la surface des os plats telles
: qui a pour objet la connaissance, la description et la
sont les Bosses frontales, la B. pariétale, occipi- classification des végétaux. — On peut distinguer la
tale, etc. —
On donne aussi ce nom aux protubérances Botanique pure et la Botanique appliquée. A la pre-
du crâne sur lesquelles Gall a fondé son système. mière appartiennent : 1« Y Organographie descrip-
En Zoologie , on nomme ainsi certaines grosseurs tion des organes des végétaux ; 2® la Physiologie vé-
que quelques animaux, le dromadaire, le chameau, gétale, qui cherche à déduire de l’étude des organes
le zébu, le bison, ont naturellement sur le dos ces: et de celle des milieux où les plantes se trouvent,
bosses ne sont que des dépôts graisseux. Elles sont les phénomènes et les lois de la vie végétale ; 3® la
recherchées comme un excellent manger. Méthodologie, qui s’occupe de la classification et
Dans les Arts, tout travail en relief est dit relevé de la nomenclature des végétaux. La seconde com-
en bosse ; en Sculpture , on appelle ronde-bosse tout prend ; 1® la Botanique agricole, ou les applica-
ouvrage de plein relief; demi-bosse, les bas-reliefs tions de la science botanique à la culture ; 2® la B.
saillant en partie. Dessiner d’après la bosse, c’est médicale ou pharmaceutique qui traite de l’em-
dessiner d’après un buste ou une statue. Le dessin de ploi des plantes comme médicaments ; 3“ la B. in-
ces figures prend le nom de ronde-bosse. — Dans dustrielle, qui traite de l’emploi des végétaux pour
l’Orfèvrerie, on appelle bossage le travail en bosse. tous les autres besoins de l’homme, et qui se sub-
Dans la Marine, on appelle bosse un cordage très- vise enB. alimentaire, tinctoriale, industrielle ,eXe.
court, terminé par de forts nœuds, fixé par une de — On peut y joindre, comme accessoires, la B. géo-
ses extrémités à une des pointes du navire, et qui graphique, qui traite de la distribution naturelle
sert à rejoindre une manœuvre rompue, ou à tendre des plantes sur la surface du globe ; la B. oryctologi-
un câble. On appelait autrefois bosseman le matelot que, qui étudie la structure et l’origine des végétaux
chargé spécialement du soin des câbles, des ancres fossiles; la B. historique, ou histoire de la science.
et des bouées; aujourd’hui, ce nom a disparu : c’est Dans l’antiquité , la Botanique ne formait pas en-
un sous-officier intermédiaire entre le contre-maitre core une science ; c’était un amas confus de connais-
et le quartier-maître , qui est chargé de ce soin. sances imparfaites, sans unité et sans lien commun.
BOSSEMAN. V. ci-dessus bosse (terme de Marine). Trois noms apparaissent dans cette première période :
BOSSOIRS (de bosse) nom donné par les Marins Théophraste, élève et ami d’Aristote ; Dioscoride, qui
à deux pièces de bois qui forment saillie au-dessus de vivait sous Néron , et Pline le Naturaliste, qui mou-
l’éperon, à l’avant du vaisseau , et qui servent à y rut sous le règne de Titus. Au moyen âge, Tétuda
poser l’ancre pour la tenir prête à mouiller ; elles ont de la Botanique ne fait aucun progrès : on se bornait
pour objet d’empêcher par leur saillie que l’ancre à des commentaires sur les livres des anciens. A la
n’offense les membrures du vaisseau en tombant lors- fin du XV® siècle , on commence à revenir à Tétudo
qu'on la jette. 11 y a un ou deux rouets à la tête de de la nature :Brunsfels, de Mayence, Jérôme Tragus,
chaque bossoir pour aider à tirer l’ancre quand on la Léonard Fuchsius, écrivent les résultats de leurs
remonte. Un bossoir est à peu près rectangulaire ; son propres observations. Au xvi® siècle, Clusius (Lé-
extrémité extérieure ou sa tête est cerclée en fer. cluse) décrit et figure avec précision les plantes qu’il
BOSTANDJI (du turc bostan, melon), gardes du a observées par toute l’Europe; Conrad Gesner en
sérail, chargés en même temps de la surveillance Suisse, Gésalpin en Italie, les frères Bauhin etMagnol
ou de l’entretien des jardins. enFrance,Ray en Angleterre, s’efforcent tour à tour
BOSTON, sorte de jeu de cartes qui se joue à quatre de jeter les bases d’une classification rationnelle et
personnes et avec un jeu de 52 cartes ; on donne 13 d’une nomenclature des végétaux. Au xvn® siècle, la
cartes à chaque joueur. La manière de jouer ce jeu a découverte du microscope vient ouvrir un nouveau
changé plusieurs fois ; la plus usitée aujourd’hui est le champ à l’observation; Malpighi en 1676 et Grew
boston de Fontainebleau. On fait boston ou chlem en 1682 abordent presque toutes les grandes ques-
quand on fait seul ou avec son partner toutes les tions de la structure des végétaux ; et vers le même
levées : on a pour partner celui qui vous soutient, temps, les travaux des Geoffroy, des Séb. Vaillant,
les autres coups du jeu sont : la demande sim- des La Hire et surtout de Haies, dévoilent suc-
ple, qui consiste à faire 5 levées seul ou 8 levées à cessivement tous les mystères de la vie végétale.
deux ; la petite et la grande indépendance lors- — Cependant la Botanique manquait encore de ses
qu’on fait seul 6 ou 8 levées la petite et la grande
;
deux principaux éléments une classification ration-
:

misère, simple, ou sur table, qui consistent à ne nelle et une nomenclature ; le xviii® siècle les lui
faire aucune levée; le piecolissimo dans lequel on donna. Tournefort le premier (1694) invente le genre,
ne doit faire qu’une seule levée; la demande de 9, et crée un système régulier de classification ayant
10 , 11 ou 12 levées dans une couleur quelconque. pour base l’absence ou la présence de la corolle , et
Les couleurs se rangent sous le rapport de l’impor- puisant ses divisions dans la diversité de formes que
tance dans Tordre suivant : cœur, carreau, trèfle et présente cet organe. Après le Français Tournefort-
, , ,.

J.

BOTT — 198 — BOUC


le botaniste suédois Linné refond les genres et les appelle bottelage l’opération qui consiste à lier le foin.
espèces d’après les organes de la reproduction , et Botte, coup d’épée. Voy. escrime.
simpliflela nomenclature encore imparfaite ; il donne BOUC, Hircus, animal à cornes, qui est le mâle
à chaque genre un nom à part, désigne chaque es- de la chèvre [Voy. chèvre) , se distingue par sa
pèce en ajoutant au nom du genre un qualificatif, longue barbe et par son odeur désagréable ; cette
et, par ce mécanisme simple et ingénieux, crée la odeur, qui est passée en proverbe, s’étend à sa chair
langue botanique telle qu’elle est encore en usage comme à sa peau ; cependant, on se sert d’outres de
aujourd’hui. —
Un dernier progrès restait à accom- peau de bouc dans le midi de l’Europe, pour trans-
plir. La méthode de Tournefort et le système de porter le vin. La salacité de cet animal n’estpas moins
Linné étaient, malgré tout leur mérite , des métho- connue elle avait été remarquée des anciens, qui
:

des purement artificielles et ne pouvaient suffire ont —


du bouc l’emblème de la lubricité. Le bouc
fait
aux progrès de la science. Bernard ^e Jussieu en était en grande vénération en Égypte, surtout à
1759, et son neveu Ant.-Laurent de Jussieu en 1789, Mendès. Les Égyptiens représentaient leur dieu Pan
publient une nouvelle classification où les végétaux avec la face et les jambes d’un bouc sous le sym-
;

sont rangés en familles naturelles d’après leurs rap- bole de cet animal , ils adoraient le principe de la
ports les plus intimes. —
Depuis lors, et à, part quel- fécondité de toute la nature, exprimée par le dieu

ques essais de classification artificielle destinés à fa- Pan. Les Juifs avaient choisi le bouc pour vic-
ciliter l’étude, la méthode naturelle adop-
est seule time expiatoire des fautes nationales. A certaii/s
tée. Cette méthode, perfectionnée par les travaux des jours de l’année , le grand prêtre prenait deux
de Candolle, des Richard, des Endlicher et de tant boucs , en immolait un , chargeait l’autre de toutes
d’autres savants, compte pour beaucoup dans les les iniquités d’Israël et des imprécations universel-
progrès immenses que la Botanique a faits de nos les; on le chassait ensuite dans le désert, à travers
jours entre les mains de MM. de Saussure, de Mirbel, les précipices ce bouc était appelé bouc émissaire.
:

Bonpland,deHumboldt,Ad. de Jussieu, Richard père Chez Grecs , on immolait le bouc à Bacchus,


les
et fils, Aug. de St-Hilaire, Ad. Brongniart,Decaisne, comme destructeur des vignes. On le donne aussi
Dunal, Lemaire, Dutrochet, Martins, Treviranus, quelquefois pour monture à Vénus. En France, on
Kunth , Brown , Lindley, etc. —
Parmi les abrégés croyait autrefois que le bouc servait de monture
classiques de Botanique, nous citerons ceux de MM. aux sorcières lorsqu’elles se rendaient au sabbat ; on
Adr. de Jussieu, Richard, Boitard, Lemaout. MM. Ju- croyait aussi que, dans ces réunions nocturnes, le
lia Fontenelle et Barthez, Lecoq et Juillet, M. Hœ- diable se faisait adorer sous la forme d’un bouc.
fer, etc., ont donné des Dictionnaires de Botanique. BOUCAGE (du mot bouc, à cause de son odeur),
Signes em))loyés par les Botanistes : dite aussi Boucqueline , Persil de bouc, en latin
0 ,
signe du Soleil, désigne tes plantes annuelles; Pimpinella genre de 1a famille des Ombellifères,
comprend plusieurs espèces, parmi lesquelles on re-
rf, signe de Mars, les plantes bisannnelles; signe
oe Jupiter, les plantes qui sont vivaces; ^ , signe de marque le B. saxifrage ou mineur, dont la racine,
:

Saturne, les plantes ligneuses (arbres, arbrisseaux); blanche , allongée , d’une odeur désagréable , d’une
Ç, signe de Vénus, les individus ou fleurs femelles; saveur âcre et aromatique, s’emploie en Médecine
è, signe de Mars (dont la flèche, au lieu d’être incli- comme stimulant et diurétique ; le B. majeur, plus
née, est placée verticalement), les individus ou fleurs grand , et qui a les mêmes propriétés que le précé-
mâles; «o, signe de Mars et Vénus réunis, les indi- dent. et le Boucage anis, le plus connu. Voy. anis.
vidus ou fleurs hermaphrodites; 0-0, les individus ou BOUCANAGE , opération qui consiste à faire sé-
fleurs, qui, par suite d’avortement, sont privés d’or- cher de la viande ou du poisson à la manière des
ganes mâles et femelles, c.-à-d. d’étamines et de sauvages, en les exposant longtemps à la fumée; elle
pistils;
Ç, volubile à gauche; 3> '^olubile à droite. paraît tirer son nom du mot bouc, parce que les
C’est ordinairement après le nom spécifique d’une bouquetins auraient été les premiers animaux pré-
plante que l’on place un de ces signes. parés de cette manière. Quand les sauvages arri-
jîOTARGUE, sorte de Caviar. Yoy. muge. vent de la chasse, ils écorchent les bêtes qu’ils ont
BOTTE (du celtique bot, pied). Les bottes étaient rai)portées; ils les désossent, puis en coupent les
Inconnues aux anciens, et l'usage ne s’en est intro- chairs par aiguillettes, qu’ils assaisonnent avec du
duit que dans les temps modernes. Dans l’origine, sel et quelques herbes de leur pays. Le lendemain,
on ne s’en servait que pour monter à cheval. On ils placent ces chairs découpées sur un gril de bois
distinguait alors les Bottes molles, dites aussi B. à
: ou de fer, qu’ils élèvent au-dessus du feu : on y
la française ou à l'écuyère, dont la tige, molle et entretient beaucoup de fumée , et pour rendre cette
large, se terminait par une large genouillère dans fumée plus épaisse, on y fait brûler toutes les peaux
laquelle le genou était engagé; les B. de cour ou à et tous les ossements de ces animaux. Cette opéra-
chaudron, dont la genouillère était évasée en forme tion fut imitée par les premiers colons, surtout par
d’entonnoir; les B. fortes, comme celles qui servent ceux de St-Domingue,si connus sous le nom de Bou-
aux postillons; les B. à la hussarde, dont la tige caniers. —
On appelle Boucan le gril sur lequel on
portait des plis sur le cou-de-pied; les B. à l'anglaise fu m e les viandes, ainsi que le 1 ieu où se fait l’opération
ou à revers, etc. —
Depuis qu’on porte les bottes à BOUCANIERS, aventuriers de St-Domingue, adon-
pied comme à cheval, on les a vues d’abord recouvrant nés à la chasse du bœuf sauvage et au boucanage
le pantalon, puis recouvertes par lui. —
Pour la fabri- fameux plus tard par leurs pirateries. Voy. ci-dessus
cation des bottes, Voy. le Manuel duBottier de Morin. BOUCANAGE et l’art. Boucaniers au D. un. d’H. et de G.
Dans le Commerce, on donne généralement le nom BOUCAUT, mot qui signifia d’abord la contenance
de botte aux futailles qui contiennent plus d’une d’une peau de bouc, désigne aujourd’hui une futaille
barrique. On dit, par exemple, botte de deux, quand d’une grandeur moyenne, construite en bois de sa-
elles sont de 2 barriques (fût de Bordeaux, à raison pin ou autre bois léger, destinée généralement à
de 120 pots la barrique) bottes de 3, bottes de 4 :
;
contenir des marchandises sèches, telles que sucre,
CCS dernières sont les plus grandes dont on puisse se riz , tabac, girofle, muscade, cacao, etc. La dimen-
servir. On a employé cependant des bottes ou pièces de sion est plus ou moins grande, suivant l’espèce de
5, 6, 7 ou 8 barriques dans les voyages de long cours, marchandises ; le poids ordinaire est de 400 à 600 kil
parce que ces grandes futailles offrent plus de fa- BOUCHE (du latin bucca), entrée du canal ali-
cilité pour l’arrimage. Voy. barriques. mentaire, est circonscrite en haut par la voûte pala-
Une botte de parchemin est une quantité de 36 tine,.en avant par les lèvres, en arrière par le voile
feuilles. Vnebotte de chanvre pèse ordinairement 100 du palais et le pharynx, et sur les côtés par les joues;
kilogr. Une botte de foin fiisa lOliv. ou Skilogr. On les parois de la bouche sont tapissées par une metn-
, , , ,

BOUC ~ 199 — BOUC


et l’administration en fut remise à la ville de Paris.
brane muqueuse ; on trouye à l’intérieur les dents, les
gencives, la langue, les glandes salivaires, etc. La bou- Elle a été supprimée par le décret du 24 févr. 1858.
che renferme les organes du goût ; elle sert à la res- — On doit à M. Bizet, conservateur des abattoirs, une
piration . à l’articulation des sons , à la succion , à la Histoire de la Boucherie en France (Paris, 1847).
mastication, etc. — Chez les animaux, la forme de la BOUCHOT, grand parc fait de pieux et de clayon-
bouche diffère à l’infini : tantôt c’est un bec, comme nage , ouvert du côté de la côte, dont on se sert pour
chez les oiseaux; tantôt, un appareil compliqué, prendre le poisson à marée basse, et pour élever des
comme chez les crustacés, ou un simple orifice circu- moules et autres coquillages. Dans le Poitou, on en
laire à peine contractile, comme chez les polypes, ou met quelquefois 3 au-dessus les uns des autres. Les
bien encore une espèce de pompe ou de siphon ; chez bouchots ont été soumis,par un arrêt du Conseil du 2
quelques-uns enfin, la bouche se confond avec l’anus. mai 1739, à des règlements qui sont encore en vigueur.
En Conchyliologie, on donne le nom de bouche BOUCHON. La plupart des bouchons de bouteille
à l’ouverture des coquilles univalves par laquelle se font en liège; leur fabrication occupe un ouvrier
l’animal sort de son test. Joint à un terme distinc- spécial nommé bouchonnier. Le bouchonnier coupe
tif, ce mot est aussi le nom vulgaire de certaines le liège en bandes , puis en morceaux quadrangu-
coquilles, telles que la B. d’argent et la B. d’or, laires dont chacun est destiné à faire un bouchon.
2 espèces de Turbo; la B. double, la B. jaune, etc. A cet effet , on le travaille avec un tranchet d’acier
En Botanique, on appelle Bouche de lièvre une très-dur, qui enlève les angles du liège, et lui donne
espèce d’ Agaric, le Merulius cantarellus. une forme de cylindre légèrement conique. On dis-
En Musique , on donne le nom de bouche à l’ou- tingue trois principales qualités de bouchons, sui-
verture horizontale pratiquée au bas d’un tuyau d’or- vant la qualité du liège bouchons fins , demi-fins
:

gue ; l’air introduit par le pied du tuyau se brise et ordinaires ou communs , qui ont des prix très-
sur la lèvre de cette bouche, et produit le son. Les différents. Pour être de bonne qualité , ils doivent
tuyaux à anche n’ont pas de bouche. être bien arrondis et en forme de cône , bien élasti-
Autrefois en France, la Bouche du roi était le ser- ques, bien unis, sans taches, secs, sonnants, et sans
vice alimentaire du souverain. Les principaux em- défauts. Pour les bouteilles de vin de Champagne,
ployés de la bouche, dits officiers de bouche, étaient : on soumet le bouchon déjà fabriqué à une très-forte
le grand panetier, le grand échanson , les maîtres pression , en le faisant passer par une filière , et on
d’hôtel, les gentilshommes de la bouche, les écuyers l’introduit dans la bouteille avant qu’il ait pu re-
de cuisine, échansons, sommeliers, panetiers, etc. prendre son volume naturel. On fabrique des bou-
BOUCHEAFEU, nom sous lequel on réunit les canons, chons à Marseille, Mézières, Paris, Montpellier, Bor-
les mortiers, les obusiers,les pierriers,etc. (
V. ces mots). deaux, Bayonne, Cette, Lyon, et aussi à Nice, Gènes,
MM. Marion, Martin de Brettes et Corréard ont publié Livourne, Naples, Barcelone, etc. On en exporte une
un riche Becueil des Bouches à feu, Paris, 1856. grande quantité dans le nord de l’Europe. M. Le- —
BOUCHE-EN-FLUTE , famille de l’ordre des Pois- page a inventé en 1851 des bouchons de bois (en buis
sons Acanthoptérygiens, a pour type la Fistulaire. ou en acacia), évidés en dedans, qui s’enlèvent au
BOUCHER, BOUCHERIE (de bouche). On appelle moyen d’une clef et sans le secours du tire-bouchon.
boucher celui qui achète, abat et prépare les bes- Les bouteilles qui reçoivent ces bouchons doivent
tiaux pour en débiter la chair. Le lieu où ce débit être dépolies à l’intérieur du goulot.
s’exerce est appelé étal par les bouchers, et bouche- BOUCLE, EODCLÉE, nom vulgaire d’un Squale et
rie par les acheteurs. Les bouchers ne vendent ordi- d’une Raie qui ont le corps parsemé d’aiguillons
nairement que du boeuf, du veau et du mouton. La — appelés boucles. Voy. squale et raie.
législation qui a régi le commerce de la boucherie a BOUCLE, maladie du cochon et du bœuf ; c’est une
continuellement varié en France. Avant 1789, les espèce de vésicule qui se développe dans l’intérieur
bouchers de Paris formaient une corporation ayant de la bouche , et qui y porte la gangrène.
ses droits etsespriviléges. Laloi dul7 mars 1791 ayant BOUCLIER (du bas latin buccularium formé de
proclamé la liberté de toutes les industries, les an- buccula boucle , anse du bouclier) , arme défensive
ciens bouchers, ruinés par la concurrence, fermèrent qui se portait au bras gauche, et qui servait à pré-
leurs étaux, et il en résulta un grand désordre dans le server le corps des coups de l’ennemi. Les premiers
commerce de la boucherie. Pour y mettre im terme, boucliers furent tressés avec de l’osier, ou faits de bois
le décret du 8 vendém. an XI rétablit le syndicat de légers, puis de cuirs de bœuf bordés de lames de
la boucherie avec le système des cautionnements; et, métal. Leur forme a varié suivant les temps et sui-
comme le nombre des étaux paraissait trop considéra- vant les peuples. On retrouve l’emploi du bouclier
ble, un autre décret (8 févr. 1811) ordonna le rachat chez presque toutes les nations anciennes et moder-
et la suppression des étaux existants jusqu’à réduction nes, civilisées ou à demi barbares. Chez les anciens,
du nombre des bouchers à 300. Cet état de choses se les guerriers se plaisaient à orner leurs boucliers de
maintint jusqu’en 1825. A cette époque, le nombre des figures symboliques. C’était chez eux une honte que
étaux était déjà réduit à 370, lorsqu’une ordonnance d’abandonner son bouclier sur le champ de bataille.
du 12 janvier de cette année proclama une seconde Les B. votifs étaient ceux que l’on consacrait dans
fois la libre concurrence. Sous ce régime, 142 nou- le temple de quelque divinité ; Appius Claudius fut
veaux étaux s’élevèrent; mais, en 1829, en présence —
à Rome le premier qui en consacra. On conservait
d'un grand nombre de faillites, une nouvelle ordon- religieusement à Rome un bouclier sacré, nommé
nance (18 octobre) fixa le nombre des étaux à 400, ancile, qu’on disait tombé du ciel [Voy. ancile au
et rétablit le syndicat et les cautionnements. Le 25 Dict. univ. d’Hist, et de Géogr.). — Dans les pre-
mars 1830 parut une ordonnance en 301 articles qui miers temps de la monarchie des Francs, les princes
devint le code de la boucherie parisienne. Ce code ou chefs choisis par la nation étaient élevés sur un
resta en vigueur jusqu’en 1858; un décret du 24 fé- bouclier appelé pavois et montrés ainsi au peuple
vrier de cette année a rétabli à Paris la liberté du com- assemblé. Au temps des croisades, cette arme défen-
merce de la boucherie, liberté qui existaitdéjà dans le sive se couvrit d’armoiries, et prit le nom A’écutVoy.
reste de la France. — Les bouchers de Paris avaient, ce mot). Plus tard, elle reçut celui de rondache ou
à Poissy, une caisse commune, connue sous le nom rondelle, à cause de sa forme arrondie. Depuis l’in-
de Caisse de Poissy, dont l’objet était de faciliter vention des armes à feu, on a renoncé au bouclier.
leurs payements aux divers marchands de bestiaux, En Zoologie, on nomme Bouclier un genre de Co-
et de leur épargner la peine de transporter lesdbnds léoptères de la section des Pentamères et de la fa-
nécessaires à leurs acquisitions. L’origine de cette mille des Clavicornes, dont les élytres arrondies, con-
caisse remonte àl733; elle fut réorganisée on 1811, vexes et relevées sur les bords, rappellent assez bien
, , , , ,,

BOUF — 200 — BOÜG


la forme d’un bouclier. La plupart sont de couleur vart, et enfin Théâtre des Italiens. —On appelle
sombre, et ne vivent que d’excréments et de corps en Italie , opéra buffa ou bouffon ce que nous nom-
putréfiés : tel est le B. à corselet jaune que l’on mons en France opéra comique, non que les sujets en
voit souvent poursuivre les chenilles s*ur les arbres soient toujours plaisants , mais parce qu’on les op-
à la première apparition des feuilles. pose, en Italie, aux opéras sérieux {opéra séria),
BOUCLIER d’orion, file de petites étoiles en ligne et, en France, aux grands opéras où le récitatif rem-
courbe situées entre Aldébaran et l’épaule occiden- place le dialogue parlé.
tale ou étoile y de la constellation d’Orion. BOUFFON (du latin buffo, histrion qui enflait ses
BOUDIN (du vieux mot français houdaine, ven- joues pour recevoir de bruyants soufflets, et exciter
tre), espèce de charcuterie. On distingue le loudin ainsi l’hilarité du public), fou en titre que les rois et
noir ou boudin proprement dit, fait avec du sang de même les grands avaient à leur service. Il y en avait
porc, de veau, ou de mouton, et assaisonné de graisse, déjà chez les Grecs, qui les appelaient môroi et
d’épices et de sel; Me
boudin blanc, îàit avec des vian- chez les Romains , qui leur donnaient les noms de
des blanches (veau, volailles rôties), hachées et pilées moriones et de fatui. Mais c’est au moyen âge
avec de la mie de pain, du lait, des œufs et des fines qu’on vit le plus de fous ou de bouffons à gages.
herbes. Tous deux sont renfermés dans des intestins Ces hommes étaient ordinairement des nains ou des
préparés pour cet usage. Le boudin noir est un ali- créatures disgraciées; ils s’habillaient d’une façon
ment indigeste, et qui prend quelquefois, surtout burlesque, adoptant à la fois les plumes, les grelots,
quand il est fumé et vieux, des propriétés vénéneuses. les bijoux et les étoffes à couleurs éclatantes. Leur
Dans les Arts, on appelle boudins des spirales de maître leur accordait une grande liberté , et c’était
filde fer ou de laiton, de grandeur et de calibre diffé- à eux à s’en servir adroitement pour faire passer
rents, dont on utilise l’élasticité pour faire desressorts, sans danger des vérités quelquefois offensantes. Ce
dits ressorts à boudin, qui ont une grande force. sont ces bouffons qui ont donné naissance aux Bouffes
Dans l’Art militaire. Boudin est syn. de Saucisson. de la comédie italienne (Foy. ci-dessus). L’histoire
BOUD JOU, unité monétaire des indigènes de l’Al- a conservé les noms de 'Triboulet , le fou de Fran-
gérie, est en argent, et vaut 1 fr. 86 c. de France. çois I«r, et de L’Angély, le fou de Louis XIV.
On nomme monnaie boudjou real ou royal.
cette BOUGIE ( de Bougie ville d’Algérie , d’où la
Le rebia boudjou, quart de boudjou ou piécette, y a.oX France tirait autrefois une grande partie de sa cire).
47 c .; le temin boudjou, 8« du boudjou, vaut 24 c.; le La bougie , destinée comme la chandelle à l’é-
zoudi boudjou, ou double boudjou, vaut 3 fr. 72 c. clairage, n’en diffère que par la matière : on sait
BOUE. La boue des champs n’est autre chose que qu’elle est de cire, tandis que la chandelle est faite
la terre délayée par l’eau des pluies. —
La boue des
chemins et des routes se compose de la poudre des
en suif. On distingue deux sortes de bougies la :

B. filée dont la mèche , composée de longs fils


pierres qui sont broyées par les charrettes, et des ex- de coton, n’est couverte que d’une couche fort
créments des chevaux et des bestiaux qui y passent mince de cire telle est la bougie dont sont faits les
:

continuellement ; elle peut être à la fois un amende- rats-de cave ; on la fabrique au moyen d’une filière
ment,parce qu’elle contient du sable propre à diviser dans laquelle on fait passer l’écheveau de coton
les terres fortes, et un engrais, parce qu’elle contient préalablement mouillé de cire fondue —
la B. de
beaucoup de matières végétales animalisées. La — ;

table, véritable chandelle de cire, qui sert à l’éclai-


boue des villes doit être considérée comme un ex- rage : on la fabrique soit comme la chandelle, dans
cellent engrais, car ce sont les matières végétales et des moules, et elle prend alors le nom de B. coulée
animales qui en forment la masse. La boue de Paris ou moulée; soit en versant, à l’aide d’une cuiller, sur
a cela de particulier qu’elle contient une très-forte des mèches suspendues, plusieurs couches de cire
dose de fer , qui provient de l’usure des fers de che- fondue , qu’on polit ensuite en les roulant , molles
vaux, du cercle des roues, etc.; aussi, lorsqu’on lève encore, sur une table de noyer poli ou de marbre ;
les pavés, les trouve-t-on d’un noir d’encre : c’est ce on nomme celles-ci B. à la cuiller. Les villes et
qui rend cette boue si tachante. La boue des grandes lieux de France où se trouvent les principales fabri-
villes, employée comme engrais, contribue beaucoup ques de bougies sont : Alby, Angers, Angoulême,
à la fertilité des jardins maraîchers qui les entourent. Batignolles, Bazas, Bernay, Brives, Dijon, Lodève, le
On donne le nom de boues minérales aux limons Mans, Marseille, Montrouge, Orléans, Paris, Rennes,
que l’on trouve près de certaines sources minérales, Rodez, Tulle. — L’usage des bougies de cire ne fut
et qui , imprégnés des mêmes sels , participent aux introduit en Europe qu’au viii' si&le par les Véni-
mêmes propriétés. On y trouve fort souvent des tiens, qui l’avaient emprunté de l’Orient. On les
sulfhydrates, provenant de la réaction des matières nomma d’abord cerei, d’où est venu le mot cierge.
organiques sur les sulfates existants dans l’eau miné- Depuis plusieurs années, on a remplacé la bougie de
rale. La médecine fait usage de quelques-unes de cire, dont le prix est fort élevé, par des B. stéari-
ces boues, notamment de celles de St-Amand (Nord), ques, dont le prix est beaucoup plus accessible. L’a-
de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), de Bar- cide stéarique , qui en fait la base, a été découvert
botan (Gers) , etc. dans les corps gras, en 1811, par MM. Chevreul
BOUEE, tout corps flottant destiné à marquer, à et Gay-Lussac. —On fabrique aussi avec du blanc
la surface de la mer, le lieu où a été jetée une an- de baleine des B. diaphanes, remarquables à la
cre, à signaler un écueil, un danger quelconque, la fois par leur transparence, par leur blancheur, et par
direction d’un chenal ou d’une passe difficile
;
ou, la pureté et l’éclat de la lumière qu’elles produi-
enfin, à aider à sauver les hommes tombés à la mer : sent.— En général, la cire éclaire bien mieux que le
dans ce dei’nier cas, on l’appelle bouée de sauvetage; suif : le pouvoir éclairant de la cire étant représenté
cette dernière est un grand plateau de liège qu’on par 100, celui du blanc de baleine est de 104, celui
jatte à la mer lorsqu’un homme y est tombé et qui de l’acide stéarique est de 84, tandis que celui du
sert de point d’appui au naufragé en attendant les suif n’est que de 80. —Dans les bougies, les mèches
secours. Les bouées sont ou en liège, en tonnes vides, sont tressées, ce qui épargne la peine de les mou-
en tôle , ou bien encore en fagots. Le cordage qui cher : en effet, à mesure que la bougie brûle, la
retient la bouée s’appelle ovin. Voy. balise. mèche se courbe légèrement, de sorte que l’extré-
BOUFFES (de l’italien buffa, bouffon), nom qu’on mité va se consumer dans le blanc de la flamme.
donne aux chanteurs de l’Opéra italien. Les Bouffes En Chirurgie, on nomme bougies des baguettes
vinrent jouer pour la première fois en France en flexibles, fabriquées soit avec des bandelettes de
1752. En 1789, ils eurent un théâtre particulier ap- toiles roulées et empreintes de couches successives
pelé d’abord Théâtre de Monsieur, puis Théâtre Fa- d'huile siccative, de résine ou d’emplâtres, soit avec
, ,,
,

BOUI — 201 — BOUL


du caoutchoüc. On les emploie comme des sondes de l’eau salée par l’action du feu, et sel de bouillon
pour dilater divers canaux, tels que le rectum, l’œ- le sel blanc obtenu par l’ébullition de l’eau de mer.
sophage et surtout l’urètre, ou pour y introduire des — On appelait jadis quart-bouillon le sel que l’on
substances médicamenteuses; mais elles diffèrent des obtenait, dans une partie de la basse Normandie, en
sondes en ce qu’elles sont pleines , tandis que les faisant bouillir dans de l’eau le sable de la grève
sondes sont creuses ; si quelquefois les bougies sont il s’appelait ainsi parce que le quart du sel obtenu de

creuses,elles ne sont pas ouvertes à leur petite extré- cette manière devait être versé dans les greniers du
mité. On nomme B. médicamenteuses celles dans la roi. On nommait pays de quart-bouillon la partie de

composition desquelles entrent des substances diver- la Normandie où l’on extrayait cette qualité de sel.
ses, propres à agir sur les tissus; ces bougies, qui BOUILLON BLANC, Verbascum, vulgairement Bon-
ont joui d’une grande vogue, ont été, pour la plu- homme, plante du genre Molène et de la famille des
part, abandonnées. — L’invention de cet instrument Solanées, qui croit en abondance dans les lieux incul-
est disputée entre Aldereto, médecin portugais, etson tes d’Europe ; sa tige s’élève à plus d’un mètre ; ses
élève Amatus, qui le décrivit le premier en 1554. 11 feuilles sont remarquables par leur couleur gris-bleuâ-
a été perfectionné par le médecin français Pickel. tre, leur épaisseur et le duvet moelleux qui les cou-
BOUGRAINE , plante. Voy. bograne. vre ; ses fleurs sont jaunes et en épi ; cette plante est
BOUGRAN (jadis boucrun, de l’espagnol bucaran ) considérée comme adoucissante et pectorale , et est
sorte de toile forte et gommée, dont les tailleurs se ser- employée en infusion dans les affections catarrhales.
vent pour la mettre dans quelques parties d’un habit, BOUILLOTTE , jeu de cartes qui se joue à 5 ou à
entre la doublure et l’étoffe, afin de les tenir plus fer- 4 personnes, quelquefois même à 3. Dans le cas,
mes. On fait du bougran en France et en Angleterre. on prend 28 cartes, c.-à-d. le jeu de piquet moins
BOUILLEURS ou tubes bouilleurs. On appelle les sept; dans le 2«, on ôte de plus les valets et les
ainsi, dans les machines à vapeur, la partie de l’ap- dix; à trois, on enlève, en outre, les dames. Chacun
pareil destinée à faire vaporiser l’eau. Ce sont tantôt se cave, en entrant, d’une somme égale, représentée
deux gros tubes placés horizontalement sous la chau- par des fiches et des jetons. Un des joueurs donne 3
dière avec laquelle ils communiquent, et plongeant cartes, une à une, à chaque joueur, et, à chaque
dans la flamme du foyer, tantôt plusieurs tubes placés tour, il en retourne une; il met en outre devant lui
debout ou couchés au milieu de l’eau de la chaudière un jeton auquel il assigne une valeur, ce qui s’appelle
et traversés par la fumée de manière à obtenir un mettre la carre. La personne à la droite du don-
contact plus étendu de la surface de l’eau avec la neur s’ajipelle le carré et a l’avantage de parler en
flamme, et, par suite, une vaporisation plus rapide. dernier, avantage qui consiste à prendre pour soi le
BOUILLIE. Les médecins ne sont pas d’accord jeton de la cai're si personne ne voit le jeu. La 2®
sur le jugement à porter de la bouillie, qui cepen- personne à la droite du donneur parle la !''« et dé-
dant est la nourriture principale de l’immense ma- clare voir le jeu o\x passer ; les autres joueurs pas-
jorité des plus jeunes enfants. Selon ses adver- sent, ou tiennent le nombre de fiches qui a été fait,
saires, c’est à cet aliment que les enfants devraient ou même relancent. Quand tout le monde a parlé
leurs coliques, leurs indigestions, leurs vers, leurs on découvre le jeu . et celui qui a le plus fort point
obstructions, et tant d’autres maux qui les ren- gagne le coup. Le orelan l’emporte sur le point, et
dent tristes, empêchent leur accroissement, et font le brelan carré sur le brelan simple. La bouillotte
traîner à la plupart une vie languissante. Selon ses se joue avec une rapidité extrême et expose en un
partisans, c’est une nourriture fbrt salutaire. Il pa- instant les joueurs inexpérimentés à des pertes con-
raît, en effet, que les inconvénients attribués à cet sidérables. Ce jeu ressemble beaucoup au brelan, et
aliment dépendent surtout de la manière dont il est il lui a succédé. Inventé sous le Directoire , négligé
préparé ou du peu de discernement avec lequel il sous la. Restauration, il reprit faveur après 1830.
est donné. Il ne faut pas
y recourir avant que l’en- BOULANGER (de boule, à cause de la forme qu’on
fant ait 5 ou 6 mois; il faut y employer une farine donnait primitivement au pain ?). La partie la plus im-
légère, comme celles de froment, de maïs, d’avoine, portante du travail du boulanger est le pétrissage, qui
ou de la fécule ; il faut enfin que la bouillie soit bien estexécuté par le geindre, avec une espèce de gémisse-
délayée. Il paraît que ce n’est que vers le milieu du ment que tout le monde connaît; elle comprend six
XV® siècle qu’on a généralement employé la bouillie opérations : Xadélayure, qui consiste à mélanger
pour servir d’aliment aux enfants en bas âge. la farine et le levain avec l’eau; la frase, par la-
BOUILLON. Il y a deux sortes de bouillons, les quelle l’ouvrier incorpore avec la masse à force de
bouillons alimentaires ( bouillons de bœuf, de tor- bras une seconde quantité d’eau; la contre-frase
tue, de poulet, etc.), et les bouillons médicamenteux par laquelle il rassemble rapidement les ratissures
bouillon pectoral, aux herbes, de colimaçons, etc.). pour les réunir à la masse de la pâte ; les tours, au
i4es premiers renferment principalement de l’os- nombre de trois , qui consistent à couper la pâte en
mazôme et de la gélatine. — On appelle B. d’os un dessous avec les mains et à la retourner ainsi par
bouillon préparé suivant le procédé de M. Darcet, gros pàtons ; le bassinage ou incorporation d’eau
en traitant les os par l’acide hydrochlorique pour en salée; enfin le battement, qui consiste à prendre la
dissoudre les matières terreuses , lavant ensuite la pâte, à l’élever et à la laisser retomber plusieurs fois
gélatine qui reste , et la faisant cuire avec très-peu dans le pétrin, pour la rendre parfaitement homo-
de viande. Ce bouillon , qu’on avait d’abord beau- gène dans tous ses points. Le pétrissage se fait ordi-
coup préconisé, a été quelque temps employé en place nairement avec les mains, souvent même avec les
du bouillon ordinaire dans les grands établissements pieds, quand on agit sur de grandes masses; aussi
publics, et principalement dans les hôpitaux; mais cette partie du travail est-elle aussi sale que rude et
depuis il a été abandonné comme peu nutritif, parce pénible. Pour obvier à ces inconvénients, on a eu re-
qu'il manque d'osmazôme [Voy. gélatine) . — On peut cours au pétrisseur mécanique, qui exige beaucoup
réduire le bouillon à l’état solide, et former ainsi des moins de force et de temps, qui assure une extrême
faô/elles rfe6oMi7/on. Pour avoir ensuite du bouillon propreté, et donne une pâte plus également pétrie
liquide, il suffit de faire dissoudre ces tablettes dans On estime en ce genre les inventions de M. Ferrand,
l’eau bouillante. Cette invention est d’une grande uti- de M. Fontaines, de M. Rolland et de MM. Mouchoi
lité dans les voyages. — Il s’est formé â Paris, sous frères. On a aussi tenté de faire cuire le pain dans
le titre de Compagnie hollandaise, nn établissement des fours à air chaud, dits aérothermes : on obtient
qui a pour objet la fabrication et le débit du bouil- par là une cuisson égale et l’on évite que le pain soit
lon ; il a des dépôts dans tous les quartiers. brûlé. — La profession de boulanger était inconnue
Dau.s les Salines, on appelle bouillon l’évaporation des plus anciens peuples : chaque ménage faisait son
, , , ,

BOUL — 202 — BOUQ


pain. A Rome, n’y eut pas de boulangers avant
il par une barre ou une chaîne, et qui servent à cou-
l’an 580 (174 av. J.-C.). Sous Auguste, il y avait des per les mâts ou les manœuvres d’un vaisseau. Depuis
boulangeries publiques tenues par des Grecs ; ceux-ci 1834, ces derniers boulets ne sont plus admis sur nos
apprirent leur art à quelques affranchis, et bientôt jl bâtiments. — Dans l’origine, les boulets étaient en
se forma un corps ou collège de boulangers ayant pierre ; on en fit aussi eu plomb. Le premier emploi
leurs greniers particuliers. Ces usages des Romains des boulets de fer parait remonter à l’an 1400; mais
passèrent aux Gaulois et aux Francs. Les boulangers ce n’est qu’à la fin du xv® siècle que l’usage en de-
sont mentionnés dès 630 dans une ordonnance de vint commun. C’est au siège de Slralsund (1675)
Dagobert. Ils commençaient à former une corporation qu’eut lieu le premier emploi certain des boulets
sous Philippe-Auguste. En 1637, les boulangers se rouges : c’est à l’évêque Vangalen qu’on attribue
donnèrent des statuts, et se soumirent à la juridiction cet affreux moyen de destruction.
du grand panetier. La S. Honoré (16 mai) était leur Peine du boulet peine qu’on inflige aux déser-
fête patronale. Depuis 91, les boulangers ne sont plus teurs. Les soldats condamnés à cette peine sont obli-
soumis qu’à des mesures de police. Cette profession gés de traîner un boulet de 8 attaché à une chaîne
est , aujourd’hui, réglée par l’arrété du 11 octobre de 2™, 50 de longueur. Us sont employés à des tra-
1801 et par les arrêtés et ordonnances qui en déri- vaux spéciaux dans les grandes places de guerre
vent, notamment l’ordonnance du 31 mai 1834. Le (
arrêté du 9 vendémiaire an IX).
nombre des boulangers est limité. Ils sont tenus On appelle le boulet, chez le cheval, l’articulation
d’avoir toujours en dépôt dans les greniers du gou- du canon avec le paturon, sans doute parce que cette
vernement une certaine quantité de farine, et le prix articulation forme, chez les chevaux lins , une émi-
du pain est fixé tous les quinze jours d'après les mer- nence plus ou moins arrondie. C’est au boulet que
curiales du marché. On doit à Parmentier un Traité se font les entorses et que les chevaux se coupent,
de l’art du Boulanger, et à MM. Benoit et Julia Fon- c.-à-d. s’entament la peau delajambe avec leurs fers.
tenelle le Manuel du Boulanger. BOULEVARD (de l’allemand bollwerk, rempart).
BOULE DE NEIGE , nom vulgaire de la Viorne Ce mot désignait dans l’origine des ouvrages de for-
o\)\e.T{Vibumum opulus), dont les fleurs, d’un blanc tification extérieure, ordinairement en terre, et des-
de neige, sont réunies en boule [Voy. viorne); et tinés à couvrir les remparts d’une place forte : c’é-
d’une espèce d’Agaric, Agaricus sylvicola, appelé taient des bastions de forteresse. Les premiers bou-
encore Agaric des bruyères. levards datent du xvi« siècle. Dans la suite, ce mot
BOULES DE MARS , boules Vulnéraires composées n’a plus désigné qu’une grande avenue d’arbres plan-
d’un mélange de tartrate acide de potasse et de fer tés autour des remparts, ou môme sur les remparts;
avec de l’alcool , sont ainsi appelées du nom que les il a fini par être synonyme de promenade. Les bou-

anciens chimistes donnaient au fer ; on les appelle levards de Paris sont les plus beaux de ce genre.
aussi B. de Nancy , B. de Mollsheim, parce qu’on BOULIMIE (du grec bou, particule augmentative,
en fabrique une grande quantité dans ces villes. En ou, selon d’autres, de bous, bœuf; et limos, faim),
agitant pendant quelques instants une de ces boules anomalie de la digestion, qui consiste dans une faim
dans l’eau, on en obtient un liquide d’un brun rou- excessive, dans un besoin de prendre une quantité
geâtre, astringent et résolutif, connu sous le nom d’aliments beaucoup plus grande qu’à l’ordinaire :
d’Eau de boule, et que l’on emploie, en applications c’est ce qu’on appelle aussi faim canine. Elle est
externes, à la suite des coups, des chutes, des entorses. l’effet, tantôt d’une affection vermineuse ou de la
BOULEAU, Betula, genre type de la famille des présence du tœnia, tantôt d’une affection cérébrale
Bétulacées, renferme une quarantaine d’espèces, ré- ou hystérique , tantôt seulement du développement
pandues dans les forêts de l’Europe, de l’Asie et de excessif de l’intestin.
l'Amérique du Nord. On remarque : dans nos con- BOULINE (en anglais bowline, de bow arc, et
trées , le B. blanc , reconnaissable aux feuillets na- line, corde), nom que les marins donnent à la corde
crés de son écorce extérieure, à ses rameaux grêles, qui sert à tendre, à effacer la voile et à la porter de
à ses feuilles dentelées, de forme deltoïde, et un peu côté pour courir dans la direction du vent. — Courir
visqueuses ; son bois, léger et flexible, d’un blanc rou- la bouline, c’est, en termes de Marine, subir une
geâtre , s’emploie dans le charronnage et la tonnel- punition analogue à celle des baguettes {Voy. ce mot)
lerie; sa combustion rapide le fait rechercher pour dans l’armée de terre ; seulement les baguettes sont
le chauffage des fours
; ses
jeunes pousses servent à ici remplacées par une corde tressée qu’on nomme
faire les balais dits balais de bouleau, et des verges; garcette : le condamné ne peut être frappé que par

fl contient, au printemps, une sève abondante avec 30 hommes au plus et pendant 3 courses. Cette peine,
laquelle on prépare, dans le Nord, une liqueur fermen- consacrée par la loi du 22 août 1790 et l’arrêté du 5
tée ; —
aux États-Unis et dans le Canada, le B. -meri- germ.anXlI. a été abolie par décret du 12 mars 1848.
sier, recherché pour la menuiserie le B. à papier,
;
BOULINGRIN (de l’anglais bowling green, jeu de
dont l’écorce sert à fa'ire du papier; le B. élevé, etc. boule vert), pièce de gazon entourée de talus en
— dans le nord de l’Europe et de l’Asie , le B. nain; glacis semblables à ceux qui empêchent les boules
qui n’atteint pas un mètre; le B. noir, dont l’écorce de sortir dans un jeu de boules. La forme des boU'
extérieure remplace aussi le papier , et dont l’écorce lingrins varie suivant le goût de l’ordonnateur. —
Intérieure sert à recouvrir les cabanes des Kamt- Dans quelques localités, comme à Rouen, le mol
chadales et des Groënlandais, à faire des pirogues, boulingrin est le nom d’une promenade publique,
des cordes, des filets, des vases, etc.; elle jouit aussi qui, sans doute dans l’origine, servait au jeu de boule.
des propriétés du tannin, et on en tire une huile ou BOULON. On nomme ainsi, dans la Construction,
goudron qui donne aux cuirs de Russie leur odeur une grosse cheville de fer qui a une tête à un bout,
et leur qualité; enfin le B. -aulne, dont l’écorce astrin- et à l’autre une ouverture où l’on passe une clavette
gente et amère est employée comme fébrifuge. pour l’arrêter. On se sert de boulons pour soutenir
BOULET (de boule) projectile sphérique, en fonte une poutre, pour arrêter une charpente. — Les bou-
de fer, dont on charge les canons. Il y en a de diffé- lons d’escaliers sont ceux qui passent à travers les
rents calibres et de diverses formes : on les distingue limons des escaliers et vont se rendre dans les murs
par leur poids, compté en livres anciennes; il y a pour empêcher l’écartement des marches et leur sé-
des boulets de 4, 6, 8, 12, 18, 24, rarement de 36 paration des murs.
et de 48. On se sert encore de boulets creux, appelés BOUQUET (dérivé, comme bosquet. An mot bois).
obus, et qui éclatent; de boulets rouges, qui por- Outre son acception connue de tous, ce mot s’em-
tent avec eux l’incendie, et de boulets barrés ou ra- ploie en Botanique pour désigner un assemblage de
més composés de deux moitiés de boulet réunies fleurs dont les pédoncules uniflores partent tous d’un
, ,

BOÜR — 203 — BOUR


même point, comme dans laprimevère officinale. et l’essaim se disperse vers le milieu de l’automne;
En Littérature, on appelle bouquet à Chloris, B. à les femelles fécondées se cachent dans les fissures
Iris, ou simplement bouquet, une petite pièce de vers des murailles et les trous des arbres, et y attendent
adressée à une personne le jour de sa fête, de sa nais- le retour de la belle saison ; quant aux mâles et aux

sance, etc. : c’est, le plus souvent, un madrigal ou ouvrières, ils périssent à l’époque des premiers
une chanson. Le caractère de cette sorte de poésie est froids. Au printemps , les femelles font une ponte
la délicatesse et la gaîté ; la fadeur en est l’écueil. d’où sort un essaim nouveau. —
Les espèces les plus
Les Vétérinaires nomment bouquet ou noir-mu- connues sont : le B. terrestre, qui fait son nid sur
seau une espèce de dartre qui affecte le museau des terre et le couvre de mousse ; le B. des pierres, qui
brebis, et qui s’étend quelquefois jusqu’aux tempes. fait son nid sous les pierres, et le B. des mousses,
On l’appelle aussi, suivant les pays, bouquin, bique, qui le fait dans la mousse. —
On donne aussi le nom
harbouquet, faux-museau, charbon, faux-nez, ver- de bourdon au mâle de l’abeille domestique.
veine, poé're, feu sacré, etc. On la traite par l’on- En Musique, on appelle bourdon le ton qui sert de
guent soufré ou par l’huile de cade. basse continue dans certains instruments, tels que la
Bouquet, grosse crevette très-estimée. F. crevette. vielle, la musette, la cornemuse, et , par suite , les
BOUQUETIN (Capra Ibex), sorte de bouc qui vit tuyaux et les cordes d’instruments qui donnent ce
sur les sommets des plus hautes montagnes de l’Eu- ton ; et faux-bourdon une pièce dont toutes les par-
rope et de l’Asie. Ses cornes sont longues et grosses, ties se chantent note contre note.
et croissent d’un nœud chaque année ; son poil ex- On donne encore ce nom à une très-grosse cloche
:

térieur est rude et cache une toison plus fine. Cet dont le son grave se fait entendre très-loin tout le :

animal peut être apprivoisé. 'Son sang desséché pas- monde connaît le bourdon de Notre-Dame de Paris;
sait jadis pour avoir de grandes vertus médicales, — à une espèce de hâton, orné en haut d’une cale-
d’où le nom de manus Dei, qu’on lui donnait. — Le basse et garni en bas d’un fer pointu, que portaient
bouquetin était regardé comme la souche de notre les pèlerins ;— à un genre de faute de composition
bouc domestique avant que l’ægagre nous fût connu. d’imprimerie qui consiste à passer quelques mots ou

BOUQUIN , vieux bouc. Voy. bodc. Ce mot s’ap- une partie de la copie.
plique aussi aux vieux livres, sans doute à cause de BOURG (du latin burgus, employé par Végèce
l’odeur qu’ils exhalent. Par suite on a nommé bou- dans le sens de tour, et dérivé lui-même du grec
quinistes les libraires qui vendent de vieux livres pyrgos, même signification), nom vague qui désigne
et les amateurs qui les recherchent quelques hom-
: aujourd’hui un groupe d’habitations intermédiaire
mes se sont fait une réputation en ce genre, notam- entre le village et la ville, et généralement pourvu
ment feu M. Boulard, le marquis de Méjannes, d’un marché, paraît avoir été autrefois synonyme de
M. Pillet, M. de Corbières. Voy. bibliophile. commune ; c^est le sens qu’a encore en Angleterre le
BOURACAN (de bure ou bourre), espèce de ca- mot borough. De bourg, pris en ce sens , est venu
melot d’un grain plus gros que le camelot ordinaire. bourgeois [Voy.ee mot). —En Angleterre, on ap-
C’est une étoffe de laine non croisée qui se travaille pelle bourgs-pourris, c.-à-d. tombés en dissolution,
sur le métier à deux marches , comme la toile ; la ceria ines localités autrefois bien habitées, aujourd’hui
trame est un fil simple, retors et fin filé ; la chaîne, presque désertes, mais qui n’en étaient pas moins
à laquelle on mêle quelquefois du chanvre, est dou- restées en possession de nommer des députés au Par-
ble ou triple. Le bouracan ne se foule point ; on le lement; cet abus a cessé en 1832.
fait seulement bouillir à l’eau claire à plusieurs BOURGÈNE, plante. Foÿ. bourdaine.
reprises, et on le calandre ensuite avec soin. Le BOURGEOIS, bourgeoisie, classe de citoyens in-
bouracan doit être bien uni , d’un grain rond, et si termédiaire entre le peuple et la noblesse , se com-
serré que l’eau ne fasse que couler dessus sans pou- posait, sous l’ancienne monarchie, de tous ceux qui
voir passer ù travers. On le teint , tantôt en laine, étaient appelés à participer aux devoirs et aux char-
c.-à-d. avant que la laine soit travaillée; tantôt en ges du bourg dans lequel ils avaient leur domicile :
pièce, après que la pièce a été levée de dessus le on les distinguait avec soin, dans les actes officiels,
métier. Les villes où il se fabrique le plus de bou- des manants et artisans', on les nommait aussi
racan sont : Valenciennes, Lille, Abbeville, Amiens, francs-bourgeois par opposition aux serfs. En ce
Rouen : les meilleurs sont ceux de Valenciennes. Les sens, le bourgeois ùee monarchies modernes est à peu
vêtements de bouracan étaient fort en vogue au der- près le citoyen des républiques anciennes. —
Les bour-
nier siècle : la mode en est passée. geois des grandesvilles jouent un rôle important dans
BOURBILLON (de bourbe) , petit corps blanchâtre, notre histoire depuis l’affranchissement des Commu-
grumeleux, tenace, élastique, formé par une portion nes.— On doit à Leymarie VHist. de la Bourgeoisie
de tisssu cellulaire gangrené, et qu’on rencontre (1856) et à Fr. Lacombel’ff. de la B. de Panï(1851).
dans le centre des furoncles. Voy. ce mot. bourgeois, nom d’une monnaie de billon qui eut
BOURDAINE ou bourgène , Rnamnus frangula, cours en France sous Philippe-le-Bel. Le bourgeois
arbuste du genre Nerprun, ayant une hauteur de 3 à simple ou single n’était autre que le denier parisis,
4 mètres, et croissant parmi les buissons et les haies, et valut longtemps de 6 à 9 centimes; le bourgeois
dans les terrains humides. Ses feuilles, ovales, d’un double ou fort était un double parisis.
vert pâle, sont broutées avecdélices par les chevreuils BOURGEON, corps qui se développe sur diverses
et les cerfs. Cet arbre est très-commun en Europe. Son parties des végétaux et qui par son évolution donne
fruit est une baie successivement verte, rouge et noire ;
naissance à des pousses nouvelles. Il faut distinguer
son écorce intérieure est purgative. Le charbon de dans le bourgeon l’œi7, le bouton et le bourgeon
:

bourdaine est très-léger ; c’est celui qu’on emploie proprement dit. L’œi7 est un petit corps de forme
de préférence à la fabrication de la poudre à canon. conique , composé d’écailles imbriquées , que l’on
BOURDON, Bombus, genre d’insectes hyméno- observe à l’aisselle des feuilles et à l’extrémité des
ptères, de la famille des Mellifères, remarquable par rameaux dans les arbres et les arbrisseaux; il appa-
le bruit qu’il fait avec sa trompe, surtout quand il raît au commencement de l’été , au moment où la
vole. Il a pour caractères un corps gros et velu, la végétation est le plus active. Jusqu’à la fin de l’au-
lèvre inférieure presque cylindrique et formant une tomne, ce germe se développe, et, par sa forme, il
fausse trompe très-longue , des antennes filiformes peut déjà annoncer s’il doit donner naissance à des
et vibratiles, les ailes antérieures présentant une feuilles et à du bois, ou à des fleurs et à des fruits .

cellule radiale assez grande et quatre cellules cubi- il constitue alors le bouton. Resté stationnaire pen-

tales. Les bourdons se réunjssent en société comme dant l’hiver, le bouton devient bourgeon au prin-
les abeilles, mais seulemenT au nombre de 40 à 50, temps suivant; il se dilate alors, et ses écailles s’ô-
, , , ,

BOUR — 204 — BOUR


eartent pour donner passage aux organes qu’elles Chez plusieurs peuples, l’office de bourreau était
protégeaien t.Les bourgeons sont généralemen l recou- confié à de grands officiers, comme chez les Pci scs,
verts à l'qxtérieur d’un enduit visqueux et gai nis à ou à des prêtres , comme chez les Germains et les
l’intérieur d’une sorte de bourre qui les garantit des anciens Gaulois. A
Rome, il était exercé par les lic-
rigueurs delà saison froide. — Les bourgeons varient teurs, qui marchaient devant le consul. Longtemps,
deformeetde couleur suivantla nature des arbres. Ils en Europe, le titre et l’office de bourreau furent in-
prennent le nom de surgeon, s’ils partent du bas de la connus; les arrêts étaient exécutés soit par un habi-
tige ; de drageon, s’ils s’élèvent des racines ; de faux- tant, le dernier arrivé dans le lieu, soit par les juges
bourgeon, s’ils sortent directement de l’écorce. eux-mêmes. — Chez les peuples modernes, une idéedc
En Pathologie, on appelle bourgeons charnus (bour- flétrissure et même d’infamie était attachée à l’office et
geons celluleux et vasculaires) des granulations coni- à la personne du bourreau : dans plusieurs provinces
ques et rougeâtres qui se développent à la surface des de France, il ne lui était pas permis d’habiter dans
plaies suppurantes et en déterminent la cicatrisation. l’enceinte des villes; dans le temps où tout le monde
— On appelle vulgairement bourgeons les boutons portait l’épée , il ne pouvait se la permettre qu’en
tuberculeux qui viennent au visage de certaines per- la fixant au côté droit ; lorsqu’il faisait ses pâques,
sonnes, qu’on dit être bourgeonnées. V. couperose. il se tenait à genoux sous le porche des églises. Par
BOURGMESTRE, nom donné dans quelques villes compensation, il avait certains privilèges il était
:

d’Allemagne et des Pays-Bas à un magistrat muni- exempt de toute imposition ; il percevait même dans
cipal. Vog. le Dict. univ. d'Eist. et de Géogr. plusieurs villes sur les denrées qui se vendaient au mar-
BOURNOUS. Voy. burnous. ché des droits dits droit de havage, de riflerie, etc.
BOURRACHE (du latin borrago), genre type de la Toutes ces exceptions sont aujourd’hui supprimées,
famille des Borraginées, composé de plantes herba- et le préjugé qui s’attachait à l’exercice de l’état de
cées, à tiges et feuilles hérissées de poils piquants, à bourreau parait s’être tellement effacé, qu’à chaque
fleurs roses, bleues ou blanches, en grappes ramifiées, vacance on compte un très-grand nombre de sollici-
comprend 6 ou 7 espèces. La B. commune [Borrago teurs empressés de combler le vide. —
M. Joseph de
offcinalis), plante annuelle indigène, a une tige cy- Maistre, dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg a
lindrique, épaisse , charnue, succulente, des feuilles tenté de réhabiliter lebourreau ille
: présente comme
ovaJes, sinueuses ; ses fleurs, ordinairement d’un bleu la defde voûte de la société.
d'azur, sont en longs épis roulés au sommet des ra- BOURREE, sorte de danse fort gaie, originaire de
mifications. La bourrache est employée comme sudo- l’Auvergne, et qu’on dansait beaucoup autrefois,
rifique et diurétique, propriété qu’elle doit à l’azotate même à la cour. Elle y fut introduite en 1565 par Mar-
de potasse qu’elle contient. — On peut-cultiver dans guerlte de Valois, fille de Catherine de Médicis, et y
les jardins la B. du Levant, à fleurs d’un pourpre resta à la mode jusqu’au règne de Louis XIII. L’air de
bleuâtre, et la B. laxi flore, dont les fleurs, écartées cette danse est à 2 temps et d’un mouvement rapide.
les unes des autres, sont petites et de couleur bleue BOURRELET (de bourre), espèce de bandeau rem-
ou carminée. — On donne quelquefois le nom de bourré dont on entoure la tête des enfants pour la
Petite-Bourrache à la Cynoglosse 'printanière. garantir contre les coups. Au lieu de ces lourds
BOURRE (du bas latin ourm, bourre). On nomme bourrelets qui s.urchargeaient la tête des enfants et
ainsi :1<> un amas de poils de certains animaux, tels, que l’auteur d’Émile a justement proscrits, on fait
que bœufs, vaches, chevaux on la détache de la
: aujourd’hui des bourrelets en osier, en baleine , en
peau au moyen de la chaux ; elle sert à garnir des acier, qui sont aussi légers qu’élégants.
selles, des bâts, des tabourets, etc.; — 2“ le duvet qui En Botanique , on nomme bourrelets ces sortes
couvre les bourgeons lorsqu’ils commencent à pous- de renflements que l’on remarque sur tous les végé-
ser, notamment ceux de la vigne les Arabes et les
; taux ligneux. Il y en a de trois sortes le bourrelet
:

Indiens recueillent la bourre du palmier et en font naturel qui se forme sur les branches et les ra-
des étoffes. — On appelle B. de laine ou B. la- meaux des arbres, et qui marque le point d’où doi-
nice la partie la plus grossière qui provient de la vent sortir des boutons; le bourrelet artificiel dû
laine, et qu’on retire de dessus les draps et autres à la culture par marcottes et par boutures, à la greffe
étotfes de laine lorsqu’on les prépare avec le char- ou à une ligature; le bourrelet axcidentel, déter-
don ; on en garnit les matelas ; B. de soie, la partie miné par des accidents. —En Anatomie, le bourrelet
la plus grossière du cocon, celle qui ne se dévide pas est une partie du corps calleux. V. calleux (corps).
[Voy. filoselle) ; on en fait des étoffes, telles que BOURRELIER (de 6o«rre), artisan qui confec-
celle qu’on appelle éourre de Marseille, étoile moirée tionne les harnais pour les bêtes de somme , tels
dontlachaîneest de soieetla trame de bourre de soie. que bâts, colliers, brides, licous, attelages de char-
On nomme encore bourre ce qu’on met dans les rette et de charrue. Cette profession tient à la fois
armesà feu pour retenir la poudre elle plomb dont on du sellier et du cordonnier. M. Lebrun a donné un
lescharge. Les bourres de fusil sont en papier, en car- Manuel du bourrelier et du sellier.
ton, en liège, en étoupe, etc.; celles de canon en foin BOURSE (du grec byrsa, cuir, parce que dans
ou même en terre. Voy. cartouche et gargousse. l’origine les bourses étaient en cuir).
BOURREAU (mot qu’on prétend dérivé du nom En Botanique, on appelle ainsi 1» les capsules
;

d’un certain Borel clerc qui possédait un fief , à la des anthères; 2® les bourgeons courts et coniques
charge de pendre les voleurs du canton), exécuteur des arbres fruitiers qui ne produisent que des bou-
des hautes œuvres, chargé de mettre à exécution les tons ; 3» la membrane qui renferme certains cham-
arrêts portant peine de mort ou exposition publique. pignons avant leur entier développement.
Son titre officiel est, chez nous, Exécuteur des ar- En Anatomie, on appelle bourses muqueuses et
rêts criminels ; la désignation vulgaire de bourreau sébacées, de petits follicules muqueux, sébacés, qu’on
n'est pas reconnue parla loi. —Un décret de 1793 trouve dans l’épaisseur des membranes muqueuses
avait institué un exécuteurpardépartement; le nom- et de la peau; bourses synoviales , les membranes
bre en a été diminué graduellement une ordonn. du
: qui revêtent les articulations, ou qui se déploient au-
7 oct. 1832 les a réduits à 43; ils sont nommés par tour des tendons, pour favoriser leur glissement.
le ministre de la Justice, ont un salaire fixe (8,000 fr. Dans le Commerce, on donne le nom de Bourse à un
à Paris, 5,000 à Lyon, 4,000 à Rouen et à Bordeaux, édifice ou lieu public où s’assemblent, à des heures
2,000 fr. dans les villes de moins de 20,000 âmes), et déterminées, les banquiers, les négociants, les agents
ont droit à des indemnités de déplacement. La loi de change, les courtiers, etc., pour traiter d’affaires:
leur accorde en outre un certain nombre d'aides pour c’est le plus souvent un des plus beaux édifices do
les assister dans leurs fonctions. la ville. A Paris, on nomme parquet la partie de la
, , ,,

BOÜR — 20a — BOUS


Bourse exclusivement réservée aux agents de change; BOUSAGE , opération qui , dans la fabrication des
coulisses, les avenues où stationnent et s’agitent des indiennes, succède au mordançage, et dans laquelle
entremetteurs clandestins^ qui ont pris de là le nom on se sert de la bouse de vache. Elle a pour but prin-
de coulissiers ou courtiers marrons. La Bourse est cipal de fixer le mordant par la matière albumi-
ouverte (ordonnance du 12 janvier 1831) tous les neuse que renferme la bouse de vache, et qui se
jours, excepté les jours fériés il y a des heures dis-
: combine avec ce mordant pour former une combi-
tinctes pour la négociation des effets publics et pour naison insoluble qui se précipite sur les fibres du
les opérations commerciales. En ce qui concerne les tissu , et en même temps de saturer l’acide acétique
ell'ets publics, les principales opérations sont : les qui reste du mordançage. On peut remplacer la bouse
marchés au comptant; marchés à terme, qui se
les de vache par des phosphates et des arséniates.
distinguent en ventes fermes, où l’acheteur et le ven- BOUSE (du grec bous, bœuf). La bouse de vache,
deur sont engagés ,
l’un à recevoir le titre contre connue de toute antiquité comme engrais, a été de-
payement, l’autre à le livrer au terme convenu, et puis quelques années appliquée à la teinture des
ventes à primes, dans lesquelles l’acheteur n’est en- étoffes. Voy. bousage.
gagé que conditionnetlement et peut se dédire en BOUSIERS (de bouse, excrément de la vache).
abandonnant une prime ou à-compte qu’il a dû préa- Copris, genre d’insectes Coléoptères pentamères, de
lablement payer; report, qui consiste à acheter au la famille des Lamellicornes et de la tribu des Co-
comptant une certaine quantité de rentes et à les re- prophages , appartient au grand genre Scarabée de
vendre à terme au même instant pour obtenir le bé- Linné. Ces insectes vivent dans les fumiers et les ex-
néfice ou la plus-value résultant du cours plus élevé créments des animaux, dont ils font leur nourriture.
à terme ; le déport, qui consiste, au contraire, dans Leur taille varie considérablement; dans nos con-
la différence entre un cours plus élevé au comptant trées ils ne dépassent guère 18 ou 20 millim.; presque
et un cours plus bas à terme. Ces trois derniers gen- tous sont d’un noir luisant; quelques espèces seule-
res d’opérations constituent ce qu’on nomme agio- ment sont brunes avec un reflet métallique. Les
tage [Voy. ce mot) et sont regardés comme illicites; mâles ont la tète armée de cornes ou d’éminences
la loi les défend en ces termes « Les paris qui au-
: qui leur donnent parfois un aspect fort bizarre. Au-
ront été faits sur la hausse et la baisse des effets pu- trefois on employait en médecine les espèces les
blics seront punis des peines portées par l’art. 419 plus grosses pour en faire l’huile de Scarabées. —
un emprisonnement d’un mois à un an, et
(c.-à-d. Parmi les espèces indigènes, on remarque le Bousier
une amende de 500 à 10,000 fr.) ; » mais l’usage lunaire, fort commun dans les crottins de cheval.
plus fort ici que la loi ,
les tolère. BOUSSOLE (du bas latin bussola ou buxola, boîte,
Les bourses, telles qu’elles existent aujourd’hui, dérivé lui-même du grec, pyxos buis, matière ordi-
ne remontent pas au delà du xvi« siècle. Les pre- naire des boîtes), înstrument servant à observer la
mières furent établies à Bruges, Amsterdam, Venise direction de la force magnétique de la terre et spé-
et Londres. En France, les premières bourses furent cialement à indiquer le Nord. On distingue la B. de
établies à Lyon et à Toulouse, en 1549, et à Rouen, en déclinaison, la B. de variatio.i etlaR. d’inclinaison.
1556. AParis, le Pont-au-Change futassigné dès 1304 La B. de déclinaison se compose d’une aiguille
aux réunions de négociants ; mais ce n’est que bien plus aimantée, mobile en son centre sur un pivot, et
tard, en 1724, que la Bourse fut réellement constituée. tournant horizontalement autour d’un cercle gradué.
On peut consulter sur les opérations de Bourse CofB- Cette aiguille, obéissant à l’influence du magnétisme
nières(i)e la Bourse, 1824) et les écrits plus récents terrestre, dirige constamment ses deux extrémités
de MM. Mollot, Lamst, Courtois, Courcelle-Seneuil. vers les deux pôles du globe (Voy. magnétisme ter-
Comme monuments publics, les plus belles Bour- restre, AIGUILLE aimantée, DÉCLINAISON). La B. ma-
ses sont celles d’Amsterdam, bâtie de 1608 à 1613; rine dite aussi Compas de variation ou Compas
la Bourse de Londres {Roy al- Exchange), construite de mer, n’est qu’une boussole de déclinaison suspen-
d’abord en briques, aux frais de sir ’Th. Gresham, due de manière à se maintenir constamment dans
et réédifiée en 1666 avec beaucoup de magnificence; une situation horizontale. L’aiguille en est plate, et
la Bourse de Saint-Pétersbourg, construite de 1804 forme à son centre de gravité un losange évidé, eu
à 1811 par l’architecte français Thomon; la Bourse forme de chape ; ou bien elle est percée d’un trou rond
de Paris, édifice périptère, commencé en 1808 par auquel on adapte une chape d’argent. Sur cette chape
Brorgniart et achevé en 1825 par La Barre. est appliqué un cercle de carton, de tôle ou de cuivre
En Turquie et dans tout le Levant, on donne le très-mince, en sorte que Taiguille, dans son mou-
nom oe bourse à une monnaie de compte ; la B. vement, est obligée d’entraîner avec elle ce petit cer-
d’argent vaut 500 piastres (de 150 à 165 fr.); la B. cle, qui, par son poids, modère un peu la trop grande
d’or vaut 30,000 piastres (de 9,000 à 9,900 fr.). Du facilité qu’elle aurait à vaciller. Le petit cercle est
reste, la valeur de la bourse varie selon les pays; découpé , et présente 32 points qui divisent la cir-
elle^ est tout autre en Égypte qu’en Turquie.
conférence en autant de parties égales nommées aires
Enfin, on donne le nom de bourse à une pension de vent oarumbs; le cercle lui-même s’appelle rose
fondée par le gouvernement, par un département, des ve?its ( Voy. ces mots). Outre la rose des vents, ainsi
par une ville ou par un particulier, dans un lycée ou fixée sur l’aiguille et qui partage ses mouvements,
collège, dans une école,daiis un séminaire, pour
l’en- on place autour du bord de la boite un cercle divisé
tretien d’un élève, dit boursier, durant le cours
de en 360°, et concentrique avec le pivot. Ce cercle sert
ses études. Il
y a dans les lycées et les collèges des à faire connaître les angles formés par la direction
Bourses impériales (dites précédemment royales ou de l’aiguille et celle du vaisseau, et donne en même
nationales), des B. communales et des B. départe- temps les moyens de tenir exactement compte de la
mentales. Suivant le décret du7 févr. 1852 elles arrê- déclinaison de l’aiguille. Le système de suspension de
tés des 9 févr. 1852 et21 mai 1853, les Boursiers
impé- la boussole marine se compose de plusieurs cercles
riaux sont nommés, sur la proposition du ministre de mobiles qui se coupent à angles droits ce mécanisme,
;
l’Instr. publique, par l’Empereur, à raison des
services appelé suspension de Cardan est disposé de ma-
de leurs parents. Les préfets confèrent, sous la confir- nière à la tenir toujours dans une position horizontale,
mation du même ministre, les bourses départemen- malgré le roulis et le tangage du vaisseau. On place
tales et communales, ces dernières d’après une
liste la boussole près du gouvernail, afin que le matelot
dressée parles conseils municipaux. Les candidats
aux qui tient la
barre puisse toujours sousles yeux.
l’avoir
différentes bourses subissent un examen préalable.Sui-
vant la fortune des familles, il est accordé une bourse
— La boussole de déclinaison à quelques
est sujette
erreurs que l’on corrige au moyeu du Compensateur
entière, trois-quarts de bourse, ou une demi-bourse.
magnétique. Voy. ce mot.
BOUT — 206 — BOUT
La B. de variation est une boussole de déclinai- don qui doit lerenforcer; enfin, il porte la bouteille
son munie de microscopes , et construite d’une ma- au four à cuire , où elle se refroidit peu à peu. —
nière particulière pour indiquer avec la plus grande Les bouteilles doivent présenter plus ou moins de
précision les variations diurnes de l’aiguille aimantée. force, suivant l’usage auquel elles sont destinées :
La B. d’inclinaison est semblable à la B. de décli- celles dans lesquelles on met des vins mousseux, des
naison; mais, au lieu de la placer horizontalement, eaux gazeuses, ont besoin de résister à une très-
on renverse l’appareil de manière que le cercle et, forte pression intérieure : la casse de ces bouteilles
par conséquent, l’aiguille soient dans une position est dans une énorme proportion (quelquefois 50 0/0).
verticale ; le cercle tourne lui-même sur un pivot On fabrique à Épinac (Saône-et-Loire) des bouteilles
vertical qui traverse le centre d’un autre cercle ho- pour les vins de Champagne qui résistent à une pres-
rizontal ; ce qui permet de placer le premier dans tous sion intérieure de 30 atmosphères. — Une ordon-
les azimuts. Voy. inclinaison. nance du 8 mars 1735 avait prescrit de ne fabriquer
On fabrique aujourd’hui des boussoles qui mar- que des bouteilles tenant pinte, mesure de Paris, et
quent en même temps la déclinaison et l’inclinaison, du poids de 25 onces ; mais ce règlement si sage est
La B. d’arpentage est une boussole de déclinaison tombé en désuétude , et les verriers fabriquent des
enfermée dans une boîte carrée sur le côté de laquelle bouteilles d’une jauge incertaine , qui varie suivant
se meut une alidade ou une lunette à deux verres con- les lieux et la cupidité des marchands de vin.
vexes que l’on peut diriger sur les points qui sont BOUTEILLE DE LEVDE, dite aussi/urrc électrique, in-
hors du plan du niveau. Cette houssole, indispen- strument de physique qui sert à accumuler des char-
sable à l’arpenteur, est fort utile dans le levé des ges électriques. 11 se compose d’un flacon en verre,
plans : par exemple , pour lever les sinuosités d’un recouvert extérieurement d’une feuille d’étain qui
cours d’eau, d’un sentier dans les bois, ou pour me- monte jusqu’à quelques centim. des bords, et rempli
surer des périmètres dans les pays couverts, quand de feuilles de clinquant, au milieu desquelles plonge
on ne peut voir l’objet auquel tous les autres se rap- une tige métallique : celle-ci traverse le goulot du
portent. Cet instrument ne donne, U est vrai, que flacon, se recourbe extérieurement en crochet, et se
des résultats approximatifs, mais qui sont bien suf- termine par un bouton. L’espace compris entre le
fisants dans la plupart des cas. goulot et la feuille d’étain, dite armature exté-
Les Chinois ont connu la boussole de temps im- rieure, est verni à la laque, pour empêcher toute
mémorial ; ils s’en servaient plus de 2,000 ans avant communication entre l’intérieur et l’extérieur de la
J -C. On a supposé que le Vénitien Marco Paolo nous bouteille. Pour charger une bouteille de Leyde,
avait apporté cette invention ; mais ce voyageur ne on la tient par la panse, et l’on présente le bouton à
fut de retour en Europe qu’en 1295 , et dès 1180 il la machine électrique ; le fluide vitreux s’accumule
est parlé de la boussole (sous le nom de Marnière dans la bouteille, le fluide résineux reste sur l’ar-
ou Amanière) dans des vers de Guyot de Provins; mature extérieure. On peut décharger la bouteille
elle était aussi connue sous les noms de Marinette, lentement ou d’une manière brusque si on la tient
:

Magnette; on la nommait Calamite dans Médi-


la d’une main par la panse, de manière à toucher l’ar-
terranée. Du reste, il parait constant que l’usage de mature extérieure, et que de l’autre main on touche
cet instrument ne fut un peu répandu en Europe que le bouton , le corps sert de conducteur, la bouteille
vers l’an 1300 : c'est Flavio Gioja, d’Amalfl, qui in- se décharge instantanément , et l’on reçoit une vio-
venta à cette époque, non la boussole elle-même, lente secousse; il y aurait du danger à s’y exposer
mais le moyen de disposer l’aiguille aimantée de ma- dans le cas d’une forte charge. Pour décharger la
nière à satisfaire à tous les besoins de la marine. bouteille lentement, on la pose avec précaution sur
BOUSTROPHÉDON (du grec bous, bœuf, et stré- un isoloir, et l’on tire alternativement de la panse et
pJiô, tourner), sorte d’écriture commune à plusieurs du bouton une foule de petites étincelles.
peuples de l’antiquité, entre autres, aux Grecs, aux On appelle batteries électriques des réunions de
Phéniciens, aux Étrusques et aux Hébreux. Elle con- plusieurs bouteilles de Leyde, dont tous les inté-
sistait à écrire alternativement de gauche à droite et rieurs communiquent au moyen de tiges de métal,
de droite à gauche, sans que la ligne fût disconti- et dont tous les extérieurs sont en communication
nuée, àl’imitation des sillons d’un champ. Les plus an- par le moyen d’une feuille métallique qui garnit
ciennes inscriptions grecques sont enboustrophédon. tout le fond de la caisse en bois où sont placées les
BOUTAR GUE, sorte de préparation culinaire faite bouteilles ; une petite chaîne assure la communica-
avec les œufs et le sang du Muge , poisson de la tion des armatures extérieures avec le sol. Les effets
Méditerranée : on sale ces œufs, on les broie, on les de ces batteries sont très-puissants : un fil de fer de
réduit en une pâtée qu’on fait sécher au soleil. A plusieurs centimètres de longueur est fondu par la dé-
Marseille , on mange la boutargue avec de l’huile charge d’une forte batterie ; les corps mauvais conduc-
d’olive et du citron. La meilleure vient de Tunis. teurs, comme, par exemple, les pierres, en sont per-
BOUT-DEHORS ou boute-hors. Dans la Marine, cés ou brisés ; il ne faut pas des batteries très-fortes
on nomme ainsi des pièces de bois adaptées sur l’a- pour tuer des oiseaux, des lapins, et même des ani-
vant à chaque vergue , et qui servent à déployer et maux de plus grande taille.
à soutenir les bonnettes. On rentre les bout-dehors La bouteille de Leyde est ainsi nommée parce que
le long de leurs vergues respectives et on les pousse c’est àLeyde qu’on en afait l’invention ries unsl’attri
dehors à volonté. Ils prennent le nom de la vergue buentàMuschenbrœck, d’autres àson disciple Cuneiis.
à laquelle ils tiennent. BOUTEILLER ou boütillier, officier qui a l’in-
BOUTEILLES (du bas latin buticula). On les fa- tendance du vin dans la maison d’un prince. — Le
brique avec les matières vitriflables les plus com- grand bouteiller de France était , dès le temps de
munes, le sable, les soudes du commerce, les cendres. Charlemagne, un des cinq grands officiers de la cou-
Un ouvrier verrier p_onge une tige creuse dans la ronne il avait droit de séance entre les princes, dis-
:

matière en fusion ; il en saisit une certaine masse, putait le pas au connétable , et prétendait au droit
puis la souffle en la tournant sans interruption; et, de présider la chambre des comptes. Il fut remplacé
quand elle est dilatée à un certain point, il la fixe par le grand échanson, qui hérita de ses fonctions ,
dans un moule, et continue à la souffler et à la tourner mais non pas de ses privilèges. Voy. échanson.
jusqu’à ce qu’elle ait pris la forme qu’elle doit avoir ; BOUTE-SELLE, signal pour avertir les cavaliers
il la retire alors, la renverse, et, la plaçant dans une de seller les chevaux et de monter à cheval, se donne
position verticale, il forme le creux, dont il rentre la en sonnant la trompette.
convexité dans l’intérieur de la bouteille; il coupe BOUTOIR (de bout) , nom primitivement donné
ensuite le col, en arrondit le bord, et place le cor- au museau du sanglier, et depuis étendu à tous les
, ,

BOUT — 207 — BOUV


museaux analogues, tels que ceux du cochon, du l'ordre où riment ordinairement nos vers, et que
tapir, du coatis, du balisaur, de la taupe, etc. l’on choisit pour derniers mots de vers à faire sur un
Dans l’intérieur du museau se trouve un osselet ap- sujet donné. On rapporte l’origine de ce jeu d’esprit
pelé os de boutoir, qui lui donne de la solidité et à Dulot, poète médiocre, qui vivait au xvn® siècle. Ce
le rend propre à fouiller la terre. poëte s’étant plaint d’avoir perdu 300 sonnets, dont
Les vétérinaires et les maréchaux ferrants ap- il avait par avance fait les rimes
,
cette manière de
pellent boutoir un instrument tranchant dont ils se procéder parut si singulière qu’on imagina d’en
servent pour couper la corne du pied des chevaux. faire l’essai par forme de passe-temps. Le Mercure
BOUTON. En Botanique, ou appelle bouton : 1° le galant contient un recueil assez considérable do
bourgeon qui commence à se former (Voy. bour- bouts-rimés. M“®Deshoulières réussissait en ce genre;
geon) ; 2° une fleur non épanouie ; 3® le petit bulbe on cite son sonnet sur Tor, fait sur bouts-rimés. En
qui naît à l’aisselle des écailles extérieures d’un voici le début :

oignon ; on le nomme aussi bouton radical ou cdieu.


— C’est encore le nom vulgaire d’un grand nombre
Ce métal précieux, cette fatale pluie.
Qui vainquit Danaé , peut vaincre runivcri.
de fleurs; ainsi , on nomme ; B. d’argent TAchillée Par lui les grands secrets sont souvent découverte
Et l’on ne répand point de larmes qu’il n’etiuie.
sternutatoire, la Camomille romaine, la Renoncule
aux feuilles d’aconit; B. de bachelier, B. de la ma- Aujourd’hui, ce genre d’amusement est tout à fait
riée, la Lychnide visqueuse B. de culotte, un radis passé de mode.
;
blanc ; B. d’or, plusieurs Renoncules et l’Immortelle BOUTURE (de bouter, mettre, placer), branche
jaune; B. noir, la Belladone commaae; B rouge, d’un arbre ou d’une plante vivace que Ton sépare de
le Gaînier du Canada. la tige, et que l’on plante en terre pour qu’elle prenne
En Conchyliologie , on donne vulgairement ce racine et produise un nouvel individu. Toutes les plan-
nom à plusieurs espèces de coquilles, à cause de leur tes grasses, les arbres à feuilles caduques, et même
forme arrondie : tels sont le B. de camisole (Tro- certains arbres résineux, se reproduisent ainsi. Les
chus Pharaonis), le Grand B. de la Chine ou boutures se font à la fin de l’hiver ou à la fin de
Cardinal vert ( Trochus maculatus ) , le B. de la l’automne , suivant qu’on veufplanter des arbustes
Chine (Trochus niloticus), le B. de rose (Bulla am- de pleine terre ou des arbres résineux. —
On distin-
plustra) , le B. terrestre (Hélix rotundata) etc.
,
gue : B. simple, qui se fait avec un rameau de la
En Médecine, on donne ce nom à de petites éle- dernière pousse , et qui est propre à la multiplica-
vu res cutanées, arrondies, isolées, et, la plupart du tion d’une foule de plantes de serre chaude ; B. her-
temps, rouges, qui viennent sur la peau. On les bacée qui se fait avec des jeunes pousses ou bour-
distingue en boutons vésiculeux qui contiennent geons de 2 à 3 centim. de longueur ; B. à bois de
une humeur séreuse, et en prurigineux, qui causent deux ans , qui est employée pour les arbres et ar-
une démangeaison plus ou moins vive. —Le B. d’Alep bustes au moment où ils sont en sève ; B. à talon ,
est une maladie cutanée, particulière à la Syrie. qui se fait avec une jeune branche de Tannée pré-
Elle consiste en un tubercule plus ou moins volu- cédente, qu’on a séparée de la tige avec l’empâte-
mineux, intéressant toute l'épaisseur du derme, et ment qui les réunissait; B. enplançon, qui se fait
commençant par une saillie lenticulaire qui s’ac- avec une forte branche de 3 à 4 mètres de haut, en
croît insensiblement pendant quatre ou cinq mois. forme de pieu; B. en rameau, jeune branche ra-
Alors surviennent des douleurs très-vives, et la sup- mifiée qu’on enfouit sous la terre dans toute sa
puration commence ; l’ulcération varie d’étendue longueur, à l’exception du gros bout, qui fait une
(de 2 à 10 centim.) ; enfin, arrivent la dessiccation et saillie de 3 ou 4 centim. ; B. en ramée, grande bran-
la formation d’une cicatrice indélébile. Cette mala- che munie de rameaux, et placée horizontalement
die atteint les résidants étrangers comme les indigè- en terre à 10 ou 12 centim. de profondeur, et dont
nes ; mais on n'en est affecté qu’une fois dans la vie. les rameaux font saillie de 8 à 10 centim.; B. avec
En Chirurgie, on donne le nom de bouton à un bourrelet par étranglement, bouture d’une branche
instrument qui sert dans l’opération de la taille, et munie d’un bourrelet au-dessus duquel on a fait une
qui consiste en une tige d’acier longue de 20centinj incision; B. à bourrelet par incision, qui consiste à
terminée à une de ses extrémités par un bout oli- enlever de la branche un anneau d’écorce au-dessus
vaire. — Bouton de feu. Voy. cautère actuel. duquel'le bourrelet ne tarde pas à se former; B. à
Dans l’Industrie, on appelle bouton une petite pièce, crossette, qui se fait avec un rameau taillé en forme
ordinairement ronde et plate, quelquefois bombée ou de petite crosse ( Voy. crossette) , etc.
en boule, qui sert à retenir les parties opposées BOUVET, outil de menuisier et de charpentier,
d’un vêtement. Les boutons sont en bois, en métal dont on se sert pour creuser des rainures et des lan-
(or, argent, acier ou cuivre)
;
en nacre, ivoire, os, guettes. C’est une espèce de rabot, qui se compose
corne , cuir bouilli ; en soie, en fil, en lasting, etc. La d’un fût de 2 à 3 décim. de long et d’un fer. On en
fabrication des boutons comprend un grand nombre fabrique de plusieurs sortes : B. mâle, celui dont on
d’opérations qui constituent l’industrie du bouton- fait les languettes; B. femelle, celui dont on fait les
mer. Elle est considérable en Angleterre , surtout à rainures; B. brisé, qui sert à faire des rainures à
Birmingham et à Londres. En France, Paris, Lyon, différentes distances ; B. à rainure et à languette,
Chantilly, Méru, sont les endroits où se fabriquent le qui sert à faire l’assemblage des planches, etc.
plus de boutons. C’est un des genres de fabrication BOUVIER (en grec, bootès). Outre celui qui garde
admis dans les pénitenciers. —
Les boutons ne sont et qui soigne les bœufs, emploi assez important
pas d’une date fort ancienne : nos ancêtres se ser- pour avoir fourni matière à un traité spécial , le
vaient plutôt d’agrafes de cordons, de rubans, d’ai-
,
Manuel du Bouvier (par M. Boyard), ce mot désigne
guillettes, de brochettes ou de grosses épingles. Les une constellation de l’hémisphère boréal, voisine
boutons furent d’abord formés d’une espèce de petite de la Grande-Ourse ou Chariot, qu’elle piaraît di-
balle , revêtue de la même étoffe que les différentes riger, commebouvier dirige ses bœufs. Elle se
le
parties du vêtement qu’ils étaient destinés à réunir, compose de 55 étoiles, dont une de première gran-
dans la suite, op a trouvé cette forme ronde des bou- deur, appelée Arcturus. Selon les Mythologues, le
tons fort incommode par leur grosseur, et l’on a Bouvier serait Icarius, père d’Érigone, qui fut trans-
inventé la forme plate. porté au ciel par Jupiter, à la prière de Bacchus.
Chez les Chinois, le bouton est un insigne honori- En Ornithologie , c’est le nom vulgaire du Gobe-
fique selon qu’il est plus
: ou moins riche, il sert à mouches et de la Bergeronnette ou Lavandière.
distinguer les rangs. BOUVREUIL, Pyrrhula (du grecpyrroulas, espèce
BOUTS-RIMËS mots , qui riment ensemble dans d’oiseau rougeâtre), genre d’oiseaux de l’ordre des
, ,

BRAC —^— BRAC


Passereaux, se trouve dans toute l’Europe, et habite les cadavres et les fumiers, quelques-uns sur les bo-
les bois et les taillis. Il y en a plusieurs espèces ; la lets et les écorcespourries. Foÿ. staphyun.
plus connue, le Bouvreuil commun, a le dos cendré, BRACHIAL (du latin brachium, bras), qui tient
le ventre d’un rouge tendre, la tête et les ailes d’un au bras. En Anatomie, on distingue : le muscle
bra~
beau noir. Le bouvreuil s’apprivoise aisément, et vit chiai antérieur, ou huméro-cubital ; le muscle bra-
en cage de 5 à 6 ans ; son chant naturel est un sif- chial postérieur, ou triceps; V artère brachiale ou
flement très-pur, mais composé seulement de trois humérale; V aponévrose brachiale, le plexus bra-
notes; formé à la serinette, il devient varié et très- chial, les nerfs brachiaux (l’axillaire, le cutané, le
agréable. On nourrit le bouvreuil avec du chènevis. musculo-cutané, le radical, le cubital et le médian),
BOXE (en anglais , hox) , sorte de pugilat très- l’artère brachio-céphalique ou innominéee, qui naît
usité en Angleterre. L’art de la boxe consiste : 1<> à de la courbure de l’aorte et fournit l’artère bracliiale
frapper son adversaire, avec le poing, aux parties les et l’artère céphalique ; les ligaments brachio-cubitaî
plus sensibles du corps, au visage, au creux de l’esto- et brachio-radial, etc.
mac et au défaut des côtes ; 2“ à éviter d’être tou- BRACHINE, Brachinus (du grec brachys, court),'
ché, soit au moyen de parades avec les bras, soit par genre d’insectes Coléoptères pentamères , de la fa-
un mouvement de retraite de la tête ou du corps. mille des Carabiques, ainsi appelés à cause de la
Les coups , dans- ce genre de lutte , ne doivent por- forme générale de leurs corps, aussi large à une ex-
ter qu’au-dessus de la ceinture; les plus rapides sont trémité qu’à l’autre, et comme tronqué. Cet insecte
les coups droits. La boxe est devenue, chez les An- lance par l’anus, avec fumée et explosion, lorsqu’il
glais, l’art à la mode ; elle est inquiété, une liqueur volatile d’un blanc jaunâtre,
y est cultivée par le grand
seigneur tout aussi bien que par l’homme du peuple. d’une odeur pénétrante analogue à celle de l’acide
Il y a des combats publics où des boxeurs fameux azotique, rougissant le tournesol, et produisant sup
se battent sérieusement pour une certaine somme la peau des taches rouges avec sensation de brûlure.
d’argent; des paris considérables s’engagent souvent Le B. tirailleur (Brachinus crepitans) vit sous les
dans ces occasions : ces luttes ont autant d’attrait pierres et est très-commun aux environs de Paris.
aux yeux d’un Anglais que chez nous un un assaut Il est long de 12 à 15 millim.; le B. caustique se
d’armes. On peut consulter sur l’histoire de la boxe : trouve dans le midi de la France.
Boxiana, or sketches of modem and ancient pugi- BRACHIONIDES, famille d’animaux infusoires
lism , par Pierce Egan , Londres , 1824. compris entre les polypes et les crustacés, a pour
BOYARD. Voy. boiard. type le genre Brachion. Ils sont invisibles à l’œil nu
;
BOYAU (qu’on dérive de l’italien buoto ou vuoto, leur corps, contractile et recouvert d’un test solide,
vide) , synonyme A' Intestin. Voy. ce mot. est transparent, percé postérieurement pour donner
Dans l’Industrie, on désigne particulièrement sous passage à une queue rétractile articulée : ils sont ovi-
ce nom les intestins de bœuf , de mouton , de che- pares. Les Brachionides vivent indifféremment dans
val, etc., avec lesquels on prépare des boyaux insufflés les eaux douces et dans les eaux salées.
pour les charcutiers, de la baudruche, des cordes à ra- BRACHIOPODES (du grec brachion, bras, et
quettes, à fouets, des cordes harmoniques, etc. Les pous, pied), classe de Mollusques qui renferme des
ateliers où se préparent ces articles s’appellent boyau- animaux à coquilles bivalves, munis de deux bras
deries;\es ouvriers, boyaudiers. Ce genre d’industrie charnus garnis de nombreux filaments qu’ils peu-;
est fort malsain, à cause de l’insalubrité des matières vent étendre hors de la coquille ou retirer en de-
qu’on y emploie : M. Labarraque a réussi à l’assainir dans, et dont la bouche est entre les bases des bras.
par l’application de ses chlorures aux matières pu- Les Brachiopodes se fixent aux rochers par un pé-
tréfiables. Voy. chlorures. doncule fibreux ou par l’adhérence même de l’une
Dans l’Art militaire ,
le mot boyau signifie une de leurs valves ; on les trouve rarement à l’état vi-
tranchée étroite et tortueuse, dirigée vers une place vant, à cause des grandes profondeurs où ils vivent
assiégée. Ce sont des retranchements qui servent à tous; mais on en connaît beaucoup à l’état fossile.
lier les attaques du front de la place. Les genres principaux sont appelés Lingule, Téré-
BRACELET (du latin brachiale, même significa- bratule, Orbicule, etc.
tion), ornement d’un usage fort ancien, s% porte BRACHIOPTÉRES (du grec brachion, bras, et
tantôt au bras gauche , tantôt aux deux à la fois. ptéron, nageoire), famille de poissons Gnathodontes
Chez les Grecs et les Romains, les hommes l’avaient hétérodermes, renfermant ceux qui ont les nageoires
adopté aussi bien que les femmes ; il en est de même pectorales pédiculées.
aujourd’hui en Orient et chez plusieurs peuplades BRACHISTOCHRONE (du grec brachistos, le plus
sauvages : les femmes turques et africaines en por- court, et chronos, temps). On appelle ainsi en Géo-
tent même souvent aux jambes. Chez les anciens métrie la ceurbe par laquelle un corps, abandonné
les bracelets étaient souvent un gage de fiançailles
;
à l’action de la pesanteur, descend le plus vite pos-
les filles n’en portaient pas, qu’elles ne fussent ac- sible; dans le vide, cette courbe serait la cycloïde
cordées. Chez les Romains, qui le nommaient ar- (Voy. ce mot). Le problème de la brachistochrone fut
milla, le bracelet était aussi la récompense de la proposé par Jean Bernouilli , en 1696, aux savants
valeur. Us en avaient en toute sorte de métal, et leur de l’Europe, et résolu par Leibnitz, Jacq. Bernouilli,
forme la plus ordinaire était celle d’un serpent tor- Newton et Lhôpital.
tillé sur lui-même, ou d’un cordon tressé et terminé BRACHYGRAPHIE (du grec brachys, court,
par deux têtes de serpent. —
En France , ce n’est 3i>règè,ei graphô, écrire). Voy. sténographie.
guère que depuis le règne de Charles VII que les BRACHYPTERÉS (du grec ômcAys, court, ei pté-
femmes ont adopté l’usage des bracelets. ron , aile) , famille d’oiseaux répondant à celle des
BRACHELYTRES (du grec brachys, court, et ély- Brévipennes. Voy. ce mot.
tron, étui), famille d’insectes Coléoptères penta- BRACHYÜRES (du grec brachys, court, et aura ,
mères, doit son nom au peu de longueur de ses ély- queue) , ordre de Crustacés décapodes, qui a pour
tres,qui ne recouvrent qu’une partie de l’abdomen; caractères principaux ; une queue (abdomen) plus
lecorps, au contraire , est allongé leur bouche est courte que le tronc, sans nageoires à son extrémité,
;
armée de fortes mâchoires, et ils portent près de l’anus et se reployant en dessous à l’état de repos; la poi-
deux petites vésicules velues qu'ils font sortir à vo- trine triangulaire chez les mâles, arrondie et bombée
lonté, et d’où s’échappe une vapeur subtile très-odo- chez les femelles; quatre paires de doubles filets ve-
rante. Presque tous ontPhabitude de relever en cou- lus destinés à porter les œufs; les antennes petites,
rant leur abdomen et de le ramener plus ou moins sur les yeux portés sur de longs pédoncules, la première
leur dos. Ils sont très-voraces; la plupart vivent sur paire de pattes se terminant par une serre didactyle.
, , , , ,

BRAI — 209 — BRAN


Cet ordre se divise, d’après M. Milne-Edwards , en On a aussi étendu ce nom à différents goudrons
4 gratdes familles : les Oxyrhinques, les Catomé- épaissis qui se tirent de la houille et des bitumes. Le
topes, les Cyclométopes et les Oxystomes. brai gras sert à la confection de la poix des cordon-
BRACONNIER (de braque, espèce de chien de niers, des mastics bitumineux et des vernis noirs à
chasse) Ce mot désignait d’abord, non celui qui chasse
.

calfater les navires, etc. Ces brais se fabriquent en
en fraude, mais les valets qui gouvernaient une es- grande quantité en Suède, en Russie, etc.; les Hollan-
pèce de chiens nommés braques, comme les faucon- dais, les Suédois, les Hambourgeois les transportent
niers étaient les valets chargés de l’entretien et de dans les ports de France, d’Angleterre, d’Espagne,
de l’éducation des faucons. —
Autrefois, le bracon- du Portugal, etc., pour le service de la marine.
nage était puni, selon les cas, de l’amende, du fouet, BRAIES (du latin bracca, même signif.), se disait
de la flétrissure, du bannissement, des galères, de autrefois d’un vêtement en forme de caleçon qui cou-
la mort même, et toute personne achetant du gibier vrait le corps depuis la ceinture jusqu’aux genoux,
provenant du braconnage était passible des mêmes et qui était en usage chez les Scythes, les Germains
peines. Aujourd’hui le braconnage qui porte préju- et les Gaulois. —
Dans certaines parties de laBretagne,
dice aux propriétaires et qui souvent expose les gar- les paysans portent encore aujourd’hui des hauts-de-
des à des dangers réels, n’est puni que comme sim- chausse fort amples qu’ils nomment bragues. César
ple délit de chasse et est seulement justiciable des
,
avait donné à une partie des Gaules le nom de Brac-
tribunaux correctionnels. Les lois qui , depuis l’abo- cata parce que les habitants portaient des braies.
lition des privilèges de chasse atteignent le bracon-
,
BRAME ou BRÈME, poisson. Voy. brème.
nage, sont celle du 30 avril 1790 et celle du 3mai 1844 BRANCHE (du latin barbare branca, dérivé lui-
(sur la police de la chasse). même de brwdiium). En Botanique, on désigne sous
BRACTÉATES, Bracteatœ (du lat. bractea, feuille ce nom les plus grosses divisions du tronc. Les divi-
de métal) monnaies grossières fabriquées avec des sions des branches portent le nom de rameaux, celles
,

feuilles d’or et d’argent, et frappées d’un seul côté, de des rameaux celui de ramilles. — Les jardiniers ap-
sorte que l’elligie est en creux d’un côté et en relief de pellent B. mères, les principales bifurcatioos du
l’autre. Les premières monnaies de ce genre étaient tronc; membres, les principales bifurcations des
de fabrication byzantine ;
l’usage s’en répandit en branches mères ; B. à bois, celles qui forment les ex-
Allemagne au x« à cause de la rareté des mé-
siècle, trémités de toutes les branches , et qui proviennent
taux précieux et de l’ignorance où l’on était alors du développement des bourgeons de l’année ; B. à
de l’art du monnayage. Il en existe une collection fruit, celles qui naissent des branches à bois de l’an-
curieuse au musée de Berlin. née précédente; bouquets ou cochonnets, celles qui,
BRACTÉES (du latin bractea] , petites feuilles parmi ces dernières, ne portent que des yeux à fruit;
nommées aussi folioles florales, qui accompagnent lambourdes, celles sur lesquelles les boutons à fruit
les fleurs de certaines plantes; elles sont ordinaire- sont plus nombreux que les boutons à bois ; dards,
ment colorées, et le plus souvent diffèrent du reste de petites branches de 2à7 centim., terminées par
des feuilles par la consistance, la couleur et la forme; un œil très-aigu, destiné à devenir bouton à fruit;
tantôt elles soutiennent la fleur, en ajoutant à son brindilles , de petites branches analogues aux
éclat; tantôt elles l’enveloppent plus ou moins com- lambourdes, mais plus minces et plus allongées;
plètement les plus petites s’appellent'ôracfeo/M. Les
: B. folles celles qui sont maigres et sans valeur; B.
fleurs accompagnées de bractées ou de bractéoles gourmandes celles qui absorbent toute la nourri-
sont dites bractéolées. ture des branches voisines, et qu’on doit couper.
BRADYPE (du grec bradys,\eoX, pi pous, pied), En Anatomie, on nomme branches, par analogie,
genre de mammifères de l’ordre des Édentés et de la les divisions des vaisseaux, des nerfs, et quelquefois
famille des Tardigrades. A
terre, ces animaux sont des os; par exemple, on dit les branches du pubis.
très-disgracieux et sont forcés de se traîner sur les BRANCHE-URSINE ou brarx-ursine, c.-à-d. patte
coudes, à cause de l’énorme disproportion de leurs d’ours, nom vulgaire de Y Acanthe. Voy. ce mot.
membres antérieurs. Leur marche embarrassée et BRANCHE-ÜRSINE BATARDE. V. BERCE et HERACLEUM.
lente leur a valu le nom de Paresseux. Mais toutes BRANCHIES ( en grec branchia ) organes respi-
ces imperfections disparaissent dès qu’ils se trou- ratoires des animaux qui vivent dans l'eau et qui y
vent sur les arbres, où ils grimpent avec la plus puisent l’air nécessaire à l’entretien de leur vie. Chez
grande facilité. Les Paresseux habitent les forêts de les poissons, les branchies sont en forme de peignes,
l’Amérique du Sud, où ils ne se nourrissent que de sur lesquels se ramifient les vaisseaux sanguins.
feuilles et d’écorces. Le B. ou Paresseux à 3 doigts, Chaque dent du peigne présente une ou plusieurs
appelé aussi Aï à cause de son cri, est de la taille d’un veines abouchées à autant d’artérioles, et c’est au
chat; il est surtout remarquable en ce qu’il a 9 travers des parois de ces vaisseaux que l’oxygène de
vertèbres au cou au lieu de 7. L’Unau ou Paresseux l’air contenu dans l’eau pénètre et produit la trans-
à 2 doigts, est moitié moins grand; il est, en gé- formation du sang veineux en sang artériel. L’eau
néral, moins disgracieux que VAi. qui a été avalée, après s’être tamisée entre les dents
BRAI, poix retirée du sapin et du pin. On en dis- du peigne, sort par des ouvertures extérieures appe-
tingue 3 variétés : 1» le brai liquide ou goudron, lées ouies. Beaucoup de mollusques respirent par des
que l’on relire des sapins trop vieux pour fournir la branchies , tantôt renfermées dans l’intérieur du
térébenthine; 2“ le brai sec ou arcanson, résine corps, tantôt extérieures et saillantes, sous forme de
presque complètement privée d’huile essentielle, et feuillets imbriqués, de panaches, de franges, de
qui n’est autre chose que le résidu de la distillation houppes, etc. Les crustacés et la plupart des anné-
de la térébenthine il est employé dans la fabrica-
; lides ont aussi des branchies. A l’état de têtards, les
tion du gaz à éclairage ; il entre dans la composition grenouilles ont des branchies en panaches attachées
du mastic de fontaine, de la cire à cacheter les bou- extérieurement aux côtés du cou.
teilles, de certains onguents et emplâtres, où il agit BRANCHIOPODES (du grec branchia, branchies,
comme stimulant ; épuré, il prend le nom de colo- et pous, pied, parce que les pieds de ces animalcules
phane [Voy. ce mot) : le nom &' arcanson lui a été renferment les branchies , et servent ainsi à la res-
donné par les luthiers et les musiciens, qui en frot- piration) , grand groupe de Crustacés qui a pour type
tent les Clins de leurs archets pour les faire mieux le Brunchipes : ce sont des animaux microscopiques
adhérer sur les cordes du violon et par là leur donner qui se trouvent en abondance dans les eaux bour-
plus de ton ou de vigueur, et tirer un son plus net beuses , et qui nagent sur le dos en frappant l’eau
des instruments à cordes; 3° le brai gras ou pégu, avec leur queue. Ils semblent se nourrir des petits cor-
qui s’obtient par l’évaporation des goudrons de pin. puscules que ks courants apportent à leur bouche.
14
, . , , , , , ,

BRAS 2t0 — BfRAV


BRANCHIOSTÉGE (du grec branchia, branchies, d’un levier comprise entre le point d’appui et le
tXstégô, couvrir), membrane qui couvre et protège point où est appliquée la force ou la résistance.
les branchies des poissons; elle est située entre les Dans la Marine , on nomme bras des manœuvres
màcijoires et l’épaule de ces animaux, et renferme fixées à chaque extrémité des vergues pour pouvoir
des pièces cartilagineuses ou osseuses. Ces diverses leur imprimer un mouvement circulaire horizontal
parties constituent V appareil branchiosté'je qui afin de les orienter au besoin et de permettre au vent
concourt aux mouvements respiratoires des poissons. de frapper les voiles de la manière la plus favorable.
Artédi donnait ce nom à un ordre de Poissons. BRAS SÉCULIER. On désignait ainsi, au moyen âge,
BRANDÊ (de l’allemand brand, incendie), sorte la puissance temporelle ou séculière à laquelle s’a-
de bruyère, de petit arbuste, d’environ 1 mètre de dressait le juge d’église pour faire exécuter les or-
haut, qui croît dans des campagnes incultes, surtout donnances, ou pour faire subir à un ecclésiastique
dans les landes qui s’étendent de Bordeaux à Bayonne. coupable de certains délits les peines que l’olDcial
— Ce mot se dit aussi des lieux incultes où croissent çà ne pouvait pas lui imposer. On disait en ce sens :
et là ces sortes de petits arbustes. On chauffe le four Livrer un ecclésiastique au bras séculier.
avec des brandes; on s’en sert, ainsi que des bran- BRASQUE , mélange d’argile humide et de char-
dons , pour fabriquer une sorte d’artifice employée bon pilé dont on enduit la surface des creusets dans
dans les brûlots ; à cet effet, on en fait des paquets lesquels on réduit des mines.
que l’on trempe d’abord dans l’huile de térében- BRASSARD (de bras) sorte d’armure de fer ou
thine , puis dans la résine. d’acier qui couvrait le bras depuis l’épaulière jus-
BRANDE, mesure de capacité. Voy. brente. qu’au gantelet ; elle se composait de deux pièces so-
BRANDEVIN (de l’allemand brandtwein) eau-de- lides en forme de tuyau, réunies soit par une cubi-
vie brûlée , faite avec du grain. Voy. eaü-de-vie. tière, pièce assez compliquée, souvent armée d’une
BRANDON (de l’allemand brandi, tison allumé). pointe aiguë , soit par de petites lames appelées
On appelait autrefois dimanche des Brandons le goussets, articulées comme l’enveloppe des crusta-
premier dimanche du Carême, parce que, ce jour-là, cés. Les anciens Perses se servaient de brassards ; en
le peuple allumait des feux, dansait à l’entour, et par- France, on en fit usage au moyen âge, et iusqu’au
courait les rues et les campagnesen portant des bran- règne de Henri III. — On nomme aussi brassard
dons ou des tisons allumés. Cet usage n’e.viste plus. tou t ornement ou signe de reconnaissance fixé au bras.
On nomme encore brandon la paille entortillée BRASSE , ancienne mesure de longueur, repré-
au bout d’un bâton, qu’on plante aux extrémités sentant la longueur des deux bras étendus, est en-
d’un champ pour marquer que les fruits en ont été core en usage dans la marine, surtout en parlant
saisis judiciairement; de là l’expression de saisie- des diverses profondeurs de la mer et des divisions
brandon, en termes de procédure. — Voy. saisie. des lignes de sonde. Sa longueur est généralement
BRANLE , sorte de danse fort en vogue en France de 5 pieds ou 1“,62. Un câble de chanvre de na-
au XVI® et au xvii* siècle , et qui se dansait sur un vire a généralement 120 brasses; un câble-chaîne,
mouvement très-gai et très-vif. 11 y en avait de plu- 180 brasses. — La brasse est aussi usitée en Angle-
sieurs sortes ; les branles de Boulogne du Poitou
,
terre, en Danemark, en Hollande, en Espagne, etc.
de Bretagne etc. 11 y avait aussi le branle des la- Dans ces divers pays, elle est un peu plus grande que
,

vandières, celui des sabots ou des chevaux, celui chez nous. — La brasse d’aunage en usage dans
de la torche, de la moutarde, etc. Tous se
celui presque toute l’Italie, varie de pays en pays : elle est
fondirent dans le branle à mener, qui lui-même fut environ la moitié de l’aune de Paris.
détrôné par le menuet. Le cotillon, qu’on danse en- BRASSERIE {de brasser, dérivé lui-même de b?-as),
core, à la fin des bals, est une espèce de branle. fabrique de bière. C’est en Angleterre et en Belgique
En termes de Marine, branle était autrefois le nom qu’on trouve les plus grandes et les plus belles bras-
qu’on donnait aux hamacs. Au commandement de series : on y fabrique d’énormes quantités de bière.
Branle-bas ou bas les branles, chaque homme décro- D’après un calcul présenté à la chambre des com-
che son hamac, le roule et le met dans les filets de bas- munes, la brasserie seule de Barcley avait livré pen-
tingage pour dégager les batteries et l’entre-pont. Au dant une année 258,989 barils de bière; celle de Han-
commandement de Branle-bas général , Branle-bas ,
bury, 168,758; les autres brasseries en proportion.
de combat, on dispose le bâtiment pour le combat. On a appliqué dans ces brasseries toutes les ressour-
BRAQUE (du celtique bracco, chien de chasse pour ces de la mécanique dans l’une d’elles, une seule
:

lever le gibier) , espèce de chiens de chasse , ras de machine à vapeur, de la force de 60 chevaux , met
poil , ayant les oreilles pendantes, légers , bons quê- en mouvement toutes sortes d’instruments plus in-
teurs, vigoureux et assez fins de nez. Ce sont des chiens génieux les uns que les autres ; elje se fournit elle-
également propres à l’arrêt et à la quête, bons pour la même de charbon , et sert à vider ou à emplir les
plaine et pour les broussailles. On en faisait autrefois tonneaux ; elle fait monter à 20 m. une colonne d’eau
un grand usage; les valets chargés de les soigner s’ap- de 6 centim. de diamètre; elle fournit l'orge, le

pelaient braconniers {Voy ce mot). La vivacité avec houblon; elle brasse, elle décante les liquides; elle
laquelle ces chiens se lancent à la chasse a fait donner transporte les cuves, les ferme, les nettoie; elle fait
le nom de braque à un homme ardent et étourdi. monter ou descendre incessamment des masses énor-
BRAQUEMART (abrégé, selon les étymologistes, mes de grains , de charbon de terre et de bois. La
de brakymachœra du grec brachéia, courte, et bière étant achevée, elle est aussitôt conduite dans
machaira, épée), arme empruntée aux Grecs, du des réservoirs par des tuyaux de fonte qui traversent
temps des croisades, était un sabre court, droit, les cours , les uns sous terre , les autres par-dessus
lourd, à deux tranchants, à simple poignée , sans les toits. — Pour les procédés de fabrication de la
garde et sans branches; il pendait le long de la cuisse bière , Voy. l’art, bière, et le Manuel du Brasseur
gauche. Ce mot ne s’emploie plus qu’en plaisantant. ou VArt défaire toutes sortes de bièresde Vergnaud.
BRAS, en latin, brachium. On appelle ordinai- BRASSICA, nom latin du Chou, est l’origine du
rement ainsi tout le membre supérieur ou thora- nom de Brassicées, donné à des Crucifères dont le
cique, depuis l’épaule jusqu’à la main ; mais les ana- Chou est le type, et de celui des Brassicaires, Lépido-
tomistes n’appellent proprement bras que la portion ptères dont la chenille se nourrit des feuilles du chou.
qui s’étend de l’épaule au coude. Le reste prend le nom BRASURE, espèce de soudure. Voy. soudure.
À’ avant-bras. Le bras n’a qu’un seul os, long et cy- BRAVO (mot italien qui signifie hardi brave )
,

lindrique, appelé humérus; à l’avant-bras, on trouve nom qu’on donnait, en Italie, à des assassins à gage,
deux os, le radius, plus externe, et le cubitus. salariés par les grands seigneurs et même les États;
En Physique, on appelle bras de levier la partie le bravo italien est aujourd’hui une espèce perdue.
,, , —
BREF — 2il — BREV
En Amérique, c’est le nom qu’on donne à l’In- pape ou du grand pénitencier sur des affaires brèves
dien qui se réfugie dans l’intérieur des terres, et n’en et succinctes expédié sans préface ni préambule. 11
,
sort que pour piller les colons européens. est écrit sur papier, et ne porte ni la signature, ni le
BRAVOURE (air de). Voy. air. sceau du pape. On distingue les B. pontificaux, éma-
BRAVER (de braccœ, braies ou caleçons), espèce nant directement du pape, et les B. de lapénitence-
de bandage herniaire , qui consiste dans une bande rie. D’abord, ce ne fut que des affaires de peu d’im-
d’acier peu large, et recouverte de cuir, dont une ex- portance, telles que des lettres du pape à un monar-
trémité se termine par une plaque de fer également que, qui furent traitées dans les brefs (d’où leur
recouverte de cuir et tapissée d’une substance molle : nom). Plus tard, on les employa comme les bulles ;

c’est ce qu’oD appelle la pelote. Dans les cas de her- c’est par un simple bref que le pape Clément XIV
nies irréductibles, on emploie une pelote creuse des- supprima , en 1773, l’ordre des Jésuites. Voy. bulle.
tinée à loger la hernie : le bandage prend alors le Les ecclésiastiques catholiques appellent aussi Bref
nom de brayers à cuiller. On se sert aussi de brayei's (diminutif de breve liturgicum) un livret écrit en
dits à raquettes, dans lesquels, au lieu de pelote, abréviations ijui indique les rubriques du bréviaire
il n’y a qu’un cercle d’acier, à l’intérieur duquel est pour chaque jour ; c’est dans cette acception que l’on
cousu un morceau de toile recouvert de peau. dit : Bref à l’usage de Paris, à l’usage de Rome.
BRAYÈRE (d’Al. Brayer, médecin allemand qui BRÉHAIGNE, expression populaire par laquelle
l’a fait connaître), arbre de la famille des Rosacées on désigne les femelles stériles,etplus communément
et de la tribu des Spirées, originaire de l'Abyssinie. la biche. Elle s’applique surtout aux femelles d'ani-
Sa décoction passe pour être souveraine contre les maux que quelques accidents, comme chutes, contu-
vers, et détruit particulièrement le ténia. sions, etc., ont rendues stériles. On nomme Carpe
BREBIS (du latin vervex d’où , par un change- bréhaigne celle qui n’a ni œufs ni laitance. —On a
ment de prononciation , berbex et berbis), femelle même employé ce mot pour la femme, dans les temps
du Bélier, se distingue par l’absence de cornes ou où la langue française n’était pas encore épurée.
par des cornes plus courtes, et en général par des BRELAN (du vieux mot français berlant, d’origine
proportions plus minces et plus faibles. La brebis celtique, qui signifie hasard), icw de hasard qui sa
peut porter à un an, mais communément on ne l’u- joue à 3, à 4 ou à 5 personnes avec des cartes de pi-
tilise dans ce but que vers 3 ans sa fécondité s’étend quet en donnant trois cartes à chaque joueur. Lors-
;
jusqu’à 7 ou 8 ans pour nos races françaises, et jus- qu’à ce jeu on a ses trois cartes de la même sorte,
qu’à 12 ou 15 pour les Mérinos; les brebis âgées comme trois as, trois rois, on a brelan : c’est ce coup
sont celles qui donnent les plus beaux agneaux. La qui a donné son nom au jeu. On a brelan carré
durée de la gestation est de 5 mois. On a remarqué quand la carte retournée et les trois cartes du joueur
que la brebis a plus d’influence que le bélier sur la sont d’égal rang. Sous Louis XIV, ce jeu devint une
grandeur de la taille des agneaux ; aussi est-ce par espèce de fureur. Prohibé par la police, il a depuis
le croisement des béliers d’une toison fine avec des reparu sous le nom de Bouillotte [Voy. ce mot).
brebis de haute taille que l’on forme les meilleurs Par extension, on appelle brelan un lieu où l’on
troupeaux. La brebis, chez les anciens, servait d’ho- donne à jouer et où l’on joue gros jeu.
locauste; on la sacrifiait principalement aux Furies. BRELUCHE. Ce mot désigne certains droguets fil
Les Égyptiens, au contraire, lui rendaient un culte. et laine qu’on fabriquait autrefois en Normandie
;
Les Romains sacrifiaient une brebis de 2 ans Bi- ainsi qu’une étoffe dite aussi tiretaine, dont le Poi-
(
dens) poiiT purifier les lieux frappés de la foudre. tou faisait jadis un grand commerce.
BRËCIiE (de l’allemand brechen, rompre). En BREME, Brarru^ poisson commun dans toutes les
Minéralogie, ce mot désigne toutes les roches à eaux douces de l’Europe, mais qui multiplie surtout
structure fragmentaire, quand les grains qui les dans les grands lacs du nord et du nord-est de ce
constituent sont des fragments anguleux à bords continent. 11 ressemble beaucoup à la carpe ; sa chair
aigus de diverses couleurs, réunis par une pâte cal- est blanche , ferme et de bon goût. La Brème con-
caire de couleur diflérente. On appelle fausse brèche stitue un genre de la famille des Cyprinoïdes, ca-
le marbre veiné qui a l’apparence de la brèche. ractérisé par son corps comprimé et son anale très-
En termes de Stratégie , c’est l’ouverture faite à longue. Voy. CYPRINS.
coups de canon par les batteries de siège, ou par des BRÈME DE MER. Voy. CANTHÈRE.
fourneaux de mines, dans les fortifications d’une place BRENTE, Brenta, mesure de capacité pour les
assiégée. Une brèche est dite praticable quand elle liquides, employée dans quelques parties de la Suisse
entame le corps d’une place , en faisant une ouver- et de l’Italie. La brente de Fribourg vaut 39 lit., 05;
ture de 30 à ^ m. On arme les batteries de brèche celledeMilan,751it.,55; celle duPiémont,561it.,33.
avec des pièces de 24, tirant à pleine charge. BRESILLET. Voy. bois de Brésil et césalpinie.
BRECHET, nom vulgaire de l’appendice xipho'ide BRÈVE (du latin brevis, court). On nomme ainsi,
et du sternum , employé principalement pour ex- en Prosodie, une syllabe qui doit être prononcée ra-
primer la crête médiane et plus ou moins saillante pidement; on l’oppose à longue : on la marque par
que présente le sternum chez les oiseaux. le signe ” placé au-dessus de la voyelle ; — en Musi-
BREDES ( du portugais bredos ) , nom collectif que, une note qui passe deux fois plus vite que celle
donné, dans toute l’Asie méridionale, aux îles Bourbon qui la précède ou qui la suit; les Italiens appellent
et Maurice, et dans les Antilles, à toutes les plantes encore ainsi une figure de note carrée, qui vaut tan-
herbacées ou pousses nouvelles qui se mangent en tôt deux rondes, tantôt trois, suivant qu’elle est droite
guise d’épinards. L'espèce la plus répandue est la ou altérée; ils nomment aussi alla breve une mesure
B.-Morelle ou B.-Martin, qui se mange cuite à l’eau à deux temps, très-rapide, dont on se sert dans les
avec un peu de sel et de graisse, ou bien mêlée à la —
musiques da capella; dans la fabrication des Mon-
viande ou au poisson ; cette espèce de Brède n’est naies , la quantité d’espèces monnayées provenant
autre que notre Morelle noire (Solanum nigrum) d’une môme fonte, que les ouvriers délivrent en re-
que , chez nous , on regarde comme un poison. tour des matières qui leur ont été confiées.
' BREDOUILLÉ (qu’on dérive, ainsi que bredouil- BRÈVE, Pilla, genre d’Oiseaux insectivores, delà
lement, dulatin reduplicare redoubler). Au jeu de famille des Dentirostres, appartient aux parties chau-
trictrac, ce mot exprimequ’un joueur a pris ses points des de l’ancien continent. Ces oiseaux, à forme lourde
coup sur coup, et sans interruption, c.-à-d. sans en et massive, volent mal à cause de la brièveté de leur
laisser prendre àson adversaire. La grande bredouille queue et de leurs ailes; mais, d’après la longueur
est le gain de 12 trous pris ôdnsi consécutivement. de leurs jambes et le peu de développement de leurs
BREF (du latin brevis, court), rescrit émané du doigts, ils peuvent faire d’excellents coureurs.

1 î.
,

BRJ&V — 212 — BRIG


BREVET (du latin hrtve, cpurt, abrégé).. jOa ap- à M. A.-Çli. B.enouard un Traité des prevels d’inven-
pelait d’a4)ord ainsi une sorte d'expédition non scellée librifi'Si'Sét 1844, et à M. L. Nouguier un Traité des
par laquelle, autréfois, le roi accordait quelque grâce, Brevets d’invention et de la Contrefaçon, 1856.
quelque avantage, comme une abbaye, ou quelque BRÉVIAIRE, livre qui contient les heures cano-
titrede dignité, comme un titre de duc. —
On appelle niales à l’usage des ecclésiastiques (Matines, Laudes,
encore aujourd'hui Actes en brevet des actes quelcon- Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complios)
queo, comme u ne obligation, une transaction , une pro- nommé parce qu’il est, pour ainsi dire, l’a-
est ainsi
curation dont le notaire ne garde pas minute, et qu’il brégA [breviarium) de tous les livres qui servent au
délivre sans y mettre la formule exécutoire. Le— chœur pour l’office divin. C’est pour tout ecclésias-
nom de brevet a depuis été étendu à tous les titres ou tique une obligation étroite de réciter chaque jour
diplômes délivrés au nom d’un gouvernement, d’un son bréviaire.Le bréviaire en usage aujourd’hui dans
prince souverain, etc., comme le titre d'un grade romain, dont on fait
l’Eglise latine est le bréviaire
dans l’armée, le titre d’une pension, et enfin cer- remonter l’origine au pape Gélase D’’, en 494, mais
taines déclarations qui établissent les droits des inven- qui a depuis subi de fréquentes modifications. Dans
teurs, des importateurs ; c’est ce qu’on nomme B. d’in- l’Église grecque, l’usage du bréviaire, qu'on appelle
vention, B. d'importation, B. de perfectionnement. Ordre f taxis) ou Eucologe, est .encore plus an-
BREVET d’invention titre que le gouvernement cien on le fait remonter à Flavien et à S. Jean
:

délivre à
,
un inventeur, à l’auteur d’une nouvelle dé- Chrysostôme. —Par extension , on a donné à l’of-
touverte, d’un nouveau procédé d’application, pour fice canonial le nom de bréviaire.
lui en assurer la propriété et l’exploitation exclusive BRÉVIPENNES (du latin brevipenna, à courtes
pendant un temps déterminé. Ces brevets, d’abord plumes), famille d’oiseaux de l’ordre des Echassiers,
régis par les lois des 7 janvier et 25 mai 1791, comprend V Autruche, \e Casoar, le Dronfe, etc. Ces
20 septembre 1792, etc., le sont aujourd’hui par la oiseaux sont incapables de voler, car ils n’ont que des
ioi du 5 juillet 1844. D’après cette dernière loi, il rudiments d’ailes; mais ils sont excellents coureurs.
est accordé des brevets d’invention à tous ceux qui BRICK (par corruption de brig, qui lui-même est
en demandent, sur simple requête et sans examen une abréviation de brigantine, nom de voile) , bâti-
préalable, mais aussi sans garantie du gouverne- ment à deux mâts (grand mât et mât de misaine),
ment, et conséquemment sans aucune intention de qui porte des hunes à l’extrémité des bas mâts, ce
certifier la bonté des procédés ou la primauté de la qui le distingue des goélettes, qui n’ont que des bar-
découverte : ces brevets peuvent être annulés, soit res. On appelle bricks-goélettes des navires qui ont
par le ministre de l’Intérieur dans le cas où il y a une hune au mât de l’avant et une barre au mât de
défaut de payement de la taxe dans les i^élais pres- l’arrière. Le gréement du brick ne convient guère
crits, ou dans le cas où la découverte n’a pas été mise qu’auxbâtimentsmarcliandsdu portde250 tonneaux.
en activité aux époques fixées par la loi, soit par les BRIDE, partie du harnais qui sert à conduire un
tribunaux, lorsque l’on conteste au breveté la réalité cheval ou toute autre monture ; on réunit à la fois sous
de la découverte. Les brevets d’invention ne sont ac- ce nom les rênes, la têtière et le mors avec ses acces-
cordés que pour cinq, dix, quinze ans, au choix de soires; mais ce sont les rênes qu’on appelle vulgaire-
l’inventeur. Ils sont assujettis aune taxe cette taxe
: ment bride. On nomme bridon ou filet une bride lé-
est de 500 fr. pour cinq ans, 1,000 fr. pour dix ans, gère dont le mors brisé n’a point de branches, et que
1,500 fr. pour 15 ans; cette taxe doit être payée l’on emploie quelquefoisindépendammentdelabride.
par annuités de 100 fr., sous peine de déchéance. En Chirurgie, on entend par brides de petits fila-
BREVET d’importation. Avant la loi de 1844, il était ments membraneux qui se forment souvent dans le
accordé des brevets pour des découvertes importées des foyer des abcès ou dans les plaies profondes, et qui
pays étrangers la nouvelle législation n’a pas main-
; s’opposent à la sortie du pus ou établissent des adhé-
tenu ces brevets; seulement les inventeurs étrangers rences vicieuses.
peuvent eux-mêmes obtenir des brevets en France BRIGADE. Sous Louis XIV, on appelait brigade
(art. 27); ces brevets ne sont accordés que pour les temps un nombre indéterminé de bataillons et d’escadrons
fixés dans chaque pays à la jouissance des inventeurs. réunis sous les ordres d’un officier général appelé
BREVET DE perfectionnement. Si quclqué personne brigadier des armées du roi. Ces fonctions, créées
annonce un moyen de perfection poui une invention en 1667, ne constituaient pas un grade proprement
déjà brevetée , elle peut obtenir un brevet pour dit; l’oliicier supérieur qui en était revetu ne tirait
l’exercice dudit moyen de perfection, sans qu’il lui son autorité que des lettres de service qu’il obtenait;
soit permis d’exécuter ou de faire exécuter l’inven- il subordonné aux maréchaux de camp et aux
était
tion principale, et réciproquement, sans què l’in- lieutenants généraux.—Depuis 1789, on a appelé bri-
venteur puisse faire usage par lui-même du nouveau gade la moiliéd’une division ; elle se compose aujour-
moyen de perfection. Les brevets de perfectionnement d’hui de deux régiments au moins, et est commandée
ont été remplacés dans la loi de 1844 par les certi- par un général de brigade ou maréchal de camp ;
ficats d'addition (art. 10). sous la première République, elle comprenait six
Le ministère de l’Intérieur a fait exécuter en 1826 bataillons, partagés en deux demi-brigades. De 1815
un Catalogue des spécifications de touste's procédés à 1848, les généraux de brigade ont porté le nom de
pour lesquels il a été pris des brevets d'intiention, maréchaux de camp.
de perfectionnement et d’importation depuis le ,
On nomme encore brigade, dans la cavalerie, un.e
is! juillet 1791. 11 a depuis publié, cLjiquè année, fraction de compagnie commandée par un sous-offi-
le catalogue desbrevets nouvellement délivrés. En ou- cier appelé brigadier', grade correspondant à celui de
tre, en exécution de l’art. 15 de la loi du 7 janviér 1791 caporal dans l’infanterie. 11 y a 6 brigades dans un
et d’un arrêté du Directoire exécutif en date du7Ven- escadron, et 15 ou 16 hommes dans une brigade. —
démiaire an VII, le Conservatoire des arts et métiers Dans la géndarmerie on appelle brigade un certain
,

publie la description des inventions dont les brevets nombrede gendarmes à pied ou à cheval, réunis dans
sont expirés. Le recueil qui contient cette publication, une localité sous les ordres d’un brigadier les briga-
:

commencé par M. Molard aîné, ancien directeur du des de gendarmerie ont remplacé les brigades de la
Conservatoire, et continué par M. Christian, porte —
maréchaussée. Dans l’administration des forêts, on
le titre de Description des machines et procédés forme des brigades forestières avec trois ou cinq gar-
spécifiés dans les brevets d’invention , de perfec- des qui peuvent se rassembler facilement et sans s’é-
tionnement et d' importation, dont la durée est ex- loi.guerde leurs triages; la brigade forestière se joint
pirée. —On doit àM. A. i*erp\gna.\e Manuel des Inven- à la gendarmerie lorsqu’elle est requise, mais dans
teurs, ou les Lois sur les Brevets d’invention (1834)
;
l’étendue de la forêt seulement. —Les douaniers sont
, ,

BMS

également organisés par brigades. Enfin, on donne du feu. On distingue.: 1“ le Bi'iquet ordinaire, qui se
le nom de brigade de sûr'eié à une troupe d’agents compose d’une lame d’acier, d’un fra gment de silex ou
de la police de Paris, organisée par Vidocq eu 1^12. pierre à fusil, dont les bords sont taillés en tran-
BRIGADIER. Voy. brigade. chant, et d’amadou [Voy. ce mot) lorsqu’on passe
:

BRIGANDINE. Foÿ. CUIRASSE. rapidement la lame d'acier sur le silex, les aspéri-
BRIGANTUS petit brick à un ou deux ponts, qui tés de la pierre détachent de petits copeaux de mé-
,

dans l’origine était surtout employé par lês corsaire^ tal que le frottement échauffe jusqu’à l’incandes-
de Tunis et de la Barbarie. Le brigantin , qui ésjl cence, et qui brûlent alors dans l’air en s'oxydant;
d'un grand usage dans la marine marchande , nA ces étincelles enflamment l’amadou ; —2» les Briquets
ordinairement que deux mâts; ceux qui en ont tro'is chimiques les plus usités aujourd'hui, où l’on se
diffèrent des naxires ordinaires en ce qu’ils h’ont sert d’allumettes phosphoriques ou d’allumettes oxy-
point d’artimon, 'et que leur grande xoile, d,ite hri- génées (Foy. allumettes) ; — 3“le B. pneumatique on
jantiné, qui a la forme d'un quadrilatère, s’cnvergup B. à air, qui se compose d’un petit cylindre creux
sur lin jOic ou sur un 5'«i. dans lequel joue un piston , garni à son extrémité
BRIGANTINE , grande xoilé ,en pointe que l’on inférieure de quelque substance inflammable, telle
grée. SÛT l’arrière du grand mâi dans le bi ick et le que l’amadou; en poussant fortement le piston, on
brigantin, et qui s’étend sur le gui, k l'extérieur de comprime l’air intérieur, et, par l’eff'et de cette com-
la poupe même : t’est à là coriie de la brigabtine que pression, qui doit être rapide, l’air s’échauffe et en-
les bricks arborent leur pavillon. flamme la matière attachée au bout du piston; —
BRlGüT, bois à brûler, sé compose principalement 4° le B. à gaz hydrogène, qui se compose d’un bocal
de pieds' dé bouleau et de branches de vieux chêne. en verre hermétiquement fermé, dans lequel un mor-
BRlLLAÏ^T, diamant taillé. Voy. diaviaSt. ceau de zinc est disposé de manière à dégager du gaz
BRINDONIER, Brindonia (d’un nom de botaniste), hydrogène par son contact avec de l’acide sulfurique
genre d’arbres de la famille des Guttifères, à forme étendu d’eau ; le bocal est muni d’un robinet qui,
pyramidale, à rameaux opposés, à fouillés d’un vert étant ouvert, donne issue au gaz et le fait jaillir sur
luisant. On retiré du Brindonier de T Inde, ou Brin- un morceau de platine très-poreux, dit e'ponge de
doyn, un suc résineux jaune, analogué à la gomme platine, lequel en détermine l’inflammation.
'

gutte. Son fruit, rohge et épineux, réduit en gelëè On donne aussi le nom de briquet à un sabre court
ou en sirop, est fort recherché dans l’Indè et em- et un peu recourbé à l’usage de l’infanterie; il a été
ployé avec succès contre les fièvres aiguës. remplacé, depuis quelques années, par le sabre-poi-
BRIONE , plante. Voy. bryone. gnard. Voy. sabre.
BRIOSO , coN BRIO , expressions italiennes qui si- BRIQUETTE (diminutif de brique), mélange de
gnifient avec entrainement, avec enivrement, et qui houille, de coke avec de l’argile, ou de tourbe et de
dérivcnl du latin eôrÛM, ebriosus, ivre, indiquent, en tan, disposé en forme de briques, et qui sert de com-
.Musique, qu'il faut déployer de l’élan, de la fougue. bustible. On brûle les briquettes avec une grille
BRIQUE (du celtique b7’iq, terre cuite), pierre comme le charbon de terre. Elles fournissent un
artificielle faite avec de l'argile. On distingue les B. chauffage économique, mais elles donnent aussi beau-
crues et les B. cuites. Pour obtenir lès premières , coup de, cendres.
on se sert d’un mélange d’argile blanche ou rouge BRIS, rupture d’une porte fermée, d’une clôture,
et de sable ; on pétrit ce mélange avec de l’eau de d’un Ces actes de violence ou de fraude
scelléi, etc.
,,

manière à former une pâte ductile et bien horno- sont sévèrement punis. L’auteur d’un bris de clô-
gène; on façonne cette pâte dans des moules, et on ture est passible d’un emprisonnement d’un mois à
la fait sécher lentement. — Pour avoir des briques un an, et d’une amende proportionnée au dégât
cuites, on prend les briques obtenues par le procédé (art, 456 du Code pénal). Le bris de scellés est puni,
précédent, ou les expose dans des fours parliculieràà selon les cas , de la réclusion ou des travaux forcés
un feu violent. Les briques cuites de meilléure qualité (art. 249, 256). —
bris de prison. Voy. évasion.
sont celles qui rendent un son clair lorsqu’on les BRIS (droit de). Dans l’ancienne législation fran-
frappe. On a remarqué que, plus elles sont denses, çaise on appelait ainsi le droit en vertu duquel le
plus elles sont résistantes; aussi, dans certaines lo- seigneur d'une terre sur la côte de laquelle un vais-
calités, comme à 1a briqueterie de Cliaumont, com- seau était venu s’échouer s’en appropriait les débris.
prime-t-on les briques crues sous un balancier pour Ce droit injuste a été aboli en 1681 par Louis XIV.
leur donner cette densité. La brique est d’un excel- BRISE. Ce mot, qui dans son acception la plus
lent usage dans les maçonneries, où elle remplace générale est synonyme de vent doux et léger, est
avec avantage le moellon , et supplée la pierre de donné spécialement par les marins à deux espèces de
taille dans la construction des maisons à élever sur un vents frais qui régnent sur les côtes de la zone tor-
emplacement resserré, ainsi que dans la construction ride ; l’une souffle le matin, et vient de la mer ; elle
deS'fours, fourneaux et cheminées; on l’emploie pour s’appelle brise de mer, brise du large; l’autre souffle
le carrelage des appartements et la couverture des à la chute du jour et part de terre on l’appelle brise
:

habitations [Voy. carreaux et tuiles) ; on en fait des de terre. Elles résultent de réchauffement ou du re-
tuyaux de conduite pour les eaux, etc. — L’usage des froidissement alternatifs des couches d’air qui reposent
briques crues, dont Vitruve décrit la fabrication, re- sur l’Océan et de celles qui reposent sur le continent.
monte à la plus haute antiquité. On en trouve dans BRISEES (de briser), ün nomme ainsi, en termes
la plupart des monuments grecs et romains, dans .'es de Vénerie, les branches que les chasseurs rompent
ruines égyptiennes, ainsi que dans celles deBabylone aux arbres, ou qu’ils sèment dans leur chemin pour
et de Ninive. Les Romains employaient les briques reconnaître l’endroit où est la bête et où on l’a dé-
cuites dans la plupart de leurs constructions. En tournée. C’est de là qu’on dit métaphoriquement :
France on emploie peu la brique, si ce n'est peut-être aller, courir sur les brisées de quelqu’un, pour en-
dans la Normandie. Tout au contraire, presque toutes treprendre la même chose qu’un autre, aller sur
les maisons sont construites en briques dans les Pays- son marché, entrer en concurrence avec lui.
Bas, l’Angleterre, et dans une grande' partie de l’Al- BRISE-LAMES, ouvrage tout à fait isolé à la mer,
lemagne, de la Pologne et même de la Russie. On a, consiste dans un amas de pierre ou une chaussée
depuis quelques années, inventé divers procédés pour élevée un peu en dehors d’un port ou d’une rade,
fabriquer la brique à la mécanique la première fa-
: et au-dessus des eaux, pour briser la lame et em-
brique de ce genre fut établie en 1828 par M. Ter- pêcher la mer d’être poussée avec violence dans ce
rasson-Fougère, au Theil (Ardèche). port ou cette rade par les vents du large, et d’y cau-
BRIQUET, instrument dont on se sert pour obtenir ser des dégâts ou des avaries. 11 n’existe eu France
, ,

BROC — 214 BROC


de brise-lames qu’à Cherbourg, à Cette, à Sauzon, BROCARD, étoffe de soie et coton fabriquée à l’instar du
à la Ciotat, à Bandol à Marseille.
,
brocart, c.-à-d. brochée de fleurs ou de figures, mais
BRISE -PIERRE. Voy. liiuotritie. beaucoup moins saillantes quelquefois elle est toute
:

BRISKA , mot qui désigne en Russie et en Polo- de coton. Elle sert pour tapisserie, couverture, ri-
gne un chariot léger, découvert et entouré d’osier, deaux. La meilleure provenait autrefois de Venise;
dont on fait usage comme d’un traîneau en hiver, aujourd’hui, on en fait à Gènes et à Milan.
de voiture en y adaptant des roues.
et qiii, l’été, sert On donne aussi le nom de brocatelle à une espèce
— En France, briska est simplement une calèche
le de marbre que l’on exploite surtout à Tortose en Es-
de voyage, très-légère. L’administration a récemment pagne, et qui est presque entièrement composé de
adopté cette forme de voiture pour les malles -postes coquilles broyées ;
sa couleur générale est le rouge
(malles -briska). vineux, jaspé d’une infinité de petites taches d’un
BRISQUE ou MARUGE, jeu de cartes dont le prin- jaune Isabelle, d’un gris jaunâtre ou d’un blanc cris-
cipal avantage est de réunir sous sa main un roi et tallin. La brocatelle est employée à la décoration des
une dame de môme couleur. On est deux joueurs édifices ; les sculpteurs en fabriquent des objets de
ayant chacun 5 cartes prises dans un jeu de piquet; luxe ,
jadis fort recherchés.
la 11« sert d’atout, et le donneur, qui la retourne, BROCHANT, en termes de Blason, se dit des ban-
peut la changer avec le sept d’atout, s’il l’a en main. des, lions, aigles, etc., que l’on fait passer d’un bout
A mesure qu’on fait une levée, on prend une carte de Fécu à l’autre, ou qui traversent sur d’autres piè-
au talon et on a droit de rejouer. 11 y a dans ce jeu ces. Ainsi les armes de la maison de La Rochefou-
à peu près les mêmes qu’au piquet. Quand, cault, en Angoumois, sontburelées d’argent ctd’azur,
après avoir compté une tierce , une quatrième ou avec trois chevrons de gueules brochant sur le tout.
une quinte à la dame, on vient à lever le roi, et que la BROCHE. Outre l’instrument de cuisine de ce
dame est encore dans le jeu, le mariage ou la brisque nom, connu de tout le monde, on nomme broche, par
a lieu. L’as et le dix sont les cartes privilégiées ; on analogie, dans une foule d’arts et métiers, des verges
les nomme brisques; elles l’emportent sur le roi. en fer ou en bois, plus ou moins grosses et longues,
BRIZE (du grec 6«za, espèce de céréale), genre soit employées isolément, soit adaptées à divers outils
de plantes de la famille des Graminées, se trouve et à divers métiers , notamment les petites verges
en abondance dans les prairies naturelles de France de fer qu’on adapte aux rouets des métiers à filer,
et d’Europe; elles sont remarquables par l'élégance et sûr lesquelles le fil, le coton, la laine, se roulent
de leur port, leurs petits épis teints de pourpre, qui à mesure qu’ils sont filés : les métiers à filer ont 100,
tremblent au moindre vent, et leurs fleurs pendantes 200, et jusqu’à 300 broches ; —
certaines aiguilles de
d’une belle couleur jaune; elles plaisent à tous les fer, qui servent à tricoter des bas à la main, à faire
bestiaux, seules ou mêlées aux autres plantes fourra- du ruban et autres étoffes ; —
un petit instrument
gères. Les anciens leur attribuaient des propriétés qui sert de navette dans les métiers de haute-lisse,
narcotiques. Parmi les especes les plus communes, —
pour la fabrication des étoffes, etc. On appelle drap
on remarque la B. majeure, la plus belle de toutes;
: double broche un drap très-serré que l’on fabrique
la B. mouvette ou amourette
(
Voy. ce mot) ; la B. en plaçant deux fils au lieu d’un dans les intervalles
à petite panicule, qu’on trouve partout. des dents formant le peigne du métier.
BPiOG , vase à anse et à bec évasé, fait ordinaire- l)a fabrication des broches pour filature est une
ment de bois, garni de cercles, quelquefois en étain. industrie importante on en fabrique surtout à Au-
:

On s’en sert pour tirer et transporter du vin. Le broc dincourt (Doubs) , à Bitschwiller et Guebwiller (Haut-
servait autrefois de mesure ; à Paris on l’appelait la Rhin), àLille,Maubeuge,Louvroil (Nord),àParis,etc.
quarte, et aillouis le pot : sa contenance est d’en- BROCHET (du latin brochus, qui se disait de ceux
viron 7 à 8 de nos litres. dont la bouche avance), en latin Lucius ou Esox,
BROCANTEUR (de l’anglais abroachment d’où poisson d’eau douce , de l’ordre des Malacoptéry-
l’on a fait lemot latin abrocamentum, qui désigne giens abdominaux, de la famille des Ésoccs, dont il
le commerce du brocanteur) , trafiquant qui vend est le type , est très-commun en Europe et dans
et achète les objets de hasard, friperies, habits, ga- l’Amérique du Nord. H a le corps en forme de fu-
lons meubles , ustensiles de toute espèce etc. Ces
, ,
seau, comprimé sur les côtés, revêtu d’écailles peti-
marchands sont les uns ambulants, les autres séden- tes, oblongues et très-nombreuses; le museau long,
taires à Paris, ils se tiennent surtout au marché du
: saillant, déprimé, la gueule fendue jusqu’au delà
Temple et au marché aux Veaux. Ceux qui veulent des yeux, et garnie de dents très-fortes sur pres-
se livrer à ce commerce doivent (art. l®r de Ford, que tous les points de la surface intérieure et jus-
du 29 mai 1778) en faire préalablement la décla- que dans le gosier ; sa nageoire dorsale est reculée
ration à la police, à peine de confiscation des mar- près de 'la queue; il est noirâtre en dessus, blan-
chandises. On leur délivre une plaque ou médaille châtre en dessous, avec quelques points noirs; ses
numérotée qu’ils doivent porter ostensiblement flancs sont gris, tachés de jaune et de rouille. Le
(art. 2). Une ord. du 8 nov. 1780 leur enjoint d’avoir brochet nage avec force et rapidité ; ses mouve-
un registre coté et paraphé par la police pour y in- vemenfs sont brusques et saccadés; souvent il s'é-
scrire leurs achats, les noms et domiciles des ven- lance hors de l’eau pour atteindre sa proie; il a
deurs, sous peine de 100 fr. d’amende etmême de pri- Fouie très-sensible. Le brochet est renommé pour
son. La plupart de ces prescriptions ont été renouve- sa voracité , qui Fa fait surnommer le requin des
lées dans Ford, du préfet de police du 15 juin IS.'ll. rivières; il avale toute espèce de poissons, môme
BROCART (de broche dans le sens d’aiguille à des poissons aussi gros que lui, ou qui pourraient le
tricoter). Au moyen âge on donnait ce nom à une blesser par leurs épines en traversant son gosier ; il
étoffe tissue d’or ou d’argent, ou bien d’or et d’ar- poursuit les rats d’eau, les petits oiseaux aquatiques,
gent à la fois, tant en chaîne qu’en trame. Depuis, et se jette même sur les animaux morts. Il se déve-
on l’aétendu aux étoffes où il y avait quelques pro- loppe assez rapidement ; sa longueur ordinaire est
ûlures de soie propres à relever les fleurs d’or dont de 50 à75 centimètres; il atteint quelquefois, surtout
elles étaient enrichies, puis à toutes lesétoll'es de soie, dans le Volga , une longueur de 2 m. et le poids de
de satin, gros de Naples, gros de Tours, taffetas 15 à 20 kil.ll peut vivre fort longtemps. Lachair de ce
ornés de fleurs ou d’arabesques brochés. Autrefois poisson est ferme et blanche, de digestion facile, mais
le brocart d’or et d’argent était un des quatre draps un pou fade , et a quelquefois une odeur de bourbe;
sur l’un desquels les ouvriers en drap d’or qui asj)i- elle est, en outre, remplie d’arêtes. —
On nomme
raient à la maîtrise devaient faire leur chef-d’œuvre. Brochet de mer la Bécune, l’Orphie, le Merlus, etc.
BROCATELLE, dite aussi brocardelle ou petit BROCHEUR (de broche, ici synonyme d’aiguille
, , ,

BROM 215 — BRQM


etde navette). Ce mot désigne ;1» l’ouvrier qui a jaune-rougeâtre, et se concrète à 20® au-dessous de
pour emploi de plier les diverses feuilles d’un livre, zéro, en prenant l’aspect de la mine de plomb. So-
de les assembler dans leur ordre de pagination , de luble dans l’alcool et l’éther, il l’est très-peu dans
les coudre ensemble et de leur mettre une couver- l’eau. Poison violent, il colore la peau en jaune, atta-
ture ; 2» l’ouvrier qui broche la soie, c.-à-d. qui est que vivement la plupart des matières organiques, et
chargé de faire des façons ou dessins sur une étoffe exerce une action corrosive sur les parties animales.
de soie en la travaillant, de l’enrichir de fils d’or, On ne le rencontre jamais dans la nature à l’état de
d’argent, de clinquant, de chenille, etc. liberté; il s’y trouve toujours en combinaison avec cer-
BROCOLI (derUalienô/’occoZo, même signif.), sorte tains métaux , particulièrement avec le sodium et le
de chou originaire d’Italie, ne difl'ére du chou-fleur magnésium , dans l’eau de mer, et dans beaucoup
que parce que ses pédoncules sont moins épais et d’eaux minérales, par exemple, dans celles de Bour-
plus allongés. On estime surtout le B. blanc et le B. bonne-les-Bains et de Lons-îe-Saulnier on l’a aussi
;

violet. Le premier, dont la saveur est plus délicate trouvé en combinaison avec l’argent dans les mines du
que celle du chou-fleur, s’accommode et se mange Chili. On l’obtient par le même procédé que le chlore,
comme lui ; on le sème en mai et en juin pour le en traitant un bromure par un mélange d’acide sul-
récolter en hiver. —
^Après l’asperge et l’artichaut, le furique et de peroxyde de manganèse. —
M. Balard
brocoli est peut-être le meilleur légume connu ; le découvrit le brome en 1826, en examinant les eaux-
parenchyme en est léger et la saveur exquise. mères des salines des côtes de la Méditerranée.
BRODEQUIN, chaussure qui nous vient des an- BRÔME (du grec brôma, nourriture), genre déplan-
ciens, et qui, aujourd’hui, sert surtout aux femmes tés de la famille des Graminées, voisin du genre
et aux enfants. —
Le brodequin {soccus) , était chez Festuca type d’une tribu qui prend de là le nom
les anciens l’emblème de la comédie, par opposition de Bromées se trouve en abondance dans les prai-
au cothurne, qui était réservé à la muse tragique. ries naturelles et artificielles. Les grains du B. seghn
On appelait autrefois br'odequin une sorte de tor- et du B. droue, mêlés à la farine de froment, donnent
ture, employée dès le temps des Romains, qui con- un pain excellent; ils servent aussi à engraisser les
sistait à enfermer les jambes du patient entre des volailles; torréfiés, ils peuvent suppléer le café. Le
ais ou petites planches de hois qu’on serrait progres- B. stérile peut remplacer l’avoine pour les chevaux.
sivement, jusqu’à lui broyer les os. La fane du B. des prés, du B. cilié, du B. corni-
On est fort partagé sur l’étymologie de ce mot; il culé, fournit un très-bon fourrage pour les bestiaux.
çarait venir, par transposition de lettres, de l’italien BROMÉLIACÉES, famille de plantes Monocoty-
oorzacchino dérivé lui-même de bursa, cuir. lédones, à pétales périgynes, composée de plantes
BRODERIE, dessin tracé en relief sur un tissu vivaces ou d’arbustes rameux remarquables par leur
quelconque avec un fil d’or, d’argent, de soie, de port, et garnis de feuilles épaisses, roides et souvent
laine ou de coton. On brode au passé, au plumetis, épineuses. Leurs fleurs sont hermaphrodites, brac—
au point de marque, en application ou en guipure, téolées ; le calice est à 6 sépales, dont 3 extérieures
à l’aiguille ou au crochet, à la main et au métier. et plus courts que les intérieures; les étamines sont
Ce genre de travail est généralement l’ouvrage des au nombre de 6, et le fruit est composé de baies ou
femmes. —
L’art de broder a été connu de toute capsules à trois loges , quelquefois tellement unies,
antiquité ;on en trouve des traces dans la Bible ; les qu’elles ne forment qu’un seul fruit. Les principaux
Grecs en rapportaient l’invention à Minerve. De nos genres sont le Bromélia (g. type), qui renferme VA-
jour s, la broderie n’occupe pas seulement les loisirs nanas; le Vellosia, le Pitcairnia, le Tillandsia.
des femmes du monde, c’est un objet important de BROMÉLIE, Bromélia (de Bromel, botaniste sué-
fabrication. La broderie en lame, c.-à-d. en or ou dois),
genre type de famille des Broméliacées, dis-
en argent, et la broderie de soie, se font à Lyon et tingué par son calice et sa corolle à 3 divisions et
à Paris ; la broderie au plumetis se fait particu- par ses étamines insérées sur la corolle. Ces plantes,
lièrement à Nancy ; la broderie au crochet, en Suisse, grandes, herbacées et vivaces, paraissent originaires
à Tarare, St-Quentin et Alençon. Enfin, la broderie de l’Amérique méridionale. L’espèce type est l’A-
sur tulle , à Lyon pour la soie , en Picardie et en nanas (B. ananas) , qui depuis près de 70 ans se
Lorraine pour le coton ; on estime aussi les brode- cultive dans nos serres Voy. ananas). On cultive éga-
(

ries de MUan, de Venise, de Saxe, et la broderie lement en serres chaudes les belles espèces dites B.
anglaise , qui se fait sur jaconas , percale et mous- pinguin et B. karatas.
seline, au point de cordonnet. Il vient de l’Inde et de BROMHYDRATES , sels résultant de la combi-
la Chine des broderies fort riches, mais elles ont rare- naison de l’acide bromhydrique avec les bases.
ment la régularité et la finesse de goût de celles d’Eu- BROMHYDRIQUE (aciüe), combinaison de brome
rope. — Depuis quelques années, on a imaginé des et d’hydrogène(Br H), gazeuse, incolore, d’une odeur
machines au moyen desquelles on exécute avec autant suffocante, très-soluble dans l’eau, et rougissant for-
de rapidité que de iperfection les broderies de toute tement le tournesol. On l’obtient en traitant l’essence
espèce. — On doit à Celnart un Traité complet de térébenthine ou une autre huile essentielle par
de l’Art du Brodeur, avec atlas de 40 planches. du brome ; il se produit aussi lorsqu’on traite un
En Musique, on appelle broderies ou fioritures bromure par l’acide sulfurique.
les ornements, les traits qu’un chanteur ajoute à BROMIQUE (acide), combinaison de brome et
la musique écrite pour faire brûler l’étendue et la d’oxygène (Br 0^,H0), liquide, incolore, sans odeur,
flexibilitéde sa voix. très-acide et fort altérable ; avec les bases il forme
BROMATES ,
sels formés par l’acide bromique et les bromates; on l’obtient, en combinaison avec la
une base. Les bromates ressemblent, sous beaucoup de potasse, en même temps que le bromure de potas-
rapports, aux chlorates; ils fusent, comme eux, sur sium, lorsqu’on dissout du brome dans la potasse.
les charbons ardents, et dégagent de l’oxygênepar la BROMURE, combinaison du brome avec un mé-
chaleur. On les distingue des chlorates à l’aide de tal. Les bromures présentent la plus grande ana-
l’acide sulfureux ou d’une solution de chlore : au logie avec les chlorures ; ils ont presque tous les mê-
contact de ces agents , les bromates se colorent en mes caractères et s’obtiennent de la même manière.
jaune-rougeàtre par du brome mis en liberté. La solution des bromures donne, avec le nitrate d’ar-
BROME (du grec bromos, mauvaise odeur), corps gent, un précipité jaunâtre de bromure d’argent,
simple, liquide, d’un rouge foncé ou pourpre quand un peu moins soluble dans l’ammoniaque que le
il est en couches épaisses
,
et d’une odeur extrême- chlorure d’argent. On distingue les bromures des
ment forte, semblable à celle du chlore, d’une densité chlorures à la coloration jaune-rougeâtre qu’y dé-
de 2,966, bout à 47®, en répandant des vapeurs d’un termine l’addition d'une solution de chlore, par l’ef-
, . , ,

BRÔN —216— Bïi*0*S

fet du brome mis en liberté. Le B. d’argeHi^e ren- • Cui\re. : Slain. Ftr.


contre dans qüelfpies mines; le B. de magnésium Bronze des timbres de -

accompagne les chlorures et les iodures dans plusieurs pendules 71 27 2


eaux minérales et dans l’eau de mer : les eaux de la — des miroirs de té-
mer Morte en contiennent de 3 à 4 kilogr. par mètre lescopes. .. ,i. 66,7 33,3 —
cube. Les bromures de fer et de mercure s’emploient On distingue aussi, dans les arts, plusieurs es-
comme astringent dans l’hypertrophie du cœur, etc. pèces de bronze d’après leur couleur, soit naturelle,
BRONCHES (du grec bronchos, gorge ou gosier), soit factice; tels sont le B. vert antique, le B. flo-
;

nom qu’on donne aux deux conduits fibro-cartilagi- rentin, le B. artistique , eXc.
neux qui naissent de la bifurcation de la trachée- Les armes des Égyptiens et des premiers Grecs
artère et qui s’introduisent chacun dans l’un des étaient en bronze ou airain; ils fabriquaient aussi
poumons, où ils se subdivisent indéfiniment. C’est leurs outils et leurs monnaies avec ce métal. Chez les
par les bronches que l’air nécessaire à la respiration Romains,' le bronze prend un caractère monumental,
pénètre dans les cellu'es où s’accomplit V hématose religieux et artistique ; c’est sur le bronze qu’on
ou revivification du sang. grave les lois, les traités de paix et d’alliance; tous
BRONCHITE (du grec bronchos, gorge), maladie les instruments du culte, couteaux, haches, patères,
qu’on nomme, selon ses degrés, rhume, catarrhe pul- spatules, sont en bronze ; on en couvre des monuments
monaire, fièvre catarrhale, catarrhe aigu on mu- entiers , on en fait des bas-reliefs , des statues, des
queux, et, dans certaines épidémies, grippe, in- médailles, etc. Disparu avec la civilisation romaine,
fluenza, etc. Elle est caractérisée par l’inflammation l’art de fondre le bronze réparait avec la renais-
de la membrane muqueuse, de la trachée et des sance. Au xvi» siècle, le Primatice et Benvenuto Cel-
bronches, avec sécrétion de mucosités plus ou moins lini coulent d’un seul jet de grandes statues; Ur-
épaisses et abondantes. L’impression du froid en est bain VIU fait élever en bronze le baldaquin de Saint-
la cause la plus ordinaire, surtout au printemps et Pierre. En 1684, le bronze se naturalise enErance;
à l’automne; dans la vieillesse et dans l’enfance, Louvois établit les fonderies de l’Arsenal, sOus la di-
cette maladie est plus grave que chez l’adulte. rection des frères Relier. Depuis cotte époque, il est
La Bronchite légère (vulgairement rhume) mé- employé dans une foule de monuments publics, ainsi
rite à peine le nom de maladie ; la B. intense est ac- que dans l’artillerie. Les plus beaux ouvrages mo-
compagnée de fièvre et des autres symptômes géné- dernes en bronze sont l’ancienne statue équestre de
:

raux de l’inflammation ; cependant il est rare qu’elle Louis XIV sur la place des Victoires ( 1692 , celle de )

entraîne de graves accidents, à moins qu’elle ne soit Pierre le Grand à St-Pétersbourg (1767), la colonne
compliquée de pleurésie ou de pneumonie l’alté- : de la place Vendôme (1806), celle dite de Juillet sur
ration de la voix, l’oppression plus ou moins forte de la place de la Bastille (1839), les portes de l’égtise de
la poitrine, accompagnée d’une vive chaleur et d’un la Madeleine (1840), la statue colossale de la Bavière
chatouillement douloureux qui provoque la tou.x, en à Munich (1850).
sont les phénomènes ordinaires. La bronchite in- Vers la fin du règne de Louis XV, Goutherîe In-
tense dure de 3 à 6 semaines; chez les vieillards, venta \a. dorure au mat. Cette découverte ouvrit au
elle passe souvent à. l’état chronique, et dégénère en bronze une carrière nouvelle on dœà les pèndules,
:

catarrhe. —
Le traitement de la bronchite aiguë est les flambeaux et une foule d’ornements; le bronze
celui de toutes les inflammations du même genre devint dés lors un objet de luxe et d’ameublement,
(saignées générales ou locales, cataplasmes Sur le tho- et dans cette voie ses progrès vont toujours croissant.
rax, boissons douces et sucrées, quelques narcotiques L'industrie française du bronze ne rencontre au-
pour calmer la toux et procurer le sommeil) ; il faut cune concurrence sérieuse dans les pays étrangers :
y joindre un régime sévère et les soins hygiéniques. MM. Thomire, Soyé, Galle, Jannet, Vallet, Cornier,
BRONCHOTOMIE (du grec bronchos, gorge, et Vittoz , sont, parmi nos fabricÆnts, ceux qui 'ont le
tomè, section), opération chirurgicale qui consiste plus contribué à ses progrès.
à pratiquer une ouverture soit à la trachée-artère Bronzer, c’est donner la couleur du bronze ft une
[trachéotomie), soit au larynx (laryngotomie), soit substance quelconque^ métal, bois, argile, pkUi<e,ètc.
à, ces deux canaux en même temps (trachéo- laryn- Les procédés employés à cet effet consistent, en' gé-
gotomie), pour extraire un corps étranger ou ex- néral, à recouvrir l’objet qu’on veut bronzer d’un en-
tirper une tumeur, ou seulement pour donner accès duit préparatoire, et à appliquer sur les parties sail-
à l’air dans les poumons. —
Cette opération, qui re- lantes du chlorure d’antimoine, du deuto-sulfurc d’é-
monte à Asclépiade qu’on a souvent proscrite
,
et tain (or mussif) , ou de la limaillado bronze ou de cuivre
comme très-dangereuse , se pratique aujourd’hui jaune réduit en poudre impalpable (or en coquille).
avec un succès complet; on n’y a recours, toutefois, BROQÜART, se dit en Vénerio d’une bète fauve
que lorsque c’est le seul moyen de prévenir une ter- d’un an . et surtout du Chevreuil mâle.
/
minaison fatale. L’œdème de la glotte et du larynx BROSlME (du grec brôsimos comestible), arbre
le croup, le gonflement considérable de la langue, lactescentde lafamilledes Artocarpôes. K.artocarpe.
sont les cas qui peuvent nécessiter la bronchotomie. BROSSES. L’art du brossier consiste à fabriquer
BRONZE (suivant Ménage, du latin frontis, qui toutes sortes de brosses ou vergettes, de pincea\ix ou
dans la basse latinité, avait la même signification), de balais. —
Les brosses proprement ditesj qui ser-
alliage de cuivre et d’étain ; il renferme presque tou- vent au nettoyage des meubles et-des vêtements,
jours accessoirement plusieurs autres métaux , tels ainsi qu’à la toilette, peuvent être partagées en déux
que zinc, fer et plomb. L’alliage de cuivre et d’étain, classes : celles qui ont le dos ou la patte percée à
beaucoup plus dur et plus fusible que le cuivre, s’em- jour, et celles qui ne l’ont pas. Pour les articles de
ploie pour la fabrication des canons, des cloches, des brosserie commune, les pattes sont ordinairement en
statues, des médailles, des cymbales, etc. Les pro- hêtre ou en noyer, recouvert ou non d’un placage ;
portions de l’alliage varient suivant l’usage auquel pour la brosserie fine, on emploie la corne, l’os
il est destiné
;
en voici les principales : l’ivoire, le bois' laqué et le bois de Spa. hes poils
Cuivre. ÉtaiB. Fer. sont en soie de porc ou de sanglier, en crin de che-
Bronze des statues 90,10 9^90 — val, en poil de chèvre ou de blaireau, en chiendent
— des médailles ... de 88 à 92 del2à8 '
— et en bruyère. —
Paris est un des plus grands centres
— des canons de 90 à 91 de 10 à 9 — de la fabrication des brosses : viennent ensuite Beau-
— des cloches 78 22 — vais, Lyon, Dieppe et Méru. La brosserie anglaise est
— des cymbales et renommée pour son luxe et son élégance , pour la
tamtams 80 20 - solidité et'la finesse du crin. Depuis quelques années,
, , ,

BROU — 2i7 — BRUG


de grandes fabriques de brosserie se sont élevées provient, sans doute, des fumées et des vapeurs de
aussi en Prusse et en Allemagne, j
toute espèce qu’ils tiennent emprisonnées; parfois
Les peintres donnent spécialement le nom de bros- aussi ils semblent uniquement composés de molé-
ses à des pinceaux consistant en un paquet de poils cules terreuses, réduites à une extrême finesse tels ;

-de porc, de sanglier ou de chien, liés avec une ficelle sont les brouillards seps, qui enveloppent sans cesse
ou maintenus par un étui eu fer-blanc, et attachés les régions polaires, et ceux qui accompagnent cer-
au boutd’un bâton servant de manche. On les empl(jie
j

taines éruptions volcaniques. —Les brouillards sont,


presque exclusivement pour la peinture à l'huile. en général, nuisibles à la végétation; ils sont aussi
Les Entomologistes nomment brosse cette touffe-de
j

' '

fort malsains, surtout dans les grandes villes, où ils


poils roides qui se trouvent sur différentes parties du deviennent fort épais et vicient l’atmosphère. Voy.
corps des insectes. — On donneaussi ce nom aux BIIUME, GIVRE, UÜAGES.
poils longs et disposés en manchettes qui
se trouvent Bans le Commerce, on donne le nom de brouillard
aux jambes de devant de certains mammifères , et au livre sur lequel on prend note des ventes, des
surtout des ruminants à cornes creuses. achats, des payements, des recettes, en un mot, de
BROU, enveloppe verte et demi-rharnue qui recou -
toutes les affaires, au fur et à mesure qu’on les con-
vre le fruit du noyer. On a étendu ce nom à tout sar- clut; on l’appelle aussi brouillon cimain courante.
cocarpe plus ou moins verdâtre et coriace, comme ce- Les écritures du brouillard doivent être ensuite trans-
lui —
de la noisette, des amandes, etc. Le brou denoix portées sur le journal. — C’est aussi vulgairement le
s’emploie dans la teinture pour obtenir sur laine des nom d’un papier non collé dont on se sert, comme
couleurs fauves ou brunes dites rfe racine; les anciens buvard, pour sécher l’écriture, ou que Ton emploie
l’utilisaient pour teindre les cheveux. Quand le brou pour filtrer.
a été conservé un ou deux ans dans l’eau, il acquiert BROUSSIN, loupe ou excroissance de la tige ou
plus de qualité pour la teinture. On en prépare aussi, des branches d’un arbre , déterminée souvent par
en le faisant infuser dans l’eau-de-vie, une liqueur une tonte ou un élagage fiéquent. Le broussin de
stomachique, dite brou de noix i enfin, on l’emploie, certains bois, comme l’orme, Térable, le frêne, le
en Médecine, comme antisyphilitique et vermifuge. buis présente à l’intérieur des veines colorées qui
,
On appelle encore Brou ou Mal de bois une mala- le rendent précieux pour les ouvrages d’ébénisterie.
die fort grave qui attaque les bestiaux , surtout les BROUSSONETIE (de Broussonet, naturaliste fran-
bêtes à cornes, au moment où ils commencent à brou- çais du XVIII® siè(de) , genre delà famille des Moréacées,
ter dans les bois. C’est, suivant les vétérinaires, une établi pour un très-bel arbre, originaire de la Chine,
gastro-entérite à laquelle on remédie parles saignées, aujourd’hui naturalisé dans nos jardins , et qui n’est
les lavements émollients et les breuvages acidulés. autre chose que le Mûrier à papier de Linné : c’est
BROUET (du bas latin brodium) espèce de mé- un arbre lactescent, à feuilles alternes, velues en
lange en usage dans les repas des Grecs et des Ro- dessous, et à fleurs dio'iques. L’écorce de ce mûrier,
mains. Le brouet noir des Spartiates , un de leurs bien différent du mûrier à soie, fournit une filasse
mets les plus recherchés, était un mélange de viande douce, fraîche et très-blanche, avec laquelle on fabri-
et de sang assaisonné avec du sel et du vinaigre. que, dans les paj^s où il croît, du papier et des étoffes.
BROUETTE (du latin barbare birota, formé de BRUANTS , Emberiza, petits oiseaux de passage,
bis, deux, rota, roue). C’était autrefois un petit de Tordre des Passereaux et de la famille des Coni-
véhicule à deux roues : aujourd’hui, un petit
c’est, rostres, plus connus en France sous les noms de Ver-
tombereau ou une caisse de bois montée sur un bran- diers et ô! Ortolans, ont pour caractères propres; un
card, à l’extrémité de laquelle est placée une petite bec court, droit et robuste ; des mandibules à bords
roue, mobile sur les deuxpivots d’un essieu tournant. rentrants, la supérieure plus petite que l’inférieure,
On attribue à Pascal l’invention de la brouette. ,
et garnie intérieurement d’un petit tubercule osseux
BROUILLARD^ masse de vapeurs répandues dans et saillant dont Toiseau se sert pour concasser les
la partie de l’atmosphère la plus voisine de la terre, graines. Leur plumage varie du vert olivâtre au gris
et qui troublent la transparence de l’air. Les brouil- brun, mêlé à du jaune et du noir. Les Bruants vien-
lards se forment dans l’atmosphère toutes les fois nent en France avec les hirondelles, et partent avec
qu’il y arrive de la vapeur d’eau à une température les cailles; tout Tété, ils voltigent dans les prés, les
supérieure à celle de Tair ambiant. Ainsi, lorsque la bois et les buissons. Us se nourrissent de graines, de
température de l’air vient à se refroidir subitement, baies et d’insectes, et vivent familièrement avec les
des brouillards s’élèvent au-dessus des lacs et des ri- moineaux et les pinsons de nos contrées. Ils donnent
vières, parce que, la température de ces eaux étant très-facilement dans tous les pièges qu’on tend aux
plus élevée que celle de l’air, la vapeur qui en sort, petits oiseaux. Quelques espèces sont recherchées
mise en contact avec un air plus froid, se condense pour leur chair, qui est un des mets les plus déli-
en partie : elle apparaît alors sous la forme d’une cats ;
d’autres, pour leur chant, qui est assez agréa-
fumée , d'autant plus épaisse que la différence des ble. Les espèces les plus communes dans aos con-
deux températures est plus grande; c’est ce qui se trées sont le B. commun ou Verdier des oiseleurs,
:

passe lorsque nous voyons sléchapper de la vapeur qui est gros comme un moineau et de couleur Jaune-
d’un vase qui contient de l’eau chaude. De même, verdâtre ; le B. proyer, qui est d’un gris brun lâ-
dans un temps de dégel , Tair étant devenu brus- cheté de brun foncé; le B. fou, qui est un des plus
quement plus chaud et se trouvant en contact avec faciles à se laisser prendre; V Ortolan proprement dit
la surface plus froide de Teau ou du sol, la vapeur [Voy. ce nom) ; le B. de roseau et le B. Mifylène,
d’eau qu'il contient se condense, et forme un brouil- qu’on trouve surtout dans le Midi.
lard. Les brouillards sont de la môme nature que les BRUCEE , Brucea ( ainsi nommée du voyageur
nuages ; un brouillard est un nuage dans lequel on écossais Bruce qui rapporta cet arbrisseau d’Abys-
est, et les nuages sont des brouillards dans lesquels sinie ) , genre de la famille des Térébinthacées , ren-
on n’est pas. — Les brouillards sont plus fréquents ferme des arbrisseaux dont les feuilles sont , dans
dans les pays froids, bas et humides (par exemple en l’Abyssinie , employées avec succès contre la dyssen-
Hollande, en Angleterre), que dans les pays chauds, terie. La B. ferrugineuse rapportée par Bruce , a
,
secs et élevés ;
dans le printemps et l’automne que l’aspect d’un petit noyer; ses feuilles sont ailées,
dans Tété et Thiver; le soir et le matin que dans la pointues et bordées de quelques poils; on la cultive,
nuit et au milieu du jour ; les variations de tempé- chez nous , en serre chaude, où elle atteint la hau-
rature, plus fréquentes dans ces diverses circon- teur de2 mètres. Son écorcepassait pour être la fausse
stances, expliquent facilement ces différences. Quel- Angusture qui donne la Brucine. Voy. ces mots.
quefois les brouillards répandent une odeur fétide qui BRUCHE (du grec bruchô, ronger), vulgairement
BRUL — 218 — BRUN
Cusson, genre d’insectes Coléoptères tétramères, de |
I
explosion ; on y met le feu au moyen d’une mèche
la famille des Rhynchophores. Ils ont le prolonge- appelée saucisson. Les brûlots sont condm'ts soit à la
ment de la tête court, large et en forme de museau, voile, soit à la remorque d’embarcations. Ces ma-
avec des palpes très-visibles. Ils multiplient rapide- chines , qui étaient en usage chez les anciens , et
ment, et sont un véritable fléau pour l’agriculture. que , jusqu’à la fin du siècle dernier, les armées na-
Leurs larves attaquent et détruisent les fèves , les vales traînaient à leur suite, ne sont plus usitées. On
pois et les lentilles. Ou les détruit en exposant les se- s’en servait surtout contre les navires ancrés dans un
mences dans un four à une chaleur de 40 à 45 degrés. port. C’est ainsi que les Russes ont brûlé l’esoadre
BRUCINE, alcali organique, découvert en 1819 turque dans la baie de Tchesmé (Anatolie), en 1770,
par Pelletier et Caventou dans l’écorce de Fausse — On a récemment construit des brûlots à vapeur,
Angusture, écorce qu’on croyait provenir de la qui sont les plus puissantes des machines destructi-
Brucée, est aussi contenu dans la fève St-lgnacc, la ves connues : ils n’ont pas encore été mis en usage.
noix vomique, le Bois de couleuvre, etc. Use présente BRULURE. On admet, avec Dupuytren, six de-
enprismesdroitsrbomboidaux,ou en aiguilles enche- grés dans la brûlure, d’après la profondeur des al-
vêtrées, incolores, insolubles dans l’éther et composées térations éprouvées par les tissus : 1“ inflammation
de carbone, d’hydrogène, d'azote et d’oxygène dans superficielle de la peau sans phlyctènes ; 2® inflam-
les rapports de -|- Saq. Pris intérieure- mation avec plüyctènes ; 3® désorganisation d’une
ment, il agit d’une manière spéciale sur la moelle partie du corps papillaire ou de la surface de la pea\i ;
épinière, et peut , à haute do.se, causer le tétanos et 4® escharification complète du derme ; 5° combustion
la mort. Il s’obtient dans la préparation de la strych- des tissus jusqu’aux os; 6® enfin, carbonisation de
nine, où il reste dans les eaux-mères. 11 forme avec tout un membre. — Les brûlures du l«r et du 2® de-
les acides des sels très-amers, également vénéneux. gré sont les plus ordinaires; leur traitement consiste
Il se distingue des autres alcalis organiques par sa simplement dans l’immersion imnaédiate de la partie
réaction avec, l’acide nitrique : à l’Mat concentré, malade dans l’eau froide, ou, si cette immersion est
cet acide colore la brucine en rouge de sang, et dé- impossible, dans une affusion continuelle d’eau froide.
gage, suivant M. Gcrhardt, un gaz inflammable, Tous ces remèdes que vante le vulgaire pulpe de ;

ayant l’odeur de la pomme de reinette, et qui est de pommes de terre ou de carotte râpée, gelée de gro-
l’éther nitreux. On x^'épare avec la brucine des pi- seilles, etc., n’agissent pas autrement que l’eau froide,
lules qu’on administre dans certains cas de paralysie. et ne sont pas toujours sous la main. S’il y a des
BRUGNON, Pemca lœvis, variété de Pèche à peau ampoules , il faut les percer de place en place pour
rouge ou violette et lisse, à chair pleine, tenant du faire écouler la sérosité, en ayant soin de ne pas ar-
goût de l'abricot , mûrit plus tard que les pêches racher l’épiderme; si cependant il était enlevé, U
ordinaires. Le brugnon a un excellent goût lorsqu’il faudrait recouvrir la partie dénudée d’un linge Un
a mûri sur l’arbre jusqu’à ce qu’il se détache de lui- enduit de cérat,et recouvert lui-même de compresses
même. Le B. violet musqué est le plus estimé; le B. imbibées d’eau blanche. S’il survient des symptômes
violet tardif et le B. jauyie sont sujets à pourrir sur inflammatoires , un traitement antiphlogistique de-
l’arbre sans mûrir. On fait avec les brugnons de bonnes vient nécessaire ce traitement consistera en saignées
:

compotes; on s’en sert aussi pour garnir des tartes, générales ou locales, boissons rafraîcliissantes, purga-
des flans, etc.; on les confit au sucre, à l’eau-de-vie. —
tifs, etc. Dans les brûlures des 3®, 4® et 5® degrés, s’il
BRUINE {du latin pruina, pluie froide) , petite y adésorganisaticn des tissus et formation d’escarres,
pluie qui résulte de la condensation des vapeurs qui il faut, après avoir combattu l’inflammation, s’occu-

composent le brouillard. per du travail de la cicatrisation. Le pansement se com-


BRUIT son confus , résultant d'un ébranlement
,
posera d’abord d’applications émollientes et adoucis-
de ne se répète point par vibrations. Il est
l’air, c[ui santes, puis de chcirpie enduite de cérat, ou même,
le produit d’un ou de plusieurs chocs de corps non s’il faut hâter la chute des escarres , d’onguents ex-
élastiques, tels que la détonation d’une arme à feu, citants; des appareils appropriés seront mis, en ou-
le fracas du tonnerre, le mugissement du vent, le tre , en usage , afin de prévenir ou de corriger la
craquement d’une branche d’arbre, etc. Il diffère difformité de certaines cicatrices; le traitement est
du son en ce que ses vibrations ne sont pas tiO- toujours long et difficile. — Les brûlures du G® degré
clirones (d’égale durée), et ne se succèdent pas nécessitent l’amputation.
avec assez de rapidité pour donner à l’oreille une BRULURE ou CHARBON DU BLÉ. On donnait autrefois
sensation continue. —
Les divers bruits que font en- ce nom à la rouilla des céréales; on l’attribuait soit
tendre certaines parties du corps, surtout la poitrine à l’action des rayons solaires concentrés par la rosée,
et le cffiur, donnent au médecin de précieux indices, soit au voisinage de plantes malfaisantes; mais, en
qui sont devenus, depuis peu d’années,robjet d’une réalité, cet état est dû à la présence d’un petit cham-
étude spéciale. Voy. auscultation. pignon parasite, VUredo rubigo vera. Voy- rouille.
BRULAGE , opération d’agriculture qui consiste à BRULURE DES MOUTONS, OU Mal de feu, maladie des
enlever la superficie d’un terrain tout chargé de moutons, caractérisée par la rougeur des yeux, la
plantes, à quelques centimètres d’épaisseur, à couper soif, l’amaigrissement, etc. On y remédiepai'ler^os,
ces tranchées carrément, à en former de petits fours, les émollients et les rafraichissanls.
et à répandre ensuite sur lesol,pour lefertiliser,cette BRUMAIRE, 2® mois du calendrier républicain,
terre réduite en cendres. commençait, selon l’année, le 22 ou le 23 octobre et
BRULEMENT des corps. Voy. bûcher. finissait le 20 ou le 21 novembre. 11 devait son nom
BRULERIE, fabrique d’eau-de-vie et liqueurs al- aux brumes ou brouillards qui ont ordinairement
cooliques. Dans ce sens, il est synonyme de distil- lieu à cette époque. —
Pour la Journée du 18 bru-
lerie {Voy. ce mot). —
Ün nomme encore brûleries maire, Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
les fabriques où l’on brûle les bois dorés et les tissus BRUME (du latin brama, brouillard), vapeur qui,
d’or et d’argent pour en retirer les matières pré- par un temps calme . s’élève pi ès de l’horizon de la
cieuses qu’ils peuvent contenir. mer, et y obscurcit Fatmosphère. Cette brume vient
BRULOT, bâtiment que l’on charge d’artifices et de ce que l’air ne contient pas assez d’eau en va-
de matières combustibles pour incendier les vais- peur, et elle n’a de commun avec le brouillard que
seaux de l’ennemi. Il est, en général, fait légère- l’apparence : elle peut avoir lieu par un temps sec
ment et de bois de rebut. Il s’accroche au bâtiment et chaud. —Par extension, brume se dit, surtout en
ennemi par des grappins à chaînes de fer dont on Marine, de toute espèce de brouillard. Voy. ce mot.
le garnit à l’extrémité de ses vergues et à son beau- BRUN DE MONTAGNE. Voy. TERRE d’ombre ; —
B.
pré. La cale renferme les pièces qui doivent faire S£ PLATRE Voy. TALC ; —
6. ROUGE. FO!/. OCRl,
, , ,

BRUY — 219 — BRYO


BRUNELLE , genre de plantes de la famille des on n’en compte qu’une vingtaine propres à l’Eu-
Labiées. La B. commune est astringente et vulné- rope, et trois ou quatre à l’Asie. Les bruyères sont
raire, et s’emploie contre les maux de gorge; la B. presque toutes de charmants arbustes ou sous-ar-
à grandes fleurs est une plante vivace , à fleurs en brisseaux qui croissent dans les terrains incultes
épi , bleues , pourpres, rosées ou blanches, qui sert à de nature sablonneuse; elles en augmentent pro-
l’ornement des jardins. —
Le mot Brunelle est aussi gressivement l’épaisseur et la fécondité, et forment
le nom de la Couleuvre brune. Voy. couleuvre. ainsi ces terreaux légers et substantiels qu’on ap-
BRUNFELSIE ( de Brunfels botaniste allemand pelle terre de bruyère. Les bruyères ont toutes ces
du XVI' siècle), genre de la famille des Scrofulariées, caractères communs de présenter un calice et une
contient plusieurs plantes de l'Amérique , fort re- corolle monophylles à 4 ou 5 divisions, des étamines
cherchées en raison de leur beau port et de leurs en nombre égal ou double de ces divisions ,
un
fleurs grandes et odorantes ce sont des arbrisseaux
: ovaire libre et un fruit capsulaire et polysperme
, ;

à feuilles alternes, oblongues, entières. L’espèce type leurs diverses espèces offrent , dans leur forme gé-
est la B. violacée, remarquable par ses grandes nérale, dans la disposition et la couleur de leurs
feuilles violacées en dessous et parcourues en dessus fleurs, des variétés infinies ; mais toutes sont remar-
de grandes nervures blanches. quables par la persistance de leur verdure et la durée
BRUNIA (d’un nom
propre), genre type de la de leurs fleurs. Les bruyères exotiques, qui sont les
famille des Bruniacées renferme des arbrisseaux
,
plus jolies et les plus recherchées, sont aussi les plus
du Cap, à rameaux à feuilles petites et
verticillés, délicates; on les multiplie de graines, de marcottes
à fleurs paniculées. Ce genre avait été placé par et de boutures. La bruyère est aujourd’hui fort cul-
Jussieu dans les Rhamnées. tivée par les jardiniers fleuristes comme fleur d’agré-
BRUNIACÉES, famille de plantes dicotylédones du ment ; on la recherche surtout pour les appartements.
Cap renferme des arbres et arbrisseaux dont le port Les espèces indigènes les plus intéressantes sont ; la
rappelle celui des Bruyères , à feuilles alternes , pe- B. vulgaire, qui croît si abondamment dans les lan-
tites et roides; à fleurs paniculées, à calice tubuleux des de Bordeaux, de la Sologne et de l’ouest de la
quinquélide, avec autant de pétales alternes et d’é- France, dans la Sarthe et sur les plateaux arides des
tamines. Elle a pour type le genre Brunia. V. ce nom. environs de Paris , et qui répand , par l'abondance
BRUNISSOIR , outil en forme d’amande plus ou de ses fleurs violettes, une teinte générale sur ces
moins allongée, et fixé, par un de ses bouts, à un lieux incultes ; les bestiaux la broutent quand elle
manche de bois; on s’en sert pour brunir ou polir est encore tendre; les abeilles sont avides du suc de
des surfaces. 11 est tantôt en acier trempé , tantôt ses fleurs ; on en forme une litière qui devient un
en pierre sanguine (hématite rouge) , en dents de engrais d’excellente qualité ; la B. à balai, dont on
loup, etc. , mais toujours d’une substance plus dure fait des balais, des brosses, etc.; dans plusieurs pays,
que celle du corps sur lequel on le fait agir. Le elle remplace le bois de chauflàge; ses racines, qui
brunissoir n’use pas par le frottement, mais il aplatit sont fort grosses, produisent un excellent charbon ;
les aspérités qui se trouvent à la surface du corps. la B. herbacée, qui fleurit blanc, et prend insensi-
On brunit les pièces d’argenterie , les bronzes, les blement une teinte rose. Parmi les espèces exotiques,
bois, les porcelaines dorées ou argentées, les cuivres on remarque surtout la B. à grandes fleurs, ap-
gravés en taille-douce , les pièces d’horlogerie , etc. portée du Cap en 1775, haute de 1®>,50, à fleurs
BRUNONIACÉES , famille de plantes herbacées d’un beau rouge orangé ou rouge écarlate ; et la B.
de la Nouvelle-Hollande, présentant un calice à six en bouteille, dont les fleurs blanchâtres, bordées de
divisions, une corolle monopétale hypogyne, un peu rouge, ont la forme d’une petite carafe.
irrégulière , cinq étamines hypogynes, un ovaire li- BRUYÈRE DU CAP, Variété de Nerprun. Voy. phyliûub.
bre , et ayant pour fruit un utricul^ membraneux BRUYÈRE (coq de), espèce de coq sauvage. Voy. coq.
caché par Le genre Brunome (Brunonia)
le calice. BRY (du grec bryon, mousse), le plus nombreux
est le seulque renferme cette famille. et le plus remarquable des genres de la famille des
BRUNONlE(du nom d’un botaniste anglais), genre Mousses, division des Acrocarpes. Les brys vivent
type de la famille des Brunoniacées , renferme un sur la terre, où ils forment des gazons plus ou moins
petit nombre de plantes , dont une est cultivée en touffus, jamais sur les arbres. Iis donnent leur nom
Europe c’est la B. australe, de la Nouvelle-Hol-
; à la famille des Bryacées.
lande, dont le port rappelle celui de nos Scabieuses. BRYONE (du grec brijô, pousseravec force), Bryo-
BRUSQUEMBILLE (lx), jeu de cartes qui peut se nia. genre de plantes de la famille des Cucurbitacées,
jouer à deux, trois, quatre ou cinq personnes. Si le renferme des plantes herbacées, annuelles, poilues
nombre des joueurs est pair, on emploie un jeu de ou rugueuses, volubiles, à feuilles alternes, à rhi-
piquet entier; dans le cas contraire, on supprime zômes tubéreux et à fleurs axillaires monoïques ou
deux sept , un rouge et un noir. Les dix et les as dioïques. L’espèce la plus connue est la B. didique
portent spécialement le nom de by'usquembille : c’est ou commune, dite aussi couleuvrée, et plus vulgai-
de là que vient le nom du jeu. L’as est la brusquem- rement Vigne vierge, plante grimpante qui croit
bille supérieure, surtout l’as d’atout : celui qui la dans les haies, les bois ou les lieux incultes. Ses
place reçoit deux jetons de chaque joueur. fleurs sont disposées en grappes d’un blanc verdâtre;
BRUT (du latin brutas même signification). On sa racine, grosse et charnue, appelée aussi Navet
appelle ainsi , en Histoire naturelle, les corps inor- du diable, renferme un principe âcre qui est véné-
ganiques, pierres, métaux, par opposition aux corps neux et purgatif. On extrait de cette plante la bryo-
organisés [Voy. corps). —
Le mot brut s’applique nine, substance roussâtre, demi-solide et très-amère,
encore : 1' à tout ce qui n’est pas élaboré par l’art, à laquelle elle doit ses propriétés actives. La Méde-
comme sucre brut qui n'est pas raffiné ; diamant cine emploie la bryone comme purgatif drastique
brut, qui n’est pas taillé, etc. ; 2® à la totalité d’un et comme succédané de Tlpécacuanha et du Jalap.
produit, lorsque déduction n’est point faite des frais L’Homœopathie en faitgrand usage, surtoutcontreles
qu’il a fallu faire pour l’obtenir ; ou bien au poids maladies gastriques et les rhumatismes aigus. Fraî-
d’une marchandise pesée avec l’emballage ; le pro- che et appliquée sur la peau, cette racine agit à la ma-
duit brut et le poids brut sont alors opposés au pro- nière des sinapismes. On peut la débarrasser de son
duit net et au poids net. La différence entre le poids principe âcre par la torréfaction et le lavage. EUo
brut et le poids net s’appelle tare. fournit , dans ce cas , une fécule analogue à celle de
BRUYÈRE (du grec 6ri/on, mousse), Æn’ca, genre la pomme de terre et aussi saine qu’abondante.
type de la famille des Èricinées , renferme plus de BRYOPHYLLE (du grec bryô, germer, et phyl-
400 espèces , la plupart originaires de l’Afrique ; Ion, feaille), arbuste originaire des Moluques, et
, , ,

BÜGC — 220 — Büfiïl

qui appartient à la famille des Joubarbes ou Crassu- aujourd’hui, il ne désigne plus qu’un genre de l’ordre
lacées, est remarquable par sa facilité de reproduc- des Gastéropodes pectiiiibranches , renfermant plus
tion. Si l’on pose sur le sol une de ses feuilles, on de 200 espèces, dont urie dizaine se trouvent sur nos
voit bientôt sortir de chacune des dentelures de pe- côtes : le Buccin onde surtout y eèt très-commun. La
tites radicelles,que surmontent immédiatement une plupart de ces mollusques sont munis' d’une glande
ou plusieurs jeunes plantes. Cet arbuste a de fort placée entre le cœur et le rectum, qui sécrète un li-
belles fleurs pendantes en forme de pavillon chinois; quide visqueux, doué , dans' quelques espèces , de là
il atteint de 6 à 7 m. de haut. propriété de passer du jaune vert au pourpré écla-
BRYOPSIS (du grec bryon, mousse, et opsis, ap- tant; aussi a-t-on pensé que la pourpre des anpjpns
parence), genre de la famille des Zoospermées, com- était due à une espèce de ce genre. Voy. pourpre.
posé d’algues élégantes par leur ramification. BUCCINATEUR (muscle), buccina, trompéltp,
BRYOZOAIRES, ordre de Polypes. Voy. tuniciers. muscle qui occupe latéralement l’espace compris en-
BUANDERIE (de buée, qui signifiait (eMire)y lieu tre les deux mâchoires. (Juand les lèvres sont fér-
où sont établis un fourneau et des cuviers pour faire mées, il appuie les joues contre les dents, soit pour
la lessive.Voy. lessive et blanchissage, aider à la mastication, soit pour faciliter l’émis-
BUBALE (en latin, Bubalus), dit aussi Bœuf d’A- sion de la voix en expulsant l’air de la bouche.
frique , Vache-biche , Taureau-cerf etc., mammi- BUCCINOIDES', deuxième famille des Gastéro-
fère ruminant du genre Antilope. Il a les cornes podes pectinibranches, établie par Cuvier, comprend
annelées et recourbées en arrière. Il vit par petites tous les mollusques qui ont une coquille à ouverture
troupes dans les déserts de l’Afrique. échancrée ou canaliculée, et renferme les genre.s
BUBO, nom latin du hibou, est donné par les Buccin, Cône, Porcelaine, Ovule, Tarière, Voluté,
Ornithologistes à une division d’oiseaux de proie Cérite, Rocher, Strombe, eXc.
nocturnes, comprenant ceux qui ont une conque pe- BUCCOIDÉES, famille d'oiseaux de l’ôrdré des
tite, dont le disque de plumes est moins prononcé Passereaux, formée des Barbus de Cuvier. F. barBuS!
que dans les chats-huants, et qui ont des tarses em- BUCENTAURE (du grec bous, bœuf, tic’enfaui'àè,
plumés jusqu’aux ongles. C’est aussi le nom spécifique centaure), nom par lequel on désignait, dans là My-
du Grand-duc d’Europe {Strix Bubo). Voy. duc. thologie ancienne, une espèce de Centaure qui avait
BUBON (du grec boubôn, aine). Ce nom a d’abord le corps d’un bœuf ou d’un taureau. —
Ce nom fut
été donné exclusivement aux tumeurs des glandes in- donné au vaisseau que montait le doge de Venise lé
guinales; puis on l’a étendu à tous les engorgements jour de l’Ascension, lorsqu’il faisait la cérémonie' de
glandulaires, à ceux des aisselles, du cou, etc., qu’on son mariage avec la mer Adriatique. C’était un galion
nomme aussi adénites. On en distingue quatre espè- long comme une galère, sans mâts ni voiles, et por-
ces Ip le B. sympathique ou d'irritation, simple en-
: tant à la poupe une figure de Bucentam'e; sur le pont
gorgement inflammatoire, déterminé p.ar l’irritation s’élevait une tente magnifiquement ornée; le doge
qui , d’une partie enflammée ou ulcérée, se propage siégeait à la poupe, et de là il jetait un anneau d'Ans
aux glandes lymphatiques les plus voisines en sui- l’Adriatique, pour marquer qu’il l’épousait. Cetté cé-
vant le trajet des vaisseaux absorbants (il disparaît rémonie singulière paraît tirer son origine d’un pri-
ordinairement avec la cause qui l’a fait naître); vilège de souveraineté sur la mer que le pape Aléxan-!
2® le B. pestilentiel qui se développe pendant la dre III avait accordé aux Vénitiens en 1177. '
,

peste; 3® le B. scrofuleux, qui accompagne la ma- BUCÉPHALE (dé ôom, boeuf , et képhalè, lê^)l
ladie scrofuleuse ; 4® le B. syphilitique, qui peut Ce nom, connu dans riiistorre, cômme celui du che-
lui-même être primitif, constitutif ou constitutionnel. val d’Alexandre , à été appliqué par les Zooldgistès
— Les bubons, môme déjà volumineux, peuvent se à plusieurs animaux remarquables par la gCosséiit
résoudre soit spontanément, soit par le secours des de leur tête ou par leur forme; tel est, parmi les
antiphlogistiques, des émollients et du repos. Le insectes ,\e Harpale bucéphale. •

plus souvent, néanmoins, on ne peut faire avorter la BUCÈRUS (de bous, bœuf, et kéras, corne), oi-
tumeur, et elle arrive à la suppuration, ce qui né- seau du genre des Passereaux, plus connu sous leniim
cessite ordinairement l’action du bistouri, h'indu- de Calao. 11 tire son nom d’une protubérance en
ration et la gangrène sont deux terminaisons plus forme de corne qu’il a sur le bec ; il est le type d’une fa-
rares, mais toujours défavorables. mille qui reçoit de lui le nom deBucéridées. F. calao.
BUBON , genre de plantes herbacées de la famille BUCHE (du latin barbare bosca) morceau de gros
des Ombellifères, renferme deux espèces principales : bois de chauffage. La bûche doit avoir une longueur
le Bubon ou Persil de Macédoine, qui se cultive de — On appelle Bûche de Noël Une bûche ou
dans nos jardins; ses fleurs blanches servaient an- grosse souche de bois que dans beaucoup de familles
ciennement à guérir l’inflammation dos aines (d’où on met au feu par derrière les autres la veille deNoêl.
son nom); —le B.-Galbanum, arbrisseau à fleurs Bûche économique, espèce de brique préparée avec
jaunes, d’un mètre de haut environ, et qui fournil de l’anthracite en poudre unie à de la houille et à un
la gomme-résine appelée galbanum, employée en peu d’argile, qu’on place dans le fond des cheminées
médecine comme antispasmodique. pour économiser le combustible eUe réfléchit la éhà-
:

BUCAIL.sortedeblénoiroudesarrasin. F. ce mot. leur sans s’altérer Sensiblement.


BUCARÜE(de6oM.s,bœuf, elcardion, cœur, àcause BUCHER, pyramide de bois sur laquelle leS an-
(le sa forme), Cardium, g. de Mollusques acéphales, ciens plaçaient le corps des morts pour les brûler.
de la famille des Lamellibranches. On trouve sur 11 ÿ avait" des bûchérs publics élevés dans la cam-
les côtes de La Rochelle une espèce de Bucarde le pagne, au milieu d’une enceinte appelée ustrinum,
,
Sourdon, qui sert de nourriture aux classes pauvres. et des bûchers particuliers. On les construisait avec
On a, par suite, appelé Bucat'dite une coquille des bois odorants et résineux, l'if, le pin, le mé-
bivalve devenue fossile. Les anciens oryctographes lèze, le frêne, le cyprès, le genévrier, etc. Le bûcher
donnaient même ce nom à toutes les coquilles fos- avait la forme d’un autel; il était de forme carrée,
siles, qu’elles appartinssent ou non au genre Bucarde. à 3 ou 4 étages, et l’on y versait du vin, du lait, du
BÜCCIN (de buccina, grande trompette de guerre miel, des parfums, de l’encens, des aromates et de
usitée chez lesRomains), basse de trombone en usage l’huile. On recueillait, après la combustion , les cen-
dans la musique militaire le pavillon représente la
: dres dans une urne. — Chez les anciens, l’usage de
bouche d'un serpent. brûler les morts était commun aux Scythes, aux
BUCCIN, Buccinum. Ce nom a été donné par les Thraces, aux Grecs et aux Romains; de nos jours,
anciens naturalistes à une foule de coquilles univalves il existe encore chez les Hindous. —Les bûchers ont
différentes, mais toutes en forme de cornet {buccina) ;
aussi servi d’autels où l’on immolait aux dieux des
S21 — BÜFF
Yictimes -ïivanteSj.eitid’instTOimenfs de supplice ppur j
-France 'a' été sans cessé croissant; le plus souvent
les .criminels ; que les druides
tels étaient.lesbdeliers encore il trouvé iusufflsaiit, et il a fallu le com-
s’ést
allumaient en l’honne^irde Tcutatôs; tels furen t, du pléter par des crédits éUpplémentaires. Le budget
XVI® au xvm® siècle, les auto-da-^fé de l'inquisition.
j
de 1815 portait, pour les dépenses, 791,317,660 fr.;
BUCOLIQUES (du grec boucolos, bouvier), nom I
pour 740,030,700 fr.
les recettes, celui de 1850
;

générique donné aux poésies champêtres ou pasto- S’élevaità 1,461,491,788 fr. pour les dépenses, et à
rales. Yoy. PASinnALE etÉGinouE. ^
On connaît plus
I

1;359 ,169,117 fr. pour les recettes. Depuis plusieurs


particupèreroent sous le nom de Bucoliques le re- années, surtout depuis la révolution de 1848, le bud-
cueil des Erjlogues de Virgile. get de la France se solde par un déficit on y fait
;

BUCRANE(dugrec6ow, bœuf, oicranîon, crâne), face au moyen d’emprunts ou de bons du Trésor.


nom. qu’on donne, en Architecture:, aux têtes dé- Budgets départementaux. Les dépenses compren-
charnées d’animaux, et surtout de bœufs;, placées nent les traitements administratifs, l’entretien des
comme ornements dans les métopes des temples, ou maiisons de détention , des dépôts de mendicité, des
aux coins d’un autel. bâtiments de la cour d’appel , de la préfecture, des
BUDDLÉE,Bwc?rf/ea (dubotanisteanglaisBuc?6?/e), routes départementales, la gendarmerie, les enfants
genre de la famille, des, Sprofulariées; renferme des trouvés, la dette du département, etc. Les recettes
arbrisseaux élégants originair,es d’Amérique. On cul- se composent de la portion des contributions directes
tiye dans nos jardins ,1a Buddlée globuleuse; son affectées aux dépenses départementales, et des res-
feuillage, vert-foncé en dessus, blanc en 'dessous, s’a- sources dites extraordinaires, provenant de location
gite au moindre souffle du vent ses fleurs odorantes,
;
d’immeubles, du prix des péages, du prix d’expédition
d’un beau jaune safrané , tranchent agréablement des actes de la préfecture, etc. La discussion et le
sur la couleur sombre de ses feuilles. vote des budgets' départementaux'appartiennent aux
BUPGET (mot emprunté aux Anglais, et dérivé du conseils généraux ; ils sont iPglés définitivement par
bps latin én/ÿa, ,sac,j3ourse, d’où vient aussi bougette le chef de l’État.
en vieux français) , nom donné à la fois à un aperçu Le budget de la commune est voté par le conseil
des dépenses et des recettes présumées, et à l’état municipal, mais il n’est définitivement réglé que lors-
définitif de ces dépenses et de ces recettes quand il qu’il a été approuvé par le chef de l’État, sur le rap-
a ôté arrêté par l’autorité oompéleute. En France, port du ministre de l’intérieur, ou par le préfet, sui-
l’État, les départements, les communes, chaque éta- vant les distinctions posées par la loi de décentra-
blis.sement public, dressent annuellement leur bud- lisation du 25 mars 1852.
get de manière qu’il puisse être examiné et voté Les budgets des établissements publics sont dres-
ou approuvé avant le 1®® janvier. Tout budget se sés par les chefs de ces établissements, et arrêtés soit
divise en deux parties principales Dépenses et Re-
: par le ministre dans les attributions duquel ils se
cettes. Chacune de ces deux grandes divisions se trouvent, soit par le préfet, suivant les cas.
subdivise elle-même qn plusieurs autres parties qui BUFFA (opéba). Voy. bouffes et opéra.
aijputissent à des chapitres., BUFFÉT d’orgue. Voy. orgue.
fiudget de l'État. Les dépenses y. comprennent BUFFLÉ , Bos bubalus , espèce de bœuf à demi-
ciçiq subdivisions : 1“ dette publique ; 2“ dotations ; sauvage qui vit dans les pays marécageux; il aime
3“‘ser7ices généraux dçs ministères ;4® frais de régie, à se vautrer dans la boue, et reste plongé dans l’eau
de .perception des impôts et revenus publies; 5® rem- une partie du jour. 11 se distingue du bœuf ordi-
bqursements et restitutions, non-valeurs, primes et naire par une taille plus haute, des proportions plus
esçdmptes. — Les rec.ettes se subdivisent également robustes, mais aussi plus lourcles; par un front plus
en plusieurs parties,; i® contributions directes; 2“ en- étroit et plus bas, pour un mufle plus large, et surtout
registrement, timbre et domaines; 3® produits des par ses cornes , comprimées en avant et surmontées
forêts et de la pêche ; 4® douanes et sels ; 5® contri- d’une arête saillante en carène. La voix du buffle
butions indirectes; 6° produits des postes;,!?® reve- est un mugissement plus grave et plus pénétrant que
nus divers, tels que, les taxes remboursements .re- celui du taureau; la femelle porte un mois de plus
devances, etc. — Dans , ,
les États constitutionnels, les que la vache, et a quatre mamelles placées sur une
budgets sont librement discutés par le pou-
et votés même ligne transversale son lait est moins abon-
;

vojr'représentatif. Des règles sévères imposept aux dant et moins savoureux que celui de la vache, mais
ministres l’obligation dé ne rien dépenser au delà contient plus de crème ; il fournit un beurre graisseux
dé, leur budget; il est, en outre, défendu de modifier et qui un goût sauvage. On mange
conserve toujours
l’affectation des fonds, et de reporter sur un cha- du buffle on prétend môme que sa langue est
la chair ;

pitre les fonds votés pour un autre c’est ce qu’on


: un mets délicat. Le bufile a le poil noir, rude et peu
nomme la spécialité des chapitres. Ces proscriptions fourni ; son cuir spongieux résiste parfaitement aux
sont résumées dans l’ordonnance du 31 mai 1838. armeS' tranchantes : aussi sert-il à fabriquer des cui-
,
]L 'institution du budget appartient à l’Angleterre, rasses.j des ceinturons, des gants, et toute espèce de
ou elle paraît être contemporaine du gouvernement buffleterie;. s,es cornes servent à faire des tabatières,
représentatif. En France , les premiers essais en ce des peignes, et ses poils à rembourrer les chaises, les
geiire sont dus à Necker, qui donna l’exemple par la selles^ etc. Oir tire -surtout ces matières d’Égypte et
publication de son fameux compte rendu (17810. de Turquie. On en fait aussi un grand commerce sur
Louis XVI,, par une déclaration du 24 janvier 1789, les côtes de la Guinéê et du Congo.
prpinit que désormais le tableau des recettes et des Le est- originaire de l’Inde ; on le trouve
buffle
dépenses serait dressé chaque année, et soumis au également en Afrique, en Turquie, en Transyl-
vote des États généraux; mais les désordres de la vanie; il a été introduit en Italie au vu® siècle, et il
Révolution empêchèrent d’exécuter régulièrement y, vit aujourd'hui à l’état de domesticité, mais en
cet engagement ce n’est que sous le Consulat, en
; conservant une partie de ses habitudes sauvages; il
1802, que fut établi le premier budget de la France; est plutôt farouche que méchant. On s’en sert pour
clçst aussi à cette époque que le mot budget s’in- le labourage, et on le conduit au moyen d’un an--
troduisit dans notre langue financière. Toutefois, les neau passé dans les naseaux ; le travail fini , on lui
budgets du Consulat et de l’Empire laissaient encore rendla liberté. On est parvenu à naturaliser le buffle
beaucoup à désirer ; en outre, ils étaient plutôt ho- en France ; on len a même formé un troupeau à
-
.

mologués que délibérés; ce n’est que depuis la Res- Rambouillet ; mais il ne saurait être substitué avan-
tauration que les budgets ont été dressés d’une ma- tageusement à notre bœuf domestique. Ou a essayé
nière complète et sincère et qu’ils ont été libre-
,
vainement de croiser le buffle avec le bœuf.
ment discutés. Depuis cette époque, le budget de la Parmi les variétés du buffle, on distingue ; 1 ® le B.
, , ,

BUIS — 222 — BÜLB


Arni, dont on connaît deux sous-variétés VArni à
: i est veiné, est excellent pour les ouvrages de tour et
cornes, remarquable par le développement de ses cor- de tabletterie , et pour la gravure en bois ; il est
nes en forme de croissant, qui dépassent 2 m.; il a dur, compacte, pesant, d’un jaune plus ou moins
donné naissance dans l'Inde à une race de buffles do- foncé, et susceptible de prendre un très-beau poli. On
mestiques, et VAryii Géant, plus rare et dont on ne distingue dans le commerce le buis de France et ce-
possède guère en Europe que les cornes; 2° le B.- lui du Levant ; ce dernier nous arrive en bûches très-
Gour, qui vit, comme le précédent, dans les forêts fortes, tandis que le buis de France ne donne guère
humides de l’IIindonstan ; S® le B. du Cap, qui se que des tiges longues et minces; il se vend au poids.
trouve dans tout le midi de l’Afrique ce dernier est
: On utilise aussi les loupes de buis, excroissances qui
terrible par sa férocité. viennent au pied des bais rabougris du Jura. On
BUFFLETERIE. On nomme ainsi les bandes de imite le buis avec du bois blanc frotté d’eau-forte.
buffle qui font partie de l’équipement d’un soldat, et Les feuilles de buis exhalent une odeur assez forte ;
qui servent à porter la giberne, le sabre, etc., ainsi elles sont amères et sudorifiques ; dans quelques en-
que les fabriques où l’on travaille la peau de buffle : droits, on les fait entrer dans la composition de la
les principales, en France, sont à Corbeil, Étampes, bière ; mais elles lui donnent de l’âcreté : les animaux
LiUe, Metz, Paris, Pont-Sainte-Maxence , Rouen. refusent de brouter le feuillage de cet arbre. On ex-
RÜFO , nom latin du Crapaud, a donné naissance trait du bois une huile fétide, douce de propriétés
à ceux de Bu font formes, famille de Batraciens anou- antispasmodiques. Le buis se reproduit par graines,
res, de Bufonoides (qui ressemble au crapaud), autre par marcottes et par boutures. —Chez les anciens, le
famille de Batraciens dont le Crapaud est le type ; de buis était consacré à Cybèle. Chez nous , ce sont des
Bufonine, humeur visqueuse qui suinte de la peau du branches de buis qu’on porte le jour des Rameaux.
crapaud, et de la plante appelée Bufonie. V. ci-après. BUISSON (de buis), nom collectif de tous les ar-
BUFONIE, genre de plantes de la famille des Ca- brisseaux et arbustes sauvages , très-rameux , qu’ils
ryopliyllées, tribu des Alsinées, renferme deux espè- soient épineux ou non, pourvu qu’ils ne dépassent
ces , l’une vivace, l’autre annuelle. Celle-ci se recon-
naît à ses feuilles menues, à ses fleurs blanches et à
pas 3 m. environ. —
On appelle encore ainsi : 1® les
arbres qu’on rabat tous les trois ou quatre ans ; 2® les
ses feuilles petites, pointues et réunies dèux à deux arbres fruitiers presque nains et à plein vent, dont
à leur hase. Elle se trouve dans les terrains secs et les branches sont disposées en forme d’entonnoir ;
arides des pays du midi. Linné lui a donné le nom de 3® les petits bois qui ont de 50 à 100 ares seule-
Bufonie, parce que le crapaud (Bufo) se plaît sous ment d’étendue.
ses touflès. On écrit aussi, mais à tort, Bnjiffonie. BüissoK-ARDKNT dit aussi Pyracanthe ou Arbre
,
BUGLE, Ajuga, genre de la famille des Labiées, de Moïse, espèce de Néflier dont les fruits, de la
renferme des plantes herbacées, vivaces, souvent grosseur d’un pois seulement et d’une couleur rouge
rampantes, à calice globulenx-campanulé, à5 dents, écarlate , forment de gros bouquets arrondis au mi-
presque égales, et à corolle privée de lèvre supérieure. lieu d’un feuillage vert sombre et luisant. Cet ar-
La B. commune, à tige carrée , à fleurs bleues , est brisseau d’ornement ne dépasse guère l‘",50de haut,
fort commune au printemps. La B. pyramidale à conserve ses feuilles avec ses fruits une partie de
feuilles velues, est cultivée dans les jardins. On at- l’hiver, et se multiplie de drageons ou de marcottes.
tribue à la Bugle de grandes vertus vulnéraires. Son nom lui vient, sans doute, de la couleur vive de
BUGLE ou BUGLE-HORN, clairon à clef, propre à jouer son fruit, et lui aura été donné par allusion au buis-
des fanfares , à donner des signaux , à exécuter des son ardent dans lequel Dieu apparut à Mdise.
sonneries d’ordonnance, et à remplacer le tambour, BUISSONNIÈRES (écoles). On nommait ainsi, au
est fort employé dans la musique militaire chez les XVI® siècle, les écoles que les Luthériens de Paris te-
Anglais et les Hanovriens. 11 a pour inventeur un naient à la campagne, derrière les buissons, de peur
Anglais , M. Halliday. d’élre découverts par le chantre de l'église de Paris,
BUGLOSSE (du grec bous, bœuf, et glôssa, lan- qui présidait aux écoles sous Henri IL Le parlement,
gue, à cause de la forme de ses feuilles), par arrêt du 6 août 1552, défendit les écoles buis-
genre de la famille des Borraginées, renferme un sonnières. — C’est de là , sans doute , que vient la
grand nombre de plantes potagères, à calice quin- locution faire l’école buissonnière qu’on emploie
quéfide, à corolle infundibuliforme à 5 parties, à encore aujourd’hui en parlant des enfants qui vont
,
fleurs axillaires, et dont les plus connues sont : la se promener au lieu d’aller à l’école.
B. d'Italie, à feuilles roides et oblongues, à fleurs BULBE (du grec bolbos, bulbe) , bourgeon parti-
réunies en grappe, et qui possède les propriétés mé- culier à certaines plantes monocotylédonées, et qu’on
dicinales de la bourrache : en Italie on la mange appelle aussi Oignon. Le bulbe se compose ordinai-
,
cuite ; la B. des teinturiers, originaire d’Amérique, rement d’écailles plus ou moins nombreuses, tantôt
aqjourd’hui naturalisée dans le midi de la France, étroites et appliquées les unes sur les autres, comme
et dont la racine, connue sous le nom A'orcanette les tuiles d’un toit (lis) , tantôt emboîtées les unes
sert à teindre en rouge les laines et les cuirs. dans les autres, et embrassant chacune toute la cir-
BUGRANE ou bougraine (du grec bous, bœuf, et conférence du bulbe (jacinthe, tulipe , ail , oignon) ;
agreuô, prendre), Ononis, genre de plantes de la fa- quelquefois c’est un gros tubercule charnu, de forme
mille des Légumineuses, tribu des Lotées, renferme variée, environné de membranes minces et scarieuses
un grand nombre d’espèces, dont la plus connue est (safran, glaïeul). Les bulbes se multiplient au moyen
la B. des champs, vulgairement Arrête-bœuf {Voy. de bourgeons organisés comme eux, et qu’on nomme
ce nom). Sa racine est apéritive; mais on n’en fait caïeux. Ceux-ci se forment tantôt à l’aisselle d’une
usage que pour les chevaux. La B. élevée et la B. des écailles extérieures du bulbe, et alors ils se dé-
queue de renard sont cultivées dans les jardins. veloppent à côté de lui ; tantôt au centre môme du
BUIS, en latin Buxus, genre d’arbrisseaux tou- bulbe, qu’ils remplacent. —On appelle bulbilles des
jours verts, de la famille des Euphorbiacées. L’es- bourgeons d’une nature particulière, tout à fait ana-
pèce la plus répandue en France est l’espèce naine, logues aux bulbes, et qui se développent sur certaines
le B. à parterres, dont on fait des bordures recher- parties des plantes bulbeuses, notamment dans le Lis
chées pour leur solidité et la persistance de leur bulbifère et plusieurs espèces d’Ails ; ces bulbilles
feuillage; mais il existe dans le midi de l’Europe, finissent par se détacher de la plante-mère, et pren-
dans le Levant et dans l’Asie centrale, une espèce de nent racine comme de vrais bulbes.
Buis, le B. arborescent, qui s’élève à plusieurs mè- On donne encore, mais improprement, le nom de
tres, et forme à l’état sauvage des massifs entiers. bulbe à une forme particulière du pédicule des cham-
Le bois de ce buis, et surtout celui de sa racine, qui pignons, lorsque, étant renflé à sa base, il semble re-
, , , , ,

BUJLL — 223 — BÜRA


présen ter un bulbe les Amanites offrent ce caractère.
: Juillet, la République, le second Empire, lise publie
En Anatomie, on a donné le nom de bulbe à diffé- par cahiers qui paraissent à des époques indétermi-
rents corps qui ont plus ou moins d’analogie avec le nées; chaque bulletin porte au bas la date de sa pu-
bulbe des Tégétaux B. d’une dent, la papUle vascu-
; blication. — Depuis 1816 , la promulgation des lois
laire et nerveuse contenue dans sa cavité B. d'un ;
résulte de leur insertion au Bulletin, et tous les
poil, le follicule dans lequel sa racine est implantée ; actes qu’il renferme sont exécutoires, à Paris un jour
B. de l’œil, le globe de l’œil même. On dit encore B. franc après leur publication , et dans les départe-
de l’aorte, B. du nerf olfactif, B. de la veine céré- ments après l’expiration du même délai , augmenté
brale, etc., pour désigner l’espèce de renflement d’autant de jours qu’il y a de fois 10 myriam. entre
qui est à l'origine de ces veines ou de ces nerfs. Paris et le chef-lieu de chaque département. —Outre
BULBILLE. Voy. büibe. la publication officielle, il parait un Bulletin annoté
BULIME (diminutif de bulla, boule), genre de Gas- des lois, recueil fort utile publié par M. Lepec.
téropodes pulmonés ,à collier et sans cuirasse, muni de On connaît sous le titre de Bulletin universel
4 tentacules^ coquille ovale, ouverte, à bords inégaux. des sciences et de l’industrie une espèce de Revue
BULL, mot anglais qui signifie taureau, désigne, encyclopédique créée en 1824 par M.,de Férussac,
dans la langue anglaise, un discours sans suite et et qui cessa de paraître en 1830.
sans raison, une espèce de coq-à-l’àne, propre à faire BUMÉLIE (du grec boumelia, frêne) , genre de
rire. Les Irlandais se montrent particulièrement cu- la famille des Sapotacées, renferme des arbres ou
rieux de ce genre d’amusement aussi les auteurs
: des arbrisseaux indigènes de l’Amérique, dont quel-
anglais mettent-ils souvent des bulls dans la bouche ques-uns sont cultivé dans nos jardins. — La B. ré-
de personnages irlandais. On a publié en Angleterre clinée, arbuste de 2 m. de haut, aux rameaux épi-
des recueils de bulls. Voy. johk-bull. neux recourbés vers la terre, sert , dans le midi do
BULLAIRE , Bullarium , collection des bulles la France, à former des haies vives.
pontificales. La édition du Bullarium magnum BUNIAS (du grec bounias, sorte de navet), ou Or-
romanum (de Léon le Grand à Urbain VIII ) parut à tkodium, navet sauvage qui croît ordinairement dans
Rome en 1634 ; elle forme 4 vol. in-fol.; la dernière, les blés ; est le type d’une famille de Crucifères qui
qui va jusqu’à Clément XIII, parut à Luxembourg prend de là le nom de Buniadées. Sa graine pilée
(Genève, 1747-58), en 11 vol. in-fol. entre dans la composition de la thériaque.
En Botanique ,
on nomme Bullaire un genre de BUNION (du grec bounion, même signif.), genre
Champignons parasites, de la famille des Urédinées, de plantes Ombellifères, tribu des Amminées, dont
qui croissent sous l’épiderme des tiges mortes. l’espèce principale est le Bunion bulbeux ou Noix
BULLE (du latin bulla, boule) Chez les anciens,
. de terre, ainsi nommé à cause de sa racine qui est
c’était un ornement d’or, d’argent ou de plomb, en un tubercule gros comme une noix, blanc à l’inté-
forme de boule, que les Romains avaient emprunté rieur, noir extérieurement; on le mange quand il
des Étrusques, et que portaient les enfants, les af- est cuit et qu’il a ainsi perdu son âcreté.
franchis et les triomphateurs. —
Chez les modernes, BUPHTHALME (du grec bous, bœuf, et ophthal-
ce mot a été appliqué aux sceaux des papes, des em- mos, œil, à cause de quelque analogie qu’off're la cou-
pereurs et de divers princes au moyen âge , à cause leur de leur fleur avec celle de l’œil de bœuf), genre
de leur forme ronde et bombée; puis aux actes mêmes de la famille des Composées , tribu des Astéroîdées,
scellés de ces sceaux. Le sceau des papes était un renferme des plantes herbacées, à feuilles alternes, à
sceau de plomb, de figure ronde, poi'tant d’un côté fleurs terminales, à capitules radiés, à graines sur-
les têtes de saint Pierre et de saint Paul, et de l’autre montées d’une aigrette en forme de couronne. Le
le nom du pape. C’est vers le vu# siècle que les bulles B. à feuilles de saule, et le B. à grandes fleurs,
des papes commencèrent à être scellées en plomb. dont les propriétés tiennent du thé , appartiennent
Il a été fait, sous le titre de Bulbaires (F. ce mot), au midi de la France. — Le Buphthalme donne son
des recueils des bulles des papes. —
Pour les Bulles nom aux, Buphthalmées, sous-tribu des Astéroîdées.
des papes et celles des empereurs qui ont quelque BUPLÈVRE (du grec BoupleuroB, même signif.),
importance historique, F. leDict.univ.d’H.etdeG, Bupleurum, genre d’ÜmbeUifôres, à fleurs jaunes
En Médecine, le mot bulle désigne un soulèvement et à feuilles simples. L’espèce la plus connue est le
de l’épiderme formé par l’accumulation d’un liquide B. à feuilles rondes ou Oreille de lièvre arbris-
séreux ou séro-purulent, dont l’apparition est pré- seau du midi de la France, donnant en grand nom-
cédée d’une rougeur érytémateuse plus ou moins bre, de juin en août, des fleurs jaunes disposées en
vive, mais qui survient quelquefois presque instan- ombelle : on l’emploie comme astringent.
tanément. Le rupia et le pemphigus ou fièvre BUPRESTE (du grec bouprestis, enfle -bœuf),
bulleuse appartiennent à ce genre de maladie. genre d’insectes Coléoptères pentamères, de la fa-
En Histoire naturelle, ce nom a été donné à des mille des Sternoxes, impropres à sauter, à pattes
coquilles univalves, appartenant à la division des courtes, aux yeux ovales, renferme près de 150 espè-
Gastéropodes tectibranches , à certains insectes et à ces, toutes remarquables par leurs belles couleurs
quelques plantes peu importantes. métalhques. On en trouve une trentaine dans les en-
BULLETIN (de bulle, dans le sens de sceau) es- virons de Paris ; mais les plus brillantes appartien-
pèce de note officielle dans laquelle on rend compte, nent aux contrées intertropicales. — Le nom de
à des intervalles plus ou moins rapprochés, de la si- Bupreste paraît avoir été donné à ce genre d’insectes,
tuation d’une affaire ou de Tétat d’une personne. Les parce qu’on avait cru , à tort, y reconnaître le Bu-
plus célèbres sont les Bulletins de la grande armée, prestis des anciens, qui, suivant Pline (liv. xxx, c. 4)
qui annonçaient la marche et les opérations de l’ar- fait enfler, au point qu’ils en crèvent, les bestiaux
mée de Napoléon, et qui étaient souvent rédigés par qui l’avalent en paissant ce dernier, qui a les pro-
:

lui-même : leur emphase finit par les discréditer. priétés vésicantes de la cantharide , se rapporterait
BULLETIN DES LOIS, recueil officiel des lois et ac- plutôt au genre Méloé. Voy méloé.
tes du gouvernement français, fut créé par la Con- BUPRESTIDES, famille de Coléoptères, qui a
vention le 14 frimaire an II (5 décembre 1793), et pour type le Bupreste. Voy. ce nom.
se continue encore aujourd’hui. Ce recueil se di- BURAT. Ce nom , d’abord appliqué à une étoffe
vise en séries correspondant aux différents gouver- de laine grossière et commune, a ensuite été donné
nements que la France a eus depuis 1793 (la Con- à une petite étoffe faite de laine assez légère , mais
vention, le Directoire, le Consulat, l’Empire, la un peu plus forte que l’étamine à voile , à laquelle
première Restauration , les Cent-Jours, le règne de on donne aussi un apprêt. Voy. étamine.
Louis XVIII, celui de Charles X, la monarchie de |
BURATINE espece de popeline , chaîne de soie
J

BÜRG — 224 — BURS


et à trame en laine cette étoffe se passe à la ca-
: ! nommé burgau ; c’est le Sabot limaçon. Voy, Turbo.
landre. On appelle également buratines des soies BURGRAVE (de l’allemand burg, ville, et graf,
qui viennent de Perse. comte), ancien titre de haute dignité en AÛemagne.
BURE (du bas latin burrus, roux), étoffe grossière Voy. le Dict. univ. d'Hist. et de Géogr.
de laine rousse, formant autrefois rhabiUement des BURIN (de l’allemand ôoAren , creuser), instru-
gens de la campagne et des religieux mendiants. ment fort usité dans les arts pour graver sur les mé-
Ce nom s’applique encore à certains puits qui taux et les autres corps durs, consiste ordinairement
descendent dans les mines. On distingue B. d'épui- : en un mince barreau d’acier quadrangulaire de 12 à
sement, que l’on fait pour l’établissement des pom- 15 cent, de long, coupé obliquement à l’une de ses
pes à épuisement; B. d’aérage, que l’on établit pour extrémités, et portant à l’autre bout un manche court
remonter les matières et donner de l’air. et arrondi. — On a étendu le nom de burin, en rai-
BUREAU. Ce mot était d’abord synonyme de bure, son d’une ressemblance de forme 1“ à un outil dont
:

comme le prouvent ces vers de Boileau : se servent les dentistes pour nettoyer les dents ; 2» à

Damon muse
une espèce de ciseau à deux biseaux, avec lequel les
,
ce grand auteur, dont la fertile
Amusa si longtemps
et la cour et la ville ,
serruriers coupent le fer à froid; 3» à une barre de
Idais qui u'étant rètu que de simple bureau ,
, fer avec laquelle les mineurs perforent les roches
Passe Tété sans linge et Tbiver sans manteau.
qu’ils veulent faire sauter, etc.
U prit ensuite la signification de table à écrire, parce BURLESQUE (de l’italien hirlesco, dérivé lui-
que les tables de ce genre étaient autrefois couvertes même du verbe èm7are, se moquer), genre de poésie
de tapis de bure ou de bureau. li s’est étendu de- triviale et plaisante qu’on emploie pour jeter du
puis au locai où se trouvent ces tables, puis à ceux ridicule sur les personnes et sur les choses. Les Ita-
mêmes qui y travailient et à l’administration à la- liens sont les créateurs du burlesque, dont on ne
quelle ils appartiennent. Ainsi on appelait B. des : trouve point de traces chez les anciens; Berni est
aides les lieux où se percevaient , avant 1791, les chez eux le maître du genre. L’auteur de Y Enéide
droits sur les boissons; on les a appelés plus tard travestie, Scarron, est le premier en France qui ait
B. des droits réunis, puis B. des eontributions in- essayé de produire une œuvre de longue haleine
directes; — B. d'adresses, l’administration du jour- dans le genre burlesque. Vint ensuite d’Assoucy,
nal la Gazette de France, fondée par Renaudot; — qui mit les Métamorphoses en même style, sous le
B. des finances, la juridiction non contentieuse des titre à'Ovide en beUe humeur, et qui mérita le
trésoriers de France, généraux des finances et grands surnom d'empereur du burlesque. Cette espèce de
voyers; B. ecclésiastique ou diocésain, dit aussi B. mascarade plut d’abord par sa nouveauté ; mais le
des décimes, l’assemblée des ecclésiastiques chargés bon sens français, représenté par Boileau et Molière,
de faire, dans cha([ue diocèse, la répartition des dé- en fit bientôt justice ; aujourd’hui le burlesque est
cimes et dons gratuits que le clergé payait à l’État; tout à faitpassé de mode. — Il ne faut pas confondre
— B. de paix et de conciliation, un tribunal créé la poésie burlesque avec la poésie héroi-comique ;
en 1791 , pour tâcher d’accorder préalablement les cellc-ci consiste à décrire en style pompeux et héroï-
parties avant d’en venir au procès il a été remplacé
: que des actions ou des choses petites et communes.
par le Tribunal de paix. BURLETTA (de l’italien burlesco), nom que les
Bur.EAU DES LONGITUDES, établissement créé â Paris Italiens donnent à de petits opéras-comiques dont
par décret du 7 messidor an III (1791), réorganisé le sujet est badin et léger.
par décret du 30 janvier 1834, se compose d’astrono- BURNOUS, grand manteau de laine, blanc ou noir,
mes, de géograplies, de mathématiciens et d’artistes. et à capuchon, que portent les Arabes, a été adopté
11 siège à l’Observatoire, et est cliargé de la rédaction depuis quelques années en France, avec de légères
de la Connaissance des temps, et d’m\ Annuaire con- modifications , pour la toilette d’hiver des hommes
tenant de nombreux renseignements scientifiques. et même pour celle des dames.
BUREAUX DE BIENFAISANCE. Voy. BIENFAISANCE. BURSAIRE (du grec bursa, bourse), genre d’In-
BUREAUX d’esprit, iiom donné dans les derniers siè- fusoires ,
type de la famille des Bursariens, ren-
cles à diverses réunions tenues chacune par une femme ferme des animaux à corps cilié, ovoïde, ou en forme
bel esprit, et qui s’érigeaient en tribunal suprême de bourse, terminé par une bouche à laquelle aboutit
de la littérature et du bon goût. Tels étaient les une rangée de cils en spirale. Ces animaux, qui sont
salons de l’hôtel Rambouillet, de la duchesse du blancs ou verts, habitent les eaux douces stagnantes
Maine, deM“>e de Tencin, de Du Châtelet et du entre les herbes, et n’ont pas plus de 3 à 7 dixièmes
Boccage, du üellând et Geolfrin, de Doublet, etc. de millimètres de longueur. — Plante de la famille
BUREAUX ARABES , coiiimissions d’officiers français, des Pittosporées, caractérisée par son calice à 5 di-
créées en Algérie par ordonnance du l^r février 1*811, visions et sa corolle à 5 pétales, renferme une seule
dans le but de surveiller et de civiliser les indigènes. espèce, la B. épineuse [B. spinosa), arbrisseau de
BUREAUCRATIE (du français bureau, et du grec la Nouvelle-Hollande, â rameaux épineux, à feuilles
cratos, force). Ce mot, qui ne s’emploie guère que spatulées , luisantes à fleurs blanches , en grappes
,

par dénigrement, exprime tantôt le nombre excessif panicjilée.s. On la cultive dans nos jardins.
des commis de ministère, tantôt l’esprit qui règne BURSCHENSCHAFT (de l’allemand éursen ou bur-
dans les bureaux et l’influence abusive qu’on les ac- schen, boursier, et schaff, association), association
cuse de faire de leur pouvoir. On impute aux bureaux secrète établie entre les étudiants des universités de
d’opposer la routine et la force d’inaction aux amé- l’.âllemagne. On en trouve le germe au moyen âge ;
liorations les plus urgentes, de multiplier outre me- mais, depuis longtemps elle avait été abandonnée ou
sure les écritures, d’éterniser les affaires, etc. La négligée, quand elle fut revivifiée, de 1813 à 1815,au
plupart des torts qu’on attribue à la bureaucratie nom de la défense du pays. La grande Burschen-
sont les effets inévitables de l’excès de la centralisation. schaft d’iéna, constituée le 12 juin 1815, rallia
BURELE. On nomme aind, en termes de Blason, bientôt à elle toutes les autres. Les gouvernements
les fasces diminuées et réduites à la moitié ou au allemands ne tardèrent pas à s’effrayer de l’esprit
tiers, au nombre de huit ou en plus grand nombre, d’indépendance qui régnait dans ces associations; à
mais toujours en nombre pair. —
L’écu divisé par bu- partir de 1818, ils en proscrivirent les membres, et
rèles est dit hurelé : l’écu des Lusignan, par exem- la Burschenschaft disparut peu à peu.
ple, est burclé d’argent et d’azur. BURSERACEES (du genre type Bursère), famille
BÜRGAUUINE, nom qu’on donne à la plus belle de plantes dicotylédones polypétales périgynes, dé-
espèce de nacre; elle est fournie par l’écaille d’un tachée des Térébinthacées, se compose d’arbres ou
limaçon à bouçhe ronde , commun aux Antilles, et d’arbrisseaux des Tropiques, à calice persistant, à
— 2^5 - BUXA
3 ou 4 divisions , à pétales alternes et en nombre mencé à exécuter des bustes en ronde-bosse que vers
le temps d’Alexandre. Chez les Romains, les pre-
égal , à étanaines en nombre, double , plus coüttes
que les pétales. Tous sont remplis de sucs résineux miers bustes furent les images de leurs ancêtres, en
et répandus dans le commerce sous le nom de Bau-
cire coloriée, qu’ils conservaient dans l'atrium de
leurs maisons; mais c’est dans les sépultures que
mes ou d'Encens. On y distingue les genres Bursère
genre type), Baîsamodendron, Iciquier etBoswel- l’usage des bustes a été le plus commun dans l’an-
tiquité ; on en a trouvé en bronze, en marbre, même
ia. Voy ces mots.
BURSÈRE (de J. Burser, ami de Bauhin), Bursera, en plâtre moulé sur nature, tantôt sous la forme de
vulg. Gomart, liés iniei^, g-rtypo dés Bürsêracées, com- médaillon , tantôt sous celle de ronde-bosse. On doit
pose d'arnres gommilerè?, a fèuilles alternes , à fo- à Belletius et à Gronovius de belles collections de
lioles membraneuses, à flprs petites et en grappes. bustes antiques; r/conoÿï’aplife ancienne deVisconti
Ce genre renferme trois espèces qui croissent aux est plus riche encore. — Le buste est une des par-
Antilles et sont cultivées dans nos jardins. ties les plus difEciles de l’art du statuaire. A
défaut
BüRTONIE [deBurton, botaniste),, genre de la du ciseau de l’artiste, on a recours au moulage pour
famille des Légumineuses , section des Papiliona- obtenir des bustes d’une grande fidélité ; on peut en-
cées, formé d’arbrisseaux pu de sous-arbfisSeaiix suite réduire les bustes ainsi obtenus, au moyen d’une
originaires de la Nouvelle-Boilande, à fèüilles épar- ingénieuse Machine à réduction. Voy. sculpture.
ses, entières, et à fleurs jaunes ou pourpïée^, suppor- BUTOMÉES (du grec boutomos, butome), famille
tées par de courts pédicelles. Ce genre se compose de de plantes aquatiques, établie par M. Richard et fort
quatre espèces, toutes cultivées dans nos jardins. voisine des Joncées et des Alismacées, a pour type le
BUSAIGLE, variété du genre Buse {Voy. ce mot), Butome à ombelles ou Jonc fleuri, jolie plante à fleurs
qui a les tarses emplumés jusqu’aux doigts, comme roses, disposées en ombelles, suspendue à une tige
les Aigles ; on l’appelle aussi Buse pattue. Le Bu- de plus d’un mètre de haut, sortant d’une touffe de
saigle est plus petit que la Busê ; il se trouve par feuilles longues et tranchantes. Cette plante fait un
toute l’Europe, sur h. lisière des bois qui avoisinent très-bel effet au bord des eaux; elle est très-com-
les eaux ; il niche sur les grands arbres. mune aux environs de Paris.
BUSARD, CîVcMa, variété du genre Buse, a pour ca- BUTOR (du latin boatus taurinus, mugissement
ractères propres des tarses grêles et élevés, un demi- de taureau , à cause de son cri sourd et prolongé ,
collier de plumes, aUant du menton aux oreilles. Les semblable à un mugissement) , espèce de Héron, de
Busards sont plus agiles et plus rusés que les Buses. l’ordre des Echassiers , famille des Cultrirostres. 11
On les trouve ordinairement dans les marais et les a le bec long , droit , pyramidal , fort tranchant et
lieux humides , où ils saisissent leur proie et où ils pointu, fendu jusque sous les yeux, qui sont jaunâ-
construisent leur nid. L’Europe en possède trois espè- tres; la tête petite et surmontée d’une aigrette qu’il
ces le B. harpaye ou roux, qui se trouve en France,
: relève à volonté ; le cou long et grêle, la queue très-
et surtout en Hollande; il y habite les roseaux, où courte, les jambes longues, nues, de couleur jaune-
il lÎJit sa pêche il chasse aussi les oiseaux de verdâtre, les doigts grêles, à ongles courts, légère-
;
basse-cour ; le B. bleu ou Oiseau Saint-Martin, qui ment palmés à leur racine; le plumage fauve, rayé
se trouve en France, en Angleterre, en Allemagne, de brun sur le dos et les ailes. Le Butor n’est guère
ainsi que dans l’Afrique et l’Amérique, et le B. Mon- plus haut qu’un coq de basse-cour ; il a près d’un
tagu, qui habite l’Europe orientale. mètre de long. A l’état de repos il replie son col sur
BUSC (du latin boscus, bois, parce que les pre- son dos, de telle sorte que son bec est dirigé en haut.
miers buses étaient de bois), espèce de lame de bois, Le Butor est carnassier ; il vit de grenouilles et de
d’ivoire , plus souvent de baleine ou d’acier, plate, poissons. Cet oiseau se trouve en Europe , en Amé-
étroite, et arrondie par les deux bouts, qui sert à rique et en Asie l'espèce la plus répandue dans nos
;

maintenir le devant d’un corset. Les buses contri- contrées est le B. stellaire, dont le plumage est
buent pour une grande part aux inconvénients que marqué de petites taches brunes, disposées en zig-
les médecins ont signalés dans les corsets. V. ce mot. zags et formant des lignes variées ; il habite le long
BUSE, en latin Buteo, genre d'oiseaux de l’ordre des rivières et fait son nid dans les roseaux.
des Rapaces, de la famille des Diurnes, caractérisé BUTTOIR, charrue à butter. Foy. charrue.
par un bec non denté courbé dès la base, des ailes BUTTURE, tumeur qui survient quelquefois aux
longues, une queue faiblement ajerondie et un espace articulations dü dessus du pied d’un chien de chasse,
au entre l’œil et le bec. Ce sont des oiseaux de proie par excès de fatigue. Le chien est dit alors butté.
dont on n’a jamais pu tirer aucun parti pour la BUTYRINE (du latin butyrum, beurre), principe
chasse , ce qui les faisait jadis ranger parmi les gras particulier, contenu en petite quantité dans le
oiseauxfÿwo6/es. Ou distingue dans le genre Buse; la beurre ; il donne , par la saponification , de l’acide
Buse commune, le Busard, le Busaigleet la Bondrée. butyrique et de la glycérine.
L’espèce la plus connue, la. Buse commune, se trouve BUTYRI(JUE (acide), acide volatil du beurre, com-
en France et en Hollande elle est grosse comme une
: posé de carbone, d’hydrogène et d’oxygène (C*H’0*
poule , mais ses ailes sont beaucoup plus longues ; -f-HO) , est huileux, incolore, d’une odeur fétide qui
aussi vole-t-elle assez bien
; son plumage est d’un rappelle à la fois celle du vinaigre et celle du beurre
brun roux mêlé de blanc ;
son cri est aigre et peu fort. D bout vers 164°, se dissout dans l’eau et l’alcool,
prolongé; elle habite les bois touffus, où elle reste présente une densité de 0,963, et désorganise la peau
des heures entières perchée sur une branche, atten- comme les acides les plus puissants. Il se combina
dant que quelque proie passe à sa portée. Son air avec les bases et donne des butyrates. U se produit
stupide, qui est devenu proverbial, vient sans doute par lè rancissement du beurre , par la putréfaction
de la faiblesse de ses yeux. de la fibrine, par la fermentation de la pulpe de
Dans les Mines, on appelle buse un tuyau qui sert pommes de terre , etc. 11 existe dans la tannée , dans
de communication entre les puits et le fromage, dans la silique du caroubier, etc. La fu-
y conduit l’air.
BUSON,Bufeoÿal/us, espèce de Buse, diffère de la mée de tabac contient du butyrate d’ammoniaque.
Buse commune par un bec un peu plus long, à bords On peut l’obtenir à volonté , en grande quantité , en
assez renfléspour simuler une dent. Elle apour type le mettant du sucre en fermentation avec du fromage.
B. catarthoïde, qui habite la Guyane et le Paraguay. 11 a été découvert en 1819 par M. Chevreul.
BUSSEROLÉ, 00 Raisin d’ Ours. Foÿ. arbousier.
.
BUXACÉES, BOXÉES ou buxinées, tribu de la fa-
BUSTE (du latin bustum, tombeau, parce qu’on mille des Euphorbiacées , caractérisée par ses éta-
plaçait ordinairement sur les tombeaux des portraits mines insérées autour d’un rudiment de pistil et à
en bas-relief et à mi-corps). Les Grecs n’ont com- loges bi-ovulées a pour type le Buis. Voy. ce mot.
,
, , ; . — , ,

CAB - 226 ~ CABA


BUXBAUMliï Buxhnum,
botaniste russe), familles des Conferves, des Arthrodiées, des Mucé-
genre de Mousses du Nord, qui ressemblent à un dinées. Quelques espèces de cette dernière famille
petit œuf garni de fibres, donne son nom aux Bux- ont conservé le nom de Byssus ; ce sont des sortes
baumiacées, tribu de Mousses acrocarpes. On les de champignons qui croissent dans les lieux humi-
trouve sur les bois pourris et à la surface de la mer. des et privés de lumière.
BYSSUS ou BYSSE (du grec byssos, fil de lin). Les BYSTRÜPOGON (du grec bystra, bouchon, et
anciens nommaient ainsi la matière rare et précieuse pogân, barbe), genre de plantes de la famille des
dont ils se servaient pour fabriquer des étoffes très- Labiées, renferme des arbrisseaux et des herbes exo-
riches et très -recherchées pour leur tissu fin et tiques, notamment le B. plumeux, arbrisseau des
soyeux selon les uns, cette matière était une soie
: Canaries, à fleurs bleues , et reconnaissable aux poils
jaune , fournie par le coquillage appelé Pinne-ma- touffus qui garnissent l’orifice du calice (d’où le nom
rine (K. ce mot); selon d’autres, c’était une espèce de de bystropogon) , et le B. ponctué, qui a les feuilles
coton; enfin, on a supposé que cette matière n’était ponctuées, et les fleurs en têtes globuleuses.
autre chose que les filaments des racines d’une plante BYTTNÉRIACÉES (du botaniste allemand D.S.A.
de la famille des Cinarocéphales ou Carduacées. Büttner), famille de plantes créée par R. Brown aux
Aujourd’hui on donne le nom de Byssus aux touffes dépens des Malvacées , se compose en général d’ar-
de filaments qui sortent de la coquille de certains bustes frutiqueux, indigènes de l’Amérique tropi-
Mollusques lamellibranches, tels que le Jambonneau cale et de l’Asie, couverts en grande partie de poils
ouPinne marine, le Tridacne, le Saxicave, etc., et étoilés, et portant des feuilles simples et alternes. Les
avec lesquels ils s’attachent aux rochers. Les Sici- fleurs présentent un calice à 4 ou 5 divisions, des
liens et les Calabrais les filent et en fabriquent des pétales en nombre égal, et des étamines monadel-
bas et des gants, et même un drap soyeux d’un brun phes en nombre égal ou multiple. Cette famille a
doré et à reflets verdâtres; la rareté de la matière pour type le genre Byttnérie, qui renferme plusieurs
empêche qu’elle ne soit d’un usage général. espèces d’arbres et d’arbrisseaux, dont deux sont cul-
BYSSUS, genre créé par Linné, dans lequel il ran- tivées dans nos serres :1a. B. à feuilles ovales et la
geait toutes les plantes cryptogames, filamenteuses B. cordée. Elle comprend en outre le Theobroma
ou pulvérulentes , où il ne distinguait pas d’organes cacao (Cacaoyer), la Commersonie, etc.
de reproduction. Aujourd’hui, la plupart des espèces BYZANTINE (la), collection d’historiens de By-
pulvérulentes constituent le genre Lepraria dans la zance. Voy. BYZANTINE au D. univ. d’H. et de G.
famille des Lichens. D'autres ont été rapportées aux BYZANTINE (ARCHITECTURE). Voy. ARCHITECTURE.

c
C , la 3« lettre de notre alphabet , répond au K gleterre, et qu’on a introduit à Paris en 1850 le .

(kappa) des Grecs, qui est la 10® de leur alphabet. On cocher est assis sur un siège élevé derrière la capote
sait qu’en français le c se prononce tantôt comme un k de la voiture, et conduit à grands-guides par-dessus
(devanta, o, u, et devant une consonne), tantôt comme la tête du voyageur.
s dur (devant e, i, et quand il est écrit avec une CABALE ou KABBALE ( de l’hébreu kabbalah ré-
cédille ç) : dans le premier cas, il se range parmi les ception, tradition), science occulte. Chez les Juifs,
utturales; dans le deuxième, parmi les sifflantes. la cabale consistait en fine interprétation mystérieuse
ris comme numérale C valait cenf chez les
lettre de la Bible , fondée sur la tradition , ou communi-
Romains avec une barre au-dessus C, cent mille ;
; quée par les anges,ou enfin déduite de quelque com-
CC, deux cents ; CGC, trois cents; CD, quatre cents; binaison arbitraire des mots et des lettres : la cabale
DC, six cents; CIO, mille; CCIOO ou OMC, dix constituait une doctrine complète sur lareligion, sur
mille; CCClOOO, cerd milles CCCClOOOO, un mil- la métaphysique , la physique et la pneumatique
lion. —Dans les Fastes ou Calendriers, le C marquait dont le fond était un panthéisme spiritualiste. On
les jours de comices cette lettre était la 3« des doit à M. Franck d’intéressantes recherches sur ce
;
nundinales. Aujourd’hui encore elle est la 3® des let- sujet (la Kabbale, 1843). Pour l’historique, Voy. le
tres dominicales. —
Dans les abréviations C signi- ,
Dict. univ. d’Ilist. et de Géoyr.
fiait Càius Cn. Cneius dans les cédules par les- Chez les pai-tisans de la philosophie hermétique, la
quelles les juges prononçaient leurs jugements, C. cabale était l’art mystérieux de connaître les pro-
voulait dire condemno, par opposition à A. qui vou- priétés les plus cachées des corps, et de découvrir la
lait dire ahsolvo aussi le nommait-on littera tris-
: cause des phénomènes les plus extraordinaires, par
tis. — Chez nous, C. abrège Christ dans ces for- l’interprétation des caractères mystiques.
mules au. J.-C., pour avant Jésus-Christ ; N.-S.
: On a, i)ar suite, étendu le nom de cabale à toute
J.-C. pour Notre-Seigneur Jésus-Christ ; Chi'é- — association de personnes animées de mauvais des-
quand on dit S. M. T.-C. pour Sa Majesté Très- seins, et travaillant à les accomplir par des menées
Chrétienne, le roi de France; et Catholique, dans secrètes. Il s’applique surtout au théâtre, et se dit
cette formule S. M. C., pour Sa Majesté Catholique, des manœuvres qu’un auteur ou un acteur emploient
le roi d’Espagne. —
Dans les Comptes, C. mis à la soit pour pour faire siffler
se faire applaudir, soit
droite ou au-dessus d’un ou de plusieurs chiffres si- un Racine et Pradou furent en butte à la
rival.
gnifie centime, centimètres —
Dans les livres de com- cabale ; mais ce fut seulement au xviiie siècle qu’elle
merce, C signifie compte; C/O, compte ouvert: C/C, rit pied dans nos théâtres un certain chevalier de
:

compte courant etc.— Sur nos Monnaies, C a été la a Morlière se fit alors un nom comme chef de cabale.
marque de la monnaie de Saiul-Lô, et postérieure- CABALE'TTE (de l’italien cabaletta), phrase mu-
ment celle de Caen; CC, celle de Besançon. sicale d’un mouvement accéléré, par laquelle on ter-
En Musique, C, placé sur les lignes de la portée, mine presque tous les airs, duos, trios, morceaux
indique la mesure à 4 temps ; q indique la clef de d’ensemble des opéras italiens, et qui se répète deux
fa; C barré, (J?, la mesure à 2 temps. fois. On se sert de la cabalette pour indiquer la lin
Dans les formules chimiques, C désignait autrefois d’un morceau et faire applaudir le chanteur.
le salpêtre, aujourd'hui il désigne le carbone. CABAN (du bas latin cappanum), vêtement à
CAB , sorte de cabriolet de place fort usité eu An- l’usage des marins, consiste en une espèce de ca-
, , , ;

CABI 22Y CABO


pote à capuchon ne dépassant pas le genou, faite conservés et autres objets d’histoire naturelle, ou des
de laine brune et recouverte d’une toile goudronnée instruments de physique, de chimie, etc. : ces sortes
r(ui la rend imperméable.

On commence à donner de cabinets prennent souvent le nom de Muséum
ie nom de caban à des espèces de vêtements
d’hiver, ou Musée et celui de Galeries.
moitié paletots, moitié manteaux , et qui ont un ca- En Politique, cabinet signifie tantôt gouvernement,
puchon. Depuis quelques années, ce caban a été surtout en parlant des relations internationales , et,
adopté par nos officiers et est entré dans le costume dans ce sens, on dit le C. des Tuileries le C. de
militaire. Londres ou de St- James, etc.; tantôt le conseil des
CABARET. Avant l’établissement des cafés publics ministres ou le ministère. En Angleterre, on entend
en France, les cabarets fréquentés par la
étaient par cabinet [cabinet' s council) un comité plus intime
bonne société. Quelques cabarets de Paris ont eu une des ministres et des conseillers privés. Dans quelques
renommée presque historique. Sous Louis XIV, on pays, on appelle Ministres de cabinet ceux qui as-
se réunissait surtout à la Pomme de pin, sur le Pont- sistent aux conférences en présence du souverain.
Neuf. Le Caveau, si fameux au siècle dernier, était Dans le dernier siècle, on appelait Cabinet noir
un cabaret. Vers 1770, le cabaretier Ramponneau, un bureau secret établi â Paris dans l’hôtel des Postes,
à la Courtille, attirait tout le petit peuple de Paris. et où se réunissaient des agents chargés par l’auto-
— Les cabarets de Londres, connus sous nom de le rité de décacheter et de lire les lettres suspectes.
toxemies. ne sont pas moins célèbres. — Les cab.are- CABLE, gros cordage de chanvre composé de trois
tiers doivent être autorisés par les préfets. cordages moins forts, dits aussières, dont on se sert
Un nomme encore Caoaret un plateau sur lequel dans la Marine pour tenir les vaisseaux au mouillage,
on met des tasses, pour prendre le thé, le café, etc. et, dans les travaux publics, pour traîner ou soule-
En Hist. naturelle, on appelle vulgairement Caba- ver de gros fardeaux. 11 y en a de diverses grosseurs,
ret: 1“ une espèce de Linotte,laL. sizerin ( V. sizerin j, suivant l’usage auquel ils sont destinés. Ainsi, on dis-
2® une plante du genre Asaret [Voy. ce mot). — tingue : le maître-câble, celui de la première ancre
Le C. des murailles est la Cynoglosse printanière. que laisse tomber un navire en mouillant ; le C.
CABAS (du grec cabos, mesure de blé), sorte de d’ affourché, étalingué (noué) à l’ancre d’afi'ourche
panier d’emballage de forme ronde, fait en jonc le C. de remorque, etc. La longueur d’un câble est
tressé, en feuilles de palmier, ou ensparterie, et qui, de 120 brasses (200 m.), et son épaisseur ou diamè-
dans le Midi, sert à emballer des fruits secs, tels que tre, de 32 â 65 cenlim. Aujourd’hui on ne se sert
figues, pruneaux et raisins. —
On nomme aussi cabas plus guère, pour le mouillage des vaisseaux et les
une sorte de panier plat, à anses ou manilles, fait en manœuvres dormantes, que de câbles en fer, dits
paille tressée ou en point de tapisserie, et dont les câbles-chaînes : ils ont été inventés en 1808 par un
femmes se servent pour mettre leurs emplettes. — capitaine de vaisseau anglais nommé Brown. Les câ-
Autrefois, c’était le nom d’une voiture ou grand co- bles-chaînes des gros vaisseaux ont jusqu’à 300 m. de
che dont le corps était d’osier clissé. long. — Les marins prennent quelquefois ce nom
CABESSE ou CABEÇA., nom que donnent les Por- comme synonyme à’encâblure. Voy. ce mot.
tugais aux soies de première qualité, par opposition CABOCHON (de l’italien capocchia, petite tête),
aux soies barilles, qui sont d’une qualité inférieure : nom donné par les joailliers à toute pierre fine,
les mots cabeça et baril veulent dire tête et ventre. polie simplement sur sa surface, sans qu’elle ait reçu
CABESTAN (de l’espagnol cabre stante, chèvre aucune figure particulière. —
Genre de Mollusques
debout) , sorte de treuil vertical ou même horizontal, de l’ordre des Gastéropodes pectinibranches , dont
ordinairement formé d’un cylindre , autour duquel l’espèce la plus remarquable est le C. -bonnet de
s'enroule une corde , et mis en mouvement par des Hongrois, qui abonde dans la Méditerranée.
barres en croix qui forment levier. Le cabestan est CABOSSE, nom vulgaire du fruit du cacaoyer.
employé principalement dans les ports et sur les vais- CABOTAGE (de l’espagnol capo cap). Ce mot
seaux ; il sert à faire mouvoir des corps pesants , no- signifie rigoureusement la navigation qui se fait de
tamment pour les manœuvres de l’ancrage. Il y — cap à cap, c.-à-d. le long des côtes, pour le trans-
avait dans les grands bâtiments deux cabestans : le port des marchandises d’un port à un autre d’un
grand, placé à l’arrière du grand mât, et \e petit, même pays, sans toucher aucune terre étrangère,
sur le gaillard d’avant, employé pour les travaux qui hors le cas de relâche forcée ; et, plus généralement,
exigeaient moins de force. Le petit cabestan a été la navigation marchande d’un pays à un autre, mais
supprimé dans notre marine en 1838 , et remplacé sans quitter la même mer. D’après l’ordonnance de
par des appareils moins embarrassants. 1740, encore en vigueur aujourd’hui, on distingue
CABIAIS, famille de Mammifères de l’ordre des dans notre marine le grand cabotage, qui se fait di-
Rongeurs, a pour type le genre Cabiai , qui ne ren- rectement dans la Manche, entre la France, l’Angle-
ferme qu’une espèce, le C. Capybara (Hydrochœrus terre et les Pays-Bas dans l’Océan, entre la France,
;

Capybara) le plus grand des rongeurs connus. Il


,
l’Espagne et le Portugal ; dans la Méditerranée, entre
a près d’un mètre de long sur 50 cent, de haut ; il a la France, l’Espagne et l’Italie; et le mtit cabotage,
le museau épais, les Jambes courtes et le poil de cou- qui se fait d'un port à l'autre de la France dans la
leur brun-jaunâtre; on le trouve surtout dans l’Amé- Manche, dans l’Océan ou dans la Méditerranée. On
rique du Sud, où il habite sur le bord des rivières; appelle caboteurs les bâtiments employés à ce genre
au moindre danger, il cherche un refuge dans l’eau, de navigation, ainsi que les hommes qui les mon-
et peut y rester plongé fort longtemps la chair du
: tent. Les marins qui les commandent ne portent pas
Cabiai est comestible. Pris jeune, cet animal est sus- le litre de capitaine, mais celui de maître au grana
ceptible de s’apprivoiser. —
Les autres genres de cette ou au petit cabotage. Le commerce de cabotage est
famille sont appelés Cobaye, Mocos, Agouti et Paca. soumis en France à certaines formalités qu’on trouve
CABILLAUD, en hollandais Kabel-jaauw nom résumées dans la circulaire des douanes du 20 octo-
commun à plusieurs espèces de gros poissons qui dé- bre 1834. — Le nombre des bâtiments employés au
vorent le fretin —
nom vulgaire de la Morue fraî- cabotage est très-considérable dans les pays qui ont
che {Voy. morue)
;

;

nom d’un ancien parti poli- une grande étendue de côtes, comme en Danemark,
tique en Hollande. Voy. le D. unio. d’H. et de G. en Suède, en Norvège, en Angleterre, en France,
CABINET (du bas latin cavinetum, dérivé de ca- en Italie et ailleurs. 11 y a peu de pays où le cabo-
vum, vide, chambre). Outre son acception vulgaire, tage soit aussi considérable qu’en Angleterre. Le ca-
ce mot s’applique â des salles ou même à des édi- botage a l’avantage de former de bons marins, et de
fices entiers renfermant des collections d’antiquités, faire des transports à très-bon compte.— Dans la plu-
de tableaux, de médailles, de plantes, d’animaux part des Etats maritimes , on a exclu les pavillons
15
, ,

CACA 228 - CACH


étrangers de toute participation au cabotage l’An-; rosalbin. Leur bec est grand, épais et crochu : ausâ
gleterre a donné la première l’exemple de cette exclu- sont-ils fort destructeurs; le tour de Tœil est nu. Ce
sion, qui était en vigueur dès le temps d’Élisabeth. sont les plus dociles des perroquets; cependant ils
CABRE (du latin capra, chèvre), espèce de chè- parlent peu; leur cri est désagréable. Ils fréquentent
vre grossière faite Je deux ou trois perches jointes de préférence les terrains humides, et se trouvent
ensemble par le haut, au bout desquelles on met surtout dans les îles Moluques et à la Nouv.-Hollande.
une poulie pour enlever ou pour tirer les fardeaux. Dans la Marine, on donne le nom de cacatoès aux
CABRETILLE, sorte de cuir très-mince. V. canepin. plus petits mâts que l’on grée dans les grands bâ-
CABRI, autrefois Cabril, nom vulg. du Chevreau. timents , au-dessus de ceux de perroquets ; dans les
CABRIOLET (de cabriole) , voiture légère à deux beaux temps , on établit sur les flèches de ces mâts
roues et à. un seul cheval, dont la caisse est portée des voiles très-légères qu’on appelle aussi cacatoès.
sur deux brancards, a, sans doute, été ainsi nommée CACHALOT, Physeter macrocephalus mammi-
à cause des bonds auxquels l’expose sa légèreté. Ou- fère cétacé, dont les dimensions égalent celles de la
tre les cabriolets de maître, on distingue deux es- baleine , mais qui en diffère en ce que sa mâchoire
pèces de cabriolets de louage ; les C. déplacé, qui inférieure, étroite et allongée, est garnie, de chaque
stationnent sur les places publiques, à des endroits côté, d’une rangée de dents coniques ou cylindri-
déterminés , et les C. de régie ou de remise, qui ques, tandis que la baleine n'a que des fanons. Sa
stationnent sous une remise ; ces voitures, qui se mâchoire supérieure présente une série de cavités
sont extrêmement multipliées depuis 50 ans, sont dans lesquelles se logent les dents lorsque la bouche
soumises , comme toutes les voitures de louage , à est fermée. Sa tête, énorme et renflée en avant,
des règlements sévères. — Cabriolet anglais.V. cas. forme à peu près le tiers de tout l'individu; la boîte
CACAO (nom indigène) , graine du cacaoyer. cérébrale, située en arrière, n’en occupe qu'une
CACAOYER ou CACAOTIER , Tlieobroma Cacao très-petite partie ; tout le reste présente une vaste
arbre de la famille des Byttnériacées, originaire du cavité osseuse, divisée en deux chambres par une
Mexique et de quelques contrées de l’Amérique du cloison fibro-cartilagineuse, et renfermant une es-
Sud , a, par son port et son aspect, beaucoup d'analogie pèce d’huile qui se lige par le refroidissement, et qui
avec un cerisier de moyenne taille. Son bois, blanc, est connue dans le commerce sous le nom de sper-
poreux, cassant et fort léger, est recouvert d’une via ceti ou de blanc de baleine [Voy. ce mot). C’est
écorce couleur de cannelle; ses feuilles, d’un vert aussi dans les intestins du cachalot qu’on trouve la
brillant, sont alternes et en fer de lance; ses fleurs substance appelée ambre gris, et qui paraît être
sont petites, jaunâtres, ou couleur de chair, ordinai- une sécrétion morbide, analogue aux calculs biliai-
rement fasciculées, et n’ont point d’odeur ; son fruit, res. —
Les cachalots se rencontrent dans toutes les
vulgairement appelé cabosse, est ovoïde, allongé, mers, mais surtout dans la partie équatoriale du
et assez semblable par la forme au concombre ; il grand Océan : c’est aux îles Gallapagos que se font
est partagé en cinq loges , dans chacune desquelles les pêches les plus productives. Ils voyagent en
se trouvent, au milieu d’une pulpe aigrelette , huit troupes immenses de 2 à 300 individus; ils sont
â dix graines ou amandes de la forme et de la gros- très-voraces , et se nourrissent indifféremment de
seur d’une fève, et recouvertes d’un arille charnu : poissons, de mollusques Ou de crustacés; ils pour-
c’est le cacao. Fraîches, les graines de cacao sont âpres suivent avec acharnement les jeunes baleines, les
et amères. A l’époque de la récolte, on les met en tas, phoques, les requins eux -mêmes; l’homme n'est
ou on les enterre pour qu’elles fermentent et que Ta- point à l’abri de leurs attaques , et la chasse de ces
rille se sépare, puis on les fait sécher au soleil. Ainsi cétacés passe pour très-dangereuse. —
Le Physeter
préparé, le cacao a une odeur et une saveur agréa- des anciens paraît être le cachalot macrocéphale ; les
bles. On en extrait par la pression une huile blanche naturalistes admettent encore plusieurs autres espè-
et solide, connue sous le nom de Beurre de cacao, ces, mais les caractères n’en sont pas bien déterminés.
qui se conserve longtemps on l’emploie en médecine
: CACH , CASH ou CASS , petite monnaie dont on se
comme adoucissanv et comme antidote couire les poi- sert en Chine dans le commerce de détail, vaut envi-
sons corrosifs, et en parfumerie comme cosmétique. ron 1 centime. Il eu faut 1,000 pour 1 taie d’argent.
Le cacao, pilé et broyé avec du sucre, donne le cAo- CACHECTIQUE. Voy. cachexie.
colat {Vog. ce mot). L’arille ou écorce du cacao CACHEMIRE, nom donné aux châles indiens qui
renferme un principe astringent et aromatique dont nous viennent du royaume de Cachemire, et qui se
l’eau se charge par infusion ; aussi l’emploie-t-on fabriquent avec le duvet qu’on prend sur la poi-
quelquefoisen guise de café. On distingue dans le com- trine de chèvres d’une race par-ticulière au pays des
merce plusieurs sortes de cacaos le C. caraque, long
: Kirghiz. Ces châles sont précieux par la solidité et le
et un peu aplati, venant de Caracas et de Maracaïbo : moelleux du tissu, ainsi que par la richesse des cou-
c’est le plus estimé le C.-berbice
; ,
court et rond, et leurs et la variété des dessins, qui sont brochés dans le
le C.-Surinam, long et moins aplati que le premier, tissu même. Leur usage, concenti'é d’abord en Orient,
qui viennent tous deux de la Guyane; le C. des Iles, est devenu assez commun en Europe depuis l’expé-
venant des Antilles, petit et plus aplati, etc. on en dition d’Égypte, et surtout depuis la paix générale
;
tire aussi des îles de France et de la Réunion. de 1814. Cependant leur prix élevé en fait toujours
Pour bien choisir le cacao, de quelque espèce qu’il un objet de luxe. En effet, les châles de Cachemire
soit, il faut le prendre gros, bien nourri, ayant la valent, en général, de 2 à 3,000 fr. ; il y en a qui
peau brune et unie, contenant une amande pleine, coûtent 5, 6, 7, 8, 10,000 fr. Il se fabrique annuel-
lisse, ayant au dehors la couleur de noisette, rougeâtre lement 80,000 châles à Cachemire, et, en les comp-
au dedans, d’une saveur douce, un peu astringente tant à un taux moyen de 3,000 fr. chacun , on de-
et agréable. Celui qui est ridé, petit, vermoulu, vrait porter à une somme de 240 millions de frauics
brisé, et ayant une odeur de vert ou de moisi, doit la valeur des châles qui s’exportent tous les ans de
être rejeté. Cachemire dans toutes les parties du monde. Dans
CACATOÈS ou CACATOIS, genre d’oiseaux Grim- le pays, ces châles sont en entier fabriqués à la main;
peurs , de la famille des Perroquets, se font remar- on les fait par morceaux , qui sont ensuite cousus
quer par la beauté de leur plumage et surtout par leur ensemble; un seul châle peut occuper tout un ate-
élégante huppe, formée de plumes longues et étroites lier pendant une année, si le tissu est d’une grande
qu’ils couchent et redressent à volonté. Le plus sou- finesse, et les dessins fort compliqués; tandis que
vent, cette huppe est jaune, et le reste de leur plu- d’autres ateliers peuvent en fabriquer de 6 à 8 dans
mage d’une belle couleur blanche ou d’un blanc rosé, le même espace de temps. Lorsque le tissu est d’une
ce qui fait donner à une espèce le nom de Cacatoès s’en fabrique pas plus d'un
qualité supérieure , il ne
, ,

CACH — 229 CACO


.juarl de pouce (0«,007) par jour. La ville d’Amretsyr faisant fondre le tout. —
On se sert du cachou depuis
est le grand marché des châles de Cachemire. Ces châ- fort longtemps, dans les Indes, pour la teinture et le
les payent à leur entrée en France un droit de 110 fr. tannage des peaux; on l’emploie depuis quelques an-
Ternaux est le premier qui ait entrepris de fabri- nées en Europe dans les fabriques d’indiennes et les
quer en France des châles faits avec la laine de Ca- teintureries. Il colore en brun le coton et la laine ; et,
chemire il fit, à cet effet, venir à grands frais du en y associant des mordants, on obtient une grande
:

Thibet même un troupeau de l'espèce de chèvres qui variété de teintes. —


Les médecins le prescrivent
fournit la laine de cachemire (1818). Ces châles, par- comme tonique à petite dose, et comme astringent
faitement imitésquant aux dessins, et beaucoupmoins à une dose plus forte. On mêle aussi le cachou avec
coûteux, sont connussous le nom de Cachemires fran- du sucre , de l’ambre , de la cannelle , ou avec des
çais ; ils sont faits au métier ; on les distingue faci- essences de rose ou de fleur d’oranger, pour en faire
lement des cachemires des Indes, surtout à l’envers. une pâte qui rend I haleine agréable; les fumeurs y
On a essayé plusieurs fois, mais vainement, d’accli- recourent pour dissiper l’odeur que laisse le tabac.
mater en France les chèvres du Thibet, et nos fabri- CACHRVDE, Cachrys (nom d’une plante citée
cants sont encore obligés d’acheter ce duvet en Russie dans Pline), genre de la famille des Ombellifères
sur les marchés de Macarief et de Moscou. On peut qu’on trouve également dans la Sibérie , dans les
consulter sur cette intéressante industrie Etudes : parties orientales et méridionales de l’Europe et sur
pour servir à l’histoire des châles par J. Rey, fa- les côtes septentrionales de l’Afrique, renferme plu-
bricant de cachemires à Paris. sieurs espèces, dont quelques-unes se cultivent dans
CACHET (du verbe cacher). Le cachet diffère du les jardins; telle est surtout la Cachryde ou Arma-
sceau ( Yoy. ce mot) en ce que celui-ci, en général, rinte à fruits lisses, qu’on trouve en Provence, et
appartient au souverain ou aux représentants de qui a une tige cylindrique, rameuse, et des fleurs
l’autorité publique ; tandis que le cachet n’est usité jaunes, en ombelles bien garnies. Les Cachrydes ren-
que par lesparticuliers (Voy. sceau et sPHRAGisxiauE). ferment, comme lès autres ombellifères , une huile
— L’usage des cachets remonte à une très-haute an- volatile et un suc gornmo-résineux.
tiquité; les Orientaux ont conservé le souvenir de CAGHUCHA, danse espagnole qui s’exécute sur un
l’anneau de Salomon, qui donnait, disent-ils, le pou- air gracieux et vif, et qui s’accompagne de gestes
voir de lire dans l’avenir et de commander aux gé- passionnés.
nies ; ce n’était qu’un cachet. On connaît le cachet CACIQUE, titre de supériorité chez les Mexicains
de quelques hommes célèbres dans l’antiquité : et les Péruviens. Voy. le Dict. univ. d’H. et de G.
Jules César avait sur son cachet une figure deVénus; CACiftUE ,
oiseau d’Amérique , ainsi appelé à tort
Auguste, un sphinx : Pompée, un chien sur la proue par G. -R. Gray, mais dont le véritable nom, admis
d’un navire; Séleucus, roi de Syrie, une ancre; par tous les naturalistes, est Cassique. Voy. ce mot.
Polycrate, une lyre. Les premiers chrétiens por- CACOCHYME, cacochymie (du grec cacos, mau-
taient souvent sur leurs cachets le monogramme du vais, et chymos, humeur), état maladif sans carac-
Christ. Les familles nobles gravent leurs armes sur tère précis, affectant particulièrement la lymphe et
leur cachet celui de François Rc était orné d’une
: le sang, et résultant, suivant les humoristes, d’une
salamandre, et celui de Louis XIV d’un soleil. altération primitive des humeurs. Les individus ca-
CACHEXIE (du grec cacos, mauvais, ethexis, cochymes sont faibles, languissants, disposés â être
disposition), état dans lequel toute l’habitude du atteints plus facilement que les autres de toutes les
corps est profondément altérée. Quelques médecins maladies; ils ont l’esprit bizarre et l’humeur inégale.
ont regardé la cachexie comme une maladie parti- CACODYLE (du grec cacos, mauvais, et hylè,
culière; mais le plus grand nombre entend par ce matière, à cause de ses caractères vénéneux), nom
mot l’état de dépérissement qui survient après de donné par Bunsen à une substance composée de
longues maladies ou à la fin de certaines affections carbone, d’hydrogène et d’arsenic (C*H®As’), et qui
parvenues â un haut degré d’intensité, comme dans se comporte comme un corps simple c’est un liquide ;

le scorbut, le cancer, etc. Cet état est caractérisé incolore très-réfrangible et inflammable, d’une odeur
par la bouffissure et l’infiltration, un teint jaune ou insupportable; il bout à 17U<>, et forme, avec le sou-
plombé, effet d’un sang trop séreux, et par la lan fre, le brome, le cyanogène, des composés cristal-
gueur de toutes tes fonctions. lisables pour la plupart.
Cachexie aqueuse, maladie des bêtes à laine, plus CACOGRAPHIE (du grec cacos, mauvais, et gra-
connue sous le nom de pourriture [Voy. ce mot). phe, écriture; orthographe vicieuse), recueil de mots
CACHIMAN, ou chérimolier, nom vulgaire d’une et de phrases où les règles de l’orthographe et de la
espèce à’Anone, ainsi que de son fruit. Voy. anone. grammaire ont été violées à dessein, et que le maître
CACHIRI, liqueur spiritueuse et enivrante en fait corriger par ses élèves. Cette méthode d’enseigner
usage dans la Guyane et le Rrési) , a la saveur du l’orthographe, mise à la mode en 1811 par le gram-
poiré ; on la retire de la racine tuberculeuse du ma- mairien Le Tellier, a eu un moment de vogue ; mais
nioc, que l’on râpe et que l’on étend d’une certaine elle a été justement proscrite parce qu’elle habituait
quantité d’eau; on fait ensuite bouillir ce mélange, l’œil de l’élève à des formes vicieuses qui se gra-
puis on laisse fermenter. vaient dans la mémoire et y portaient la confusion.
CACHOU ( par corruption de l’indien catechu , CACOLET, panier à dossier et garni de coussins,
suc à'xchvd), Terra japonica, extrait préparé dans que l’on place sur le dos des mulets, des ânes, des
les Indes Orientales avec le bois, les feuilles et les chevaux, etc.; et dont on se sert pour voyager dans les
fruits de l’Acacia catechu; il a une saveur astrin- montagnes, ou à la guerre, pour le transp. des blessés.
gente, suivie d’un arrière-goût sucré assez agréable. CACOPHONIE (du grec cacos, mauvais, etphoné,
Le cachou se compose principalement d’une matière son), rencontre vicieuse de syllabes qui se heurtent;
tannante particulière; il se dissout presque complè- répétition des mêmes mots, des mêmes syllabes, des
tement dans l’eau bouillante, dans l’alcool et dans le mêmes consonnances, frappant désagréablement l’o-
vinaigre. — On distingue dans le commerce le cachou reille, comme dans ce vers de Voltaire :
jaune, en petits pains cubiques de couleur cannelle,
Noa, il n'esl rien que Nanine D'honore;
qui vient de Batavia, et le cachou bi'un en gros
pains de 35 à 40 kil., qui vient de Calcutta.
,
On — OU dans cet autre vers, fait à plaisir .

falsifie souvent le cachou en le mélangeant avec une


Ciel! si ceci se sait, ses soins sont sans succès
terre noirâtre ou poudre de coquillage calcinée et noir-
cie, fraude qui a pu contribuer à la faire passer pour — h’hiatus ,
ou rencontre de deux voyelles ,
forme
une terre on découvre facilement la supercherie en
: aussi une espèce de cacophonie.
, , , , , , . ,

CADA — 230 — CADE


En Musique , on -appelle cacophonie les sons que d’art, qui s’accomplit sous la direction d’un géomètre
produisent les voix et les intruments discordants. en chef, et qui a pour but la délimitation des com-
CACTÉES , dites aussi Nopalées ou Opuntiacées, munes, la division du territoire de la commune en
famille de plantes Dicotylédonées , qui a beaucoup sections, la triangulation, le lever du plan; 2<>l’ea;-
de rapports avec les Portulacées et les Ribésiées pertise, qui se fait avec le concours de propriétaires
comprend un grand nombre de genres, dont les plus désignés par le conseil municipal, et qui a pour objet
connus sont les Mélocactes les Cierges les Ra- la classification, le tarif des évaluations et le clas-
quettes ou Nopals, etc., que Linné avait réunis sous sement; 3“ la répartition individuelle par le di-
le seul nom générique de Cactier ou Cactus. recteur des contributions directes, pour faire à cha-
CACTIER ou CACTUS (du grec cactos, plante épi- que parcelle l’application du tarif des évaluations, et
neuse), nom générique donné à un grand nombre former la matrice cadastrale; 4® les mutations, con-
de plantes épineuses, toutes originaires de l'Amé- signées par le contrôleur des contributions directes.
rique équatoriale , remarquables par leurs formes — Charles VU conçut le premier l’idée d’un cadastre
bizarres et la disposition singulière des corolles de général ; Colbert tenta vainement de l’exécuter ; en
leurs fleurs. Les cactiers aiment, en général, les en- 1789, les assemblées électorales demandèrent le ca-
droits secs et chauds ; ils poussent, pour la plupart, dastre ; l’Assemblée constituante le décréta en 1791;
sur les rochers et dans les terrains sablonneux ; quel- mais les opérations marchèrent d’abord lentement.
ques-uns sur le tronc des vieux arbres. Les uns pré- En 1802, le premier consul, désirant activer ce tra-
sentent. comme le C. nain, le C. monstrueux, le C. vail, le reprit sur un plan nouveau, qui consistait à
mamillaire, une masse sphéroïde, plus ou moins délimiter d’abord les communes, puis à faire l’ar-
considérable, ordinairement verte ou grisâtre, hé- pentage et l’évaluation des revenus des propriétés
rissée de tubercules coniques, cotonneux au sommet, d’un certain nombre de communes par sous-préfec-
et couverts de petites pointes divergentes, ou bien, ture , lesquelles communes devaient servir de base
comme le Mélocacte, une boule à côtes droites, à ou de critérium pour l’évaluation approximative de
rosaces épineuses, surmontée d’un spadice laineux toutes les autres. Ce plan fut bientôt abandonné, et,
où naissent les fleurs ; ou bien encore une sphère après divers essais, on en revint, par une loi du 15 sep-
irrégulière, formée de larges tubercules déprimés ; tembre 1807, au plan de cadastre général conçu par
d’autres sont munis d’une tige anguleuse, cylindri- la Constituante, mais rectifié par Delambre. Continué
que ou cannelée, sur laquelle de nombreuses épines depuis lors sans interruption, le cadastre est arrivé
semblent remplacer les feuilles ; cette tige est tantôt à son terme en 1821. A partir du l«f janvier 1822,
simple et droite, èt s’élève quelquefois à une hau- les opérations cadastrales n’eurent plus pour but que
teur de 15 à 20 m., comme dans le Cierge du Pérou, de rectifier les répartitions individuelles et de con-
tantôt garnie de rameaux composés d’articulations signer les mutations. Cependant, depuis plusieurs
naissant les unes des autres, comme dans les Raquet- années, on a reconnu l’inexactitude et l’inégalité des
tes, articulations que l’on considérait autrefois comme évaluations primitives , et l’on sent le besoin de re-
des feuilles; quelques-uns, comme le Cactier deCam- commencer les opérations cadastrales , ou de recou-
péche, le C. de Peiresc, le C. à cochenille, donnent rir à un autre mode pour assurer l’égalité propor-
naissance à des feuilles épaisses et charnues. Les tionnelle de l’impôt foncier. — On peut consulter sur
Qeurs des cactiers sont également remarquables par cette matière importante : le Recueil méthodique
la variété de leurs formes et de leurs couleurs, ainsi des lois, décrets, règlements, etc., sur le Cadastre
que parleur parfum; elles produisent des baies dont de France, Paris, 1811, in-4, et le Traité de la for-
quelques-unes sont bonnes à manger. Beaucoup de tune publique de MM. Macarel et Boulatignier.
Cactus sontcultivés dans nos serres chaudes; mais les CADAVRE (du \dX.cadere, tomber, ou, selon d’au-
deux espèces les plus connues, et eu môme temps les tres, de caro data vermibus) Dans les premières heu-
plus utiles , sont le C. raquette et le C. à coche- res qui suivent la mort, l’état du cadavre est caracté-
nille.— Le C. raquette, dit aussi figuier d'Inde, ou risé par la roideur des membres, les saillies osseuses
figuier de Barbarie {C. opuntia], a sa tige, qui est plus prononcées , la peau décolorée , la face et les
d'un vert de mer, garnie de rameaux composés d’arti- lèvres livides, l’absence complète de la respiration,
culations comprimées et aplaties, portant des épines des battements du cœur, du pouls, la froideur des
rousses disposées par petits bouquets du centre des- membres. Quelques heures après, la roideur cadavé-
quels sort une fleur solitaire, inodore et jaune, fai- rique fait place à la mollesse et à la putréfaction.
sant place, en août, à un fruit sucré, mais un peu Lorsqu’un cadavre est trouvé sur la voie publique
fade, de la grosseur d’une ügue, à pulpe aqueuse et ou partout ailleurs, il doit en être donné avis sur-
rougeâtre. Cette espèce de cactus est très-commune le-champ au commissaire de police, au maire, ou à
dans l’Amérique du Centre , en Afrique et dans le tout autre officier de police, qui se transportent aus-
midi de l’Europe. On en fait des haies impénétrables sitôt sur les lieux, et requièrent l’assistance d’un
autour des habitations ; les Indiens se servent de son homme de l’art. Celui-ci n’a d’abord qu’à faire la
bois pour faire des assiettes, des ustensiles de ménage, levée du cadavre, c.-à-d. à constater l’état extérieur
des rames, etc. En Sicile, les gens du peuple sont du corps et toutes les circonstances qui peuvent avoir
très-friands de la pulpe de ce cactus. On peut encore quelque intérêt, et à faire transporter et déposer le
nourrir les bestiaux avec les enveloppes du fruit et cadavre en lieu sûr, sous la garde de l’autorité ju-
même avec les articles dépouillés de leurs épines; ces diciaire.— S’il s’élève un soupçon sur la nature de
mêmes articles servent en médecine en place de can- la mort, Yautopsie du cadavre peut être requise par
tharides ou de sinapismes. — Le C. à cochenille ou l’officier municipal (Code civ., 81), et par le procu-
Nopal {C. cochenillifer), est celui sur lequel on élève reur impérial (Code d’instr. crimin., art. 46). Les
l’insecte qui donne \a.cochenille [Voy. ce mot)
;
ses familles peuvent aussi réclamer l’autopsie des per-
articulations sont oblongues, épaisses et presque en- sonnes qu’elles ont perdues. Pour les formalités à
tièrement lisses il est originaire du Mexique. Voy.
: remplir dans ce cas, Voy. autopsie.
NOPAL, MÉLOCACTE, etC. CADE (du grec kados en latin codas, vaisseau
CACTUS ou CACTIER. Voy. cactier. pour contenir les liquides), nom donné par les Grecs
CADASTRE (du bas latin capitastrum, conte- à une mesure de 10 conges (environ 32 lit.) ; quel-
nance ) , ensemble des opérations par lesquelles on ques-uns identifient le code avec le métrèle, d'autres
recherche la contenance des biens-fonds d’un pays avec amphore. —
On donne encore aujourd’hui ce
et les revenus qu’ils produisent, dans le but d'éta- nom à un baril dont on se sert dans les salines.
blir l’impôt foncier et de le répartir convenable- En Botanique, Cade est en Provence le nom vul-
ment. — Ces opérations compren-nent 1» la partie
: gaire d’une espèce de Genévrier. — On nomme
, , , , , .

CADE — 231 — GADR


huiles de Cade deux huiles fournies l’une par le pagnies de cadets. Én 1776, on créa un emploi de
genévrier, l’autre par le bois de pin, et qui se déga- cadet- gentilhomme dans chaque compagnie d’in-
gent dans l’opération pratiqitée pour convertir ce fanterie et de cavalerie. Tous ces emplois disparu-
bois en charbon. Les Vétérinaires font usage de cette rent en France en 1789. — La Russie, l’Autriche,
dernière , notamment contre le bouquet. la Prusse, la Bavière, ont encore des établissements
GABELLE ou chevrette brcke , nom donné dans de cadets où sont reçus gratuitement les fils de gen-
le midi de la France à la larve du Trogosite mau- tilshommes peu favorisés de la fortune.
ritanique espèce de Coléoptères tétrainèrcs de la CADI, juge musulman. F. leD. univ.d’H.etdeG.
famille des Xylophages. Cette larve vit de la sub- CADIÈRE ou chaise (par corruption du latin ce-
ttance farineuse du blé renfermé dans les greniers. thedra, môme signification), nom donné sous Phi-
C.ÂDENAS (du \oXmcaiena, chaîne, parce que, lippe le Bel à une monnaie d’or sur laquelle le roi
autrefois, l'anse ou l’anneau du cadenas était rem- était figuré assis dans une chaise ou sur son trône.
placé par une chaîne) , petite serrure mobile qui C’était originairement une monnaie d’or qui valait
sert à fermer une porte, une malle, une valise, au 25 sous tournois de l’époque; mais le poids et le titre
moyen d’un anneau passé, soit dans un autre an- de cette monnaie ont beaucoup varié. On la nom-
neau, soit dans deux pitons la forme des cadenas
: mait aussi Gros royal, Royal d’or, Royal d’or à la
varie beaucoup, ainsi que leur mode de fermeture. chaise. Masse (parce que le roi y tenait une masse)
On fait des Cadenas à combinaisons qui offrent CADIL (du latin cadus, tonneau), nom donné
aux voleurs des difficultés presque insurmontables. originairement à l’unité des mesures de capacité en
On appelait autrefois le Cadenas un coffret d’or France, dans le premier système de division, créé
ou de vermeil, soigneusement fermé, qui contenait le l«r août 1793. C’était un décimètre cube.
la cuiller, la fourchette et le couteau du roi et des CADIS, petite étoffe de laine croisée, à grains,
princes. On l’apportait en cérémonie, et on le plaçait tondue et apprêtée à chaud comme le drap. Autre-
sous leur main quand ils avaient pris place à table. fois très-recherchée, elle est aujourd’hui d’un moin-
On pense que cet usage provenait de la crainte des dre débit. Les principales fabriques de cadis sont
empoisonnements, si fréquents au temps passé. à Montauban, Castres, Alby, Arles, Saint-Flour,
CAUENCE (en italien cadenza, du latin cadere, Tarascon. La largeur ordinaire du cadis était de
tomber). En Musique, on nomme ainsi la terminai- 60 centimètres. On nomme C. ras ou C. fins ceux
son ou le repos d’une phrase musicale. On donne le dont la chaîne se fait avec de la laine d’Aragon, et
même nom à d’un accord dissonant sur
la résolution que l’on teint deux fois; C.- fleur d’Aure, une sorte
une consonnance. La Cadence parfaite est celle qui de cadis fort qui se fait dans la vallée d’Aure.
se résout sur la tonique; celle qui s’arrête sur la CADMIE (du latin cadmia, calamine). Les anciens
dominante suspend seulement la phrase, et se nomme chimistes ont donné ce nom à plusieurs substances :
Cadence rompue ou demi-cadence. On nomme aussi ils appelaient C. fossile, le cobalt; C. naturelle ou
cadence le battement qui s’exécute sur la pénultième pierre calaminaire l’oxyde de zinc, qui est jaune
note d’une phrase, et qui prépare la cadence harmo- ou rougeâtre; C. artificielle ou des fourneaux,
nique ; mais son véritable nom est trille [Voy. ce l’oxyde de zinc qui se sublime pendant la fonte de
mot). Enfin, ce mot est vulgairement employé à la ce métal et s’applique sur les parois intérieures du
place du mot rhythme, pour marquer le parfait ac- fourneau, et, en général, toutes les suies métalliques
cord de la danse avec le rhythme d’une mélodie mu- qui sont produites dans les fontes.
sicale. —
Le mot cadenza en Italie, est synonyme CADMIUM (même étymologie que cadmie), corps
Aepoird d’orgue. simple métallique, de la couleur et de l’éclat de l’é-
En Littérature, on appelle cadence la chute agréa- tain, d’une cassure fibreuse , cristallise aisément en
ble d’un vers nombreux et bien tourné, ou d’une octaèdres réguliers, fond au-dessous du rouge , se
période dont l’harmonie flatte l’oreille. Cadence est volatilise vers 400», et présente une densité de 8,6.
alors presque synonyme de mesure, comme dans ces II est malléable, ductile, et un peu moins mou que
vers de Boileau : Tétain ; il s’altère peu à l’air, et s’y convertit, par
la calcination, en un oxyde jaune-brun. L’acide azo-
Epfin Malherbe Tint , et le premier , en Franco »
Fit sentir dans les Ters une juste cadence, tique et l’acide sulfurique le dissolvent à froid , ce
dernier avec dégagement de gaz hydrogène. — On
GADENETTE (du latin catena, chaîne), espèce rencontre le cadmium dans la nature, en combinai-
de coiffure militaire qui s’est portée en France de- son avec le soufre dans plusieurs variétés de cala-
puis 1767 jusqu’au commencement de ce siècle, con- mine et de blende, notamment dans la blende de
sistaiten deux nattes ou tresses de cheveux partant Przibram en Bohême. Il se trouve quelquefois dans
du milieu du crâne, et se retroussant, de chaque le zinc du commerce, ainsi que dans les sels pré-
côté de la tête, sous le chapeau. Les grenadiers, et parés avec ce métal. On reconnaît la présence du
surtout les hussards, sont les corps qui ont conservé le cadmium dans le sulfate de zinc (vitriol blanc ) en
plus longtemps la cadenette. Elle a été remplacée ce que la solution de ce sel , rendue légèrement
par lecatogan et la queue. acide, précipite en jaune par l’hydrogène sulfuré.
CADET (du bas latin capitetum, diminutif de Le cadmium forme des sels incolores, d’une saveur
caput , petite tête) Dans un sens rigoureux , ce mot
. astringente. — Ce corps a été découvert en 1818, à
se dit seulement du dernier des enfants d’une fa- peu près en même temps, par Stromeyer et par
mille ; mais ordinairement il est synonyme de puîné. M. Hermann , directeur de la fabrique de produits
On sait que jusqu’à 1789, en France, les cadets des chimiques à Schœnebeck, dans la Saxe prussienne.
familles nobles étaient exclus du partage des biens CADOCHÉ ou KADOSCH (de l’hébreu kudash, sa-
de leur père , et se voyaient forcés de chercher for- cré), 30» grade de la Franc-Maçonnerie, et le plus
tune, les uns dans les armes, les autres dans l’Église. haut dans l’échelle. Voy. franc-maçonnerie.
L'abolition du droit d’aînesse fit cesser en France CADRAN (du latin quadrans, parce que primiti-
cette iniquité, qui subsiste encore dans la plupart vement sa forme était carrée ) , surface ordinaire-
les États de TÉurope. ment ronde sur laquelle on a gravé ou peint les di-
Autrefois, on appelait Corps de cadets un corps visions du temps (heures, minutes, secondes, etc.)
militaire composé de jeunes gens d’origine noble cjui et où elles sont indiquées soit par des aiguilles mo-
servaient comme volontaires, et qui passaient par tous biles, comme dans les horloges, soit par Tombre
les grades inférieurs, jusqu’à ce qu’on leur donnât les d’un style, comme dans les Cadrans solaires {Voy.
premières sous-lieutenances vacantes. Louis XIV en ci-après). On fabrique les cadrans en or, en argent,
1682, et Louis XV en 1726, créèrent plusieurs com- en platine , en émail et en porcelaine.
, , , , .

CADR — 232 — CÆCU


En Horticulture, on appelle cadran ou cadra- tère sans marquer sur le papier. On appelle cadra-
nure une maladie qui atteint les vieux arbres, et qui tins, de petits cadrats de la largeur de deux chiffres;
se manifeste par des fentes dans le bois, dont les demi-cadratins de petits cadratins de la largeur
unes sont circulaires et les autres rayonnantes ce : d’un chiffre.
qui donne au bois quand il est coupé transversa-
,
CADRATURE. On appelle ainsi un assemblage de
lement l’apparence d’un cadran. pièces d’horlogerie placées entre le cadran et la pla-
En Conchyliologie , c’est le nom d’un genre de tine d’une montre, et plus particulièrement celles
Mollusques gastéropodes pectinibranches à coquille qui composent la répétition. On fait jouer la cadra-
orbiculaire, univalve, en cône déprimé, qui habitent ture, dans les montres à répétition, en poussant le
les mers australes ; on en trouve une espèce , dite bouton; dans les pendules, en tirant un cordon.
C. tacheté ou strié, dans la Méditerranée. CADRE (du latin quadrum, carré). Dans la Ma-
CADRAN SOLAIRE, suiface sur laquelle sont tracées rine, on appelle cadre un hamac perfectionné, à
des lignes qui indiquent l’heure par l’ombre d’un l’usage des officiers et des passagers, qui se compose
style ou gnomon [Voy. ce mot), ou par un rayon de cinq pièces de toile réunies sous la forme d’une
solaire coïncidant avec ces lignes. Les lignes du ca- caisse longue de près de 2 mètres sur 50 centim de
dran se nomment les lignes horaires. Pour con- large, et recevant au fond un châssis de même di-
struire un cadran solaire , il faut savoir tracer une mension, garni de sangles, sur lequel reposent deux
méridienne [Voy. ce mot), et placer le style dans petits matelas , ainsi que les autres pièces qui com-
la direction de l’axe du monde, de manière qu’il soit plètent un lit de bord. Voy. hamac.
situé dans le plan vertical qui passe par la méri- Dans l’Art militaire, on donne ce nom au tableau
dienne, et qu’il fasse avec cette ligne un angle égal de formation des divisions et des subdivisions dont un
à la hauteur du pôle au-dessus de l’horizon, ou à la corps se compose, ainsi qu’à la réunion des officiers,
latitude du lieu (48“,50' à Paris). Supposons que sous-officiers et caporaux dont se compose une compa-
l’axe du monde soit une verge métallique, et que le gnie, un , un régiment. On peut diminuer
bataillon
plan de l’équateur soit capable de retenir l’ombre l’effectif d’un régiment tout en maintenantles cadres.
de cette verge : cette ombre , par l’effet du mou- En Architecture , on appelle cadre une bordure
vement diurne apparent du soleil , parcourra suc- de pierre ou de plâtre calibrée qui renferme des or-
cessivement le plan de l’équateur; et si l’on imagine nements de sculpture.
ce plan partagé en 24 parties égales par des droi- En Anatomie, le Cadre du tympan est la partie
tes menées du centre à la circonférence , la coïnci- de Tos temporal qui chez l'homme supporte la mem-
dence do l’ombre avec chacune de ces droites in- brane du tympan.
diquera une heure déterminée. Comme la terre est CADUC We cadere, tomber). En Botanique, on
extrêmement petite par rapport au monde, on peut, appelle caduque toute partie d’un végétal qui ne
sans erreur sensible, considérer un point quelconque persiste pas pendant toute la durée des organes dans
de la surface de la terre comme le centre de la la composition desquels elle entre ainsi, le calice est
:

sphère céleste, et tout plan parallèle à l’équateur, caduc dans le pavot, parce qu’il tombe avant la fleur;
auquel ce point appartient, peut être pris pour le la corolle qui environne d'abord le fruit de la vigne
plan même de l’équateur. On peut donc immédia- est caduque et tombe bientôt; les stipules sont cadu-
tement obtenir un cadran solaire en établissant un ques dans plusieurs espèces de passiflores.
style dans la direction de l’axe du monde EnAnatomiejlawemôrawe caduque e,sX\di plus ex-
, lui fai-
sant traverser en un point un plan parallèle à l’é- térieure des enveloppesdufœtuschezles Mammifères.
quateur, décrivant de ce point une circonférence de En Droit , une disposition est dite caduque 1ers-
cercle, et divisant cette circonférence en 24 parties qu’elle devient sans effet: ainsi, toute disposition faite
égales par des droites menées du même point en vue du mariage caduque mariage ne s’en-
, en
est si le
ayant soin qu’une de ces droites rencontre la méri- suit pas toute disposition testamentaire est caduque
;

dienne du lieu. Cette dernière droite sera la ligne lorsque les valeurs des donations entre vifs excèdent
de midi , et les autres indiqueront les heures avant ou égalent la quotité disponible (Code civ. . art. 1039)
ou après midi, selon qu’elles seront dirigées à l’oc- CADUCÉE (du latin caduceum, qu’on dérive lui-
cident ou à l’orient de la méridienne. Ce genre de même ,
par- un simple changement de lettres , du
cadran s’appelle Cadran équatorial; on le construit grec Icérukion qui a la même signification), verge
tantôt sur un plan horizontal, tantôt sur un plan ver- ou baguette de laurier ou d’olivier surmontée de deux
tical ou incliné. Pour le tracer dans ces conditions serpents, dont les tètes se font face sans donner au-
le problème consiste à trouver les intersections des cun signe d’inimitié, est le principal attribut de Mer-
plans horaires avec les surfaces données. Quelque- cure. On le trouve aussi sur les médailles dans les
fois l’heure est indiquée à l’aide d’une plaque située mains de Bacchus, d’Hercule, de Cérès, de Vénus
en avant du cadran , et percée d’un trou par lequel et d’Anubis. Le caducée était un symbole de paix;
passe le rayon solaire indicateur des heures. On ap- les hérauts grecs le portaient dans toutes leurs né-
pelle Gnomonique l’art de construire des cadrans gociations. Au moyen âge, le roi d’armes et les hé-
solaires. — Les cadrans solaires étaient connus de rauts d’armes portaient dans les grandes cérémonies
temps immémorial des Égyptiens, desChaldéens; ils un caducée fait d’un bâton couvert de velours et
l’étaient même des Hébreux, comme cela semble ré- fleurdelisé. —Enfin , le caducée est entré dans le
sulter d’un passage d’Isaïe (c. x.xxvm, 8), relatif au blason; c’est un des meubles de l’écu : la baguette
Cadran d’ Achaz, passage dont cependant le sens a été est le symbole du pouvoir; les serpents sont l'hiéro-
contesté. Les Grecs durent à ces peuples les P" no- glyphe de la prudence ; les ailes désignent V activité.
tions de Gnomonique : c’est vers 520 av. J.-C. qu’A- CÆ.... Cherchez par Cé les mots commençant
naximène traça en Grèce le 1" cadran solaire. Ce fut ainsi qui ne seraient pas ici.
seulement lors de la 1” guerre punique que les Ro- CÆCUM (du latin cœcus, aveugle), nom qu’on
mains eurent un cadran solaire Valerius Messala le
: donne à la première portion du gros intestin, parce
rapporta de Sicile, et le fit placer près de la tribune aux qu’elle se prolonge inférieurement sous la forme
harangues. Les cadrans solaires ont beaucoup perdu d’un cul-de-sac. La direction du cæcum est verti-
de leur importance depuis qu’on se procure à si bon cale; il vient à la suite de l’intestin grêle, et se con-
compte des instruments propres à mesurer le temps. tinue avec le colon. Il est formé par une membrane
CADRAT (de quadratus carré). On nomme séreuse appartenant au péritoine, par une mem-
ainsi en Typographie de petits morceaux de fonte brane muqueuse et par une tunique musculeuse,
carrés, plus bas que les lettres et de la largeur de composée de fibres transversales; sa surface pré-
3 ou 4 chiffres au moins, qui maintiennent le carac- sente des bosselures considérables et des enfonce-
, , ,

CAFE — 233 — CAFÉ


ments longitudinaux ;
son volume surpasse celui du sj'stème nerveux, surtout le cerveau, et produit l’in-
colon et du rectum. Cet intestin est surtout sujet aux somnie. Mêlé au lait, le café perd la plus grande partie
squii res et aux vers. Voy. intestins. de ses vertus toniques; il peut même devenir un dé-
CÆSALPINIA, genre de plantes. Voy. césalpinie. bilitant pour les personnes qui en feraient leur nour-
CAFÉ. Ce mot désigne à la fois le grain qui sert riture habituelle ; Broussais le défendait en temps
à faire la boisson aromatique que tout le monde de choléra. Le café s’emploie quelquefois en théra-
tonnait, cette boisson elle-même, et les établisse- peutique on le donne comme antidote de l’opium;
:

ments publics où on la prend. il s’oppose à la somnolence qui suit quelquefois les

Le café en grains est une espèce de fève produite repas; il est salutaire dans les mi graines; il est, au con-
par le Caféier {Voy. ce mot) cette fève contient de
;
traire, très-nuisible dans les affections du coeur. Les
l'acide gallique et une substance particulière, ap- personnes tristes et hypocondriaques s’en trouvent
pelée par les chimistes caféine. C'est la torréfaction bien. —
Dans ces derniers temps, on l’a proposé et
qui donne au café son arôme elle y développe à la : employé avec succès comme succédané du quinquina,
fois du tannin et une huile empyreumatique amère dans les lièvres typhoïdes et dans les lièvres inter-
et aromatique à laquelle il doit ses propriétés émi- mittentes opiniâtres, et tout récemment dans la co-
nemment excitantes. On a appelé fleurs de café les queluche; on le recommande aussi comme emmé-
enveloppes ou coques du café : on en préparait une nagogue, à cause de son action tonique. L’infusion
infusion connue sous le nom de café à la sultane. de café, appliquée sur les plaies de mauvaise nature,
On distingue plusieurs espèces de café qui offrent agit comme astringent et combat la gangrène.
quelques différences dans leurs principes consti- On raconte diversement la découverte des pro-
tuants on les désigne par le nom des pays d’où elles
: priétés excitantes du café; on en fait communément
proviennent. Les principales sont le C. moka, le : honneur à un berger d’Arabie qui aurait remarqué
plus estimé de tous venant des environs de Moka que ses chèvres manifestaient une vivacité extraor-
,
(Yémen), en Arabie, à grain petit, généralement ar- dinaire quand elles avaient mangé des graines de ca-
rondi , de couleur jaunâtre, d’un parfum très-pro- féier; quoi qu’il en soit, les Arabes paraissent l’avoir
noncé; le C. mascareigne que l’on tire des lies connu les premiers. L’usage en est devenu commun
Slaurice et Bourbon, à grain gros et plus allongé, dans tout l’Orient à partir du xv« siècle; mais il fal-
d’unjaunepluspâle,ayantpeud’odeur; le C.deslles lut encore deux siècles pour qu’il se répandît en Eu-
ou des colonies (Martinique, Guadeloupe, Guyane), rope. On en prit pour la première fois à Venise en
dont le grain est moyen d’une teinte verdâtre et 1615, et à Marseille en 1654. Le voyageur Thévenot
,
d’une saveur herbacée. On en tire aussi de Java (qui l’apporta à Paris en 1657 ; mais ce fut l’ambassadeur
égale presque le moka), de Sumatra, de Manille, ottoman Soliman-Aga qui le mit tout à fait à la mode
du Brésil, d'Haiti, de la Havane, de Porto-Rico, etc. en 1669. Les médecins dénoncèrent d’abord le café
Il y a beaucoup de choix dans le café il faut véri- : comme une boisson très-dangereuse; M“' de Sévi-
fier son origine, sa forme, sa couleur, et considérer gné déclara que c’était une mode qui passerait :
sa maturité son ancienneté, la manière dont il a malgré ces autorités, le café est aujourd’hui d’un
,
été conservé. Le café qui est ridé dénote qu’il a été usage presque général. A l’époque du blocus con-
récolté un peu avant d’être mûr, ce qui lui ôte de tinental, le prix du café devint si élevé qu’on es-
son prix. On
doit choisir le café dur, sec , sonore et saya de le remplacer à l’aide de végétaux indigènes,
lisse. On a remarqué que
le café devenait meilleur tels que la racine de chicorée sauvage, la châtaigne,
à mesure qu'il vieillissait. Le café mariné n’est que la scorsonère, le gland du chêne rouvre, l’églantier,
du café avarié, qui a été mouillé par l’eau de mer. la graine de mais , du petit houx , du pois-chiche,
La plus grande partie du café qui se consomme en le seigle, etc. ; mais, à l’exception de la chicorée,
r rance et en Europe vient des Antilles et du Brésil; qu’on mêle au café par économie , tous ces Cafés
le vrai café moka est très-rare, et ce français ont été abandonnés. On emploie encore
que l’on vend
sous ce nom n’est le plus souvent que du café de dans le midi de la France le café de seigle, mais
Java ou de Bourbon. comme rafraîchissant.
Considéré comme boisson le café n’est, comme CAFÉS, lieux publics où l’on va prendre le café.
,
on sait, qu’une infusion ou une décoction faite avec Dès 1554 il y avait des cafés publics à Constanti-
les grains de café torréfiés et moulus. Sa prépara- nople. Le premier café établi à Paris fut ouvert à
tion exige de grands soins les amateurs doivent
: la foire Saint-Germaiin en 1672 par l’Arménien Pas-
porter également leur attention sur la torréfaction cal. Peu de temps après, Grégoire d’Alep et le Flo-
du grain , sur le moulinage, sur l’infusion. La tor- rentin Procope en établirent un autre rue des Fossés-
torréfaction doit s’opérer dans de grands cylindres St-Germaiu ce : café, alors voisin de la Comédie-Fran-
en fer battu et bien fermés, au moyen d’un bois çaise devint bientôt le rendez-vous des auteurs et
,

très-sec, qui ne répande aucune odeur on a soin ;


des critiques. Depuis, les cafés, dont le nombre aug-
de tourner constamment le cylindre afin que toutes mentait tous les jours, firent abandonner les caba-
les graines subissent également l’action de la cha- rets, et l’on vit s’ouvrir successivement une foule
leur ; on arrête l’opération quand les graines devien- d’établissements de ce genre, parmi lesquels on re-
nent luisantes. Le moulinage se fait le plus ordi- marquait à Paris ; le C. Manouri sur le quai de
nairement dans l’intérieur de chaque ménage au l’École, autre lieu de réunion pour les beaux esprits ;
,
moyen de petits moulins à bras; on préfère les mou- le C. ae la- Régence fondé en 1718, rue Saint-
lins à café perfectionnés de M. Frédéric etdeM.Gol- Honoré (en face du Palais-Royal), si fameux par
denberg la poudre obtenue doit être égale et un peu
: ses joueurs d’échecs; le C. Foy, au Palais-Royal,
fine, afin que l’eau en enlève facilement les principes qui, dès le commencement de la Révolution, de-
solubles. Quant à l’infusion que l’on regarde vul-
,
vint un véritable club ; le C. de Momus, où se ré-
gairement comme l’opération la plus importante, on unissaient les chansonniers, etc. Aujourd'hui , on
a imaginé comme à l’envi, pour l’exécuter, nombre compte à Paris et dans toutes les villes de Franco
d appareils plus ou moins ingénieux, plus ou moins et d’Europe des milliers de cafés rivalisant de luxe
économiques {Voy. cafetière). En même temps — et d’élégance on y vend , outre le café, toute es-
;

qu elle flatte l’odorat et le goût par son arôme suave, pèce de rafraîchissements, glaces, limonades, biè-
la liqueur fournie par le café est éminemment toni- res, liqueurs, thé, chocolat; etsouvent, pour attirer
que ; elle accélère la circulation du sang favorise la le public, on y réunit aux objets de consommation
,
digestion, active les fonctions du cerveau, dispose à la la musique, le chant, le spectacle.
gaîté , réunissant ainsi quelques-uns des bons effets CAFÉIER, CAFÉYER ou CAFiER, Coffett Arabica,
de 1 alcool et de l’opium mais son excès surexcite le arbrisseau toujours vert, de la famille des Rubiacées,
;
, , ,
,

CAGE — 234 - CAIl


qui atteint jusqu’à 10 m. de hauteur, et dont la la Balue. Le duc d’Orléans (Louis Xll) fut, dit-oc,
cime pyramidale oOre un aspect fort agréable. Ses renfermé dans une de ces cages par la dame de
feuilles oblongues, pointues, ondulées aux bords, Beaujeu. Tamerlan, après avoir vaincu Bajazet, sultan
sont d’un -vert luisant ; ses fleurs sont blanches et ré- des Turcs, le fit traîner à sa suite dans une cage de fer.
pandent un parfum délicieux ; sa baie, d’un rouge CAGOTS, CAGüEOx ou caqueox, race dégénérée et
vermeil, a la forme d’une cornouille et renferme abâtardie , répandue dans quelques parties de la
deux graines accolées face à face et qu’on appelle France. Voy. le Dict. xiniv. d’Hist. et de Géogr.
communément grains de café'. On en distingue plu- CiUllER. On appelait autrefois en France Cahiers
sieurs variétés qui donnent des produits de qualités des États, ou simplement Cahiers, les Mémoires con-
fort différentes [Voy. ci-dessus café, grain). — Le ca- tenant les demandes, propositions ou remontrances
féier paraît être originaire d’Abyssinie; il aurait été adressées au roi par les députés du clergé, de la no-
transporté , vers le milieu du xv' siècle, dans les blesse et du tiers, réunis en Etats généraux. L’ori-
montagnes de l’Yémen, où il s’est comme natu7-alisé. gine de ces cahiers remonte aux Etats de 1355 ; ils por-
11 fut introduit en Hollande vers la lin du xvii^ siè- taient d’abord le nom de cédules, et prirent celui de
cle, et de là en France, en 1714. En 1720, Declieux Cahiers en 1363. un résumé des C. des bail-
C’était
planta à la Martinique le premier pied de caféier, liages, instructions écrites que chacun des trois ordres
et en peu d’années la culture s’en propagea dans remettait à ses mandataires dans chaque bailliage
toutes les Antilles il en a été de même dans les îles
;
ville ou sénéchaussée, en les envoyant aux États.
de l’Océan Indien. Depuis la conquête de l’Algérie, On appelle Cahier des charges, l’acte dressé en vue
on a essayé d’y cultiver le caféier, mais il ne parait d’une vente ou adjudication publique, et qui con-
pas qu’on ait encore obtenu des résultats importants. tient les principales conditions que doivent accepter
CAFÉINE, THÉINE ou GUARANiKE, alcali Organique les adjudicataires. —Toutes les ventes judiciaires se
contenu dans les grains de café, dans le thé et dans le font sur un cahier des charges dont la forme est ré-
guarana (espèce de pâte tonique et astringente que les glée par le Code de procédure (art. 697-987), et par
Guaranis du Brésil préparent avec les semences d’un le Code de commerce (art. 564); pour les adjudica-
arbrisseau grimpant, le Paullinia sorbilis, et qu’ils tions administratives, le cahier des charges est rédigé
emploient pour combattre la dyssenterie, les réten- par l’administration elle-même.
tions d’urine et d’autres maladies). La caféine cris- CAIC, espèce d’embarcation. Voy. CAiQüE.
tallise en longues aiguilles soyeuses, incolores et CAID ou KAîD, nom donné dans les États barba-
amères. Elle a été découverte par Runge , en 1820, resques à un officier public qui cumule les fonctions
et étudiée par Pelletier et Robiquet, en 1821. de juge, de commandant, de recevcurdescontribu-
CAFE’TIÉRE. Il y a plusieurs sortes de cafetières; tions,etc. La France a maintenu en Algérie l’institu-
les principales jont la C. à la De Bellay, formée de
: tion desCaids, mais en s’en réservant la nomination.
deux vases en fer-blanc superposés et entrant l’un CAIEU ou CAYEU, Bulbulus. Voy. bulbe.
dans l’autre; le vase supérieur porte à son fond un CAILLE, Coturnix, oiseau de passage de la fa-
filtre en fer-blanc percé d’une infinité de petits trous
;
mille des Gallinacées propres et du genre Perdrix,
il reçoit sur ce filtre le café en poudre,
que l’on tasse a beaucoup d’analogie avec la perdrix par son orga-
avec un fouloir; on verse ensuite l’eau bouillante sur nisation et ses habitudes, et n’en diffère que par sa
cette poudre à travers un grillage, et le vase inférieur taille plus petite, l’absence de sourcils rouges et de
reçoit le produit de la filtration; — la C. d sifflet, l’éperon qui orne la patte de la perdrix mâle, et
aussi en fer-blanc, dans laquelle le café se fait tout aussi par son cri qui est bien connu. — Les cailles
seul ; dans une partie de l’appareil se met l’eau froide
;
sont originaires des contrées chaudes du globe ; elles
une boîte percée des deux côtés contient la poudre arrivent en Europe au printemps et émigrent aux
de café ; une troisième pièce reçoit le produit de approches de l’hiver; mais jamais on ne les a vues
l’opération le tout est placé sur une lampe à es- arriver ni partir, ce qui a donné naissance à mille
;

prit-de-vin lorsque l’eau entre en ébullition, la va-


; contes absurdes répandus dans le vulgaire. — La
peur, puis l’eau, pénètrent le café, et l’on obtient Caille commune, la seule espèce qui vienne en Eu-
ainsi une infusion excellente : un petit sifflet adapté rope, est peu sociable et vit isolée au milieu des
au bec de la cafetière avertit du moment où ia va- champs ; elle court avec agilité et vole rarement ;
peur commence à se produire. — On a récemment elle a environ 19 cent, de long et 32 d’envergure ; ses
inventé une cafetière ingénieuse qui se compose de ailes sont très-courtes, ainsi que sa queue ; celle-ci
deux ballons de verre superposés; le ballon infé- est courbée en dessous et fait suite à son dos
rieur reçoit l’eau froide ; le ballon supérieur lapoudre comme celle de la perdrix. Toutes les plumes de la
de café; un tube de verre, muni d’un petit filtre à partie supérieure de son corps ont chacune, au mi-
sa partie moyenne, établit la communication entre lieu, une ligne longitudinale jaunâtre; tout le reste
les deux ballons et vient affleurer l’eau. On chauffe du corps est varié de gris et de roux obscurs , ex-
celle-ci avec une lampe et dès que l’ébullition a
,
cepté la gorge et le ventre, qui sont blanchâtres.
commencé, la pression de la vapeur force l’eau bouil- Le mâle de la caille est polygame ; les femelles pon-
lante à monter dans le ballon supérieur; on éteint dent 15 ou 16 œufs bariolés de brun sur un fond
alors la lampe, et l’on voit redescendre le café tout jaune. La caille est un mets estiiivé; elle est généra-
préparé. On préconise également la C. Morize, la lement fort grasse au commencement de l’hiver; sa
C. Lemare, la C.à filtre et pression de MM. Grandin chair diffère peu de celle de la perdrix. —L’ile de
et Crépaux, la C. à filtre et à vapeur de M. Gandais, Caprée, à l’entrée du golfe de Naples, se couvre de
la C. Capy etc. Ou trouvera une description dé- cailles au mois de septembre; l’évêque de File, qui
taillée des diverses sortes de cafetières dans le Ma- perçoit la dîme sur le commerce qu’on en fait, en
nuel du Limonadier, 1851. tire, dit-on, un revenu considérable, ce qui le fait
CAFTAN ou CAFETAN, espèce de robe ou de pe- appeler Xévêque des cailles. — On prend ordinaire-
lisse en étoffe plus ou moins riche, doublée de zi- ment les cailles avec des appeaux ; on les attire en
beline, de martre ou d’autres fourrures précieuses, imitant la voix de la femelle; on les chasse égale-
que le Grand Seigneur et plusieurs autres souverains ment au fusil. — Les cailles ont le caractère natu-
de l’Orient distribuent, dans les jours de solennité, rellement querelleur; les anciens en avaient fait
à leurs principaux officiers et même aux ambassa-
,
un sujet d’amusement et se passionnaient pour les
sadeurs étrangers. combats de caille tout autant que pour les combats
CAGE (du latin cavea prison). On sait que de coqs. On a aussi reconnu dans cet oiseau plus de
Louis XI fit construire des cages de fer dans lesquelles chaleur naturelle que dans la plupart des autres d’où
;

iltint enfermés ses ennemis, entre autres le cardinal le proverbe chaud comme une caille.
.

Outre la
,, , ,

CAIM — 235 — CAJE


Caille cy^mune, les principales espèces sont : la répond, en général, à celle de lieutenant ou de
C. à ventre perlé, la C. australe, la C. à fraise, la vicaire. On donne spécialement ce titre à deux of-
C. gorge blanche, la C. binne, la C. des bois.
à
— ficiers supérieurs qui font partie du divan; l’un ré-
Les espèces exotiques habitent ordinairement l’Asie, side à Constantinople, dont il est comme le gouver-
les îles de la mer des Indes, de l’Océanie et de l’A- neur, et l’autre accompagne partout le grand vizir
frique; on n’en connaît point en Amérique ; l’oiseau dont il est le lieutenant.
ijü’on appelle Caille d’Amérique appartient au caïman , espèce de crocodile. Voy. alligator et
groupe des Colins. Voy. colin. CROCODILE.
CAILLEBOT, nom vulgaire du Viorne Obier. CAIQUE ou CAïc (de Tital. caïeco, même signif.).
CAILLEBOTTIS , nom donné, dans la Marine, à Ce mot désignait autrefois l’esquif qui servait une
une espèce de grillage ou de treillis fait de petites galère. Aujourd’hui , on donne ce nom à de petits
lattes légères, dont on recouvre les écoutilles il sert ;
bâtiments en usage dans le Levant, ainsi qu’à de
à donner de l’air et du jour aux entre-ponts. petites barques armées dont se servent les forbans
CAILLE-LAIT, nom vulgaire du Gaillet, appelé de l’Archipel et de la mer Noire.
caille-lait parce qu’on supposait à l’une de ses es- Le nom de cdique est aussi donné à des chaloupes
pèces, le gaillet jaune, la propriété de faire cailler le canonnières portant un canon à l’arrière et une ca-
lait, supposition qui n*a rien de fondé. Le seul usage ronade à l’avant. On en a vu beaucoup au siège de
de cette plante est de colorer en jaune le beurre et Cadix par les Anglais, en 1797, et dans la flottille
le fromage. de Boulogne, en 1803.
CAILLETTE [àe cailler, parce que chez les jeunes CAISSE (du latin capsa. dérivé lui-même du grec
animaux on y trouve la prÉiawre qui sert à faire cailler capsa, étui, boite, cassette). Après avoir désigné un
le lait), nom qu’on donne au 4® estomac des ani- cofï're destiné à renfermer des marchandises, ou,
maux ruminants : il vient après le feuillet ou 3® es- plus spécialement, de l’argent et des valeurs, ce mot
tomac, et communique avec l’intestin par Toriüce s’est dit, par extension, du lieu où est placée la caisse,
pylorique. La caillette est le véritable estomac des de tout bureau où se reçoivent et s’effectuent des
ruminants tant que l’animal tette encore, c’est le
;
payements ; enfin de certains établissements de fi-
seul qui soit développé. nances destinés à un service public ou privé; teUes
CAILLEU-TASSART, Cathoessus, Clupecyprinoi- sont : la C. d’amortissement la C. des dépôts et
des, nom vulgaire d’un poisson des Antilles, aussi consignations la C. du trésor, la C. d’épargne, la
nommé Savalle, et dont on a fait le genre Mégalope : C. de retraite pour la vieillesse, la C. des Inva-
c’est un genre de la famille des Cyprinoïdes , très- lides, la C. hypothécaire (Voy. amortissement, dé-
voisin des harengs. Les cailleux-tàssarts sont aussi pôts, etc.), la C. de Poissy, pour le commerce de la
délicats que la sardine, et sont fort recherchés. boucherie (Voy. boucherie), etc.
CAILLOU (du latin calculas), nom vulgaire des Dans la Marine, on appelle Caisse à eau une caisse
pierres siliceuses qu’on trouve errantes à la surface ayant en général la forme d’un cube et servant à
de la terre ; leur forme arrondie vient soit de leur contenir Teau douce. Autrefois on renfermait Teau
mode de formation, soit d’un long frottement. — dans des barriques de bois on n’emploie plus de-
;

En Géologie , on nomme cailloux roulés les frag- puis plusieurs années que des caisses en fer battu.
ments arrondis de quartz, de silex, et en général de Ces caisses, d’un usage excessivement commode, ont
toute roche dure, qui forment ces dépôts diluviens été inventées en 1808 par l’Anglais Dickenson.
que l’on remarque dans beaucoup de plaines, telles En Horticulture, on nomme caisse un coffre ouvert,
que celles de Boulogne etdeClichy, près Paris; de de forme ordinairement carrée, et rempli de bonne
la Crau, dans les Bouches-du-Rhône, et du Nord de terre qui sert à recevoir les arbustes ou les plantes
l’Allemagne , où ils sont accompagnés d’énormes d’orangerie, d’une certaine valeur et d’une certaine
blocs de roche entraînés des montagnes de la Suède dimension; et Caisses à semis, des caisses plus longues
et nommés blocs erratiques. Ces fragments, agglo- que larges, destinées aux semis des plantes étran-
mérés à l’aide d’un ciment siliceux ou calcaire, for- gères qui ne peuvent être faits avec succès en pleine
ment les poudingues et même certaines brèches. terre , et qui ont besoin de recevoir alternativement
On appelle galets les cailloux roulés qu’on trouve des expositions diverses.
sur les plages de la mer et dans le lit de certains fleu- Dans la Musique militaire, on donne le nom de
ves, comme le Rhône et le Rhin le sable et le gra- caisse au tambour, ainsi qu’à plusieurs instruments
;
vier ne sont eux-mêmes que des cailloux roulés, ré- analogues. Ainsi on distingue le tambour propre-
:

duits par letemps en fragments excessivement petits. ment dit, la caisse roulante et la grosse caisse. Le
— On donne aussi le nom de caillou à plusieurs cylindre du tambour ou caisse ordinaire est en cui-
fragments de roches susceptibles d’un beau poli et vre', celui de la caisse roulante est en bois, et plus
employés en bijouterie ; ainsi on appelle 1® C. ou : long que large; la grosse caisse est une espèce de
diamant d'Alençon du quartz hyalin enfumé et gros tambour dont le son est plus grave et moins fort
quelquefois noir, qui occupe les cavités du granit que celui des caisses de marche, et qui ne sert, ainsi
aux environs de cette ville 2» C. d’Égypte, un beau
;
que la caisse roulante, que dans la musique militaire.
jaspe zonaire offrant des espèces d’herborisations, Caisse ou tambour. Le chirurgien Fallope a ap-
et qui se trouve sur les bords du Nil; 3® C. de Mé- pelé ainsi la cavité qui renferme les osselets de l’ouïe,
doc, de Bristol, de Cayenne et du Rhin, des mor- parce qu’on l’a comparée à un tambour ou caisse
ceaux de quartz hyalin ou de cristal de roche roulés ; militaire, à raison de la membrane sur laquelle
4 ® C. de Rennes, une réunion de petits fragments de viennent frapper les sons.
quartz jaspé, tantôt rouges, tantôt jaunes, à ciment CAISSON (de caisse), nom donné, dans l’Artille-
siliceux et lin. rie, à un chariot fermé par un couvercle à char-
On nomme cailloutage un ouvrage fait de cailloux nières ,
ayant une fourragère par devant , et par
agglomérés avec du ciment ou du plâtre. On fait des derrière une auge, et qui sert à transporter les mu-
chemins en cailloutage [Voy. macadamisage); on nitionsde guerre. Un caisson de poudre peut contenir
construit des murs en cailloutage contenu de distance 750 kilogr. Il y a aussi des caissons d’ambulance, de
en distance par des assises de pierres enlin on orne
;
vivres , etc.
quelquefois les jardins avec des grottes ou autres ou- En Architecture, on appelle caisson les comparti-
vrages en cailloutage, artistement construits à l’aide ments symétriques et renfoncés qui divisent un pla-
de cailloux de diverses couleurs. fond ou une voûte. On borde les caissons avec divers
GAIMACAN (de l’arabe kdim makâm, qui tient la ornements, et on place au milieu une rosace.
place d'un autre), dignité de l’empire ottoman qui CAJEPUT (huile de) ,
decajuputa, nom malais
, , , , ,

CALA 236 — CALA


de cette substance, huile yolatile extraite par la menthe), Melissa calamintha, espèce du genre Mé-
distillation dés feuilles et des rameaux d’un arbuste lisse,à fleurs pourpres, à calice bilabié et en grappes
des îles Moluques , le Melaleuca Cajeputi, de la fa- terminales, s’emploie en médecine comme stoma-
mille des Myrtacées. Elle a une odeur pénétrante et chique.
vive qui rappelle celle delà térébenthine, du cam- CALAMINE ou pierre calaminaire, nom donné
phre, de la menthe poivrée et de la rose; elle est so- par les minéralogistes aux minerais composés de sili-
luble dans l’alcool et l’éther sulfurique; elle est d’un cate ou de carbonate de zinc. Voy. zinc et cadmie.
vert bleuâtre, à cause du cuivre qu’elle contient, et CALAMITE (du grec ca/awè, roseau), nom donné
qui provient des vases dans lesquels la plante a été à des végétaux fossiles qui appartiennent aux ter-
distillée. L’huile de cajeputeststimulante, sudorifique rains houillers, et qui présentent des tiges simples,
et antispasmodique on l’a employée contre le choléra
: articulées, marquées de stries longitudinales et ré-
et contre les fièvres intermittentes pernicieuses. gulières , semblables à des tuyaux réunis. On peut
CAKILE (nom arabe), petit genre de la famille les ranger dans la famille des Prêles [Voy. ce mot).
des Crucifères, renferme des plantes charnues dont — On donne encore le nom de Calamite : 1® à une
l’espèce la plus commune en Europe est le Cakile des sorte de marne ou d’argile blanche qui a la pro-
sables, qui abonde dans les environs de Boulogne- priété d’attirer la salive quand on la met dans la
sur-mer, et que l’on brûle pour en retirer de la soude. bouche; 2® à une espèce de crapaud olivâtre, avec
CAL (du latin calîum, même signification), nom une ligne jaune sur le dos [Voy. crapaud); 3® à la
donné, en Pathologie, à la cicatrice d’un ns fracturé. qualité la moins estimée de la résine appelée Storax
Les anciens, et parmi eux Galien, pensaient que la ou Styrax (F. styrax) 4® aux pierres calaminaires.
;

réunion des fractures se faisait par l’intermède d’une CALAMUS, nom latin du Roseau. En Botanique,
matière collante appelée suc osseux ou lymphe coa- on a donné le nom de C. aromaticus à une plante
gulable, qui s’épan.chait dans les fragments, acqué- aromatique du genre Acorus [Voy. ce mot), et de
rait de la consistance, et servait à les réunir. La C. Alexandrinus â YAndropogonNardus [Voy.kis-
véritable nature du cal n’a été reconnue que de nos dropogon). —
En Anatomie, on nomme C. scrip-
jours par Dupuytren. D’après ses observations con- torius (plume à écrire) la fossette angulaire du qua-
,
firmées par MM. Villermé, Breschet et Miescher, il trième ventricule du cerveau, parce qu’elle ressemble
a été démontré que dans la formation du cal on ob- à une plume taillée pour écrire.
serve : l» l’épanchement d’une certaine quantité de CALANDRE, Calandra, genre d’insectes Coléop-
sang et surtout d’un suc visqueux analogue à la tères tétramères , forme un des groupes principaux
lymphe plastique que sécrètent les lèvres d’une plaie de la famille des Curculionides ou Charançons , et
récente 2» l’épaississement graduel de ces liquides;
; est surtout connu par les ravages que ses larves
3» un gonflement inflammatoire qui se manifeste occasionnent dans les greniers où l'on conserve les
dans le périoste et les parties molles dont les mailles récoltes. Il a pour caractères principaux une trompe
:

sont quelquefois envahies par l’ossification; 4“ le ré- cylindrique, longue, un peu courbée; une bouche
trécissement de la cavité médullaire, le ramollisse- petite, munie de mandibules dentelées, de palpes
ment du bout des fragments, et le dépôt, dans leur coniques et presque imperceptibles; les pattes fortes
intervalle et dans la cavité centrale de l’os, d’une avec les jambes pointues ; l’abdomen terminé en
matière plastique , semblable à celle qui s’était dé- pointe; le corps allongé, elliptique et très-déprimé
posée dans les parties molles; 5“ la condensation de en dessus; ces insectes ont la démarche lente. On en
cette matière, son organisation vasculaire, et son distingue plusieurs espèces les unes vivant dans les
:

passage de la consistance glanduleuse à celle des graines et les semences, comme la C. du blé [Cur-
tissus fibreux, cartilagineux et osseux. C’est là ce culio granarius], malheureusement trop commune
qu’on appelle le premier cal ou cal provisoire et dans nos contrées, et la C. du riz [Curculio oryzcé),
ce travail se termine du 50« au 60® jour. Ensuite la dont les ravages ne sont pas moins redoutables; les
substance de ce cal, d’abord pleine, se creuse peu à autres dans l’intérieur des tiges ou des racines, comme
peu au centre par résorption ; la cavité médullaire la C. palmiste [Curculio palmarum) qui vit dans
se rétablit ;
le cal diminue de volume et devient la moelle du palmier, et qui a quelquefois 6 centim.
plus solide , tandis que les muscles et le tissu cellu- de long les indigènes de la Guyane la font griller
:

laire reviennent à leur état primitif le cal définitif


; et la mangent ; et la C. raccourcie qu’on trouve en
est alors formé ce second travail est ordinairement
;
Afrique, en Sibérie et quelquefois eu Europe , dans
.

terminé après le 4® ou le 5® mois. Voy. fractures. plusieurs espèces de roseaux. On regarde celle-ci
CALADION (de l’égyptien kelady gouet comes- comme le type du genre. Voy. charançon.
tible), genre de la famille des Aroidées plante her-
,
CALANDRE, espèce d’alouette. Voy. alouette.
bacée et parasite, dont on mange deux espèces, le Dans l’Industrie, on nomme Calandre (du grec
C. succulent ci le C. hasté ou Chou caraïbe. culindros, cylindre) une machine cylindrique dont
CALALOü, sorte de potage en usage dans les co- on se sert pour calandrer les draps, les toiles et les
lonies des deux Indes, a pour base la décoction du étoffes, c’est-à-dire pour les presser et les lustrer, au
fruit de la Ketmie esculenta et d’herbes cuites, moyen d’un apprêt qu’on appelle parement. La ca-
comme la Morelle à fruit noir, les Amarantes verte landre fut introduite en France par Colbert; elle a
et blanche. On y ajoute du poivre long, du girofle, etc. été cousidérablemoot perfectionnée de nos jours.
CALAMAGROSTIS (du grec calamagrostis, même CALAO, en latin, Bucerus, c.-à-d. corne de bœuf,
signification), genre de la famille des Graminées et genre de Passereaux de la famille des Syndactyles
de la tribu des Arundinacées. La C. des sables, de Cuvier, se fait remarquer par un bec très-long et
vulgairement Roseau des sables, plante vivace, à très -gros que surmonte une protubérance cornée
racines très -longues et traçantes, jouit de la pro- qui s’accroît avec l’âge ils ont les pieds courts, forts,
;

priété de fixer les masses de sables mouvants. Aussi musculeux , à plante élargie, et les ailes médiocre-
les peuples du Jutland et de la Zélande la sèment- ment longues. Les Calaos sont des oiseaux tristes et
ils en lignes très-serrées, pour opposer une barrière taciturnes qui vivent en bandes nombreuses, et qu’on
aux sables déposés par l’Océan. Cette plante sert trouve aux Indes et en Afrique. Leur vol est lourd
aussi d’engrais et de fourrage pour les bestiaux. et de peu de durée. Us se nourrissent indifféremment
CALAMBOUR , variété de bois d’aloès, de couleur de vers, d’insectes , de petits quadrupèdes, de grai-
verdâtre et très-odorant, se tire des Indes, et sert à nes, de fruits, etc. Une espèce particulière aux lies
faire des chapelets et des ouvrages de marqueterie. Moluques ne mange que des muscades, ce qui donne
GALAME, Calamus. Voy. calamus. i â sa chair un goût très-agréable.
CALAMENT (du grec calos, beau, et mintha. CALAPPE , Calappa genre de Crustacés déca-
, , , , , ,

CALC 237 — CALC


podes, de la famille des Brachyures, est formé aux deux petites tubérosités où s’attachent les muscles
dépens du grand genre Crabe, et a pour type le Ca- superficiels de la plante du pied. — Ou nomme aussi
lappe granulé, autrement dit Crabe honteux ou Coq calcanéum l’os du jarret du cheval.
de mer, qu’on appelle Migrane ou Migraine en CALCÉDOINE (du nom de la ville de Chalcédoine
Languedoc et en Provence il est fort bon à manger.
: en Bithynie, près de laquelle les premières calcédoines
CALATHE (du grec calathos, corbeille), genre ont été trouvées), substance quartzeuse d’une trans-
d’insectes Coléoptères pentamères, de la famille des parence nébuleuse, d’une couleur blanche, blonde
Carnassiers, tribu des Carabiques, a les crochets des ou bleuâtre, mêlée d’une teinte laiteuse, et qui cris-
tarses fortement dentelés en dessous. Ces insectes sont tallise en rhomboïdes. Elle est regardée comme une
de moyenne taille, très-vifs et généralement de cou- variété à’ agate [Voy. ce mot). On la trouve commu-
leurs sombres. On les trouve communément courant nément dans les terrains secondaires et tertiaires le :

à terre, ou couchés sous les pierres, les végétaux, les plus estimées viennent de l’Islande et des îles Féroë;
écorces, etc. Le C. cistéloïde, commun à la France on appelle Calcédoines orientales celles dont la pâte
et à la Perse , est le type du genre. est très-fine et l’intérieur comme pommelé. Les cal-
CALATHIDE (du grec calathos, corbeille). Ce mot, cédoines fines sont employées à faire des coupes, des
qui est synonyme de capitule et à’involucre, a été tabatières des cachets et d’autres objets de luxe
,

employé par le botaniste Henri de Cassini pour dési- CALCÉOLAIRE (du latin calceolus soulier,
gner l’inflorescence des Synanthérées (laitue, centau- par allusion à la forme de la corolle des fleurs)
rée, chardon, etc.).— L’involucre prend le nom deca- genre de la famille des Scrofulariées, tribu des Ver-
lathidi flore lorsqu’il entoure un clinanthe chargé de bascées , plante annuelle , indigène du Chili et du
fleurs sessiles ou presque sessiles. — Enfin, on nomme Pérou. On en cultive dans les jardins d’Europe une
calathidiphorc (du gr. porter) la partie, com- vingtaine de variétés à fleurs gracieuses, nuancées
munément hérissée de poils , qui , dans les Synan- de jaune , de blanc et de pourpre.
thérées, porte les calathides du capitule. CALC’ÉOLE (du latin calceolus petit soulier),
CALCAIRE (du latin calx, chaux). En Minéralo- genre de coquilles fossiles, de la famille des Térébra-
gie, on donne cette épithète à toutes les roches qui tules , de l’ordre des Brachiopodes ce sont des co-
:

sont essentiellement composées de chaux carbonatée. quilles épaisses, équilatérales, très-inéquivalves, tri-
Les géologues appellent formation calcaire l’ensem- angulaires. On en distingue trois espèces : la C. hé-
ble de tous les calcaires qui se sont déposés depuis téroclite la C. sandaline et la C. élargie, toutes
les temps historiques, et qui se déposent encore au- trois trouvées en Allemagne.
jourd’hui dans les cavités de la terre ou au fond de CALCINATION (du latin calx, chaux), se dit, en
certaines eaux. Les calcaires les plus importants sont : Chimie, du traitement d’une substance quelconque
1“ la Marbres, qui comprennent les nombreuses va- par le feu. Dans la plupart des cas, ce traitement
riétés employées pour la statuaire, pour la décoration se fait au contact de l’air, et a pour effet de modi-
dos édifices et pour l’ameublement tantôt les marbres
: fier la nature chimique de la substance qui le subit.
sont colorés uniformément en noir, comme ceux de Si cette substance est un métal , celui-ci perd son
Dinan, de Namur, des Hautes-Alpes; ou en rouge, brillant, et se transforme en une poudre diverse-
comme la griotte d’Italie qu’on exploite près de. ment colorée, suivant nature du métal. Cette
la
Narbonne; ou en jaune, comme lu jaune de Sienne; poudre portait autrefois le nom de Chaux métallique
tantôt leurs couleurs sont disposées par veines ou (de là le nom de calcination) ; aujourd’hui on l’ap-
par taches nuancées ; souvent ils sont formés de frag- pelle oxyde. Elle est le résultat de la combinaison
ments de diverses teintes réunis par un ciment cal- de l’oxygène de l’air avec le métal. Un très-petit
caire; on leur donne alors le nom de brèches ou de nombre de métaux, l’argent, l’or, le platine, etc.,
hrocatelles{Voy. ces mots); enfin, ils sont quelque- résistent à cette action de l’air par la calcination.
fois uniquement composés de coquilles brisées; ils CALCITRAPA. Voy. chausse-trappe et centaurée.
portant alors le nom de lumachelles (de l’italien Ivk- CALCIUM (du latin calx, chaux), corps simple
rnacha, limaçon) ; on trouve les marbres dans pres- métallique contenu dansles calcaires. lia la couleur
que toutes les chaînes de montagnes; les plus connus jaunâtre et l’éclat du métal des cloches ; il est très-
et les plus employés sont ceux d’Italie de Belgique ductile. Sa densité est de 1,584. Il s’oxyde rapide-
,
et de France {Voy. marbre)
;

2“ le C. lithogra- ment à l’air humide ; il s’oxyde subitement au con-
phique, qui remplit pour la lithographie le même tact de l’eau, qu’il décompose. Le calcium a été dé-
office que les planches de cuivre employées à la gra- couvert en 1807 par Seebeck, et isolé par Humphry
vure ordinaire; les pierres les plus recherchées par Davy en 1808, au moyen de la pile. Voy. chaux.
les lithographes sont celles de Pappenheim sur les CALCUL (du latin calculas, petit caillou , parce
bords du Danube en Bavière on en trouve aussi en
: que les anciens se servaient de petits cailloux pour
France, particulièrement à Châteauroux (Indre), à calculer), ensemble des opérations qu’il faut faire
Belley (Ain), aux environs de Dijon, de Périgueui, à sur des nombres pour résoudre une question d’ari-
Montdardier près leVigan (Gard), etc. ; —
3» le C. thmétique ou d’algèbre. Le Calcul numérique est la
grossier, vulgairement appelé Pierre à chaux la même chose que l’Arithmétique. On étend le mot —
piei're à bâtir des Parisiens; il a une texture lâche, calcul à toutes les branches de la science des nombres
ordinairement un grain grossier, se laisse facilement qui emploient des procédés particuliers pour exécuter
entamer par les instruments tranchants, et n’est des recherches ou des opérations mathématiques.
point susceptible de recevoir le poli; —
4“ la Craie, C’est ainsi qu’on dit Calcul différentiel. Calcul des
:

variété de calcaire friable et très-tendre presque probabilités, etc. V. différentiel, probabilité, etc.
,
toujours blanche : c’est avec elle qu’on prépare le Eu Pathologie, on nomme Calculs les concrétions
blanc d’Espagne ou blanc de Meudon; elle forme pierreuses qui se forment dans certaines parties du
le sol de contrées entières
,
comme en Angleterre corps de l’homme' et des animaux. On rencontre
en Champagne, en Pologne, etc. Voy. chaux, craie. surtout les calculs dans les cavités destinées à con-
CALCANEIJM (de calx, talon), os court, situé à tenir des liquides; ils sont l’effet de la stagnation
la partie postérieure et inférieure du pied, et qui forcée de ces liquides, et sont formés d’un sédiment
faitpartie du tarse ; c’est lui qui soutient le poids du auquel du mucus concrété sert de lien. Les C. ar-
corps dans la station et la marche; sa forme est cu- thritiques (du grec arthron, jointure) sont des dépôts
bique et allongée. Cet os est articulé en haut et un mous et friables qui ont lieu dans les articulations
peu en devant avec l’astragale, en devant aussi avec des goutteux ; ils se composent généralement d’urate
le cuboide sa face postérieure donne attache au de soude. Les C. biliaires, qui se déposent dans la
;

tendon d’Achille ; l’inférieure présente en arrière vésicule biliaire, se composent de la matière colorante
,

CALE — 238 — GALE


do la bile ou de cholestérine; quand ils renferment maître d’équipage; les autres compartiments por-
ce dernier corps , on les reconnaît à leur texture cri- tent le nom de soute. Voy. ce mot.
stalline ainsi qu’à, leur fusibilité. Les C. intestinaux On nomme cale de construction un espace de ter-
se rencontrent dans les intestins de certains animaux rain sur le bord de la mer ou d’un bassin, que l’on
( Voy. bézoard) . Les C. urinaires ou vésicaux se for- a disposé en pente pour faciliter le lancement , et
ment dans la vessie, quelquefois dans les reins, rare- qui sert de chantier pour poser la quille des bâti-
ment dans les uretères ; c’est ce qu’on appelle vul- ments à construire ou à réparer; elle prend le nom
gairement la pierre; le plus souvent ils se composent de cale couverte quand elle est surmontée d’un toit.
d’acide urique; d’autres fois ils renferment des phos- On appelle cale flottante une espèce de ponton
phates de chaux, d’ammoniaque, de magnésie, etc. que Ton submerge en le chargeant de pierres, et
L’explication des calculs est encore très-obscure. sur lequel on assujettit le navire que Ton veut caré-
La formation de ces singulières altérations dépend ner ou radouber ; après quoi, en supprimant le poids
souvent de ce que la circulation d’un fluide dans la dont on Ta chargé , le ponton se démerge et le na-
filière qu’il est destiné à parcourir est plus ou moins vire se trouve monté sur une cale flottante et entouré
gênée ou suspendue. Aiu.si, l’étroitesse des canaux d’une grande plate-forme superficielle, qui permet
excréteurs, le défaut d’exercice, le séjour prolongé aux ouvriers de procéder à sa visite et à son radoub.
au lit, la rétention dans leurs réservoirs des fluides Les cales flottantes ont été inventées en Tan XI par
sécrétés, l’inflammation des organes sécréteurs, sont l’amiral Decrès^
des causes fréquentes de calculs. Un régime trop Les cales de quais sont des rampes construites en
animalisé, l’usage de vins trop généreux et surtout pente douce pour l’embarquement ou le débarque-
chargés de tartre, prédisposent à la formation des ment des marchandises, etc.
calculs. Souvent aussi un corps étranger quelconque, On donne encore le nom de cale à une peine af-
qui se sera introduit dans l’économie, ou bien un flictive en usage dans la marine et qui ne peut être
produit organique accidentel, comme un caillot ou infligée qu’en vertu d’un jugement ( décret du 22
un débris de fausse membrane, devient le noyau août 1790) ; elle consiste à hisser le coupable jusqu’à
d’une concrétion plus ou moins volumineuse. la hauteur de la grande vergue , et à le laisser en-
Le traitement à opposer aux calculs en général a suite tomber de tout son poids dans la mer, où il
pour objet d’opérer leur dissolu tion, de provoquer leur peut être plongé jusqu’à trois fois, selon la sentence.
expulsion ou de favoriser leur extraction, et de préve- Cette manière de donner la calé s’appelle cale sim-
nir leur retour. On a prescrit contre les calculs arthri- ple ou cale mouillée. Autrefois on donnait la cale
tiques, composés d’acide urique et d’urate de soude, sèche qui consistait à laisser tomber le patient en
les boissons alcalines qui saturent l’acide urique; le retenant à quelque distance de la surface de Teau.
on recommande aussi, comme diurétique, le vin de CALEBASSE, nom donné : 1“ aux fruits de di-
colchique ; — contre les calculs biliaires , les solu- verses Cucurbitacées d’Afrique et d'Amérique dont
tions de chlorhydrate d’ammoniaque, de soude, de les indigènes dessèchent le fruit pour en faire des us-
potasse, d’acétate de potasse et de savon les extraits
;
tensiles de ménage (Voy. courge) ; —
2“ au fruit d’un
ou les sucs de houblon, de saponaire, de fumeterre arbrisseau des Antilles, appelé vulgairement Cede-
;
les eaux de Vichy, de Plombières, de Balaruc, de bassier et connu des Botanistes sous le nom de
Contrexeville , etc. ; enfin, le remède de Duraude, Crescentie(yoy. ce mot) ; —
3“ au fruit du Baobab.

et les purgatifs ; contre les calculs urinaires, divers CALÈCHE (du polonais koless, petite voiture à un
dissolvants : si l’urine contient un excès d’acide uri- cheval) voiture de promenade à quatre roues, atte-
,

que, on emploie des alcalis; si, au contraire, elle est lée ordinairement de 2, et quelquefois de 4 chevaux.
saturée de sels calcaires ou magnésiens, on prescrit Le derrière de la calèche est muni d’une capote qui
les acides et surtout l’acide chlorhydrique. On a re- s’abat ou se relève à volonté et recouvre le siège du
noncé à introduire directement les dissolvants dans fond ; sur le devant est roulé un tablier qui , au be-
la vessie à l’aide d’une sonde, ainsi qu’à l’action de soin, peut garantir de la pluie la partie non couverte
la pile galvanique. La cystotomie ou taille, autre- par la capote. Dans l’hiver, ce tablier est remplacé
fois l’unique ressource contre ces calculs est rem- par un bâtis transparent qui se relie avec la capote.
,
placée aujourd’hui le plus souvent par la lithotritie. CALÈFACTEUR (du latin calor, chaleur, el fa-
Voy. TAILLE et LITHOTRITIE. cio, faire), appareil économique, inventé vers 1825
CALCULATEUR mécanique, dit aussi Machine à par le grammairien Lemare, consiste essentielle-
calculer et Machine arithmétique, machine ingé- ment en un foyer entouré d’une double enveloppe
nieuse inventée vers 1642 par Bl. Pascal, et consi- métallique remplie d’eau chaude, et d’une autre en
stant en un système de roues et de pièces diverses étoffe ouatée, que Ton place sur la première quand
au moyen desquelles des chiffres gravés effectuent, Teau chaude y a été versée, et qui retient les rayons
par un mouvement circulaire, les principales opé- caloriques ; on place à l’intérieur le vase qui con-
rations de l’arithmétique. Cette machine, que Pascal tient les objets à cui.'e ou à chauffer. On s'en sert
inventa à l’àge de 16 ans, ne sert que pour les ad- non-seulement pour ia cuisson des aliments, mais
ditions et les soustractions. Leibnitz l’a perfection- encore pour conserver de Teau chaude pour les bains
née. Voy. ABAQUE et ARITHMOMÈTRË. et autres usages domestiques.
CALE (du latin cala, dérivé du grec kdlon, bois, CALÉIDOSCOPE. Voy. kaléidoscope.
bûche), morceau de bois ou de toute autre matière CALEMBOUR ou calembourg , mot inventé vers
qu’on place sous un objet quelconque pour lui don- la fin du règne de Louis XV, et qu’on dérive des
ner de l’assiette , le faire tenir d’aplomb. mots italiens calumaio burlare (plaisanterie légère),
Dans la Marine, la cale est la partie la plus basse jeu de mots fondé sur une équivoque et le plus or-
de l’intérieur d’un bâtiment, c.-à-d. tout l’espace dinairement sur une similitude de sons, sans égard
compris d’un bout à l’autre du vaisseau au-dessous à l’orthographe. 11 était fort en vogue au siècle der-
du faux-pont ou du premier pont. La cale est divi- nier, et le marquis de Bièvre s’est fait une renom-
sée en plusieurs compartiments la cale à l’eau, dite
; mée par ses calembours; aujourd'hui généralement
aussi grande cale, qui contient l’eau destinée à la mal accueilli dans la bonne société, le calembour
consommation de l’équipage; la cale au vin, em- s’est réfugié dans les théâtres secondaires et dans
placement qu’occupe la cambuse dans les grands les petits journaux satiriques. On a dit, avec trop
bâtiments de l’État; l’archipompe, qui entoure les de sévérité, que «c’est l’esprit de ceux qui n'en
tuyaux ou corps des pompes; le puits aux boulets, ont pas; » on pourrait dire, avec plus de vérité, que
la fosse aux câbles, la fosse aux lions (corruption le calembour, plaisant quand il n’est pas prémé-
de fosse aux liens), qui contient les rechanges du dité, devient insupportable chez les gens qui en
, , , , ,

CALE — 239 — CALE


fout profession. — Le calembour remonte à une tait tous les deux ans un mois supplémentaire de
très-haute antiquité; les amphibologies de plusieurs 30 jours, nommé posidêon 2®. L’ordre des mois fut
oracles qui nous ont été conservées étaient de vrais plusieurs fois changé on avait d’abord commencé
;

calembours Aristophane chez les Grecs, Plaute et


:
l’année gamélion qui correspondait à décem-
Cicéron chez les Latins, nous en ont laissé un grand bre. — Le mois se partageait en 3 décades le l®r jour
;

nombre dans leurs écrits dans les temps modernes,


;
du mois s’appelait néoménie ou nouvelle lune.
Rabelais, Shakespeare et Molière n'ont pas dédai- 3®. Le C. des Romains, le C. Julien. Chez les Ro-

gné ce genre de plaisanterie; de nos jours, le célè- mains, l’année, qui n’avait eu d’abord, sous Romulus,
bre peintre Carie Vernet et le romancier Balzac ont que 10 mois (304 jours), fut portée à 12parNuma,qui
eu une grande réputation de calembouristes. lui donna 355 jours; mais, bien qu’ainsi réglée, la
Voici comme exemples deux calembours fort con- longueur de l’année n’avait réellement rien de fixe,
nus : M. de Bièvre ayant appris que le comédien Molé, non plus que le commencement des mois et des sai-
si connu par sa fatuité , était retenu au lit par une sons, parce que les pontifes , qui s’étaient réservé la
indisposition, s'écria : Quelle fatalité [quel fatalité) ! connaissance du calendrier, le dérangeaientsans cesse,
Invité par le roi Louis XVI à faire un calembour sur soit par ignorance, soit par négligence, ou par des
sa personne, le même personnage lui répondit aus- motifs politiques. Après divers essais, Jules César fit
sitôt : Ah ! sire , vous n'ètes pas un sujet. enfin adopter, l’an de Rome 708 (46 ans avant J.-C.),
CALENDES (du grec caléin, appeler), nom que la réforme que nous avons exposée au mot année
,
donnaient les Romains au premier jour de chaque et qui fixa la longueur de l’année solaire à 365 jours,
mois, parce que ce jour-là un des pontifes appelait auxquels on ajoutait tous les 4 ans un jour dit bis-
le peuple au Capitole pour lui annoncer les fêtes sextile. Le calendrier dressé d’après cette réforme
qu'il devait célébrer pendant le mois, et lui appren- est le Calendrier Julien. Il fut adopté , non-seule-
dre quel jour tombaient les noues et les ides [Voy. ment par les Romains, mais par tous les peuples mo-
ces mots). Après les ides, les Romains comptaient dernes, et maintenu, sauf les changements apportés
les jours en les rapportant aux calendes du mois par le christianisme, jusqu’à la réforme de Gré-
suivant; ainsi ils disaient la veille, l'avant- veille ou goire XIll. — Après divers changements dans le nom-
le 3®, le 4' jour avant les calendes, etc. (le jour bre, le nom et la disposition des mois, l’année ro-
même des calendes comptait pour un). Le nombre maine avait été définitivement divisée en 12 mois,
des jours ainsi comptés dépendait de la longueur du dont voici les noms et l’ordre Januarius, Februa-
:

mois, et du jour où tombaient les ides ; il variait de rius, Martius, Aprilis, Maïus, Junius, Quintilis ou
19àl6 ( F. ci-après calendrier). Les calendes étaient Julius, Sextilis ou Augustus, Septembcr, Ociober,
consacrées à Junon et considérées comme des jours de November, December; les noms numéraux des 6 der-
fête. Le payement des dettes était fixé aux niers rappellent l’époque où les Romains com»ieu-
calendes
de chaque mois. —
Les mois grecs n’avaient point çaient l'année par le mois de mars. Chaque mois
de calendes ; de là le dicton vulgaire : renvoyer aux ôtait divisé en parties inégales par les Calendes, les
calendes grec(^es, pour dire renvoyer indéfiniment. Nones et les Ides ( Voy. ces mots) : les Calendes en
CALENDRIER (en latin calendarium, dérivé lui- étaient le 1er jour ; les Nones tombaient le 5 ou le, 7,
même de calendes , catalogue ou tableau écrit de
)
selon que le mois avait 30 ou 31 jours, et, dans les
tous les jours de l'année rangés par mois avec deux cas, précédaient de 9 jours les Ides, qui tom-
, , la
division des mois en jours on baient alors le 13 ou le 15 ; les autres jours se comp-
y joint le plus souvent
;

certaines indications astronomiques, telles que taient à reculons avant les nones, avant les ides et
les
heures du lever et du coucher du soleil, l'entrée de
cet astre dans chaque signe du zodiaque, le commen-
avant les calendes. — Le calendrier romain, appelé
plus ordinairement indiquait, outre les jours
cement des saisons, les phasesde la lune, ainsi que celle des calendes, des nones et des ides, les jours fastes,
des époques fixées pour les actes religieux ou dans lesquels ou pouvait rendre la justice; les jours
civils.
Le calendrier, n'étant que le tableau de l'année, a néfastes, où les juges ne pouvaient siéger ; les jours
nécessairement varié chez chaque peuple selon les de marché (indiqués au moyen des lettres dites nun-
,
diverses fonnes données à l’année; ces diverses formes di/iales), les jours consacrés à chaque divinité, ou
ont été expliquées à l’article année. Les marqués par quelques événements d’un intérêt pu-
calendriers
qu il nous importe le plus de connaître sont : blic ; il contenait, en outre, diverses indications as-
1®. Le C. des Israélites. Leur année tronomiques.
était lunaire ;
elle se composait de 354 jours répartis 4°. Le C. Grégorien. Ce calendrier, fondé sur une
en 12 mois,
qui avaient alternativement 29 et 30 jours, savoir dernière réforme du calendrier exécutée sous Gré-
:

msan ou abib, 29 jours; iar ou ziv 30 jours; goire Xlll, et mise en vigueur à partir d'oct. 1682,
sivan ou siban, thanimouz, ab, eloul ou elol, tisri diffère du précédent en ce que l’on retrancha dix
ou aithanim , marschesvan, kusleu ou kislev, the- jours de l’année, qui, par suite de fractions de jours
bet , schebat ou sabath adar. Pour accorder cette négligées à l’époque de la réform.e julienne, se
,

année lunaire avec l’année solaire on intercalait trouvait en retard sur le cours des astres, et que
,
sept fois en 19 ans, un mois complémentaire de l’on convint qu’au lieu de faire invariablement cha-
29 jours, nommé véadar ou adar 2®. Le mois de ni- que quatrième année bissextile, on supprimerait trois
san commençait à l’équinoxe du printemps, et ré- années bissextiies sur400ans.7. ANNÉE(p. 71, col. 1).
pondait partie à mars, partie à avril; la Pâque se — On sait que les peuples chrétiens, tout en con-
célébrait dans ce mois, le 14 ou le 15. Outre cette servant les noms et l’ordre des mois des Romains
année, qui était l’année sacrée, les Israélites avaient ont rejeté leur manière de diviser le mois et ds
une année civile qui commençait par le mois de compter les jours qu’ils ont adopté la division is-
tif*'\, à l’équinoxe d’automne. —
Chaque mois se di-
visait en périodes do 7 jours ou semaines; le
;

raélite en semaines , et indiqué chaque jour du


samedi mois par son numéro d’ordre et par la fête ou le
était férié sous le nom de sabbat. saint auquel il est consacré dans ce calendrier, la
:

2®. Le C. des Grecs. Leur année était fixation de la plupart des fêtes est subordonnée au
i
également
lunaire, et se composait aussi de 12 mois altexnati- jour de Pâques ( Voy. ce mot). Souvent nos calendriers
f

I
vement de 29 et de 30 jours. Ces mois étaient ihé- donnent en outre quelques indications astronomi-
cqtombéon [qu'i commençait vers le milieu de juillet), ques, ainsi que le Comput ecclésiastique, les lettres
fnétagitnion boédromion, mémaklérion, pyanep-
, dominicales, etc. ( Voy. ces mots). On trouvera toutes
«o«, posidêon, gamélion, anthestérion élaphébo- ces indications de la manière la plus complète dans
,
lion, tnunychion, thargélion et la Connaissance des temps et dans l’Annuaire que
skirrophorion. Pour
accorder cette année avec l’année solaire, on ajou- publie chaque année le Bureau des longitudes.
, , , ,, , . , , ,

CALE — 240 — CALE


Le C. grec,
5®. C. russe. Ce calendrier n'est,
le yôse, Pluviôse, Ventôse; pour le printemps. Ger-
quant à la longueur de l’année, que l’ancien calen- minal, Floréal, Prairial; pour l’été, Messidor,
drier julien les Grecs ayant refusé d’adopter la ré-
: Thermidor, Fructidor. Chaque mois se divisait en
forme de Grégoire XIII , leur calendrier a conservé trois décades ou périodes de dix jours; lesnoms ordi-
tous les défauts que les autres peuples de l’Europe naux de ces dix jours étaient primidi, duodi, tridi, ;

ont corrigés ; par suite, ce calendrier se trouve en dés- quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi,nonidi,
accord avec celui de tous les autres peuples il est : décadi. Chaque jour dumois portait, au lieu d’un nom
aujourd’hui en retard de 12 jours , de sorte que ce de saint, celui d’un produit agricole, d’un animal ou
qui est pour eux le l®’’ janvier est pour nous le 13 d’un instrument utile à l’agriculture. Voici les noms
du même mois. des jours de la l^® décade de vendémiaire, 1®'' mois
Le C. républicain. Par un décret de la Con-
6®. de l’année républicaine 1. Raisin, 2. Safran, :

vention, daté du 5 octobre 1793, l’année civile fut di- 3. Châtaigne, 4. Colchique, 5. Cheval, 6. Balsa-
visée en 12 mois de 30 jours chacun, plus ^ jours mine, 7. Carotte, 8. Amarante, 9. Panais, 10. cüve.
complémentaires, appelés sans-culottides, qu’on Ce calendrier a été maintenu officiellement pendant
portait à six de 4 en 4 ans, et qu’on plaçait à la fin 13 ans ; mais il n’avait pas tardé à tomber en désué-
de l’année. Le commencement de l’année était fixé tude il fut définitivement aboli par un décret du
:

au 22 septembre à minuit (équinoxe d’automne) Par . 22 fructidor an XIII , et l’ancien calendrier fut ré-
une mesure rétroactive, le nouveau calendrier fut tabli à partir du 1®® janv. 1806 (11 nivôse an XIV).
supposé en vigueur à partir du 22 septembre 1792, Un grand nombre de lois et d’actes publics et pri-
époque de la fondation de la République. Des noms vés étant datés d’après le calendrier républicain, il
nouveaux étaient imposés aux mois et aux jours : a paru utile de donner ici un tableau au moyen du-
les noms des mois étaient, pour l’automne. Vendé- quel chacun pourra établir la concordance de ce ca-
miaire, Brumaire, Frimaire; pour l’hiver, M- lendrier avec le calendrier grégorien.

COISCORDANCE DES CALEINDRIEBS GRÉGORIEN ET RÉPUBLICAIN.


11 11
00 • os
0
0 -02.

MOIS (fictif).
II
S c» M
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.
9) s O ~ QO X. XI.
XII. xiir. XIV.
1793-94.
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^ cô
802-03. 1803-04.
1804-05. 1805-06.

RÉPDBLICAIKS. I AN Z Z O» 2: 55
»
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Vendémiaire, I". 22 sept.


.
22 S. 22 S. 22 S. 22 S. 22 S. 23 S. 23 S. 23 S. 23 S. 24 S. 23 S. 23 S.
Brumaire 1"... 22 OCt. 22 0. 23 0. 22 0. 22 0. 22 0. 25 0. 25 0. 25 0. 25 0. 24 0. 25 0. 23 0.
Frimaire 1"... 21 nov. 21 n. 22 U. 21 n. 21 n. 21 n. 22 n. 22 D. 22 n. 22 n. 25 ü. 22 n. 22 n.
Nivôse, 1'®... 21 déc. 21 d. 22 d. 21 d. 21 d. 21 d. 22 d. 22 d. 22 d. 22 d. 23 d. 22 d. 22 d.
Pluviôse I'®... 20 janv. 20 j. 21 j. 20j. 20j. 20 j. 21 j. 21 j. 21 j. 21 j. 21 j. 21 j.
Ventôse 1'®... 19 févr. 19 f. 20 f. 19 f. 19 f. 19 f. 20 f. 20 f. 20 f. 20 f. 21 20 f.
f.
Germinal, I'®. .. 21 mars. 21 m. 21m. 21 m. 21 m. 21 m. 22 m. 22 m. 22 m. 22 m. 22 m. 22 m.
Floréal 1*®... 20 avril. 20 a. 20 a. 20 a. 20 a. 20 a. 21 a. 21 a. 21 a. 21 a. 21 a. 21 a.
Prairial, 1'®... 20 mai. 20 m. 20 m. 20 m. 20 m. 20 m. 21 m. 21 m. 21 m. 21 m. 21 m. 21 m.
Messidor, 1'®... 19 juin. 19 j. 19j. 19 j. 19j. 19 j. 20 j. 20 j. 20j. 20 j. 20j. 20 j.
Tüermidor, 1'®... 19 juin. 19 j. 19j. 19j. 19j. 19 j. 20j. 20j. 20 j. 20 j. 21 j. 20 j.
Fructidor, 18 août. 18 a. 18 a. 18 a. 18 a. 18 a. 19 a. 19 a. 19 a. 19 a. 19 a. 19 a.
). complém., 17 sept. 17S.(6). 17 s. 17 s. 17 s. 17 s. (6) 18 S. 18 s. 18S. 18 S. (6) 18 s. 18 s.

On appelle Calendrier perpétuel et universel un bourrache, le fraisier, le chêne, etc.; Juin, la


tableau qui fournit les indications générales néces- sauge, le coquelicot, la ciguë, le tilleul la vigne, ,

saires pour construire à volonté un calendrier d’une les nénuphars le lin , le seigle , l’avoine , l’orge , le
,
année quelconque, et pour résoudre à l’instant même fromônt, les digitales, les pieds d’alouette, les Ay-
et sans erreur toute difficulté relative à la connais- pericum, etc. ; Juillet l’hysope , les menthes , l’ori-
sance des temps. On trouve un Calendrier perpé- gan, la carotte, la tanaisie, les œillets, les laitues,
tuel , précédé d’une table calculée pour 2,200 an- le houblon , le chanvre , la salicaire , la chicorée
nées dans Y Art de vérifier les dates, par les Bé- sauvage, le bignonia catalpa, etc.; Août, la sca-
nédictins, Paris, 1785, in-8. biosa succisa la parnassia la gratiole , la balsa-
,

Sur le Calendrier en général, on peut consulter : mine des jardins , l’euphrasie jaune , plusieurs ac-
le Traité de la sphère et du calendrier, par Rivard, tœa, les rudbeckia, les silphium, les coreopsis, le
7c édition revue par Lalande et Puissant Paris, vibwnum tinus, etc.; Septembre, le ruscus racemo-
, ,
1816, in-8; et la Théorie du calendrier de L.-B. sus, l’ara/('a spinosa, le lierre, le cyclamen, Yama-
Francœur, 1842,in-18. Annuaire du B. des Longi- V ryllis lutea, le colchique, le safran; Octobre, Yaster
tudes de 1851 renferme une histoire du calendrier. g'randifloruSjYhelianthus tuberosus, Yaster miser,.
CALENDRIER DE FLORE, Calendrier indiquant les noms Y anthémis grandiflora, etc. ; Novembre, les chry-
des fleurs qui se développent dans chaque mois. La- santhèmes, quelques tussilages odorants (héliotrope
marck a composé pour le climat de Paris le calen- d’hiver) ; Décembre, l’ellébore noir (rose de Noël).
drier de Flore suivant: Janvier, l’ellébore noir; CALENDRIER RusTiquE, Calendrier propre aux gens de
Février, l’aune, le saule-marceau le noisetier, le la campagne , dans lequel on apprend les temps où
,
daphne mezereum, \e galanthus nivalis, etc.; Ma7's, il faut semer, planter, tailler la vigne, etc. Il existe
le cornouiller mâle, l’anémone hépatique, le buis, plusieurs ouvrages de ce genre ; le plus estimé est
le thuya, l’if, l’amandier, le pêcher, l’abricotier, le le C. du bon cultivateur de Mathieu de DombaaJe.
groseillier épineux, la giroflée jaune, la primevère, — Les amateurs de jardinage consulteront avec fruit
1 alaterne, etc. Avril, le prunier épineux, la tulipe, le C. du jardinier', donné par M. Courtois-Gérard
;
la jacinthe, l’orobe printanier, la petite pervenche, dans son Manuel au jardinage, 1844.
e frêne commun , le charme , le bouleau l’orme CALENTURE (de l’espagnol calentura, fièvre, dé-
,
la fritillaire impériale, les érables, les poiriers, etc.; rivé lui-même du latin calere, avoir chaud), espèce
Mai ,
les pommiers ,
le lilas , le marronnier, le bois de délire furieux auquel les navigateurs sont sujets
de Judée, merisier à grappes, le cerisier, le frêne
le sous la zone torride ; c’est une encéphalite ou une
â fleur, le faux ébénier, la pivoine le muguet , la méningite, caractérisée particulièrement par le désir
,
, , , , , ,

CALl — 241 — CALL


irrésistible de se jeter à la mer. Ce mal est
fré- moins
'
calicot se fabrique en France depuis une quaran-
quent aujourd'hui que les voyages sont plus rapides. taine d’années; il y est à très-bon marché.
CALEPIN, registre destiné à recevoir toute es- CALICULE (diminutif de calice). Les Botanistes
pèce de notes ou de renseignements, est ainsi nommé nomment ainsi tantôt un calice accessoire placé en
d’Amb. Calepin, savant italien du xv® siècle, auteur dehors du vrai calice, tantôt une rangée de petites
d’un dictionnaire qui a été longtemps célèbre. On — bractées placées à la base d’un involucre.
nomme ainsi aujourd’hui un carnet ou agenda qu’on CALIDRIS, oiseau échassier. Voy. sanderling.
porte sur soi pour y inscrire ses rendez-vous d’af- CALIFE, c.-à-d., en a,Tabo,vicaire,lieutenant, nom
faires, ses échéances de payement, etc. Un avoué, donné aux successeurs de Mahomet, qui étaient à la
un notaire , un agent de change ont toujours avec fois chefs spirituels et temporels de l’Islamisme.
eux leur calepin. Voy. carnet. Voy. le Dict. unir. d’Hist. et de Géogr.
CALFAT (de l’arabe kalfata, boucher, fermer), CALl GE (de calx, talon). Les anciens Romains
ouvrier chargé de calfater ou de fermer tout accès donnaient le nom de caliga à l’espèce de bottine qui
à l’eau qui tend continuellement à pénétrer dans faisait la chaussure de leurs soldats; les soldats de
l’intérieur des navires en traversée. Le maître des Germanicus ayant offert au jeune Càius , fils de ce
ouvriers calfats a le titre de maitre cal fat. Le cal- général, de petites bottines, caligulœ, semblables à
fatage consiste à pousser de l’étoupe dans les cou- celles qu’ils portaient, le jeune prince prit de là le
tures du vaisseau, à boucher les fentes des jointures nom de Caligula, sous lequel il est connu dans l’his-
du bordage ou des membres du vaisseau, en y chas- —
toire. Les premiers rois francs portaient des caliges
sant avec force, au moyen d’un maillet et d’un ciseau, le jour de leur sacre.
dit calfat, long d’environ 20 centim., de l’étoupe Genre de petits Crustacés parasites de la famille
provenant de vieux cordages et autres matières. des Siphonostomes et de la tribu des Caligides, a pour
CALIBRE (du latin equilibrare, équilibrer, ou de type le Calige ou Pou des poissons d’un blanc
l’arabe calib, moule), est, dans plusieurs industries, jaunâtre, avec quelques points d’un jaune obscur sur
synonyme de patron, et désigne une mesure (tantôt le test; il habite l’Océan, et se trouve principale-
une plaque de cuivre, d’acier ou de tôle, tantôt une ment sur le commun et sur le saumon.
merlan
planche de bois mince, ou même un morceau de car- CALIORNE, plus gros et le plus fort cordage
le
ton), dont les ouvriers se servent pour donner aux qu’on emploie dans la Marine; passe dans 2 moufles
pièces qu’ils veulent faire la même grandeur ou la à ti'ois poulies, et sert à guinder et à élever de gros
même forme. fardeaux. On l’attache quelquefois à une poulie sous
En Artillerie, ce mot désigne le diamètre de l’âme la hune de misaine, et quelquefois au grand étai au-
des bouches à feu en général, et plus particulièrement dessus de la grande écoutille.
des mortiers, des obusiers et des pierriers, le calibre CALLE, Calla (du grec callaïa, barbe de coq),
des pièces de canon étant habituellement indiqué par genre de plantes, de lafamilledes Aroïdées, renferme
le poids des boulets {Voy. ce mot). Dans les pièces de des plantes herbacées à ti ge rampante, à odeur fétide,
siège, le calibre des pièces de 24 est 0“, 15254; de dont le suc est âcre et vénéneux. La Calle des ma-
16,0“>,13342; de 12,0“, 12123; danslespiècesdecam- rais, commune dans le nord de l’Europe, a une ra-
pagne , le calibre des pièces de 8 est 0“,10602; de 4, cine épaisse et charnue qui contient une fécule abon-
0“,08402. Il y a des mortiers du calibre de 0“,2222, dante et nutritive.
0“,2777, 0“,3333 des pierriers de 0“,4166, et des CALLE, supplice infligé dans la Marine. Voy. cale.

:

obusiers de 0“,1666 et de 0“ ,2222. —


Pour les fusils CALLEUX, qui offre des callosités ( Voy. ce mo t) .

de munition, le calibre a été, pendant longtemps, En Anatomie, on nomme Co?'ps calleux ( mésolobe,
de 0“,017 depuis 1842, il a été porté à 0“,018.
; grande commissure cérébrale) une longue et large
CALICE (du grec calyx, même signification) , vase bande médullaire blanche qui réunit les deux hémi-
consacré par l’évêque , et qui sert au sacrifice de la sphères du cerveau. On y distingue d’avant en ar-
messe : on y verse le vin eucharistique. Les anciens rière le genou inflexion antérieure de ce corps , la
calices étaient d’or, d’argent, quelquefois de cuivre, partie moyenne et le bourrelet, inflexion postérieure,
d’étain, de corne, de verre, de bois, etc. par laquelle il s’unit aux piliers de la voûte. C’est
; quelques-
uns étaient munis d’anses. Ils étaient très-grands, et dans le corps calleux que La Peyronie logeait l’âme.
servaient à la communion des fidèles, qui commu- C ALLICHROME (du grec callos, beauté, et chroma,
niaient alors sous les deux espèces. Le communiant couleur), Callichroma, genre d’insectes Coléoptères
buvait le vin du calice en l’aspirant au moyen d’un tétramères, delà famille des Longicornes, à couleurs
chalumeau d’argent. Aujourd’hui on ne se sert guère métalliques très-brillantes, de taille souvent assez
que de calices d’or ou d’argent, dorés à l’intérieur, grande plusieurs répandent une odeur musquée. Le
:

et l’officiant boit seul le vin du calice. C. des Alpes et le C. musqué des environs de Paris
En Botanique, on donne ce nom à l’enveloppe la comptent parmi les plus beaux insectes.
plus extérieure des organes de la fructification dans CALLIÜIE (du grec callos, beauté, et eidos, forme)
les fleurs qui ont un périanthe double. 'Tournefort Callidium, genre d’insectes Coléoptères tétramères,
et Linné nommaient aussi calice le périanthe sim- de la famille des Longicornes; leurs larves vivent
ple , lorsqu’il est de couleur verte et peu apparent. dans le bois. Ils volent avec beaucoup de facilité, et
Jussieua nomméca/ice tout périanthe simple, quelles font entendre, lorsqu’on les inquiète, un bruit parti-
que soient sa couleur, sa consistance et sa forme. Le culier produit par le frottement du thorax contre la
C. commun est celui qui appartient à plusieurs base de l’écusson. Les plus communs chez nous sont :
fleurs ; le C. propre est celui qui n’appartient qu’à une le C. variable des chantiers, le C. sanguin des mai-
seule. Le calice est monose'p'ale. quand il n’est formé sons, et le C. portefaix qu’on trouve partout.
que d’une seule pièce (lahiées) ; polysépale quand CALLIGRAPHE , calligraphie ( du grec callos,
il est formé d’un certain nombre de beauté, et graphô, écrire). Voy. écrivain et écriture.
pièces sépara-
bles sans déchirure (giroflée, renoncule). On distin- CALLIMORPHE (du grec callos beauté , et mor-
gue, dans la plupart des calices, le tube ou la partie phè, forme), genre d’insectes Lépidoptères, de la fa-
inférieure, ordinairement allongée et rétrécie; le mille des Nocturnes, a pour type la C. du séneçon,
limbe, ou la partie supérieure, plus ou moins étalée qui se trouve à Paris. Ces insectes ont le corps svelte
;
et la gorge qui sépare le tube du limbe. elles ailes ornées de couleurs vives et brillantes. Quoi-
CALICOT (de Calicut, ville de TInde, d’où nous que rangés parmi les insectes nocturnes, ils volent
est venu ce tissu), toile de coton, moins fine que la pendant le jour, et ont les mœurs des Bombyces.
percale , et dont le tissu n’est point croisé
,
sert à CALLIONYME (du grec callionymos, dérivé de
faire des chemises, des draps
, des rideaux , etc. Le callos, beauté, Qionoma, nom; qui a un beau nom),
16
, , , ,

CALO — 242 CALO


genre de poissons Acanthoptérygiens, a pour caractè- long, ce qui lui a fait donner son nom. Le C. Har~
res : ouïes ouvertes par un seul trou de chaque cùté de risii type de ce genre , se trouve à Manilie.
la nuque; nageoires ventrales placées sous la gorge, CALOMEL ou calomélas (du grec calos, beau, et
écartées etplus longues que les pectorales; tète oblon- mêlas, noir), nom donné par les alchimistes au pro-
gue etdéprimée; peau lisse, couleurs variées etbrillan- tochlorure de mercure ou mercure doux, fréquem-
tes. On mange le C, lyre, poisson de la Méditerranée. ment proscrit en Médecine comme purgatif, contre-
CALLIOPE, planète. Voy. le Tableau des Planètes, stimulant , anlhelmintique , et quelquefois comme
CALLISTEMON (beau filet). V. métrosidébos. antisyphilitique. C’est un sel blanc, insipide, inso-
CALLISTÈPHE, Callistcphus (du. gr. callos, beau- luble dans l’eau, volatil sans décomposition, et cris-
té, et stéphos, couronne), genre d’Astéroldées, a pour tallisable. 11 noircit à la lumière. On le prépare en
type V Aster sinensis (la, Reine Marguerite de nos jar- sublimant un mélange de deutochlornre de mercure
dins), plante herbacée, annuelle, originaire de Chine. et de mercure métallique, ou bien un mélange de sel
CALLIÏHRIC ou callithrix (du grec cai iitnri x, dé- marin et de sulfate mercureux. Les pharmaciens dési-
rivé de callos, beauté, et thrix, cheveu ; qui a une gnent sous le nom de mercure doux à la vapeur celai
belle chevelure). Ce nom désigne : 1<> un genre de qu’on obtient à l’état d’extrême division au moyen
plantes aquatiques de la famille des Naïadées, ainsi de la vapeur d’eau. Les Alchimistes soumettaient
nommé à cause de la forme de ses longues racines ver- le mercure à de nombreuses sublimations
,
croyant
mioulaires, et de ses tiges délicates et flottantes il a
: ainsi en augmenter l’activité comme médicament :
pour type le C. printanier, à feuilles d'un beau vert, le mercure doux ne prenait le nom de calomel qu’a-
en forme de rosette, à fleurs d’un blanc sale, qui croit près six sublimations ; à la 9' il recevait celui de pa-
dans les étangs où il est habituellement submergé, nacée mercurielle. —
On raconte que Turquet, de
et qui peut servir à l’amendement des terres; — 2» un Mayence , savant médecin-chimiste du xvii® siècle,
arbrisseau très-rameux , de la famille des Conifères a donné à ce corps , malgré sa blancheur, le nom
ou Pressinées, et qu’on trouve dans l’Afrique orien- de calomel (beau noir), en l’honneur d’un jeune et
tale et la Nouvelle-Hollande; — 3» un genre de Mam- beau nègre qui l’aidait dans ses opérations chimi-
mifères de la famiHe des Sagouins ou Géopithèques, ques. Il est plus probable que ce nom lui vient tout
qui a pour type le Saiwim de Bufibn, dit aussi Sapa- simplement de ce qu’il noircit à la lumière.
10 U aurore et Singe écureuil, joli petit singe de 25 à CALOMNIE. Chez les Romains, d’après la loi
30 centim. de long, à pelage agréablement coloré et Remmia, la lettre K était imprimée, avec un fer
très-intelligent : il vit en troupes dans les forêts de chaud, sur le front du calomniateur. Cette loi fut

l’Amérique du Sud ; 4® les Mollusques à coquille qui en vigueur jusqu’au règne de Constantin. De nos
n’ont qu’une seule ouverture en forme de trou à la jours, la loi punit le calomniateur d’un emprison-
partie postérieure du manteau, comme les Moules et nement de 6 mois à 5 ans, et d’une amende de 50
Modioles de Lamarck , et les Lithodomes de Cuvier. è 2,000 fr., suivant la gravité du délit (Code pén.,
CALLORHINQUE (du grec callos, beauté, et ryg- art. 367-374). Dans les lois du 17 mai 1819 et du
khos, bec ), poisson de mer. Voy. chimère. 22 mars 1822, le nom de calomnie a été remplacé
CALLOSITÉ (du latin callus, durillon). Chez par ceux de diffamation et d’injure. Vorj. ces mots.
l’homme, on appelle ainsi toute induration qui se CALOPE (du grec calopous, qui a de beaux pieds),
forme accidentellement dans certaines parties molles, Calopus, genre de Coléoptères hétéromères,de la fa-
comme à la plante des pieds, par l’effet de la marche, mille des Taxieornes, rapporté laar Latreille aux Sté-
ou à la paume des mains, par suite de travaux rudes. nélytres insecte d’un brun clair, velu, que l’on trouve
;

— Chez les animaux, on donne ce nom à certaines dans les bois en Suède et aussi dans les Alpes.
parties que recouvre une peau plus épaisse, souvent CALOPHYLLE (du grec ca/ov, beau, ed phyllon,
rugueuse, dépourvue de poils, et quelquefois colorée, feuille), Calophyllum, genre de la famille des Gut-
comme on le remarque sur la poitrine et les genoux tifères, renferme des arbres plus ou moins élevés,
des chameaux, aux fesses des singes, etc. à feuilles entières et opposées, et a pour type le C.
CALMANT. Ce mot s’applique, en Médecine, à inophylle des Indes orientales et des lies australes de
tous les médicaments adoucissants, anodins, anti- l’Afrique, dont on emploie le bois, aux îles de France
spasmodiques et narcotiques. Fo!/. baume tranouille. cl de la Réunion , pour la charpente, la construction
CALMAR ou ENCORNET (du latin calamaria, encrier des navires et le charronnage ; son tronc laisse dé-
en forme de cornet) , Loligo, genre de Céphalopodes couler une résine verte qui, solidifiée, porte le nom
cryptodibranches , famille des Décapodes, est ainsi de gomme ou résine de tacamahaca.
nommé de sa forme semblable à un cornet, et de CALORICITÉ. Voy. chaleur animale.
la liqueur noire qu’il répand à volonté. Ces animaux CALORIFÈRE (du latin ca/or, chaleur, et fera,
ont le corps allongé et la tête pourvue de 8 bras ses- porter), nom qooii donne à toute espèce de con-
siles et de 2 bras tentaculaires. Ils viennent sur nos structions ou d’appareils destinés à porter la chaleur
côtes pour la ponte. Ils nagent à reculons avec une dans les appartements, les serres, les séchoirs, les
extrême vitesse, et sont très-voraces. On les recher» ateliers, etc. On
distingue 1® les C. à air, composés
:

che en Chine, dans l’Inde, et même en France, d’une chambre de chauffage et de tuyaux destinés
comme une nourriture agréable. Les calmars, comme à porter où l’on veut Pair échauffé ; —
2® les C. à
les seiches, ont près du cœur une vessie qui ren- vapeur, composés d’une chaudière pour la forma-
ferme une liqueur noire, espèce d’encre employée tion de la vapeur, et de tuyaux de conduite qui
en peinture sous le nom de sépia. On les emploie promènent la vapeur, de tuyaux de condensation, où
comme appât dans la pêche de la morue. la vapeur retourne à l’état liquide, et de tuyaux de
CALOBÀTE (du grec calobatès qui marche bien), dégorgement qui lui fournissent une issue 3® les ;

Calobata genre d’insectes Diptères de la tribu des C. à eau chaude, composés d’une chaudière et de
Muscides, ainsi nommé à cause de sa marche rapide tuyaux dans lesquels passe constamment de l’eau
et élégante; on le voit , en effet, courir légèrement bouillante, qui échaull’e l’air ambiant ; ces derniers
sur les feuilles des arbrisseaux, principalement sur peuvent être employés avec avantage dans des ser-
les plantes radiées. La C. pétronelle, ou Mouche de res ; mais ils ne sont pas sans inconvénient dans
saint Pierre, doit son nom à la faculté qu’elle pos- les habitations. Les tuyaux des calorifères sont en
sède de marcher sur l’eau, comme le lit saint Pierre. terre, en fonte ou en cuivre; dans les habitations,
CALODROME (du grec calodroméin courir sur les tuyaux de fonte sont préférables aux tuyaux
des échasses), Co/ocZrôwi^ï, genre d’insectes Coléop- de cuivre, qui portent une odeur désagréable; mais
tères , de la famille des Charançonites au corps al- ceux-ci sont employés de préférence dans les séchoirs
,
longé, à la tête ccmrte, au tarse extraordinairement des fabriques, parce qu'ils conduisent mieux la cha-
, ,

CALO 243 — CALV


leur et n’ont pas l’inconvénient de tacher les étoffes. n’est plus guère on usage que parmi les gens d'é-
Le foyer est généralement placé dans une cave ; il glise; elle est noire, arrondie, assez large pour

en part des tuyaux qui se ramifient dans tout l’édi- adhérer à la tête sans attaches. La calotte suit or-
fice. On fabrique aussi des calorifères mobiles et por- dinairement la couleur de la soutane : les évêques
tatifs, qui ne sont guère que des poêles. —
L’art de la portent violette, les cardinaux rouge; celle du
construire les calorifères n’était pas inconnu aux an- pape est rouge, bordée d’hermine blanche et a
ciens ; on trouve mentionnés chez les Romains des oreilles ; les calottes des moines sont généralement de
caliducs qui remplissent le même office que nos la couleur de leur froc. Le cardinal de Richelieu est
calorifères : longtemps oublié, il a été tout récem- le premier qui ait porté en France la calotte rouge.
ment retrouvé en France. Cet art doit beaucoup aux En Anatomie, on appelle Calotte du crâne la
travaux des frères Duvoir, de Paris. partie supérieure de cette cavité; C. aponévi'otique,
CALORIMÈTRE, instrument propre à mesurer la l’aponévrose des muscles frontaux.
chaleur. Voy. cxlorimétrie. En Chirurgie, on nomme calotte un emplâtre ag-
CALORIMÈTRIE (du latin calo7', chaleur, etzwe- glutinatif dont on enduit la tête d’un teigneux, et
trum, mesure) , ensemble des méthodes à l’aide des- qu’on enlève ensuite avec violence pour extirper, avec
quelles on détermine les chaleurs spécifiques. Ces les bulbes des cheveux, le principe de la maladie.
méthodes sont 1» la fonte de la glace, procédé qui
: En Architecture, on appelle calotte la cavité ou
consiste à déterminer la quantité de glace fondue par enfoncement, en forme de coupe ou de bonnet, qu’on
diîTérentscorps ayant le même poids, et qui repose sur a imaginé pour diminuer la hauteur d’une alcôve,
ce fait, que la glace fond à une température fixe, et que d’un cabinet, d’une chapelle, par rapport à leur
la chaleur qui lui est fournie est employée à la foudre largeur. — En Géométrie, on nomme Calotte sphé-
sans réchauffer ; le Calorimètre de ÿface de Lavoisier rique une zone à une base. Voy. zone.
et Laplace se compose de trois cavités concentriques, CALOYER (du gr. mod. calogérôn, bon vieillard),
en cuivre ou en fer-blanc , excepté la cavité inté- nom qu’on donne aux moines grecs qui suivent la
rieure, qui est en grillage de fil de fer; on met dans règle de saint Basile. Ce nom est donné particuliè-
celle-ci le corps que l’on veut examiner, les deux autres rement par les Grecs aux religieux du mont Athos,
contiennent de la glace et sont inférieurement termi- qui sont vénérables par leur âge et l’austérité de
nées chaeune par un robinet ; la cavité extérieure ne leur vie. U y a aussi des religieuses caloyères.
sert qu’à préserver la suivante de l’air ambiant d’a- : CALQUE. Autrefois, les graveurs calquaient à la
près la quantité d’eau fondue dans la moyenne , on pointe sur du papier verni ; aujourd’hui, ils se ser-
connaît la quantité de calorique fournie par le corps vent d’un papier dit papier glacé qui est fait avec
pour ramener à l’état liquide la glace mise à zéro; — de la gélatine , et d’une extrême transparence. On
2® la méthode des mélanges] elle consiste calque au crayon et à la plume sur le papier végétai,
à porter
le corps qu’on examine à une eertaine température, sur le papier serpente ( Voy. ces mots) , et même sur
à le mélanger ensuite avec de l’eau à une tempéra- le papier ordinaire ; mais ce dernier étant peu trans-
ture donnée , et à prendre la température de ce parent, on est obligé de prendre le calque à la vi-
mélange ; — 3® la méthode du refroidissement : elle tre.— Pour décalquer, c.-à-d. pour transporter le
repose sur ce fait, qu’une même surface perd, dans calque sur la planche, le graveur, après avoir rougi
le même temps, par le rayonnement, une même son calque avec de la sanguine, le place sur la
quantité de chaleur pour une température constante, planche vernie et noircie, puis, avec une pointe, il
de sorte que, quel que soit le corps renfermé dans en repasse tous les traits quant au calque fait au
;

une enveloppe, la chaleur émanant de la surface crayon ou à l’encre, on le décalque avec la presse.
dans un temps donné, dépendra entièrement de CALTHA, nom latin et botanique du Populage.
cette surface, et non de la nature du corps enfermé; CALUMET (du latin ca/amw^, roseau), grande
si l’on enferme dans une semblable enveloppe des pipe qui est particulièrement en usage parmi les In-
poids égaux de deux corps contenant des quantités diens de l’Amérique du Nord; elle est soigneuse-
de chaleur différentes, la durée de leur refroidisse- ment ornée de plumes de différentes couleurs, et
ment sera dans le rapport de ces quantités de cha- entourée de cheveux nattés autour du tuyau. —
Le
leur; on déduit alors leurs chaleurs spécifiques de la calumet est, pour les Indiens, le symbole de la paix
durée du refroidissement. et comme le sceau de toutes les entreprises ; ils l’of-
CALORIQUE , nom de la cause inconnue qui pro- frent à ceux avec lesquels ils négocient. Quelquefois
duit sur nos organes les impressions d’où résulte la aussi il est un signe de guerre ; mais alors il n’est
sensation de chaleur. On se le représente générale- plus décoré de plumes , et l’intervalle des tresses de
ment comme un fluide extrêmement subtil invisi- cheveux est peint en rouge.
,
ble, éminemment élastique, impondérable, se mou- Les nègres désignent sous le nom de Calumet plu-
vant sous forme de rayons, à la manière de la lu- sieurs des végétaux qui servent à faire des tuyaux
mière, et pénétrant tous les corps. Voy. chaleur. de pipe. A Haïti, c’est une espèce de fougère du genre
CALOSOME (du grec calos, beau, et soma, corps), Lygodium; à Cayenne, une Euphorbiacée appelée
Calosoma, genre de Coléoptères pentamères de la fa- Mabea piriri] aux îles Mascareignes, un Nastus;
mille des Carabiques, tribu des Simplicipèdes, ren- aux Indes , plusieurs espèces du genre Arundo.
ferme des insectes assez grands, très-voraces, à l’abdo- CALUS. Voy. CAL et callosité.
men presque carré, et a pour type le C. sycophante, CALVAIRE (du latin calvus, chauve, à cause de
long de 12 à 15 millim., d’un noir violet sa larve vit de l’aridité du mont Calvawe ou Golgotha), nom
;
sur le chêne , dans le nid des chenilles procession- donné , en souvenir du mont voisin de Jérusalem
naires , dont elle se nourrit. Le C, inquisiteur vit sur lequel mourut Notre-Sauveur, à certains lieux
ainsi que le précédent, sur le chêne, et fait la chasse où l’on a élevé des croix avec des chapelles et des
aux chenilles et aux insectes. stations rappelant diverses scènes de la passion. Ces
CALOTTE diminutif de cale, espèce de coiffure
, calvaires sont ordinairement construits sur une émi-
autrefois portée par les hommes et par les femmes, nence : tels sont ceux de Montmartre et du mont Va-
mais sous des formes différentes. —
La plupart des lérien, près de Paris. Ce dernier attirait autrefois un
peuples de l’Orient ont adopté ce genre de coiffure, grand concours de fidèles,
et portent la calotte CALVILLE, variété de pommes. Voy. pomihe.
, tantôt seule, tantôt entourée
d un turban. —En France, sous Louis XIV, la ca- CALVITIE (du latin calvus, chauve), nom qu’on
lotte était d’un usage presque général pour tous les donne à la privation permanente des cheveux; elle
laïques d’une profession grave, magistrats, avocats, diffère en cela de Xaloptécie , qui n’en est que la
hommes de lettres, bourgeois. Aujourd’hui, elle privation momentanée. — Lacalvitie est quelquefois
16 .
, , ,

CAMA - 244 — CAMB


native, mais bien rarement; elle est accidentelle, moyen âge, couvrait la tête et les épaules des cheva-
quand elle provient subitement à la suite d’une ma- liers) , sortede petit manteau ou collet que les évê-
ladie ; elle est prématurée, quand elle survient dans ques et les chanoines portent par-dessus le rochet, et
la jeunesse J et dans ce cas, elle est souvent l’effet même en habit de ville, sur la soutane. Le camail s’é-
des passions et des excès de tout genre ; naturelle, tend depuis le cou jusqu’au coude ; il est quelquefois
quand elle est due aux progrès de l’àge. Malgré les garni d’un capuchon ; il est toujours de la couleur de
promesses des charlatans, cette inCrmité est géné- la robe ecclésiastique. —Leschanoines ne commencè-
ralement incurable. Voy. alopécie et cheveux. rent à s’en servir que vers la fin du xv« siècle. Les
CALYCANTHE ( du grec calyx, calice , et an- simples prêtres portent aussi le camail dans certaines
thos, fleur), Calycanthus, genre type delà famille églises ;
mais alors il est entièrement noir, au lieu que
des Calycanthées, renferme de jolis arbrisseaux, ori- celuides chanoines a toujours quelque signe distinctif,
ginaires, en grande partie, de l’Amérique du Nord. ordinairement un liséré de soie ou de velours rouge,
Leur périanthe est simple et coloré ; leurs étamines et la doublure de cette même couleur. Quelquefois il
et leurs ovaires nombreux, leurs feuilles opposées et se termine en pointe, et descend jusqu’aux talons.
leurs fleurs terminales et d’un pourpre noirâtre. On C’est un vêtement de chœur, qu’on ne porte pas toute
en distingue plusieurs espèces , dont les deux prin- l’année : àParis, on le porte du 17 octobre à Pâques.
cipales sont le C. pompadour, ou Arbre aux ané-
: — Le camail des évêques s’appelle aussi mosette.
mones (C. floridus), à bois odoriférant, à fleurs d’un CAMARE (du grec camara. chambre voûtée). On
rouge foncé, qui répandent un parfum de pomme de nomme ainsi le fruit multiple dont l’aconit et le
reinette etd’ananas,etle C. précoce ou d’hiver [C. chi- delphinium présentent un exemple; c’est une réu-
«ionanfAws), originaire du Japon, qui fleurit en hiver» nion de capsules, s’ouvrant en deux valves par leur
CALYCANTHEES (de Calycanthe, nom du genre côté interne, et contenant une ou plusieurs graines.
*yp®)> famille détachée du groupe des Rosacées, se CAMARILLA (de l’espagnol camarilla, petite
compose d’arbrisseaux aromatiques du Japon et de chambre). Dans le langage politique, ce mot désigne
l’Amérique Septentrionale , qui, transportés en Eu- l’influence occulte que sont supposés exercer sur le
rope, font l’ornement de nos jardins. chef de l’État les hommes attachés au service de sa
CALYCÉRÉES , famille de plantes dicotylédo- personne , influence qui presque toujours arrête ou
nées monopétales épigynes, à anthères conjointes, entrave la marche du gouvernement officiel. On
séparée par R. Brown de la famille des Composées, s’est servipour la première fois de cette expression
et qui a reçu aussi de Cassini le nom de Boopidées. en Espagne, en 1814, après le retour de Ferdi-
Elles ont le port des Composées et leurs fleurs ré- nand YIl. Depuis , elle a été adoptée par les publi-
unies en capitules ; mais leurs étamines sont soudées cistes étrangers , surtout en France.
à la fois par les ülets et par les anthères. Cette fa- CAMBISTE (de l’italien cambio, change) , nom
mille se compose des 4 genres Calycera, Boopis, An- qu’on donne à ceux qui s’occupent particulièrement
thæmdides et Cryptocarpha exclusivement propres du négoce des lettres et billets de change, qui vont
aux parties chaudes de l’Amérique. régulièrement sur la place ou à la Bourse pour
CALYCIFLORES {de calyx, calice, et flos, fleur), s’instruire du cours de l’argent sur les différentes
nom donné , dans la classification de M. de Candolle, places, afin de pouvoir faire à propos des traites ou
à la seconde division des végétaux dicotylédonés : remises, ou des négociations d’argent, billets, lettres
elle comprend ceux dont la corolle polypétale est li- de change, etc. Le cambiste ne doit pas être con-
bre ou insérée sur le calice. fondu avec le changeur, puisqu’il ne fait pas d’opé-
CALYPTRE (du grec culyptra, coiffe). Les Bota- rations de change ; c’est plutôt une espèce de ban-
nistes nomment ainsi un organe qui enveloppe le quier ou d’agent de change. H existe , sous le titre
pistil dans sa jeunesse, et qui, se déchirant au som- de Cambiste universel, un ouvrage anglais fort es-
met chez les Hépatiques pour laisser passer la cap- timé, par Kelly (traduit dès 1823, in-4). Voy. change.
sule, persiste à la base des pédoncules, tandis que, CAMBIUM (du bas latin camifum, change, à cause
dans les Mousses, la rupture s’opérant circulairement de ses transformations) , substance mucilagineuse
à la base, il est soulevé et entraîné par la capsule, sans odour nisaveur, qu’on trouve, à la fin du prin-
et la recouvre souvent jusqu’à la maturité des spores. temps et de l’été, entre l’aubier et l’écorce des arbres.
CALYPTRÉE (du grec calyptra, coiffe) , genre de Cette substance n’estautre chose que la sève qui vient
mollusques Gastéropodes , de l’ordre des Scutibran- des feuilles et des parties vertes où, par la Respiration
ches,renferme de jolies petites coquilles marines uni- et l’exhalation, elle est devenue plus concrète et plus
valyes, conoïdes, à sommet vertical imperforé, à base visqueuse , et qui , en redescendant , change d’appa-
orbiculaire ; il a pour espèces principales la C. scabre rence, s’épaissit peu à peu, passe à l’état globuleux,
{C. equestris), des mers de l’Inde, et la C. tubifère, puis à l’état cellulaire, et devient enfin une nouvelle
qui présente à l’intérieur une double coquille. couche d’aubier. Le cambium est très-abondant dans
CAMAÏEU. Ce mot, le même que Camée, dési- le chêne et les autres arbres ; au contraire, les plan-
gnait anciennement une pierre gravée en relief (Foy. tes herbacées annuelles en contiennent fort peu.
camée). Il signifie aujourd’hui un genre de peinture CAMBOUIS, nom donné vulgairement au vieux
dans lequel on n’emploie qu’une seule couleur, ce oing dont on enduit les essieux des voitures et les
qu[on appelle aussi peinture monochrome ou gri- axes des machines, et qui est devenu noir par le
saille. La peinture en camaieu était fort à la mode frottement des roues ; il renferme beaucoup de par-
au siècle dernier, pour imiter les bas-reliefs dans les ticules métalliques. Il passe pour avoir la propriété
dessus de porte et les ornements. On en peut voir à de résoudre les hémorroïdes; on s’en sert aussi
Paris un très-bel emploi dans les peintures de la comme de lut. Les taches de cambouis ne peuvent
^ande salle de la Bourse, et dans la chapelle du être enlevées que par l’essence de térébenthine.
Calvaire , à Saint-Roch. Les camdieux ne sont pas CAMBRÉSINE ou cambrasine (du nom de la ville
toujours en grisaille : on en fait de deux ou de trois de Cambrai), toile fine et blanche qui se fabrique
couleurs ; il y en a de bleus, de verts, de rouges. La à Cambrai. On donne aussi ce nom à toutes les fortes
Bibliothèque nationale possède de superbes Heures étoffes de coton tissues en forme de toile, et qui ont
de LouisXlV, dont chaque page est entourée d’un ca- l’apparence des toiles de Cambrai, particulièrement

maieu de couleur différente. Ondonneaussi cenom à plusieurs étoffes blanches que l’on tire de la Perse,
à des espèces de toiles peintes en manière de camaïeu. de l’Egypte et de l’Anatolie.
CAMAIL (dérivé, selon les uns, de camelaucius CAMBREUR (du verbe camôrer, dérivé lui-même
couverture de tête faite de camelot ; selon d’autres, du latin camerare, voûter), ouvrier qui donne aux
de cap de mailles, armure en mailles de fer qui, au tiges de bottes la forme qu’elles doivent avoir. Pour
, , ,

CAME — 245 — CAME


il peut rester des mois entiers sans manger, et sup-
cela, après avoir mouillé le cuir pour le rendre
plus souple , il l'étend le plus possible , et le cloue porter une chaleur excessive. —
On a fait sur le
par les bords sur une forme en bois disposée con- caméléon les contes les plus merveilleux : on a dit
venablement. Il le noircit ensuite avec une solution qu’il changeait de couleur à volonté , et qu’il pouvait

de couperose , et le laisse sécher dans cet état. emprunter celle des objets qui l’environnaient, etc.
CAMBRURE. Yoy. bosse et lordose. La vérité est qu’il a une couleur qui lui est [M-opre,
CAMBUSE (du hollandais kom-huis, maison à mais dont la nuance change sous l’effet de causes
l’écuelle, cuisine), endroit fermé dans l’entre-pont accidentelles sa couleur ordinaire est jaune-paille;
:

d'un vaisseau, où l’on serre une partie des vivres, sur un arbre vert, il devient, par l’effet du reflet,
et où se fait la distribution des provisions journaliè- d ’un vert tendre ; si on le prend dans la main, sa cou-
res. La cambuse servait autrefois de cuisine, et au leur se fonce et se tigre de taches d’un brun rosd-
moment du combat, elle pouvait être transformée en ti'e; si on l’irrite, il se rambrunit encore, et devient
un poste pour les blessés. presque noir; de temps à autre, suivant ses impres-
CAMEou chame , Chama (du grec chémè, même sions, il prend une foule de nuances intermédiaires.
genre de Mollusques acéphales de l’or-
signification), On a donné pour causes à ces phénomènes tantôt le
dre des Testacés de Cuvier et de la famille des Car- gonflement des poumons de l’animal par l’air, qui
diacés, à coquille épaisse, solide, adhérente, inéqui- fait refluer plus ou moins le sang vers la peau, tantôt
valve, irrégulière, ethabitant lesmers intertropicales. l’infiltration de cet air entre la peau, qui est très-
L’espèce la plus curieuse est la Came feuilletée; sa lâche, et les muscles. Enfin lacrainte, la maladie, etc.,
valve supérieure est formée de lames superposées de semblent influer sur la couleur du caméléon. On —
diverses couleurs : on en fait quelquefois des camées sait que cette singulière propriété du caméléon l’a fait
qui imitent parfaitement les camées sur agate-onyx. prendre pour emblème de l’homme versatile qui, par
CAME, terme de Mécanique. Voy. gamme. ambition , prend successivement toutes les couleurs.
CAMÉE , primitivement Camàieu ( de l’hébreu En Astronomie, on a donné le nom de Caméléon
camehuia, onyx, ou de kamaa, relief), pierre fine à une constellation australe, qui est située sur le co-
gravée en relief, et offrant dans sa contexture plu- lure des équinoxes, en dedans du cercle polaire an-
sieurs couches superposées de diverses couleurs, tarctique ; elle renferme 9 étoiles.
dont l’artiste profite pour obtenir des effets variés. En Chimie, on nomme Caméléon minéral une
On choisit ordinairement pour faire des camées la sar- une combinaison d’acide manganique et de potasse
donyx ou sardoine, pierre siliceuse, demi-transpa- (M«0’,K0), de couleur verte, et qui a la propriété
rente et à plusieurs couches; les plus belles sardoines de décomposer et de passer peu à peu par toutes
se
viennent d’Orient; mais comme elles sont très-rares, les nuances de violet et de rouge quand on l’étend de
on emploie aussi, pour graver les camées fins, les beaucoup d’eau ce sont ces transformations qui Font
:

agates et les sardoines d’Allemagne, dont la pâte est fait appeler caméléon. On l’obtient en chauffant au
moins belle. La France possède la plus riche col- rouge parties égales de potasse et de peroxyde de man-
lection de camées sur sardoine qui soit en Europe. ganèse. Les chimistes l’emploient comme oxydant.
On grave aussi des camées sur certaines coquilles AMÉLÈOPARD. Voy. girafe.
[Voy. came); on en fait d’artificiels avec de la AMÉLIA. Voy. camellia.
faïence , de la porcelaine des émaux etc.
, , Les — CAMÉLIENS, famille d’animaux Ruminants, qui
anciens excellaient dans l’art de graver les camées
;
a pour type le genre Chameau, se partage en deux
c’étaient, chez eux , des objets de luxe et de parure
;
groupes, les Chameaux proprement dits et les La-
ils enrichissaient les meubles, les vases et les vête- mas. Voy. chameau.
ments ; les dames romaines en ornaient leurs coif- CAMÉLINE (du grec chamai, à terre, et linon, lin ;
fures, leurs bracelets, leurs ceintures, leurs agra- petit lin),Camelina, genre de plantes de la famille
fes; on en faisait aussi des cachets en relief, des des Crucifères, renferme des piantes herbacées, an-
bagues, etc. Aujourd’hui , ils servent encore aux nuelles ou pérennes, qu’on trouve en Europe et
mêmes usages. Les plus beaux se fabriquent à Rome. dans l’Asie centrale, et dont une espèce, la C. cul-
CAMÉLÉE (du grec Chamailéon, nomd’uneplante tivée dite vulg. Camomille de Picardie , Sésante
indéterminée), Cneorum, genre de la famille des è(î<arrf,estcultivéeeugraudpour ses graines, qui four-
Connaracées, est composé de petits arbustes toujours nissent une huiie siccative, bonne pour la peinture.
verts, à feuilles sessilês, à fleurs jaunes, axillaires, CAMELLIA (qu’on écrit vulgairement Camélia,
formées d’un calice très-petit à 3 dents, d’une co- du P. Camelli jésuite), genre de la famille dos
rolle à 3 pétales, de 3 étamines, et d’un style à Ternstrœmiacées, qui forme , conjointement avec les
3 stigmates. On les cultive en orangerie. Les prin- Thés, la tribu des Camelliées croît naturellement
cipales espèces sont le C’. tricoccos qui habite les
,
au Japon et en Chine, et renferme un grand nombre
parties pierreuses du midi de la France, et le C. pul- d’espèces, dont la plus intéressante et la plus connue
verulentum, qu’on trouve à Ténériffe et dont l’écorce est le Camellia proprement dit {C. Japonica), dit
est employée comme fébrifuge. aussi Rose du Japon et Rose de Chine : c’est un arbris-
CAMÉLÉON Chamœleo (du grec chamai,
, à terre, seau toujours vert, à feuilles ovales, dentées, coria-
et léôn, lion, c.-à-d. petit lion à cause de la gros- ces, luisantes, et à fleurs inodores; d'une belle cou-
,
seur de sa tête), reptile quadrupède de l’ordre des leur rouge, en forme de rose, terminant des rameaux
Sauriens, assez semblable à un gros lézard il a la : au nombre de deux à six. Introduit en Europe dès
peau chagrinée , le corps comprimé, dentelé sur le 1739, le camellia n’est devenu à la mode qu'au
dps, la queue prenante et recourbée en dessous la commencement de ce siècle; mais, depuis cette
,
tête grosse et anguleuse, le cou goitreux, la langue époque , les horticulteurs en ont tant multiplié les
presque aussi longue que le corps, et terminée par varikés , qu’on en compte aujourd’hui plus de
un tube gluant qui lui permet d’attraper les in- 1,500 ; une des plus jolies est le camellia double à
sectes dont il se nourrit; les pattes égales 5 doigts fleurs rouges , panachées de blanc ; il y a aussi des
;
à chaque patte , réunis en deux faisceaux opposés
;
variétés fort belles à fleurs blanches et jaunes. On
il atteint jusqu’à 50 centim. de long. Le caméléon cultive ordinairement le cameUia dans de la terre
est un animal timide et inoffensif, qui habite les de bruyère ; on le multiplie de graines , de boutu-
contrées les plus chaudes de l’Asie de l’Afrique et res, de marcottes et surtout de greffes. Aujourd’hui,
,
de l’Amérique; il est peu agile, et semble concen- il se fait en Europe et en Amérique une telle con-
trer toute son énergie musculaire dans sa langue, sommation de ces belles fleurs pour les serres, les
qu il darde avec une extrême rapidité, et dont il se appartements et les bouquets de bal, qu’on en vend
sert pour atteindre les insectes dont il fait sa proie; tous les ans pour des sommes considérables. üuel- —
, ,

CAMÉ — m— CAMO
ques espèces de camellias se cultivent en Chine et au CAMERLINGUE nom ,
donné, dans l’ancien Em>
Japon comme plantes oléagineuses, et fournissent une pire d’Allemagne, et encore aujourd’hui à Rome, au
huile grasse qui sert aux usages alimentaires. Quel- dignitaire chargé de l’administration des finances.
ques espèces exhalent une odeur suave ainsi les Chi- : CAMION. On nomme ainsi ; 1“ une voiture do rou-
nois mêlent souvent au thé, afin de le parfumer, les lage à quatre roues très-basses et très-solides, et qui
pétales du Camellia sasanqua, dit aussi C. thé, parce sert à transporter dans les villes les marchandises d’un
que ses fleurs ont delà ressemblance avec celles du thé. grand poids ou d'un volume considérable; — 2“ un
CAAIELOT (du grec camélotè, peau de chameau). petit chariot sur lequel, dans les chantiers de construc-
Ce nom désignait d’abord une étoffe non croisée tion, les ouvriers trainent les pierres de taille à l’aide
mais forte et solide, qu’on fabriquait dans le Levant de bretelles; on appelle camionneur celui qui traîne
avec le poil du chameau , ou celui des chèvres du ou conduit le camion ; — 3° des épingles de la plus
pays. Maintenant il se dit de certaines étoffes pure petite dimension ;
— un vase de terre dans lequel
laine ou mêlées de laine ou de poil de chèvre et
,
les peintres en bâtiments délayent le badigeon.
d’un peu de soie qu’on fabrique à Amiens à Rou- ,
CAMISADE, nom donné, en général, à toute ruse
baix, à Neuville près Lyon et à Bruxelles. En Italie, de guerre qui a pour objet de surprendre l’ennemi
notamment à Vérone, Milan, Florence, Naples, on pendant la nuit. Les uns veulent dériver cette ex-
fabrique beaucoup de camelots de soie. Le bouracan pression de ce que l’ennemi est alors surpris en
(Voy. ce mot) est une espèce de camelot commun. chemise’, les autres l’expliquent en disant qu’ autre-
— Dans le Commerce, on appelle camelotte (de ca- fois, pour amortir l’éclat des armures, les soldats re-
melot) les objets de pacotille qu’on fabrique en masse, vêtaient leur chemise par-dessus leurs armes. L’his-
et qui ont plus d'apparence que de valeur réelle. toire cite plusieurs camisades importantes la prise
;

CAMERA , mot italien qui veut dire chambre, est de Pontoise en 1419 fut une camisade la bataille de
;

employé dans les expressions caméra lucida, ca- Pavie, en 1524, commença par une camisade.
méra oscura, etc. Voy. chambre. CAMISOLE (diminutif de camisa, chemise). Outre
En Italie ,
on appelle Musica da caméra, ou Mu- le vêtement du matin que tout le monde connaît, on
sique de chambre, des compositions familières et fu- appelle camisole ou gilet de force un vêtement qui
gitives, destinées à être exécutées, non en public, ressemble à un gilet à manches , excepté qu’il se
mais en petit comité, dans la chambre ou l’apparte- ferme par derrière, et que les manches, prolongées
ment; on l’oppose à Musique d’église, Musique de au delà des mains, sont réunies et sans ouvertures.
théâtre. Palestrina, Monteverde, Haydn, Beetho- On s’en sert pour contenir les aliénés et les malades
ven, etc , ont fait d’excellente musique de chambre. en délire. On met aussi la camisole de force à cer-
CAMÉRALISTlQUE (de camerarius camérier, tains condamnés pour les empêcher d’attenter à
fonctionnaire préposé à la chambre fiscale). En Al- leurs jours, ou de commettre des actes de violence.
lemagne , on appelle Sciences camérules ou Camé- GAMME, nom que l’on donne, dans les grosses for-
ralistique l’ensemble des connaissances nécessaires ges et dans plusieurs autres usines, à des saillies ou
pour gouverner les finances d’un État ; elles em- dents très-solides, pratiquées à la surface d’un arbre
brassent aussi l’exploitation du domaine d’un prince qui , tournant sur lui-même par le moyen d'une grande
et de ses droits régaliens. Il
y a eu à Heidelberg une roue et d’une chute d’eau , fait lever des pilons ou
école célèbre où l’on enseignait le droit caméral. des soufflets, auxquels sont adaptées d’autres dents
CAMÉRIER (du latin camerarius, chambrier), que les cammes rencontrent. On le donne également
nom d’une dignité ecclésiastique et d’une dignité à des lames de bois ou de fer saillantes, fixées aux
séculière. Les Camériers ecclésiastiques sont des axes tournants d’une machine à pilon. La camrne agit
prélats de la cour do Rome attachés à la personne momentanément sur un objet qu’elle entraîne ou
du pape et chargés de ses aumônes, du soin de l’ar- repousse pendant une partie de sa révolution , et
genterie, des joyaux, des reliquaires, etc. Iis portent qu’elle abandonne ensuite, différant en cela de l’en-
une soutane violette ,
avec des manches pendantes grenage, dont l’action est continue.
jusqu’à terre. CAMOMILLE (autrefois Chamœmelum, d'où son
Pour les Camériers séculiers, Voy. chambrier. nom français). Anthémis, genre de plantes de la
On appelait autrefois Archicamérier ou Archi- famille des Composées, section des Corj'mbifères de
chumbellan un des grands dignitaires de l’Empire Jussieu , et de la tribu des Sénécionidées des nou-
d’Allemagne. L’électeur de Brandebourg était ar- veaux botanistes, est caractérisé par son involucre
chicamérier-né de l’Empire il portait le sceptre
;
hémisphérique, ses fleurs radiées à demi-fleurons fe-
dans les marches impériales. L’olfice d’archicamé- melles et fertiles, et son réceptacle convexe et garni
rier n’était qu’un titre honorifique. Voy. chambellan. de paillettes. Toutes les espèces de ce genre sont
CAMÉRISIER ou camécerisier {c.-k-à. petit ceri- des plantes herbacées renfermant une huile volatile
sier], Xylosteum, genre d’arbustes de famille la d’odeur agréable et de couleur azurée. L’espèce ap-
des Caprifoliacées, voisins des Chèvrefeuilles, avec pelée C. Romaine (Anthémis nobilis) est une plante
lesquels plusieurs botanistes les confondent encore, vivace à fleurs jaunes au centre, blanches à la cir-
mais dont les rameaux ne sont pas sarmenfBux ; ils conférence et d’un usage populaire comme stoma-
ont des feuilles opposées, d’un vert bleuâtre clair et chique, sudorifique, antispasmodique, fébrifuge et
d’une forme ovale ; des fleurs blanches et roses, réu- emménagogue. Celte plante croit dans toutes les con-
nies deux à deux, qui donnent naissance à de petites trées sablonneuses de la France ; mais les pharmaciens
baies accouplées, tantôt blanches, avec l’aspect de la n’emploient guère que celles qui sont cultivées et
cire,tantôtd’un rouge vif comme la groseille, ou d’un dont les capitules sont plus gros, plus pleins et sont
assez beau violet. Ces différentes variétés se trouvent devenus tout blancs par la transformation des fleurons
sur les Alpes ou les Pyrénées; on cultive surtout en demi-fleurons. On a encore la C. Puante ou Ma-
dans les jardins le Camérisier de Tartarie ou Ceri- route (A. cotula), succédanée de la précédente, la C.
sier nain, à fleurs roses; cet arbuste fait, dans les des Teinturiers (A. hneforta), vulgairement ûEfJ de
massifs, un assez joli effet. bœuf, qui donne aux laines une belle teinte jaune
CAMÉRISTE (de caméra, chambre), nom qu’on aurore, et le Pyrèthre (A. Pyrethrum). V. pvréthre.
donne aux femmes de chambre des dames de qua- — On donne à tort le nom de C. ordinaire à une es-
lité en Italie
,
en Espagne et en Portugal. A Ma- — pècedeMatricaire (Matricaria Camomilla)c\n\ s’em-
drid et à Lisbonne la camareira mayor, ou pre- ploie comme la Camomille, et celui de C.de Picardie
,

mière camériste , a la première charge du palais ;


à une Crucifère, \s.Caméline cultivée, Voy. caméline.
surintendanle de la maison royale;
C’est la elle est CAMOUFLET (par contraction du latin cedamo
chargée d’accompagner la reine. flatus, soufflé par un chalumeau). En termes de
, , . ,,

CAMP — 247 — CAMP


Fortificatkin, donner un camouflet, c’est souffler de (sièges, campements, marches, combats, batailles,
la fumée fort épaisse contre l’ennenri , dans les ou- etc.) qui ont lieu dans le cours d’une année sous le
vrages souterrains, pour l’étouffer, le suffoquer ou le commandement général d’un même chef, en pré-
forcer à se retirer. Pour cela, on fait passer par un sence de l’ennemi. —On se sert de ce mot pour ex-
trou percé dans la terre un canon de fusil ouvert primer les services de guerre, soit sur terre, soit sur
par les deux bouts, et dans l’intérieur duquel on met mer. Les lois militaires qui fixent les droits des of-
une composition de poudre et de soufre qu’on en- ficiers ou soldats à la retraite (lois des 11 avril 1831
Qamme, et dont on souffle la fumée vers l’ennemi. De et 3 mai 1832) évaluent chaque campagne à un an en
là l’expression métaphorique : donner un camouflet. susdu temps de service ordinaire, en sorte que chaque
CAMP (du latin campus, champ), lieu où se place année de service qui comprend une campagne compte
nne armée pour y séjourner plus ou moins longtemps. pour deux ans. Un décret du 5 décembre 1851 compte
La forme d es camps varie nécessairement suivan t la na- comme campagnes les combats livrés à l’intérieur
ture des lieux etla disposition du terrain. Cependant, pour rétablir l’ordre. —
Dans la Marine, le mot cam-
chaque peuple a toujours affecté une disposition par- pagne s’applique à l’ensemble des opérations qu’exé-
ticulière. D’agrès la Bible, les camps hébreux étaient cute une escadre ou un ’oâtiment entre la sortie du
rectangulaires ; les Grecs et les peuples de l’Orient port d’armement et la rentrée. On distingue les
comme encore aujourd’hui les Arabes, préféraient la campagnes d’instruction ou d'évolution, d’observa-
forme circulaire; les Romains, la forme carrée. Les tion. de croisière, de découvertes, etc.
Grecs, et surtout les Romains, sont les premiers qui CAMPAGNOL (de campagne), Arvicola, genre de
aient adopté un ordre régulier dans leurs camps. petitsMammifères de l’ordre des Rongeurs et de la
CAMPS ROMAins. On distinguait les C. de marche famille des Rats-, vivamt dans les champs et sur le
ou de passage , que l’on construisait pour les be- bord des eaux. 11 comprend plusieurs sous-genres .

soins du moment, et les C. à demeure (castra sta- les Campagnols proprement dits, les Ondatras ou
tiva), qui se divisaient en C. d’été [castra cestiva) Rats musqués, les Lemmings et les Otornys.
et C. d’hiver (castra hiberna] Ces derniers, vérita- Les Campagnols proprement dits ont trois mâche-
bles forteresses, renfermaient tous les établissements lières, comme le rat, mais ils s’en distingent par leur
d’une ville ;
plusieurs villes modernes leur doivent queue, qui est velue ; leurs pieds manquent de pal-
même leur origine, et les ruines nombreuses qu’on mures, et le pouce de devant est caché sous la peau ;

voit encore dans plusieurs endroits de la France, et ils se subdivisent en une vingtaine d’espèces dont les
qu’on appelle communément Camps de César, se principales sont : 1“ le Rat d’eau (Mus omphibius),
rattachent à ce genre de camps. Les Romains entou- commun aux deux continents, un peu plus gros que
raient leurs camps d’un fossé (vallum), revêtu inté- le rat ordinaire, et grisbrun foncé ; il vit au bord des
rieurement d’un parapet (agger) fortifié d’une pa- ruisseaux pour y trouver les racines des plantes aqua-
lissade; quatre portes répondaient aux quatre côtés tiques, dont il parait faire sa nourriture exclusive; il
du camp la Prétorienne, du côté du général ; la
:
y creuse un boyau peu profond , parallèle au sol et
Décumane, du côte opposé; la Dextre, à droite, et muni de plusieurs issues; —
2» le Campagnol propre-
la Sinistre à gauche. Un grand chemin de ceinture ment dit ou Rat des champs (Mus arvalis), qui ne
séparait les tentes de l’enceinte du camp, et deux vit que dans les champs, où il cause les plus grands
larges voies correspondant aux quatre issues le cou- ravages ; il n’a guère plus de 8 à 10 centim. de long ;
paient, l’une en long et l’autre en large. Dans la le dessus de son corps est jaune-brun, le ventre est
partie supérieure du camp se trouvait une vaste d’un blanc sale. Cet animal habite les terrains éle-
place quadrangulaire au centre de laquelle s’éle-
,
vés, dans lesquels il se pratique de petits terriers
vait le prétoire ou tente du général; à droite de divisés en deux ou trois loges. La femelle fait deux
celte tente , et dans l'enceinte même du prétoire, portées par an, de 8 à 12 petits chacune aussi, mal-;

y Augurai où se prenaient les auspices; la gré tous les pièges qu’on leur tend, le nombre de
moitié septentrionale servait de marché (Forum), ces animaux malfaisants est-il toujours considérable.
on y voyait la tente du légat (lieutenant) dans Non-seulement le*Campagnol mange le grain de se-
;
l’autre moitié se trouvait celle du questeur (tréso- mence , mais il coupe le chaume quand il est mûr, le
rier) de l’armée derrière cette place, et perpendi-
; renverse à terre et vide l’épi , soit en le mangeant
culairement à la porte prétorienne les tentes for- sur place, soit en l'emportant dans ses magasins;
maient de longues lignes (strigæ)
,

;
chaque tente — 3® le C. économe, célèbre par ses migrations :cet
contenait div soldats (coniubernales) sous le com- animal, qui habite le Kamtchatka , est un peu plus
mandement d'un decanus. Les goujats (calones) et gros que le rat des champs; il a le dos plus foncé,
les vivandiers (lixœ) étaient placés en dehors du et la queue presque noire en dessus, tout à fait
camp, aux abords extérieurs (procestria). Les Ro- blanche en dessous. Au printemps , cette espèce se
mains doivent aux Grecs, et surtout à Dyrrhus la rassemble en troupes innombrables qui se dirigent
,
belle ordonnance de leurs camps ils ont emprunté
; vers l’Ouest et parcourent ainsi en bon ordre une
aux Étrusques les accessoires religieux. étendue de plus de 25 degrés de longitude. Au mi-
CAMPS MODERNES. On distingue le C. de rassem-
; lieu de juillet, ces troupes arrivent sur les bords de
blement, lieu OÙ l’on réunit tous les corps qui doi- l’Okhotsk, où elles restent jusqu’à l’hiver. Lorsqu’elles
vent former une armée au commencement d’une reviennent, en octobre, les Kamtchadales célèbrent
guerre ou à l’ouverture d’une campagne —
le C. leur retour par une fête car ces animaux ramènent
;

de passage que l’on n’occupe qu’en passant


;

le ;
— avec eux les carnassiers à fourrure dont ils sont la
C. stable ou permanent, que l’on doit occuper pen- principale nourriture, et présagent ainsi une abon-
dant un temps assez long; — le C. retranché, qui dante récolte de pelleteries. Les habitations que se
est entouré de retranchements et de fortifications; creusent ces Campagnols consistent en une chambre
— le C. volant, petite armée qui se compose sur- garnie de mousse et de gazon, et entourée d’une foule
tout de cavalerie, et qui tient la campagne pour in- de galeries latérales conduisant, les unes au dehors,
quiéter l’ennemi, l’observer, courir sur ses ailes les autres à de vastes magasins qui contiennent leurs
lever des contributions, etc.;— le C. de manœuvres, provisions. Voy. rat.
que l’on établit en temps de paix dans des localités G AMP ANE (du latin campana, cloche), nom
propres à cet usage, pour l’instruction des troupes, donné ; en Architecture, au corps du chapiteau
1“
et où il se fait constamment des exercices des re- corinthien et du chapiteau composite, parce que
,
des simulacres de bataille. V. castramétation. ces chapiteaux ressemblent à une cloche renversée ;
C.ÙJIIPAGNE. Dans l’Art militaire, on comprend 2“ à toute décoration, tout ornement de sculpture en
ordiiRiremcnt sous ce nom l’ensemble des opérations manière de crépine, d’où pendent des houppes en
, ,,

CAMP — 248 — CAMP


forme de clochette, pour un dais d’autel, de trône, position différente (C“"H'®0*), et se convertit par
de chaire à prêcher, etc. — On étend ce nom à tout l’acide nitrique en camphre ordinaire.
ouvrage de soie, d’or, d’argent filé, avec de petits L« camphre s’extrait du Laurus camphora (Voy.
ornements en forme de cloche. CAJiPHRiER ), arbre considérable, très-commun en
CAMPANELLE (de campanella, clochette), nom Orient. L’extraction s’en fait particulièrement au Ja-
vulgaire du Convolvulus des champs. pon, à Java, à Sumatra et à Bornéo. A cet effet, on di-
CAMPANIFORME ou campanulé (en forme de vise en fragments le bois de l’arbre, et on le chauffe
cloche), se dit, en Botanique, des fleurs dont le calice avec de l’eau dans de grandes cucurbites de fer, sur-
et la corolle ont la forme d’une cloche, comme les Cam- montées de chapiteaux en terre dont l’intérieur est
panules et les Liserons. — Tournefort avait donné le garni de cordes de paille de riz. Le camphre, entraîné
nom de Campaniformes aux plantes de sa classe, par la vapeur d’eau, se sublime et vient s’attacher à
comprenant les liserons, les muguets, les mauves etc. ,
ces cordes, à l’état d’une poudre grise : on le raffine,
CAMPANILE (de l’italien campanile, clocher). en Europe, par une nouvelle sublimation dans des
Voy. CLOCHER. matras hémisphériques en verre. Plusieurs huiles es-
CAMPANULACÉES , grande famille de plantes comme celles de lavande, de romarin, de
sentielles,
Dicotylédones monopétales ; calice ordinairement à marjolaine, et d’autres plantes de la famiUe des La-
cinq lobes égaux, corolle monopétale à cinq divi- biées, renferment du camphre en petite quantité;
sions, alternant avec celles du calice, et renfermant quelques autres essences, comme celles de valériane,
cinq étamines à filets élargis à leur base, et un ovaire de tanaisie, de semen-contra, fournissent du cam-
soudé avec le tube du calice. Cette famille se com- phre quand on les traite par l’acide nitrique.
pose de plantes lactescentes, qui sont tantôt des her- Le camphre est employé dans la préparation des
bes, tantôt des arbrisseaux , à fleurs ordinairement vernis , surtout de l’espèce recherchée sous le nom
bleues ou blanches. Les principaux genres sont : de vieux laque. On s’en sert aussi dans les feux
Campanula (genre type), Phyteuma, Specularia, d’artifice ; la propriété qu’il a de brûler sur l’eau fait
Eîatine, Jasione. supposer qu’il entrait dans la composition du feu
CAMPANULE, Campanula, c.-à-d. Petite clo- grégeois. Son odeur est mortelle pour les petits ani-
che, genre type de la famille des Campanulacées, maux, particulièrement pour les insectes et les vers :

renferme des plantes herbacées, des sous-arbrisseaux on l’emploie, par cette raison, pour conserver les
et des arbustes remarquables par la forme élégante collections d’histoire naturelle , les pelleteries , les
de leurs fleurs, habituellement d’un bleu foncé. Ses étoffes de laine. On l’utilise comme antiseptique dans
principales espèces sont la C. dïieViolette marine [C. les embaumements ; il fait partie des pastilles dont
medium) , à grosses fleurs blanches ou viole t tes la C.
;
on se sert pour parfumer l’air. On en fait un fré-
Bocconi (ainsi nommée d’un botaniste toscan), dont quent usage en médecine dans les affections nerveu-
on fait de jolies bordures; la C. Raiponce (C. Ra- ses comme antispasmodique; on le prescrit aussi
punculus) dont les racines et les jeunes pousses se comme stimulant diffusible, diaphorétique et anti-
mangent en salade; la Gantelée (C. Trachelium) septique ; on l’emploie en frictions contre les affec-
et la C. à feuilles de pêcher (C. persicifolia) tions rhumatismales. Il a été surtout préconisé par
, qui
toutes deux se mangent aussi. M. Raspail, dont le nom est resté attaché aux ciga-
CAMPANULÉ. Voy. campaniforme. rettes qu’il recommande comme préservatifs contre
CAMPECHE (bois de), espèce de bois propre à la une foule de maladies. On administre le camphre à
teinture en violet et en noir, qui croît surtout dans l’intérieur sous forme de poudre, de bols ou pilules,
la baie de Campêche. Voy. bois de campêche. et de solutions; la dose varie de 25 à 30 centigr.
CAMPHOGÈNE ( de camphre, et du grec génos, jusqu’à 1 ou 2 grammes dans les 24 heures, mais il
origine), combinaison de carbone et d’hydrogène faut le fractionner avec soin : à trop forte dose, c’est
dans les rapports de C*“H'*, qu’on obtient en sou- un violent poison. Comme solution, on l’emploie ordi-
mettant le camphre à l’action de corps avides d’eau, nairement sous forme d'eau carnphrée ,d’ eau éthérée
tels que le chlorure de zinc ou l’acide phosphorique camphrée ou d’éther camphré. Pour l’usage externe,
anhydre : c’est une huile incolore , plus légère que on emploie Yeau-de-vie camphrée, le vinaigre cam-
l’eau. Quelques chimistes le considèrent comme un phré, et Yhuile ou la pommade camphrée.
radical du camphre et des corps qui en dérivent. Ob- Le camphre était inconnu aux Grecs et aux Ro-
tenu d’abord artificiellement par M. Dumas, il a été mains ;
il parait avoir été introduit en Europe par

rencontré plus tard, tout formé, par MM. Gerhardt les Arabes.
et Cahours, dans l’huile essentielle de cumin (Cymi- On appelle Camphre artificiel une substance blan-
num) : de là le nom de cymène qu’il porte également. che, plus légère que l’eau et d’une odeur analogue
CAMPHORIQUE ( acide ) , acide composé de car- à celle du camphre, qui s’obtient en saturant de
bone d’hydrogène et d’oxygène (C*“H' *0’, HO), qu’on gaz chlorhydrique l’huile essentielle de térében-
obtient en faisant bouillir du camphre avec de l’a- thine. Ce produit est sans usages.
cide nitrique. Il se présente en aiguilles incolores CAMPHRÉE, Camphorosma, genre de la famille
peu soluble dans l’eau froide. U a été découvert, en des Chénopodées, renferme des plantes herbacées
1785, par Kosegarten ; MM. Laurent et Malaguti en qui croissent dans les lieux stériles et sablonneux des
ont établi la composition en 1836. contrées méridionales. La Camphrée de Montpellier,
CAMPHRE (de l’arabe camphuiA, espèce d’essence petit arbrisseau à rameaux longs et blanchâtres,
concrète, d’une odeur très-forte, d^une saveur amère à feuilles alternes, petites, nombreuses, à fleurs ver-
et aromatique. Le camphre est plus léger que l’eau, dâtres, exhale une forte odeur de camphre, et s’em-
entre en fusion à 175°, et bout à 204° ; il est si vo- ploie contre l’asthme et l’hydropisie.
latil qu’il disparaît bientôt complètement quand on CAMPHRIER, Laurus camphora, genre de la fa,-

l’expose à l’air libre. Il brûle avec une flamme blan- mille des Laurinées, tribu des Campborées, est origi-
che. L’eau n’en dissout qu’une petite quantité; l’al- naire des contrées montueuses de l’Orient. Cet arbre
cool , l’éther , les huiles grasses et les huiles essen- a le port du tilleul , l’écorce du tronc raboteuse et
tielles le dissolvent en toutes proportions. 11 se dis- grisâtre, les feuilles ovales, longues, alternes, d’un
sout aussi dans l’acide nitrique ; cette dissolution beau vert luisant ; les fleurs blanches , petites , en
portait autrefois le nom d’huile de camphre ; à panicule ; les fruits pourpres, noirâtres, à une seule
chaud , l’acide nitrique convertit le camphre en graine, de la grosseur du pois chiche. On en retire
acide camphorique. 11 renferme du carbone, de lecamphre. Voy. camphre.
l’hydrogène et de l’oxygène, dans les rapports de CAHiPYL... (du grec campylos, recourbé), entre
C«oyteO»,Le Camphre de Bornéo présente une com- dans la composition d’un grand nombre de termes
, , , ,

CANA — 249 CANA


de Botanique et d’Entomologie, comme Campylan- Sambre, de la Somme, de Saint-Quentin, des Arden-
thère, Campylocarpe , Campylodonte etc., et dé- nes, de l’Oise canalisée ; près de Paris,ceux de l’Ourcq,
signe partout des organes remarquables par leur de St-Denis et de St-Martin; au centre, ceuxde Briare
courbure. et du Loin'g, d’Orléans, du Berri, du Nivernais, de
CANAL (du latin canalis), cours d’eau artificiel, la Saône à la Loire, dit aussi canal du Centre ou du
peut être construit dans l’intérêt de la salubrité, de Charollais, le canal latéral à la Loire; à l'O., ceux
l’agriculture ou du commerce. De là, trois genres de de rille-et-Rance, de Bretagne ou de Nantes ; au S.,
canaux les C. de dessèchement, qui ont pour but de
:
ceux duMidi ou du Languedoc, d’Arles àBouc d’Aire ;

dessécher des marais ou des terrains inondés, et que à la Bassée, le canal latéral à la Garonne, ceux des
l’on creuse dans la direction de la plus grande pente ; Pyrénées, de Beaucaire; à l’E., ceux de Bourgogne
les C. d’irrigation, qui serYent soit à fertiliser des ter- ou de la Saône à l’Yonne, du Rhône au Rhin, et de
res trop desséchées, en amenant par une pente douce la Saône au Rhin ou de Monsieur. —Plusieurs com-
l’eau d’un réservoir supérieur sur le terrain qu’on pagnies importantes ont entrepris la construction et
veut arroser, soit à approvisionner d’eau une grande l’exploitation de ces divers canaux; on cite, entre
ville; les C. de navigation, creusés pour le trans- autres, celle des Quatre-Canaux (Bretagne, Niver-
port des denrées et des marchandises ; ces derniers nais, Berri, Latéral à la Loire), et celle des Trois-
se divisent en C. de dérivation ou latéraux, et C. à Canaux (Ardennes, Somme et Oise).
écluses. — Les C. de dérivation sont destinés à rem- En Anatomie, on a donné le nom de canal à des
placer un cours d’eau naturel dont la navigation est cavités étroites, plus ou moins allongées, destinées
imparfaite, et se construisent latéralement à ce cours à laisser passer certains liquides, ou à recevoir des
d’eau , dans la vallée même qu’il parcourt. Ils em- organesdivers : C. digestif, C. aérien,C. vertébral, C.
pruntent leurs eaux au fleuve qu’ils remplacent ou à veineux, C. artériel, C. médullaire, C. thoracique,
ses affluents, et se composent de biefs, canaux horizon- C. inguinal, etc. On appelle C. de Bichat un re-
taux réunis par des chutes; ils n’ofl'rent aucun cou- plide l’arachnoïde, au-dessous du bourrelet du corps
rant sensible, et les bateaux peuvent les parcourir calleux par lequel cette membrane pénètre dans le
dans les deux sens avec la même facilité. —Les C. à
,

ventricule moyen du cerveau; C. de Ferrein, la


écluses ont pour but de réunir deux rivières, et gouttière triangulaire qui résulte du rapprochement
quelquefois même deux mers différentes par une des bords libres des paupières et de leur applica-
route navigable en faisant franchir aux bateaux les tion contre le globe de l’œil; C. de Rivinus, de
hauteurs qui séparent les vallées que ces cours d’eau Stenon, de Wharton, de Wirsung les conduits
parcourent. Ces canaux sont alimentés par dévastés excréteurs de la 3® glande salivaire, de la glande
réservoirs, naturels ou artificiels, appelés bassins de parotide, delà glande sous-maxillaire, du pancréas.
partage, et situés au point de partage des eaux, En Botanique, on nomme Canal de la sève le creux
c.-à-d. au sommet des hauteurs d’où les eaux qui pro- qui est au centre de la tige de certains végétaux li-
viennent de la pluie , de la fonte des neiges ou des gneux, et qui reçoit et conduit la sève ; C. médul-
sources naturelles, s’écoulent dans les vallées envi- laire, l’espèce d’étui longitudinal qui occupe le cen-
ronnantes. Les écluses [Voy. ce mot), en se vidant tre des plantes Dicotylédonées, et dans les parois du-
et en se remplissant à volonté, forment comme les quel est circonscrite la moelle qui, dans les végétaux
degrés d’un escalier à l’aide duquel les bateaux peu- monocotylédonés, forme en quelque sorte la masse
vent franchir les pentes les plus considérables. — de la tige.
Les canaux de dérivation sont connus dès la plus CANALICULE (diminutif de canal), nom donné
haute antiquité ; l’Ëgypte ancienne était sillonnée en Botanique à la rainure longitudinale qu’on observe
de canaux dont on voit encore les ruines. De très- sur les feuilles et les pétioles de certaines plantes.
bonne heure , les Chinois ont su construire des ca- CANARD , Anns genre d’oiseaux aquatiques de
naux d’irrigation et de navigation ; le plus célèbre l’ordre des Palmipèdes, de la famille des Lamelli-
de tous est le C. Impérial, qui traverse la Chine du rostres, tribu des Anatinées, comprend, dans sa
nord au sud, et dont le développement est d’environ plus grande extension, les Cygnes, les Oies et les
1,300 kilom. Les Grecs et les Romains ne se sont Canards proprement dits. Ces derniers ont pour ca-
point signalés par la construction des canaux : ce- ractères un bec plat, aussi large à son extrémité que
;

pendant ces derniers ont eu l’idée gigantesque de vers la tête ; un cou beaucoup moins long que celui
réunir la mer du Nord à la Méditerranée, au moyen des oies et des cygnes; des jambes plus courtes et
d un canal entre le Rhône et le Rhin. Charlemagne placées plus en arrière encore que celles des cygnes,
reprit ce projet en 794; mais il n’a été réalisé que ce qui rend leur marche pénible et embarrassée. Si
de nos jours, en 1845, par la construction du Canal les canards marchent mai, ils volent avec rapidité,
Louis, qui unit le Danuhe au Mein par l’Altmühl. et quelquefois extrêmement haut; ils excellent sur-
Pendant le moyen âge , l’hydraulique resta à peu tout dans la natation, fendent l’eau avec grâce, et
près stationnaire; mais, au xv« siècle, une nouvelle plongent avec beaucoup d'adresse. Le canard vit pres-
impulsion fut donnée à la construction des canaux. que toujours sur l’eau , où il trouve sa nourriture de
La France et l’Italie septentrionale donnèrent l’exem- prédilection, et il construit son nid au milieu des joncs
ple; malheureusement elles se sont laissé dépasser et des marécages. La plupart des espèces sont sujettes
par les nations qui vinrent après elles, et aujourd’hui à une double mue qui donne à leur plumage un as-
les contrées les plus favorisées sous ce rapport sont pect tout nouveau. Presque toutes aussi exécutent de
l’Angleterre, les États-Unis et la Hollande. La longs voyages : elles passent l’hiver dans les contrées
création des chemins de fer a pu faire craindre que tempérées, et retournent, dès le printemps, dans
les canaux ne devinssent inutiles; mais il est
que ces deux moyens de transport, loin de se nuire,
à penser les pays du Nord. — Il existe uue foule d’espèces
ou de variétés de ce genre, parmi lesquelles nous ci-
s’aideront mutuellement les railways étant plutôt terons, outre le C. sauvage, qui est le type du genre,
,
faits pour transporter les voyageurs et les marchan-
et le C. domestique qui en provient, le C. mus-
dises peu volumineuses, et les canaux pour les lourds
qué. le C. ridenne, dit aussi Chipeau ou Rousseau,
fardeaux et les marchandises encombrantes. On le C. à longue queue ou Filet, le C. siffleur, le C.
peut consulter sur ce sujet l’Histoire de la navi-
: huppé, YEider, le Souchet, le Tadorne, le Garrot,
gation intérieure de la France, par Dutens, 1829, le Morillon, la Macreuse, la Sarcelle, etc. La Ber-
et l’ouvrage de M. Collignon, Du concours nache et le Ctavant, que quelques naturalistes ran-
des canaux et des chemins de fer, Paris, 1845, in-8. gent parmi les Canards proprement dits, appar-
Aujourd’hui, on compte en France une centaine de tiennent plutôt à la famille des Ansérinées.
canaux, dont les principaux sont au N., ceux de la
; Le Canard sauvage [Ânas botchas], espèce type.
, —, ,

GANG — 230 — GANG


habite le nord des deux continents, et arrive dans nos le signe du Cancer (j21 juin): ce jour est appelé
contrées vers le milieu de novembre. Le mâle a la Solstice d’été. Voy. tropiques et solstices.
tête et le cou d’un vert très-foncé , un collier blanc CANCER, en Médecine. On appelle ainsi une maladie
au bas du cou, et les parties supérieures rayées de chronique, et presque toujours incurable, qui désor-
brun cendré et de gris blanchâtre, la poitrine marron ganise tous les tissus où elle se développe, et qui se
foncé, le bec d’un jaune verdâtre, les pieds oran- les assimile en s’étendant toujours de plus en plus.
gés J sa longueur est de 50 à 60 centim. Les canards On lui a donné ce nom , soit qu’on ait comparé aux
sauvages volent par troupes nombreuses ; ils ont le pattes d’un crabe les veines dilatées et engorgées qui
vol très-élevé, ce qui les rend très-difficiles à tirer : s’écartent en rayonnant autour de la tumeur can-
aussi emploie-t-on, pour les chasser, des fusils fort céreuse, soit parce qu’on a cru anciennement qu’un
longs et d’un gros calibre qui portent très-loin, et animal dévorait les parties malades. Les tumeurs
qu’on nomme canardières on leur tend aussi toutes
;
cancéreuses sont formées par les deux productions
sortes de pièges. La chair de ce gibier est très-estimée. anormales que Laënnec a appelées matière squir-
— Le Canard domestique provient du canard sau- reuse et matière encéphaldide ou cérébri forme {V.
vage, croisé avec des espèces étrangères ; il a le plu- SQuiRRE et ENCÉPHALO'iDE) .

Tous los tissus, excepté
mage également varié, quoique nuancé de couleurs l’épiderme, et peut-être les cartilages articulaires,
moins vives ; son bec est tantôt d’un vert olivâtre et peuvent être le siège de cette dégénérescence; mais
tantôt d’un assez beau jaune aurore ses pattes sont
: les mamelles, l’utérus, les parties génitales, la vessie,
toujours de cette dernière couleur. Le mâle se dis- l’estomac, sont lès organes où on l’observe le jilus
tingue de la femelle par quatre plumes relevées en souvent; puis viennent la peau (surtout celle des lè-
crochet au milieu de la queue. Un seul canard mâle vres et de la face en général), les organes internes
suffit à huit ou dix canes ou femelles celles-ci
: (le foie, l’estomac, le rectum). A la peau, le cancer
pondent de 10 à 12 œufs, qu'elles couvent pendant débute par un tubercule ou verrue; dans les mem-
un mois. En six mois, le caneton a pris tout son branes muqueuses, il se développe sous la forme de
accroissement. La chair du canard commun est polypes charnus ou fibreux; celui des os constitue
plus grasse et moins digestible que celle du ca- Vostéosarcôme.
nard sauvage : on estime les canards engraissés Les causes du cancer sont encore fort obscures.
de la Normandie et du Languedoc ; on sale quel- En général, le cancer n’ apparaît que depuis l’âge de
quefois la chair de ces derniers pour la conserver. 30 à 40 ans ; les femmes y sont plus exposées que
— On connaît la douceur, la finesse et l’abondance du les hommes. On signale les climats chauds comme
beau duvet dont le ventre des canards est couvert; favorisant la production du cancer, mais surtout
aussi , dans beaucoup de pays , esUon dans l’usage comme hâtant sa marche. Comme causes locales ou
de le leur enlever au mois d’avril et au mois de sep- déterminantes, on cite les violences extérieures, coups
tembre \ édredon est le duvet de l’espèce de ca-
; ou chutes les pressions les irritations de toute es-
, ,

nards appelée Eider {Voy. ce nom). —


Le C. mus- pèce et l’inflammation chronique. On admet aussi
qué (4. moschata) doit son nom à l’odeur qu’il une diathèse cancéreuse, c.-à-d. l’existence d’un vice
répand, et qui provient d’une liqueur grasse, filtrant général de l’économie, qui vient se manifester et se
de glandes situées près du croupion. Sa tête est développer dans telle ou telle partie. —
Le cancer est
garnie de caroncules charnues d’un rouge vif; son caractérisé en général par son développement pro-
plumage est très-varié : tantôt il est presque tout gressif, la tendance qu’ont les glandes voisines à se
noir, tantôt tout à fait blanc sa chair a une odeur
;
tuméfier, l’incurabilité presque constante de la mala-
désagréable qu'on atténue en lui ôtant le croupion die, la propriété qu’elle a de se reproduire, et surtout
au moment où l’on vient de le tuer. On lui donne par cette altération profonde de l’organisation qu’on
aussi les noms de C. de Barbarie, de C. de Guinée, a appelée cachexie cancéreuse, altération qui se ma-
de C. d’Inde. Il est originaire de l’Amérique du nifeste par l’air do souffrance et la pâleur extrême
Sud, et semble redouter le froid de nos climats. — du malade, son amaigrissement et l’état de la peau,
Voy. SARCELLE, MACREUSE, etC. qui est froide et sèche comme du parchemin ; ce mal
CANARDIÉRE, long fusil. Voy. canard sauvage. n’est pas contagieux, mais il peut être héréditaire.
CANARI, espèce de Serin. Voy. serin. Le traitement est local ou général. Le traitement
CANCEL (du latin cancellus barreau), nom local comprend la compression au moyen de dis-
:

qu’on donnait autrefois à la partie du chœur d’une ques d’agaric et d’une bande de toile ( ce nioyen s’ap-
église qui est la plus rapprochée du grand autel, et plique surtout au cancer du sein) ; les antiphlogisti-
qui est ordinairement fermée d’une balustrade. On ques, les topiques, soit résolutifs (catapiaoœes de fa-
l’appelle aujourd'hui sanclMoù-e. —Ce mot désignait rine d’orge ou de fèves délayée dans de l’eau de savon ;
aussi le lieu entouré d’une balustrade dans lequel on frictions de pommade d iodure de potassium ou d une
tenait le sceau de l’Etat. pommade mercurielle ; emplâtres fondants de
CANCELLAIRE, genre de Coquilles univalves ma- Vigo, etc.) ; soit narcotiques ( fomentations ou ca-
rines, de l’ordre des Gastéropodes et de la famille taplasmes avec décoction de pavot ou de morelle,
des Peclinibranches de Cuvier, a pour type la C. dejusquiame, do belladone, de ciguë, emplâtres
asperelle, ventrue, gaufrée, de couleur jaunâtre, et opiacés, etc.) ; —
la cautérisation : les caustiques les
renferme une cinquantaine d’espèces, toutes recher- plus usités sont la pâte de Rousselot ou de frère
chées pour leur beauté. Côme; le nitrate de mercure liquide, la solution de
CANCER , nom latin du Crabe. Voy. crabe. chloiure d’or, les chlorures de zinc, de brôme, etc.;
En Astronomie, on appelle Cancer le 4» des douze — enfin , l'ablation par l’instrument tranchant
signes du Zodiaque ; il est placé dans l’hémisphère c’est le seul moyen réellement efficace; encore faut-
il que la maladie soit locale, que la tumeur
boréal et est représenté sous la figure d’une écre- squir-
visse; c’est le 21 juin que le soleil nous parait en- reuse soit récente, peu volumineuse , et qu’elle pro-
trer dans cette partie de l’écliptique. Le signe du vienne de cause externe ; que les douleurs lancinantes
Cancer tire son nom d’une constellation composée soient rares ; que les glandes lymphatiques voisines
de 83 étoiles fort petites , au milieu desquelles on ne soient nullement engorgées; que le malade
remarque une nébuleuse qu’on nomme la Crèche soit d’ailleurs dans de bonnes conditions de santé.
(præsepé) ou la Ruche. Depuis près de 2,000 ans Il faut avoir grand soin d’extirper le mal jusqu’à
cette constellation ne coïncide plus avec le signe. ses dernières racines, pour éviter une répullulation
On donne le nom de Tropique du Cancer au cer- inévitable, et toujours plus grave que la maladie
cle parallèle â l’équateur que le soleil paraît décrire première. — Le traitement général a lieu ordinai-
dans son mouvement diurne le jour où il entre dans rement par la ciguë, prise à l’intérieur sous forme
, , ,

CAND — 251 — Cx^NI

d’extrait, et à, forme d’emplàtre; on


l’extérieur sous de leur candidature. La première année {annuspnh
tisane de squine ou de bardane et de sa- fessionis) les candidats haranguaient le peuple :
y joint de la
ponaire, et un régime alimentaire sévère. On a cela s’appelait profderi nomen suum, avouer son
beaucoup vanté aussi l’arséniate de soude, les mer- nom, parce qu’on énumérait le mérite des ancêtres
curiaux, les sels de cuivre, l’hydrochlorate de baryte, et les services qu’ils avaient rendus. Au commence-
l’acide nitrique, l’iode, l’acoDit,la belladone, les eaux ment de la seconde année, les candidats priaient les
salines ou sulfureuses,la compression méthodique, etc, magistrats d’inscrire leurs noms parmi les préten-
CANCHE, Aira (mot qui en grec signifie ivraie), dants, et ils étaient alors admis ou non admis à
genre de plantes de la famille des Graminées, tribu solliciter les suffrages du peuple.
des Avénacées , épillets à 2 fleurs égales , herma- CANE, femelle du Canard. Voy. canard.
phrodites et sessiles, glumes aussi grandes que les CANEFICIER ou CASSiER, arbre exotique qui pro-
fleurs; arête dorsale, tordue à sa base qui termine duit la casse, dite aussi cariéfice. Voy. casse.
la paillette inférieure de la glume. Les Canches for- CANEPET1ÈRE , nom vulgaire de la Petite Ou-
ment des touffes plus ou ou moins épaisses de pe- tarde commune dans le Midi. Voy. outarde.
tites herbes à feuilles étroites, à panicules étalées, CANÉPIIORE (du grec ca?zè, corbeille, etphérô,
communes sur tous nos chemins, dans les lieux secs porter), nom donné dans les cérémonies religieuses
et sablonneux des régions froides ou tempérées. Elles des anciens aux jeunes filles qui portaient des cor-
fournissent aux troupeaux un excellent pâturage ; beilles où étaient déposés divers objets pour les sa-
mais leur petitesse empêche qu’on en fasse des prairies crifices. Les Canéphores jouaient un rôle important
artificielles.— La C anche touffue [Airacespitosu, L.), dans les mystères de Cérès et de Bacchus. Aujour-
l’espèce la plus grande et la plus belle , est remar- d’hui, on donne ce nom en Architecture aux Carya-
quable par une panicule ample , longue et un peu tides qui représentent des femmes ou de jeunes
inclinée, composée de plusieurs fleurs, d’un vert hommes portant des corbeilles.
argenté luisant ; les autres espèces sont petites et CANEPIN, dit aussi Cabretille, cuir très-mince et
figurent fort bien dans les gazons. léger, qui se lève dessus lapeail de l’agneau ou du
CANCRE. 7. CRABE. —
CANCROMA. F. savacou. chevreau, après qu’elle a été préparée par le mégis-
CANDELABRE (du latin candelabrum, dérivé lui- sier. Les couteliers et les chirurgiens s’en servent pour
même de candela, lampe, chandelle). L’usage des essayer les tranchants délicats, lancettes, bistouris, etc.
candélabres est très-ancien c’étaient d’abord un
; Les gantiers nomment le canepiu cuir de poule, et
roseau, une canne, placés sur un disque et sur- en fabriquent des gants légers (de femmes pour l’été;
montés d'un corps en forme de plat. La plupart des on s’en servait aussi autrefois pour lea éventails.
candélabres rappellent cette origine ils ont la forme CANETON, nom vulgaire du jeune Canard. Il con-
;
d’une branche d’arbre ou d’un bâton ils sont géné-;
serve ce nom jusqu’au moment où ses ailes se croi-
ralement^cn bronze, quelquefois en marbre ; plusieurs sent au-dessus de la queue. On dit alors que les ca-
atteignent de 2 à 3 m. de hauteur. Chez les anciens, netons sont croisés , ou bons à manger.
ils portaient le plus souvent des lampes, et servaient CANETTE (de cane, femelle du canard). Ce mot
à la décoration des temples , des palais et des bains désigne l® une petite Cane; 2° la Sarcelle d’hiver;
:

publics; le musée du Vatican possède une riche col- 3“ en termes de Blason , un oiseau représenté sans
lection de ces candélabres. De nos jours, ces grands pieds ; 4° une mesure de liquides usitée dans 1e
candélabres ne sont plus guère usités que dans les nord de la France, principalement pour la bière.
décorations des églises et des monuments funèbres. On appelle encore canette, et mieux cannette (de
— On appelle encore candélabre un grand chande- cawia, roseau ) ; 1» un robinet de bois, de plomb ou
lier fait à l’antique, et ordinairement
à plusieurs de cuivre dont on se sert pour vider un tonneau :
branches , que l’on place sur les tables à manger et ou dit aussi cannelle: 2“ dans les filatures, un petit
les cheminées des grands appartements, et qui sont tuyau de bois ou de roseau sur lequel on met le fii
destinés à recevoir plusieurs bougies. ou la soie pour la trame d’une étoffe.
En Architecture, on donne ce nom à un amortis- CANEVAS (du latin cannabis, chanvre), grosse
sement en forme de balustre, qui se place à l’en- toile claire, blanche ou écrue, sur laquelle eu a tracé
tour intérieur d’un dôme, ou au-dessus du portail des dessins de toute espèce, et dont on se sert pour
d’une église. faire des ouvrages de tapisserie ou de broderie.
On connaît sous le nom de Candélabre de Thu- Au figuré, on donne ce nom à une sorte de comé-
ringe un monument en pierre, haut de 10 mètres, die en manière à’impromptu autrefois en usage ^au
qui fut élevé en 1811, près d’Altenbourg, par le duc théâtre italien : c’était un plan do comédie que l’on
de Saxe-Gotha, ©a mémoire de la première église al- donnait aux acteurs, en leur laissant le soin de fournir
lemande, fondée en cet endroit par saint Boniface. d’eux-mêmes les détails du dialogue. Arlequin, Po-
CANDI (du latin candidus, blanc, ou de l’ile de lichinelle, Pantalon, etc., formaient d’ordinaire les
Candie , où il aurait été fabriqué pour la première principaux personnages de ces sortes de pièces. —
fois). On appelle sucre candi le sucre cristallisé ré- Ce terme s’emploie aussi en composition musicale.
gulièrement et en grosses masses. Pour l’obtenir CANGUE , supplice en usage dans plusieurs con-
ainsi, on fait un sirop qu’on laisse évaporer jusqu’à trées de l'Asie et notamment en Chine. C’est une
,

ce qu’une goutte versée sur un corps froid se prenne espèce de carcan portatif, consistant tantôt en une
sans s’étaler; on le verse alors dans une terrine où grande table percée de trois trous, l’un pour passer
l’on a disposé des fils croisés en différents sens, et le cou, et les autres pour passer les mains ; tantôt en
on le laisse refroidir lentement les cristaux se for-
; un triangle de bois qu’on fixe au cou du patient, et
ment autour des fils. —
On trouve dans le commerce auquel une de ses mains est attachée.
(lu C. blanc et du C. jaune
;
ce dernier est fait avec CANICHE, nom vulg. du chien Barbet. V. barbet.
du sucre dont le sirop n'a pas été décoloré. — Le CANICULE (du latin canicula, diminutif de ca-
sucre candi n’a point de propriétés particulières; les nis, chien), en latin Sirius, Sothis chez les Egyptien s,
confiseurs en emploient beaucoup dans la fabrica- la plus brillante des étoiles fixes, nommée aussi Etoile
tion des bonbons. —
On appelle fruits candis des du chien, parce qu’elle fait partie de la constellation
fruits confits, ordinairement entiers, sur lesquels on australe du Grand Chien [Voy. ce mot), dont elle est
a fait candir une couche de sucre. l’étoile a.Les anciens lui attribuaient une grande in-
CANDIDAT (de candidus blanc). Les Romains fluence sur l’économie animale. —On appelle aussi
nommaii nt ainsi ceux qui briguaient les charges, à Canicule ou jours caniculaires le temps durant le-
cause de l’usage où ils étaient de revêtir un habit quel le soleil est censé se lever avec cotte étoile (du
blanc durant les deux années destinées aux épreuves 24 juillet au 26 août); par l’effet de la précession
, , , , , , , , ,

GANN — 252 — GANN


des équinoxes {Voy. ce mot), le lever héliaque de belle plante qui monte à 2 et 3 m., et dont les Turcs
Sirius n’arrive plus aujourd’hui que quand les jours et lesArabes emploient la tige pour faire des tuyaux
^caniculaires sont passés. L’époque de la canicule est de pipe; la C. cylindrique dont la tige s’élève de
le temps le plus chaud de l’année, surtout au début ; 2 à 4 m. dans les sables mouvants du midi de la
car, vers la fin , la chaleur a déjà sensiblement di- France : elle sert à fixer ces sables au moyen de ses
minué. Les Égyptiens comptaient le commencement racines longues et tortueuses.
de leur année à partir des jours caniculaires c’était : CANNE (du latin canna roseau) , nom vulgaire
leur année sothiaque ou cynique. donné à toutes les plantes à tiges droites, articulées
CANIF (de l’anglais knife, même signification). par intervalles, et qui laissent échapper de ces nœuds
Outre l’instrument que tout le monde connaît, on a ou renflements des feuilles formant gaine à leur base.
imaginé, il y a quelques années, des canifs dits taille- Le plus souvent il signifie Roseau, en latin, Calamus.
plumes qui taillent les plumes d’un seul coup. Ce On appelle Canne aromatique ou Jonc odorant
sont des espèces de tenailles, dont l’intérieur est garni [Calamus aromaticus) , une espèce d’Acore [Voy. ce
de parties tranchantes ayant la forme d’une plume mot) ; C. à écrire, Jonc à écrire [Calamus scrip-
bien taillée. En introduisant la plume dans cet instru- torius), un roseau très-mince dont le tube est un
ment, et en serrant fortement, la plume se trouve à peu moins gros que le petit doigt, long de 16 à 18

la fois taillée et fendue. On appelle aussi canif un centim. , et qui se taille comme nos plumes ordi-
outil avec lequel les graveurs sur bois creusent difl'é- naires la canne à écrire, très-connue des anciens,
;

rentes parties de leurs planches. et dont on se servait pour écrire sur le papyrus,
CANIN (de canis, chien). On appelle dents cani- est encore en usage aujourd’hui dans tout l’Orient;
nes quatre dents pointues situées entre les incisives et C. à main, les jets droits et pliants du Rotang, dont
tes molaires, une à chaque côté de la mâchoire [Voy. on fait les cannes vulgairement appelées rotins; C.
dents); — faim canine, une faim dévorante [Voy. à sucre, une espèce du genre Cannamelle [Voy. ci-
CYNORExiE et boulimie) ; — fosse canine, une dépres- après) ; C. bamboche, le Bambou ; C. Congo ou C.
sion de la face externe de l’os maxillaire supérieur, d’Inde, la racine du Balisier; C. de Provence, C.
un peu au-dessus de la dent canine; —
muscle ca- Roseau, Roseau à quenouilles, une plante du Midi
nin ou élévateur de l’angle des lèvres le muscle connue des botanistes sous le nom d’Arundo Do-
qui a son origine dans la fosse canine, et va se ter- nax. Voy. ce nom.
miner à la commissure des lèvres ; —
ris canin, le Par extension, on a donné le nom de canne au
rire sardonique, produit par la contraction du mus- bâton sur lequel on s’appuie en marchant. On en fait
cle canin , surtout d’un seul côté. en toutes sortes de matières; les meilleures sont en
CANITIE (du latin canities de eanus blanc), bambou et en jonc : elles sont à la fois solides et légè-
blancheur des poils et surtout des cheveux. On dis- res. On en fabrique aujourd’hui en fer creux laminé.
tingue la C. native ou congéniale, qui s’observe chez De tout temps, la canne a été tout à la fois la marque
les Albinos Voy. ce mot) la C. sénile, qui est due aux
( ;
de la vieillesse et. le signe du commandement. C'est
progrès de l'âge; la C. accidentelle, qui survient à encore un objet d’ornement qu’on porte par main-
la suite d’une maladie grave, ou qui se produit quel- tien et par mode plus que par nécessité. Dans le
quefois presque soudainement chez des individus siècle dernier, les dames portaient aussi des cannes :

encore dans toute la force de l’âge. Les causes de la ces cannes étaient assez longues, mais minces et
canitie subite sont fort peu connues. On cite quel- légères, et ornées d’une pomme plus ou moins pré-
ques expmples d’individus dont les cheveux ont cieuse. Dans les régiments, les tambours-majors
blanchi en quelques heures par l’effet d’une émotion ou tambours-maitres sont armés d’une canne ornée
violente. On a prétendu que les travaux du cabinet d’une grosse pomme d’argent et d’un cordon ; ils
font blanchir les cheveux; mais cette assertion n’est s’en servent pour commander aux tambours au
pas parfaitement prouvée. Il est constant, néan- moyeu de signaux. — On appelle C. à parapluie
moins, que les progrès de la canitie, comme ceux de une canne, le plus souvent en fer creux, dans l’in-
la calvitie [Voy. ce mot), peuvent être hâtés par les térieur de laquelle est renfermé un parapluie que
fatigues du corps et celles de l’esprit par les excès par un ingénieux mécanisme, on peut déplier et
,
de tout genre, les émotions fortes et les chagrins. replier assez rapidement.
CANIVEAU ( de caniculus petit canal ) , nom Comme armes, ou distingue la C. à vent, qui
:

donné, en Architecture, à toute pierre creusée dans n’est autre que la sarbacane ou le fusil à vent [Voy.
le milieu en manière de ruisseau, pour faire écouler ces mots ) ; la C. à dard, qui renferme une lame
l’eau. On taille des pierres en caniveau pour paver d’épée habilement dissimulée ; c’est une arme pro-
une cuisine, une laiterie, un laboratoire, etc. On — hibée. — Autrefois, on appelait C. d'armes un court
donne aussi ce nom aux gros pavés qui étant assis ,
bâton surmonté d’un fer de hallebarde, arme de
alternativement avec les contre-jumelles et un peu demi-longueur, employée dans les tournois, dans les
inclinés, traversent le milieu d’un ruisseau. Voy. pavé. carrousels et dans les combats singuliers, quand les
CANJARE ou CANDJiAR, dit aussi Cric, poignard roturiers y prenaient part.
dont se servent les naturels des Indes Orientales; la Comme instrument, on emploie la C. gnomoni-
lame, large de trois doigts et de la longueur de nos que, qui sert à indiquer l’heure en donnant les hau-
baïonnettes, s’emmanche, pour ainsi dire, dans la teurs du soleil la C. AÿrfmM/ig'ue, tube cylindrique à
;

main par une poignée terminée en pointe d’écluse, soupape, ouvertdes deuxbouts,qui sert à élever l’eau.
et est communément empoisonnée. On donne encore le nom de canne à une mesure
CANNABINE (du latin cannabis, chanvre), nom de longueur dont on se sert dans beaucoup de con-
donné à plusieuis espèces de Guimauves et d’Orties, trées pour le mesurage. La canne varie suivant les
ainsi qu’au Datisque [Voy. ce nom), à cause de leur localités ; communément elle vaut 2 m. et quelques
ressemblance extérieure avec le chanvre. C’est — centim., et équivaut à peu près à notre toise : cepen-
aussi un des noms de la Linotte. Voy. ce mot. dant à Malte, ainsi qu’à Gènes, elle vaut presque
CANNABIS , nom latin du Chanvre , adopté par 3 aunes métriques; à Rome, elle ne vaut qu’une aune ;
les Botanistes pour désigner ce genre de plante. On à Florence, 2 aunes et demie, etc. —
Dans le midi de
en a tiré celui de Cannabinées famille du grand la France, la canne était surtout employée pour les
groupe des Urticées, qui a pour type le Chanvre. bâtiments , au lieu de la toise , qui était en usage
CANNAMELLE (du latin canna, roseau, et mel, dans le nord : la canne de Toidouse, la plus usitée,
miel), Saccharum, genre de la famille des Grami- avait l'",796; elle se divisait en 8 pans ou empans
nées, a pour espèces principales la C. officinale ou
: (de 8 pouces). Il y avait aussi une canne de 1™,80,
Canne à sucre [Voy. ci-après); la Ç. de Ravenne, dite de VAriége, qui était fort répandue
, ,

CANN — 253 - CANO


CANNEASUCRE,Scccfiorwmo/’/îcînoïe,plante\’ivace, arc de cercle, taillée du haut en bas du fût d’une
de la tribu des Saccliarinées, est une esp. du g. Canna- colonne ou de la face d’un pilastre. Ce mot se dit
melle, à racine genouillée et fibreuse ; à tiges lisses, également des stries que l’on pratique sur tout au-
luisantes, articulées, garnies de ,40 à 60 nœuds plus tre objet, par exemple, sur les cylindres d’une ma-
ou moins rapprochés, hautes de 3 à 4 m., épaisses chine. La cannelure appartient principalement à
d’env. 5 centim., et remplies d’une moelle blanchâtre l’ordre dorique. On distingue les C. torses, qui tour-
et succulente qui, étant exprimée, fournit la liqueur nent en forme de spirale; les C. à vive arête, qui
qu’on appelle Vin de canne, et de laquelle on extrait sont peu creusées; les C. ornées, dont l’intérieur
le sucre {Voy. Sücre). De chaque nœud partent de contient, soit d’un bout à l’autre, soit par intervalles,
longues feuilles embrassant la tige à leur naissance des feuilles qui serpentent, ou seulement des espèces
et faisant , à leur partie supérieure , une sorte d’é- de filets ou baguettes qu’on nomme rudentures.
ventail. Le sommet de la tige, appelée flèche, est En Botanique, on donne ce nom aux stries profon-
couvert de petites fleurs blanchâtres. La canne à des qu’on remarque sur la tige de certaines plantes.
sucre met cinq à six mois pour parvenir à son en- En Chirurgie, on appelle ainsi un sillon longitu-
tier accroissement. Outre le sucre , elle donne des dinal pratiqué sur divers instruments et destiné à
sirops que l’on convertit en alcool, en rhum et au- diriger le tranchant d’une lame.
tres liqueurs. Elle fournit aux bestiaux un excellent CANNETILLE, morceau de fil d’or ou d’argent
fourrage. — La culture de ce végétal exige de grands trait, fin ou faux, plus ou moins gros , qu’on a tor-
soins, un excellent terrain, et une exposition conve- tillé sur une longue aiguille de fer par le moyen d’un
nable, à l’abri des vents terribles qui désolent les rouet, et que l’on emploie dans les broderies, les
Antilles : elle est sujette à plusieurs maladies, sur- crépines et autres ouvrages semblables. La cannetille
tout à la rouille. Les rats et les fourmis sont aussi d’or et d’argent se prépare dans les ateliers de Paris
pour elle de dangereux ennemis. ou de Lyon. Nuremberg avait autrefois le monopole
On connaît beaucoup de variétés de la canne à su- de celle de cuivre ou de laiton ; mais on en fabrique
cre. Celle qu’on cultive ordinairement est la C. offici- aujourd’hui d’excellente à Trévoux. — On appelle
nale (Saccharum officinarum) qui est blanche et encore ainsi : 1» un tissu de laiton dont les modistes
très-sucrée. Vient ensuite la C. à sucre rougeâtre, se servent pour soutenir la forme des chapeaux ; 2° le
qui a les nœuds plus rapprochés , l’écorce dure et fil de laiton argenté et très-délié que l’on roule au-

roussâtre , et dont le suc est moins abondant mais


,
tour d’une corde à boyau ou de métal, pour former
plus doux. Une troisième variété a la tige très- les grosses cordes des violons, des basses, contre-
mince, les cannelures vertes, et les nœuds très- bâsscs etc.
éloignés ; elle donne beaucoup de sucre et se cul-
,
CANON (du grec kanôn, règle). En Théologie et
tive à Java. On cultive aussi la C. violette de Tàiti, en Liturgie, ce mot a plusieurs acceptions fort diffé-
qui est la plus précoce; elle est déjà introduite dans rentes. Les Canons de l’Église sont les lois et les
la plupart des possessions anglaises. règles de la discipline ecclésiastique, les décrets et
La canne à sucre est originaire de l’Inde : elle décisions des conciles en matière de dogme ou de
fut de là transportée en Arabie, puis en Egypte et discipline ces canons sont les règles auxquelles les
:

en Syrie. Connue des Européens à l’époque des croi- Chrétiens doivent conformer leur croyance et leur
sades, elle fut apportée au xiv« siècle en Sicile et en conduite. On nomme spécialement Canons des apô-
Espagne, où on la cultiva avec succès. Introduite à tres ou C. apostoliques la collection des canons
Saint-Domingue en 1506 par les Espagnols, elle se ou lois ecclésiastiques que l’on attribue au pape S.
répandit promptement dans les Antilles et postérieu- Clément, disciple de S. Pierri, comme s’il eût reçu
rement sur le continent de l’Amérique. Aujourd’hui, cette collection des mains d i prince des apôtres ;
elle estsurtout cultivée en Amérique, notamment mais il paraît que ces canons sont l’ouvrage de quel-
aux Antilles et au Brésil. Les Chinois paraissent avoir ques évêques d’Orient, qui les ont rassemblés vers
connu la canne à sucre plus de 2,000 ans avant les le milieu du iii® siècle. Le Droit canon ou cano-
Européens, et avoir su en extraire le sucre. nique est la science du droit ecclésiastique fondée
CANNEBERGE (de canne et de berge, rive), sur les canons des conciles , les décrétales des pa-
nom vulgaire de l’Airelle coussinette. Voy. airelle.
CANNELLE (de l’italien cannello, tuyau), Cin-
pes, etc. — Le Canon de la messe se dit des pa-
roles secrètes et des cérémonies de la messe depuis
namomum, écorce intérieure des jeunes pousses et le Sanctus jusqu’au Pater, au milieu desquelles le
des braucbes du Laurier- Cannellier, Laurus Cin- prêtre fait la consécration ; on en attribue la com-
namomum (Voÿ. cemot). Aussitôt que cette écorce est position à S. Jérôme ou au pape S. Sévère. — Les
enlevée, on la coupe eu plaques carrées, et on la C. de la pénitence ou C. pénitentiaux sont les rè-
fait sécher au soleil ; c’est alors qu’eUe se colore et gles qui prescrivent des pénitences pour les différents
qu’elle se roule sur elle-même, en prenant la forme péchés, et qui sont tirées en partie des conciles géné-
de petits tuyaux. Il y a plusieurs variétés de lauriers raux ou particuliers, en partie des rescrits des papes,
cannelliers, qui toutes donnent de la cannelle plus ou et en partie des saints Pères. Les canons primitifs
moins bonne ; la meilleure est celle qui croît natu- étaient destinés à fixer la rigueur et la durée de la pé-
rellement dans une partie de l’ile de Ceylan et qui nitence publique imposée à certains grands pécheurs
,
y porte le nom de rosse corondé ; la C. motte est
une variété de cette espèce. Viennent ensuite celle de
qui désiraient être réconciliés à l’Église. — Le Canon
des saints est le catalogue authentique des saints re-
Cayenne, puis celle de Chine, qui est la moins esti- connus comme tels dans l’Eglise catholique ; le C. des
mée de toutes. La cannelle contient une abondante livres saints est le catalogue des livres de l’Ecriture
quantité d’huile essentielle qui la fait rechercher que l’Église regarde comme authentiques, par op-
comme aromate et comme condiment ; on l’emploie position aux livres appelés apocryphes [Voy. livres
en médecine conime tonique excitante et cordiale. c ANONiquEs) ; de même que les Alexandrins appelaient
,
On donne aussi le nom de Cannelle à des écorces C. des auteurs classiques la collection des auteurs
dont l’odeur et la saveur rappellent celle de la véri- grecs véritablement classiques. Voy. classiques.
table cannelle : la C. blanche est l’écorce d’un arbre En Chronologie , le mot Canon s’emploie quel-
de la fainille des Guttifères, le Winterana C.; la C. quefois pour signifier simplement des tables chro-
rfeCochinchine ou de Malabar est celle du Laurus nologiques, comme les tables du Nombre d’or, des
Cassia; la C. giroflée, dite aussi Bois de crabe et Épactes, de la Pâque, etc. ; c’est dans ce sens qu’on
Bois de girofle, est celle du Myrtus caryophyllata. nomme C. pascal une table des fêtes mobiles où l’on
CANNELLE , espèce de robinet. Voy. canette. marque pour un cycle de 19 ans le jour auquel
CANNELIJRE (de canna, roseau), petite cavité en tombent la fête de Pâques et les autres fêtes qui e n
, ,

CANO — 254 -
CANO
dépendent. D’autres fois le mot Canon s’emploie canon, de 40 à 44; le double canon, de 48 à 5S;
pour signifier la méthode ou la règle à suivre pour le triple canon , de 72 et au delà.
résoudre certains problèmes de chronologie. Canon s’est dit longtemps de chacune des deux
_

CANON, dans l’Art militaire (qu’on dérive de canna, tiges ou tuyaux d’un pantalon, d’un caleçon; et, par
canne, tube?), bouche à feu dont tout le monde con- suite, il s’est dit d’ornements, souvent garnis de den-
naît la forme : la partie postérieure se nomme ctiZoîse, telles, qu’on attachait au bas des hauts-de-chausses
;

la partie antérieure volée, la cavité intérieure âme; ces ornements étaient fort à la mode au xviie siècle.
celle-ci reçoit une certaine quantité depoudi'e que l’on CANONIALES
(ueores). On appelle ainsi les pe-
enflamme, et qui, faisant explosion, chasse à de plus tites heures de bréviaire, qui sont Prime, Tierce,
ou moins grandes distances un boulet ou de la mi- Sexte et Flone, parce qu’autrefois l’office ecclésias-
traille. Les canons sont ordinairement en bronze ; on tique portait le nom de canon.
on fait aussi en fonte de fer ou en fer forgé, surtout CANONICAT, titre d’un bénéfice de chanoine (E.
pour la marine. Le bronze des canons est un alliage chanoine). Il y avait autrefois cette différence entre
do 90 de cuivre et de 10 d’étain. La pièce se coule le canonicat et la prébende que le canonicat était
massive ; on la fore ensuite suivant le diamètre de simplement un privilège qui donnait une place au
son calibre, puis on la tourne extérieurement et on chœur et au chapitre d’une éghse cathédrale ou col-
perce la lumière. La solidité d’une pièce de canon est légiale, tandis que la prébende donnait droit à une
très-variable et dépend Ireaucoup du degré de fusi- certaine portion des revenus d’une cathédrale ou
bilité et de la perfection de l’alliage : quelques-uns d’une collégiale.
peuvent tirer jusqu'à 5,000 coups ; d’autres sont CANONl(jUE, se dit, en langage ecclésiastique, de
hors de service après 1,000 ou 1,200 coups. Autre- tout ce qui est compris dans le Canon des livres saints,
fois on employait toutes sortes de calibres 96, 48,
: ou de ce qui est conforme aux Canons des conciles.
40, 36, etc., jusqu’à 3, 2, et même 1. Depuis 1732, Livres canoniques. On distingue les protocano»
on ne fait plus guère en France que des pièces de niques, ou de l®' ordre, qui sont au norabre de 22,
24, de 16, de 12, de 8 et de 4. Ces deux derniers ca- savoir les 5 livres de Moïse, ou Pentateuque, 13 li-
:

libres sont les plus usités pour l’artillerie de cam- vres appelés prophétiques (Josué , les Juges et Ruth,
pagne ; sous l’Empire , on faisait souvent usage de 2 livres de Samuel, 2 des Rois, 2 des Paralipomènes,
pièces de 6. On doit à l’empereur Napoléon III l’in- Esdras etNéhémie, Esther, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel,
vention du Canon-ohusier, qui sert à la fois pour les Daniel, les Douze petits Prophètes et Job), et 4 livres
obus et les boulets, et qui porte à 400 mètres. —
L’in- de morale (les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste
vention des canoiis suivit de près la découverte de et le Cantique des cantiques ) ; et les deutérocano-
la poudre ; on s’en servit pour la première fois en niques, ou de 2' ordre , au nombre de 16 , savoir ;
Europe au xiv® siècle, suivant les uns à la bataille de Tobie, Judith, la Sagesse, l'Ecelésiastique , les Mac-
Crécy (1346), suivant d’autres, au siège d’Algésiras chabées, les 4 Evangiles, les Actes des Apôtres,
(1343). On a imaginé dans ces derniers temps des 14 épitres de S. Paul, 2 de S. Pierre, une de S. Jean,
canons à vapeur; mais ces inventions, bien qu’ingé- une de S. Jacques, une de S. Jude, et l’Apocalypse
nieuses, ne peuvent être appliquées à l’art militaire.
{
V. ÉPiTREs) On appelle ainsi ces derniers parce qu’ils
.

Canons de fusil. Ces canons sont en fer forgé. ne font partie que du canon du concile de Trente :
Pour fabriquer les canons des fusils de munition et les protestants les regardent comme apocryphes.
des fusils de chasse ordinaires, on prend plusieurs Droit canonique. Voy. droit et canon. Insti” —
morceaux dn fer qu’on soude ensemble et qu’on étire tution canonique. Voy. institution.
ensuite sous un martinet, de manière à produire une CANONISATION (du grec kanôn, règle, loi de
lame, qu’on appelle lame à canon. Dn rappioeii» l’Église), déclaration solennelle du pape par laquelle
ensuite les bords de cette lame, de manière à for- il autorise l’inscription au Canon ou catalogue )
(
mer un tube, et quand ils sont croisés dans toute des saints du nom d’un personnage que sa piété et
la longueur, on les soude avec le plus grand soin. ses vertus ont fait vénérer pendant sa vie. Les hon-
On fait aussi des canons ruhannés en soudant sur neurs qu’on peut rendre aux saints canonisés sont
un canon fort mince un ruban de fer que l’on roule les suivants : leur nom est inscrit dans les calen-
successivement tout autour et sur toute sa longueur; driers, les martyrologes, les litanies, etc. ; on les in-
et des canons tordus à l’étoc qui résistent mieux voque publiquement dans les offices solennels; on
à l’explosion de la poudre. Le canon terminé, on le consacre sous leur invocation des églises et des autels;
dresse en dedans au moyen du forage et quelquefois on offre le saint sacrifice de la messe en Jcm nom ;
on y fait des raies et des camielures C. rayés, on célèbre leur fête à un jour déterminé ; dans les
(
carabinés, cannelés); enfin on taraude l’extrémité images qui les représentent, leur tête est entourée
inférieure du canon pour adapter la culasse et on de l'auréole; enfin, leurs reliques sont exposées à la
y
perce la lumière. Voy. fusil carabine etc.
, ,
vénération des fidèles. —
Le mot canonisation ne
En Musiijue, on appelle Canon une pièce de mu- se trouve employé pour la première fois que dans
sique dans laquelle la mélodie qui forme le sujet une bulle du pape Jean XV en 993 ; mais la chose
s’accompagne elle-même, en imitation et à la di- est beaucoup plus ancienne que le nom. Dans l'ori-
stance d’une ou de plusieurs mesures. Ce sujet peut gine , les évêques pouvaient procéder à la canonisa-
être repris successivement par plusieurs parties à tion d’un saint dans l’étendue respective de leur
,
divers intervalles, et il doit en résulter une harmo- diocèse; depuis 1172, ce droit est réservé au pontife
nie agréable et correcte. L’air si connu de Frère romain, qui l’exerce avec de grandes et utiles len-
Jacques, dormez-vous ? chanté par plusieurs person- teurs, après un mûr et minutieux examen. La Con-
nes qui commencent a des mesures différentes, offre grégation des Rits est chargée de tout ce qui con-
un exemple de canon. Il y a plusieurs sortes de ca- cerne la canonisation. Voy. béatification.
nons ; on en fait par mouvement direct et par mou- CANONNIÈRE, ou chaloupe canonnière, embar-
vement contraire; il y a des canons renversés, ré- cation pontée , peu élevée au-dessus de l’eau , allant
trogrades, à la quarte, à la quinte, à l’octave, etc. à la voile et à l’aviron, et armée de quelques pièces
C’est un des exercices àeVimitation (Voy. ce mot), de canon. Les chaloupes canonnières dos Suédois et
qui conduit à ceux de la fugue. On l’emploie quel- des Russes ont passé pour supérieures à celles de
quefois dans la musique dramatique, mais plus sou- France; elles ont 24 avirons (Voy. aussi caïûue). —
vent dans la musique instrumentale. Autrefois le mot Canonnière s’employait en termes
En Typographie , le canon est un fort caractère de Fortification comme synonyme de meurtrière.
dont on se sert principalement pour les affiches. On CANONNIERS (u.j canon), ao» donné dans l’ar-
distingue le petit canon, de 26 à 32 points le yros
;
mée aux soldats chargés du service de l’artillerie.
;
, , —

GANT — 26 o — GANT
On les appelle aussi artilleurs. Les canonniers ont (Voy. ORATOiuo). En Littérature, la cantate, fort voi-
été enrégimentés pour la première fois en 1688. sine de l’ode , est un petit poëme lyrique propre â
A plusieurs reprises on les a réunis avec les sa- être mis en musique. — ,
La cantate fut mise à la
peurs du gépie et mineurs; mais, depuis 1758,
les mode en Italie au xviio siècle, et passa en France au
la séparation entre ces deux corps a été complète commencement du siècle suivant. Morin l’introduisit
{Voy. artilleiue). —
Dans les Manufactures d’armes dans la musique et J.-B. Rousseau dans la poésie ; il
on appelle canonniers les ouvriers qui forgent les y excella dès le début ; tout le monde sait par cœur
canons de fusil. —Dans la Marine, on nomme maî- sa Cantate de Circé. Peu après, l’usage de la cantate
tre canonnier celui qui est chargé de diriger le ser- en tant que composition musicale se répandit en An-
vice de l’artillerie et d’en soigner le matériel. gleterre et en Allemagne, et c’est dans ces deux pays
CANOPUS, étoile de la première grandeur, située qu’ont été composées les plus belles cantates (la
à l’extrémite méridiomle de la constellation Argo Création, d’Haydn, et T Jrmfrf’e, de Beethoven).
dans riiémisphère austral. C’est une des plus bril- Aujourd’hui, la cantate a passé de mode pour les
lantes étoiles du ciel. Selon la Fable, cette étoile concerts, si ce n’est en Allemagne. — Dans les con-
était l’àme de Canopus, pilote ou amiral d’Osiris, servatoires, on donne souvent une cantate à mettre
qui, après sa mort, fut transporté au ciel et devint en musique aux jeunes gens qui concourent pour les
le dieu des eaux. prix de conmosition musicale.
CANOT, petite embarcation non pontée, à rames, CANTHARIDE ! en grec cantharos ) , Lytta ,
à voiles, ou à rames et à voiles à la fois, au service genre d’insectes Coléoptères hétéromères , de la fa-
d’un bâtiment, est destinée à servir de moyen de mille des Trachélides, dont le corps, oblong, brille
transport ou de communication entre le rivage et les d’une belle couleur verte à reflets dorés. Ce genre
bâtiments 'à l'ancre. On distingue le grand canot , contient plusieurs espèces, dont la plus importante
qui sert pour les transports et les opérations de est la C. vésicante (Meloe vesicatorius L.), appelée
quelque importance, qui ne sont pas effectuées par vulgairement mouche d’Espagne; elle est très-com-
la chaloupe; le petit canot, employé aux mêmes mune en Espagne, en Italie et même en France, et
usages, mais sur une plus petite échelle; le canot vit en familles nombreuses sur le frêne, le lilas et le
du commandant, affecté au service du comman- troëne, dont elle dévore les feuilles. On les récolte
dant; le canot de punition, le canot de sauvetage en les faisant tomber sur des draps, puis on les met
(Voy. sadvetage). —
On nomme canotiers\t% marins sur un tamis de crin qu’on expose aux vapeurs du
désignés pour faire partie de l’équipage d’un canot. vinaigre en ébullition ou de l’ammoniaque; on les
On donne aussi le nom de canots à ces légers es- fait ensuite sécher au soleil, et on les conserve dans
quifs faits d’ écorce ou d’un tronc d’arbre dont se ser- des bocaux bien bouchés. — La cantharide est à la
vaient les sauvages de l’Amérique pour naviguer sur fois un médicament énergique et un violent poison ;
les rivières ou sur la mer. Les Canadiens emploient réduite en poudre, elle entre dans la plupart des
pour les construire l’écorce ou le tronc des vieux préparations vésicantes c’est elle qui fait la base
;

bouleaux; au Groënland, on se sert de fanons de ba- des pommades épispastiques.On l’administre à l’in-
leine fendus et appropriés d’une manière convenable. térieur dans le traitement d’une foule d’affections,
CANTABILE, mot italien qui signifie chantant, notamment contre l’hydrophobie, l’épilepsie, l’hy-
propre à être chanté. On appelle ainsi une pièce de dropisie et diverses maladies des voies urinaires; on
musique d’un mouvement lent, où une mélodie sim- en a aussi fait usage comme aphrodisiaque et pour
ple doit se développer avec grâce avec langueur,
,
produire l’avortement; mais c’est le plus souvent un
et se prêter aux meilleurs effets du chant. Ce sont moyen aussi infructueux que funeste. On conjure les
les adagio ou les andante de la musique vocale. Le accidents nerveux et toxiques qui peuvent résulter de
cantabiie forme ordinairement la première partie l'usage des cantharides au moyen du camphre admi-
des grands airs d’opéra. On se sert quelquefois de co nistré en frictions et en lavements, seul ou associé à
mot pour indiquer le mouvement d’un morceau de l’opium. — Les cantharides doivent leurs propriétés
musique instrumentale et le caractère de sa mélodie. à un principe particulier, d’une grande énergie,
CANTALOUP (de Cantalupo,-p^iitQ ville du roy. de qu’on appelle cantharidine. C’est une substance blan-
Naples où ces melons ont été cultivés pour la l«fois), che, en lames micacées, volatile, insoluble dans l’eau,
excellente espèce de melons, à côtes saillantes et ru- soluble dans l’alcool chaud et les huiles grasses, et
gueuses. On en connaît un grand nombre de varié- contenant du cai bone , de l’hydrogène et de l’o*y-
tés, dont les meilleures sont le C. orange, petit,
: gène dans les rapports de G‘“H°0*. La cantharidine
rond, à cOtoc,fond vert clair ou brun, chair orange, a été isolée en 1810 par Robiquet.
un peu ferme et parfumée il est très-hâtif; le C. fin
: CANTHÈRE (d’un poisson de mer appelé en grec
hâtif, aussi précoce que le précèdent, encore plue pe- Cantharos] , genre de poissons Acanthoptérygiens,
tit, à côtes très-marquées, légèrement brodées, chair de la famille des Sparoîdes, caractérisés par un corps
rouge et fine; le C. noir des Carmes, rond, d’un vert ovale, une bouche étroite, un museau à peine pro-
noir, côtes unies et peu enfoncées, chair rouge, vi- tractile , et par une rangée de dents en velours ou
neuse, fondante et parfaite ; le C. petit prescott, un en cardes. On en connaît 12 espèces, dont 4 origi-
peu aplati, â fond brun foncé, portant une cocarde naires de la Méditerranée on en pêche sur les côtes
:

avec un point saillant au centre, côtes galeuses, chair de la Normandie, qu’on appelle vulgairement Brè-
rouge excellcutë ; il est hâtif le C. gros prescott
;
mes de mer. La chair des canthères est assez esti-
robe uoire ou blanche, aplati, plus gros que /e précéd. mée ; elle est blanche etlégère comme celle des bars,
CANTARE, mesure portugaise, moitié de VAlmud. CANTHUS (du grec canthos, même signifie.), le
CANTATE (do cantare, chanter). Ce mot désigne coin, l’angle de l’œil ou la commissure des paupières.
à la fois une œuvre musicale et une composition On nomme grand canthus, ou canthus proprement
poétique qui s’unissent le plus souvent. iln Musi- dit, la commissure interne des paupières, celle qui
que, la cantate se compose ordinairement d’une ou répond au nez; et petit canthus, la commissure ex-
plusieurs pièces qui comprennent des récitatifs, des terne, qui est dirigée vers la tempe. — On a encore
airs, des duos, des trios et même des chœurs; le appelé canthus l’angle d’une cruche ou de tout autre
tout accompagné du piano, d’un quatuor ou de l’or- vase par lequel on fait couler le liquide qu’il ren-
chestre ; c’esf, en un mot, un opéra en petit, dans ferme ; de là le verbe décanter.
lequel le compositeur peut mettre en usage toutes CANTILÈNE (de cantus, chant, et lenis, doux).
les ressources de l’art. On distingue
deux sortes de Ce mot, qui est d’origine italienne, s’appliquait au-
cantates ; la C. profane pour les concerts ou la trefois à la musique mondaine pour la distinguer
musique de chambre; et la C, sacree, pour l’Église de la musique d’église; aujourd’hui H est synonyme
,
,, , ,

GANT — 256 — CAOU


de chanson, romance, et se rapporte le plus ordi- route à entretenir. Outre les soins qu’ils donnent
nairement à une mélodie douce et agréable. aux routes, ils doivent aussi prêter gratuitement aide
CANTINE (de l'italien cantina), nom donné dans et assistance aux voituriers et voyageurs, en cas d’ac-
les hospices, les places de guerre, les casernes, les cident. On compte en France 12 à 13,000 cantonniers.
prisons, à l'endroit où l’on vend aux vieillards aux,
Leur établissement définitif ne date que de 1816;
soldats et aux prisonniers , l'eau-de-vie, le tabac et avant cette époque, le système d’entretien des routes
toutes les marchandises dont ils ont besoin. C’est n’avait ni unité, ni régularité. Ils sont aujourd’hui
de ce mot qu’est dérivé celui de cantinière. régis par un règlement du 10 février 1835, modifié
CANTIQUE (du latin cantare, chanter), hymne par un arrêté du 10 janvier 1852.
religieirxque Ton chante en Thonneur de la Divi- CANUT, nom par lequel on désigne vulgairement
nité. Les plus anciens cantiques furent composés à les ouvriers en soie des fabriques de Lyon.
l'occasion de quelque événement mémorable tels ;
CANZONE (mot italien qui signifie chant ea chan-
sont ceux qu'on trouve dans la Bible dans l’Ancien
: son), sorte de poésie lyrique inventée par les poètes
Testament, le cantique que Moïse composa après le provençaux , qui l’appelaient cansôs apparaît dans
,

passage de la mer Rouge {Cantemus Domino) ce- ;


la poésie italienne dès le xiii® siècle. On distin-
lui de Débora après la défaite de Sisara ( Qui gue la C. petrarchesca ou toscana, mise en hon-
:

sponte); celui de Judith {Laudafe Dominum) neur par Pétrarque, et qui consiste en une série de
et celui de David à la mort de Saül { Considéra 5 à 20 stances dont les vers, au nombre de 9 à 20,
Israël); dans le Nouveau Testament, le cantique sont disposés dans un ordre déterminé, et semblable
de Zacharie [Benedictus Dominus); celui de Si- en tout à celui qui a été observé dans la première
méon (Nunc dimittis), et celui de la sainte Vierge stance; elle se termine par un émoi formé d’un
[Magnificat). — Ces sept cantiques sont appelés petit nombre de vers plus courts et de rimes diffé-
canoniques, et sont les seuls qu’admette l’Eglise rentes; — la C. anacreontica ou Canzonetta, des-
catholique. Le Te Deum est d’origine moins an- tinée aux sujets gracieux et légers ; elle est com-
cienne : on l'attribue à saint Augustin ou à saii>t posée de stances plus petites et de vers plus courts
Ambroise. —Chez les Hébreux, les cantiques étaient que la précédente la canzonnette était surtout
;

souvent chantés avec des chœurs de musique, et en vogue au xv® siècle ; — la C. pindurica d’un
accompagnés de danse. —
Aujourd’hui on nomme, style plus élevé et qui rappelle l’ode grecque de
en géneio-i, cantique tout ce qui se chante à l’église Pindare elle a été introduite au xvi® siècle dans la
:

et dans les proooe«ions


qui conservent leur nom
,

à l’exception des psaumes,
^On donne spécialement
le nom de C. spirituels à des chants en français
poésie .italienne par L. Alamanni et perfectionnée
par Chiabrera; — la C. a ballo ou hallata, espèce
de ballade qui se chantait eu dansant ( Voy. bal-
composés sur des sujets de dévotion tels sont les
: tADE) ; l’usage en est aujourd’hui perdu.
cantiques de St-Sulpice, ceux de Ste-Geneviève, etc. CAOUANNE, Testudo cephalo, espèce de Chélonée
Le Cantique des cantiques est un ouvrage qui ou Tortue de mer qu’on trouve sur les côtes de la
fait partie du canon des Livres saints, et qu’on at- Méditerranée et de l’Océan; sa carapace est revêtue
tribue à Salomon; ce n’est, suivant quelques au- d’une écaille divisée en compartiments; ses pieds an-
teurs, que l’épithalame de son mariage avec la fille térieurs sont longs et étroits ; sa couleur est brune ou
du roi d'Egypte ; mais, d’après la plupart des théo- roussâtre. La chair de la Caouanne est mauvaise et
logiens , le saint roi prophétise sous cet emblème d’une odeur musquée; mais sa graisse fournit une
l'union de Jèsus-Christ avec l’Église catholique. huile estimée pour le calfatage et l’éclairage.
CANTON (du grec canthos, angle, coin), dénomi- CAOUTCHOUC (mot indien qui signifie suc d’ar-
nation géographique qui sert a désigner, dans plu- bre), dit aussi, mais improprement, gomme élastique.
sieurs contrées , une certaine subdivision du terri- produit de la dessiccation d’un suc laiteux qu’oq ex-
toire. En France, les cantons sont les subdivisions trait, par incision, de beaucoup de plantes de l’Amé-
des arrondissements, et sont eux-mêmes subdivisés rique Méridionale et des Indes Orientales, notam-
en communes. On compte aujourd’hui 2,847 can- ment du Jatropha elastica ou Hevea guiatiensis,
tons, ayant chacun leur chef-lieu. Chaque chef-lieu et d’autres grands arbres appartenant aux Artocar-
de canton est le siège d’une justice de paix. — En pées, aux Euphorhiacées , aux Asclépiadées. Cette
Suisse , le mot canton s’applique à chacun des États extraction se pratique au Brésil, à la Guyane, à Java,
qui composent la confédération helvétique : on en à Singapore, à Assam, etc. On applique le suc Quide
compte 22. Voy. suisse au Dict. unie. d’H. et de G. sur des moules de terre , et on le fait sévhfir au so-
— En termes de Blason , le canton est une portion leil; lorsqu’on juge suffisante l’épa'»»6ur
de la couche,
carrée de l’écu qui joint un des angles, soit à droite, on brise le moule. Co genre de fabrication conmiu-
soit à gauche. nique au caoutchouc la forme d une poire ou d une
CANTONADE. On appelle ainsi au Théâtre les coins gourde : c’est dans cet état qu’il arrive en Europe.
du fond de la scène ou l’intérieur des coulisses. Parler Depuis quelques années on en reçoit aussi en feuilles
à la cantonade, c'est parler à une personne qui est et en grandes plaques épaisses. —Le caoutchouc a une
censée dans la coulisse , hors de la vue des specta- couleur ordinairement brunâtre ; il est sans odeur ni
teurs. C’est ordinairement au moment d’une entrée saveur ; sa densité varie de 0,92 à 0,94; il est inalté-
que l’acteur parle à la cantonade. rable à l’air, mou, flexible, imperméable, et extrê-
CANTONNEMENT ( de canton). Ce mot s’appli- mement élastique. 11 se compose, pour la plus grande
que à toute circonscription territoriale considérée partie , de deux principes particuliers , renfermant
sous un rapport spécial. C’est en ce sens qu’on dit : du carbone et de l’hydrogène, et récemment isolés
C. de pêche et C. de chasse, en parlant des parties par M. Payen (1852) ; l’un éminemment^ tenace et
do rivières ou de forêts dépendant des domaines de presque insoluble, élastique , dilatable ; l’autre plus
l’État, et où il est permis de pêcher et de chasser. soluble et essentiellement adhésif. Soumis à l’action
Pour le cantonnement dans les forêts de l’État, dans d’une douce chaleur, il se ramollit assez pour se sou-
les bois des communes et des particuliers, V. les art. der avec lui-même; à une température supérieure,
63, 111, 120 du Code forestier. —On appelle C. mili- il entre en fusion, prend la consistance du
goudron,
taires, les villes ou les villages où des troupes sont ac- et conserve cet étal, après le refroidissement, pen-
cidentellement établies dans lecours d’une campagne dant des années; une chaleur plus élevée encore le
cantonnier (de canton), nom qu’on donne en décompose, et il donne alors, à la distillation, des
France à des ouvriers stationnant sur les routes huiles volatiles et odorantes [caoutchine),
qui juu*?"
qu’ils doivent réparer et entretenir. Chaque can- sent de la propriété de le dissoudre rapidement. Mis
tonnier a en moyenne une longueur de 4,800 m. de en contact avec la flamme d’une bougie, prend feu
il
, , , ,

CAPA — 257 — CAPI


promptement et brûle a^ec rapidité. Il est insoluble lorique est la disposition particulière de ce corps à
dans l’eau et l’alcool; mais lise dissout dans l’éther exiger plus ou moins de calorique pour élever sa
pur, ainsi que dans les huiles essentielles, telles que température.
la benzine, l’essence de térébenthine, le sulfure de En Psychologie, on nomme Cajjaciïe l’aptitude
carbone : ce aernier agent, additionné de 6 à8 par- de l’âme à recevoir, à éprouver, toutes les impres-
ties d’alcool , constitue le meilleur dissolvant du sions que luicommuniquent incessamment le monde
caoutchouc. Les acides, à la température ordinaire, matériel et monde moral , et à en être diverse-
le
ont peu d’action sur lui. ment modifiée c'est un état purement passif; on
:

Les usages du caoutchouc sont fort nombreux ; oppose en ce sens capacité à faculté. La sensibilité
on s’en sert poùr effacer le crayon et adoucir le pa- est une capacité , {'attention une faculté.
pier, pour faire des balles élastiques, pour fabriquer Dans l’Administration, Capacité s’entend de l’ap-
des tubes destinés aux appareils de chimie, des in- titude à remplir certaines fonctions : c’est en ce sens
struments de chirurgie, tels que sondes, canules, qu’on appelle brevet de capacité le diplôme d’insti-
bouts de sein , pour faire des conduits acoustiques, tuteur, certificat de capacité le certificat délivré à
pour confectionner des chaussures et des étoffes im- un étudiant qui aspire au titre d’avoué ou de notaire.
perméables. On est parvenu à le réduire en fils très- CAPACITÉS (les), terme nouveau employé dans la
minces avec lesquels on fait des tissus élastiques pour langue politique pour désigner certaines positions
bretelles ,
jarretières ,
corsets ,
etc. En associant le sociales qui rendent les personnes qui les possèdent
caoutchouc , dissous et à l’état pâteux , à l’huile de capaè/esd’exercercertainsdroits,notamment le droit
lin et â une certaine quantité de résine, on en fait un électoral. Avant la révolution de 1848, le cens don-
vernis pour les cuivres. On emploie beaucoup , au nait seul le droit d’élire les députés, et les parti-
lieu du caoutchouc pur, le caoutchouc dit vulcanisé, sans de la réforme électorale demandaient que ce
c.-à-d. auquel on a incorporé du soufre, soit direc- droit fût étendu à tous les citoyens qui exercent des
tement, soit au moyen du sulfure de carbone ou du professions libérales (avocats, médecins, magistrats,
chlorure de soufre. Le caoutchouc fondu est très- notaires, professeurs, etc.) c’est ce qu’ou appelait
:

avantageux pour suifer les robinets; un bouchon de adjonction des capacités. L’établis=°>nent du suf-
{’

liège enduit de caoutchouc devient tout à fait im- frage universel a dépassé les vf»u.x des réformistes.
perméable. Le caoutchouc entre aussi dans la com- CAPARAÇON (mot oj^pagnol, augmentatif de
position de la colle navale ou glu marine, employée cape), riche com'orture d’étoffe pour le cheval , cou-
dans les constructions maritimes et le calfatage des vre le poitrail aussi bien que le dos. Les chevaliers
navires [Voy. glu). On a construit à Londres des du moyen âge déployaient un grand luxe dans le
bateaux de sauvetage avec des planches faites de caparaçon; il était armorié, accompagné de four-
caoutchouc et de liège broyé. rures , orné de feuillards , bordé de franges ou de
Le caoutchouc n’est connu en Europe que depuis crépines. On l’étendait sur les bardes du destrier,
un siècle. Un nommé Fresneau en fit la découverte sur l’armure du cheval de bataille , etc.
à Cayenne, et La Condamine en envoya, en 1751, CAPE (de caput, tête), vêtement de dessus, long
la première description scientifique. L'invention des et sans manches, avec un capuchon pour couvrir la
tissus imperméables en caoutchouc est due aux In- tête d’où son nom. La cape était jadis l’habit des
:

un développement re-
diens. Cette industrie a pris seigneurs, du peuple et même des gens d’église.
marquable depuis3ü ans enFrance,MM.Rattier et
: Dans la Marine, on dit qu’un vaisseau v^ct à la cape
Guibal l’ont établie sur une grande échelle.— On doit quand il se dispose à supporter un coup de vent. Pour
à M. Paulin-Desormeaux un Traité du Caoutchouc. cela , il faut ne conserver dehors que très-peu de
CAP (de caput tête). Outre son acception géo- voiles, et avoir la barre du gouvernail au vent. Cette
graphique , ce mot signifie dans la Marine l’avant expression vient de ce qu’alors le navire fait , pour
,
du bâtiment, la proue, ou plutôt la direction du na- ainsi dire, tête au vent, ou de ce qu’on ne garde que
vire vers un point quelconque. Ainsi, dire qu’un bâ- la grande voile, qu’on appelait autrefois cape.
timent a le cap au nord, c’est dire qu’il se dirige vers CAPEL ou CAPELAN , nom vulgaire du Lampyre
le nord ; mettre le cap sur un point, c'est se diriger et d’une espèce de Morue. Voy. ces mots.
vers ce point; virer cap pour cap, c’est tourner com- CAPELET, tumeur mobile, le plus souvent in-
plètement sur soi-même jusqu'à ce que la proue se dolente, et de la grosseur d’une pomme d’api , qui
dirige sur le point opposé. croît sur la pointe du jarret du cheval. C’est une es-
Un Cap de compas est un trait vertical marqué pèce de loupe qui se développe dans le tissu de la peau.
en dedans de l’espèce de cuvette où est enfermée la CAPELINE (du latin caput tète), dit aussi ban-
rose des compas de route; il se trouve, avec le pivot dage récurrent, sorte de bandage qui, par sa figure,
sur lequel tourne cette rose, dans une ligne droite ressemble à une coiffe ou bonnet. On distingue la :

parallèle au grand axe du bâtiment, et détermine C. de tête ou bonnet d’Hippocrate employée au-
sur la rose l’aire de vent de la route, en même temps trefois pour remédier à l’écartement des sutures; la
qu’il indique où
est le cap. C. de la clavicule, la C. pour l’amputation du bras
CAPACITÉ (du latin capacitas, dérivé de capere, dans de la cuisse, etc.
l’article,
contenir), se dit, en Géométrie, du volume d’un corps. CA PENDU (de court pendu), pomme d’un rouge
Ce mot est plus communément employé pour désigner vermillon, d’une eau douce et agréable, tient à l’ar-
la quantité de matière qu’un vaisseau quelconque peut bre par un pédoncule très-court : de là son nom.
contenir; on dit, par exemple, la capacité d’une bou- CAPIDGI (c.-à-d. en turc, gardien de la porte),
teille, d’un tonneau, etc. C’est en ce sens qu’on appelle officier du Voy. le Dict. unie. d’H. et de G.
sérail.
mesures de capacité qui déterminent la con-
celles CAPILLACE (de capillus, cheveu), est, en Bota-
tenance d’un vase quelconque. Voy. mesures. nique, synonyme de capillaire. Voy. ci-après.
En Chimie,on appelle Capacité de saturation d’un CAPILLAIRE (du latin capillus, cheveu), fin, dé-
acide le rapport qui existe entre la quantité d’oxy- lié comme un cheveu.
gène contenue dans cet acide et la quantité d’oxy- En Botanique, on donne le nom de capillaires
gène renfermée dans les bases qu’il sature pour for- à diverses espèces de petites fougères dont le feuil-
mer des sels neutres. On dit, par exemple, que la lage est très-délié, et qui croissent dans les fentes
capacité de saturation de l’acide sulfurique est de 1/3, des rochers, des murs de puits, etc. ; telles sont le
parce que dans tous les sulfates neutres la base ne C. commun {Asplénium trichomanes), le C. noir
renferme que le tiers de l’oxygène contenu dans l’a- {Aspl. nigrum), le C. de Montpellier {Adiantum
cide sulfuriqne avec lequel elle est combinée. capillus Veneris), et le C. du Canada (Ad. peda-
En Physique, la Capacité d’un corps pour le ca- turn) etc. On fait un assez grand usage du Capil-
17
, ,

CAPI 258 — CAPI


laire en pharmacie; on le prend en infusion, sur- Dans TArmée de terre, outre les capitaines
qui
tout le C. (le Montpellier et celui du Canada; on en ont un commandement effectif, il dans cha-
existe
prépare aussi un sirop employé avec succès contre le que régiment certains officiers ayant grade de capi-
catarrhe pulmonaire. C'est avec le sirop de capillaire taine, qui n’ont pas de compagnie à commander, et
qu’on sucre les bavaroisei. qui remplissent des fonctions purement administrati-
En Anatomie , les vaisseaux capillaires sont les ves tels sont le C. adjudant-major, qui aide le chef
:

dernières et les plus petites ramiücalions des veines et de bataillon dans la surveillance du service et de la
des artères. discipline; le C. trésorier, préposé à la comptabi-
En Pliysiipie, on appelle phénomènes capillaires lité; le C. d’habillement, chargé de l’équipement des
les phénomènes d’a<cension ou de dépression qu’on troupes; le C. de recrutement, le C. de remonte,
observe en trempant dans un li(fuide l’extrémité (fun qui président au recrutement et à la remonte des
tube de verre d'un diamètre très-étroit. Voy. oaPil- troupes. 11 existe, en outre, en dehors des régiments,
lahité. des C. d’état-major {Voy. état-major). Les capi-
CAPILLARITÉ, dite aussi attraction capillaire taines se recrutent parmi les lieutenants, d’après les
force élève ou déprime les petites colonnes
(jni règles posées dans les lois des 14 et 20 avril 1832.
Ii(piides dans rintérienr des tubes capillaires. Lors- — Le titre ofiicieTde capitaine date, en France, de
qu’on (iloiifre dans l’eau l’extrémiité d’un tube de 1355; c’était alors un grade supérieur, correspondant
Tépaissenr de qiiebiiies millimétrés, on voit le ni- à peu près à celui de colonel. Aujourd’hui encore,
veau de l’eau, dans l’int(’'rieur du tube, s’élever en Grèce, les chefs militaires prennent le nom de
au-dessiiii du niveau exiérienr' si l’on opère avec le capitanis, et en Espagne il y a des C. généraux
merniie, le niveau intérieur s’abaisse au-dessous du qui ont rang de lieutenant général , et qui gouver-
niveau extérieur. En fai'-ant l’expérience avec des nent de vastes provinces nommées elles-mêmes ca-
tubes d’un diamètre variable, on est arrivé à cette pitaineries générales.
loi, (pu» tes IwKjueurs îles colonnes soulevées ou dé- Dans la Marine, on appelle vulgairement capffat/ie
primées Ku-i! e„ rinson inveise des diamètres des le commandant d’un bâtiment de l’Etat ou même d’un
tubes. Toutes le^ fuis qu’il
y a ascension, le sommet bâtiment de commerce. D’après une ordonnance de
de la Colonne Inpiide vcend la forme d'un méniS(iue 1681, reproduite dans notre Code de Commerce, on
concave: (|uaml il y a depiuesion, cette forme est ne peut être reçu capitaine dans la Marine de com-
celle d'un ménisiiue convexe. Les mémos phéno- merre (|u’après avoir servi un an au moins sur un
mènes (rasccnsion ou de dépression s'observeni avec b;Vtimi?i[t du l’Ei.it , ut avoir satisfait à un examen
(les lames, des tubes coniipies prismati(pies , etc. théorique et pratique: une ordonnance de 1825 éta-
,
En général, les solides et les liquides ne peuvent pas blit des conditions dill’éreutes pour les capitaines
se toueber sans (pie la surface mobile du liipiide au long cours et les simples maîtres au cabotage.
éprouve, près du contact, une déformation plus ou — Dans la Marine de TEtat, on distingue 1® les C. de :

moins marquée. 11 y a toujours ascension d’un liquide vaisseau, iiiii ont rang de colonel et qui comman-
quand il mouille la surface, et dépression quand il dent les vaisseaux de ligne et les frégates de premier
ne la mouille [las. — La caiiillarilé donne aussi lieu rang; 2® les C. de corvette, qui ont rang de chef de
à des altrartions et il des répulsions, par relfel des bataillon, et ipii commandent tous les Ivâliments de
courbures des snrf.a es: ainsi, deux balles de liège, guerre portant de 10 â 22 bouches à feu , les bâti-
posées sur l'eau et mouillées par ce rn|iiide, n’exer- ments à vapeur et tous les transports armés en guerre;
ceut ancimc action l'une sur l'autre lorsiju’elles sont ils remplissent les fonctions de seconds à bord des

à une distance un peu grande; mais, des qu’on les vaisseaux portant pavillon d’un ollieier général, fl a
approche à une distance capillaire, c’est-à-dire à eu outre existé pendant quelque temps des C. de fré-
une distance assez petite pour que les deux surfaces gate : ils commandaient les frégates de 2® et S® rang,
du liquide soulevé autour d’elles se touchent ou se les corvettes de 24 canons et les corvettes de charge,
croisent, il y a alors une attraction très-vive. Deux et avaient rang (le lieutenant-colonel : ce grade a été
balles, dont Tune se mouille, comme le verre, et supprimé en 1837. Le titre de C. de corvette a. èib créé
dont l’autre ne se mouille pas, comme la cire, se re- en 1831 lors de la suppression des capitaines de fré-
;

poussent toujours lorsqu’elles arrivent à la distance gate, les capitaines de corvette ont reçu la plus grande
capillaire. Voy. aussi adhkiience, endosmose. partie des attributions de ces officiers.
Les phénomènes capillairesontpu être observésdès On nomme C. de pavillon un capitaine comman-
les temps les plus anciens; mais ils ne sont devenus un dant un vaisseau sur lequel est embarqué un officier
objet d'étude pour les physiciens qu’au dernier siè- général ; C. garde-côtes, celui quicommande la milice
cle Jurin, Clairaut, Laplace , Young,Gay-Lussac,et,
: établie pour s’opposer à la descente d’ennemis sur les
en dernier lieu, Poisson , s’eu sont plus particulière- cétes; C. de port, un officier préposé à la police mari-
ment occupés, les uns pour en constater les lois, les time d’un port; C. d’armes, un adjudant sous-offi-
autres pour y appliquer l’analyse mathématique. cier, pris autrefois dans les troupes de la marine, main-
CAPILLUS VE.XERis. Voy. capillaiue et adiante. tenant dans les équipages de ligne, qui fait à bord des
CAPISCUL (du latin caput scholœ ou chori, chef vaisseaux la police sous les onlres des officiers de ser-
de l’école ou du chœur), nom qu’on donnait autre- vice ; il a soin des armes et les fait tenir en bon état.
fois à un chanoine de certains chapitres, surtout A Gènes et dans plusieurs autres républiques do
dans le midi de la France; c’était, à ce qu’on croit, l’Italie, on a donné, pendant le moyen âge, le titre
le préchantre [yirtecantor] ou premier des chantres. de C. du peuple ou (le C. de la liberté au premier
D présidait au chœur, et veillait à ce que Ton ob- magistrat de la république.
servât les rubriques et les cérémonies. En Zoologie, on donne le nom de Capitaine à un
CAPISTRUM (mot latin qui signifie licou), partie oiseau du genre Gros-bec, à plusieurs espèces de
de la tète des oiseaux qui entoure la base (lu bec. poissons du genre Labre, ainsi qu’à quelques Mol-
CAPITAINE ( de l’italien capilano , dérivé lui- lusques du genre Came.
même de caput, tête, chef). Ce motaeu des accep- CAPITAINERIE GÉNÉRALE, circonscription ter-
tions fort diverses il signifia d’abord un chef d’un
: en Espagne, commandée par un capitaine
ritoriale
rang quelconque, même le chef d une armée, d’une général. Voy. Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
le
légion ; dans le langage usuel, il est souvent encore CAPITAL. Ou donne vulgairement ce nom à toute
synonyme de général, d'homme de guerre; aujour- somme amassée, et plus particulièrement à celles
d’iiui c’est proprement le titre d’un officier qui, dans qui, placées ou prêtées, peuvent produire intérêt ;
Tarmée de terre, commande une compagnie, et, dans dans le Commerce, ce terme désigne l’avoir d’un
Tarmée de mer, un bâtiment. négociant, ou le fonds que chaque associé d’une
,. , , , ,

CAPI 259 CAPO


maison de commerce apporte dans la socitdé ; c’est la place est déclarée déshonorante et criminelle,
aussi l’argent qu’un commerçant met dans son com- et elle est punie de mort. Cependant , s’il y a des
merce particulier. Les économistes, définissant le ca- circonstances atténuantes, les juges peuvent n’ap-
pital d'une manière plus générale, étendent ce nom pliquer que la peine de la dégradation ou celle de
à tout ce qui peut servir à la production, y compre- la prison pendant un certain temps. — La demande
nant, avec le numéraire, placé ou non placé, les valeurs ou la proposition d’une capitulation est annoncée
de toute espèce, mobilières ou immobilières ainsi, : par un ou plusieurs tambours qui montent sur les
une maison, un champ, une usine, des marchan- remparts et battent la chamade, pour avertir les
dises accumulées, les bestiaux, sont un capital, aussi assiégeants que le commandant a le dessein de trai-
bien que l’argent. Par suite, ils distinguent C.
: ter; puis on arbore le drapeau blanc, qui reste
productif, celui qui donne un revenu susceptible de planté sur la brèche pendant tout le temps de la
s’accumuler et de former un capital à son tour; C négociation. Les articles de la" capitulation sont dé-
improductif o\ï C. mort, celui qu’on ne peut faire va- battus devant le conseil de défense , et arrêtés par
loir, et qui ne donne aucun revenu; C. engagé, ce- le gouverneur. Elle est signée par tous les membres
lui qui consiste en terres, usines, etc., et dont on ne du conseil et par les chargés de pouvoirs de l’assié-
peut disposera son gré; C. circulant, celui c(ui est geant. — Un décret du l®'' mai 1812 prononce la
engagé dans une entreprise industrielle, et qui se peine de mort contre tout commandant de troupes
renouveile par la vente des produits. qui traite en rase campagne d’une capitulation
On a, dans ces derniers temps, voulu établir un dont le résultat est de faire poser les armes. —
funeste antagonisme entre le travail et le capital : On se sert souvent du mot Convention pour
c’était renouveler la querelle des membres et de couvrir ce que le mot Capitulation renferme de dur
l’estomac, le capital ne pouvant produire si ie tra- et d’humiliant ; ainsi l’on dit : la Convention du
vail ne le met en valeur; et le travail, de son cùté 13 mai 18l4, la Convention du 3 juillet 1815, pour
,
ne pouvant s’exercer si le capital ne lui fournit les désigner celles qui ont livré Paris aux alliés. S’il y
fonds, les matériaux et les instruments nécessaires. a des capitulations déshonorantes, il y en a aufti de
D’ailleurs ,
le capital n’est jamais lui-même que le glorieuses, notamment celle de Barbanègre à Hu-
fruit du travail ou l’épargne accumulée. ningue, en 1815. Les capitulations les plus célèbres
CAPITALE (peine). Voy. PEINE DE MORT. dans notre histoire sont ; celles de Mantoue, eu 1797;
CAPITALES (lettres). Voy. LETTRES CAPITALES. d’Ulm en 1805; de Dantzig, en 1807 ; de Baylen et
CAPITAUX (péchés). Voy. péchés. de Cintra, en 1808; d’Alger, en 1830; d’Anvers, en
CAPIÏAN (de capitaine), personnage fanfaron, 1832. Pour chacune de ces capitulations , et pour les
grand donneur de coups d’épée en paroles, et très- CAPITULATIONS d’empire, V. l&Dict. univ. d’H. et de G.
humble dans le fait, qui figurait dans presque toutes CAPITULE (de capitulum, petite tète), terme de
nos vieilles farces avant Molière. Voy. matamore. bréviaire qui désigne un petit chapitre pu quelques
CAPiTAN PACHA, .grand amiral ottoman. Voy. le versets pris de l’Écriture et relatifs à l’oflice du jour,
Bict. univ. d’Hist. et de Gëogr. que l’on récite après les psaumes et avant l’hymne.
CAPITATION (de capMt, tête). On apjielait ainsij Eu Botanique, on donne ce nom au mode d’inflo-
en Fraaceÿune taxe par tète, ou imposition qui se rescence des Synanthérées , plantes dans lesquelles
levait sur chaque personne dans les besoins pres- les fleurs sont réunies en forme de tête, au sommet
sants de l’Êtat. La capitation fut établie, sous le d’un pédoncule commun. On distingue le C. floscu-
règne du roi Jean II par les États généraux de
,
leux, qui se compose uniquement de fleurons à co-
1356. Supprimée en 1698, rétablie de nouveau en rolle régulière, comme dans {'artichaut; le C. semi-
1701, elle fut supprimée déünitivement à la Révo- flosculeux qui ne porte que des demi-fleurons à
lution, et remplacée par la contribution personnelle corolle irrégulière, comme dans le pissenlit; le C.
et mobilière. Elle existe encore en Angleterre sous radié, qui présente des fleurons sur le centre de son
,
le nom à'income-tax (taxe du revenu). disque et des demi-fleurons à sa circonférence comma
Dans l’Ecriture , on appelle Capitation des Juifs {a. marguerite. Ces plantes sont dites capitutées.

une imposition frappée par Moïse sur le peuple hé- CAPLAN ou cAPELAN. F. morue et lampyre.
breu. Elle se prélevait à chaque dénombrement du CAPON. Eli Marine, ou nomme ainsi un assemblage
peuple , et était d’abord d’un demi-sicle ( environ de cordages, de rouets et de poulies, qui sert à
1 fr. 03 c.). Les Israélites devaient, eu retour de cet élever et iisoutenir une ancre pendante surlebossoir.
impôt, être exempts de plaies. CAPONNIÉRE. En termes de Fortification, on
CAl’lTÉ (du latin capitatus, en forme de tête), se ap_iielle ainsi une tranchée au moyen de laquelle les
dit , en Botanique de tous les organes terminés en assiégés se melleiit à l’abri des coups des assiégeants
,
tête arrondie. — Linné désignait sous le nom de Ca- dans les communications qu’ils sont obligés d’éta-
pitées une section de la famille des Synanthérées blir au travers des fossés pour aller du corps de la
correspondant aux Cinarocéphales (artichauts, etc.), place ou do l’ouvrage principal aux ouvrages avancés.
à cause de la forme arrondie de leurs capitules. CAPORAL (de l’espagnol caboral dérivé lui-
CAPITOULS, nom donné jusqu’en 1789 à des of- mème de cabo tête, chef; ou du vieux mot
ficiers municipaux de la ville de Toulouse, leur ve- corporal chef de corps). Le grade de caporal
nait de ce qu’ils tenaient leurs réunions dans l’édi- est le premier grade auquel puisse parvenir un sol-
fice qu’on nommait le Capitole. dat; il ne s’obtient f[u’aprèssix mois de service et a
CAPITULAIRES, rècueils de lois et ordonnances pour signe distinctif un double galon do laine posé
de nos anciens rois. Voy. le Dict. univ. d'H. et de G. transversalement sur chaque bras au-dessus du
CAPITULATION (du latin capitulum, chapitre, parement. Le caporal commande une escouade de
article), traité par lequel une troupe de soldats, une 12 à 16 hommes; ses fonctions, très-multipliées, sont
ville, etc., s’engage à mettre bas les armes à cer- comme le pivot de tout le mécanisme du service et
taines conditions. Les Capitulations de siège ne de la discipline Dans la cavalerie, l’artillerie et la
doivent être conclues que dans les cas d’une pénurie gendarmerie, le caporal porte le nom de brigadiei'.
de vivres ou de munitions rendant la défense im- — Le grade de caporal date de 1558; mais les attri-
possible, ou à l’instant où l’ennemi livre un assaut butions de ce grade ont varié : elles ont été défi-
de nature à mettre en péril imminent la vio des as- nitivement réglées par l’ordonnance du 2 nov. 1833.
siégés. Les conditions auxquelles il est permis aux üriginairement le mot caporal signifiait chef de
troupes françaises de capituler ont été fixées par un troupe , et même dans quelques pays , général.
décret du 24 décembre 18ll. Lorsque ces conditions CAPOTE (de cape). Ce mot désigne : 1® une es-
n’ont pas été remplies, la capitulation ou perte de pèce de grand pardessus d’étoffe grossière, auquel est
n.
, , , ,

CAPR — 260 — CAPS


attaché ordinairement un capuchon , et qui sert aux insectes, serépandant sur les fruits de l’arbre, pénè>
soldats pour monter la garde en hiver et dans les trent dans l’intérieur et accélèrent ainsi la matura-
mauvais temps; 2® une redingote militaire que les tion. L’utilitéde cette pratique est contestée; les
soldats portent en petite tetuie dans l’infanterie
: Égyptiens prétendent obtenir le même résultat en
de ligne, la capote est grise, et assez large pour être cernant l’œil de la figue ; chez nous on se contente
portée par-dessus la tunique ;

3° une espèce de la piquer avec une aiguille trempée dans l’huile.
de mante que les femmes mettaient autrefois par- CAPRIFOLIACÉES (de capri folium, chèvre-
dessus leurs vêtements quand elles sortaient, et qui feuille), famille de plantes Dicotylédones monopé-
les couvrait de la tête aux pieds ;

4® un chapeau tales, àétamines épigynes et à anthères distinctes,
de femme, à coulisses.
fait d’étoffe et renferme des arbres et des arbrisseaux quelquefois
-CAPPARIDEES (du latin capparis, câprier), fa- grimpants, à feuilles opposées réunies par la base,
mille de plantes Dicotylédones polypétales, à éta- qu’on rencontre pour la plupart dans les régions
mines hypogynes, renferme des herbes, des arbris- tempérées de l’hémisphère boréal. Le chèvrefeuille,
seaux et même des arbres, à feuilles alternes, sim- Thièble , le sureau , le cornouiller appartiennent à
ples oudigitées, à fruits charnus et capsulaires; la cette famille. Les écorces des Caprifoliacées sont
plupart sont indigènes des régions intertropicales de presque toutes astringentes , et leurs baies presque
l'Afrique et de l’Amérique. Les Capparidées jouis- toujours purgatives. Cette famille se divise en deux
sent de propriétés antiscorbutiques et stimulantes; tribus les Lonicérées et les Sambucées.
:

ces propriétés sont développées dans quelques espè- CAPRIMULGUS, nom latin de l’Engoulevent, a
ces jusi|u’au point de devenir vénéneuses. Cette fa- formé celui de Caprimulgées donné à une famille
mille forme deux tribus les Capparées
: qui ont d’oiseaux dont l’Engoulevent est le type.
pour type le genre Câprier, et les Cléomées, qui CAPRIQUE (acide), du latin capra, chèvre; acide
ont pour type le genre Cléome. gras, huileux, que M. Chevreul a extrait du beurre;
CAPRAIRE (du latin capra, chèvre, à cause du il a une forte odeur de bouc, et se prend par le froid

goût<|ue les chèvres ont pour ces plantes), genre de en une masse d’aiguilles. Il renferme du carbone,
la famille des Scrofulariées, renferme des arbris- de l’hydrogène et de l’oxygène (C*“H”0’H0). Le
seaux originaires des Antilles, des Indes et de l’A- fromage lui doit une partie de son odeur. Les chi-
frique. La C. rrmltifide, à feuilles dentées, oblon- mistes l’obtiennent par l’action de l’acide nitrique
gues, à fleurs purpurines, est petite, ot donne, par sur les corps gras, sur la bile, l’essence de rue, etc.
l'infusion de ses feuilles, une boisson thôiforme qui CAPROIQUE (acide), acide gras, huileux, qui se
ne le cede en rien au thé de la Chine; c’est ce qui rencontre dans le beurre rance et le fromage avec
lui fait donner le nom de thé du Mexique. l’acide caprique , §t qui peut se produire artificielle-
CAPRE , bo-uton floral du Câprier. Voy. câprier. ment; il renferme C”H*'0’H0.
CAPRICORNE (du latin capra, chèvre, et cornu, CAPROMYS(du grec capra, chèvre, cimys, rat),
corne), animal fabuleux qui donne son nom à une con- vulgairement Houtias genre de Mammifères ron-
.stellationetàunsignedu Zodiaque (le 10‘), placé après geurs particuliers à Tile de Cuba. Us ont de l'ana-
le Sagittaire et avant le Verseau. Le soleil entre dans logie avec le rat par l’ensemble de leur structure,
ce signe le 21 décembre ; il semble alors décrire, dans mais leur taille est plus forte et dépasse même celle
son mouvementdiurne, le cercleparallèleà l’Equateur du lapin. Les Capromys ont, comme les rats, une
qu’on appelle Tropique du Capricorne {Voy. tropi- queue longue, ronde et peu velue, 5 doigts aux pieds
ques). C’est alors que les jours sont le plus courts et de derrière, et 4 (avec un rudiment de pouce) aux
que l’hiver commence pour les habitants de l’hémi- pieds de devant ; ils ont de plus 4 dents molaires à
sphère boréal. —La constellation du Capricorne est couronne plate. Ce sont des animaux grimpeurs et
située dans l'hémisphère austral, et contient environ herbivores, qui vivent dans les bois; leur chair est
31 étoiles peu remarquables; sa partie supérieure assez estimée. On en connaît deux ou trois espèces
offre quelque ressemblance avec mic chèvre. Selon — qui ne diffèrent que par la longueur de la queue
la Fable, l'animal qui lui donne son nom était un ca- et la largeur de la tache blanche qu’ils ont sous la
pricorne qui, dans la guerre des géants contre Ju- gorge le reste de leur pelage est d’un brun noirâtre
:

piter, avait pris parti contre ce dernier, et avait mé- lavé de fauve.
rité par là d’être transporté au ciel. CAPRON ou CAPERON, grosse espèce de fraise,
En Entomologie, on donne le nom de Capricorne fruit du Capronier, est peu estimée. Voy. fraisier.
[Cerambyx) à un genre d’insectes Coléoptères tétra- CAPSICUM, nom latin du Piment. Voy. piment.
mères de la famille des Longicornes, remarquables CAPSULAIRE. En Rotanique on appelle -.fructi-
par la longueur de leurs antennes , et qui vivent fication capsulaire la fructification propre à certains
dans le tronc des arbres. Le C. zwMsgue habite le saule Thalassiophytes , et qui consiste dans des granula-
et a une odeur de rose très-prononcée. Voy. aromie. tions colorées éparses dans le tissu de la plante, et
CAPRIER, Capparis, genre d’arbrisseaux de la fa- qu’on regarde comme les premiers rudiments de la
mille des Capparidées, type de la tribu des Capparées, fructification; —
fruits capsulaires des fruits sim-
contient une trentaine d’espèces, à feuilles alternes et ples et secs qui s’ouvrent, quand ils sont mûrs, à la
simples, à fleurs blanches, donnant naissance à une manière de la capsule, comme la capsule proprement
baie sphérique ou ovale; l’espèce la plus connue estle dite, la silique, la gousse, la follicule, etc.
C. épineux (C. spinosa), qu’on cultive dans le midi CAPSULE (du latin capsula, diminutif de capsa,
de l'Europe; ses boutons floraux sont appelés câpres: boîte). On donne ce nom à différents objets qui ont
cueillis avant leur entier développement et confits au plus ou moins d’analogie avec une boite. Ainsi les
vinaigre, ils sont employés dans les sauces blanches; Botanistes appellent capsule un fruit simple, sec,
son fruit, qu’il ne faut pas confondre avec la câpre, monosperme ou polysperme , qui s’ouvre par des
est une capsule verte, grosse comme une olive, pointue trous, par des fentes, ou par la séparation, totale ou
par lesdeux bouts, et qui, cueillieet confite, se mange partielle , de pièces distinctes les unes des autres.
sous le nom de cornichon de câpres. Toulon , Mar- En Chimie, c’est un vase arrondi en forme de ca-
seille et Majorque font un grand commerce de câpres. lotte dont on se sert pour faire évaporer un liquide.
CAPRIFICATION (du latin cuj!)n'/ï««, figuier sau- En Anatomie, le nom de capsule a été donné à des
vage), procédé en usage chez les anciens pour hâter parties très-différentes, dont la fonction est d’enve-
la maturation des figues, et qui s’est conservé dans lopper un organe. On appelle C. articulaires ou fi-
le Levant. Il consiste à placer sur des figuiers des fi- breuses les ligaments membraneux qui entourent
gues remplies d’une espèce d’insectes appelés Cy- certaines articulations, comme celles de l'épaule et
nips, qu’on trouve surtout sur le figuier sauvage ; ces de la hanche; C. surrénales ou atrabilaires, deux
, ,

CAPÜ — 261 — OARA


petits corps placés dans Tabdomen, au-dessus des nement, remarquable par l’éclat de ses fleurs. On
reins, dont ils embrasseat l’extrémité supérieure : une
cultive aussi en serre variété à fleurs doubles.
ils sont de couleur brune, jaunâtre, nuancée de Les Arquebusiers nomment capucine un anneau
rouge; C. synoviales, des membranes qui ont» une de fer ou de cuivre qui assujettit sur son bois le
grande analogie avec les membranes séreuses exi- canon d’un fusil de munition; il y a ordinairement
stant dans toutes les articulations, et formant des deux capucines au fusil.
poches transparentes sans ouverture, etc. Dans la Marine, on nomme ainsi la courbe qui
En Pharmacie, on nomme aussi capsules des en- sert à lier l’éperon avec Tétraved’un vaisseau, ainsi
veloppes gommeuses , le plus souvent en forme d’o- que les courbes en fer ou en bois qui s’ajoutent à un
live, dans lesquelles on enferme des médicaments vaisseau qui a fatigué ou vieilli, pour lier la muraille
d’une saveur désagréable, afin d’en éviter le mau- avec les ponts.
vais goût au malade. CAPUT MORTUUM (c.-à-d. tête morte], mot la-
Dans les armes à feu, la. capsule est un petit cy- tin dont se servaient les anciens chimistes pour dé-
lindre de cuivre ouvert d’un côté, qui se place sur signer le résidu inutile de toute opération chimique.
la cheminée d'un fusil à piston de manière à s’y CAQUE ,
petit baril dans lequel on enferme les
ei/iboîter parfaitement, et au fond duquel est une harengs, après les avoir apprêtés et salés. L’art d’en-
amorce de poudre fulminante qui éclate sous le coup caquer les harengs a été inventé, dit-on, par un pê-
sec du chien, et enflamme la poudre. Voy. amorce. cheur hollandais nommé Beuckels, qui a fait par là
CAPTATION (du latin captare, capter). En Juris- la fortune des pêcheurs de son pays {Voy. hareng).
prudence , on appelle ainsi toute manœuvre coupa- — On appelle encore caque ; 1“ un petit baril des-
ble à l’aide de laquelle un héritier ou un légataire a tiné à renfermer de la poudre à canon ; 2“ une es-
fait introduire dans un testament une disposition en pèce de tonneau dans lequel les chandeliers mettent
sa faveur. Chez les Romains, la captation n’était pas le suif fondu qui doit servir à faire la chandelle
une cause de nullité des testaments, si elle était dé- moulée; 3® en Champagne, un quartaut de vin.
gagée do dol. En France, l’ordonnance de 1735 avait CAQUE-SANGUE (du latin cacare aller à la
admis l 'action en nullité de certains actes pour cause selle, et sanguis sang), nom qu’on donnait autre-
de manœuvres captatoires. Le Code civil interdit aux fois, en Médecine, à toutes les déjections sanguino-
médecins et aux ministres des cultes de recevoir des lentes. Cette expression s’employait aussi comme sy-
legs ou donations des personnes qui meurent de la nonyme de dyssenterie, de diarrhée sanguinolente,
maladie pendant laquelle ils leur ont donné des soins et désignait toutes les affections dans lesquelles les
fart. 909) Voy testament. matières alvines sont accompagnées de sang.
CAPTI'VITÉ. Les captivités les pjus célèbres dans CARABE, Carabus (du grec carabos, crabe, à
l’histoire sont celles des Israélites en Égypte sous cause de la forme de ses pattes), genre de Coléop-
les Pharaons, à Ninive sous Salmanasar, à Babylone tères pentamères, de la famille des Carnassiers, type
sous Nabuchodonosor, auxquelles il faut joindre de la tribu des Carabiques. Caractères : labre supé-
leurs six servitudes { Voy. ce mot) ; celle de Ré- rieur bilobé; dent de l’échancrure du labre inférieur,
gulus chez les Carthaginois, celle de Richard Cœur- entière; point d’ailes propres au vol. Les Carabes
de-Lion au moyen âge, de Marie Stuart, de Bajazet vivent de chenilles et d’insectes, et, par conséquent,
au XV® siècle, et, dans notre histoire, celles de saint sont plus utiles que nuisibles. On distingue : le Caraf/e
Louis, de Jean le Bon, de François I®®, de Louis XVI, noir, le C.doré, dit Finaigrier parce qu’il sécrète une
de Napoléon. Parmi les captivités de sinmles parti- liqueur acide, le C. brillant des Cévennes, le C. ruti-
culiers, on connaît surtout celles de Fouquet et lant des Hautes-Pyrénées et le C. d’Espagne, qu’on
Pellisson , du Masque de fer, de Latude. Voy. ces trouve dans la Lozère. Le C. ferrugineux passait
noms au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. pour anti-odontalgique. Plusieurs autres ont passé
CAPTURE (Marine). Voy. prise. à tort pour vésicants et épispastiques, par suite de
CAPUCHON ou CAPUCE (de caput, tête), en latin l’erreur de Geoffroy, qui avait placé dans les Ca-
cucullus, vêtement dont les moines se servent pour rabes les Buprestes ou Enfle-bœufs des anciens.
se couvrir la tête et qui fait partie de la robe. La
, CARABE, nom arabe de l’ambre jaune. Voy. ambre.
forme des capuchons, qui est tantôt pointue, tantôt CARABINE (de l’arabe karab, arme), arme à feu
arrondie, a été, chez les Cordeliers, l’occasion de portative et courte dont l’intérieur est rayé en spi-
violentes dissensions. Les Bénédictins et les Bernar- rale, se charge ordinairement à balle forcée, et porte
dins portaient journellement un capuchon noir, et les plus juste et plus loin que le fusil ordinaire. On ap-
jours de fête un capuchon blanc. Autrefois, les cha- pela primitivement carabins les cavaliers qui étaient
noines portaient sur la tête le capuchon de Taumusse. armés de ce fusil [Voy. carabiniers). —
La carabine
En Botanique, on donne ce nom à des pétales, ne servait originairement que comme arme de pa-
et quelquefois à des sépales concaves et en forme de rapet. Cette arme a été considérablement perfec-
casque ou de capuchon, comme dans TAncolie. Link tionnée de nos jours par MM. Delvigne (18331 , Ta-
appelle capuchon { stylotegium un évasement par- misier et Minié (1846). La C. Minié a le calibre du
)
ticulier des filets des étamines qui dans les Asclé- fusil d’infanterie et porte à 1300 mètres. Plusieurs
,
piadées, recouvrent Tovaire comme un capuchon. corps d’élite, notamment les chasseurs à pied, sont
CAPUCINE, Tropceolum, genre déplantés dont le aujourd’hui armés de ces carabines. —
On fabrique
nom vulgaire fait allusion au prolongement enferme aussi des carabines de chasse, destinées à la chasse des
de cojBw/ion qu’offre une des folioles du calice, est animaux les plus redoutables : on estime en ce genre
le type de la famille des Tropæolées. Il renferme les Carabines-Devisme. —
On nomme encore cara-
une trentaine d’espèces , originaires du Mexique et bine un fusil court dont on se sert dans la cavalerie
du Pérou. On remaïque surtout la grande Capu- : (dragons , lanciers , hussards) , et qui n’a pas le ca-
cine ou Cresson du Pérou, introduite en Europe en non rayé; on l’appelle plus exactement mousqueton.
1686, plante annuelle, aux fleurs d’un jaune plus ou CARABINIERS, soldats de cavalerie ou d’infan-
moins orangé, irrégulières, grimpant ie long de la terie , qui portaient originairement une carabine.
tige d’un arbre ou des murs ses fleurs, qui se suc-
: Carabiniers à cheval. SousHenrilV et Louis XIII,
cèdent tout servent à parer et à assaisonner
l’été , on appelait carabins des cavaliers armés d’une esco-
les salades
; ses jeunes fruits , confits au vinaigre, pette ou carabine, et qu’on employait surtout comme
peuvent remplacer les câpres; toutes les parties de la éclaireurs; ces cavaliers ont pris depuis le nom de
plante ont les propriétés du cresson, et sont antiscor- carabiniers. Les premiers régiments de ce nom datent
butiques; la petite Capucine, également cultivée seulement du règne de Louis XIV. Le maréchal de
comme plante potagère ; la C. mordorée, plante d’or- Luxembourg avait établi une compagnie de carahi-
, . , , , , ,,

GARA 262 — GARA


niers dans chaque régiment de cavalerie. Avant 1789, En termes de Manège, on appelle ainsi le mouvement
les carabiniers achevai formaient un corps d’élite, di- circulaire ou demi-circulaire que l’on fait faire à un
visé en 2 brigades, etdon t rcffectif était de 1,560 hom- cheval en changeant souvent de main, et, dans la ca-
mes en temps de guerre et de 1,300 en temps de paix, valerie, le mouvement de tous les cavaliers d'un
lis rendirent les pins grands services à la bataille de même escadron, quand ils tournent en même temps
Fontenoy. Aujourd'hui les carabiniers forment deux par le flanc, sur la droite ou sur la gauche.
régiments d’élite compris dans la cavalerie de ré- En Botanique , c’est le nom vulgaire d’un haricot
serve ; ils ont pour uniforme un habit bleu céleste , à d’Amérique (Phaseolus indicus ou caracolla) à
boutons blancs, un casque en cuivre avec chenille fleurs contournées en spirale; on le cultive comme
rouge, des buflleteries Jaunes avec piqûre blanche, plante d’ornement.
des épaulettes écarlates. Leurs armes sont la cuirasse CARACTÈRES (mot grec dérivé de c/faroMO, mar-
en cuivre , le sabre à lame droite et tranchante des quer, graver). Les caractères d’imprimerie sont de pe-
deux côtés et le pistolet tout en conservant le nom
: tits morceaux de métal, en formedeparallélipipèdes,
de carabiniers ils ne portent plus la carabine. La hauts de 2 à 3 centim., dont chacun porte gravés en
taille exigée est de 1"‘,80. relief à l’une de ses extrémités, et dans un sens con-
Carabiniers à pied. C’étaient des hommes d’élite, traire à celui qu’offre l’impression, des lettres, des
exercés conformément au genre de l’arme qu’ils por- chiffres , ou toute autre figure usitée dans la typogi a-
taient, et qui faisaient partie des compagnies de chas- phie. La matière de ces caractères est un alliage d’an-
seurs des bataillons d’infanterie légère. Institués en timoine et de plomb, auquel on ajoute quelquefois de
1788, ils furentabolis dès 1792. Néanmoins, quelques l’étain et du cuivre pour en augmenter la dureté. De-
compagnies conservèrent ce nom sans avoir de cara- puis Schgiffer, qui inventa les caractères mobiles en
bine. Les chasseurs de Vincennes la portent seuls auj. 1450, l’art de la fonvlerie a fait d’immenses progrès
CARABINS, ancienne troupe arniee de carabines. {Voy. TYPonBAPHiE). L’Imprimerie nationale possède
Voy. CARABINE et CARABINIERS. une collection complète des types de toutes les lan-
CARABIQUES , tribu d’insectes Coléoptères pen- gues connues, depuis l’alphabet français jusqu’aux
tamères de la famille des Carnassiers , caractérisés caractères hiéroglyphiques des Égyptiens et aux ca-
par leurs mâchoires terminées en pointe, leur tète ractères euwï/'ormes desChaldéens {Voy. ces mots).
plus étroite que le corselet, une languette saillante et Pendant longtemps , on n’a employé que deux
des palpes labiaux à trois articulations seulement. sortes de caractères, le romain ou pierpendiculaire
La plupart des carabiques répandent une odeur fé- et ['italique ou penché de droite à gauche : ces deux
tide, et lancent par la bouche ou l’anus une liqueur caractères furent inventés en Italie par Jenson et
âcre, corrosive et quelquefois volatile ; une espèce Aide Manuce. Le premier s’introduisit en France
communedans nos campagnes lance par l’anus, quand sous Louis XI; le second, perfectionné par Gara-
elle est surprise, une petite fumée, ce qui l’a fait mond, y fut importé par Simon de Colines. Aujour-
appeler bombardier. Les carabiques sont éminem- d’hui , on imite en typographie tous les genres d’é-
ment carnassiers, et dévorent une grande quantité criture, la bâtarde, la coulée, la ronde, Vun‘
d’insectes; ils volent mal, mais iis sont très-agiles à glaise, la gothique, sans parler des variétés di-
la course; ils ne chassent guère que la nuit, et le jour verses d’un même caractère qu’on appelle com-
ils restent cachés sous les pierres, la mousse et l'écorce pactes, gras, petit-œil, gros-œil, etc. Chaque
des vieux arbres. Fresque toutes les espèces se trou- espère de caractères est, en outre, reproduite sous
vent dans le nord de rÈuro[)C, de l’Asie et de l’Amé- toutes sortes de dimensions, qu’on désignait autre-
rique. Les larves des carabi(iucs ne sont pas moins fois par des noms de convention , et qu’on distingue
carnassières que les insectes parfaits. Leur forme aujourd’hui par la force du corps (hauteur du ca-
varie suivant les genres; cependant elles ont, en ractère prise de la tête du d, par exemple, jusipi’au
général , le corps allongé, cylindroide, composé de pied du p), mesurée à l’aide de points { ou sixièmes
12 anneaux, la tête munie de 2 antennes et de 6 pe- de ligne du pied de roi). Voici les noms et la valeur
tits yeux lisses; la bouche armée de 2 fortes mandi- en points des caractères les plus usités la perle
:

bules et de 2 mâchoires; six pattes cornées aux trois fondue sur 4 points ou 2/3 de ligne; \3. purisie)ine
premiers anneaux, etc. Voy. c.arabe. ou sédunoise, sur 5; la nonpaveille , 6; la mi-
CARALaL , Lynx caracal, espèce de chat sauvage gnonne, 7; \q. petit-texte 7 1/2; la gaillarde, 8;
qu’on trouve en Asie et en Afrii]ue, et que l’on re- \t petit-romain, 9; la. philosophie 10; leci'eeVo,
garde comme le Lynx des anciens. 11 est fauve-isa- 11 et 11 1/2; le saint-augustin 12 ou 13; le gros-
belle en dessus , avec les oreilles noires extérieure- texte et le gros -romain, i4 et 16; le petit et leÿroj-
ment, et est de la taillcde nos forts Barbets. Voy. i.ynx. parangon, 18 et 20. Ces deux derniers, ainsi que la
CARACARA (ainsi nommé du cri qu’il fait en- Palestine, le trismégiste, les petit, gros, double et
tendre), Polyborus, genre d'oiseaux de proie de triple-canon, dont la force de corps est variable, ne
l’Amérique du Sud, de la famille des Vautours. Ils s’emploient guère que pour les titres et les affiches.
ont le bec, droit à sa base , allongé; les tarses nus, — Outre la série des lettres de l’alphabet de forme or-
écussonnés; les ongles émoussés, les ailes longues ; dinaire et courante, chaque ordre de caractères a son
ils ont le vol horizontal et plus rapide que celui des assortiment de capitales grandes et petites, de
aigles et des huses, mais ils marchent plus qu’ils ne signes de ponctuation, enfin d’espaces, cadrais, ca-
volent; ils sont peu farourheset surtout très-criards. dratins, etc., pour distancer les mots, et remplir les
Ces oiseaux dévorent indifféremment les petits qua- vides à la fin des alinéa.
drupèdes, les oiseaux, les reptiles, les vers même et Dans ces derniers temps, on a inventé des caractè-
les insectes; ils se jettent également sur les charo- res mobiles pour l’impressicn des cartes de géogra-
gnes les plus infectes et sur les immondices, et font phie. Ceux dont on se sert pour imprimer lamiisique
une guerre acliarnée aux autres oiseaux de proie. ont été inventés en Italie au xvi« siecle,et considéra-
On divise ce genre en Caracaras proprement dits, blement perfectionnés de nos jours par M. Duverger.
dont la principale espèce est le C. du Brésil; Tri- Quant à la fabrication des caractères, elle se fait de
bins, comprenant une e.spèce unique, le C. noir; la manière suivante. Lorsque le graveur a terminé
Rancancas comprenant le Petit aigle d’Amérique le poinçon où est gravé le caractère, il en tire une
et le Ranmnra à ventre blanc. ern[)reinte sur cuivre, nommée matrice. Le fondeur
CARACOLE ou cabacoi, fmot espagnol, dérivé a un moule en fer, doublé en bois, ayant un espace
lui -même de l’arabe, et (pii signilie limaçon), se dit vide de la grandeur du caractère (pi’on veut mouh'r.
en Architecture de tout ce qui est fait en hélice, en La partie inférieure porte une rainure dans huiuelle
spirale, notamment des escaliers en limaçon. on place la matrice. Elle est appuyée contre le fond
,
, , ,

GARA — 263 GARA


du moule par un fil de fer (dit archet) qui fait ressort la famille des Scombéro'ides, à dorsales et à queue
en arc-boutantcontreelle. Le fondeur prend l’alliage, épineuses renferme un grand nombre d’espèces ré-
,

le verse dans le moule, en lui donnant une légère se- pandues dans toutes les mers; les principales sont :

cousse, afin de chasser l’air. On tire ensuite la lettre. les Saurais, au corps allongé, oblcng, à tète peu con-
En Littérature, on désigne sous le nom de Carac- vexe, la ligne latérale couverte de lames hautes et ar-
tères un genre de portraits moraux, dont Théophraste mées de pointesdans toute sa longueur, et dont le type
avait donné l’exemple chez les anciens, et que La est le Saui-el ou Maquereau bâtard mauvais pois-
Bruyère, chez nous, a porté à la perfection. Quel- son huileux , commun sur de Picardie et
les côtes
ques auteurs modernes se sont aussi essayés dans ce de Normandie ;
les Caranx proprement
dits, dont
genre, mais avec beaucoup moins de succès. la ligne latérale n’a de boucliers que sur la partie
CARACTERISTIQUE, se dit dans le calcul diffé- posté^rieure ; les Carangues, à tête haute et com-
rentiel d’une marque, ou caractère, par laquelle on primée, à profil tranchant, etc.
désigne une certaine fonction d’une quantité c’est : CARAPACE , Testa nom qu’on donne au bouclier
ainsi que la lettre d est la caractéristique des quan- supérieur qui recouvre le corps des Tortues: le bou-
tités différentielles, ou que dx exprime la différen- clier inférieur s’appelle plastron. La carapace est
tielle de X. La caractéristique d’un logarithme formée d’un grand nombre de plaques osseuses unies
vulgaire est le nombre entier qui entre dans ce lo- ensemble par des sutures; c’est une portion de leur
garithme. Par exemple, 2 est la caractéristique de sijuelette, où l’on peulaisément reconnaître les ver-
2,02118930, logarithme de 105 ; 0 est la caractéristi- tèbres et les côtes. Cette portion du squelette , de-
que de 0,6989700, logarithme de 5. Lacaractéristiiiue venue superficielle au lieu d’être logée au milieu des
du logarithme d’un nombre est toujours égale à la parties molles, n’est recouverte, ainsi que le plastron,
quantité de chiffres moins un qui composenfee nom- que par la peau, ordinairement écailleuse , de l’ani-
bre : ainsi la caractéristique du logarithme de 4223 mal. — Ou donne également le nom de Carapace
est 3, celle du logarithme de 142789 est 5, etc. Dans à la pièce solide qui recouvre le dos et la tête des
les tables des logarithmes, on ne trouve indiquées Crustacés. Reaucoup de poissons, les Silures, les
que les parties fractionnaires des logarithmes, et les Coffres, les Pégases, etc., ont aussi des Carapaces
caractéristiques y sont sous-entendues. générales ou partielles. Certains Mammifères, tels que
En Grammaire, le mot Caractéristique exprime les Tatous, sont pourvus d’un appareil analogue.
la principale lettre qui précède la terminaison d’un CARAQUE. On nommait ainsi au xv' et au xvi«
mot, celle qui se conserve dans la plupart de ses siècle les immenses bâtiments que les Portugais em-
temps, de ses modes, de ses dérivés et de ses com- ployaient à la navigation des Indes orientales et du
posés. Ainsi, en français, la lettre R est la lettre ca- Brésil. Les caraquesportaieutjusqu’à 2, ÜOO tonneaux.
ractéristique du futur, comme le 2 l’est en grec. Aujourd’hui ces navires sont peu en usage et, en tout
Leibnitz avait donné à la langue universelle dont cas, beaucoup moins grands.
il avait conçu le projet le nom de Caractéristique Dans le Commerce, on nomme Caraque un cacao
parce que la nature de chaque objet devait être ca- de qualité supérieure qu’on récolte sur la côte de
ractérisée par la composition même du mot. Caracas. Voy. cacao.
CARAGÂN, espèce de Robinier. Voy. robinier. CAR AT, nom d’u ne mesure conventionnelle adoptée
CARAGNE , substance gommo-résineuse que l’on pour les objets précieux, désigne tantôt un simple
attribue à un arbre de la famille des Térébinthacées, degré de pureté, tantôt un poids réel. —
Quand il
dit Arbre de la folie, est originaire de la Colombie. s’agit de Tor, on suppose, pour évaluer sa pureté,
Elle nous vient en morceaux de la grosseur d’une que tout objet en or, quelle que soit d’ailleurs sa
noix, d’un vert noirâtre à l’extérieur et d’une teinte masse ou sa quantité, forme un composé fictif de
marbrée au dedans. 24 parties ; chacune de ces parties est un carat ; l’or
CARAGUATE, espèce de Tillandsie. F. tillandsie. parfaitement pur est dit à carats, celui qui ren-
CARAMBOLIER, en latin Averrhoa (du médecin ferme un vingt-quatrième d’alliage est à 23 carats,
arabe Averrhoès), arbre des Indes orientales, genre et ainsi de suite. Le carat pris en ce sens est ce que
de la famille des Oxalidacées, et suivant d’autres des les orfèvres appellent aarafrfe fin. Aujourd’hui le titre
Térébinthacées ou des Rhamnées , ne renferme que ne se compte plus que par millièmes : 1 carat équi-
deux espèces: l’une, dite Pommier de Goa, est un vaut à 42 millièmes. —
Quand il s’agit de diamants,
arbre do 4 à 5 m. qui produit des fruits jaunâtres de perles et autres pierres précieuses, le carat est nu
du volume d’un œuf de poule et d’une acidité agréa- poids réel; on l’appelle alors carat de poids : il pèse
ble ; on fait des cataplasmes de son écorce pilée 4 grains ou environ 21 centigrammes (rigoureuse-
avec le riz et le bois de santal; on mange ses fleurs ment, 0 gr. 20,275) ; c’est ainsi (jue l’on dit que le
en salade; son fruit, dit carambole, s’emploie diamant du Grand Mogol, par exemple, pèse 279 ca-
contre la dyssenterie et les fièvres bilieuses; l’autre, rats. Appliqué comme poids à l’or, le carat prend une
dite Averrhoa bilimbi, donne des fruits acides, que toute autre valeur : il égale 192 grains , et se subdi-
l’on confit au sucre, au vinaigre ou au sel, et que vise en 4,608 primes. —
On appelle carat de prix
l’on mange comme les groseilles, les câpres ou les la 24e partie de la valeur d’un once ou d’un marc d’or.
olives; on en fait un sirop rafraîchissant. — Enfin , on donne encore le nom de carats à de
CARAMEL (de l’arabe cara, noir, et de l’espagnol petits diamants qui se vendent au poids et qui ne
melo, miel), sucre brûlé, d’une couleur rougeâtre dépassent guère le poids d’un carat.
ou brune, et d’une saveur particulière. On l’obtient On dérive le motcorat de l’arabe /ffrat , nom d’un
en faisant fondre du sucre avec un peu d’eau et le petit poids qui est le 24® d’un denier ce mot ne serait
:

faisant cuire jusqu’à ce qu’il brunisse; il faut s’ar- lui-même qu’une corruption du grec kération, sili-
rêter avant qu’il devienne amer et y jeter un peu que, poids qui valait le tiers de l’obole; selon d’au-
d’eau thaude en le retirant du feu , le faire refondre tres, carat viendrait du nom d’une fève de VEry-
et le réduire à la consistance d’un sirop épais pour thrina. arbre du pays des Changallas en Abyssinie ; cet
le conserver. Les confiseurs s’en servent pour couvrir arbre y est appelé cuara, ou soleil, parce que les
et glacer des bonbons ou des fruits. On l’emploie aussi fleurs elles fruits en sont d’un rouge de feu;comme
dans la cuisine pour colorer le bouillon et certains les semences sèches du cuara sont toujours à peu
mets. Les médecins le prescrivent quelquefois comme près égalenaent pesantes, les habitants du pays s’en
adouci.ssant dans les rhumes. Le caramel chimique- sont servis de temps immémorial pourpescr l’or. Ces
ment purest insipide, etrenfermeles mêmes éléments fèves ont été ensuite transporfées dans l’Inde , où on
que le sucre, moins une certaine quantité d’eau. les a employées, dans les premiers temps, à peser
CARANX, genre de poissons Acantlioptérygiens de les diamants.
, , ,

CARB — 264 — GARD


CARATURE. Ou appelle ainsi un mélange d’or 2“. Le C. de baryte. Voy. baryte carbonatée.
et d’argent, ou d’or, d’argent et de cuivre, avec le- 3». le C. de chaux. Voy. chaux carbonatée.
quel on fait les aiguilles d’essai pour l’or. 4». Le C. de eufure , appelé quelquefois vert-de-
CARAVANE (du persan karvan, marchand), asso- 5Tiv;sel bleu, insoluble dans l’eau. On le rencontre
ciation que forment des marchands, des voyageurs ou dans la nature. Voy. cuivre carbonaté.
des pèlerins, pour traverser avec plus de sûreté lesdé- 5». Le C. de fer. Voy. fer carbonaté.
sertsde l’Afrique et de l’Asie, surtout ceux de l’Arabie. 6°. Le C. de magnésie. Voy. magnésie carbonatée.
Les fonctions de conducteur de caravane (karavan- 7». Le C. de plomb. Voy. céruse.
èacAi) sont regardées comme très-honorables. Les plus 8». Le C. de potasse, sel blanc, déliquescent, fort
célèbres caravanes sont celles des marchands qui par- soluble, sans odeur, d’une saveur âcre et urineuse ;

tentdeséchellesdu Levantpourse rendreau Thibetet c’est la potasse du commerce. Voy. potasse.


dans lepaysdeCacbemire; celle des pèlerins, qui part 9° Le C. de soude. On distingue : le Bicarbonate, le
tous les ans du Caire pour aller à la Mecque , et qui Sesquicarbonate, etle C. neutre; ce dernier, quiestun
se compose de 70 à 80,000 individus, avec 8 ou 9,000 sel blanc, fort soluble, d’une saveur âcre et urineuse,
chameaux et autant, jde chevaux ; enüu celle de Con- est la soude ou sel de .soude du commerce. F. soude.
stantinople qui se rend également tous les ans à la 10». Le C. de zinc. Voy. zinc.
Mecque et dont le départ se fait avec une grande CARBONE (du latin carbo), corps simple qui consti-
pompe. Les caravanes voyagent à petites journées et tue presque en totalité le charbon noir, et qui existe
s’arrêtent chaque soir à une station , où se trouve pur dans le diamant. La plombagine ,
Vanthra-
généralement une fontaine ou un puits et quelque- cite, lahouille ou charbon de terre le lignite, re-
fois un caramnsérài. Voy. ci-après. présentent également du carbone plus ou moins im-
On a donné aussi le nom de caravanes aux cam- pur [Voy. ces mots). Toutes les matières végétales
pagnes que les chevaliers de Malte faisaient sur mer et animales renferment du carbone en combinaison
contre les Turcs et autres infidèles de là l’expression
: avec d’autres éléments , particulièrement avec l’hy-
familière, faire ses caravanes. drogène, l’oxygène et l’azote. Le carbone pur est sans
CARAVANSERAI, vulgairement Caravanse'rail saveur ni odeur; il est complètement fixe et infu-
(c.-a-d. station des caravanes) grand bâtiment pu- sible au feu le plus violent. Lorsqu’on le chauffe au
blic destiné dans l’Orient à servir d’hôtellerie ou de contact de l’air, il se combine avec l’oxygène, brûle,
lieu de repos aux caravanes et aux marchands. C’est et se convertit soit en gaz acide carbonique soit en
un édilice de forme carrée, au milieu duquel se trouve gaz oxyde de carbone, suivant les proportions de
une vaste cour entourée d’arcades avec un puits ou une l’oxygène mis en présence. Lorsque le charbon brûle
fontaine. Tous les voyageurs y sont reçus gratuite- en grande masse dans un fourneau où la chaleur
ment, mais ils n’y trouvent d’ordinaire que l’eau et le s’élève beaucoup, et où le courant d’air est trop
couvert. La police des caranvanséraisestconfiéeàun faible relativement au volume du combustible, le ré-
oOQcier appelé caravanséraskier. Quelques-uns de sultat de la combustion consiste principalement en
ces édifices, surtout à Constantinople , àispahan et gaz oxyde de carbone , qui produit en brûlant une
à Agra , sont remarquables par la magnificence et la flamme bleue, visible au haut de la cheminée du
richesse de leur construction. Dans quelques villes fourneau. Le carbone produit avec l’hydrogène des
ils servent également de marchésou bazars. En Tur- combinaisons très-variées. Voy. carbures.
quie, il n’est permis qu’à la mère et aux sœurs du CARBONE (oxyde de), gaz incolore , insipide et in-
sultan , aux vizirs et aux pachas qui se sont trouvés odore, composé de carbone et d’oxygène dans les
trois fois dans une bataille contre les chrétiens de
,
rapports de CO ; sa densité, comparée à celle de
fonder des caravanse'rais. l’air, est de 0,9678. Il brûle avec une flamme bleue
CARAVELLE , nom donné chez les Turcs aux en se transformant en acide carbonique. On l’ob-
grands navires, et en Portugal à de petits bâtiments tient en chauffant dans une cornue de la craie avec
gréés en voiles latines, dont la marche est rapide. du charbon, ou bien en décomposant de l’acide
On nomme aussi caravelles, surles côtes deFrance, oxalique par de l’acide sulfurique, et dirigeant le
les bâtiments qui vont à la pêche du hareng sur les mélange gazeux d’acide carbonique et d’oxyde de
bancs. Ils ont ordinairement de 25 à 30 tonneaux. carbone dans une lessive de potasse qui n’absorbe
Ceux qui sont plus petits s’appellent tvinquarts. que l’acide carbonique. L’oxyde de carbone est un
CARBAZOTATES. Voy. nitropicraïes. gaz délétère respiré en certaine quantité , il provo-
:

CARBET, nom donné, aux Antilles, à une grande que la perte du sentiment, le vertige, une débilité
case commune des sauvages, qui est ordinairement extrême , des douleurs aiguës dans les différentes
placée au milieu de feurs habitations. Chez les an- parties du corps, et détermine une asphyxie com-
ciens Caraïbes, c’était le nom du grand conseil de la plète, suivie assez promptement de la mort. —
L’oxyde
nation. — On donne encore ce nom à une sorte de de carbone a été découvert par Priestley , mais ce
toiture construite provisoirement dans une anse ou n’est qu’en 1802 que la nature de ce gaz fut recon-
une crique, pour servir d’abri aux embarcations nue, à peu près en même temps, par Cruikshank en
contre le soleil et la pluie. Écosse , et par Clément et Desormes en France.
CARBO,nom latin du genre Corwzoraz!. F. ce mot. CARBONIQUE (acide), combinaison de carbone et
CARBONARISME ,
société politique et secrète. d’oxygène dans les rapports de CO’; gaz incolore,
Voy. CARBONARi au Dict. univ. d’Hist. et de Gëogr. d’une densité de 1,5, impropre à la combustion et
CARBON.ATES,sels composés d’acide carbonique et à la respiration des animaux, rougissant légèrement
d’une base. On lesreconnait à la propriété qu’ils ont le tournesol, sans odeur et d’une saveur aigrelette.
de faire effervescence quand on y verse un acide fort, On peut le liquéfier et même le solidifier à l’aide
tel que l’acide chlorhydrique. Les principaux sont : d’une forte pression. On l’obtient en versant un acide
1“. Le C. d’ammoniaque, dit aussi Alcali volatil fort sur du calcaire, du marbre ou de la craie. C’est
concret, Sel volatil d' Angleterre, sel blanc, soluble un des corps les plus répandus dans la nature ; il se
dans l’eau, volatil, et de l’odeur de l’ammoniaque; produit par la combustion du charbon , du bois et
il se produit, dans beaucoup de circonstances, par de toutes les matières organiques, ainsi que par la
l’action du feu sur les matières animales azotées. 11 fermentation et la putréfaction de ces substances ;
est employé en médecine. 11 existe, dans les envi- les animaux l’exhalent dans l’acte de la respiration,
rons de Naples, une grotte où du carbonate d’am- il se trouve mêlé à l’air atmosphérique dans la pro-
moniaque se dégage en abondance ; on lui attribue, portion de quelques dix-millièmes. Il se rencontre
dans le pays, une grande vertu contre les douleurs, dans diverses cavités ou grottes des pays volcaniques,
l’engourdissement, la paralysie des membres, etc. par exemple, dans la célèbre Grotte du Chien près ,
, , , ,

CARB — 265 GARD


de Naples; on le trouve en dissolution dans beau- de carbone et d’hydrogène. Beaucoup d’entre elles
coup d’eaux minérales acidulés , comme celles de sont isomères. On obtient, en général, des carbures
Seltz , de Vichy , de Spa ; il se développe en abon- d’hydrogène lorsqu’on calcine des matières organi-
dance dans la germination des grains, de l’orge, par ques, telies que les résines et les huiles, à une cha-
exemple , qui sert à la fabrication de la bière. C’est leur rouge et à l’abri de l’air. Dans la nomenclature
lui qui fait pétiller et mousser le vin de Champagne, usitée en France, les noms des carbures d’hydrogène
la bière, le cidre, les limonades gazeuses. Il existe se terminent ordinairement en ène : ainsi, on ob-
aussi au fond des puits , dans l’intérieur des mines tient le camphogène (C^^H'*) avec le camphre, le
des marnières et des carrières; toutes les cavités des benzène (C’®IF) avec l’acide benzoïque, le cumène
terrains calcaires sont remplies de gaz acide carboni- avec l’acide cuminique, le cinnamène
que. Enfin, en combinaison avec la chaux, la ma- (C’H*) avec l’acide cinnamique, etc. L’étude des
gnésie et plusieurs autres oxydes, il constitue un carbures d’hydrogène appartient à la chimie orga-
grand nombre de minéraux, et souvent des monta- nique. Ceux qui offrent le plus d’intérêt sont le gaz de
gnes entières; la craie, le marbre, la dolomie, la l’éclairage, le gaz oléfiant et le gaz des marais.
pierre à chaux, le fer spathique, etc., sont des C.ABBURE DE FER OU FER CARBURÉ. VoiJ. FER.
combinaisons d’acide carbonique, ou carbonates. CARCAISE, nom donné ,<Btins les verreries, et
C’est cet acide qui, avec l’oxyde de carbone déter- surtout dans les manufactures de glaces et de cris-
mine l'asphyxie produite par la combustion du char- taux, au fourpeau dans lequel on recuit le verre
bon ou de la braise dans les appartements fermés. pour lui donner plus d’élasticité et de solidité.
On pense que c’est au moyen de vapeurs carboniques CARCAJOU, espèce de Blaireau. Voy. blaireau.
que les prêtres de l’antiquité produisaient, Jles convul- CARCAN (du bas latin carcanum, collier), cercle
sions des pythonisses chargées de faire connaître la de fer au moyen duquel on attachait à un poleau
volonté des dieux. — Paracelse ctVanHelmont s’aper- les criminels condamnés à la peine de l’exposition
çurent les premiers que, dans certaines circonstan- [Voy. exposition). La peine du carcan fut mise en
ces, il s’échappe un gaz de la pierre calcaire; ils lui 1719 au nombre des peines afflictives. D’après le
donnèrent les noms à’esprit des bois, esprit sau- Code pénal , cette peine devait toujours accompagner
vage, gaz sylvestre ou simplement de gaz. Frédéric celles des travaux forcés et de la réclusion. L’emploi
Hoffmann en constata la présence dans les eaux mi- du carcan , qui avait déjà disparu de fait dès 1832,
nérales. Le chimiste écossais Black reconnut en 1755 a été définitivement aboli avec la peine de l’exposi-
que le gaz des calcaires est identique au gaz prove- tion par un décret du 2 mars 1848.
nant de la combustion du bois et de la fermentation. CARCÉRULE , espèce de fruit. Voy. fruit.
Priestley et Bergniann en reconnurent la présence CARCIN (du grec carcinos, crabe), genre de
dans l’atmosphère, et lui donnèrent le nom à' air Crustacés décapodes, de la famille des Brachyures,
fixe. Lavoisier en établit la composition en 1776, et caractérisé par une carapace plus large que longue,
lui imposa le nom qu’il porte encore aujourd’hui. fortement dentée sur les côtés, et par son plastron
M. Faraday l’obtint le premier à l’état liquide en sternal plus long que large et fortement rétréci en
1823, et M. Thilorier parvint à le solidifier en 1835. arrière. L’espèce type est le C. Ménade [C. Mœnas),
CARBONISATION, destruction des matières or- qui n’est autre que le Crabe commun, si répandu
ganiques à l’abri de l’air, de manière qu’elles lais- sur nos côtes, où on le trouve entre les pierres ou
sent pour résidu du carbone plus ou moins pur. Le dans le sable. Il sert d’apiiàt pour la pêche lorsqu’il
charbon végétal qu’on emploie comme combustible est à l’état mou. On en expédie beaucoup à Paris,
se prépare par la carbonisation du bois. Cette opé- bien que la chair en soit peu déiicate.
ration se pratique au sein des forêts ; elle consiste à CARCINITES (de Cnrein, genre type), petit grou-
former, à portée des tas de bois abattus, des pyra- pe de Crustacés décapodes, famille des Brachyures,
mides de bois, en forme de cônes tronqués, au cen- comprend les genres Carcin, Thia et Polydecte.
tre desquelles on ménage un espace vide pour
y CARCINOME (du grec carcinos, cancer), mot qui
mettre le feu ; on recouvre ces bûchers d’une couche a été employé dans des sens divers par les patholo-
de feuilles sèches ou de gazon , sur laquelle on ap- gistes , est synonyme tantôt de cancer en général,
plique de la terre bien battue , en laissant au bas tantôt de cancer commençant, ou même de cancer
quelques ouvertures pour faire entrer l’air ; on met parvenu à sa dernière période; très-souvent aussi il
le feu, et quand la masse est bien embrasée, on bou- est synonyme de squirre.Voy. cancer et sûuirre.
che toutes les ouvertures, afin que la combustion se CARDAGE. Voy. carde.
continue d’une manière lente, et que le bois, à l’abri CARDAMINE, en latin Cardamina, genre de
des courants d’air, se convertisse peu à peu en char- plantes de la famille des Crucifères et do la tribu
bon. Catte méthode de carboniser le bois est fort des Arabidées, renfferme des plantes herbacées, à
ancienne; Théophraste en donne une description fleurs bleues ou roses, à feuilles de forme très-variée,
détaillée. Les Chinois carbonisent le bois dans des qu’on trouve pour la plupart dans les endroits hu-
fours souterrains, munis de deux ouvertures, l’une mides, les prés , les bois , etc. L’espèce la plus inté-
servant de cheminée et faisant fonction de machine ressante est la C. des prés ou Cresson élégant, qui
aspirante, l’autre donnant entrée à l’air nécessaire passe pour antiscorbutique, et qu’on mange en salade.
à la combustion. L’ingénieur Lebon imagina le pre- Onàîn cultive plusieurs variétés dans les jarains.
mier, vers 1785, de carboniser le bois en vase clos, CARDAMOME , Cardamomum espèce du genre
pour obtenir à la fois du charbon , des gaz combus- Amome, qui croit aux Indes et qui a joui longtemps
tibles, du goudron et du vinaigre de bois. Son pro- d’une grande réputation en médecine, à cause de ses
cédé , perfectionné depuis par Mollerat , Kurtz et graines aromatiques qu’on employait comme stimu-
Lhomond , est très-répandu aujourd’hui. On distinguait le Grand,
lants. le Moyen et le Petit
CARBONlTES,synonymed’ Oæa/afw. V. oxalates. Cardamome. Voy. amome.
CARBURE, combinaison neutre du carbone avec CARDE (du latin carduus, chardon, parce que
un corps quelconque , autre que l’oxygène. Les C. les dents de cet instrument sont brisées comme les
d’hydrogène sont très-nombreux, et se présentent épines du chardon). Ce mot désigne proprement
sous les formes les plus variées. Le caoutchouc les les têtes épineuses de la cardère à foulon ( Voy. ci-
,
essences de térébenthine, de citron , de cédrat d’o- après), qu’on emploie pour carder la laine; il est
,
range , de poivre, de Sabine, de genièvre, de copahu, en outre appliqué à une espèce de brosse garnie de
de cubèbe,le naphte,le pétrole, le gaz de l’éclairage, dents de fil de fer implantées dans une lanière de
le gaz qui se dégage de la vase des marais et dans les cuir fort épais, dont on se sert pour séparer les brins
mines de houille, etc., ne sont que des combinaisons de laine, de coton ou de toute autre substance fila-
, , — . , ,

CAÏID — 2G6 — CARS


menteuse, pour les disposer à. la filature ou à d’au- CARDITE (de cardia, cœur). En Médtciiie, ce
tres usages. Tantôt CCS cardes sont appliquées sur de nom désigne l’inflammation du cœur en général.
petites planches en bois armées d’un mancht, ..smme On distingue la cardile proprement dite, in-
;

les cardes à main dont se servent les cardeurs de ma flammation du tissu musculaire du cœur; la péri-
telas; tantôt, comme dans les cardes cylindriques cardite, inflammation du péricarde ou membrane
dont on fait usage dans les grandes filatures, elles séreuse qui enveloppe- le cœur; et l’endocardite
consistent en deux rouleaux hérissés de petites dents inflammation de la membrane qui revêt les cavités
de fll de fer, et tournant en sens contraire. Ces ma- du cœur. Ces trois sortes d’inflammations sont quel-
chines ingénieuses ont été considérablement perfec- quefois isolées; mais le plus souvent elles naissent
tionnées de nos jours. ensemble ou se suivent de très-près. Elles ont jiour
En Horticulture, on appelle carde la côte des feuil- causes ordinaires l’abus des boissons spiritueuses,
les du cardon et de la poirû; ; on en fait des plats l’action de certains poisons, et notamment de l’ar-
estimés, après les avoir blanchis. V. bette et cardon. senic, les exercicesimmodérés, les mêmes influences
CARUERE (àecurduus, chardon), Dipsacus, g. de atmosphériques que la pneumonie ou la pleurésie.
la famille des Dipsacées, renferme de grandes herbes Leurs symptômes généraux sont les palpitations, l’op-
ayant le port des chai^nns, des tiges anguleuses et pression, la fréquence et l’irrégularité du pouls, une
hérissées d’épines, à feuilles opposées, à fleurs ré- vive douleur précordiale, des défaillances , le senti-
unies en têtes comme les scabieuses. On en connaît ment d’une extrême faiblesse. On traite ces phleg-
quatre espèces, toutes bisannuelles, qui croissent na- masics par des saignées générales et locales.
nirellement en France la G. des hois, la C. Inciniée,
: On donne aussi le nom de Cardite à un genre de
la C. bleue cX la C. sauvage, aux fleurs d’un bleu rou- Mollusques acéphales, à manteau ouvert dans toute
geâtre, et dont les têtes, à l’état sec, servent à carder sa longueur, portant en arrière un orifice particulier
les laines; la variété de cette dernière, dite Carde à pour l’anus et un tube pour la respiration ; la co-
foulon ou Chardon bonnetier, est celle q\ie l’on em- quille est très-épaisse, solide, équivalve, à sommets
ploie de préférence. Elle se distingue par les petits recourbés en avant, à charnière munie de 2 dénis
crochets qui terminent les paillettes de ses fleurs. On inégales. Ce sont des coquilles marines dont quelques-
la cultive en grand en Normandie, en Picardie et unes s’attachent par u n byssus aux corps sous-marins.
dans le midi de la France pour les besoins des ma- CARDIUM jc.-à-d. cœur). Mollusque. Voy. bucarde.
nufactures. CARDON, Cinamcai’c/uucu/us, plante bisannuelle
CARDIA (mot grec qui signifie cœur), désigne ex- et potagère du genre Artichaut, a, comme l’arti-
clusivement aujourd’hui l’orifice supérieur de l’erfo- chaut, des capitules ou tètes , mais qui ne se man-
Tnac{V. ce mot) autrefois, il signifiait aussi Xccœur.
: gent pas. Le cardon est originaire des côtes de Bar-
CARDIALGIE, douleur d’estomac. V. gastralgie. barie. Certains botanistes le considèrent comme un
CARDIAQUE, qui appartient au cœur ou à l’esto- artichaut à l’état sauvage, et dont les capitules n’ont
mac. On appelle artères cardiaques ou coronaires point été encore rendues comestibles par la culture.
du cœur, deux artères qui naissent de l’aorte immé- On en distingue trois variétés ; le C. ae Tours, armé
diatement au-dessus des valvules sigmo'ides; et vei- de toutes parts d’aiguillons pointus, à côte légère-
nes cardiaques ou coronaires du cœur, plusieurs ment concave , un peu rougeâtre; le C. d’Espagne,
veines qui toutes s’ouvrent dans l’oreillette droite qui s’élève jusqu’à 2 et môme 4 m.,et le C. plein,
par un seul orifice ; —
nerfs cardiaques, les six qui n’a point d’épines. Les cardons sont sensibles
nerfs du cœur, dont trois de chaque côté, formés aux gelées; on les sème par couches en janvier, et
par les ganglions cervicaux correspondants ; plexus en avril on les lie et on les butte pour faire blan-
cardiaque, l’entrelacement nerveux formé par les chir les feuilles inférieures. Ils fournissent un mets
nerfs cardiaques, derrière la crosse de l’aorte, près de assez estimé; on mange de préférence, comme dans
l’origine de cette artère ; —
orifice cardiaque, le car- le céleri, les côtes, dites cardes, et les racines.
dia (Voy. ce mot) ; —
fièvre cardiaqtie, la gastralgie CARDUACÉES i,du latin carduus chardon), une
(
Voy. ce mot) . —
Quelquefois on le prend pour syno- des trois grandes tribus de la famille des Synanthérées
nyme de cordial ou réconfortant. Voy. cordial. ou Composées de Candolle, correspond à peu près aux
CARDIAQUE OU AGRIPAUME, plante. Voy. LÉONURE. Flosculeuses de Tournefort et aux Cinarocéphales do
CARDINAL, grand diirnitairede l’Église romaine. Jussieu. On les a divisées en deux sections, selon que
Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. le point d’attache de la graine est par sa base [Car-
CARDINAL, nom vulgaire par lequel on désigne plu- duacées vraies), ou par son côté [Centauriées) elles
;

sieurs oiseaux dont le plumage est de couleur rouge; renferment les genres Chardon, Artichaut (dont le
tels sont ; le C. d’ Amérique, ou Tangara rouge (F. Cardon n’est qu’une espèce). Centaurée, etc.
ce mot), dit aussi C. du Canada, du Mexique, et C. CARÊME , temps d’abstinence et de jeûne. Voy, le
à collier; le C. du Cap espèce de Gros-bec ; le C. Dict. univ. d’Ilist. et de Géogr.
carlscronien espèce de Bouvreuil; le C. comman- On nomme Carême prenant les trois jours gras
deur ou Troupiale ; le C. dominicain et le C. huppé, qui précèdent immédiatement le mercredi des Cen-
autres espèces de Gros-becs, etc. —Le nom de Car- dres, et, par extension, une personne qui court les
dinal désigne encore un poisson du genre Spai'e; un rues en habit de masque pendant ces mêmes jours.
mollusque du genre Cône ; un papillon du genre Ar- CARENAGE. Voy. carène.
gynne, et un coléoptère du genre Pyrocliro. CARENCE (du latin carere, manquer). En Juris-
En Rolanique,on appelle Cardinale une espèce prudence on appelle procès-verbal de carence un
du genre Lobélie, un Glaicul, une Sauge, etc. procès-verbal dressé par un huissier, et constatant
Les Conchyliologistes nomment dents cardinales qu’un débiteur n’a point, ou n’a que très-peu de
lesdents principales de la charnière dans les co- meubles, et qu’il est, par conséquent, insolvable
quilles bivalves. (Code de procédure, art. 924).
Eih Théologie, on appelle vertus cardinal esla Pru- CARÉNÉ (du latin canna, même signif.), la su-
dence, la Justice, la Force et la Tempérance, parce perficie extérieure du fond d’un navire , partie qui
qu’on rapporte aces quatre chefs fous les actes de vertu est submergée lorsqu’il est chargé. —
On appelle
En Astronomie, on appelle points cardinaux les carénage l’opération qui consiste â réparer la carène
quatre points les plus diamétralement opposés de d’un bâtiment le bâtiment est dit alors en carène.
:

l’horizon le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest; et si-


: En Botanique, on nomme carène deux pétales in-
gnes cardinaux du Zodiaque, les signes dans les- férieurs des fleurs papilionacées, parce que, rappro-
quels entre le soleil au début de chaque saison : ce
I
chés, et souvent même soudés par leur bord, ils
sont le Bélier, le Cancer, la Balance et le Capricorne. 1 offrent quelque ressemblance avec la carène d’un
, ,

CARI 267 CARI


vaisseau.— On appelle, pour la même raison, caréné dernières années de laRestauration,elle eutses jour-
naux spéciaux, paraissant à des époques régulières,
ce qui offre une saillie longitudinale comme ia ca-
tels que la Silhouette (1829-30), la Caricature (oc-
rène d’un vaisseau ; par exemple, les glumes do plu-
tobre 1830-32), enfin le Charivari, fondé en décem-
sieurs graminées, les valves de la cosse du pois, etc.
— On donne aussi cette épithète aux oiseaux qui ont bre 1832 ; ce dernier, outre la caricature politique,
cultive la caricature de mœurs, et, sous ce rapport,
le sternum garni d’un bréchet.
le Journal pour rire lui fait une vive concurrence.
CARET ou CABBEC, Testudo imbricata, espèce de
Charlet, Philippon, H. Monnier, Pigal , Dévéria
Chclonée ou Tortue de mer, de couleur brune, mêlée
Grandville, Gavarni, Daumier, Gham, Bertall, etc.,
de taches rougeâtres et irrégulières, à museau al-
sont de nos jours les principaux artistes en ce genre.
longé, à lames cornées : son disque est composé de
Parmi les plus célèbres caricaturistes anciens ou
13 plaques à bords entiers; son plastron, de 12 plaques.
étrangers, il faut citer surtout Callot, auteur de la
Ce sont les plaques du disque qui fournissent la sub-
stance connue dans le commerce sous le nom di écaille. Tentation de saint Antoine, des Misères de la
Dans la Marine , on appelle fil de caret un gros guerre et des Gueux contrefaits ; le Suisse Holbein,
fil fait avec des libres du chanvre, et qui sert à fa-
qui a fait la Danse macabre et une suite de carica-
briquer tous les cordages ; le caret lui-même est tures pour V Eloge de la Fo//e d’Erasme; l’Anglais
proprement un touretou espèce de dévidoir sur lequel Hogarth, l’Écossais Cruikshank, TEspagnol Goya, etc.
on roule les premiers fils fabriqués avec le chanvre. — La gravure n’a pas seule le privilège de la carica-
CAREX, nom latin du genre Laiche. Voy. laiche. ture : tout le monde connaît les statuettes de Dantan
CARGAISON (du bas latin cargare, charger), jeune, dont la collection a reçu le nom de Panthéon
charge marchande d’un navire de commerce, en- charivarique.
semble des marchandises que ce navire doit trans- CARIE (du latin caries, même signification),
porter ; un bâtiment de guerre n’a point de cargai- ulcération des os. On distingue la C. sèche ou Né-
son. On appelle chargement les objets transportés crose ( Voy. ce mot) et la C. humide ou Carie pro-
par les corvettes de charge, les gabares, etc. prement dite. La Carie est ordinairement précédée
CARGUE, nom qu’on donne, en Marine, à toute d’une douleur locale plus ou moins vive. L’os se
espece de cordage qui sert â replier les voiles contre gonfle , s'ulcère et donne lieu à une suppuration plus
les vergues, et quelquefois contre le mât; opération ou moins abondante, qui a son siège dans les par-
qui elle-même s'appelle carguer. On distingue les ties organisées de Tos. La carie attaque spécialement

cargues-points, qui sont amarrées aux deux points ou la partie spongieuse des os. Les dents y sont fort

angles du bas de la voile; les cargues-boulines, qui sujettes {Voy. ci-après). Ses causes sont les vices scor-
sont amarrées au milieu des côtés de la voile ; les butique ou scrofuleux, le rhumatisme, la goutte, et
cargués- fonds qui sont amarrées au milieu du bas les contusions sur les os. —
La carie guérit quelque-
de la voile. Les quatre voiles majeures ont générale- fois spontanément, mais le plus souvent elle exige

ment sixcargues, savoir, deux de chacune des trois les secours de Tart. Si elle est superficielle, il faut

sortes de cargues. — On carguc ordinairement les voi- ouvi'ir le foyer de la suppuration , et essayer, s’il n’y
a plus d’irritation , les bains et les douches d’eaux
les en les relevant; quand on les cargue en les abais-
sant, l’opération prend le nom de haie-bas. alcalines, ferrugineuses, sulfhydreuses ,
indurées :
CARI ou CABBV (du malabare kari, bouillie, po- on fait le pansement avec de la charpie imbibée
tage), assaisonnement indien, composé de piment d'huile essentielle de térébenthine , de myrrhe ou
en poudre, d’épices, etc. On donne aussi ce nom à d’aloès si ces remèdes ne sont point efficaces, on
;

un mets importé de l’Inde, et qui se compose do emploie la cautérisation , qui transforme la carie en
volaille et de riz assaisonné de cari. nécrose; si enfin la cautérisation est impossible, il
CARIACOU, boisson fermentée, composée de si- ne reste plus d’autre remède que l’amputation.
rop (le canne, de cassave et de patates : on en fait Carie des dents. Outre la C. sèche et laC. humide,
usage à Cayenne. — C’est aussi, chez Buffon, le nom on distingue; C. calcaire, C. carbonée ou noire,
indigène (lu chevreuil ou du cerf d’Amérique : il C. écorchante, C. perforante, tous noms qui s’expli-
habite la Louisiane, la Guyane et le Brésil. quent d’eux-mêmes. Dès qu’une dent est atteinte de
CARIAMA (par onomatopée du cri de cet oiseau), carie, il faut se hâter d’éloigner de la cavité qui s’y
Mlcrodactyhis, genre d’oiseaux de Tordre des Echas- forme Tair et les aliments, bien nettoyer la (lent à
siers et de la famille des Pressirostres , est remar- l’intérieur, remplir ensuite la cavité de coton pour la
i|nalil(' par scs tarses longs, scs doigls courts, son bec sécher, enfin la boucher hermétiquement avec de la
convexe et voôté, sa mandibule supérieure terminée cire vierge ou de la gomme mastic. Si la carie est
par un crochet, sa queue assez longue, â 12 rectrices. plus avancée, on y remédie soit en plombant la dent,
Le C. huppé du Brésil ou C. de Margrave, la seule soit en la cautérisant, soit en enlevant avec la lime
espèce connue, est un bel oiseau de prés d’un mètre les parties malades. Quand elle a fait trop de pro-
de long, d'un gris roux piqueté de !irun, orné d’une grès, l’extraction est indispensable.
Inqipe de plumes roides sur la tète, cttrcs-farouclie; On a étendu le nom de carie à certaines maladies
sa voix est forte. Il se nourrit de rciitiles et d’insecles des plantes celle des arbres pénètre jusque dans
;

CARIATIDES. Voii. cabyatides. leur tronc. La carie du froment est attribuée à un


CARICATURE (de Titahen caricatura, dérivé lui- végétal particulier de la famille des Urédinées.
même de caricare, charger). La caricature existait GARILLON (du mot français parce que
déjà chez les anciens on en a trouvé des exemples
: les premiers caftllons étaient exécutés à quatre clo-
dansles ruinesd’HerculanumetdePompéi ; mais c’est ches ) , collection de cloches accordées suivant une
dans les temps modernes qu’elle a pris le plus d’ex- échelle chromatique de 2 à 3 octaves. On les suspend
tension. Les querelles religieuses et politiques en- dans un clocher et le sonneur les met en mouvement
fantées par la Réforme et la Ligue lui fournirent de au moyen d’un clavier analogue aux pédales de l’or-
nombreux sujets; il parut dès 1565 un recueil de gue, ou au moyen d'un cylindre ajusté à des rouages
120 gravures de songes drôlatiques dont l’idée est d’horlogerie. Le premier carillon fut fait à Alost en
attribuée à Rabelais, et qui sont peut-être les plus Flandre, en 1487 : les plus renommés ont été con-
anemnnes caricatures qui aient été faites chez nous; struits en Belgique et en Hollande. Aujourd’hui les
la Fronde, les règnes de Louis XIV et de Louis XV carillons sont à peu près passés de mode. —
Outre les
surtout, y donnèrent aussi une ample matière; carillons de cloches, il existe encore des carillons
mais CO n’est (]u’à partir de 1789 que la caricature mécaniques adaptés aux horloges et qui font enten-
prit tout son essor; elle jouit pendant la période ré- dre des airs aux différentes heures. Un des plus cé-
volutionnaire d’une licence incroyable. Pendant les lèbres en ce genre était celui de l’horloge de la Sa-
, ; , ,,

CA RL — 268 — CARN
maritaine, qu’on voyait au siècle dernier sur le Pont- maritime, à deux ou trois fortes pièces de bois de
Neuf à Paris. Ces carillons se composent de cordes chêne , assemblées bout à bout dans le fond de cale
métalliques mises en vibration par des marteaux qui d’un navire, et servant avec la quille à consolider la
les frappent, et qui eux-mêmes sont mus au moyen carène et à soutenir les mâts. On nomme C. de ca-
de pointes fixées à une roue , comme dans la vielle bestan, celle qui est établie sur les baux du pont où
et les orgues de Barbarie. est le cabestan C. de mât, l’assemblage de charpente
;

On a donné aussi le nom de carillon à certains airs sur laquelle est contenu le pied de ce mât, comme
d’un mouvement fort vif et fort gai, qu’on chantait un tenon dans une mortaise.
en dansant, comme le C. de Dunkerque. CARMAGNOLE, ronde républicaine en vogue de-
On appelle Carillon électrique nnn%èr\eàe timbres puis 1792 Voy. le Dict. univ. d’Ilist. et de Géogr.).
qu’on met en communication avec la machine élec- — (

Ce nom a été aussi donné à une veste à petites


triqueet qui résonnentpar l’efîetdesattractions etdes basques qui fut mise à la mode à la même époque,
.répulsions de petites boulefen cuivre, suspendues près et qui était portée par la classe populaire.
de ces timbres, qu’elles frappent alternativement. CARMAN'TINë, plante, la môme (jue la Justicie.
En Botanique, on a nommé Carillon une espèce CARMELINE, laine qu’on tire de la Vigogne.
de Campanule, la C. violette marine. CARMES(eau des), liqueur aromatique. Foy. eau.
CARINAIRE (du latin carina, carène), genre de CARMIN (de l’italien carminio, dérivé de l’a-
mollusques Gastéropodes à coquille univalve très- rabe kermès), matière colorante d’un rouge écla-
mince. en cône, aplatie sur les côtés, à sommet en tant; c’est une substance solide, pulvérulente, d’un
spirale , involutée et très-petite à dos garni d’une
;
'beau rouge, qu’on obtient en précipitant une décoc-
carène dentée; à ouverture ovale, oblongue, rétrécie tion de cochenille avec de l’alun. C’est une couleur
vers l’angle de la carène. Quelques espèces sont trans- précieuse pour les peintres , ainsi que pour la colo-
parentes comme le cristal, et brillent des plus vives ration des fleurs artificielles et des bonbons. La la-
couleurs, avec des reflets opalins. Elles habitent tou- que carminée s’obtient quand on verse de l'alun
jours les hautes mers. dans une décoction de cochenille alcalisée. La pré-
CARIOPSE (du grec carê, tète, et opsis, aspect), paration du carmin a été découverte , par hasard
nom donné en Botanique à tout fruit sec, indéhis- à Pise, par un moine franciscain ; le chimiste Hom-
cent, monosperme, et à péricarpe tellement mince berg en fit connaître la composition en 1656. La
qu’on le confond avec le tégument des graines, dont laque carminée paraît avoir été fabriquée d’abord à
on ne peut le distinguer à l’époque de la maturité. Florence, au moyen du kermès; de là le nom de
Tels sont les fruits des Graminées. laque de Florence qu’elle a longtemps porté.
CARISEL ou CRESEAU , grosse toile claire qui sert CARMINATIFS du bas latin carminare, carder,
(

comme de canevas pour travailler en tapisserie. J1 nettoyer), médicaments qui ont la propriété de faire
y en a de blancs et de teints en différentes couleurs. sortir les gazdéveloppés dans le canal digestif. On les
CARL (de Karl ou Charles, nom de prince), mon- compose avec des substances toniques et aromatiques,
naie d’or de Bavière qui vau 1 10 florins et 42 kreutzers comme la mélisse , la sauge et la plupart des labiées.
(24 fr. 15 cent.). Il y a des demi-carls et des quarts Les graines d’anis, de fenouil , de coriandre et de
de cari. — G’est aussi une monnaie d’or de Bruns- carvi, constituent les espèces dites carminatives.
wick , qui vaut 5 tbalers (18 fr. 95 cent.). Il y a CARMINE , matière colorante de la cochenille et
des doubles caris et des demi-carls. du kermès, d’un rouge vif. Voy. cochenille.
CARLIN (de l’italien carlino, dérivé lui-mème de CARNASSIERS (du latin caro, carnis, chair) , or-
Carlo oxxChar les, nom de plusieurs princes italiens), dre d’animaux Mammifères, qui se nourrissent pour
petite monnaie d’argent du royaume desDeux-Siciles, la plupart de chair ou de matières animales, et ont
vaut 42 cent, et demi de France à Naples, et 39 cent, les molaires plus ou moins comprimées, l’estomac
à Palerme et à Messine; une pièce de 12 carlins ou simple et petit, et l’intestin court. Le lion, le chien,
écu de Sicile vaut 5 fr. 10 cent. ; le ducat de 10 car- la martre, l’ours, en sont les types principaux. Les
lins vaut 4 fr. 25 cent. Considéré comme monnaie de Naturalistes ne sont point d’accord sur les limites
compte, leviarlinest la dixième partie du ducat. — qu’il faut donner à cet ordre. Linné y réunit les dix
C’est encoreune monnaie de biîlon de Rome , qui genres suivants Phoca, Canis, Felis, Viverra, Mu-
:

vaut 7 bayoques et demi (39 cent.). On la nomme stela, Ursus, Didelphis, Talpa, Sorex, Erinaceus.
aussi carolino. Il y a des doubles carlins.
— En Sar- Cuvier le divise en quatre familles les Chéiroptè-
:

daigne, le carlin est une monnaie d’or qui , depuis res ou Mammifères ailés, les Insectivores, les Car-
1768, vaut 49 fr. 33 cent. ; le demi-carlin vaut 24 fr. nivores ou Carnassiers proprement dits , et les Mar-
66 cent, et demi. Auparavant il y avait des carlins, supiaux [Voy. ces mots). D’autres Naturalistes plus
dits de Victor- Amédée qui valaient 150 fr. modernes restreignent l’ordre des Carnassiers à la
On nomme encore carlin une sorte de petit chien 2® et à la 3® famille de Cuvier.
au nez écrasé et au poil ras, dont l’espèce, très-com- On donne aussi le nom de Carnassiers à une
mune en France au commencement de ce siècle, a famille d’insectes Coléoptères pentamères , do-nt la
presque entièrement disparu. Voy. doguin. bouche est munie de six palpes, et qui se nourrissent
CARLINE (de Carolus ou Charles, parce que, de .proie vivante. Ils se divisent en C. terrestres,
dit-on , l’armée de Charles-Quint fut guérie de la qui comprennent les tribus des Cicindelctes et des
peste en Barbarie par le secours de cette plante), Carabiques et en C. aquatiques, qui comprennent
genre de plantes de la famille des Synanthérées- la tribu des Hydrocanthares.
Cinarées , renferme un grand nombre d’espèces de CARNAVAL, temps de fêtes et de divertissements
plantes herbacées, à tige courte, il réceptacle paléacé, qui précède le Carême. V. \eDict. univ. d’H. et de G.
qui peuvent se manger en guise d’artichaut. Elles CARNE , se dit proprement , en Architecture , de
croissent pour la plupart sur les Pyrénées et dans les l’angle extérieur d’une pierre. Ce mot s’applique
montagnes de la Suisse et de l’Italie. On en trouve par extension, à tout angle ou coin, comme la carne
une espèce aux environs de Paris dans les lieux secs d’une table, d’un volet, d’une plume taillée pour
et pierreux : c’est la C. vulgaire {C. vulgaris), re- écrire, etc. Dans la taille des plumes, on distingue
marquable par ses fleurs eu corymbe , quelquefois les grandes carnes, qui partent du tuyau, et les
solitaires, à fleurons jaunes au centre et d’un pourpre petites carnes qui forment le bec.
violet à la circonférence ; on l’emploie en médecine CARNÉLE. On nomme ainsi dans la fabrication
comme sudorifique. La Carline a donné son nom à des monnaies la bordure qui parait autour du cordon
la tribu des Carlinées, dont elle est le type. d’une monnaie, et qui entoure la légende.
CARLINGUE, nom donné dans la Construction CARNET, livret ou calepin dont se servent les
, , , , ,

CARO — 269 — CARO


banquiers, les agents de change, les courtiers, et, innominée, la C. gauche, de l’aorte ; chacune d elles
en général, les négociants, pour inscrire leurs opéra- se partage ensuite en C. externe et C. interne. La C.
tions au moment même où ils les font. —
Le Carnet d’é- externe s’étend du haut du larynx jusqu’au ccl du
chéance est un registre distribué en 12 parties, dont condyle de l’os maxillaire inférieur , et fournil les
chacune sert à un des 12 mois de l'année, et où l’on artères de la face et de l’extérieur du crâne U C. ;

inscrit les billets et lettres de change à recevoir et à interne monte le long de la colonne vertébrale , et
payer, avec leurs dates , leurs échéances et les som- entre dans le crâne par le canal carotidien. Les bles-
!nes qu'ils portent. A l’aide de ce carnet, le banquier sures des carotides sont très-dangereuses : lo plus sou-
ou négociant peut voir sur-le-champ les effets qu’il vent il en résulte une hémorragie foudroyante ; dans
a à recevoir ou à payer dans chaque mois de l’an- quelques cas seulement, on peut arrêter l’effusion du
née , avec les dates de leurs échéances. sang à l’aide de la compression ou de la ligature.
CARNIFICATION (du latin caro, chair, et fieri, CAROTTE, Daucus, genre de plantes herbacées de
devenir) altération morbide qui s’opère dans cer- la famille des Ombellifères, caractérisé par son fruit
,

tains organes ,
dont le tissu acquiert accidentelle- oblong, à 5 côtes épineuses, et par ses fleurs pliées en
ment une consistance analogue à celle de la chair ou cœur, à 5 pétales et à 5 étamines alternes. On en con-
du tissu musculaire. Ainsi, on nomme carnification naît une quinzaine d’espèces, toutes douées de pro-
des poumons l’état dans lequel une portion plus ou priétés aromatiques; mais la plus intéressante est la
moins considérable du tissu pulmonaire, endurcie C. commune {D. carotta), plante bisannuelle, qui
et compacte, se rapproche de la consistance et de la croît spontanément en France. Sa racine est pivo-
couleur du foie, ce qui a fait nommer aussi cette dé- tante, charnue, succulente, d’une couleur et d’une sa-
générescence hépatisation. veur bien connues à l’état sauvage (/’auaicâerw'), elle
:

CARNIVORES (du latin caro chair, et vorare, est ligneuse, et se divise en nombreuses ramiCcatjons;
dévorer), nom donné aux animaux qui se nourrissent améliorée par la culture, elle devient plus grosse,
principalement de chair. Cuvier a fait des Carnivores et fournit un aliment agréable et salubre; sa tige,
une famille des Carnassiers, renfermant les Planti- haute de 60 centim., est velue et marquée de stries
grades les Digitigrades et les Amphibies {Voy. longitudinales; ses feuilles sont profondément décou-
ces mots) Ils sont surtout caractérisés par des ca-
. pées; ses fleurs, blanches et disposées en ombelles,
nines très-fortes, des molaires tranchantes et des comme celles du cerfeuil. On en cultive plusieurs va-
incisives à chaque mâchoire. Us sont
,
pour la plu- riétés,dont les principales sont la C. courte hâtive,
:

part, armés de griffes puissantes. Les Carnivores la plus délicate et la plus sucrée de toutes ; la C. jaune
comprennent tous les animaux connus vulgairement onde Flandre, qui est très-grosse; la C. rouge longue;
sous le nom de bétes féroces. la C. blanche, excellente pour la nourriture des che-
CAROLIN (de Carolus, Charles), monnaie d’ar- vaux et l’engraissement des bestiaux; la C. violette,
gent qui a cours en Suède, vaut environ 85 centimes. d’un goût plus fort et d’un usage moins répandu, etc.
— C’est aussi le nom de deux monnaies d’or, l’une La carotte demande une terre meuble et légère, et des
de Cologne, qui vaut 28 fr. 85 c., et l’autre de Wur- arrosements fréquents: on la sème au printemps et en
temberg, valant 25 fr. 35 c. —
Voy. carl et carlik. automne. On a essayé de tirer du sucre de la racine do
CARouNS (livres); —
CAROLINE (loi). Voy. le Dict. la carotte, maissans grand profit; on en extrait de l’a-
univ. d’Hist. et de Geogr. cide pectique ;
ses semences fournissent une huile vo-
CAROLUS (du latin Carolus, Charles), ancienne latile d’une odeur pénétrante. Tout le monde connaît
monnaie d’or d’Angleterre, valant autrefois 13 livres l’usage alimentaire de la carotte. En Médecine, elle
16 sous de France. —
C’est aussi le nom d’une an- s’emploie commeémollient; elle a quelque action
cienne monnaie de billon de France, valant 10 de- dans les maladies du foie (contre la jaunisse) et des
niers, qui fut frappée sous le règne de Charles VIII, voies urinaires. Ses semences sont stimulantes.
et qui n’eut cours que sous son règne. CAROUBIER , Ceratonia siliqua, arbre toujours
CARONADE, bouche à feu, ordinairement en fer, vert, de la famille des Légumineuses, tribu des Cés-
dont on fait surtout usage dans la marine ; elle est alpinées, qui croit en Orient et dans le midi de l’Eu-
moins lourde et moins longue que le canon. C’est rope , surtout dans le voisinage de la Méditerranée
une arme simple , légère, sans bourrelet, sans mou- Le caroubier atteint de 8 à 10 m., et a, pour le port,
lures, qui emploie peu de poudre, et qui porte jus- quelque analogie avec le pommier. Ses feuilles, co-
qu’à 25 et 30 kilogr. de balles T on en fait de divers riaces, luisantes, d’un vert bleuâtre, renferment un
calibres (de 36, de 24, de 18 et de 12). La caronade principe astringent, et peuvent, ainsi que l’écorce,
a é^ inventée en 1774 à Carron, près de Stirling, servir à la préparation des cuirs en guise de tan ; ses
en Écosse ; d’où son nom ; elle fut employée pour fleurs , disposées en grappes latérales , sont d’un
la première fois par la marine anglaise en 1779. pourpre foncé; son fruit est une gousse, longue de
CARONCULE (du latin caruncula, diminutif de plus de 20 centim., qu’on appelle caroube; il ren-
caro, chair), petite éminence ou excroissance char- ferme une pulpe rougeâtre et sucrée dont on extrait
nue. On appelle, C. lacrymale un petit renflement une assez bonne eau-de-vie , et un sirop employé
rougeâtre, situé à l'angle interne de l’œil, et formé tantôt comme assaisonnement, tantôt pour faire des
par un amas de follicules muqueux recouverts par conserves de fruits; en Espagne et en Italie, on
un repli de la membrane clignotante; C. papillai- donne cette pulpe encore verte aux bêtes de somme
res, de petits mamelons que présente le tissu des et aux bestiaux, qu’elle engraisse rapidement ; mûre,
reins, et qui versent l’urine dans les calices. elle sert d’aliment aux Arabes des côtes de Barba-
En Ornithologie, on nomme caronculeme excrois- rie, malgré ses propriétés laxatives; enfin on la fait
sance chai-nue , molle dénuée de plumes qui orne entrer, en guise de jujube, dans beaucoup de pré-
, ,
le front, la gorge ou les sourcils de certains oiseaux. parations pharmaceutiques. Le bois du caroubier,
En Rotanique, on donne ce nom à un renflement connu dans le commerce sous le nom de carouge
de la surface qui, dans certaines graines, entoure le est très-dur, et s’emploie en ébénisterie.
hile comme dans le haricot.
. Caroubier de la Guyane ou Courbaril. V. ce mot.
CAROTIDE (du grec carQs, assoupissement, parce CAROUGE, Xanthornus (de xanthos jaune et ,

que les anciens y plaçaient le siège de l’assoupisse- omis, oiseau), genre de Passereaux assez semblables
ment), nom qu’on donne aux artères qui portent le aux Troupiales, et appartenant à la tribu des Cossi-
sang aux diverses parties de la tête. On appelle C. ques de Cuvier, famille des Conirostres, renferme
primitives ou proprement dites, deux artères qui plusieurs espèces , toutes américaines, à l’exception
remontent un peu obliquement en dehors de chaque d’une seule qu’on trouve dans la Nouvelle-Zélande.
côté du cou, et qui naissent, la C. droite, de l’artère Les carouges vivent par paires ou par petites troupes
, , ,

CARP — 270 — CARR


dans les taillis
,
bosquets et les endroits fourrés :
les l’intérieur des fruits à pépins, les autres entre l’au-
ils sont insectivores. Leurs nids, d'un tissu remar- bier et l’écorce des arbres fruitiers. Les premières
quable, sont ordinairement en forme de bourse ou sortent des fruits lorsqu’elles ont atteint tout leur dé-
d’écuelle, et lloUent suspendus à l’extrémité d’une veloppement. L’espèce la plus connue est la Pyrale
branche. Leur plumage est généralement d’un jaune des pommes ( C. pomonana ), dont la chenille vit
éclatant; quelques espèces ont la tête noire. dans les pommeâ et les poires, et y exerce les plus
Carouge est aussi le nom vulgaire du bois du Ca- grands ravages.
roubier. Yoy. ce mot. CARPOLÜGIE (du grec carpos, fruit, et logos,
CARPE, en latin Cyprinus (de Cypris Vénus, à discours). Les Botanistes nomment ainsi l’étude du
cause de sa fécondité), genre de poissons de la fa- fruitconsidéré dans son ensemble et ses détails. Cette
mille des Cyprinoides , section des Cyprins propre- dénomination a été créée par Gærtner.
ment dits, a la bouche petite, protractile, garnie de CARQUAISE. Voy. carcaise.
barbillons et dépourvue de dents, le corps couvert CARQUOIS (mot d’étymologie fort incertaine,
d’écailles imbriquées et assez grandes. La carpe est un qu’on dérive du bas latin carcassum, tiré lui-même,
poisson d’eau douce propre aux régions méridionales et selon P. Borel, de Carcaso, Carcassonne, ville où
tempérées de l’Europe; elle n’aété introduite qu’assez on fabriquait beaucoup de carquois au moyeu âge),
tard dans les régions septentrionales Pierre Marshall
: étui destiné à contenir les flèches, et qu’on portait
la porta en Angleterre en 1504, et Pierre Oxe en en bandoulière sur le dos au moyen d’une courroie
Danemark en 1560. La carpe se nourrit du frai d’au- ou d’un ruban. Aussi ancienne et aussi répandue
tres poissons, d’insectes et de débris de substances que l’arc , celte partie de l’armure a été conservée
animales ou végétales. Sa fécondité est prodigieuse; par les modernes jusqu’à l’introduction des armes à
elle vil aussi fort longtemps, et atteint en vieillissant feu , et remplacée par la giberne. Dans la Mytho-
des proportions considérables : on en trouve qui ont logie, le carquois était un des principaux attributs
plus d'un mètre de long. Sa cbair est assez estimée, de Cupidon ;
il par Diane et Apollon.
était aussi porté
mais pleine d'arêtes le palais, dit langue de carpe, est
: C.ARRASSIN espèce de carpe. Voy. carpe.
,

recherché. Les carpes aiment les eaux stagnantes et CARRE (de quadraius, carré). Ou nomme ainsi
bourbeuses, ce qui leur donne souvent un goût de vase; chacune des faces ou des côtés d’une lame de fleuret,
on en trouve aussi dans les rivières : celles qu’on pèche d’épée, de ba'ionnette. On dit aussi la cat're d’un
dans la Seine et dans le Rhin sont recherchées. soulier pour le bout d’un soulier carré, la carre
L’espèce la plus connue est la C. commune { Cyp. d’un habit, pour la partie du dos de l’habit com-
carpio), àcorps aplati, fusiforme, de couleur vert oli- prise entre les manches, \e. carre d’un chapeau pour
vâtre en dessus, jaunâtre en-dessous. On appelle C. à la partie plate qui est au haut de la forme.
miroir ou spéculaire une variété de carpe à écailles Dans certains jeux, comme à la bouillotte, la carre
excessivement grandes; C. à cuir, une espèce tota- est ce qu’on propose de jouer; se contre-carrer, c'est
lement dépourvue d’écaillcs; C. à têie de dauphin, proposer de jouer le double de la carre.
certaines carpes remarquables par le développement CARRÉ ou QUARRÉ (du latin quadratus). En Géo-
des os du crâne; Carrassin, une espèce commune eu métrie , c’est un quadrilatère dont les quatre côtés
Allemagne, qui n’a pas de barbillons. On rapporte — sont égaux et dont les quatre angles sont droits. On
au genreCarpe un grand nombre d’espèces fortdiver- trouve la surface d’un carré en multipliant par lui-
ses dont les principales sont : la Dorade, le Goujon, même le nombre qui exprime la longueur de son côté.
le Barbeau, la Tanche, l’Ablette, etc. Voy. ces mots. En Algèbre et en Arithméticpie , le mot carré se
CARPE (du giec carpos, poignet), nom donné en dit de la seconde puissance d’un nombre, comme on
Anatomie, à la partie du bras comprise exitre Tavant- dit racine carrée pour racine seconde : 4, par exem-
bras et la main ,et qu’on nomme vulgairement poz- ple, est le carré de 2, c.-à-d. le produit de 2 multi-
gnel. Le carpe est funné par deux rangées de petits plié par lui-même ; 2 est par couséqtient la racine
os courts, unis intimement entre eux, et au nombre carrée de 4. Voici les carrés des nombres, avec leurs
de hnil, savoir le scaphoïde (en forme de nacelle),
: racines, depuis 1 jusqu’à 10 :
le semi-lunaire, le pyramiaal, \e pisiforme (en
Racines carrées ; 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
forme de pois), le trapèze le trapézoïde, le grand
Carrés : 1, 4, 9) 16, 25, 36, 49, 64, 81, 100.
os, et Vunciforme Ou ongle crochu.
CARPELLE (du grec cüz’/iov, fruit), nom donné Le carré d’un nombre entier composé de dizaines
parM. de Candolle aux organes élémentaires, tantàt et d’unités contient trois parties, savoir : le carré
libres, tantôt adhérents ensemble, dont la réunion des dizaines-, le double des dizaines multiplié par les
donne naissance au pistil et dont chacun peut être unités et le carré des unités; par exemple, le carré

considéré comme une petite feuille pliée en dedans de 64 est composé du carré de 6 dizaines (qui est 36
sur elle-même, qui renferme les germes que la fé- centaines), du double de 6 dizaines multiplié par
condation doit développer. 4 unités (qui est 48 dizaines), et du carré des unités
CARPllOLOGIE (du grec carphos, fétu, flocon, et (qui est 16 unités) ; la somme de ces trois produits par-
ramasser), nom donné, en Pathologie, à une
le'gô, tiels donne 4096 pour le carré de 64. On exprime,
agitation automati(iue des mains, qui tantôt semblent en Algèbre, le principe précédent d’une manière gé-
chercher des flocons dans l’air, tantôt roulent ou =
nérale par la formule (a -f- ô)® a* 2 aô ô*.

:

palpent, de diverses manières, les draps ou les cou- Le carré d’une fraction s’obtient en élevant sé-
vertures du lit dans lequel le malade est couché. Ce parément numérateur
le dénominateur au carré.
et le
phénomène n’a guère lieu que dans les maladies les — Pour obtenir carré d’un nombre décimal,
le il

plus graves, et indique toujours un très-grand danger. suffit de former le carré du nombre entier qui ré-
CARPINUS, nom botanique du genre Charme. sulte de la suppression de la virgule, et de séparer
CARPÜ.... (du grec carpos, fruit), entre dans ensuite sur la droite de ce carré le double du nombre
la composition d’un grand nombre de termes de Bo- de décimales contenu dans le nombre proposé.
taniiiue, tels que carpodonte carpolépide carpo- Ainsi , le carré de 6,49 est 42,1201.
, ,

lithe (fruit fossile), carpophage etc., qui pour la On appelle, en Arithmétique, carré magique un
plupart s’expli(iuent d’eux-mèmes. carré divisé en cellules dans lesquelles on dispose
GARPOGAPSE,Car;yocûp^a (du grec carpos, fruit, une suite de nombres en proportion arithméli(iue,
et capsjs, action de dévorer), genre de Lépidoptè- de telle manière que les sommes de tous ceux qui se
res de la famille des Nocturnes, comprend un petit trouvent dans une môme bande horizontaie , verti-
nombre d’espèces, remarquables par leurs couleurs cale ou diagonale, soient toutes égales entre elles. Si,
métalliques. Leurs chenilles habitent, les unes dans par exemple, on distribue dans les cases d’un carré
,

CARR — 271 — CARR


plusieurs termes d'une progression par différence losange sur la carte ; —4® une sorte de fer à repasser
tels que 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, comme il suit : dont se servent les tailleurs pour aplatir les coutures
faites dans les étofl’es épaisses, telles que celles du

5 10 3 drap, du velours, etc. : c’est une grosse lame de fer,


I I

8‘ longue de 2 à 3 décimètres environ, au-dessus de la-


4 I 6 1
quelle est soudée une anse qui va d’un bout à l’autre
9 I
2 [T et sert de manche ; — 5® une grosse lime carrée,
triangulaire ou méplate, dont les taillandiers se ser-
on aura 5-|-l0-j-3=4-}- 0+ 8=5-(-4-l-9 = 10-l- vent pour dégrossir le fer sortant de la forge; —
= üécouverl au xiv« siè- 6® un coussin carré sur lequel on peut s’asseoir ou
cle par Manuel Moscliopule , malliématicien grec, se mettre à genoux.
le carré magique a été l’objet des études de Corneille CABBEAU, nom vulgaire de la maladie appelée atr'O-
Agrippa, de Bachet de Méîiriac, de Frenicle, La- phie »iè«eniè/'î’ 9'Me.‘ilconsisledans la dégénérescence
birc, etc. ; mais, malgré tant de recherches, cette tuberculeuse des glandes mésentériques. Cette ma-
découverte curieuse est restée sans application. ladie, dont les causes sont, en général, les mêmes
En Anatomie, ou a donné le nom de carr é à plu- que celles des scrofules, attaque particulièrement
sieurs muscles, à cause de leur ligure qui se rap- les enfants, et se manifeste surtout chez ceux qui
proche de celle du carré; tels sont le C. de la lèvre ont été sevrés trop tôt et nourris d’aliments indi-
inférieure, ou abaisseur de cette lèvre; le C. lom- gestes. Elle est caractérisée par la dureté excessive
baire, qui fait partie de la paroi postérieure de l’ah- du ventre, qui devient plus gros etqui contraste avec
domen te C. crural, le C. du pied, etc.
: l’amaigrissement de la face et des membres, ainsi
En Stratégie, le carré est une formation en bataille que par un trouble général des fonctions digestives.
à 4 aspects ou à 4 fronts, qui a pour objet de résister Le carreau peut être indolent, exister à l’état la-
sur tous les points à des charges de cavalerie. Le bu- tent, et ne déterminer aucun trouble fonctionnel;
iaillon carré est un ordre auquel l’infanterie arecours ou bien s’accompagner de symptômes inflamma-
lorsqu’elle est privée d’appuis. Aux angles et au cen- toires. Le diagnostic de ces deux foimies très-dif-
tre, on place d’ordinaire des canons pour les défendre. férentes de la maladie ne se reconnaît que par le
Dans la Marine, on appelle carré une chambre toucher des tubercules. Une fois dévclopiié, le car-
commune autour de laquelle sont rangées les cabines reau ne peut se terminer que de deux manières ou :

des olliciers, et dont le centre, occupé par la table, par le ramollissement des masses tuberculeuses, ou
sert pour les repas de l’état-major. —
On nomme par leur Iransformatiuu en matière crétacée; dans
Car'ré naval une table carrée fixée au milieu du gail- le premier cas, la matière, ramollie, peut se faire
lard d’arrière d’un vaisseau, sur laquelle sont tracées jour dans l’intestin, et la tumeur se vider par celte
des lignes se coupant à angle droit et à 45“, et qui voie :la guérison résulte alors de cette évacuation
facilitent le relèvement du vaisseau par raiiport aux spontanée (luaut à la transformation crétacée, c’est
;

autres bâtiments de l’escadre dont il fait [lartie. la terminaison la plus favorable, mais aussi la plus
Les bouchers nomment C'airé demoutonune pièce rare. —
Le carreau s’accompagne presque constam-
du quartier de devant d’un mouton : c’est ce qui ment de maladies mortelles par elles-mêmes, telles
reste quand le collet et l’épaule en ont été séparés. que la péritonite chronique, avec ou sans ttdjercules,
CARREAU {lie carré), nom iiu’on donne, en gé- les ulcères intestinaux, et surtout la phthisie pulmo-
néral , à un pavé plat de matière quelconque, taillé naire, dont il parait n’ètre qu’une dépendance. —
régulièrement en forme de carré ou à pans coupés, On combat cette maladie, d’abord par le régime
surtout en hexagone, etqui sert àpaver les maisons, adoucissant, les cataplasmes, les bains émollients et
les églises, etc. Il y a des carreaux d’argile ou de bri- les sangsues, puis par un régime analeptique et toni-
que, ordinairement de forme hexagonale, de pierre que, les amers, l’huile de foie de morue, les frictions
calcaire ou de marbre. — On appelle carr'eluye l’opé- sèches, rinsolation ; les ferrugineux et les savonneux,
ration qui consiste à paver un lieu eu y posant des seuls ou combinés avec les amers, sont utiles. Toute-
carreaux; carreleurs, les ouvriers qui posent les fois, dès que la tuberculisation est opérée, on peut
carreaux d’argile ; quant à ceux de pierre ou de regarder la maladie comme à peu près incurable.
marbre, ils sont posés par les marbriers. GARREC, espèce de tortue. Voy. cabeï.
Les carreaux d’appartement sont ordinairement CARRÉE, nom qu’on donnait autrefois, en Musi-
colorés en rouge ou eu jaune avec un mélange d’ocre que, à une ligure de note de forme carrée. V. brève.
et d’huile de lin ou de colle de Flandre; lorsque Espèce d’ardoise. Voy. abdoise.
cette couleur est sèche, on la couvre d’un encausti- CARRELET, nom vulg. de la Plie franche {Pleu-
que {Voy. ce mot) pour lui donner un brillant, qu’on ronectes plutessa) , espèce du genre Plie, que l’on
entretient ensuite au moyen de la cire jaune et du reconnaît à 6 ou 7 tubercules qui forment une ligne
frottage. Depuis quelques années, on a inventé des sur le côté droit de la tête, et aux taches aurores qui
compositions {siccatif brillant, chromodur'ophane, relèvent la couleur brune que le corps offre de ce
etc.) qui conservent toujours au carreau son brillant côté. Ce poisson a la chair très-tendre et est fort es-
et épargnent ainsi le pénible travail du frottage. timé; il est commun sur les marchés de Paris.
Par extension, on a donné le nom de carr'eau à une Dans les Arts, ou nomme carrelet : 1® une grosse
foule d’objets qui affectent une forme carrée ; on ap- aiguille angulaire du côté de la pointe, à l’usage
pelle ainsi par ex. : 1“ une pièce de vitre carrée dont des bourreliers, des selliers, des cordonniers, des
on garnit les croisées d’une fenêtre, elcar-reau élec- emballeurs; —
2® une épée fort dangereuse, dont la
triqueun carreau de verre revêtu des deux côtés d’une lame est très-mince et à 3 carres; — 3» un outil
feuille d’étain, et pouvant servir aux mêmes expé- dont les tabletiers se servent pour ouvrir les dents
riencesquelabouteille de Leyde; —
2» une arme an- des peignes; —
4® une petite carde sans manche, à
cienne {quad r'B II us] , espèce de gros trait à 4 carres dents en fil de fer très-fin, et qui sert aux chape-
ou faces qu’on n’employait qu’avec des arbalètes cle liers; —
5® un instrument ou châssis destiné à rete-
grande dimension, et qu’on nommait ainsi de la forme nir les coins du blanchet ou filtre au travers duquel
de son fer, qui était à quatre pans et pyramidal c’é- ;
les pharmaciens passent leurs préparations.
tait aussi quebtuefois de grosses pierres pesantes qu’on C’est encore une espèce de filet en forme de nappe
lançait à faide de mangonneaux; —
3® fune des qua- carrée en usage sur les côtes et sur les rivières de
tre couleurs dans les cartes à jouer, ainsi nommée France on le retient sur le fond au moyen de deux
:

parce qu’elle représente le fer du trait ci-dessus ; demi-cerceaux, et d’üne perche servant à le relever
elle ;st figurée par de petits carrés rouges placés en vivement dès qu’on aperçoit du poisson au-dessus.
, , , ,

CART — 272 — CART


CARRIÈRE (du bas latin quadrataria, carrée, à l’époque de la chevalerie, que cet usage fut le plus
cause de la forme ordinaire des pierres qu’on en fréquent. —
On appelle aussi cartel l’accord qui se
tire), nom sous lequel on désigne, en général, les fait entre deux États belligérants, pour la rançon
lieux d’exploitation d’où l’on tire la pierre de taille des prisonniers de guerre.
et les autres pierres à bâtir, le marbre, le grès, le On nomme encore ainsi une botte de pendule en
sable, l’ardoise, etc. Toutefois, on donne plus spé- forme de cul-de-lampe, qui s’applique contre le mur.
cialement le nom de carrière aux gisements dont Les cartels ne sont plus guère de mode aujourd’hui.
on extrait le calcaire grossier; les autres portent le CARTEL ,
sorte d’encadrement. Voy. cartouche.
nom de marbrière, sablière, plâtriére , ardoi- CARPELLES (de charta, feuille de papier), petites
sière, etc., selon la nature des substances qu’on y planches de peu d’épaisseur. On débite par cartelles
exploite. Les carrières ne doivent pas être confon- les bois recherchés, tels que le frêne , Forme , l’éra-
dues avec les mines, d’où l’on n’extrait que des mé- ble noueux ou loupeux ; ce sont surtout les ébénis-
taux ou des pierres précieuses : la loi elle-même a tes, les tabletiers, les armuriers qui achètent les
consacré cette distinction. Ainsi les carrières ne sont bois ainsi débités.
point susceptibles d’être concédées par l’Etat comme CARTERON , nom donné par les tisserands à deux
les mines ; elles ne sont soumises qu’à la surveillance lames de bois plates, de quelques centimètres do
de la police locale; elles ne sont point sujettes à des large , et plus longues que la largeur de la chaîne
redevances fixes et proportionnelles, etc. —
Les car- qui servent à tenir ies fils écartés, afin de les empê-
rières se composent ordinairement de différents lits cher de se mêler. —
Voy. aussi quarteron.
ou couches, presque toutes horizontales. Les unes CARTES A JOUER (du latin c/iarfa, papier). Pour les
s’exploitent à ciel ouvert; les autres sont souterrai- fabriquer, on emploie trois sortes de papier au milieu
:

nes et ne communiquent avec le jour que par des on place le papier dit tracé; ce papier est recouvert,
puits ou des galeries. Pour fendre -et détacher les d’un côté par ie papier cartier, tantôt blanc ou de
pierres, on se sert ordinairement d’un gros marteau couleur unie (bleue, jaune ou rose), tantôt taroté,
pointu par les deux bouts, et qu’on appelle pic; on c.-à-d. moucheté de dessins variés; et de l’autre, par
les fait aussi sauter à l’aide de la mine. —
La France le papier pot sur lequel sont peintes différentes fi-
est riche en carrières de toutes sortes on peut citer
: gures. On appelle têtes les cartes où sont figurés des
les plàtrières de Montmartre
,
celles de Bordeaux ; Rois, des Dames et des Valets; et points, celles qui
les meulières et les carrières de pierre de taille de ne sont marquées que de simples Coeurs, Carreaux,
Senlis et de Saint-Leu , les carrières de grès de Fon- Trèfles et Piques, de un (as) à dix. L’impression
tainebleau, d’ardoises d’Angers et des Ardennes ; de des têtes ne peut se faire que dans les bureaux de la
lave deVolvic en Auvergne; de marbre du Midi, etc. régie; mais l’eniuminure des figures et celle des
Les catacombes de Paris ne sont que d’anciennes car- points se fait chez les cartiers ; elle s’opère à l’aide
rières de pierre de taille.— Suivant les arrêts du Con- de patrons découpés et avec des couieurs à la gomme.
seil des 14 mars 1741 et 5 avril 1772, et la loi du 21 L’enluminure achevée, les cartes sont séchées avec
avril 1810, tout propriétaire d’un fonds peut ouvrir soin et passées au savon, ce qui leur donne du brillant
une carrière sur son terrain , mais il ne peut fouiller et la faculté de couler facilement les unes sur les au-
sous le terrain d’autrui ; on ne peut ouvrir des car- tres. On les redresse ensuite en les soumettant à la
rières sur les bords des grands chemins, sinon à presse; enfin, on les taille pour les égaliser, et on
60 m. de distance du bord de ces chemins ou des ar- les assemble. —
On distingue ordinairement les jeux
bres qui les bordent. Les rameaux ou rues des car- entiers qui sont composés de 52 cartes, et les jeux
rières ne peuvent être poussés jusque sous les routes de piquet, de 32 : ces derniers ne renferment pas les
et grands chemins, sous peine d’amende. —
Aucune 2, 3, 4, 5 et 6. —
Paris et Nancy sont, eu France, les
carrière ne peut être ouverte sans la permission du deux endroits où l’on fabrique le plus de cartes.
préfet dans les forêts du Gouvernement. On en consomme annuellement à l’intérieur pour
CARRIK ou CARRicK, espèce de redingote à collet 1,500,000 fr.; 1a France en fournit, en outre, à l’é-
ample ou à plusieurs collets, en usage en Angleterre tranger, surtout aux colonies espagnoles, améri-
il
y a un quart de siècle, et qui aujourd’hui n’est plus caines, portugaises et anglaises, pour une valeur d’en-
porté que par les cochers. On dérive ce nom , par viron 1,000 ,000 defr. L’Etat perçoit sur cette branche
corruption, du nom du célèbre acteur D. Garrick,qui de notre industrie de 5 à 600,000 fr. de droits, c.-à-d.
l’aurait mis à la mode au dernier siècle. de 20 à 25 p. 100 du produit. Celui qui vend des cartes
CARROSSE (de l’italien carroccio, même signif.), sans être fabricant patenté , ou bien sans avoir été
grande voiture à 4 ou 6 places, suspendue, couverte agréé et commissionné par larégie,est passibled’une
et fermée, à 4 roues et ordinairement traînée par amende de 1,000 à 3,000 fr., de la confiscation des
deux chevaux. Les carrosses ont été inventés en Italie ; objets de fraude et d’un mois d’emprisonnement. En
le prernier carrosse à coffre suspendu qu'on ait vu cas de récidive , l’amende est de 3,000 fr. Toutes —
en France servit, en 1405, à la reine Isabeau, lors de les formalités auxquelles est assujettie en France la
son entrée à Paris. Sous F rançois 1®'', en 1547, on profession de Cartier sont déterminées par la loi du
n'en comptait que trois celui de la reine, celui de
: 9 vendémiaire an 'VI, les décrets du l®® germinal et
Diane de Poitiers, et celui de Jean de Laval. Aujour- du 4 prairial an XllI, la loi du 29 avril 1816 et l’or-
d’hui ils sont en nombre infinli Cependant
, ,
ils donnance du 18 juin 1817.
sont encore peu répandus en Orient. En Angleterre, on se sert de deux sortes de cartes à
On donnait autrefois le nom de carrosse à la par- jouer, les unes semblables aux nôtres, les autres d’un
tie d’un navire qu’on nomme aujourd’hui dunette. tiers plus Iviutes et plus larges. C’est aussi en Angle-
CARROUSEL, sorte de jeu équestre. V. üuadrille, terre qu’on a inventé les cartes à deux têtes dont
CARROUSEL au Dict. unie. d’Hist. et de Géogr,
cl l’art. l’usage commence à se répandre chez nous. —
En Al-
CARTAHU ou CARTAiiEU,nom qu’on donne, en Ma- lemagne, on ajoute quelquefois aux rois, dames et
rine, à un cordage volant qui sert à monter ou à valets, une quatrième figure, les chevaliers. Enfin,—
descendre un objet quelconque. Quand l’objet est en Espagne et en Italie, les noms des quatre couleurs ;

lourd, on passe quelquefois le cartaheu dans une poulie pique, trèfle, carreau et coeur, sont remplacées par les
placée en tête du mât, pour faciliter la manœuvre. dénominations A’épêe, denier, bâton et coupe. Les
CARTEL (de charta), lettre de défi par laquelle on Italiens font aussi usage de longues cartes appelées
provoque quelqu’un à un combat singulier. L’usage Tarots. Ces cartes, inventées, dit-on. dans la pro-
des cartels existait déjà chez les anciens Plutarque
: vince de Taro en Lombardie, et qail ne faut pas
rapporte qu’Antoine envoya un cartel à Auguste, confondre avec les cartes dites tarotées [Voy. ci-
qui le refusa. Mais ce fut surtout au moyen âge, à dessus), représentent des figures bizarres, et servent
, , , , ,

CART — 273 — CART


en France à formerle grandjeu des tireuses de cartes. pour les cartes terrestres au système de Ptolémée;
On attribue généralement l'invention des cartes à on remarque aussi à cette époque le globe terrestre
jouer à Jacquemin Gringonneur, peintre de la fin du de Martin Behaim (1492). —
Lexvi® siècle fut signalé
XIV® siècle j mais elles sont mentionnées dès 1328 par
par lestravaux d’Ortélius et de Mcrcator, qui firent
un vieux poète français. Apres avoir amusé ladémence révolution dans lascienceetl’affranchirentdésormais
de Charles VI, elles ne tardèrent pas à devenir une ré- du joug des anciens. Guillaume de l’isie et d’Anville,
création à la mode. Sous Charles Vil elles furent au XVII® siècle, en profitèrent pour refondre en en-
perfectionnées considérablement, et les figures reçu- tier le système de la géographie moderne , et pour
le soumettre à, une nouvelle critique. Depuis les pu-
rent les différents noms qu’elles portent aujourd’hui.
Ou prétend que David (roi de pique), tourmenté par blications de ces deux habiles géographes, les plus
belles cartes connues sont celles des Français Cassini,
un fils rebelle, est l’emblème de Charles VU, menacé
par son fils (Louis XI), et <\WArgine (reine de trèfle), Barbié du Bocage , Brué, Lapie, celle dite des Chas-
anagramme AeRegina, désigne Marie d'Anjou, femme ses; des Anglais Rennell, Dalrymple, Arrowsmith,
Gardner, Owen, etc.; des Allemands Grimm, Berg-
de ce prince ; que Pallas (dame de pique) représente
la Pucelle d’Orléans; Rachel (dame de carreau), haus, Reymann; de l’Italien G. Inghirami, etc. —
Agnès Sorel; enfin, Judith (dame de cœur), la reine Le plus beau monument qui existe en ce genre est la
Isabeau. Les quatre valets ou varlets sont quatre vail- Carte topographique de France, en 268 f., au 80 mil-
lants capitaines ; Ogier et Lancelot, compagnons de lième ; 178 feuilles avaient paru en janvier 1857,
Charlemagne, Hector deGallard et Lahire, généraux Conçu sous l’Empire dès 1808 , ce vaste projet n’a
de Charles VIL Le reste du jeu offre également une pu être mis à exécution qu’à partir de 1818, et les
sorte d’allégorie guerrière le cœur est la bravoure,
:
premières cartes n’ont paru qu’en 1833. Dirigée de
le pique et le carreau, armes, le trèfle, les vi-
les 1830 à 1850 par M. le général Pelet, continuée de-
vres, et l’av, l’argent, nerf de la guerre. puis 1851 par M. le général Morin, la publication de
Pour lesdilférentsjeiîxet la manière d’y jouer, Voy. la Carte de France pourra être terminée en 1866.
l'article Jeuxdehasard, l’art, consacré à chaquejeu, Parmi les Cartes marines, on estime surtout celles
et Les Cartes à jouer de Boiteau d’Ainbly (1854). de Bellin ,de Man nevillette,de Beautemps-Beaupré,etc.
CAUTi'.s ASTRONOMIQUES OU CARTES CÉLESTES. EUes re- CARTÈSLVNISME , doctrine de Descartes. Voy.
présentent les constellations et les étoiles dans la po- DESCARTES au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
sition qu’elles ont dans le ciel les unes à, l’égard des CARTHAME (du grec cathai'sis, purgation, parce
autres [Voy. planisphère). Les cartes célestes les plus que la graine du carthame passe pour très-purga-
estimées sont celles de Flamsteed [Atlas cœlestis tive) , Carthamus, genre de la famille des Composées,
Lond., 1729) et de Bode [Représentation des astres, tribu des Cinarées, est formé de plantes herbacées, à
en 34 planches, Berlin , 1805). racines fibreuses, à tiges ramifiées, à feuilles glabres,
CARTES géographiques. On appelle ainsi la repré- souvent épineuses, à fleurs d’un beau rouge un peu
sentation, sur une surface plane, de la figure du safrané. L’espèce la plus commune et en même temps
globe terrestre, soit dans son ensemble, soit dans une la plus utile est le C. des teinturiers {C. tinctorius),
de ses parties. Dans le l®r cas, on distingue ies map- faux Safran ou Safrand’ Allemagne. Cette
dit aussi
pemondes, qui offrent deux hémisphères terrestres plante emnuelle, originaire de l’Inde, est cultivée
projetés côte à côte sur le plan de l’un des grands dans le Levant, en Égypte , en Espagne, en Italie,
cercles du globe; et les planisphères, qui offrent toute dans le midi de la France , surtout aux environs de
la surface terrestre sur une projection plate et réduite Lyon. Les fleurs sont la partie de cette plante dont
(
Voy. projection) Dans le 2®, une carte est dite géné-
. ou fait le plus d’usage elles servent à la teinture ;
:

rale, quand elle renferme une grande étendue de pays ;


on les récolte lorsqu’elles commencent à se flétrir.
particulière, quand elle est bornée à une seule con- Le carthame d'Egypte est le plus estimé pour sa ma-
trée ; chorographique quand elle offre le détail d’une tière colorante. Ou se sert du carthame pour teindre
province ou d’un canton; topographique, lorsque les la soie , le coton et le lin en ponceau , cerise , rose
accidents du terrain y sontindiqués. On appelle Carte et couleur de chair; ces couleurs sont très-brillantes,
hydrographique ou marine celle qui, négligeant mais peu solides. Dans le Midi, les pauvres cultiva-
les détails terrestres, ne représente que la mer, les teurs emploient le carthame à la place du safran pour
îles et les côtes; orographique, celle qui représente colorer leurs mets. H entre aussi dans la prépara-
spécialement l’enchaînement et la disposition des tion du fard ou rouge de toilette, appelé quelque-
reliefs montagneux. 11 y a encore les cartes physi- fois vermillon d'Espagne. Enfin, on a employé les
ques, géologiques , minéralogiques , botaniques ou graines de carthame comme purgatives.
phytographiques, zoologiques, etc.; les caries his- CARTIER, fabricant de cartes à jouer. F. cartes.
toriques politiques, militaires, administratives,
,
CARTILAGE (du latin cartilago), tissu particu-
itinéraires ou routières, etc., dont les noms s’ex- lier, d’un blanc opalin et nacré , flexible , très-
pliquent d’eux-mêmes. élastique, d’une consistance moyenne entre celle des
On fait remonter l’invention des cartes géographi- os et des ligaments, et sans apparence de texture
ques jusqu’au Grec Anaximandre. Chez les anciens, ni d’organisation. On distingue les C. articulaires,
:

Agathodæmon, Eratosthène, Marin de Tyr, avaient qui revêtent les surfaces articulaires des os, et qui
construit des cartes itinéraires, aujourd’hui perdues : amortissent par teur élasticité les efforts de pression
quant aux cartes de Ptolémée, celles que nous possé- et les chocs que peuvent éprouver les articulations;
dons aujourd’hui sous son nom on t été faites aux xiii' les C. non articulaires, qui constituent une portion
et XIV® siècles d’après les ouvrages de ce géographe. La ou la totalité de la charpente osseuse de certaines
carte itinéraire de l’empire romain, dite de Peutin- parties tels sont les cartilages des côtes , du pha-
:

ger, est du iii® siècle, ou peut-être postérieure. Vient rynx , du larynx , de la trachée-artère et des bron-
ensuite la carte du monde, 'faite au vi' siècle par le ches, etc. ; les fibro-cartilages qui sont membra-
moine Cosmasindicopleustes. Chez les Arabes, on cite neux, et présentent une flexibilité plus grande que
surtout les cartes d’Edrisi, qui sont du xii® siècle : les précédents : tels sont les cartilages des pau-
c’est d’après ces dernières que les cosmographes pières, des narines, de l’oreille, de l’épiglotte, etc.
d’Orient ont dressé toutes les leurs, en se contentant Les cartilages articulaires, appelés aussi de revête-
d’y ajouter les nouvelles découvertes. —
Au xv® siè- ment ou d’encroûtement, sont lamelliformes dans tes
cle, les progrès de l’astronomie, l’invention de la articulations immobiles; ils adhèrent à l’os par leurs
boussole et la découverte de l’Amérique firent faire deux faces , et au périoste par leurs bords tels sont
:

de nouveaux progrès à la cartographie : on con- les cartilages intervertébraux. Dans les articulations
struisit d’excellentes cartes nautiques, et on revint mobiles, les cartilages, dits alors C. diarthrodiaux

18
, ,

CART — 274 — CART


ont la forme de lames aplaties, plus minces à lacircon- se sert du carton pour fabriquai les cartes à jouer,
férence qu’au centre sur les extrémités articulaires les couvertures des livres, des boites de tout genre,
conxexes, et plus épaisses à leur bord qu'à leur et toute cette foule d’ouvrages plus ou moins délicats
centre sur les surfaces concaves. Une de leurs faces qui constituent l’industrie (lu Cartonnage. On estime
adhère intimement à l’extrémité articulaire de l’os; beaucoup le carton anglais. En France, on fabrique
l’autre est libre, lisse et tapissée par la membrane surtout le carton à Annonay, Bordeaux, Paris , Car-
cynoviale. Les C. non articulaires sont tous revêtus cassonne, Dijon, au Havre, à Lille, Lyon, Marseille,
(l’une membrane fibreuse a.\>pelée pe'richmidre, ana- Metz, Rouen , Strasbourg , Vienne, etc. —
Avec la
logue au périoste, dont elle ne diffère qu’en ce pâte du carton solidifiée à l’aide de la colle forte et
qu’elle contient moins de vaisseaux; c’est dans elle recouverte d’un vernis imperméable, on fait des ta-
seule que parait résider la vitalité, dont sont privées batières, des vases d’ornement, des socles de pen-
leurs couches plus profondes ; avec l’âge, ils s’ossi- dules, des plateaux, de la vaisselle même.
fient plus ou moins. — Par suite du défaut de vita- On appelle Carton-pierre un mélange de pâte de
lité, les plaies ou simples divisions de ces parties, carton, de gélatine, de terre bolaire, de craie et
ainsi que leurs fractures, sont susceptibles de ré- d’huile de lin, qui prend, en séchant, la consistance
union après un temps plus ou moins long, au moyen et la dureté de la pierre : cette composition , signa-
du périchondre, qui s’enflamme et s’organise. Elles lée dès 1806 par MM. Gardeur, doit ses applications
sont aussi sujettes à une ossification accidentelle ou pratifjuesàMM. Hirsch, WalletetHuber(1829',. Roma-
morbide cette affection s’observe assez souvent chez
: gnesi en a fait en France la plus heureuse applica-
les vieillards ou chez de jeunes sujets atteints de ma- tion à la sculpture; on en fait des ornements pour
ladies chroniques. L’inflammation ou un vice quel- moulures et corniches, des statuettes, des caniJéla-
conqfue de l’économie peuvent modifier la vitalité des bres. On fabrique aussi avec cette composition des
cartilages , et les rendre susceptibles , comme les os, briques, des tuiles, etc.; ces dernières portent dans
de carie, notamment dans la phthisie laryngée. Les le commerce le nom A'ardoises artificielles.
cartilages sont aussi altérés et ramollis dans les tu- En Typographie , on nomme carton un feuillet
meurs blanches. Dans la goutte ,
deviennent le
ils qu’on réimprime pour le substituer dans le livre
siège de concrétions particulières {tophus) , formées même à celui où Ton veut faire quelques chauge-
de phosphate de chaux ou d’urate de soude, qui dé- menls ou des corrections importantes.
forment les articulations, et empêchent leur mouve- Dans les Arts, on donne ce nom aux grands dessins
ment. Les progrès de l’âge déterminent sou vent l’usure faits par les peintres pour servir de modèle à leurs
des cartilages qui recouvrent les surfaces articulaires. granils tableaux , et surtout aux peintures à fresque
Les cartilaginifications accidentelles se rencon- (
Voy. dessin) ; ils sont faits au crayon noir rehaussé
trent plus fréquemment que les ossifications. Le de blanc, et sont de la grandeur de la fresque. Les
tissu fibreux est particulièrement sujet à devenir plus beaux cartons sont ceux de Raphaël , de Jules
cartilagineux; certaines membranes séreuses subis- Romain, de Michel-Ange, de Léonard de Vinci.
sent aussi cette transformation : telles sont la tunique CARTONNIÈRE (guêpe) , espèce de guêpe d’Amé-
externe de la rate et du foie, la tunique vaginale , rique qui construit son ni(l en forme de cône ren-
le péricarde , la plèvre et l’arachnoïde spinale. versé, et qui le recouvre d’une croûte qui ressemble
CARTILAGINEUX, dits par Artédi Cliondroptcry- à du gros carton ; quand on coupe cette croûte, on
ÿïeMV. grande div. desPoissons, comprend ceux dont le s’aperçoit qu’elle est composée d'une infinité de par-
squelette est formé de substance cartilagineuse et celles végétales intimement liées ensemble.
demeure constamment dans cet état. L’appareil CARTOUCHE (de Tital. cartoccio, rouleau, aug-
operculeux manque ; le bassin est d’une seule pièce mentatif de carta, papier), nom donné dans les arts
transverse, qui ne s’articule pas à l’épine, et porte du Dessin à certains ornements en forme de papier
de chaque côté une lame ou tige à laquelle adhè- déroulé ou de toute autre figure, suivant la fantaisie
rent les rayons de la ventrale. Les raies, les squales, de l’artiste, au milieu desque Is on a ménagé un espace
les lamproies, font partie des poissons cartilagineux, destiné à recevoir une inscription, une devise, des
qui comprennent trois familles les Sturioniens
: armoiries, etc. Le cartouche se place ordinairement
les Sélaciens, et les Suceurs ou Cyclostomes. au frontispice d’un édifice,aubas d’un tableau, d’une
CARTISANE (de carte), nom donné à de petits gravure , d’une carte de géographie , etc. —
Dans
morceaux de carton fin autour desquels on a tortillé les hiéroglyphes égyptiens, on nomme cartouche
du fil, et qui fout relief dans les dentelles et les ou cartel des encadrements de forme rectangulaire
broderies. Voy. guipure. qui entourent ordinairement les noms des divinités,
CARTOGRAPHIE (de carte , et du grec graphô, des dynasties et des rois.
écrire, graver), partie de la science géographique Dans TArt militaire, on nomme cartouche la charge
qui s’occupe de la confection des cartes, mappe- de poudre et de projectiles que Ton place dans les
mondes, planisphères, etc. V. CARTES GÉOGRAPHIQUES. armes à feu, avec son enveloppe. Cette enveloppe est
CARTOMANCIE (du mot carte, et du grec man- un cylindre fait de papier pour le fusil, de parche-
téia, divination), art de tirer les cartes , et de pré- min, de carton, de bois, de fer-blanc, etc., pour le
dire l’avenir au moyen des combinaisons qu’elles canon ; ces dernières cartouches sont appelées gar-
offrent. Ce genre de divination, !nconnu aux an- gousses. — Dans TAririée , cartouche imprimée se
ciens, est aujourd’hui des plus vulgaires et Tun de dit comme synonyme de congé; la cartouche blan-
ceux qui font le plus de dupes. Il est le plus sou- che, ainsi nommée de la couleur du papier, était af-
vent exercé par des femmes : la célèbre Lenor- fectée aux libérés des travaux publics la cartouche
;

mand y excellait. 11 est soumis à certaines règles jaune, espèce de congé infamant, était donnée aux
que Ton trouvera exposées dans V Encyclopédie hommes passés par les verges ; elle a été abolie en
méthodique (au Dictionnaire des Jeux). 1790, avec les congés ini'amauts.
CARTON (de l’italien cartone, grand ou fort pa- CARTOUCHIERE. Voy. girerne.
pier, dérivé lui-même du latin charta), espèce de CARTULAIRE (en latin chartutarium dérivé de
papier plus ou moins épais, qui sert à divers usages. charta, charte), nom donné, au moyen âge, aux
On distingue : le C. de collage, formé de plusieurs livres ou registres sur lesquels on transcrivait, soit
feuilles de papier collées Tune sur l’autre, et le C. pour suppléer aux originaux, soit pour les consulter
de pâte, fabriqué avec des rognures de papier, des au besoin, les contrats de vente, d’achat, d’échange,
chiffons, de la laine, de Tétoupe, etc., broyés à l’eau les privilèges , immunités et autres chartes des égli-
et réduits en pâte. Les cartons lins sont ensuite re- ses, (les monastères, des chapitres, des seigneuries.
couverts des deux côtés de papier blanc et lissé. On La Bibliothèque nationale possède un grand nombre
, ,

CARY 275 CAS


lie ces cartulaires. Les plus anciens sont celui de l’ab-
genre de Palmiers qui a pour caractères ; spadices
Saint-Bertiu rédigé sur la fin du xe siècle, fasciculés, environnés à la base’ de plusieurs spatlies
tiaye de ,

et celui de St Odou, mort, dit-on, en 962. Plusieurs imbriqués, et portant des fleurs mâles et femelles ;
calices à six divisions profondes , dont trois inté-
de ces cartulaires ont été imprimés dans la collec-
rieures. Le fruit est une baie rouge, sphérique
tions des Documents inédits de l’histoire de France. ,

uniloculaire, contenant deux graines. Les princi-


On nommait aussi cartulaire un oflicier de l'E-
çüse, dont la charge consistait, dans l'origine, à pales espèces sont le C. wmis, palmier épineux qui
garder les chartes ou papiers qui concernaient le est originaire de l’Inde, et le C. horrida, qu’on
public. Dans la suite , ce fut un grand dignitaire de trouve dans l’Amérique du Sud.
la cour papale et de celle de Constantinople. CAS (du latin casas, chute, terminaison), nom
CARUM, nom scientifique du Carvi. donné en Grammaire aux diverses terminaisons du
CARUS (du grec caros, assoupissement profond), substantif par lesquelles certaines langues expriment
dernier degré du coma, est caractérisé par l'insen- les rapports de ce mot avec les autres mots de la
sibilité à l'action des plus forts stimulants. phrase, rapports que plusieurs langues expriment
CARVI , Caruni genre de plantes de la famille par la préposition ou simplement par la place du
des Ombellifères, tribu des Amminées, à racines tu- mot. Ün retrouve ces mêmes inflexions dans les pro-
béreuses et à fleurs blanches. Ce genre a pour type noms , qui suppléent le substantif, dans les adjec-
le Carvi des prés [Carum Carvi), plante herbacée, tifs et les participes, qui expriment des qualités in-

bisannuelle , à tige lisse et rameuse, de Gocentim. hérentes â la substance. Le grec, le latin, le sanscrit,
de haut , garnie de feuilles pointues et de petites l’arabe ancien, l’arménien, Tillemand, le hongrois,
fleurs d'un blanc jaunâtre ; sa racine, fusiforme, al- ont des cas; l’hébreu, le syrien, le phénicien , en
longée , de la grosseur du pouce , blanche, aroma- étaient privés; ou ne les retrouve pas non plus dans
tique, analogue à celle du panais, dexient comestible l’arabe moderne, le chinois, le siamois, le cophte ,
par la culture; ses fruits, vulgairement nommés ni dans la plupart des langues modernes de l’Eu-
graines de carvi, sont brunâtres, d’une odeur forte rope (français, anglais, italien, espagnol). — Le
et aromatique; ils fournissent une huile essentielle, nombre des cas varie selon les langues ; le latin en
et entrentdans la composition de plusieurs liqueurs; a six : le nominatif, qui nomme l’être purement et
ils sont stimulants et carminatifs. simplement, et le représente comme étant ou faisant
CARYATIDES, figures de femmes, ou même quel- quelque chose; le génitif (de gignere, engendrer),
quefois d’hommes ( V. atlantes), servant en Architec- qui est le signe de la génération et par suite de la
ture de support à une architrave qui pose sur leur tête. possession; le datif [Ae dure, donner), qui indique
Pour l’origine de ce nom. V. le Dict. un.d’H, et de G. l’attribution; l’accusatif, qui accuse, c.-à-d. fait
CARYOCATACTES (du grec karya, noix, et ka- connaître l’être qui reçoit l’action ; l’ablatif (à’ab-
tactès, qui brise) , se dit d’oiseaux qui se nourrissent latus, enlevé), qui indique l’objet ou l’être dont on
de noix, d’amandes, de cônes de pin, etc., comme est privé et séparé, ou celui par qui l’action est
le Casse-noix , Nucifraga caryocatactes. faite ; le vocatif (de vocare, appeler), par lequel on
CARYOPIIYLLAIRES (analogue à l’œillet), ordre appelle, on interroge. Le grec a les mêmes cas, moins
de Polypiers lamellifères, établi parLamouroux pour l’ablatif, qui est remplacé par le génitif ou le datif.
des Polypiers pierreux et non flexibles, ayant des cel- L’arabe ancien n’a que trois cas; l’arménien en a
lules étoilées et terminales, cylindriques, épatées; il dix. — Les langues qui ont des cas peuven tse per-
renferme les genres Cat'yophyllie , Fongie, Cyclo- mettre des inversions, et par là donner à l'expres-
lithe .Turbinolie et Turbinoiopse. sion plus de grâce et de variété ; elles ont aussi
CARYOPHYLLEES (du latin caryophyllus œil- l’avantage de la brièveté, débarrassées qu’elles sont
let), épithète appliquée aux fleurs qui offrent de la du lourd attirail de nos prépositions ; en compen-
ressemblance avec celles de l’œillet. Elles ont une co- sation, les langues qui n’ont pas de cas sont plus
rolle régulière à cinq pétales, et dont les onglets, fort claires et plus favorables à la déduction de la pen-
longs, sont cachés dans le calice. sée, parce qu’elles suivent l’ordre logique des idées.
On donne aussi ce nom aune famille de plantesDico- CAS DE CONSCIENCE. Ou nomme ainsi en Théologie
tylôdonées,dontl’OEilletestletype ce sont des plan-
; les difficultés qui peuvent s’élever, dans la conduite,
tes herbacees, à tige cylindrique, noueuse et comme sur ce que la religion permet ou défend : le théolo-
articulée : feuilles opposées, fleurs formées d’un ca- gien résout ces cas en pesant la nature et les circon-
lice à 4 ou 5 folioles, d’une corolle à 4 ou 5 pétales stances de l’action, et en se guidant d’après les lu-
aüernes et onguiculés, d’un nombre double d’étami- mières de la raison , les lois de la société, les maximes
ues et d’un ovaire surmonté de 2 à 5 stigmates; le de l’Evangile et les canons de l’Église. Quelques cas
fruit est une capsule. Cette famille n’habite que les ne peuvent être résolus par les simples prêtres, et
contrées froides ou tempérées. Elle renferme deux sont reseruêif à l’autorité supérieure (Voy. ci-après
tribus : les Alsinées et les Silénées. CAS réservés) . — On nomme Casuistes les théolo-
Le nom latin de l’œiDet, Caryophyllus, étant aussi giens qui s’adonnent surtout à la discussion et à la
chez les Latins celui du Giroflier, quelques botanis- solution des cas de conscience.
tes , pour éviter toute confusion
,
ont don'né le nom CAS FORTUITS. On donne ce nom en Droit aux évé-
Dianthus à l’œillet, et, par suite, ont remplacé par nements occasionnés par une force majeure , et qui
le nom de Dianthées celui de Caryophyllées. ne peuvent être prévus. Un homme n’est point tenu
GARYOPHYLLIE, genre type des Polypiers ca- des cas fortuits qui arrivent à une chose dont il est
ryophyllaires. Ce sont des zoophytes rayonnés, à peu débiteur (art. 1148 du Code civ.). Cette règle a cepen-
près cylindriques, pourvus de tentacules courts en dant 3 exceptions : la U', si la chose périt après que
couronne double ou simple. Ces tentacules sont épais le dépositaire a été mis en demeure de la livrer; la
et perforés, portés Sur des loges cylindro-coniques 2*, si, par une clause particulière, il s’est rendu res-
réunies en étoiles. Le tout forme un polypier solide, ponsable des cas fortuits; la 3', 's’il avait injustement
conique et fixe par la base. dépouillé le propriétaire (art. 1302).
CARYOPHYLLUS ou carvophvlldm , nom latin CAS IRRÉDUCTIBLE. On donne ce nom en Algèbre
donné par les Botanistes à TOEillet, était primitive- à celui où les trois racines d’une équation du troi-
ment celui du Giroflier, et a été transporté à TOEil- sième degré sont réelles et inégales.
let à cause de quelque ressemblance "de l’odeur de CAS PRÉSIDIAUX OU PRÉvÔTAUX. On appelait ainsi,
cette fleur avec le parfum de la fleur de Giroflier. dans notre ancienne législation , ceux des crimes
CARYOTE, Cari/ofa, nom donné par Pline etDios- qui, présentant des caractères plus graves que les
coride au Dattier, a été transporté par Linné à un autres, paraissaient devoir être promptement punis,

48 .
, , ,

CASC — 276 — CASI


et qui étaient, en ronséquence, jugés par un tribunal roulées , de 2 à 3 millimètres d’épaisseur, grisâtres
présidial ou prévôtal, sommairement, en dernier res- à l’extérieur, d’un rouge ferrugineux à Pintérieur,
sort et sans appel. Les crimes commis i>ar les vaga- d’une cassure résineuse, d’une saveur amère, un
bonds ou par les gens de guerre, les désertions, les peu âcre , et très-aromatique. La cascarille est toni-
vols de grands chemins ou avec effraction , les sa- que et astringente; elle a été employée comme fébri-
crilèges, les assassinats, les séditions populaires, fuge , soit seule ,
soit associée au quinquina; on
l’altération et la fabrication des monnaies, étaient l’emploie aussi en parfumerie.
des cas prévôtaux ou présidiaux. CASE. Voy. TRICTRAC et damier.
CAS PRIVILÉGIÉS, causcs Criminelles qui sortaient CASEEUX (du latin caseus fromage), se dit de
du droit commun , et dont la connaissance était dé- tout ce qui provient du fromage : comme matière
volue à des juges qui avaient le privilège de dé- caséeuse, acide caséeux, etc. Voy. fromage.
pouiller la cause de toutes les garanties qui lui CASEIQUE (acide). On nommait ainsi un acide de
étaient assurées par la loi. Cette expression s’appli- couleur jaunâtre, d’une consistance sirupeuse, d'une
quait, en outre, spécialement aux crimes concernant saveur de fromage amer et acide à la fois, qu’on ex-
l’Eglise, ou commis par des hommes d’église, mais trait des fromages faits. Plusieurs chimistes ont pensé
dont la connaissance était dévolue aux juges sécu- que cet acide n’était autre que Vacide lactique. On a
liers , à l’exclusion des juges ecclésiastiques. reconnu récemment que ce n’est qu’un composé de
CAS RÉDHIBITOIRES , nom donné en Droit aux cas divers acides, tels que l’acide butyrique, l’acide va-
dans lesquels le vendeur ou le bailleur a livré un lérianique, etc.
objet qui a certains vices, dits rédhibitoires dont CASEINE. Voy. caséum.
la découverte permet à l’acheteur ou au preneur de CASEMATE (de l’espagnol casa mata, maison
rompre le contrat. Voy. vices rédhibitoires. basse ), souterrain voûté à l’épreuve de la bombe et
CAS réservés, nom donné en Théologie aux péchés percé d’embrasures et de créneaux , d’où l’on peut
et griefs, dont le pape, l’évêque et les autres supérieurs faire feu sur l’ennemi. Les premières casemates fu-
majeurs, tels que les généraux ou provinciaux des rent établies sous les flancs des bastions , pour y
ordres religieux, se réservent i’absolutioii. La vio- placer des canons destinés à défendre la face du bas-
lence envers les clercs, moines, évêques, cardinaux; tion opposé en balayant le fond du fossé; on en pra-
la simonie, la falsilication des lettres pontificales, tiqua ensuite sur d’autres points, notamment aux
la spoliation des églises, la communication d’un clerc saillies des contrescarpes. Les casemates ne servent
avec un excommunié, sont des ras réservés au pape. pas seulement de batteries couvertes; en temps de
CAS ROYAUX, nom donné autrefois aux crimes qui siège, on y met en sûreté les malades, les blessés,
portaient directement atteinte à la majesté et à l’au- et surtout les munitions; elles servent même quel-
torité du prince, aux droits de sa couronne, à la di- quefois de caserne et aussi de prison. Leur inconvé-
gnité de ses officiers et à la sûreté publique. Le crime nient ordinaire, c’est le manque d'air, inconvénient
de lèse-majesté, le sacrilège, la rébellion aux ordres qu’augmente encore la fumée de la poudre.
émanés du de ses officiers, les assemblées il-
roi et CASERNE (du latin casa, maison), bâtiment spé-
licites, les séditions, la fabrication et l’altération
de cialement destiné au logement des troupes en gar-
la monnaie, rapt et l’enlèvement d'une personne,
le nison. Les Grecs, ii’ayantpas de troupes permanentes,
étaient des cas royaux, dont le jugement était ré- n’avaient pas de casernes. Chez les Romains, les caser-
servé aux baillis, sénéchaux et juges présidiaux. nes avaient un seul étage au-dessus du rez-de-chaus-
CASAQUE. Ce mot désignait autrefois un man- sée, et il régnait sur tout le pourtour de cet étage une
teau à longues manches , qui se mettait par-dessus galerie extérieure sur laquelle ouvraient les portes
l’habit, surtout pour monter à cheval ; aujourd'hui des chambres occupées par les soldats. Eu France, on
il ne se dit plus que d’un suKout d’ étoffe grossière. a été long4,emps sans se préoccuper de la question du
— On donnait autrefois le nom de casaque d’armes casernement, si importante cependant pour la santé
à un surtout que portaient les mousquetaires, les du soldat; aussi, dans la plupart des villes, à Paris
gardes du corps, les gendarmes et les cavaliers des même , on trouve peu de casernes bien disposées.
diverses compagnies , et qui avait des marques et Les plus belles, parmi ces dernières, sont, à Paris,
des broderies particulières pour distinguer les di- cellesderEcoleinilitaire,deBabylone, de la Pépinière,
vers corps ies uns des autres. du quai d’Orsay, la Nouv.-F rance, la C. Napoléon, etc.
CASBAH ,
nom qu’on donne en Afrique aux cita- CASÉUM (mot latin qui signifie fromage), nom
delles des villes. C’est dans la Casbah d’Alger qu’é- donné par les chimistes au principe immédiat qui
tait enfermé le riche trésor du dey, dont les Fran- forme en plus grande partie le caillé du lait, et dont
çais se sont emparés en 1830. on fait le fromage. A l’état de pureté (caséine) , il
CASCADE (de l’italien ca^care tomber ), nom
,
est en grumeaux blancs, insipide, insoluble dans
donné en général aux chutes des üeuvês et des ri- l’eau, soluble dans les acides et les alcalis faibles. 11
vières, spécialement à celles qui, se précipitant d’une est très-riche en azote , et , par conséquent , très-
grande hauteur, rejaillissent de rocher en rocher. altérable au contact de l’air. Sa composition se rap-
Les plus grandes chutes prennent le nom de Catarac- proche beaucoup de celle de l’albumine. Ou trouve une
tes ( Voy. ce mot). On nomme cascatelle une cascade substance semblable au caséum dans le sang de bœuf
peu considérable. On admire la cascade de Gavar- et de brebis , dans le sang de certains malades, et
nie,dans les Pyrénées; celles du Mont-Dore et de l’Ar- dans la graine des céréales. Le caséum est très-nu-
dèche; celles de Luléaen Suède, de Serio (bassin du tritif. 11 forme avec la chaux un composé insoluble
Pô) en Italie. —
Les cascades ont été imitées de la ma- et imputrescible ; on s’en sert pour la peinture en dé-
nière la plus heureuse dans les eaux de quelques jar- trempe et pour préparer des mastics susceptibles de
dins royaux, comme à Saint-Cloud, à Versailles, etc. recevoir toute espèce de peinture ou d’impression.
En Algèbre, on nomme Méthode des Cascades, CASI A , Osyris? plante aromatique des anciens.
une méthode par laquelle, dans la résolution d’une CASIMIR (du nom de son inventeur) , espèce de
équation , on approche toujours de plus en plus de drap léger, dont le tissu est croisé , et qu’on a d’a-
la valeur de l’inconnue, par des équations successives bord fabriqué avec la plus belle laine ; on en fait de-
qui vont sans cesse en baissant d’un degré. puis peu de temps en coton. On emploie surtout le
CASCABILLE (de l’espagnol cascariila, petite Casimir pour faire des pantalons et des gilets. Les
écorce), écorce d’un petit arbre du genre Croton villes de France où l’on en fabrique le plus sont Ab-
qui croit parUculièrement à Eleuthère, l’une des îles beville, Amiens, Elbeuf, Louviers, Reims, Sedan.
Bahama, d’où le nom de cortex eteutheranus donné CASINO, mot italien qui désigne un lieu de réunion
à la cascarille. Cette écorce est en petites plaques et de plaisir. Suivant les nus, ce mot u’estqu’uu dimi-
, ,

CASS 277 — CASS


nutif de casa, maison ; suivant d’autres, il vient du de galette qui forme la principale nourriture des
monte Casino, dans la terre de Labour, où l’on voyait nègres de nos colonies. Elle nous vient en Europe sous
jadis un couvent de Bénédictins, célèbre par sa si- le nom de tipioka ou sagou blanc. Voy. manioc.
tuation délicieuse et par les plaisirs qu’y trouvaient CASSE (du grec cassia), fruit du Cassier ou Ca-
les voyageurs et les pèlerins. néficier [Cassia fistula),esl employé en médecine à
CASOAR (de Cassuwaris, non» malais de l’espèce cause de ses, propriétés laxatives. C’est surtout dans
type), Casuarius, genre d’oiseaux de l’ordre des la pulpe qui remplit les loges du fruit que réside
Echassiers , famille des Brévipennes , a une grande cette vertu. Ce fruit est en gousses longues, dures et
ressemblance avec l’Autruche. Le Casoar est glouton cylindriques ; la pulpe, appelée Cancfice, est noire,
et stupide ; sa taille est très-haute ; son corps massif de saveur douceâtre ; on la nomme casse-mondêe
est couvert de plumes lâches, noirâtres, semblables à quand on l’a passée avec soin au tamis de crin. Le
des poils ; la tête est surmontée d’une sorte de casque Cassier est un genre important de la famille des Papi-
osseux d’environ Scentim, de haut, brun par devant et lionacées, tribu des Césalpiniées : c’est un arbre qui
jaune dans tout le reste; ledevantdu cou offre de cha- s’élève à 12 ou 15 m.,et qui croit en Ethiopie, d’où il
que côté une caroncule mince, de couleur rouge. Au a été répandu en Egypte, dans l’Inde et à la Chine.
croupion, les plumes sont tombantes, et remplacent Une espèce particulière, la Casse lancéolée, donne le
la queue. Les ailes sont extrêmement courtes. Le bec, séné, qui se fabrique avec ses feuilles desséchées. On
les pieds et les ongles sont de couleur noire. Le genre cultive avec succès le Cassier en Italie.
Casoar ne renferme qu’une seule espèce, le C. Émeu On nomme vulgairement Casse le Chêne rouvre,
ou C. à Casque (Casuarius Emeu), de l’Océanie. C. aromatique et C. giroflée la Cannelle.
CASQUE (du bas latin cassicum, dérivé de cassis, En Typographie, on appelle casse (de casa, mai-
casque). L’usage du casque, comme armure de tête, son, case) une table coupée horizontalement en deux
remonte aux temps les plus reculés on le trouve: compartiments appelés casseaux. Le plus haut se
indiqué dans la Bible, décrit dans Homère et les nomme haut de casse et l’autre bas de casse. Cha-
poèmes de l’Orient, représenté sur les bas-reliefs de cun est divisé en compartiments nommés enssetins.
Memphis et de Ninive. Les casques des Assyriens Le haut de casse en a 98, et le bas de casse 54. Dans
et des Persans rappelaient la forme de la tiare; ceux les premiers, on met les grandes majuscules, les pe-
des Grecs et des Romains , bien connus de tous, ne tites majuscules, les lettres accentuées, les lettres
diffèrent guère entre eux que par l’absence de jugu- liées (se, œ), parenthèses, les paragraphes, etc.
les
laires chez les premiers. Ce fut au moyen âge que Dans les seconds, on met les lettres minuscules, les
le casque fut surtout employé ; toutefois le C. à vi- chiffres, les signes de ponctuation, les blancs, etc.
sière ne date que du xiv« siècle. Au temps des Croi- CASSE-LUNETTES. Voy. bleuet et euphraise.
sades on donnait le nom de heaume au casque des CASSE-NOIX, Nucifraga, oiseau de la fimille des
chevaliers ; sous Henri 11 11 avait pris celui d’armet : Conirostres, sous-genre de Passereaux, voisin des
on appelait salades certains casques légers et ornés Corbeaux bec en cône long et effilé à la pointe, à
:

d'incrustations et de ciselures. Dans l’infanterie, le bords tranchants, garni de plumes à sa base; man-
casque était plus léger et moins compliqué ; il por- dibule supérieure plus longue que l’autre ; narines
tait divers noms
,
suivant sa forme on l’appelait
: rondes. Le Casse-noix commun (N. caryocat actes) est
morion, bacinet ou cabasset, bourguignote, chapel, d’un gris fuligineux; le bec et les pieds de couleur li-
pot de fer ou pot en tête etc. Depuis le xvii* siè- vide, lès ailes et laquelle blanches. 11 se nourrit d’insec-
cle l’usage du casque a été beaucoup plus restreint tes, de fruits, de noyaux, surtout de noisettes. 11 a sous
en France; aujourd'hui, il est presque uniquement lalangue une poche où il met des provisionsen réserve.
réservé à la grosse cavalerie (cuirassiers et carabi- CASSE-PIERRE, nom vulgaire de plusieurs plan-
niers), ainsi qu’aux dragons et aux gardes munici- tes qui croissent sur les pierres, telles que le Saxi-
paux à cheval. Le corps des pompiers est le seul corps frage la Pariétaire ,ye Bacille. Voy. ces mots.
d’infanterie française qui le porte encore. En Alle- CASSE-TÊTE, arme des sauvages de l’Amérique
magne , presque toute l’infanterie porte le casque. et de rOcéanie : c’est une massue faite d’un bois
En Botanique, on donne le nom de Casque : à la très-dur ou de pierre. — Sorte de jeu composé de
lèvre supérieure des corolles bilabiées, lorsqu’elle petits morceaux de bois ou de métal polygones, avec
est voûtée et concave , comme dans la sauge , l’aco- lesquels on forme difl'érentes figures très-compli-
nit, etc. ; à l’éperon des fleurs quand il affecte la quées. —
C’est aussi le nom de plusieurs autres jeux
forme d’un casque; à la division supérieure et re- dont les combinaisons sont très-multipliées.
dressée du périgone des Orchidées. CASSETIN , terme de Typographie. Voy. casse.
En Ornithologie, on appelle ainsi un tubercule cal- CASSICAN { ainsi nommé à cause de sa ressem-
leux recouvert d’une substance cornée qui occupe le blance avec les Cassiques), Barita, genre de Pas-
sommet de la tête de certains oiseaux. Voy. casoah. sereaux, de la famille des Conirostres, voisin des
Quelques Entomologistes donnent \enomdecasque Corbeaux , dont ils ont le port, la taille et la cou-
à une partie de la bouche des Orthoptères. leur. Ils ont la voix criarde, les habitudes bruyantes,
C’est enfin le nom d’un genre de Coquilles unival- et sont omnivores. Certaines espèces ont le brillant
ves marines, détaché des Buccins, dont elles diffèrent plumage des oiseaux de paradis. L’espèce la plus re-
par la forme longitudinale de leur bouche , qui est marquable est le C. réveilleur (B. strepera), qui,
toujours étroite et dentée sur le bord gauche. Les Cas- toute la nuit, fait retentir l’air de ses cris. Il est
ques habitent les hautes mers et se cachent dans les commun dans l’ile de Norfolk (Océanie).
fonds sablonneux;la plupart fournissent de lapourpre. CASSIDAIRES (du latin cassis, casque), tribu
CAS()UET, coiffure fabriquée à Tunis. V. gasqoet. d’insectes Coléoptères tétramères, de la famille des
CASSANDRE , personnage comique emprunté à Cycliques. Les Cassidaires ont les antennes droites,
la comédie italienne, et dont le rôle était celui d’un insérées à la partie supérieure de la tète et très-
vieillard ridicule et toujours dupé. On le meten scène rapprochées; les yeux entiers; les pattes courtes,
avec Arlequin, qui lui joue toutes sortes de tours. contractiles , avec des tarses déprimés. Cette tribu a
CASSATION, annulation prononcée par l’autorité pour type le genre Casside, vulgairement nommé
supérieure et compétente , d’un arrêt ou d’un juge- Scarabée-Tortue. Ces insectes sont plats en dessous
ment rendu en dernier ressort. Le pouvoir d’annu- et convexes en dessus. L’espèce principale, la C.
lation appartient à un tribunal spécial qui porte le verte, commune aux environs de Paris, vit sur les
nom de Cour de cassation. Voy. codr de cassation. artichauts, auxquels elle cause de grands dommages.
CASSAVE, sorte de fécule qu’on extrait de la ra- CASSIE, nom donné en Provence au Mimosa fume-
cine du manioc , sert à faire une espèce de pain ou siana, qui y est commun. — Voy. casse et cannelle.
, , ,

CAST — 278 — CAST


CASSIER pu CANÉFiciER, arbre exolique. V. cassk. lemuseau très-court , le profil élevé. La C. propre-
CASSIOPÉE, constellation de Phémisphère boréal, ment dite {Crama Raii) est un poisson blanc ar-
Située près du pôle nord, est l’une des 48 ‘'ormées par genté, de 0"*,85 de long, commun sur les côtes de la
Ptolémée; elle renferme 55 étoiles principales. C'est Méditerranée : sa chair est blanche et savoureuse.
dans cette constellation qu’apparut, le 11 novembre CASTANÉES (de castanea, châtaigne), groupe d’A-
1572, la fameuse étoile temporaire qui , après avoir mentacées, plus connu sous le nom de Cupulifères.
brillé quebiue temps du plus vif éclat, disparut tout CASTELA (de Castel, auteur français d’un poëme
à coup en mars 1574. — D’après la Mythologie, Cas- sur les plantes), genre de plantes de la famille des
siopée était une reine d’Éthiopie, mère d’Andro- Rhamnées , originaires de l’Amérique méridionale.
mède, qui attira sur elle la colère de Junon pour On distingue 1» le C. couché, arbrisseau divisé dès la
:

s’être crue plus belle que cette déesse, et qui vit en base en plusieurs rameaux flexibles, longs d’un mè-
punition son royaume ravagé et sa fille exposée à tre, subdivisés en un grand nombre de petites bran-
un monstre marin. Jupiter eut pitié d'elle et la mit ches terminées en pointes épineuses, garnies de feuil-
au nombre des constellations. les oblonges d’un vert luisant, à fleurs purpurines,
CASSIQUE, Cassicus (de cassis, casque, à cause de auxquelles succèdent quatre drupes ovales, de la
la saillie osseuse qui orne le front de cet oiseau) grosseur d’un pois ordinaire et d’un beau rouge;
qu’on écrit quelquefois à tort Cacique, genre de l’or- 2“ le C. droit, qui s’élève à 1“50; son écorce est brune,
dre des Passereaux et de la famille des Conirostres. ses feuilles lancéolées.
Les espèces de ce genre les plus connues sont le C. CASTES. Ce mot, d’origine portugaise, désigne
rouge, le C. yapou et le C. huppé, qui appartiennent certaines catégories formées parmi les individus d’une
toutes trois à PAmérique. Ces oiseaux se nourrissent même nation ; certaines classes de la population ayant
de baieSjde graines et d’insectes; ils suspendent leurs leurs droits, leurs privilèges, leurs usages, qui se trans-
nids à l’extrémité des plus petites branches des arbres mettent de génération en génération. Telles étaient
élevés. Ils se rassemblent en troupes nombreuses; en Egypte les castes des prêtres , des guerriers , des
leur cri est désagréable et peu sonore. Leur chair a artisans et des cultivateurs; telles sont encore chez
une odeur musquée qui lui donne mauvais goût. les Indiens les castes, toutes semblables à celles de
CASSIS ou GROSEILLIER NOIR, espèce de la famille l’Égypte, des brahmes, ou prêtres, dc% chattryas, ou
des Grossulariées, et du genre Grose-illier, renferme guerriers, des w;oi«/(ias, ou agriculteurs, des soudras,
des arbrisseaux communs en France, de 1 à 2 m. ou artisans ; il faut y joindre les parias, qui sont en
de haut, à tiges droites et sans épines, à feuilles dehors de toute caste. Avant 1789,1a séparation com-
vertes, ayant 3 ou 5 divisions, et parsemées de points plète qui existait en France entreia noblesse, la bour-
jaunâtres et résineux; à fleurs oblongues, d’un vert geoisie et les paysans, formait autant de castes, sinon
blanchâtre, portées sur un calice rougeâtre. Les fruits en droit, du moins en fait. La couleur de la peau
sont noir foncé; ils répandent, ainsi que les feuilles, semble avoir aussi établi , surtout dans les colonies,
une forte odeur et ont un goût piquant et poivré entre les différentes races humaines, une sépara-
qui a fait donner au cassis le nom de poivrier. Le tion naturelle par castes.
fruit du cassis a été jadis préconisé contre les maux CASTINE (de l’allemand Aa/Æ stein, pierre cal-
d’estomac; on en fait un excellent ratafia, qui passe caire), nom donné dans les hauts fourneaux au fon-
aussi pour stomachique. Ce ratafia est fait avec les dant calcaire que Ton emploie lorsque le minerai
grains du Cassis écrasés, et mêlés dans de l’eau-de- que Ton traite contient une trop forte proportion
vie avec du sucre, un peu de cannelle et de girofle. d’argile. On lui donne quelquefois le nom d'Erbue.
On met le tout dans un bocal bien bouché, et au CASTOR ou BIÈVRE, Castor, genre de Mammifères
bout de 15 jours on filtre la liqueur. de Tordre des Rongeurs. Les Castors ont environ 1 m.
CASSlïÉIUTE (du grec cassitéros, étain), nom de long sur 0”',30 de haut; leurs formes sont lour-
donné par des minéralogistes kVétainoxgdé. F. étain. des et ramassées; leur pelage, bien fourni, est d’un
CASSOLETTE (du latin capsula, boite), petite roux marron. Ils ont les doigts des pieds de derrière
boîte faite le plus souvent en métal précieux , dans unis par une membrane, et une grande queue ovale,
laquelle on fait brûler ou évaporer des parfums, et aplatie horizontalement et couverte d’écailles. Ils
qui a ordinairement un couvercle percé d'ouvertures habitent toutes les contrées froides et tempérées
par où s’échappe la fumée ou la vapeur. de l’hémisphère septentrional , la Sibérie , l’Europe
En Architecture, on donne ce nom à une espèce jusqu’au Rhône, l’Amérique du Nord, surtout Terre-
de vase isolé, peu élevé, mi-partie composé de mem- Neuve, le Labrador, le Canada, les États-Unis. Le
bres d’architecture et de sculpture, duquel semble C. du Canada [C. fiber) est célèbre par son industrie.
s’exhaler des flammes ou des parfums. L’été , il habite des terriers qu’il creuse sur le bord
CASSONADE, sucre brut et en poudre, qu’on ap- des fleuves, et Thiver, des huttes qu’il se construit
porte en Europe dans des caissons : d’où son nom. sur le bord ou au milieu des eaux. Ces huttes ont deux
On en distingue trois qualités, la C. brune qui est étages, Tun sous Teau, pour ses provisions,Tautre au-
la plus commune, la C. grise ou sucre passé et la dessus, pour son habitation. Dans les eaux courantes,
C. blanche ou sucre terré. Voy. sucre. il place en avant de sa demeure des digues solide-

CASSÜ'VIUM. V. ACAJOU (à pommes) et anacarde. ment construites. Pour cela, il coupe, il ébranche
CASTAGNETTES {decastanea, châtaigne, à cause des arbres, les roule dans le fleuve et les abandonne
de leur forme) , instrument de musique à percussion, au courant jusqu’au lieu qu’il a choisi ; là, des Castors
composé de deux petites pièces de bois concaves, en plongent pour creuser un trou au fond du fleuve ;
forme de coquille, imitant assez exactement les deux d’autres y posent verticalement l’extrémité du pieu,
valves creuses d’une châtaigne. Ces petites pièces qu’ils fixent avec du mortier. Deux rangées de pieux
s’attachent aux doigts au moyen de cordons. Quand étant ainsi formées, ils les entrelacent avec des bran-
on les fr.'jtpe l’une contre l’autre en marquant la ches flexibles, et en comblent l’intervalle avec des
mesure, on fait entendre un bruit parfaitement ca- pierres et de la terre gâchée. Ces digues ont de 3 à
dencé. — Les anciens paraissent avoir connu cet in- 4 m. de base et plus de CO m. de longueur. Les cas-
strument ou quelque cliose d’analogue; il est surtout tors vivent le plus souvent en société les troupes de
;

en vogue en Espairne : c’est au son des castagnettes castors se composent de 2 à 300 individus. Ceux qui
que les Espa gnols dansent le boléro, le fandango, etc. habitent l’Europe ne bâtissent pas, parce qu’ils sont
CASTAGNOLE (nom vulgaire de l’espèce type), souvent dérangés par l’homme. — Le Castor fournit
genre de poissons Acanthoptêrygiens , de la famille au commerce le castoréum { Voy. ci-après), des peaux
des Squamnaipennes. Ces poissons ont les nageoires qui servent de fourrure, et un poil dont on fait un
verticales, avec un petit nombre de rayons épineux. excellent feutre avec lequel on fabrique des chapeaux
, ,

CAST — 279 — CATA


qui prennent eux-mêmes le nom de Castors. Les peaux quis une immense fortune, entre aitres CaffiireUi,
fie castor se distinguent dans le Commerce en C. Farinelli ,
Crescentini.
neuf, C. sec et C. gras. Les premières sont celles des CîâSTRATlON. La castration a pour effet chez
castors qui ont été tués pendant l’iiiver et avant la l’homme, surtout quand elle a eu lieu dans l’enfance,
mue : ce sont les meilleures pour faire des fourrures ; d’arrêter le développement du corps, d’empêcher Tap-
les castors secs sont les peaux provenant de la arition de la barbe, de conserver à la voix un tim-
chasse d’été; enfin, les castors gras sont des peaux re clair et argentin. De tout temps on a pratiqué
que les sauvages ont portées ; ces deux dernières espè- cette cruelle opération en Orient, pour fournir des
ces ne servent guère que pour la fabrication des cha- gardiens aux sérails (Voy. eunuüues); on y a eu re-
peaux ; le poil s’emploie surtout pour les chapeaux cours en Italie dans ces derniers siècles pour obtenir
lins. Depuis l’invention des chapeaux desoie, la con- une espèce particulière de voix (Voy. castrat). —
sommation du poil de castor a considérablement di- Le crime de castration a été prévu par la loi il est
:

minué. On tisse aussi le poil de castor en le mêlant puni des travaux forcés àperpétuité, et même de mort,
à de la laine de Ségovie, et on en fabrique une étoffe si la victime meurt dans les quarante jours (Code

connue sous le nom de castorine. pénal, art. 316).


h'huüo dite de Castor, dont la médecine anglaise On emploie aussi la castration pour dompter des
fait une grande consommation, n’est autre chose que animaux indociles, pour favoriser leur engraissement
l’huile de Ricin. Voy. ce mot. ou le développement des toisons; enfin ,pour limiter
En Astronomie, on nomme Castor et Pollux les à son gré la reproduction de certaines espèces. Les
deux belles étoiles de la constellation des Gémeaux. animaux qu’on soumet à cette opération sont surtout
CASTOR DE MER. Voy. LODTRE. les taureaux, les béliers, les chevaux, les baudets, les
CASTORÉUM (en grec castorion), substance ani- verrats et les coqs. Ces animaux changent alors de nom :
male particulière, jaune, sirupeuse et fétide à l’état le taureau coupé devient bœuf, le bélier, mouton,
frais, qui est sécrétée par des glandes placées sous le verrat, cochon le coq , chapon ; on distingue aussi
la queue du Castor, dans une poche commune aux quelquefois le cheval coupé par le nom d’hongre.
organes de la génération et de la défécation. On es- CASUARINE ou filao , Casuarina , genre de vé-
time surtout celui qui vient de Sibérie. Le castoréum gétaux arborescents, type de la famille des Casuari-
desséché est d’une odeur plus ou moins forte, péné- nées. Ces plantes sont remarquables par leurs tiges
trante, fétide ; il renferme principalement une huile privées de feuilles , à rameaux grêles , verticillés,
àcre et volatile , semblable à la créosote (acide phé- comme dans nos Prêles , dont elles se rapprochent
nique ou hydrate de phényle des chimistes). On encore par leurs fleurs monoïques ou diôiques ; les
emploie le castoréum en médecine comme antispas- fleurs mâles ont une seule étamine et sont en épis,
modique; les anciens médecins en connaissaient déjà les femelles sont disposées en chatons. Les plus belles
l'efficacité pour la guérison des affections nerveuses espèces sont la C. à feuilles de prêle ou Filao de
et autres maladies des femmes, liées surtout au trou- l’Inde, de 10 m. de haut ; la C. tuberculeuse et la C.
ble des fonctions utérines. On l’administre en sus- distyle, que Ton cultive dans les serres. Leur bois est
pension dans un véhicule aqueux ou sous forme de très-dur et très-compacte. Les sauvages l’emploient à
teinture alcoolique. la construction de leurs pirogues et de leurs armes.
CASTORINE , étoffe légère et moelleuse qu’on fa- CASUARINÉES (de Casuarine, genre type ), fa-
brique avec du poil de Castor mêlé de laine. Sedan est mille de plantes diclines, détachée des Conifères

ie centre principal de cette fabrication. On a étendu voisine des Myricées, a pour caractères ceux du genf
le nom de Castorine à des étofl’es de pure laine plus ou unique dont elle est formée. Voy. casuarine.
moins fines, faites à l’imitation de la précédente. CASUEL (du latin casualis, fortuit, éventuel),
CASTRAMÉTATION ( du latin castra camp, et se dit spécialement des rétributions accidentelles ac-
metiri, mesurer) , partie de TArt militaire qui en- cordées aux curés, vicaires ou desservants des parois-
seigne à choisir et à disposer l’emplacement d’un ses pour certaines fonctions de leur ministère, comme
camp. Le premier soin, quand il s’agit de tracer un baptêmes, mariages, sépultures, messes, etc. Le
camp, est d’établir le front de bandicre (Voy. ce casuel a son origine dans les dons volontaires que
mot) ; on dispose ensuite les tentes ou les baraques les fidèles de la primitive Église offraient à leurs prê-
par files perpendiculaires au front de bandière. Les tres, et qui constituaient alors tout leur revenu. Lors-
tentes des officiers sont en arrière de leurs compa- que le clergé devint propriétaire, la piété des fidèles
gnies, celles des chefs de bataillon en arrière du empêcha d’abolir le casuel, et, aujourd’hui que les
centre de leur bataillon, celle du colonel en arrière fonctions ecclésiastiques sont rétribuées par l’Etat, le
du centre de son régiment. Plus loin sont les cui- casuel sert encore à suppléer à l’insuffisance de cer-
sines. Les faisceaux d’armes sont alignés en avant tains traitements : seulement on a exigé que les évê-
du front de bandière ; les drapeaux sont au centre ques ou les fabriques des paroisses fissent un tarif de
des régiments. Le quartier général est en arrière du ce qu’il était permis aux prêtres de recevoir pour
camp, mais aussi rapproché que possible. Les camps l’administration ries sacrements, et que Ee tarif fût
de l’armée française sont remarquables par la pré- soumis à l’autorité civile ou judiciaire. Il serait bien
cision et la régularitéde leur tracé : ils sont gardés à désirer que le casuel pût être remplacé par une
avec une rigoureuse surveillance. Voy. camp. augmentation du traitement fixe.
CASTRAT (du latin castrare), chanteur en voix Dans l’Université, on donne ce nom à laportion du
de contralto ou de soprano , que Ton a mutilé dès traiteuic-nt dos professeurs qui est en dehors du trai-
son enfance afin de lui conserver la voix aiguë et tement fixe et qui est prélevée sur les frais d’étude ;
de prévenir les changements que font subir à la c’est ce qu’on appelle plus ordinairement \’ éventuel.
voix les phénomènes de la puberté. Admis d’abord CASUISTES, théologiens qui, soit dans la con-
dans les chants d’église, les castrats s’introduisirent fession , soit dans leurs écrits s’adonnent spéciale-
,
bientôt au théâtre, où ils excitèrent l’enthousiasme. ment à la décision des cas de conscience (Voy. cc
La vogue des castrats ne paraît dater que du xyi" siè- mot). Leur science a été nommée Casuistique.
cle; ils étaient surtout communs en Italie. La voix CATACAUSTIQUE (dugrec cafa, contre, et caus~
de ces chanteurs a un timbre et un accent beaucoup ticos, qui brûle). Voy. caüstiûüe.
plus pénétrants que celui des femmes. Jusqu’au CATACHRÈSE (du grec catachrèsis, emploi),
pontificat de Clément XIV, on toléra dans les Etats trope ou figure de Rhétorique par laquelle on em-
romains l’opération de la castration; aujourd’hui, ploie un mot à la place du mot propre, ou par la-
les castrats ont presque entièrement disparu. Plu- quelle on étend la signification d'un mot pour ex-
sieurs ont joui d une grande réputation et ont ac- primer une idée qui manque de termes propres.
,
, , , . , , ,

GATA 280 GATA


Telles sont ces expressions ; Un cheval ferré d’ar- traits sont immobiles ; les yeux sont ouverts, fixes et
gent; une feuille de papier; nne plume de fer. La dirigés en avant ou en haut, et donnent aux catalep-
catachrèse est une espèce de métaphore consacrée. tiques une ressemblance frappante avec les figures en
CATACLYSME (du grec cataclysmos, inondation), cire. La catalepsie peut aussi affecter une seule moi-
nom donné à ces grandes révolutions physiques qui tié du corps, quelquefois même un seul des mem-
changent totalement la surface du globe, et qui bres. Ordinairement, le nombre, la durée et la fré-
sont ordinairement accompagnées d’inondations. quence des attaques sont indéterminés; après quelques
C'est aux divers cataclysmes que le globe terrestre a minutes, après plusieurs heures, ou même un certain
éprouvés qu’on attribue la formation des montagnes nombre de jours, l’accès cesse, laissant des douleurs
et des vallées, ainsi que les terrains diluviens et ces de tête, de l’agitation et une fatigue générale. Les
amas de cailloux roulés, ces énormes fragments ar- malades semblent se réveiller, et ne conservent le
rondis qui forment les blocs erratiques. Le déluge plus souvent aucun souvenir de ce qui s’est passé
universel est le dernier cataclysme; c’est le seul dont durant et même avant l’accès. La catalepsie est ra-
les hommes aient conservé le souvenir. rement mortelle par elle-même ; mais cet état peut
CATACOIS. Voy. cacatoès. quelquefois être confondu avec la mort; il paraît que
CATACOMBES excavations souterraines servant
,
des individus atteints de catalepsie très-intense ont
de tombeaux. Voy. Dict. unie. d’Hist. et de Géogr.
le été enterrés vivants. Pour faire cesser une attaque
CAT ACOUSTIQUE (du grec catacouô, entendre), de catalepsie, on emploie les stimulations externes ;

partie de la Physique qui a pour objet les sons ré- on titille les narines avec les barbes d’une plume;
on y présente un flacon d’ammoniaque ; on excite la
CrT\mO^RiQUE,motco peau à l’aide de frictions rudes, et même en fusti-
et de Dfo/;f/’i(7 ue,s’applique à tout ce qui appartient geant les pieds et les mains. La musique, les odeurs
à la fois a ces deux parties de l’Optique, et spéciale- suaves, le magnétisme animal, l’électricité, l’acu-
ment aux instruments qui réunissent les ellèts com- puncture, ont quelquefois été employés avec avan-
binés de la réflexion et de la réfraction. tage. Dans f intervalle des accès, le traitement est
CATADUPE (du grec cala, en bas, et cf«j3è, chute) réglé sur les causes présumées ou connues de la ma-
Voy. CATARACTE. ladie, sur le tempérament, les habitudes, etc. les
:

CATAFALQUE (de l’italien catafalco, échafaud), évacuations sanguines, les lavements purgatifs, les
décoration funèbre élevée dans une église pour pla- applications de glace sur la tête , et les bains frais,
cer le cercueil d’un mort à qui l’on veut rendre de ont été employés avec succès. Pour mieux connaître
grands honneurs funèbres. C’est ordinairement une ce singulier état, on pourra consulter le Traité de
estrade en charpente avec des ornements d’architec- la Catalepsie du docteur Boudin, 1841, et la thèse
ture, de peinture et de sculpture, de riches tapisse- du docteur Favrot De la Catalepsie, de l’Extase
;

ries, des cierges et des feux funéraires. Dans quel- et de l'Hystérie 1844.
ques cas, le corps n’est pas présent ; le catafalque CATALOGUE (du grec catalégein rassembler),
prendalorsle nom de cénotaphe. On cite le catafalque se dit, en général , de toute liste d’objets de même
élevé il Florence pour les obsèques de Michel-Ange. nature enregistrés par ordre , de manière à pouvoir
CATAIRE, c.-à-d. Herbe aux chats. Voy. nepkta. être retrouvés au besoin; il s’applique spécialement
CATALECTES (du grec catalecticos inachevé). aux livres, ainsi qu’aux collections des musées. L'art
Les Grecs nommaient catalectes des recueils de poé- du bibliothécaire consiste surtout à bien classer les
sies légères ou de fragments d’ouvrages inachevés. livres et à les bien cataloguer. On distingue plu-
En Prosodie, on nommait vers catalectiques des sieurs espèces de catalogues ; le C. local qui indi-
vers qui se terminaient par un pied incomplet : que l’emplacement des livres dans une bibliothèque ;
le C. nominal, qui contient la liste alphabétique des
Uëâ I
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nSr.
ouvrages; et le C. réel, où les ouvrages sont classés
On les appelait ainsi par opposition aux vers acata- dans un ordre systématique. Un grand nombre de
lectiques dont tous les pieds sont complets. systèmes de classification ont été proposés par les
CATALEPSIE (du grec catalepsis surprise, sai- bibliographes ils sont exposés et appréciés dans le
:

sissement), névrose ou atfection cérébrale intermit- Dictionnaire de Biblioloyie de M. Peignot, au mot


tente , le plus souvent sans fièvre , caractérisée par Système bibliographique, et dans le Cours élémen-
la suspension plus ou moins complète de la sensibi- taire de Bibliographie de M. Achard. Le plus or-
lité extérieure et des mouvements volontaires, et sur- dinairement, les matières sont rangées dans l’ordre
tout par une raideur tétanique des muscles qui per- suivant: Théologie, .Turisprudence, Sciences et Arts,
met aux membres et même au tronc de conserver Lettres, Histoire, Géographie, Polygraphie, Collec-
durant tout l’accès la position qu’ils avaient au mo- tions, Bibliographie. —
Il existe, tant en France qu’à
ment de l’invasion ou celle qu’on leur donne ; les mus- l’étranger, beaucoup de catalogues imprimés des bi-
cles respiratoires continuent alors à se mouvoir, mais bliothèques publiques. Les plus remarquables sont
la respiration est fort affaiblie. Comme causes pré- ceux de la Bibliothèque nationale de Paris, des bi-
disposantes, on signale l’existence d’autres maladies bliothèques de Ste-Geneviève, de l’Arsenal et de la
nerveuses, comme l’hystérie, l’épilepsie, la chorée, Cour de cassation, aussi à Paris; celui de la Bibliothè-
l’hypocondrie, etc. ; un caractère mélancolique, ir- que impériale de Vienne, celui de la bibliothèque de
ritable ; les méditations profondes et soutenues ; les Gœttingue, etc. Quant aux catalogues de collections
femmes et tes enfants y sont plus prédisposés que les particulières, les meilleurs sont dus : en France, à
hommes et les vieillards. Les causes déterminantes GabrielMartin,à l’ahbéBoudotjàBarroisetàMM. de
sont toutes les émotions subites, violentes ou péni- Bure, Brunet, Renouard, Quérard.Van Praët et Bar-
bles, la colère, la terreur, la contemplation, l’extase, bier; en Allemagne, à Reiman, Fabricius, Georgi,
avec laquelle la catalepsie paraît quelquefois se con- Heinsius; en Angleterre , à Maittaire, Nicoll etDib-
fondre. Les magnétiseurs assurent pouvoir produire din; en Russie, à de Pougens (Bibl. Boutourline) et
à volonté sur certains sujets la catalepsie totale ou Stroïef (Bibl. Tolstoï), etc. Voy. bibliographie.
partielle. —
L’invasion des accès est ordinairement En Astronomie, on nommeCatalogue d’étoiles w\e
précédée d’embarras de la tète, de douleurs dans les table où sont indiquées les différentes positions des
membres, de palpitations, de bâillements, de sou- étoiles fixes à une époque donnée. Le plus ancien est
pirs, de légères secousses convulsives; mais quelque- celui que Ptolémée nous a conservé dans son Alma-
fois l’accès survient sans prodrome. Le malade est geste, renfermant 1,022 étoiles. Chez les modernes,
pris, ou graduellement, ou tout à coup, d’une roideur les plus célèbres sont : le C. de Flamsteed, publié en
convulsive des muscles, générale ou partielle; les 1725, et connu sous le nom de C. britannique; celui
, ,

GATA — 281 — GATA


de la Caille et celui de Mayer. Parmi les travaux et leur largeur, et qui,brusquement inteijetées dans
les plus récents, il faut citer le C. de Bode, celui de le cours des fleuves , mettent un obstacle invincible
Piazzi, publié à Palerme, et contenant 6,500 étoiles; à leur navigation. On connaît surtout sous ce nom
V Histoire céleste de Lalande, et enfin le grand catalo- les cataractes du Nil, qu’on appelle aussi catadupes.
gue que prépare en ce moment l’Académie de Berlin. celles du Niagara (partie du fleuve St-Laurent), du
Catalogue des Saints, —
des Livres canoniques. Rhin à Laufen, de Staubbach en Suisse. Voy. cascade.
Voy. CANON et canoniüues (livres). CATARACTE , en Médecine. On nomme ainsi une
CATALPA (nom de cet arbre au Japon) , genre de espèce de cécité survenant comme par l’effet d’un
la famille des Bignoniacées, voisin du genre Bignonia, voile qui tomberait sur les yeux. Elle provient de
renferme 5 ou 6 espèces, dont la plus remarquable est l’opacité du cristallin ou de sa membrane , opacité
le C. en arbre, haut de 5 à 10 m. , à feuilles très- qui s’oppose au passaffe des rayons lumineux et em-
grandes, très-légères, d’unbeau vert satiné, et à fleurs pêche la vision. Les causes ordinaires de cette afi'ec-
blanches marquetées de points pourpres et de raies tion sont le grand âge, l’impression prolongée d’une
tracées en jaune dans l'intérieur. Son bois est veiné, vive lumière , l’insolation , l’action fréquente de va-
poreux et brun-clair. Cet arbre, trouvé pour la pre- peurs irritantes , des coups sur le globe de l’œil
mière fois au Japon, et depuis dans l’Amérique du S. enfin une vive impression morale. Elle est quelque-
est acclimaté en Europe depuis le siècle dernier. Il fait fois symptomatique d’une affection scrofuleuse ou
un bel effet dans les grands jardins on admire l’a-
: syphilitique ; souvent aussi elle survient sans cause
venue de catalpas du Jardin des plantes de Paris. appréciable. Cette maladie attaque également les
CATALYSE (du grec catalysis, dissolution), nom hommes et les femmes, rarement les adultes, plus
que Berzélius a donné au phénomène qui a lieu rarement encore les enfants; cependant ceux-ci l’ap-
quand un corps met en jeu, par sa seule présence et portent quelquefois en naissant il
;
parait même
sans y participer chimiquement, certaines affinités qu’elle peut être héréditaire. D’ordinaire , la cata-
qui, sans lui, resteraient inactives. Ainsi, certains racte a une marche lente et progressive. Elle se borne
oxydes chassent l’oxygène de Teau oxygénée sans souvent à un œil; d’autres fois elle passe de l’un à
rien perdre ni acquérir de ce principe; ainsi, le pla- l’autre, ou b’en elle attaque les deux yeux à la fois.
tine très-divisé transforme l’alcooi en acide acétique, Son début est quelquefois précédé ou accompacné
par absorption de l’oxygène atmosphérique, sans su- de maux de tète le malade éprouvé d’abord de la fai-
:

bir lui-même aucun changement. D’autres chimistes blesse dans la vue; il se plaint de voir des brouil-
donnent à ce nbènomène le nom A’effet de contact. lards, des mouches voltigeantes, des points noirs, des
CATANANCHE, nom scieutifi(;ue ae la Cupidone. toiles d'araignée, etc. Ces phénomènes augmentent
CATAPELTE [A\i^ec.caiapeltès, catapul le), in- progressivement et produisent une cécité partielle
strument de supplice dont les païens se servaient qui souvent reste stationnaire, mais qui, dans d’au-
pour martyriser les chrétiens : il consistait en une tres cas, finit par devenir complète.
espèce de pressoir ou de presse composée de planches Tant que l’on ignora la nature et îe véritable siège
entre lesquelles on comprimait le patient. du mal, on employa contre la cataracte nne foule de
CATAPHRACTE (du grec cafap/iractos, cuirassé). remèdes plus ou moins insignifiants, tels que la bel-
Ce mot désignait chez les anciens : 1“ une armure ladone, Topium, la ciguë, les antiphlogistiques, le
de fer à l’usage des Grecs et des Asiatiques, qui cou- séton, le moxa,la pommade ammoniacale, les purga-
vrait le corps du soldat tout entier; 2° le soldat qui tifs, etc. On a reconnu depuis que, quand la cata-
portait cette armure (on disait aussi cataphractaire); racte est complète, il n’y a d’autre remède que l’opé-
3® un vaisseau de guerre long et ponté, à la diffé- ration. Celle-ci se pratique de trois manières : par
,
rence de ceux qu’on nommait aphractes, qui n’a- \’abaisseme7ït, par \l extraction, ou par le b^'oiement.
vaient pas de pont. — Aujourd'hui, c’est le nom d’un abaissement eo’ùV'.sXe à déplacer simplement le cris-
genre de poissons de la famille des Siluroïdes, qu’on tallin ; à cet effet on introduit une aiguille à tra-
trouve dans les rivières de TInde et d’Amérique ; son vers la sclérotique, au côté externe, derrière la pupille,
corps est ouvert de lames larges et dures , qui for- et on enfonce le cristallin dans la partie inférieure
ment une sorte de cuirasse sa chair est estimée.
;
du corps vitré, où il ne peut plus gêner la vision. Ce
CATAPLASME (du gr.cafap/avma,enduit),médi- procédé s’emploie de préférence chez les individus
cament extérieur, qui s’applique sous la forme d’une faibles et nerveux. —V extraction a pour objet d’en-
bouillie épaisse. On compose les cataplasmes dans lever de prime abord le cristallin, à l’aide d’une in-
des buts très-ditférents et avec un grand nombre de cision à la cornée transparente. On la pratique avec
substances de qualités souvent opposées. Ainsi on dis- fruit chez les hommes forts, vigoureux, lorsque Ton
tin^e les C. émollients, faits avec les farines de
: soupçonne la présence d’un cristallin noir, pier-
graine de lin, de seigle, d’orge, la mie de pain, la fé- reux, ou contenant une parcelle métallique. —Le
cule, etc.; les C. maturatifs, préparés avec des farines broiement consiste à diviser en tous sens la partie
résolutives (fenugrec, fève, orobe, lupin, etc.) ; les C. antérieure de la capsule du cristallin et le cristallin
actifs, de graine de moutarde [Voy. sinapisme), etc. lui-même, soit en parvenant jusqu’à lui à travers la
On a récemment donné le nom de Cataplasme sclérotique , comme pour l’abaissement, soit en tra-
galvanique à un appareil portatif imaginé en 1850 versant la cornée transparente et plongeant l’instru-
par le docteur Récamier il se compose de deux ou
: ment à travers la pupille. Dans le premier cas, c’est
quatre disques contenant chacun une petite pile de la méthode de broiement proprement dit, qui ne
16 éléments et enveloppés de plastrons en soie; il peut diffère de l’abaissement qu’en ce que l’aiguille, par-
s’appliquer facilement sur toutes les parties du corps; venue au cristallin, le divise en place, par des mou-
on J’emploie contre les gastralgies, les névralgies, etc. vements alternatifs en haut, en bas, en avant, en
CATAPPA (terminalia). Voy. badamier. arrière, et en dissémine les parties dans le corps
CATAPULTE (en grec catapeltès, de cata, contre, vitré et dans la chambre antérieure ; ainsi trituré,.
et pallô, lancer), machine de guerre en usage chez l’absorption en a lieu plus facilement, et le malade
les anciens , servait à lancer des pierres d’une gros- recouvre la vue plus promptement. Dans le second
seur considérable, et qui pesaient quelquefois jusqu’à cas, c’est la kératomjxis (de kéras, keVatos, cernée,
500 kilogr. ; on l’employait toujours pour assiéger et mjsséin, percer), qui diffère du mode opératoire
une ville. On attribue aux Syriens l’invention de la précédent en ce que l’instrument est introduit à tra-
catapulte. Voy. baliste. vers la cornée. Ce procédé est préférable chez les en-
CATARACTE (du grec catarassô, se précipiter, fants et dans tous les cas de cataracte molle. Quelle
tomber), nom donné, en Géographie, à de grandes que soit la méthode employée, l’opération doit être
chutes d’eau, remarquables à la fois par leur hauteur préparée par un traitement convenable et suivie de
, , , ,, , , ,

GATA — 282 — GATE


soins assidus on place l’opéré sur un lit à tête un
:
ment), se dit, en Liltérature,du changement ou delà
peu élevée, dans une chambre obscure, et on le sou- révolution qui arrive à la fin de l’action d’un poëme
met au régime le plus sévére. dramatique, et qui le termine. La catastrophe est
La méthode d’opérer par déplacement abaisse- ,
simple ou compliquée ; simple, quand elle n’amène
ment ou dépressioji, est la plus ancienne Celse, au : aucun changement dans Tétat des personnages, ni
!'='
siècle de notre ère, la connaissait et la pratiquait; reconnaissance, ni dénoûment proprement dit; cow-
Alhiiius prétend qu’elle nous vient d’Égypte, où la pliquée, quand le principal personnage éprouve un
cataracte est fort commune. Le broiement est aussi changement de fortune la catastrophe prend alors
:

exposé dans un passage de Celse ; Pott, longtemps le nom de péripétie. Le mot catastrophe implique
avant Scarpa, en a parlé dans ses œuvres cliirurgi- presque toujours l’idée d’un événement funeste ce- :

cales, et l’a pratiqué avec succès. Daviel, en 1737, pendant , dans les comédies , la catastrophe est gé-
proposa le premier et exécuta avec succès l’ea;/?'ac- néralement heureuse. Voy. PÉRIPÉTIE et DÉNOÛMENT.
tion du cristallin. —Les auteurs principaux qui ont CATÉCHÈSE (du grec catéchésis instruction),
écrit sur la cataracte sont ; Richter, Daviel, lleister, nom donné , dans les premiers temps de l’Église
J.-L. Petit, Lafaye, Scarpa, Wenzel, Dupuytren, aux e.xplications courtes et méthodiques de la doc-
Roux, Sanson,Carron Duvillards, etc. trine chrétienne et des mystères de la foi pour ceux
CATARRHE (en grec catarrhoos, de cata, en bas, et qui voulaient se faire chrétiens. Les catéchèses ne
rhéô, couler, iiarce ()u’on regardait le catarrhe comme se faisaient point dans l’église, mais dans le baptis-
un flux d’humours descendant de la tête), inflamma- tère ou ailleurs. Au m® siècle, les catéchètes for-
tion aiguë ou chronique des membranes muqueu- maient un 5® ordre mineur dans certaines églises.
ses , avec augmentation de la sécrétion habituelle CATÉCHISME (du grec catéchésis instruction),
de ces membranes, et, par extension, toute inflam- désigne à la fois les instructions que Ton donne aux
mation du sj'stème muqueux avec ou sans accrois- enfants sur les vérités et les devoirs de la religion,
sement de sécrétion. On distingue les C. pulmo- et le livre qui contient ces instructions. On nomme
naire, intestinal, vésical, guttural, nasal, etc., catéchiste celui qui enseigne le catéchisme. Cette
inflammations qui ont reçu aujourd’hui des dénomi- charge a été longtemps une des plus honorables de
nations formées du nom particulier de la membrane l’Eglise. Les conciles recommandent aux curés de
afl'ectée, auquel on ajoute la désinence ite [bron- faire, tous les dimanches, des catéchismes dans leurs
chite, entérite, aystite, laryngite, etc.). V. ces mots. paroisses. D’excellents ouvrages ont paru sur la
Les vieillards, les enfants, les femmes, et en gé- meilleure manière d’enseigner la religion , notam-
néral les sujets doués d’une constitution lymphati- ment le Bon Catéchiste de Mgr de la Palme, évêque
que , sont spécialement prédisposés aux affections d’Aoste. — Quant aux livres appelés Catéchismes
catarrhales. Ces maladies sévissent surtout lors des ils varient pour chaque diocèse, et ont pour type

brusques alternatives de froid et de chaud, pendant celui du concile de Trente : les plus célèbres sont le
les temps froids et humides, chez les individus sou- C'.rfes yèvuifes, publiéenl564par le P. Pierre Cani-
mis à des causes débilitantes, telles qu’une habita- sius, ei le C. de Meaux, rédigé par Bossuet (1687). —
tion malsaine, la mauvaise nourriture, etc. ; enfin, Chez les Protestants, ch.aque secte a son catéchisme.
on les voit souvent régner épidémiquement. Le dé- Celui des Luthériens est connu sous le nom de C.
but de ces affections est marqué seulement par du d’Heidelberg ; celui des Églises sociniennes polo-
malaise, de l’anxiété, etc. ; puis surviennent l’enchi- naises porte le nom de C. de Racovie.
frènement et l’altération de l’odorat, si le catarrhe CATÉCHUMÈNE (du grec catéchouménos instruit
afi'ecte les fosses nasales ; ou bien l’altération du timbre de vive voix), nom que portaient, dans les premiers
de la voix, s’il a lieu dans les organes vocaux. Si c’est siècles de l'Église, les Juifs ou les Gentils convertis
dans les voies digestives, on observe le manque d’ap- que Ton instruisait pour recevoir le baptême. Les
pétit, l’enduit limoneux de la langue, la pâleur et le catéchumènes se divisaient en trois classes : les écou-
gonflement des gencives, etc., selon Torgane affecté. tants, qui ne recevaient d’instruction que sur la foi
Ces maladies sont caractérisées par le peu de dou- et sur les mœurs; les élus, qui étaient préparés pour
leur de Torgane affecté, l'abondance des mucosités' le baptême; et les compétents qui étaient admis à
qu’il sécrète ,
la mollesse et la faiblesse uu pouls le recevoir. La durée du catéchuménat était de deux
qui dans quelques cas peut devenir assez fréquent, ans. Les catéchumènes ne pouvaient entendre la
et accuser une véritable fièvre, dite alors fièvre catar- messe que depuis Tintroit jusqu'à l’offertoire : cette
rhale. Quant au traitement, il est indique par l’état partie de la messe portait le nom de messe des caté-
générai du malade suivant Torgane alfecté, il con-
: chumènes. La distinction des chrétiens en catéchu-
sistera dans les purgatifs , les amers, les toniques, mènes et fidèles s’effaça à mesure que le christia-
les stimulants, les sudorifiques, etc. nisme devint la religion universelle.
Dans le langage vulgaire , le mot catarrhe s’ap- CATEGORÈME (même étymologie que catégorie).
plique plus particulièrement à l'inflammation de la On nommait ainsi dans la philosophie d’Aristote di-
muqueuse des voies aériennes. Voy. bronchite. vers aspects sous lesquels on peut considérer un
On appelle C. suffocant la dyspnée qui survient terme afin de le ranger dans telle ou telle catégo-
quelquefois tout âcoupdansle cours d’un catarrhe pul- rie. On reconnaissait 5 catégorèmes le genre, Ves-
;

monaire, et qui peut entraîner rapidement la mort. pèce, la différence, \c propre et Y accident. Les Sco-
CATAHRHININS (du grec cata, en bas, et rhin, lastiques leur donnaient le nom latin de prédicables.
narine, parce que ces animaux ont les narines ou- CATÉGORIE (du grec catégoréô accuser, attri-
vertes par le bas, en dessous du nez), nom donné ]>ar buer). Les philosophes ont donné le nom de caté-
M. Is. Geoffroy St-Hilaire au premier groupe de la gories à certaines classifications abstraites dans les-
famille des Singes, renfermant ceux qui appartien- quelles ils ont distribué tous les êtres, toutes les
nent a l’ancien continent : Orangs , Chimpanzés , idées, d’après leur nature. Chaque école avait sa
Gibbons et Semnopithèques. Ils ont pour caractères : classification, qui dépendait de son système général.
cinq dents molaires de cbaque côté et à chaque mâ- Les Pythagoriciens admettaient 10 catégories : 1, le
choire; toujours des callosités, et souvent des aba- fini et Yinfini; 2, le pair et Yimpair; 3, Yunité et la
joues; les uns sont dépourvus de queues; les au- pluralité-, 4, le droit et le gauche; 5, le mâle et la
tres ont une queue plus ou moins longue. femelle; 6, le repos et le mouvement; 7, le droit et
•CATARTISME (du grec catartizéin réparer), le courbe; 8, la lumière et les ténèbres; 9, le bieii
nom qüe les médecins donnaient autrefois à la ré- et le mal ; 10, le carré et les figures à côtés inégaux.
duction d’un os luxé ; ce mot n’est plus usité. Aristote en admettait également 10 , mais elles dif-
CATASTROPHE (du grec catastrophé, renverse- fèrent complètement des précédentes; ce sont : 1, la
,, , ^ , , , ,

CATH — 283 CATH


substance; 2, quantité; 3. la relation;^, la qua-
\a. sente l’antique presbytère {Voy. ce mot). —
Presque
lité; 5, l’action; 6, la, passion; 7,1e lieu; 8, le temps; toutes les cathédrales du moyen âge sont construites
9, la situation; 10, la manière d’être. Ces 10 ca- en style gothique , ce qui les distingue des basili-
tégories jouent le plus grand rôle dans la philosophie ques {Voy. ce mot), qui sont pour la plupart d’ori-
d’Ai'istote ; ellessontàlafois pour lui des divisions lo- gine romaine ou construites en style roman. En
gique» et des divisions métaphysiques ; il en a traité France , les plus belles cathédrales gothiques sont
dans lel'rlivre de l’Organon intitulé Des Catégories, celles de Paris (terminée en 1259), de Reims (1242),
et il y a coiisacréplusieurs livres de sa Métaphysique. de Rouen (1128), de Chartres ( 1145), d’Amiens
Pour fixer dans la mémoire ces catégories , les Sco- 1280), d’Orléans (1287), de Strasbourg (1315).
lastiques avaient composé les deux vers suivants, armi les cathédrales riches en vitraux, on cite sur-
dont chaque mot offre l'exemple de l’une d’elles : tout celles de Bourges etd’Auch. La Belgique, l’An-
1 9 9 6 < gleterre et l’Allemagne sont les contrées de l’Europe
Arbor très serros ardore réfrigérât ustos» où l’on trouve encore de belles cathédrales gothi-
7 8 9 10
ques. La Renaissance produisit le temple le plus
Raris cras stabo sed Vanicatas ero.
grandiose et le plus magnifique du monde chrétien,
,

On retrouve dans les antiques systèmes de la phi- Saint-Pierre de Rome, qui a servi de type à l’église
losophie indienne des catégories dont plusieurs sont de Saint-Paul à Londres, à celle des Invalides et au
identiques à celles d’Aristote. —
Dans le système de Panthéon à Paris, etc. On peut consulter sur ce sujet
Kant, les catégories sont les lois nécessaires de l’en- les ouvrages suivants Engravings of ancient cathe-
:

tendement, les formes sous lesquelles doivent se pro- drals, etc., in France, Holland, etc., Coney, Lon-
duire toutes les idées qui entrent dans nos juge- dres, 1829-31, in-fol. ; Chiese principali in Europa,
ments. Ces catégories se rangent sous quatre cliefs Milan, 1824, in-fol. ; Histoire pittoresque des cathé-
comprenant chacun trois modes : quantité, unité, drales, églises, basiliques, temples, etc., par une
pluralité, universalité ; üvslitè, réalité, négation, Société a archéologues Paris, 1851.
limitation; relation, substance et accident, cau- CATHÉRÉTIQUES (
du grec cathairô purifier,
salité et dépendo.nce, communauté ; modalité, os- détruire), nom donné en Médecine aux caustiques
sibilité et impossibilité , existence et néant, néces- ou escarotiques faibles, ou employés en petite quan-
sité et contingence. Cette liste renferme, selon Kant, tité, de manière que leur effet se borne à produire
tous les concepts purs ou à priori au moyen des- une vive irritation ou la formation d’une escarre
quels nous pouvons penser les objets ; elle épuise , très-superficielle. Le nitrate d’argent ou pierre in-
selon lui, tout le domaine de l’entendement. Les ca- fernale est le cathérétique le plus actif. On emploie
tégories de Kant n'en ont pas moins subi après lui de extérieurement les cathérétiques pour détruire les
graves modifications; elles sont incontestablement végétations charnues qui s’élèvent à la surface des
susceptibles de simplification. plaies et des ulcères, ou les excroissances qui naissent
CATEL ou CATEUX , vieux mot usité dans l’ancien parfois sur les membranes muqueuses.
Droit français pour désigner une chose qui tient le CATHÈTE (du grec cathètos perpendiculaire),
milieu entre les immeubles et les meubles , et qui, nom donné en Géométrie à une droite tombant per-
étant de sa nature immeuble, est néanmoins réputée, pendiculairement sur une autre. Les cathètes d’un
meuble et se partage de même. On distingue les C. triangle rectangle sont les deux côtés qui compren-
verts, tels que les grains, les foins pendants par ra- —
nent l’angle droit. En Optique, on nomme C. d’i?.-
cines, etc; et les C. secs, tels que bâtiments, les
les cidence la ligne droite menée d’un point éclairé et
moulins, les granges, les étables, les navires, etc. rayonnant perpendiculairement au plan du miroir
— On appelait jadis Droit de meilleur catel le droit réfléchissant; C. de réflexion, la perpendiculaire
qu’avaient plusieurs seigneurs des Pays-Bas de pren- menée de l’œil ou d’un point quelconque d’un rayon
dre , après le décès de leurs hoirs ou vassaux , le réfléchi sur le plan de réflexion.
meilleur meuble qui se trouvait en la succession. CATHÉTER (mot grec qui signifie sonde, et qui dé-
CATHARES (du gretca</i«roj, pur), nom général rive lui-même ae cathiénai, introduire), nom donné
donné à tous les hérétiques qui affectaient une plus d’abord à toutes les sondes ou algalies, est aujour-
grande pureté que les autres chrétiens. Tels étaient d’hui spécialement réservé à une sonde métallique
les Monta nistes, les Manichéens, les Vaudois, et, dans courbe, cannelée sur sa convexité, qu’on introduit
les temps modernes, les Puritains. par l’urètre dans la vessie pour l’explorer avant d’y
CATHARTE (du grec cathartès, qui purifie, à pratiquer une opération quelconque. Fo?/. l’art, suiv.
cause des services que rendent ces oiseaux en man- CA'THÉTERISME, opération qui consiste h faire
geant les débrisputréfiés), genre d’oiseaux formé par pénétrer un cathéter dans un des conduits naturels,
Illiger pour toutes les espèces de Vautours du nou- mais surtout dansla vessie, soit pour explorer cet or-
veau monde qui ont la tête nue, ainsi que le haut gane et y reconnaître la présence de calculs ou de
du cou , le bec grêle, allongé, droit jusqu'au milieu tumeurs, soit pour en évacuer l’urine retenue par
et convexe en dessus, les narines longitudinales, une cause quelconque, soit, dansla lithotomie, pour
les ongles courts et obtus. L’espèce la plus connue servir de conducteur à des instruments tranchants.
est l’Urubu. Vou. ce nom. Cette opération se fait avec des sondes métalliques,des
CATHARTIQUES (du grec catharsis, purgation), sondes de gomme élastique, des bougies de cire, etc.
nom qu’on donne tantôt aux purgatifs en général, Ces sondes sont tantôt droites, tantôt courbes (cel-
tantôt à ceux des purgatifs qui agissent plus vive- les-ci sont spécialement appelées cathéters ; de là )

ment que les laxatifs et les minoratifs, mais moins deux espècesde cathétérisme, lcrectiligne et ieewr-
fortement que les drastiques, ün appelle sel ca- viligne. Cette opération demande une main exercée
thartique amer le sulfate de magnésie; poudre ca- et prudente. Lorsque le diamètre de l’urètre est con-
thartique. un mélange de poudre de jalap, de scam- sidérablement diminué par un rétrécissement, on ne
monée d’Âlep et de tartrate acidulé de potasse. peut pénétrer qu’aveedes bougies extrêmement fines;
CATHEDRALE (du grec cathédra chaise , siège), quelquefois même le passage est impossible ; si la ré-
nom donné à l’église principale d’un diocèse , â celle tention d’urine est complète, il devient alors néces-
où Tévêqae a son siège. Cette dénomination, qui saire de pratiquer le caLliéierisme forcé, qu'ou exé-
n’est en usage que dans l’église latine , ne re- cute ordinairement avec une sonde conique en argent.
monte pas au delà du x® siècle ; auparavant on se CATHETOMETRE. Voy. verticalité.
servait du mot église principale ou simplenient CATHOLICON ou catholicom [àngTcccatholicos,
église. Les églises cathédrales jouissent en cette qua- universel), nom donné jadisparlesPharmaciensàune
lité de diverses prérogatives , et leur chapitre repré- sorte d’électuaire destiné àpurger toutes les humeurs:
I
, , , , , , , ,

CATO - 284 - CAUD


la rhubarbeet le séné en formaient la base. Par — phosphorescence , l’électricité , etc. Si la direction
allusion, onnomma Catholicon d’Espagne une sa- de la lumière réfléchie est déterminée avec une pré-
tire ingénieuse contre la Ligua et contre Philippe II, cision géométrique, iln’en est pas demême de son in-
roi d'Espagne, qui, sous prétexte de sauver la France, tensité; àcetégard, on saitseulement; que la quanti té
ne roulait que s’emparer de la couronne. Elle forme de lumière régulièrement réfléchie va croissant avec
la Ife partie de la Satire Ménippée. l’angle d’incidence, sans toutefois être nulle quand
CATHOLIQUE (c.-à-d. en grec universel), nom cet angle est nul ; qu’elle dépend du milieu dans
sous lequel on désigne les fidèles, dans l’Eglise latine. lequel la lumière se meut et de la surface sur laquelle
Voy. ÉGLISE LATINE au DM. univ. d’Hist. et de Géogr. elle tombe , et qu’elle est très-différente pour des
Roi catholique titre que prend le roi d’Espagne. corps de différente nature qui sont placés dans les
LeroiwisigothRécarède est le premier roi d’Espagne mêmes circonstances. Voy. miroir , optique.
qui ait reçu ce surnom. Négligé par ses successeurs, il CATOPTROMANCIE (du grec catoptron, miroir,
fut repris par FerdinandV en 1492 en 1509 le pape
: et mantéia, divination), divination qui se faisait au
Jules II le rendit héréditaire pour les rois d’Espagne. moyen d’un miroir dans lequel on prétendait lire les
Èpitres catholiques. Voy. épitres. événements à venir. On s’en servait , soit pour con-
CaTI , sorte d’apprêt ou de lustre que l’on donne naître et guérir les maladies, comme cela se prati-
aux étoffes de laine, surtout aux draps, pour les ren- quait, au rapport de Pausanias, dans le temple de
dre plus fermes et plus brillantes. On commence par Gérés à Patras;soit pour prévoir les événements poli-
déplisser et étendre les étoffes à l’aide d’un méca- tiques c’est ainsi , au dire de Spartien, que Didius
:

nisme nommé corroi ou étendoir, composé de plu- Julianus connut sa chute prochaine et Tavénement
sieurs rouleaux de bois sur lesquels la pièce s’en- de Septime Sévère. Ce mode est encore employé au-
roule et se déroule ce corroyage se fait à froid ou à
; jourd’hui par des charlatans et des tireuses de cartes.
chaud puis on procède au cafiwaÿe proprement dit.
;
CAUCALIDE (du grec Caucalis, nom d’une plante
11 se donne à la presse en plaçant chaque double du indéterminée), genre de la famille des Ombellifères,
tissu entre des cartons bien lisses; le plus souvent, type de la tribu des Caucalinées, est composé de
pour aider l’action de la presse, on interpose des plantes herbacées, annuelles, à feuilles raultiftdes,
plaques de fonte plus ou moins chauffées entre les et à fleurs blanches. On en cultive plusieurs espèces
plis de l’ctolfe. Après une pression de 24 heures les dans les jardins , principalement la C. à grandes
pièces sont caties. Plus le pressage est fort, plus fleurs [C. grandi floru) qui croit naturellement, en
l’apprêt glacé est beau et durable aussi se sert-on
: Fralice, dans les champs de blé. Ses graines, héris-
pour cet usage de la presse hydraulique, dont l’ac- sées de longues pointes, se mêlent quelquefois au blé
tion est très-puissante. On peut catir les soieries et rendent le pain amer et malsain.
comme les lainages. Voy. décatissage. CAÜGHEMAR (dérivé, selon Ménage, de calca ou
CATIMARON, radeau léger et triangulaire à ses calcalio mala oppression pénible; selon d’autres,
deux extrémités, formé de troncs de cocotiers croisés du vieux mot cauquemare, sorcière), V Asthme noc-
et Ués ensemble. Il sert sui tout à passer les barres et turne de quelques auteurs, sentiment d’un poids in-
à pêcher au large. Les naturels des Grandes Indes, commode sur la région épigastrique, avec impossibi-
surtout à la côte de Coromandel, manœuvrent ces lité de se mouvoir, de parler, de respirer, qui survient
radeaux avec de larges rames appelées pagayes et pendant le sommeil et qui finit par produire le réveil
s’jn servent pour naviguer le long des côtes. en sursaut, après une anxiété extrême. Très-souvent
CATISSAGE. Voy. cati. celui qui éprouve le cauchemar croit voir un fantôme
CATOBLEPAS (du grec catô en bas, et blépô, qui le poursuit ou un précipice qui s’ouvre sous ses pas ;
regarder), sous-genre de Mammifères ruminants, il fait des efforts inutiles pour se soustraire au danger

détaché des Antilopes de Linné, a pour type le Gnou etse réveille toutcouvert de sueur. Le cauchemar est
[Voy. ce mot), et renferme deux ou trois espèces par- ordinairement l’effet d’une digestion difficile, ou d’une
ticulières à l’Afrique méridionale. position pénible du corps; d’autres fois il survient à
CATODONTES (du grec cafd, en bas, et odous la suite d’affections morales tristes, d’une grande
odontos, dent), nom donné par Linné aux Cétacés contention d’esprit, de toute émotion qui a exalté
dont la mâchoire supérieure est garnie de dents qui la sensibilité cérébrale. On attribuait autrefois ce
se cachent dans des cavités correspondantes prati- sentiment de suffocation à des esprits dont on était
quées à la gencive inférieure ; tels sont les Cachalots. obsédé et sur lesquels il a été fait les contes les plus
CATOGAN, sorte de coiffure, d’origine prussienne, ridicules : on appelait incubes les esprits masculins,
adoptée par l’infanterie française au xviii* siècle, et succubes les esprits féminins. Pour prévenir le
consistait en un nœud formé d’une pelote de che- cauchemar, on recommande de ne se mettre au lit
veux roulés et attachés près de la tête. Le catogan que quand la digestion est bien faite; on prescrit un
fut remplacé par la queue en 1792. exercice journalier,un air vif, etc. Si le cauchemar
CATOPTRIQUE (du grec cafopfron, miroir, dérivé est lesymptôme d’une affection de l’estomac, on doit
àecata, contre, et optomai voir), dite quelquefois recourir aux vomitifs, surtout quand il y a embar-
Anacamptique partie de l’Optique qui traite des ras gastrique, s’abstenir d’aliments gras, prendre des
lois relatives à la réflexion de la lumière. Quand des boissons aqueuses. Dans tous les cas, il faut tenir
rayons lumineux tombent sur une surface, une partie la tête et les épaules élevées durant le sommeil.
s’éteint, une partie s’éparpille, une partie est réfléchie CAUDALE (de cauda, queue) , épithète donnée à
régulièrement. L’inclinaison des rayons incidents tout ce qui se rapporte à la queue, et spécialement à
a une influence marquée sur les résultats : il y a la nageoire qui termine la queue de presque tous les
d’autant plus de rayons réfléchis que la lumière tombe poissons; on la trouve verticale chez tous, à l’excep-
sous un angle plus oblique; les rayons qui arrivent tion d’une variété du Cyprin doré de la Chine ; celle
perpendiculairement sur une surface sont réfléchis des cétacés est aussi horizontale. Sa forme est variable.
irrégulièrement et la rendent éblouissante. Toute la CAUDA LUCIDA (c.-à-d. en \a.Wnqueue brillante)
catoptrique se déduit des deux lois suivantes: 1° Le belle étoile de la Ir® ou de la 2® grandeur placée à la
rayon incident et le rayon réfléchi sont toujours queue du Lion , et marquée j3 dans les catalogues.
compris dans lemême^lan: 2“ l’angle de réflexion CAUDATAIRE ou porte queue ,
officier qui porte
est égal à l’angle d incidence. Ces deux lois ne la queue de la robe du pape , d’un cardinal , d’un
souffrent aucune exception elles sont vraies pour
: prélat, ainsi que des rois ou reines, princes ou prin
la lumière naturelle qui nous vientdes astres, comme cesses ,
etc. Voy. queue.
pour la lumière artificielle que nous pouvons pro- CAUDÊ (du latin cauda, queue), nom donné, en
duire par la combustion , les actions chimiques, la termes de Blason, aux étoiles qui ont une queue , et,
, , , , , , ,

CALS 285 CAUS


en Histoire naturelle , aux parties terminées par un séquence : C.effciente, l’agentqui produit; C. ma-
appendice en forme de queue. térielle la matière employée pour produire; C.
CAUDEX (du latin caudex souche, tronc d’ar- formelle, la forme ou les caractères essentiels sous
bre ) , nom donné en Botanique à toute la partie lesquels a éteconçu l’objet produit, l’idée qui a pré-
d’une plante qui n’est point ramifiée. Le C. descen- sidé à la production; C. finale, le but que s’est
dant est le pivot central de la racine ; le C. ascen- proposé l’agent, l’intention qui l’a dirigé. Ainsi,
dant est lati^m ou le tronc du végétal. dans la production d’une statue , le statuaire serait
CAUDIWANES (du latin cauda, queue, et manus, la C. efficiente; le bloc de marbre, la C. maté-
main), nom donné aux animaux dont la queue est rielle; l’idéal conçu à priori par l’artiste , la C.
flexible, musculeuse et prenante, comme les singes. formelle; le motif qui l’a déterminé, la C. finale.
CAULESCENT ou cauufère (du latin caulis, tige), On a aussi admis des C. occasionnelles des C. in-
épithète donnée aux plantes pourvues d’une tige, strumentales, etc. La seule cause véritable est la C.
comme les arbres. Ce mot est l’opposé à’Acaule. efficiente. Parmi les C. efficientes elles-mêmes, on
CAULICOLE (du latin caulis, tige, et colo, ha- distingue encore \a,C. première, qui produit par elle
biter), nom qu’on donne en Botanique aux plantes seule, et les C. secondes, qui ne font que transmettre
phanérogames qui, comme la Cuscute, vivent en une puissance ou une action reçue d’une cause supé-
parasites sur les tiges des autres végétaux. rieure; Dieu seul est vraiment caaje première.
En Architecture on nomme Caulicole ou Tigette, On a beaucoup disputé sur l’origine de l’idée de
la partie du chapiteau corinthien, en forme de tige et cause : les uns, Locke à leur tête, ont prétendu l’expli-
de cornet, d’où naissent les volutes et les hélices. quer par la seule expérience; d’autres l’ont regardée
CADLICULE (du latin cauliculus, petite tige), comme une idée innée, ou comme une forme essen-
se dit , en Botanique , de la partie intermédiaire de tielle de l’entendement (Kant) ; Hume l’a niée, pré-
l’embryon qui a germé , celle qu’ou aperçoit entre tendant que ce que nous prenons pour la cause d’un
les cotylédons et la racine. C’est aussi le nom de fait n’est que ce qui précède constamment ce fait, et
chacune des tiges qui sortent d’une même racine. identifiant ainsi la causalité avec la succession régu-
CAULINAIRE (de caulis, tige) , nom donné en lière. Les métapbysiciens les plus sensés enseignent
Botanique à toutes les parties de la plante qui nais- que nous puisons d’abord l’idée de cause dans le sen-
sent de la tige. On appelle feuilles caulinaires timent de notre propre action, et qu’une fois cette
celles qui sont insérées sur la tige : il ne faut pas idée ainsi formée, nous la transportons hors de nous
les confondre avec les feuilles radicales (\và partent par une induction naturelle.
du collet de la racine; stipules caulinaires celles Causes finales. Quand nous voyons plusieurs par-
qui n’adhèrent avec les feuilles que par un point peu ties concourir à produire constamment et régulière-
sensible, mais qui adhèrent à la tige d'une manière ment un môme résultat, nous jugeons que ces parties
très-apparente; élongation caulinaire celle qui ont été disposées avec intention comme des moyens
résulte du développement en longueur de la racine pour atteindre une certaine fin : c’est cette lin que les
ou de la tige apres leur formation. philosophes appellent Cause /î«a/e. En même temps,
CAUBALE (par contraction de cauda, queue , et nous jugeons que la lin atteinte suppose une puis-
de râle; à cause de sa ressemblance avec cet oiseau), sance intelligente, qui a combiné avec art les moyens
Eurypyga, genre d’oiseaux de l’ordre des Echas- nécessaires. C’est ainsi qu’à la vue d’une montre,
siers , au bec un peu épais, long, droit, dur et renflé nous reconnaissons à la fois la C. finale ou la desti-
à la pointe; aux pieds longs, grêles; aux ailes am- nation de l’instrument, qui est d’indiquer l’heure, et
ples, Ce genre ne renferme qu’une seule espèce, le l’existence d’un horloger qui a dû construire l’in-
Caurale de l’Amérique méridionale, connu dans le strument de manière à lui faire atteindre sa destina-
pays sous le nom de Petit paon des rosese.1 d'Oiseau tion. Appliquée à la nature, cette manière d’argu-
du soleil. Le caurale est de la taille d’une perdrix; menter nous révèle l’art infini qui y règne, et l’exi-
lil a le cou long et mince, la (jueue large et étalée, stence d’une intelligence suprême qui a tout dis-
et les jambes peu élevées. Son plumage est rayé de posé avec prévoyance pour atteindre un but, en un
brun , de fauve , de roux et de noir. mot, d’une providence : c’est là ce qu’on appelle l’ar-
CAURIS, Cyprea moneta espèce de coquillage gurnent des causes finales. Quelques philosophes
blanc du genre Cyprée , qu’on trouve aux îles Mal- Epicure , chez les anciens , d'Holbach et son école ,
dives, et qui est la monnaie la plus commune au chez les modernes , ont voulu contester la valeur de
Bengale, dans la Nigritie centrale et sur le plateau cet argument, attribuant au hasard ou à la nécessité
de la Sénégambie en Afrique. Dans le Bengale, ce que nous prenons pour des marques d’intention
2,400 cauris équivalent à une roupie, environ 3 fr. providentielle mais le plus grand nombre des phi-
;

de France. Dans la Nigritie, il ne faut que 250 cau- losophes, d’accord en cela avec le bon sens du genre
ris pour représenter la même valeur. humain, ont maintenu l’autorité de cet argument,
CAUSALl'rÉ , terme abstrait employé par les Mé- qui est à la fois le plus accessible à tous et le plus
taphysiciens modernes pour exprimer le rapport de propre à faire impression sur l’esprit et sur le cœur;
cause à effet. On entend par principe de causalité il est devenu, sous le titre de Téléologie
(
Traité des
cet axiome, que tout effet suppose une cause, ou fins), une des parties les plus importantes delà
mieux, que tout ce qui commence à exister doit avoir Théologie naturelle. Déjà proclamée dans la Bible
une cause. Les philosophes se sont partagés sur l’ori- (
Cœlienarrant gloriam Dei), cette preuve de l’exi-
gine de ce principe, les uns le regardant comme une stence de Dieu a été philosophiquement développée
notion innée, comme une loi nécessaire de l’esprit par Socrate Dialogue entre Socrate et Aristodème
(

humain; les autres, comme une généralisation de dans les Memorabilia de Xénophon); par Platon
l’expérience. La vérité parait être que, dès que l’ob- (
République et Lois\ par les Stoïciens, par Cicéron
;

servation nous a montré un effet et une cause, nous {De natura Deorum) ; et, dans les temps modernes,
saisissons comme nécessaire le rapport qui les unit, par Fénelon, Leibnitz, Pluche, Ch. Bonnet, Bernardin
et donnons instinctivement à ce rappoitune univer- de Saint-Pierre, Slurm, Cousin Despréaux, W.Paley,
salité qui dépasse toutes les données de l'expérience. et par les nombreuxauteurs des traités inspirés par le
CAUSE, ce qui fait qu’une chose est, ce qui agit comte de Bridgewater (Bell, Chalmers, Buckland) ,etc.
pour produire un fait nouveau: le fait produit prend Causes occasionnelles. Dans l’histoire de la phi-
le nom d’effet. LesMétaphysiciens ont kendu le nom losophie, on désigne sous ce nom un système qui
de cause à tout ce qui contribue d’une manière quel- consiste à expliquer l’action de l'àme sur le corps et
conque à la production de l’effet. Aristote , et d’a- du corps sur l’âme par l'intervention directe et in-
près lui tous les métaphysiciens, distinguent en con- cessante de Dieu , qui , à l’occasion des phénomènes
, , , , , ; ,, , , ,,

CAUT — 286 - CAUT


de l’âme , excite dans le corps les mouvements qui y tains kystes dont on veut obtenir l’oblitération ; le
correspondent, et qui, à l’occasion des mouvements C.cultellaireonen rondache, di t couteau de feu, doai
du corps , fait naître dans l’âme des idées ou des pas- le bord libre est obtus, et qui sert à pratiquer des cau-
sions. En germe dans Descartes, ce système a été térisations linéaires sur les téguments, ou à couper le
développé par Clauberg, Malebranclie, Régis et sur- pédicule de certaines tumeurs ; le C. octogone ou
tout par Geulinx. Ce système est suffisamment réfuté numniulaire qui s’applique à plat sur la peau ; le
par le sentiment que nous avons de l’influence que C.réuiformeouen haricot, donton se sert pour tou-
nous exerçons nous-mêmes sur tous nos mouvements. cher les bords de certaines fistules; le C. conique, etc.
Dans les Obligations, la Cause est ce qui détermine 2°. On appelle vulgairement cautère, cautère fon-
une partie à s’obliger. L’obligation sans cause, ou sur ticulaire, un petit ulcère artificiel qu’on établit,
une fausse cause, ou sur cause illicite , ne peut avoir soit en faisant à la peau une incision de plusieurs mil-
aucun elfet. La cause est illicite quand elle est pro- limètres, soit en détruisant, au moyeu de la. pierre A
hibée par la loi , contraire aux bonnes mœurs ou â cautère (potasse caustique), un point circonscrit de
l’ordre public (Code civil, art. 1030-33). la peau. C'est un puissant révulsif auquel on a re-
Au Palais ,
on appelle Cause toute affaire litigieuse cours dans les phthisies, les catarrhes chroniques,
soumise aux tribunaux ; on distingue en consé- et surtout dans les paralysies, les hémiplégies, les
quence ; C. civile, C. criminelle , C. principale névralgies, etc. On entretient le cautère au moyen
C. incidente, C. d’appel etc., tous mots qui s’ex- d’un pois fait avec de la racine d’iris ou de l’écorce
pliquent d’eux-mémes. 11 a été publié divers recueils de saint-bois ou garou. On se contente quelquefois
de Causes célèbres, dont quelques-uns outpourbutde d’appliquer un Cautère volant : ce qui se fait au
donner un aliment à l’amour du scandale plutôt que de moyen d’une pommade épispastique qui produit une
fournir des modèles a l’avocat : les plus complets sont ; légère suppuration, que l'on peut supprimer promp-
Causes célèbres et arrêts qui les ont décidées, de tement. On place ordinairement les cautères à la ré-
Méjan, 1808-14, 20 vol. in-8; Répertoire des Causes gion supérieure du bras , à la cuisse ou à la jambe.
célèbres de Saint-Edme, 1836-37, 15 vol. in-8. CAUTERISATION, action de cautériser ou de brû-
CAUS'TIQUE (du grec causticos dérivé de caïd, ler. On distingue : la C. objective ou à distance
brûler). En Chimie, on donne ce nom aux alcalis, qui consiste à approcher de la surface de certains
lorsque, dégagés de toute substance étrangère, ils ulcères ou plaies atoniques des fers incandescents,
manifestent pleinement leur action destructive sur qu’on y présente pendant quelques minutes, dans le
les matières organiques. —
En Médecine, on appelle but d'échaulfer, d’irriter, de ranimer la partie ma-
caustique, et quelquefois cautère, toute substance lade, et de Indisposer à une bonne granulation cette:

corrosive qui, mise en contact avec une partie ani- espèce de cautérisation est presque abandonnée au
male ,
la désorganise et la brûle. Les caustiques les jourd’hui; la C. transcurrente plus usitée en mé-
plus actifs produisent des escarres, et sont nommés decine vétérinaire, qui se pratique en promenant ra-
escarotiques ; ceux dont l’action est plus faible ont pidement sur la peau le cautère chauffé à blanc, de
reçu le nom de cathérétiques {Voy. ces mots). Les manière à produire des lignes ou raies de feu, et
caustiques les plus communément employés sont la seulement des escarres superficielles ; on s’en sert
pierre à cautère ou potasse caustique, le beurre notamment contre les tumeurs blanches avant la
d’antimoine ou chlorure d’antimoine, l’ammonia- formation du pus; la C. inhérente, qui s’emploie
que concentrée à l’état liquide ou incorporée dans dans le plus grand nombre de circonstances : elle a
du suif ou du beurre de cacao {^pommade ammo- pour but de désorganiser les tissus par une appli-
niacale de Gondret), les acides minéraux, la pierre cation soutenue du métal sur la partie malade elle
;

infernale ou nitrate d’argent fondu, le sublimé cor- est d’un très-puissant secours contre les morsures
rosif ou deutochlorure de mercure , certaines pré- d'animaux enragés ou venimeux, contre certaines
parations arséuicales (le caustique du Frère Corne), hémorragies provenant de vaisseaux que leur posi-
un mélange de chaux vive et de potasse appelé caus- tion ou leur petitesse ne permettent pas de saisir et
tique de Vienne, l’alun calciné, etc. de surtout contre la carie ; il faut éviter toute-
lier, et
En Optique, la Cawiéi'çMe est une courbe formée par fois do pratiquer soit dans le voisinage des gran-
la
les intersections successives de rayons partant d'un des articulations et des gros troncs vasculaires, sous
[
ointrayonnant, etréfléohisou réfractés paruneautre peine de voir l’inflammation consécutive se propager
courbe. Chaque courbe a ses deux caustiques : l’une à ces parties; soit sur les os du crâne, à cause des
produite par la réflexion, la catacaustique l’autre, méninges et du cerveau. Voy. aussi moxa.
jiroduite par la réfraction, \d.diacaustique. Ces cour- CAUTION (du latin cautio, garantie). En Droit, ce
bes ont été reconnues par Tsebirnbausen en 1682. mot exprime et la personne qui, répondant de l’exé-
CAUSUS (decaiô, brûler) nom donné par lesniéde-
,
cution d’une promesse contractée par une autre
cins,d’aprèsIlippocrate, 'nhifiévrcardente. V. ce mot. s’engage à satisfaire à l’obligation contractée dans
CAUTERE (du grec caio, brûler), mot dont on se j
le cas où celle-ci n’y satisferait pas; et les sommes ou
sert en Médecine pour désigner et la cause et l’effet : valeurs fournies comme garanties dans ce deuxième
:

1». On nomme Cautère tout agent employé pour sens, il est souvent synonyme de cautionnement.
brûler ou désorganiser une portion des tissus organi- — La caution est ou conventionnelle, comme en ma-
ques. On distingue les Cautères potentiels, substan- tière commerciale [Voy. aval, endossement), ou lé-
ces qui désorganisent lentement les tissus en vertu de gale, comme en matière administrative ( Voy. caution-
leurs propriétés chimiques ; le cautère de ce genre nement) ; ou judiciaire : dans ce dernier cas, elle est
le plus usité est la Pierre A cautère ou potasse caus- susceptible de la contrainte par corps. Les règles qui
tique (Voy. caustique); les Cautères actuels, ainsi régissent les cautions en matière civile et commer-
appelés parce qu’ils brûlent immédiatement ce sont : ciale sont Tobjet du titre 14 du livre III duCode civil
ides instruments composés d'une tige métallique et des art. 120, 155, 346 du Code de commerce.
de formes et de dimensions variables , que l’on fait r.kmioK judicatum solvi (c.-â-d. garantie du
rougir au feu , et qu’on appliipie sur la partie ma- payement des frais du jugement). Quand un étran-
lade. Les principaux cautères actuels sont le C. en : ger qui ne possède pas d immeubles en France
roseau ou cyliiidrique analogue au fer à papillotes intente une action civile devant nos tribunaux, il
des coiffeurs, destiné à cautériser certairi trajets fis- est tenu de donner caution pour le payement des
tuleux, profonds, et à appliquer ce qu’on appelle un frais et des dominages-intérèts auxquels le procès
bouton de feu; le C. olivaire terminé par un ren- peut donner lieu (Code civ.,art. 16) : c’est ce qu'on
flement en forme d’olive, employé principalement nomme C. judicatum solvi. Nos traités avec quel-
pour atteindre la cavité de la bouclie , celle de cer- ques puissances étrangères dispensent leurs sujets de
,
. , ,

GAVA — 287 — GAVA


donner cette caution, mais c’est à titre de réciprocité. auxiliaires [alce) , fournis par les peuples alliés. La
CAUTIONNEMENT. On appelle ainsi et l’acte par cavalerie des Grecs et des Romains se divisait en C.
lequel on s’oblige pour un autre, gage que l’on
et le pesante, dont les armes étaient la lance, la pique,
donne comme nantissement d’une promesse ou pour la hache, l’épée, le javelot et la masse d’armes; et
garantie d’une gestion. Tous les comptables, ainsi que C. légère qui se servait , en outre , de l’arc et de
certains ofDciers ministériels (avocats au conseil et à la fronde. La première était couverte de cuirasses
la cour de cassation, avoués, notaires, commissaires- complètes; la seconde n’avait que le casque et la
priseurs, agentsde change, greffiers, huissiers, gardes petite cuirasse de cuir et de métal. Les escadrons se
du commerce), sont tenus de verser un cautionne- formaient tantôt eu carré, tantôt en losange, très-
ment dans les caisses publiques ; l’importance de ce souvent en forme de triangle ou de coin.
cautionnement varie selon la nature des fonctions ; Les Barbares au iv« siècle, et, pendant le moyen
il produit un intérêt de 3 0/0 (loi du 4 août 1844). âge , les Arabes , les Sarrasins , les Maures et les
— Imposée dès les temps plus anciens aux em-
les Tartares, eurent une nombreuse cavalerie; mais ce
ployés des fermes du roi, l’obligation du cautionne- n’étaient, pour l’ordinaire, que des masses confuses,
ment a été appliquée par un arrêt du 17 février combattant sans ordre et sans tactique. Dans les
1799 à toutes les parties des finances; la loi du Etats chrétiens de l’Occident , toute la noblesse com-
28 avril 1816 l’a étendue aux officiers ministériels. battait à cheval. Ou appelait alors lance fournie la
CAUTIONNEMENT DES JOURNAUX. Voy. JOURNAUX. réunion d’un chevalier avec son coutilier ou écuyer,
CAVAGNOLE (de l’italien cavajola, nappe, ser- son page ou varlet et quatre ou cinq hommes d’armes.
viette), jeu de hasard quia été apporté de Gènes en Jusqu’au xiv® siècle, on ne compta guère dans l’ar-
France vers le milieu du xviii' siècle, et qui consiste mée française plus de 15 compagnies de cent lances
en une espèce de loto composé de petits tableaux à chacune. Charles VII créa un corps de 7,000 cavaliers;
cinq cases, contenant des figures et des numéros. Ce et déjà sous François Rf, la gendarmerie française
jeu a beaucoup d’analogie avec le Biribi. V. ce nom. passait pour la meilleure cavalerie de l’Europe elle;

CAVALCADOUR. Ce mot, dérivé de l’espagnol ca- combattait alors sur «U seul rang. Charles-Quintfurma
valyador, désignait d’abord un écuyer qui ensei- sa cavalerie sur huit et meme sur dix rangs; dans la
gnait à monter à cheval. Il fut ensuite donné aux suite, les escadrons furent réduits peu à peu à six, à
écuyers qui avaient la surveillance spéciale des che- cinq, à quatre, et enfin à trois rangs. Us conservèrent
vaux et de tous les équipages de l’écurie dans la cette dernière hauteur jusqu’au règne de Louis XV.
maison du roi et des princes. La charge d’écuyer- Ce fut en 1755 que la cavalerie commença à se former
cavalcadour n’existe plus depuis 1830. sur deux rangs c’est encore l’usage aujourd’hui. Au
:

CAVALERIE, ensemble de tous les corps de trou- moyen âge, les cavaliers étaient armés de pied en
pes à cheval. Dans une campagne, la cavalerie sei t cap, et les chevaux cuirassés ou bardés; les cavaliers
a éclairer la marche et les opérations d’une armée, légers n’avaient qu’une simple cuirasse ou une cotte
à assurer les communications, à escorter les convois ; de mailles. Les armes de main furent : la lance ou la
dans une bataille, elle couvre les flancs de l’armée, pique, l’épée, le poignard, la masse et la hache; les
cherche à déborder les ailes de l’ennemi , ou à en- armes de jet, l’arbalète, et,plus tard, l’arquebuse, l’es-
foncer un point de sa ligne; elle achève la victoire en copette, le mousqueton et le pistolet. Sous Louis Xlll,
portant le désordre dans ses colonnes, le poursuit et la lance fut abandonnée; sous Louis XIV, la cuirasse
le harcèle dans sa fuite, lui enlève ses convois ou son remplaça l’armure complète; sous Louis XV, le gilet
artillerie ; dans le cas contraire , elle arrête la pour- de buffle remplaça la cuirasse; mais depuis, la cuirasse
suite de l’ennemi, et permet ainsi à l'infanterie de re- a été rétablie dans quelques corps. Voy. cuirassiers.
former ses lignes, ou de faire sa retraite en bon ordre. CAVALERIE (ÉCOLE DE),écolc instituée à Saumur en
En 1 856, la cavalerie française se composait de 62 ré- 1825 , et réorganisée par ordonnance du 8 novem-
giments, ainsi partagés : C. de réserve, 10 régiments bre 1845, est destinée à perfectionner les officiers des
de cuirassiers, 2 de carabiniers; C. de ligne, 12 régi- corps de troupes à cheval, à préparer au service de la
ments de dragons et 8 de lanciers; C. légère, 12 ré- cavalerie les sous-lieutenants sortant de l’Ecole mili-
giments de chasseurs, 9 de hussards, 4 de chasseurs taire qui *ont destinés à ce service, et à former des
cl’Afrique et -3 de spahis, auxquels il faut ajouter 2 ré- instructeurs pour les régiments; on y instruit aussi
iriments de la garde (cuirassiers et guides), les Cent- des maréchaux ferrants et des trompettes : les cours
iTardes, la gendarmerie imp., les cavaliers vétérans et durent deux ans. Outre les élèves tirés de l’Ecole mili-
l’école de cavalerie de Saumur, ce qui donne un ef- taire, on y admet 1 lieutenant ou sous-lieutenant par
fectif de 50,000 chevaux environ, sans y comprendre régiment de cavalerie ou d’artillerie et par escadron
la gendarmerie. — Parmi les autres États de l’Europe, du train, 2 sous-officiers par régiment d’artillerie ou
eux qui ont le plus de cavalerie sont la Russie, l’Au-
: par escadron du train, des brigadiers ou cavaliers dé-
riche, la Prusse et l’Angleterre. La cavalerie russe, signés comme les plus aptes par l’inspection générale.
ans compter les Cosaques, s’élève à 110,000 hommes, CAVALIER (du bas latin caballarius dérivé de
brmant 65 régiments; la cavalerie autrichienne, à caballus, cheval) , soldat monté à cheval. V. cavalerie.
17,000 hommes (37 régiments); la cavalerie prus- En Italie, c’est un titre de noblesse ou de courtoisie
sienne, à 20,000 hommes (38 régiments) ; et la ca- analogue à celui de chevalier chez nous.
valerie anglaise , à 12,000 hommes ( 26 régiments ) Au jeu d’échecs, on nomme ainsi une pièce dont la
Au temps de Moïse, les Egyptiens avaient déjà une marche est d’aller du blanc au noir et du noir au blanc
cavalerie considérable; chez les Grecs, elle ne re- par sauts obliques , en laissant une case entre deux.
monte pas au delà de Lycurgue; encore ne com- En termes de Fortification, le cavalier est un ter-
mence-t-elle à avoir quelque importance q-u’aux tre élevé provisoirement pour placer l’artillerie qui
temps d’Épaminondas. Celle des l’hessaliens était attaque ou qui défend une place (Voy. gabion). On
forte et nombreuse : Philippe et son fils Alexandre distingue C, de tranchée et C. de forteresse.
la perfectionnèrent, et lui durent une partie de leurs On nomme papier cavalier un ^pier d’impres-
succès. Pendant longtemps les Romains n’eurent sion dont le format est intermédiaire entre le carré
point de cavalerie proprement dite ; leurs chevaliers et le grand raisin.
{Voy. ce mot) ne purent jamàis résister avec avan- CAVALOT, monnaie de cuivre qui se frappait en
tage aux cavaliers gaulois , espagnols et numides France sous règne de Louis XII, était ainsi nom-
le
ni à la cavalerie de Pyrrhus. Dans la suite, les mée parce qu’elle portait pour effigie l’image de S. Se-
Romains incorporèrent dans leur armée tous les cond à cheval. Elle valait 6 deniers.
cavaliers étrangers, et l’on distingua dès lors la C. C’était aussi le nom d’un fusil de rempart, en fei
/^ÿionnaire, formée de citoyens romains, et les corps battu, long de 2 à 3 m., et pesant de 25 à 30 kilogr.
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CAVE — 288 — CÉBR


CAVATINE (du mot italien cavare, sortir, parce spongieux. Ainsi on nomme : sinus caverneux, deux
que c’est le premier air que chante l’acteur en sor- canaux veineux logés dans deux gouttières de la face
tant de la coulisse pour entrer en scène), pièce de cérébrale du sphénoïde, entre deux lames de la dure-
musique de chant, sans reprise ni seconde partie, mère ; ganglion caverneux, un petit ganglion ner-
qui se place ordinairement entre des récitatifs ou veux, d’un gris rougeâtre, situé dans le sinus caver-
avant un morceau d’un mouvement plus rapide ; neux, au côté externe de la carotide interne; corps
c'est, ie plus souvent, un cantabile, dont le principal caverneux un tissu vasculaire spongieux qui entre
charme consiste dans la mélodie, et dans lequel le dans la structure des organes érectiles.
talent du chanteur peut briller avec avantage. CAVIAR, nom donné à une espèce de salaison que
CAVE (du latin cavea), lieu souterrain, ordinai- Ton piépare sur les bords du Volga, de l’Oka et de
rement voûté, destiné le plus souvent à recevoir les TOural, avec les œufs de l'esturgeon. 11 se fait en
vins. La meilleure cave est celle qui est à peu près Russie une consommation considérable de caviar
sèche, et dans laquelle le thermomètre se maintient frais ou grenu. Le caviar, desséché ou compacte,
toujours entre 10“ et 15“ centigr.; dans nos climats s’exporte dans plusieurs contrées de l’Europe, no-
cette température s’obtient en creusant à une pro- tammenten Turquie, enAllemagne et en Italie. — Un
fondeur de 4 mètres. L’exposition au nord est la plus fait aussi du C. avec les œufs de muge et autres poissons.
favorable. Tl faut, en outre, autant que possible, CAVIENS, Mammifères rongeurs, ditsaussiCnèi’aiS.
que l’air pénètre par deux soupiraux opposés, de ma- CAVITÉ (du latin cavus creux). En Anato-
nière à former un courant. mie , on appelle cavités splanchniques celles qui
On donne, en Anatomie ,
le nom de cave (c.-à-d. renferment les viscères ; elles sont au nombre de 3 ;
creuse), sans doute à cause de leur diamètre considé- la C. crânienne ou le crâne', la C. thoracique ou la
rable, à deux veines qui rapportent au cœur le sang poitrine; la C. abdominale ou l'abdomen. On ap-
de toutes les parties du corps : l’une est la veine cave pelle aussi C. pelvienne, le bassin; C. nasales, les
thoracique, dite aussi veine supérieure ou descen- fosses nasales; C. gutturale, le pharynx; C. digi-
dante, et l’autre la veine cave abdominale, infé- tale du cerveau, une cavité triangulaire dont la base
rieure ou ascendante. est en avant, et qui se voit à la partie postérieure
CAVEAU (diminutif de cane), petite cave bien fraî- des ventricules latéraux du cerveau , à l’endroit où
che, où l’on conserve de préférence les vins en bou- ils se recourbent pour changer de direction.
teille, surtout les vins fins. Les cavités des os se divisent en articulaires et en
On connaît sous le nom de Caveau, Société du non-articulaires selon qu’elles servent ou non aux
Caveau, une société gastronomique et chantante, articulations. Les premières prennent les noms de co-
formée à Paris en 1729 , chez le traiteur Landelle tyldides, glénoïdes ou alvéoles; les autres, ceux de
dont l’établissement, situé au carrefour Bussy, était fosses, sinus, rainures, sillons, trous, cellules, etc.
connu sous le nom de Caveau. Piron, Gallet, Collé, CA'YENNE. En termes de Marine, on nomme ainsi;
CiébiUon üls , Saiirin et Fuzelier en furent les pre- l“un vieux vaisseau installé en caserne flottante pour
miers membres. Dispersés en 1749, les membres du des marins qui attendent une destination; 2“ un lieu
Caveau formèrent une seconde réunion , qui dura de dépôt dans les ports où l’on reçoit les matelots ré-
jusqu’en 1796. Le Caveau moderne, réinstitué en cemment levés; 3“ un lieu à terre où les matelots
1806, cessa ses réunions en 1817 ; Laujon, puis Désau- d’un vaisseau en état d’armement ou de désarme-
giers, en furent les présidents ; Armand Gouffé, Piis, ment viennent faire bouillir leur chaudière.
Barré, Brazier, etc., en faisaient partie. CAŸES, nom qu’on donne, dans les grandes An-
CA’V^EÇON ou CAVESSON (de l’espagnol cabcça, tilles, à de petits bancs formés de vase, de corail et
>.ête), espèce de bride qui se compose d’une bande de madrépores, et qui ressemblent à des îlots. Une
de fer tournée en arc, ayant un anneau au milieu, ville et un port d’Haiti en ont pris leur nom.
montée d’une têtière et d’un sous-gorge que l’on at- CAYEU, petit bulbe produit par un autre bulbe
tache à. la bouche du cheval quand on veut le dresser. déjà formé. Voy. bulbe.
CAVERNES ou grottes, nom donné, en Géologie, CAYOU, espece de singes. Voy. atèles.
à de grandes cavités souterraines naturelles que l’on CAZELLE , sorte de bobine à l’usage des fileurs
remarque dans certaines montagnes calcaires; on en d’or, et qui porte à une de ses extrémités une gorge
attribue l’origine, soit à l’action érosive de torrents dont le diamètre va toujours en diminuant : elle sert
souterrains, soit à des sources chargées d’acide carbo- à dévider le fil au fur et à mesure qu’il est tiré.
nique, qui seraient parvenues à dissoudre des roches CEANOTHE (du grec céanôthos), espèce de char-
calcaires, soit enfin à des soulèvements de la surface don), genre de plantes dicotylédones de la famille
du globe. Le sol des cavernes est ordinairement com- des Rhamnées , est composé de sous-arbrisseaux de
posé d’une couche de cailloux roulés et d’argile plus l’Amérique Septentrionale, à feuilles alternes, entiè-
ou moins rougeâtre. La plupart renferment des dé- res, à fleurs petites, en grappes terminales ou axillai-
pôts d’ossements fossiles que les eaux diluviennes y res. On cultive dans nos jardins le Céanothe de l’A-
ont appoftés ; souvent elles sont tapissées de stalacti- mérique SeptentrioŸiale {C. Americanus).
tes et de stalagmites, France ofi're un assez grand CEBIENS , 3“ tribu de la famille des singes éta-
nombre de cavernes ; on remarque la Sainte-Baume blie par M. Is.-G. Saint-Hilaire, renferme les singes
(Var), la Grande-Baume (Doubs), la Baume-des-Fées quadrupèdes à ongles courts et à 6 molaires. Cette
(Hérault), la Balme (Ain), Notre-Dame de la Balme tribu a pour type le genre Sajou (en latin Cebus),
(Isère) , le Trou-Granville (Dordogne) ; les cavernes de et renferme de plus les genres Saimiri, Callitriche,
ûolzac (Aveyron) , de Saint-Marcel (Ardèche), celles Atèle, Eurleur , Saki, Lagotriche , Brachyure
de Sauges, dites Caves à Margot (Mayenne), le sou- Eriode et Nyctipithèque.
terrain d’Albert (Somme), de la Baume deVarigoule CEBRION (de Cebrio, nom mythologique d’un
(Vaucluse) ; les grottes de Royat (Puy-de-Dôme), de géant), genre d’insectes Coléoptères pentamères de la
Sourzac (Dordogne) , de Sassenage (Isère) , de St-Domi- famille des Serricornes, section des Malacodermes, aux
nique (Tarn), célèbresparles belles eaux qui en décou- mandibules arquées et aiguës, aux antennes de onze
lent; celles de Sansan (Gers), de Fouventet d’Eche- articles, longues dans les mâles, courtes dans les fe-
noz (Haute-Saône) , riches en ossements fossiles. melles, à la tête inclinée. Le C. géant, qu’on trouve
En Anatomie, on appelle Cavernes les excavations en France, est long de 1 ceatimètre 1/2 à 2 centim.;
ulcéreuses ([ui restent dans le poumon des phthisiques il a la tête, les antennes et le corselet noirs, le reste

après la fonte des tubercules. du corps fauve ; le mâle est ailé, la femelle est aptère.
On donne le nom de caverneux à tout corps qui ren- Le Cébrion donne son nom à la tribu des Cébrio-
ferme de petites cavités,ou qui estd’un tissu vasculaire nites, dont il est le type.
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CÈDR — 289 — CÉDU


CEBUS (dugrccWios, singe à longue queue), nom rameaux horizontaux s’éloignent du tronc de la di-
latin du singe Sajou, type de la tribu des Cébiens. stance de plus de 10 mèt.; les deux sexes sont séparés
CËCILIE (de cæcus aveugle), genre de reptiles sur le mêmeindividu, les chatons mâles sont ovoïdes,
de l'ordre des Ophidiens , famille des Serpents nus, et les chatons femelles presque cylindriques ; le fruit
voisin des Batraciens : corps allongé, cylindrique, est un cône ovale , arrondi en tous sens et dont les
dépourvu de pieds j peau molle couverte d’un mucus —
écailles ne font aucune saillie. Jadis le cèdre couvrait
gélatineux, garnie de petites écailles minces en ran- les hautes montagnes du Liban, où il croissait spon-
gées transversales j tête déprimée, petite; museau tanément; aujourd’hui, il en a disparu, et il y a été
arrondi, obtus; bouche petite, mâchoire non exten- entièrement remplacé par des forêts de châtaigniers.
sible, yeux petits; tronc grêle, de grosseur égale Par compensation , cet arbre est maintenant assez
partout. Les Cécilies vivent dans l’eau ; leur taille est répandu en Europe. Le fameux cèdre du Jardin des
de 75 à 80 centim. de long sur 2 à 3 centim. d’épais- plantes de Paris est né en Angleterre, d’où il a été
seur ; elles habitent l’Amérique Méridionale , l’Inde apporté en France, en 1734, par B. de Jussieu.
et l’Afrique. Ce sont des animaux inoffensifs. On a donné le nom de Cèdre à des arbres qui sont
CÉCITÉ (du cœcitas, même signif.). Elle est
lat. tout à fait étrangers au cèdre véritable; c’est ainsi
dite naturellequand elle date de la naissance; ac- qu’on nomme : C. -acajou la Swiéténie mahogoni;
cidentelle quand elle résulte de blessures ou de ma- C. blanc, Cyprès à feuilles de thuya; C. de Goa ou
ladies, telles quela cataracte, l’amaurose, la glaucome, de Busaco, le Cyprès glauque; C. d’encens ou d’Es-
les taies, les ophthalmies,etc. V. ces mots et aveugles. pagne, le Genévrier à encens ; C. de la Jamaïque, le
CÉCROPIE (d’un nom mythologique pris arbitrai- Guazuma; C. de Sibérie, une espèce de Pin; C. des
rement) , arbre de la famille des Artocarpées. indigène Bermudes, le Genévrier bermudien; C. lycien, le
aux Antilles, a une tige creuse et renflée aux articula- Genévrier de Phénicie; C. rouge, l’Iciquier, et le
tions, ce qui lui afaitdonner le nom de Bois trompette. Genévrier de Virginie, qu’on appelle encore C. de
Ses fleurs, de sexes séparés, sont en épis amentifor- Virginie : ce dernier est un arbre d’Amérique assez
mes; son fruit est un akène ovoïde, allongé, lisse, en- semblable au cèdre.
veloppé par le calice. On cultive la C. peltata, des An- CÈDRÉLACÉES ou cédrélées (de Cedrela, genre
tilles, qui s’élève à 10m., et la C.palmata, du Brésil. type) , famille de plantes dicotylédones polypétales
CÉCROPS (nom du fondateur d’Athènes, pris ar- hypogynes, détachée des Méliacées, dont elles diffè-
bitrairement), genre de Crustacés de l’ordre des Pœ- rent par leurs étamines quelquefois distinctes, et par
cilopodes, famille des Siphonostomes, tribu des Cali- leurs ovules au nombre de 4 au moins dans chaque
gides. Ce genre a quelque analogie avec les Limules, loge. Ces plantes, toutes tropicales , sont des arbres
les Caliges et les Argules. Une des espèces vit sur les en général très-élevés, à feuilles pennées, à bois dur,
branchies du turbot. odorant et coloré, que l’on emploie dans la menui-
CÉCUM, portion du gros intestin. Voy. cæcum. . serie. Cette famille, à laquelle on doit l’acajou, ren-
CEDILLË (de l’espagnol cedilla, même signif.), ferme genres Cedrela, Swietenia, Cedrus, etc.
les
signe orthographique inventé par les Espagnols : c’est CÉDREL, Cedrela (diminutif de cèdre] genre type
une espèce de petite virgule qu’on met sous la lettre c de la famille des Cédrélacées , est composé d’arbres
devant les voyelles a, o, u, pour indiquer qu’elle doit à feuilles pennées , à panicules terminales, à calice
être prononcée comme un $ dur : Français, façon. quinquéfîde, à pétales alternant avec les divisions du
Auparavant on écrivait Franczois, faczon. calice, à fruit capsulaire se séparant en 5 valves à l’é-
CEDO-NÜLL1 (c.-à-d. je ne le cède à aucun), belle poque de la maturité. A ce genre appartient le C.
coquille du genre Cône, dite aussi Conus ammiralis, odorant {C. odorata), vulgairement ilca/ow à p/a«-
est plus connue sous le nom iF Amiral. Voy. ce mot. ches, dont le bois rouge, quelquefois marbré, jaune
CÉDRAT, fruit du cédratier. ou couleur de chair, acquiert par le poli un beau lui-
CÉDRATIER, Citrus cedra, C. medica, espèce sant. Il pourrit difficilement dans l’eau , et est in-
du genre Oranger, groupe des Citronniers, renferme attaquable aux vers. Le tronc acquiert de telles di-
des arbres à feuilles ovales lancéolées, d’unvert foncé; mensions , qu’on en a construit des canots d’une
à fleurs peu nombreuses, petites, violâtres, donnant seule pièce. Voy. acajou.
naissance à de gros fruits lisses, d’abord rouges, puis CEDRIE (de cèdre), espèce de résine qui coule
verts, et enfin jaunes, nommés cédrats. Parmi les naturellement du cèdre, en forme de larmes. Les an-
variétés de cédratiers, on distingue le grand et le ciens s’en servaient pour embaumer les corps ; de là
etit pondre, et la pomme du paradis cultivés à le nom de vie des morts qu’on lui donne quelque-
lorence et à Gènes. L’écorce du fruit est très-épaisse, fois. —
On nomme cédrite une sorte de vin très-
et recouverte d’un épiderme qui renferme une huile échauffant, préparé avec de la cédrie et du vin doux.
essentielle très-odorante et fort estimée. On fait avec Il était employé autrefois comme vermifuge.
lecédrat des confitures assez recherchées ; on le confit CÉDULÉ (du latin sc/iedw/a, même signifie.). En
aussi par tranches ou même en entier. On en tire en- Droit, ce terme signifie une obligation ou promesse
core une excellente liqueur : pour cela, on cueille les de payer à une certaine époque, ou la promesse de
cédrats avant leur entière maturité; on râpe la peau fournir une lettre de change au porteur de la cédule.
dans Teau-de-vie, ou bien, on en coupe des zestes qu’on — La cédule diffère de V obligation, en ce que la cé-
met infuser dans ce liquide. dule est sous seing privé, et que le créancier sous
Transporté très-anciennement de l’Asie méridio- cédule n’est que créancier chirographaire, tandis que
nale en Syrie et en Palestine, le cédratier devint pour l’obligation est passée par-devant notaire et que le
les Juifs un arbre sacré. Ce sont eux qui l’ap[iortèrent créancier est hypothécaire. La prescription est inter-
en Italie, d’où il se répandit dans le reste de l’Europe. rompue par la cédule (Code de comm., art. 434).
CÈDRE, Cedrus, genre de la famille des Conifè- On appelle Cédule de citation la permission que
res, voisin des Pins et des Mélèzes, renferme des ar- délivre le juge de paix de citer à bref délai ou d’exé-
bres célèbres par leur élévation et l’indestructibilité de cuter un jugement préparatoire ou interlocutoire.
leur bois, et recherchés dès les temps les plus reculés Dans l’ancien Droit français, on appelait C. évoca-
pour les constructions nautiques, pour les temples et toire l’acte par lequel on demandait au conseil privé
autres grands édifices, ainsi que pour les cercueils la : révocation d’un procès, sur le fondement qu’il y
plupart des étuis de momies égyptiennes sont en bois avait un certain nombre de juges qui se trouvaient
de cèdre. Le bois du cèdre est résineux ( Voy. cédrîe), parents ou alliés de la partie adverse.
blanchâtre, et dégage une odeur agréable, surtout On donne aussi le nom de cédules et de contre-
quand on le brûle ; ses feuilles sont petites, courtes cédules à beaucoup d’actes employés dans les provi-
éparses, roides et piquantes , d’un vert sombre ; ses sions consistoriales émanées de la cour de Rome.

19
, , , ,

CÈLE — 290 — CELL


CEINTES (du -verbe ceîwrfre), se dit, en Marine, du a pour but de le faire blanchir depuis son
céleri
de tous les cordages, câbles, grelins, aussières,etc., collet jusqu’à la plus grande hauteur possible : c’est
qui ceignent, qui lient ou environnent un vaisseau. pour cette raison qu’on le plante dans des fossés, et
On dit aussi précintes. Vorj. ce mot. qu’on l’enterre à plusieurs reprises. Le céleri sau-
CEINTRE. Voy. cintre. vage n’est pas sans danger pour l’homme et pour
CEINTURE (du verbe ceîrarfre), cordon ou étoffe beaucoup d’animaux.
dont on se ceint, c.-à-d. dont on s’entoure les reins CÉLESTINE, sulfate de strontiane. V. strontiane.
ou la taille, peut servir d’ornement et d’attache pour CÉLIBAT (du latin cælebs, même signif.) Chez la
.

les vêtements amples et flottants, ou d’insigne et de plupart des peuples de l’antiquité, les célibataires
décoration {Voy. écharpe), etc.; souvent aussi la étaient notés d’infamie ou assujettis à des impôts
ceinture tient lieu de poche ou de bourse, ou sert à humiliants. Auguste, effrayé des progrès de la dé-
soutenir des armes, tels que poignards, pistolets, etc. population, rendit contre eux la loi Papia-Poppœa,
Ceinture de Vénus ou ceste. On nommait ainsi la qui ne fut abrogée que sous Constantin. Le christia-
ceinture que portait Vénus et à laquelle les anciens nisme, en honorant les vertus de la vie monastique,
poètes attachaient le pouvoir d’inspirer de l’amour modifia les idées à ce sujet ; et, dans les temps mo-
et de charmer les cœurs; elle renfermait les grâces, dernes , le principe de la liberté individuelle a em-
les attraits, le sourire engageant, le doux parler, et pêché qu’on n’apportât aucun obstacle au célibat
rendait aimable la personne qui la portait, même volontaire. Quant aux ministres des différents cultes,
aux yeux de celui qui avait cessé d’aimer. Elle est le célibat leur a été presque partout imposé comme
décrite par Homère, Iliade, chant xiv, v. 215. une loi. Les prêtres d’Isis, chez les Égyptiens; chez
Ceinture de deuil ou ceinture funèbre, dite aussi les Perses, les vierges consacrées au culte du soleil
;
litre, large bande noire qu’aux funérailles d’un chez les Romains , les vestales, ne pouvaient se ma-
grand personnage on met autour de l’église, à une rier.— Bien qu’il ne soit pas de loi divine, le célibat
certaine hauteur, tant en dedans qu’en dehors, et ecclésiastique remonte au berceau du christianisme.
sur laquelle sont placées les armoiries du défunt. Dans les premiers siècles, on pouvait bien ordonner
Ceinture de Hitden [cingulum Hildani ) , ceinture des hommes mariés, mais nul ne pouvait se marier
de cuir dont les chirurgiens se servaient autrefois après l’ordination. L’Église catholique n’a pas tardé à
pour la réduction des luxations et des fractures des déclarer le mariage incompatible avec les fonctions
membres , soit thoraciques , soit abdominaux. du sacerdoce; les conciles de Latranet de Trente pro-
On a aussi traduit par ceiVilure le mot zona. C’est noncèrent la nullité du mariage des ecclésiastiques.
dans ce sens qu’on dit C. érysipélateuse, C. dar-
: Le célibat a été depuis lors strictement observé dans
treuse. Voy. zona. l’Église. — Les prêtres grecs et les ministres des divers
CEINTURON, sorte de ceinture ordinairement cultes réformés ne suivent pas la règle du célibat.
en cuir, à laquelle on suspend un sabre, une épée, UELLAIRE [àecella, loge), genre de Polypiers,
un couteau de chasse, une giberne ou une cartou- type de la famille des Cellariées. Ce sont des animaux
chière, etc. Dans l’armée française, le ceinturon a, marins, articulés, cartilagineux, cylindriques, ra-
depuis quelques années, remplacé presque généra- meux, à cellules éparses sur leurs surfaces. Les es-
lement les buflleteries des soldats. Voy. buffleterie. pèces sont communes dans les mers d’Europe.
CÉLADON ,
nom d’un berger du roman de l’.<4v- CELLARIEES (de Cellaire, genre type), famille
trée (par d’Urfé), qui, désespéré des froideurs de de Molluscoides de Tordre des Cyathicères. Les Cella-
sa bergère , se précipita dans les eaux du Lignon riées varient beaucoup dans leur forme ; quand elles
et qui, sauvé par trois nymphes, resta néanmoins ont été desséchées , leurs couleurs sont d’un blanc
insensible à leurs charmes : ce personnage est devenu jaunâtre; quelques-unes sont d’un blanc éclatant,
le type de l’amant sentimental et langoureux. — On d’un brun foncé ; d’autres vertes , rouges, jaunes.
a donné, sans doute par allusion, le nom de céladon Cette famille comprend les deux genres Cellaire ,
à un vert tendre, d’une teinte pâle et indécise. qui en est le type, et Paludicelle.
CÉLANDINE (de chélidoine?). Voy. sanguinaire. CELLÉPORE (de cella loge, ei porus, pore),
CÉLASTRE (du grec célastron, arbrisseau au- genre de Polypiers flexibles, de la classe des Bryo-
jourd’hui indéterminé), genre type de la famille des zoaires, type des Celléporées, a pour caractères ; amas
Célastrinées, renferme plus de 40 espèces, qui toutes de petites cellules ou vésicules calcaires , serrées les
sont arbustes ou arbrisseaux. On remarque le C. bon unes contre les autres, et percées chacune d’un petit
à manger, dont les baies sont mangées par les Ara- trou; polype isolé. 'Les Cellépores sont peu remar-
bes, et fournissent une boisson enivrante; le C. du quables par leurs formes et leurs couleurs. On les
Canada, appelé Bourreau des arbres parce qu’il trouve en plaques plus ou moins étendues sur toutes
s’enroide autour d’eux, et les presse si fortement les productions marines; ils adhèrent aux rochers,
qu’il les fait périr ; le C. de Virginie, buisson à aux plantes, aux crustacés, aux mollusques testacés.
fleurs blanches, disposées en épis terminaux, etc. CELLERIER (du latin cellarius, dérivé lui-même
CÉLASTRINÉES (de Célastre, genre type), nom de cella, cellier), titre d’office qu’on donne dans un
donné par R. Bro-wn à une famille qu’il a séparée des monastère au religieux qui a soin des provisions, de
Rhamnées, et qui s’en distingue par des étamines la dépense de bouche, du temporel de la maison. Les
opposées aux pétales. On la partage en 2 tribus les; communautés de religieuses ont des cellerières.
Evonymées et les Élœodendrées. Les anciens donnaient ce nom à ceux à qui ils con-
CÉLERI, Apium graveolens variété de VAche, fiaient le soin de leurs affaires domestiques. Ce titre
transformée en plante potagère par la culture, qui était alors l’équivalent de celui d’intendant. Sous
lui a fait perdre la saveur désagréable et l’odeur les empereurs romains, le ce/Zerie/’étaitun officier
forte, qu’il a dans i’état sauvage. On distingue plu- chargé de Texamen des comptes.
sieurs variétés do céleri le C. creux, ou petit cé-
: CELLULAIRE. Les Anatomistes nomment tissu
leri; le C. turc ou de Prusse, le C. nain frisé, très- cellulaire un tissu organique composé d’un assem-
tendre et cassant, le C. j)lein, rouge et rose; le Gros blage de lamelles, de filaments très-fins, mous, blan-
violet de Tours, plus gros que la plupart des autres; châtres, extensibles, entrecroisés en une foule de sens
enfin le C.-rave, dont la racine, grosse, en forme de différents, et laissant dans leurs intervalles des espè-
navet, se mange cuite. Le céleri est une plante saine, ces de cellules irrégulières, plus ou moins distinctes.
agréable, alimentaire on mange la base des pétioles
; Ce tissu entoime et pénètre tous les organes ; il est
et des jeunes tiges; la racine et les graines sont em- surtout abondant sous la peau et entre les muscles; le
ployées en médecine , la première comme apéritive, tissu adipeux, ou graisse proprement dite, est contenu
les secondes comme semences chaudes. La culture dans les aréoles ou interstices du tissu cellulaire.
,

CELS 291 CEND


En Botanique^ on appelle tissu cellulaire la réu- de haut ; ses fleurs sont petites et d’un jaune pâle.
nion de petites cavités ovales, oblongues ou hexa- CELTIS ,
nom du micocoüuer.
latin
gonales, qui forme la première trame du végétal ; CEMENT, cémentation (du latin cæmentum, blo-
enveloppe cellulaire la première peau ou couche, cailie). En Chimie, on appelle c^wenf toute matière
ordinairement verte, qu’on trouve sous l’épiderme dont on entoure un corps métallique pour le sou-
des végétaux, et dont l’organisation a quelque rap- mettre à la cémentation, c.-à-d. pour déterminer en
port avec celle du tissu cellulaire des animaux; — lui, à l’aide de cette matière, certaines combinaisons
plante cellulaire, une plante composée uniquement ou décompositions. Les céments varient suivant le
de tissu cellulaire arrondi ou allongé. corps sur lequel on opère , et le but qu’on se pro-
En Législation , on appelle régime ou système pose. Ainsi , le cément est formé de charbon lors-
cellulaire le système d’après lequel les prisonniers qu’on veut faire de Y acier artificiel [Voy. acier). On
sont renfermés isolément dans des cellules séparées; prend un cément composé de tuiles réduites en pou-
— voiture cellulaire, une voiture divisée en compar- dre fine, de nitre , de sulfate de fer calciné au rouge
timents, au moyen de laquelle on transporte les pri- et d’un peu d’eau , quand on veut séparer Tor de
sonniers au lieu de leur détention, sans qu’ils com- l’argent avec lequel il est allié , etc.
muniquent ensemble pendant la route. Depuis 1837, En Anatomie, on appelle cément une substance
cette voiture a remplacé la chaîne des forçats. analogue au tissu osseux, qui recouvre la racine des
CELLULE (de cellula, diminutif de cella, loge). dents, va en s’amincissant à mesure qu’elle se rap-
En Physiologie, on nomme ainsi les petites cavités proche de la couronne, et forme même parfois une
dont la réunion forme Voy. ce mot.
le tissu cellulaire. couche mince sur Témail de cette dernière.
EnHistoire naturelle, on appelle cellules de pe- CÉMENTATION. Voy. cément et acier.
tites loges construites par certains insectes hymé- CÉNACLE (du latin cœnaculum, même signifie.),
noptères, tels que les abeilles et les guêpes , pour y nom des salles à manger chez les anciens. C’était
déposer leurs provisions et y élever leurs larves. On d’ordinaire une espèce de terrasse placée à l’étage le
les nomme proprement a/ueo^es {Voy. ce mot). On — plus élevé de la maison. Ce nom n’est plus guère
désigne encore sous ce nom les loges dans lesquelles usité qu’en parlant de la salle où le Sauveur célébra
sont placés les Polypes à polypiers, et qui sont une la Cène. La maison qui contenait cette salle, et où
partie endurcie de la substance de ces animaux. les apôtres reçurent le Saint-Esprit, était située à l’ex-
Pour les cellules des couvents et des prisons, Voy. trémité méridionale de Jérusalem ; on construisit
COUVENT, PÉNITENCIER. plus tard sur son emplacement une église, et un cou-
CELLULEUX (tissu), partie spongieuse des os vent qui fut longtemps occupé par des Franciscains.
qui, dans son organisation, présente un amas de cel- CENDRE (du latin cinis, cineris, même signif.),
lules ou de petites loges séparées par des espèce* de résidu de la combustion de la plupart des substan-
cloisons fort minces. Cette texture se remarque sur- ces employées comme combustibles. Les houilles
tout dans la partie moyenne et centrale des os longs. les tourbes et les végétaux sont les matières qui
CELLULOSE (du mot ee//u/e), substance qui com- fournissent le plus de cendres. La cendre contient
pose la trame du tissu solide de tous les végétaux de la silice , de l’alumine , des oxydes de fer et de
et forme le ligneux; au début de son organisation, manganèse, des sels de chaux et de magnésie, et
elle affecte la forme de cellules. Les libres textiles surtout de potasse et de soude; ces derniers abon-
du chanvre , du lin du coton , sont de la cellulose
, dent principalement dans les plantes qui croissent
presque pure; il en est de même
de la moëlle de près de la mer ou dans son sein. On se sert des cen-
l' Æschynomene paludosa, communément appelée dres, surtout de celles qui proviennent des bois neufs,
papier de riz, qu’on emploie pour la confection des pour la lessive et dans les verreries ; elles fournis-
fleurs artificielles. Le tissu ligneux du bois est com- sent aussi à l’agriculture un bon amendement.
posé en grande partie de cellulose qui , suivant l’âge Au figuré, le mot cendres se dit des restes de ceux
et l’espèce de l’arbre
, se trouve imprégnée de ma- qui ne sont plus, par allusion à l’usage qu’avaient
tières incrustantes, résineuses, féculentes, ou autres. les anciens de brûler les corps des morts , et d’en
La cellulose pure est blanche, diaphane
;
elle ren- conserver les cendres dans des urnes funéraires.
ferme du carbone, de l'hydrogène et de l’oxygène On appelle C. bleue l’oxyde de cuivre précipité
,
dans les rapports de C”H'«0’“; elle est insoluble de la dissolution du sulfate de ce métal par la chaux,
dans l’eau l’alcool , l’éther et les huiles. Les solu-
, etretenantde Teau qui lui donne une couleur bleue :
tions alcalines faibles sont sans action sur elle. Il en on l’emploie dans la peinture et dans la fabrication
est de même des acides minéraux étendus. L’acide des papiers peints; — C. gravelée, la cendre pro-
sulfurique concentré la convertit d’abord en une venant du sarment et des vrilles de la vigne ; on
matière gommeuse dite dextrine ,eien\in en glucose. donne aussi ce nom au produit de l’incinération du
L’acide nitrique concentré s’y combine et forme un tartre brut ou lie de vin desséchée : c’est du car-
composé explosif qui a reçu le nom de coton-poudre. bonate de potasse mélangé de quelques autres sels ;
La cellulose a été analysée pour la première fois par on l’emploie à beaucoup d’usages , et surtout à la
MM. Gay-Lussac et Thénard; elle a été étudiée depuis teinture ; — C. d’ orfèvre, les cendres provenant des
par MM. Schleiden, Payen , et d’autres chimistes. foyers où l’on fond l’or et l’argent, les débris de
CELOSIE (du grec cêlos, brillant), Celosia, genre creusets , les balayures d’ateliers et tous les déchets
de la famille des Amaraiitacées, est composé de plan- qui renferment une quantité sensible de ces métaux,
tes exotiques, annuelles ou bisannuelles, à feuilles al- que l’on brûle pour en retirer les matières précieuses.
ternes, à fleurs hermaphrodites, tribractées, à pé- On nomme Cendres volcaniques les matières pul-
rigone pentaphylle, et à cinq étamines réunies en vérulentes que rejettent les volcans en éruption, bien
forme de coupe à la base. Ce genre a pour type la que ces matières n’aientréellement aucun rapport avec
C. cristata, belle plante veloutée confondue long- les cendres ; ce sont des fragments de lave réduits à la
,
temps avec les Amarantes , et que l’on cultive dans consistance de gravier par le brisement, et quelque-
les jardins sous les noms d’Amarante des jardi- fois entremêlés de sable. L’éjection violente de ces
niers, àe Passe-velours ou de Crète de coq. matières produit souvent des pluies connues sous le
CELSIE (d’Olaüs Celsius, botaniste suédois), genre nom de pluies de cendres.
de plantes de la famille des Scrofulariées tribu des CENDRES (mercredi des), 1" jourdu Carême, dans
,
Verbascées. Ses espèces, peu nombreuses sont her- lequel les fidèlesse rendentà l’Église pour se faire tra-
,
bacées ; elles croissent dans le Levant, les îles de l’Ar- cer sur le front, avec des cendres, le signe de la croix.
chipel , l’Egypte et la Barbarie. L’espèce la plus CENDRÉE (de cendre). On donne ce nom ; 1“ à
connue du Levant, plante annuelle de 0“>,40
est la C. l’oxyde de plomb produit par l’action de l’air pen-
19 .
, ,,

CENS — 292 CENT


dant la fusion plomb dont on
de ce métal ; 2® au petit France qui exercent au nom de ceux-ci un contrôle
se sert à la chasse du menu gibier; 3® à un mélange sur les opérations de cet établissement. Voy. banque.
de pierre à chaux calcinée et de cendres de char- CENSIER ^eigneur). Voy. cens et ceneive.
bon de terre, qui sert de ciment pour les coupelles. CENSITAIRE (de cens), nom donné jadis à la per-
CENDRURE (de cendre), piquetures, petites vei- sonne qui tenait une terre ou un fonds à charge de
nes, petits trous que l’on rencontre quelquefois dans cens. Voy. ce mot.
l’acier, et qui constituent la plus mauvaise qualité. Electeur censitaire. Voy. cens et élection.
CÈNE (du latin cœna, souper), se dit et du dernier CENSIVE , nom donné à l’étendue des domaines
repas que Jésus-Christ lit avec ses apôtres, et de la d’un seigneur censier, c.-à-d. qui avait droit de le-
cérémonie religieuse qui se fait le jeudi saint en mé- ver le cens. On le donnait aussi à la redevance qui
moire de ce repas. Yoy. le Dict. univ. d’H. et de G. se payait annuellement au seigneur censier par les
CENOBION (du grec coûwi, commun, et èîos, vie), propriétaires et détenteurs d’héritages roturiers si-
nom donné en Botanique au fruit composé de plu- tués dans sa seigneurie.
sieurs petites loges sans valves, ni sutures, sans style CENSURE , dignité de censeur. Voy. censeur.
et sans stigmate, comme dans les Labiées, les Och- En Politique, ce nom désigne l’examen que certains
nacées, la Bourrache la Vipérine. Les petits péri- gouvernements font faire d’un livre, d’une brochure,
carpes qui le composent sont appelés érèmes. d’un article de journal, d’une estampe, d’une pièce
CENOBITE (du grec coinos, commun, etbios, de théâtre, etc., avant d’en permettre la publication
vie), religieux qui vit en communauté. On ne le dit ou la représentation. Jusqu’en 1789,1a censure n’avait
guère que des anciens moines qui vivaient en com- jamais cessé de régner en France. De 1789 à 1792 la
mun, par opposition aux ermites ou anachorètes liberté de la presse exista presque sans entraves com-
;
qui vivaient séparés les uns des autres. V. moines. primée pendant le règne de la Terreur, la presse re-
CÉNOMYCE (du grec kénos, vide, et mycès, cham- trouva quelque liberté sous le Directoire ; mais , sous
pignon), Cladonia, plante cryptogame de la famiUe le Consulat et sous l’Empire, la censure fut rétablie.
des Lichens. On en compte plus de 50 espèces, pres- Pendant les Cent-Jours, l’empereur supprima la
que toutes croissant sur la terre ou sur les bois pour- censure. Une ordonnance royale du 20 juillet 1815
ris. Ces plantes
,
d’une couleur jaune verdâtre , ont proclama la liberté de la presse mais de nouvelles
;

des folioles étalées, des tiges simples ou rameuses, cy- ordonnances ne tardèrent pas à apporter des restric-
lindriques, fistuleuses, terminées par des rameaux di- tions à la publication des journaux et écrits pério-
visés en une sorte de panicule,ou par un entonnoir. Le diques. Le 16 août 1824, la censure fut rétablie;
C. rangiferina est l’aliment unique des rennes pen- abolie le 29 septembre de la même année, rétablie
dantles longs hivers de la Laponie.Le C. sanguinea est de nouveau le 24 juin 1827, elle fut de nouveau. sup-
employé au Brésil contre les aphtbes des nouveau-nés. primée par la Charte de 1830, dont l’art. 7 portait :

CENOTAPHE (du grec kénos, vide, et taphos, « La censure ne pourra être rétablie. »
tombeau), tombeau vide dressé à la mémoire d’une CENSURE dramatique. Etablie sans Contestation sous
personne morte, dont on n’a pas le corps. Les céno- l’ancienne monarchie, la censure théâtrale fut abo-
taphes doivent leur origine â cette croyance des an- lie en 1791
;
un décret du 8 juin 1806 ordonnna
ciens, que les mânes de ceux qui n'avaient point reçu qu’aucune pièce ne serait jouée sans l’autorisation
les honneurs de la sépulture erraient sur les bords du ministre de la police. La Charte de 1830, en ré-
du Styxsans pouvoir entrer dans le séjour des morts. tablissant la liberté de la presse, n’avait rien pro-
CENS (du latin census, estimation des biens), noncé sur les pièces de théâtre une loi du 9 sep-
;

nom donné par les Romains au dénombrement du tembre 1835 défendit la représentation de toute
peuple et au recensement des fortunes que les cen- pièce qui ne serait pas revêtue de l’autorisation du
ïew’f faisaient tous les cinq ans. Le l'v recensement ministre de l’Intérieur, à Paris, ou des préfets, dans
eut lieu sous Servius Tullius, 6® roi de Rome. — les départements; cette loi fut abrogée par un dé-
Les Romains appelaient aussi cens une redevance cret du 6 mars 1848; mais on ne tarda pas à sentir
annuelle imposée aux immeubles dans les provinces. le besoin de revenir à des mesures propres à sauve-
Le cens était jadis en France une rétribution garder l’ordre et la décence. Voy. théâtre.
perçue annuellement par un seigneur, dit alors Sei- On entend encore par censure une peine disci-
gneur censier, sur une chose ou sur une personne. plinaire que les corps de magistrature, le Conseil
Avant l’établissement du suffrage universel en de l’Instruction publique , l’ordre des avocats , les
France, on appelait cens électoral la quotité d’impo- chambres des notaires et des avoués, prononcent
sitions nécessaire pour être électeur ou éligible l’é- :
contre ceux de leurs membres qui manquent aux de-
lecteur par le cens était dit E. censitait'e. De 1814 à voirs de leur profession. On distingue la C. simple
1830, le cens électoral était, pour les électeurs, de et la C. avec réprimande.
500 fr.; depuis 1830 , il fut abaissé à 200 fr.; le cens On appelle censures ecclésiastiques des peines
d’éligibilité, fixé à 1,000 fr. de contributions directes publiques prononcées par l'Église ou par un supé-
en 1814, avait été réduit en 1830 à 500 fr. rieur ecclésiastique;
ces censures étaient V excom-
:

CENSEUR (en latin censor, de censere, évaluer) munication. la suspense et l’interdit Voy. ces mots).
(

magistrat romain qui tenait un registre des citoyens On distinguait les censures ayure, portéespar le droit
et de leurs biens [cens), et qui avait en outre le droit canonique, et les censures ab homine, portées par
de surveiller leurs mœurs et leur conduite. Voy. cens, le supérieur ecclésiastique expressément contre cer-
et le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr., au mot censeur. taines personnes. Le droit de censure appartient au
Dans l’ancienne Université, on appelait cen^ear pape dans toute l’Eglise, et aux évêques dans leurs
un officier nommé pour examiner la capacité des diocèses. Les rois de France ont toujours refusé aux
récipiendaires. — Dans nos Lycées, le censeur (au- papes le droit d’exercer contre eux la censure.
trefois préfet des éludes) est le fonctionnaire qui CENT. Aux États-Unis, ce mot désigne la cen-
est plus spécialement chargé de la surveillance des tième partie d’un dollar : le cent vaut à peu près 6
études et du maintien de la discipline. Le censeur centimes de notre monnaie. — En France on donne
prend rang immédiatement après le proviseur. ce nom à une grande mesure de compte adoptée pour
En Politique, on nomme censeur le fonctionnaire le sel. Le cent de Marennes en Saintonge contient
qui est préposé par le gouvernement à l’examen des 28 muids, environ 26,880 kilogr. pesant.
livres, des journaux, des pièces de théâtre, etc., avant CENTAINE. En termes de Filature , on nomme
la publication ou la représentation. Voy. censure. centaine le brin de fil de coton , de soie ou de laine
Les censeurs de la Banque, au nombre de trois, par lequel tous les fils d’un écheveau sont liés en-
sont des délégués des actionnaires de la Banque de semble, et par lequel on commence à le dévider.
,

CENT — 293 CENT


CENTAURE, constellation de Thémisphère au- biens qui venaient par succession ou par donation
stral,qui contient 48 étoiles, est placée sous la queue en ligne directe en étaient seuls exempts.
de l'Hydre, au-dessus de laVoie lactée. Elle n’est pas CENTIGRADE , divisé en cent degrés, se dit sur-
complètement visible à Paris ; une partie reste tou- tout du thermomètre. Voy. ce mot.
jours au-dessous de l’horizon. CENTIGRAMME, centième du gramme, équivaut,
CENTAURÉE (du centaure Chiron,qui en décou- dans nosanciennesmesures, à un poids de 0 grain, 188.
vrit, dit-on, les propriétés), Centaurea, genre de CENTILITRE, centième du litre, équivaut à0,01074
plantes de la famille des Composées, tribu des Cina- de l’ancienne pinte , et à 0,0123 de l’ancien litron.
récs, type d’une sous-tribu dite des Centauriées. 11 est CENTIME, centième partie du franc, d’après le
formé de plantes annuelles , caractérisées par leurs système décimal adopté pour les monnaies en 1792.
capitules qui portent à la circonférence des fleurons On frappe aujourd’hui peu de pièces d’un centime :
stériles, et des akènes comprimés à hile latéral. Ce le sou de cuivre, valant 5 centimes, est d’un usage
genre compte un grand nombre d’espèces. Nous ci- beaucoup plus ordinaire ; les pièces d’argent valant
terons : la Grande Centaurée [C. centaurium ) , qui moins d’un franc sont les pièces de 20 centimes (qui
a une racine amère, tonique et sudorifique ; la Jacée ont remplacé, depuis 1848, celles de 25 centimes),
[C. jacea], qui a aussi une racine amère et légère- et celles de 50 centimes.
ment astringente, et qui entrait autrefois dans la pré- CENTIMES ADDITIONNELS, Contributions spéciales im-
paration des gargarismes détersifs; le Bluet ou Bar- posées en addition au principal des contributions
beau (C. cyanus), dont les fleurs fournissent par la directes, et calculées sur le pied du centième de ces
distillation une eau qui entre dans les collyres réso- contributions. Les centimes additionnels sont des-
lutifs la Chausse-trape ou Chardon étoilé [C. cal-
;
tinés aux besoins de la commune, notamment à l’en-
citrapa ), dont toutes les parties sont amères, et qui tretien des chemins vicinaux; ils sont votés parlecon-
a été préconisée comme succédanée du quinquina : seilmunicipal le maximum est fixé à cinq centièmes.
;

on administre contre les fièvres intermittentes du vin CENTIMÈTRE, centième partie du mètre, égale
chargé des principes fébrifuges de cette plante ; sa ra- 4 lignes, 443 de nos anciennes mesures. Voy. mètre.
cine passe pour diurétique; ou l’a longtemps employée GENTON (du latin cento, habit fait de divers
contre les maladies des reins, la gravelle, la colique morceaux); nom donné à certains ouvrages de poé-
néphrétique ; le Chardon bénit (C. benedicta ) , qui sie qui sont composés de vers ou de fragments de
a les mêmes propriétés que la chausse-trape ; la C. vers dérobés de côté et d’autre , soit dans le même
behen du mont Liban, employée comme tonique, etc. auteur, soit dans plusieurs, et disposés dans un nou-
La plante qu’on appelle vulgairement Petite Cen- vel ordre , de manière à offrir un sens tout diffé-
taurée (Erythrœa centaurium ) n’est point une cen- rent de celui qu’ils ont dans l’original. On connaît
taurée; elle appartient au genre Érythrée. V. ce mot. surtout les Centons homériques et les Centons vir-
CENTAURELLE (diminutif de grande giliens. Parmi ces derniers, on cite plusieurs Vies
centaurée), genre de la famille des Gentianées, de Jésus - Christ composées pour la plupart au
formé par L.-G. Richard pour 3 ou 4 espèces de moyen âge, notamment celle de Proba Falconia.
plantes annuelles à feuilles opposées très-petites, à
,
En Musique, on appelle centon [centone ou pas-
fleurs terminales très-petiteset blanches ou verdâtres : ticcio) un opéra composé d’airs de plusieurs maî-
ces plantes sont originaires de l’Amérique boréale. tres (Fbÿ.- pastiche). —
Dans le plain-chant, c’est
CENTENAIRE, nom donné à ceux qui arrivent à un morceau de traits recueillis et arrangés pour la
l’âge de cent ans ou qui le dépassent. Un de nos plus mélodie qu’on a en vue.
célèbres centenaires est Fontenelle, né en 1657 et CENTRAI, , tout ce qui a rapport à un centre.
mort en 1757. Le voyageur De Lahaie atteignit sa En Physique, on appelle feu central celui que l’on
120' année; il en fut de même, dit-on, du poète per- suppose être placé au centre de la terre; forces cen-
san Saadi. Le pêcheur anglais Henri Jenkins, mort le trales celles qui, émanant d’un point central, déter-
8 déc. 1670, dans le Yorkshire, était âgé de 169 ans; minent un corps en mouvement à tendre vers le cen-
il eut deux fils qui furent également centenaires. tre ou à s’en éloigner. Voy. centrifuge et centripète.
— En 1830, ,
la France comptait 114 centenaires; les En Géométrie, on nomme règle centrale la mé-
départements qui en offraient le plus étaient ceux : thode imaginée par Baker pour déterminer le centre
du Gers, 11; de la Gironde, 7; des Landes, 6; de du cercle qui doit couper une parabole donnée, dans
la Seine-Inférieure 5 de Saône-eLLoiro 5 ; de la des points dont les abscisses représentent les racines
, ; ,
Loire , 5. Voy. longévité. réelles du 3' ou 4' degré qu’on veut construire.
CENTENIER, officier de la milice romaine qui En Astronomie, V éclipse centrale est celle où les
succéda au centurion : il commandait à une troupe centres des deux astres coïncident exactement.
de cent hommes. Du temps de Charlemagne, les CENTRALISATION, concentration dans les mains
centeniers commandaient les soldats qu’enrôlait un d’un gouvernement unique et central de toutes les
comte. Les centeniers disparaissent sous la 3' race. attributions de la puissance publique. Nulle part cette
CENTÉSIMALE (division), division en cent par- concentration n’est portée aussi loin qu’en France.
ties; se dit surtout de la division du cercle. Le quart Déjà fortement établie par l’ancienne monarchie
de la circonférence étant pris pour unité, on a pro- pour l’action politique surtout par Louis XI et Ri-
,

posé de 'e diviser en 100 degrés, le degré en 100 chelieu, elle a été depuis étendue, par l’Assemblée
minutes, la minute en 100 secondes, etc. Cette di- Constituante, par la Convention et surtout par l’Em-
vision n’a pas été généralement adoptée. pire , à tous les détails de l’administration. —Les
CENT-GARDES, corps d’élite chargé de la garde de avantages de la centralisation sont un des sujets les
l’Empereur, de l’Impératrice et des Enfants de France plus controversés entre les publicistes. S’il est in-
(déc.des24mars54 et 29 fév.56). Ils portent le casque et contestable qu’elle donne plus d’unité et de force au
la cuirasse, et sont armés d’une carabine et d’un sabre. gouvernement central, elle a aussi l’inconvénient
CENTI...., mot qui, joint aux noms des nouvelles d’annuler toutes les autorités locales, de multiplier
mesures françaises, désigne une unité cent fois plus au delà de toute mesure les rouages de l’administra-
petite que l’unité : centiare centigramme, etc.
, tion et d’éterniser les affaires. Un décret du 25 mars
CENTIARE, centième partie de l’are, n’est autre 1852 a eu pour but d’en prévenir l’abus. On peut con-
chose que le mètre carré. 11 équivaut, dans les ancien- sulter M. de Cormenin (De la Centralisation, 1842).
nes mesures, à un carré ayant3 pieds 11 1. ,296 de côté. M. Anisson (De la Central, et de ses dangers, 1849).
CENTIEME DENIER , impôt que payait jadis en CENTRE (du grec tefro« , point). Dans un sens
France l’acquéreur d’un immeuble, et qui était égal général, ce mot signifie un point également éloigné
à la centième partie du prix de cet immeuble Les des extrémités d’une ligne, d’une surface, d’un so-
, , , .
.

CENT — 294 — CENT


une sphère, une section conique.
lide, tels qu’un cercle, ganglions et le plexus nerveux situés à l’épigastre, où
CENTRE d’attraction d’un corps, point vers lequel semblent aboutir, comme à un centre, les impres-
certains corps tendent en vertu de leur gravité, ou sions reçues dans diverses parties du corps ; C. ner-
autour duquel une planète tourne comme autour d’un veux, l’endroit d’où plusieurs nerfs tirent leur ori-
centre, y étant attirée ou poussée par la gravité. gine : le cerveau, la moelle épinière, les ganglions.
CENTRE DE GRAVITÉ OU d’inertie d’un corps , point En Politique, on donne le nom de centre à la
sur lequel un corps, sollicité seulement par la pesan- partie d’une assemblée qui siège au milieu de la
teur, peut être maintenu en équilibre dans toutes salle : c’est là que se placent ordinairement ceux
les positions ;
c’est le point d’application de la résul- dont les opinions modérées tiennent le miheu entre
tante de toutes les attractions qu’exerce la terre sur celles du côté droit et celles du côté gauche.
les particules de ce corps. Pour trouver mécanique- CEiSTRlFUGE (force), force par laquelle un mobile
ment le centre de gravité d’im corps, il suffit de le tournant autour d’un centre s’efforce de s’éloigner de
placer dans deux positions différentes d’équilibre, à ce centre et semble le fuir. La force centrifuge est d’au-
l’aide de deux forces agissant dans des directions ver- tant plus grande, que le rayon de courbure est plus
ticales et appliquées successivement à deux points dif- petit. Si le corps qui tourne vient à s’échapper, il sui-
férents de ce corps ; le point d’intersection de ces deux vra la direction de la tangente au point où il se sera
directions est le centre de gravité. Pour trouver, par échappé : la fronde en est un exemple. C’est à cause
exemple, le centre de gravité d’une planche, on la de l’action de la force centrifuge que, dans la con-
suspend par un point; alors le fil à plomb, suspendu struction des chemins de fer, on cherche, autant que
du" même point, passera par le centre de gravité; possible, à leur faire suivre la ligne droite, ou tout
après avoir tracé la direction du fil sur la planche, on au moins des courbes d’un très-grand rayon. C’est
la suspend par un autre point, et l’on applique le fil la combinaison de la force centrifuge avec la force
à plomb pour trouver une autre ligne semblable; le centripète qui produit l’orbite des planètes autour
point d’intersection de cette ligne avec la première du soleil. On attribue encore à la force centrifuge
sera le centre de gravité. Le centre de gravité chez l’aplatissement de la terre vers les pôles.
l’homme est situé vers la partie inférieure du bassin. CENTRIPÈTE (force), force directement contraire
L’homme assis pose solidement, parce que la verticale à la force centrifuge, par laquelle un mobile en mou-
abaissée du centre de gravité sur la base de sustenta- vement autour d’un centre tend à s’en rapprocher et
tion est difficilement portée hors de cette base ; quand semble le chercher [petere). Tout corps libre qui se
il veut se lever, il est obligé de porter le corps en meut circulairement est retenu dans son orbite par
avant pour déplacer le centre de gravité et l’amener une force centripète précisément égale à la force cen-
à passer par la pointe des pieds. Un homme qui porte trifuge qui le pousse à s’en écarter : c’est ce qui a
un fardeau sur le dos se penche en avant pour ra- lieu dans le système solaire.
mener à sa position te centre de gravité que la charge CENTRISQUE (du grec kentron, aiguillon), genre
avait porté en arrière ; si le fardeau est porté dans de poissons Acanthoptérygiens, de la famille des Tu-
les bras en avant, c’est en arrière que le corps doit bulirostres ou Bouches en flûte , a le museau très-
se jeter. Un danseur de corde doit maintenir sa po- allongé, les mâchoires sans dents, le corps très-com-
sition de manière qufe le centre de gravité passe tou- primé. La seule espèce connue, le C. scolopax, a la
jours par la corde au point où pose le pied. for me tubuleuse , et son museau l’a fait comparer,
Dans une ligue droite, le centre de gravité est au tantôt aune bécasse, tantôt à un éléphant, tantôt à un
milieu de la longueur ; dans un cylindre à bases paral- soufflet ; aussi l’appelle-t-on Bécasse de mer, et Sof-
lèles, au milieu de l’axe ; dans un parallélogramme, fietta, Trombetta, sur les bords de la Méditerranée
à la rencontre des diagonales dans un cercle et dans
;
CENTROBARIQUE (du grec kentron, centre, et
une sphère, au centre; dans un triangle, au point haros poids). On nomme méthode çentrobarique
d’intersection de tirées du sommet de
deux lignes un procédé imaginé pour mesurer Taire ou le vo-
deux angles au milieu des côtés opposés, etc. lume engendrés par la rotation d’une ligne ou d’une
CENTRE DE mouvement point autour duquel tour-
,
surface autour d’un axe immobile. Cette règle s’é-
nent plusieurs corps ou un système de corps. On nonce ainsi Toute figure formée par la révolution
:

nomme Centre de mouvement circulaire d’un corps d’une ligne ou d’une surface autour d’un axe fixe a
ou d’un système de corps le point dans lequel, si toute pour mesure le produit de la ligne ou de la surface
la masse était réunie, toute force appliquée à une génératrice par le chemin du centre de gravité. Le
distance donnée de l’axe de suspension produirait Père Culdin, jésuite du xvii® siècle, a passé pour
dans le même temps la même vitesse angulaire que l’inventeur de cette règle; mais on Ta retrouvée
si tous les corps étaient mis eu mouvement à leurs dans la préface du VIR livre des Collections ma-
distances respectives. thématiques de Pappus d’Alexandrie.
On nomme encore Centre d’oscillation dans l’axe CENTRONOTE (de kentron, aiguillon, et nôtos,
de suspension d’un corps ou d’un système de corps, le dos), grand genre de poissons de la famille des
point sur lequel toute force appliquée, en supposant Scombéroïdes, comprend les Pilotes, les Biches, les
la masse du système réunie en ce point , produirait Plaçâtes et les Trachinotes. — Ce nom a été donné
la même vitesse angulaire dans un temps donné aussi à des espèces appartenant à des genres différents,
que si cette même force était appliquée au centre de notamment à un Épinoche (Gasterosteus aculeatus)
gravité, les parties du système oscillant à leurs pla- CENTROPOME (de kentron, aiguillon, et pâma,
ces respectives; — C. de percussion, daxis un corps opercule), un des genres de la famille des Percoïdes.
en mouvement, le point où le choc est le plus fort ; CENTROTE (du grec kentrôtos, armé d’aiguil-
— C. phonique en Acoustique , la place où l’audi- lons) , genre d’insectes Hémiptères , de la famille des
teur entend des échos polysyllabiques et articulés ; Cicadaires, caractérisé par la forme allongée de la
— C. de position, en Mécanique, un point d’un corps partie postérieure de leur prothorax, dont les côtés
quelconque ou dVn système de corps, choisi de ma- sont dilatés en forme de corne. Les Centrotes ont des
nière qu’on puisse exactement estimer la situation aiguillons; ils sont de couleur noire, et sautent avec
et le mouvement du corps ou du système par la si- facilité. Le C. cornu des environs de Paris se trouve
tuation et le mouvement de ce point; —C. de pres- sur les plantes et dans les lieux humides.
sion d’un fluide contre un plan , le point que sou- CENT-SUISSES , troupe d’infanterie qui a été
tient une force égale et opposée à toute la pression longtemps affectée à la garde des rois de France.
appliquée contre lui, de sorte que le corps sur lequel En 1453 , Charles VII avait attaché^ à son service
^exerce la pression demeure en équilibre. une troupe de soldats suisses; Louis XI choisit parmi
En Anatomie, on appelle Centre épigastrique les eux une compagnie d’élite qui prit le nom de com-
, , , ,

CÉPH — 295 — GÉRA


pagnie des Cent-Suisses ordinaires du corps du fleur ), nom donnépar certains botanistes à l’assem-
roi. Conlirmé en 1496 par Charles VIII , ce corps pri- blage des fleurons qui forment les fleurs composées
vilégié subsista jusqu’à la fin du règne de Louis XVI. Ce mot est synonyme de calathide et de capitule.
Il était commandé par un capitaine et deux lieute- CÉPHALARTIQUES (du grec képhalè, tête, et
nants; leur uniforme était un habit à l’espagnole, artizéin rendre sain ) , nom donné par les anciens
d’abord bleu, puis rouge, et galonné d’or; dans les médecins aux remèdes purgatifs qu’ils croyaient pro-
grandes cérémonies, ils étaient vêtus de velours. Leur pres à débarrasser la tête des humeurs morbifiques.
arme était la hallebarde. Rétablis sous Louis XVIII CÉPHALÉS, mot employé pour désigner les mol-
en 1817 sousle nom de Grenadiers gardes à pied du lusques munis d’une tête , par opposition aux acé-
corps durai, ils furent de nouveau licenciés en 1830. phales, qui n’en ont pas.
CENTURIE, nom donné, chez les Romains, à une CÉPHALIQUE (du grec képhalè , tête ), qui a rap-
compagnie de cent hommes commandée par un port à la tête. On appelle communément Veine cé-
centurion, et à une ancienne division du peuple. Voy. phalique une veine superficielle de la face antérieure
le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. et externe du bras , qui est formée au pli du coude
LesCenturies de Magdebourg sont un corps d’his- par la réunion de la médiane céphalique , de la ra-
toire ecclésiastique écrit vers 1560 par des ministres diale superficielle , etc. ; elle monte le long du bord
protestants de Magdebourg. — Les C. de Nostrada- externe du biceps et va s’ouvrir dans la veine axillaire,
mus sont les prédictions de cet astrologue, rangées près de la clavicule. C’est une des veines sur lesquelles
par centaines de quatrains ou de sixains. on pratique la saignée. Les anciens lui avaient donné
CENTURION. Voy. centurie. ce nom parce qu’ils croyaient qu’elle avait quelque
CEP (^du latin caput, tête), souche ou pied de rapport avec la tête et que c’était elle qu’il fallait
vigne. Voy. vigne et cépage. ouvrir dans les céphalalgies. — On nomme artère
CÉPAGE (de cep), sarment de vigne employé céphaliqueld. carotide primitive. — On désigne sous
comme plant ou bouture. On a reconnu de tout le nom de remèdes céphaliques les antispasmodiques
temps l’influence de la variété du cépage sur la qua- employés contre les maladies nerveuses de la tête.
lité du vin. Cette influence est telle que plusieurs CÉPHALITE (du grec képhalè, tête), inflamma-
vins renommés tirent leur dénomination de celle tion de la tête en général. Voy. encéphalite.
des plants qui les ont produits : tels sont, dans le CEPHALOIDES ou capitée s. Foi/, cinarocéphales.
midi de la France, les vins muscats, et, dans le CÉPHALOPODES (du grec képhalè, tête, eipous,
centre, ceux de Grenache, de Malvoisie et de Pi- podos, pied), ordre de la classe des Mollusques, con-
cardan. Les excellents vins blancs de Vouvray, de tenant des animaux chez lesquels les organes qui ser-
Saumur et d’Angers, pourraient également porter vent à la locomotion s’insèrent soit sur la tête, soit au-
le nom de vins de Pineau ; car ce sont des plants de tourde latêteou autour de la houche, de manière que
vigne connus sous ce nom qui les produisent. Le choix ces animaux se traînent le corps en haut et la tête en
du cépage est donc des plus importants pour le viti- bas. Tous les Céphalopodes sont marins : ils sonttrès-
culteur. Le nombre des variétés de cépages culti- voraces et se nourrissent principalement de crustacés
vées en France dépasse trois cents. Voy. vigne. et de poissons, dont ils s’emparent à l’aide de leurs bras
CEPE ou CEPS (du latin cœpe, oignon ), variété souples et vigoureux, et qu’ils dévorent facilement au
de Champignon , du genre Bolet. Voy. bolet. moyen de leurs fortes mandibules. Cette classe ren-
CÉPÉE (de cep?), touffe de plusieurs tiges qui ferme onze familles, dont les genres principaux sont :
sortent de la souche d’un arbre après que le tronc les Poulpes, les Argonautes, les Seiches, les Cal-
a été coupé, comme on le voit dans les saules, les mars, les Nautiles, les Ammonites, etc. On les ap-
châtaigniers , les frênes , etc. Ces pousses , presque pelle aussi Céphalophores.
toujours trop nombreuses, se nuisent réciproquement. CÉPHALOPTERE (du grec képhalè tête, eipté-
Il faut avoir soin à mesure que la tige-mère gran- ron, aile ; tête ailée), genre d’oiseaux de la famille
,
dit, de retrancher celles qui deviennent nuisibles. des Corbeaux, renferme une seule espèce, le C. orné
CÉPHAÉLIS (de képhalè, tête, à cause des capi- du Brésil, au plumage d’un beau bleu noir ; sa tête
tules que forment leurs fleurs) genre de la famille est ornée d’un panache formant une sorte de parasol
,
des Rubiacées , tribu des Psychotriées, est composé composé de plumes étroites et longues; sa queue est
de plantes herbacées ou d’arbustes qui croissent longue et légèrement arrondie.
dans les parties chaudes de l’Amérique. Leurs feuilles Poisson de la famille des Raies, d’une taille énorme,
sont opposées , leurs fleurs bractéolées , réunies en à nageoires pectorales grandes, élargies et pointues-
capitules terminaux ou axillaires. La corolle est in- Le C. Massena type du genre , se prend , avec les
fundibuliforme , à 4 ou 5 lobes et à 4 ou 5 étamines. Thons, dans les madragues de la Méditerranée,
L’espèce la plus commune et en même temps la plus CÉPHALOTE (du grec képhalè, tête , à cause de
utile est le G. /pecacwara/ia, petit arbrisseau du Brésil la grosseur de sa tète), genre de la famille des Chéi-
qui fournit à la médecine une racine émétique d’un roptères (Chauves-souris), voisin des Roussettes; —
très-grand emploi {Voy. ipécacuanha). Cette plante Genre de Coléoptères pentamères , de la famille des
croît dans les lieux humides, couverts de forêts. Elle Carnassiers , tribu des Carabiques.
fleurit en décembre ,
janvier, février et mars. On donne aussi ce nom à une substance graisseuse
CÉPHALACANTHÉ (du grec képhalè , \Aie , ei qui existe dans la matière cérébrale. Voy. cerveau.
acantha, épine), Cephalacanthus, genre de poissons CÉPHÉE , constellation de l’hémisphère boréal
Acanthoptérygiens, de la famille des Joues cuiras- située entre le Dragon et Cassiopée, renferme 35
sées ; tête à forme de parallélipipède, 4 longues poin- étoiles dont trois de 3' grandeur. Elle tire son nom
tes qui s’échappent des surscapuiaires et des préoper- de Céphée, roi d’Éthiopie, époux de Cassiopée et père
cules. Ce genre ressemble beaucoup aux Dactyloptè- d’Andromède, qui fut transporté au ciel après sa mort.
res, dont il diffère par la brièveté de ses pectorales. CEPS, genre de Champignons. F. bolet comestible.
Il est originaire de Surinam. GERA DE PALMA. Voy. céroxvle.
CEPHALALGIE (du grec képhalè, tête, et algos, CERAISTE (du grec kérastès, cornu, à cause des
douleur), nom souslequelondésignelout mal detéte, papilles tubéreuses qui recouvrent les graines), Ce-
toute douleur qui occupe une régior quelconque ou rastium, genre de plantes de la famille des Caryo-
toute l’étendue de la tête ou du crâne. On distingue phyllées , la plupart vivaces , presque toutes d’Éu-
la céphalée ou céphalalgie violente et opiniâtre, quel- rope. Ce sont des plantes herbacées , ordinairement
quefois périodique; V hémicranie oa. migraine {Voy. velues. Elles sont recherchées à cause de la multitude
migraine); le clou hystérique {Voy. clou), etc. et de l’éclatante blancheur de leurs fleurs. Le C. io-
CEPHÀLANTHE (du grec képhalè, tête, et anthos, menteux {C, tomentosum) a des fleurs d’un blanc
, ,. , ,

GÉRA — 296 — CERC


pur et un feuillage argenté et cotonneux dont on avec de l’eau, elle se convertit en gomme arabique,
tapisse les rochers dans les jardins paysagers. dont elle a la composition. Voy. arabine.
CÉRAMBYCINS (du latin cerambyx capricorne, CÉRASTE (du grec kéras, corne) , Vipera cerastes,
nom du genre type), tribu de Coléoptères tétramères, espèce de Vipère qui se fait remarquer par une pe-
de la famille des Longicornes. Ces insectes se re- tite corne pointue qu’elle porte sur chaque sourcil, ce
connaissent à leur labre très-apparent , à leurs yeux qui lui a fait donner le nom de setpent cornu ; elle est
toujours échancrés pour receyoir la base des anten- grisâtre, et se tient cachée dans le sable enAfrique. Ol
nes, qui sont ordinairement longues. Leurs cuisses la voit gravée sur les anciens monuments égyptiens.
sont en forme de massue et comme portées sur un CERAT ( du latin cera, cire), médicament externe
pédoncule; ils ont les couleurs brillantes. Ils com- qui a pour base la cire et l’huile, ce qui le distingue
prennent les genres Capricorne ou Cerambyx (type des pommades qui sont faites avec de la graisse, et
de la tribu), Callichrome, etc Us habitent les con- des onguents c\\xï contiennent des matières résineuses.
trées chaudes et le midi de la France. Les cérats sont employés pour dessécher les plaies
CÈRAMIAIRES (du genre type Céramie), tribu légères, adoucir la peau, prévenir les gerçures, etc.
de plantes Cryptogames , de la famille des Algues On distingue ; 1° le C. simple dit aussi C. blanc
section des Floridées, est caractérisée par des fila- ou de Galien, composé de cire vierge et d’huile d’a-
ments artioilés qui produisent à l’extérieur des cap- mandes douces; rougi avec del’orcanette et aroma-
sules parfaitement distinctes. Cette famille comprend tisé avec une huile essentielle ou de l’essence de
une foule d’espèces aquatiques, très-déliées, d’un roses, il donne le C. à la rose ou pommade pour
port élégant, d’une couleur agréable, soit brunâtre, les lèvres; 2® le C. de Goulard, ou C. saturnin,
soit rouge, purpurine ou verte : elles se trouvent cérat astringent, qui doit cette propriété à l’addition
dans la mer, les fontaines et les eaux courantes. d’une très-petite quantité d’eau de Goulard (sous-
CÉRAMIE ( du grec kéramion, vase en terre , à acétate de plomb liquide) ; 3“ le C. soufré; 4® le
cause de la forme des capsules qui renferment les C. ammoniacal ou de Réchoux, etc.
graines), genre type de la famille des Céramiaires : CÉRATINE (du grec kéras, corne, antenne), genre
filaments cylindriques articulés par sections, qui sont d’insectes Hyménoptères, famille des Mellifères, sec-
marquées intérieurement d’une seule macule de ma- tion des Apiaires. Ce sont de petits insectes à cou-
tière colorante; capsules externes, solitaires, nues, leurs bronzées ou noires, offrant quelques taches
opaques; leur couleur varie du pourpre au violet; ils blanchâtres à la partie antérieure de la tête. Ils ont
ont la forme d’arbuste, et croissent dans l’Océan. de grands rapports avec les abeilles. Le type de ce
CÉRAMIQUE (art ) , du grec céramos, terre à genre est la C. calleuse qui dépose ses œufs dans les
potier; nom donné de nos jours à l’art qui a pour nids des Osmées, et dont les larves vivent aux dé-
objet la fabrication des poteries , faïences et porce- pens des provisions amassées par ces dernières.
laines, considérée en général. Les anciens, et notam- CERATOCÉLE,cÉRATOGLOssE,etc. Voy. kérato....
ment les Étrusques, avaient porté à une grande per- CERATONIA, nom latin du Caroubier. V. ce mot.
fection la fabrication de la poterie. Jusqu’au xive siè- CERATOPHYLLE (du grec céras, corne, et phyl-
cle les secrets de cet art furent à peu près ignorés en lon, feuille), Ceratophyllum, genre type et unique
Europe. On s’appliqua d’abord à la fabrication du des Cératophyliées , famille de plantes dicotylédo-
grès ; l’Italie produisit ensuite ces belles faïences et nes, est composé de plantes herbacées, annuelles ou
ces poteries vernissées connues sous le nom de ma- vivaces, à fleurs monoïques, à calice divisé en un
jolica et de terra invetriata. Auxvi® siècle, Bernard grand nombre de lanières verticillées , contenant
de Palissy, en France , inventa les rustiques figu- dans les mâles, de 10 à 20 étamines sessiles, et dans
lines et ces belles poteries émaillées si recherchées les femelles, un ovaire libre à un seul ovule. Leurs
aujourd’hui. C’est seulement au xviu® siècle que feuilles sont verticillées et un peu rigides. Ces plantes
remonte l’invention de la terre de pipe ou faïence croissent dans les lacs, les étangs et les rivières, et
anglaise et de la porcelaine européenne. Les Anglais sont toujours plus ou moins submergées. Le Cera-
empruntèrent cette dernière aux Chinois; mais ces tophyllum demersum et le C. submersum se tiou-
produits de la Chine trouvèrent presque aussitôt en vent aux environs de Paris.
France et en Saxe une concurrence redoutable. La CÉRAUNIAS ou céraunite (du grec céraunias,
porcelaine de Saxe n’a plus son ancienne réputation ; qui provient de la foudre ) , nom donné par les an-
mais les produits de la manufacturede Sèvres onttou- ciens à des pierres de diverses natures que l’on
jours conservé leur supériorité. On estime beaucoup croyait tombées avec la foudre , d’où leur nom vul-
aussi les faïences fines et dures et les porcelaines ten- gaire de Pierres de foudre.TeWe est surtout la Py-
dres sorties des fabriques de Creil et de Montereau. M. rite martiale globuleuse (sulfure de fer radié), qui
Brongniart, qui a été longtemps le directeurde la ma- a la propriété de faire feu sous le briquet.
nufacture de Sèvres, a publié un remarquable Traité CERBÈRE , petite constellation boréale, placée aux
des Arts céramiques vol. in-8); il est aussi le environs de la main d’Hercule, tire son nom du Cer-
créateur du beau Musée céramique de Sèvres, dont il a bère de la Fable; elle ne renferme que 4 étoiles.
publié lui-même la Description avec M. Riocreux (2 v. On donne ce nom, sans doute à cause de ses pro-
in-4 et atlas) Foy. poterie, faïence, porcelaine, etc.
. priétés vénéneuses , à un genre de plantes de la fa-
Onappelait autrefois Céramiques deux quartiers mille des Apocynées, renfermant un arbre du Bré-
d’Athènes , situés l’un en dehors, l’autre dans l’en- sil , dont les noix servent de parure aux indigènes.
ceinte de la ville, parce qu’ils occupaient l’emplace- — C’est aussi le nom d’une espèce de couleuvre.
ment d’anciennes fabriques de poteries. Dans le pre- CERCAIRE (du grec cercos, queue), genre d’ani-
mier de ces quartiers était située l’Académie de Platon maux Infusoires, type de la famille des Cercariées,
CÉRAP’TERE ( du grec kéras , corne , et ptéron , au corps très-petit , transparent , globuleux , muni
aile), genre de Coléoptères tétramères, de la famille d’une queue particulière très-simple. Une espèce ha-
des Xylophages. Ces insectes ont la lèvre grande, bite le tartre des dents.— La famille des Cercariées
les palpes très-visibles, les élytres longues et de comprend, selon M. Bory de St-Vincent, six genres :
forme parallélogrammatique , et les tarses courts. Cercaire, Tripos, Zoosperme, Virguline, Turbi-
On le trouve à la Nouvelle-Hollande. nile, Hestrionille.
CERASINE du latin cerasus, cerise),
(
principe CÉRCEAU (du grec circos, tour, cercle), lame de
chimique qui constitue presque totalité des gom-
la bois flexible ou de fer mince dont on se sert pour lier
mes qui exsudent des cerisiers, des amandiers, des les cuves, les tonneaux et les barriques. Les meil-
pruniers, etc. La cérasine se gonfle dans l’eau froide, leurs cerceaux en bois sont faits de châtaignier, de
et s’y dissout fort bien à chaud. Bouillie longtemps frêne, de saule-marceau, de tremble, de coudrier.
, . ,

CERC — 297 — CERC


On en tire une grande quantité de la Picardie et de l’équateur, et décrit du point le plus septentrional de
la Champagne, particulièrement de la Ferté-sous- l’horizon les étoiles comprises dans ce cercle ne se
;

Jouarre. On apporte en bottes.


les couchent jamais, et sont toujours sur l’horizon; par
On nomme encore Cerceau un cercle de bois lé- opposition, on nomme C. d’occultation perpétuelle
ger, que les enfants font courir en le poussant à l’aide un cercle parallèle à l’équateur, décrit du point le
d’un petit bâton. Les anciens l’appelaient Trochus. plus méridional de l’horizon, et au-dessous duquel
CEKCIS, nom scientifique du Gainier. Voij. ce mot. sont des étoiles qui ne sont jamais visibles sur l’ho-
CERCLE (du latin circulus), ligure plane termi- rizon. — C. de déclinaison, grands cercles qui pas-
née par une ligne courbe dont tous les points sont sent par les deux pôles de la sphère céleste : tels sont
à égale distance d’uü point intérieur qu’on nomme les méridiens. —
C. de hauteur, petits cercles pa-
cerdre : la courbe qui limite le cercle s’appelle la rallèles à l’horizon [Voy. almicantarats). — C. diur-
cfîTon/’eVence. Les droites menées du centre à divers nes, cercles parallèles à l’équateur et supposés dé-
points de la circonférence sont toutes égales , et se crits par les étoiles et autres points du ciel dans leur
nomment rayons. Une droite menée dans le cercle, rotation diurne apparente autour de la terre. —
C. de
et qui se termine de part et d’autre à la circonfé- latitude, de-longitude, de réflexion {Voy latitude,
rence, se nomme corde ; lorsqu’une corde passe par LONGITUDE, sextant). —
C. polaires, petits cercles de
le centre, elle prend le nom de diamètre. La partie la sphère décrits par les pôles de l'écliptique, tandis
de la circonférence interceptée, ou, comme on dit, que la sphère entière fait sa révolution autour des pô-
sous-tendue par une corde, se nomme arc de cercle. les de l’équateur : ces cercles sont éloignés des pôles
Une droite qui coupe la circonférence en deux points du monde de 23» 28'. —
C. verticaux. Voy. azimuts.
se nomme sécante ; une droite dont la direction coïn- cercle répétiteur, instrument inventé par Borda
cide avec celle de la circonférence dans un seul point pour mesurer l’angle sous lequel on voit deux ob-
de cette courbe se nomme tangente ; une portion de jets terrestres, est composé d’un pied surmonté d’un
cercle comprise entre deux rayons de la circonférence cercleentier de cuivre, divisé en 360 degrés, et
se nomme seclewr. On appelle segment la partie d’un muni de limbe et de lunettes. On mesure l’angle
cercle comprise entre un arc et la corde sous-tendue. formé par deux objets terrestres en répétant suc-
Voici les principaux théorèmes relatifs au cercle: cessivement observations sur toutes les parties
les
La perpendiculaire abaissée du centre d’un cercle sur de la circonférence du cercle. Le cercle répétiteur
une corde partage en deux parties égales cette corde s’emploie également dans les opérations astronomi-
et l’arc sous-tendu. Dans un même cercle ou dans ques et géodésiques. On s’en est servi pour mesurer
des cercles égaux, les arcs égaux sont sous-tendus par l’arc du méridien, base de notre système métrique.
des cordes égales, et réciproquement. Les cordes pa- CERCLE mural. Voy. MURAL (CERCLE).
rallèles interceptent dans un cercle des arcs égaux. CERCLE VICIEUX, sophlsme consistant à donner pour
Lorsque deux cercles se coupent, la droite qui joint preuve d’une allégation une proposition que l’on
leurs points d’intersection est partagée en deux pai’- prouve elle-même par la propo.ùtion que l’on avait
ties égales et à angles droits par celle qui Joint leurs démontrée avec son secours ; ce qui est tourner dans
centres. Par trois points donnés qui ne sont pas en un cercle sans issue. Par exemple, prouver l’immor-
ligne droite, on peut toujours faire passer une cir- talité de l’âme par son immatérialité , puis prouver
conférence. Un triangle quelconque peut être inscrit son immatérialilé par son immortalité; prouver la
et circonscrit à un cercle ; il en est de même d’un po- divinité des Écritures par l’autorité de l’Église , et
lygone régulier d’un nombre quelconque de côtés. prouver l’autorité de l’Église par les Ecritures.
Une ligne courbe pouvant être considérée comme CERCLES. On nomme ainsi aujourd’hui certaines
un assemblage de lignes droites inliniment petites, réunions d’hommes seuls, faites à l’imitation des
la circonférence du cercle n’est que le périmètre d’un clubs des Anglais, où l’on se rend habituellement
polygone régulier d’un nombre infini de côtés, et le pour converser et traiter d’affaires , et où l’on se
cercle lui-même n’est qu’un semblable polygone : cotise pour recevoir les journaux et aussi pour jouer.
de là , la mesure de la surface du cercle , qui est le On trouve de ces réunions dans presque toutes les
produit de la circonférence par la moitié du rayon. villes de France, notamment à Paris. Plusieurs ont
Archimède est le premier géomètre qui ait dé- une destinatien scientifique ou commerciale tels :

terminé le rapport du diamètre à la circonférence sont le C. Agricole, le C. du Commerce, le C. de la


du cercle; il y employa les polygones inscrits et cir- Librairie, etc. Dans l’origine, le mot Cercle ne s’ap-
conscrits de 96 côtés chacun , et trouva que ce rap- pliquait qu’aux réunions de la Cour, dans lesquelles
port devait être compris entre 3,1428 et 3,1408. Le les personnes étaient réellement rangées en cercle
Hollandais Adrien Métius se rendit célèbre par la autour du prince; il s’est étendu ensuite aux réunions
découverte des nombres 113 : 355, dont le mérite est de la haute société, et enfin à des réunions payantes.
d’être faciles à retenir, ce rapport étant composé CERCODIENNES , famille de plantes séparée des
des trois premiers nombres impairs 1 , 3 , 5 , répé- Onagraires , dont elle diffère principalement par la
tés chacun deux fois de suite : ce rapport revient à pluralité des styles. La famille établie sous ce nom
3,1415929 ; il diffère du véritable (3,141592653, etc.) par Jussieu est la même que celle des Hygrobiées
par un excès de moins de 3 millionièmes ; on le dé- de Richard, ou des Haloragées de R. Brown. Elle
signe généralement par la lettre grecque -v. Lorsque renferme les genres Haloragis , Gonatocarpe, My-
le rayon d’un cercle est connu, on en trouve la cir- riophyllon et Proserpinaca.
conférence en multipliant ce rayon par 2 m, et la CERCOPE nom d’un de ces in-
(du grec cercôpè,
surface en multipliant par -tt le carré de ce même sectes), genre d’insectes Hémiptères, de la section
rayon ce qu’on exprime par lesformules 2-77R et'TrR*.
: des Homoptères , famille des Cicadaires donne son
,

En Astronomie , on nomme cercles de la sphère nom à la petite tribu des Cercopiens. Les Cercopes
dos lignes imaginaires tracées sur la voûte du ciel pour ont un grand rapport avec les cigales. Ce sont des
représenter les mouvements des astres ou fixer la insectes à couleurs vives , ordinairement jaunes ou
position des objets ; on en distingue de grands et de rouges sur un fond noir. Le C. sanguinolent type
petits. Les grands cercles divisent la sphère en deux du genre, est assez commun aux environs de Paris.
parties égales; ce sont : Véqualeur, l'écliptique CERCOPITHÈQUES (du grec cercos, queue, et
l’horizon, le méridien, le zodiaque et les deux colu- pilhêcos, singe), nom donné aux singes qui ont de
res; les petits cercles divisent la sphère inégalement ; longues queues , mais plus particulièrement à la
ce sont les tropiques et les cercles polaires Uoy. ces guenon. —
C’étaient aussi, chez les anciens, une es-
mots et SPHÈRE armillaire). — (

On nomme : cercle pèce de singes que les Egyptiens avaient divinisés.


cT apparition perpétuelle un petit cercle parallèle à CERCUEIL (jadis sarcueil, dérivé , selon Roque-
, , , ,,

GERE — 298 — GERE


fort, du grec sarx,sarcos, chair), coffre dans lequel qui réglait les cas dans lesquels l’importation et l’ex
on renferme les corps des morts pour les déposer, soit portation étaient permises et fixait les droits qu’au-
dans la terre, soit dans un sépuicre. Le cercueil or- raient à payer les blés importés ; cette législation
dinaire, ou oièi'e, se compose uniquement de cinq subsiste encore, avec quelques modifications.
planches de sapin; celui du riche est un coffre de En Angleterre, la législation des céréales {corn-
chêne , d’ébène ou d’acajou , enveloppant souvent laws) n’a pas subi moins de vicissitudes : l’exporta-
une boîte de plomb soigneusement soudée. Chez les tion et l’importation furent alternativement prohi-
anciens, les Egyptiens sont célèbres pour le soin bées ou permises ; la législation, faite principalement
qu’ils prenaient de leur sépulture; leurs cercueils dans l’intérêt de l’aristocratie territoriale, finit par de-
étaient ordinairement en bois de sycomore ou de venir tellement oppressive qu’il se forma contre elle
cèdre, et ornés de peintures hiéroglyphiques (Voy. une ligue redoutable ; cette ligue, née à Manchester,
momies). Les Grecs et les Romains, qui brûlaient en 183^8, et habilement dirigée par le célèbre Cob-
leurs morts, n’ont pas eu de cercueils. L’usage des den, réussit, en juin 1846, après une lutte de 8 ans,
cercueils fut renouvelé par les chrétiens. En Chine, à faire rappeler, sous le ministère de Robert Peel,
le luxe des cercueils a été de tout temps porté au les lois qui restreignaient le commerce des blés.
plus haut degré : le Chinois le plus pauvre consacre La question des céréales a donné lieu depuis un
ses premières économies à l’achat d’un cercueil. siècle aux controverses les plus animées, les uns re-
CÉRÉALES {de CeVès, déesse des moissons), nom commandant les mesures prohibitives ,
les autres
sous lequel on réunit toutes les plantes de la famille préconisant le libre échange. Sur cet important su-
des Graminées qui sont la base de la nourriture de jet, on peut consulter De l’exportation et de l’im-
:

l'homme et des animaux domestiques. Ce sont , en ortation des grains, par Dupont de Nemours, 1764;
général, le froment , Yépeautre, le seigle, l’orge, ettres sur le commerce des blés, par le marquis
l'avoine le mais, auxquels enjoint souvent le riz, de Mirabeau, 1768 ; Dialogues sur le commerce des
le sarrasin, le sorgho, l’alpiste, la fétuque flottante, blés, de l’abbé Galiani, 1770; Sur la législation et
la zizanie et le millet. —
En France, la production le commerce des grains, par Necker, 1775; Essai
des céréales augmente à mesure que les procédés de historique sur la législation des grains, par Chail-
culture s’améliorent : en 1815 , la récolte a donné lou des Barres, 1820 ; Cobden et la Ligue, par Fréd.
132 millions d’hectolitres, et en 1835,204 millions; Bastiat; Histoire du tarif des céréales, par A. Mo-
la région septentrionale fournit les deux tiers de cette linari, 1847.
production. Dans les départements les plus riches en CÉRÉBELLITE (de cerebellum, cervelet), inflam-
céréales, tels que le Pas-de-Calais, la Somme , le mation du cervelet. Voy. encéphalite.
Nord, etc., les agriculteurs comptent sur 10 années CÉRÉBRAL (du latin cerebrum, cerveau) , tout
une de bonne récolte , 6 moyennes et 3 mauvaises. ce qui a rapport au cerveau. On compte de chaque
La consommation exige 60 centièmes de la récolte côté delà tète trois artères cérébrales: X antérieure,
poiir les hommes, 19 centièmes pour les animaux, ou artère du corps calleux; la moyenne branche
16 centièmes pour les semailles et 2 centièmes pour qui termine en devant la carotide interne ; la posté-
les boissons; ce qui fait en tout 97 centièmes, et rieure, qui est fournie par l’artère vertébrale; —
laisse dans les années ordinaires un excédant de 3 douze nerfs cérébraux ou crâniens : l’olfactif, l’op-
centièmes, qui peut s’élever à 15 centièmes dans les tique , le moteur oculaire commun , le pathétique
bonnes années. La consommation par habitant est le trijumeau, le moteur oculaire externe, le facial,
de 172 litres; cette consommation d’ailleurs est très- l’auditif, le glossopharyngien, le pneumogastrique, le
inégalement distribuée: elle est de 199 pour le Nord spinal et l’hypoglosse. —On compte trois membranes
oriental, de 180 pour le Nord occidental, de 135 cérébrales, qui forment les méninges. Voy. ce mot.
pour le Midi oriental et de 164 pour le Midi occi-
, On appelle affections cérébrales toutes celles qui
dental ; sous Louis XIV, cette consommation n’était ont ou paraissent avoir leur siège dans le cerveau :

guère que de 100 litres par habitant. l’apoplexie, l’épilepsie, etc. Quelques médecins ont
Le commerce des céréales a été, à toutes les épo- donné le nom de fièvres cérébrales à certaines va-
ques, réglementé par les gouvernements. CaiusGrac- riétésde la fièvre ataxique et de la fièvre typhoïde;
chus, par la loi frumentaria (125 avant J.-C. ), mais maladie communément appelée de ce nom
la
donna l’exemple de distribuer presque gratuitement est une espèce de méningite. Voy. méningite.
le blé aux citoyens pauvres
;
on le donnait à raison CERÉBRIFORME (matière). Voy. encéphaloïde.
de 5/6 d’as le modius ou les 14 kilogr. ; cet alms, CÉRÉBRITE , nom donné quelquefois à l’inflam-
ruineux pour les agriculteurs comme pour l’État, mation du cerveau. Voy. encéphalite.
subsista jusqu’à la chute de l’empire romain. En CÉRÉBRO-SPINAL, qui a rapport au cerveau et
France , l’exportation fut tantôt permise, tantôt dé- à la moelle épinière. On appelle Système cérébro-
fendue , même de province à province; en outre, le spinal, Axe cérébro-spinal l’ensemble du cerveau
blé fut très-souvent taxé , et le maximum changea et de la moelle épinière ; Liquide cérébro-spinal, le
sans cesse. Sous Louis XV, on concéda à certaines liquide que renferme le sac de l’arachnoide.
compagnies le monopole du commerce des blés , ce CÉRÉBRO'TE , une des 4 graisses particulières de
qui donna lieu aux plus graves abus {Voy. pacte de la substance cérébrale. Voy. cerveau.
FAMINE au Dict. univ. d’Hist. et de Ge'ogr.). Le mal CÉRÉMONIAL (de cérémonie), ensemble des usa-
fut porté au comble pendant la Révolution :1a disette, ges observés dans certaines occasions solennelles et
résultat d’une mauvaise législation et des désordres surtout dans les cérémonies politiques et religieuses.
politiques plus encore que de l’intempérie des sai- Ces dernières comprennent tout ce qui constitue le
sons, fut suivie du pillage, et amena, outre la dé- culte extérieur, sacrifices, offrandes, jeux, prières
fense d’exporter, des réquisitions vexatoires et une publiques, consécration du mariage et des funé-
taxation ruineuse pour les producteurs Paris fut,
: railles, etc. {Voy. CULTE et rituel). —
Le cérémo-
pendant plusieurs années, rationné par le gouverne- nial politique peut se diviser en cérémonial d’État et
ment, qui se chargeait lui-même de la vente du blé; de Cour ( Voy. couronnement, sacre, baise-main, etc.)
ce ne fut qu’en janvier 1796 que l’approvisionnement et en cérémonial diplomatique ou d’États à États,
fut rendu au commerce. En 1811, Napoléon, vou- comprenant aussi le cérémonial maritime ; il consti-
lant assurer la subsistance de la capitale ordonna
, tue ce que l’on nomme l’étiquette. L’importance que
la création d’une réserve de farines et la construc- l’on a attachée de tout temps à l’observation du céré-
tion de greniers d'abondance; mais cette mesure monial a donné lieu à une foule d’ouvrages sur ce
n’eut pas les bons résultats qu’il en attendait. En sujet. Les plus utiles à consulter sont : le Theatrum
1819 , le gouvernement établit une échelle mobile ceremoniale historico-politicum de Kœnig (Leipzig,
, , , .,

CERF — 299 — CERl


1719-20, 2 vol. in-fol.) ;
le Cérémonial diplomati- miers mois et plus tard daguet. A l’époque du rut,
que des cours de l’Europe, de Roussel (Amst., 1739, le cerf fait entendre un cri rauque et particulier que

3 vol. in-fol.) le C. de France, de Théod. et Denys l’on appelle ràier ou bramer. La chair du cerf est trôs-
;

Godefroy (Paris, 1649, 2 vol. in-fol.) ; le C. de l’Em- estimée, et son bois sert à faire des manches de cou-
pire français (Paris, 1805,1 vol. in-8), etc. teau, de serpette, des pommes de canne, des pipes, etc.;
CÈRÊMOiNIES (dérivé, selon les uns, de Cereris raclé et réduit en fragments minces, il fournit, au
munus, offrande faite à Gérés; selon d’autres et moyen de l’eau bouillante, une gélatine très-saine et
plus probablement de Cœre et munia , pratiques de très-nourrissante , appelée gelée de corne de cerf.
la ville de Cœre ville d’Étrurie à laquelle les Ro- La chasse du cerf ai devenue l’objet d’un art par-
mains empruntèrent en partie leur culte), formes ticulier qui a son langage propre, et qui exige un ap-
extérieures observées soit dans le culte religieux, pareil presque royal. Un veneur détourne, c.-à-d.
soit dans les solennités publiques. On doit à Bernard fait lever l’animal avec son limier, et détermine son
Picard l’Histoire des Cérémonies de tous les peuples. pied (son empreinte), ses fumées (sa fiente), son
Sous l’ancienne monarchie et sous l’Empire , on âge et son sexe. Des piqueurs animent les chiens et
nommait Maîtres des cérémonies, Grand maître des les aident sur le change ainsi que sur le retour, c.-à-d.
cérémonies, des officiers chargés d’ordonner les qu’ils les empêchent d’être dépistés par le cerf : car cet
cérémonies et d’y présider. On a retenu le nom de animal ne manque pas de ruser, de mettre un autre
M. de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies de cerf à sa place, et de repasser sur la même voie, ou
Louis XVI, et de M. de Ségur, grand maître des cé- bien il perce, c.-à-d. s’éloigne, ou se jette à l’écart
rémonies de Napoléon I". — Voy. cérémonial. et se couche sur le ventre. Lorsqu’il voit ses ruses
On nomme encore maître des cérémonies ceux inutiles, il s’élance à l’eau pour dérober son senti-
qui , dans les convois d’apparat, veillent à l’accom- ment aux chiens. Les piqueurs l’y suivent et le met-
plissement de toutes les cérémonies d’usage. tent aux abois. G’est alors que le cerf, devenant fu-
CEREOPSE (du grec c^ros, cire, eiopsis, aspect), rieux, fait tête aux chasseurs, défend sa vie et blesse
genre d’oiseaux de l’ordre des Palmipèdes, famille souvent à coups d’andouillers les chiens et même les
des Lamellirostrcs, voisin de celui des Oies. La seule chevaux. Lorsqu’il a perdu ses forces , un des chas-
espèce est le C. cendré, au bec fort, très-court, obtus, seurs lui coupe le jarret et , pour l’achever, lui en-
presque aussi élevé à sa base que long, couvert d'une fonce son couteau au défaut de l’épaule. On célèbre
cire qui s’étend à peu près jusqu’à la pointe ; il a les sa mort par des fanfares (l’hallali), et l’on donne
ailes amples , la tête d’un blanc pur, et le reste du ses intestins aux chiens pour faire curée.
corps cendré. Il habite la Nouvelle-Hollande. GERFEUIL (du latin cere folium), Scandix cere-
GÉRÉS (du nom de la déesse de l’agriculture), folivm, plante potagère de la famille des Ombellifè-
planète télescopique, découverte par Piazzi en 1801. res. On distingue : 1“ le C.o?’C?i«aire, plante annuelle
Elle fait sa révolution en 1681 jours, 13 h., 55 min., dont les feuilles profondément découpées, comme
ou environ 4 ans et demi ; l’inclinaison de son orbite celles du persil, mais plus grandes, ont une saveur et
sur l’écliptique est de 10“ 37' 28",5 ; son excentricité une odeur légèrement aromatiques ; on s’en sert dans
est de 0,0785; sa distance moyenne au soleil est de les cuisines pour les assaisonnements ; les bestiaux, et
428 millions de kilomètres. Elle n’a que 100 kilom. surtout les lapins, en sont très-friands; la décoction
de diamètre ; son volume n’est que le quart de celui de cerfeuil est résolutive, etcalme les douleurs hémor-
de la lune; elle a l’apparence d’une nébuleuse, envi- roïdales; le suc exprimé de ses feuilles est diuréti-
ronnée de brouillards. Son signe astronomique est Ç que ; 2“ le C. musqué ou C. d’Espagne (Sc. odorata),
GERE, Cervus, genre de Mammifères ruminants, plus grand que le précédent ses semences ont le goût
:

de la famille des Tubicornes , est caractérisé par des et le parfum de l’anis; 3° le C. bulbeux, dont la racine
protubérances frontales recouvertes de peau et ap- et les bulbes contiennent une fécule alimentaire.
pelées bois. Les cerfs ont 32 dents (8 incisives à la GERF -VOLANT, jouet d’enfant qui consiste en
mâchoire inférieure et 24 molaires) ; des larmiers et un châssis léger, en forme de raquette, fait de ba-
un mufle dans la plupart des espèces ; des oreilles guettes d’osier et recouvert de papier. On enlève
médiocres et peu pointues ; la queue très-courte. Le un cerf-volant en courant contre le vent, et en lâ-
bois n’existe , à l’exception de la femelle de l’espèce chant peu à peu la ficelle qui le retient : on a ob-
Renne que chez les mâles ; il tombe tous les ans servé que le cerf-volant monte en faisant avec l’ho-
vers l’époque du rut, et est remplacé par un autre rizon un angle aigu qui ne dépasse guère 45 degrés.
ordinairement plus fort. Les cerfs sont de tous les Pour empêcher qu’il ne donne des coups de tête en
ruminants les plus élégants et les plus agiles; leurs bas, on a soin de garnir son extrémité inférieure
jambes sont minces et élevées ; leur corps est svelte d’une queue faite de petits rouleaux de papier, liés
et gracieusement arrondi ; leur cou est long et ar- de distance en distance à une longue ficelle , et qui
qué. On a divisé le genre Gerf en 8 sections, les Cerfs servent de contre-poids. — Franklin a fait servir le
proprement dits, les Élans, les Daims, les Rennes, cerf-volant à une expérience de physique fort inté-
les Axis, les Chevreuils, les Cervules, les Daguets. ressante, mais toujours dangereuse : il est parvenu à
Les Gerfs proprement dits se distinguent par dés soutirer l’électricité des nuages au moyen d’un cerf-
bois longs et sessiles, à andouillers coniques, par- volant armé à la tête d’une pointe métalUque et
tant les uns de la base du bois, les autres du mi- attaché à une corde conductrice.
lieu.L’espèce la plus répandue est le C. commun CERF-VOLANT , nom vulgaire du mâle du Lucanus
(C. elaphus) ; son pelage est d’un brun fauve par cervus, espèce d’insecte Goléoptère du genre Lu-
tout le corps , excepté la croupe et la queue qui cane {Voy. ce mot). On l’appelle ainsi à cause de
sont d’un fauve pâle. Le C. de Corse plus petit et ses cornes dentelées, assez semblables à celles du cerf.
plus trapu, et le C. des Ardennes, plus grand et à GERINE, acide gras contenu dans la cire d’abeilles.
pelage plus foncé, en sont des variétés persistantes. GÉRINTHE, nom latin du genre Mélinet.
Le cerf vit par troupes plus ou moins nombreuses. GERISE, fruit du cerisier. Voy. cerisier.
On le trouve dans presque toute l’Europe et dans GERISIER, Cerasus (de Cérasonte, v. d’Asie Mineu-
une partie de l’Asie. On appelle ^’eune cerf le cerf re, d’où il fut apporté à Rome par Lucullus, 68 ans av.
depuis trois ans jusqu’à huit; C. dix-cors jeurwment J.-G. ), genre de la famille des Rosacées, tribu des
le cerf de six ans; C. dix-cors, celui de sept; et Amygdalées, à feuilles ovales, lancéolées, finement
vieux cerf, celui qui atteint huit ans. La femelle du dentées sur les bords; à fleurs blauches à 5 pétales;
cerf s’appelle Biche elle n’a pas de bois et sa cou-
;
à fruit d’un rouge plus ou moins vif, formant un
leur tire sur le bai rouge ; elle porte huit mois et
,
drupe globuleux, ombiliqué à la base, charnu, très-
donne ua seul petit, qu’on nomme faon dans les pre- glabre et dépourvu de poussière bleuâtre ; à noyau
, . ,

CÉRO — 300 - CERT


lisse. 11 forme quatre espèces :Merisier, le Bigar-
le que ;
cultivée de nouveau en Italie dans le xvii® siè-
reautier, le Guignier et le Griotiier ou C. commun. cle, elle a été considérablement perfectionnée de
Ce dernier, qui est connu à Paris sous le nom de nos jours. Les figures de cire que tout le monde a
Cerisier proprement dit, et dans le Midi sous celui vues dans le cabinet de Curtius à Paris, et que l’on
de Griotiier, comprend des arbres de taille peu éle- montre encore dans toutes les foires, les bustes en cire
vée, à fleurs remarquables par leur calice ample et que les coiffeurs , les corsetières , etc. , étalent dans
campanulé ; à fruits acides, portés sur des pédicules leurs montres, sont dus à la céroplastique ;
mais
courts et épais. Les variétés de cette espèce sont : c’est surtout dans la reproduction de la nature morte
1“ la Cerise de Montmorency, à fruit globuleux, dé- que les progrès de cet art ont été sérieux. On a fait
primé, d’un rouge pâle, et dont les pédoncules sont par ce procédé des pièces d’anatomie pathologique
un peu allongés : on l’appelle aussi C. d’Angleterre, fort curieuses , des fruits et des fleurs d’une vérité
Belle de Choisy, C. doucette, C. hâtive, etc.; 2® la remarquable. Zumbo, Galli, Fontana, en Italie,
C. ambre ou C. à fruit blanc; 3“ la C. à courte Laumonier, Pinson et Dupont, en France, sont les
queue ou C. de Montmorency à gros fruit; 4® la artistes ks plus distingués en ce genre. L’École de
C. à bouquet, à fleurs nombreuses, ordinairement médecine de Paris contient un des plus riches cabi-
polygynes, réunies au nombre de 3, 4, ou 5, sur le nets de pièces anatomiques en cire.
même pédicule; 5® le Cerisier à fleui's doubles à CÉROXYLE (du grec céros, cire, et xylon, bois),
fruits rares, d’un rouge pâle, très-acides; 6® le C. à le plus grand de tous les arbres de la famille des

fleurs de pécher, à fleurs pleines et roses ; 7® le C. à Palmiers, dont on avait fait un genre à part, mais
feuilles panachées ; 8® la Griotte commune, grosse que l’on a reconnu depuis appartenir au genre
Griotte, noire, tardive, et les sous- variétés , qu’on Iriartea, de la tribu des Arécinées. Il est commun
appelle petite Griotte à ratafia, Griotte à la feuille. dans les Andes du Pérou , où il atteint une hauteur
Griotte d’Espagne, etc.; 9® enfin la C. guigne, dite de 50 à 60 mètres. Il doit son nom à la propriété qu’il
aussi C. cœur ou Griotte guigne, à fruit ovale, com- possède de donner de la ciie, appelée cire de palmier
primé, et à chair d’un rouge foncé. [cera de palma). On obtient cette cire de l’exsuda-
Tout le monde connaît les usages des cerises : on tion annuelle de l’arbre, et en mettant cette sub-
en fait des confitures, des liqueurs de table, telles stance exsudée à bouillir dans de l’eau. La cire de
que le ratafia, le kirsch et le marasquin, etc. Le bois palmier est d’un jaune blanchâtre. Elle est d’une
du cerisier est dur et susceptible d’un beau poli. légèreté remarquable , et sert à fabriquer des bou-
CER. NAIN. V. CAMÉRISIER.— C. ODORANT. V
IIAKALEB. gies qui donnent une belle lumière et peu de fumée.
CERITE, minéral d’un violet brunâtre ,
composé — Le fruit du Céroxyle est un drupe violet, sucré,
de silice etd’oxyde de cérium, de didyme et de lan- très-recherché des écureuils et des oiseaux.
thane. On le rencontre dans les mines de cuivre de CERQUEMANEUR (du bas latin circare, tourner,
Nya-Bastnaès, près de Riddarhyttan en Suède. C’est et manerium, logement, demeure), nom qu’on don-
une des principales mines d’où l’on tire le cérium. nait autrefois à un expert ou maître arpenteur juré,
Coquille univalve,turriculée,àouvertureoblongue, qu’on appelait pour planter des bornes d’héritages,
oblique, dite vulg. Télescope et Obélisque chinois. ou pour les rétablir. Le cerquemaneur avait une cer-
CÊRIUM (du nom de la déesse Cérès, ou plutôt taine juridiction pour juger les différends.
du cérite. dans lequel il a été découvert ), corps CERTHIADÈES (du genre Certhia, grimpereau),
simple métallique, contenu dans quelques minéraux famille d’oiseaux comprise dans la tribu des Cinnyri-
très-rares de Suède et de Sibérie. On le trouve par- dées de Lesson, répond aux Grimpereaux de Cuvier.
ticulièrement à l’état de silicate, de carbonate, de CERTIFICAT (du latin certum, certain, et facere,
phosphate ou de fluorure, dans la cérite, Vallanite, faire), nom donné, en Jurisprudence, à un acte écrit
l’orthite, la gadolinite, etc., le plus souvent accom- et signé qui rend témoignage de la vérité d’un fait.
pagné de lanthane, de didyme et d’yttrium. Le — Il
y a beaucoup de sortes de certificats : les C. de
cérium a été découvert en 1803, presque en même vie, qui ont pour objet de constater l’existence d’un
temps, par Klaproth , Hisinger et Berzélius. rentier ou d’un pensionnaire de l’Etat; les C. d’in-
CERISE (du latin circinus, compas), se dit, en gé- dividualité, qui ont pour objet d’attester d’une ma-
néral , de tout rond tracé sur la terre , sur le sa- nière authentique les noms, âge, état, qualité et de-
ble, etc. — En Chirurgie, ce mot se dit du rond li- meure d’un individu et de garantir les tiers de toute
vide qui se forme quelquefois autour d’une plaie de usurpation de personne ; ils sont ordinairement dé-
mauvaise nature, ou autour des yeux, quand ils sont livrés par un notaire ; ils peuvent l’être aussi par le
ce qu’on appelle battus : c’est de là qu’est dérivée maire ou le juge de paix; les C. d’indigence, qui
l’expression avoir les yeux cernés. attestent qu’une personne ne possède rien, et qu’elle
En Botanique , on nomme cernes les cercles con- a droit à des secours ou à des exemptions de telle ou
centriques que l’on remarque sur la tranche d’un telle nature ; les C. de capacité, qui se délivrent aux
arbre coupé horizontalement, et qui marquent son élèves qui, dans les écoles de Droit, ont été trouvés
accroissement annuel. Le nombre des cernes indique sulBsamment instruits sur la législation et sur la
celui des années de l’arbre. procédure civile et criminelle; les C. d’origine, qui
CERNEAU, nom de la noix avant sa complète ma- font connaître l’origine d’une inscription de rente
turité, désigne plus particulièrement, dans l’usage sur l’État, qui indiquent l’espèce, la quantité et la
commun , l’intérieur de la noix encore verte qui, provenance des marchandises étrangères; les C. de
assaisonnée avec du vinaigre ou du verjus, ofi're un propriété, par lesquels un officier public atteste le
mets recherché. droit de propriété d’une ou de plusieurs personnes
On nomme vin de cerneaux un vin rosé qui est sur le capital et les arrérages d’une rente sur l’État;
bon à boire dans la saison des cerneaux. Le vin les C. de bonne vie et mœurs , de résidenee, etc. :
d’Orléans est un vin de cerneaux. ces derniers sont délivrés par l’autorité. —Pendant
CÈROPHORE (du grec céras, corne, eXphoros, la Révolution, on exigeait de chaque citoyen des cer-
porteur), famille établie par de Blainville dans la tificats de civisme, sous peine d’être compris dans la
classe des Ruminants, comprend tous ceux qui ont classe des suspects. Ils furent supprimés par la loi du
des cornes creuses ; Bœufs, Moutons, chèvres, etc. 18 thermidor, mais remplacés pendant quelque temps
CÉROyLASTIQUE (du grec céros cire, et jofas- encore par les cartes de civisme ou de sûreté.
tikè, art de modeler), nom donné dans ces derniers CERTIFICATEUR, nom donné, en général, à ce-
temps à l’art d’imiter avec de la cire diversement lui qui délivre un certificat. On appelle notaires cer-
colorée, soit les traits des personnes, soit divers ob- tificateurs les notaires qui, d’après un décret du
jets naturels. Les anciens ont connu la céroplasti- 2 août 1806 , étaient choisis par le gouvernement
, , , ,, , , , , ,

CÉRÜ — 301 CERV


pour faire des certificats de vie; aujourd’hui, ces cer- en Hollande, en Angleterre, en Allemagne; à Clichy,
tificats peu'ïent être délivrés par tous les notaires. on fabrique la céruse en dirigeant du gaz carbonique
Autrefois on appelait Certificateur de caution ou dans une solution de sous-acétate de plomb; ce der-
contre-pleine celui qui certiOait la solvabilité d’une nier procédé a été proposé eu 1801 par M. Thénard,
caution; aujourd’hui la caution n’a pas besoin d’être A Birmingham, on utilise pour cette fabrication Ta-
certifiée ; C. de criées, celui qui avait mission d’attes- cide carbonique provenant de la combustion du coke.
ter en justice que les criées avaient été faites dans On emploie la céruse dans la peinture en bâti-
les formes judiciaires. ment pour colorer en blanc les bois et les meubles;
CERTITUDE, assurance pleine et entière , adhé- elle a l’inconvénient de brunir par le contact des
sion ferme de l’esprit à la réalité d’un fait ; la cer- émanations sulfureuses. On s’en sert beaucoup aussi
titude est fondée sur Vévidence et n’admet pas de pour étendre les autres couleurs, et leur donner du
degrés : on l’oppose à \’ incertitude au doute, à la corps. On l’utilise dans les fabriques de faïence pour
croyance, qui sont fondés sur le plus ou moins de la préparation des vernis ou couvertes. Les peintres
probabilité, et qui admettent des degrés en nombre et les décorateurs qui manient la céruse, les ouvriers
infini. En considérant ta certitude selon la nature qui la préparent, sont exposés à des accidents gra-
des faits qui y donnent lieu , on distingue : la C. ves, causés par l’action délétère de cette substance ;
physique, fondée sur le témoignage des sens ; la C. cette action porte principalement sur l’appareil di-
métaphysique fondée sur l’essence des choses; la gestif, et occasionne de vives douleurs et des trem-
C. mathématique, fondée sur les rapports des nom- blements convulsifs : cette maladie est appelée co/f-
bres ou des quantités; la C. morale, fondée sur le qwe de plomb, colique des peintres (Voy. ce mot).
témoignage de la conscience et sur les lois du cœur Pour la prévenir, on remplace beaucoup aujourd’hui
humain. En outre , la certitude est dite immédiate la céruse , dans la peinture , par le blanc de zinc.
ou intuitive, si elle naît à la simple vue d’un objet; La céruse était connue des Grecs et des Romains ;
médiate ou déductive, si elle est le résultat du rai- ils s’en servaient dans la peinture à Thuile et dans la

sonnement, comme dans la démonstration des théo- médecine ; les dames romaines l’employaient comme
rèmes de géométrie. —
Les philosophes ont beau- fard. 11 parait que ce sel fut d’abord fabriqué par les
coup disputé sur la certitude les uns soutenant que
;
Arabes, puis à Venise, plus tard à Krems en Autri-
rien ne peut être certain (ce sont les Pyrrhoniens ou che , ensuite en Hollande et dans plusieurs parties
Sceptiques) ; les autres pensant que nous ne pouvons de l’Allemagne.
atteinch'e qu’à une probabilité plus ou moins forte CERVEAU , en latin cerebrum, nom vulgaire de
()tels étaient les philosophes de la Nouvelle Acadé- V encéphale, désigne ordinairement toute la masse
mie) ; le plus grand nombre reconnaissant que, bien contenue dans l’intérieur du crâne, et qui se com-
que sujet à Terreur, Thomme peut aussi saisir la vé- pose elle-même du cerveau proprement dit et du
rité. Les partisans de cette dernière opinion se sont cervelet.— Le cerveau proprement dit occupe toute
attachés à poser les conditions de la certitude , et à la partie supérieure et antérieure de la cavité du
rechercher le critérium de la vérité : c’est un des crâne, s’étendant du front aux fosses occipitales su-
objets les plus importants de la Logique. périeures, et borné en arrière par un nepli de la
Dans les temps modernes, il s’est produit un genre dure-mère, qui s’appelle tente du cervelet. Sa forme
de scepticisme inconnu aux anciens : Berkeley, Hume est symétrique, régulière, ovoïde, légèrement com-
et Kant ont soutenu que nous ne pouvons savoir ce primée sur les côtés et aplatie en dessous. Sa face
que les objets sont en eux-mêmes, mais seulement ce supérietire est divisée, par une scissure profonde, en
qu'ils sont par rapport à nous; c’est ce que Kant ex- deux moitiés appelées hémisphères cérébraux et
prime en disant que la certitude objective nous est in- présente à sa surface un grand nombre d’éminences
terdite, et que notre certitude estpurement subjective. flexueuses, arrondies, ondulées, appelées etreonno/w-
CÉRUMEN (de cera, cire), humeur onctueuse, tions cérébrales, et séparées par des sillons sinueux
épaisse et analogue à la cire, qui s’amasse dans le qu’on nomme anfractuosités ; sa face inférieure of-
conduit auditif externe. Cette humeur lubrifie ce fre , d’avant en arrière , la commissure des nerfs
conduit, entretient la souplesse de la membrane qui optiques , le tubercule cendré , la tige et la glande
le tapisse , s’oppose à l’introduction des corpuscules pituitaires, les tubercules mamillaires, la protubé-
qui voltigent dans l’atmosphère , et repousse , par rance cérébrale ; et sur les côtés, trois lobes dits an-
son amertume, les insectes qui pourraient s’y loger. térieur, moyen et postérieur ; à l’intérieur, le cer-
Elle est sécrétée par des glandes particulières , et veau renferme le corps calleux, leseptum-lucidum,
formée d’un mucus albumineux, d’une huile épaisse la voûte à trois piliers, la glande pinéale, le ventri-
semblable à la résine de la bile , d’un principe colo- cule moyen et les ventricules latéraux. Toule la
rant , et de sels de chaux. masse est contenue dans trois enveloppes membra-
CÉRUSE (du latin cerussa, même signifie.), dite neuses appelées méninges la pie-mère , Y arach-
aussi blanc de plomb blanc d’argent, sous-carbo-
,
noïde, la dure-mère la plus externe des trois. On
nate de plomb, combinaison d’acide carbonique et distingue dans le cerveau deux substances : la cor-
d’oxyde de plomb (P60,C0*), blanche, friable, in- ticale, grisâtre, molle, spongieuse, d’où naissent les
sipide et insoluble dans Teau. Quand elle est pure filaments nerveux; la médullaire, blanche, plus
elle se dissout complètement et avec effervescence ferme, parsemée de rameaux vasculaires, qui con-
dans l’acide azotique. Les céruses se vendent dans stitue ces mêmes filaments. —
Un habile chimiste
le commerce sous forme de pains coniques de 1 à M. Couerbe, a trouvé dans la matière du cerveau qua-
2 kilogr.; elles sont souvent mélangées avec des sub- tre substances grasses particulières : la cérébrote, la
stances blanches de moindre valeur, comme le sul- stéaroconote la céphalote et Yéléencéphale.
fate de plomb , le sulfate de baryte, la craie ou le Le cerveau est, avec la moelle épinière, qui en est
sulfate de chaux. On prépare la cérusc en grand le prolongement, Torgane le plus important chez
en exposant des lames de plomb à l’action des va- les animaux vertébrés; il est comme le réservoir de
peurs de vinaigre ; les pots qui contiennent les lames la sensibilité, des mouvements et de la vie ; c’est le
suspendues au-dessus du liquide sont enfouis pen- siège de Tintelligence chez les hommes et de Tin-
dant quelques semaines dans du fumier ou de la tan- stinct chez les animaux. Cet organe ne peut être
née; le plomb s’oxyde aux dépens de Tair; l’oxyde, blessé, comprimé ou mal conformé, sans que l’être
au milieu des vapeurs de vinaigre , se change peu à auquel il appartient ne soit frappé de mort, de pa-
peu en sous-acétate que l’acide carbonique, dégagé ralysie , d’idiotisme ou de quelque affection men-
en abondance du fumier, finit par convertir en sous- tale. Au contraire, il a été reconnu, aussi bien pour
carbonate. Ce procédé est surtout employé à Lille les différentes classes d’animaux que pour les divers
,

CÉSA — 302 CÉSÜ


individus dans l’espèce humaine, que rintelligence ou Brésillet des Indes, avec laquelle on teint en
grandit en proportion du volume du cerveau et de son rouge la C. mimosdide, qui est contractile comme la
parfait développement. Cependant, toutes les parties
;

Sensitive. —
La tribu des Césalpiniées comprend en
ne sont pas également importantes dans l’appareil cé- outre les genres Aracùic/e, Bauhinie, Casse, etc.
rébro-spinal ; la vie paraît surtout résider dans une CÉSARIENNE (opération). Par tus cœsareus, Cœ-
portion fort resserrée, située vers la nuque, au point sarœa sectio, de cædere, couper ;
opération chirur-
de réunion du cervelet et de la moelle allongée c’est
: gicaJe par laquelle on extrait l’enfant du sein de la
ce que M. Flourens appelle le nœud vital. — D’après mère par une incision pratiquée aux parois de l’ab-
le système du docteur Gall, non-seulement te cerveau domen et de l’utérus. —
11 parait que cette opération
est l’organe des facultés intellectuelles, mais chacune était déjà pratiquée du temps de Jules César, qui,
de ses parties serait le siège d’une faculté particulière au rapport de Pline , reçut le nom de Cœsar parce
(Foy. phrénologie). — Le cerveau est sujet à des ma- qu’il était né à la suite d’une semblable opération.
ladies graves, qui seront décrites aux mots Encépha- Pendant longtemps, on ne pratiqua cette opération
lite, Fièvres cérébrales. Folie, etc. — On doit à Gail que sur des femmes mortes enceintes Roussel pro- ;

VAnatomie du cerveau. Vicq d’Azyr , Wenzel posa le premier, en 1581, de l’exécuter sur le vivant.
MM. Serres, Leuret, Flourens, Tiedemann, Foville, Perfectionnée par Levret, Mauriceau, Lauverjat, la
ont sur le cerve.au des travaux importants.
fait aussi méthode qu’il proposa eut un plein succès. On n’y
CERVELAS, espèce de saucisson, composé ordi- recourt toutefois que dans les cas désespérés.
nairement d’un mélange de porc frais, de veau, de CESSION DE BIENS, abandon ou délaissement qu’un
lard et de beaucoup d’épices, le tout haché et ren- débiteur malheureux est admis à faire de tous ses
fermé dans un boyau de porc. On estime surtout le biens à ses créanciers, lorsqu’il se trouve hors d’état
cervelas de Milan. On fait aussi des cervelas maigres. de payer ses dettes (C. civ., art. 1265) La cession des
.

CERVELET , en latin cercbellum , partie posté- biens est volontaire ou judiciaire. Elle n’éteint point
rieure et inférieure de l’encéphale il est situé dans
; l’action des créanciers sur les biens que le débiteur peut
les fosses occipitales inférieures, immédiatement au- acquérir par la suite; elle n’a d’autre effet que de
dessous du cerveau proprement dit, dont il est sé- soustraire le débiteur à la contrainte par corps. La loi
paré par un repli de la dure-mère sa forme peut
;
n’admet point au bénéfice de cession ; 1“ les stellio-
être comparée à deux sphéroïdes déprimés, placés nataires, les banqueroutiers frauduleux, les per-
sur un plan horizontal , et confondus dans une par- sonnes condamnées pour fait d’escroquerie, ni les
tie de leur surface. Le cervelet est plus mou et plus personnes comptables ; 2° les étrangers, les tuteurs,
léger que le cerveau ; sa surface présente un assem- administrateur ou dépositaire (C. de Pr., a. 905). Lors-
blage de lames grises, concentriques, régulières, que, après avoir fait cession de biens, le failli vient, par
plus étendues en arrière, plus courtes en devant; la suite, à acquitter ses dettes etàpayertous ses créan-
sa face inférieure présente au milieu un enfonce- ciers, il obtient un jugement de réhabilitation qui le
ment où se loge le commencement de la moelle épi- fait rentrer dans tous ses droits ri vils (C. de C., a. 604).
nière. En avant, le cervelet offre un enfoncement CESTE (du latin cœstus, dérivé de czerfere, frap-
qui reçoit la protubérance cérébrale ; en arrière, il per) , gantelet de cuir garni de fer ou de plomb, dont
en offre un autre qui comprend la faux du cervelet. les athlètes se servaient dans les combats du pugilat.
Quand on coupe verticalement les lobes du cervelet, Pour se garantir les tempes et les oreilles des coups
la disposition particulière des substances médul- du ceste,les athlètes couvraient leur tête d’une ca-
laire et corticale présente des espèces de ftimifica- lotte nommée amphotide, et qui était d’airain dou-
tions qu’on a appelées l’Arbre de vie. Le poids du blé de drap. Virgile, dans l’Enéide (liv. v) , décrit
cervelet est environ le huitième de celui du cerveau. un terrible combat de ceste entre Entelle et Darcs.
— On est fort incertain sur les usages du cervelet le
: CESTE, Cestus, ceinture de Vénus. Voy. ceinture.
physiologiste Drelincourt y plaçait le siège de l’ilme ; OESTRE (en grec kestros, même signif.), flèche
Gall et Spurzheim en font l’organe de la faculté de ou petit trait que les anciens lançaient à l’aide d’une
reproduction ou de l’amour physique; ce qui est plus grande fronde. Le fer du cestre était long de deux
probable, c’est qu’il concourt à toutes les fonctions du palmes, et sa hampe d’une demi-coudée. Le cestre fut
cerveau ; M. Flourens a prouvé (lu’il sert particuliè- inventé par les Macédoniens vers l’an 170 avant J.-C.
rement à la coordination des mouvements. CESTREAU (du grec Cestron, nom. d’une plante
CERVELLE, mot par lequel on désigne vulgaire- qu’on croit être la Bétoine), Cestrum, genre de
ment tout l’ensemble du cerveau ou de l’encéphale. plantes de la famille des Solanées, indigènes des par-
CERVICAL (du latin cervix, nuque), se dit de ties chaudes de l’Amérique. Les cestreaux sont des
tout ce qui appartient à la partie postérieure du col. arbrisseaux à feuilles toujours vertes, et d’un joli
On compte 4 artères et autant de veines cervicales, aspect, figurant très-bien dans les jardins paysagers.
8 paires de nerfs cervicaux, 7 vertèbres cervicales Les fleurs du C. à baies noires (C. noctumum) sont
dont la Ire est appelée atlas, la 2', axis, etc. jaunes verdâtres, et rappellent par leur forme celles
CERVOISE (du latin cerevisia ou cervisia, qui a la du jasmin. Leur odeur, fétide le jour, est délicieuse
même signification, et qui dérive lui-même AeCérès), pendant la nuit. Il existe au Cap de Bonne-Espé-
espèce de bière faite de blé ou d’orge macéré, puis rance une espèce dont les baies sont très-vénéneuses.
séché, rôti et moulu, qu’on faisait tremper et cuire CÉSURE (du latin cœsura, dérivé de cædere, cou-
avec du houblon. C’était la boisson des anciens Gau- per ) , coupe du vers , repos suspensif qui sépare
lois et des peuples Scandinaves. Voy. bière. les deux parties d’un vers et qui se marque après
CERVULE (diminutif de cerf), division établie un certain nombre de syllabes. —
Dans les vers syl-
dans le genre Cerf, pour les espèces dont le bois est labiques, la place de la césure varie suivant le nom-
porté par un long pédicule osseux dépendant des os bre des syllabes. Dans le vers alexandrin, elle se place
du front. Ce groupe comprend le C. muntjac, le C. après la sixième ( cette loi n’est pas exactement ob-
musc, et le C. à petit bois. servée par les poètes de nos jours) ; dans le vers de
CÉSALP1N1E (deA. Ccva/pï’n,bolanisteduxvi«siè- dix syllabes, après la quatrième, etc. Les vers qui
cle) , Ccesalpinia, genre de la famille des Légumineu- ont moins de six syllabes n’ont pas de césure obligée.
ses, type de la tribu des Césalpiniées, renferme des Dans les vers métriques (grecs et latins) , on entend
végétaux arborescents armés d’aiguillons, à feuilles pxc césure une syllabe longue qui finit un mot et qui
alternes, à fleurs jaunes ou jaunâtres, en grappes commence un pied : ce repos, d’ailleurs, ne suspend
terminales. Ces végétaux sont particuliers aux ré- aucunement le sens. Le vers hexamètre exige au
gions tropicales. On remarque la C. épineuse, qui moins une césure après le second pied ; le plus sou-
fournit le bois de Brésil, ou Brésillet; la C. sappan. vent il en a deux, l’une après le premier et l’autre
, , , ,

CÉTR — 303 — CHAC


après lo troisième; quelquefois il en a trois, comme ral sur la terre même, entre les mousses ou sur les
dans ce yers, le l®*' de VEneide : rochers. L’espèce type est le Lichen d’Islande (C.
islandica) appelé de l’usage que les Islandais
Arma vi rumque ca no Tro J» qui primas ab oris,
en font comme aliment. La médecine l’emploie dans
1 i |
1 j

CÉTACÉS (du grec cétos, baleine ou toutautre gros les affections pulmonaires clironiques. Voy. lichen.
poisson), ordre de Mammifères marins, renfermant CÉTYLIQUE ou cétinique (alcool). Voy. éthal.
tous les animaux qui, avecune organisation intérieure CEVADILLE, en latin Sabadilla, fruit d’une
analogue à celle des Mammifères, ont la forme exté- espèce de Veratrum qui croit au Mexique, le V.
rieure et les habitudes des poissons ; ils ont des pou- Sabadilla; ce sont des capsules allongées, réunies
mons, le sang chaud, une queue cartilagineuse ho- par trois dans une même fleur, minces, rougeâtres,
rizontale, des mamelles, et ils ne peuvent rester sous renfermant chacune deux ou trois graines oblon-
Teau plus de 12 à 25 minutes. Les cétacés parvien- gues, noirâtres, anguleuses et tronquées à leur
nent, en général, à une très-grande taille, et c'est sommet. La cévadille contient de la vératrine (Voy.
parmi eux que l’on trouve ces animaux gigantesques ce mot), à laquelle elle doit son âcreté violente ; c’est
qui habitent les mers les plus profondes. Ils sont tou- un médicament dangereux, qu’on emploie à l’ex-
jours privés d'incisives ou de canines, et même, dans térieur pour détruire la vermine, mais qui peut dé-
quelques espèces, des trois sortes de dents. Us sont terminer des accidents graves.
également privés de membres postérieurs; quant CEYX ou ALCYON TRiDACTYLE , genre d’oiseaux
aux antérieurs, ils les ont raccourcis et terminés par formé de quelques espèces de Martins-pêcheurs qui
des mains en forme de nageoires. Leur peau est n’ont que trois doigts au lieu de quatre. Ce nom
nue , et doublée à l’intérieur d’une épaisse couche lui a été donné par allusion à Céyx, époux d’ Alcyon,
de graisse. EnOn, plusieurs ont, à l’arrière-bouche, qui périt dans un naufrage, et qui, selon la Mytho-
des évents, appareil au moyen duquel l’eau engloutie logie, fut changé en oiseau de mer. Voy. alcyons.
dans leur énorme bouche est rejetée avec force. CHABAN,3® mois de l’année des Turcs, correspond
On divise les Cétacés en deux sections 1® tes C. her- : â notre mois de mai. Pendant la lune de chaban, les
bivores, caractérisés par l’absence d’évents, par leurs mosquées sont ouvertes pour la prière de nuit.
molaires à couronne plate et leurs nageoires anté- CHABLAGE. Ce mot, dérivé de diable, espèce de
rieures, servant en même temps à la préhension; câble dont se servent les bateliers pour tirer les ba-
cette section renferme les Lamantins et les Du- teaux sur les rivières, désigne l’action de diriger les
gongs; 2® les C. souffleurs, ayant des évents, et ca- gros bateaux dans les endroits difficiles, notamment
ractérisés de plus par l’absence de dents chez les uns, dans le passage des villes et aux abords des ponts.
comme dans la Baleine, ou par la forme conique des Le préposé à ces fonctions portait autrefois le nom de
dents chez les autres, et par la place de leurs mamel- chableur; c’est aujourd’hui l'inspecteur des ports.
les, situées près de la queue : tels sont les Dauphins, CHABLIS, se dit, dans le langage forestier, des ar-
les Narvals, les Cachalots. —
M. Is. Geoffroy Saint- bres abattus dans les forêts par le vent, ou tombés
Hilaire partage les Cétacés en trois familles : Les de vieillesse, de pourriture, ou par le poids des neiges.
Delphiniens (Marsouins, Delphinaptères, Dauphins, CHABOT, nom vulgaire d’un petit poisson du genre
Narvals), les Physctériens (Cachalots, Physéters), et Cotte (Cottus gobio); il est remarquable en ce que,
les Baleiniens (Baleines, Baleinoptères). lorsqu’il est irrité, il renfle sa tête en remplissant
CETÉRACH, genre de la famille des Fougères, d’air ses ouies. On distingue le C. de rivière, noirâ-
confondu par quelques botanistes avec le Gymno- tre , long de 12 à 15 centim., très-estimé pour la
gramma, renferme des plantes à feuilles d’un vert bonté de sa chair, et le C. de mer ou Scorpion de
foncé, épaisses, coriaces, pinnatilides, et recouvertes mer, dont la chair est peu délicate. — Le Chabot
inférieurement d’écailles larges et nombreuses qui figure parmi les meubles d’armoiries : la maison de
cachent entièrement les fructifications. On trouve ces Chabot portait des chabots dans ses armes.
plantes dans toute l’Europe, à la surface des rochers CHABRAQUE. Voy. schabraqde.
et des vieux murs. Les feuilles du C. officinal {C. CHACAL ou JACKAL (non indigène), dit aussi Iomjj
officinarum) sont légèrement amères et mucilagi- doré espèce du sous-genre des Chiens proprement
neuses , et ont été préconisées en médecine. dits , parait former le passage entre le loup et le
CETINE (du grec cdéo^, baleine), substance grasse, renard. La taille du chacal est celle du renard ; mais
solide, qui compose en grande partie le blanc de ba- il est un peu plus haut sur jambes; sa tête ressem-
leine. Voy. ce mot. ble à celle du loup ; son museau est pointu ou gri-
CÉTIOSAURE yu grec cétos, baleine, et sauros, sâtre; son corps est couvert d’un pelage gris, jaune
lézard), genre de Reptiles fossiles gigantesques, dont et foncé en dessus, blanchâtre en dessous; ses jambes
les débris se rencontrent dans les formations oolithi- sont d’un fauve clair; sa queue, peu fournie, ne
ques de diverses parties de l’Angleterre ; on distingue descend qu’au talon et se rembrunit à son extré-
le C. long, le C. court, le C. moyen, le C. brackyure. mité. Les chacals exhalent une odeur forte et dés-
CÉTOINE, Cetonia, genre d’insectes Coléoptères, agréable ; ils sont voraces , ne vivent que de petite
famille des Éamellicornes , tribu des Scarabées mé- proie ou de cadavres, el chassent par troupes; ils
litophiles, comprend un grand nombre d’espèces re- n’attaquent pas l’homme. Ils font entendre une es-
marquables par leurs couleurs métalliques et variées, pèce de hurlement lugubre. On les trouve aux Indes,
mais de forme lourde et massive. Leur vol, rapide et dans l’Asie Mineure et en Afrique. — Le chacal était
bruyant, s’exécute avec leurs élytres fermées. Les connu des anciens : Aristote le nomme Thoes, Pline
Cétoines aiment ii se reposer sur les fleurs en om- Thos. Quelques naturalistes ont cru trouver dans cet
belles, sur les Corymbifères et les Rosacées, dont animai le type de notre chien domestique ; ce qui
elles sucent le suc, à la manière des abeilles. La est vrai , c’«t qu’il s’accouple avec le chien.
C. dorée, commune dans nos jardins, est d’un vert CHACONNE en italien ciacona, de cecone, aveu-
(

émeraude qui contraste agréablement avec l’incar- gle, parce qu’on prétend que cet air fui inventé par
nat de la rose. M. Guérin Méneville a proposé cette un aveugle), ancien air de danse d’une longue durée,
Cétoine comme un spécifique puissant contre la rage. espèce de symphonie dansante d’un mouvement lent
CÉTR AIRE (du latin cetra, bouclier, à cause de et d’un rhy thme bien marqué, qu’on écrivait ordinai-
la forme scntellaire des fructifications), Cetraria rement à trois temps. La chaconne servait do finale
genre de plantes acotylédones, de la famille des Li- aux opéras et aux ballets. Cet air eut de la vogue au xvi®
chens, tribu des Parméliacées, à thalle membraneux
ou fruticuleux , à. fructifications scutellaires , fixées
siècle; mais il passabientôt de mode. — SousLouisXIV
on appela chaconne un ruban qui servait à attacher
sur les bords du thalle. Ces plantes vivent en géné- le col de la chemise, et dont les bouts pendaient.
,, , . ,

CHAI ~ 30i — CHAI


CHAFOUIN (probablement de chat et de fouine), main en main un fardeau, des pierres, des seaux
ancien nom de la Fouine et du Furet. — Par suite. d’eau dans un incendie, etc. ; c’est ce qu’on appelle
Chafouin familièrement d’une personne pe-
s’est dit faire la chaîne; —une figure de danse dans laquelle
tite, maigre, et qui a la mine basse et désagréable. les danseurs se donnent la main en passant, lorsque,
CHAGRIN (du turc sagri, croupe), espèce de cuir dans une contredanse , ils traversent pour changer
grenu , couvert de papilles rondes , serré , solide de place, ou lorsqu’ils doivent tourner en rond, etc.
dont on se sert pour couvrir des boîtes, des gaines, CHAINETTE. En Géométrie, on nomme ainsi la
des étuis, des livres, etc. hs.peau de chagrin est pro- courbe qu’afifëcte un fil pesant susjiendu librement
prement la peau d’une espèce de Chien de mer ap- par ses deux extrémités : cette courbe a des proprié-
pelé Roussette, peau qui est naturellement très-ru- tés curieuses en mécanique théorique. Voy. fumico-
gueuse. On la fabrique artificiellement avec la peau LAIRE (^HACHINE).
des chevaux, des ânes, des mulets, des chameaux CHAIR (en latin caro). La chair proprement dite
surtout avec colle qui couvre la croupe de ces animaux. ou chair musculaire n’est autre chose que la partie
Pour grener le cuir, on sème dessus des graines de rouge des muscles {Voy. muscles); mais, en géné-
mou tarde ou d’ansérine, et on le met sous presse. Le ral, chez l’homme comme chez les animaux, on
chagrin se tire de Constantinople, de Tunis, d’Alger, étend le nom de chair à toutes les qmrties molles qui
de 'Tripoli, de quelques endroits de la Syrie, et même entourent les os. Ainsi, ce qu’en termes de bouche-
de la Pologne. Le chagrin gris est le plus estimé et rie on appelle viande se compose , outre la chair
le meilleur de tous pour l’usage ; cependant le rouge musculaire, de tendons, d’aponévroses, de tissu cel-
est aussi fort recherché, et se vend le plus cher. En lulaire, de graisse, le tout traversé par des vaisseaux
France, on imite le chagrin avec des peaux de chèvre et par des nerfs et souvent recouvert par de la peau.
ou de mouton, sur lesquelles on imprime le grain au Le cœur, étant un organe musculaire, est essentiel-
moyen d’une planche de cuivre gravée qu’on fait lement charnu ; il n’en est pas dé même du foie, du
chauffer et passer ensuite sous une presse à rouleau. cerveau, etc. — Ce que les artistes entendent par
CHAH ou SHXH, titre que portent les rois de Perse. chairs ne s’applique qu’à l’apparence extérieure du
CHAINE (du latin ca tenu), espèce de lien composé corps , à la teinte ou couleur de la peau. — On ap-
d’anneaux entrelacés les uns dans les autres, et faits pelle chair de poule l’aspect que présente la peau de
avec du fer, de Tacier, du cuivre, de l’argent, de l’or, l’homme lorsque l’impression du froid, la terreur, ou
du bois,del’ivoire,des cheveux, etc., selon sa destina- quelque autre émotion vive , y détermine des aspé-
tion. On nomme Ch. catalane une chaîne composée rités dues à la saillie des bulbes des poils, ce qui la
d’anneaux ronds ou elliptiques, mis les uns dans les fait ressembler à la peau d’une poule plumée.
autres, de manière que chaque anneau en renferme 2; Dans certains fruits, on nomme chair le paren-
Ch. en gerbe, celle dont les maillons sont courbés en 8; chyme, la partie succulente, dont le nom scienti-
Ch. en S, celle dont les maillons ont la forme d’un S. fique est sarcocarpe.
Les chaînes servent tantôt d’instrument de gène CHAIRE (du grec cathedra, siège). On nomme
ou d,e précaution, qu’on emploie pour les prison- ainsi dans les églises une espèce de tribune élevée
niers et les malfaiteurs ; en France, les galériens sont pour le prédicateur. Dans les premiers temps du
condaimnés à la peine de la chaîne et du boulet; on christianisme il n’y avait que Tévêque qui prêchât,
donnait aussi le nom de chaîne à la troupe des con- et sa chaire, dite siège épiscopal, était placée au
damnés qui partaient pour le bagne, parce qu’autre- fond de l’abside. L’accroissement des fidèles fit plus
fôis ces malheureux étaient tous attachés à une même tard rapprocher la chaire du centre de la basilique ;
chaîne ; — tantôt de parure, de décoration, de marque elle occupa d’abord i’ambon ou jubé ( Voy. ce mot),
de dignité : telles sont, par exemple, les chaînes d’or puis, fut placée sur le côté de la nrf, à la place où
ou d’argent, quelquefois garnies de diamants ou de nous la voyons aujourd'hui. On a déployé un grand
pierres précieuses, que fabriquent les joailliers; les luxe dans l’ornementation des chaires les unes sont
:

chaînes d’acier, si longtemps à la mode ; les chaînes en marhre et ornées de bas-reliefs, comme à Rome
en cheveux; la chainedelaToison d’or, celle que porte et dans toute l’Italie ; les autres en bois sculpté : on
le lord-maire à Londres, les chaînes deshuissiers, etc. cite en ce dernier genre celles de Saint-Élienne-du-
Dans la Marine, ou se sert de chaînes de fer, au lieu Mont, de Saint-Germain-I’Auxerrois , à Paris; de
de câbles, pour amarrer ou faire mouiller les vais- Sainte-Gudule, à Bruxelles, etc. — On appelle Chaire
seaux, pour barrer l’entrée des ports, etc. Foy. cable. de St-Pierre le trône du souverain pontife; Fête de
En Alécanique, on nomme Ch. de Vaucanson une la Chaire de Saint-Pierre la célébration de la mé-
chaîne qui tient lieu de crémaillère , et qui sert moire du séjour de saint Pierre à Antioche et à Rome :
à faire tourner, en même temps et dans le même elle a lieu le 18 janvier et le 22 février.
sens, des roues dentées, des poulies, etc. Chaire se dit aussi pour la prédication même, pour
En Horlogerie, la chaîne d’une montre est cette l’éloquence sacrée ; on doit à l’cibbé Maury un cé-
petite chaîne d’acier qui sert à tendre le grand res- lèbre Essai sur l’éloquence de la Chaire.
sort, en se roulant sur la fusée. Avant cette invention, CHAISE ( par corruption du mot chaire) Chez les
on employait au même usage une corde à boyau qui anciens Romains on appelait Chaise curule, un siège
était sujette aux variations de la température. d’ivoire sur lequel siégeaient les principaux magistrats
On appelle chaîne d’arpenteur une chaîne de {Voy. curole). — A Rome on appelle Chaise sterco-
fer longue de 10 m., qui sert à mesurer le terrain raire, une chaise de marbre qui est à gauche et en
dans les opérations de Tarpentage : elle est ordinai- dehors de la grande porte de Saint-Jean-de-Latran
rement formée de 50 tiges de fer. et sur laquelle , jusqu’au pontificat de Léon X, on
Dans Tart du Tisserand, la chaîne est l’assem- faisait asseoir le pape nouvellement élu, pour lui
blage des fils qui forment la longueur de la pièce rappeler les infirmités de la nature humaine.
mise sur le métier, et entre lesquels passe la trame. Autrefois on appelait Chaise à porteurs une es-
En Architecture, on nomme chaîne de pierres un pèce de siège fermé et couvert dans lequel on se faisait
pilier élevé à plomb dans un mur de maçonnerie, porter par deux hommes. L’usage en fut introduit de
soit pour fortifier le mur, soit pour porter Tabout Londres en France,enl617,parM.deMontbrun;au-
d’une poutre; chaîne d’encoignure ou de liaison, jourd’hui ces chaises sont passées de mode; cependant
celle qui forme l’encoignure d’un bâtiment et sert on s’en sert encore dans les localités où les voitures
à lier les deux côtés de l’angle formé par le mur de sont rares.— On donnait aussi le nom de chaise à une
pignon et par le mur de face. sorte de voiture légère à 2 ou 4 roues, pouf une ou
On nomme encore ainsi une suite de personnes deux personnes, traînée par un ou deux chevaux :

disposées de manière â faire passer rapidement de ce nom, presque abandonné, est resté aux chaises de
: , , , ,

CHAL — 305 — CHAL


poite, établies en 1664, sous le ministère de Colbert. couper à l’envers ce fil de trame devenu inutile,
Chaise longue, espèce de canapé qui u'a de dos- excepté pour le point que l’on veut rendre : ce qui
sier qu’à, l’une de ses extrémités, et qui est destiné reste est retenu à l’endroit par le liage diagonal ou
fil dépendant de la chaîne ; dans le second , qui se
aux malades auxquels il est défendu de marcher.
On connaît sous le nom de Chaise de Sanctorius fait avec de petits fuseaux pointus analogues aux

une espèce de balance inventée par le médecin italien spoulins (Voy. ce mot), on enchaîne intimement en-
Sanctorius pour connaître par le poids la quantité semble les fils de trame, de manière à en faire une
d’aliments qu’on a pris dans un repas, et indiquer sorte de tricot si solide que, si l’on enlève tous ceux
le moment où il faut mettre des bornes à son appétit. de la chaîne quand le travail est terminé, les fils
CHAISE , nom de monnaie. Votj. cadière. de la trame se montrent encore inséparables , unis
CHAKO, coiffure militaire. Voy. schako. qu’ils sont par leurs travers ; dans les deux cas , le
CH ALAN ou CHALAND, sorte d’allége à fond plat, travail se fait à l’envers; 4® le découpage : cette
à côtés droits , et dont l’avant est en saillie. On les opération , qui donne au châle français le caractère
toue, on les remorque, on les conduit à l’aviron. qui le distingue du cachemire de l’Inde , consiste à
Quelques-uns ont un màt et portent des fardeaux enlever les fils devenus inutiles ; il se fait à la main
considérables. On s’en sert pour transporter les mar- sur un métier mobile ou à la mécanique. Après le
chandises du navire dans le port ou dans l’intérieur découpage, le châle passe dans les mains de l’ap-
des rivières. prêteur, qui le lave, le fait sécher tendu, le presse à
CHALAZE ( du grec chalaza, grêle) , petite tu- chaud , et le met ainsi en état d’être livré à la con-
meur des paupières qui ressemble à un grain de sommation. Paris, Lyon et Nîmes sont en France
grêle. — Gærtner a donné ce nom au point qui ré- les villes où l’on fabrique le plus de châles et les
pond, sur la tunique interne d’une graine, à l’in- plus beaux. — Pour le mode de fabrication des ca-
sertion du cordon ombilical ; c’est l'ombilic interne chemires de l’Inde , Voy. cachemire.
de quelques botanistes. —
On nomme encore cha- Les châles étant un des produits de l’industrie les
lazes (tractus albuminosi ) deux cordons qui main- plus importants et les plus recherchés, sont devenus,
tiennent le jaune suspendu dans l’oeuf d’oiseau. surtout dans ces derniers temps, l’objet de trompe-
CH ALCIDE (du grec chalcos, airain), genre de rep- ries de toute espèce, qui portent soit sur la matière
tiles de l’ordre des Sauriens, renferme des animaux à des tissus qui y entrent, soit sur leur origine et sur
tête quadiangulaire, en forme de pyramide, revêtue le mode de fabrication ;
pour déjouer la fraude, on
de plaques polygonales, au tronc et à la queue garnis, a proposé de ne vendre de châles qu’avec la marque
en dessus et en dessous, d’écailles quadrangulaires, de lu fabrique d’où ils sortent. 11 est à désirer que
à 4 pieds, souvent rudimentaires, ou très-petits. Les cette proposition loyale soit promptement adoptée.
Chalcides ont l’organisation ainsi que les mœurs des CHALEF (nom d’une illustre famille arabe), en
lézards. L’espèce type, le Ch. de Lacépède ou Seps latin Elœagnus genre type de la famille des Élæa-
{Ch. flavescens), se trouve dans le midi de l’Europe. gnées , renferme des arbres ou des arbrisseaux à
CIIALCIDITÈS (du grec cAafcoj, airain, àcause feuilles alternes et blanchâtres, et à fleurs campa-
de leur couleur métallique), tribu d’insectes Hymé- nulées contenant de 4 à 6 étamines. La principale
noptères de la famille des Pupivores, renferme des espèce, Y Elœagnus angusti folia est connue vul-
insectes ornés souvent de couleurs métalliques très- gairement sous le nom A' Olivier de Bohême, à cause
brillantes , et ayant presque toujours la faculté de de sa ressemblance avec l’olivier. Il s’élève à5 ou 6 m.;
sauter. Leurs antennes sont coudées, et la partie au- ses fleurs sont jaunes et d’une odeur agréable ; son
dessus du coude est en forme de massue allongée. feuillage est argenté. Ses fruits se mangent eu Orient,
Les insectes du genre type, appelé Chalcis, sont dis- où cet arbre est très-répandu.
tingués par leur corps épais, leur tête large, et leurs CHALET, petit bâtiment plat , fait de troncs et
ailes à une seule nervure bifurquée au milieu. L’es- de branches d’arbres ou de planches et recouvert
pèce type est le Chalcis sispes, commun dans l’Eu- de chaume, que les Suisses construisent sur les mon-
rope méridionale. tagnes pour leur habitation il se dit spécialement
;

CHALCOGRAPHIE (du gr. chalcos, cuivre , et gra- des cabanes où se font les fromages. Leur aspect
phô, écrire), art de graver sur cuivre. Voy. gravure. pittoresque les a fait entrer parmi les ornements de
CHALE ou schall (de l’anglais shawl), sorte de nos parcs et de nos jardins.
vêtement long ou carré, qui, en Europe, entre dans CHALEUR ou caloriûue (du latin calor), agent
la toilette des femmes, et dont les Orientaux se ser- qui est la cause des sensations de chaud ou de froid
vent comme de turban, de manteau, de ceinture et que nous éprouvons. Les principales sources de cha-
quelquefois même de tapis. Il se fait des châles de leur sont, avec la combustion, l’insolation, la per-
toutes les façons, de toutes les formes et de toutes cussion, le frottement, les décharges électriques, la
les étoffes ; imprimés, damassés, brodés, brochés, compression des gaz et les combinaisons chimiques.
etc.; carrés, longs dits boiteux, en écharpe, etc.; On peut faire concourir ces différentes sources de
en laine, en soie, en coton, en laine et soie, en den- chaleur, et obtenir ainsi les effets les plus intenses.
telle, etc. ; mais les plus beaux et les plus recherchés Les sources de froid résident principalement dans
sont les châles dits cachemires soit de l’Inde, soit les changements d’état des corps, ainsi que dans la
de fabrication européenne. Voy. cachemire. vaporisation, la fusion, etc. (Voy. froid artificiel).
Les procédés mis en usage dans la fabrication des Le calorique suit, dans beaucoup de cas, les mêmes
châles varient suivant la nature des étoffes ou la façon lois que la lumière; c’est ce qui fait admettre par
qu’on leur donne ; nous indiquerons seulement les beaucoup de physiciens qu’il n’est qu’une des modi-
principales opérations que nécessite la fabrication du fications de la substance impondérable qui remplit
cachemire français, di tôroc/id, lequel, abstraction faite l’espace, et à laquelle on donne le nom A’ éther.
du cachemire de l’Inde, peut être considéré comme le La partie de la Physique qui traite de la chaleur
type de tous les châles. Ce sont : 1» la mise en carte, étudie : 1® les effets physiques qu’elle produit dans
qui consiste à peindre sur un papier réglé, en cou- les corps , tels que les changements de volume ou
leurs vives, mais transparentes, le sujet de la brode- la dilatation , et les changements d’état ou le pas-
rie; 2“ le lisage et l’accrochage opération compli- sage de l’état solide à l’état liquide et de l’état li-
quée qui a pour but de mettre la carte en contact avec quide à Tétat de vapeur (Voy. dilatation, thermo-
le métier; 3» le tissage, qui se fait soit au lancé, mètre, DENSITÉ, fusion , VAPEUR , ÉBULLITION); 2° la
soit par lespoulinage le premier cas, pour ob- propagation de la chaleur au contact ou à distance
tenir un seul point de couleur, la navette doit faire (
Voy. CHALEUR rayonnante) , et la calorimétrie ou
le trajet de toute la largeur de l’étoffe; il faut ensuite moyens de mesurer les quantités de chaleur néces-
20
, , ,

en AL — 306 — CHAL
saires pour la production d'effets déterminés. Voy. quantité de chaleur que les corps absorbent ou dé-
CHALEUR SPÉCmODE, CHALEUR LATENTE. gagent au moment où ils changent d’état, sans que
Les phénomènes de la chaleur sont des plus im- leur température subisse aucune variation appa-
portants pour la science et l’industrie. L’action de rente. Si on mêle 1 kil. de glace à la température
l’homme sur lanature est fondée principalement sur de 0®, et 1 kil. d’eau à la température de 79“, on
l’emploi de la chaleur la plupart des transformations
: obtient, après la fusion complète de la glace, 2 kil.
physiques ou chimiques que les corps subissent sont d’eau à la température de 0“; ainsi la glace s’est fon-
dues à cet agent; c’est aussi la chaleur qui fournit le due, mais elle n’a pas changé de température ; l’eau
plus souvent à l’industrie la force motrice nécessaire. chaude à 79® est restée liquide, mais elle s’est re-
Les physiciens ne se sont occupés que fort tard froidie jusqu’à la température de la glace. On en
de la théorie de la chaleur. L’invention du thermo- tire cette conséquence que, pour se fondre, le kilo-
mètre et les perfectionnements apportés à cet in- gramme de glace absorbe tout le calorique que perd
strument au commencement du xviii® siècle par le kilogramme d’eau en descendant de 79® à 0® la :

Réaumur, Haies, Fahrenheit, Musschenbroeck, mar- chaleur absorbée et comme disséminée dans la masse
quent les premiers pas de la science dans cette bran- liquide résultant de cette fusion est la chaleur latente
che de la physique. Vers la même époque, Stahl, ou chaleur de fusion. L’eau, en se congelant, dégage,
Crawford, Wilkes et Black démontrèrent l’existence pendant sa solidification, toute la chaleur qu’elle avait
du calorique latent; Hawkesbee reconnut les diffé- absorbée pendant sa fusion. Le même phénomène
rents degrés de dilatation que la chaleur fait éprou- d’absorption se produit dans le passage de l’état li-
ver à l’air atmosphérique. De nos jours, les lois de quide à l’état de vapeur : le calorique absorbé alors
la distribution du calorique et ses divers modes de par la vapeur s’appelle encore Chaleur latente, et
transmission ont été étudiés avec soin par MM. Leslie quelquefois Chaleur de vaporisation ou Chaleur d’é-
Nicboison, Bérard, Arago, Despretz et Pictet. Fou- lasticité. Quand la vapeur revient à l’état liquide, elle
rier, Laplace et Poisson ont donné la théorie ma- dégage aussi pendant sa condensation toute la quan-
thématique de la chaleur rayonnante; on doit à tité de calorique qu’elle avait absorbée pour se former.
M. Melloni, de Parme, àM.Forbes, d’Édimbourg, et CHALEUR RAVONNANTE, chaleur qui, émanant d’un
tout récemment à MM. de la Provostaye et Desains, corps, passe au travers de certains autres corps, ap-
de nombreuses expériences sur le même sujet. Des pelés diathermanes comme la lumière passe au
travaux importants sur les chaleurs latentes et les travers des corps diaphanes. Une partie de la cha-
chaleurs spécifiques ont été faits par MM. Delaroche leur du soleil traverse, comme la lumière, toute
et Bérard (1812), Dulong et Petit (1819 et 1828), l’étendue de l’atmosphère sans en être absorbée ; de
Aug. de la Rive et Marcet (1827 et 1836), Régnault même, le feu du foyer nous échauffe à distance,
(1840),Person (1847), etc. Dalton et Gay-Lussac ont sans que la chaleur qu’il émet soit absorbée par
trouvé la loi de la dilatation des gaz. La chaleur dé- les couches d’air qui nous en séparent. D’après cette
gagée par les combinaisons chimiques a été particu- analogie, ou dit des rayons calorifiques, des rayons
lièrement étudiée par MM. Fabre et SUbermauu.Les de chaleur, rximme on dit des rayons lumineux ou
tensions des vapeurs sous des pressions différentes des rayons de lumière. Le pouvoir rayonnant ou pou-
ont été déterminées par MM. OErsted et Perkins, voir émissif existe dans tous les corps indistincte-
Dulong, Arago, etc. — Un traité spécial de la Cha- ment : il se manifeste dans un morceau de glace
leur corisidérée dans ses applications a été publié comme dans un fer rouge. On démontre cette conti-
par M. Péclet (1829 et 1844, 2 vol. in-4). nuelle action du pouvoir émissif en disposant en pré-
CHALEUR ANIMALE, CALORICITÉ ANIMALE, Clialeur dé- sence l’un de l’autre, à 5 ou 6 m. de distance, deux
gagée par les êtres vivants. La température des ani- grands miroirs sphériques ou paraboliques de cuivre
maux inférieurs est presque la même que celle des poli, de manière que leurs axes soient coïncidants ; au
milieux où ils vivent; mais les animaux supérieurs foyer du premier miroir on met du charbon allumé,
on t une température propre quiseconserveà peu près au foyer du second, un morceau d’amadou ; celui-ci
la même, quelle que soit celle des corps environnants, s’enflamme alors comme s’il était en contact avec le
et qui semble se modifier presque uniquement sous feu. Pour des expériences plus délicates, on emploie
l’influence des fonctions vitales. Chez beaucoup d’ani- le thermoscope de Rumford, le thermomètre à air,
maux, la chaleur estdéveloppée en quantité si minime le thermomètre différentiel de Leslie, oa le thermo-
qu’elle échappe à un examen superficiel de là la dé-
: multiplicateur (Voy. ces mots). Au pou-
nomination d'animaux à sang froid donnée aux pois- voir rayonnant on oppose le pouvoir absorbant qui
sons, aux reptiles et à tous les animaux dont la tem- est en action continuelle pour réparer les pertes dues
pérature diffère peu de celle du milieu ambiant, par au pouvoir émissif; en outre, les corps ont en général
opposition à celle à’anitnaux à sang chaud, qui s’ap- un pouvoir réfléchissant, par lequel ils renvoient, sans
plique aux oiseaux et aux mammifères. Les oiseaux l’absorber, une portion plus ou moins grande de la
sont, de tous les animaux, ceux dont la température chaleur rayonnante qu’ils reçoivent des surfaces envi-
est la plus élevée ; elle varie chez eux de 40 à 44 de- ronnantes. Ces différents pouvoirs varient suivant la
grés centigr. Chez l’homme, la température moyenne nature des surfaces le pouvoir absorbant est toujours
:

est de 37“ centigr.; elle diminue du centre à la péri- en raison directe du pouvoir rayonnant ; le pouvoir
phérie. On attribue généralement la chaleur animale réfléchissant, au contraire, est en -aison inverse du
aux phénomènes chimiques déterminés dans l’orga- pouvoir absorbant et du pouvoir rayonnant. Ainsi les
nismiiï yar l’oxygène qui y est entraîné par la respi- corps polis, qui réfléchissent beaucoup plus que les
ration H par la circulation du sang il est certain du
;
corps non polis, s’échaufl’ent aussi et se refroidissent
moins que les parties privées de vaisseaux sanguins, beaucoup jjIus lentement, parce qu’ils n’absorbent
comme les ongles et les poils, n’ont pas de chaleur et n’émettent que peu de chaleur. Les objets noirs
propre. Le système nerveux parait aussi jouer un rôle ont aussi un pouvoir émissif beaucoup plus grand que
dans le développement de la chaleur animale , par les objets blancs, dont le pouvoir réfléchissant est
l’influence qu’il exerce sur la circulation du sang. Les plus considérable : c’est ce qui fait que l’on doit pré-
expériences les plus exactes sur les causes de la cha- férer les vêtements blancs dans les pays chauds et
leur animale ont été faites en 1823, à peu près eu dans les pays froids ; dans les premiers, ils empêchent
môme temps, par Dulong et par M. Despictz; en l’introduction de la chaleur; dans les seconds, ils en
1852, MM. A. Duméril, Demarquay et Lecomte ont préviennent la déperdition. — La formation de la
étudié les substances médicamenteuses qui peuvent rosée est un des effets du rayonnement nocturne des
élever ou abaisser la température du corps humain. corps vers les espaces célestes.
CHALEUR LATENTE (du latin latcre être caché). CHALEUR SPÉciFiquE, quantité de chaleur qu’un
, , . ,

CHAL — 307 — CHAM


corps exige pour que sa température s’élève d’un il a été employé pour la première fois à l’examen
certain nombre de Pour mesurer cette quan-
degrés. des minéraux en 1738 par André de Schwab. Crons*
tité, on est convenu de prendre pour unité la quan- tedt, Rinmann, Gahn, Scheele et en particulier Berg-
tité de chaleur qui est nécessaire pour élever de mann l’ont perfectionné. Le professeur Hare de Phi-
1 degré la température de 1 kilogr. d'eau. Quand on ladelphie a le premier eu l’idée de construire un cha-
dit, par exemple, que la chaleur spéciflque du fer est lumeau à gaz oxygène et hydrogène. Berzélius, et
de 0,11, cela signifie que, pour élever de 1 degré la plus récemment M. Plattner, ont écrit des traités
température de 1 kilogr. de fer, il ne faut que 0,11 spéciaux sur l’emploi du chalumeau. Voy. soufflage.
de la quantité de chaleur qui est nécessaire pour éle- CHALUT, fileten forme de chausse ou de bourse
ver de 1 degré la température de 1 kilogr. d’eau. On à fermoir : c’estune sorte de drague. 11 sert surtout
détermine les chaleurs spécifiques par trois méthodes : à prendre le poisson plat. On le jette au fond de la
celle du calorimètre, celle des mélanges et celle du mer, puis, hissant les voiles, l’embarcation se met
refroidissement. Voy. calorimétrie. en route en le traînant derrière elle.
CHALON, grand filet de rivière qui se tire en re- CHAMADE (du latin clarnare crier, appeler),
montant le cours de l’eau, au moyen de deux bateaux batterie de caisse dont se servent les assiégeants
auxquels il est attaché. Ce filet est prohibé, comme pour avertir les assiégés qu’ils aient à se relidre , et
tous les filets destinés à rebrousser l’eau. ceux-ci, pour annoncer qu’ils veulent parlementer.
CHALOUPE (de l’italien scialuppa, mèmesignif.), CHAMÆCERASUS, nom latin du Camérisier.
la plus grande embarcation que porte un navire ; CHAMÆRüPS (du grec chamai, à terre, et râ-
c’estune embarcation forte et solide , mais non pon- pés, broussailles), genre de là famille des Palmiers,
tée, allant à l’aviron et à la voile, dont on se sert est composé d’espèces de petite dimension, et a pour
principalement dans les ports et les rades pour le type le Palmier nain [Ch. humilis), le plus petit
transport des vivres, des munitions, des ancres, en un des palmiers et le seul qui croisse en Europe. Il est
mot, des fardeaux de tout genre; en pleine mer, la souvent même sans tige; ses feuilles, profondément
chaloupe reste fixée sur le pont du navire. 11 ne faut digitées et portées sur un pédoncule épineux, font
pas confondre les chaloupes te les canots, dont la l’effet d’un large éventail , d’où le nom de palmier
premièi e condition est la légèreté et la rapidité. éventail. 11 est très-commun enEspagnè, èn Italie, et
Chaloupe canonnière. Voy. canonnière. surtout en Algérie, où ses racines infestent les champs.
On appelle vulgairement Chaloupe cannelée la CHAMBELLAN (de chambre) dit aussi Camé-,

coquille de l’Argonaute. rier et Camerlingue officier chargé de veiller à


CHALUMEAU (de calamus, roseau). Ce mot qui, tout ce qui regarde le service intérieur de la cham-
au propre, signifie tout tuvau de paille, de roseau, bre d’un prince souverain : il porte pour marque
de métal, etc., désigne, en Musique, l’un des plus an- distinctive une clef attachée ou brodée sur la poche
ciens instruments à vent, instrument qui était formé droite de l'habit. Le titre de Grand Chambellan
dans le principe d’un simple tube de roseau percé de était autrefois une des grandes charges de la cou-
quelques trous. Cet instrument pastoral est encore ronne de France. Abolienl790, ilfutrétablisousl’Em-
en usage dans quelques contrées méridionales , et pire, supprimé de nouveau en 1830, et rétabli par Na-
bien qu’il ait été perfectionné, il a un timbre nasil- poléon 111. Il existe des chambellans dans la plupart
lard peu agréable. Le chalumeau a donné naissance des cours étrangères. D’après la Bulle d’Or, l’électeur
au hautbois. — On appelle chalumeau, dans la cla- de Brandebourg était archichambellan de l’Empire.
rinette, la série des sons de cet instrument qui sont A Rome, le grand chambellan ou cardinal camer-
au-dessous du la entre les lignes de la clef de sol. lingue administre les revenus du sacré collège et
Eu Cliiniie , on nomme chalumeau un tube de gouverne pendant les vacances du Saint-Siège.
ven’e ou de métal dont un bout est arqué, et dont CHAMBRANLE (de chambre), cadre de bois, de
le canal intérieur va en se rétrécissant jusqu’à ne pierre ou de marbre, qui borde les portes, les fenê-
former, à cette extrémité , qu’une ouverture aussi tres et les cheminées, est composé de deux montants
fine que le serait le trou fait avec une aiguille. On verticaux et d’une traverse supérieure horizontale.
tient cette ouverture contre la flamme d’une lampe, Les chambranles peuvent être décorés de moulures,
dite lampe d’émailleur, tandis qu’on souffle par l’au- cannelures, sculptures, etc. On nomme Ch. à cros-
tré bout avec la bouche : la flamme se dévie ainsi la- settes celui qui a des oreillons à ses encoignures;
téralement et acquiert une chaleur d'une très-grande Ch. à cru, celui qui porte sur l’aire du pavé ou sur
intensité. Cette flamme détermine la fusion d’une un appui de croisée sans plinthe.
infinité de corps ; elle oxyde ou réduit les combinai- CHAMBRE (du grec camara) Ce mot a été étendu
sons métalliques, elîectue des vitrifications, et peut au lieu où s’assemblent les législateurs, ainsi qu’à
servir à toutes les opérations qui exigent une tempéra- divers sièges de juridiction religieuse, civile, ou
ture élevée. Les orfèvres, les émailleurs, les bijou- commerciale, etc.
tiers , les essayeurs des monnaies font un fréquent CHAMBRE APOSTOLIQUE. On nommc ainsi à Rome un
usage du chalumeau pour opérer des soudures de peu tribunal ecclésiastique qui sert en même temps de
d’étendue, pour monter des diamants, faire des es- conseil des finances du pape; il est présidé par le
sais de tout genre. Les chimistes l’emploient comme cardinal camerlingue.
moyen d’analyse : c’est le moyen le plus simple , le CHAMBRE ARDENTE, tribunal formé eu France à cer-
plus économique, et eu même temps i’un des plus taines époques pour des cas exceptionnels. Voy. le
puissants. On obtient la température la plus élevée Dict univ. d’Hist. et de Géogr.
avec Itchalumeaa à gaz oxy-hydrogène, dans lequel CHAMBRES CIVILES, ancienne juridiction du Châte-
on utilise la combustion d’un mélange gazeux formé let de Paris, dont le lieutenant civil était seul juge.
de 2 parties d’hydrogène et de 1 partie d’oxygène : — Aujourd’hui on donne ce nom en général aux
on fait passer ce mélange par l’ouverture d’un cha- subdivisions des divers tribunaux civils , tribunaux
lumeau et on l’enflamme. La flamme ainsi obtenue de première instance , cours d’appel et cour de cas-
fond facilement tés corps les plus réfractaires , tels sation, On les oppose aux Chambres criminelles.
que le platine, le quartz et même l’alumine. Pour CHAMBRES DE COMMERCE, asseuiblées des principaux
prévenir les dangers d’une explosion qui pourrait négociants d’une ville , réunis pour traiter ensemble
avoir lieu quand la flamme se relire, ou dispose dans des affaires de leur compétence , et pour fournir au
l’intérieur des chalumeaux de ce genre une ou plu- gouvernement des renseignements sur l’état du com-
sieurs toiles métalliques très-fines qui suffisent pour merce et sur les moyens de le rendre florissant. La
empêcher la flamme de pénétrer. La science doit au conception de cette utile institution paraît apparte-
chalumeau un grand nombre de découvertes utiles ; nir à la ville de Marseille,” qui possédait, dès le

20 .
,, , ,

CHAM — 308 — CHAM


XIV* siècle, une chambre de commerce; il fut créé vant la distance des objets ; on rapproche ou l’on re-
en 1701 des chambres de commerce dans les princi- cule la lentille jusqu’à ce que l’image soit parfaite-
pales villes de France; les chambres de commerce ment nette. Une autre disposition , plus commode
furent supprimées en 1791 , puis rétablies dans un consiste à mettre en dehors de la boîte un miroir et
grand nombre de villes par un arrêté du 3 nivôse à l’ouverture une lentille ; les rayons réfléchis sur le
an XI. Leur organisation actuelle a été réglée par miroir traversent la lentille et forment l’image sur la
un décret du 3 septembre 1851 , qui les reconnaît table même du dessinateur. La chambre noire forme
comme établissements d’utilité publique. une des pièces essentielles du daguerréotype. —
On at-
CHAMBRE DES COMPTES. Voy. COUR DES COMPTES. tribue généralement l’invention de la chambre noire
CHAMBRES CONSULTATIVES dcs Arts et Manufactu- à Baptiste Porta, qui en a donné une description dans
res, chambres créées en l’an XI de la République sa, Magianaturalis (Anvers, 1587). Il parait toutefois

française et reconstituées par ordonnance du 16 juin que Roger Bacon la connaissait déjà.
1832, ont pour mission de faire connaître les besoins En Anatomie, on appelle chambres de l’œil, deux
des manufactures, fabriques, etc., et les moyens d’a- cavitésrempliesparl’humeur aqueuse et par l’humeur
mélioration. Elles peuvent être suppléées par les vitrée, et communiquant par le trou de la pupille.
chambres de commerce. CHAMBRIER , officier qui avait soin de la cham-
CHAMBRE ECCLÉSIASTIQUE, tribunal où l’on connais- bre du qui commandait aux domestiques ap-
roi, et
sait des alldires qui avaientrapport aux décimes et de chambre. Dans l’empire romain, le
pelés valets
autres impôts sur le clergé. Il y en avait 9 en France grand chambrier {prœpositus sacri cubiculi) était
là Paris, Rouen Tours, Bordeaux, Pau , Toulouse
,
un des principaux officiers de la cour de l’empereur.
Aix, Lyon et Bourges). Ces chambres étaient ordi- Il en a été de même en France jusqu’en 1545, épo-
nairement composées de l’archevêque et des autres que à laquelle l’office de chambrier fut supprimé. Le
prélats du diocèse, d’un député de chacun des dio- grand chambrier avait juridiction sur tous les mar-
cèses du ressort , de trois conseillers-clercs au parle- chands et artisans du royaume. — Dans quelques
ment et du présidial du lieu. monastères rentés et dans quelques chapitres, le
CHAMBRE ÉTOILÉE, liaute COUT de justicB en Angle- chambrier était un officier claustral qui avait soin
terre. VAeDict.univ.d’H. et de G., au mot chambre. des revenus ruraux d’une abbaye. Foi/, camérier.
CHAMBRE impériale, tribunal de l’Empire, où se CHAMEAU , en latin Camelus, genre de la famille
jugeaient les affaires des différents Etats d’Allema- des Ruminants sans cornes , caractérisé par la lèvre
gne, et, par appel ,
celles des particuliers. La cham- supérieure fendue , le pied bifurqué, mais en dessus
bre impériale siégea d'abord à Spire , puis àWorms, seulement , et par la présence de canines aux deux
à Augsbourg, etc., et fut enlin transférée à Wetzlar, mâchoires. On le divise en deux sous-genres : les
où elle est restée jusqu’à l’époque où elle cessa d’exis- Chameaux proprement dits et les Lamas K. ce nom).
(,

ter, avec l’empire d’Allemagne (1806). Les Chameaux proprement dits portent sur le dos
CHAMBRES LÉGISLATIVES { des Puù'S , des Députés d’énormes bosses de graisse, et les deux doigts de leurs
des Lords, des Communes , etc.). Voy. le Dict. pieds sont réunis en dessous par une semelle épaisse
univ. d’Hist. et de Géogr. à chacun de ces mots et et flexible. De plus , leur panse est garnie de vastes
les -articles parlement, sénat, corps législatif. cellules où ils peuvent conserver de l’eau pour plu-
CHAMBRE DES MISES EN ACCUSATION , DES VACATIONS, sieurs jours, ce qui leur permet de traverser sans boire
etc. Voy. ACCUSATION, VACATIONS , etc. de vastes déserts. 11 en existe deux espèces : le Ch. à
CHAMBRE CLAIRE, Caméra lucida, appareil d’opti- deux bosses de l’Asie ( C. bactrianus , qui atteint
)

que servant àtracer l’image d'un objet, se compose, soit 2™, 30 de haut, et le Ch. à une bosse ou Dromadaire
d’un prisme quadrangulaire ayant un angle droit et (C. dromedarius) , qui habite l’Arabie. Ce dernier
un angle de 136" (Ch. de Wollaslon), soitd’un prisme est pour l’Arabe un présent du ciel : son lait sa chair,
triangulaire à angle droit et d’une lame de verre à fa- son poil, qui se renouvelle tous les ans, fournissent à
ces parallèles {Ch. d’Ami'ci'. Les rayons de l’objet dont ses premiers besoins. L’Arabe instruit ses chameaux
on veut avoir l’image rencontrent d’abord le prisme dés leur naissance il leur plie les jambes, les charge
:

où ils sont réfractés à leur entrée et à leur sortie chaque jour d’un poids plus fort; il règle leur repas
puis ils vont frapper la glace, qui les réfléchit dans en diminuant peu à peu la quantité de nourriture.
une direction qui permet de recevoir l’image sur une Lorsqu’ils sont assez robustes, il les exerce à la course
feuille de papier où on peut la tracer au crayon. — par l’exemple des chevaux. Un chameau ainsi exercé
La chambre claire a été imaginée par Wollaston, peut faire 200 kilom. en unseuljour^ ou 1,200 kilom.
modifiée par M. Amici , professeur à Modène, et per- en huit jours sans boire ni manger. Si, dans le désert,
fectionnée en dernier lieu par M. Vincent Chevalier. il se trouve une mare sur son passage, il la sent de

Elle est aujourd’hui d’une construction .assez commode fort loin, double le pas, et boit pour le temps passé
pour être facilement transportable. Elle offre l’avan- et pour autant de temps à venir. En Turquie, en
tage de pouvoir servir par tous les jours possibles ; Perse, en Arabie, il s’établit de nombreuses cara-
la lumière qui entre par la fenêtre d’un appartement vanes pour le transport des marchandises à dos de
suffît pour éclairer les objets qu’on veut dessiner. chameau chaque chameau est chargé selon sa force;
;

CHAMBRE NOIRE OU OBSCURE, camera oscura, ap- si on lui donne une charge trop forte, il la refuse et
pareil d’optique destiné à produire sur un tableau reste couché jusqu’à ce qu’on Tait allégé. Les grands
l’image réelle d’un champ de vision plus ou moins chameaux portent 600 kilogr., les petits 300; et comme
étendu. 11 se compose d’une boite fermée qui porte la route est souvent de 2,500 à 3,000 kilom. , on règle
en avant un tuyau mobile, dans lequel est enchâssée leur marche au pas à 40 ou 50 kilom. par jour. Chaque
une lentille convergente. Les rayons partis d’un objet soir, on leur laisse paître en liberté quelques plantes
situé en avant de la lentille vont peindre au fond de sèches, telles que l'absinthe, le chardon, l’ortie , le
la boîte une image renversée de cet objet. Ce fond genêt, nourriture qui leur plaît mieux que la verdure
est fait avec une glace dépolie, derrière laquelle on tendre. Le cheval craint, dit-on, le chameau, et ne
peut décalquer l’image. Pour plus de commodité, on peut même souffrir son odeur. Suivant Hérodote
met dans la boîte un miroir, sous une inclinaison de Cyrus, redoutant la cavalerie des Lydiens, üt mettra
45 degrés. Les faisceaux de lumière s’y réfléchissent en tête de son armée tous les chameaux qui portaient
alors et tracent l’image sur la face supérieure. La les vivres et les bagages; ce qui fit prendre la fuite
boîte est garnie sur les côtés d’un couvercle, afin de aux chevaux de Crésus.
Le chameau parait n’avoir été
.disser dans l’obscurité la glace qui reçoit l’image. introduit en Afrique que vers le i" s. de notre ère.
Le tuyau est mobile, parce que l’image ne se produit On nomme Chameau- Léopard ou Caméléopard
pa-, toujours à la même place, cette place variant sui- la Girafe; Ch. du Pérou, le Lama; Ch. marin, une
, , , , , . , . ,

CHAM — 309 — CHAM


espèce de poisson du genre Ostracion ; Ch. de ri- entoure la plante; 3® le pédicule ou stipe, organe
vière, le Pélican. —
Chameau est aussi le nom tuI- qui supporte le chapeau; 4° le tégument ou voile,
gaire de la coquille appelée Strombe Lucifer membrane qui, partant du sommet de la base du
Dans la Marine, on nomme Chameau un grand pédicule, enveloppe le chapeau; 5® \c chapeau; 6® la
ponton qui sert à soulever un bâtiment pour le faire membrane séminifère, lisse et unie, formée par une
passer sur de petits fonds. On en emploie deux par na- multitude de petites capsules membraneuses , dites
Tire, l’un à la droite, l’autre à la gauche du bâtiment. theca ou ascus; 7® les capsules, petits sacs membra-
CHAMEDRYS (du grec chamai, à terre, et drys, neux, renfermant les sporules; 8® les sporules, grai-
chêne), nom spécifique de la Gerrnandrée petit- nes qui servent à la reproduction.
chêne [Teucrium Chamœdrys). Voy. germandrée. Les botanistes divisent aujourd’hui les Champi-
CMkWl?! , Antilope rupicapra espèce du genre gnons en six sections: basidiosporEs, à fructifications
Antilope. La taille du chamois est celle d’une forte situées à la surface et dans le parenchyme même du
chèvre ; son pelage, assez long et bien fourni, se com- réceptacle; genres Agaricus, Amanita, Cantharel-
:

pose de poils soyeux et de poils laineux j il est brun lus, Boletus, Secotium, Hydnum ,
Clavaria, Tre-
foncé en hiver, et brun fauve en été ses cornes, de;
mella, Clathrus , Lycoperdon, Bovista, Sclero-
12 à 13 centimèt. de longueur, sont d’abord droites, derma, Polygaster, Cyathus; thEcaspürés, à spores
puis recourbées subitement en arriéré. Cet animal renfermées dans desutricules ou thègues : Morchella
se tient en troupes peu nombreuses dans les hautes (Morille ), Helvella, Peziza, Helotium, Hypoxylon,
montagnes. On le trouve principalement dans les Tuber (Truffe); clinosporEs, à spores fixées sur une
Alpes et dans les Pyrénées, où il reçoit le nom A'Isar. lame propre, intérieure ou extérieure au récejitarle :

La chasse du chamois est fort difficile, et demande Conisporium, Sphacelia, Stilbospora, Credo, Puc-
autant de hardiesse que d’agilité. La peau de cha- cinia ; cystospürés , à réceptacle filamenteux ter-
mois sert à faire des gants, des ceintures, des cu- miné par des capsules contenant les spores : Mucor,
même des vestes et des bas.
lottes, et Cystopora, Hydrophora, Helicostylum; trichospo-
CHAMOISEUR, nom donné à celui qui prépare bEs , à réceptacle simple ou rameux, recouvert de
non-seulement peaux de chamois, mais aussi d’au-
les spores nues Ceratium, Dacrina, Fusidium, Diplo-
:

tres peaux, telles que celles de veau, de daim, de chè- sporium, Botrytis, Helmintliosporium ; arthrospo-
vre, de mouton, etc. L’art du chamoiseur comprend rEs, à réceptacle filamenteux avec spores terminales
une série d’opérations dont les principales sont la : en chapelet : Antennaria, Monilia, Pénicillium
mise en chaux ; le pelage, qui se fait avec une pierre Aspergillus, Oïdium . —
Pour les principaux de ces
à aiguiser; M effleurage, qui consiste à enlever l’épi- genres, Voy. leurs articles spéciaux ; agaric , bolet,
derme le confit hain d’eau aigrie avec du son qui
;
MORILLE, TRUFFE, etC.
prépare la peau à recevoir l’huile; le foulage et Presque tous les champignons contiennent du su-
V échauffé, qui ont pour but de faire pénétrer l’huile cre, de l’osmazôme et un acide particulier, appelé
dans les pores de la peau par la compression et la acide fungique. Un grand nombre sont comestibles,
chaleur ; le remaillage, qui achève d’unir la surface tels que le Ch. de couche [Voy ci-après), VOronge,
de la peau; et le dégraissage qui enlève l’huile le Cèpe et plusieurs autres espèces du genre Bolet;
surabondante ; après quoi, il n’y a plus qu’à passer beaucoup aussi sont vénéneux. Certains champignons
le palisson sur la peau pour l’empêcher de se racor- vivent en parasites sur les plantes, et occasionnent
nir, et à la parer avec la herse. de grands dommages : tels sont le charbon [Credo
CHAMP (du latin campus), pièce de terre labou- carbo), qui attaque la glume du blé; la rouille [C.
rable, qui ordinairement n’est pas fermée de mu- rubigo], qui forme des taches ovales sur ses feuilles
railles. —
Au moyen âge, on appelait champ clos un et ses tiges; la carie (C. caries), qui se développe
lieu enfermé de barrières, dans lequel deux ou plu- dans l’intérieur des grains de froment; V oïdium,
sieurs personnes vidaient leurs différends par les qui attaque la vigne ; les moisissures, qui attaquent
armes , avec la permission du roi ou des juges. — les confitures, le vieux pain, le fromage, etc.; la plu-
On a donné de tout temps le nom de champ à de part de ces champignons sont microscopiques.
vastes espaces consacrés soit à différents exercices La distinction des champignons comestibles et des
comme le Champ de Mars des Romains, soit à des as- vénéneux exige une habitude à laquelle la meilleure
semblées politiques, comme les Champs de Mars, ou description ne saurait suppléer. En général , une
de Mai, des Francs, soit à la prom_enade et à certains odeur et une saveur désagréables, une chair mollasse
spectacles, comme ooi Champs-Elysées etc. et spongieuse, un changement de couleur quand on
En Optique , on appelle c/iomp de lavision, c/iomp les entame, l’habitation dans les lieux très-ombragés
d’une lunette, l’étendue des objets que l’oeil ou la et humides, ou sur les bois pourris, une couleur rouge
lunette peut embrasser. La grandeur du champ brillante ,
dénotent les mauvais champignons. Les
qu’embrasse un instrument dépend de la grandeur bons, au contraire, sont caractérisés par une odeur
du foyer et de l’ouverture de l’oculaire. Plus le foyer de rose , d’amande amère ou de farine récente ; par
est étendu et l’ouverture grande, plus aussi le champ une saveur de noisette; par une organisation simple,
est considérable. une surface sèche et charnue , une consistance ferme,
En termes de Blason, le champ est le fond d’un écu. non fibreuse, une couleur franche, rosée, vineuse
CHAMPART (du latin campi pars, partie du ou violacée , ne changeant point à l’air. Ils habitent
champ), droit que les seigneurs de lief avaient, en les lieux peu couverts, les friches et les bruyères;
quelques lieux, de lever une certaine quantité de enfin, le temps les dessèche sans les altérer. Au
gerbes sur les terres qui étaient en leur censive. reste , tous peuvent être rendus comestibles en les
CHAMPI (de champ; trouvé dans un champ), au- laissant macérer pendant un temps plus ou moins
trefois synonyme de bâtard. Voy. enfant natürel. long dans le vinaigre , l’eau vinaigrée ou l’eau très-
CHAMPIGNONS (en italien campinione dérivé salée , qui dissout le principe délétère. Aussi , en cas
lui-même de campus, champ), en latin Fungus, en d’empoisonnement, doit-on bien se garder de faire
grec Mykès, famille de plantes Acotylédones [Cryp- avaler au malade aucun de ces liquides, de peur
togames de Linné), sans feuilles, ni fleurs, ni fruits;- de faciliter l’action du poison en le délayant; on doit
charnues , gélatineuses , souvent coriaces ou ligneu- alors se hâter de recourir aux vomitifs et même aux
ses; de couleur très-variée, de texture homogène. purgatifs, si le poison a été Ingéré depuis longtemps.
Ils ne vivent en moyenne que de huit à dix jours. On calme ensuite par des boissons mucilagineuses
Les Champignons peuvent présenter dans leur struc- l’irritation produite par ces évacuants.
ture huit sortes d’organes, savoir 1“ une racine
: Le Champignon de couche , on Agaric comestible
filamenteuse; 2® la bourse ou volva, sorte de sac qui est le seul qu'il soit permis de vendre sur les mar-
,

CHAN - 310 CHAN


chés de Paris. On le reconnaît à sa forme arrondie CHANCELLERIE ( de chancelier) , nom employé
en boule, à son pédicule plein, haut de 3 à 5 centi- ordinairement pour désigner le lieu où l’on scelle
mètres, à son chapeau convexe, lisse, glabre, garni certaines lettres ou certains actes, tels que lois , or-
en dessous de feuillets d’un rose un peu terne , et donnances, diplômes, brevets, passe-ports, etc., dans
qui deviennent noirâtres en vieillissant. Sa couleur le but de leur donner un caractère authentique. Il
générale est d’un blanc brunâtre, et il a une odeur y avait autrefois en France plusieurs sortes de chan-
très-agréable. On le cultive sur des couches artificiel- celleries la plus importante était la chancellerie de
:

les dans les carrières de Paris et les catacombes , et France, qu’on appelait grande chancellerie pour la
la consommation en est telle qu’il en est apporté cha- distinguer des petites chancelleries établies près des
que jour à la Halle 20 à 25,000 maniveaux (petits parlements et des présidiaux ; ces dernières furent
paniers). Pour cette culture, on dresse une couche de supprimées le 7 septembre 1790, et la grande le
50 à 60 centimètres d’épaisseur avec du fumier de 27 novembre suivant. La Restauration rétablit le
cheval très-récent et débarrassé des pailles sèches et titre de grand chancelier, mais transporta la plupart
du foin. On la piétine et on l’arrose légèrement avec —
de ses attributions au garde des sceaux. Il existe en-
l’arrosoir à gerbe. Au bout de huit ou dix jours , la core en France la grande chancellerie de la Légion
fermentation a développé des points blancs à l’inté- d' honneur] il y avait sous l’Empire la grande chan-
rieur et à la surface. Alors, on démonte la couche, cellerie de l’Université.
on la mêle avec la fourche, et on la redresse à la Il y a des chancelleries dans toutes les ambassades
même place , en ayant soin de la recouvrir d’une che- et dans tous les consulats. A Rome, on appelle chan-
mise de litière longue, qui maintient l’humidité et cellerie le bureau où s’expédient les bulles, les brefs
empêche le refroidissement. Huit jours après , la cou- ou autres actes du gouvernement pontifical.
che ayant acquis assez de chaleur, on la larde, c’est- CHANCRE ( de cancer, écrevisse , soit à cause de
à-dire qu’on y introduit çà et là avec la main du blanc la forme des chancres, soit parce qu’on attribuait
de champignon [Voy. blanc). On la couvre de nou- cette affection à la présence d’un animal qui dévo-
veau de la chemise de paille; et dès que le blanc rait les parties malades), nomdonné, en Médecine,
prospère, c.-à-d. ordinairement après 8 ou 15 jours, à de petits ulcères cancéreux qui ont de la tendance
on l’arrose légèrement, on étend dessus une couche de à s’étendre et à ronger les parties environnantes,
terreau de quelques centimètres d’épaisseur, et l’on particulièrement à ceux qui proviennent d’une cause
replace la chemise de paille. On récolte ensuite suc- vénérienne , aux aphthes malins des enfants , ainsi
cessivement les champignons bons à manger ; et lors- qu’à certains ulcères qui attaquent les chevaux et le
que la couche est épuisée, ce qui arrive au bout de gros bétail ; ces derniers prennent différents noms
cinq à sept mois de production, on la démonte pour suivant la place où ils s’établissent; ils attaquent de
en refaire une nouvelle. préférence la langue [chancre volant), ]es fosses na-
L’étude des champignons, longtemps négligée , a sales (morve), les pieds [fourchet, piétin, crapaud).
été cultivée avec soin depuis environ un siècle et a On appelle aussi chancre une maladie des arbres
été récemment élevée au rang de science sous le nom qui détruit l’écorce, et réduit le b°is en pourriture ;
de Mycologie. Les auteurs auxquels elle doit le plus on en arrête les progrès en enlevant la partie ma-
sont Paulel, Bulliard, l’ersoon ,Nées d’Esenbech, Li n k. lade , et en recouvrant la place avec de la vase.
Fries; les Mérat, Mougeot, Montagne, Léveillé. M. CHANDELIER, ustensile dont tout le monde con-
RoquesetM.F.-S.Cordierontdonnéchacun une His- naît l’usage. On Ta perfectionné en y adaptant une
toire des Champignons comestibles et vénéneux. spirale ou ressort qui pousse la chandelle vers le haut
CHAMPION (du bas latin campio, même signifi- à mesure qu’elle se consume, et un verre de quinquet
cation, ou, selon Roquefort, du mol champ, et de qui augmente la clarté de la flamme et l’empêche de,
yu'on , soldat ) On nommait ainsi au moyen âge celui
. vaciller. — Dans la Marine, on donne ce nom à des
qui combattait en champ clos pour sa querelle ou pour sup|)nrfs verticaux auxquels on attache des cordages.
la querelle d’autrui. Les vieillards, les estropiés, les ec- CHANDELLE (du latin candela, flambeau de cire
clésiastiques , les dames, fournissaient des champions. ou de suif). La matière des chandelles était autrefois
Cet usage s’est maintenu jusqu’à la fin du xvi« siè- résine; aujourd’hui c’est un mélange égal
le suif et la
cle.— Dans les tournois, on appelait champion des de suif de bœuf et de suif de mouton, auquel on ajoute
dames un chevalier dont l’ollice était de prendre quelquefois de la fécule de marrons d’Inde ou de la
sous sa protection tout malencontreux chevalier qui, cire, qui lui donne plus de consistance. Pour les
puni pour avoir enfreint quelqu’un des règlements durcir, on emploie Talun et l’acide azotique; on les
de la chevalerie, venait réclamer la merci des dames. blanchit à l’air ou avec du chlore. Les mèches sont
— En Angleterre, le champion du roi est un cheva- en coton filé et tordu, quelquefois mêlé de fil de lin,
lier armé de pied en cap qui , au couronnement du et trempé dans le vinaigre chaud, ou dans une solu-
roi, entre dans la salle de Westminster, jette son tion d’acétate de cuivre ou de camphre, ou encore
gantelet par terre, et propose un cartel à quiconque dans l’huile de péfrole. On distingue les Ch. mou-
éléverait des doutes sur la légitimité des droits du lées, faites dans des moules de verre ou de métal,
nouveau souverain. et les Ch. plongées ou h la baguette, que l’on fa-
CHANCES. Voy. probabilité. brique en plongeant à plusieurs reprises dans du suif
CHANCELIER (du latin cancellarius), officier fondu des baguettes de noisetier garnies de plusieurs
public dont les attributions ont souvent varié. Voy. mèches. — Les Grecs et les Romains n’ont point
au Dict. univ. d'Hist. et de Géogr. l’art, chancelier connu l’usage des chandelles proprement dites. On
et ci-dessous chancellebie. ne s’en sert en France que depuis le xiv® siècle.
Archichancelier, officier de cour, ayant le droit Aujourd’hui, malgré l’extension qu’a prise le com-
de signer les diplômes du souverain à la tète des merce de la bougie , on en fait encore une consom-
grands officiers de la couronne. Dans l’ancien em- mation considérable. —
On doit à M. Lenormand le
pire d'Allemagne, l’électeur de Mayence étaitrtrc/u- Manuel du Chandelier.
chancelier de l’Empire powT l’Allemagne, l’électeur CHANFREIN du bas latin camus, licou, et frm-
(

de Cologne pour l’Italie, et l’électeur de Trêves pour num, frein), nom donné autrefois à la partie de l’ar-
les Gaules. — La création de l’office d’archichance- mure qui couvrait le devant de la tête d’un cheval.
lier remonte en France au ix« siècle. Sous Napoléon, Le chanfrein était ordinairement en fer poli ou en
l'archichancelier était, après les princes du sang, le cuir, et souvent armé d’une pointe de fer très-allon-
premier dignitaire de l’État. —
A Rome, on nomme gée. —Maintenant, par extension, on appelle ainsi la
archichancelier du Saint-Siège le grand chancelier partie de la tête du cheval qui .est entre les sourcils,
de la cour papale. depuis les oreilles jusqu’aux naseaux. — On nomme

CHAN — 311 — CHAN
aussi chanfrein ou lice une marque blanche longi- genres plus divers elle peut être patriotique, poli-
les ;

fiulinale que certains chevaux portent à la partie tique, guerrière, philosopliiqne satirKiqe, érotique
,

antérieure Je la tète. ou grivoise, sentimentale, bachique, etc.; mais il ne


Eu Architecture, on donne ce nom à la petite sur- faut pas la confondre avec \’ode, ni avec la cautate,
face que l’on forme en abattant l’arête d’une pierre dont elle peut cependant se rapprocher beaucoup.
ou d’une pièce de bois et , en Horlogerie , au petit
;
Ce genre de poésie a existé de tout temps et chez tous
creux eu cône pratiqué dans une pièce de métal. les peuples. Suivant Hérodote, les Égyptiens avaient
CHANGE (du bas latin cambium, même signif.), leurs chansons, qu’il nomme maneros. Les Grecs
se dit, dans le Commerce, de toute négociation par avaient leurs chansons patriotiques ou religieuses,
laquelle une personne, moyennant un prix convenu, dites nomoi (le Chant d’Harmodius, par exemple),
cède à une autre personne les fonds dont elle dis- leurs chansons de table ou scolies, etc. 11 en était
pose dans un endroit autre que celui où se fait l’opé- de même chez les Romains. Tous les peuples de l’an-
ration; ce qui se fait le plus souvent au moyen de tiquité, ainsi que les Barbares du moyen âge, avaient
la lettre de change. Voy. lettre de chance. des chansons guerrières : on connaît en ce genre le
On appelle Commerce de change celui qui com- péan des Grecs et les chants de Tyrtée; on a conservé
prend toutes les négociations relatives à la vente la Chanson de Roland, dont les Français chantaient
ou à l’échange des matières d’or ou d’argent, soit encore des fragments au xiv® siècle en marchant au
monnayées, soit en lingots, ainsi que de tous les pa- combat (publiée à Paris, par M. Génin, 1851, in-8).
piers représentant une valeur métallique. Ou distin- Ce fut au temps des trouvères et des troubadours
gue le Change intérieur, qui se fait sur des places du que parurent les premières chansons en langue fran-
même pays par un échange d’effets, moyen plus çaise et en langue romane. Ce furent d’abord des lais,
commode et moins embarrassant que la remise des espèce d’élégies amoureuses ; puis des noèls, des ron-
espèces ; et le Change étranger ou extérieur, qui se des, des romances, et enfin des vaudevilles, dans les-
fait sur les places des pays étrangers. — On entend quels la chanson commença à prendre un caractère
par Cours du change la différence qui existe entre la historiqueet satirique. Letempsde la Ligue et celui de
valeur nominale d’un papier et celle pour laquelle ce la Fronde furent féconds en chansons de ce genre. On
papier est reçu dans le commerce. Lorsque le change peut consulter avec intérêt la collection manuscrite,
se fait d’une ville à l’autre, somme égale pour somme en 60 vol., de M. de Maurepas, conservée à la Bi-
égale, on dit qu’il est au pair. Le change est au-des- bliothèque nationale de Paris. — Sous le règne de
sus du pair sur une place, lorsqu’on y donne une Louis XIV parurent les Ponts-Neufs, types de la
somme plus grande que celle qu’on doit toucher dans chanson populaire ou des rues. Sous Louis XV, Du-
une autre place. Quand on donne une moindre somma frény, Panard et Collé furent les restaurateurs de la
pour une plus grande, il est au-dessous du pair. chanson érotique et bachique ; ils eurent pour con-
Toutes ces matières sont traitées complètement tinuateurs les chansonniers du Caveau ancien et du
dans le Cours des Changes des principales places Caveau moderne ( Voy. caveau ) , et parmi ceux-ci,
de commerce, précédé de la Théorie du Change, Piis, Désaugiers, Armand Gouffé, etc. Béranger éleva
de M. A. Pérey, et dans le Cambiste universel de la chanson etcréaun genre dont il est resté le modèle.
Kelly (en anglais, traduit en français, Paris, 1823). — Parmi les nombreuses chansons patriotiques que la
CHANGE (agents DE). Voy. AGENTS. Révolution fit éclore, deux surtout (/a Marseillaise
CHANGEUR (de change), commerçant qui fait et le Chant du Départ) ont acquis une célébrité eu-
métier de changer des pièces de monnaie françaises ou ropéenne, et resteront sans doute dans la mémoire de
étrangères contre d’autres pièces, des billets de ban- la postérité. — Les autres nations de l’Europe ont,
que contre du numéraire, ou réciproquement du nu- comme la France, leurs chants populaires, qui reflè-
méraire contre des billets de banque , ou enfin des tent les mœurs, les coutumes et la pensée dominante
matières précieuses contre du numéraire. — Chez les de l’époque : il faut citer en ce genre les sagas de la
Romains, les changeurs étaient à la fois changeurs, Norvège, les ballades de l’Écosse et de l’Angleterre,
banquiers et notaires ; c’était par leur ministère que ainsi que le Rule Britanma et le God save tlie king;
se faisaient les changes, les dépôts, les achats, les les lieder de l’Allemagne; les mazurques de la Polo-
ventes, les prêts.— Avant 1789, les changeurs de- gne ; les 1 -anz de la Suisse ; les çunzoni et les salta-
vaient être autorisés par le roi et leur nombre était 7'elle de l’Italie; les boléros, lés fandangos et les
limité; ils envoyaient à la Monnaie les monnaies alté- seguidillas de l’Espagne, etc. — 11 existede nombreux
rées ou décriées, les monnaies étrangères, les matières recueils de chansons, parmi lesquels on distingue :

d'or et d’argent, et ils les échangeaient contre de la V AnthologiedeM^onnctyV Anacréon français, etle Re-
monnaie ayant cours. Ils étaient chargés de surveiller cueil de cliansons choisies, publié eh 178!l. M. Dumer-
l’état des monnaies mises en circulation. —
On a aussi san a publié, en 1845, un recueil des Chansons natio-
donné le nom de changeurs à certains employés de nales de la France, avec une Histoire de laChanson.
l’hôtel de la Monnaie, et notamment au caissier. Jus- CHANT (du latin cantus, même signif.). Le chant,
qu’en 1543, époque où François l®c créa seize recettes naturel lorsqu’il est l’expression involontaire et spon-
générales, le trésorier du domaine s’est appelé chan- tanée d’un sentiment , devient un art lorsqu’il est
geur du Trésor. réglé par des principes, lot sque ses formes et ses com-
CHANOINE, Canonicus (du grec canôn, règle), se binaisons tendent à produire des effets prémédités.
disaitdans l’origine de tout clerc soumis à la règle Sous le rapport purement musical, le mot chant
particulière d’un chapitre ou d’une collégiale ; il se s’entend d’une suite de sons disposés d'une manière
dit aujourd’hui de celui qui possède un canonicat agréable pour l’oreille; que ces sons soient rendus
dans une église cathédrale ou collégiale et qui fait par la voix ou par un instrument il est alors sy-
:

partie du chapitre. Voy. canonicat, chapitre, et le nonyme du mot mélodie : en ce sens, on oppose le
Dict. univ. d’Hist. et de Géogr., au mot chanoines. chant à V accompagnement. Le chant le plus heu-
CHANOINESSE. Il y avait autrefois en France des reux deviendrait monotone, s’il n’était assujetti au
chanoinesses réunies en collèges, comme les cha- rhythme et à la modulation. Le rhythme établit une
noines, et assujetties à une règle commune, notam- symétrie relative dans la durée des notes, et la mo-
ment à Maubeuge, à Remiremont; on en trouve en- dulation répand de la variété dans la gamme qui
core beaucoup aujourd’hui, surtout en Allemagne; sert de base au chant. Voy. rhythme et modulation.
mais elles vivent clans le monde et ne sont astreintes L’origine de l’art du chant se perd dans la nuit des
qu’à des devoirs faciles à remplir. temps. Cultivé par les Égyptiens, et après eux par les
CHANSON (du latin cantio, même signification). Grecs et les Romains, il a été surtou t conservé, pendant
Sous le rapport littéraire , la chanson, embrasse les le moyen âge, par l’Eglise chrétienne. Dans les temps
,

CHAN — 312 CHAN


modernes, le chant a fait les progrès les plus remar- la plus mince du violon, du violoncelle et de la gui-
quables, surtout en Italie, en Allemagne et en France. tare, et par conséquent celle qui produit les sons
Les Italiens se sont toujours distingués par la beauté les plus aigus. On l’a ainsi nommée parce que c’est
et la sonorité de leur voix, ainsi que par la souplesse sur cette corde que l’on exécute le chant principal
de leur gosier; les Allemands, supérieurs aux pré- d’un morceau de musique. C’est à Naples que l’on fa-
cédents par la science musicale, se font remarquer brique les meilleures chanterelles.
par le sentiment profond et l'énergie de leur exécu- CHANTERELLE, Cantharcllus (diminutifdu mot grec
tion : iis brillent surtout dans le chant en choeur. Le cantharos coupe), genre de Champignons, section
mérite des chanteurs français est la vérité de l’expres- des Basidiosporés , ayant un chapeau bien distinct,
sion ; ils excellent surtout dans le chant dramatique. charnu ou membraneux , qui a la forme d’une om-
— On distinguait en Italie au xviii® siècle cinq grandes belle ou d’un cône renversé et tronqué au sommet.
écoles de chant, d’où sont sortis les maîtres qui ont La Ch. comestible (C. cibarius) est de couleur jaune
eux-mêmes fondé les plus célèbres écoles de l’Europe : doré ; sa chair, un peu moins jaune que ne le sont le
ce sont \’É. romaine, Y É. vénitienne, YÉ. de Flo- pédicule, le dessus et le dessous du chapeau, est très-
rence, YE. lombarde et YÉ. napolitaine. — Le Con- saine; crue, elle a le goût un peu poivré.
servatoire de musique de Paris publiaen l’an xii (1804) CHANTEUR, artiste qui se livre à l’art du chant
une Méthode de chant, qui est restée classique; elle {Voy. chant). —
En parlant d’une femme, on dit can-
a été perfectionnée par Choron, Dupré, M""® Damo- tatrice. — Dans les églises , ceux qui chantent l’of-
reau,etc.,à qui l’on doit aussi des méthodes de chant. fice au lutrin portent le nom de chantres.
CHANT d’église. Le chant sacré des premiers chré- Dans les temps modernes, les chanteurs, qui le plus
tiens n’était qu’une psalmodie , dépourvue de me- souvent étaient poètes en même temps, ont joué un
sure et de rhythme, comme le plain-chant (Vop. ce grand rôle, sous les noms de Bardes en Gaule, de
mot), qui en est sorti. On distinguait : la monodie Minnesœnger et de Meistersœnger en Allemagne,
(chant d’une personne seule), Y antiphonie (chant de Troubadours et de Trouvères en France ( Voy. ces
alterné entre deux personnes), et le choral (chanté mots) . — L’art du chant a été porté dans les deux
par tous les assistants). — Au iv« siècle, l’évêque derniers siècles à une grande perfection , et a fait à
de Milan, saint Ambroise, introduisit le chant ap- la fois la réputation et la fortune des chanteurs qui
pelé de son nom ambrosien, qui se compose de y ont excellé, tels que Calfarelli, Farinelli, Crescen-
quatre tons empruntés à l’ancienne musique grec- tini, et, de nos jours, Garat, Martin, Nourrit, Dupré,
que (le dorien, \e phrygien Y éolien et le mixo-
,
Ponchard, Tamburini, Lablache; M'"" Catalan!,
lydien) et connus sous le nom de tons authentiques. Malibran,Schrœter-Devrient, Mainvielle-Fodor, Son-
Au commencement du vu' siècle, le pape Grégoire tag, Cinti-Damoreau, Grisi, etc. Voy. chant.
le Grand modifia le chant ambrosien : il y ajouta CHANTEURS, nom donné en Ornithologie aux oi-
quatre tons nouveaux dits plagaux, et composa un seaux qui se font remarquer par l’étendue de leur
Antiphonaire qui devait à jamais servir de type à voix et l’agrément de leur chant. La plupart de ces
tous les chants d’Èglise. Le chant ainsi organisé oiseaux appartiennent à l’ordre des Passereaux ou à
prit le nom de chant grégorien ou romain. Il s’exé- celui des Grimpeurs Le Coq est le seul chanteur que
.

cutait d’abord à l’unisson ; mais au xi' siècle on com- l’on trouve dans l’ordre des Gallinacés.
mença à l’accompagner par une sorte d’harmonie CHANTIER (du bas latin canterium, angle, coin
grossière appelée déchant ou discant (Voy. ce mot). de terre), espace ou terrain sur lequel on empile les
Les progrès du contre-point, aux xiv' et xv' siècles, bois de chautfage, de charpente, de charronnage, de
firent naître les motets, les messes en musique et construction, etc. —Le plus souvent, ce mot est em-
autres compositions qui constituent la musique d'É- ployé comme synonyme éü atelier dans l’industrie
-

glise ( Voy. ce mot). —


Les chants religieux des pro- du bâtiment, il désigne l’endroit où l’on dépose le bois
testants sont ordinairement des chorals ( choral et la pierre pour les tailler et les mettre en œuvre.
gesœnge), chantés à l’unisson par des masses de voix Dans la Marine, on nomme Chantier de construc-
considérables : Choron en a publié un Recueil inté- tion l’endroit où l’on pose la quille du vaisseau qu’on
ressant (Paris, 1824, gr. in-8). veut construire et les tins ou billots qui la soutiennent;
CHANT ROYAL, sorte de poésie à refrain, longtemps en ces tins s’appellent aussi eux-mêmes chantiers. On
vogue en F rance, était une espèce de ballade composée appelle Ch. plein ou faux chantier la plate-forme
de 5 strophes, chacune de 11 vers, et ayant toutes les en bois installée au fond d’un bassin de radoub.
mêmes rimes : le dernier vers du premier couplet sert Dans les corderies, on appelle CA. de commettage.
de refrain pour les suivants, qui doivent finir de la Ch. à commettre, deux grosses pièces de bois dressées
même manière. L’envoi estune sorte d’explication de perpendiculairement à 2 mètres de distance l’une de
l’allégorie ; il commence ordinairement par un de ces l’autre, et qui servent à la confection des gros câbles.
mots Sire, Roi, Prince, et c’est de là, dit-on, qu’est
: CHANTRE (du latin cantare, chanter), chanteurs
venu le nom de la pièce entière. Le sujet des chants appointés pour chanter l’office à l’église. Ils peu-
royaux est ordinairement emprunté de la Fable ou vent être clercs ou séculiers; mais, dans les deux cas,
de quelque trait historique, d’où l’on tire une mora- ils portent la chape pendant l’office. —
M. l’abhé Co-
lité. Parmi les plus beaux exemples de ce genre de rnant a publié en 1851 un Manuel du Chantre.
poésie, on cite YAntée, qui remporta le prix aux jeux Autrefois on appelait grand chantre ou préchantre
Floraux. On en trouve aussi de belles imitations dans {præcentor, primicerius) le maître du chœur : c’é-
les poésies dites de Clotilde de Surville. tait un office ou bénéfice , et l’une des premières di-
CHANTE-PLEURE ( de chanter et de pleurer, gnités d’un chapitre. Le préchantre de la cathédrale
sans doute à cause du bruit que fait l’eau en sortant de Paris était le second dignitaire du chapitre; ilavait
par les fentes ou trous de la chante-pleure). On ap- juridiction sur les maîtres et maîtresses d’école et
pelle ainsi des fentes pratiquées d’espace en espace de pension, et sur les répétiteurs de l’Université.
dans les murs d’un enclos, pour permettre aux eaux CHANVRE, Cannabis, genre type de la petite fa-
de s’écouler : on dit aussi barbacane. — C’est encore mille des Cannabinées, se distingue à ses fleurs dioï-
un petit cuvier dont les tonneliers se servent comme ques, verdâtres; à ses tiges herbacées, hautes, plus
d’entonnoir; il est échancré au bord supérieur pour grandes dans les individus femelles que dans les mâ-
faciliter le versement du liquide ; le fond est percé les, contrairement au préjugé des campagnes, où
d’un trou garni d’une douille, qu’on entre dans la l’on appelle Chanvre mâle l’individu femelle, et ré-
Donde du tonneau à remplir. —Dans le nord de la ciproquement. Les fleurs mâles sont en grappe, les
France, chante-pleure est synonyme de robinet. fleurs femelles en épi; le fruit est une cariopse à test
CHANTERELLE (diminutif de cMnt), Ei corde verdâtre. L’unique espèce qui forme ce genre est le
,

CHAP 313 — CHAP


Chanvre cultivé (C. sativa), qui chez nous atteint que l’usage commença à en devenir général. Pendant
I“,50 , et qui dans le Piémont s'élève à 3 et même longtemps il fut défendu aux prêtres de s’en servir.
4 mètres. Les tiges, livrées au rouissage, séchées au Les premiers chapeaux eurent la forme plate et les
soleil et soumises aux diverses opérations dites teil- bords assez larges; on les ornait de plumes. Sous
lage, broyage, ribage, serançage, donnent par leur Henri IV, la forme s’exhaussa, et l’on retroussa un
écorce le chanvre ou la filasse employée à faire de la des bords; bientôt , on en retroussa deux, et enfin
toile et des cordages; ces tiges privées de leur écorce tout le tour du chapeau plus tard, la forme s’aplatit
;

servent à faire des allumettes, ou fournissent un char- de nouveau. Sous Louis XIV et sous Louis XV, l’habi-
bon léger, employé à la fabrication de la poudre. tude de porter perruque rendit le chapeau presque in-
Les graines, petites et ovoïdes, portent le nom de utile on le portait plus souvent sous le bras que sur
;

chènevis, et servent à la nourriture des oiseaux do- la tête. Le chapeau , rond au xvii® siècle , devint tri-
mestiques. Elles fournissent, déplus, une huile excel- corne à la fin du xviii®; aujourd’hui, il est plus ou
lente pour la peinture et l'éclairage, et qu’on peut moins cylindrique. — Les chapeaux de femme sont
même employer pour la table. Les feuilles du chan- en soie, en gaze ou en paille, ornés de rubans et de
vre exhalent une forte odeur. Dans tout l’Orient, on fleurs, et de forme trop variable pour qu’on puisse
les fume mêlées au tabac pour se procurer une sorte en donner une idée exacte. Voy. coiffure.
d’ivresse, souvent dangereuse : c’est du chanvre qu'on Pris absolument , le moi. chapeau désigne la coif-
extrait le Hachih. Voy. ce nom. fure distinctive des cardinaux depuis 1245 c’est un
:

On nomme Ch. aquatique le Bident tripartite; chapeau rouge à forme plate et à bords très-larges,
Ch. du Canada, l’Apocynum cannabinum; Ch. des orné de ganses rouges qui retombent sur la poitrine.
Américains l’Agave américaine ; Ch. du Japon, la CHAPELAIN, Capellanus [Aocapella, chapelle),
Spirée du Japon ; Ch. de Crète, le Datisca cannabina. nom donné au bénéficier titulaire ou au desservant
CHAODIINEES (de Chaos, genre type), famille de d’une chapelle. Le plus souvent, chapelain est syno-
plantes Cryptogames, détachées des Algues par Bory nyme à'aumônier [Voy. ce mot). Les rois de France
de Saint-Vincent, a pour type le genre Chaos. avaient huit chapelains, qui desservaient leur oratoire
CHAOS , état de désordre et de confusion univer- par quartiers; lechefportaitlenorad’arcAicAa/ie/ain.
selle, que presque tous les systèmes de cosmogonie Dans l’ordre de Malte, les chapelains étaient des
placent au début du monde. Voy. cosmogonie. clercs conventuels qui formaient le second rang de
CHAOS, genre type de la famille des Chaodinées, cet ordre, les chevaliers tenant le premier, et les
est composé de végétaux amorphes, consistant en servants d’armes le troisième.
une couche muqueuse, le plus souvent sans filaments CHAPELET (du bas latin capellus, couronne de
ni membranes, et remplie de corpuscules épars, de fleurs), réunion de plusieurs grains enfilés qui ser-
nombre et de formes très-variés. Nous citerons parmi vent à compter le nombre des Pater et des Ave qu’on
les espèces le Chaos primordial, qui n’est autre récite en l’honneur de Jésus ou de la vierge Marie.
chose que cette espèce d’enduit muqueux qu’on trouve Un chapelet ordinaire se compose de cinq Pater et
à la surface des corps imprégnés d’humidité. de cinq dizaines é’Ave, qu’on récite, les premiers sur
CHAPE ^en bas latin capa, dérivé de caput, tête), cinq gros grains , les seconds sur cinquante petits.
vêtement d eglise, en forme de manteau, qui s’agrafe Trois chapelets ordinaires forment un rosaire. L’u-
par devant et tombe jusqu’aux talons, et que portent sage de réciter le chapelet paraît avoir été institué
l’évêque, le prêtre officiant, les chantres, etc., durant au temps des croisades : on l’attribue à Pierre l’Er-
le service divin, avait jadis un capuchon; d’où son mite ; d’autres en font honneur à sainte Gertrude. —
nom. Les chapes sont ordinairement en étoffes pré- Les Turcs et les Indiens ont aussi leurs chapelets.
cieuses , rehaussées de broderies et de franges d’or, En Architecture, on appelle chapelet une baguette
d’argent ou de soie. ornée de petits grains.
On appelle aussi chape : 1® un habit que portent le En Mécanique , on nomme chapelet hydraulique
pape et les cardinaux, et qui a un capuce doublé d’her- une machine qui sert à élever l’eau d’un puits ou d’une
mine ; la chape du pape est rouge , celle des cardinaux rivière à des hauteurs indéterminées. Elle se com-
est rouge ou violette ;— 2“ un grand manteau de drap pose de disques ou de godets en cuir, attachés de
ou de serge que les chanoines portaient au chœur suite à une chaîne sans fin, et qu’on fait circuler à
pendant l’hiver, et qui était de la même couleur que l’aide d’un tambour dans un tuyau vertical ou in-
le camail. — ^La chape de saint Martin était l’insigne cliné, dont le bas plonge dans Teau ; en passant suc-
principal de nos armées sous la première race; c’é- cessivement dans ce tuyau, ces disques élèvent l’eau à
tait un étendard, suivant les uns; suivant d’autres, la manière d'un piston, et, avant de redescendre, ils
c’était un oratoire placé sur une espèce de char, et la versent dans un réservoir placé à la hauteur voulue.
renfermant les reliques de saint Martin. CHAPELLE (du latin capella, qu’on fait dériver
Dans les Arts , le mot chape a un grand nombre du grec capêleia, tente, ou encore du mot chape),
d’acceptions, et désigne, en général, certaines choses oratoire avec un seul autel, ordinairement destiné
qui s’appliquent sur d’autres pour les couvrir, les au service d’une maison particulière , et où l’on ne
recevoir ou les envelopper ; ainsi, en Mécanique, on peut dire la messe qu’avec la permission de Tévêque
appelle chape: 1® un trou percé dans le bois, dans diocésain. Autrefois, il existait des chapelles qui
le fer, etc. , et destiné à recevoir les extrémités de avaient été érigées en bénéfices simples. On appelait
l’essieu d’une poulie, d’une balance, d’un tour ; 2® des Saintes Chapelles des collégiales fondées par nos
bandes de fer recourbées en demi-cercle, entre les- rois : la plus remarquable est la Sainte Chapelle
quelles sont suspendues et tournent des poulies sur située à Paris et attenante au Palais-de-Justice; elle
un pivot qui les traverse et leur sert d’axe. fut construite en 1245 par Pierre de Montreuil sur
CHAPEAU, autrefois Chapel (du \aXm caput, tête), l’ordre de saint Louis. Èlle vient d’être restaurée
coiffure d’homme dont la forme a souvent varié et
,
tout récemment. — On appelle aussi chapelle cha-
qui est ordinairement faite de feutre, de castor, de pe- cune des enceintes ménagées dans une église pour
luche de soie, de cuir, de carton, de paille, etc. V. cha- y renfermer un autel sous l’invocation particulière
pellerie) .— (
Avant le règne de Charles VI , les cha- de la Vierge ou de quelqu’un des saints. —Il y a en-
peaux étaient inconnus en France; il n’y avait que des encore les chapelles sépulcrales, expiatoires, etc.
bonnets, des aumusses, des chaperons, des mortiers : On donne aussi le nom de chapelle à la réunion
on commença de son temps à porter des chapeaux à des musiciens qui exécutent de la musique dans une
la campagne. Sous Charles Vil, on n’en faisait usage église ou dans la chapelle d’un prince. Le chef de
qu’au temps des pluies. Sous Louis XI, on s’en servit ces musiciens prend le titre de maître de chapelle.
en tout temps. Mais ce ne fut que sous François 1®'' — On doit à M. Castil-Blaze un intéressant ouvrage
, ,

CHAP — 3U -- CHAR
sur la Chapelle-musique des rois de France, Paris, partie du corps des insectes qui est immédiatement
1832, in-l2. au-dessus de la bouche, et à laquelle est attachée la
CHAPELLERIE ,
chapelier. Cette industrie consi- lèvre supérieure ,
parce qu’elle abrite la bouche.
dérable se subdivise en autant de branches qu'il y a En termes d’ Artillerie, c’est un petit toit que Ton
de matières différentes employées à la fabrication met sur la lumière du canon. —
En termes d’Horlo-
des chapeaux. Les chapeaux feutrés résultent de gerie, c’est une plaque ronde qui se monte sur Tex-
l’entrelacement des poils de certains animaux (cas- trémité du pivot d’une roue.
tor, loutre, chameau ,
lièvre , lapin, cachemire , vi- Dans l’Architecture, on appelle chaperon la partie
gogne, etc.),qu’on soumet au foulage après les avoir supérieure d’un mur de ciôture, formant le plus sou-
tortillés {Voy. feutrage) ; après quoi on les dresse vent une couverture en dos d’âne pour rejeter Tean.
sur une forme, on les teint , on les lustre, et on les La forme du chaperon fournit une présomption sur la
livre au détaillant , qui leur donne la façon à la propriété d’un mur ; le mur est présumé mitoyen si
mode, les borde et les garnit de leur coiffe et de leur le chaperon règne des deux côtés; non mitoyen, s’il
cuir. L’emploi du mercure pour rendre les poils do- n’existe que d’un seul côté : on considère alors comme
ciles au feutrage expose les ouvriers chapeliers à de seul propriétaire celui sur le terrain duquel le cha-
graves maladies. La poussière noire occasionnée par peron verse les eaux (Code civil, art. 654).
le battage après la teinture, la buée et l’odeur dés- CHAPITEAU (du latin caput, tête), désigne, en
agréable qui résultent des opérations du feutrage, Architecture, le haut de la colonne qui pose sur le
ont fait ranger les fabriques de chapeaux parmi les fût. On en distingue quatre espèces principales ; le
établissements dangereux^ et insalubres. A Paris, ils Ch. toscan, dont le tailloir est carré et sans moulure ;
sont soumis, en outre, aux prescriptions de l’ordon- le Ch. dorique, dont le tailloir est couronné d’un ta-
nance de police du 12 juillet 1818. —
Les chapeaux lon ; le Ch. ionique, qui est garni d’oves et de volu-
de soie, en usage depuis une vingtaine d’années, tes ; et le Ch. corinthien, qui est orné de deux rangs
sont formés d'une carcasse en carton, en cuir, en de feuilles d’acanthe et de petites volutes. Les autres
sparterie ou en feutre très-mince, qu’on enduit d’un chapiteaux les plus usités sont le Ch. composite
:

vernis imperméable et qu’on recouvre ensuite d’une qui a les feuilles d’acanthe du corinthien et les vo-
calotte de peluche de soie, formée d’une bande dont lutes de l’ionique; le Ch. attique, qui a des feuilles
les extrémités sont coupées en spirales pour que leur de refend dans le gorgerin ; le Ch. gothique, com-
couture, faite en dedans, ainsi que celle du fond qui pilation de toutes les formes de chapiteaux autique.s
les ferme , ne puissent s’apercevoir sur le côté exté- et de celles que l’imagination des artistes du moyen
rieur du chapeau. — Les chapeaux de paille, desti- âge a pu inventer. —
Dans un sens plus général, on
nés surtout aux femmes, sont faits avec de la paille appelle chapiteau de niche , de balustre, de lan-
d’ivraie , de seigle , de blé et de riz convenablement terne, etc., la partie supérieure d’une niche, d’un
préparée une espèce de froment rouge très-commun
;
balustre, etc.— On appelle aussi chapiteau la partie
en Toscane est la variété de paille que Ton préfère ; d’un alambic dans laquelle s’opère la condensation
on en blanchit les tiges en les soufrant. On distingue des vapeurs qui s’élèvent de la cucurbite.
les Ch. de paille d’Italie, lesCh. de paille suisse et CHAPITRE, corps des chanoines d’une église cathé-
les Ch. de paille cousue. Les premiers sont faits avec drale ou collégiale, formant un conseil délibérant.
des tresses composées de treize brins de paille, qu’on Voy. CHANOINES au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
coud ensemble ; cette couture n’est qu’un simple rem- CHAPON, jeune coq auquel on a fait subir l’opé-
maillage qui place les tresses les unes à côté des au- ration de la castration, afin de donner plus de délica-
tres , en faisant légèrement sortir une petite côte. tesse â sa chair. Les chapons les plus estimés sont
Dans les seconds, les nattes n’ont que onze brins, et ceux du Mans et du pays de Caux. On les engraisse
leur couture n’est faite que de deux en deux mailles en leur donnant une espèce de bouillie faite avec
et de manière à ne pas laisser apercevoir de côte. Le les grains les plus nutritifs , et en leur faisant ava-
tressage des troisièmes, dont les nattes n’ont que sept ler des boulettes de pâte , ou même en leur enfon-
à neuf brins, diffère totalement des précédents : on çant ces boulettes dans le gosier. On donne quel-
n’y emploie que des pailles fendues en deux ou en quefois le nom A’étourdeau aux jeunes chapons.
quatre, de sorte que le brillant et le mat de la paille Dans beaucoup d’endroits, on se sert des chapons
apparaissent tour à tour. L’Italie a la supériorité sous pour élever les poussins. Pour cela , on choisit le
le rapport de la beauté de la paille et de la confec- chapon le plus vigoureux, on lui arrache les plumes
tion des tresses ; mais Paris excelle dans l'apprêt et sous le ventre , et on frotte la peau avec des orties ;
la façon des chapeaux. — On a fait aussi des chapeaux on le met ensuite sous une cage avec, deux ou trois
en osier et même en bois (saule, tilleul, peuplier, etc.). poulets assez grands, qui, lui passant sous le ventre,
MM. Cluz, F. et Julia de Fontenelle ont publié le adoucissent l’âpreté de ses piqûres et l’engagent, par
Manuel du fal/ricant de chapeaux. ce soulagement ,
à les recevoir.
CHAPELURE (de cÆajje, manteau), croAte de pain CHAR (du latin currus ou carras, même signif.),
râpée ou pulvérisée, quelquefois unie à de fines her- voiture à deux roues dont se servaient les anciens
bes , du sel et des épices , dont on couvre certaines dans les combats, les jeux, les triomphes. Ils étaient
viandes, comme les côtelettes ,
les jambons , ou que ordinairement traînés par deux ou plusieurs chevaux
Ton met dans une sauce pour l’épaissir. attelés de front â un timon et guidés par un homme
CHAPERON (de chape, tiré du latin caput, tête), debout sur le devant du char. Les chars des dames
sorte de capuchon ou de vêtement de tête qui était romaines s’appelaient bastemes ou carpenta quand
la coiffure ordinaire des deux sexes au moyen âge : ils étaient couverts. On donnait aux chars les noms
il avait un bourrelet sur le haut et une queue par der- de bigce, trigœ , quadrigæ suivant qu’ils étaient
rière. Les chaperons des princes, des nobles et de attelés de deux, de trois, de quatre chevaux. 11 y
leurs dames, étaient en tissu fin, en soie, etc., et char- avait encore des chars à six chevaux de front qu’on
gés de broderies ou même de pierreries. Les femmes appélait sejugæ, ou à sept qu’on nommait septijugæ.
des principaux magistrats les portaient en velours, Virgile attribue l’invention des chars à Erichthonius,
les autres bourgeoises en drap. Les hommes cessè- roi d’Athènes : d’autres la rapportent à Triptolème
rent de porter le chaperon sous Charles ;
lesVU ou à Trochilus, ou même à Pallas ou à Neptune.
femmes ne le quittèrent que plus tard. CHARA ou CHARAGNE, plante cryptogame, type de
On appelait aussi chaperon une espèce de coiffe la famille des Characées formée par Richard, est
dont on couvrait les yeux des oiseaux de fauconnerie. appelée aussi Lustre d’eau. Jussieu en avait fait un
Le Ch. de rust était destiné aux oiseaux non dressés. genre de sa famille des Nâiades ; Endlicher le place au-
En Histoire naturelle , on a donné cæ nom à la jourd’hui parmi les Algues. Les Charas croissent dans
, , ,

CHAR — 315 — CHAR


les eaux stagnantes; leur odeur leurs tiges
est fétide
;
trilobé; les antennes de onze articles, coudées, ter-
rameuses, faibles, flottantes, cassantes , sont tantôt minées en massue. Ces insectes composent la famille
hérissées de pointes, tantôt lisses à leur surface. On y des Curculionides de Schœnherr, ainsi appelée du
observe un mouvement circulatoire fort singulier. genre Curculio (Charançon), qui en est le type.
CHARAGINS (du gr. charax, nom d’un poisson ana- CHARAXE ( nom d’un Lapithe , pris arbitraire-
logue), groupe de poissons de la fam. desSalmonesqui ment), Charaxus, Lépidoptère diurne, un des plus
n’ont quel ou Drayonsauxouies. Ce groupe renferme beaux de l’Europe, de la tribu des Nymphalides :
les sous-genres Curimate, Anostome. Serpe, Pia- ailes inférieures terminées par deux prolongements
buque, Serrasalme, Chalcé, Raius, Hijdrocin, Ci- en forme de queue; chenilles dont la tête est sur-
tharine, Saure, Scopèle, Aulnpe. Tétragonoptère. montée de quatre cornes , et dont l’abdomen finit
CHARADE, espèce d’énigme dans laquelle on di- en queue de poisson. Le Ch.jasius se trouve dans le
vise un mot en autant de parties qu’il a de syllabes, midi de la France; sa chenille vit sur l’arbousier.
de manière que chaque syllable donne un mot à sens CHARBON (du latin carbo) produit de l’action
,

complet.ün définit successivement chaquepartie, puis du feu, que l’on obtient en brûlant à l’abri du con-
le tout ou V entier, et l’on propose de deviner quel est tact de l’air le bois et d’autres matières organiques
ce tout ou le mot que forment les parties. La charade (
Voy. carbonisation). On distinguele Ch. végétale^ le
est ordinairement en vers. En voici deux exemples : Ch. animal, qui ont à. peu près les mêmes propriétés.
Outre son emploi comme combustible, le charbon
Posterior summam promit gostatque priorem
, ;

Acre bibis summam suœitur ore prier.


;
a des applications nombreuses en raison de la pro-
Uon premier est. lecteur, une simple voyelle; priété qu’il possède d’absorber les gaz et de s’emparer
Mon second sert d’appui pour l'objet qui chancelle. des matières colorantes. On l'utilise pour puriüer les
Pour la chasse mon tout pire que les filets.
. mines , les puits et autres excavations souterraines
Est une arme fatale aux hdtea des forêts.
de certains gaz irrespirables, notamment de l’acide
Les mots de ces deux charades sont, en latin melos carbonique. On l’emploie comme désinfectant pour
{mel-os), et en français épieu (é-pieu). les liquides, pour l’eau notamment ( Voy. filtrage),
La charade diffère du logogriphe en ce que celui-ci et pour les matières organiques qui répandent une
fait subir au mot qu'il donne a deviner une décom- mauvaise odeur le poisson, le gibier ou les morceaux
:

position complète. —
La vogue de la charade date de de viande qui commencent à se putréfier, se désin-
la ün du dernier siècle; elle semble être une suite fectent entièrement quand on les entoure de charbon
du cedemhourg ; ce n’est qu’en 1762 qu’on commença en fragments ou de braise. Les médecins tirent aussi
à mettre des charades dans le Mercure de France. parti de la propriété désinfectante du charbon, soit
Le nom môme de Charade ne parait au Dictionnaire dans le traitement desulcères, des plaies gangréneuses,
de l’Académie que dans l'édition de l’an VI (1799). soit pour faire disparaître la fétidité de l’haleine, pour
On appelle Charade en action une espèce de diver- retarder la carie des dents, etc. ; aussi la pouçire de
tissement où plusieurs personnes donnent à deviner charbon est-elle un des meilleurs dentifrices. Le char-
à d’autres chaque partie d’un mot, puis le mot entier, bon s’empare avec rapidité des couleurs de presque
en exécutant des scènes de pantomine qui expriment tous les liquides végétaux et animaux : les sucs des
la signification de chaque partie , puis du tout. plantes, les décoctions des substances tinctoriales, les
CHARADRIADÉS (de Charadrius, nom latin du vins rouges, les vinaigres, les sirops bruns, agités
Pluvier), famille d’oiseaux formée par Lesson dans pendant quelques instants avec de la poudre de char-
l’ordre des Échassiers, a pour type le genre Pluvier. bon, ou filtrés sur une couche de cette poudre, de-
Elle renferme de plus les genres Vanneau, Huitrier viennent aussi clairs et aussi incolores que l’eau. Le
et Glai'éole. charbon d’os présente surtout à un haut degré cette
CHARAGNE, nom vulgaire du chara. propriété décolorante {Voy. charbon animal). —Ces
CHARANÇON (du grec charassô, creuser), Curcu- propriétés du charbon ont été signalées en 1790 par
lio, grand genre de Coléoptères tétramères , famille Lowitz, marin et chimiste russe. Le pharmacien
des Rhynchophores, type de la tribu des Charançoni- Figuier, de Montpellier, reconnut, en 1810, la supé-
tes. Son principal caractère est d’avoir latéte terminée riorité du charbon d’os comme moyen décolorant.
par une trompe qui porte les antennes. Ce genre ren- Le charbon est inaltérable dans la terre humide ;
ferme ; 1® les Charançons proprement dits, qui at- c’est sur cette propriété que repose l’usage de char-
taquent toute sorte de fruits ; 2® les Brüches qui at- bonner, en l’exposant au feu, la surface des pièces
taquent les pois et les lentilles; 3® les Attelâtes qui de bois, des pieux, des pilotis qui doivent séjourner
rongent les parties tendres des végétaux et dont la dans la terre ou dans l’eau. Les anciens connaissaient
larve, appelée Lisette, roule et détrui* les feuilles de l’incorruptibilité du charbon en retirant , dans ces
:

la vigne ; 4® les Lixes, dont la larve vit dans les tiges derniers temps, les pilotis de l’antique temple de
du Phellandrium et cause, dit-on, la paraplégie des Diane, à Éphèse , on a reconnu qu’ils avaient été
chevaux ; 5® les Rhynchênes, qui s’introduisent dans la carbonisés avant d’être enfoncés en terre.
noisette et les fruits à noyau et en mangent l’amande; CHARBON ANIMAL. On eu a deux variétés dans le com-
6® les Anthonomes qui vivent sur les fleurs, principale- merce le noir animal ou charbon d’os et le noir
:

ment sur celles du pommier ; 7® enfin, les Calandres d’ivoire. Le premier est préparé avec les os qu’on se
qui font de grands dégâts dans les magasins à blé. Le procure dans les grandes villes , où la consommation
nombre et la petitesse de la plupart de ces insectes de la viande est considérable; le second s’obtient
rendent tous les moyens impuissants pour les détruire. avec les rognures d’ivoire mises au rebut par les ta-
Pour le Charançon du blé, on est dans l'usage de lui bletiers; on l’imite avec des os de pieds de mouton
en abandonner un tas auquel on ne touche pas, et de bien nettoyés. On carbonise ces matières dans des
remuer souvent celui que l’on veut conserver. On marmites en fonte bien closes. Le charbon d’os ren-
a également essayé pour le même objet l’emploi de ferme toujours une certaine quantité d’azote. On se
l’ammoniaque liquide. M. Barruel a proposé tout ré- sert particulièrement du noir animal dans les rafli-
cemment, comme moyen infaillible, de faire séjour- neries, pour décolorer le sucre ; l’usa ge en a été intro-
ner les grains pendant deux jo\irs dans des vases con- duit depuis 1813 par MM. Derosne, Payen et Pluvi-
tenant du gaz oxyde de carbone. net. Une grande partie du noir animal consommé en
CHARANÇONI'TES , tribu d’insectes de l’ordre des France et dans nos colonies se fabrique dans le dé-
Coléoptères, des Tétramères, famille des
section partement de la Seine.
Rhynchophores de a pour caractères : le
Latreille
,
CHARBON VÉGÉTAL, charbon ordinaire, provenant
dessous des tarses muni d’un duvet court, formant de la carbonisation du bois {Voy. carbonisation).
des pelotes dans presque tous ; le pénultième article Ce charbon se fait avec toute espèce de bois pu pré-
:
, ,,

CHAR — 316 CHAR


fère toutefois les charbons de bois durs, si ce n’est monocéphales. L’espèce la plus commune est le Ch.-
dans certaines industries, notamment pour la fabrica- Murie, dit aussi Ch. argenté, de Notre-Dame, lacté et
tion de la poudre ( Voy. boordhne, chanvre). Le char- taché: elle est remarquable par la grandeur, la beauté
bon qui n’est pas assez consumé est lourd, de couleur de ses feuilles chargées d’épines, et par l’éclat de ses
brune et renferme beaucoup de fumerons; celui qui fleurs purpurines. Les cultivateurs la coupent lors-
est de bonne qualité est léger, cassant, sonore, sans qu’elle est à moitié fleurie , pour la piler et la donner
écorce et rondin. La plus grande partie des charbons aux bestiaux, ou pour la brûler, afin d’en chauffer les
consommés à Paris y sont amenés par eau et sont fours, ou d’en retirer la potasse. —
Quant au char-
connus dans le commerce sous le nom de charbons don dont on se sert pour carder les draps et qu’on
de l’Yonne, de la Marne, de la Loire, etc. L’ordon- nomme Ch. à foulon et Ch. bonnetier, Voy. cardère.
nance royale du 5 juillet 1834 et l’ordonnance de On appelle vulgairement Ch. acanthe le Pédane;
police du 15 décembre de la même année règlent Ch. aux ânes, l’Onoporde; Ch. bénit, la Centaurée
la vente du charbon de bois. chausse-trape , l’Argémone et le Carthame laineux;
CHARBON DE TERRE. Voy. HOUILLE. Ch. des prés, la Unique; Ch. doré, la Centaurée sol-
CHARBON (en Médecine) , Anthrax malin ou pestîlen- sticiale; Ch. étoilé, la Chausse-trape étoilée; Ch. hé-
/re/,tumeurdure et circonscrite, extrêmement doulou- morroïdal, la Sarrète des champs ; Ch. roland ou
reuse , avec tension et chaleur brûlante dans le tissu mieux roulant, le Panicaut champêtre.
cellulaire sous-cutané ,
et rougeur livide de la peau, CHARDONNERET, carduelis, espèce du
au centre de laquelle il s’élève bientôt une ou plu- genre Moineau, ainsi nommée parce qu’elle se nour-
sieurs ampoules, dites phlyctèues, qui crèvent et se rit des graines de chardon. Le mâle et la femelle pré-
convertissent en une escarre ou croûte noirâtre gan- sentent deux colorations fort différentes le premier, :

gréneuse; d’où le nom de charbon. Il peut se déve- toujours mieux paré, a le dos brun, les ailes noires
lopper dans les diverses parties du corps, et chez tous et jaunes, le tour du bec rouge, et le ventre blanc;
les individus; cependant on l’observe plus fréquem- il est plus vif et a le chant plus agréable
;
la femelle,
ment vers les lèvres ou les joues, spécialement chez dont les couleurs sont plus sombres, est triste et sans
les enfants. Le mal s’étend rapidement et amène une ramage. Le chardonneret est recherché pour la gen-
mort prompte, si l’on ne se hâte d’en arrêter les tillesse de son chant. Il construit son nid sur les ar-
Le charbon est le plus souvent contracté par
progrès. bres les plus élevés , et se tient dans les bois et les
contagion :aussi l’observe-t-ou particulièrement sur parcs. Croisé avec le serin , il donne naissance à des
les individus qui ont touché sans précaution des ani- mulets stériles qui ont perdu une partie de la riche
maux atteints de maladies charbonneuses, chez les parure de l’oiseau franc.
bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les laveurs de On nomme Chardonneret du Canada {Fringilla
laine , etc. Le charbon peut résulter aussi d’une ali- tristis) une espèce de linotte de la Louisiane.
mentation malsaine ou insuffisante, de l’habitation CHARDONNET, nom donné aux pierres desba-
dans les lieux bas, humides, mal aérés. Dès que le ca- joyers des écluses qui portent la feuillure dans la-
ractère de la tumeur est reconnu, il faut inciser les quelle tournent les poteaux tourillons.
escarres, enlever les parties frappées de gangrène, CHARDONNETTE ou cardonnette (de cardon)
et cautériser profondément la plaie. On applique en- espèce d’artichaut sauvage dont la fleur sert à faire
suite des antiseptiques ( quinquina , chlorures désin- cailler le lait. On en cultive dans les jardins une va-
fectants, etc.). Ce traitement doit être secondé par riété connue sous le nom de Cardon d’Espagne.
un traitement interne qui varie selon la gravité des CHARGE. En Administration et en Droit, on ap-
phénomènes inflammatoires. pelle Charges publiques : 1“ les divers impôts qui
Le charbon est assez commun chez les animaux do- pèsent sur la généralité des citoyens; 2® les obliga-
mestiques, et il présente chez eux le même caractère tions que la police peut imposer aux habitants des
que chez l’homme ; il est le plus souvent épizootique. villes,comme le balayage des rues, l’arrosage, etc.;
CHARBON , maladie des grains. Voy. nielle. 3® le service de la garde nationale , les fonctions de
CHARBONNAGE. Voy. houillère. juré, la tutelle des mineurs et des interdits, etc.;
CHARCUTIER (des mots chair et cuite), nom — Charges particulières les charges réelles, qui
donné à celui qui prépare et qui vend la chair de porc affectent la chose , comme les servitudes foncières
et de sanglier, et, en général , toute chair cuite ou et les hypothèques, et les charges personnelles, qui
hachée dans la préparation de laquelle il entre du affectent la personne , comme les charges du mariage,
porc. Cette profession comprend l’art d’abattre, de celles qui sont imposées par le donateur au dona-
saler et de fumer le porc, d'en faire des jambons, taire, par le testateur à l’héritier, etc.
des boudins, des saucisses, des cervelas, des an- On donne aussi le nom
de Charges à certains of-
douilles et autres préparations fort variées. Avant fices qu’on ne peut remplir qu’en donnant des ga-
tout , le charcutier doit choisir avec soin les porcs ranties pécuniaires ; telles sont celles de notaire
destinés à faire de la charcuterie , et s’assurer sur- d’avoué, d’huissier, d’agent de change, etc. {Voy.
tout s’ils ne sont points atteints de la ladrerie, ma- ces mots). Ces Charges sont conférées par l’État
ladie qui rend leur chair indigeste et malsaine; elle mais n’en peuvent pas moins se transmettre.
se reconnaitàdes taches blanches et roses répandues En Droit criminel, on entend par charges les
par tout le corps et surtout sous la langue et autour indices et les preuves qui s’élèvent contre un accusé.
des yeux. — 11 y avait beaucoup de charcutiers chez Dans l’Art militaire, ce mot se prend dans diverses
les Romains : on les appelait salsamentarii et bo- acceptions. Il signifie : tantôt le choc de deux trou-
tularii, vendeurs de porc salé et de boudins. Eu pes, comme les Ch. de cavalerie, qui se font de quatre
France, les bouchers firent longtemps le commerce manières :en ligne parallèle et en ligne oblique, contre
de la viande de porc ; on vit ensuite s’établir des Sau- la cavalerie; en échelons et en colonne, contre l’in-
cisseurs et des Chaircutiers. On leur donna des sta- fanterie ; — tantôt la quantité de poudre que l’on met
tuts sous Louis XI et on les soumit à des inspections dans une bouche à feu pour lancer des projectiles ;
sévères. Aujourd’hui ils sont régis par l’ordonnance la charge du fusil d’infanterie a été fixée à 9 gram-
de police du 29 décembre 1835. On compte à Paris mes; celle du pistolet de cavalerie, à 3 gr.; la charge
plus de 350 charcutiers , dont quelques-uns font un d’un canon est, en général, le tiers du poids du bou-
commerce considérable. En Angleterre, le commerce let ; celle des obusiers et des mortiers est proportion-
de la charcuterie se confond avec celui de l’épicerie. nelle à la distance qu’on veut atteindre. —
On appelle
CHARDON, Carduus, genre de la famille des Com- encore Charge, l’action de charger une arme à feu ;
posées, tribu des Cinarêes, renferme des plantes her- il y a la Ch. en 12 temps, la Ch. d 4 temps ou Ch.

bacées, à capitules épineux, portés sur des rameaux précipitée et la Ch. à volonté enfin, une batterie de
. , , , ,

CHAR - 317 - CHAR


caisse ou une sonnerie de clairon qui s’exécutent au tachées ensemble les deux valves d’une coquille , et
moment où les troupes vont charger sur laquelle se font leurs mouvements. La charnière
En Marine, on appelle ligne de charge ou de flot- est dentée ou édentée, suivant qu’il y a présence ou

taison, celle du niveau de l’eau sur la carène. absence de dents. Les intervalles creux qui séparent
Dans les Beaux-Arts , le mot charge est souvent les dents de la charnière ont reçu le nom de fossette

synonyme de caricature. ou de gouttière.


CHARGÉ D’AFFAIRES , nom donné, en Diploma- CHARPENTE (du latin carpentum, char), assem-
tie, à celui qui, à défaut d’ambassadeur ou de ministre blage de pièces de bois servant à la construction d’un
plénipotentiaire, est chargé de veiller aux intérêts de édifice. Les bois les plus propres à la charpente sont

son gouvernement dans une cour étrangère. Parmi le chêne , le sapin , le châtaignier, le hêtre , le pla-
les chargés d’affaires , les uns ont une mission per- tane, le pin, l’aune, le peuplier, l’acacia, le mélèze,
manente, les autres sont chargés par intérim. l’orme, etc.; on les nomme bois de charpente o\s. de
CHARGEMENT (police de). Voy. connaissement. construction. Ces bois ont une section rectangulaire,
CHARIOT , voiture à quatre roues , destinée à ou en carré long, quand ils doivent être placés hori-
transporter, par terre et au moyen d’animaux atte- zontalement; carrée, quand ils doivent être employés
lés, toutes sortes de fardeaux. A la guerre, les an- debout ils peuvent être de brin, c.-à-d. équarris à
:

ciens se servaient de chariots armés de faux pour la cognée, ou de sciage. Les assemblages se divisent
rompre les rangs de l’ennemi : on attribue l’invention en deux classes ceux à tenon et à mortaise, et ceux
:

de ces chariots à Cyrus. — On a imaginé des chariots à entaille. Ces assemblages servent à former des pans
à voiles qui marchaient à l’aide du vent; mais ces de bois, des planchers, des escaliers, des combles,
essais ingénieux n’ont jamais eu d’application utile. des échafaudages des cintres, etc. Voy. ces mots.
— Les chariots à vapeur ont reçu le nom de wagons. charpente osseuse. Voy. squelette.
CHARIOT (le grand et LE PETIT), nom de deux CHARPENTIER (de charpente), artisan qui tra-
constellations boréales. Voy. ourse. vaille en charpente. Le charpentier doit joindre l’a-
CHARITÉ, Caritas, une des trois vertus théolo- dresse à la force et posséder quelques notions de
,

gales, consiste à aimer Dieu par-dessus toutes choses dessin linéaire, de géométrie et de mécanique prati-
et notre prochain comme nous-mêmes pour l’amour ques. Ses outils principaux sont la bisaiguë, la co-
:

de Dieu. Cette vertu, toute chrétienne, a de tout gnée, Vherminette, Vébauchoir, la tarière, la scie,
temps inspiré , outre une foule d’actes particuliers le compas la fausse équerre la règle en bois ou
qui se cachent le plus souvent, un grand nombre jauge, la rainette etc. Il se sert aussi de diverses
d’institutions publiques. Parmi celles qui existent au- machines, telles que la. chèvre, le cabestan, le ver-
jourd’hui en France, on distingue les Frères de la rin, etc. Voy. ces mots.
Charité, les Sœurs de la Charité (Voy. leur notice Au moyen âge, on appelait charpentiers tous les
au Dict. univ. d'Hist. et de Géogr.), l’Institution ouvriers qui travaillaient le bois , tels que les char-
de la jeunesse délaissée, l’Institution de Saint-Louis, pentiers, les menuisiers, les tourneurs, les char-
la Société pour le placement en apprentissage de rons, etc. On distinguait alors les Ch. de la grande
:

jeunes orphelins, la Société des amis de l’enfance, cognée ou charpentiers proprement dits, et les Ch. de
la Société de patronage pour les jeunes détenus, la la petite cognée ou menuisiers. —
Avant 1789, les
Société d’adoption pour les enfants trouvés, l’üEuvre charpentiers formaient une corporation qui avait scs
du Bon-Pasteur, l'Asile de la Providence, la Société ses statuts, qui remontent à 1464, et son patron, S. Jo-
de charité maternelle , l’Association des mères de seph (19 mars). L’ordonn. de 1649 fixait les conditions
fam ille,les Sociétés de S. Vincent de Paul, de S. Franç.- pour arriver à la maîtrise. —
Auj .les charpentiers for-
Régis, l’Asile-Ecole Fénelon, la Soc. desCrèches, etc. ment plusieurs associations de Compagnons ; ces as-
charité (bureaux de). Voy assistance publique sociations, créées dans un but de fraternité, ne se sont
et bienfaisance. trop souvent révélées au public que par des coalitions
CHARME, Carpinus, genre de la famille des Cu- ruineuses pour l’industrie ou par des combats achar-
puliférées , est composé d’arbres à feuilles alternes nés (F. compagnonnage). —
Krafft, Emy, Hassen-
et ovales, et à fleurs en chatons, se développant en fratz ont écrit sur l’Art de la charvente. MM. Hanus
même temps que les feuilles. L’espèce la plus connue et Biston ont donné le Manuel du Charpentier.
est le Charme commun (C. betulus), arbre indigène, Dans la Marine , on nomme Charpentier de vais-
le plus répandu dans nos forêts, reconnaissable à son seau, C. de navire, celui qui travaille à la construction
tronc rarement droit et bien arrondi, revêtu d’une et à la réparation des vaisseaux et autres bâtiments.
écorce unie, blanchâtre, marbrée, surchargée de CHARPIE (dulat. carptum, sous-ent. linteum: linge
lichens, portant une tête ordinairement très-grosse, découpé, effilé), nom donné aux filaments qu’on ob-
très-touffue. Lorsqu’on en fait des palissades en l’em- tient en effilant du linge à demi usé qu’on a d’abord
pêchant de croître , le plant prend le nom de char- coupé par petits morceaux , ou bien en le ratissant
mille. Le bois du charme est dur, compacte et blanc; avec le tranchant d’un couteau. La première s’ap-
il est recherché pour les manches d’outils, les ouvra- pelle Ch. brute, la seconde Ch. râpée. Avec la charpie
ges du tourneur, du charpentier, du menuisier. On brute on fait des plumasseaux, des mèches, des tam-
l’emploie pour vis de pressoir, maillets, roues de mou- pons, des pelotes dont on se sert pour panser les
lin. C’est aussi un des meilleurs bois de chauffage. plaies, les ulcères, les fistules, etc. La charpie râpée
CHARME (de Carmen, sortilège). Foy. enchantement. est moins absorbante et plus irritante que la précé-
CHARMILLE, palissade de charme. Voy. charme. dente. On emploie de préférence la toile pour faire
CHARNIER (en latin carnarium), endroit couvert de la charpie ; on peut aussi prendre du coton ; il
ou galerie qui entourait autrefois les églises parois- faut dans tous les cas que le linge soit blanc de les-
siales, où l’on réunissait les ossements des morts. Ils sive, et qu’il ne soit ni empesé ni coloré en bleu par
ont disparu pour la plupart. Ceux qui subsistent en- l’indigo. On remplace très-bien la charpie avec du
core ont été convertis en salles de catéchisme, en chanvre en étoupes, blanchi au chlore et cardé. Les
chapelles ou en sacristies. —
On appelait Charnier des Anglais se servent d’une espèce de peluche de lin,
Innocents galerie voûtée, construite autour de lisse et gommée d’un côté et cotonneuse de l’autre;
la clôture du cimetière des Innocents à Paris, et qui mais elle n’est pas assez perméable.
servait de sépulture privilégiée: cette galerie infecte, CHARRÉE, cendre qui a servi à faire la lessive.
située dans un des quartiers les plus populeux , fut On l’utilise dans l’Agriculture comme amendement :
détruite en 1786. Voy. aussi ossuaire. elle échauffe doucement la terre et fait mourir les
,
CHARNIÈRE (du latin cardo, cardinis, gond). En mauvaises herbes.
Conchyliologie, on appelle ainsi la partie où sont at- CHARRON, ouvrier qui construit toute espèce de
, , , , , , , ,

CHAR — 318 — CHAS


charrettes, fourgons, tombereaux, baquets, traî- tion de vasselage ou de
service militafie ; Ch. de
neaux, le train des carrosses, des cabriolets, etc. La commune, par lesquelles le roi ou quelque
les lettres
fabrication des rows (Voy. ce mot) est la partie la autre seigneur , avec la permission du roi , érigeait
plus importante et en même temps la plus difficile les habitants d’une ville ou d’un bourg en corps et
de l’art du charronnage. Les bois les plus propres à communauté après l’affranchissement. Il y avait en-
cette industrie sont l’orme, le frêne,le charme,réra- core des Ch. de vente, de soumission, de caution,
ble, le chêne. On les emploie, ou en grume c.-à-d. de garantie, d’héritage, etc. Voy. diplômes.
ayec leur écorce et sans être équarris ni débités avec Au moyen âge, on nommait Ch.-partie (Charta
la scie, ou bien sciés, c.-à-d. réduits à des épaisseurs partita, papier divisé) un acte que l’on délivrait
convenables. — Les charrons avaient été constitués en le séparant d’un registre à souche , ou que l’on
en communauté par Louis XII ; leurs statuts sont déchirait en deux pour en donner une partie à
de 1498 et de 1668. S. Mtoi (1" décemb.) était le pa chacun des contractants. —
Aujourd’hui , dans le

tron des charrons. M. Lebrun a donné le Manuel du Commerce maritime, on nomme ainsi le contrat
Charron et du Carrossier. passé entre l’armateur ou le capitaine d’un navire
CHARRUE (du latin carruca, môme significa- et un commerçant qui fait l’affrètement, c’est-à-dire
tion), machine destinée à labourer la terre. Les par- qui le loue en entier ou en partie pour transporter
ties principales d’une charrue sont le soc, fer de
: une cargaison ou une certaine quantité de marchan-
lance ou triangle qui soulève la terre ; le contre, dises d’un port ou d’un pays à un autre désignés
pointe aigue qui la tranche; le sep, solide pièce de dans cet acte (Code de commerce, art. 226, 273).
bois doublée de fer et garnie d’un talon, qui pèse Les chartes-parties doivent être rédigées par écrit
sur le fond du sillon ; le versoir, en fonte , qui fait faites doubles ou triples, et signées par les parties ;

retomber la bande de terre soulevée par le soc ;


dans l’origine, on donnait seulement la moitié de
Y âge, dit aussi haye ou flèche, auquel s’adapte par un l’acte à chacun des contractants.
bout le manche de la charrue, et par l’autre X avant- CHARTE CONSTITUTIONNELLE , CHARTE NORMANDE ,
train et X attelage. On se sert, pour traîner la char- GRANDE CHARTE. Voy. les articles charte et consti-
rue, de bœufs ou de chevaux. —
L’origine de la char- tution au Bict. unie. d’Hist. et de Géogr.
rue est fort ancienne. Ce ne fut à l’origine qu’un , On appelait autrefois Chartrier le lieu où étaient
simple pic, ou un soc grossier, qu’un seul homme déposées les Chartres d’une même maison , et Car-
pouvait manœuvrer. Celle des Romains n’était d’a- tulaire un recueil de Chartres. Voy. cartulaire.
bord qu’un crochet à deux branches dont une branche \j' École des Chartres créée en 1821 et annexée
entrait dans la terre et l’autre servait à le traîner ; ils aux Archives du •royaume reçoit un petit nombre
y ajoutèrent successivement des oreilles ou versoirs, d’élèves qui étudient les anciens manuscrits, et qui,
des coutres et enfin des roues. Les Gaulois inventè- après un cours de trois ans, obtiennent le brevet d’ar-
rent l’avant- train. Longtemps la routine s’opposa chivistes paléographes. C’est une pépinière d’excel-
aux améliorations imaginées par les inventeurs : lents employés pour les archives et les bibliothèques
cependant, dans ces derniers temps plusieurs per-
,
publiques. Depuis l’ordonnance constitutive du 22 fé-
fectionnements sont entrés dans la pratique. La plu- vrier 1821, cet établissement a été modifié par les
part des charrues dont on se sert aujourd’hui peu- orejonn. dull nov. 1829, du 5 janv. et du 31 déc. 1846.
vent se réduire à quatre, types de toutes les autres : CHARTRE, nom vulgaire de la maladie appelée
1® la charrue à avant-train, à un seul versoir en carreau ou atrophie mésentérique. Ce mot est sy- —
fonte ; 2“ la brandissoire ou Ch. sans avant-train ; nonyme aussi àetisie, de consomption. V. ces mot».
3® la Ch. tourne-oreille, dite de France, avec ou CHARTRE PRIVÉE (on dérive chartre, par corruption,
sans versoir; 4® la Ch. à buter, à deux versoirs mo- du lat. carcer, prison). Ce mot désignait autrefois tout
biles et opposés, avec ou sans train. Les charrues lieu autre que la prison publique, où une personne
les plus estimées sont ; la charrue belge perfec- était retenue sans l’autorité de la justice. Dans le —
tionnée par Mathieu deDombasle, celle dite de Bra- Droit romain, quiconque détenait une personne en
bant, celle de Rosé et celle de Grangé. —
On appelle chartre privée encourait la peine de mort (loi I, § 1.
araires des charrues très-simples et très-légeres Cod., de privât is carceribus). Une ordonnance de
avec ou sans versoir, dont on se sert dans le Midi. 1670 défendait aux prévôts de faire chartre privée
On a aussi donné le nom de charrue à des instru- dans leurs maisons ou ailleurs. Ce mot n’est plus
ments aratoires qui font l’office de scarificateurs et usité aujourd’hui ; mais le fait est prévu par le Code
d’extirpateurs ;au tranche-gazon, à la houe et au sar- d’Instr. crim. (art. 615) et le Code pénal (art. 341).
cjoir à cheval. On se sert de la Ch. à dérayer pour CHAS le trou d’une aiguille. Voy. aiguille.
,

agrandir les rigoles d’écoulement'entre les billons, CHASSE (du latin captare, prendre, selon Mé-
de la Ch.-taupe, pour faire des saignées temporai- nage de quassare, agiter, secouer, selon Roque-
;

res de dessèchement qui ne laissent point de trace. fort; ou, suivant Nodier, du vieux français sacher,
CHARTE ou CHARTRE (du latin charta, papier), dérivé de sagittare, percer de flèches). On distin-
terme générique employé pour désigner un ancien gue ordinairement la grande chasse, qui comprend
titre, quelle que soit sa nature. On appelait Ch. de le cerf, le daim, le chevreuil, le chamois, le bou-
mundeburde (de l’allemand wMwde, bouche, et bürde, quetin , le sanglier. Tours , le loup , le renard ; et
charge ; engagementverbal), une charte de protection \bl petite chasse, qui comprend le lièvre, le lapin,
accordée par le roi à des corporations ou à des parti- le coq de bruyère, faisan, l’outarde, le héron,
le
culiers; Ch. apenne, une charte délivrée par un ma- la perdrix, la caille, la bécasse, le canard, la sar-
gistrat pour constater qu’une maison avait perdu tous celle, etc. —
En outre, en considérant les divers pro-
ses titres de propriété ; Ch. andelane (de Tallem. an cédés employés pour chasser, on distingue ; la Ch. à
diehand, dans la main), un acte de donation remis courre qui consiste à faire pousser une seule bête
par le donateur dans la main du donataire ; Ch. pres- par une meute de chiens, suivie de veneurs à cheval,
taire, l’acte par lequel une église ou un monastère ac- jusqu’à ce que la bête soit forcée ; la C/i. à tir, qui con-
cordait à un particulier l’usufruit de quelques terres siste à tirer le gibier, soit en le faisant chercher ou
à certaines conditions; Ch. précaire, l’acte par lequel lever pai- des chiens courants ou des chiens d'arrêt,
on demandait ou on acceptait cet usufruit; Ch. pari- soit eu le faisant traquer et en l’attendant à X affût
cles, les actes écrits en autant de doubles qu’il y la Ch. aux filets et aux pièges qui est très-variée
avait de parties; Ch. bénéficiaire, l’acte d’une dona- et très-destructive, mais qui, du reste, est prohibée
tion faite par les empereurs ou par les rois francs par la loi ; enfin la Ch. à l’oiseau. Voy. fauconnerie.
des deux premières races aux guerriers, aux nobles, La chasse a été de tout temps un des exercices fa-
et dans la suite aux ecclésiastiques même, à condi- voris aussi bien de Thomme civilisé que du sau-
, . ,

CtiAS — 319 CHAS


Tige. Sans rappeler Nèmrod,/e fort chasseur devant tion. — Dans une balance suspendue, c’est la partie
le Seigneur, on -voit la chasse en honneur chez les perpendiculaire au fléau , celle par laquelle on sou-
peuples les plus anciens. Les Grecs et les Romains ren- tient la balance quand on veut s’en servir.
daient un culte à Diane comme déesse de la chasse .Ces Châsse se dit aussi de ce qui sert à tenir certains
deux peuples furent des chasseurs intrépides ; ils chas- objets enchâssés; ainsi, en Chirurgie, on nomme
saient de préférence la bête fauve ; ils la poussaiènt à châsse (châsse d’un bistouri, par exemple) une sorte
gl and renfort de chiens vers des filets tendus de di- de manche , qui peut être fixe comme celui d’un ra-
stance en distance, et la tuaient, de loin avec le jave- soir, ou composé de deux lames mobiles de corne,
lot, de près avec l’épieu; quant au menu gibier, ils d’écaille ou d’ivoire, et réunies seulement l’une à l’au-
le prenaient au piège. Les rois de Perse possédaient tre vers la partie qui tient à la lame de l’instrument.
des parcs immenses peuplés de hôtes fauves, et réser CHASSELAS, variété de raisin qui se cultive eu
vés pour eux seuls. Chez les Gaulois et les Germains treilles dans les jardins. C’est un bon raisin de table,
la chasse était un apprentissage de la guerre. Au d’un jaune doré, belle grappe, grain gros et rond,
moyen âge, la chasse devint la principale occupa- peu serré, fondant, doux et sucré. Le plus estimé
tion de la noblesse la science de la vénerie et celle
: est le chasselas de Fontamebleau, que l’on cultive
de la fauconnerie étaient obligatoires pour tout gen- principalement dans le village de Thomery, silné près
tilhomme. Nos anciens rois et, à leur exemple, les de cette ville ; ce raisin n’a qu’un pépin ; il doit sur-
grands feudataires entretinrent d’immenses équi- tout sa supériorité aux soins dont il est l’objet.
pages de chasse. En même temps, les ordonnances CHASSE-MARÉE , nom donné ; 1“ aux voituriers
les plus arbitraires réservaient à la noblesse le pri- qui apportent dans les villes le poisson pêché sur les
vilège exclusif de la chasse , et la pénalité la plus côtes; 2“ à un petit bâtiment à deux mâts, d’une forme
sévère frappait les délits les plus légers. Ces abus dis- avantageuse pour ia marche, qui fait le commerce de
parurent avec l’ancien régime : une loi du 4 août 17^9 petit cabotage et transporte de port en port la marée
recoiinait à tous les propriétaires le droit de détruire et autres denrées. —H y a de grands chasse-marées
le gibier sur leurs terres et depuis, les lois sur la
;
qui fout le voyage des Antilles ; ils ont trois mâts et
chasse, en conlirmant ce droit, n’ont tendu qu’à plus de voiles que le chasse-marée ordinaire.
réprimer les abus qui pouvaient en résulter : c’est CHASSEURS , nom de divers corps de troupes lé-
ainsi qu’on a fixé le temps de la chasse de manière gères. Les uns sont à cheval, les autres à pied.
à ne pas nuire à l’agriculture et à ne pas empêcher Chasseurs à cheval. Il y a en F rance 12 régiments
toute reproduction des animaux ; en même temps de chasseurs; leurs armes sont le mousqueton, les
on a exigé des chasseurs certaines garanties (V. port pistolets et le sabre dit Montmorency ; leur uniforme
d’armes , PERMIS DE CH ASSE ) .

La dernière loi sur la est vert avec broderies noires pour les soldats et d’ar-
police de la chasse a été rendue le 3 mai 1844; une gent pour les ofQciers; les boutons etla bufUeterie sont
ordonnance du 5 mai 1845 a réglé les détails. blancs; lacoiifure est le talpack noir avec le plumet
_
On a beaucoup écrit sur la chasse. Chez les anciens,
Xénophon, Arrien, Oppien, ont laissé deS traités sur
blanc et rouge. — Ily a'en outre4régimeiits de Chas-
seurs d’Afrique, également à cheval, destinés spé-
ce sujet. Dans les teinpS modernes, il faut citer les ou- cialement au service de l’Algérie. Leur uniforme est
vrages de Gaston Phébus {des Déduits de la Chasse, une capote bleu-céleste, à la polonaise , à basques
Paris, in-fol. gotti.) ; de J. du Fouilloux {la Vénerie, tombantes en forme de jupon, et boutonnant droit
PoitiePs,156l, in-fol.) ; de Fr. de Saint-Aulaire, sieur sur la poitrine au moyen de neuf boutons sphériques;
de la Renaudie {la Fauconnerie Pans, 1617, in-4)
;
leur coiffure est un czapska garance.
le Dictionnaire des Chasses, de Baudrillard, revu Chasseurs à pied. Sous l'Empire, ily avait un corps
par M. de Quingery, 1834, in-4; le Traité général des de Chasseurs à pied formant 16 bataillons , chacun
chasses à courre, à tir et aux pièges, de Jourdain, de 4 compagnies, et qui faisaient le service de tirail-
1822-23, 4 vol. in-8 ; la Chasse au fusil, de Magné leurs. — On donne aujourd’hui le nom de Chasseurs
de Marolles, 18:i6, in-8; les ouvrages de MM. Elz. aux soldats des compagnies du centre de l’infanterie
Blaze, d’Houdetnt et .1. La Vallée, et les recueils légère. Avant 1848, il y avait aussi des compagnies
périodiques (le Journal des chasseurs, la Revue fo- de Chasseurs dans chaque bataillon de la garde na-
restière, V Almanach des chasseur s, de.) Il a été pu- tionale. — On appelle auj. Chasseurs à pied des
blié en 1851 une Collection de toutes les chasses, in-8. soldats d’infanterie légère, armés de carabines, et
En Musique, on donne le nom de Chasse : 1“ à remarquables par la justesse de leur tir, la rapi-
certains airs de cor ou d’autres instruments, dont dité de leur marche et la précision de leurs mou-
la mesure, le rhythme , le mouvement, rappellent vements. Les premiers bataillons de ce beau coitis
les airs que ces mêmes instruments donnent à la ont été organisés à Vincennes en 1839, par le duc
chasse; 2» aux symphonies et aux ouvertures dont d’Orléans ; on en compte aujourd’hui 20 bataillons.
les divers motifs sont des airs de chasse, et dont les Leur uniforme est une tunique bleu-de-roi, avec un
effets tendent à imiter l’action d’une chasse , telles pantalon gris de fer; shako en drap bleu, épaulettes
que l’ouverture du Jeu?ie Henri, de Méhul. vertes. Ces chasseurs ont rendu les pl us grands serv ices
CHÂSSE (du latin capsa, caisse), sorte de coffre en Afrique, à Rome, à Bomarsund, à Sébastopol, etc.
plus ou moins riche , et le plus souvent de forme CHASSIE , humeur onctueuse et jaunâtre sécrétée
gothique , dans lequel ou conserve les reliques des par des follicules situés sur le bord de chaque pau-
saints. Les châsses les plus célèbres en France étaient pière, et connus sous le nom de glandes de Meibo-
celle de S. Martin, qu’on portait souvent en tête des mius. L’écoulement abondant de la chassie constitue
armées les deux châSses de Ste Geneviève, la pre-
;
une maladie connue sous le nom de lippitude. On y
mière, œuvre de S. Éloi ; la seconde, faite en 1242, remédie par des lotions et des collyres astringents.
par ordre de S. Louis; la châsse ou fierte de S. Ro- CHASSIS (de châsse, enveloppe), assemblage de
main à Rouen, etc. Les églises où l’on conservait le fer ou de bois, ordinairement carré, destiné à envi-
plus de châsses étaient : la cathédrale de Cologne, ronner un corps et à le contenir. Tels sont ; dans les
la Sainte-Chapelle de Paris, Saint-Victor de Mar- théâtres, les châssis qui soutiennent les décorations;
seille, Saint-Laurent de l’Escurial, etc. — en Architecture, les châssis de fenêtre ; — en Ty-
Les orfèvres appellent châsse la partie de la boucle pographie, les cûdssisqui contiennent l’ensemble dos
ouest le bouton, et les lunettiers, le métal ou la corne caractères dont se compose une feuille d’impression ;
qui contient les verres des lunettes et où seplace le nez. — en Monnayage, les châssis qui servent à couler les
En Mécanique, on appelle châsse l’espace libre lames d’or ou d’argent et dans lesquels on découpe
qu’il faut accorder à une machine ou à quelqu’une les flancs; — en Horticulture, les châssis de couches,
de ses parties pour en augmenter ou en faciliter l’ac- cadres de bois revêtus de vitres, qui servent à couvrir
, , ,

CHAT — 320 — CHAT


les plantes dont on -veut hâter la végétation ou qu’on tient généralement 2 ou 3 nucules ou amandes ; le chi-
veut préserver du froid , etc. miste y trouve beaucoup d’amidon, un peu de matière
CHASUBLE (du latin casula diminutif de casa, sucrée etune très-petite quantité de gluten. Lachâtai-
loge, et qui a la même signification), ornement d’é- gne est un aliment sain, assez abondant en matière
glise que le prêtre met par-dessus son aube pour dire nutritive, maisde digestion assez difficile, parce qu’elle
la messe. Les chasubles des anciens étaient rondes contient trop peu de gluten. Cependant, elle compose
et fermées de tous côtés , excepté à l’endroit où l’on en grande partie la nourriture des paysans des Céven-
passait la tête. Dans la suite , on les fit moins lon- nes, du Limousin, de la Corse, etc. — On dessèche les
gues ; ensuite on les échancra de plus en plus sur les châtaignes au four, et dans cet état de siccité on les
côtés pour laisser les bras bbres, et maintenant elles nomme castagnons. Elles gardent alors leur suc , et
ne forment plus qu’une bande longue et large par de- peuvent être conservées très-longtemps. Pour les
vant et par derrière. —
Dans l’Eglise grecque, la cha- manger, on les ramollit dans l’eau et on en fait de la
suble de l’évêque est parsemée de quantité de croix, polenta ; ou bien on les convertit en farine sous la
au lieu que celle des prêtres n’a, comme dans l’Église meule, et on en fait du pain, des gâteaux, etc. Les
latine ,
qu’une grande croix. volailles engraissées avec des châtaignes acquièrent
CHASUBLERIE. On comprend sous cette dénomi- un goût excellent. Les marrons ne sont que de gros-
nation un grand nombre d’articles qui appartiennent ses châtaignes; ils nous viennent des environs de
au service, soit de l’église, soit des prêtres; tels que Lyon, de Saint-Tropez et du Luc (Var), et surtout de
chapes , chasubles , ornements d’autel, surplis, sou- la Sardaigne , qui en fait un grand commerce.
tanes, aubes, robes, crosses, ciboires, croix, encen- On nomme encore Châtaigne d’eau le fruit de la
soirs, ostensoirs, flambeaux, patènes, etc., ainsi que Mâcre ; Ch. du Brésil, celui de la Bertholétie ; Ch.
plusieurs riches étoffes de soie, de brocarts, de bro- de cheval, celui du Marronnier d’Inde; Ch. de Ma-
deries et de plaqués, dont la plus grande partie se fa- labar, celui du Jacquier; Ch. de mer, l’Oursin; Ch.
brique à Lyon, à Paris, et une petite partie à Tours. de terre, la racine du Bunium bulbocastaneum.
CHAT (du latin catus fin), Felis. Pris dans la CHATAIGNIER, Castaræa, genre de la famille
plus vaste acception que lui donnent les Zoologistes, des Cupuliférées, renferme des arbres indigènes aux
ce mot désigne un grand genre de l’ordre des Car- climats tempérés de l’Europe, tous d’un port élégant,
nassiers, famille des Digitigrades, caractérisé par ses à feuilles alternes d’un très-beau vert , ovales , poin-
pieds antérieurs, qui chez la plupart ont cinq griffes tues, dentées et garnies d’un double rang de ner-
ou doigts armés d’ongles rétractiles au moyen des- vures; à fleurs monoïques qui paraissent en même
quels l’animal s’attache à sa proie et aux corps le long temps que les feuilles, à étamines au nombre de 8 à
desquels il veut grimper. La langue, mince et rude, 15, et à ovaire infère. Le fruit est une capsule coriace,
est couverte, à sa surface supérieure , de papilles cor- hérissée, contenant 1, 2 ou 3 nucules (Uoy. châtaigne) .

nées dont la pointe est dirigée en arrière; les oreilles L’espèce la plus importante est le Ch. proprement
sont courtes, en cornet triangulaire et dressé ; la queue dit [C. vesca), commun dans les forêts de l’Europe,
longue et mobile; la tête arrondie, le museau court; et qui acquiert parfois une grosseur prodigieuse. Le
les yeux sont chez les uns diurnes(à pupille ronde), châtaignier dit du mont Etna abrita sous ses bran-
voyant bien le jour, chez les autres nocturnes (à pupille ches, pendant un orage, Jeanne d’Aragon et toute
verticale) voyant la nuitcomme le jour; le pelage, riche sa suite, ce qui lui valut le nom de Ch. aux cent che-
et composé de poils de couleur généralement fauve. vaux. En France, l’Auvergne, le Vivarais, les Cé-
Le genre Chat se divise en trois sous-genres : les Chats vennes , le Périgord et surtout le Limousin, offrent
proprement dits, à ongles rétractiles, les Lynx, qui de vastes forêts de châtaigniers. Cet arbre pousse
ont en outre les oreilles surmontées d’un long pin- lentement; il ne commence guère à porter des fruits
ceau de poils; et Guépards, à ongles non rétractiles. qu’à trente ans. Son bois est excellent pour faire des
Les Chats proprement dits comprennent le Lion, charpentes légères, des futailles et des cercles ; il
le Tigre, le Jaguar, le Couguar, la Panthère, le n’est pas d’un bon chauffage.
Léopard et le Chut ordinaire ce dernier vit à l’état
;
Chûtaigner nain ou de Virginie. Voy. ciiincapin.
sauvage dans les forêts de l’Europe; il est gris-brun, CHATEAU, anciennement chatel et castel (du
avec des ondes transversales plus foncées. C’est de cette latin castellum). Ce mot, dans son acception primi-
espèce que l’on fait descendre le Chat domestique, qui tive, désignait une maison forte, environnée du
se trouve aujourd’hui sur presque toute la terre habi- fossés et de gros murs, et garnie de tours ou du
tée, et dont le pelage varie par le croisement des races. bastions, qui servait, soit à défendre une ville, comme
Le Chat domestique présente une foule de varié- le château de Vinceniies, le château de Dieppe, etc.,
tés parmi lesquelles on distingue : le Ch. tigré, qui soit d’habitation seigneuriale. Lorsque la féodalité
ne diffère du chat sauvage que parce qu’il est plus gros eut entraîné dans sa chute les châteaux forts du moyen
et qu’il a le nez , les lèvres et le dessous des pattes âge, les demeures seigneuriales qui les remplacèrent
noirs : on le considère comme le meilleur pour faire conservèrent le nom de châteaux; depuis, on étendit
la chasse aux rats; puis, parmi les variétés à poil ce nom à toute maison de plaisance construite sur un
ras :le Ch. variable, tacheté de blanc ; le Ch. des plan un peu vaste. — On le donne aussi à certaines
Chartreux, gris d’ardoise; le Ch. tout noir, le Ch. résidences royales , comme le château des Tuileries
tout blanc, le Ch. roux, le Ch. d’Espagne, tricolore, le château de aaint-Cloud, le château de Windsor, etc.
c’est-à-dire varié de blanc, de noir et de roux ; enfin Dans la Marine, on emploie château comme sy-
le Ch. angora, qui se fait remarquer par la longueur, nonyme de gaillard, pour désigner les deux parties
la souplesse et la finesse de son poil, et dont la cou- élevées qui forment les extrémités d’un navire.
leur, primitivement blanche, a varié par la domesti- On nomme Château d’eau une machine plus ou
cité, comme celle des chats à poil ras. —
Tout 1e monde moins compliquée, qui sert à élever des eaux, pour
connaît les mœurs et les habitudes du chat domesti- les distribuer ensuite dans un parc ou dans une ville.
que, son excessive irritabilité nerveuse et son adresse CHATELAIN (en latin castellanus), seigneur qui
pour détruire les souris et les rats. Beaucoup de per- avait droit d’avoir maison forte ou châtellenie, avec
sonnes, les femmes surtout, prennent cet animal en haute justice annexée à sa seigneurie. — On appelait
grande affection; mais elles sont mal payées de retour ; aussi châtelains les jugesqui rendaient la justice dans
le chat s’attache à la maison, et le chien à son maître. l’étendue d’une châtellenie. Il y avait deux sortes de
— LesÉgyptiens adoraient le chat comme un dieu; les juges châtelains : les Ch. royaux, qui étaient ceux
Suisses l’ont choisi comme le symbole de la liberté. des terres du domaine du roi; et les Ch. seigneu-

CHAT MARIN. V. ANARRHIQUE. CH.-TIGRE. F. SERVAL. riaux, qui étaient ceux des terres appartenant à
CHATAIGNE, Casta/iea, fruit du châtaignier, con- des seigneurs. — Dans la hiérarchie de la noblesse.
, , ,,

CHAU — 321 — CHAU


lechâtelain venait immédiatement après baron.
le est porté au rouge blanc, et Ch. suante celle où il est
(.HATELET, ancienne juridiction et prison de presque en fusion.
Paris. Voy. le Did. univ. d’Hist. et de Géogr. CHAUDIÈRE A VAPEUR, chaudière dans laquelle
CHATELLENIE. Voy. châtelain. on produit la vapeur qui met en mouvement les ma-

CHAT-HUANT (de chat, à cause de quelque res- chines elle est ordinairement en tôle. La forme des
:

semblance de sa tête avec celle du chat, et du verbe chaudières à vapeur est très-variée ; celle des machines
huer, à cause de son cri), Syrnium, sous-genre des fixes est généralement formée d’un long cylindre
Chouettes, de l’ordre des Rapaces et de la famille des terminé par deux calottes hémisphériques , et com-
Nocturnes, se distingue au disque complet formé par muniquant, par deux ou trois larges tubulures, avec
les plumes autour de ses yeux; sa tête est grosse et se deux appendices ou bouilleurs, également cylindri-
rattache immédiatement au corps; son chant est une ques, qui reposent sur les briques du fourneau {Voy.
espèce de cri triste et monotone. L’espèce appelée bouilleurs). L’eau remplit complètement les bouil-
Chat-huant hulotte on Chouette des bois (S. aluco], leurs, et son niveau doit être maintenu vers le miUeu
habite les grandes forêts de l’Europe; elle est grise, de la hauteur de la chaudière. L’espace au-dessus du
piquetée ou rayée de blanc et de brun ; elle se nourrit niveau de l’eau, qui est occupé par la vapeur, s’ap-
de rats, de taupes, de mulots, de grenouilles, etc. pelle la chambre à vapeur. On appelle surface de
CHATIÈRE, nom donné, en Hydraulique, à une chauffe d’une chaudière l’étendue de la surface qui
espèce de pierrée souterraine qui donne issue aux se trouve en contact avec le combustible placé sur la
eaux d’un bassin ; c'est un conduit en pente de grille. Plusieurs causes peuvent déterminer l’explosion
30 centim. de largeur, aboutissant à un puisard, où des chaudières à vapeur l’abaissement du niveau de
:

les eaux se perdent. On la nomme ainsi par allusion l’eau au-dessous de la ligne de chauffage , la forma-
aux trous carrés qu’on pratique en bas des greniers tion d’incrustations pierreuses dues aux matières sa-
pour laisser aux chats la facilité d’y entrer. lines tenues en dissolution par l’eau , la mauvaise
CHATOIEMENT, variés produits par di-
reflets circulation de ce liquide,et, en général, la production
vers objets, tels que certaines pierres, certaines subite d’un excès de vapeur par l’effet d’une sur-
étoffes , lorsque l’angle sous lequel on les regarde chauffe. On prévient l';ibaissement du niveau princi-
vient à changer. On les appelle ainsi à cause de palement à l’aide des flotteurs [Voy. ce mot). Les
leur analogie avec l’éclat changeant dont brille l’œil manomètres [Voy. ce mot) fixés aux chaudières in-
de certains chats dans l’obscurité. —
Le chatoie- diquent la tension de la vapeur ; les soupapes de sû-
ment offre au minéralogiste le moyen de caracté- reté [Voy. ce mot) fournissent la même indication,
riser certaines pierres, notamment celle qui tire de et ont en outre l’avantage de se soulever quand la
cette propriété le nom à’Œil de chat. Voy. ce mot. tension arrive à une certaine limite , et de donner is-
CHATON, amentum nom donné, ên Botanique, sue à tout l’excédant de vapeur. Enfin, on évite les
à un assemblage de fleurs unisexuées, composées incrustations de la chaudière soit en l’alimentant avec
d’une écaille qui leur tient lieu de périanthe, et in- de l’eau distillée, qu’on recueille dans des conden-
sérées sur un axe ou pédoncule commun simple, seurs particuliers annexés aux machines, de manière
articulé à sa base , et se détachant en entier après la que la même eau sert toujours ; soit en jetant dans la
la floraison : telles sont les fleurs mâles du noyer et chaudière des rognures de pommes de terre ou de
du noisetier, les fleurs mâles et les fleurs femelles l’argile fine , qui empêchent l’agrégation des dépôts
du saule. Le chaton diffère de Vépi, dont les fleurs et permettent d’en débarrasser aisément la chaudière.
sont hermaphrodites et l’axe permanent; il diffère Chaudière tubulaire. Voy. tubulaire,
du spadice par l’absence de la spathe. La disposition CHAUDRONNIER (de chaudron, en latin caWa-
des fleurs en chaton (amentum) est le caractère dis- n'Mw). On distingue ; l“les Ch.propr.dits, quifabriq.
tinctif de la famille des Amentacées, qui tire de là la grosse chaudronnerie, les chaudrons, les marmites
son nom. et autres ustensiles de ménage , soit en cuivre rouge,
En Bijouterie, on nomme mon-
ainsi la partie de la soit en cuivre jaune ou laiton , qu’on comprend sous
ture d’unebague dans laquelle on doit enchâsser un le nom commun de batterie de cuisine ou de dinan-
diamant ou toute autre pierre précieuse. Les bords derie; 2» les Ch. planeurs qui dressent, planent
du chaton sont sertis, c.-à-d. rivés sur la pierre. polissent , et enfin brunissent les planches de cuivre
CHATOUILLEMENT. La paume des mains, la rouge destinées à la gravure; 3« les Ch. fabricants
plante des pieds, la lèvre supérieure, les orifices du d’instruments de musique, qui préparent le métal
nez et de l’oreille, la région des côtes, etc., sont les dont on confectionne les cors, les trombones, les cor-
régions les plus irritables par le chatouillement. Le nets à piston , les cymbales , etc., et lui donnent en-
chatouillement prolongé peut occasionner la mort, suite la forme de ces instruments. On appelle Ch. au
en provoquant une contraction permanente des mus- sifflet, ceux qui courent les provinces et les grandes
cles de la poitrine, d’où résulte une asphyxie mor- villes, achetant et revendant le vieux cuivre : la plu-
telle. On a tenté d’employer le chatouillement comme part viennent d’Auvergne. —
Les lieux où la chau-
moyen curatif chez les enfants d’un naturel indo- dronnerie a le plus d’activité en France sont Agen, :

lent , d’une constitution lymphatique


,
et comme Angoulême , Annonay, Briançon , Clermont ( Puy-
moyen perturbateur dans l’épilepsie. de-Dôme), Rouen, Saint-Flour, Marseille. On
Paris,
CHATTE. Ou nomme ainsi dans la Marine 1» un : cite aussi la chaudronnerie d’Aix-la-Chapelle , ainsi
grappin sans oreilles qu’on installe sous le beaupré que celles de Suède et d’Angleterre.
pour soulever un des câbles qui tiennent un bâti- CHAUFF.àGE. Le chauffaae a été considérablement
ment affourché , ou pour draguer des corps qui se- perfectionné de nos jours. On se chauffe non-seule-
raient tombés à la mer; —
2“ une espèce de chasse- ment avec le bois, la houille, ou la tourbe, qu’on fait
marée à fond plat, destiné principalement à la pê- brûler dans des cheminées, des poêles ou des calori-
che, et qui diffère du chasse-marée ordinaire en ce /ières, mais aussi avec le gaz, la vapeur, etc. F. cesmots.
qu’il peut monter son gouvernail indifféremment à CHAUFFEURS, nom donne plus ordinairement
l’avant et à l’arrière. Ce genre d’embarcation est aux ouvriers employés au chauffage d’une machine à
propre au Croisic et à l’île de Noirmoufiers. vapeur et à tous les travaux concernant la machine ;
CHAUDE. Les verriers appellent ainsi le degré de cette pénible profession exige, avec une constitution
cuisson qu’ils donnent à la matière propre à faire vigoureuse et beaucoup d’adresse , des connaissances
le verre. — Les forgerons entendent par donner toutes spéciales; les chauffeurs sont placés sous la
une chaude, soit l’action de faire chauffer le fer suf- direction de mécaniciens. —
Dans la Marine de l’E-
fisamment pour qu’il puisse être forgé, soit l’action tat , les chauffeurs sont organisés en compagnies
de le forger. Ils appellent Ch. grasse celle où le fer commandées chacune par un lieutenant de vaisseau ;
21
, , , ,

CHAU — 322 — CHAU


ilsont été classés en ajusteurs , forgerons et chau- CHAUSSÉES (administration DES PONTS ET). Voy.
dronniers. Ils sont régis par les ordonnances du PONTS ET CHAUSSÉES.
M mai 1840 et 25 novembre 1845. CHAUSSE-TRAPE (de calx, talon, et trabs
A la lin du xvm» siècle et au commencement du poutre ), nom donné à une petite machine de guerre,
SIX', on donna le nom de chauffeurs à une bande de composée d’une pièce de fer à quatre ou plusieurs
brigands qui exercèrent d’affreux ravages en France, pointes fortes et aiguës , et disposées de telle sorte
principalement dans les départements de l’Ouest et que, de quelque côté que la pièce soit jetée , il se
du Midi. Voy. le Bict. univ. d’Hist. et de Gëogr. ti ouve toujours une de ces pointes en haut. On jette

CHAUFOURNIER ( de four à chaux), artisan qui des chausse-trapes dans les gués, dans les avenues
s’occupe de la fabrication de la chaux. Voy. chaux. d’un camp, devant un ouvrage fortifié ou dans une
CHAULAGE (de chaux) opération qui consiste à embuscade, pour enferrer les hommes et les chevaux.
passer le grain à la chaux avant de le semer. Tantôt — Par suite, on a donné ce nom à différentes sortesde
on emploie de la chaux éteinte, tantôt on y mêle du pièges donton se sert pour prendre les bêtespuantes.
sel, du salpêtre, des cendres, ou du jus de fumier. CHAUSSE-TRAPE, Ceutaurca calcitrapa, espèce du
Le chaulage fait gonfler le grain et en active la ger- genre Centaurée, famille des Composées, que l’on
mination en même temps, il le prémunit contre la
;
reconnaît aux épines qui terminent les folioles des
carie, et le rend moins susceptible d’être dévoré par involucres , et qui sont disposées à peu près comme
les insectes et les autres animaux nuisibles. les pointes des chausse-trapes dont on se sert à la
CHAULIODE, (du grec chauliodous, à dents sail- guerre. Cette espèce, appelée aussi Chardon étoilé,
lantes), poisson de la famille desÉsoces, voisin des a la tige rameuse, étalée, les feuilles pinnatifides,
Rrochets, est caractérisé par la longueur des dents linéaires, dentées; les fleurs axillaires et termina-
de la mâchoire supérieure, qui croisent les branches les, de couleur pourpre : c’est une plante très-com-
de l’inférieure quand la gueule est fermée ; ils sont de mune dans les lieux incultes et sur le bord des che-
petite taille. On les trouve dans la Méditerranée. mins. Ses feuilles , infusées dans du vin blanc , ont
Insecte exotique de la famille des Planipennes, à souvent bien réussi dans les fièvres intermittentes.
mandibules courtes et dentées, à antennes pectinées CHAUSSURE (du latin calceus], partie de l’ha-
et à longues ailes ; il habite la Pensylvanie. billement dont la forme, ainsi que la matière, a con-
Lépidoptère de la famille des Nocturnes ; palpes sidérablement varié. On se sert aujourd’hui de san-
courtes ; ailes antérieures garnies de deux dents à dales de chaussons, de pantoufles de mules, de
leur bord interne. Sa chenille vit sur les mousses et babouches, de sabots, de souliers, de socques, de
les plantes basses. brodequins, de bottines, de bottes, etc. [Voy. ces
CHAUME (du latin culmus), nom sous lequel on mots). Ces différentes sortes de chaussures sont en
désigne la tige des Graminées : c’est une tige cylin- cuir, en bois ou en écorce de bois, en jonc, en étoffes
drique , simple ou rarement ramifiée , le plus sou- de soie, de lin ou de coton, et quelquefois même en
vent fistuleuse , offrant de distance en distance des cuivre ou en fer, etc. Chez les anciens, les chaussures
nœuds d’où partent des feuilles alternes et engai- n’étaient pas moins variées ; chez les Grecs, les hom-
nantes. Dans une grande partie de la France, les mes se servaient de sandales, les femmes de persi-
paysans pauvres couvrent encore leurs cabanes avec ques, les soldats de cnémides et de crépides, les pay-
du chaume. Cette couverture est peu dispendieuse ; sans de garbatines, les acteurs tragiques de cothur-
mais elle est sujette à l’incendie : aussi l’autorité nes, les acteurs comiques d’embates ou brodequins,
a-t-elle le droit de l’interdire dans les villes. etc. ; chez les Romains, les deux principales chaus-
Dans les Vosges, on appelle chaumes les hautes sures étaient le calceus (bottine) et la solea (san-
montagnes dont on a abattu tous les arbres et dont dale); les soldats portaient des caliges, et les pauvres
les sommités offrent des pâturages où l’on conduit dcssahots[soleæ liqneæ). — U.cordonnier, botte, etc.
les bestiaux. On monte dans les chaumes en mai ou CHAUVES-SOURIS, nom vulgaire dos Chéirop-
juin , et on en redescend vers le mois d’octobre. tères, ordre de Mammifères carnassiers, pourvus
CHAUSSE. On appelle ainsi une pièce d'étoffe do
: d’ailes et doués de la faculté de se mouvoir dans
soie ornée de fourrure que les membres de l’Univer- Tair à la manière des oiseaux; leurs ailes, qui ne sept
sité portent sur l’épaule gauche dans les cérémonies qu’une transformation de la main, sont formées par
publiques elle est garnie d’un, de deux ou de trois
;
un vaste repli de la peau des flancs, repli qui unit
rangs de fourrure , selon que celui qui la porte est leurs membres anterieurs, et qui est soutenu par
bachelier, licencié ou docteur; —
une sorte d’or- un allongement énorme des quatre os métacarpiens ;
nement qui forme le sommet d’un colback et qui re- le pouce seul a conservé sa forme ordinaire , et est
tombe sur le côté; —
un sac de feutre ou de laine, resté libre avec sa phalange. A part cette disposi-
de forme conique, dont les pharmaciens se seivent tion , le corps de l’animal se lie d’une manière
pour filtrer certaines liqueurs trop denses pour pas- étroite à celui des Quadrumanes. Les chauves-souris
•ser au filtre do papier : on l’appelle aussi manche ont les trois sortes de dents, et sont les unes frugi-
d’Hippocrate. —
Autrefois, le mot chausses se disait vores, les autres insectivores ; ce que Ton reconnaît
pour culotte, caleçon et toute partie du vêtement aisément à la ferme de leurs dents. La membrane
des hommes qui couvre le corps depuis la ceinture qui forme leurs ailes est le siège d’un tact exquis,
jusqu’aux genoux. On nommait C/inu«'e« de page ou capable de les avertir, comme la vue, de l’approche
trousses des chausses courtes et plissées que portaient d’un obstacle. Leurs mamelles sont placées sur la
les pages; Ch. à tuyaux d’orgue, des chausses qui poitrine, comme chez les Quadrumanes. Les chauves-
étaient si amples que les plis qu’elles faisaient na- souris ont des abajoues et de longues oreilles. Elles
turellement imitaient les tuyaux d’orgue. marchent à terre avec la plus grande difficulté.
CHAUSSÉE (du latin barbare calceata, même si- Toutes sont nocturnes et vivent dans les carrières,
gnification), levée de terre qu’on fait au bord d’une les greniers, les cavernes, où elles se tiennent sus-
rivière, d’un étang, au milieu d’un marécage, pour pendues la tète en bas, et accrochées par leurs ongles
retenir l’eau ou pour servir de chemin de passage; de derrière pour se donner plus de facilité à repren-
se dit particulièrement soit de la partie bombée dre leur vol. La portée des femelles est de deux pe-
d’une rue ou d’un grand chemin qui est entre deux tits.— Les chauves-souris ont été de tout temps
revers ou deux ruisseaux, ou entre deux bordures un objet de dégoût et d'horreur. Moise les mettait
de pierres , soit des routes anciennes construites en au nombre des animaux impurs ; les Grecs les avaient
France par les Romains : on appelle quelques-unes de prises pour modèles de leurs harpies. Plus tard même,
ces dernières Ch. de Brunehaut, parce que cette reine on chargea Satan de grandes ailes de chauve-souris.
répara, dit on les voies romaines du nord de la France.
,
La détermination de la place de ces animaux dans la
, , ,

CHAU — 323 — CHAU


classification a fait longtemps le supplice des natura- aux chaux ordinaires de l’argile en certaines propor-
listes. Aristote les appelait des oiseaux à ailes de peau ; tions; on emploie dans les constructions de Paris la
Pline les définit des oiseaux à mamelles, engendrant chaux hydraulique faite avec un mélange de 4 par-
leurs petits vivants. Scaliger les signale comme des ties de craie de Meudon et de 1 partie d’argile de
oiseaux couverts de poils au lieu de plumes, man- Passy, mis en pâte et façonné en briques. Les dif-
quant de bec et portant des dents. Linné , au con- férentes variétés de chaux s’emploient à la prépara-
traire, les plaça dans ses Primates, et alla jusqu’à tion des ciments, mortiers et bétons ; on en consomme
les appeler Anthropomorphæ c.-à-d. des êtres à aussi beaucoup dans les ateliers de teinture et d’indien-
figure humaine. Aujourd’hui, les chauves-souris sont ne, les usinesàgaz, les tanneries. Les agriculteurs s’en
ésignées sous le nom de Chéiroptères (c.-à-d. mains servent pour chauler lesgrains. — Les anciens connais-
ailées); elles forment 4 familles : les Galéopithé- saient la chaux hydraulique. M. Vicat a enseigné à fa-
ciens, les Ptéropiens ou Roussettes, les Vesperti- briquer la chaux-hydraulique artificielle (1818), et
liens et les Vampiriens. C’est aux Vespertiliens M. Kuhlmann à transformer, au moyen de la silice,
qu’appartiennent toutes les chauves-souris de nos les chaux grasses en chaux hydrauliques (1854),
pays. Parmi ces dernières, les espèces les plus vul- CHAüx CARBONATÉE , Combinaison de chaux et d’a-
gairement connues sont VOreillard, le Fer à che-
: cide carbonique (CaO, CO*). Elle se rencontre dans
val, la Nodule, la Sérotine etc. la nature sous les formes les plus variées , telles que le
CHAUVINISME , mot créé récemment pour expri- marbre, la craie, les pierres à chaux [Voy. calcaire);
mer le fanatisme napoléonien , et par suite tout fa- elle forme des montagnes entières et même des chaî-
natisme politique. Le type de ce caractère est, dit-on, nes de montagnes, comme les Pyrénées , le Jura, les
un nommé Chauvin, ancien grenadier de la garde Vosges, les Apennins, une grande partie des Alpes;
impériale, qui, rentré dans la vie privée après le li- elle existe dans un grand nombre de végétaux , et
cenciement de l’armée de la Loire en 1815 , se fit constitue presque entièrement la coquille des œufs
remarquer, comme la plupart de ses compagnons des oiseaux , les écailles de l’huître et la croûte ter-
d’armes , par une admiration sans bornes pour tout reuse des autres mollusques, les madrépores, les co-
ce qui avait appartenu à Napoléon. Cette ferveur in- raux et autres polypiers , etc. On la rencontre aussi
nocente a été habilement mise en scène par M. Scribe sous forme cristallisée, comme aragonite en prismes
dans le Soldat laboureur, dont le principal person- droits à base rhombe, et comme spath d’Islande en
nagé se nomme Chauvin; ce type du vieux soldat de cristaux très-variés dérivant d’un rhomboèdre, et
l’Empire a aussi exercé le spirituel crayon de Charlet. doués de la double réfraction. Beaucoup de sources
CHaUX tdu latin ca/x), oxyde de calcium, al- et de fontaines renfei'mcnt du carbonate de chaux tenu
cali minéral composé de calcium et d’oxygène (CaO), en dissolution à la faveur d’un excès d’acide carbo-
blanc, soluble dans beaucoup d’eau , attirant promp- nique ; il y en a qui en sont tellement saturées qu’elles
tement l’humidité et l’acide carbonique de l’air. On le laissent déposer dès qu’elles sont en contact avec
obtient la chaux en chauffant au rouge les calcaires, l’air ; elles donnent ainsi lieu à des amas de calcaire
mêmes les coquilles et les madrépores vivants ; dans plus ou moins considérables , qu’on désigne sous les
les arts , on emploie particulièrement à cet usage le noms de tuf et de travertin. Lorsque l’eau de ces sour-
calcaire grossier ou pierre à chaux. Cette opération ces coule sur du bois, des coquilles, des végétaux, elle
s’exécute dans les fours à chaux, qui sont ou des trous les recouvre d’une incrustation terreuse qui sc moule
de forme ovoïde , creusés dans les flancs d’une col- parfaitement sur eux, tout en conservant leurs formes,
line , ou des chambres construites en briques de manière à leur donner l’apparence de la pierre :
; elle
a pour effet d’expulser du calcaire, à l’aide du feu, c’est ce qui arrive à la fontaine de St-Alyre près Cler-
l’acide carbonique uni à la chaux. Le produit de cette mont-Ferrand, aux sources de Saint-Nectaire dans le
calcination s’appelle Chaux vive ou caustique: oo pro- Puy-de-Dôme, etc. On tire parti de cette propriété
duit a une si grande affinité pour l’eau, qu’il r absorbe pour imiter des pétrifications et pour mouler des bas-
avec rapidité, en s’échauffant considérablement; il reliefs. Souvent les tuyaux qui conduisent les eaux
se fendille alors, augmente beaucoup de volume foi- s’engorgent très-promptement par l’effet du dépôt de
(
sonne) , et finit par se réduire en une poudre blanche semblables tufs calcaires; on peut aisément les net-
et légère, qui est une combinaison chimique de chaux toyer en y faisant couler de l’acide chlorhydrique af-
et d’eau, appelée Ch. ètemfe. Délayée dans beaucoup faibli. Lorsque des eaux saturées de chaux carbonatée
d’eau , la chaux donne ce qu’on nomme le lait de s’infiltrent dans les fissures des pierres situées à la
chaux. La nature des calcaires soumis à la calcina- voûte des cavités souterraines, et viennent suinter au
tion influe sur les propriétés de la chaux caustique travers, elles produisent par l’évaporation les concré-
qu’on en obtient ; on distingue, sous ce rapport, les tions appelées sfa/aefifes et stalagmites{V. ces mots).
Ch. grasses les Ch. maigres et les Ch. hydrauli- Lorsque ces concrétions sont en grandes masses, elles
ques. On nomme Ch. grasse celle qui provient de constituent ce qu’on nomme dans les arts l’albâtre
la calcination complète de la craie, du marbre et des calcaire, d’un blanc laiteux ou jaune de miel.
calcaires les plus purs ; elle est ordinairement très- CHAUX CHLORURÉE. Voy. CHLORURE et HVPOCHLORITE.
blanche et foisonne beaucoup par l’effet de l’extinc- CHAUX FLUATÉE. Voy. FLUORURE DE CALCIUM.
tion; elle donne d’excellents mortiers. Les Ch. mai- CHAUX SULFATÉE , cômbinaison de chaux et d’acide
gres proviennent des pierres calcaires qui renfer- sulfurique, connue sous les noms de gypse, de sé-
ment des proportions assez fortes de carbonates de lénite et de plâtre. Elle est très-commune dans la
magnésie et de fer; elles sont grises, augmentent nature, et s’y présente soit en cristaux prismatiques
moins de volume par l’extinction , et donnent avec ressemblant à des fers de lance {pierre à Jésus , mi-
l’eau une pâte courte et peu liante; les mortiers dans roir d’âne), soit en masses laminaires, fibreuses, gre-
lesquels on les fait entrer n’ont que peu de ténacité. nues, compactes ou terreuses. Elle forme des bancs
Les Ch. hydrauliques forment avec l’eau une pâte plus ou moins épais dans les parties supérieures des
courte qui , à l’air, ne prend qu’une médiocre con- terrains de sédiment; elle constitue souvent aussi des
sistance, mais qui durcit considérablement sous l’eau collines peu étendues, arrondies, comme les buttes
;
ces chaux sont précieuses pour les constructions hy- de Montmartre, de Pantin, de Ménilmontant aux en-
drauliques; elles doivent leurs propriétés à une cer- virons de Paris. Les variétés compactes forment la
taine quantité d’argile qu’elles renferment. Les meil- pierre à plâtre des Parisiens; les variétés à tissu
leures chaux hydiauliques proviennent des calcaires laminaire et saccharoide constituent V albâtre gyp-
argileux de Niraes, de Metz , de Lezoux (Puy-de- seux, ce bel albâtre tout blanc avec lequel on fait des
Dôme), de Sénonches (Eure-et-Loir). On prépare objets d’ornement. Sous ces diverses formes, le sul-
aussi des chaux hydrauliques artificielles en ajoutant fate de chaux est_un hydrate (GaO,SO* H- 2 aq). Il

21 .
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CHEF — 32 V — CHÉL
perd par la cuisson son eau de cristallisation, et l’ab- dents fines dont les cavités sont arrondies; le Ch. lo-
sorbe de nouveau en s’échauffant, quand on le gâ- sangé, divisé en losanges; le Ch. retrait, qui n’a en
che avec de l’eau; il se prend alors, au bout de hauteur que la moitié de sa proportion ordinaire;
quelques instants , en une niasse ferme qui devient le Ch. soutenu, abaissé sous un autre, qui n’a
que
fort dure et résistante. Cette propriété le fait aussi la moitié de sa proportion ordinaire et qui est
,
employer pour le moulage; les graveurs s’en servent coupé par une espèce de second chef appelé divisé,
pour prendre des empreintes de médailles, les impri- par lequel il semble soutenu ; le Ch. surmonté,
meurs pour clicher; les stucateurs en font du mar- qui en a un autre au-dessus de lui.
bre factice. Malgré sa faible solubilité , le sulfate de Chef-lieu. C’était, en matière bénéficiale, le prin-
chaux se trouve en dissolution dans la plupart des cipal lieu ou manoir d’un bénéfice qui avait d’autres
eaux qui coulent à la surface de la terre ; les eaux de bénéficesou annexes dans sa dépendance. —
Aujour-
puits des terrains calcaires en sont, pour ainsi dire, sa- d’hui c’est la principale ville d’un département
turées. Ces sortes d’eaux sont appelées eaux dures ou d’un arrondissement, d’un canton, etc. Foy. ces mots.
crues, parce qu’elles sont de difficile digestion , qu’elles Chef d’ordre, nom donné aux abbayes ou maisons
ne dissolvent pas le savon , qu’elles sont impropres à religieuses qui ont été le berceau d’un ordre, ou de
la cuisson des légumes, et qu’elles laissent une croûte qui dépendent toutes les autres maisons de cet ordre.
épaisse sur les parois des vases dans lesquels on les C’est dans ces maisons que se tiennent les chapitres
évapore. Elles occasionnent d’abondants dépôts dans généraux. Les abbés titulaires de ces abbayes pren-
les chaudières à vapeur. On peut rendre ces eaux nent aussi le titre de chefs d’ordre.
propres aux besoins domestiques en précipitant le Chef-d’œuvre, œuvre capitale sous le rapport du
sulfate de chaux, quelque temps avant d’en faire mérite et de la perfection. —Autrefois on nommait
usage , par un peu de carbonate de soude. ainsi un ouvrage difficile que devait confectionner
CHAVARIA ou chaia (nom indigène^, Palamedea tout artisan aspirant à la maîtrise, afin de faira
chavaria, espèce d’oiseau du genre Kamichi, type preuve de capacité dans son métier. Quelques bran-
de la famille des Palamédidées, ordre des Échassiers, ches d’industrie, les charpentiers par exemple, ont
qu’on rencontre au Paraguay et au Brésil. Le Cha- encore conservé l’usage de faire des chefs-d’œuvre.
varia n’a pas de corne sur le sommet de la tête. Son CHEFFERIE, circonscription dans laquelle un of-
occiput est orné d’un cercle de plumes susceptibles ficier du génie exerce, â titre de chef, les fonctions
de se relever. Son plumage est d’un plombé noirâ- de détail dont il est chargé. Le commandement des
tre,
avec plusieurs taches blanches. C’est un oiseau chefferies est confié à des lieutenants-colonels, à des
massif, qui a le cou long et la tête petite. Il se dé- chefs de bataillon, même à des capitaines, sous les
fend à l’aide des éperons dont ses ailes sont armées. ordres d’un colonel.
CHA YE (de chah ?) la plus petite monnaie de Perse
,
CHEIK, mot arabe qui veut dire ancien, vieillard,
en argent elle vaut de 22 à 23 centimes.
; désigne chez les Arabes les chefs de tribu et quel-
CHEBEK, bâtiment étroit, à
trois mâts, terminé quefois les savants , les desservants des mosquées et
en pointe aux deux extrémités, qui va à voiles et à les gens de loi. C’est le nom qu’on donnait spécia-
l'ames, est en usage dans la Méditerranée, surtout sur lement au chef des Ismaéliens ou Assassins , connu
les côtes du Levant. Autrefois on l’armait en guerre dans notre histoire sous le nom de Vieux de la mon-
pour faire la chasseaux corsaires. tagne. Voy. ASSASSINS au Dict. univ. d’H. et de G.
CHEF (du caput) est synonyme de tête;
latin CHÉILANTHE (du grec chéilos, lèvre, et anthos,
mais il a dans cette acception.
vieilli fleur; qui a des fleurs labiées), genre de la famille
En Droit, chef se prend pour tête quand on dit des Fougères qui renferme environ 30 espèces. Le Ch.
que l’on hérite du chef de quelqu’un. —
Il est quel- odoriférant seul , croit dans le midi de l’Europe.
fpiefois l’équivalent d’article , chapitre ou rubrique : CHElRANTHE ( du grec cAd'iV, main, et anthos,
une accusation peut comprendre plusieurs chefs; on fleur ) , synonyme de Giroflée, a donné son nom à
est coupable au premier chef, etc. la famille des Chéiranthées — On donne le nom de
Combiné avec d’autres mots, le mot cAe/’ prend Ch. maritime à la Julienne de Mahon.
une foule d’acceptions , dont la plupart s’expliquent CHEIROGALE (du grec chéir, main, et galè, chat).
d’elles-mêmes ; tels sont dans l’armée les grades de Cheirogaleus, Quadrumane de Madagascar, famille
Chef de bataillon, d’escadron, d’état-major ; A&im des Lémuriens, voisin des Galagos, et des 'Tarsiers.
la Marine, ceux de Ch. rf’e5cac?re(auiourd’hui contre- Son nom vient de sa ressemblance avec le Chat,
amiral); de Ch. de division, grade intermédiaire dont il diffère cependant par l’absence de mousta-
entre celui de capitaine de vaisseau et de contre-ami- ches et par des tarses allongés comme chez les Makis.
ral et analogue à celui de commodore : ce grade CHÉIROMYS (du grec chéir, main, et mys, rat),
supprimé à la Révolution , a été rétabli dans notre genre de Mammifères placé par Cuvier dans Tordre
marine , par un décret d’octobre 1851 ; de Ch. de des Rongeurs, famille des Écureuils, et par d’autres,
timonnerie, de hune, etc. {Voy. ces mots); — dans dans Tordre des Quadrumanes. Ce genre ne ren-
les ministères, les fonctions de Chef de division, de ferme qu’une seule espèce, VAye-aye (Ch. madagas-
Chef de bureau, etc. ; —
dans l’Enseignement, le cariensis), animal nocturne très-bizarre, qui, par sa
titre de Chef d’ institution {Voy. institution), etc. queue et ses dents, ressemble aux écureuils, tandis que
En termes de Blason, on appelle chef une pièce ses membres postérieurs ont, comme ceux des Qua-
honorable qui est au haut de l’écu , et qui en occupe drumanes , leur pouce opposable aux autres doigts,
le tiers ou les deux septièmes. On distingue ; le Ch. qui sont très-allongés et très-grêles. L’Aye-aye a la
abaissé, placé sous un autre chef; le Ch. bandé, tête grosse, arrondie ; les oreilles droites, nues et trans-
divisé en six parties par cinq lignes diagonades; le parentes; le pelage formé de deux sortes de poils, les
Ch. chargé, sur lequel on voit un ou plusieurs meu- uns longs et soyeux quoique rudes, les autres courts
bles; le Ch. cousu, qui se rencontre métal sur métal, et laineux. Cet animal se nourrit d’insectes. Il habite
ou couleur sur couleur, ce qui est contraire à la surtout Tile de Madagascar.
règle; le Ch. denté, dont le bord inférieur est coupé CHÉIROPTÈRES (du grec chéir, main, et ptéron,
par des dents comme celles d’une scie; le Ch. échi- aile; c.-à-d. mains devenues ailes, mains ailées),
queté, divisé en deux ou trois rangs de carreaux; nom scientifique des Mammifères carnassiers, plus
le Ch. émanché ou emmanché celui qui dans sa connus sous le nom de Chauves-souris. Voy. ce mot.
partie inférieure a de grandes dents en pointes qui CHÉLIDOINE , Chelidonium ( du grec chélidôn,
en trent les unes dans les autres , et dont la partie hirondelle, parce que les anciens croyaient, dit-on,
inférieure se termine en plusieurs angles très-aigus; que l’hirondelle, avec le suc de cette plante, gué-
le Ch. engrélé qui a en haut et en bas de petites rissait les maladies des yeux de scs petits; ou parce
. , ,, , ,

CHEM — 325 — CHEM


qu'elle fleurit au retour des h irou déliés), genre de la Chemins vicinaux, chemins qui servent à unir
famille des Papavéracées : plantes vivaces qui, lors- entre elles les diverses communes d’un département;
qu'on blesse une de leurs parties, laissent couler un suc on les appelle encore Ch. communaux, pour les dis-
jaune très-âcre et corrosif; elles exhalent une odeur tinguer des Ch. ruraux, qui ne servent qu’à l’ex-
fétide lorsqu’on les froisse, et sont rejetées par les ploitation des terres. Ces chemins doivent, avant tout,
bestiaux. Ce genre a pour type la Grande chélidoine être déclarés tels par un arrêté préfectoral ; ils sont
(Ch. majus), vulgairement appelée Grande éclaire, la propriété des communes ; tous les habitants sont
parce que le peuple emploie, quoique bien à tort, son obiigés de contribuer à leur entretien, soit par des
suc contre les ophthalmies. On distingue la Chéli- contributions pécuniaires , soit par des prestations
doine à ses fleurs jaunes, disposées en ombelles termi- en nature, La répartition des charges auxquelles ils
nales ; on la trouve partout à l’ombre des vieux murs. donnent lieu est réglée par les conseils municipaux;
Elle est émétique et fortement purgative, et s’em- toutefois, ceux de ces chemins qui, en raison de leur
ploie avec succès, en décoction, contre les affections de importance, ont été déclarés Ch. de grande commu-
la peau, les scrofules, les dartres, la jaunisse, etc. nication, sont, pour tout ce qui regarde leur con-
Ou nomme aussi Chélidoines ou pierres d’hiron- struction, leur largeur, leur direction, leur entre-
delle, de petits cailloux presque lenticulaires, très- tien, administrés par les préfets, et ils peuvent rece-
polis , de nature siliceuse , appartenant aux agates. voir des subventions sur les fonds départementaux.
On les trouve dans le lit de certains torrents, et sur- — Jusqu’en 1789, les chemins vicinaux avaient été
tout dans les grottes de Sassenage , près de Grenoble. complètement négligés; mais depuis cette époque,
On a cru longtemps qu’ils venaient des nids d’hiron- des lois nombreuses ont pou à peu amélioré leur
delles; c’est ce qui leur a fait donner leur nom. condition ; celles qui régissent aujourd’hui toute la
CHÈLIDONS ou chélidones ( du grec chéiidôn matière sont les lois des 28 Juillet 1824 et 21 mai 1836.
hirondelle), famille d’oiseaux renfermant les genres Chemins de fer, dits Hailways par les Anglais,
Hirondelle, Martinet, Engoulevent, répond aux chemins dont la voie est formée par deux barres de
Fissirostres de Cuvier. Voy. fissirostres. fer parallèles (rails), sur lesquelles roulent des cha-
CHELINGUE, embarcation en usage sur la côte riots dits wagons, dont les roues s’emboîtent dans
de Coromandel. Elle a beaucoup de creux et un très- les rails, et qui, le plus souvent, sont entraînés, à
petit tillac; elle est pointue par les deux bouts et l’aidede la vapeur, par une machine dite locomotive.
marche à l’aviron. Pour établir un chemin de for, on commence par
CHELONE (du grec chélônè tortue), o\i Galane, faire les travaux de terrassement et d’art nécessaires
genre de la famille des Scrofulariées tribu des Di-
,
pour former la chaussée qui doit supporter la voie,
gitalées, est composée de plantes herbacées vivaces, tels que nivellements, ponts, ponceaux, viaducs, etc.;
à feuilles opposées, à fleurs disposées en épis termi- puis on pose la voie ; ce nouveau travail comprend ;

naux, et dont la lèvre supérieure rappelle la forme 1° le ballast ou ensablement, qui a pour but d’éga-
d’une tortue. Toutes les espèces appartiennent à l’A- liser le terrain, de permettre aux eaux pluviales de
mérique du Nord. La Ch. glabre, à fleurs blanches, s’écouler, et de donner à la voie plus de douceur par
la Ch. oblique, à fleurs pourpres, et la Grande ché- l’élasticité de la matière sur laquelle elle repose; —
lone (Ch. major), à grosses fleurs d’un rose violacé, 2» la pose des traverses pièces de bois légèrement
en épi court, sont cultivées dans les jardins. carbonisées qu’on place sur le sable en travers de
CHlîLONÉES (du grec chélônè, tortue), 4® famille la voie, et sur lesquelles reposent les coussinets qui
de l’ordre des Chéloniens, renferme les tortues appe- portent les rails ; — 3° la pose des coussinets, pièces
lées aussi Thalassites ou Tortues de mer. Ces tortues en fonte composées d’une semelle qui s’applique sur
ont une carapace cordiforme , évasée et arrondie en la traverse, et de deux saillies formant mâchoi-
avant, terminée en pointe et dentelée en arrière, res entre lesquelles le rail est maintenu au moyen
peu hombée à son centre. Leurs pieds sont aplatis de chevilles; — 4® la pose des rails barres de fer
étalés en nageoires la tête est couverte de plaques
; malléable qui sont en saillie sur la voie, et s’emboî-
;
la bouche , fortement comprimée sur les côtés , est tent dans les roues des chariots au moyen d’une gorge
bordée par une lame cornée , tranchante comme le formée à la bande de ces roues ; les rails sont écartés
bec des perroquets. Les chélonées parviennent à une l’un de l’autre par une largeur de l'»,44, fixée par les
taille assez considérable. On en a vu de 2 à 3 met. de règlements. —Le matériel d’exploitation se compose
long et du poids de 350 à 400 kiiogr. Ces tortues des locomotives (Voy. ce mot) et des wagons, dont
vivent habituellement en troupes, dans la mer, près les uns servent au transport des marchandises, et les
des côtes. Elles ne viennent à terre que pour déposer autres au transport des voyageurs ces derniers sont
:

leurs œufs dans des Irons au milieu du sable. distingués, selon le plus ou moins de commodités qu’ils
CHÉLONIENS (de chélônè, tortue), ordre de offrent, en wagons de Ir®, de 2® et de 3® classe.
la classe des Reptiles , comprend tous les genres de Les voies ferrées facilitent immensément le tirage
Tortues. Ce sont des animaux à corps court, globu- des véhicules, en diminuant le principal obstacle qui
leux , revêtus d’une enveloppe plus ou moins solide s’oppose à leur marche, c’est-à-dire le frottement
connue sous le nom de carapace, au dedans ou au- (le rapport de l’effort de traction au poids traîné
dessous de laquelle la tète et les extrémités peuvent n’est que 1/200®); par suite, elles procurent une
être rétractées en tout ou en partie. Leur tête est vitesse prodigieuse, qui est ordinairement de 40 ki-
en forme de pyramide obtuse; leur museau plus ou lomètres par heure et qui pourrait aller facilement à
moins arrondi. La queue est ronde, conique, plus ou 100 kilom. ; mais la construction de ce? voies exige
moins courte. En général, les Chéloniens sont muets, des frais énormes ; en outre, ce mode de transport
et ne donnent guère qu’un léger sifflement. Les mâ- rencontre, plus qu’aucun autre, de grands obstacles
les sont plus petits que les femelles. Ils se divisent, dans les montées ou rampes et dans les courbes. On
d’après la nature de leurs pieds et de leurs habitu- surmonte le premier de ces obstacles en augmentant
des, en quatre familles ; les Chersites ou Tortues de l’adhésion et en employant une plus grande force
terre, les E ladites ou T. de marais, les Potamides de vapeur; on peut obvier au second au moyen de
ou T. de fleuves, et les Chélonées ou T. de mer. trains articulés, qui permettent aux wagons de se
CHEMIN (de l’italien camino, même significa- déplacer et de se plier ainsi aux courbures du chemin.
tion), nom donné, en général, aux voies de commu- L’invention des chemins de fer appartient à l’An-
nication par terre. En France, on distingue : 1“ les gleterre ; mais on n’arriva que graduellement an
grands chemins, subdivisés en routes nationales et mode adopté aujourd’hui. — Dès le xvii® siècle, en
routes départementales (Voy rodtes); chemins 1649, dit-on, on imagina, pour soulager les animaux
vicinaux ou secondaires, et les chemins de fer. de trait dans les lieux où l’on exploite les mines de
,

CHEM — 326 — CHEM


charbon de terre, de placer sur les ornières ordi- de Creil à Saint-(iaefltin, de Rouen à Dieppe (1845);
naires des madriers ou bandes de bois parallèles; de Lyon à Avignon, de Dijon à Mulhouse, de Bor-
puis, afin de diminuer l’usure du bois, on l’arma deaux à Cette et à Bayonne; le chemin de l’Ouest
de métal ; on eut, plus tard, l’idée de remplacer les (1846); le chemin de ceinture autour de Paris (1852).
ornières ordinaires qui, étant creuses, se remplis- — N. B. Plusieurs des chemins votés ou concédés
saient rapidement de boue et de pierres . par des avant 1848, n’ayant pu être exécutés, ont été l’objet
barres saillantes et dans lesquelles s’enchasseraient de nouvelles concessions, notamment celui de l’Ouest,
les roues. En 1767, on commença à employer la celui de Paris à Lyon , ceux de Lyon à Marseille , de
fonte seule à la place du bois plaqué de métal; en Dijon à Besançon, de Dôle à Salins, etc. (1852-56).
1805, on remplaça les barres en fonte , qui étaient Chemin de fer atmosphérique, chemin dans le-
trop cassantes, par des barres en fer. En 1804, l’in- quel le convoi est mis en mouvement au moyen du
génieur Thevitbick tenta de remplacer les chevaux vide atmosphérique, et non plus par la vapeur ; on y
de trait par la vapeur ; c’est sur le railway de recourt pour franchir des rampes fortement inclinées.
Merthyr-Tydvill, dans le pays de Galles, qu'eut lieu Au milieu de la voie ordinaire se trouve un tuyau
ce premier essai. Après divers tâtonnements pour en fonte, alésé à l’intérieur, dans lequel se meut un
.appliquer la vapeur au nouveau mode de traction piston fortement attaché au premier wagon du con-
Robert Stephenson parvint, en 1829, à construire une voi; à l’aide d’une puissante macFune pneumatique,
machine qui, à la suite d’un brillant concours, fut on fait le vide dans le tuyau ; le piston se meut alors,
reconnue la plus propre àremplir toutesles conditions en vertu de la différence de pression atmosphérique
du problème : c’est la locomotive telle qu’elle est exercée sur ses deux faces, et entraîne avec lui tout
encore employée aujourd’hui; on la vit, dès 1830, le convoi. —La première idée d’un chemin de fer at-
fonctionner sur le chemin de Liverpool â Manches- mosphérique fut conçue dès 1824, par un Anglais
ter. — Les perfectionnements introduits depuis dans nommé Vallance mais elle ne fut mise à exécution
;

les chemins de fer ont eu surtout pour but de sur- que beaucoup plus tard, par MM. Clegg et Samuda,
monter les obstacles propres à ce mode de transport : qui établirent en 1842 un chemin de cette espèce en
c’est à un Français , M. Arnoux , qu’est due l’inven- Irlande, entre Kingstown et Dalkey. 11 en fut aussi
tion des trains articulés, destinés à parcourir les construit en Angleterre, sur les lignes de Croydon
lignes courbes ; pour les montées, outre les moyens et de South-Devon. —Il a été fait en France une heu-
déjà indiqués, on a imaginé de remplacer la va- reuse application de ce système sur le chemin de fer
peur par le vide {Voy. ci-après chemin de fer atmü- de Paris à Saint-Germain, par M. l’ingénieur Flachat.
SPHÉRiquE). M. Andrand a proposé, sous le nom de Concédé en 1844, ouvert en 1847, ce chemin fonc-
Chemin éolique, un système qui tendrait à supprimer tionne encore aujourd’hui, tandis que les tentatives
la locomotive, et à la remplacer par l’action de l’air faites en Angleterre ont été abandonnées.
comprimé ; ce qui donnerait la possibilité de gravir H a été publié une foule d’ouvrages sur les che-
les pentes et de tourner les courbes à petits rayons. mins de fer, les uns ayant pour but de faire con-
A l’exemple de l’Angleterre , tous les pays du naître cette nouvelle industrie, les autres de discuter
monde civilisé ont créé, comme à l’envi, des che- les divers systèmes de construction. Il suffira de citer
mins de fer les Etats-Unis, la Belgique, la Prusse,
: le Traité élém. des Chemins de fer, par A. Perdonnet
se signalèrent surtout dans la nouvelle carrière ; la (i8i>&);l’Encyclopédiedes Chemins de ferifiuiorme de
France ne suivit l’impulsion qu’assez tard : ses pre- Dictionnaire), deM.Tourneux (1844); Livre des
miers essais datent de 1823. L’exécution des che- Chemins de fer, de M. Legoyt (1845) ; la Léyisla-
mins de fer rencontra chez nous des obstacles de lion des Chemins de fer, de M. Nogent de Saint-
toute espèce, provenant, les uns de la divergence Laurent (1841) ; la Législation et la Jurisprudence
des opinions sur le meilleur système de construc- des Chemins de fer, de MM. Rebel et Juge (1847).
tion ; les autres, de la lutte qui s’établit, pour la con- Én outre , les chemins de fer ont leur Annuaire
struction et la propriété des chemins , entre le Gou- officiel, par M. Petit de Coupray (publié par Chaix),
vernement et l’industrie privée. Après de longues leur Journal, leurs Annales et leurs Atlas.
contestations et plusieurs essais malheureux , il fut CHEMIN DE HALAGE , chemin tracé sur les bords des
enfin rendu, le 11 juin 1842, une loi qui avait pour rivières ou des canaux pour le passage des hommes
but de concilier tous les intérêts ; l’État devait exé- ou des chevaux qui halent ou tirent les bateaux. —
cuter les travaux d’art, les terrassements et les sta- Aux termes d’une ordonnance de 1669 et de l’arrêt
tions, et les compagnies étaient chargées de la pose du conseil du 24 juin 1777, confirmé par le Code civil
des rails et de l’acquisition du matériel. — Une loi (art. 526 et 650), les propriétaires riverains doivent
du 15 juillet 1845 vint régler la police des chemins abandonner le long des voies navigables une lar-
de fer ; elle fut complétée par celle du 15 avril 1850. geur de 7 m. 79 c. pour le service de halage ; toute-
Un décret du 17 juin 1854 créa desinspect. généraux. fois, le terrain frappé de cette servitude ne cesse pas
Les chemins de fer couvrent aujourd’hui l’Europe d’être leur propriété.
et l’Amérique du Nord d’un immense réseau , et le CHEMIN COUVERT, Chemin régnant sur le bord ex-
nombre s’en augmente tous les jours; dans l’impos- térieur des fossés d’une place, entre la crête du gla-
sibilitéde les énumérer tous, nous nous bornerons à cis et le bord de la contrescarpe, et garni d’une ban-
citer ceux de la France. — Les lignes aujourd’hui quette et d’un parapet pour recevoir les soldats et
exploitées en France sont, dans l'ordre de leur con- les mettre à couvert du feu des assiégeants. On y
cession, celles de Saint-Étienne à la Loire et à Lyon ménage, de distance en distance, des espaces ap-
(1823) ; d’Andrézieux à Roanne (1829) ; les chemins pelés places d’armes, pouvant recevoir un corps de
du Gard (1835); ceux de Paris à St-Germain (1835); de troupes plus ou moins considérable : l’invention du
Versailles [rive droite] (1836) ; de Mulhouse àThann, chemin couvert date du xvi' siècle.
de Versailles [rive gauche], de Montpellier à Cette, CHEMIN DE RONDE, espacc ménagé entre le rempart
de Bordeaux à la Teste (1837) ; de Strasbourg à Bâle et la muraille de la place, qui sert de passage aux
(1838) ; de Paris à Orléans, de Paris à Rouen (1840) officiers qui font la ronde. On donne aussi, dans des
;

deLilleàlaBelgique (1841); de Montpellier à Nîmes, villes qui ne sont pas places de guerre, le nom de Ch.
de Rouen au Havre (1842) ; de Marseille à Avignon de ronde à un chemin qui suit le mur d’enceinte.
(1843) ; d’Orléans à Bordeaux , les chemins du Cen- CHEMIN DE SAiNT-jAcquES, nom vulgaire de la voie
tre, d’Amiens à Boulogne, de Montereau à Troyes, lactée. Foy., VOIE lactée.
de Paris à Sceaux, le chemin atmosphérique de Saint- CHEM1NÉÉ (du grec caminos, four]. On distingue
Germain (1844); le chemin du Nord, ceux de Tours dans une cheminée ; le foyer, le conduit et le tuyau
à Nantes, de Paris à Strasbourg, de Paris à Lyon, extérieur.Le foyer ou âtre est ordinairement en
, ,

CHÉN — 327 - CHÊN


})riques, garni au fond d’une plaque en fonte, et re- en chaton, les fémelles scssiles sur des axes communs
couvert, dans les cuisines, les laboratoires et les ate- situés à Faisselle des feuilles; périgone calicinal à 6
liers, d’une hotte en plâtre, et dans nos appartements ou 8 divisions inégales, contenant, dans les mâles, de
d’un manteau en marbre ou en pierre, plus ou moins 6 à 10 étamines, dans les femelles, un ovaire infère à
orné ; il est quelquefois fermé d’un tablier en tôle 3 ou 4 loges. Le fruit, ou gland, est une amande mo-
ou rideau, espèce de registre qu’on baisse ou qu’on nosperme ovale , coriace, enfermée dans une cupule
lève à volonté pour augmenter ou diminuer le tirage ligneuse. Les feuilles sont dentées, découpées et si-
de la cheminée; des règlements sévères prescrivent nuées, molles et pubescentes au printemps, glabres
d’isoler Vàtre de tout corps combustible. Le con- et coriaces en automne. — Les chênes atteignent 45
duit se construit en plâtre, en briques ou en poterie, ou 50 m.; leur accroissement est très-lent; la durée
quelquefois en fonte. Le tuyau extérieur ou corps de de leur vie est communément de 120 à 150 ans,
cheminée, qui domine le toit, est couvert d’une mitre mais elle dépasse quelquefois 5 siècles. On les
ou surmonté d’un tuyau en tôle, de forme cylindri- trouve dans tout l’hémisphère septentrional, et ils
que ou conique, surmonté lui-même d’un chapiteau semblent étrangers à l’hémisphère austral. Les es-
ou d’une espèce de girouette afin de placer toujours pèces de ce genre dominent dans nos forêts. On les
sous le vent l’ouverture par laquelle s’échappe la fu- reproduit par semis ou par plants, les uns arrachés
mée. On remédie à la fumée, soit en rétrécissant dans les chênaies, les autres élevés en pépinières.
l’ouverture et le conduit de la cheminée, soit à l’aide Le bois de chêne est un des plus durs et, pour
de ventouses qui amènent l’air du dehors sur le de- cela, un des plus employés dans la menuiserie, Fébé-
vant du foyer. — On pense que les anciens ignoraient nisterie, le charronnage et la sculpture; c’est aussi
l’usage des cheminées, telles du moins que nous les un des meilleurs bois de chaufTage. Son écorce, ré-
construisons. On s’en sert encore fort peu dans le duite en poudre grossière, constitue le tan employé
Midi, où l’on se chauffe à l’aide de brasiers (brase- au tannage des cuirs, et qui sert ensuite à la pré-
ros), ou réchauds pleins de braise ardente. Les pre- paration des mottes à brûler; c’est aussi un excel-
mières cheminées furent construites en Angleterre ;
lent succédané du quinquina. Plusieurs espèces por-
elles datent du siècle; dans plusieurs contrées du tent des fruits doux, qui, en Grèce, en Asie Mi-
Nord où le froid est intense, elles ont été remplacées neure, en Espagne et en Afrique, se mangent comme
par les poêles (Voy. ce mot). Dans nos contrées, au con- nos châtaignes. Les glands de la plupart des nôtres
traire, elles sont d’un usage à peu près général : aussi ont une saveur âcre, qui ne les rend propres qu’à la
les inventeurs modernes se sont-ils évertués à les nourriture des porcs et des autres animaux domesti-
perfectionner de mille manières. Tout le monde con- ques. On parvient cependant à les dépouiller de cette
naît la Ch. d la prussienne cheminée de tôle fort âcreté en les laissant macérer dans une solution al-
petite, qui fait l’oflice d’un poêle. On doit à Rumford caline, telle que celle de sous-carbonate de soude.
un Essai sur la construction des Cheminées. Parmi les espèces utiles, on distingue ; le Chêne
CHEMDNEMENT, ensemble des travaux exécutés pédonculé (Q. pedunculata), appelé aussi Ch. com-
en avant d’une place assiégée pour s’en rendre maître. mun ou à grappes, le plus gigantesque de nos fo-
CHEMISE (du bas latin camisia, qu’on fait dé- rêts, atteignant la taille de 50 m.; le Ch. rouvre (Q.
river de cama, lit). Les premières chemises qu’on robur), dit aussi Ch. à glands sessiles, l’un des plus
porta furent en serge. Au xv« siècle, la femme de beaux arbres forestiers ; le Tauzin (Q. tauza) ou CA,
Charles VII avait seule deux chemises de toile. Pen- angoumois, de 20 à 25 m.; le Ch. cerris (Q. cer-
dant longtemps on n’a porté que des chemises de ris], dont les glands restent deux ans sur l’arbre,
toile blanche ou écrue et ce sont encore les plus ainsi que ceux du précédent; le Ch. yeuse (Q. ilex),
,
belles. Aujourd’hui on en fait aussi en coton (calicot à feuilles persistantes, improprement appelé quel-
madapolam,etc.), soit unies, soit imprimées ces der-
: quefois Chêne vert; le Ch. vert proprement dit (Q.
nières sont dites Ch.de couleur. La confection desche- virens), chêne à feuilles persistantes, et dont on
misesaprisun grand développement depuis peu d’an- compte plus de cent variétés; le CA. liège (Q.suber),
nées ; elle est l’objet de l’industrie du Chemisier. arbre du midi de l’Europe, dont l’écorce produit le
La chemise qui servait au sacre des rois de France liège; le CA. quercitron (Q. tinctoria), grand et
était en soie, ouverte et garnie de cordons aux en- bel arbre de l’Amérique du Nord, dont l’écorce s'em-
droits où le prince devait recevoir Fonction. ploie à teindre en jaune citron les cuirs, les laines,
On appelait Ch. ardente une chemise frottée de la soie et le bois; le CA. à kermès (Ç. coccifera),
soufre que l’on faisait revêtir à ceux qui étaient con- chêne nain de nos provinces méridionales que l'on a
damnés à être brûlés vifs; les meurtriers portaient considéré comme une variété de l’Yeuse, et sur lequel
une Ch. rouge en allant au supplice ; les criminels con- vit l’insecte appelé Kermès, dont on faisait un grand
damnés à faire amende honorable la prononçaien t nus, commerce avant l'introduction de la cochenille du
en chemise. — On donnait le nom de Ch. de mailles Mexique; le Ch. à la galle (Q. infectoria), qui donne
à une cotte de mailles très-mince qu’on portait sous la noix de galle, produite sur ses feuilles par la pi-
le pourpoint , comme arme défensive. qûre d’un cynips; le CA. velani (Q.œgilops), dont les
Les Artificiers appellent Chemise soufrée. Chemise larges cupules, appelées avélanèdes, sont employées
ù feu, une composition incendiaire qui entre dans en Orient comme la noix de galle; le CA, belloteon
l’armement des brûlots : c'est une toile imprégnée carfi7/«ra, à fruits doux appelés 6e//otas, que les Espa-
d’huile et pénétrée de matières inflammables, desti- gnols mangent crus, bouillis ou grillés. On a encore le
née à être attachée extérieurement à un bâtiment CA. blanc (Q. albd), le CA. rouge (Q.ruber),\e Ch. à
ennemi; on l’attache la nuit et on y met le feu. gros fruits (Q.macrocarpa), le CA. écarlate (Q.coc-
CHENAL (du latin cànalis, canal), courant d’eau cinea), le CA. des montagnes (Q. montana), toutes
en forme de canal, bordé des deux côtés de terres espèces d’Amérique, à feuilles caduques, dont la cul-
coupées en talus, quelquefois revêtu de murs, par ture est aussi facile que celle de notre chêne commun.
lequel les navires peuvent passer, et qui sert à les Rien de plus varié, comme on le voit par l’énumé-
faire entrer dans un port. — On donne ce nom à la ration qui précède, que les usages du chêne aussi cet
:

partie la plus profonde et la plus navigable du lit arbre a-t-il été partout, à cause des services qu’il rend
d’une rivière, partie qui est généralement indiquée à l’homme, l’objet d’une grande vénération. Les
par des signes extérieurs. — C’est aussi un petit canal-
pratiqué le long d’un toit pour l’écoulement des
Grecs l’avaient dédié à Jupiter; ils avaient spéciale-
ment consacré à ce Dieu la forêt de chênes de Do-
eaux de pluie. Dans ce sens chéneau est plus usité. done. LesRomainsfaisaientd’unecouronne de chêne
CHENE, en latin Quercus, genre d’arbres de la fa- la récompense des vertus civiques. Les druides al-
mille des Cupuliférées, â fleurs monoïques, les mâles laient chaque année, le sixième jour de la lune de
, ,

CHÉN — 328 — CHET


décembre, à la recherche du gui du chêne, et ils le ClIÉNOPODIUM (du grec chênop ous, ansérine ou
détachaient avec une serpe d’or. patte d'oie, dérivé lui-même de chén, oie, et pous,
CHÈNEVIS (du grec cannabis, chanvre), graine de podos, pied, à cause de la forme palmée que pré-
cAawure, nourriture dequelques oiseaux. V. chanvre. sentent les feuilles), nom latin du genre ansérine.
CHÈNEVOTTE, nom donné à la partie ligneuse CHEPTEL (bail a), mot que l’on prononce chetel.
du chanvre, après que le rouissage et le teillage en On nomme ainsi un bail de bestiaux dont le profit doit
ont séparé la filasse. On emploie les chènevottes, dans être partagé en parts plus ou moins égales entre le
les campagnes , à chauffer le four ou à faire des al- propriétaire ou bailleur et le preneur, qui s’oblige a
lumettes, quelquefois à la fabrication du papier. les garder, à les nourrir et à les soigner. —
O n dis tin gue
CHENICÈ (du grec chœnix), mesure de capacité le Ch simple ou ordinaire, dans lequel la tonte et k
.

pour les choses sèches en usage chez les Grecs ; elle croit seulement se divisent par moi lié entre le bailleui
valait 2 xestes ou 4 cotyles (1 lit., 08 environ). et le preneur
;
quant au laitage, au fumier, au travail
CHENILLE, Eruca, nom que l’on donne aux lar- des animaux, ils appartiennent en entier au preneur,
ves des Lépidoptères, c,-à-d. au premier état de ces et la perte doit toujours être supportée en commun;
insectes depuis leur sortie de l’œuf jusqu’à leur trans- le CA. à moitié, société dans laquelle chacun des
formation en chrysalide. Le corps des chenilles est contractants fournit la moitié des bestiaux, à condi-
allongé, cylindrique, composé de 12 anneaux, non tion que le profit qui en naîtra sera partagé égale-
compris la tête. Sur les trois premiers de ces anneaux ment entre les parties; le Ch. donné au colon par-
se trouvent 6 pattes articulées qui servent à la pro- tiaire, cheptel simple dans lequel les rapports qui
gression, et qui représentent celles que devra avoir lient le bailleur et le preneur font admettre cer-
plus tard l’insecte pai'fait; sur les autres anneaux existe taines modifications , notamment cette condition que,
un nombre variable d’appendices courts non articulés, si le bétail périt en entier sans la faute du colon, la
appelés fausses pattes, qui les aident beaucoup à perte est pour le bailleur, etc. Tout ce qui concerne
la marche, mais qu’elles perdent en passant à l’état les baux à cheptel est réglé par le Code civil, art. 1711,
d’insecte parfait; sur les flancs sont de petits trous 1804-1831. — Le mot cheptel dérive, selon les uns,
appelés stigmates qui sont leurs organes respira- du celtique cAala/, chetal, bétail; selon les autres,
toires. Plusieurs chenilles offrent d’autres appendices de capilale, dérivé de caput, tête de bétail.
remarquables dont on ignore l’usage : par exemple, CHÈRAMELIER, plante. Voy. cicca.
la chenille du sphinx porte sur le dernier anneau de CHERIF (c.-à-d. «oô/e), titre que prennent ceux qui
son corps une petite corne dure dont il ne reste pas se prétendent issus de Mahomet, e t les souverains de la
trace sur le papillon; celle du grand paon de nuit pré- Mecque, du Maroc, etc. Voy. le Dict. univ. d’H. et de G.
sente de grandes aigrettes de poils noirs entre les- CHÉRIMOLIER, Cherimoliu, plante. Fo)/. anone.
quelles brille une multitude d’étoiles bleues. Toutes CHERSITElde A/iersov, terre ferme). Foy. tortue.
les chenilles ont les mâchoires cornées et dentelées; CHERSONESE (du grée khersos, de terre ferme,
elles sont très-voraces et attaquent toute espèce de et nêsos, île), nom donné par les Grecs à toute pres-
végétation : aussi des règlements de police ont-ils qu’île, a été conservé spécialement par les Géographes
prescrit de les détruire [Voy. échenillage). Elles modernes dans ces dénominations : Chersonèse de
changent 3 et 4 fois de peau avant de se transformer Thrace, Ch. Taurique, Ch. Cimbrique. Voy. ces mots
en chrysalides. Chaque mue a lieu par le dos, qui se au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
fend c’est par là que l’animal se dégage en aban-
: CHERUBINS (de l’hébreu chérub, pluriel chéru-
donnant jusqu’à ses poils. La mue est une époque cri- bim, même signification), esprits célestes qui tien-
tique pour ces animaux, qui éprouvent chaque fois nent le second rang de la première hiérarchie des
un jour ou deux de malaise les vers à soie resten t alors
: Anges. —On nommait aussi chérubins les deux figu-
immobiles et sans manger, et cet accident est connu res placées aux extrémités du propitiatoire des Juifs.
dans les magnaneries sous le nom de sommeil. Ar- On n’est pas d’accord sur l’objet que représentaient
rivées à toute leur croissance, les chenilles cessent de ces figures ; la plupart croient que c’était la tète d’un
manger, se retirent dans des creux de murs, dans la bœuf; d’autres, un mélange de la forme humaine,
terre ou sous les écorces, et filent une coque où elles se de celle de l’aigle, du bœuf et du lion. —
En Pein-
convertissent en chrysalides ( Voy. ce mot). —
On dis- ture et en Sculpture, on donne le nom de chérubins
tingue généralement les diverses espèces de chenilles à ces têtes d’enfants ailées qui représentent des anges.
par le nom du papillon auquel elles donnent naissance On a donné en Suède le nom d’Ordre des Chéru-
ou de la plante sur laquelle elles vivent ,
quelque- bins à un ordre militaire, qui est plus connu sous celui
fois mœurs particulières.
par leur structure ou leurs à’Ordre des Séraphins.
Parmi les innombrables espèces, nous citerons comme CHERVI, nom vulgaire du Sium sisarum, appelé
remarquables la chenille des Tortrix, qui marchent vulgairement aussi Chirouis et Girole, plante indi-
à reculons avec une très-grande agilité ; celles de la gène et vivace de la famille des Ombellifères. Cette
Noctua-Catocala, qui sautent en courbant leur corps plante se multiplie par ses semences, qui sont légère-
en arc et le débandant comme un ressort, et toutes ment aromatiques. On la recherchait autrefois pour
celles que l’on a appelées Chenilles rases. Ch. à li- ses propriétés médicales; elle n’est cultivée de nos
vrée, Ch. épineuses. Ch. velues. Ch. à brosse. Ch. à jours que comme plante potagère on mange set
:

mamelons , Ch. géomètres ou arpenteuses , proces- racines comme celles du salsifis.


sionnaires , rouleuses, plieuses de feuilles, etc. On appelle Faux chervi la carotte sauvage.
On a donné le nom de chenille 1“ à un ouvrage
: CHETODONS (du grec chaitè , crin, et odous,
de passementerie de soie, en forme de cordon tors, odontos, dent), genre de poissons Acanthoptérygiens
présentant de tous côtés des poils assez semblables de la famille des Squammipennes, renferme des es-
à ceux de la chenille, et dont on se sert dans la pèces aux dents plus ou moins déliées et semblables
broderie, ou pour orner des boites, des pelottes, des à des crins mobiles et élastiques, au museau un peu
globes de pendules, pour faire des parures, etc. ; 2» à avancé, portant une ouverture très-étroite à leur
une crinière à poil court, comme celle qui recouvre bouche, de petites écailles sur leurs nageoires dor-
le casque des cuirassiers et de; sapeurs-pompiers. sales et anales; le corps et la queue fortement apla-
CHENILLETTE, nom vulg. du genre Scorpiurus, tis latéralement. Les Chétodons sont comestibles. Ils

petite plante de la famille des Papilionacées, ainsi aiment à suivre les corps flottants et les vaisseaux,
appelé de ses gousses, qui ont la forme d’une chenille. et ils reflètent, en se jouant à la surface de l’eau,
CHÉNOPODEES (de chenopodium genre type), les couleurs métalliques les plus brillantes.
nom donné par Ventenat à la famille de plantes CHETOPODES (du grec chaitè, crin, eXpous, po-
qu’A. de Jussieu nomme atriplicées. Voy. ce mot. dos, pied), classe d’Annélides munis d’appendices ou
, ,, , ,

CHEV 329 — CHEV


poilsnon articulés , ressemblant à de la soie, au moyen sont chargés de ganache : ils sont bons pour le ma-

desquels ils se meuvent. C'est une des classes de la fa- nège et la cavalerie. Les Ch. allemands ont l’haleine
mille des Annélides créée par Blainville. Cette classe courte ; ils sont néanmoins estimés pour la selle et le
répond aux trois ordres de Cuvier Borsibranches
: carrosse. Les Ch. suisses sont ramassés, vigoureux et
Abranches sétigères et Tubicoles. Vog. ces mots. sobres ce sont de bons chevaux de trait. Les Ch. da-
;

CHEVAL, Eguus, genre de Mammifères de l’or- nois sont hauts et bien faits ils s’emploient, comme
:

dre des Pachydermes, compose à lui seul la famille les chevaux allemands, pour la selle et le carrosse. Les
des Solipèdes, qui se distingue par la présence d’un Ch. anglais, si renommés pour leur vitesse, provien-
seul doigt et d’un seul sabot à chaque pied. Les che- nent du croisement de la race arabe avec la race an-
vaux sont herbivores. Leur vue est bonne, perçante, glaise pure, qui est d’origine normande; ilsontpeu de
et peut même s’exercer pendant la nuit; les yeux sont grâce, et leur trot dur a nécessité la manière ridicule
à tleur de tête. Les oreilles sont généralement gran- de monter dite h l’anglaise. Les races françaises
des, mobiles et disposées en forme de cornets. Les étaientrenommés avant la conquête de Césai’ les races
:

narines sont largement ouvertes. Les dents sont au normande et percheronne se distinguent par leurs che-
nombre de 42 6 incisives, 2 canines et 14 molaires
: vaux de trait et de manège ; la race limousine et la
en haut ; 6 incisives, 2 canines et 12 molaires à la mâ- race navarrine, par leurs chevaux de selle ; la franc-
choire inférieure. Entre les incisives elles molaires se comtoise par ses chevaux de trait; l’ auvei'gnate
trouve un espace vide appelé barre, dans lequel se par ses bidets; et la race du Poitou, par ses mulets.
place le mors. — Les espèces du genre Cheval parais- Tout le monde connaît les services que nous rend
sent être toutes originaires du grand plateau central le cheval ; ces services ne le mettent cependant pas
de l’Asie et del’Afrique orientale et méridionale. Deux toujours à l’abri de la brutalité de ceux qui le con-
seulement, le CAewo/prop. dit et l’Ane, ont été rédui- duisent, et la loi a été obligée d’intervenir en France
tes à l’état de domesticité. Les autres sont le Bziggne- pour réprimer tes mauvais traitements que cet ani-
tdi ou Hémione le Couagga , le Dauw et le Zèbre. mal a trop souvent à subir (loi du 2 juillet 1850).
Le Cheval domestique, Eqms caballus, est origi- Le cheval est encore utile après sa mort ses crins
:

naire de la Tartarie, mais aujourd’hui il est acclimaté servent à faire des tissus; sen poil, de la bourre ; sa
partout. Bien qu’il fût inconnu en Amérique avant la peau, des chaussures; sa chair, des engrais; ses in-
découverte de cette contrée, on l’y rencontre mainte- testins, de la colle forte ses os, du noir animal, etc.
;

nant en troupes de plus do dix mille individus ceux-ci; Cet animal belliqueux était chez les anciens consa-
proviennent de chevaux espagnols échappés à leurs cré à Mars, dieu des combats, et sa vue était un pré-
maîtres depuis la découverte du nouveau monde. La sage de guerre. Les Perses, les Athéniens, etc., l’im-
taille moyenne du cheval est de 1“,50 la durée de molaient au Soleil et à Neptune. Suivant les poêles,
;
sa vie est de 30 ans. La nourriture qu’il préfère se le char du Soleil est traîné par quatre chevaux Éoüs, :

compose de foin, d’avoine et de paille hachée; vien- Pyro'is,ÉthonetPhlégon. La Fable donne pour mon-
nent ensuite la luzerne, le sainfoin, le trèfle, et les ture aux poètes un cheval ailé appelé Pégase. Les
pailles de froment, d’avoine et d’orge. L’éducation du chevaux paissants désignaient la paix et la liberté, ou
poulain exige des soins particuliers. On le nourrit simplement un pays abondant en pâturages. Le che-
d’une sorte de bouillie faite de farines dbrge, d’a- val est aussi le symbole de l’empire d’où chez les Ara-
:

voine et de froment, délayées dans de l’eau tiède. De bes l’usage du cheval de soumission. MM. Girard,
trois à trois ans et demi on commence à le dresser : Houël, Daumas, Montigny, Gayot, Quillinan, etc., ont
on lui met d’abord une selle légère qu’on lui laisse écritsui' lecheval. F. haras, équitation, vétérinaire.
,
deux ou trois heures par jour. On l’accoutume de CHEVAL MARIN. Vog. MORSE et HIPPOCAMPE.
même à recevoir un bridon dans la bouche , à se CHEVAL DE FRISE. En termes de Fortification, on ap-
laisser ferrer, à trotter seul. A quatre ans, on le pelle ainsi une sorte de retranchement portatif consis-
monte, on l'attelle avec un cheval fait on l’exerce
;
tant en une grosse pièce de bois hérissée de pointes de
à reculer, à obéir au mors et à l’éperon. On ne le tous côtés. H est ainsi nommé, dit-on, parce qu’il a
met au grain et à la paille que lorsqu’il est parfai- été employé pour la première fois dans la Ft'ise, au
tement dressé. Le cheval a quatre allures le pas, : siège de Groningu(^ en 1594.
le t7'ot, Vamble et le galop {Vog. ces mots). On — CHEVAL-VAPEUR. C’est , 611 Mécanique, l’unité em-
reconnaît l’âge d’un cheval à ses dents à six mois,
: ployée pour évaluer la force des machines à va-
les incisives sont sorties à deux ans et demi, les an-
; peur. On entend par foixe d’un cheval-vapeur une
térieures se creusent d’une fossette au milieu de la force capable d’élever par seconde un poids de
partie supérieure; à trois ans et demi, les dents mi- 75 kilogr. à la hauteur d’un mètre. Ainsi une ma-
toyennes se creusent, et les canines inférieures sor- chine à vapeur de 10, de 20 chevaux, etc., c’est une
tent ; â quatre ans et demi paraissent les canines machine à vapeur capable d’élever à un mètre par
,
supérieures. Jusqu’à huit ans, l’âge se reconnaît à la seconde un poids de 750 kilogr., de 1,500 kilogr., etc.
profondeur des fossettes, ainsi qu’à la longueur et à Les poids moindres secomptentpai'AiVoÿramnièérei.
la couleur des incisives et des canines. A partir de GHE'VALERIE. Vog. chevalier.
cette époque, on dit que le cheval ne mat'que plus, CHEVALET (de cheval), en latin equuleus, in-
quoique cependant des signes moins certains, tirés strument de torture en usage chez les anciens et qui
de la forme et de la couleur des dents, fassent encore consistait, tantôt en un cheval de bois dont le dos
connaître approximativement son âge. Les canines formait uu angle très -aigu sur lequel on plaçait le
manquent dans les juments. patient avec des poids aux pieds, tantôt en une table
En tête des principales races de chevaux se place de bois percée de trous, par lesquels on faisait passer
le Cheval arabe, reconnaissable à son chanfrein con- des cordes attachées par un bout aux meipbres du
cave, à sa tête carrée et à son encolure de cerf. On patient et s’enroulant par l’autre sur un tourniquet
en distingue deux variétés : les kochla/ii, pur sang, qui servait à les tendre. —
Aujourd’hui, on donne
et dont la généalogie est authentiquement consta- le nom de chevalet : l» à la pièce de bois mince qui
tée ; et les kadischi, qui proviennent de croisements sert à tenir élevées les cordes d'un violon, d’une
inconnus. Les Chevaux barbes, ou de la Barbarie basse, d’une guitare, etc. on fabriiiue beaucoup de
;
ont l’encolure plus belle, mais sont moins rapides ; CCS chevalets à Mirecourt (Vosges) ils sont en bois
;

ils sont recherchés pour le manège. Les Ch., turcs d’érable 2“ au bâtis en bois sur lequel les peintres
;
se rapprochent du cheval arabe, duquel ils descen- appuient les tableaux auxquels ils travaillent : les
dent; ils sont seulement plus longs et ont les reins tableaux de chevalet sont des tableaux de moyenne
plus élevés. Les Ch. espagnols ont le chanfrein bus- dimension qui sont travaillés et fiuisavec soin 3“ aux;

qué et la tête un peu grosse ; ce qui fait dire (ju’ils pièces de bois assemblées en travers sur d’autres
, , , ,

CHEV — 330 — CHEV


à -plomb pour soutenir les solives d’un plancher; chevau-légers était brodé d’or et d’argent aux arme.s
4® et, en général, à tous les instruments dont on se de la compagnie '(un foudre avec cette devise : Sen-
sert dans divers métiers pour tenir l’ouvrage élevé sére gigantes) ; vingt années de service dans ce corps
ou abaissé , afin de travailler plus commodément. donnaient droit à des lettres de noblesse viagère.
CHEVALIER, chevalerie. 1® Chez les Romains, Cette compagnie fut supprimée sous Louis XVI en
ces mots désignaient un des trois ordres des citoyens, 1787. — Sous l’Empire, il y eut quelques instants
intermédiaire entre les patriciens et les plébéiens. six régiments de chevau-légers, armés de lances; ils
2° Au moyen âge, le titre de chevalier pouvait être
conféré, avec certaines formalités, à toute personne
prirent bientôt le nom de lanciers. — Quelques prin-
ces de la Confédération germanique entretiennent
noble de nom et d’armes : c’est ce qu’on appelait encore des régiments de chevau-légers.
armer chevalier. 3® Le titre de chevalier est le CHEVÉCHÈ, Noctua nyctiCea, sous -genre des
premier degré delà noblesse. 4® 11 désigne les mem- Chouettes proprement dites, est caractérisé par un dis-
bres de certains ordres, soit religieux et militaires que pénophthalmique incomplet et par l’absence de
t comme ceux des Templiers, des Porte-glaive, de crêtes auriculaires. L’espèce la plus remarquable du
Saint-Jean de Jérusalem, de Malte), soit purement genre est le Harfang, au corps blanchâtre, avec des
honoriüques (comme les ordres de Saint-Louis , du taches brunes éparses, et au bec noir; il est long de
Saint-Esprit, de Saint-Michel, de la Légion d’hon- 75 centimètres, et se nourrit de lièvres, de rats, de
neur en France; de la Jarretière, du Bain, en An- souris et de lapins. La Chevêche à pieds emplumés
gleterre; de la Toison-d’Or, de Saint-Ferdinand, de est un oiseau indigène du nord de l’Europe, au dos
Charles 111 , en Espagne ; de l’Aigle noir et de l’Aigle brun semé de gouttes blanches.
rouge, en Prusse; de Saint-Wladimir, d’Alexandre, CHEVECIER ou chefcier , dignitaire des églises
en Russie, etc.). Pour plus de détails sur la cheva- et des monastères, préposé à cette partie de l’église
lerie chez les Romains et au moyen âge, Voy. le Dict. où est le chevet. Cette dignité a été confondue à
univ. d’Hist. et de Géogr. — Pour les divers ordres tort avec celle de primicier.
modernes de chevalerie, Voy. dans le même ouvrage CHEVELÉ (de cheveu), se dit, en Blason, d’une
le nom de chacun d’eux ; V Histoire générale des or- tête dont les cheveux sont d’un autre émail, d’une
dres de chevalerie de Saint-Allais, 1811 ; la Collec- autre couleur que la tête.
tion historique des ordres de chevalerie de Perrot CHEVELU (de cheveu) , nom donné aux radicelles
1836; le Précis historique des ordres de chevalerie ou racines fines et déliées qui terminent les ramifica-
de Jacq. Bresson,1844, et le Dict. historique des or- tions des racines principales d’un végétal quelconque.
dres dechevalerie,(le H. Gourdon de Genouillac,1853. Ce sont des espèces de suçoirs microscopiques à l’aide
On nommait autrefois Chevaliers ès lois le chan- desquels le végétal aspire la nourriture qui lui est pro-
celier et le premier président du parlement de Paris pre. Le chevelu se multiplie dans les veines de bonne
— Ch. de justice, celui qui était obligé de faire les
;

terre, et devient plus maigre et plus rare quand les


preuves de noblesse exigées dans l’ordre de Malte ; racines sont forcées de traverser des veines stériles.
— Ch. du guet, le commandant des archers du guet — En Anatomie, on appelle cuir chevelu la peau du
(Voy. guet) ; — Ch. de l’arquebuse, celui qui était crâne que recouvrent les cheveux.
reçu dans les compagnies de chevaliers qui s’amu- CHEVELURE. Rien n’a été plus soumis aux ca-
saient au jeu de l’arquebuse. —
On a appelé Ch. du prices de la mode que la chevelure. Les Hébreux por-
poignard des jeunes gens nobles qui, en 1791, s’é- taient les cheveux dans toute leur longueur; les prê-
taient voués à la défense du roi Louis XVI. tres seuls se les faisaient couper. Les Grecs les por-
CHEVALIER, Totanus genre d’oiseaux de l’ordre taient aussi fort longs en les partageantsurlefront,et
des Échassiers et de la famille des Longirostres , au ils les frisaient de manière à en former un toupet. Les
bec un peu grêle, presque rond, aux ailes médiocres. premiers Romains portèrent les cheveux longs jusqu’à
Les Chevaliers voyagent par petites troupes, et se l’an 454 de Rome (300 av. J.-C.); depuis ils les portè-
nourrissent d’insectes, de vers, etc. Ils fréquentent rent courts, et une chevelure longue devint la mar-
le bord des fleuves et les prairies inondées. Espèces que de mœurs efféminées. Chez les Gaulois, au con-
princ. :1e Ch.gambetle[T. calidris), aux pieds rouges; traire, et chez les Francs, la longue chevelure était
le Ch. aux pieds verts ou Ahoyeur (T. glottis), etc. une marque d’honneur et de noblesse ; on sait que
CHEVALIER , Eques genre de poissons osseux de les Mérovingiens sont vulgairement appelés les rois
l’ordre des Acanthoptérygiens, famille des Sciénoï- chevelus. Plusieurs peuples barbares de la Germanie
des, originaires de l’Amérique, très-voisins des Tam- réunissaient leurs cheveux en un gros faisceau lié der-
bours : leur corps comprimé, allongé, élevé aux épau- rière la tête. Chez la plupart des peuples anciens, une
les, finit en pointe vers la queue. Ou en connaît deux tête rase était un signe d’esclavage, et encore aujour-
espèces : le Ch. gentilhomme (E. Americaniis) et d’hui plusieurs ordres monastiques portent les che-
la Maman baleine [E. punctatus), des Antilles. veux ras en signe d’humilité. Les Mahométans et les
CHEVALIÈRE. Jadis les femmes pouvaient être Arabes se rasent complètement la tête : il en est de
membres de certains ordres il y avait des Cheva-
: même des Cliinois ; mais ceux-ci gardent au sommet
lières de Sa.int-Georges, chanoinesses de Nivelle, des une houppe, quelquefois très-longue. — En France,
Chevalières de Malte, de Saint-Jacques de l’Épée on porta les cheveux longs jusqu’à François I®f, qui,
(en Espagne et en Portugal). pour cacher une cicatrice qu’il avait au visage,
En Bijouterie, on appelle Bayuc h la chevalière, amena la mode de porter la barbe longue et les che-
un anneau large et épais, orné d’un chaton de même veux courts. Louis XIII changea cette mode, et c’est
métal que l’anneau , et que l’on porte au doigt. ce qui amena l’usage des perruques, qui acquirent
CHEVAUCHEMENT (de chevaucher), nom donné, sous Louis XIV une dimension extraordinaire. Sous
en Chirurgie , au déplacement des fragments d’une Louis XV, on commença à porter la poudre et la
fracture, dans lequel, au lieu d’être bout à bout, les queue, dont l’usage se maintint en France jusqu'à
deux pièces se croisent et sont placées à côté l’une la fin du XVIII® siècle. Vint alors la chevelure à la
de l’autre et parallèlement. Titus et les différentes sortes de coiffures que nous
CHEVAU-LÈGERS , compagnie d’élite organisée voyons aujourd’hui.
pour la If® fois par Louis XII dès 1498. Henri IV, Chevelure se dit aussi de la vapeur lumineuse qui
avant d’être roi de France, amena de Navarre en 1570 entoure certaines comètes. Voy. comète.
une compagnie de 200 chevau-légers, qu’il érigea en Chevelure de Bérénice constellation de l’hémi-
compagnie de la garde du roi en 1599 ; elle avait le roi sphère boréal, située près de la queue du Lion , et
même pour capitaine, et ne paraissait sous les armes composée de 40 étoiles , est ainsi nommée de Béré-
que dans les cérémonies d’apparat. L’étendard des nice, femme du roi d’Egypte Ptolémée III Évergète.
CHEV — 331 — CHEV
Cette princesse a^ait consacré sa chevelure à Yénus ; parois latérales de la boîte articulaire du pied de
la chevelure ayant disparu du temple , les cour- l’homme et des animaux vertébrés pourvus de jambes.
tisans prétendirent qu’elle avait été portée au ciel En termes de Boucherie , on nomme commerce à
par Jupiter. Callimaque a fait un petit pocme sur la cheville la revente par quartiers, dans les abat-
la Chevelure de Bérénice. toirs,de la viande abattue. Lorsque les bestiaux sont
CHEVET (de chef, tête, partie principale) , la partie abattus, on les suspend à de fortes chevilles pour
la plus reculée de l’intérieur de l’église, au delà du les dépecer ;
c’est alors que des boucliers dont le
maître-autel. Ordinairement elle estcirculaire, et plus débit est peu important viennent acheter par moitié
élevée que le reste. Sur les bords du Rhin on trouve ou par quartier de bœuf ce qui leur est nécessaire
des églises ayant deux chevets opposés l’un à l’autre, pour garnir leurs boutiques.
par exemple, les cathédrales de Worms, Spire, etc. Au figuré et en parlant de vers, on appelle che-
CHEVÉTRE ou chevestre (du latin capistrum, ville toute expression qui ne sert de rien à la pensée
licou). Ce mot était autrefois synonyme de corde et qui n’est mise que pour la mesure ou pour la rime.
ou câble. On appelait droit de chevestrage un droit En termes de Blason , chevillé se dit d'un cerf qui
qui se percevait sur les bateaux amenés dans Paris porte des ramures à la sommité de son bois, en forme
et attachés au quai par la chevestre. —
Aujourd’hui, de couronne.
en Chirurgie, on nomme chevêlre un bandage qu’on CHÈVRE , Capra. Ce mot, qui dans l’usage vul-
applique autour de la tète lors de la fracture ou de gaire ne désigne que la femelle du Bouc, est étendu
la luxation de la mâchoire inférieure. par les Naturalistes à tout un genre de Mammifères.
On nomme encore chevêtre ; 1<> une pièce de bois Ce genre, qui appartient à Tordre des Ruminants et
dans laquelle les charpentiers emboîtent les soli- à la famille des Tubicornes, est caractérisé par ses
veaux d’un plancher; 2“ une barre de fer qui sert à cornes dirigées en haut et en arrière , comprimées
soutenir les solives coupées à l’endroit de la cheminée transversalement; par ses oreilles droites, sa langue
pour faire place au foyer ou donner passage au tuyau. douce, son corps assez svelte , ses jambes robustes,
CHEVEUX (du latin capitlus). Les cheveux se ses mamelles au nombre de deux, et sa queue courte.
composent de deux parties essentielles le bulbe ou : Le pelage est composé de deux sortes de poils les :

racine , recevant sa nourriture d’une glande située uns, extérieurs, longs, droits et roides , servent à
dans le derme ; et la tige ou cheveu proprement dit : faire des étoffes grossières; les autres, cachés sous les
ce dernier est lui-même formé de deux cônes super- premiers, sont laineux, d’une mollesse extrême, et
posés, Tun intérieur, qui reçoit des nerfs et des vais- servent à la fabrication des plus fins tissus. Le men-
seaux sanguins, et contient une moelle à laquelle le ton est le plus souvent garni d’une barbe.
cheveu doit sa couleur ; l’autre extérieur, tubuleux, L’espèce principale est YÆgagre ou Chèvre sau-
transparent et analogue à la substance de la corne des vage, que Ton considère comme la souche de nos
animaux. On y trouve, par l’analyse, du fer, du soufre, chèvres domestiques. Sa tête est noire en avant,
de la chaux , de la silice, et une huile dont la cou- rousse sur les côtés; sa barbe, brune ; son corps, gris
leur varie avec celle des cheveux. La forme, la cou- roussâtre avec une ligne dorsale noire, ainsi que la
leur, le nombre des cheveux, varient suivant le sexe, queue. Les chèvres sauvages vivent en troupes sur
les. pays, les climats, les races. Ils sont plus longs les montagnes escarpées de la Perse. Nos variétés do-
chez la femme que chez l’homme. Us sont fins et mestiques sont la Ch. commune, connue de tous, et
:

soyeux chez les blancs , laineux et crépus chez les la Ch. sans cornes, dont le lait est plus doux, surtout
nègres ; ils sont extrêmement sensibles aux varia- celui des blanches, qui a moins d’odeur et que Ton
tions atmosphériques; l’humidité les allonge, et la préfère pour l’allaitement des enfants. La chèvre est
sécheresse les contracte : aussi s’en sert-on dans la plus robuste et plus forte que la brebis; elle exige
construction des hygromètres {Voy. hygromètre). beaucoup moins de soins; elle aime à paître dans les
Dans leur couleur, ils présentent les nuances suivan- lieux escarpés et montueux, et se contente de la nour-
tes noir, brun, châtain foncé, châtain clair, blond
: riture la plus frugale. La chèvre porte 5 mois ; elle
et roux ils deviennen t blancs ou tombent par le pro- fournit deux fois plus de lait que la brebis, et donne
;
grès de l’âge ou par suite de maladie ( Voy. albinisme, d’excellents fromages. Son petit se nomme Chevreau
canitie, calvitie, alopécie). Un Traité des mala- {Voy. ci-après); le mâle, appelé Bouc {Voy. ce mot),
dies du cuir chevelu, suivi de Conseils hygiéniques est plus grand, plus fort, plus trapu, et répand une
sur les soins à donner à la chevelure, a été publié odeur fort désagréable, surtout en été.
en 1850 par le Df A. Cazenave. On remarque encore la Ch. de Juida en Afrique,
En Botanique , on a donné le nom de Cheveu à la Ch. de l’Oural, la Ch. de Cachemire, qui fournit
des végétaux de diverses sortes affectant la forme ca- le tissu moelleux des châles de même nom; enfin la
piUaire. Ainsi Ton nomme Cheveu du diable la Cus-
; Ch. Angora, dont les poils blancs, longs et soyeux
cute; Ch. d'évêque, la Raiponce; Ch. de mer, le servent, dans le Levant, à faire des étoffes superbes.
Fucus filum et TUlve comprimée; Ch. du roi, la 'Til- La chèvre, chez les Grecs, était consacrée à Jupi-
landsia usnéoide ; Ch. de Vénus, TAdiante de Mont- ter, en mémoire de la chèvre Amalthée qui avait
pellier et la Nigelle de Damas; Ch. de la Vierge, nourri ce dieu. Elle était fort révérée à Mendès, en
plusieurs espèces de Byssus; Ch. de paysans, la Chi- Égypte ; on croyait que Pan , la grande divinité de
corée sauvage étiolée ou Barbe de capucin. cette ville, s’était caché sous la figure de cet animal.
CHEVILLE (de clavicula, diminutif de clavus, CHÈVRE, machine destinée à élever des fardeaux
clou), nom donné, en général, à tout morceau de considérables, et qui sert principalement dans les
bois ou de fer arrondi qui sert à arrêter les assem- grandes constructions, pour porter aux étages supé-
blages de charpenterie ou de menuiserie. Dans — rieurs les pierres, les matériaux , etc. C’est ordinai-
TArt du luthier, les chevilles servent à donner aux rement un triangle formé de deux longues pièces de
cordes des instruments la tension convenable. Dans bois, ou bras, assemblées avec une 3', plus courte, dite
les pianos, les chevilles sont des cylindres d’acier à pted-de-chèore. Au sommet, on dispose une pouh'c ou
surface rugueuse et carrés par un bout. Celles des une moufle] un des bouts de la corde, qui passe sta
violons, altos, violoncelles, guitares, etc., ont la cette poulie, va s’attacher au fardeau qu’on veut en-
tête plate et ovale et sont en bois d’ébène ou de lever ; l’autre s’enroule sur le cylindre d’un treuil hO"
palissandre. — ,
Les carrossiers appellent cheville rizontal qu’on nomme moulinet, qui peut tourner à
ouvrière une grosse cheville de fer qui joint le de- l’aide de leviers ou par une roue à chevilles. — Les
vant d’un carrosse avec la flèche ou les brancards. carrossiers et les charrons se servent pour soulever les
En Anatomie, on appelle cheville du pied la voitures d’un leviePeoudé qu’on appelle aussi chèvre.
saillie formée par la réunion des deux malléoles ou En Astronomie, on appelle Chèvre une étoile bril-
, , , , , ,

m
CHEV — 332 — CHIC
lante de première grandeur, qui est située sur l’é- qu il
y a entre le faite d’un toit et Téchine de la chè-
paule gauche du Cocher : c’est, suivant la Fable, vre), pièce de bois de charpente, équarrie,de 10 à
la chèvre Amalthée, nourrice de Jupiter. 15 centimèt. environ d’épaisseur, qui porte les tuiles
CHEVREAU, le petit de la chèvre. On le nomme ou ardoises d’un bâtiment. Les chevrons sont situés
aussi Cabri. Sa peau , tannée et chamoisée , sert à en pente, et leur ensemble forme un plan incliné.
faire des gants excelients et des souliers de femme. En termes de Blason , on nomme chevron la ré-
— Les anciens sacrifiaient le chevreau au dieuFaune union de deux bandes plates , dont la pointe est
et aux autres dieux champêtres. tournée vers le haut de Técu, et qui forment une
En Astronomie, les Chevreaux sont trois étoiles espèce de co’mpas à demi ouvert. On distingue : Ch.
de la constellation du Cocher qui forment un petit brisé, celui dont la pointe est fendue, en sorte que
triangle isocèle étroit, placé tout près de la Chèvre. les bandes ne se touchent que par un de leurs an-
CHÈVREFEUILLE (ainsi appelé parce que la chè gles; Ch. abaissé, celui dont la tête ou la pointe se
vre aime à brouter les feuilles de cette plante), termine au centre de l’écu; Ch. alaisé, dans lequel
nommé par les Rotanistes Lonicera (de A. Lonicer, les extrémités des branches ne touchent point les
botaniste allemand) , genre type de la famille des bords de Técu ; Ch. chargé d’un autre, composé de
Caprifoliacées , renferme des arbrisseaux grimpants deux émaux; Ch. couché, dont la pointe est tournée
sarmenteux, à feuilles simples et opposées, qui se vers un flanc de Técu ; Ch. écirné, celui dont la
font surtout remarquer par l’odeur suave de leurs pointe est coupée; Ch. failli ou rompu, qui a une
fleurs.— Parmi les espèces principales , on remar- branche séparée en deux ; Ch. ondé, qui a les bran-
que : le Ch. des jardins {Lonicera caprifolium) ches en onde ; Ch. parti, dont les branches sont de
qui fait, au printemps, l’ornement de nos bosquets : deux émaux différents ; Ch. ployé, dont les branches
ses rameaux, longs et flexibles, se soumettent à ont leur superficie creusée en portion de cercle ; Ch.
toutes les formes qu’on veut leur donner : on s’en renversé celui qui a sa pointe ou au bas ou au
sert pour masquer la nudité des murs, garnir les cœur de Técu, et ses branches vers les angles du chef.
treillages, couvrir les berceaux, etc.; sa tige, quoi- Dans l’Armée , on appelle chevrons des galons en
que sarmenteuse et grimpante , devient, par la cul- laine écarlate , quelquefois en or ou en argent , en
ture, un petit arbrisseau de caisse ou de parterre, forme de chevrons de charpente, que les soldats et
à tige droite et nue , terminée par une tète sphéri- les sous-oülciers portent sur le haut do la manche
que ; ses feuilies sont opposées, sessiles, ovales, d’un gaucho de leur habit après un certain nombre d’an-
vert glauque en dessous, les deux ou trois derniè- nées de service : un chevron indique 7 années de
res paires étant réunies chacune par leur base; ses service; deux, ;
H
trois, 15, etc. —
Dans certains
fleurs sont rouges ou blanchâtres, ramassées en un corps, ou nomme chevrons de livrée, des chevrons
bouquet terminal, composé d’un ou deux verticilles d’habiiienient au nombre de sept, placés par étages le
feuillés;— le Ch. des bois {L. periclymenum) qui long du quartier extérieur de chaque manche d’ha-
ressemble beaucoup au précédent : ses fleurs , d’un bit des tambours, cornets et caporaux tambours.
blanc jaunâtre, un peu rougeâtres eu dehors, sont CHEVROTAIN , Moschus genre de Mammifères
réunies en tètes terminales; elles répandent une de la famille des Ruminants sans cornes. Ils sont ca-
odeur agréable et paraissent au commencement de ractérisés par la présence de 34 dents, dont 2 canines
l’été ; cette espèce est commune dans les bois et les très-longues et 12 molaires â la mâchoire supérieure,
haies ; sa racine fournit une couleur bleu de ciel, et et 8 incisives et 12 molaires à l’inférieure ; ils sont
ses jeunes rameaux peuvent aussi être employés pour herbivores. Leurs pieds offrent deux sabots; leurs
la teinture ; on fabrique avec ses tiges et ses bran- poils sont courts, durs et cassants ils n’ont que deux
;

ches des dents pour les herses, des peignes pour les mamelles. Ces animaux sont très-remarquables par
tisserands, des tuyaux de pipe à fumer ; — le Ch. des leur élégance et leur légèreté. habitent surtout
Ils
buissons {Xylosteum) à fleurs d’un blanc pâle, qui Tlnde. Le genre Chevrotain se divise en deux sous-
s’emploie aux mêmes usages que le précédent ; — le genres : les Ch. proprement dits et les Muscs ou
Ch. des Alpes [L. Alpina], qui se distingue par ses Porte-musc, qui fournissent cette substance odorante,
grandes feuilles ovales et par ses fleurs jaunâtres, si recherchée en médecine et en parfumerie sous le

purpurines en dedans, géminées à l’extrémité d’un .



nom de musc Voy. ce mot) Parmi les Chevrotaius
long pédoncule; — le Ch. des Pyrénées [L. Pyre-
(

proprement dits, nous citerons le Ch. pygmée, qu’on


nai'ca), à feuilles oblongues, presque sessiles, d’un vert trouve en Asie et Afrique, et dont la grosseur ne
glauque, à fleurs blanches, géminées sur chaque dépasse pas celle du lièvre, et le Kranchil ou Kan-

pédoncule; le Ch. de Tartarie {L. Tartarica), cha.r~ chil, qui habite les forêts de Sumatra. Ce dernier est
niant arbrisseau très-rameux, en buissons touQ'us, un petit animal de la taille du précédent, et très-
dont le feuillage vert tendre est couvert , au prin- rusé pour se dérober aux chiens , lorsqu'ils le ser-
:

temps, de fleurs roses ; ses rameaux, pendant l’hiver, rent de près, il s’élance aux branches des arbres,
sont d’une blancheur lemarquable ; c’est, de toutes s’y accroche par ses longues canines, et y reste sus-
les espèces cultivées dans les bosquets
,
celle qui y pendu jusqu’à ce que la meute soit passée.
produit le plus bel effet. chevrotement, battement ou vibration de la
CHÈVREFEUILLE d’aMÉRIQUE. Voy. AZALÉA. voix qui a quelque charme quand ou n’en fait pas
CHEVRETTE. Voy. cadelle,crangoïi etcHEVREUii.. abus, mais qui a l’inconvénient de s’exagérer avec
CHEVREUIL (du latin cajireofiii, diminutif de Tàge. —
En Musique ou donne ce nom â une ma-
caper, bouc), Cervus capreolus espèce du genre nière vicieuse d'exécuter le trille sans marquer l’ar-
Cerf, renferme des animaux aux bois sessiles, rami- ticulation des notes, ce qui le fait ressembler au
fiés. Toutes les variétés de chevreuils ont une ligue bêlement des chèvres.
blanche bordée de noir, qui coupe obliquement le CHEVROTINE (de chevreuil), gros plomb dont
bout de leur museau. Le Chevreuil est plus petit que on se sert pour tirer le chevreuil et autres bêtes
le cerf et le daim, dont il offre à peu près les formes fauves on en compte 166 au demi-kilogramme.
:

générales; son pelage est fauve ou gris-brun, ses CHIAOUX (par corruption du turc tchaouch),
fesses blanches; ses bois, assez petits, sont rameux espèce d'huissier chez les Turcs. Le chiaoux-bac/ii
et rugueux. Les chasseurs donnent au mâle le nom est chargé, eu l’absence du grand vizir, de présider
de broquari. La femelle, appelée chevrette, n’a pas le tribunal suprême et de rendre la justice au peuple.
de bois. Ce joli animal estasses commun dans la plu- Il sert aussi d’introducteur près des ambassadeurs.
part des parcs de l’Europe. Le chevreuil est un des CHIBOUQUE, pipe â long tuyau dont on se sert
gibiers les plus estimés des gourmols. en Orient.
CHEVRON (de chèvre, à cause de la ressemblance CHICA, boisson spiritueuse faite dans le Pérou
, , , , , ,

CHIE — 333 — CHIE


avec la farine de maïs séchée au soleil , et mise à pendre sa langue pour se rafraîchir et lappe en bu-
fermenter avec de l’eau. Sa saveur est celle d’un vant , ce qui permet à Teau de s’échauffer suffisam-
mauvais cidre. ment avant d’arriver dans son estomac. Voy. kage.
CHICHE (pois) du latin cicer. Voy. pois.
,
On distingue 4 espèces de Chiens domestiques :

CHIPON, nom vulgaire de la Laitue romaine. 1». Les MATINS, ordinairement grands, à museau
CHICOHACÈES, tribu de la famille des Compo- long et à oreilles courtes. Les principaux sont le Mâtin
sées, dont le type est le genre Chicorée. Les fleurs ordinaire, presque toujours jaune fauve, ànez noir et
qu’elles portent sont jaunes pour la plupart. Les ti- à queue relevée le Danois, blanc moucheté, peu in-
;

ges contiennent un suc laiteux qui leur est propre. telligent et peu attaché; le Lévrier, gris de souris, de
Cette tribu renferme les Semi-flosculeuses de Tour- taille svelte, employé à la chasse du lièvre qu’il ne
,

nefort ; elle comprend les genres Chicorée, Laitue, chasse qu’à vue , à cause de son peu d’odorat, mais
Salsifis, Scorsonère, Pisse-en-lit, Laiteron, etc. qu’il atteint à la course ; le Ch. de berger, noirâtre,
CHICORÉE, en latin Cicoreum, genre de la famille à oreilles courtes, à queue pendante, d’un admirable
des Composées, tribu des Chicoracées, renferme un instinct pour la garde des troupeaux ; le Ch. des
assez grand nombre de variétés qui, toutes, peuvent Alpes, né de l’union du chien de berger avec une
se rapporter à deux espèces principales : la Ch. sau - femelle du mâtin, et que les moines du Mont-Saint-
vage [C. intybus) et la Ch. endive (C. endivia). La Bernard dressent à appeler par ses aboiements et à
première, que l’on appelle communément PeO'fe cAf- secourir les voyageurs égarés dans les neiges ;
corée, est une plante vivace, dont la racine, grosse, 2». Les ÉPAGNEULS, moins grands que les mâtins,
pivotante, fusiforme, s’emploie, torréfiée, en guise à oreilles longues, larges et pendantes. On y distin-
de café, sous le nom de café de chicorée ; ses feuil- gue : le Ch.-loup, blanc jaunâtre, à oreilles droi-
les vertes se mangent en salade ; parmi ses variétés tes et à queue relevée , excellent gardien ; V Épa-
principales, on remarque la Ch. panachée, à feuilles gneul français, blanc et brun-marron, à poils longs
striées de rose et de rouge; la Ch. à larges feuilles; et soyeux, excellent pour la chasse en plaine et le
la grande Ch. à fourrage, qui fournit une excellente marais ; leüoMef, à jambes grosses etcourtes,à corps
nourriture pour les bestiaux; la Ch. amère, dont la très-long , bon pour la chasse du lapin , mais peu
décoction est employée en Médecine comme tonique attaché ; le Caniche ou Barbet, noir ou blanc, à poil
et apéritive. Quand on fait pousser la chicorée dans frisé et laineux , le plus fidèle et le plus intelligent
des caves de température moyenne et privées de de tous; le Ch. de Terre-Neuve, très-grand, à pelage
toute lumière ses feuilles s’étiolent et blanchissent
, : soyeux, long, onduleux, blanc avec des taches noires
l ’est ce qu’on vend comme salade sous le nom de Barbe et une queue en panache : ses doigts un peu palmés
de capucin. — La Ch. endive, originaire du Japon lui permettent de nager facilement; aussi le dresse-
et de la Chine, renferme aussi plusieurs variétés tou- t-on à retirer de Teau les personnes en danger do
tes remarquables par les découpures de leurs feuilles se noyer. Aux épagneuls appartiennent encore le
déliées et crépues, et qui se mangent crues, en salade, Ch. courant blanc, mêlé de noir ou de fauve, à
nu cuites. On remarque surtout la Ch. de Meaux, la oreilles longues, larges et pendantes, excellent pour
Ch. toujours blanche, la Ch. fine d’Italie, la Ch. la chasse, mais peu attaché à son maître ; le Ch.
célestine, la Ch. de la régence. —
La Scarole ou d’arrêt, blanc avec des taches brun-marron , à mu-
Escarolle [Voy. ce mot) est regardée comme une seau plus épais, à oreilles moins pendantes, intelli-
variété de chicorée originaire de Hollande. gent, très-attaché et bon pour la chasse de plaine ;
CHICOT, nom donné, en Sylviculture, à ce qui enfin, le Braque, à nez fendu : c’est une variété du
reste hors de terre d’un arbre qui a été cassé par le précédent, mais il est moins bon chasseur;
vent ou coupé. —
Par extension , on appelle chicot 3». Les DOGUES, à tête ronde, à museau court, à
un morceau de dent rompue qui reste dans la gencive. oreilles courtes, à front saillant, et très-robustes.
CHICOT, genre de plantes de la famille des Papi- Nous citerons ; le Grand dogue, à museau noir et court,
lionacées, est composé de deux espèces d’arbres, dont à lèvres noires, grandes, épaisses et pendantes : il est
l’une, le Ch. du Canada, fait partie des Rendues propre au combat; le Bouledogue plus petit que le
(
Voy. BONDDc) ; et l’autre , le Ch. d’Arabie, dit aussi précédent, à queue en cercle, à nez relevé, à poil jau-
Hyperanthère est cultivée dans les jardins à cause nâtre, peu attaché, peu intelligent, propre aux com-
de la beauté de son feuillage. bats comme le précédent , mais plus féroce encore ;
CHICOTIN (qu’on dérive, par corruption, de su- enfin le Doguin et le Carlin, qui ne diffèrent guère
cotrin, espèce de suc d’aloès), suc excessivement des deux précédents que par leur petite taille ;
amer qu’on extrait de la coloquinte, et dont les nour- 4». Les RoauETS, de taille petite, à front bombé
rices se servent pour sevrer les enfants. —
On l’ad- et à museau court et pointu. Le Roquet ordinaire
ministre en Médecine sous la forme de dragées. est hargneux, criard, mais très-attaché. Le Ch. turc
CHIEN, Canis. Les Zoologistes étendent ce nom est remarquable par sa peau presque entièrement
à un grand genre de l’ordre des Carnassiers et de la nue , noire , couleur de chair ou à taches brunes.
famille des Digitigrades, caractérisé par la présence Christophe Colomb le trouva en Amérique à l’époque
de 5 doigts aux pieds de devant, et 4 seulement à de sa découverte , en 1492.
ceux de derrière; les ongles ne sont point rétracti- On nomme Chien de rue, un chien qui ne peut se
les, et la langue est douce. Les animaux compris dans rapporter à aucune des 4 races précédentes, et qui
ce genre ont presque tous l’odorat très-fin la vue résulte du croisement fortuit de plusieurs espèces.
,

susceptible de s’exercer même pendant la nuit, l’ouïe Depuis le 1" janv. 1866, il est perçu, en France,
délicate. Le pelage est composé de poils soyeux et de une taxe sur les chiens, qui varie de 1 à 10 fr.
poils laineux. Le genre Chien se divise en 3 sous- Chez les anciens le chien était consacré à Mercure ;
genres : les Ch. proprement dits, à pupilles diurnes ;
ils immolaient cet animal à Hécate et à Mars. Les
lesRenards, à pupilles nocturnes, et les Hyénoîdes, Égyptiens l’avaient en grande vénération, et leur dieu
à.4 doigtsà tous les pieds. Les Chiens proprement dits Anubis était adoré sous la forme du chien on le re-
:

comprennent eux-mêmes le Ch. domestique et les Ch. présentait avec une tête de chien et un corpsd'homme.
sauvages, tels que le Loup, le Culpeu, le Chacal, etc. On nomme Chien d’eau le Cabiai ; Ch. de mer ou
Le Chien domestique ne se retrouve plus à l’état Ch. marin, le Phoque, le Requin et l’espèce de
sauvage. Dès les premiers temps, il a été instruit par Squale appelée Roussette; Ch.-rat la Mangouste;
l’homme, dont il est devenu le compagnon fidèle. Le Ch. des bois le Raton; Ch. volant, l’espèce de
chien aboie. Les pores de sa peau sont si serrés qu’il Chauve-souris appelée Roussette.
ne sue jamais et qu’il peut se jeter à l’eau quand il CHIEN. Trois constellations portent ce nom. La 1‘®,
est très-échau£fé
, sans en être incommodé. Il laisse le Grand Chien, contient 31 étoiles, au nombre
,

CHÎF — 334 GHIM


desquelles on remarque Sirius ou la Canicule, la plus furent introduits en Europe qu’au xiii® siècle : en
brillante de toutes les étoiles de première grandeur. Angleterre d’abord , puis en Italie ; l’Allemagne les
La 2®, le Petit Chien, contient 14 étoiles, dont une de reçut au xiv® siècle, la France, à la fin du xv®; mais
première grandeur, nommée Procyon. La 3®, celle leur ligure ne devint uniforme qu’à partir de 1534. Les
des Chiens de chasse, contient 25 étoiles. Russes ne les emploient que depuis Pierre le Grand.
L'Arquebusier donne le nom de chien à la pièce En Musique, on appelle chifft'es les signes nu-
de la platine avec laquelle on arme le fusil. mériques placés au-dessus des notes de la basse pour
CHIENDENT (ainsi nommé parce que les chiens indiquer les accords qu’elles doivent porter. L’ac-
recherchent cette plante pour se purger), Triticum cord parfait majeur se chiffre par un 3, un 5 et un 8,
repens , nom vulgaire d'une espèce de Graminées selon qu’il se termine à la tierce , à la quinte ou à
dont la tige s’élève à 1 mètre ou 1“,30 et porte des l’octave. Il y a des accords qui ont un double chiffre,
feuilles longues et étroites, et dont la racine traçante comme l’accord de sixte et quarte (5), celui de sixte
est le fléau de l’agriculture, ün en fait une tisane émol- et quinte (§), etc. — En 1742, J. -J. Rousseau pro-
liente et diurétique qu’on administre au début de posa à l’Académie des Sciences une méthode de no-
toutes les maladies. Desséchée et taillée, elle sert en- tation musicale consistant à exprimer les notes de la
core à faire des vergettes ou brosses grossières. gamme par les chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, avec l’aide du
ün nomme Chie7ident aquatique la, Y btuqneüot- point, des dièses et des bémols. Gette méthode, mal-
tante; Ch. à brossettes, le Dactyle pelotonné; Ch. gré ses avantages réels, n’a pu réussir à être adoptée.
fossile, l’Amiante; Ch. le Varech Ch. queue ;
Dans la Diplomatie, les correspondances secrètes
de renard, le Vulpin Ch. ruban, le Roseau panaché.
;
sont le plus souvent écrites en chiffres, c’est-à-dire
CHIFFONNIERS (de c/u'/Tonv). Ceux qu’on voit par- en caractères numéraux ou autres , auxquels on a
courir les rues y recueillent non-seulement les vieux donné une signification arbitraire. La clef du chiffre
chiffons, mais les vieux papiers, le carton, le cuir, les est l’alphabet dont on est convenu, et qui sert soit
os, la ferraille, les cadavres d’animaux, les cendres, en à chiffrer, soit à déchiffrer les dépêches secrètes.
un mot tous les objets jetés comme inutiles; puis ils Un Ch. à simple clef ai celui dans lequel on se sert
vendent leur récolte quotidienne à des chiffonniers en toujours d’une même figure pour écrire une même
gros, qui alimentent un grand nombre de fabriques lettre; un Ch. à double clef, celui où l’on change
importantes ceux-ci, après avoir trié tous les objets
: d’alphabet à chaque mot. Malgré les précautions
ramassés, revendent les papiers , les cartons et les dont s’entoure la diplomatie, on peut le plus sou-
chiffons aux fabricants de papier et de carton ; les os, vent déchiffi'er ses corespondances au moyen du cal-
le cuir et les substances animales aux fabricants de cul des combinaisons. Voy. cryptographie.
colle forte, de noir animal, etc. Quelques-uns de ces CHIGOMIER, plante. Voy. combret.
chiffonniers en gros font à Paris un commerce con- GHILIADE ( du grec chilias, millier), nom donné,
sidérable. —
Les dépôts des chiffonniers répandent en Arithmétique, à l’assemblage de plusieurs choses
une odeur nauséabonde et malsaine, qu’il serait facile semblables qu’on compte par mille ; par exemple
de faire disparaître en lavant les cliiffons avant de dans Instables de logarithmes, on nomme première
les emmagasiner, et en renfermant les os et autres chiliade les logarithmes des mille premiers nombres
débris organiques dans des tonneaux bien clos. naturels. —On donne aussi ce nom à des recueils
CHIFFRES. Le mot chiffre, dérivé du bas latin en vers, divisés par portions de mille vers : telles
cyphra, formé lui-même de l’arabe sifr, ne désignait sont chez les Grecs les Chiliades de Tzétzès.
d’abord que le zéro; dans la suite on l’a appliqué CHILIARQUE (du grec chiliarchos, même signi-
aux dix caractères employés pour exprimer les pre- fication ), officier de l’ancienne milice grecque, qui
miers nombres et qui sont communément appelés commandait à un corps de mille hommes. Il y avait
chiffres arabes. Par extension, on a donné le nom seize cliiliarchies dans la phalange macédonienne.
de chiffres aux lettres de l’alphabet employées comme — C’était aussi le nom par lequel les Grecs dési-
caractères numériques, ainsi que cela a lieu chez les gnaient les ti'ibuns militaires des Romains.
Grecs et chez les Romains. CHILOGNATHES (du grec chéilos, lèvre, et yna-
Les Grecs avaient plusieurs manières d’exprimer les thos, mâchoire, à cause de leurs mandibules cor-
nombres par les caractères de leur alphabet. Le plus nées), l®' ordre de la classe des Myriapodes, ren-
souvent ils divisaient leurs 24 lettres en 3 séries lalr®, : ferme des insectes au corps cylindrique, muni d’un
composée des 8 premières lettres, exprimait les unités grand nombre de pieds disposés par paires sur cha-
(moins le 6) ; la 2®, les 8 premières dizaines; la 3®, les que anneau , aux antennes de sept articles. Les Chi-
8 premières centaines; les nombresG, 90 et 900 étaient lognathes vivent des débris des végétaux : on les
représentés par des caractères particuliers, savoir 6 trouve souvent sous ces débris, ainsi que sous les
par lastimm (Ç), 90 par le coppa (k) et 900 par le écorces des arbres. Ün les divise en trois familles :
sampi (^). Voici la série entière de leurs chiffres ; les Pollixénites , les Glomérites et les lulites.
1, 2, è'; 3, 5,e'; 6, Ç'; 7, tf \ 8, -V;
y; 4, 3'; CHILüPODES (du grec chéilos, lèvre, tipous,
9, 6': 10, i'; 20, x'; 30, V; 40, p.'; 50, v'; 60, podos, pied), 2® ordre de la classe des Myriapodes,
70, d; 80, u'; 90, ou W Ç
; 100, p'; 200, cr'; 300, t'; renferme des insectes au corps allongé et déprimé,
400, o'; 500, tp'; 600,/'; 700, ; 800, f
lo'; 900, à la bouche armée de deux pieds-mâchoires, percés
Pour les mille on recommençait les trois séries, mais en dessous pour laisser écouler une liqueur véné-
enplaçantunaccentaudessousetàgauche (1,000), : neuse. La morsure de quelques espèces d’une grande
.S (2,000), etc. Dans les anciennes inscriptions grec- taille peut être dangereuse. Les Chilopodes sont car-
ques, on trouve uneautre manière de chiffrer analogue nassiers, évitent la lumière et vivent sous les pierres,
à celle des Romains : 1 est représenté par I ; 5 par n les écorces d’arbres et les fumiers. Ils forment deux
{penté, cinq) 10 par A {déca, dix) ; 100 par H {hé-
;
familles ;les Scutiqérites et les Scolopendrites,
caton, cent); 1,000 par x [chilioi, mille), etc. CHIMÈRE (du grec chimaira, monstre fabuleux,
Les Romains exprimaient tous leurs nombres avec composé de parties empruntées à divers animaux).
les lettres 1 (un), V (cinq), X
(dix), L (cinquante), Les Naturalistes ont -donné ce nom à un genre de
G (cent), D (cinq cents), M
ouClD(mille). Les lettres poissons de l’ordre des Chondroptérygiens et de la
placées à la droite des signes V, X, L, G, etc., en famille des Sturioniens, reraaïquables par la forme
augmentaient la valeur d’autant; ces mêmes lettres, monstrueuse de leur tête. La Ch. arctique vit au mi-
placées à la gauche, en diminuaient la valeur : ainsi VI, lieu de l’ücéan septentrional, et se nourrit de crabes,
XI, LX,valaient6, 11, 60; IV, lX,XL,valaient4,9,40. de mollusques, etc. Elle est longue de 1“ environ,
Les chiffres dits arabes sont originaires de l’Inde; et sa couleur est jaunâtre avec des taches noires. Ün
les Arabes les empruntèrent aux Indiens; ils ne l’a surnommée le roi des harengs, parce qu’elle
,

GHIM — 335 — GHIM


poursuit les bandes innombrables de ces poissons ; guer plusieurs gaz. Vers la fin du xvn« siècle, Becher
on la nomme aussi Chat de mer. La Ch. antarcti- et, un peu plus tard, Stahl firent les premières ten-
que, appelée aussi Poisson-coq, Poisson-éléphant et tatives pour imprimer aux recherches chimiques une
Callorhynque, a le museau terminé par un lambeau direction scientifique. Stahl réunit en un seul corps
charnu et conique, qui lui a valu son nom. de doctrine, connu sous le nom de système phlogis-
CHIMIATRIE (des mots chimie et iatréia, cure), tique, les nombreux faits alors connus, et imagina
ou Chimisme, système médical accrédité surtout en une théorie de la combustion cette théorie, quoique
:

Allemagne, pendant le moyen âge, par Paracelse, ersonée, eut une heureuse influence sur les progrès
Van Hehnont, François De le Boë (dit Sylvius), etc., do la science, et prépara les grandes découvertes du
qui prétendaient expliquer tous les phénomènes de xviii® siècle.— Geoffroy l’ainé publia en 1718 les
l’économie animale par les principes de la chimie et premières Tables d’affinité; Boefhaave fit connaî-
traiter toutes les maladies par des procédés chimiques. tre en 1732 de nombreuses expériences sur les phé-
CHIMIE (mot qu’on a voulu dériver de Chemia ou nomènes de lumière et de chaleur; Haies, en 1724,
Chamia, pays de Cham [l’ancienne Égypte] , parce et Black, en 1756, firent les premiers travaux sur
qu’on attribue aux Égyptiens l’invention de la chi- les gaz [Chimie pneumatique)', Maregraü' distingua,
mie ; mais qui vient bien plus probablement du grec en 1759, la magnésie et l’alumine, et enseigna l’ex-
chyméia, mixtion, combinaison), science qui s’oc- traction du sucre contenu dans les plantes indigènes;
cupe des différents modes d’action que tes corps exer- Schéele surtout fit, de 1773 à 1786, de nombreuses
cent entre eux, et des lois d’après lesquelles ils so découvertes, notamment celles du chlore, de l’acide
transforment les uns dans les autres. Elle détruit ou prussique, de l’acide fluorhydrique, de l’acide arsé-
analyse les corps pour en isoler les différents élé- nique, de la baryte et d’un grand nombre d’acides
ments, et elle les reproduit par synthèse, c.-à-d. organiques. Priestley découvrit, vers la même épo-
qu’elle combine de nouveau entre eux les éléments que, l’oxygène, le protoxyde d’azote, le gaz chlorhy-
dont ils se composent. La plupart des sciences et des drique, etc. ; Cavendish fit connaître l’hydrogène,
industries , la Médecine , l’Hygiène , la Métallurgie reconnut la formation de l’acide carbonique par la
l’Agriculture, empruntent des enseignements à la combustion du charbon, et enseigna la composition
Chimie et réclament son secours : de là la distinction de l’eau et de l’acide nitrique; enfin, Lavoisier
de la Ch. théorique et de la Ch. appliquée. La pre- opéra dans la science une révolution complète par
mière se subdivise en Ch. minérale, qui s’occupe ses recherches sur la combustion (1770 à 1793) ; il
plus particulièrement des corps et des combinaisons démontra l’erreur de la doctrine de Stahl, et intro-
de la nature morte; et en Ch. organique, qui a pour duisit dans les expériences de chimie une précision
objet l'étude des lois d’après lesquelles se tranfor- et une rigueur jusqu’alors inconnues. C’est aussi de
ment les substances produites par la végétation et la même époque que datent l’introduction de la pre-
par l’économie animale; la seconde se subdivise en mière nomenclature chimique, parGuyton-Morveau,
Ch. industrielle, Ch. médicale, Ch. agricole, etc. et la découverte, par l’Allemand Rich ter, des propor-
— Par Chimie pratique on entend l’ensemble des tions chimiques, devenues, depuis, la base de toutes
opérations manuelles ou mécaniques qu’il faut exé- les théories chimiques. Les travaux de Berthollet,
cuter pour effectuer les analyses ou les synthèses en- Fourcroy, Vauquelin, Klaproth, la décomposition
seignées par la chimie théorique. des métaux alcalins opérée à l’aide de la pile par
La Chimie est une science toute moderne; mais il Humphry Davy, les nombreuses recherches de
n'en est pas qui ait fait des progrès aussi rapides dans MM. Gay-Lussac, Thénard et Chevrcul, la théorie
un temps aussi court; car elle ne s’est constituée que atomistique de Dalton, les analyses multipliées de
depuis la fin du xviie siècle. Parmi les peuples de l’an- Berzélius , de H. Rose et de beaucoup d’autres chi-
tiquité, les Égyptiens paraissent avoir eu le plus de mistes, la théorie de l’isomorphisme de M. Mitscher-
connaissances chimiques l’Art sacré, pratiqué dans
: lich, ont ouvert à la science une ère toute nouvelle
leurs temples, semble en avoir été la première source. et l’ont établie sur des bases désormais inébranla-
Ils savaient préparer le sel ammoniac, la soude, le bles. La Chimie organique a pris un essor extraor-
verre, le savon, levinaigre et différents médicaments. dinaire dans ces dernières années, grâce aux travau.x
Les Chinois aussi possédaient de bonne heure l’art de de MM. Liebig, Dumas, Laurent, Gerhardt, Mala-
fabriquer le salpêtre, la porcelaine, le vert-de-gris, la guti, Cahours, etc. Enfin, il a été fait la plus heu-
poudre àcanon, l’alun et différentes matières coloran- reuse application de la chimie à la médecine légale
tes. Les Grecs se livrèrent à des spéculations philoso- et à la toxicologie, notamment par M. Ürfila. — Parmi
phiques sur la nature de la matière ; ils adoptèrent les traités de chimie les plus répandus aujourd’hui,
l’existence de quatre éléments : le feu, l’air, l’eau il faut citer ceux de M. Thénard (1813-16, 3 vol. in-ÿ,

et la terre; mais ils ne firent point d’expériences. 6® édit., 1836, 5 v.), et de Berzélius (10 v., trad. par
Ce furent surtout les Arabes qui, à partir du xi« siè- Esslmger ctllœfer, complété par Gerhardt, 1864-56).
cle, donnèrent une certaine impulsion à la Chimie M. Dumas a publié une Chimie appliquée aux arts
pratique; leurs recherches avaient principalement (8 vol. 1828-46); M. Payen, un Précis de Chimie in-
pour objet la préparation des médicaments et la dustrielle (2 vol. in-8, 3' éd., 1856); MM. Pelouze et
transmutation des métaux communs en métaux pré- Frémy, un Traité de Chimie générale (5 vol. in-,8.
cieux : avec les Arabes commence pour la science 1854). Un Traité spécial sur la Chimie organique a
cette période connue sous le nom à' Alchimie (Voy. été écrit par M. Liebig (3 vol., 1840-44), et trad. eu
ce mot), comprenant tout le moyen âge jusqu’aux français par Gerhardt , à qui l’on doit aussi un Pié-

temps modernes. Geber, diimiste arabe du viii« siè- cis de Chimie organique (2 vol. 1844-45). Les étu-
cle, connaissait déjà l’eau-forte, l’eau régale, la so- diants liront avec profit le Cours de Chimie de M.
lution d’or, la pierre infernale, le sublimé corrosif, Régnault, en 3 parties (1847-49), et les Éléments de
l’oxyde rouge de mercure, etc. Les croisades contri- —
Chimie de M. Orfila (8® édit., 1851). Cadet-Gassi-
buèrent beauco\ip à répandre eu Europe les connais- court en 1803, Klaproth et Wolff en 1811, Vauquehn
sances des Aaabes. — Parmi les alchimistes célè- en 1815, MM. Robi(iuet, Chevallier et Lamy, de 1852
bres dont le nom nous est resté , il faut citer au : à 1855,ontdonuédesDfcfion?zaire4’(is Chimie. L’His-
xiiie siècle, Arnold de Vülaiiova
;
au xiv“, Raimond toire de la Chimie a été écrite, en Allemagne, par M
Lulle ; au xv«, Basile Valentin , à qui l’on doit la Hermann Kopp,eten France par M.Hœfer.Lestravaux
découverte de beaucoup de préparations antimo- les plus récents sont consignés dans les Annales de
ni^es, ainsi que de l’ammoniaque; au xvi«,Paracelse, Physiqueetde Chimie, le Journal de Chimie médica-
qui, le premier, enseigna publiquement la chimie le. V Annuaire de Chimie de MM. Millon etNiklès.etc.
;
au xvii», Libavius, et Van Helmont, qui sut distin- Pour les Abréviations chimiques, V. éqcivalents.
, , .

CHIO - 336 — CHIR


CHlMOlNEj espèce de stuc ou de ciment, formé CHIP AGE ,
opération de tannage employée dans
de chaux faite avec des coquilles calcinées, et qui, la préparation des basanes et des cuirs de veaux dits
par sa blancheur et le poli qu’on peut lui donner, d’alun , à l’usage des relieurs. Elle consiste à faire
imite très-bien le marbre. macérer les peaux dans une dissolution de tan, qu’on
CHIMPANZÉ (nom indigène), dit aussi Troglodyte nomme auvergne; mais, au lieu de les étendre dans
et Homme des bois^ genre de Singe voisin du genre la fosse, on les coud, on les remplit de tan et d’eau,
Orang, et propre à rAfrique. LeCA. noir{Tr. niger), et on les met dans des fosses pleines d’une solution
qui est la seule espèce connue, est fort semblable à de tan qu’on appelle jusée.
l’homme : il a la taille de l’adulte (environ 1“,75) ; CHIQUE, espèce du genre Puce, appelée aussi
la face nue, le museau court, le front arrondi, l’o- Tique, Puce pénétrante, ou Ton, est propre â l’Amé-
reille externe très-grande, mais de forme humaine -, rique Méridionale. Elle s’introduit sous la peau des
les mains munies d’ongles plats; les fesses sont peu talons et sous les ongles des pieds, et y acquiert
calleuses et ont peu de poils; point de queue ni d’a- bientôt le volume d’un pois par le gonflement d’un
bajoues; le nez est camus et les yeux petits. Les Chim- sac membraneux qu’elle a sous le ventre, et qui ren-
panzés marchent et grimpent avec facilité; ils s’appri- ferme ses œufs. Il peut en résulter des ulcères dan-
voisent aisément, comme l’orang-outang, et peuvent gereux, si l’on n’en fait de suite l’extraction.
se plier comme lui à tout le travail d’un domestique : CHIRAGRE fdu grec chéir, main; agra, prise),
on en a vu qu’on avait habitués à se tenir à table, nom donné à la goutte fixée aux mains. Voy. goutte.
à servir, à saluer, à reconduire des visiteurs, etc. No- CHIROGRAPHAIRE (du grec chéir, main, eigra-
tre climat est fatal aux chimpanzés; aussi ne les con- phâ, écrire), se dit, en Jurisprudence, des dettes et
serve-t-on que fort peu de temps dans les Ménageries. des créances contractées en vertu d’un acte sous seing
CHINAGE ou cHiNURE. L’art de chiner les étoiles, privé, et qui, dès lors, ne peuvent emporter hypothè-
qui nous a été apporté de la Chine, consiste à re- que, à la différence des dettes et créances fondées sur
présenter dans un tissu un dessin quelconque, en le des actes notariés ou reconnus en justice.
formant, non par un arrangement particulier des fds En Diplomatique , ce mot s’applique en général â
de la chaîne entre eux, ni avec ceux de la trame, tout acte revêtu de la signature autographe d’un roi
comme dans les étoffes brochées, mais en donnant ou d’un prince particulier. — On appelle Chirogra-
aux filsde la chaîne des couleurs différentes, et en phes ou Chartes chirographaires certaines chartes
disposant ces couleurs sur ces fils de manière qu’a- au haut ou sur le côté desquelles se trouvent des ca-
près que l’étoffe a été travaillée, elles y représentent ractères coupés par le milieu. Pour dresser ces actes,
un dessin. On portait autrefois beaucoup de bas on les écrivait en double sur une même feuille de
chinés, soit en soie, soit en coton. parchemin , de manière qu’en coupant la feuille par
CHINCAPIN ou Châtaignier nain de Virginie le milieu , chacun des contractants eût un original
[Castanea pumila], espèce de Châtaignier qui croît de la pièce. Al’endroit où la feuille était coupée , il
abondamment dans l’Amérique du Nord, où il s’é- y avait, comme aujourd’hui aux talons de souche,
lève de 3 à 4 mètres. Son fruit est une amande en- des vignettes ou des lettres majuscules qui se trou-
fermée dans une capsule épineuse ; il a la saveur vaient partagées en deux. Les chirographes s’appel-
de la châtaigne et le volume de la noisette. — C’est lent aussi chartes parties, chartes endentées.
aussi le nom d’une espèce de grand hêtre d’Amérique. CHIROMANCIE (du grec chéir, main, et rnan-
CHINCHILLA, genre de Mammifères de l’ordre des téia, divination), art prétendu de deviner les des-
Rongeurs, type de la petite tribu des Chinchilliens tinées de quelqu’un d’après l’inspection des linéa-
ou Chinchillides laquelle renferme en outre les ments qui se trouvent dans la paume de la main. Les
genres Viscache ou Lagostome et Lagotis. Les Chin- chiromanciens appellent lignes de vie ces lignes
chillas habitent par familles les montagnes du Chili, que la contraction des muscles dessine dans le creux
dans lesquelles ils se pratiquent des terriers nom- de la main; chacune d’elles a son nom et son in-
breux et très-profonds. Le Ch. lanigera, seule espèce fluence propre; une des plus favorables est la m’?2 -
bien connue , est de la taille de l’écureuil avec des ture de Vénus, qui commence entre le deuxième et
moustaches et une queue en balai ; son pelage est d’un le troisième doigt, et qui s’étend jusqu’au petit, en
beau gris ondulé de blanc à la face supérieure du formant une courbe. Des auteurs graves , Artémi-
corps, et très-clair en dessous. Sa peau fournit une dore. Agrippa, Fludd, Hartlieb, de La Chambre, le
élégante fourr^are; elle est , à Valparaiso et à Sant- jésuite Del Rio ont écrit sur cet art trompeur. Au-
iago , l’objet d’un grand commerce. jourd’hui, la chiromancie est devenue le domaine des
CHINT, toiles de coton des Indes Orientales, pro- Bohémiens et des charlatans. La célèbre tireuse de
pres à être imprimées. On distingue les Ch. séronges, cartes, M“« Lenormand, a eu une égale renommée
dont les pièces n’ont que 7™,20 de long sur 0“,90 de comme chiromancienne.
large ; les Ch. mammodés qui ont 8“’ ,40 sur 0“',60 ; CHIRONECTE (du grec chéir, main, et nectès, na-
les Ch. broad (larges), qui ont la même longueur sur geur), Chironectes, genre de Mammifères de l’ordre
0“,90 de large les cA. surat, qu i ont 8“*,60 sur 0“,90.
;
des Marsupiaux et de la famille des Sarigues, est
CHIONANTHE, Chionanth us (du grec cAfon, neige, caractérisé par la présence de membranes interdigi-
et anihos, fleur), genre de la famille des Oléacées, tdles aux pieds de derrière ; la queue est cylindrique,
tribu des Oléinées, se compose d’arbres ou d’arbris- écailleuse, longue et prenante; le museau est pointu,
seaux à feuilles opposées , â fleurs en panicules et et les oreilles nues et arrondies- 11 habite la Guyane,
d’un blanc de neige; tous sont originaires des contrées surtout sur le bord de l'Oyapok. L’espèce uniquede ce
chaudes de l’Asie et de l’Amérique. Le Ch. de Vir- genre est le CA. Oyapok,long de 75 centim. Il se tient
ginie, vulgairement Arbre de neige, .se fait remar- toujours sur le bord des eaux , et nage avec facilité.
quer par l’immense quantité de belles fleurs blan- Genre de poissons Acanthoptérygiens, de la famille
ches qui ornent sa cime ; ces fleurs, longues de 2 à des poissons à pectorales pédiculées, voisin du genre
3 centim., et exhalant une odeur agréable, ont leurs Baudroie. Ce sont de petits poissons à corps compri-
panicules portées sur les rameaux de l’année précé- mé, qu’on trouve dans les mers des contrées chaudes
dente. Son écorce , très-amère , est fébrifuge. de l’Amérique et des Indes. Ces animaux peuvent se
CHIONlS(decAi'd«, neige), Bec-en-Fourreau, Pou- gonfler en avalant de l’air : alors leurs pectorales
le antarctique, oiseau des régions australes, rapporté et leurs ventrales leur donnent, en se redressant,
par les uns aux Galli nacés, par d’au très aux Échassiers l’air d’avoir quatre pieds, et leur permettent même,
CHIÜURME (en italien CiMrwa, du latin fîtrizia), se dit-on, de poursuivre leur proie hors de l’eau sur les
disait autrefois des forçats qui ramaient sur une même plantes marines.
galère. Use dit auj. des forçats réunis dans un bagne. CHIRONIE (du centaure Chiron), Chiroma, genre
GHIR — 337 — GHIR
de plantes de la famille des Gentianées, type de la d’une même science, et l’on créa la Faculté de méde-
tribu des Chironiées, est composé de plantes herba- cine, où matières de la chirurgie et de la méde-
les

cées ou suffrutiqueuses, à feuilles opposées, lancéo- cine furent non-seulement confondues, mais encore
lées; à fleurs enpanicule,à calice laciniéàb divisions, obligatoires pour les aspirants au titre de docteur.
à corolle hy pogyne également à 5 divisions, à 5 étami- L’origine de la chirurgie se perd dans la nuit des
nes insérées à la gorge de la corolle. Tou tes appartien- temps; on sait seulement qu’elle a été exercée dans
nent à l’Afrique Australe. Leur port gracieux et la toutes les sociétés primitives par les hommes les plus
beauté de leurs fleurs les font recbercherpour les ser- instruits, surtout par les prêtres c’est ce qui eut lieu
:

res, principalement la Ch. decussata, à fleurs d’un en Égypte, en Chaldée, chez les Juifs, dans tout
rose pourpre, et la Ch. jasmindides, 5. fleurs roses. l’Orient, et en Grèce même, où longtemps la chirur-
Genre de Mollusques établi pour une petite co- gie fut le partage des prêtres d’Esculape. Hippocrate
quille bivalve, voisine des Érycines, et rapportée donne dans ses écrits d’excellents préceptes pour
pour la première fois des mers de Californie par un quelques grandes opérations ; cependant il faut arri-
capitaine du nom de Chiron, auquel elle a été dédiée. ver à l’école d’Alexandrie pour trouver la véritable
CHIRONOMIE (du grec chéir, main , et nomos , origine de la chirurgie comme science. Hérophile, le
règle), nom donné à cette partie de la mimique qui premier, obtint de Ptolémée la permission de dissé-
enseigne à mouvoir les mains d’après les règles de quer des corps humains. De cette époque seulement
l’art. On voit dans Quintilien {Inst. Orat., xi, 3) datent les progrès que fit la chirurgie, sous l’influence
quelle importance les anciens rhéteurs attachaient des travaux d’Ammonius, d'Érasistrate, de Mégès et
à ce genre de gestes. On peut aussi consulter sur ce d’Asclépiade. Ce dernier apporta à Rome la science
sujet l’ouvrage de Gilb. Austin (Chironomia, or a chirurgicale 100 ans avant J.-C. Depuis Tèrc chré-
treaiise on rheiorical delivery, Londres, 1816). tienne jusqu’à Paul d’Égine, il s’écoule une période do
CHIROPLASTE (du grec chéir, main, et plastès, 636 ans, pendant laquelle on voit seulement apparaître
qui façonne ) , machine qui s’adapte au clavier des Celse, qui donna le premier des descriptions exactes
pianos, et qui a pour objet de placer la main des de la cataracte, de la hernie, de la taille par le petit
élèves et de guider le mouvement des doigts. Elle a appareil, etc. Galien, qui vint ensuite, s’occupa peu
été inventée par M. Logier, de Dublin. de chirurgie. Après la décadence de l’empire ro-
CHIROTE (du grec cheirotès, qui a des mains), main, les sciences se réfugièrent chez les Arabes, où
Chirotès, genre de Reptiles de l’ordre des Ophidiens brillèrent en Chirurgie comme en Médecine Aver-
et de la famille des Doubles marcheurs
,
au corps rhoës et Albucasis. — Longtemps, dans l’Europe
cylindrique, de même volume que la tête, qui est chrétienne, la chirurgie ne fut pratiquée que par le
ovoïde, terminée par un museau arrondi; la queue clergé; mais, en 1163,1e concile de Tours en interdit
est courte, conique, obtuse, à écailles quadrila- l’exercice aux ecclésiastiques. La chirurgie se trouva
tères , juxtaposées en anneaux égales sur tout le livrée pour quelque temps à l’ignorance et au charla-
,
corps; la bouche est petite, non dilatable. Les Chi- tanisme : on vit naître les renoueurs ,\c% rebouteurs,
rotes se rapprochent beaucoup des amphisbènes par la corporation des chirurgiens-barbiers. Cependant,
leur structure intérieure. Le Ch. canal iculatus, uni- à cette époque de décadence, Guy de Chauliac ré-
que espèce de ce genre, est long de 30 à 35 centim., digea le premier un traité complet de chirurgie qui
et se trouve au Mexique. réunit tout ce qui était parvenu jusqu’à lui des
CHIRURGIE (du grec chéir, main, et ergon, tra- connaissances des Grecs, des Romains, des Arabes
vail), partie de l’art de guérir qui s’occupe des ma- (xiv® siècle). Plus tard vinrent Béranger, Fallope,
ladies externes, de leur traitement, et particulière- Èustache, Vigo; enfin parut, au xvi« siècle, Am-
ment des procédés manuels qui servent à leur gué- broise Paré, qui fut le véritable créateur de la chirur-
rison. Le but de la chirurgie est de diviser les par- gie moderne. Sur ses traces marchèrent bientôt Fa-
ties réunies contre nature; de réunir celles qui se brice d’Aquapendente, William Harvey, qui découvrit
trouvent divisées; de retrancher ce qui est devenu la circulation du sang, Fabrice de Hilden, Ruysch,
nuisible ou incommode à l’économie; d’extraire les Franco, Méry,'etc. Toutefois, la chirurgie restait en-
corps étrangers ou les parties du corps devenues core subordonnée à la suprématie des médecins , qui
étrangères; enfin de ramener dans leur position nor- dirigeaient les opérations; et il fallut tout l’ascen-
male les parties du corps accidentellement dépla- dant que prirent, au commencement du xviii® siècle,
cées. On obtient ces résultats, soit par le repos et une Chirac, Maréchal, Lapeyronie,Lamartinière, succes-
position convenable, soit au moyen d’appareils ou sivement chirurgiens du roi, pour lui rendre sa place
bandages plus ou moins compliqués; d’autres fois,
on est forcé de recourir à des instruments , ce qui
et sa dignité. U
Académie royale de Chii'urgie fut
fondée en 1731, et la pratique de la chirurgie prit
constitue la Médecine opératoire. — La Chirurgie alors un essor des plus brillants. A
cette époque se
ne forme point une science qui puisse être séparée rapportent les grands noms de J.-L. Petit, Ledran,
de la Médecine , et qui ait un domaine à part : Garengeot, Lafaye, Verdier, Foubert, Lecat, Fabre,
elle n’est qu’un moyen de la médecine, le plus puis- Puzos, Bordenave, Sabatier, Lamotte, Goulard, Pou-
sant, à la vérité, et le plus efficace. Longtemps les teau, et du frère Côme en France à l’étranger, ceux
;
mêmes hommes cultivèrent le champ entier de la de Cheselden, Douglas, des deux Monro, de Cowper,
médecine, comme nous l’attestent les ouvrages des Pott, Smellie, des deux Hunter, en Angleterre; en
anciens et les travaux de beaucoup de nos grands Italie, de Moscati, Bertrandi, Molinelli; en Hollande,
maîtres modernes ; seulement tous les médecins ne d’Albinus, Deventer, Camper; en Allemagne, do
,
peuvent point se livrer à la pratique des grandes Rœderer, Callisen, Theden, Richter et Heister.Vint
opérations ; le médecin opérant a besoin de réunir ensuite Desault , qui le premier institua dans son
plusieurs qualités indispensables toujours refusées école l’étude de la clinique chirurgicale. Sur ses
,
au plus grand nombre, et dont les unes sont un don traces marchèrent Boyer, Pclletan, Dubois, et plus
de la nature tandis que les autres résultent d’un tard Dupuytren ; puis Roux, Marjolin, Lisfranc,
,
fréquent exercice de là la distinction du médecin J. Cloquet, Velpeau, Blandin, Gerdy, Delpech, Bre-
;
et du chirurgien. Néanmoins l’un et l’autre
doivent tonneau, Richerand , Percy, Larrey, Sansoh, Amus-
posséder la connaissance complète de tout ce qui con- sat, Jobert, Malgaigne, Laugier, etc.; et à l’étran-
stitue l’art ,de guérir. Aussi, lors de la création
des ger, Scarpa , sir A. Cooper, les frères Bell , Mayor,
Ecoles de médecine en 1795, et quelques Maunoir, Dieffenbach, Græfe, etc.
années plus tard, lors de la loi de ventôse an XI, qui Les ouvrages les plus remarquables publiés sur la
*'^°*’S>tnisa l’étude de la médecine, on sentit la néces-
chirurgie sont, avec les Mémoires de l'académie
sité de confondre l’enseignement
de ces deux branches royale de Chirurgie ; les Œuvres chirurgicales de

22
, , ,

CHLA — 338 — CHLO


Desanlt et Chopart, la Médecine opératoire de Sa- cou et formée par deux lambeaux semi-circnlaires
batier, la Nosographie chirurgicale de Richerand , revêtus d’éeailles petites, uniformes et carénées
le Traité des maladies chii'urgicales de Boyer ; les comme celles du reste du corps. Il vit d’insectes.
traités plus récents de Velpeau, de Malgaigne, etc.; CHLAMYPHORE (porte-casaque), espècede Tatou.
les Cliniques chirurgicales de Dupuytren, de Lar- CHLENACÉIES (du grec chlœna, manteau, à cause
rey, de Lisfranc; les ou’vrages classiques de Roche de l’involucre qui entoure les fleurs), famille de
et Sanson , de Vidal de Cassis , de Nélaton , etc. ; le plantes dicotylédones polypétales hypogynes, for-
Compendium de chirurgie de Bérard et Denonyil- mée par Aubert, du Petit-Thouars, et offrant de l’ana-
liers; le Traité pratique de Gerdy (1851), etc. On logie avec les Ebénacées de Jussieu et les Styraci-
doit à Dujardin et Périllie une Histoire de la Chi- nées de Richard. Les Chlénaoées renferment des ar-
rurgie (1780), et à Richerand l’Histoire des progrès bres et des arbrisseaux à feuilles alternes, coriaces,
récents de la Chirurgie (1825). à fleurs hermaphrodites, régulières, et d’une beauté
CHIRURGIE MILITAIRE. La Clururgic militaire ne remarquable. Elles forment les genres Sarcolæna,,
difTère de la chirurgie ordinaire qu’en ce qu’elle Leptolæna, Schizolœna et Rhodolœna.
s’exerce le plus souvent au milieu des camps ou des CHLORATES, sels formés par l’acide chlorique et
batailles. Jusqu’au décret du 23 mars 1852, qui a une base. Le chlorate de potasse (CIO^-j-KO) est le
réorganisé le service de santé, il y a eu dans chaque plus remarquable d’entre les chlorates; il se pré-
régiment un chirurgien-major, avec deux aides-ma- sente en lames ou en paillettes incolores, très-
jors et des sous-aides attachés à chaque bataillon. brillantes, d’une saveur fraîche et un peu acerbe.
— Sur les vaisseaux de premier rang, il y a un chi- On l’obtient en faisant passer un courant de chlore
rurgien-major, deux chiinirgiens en second, trois dans une solution concentrée de potasse ; il se pro-
aides-pharmaciens et plusieurs élèves. duit ainsi du chlorure de potassium très-soluble et
Les Grecs n’avaient pas de chirurgie militaire ; du chlorate de potasse moins soluble qu’on sépare
leurs chirurgiens étaient belligérants eux -mêmes. aisément par la cristallisation. Le clilorate de po-
Les Romains avaient un chirurgien par légion ils : tasse se décompose facilement par la chaleur; aussi
les appelaient medici vulnerarii ; leurs services leur s’en sert-on souvent pour l’extraction de l’oxygène.
valurent sous Auguste le droit de cité dans Rome, Quand on le projette sur des charbons ardents, il
la faveur de porter l’anneau des chevaliers, l’exemp- produit, comme le salpêtre, une vive déflagration.
tion de toutes taxes et charges publiques. Mêlé avec des corps combustibles (soufre, charbon,
La chirurgie militaire, si bien organisée dans les phosphore, métaux pulvérisés, résines, etc.), il
armées françaises, est une institution toute moderne. donne lieu à des poudres qui s’embrasent et don-
II n’y avait pas de médecine vulnéraire propre- nent avec la plus grande facilité, soit par la chaleur,
ment dite en Europe à l’époque de François Rr, ui soit par une percussion plus ou moins forte. Mêlé
sous aucun roi de la branche de Valois. Ce ne fut avec de la résine, du soufre ou de la sciure de bois,
que sous Henri IV qu’elle prit naissance, et qu’on il s’enflamme subitement par le contact de l’acide
établit les premiers hôpitaux militaires. L’invention sulfurique cette inflammation, dont on a tiré parti
:

de la poudre à canon, en occasionnant plus fréquem- pour la confection des briquets dits oxygénés, pro-
ment des blessures meurtrières, en lit sentir la néces- vient de ce que, quand on plonge l’allumette dans
sité. Le grand Ambroise Paré en devint le créateur, le flacon contenant l’acide sulfurique, cet acide s’em-
avec ses élèves et successeurs Pibray et Quesnay. Sous pare de la potasse, et met à nu l’acide chlorique, qui
Louis XIII et Louis XIV, on établit un grand nombre cède aussitôt son oxygène à la matière combustible.
d’hôpitaux militaires et d’ambulances, rendus indis- Depuis 1835, on a remplacé ces briquets par des al-
pensables par les longues guerres. L’éclat qu’obtint lumettes faites également avec du chlorate, mais qui
alors la chirurgie militaire française n’a cessé de s’enflamment par le simple frottement; la fabrica-
s’accroître: ce service reçut ses derniers perfectionne- tion de ces allumettes consomme une énorme quan-
ments sous le règne de Napoléon. Il compte avec or- tité de chlorate de potasse (Voy. allumettes). Le —
gueil parmi ses célébrités Ledran, J.-L. Petit, Louis, chlorate de potasse a été découvert en 1786 par Ber-
Garengeot, Lafaye,Lapeyronie, Sabatier, Saucerotte, thollet, qui l’appela muriate suroxygéné de potasse.
Percy, Larrey, Baudens, Bégin, etc. : c’est à Larrey CHLORE (du grec chlôros, jaune verdâtre), corps
qu’on doit la création des ambulances volantes. simple, gazeux à la température ordinaire, d’une
CHIRURGIEN-MAJOR, chirurgien de vaisseau. couleur jaune- verdâtre , d’une odeur particulière,
Voy. CHIRURGIE MILITAIRE. forte et désagréable, d’une densité de 2,45 ; il se li-
CHLAMYDE (du grec chlamys même significa- quéfie par une forte pression, et est très-soluble dans
tion) , vêtement des anciens , commun aux Gérées et l’eau. Une bougie plongée dans le gaz s’y éteint ra-
aux Romains c’était une sorte de casaque ou de man-
; pidement : la flamme, avant de disparaître, pâlit
teau tout ouvert , de forme ordinairement ronde ou d’abord, puis prend une couleur verte à sa base et
ovale , quelquefois carrée , retroussé sur l’épaule rougeâtre à son extrémité supérieure. Il exerce une
droite, où il s’attachait avec une agrafe. Les Grecs action violente sur l’économie animale, excite la toux
portaient la chlamyde en temps de paix comme en et une sorte de strangulation qui avec le temps fi-
temps de guerre ; mais les Romains ne s’en servaient nirait par donner la mort. On combat son effet par
qu'en campagne. Ces derniers la portaient plus des fumigations de gaz ammoniac, ou en avalant un
courte. On distinguait : le paludamentum, à l’usage morceau de sucré trempé dans de l’esprit-de-vin.
des empereurs , des généraux et des officiers supé- Le chlore ne se rencontre dans la nature qu'en
rieurs : il était de pourpre ou d’une étoffe légère et combinaison avec des métaux, particulièrement avec
précieuse; le sagum, d’une étoile plus grossière : le sodium dans le sel marin ou sel de cuisine, avec
c’était la chlamyde des soldats et du peuple; la le potassium , le magnésium , l’argent , le mercure
chlœna chlamyde d’hiver, et qui était ordinaire- et le cuivre. LesVolcans exhalent aussi des vapeurs

ment fourrée à poil. Les femmes grecques et ro- formées de la combinaisoh du chlore avec l’hydro-
maines portaient aussi des chlamydes, mais plus lé- gène. —On obtient le chlore en chauffant du per-
gères et plus courtes que celles des hommes : on oxyde de manganèse avec de l’acide chlorhydrique ;
leur donnait les noms deChlamydion etChlanidion. il se produit, dans cette réaction, de l’eau, du chlo-

CHLAMYDOSAURE [d\i grec chlamys manteau, rure de manganèse et du chlore gazeux.


et sauras, lézard), Chlamydosaurus, genre de Sau- Le chlore forme avec l’oxygène cinq combinaisons,
riens de la Nouvelle-Hollande, voisin des Dragons et toutes acides : V acide hypochloreux (CIO), V acide
des Sitanes, doit son nom h l’existence d’une sorte chloreux (CIO’), V acide hypochlorique (CIO*) ,\’ acide
de collerette membraneuse , située sur les côtés du chlorique (CIO^), et Vacide perchlorique (CIO').
, , , ,

CHLO — 339 — CHLO


L'hydrogène est l’élément pour lequel le chlore ma- sous le nom à’ esprit-de-sel. y ers la fin du xvii» siè-
nifeste le plus d’afflnité : lorsqu’on expose aux rayons cle, Glauber en simplifia la préparation en traitant
solaires le mélange des deux gaz , ils se combinent dans un appareil distillatoire le sel marin par l’huile
instantanément avec une forte explosion le produit
;
de vitriol. En 1772, Priestley recueillit le premier
est l’acide chlorhydrique. Le chlore forme avec les sur le mercure l’acide gazeux, et en étudia les pro-
métaux un grand nombre de chlorures. V. ci-après. priétés; MM. Gay-Lussac et Thénard, ainsi que Hum-
Gazeux ou dissous dans l’eau, le chlore, à cause de phry Davy, établirent les premiers la véritable com-
son affinité pour l’hydrogène , détruit les matières position de l’acide chlorhydrique.
colorantes végétales et animales ; cette propriété est CHLORIDE, combinaison du chlore avec un mé-
utilisée dans l’industrie pour le blanchiment des tis- tal ayant la propriété de se combiner avec d’autres
sus. Le chlore détruit aussi subitement les matières chlorures métalliques pour former des sels : le bi-
odorantes, les germes putrides, les miasmes délétères chlorure de platine, par exemple , se combine avec
répandus dans l’atmosphère. Pratiquées dans des le chlorure de potassium; Berzélius désigne le pre-
lieux qui ne peuvent être évacués, les fumigations mier chlorure comme un acide, et le distingue de
de chlore gazeux ont l’inconvénient d’irriter les or- l’autre par le nom de chloride. Aujourd’hui, on
ganes et de fortement incommoder : Labarraque, donne plus communément ce nom à celles des com-
en 1822, les a remplacées avec avantage par des as- binaisons du chlore avec les corps non métalli-
persions de liquides qu’on appelle vulgairement chlo- ques qui donnent des acides au contact de l’eau ; le
rures, mais qui sont des mélanges de chlorures et chloride phosphoreux, par exemple, donne, par
d’hypochloriles. Voy. ce mot. l’eau , de l’acide phosphoreux et de l’acide chlcm-
Le chlore fut découvert en 1774 par Scheele, qui hydrique; le chloride phosphorique donne de l’a-
le nomma d’abord acide muriatique de'phlogisti- cide phosphorique et de l’acide chlorhydrique.
qué; plus tard, Lavoisier et Berthollet, l'envisageant CHLoniDE, CJilorida (du grec chlôros, vert), genre
comme de l’acide muriati([ue surchargé d’oxygène de Coléoptères tétramères, famille des Longicor-
l’appelèrent acide muriatique oxygéné. A partir de nes , tribu des Cérambycins , est caractérisé par
1811, il fut constaté en France par MM. Gay-Lussac son présternum simple, sa tête horizontale, ses an-
et Thénard, et par Humphry Davy en Angleterre, tennes pubescentes, et par les deux épines qui ter-
que ce corps est un élément. Berthollet utilisa le minent l’extrémité de chaque élytre. L’espèce type
premier en 1785 l’action du chlore sur les matières est la Chlorida costata du Brésil, qui se tient sur
colorantes en l’appliquant au blanchiment des tissus. les feuilles ou le tronc des arbres , et fait entendre
Le professeur Hallé de la Faculté de médecine de Paris un son aigu, qu’elle produit avec son corselet.
signala, vers la même époque, les propriétés antisep- CHLORIDÉES (de Chloris, genre type), tribu des
tiques du chlore, et en 1791 Fourcroy le recom- Graminées. Voy. chloris.
manda comme propre à désinfecter les cimetières CHLORION (de chlôi'os,\eri), genre d’insectes
les salles de dissection, les étables dans les cas d’épi- Hyménoptères, famille des ÎFouisseurs, renferme des
zootie; à détruire les effluves infectes, les virus con- insectes à tête grande, aplatie, large; aux mandi-
tagieux , etc. Guyton-Morveau popularisa l’emploi bules développées et tranchantes. Leur couleur est
du chlore comme désinfectant par l’invention d’un d’un vert émeraude doré ou un peu violet. Leur pi-
petit appareil portatif, propre à faire les fumigations. qûre est venimeuse. Les Chierions sont remarqua-
CHLOREUX i acide), combinaison de chlore et bles par l’adresse avec laquelle ils tuent les ravets,
d’oxygène (CIO®) contenue dans les chlorites. qui servent de nourriture à leurs larves.
CHLORHYDRATE, synon. de chlorure. V. ce mot. CHLORIQUE (acide), combinaison de chlore et
CHLORHYDRIQUE (acide), dit aussi acide hydro- d’oxygène (C105) contenue dans les chlorates. A l’état
chlorique ou muriatique, dit autrefois esprit de de liberté, cet acide forme un liquide très-altérable.
sel pimant combinaison de chlore et d’hydrogène CHLORIS (du grec chlôros, vert), genre delà fa-
(ClH),est gazeuse, incolore, irrespirable, d’une odeur mille des Graminées, type de la tribu des Chlori-
suffocante et d’une saveur très-acide. Cet acide éteint dées, composéde plantes d’un port élégant, àchaume
les corps en combustion; il a la plus grande affinité simple ou rameux , à feuilles planes , à épis digités
pour l’eau : lorsqu’on débouche sous ce liquide un et à épillets sessiles. Ces plantes se trouvent dans
üacon rempli de ce gaz bien pur, l’eau s’élance dans l’Amérique du Sud, aux États-Unis , au Cap de
le vase avec tant de rapidité, que l’œil ne peut la Bonne-Espérance et aux Indes orientales.
suivre. L’acidé chlorhydrique du commerce est une CHLORITES , sels formés par l’acide clüorcux et
dissolution de ce gaz dans l’eau plus ou moins co-
,
une base. On obtient les chlorites, en même temps
lorée en jaune par des matières étrangères, et ré- que les chlorates , en faisant passer la vapeur de
pandant des fumées à l’air. — On obtient le gaz l’acide hypochlorique dans un cdcali. Les clilorites
chlorhydrique en mettant du sel marin ou chlo- sont colorés en jaune, et présentent peu de stabilité.
rure de sodium on contact avec de l'acide sulfuri- CHLOROFORME (par contraction des motschlore
que ; il se produit ainsi du sulfate de soude et de et formique faisant allusion à l’une des transfor-
l’acide chlorhydrique. — Cet acide se dégage inces- mations de ce corps ), dit aussi perchlorure de for-
samment des volcans, notamment du Vésuve, et se myle , composé organique renfermant du carbone
condense avec les vapeurs aqueuses, en formant des de l’hydrogène et du chlore (C’HCU), est incolore,
ruisseaux ou des sources acides, quelquefois assez huileux , d’une odeur éthérée et d’une saveur dou-
abondantes. On le trouve encore dans quelques eaux ceâtre. Sa densité est de 1,48. 11 est insoluble dans
thermales de l’Amérique du Sud et dans les eaux du l’eau, mais est très-soluble au contraire dans l’alcool.
Rio-Yinagre , où il est mêlé à l’acide sulfurique. L’acide sulfurique n’a pas d’action sur lui. Il bout
L’acide chlorhydrique a de nombreux usages dans à 61»; il ne s’enflamme que difficilement, mais il
les arts. Il sert à la fabrication du clilore et des hy- brûle avec une flamme bordée de vert quand on
pochlorites, de l’eau régale, du gaz acide carboni- enflamme une mèche de coton qui en a été impré-
que, enfin du sel d’étain et de la composition d’étain gnée. En contact avec une solution alcoolique de po-
employés dans les ateliers de teinture et d’indiennes. tasse , il se convertit en acide chlorhydrique et en
Baumé en a conseillé l’usage pour le blanchiment acide formique ; de là le nom de chloroforme. On
de la soie destinée à la confection des blondes et l’obtient en distillant l’esprit-de-vin avec du chlo-
des gazes. Les chimistes l’emploient fréquemment rure de chaux. On emploie beaucoup aujourd’hui le
dans tes laboratoires ; étendu d’eau il est appliqué chloroforme en chirurgie pour ses propriétés anesthé-
,
en médecine comme antiseptique et diurétique. siques quelques gouttes de ce composé, versées dans
:

L’acide chlorhydrique était connu des alchimistes le creux d’une éponge ou sur un mouchoir de poche,

22 .
, , ,

CHLO — 310 — CHLO


déterminent souyent, au bout de quinze ou vingt in- tidien, bruit de soufflet, de ronflement, de dia-
spirations,une insensibilité complète. L’inhalation ble, etc. Ce bruit se perçoit facilement en appliquant
du chloroforme est beaucoup moins désagréable que l’oreilleà la base du cou, au-dessus de la clavicule;
celle de l’éther, mais elle n’est pas non plus sans il est continu et non intermittent. La durée de la
danger il faut avoir soin de ne pas intercepter le
: chlorose est très-variable ; dans les cas les moins gra-
passage de l’air, et tenir autant que possible le patient ves, on la voit céder en vingt ou trente jours; il n’en
couché. — Le chloroforme a été découvert en 1831 est pas de même lorsqu’elle est ancienne
,
et surtout
par M. Soubeiran ; M. Dumas en a le premier établi la compliquée d’autres affections. La première indication
composition, en 1834; mais c’est le docteur Simpson à remplir est de rendre au sang ses propriétés et de
d’Edimbourg qui, en 1847, l’a proposé pour rempla- combattre l’affaiblissement général. On y parvient à
cerl’éther (E. éthérisation). Le Dr Yvonneau adonné l’aide de médicaments toniques variés, parmi lesquels
un traité Du Chloroforme et de ses applicationsA?&Z. le plus efficace est le fer, que l’on emploie à l’état élé-
CHLOROMÉTRIE ( de chlore, et du grec métron, mentaire, à l’état de sel (sous-carbonate, et lactate),
mesure) , méthode d’essai des chlorures décolorants seul ou associé â d’autres substances toniques ou exci-
au moyen d'un instrument appelé chloromètre, qui tantes, notamment à l’iode; on y joint utilement les
indique combien de chlore ils renferment. Cet instru- eaux ferrugineuses de Spa, de Passy, de Vichy, de
ment consiste en une burette graduée dans laquelle on Plombières. Sous le rapport de l’hygiène, il faut aux
verse une solution d’indigo dissous dans 9 parties d’a- malades des habitations saines, aérées et bien éclai-
cide sulfurique, dite liqueur d’épreuve; lorsqu’on veut rées , des vêtements chauds et légers , une alimenta-
essayer du chlorure de chaux, on délaye 5 grammes tion tonique; on recommande la gymnastique, la
rfe ce sel dans un demi-litre d’eau , et l’on essaye danse, l’équitation, la promenade, les voyages, la na-
combien ce liquide décolore de divisions de la li- tation dans l’eau froide, surtout dans l’eau de mer.
queur d’épreuve : chaque degré de la buretteindique CHLOROXYCARBONIQUE ou oxychlorocarboni-
10 litres de chlore par kilogramme de chlorure. Le QOE (gaz) , dit aussi phosgène, combinaison de
chlorure de chaux pur renferme 101 litres de chlore chlore et d’oxyde de carbone (CO Cl ), correspon-
par kilogramme; mais jamais celui du commerce dant à l’acide carbonique (CO®), qu’on obtient èn
n’atteint ce degré de saturation. Les blanchisseurs exposant des volumes égaux de ces gaz à l’action di-
emploient ce genre d’essai. 11 a été proposé en 1794 recte des rayons solaires. Onle prépare en faisant pas-,
arDescroizilles, et perfectionné en 1824par M. Gay- ser de l’oxyde de carbone dans du perchlorure d’an-
E ussac. —
Comme la liqueur d’épreuve faite avec timoine. C’est un gaz d’une odeur suffocante, que le
l’indigo peut s’altérer, et qu’il est assez difficile de contact de l’eau décompose en acide carbonique et aci-
saisir avec précision le moment où l’action déco- de chlorhydrique. On en doit la découverte à J. Davy.
lorante du chlore est complète , Gay-Lussac a pro- CHLORURE, se dit de toute combinaison du chlore
posé, en 1835, d’employer une solution de 4gr., 42 avec un autre corps, et en particulier des sels formés
d’acide arsénieux dans 32 grammes d’acide chlorhy- par le chlore et un métal. Le même nom se donne
drique, étendue d’une quantité d’eau suffisante pour aussi, mais improprement, à des combinaisons déco-
que le tout fasse un litre de liquide , et légèrement lorantes et désinfectantes formées par un acide oxy-
colorée en bleu par quelques gouttes d’indigo; l’a- géné du chlore, et popularisées par Labarraque ;

cide arsénieux passe à l’état d’acide arsénique en tels sont les chlorures de chaux, de soude, de po-
présence de l’eau et du chlore , et au moment où tasse, qui ne sont que des hypochlorites [Voy. ce
l’action est complète, la teinte bleue du liquide dis- mot). On se sert des dénominations de protochlo-
paraît. Ce nouveau mode d’essai est préférable. rure, deutochlorure etc., pour désigner les chlo-
CHLOROl'HY’LLE (du gTecchlôros, vert, tiphyl- rures dont la composition correspond aux protoxy-
lon, feuille), dite aussi Chromule [àn chrôma des et aux deutoxydes formés par les mêmes mé-
couleur), et Fécule verte, matière qui colore en vert taux. On obtient les chlorures métalliques soit en com-
les différents organes des plantes, et dont les carac- binant directement le chlore avec les métaux, soit en
tères se rapprochent de ceux de la cire. dissolvant les oxydes ou les carbonates dans l’acide
CHLOROSE (du grec chlôros, verdâtre ), vulgai- chlorhydrique. La plupart des chlorures sont solides
rement L’dZev couleurs, maladie caractérisée par la et cristallisables. 11 existe aussi des chlorures naturel-
décoloration , la pâleur excessive de la peau , sur- lement liquides et fumant à l’air. A part le chlorure
tout de celle de la face la flaccidité des chairs , un
,
d’argeu t, le protochlorure de cuivre et le protochlorure
état de faiblesse habituelle et de langueur géné- de mercure, tous les chlorures sont solubles dans l’eau;
rale , la dépravation des fonctions digestives, la pe- aussi on recon naît aisément un chlorure en ajoutant à
titesse et la fréquence du pouls, les palpitations, la sa solution une goutte de nitrate d’argent, qui forme
gêne de la respiration , les lassitudes spontanées , alors un précipité caillebotté de chlorure d’argent,
la tristesse, etc. On a émis les opinions les plus insoluble dans les acides, très-soluble dans l’ammo-
diverses sur la nature de cette maladie elle parait
: niaque. Sauf les chlorures d’or et de platine, tous
tenir principalement à un affaiblissement des quali- les chlorures résistent au feu sans se décomposer.
tés stimulantes du sang, état connu sous le nom d’a- Chlorure d’antimoine, protochlorure d’an-
némie ( Voy. ce mot) La chlorose se manifeste surtout
. timoine ou beurre d’antimoine (Sb CU), substance
chez les jeunes filles à l’époque de la puberté; il y a blanche, demi-transparente, d’un éclat gras et comme
aussi quelques exemples d’hommes chlorotiques. Un onctueux. C’est un caustique très-violent, dont les
tempérament lymphatique, une constitution faible, médecins se servent souvent pour cautériser certaines
un genre de vie sédentaire , l'habitation dans les plaies, surtout celles qui sont produites par la mor-
grandes villes; le sommeil trop prolongé ou les veil- sure des animaux enragés ou venimeux. Dans les arts,
les immodérées; l’influence du froid humide; des il est employé pour bronzer les métaux, notamment

aliments peu nourrissants ou indigestes; l’abus des le fer; les armuriers en font fréquemment usage pour
boissons aqueuses, des bains tièdes, prédisposent à donner aux canons de fusil la teinte du bronze. —
cette maladie. On peut ajouter à ces causes l’ennui, L’eau ne dissout le chlorure d’antimoine qu’avec le
le chagrin , surtout l’amour contrarié ;
la nostalgie, concours d’un acide ; seule, elle le convertit en un pré-
l’aménorrhée , la ménorrhagie et la dysménorrhée, cipité blanc, granulé, ressemblant au lait caillé, qui
l’abus de certains plaisirs; en un mot, toutes les constitue Yoxychlorure d’antimoine nommé jadis
causes débilitantes. Un
des symptômes les plus re- mercure de vie et poudre d’Algarot. Voy. ce mot.
marquables de la chlorose , c’est la vibration so- Chlorure d’argent (Ag Cl), précipité blanc, caillc-
nore que rendent sous le stéthoscopelcs artères caro- botté, qui se colore promptement à la lumière; inso-
tides et sous-clavières, et qu’on appelle bruit caro- luble dans l’eau et les acides il se dissout aisément
,
CHLO — 341 — CHOC
dans l’ammoniaque. Après avoir été fondu, il est i mercure le protochlorure ou chlorure mercureux
:

mou, flexible et assez semblable à la corne ; de là (Hg’ Cl), appelé aussi calomel ou mercure doux
[

le nom de lune cornée ou S argent corné que lui |


(
Voy. calomel) le deutochlorure ou bichlorure de
;

donnaient les anciens chimistes il se trouve dans


: mercure, chlorure mercurique (Hg Cl), appelé
la nature. Voy. argent chloruré. aussi sublimé corrosif [Voy. sublimé). Berthollet
Chlorure d’azote ou ammoniaque trichlorée est le premier qui ait établi les différences qui exis-
(N CP), liquide jaune qui détone d'une manière épou- tent entre les deux chlorures de mercure.
vantable par la chaleur ou par le choc; il se produit Chlorure d’or, dissolution de l’or dans l’eau régale,
quand on fait passer du chlore dans du sel ammo- d’un rouge foncé à l’état concentré, et jaune à l’état
niac. 11 a été découvert en 1811 par Dulong, qui a de dilution donne, par l’évaporation, de beaux cris-
,

été blessé deux fois en l’étudiant. taux jaunes, déliquescents, composés de cA/oncre
Chlorure de baryum (Ba Cl), sel blanc cristallisé, d'or et diacide chlorhydrique. On emploie ce sel
très-àcre et vénéneux, qu’on emploie dans les labo- en médecine contre les maladies scrofuleuses et vé-
ratoires pour découvrir l’acide sulfurique nériennes. Le chlorure double d’or et de sodium
Chlorure de calcium (Ca Cl), sel blanc, amer, dé- sert aux mêmes usages.
liquescent, extrêmement soluble dans l’eau ; il existe Chlorure de phosphore. 11 en existe deux : le proto-
tout formé dans les eaux de la mer et de plusieurs chlorure ou chloride phosphoreux (PCF) et leper-
fontaines. On l’obtient en dissolvant la chaux dans chlorure ou chloride phosphorique (PCF). Le pre-
l’acide chlorhydrique et calcinant 1e produit. Les mier, découvert par MM. Gay-Lussac et Thénard,
chimistes s’en servent fréquemment pour dessécher en 1808, est un liquide incolore; le second est un
les gaz, les éthers et les matières huileuses ; les mé- corps solide répandant à l’air d’abondantes fumées
decins le prescrivent contre les maladies scrofu- qui affectent rivement les yeux et la poitrine. On les
leuses ; il entre dans la composition de certaines eaux obtient en faisant passer du chlore sur du phosphore.
minérales artificielles. Il peut préserver de l'action du Chlorure de platine, ditaussi bichlorure, s,e\ qu’on
feu les matières combustibles. — line faut pas le con- obtient en dissolvant le platine dans l’eau régale;
fondre avec le chlorure de chaux ou hypochlorite. la dissolution est d’un rouge foncé et donne des
Chlorure de carbone. On connaît plusieurs com- cristaux par la concentration. On emploie ce sel
binaisons organiques qui portent le nom de chlo- dans les fabriques de porcelaine pour recouvrir cer-
rure de carbone; elles ne se comportent pas comme tains vases auxquels on veut donner un lustre mé-
les chlorures métalliques, et s’obtiennent lorsqu’on tallique intermédiaire entre le blanc d’argent et le
décompose par un grand excès de chlore, sous l’in- gris d’acier. Klaproth proposa en 1793 ce moyen
fluence des rayons solaires, certains composés orga- d'orner la porcelaine. La solution du chlorure de
niques, tels que l’éther chlorhydrique , le gaz hy- platine produit, avec le sel ammoniac, un précipité
drogène bicarboné, etc. On a employé, dans ces jaunequi,àla calcination, donne l’éponge de platine,
derniers temps, \e perchlorure de carbone (C’CP) destinée aux briquets à gaz hydrogène. Elle sert
pour combattre le choléra ; c’est un composé inco- aux chimistes pour distinguer les sels de soude des
lore, cristallisé, insoluble dans l’eau, d’une odeur sels de potasse; car elle ne précipite que ces derniers.
aromatique et camphrée. Ch. de potasse. Voy. hypochlorite de potasse.
Chlorure de chaux. Voy. hvpochlorite de chaux. Ch. de sodium ou Sel marin. Voy. sel marin.
Chlorure de cuivre (Cu Cl) , sel cristallisé en petites Ch. de soude. Voy. hypochlorite de soude.
aiguilles vertes, très-solubles dans l'eau et l’alcool : Chlorure de zinc, sel blanc très-soluble dans l’eau,
on l’obtient en faisant dissoudre l’oxyde de cuivre déliquescent , caustique , entrant en fusion un peu
dans l’acide chlorhydrique; associé au sel ammo- au-dessous de 100 degrés, et se volatilisant à la cha-
niac, ila été conseillé contre l’épilepsie, et surtout leur rouge. On le prépare en faisant dissoudre du
pour le pansement des ulcères vénériens. zinc dans de l’acide chlorhydrique. 11 a été employé
Chlorure d’étain. On connaît deux chlorures d’é- en médecine, à l’intérieur, à petites doses, comme
tain: le protochlorure oVi sel d’étain (Su Cl), qui se antispasmodique ; on s’en sert encore comme caus-
présente en petites aiguilles blanches et brillantes, tique. Le docteur Campoin l’a mis en vogue dans
d’une saveur fort désagréable ; on l’obtient en dissol- ces derniers temps pour le traitement des cancers.
vant l’étain dans l’acide chlorhydrique il s’emploie: CHOC , rencontre brusque de deux corps qui se
dans la teinture, comme rongeant, sur les fonds ob- heurtent. On distingue le choc droit, lorsque le
tenus avec les sels de fer ou de manganèse, et comme point de contact des corps se trouve sur la droite qu’on
mordant , notamment pour les couleurs violacées, suppose menée par leurs centres de gravité , et le
dont il rehausse beaucoup l’éclat; —
le deutochlorure choc oblique qui se fait de toute autre manière. Au
ou bichlorure, appelé aussi chloride stamxique moment du choc, la vitesse se partage entre les
(Sn Cl’), connu des alchimistes sous le nom de li- deux corps dans un rapport qui dépend de leurs
queur fumante de Libavius, du nom do celui par qui masses. Lorsque les corps sont dépourvus d’élasti-
il a été découvert. Il constitue un liquide incolore qui cité, il y a perte de force vive : ils restent en con-
répand à l’air d’abondantes vapeurs blanches; on tact, ou se meuvent ensemble avec une vitesse
l’obtient en traitant l’étain par lechlore gazeux, ou le moyenne. S’ils étaient parfaitement durs, la déper-
protochlorure d’étain par l’eau régale. La dissolution dition des forces vives, ou la différence entre ces forces
du deutochlorure dans ce dernier agent est connue avant et après le choc, se trouverait égale à la somme
sous le nom i'oxymuriate d’étain ou de mordant d’é- des forces vives qu'auraient les masses animées des
tain; elle s’emploie pour la teinture des laines en écar- vitesses perdues ou gagnées ; mais , comme les corps
late, et la teinture du coton en rouge et en jaune. ne jouissent que d’une élasticité toujours imparfaite,
Chlorure de fer. Il existe deux chlorures de fer. Le une partie de leur force vive est perdue dans le
protochlorure ou chlorure ferreux (FeCl) est un choc : aussi, dans l’exécution des machines, évite-
sel blanc, d’une saveur styptique; il s’obtient
en t-on le plus possible les percussions, qui diminuent
dissolvant la limaille de fer dans l’acide chlorhy- et détruisent la puissance motrice.'
drique; il entre dans la composition de quelques On appelle choc en retour \xxi phénomène électrique

eaux minérales artificielles. Le perchlontre ousex- qui consiste en ce qu’un homme ou un animal placé
quichlorure, ditaussicAZorwre ferrique, fermuriaté, sous un nuage orageux peut être frappé de la foudre
chlorhydrate de peroxyde de fer Fe’ CF de au moment où elle éclate à une assez grande distance
( ), est
couleur brune et très-déliquescent; il fait partie de de lui. Il est tué par le choc du fluide électrique qui
plusieurs préparations pharmaceutiques. avait été amassé sur sa tête par l’électricité contraire
Chlorure de mercure. On connaît deux chlorures de du nuage, et qui, aussitôt que la foudre vient à tom-
,
. . , ,

CHOEU — 342 CHOL


ber, est refoulé rapidement dans le sol. Voy. tonnerre. nairement de douze, qui disent la messe au chœur; :

CHOCOLAT (dérivé, par corruption, du mexicain et, dans les chapitres, les chanoines et les digni-
quachahuall ou chocolatle, formé des mois choco, taires. —On donne le nom à!enfants de chœur à des
i

bruit, et latle, eau, parce que les Mexicains le pré- enfants revêtus d’habits ecclésiastiques qui chantent !

paraient en le faisant mousser dans l’eau chaude )


au chœur ou répondent au célébrant, qui portent
préparation alimentaire, aussi salutaire qu’agréable, Tcncens, et œut ce qui est nécessaire au service divin;
et qui se compose de cacao torréfié et de sucre, broyés eteelui Aerelioieusps de chœur o\x dames dechœur, h.
ensemble par des procédés manuels ou mécaniques ; des religieuses astreintes à la récitation de l’office.
souvent on l’aromatise avec de la vanille, ou de la Chœur signifie aussi un ordre ou rang de quel-
cannelle. Le chocolat est très-nourrissant, et de facile ques-unes des hiérarchies célestes : il
y a neuf
digestion quand il est bien préparé ; il fortifie l’esto- chœurs d’anges formant trois hiérarchies.
mac, et répare promptement les forces épuisées ; aussi CHOEUR. En Musique, ce mot désigne un morceau
le recommande-t-on aux personnes d’une constitution de musique vocale à plusieurs parties dont chacune
faible ou fatiguée. On mange le chocolat soit cru, en est chantée par une réunion de voix plus ou moins
tablettes, en bâtons, en pastilles, soit délayé dans de nombreuses. 11 y a des chœurs pour voix seules (Foy.
l’eau ou du lait chaud; combiné avec les œufs et le ORPHÉONISTES ) , et dcs chœurs avec accompagne-

lait, il sert â faire des crèmes excellentes. En Espa- ment, soit de quelques instruments, soit de tout un
gne, on sucre peu le chocolat, mais on l’aromatise orchestre. Ordinairement, les- chœurs sont à quatre
fortement ; en Italie, on torréfie beaucoup le cacao, ce parties ( soprano , contralto, ténor et basse) quel- ;

qui le rend plus léger et plus digestible. On falsifie le quefois ils le sont à cinq , à trois , à deux parfois
;

plus souvent le chocolat en y ajoutant de fortes quaa- même,Tunisson attaqué par un grand nombre de voix
tités de farine ou de fécule, qui le fout épaissir en constitue le chœur. C’est surtout dans la musique d’é-
cuisant. Le bon chocolat a une cassure unie, d’aspect glise et dans les opéras qu’on chante des chœurs. On
légèrement cristallin; le mauvais a une cassure iné- étend le nom de chœur à la réunion des musiciens
gale, graveleuse, poreuse, de couleur blanchâtre; qui chantent les chœurs on appelle ceux-ci cAorisfev.
:

il épaissit beaucoup. On appelle chocolat de santé Dans la poésie dramatique des Grecs et des Ro-
celui qui est composé exclusivement de sucre et de mains, le chœur était un personnage qui prenait
cacao : contrairement à l’opinion commune, il est part à l’action, et même au dialogue, par la bouche
moins digestible que les autres , parce qu’il ne ren- du coryphée {Voy ce mot). Il ôtait ordinairement
ferme aucun condiment. On prépare aussi des cho- divisé en deux jiarties qui se répondaient alternati-
colats médicamen teux par Taddi tion de certaines sub- vement il se tenait à Torchestre, partie antérieure du
;

stances appropriées aux médications que l’on veut théâtre plus basse que la scène. On trouve des chœurs
produire on y incorpore du salep , de l’arrow-root,
: dans quelques tragédies modernes imitées des anciens;
de la gelée de lichen, de i’osmazôme, du fer ou quel- les plus célèbres son t les chœurs d’Esther et d'A ihalie.
qu’un de ses composés, etc. Longtemps on fabriqua CHOIN, nom vulgaire du genre Schœnus (Voy. ce
le chocolat en broyant l’amande dans un mortier ou mot). — En Minéralogie, on nomme pierre de choin
sur une pierre lisse avec un rouleau; aujourd’hui on un marbre coquillier de couleur ardoise , employé à
y emploie de belles et puissantes machines, mues le Lyon comme pierre de construction.
plus souvent par la vapeur: on remarque entre autres CHOLÉDOQUE (canal), du grec cholè, bile, et
les machines à Iroyer inventées par MM. Poincelet, dochos, qui reçoit; conduit long d’environ 8 centim.,
Legrand, Auger, Hermann ; la machine à mélanger formé par la réunion des conduits hépatique et cys-
et presser le chocolat de M. Devinck, etc. —
On pré- tique. Il est situé au devant de la veine-porte , et
pare le chocolat pour le repas au moyen de cafetières au-dessous de l’artère hépatique, entre les deux
faites exprès et dites chocolatières {Voy. ce mot). feuillets de Tépiploon gastro-hépatique; il vas’ouvrir
Lorsque les Espagnols découvrirent le Mexique dans le duodénum , vers la partie postérieure de sa
(1520), le chocolat faisait une grande partiede la nour- seconde courbure, et y verse la bile.
riture des indigènes. Importé en Europe, il se répandit CHOLÉRA ou CHOLÉRA-MORBUS (du grec choléra,
bientôt dans tout le Midi; son usage ne devint com- maladie bilieuse, et du latin morbus maladie),
mun en France que sous la régence d’Anne d’Au triche. maladie aiguë des voies digestives, dont les symptômes
CHOCOLATIÈRE (de chocolat), espèce de cafe- les plus apparents sont des vomissements nombreux,
tière cylindrique ou légèrement conique dans la- des déjections alvines fréquentes et d’un caractère
quelle on prépare le chocolat que Ton veut prendre tout particulier, la diminution ou la suppression
liquide ; le couvercle de la chocolatière est percé des urines , des spasmes et des crampes très-doulou- |

d’un trou au milieu pour donner passage au man- reuses dans tous les membres, etc. On distingue le I

che d’un Instrument dit moussoir, qui sert à l’agiter choléra épidémique, qui exerce ses ravages sur des i

circulairement en le faisant rouler entre les mains. populations entières, et le choléra sporadique, qui !

CHOENIX , mesure grecque. Voy. cuénice. frappe seulement certains individus isolés. i

CHOËPHORES (du grec choè, libation, etphérâ, Le CHOLÉRA ÉPIDÉMIQUE, qu’on appelle aussi Ch. !

'

porter). On nommait ainsi chez les Grecs ceux qui asiatique, parce qu’il est originaire de l’Asie , éclate
portaient les offrandes destinées aux morts. C’est le souvent subitement, surtout pendant la nuit; sou-
titre d'une trag. d’Eschyle où figurent des c/ioeÿ/iorM. vent aussi il est précédé d’une période d’incubation
CHOEROPOTAME(Po)’crfen‘w'é/’e),nomdonnépar de 2 à 8 jours; de lâ, la distinction d’un Ch. léger
Cuvier à un Cochon fossile retrouvé depuis en Afrique ou Cholérine , lorsque les symptômes disparaissent i

CHOEUR (du grec choros , même signification ), pendant la période d’incubation , et d’un Ch. grave, |

partie de la nef d’une église destinée à recevoir le dit aussi Ch. algide, asphyxique, cyanique qui
clergé pendant l’office divin. On
distingue le chœur tantôt succède à la Cholérine, tantôt est foudroyant. ;

ordinaire, situé en avant de Tautel, et le chœur à Le Choléra léger ou Cholérine consiste surtout
la romaine, qui est placé derrière. Le chœur des dans un trouble des voies digestives, caractérisé par la |

églises n’a été séparé de la nef que sous le règne diarrhée, avec sentiment de malaise général et ten-
j

de Constantin. Dans le xii» siècle , on commença à dance aux sueurs froides, par un abattement insolite
le fermer de murailles. —
Dans les monastères de des forces physiques et morales, l’insomnie, l’anxiété |

femmes, on appelle chœur une salle attachée au corps épigastrique, la faiblesse du pouls ; puis par des nau- |

de l’église, dont elle est séparée par une grille , et séeset quelquefoisdesvomissements,desurinesépais-
'

d’où les religieuses peuvent voir et entendre ce qui rouges, des déjections alvines fréquentes,
ses, rares et ,

se fait à Tautel. — On nomme encore ainsi , dans jaunâtres ou sanguinolentes, presque toujours mêlées

j

les paroisses , un certain nombre de prêtres, ordi- de mucosités blanchâtres. Ordinairement on arrête

1
,

CHOL — 343 — CHOL


cessymptômes au moyeu de la diète et de lavements maladie et sur sa cause première. Pendant fort long-
amidonnés et laudanisés, auxquels on joint pour bois- temps il a été considéré comme une sorte d’empoi-
son de l’eau de riz édulcorée avec un sirop astiingent, sonnement résultant d’une modification survenue
et, si ces moyens sont insuiEsants, à 1 aide d’un vo- dans les qualités de la bile. Depuis Galien, tous les
mitif léger (
ipécacuanha )
ou d’un purgatif salin. médecins humoristes ont successivement reproduit
Si, malgré ce traitement, les symptômes s’aggravent, cette opinion. Willis, le premier, place le choléra sous
le vrai choléra ne tarde point à se déclarer. la dépendance d’une altération du fluide nerveux;
Le Choléra grave offre deux périodes bien distinc- Cullen le range parmi les névroses ; Pinel , Brous-
tes : période algide onde cijanose, et la période fé-
la sais, Boisseau, Roche, etc., le classent parmi les
brile on de réaction. La'lfe se manifeste dès le début phlegmasies de la membrane muqueuse digestive.
par des vomissements abondants et des évacuations al- Pour les médecins modernes , cette maladie n’est
vines aqueuses, blanchâtres, semblables à une eau de antre chose qu’une névralgie gastro- intestinale
riz mêlée de flocons albumineux ; l’urine est suppri- compliquée d’un flux actif à la surface de la mem-
mée; un cercle violacé et brunâtre entoure les orbites; brane muqueuse , et doit être classée avec la gas-
il existe un désordre tout particulier dans le regard le ;
tralgie, l’entéralgie et le vomissement nerveux.
pouls se ralentit et devient bientôt insensible ; les ar- M. Rocheux attribue les symptômes du choléra à une
tères sont vides de sang, l’oppression est extrême; les altération primitive du sang produite par un agent
membres sont tourmentés de crampes violentes ; la délétère qui paraît agir spécialement sur les nerfs
peau ,
complètement froide, prend une teinte livide de la circulation et de la respiration , et sur la mu-
et bleuâtre (en grec, cyanos, d’où le nom de cyanose) ; queuse digestive : autrement dit , c’est une névrose
il semble que la vie soit éteinte à la surface, et le malade des organes placés sous l’influence du nerf grand-
ressemble à un carfaore vivant; il est dévoré d’une soif sympathique; ce que prouvent la cyanose, le refroi-
ardente, et cependant sa langue est froide et son ha- dissement, les vomissements, la diarrhée, les cram-
leine glacée; jusqu’à la fin il conserve toute son intel-
ligence. Si Ion ne peut arrêter les progrès du mal, la
pes, la suppression des urines, etc. —
Quant à la cause
première, le choléra est, suivant les uns, le résultat
mort arrive quelquefois au bout de quelques heures, d’une altération primitive de l’air ; suivant les autres,
terme moyen en 20 heures. Dans le cas contraire, à la l’effet de la présence d’animalcules vénéneux répan-
période algide succède la période de réaction. Cette dus dans l’atmosphère ; quelques-uns l’attribuent à
2« période s’annonce par une amélioration sensible, une influence électrique ou magnétique, à des chan-
un rétablissement progressif de toutes les fonctions gements survenus dans le cours des astres, etc. Le
organiques; et la guérison s’achève, à moins qu’une principe du choléra épidémique paraît évîdemnaent
rechute ne vienne l’entraver: une trop forte réaction, résider dans l’air et avoir l’atmosphère pour véhicule :
sous forme typhoïde ou comateuse, peut alors enle- toutefois l’analyse de l’air recueilli dans 20 endroits
ver le malade en 8 ou 10 jours. de Paris , pendant que le fléau sévissait avec le plus
Le traitement du choléra grave a été jusqu’ici de rigueur, n’a rien démontré d’extraordinaire dans
plutôt empirique que rationnel. Dans la pé- la composition de l’atmosphère. —
On s’accorde assez
riode, on réchauffe le malade par des applications généralement aujourd’hui à repousser l’idée de la
externesde corps chauds (linge, laine , briques, sa- contagion du choléra dans le sens rigoureux du mot;
ble, etc.) sur le ventre et même sur la tête; on ra- cependant, plusieurs faits tendent à faire croire qu’il
nime la circulation du sang et la respiration au peut prendre dans certains cas un caractère conta-
moyen de sinapismes et de frictions sèches ou al- gieux. On reconnaît généralement comme causes
cooliques et ammoniacales; on calme les douleurs prédisposantes la misère et les privations qu’elle en-
abdominales, soit par l’application de sangsues ou traîne, l’insalubrîté des habitations, surtout l’humi-
de ventouses à l’épigastre, soit à l’aide de cata- dité, les alternatives de chaud et de frôid , l’intem-
plasmes chauds laudanisés; on modère les selles par pérance et les excès de tout genre.
des lavements émollients, amidonnés et opiacés, Le CHOLÉRA SPORADIQUE, moins grave que le précé-
ou faits avec une décoction de ratanhia; on modère dent, est celui dont l’existence paraît être la plus an-
les vomissements en faisant prendre fréquemment des cienne; il frappe brusquement, en toute saison, mais
petits fragments de glace ou de l’eau de Seltz; on surtout pendant les chaleurs de l’été, sans causes pré-
apaise les crampes par des frictions faites avec de disposantes bien détenninées : les excès de table, une
l'huile d’amandes douces et du laudanum, avec le mauvaise digestion ou l’usage d’aliments de mauvaise
camphre, le chloroforme, etc. ; on a proposé encore qualité suffisent pour le provoquer. 11 débute par des
des ligatures appliqu,ées sur les muscles. Dès que la crampes douloureuses dans l’abdomen ; viennent en-
réaction s’établit , il faut la maintenir dans de justes suite des vomissements répétés d’aliments à demi di-
bornes, la provoquer par de légers excitants ou la mo- gérés et de matière verte, puis d’une substance plus
dérer par des antiphlogistiques empêcher surtout les
;
foncée, verdâtre, brune ou noirâtre des déjections al-
;

congestions sanguines vers les grands centres orga- vines fréquentes et de même nature; une douleur vive,
niques; enfin, surveiller attentivement le régime. déchirante et brûlante dans tout le canal intestinal,
On a préconisé contre le choléra une foule de avec refroidissement et contractions spasmodiques
naoyens et de méthodes absolues qui ne peuvent être des membres, et des défaillances; il atteint souvent
signalés que pour mémoire : tels sont le traitement en quelques heures son maximum d’intensité : rare-
par l’eau chaude ( 12 à 15 verres à boire en deux ment il se prolonge au delà de 48 heures. Pen- —
heures) ; celui par l’eau froide (affusion la trans- dant les premières heures , pour calmer la soif ar-
) ;

fusion du sang ( Dieffeubach ) ; l’injection dans les dente du malade et adoucir les contractions de
veines d’infusions salines, de gaz hilarant ou pro- l’estomac, on emploie soit une boisson légère et
toxyde d’azote; les inspirations de chlore, d’oxygène; mucilagineuse par quart de verre (Celse, Sydenham),
les frictions mercurielles, la gai vano-puncture, l’ad- soit l’eau de gomme ou de groseilles à très-petites
ministration du charbon végétal, de l’huile de caje- doses Pinel , Récamier ) ; d’autres médecins défen-
(
put , de la vératrine, de la magnésie, du bismuth; dent toute boisson , et y substituent quelques cuille-
l’emploi des excitants , aromatiques et sudorifiques rées de limonade ou seulement quelques tranches
tels que le camphre, l’éther, l’ammoniaque, le punch, d’orange, ainsi qu’un peu d’eau de laitue et de sirop
le vin chaud l’application d’armures métalliques, etc. diacode ; on recommande aussi les cataplasmes sur le
;
Les méthodes les plus simples, les plus rationnelles et ventre et les lavements émollients et narcotiques. Si
les moins excentriquesparaissent avoir lejnieux réussi. les progrès du mal augmentent, on a recours au lau-
Les opinions les plus diverses ont été émises sur danum liquide ou à l’extraitgommeux d’opium et
la nature du choléra, sur le siège organique de cette aux rubéfiants ; un large vésicatoire sur l’épigastre a
, , ,.,

CHOR — 344 — CHOR


souyent réussi (Fouquier, Orfila). On combat les enfants,
femmes, ceux qui ont un tempérament
les
vomissements au moyen de la glace, du camphre, du nerveux ou qui habitent un climat froid et humide.
musc, du Colombo, de l’éther, etc. Elle peut être héréditaire. Ses causes les plus fré-
Le choléra parait avoir été connu dès la plus haute quentes sont la peur, la jalousie, la colère, et toutes
:

antiquité ; son nom est grec ; il est mentionné par Ga- les émotions vives, l’onanisme, un accroissement trop
lien et par Celse. Il a été désigné à diverses époques rapide, les vers intestinaux, la menstruation difficile,
sous une foule de noms divers. Depuis longtemps une chute sur la tête , une surexcitation cérébrale.
répandu en Europe sous la forme sporadique, il s'y La maladie peut n’occuper qu’un seul côté du
est montré à plusieurs reprises sous laforme épidémi- corps {hémichorée) elle peut être bornée à la face,
;

ipie. La terrible peste noire qui emporta près de la au cou , à l’un des membres , ou à un très-petit
moitié de la population de l’Europe au xiv« siècle nombre de muscles, tels que ceux des yeux, de la
le trousse-galant , l’épidémie observée par Syden- bouche, d’un doigt. Lorsqu’elle est générale, tous
ham en 1669 et 1676, semblent avoir eu beaucoup les mouvements sont désordonnés; le malade ne
d’analogie avec le choléra de nos jours. Ce dernier, peut tenir en place; il a peine à saisir les corps; sa
parti en 1817 des bords du Gange, où ce mal est per- marche est capricieuse, accompagnée de mouvements
manent, ravagea d'abord les lies de la mer des Indes, saccadés et irréguliers ; c’est ce qui a fait donner à
puis l'Arabie et l’Egypte, pénétraen Russie, et envahit cette affection le nom de chorée ou danse. Les cho-
vers 1830 l’occident de l’Europe et même l'Amérique : réiques n’accusent pas de fatigue dans les membres,
la France et l’Angleterre en ont été infestées en 1832, malgré les mouvements continuels qu’ils se donnent ;

en 1849 eten 1854. M. Bouillaud (1832),MM. Briquet en revanche, leur sensibilité est singulièrement exal-
et Mignot (1850) ont donné des Traités du Choléra. tée : ils s’irritent ou pleurent sans motifs ; plusieurs
CHOLÉRINE. Voy. choléra léger. donnent des marques d’idiotisme. Certains médecins
CHOLESTERINE (du grec cholè, bile, et stére’os, regardent cette maladie comme dépendant d’une lé-
solide), matière grasse, solide, blanche et cristal- sion du cervelet ; d’autres l’attribuent à une lésion
line, qui compose souvent les concrétions biliaires. des fonctions du tube intestinal, laquelle réagit sur
On en rencontre aussi en très-petite quantité dans le système musculaire. La chorée dure ordinaire-
la bile. La cholestérine, traitée par Tacide azotique, ment de six semaines à trois mois ; mais si elle passe
se convertit en un acide dit choies térique qui est à l’état chronique, elle peut durer des années. Il n’est
solide, jaune orangé, fusible à 58», peu soluble dans pas rare de la voir récidiver. — Quant au traite-
l'eau , mais soluble dans l’alcool bouillant. ment, on a vanté les émissions sanguines, générales
CHOLIAMBE (du grec fcolewô, boiter, clocher), ou et locales, mais surtout les purgatifs, tels que le calo-
ScAZON, vers ïambique dont le dernier pied est un mel et le jalap les toniques, comme le quinquina et
;

spondée au lieu d’être un ïambe , ce qui le fait clo- lesferrugineux; les antispasmodiques, surtout lors-
cher : les fables de Babrius sont dans ce mètre. Ex. : qu’on les unit à d’autres médicaments, tels que valé-
riane, assa fœtida, musc, camphre, belladone, mor-
FûIsS rë quOn dam eSn dTdî tTb! s51ês.
I | { | (
phine, etc. On a également recours aux bains froids,
_
CHONDROPTÉRYGIENS (du grec chondros, car- par immersion ou par surprise, aux bains sulfureux,
tilage, et ptéryx nageoire), nom donné par Artédi à l’électricité et aux exercices gymnastiques.
aux poissons dits aujourd’hui Cartilagineux. CHORÉE (en grec choréios), nom donné quelquefois
CHOPE (de l’allemand schœppen), sorte de gobe- chez les Grecs elles Romainsau trochée. Voy. cemot.
let fort évasé, en forme de cône tronqué renversé CHOREGE (du grec choros, chœur, tiagô, con-
dont on se sert pour boire la bière, et dont l’usage a duire). On nommait ainsi, chez les Athéniens, le ci-
été récemment introduit de Belgique en France. Sa toyen qui était chargé, dans les fêtes où l’on donnait
contenance est celle de la chopine. des jeux scéniques,de fournir le chœur: il devait l’in-
CHOPINE (du bas latin copa, coupe, ou de l’allem struire, le diriger, le costumer, et même le nourrir
schœppen) , anc. mesure de liquides en France, conte- à ses frais. Les fonctions de chorége entraînaient à
nait la moitié d’une pinte, un peu moins de 5 décilitres. des frais considérables , mais elles ouvraient à celui
CHOQUARD Pyrrhocorax (c.-à-d. corbeau roux,
,
qui les acceptait l’accès des premières magistratures.
à cause de la couleur de ses pattes), genre d’oiseaux CHORÉGRAPHIE (du grec choros, danse, et gra-
de l’ordre des Passereaux et de la famille des Coni- phô , écrire , tracer ), art de composer les ballets et
rostres, renferme plusieurs espèces, eutre autres le d’écrire la danse à l'aide de différents signes, comme
Choucas des Alpes et le Coracias huppé ou sonneur on écrit la musique à l’aide de figures ou de carac-
(le Crave de Cuvier). Leur bec est médiocre, plus tères désignés par la dénomination des notes. Jehan
ou moins arqué, échancré à sa pointe ou non ; les Tabouret, chanoine de Langres, est le premier qui
pieds forts, robustes; les tarses plus longs que le ait écrit sur la chorégraphie : il publia en 1588, sous
doigt de milieu, les ailes grandes et pointues, la le pseudonyme de Thoinot Arbeau (anagramme de son
queue légèrement arrondie. Us ont le plumage noir nom), une Orchésographie, où il essayait de tracer,
avec des reflets d’un pourpre changeant au vert. Les à l’aide des notes de la musique, les divers pas des
Choquards ont les mœurs des corbeaux; ils sont danses. En 1701, Feuillet, maître de danse à Paris,
très-sauvages, et habitent les plus hautes vallées des fit paraître la Chorégraphie ou l’Art d'écrire la
Alpes et des Pyrénées ils nichent dans les fentes
: danse par caractères, figures et signes démonstra-
des rochers ; l’hiver, ils descendent dans les plaines, tifs;%a. méthode, perfectionnée par DupréetNoverre,
et se répandent dans les contrées voisines. est encore en usage aujourd'hui. Pour les principaux
CHOQUE , outil dont le chapelier se sert pour chorégraphes , Voy. ballet et danse.
donner au feutre la forme de chapeau. Le choque CHORÉVÉQIJE (du grec chôt'a, pays, campagne,
est en cuivre jaune, presque carré, ayant l’un des et A’ évêque), clerc qui exerçait la plupart des fonc-
côtés un peu contourné en rond, afin de mieux em- tions épiscopales dans les lieux où il était envoyé par
brasser la forme du chapeau , et l’autre roulé à jour les évêques. On fait remonter l’origine de cette di-
pour servir de poignée. gnité au temps des apôtres. L’usage s’en perdit vers
CHORAL (chant). Voy. chant (d’église). le IX' Siècle. Leurs fonctions passèrent, du moins en
CHORÉE (du grec choréia, danse), dite aussi partie, aux archidiacres et aux archiprêtres. —A
danse de Saint-Guy ou de Saint-Wit, scélotyrhe Trêves, la dignité de Chorévêque était attribuée à
choréomanie, etc. , maladie caractérisée par des quatre chanoines. A Cologne, ce nom est encore
mouvements involontaires et désordonnés d’un cer- donné au premier chantre ; mais, dans ce cas, choré-
tain nombre de muscles, principalement des muscles vêque signifie évêque ou chef du chœur.
des membres. Cette maladie attaque de préférence les CHORIAMBE, mètre de la poésie grecque et la-
, , —
,.

CHOU 345 — CHOU


tinej qui se composait d’un chorée ou trochée
(* '^) et Ch. de Bruxelles, Ch. à mille têtes. Ch. à petites
d’un ïambe d’où son nom. On appelait vers pommes, poussant à Taisselle de ses feuilles des jets
choriambiques ceux où dominait le choriambe : couronnés par de petites têtes de la grosseur d’une
Pâslôr quBm trïhérét |
pér frSlS nâ j
vlbOs.
noix : c’est un mets délicat; — 3® le Ch.-fleur [Br.
1
botryfis), qui offre une masse charnue, mamelonnée
CHORION (du grec chorion, enveloppe), nom ou grenue, blanche, que l’on mange (F. chou-fleur);
donné, en Anatomie, à l’enveloppe extérieure de — 4® le Ch.-brocoli, variété mitoyenne entre le chou-
l’œuf des mammifères. On donne aussi le nom — fleur et le chou vert, très-estimée. Voy. brocoli.
de chorion à plus épaisse de la peau.
la partie la On nomme Chou bâtard, l’Arabette tourrette Ch. ;

CHORISTE,qui chante dans \o% choeurs. V. choeur. caraïbe, le Gouet comestible, le Caladion; Ch.de
CHORlZONTE(du grecchôrizô, séparer), critiques c/iie«,la Mercuriale des bois; Ch. de C/ime, une Brède;
grecs qui tirent des poèmes d'Homère l’objet de leurs Ch. gras, la Patience; Ch. marin, le Crambé; Ch. de
recherches, et en retranchèrent plusieurs passages mer, un Liseron; Ch. oléifère, le Colza; Ch. pal-
qui leur semblaient interpolés. Voy. diascévastes. miste, le gros bourgeon qui termine la tige du Pal-
CHOROGRAPHIE (du grec chôra, contrée, et mier ; Ch. poivré le Genêt.
çraphâ, décrire), partie de la science géographique CHOUCAS, nom vulgaire de plusieurs espèces de
qui a pour objet de décrire l’ensemble d’une con- Corbeaux et de Passereaux, est donné principalement
trée, d’en indiquer les lieux remarquables, et, en aux deux variétés de Corbeaux suivantes le Ch. des
:

général, tout ce qui peut en donner une idée pré- Alpes [Voy. choquard), et le Ch. de clocher ou Cor-
cise. Elle diffère de la Topographie en ce qu’elle né- neille d’église [Corvus monedula ), dit aussi Cor-
glige tous les détails purement topographiques, tels neillon, répandu dans toute l’Europe et la Sibérie :
que chemins, cours d’eau, accidents de terrain, etc. il habite les clochers, les vieux bâtiments, les troncs

choroïde (du grec chorion, chorion, et éidos, d’arbres creux, et a, comme la pie, l'habitude de
ressemblance), membrane très-mince qui tapisse dérober tous les objets brillants qui sont à sa portée
la partie postérieure de Tœil , offre en arrière une CHOUCROUTE (de l’allemand sauerkraut, chou
ouverture pour le passage du nerf optique , et se aigri), aliment d’un usage presque général dans le
termine en avant vers la grande circonférence de Nord , se prépare avec le chou qumtal , espèce de
l’iris, où elle se continue avec le cercle et les procès chou cabu dont le poids s’élève quelquefois jus-
ciliaires. Ses deux surfaces sont tapissées d’un en- qu’à 40 kilogr. On le coupe en rubans menus et fins
duit brunâtre foncé, dit enduit chordidien. La cho- qu’on mêle à du sel et à des graines de carvi ou de
roïde parait composée de ramifications artérielles genièvre ; on le laisse fermenter dans l’eau végé-
et veineuses, unies par un tissu cellulaire très -fin. tale que fournit le chou , puis on a soin de rem-
On lui attribue pour fonction d’absorber les rayons placer cette eau par une saumure faite à froid.
lumineux qui ne servent pas à la vision. Ainsi préparée et tenue dans un lieu frais, la chou-
On appelle toile choroïdienne un prolongement croute se conserve fort longtemps, et garde toujours
membraneux de la pie-mère, qui tapisse la face infé- sa saveur acidulée. L’emploi de cct aliment à bord
rieure de la voûte à trois piliers , et qui se trouve des vaisseaux qui font de longs voyages contribue
tendu au-dessus du ventricule moyen du cerveau; puissamment à tenir les équipages en santé, et à les
veines choroidiennes ou de Galien, les veines qui garantir du scorbut.
rampent dans la toile choroïdienne glande choroï- ;
CHOUETTES, Strix, genre de l’ordre des Rapa-
dienue, un corps d’une nature particulière qui ces, famille des Nocturnes à tête grosse, avec des
chez les poissons , sépare Tune de l’autre la mem- yeux très-grands, à pupilles énormes, dirigés en avant
brane ruyschienne et la choroïdienne. et plus ou moins complètement entourés par un cer-
CHOU(dulatincau/w.^),Brassfca,g. delafam.des cle de plumes effilées ; l’appareil du vol n’a pas une
Crucifères et de la tribu des Brassicées, a pour ca- grande force. Les bois sont la demeure ordinaire des
ractères essentiels : un calice à sépales dressés une Chouettes, et elles passent la journée entière sur les
,
silique presque cylindrique, grêle, à valves nerveu- branches des arbres les plus touffus , dans des buis-
ses des graines unisériées , à cotylédons condupli-
; sons épais ou des vieux troncs. Elles se nourrissent de
qués. Ce genre renferme outre le Chou proprement petits oiseaux, de taupes, de mulots, d’insectes, etc.
,
diL le Colza, la Rave, le Navet, la Navette. Le genre Chouette renferme plusieurs sous-genres
Le Chou proprement dit [Brassica oleracea, L.) tels que la Chouette proprement dite, le Duc, la
est une plante herbacée etbisannuelle, demi-ligneuse, Chat-huant, Y Effraie [Voy. ces mots). Le sous-genre
portant en son sommet des feuilles charnues, vertes, Chouette proprement dit [Surnid) renferme la Ch.
et des fleurs nombreuses, d’un jaune pâle, disposées commune [Strix ulula], qui a le plumage varié de
en panicules. On peut en distinguer plusieursvariétés noir et de blanc et la queue d’un roux foncé. Ces
qui semblent être toutes issues du Chou sauvage [Br. oiseaux poussent souvent pendant la nuit des cris
sylvestris), qu’on trouve sur toutes les côtes maritimes plaintifs que le peuple considère comme de mauvais
de 1 Europe 1® le Ch. vert, appelé ainsi à cause de la
:
présages. Ils rendent cependant de grands services à
couleur vert-glauque de son feuillage; il ne pomme l'agriculture par l’immense quantité de rats, de
jamais ce qui le fait appeler par les botanistes Br.
:
mulots , d’insectes et de reptiles qu’ils détruisent.
acephala (chou sans tête); on le nomme Ch. frisé, Les ebouettes sortent de leur retraite au crépuscule,
quand ses feuilles à lobes nombreux sont déchique- et surprennent les petits oiseaux endormis ; mais si,
tées en lanières; sur les marchés, le chou vert en plein jour, elles sont forcées de quitter leur ré-
est
souvent appelé Ch. de Beauvais, et le chou frisé Ch. duit, elles errent en aveugles, poussant des cris de
d Ecosse; —
2® le Ch. cabu [Br. capitata) ou Ch. détresse, et sont à leur tour poursuivies par les petits
pommé, qui a les feuilles entières, concaves, se recou- oiseaux jusqu’à ce qu’elles aient trouvé un refuge.
vrant les unes les autres, de manière à former des pom- Les anciens avaient consacré la chouette à Minerve,
mes ou têtes on en distingue deux variétés principa-
:
comme symbole de la sagesse et de la prudence. On
les , celle à fleurs jaunes et celle à fleurs
blanches, trouve l’image de cetoiseau sur les monnaies athénien-
dite Ch. de Milan trois autres variétés dignes
; d’être nes, et sur celles de beaucoup de villes de l’Italie an-
notées sont le Ch. quintal, cultivé surtout en Al-
:
cienne et de l’Asie. La divinité égyptienne nommée
lemagne, avec lequel on îa.\i\o.choucroute [Voy. ce Neith était représentée sous la forme d’une chouette.
mot); le Ch. rouge ou Ch. roquette [Br. erwea), que CHOU-FLEUR, Brassica botrytis, race de choux
Ion mange en salade ou confit, et dont on tire un qui sans doute dérive du chou vert. Les choux-fleurs
sirop que la médecine emploie contre les inflamma-
ont une organisation singulière les pédoncules des
:

tionschroniques du poumon; etleC/i. dyefs, dit aussi grappes de leurs fleurs sont rapprochés de leur base et
, ,

CHRO — 346 — CHRO


serrés les uns contre les autres; avant la floraison, larges tables d’un beau rouge orangé, etso produit
ces pédoncules se déforment, se soudent ensemble et quand on ajoute de l’acide nitrique à la solution du
deviennent charnus ; ils ne se composent plus alors, sel neutre. On obtient celui-ci en calcinant le fer
pour la plupart, que de fleurs avortées. Le Chou- chromé avec du nitre , épuisant la masse avec de
fleur a été apporté en France des pays orientaux au l’eau et faisant cristalliser. Toutes les matières sus-
commencement du xvii« siècle. Les trois principales ceptibles d’absorber de l’oxygène, comme l’acide sul-
variétés sont ; le Chou-fleur tendre, le demi-dur et fureux, l’acide sulfhydrique, les matières colorantes
le dur. La culture du chou-fleur exige de grands végétales, jouissent de la propriété de ramener l’a-
soins. On sait que c’est un excellent légume quand cide chromique de ces deux chromâtes à l’état d’oxyde
il a été bien débarrassé par la cuisson de son àcreté. vert de chrome. On fait une grande consommation de
CHREMATISTIQUE {Angrecchrêmata, lesbiens), ces sels pour obtenir, sur soie et sur coton, les jaunes
science des richesses, ou art d’acquérir des biens et dits jaunes aladins, pour donner de la stabilité et
de les conserver. Ce mot , employé par Aristote , a des nuances nouvelles aux matières colorantes végé-
été adopté par quelques économistes modernes. tales. La fabrication de ces chromâtes expose les ou-
CHRÊME (saint-), du grec cArwwm, onction, huile vriers à certaines maladies ; elle exerce surtout une
sacrée servant aux onctions au’on fait dans certaines influence malfaisante sur la muqueuse du nez. Le
cérémonies de l’Eglise. C’est un composé d’huile d’olive tabac à priser serait, dit-on, un excellent antidote.
etdebaumeiopobolsamumljquerévèqueseulaledroit Le Chr. de plomb est un précipité jaune qu’on ob-
de consacrer la consécration s’en fait solennellement
: tient en mélangeant l’un ou l’autre des chromâtes de
le Jeudi Saint. On l’emploie pour le baptême, la con- potasse avec une solution d’acétate de plomb c’est:

firmation, pour la consécration des évêques, pour celle une des couleurs minérales les plus éclatantes; les
du calice, de la patène, des églises et des cloches. carrossiers l’emploient pour peindre en jaune les
CHRESTOMATHIE (du grec chrèstos, bon, agréa- caisses des voitures; on s’en sert aussi pour colorier
ble, et mathéin, apprendre), choix de poètes ou de les papiers de tenture, les différents tissus, les faïen-
prosateurs, surtout d’auteurs giecs, ou de morceaux ces et les autres poteries. On le vend, dans le com-
de leurs ouvrages, réunis en corps et coordonnés de merce, en morceaux cubiques, sous le nom de jaune
manière à offrir aux commençants des difficultés pro- de chrome, et en trochisques , sous celui de jaune
gressives, et à les initier par degrés à la connaissance de Cologne. Sous cette dernière forme , il est mé-
des langues. — C’était aussi le titre d’un ouvrage de langé de sulfate de plomb et de sulfate de chaux. La
Proclus, cité par Photius, où il énumérait les noms de pâte orange, employée dans la peintura a l’huile et
tous les poètes cycliques et la patrie de chacun d’eux. dans la fabrication des toiles et des papiers peints est
CHRÉTIEN , celui qui fait profession de croire en un chromate de plomb basique, d’une belle couleur
Jésus-Christ. Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Ge'ogr. rouge, qu’on prépare en précipitant le chromate de
aux mots chrétien et christianisme. potasse neutre avec de l’acétate de plomb basique.
Roi très-chrétien titre qu’ont porté les rois de CHROMATIQUE (du gr. chrôma, couleur, nuance),
France depuis Childebert, vers 530, devint une ex- science des couleurs. Voy. couleurs.
pression de formule dans les bulles adressées aux rois Ce mot désignait chez les anciens l’undestrois gen-
de France à partir du pontificat de Paul II , en 1469. res de leur musique, celui qui divisait chaque ton en
CHRÉTIEN (bon), variété de poire. Voy. bon chrétien, trois, savoir ;deux demi-tons et une tierce mineure.
CHRIE (du grec chréia, même signification). Chez On l’appelait ainsi, dit-on, parce qu’il tenait le milieu
les anciens, ce mot désignait un genre de composi- en tre les deux autres, comme les couleurs entre le noir
tion apophthegmatique ou sentencieuse, dans lequel et le blanc, ou parce que les Grecs notaient ce genre
s’exercèrent les philosophes grecs, notamment après avec des caractères colorés. — Aujourd’hui on donne
Aristippe. — Dans les écoles du moyen âge et dans le nom de chromatique à une série ou succession de
l’ancienne Université, on désignait sous ce nom une sons procédant par demi-tons, soit en montant, soit
sorte d’amplification d’un mot ou d’un fait mémo- en descendant : c’est ainsi qu’on dit une gamme
rable qu’on donnait à faire aux élèves de rhétorique. chromatique. —On désigne aussi par ce mot des
CHRISMAL (de chrême), vase dans lequel les an- morceaux renfermant beaucoup de modulations :
ciens moines portaient sur eux de l’huile bénite pour telles sont les Fantaisies chromatiques de Séb. Bach.
en oindre les malades. CHROME (du ^-ec, chrôma, couleur), corps sim-
CHRISME, nom donné dans les anciens manuscrits ple métallique, dont les combinaisons sont remar-
au monogramme de Jésus-Christ. 11 est formé d’un quables par leur belle coloration. 11 est de la couleur
P (le f des Grecs) avec un X ou croix de Saint-An- de l’étain , très-cassant , très-peu fusible , et d’une
dré dessous. On écritaussi XPS, XPI, {Xf^, densité de 5,9. 11 se rencontre dans la nature, en
par .abréviation pour Christus, Christi. combinaison avec le fer et l’oxygène, à l’état de fer
CHROMAMETRE ( du grec chrôma note noire , chromé, et en combinaison avec le plomb et l’oxy-
et métron, mesure), instrument inventé en 1827 par gène , sous forme de plomb chromate' ou crocoïde.
M. Relier, et destiné â faciliter l’accord du piano à On le trouve aussi, eu petite quantité, dans quelques
ceux qui n’ont pas l’habitude d’accorder. 11 se compose aérolithes, dans la serpentine, l’émeraude, l’olivine,
d’un petit corps sonore, avec un long manche divisé le grenat-pyrope, etc. — Il forme avec l’oxygène deux
par demi-tons, et monté d’une corde sur laquelle on bases saliflables, le protoxyde (CrO) et le sesqui-
fait glisser une pièce de bois ou d’ivoire nommée oxyde (Cr’O’), un peroxyde (CrO*), et un acide,
capo-tasto; c’est une sorte de sillet mobile qui varie l'acide chromique (CrO®). Les sels do protoxyde
les intonations selon les divisions du manche auquel sont rouges; ceux de sesquioxyde sont verts, bleus
ilcorrespond. Une touche de clavier fait mouvoir ou violets. Ces derniers sont les plus communs. —
un marteau qui agit sur sa corde et la fait résonner. Le chrome a été découvert en 1797 par Yauquelin.
CHROMATES, sels composés d’acide chromique CHROMIDES. Beudant a donné ce nom à une fa-
et d’une base. Les chromâtes sont remarquables mille de minéraux qui a le chrome pour type.
par leur belle couleur jaune ou rouge ; on les em- CHROMIQUE (acide), combinaison formée de
ploie dans la teinture et dans la peinture. chrome d’oxygène (CrO®). On l’obtient en belles ai-
et
Le Chr. de potasse sert à préparer tous les autres guilles d’un beau rouge rubis, en ajoutant de l’acide
chromâtes. Il existe dans le commerce deux chro- sulfurique concentré à une solution de bichromate do
mâtes de potasse l’un, d’un beau jaune citrin, légè-
: potasse. Il est très-soluble dans Teau, colore la peau
rement amer, constitue le sel neutre (CrO’-)-KO), en brun, et détruit un grand nombre de substances
et présente une réaction alcaline l’autre, le sel acide
;
organiques. Il se convertit promptement eu oxyde
ou bichromate de potasse (2CrO’-i-KO), forme de de chrome vert par l’action de la chaleur ; il éprouve
, ,

CHRO — 3W — CHRY
la même transformation au contact des substances dation de Rome , de J.-C., la fuite de
la naissance
organiques. Avec les bases, il forme les chromâtes. Mahomet, etc. : qu’on appelle ère ; et en épo-
c’est ce
CHROMIS ( du grec chrômis poisson que l’on ques ou périodes historiques, choisies plus ou mffins
croit être notre Ombrine) , genre de poissons Acan- arbitrairement par les historiens. —
Dans l’antiquité
thoptérygiens, famille des Labroïdes, caractérisé par il
y eut presque autant de chronologies particulières
la présence de deux petits cæcums au pylore, par ses que de peuples d’origines difl'érentes , et c’est une
dents en yelours et par une ligne latérale interrom- des grandes difficultés de la science d’établir la con-
pue. Le Chromis vulgaire ou Castagneau, petit pois- cordance entre les diverses chronologies { Voy. ère
son de la Méditerranée , est le type du genre. et calendrier). La réforme du calendrier par Jules
CHROMO-DURÜ-PHANE ( du grec chrôma, cou- César amena une supputation uniforme du temps,
leur, du latin durus, dur, et du grec phainô, pa- qui se répandit dans tout l’empire romain, puis, avec
raître, briller), vernis brillant et durable, nouvelle- la religion chrétienne, par toute la terre. Aujour-
ment inventé pour mettre les appartements en couleur. d’hui , chez tous les peuples chrétiens de l’Europe,
CHROMOLITHOGRAPHIE. Voy. liiuocuromie, l’ère et la division de l’année sont les mêmes; seu-
CHROMIILE. Voy. chlorophylle. lement les chrétiens grecs d’Europe et d’ürient se
CHRONIQUE (dugr. chronos, temps), nomdonné servent encore du calendrier Julien non corrigé. Los
aux histoires générales ou particulières dans lesquel- Mahométans ont des années lunaires qu’ils datent de
les les faits sont classés dans leur simple ordre de suc- l’hégire. A ces systèmes divers, il faut encore ajou-
cession , et ordinairement sans réflexion aucune ; il ter ceux des Juifs modernes, des Hindous et des Chi-
se donne plus particulièrement aux vieilles narrations nois. — Malgré les travaux des plus habiles chrono-
du passé, surtout du moyen âge. Telles sont les g'ran- logistes, il règne beaucoup d’incertitude sur la date
des Chroniques de France ou Chroniques de St-De- précise des événements qui se rapportent aux pre-
nis, écrites dans Tabbayc de Saint-Denis et traduites miers temps historiques. Plus de cent quarante opi-
du latin en français par Guillaume de Nangis; \àChr. nions ont été émises sur la seule date de la création
du religieux de St-Denis, récemment publiée par du monde; les certitudes chronologiques de l’Égypte
MM. Bellaguetet Magin. V. oxiDict. univ. d’Hist. et de ne remontent pas au delà de la 16® dynastie. Chez
Géogr. l'art, saint-denis (chronioue de) .

On étend le les Grecs, on ne peut rien affirmer de certain au delà
nom de Chroniques aux récits historiques de Villehar- du x' siècle avant J.-C., et ainsi de la plupart des
douin, de Flodoart, de Froissart, de Monstrelet, etc. autres peuples, la Chine exceptée.
Il a été formé de nombreux recueils de Chroni- La chronologie est une science toute moderne :

ques : les principaux sont ceux de Grævius, de Mura- ceux qui l’ont le plus avancée sont Scaliger, le P.
tori, pour l’italie; de Leibnitz, de Meibomius, de Labbe, Ussérius,le P. Pétau, Newton, Fréret, Len-
Bernard Pez, de G.-H. Pertz,pour l’Allemagne; et glet-Dufresnoy, Desvignoles, Ideler, Daunou. Parmi
pour la France, ceux de Duchesne, de D. Bouquet et les ouvrages de chronologie les plus importants , il
autresBénédlctins (Recueil desHistoriens de France), faut citer VArt de vérifier les dates des Bénédictins
do Buchon (Collection des Chroniques nationales). dernière édit., 1783-87, 3 v. in-fol.), continué par le
On connaît sous le nom de Chronique scandaleuse, marquis Fortia d'Urban; les Tables chronologiques
une histoire de Louis XI, depuis 1460 jusqu’en 1483, de J. Blair; les Tablettes chronologiques de Lenglet-
attribuée à Jean de Troyes, greffier de l’hôtel de ville Dufresnoy (1778, 2 vol. in-8) ; le Système chronolo-
de Paris. —On entend ordinairement par ce nom un gique de Newton, avec les observations de Fréret;
recueil d’anecdotes galantes. le Manuel de chronologie mathématique et technique
En Médecine , on appelle maladies chroniques, de Louis Ideler (Berlin, 1825, 2 vol. in-8) ; et parmi
par opposition à maladies aiguës, toutes les affec- les abrégés, le HesMwe'rfeC/îrono/. de Champollion-Fi-
tions dont la durée est prolongée. Cette expression im- geac, 1830, etla Chronol.univ. deM.Ch.Dreyss, 1853.
plique l’idée d’une maladie dépourvue de phénomè- CHRONOMÈTRE (du grec chronos, temps, et mé-
nes violents et qui parcourt lentement ses périodes. tron, mesure), dit aussi garde-temps et montre
CHRONOGRAMME (du grec chronos, temps, et marine, montre ou horloge mesurant les plus petites
gramma, lettres), sorte d’anagramme dans laquelle fractions de temps avec une parfaite exactitude. On
les lettres numérales, c.-à-d. celles qui, chez les construit aujourd’hui des chronomètres qui permet-
Romains, tenaient lieu de nombres, étant addition- tent d’apprécier exactement un dixième de seconde.
nées ensemble, donnent le millésime ou la date d’un Les chronomètres servent en mer pour trouver la
événement mémorable tel est ce distique de Godard
: longitude ; on les emploie aussi dans les recherches
sur la naissance de Louis XIV, qui eut lieu en 1638, de physique pour évaluer le temps avec précision.
le jour où la constellation de l’Aigle se trouvait en On est parvenu à corriger dans les chronomètres
conjonction avec le Cœur du Lion ; les effets de la dilatation, à rendre parfait l’isochro-,
nisme du spiral régulateur, à régulariser le mou-
eXorlens DeLpbln aqYILa CorDfsqVo LeonU
CongressY gaLi,os spe LætltUqVe refeCK. vement des engrenages , et à rendre presque nul le
frottement de toutes les pièces ; mais il n’a pas en-
Leslettres capitales additionnées ensemble comme core été possible de détruire les effets des forces
chiffres font justement 1638. magnétiques ou électriques auxquelles les pièces mé-
CHRONOLOGIE (du grec chronos, temps, et lo- talliques dont se compose l’instrument sont succes-
gos, discours), science qui a pour objet de faire con- sivement exposées dans les différentes parties du globe
naître les divisions du temps chez les différents peu- qu’elles traversent. Les montres marines ont été
ples et de classer dans leurs rapports de succession particulièrement perfectionnées en Angleterre par
ou de simultanéité tous les faits passés. De là, deux Harrison , Kendal et Graham et^en France par
,
parties : l’une théorique, dite Chronologie mathé- Berthoud, Leroy, Bréguet et M. Lieussou.
matique on astronomique, qui traite desdivisions du CHRYSALIDE du grec chrysos , or, à cause de
(
temps fournies par la nature, comme les révolutions l’éclat métallique dont brillent quelques chrysali-
de la lune, les solstices, les équinoxes, les éclip- des), nom qu’on donne à la nymphe de tous les insec-
ses, etc.; l’autre pratique, dite Chronologie histo- tes, s’entend surtout de celle des Lépidoptères ou de
rique qui distribue les événements dans le temps lalf® métamorphose que subit la chenille avant de d,e-
et marque leur époque. Les époques elles-mêmes se venir papillon.En cet état, l’insecte est comme emmail-
distinguent en eÿoçMesctwVes, partant d’un fait qui a lotté dans une enveloppe qui le cache entièrement
exercé une grande influence sur un peuple et après ou qui en dessine les contours ; il ne prend aucune
l’accomplissement duquel on date les années, comme nourriture, et reste dans l’immobilité la plus com-
la Création du monde, la If» Olympiade, la fon- plète. Certaines chrysalides (celles des mouches, par
, , , , , , ,

CHRY — 348 - CHYL


exemple) ont la forme d’une petite graine o-voïde ; verte dont ils se servaient pour souder l’or et les
on les appelle vulgairement fèves; celles des papil- autres métaux, et qui parait être un silicate de cui-
lons diurnes sont plus ou moins anguleuses, tandis vre. On a aussi donné ce nom au Borax qui sert
,

que celles des papillons nocturnes et crépusculaires au même usage.


sont toujours arrondies et cylindrico -coniques. La CHRYSOLITHE (du grec chrysos or, et lithos,
couleur des chrysalides diurnes est généralement pierre), nom donné par les anciens lapidaires à di-
brillante et métallique, ce qui leur a valu le nom verses substances minérales, notamment à la cymo-
à! Aurélies; les autres sont ordinairement brunes ou phane, au péridot, à Yapatite, etc., à cause de leur
noires. Certaines chrysalides sont renfermées dans teinte dorée. — La chrysolithe était la dixième des
une enveloppe de cocon (vers à soie) ;
soie line dite pierres précieuses dont était orné le Rational du
d’autres sont nues et suspendues par leur extrémité grand prêtre des Hébreux ; elle portait gravé le nom
inférieure à un tissu de soie (papillons diurnes 1; de Zabulon. Elle était transparente, de couleur d’or,
quelques-unes sont enfoncées dans la terre (sphinx) ; et mêlée de vert jetant un beau feu.
d’autres enfin attaquent la fourrure et les étoffes de CHRY’SOMÈLE (du grec chrysos or, et mélon,
laihie, et se font, aux dépens des poils et de la laine, pomme), Chrysomela, genre d’insectes Coléoptères
un petit étui dans lequel s’accomplit la métamor- tétramères, famille des Cycliques, type de la tribu
phose. Ces insectes restent à l’état de chrysalide plus des Chrysomélines : tête engagée dans le protho-
ou moins longtemps, suivant les saisons ou les es- rax, palpes à quatre articles, dont le dernier est plus
pèces. Le moment de l’éclosion arrivé , le papillon court et glandiforme, antennes de onze articles,
s’échappe par une fente qui se fait au dos. élytres globuleuses et enveloppant complètement le
CHR’i'SANTHÈME (du grec ckrysos, or, et anthé- corps. Les Chrysomèles brillent des couleurs les plus
mon, fleur), Chrysanthemum genre de la famille vives ; elles se nourrissent de feuilles , et vivent en
des Composées , intermédiaire entre le genre Leq- société. En général, elles fuient la lumière du jour.
canthème et le genre Pyrèthre , comprend des her- — La Chrysomèle passe pour odontalgique. Dans le
bes ou des arbrisseaux originaires de l’Europe et de commerce, on falsifie les Cantharides en y mêlant des
l’Afrique, dont les fruits sont q trois côtes ou à trois Chrysomèles, qui ont quelque ressemblance avec elles.
ailes. Les plantes cultivées dans nos jardins sous le CHRYSOPHRYS, nom scientifique de la daurade.
nom de Chrysanthèmes appartiennent au genre Py- CHRYSOPRASÉ (du grec chrysos, or, et prasos,
rèthre. On donne souvent le nom de Chrysanthème vert), variété d’agate vert- pomme qui doit sa couleur
des Indes h.\' Anthémis à grandes fleurs, belle plante à l’oxyde de nickel. — La Chrysoprase d’Orient
vivace, originaire de la Chine, à tiges nombreuses, est une variété de topaze qui est d’un jaune verdâtre.
droites et garniesde feuilles découpées, d'un vert clair; CHULARIOSE (du grec khulos, suc). Voy. sucre.
à fleurs aussi très-nombreuses, radiées, et ressemblant CHUTE, effet de la pesanteur sur les corps aban-
assez , sauf la couleur, aux Reines-Marguerites. Il y donnés à eux-mêmes. Voy. pesanteur.
a des Chrysanthèmes blancs, roses, violets, pourpres, En Géographie physique , chute est synonyme de
jaunes , bruns , etc. Souvent les fleurons s’allongent cataracte et de cascade. Voy. ces mots.
et présentent une fleur globuleuse en forme de En Horlogerie , on appelle chute l’espace parcouru
houppe; quelquefois ils se roulent en tubes, comme par la roue de rencontre, et le petit coup qui ré-
la Reine-Marguerite-anémone. sulte du choc d’une dent avec l’entre-palette. Dans
CHRYSARGYRE (du grecchri/sos, or, et argyrion, un échappement bien fait, il faut que la chute soit
argent), impôt qui , dans l’empire grec, se payait égale sur chaque palette.
tous les 4 ans, et était supporté par les marchands et En Médecine, on entend par chute de la luette, du
les gens de mauvaise vie; il se payait en or et en ar- rectum, etc., le relâchement de ces divers organes.
gent. Établi par Constantin, il fut aboli par Anastase CHYLE (du grec chylos, suc, humeur), fluide qui
CHRYSIDÉS (du grec chrysos, or), tribu d’insec- forme le sang; il est séparé des aliments pendant
tes Hyménoptères famille des Pupivores, renferme
,
Pacte de la digestion ; puis les vaisseaux dits chyli-
des insectes de petite taille, dont le corps a partout fères le pompent â la surface de l’intestin grêle , et
la même largeur. Us ont la tête inclinée, les an- le portent dans le sang {Voy. chylification ) C’est
.

tennes de 12 articles, coudées et filiformes, le thorax un liquide blanc, opaque, ayant à peu près l’aspect
cylindrique, l’abdomen ovalaire; leurs téguments du lait, une saveur salée et alcaline, et une odeur par-
brillent de tout l’éclat de l’or et des pierreries. Les ticulière; il est d’abord peu coagulable, mais il le
chrysides pondent leurs œufs dans le nid de quelque devient davantage dans les ganglions mésentériques,
autre Hyménoptère qu’ils dévorent ensuite. Le type où ii prend une teinte rosée ; enfin, dans le canal tho-
de cette tribu est le genre Chrysis dont la princi- racique , et près d’arriver dans la masse du sang, il
pale espèce, la Chr. ignita, est commune en Europe. est manifestement coagulable , et ses particules ne
CHRYSOBALANUS (du grec chrysos or, et de diffèrent de celles du sang que par une couleur moins
balanos, gland ou fruit analogue), nom latin du genre foncée. Abandonné à lui-même, il se partage, comme
Icaquier, ainsi nommé à cause de la couleur du fruit. le sang, en sérum albumineux et en caillot ; mais il
CHRYSOCALQUE (du grec chrysos, or, et cal- contient de plus une matière grasse particulière.
chos, airain), qu’on écrit aussi chrysocal et chryso- CHYLIFÈRES (vaisseaux), dits aussi ueines /ac-
cale alliage de cuivre et de zinc qui offre plus ou tées, vaisseaux lymphatiques des intestins qui s’em-
moins l’apparence de l’or. On le nomme aussi simi- parent du chyle et le conduisent au canal thoraci-
ior, or de Manheim, alliage du prince Robert, cui- que. Ils sont très-nombreux dans l’intestin grêle, et
vre jaune ou laiton. Voy. cuivre jaune. rares dans le gros intestin. A la sortie du premier, ils
CHRYSOCHLORE (du grec chrysos, or, eXchlô- sont logés dans l’épaisseur du mésentère ; ils abou-
ros, verdâtre), Chrysochloris, genre de Mammifères tissent d’abord aux ganglions mésentériques , puis
de l’ordre des Carnassiers et de la famille des Insec- vont se terminer par plusieurs troncs dans la partie
tivores, renferme des animaux assez semblables aux lombaire du canal thoracique^ près de l’ouverture
taupes, ayant le museau court, large et relevé; les aortique du diaphragme, à l’endroit où se trouve le
pieds de devant courts, robustes, propres à fouiller réservoir de Pecquet. Ces vaisseaux ont été entrevus
la terre, et munis de trois ongles seulement. Ces ani- pour la première fois en 1621 par Aselli ; mais cet
maux sont remarquables par les reflets irisés et cha- anatomiste n’en devina pas les fonctions.
toyants de leur robe. Une des plus belles espèces est le CHYLIFI CATION. Ce mot désigne 1° l’élaboration
:

Chr. du Cap, au poil brun, à reflets vert-métallique. qu’éprouve le chyme dans l’intestin grêle sous l’in-
CHRYSOCOLLE du grec chrysos , or, et colla
(
fluence de la bile et du suc pancréatique, élaboration
colle) , nom donné par les anciens à une substance qui le rend apte à fournir le chyle; 2° l’action ab-
, , ,

CICA — 349 — CICÜ


sorbante que les Taisseaux chylifères exercent sur le cent avec leur trompe ; la plupart sont propres aux
chyme à la surface des intestins, et qui a pour ré- pays chauds. —
A cette famille appartiennent les
sultat la formation et la circulation du chyle. L’ab- genres Cigale (genre type), Fulgore, Tettigomè-
sorption du chyle commence à la fin du duodénum, tre, Membrace, Centroie, Cercope etc.
continue dans le jéjunum, et cesse à la fin de l'iléon. CICATRICE (du laXincicatrix, même signification),
D’après Magendie, la quantité de chyle versée dans tissu libro-celluleux qui réunit les solutions de con-
la circulation est au moins de 190 grammes par heure tinuité des corps vivants. La cicatrisation est la série
pendant les deux ou trois heures que dure la chyli- d’opérations par lesquelles la nature accomplit cette
fication; mais, hors le temps de la digestion, il n’y réunion. Lorsque les chairs sont seulement divisées
a que très-peu de chyle , et , après vingt-quatre et qu’il n’y a point d’inflammation , le recollement
heures d’abstinence, les vaisseaux chylifères ne con- s’opère rapidement à Taide de la lymphe coagulable
tiennent plus que de la lymphe. qui se répand dans l’interstice et se solidifie en ad-
CHYME (du grec chymos suc), sorte de bouillie hérant des deux côtés. Mais lorsqu’il y a eu perte
plus ou moins homogène, semi-liquide, de couleur gri- de substance, la plaie s’enflamme, puis suppure; si
sâtre ou brunâtre, d’une saveur douceâtre ou acide, elle est de quelque étendue, on la voit se couvrir de
d’une odeur fade et nauséabonde, que forme la masse granulations coniques et rouges, dites bourgeons
alimentaire après avoir subi dans l’estomac un pre- charnus; bientôt apparaît une membrane rouge et
mier degré d’élaboration, qu’on appelle chymifica- mince qui s’étend de proche en proche, et qui, pre-
tion. Le chyme se rencontre dans l’estomac, le duo- nant chaque jour plus de consistance, finit par fer-
dénum et le commencement du jéjunum. A mesure mer totalement la plaie. La cicatrice, une fois for-
qu’il continue son trajet dans l’intestin grêle , il se mée, reste quelque temps ronge, molle et susceptible
dépouille, par suite de l’absorption intestinale , des deserompre; sasensibilitéest extrême et Tépiderme
principes propres à la formation du chyle; et, arrivé, qui la couvre se renouvelle plus fréquemment que
dans le gros intestin , il se change de plus en plus dans les autres parties. Dans la suite , elle prend une
en une masse excrémentitielle qui, à l’extrémité des teinte plus blanche que le reste de la peau, dont elle
voies digestives , constitue les matières stercorales. diffère d’ailleurs par l’absence de follicules sébacés,
CIBLE (de l’allem. scheibel, diminutif de scheibe, de bulbes pileuses et de transpiration. Voy. cal.
disque , but) , espèce de but sur lequel l’infanterie et CICCA, genre de la famille des Euphorbiacées,
surtout les tirailleurs s’exercent au tir du fusil ou de est composé d’arbres ou d’arbrisseaux à feuilles alter-
la carabine. C’est ordinairement un cadre ou châssis nes, petites; à fleurs fasciculées, monoïques ou dioï«
assujetti avec des pieux, et portant une toile ou un ques ; à calice quadriparti , renfermant dans les mâles
carton blanc où sont grossièremen t figurés des soldats 4 étamines et dans les femelles un ovaire à 4 loges
ou d’autres marques pour servir de but. Les premiers devenant un fruit charnu. La plupart des espèces
tirs à la cible ne paraissent pas remonter au delà du croissent dans l’Asie tropicale. Le C. disticha, vul-
XV' siècle; ils furent établis en 1429. De nos jours, on gairement CAera»idfiez- ou Chérambolier, est cultivé
y
exerce fréquemment les soldats. Une décision de 1825 dans TInde et aux Antilles ; son fruit, dit Cerise des
accorde des prix aux plus habiles tireurs. Iles et Cerise de l’Inde, offre aux habitants une nour-
CIBOIRE, en ciborium (de cious, aliment;
latin riture saine et agréable. Le bois renferme un suc
ou du grec kiborion, espèce de courge dont on faisait blanc, âcre et purgatif, et les feuilles sont employées
des vases à boire), vase destiné à la conservation des en décoction comme sudorifiques.
hosties consacrées. Le saint ciboire doit être d’or ou CICER, cicÉROLE, plante. Voy. pois chiche.
d’argent doré à l’intérieur ; il est bénit , mais non CICERO , caractère typographique, entre la phi-
consacré. L'Église ordonne de changer les hosties et losophie et le saint-augustin, dont la force est de o«se
de purifier le ciboire au moins tous les quinze jours. poùits (une ligne cinq sixièmes). Il est ainsi nommé
— Autrefois on appelait aussi ciboire un petit dais parce que ce fut avec ce caractère que les premiers
élevé au-dessus du maître-autel ; quelquefois on sus- imprimeurs qui allèrent à Rome (en 1467) imprimè-
pendait sous ce dais une colombe d’or ou d’argent rent les Épîtres familières de Cicéron en latin.
représentant le Saint-Esprit, et dans l’intérieur de la- CICERUNE (de Cicéron, comme qui dirait savant),
quelle on conservait l’eucharistie pour les malades. nom donné en Itaiie aux individus qui, moyennant
CIBOULE et CIBOULETTE (du latin cipula, dimi- salaire, font métier de montrer aux étrangers les cu-
nutif de cæpa, oignon). On appelle ainsi deux petites riosités des villes. Les Ciceroni, pour la plupart très-
espèces d’ail que l’on cultive pour le service des cui- importuns , sont bien souvent le fléau des voyageurs.
sines. La Ciboule {Allium fistulosum) est originaire ClClNDËLE (du latin cicindela, mouche luisante),
des montagnes froides de l’Europe et de l’Asie. Ses genre d’insectes Coléoptères pentamères, de la fa-
bulbes allongées forment une touffe d’où s’élance une mille des Carnassiers : tête saillante, mandibules
tige terminée par une tête conique semblable à celle très-développées, fortement dentées intérieurement,
de l’ail commun, dont elle a l’odeur, mais moins susceptibles d’un très-grand écartement quand Tin-
forte. Elle se sème dans une terre légère, et en deux secte veut s’en servir ; yeux très-gros. Ces insectes
saisons soit en février et mars, et alors on la repique
: habitent ordinairement les endroits sablonneux
à distance en avril et mai, soit vers la mi-juillet, pour vivent de chas'se, et volent avec rapidité. Ils donnent
être replantée en avril et mai suivants. On en connaît leur nom à la tribu des Cicindélètes, qui, avec le
trois variétés : la C. ordinaire, la C. hâtive et la C. genre Cicindèle qui en est le type, comprend les
blanche. —
La Ciboulette ou Civette {Allium schœtio- genres Manticore , Thérate et Colliure.
prasum) a les feuilles beaucoup plus minces que celles CICUTAIRE (àe cicuta, e\gné), Cicutaria, genre
de la ciboule; elle se multiplie par les caieux, que de la famille des Ombelliféres, tribu des Amminées,
l’on sépare tous les trois ans ses fleurs violettes for- renferme des plantes vénéneuses , au nombre des-
;

ment une petite boule d’un assez joli effet. Elle croit quelles est la C. aquatique [Ciguë vireuse de Linné),
spontanément dans les prairies des Alpes et dans le commune dans les contrées marécageuses du nord de
Midi de la France. On la nomme aussi Appétit, parce la France et de l’Allemagne. Sa tige, rameuse et
qu’elle est pour l’estomac un stimulant actif. haute de 1 m. environ, est garnie de feuilles amples,
CICAD AIRES du latin cicada, cigale, qui en est
( découpées en folioles dentées ; les fleurs sont blanches;
'ype) > famille d’insectes Hémiptères, section des la racine, charnue, creuse et coupée de diaphrag-

Homoptères ils sont caractérisés par des antennes
: mes, répand un suc jaunâtre, qui est vénéneux comme
toujours terminées par une soie, des ailes entièrement tout le reste de la plan te. On la regarde comme un poi-
diaphanes et disposées en toit pendant le repos.
, son plus actif encore que la grande ciguë. Voy. cigoe.
Tous ces insectes vivent sur les végétaux, qu’ils per- CICUTINE (de cicuta, ciguë), alcaloïde particulier
, ,

CIER — 350 — CIGO


dont on a reconnu la présence dans la grande ciguë ; antiquorum); le C. maudit (Vcrbascum nigrum) ; le
c’est la même substance que la Conine. Voy. ce mot. C. de lVbfre-D«ziie (Yerbascum thapsus); le C. du
CIDRE , autrefois Sidre (du latin sicera, tiré lui- Pérou espèce de Cactus. Voy. cacher.
,

même de l’hébreu sichar, liqueur fermentée), boisson CIGALE, Cicada , genre d'insectes Hémiptères,
faite avec le jus de pommes, et dont l’usage remplace de la section des Homoptères, type de la famille
le vin dans quelques contrées, surtout dans le nord- des Cicadaires , a pour caractères essentiels des an-
ouest de la France. Pour le fabriquer, on expose d’a- tennes très-courtes, à 6 articles ; la tête courte, large
bord quelques jours les pommes au soleil dans un lieu et comme tronquée antérieurement
,
avec 3 petits
sec ; on les pile ensuite dans un moulin à meules ver- yeux sur le sommet; des ailes gazées, à ner-
lisses
ticales, tournant dans une auge circulaire; quand vures saillantes, disposées en toit et dépassant le
elles sont à demi écrasées, on les brasse avec un corps; son abdomen, renflé et conique, est muni à
cinquième de leur poids d’eau de bonne qualité; puis sa base, mais chez les mâles seulement, d’un organe
on les met dans une cuve où on les laisse fermenter; propre à produire ce son monotone qu’on appelle
le cidre est parfait quand il est limpide, d’une belle improprement le chant de la cigale : ce sont deux
couleur d’ambre, sans acidité ni fadeur. Le cidre membranes élastiques, situées dans le premier an-
tourne facilement à l’aigre, et il faut le boire aussitôt neau de l’abdomen et munies de parties coriaces
qu’il est tiré. Pour l’empêclier de perdre sa douceur dont le frottement produit un effet analogue à celui
et le faire mousser, on jette dans le tonneau qui doit de la roue qui fait vibrer la corde dans une vielle. Les
le contenir du moût de raisin réduit en sirop avec du cigales sont plus communes et plus grandes dans les
miel ; on verse le cidre par-dessus et on roule en tous pays chauds que dans les nôtres. Elles vivent de pré-
sens. Quand on veut conserver du cidre mousseux, on férence dans les forêts et se nourrissent de la sève des
le tire après cinq ou six jours et on le met dans des arbres qu’elles percent de leur trompe. Le type du
bouteilles de grès ou dans des barils cerclés en fer. genre est la C. plébéienne {C.plebeia), qu’on trouve
Quelques fabricants clarifient le cidre à l’aide de l’a- dans le midi de l’Europe. Elle est d’un brun noirâtre
cétate de plomb; mais, à la suite de cette opération, ou jaunâtre, et longue de 4 centim. : c’est la seule
une partie du sel de plomb reste dans le cidre, ce qu’on trouve dans le midi de la France; on la ren-
qui occasionne souvent des coliques saturnines jîour
: contre quelquefois jusqu’à Fontainebleau. La —
prévenir ces accidents, il a été défendu en 1852 d’em- cigale était consacrée à Apollon; elle n’en était pas
ployer ce mode de clarification. — Le meilleur cidre moins aussi le symbole des mauvais poètes.
s’est fabriqué de tout temps en Normandie, notam- CIGARE (de l’espagnol cigarro), petit cylindre
ment dans les vallées de Bray et d’Auge on cite sur-
: formé d’une feuille de tabac à fumer roulée sur elle-
tout te cidre de Montigny, de Préaux, de Quièvreville, même ou de brins do tabac enveloppés dans une
dè Houppeville, etc.; on fabrique un cidre très-spi- feuille. On fume le cigare soit en le mettant immé-
ritueux dans rile'de Guernesey. — On appelle •petit diatement en contact avec la bouche, soit à l’aide de
cidre ou boisson, un cidre étendu d’eau, qui ne peut orte-cigares en paille, en os,en ivoire, en ambre, etc.
pas se conserver; poiré, un cidre fait avec du jus de n France, la régie offre aux consommateurs un choix
poires. On imite le cidre avec les fruits du cormier, de cigares infiniment varié, depuis le panatelas de la
avec le jus du sorgho, avec un mélange d’eau, de ver- Havane, qui est le plus estime, jusqu’au cuartas de
jus, de vinaigre, de sucre, de fleurs de sureau, etc. Manille, qui est le moins bon. Voy. tabac.
CIEL (en latin cœlum, du grec coilos, creux, On a donné le nom de cigarettes (en espagnol
concave ), partie supérieure du monde qui nous en- cigaritos) à de petits cigares que le consommateur
vironne de toutes parts, et à laquelle les astres nous fait lui-même avec du tabac découpé et roulé dans un
paraissent attachés. Les anciens attribuaient au ciel petit morceau de papier ou de paille de maïs. On fait —
de la solidité et en faisaient une voûte de cristal ; on aussi des cigarettesàc camph re et autres préparations.
sait aujourd’hui que ce n’est que l’espace vide, et qu’il CIGOGNE, Ciconia, genre d’oiseaux de l’ordre
doit sa couleur azurée à la masse d’air qui entouré des Echassiers et de lafamille des Cultrirostres , voi-
notre globe. Les Grecs avaient divinisé le Ciel sous le sin du Héron et de la Giaie renferme les genres
j
nom d’üranus : c’était le plus ancien de leurs dieux. Cigogne proprement dit, Jabiru, Ombrette, Tantale
Dans le langage des Théologiens, le ciel est le sé- et Spatule. —
Les Cigognes proprement dites ont le
jour du bonheur éternel : nous concevons ce lieu bec long, conique, pointu et fendu en avant des yeux,
comme placé au delà de l’espace immense que nous le cou et les pieds très-longs, 4 doigts, dont 3 anté-
voyons au-dessus de nous. Les Musulmans admettent rieurs réunis par une membrane. On distingue les
jusqu’à 9 deux, dans chacun desquels s’augmente la vraies cigognes, qui ont la tête emplumée, et les
félicité qui attend les croyants. V. paradis et empyrée. marabous qui ne l’ont pas et qui ont le bec très-
CIERGE (du latin cereus, dérivé de cera, cire) gros. La cigogne a des mouvements lents et mesu-
longue chandelle de cire, légèrement conique , que rés ; elle n’a d’autre cri que le clapotement qui ré-
l’on allume durant les cérémonies religieuses. — L’u- sulte du choc de ses mandibules l'une contre l’autre ;
sage des cierges provient de la nécessité où furent elle ne le fait giière entendre que quand elle est ef-
les premiers chrétiens de se servir de flambeaux pour frayée. Cet oiseau vit le long des rivières et dans les
célébrer les saints mystères dans l’obscurité des ca- marais, où il se nourrit principalement de reptiles,
tacombes. 11 est possible, en outre, qu’on y ait at- d’oiseaux, de poissons, etc. 11 établit son nid sur des
taché de bonne heure des idées mystiques; peut-être arbres élevés ou sur le haut des maisons. Quoique les
enfin les cierges rappellent-ils les lampes qui brû- cigognes aient des ailes de médiocre étendue , elles
laient en plein jour dans le temple de Jérusalem. — peuvent franchir d’un essor soutenu d’immenses espa-
On appelle cierge pascal un cierge de gi’ande dimen- ces. Tous les ans,àlafinde l'été, elles quittent lescon-
sion que l’on bénit dans cliaque paroisse pour la fête trées du Nord pour aller s’abattre en Afrique, particu-
de Pâques : cette bénédiction se fait à l’office du sa- lièrement sur les bordsdu Nil. Les cigognes sontd'un
medi saint avant la messe ; le diacre attache au cierge naturel très-doux et se familiarisent aisément avec
cinq grains d’encens qui rappellent les cinq fêtes l’aspect de l’homme ; elles sont aussi remarquables
mobiles de l’année des chrétiens; on l’allume avec par le vif attachement qu’elles témoignent pour
le feu nouveau qui se fait le samedi saint dans les leurs petits. Ces qualités et la guerre de destruction
églises. On fait remonter l’origine de cet usage au qu’elles font aux reptiles et autres animaux malfai-
concile de Nicée,en 325. sants avaient fait de la cigogne l’objet d’un culte re-
On a donné le nom de Cierge à des végétaux dont ligieux cliez les anciens : les Grecs l’avaient consa-
la tige est excessivement allongée, tels que le C. amer crée à Junon ; les Romains en avaient fait l’emblème
ou laiteux (Euphorbia canariensis et Euphorbia de la piété filiale; en beaucoup d’endroits, surtout
, , ,

CILI — 351 — CIME


en Égypte et même en Hollande,, leur vie est proté- en poil de chèvre , en crin de cheval, ou fait de tout
gée par des lois ou des coutumes locales. autre poil rude et piquant, que l’on porte sur la peau
La C. blanche (C.a/4a),type des Cigognes propre- par mortification. Le cilice était fort en usage chez les
ment dites, est haute de 1 mètre à 1““,20 ; elle a les Hébreux, qui le portaient, en se couvrant de cendres,
pennes des ailes noires, le bec et les pieds rouges. dans les temps de deuil et de disgrâce.
CIGUË (du latin eicuta), Conium de Linné, genre CILIÉ. On a donné le nom de Ciliés à diverses
de la famille des Ombellifères , tribu des Smyrnées sections de Zoophytes dont le principal caractère est
est caractérisé par ses fleurs blanches, ses fruits glo- d’avoir le corps pourvu d’appendices locomoteurs la^-
buleux, relevés do côtes crénelées en forme de petits téraux en forme de cils : plusieurs espèces de Poly-
tubercules, renfermés dans un involucre de plusieurs pes, d’Acalèphes, d’infusoires sont dans ce cas.
folioles linéabes, étalées en tous sens. 11 renferme CIMAISE (du grec kymation, vague, ligne ondu-
des plantes herbacées, annuelles, bisannuelles ou vi- leuse), sorte de moulure en doucine qui termine la
vaces, dont la principale espèce est la Grande Ciguë corniche d’un bâtiment. Son profil se compose de
ou Ciguë proprement dite (Co«fam maculatum) , aux deux arcs de cercle présentant la figure de la lettre S.
feuilles grandes, d'un vert très-foncé et un peu luisan- — Les menuisiers appellent ainsi une pièce de bois
tes, célèbre chez les anciens comme plante vénéneuse, ornée de moulures qui sert de couronnement aux
dont on extrayait,, à Athône^le poison destiné à cer- lambris d’appui.
tains condamnés Socrate et Phocion burent laciguë.
: CIMBEX (du grec cimhêx, sorte de guêpe), genre
Deux plantes, appartenant à des genres tout diffé- d’insectes Hyménoptères, de la famille des Porte-
rents duprécédent portentaussi vulgairement le nom scie, tribu desTeuthrédines.Ils ont environ 2centim.
de Ciguë, à cause de leurs propriétés vénéneuses; de long ; leur tête est bombée en dessus, très-plate
ce sont : \a Petite Ciguë, ou Ciguë des jardins, qui en dessous ; les yeux ovales , convexes ; les mandi-
n’est qu'une Æthusc {Æthusa cynapium) et qui se bules très-tranchantes, les pattes antérieures cour-
confond facilement avec le Persil (Voy. æthuse) ; la tes , et les postérieures très-développées. Le type du
Ciguë tireuse ou Cicutaire. Voy. ce mot. genre est le C. jaune qu’on trouve en France.
La Grande Ciguë est un poison des plus actifs : sa CIME, sommet. Les Botanistes donnent ce nom aux
vertu est d'autant plus grande qu'elle croît dans un a.ssemblages de fleurs dont les pédoncules communs,
climat plus chaud : on en combat les mauvais effets nés d’un même point de latige, se subdivisent ensuite
à l'aide de purgatifs et d’acides végétaux (vinaigre, irrégulièrement et se terminent tous à peu près à la
suc de citron , etc.). Elle doit ses propriétés à' un al- même hauteur : ces fleurs sont dites disposées en cime.
caloïde particulier appelé cicutine ou conine Voy.
(
CIMENT (en latin,cœOTenfM»z), espèce de mortier
conine); on l’emploie en médecine comme narcoii- qu’on compose avec de la brique concassée et de la
que, particulièrement contre le cancer, les scrofules, chaux, et qui sert dans les constructions. — Le ci-
la goutte etc. : on l’administre, soit à l’intérieur, ment romain est un produit de la calcination de
,
sous forme d’extrait, soit à l’extérieur, sous forme de certains calcaires argileux; c’est une espèce de béton
cataplasine et d’emplâtre. La Petite Ciguë ou C. des et une excellente chaux hydraulique. Après avoir été
jardins jouil des mêmes propriétés médicales; elle gâché en une pâte un peu consistante, il acquiert en
est même plus active et son emploi est dangereux. La un quart d’heure, tant sous Teau que dans l’air, une
Ciguë tireuse ou dentaire aquatique est la plus vé- grande solidité, qui s’accroît promptement avec le
néneuse des trois; on l'a cependant préconisée contre temps, en sorte qu’au boutde quelques jours il prend
la phthisie pulmonaire. la dureté des meilleures pierres calcaires. Découverte
CILS, en latin cilia, poils qui bordent les paupiè- pour la première fois en Angleterre , la pierre à ci-
res de tous les Mammifères : ils s’opposent à l’intro- ment a été trouvée en France , d’abord à Boulogne-
duction dans le globe de l’œil des corpuscules qui sur-mer, puis à Pouilly en Bourgogne , etc. Le C.
voltigent dans l’atmosphère et servent en même hydraulique de Moleine , découvert en 1831 par
temps à écarter les rayons lumineux qui affecteraient M. Morot, est analogue au ciment romain. —Le Ci-
trop vivement l’œil. — Chez l’homme, ces poils sont ment ditAméricain, ou de Parker, peut remplacer
durs , roides , de la couleur des cheveux et des sour- la pierre à bâtir il acquiert en peu de temps la du-
;
cils , et disposés sur deux ou trois rangs. Ils sont reté du granit , et est susceptible d’un beau poli,
plus nombreux, plus longs et plus forts à la paupière CIMETERRE (du persan chimehir, suivant Gé-
supérieure qu’à l’inférieure. Ceux de la paupière su- belin) , arme eu usage chez les Orientaux . c’est un
périeure sont dirigés en haut, et ceux de la paupière sabre pesant, dont la poignée est en forme de man-
Inférieure en bas. On appelle procès ciliaires les re- che'; à lame convexe, courte, à contre-pointe, s’élar-
plis de la membrane choroïde. Ils sont placés les gissant vers la pointe et s’échancrant à son extré-
uns à côté des autres, en rayonnant, et sont logés mité en portion de cercle prise sur la convexité. Les
dans des renfoncements spéciaux de la partie anté- Romains l’appelaient acinaces.
rieure du corps vitré. Leur réunion forme le corps CIMETIÈRE (en grec coimétèrion, dortoir, lieu de
ciliaire, anneau qui entoure le cristallin en manière repos, du verbe coi'mad, dormir) L’usage des cimetiè-
.

de couronne placée derrière l’iris. res n’est pas très-ancien. Chez les Romains, les tom-
Les paupières de plusieurs espèces d’oiseaux sont Deaux étaient placés, tantôt dans les campagnes ou
également garnies de cils. Dans les insectes, ce nom sur le bord des chemins (où ils formaient des colum-
sert à désigner les poils roides qui se remarquent baria), tantôt dans un jardin qui avait appartenu au
sur les bords de certains organes. — Dans les ani- défunt, ou qui était acheté à cet effet. Les hommes de
maux rayonnés , on nomme cils les appendices qui la lie du peuple et les esclaves étaient jetés dans des
rappellent la forme des poils des paupières et qui espèces de voiries (puttcult ou culinæ). Les premiers
,
sont situés sur certains organes de ces animaux. Chrétiens enterraient leurs morts danslescatacombes;
En Botanique, on appelle cils les poils fins, d'une vers le iii' siècle, on consacra à cet usage des terrains
certaine longueur, qui naissent aux bords d’une par- séparés et bénits : ils étaient placés auprès desr églises.
tie quelconque d’une plante, et qui sont rangés sur Plus tard, on accorda à qq. personnes le privilège d’être
une seule ligne. Le péristome de quelques mousses, inhumées dans l’intérieur même de Téslise. Cet usage,
les feuilles de la joubarbe des toits, les stipules de la devenu général dans toute la chrétienté , a disparu
persicaire, les anthères de la lavande, les pétales de depuis près d’un siècle à Paris et dans toutes les villes
la capucine, etc., sont garnis de cils. de France par des raisons de salubrité; mais on le
CILICE (de Cilicie, pays où c’était le vêtement or- retrouve encore dans plusieurs pays étrangers. — On
dinaire, ou d’un mot hébreu qui veut dire 5 ac), large compte trois grands cimetières aux portes de Paris :
ceinture ou sarreau d’étoffe grossière, ordinairement le cimetière de TEst ou du Père La Chaise, celui du
, , , ,

CINQ — 352 — CIPP


Nord ou de Montmartre, du Sud ou du Mont-
et celui dans lespays montagneux : les Pyrénées, les Al-
Parnasse. Ceux de Sainte-Catherine et de Claniart pes, etc. —
A ce genre appartient le Cinelosome, ou
sont fermés; celui de Vaugirard ne reçoit plus que Pigeon de terre, très-commun à la Nouv.-HolLande.
les restes des suppliciés. A l’étranger, on cite l’ancien CINÉMATIQUE (du grec cfne’ma,, mouvement),
Cainpo santo de Pise, les cimetières de Naples, de science qui étudie les mouvements en eux-mêmes
Salzbourg en Autriche, de Saint-Alexandre-Nefski à tels que nous les observons dans les corps qui nous
Saint-Pétersbourg, de Notre-Dame du Don à Moscou. environnent, et spécialement dans les machines. La
Vou. CATACOMBES , CRYPTE , NÉCROPOLE , etC. cinématique est la première partie de la mécanique
CIMEX, nom latin de ïa. Punaise, a formé les mots : élémentaire. M. Laboulaye a publié enl849 le premier
Cimicides et Cimiciens famille d’insectes dont la traité qui ait paru sous le titre de Cinématique.
Punaise est le type; Cimifuge, épithète donnée a CINÉRAIRE, Cineraria (de cinis, cineris, cendre,
une espèce à’ Actée propre à chasser les punaises parce que le dessous des feuilles de cette plante est
tVoy. actée); Cimicaive, plante de la famille des grisâtre), genre de la famille des Composées , tribu
Renonculacées, tribu des Pœnoniées, qui croît en des Sénécionidées, renferme un assez grand nombre
Sibérie, et dont l'odeur chasse aussi les punaises. d’espèces , presque toutes herbacées. L’espèce type
CIMIER (du latin cirna, cime), ornement quiforme est la C. maritime , très-abondante sur les rochers
la partie supérieured’un casque. Le eimier est or- de la Méditerranée : on la reconnaît à son aspect
dinairement surmonté d’une aigrette ou d'une touffe blanchâtre et cendré, à ses fleurs jaunes, apparentes.
de plumes ou de crin. —
En termes de Blason , on CINGLE et zingel, poisson. Voy. apron.
nomme ainsi tout objet posé sur le casque qui sur- CINNAMIQUE (acide) , acide organique cristallisé,
monte l’écu des armoiries : c’était autrefois la plus incolore , peu soluble dans l’eau froide , est composé
grande marque de noblesse; on ne le portait qu’ après de carbone, d'hydrogène et d’oxygène, dans les rap-
avoir figuré dans les tournois. —
En 'Vénerie, ce mot ports de C'*H^O^,HO. 11 se produit par l’action de
s’entend de la pièce de chair qui se lève le long du dos l’air et des autres agents oxygénants sur l’essence
et des reins du cerf, du daim, du chevreuil, etc. Dans la de cannelle ( Laurus cinnamomum ) ; on l’extrait
curée, cette partie se donnait au maître de lâchasse. aussi des baumes de Tolu et du Pérou. 11 a été dé-
CTMOLÉE (terre), terre argileuse, de couleur couvert en 1834 par MM. Dumas et Péllgot.
grise, qui se tirait d’une des îles de la mer de Crète CLNNAMOME, Cinnamomum nom donné par les
nommée Cimolis : elle passait pour astringente et anciens à une substance aromatique produite par un
résolutive. —On nomme encore ainsi l’oxyde de fer arbrisseau qui croissait dans le pays des Troglodytes,
qui se ramasse autour de la roue sur laquelle les voisin de l’Ethiopie, sur les bords de la mer Rouge,
couteliers aiguisent les instruments de fer ou d’acier. et que l’on croit être la cannelle; quelques auteurs
CINA (pour China), un des noms au Semen contra. disentquec’était lamyrrhe. On en extrayait une huile
CINABRE (en grec cinnabarï), combinaison de essentielle qui servait de parfum. —
Chez les Botanis-
soufre avec le mercure (HgS), se rencontre en masses tes, le mot Cinnamomum désigne un genre des Lau-
lamelleuses ou fibreuses, de couleur rougeâtre, dans Laurus cinnamomum, qui fournit la cannelle.
nnées,,
les mines d’Almaden en Espagne, à Idria en Carin- CINNYRIDÉES, famille d’oiseaux établie par Les-
thie, etc.; sa pesanteur spécifique est de 8,1. On son , comprend les deux familles des Cerihiadés et
l’exploite pour en extraire le mercure. On l’obtient des Philédons, et répond aux Grimpereaux de Cuvier.
aussi artificiellement en chauffant du soufre avec du CINTRE (du \a.ün cinctura, ceinture, eu du grec
mercure en vases clos et soumettant ce produit à la centron, centre), figure courbe, arcade ou voûte, en
sublimation. C’est en broyant le cinabre artificiel sous pierre ou en bois, dont lespiècess’appuient les unessur
des meules avec de l’eau qu’on obtient le vermillon les autres, et, par leur poussée mutuelle ou tendance
{Voy. ce mot). Les Hollandais ont eu pendant long- vers leur centre, contribuent à la solidité. On nomme
temps le monopole de la fabrication du cinabre arti- clef la pièce qui ferme le cintre en haut, et qui par
ficiel; mais on le prépare aujourd'hui à Paris en son poids presse les pièces voisines et les maintient à
grande quantité. Albert le Grand fit le premier con- leur place; sa forme est celle d’un coin. Une voûte en
naître, au xiiie siècle, la composition du cinabre. demi-cercle parfait s’appelle plein cintre. — On donne
CINARÉES , une des huit tribus de la famille des encore le nom de cintre : 1“ à l'appareil de charpente
Composées on Syuanthérées, est caractérisée par ses sur lequelonbàtitles voûtes; 2»à la partie du plafond
fleurs en capitule, et par un anneau, une collerette ou d’une salle de spectacle qui règne au-dessus du théâ-
un renflement à la partie supérieure de chaque style. tre, et où l’on place les diverses machines, telles que
Cette tribu a pour type le genre Artichaut ICinara). les treuils qui servent aux enlèvements, les gloires,
CINAROCËPHALES (de cfwam, artichaut , et ké- les nuages, les bandes d’air, etc.; le dernier rang des
phalè, tête), groupe delà famille des Composées, tribu loges, celui qui est immédiatement sous le plafond,
des Cinarées , renferme des plantes à tètes d’arli- s’appelle loges du cintre.
chaut; il correspond aux Flosculeuses de Tournefort CIPAYE (du persan sejunâi , soldat), nom donné,
et aux Carduacées de R. Brown. Voy. cardüacées. dans l’Inde, à tous les indigènes qui servent dans les
CINCHÔNINE (de Cinchona, nom latin du genre troupes européennes. L’armée anglaise compte plus
Quinquina), alcali végétal, cristallisé en prismes de 250,000 cipayes dans ses rangs.
quadrilatères, incolores, amers, insolubles dans l’eau CIPOLIN (du latin ccepula, oignon, à cause de sa
froide, très-solubles dans l’alcool; il accompagne structure foliacée), espèce de marbre feuilleté, blanc-
la quinine dans lesquinquinas (écorces des Cin- grisâtre, veiné de gris, de vert et quelquefois de bleu,
chona.). Il se distingue de la quinine en ce qu’il est propre â la décoration intérieure des édifiées publics.
insoluble dans l’éther, et renferme moins d’oxygène. Le marbrecipolin est d ’une grande beauté en colonnes
11 forme des sels extrêmement amers, et renferme et en plaques, et reçoit un beau poli. Les anciens
C^*H“*N’0’. Pelletier etCaventou l’ont Isolé en 1820. l’ont employé fréquemment: ils le nommaient lapis
CINGLE, C inclus genre d’oiseaux de l’ordre des Phrygius. Ils s'en servaient aussi comme pierre à
Passereaux et de la famille des Tiirdinées ou Merles, aiguiser, comme on fait encore à Jersey. Ce marbre
dont il se distingue par son bec comprimé, droit, à se trouve près de Baréges , à Sainte-Marie-aux-
mandibules également hautes. L’espèce type est le Mines, en Corse, etc.
Merle d’eau [Cinclus siurnus), appelé aussi .dÿ’izas- CIPPE (du latin cippus, même signification). On
sière à gorge blanche, qui est de la grosseur d'un nommait ainsi chez les anciens un fût de colonne
étourneau, d’un brun noirâtre en dessus, ondé de sans base ni chapiteau, ou une pierre quadrangu-
gris en dessous. 11 vit d’insectes aquatiques, et se laire que l’on plaçait, soit sur les routes pour indiquer
lient habituellement dans les marais. On le trouve les distances, soit aux angles des champs pour eu fixer
, , ,

CTRC -- 353 - CIRC


Iss limites, ou enfin sur les sépultures ; on a conservé CIRCONFÉRENCE (du latin circum, autour, et
beaucoup de cippes funéraires ornés d’inscriptions. fero porter) . Voy. cercle et ellipse.
CIRAGE (de cire), nom donné à plusieurs compo- CIRCONFLEXE (du latin circumflectere, courber
en arc ou en cercle). Voy. accent. •
sitions dans lesquelles on faisait autrefois entrer de
la cire, et qui sont employées pour noircir la chaus- CIRCONLOCUTION. Voy. périphrase.
sure et les harnais, et les faire reluire en leur donnant CIRCONSCRIT. En Géométrie, on appelle po/ÿ-
une sorte de vernis. La composition dont on failusage gone circonscrit à un cercle, celui dont les côtés sont
aujourd’hui, et qu’on nomme cirage anglais, parce des tangentes au cercle; cercle circonscrit à un po-
qu’elle était originairement préparée à Londres, est lygone, celui dont la circonférence passe par tous les
un mélange de noir d’ivoire broyé à t’eau, d’acides sommets des angles du polygone ; hyperbole circon-
sulfurique et chlorhydrique, de mélasse, de gomme et scrite, une courbe hyperbolique du troisième degré,
d’un peu d’huile ; on fait reluire ce cirage en le bros- qui coupe ses asymptotes, et dont les branches reu-
sant. Depuis quelques années, le cirage anglais a été ferment au dedans d’elles les parties coupées de ces
remplacé avantageusement par le vernis Voy. ver- { asymptotes. — En Médecine, une tumeur circon-
Kis), qui s’applique au pinceau et dont le noir est très- scrite est celle dont les limites sont bien prononcées.
brillant. — L’espèce de cirage qui sert à donner du CIRCONSTANCES. La législation française distin-
brillant aux ouvrages de menuiserie, aux sculptures gue des circonstances aggravantes et des circon-
en bois, aux parquets et aux carrelages d’apparte- stances atténuantes.
ments, etc., est plus connu soas le nom à’encausti- Les C. aggravantes sont, comme le met le dit,
que. Voy. ce mot. celles qui rendent le crime ou le délit plus grave,
CIRCAÈTE (du grec circos, busard, et aétos, ai- et qui, par conséquent, entraînent une pénalité plus
gle), Circaetus, genre de l’ordre des Rapaces et du forte ainsi, par exemple , si le vol a été commis la
;

groupe des Aigles. Ces oiseaux tiennent le milieu nuit, s’il a été commis par deux ou plusieurs per-
entre les Aigles pêcheurs, les Buses et les Balbuzards, sonnes, s’il a été commis à l’aide d’effraction exté-
etse rapprochent des Harpies. On en trouve au Sénégal, rieure, ou d’escalade, ou de fausses clefs, etc.; si les
au Paraguay et même en France. F. jean-le-blanc. coupables, ou Tun d’eux, étaient porteurs d'armes,
CIRCASSIENNE ,
étoffe dont le tissu est croisé, s’il y a eu menace d’en faire usage, ou s’il y a eu

chaîne coton rempli, et qui est teinte en laine. Cet ar- violence ; si le vol a été commis sur un chemin pii~
ticle, qu’on fabrique surtout â Reims, a été quelques blic, si le voleur est un domestique ou un homme
années en faveur; la consommation en a diminué de service à gages, etc., ce sont là autant de cir-
considérablement. constances qui motivent une aggravation de peine
CIRCÉE (de Circé, nom mythologique), Circœa, (art. 381 et suiv. du Code pénal). —
S’il résulte des
petit genre de la famille des Onagraircs , renferme débats une ou plusieurs circonstances aggravantes
des plantes herbacées communes dans les forêts et les non mentionnées dans l’acte d’accusation , le prési-
lieux ombragés, montueux, où ces plantes fleurissent dent doit poser la question suivante ; L’accusé a-t-il
au milieu de l’éité. La C. pubescentc, dite vulgaire- commis le crime avec telle ou telle circonstance ?
ment Herbe à la magicienne Herbe aux sorciers,
,
(art. 338 du Code d’Instr. crim.).
parce qu’autrefois on lui attribuait despropriétés mer- Les C. atténuantes ont pour effet de diminuer la
veilleuses, a la tige droite, haute d’env. 0“>,40, garnie criminalité et d’abaisser la peine. Ces circonstances
de feuilles opposées, aiguës; des fleurs blanches ou ne sont pas énumérées par la loi , elles sont laissées
rougeâtres, disposées en longues grappes terminales. à l’appréciation du jury. —
En toute matière crimi-
CIRCINE (en latin circinatus roulé en forme de nelle, même en cas de récidive, le président, après
crosse), se dit, en Botanique, des feuilles qui se rou- avoir posé les questions résultant de l’acte d’accusa-
lent sur elles-mêmes de haut en bas. Les fougères tion et des débats , doit avertir le jury, à peine de
et plusieurs genres de la famille des Droséracées ont nullité, que s’il pense, à la majorité, qu’il existe, en
leurs feuilles circinées. faveur d’un ou plusieurs accusés reconnus coupa-
CIRCINÉS (du latin circus, busard), sous-famille bles, des circonstances atténuantes, il devra en faire
établie dans la famille des Falcoaidés, a pour type la déclaration eu ces termes Oui, à la majorité, il
:

le genre Busard. Voy. ce mot. existe des circonstances atténuantes en faveur de


CIRCONCISION (^du latin circum, autour, et cœ- tel accusé (art. 34l du Code d’Instr. crim. ).
dere, couper). Les Juifs pratiquaient cette opération Les modifications apportées à la pénalité dans les
sur les enfants mMes et sur les adultes qui embras- différents ordres de crimes ou délits par l’admission
saientleur religion. Lacirconcisionétaità la fois pour de circonstances atténuantes ont été énumérées dans
eux une sorte de baptême et un caractère distinctif. l’article 463 du Code pénal. Le Code de 1810 n’ad-
On faisait cette cérémonie le huitième jour de la nais- mettait de circonstances atténuantes qu’en matière
sance. Jésus-Christ fut soumis lui-même à la circon- correctionnelle et de simple police (ancien art. 463
cision, et la religion chrétienne fête, le premier jour du Code pénal); la loi du 25 juin 1824, heureuse-
de l’année, cette circonstance de sa vie. La circon- ment complétée depuis par celle du 28 avril 1 832
cision remonte à Abraham, à qui Dieu la prescrivit les aétendues au criminel. —
Introduite pour mieux
comme le sceau de l’alliance qu’il voulait faire avec assurer la répression des crimes et délits, en fournis-
ce patriarche. Cette pratique fut abandonnée par sant un moyen de proportionner la peine à la cul-
Jésus-Christ et ses disciples ; mais elle fut conser- pabilité, la déclaration de circonstances atténuantes
vée par les Juifs, qui la pratiquent encore. Elle était n’a pas tardé à donner lieu aux plus graves abus :
en usage, de temps immémorial, en Egypte et en entre les mains de jurés faibles, elle n’a été que
Éthiopie ; quelques-uns ont même prétendu , sur trop souvent un mensonge officieux qui a affaibli la
l’autorité d’Hérodote, que les Juifs l’avaient emprun- répression en soustrayant à un juste châtiment les
tée aux Égyptiens. Elle subsiste encore chez les Mu- hommes coupables des crimes les plus révoltants.
sulmans la plupart la pratiquent à 7 ans ; les Per-
: CIRCONVALLATION (du VàtXn circum, autour, et
sans, de l.I à Mans. Chez ces peuplés, la circoncision vallum, retranchement). On appelle ligne de cir-
paraît être autant une' précaution d’hygiène qu’une convallation une ceinture défensive dans l’intérieur
cérémonie essentiellement religieuse. de laquelle campe une armée de siège. Elle est for-
La Circoncision de N. -S. (lètée le 1'' janvier) ne mée d’une suite continue ou discontinue d’ouvrages
remonte guère, comme fête obligatoire, au delà du de fortification passagère. L’objet de la ligne de cir-
vir siècle; ce n'est que vers le xv' qu’elle a été in- convallation est d’arrêter les secours qu’on tenterait
troduite en France. Le Concordat de 1802 l’a sup- d’introduire dans la place, et d’opposer un obstacle
I
primée; ellen’enestpasmoinschômée généralement. ! matériel aux coups de main de Tarmée de secouïs.
, , ,

CIRC — 35f« - CIRE


tllRCONYOLUTION (du latin circum, autour, et partie de l’a.ctivité de la circulation. Quant aux cir-
lourner). En Anatomie, on appelle cüV'O^- constances tpii accélèrent la circulation, ce sont, outre
volutions iiites/imiles, les contours que décrivent les la cunliance et la sécurité, la facilité et la prompti-
•intestins en se repliant sur eiix-mémcs, et ipii rem- tude des communications, un bon système d’établis-
plissent la plus grande partie de l'alidomen , adhé- sements destinés à faciliter les écliangcs, tels que
rant d'une manière fort lâche au bord antérieur du banipies, bourses, cntrepùts, marchés, bazars, etc.
mésentère, circonvolutions cérébrales les saillies CIRCUMNAVIGATION (de circum, autour, et na-
onduleuses qui se remar(|uent sur toute l’étendue du viguer), voyage autour du monde. Voj/. voyages.
cerveau et du cervelet, et qui sont composées d’une CIRCUMPOLAIRES, nom donné, en Astronomie,
couche de matière corticale, doublée par une lame aux étoiles situées près du pôle boréal, et qui tour-
de substance médullaire. — On a cherché dans le nent autour sans jamais s’abaisser au-dessous de no-
le nombre et la disposition des circonvolutions du tre horizon. Plus le pôle est élevé au-dessus de l’ho-
cerveau l’explication des did'érences d’intelligence; rizon d’un lieu, et plus le nombre des étoiles cir-
en ojiposition à cette opinion , M. G. üareste a cru cumpolaires est grand pour ce lieu.
tout récemment (1852) reconnaître que « le plus ou CIRCUS, nom latin du busard.
moins de circonvolutions n’est point en rapport avec CIRE (du latin cera), matière grasse, dure et cas-
le développement des facultés intellectuelles, mais sante, sécrétée par les abeilles et par quelques in-
qu’il suit uniquement le développement de la taille. » sectes de la même famille , se forme sous les anneaux
CIRCULAIUES (nombres), nom donné, en Aritli- de l’abdomen. Elle n’est pas simplement récoltée par
métii|ue, aux nombies dont toutes les puissances se ces insectes sur les fleurs, comme on l’a ciu pendant
terminent par le chilfre qui les exprime; ainsi 5 longtemps; car, si l’on nourrit les abeilles exclusive-
et 6 sont des nombres circulaires, parce que toutes ment avec du miel ou du sucre, elles fournissent au-
leurs puissances, 25, 125,625, etc., 36, 216, 1296, etc., tant de cire que lorsqu’elles ont leur entière liberté.
se lerininent par ces nombres mêmes. Pour obtenir la cire brute, dite aussi cire vierge ou
CIRCULATION (du lutin emut/M, cercle ), fonc- cire jaune, on exprime les rayons pour en séparer
tion de lavie organifpie qui consiste dans le mouve- le miel; ou fait fondre la rire dans l’eau bouillante,
ment successif, et pour ainsi direci'/’ca/oi're, du sang, et on la coule dans des vases en terre ou en bois.
qui est poussé dans les artères par le cœur, puis rap- La cire doit son odeur et sa couleur jaune à certaines
porté par les veines à cet organe, pour en repartir de matières étrangères qui s’enlèvent par le blanchi-
nouveau. Le sang des veines, versé dans l’oreillette ment ( Voy. ce mot) ; elle fond à 64 degrés. La cire
droite du cœur par les veines caves supérieure et in- blanchie n’a ni odeur ni saveur, et présente une
férieure, passe dans le ventricule droit correspondant; densité de 0,966 ; elle est complètement insoluble
de là. , il va aux poumons par les artères pulmonai- dans l'eau , nvais elle se dissout en toutes propor-
res, et s’y purifie en recevant l’inlluence vivifiante tions dans les huiles et les graisses, ainsi que dans
de l’air atmosphérique. Il revient ensuite à l’oreil- les essences et dans l’éther ordinaire. Elle renferme
lette gauche par les veines pulmonaires, puis il passe deux principes chimiques qu’on parvient à séparer
dans le ventricule gauche, et de là dans l’aorte, par l’alcool: l’un , appelé autrefois cèrme, soluble
gros tronc artériel, qui par les artères le distribue à clans ce liquide, constitue un acide organicpie qu’ou
toutes les parties du corps. nomme acide cérotique (C^*H''“0’,HÜ) ; l’autre, in-
La circulation est dite complète quand tout le soluble dans l’alcool, porte le nom de rnyrici>ie ou de
sang des veines est envoyé aux poumons et trans- mélissine, et renferme une espèce d’éther formé par
formé en sang artériel avant d’arriver à l’oreillette un autre acide organique et un alcool particulier. Ou
gauche , comme cela a lieu dans les mammifères emploie piincipalement la cire pour l’éclairage [Voy,
et les oiseaux; elle est incomplète lorsqu’une partie BOUGIE); les qualités plus grossières servent pour
seulement du sang impur est envoyée aux poumons, frotter les appartements; lesidiarmaciens font usage
comme cela a lieu dans les reptiles. Dans le premier de la cire pour préparer les emplâtres, les sondes,
cas, elle est aussi dite double, parce que le sang vei- le cérat et les onguents; les modeleurs l’emploient
neux parcourt deux cercles avant de revenir à son pour façonner des fleurs, des fruits, des animaux ; on
point de départ l’un, de roreillette droite à l’oreil-
: l’utilise aussi pour préparer des pièces artificielles
lette gauche en passant par les poumons; l'autre, d’anatomie [Voy. céroplastie). Les cires les plus es-
de l’oreillette gauche à l’oreillette droite ajirès avoir timées viennent de Bretagne, de Bourgogne , de
parcouru tout le corps. Le premier cercle est appelé Hambourg, de Russie, d'Amérique, du Sénégal,
la petite ciixulation ou C. pulmonaire et le se- d’Algérie. — Huber de Genève a publié en 1792 les
cond la 'jrande circulation. Von. coeur. premières expériences sur laproduction de la cire par
La découverte de la circulation du sang est due les abeilles; M. Gundlach en a confirmé les résultats
à Harvey , célèbre médecin anglais : elle date de en 1842. Un chimiste anglais, M. Brodie, a fait en
1619, mais ne fut rendue publique qu’en 1628. 1848 les analyses les plus exactes de cette matière.
Dans les plantes, la Circulation est le transport CIRE A cacheter OU CIRE d’espagnë, mélange de
dans toutes les pal lies du végétal des sucs nutritifs substances résineuses qu’on façonne en bâtons, et
puisés soit dans la terre, soit dans l’air, par l’ab- qui sert à cacheter les lettres. La cire fine rouge se
sorption. Ces sucs nutritifs, qui constituent la sève prépare avec quatre parties de résine laque , deux
ascendante, s’élèvenldans la plante par les vaisseaux parties de térébenlhinb de Venise, et deux à trois
du corps ligneux, arrivent aux feuilles, où ils subis- parties de vermillon. On en fait aussi de la noire
sent le contact de l’air, et forment le cambiuyn ou de la verte, de la jaune, etc. Les cires cominunes se
sève descendante, qui redescend, partie vers lesdivers font avec de la coloiihane, du blanc d’Espagne bien
organes auxquels il fournit les substances nécessai- desséché et du vermillon ou du minium. Autrefois,
res à leur développement, partie dans les glandes, où tonte la cire à cacheter nous venait de l’Inde par
il se transforme en divers îiipiides d'une nature par- l’Espagne. — On ajipelle cire à sceller la matière
ticulière, tels que lait, manne, gomme, résine, etc. plastique dont on se sert pour recevoir à froid l’em-
En Economie politique, la Circulation est le dé- jireinte d'un cachet, et (pi’on emploie surtout dans
placement successif de toutes les choses utiles qui l’apposition des scellés. On la prépare en fondant
s’opère dans les sociétés; mouvement continuel qui ensemble de la cire blanche, de la térébenthine de
jfait passer alternativement d'une main dans une att- Venise, et du vermillon ou du vert, du jaune, etc.
itré les immeubles, la monnaie, les matières premiè- cire végétale, matière s nihlable à la cire d’a-
res, le» blés et autres céréales, les objets manufactu- beilles et tres-répaudue dans les végétaux. Elle con-
rés, etc. La prospérité des nations dépend en grande stitue eu grande partie la matière gui colore eu vert
, , , , , ,,

CIRQ 355 CISE


les différents organes des plantes (chlorophylle)-, blanche; Domltien y ajouta la C. pourpre et la C dorée. .

elle existe dans le pollen ou poussière séminale des Aujourd’hui, le mot cirque s’apiilique à des en-
fleurs, dans les chatons du bouleau, de l'aune, du ceintes circuiaires et couvertes, destinées aux specta-
peuplier, du frêne; elle recouvre l’enveloppe des cles donnés par des écuyers. Tels sont, à Paris, le Cir-
prunes et d’un grand nombre d’autres fruits; elle que olympique, établi d’abord rue Saint-Honoré (salle
est en dissolution dans le suc laiteux de l'Arbre à la Valeniino), transporté en 1817 sur le boulevard du
vache. Ün l'observe à la surface du Céroxyle ou Temple, et le C. d'été, construit en 1835, aux Champs-
Palmier à cire des Andes du Pérou, de la canne à Elysées; à Londres, le C. royal, etc. Voy. aré.nes.
sucre violette descolonies; elle entoure les giraumons CIRRE, ou, par une oriliugrapbe vicieuse, cirriie
récoltés sous les tropicpies, les baies des Myristica (du latin cirrus boucle de cheveux). Ce mot sc dit :
de la province de Para et de la Guyane, d’une espèce en Botanique, des appendices filamenteux, simples
de Hhus de la Chine et du Japon et de tous les My- ou rameux, souvent roulés en spirale, au moyen des-
rica, arbi’isseaux de la Louisiane et des régions tem- quels beaucoup de plantes grimpantes s’attachent au
pérées de l’Amérique et des Indes, etc. Voy. cirier). corps qui les avoisinent ou les appelle aussi vrilles
:
(

On em]}loie les cires végétales pour l’éclaii'age. ou mains; — en Zoologie, de certaines plumes d’oi-
CIRIEK , celui qui fabri(]ue des cierges et des seaux manquant de barbules des tentacules labiaux ;

bougies. Voy. bougie et cierges. ou barbillons d'un grand nombre de poissons; de la


CIRIER ou ARBRE A CIRE, iiom Vulgaire du Myrica partie des appendices qui , chez les Annélides, rem-
cerifera, arbre du genre Myrica, type de la famille plit la fonction tactile, et qui, se dévelop[»ant seule aux
des Myricacées , détachée des Amentacées racines : anneaux céphaliques, constitue comme les antennes
rameuses, pivotantes et roussàtrcs; écorce grise, de ces animaux entin, de petites lanières placées en
;

mince ; rameaux cylindriques, portant des feuilles nombre variable sur le manteau des mollusques.
vertes, alternes, lancéolées, roides , pointues; pe- CIRRHÈE, Cirrhæn, genre de la famille des Or-
tites baies charnues, globuleuses, produisant une chidées est composé de jilantes épipbytes de l’Inde
,

matière odorante , luisante, friable, fo.i't analogue à ou de l’Amérique tro\>icale, à feuilles plissées, à
la cire des abeilles, que l’on obtient en faisaht fleurs en grappes radicales, qui se font remarquer
bouillir dans l’eau les graines du fruit. Le Cirier par leur ampleur et leur beauté, et qui exhalent une
croit naturellement en Amérique, et réussit en Eu- odeur suave. On les cultive dans les jardins.
rope. On a essayé avec succès d'acclimater en Algé- ClRRHll’EUES ou cirrhopodes (du latin cirrus
rie l’espèce dite C. de Cayenne ou Guingnmadou. on cirr.'tus, cirrhe, vrille, et de pes, pedis, pied, ou
— ün donne aussi les noms de Cirier et tï Arbre à
^

du grec pous,podos, pied), classe d’animaux articulés


cire : 1“ à plusieurs autres espèces du genre Myrica ; fo>-mant le passage naturel entre les Crustacés et les
2° au Palmier des Andes (Ceroxylon andicola); Annélides, comprend ceux dont le corps mou est
3® au Rhus succedaneum, au Liyustrum glabrum, pourvu d’appendices fort longs, cornés, appelés cir-
et à Vllibiscus syriacus sur lesquels les Chinois rhes. La classe des Cirrbipedes forme deux familles:
élèvent un insecte qui y dépose une cire blanche. les Anatifes et les RaUines. Voy. ces mots.
CIHON (du grec kéirô couper, ronger), nom CIRRHOBRANCHES (du latin cirrhus cirrhe, et
donné vulgairement aune infinité de petits animaux du grec branchia , branchie), famille de Mollusques
appartenant à plusieurs genres de la tribu des Aca- établie par Blainville pour le seul genre Dentale.
rides. Ces animalcules , le plus souvent microscopi- CIKRHOÜERMAIRES (du latin cnr/iiw, cirrhe, et
ques, sont répandus en grande abondance sur la du grec derma, peau), nom donné par Blainville aux
viande desséchée, le vieux fromage, la farine; d’au- Echinodermes, à cause des cirrbes ou suçoirs épairs
tres, sous les feuilles ou l'écorce des arbres ; 11 en est sur t'iut leur corps.
même iiui vivent en parasites dans l'intérieur ou CIRSE ou ciRsiON, Cirsium, genre de Composées,
sur le corps des animaux les plus remarquables
: tribu des Cinaiées, renferme des plantes qu’on a
parmi ces derniers sont les Acarus et les Pous (Voy. confondues avec les Chardons, mais qui en difl'èrent
ces mots), ün nomme mite le ciron du fromage. par leur aigrette plumeuse. Ce sont des herbes épi-
CIRQUE (
du latin circus, tour, circuit), lieu des- neuses, à fleurs purpurines ou jaunes, qui habitent
tiné chez les Romains à la célébration des jeux pu- les lieux incultes. Le réceptacle des Cirses se mange
blics ,
commele stade chez les Grecs, était clos par dans quelques contrées comme celui de l’arlichaut.
un mur, appelé spina ,
construit au milieu de l’a- L’espèce la plus commune est le Chardon hémorroï-
rène dans sens de sa longueur, et surmonté de
le dal (Cirsium arvense) dont la tige et les feuilles
statues, d'autels et d'obélisques. Le cirque, plus long sont souvent couvertes de tubercules produits par des
que large, était arrondi aux extrémités; il était en- piqûres d’insectes on a recommandé fort arbitrai-
:

touré de murailles, et fermé à l’un do ses bouts par rement ces tubercules contre les hémorroïdes.
les loges des animaux féroces destinés aux combats, CIS (en grec kis, petit ver qui ronge le blé ou le
et par des barrières d’où partaient ceux ijui faisaient bois), genre d'insectes tétramères, famille des Xylo-
des courses de chevaux ou de chars. —
Le premier phages : ce sont des animaux très-petits, que l’on
cirque fut établi dans Rome par Tarqiiin l’Ancien, rencontre, principalement au [irintemps, en Afrique,
dans la vallée entre le mont Avenün et le mont Pa- en Aniérii|ueet même aux environs de Paris. Us vi-
latin. Ce cirque avait environ 145 met. de iongueur; vent dans les agarics et les bolets desséchés.
dans la suite, il fut plusieurs fois agrandi par les em- CISAILLES. Voy. ciseau.
pereurs ; il était environné à l’extérieur de colon- CISEAU, CISEAUX (du latin cœdere au supin
nades et de galeries qui formaient des promenades ccesum, couper’i). Un ciseau est une lame d’acier
très-fréquentées, où s’établissaient aussi des bouti- trempé, aiguisée en biseau à l’une de ses extrémités,
ques. Outre ce cirque, appelé le Grand Cirque,Rome et le plus souvent fixée par l’autre à un manche de
en avait huit autres fort remarquables. Les jeux du bois. Le ciseau avec l’aide du maillet, sert à diviser
,

cirque (circenses) étaient célébrés avec une grande et à entailler le bois, la pierre, le marbre et même les
pompe, llscommençaientparunecavalcade en l’hon- métaux. Le sculpteur se sert du ciseau: le ciseleur
neur du soleil. Les courses en char, à cheval et i se sert du ciselet petit ciseau de fer délié et long à
pied venaient ensuite. Les combats de giadiateurs peu près comme le doigt. —
Tout le monde connaît
leur succédaient. la forme des ciseaux en usage dans l’économie do-
Onappclait factions ducirque, les différent es trou- mestique. Lesciseaux des cliirurgieiis ont des formes
pes de conducteurs de chars qui se disputaient la vic- diverses suivant la nature des opérations; ainsi les
toire dans le cirque; il y en avait 4 principales, qui lames sont tantôt droites, tantôt coudées, ou cour-
se distinguaientpar les couleurs vertc,bleue,rouge et bes, soit sur le tranchant, soit sur le plat, comme
lè.3.
, , , ,

CISS — 356 — CITÉ


dacs ciseaux à cuiller qui servent à l’extirpa-
les nés proportionnelles entre deux lignes données.
tion de l’œil. — On nomme cisailles de gros et forts CISTE (du grec cistè, corbeille), Cistus, genre
ciseaux à longues branches avec lesquels on coupe type de la famille des Cistinées, renferme des ar-
à froid tontes sortes de métaux. On s’en sert dans bustes ou sous-arbrisseaux, propres au midi de l'Eu-
les grandes forges, pour couper les barres de fer ; on rope, à feuilles simples et opposées, à fleurs pédon-
s’en sert également dans les lamineries, les ateliers culées, axillaires, assez grandes, jaunes, roses ou
de chaudronnerie, de poêlerie, de ferblanterie, etc., blanches, et disposées ta'ntôt en épis ou en grappes
pour couper et tailler les tôles. 11 y a des cisailles de terminales, tantôt solitaires. Une espèce très-com-
plus de 3 mètres de long, qui sont mises en jeu à mune dans les îles de l’Archipel, le C. creticus ou
l’aide de la vapeur. On se sert aussi, pour découper ladani férus, produit la gomme odorante connue en
les lames de métal, de cisailles circulaires ,îoTmkes médecine sous le nom de ladanum.
de deux rondelles d’acier à axes parallèles, et dis- Le Ciste mystique était chez les Grecs une cor-
posées de telle sorte que leurs bords, taillés en biseau beille qu’on portait en pompe dans les mystères de
et bien aiguisés, se rencontrent, se croisent et tour- Cérès, de Cybèleet de Bacchus : les jeunes filles qui
nent en sens opposés au moyen d’engrenages. — On le portaient étaient appelées Cistophores.
appelle cisoires de gros ciseaux dont le manche est CISTINÉES ou cisTACÉEs, petite famille de plan-
attaché et monté sur un pied. tes dicotylédonées polypétales hypogynes, composée
OISELET. Voy. ciseau. d’arbrisseaux , de sous-arbrisseaux et d'herbes à
CISELEUR (de cwe«!^ ). L’art du cfxe/eMr consiste feuilles le plus souvent opposées, à fleurs en épi ou
généralement à enrichir des pièces métalliques, ou- en corymbe ombellé, quelquefois solitaires; à se-
vragées ou non, de quelque dessin, sculpture ou mences fines, assez nombreuses, et contenues dans
bas-relief. On distingue les Ciseleurs répai'ateurs une, trois, cinq ou dix loges. Elle renferme les
qui achèvent les pièces moulées en métal, telles que genres Ciste et Hélianthème.
bronzes, pendules, etc., dont ledessin n’a pusortirdu CISTOPHORES (du grec cistè, corbeille, et phérô,
moule parfaitement marqué ou sulDsamment ter- porter), antiques monnaies d’argent de l’Asie Mi-
miné ; et les Ciseleurs proprement dits, qui façonnent neure, frapp'ées à Éphèse, Pergame, Sardes, Tralles,
eux-mêmes les pièces de méta'l, telles que tabatières, Aparaée et Laodicée, ont pour type d’un côté un ciste
pommes de canne, étuis, coupes, etc., et qui exé- dont le couvercle à demi levé laisse sortir un serpent,
cutent des sujets en relief et en demi-relief. Pour et autour une couronne de lierre ; le revers offre un
cela, le ciseleur commence par dessiner sur le métal carquois autour duquel s’enlacent deux serpents.
passé au feu les sujets qu’il veut représenter; puis, à Elles sont relatives aux mystères d’Eleusis et de Bac-
l’aide du marteau, il emboutit (ou rend convexes) les chus. — Jeunes filles quiportaientlecisfe. Voy. ciste.
parties qui doivent être saillantes ; après quoi la pièce CISTRE (corruption du grec cithara, harpe), in-
est recuite et passée au ciment ; alors, à Taide de strument à cordes des anciens, encore usité en Italie,
marteaux et de ciselets, le ciseleur enfonce à petits a presque la figure du luth, mais a un manche plus
coups les parties qui doivent être creuses; enfin, avec long, et divisé en dix-huit touches.
la lime et le brunissoir, il fait disparaître les aspé- CISTUDE ( de cista boite , et tesiudo tortue )
rités et polit les surfaces.— L’art de ciseler est connu Cistudo, genre de reptiles de l’ordre des Chélo-
dès les temps les plus anciens : presque tous les niens et de la famille des Émydes. La Cistude euro-
sculpteurs grecs et romains étaient en même temps péenne, à laquelle on a donné les différents noms
ciseleurs : on vantait surtout en ce genre l’habileté de Tortue bourbeuse. Tortue jaune, etc., vit dans
de Scopas; mais c’est depuis la Renaissance que la les eaux tranquilles ou courantes , nage avec beau-
ciselure a fait les plus grands progrès. On cite coup de facilité, et vient quelquefois à terre.
parmi les ciseleurs du xvi® siècle le fameux Benve- CISTULE (diminutif de ciste), nom donné par
nulo Cellini, Balin, Th. Germain et L Goujon; et quelques Botanistes au conceptacle qui, dans les li-
de nos jours, ïhomire, Galle, Soyer, Fauconneau, chens, contient les corps reproducteurs, lorsqu’il est
Fannière, Ravrio, Feuchère, Kirstein, etc. globuleux et clos dans sa jeunesse , et qu’il s’ouvre
CISOIRES. Voy. ciseaux. dans sa maturité : tel est celui dos Sphœrophores.
CISSAMPELOS (nom grec d’une sorte de liseron), CITADELLE (de l'italien cittadella, diminutif
genre de la famille des Ménispcrmées, renferme des de citta, ville), forteresse élevée soit dans l’intérieur,
arbrisseaux sarmenteux propres aux contrées équi- soit à l’extérieur d’une ville de guerre, et disposée de
noxiales, à feuilles simples, pétiolées; à fleurs dis- manière à commander la place et la campagne. Ou
posées en groupes axillaires. Le suc du C. pareira construit ordinairement les citadelles sur l’enceinte
est employé au Brésil contre la morsure des ser- même de la ville, de manière qu’une partie est en-
pents. Sa racine, dite pareira brava, jouit de pro- clavée dans la ville, et l’autre saillante sur la campa-
priétés toniques et diurétiques. gne. Une citadelle est le plus souvent pentagonale,
CISSE (du grec cissos, lierre), Cissus, genre de la régulière et à deux issues. — Les citadelles ont existé
famille des Vitacées,est compose d’arbrisseaux sar- de toute antiquité. L’Acropole à Athènes, le Capi-
menteux grimpants, à feuilles alternes, à fleurs tole à Rome, Ilion à Troie, étaient des citadelles.
verdâtres, et (jui croissent partout. On les cultive CITATION se dit, en Jurisprudence, de l’acte par
dans les jardins à cause de leur belle verdure et de lequel on somme quelqu’un de comparaître devant
l’eflêt pittoresque qu'ils produisent sur les murs. un juge de paix. On distingue la citation de r«.MZ
Plusieurs contiennent dans leur intérieur une quan- gnation ou ajournement, mots qui s’appliquent lors-
tité d’eau suffisante pour désaltérer, d’où leur nom qu’on appelle quelqu’un devant un tribunal de in-
vulgaire de Liane aux voyageurs. La principale es- stance. Toute citation est signifiée par un huissier,
pèce est le Cisse à cinq vulgairement Vigne et doit, pour être valable, remplir les mêmes con-
merye ,
originaire de l’Amérique septentrionale, et ditions que l'assignation. Voy. ce mot.
qui s'est depuis longtemps acclimaté chez nous : ses CITÉ (du latin civitas). La cité est l’ensemble des
feuilles sont à 5 folioles ovales, d’uu beau vert lui- individus qui habitent dans une même enceinte, étant
sant, qui devient rouge en automne; ses rameaux soumis aux mêmes lois et jouissant des mêmes droits :
sont pourvus de vrilles. on oppose cité à ville, mot qui n’exprime que l’assem-
CISSOIBE (du grec cissos, lierre, et eidos, forme), blage des édifices dans lesquels les citoyens résident.
courbe qui , en s’approchant de son asymptote, re- Le droit de cité est la jouissance de tous les droits de
présente à peu près une feuille de lierre. Cette courbe citoyen{Voy. cemot).— Dansl’ancien empire romain,
a été inventée par le géomètre grec Dioclès, pour ré- le mot cité désignait surtout les municipes ou villes
soudre le problème de la construction dedeuxmoyen- principales des provinces qui avaient une curie , un
, , ,

CITR — 357 — OIT U


forum, etc. — Dans certaines grandes villes, comme et très-agréablequand elle est étendue. L’acide ci-
Paris, Londres, ce tju’on appelle/a Cité est la plus an- trique se combine avec les bases pour former les ci-
cienne partie de la ville, celle où se trouve l’église trates. Quand on le chauffe à 120“, il finit par se
cathédrale ou principale. —Dans le langage de l’Él- convertir en acide aconitique ou citridique, en per-
criture ces mots : la cité céleste, la cité de Dieu, dant les éléments de Teau. On l’extrait habituelle-
,
sont pris ordinairement pour le ciel considéré comme ment du jus de citron ; on sature ce jus avec de la
séjour des bienheureux. S. Augustin a donné le nom craie; il se forme ainsi du citrate de chaux insolu-
de Cité de Dieu au plus remarquable de ses ouvra- ble qu’on décompose ensuite par de Tacide sulfuri-
ges , dans lequel il oppose les vertus de la nouvelle que 100 kilogr. de jus de citron fournissent environ

:

société chrétienne aux vices des sociétés antiques. 5 kilogr. et demi d’acide cristallisé. On prépare le
On appelle souvent Jérusalem la Cité sainte parce jus de citron en grand dans les pays chauds, notam-
qu’elle a été le berceau du Christianisme. ment en Sicile, aux environs de Messine. L’acide—
CITERNE, lieu souterrain et voûté, construit pour citrique est employé par les teinturiers pour obtenir
servir de réservoir aux eaux pluviales ou autres. Les le rouge de cartbame, et pour préparer une disso-
citernes sont ordinairementdivisées en deux portions : lution d’étain qui produit, avec la cochenille , de
le citerneau, petite chambre où les eaux sont reçues à plus beaux écarlates que le sel d’étain ordinaire. Les
leur arrivée, et où elles déposent ce qu’elles ont d’im- indienneurs l’utilisent comme rongeant. On s’en sert
pur, et la citerne proprement dite, où les eaux, préa- encore pour enlever les taches de rouille et les taches
lablement filtrées, restent en dépôt pour l’usage. Plu- alcalines sur l’écarlate, pour préparer une dissolution
sieurs pays trop secs ou trop marécageux, tels que la de fer, avec laquelle les relieurs donnent à la surface
Syrie et la Hollande , ne sont habitables qu’à la fa- de la peau une apparence marbrée, etc. Les méde-
veur de l’eau fournie par les citernes. L’eau des ci- cins le prescrivent très-souvent sous forme de limo-
ternes est la plus salubre quand la citerne est bien nade; il faut 2 gr. d’acide cristallisé pour aciduler
construite. L’usage des citernes était fort répandu agréablement un bire d’eau. On prépare la limonade
dans l’antiquité. Carthage possédait d’admirables féc/ieavecun mélange intimede 500 gr. de sucre et de
citernes , dont on voit encore les restes aux environs 16 gr. d’acide qu’on aromatise avec quelques gouttes
de Tunis. On admire à Constantinople une citerne d’essence de citron. —
Scheele isola Tacide citri(]ue en
qui passe pour la plus belle du monde; les voûtes 1784, etappritàledistinguerdel’acide tartrique,avec
portent sur deux rangées de 212 piliers chacune. lequel il avait été jusqu’alors confondu. Voy. citroiv.
CITHARE (du grec cié/iara), instrument de musi- CITRON, fruit du Citronnier. 11 est de forme
que des anciens, inventé, selon la Fable, par Mer- ovoïde, d’un rouge brun en naissant, et d’une belle
cure et modifié par Apollon. C’était un instrument couleur de jaune clair à Tétat de maturité. 11 offre
a.ssez semblable à notre guitare, formant un ovale qui une double écorce : Tune extérieure, \e zeste, rabo-
allait en diminuant par une de ses parties : il se ter- teuse, mince, remplie d’une huile essentielle très-
minait en un manche droit, surmonté lui-même d’un aromatique; l’autre intérieure, le ziste blanche,
chevillier recourbé en dedans et légèrement incliné épaisse, tendre, charnue, contre laquelle s’appuie la
sur un côté. A droite et à gauche se trouvaient les pulpe acide et juteuse, ainsi que les neuf à dix loges
chevilles destinées à tendre les cordes. Voy. lyre. où sont renfermées les graines. L’écorce de citron
CITOYEN, nom donné à l’habitant d’une cité au confite au sucre se vend sous le nom de zeste d’Ita-
membre actif d’une société libre, à tout individu qui lie. Le jus de citron remplace souvent Tacide citri-
participe au pouvoir souverain par son suffrage, ou qui que dans ses différents emplois: il est d’un usage jour-
jouit de certains droits refusés à l’étranger. nalier comme assaisonnement; sa saveur est plus
Dans l’ancienne Rome, le titre de citoyen romain, agréable que celle du vinaigre. Étendu avec de Teau
qui d’abord n’appartenait qu’à ceux qui étaient nés à et édulcoré avec du sucre ou du sirop, ce jus constitue
Rome, fut étendu à tout individu né en Italie ou ail- la limonade. Les marins emploient le jus de citron
leurs, qui avait acquis le droit de cité romaine. comme préservatif contre le scorbut. Les anciens le
Dans les monarchies modernes, le mot citoyen est regardaient comme un puissant antidote.
le plus souvent remplacé par celui de bourgeois. La CITRÜNELLE (de citron), nom donné vulgaire-
dénomination de Citoyen a été maintenue pourles ré- ment à plusieurs plantes qui répandent une odeur
publiques et pour les monarchies constitutionnelles. de citron quand on froisse leurs feuilles telles sont
:

En 1792, les mots Citoyen, Citoijenne, furent sub- VAurone mâle, \3. Mélisse officinale, Séringat odo-
le
stitués à Monsieur, Madame. Cet usage se maintint rant, iàVerveine à'i feuilles, \e Goyavier aromatiq.
jusqu’au 18 brumaire, et se perdit à l’époque de l’Em- CITRONNIER, Citrus, espèce du genre Oranger,
pire. On tenta vainement de le rétablir en 1848. famille des Aurantiacées, renferme des arbres hauts
CITRATES, selsformés par la combinaison de de 4 à 5 m., à tige grisâtre, a tète arrondie, aux
l’acide citrique avec une base. Les principaux sont feuilles petites, ovales -oblongues, pointues, d’un
le C. de chaux, d’où Ton e.xtrait Tacide citrique, et vert clair, persistantes, à fleurs blanches en dedans,
le C. de magnésie ; ce dernier a été proposé en 1847 violettes au dehors, répandant une faible odeur. On
par M. Rogé Delabarre, pharmacien d'Anisy-le-Cbâ- distingue le Citronnier proprement dit, qui produit
teau (Aisne), pour la préparation d’une eau purga- le Citron, le C. cédratier [Citrus medica] et le C.
tive sans amertume. Ce médicament, qui a la saveur limonnier (C. limonium). —
Le Citronnier, origi-
d’une limonade, purge comme l’eau de Sedlitz. Ilaété naire de Tlnde, a été transporté en Europe au temps
perfectionné par M. Mialhe, pharmacien de Paris. des croisades. Voy. cédratier et limonnier.
CITRIDIQUE (acide). Voy. aconitique. CITROUILLE, nom donné vulgairement à toutes les
CITRIQUE (acide), acide organique contenu dans espèces du genre Courge, doit être réservé à une seule
les citrons, les oranges, les framboises, les groseilles, espèce de la section Pepon, le Giraumon (Cucurbita
les baies d’airelle, et beaucoup d’autres sucs végé- oblonga). Elle a le fruit très-gros; la couleur et la
taux acides; il y est souvent accompagné d’acide formedesa coque varientsingulièrement. La citrouille
malique. U se rencontre dans le commerce sous la a chair assez fine, mais fort aqueuse ; cependant elle
la
forme de prismes obliques à quatre pans, terminés est excellente à manger quand elle est bien préparée.
par des sommets dièdres et renfermant du carbone, CITULE , genre de poissons de la famille des
de Thydrogene et de l’oxygène dans les rapports de Scombéro'ides, renferme cinq espèces, dont la plus
C'*H*ü”,3HO+2a<7; cescristaux renferment 9 pour intéressante est la belle Citule ou belle Carangue,
100 d’eau de cristallisation, qui dispau'ait par la des- de couleur argentée , aux nageoires jaunes. Ce pois-
siccation au bain - marie. La saveur de cette sub- son a la forme du maquereau, ce qui le fait appeler
stance est fortement acide quand elle est concentrée, Maquereau bâtard. Il est très-commun en É^pte ,
, , ,

CIVI — 358 — CLÂl


sù on le mange, quoiqu’il soit peu délicat, et quel- CLABAUD ,
terme de Vénerie , se dit d’un chien
quefoismême véuéneux. de cluTsse qui a les oreilles pendantes, et qui crie
CIVADIÉHE, voile carrée qu’on suspend sous le mal à propos, c’est-à-dire qui aboie sans être sur les
mât lie beaupré. La vergue de civadière sert â rete- voies do la hôte :c’est de là que vient l’expression
nir les liaulians des bouts-dehors de lieaupré. faniilière de clabauder pour dire déclamer à tort.
:

tIVE, nom donné à tort â la Cihoule et à la CLADlüN ( du grec clados, rameau), plante her-
CiboiJetle, désigne un oignon petit et dégénéré, qui, bacée de la famille des Cypéracées, a feuilles très-
selon l’expression des agriculteurs, ne tourne pna. La longues, dentées en scie; analogue aux Schœnus par
cive a, du reste, toutes les propriétés de l’oignon, son port. Le C. mariscus est le type du genre. On
et on s'en sert comme de la ciboule. Elle a donné son trouve rette herbe dans toutes les parties du monde.
nom au civet, ragoât fait ordinairement de chair de CLAUüBATE (du grec clados, branche, et buinô,
lièvre et où elle entre comme assaisonnement. marcher), nom donné par Fréd. Cuvier à des Mam-
CIVETTE (mot arabe qui veut dire parfum], Vi- mifères du genre Tupaia qui vivent sur les arbres.
verra genre de Mammifères de l’ordre des Carnas- CLAÜONIA, nom latin du Cénomyce. Voy. ce mot.
nassicrs et do la famille des Digitigrades, renferme CLAIE (du grecc/cïd, fermer), ouvrage d’osier
de petits quadrupèdes fort agiles, de la taille du re- qui sert à divers usages, notamment à passer de la
nard, à la tête longue, au museau pointu, au nez terre ou du s,able, à faire égoutter le fromage, etc.
terminé par un mufle assez large, ayant les narines — Autrefois, le corps des suppliciés était traîné pu-
grandes et percées sur ses côtés, la langue à paiiilles bliquement sur une claie que le bourreau faisait
cornées, et une cavité plus ou moins profonde placée tirer par un cheval. — On donne le nom de clayon-
au-dessous de l’anus, et s’ouvrant à l’extérieur. Cette naye à toute disjiosition formée .avec des claies. En
cavilé,au fond de laipielle aboutissent deux poches Agriculture, ou soutient les terrains meubles et peu
glanduleuses, contient une matière grasse, analogue consistants avec un cl.nyoniiage formé de gaulettes
au musc, de la consistance de la pommade, decouleur liées entre elles par dos brins de bouleau ou d'osier.
d’abord blanche, qui devient brune en vieillissant, Les Orfèvres appellent claie une espèce de faux
d’une odeur forte et quelquefois fétide, et d’une sa- plancher mobile à claire voie, qui se pose sous leur
veur âcre et brûlante: cotte matière, nommée aussi établi, et dans les creux duquel tombent la limaille
civette, est très-employée en paffumerie : à petite et les paillettes d’or cl d’argent qui se détachent des
dose et associée à d’autres substances, elle donne une ouvrages; on les en relire avec soin.
odeur qui plaît à beaucoup de iiersonncs; on s'en CLAIBCE (de clams, clair, limpide), nom donné
sert pour aromatiser des tabacs de choix. On s’en dans les Ralfineries au sirop de sucre brut, traité par
servait autrefois en médecine comme stimulant et le charbon animal ou par tout autre agent propre à
antispasmodique. On trouve desCivettes en Asie et en décolorer, et clariliô avec du sang et des œufs.— On
Afrique,principalemeut en Abyssinie, en Guinée et au ajqielle clairçaye l’opération qui consiste à é[iurer
Congo. — On extrait la civette du corps de l’animal le sucre brut au moyen de la clairce. Voy. sucre.
vivant en introduisant avec précaution une petite cuil- CLAIRET, vin léger et ipii est un peu clair. — Les
ler dans la poche qui la contient. La civette d’Amster- Anglais a|i];)ellcnl6’/ai‘r6t (Claret) le vin de Bordeaux.
dam est préférée à celle qui nous vient du Levant ou CLAIRETTE, nom d’une variété de Raisin, rc-
des Indes; celle de Guinée serait la meilieiire si on ne maripiable par sa transparence; — un des noms vul-
la falsifiait p,as avec du storax et autres matières odo- gaires de U Mâche cultivée ;— maladie des vers à soie
rantes. La civette qu’on expédie de l’Asie est extraite du dans laquelle ils deviennent presque transparents.
Zibel, animal qui ressemble à la civette, mais qui CLAIR-OBSCUR. On apiielle ainsi, on Peinture,
en diffère par quelques caractères particuliers. riniitalion de l'elfet que [iroduit la lumière eu éclai-
Le genre Civette se divise en neux sous-genres : rant les surfaces qu’elle frappe, et en laissant dans
la Civette proprement dite et la Genette. Le premier l’ombre celles ipi’ellc ne fraïqie [las. Rembrandt a
sous-genre renferme la Civette d'Afrique ou Chat tout sacrilié dans scs tableaux à la magie du clair-
musqué, qui est élevée en domesticité chez les Ethio- obscur; le Cnrrége, Titien , Van-I)yck , et chez nous
piens, pour lesquels elle est une source de richesse : Granet, olfrent d'excellents modèles eu ce genre.
elle a 65 centimètres de long, sans compter la queue, Ou ])cut étudier dans les écrits de Dnudré-Bardoii ,
qui est de 4,3 centim. ; son pelage gris-brun , rayé de Reynolds et dans le Traité de peinture de M. de
et moucheté d’un brun noir, est assez fvurni. Monlabcrt (Paris, 1829), la théorie du clair-obscur.
CIVETTE , plante. Voy. cive et ciboulette. CLAIRON (du latin clarns, clair), instrument de
CIVIL (de civis citoyen), qui appartient au ci- musique militaire : il ressemble assez à la trompette,
toyen; c’est en ce sens que l’on dit droits civils,
: mais a le tube moins gros; il sonne l’octave aigue de
état civil, mort civile, etc. [Voy. le nom qui pré- la trompette ordinaire. Il n’est employé aujourd'hui
cède civil). —Eu Jurisprudence, on oppose civil à en France que dans l’infanterie et dans la marine mi-
criminel. Civil se dit aussi par opposition à mili- litaire. Le clairon (litiius) était connu des anciens;
taire, h ecclésiastique. —
Civil (Code) Voy. code civil.
. il fut longtemps en usage chez les Maures, qui le
CIVILISATION, développement progressif des fa- transmirent aux Portugais. — On donne aussi ce nom
cultés de l’homme en société, dans le but d’amélio- à un jeu d'anche en étain qu’on emploie dans les or-
rer sa condition physique et morale on l’o|)pose à
: gues, et ipii sonne l’octave aiuué du jeu de même espèce
barbni'ie. On doit â M. Guizot {'Histoire de la civi- ajipclé trompette, et la partie aiguë de la clarinette.
lisation en Europe, 1828, et VUistoire de la civi- CLAIRONES (du latin clerus, sorte de ver qui,
lisation en France, 1829. suivant Pline , engendre la rorruption dans les ru-
CIVIQUE (de civis, citoyen). Ce mot s’emploie ches), tribu de Coléopt‘'Tcs pentamères, de la famille
surtout dans le sens politique [droits civiques .?<??- des Serricornes , renfi rine des insectes au corjis cy-
ment civique) ; il est souvent synonyme de patrioti- lindrique, à la tête et au corselet plus étroits que
que: c’est ainsi que l'on <iil couronne civique, chants l’abdomen , aux auteniics toujours plus grosses à
civiques. Voy. le nom qui précède civique. l’extrémité, et disposées soit en massue, soit en scie.
CIVISME (du latin civis, citoyen), réunion des On trouve ces insectes sur les fleurs, ou sur le tronc
qualités qui font le bon citoyen. Ce mot est entré des arbres. Leurs larves sont toutes carnassières. Cette
dans la langue révolutionnaire sous la Terreur, à tribu a pour type le genre Clairon, àoni ou connaît
l’époipie où fut portée la loi des suspects c’est alors: beaucoup d’espèces. Le Cl. des Abeilles dépose sa
que furent imaginés les certificats de civisme, qui l.arve dans les ruches , où il fait beaucoup de dom-

donnèrent lieu aux plus graves abus : ils furent abo- mage en dévorant les larves des abeilles. Cette es-
lis après le 18 thermidor (an 111 ). pèce se trouve aux environs de Paris.
, , ,

CLAR — 359 GLAS


CLAMEUR (du latin clamor, grand cri). Ce mot, les clefs. Ce tube, appelé perce, est terminé d’un
dans ruiicicn Droit coutumier, ôl.iit synonyme de cûté par un bec, qui reçoit l’anche, et de l’autre
demande ou citation par-devant le juge. —
Dans la par une partie évasée eu cône, «pii s’appelle patte
coutume de Normandie, ou distinguait plusieurs es- ou pnnllun. La clarinette possède près de (piulre
pèces de clameurs la plus connue de toutes est celle
: octaves, à partir du nd au-dessous du plus grave
qu'on aiipelaitCVaweü/v/e /(«CO, en vertu de la(pielle des sons du violon les sons (pii s’étendent de ce mt
:

on pouvait, sans mandat préalable et sans ministère jusipi'au si bémol à la douzième |irennent le nom
de sergent ou d’huissier, amener devant le juge la de chalumeau ; du si naturel jus(pi’à l'ut dièse au-
personne dont on avait à, se plaindre. Ou prétend dessus, formant une octave et un ton , ce sont ceux
que le mot haro est une corruption des mots à Rou du clairon ou de la clarinette ; du ré de la deuxième
ou ù Rollon, et qu’il exprimait un appel à la justice de octave jusqu’au contre-ut le son est dit aipu. Le
ce chef normand, qui fut le le duc de Normandie doigté de la clarinette est très-difficile et très-com-
CLAN, mot écossais qui signifie famille, désignait pliqué. — La clarinette a été inventée en 1690 à
autrefois les tribus demontagnards de l’Ecosse. Nuremberg par.l.-Chr. Dernier; elle a été perfection-
CLANDESTINE (de clundesUnus, caché), genre née [lar Ivan Millier. Gluck est le premier qui l’ait
de la famille des ürobandiées , renferme des plantes introduite dans la musique dramaiiqu, ; aujourd’hui
herbacées, vivant en parasites sur les racines des elle est d’un usage universel, et la plupart des mor-
arbres et autres végétaux qui habitent les lieux cou- ceaux d’orchestre en rtn bémol et en si bémol font
verts et humides. La CL à fleurs droites (C. pan- entendre des solos de clarinette. Cet instrument a été
duliflora), il laiiuelle on attribue 4es vertus emmé- introduit dans la musique militaire sous Louis XV.
nagogues, est une belle plante à tigesquammeuse, CJiARKL\,bellerdantedelafam. des Onagrariées.
cachée sous terre, et à grandes fleurs pourpres vio- CLASSE (du latin classis, réunion d’hommes, de
lacées et disposées en épis. Elle se développe sur- vaisseaux, etc.). Ce mot, qui, dans l’usage vulgaire,
tout sur les racines du peuplier. peut s’applupier à toute esiièce de collection, est spé-
CLAPET, espèce de petite soupape qui se lève et se cialement consacré dans les divisions adoptées en His-
baisse pour boucher et déboucher alternativement toire naturelle pour exprimer une subilivision d’un
dans une pompe le tuyau qui sert de passage à l’eau. (les grands règnes de la Nature ou d’un de leurs era-
Le clapet est formé d’un cuir garni sur ses faces 0 [>- branchements ; c’est ainsi, par exemple, ([uc dans le
posées de deux rondelles ou jilatines de métal, ipii système zoologiipie de Cuvier, l’embranchement des
lui servent de doublure ; ces trois épaisseurs sont for- 'Vertébrés coni|irend 4 classes les Mammifères, les
:

tement serrées runesur l’autre par des vis. Le clapet Oiseaux, les Reptiles et les Poissons, etc. Pour les
porte d’un côté une queue par laquelle il est attaché nom; des classes de chacun des Règnes de la nature.
au piston ou au diaphragme qui ferme le tuyau de Von. animàux, minéraux, végétaux.
lu |iompe.La pression de l’eau le force de découvrir CLASSIFICATION, distribution régulière de toutes
l’orifice du piston quand on l’enfonce, et cette môme les parties d’un vaste ensemble , réunies par leurs
pression, quand on le relève, le force de le fermer. ressemblances et séparées par leurs différeiires. Dans
Dansles instruments à vent, le clapet est une pe- l’étude de la nature, on distingue des classifications
tite soupape garnie de cuir qui se lève et se baisse naturelles dites Méthodes, qui sont fondées sur le
par le mwen d’une simple charnière. plus grand nombre possible de caractères communs,
CLAPIER , cage de bois dans laquelle on élève et des classifications artificielles, dites Systèmes, fon-
les lapins domesti(|ues, qu’on aiipelle pour cette dées exclusivement sur la considération d’un seul or-
raison lapins de clapier. •

On donne aussi ce nom gane dans ces dernières, les êtres les plus déférents
:

aux trous que l’on creuse dans les garennes pour ser- par leur essence iieuvent se trouver réunis dans un
vir de retraite aux lapins. —
En Chirurgie, on nomme môme g roiqie, comme le seraient, par ex., l’homme, le
clapiers des sinus iiu'oil’rent certaines fistules. singe, l’oiseau, |iar le caractère commun de bipèdes.
CLAQUE, double soulier dans lequel on en- fait Les divisions botaniques de Jussieu olfrent l’exemple
trer le vrai soulier, et qui tient le pied à l’abri de (i’uucclassificalion naturelle', c.ellesde Linné, d’une
Thumidité; — chapeau rond ou à trois cornes, pou- classification artificielle. — Quel (juc soit le mode
vant s’aplatir de manière îi être porté aisément sous de classification adopté, il existe des termes consa-
le bras, et qui sert surtout dans les salons. crés pour désigner les divers groupes, selon leur
CL.AQUE-BÜIS , instrument de percussion et à plus ou moins d’étendue. L’ensemble de tous les
touches , composé de dix-sept bâtons de bois dur et groiqies appartenant à l’une des trois grandes bran-
.sonore, qui vont en diminuant de longueur, et qui ches de l’Histoire naturelle porte le nom de Règne;
ont chacun un degré diatoni(iue. On les faitrésonner chaque règne se subdivise en Embranchements; cha.-
en frapi>antdessus avec un marteau oudes baguettes. que embranchement en Classes, et successivement,
CLARIFICATION , opération qui consiste à rendre les classes en Ordres, en Familles, en Tribus, en
clair un liquide dont la transparence est troublée Genres’, en Espèces, enfin, en Variétés, lesquelles ne
par des substances solides et très-divisées qu’il tient comprennent plus que dos Individus. On peut, du
ensusjiension. On clarifie l’eau , les vins, la bière , reste, étendre ou abréger la classification selon le
les liqueurs, les sirops, le sucre, le vinaigre, etc. besoin, en introduisant des subdivisions entre les di-
11 y a deux méthodes de clarification l’une s’accom-
: vers degrés de cette espèce d’échelle, ou en en sup-
plit par des moyens [)urement mécaniques, comme primant quelque échelon.
ie simple repos, la décantation
,
la despumation, CLASSIQUE. A l’époque de la renaissance des
la colaturc et la filtration [Voij. ces mots) ; l’autre lettres , au xv' siècle, on donna le nom de classigues
s’cfTectue par des procédés chimiques ainsi on cla-
: aux auteurs anciens, grecs et romains, qui étaient
rifie le plus souvent les liquides, comme le vin, le regardés comme des modèles et qui étaient spéciale-
sirop de sucre, avec des substances coagulables, telles ment étudiés dans les classes ou les écoles tels sont
:

que le blanc (l’œuf, la gélatine, la colle de poisson, Homère , Sophocle, Euripide .Dlaton , Aristote, chez
le sang de bœuf, le lait même] ces substances, en les Grecs ; Cicéron, Virgile, Tite-Live, Tacite, chez
se précipitant au fond du vase, entraînent avec elles les Romains. Dans la suite, le nom de classigues fut
toutes les matières étrangères. étendu à tous les auteurs, modernes aussi bien i|u’an-
CLARINETTE ( du latin clarus, clair, aigu ), in- ciens,qiii, [lar la |ierfectioii de leurs écrits, pouvaient
strument à vent et à anche, qui se conqiose d’un servir de modèles. — De nos jours, on oppose le genre
tube creux de la longueur du hautbois, mais d’un classiyue, c’est-à-dire les écrivains iniilateiirs de la
diamètre un peu plus fort, et qui est orclinairement belle antiquité et du siècle de Louis \1V, au genre
percé de 13 trous , dont 6 pour les doigts et 7 pour romantique, qui prétend s’affranchir du joug de l'an-
, , , , , , , ,

CLAU - 360 - CLAV


tiquité et des règles établies : les coryphées du roman- gieux. —Les offices claustraux étaient certaines char-
tisme sont trop connus pour qu'il soit utile de les citer. ges auxquelles les abbés avaient droit de nommer.
Le Canon des auteurs classiques est une liste des CLAVAIRE (de cluva, massue), Clavaria, genre
écrivains grecs les plus remarquables, dressée vers 200 de Champignons, type de la famille des Clavariées,
ans avant J.-C. par Aristophane de Byzance et par section des Basidiosporés , est caractérisé par un cha-
Aristarque. Voici ce canon: poètes e'piques, Homère, peau charnu, simple, en forme de massue ou à ra-
Hésiode, Pisandre, Panyasis, Antimaque; poètes meaux dressés, sans pédicule distinct; la membrane
ïambiques, Archiloque, Simonide, Hipponax ; poètes séminifèreest lisse,couvrant toute sa surface, mais ne
lyriques, Alcman , Alcée, Sapho, Stésichore, Pin- présentant de capsules que vers la partie supérieure.
dare, Bacchylide, Ibycus, Anacréon, Simonide; La Cl. cendrée, la Cl. coralloide et la Cl. fauve de
poètes élégiaques, Callimaque , Mimnerme, Philétas, couleur jaune, sont bonnes à manger. —
La famille
Callinus ; noétes tragiques, Eschyle, Sophocle, des Clavariées comprend les genres Clavaire (genre
Euripide, Ion,Achæus, Agathon; poètes comiques, type), Pistillaire , Crinule, Typhule, etc.
Epicharme, Cratinus, Eupolis , Aristophane, Phé- CLAVEAU (du latin clavus, clou), pierre taillée
récrate, Platon, Antiphane, Alexis, Ménandre, en forme de coin qui entre dans la construction des
Philippide, Diphile , Philémon, Apollodore ; histo- voûtes plates ou carrées, comme sont celles des por-
riens, Hérodote, Thucydide, Xénophon , Théo- tes, des fenêtres, etc. On distingue lesclaveaux sim-
pompe, Ephcre ,
Philiste, Anaximène, Callisthène; ples dont les joints sont formés par une surface
orateurs Antiphon , Andocide , Lysias , Isocrate droite , et les claveaux à crossettes dont les joints
Isée ,
Eschine , Lycurgue , Démosthène , Hypéride sont fermés par des surfaces brisées qui forment un
Dinarque;pAi7oiq/)/ies, Platon, Xénophon, Eschine, redan qu’on nomme crossette lequel sert à donner
Aristote, TMiéophraste. plus d’appui aux claveaux, et à se raccorder avec
CLASTIQUE (anatomie). Voy. anatomie. les assises horizontales des pieds droits.
GLATHRE (de clathrus, grillage), espèce de CLAVEAU, maladie des bétes à laine. Voy. clavelée.
Champignons, type de la famille des Clathrdidées. CLAVECIN (par abréviation de clavicymbalum,
Le Clathre rouge, qu’on trouve dans le midi de la même signif.), ancien instrument de musique formé
France, est remarquable par la tête en forme de d’une caisse de bois contenant un ou plusieurs cla-
grillage, d’un beau rouge de corail, qu’il présente viers, et dont les cordes sont métalliques, doubles ou
en sortant de son volva. Ce champignon est délétère. triples. Le piano moderne n’est autre chose que le
CLATHROIDÉES, tribu de Champignons, section clavecin perfectionné ; tandis que dans le piano, les
des Basidiosporés, renferme des champignons à spo- touches du clavier frappent les cordes à l’aide de
rules (graines) ces sporules sont tantôt réunies en une
: petits marteaux , dans le clavecin, l’extrémité pos-
membrane épaisse, gélatineuse, étendue à la surface térieure du clavier porte une lame de bois nommée
d’une partie du champignon, tantôt renfermées dans sautereau, laijuelle est armée d’une petite pointe de
son intérieur. Cette tribu comprend les genres Cla- plume de corbeau qui pince les cordes. —
Le clavecin
thrus (genre type). Phallus, Battarea. n’était pas connu avant le xv® siècle; il paraît avoir
CLAUUÉE (de CÎ'aMrfeLamouroux,pèredunatura- été inventé en Italie. On le modiüa d’abord pour lui
liste de ce nom, à qui elle fut dédiée), plante marine donner, comme à l’orgue , des timbres et des jeux
de la Nouvelle-Hollande, de la famille des Floridées, différents; puis on en perfectionna le mécanisme, et
dont la forme, la couleur et l’organisation sont des il arriva successivement à l’état actuel du piano.

plus singulières; elle est haute d’un à deux décimè- On appela au dernier siècle Clavecin oculaire une
tres, et a des tubercules en forme de silique allongée, espèce de clavecin inventé par te P. Castel, et dans
attachés aux nervures par les deux extrémités. Elle lequel les sept couleurs primitives répondaient aux
fut trouvée par le naturaliste Péron. sept tons de la musique, h'ut répondait au bleu, \’ui
CLAUDICATION (du latin claudicare boiter). dièse au céladon , le ré au vert gai, le ré dièse au
Elle peut être l’elfet soit du raccourcissement ou de vert olive, le mi au jaune, le fa à l’aurore, le fa dièse
l’allongement d’un des membres inférieurs, soit de à l’orangé , le sol au rouge, le sol dièse au cramoisi,
l'ankylose de quelqu’une de leurs articulations, de le la au violet, le la dièse au violet bleu, le si au bleu
la paralysie de leurs muscles, ou simplement des d’iris. L’octave suivante recommençait de même ;
douleurs qui ont leur siège dans l’un de ces membres seulement les couleurs étaient plus foncées ou plus
et qui en gênent les mouvements. —
Les Vétéri- claires. L’inventeur prétendait, au moyen de cet in-
naires emploient de préférence le mot boiterie. strument, charmer l’œil, comme te clavecin charme
CLAUSE (du latin claudere, terminer), disposi- l’oreille ; mais après de longs essais, il ne put réussir.
tion particulière qui fait partie d’un traité, d’un Vers la même époque, l’abbé Poncelet imagina un
contrat ou de tout acte public ou particulier. En Clavecin des saveurs instrument singulier, sem-
Droit, toute clause est valable, pourvu qu’elle n’ait blable, pour la forme, à un buffet d’orgues portatif.
rien de contraire aux lois, aux bonnes mœurs, à la L’action de deux soufflets formait un courant d’air
sûreté publique, et qu’elle ne soit pas impossible. continu porté par un conducteur dans une rangée
On appelle Clause comminatoire une clause stipu- de tuyaux ; vis-à-vis de ces tuyaux était disposé un
lant une certaine peine contre ceux qui contrevien- pareil nombre de fioles remplies de liqueurs qui re-
dront aux dispositions convenues; Cl. dérogatoire, présentaient tes saveurs primitives ; ces saveurs ré-
une clause d’un testament dans laquelle on déclare pondaient aux tons de la musique : Vacide à \’ut, le
que si certaine phrase qui se trouvait dans un pre- fade au ré le doux au mi Y amer au fa, V aigre-
,

mier testament ne se trouve pas dans un autre fait doux au sol, V austère au la, le piquant au si.
plus tard, ce dernier ne sera pas valide ; Cl. pénale, CLAVEL ou CLAVELADE, noms vulgaires de la Raie
celle par laquelle une personne, pour assurer l’exé- bouclée iBaia clavata). Voy. raie.
cution d’une convention , s’impose une peine en cas CLAVELEE ou claveau (du latin clavus, clou),
d’inexécution ; Cl. résolutoire, celle qui par son ac- dite aussi Clavin, Picotte, Rougeole, etc., maladie
complissement opère la révocation de l’obligation, et éruptive et contagieuse, propre aux bêtes à laine, et
remet les clioses au même état que si l’obligation qui a beaucoup d’analogie avec la petite vérole. La Cla-
n’avait pas existé. velée est caractérisée par des clous ou boutons qui se
CLAUSTRAL (du latin c/ausfrMw ,
cloître). On montrent aux ars (plis formés à la réunion de la poi-
appelait prieur claustral le supérieur régulier qui trine et des membres antérieurs), à la surface interne
gouvernait le monastère , à la difl'érence du prieur des avant-bras et des cuisses, autour de la bouche et
commendataire qui percevait seulement une partie des yeux. La marche, les complications et la termi-
des fruits et n’avait point de juridiction sur les reli- naison de la maladie sont les mêmes que celles de la
, ,

CLAV — S61 CLÉ


variole de l’homme ;
comme celle-ci , elle ne sévit tout le système qui résulte de la position relative
qu'une seule fois sur le même individu. On a essayé des trois clefs ; c’est en ce sens qu’on dit : cette voix
inutilement de la vaccine pour préserver les moutons parcourt tout le clavier. —
La première idée du cla-
de la clavelée; mais la clavelisation ou inoculation vier, due à l’invention de Torgue, est ancienne; mais
du virus contenu dans les pustules des moutons cla- l’application du clavier aux instruments à cordes
veleux a eu des résultats plus heureux. appartient à la musique moderne.
CLAVETTE (diminutif de clavus, clou), espèce de CLAVIGERE ( de clava, massue, et gero, porter,
clou plat, en bois ou en fer, qu’on passe dans l’ou- à cause de la forme des antennes), genre de Coléop-
verture faite au bout d’une cheville, d’un boulon, etc. tères, de la famille des Psélaphiens, ayant à peine
il y a des clavettes fermant à ressort, c’est-à-dire que, 2millim. et demi de long. Le Clavigère vit, comme
lorsqu’on les a fait entrer dans les mortaises des bou- la Cétoine, au milieu des fourmis, qui, loin de le
lons, les deux bouts s’écartent d’eux-mêmes pour chasser, prennent soin de le nourrir. La raison de
l’empêcher de sortir. —On emploie les clavettes au cette sympathie est que les Clavigères laissent trans-
lieu d’écrous pour tous les ouvrages de bois ou de suder une liqueur dont les fourmis sont très-friandes.
fer qui sont susceptibles d’être démontés. Cet insecte se trouve en Suède, en Allemagne, en Bel-
CLAVICORDE, espèce de clavecin carré dont la gique, et en France, même aux environs de Pamis.
touche est armée d’une baguette ou lame de cuivre CLAVI-LYRE instrument de musique
,
qui con-
pour faire résonner les cordes. Le son qu’on en tire siste en une harpe à cordes verticales résonnant au
a un timbre argentin, mais très-faible. Le clavicorde moyen d’un clavier, a été inventé vers 1820 à Lon-
a. été en usage en France jusqu’au xvii® siècle; en dres par l’artiste Batteman. M. Dietz le père avait
Allemagne, on s’en est servi plus longtemps; per- inventé en 1812, à Paris, un instrument de même
fectionné par d’habiles facteurs, il se soutient encore genre qn’il avait appelé clavi-tiarpe.
dans quelques contrées du nord de ce pays. CLAYIP ALPES ( de clava massue , et palpus ,
CLAVICORNES [Aeclava, massue), famille d’in- palpe), tribu d’insectes Coléoptères tétramères, ren-
sectes de Tordre des Coléoptères pentamères, a ferme des insectes aux antennes terminées par une
pour caractères : des élytres ne recouvrant souvent massue, aux mâchoires armées intérieurement d’une
pas entièrement Tabdomen , quatre palpes , les an- dent cornée ; leur corps est arrondi , bosselé ; leurs
tennes en massue à leur extrémité. Elle se divise en mandibules dentées indiquent des animaux rongeurs.
dix tribus ; Palpeurs, Histéroïdes , Silphales , Ni- Le type de cette tribu est le genre Erotyle.
tiduaires, Scaphidites , Engidiles, Dermestiens CLAYMORE, épée écossaise à lame longue et large.
Byrrhiens, Acanthopodes et Leptodactyles. — C’était aussi le nom du cri de guerre des Écossais.
CLAVICULE {du latin clavicula, diminutif de CLAYONNAGE. Voy. claie.
davis, clef) , os pair qui sert d’arc-boutant à Tépaule, CLÉ ou CLEF (du latin davis, dérivé du grec cléis,
est ainsi appelé parce qu’on Tacomparé àla clef d’une même signif.).Dans la clef, instrument de serrurerie,
voûte , ou parce que sa forme est la même que celle on distingue, outre Vanneau et la tige, le panneton, qui
des verrous des anciens. La clavicule est légèrement est fendu ou percé de difl'érentes manières, suivant la
contournée en S et placée transversalement à la par- confection de la serrure et des gardes qui y sont pla-
tie supérieure du thorax; elle s’articule d’un côté cées intérieurement. On nomme cZe/’ /br^e celle dont
avec le sternum , de l’autre avec l’apophyse acro- la tige est creuse, et clef bénarde celle qui est pleine
mion de l’omoplate. Moins courbée et plus longue et terminée par un bouton. —
Les Grecs attribuaient
dans la femme que chez l’homme, la clavicule est de l’invention des clefs à un certain Théodore de Samos ;
forme prismatique , triangulaire d’un côté, large et cependant elles étaient connues des Hébreux et des
aplatie de l’autre. Elle est composée d’une couche Égyptiens. Certaines clefs fort anciennes ne sont autre
épaisse de tissu compacte à l’extérieur, et d’un tissu chose qu’une vis dont le pas s’adaptait à un écrou qui
spongieux à aréoles vastes dans l’intérieur. La luxa- servait de verrou. Les clefs des Romains étaient en ai-
tion et la fracture de la clavicule sont des accidents rain. Éu France, les clefs furent très-grossières pen-
graves et assez fréquents. — La présence ou l’ab- dant tout le moyen âge ; à partir du xv® siècle , on
sence de la clavicule a servi de caractère à Cuvier s’occupa surtout de travailler la tige et l’anneau ; ce
pour partager les Rongeurs en deux sections, les n’est que dans ces derniers temps que les Fichet, les
Clavicules et les Acle'idiens (c’est-à-dire sans clavi- Lepaul, etc., ont apporté au panneton ces perfec-
cule, de a privatif, et cle'is, clef, clavicule). tionnements qui ont fait de la clef un instrument
CLAVICYLIINDRE , instrument de musique in- aussi sûrque commode. —
Les clefs ont été de tout
venté en 1793 par le physicien Chladni, consiste eu temps un symbole de la puissance et de la prédomi-
une espèce de clavecin , renfermant dans l’intérieur nance. La clef était l’attribut spécial d' Isis et d’Osiris :

de sa caisse un cylindre en verre qu’on fait tourner forme d’une croix ansée (d’un T surmonté
elle avait la
au moyen d’une manivelle à pédales, et contre la d’un 0) La clef est aussi un symbole chrétien on sait
. :

surface duquel on fait frotter , en abaissant les tou- qu’on représente S. Pierre tenant les clefs du Paradis.
ches, des tiges de fer qui produisent le son. Le tim- Én Architecture, on appelle clef de voûte la pierre
bre de cet instrument a beaucoup d’analogie avec de milieu qui ferme la voûte, et qui supporte l’ac-
celui de Tharmonica : ce qui le distingue, c’est la tion de toutes les pierres qui la recouvrent ; ou
propriété qu’il a de donner des sons filés qu’on peut nomme Clef à crossette celle qui a la forme d’un T ;
nuancer à volonté par la pression de la touche. Cl. pendante, celle qui est chargée d'un ornement
CLAVIER (en latin claviarium, dérivé de davis, descendant plus bas que les voussoirs qui forment
clef, parce que dans l’orgue les touches servent comme le sommet de la voûte ; Cl. en bossage ou en pointe
de clefs pour ouvrir ou fermer le passage au vent) , as- de diamant, celle qui a de la saillie.
semblage des touches de l’orgue du clavecin, du piano,
, En Chirurgie, on nomme Clef de Garengeot l’in-
de la vielle et autres instruments de ce genre. Ces strument dont se servent les dentistes pour faire l’ex-
touches sont les extrémités d’autant de leviers dont traction des dents il doit son nom à son inventeur,
:

l’autre extrémité va attaquer les cordes qu’on veut célèbre chirurgien du dernier siècle. Cet instrument
faire résonner. Les claviers des pianos d’aujoui'd’hui a depuis éprouvé plusieurs modifications, et Ton dis-
ont six octaves ou six octaves et demie. Chaque oc- tingue aujourd'hui la Cl. à pompe, la Cl. à pivot
:

tave est formée de douze touches, dont sept d’ivoire et la Cl. à noix. —
La Clef de trépan est un petit
et cinq d’ébène ; celles d’ivoire rendent les notes de instrument d’acier dont on se sert pour démonter la
l’échelle diatonique naturelle celles d’ébène, les diè- pyramide du trépan, et la séparer de la couronne.
ses et les bémols. — ;
On donne également le nom de En Musique , on nomme clefs certains signes ou
clavier à la portée générale ou somme des sons de caractères qui se mettent au commencement d'uno
, — , , , , , —
,

CLEO — 362 — CLER


portée, sur une des cinq lignes, pour indiquer le nom torride, se réunissent tous les soirs par milliers sur
de la noie qui se place sur cette ligne, et, par suite, la surface des mers, apres le coucher du soleil, et dis-
le nom des autres notes. 11 y a trois clefs dans la paraissent dès l'aube du jour.
musique la clef à’ut, la clef de sol, qui est celle
: CLËOGEjNE (i lom arbitrairement emprunté â la
du ténor, la clef de fa, pour les basses. Ces trois mythologie). Lépidoptère de la famille des Noctur-
clefs en forment sept, si I on considère la ligne sur nes, pourvu de quatre ailes qui, en dessus comme
laquelle on les place; ce sont la clefdb(<, qui peut
: en dessous, sont d’une seule couleur, tantôt claire,
se placer sur la première, la seconde, la troisième tantôt foncée. Le type de ce genre est la Cl. tinctoria,
et la quatrième ligne; la clef de sol, placée sur la d’un jaune d'ocre, qui vole en juillet dans les Alpes.
quatrième ligne; la clef de fa, sur la troisième et CLÈOGONE (nom arbitraire). Coléoptère tétramère
la quatrième ligne. — La clef indique le degré d'élé- de la famille des Curculionides, à antennes insérées
vation de la gamme moyenne, suivant les voix ou les à l’extrémité de la trompe, et pourvu d’un écusson
instruments pour lesquels morceau est écrit. En
le apparent. L’espèce type est le IVvjtichœnus rubetra
substituant une clef à une autre, un morceau de mu- ou Rh. gngates fort commun k Cayenne.
sique écrit pour une voix ou pour un instrument CLEOME (du grec cléomè, nom d’une plante au-
donné peut être exécuté par une voix différente ou jourd’hui indéterminée), genre de la famille desCap-
par un instrument d’un autre diapazon, et se trouve paridées, est composé de plantes annuelles ou suffru-
ainsi transposé dans la partie moyenne qui convient tlqueuses , à feuilles simples ou composées remar-
,
le mieux à chaque instrument ou à chaque voix. quables par la beaut&|^ leurs fleurs blanches, roses,
On donne aussi le nom de clefs k do petites soupapes verdâtres, jaunes ou^oletles, à calice quadriparti
métalliques qu'on adapte aux instruments à vent, et à 4 pétales, à 4 ou 6 étamines, et à style nul ou
qui sont destinées à fermer ou à ouvrir les trous aux- très-court; le fruit est une capsule. La Cléome est
quels les doigts nesauraient atteindre. hes touches le type d’une petite tribu qui prend d’elle le nom
des orgues portaient autrefois le nom de clefs. de Cléomtes. On cullive dans les jardins les Cléo-
Dans les Arts mécaniques, on appelle clef en gé- mes dites pentaphglla, pungens, pubescens, specio-
néral ce qui sert à fermer et à ouvrir, à tendre et à dé- sissima, dendroules etc.
tendre, à serrer ou à desserrer certains assemblages. CLEPSYDRE (du grec cleptô , cacher, eXhydôr,
Ainsi on nomme Cl. d’épinette, declavecin, de piano, eati ), horloge usitée chez les anciens, et qui mesu-
de harpe, l’outil de fer qui sert à tourner les chevilles rait le temps par la chute d’une certaine quantité
de ces instruments, pour en tendre ou en relâcher les d’eau. La clepsydre simple consistait en un vase
cordes; Cl. de pistolet, de carabine, d’arquebuse à transparent, percé d’un petit trou à sa partie infé-
rouet, l’instrument avec lequel on bandait autrefois rieure et plein d’eau; le liquide, en s’écoulant, in-
CCS armes; Cl. dependule.de montre, de lampe, l’in- di(|uait la mesure du temps sur les parois du vase,
strument dont on se sert pour monter une pendule, au moyen d’une échelle de division. Plus tard, on
une montre, une lampe; Cl. de voiture, l’instrument substitua un cadran à cette échelle l’eau, en bais-
:

qui sert à monter et à démonter les écrous et les crics sant, faisait descendre un flotteur qui, lui-même,
qui tiennent les soupentes tendues; Cl. anglaise, entraînait un fil enroulé sur l’axe de l’aiguille du
une sorte de marteau composé de deux pièces appe- cadran. Dans les clepsydres composées, d’une inven-
lées mâchoires dont l’une se meut par une vis, et tion encore plus récente, l’eau tombait goutte â goutte
qui sei't à serrer et à desserrer, etc., etc. d’un réservoir supérieur sur une roue à palettes, qui
CLECHÉ (de claie), se dit, en Blason, d’une pièce mettait en mouvement d'autres roues dentées, en
percée à jour de manière à laisser voir le champ. communication avec des aiguilles. On étend quelque-
CLEMATIDÉËS, petite tribu de la famille des Re- fois le nom de clepsydres aux horloges de sable.
nonculacées, renferme les genres Clématite (genre Les clepsydres furent, dit-on, inventées en Égypte
type), Atragène et Viorne. vers l’an 250 av. J.-C.; c’est à Ctésibius qu’on doit la
CLEMATITE (du grec clématis, plante sarmen- clepsydre à roue. Elles étaient répandues au com-
teuse), genre de la famille des Renonculacées, type mencement de notre ère dans toutes les contrées de
de la tribu des Clématidées, renferme des herbes vi- l’Europe où la civilisation de la Grèce et de Rome
vaces ou des arbustes sarmenteux, dont on se sert pour avait pénétré. César en trouva dans les Gaules et
garnir les berceaux ou les murs des jardins. On en jusque dans la Grande-Bretagne. Charlemagne, au
connaît un grand nombre d’espèces parmi lesquelles ; 1 x
0 siècle, reçut en présent du calife Haroun-al-
la Cl. commune ou des haies, dite aussi Aubevigne Rasebid une clepsydre magnifique. L’invention des
[Cl. vital ba), à fleurs petites, blanches, odoi-antes, et horloges mécaniques a fait renoncer aux clepsydres.
disposées en sorte de panicule; scs feuilles vertes, CLERC (du latin clericus dérivé lui-méme du
écrasées et appliquées sur la peau, sont vésicantes et grec klêros héritage, partage; parce que dans la
caustiq\)es : les mendiants y avaient jadis recours Bible la tribu de Lévi, consacrée au sacerdoce, est
pour s’excorier les jambes et les bras, et attirer ainsi appelée le partage du Seigneur), nom donné k tous
la commisération , d’où lui est venu le nom à'Hei be les ecclésiastiques en général, depuis le simple ton-
aux gueux', ses tiges sont employées à faire des pa- sure jusqu’au prélat. Au moyen âge, le mot clerc
niers, des corbeilles et autres ouvrages de vannerie; était synonyme de lettré ou savemt, parce qu’à cette
la Cl. crépue [Cl. crispa), k fleurs grandes et bordées époque il n’y avait que les ecclésiastiques qui possé-
d’unemembrane veloutée et ondulante; la Cl. de dassent quelque instruction. —On appelait Clercs
Mahon [Cl. batearica) et la Cl. odorante [Cl. flam- acéphales (c.-à-d. sans chef) les clercs qui ne vou-
mula), toutes trois recherchées pour garnir les treil- laient pas vivre en commun avec l’évêque, à la diffé-
lages: la Cl. à tiges droites [Cl. recta) et la Cl. à rence des Cl. chanoines, qui vivaient ainsi ; Cl. de la
feuilles entières [Cl. vior?ie) , à fleurs pourpres ou vie commune, une congrégation de chanoines régu-
violettes, qui font un bel effet dans les parterres. liers, nommés aussi Frères de la vie commune que
h' Aristoloche clématite, employée comme apéri- Gérard Groot, de Deveuter, rassembla dans sa mai-
tive, est une plan te de la famille des Aristolochiéesqu’il son vers la lin du xiv® siècle; ces clercs se répandi-
ne faut pas confondre avec la Clématite commune. rent dans la suite en Frise, Weslphalie , Gueldre,
CLEUDORE (^uom arbitrairement emprunté â la Brabant et Flandre Cl. réguliers, des prêtres vivant
;

mythologie), Cleodora, genre de Mollusques ptéro- en communauté, et formant diverses congrégations:


podes, privés de tète, mais pourvus de deux ailes les institués en 1524, furent les premiers
membraneuses entre lesquelles se trouve la bouche, clercs réguliers; après eux vinrent les Barnabites ou
et renfermés dans une coquille conique, mince et dia- Cl. réguliers de Saint-Paul, les Jésuites ou Cl. ri-
phane. Ces animaux , très-nombreux sous la zône guliers de la compagnie de Jésus, etc.
, , ,

CLIG 363 - CLIN


Dans les parlements, on appelait conseiller clerc, pour garantir de l’action d’une lumière trop vive.
ie

un conseiller pourvu d’une charge ecclésiastique. C’est une véritable troisième paupière. On en trouve
Dans l’origine, on appelait les notaires Clercs du un rudiment chez les quadrupèdes.
roi. Ils furent créés sous Philippe le Bel, en 1.'109. CLIMACTERIS (du grec climacter, échelon, de-
On appelle aujourd’hui Cl. de notaire, d’avoué, gré, à cause de l’haliitudc de grimper de ces oiseaux),
etc., ceux qui font dans les études de ces officiers pu- nom latin du genre Echetet. Voy. ce mot.
blics un travail journalier et qui se forment ainsi à CLIMAT (du grec climax, échelle, degré, divi-
la même profession. Par la loi du 25 ventôse an 11 sion). Les anciens géographes divisaient la surface
les aspirants au notariat doivent faire un stage de du globe, depuis le pôle jusqu’à l’équateur, en trente
six ans comme clercs de notaire. Le stage des avoués zones parallèles qu’ils appelaient Climats; ils cal-
,

est de cinq ans. Le premier clerc d’une étude prend culaient cette division d’après la longueur des jours
le nom de maitre clerc ou de principal clerc. comparée à celle des nuits, au solstice d’été. De
Ou aiipelail autrefois Cl. rihauds ou Gouliards, Té(pialeur au cercle polaire, ils comptaient 24 cli-
du nom d’un parasite bien connu , des bouffons qui mats, dits de demi-heure, parce que chacun de ces
se donnaient la tonsure ecclésiastique. Plusieurs con- climats, au solstice d’été, a le jour d’une demi-heure
ciles firent des statuts contre ces clercs : il leur fut plus long (|uc le climat qui le précède; du cercle
défendu en 1231 de porter la tonsure. polaire au pôle on comptait 6 climats, dits de mois,
CLERGÉ , nom donné à l’ensemble des clercs ou parce que, pour chacun d’eux, la durée du jour est
au corpsdes ecclésiastiques {Voi/. prêtre). Le clergé d’un mois de plus que dans le climat précédent.
Catholique se divise en CL régulier, qui comprend Aujourd’hui on n’applique guère le nom de climat
tous les clercs astreints a une règle monastique, et qu’à une division fondée sur l’état thermométrique
en Cl. séculier, qui vit dans le monde {in sœculo). des diverses contrées. On divise, en général, la sur-
— Pendant la Révolution on appelait Clergé consti- face du globe en climats chauds, tempérés, et froids
tutionnel ou assermenté, les ecclésiastiques qui, en [Voy. zones). Les premiers sont compris entre les
1792, adoptèrent la constitution civile du clergé. deux tropiques, les seconds entre les tropiques et les
Le clergé de l’Eglise grecque se compose desc?M- cercles polaires, les troisièmes s’étendent des cercles
poten (maîtres), des hagioi {sa.ints), des protopapas polaires jusqu’aux pôles; mais il est impossible, à
(archiprètres), des papas (prêtres), des diakonen cause de la forme des continents, de la direction des
(diacres), etc. — Dans l’Église arménienne, l’ordre montagnes, de la nature du sol et des cultures, de
des simples prêtres comprend la corporation des var- déterminer exactement les climats par des lignes pu-
tabiedsow docteurs, qui se divisent en deux classes : rement géographiques; les lignes dites isothermes, ou
celle des majeurs et celle des mineurs. Le chef do ofl'rantune égale température moyenne par année,
la religion est le patriarche on cafAo/icov. —
Les Égli- subissent des inflexions plus ou moins considérables,
ses réformées, à l’exceiition de l’Église anglicane, et ne sont parallèles que dans le voisinage de la zone
n’ont pas conservé la hiérarchie cléricale. torride; l’étude de ces lignes, fondée par Al. deHum-
CLERGIE (bénéfice de), du mot clerc pris dans boldt,formela science appelée Climatologie {Voy. le
le sens de lettré. On appelait ainsi un privilège Cosmos d’Al. de Humboldt, trad. par Paye, Paris,
établi autrefois en faveur de quiconque avait reçu 1846, iu-8). — Personne n’ignore quelle influence le
les premiers éléments des lettres. Par le seul fait climat exei'ce sur la végétation, sur les rares anima-
qu’il savait lire, un criminel condamné à mort ne les, sur le tempérament des individus, et même sur
pouvait être exécuté. Aujourd'hui le bénéfice de
,
les mœurs et le caractère des habitants. On peut lire
clergie cxisteencore en Angleterre pour certainscas. à ce sujet ; De l’influence des climats sur l’homme,
CLIGHAGE, procédé de stéréotypage qui consiste d’E. Foissaç, Paris, 1837, in-8.
à prendre l’empreinte d’une page d’impression, préa- CLIMATÉRIQUES (années) , du grec climax, éche-
blement composée en caractères mobiles, en appli- lon, c.-à-d. divisées par étages; nom donné par les
quant sur cette page une couche de plâtre fin et hu- anciens à certaines périodes de la vie qu’on regardait
mide ou une pâte de carton, puis il couler du métal comme critiques. Ce sont les années dont le chitfre
fondu dans le moule ainsi obtenu ; le métal, en se so- est un multiple de sept, suivant les uns, ou de neuf, sui-
lidifiant, donne une planche appelée cliché, avec la- vant les autres. La 6.3® année était appelée la grande
quelle on peut tirer un nombre indéfini d'exemplaires, climatérique ,porce que 63 est le multiple de 7 par 9.
et seulement à mesure des besoins. Voy. stéréotypie. On a été jusqu’à penser que les années climatériques
Les graveurs en médailles ont recours au clichage pouvaient apporter quelque changement, non-seule-
pour faireépreuve de leurs ouvrages pour cela, ils
;
ment à la santé du corps, mais à la fortune, à la po-
appliquent le coin sur de l’étain en fuxion. sition sociale , etc. La science moderne a fait jus-
CLIENT, en latin cliens (de colere honorer). tice de ces rêveries , fondées pour la plupart sur la
Chez les Romains tous les citoyens étaient partagés théorie des nombres de Pythagore; cependant on
en patrons ou protecteurs, et eu clients ou patronés. conserve le nom de climatériques, ou jilutôt de cri-
Dans l’origine, les patrons formaient la classe des pa- tiques à certaines époques de la vie (comme celle
triciens, et les clients celle des plébéiens. Les clients de la pubcrté,de l’âge critique chez la femme), où sur-
devaient le respect à leurs patrons, et ceux-ci aide et viennent de grands changements dans la constitution.
protection à leurs clients. Le client devait contribuer CLIMAX (du grec climax, degré), figure de Rhé-
â doter les filles du patron, à le racheter, lui ou tori(|ue indiquant que le discours s’élève ou descend
ses enfants, lorsqu’il était fait prisonnier, payer les comme par degrés : on l’appelle plutôt gfrm/nf fora.
dépens de ses procès, soutenir sa candidature aux Dans la Musique ancienne , on appelait climax :
charges publiques. Si le client mourait sans testa- 1“ un trait où deux parties vont à la tierce, en mon-
ment, le patron héritait de ses biens. Celui-ci lui tant et en descendant diatoniquement; 2“ un trait
donnait des repas, lui faisait des distributions, soit de chant qui est répété plusieurs fois de suite, et
de vivres (sporiules), soit d’argent, etc. Aujour-— toujours un ton plus haut.
d’hui on appelle client, celui qui charge un avocat, CLINANTHE ^du grec clinè, lit, et anthos, fleur),
un avoué, un notaire, de la défense ou de la con- nom donné, en Botanique, à l'extrémité élargie
servation de ses droits et de scs intérêts, celui qui d’un pédoncule qui porte plusieurs fleurs , comme
confie à un médecin le soin dè sa sauté, etc. dans les Composées et les Dipsacées. Après la flo-
CLIGNOTANTE (membrane), membrane demi- raison , le cliuanthe est creusé de petites fossettes
transparente qui, chez les oiseaux, se trouve placée ou couvert de poils, de soies ou de paillettes.
verticalement entre le globe de l’œil et les paupières, CLINIQUE (du grec clinè, lit), enseignement
et que l’animal amène à volonté au-devant de Tœil pratioue de la médecine , fait au lit mêrae'des m.i-
,

CLOA — 364
.
— CLOC
lades. Dans l’enfance de la médecine , la clinique et génératrices et celui du rectum, et ayant une seule
était l’unique moyen d’étude des médecins ;
Hippo- issue au dehors. On l’appelle aussi vestibule commun.
un grand succès. Mais la cli-
crate s’en servit avec CLOCHE (en allemand glocke, en anglais clock).
nique moderne ne remonte qu’au xiv« siècle, à l’épo- Les cloches sont ordinairement en bronze (environ
que de rétablissement des hôpitaux; Van Swieten 78 de cuivre et 22 d’étain) ; le battant est en fer. La
fonda à Vienne la première clinique véritable Des- ;
région la plus épaisse d’une cloche est celle où frappe
bois de Rochefort dota la France de cet utile ensei- le battant; la partie supérieure ou cerveau porte in-
gnement, qui plus tard fut considérablement perfec- térieurement un anneau auquel est suspendu le bat-
tionné par Corvisart, Pinel et surtout par Desault. tant; plusbassont attachées losanges qui permettent
Aujourd’hui on compte à Paris huit cliniques, dont de manier les cloches. On donne le nom de carillon
quatre médicales, trois chirurgicales, et une d’ac- à une réunion de cloches à timbres variés , et celui
couchement. —
On donne aussi le nom de Clinique àd bourdon à de grosses cloches dont le son grave et
aux ouvrages où sont consignés les leçons de clinique. puissant se répand au loin. Les cloches les plus re-
CLINOPODE (c.-à-d. Pied-de-lit), ou Grand Basilic marquables sous le rapport de la grosseur sont celles
sauvaqe, geui’e de Labiées, est aromatique et tonique. deMoscou(66,000kilogr.), dePéking;60,000 kilogr.),
CLINQUANT (de l’allem./c/i/îÿen, résonner, ou, par de Saint-Etienne à Vienne en Autriche, de Notre-
onomatopée, à cause du petit cliquetis que font en- Dame à Paris , de Saint-Jacques de Compostelle en
tendre les feuilles de clinquant quand on les froisse), Espagne ; celle de George d’Amboise à Notre-Dame
petite lame d’or ou d’argent très-mince , ou de cui- de Rouen, qui pesait 18,000 kilogr. et qui a été fon-
vre doré ou argenté , qu’on met dans les broderies, due pendant la Révolution , mais remplacée depuis.
les galons et les rubans pour leur donner plus d’éclat. On a exprimé assez heureusement les divers usages
Ces feuilles ont quelquefois une de leurs surfaces attribués aux cloches dans les deux vers suivants :
teinte d’une couleur rouge, bleue ou verte, etc.,
recouverte d’un vernis, —
Le clinquant ayant plus Laudo Deum verum » plebem voco coogrego clerum
,

Defunctos ploro, fugo fulmina, festa decoro.


d’éclat que de valeur, on le prend au figuré pour
les choses qui n’ont que de l’apparence. Les cloches étaient connues des Hébreux, des Égyp-
CLIO, planète télescopique. Voy. Victoria. tiens et des Romains; mais l’emploi des cloches dans
CLIQUET, petit levier dont on se sert pour em- les églises pour annoncer les heures des offices ne
pêcher qu’une roue qui tourne dans un sens puisse remonte pas au delà du vi' ou du vu® siècle ; on
se mouvoir dans un sens contraire; l’appareil prend répète généralement que c’est S. Paulin, évêque de
alors le nom
d'encliquetage. Le cliquet s’applique Noie, qui les introduisit le premier dans son église;
surtout aux roues à rocket, c.-à-d. à dents obliques: cependant on ne trouve pas cet usage mentionné avant
on en fait un fréquent usage en mécanique, notam- Bède, qui vivait à la fin du vii« siècle. La coutume de
ment en horlogerie et dans les moulins. bénir, ou , selon l’expression vulgaire , de baptiser
CLISSE, petite claie d’osier, de jonc, qui sert à les cloches, fut établie sous le pape Jean XIII. Après
faire égoutter les fromages. Voy. éclisse. avoir exorcisé et béni le sel et l’eau, l’évêque lave
CLITORE ,
Clitoria, genre de la famille des Pa- avec l’aspersoir le dedans et le dehors de la cloche,
pilionacées , tribu des Phaséolées , est composé de et fait en dehors sept onctions en forme de croix
plantes grimpantes à feuilles composées de folioles avec l’huile des infirmes, et quatre en dedans avec
articulées, munies de 2 stipules à leur base et à le saint chrême; puis il nomme le saint sous l’in-
fleurs axillaires. Ces plantes, d’un aspect agréable, vocation duquel la cloche est bénite. On parfume
croissent pour la plupart au Brésil et aux Antilles. ensuite le dedans de la cloche, on chante l’évangile,
La Clitorede Ternate se cultive en serre chaude. et le célébrant termine la cérémonie en faisant sur
CLIVAGE (de l’allemand klceben, fendre), di- ellelesignedelacroix. —Hieron. Maggius, G. Gilbert,
vision régulière que présentent les minéraux et d’au- l’abbé Thiers, ont écrit des traités sur les Cloches.
tres corps cristallisés lorsqu’on vient à les briser : Pour l’art de fondre les cloches, Voy. le Manuel du
chaque fragment présente alors un petit polyèdre, fondeur de Launay (Collection Roret).
et la poussière même de ces corps, considérée au Les jardiniers donnent le nom de Cloche à un
microscope, est un assemblage de petits solides ré- vase de verre ou de terre , en forme de cloche , que
gulièrement terminés. Lorsq u’on donne, par exemple, l’on met sur les fleurs et sur les plantes délicates ou
un coup de marteau sur du spath d’Islande , tous hâtives, pour les garantir du froid ou pour en accé-
les fragments sont autant de rhomboèdres. La pierre lérer la végétation. — Dans les laboratoires , on
à plâtre ou chaux sulfatée se clive si facilement nomme ainsi un cylindre dont la partie supérieure
qu’on peut enlever sans choc des lames avec un cou- est bombée , et qui sert de récipient.
teau. Les clivages sont soumis à des lois particu- Cloche se prend dans le langage populaire comme
lières comme les cristaux eux-mêmes : le sens des d
synonyme ampoule on de phlyctène, pour désigner
clivages est constant pour chaque substance , de une tumeur formée par l’épiderme soulevé, et rem-
sorte que, pour un même minéral, le polyèdre pro- plie de sérosité. —C’est aussi un des noms vulgaires
duit par la cassure présente toujours les mêmes an- de la c.Tchexie aqueuse des bêtes à laine.
gles. L’observation des clivages est très-utile au Ün appelle Cloche à plongeur nno machine en bois
minéralogiste pour distinguer les différents corps ou en fonte, ayant ordinairement la forme d’une py-
qui appartiennent au même
système cristallin. Berg- ramide tronquée et qui sert à descendre des hommes
mann et Haüy (1781) ont premiers reconnu les
les au fond de l’eau soit pour y exécuter des travaux
clivages dans les minéraux. Voy. cristallographie. de tout genre, soit pour y recueillir des objets sub-
CLOAQUE , aqueduc voûté et souterrain pour l’é- mergés. L’air contenu dans la cloche empêche l’eau
coulement des eaux pluviales et des immondices. Il d’y pénétrer, et un système de tuyaux qui communi-
est synonyme dégoût. —
On connaît sous le nom quent avec l’extérieur permet de renouveler l’air à
de Cloaca maxima les égouts commencés à Rome mesure qu’il se corrompt. On attribue l’invention de
par Tarquin l’Ancien et achevés par Tarquin le Su- la cloche à plongeur à un Américain nommé Will.
perbe. Ils étaient fort larges, et furent si solidement Philipps; dcpuisquelques années on commence à en
construits que pendant 700 ans ils n’eurent pas faire un usage fréquent en Angleterre et en France.
besoin de réparation ; on en voit encore des vestiges. On se sert surtout dans la marine d’une cloche dite
En Histoire naturelle, en nomme Cloaque, chez les Cloche à carène, due à M. Touboulic, et destinée à
oiseaux et les reptiles, une cavité ou réceptacle com- visiter les carènes des bâtiments à flot.
mun formé par l’extrémité du tube intestinal , re- CLOCHER , construction qu’on élève au-dessus
cevant à l’intérieur les orifices des voies urinaires d’une église pour y suspendre les cloches, est le plus
, , ,

CLOT — 365 — CLUB


souvent en forme de tour carrée, ronde ou polygo- Ce genre a pour type la Clotho de Durand, du midi
nale, et surmontée d’un toit aigu et d'une flèche quel- : de la France, remarquable par son industrie.
quefois les clochers sont indépendants de l’église et CLOTURE (de clore), obligation des religieux et
construits à côté, comme dans le Midi de la France et des religieuses de ne point sortir de leurs monastères,
en Italie; on leur donne alors en Italie le nom de Cam- et de n’y introduire personne qu’à certaines condi-
panile (de campana, cloche). —
Les clochers les plus tions. En France, le roi et la reine pouvaient seuls
élevés sont, en Franco, celui de Strasbourg (142 m.h entrer dans les monastères cloîtrés sans la permission
en Autriche, celui deSaint-Étienne àVienne (138 m.j; des supérieurs ecclésiastiques. Un décret du 18 févr.
à Hambourg , celui de Saint-Michel ( 130 m. ) ; celui 18n9 donne aux préfets, aux maires et officiers de
de l’église d’Anvers (120 m.). justice le droit de les visiter comme tous les autres
CLOCHETTE (diminutif de cloche), nom vulgaire établissements publics. — Autrefois, les religieux et
de plusieurs plantes, telles que les Liserons, les religieuses faisaient vœu de clôture perpétuelle ; au j.
Campanules, les Muguets, les Convolvulus, etc., dont les vœuxperpétuels ne sont plus reconnus par la loi.
les corolles imitent la forme d’une cloche. CLOU (du latin clavus, même signification). Les
CLOISON (du latin claudere, fermer). En Bota- diverses espèces de clous sont en nombre infini ; Cl.
nique , on appelle ainsi la membrane plus ou moins commun, ou au poids. Cl. à maçon. Cl. à bar-
épaisse qui divise l’intérieur des fruits, et qui forme deau, Cl. à crochet. Cl. d’épingle, pointe ou Cl
des loges dans lesquelles les graines sont renfermées. sans tête. Cl. à souliers. Cl. à river. Cl. à che-
Qn appelle Cl. vraies, celles qui sont formées par val, etc. Sous le rapport de la fabrication, on distin-
Tendocarpe ; Cl. fausses celles qui sont formées gue lo les Cl. forgés, dont on façonne la tige au feu
:

par les bords rentrants des valves du péricarpe. de forge, qu’on assortit ensuite, au moyen d’un calibre
En Anatomie , ce mot se dit d’une membrane qui ou mandrin appelé clouticre, et dont la tête est ensuite
sépare deux cavités l’une de l’autre, ou qui divise rabattue au marteau ; 2» les Cl. découpés, qu’on dé-
une cavité principale : telles sont la cloison des fos- coupe dans de la tôle avec des machines plus ou moins
ses nasales , celle des ventricules du coeur, celle du ingénieuses et qu’ensuite on façonne à froid; 3“ les
palais, du gosier, etc. Cl. fondus, qu’on coule dans des moules et qui sont
CLOITRE du (
latin claustrum ,
même significa- ensuite polis et étamés avant d’être livrés au com-
tion ) ,
forme de galerie,
partie d’un monastère , en merce. La fabrication des clous est une industrie consi-
autour de laquelle sont les cellules et dont le milieu dérable en Angleterre. On en fabrique aussi beaucoup
est occupé par un préau ou par un jardin. Par — en France, notamment à Clairvault etàMorez(Jura),
extension, le mot C/oî7re s’emploie comme synonyme à Guebwiller (Haut-Rhin), à L’Aigle (Orne), etc.
de Monastère, et aussi pour désigner l’enceinte de Dans les premiers temps de Rome, on enfonçait
bâtiments où logeaient autrefois les chanoines des tous les ans un clou nouveau dans le temple de la
églises cathédrales ou collégiales. déesse Norcia pour marquer le nombre des années.
CLONIQUES (du grec cîonos, agitation), nom — Dans les grandes calamités, on nommait un dic-
donné aux spasmes ou convulsions dans lesquelles tateur pour ficher solennellement le Clou sacré dans
les parties sont agitées de mouvements tumultueux et la muraille du temple de Jupiter, au Capitole ; le
de secousses plus ou moins fortes. Voy. convulsions. peuple croyait que, ce clou enfoncé, la colère des
CLOPORTE (par corruption de clou à porte, nom dieux était apaisée et que le fléau cessait aussitôt.
vulgaire de cet animal, ou, selon Roquefort, de claus- En Médecine, on donne vulgairement le nom de
porciues,'ço\iT clausi porcœ,clusilesporcœ), en latin —
clou au furoncle (Voy. ce mot). On appelle Cl. hys-
Oniscus, Porcellio, genrede l’ordre des Crustacés iso- térique une douleur vive , bornée à un point très-
podes, famille des Cloportides, renferme de petits ani- circonscrit de la tête et qui affecte particulièrement
maux ovales, que tout le monde connaît ils fuient : les femmes hystériques; Cl. de l’œil, le staphylôme
la lumière, recherchent les endroits humides et mar- (Voy. ce mot). — Les vétérinaires appellent Cl. de
chent lentement ; on les trouve surtout sous les pier- rue le genre d’abcès, souvent fort dangereux, qui
res et les vieilles poutres. Ils se nourrissent de ma- survient chez les chevaux et les gros bestiaux lorsqu’un
tières végétales et animales en état de décomposition. clou ou tout autre corps étranger s’est introduit dans
On leur attribuait autrefois des propriétés médica- la soie de corne ou dans la sole charnue.
les : réduits en poudre, on les recommandait comme En Botanique , on appelle clous les boutons non
fondant et diurétique. L’espèce àite Armadille, dont développés des fleurs de certaines plantes ainsi les
:

on a fait un genre à part (Foy. ce mot), est le Cl. pré- Cl. de girofle (caryophylli) sont les boutons du gi-
paré des pharmaciens. Le type du genre est le Cl. des roflier cueillis avant le développement des fleurs.
murs (Oniscus mururius), commun dans nos caves. Clous fumants, espèce de pastilles auxquelles on
CLOPORTIDES, famille de Crustacés isopodes, met le feu, et qui, en brûlant, exhalent un parfum
de la section des Édriophthalmes, renferme des ani- agréable, ün les fait avec un mélange de benjoin
maux â deux antennes apparentes , au corps ovale de baume de Tolu , de santal citrin , de charbon et
plat en dessous, convexe en dessus, susceptible de de salpêtre, unis au moyen de mucilage de gomme.
contraction ; ils sont composés d’une tête et de treize CLOVISSE, coquillage. Voy. vénüs croisée.
anneaux, les sept premiers portant chacun une paire CLOWN, mot anglais qui signifie paysan, rus-
de pattes simples et terminées par un onglet, les six taud, sert à désigner un personnage grotesque de
derniers formant une espèce de queue. Les princi- la farce anglaise, qui s’est introduit sur quelques-uns
paux genres de cette famille sont les Cloportes, les de nos théâtres. Le talent des clowns consiste surtout
Porcellions, les Armadilles, etc. à e.xécuter des exercices d’équilibre , de souplesse et
CLOSERIE (de clos), petite exploitation rurale d’agilité , jeux dans lesquels plusieurs déploient une
close, dont le tenant ne possède pas de bœufsde labour. habileté et nne dextérité vraiment remarquables.
CLOTHO (du nom del’une des troisParques) , genre CLUB, mot anglais dont l’origine est incertaine
d’Arachnides pulmonaires, de la famille des Aranéi- et dans lequel quelques étymologistes n’ont vu
des ou fileuses, section des Tubitèles, renferme des qu’une corruption de notre mot globe, désigne en
individus au corselet orbiculaire, déprimé ou à peine Angleterre une société de personnes qni se réunis-
convexe , aux pattes de longueur moyenne , à Tab- sent à des jours fixes, soit pour boire ou manger en
domen ovale. Ils ont un appareil quileur est propre, commun, soit pour lire les feuilles publiques ou pour
situé entre les filières, et consistant en un pinceau s’entretenir d’affaires politiques ou privées, de scien-
de poils implanté sur deux lignes opposées, de ma- ces , etc. Il y a des clubs pour toutes les classes et
nière à former deux espèces de valves pectiniformes, pour tous les goûts, pour les lords, pour les artisans,
qui s’ouvrent et se ferment à la volonté de l’animal. pour les ecclésiastiques, pour les militaires [uniteà
; , ,

CLYP — 366 — COAG


service club), pour les voyageurs, les amateurs de très -petites;pourvu d’une bouche inférieure et
chevaux {jockey-club),eXc,.he, premier établissement centrale, d’un anus latéral, et de 5 ambulacres dont
des clubs date du xvii® siècle Addison, dans le Spec-
; la disposition rappelle les pétales d’une fleur.
tateur, a donné une description intéressante des Insecte Coléoptère tétramère de la famille des
clubs de son temps. D’Angleterre, l’usage des clubs Clavipalpes, tribu des Globulites corps clypéiforme,
:

passa dans beaucoup d’auties pays; ilsdevinrentsur- tête cachée sous le corselet, antennes à 9 articles. Le
tout fort nombreux aux Etats-Unis. —
En France, Cl. piceus et le Cl. pubescens se trouvent aux envi-
on a organisé depuis la ün du dernier siècle des rons de Paris, sur les bois morts ou pourris.
réunions analogues aux clubs de l'Angleterre; mais CLYSülR (du grec klyzô, laver), instrument
on donne plutôt le nom de cercles aux réunions non destiné, comme la seringue, à faire des injections
politiques, et l’on réserve spécialement le nom de dans les gros intestins. C’est un tube ou tuyau
clubs d.n\ sociétés politiques. Le premier club de ce flexible et imperméable, de la longueur d’un mètre
genre fut établi à Paris en 1782; vinrent ensuite le environ, évasé en entonnoir par le bout supérieur
club des Américains, 1785, et bientôt après le club et terminé de l’autre par une canule. Le liquide
des Arcades et celui des Etrangers. Fermés par la qu’on verse dans l’entonnoir, poussé par son propre
police en 1787, les clubs reparurent en 1789 et le nom- poids, s’insinue facilement dans les intestins en
bre en fut considérable pendant la Révolution. Les vertu de la loi physiipie des niveaux. —
Dans le Cly-
plus connus sont le Cl. breton, fondé à Versailles par
: soir-irrigateur de Charrière , le liquide est poussé
les députés de la Bretagne, et qui, transporté à Paiis, par un ressort à boudin analogue à celui de la lampe-
devint le fameux Cl. des Jacobins; le Cl. des Feuil- modérateur ; l’appareil une fois monté, il suffît
lants, opposé au précédent le Cl. des Impartiaux
;
d’ouvrir un robinet pour qu’il fonctionne tout seul.
ou Cl. monarchique ; le Cl. des Cordeliers fondé Ce dernier instrument est d’invention tort récente.
par Danton et Camille Desmoulins; le Cl. du Pan- CLYS01*0MPE ( du grec klyzô, laver, et de
théon, celui de Cliclnj, etc. Les clubs disparurent pompe ) , appareil d’invention récente , destiné ,
avec le Directoire, et ils ne se sont rouverts en France comme la seringue et le clysoir, à l’injection des li-
qu'en 1848, après la révolution de Février. Leur quides dans l’intérieur du corps , se compose d’un
nombre fut alors considérable, mais ils n’atteignirent petit corps de pompe, ordinairement en étain,
point à l’importance de ceux de la première révo- adapté à un vase qui contient le liquide , et dans le-
lution ; cependant, ils ne tardèrent pas à faire beau- quel plonge un tube en caoutchouc terminé par une
coup de mal ; des le mois d’août de la même année, canule. 11 suflit pour mettre l’appareil en fonction
il devint nécessaire d’en réprimer les abus, et ils de iilonger l’extrémilé inférieure de la pompe dans
furent bientôt après complètement prohibés (lois du le li(|uide à injecter et de faire manœuvrer celle-ci
22 juin 1849 et du 6 juin 1850). M. Alph. Lucas a comme de coutume. On jieut ainsi, à volonté, obte-
publié Les Clubs et les Clubèstes, 1851 , iii-8. nir unjetcontinuou modérer l’écoulementdu liquide.
ELUDES ou cuii'ltES (du latin clupea, nom que CLVSSEou CLvssus (du grec laver), nom sous
Pline donne à un poisson de ce genre), famille de pois- lequel les chimistes désignaient jadis un mélange de
sons de l’ordre des Malacoptérygiens abdominaux, divers produits tirés de la même substance tel était ;

intermédiaire entre les Salmones et les Ésoces, est ca- le composé de l’eau distillée d’absinthe, de l’esprit
ractérisée par l’absence de nageoire adi]ieuse,par u;*j et de l’huile de cette même plante. On nommait —
corps écailleux, une mâchoire supéi'ieure formée au encore ainsi les médicaments obtenus en faisant dé-
milieu par les intermaxillaires, une seule dorsale, toner le nitre avec différentes substances, et en con-
un ventre caréné et dentelé. Celte famille impor- centrant les va])eurs qui s’exhalaient on leur attri-
:

tante comprend les Clupes proprement


(
Ha- dits buait des propriétés héroiipies. Le Cl. d' antimoine
reng, Sardjne, Alose, Anchois), et les genres Chi- ou de soufre était le produit de la détonation du
rocenlre, Elone, Eri/thrin, Amie, Vast7'é, Lépi- nitre par l’antimoineou lesoufre. Le Cl.denitrebicài
sostée et Bichir. le produit de la détonation du nitre par le charbon.
CLUSIACEES (
du genre Clusia qui en est le CLYSTERE (du ^rcc clystérion, dérivé de klyzô,
type nom que
) ,
quelques botanistes donnent à la laver). On dit de préférence lavement. Voy. ce mot.
famille plus anciennement et plus généralement CNEMIDE (du grec cnémis, brodequin), genre de
connue sous le nom de Guttiferes [Voy. ce mot). Coléoptères pentamères de la famille des Lamelli-
Elle contient, entre autres tribus, celle des Clusiées, cornes, à chaperon bifide et à antennes de huit arti-
aux anthères allongées, aux fruits multiloculaires, cles. Le Cti. pictus se trouve au Brésil, le Cn. refu-
à loges polyspermes, tribu qui elle-même renferme sas à Cayenne, et le Cn. Francilloni aux Etats-Unis.
les genres Clusia, Arrudea, Verticillaria, etc. CNÉMIDIE (du srec cnémis, brodequin), genre
CLUSIE ou cLusiEK (de Ch. Lécluse, botaniste du de la famille des Orchidées, tribu des Néottiées, est
xvi« siècle), Clusia, genre type de la famille des Clu- composé do plantes herbacées, à tiges et à rameaux
siacées, et de la tribu des Chrsiées, se compose d’ar- diphylles, à feuilles larges et engainantes, à fleurs
bres exotiques élégants, dont les fleurs sécrètent une en grappes. Ce genre renferme quelques espèces in-
sorte de résine. L’espèce la plus intéressante est la digènes du Brésil et de l'Inde.
Cl. l'oseu, remarquable par ses grandes et belles CNEORUM, nom latin de la camélée.
fleurs roses. Cette plante vit eu parasite sur le tronc CMIQUE, Cnicus (du grec cnécos, jaune), genre
et les branches des arbres des contrées intertropica- do la famille des Composées , ti ibu des Cinarées
les sur lesquels elle s'appuie, et émet des rameaux renferme une espèce connue sous le nom de Char-
qui descendent jusqu'à terre et y prennent racine. don bénit [Cn. benedictus). Elle a la tige droite, lai-
On la cultive en France dans les serres chaudes ; elle neuse, haute de 40 cenlim. et garnie de feuilles
y a fleuri pour la première fois en 1840. oblongues et un peu épineuses. Ses fleurs sont jau-
CLUTIE (de Cluyt, botaniste hollandais), Clutia, nes, et très-amères. On les emploie en médecine
genre de plantes de la famille des Euphorbiacées, comme sudorifiques, toniques, apéritives.
est composé d'arbres ou d’arbrisseaux à feuilles al- COADJUTEUR du latin cum, avec, et adjutor,
i

ternes, à fleurs axillaires etdioiques. Les principales qui aide), celui qui est adjoint à un prélat, arche-
espèces sont la Cl. musquée [Cl. elateria), vulgai- vêipie , évêque ou abbé , pour aider dans ses fonc-
1

rement Bois de crorodile laC/. des montagnes; la tions , et qui est ordin.iirernent destiné k lui succé-
Cl. éjiineuse et la Cl. grimpante. der. Le coad juteur jouit dos mômes prérogatives que
CLYDEASTRE (de clypeus, bouclier, et aster, le titulaire. Au moyen âge, l’abus des coadjutoreries
astre), Zoophyte de la classe des Échinodermes, fa- fut extrême; le concile de Trente y mit un terme.
mille des Oursins , à corps régulier, ovale, à épines COAGULATION (du latin cum et agere, pousser
, , , ,

GOBA — 367 — COCA


ensemble, rassembler), épaississement d'un liquide l’arsenic, particulièrement dans le cobalt arsenica*
qui tend à se solidifier, mais qui reste à l'état mou. ou srnaltine, et le cobalt gris ou cobaltine. Seul, il
La coagulation peut être totale ou partielle, se faire est sans usage ; mais quelques-unes de ses combinai-
lentement ou d’une manière instantanée. Plusieurs sons, notamment l’oxyde et l’arséniate, s’emploient
substances animales et végétales peuvent être coa- pour colorer en bleu les porcelaines, le verre, et pour
gulées par la chaleur telles sont la lymphe, le sang,
: faire le bleu d’azur et le bleu de Thénard ( Vog. blku)
—Le cobalt forme avec l’oxygène un protoxyde (CoO)
.

le blanc d’œuf, et toutes celles qui contiennent de


l’albumine; d’autres exigent la présence d’un acide qui se combine avec pour former des sels,
les acides
ou d’un autre corps étranger : tels sont le lait, la et un peroxyde (Co®0“ qui ne s’y combine pas. Les
)

bière, etc. En Pharmacie, la coagulation est un des sels de cobalt sont remarquables par leur couleur
procédés employés pour clarifier les liquides. rouge, bleue ou violette; les plus importants sont
COAGULUM, mot latin qui signifie présure, sub- le nitrate, le phosphate et Varséniate.
stance qui a la propriété de faire cailler le lait, Le cobalt, ou du moins son oxyde, paraît avoir été
s'emploie en français pour désigner la partie caillée connu depuis la plus haute antiquité car lesveiTes
:

d’un fluide susceptible de se coaguler, le caillot. et les émaux bleus des anciens Egyptiens contien-
COALITION (du latin coalescere, se réunir). On nent du cobalt. On a commencé vers le xv« siècle à
nomme ainsi toute réunion de personnes qui se con- employer la mine de cobalt grillée pour colorer le
certent pour nuire, et spécialement, dans l’Histoire, verre en bleu et pour la peinture sur porcelaine.
la ligue de plusieurs Etats réunis pour faire la guerre Brandt paraît avoir le premier extrait de cette mine,
à un seul, telles que celles que formèrent les princi- en 1733,1e cobalt métallique. Bergmann, Vauquebn,
paux Etats de f Europe contre la République française Proust, M. Berthier, M. Liebig, et plus récemment,
(coalition de Pilnitz,27 août 1791) et contre l'Em- en 1835, M. Winkelblech , ont publié les travaux les
pire (1813,1814 et 1815); — dans la Politique, le plus estimés sur les combinaisons de ce métal.
rapprochement d'hommes qui, tout en appartenant COBALT ARSENICAL OU SMALTiNE, Cil allemand Speiss-
à des partis différents, se concertent pour renverser kobalt le plus abondant des minerais de cobalt,
un ministère :1e gouvernement parlementaire offre, gris ou d’uii blanc d’étain , ayant l’éclat. métallique,
en Angleterre et en France, de nombreu.x exemples d’une densité de 6,4, et ordinairement cristallisé en
de ligues de ce genre, qui le plus souvent ont abouti à cubes. 11 renferme de l’arsenic et du cobalt (CüAs'“).
des ministères hétérogènes, dits ministères de coa- On le trouve en filons dans les terrains anciens et de
lition; — dans l’Industrie, l’association formée par transition, à Allemont en Dauphiné, à Sainte-Marie-
des hommes d'une même profession , maîtres ou ou- aux-Mines en Alsace, et a Juset près de Bagnères-de-
vriers, dans le but d’imposer certaines conditions de Luchoii. On l’exploite à Sclineeberg en Saxe, à Joa-
travail ou de salaire ces dernières coalitions sont sé-
: cliimsthalenBoliême,àRiegelsdorf dans la Hesse, etc.
vèrement punies i>ar notre Code pénal (art. 414,415). COBALT GRIS OU COBALTINE, minerai blanc, ordinai-
COAPTATION (du latin cwn et api are ajuster, rement rougeâtre, d’un grand éclat, et cristallisé en
accommoder), opération chirurgicale qui a pour but cube passant au dodécaèdre pentagonal. 11 se com-
d’adapter l’une à l’autre les extrémités d’un os frac- pose de soufre, d’arsenic et de cobalt (SAsCo). On le
ture, ou de remettre à sa place un os luxé. Ordinai- rencontre particulièrement en Suède et en Norwége.
rement la coaptation se prati(]ue à l’aide des doigts; COBAYE , Cobaya genre de Mammifères ron-
quelquefois, au moyen de certains leviers. geurs, de la famille des Cabiais, renferme plusieurs
COASSEMENT (du grec tona; onomatopée), cri
,
especes dont les deux principales sont 1° VApéréa,
:

particulier de queiques-uns des Batraciens, comme type sauvage du Cochon d'Inde (Voy. ce mot), petit
la Grenouille, le Crapaud, etc. C’est un bruit aigre, animal gris roussàtre ou noir en dessus, blanchâtre
râlé, saccadé et monotone. Il parait dû au renfle- en dessous, à queue rudimentaire, et dont les doigts
ment des sons dans des sortes de sacs gutturaux qui ne sont point réunis par une membrane; ongles
saillissent quelquefois sur les côtés du cou ;
car ces courts, robustes, en forme de petits sabots 2° le Co-;

anrmaiTx le font entendre sans ouvrir la bouche. baye austral, d’un tiers plus petit que l’Apéréa. Les
COATI, Nasua, genre de MaimnLfères carnassiers, cobayes se nourrissent de fruits, de graines et de jeu-
tribu des Plantigrades ,
groupe des Subursus , ren- nes pousses. Ils vivent dans les plaines de l’Amérique
ferme des animaux de la taille du chat domestique, méridionale par petites familles, et se creusent des
qui ont beaucoup de ressemblance avec les Ratons, terriers dans lesquels ils se retirent pendant le Jour.
mais qui en diffèrent par la longueur de leur nez COBEA(de Cobo, naturaliste espagnol), genre de la
espèce de boutoir, qui dépasse de plus de 3 centim. famille des Bignouiacées, dont on ne connaît qu’une
la mâchoire supérieure; il est très-mobile et leur seule espèce, le C. grimpant (C. scandens] c’est un :

sert à fouir. Les Coatis ont le corps allongé, la tête arbrisseau dont la tige grimpante et flexible acquiert
effilée, la queue très-longue, poilue et ordinaire- en quelques mois une longueur de plus de 15 m. Son
ment redressée, le pelage soyeux et très-épais, ex- feuillage est d’un vert sombre; ses Heurs nombreuses
cepté sur la tête ; leurs pattes sont terminées par ont la forme de clochettes cylindriqui s, d’uii violet
cinq doigts armés d’ongles robustes. Ces animaux vi- pourpre, velues intérieurement et offrant cinq dé-
vent en petites troupes dans les forêts de l’Amérique coupures sur les bords. Cette plante, originaire du
du Sud. Us grimpent avec facilité sur les arbres et Mexique, se cultive avec succès dans les jardins et sur
ont l'odorat excessivement développé. Ils se nour- les croisées ; on l’emploie pour garnir les terrasses,
rissent de vers, d’insectes, de petits mammifères, les berceaux et les tonnelles, pour former des cordons
d’oiseaux, d’œufs, etc. Ils sont de mœurs douces, et et des guirlandes gracieuses; elle grimpe le long des
s’apprivoisent très-facilement. Leur voix est un petit murs et autour des cordes comme les '•apucines et les
grognement assez doux quand ils sont contents ; chèvrefeuilles. Dans nos climats, elle ne peut résister
dans Li colère, c’est un cri fort aigre. On en connaît aux froids de l’iiiver.
deux espèces le C. brun, brun ou fauve en dessus,
: COBITIS, nom latin du genre loche
jaunâtre en dessous; et le C. roux, d’un roux vif et COCA, Erythroxylum peruvianum, espèce du
brillant. Ces deux espèces ont l’une pour l’autre une genre Erylbroxyle , renferme des arbustes à lige
antipathie singulière. forte, couverte d’une écorce blanchâtre; aux bran-
COBALT (de l’allemand toôa/f), corps simple mé- ches droites, rougeâtres, garnies de feuilles ellipti-
tallique, d’un gris rougeâtre, plus fusible que le fer, ques, entières, d’un vert lustré; à fleurs petites, so-
moins fusible que l’or, peu ductile , magnétique litairesou réunies en faisceaux, et de couleur jaune
,
d’un poids spécifique de 8,6. Il se trouve dans la na- et blanche, donnant naissance à un drupe sec, rouge,
ture presque toujours combiné avec le soufre et avec oblong, monosperme. Le Coca croît dans les vallées
, , ,, ,

COCH 368 — COCH


humides des Andes : c’était autrefois la plante sacrée et les marchandises. Les cofhes ont été sur beau-
des Péruviens, qui la brûlaient sur les autels du coup de points remplacés par les bateaux à vapeur.
Soleil ; aujourd’hui les Boliviens mâchent ses feuil- On appelle aussi cochela. truie, femelle du cochon.
les roulées en boule avec un peu de terre calcaire, COCHÉES (pilules). Voy. pilules.
ou avec des semences de quinua espèce à’ansérine. COCHENILLE (du grec coccinos, de couleur écar-
COCAGNE (étymologie incertaine), nom que les late) , Coccus, genre d’insectes Hémiptères de la fa-
fabricants de pastel donnent aux pains coniques mille des Gallinsectes, qui fournit à la teinture une
qu’ils forment avec la feuille du pastel après qu’elle belle couleur rouge. Cet insecte a un corps épais, mou
a été écrasée sous la meule. Voy. pastel. et privé d’ailes ; des antennes à 9 articles et des tarses
On entend par Pays de Cocagne une contrée fa- d’un seul article. Il perce l’épiderme de la plante
buleuse où l’on a tout à souhait et en abondance. qu’il s’est choisie pour demeure, et en tire sa nourri-
Cette fiction a donné naissance à l’usage des mâts ture. La femelle, à l’époque de ses métamorphoses, se
de cocag?ie dans les fêtes populaires. fixe à une branche et y reste attachée jusqu’à sa mort
;

COCARDE (par corruption de coquarde, touffe de sa peau sécrète une matière cotonneuse qui lui forme
plumes de coq), ornement aux couleurs de la na- une enveloppe autour du corps, et dans laquelle elle
tion , que les militaires portent fixé à leur coiffure. dépose ses œufs; puis, elle meurt, et il ne reste
La cocarde est aussi portée sur les chapeaux de li- plus d’elle qu’une membrane desséchée qui recouvre
vrée. Dans les temps de trouble et de révolution les œufs et les protège. Quant au mâle , il jouit pen-
beaucoup de citoyens portent une cocarde, afin d’in- dant toute sa vie de la propriété de se mouvoir.
diquer par ce signe le parti auquel ils appartien- On distingue : 1® la C. proprement dite, 2® la C.
nent. Autrefois la cocarde était une touffe, une bouf- du chêne, communément Kermès ou Graine d’écar-
fette ou nœud de rubans qui s’attachait au bouton late, 3® la C. ou Kermès de Pologne, 4® la C. laque.
ou à la ganse du chapeau; aujourd’hui, c’est un 1®. La Cochenille proprement dite [Coccus cacti),
tissu de soie ou de laine, ordinairement rond et piissé est la plus importante : elie vit et se propage sur dif-
du centre à la circonférence on en fait aussi en pa-
: férenti'cactiers , notamment sur le nopal et la ra-
pier, en cuir, en fer-blano peint, etc. —L’usage de quette. Elle est originaire du Mexique, et a été con-
la cocarde ne remonte pas au delà du xyii® siècle
;
nue en Europe vers 1523. Les Mexicains font autour
il est devenu général depuis la guerre de 1701. Dans de leurs habitations des plantations de cactiers, appe-
la guerre de 1756, la cocarde française était blanche lés zio/ia/mM, et y déposent les femelles de la coche-
et verte-, en 1789, elle devint bleue et rouge cou- nille ; celles-ci y pondent leurs œufs , et produisent
leurs de la ville de Paris; la couleur û/ancAe, qui des milliers de petits insectes qui s’attachent sur la
était celle des Bourbons,
y fut ajoutée le 17 juillet de plante, ety subissent toutes leurs métamorphoses. On
la même année, lorsque Louis XVI adopta la nouvelle les enlève en les raclant avec un couteau émoussé, on
cocarde à l’hôtel de ville. Depuis lors, la cocarde les plonge dans l’eau bouillante pour les faire périr,
tricolore a été le signe de la nation française, ex- et on les dessèche au soleil ou dans des fours; ils
cepté sous la Restauration, époque pendant iaquelle prennent alors l’apparence d’un petit grain noir. —
on reprit la cocarde blanche. Voy. coüleurs. L’exploitation de la cochen ille a été récemment i ntro-
COCCINELLE (du grec coccinos, écarlate, à cause duiteauxCanaries,en Espagne et dans le nord de l’Afri-
de sa couleur) , genre de Coléoptères de la famille que; elle a parfaitement réussi en Algérie. La coche-
des Aphidiphages, renferme des insectes de forme nille domestique, dite C. fine, oumestèque, est pré-
ronde, convexes eu dessus, et d’une taiile fort petite : férée à la cochenille sauvage ou sylvestre, à cause de
on les appelle communément Bêtes à bon Dieu, sa plus grande richesse en principe colorant. La co-
Vaches à bon Dieu, Tortues, Scarabées hémisphéri- chenille se rencontre dans le commerce sous la forme
ques, etc. Elles sont en général rouges, quelquefois de petits grains irréguliers, noirâtres ou d’un rouge
jaunes ou noires, avec des points disséminés. Quand on brun; si on fait macérer cette matière dans de l’eau
les inquiète, elles projettent par la cuisse une li- tiède pendant quelques heures, elle lui communique
queur nauséabonde. Elles se nourrissent de pucerons. une teinte rouge, se gonfle et montre alors distincte-
COCCOLOBA, g. de Polygonées. Voy. kaisinier. ment la structure de l’insecte, couvert d’anneaux, et
COCCULE (du latin coccurn , graine), Cocculus —
muni de pattes et d’un suçoir. Selon MM. Pelletier
genre de la famille desMénispermées, renferme des et Caventou, la cochenille renferme une matière colo-
arbrisseaux volubiles, à feuilles alternes, cordifor- rante rouge, la carminé (Fdg. carmin) , une matière
mes; à fleurs dioiques, quelquefois monoïques, mais azotée particulière, une matière grasse, des sels de
peu apparentes. Ce genre compte un grand nombre potasse et des sels de chaux. On emploie la cochen ille
d’espèces, dont une, le C. fournit la Co- pourcolorerla laine et la soie en cramoisi et en écar-
gne du Levant ; et une autre, le C. palmatus, donne late; elle donne des couleurs plus belles que solides,
le Colombo. Voy. ces mots. car l’eau les tache, et les alcalis les rendent violettes.
COCCUS, nom scientifique du genre cochenille. On prépare aussi, au moyen d’une dissolution ammo-
COCCÏX (du grec coccyx, nom du coucou, parce niacale de cochenille, des violets, des mauves et des
qu’on a cru voir quelque ressemblance entre l’ds de couleurs analogues pour l’impression des laines. La
ce nom et le bec de cet oiseau), petit os symétrique, cochenille sert encore à colorer les liqueurs, les opials
tria ngulaire, situé à la partie inférieure et postérieure et les poudres dentifrices, et à faire de l’encre rouge,
du bassin 2». Le Kermès {C. ilicis) est plus gros que la co-
, au-dessous du sacrum, et qui termine la
colonne vertébrale chez l’homme et chez les animaux chenille des cactiers; il se trouve sur le chêne vert
qui n’ont point de queue. 11 se compose de quatre ou dans le midi de laFrance etde l’Europe. Il donneune
cinq pièces analogues aux vertèbres et que quelques couleur rouge moins belle, mais plus solide. Les
auteurs ont regardées comme autant d’os séparés. Orientaux l’emploient pour teindre leurs calottes, et
Le coccyx soutient et protège la partie inférieure du lui attribuent des vertus médicales. En Italie, on
rectum , et donne attache aux ligaments sacro-scia- teint avec le suc récent du kermès une espèce d’é-
tiques , aux muscles grands fessiers , ischio-coccy- lixir ou liqueur de table dite Alkermès. Voy. ce nom.
giens, au releveur et au sphincter de l’anus. 3®. La Cochenille ou Kermès de Pologne [C. Po-
COCHE (de l’italien coccio, char, carrosse), sorte Ioniens) se développe sur les racines des scléranthes
de chariot couvert, rarement suspendu, dans lequel de la Pologne et de l’Ukraine ; elle a les mêmes pro-
on voyageait autrefois. Les coches étaient encore priétés tinctoriales que la précédente; mais elle est

en usage au siècle dernier. On appelle coche d’eau, inférieure à celle des cactiers. En Pologne, on la fait
ou simplement coche, un grand bateau couvert, des- bouillir avec de la bière aigrie, et on teint dans cette
tiné à transporter d’une villo â l’autre les voyageurs décoction la laine alunée. Les Turcs, les Arméniens,
COCH — 369 — COCO
les Cosaques teignent avec ce kermès les maroquins, à 90 kilogr.; quelques-uns atteignent jusqu’à 200 et
le drap, la soie, la crinière et la queue des chevaux. 250 kilogr. La couleur du porc varie selon les régions.
Les femmes turques s’en teignent les ongles. La couleur noire appartient particulièrement au Midi,
4». La C. laque {C. lacca) se nourrit sur les figuiers, la blanche au Nord; au Centre, la couleur participe
les jujubiers et autres arbres des Indes Orientales. de ces deux extrêmes. Partout, les cochons à soie
La résine ou gomme-laque du commerce découle des rousse passent pour être les meilleurs. En France, on
piqûresqu’ellefaitauxplusjeunesbranches.F.LAQUE. distingue plusieurs variétés celle à grandes oreilles,
;

COCHER (le), en latin Auriga, en grec Héniochos, qui n’est ni robuste ni féconde, et qui ne donne
constellation de l’hémisphère boréal, est composée qu’une chair grossière et fibreuse ; la race de la val-
de 69 étoiles, dont la plus brillante est la Chèvre. Le lée d’Auge, à tête petite et pointue, aux oreilles
Cocher a la forme d’un pentagone régulier ; il est si- étroites, au corps long et épais, au poil blanc, et qui
tué entre Persée et les Gémeaux, au-dessus du Tau- s’engraisse facilement; le cochon blanc du Poitou,
reau. Le Cocher est, selon les uns, Hippolyte, selon qui a la tête longue et grosse, les oreilles larges et
les autres Myrtile ou OEnomaüs, transporté au ciel. pendantes, le corps allongé, le poil rude, les pattes
COCHEVIS , nom vulgaire de l’Alouette huppée. larges et fortes; le C. du Périgord, qui a le poil
COCHLÉARIA (de cochlear, cuiller, à cause de noir et rude , le corps large et très-ramassé ; cette
la forme de ses feuilles), genre de la famille des race est surtout productive quand elle est croisée avec
Crucifères, tribu des Pleurorhizées , renferme des celle du Poitou. L’Angleterre possède une race de
plantes herbacées ou vivaces, souvent glabres ou char- porcs particulière, courte sur jambes, s’engrais-
nues, quelquefois couvertes de duvet ou de poils sant facilement et donnant de bons produits. Les Co-
épars, à feuilles de forme variable, mais généralement chons de lait offrent un mets délicat les Anglais
:

en forme de cuiller, à fleurs blanches ou lilas, en surtout en sont très-friands. Les soies du cochon
grappes terminales portées par despédicelles filifor- servent à faire des brosses; la peau peut se tanner.
mes. On en distingue vingt-sept espèces, parmi les- On appelle Cochon de blé, ou petit Cochon, l’Ham-
quelles : le C. of^dnal, vulgairement Herbe aux cuil- ster; C.-cerf, le Babiroussa; C. de terre. l’Oryctérope;
lers, à feuilles lisses et luisantes et un peu concaves : C. d’Inde, ou C. de Barbarie, une espèce du genre
c’est un puissant stimulant et un des meilleurs anti- Cobaye, VApéréa : le Cochon d’Inde est un petit ani-
scorbutiques ; on en mâche les feuilles, qui sont très- mal de 25 à30centim.,qui vit au Brésil et à la Guyane
amères; on les mange aussi en guise de cresson; et à l’état sauvage, et que l’on a réduit à l’étal de do-
le C. de Bretagne (C. armoracfa) vulgairement Cran mesticité ; son pelage est ordinairement teint des trois
,
ou Cranson, qui est la base du sirop antiscorbuti- couleurs noire, blanche et rousse, disposées par larges
que, de V esprit de cochléaria, etc. Voy. armoracia. plaques et sans symétrie son nom lui vient de son gro-
;

COCHON, Sms. Les Zoologistes étendent ce nom à un gnement, semblable à celui du cochon de lait; il vit
vaste genre de Mammifères, de l’ordre des Pachyder- d’herbes, de fruits, de son et de pain. La femelle porte
mes, dont M. Is. Geoffroy a fait une famille sous le jusqu’à douze petits. Malgré l’odeur infecte que répand
nom de Suilliens. Il est caractérisé par des dents ca- son urine, quelques personnes se plaisent à élever cet
nines fortes, sortant de la bouche et se recourbant en animal au Brésil et au Paraguay, sa chair est estimée,
:

dehors vers le haut, quelquefois très-longues, dépour- COCHONNET sorte de jeu de boules qui se joue
,

vues de racines proprement dites, et croissant pendant en plein champ avec des boules de moyenne gros-
toute la vie de l’animal. Il se divise en deux groupes : seur, et une petite boule qu’on nomme but ou cochon-
le 1er renferme ceux qui ont trois doigts aux pieds pos- net. Chaque joueur a deux boules le premier à
:

térieurs et quatre aux pieds antérieurs : le Pécari, jouer lance le but à une certaine distance, et chaque
le Chœropotame et V Anthracotherium le 2=, ceux joueur lance successivement ses deux boules en s’ap-
;
qui ont les quatre pieds à quatre doigts : le Babi- pliquant à les placer le plus près possible du but.
roussa, le Phacochœre et le Cochon proprement dit. et à en écarter la boule de son adversaire.
Les Cochons proprement dits ont le corps couvert COCHYLIS (du greckonkylè, coquille), petit papil-
de poils roides ou soies, six incisives, deux canines lon d’aspect nacré, dont la chenille ravage la vigne.
et quatorze molaires à chaque mâchoire
;
un groin, COCO, fruit du Cocotier. Voy. ce mot.
sur lequel sont percées les narines; les yeux petits, COCON ou COQUE (du latin concha, conque, co-
à pupille ronde; les oreilles assez développées et poin- quille), nom donné à l’enveloppe soyeuse que se fi-
tues; une queue courte et tortillée. Ces animaux ai- lent un grand nombre de chenilles pour s’y trans-
ment les pays marécageux et leur plaisir est de se former en chrysalides tel est le cocon du ver à soie.
:
,

vautrer dans la fange. Ils forment 5 espèces 1® le : — Les autres chenilles filent un cocon plus ou moins
Sanglier d’Europe, souchedu Cochon domestique o\i serré, selon que les espèces doivent rester au jour, se
Porc ; 2® le Béne ou S. des Papous ; 3® le S. à masque ; cacher sous la feuille ou s’enterrer. Les Coléoptères
4® le Cochon à tubercules 5® le C. à bandes blanches. forment le plus souvent leur coque avec des maté-
;
Cochon domestique. Le porc mâle s’appelle ver- riaux étrangers qu’ils réunissent au moyen d’un glu-
rat, sa femelle truie, leurs petits pourceaux [cochons ten partieuher. Certains Hyménoptères filent des co-
de lait ou cochonnet tant qu’ils tètent) ; lorsqu’il est ques complètes très-serrées ; les autres bouchent seu-
coupé, le porc prend le nom de cochon. Les porcs lement l’entrée de la cellule où ils ont été nourris.
aiment les glands , les faînes et tous les fruits sauva- CÜCORLl, division du genre Bécasse , établie par
ges. lisent l’odorat très-fin, et fouillent la terre avec Cuvier pour un petit Échassier qui diffère peu des
leur boutoir pour Alouettes de mer. Voy. bécasseaux.
y chercher les larves d’insectes et
les racines, principalement celles de la gesse et de COCOTIER, Cocos, genre de la famille des Pal-
la carotte, les tubercules de la truffe et la grosse sou- miers, renferme des arbres d’une taille gigantesque,
che des fougères, dont ils sont très-avides. Le porc originaires de TInde , et répandus aujourd’hui dans
est très-vorace ; il mange tout ce qu’on lui offre et se l’Afrique, les Antilles, l’Amérique méridionale et
nourrit de résidus de toute espèce; on l’a vu souvent TOcéanie. L’espèce la plus remarquable est le C. com-
dévorer ses petits et même des enfants en bas âge. mun [Cocos nucifera), dont le tronc grêle atteint de
H peut vivre jus<j[u’à vingt ans. La truie fait chaque 20 à 25 m.; il est couronné par un magnifique faisceau
année deux portées de douze â quinze petits chacune. de feuilles d’un beau vert, courbées en tous sens, au
La viande de porc fournit un aliment substantiel centredesquellessetrouveun bourgeon terminal ana-
et savoureux,mais de digestion difficile; sous les cli- logue au chou du palmier ; ces feuilles, larges d’un
mats chauds, elle peut devenir malsaine elle était in-
: mètre, longues de 5 à 6, sont formées d’une double
terdite aux Juifs. Ôn la mange fraîche, salée ou fumée rangée de folioles, et sortent, les unes après les autres,
[Voy. charcuterie). Un porc pèse ordinairement de 80 du milieu de celles qui son t déj à dév eloppées. Les fleurs
24
, , , ,

CODE — 370 — CODI


naissent en panicules, de l’aisselle des feuilles infé- Avant 1789, la législation civile en France n'of-
rieures, et sont disposées d’une manière particulière frait aucune homogénéité; dans certaines provinces,
sur un organe appelé spadix, entouré lui-même, au midi surtout, on suivait le droit écrit ou droit
avant la floraison, d’une enveloppe membraneuse ou romain; dans les autres, le droit coutumier, com-
spathe, qni s’ouvre par le côté. Elles donnent nais- plétés tous deux par les ordonnances royales. —
On
sance à des fruits verts à trois côtes, de la grosseur appelait C. Michault un recueil d’ordonnances pu-
de la tête, et offrant, sous un brou fdandreux très- blié sous Louis XIII, en 1629, parle garde des sceaux
épais, un noyau monosperme, d’un tissu ligneux Michel de Marillac; C. Louis, un recueil contenant
extrêmement dur, bien que peu épais, de forme ob- onze ordonnances du roi Louis XW
; C. noir, un
longue un peu pointue, et percé d’un trou à son ex- édit de Louis XIV (mars 1686) concernant la iiolice
trémité. Ce noyau, dit noix de coco ou simplement des colonies d’Amérique et réglant les conditions de
coco, renferme une pulpe très-blanche, d’un goût l’esclavage des nègres ce code, aboli par une loi du
:

suave, assez semblable à une crème épaisse, et con- IC pluviôse an ii , mais remis en vigueur le 30 floréal
tenant une liqueur rafraicliissante de couleur lai- an X, a été définitivement rapporté en 1833.
teuse et un peu sucrée. En mûrissant, la pulpe du Aujourd’hui, en France, nous avons 8 codes princi-
coco se change d’abord en une amande blanche et paux : 1“ le C. civil, ou C. Napoléon, qui règle tout ce
succulente, qui rappelle le goût de la noisette, puis qui a rap|iort aux droits civils, à la personne et à la
elle finit, quand le fruit est vieux, par devenircoriace propriété des citoyens (promulgués du 15mars 1803
et filandreuse. — On mange les noix de coco soit à au 17 sept. 1804);2"le C. deeomm«rce,relatifàtoutes
moitié mûres, quand elles sont à l’état de crème, les transactions commerciales; 3“ le C. de procé-
soit à l’état d’amande : on fait avec ces amandes dure civile, indiquant les règles qui doivent être sui-
des émulsions rafraîchissantes, et on en extrait une vies dans les instructions devant les tribunaux civils ;
huile assez bonne. Les coques servent à faire des vases 4° le C. d’instruction criminelle, qui règle le mode
de toutes sortes et ces petits ouvrages ciselés connus légal d’instruction dans les délits et les crimes; 5“ le
sous le nom de cocos. Avec la lilasse du brou on fabri- C. pénal, qui détermine la nature des délits et des
que des cordages, et ou calfeutre les navires. On fait crimes et leur punition ; 6° le C. rural, qui renferme
avec les feuilles des paniers, des nattes et des ta- la législation relative à l’agriculture et aux travaux
pis ; le bois est assez solide pour entrer dans les con- agricoles; 1° le C. forestier, qui régit tout ce qui a
structions; la sève, obtenue par incision, fermente rapport à l’administration des forêts; et 8° le C. de
rapidement et donne, au bout de quelques heures, la pêche fluviale, qui règle toutce qui a rapport aux
une liqueur agréable appelée vin de cocotier : on en fleuves, aux rivières , etc. ; ces divers codes sont dus,
extrait aussi par la distillation une eau-de-vie très- à l’exception des deux derniers, à Napoléon ils ont
:

forte, connue dans l'lude sous le nom û’arach de Pa- été préparés principalement par les jurisconsultes
ria. Le bourgeon terminal est fort tendre et se mange. Portalis, Tronchet, ot Maleville, Bigot de Préameneu,
COCKÈTE, nom vulgaire du Rhinantlius. Henrion de Pansey, Merlin, Treilhard, Berlier, et.c.,
COCHON (coctio, de coquere, cuire). Ce mot, discutés par le conseil d'Etat, votés par le Corps lé-
presque synonyme de cuisson, s’applique plus spé- gislatif, et promulgués successiv. depuisle5marsl80,3
cialement aux matières qu’on soumet au feu comme jusqu’en i810. —
On peut y joindre le C. politique,
objet d’expérience. — Il a été aussi employé par les contenant les diverses constitutions et chartes qui ont
Physiologistes dans le sens de digestion, parce que régi la France, avec les lois organiques qui s’y ratta-
les anciens comparaientcette fonction à la cuisson des chent le C. militaire le C. maritime le C. de l’en-
aliments. Ils se sont encore servis du mot coction
;

registrement, etc. —
Les éditions les plus correctes de
pour désigner le moment de la maladie qui précède tous ces codes sont, outre les éditions officielles, les
le déclin des accidents, parce qu’ils supposaient que Codes français, par Bourguignon, 1838; les Codes
toute maladie était due à une humeur viciée, qui annotés de M. Rogron, de M. Teulet, de M. Bacqua,
d’abord se trouvait dans un état de crudité, et qui et surtout la belle édition (annuelle) de M. Tripier.
devait être changée par l’action de la chaleur en une CODEINE, alcali organique contenu dans l’opium.
matière susceptible d’être assimilée à la substance On l’obtient comme produit accessoire dans la pré-
propre du corps, ou du moins en une matière moins paration de la morphine elle reste dans les eaux
:

nuisible et susceptible d’être évaluée. mères. La codéine cristallise dans l’eau en octaèdres
CODA, c.-à-d. queue; mot italien qui s’emploie renfermant du carbone, de l’hydrogène, de l’azote
en musique, surtout dans les finales et les scherzo, et de l’oxygène dans les rapports de C*H’'NO®-J-2aq.
pour désigner un certain nombre de mesures qu’on Elle est lort soluble dans l’alcool, ainsi que dans
ajoute à un morceau , afin de le terminer plus com- l’éther; mais elle ne se dissout pas dans les alcalis
plètement ou d’une manière plus brillante. aqueux, ce qui la distingue de la morphine. Elle a été
CODE (du latin codex, qu’on dérive lui-même de découverte parRobiqueten 1832, et plus particulière-
caudex, tronc d’arbre, parce que les anciens écri- ment étudiée parle chimiste anglais Anderson (1850).
vaient leurs lois sur des tables de bois), nom donné, CODEX, mot latin qui est synonyme de formu-
en jurisprudence, à tout recueil de lois, rescrits, laire, antidotaire, dispensaire, pharmacopée, s’em-
constitutions, etc., émanant de l’autorité souveraine. ploie en pharmacie pour désigner un recueil de
Les codes les plus célèbres du droit romain sont : recettes ou de formules pour la préparatittn des
1“ les C. Grégorien et Hermogénien, publiés par médicaments. On appelle Codex pans^ensts ou
les jurisconsultes Grégorius et Hermogenianus, et simplement Codex, le recueil des formules adoptées
qui contiennent les constitutions des empereurs de- par la Faculté de Paris. Voy. Piiahmacopée.
puis Adrien jusqu’à Constantin; 2“le C. Théodosien CODICILLE {dwhl'm codicillus, diminutif déco-
publié en 428, sur l’ordre de l’empereur Tliéodose 11, der). On donnait jadis ce nom à tout acte de der-
et dont l’usage se répandit en France, où il fut en vi- nière volonté qui ne contenait que des legs ou autres
gueur jusqu’au VI' siècle; 3” le C. Justinien, rédigé dispositions, sans institution d’héritier; et l’on ap-
sous la direction du célèbre jurisconsulte Tribonien pelle encore ainsi, dans le langage ortlinaire, tout
et publié sous le règne de l’empereur .lustinien, une acte postérieur à un testament et qui a pour but
d’y ajouter ou d’y changer quelque chose. La
légis-
première fois en 529 et une seconde, après révision,
en 534. — On a donné le nom de Code des lois anti- lation actuelle n’admet point le mot codicille; tout
ques à un recueil qui comprend les lois des Visi- acte de dernière volonté est nommé testament.
goths, un édit de Théodoric, roi des Ostrogoths, la Dans le Droit romain, il n’est point fait mention (les
loi des Bourguignons ou Gombette, et les lois (les codicilles avant le règne d’Auguste; ils furent d’a-
Francs, ou loi salique et loi ripuaire. bord établis pour des substitutions ou des fidéicom.
, , ,

COEUR — 3 1 — COFF
rais; on n’y admit les legs que beaucoup plus tard. depuis 90 jusqu’à 120 et 150 pulsations par minute.
COECUM , mauvaise orthographe du mot Cæcum. — Les maladies du cœur sont nombreuses et graves.
COEFFICIENT (du latin cwn, avec, etefjficere, On peut les classer sous cihq chefs principaux 1» af- :

faire), se dit en algèbre d’une quantité par laquelle fections traumatiques, c.-à-d. provenant de blessu-
une autre quantité se multiplie. Ainsi, dans 5a, res, de ruptures; 2“ affections pyréliques on avec
Ax, {m + n) x*j etc. , 5 est le coellicient de a, A ce- fièvre, telles que cardile, endocardite; 3« affections
lui dea;, et m4-« de x*. Lorsqu’une lettre apyrétiques, ou sans fièvre hyperlropliie, atrophie,
:

n’est précédée d’aucun nombre, elle est toujours anévrismes; 4» affections chroniques ou permanen-
censée avoir 1 pour coefficient. , tes : altérations, insuffisance des valvules, ossifi-
On appelle Méthode des coefficients indéterminés, cations, ramollissement, abcès, cancer, polypes, kys-
la méthode de démonstration qui consiste à supposer tes, etc.;5“ spasmes, palpitations, syncopes,
.•

une équation avec des coefficients indéterminés dont battements irréguliers, cardiale:ie, etc. Kov- ces mots.
on Oxe ensuite la valeur par la comparaison de ses Parmi les auteurs qui se sont occupés le plus spé-
termes avec ceux d’une autre équation qui lui doit être cialement des maladies du cœur, on cite, en France,
égaie; elle s’emploie dans les parties les plus élevées Corvisart et M. le D'' Bouillaud; en Italie, A. -G. Testa;
de l’algèbre. Elle a été appliquée pour la première en Angleterre, .1. Hope, etc.
fois par üescartes. Le cœur à quatre cavités, tel qu’il vient d’être dé-
COEMPTION (du latin cum, avec, empffo, achat), crit, appartient aux Mammifères et aux Oiseaux.
l’une des trois formes de mariage usitée chez les Ro- Dans les BeptUes, le cœur n’a ipie trois cavités ;

mains: les deux personnes qui voulaient s’unir, après les deux oreillettes et un seul ventricule off se trou-
s’être mutuellement demandé le mariage, se don- vent mélangés le sang pur et le sang impur; ainsi,
naient aussitôt l'une à l’autre une pièce de monnaie, tandis que, par lacontraction du ventricule, unepor-
commepour se payer réciproquement. Voy. mariage. tion de ce mélange va aux poumons , l’autre partie
COEUR, en latin cor, organe musculaire, agent va aux organes par les artères , et la circulation est
principal de la circulation du sang. Il est creux et incomplète (Voy. circulation). Ajoutons que dans
de forme ovo'ide; son volume, un peu plus considé- ces animaux il partdu cœur deux aortes au lieu d’une,
rable chez l’homme que chez la femme , équivaut à qui se réunissent après un court trajet. Dans les —
peu près à celui du poing chez l’adulte; il est situé Poissons le cœur n’a que deux cavités : une oreil-
au milieu de la poitrine, la pointe dirigée à gauche, lette et un ventricule, et ne reçoit que du sang vei-
en bas et en avant. Une membrane séreuse, dite pé- neux, c.-à-d. que le cœur est pulmonaire. Le sang
ricarde, l’enveloppe extérieurement; il est séparé qui en part va à l’appareil respiratoire ou aux bran-
intérieurement en deux moitiés à peu près sembla- chies, et de là dans les vaisseaux artériels de toutes
bles, adossées l’une à l’autre, et partagées chacune les parties du corps. —
Dans \es Mollusques, le cœur
en deux cavités ; l’une supérieure, appelée oreiY/e/ée, est aortnpie, c.-à-d. qu’il se trouve sur le trajet du
qui prend les noms d’o)’. d roite ou d'or, yauc/ie suiva n tsang qui va des branchies' aux diverses parties du
le côté; l’autre inférieure appelée ventricule, dit ega- corps. 11 est formé d’un seul ventricule et d’une ou
lement, selon le côté,i). droit oav. yaitcAe. L’oreillette de deux oreillettes. Le sang va de toutes les parties
droite et le ventricule droit constituent ce que l’on du corps aux branchies, de là aux oreillettes, puis
appelle le coeur pulmonaire, et l’oreillette et le ven- au ventricule, etenOn aux artères, qui le reportent à
tricule gauche forment le cœur aortique. Chaque toutes les parties du corps. —
Les Crustacés ont un
oreillette communique avec le ventricule du même cœur formé d’un seul ventricule; du reste, la circula-
côté par un orifice muni d’une valvule ou soupape, tion s’ell'ectue comme dans les mollusques , sauf que
appelée triglochine ou tricuspide à droite, et mi- les veines sont partout remplacées pardes cavités irré-
trale ou bicuspide à gauche elle est disposée de gulières qui, au voisinage des branchies, forment
;
telle sorte qu’elle permet au sang de passer de l’o- des espèces de réservoirs appelés si nus veineux. Les —
reillette dans le ventricule, mais qu’elle s’oppose, Insectes u’oni ni veines ni artères; ils ont pour cœur
en se fermant, au reflux de ce liquide du ventricule MO vaisseau dorsal placé sur la ligne médiane, au-
dans l’oreillette. Le sang veineux, qui arrive de toutes dessus du tube digestif, et en communication avec
Ip parties du corps par la veine cave, pénètre dans des interstices situés entre les organes et qui con-
l’orcilielte droite; de là, dans le ventriculedroit, qui,
tiennent le fluide nourricier de ces animaux. Les —
par sa contraction , l’envoie aux poumons; des pou- Annélides n’ont pas de cœur proprement dit; mais
mons, ee fluide, transformé en sang artériel, est ils ont un appareil vasculaire complet, et chez eux
apporté dans l’oreillette gauche, puis dans le ventri- le fluide nourricier est mis en mouvement par les
cule gauche, et enfin, par la contraction de ce ven-
contractions des principaux vaisseaux.
tricule, il est poussé dans l’aorte, qui le reporte à Vulgairement on donne le nom de cœur aux co-
toutes les parties du corps. Voy. circulation. —
le fœtus, les deux oreillettes sont confondues en une
Chez quilles du genre Rucarde , à cause de leur forme.
En Botanique, on appelle Cœur de saint Thomas,
seule dans les premiers temps de la conception et le fruit d’une espèce d’Acaciades Indes; C. de bœuf,
,
quand se forme la cloison qui doit les séparer, il le fruit de l’Anone glabre.
reste encore une ouverture de communication à la- En Astronomie, le Cœur du Scorpion, et fes deux
quelle on a donné le nom de trou ovale ou trou de Cœurs du Lion sont 3 étoiles de la première gran-
Bofal. Voy. trou de botal. deur situées dans les deux constellations du Scorpion
La p; opriété la plus remarquable du cœur est et du Lion ; le C. de l’Hydre est une étoile de la
celle de se contracter et de se dilater alternative- deuxième grandeur dans la constellation de l’Hydre.
ment; pendant que les deux oreillettes se resserrent, COFFRE, Ostracion genre de poissons de l’or-
les deux ventricules se dilatent et vice versâ. La dre des Plectognathes et de la famille des Scléro-
,
contraction des ventricules porte le nom de systole, dermes, renferme plusieurs espèces qu’on trouve
et leur dilatation celui de diastole Pendant chaque dans les mers intertropicales. Les Coffres sont ainsi
systole, les parois des ventricules se durcissent; le nommés parce que leur enveloppe est formée de
cœur se raccourcit, se recourbe un peu en avant, comjiartiments osseux et réguliers soudés en une es-
et va frapper de sa pointe la partie antérieure de pèce de couvercle inflexible qui leur revêt la tête et
la poitrine vers la 6« ou 7® côte gauche. Dans l’é- le corps, en sorte qu’ils n’ontde mobile que laqueue,
tat de santé, le cœur bat, en général, environ 75 les nageoires, la bouche et une petite lèvre qui gar-
fois par minute le pouls est un peu plus accéléré pen- nit le bord de leurs ouies. L’espèce la plus connue,
;

dant l’enfance; il se ralentit, au contraire, dans la le C. triangulaire, est à enveloppe triangulaire, sans
vieillesse. Dans l’état de fièvre, l’accélération s’élève épines, d’un brun rougeâtre, et Iongde40à50centim.
34 .
, , , , ,

COIF — 372 — COKE


COGNASSIER, Cydonia, genre de la famille des enveloppe membraneuse qui- recouvre Turne ou
Rosacées, tribu des Pomacées, renferme des arbris- cupule des mousses , et qui se rompt circulairement
seaux peu élevés, à feuilles simples, alternes, ovales par son milieu à l’époque de la maturité.
et cotouneuses en dessous, à Heurs ordinairement COIFFURE. Rien n’a plus varié que la coiffure.
grandes, de couleur rouge-vif ou blanc-rosé, à fruits Les Grecs et les Romains gardaient ie plus souvent
pyriformes appelés coings (en lat. cotonea mala). Le la tête nue; néanmoins, ils avaient des coiffures fort
C. commun ( Pyrus Cydonia , originaire de l’Asie
)
diverses c’étaient, pour les hommes, chez les Grecs
:

Mineure , est aujourd’hui naturalisé en Europe ; on le pilos, le piliscos, le pélasos; chez les Romains
en cultive 3 variétés; la Mali forme, la Pyriforme et le pileus, signe extérieur de l’homme libre. Les
le Coing de Portugal. Son fruit, qui ressemble à une femmes grecques portaient surtout ia calyptra, sorte
:

grosse poire jaune à côtes longitudinales et velues, de réseau sous lequel on réunissait les cheveux; la
est très-parfumé, mais d’un goût trop acerbe pour nembé, croissant qui servait à diminuer ia largeur
être mangé cru; il sert à faire d’excellentes com- du front Vanadcme,
;
le strophe, le corymbium, etc.,
potes et des confitures fort estimées, connues sous le qui n’étaient autre chose que des bandeaux diverse
nom de cotignac. En Médecine , le sirop de coings ment disposés. Les Assyriens et les Perses portaient
s’emploie contre les diarrhées rebelles. Les pépins la mitre; les Phrygiens, et aujourd'hui les Tartares,
contiennent en gi’ande quantité un mucilage dont on le bonnet; les Musulmans portent le turban. Dans —
fait des collyres adoucissants et que les parfumeurs l’Occident, la coiffure des hommes fut, au moyen
font entrer dans la composition de la bandoline. Le âge, bonnet ou le chaperon, et, dans les temps
le
cognassier se multiplie de semences, ainsi que de modernes , le chapeau, qui fut successivement rond,
marcottes et de boutures ; il se prête aisément à la carré, triangulaire , cylindrique, etc.; celle des fem-
greffe des poiriers et des pommiers. —Ou remarque mes ne varia pas moins le moyen âge vit l’escoffon,
:

encore le C. de la Chine, arbrisseau d’ornement, à le hennin, les de tout genre. Du xv®au xix® siè-
fleurs d’un beau rouge; ainsi que le C. du Japon, cles, se succédèrent les féronnières les fontanges,
dont on cultive deux variétés, l’une à fleurs blanches la poudre, etc. —
La coiffure militaire a suivi les
lavées de rose , et l’autre à feuilles panachées. variations de la mode; en outre, elle varie encore
COGNAT (du latin cognatus, de cum, avec, et suivant les armes. Les principales sont le casque, le :

natus, né). Dans la législation romaine on appelait, shako, le colback, le bonnet à poil, le czaspka, et,
en général, cognais tous ceux qui descendent d’une en négligé , le képi et le bonnet de police. Au der-
souche commune [quasi ex uno naii), ei cognation, nier siècle, la cadenette le catogan, la (meue,
le lien de parenté qui les unit. Opposé au mot d’A- étaient en usage dans nos armées; depuis le Consu-
gnat le mot Cognât désignait plus spécialement lat, les soldatsportent les cheveux à la Titus, c’est-
les parents qui tiennent Tun à l’autre par un ou à-dire coupés très-courts. Voy. PERRüauiER-coiFFEüR.
plusieurs ascendants du sexe féminin, sans unité de COIGNASSIER. Voy. cognassier.
famille; tandis que les Agnats sont ceux qui tien- COIN (du grec co«os, cône), en latin cuneus, pièce
nent l’un à l’autre par des personnes du sexe mas- de fer, de bois, ou de toute autre matière dure, ter-
culin , et forment une même famille. Voy. agnaïs. minée en angle aigu à Tune de ses extrémités, qu’on
COHÉSION (du latin coliœrere, être attaché à), insère par le tranchant dans une fente pratiquée au
se dit en Physique de la force qui unit entre eiles des milieu du corps que Ton veut diviser, et qu’on fait
molécules matérielles, et qui ies tient comme en- pénétrer dansla fente en frappant avec un maillet sur
chaînées les unes aux autres. La dureté, la ténacité, l’extrémité opposée, appelée tête du coin. Le coin est
la ductilité, la malléabilité, sont autant de propriétés surtout employé par les bûcherons et les scieurs de bois.
qui dépendent de l’état de cohésion des corps. La cohé- On appelle encore Coin, et souvent aussi poinçon,
sion s’exerce entre molécules de même nature, sim- matrice ou carré, une pièce d’acier gravée en creux
ples ou composées : elle est opposée à l’affinité qui et fortement trempée, dont on se sert pour frapper
s’exerce entre molécules de nature hétérogène. l’empreinte des monnaies et des médailles. Pour frap-
COIIOBATION (de l’arabe cohob, cohoph, distil- per, ou emploie 2 coins Tun, placé au-dessus, adhé-
:

lation double), opération chimique qui consiste à rant à la vis du balancier et portant un côté de la
remettre plusieurs fois de suite le produit d’une dis- pièce; l’autre, au-dessous, placé sur une rotule en
tillation dans le vase distillatoire. Les alchimistes acier et donnant l’empreinte opposée. La légende, le
avaient souvent recours à cette opération ; on l’em- cordon, etc., s’impriment avec des coins particuliers.
ploie encore dans les pharmacies, afin de charger On nomme aussi Coins les dents incisives latérales
les produits distillés de plus de principes volatils. des chevaux , celles qui sont les plus rapprochées des
COHORTE (en latin cotiors) corps d’infanterie crochets. Il y en a deux à chaque mâchoire.
romaine, ordinairement composé de 600 hommes, COING, fruit du Cognassier. Voy. cognassier.
formait la 10® partie de la légion. La cohorte se di- COIX, en latin Coix, dit aussi Larmille, genre de
visait en trois manipules ou compagnies. On distin- la famille des Graminées, tribu des Phalaridées, ren-
guait 1® les C. légionnaires, composées de soldats
; ferme des plantes annuelles, originaires des Indes, à
romains {Voy. légion) ; 2® les C. alliées, troupesauxi- tige ferme, élevée, à feuilles larges, à fruits gros
liaires d’infanterie fournies par les peuples alliés
;
comme des pois et renfermant une fécule amylacée
3” les C. prétoriennes, chargées spéciaiement de gar- bonne à manger. Ces fruits , dont Técorce est dure ,
der la personne du général ou de l’empereur ; 4® les luisante et d’un assez beau gris de perle, servent aussi
C. urbaines, chargées de veiller à la sûreté de Rome. à faire des chapelets et des colliers. L’espèce la plus
Lors de la formation de la Légion d'honneur, cet connue est le Coix lacryma, vulgairement Larme
ordre fut primitivement partagé en 16 cohortes. — de Job ou Larmille des Indes.
Cette dénomination fut aussi employée lors de la ré- COKE (duanglais coak, dérivé du latin coc-
mot
organisation des gardes nationales sous l’Empire et tus, cuit ),
forme le résidu de la houille
cl'.arhon qui
au icoramencement de la Restauration. calcinée en vase clos. Cette calcination enlève à la
COIFFE. En Anatotnie, ôn nomme ainsi une por- houille toutes les parties bitumineuses et sulfureuses,
tion des enveloppes 'de foetus qui se ttouve recouvrir et la rend applicable dans beaucoup d’industries où
quelquefois la tète dè l’enfant dans' l’accouchement ces substances seraient incommodes ou nuisibles. Le
ordiüaif0.1l peut résùlt'ér de là préséneé de cés coiffes coke est en masses poreuses, plus ou moins bour-
desdobidePtS ^AtVds ; néanmoins, un préjugé vulgaire
' souflées; il est grisâtre ou noir, avec un reflet mé-
regarde cette dispôsitîôn exceptionnelle cpujnxç d'un, tallique. Il est assez difficile à allumer, et brûle pres-
heut'et^x-aû^fé’p <re !à l’è.'ipréésidh ’él’r^ ne coifff. que sans flamme ; les morceaux incandescents s’é-
En Botanique, on nomme c'àlffé'X^.alyptra)^\^é teignent dès qu’on les relire du foyer. Pour qu’il se
, ,, ,

COLC — 373 — COLI


consume , il faut l’employer en grandes masses , ou et un remède énergique contre l’hydropisie,la goutte
bien activer sa combustion par un bon courant d'air; et les rhumatismes. Les bestiaux refusent de brou-
quelques personnes le mêlent avec du bois. Aucun ter le colchique dans les prés ils peuvent cependant
;

combustible ne produit une température aussi élevée le manger impunément quand il est desséché et mêlé
que le coke. On l’emploie avec suqcès dans le traite- —
dans le foin avec d’autres herbes. On cultive comme
ment du fer et la fusion des métaux; la préférence plantes d’ornement plusieurs variétés de colchique :

qu’on lui accorde quelquefois sur la houille pour le la plus remarquable est le C. panaché du Caucase,
chauffage domestique vient de ce qu’il ne répand en à fleurs régulièrement marquées de rose et de pour-
brûlant ni fumée ni odeur. Le coke pèse moins que la pre , en forme d’échiquier.
houille , mais plus que le charbon de bois ; l’hecto- COLCOTHAR, nom arbitrairement donné par Ba-
litre de coke pèse de 40 à 45 kilogr. Les Anglais sont sile Valentin au peroxyde de fer rouge qu’on obtient

les premiers qui imaginèrent , sous le règne d’Elisa- par la calcination du vitriol vert ou sulfate de fer.
beth, de carboniser la houille, et d’employer le coke On l’appelle encore d’Angleterre ou de Prusse.
dans la fabrication du fer. L’usage du coke ne s’in- On l’emploie dans la peinture et pour le polissage
troduisit en France que vers 1772. des glaces. Porphyrisé avec de l’émeri et incorporé
COL (du latin collum), partie du corps située en- dans du suif, le colcothar constitue la pâte dont on
tre la tête et les épaules. Voy. cou. se sert généralement pour affiler les rasoirs.
Les Anatomistes donnent le nom de col à certaines COLEOP’TÈRES (
du grec coléos gaine, étui , et
parties qui sont plus minces ou plus étroites que le ptéron, aile), premier ordre des Insectes, est carac-
reste de l’organe dont elles dépendent ; tels sont le térisé par quatre ailes dont les supérieures, dites
C. du fémur, partie rétrécie et allongée, unie à an- élytres, et plus ou moins dures ou coriaces, servent
gle obtus au corps du fémur, et qui soutient la tête d’étuis aux inférieures, qui sont membraneuses et qui,
de cet os ; le C. de l’humérus, du radius, de l’omo- à i’état de repos, sont pliées en travers sous les pre-
plate, etc.;
le C. de la vessie etc. mières. Ces insectes ont tous la tête immédiatement
En Géographie, Col se dit d’un passage fort étroit unie au corselet, des antennes de forme variable, mais
entre deux montagnes, à la naissance d’une vallée. le plus souvent de onze articles, des yeux assez grands ;
COLASPIS (c.-à-d. gaine-bouclier), ou Eumolpe leur bouche se compose d’un labre, de deux mandi-
obscur, insecte destructeur analogue à VEumolpe. bules cornées et de àoux mâchoires d’une ou deux
COLATURE (du latin colare, faire couler, passer), palpes; le corselet est formé du prothorax, en ar-
opération pharmaceutique, analogue à la filtration, rière du((uel se trouve une petite pièce triangulaire
consiste à verser un liquide sur un tissu de toile ou appelée écusson. Du second segment naissent les
de laine peu serré, plutôt pour en séparer le marc élytres. Le nombre des articles des tarses varie de
que pour obtenir une transparence parfaite. —
On trois à cinq. De là, la division des Coléoptères en qua-
donne aussi ce nom au
liquide filtré lui-même. tre sections : les Pentamères, qui ont cinq articles à
COLBACH, qu’on écrit aussi colback ou kolbak tous les tarses (Hanneton, Carabe) ; les Hétéromères,
(par corruption du turc kalpack), bonnet à poil en qui en ont cinq aux quatre tarses antérieurs et quatre
forme de cône tronqué, en usage dans quelques aux deux derniers (B laps) ; les Tétramères qui ont
corps de cavalerie légère (
chasseurs , hussards ) et quatre articles à tous les tarses (Charançon); et les
pour les tambours-majors de l’infanterie. La partie Trimères, qui n’en ont que trois (Coccinelle).
supérieure se termine par une espèce de poche co- M.Duméril et quelques autres entomologistes avaient
nique de drap de couleur, à laquelle est attaché un de plus établi un ordre de Dimères, qui comprenait
gland ; le tout pend sur le côté du colbach. Le colbach les Psélaphiens; mais un examen plus attentif a fait
n’est connu dans l’armée française que depuis l'usage reconnaître que ces insectes ont 3 articles à tous les
qu’en ont fait les chasseurs à cheval de la garde con- tarses, et rentrent dans les Trimères. On doit à MM.
sulaire, qui en avaient trouvé le modèle en Égypte. Dejean , Bois-Duval, Aubé, Lacordaire (de Liège),
COLCHICACÉES (de Colchique), famille de plan- les plus importants travaux sur les Coléoptères.
tes monocotylédones,à étamines périgy nés, renferme COLÉORHIZE (du grec coléos, fourreau, et rhiza,
des plantes herbacées aux racines fibreuses ou bulbi- racine), espèce d’étui ou de fourreau qui, dans l’em-
fères, à tige simple et rameuse, à feuilles alternes, bryon de tous les végétaux monocotylédones, recou-
engainantes par la base ; à fleurs terminales, au ca- vre et enveloppe la radicule, et qui fait partie du
lice coloré,à six divisions égales, profondes. Les Col- corps cotylédonaire; dans les Dicotylédones, la radi-
chicacées sont généralement vénéneuses, et doivent cule n’a pas d’enveloppe. De là, la division des végé-
leur action délétère à la vératrine qu’elles renferment. taux , proposée par Ch.-L. Richard, en Endorhizes
On les divise en deux tribus ; les Vératrées et les Col- ou Monocotylédonés, et Exorhizes ou Dicotylédonés.
chicées ; le Colchique est le type de ces dernières. COLIBRI (nom caraïbe de ces oiseaux) , Trochilus,
COLCHIQUE (du grec cholcicon, dérivé du nom genre de l’ordre des Passereaux, famille des Ténui-
de la Colchide, d’où on la croit originaire), genre rostres, est caractérisé par un bec arqué (ce qui les
type de la famille des Colchicacées renferme des distingue des Oiseaux-mouches, dont le bec est droit),
,
plantes à racine bulbeuse, dont les fleurs, d’un et plus long que la tête; par des pieds impropres à
rose purpurin, ont le calice terminé inférieurement la marche, à trois doigts devant et un derrière ; par
par un tube très-long et très-grêle, et qui, avant une langue extensible , cylindrique , bifide à l’extré-
de s’épanouir, sont enveloppées dans des gaines ou mité; par des ailes étroites et très-allongées. Ces oi-
^athes membraneuses. L’espèce la plus connue est le seaux, propres à l’Amér. tropicale, sontremarquables
C. d’automne, dit Tue-chien, parce qu’il empoisonne par leur petitesse, et l’éclat dç leurs couleurs, dont les
les chiens, et Safran bâtard ou S. des prés, commun reflets imitent la pourpre, l’or, le rubis,la topaze,etc.
dans les prés humides, et qui fleurit en septembre et Les colibris se nourrissent de petits insectes et du
octobre ; ses fleurs ont à peu près la forme et la couleur suc qu’ils pompent dans les nectaires des fleurs au
de celles du safran ; elles s’épanouissent longtemps moyen de leur langue effilée, et eu voltigeant autour
avant les feuilles, et leur tube, haut de 20 centi- d’elles comme je papillon sphinx. Parnni les espèces
mètres environ , sort immédiatement du bulbe de ce genré, on distingue surtout le C. topaze (Tr.
charnu. Ce bulbe renferme une substance compacte Pella), type du genre, qui est le plus beau de tous,
d’une odeur désagréable , d’une saveur âcre et et dont la queue est terminée par deu.x brins; et le
nauséabonde, et qui est formée d’amidon et de vé- C. grenat [Tr. auratus), à queue rectiligne.
ratrine. Pris sans précaution le colchique est un COLIMAÇON, noip vulgaire des Hélices terrestres, ni
,
violent drastique; mais, employé Fow. HÉLICES el LIMAÇON.
à petites doses
et avec ménagement, c’est un excellent diurétique
COLIN, Oftyx, petite section du genre Perdrix»
, , , , , ,,

COLI — 374 — COLL


renferme des oiseaux qui ont le bec court et arrondi, développement du ventre, qui est souple et brûlant.
les tarses sans éperons et la queue très-courte. Ils — On prescrit les boissons mucilagineuses, les cata-
sont un peu plus grands que les Cailles, dont ils ont plasmes, bains et lavements; et, si les symptômes
d’ailleurs les mœurs, et qu’ils remplacent sur les ta- sont intenses, saignées et les narcotiques.
les
bles des Américains par la délicatesse de leur chair. Les Coliques dites végétales, décrites sous les
Parmi les principales espèces on remarque le C. Son- noms de colique de Madrid, de Poitou, de Nor-
nini de rAmérique Méridionale, quia la tète sur- mandie, de Cayenne, etc., sont le plus souvent épi-
montée d'une huppe jaune, et le plumage mêlé de démiques. La C. de Madrid est due à l’action brus-
fauve et de roux; et le C. de ta Californie, qui a le que de l’air froid et humide pendant les promenades
plumage gris brun, cendré en dessus. nocturnes au Prado et le long du canal, surtout à la
CÜLIIS-MAILLARD. Ce jeu doit son nom à un Cu de l’été et pendant l’automne, époque où l’on fait
CTeri ier fameux du pays de Liège, appelé Jean Co- en Espagne un usage immodéré des glaces, des fruits
lin, et surnommé Maillard à cause du maillet qui et des légumes; il faut joindre à ces causes l’usage
était son arme de prédilection. Ce guerrier, qui vi- d’eaux souvent altérées pendant les violentes chaleurs.
vait à la fin du x« siècle, ayant eu les yeux crevés Les mêmes causes s’appliquent aux coliques de Poi-
dans une bataille qu’il livrait au comte de Louvain, tou, etc., qui , en outre, paraîtraient surtout occa-
continua néanmoins de combattre, guidé par ses sionnées par les cidres lithargiés, les bières falsifiées,
écuyers : de là le jeu de Colin-Maillard. les vins nouveaux, les fruits crus, et peut-être aussi
COLIQUE (du grec cd/ico^, qui appartient au gros par quelque disposition particulière de l’air. Ces di- —
intestin ou côlon) nom donné à toute alfection de la verses coliques présentent de grandes analogies avec
cavité abdominale, dont le caractère est une douleur les coliques de plomb; leur traitement est le même.
vive, exacerbante et mobile. Les coliques ne sont que Quant ms.Coliques nerveuses, nousrenvoyonsaux
les symptômes de divers états morbides des viscères mots Gastralgie, pour la colique d’estomac; Entérite,
abdominaux par suite.ellessoutappelées, selon l’or-
: pour les coliques inflammatoire, bilieuse, venteuse,
gane affecté , stomacales, bilieuses, dysentériques, stercorale; Iléus, pour la coli(jue de rniséréré, etc.
hémorroïdales hépatiques etc.
,
— Ou considère COLIS , terme de Commerce et de Messagerie
comme désaffections particulières les C. métalliques, s’emploie pour désigner les marchandises en expé-
les C. végétales et les C. nerveuses. dition, de quelque façon qu’elles soient expédiées et
La Colique métallique ou saturnine, C. de plomb de quelque nature qu’elles soient. Chaque balle,
ou des peintres, et,\, une névralgie des organes diges- caisse, malle ou paquet, est cequ’on appelle un colis.
tifs et urinaires causée par l’absorption du plomb. Les COLISÉE (de l’italien colosseo, colosse), immense
plombiers, les potiersd’étain, les peintres, lescérusiers ampliithéâtre de Rome, ainsi nommé
à cause de sa
et broyeurs de couleurs,
y sont principalement ex- grandeur colossale, et qui servait aux combats des
posés. Elle est aussi quelquefois due à la soidiistication gladiateurs et des bêtes féroces [Voy. coi.ossêe au
des vins par la litharge, à l’usage de l’eau de pluie Dict. univ. d’IIist. et de Géogr.). —
Paris a eu
qui a séjourné dans des citernes doublées de plomb. aussi son Colisée, monument gigantesque et ridicule,
Ou l’a Vue occasionnée par des bonbons colorés en élevé, sous le règne de Louis XV, à l’extrémité des
jaune, vert, bleu, rouge, au moyen de préparations Champs-Elysées, prés de la rue actuelle du Colisée.
saturnines. Enfin, l’acétate de plomb, pris comme mé- C’était un lieu de fêtes et de plaisirs; on y donnait
dicament, a produit [dus d’une fois tous les accidents des bals, des concerts, des si>ectacles, etc. 11 fut ou-
de cette colique. Cette névralgie est caractérisée par vert en 1771 et démoli en 1784.
des douleurs abdominales exacerbantes, par des COLITE, inflammation de l’intestin colon. Voy.
nausées et des vomissements de matières vertes ou DUnitHÉE , DYSSENTEIUE et ENTÉRITE.
jaunes, une constipation opiniâtre, la rétraction et COLLAGE (de colle). Outre l’action de coller le
la dureté du ventre, des hoquets, la dysurie, l’ic- papier de tenture dans les ajipartements, ce mot ex-
tère, l’altération de la voix, l’anxiété, des mouve- prime : 1» la dernière opération que l’on faisait subir
ments convulsifs, etc. Sa durée est courte ; parfois autrefois au papier, après la fabrication, pour l’em-
elle laisse après elle la paralysie, la roideur des mem- pêcher de boire, et qui consistait à l’imprégner de
bres, ou des tremblements, et l’amaurose. Les ré- colle de peau :aujourd’liui, le collage se fait au
cidives sont fréquentes et exposent à la chronicité. moment même de la fabrication du papier, au moyen
— L’expérience a consacré l’efficacité d’un traite- de fécule qu’on mêle à froid avec la pâte et qui, par
ment empirique connu sous le nom de traitement la chaleur, se transforme en une sorte d’empois; —
de la Charité, association bizarre de vomitifs, de 2“ l’opération que l’on fait subir aux vins et aux li-
purgatifs, d’opiacés et de sudorifiques, administré, queurs pour ieur conserver ou leur rendre leur lim-
d’après des formules, à des doses et à des jours jiidité : cette clarification se fait soit avec des blancs
manpiés d’avance ce traitement dure six à sept
: d’œuf, soit avec de la gélatine ou de la colle de pois-
jours; on en trouve la description dans tous les for- son, délayés et battus dans de l’eau ; la colle de pois-
mulaires de médecine. La limonade sulfurique, son est préférable pour le collage des vins blancs.
conseillée par le Dr Gendrin, a pour but de transfor- COLLATÉRAUX (du latin cum, avec, et latus
mer les [iréparations saturnines en sulfate de plomb côté), nom donné, en Jurisprudence, aux parents
insoluble, et guérit en trois ou quatre jours. L'a- qui ne descendent pas les uns des autres, mais seu-
lun. ou truitrment de l’hôpital Saint-Antoine à lement d'une souche commune; qui ne sont pas en
la dose de 4 à l‘2 grammes par jour dans une potion ligne directe. Ainsi, les frères et les sœurs, les cousins
gommeuse, guérit constamment en 6 ou 7 jours, et les cousines, sont collatéraux entre eux ; les oncles
et ordinairement sans récidive. On a guéri quelques et les tantes le sont aussi à l’égard de leurs neveux et
coli(|ues saturnines peu intenses avec les lavements nièces. On nomme ligne collatérale la ligne que
purgatifs, l’huile de ricin, et l’eau de Sedlitz On forment les collatéraux; succession collatérale, ceWe
a vanté comme le meilleur remède V huile du cro- à laquelle un collatéral est appelé. Voy. succession.
ton tiglium. — Beaucoup d’ouvriers se bornent à En Cosmographie, on ajiiielle points collatéraux
suspendre leurs travaux, à prendre du lait, quel- ceux qui sont au milieu de deux points cardinaux le :

ques boissons laxatives, des bains, des lavements nord-est, le nord-ouest, le sud-est et le sud-ouest.
laudanisés, et voient les accidents se dissiper. — Le COLLATEUR (du latin collafor, même significa-
cuivre et ses préparations peuvent occasionner une tion), nom qu’on donnait autrefois à celui qui avait
colique qui ne diffère de la précédente que par la le droit de conférer un bénéfice. On distinguait les
diarrhée qui l’accompagne; il y a, en outre, douleur collateurs généraux c.-à-d. le pape , les évêques et
abdominale continue, augmentant par la pression, et les souverains, qui pouvaient conférer toutes sortes
, , , , , , , ,

COLL — 375 — COLL


de bénéfices; et les collateurs particuliers, qui ne
celle (|uiprécède l’épître, et qui se dit au moment où
tous les fidèles sont réunis [collecti). Elle résuine en
pouvaient conférer que les bénéfices dont ils étaient
fondateurs, ou dont la disposition leur appartenait quelques mots le mystère que l’on célèbre ou le sens
par concession ou autrement. moral de l’évangile du jour; elle est toujours précédée
COLLATION (du latin coZ/aéto, dérivé lui-même du mot Oremus (Prions). Chaque fête a sa collecte.

de con/erre, comparer). Ou appelle co//aOo« l’ac- Los premières collectes écrite^ remontent à S. Basile, à
tion de comparer la copie écrite ou imprimée d'un S. Hilaire, à S. Gélase, à S. Grégoire, à S. Ambroise.

manuscrit avec le teste original, pour s'assurer de leur COLLECTEUR. Voy. collecte.
parfaite ressemblance ; collation de pièces, la com- COLLECTIF (du latin co/%ere, rassembler, réu-
paraison de copies d’actes avec leurs originaux pour nir), se dit en Grammaire des noms communs qui,
s’assurer de la conformité exacte et littérale des unes bien qu’au singulier, expriment une réunion , un
avec les autres. La collation de pièces est judiciaire assemblage de personnes ou d’objets de la même
ou extrajudiciaire ; elle se fait ordinairement par espèce , tels que armée, forêt, nombre, foule, peu-
:

le notaire dépositaire de l’acte, ou par un juge com- ple; etc. Les collectifs sont généraux quand ils re-
mis par le ti ibunal. — On collationne un livre en présentent une collection entière (/a/'on/e des hofu-
examinant les folio un à un pour s’assurer qu’il est mes), et partitifs lorsqu'ils représentent une collec-
complet et que les feuilles se suivent régulièrement; tion partielle [une /’on/e d’hommes , la plupart des
on collationne une épreuve d’imprimerie, en vérilian t hommes). Dans certaines langues, le verbe qui suit
si toutes les corrections indiquées sur une épreuve un nom collectif peut être mis au pluriel, comme en
précédente ont été exécutées par le compositeur. latin turbaruito\iruunt,c.-k-à.\a foule se précipite.
:

On nomme encore collation un léger repas que COLLECTION (du latin collectio fait de colli-
l’on fait dans l'après-diner ou le soir. Dans l’origine, yere rassembler, réunir). Ce mot, qui exprime
ce nom ne s’appliquait qu’au léger repas que font tout recueil de choses de même espece ou qui ont
les catholiques le soir d'un jour de jeûne : ce repas plus ou moins de rapport entre elles, s’applique
était ainsi nommé parce que, dans les monastères, on plusparticulièrement, dans l’usagevulgaire, aux col-
lisait pendant ce repas les conférences ou collations lections de livres ; on connaît surtout les collections
des saints Pères. d’auteurs latins dites Ad usum Delphini,Variorum;
COLLE (en gr. co/Zü). La colle ordinaire a pour base celle des Elzévirs, des Barbou , de Maitlaire, de
l’amidon ou la gélatine. Les colleurs ou aüicbeurs, Brindley, de Baskerville , de Deux-Ponts; les C/av-
les cartonniers, les relieurs, les tisserands font un siques latins de Lemaire, les belles collections d’au-
grand usage de la colle de pâte ou d’amidon, qui se teurs grecs et de Classiques français de Diclot, la col-
fait avec de la farine délayée dans de l’eau et épaissie lection des Documents inédits sur l’histovre de
par la cuisson ; les menuisiers, les ébénistes, les em- France, etc. Voy. galerie, musée, herbier, etc.
balleurs emploient la colle de gélatine ou colle-forte: COLLÈGE (du latin colligere, rassembler). Chez
celle-ci se fabriipie en faisant bouillir dans une les Romains, le mot collège [collegium) servait à
chaudière les rognures de peaux des tanneurs, les désigner une compagnie, une corporation, comme
nerfs et les pieds de bœuf, et en général des débris le C. des pontifes, celui des augures, des féciaux,
de matières animales. Les colles fortes les plus em- des marchands des forgerons, etc.
,

En France,
ployées sont celles de Flandre , de Paris et de Givet. il
y avait autrefois le C. des secrétaires du roi, le
La colle de poisson, dite aussi ichthyocolle (du gr. C. des avocats, des C. électoraux. —
Dans diver.s
ichthys poisson), est de la gélatine presque pure; pays, les différentes branches d’administration ont
elle a un goût fade. Elle est faite de la membrane formé autant de collèges, qui ne sont que des con-
interne de la vessie natatoire de plusieurs espèces seils; dans l’ancien Empire d’Allemagne, on distin-
d’esturgeons, très-communes dans le Volga elles au- guait le C. des électeurs, celui des princes et celui
;

tres fleuves qui se jettent dans la mer Noire et la mer des villes libres ou impériales.
Caspienne. Pour s’en servir, il suffit de la faire tremper Dans l’Eglise, il y avait autrefois des C. de cha-
pendant quelque temps dans l’eau chaude pour qu’elle noines et de chapelains. On appelle encore Sacré
se dissolve presque entièrement. La colle de poisson Collège le corps des cardinaux de FEglise catho-
s’emploie pour donner du lustre et de la consistance lique le sacré collège forme le conseil du pape, et
:

aux étoiles de soie, aux rubans, aux gazes; pour participe non-seulement au gouvernement général de
préparer les fleurs artificielles, pour encoller le taf- l’Eglise, mais aussi à l’administration civile des États
fetas dit d' Anyleterre pour contrefaire les perles Romains. Il se partage en plusieurs conseils ou cow-
fines, pour recoller la porcelaine et le verre; pour 5f,"eÿa/(o«v,ayanttoulesdesaltribulions
particulières.
faire prendre lesgelées, les crèmes, les bavaroises, etc.
;
L’évêque d’Ostie est de droit doyen du sacré collège.
pour clarifier la bière, le vin et autres liqueurs ( Voy. En France , on appelle le plus ordinairement Col-
collage). On fait des lanternes avec des toiles métal- lèges des établissements d’instruction publique oû
liques trempées dans une solution de cette colle. l’on enseigne les langues, les lettres et les sciences.
La colle à bouche, presque transparente et de Avant ISte, on distinguait les C. royaux et les
couleur jaune rougeâtre, se prépare avec de la colle C. communaux. Les premiers, qui originairement
de Flandre à laquelle on ajoute du sucre, elqu’ou avaient été créés sous le nom de Lycées ont repris
aromatise avec quelques gouttes d’esseuce de citron. ce titre aujourd'hui ils sont entretenus aux frais de
;

On s’en sert pour coller des parties dont l’étendue l’Etat et administrés par un proviseur, ayant sous
n’est pas considérable, et on l’humecte avec la salive. lui un censeur des études, un économe, ûes pro-
COLLECTE (du latin colligere recueillir, ras- fesseurs choisis parmi les agrégés et des maîtres
sembler). Ce mot était autnnfois synonyme de per- d’étude. Les seconds sont entretenus en tout ou en
ception d’impôt en général ; toutefois il se disait partie ;)ar les communes et sont administrés par un
plus particulièrement de l’impôt sui le sel , de la principal ; les professeurs ont le titre de régent. —
taille et de tous les autres impôts de communauté. On appelle C. particuliers ou de plein exercice, des
On appelait collecteurs les officiers publics chargés maisons particulières d’éducation qui, en raison de
du recouvrement de ces impôts. On appelait aussi leur importance, ont obtenu de l’Etat les privilèges
collecteurs des amendes ou sergents collecteurs accordés aux lycées et aux collèges communaux : ces
les officiers chargés de faire payer les amendes pro- établissements ne peuvent recevoir d’cxœrnes dans
noncées par jugement. —
Aujourd’hui, le mot Col- les villes où il existe des collèges tels sont à Paris
:

lecte signifie une quête faite pour une œuvre de les C. Rollin et Stanislas, constitués en 1821.
bienfaisance ou pour un objet d’intérêt commun. Collège de France, établissement d’enseignement
En Liturgie, la Collecte est la 1'' oraison de la messe. supérieur, fondé à Paris en 1530, par le roi Fran-
, ,, ,

COLL — 376 COLO


çois 1er, et OÙ se font des cours publics de langues on le dissout dans l’éther; exposé
l’avoir fait sécher,
et de littérature et de morale, d’histoire, de sciences à l’air ce mélange se prend rapidement en une
,
mathématiques et physiques , de droit et d’économie masse solide d’une extrême ténacité. Les chirurgiens
politiques. Cet établissement, longtemps indépen- font un fréquent usage du collodion , notamment
dant, estauj. régi par le décret du 8 octobre 1867. dans le cas de fracture c’est M. Maynard de Boston
:

Collège militaire (de la Flèche), dit aussi Vry~ qui, lepremier, a proposé, en 1817, d’employer le
tanée. Voy. militaires (écoles). collodion en guise de bandage. Cette substance rend
COLLÉGIALES (églises). On appelle ainsi des égli- aussi lestissusimper.méables; enfin, elle estd’un grand
ses desservies par un chapitre de chanoines, mais sans usage pour préparer les planches photographiques.
siège épiscopal. Les unes sont de fondation royale, COLLOQUE (du latin colloqui, converser), con-
telles que les Saintes-Chapelles ; les autres de fon- férence tenue entre deux ou plusieurs personnes,
dation ecclésiastique, ou sont d’anciens monastères notamment pour discuter une question religieuse,
dont on a sécularisé les moines pour en former des comme le Colloque de Poissy (pour les principaux
chanoines. 11 n’y a plus en France qu’une collégiale, colloques de ce genre, Voy. le Dict. univ. d’Hist.
c’est celle de Saint-Denis près Paris. et deGéogr.]. —
On donne aussi le nom de Colloques
COLLET (du latin collum, cou), partie du vête- à certains ouvrages en forme de dialogues : tels sont
ment qui entoure le cou et retombe sur les épaules : les C. d’Erasme, les C. de Vivès, etc.
ce mot désignait plus particulièrement un ornement COLLERIONS (du grec coWun'ow, oiseau de proie),
en toile fine que les hommes, que les
aussi bien famille établie par Vieillot dans son ordre des Oi-
femmes, portaient autrefois autour du cou; on l’ap- seaux sylvains, répond à celle des Lanidées ou Pîm-
pelait aussi raèaé, nom sous lequel il est resté dans le Grièches. Voy. ce mot.
costume des gens de robe et des ecclésiastiques. — COLLUSION (du latin colludere, jouer ensemble,
Dans le langage familier, on disait aussi, surtout au se concerter). C’est une intelligence secrète entre
dernier siècle, le petit collet, pour désigner l’habit deux ou plusieurs personnes au préjudice d’un tiers.
ecclésiastique, et par suite les abbés qui le portaient. Cette fraude, lorsqu’elle est prouvée , est une cause
En Botanique , le collet est la partie du végétal de nullité des actes dans lesquels on l’a pratiquée.
qui unit la tige à la racine , et qui est le point in- COLLUTOIRE (du latin collutorium dérivé de
termédiaire entre ces deux organes : Lamark l’ap- colluo, laver), médicament qui diffère du garga-
pelle nœud vital. — Dans les Champignons, c’est risme en ce qu’il est employé pour agir seulement
l'espèce de couronne que l’on voit à la partie supé- sur les gencives et les parois internes des joues.
rieure du pédicule et qui est un reste du volva : on COLLYRE (en grec collyrion, dérivé de collyris,
dit aussi collier. pôte visqueuse ) , préparation médicamenteuse qu’on
En Anatomie, on nomme collet des dents la partie emploie extérieurement pour la guérison des mala-
de ces organes intermédiaire entre la couronne et la dies d’yeux. Ce sont tantôt des poudres qu’on souffle
racine. — En terme de Boucherie, on appelle collet dans l'œil, tantôt des onguents ou des décoctions
de mouton, de veau, etc., la partie inférieure du dont on enduit les paupières, tantôt des vapeurs
cou de ces animaux qui reste après qu’on en a ôté ou des gaz â l’action desquels on expose les yeux.
le bout le plus proche de la tête. Leur composition varie selon la nature du mal qu’il
On nomme encore collet une sorte de lacs à pren- s’agit de combattre; les plus usités sont ceux dits
dre le gibier c’est un nœud coulant en fil de laiton.
; d’Ammon, de Boerhaave, de Fernandez, de Hufe-
COLLIER. Outre l’ornement de cou que portent land, de Lanfranc, de Saint-Jenneron etc.; ils
les femmes , on nomme ainsi 1“ dans certains or-
: ne sont pour la plupart que des solutions astringentes
dres, une chaîne d’or que portent les chevaliers dont l’extrait de saturne , le sulfate de zinc, le mer-
dans les jours de cérémonie, et à laquelle est sus- cure doux , uni à l’eau de rose ou de plantain, for-
pendu le signe de l’ordre; l’ordre du Saint-Esprit Is, 1)AS0
et celui de Saint-Michel avaient des colliers de ce COLMATAGE (de l’italien colmare combler),
genre; il en est de même aujourd’hui de l’ordre de opération agricole qui consiste à exhausser un bas-
l’Annonciade en Sardaigne et de l’ordre de la Toison fond habituellement immergé , au moyen de terres
d’or en Espagne; enlevées à des lieux plus élevés, et que l’on fait char-
2“. En Botanique, une membrane circulaire que rier et déposer par les eaux elles-mêmes. Les terres
l’on trouve sur certains champignons (Voy. collet) ; ainsi déposées ^ont appelées colmates. En même
3“. En Pathologie, une éruption dartreuse qui fait temps qu’elles fertilisent le terrain qui les reçoit, ces
le tour du cou comme un collier. terres assainissent les marais pestilentiels en les ren-
COLLIMATION (du latin collimo, viser, mirer). La dant propres à la culture. Deux ou trois années suffi-
ligne de collimation est la ligne optique qu’on sup- sent pour former un colmate. On voit beaucoup de
pose passer par les deux pinnules d’un graphomètre colmates en Toscane; la France renferme un grand
lorsqu’on vise un objet. Dans une lunette, c’est l’axe nombre de localités où il serait utile d’en établir.
optique ou la ligne qui passe par le centre des verres. COLOBE, Colobus, genre de Singes de l’ancien
COLLIQUATION (du latin colliquescere, se fon- continent, voisin des Semnopithèques , est caracté-
dre), nom donné en Pathologie à la dissolution des risé par sa face nue, son museau court, ses mains
parties solides du corps humain, accompagnée d’ex- antérieures dépourvues de pouce et comme mutilées
crétions abondantes, soit par la transpiration, soit (en gr. colobos), et sa queue très-longue et floconneusi’
par les voies abdominales. Telles sont les sueurs col- à l’extrémité. On trouve en Guinée le C. à camail
liquatives des phthisiques et les dévoiements colli- (C. polycomos), appelé parBuffon Guenon à camait.
quatifs qu’on observe dans les fièvres adynamiques. COLORE (du grec colobos, tronqué), tunique que les
COLLOCATION. Ce terme indique l’ordre, le rang prêtres portaient danslespremiers siècles de l’Église.
dans lequel chaque créancier doit être payé. Elle était d’abord sans manciies, mds elle en reçut
Les collocations les plus usitées sont celles qui se plus tard et se transforma en dalmatique. V. ce mot.
poursuivent et se font après les ventes d’immeubles COLOCASIE, Colocasia, genre de la famille des
par expropriation forcée. Voy. ordre et créanciers. Aroidées, détaché du genre Gouet , renferme de:
COLLODION ( de coller ) , mélange agglutinant plantes herbacées, hautes d’un mètre environ, et sur-
obtenu à l’aide du coton-poudre, macéré dans l’éther. tout remarquables par leur racine charnue, blan-
Pour l’obtenir, on mêle une partie de salpêtre en che, arrondie, farineuse, qui fournit un aliment
poudre avec trois parties d’acide sulfurique concen- estimé en Asie, en Afrique et en Amérique. Les an-
ciens Égyptiens en cultivaient beaucoup. Dans
tré, et l’on maintient le coton dans dètaélange pen- l’Inde
aant une ou deux heures ; on lave le produit, et après et à la Chine, la Colocasie fait la principale
nourriture
,, , , , , .

COLO — 377 — COLO


du peuple. On y mange également ses feuilles radi- mœurs. Leur bec est médiocre, gibbeux vers le
cales cuites et crues. La racine est âcre lorsqu’elle
bout leur mandibule supérieure est sillonnée sur
;

les côtés leurs tarses sont très-élevés. On ne les


est crue, mais la cuisson l’adoucit. ;

COLOMBAGE, terme de charpentier, désigne un trouve que dans les pays chauds. L’espèce type est
rang de solives posées à plomb dans une cloison le Goura couronné [L. coronatus), qui est d’un bleu

faite de charpente ou dans un pan de bois. d’ardoise mêlé sur les ailes de marron pourpré. Une
COLOMBAIRE (en latin columbarium), sorte de huppe verticale formée de longues plumes effilées
caveau funéraire dans lequel les Romains déposaient orne sa tête; sa taille est celle d’un dindon. On le
les urnes renfermant les cendres des morts. Il était trouve aux Moluques et dans l’Inde, où on l’élève
ainsi nommé parce que les niches où l’on rangeait les dans les basses-cours.
urnes par étagesle faisaient ressembler à un colombier. COLOMBINE nom donné
,
à la fiente des pigeons,
COLOMBAR , Vinago, genre d’oiseaux de l’ordre et, par extension, à celle des autres oiseaux domes-
des Gallinacés et de la famille des Pigeons, est ca- tiques. C’est un des pluspuissants engrais animaux.
ractérisé par un bec gros, comprimé latéralement, On l’emploie surtout dans les terres fortes et froides
et par des pieds larges et des tarses courts. Toutes et pour la culture de la vigne.
les espèces, telles que le C. joujou, le C. aromatique, Principe organique cristallisable qui constitue la
le C. à front nu, etc., ne se trouvent que dans les partie active de la racine de Colombo [Cocculus pal-
contrées les plus chaudes de l’ancien continent. matus). Il a été découvert en 1830 par M. Wittstock.
COLOMBE, Columba, genre d’oiseaux de l’ordre D’après les analyses de MM. Liebig et Boedeker, il
des Gallinacés et de la famille des Pigeons, renferme renferme du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène
des espèces à bec grêle et flexible, et à pieds courts. On dans les' rapports de C*’‘H^*0'*.
les appelle OiOisiPigeons proprement plusieurs Colombine est aussi le nom d’un des types les plus
une famille sous le nom de
naturalistes en ont fait connus de la comédie italienne. Colombine, fille de
Colombinées. Le genre Colombe renferme 4 es- Cassandre ou de Pantalon , est la maîtresse ou l’é-
pèces . 1» le Ramier ( C. Palumbus) , à plumage cen- pouse d’ Arlequin, et joue le rôle de soubrette.
dré avec des reflets bleus c’est le plus grand de
: COLOMBIUM ou columbium (de Colombie, nom
tous il est répandu dans toute l’Europe et surtout
: d’une partie de l’Amérique), nom donné à un métal
en Suède ; 2® le Colombin on petit Ramier (C. OEnas découvert en 1801 par Hatchett, dans un minéral
)
qui se distingue du précédent par sa taille plus pe- venant d’Amérique. Trouvé peu de temps après, par
tite, et par l’absence de taches blanches sur les côtés Ekeberg, dans des minéraux de Suède, il lui parut
du cou et sur les ailes il habite les forêts de l’Eu-
: être différent de ceux qui étaient connus jusqu’alors,
rope, et en hiver, le nord de l’Afrique 3» le Biset
;
et reçut le nom de Tantale. Pendant plusieurs an-
(C. Livia), nn\ a tout le plumage d’un bleu cendré, nées on le regarda comme différent du tantale ; mais
et le croupion d’un blanc pur le Biset est généra-
: Wollaston en prouva l’identité en 1809.
lement considéré comme la souche de nos pigeons COLOMBO (racine de), ainsi nommée de Co-
domestiques ; 4® la Tourterelle {C. Turtur), appelée lombo, ville de l’île de Ceylan, aux environs de la-
vulgairement Tourterelle des bois, distinguée à son quelle on trouve cette substance. Cette racine ai-omati-
plumage d’un cendré vineux, et au croissant de plu- que et très-amère d’une plante de la famille des Mé-
mes noires qu’elle porte sur les côtés du cou : elle nispermées, le Cocchlus palmatus, a longtemps joui
habite l'Europe, principalement le Midi, et plus ra- d’une grande célébrité comme tonique et astringente.
rement l’Asie et l’Afrique. — La Colombe est le
bole de l’innocence, de la simplicité, de la candeur,
sym- On l’emploie encore en médecinecommestomachique
et dî^ns les diarrhées. Ses propriétés paraissent dues
de la douceur et de la fidélité. Les Syriens l’adoraient à un principe qui a de l’analogie avec la Ménisper-
;
elle était l’oiseau favori de Vénus. mine et qu’on nomme Colombine. Voy. ci-dessus.
Quand une femme juive allait au temple après sescou- COLON (en latin colonus, de colere cultiver).
ches,elleo£fraitau Seigneur un agneau et une colombe. Chez les Romains on appelait colons, coloni une
On représente le Saint-Esprit sous la forme d’une classe d’hommes qui cultivaient la terre pour autrui
colombe : d’où le nom de colombe donné autrefois et en partageaient le produit avec le propriétaire.
chez les Grecs et les Latins à un vase de métal en La condition du colon était assez misérable; quoi-
,
forme de colombe, où on renfermait l’Eucharistie. que regardé comme un homme libre, il était attaché
Il était suspendu au-dessus de l’autel.
à la glèbe sans pouvoir en être séparé ni par sa pro-
colombier (de colombe) , construction spéciale, pre volonté ni par celle du maître. On distinguait
en forme de tour ronde ou carrée, destinée à loger les colons de naissance, c.-à-d. nés d’un père colon;
des pigeons. On appelle colombier de pied un co- les colons par prescription c.-à-d. qui avaient vécu
lombier isolé et tout en maçonnerie; on l’oppose au plus de 30 ans comme colons sur la terre d’autrui ;
volet ou fuie, construit sur" un pilier de bois. Dans
1 intérieur sont disposés, autour
et les colons par convention ou volontaires. —
Au-
^

des murs, des trous jourd’hui on appelle colon partiaire un fermier qui
dits boulins ou bougeottes, où les pigeons font
leur prend une terre à bail sous la condition d’en pafta-
nid. Pour mettre le colombier à l’abri
des animaux
malfaisants, on a soin d’établir au pourtour une cor-
ger les fruits avec le propriétaire. —Pour les Colons,
habitants d’une colonie, Voy. colonie.
niche saillante dont le dessous est évidé profondé-
COLON (en grec kâlon), seconde partie du gros
ment en forme de gorge; on n’y monte en outre qu’a- intestin qui s’étend du cæcum au rectum. On y
vec une échelle. Il est aussi important qu’un
colom- distingue : 1® le C. lombaire droit, ou portion as-
bier soit parfaitement aéré. —
Avant 1789, il n’y cendante , qui est placé dans la région lombaife
avait que les seigneurs hauts-justiciers et les sei- droite, et s’étend depuis le cæcum jusqu’au bord des
gneurs de fiefs avec censive et terre en domaine jus- fausses côtes correspondantes; 2® le C. transverse
qu’à 50 arpents qui pussent avoir des colombiers de i
ou arc du colon, dirigé transversalement d’ùn côté
•pied. Les autres ne pouvaient avoir
des volets qu’a- à l’autre de l’abdomen , dans sa partie supérieure et
vec 50 arpents de terre labourable situés autour
de antérieure; le C. lombaire gauche, on portion des-
leur maison. En Normandie le droit de colombier
, cendante, situé dans le flanc gauch^|-,4?, enfin,.lé 'C.
était attaché au plein fief de haubert il
; n’était pas iliaqueon l’S (ftz co/on, portion contûürhée'enfocme
permis de bâtir un colombier sur une roture. d’S, qui est logée dans la fosse.iliaqueéaUcl^e,^^! <ÿii
COLOMBI-GALLINE', Laphyrus, genre d’oiseaux va se terminer à )la partie, sùpërieùre dti rettùfn.
de 1 ordre des Gallinacés et de la famille
des Pi- C’est le colon' qu'j est brdinâlrem’envié^^ des
geons ; ce sont ceux qui se rapprochent
le plus des douleurs gu’bh' à ,àplÔeiées'’de 'lài,
balhnacés propres par leur organisation et leurs COLONEL'(décÔ7on«i?),'offlcjér siipénëur qufcdtn-
,

COLO — 378 — COLO


mande un régiment d’infanterie ou de cavalerie. Il peuples, de Sainte-Croix, Paris, 1779; Histoire de
existe aussi des colonels de l’artillerie et du génie et l’établissement des colonies grecques, de Raoul-
des colonels d’état-major. Les colonels peuvent com- Rochette, Paris, 1815, 4 vol. in-8; Histoire des éta-
mander les places fortes, et remplir les fonctions de blissements européens dans les deux Indes, de l’abbé
chef d’état-majordes divisions del’arméeet des divi- Raynal, 1780, continuée jusqu’en 1821 par J. Peu-
sions territoriales. Le colonel est responsable de la po- chet; Du passé, du présent et de l’avenir des colo-
lice, de la discipline, de la tenue et de l’instruction de nies, par de Pradt, 1802; Mémoires et correspon-
son régiment; il en dirige l’administration, assisté du dances officielles sur l’administration des colonies,
conseil d’administration ; il a le droit de nommer aux parMalouet, 1805; Essai sur les colonies européen-
grades de caporal et de sous-oflicier, et prononce nes, par Tournachon, 1833, et \es Annules mariti-
l’admission des sous-officiers, caporaux et soldats mes et coloniales publiées à partir de 1819.
dans les compagnies d’élite. Le signe distinctif de ce Colonies agricoles. On a donné ce nom à des
grade consiste en deux épaulettes à graines d’épi- colonies fondées dans le but de défricher les terrains
nard, or ou argent. — Le grade de colonel fut créé incultes et stériles, et de fournir du travail et un
sous Louis XII. On disait d’ahovà capitaine-colonel; asileaux indigents. Telle futlacoloniefondéeen 1750
sous François I®'', on dit simplement colonel. De au Ban de la Roche, dans les Vosges, par Stouber,
1793 à 1807, les colonels eurent le titre de chefs de la colonie de la Caroline , fondée en 1768 dans la
demi-brigade. — On appelle lieutenant-colonel un Sierra-Morena , par Olavidès, et qui compte aujour-
officier supérieur qui vient immédiatement après le d’hui plus de soixante villages; les établissements
colonel, et le remplace en cas d’absence. agricoles de Frederick’ s-oord et d’Omraerschans en
Le titre de colonel général était autrefois un des Hollande (1818-21 ); ceux de Vortel et de Merxplas-
grands offices de la couronne. Sous François 1er, Ryckeversel en Belgique (1822); les colonies agri-
Henri II, et jusqu’à Louis XIV, la charge de colonel coles de l’Algérie, celles d’Oswald Bas-Rhin), de
(

général de l’infanterie était la première dignité mi- Petit-Bourg (Seine-et-Oise), etc. (ces deux dernières
litaire , après le grade de maréchal. Louis XIV la ont été créées récemment pour l’éducation des en-
supprima; Louis XVlll en rétablit le nom, mais en fants pauvres); telles sont encore les diverses colo-
le gardant pour lui seul, et jusqu’en 1830 le roi a nies fondées en Algérie après la révolution de 1848.
porté le nom de colonel général de l’infanterie. Il D’autres colonies agricoles ont pour but de moraliser
y
avait aussi autrefois un colonel général des cuiras- les jeunes détenus et ies libérés; telles sont les colonies
siers, des dragons, des hussards, etc. de Meltray (Indre-et-Loire), de St-Ilan (Côtes-du-
Autrefois la première compagnie d’un régiment Nord). MM. de Lurieu et H. Romand ont publié, en
prenait le nom de compagnie-colonelle, parce qu’elle 1851, sous le i\Vct A' Études sur les colonies agricoles,
n’avait pas d’autre capitaine que le colonel lui-même. d’utiles renseignements sur ces divers établissements.
COLONIES (du latin colere cultiver), établisse- Colonies pénales ou pénitentiaires. Les premières
ments fondés dans des localités plus ou moins éloi- colonies pénales furent établies en Afrique sous le
gnées de la métropole, et placés sous sa dépendance, nom Aepresidiospxe les Portugais et les Espagnols.
soit pour ouvrir un débouché au trop-plein des po- Viennent ensuite les colonies pénales de la Sibérie,
pulations, soit pour devenir un poste militaire ou un et celles que l’Angleterre avait établies d’abord dans
lieu de déportation, soit enfin dans un but commer- l’Amérique du Nord et qu’elle transporta ensuite en
cial. Chez les anciens, ce furent les Égyptiens, les Australie, dans la Nouvelle- Galles du Sud. Les établis-
Phéniciens, et, après eux, les Grecs et les Romains, sements fondés à Lambessa, en Algérie, pour les
qui fondèrent les colonies les plus importantes. Les transportés de juin 1848, et dans la Guyane en 1852,
Romains possédèrent i>lusieurs sortes de colonies : apres les événements du 2 décembre 1851, pour y
les C. dites romaines, dont les colons ôtaient citoyens placer les déportés et les forçats, sont, avec ceux de
romains et avaient droit de suffrage, sans avoir part Noukahiva et de Balade, nos seules colonies pénales.
néanmoins aux charges et aux honneurs de la ré- Colonies militaires. Do donne ce nom, en Russie,
publique; les C. latines, dont les colons n’avaient à des établissements de soldats cultivateurs et ma -

droit de suffrage qu’autant que le magistrat le per- riés, qui ont été formés de 1818 à 1825 sur divers
mettait, et qui n’étaient reçus citoyens romains jioints des frontières de l’empire russe. La popula-
qu’après avoir exercé quelque magistrature dans tion y a conservé son organisation militaire et se
une ville latine; les C. italiques, dont les privilèges divise en une partie mobile qui est toujours dispo-
étaient encore plus restreints, et les C. militaires, nible , et une partie immobile qui ne quitte pas ses
composées de soldats vétérans auxquels on donnait foyers. De nos jours, le général Bugeaud a tenté l’é-
des terres comme récompenses de leurs services. — tablissement d’une colonie militaire de spahis à Mis-
Les colonies modernes ne remontent guère au delà serghin dans la province d’Oran.
le la découverte de l’Amérique. Les Espagnols et les COLONNADE (de colonne), disposition architec-
Portugais fondèrent les premières, et couvrirent les turale offrant une réunion de colonnes placées symé-
deux Indes de leurs étabiissements commerciaux. triquement en galerie ou en circuit, et servant de
Les Hollandais vinrent ensuite et succédèrent à décoration ou de promenade. Les plus célèbres co-
leur puissance. Aujourd’hui, l’Angleterre domine sur lonnades sont celles du Louvre et celle de Saint-
toutes les mers et ses colonies sont répandues sur Pierre de Rome. La première, construite par Claude
tous les points importants des deux continents. Quant Perrault, a 175 m. de long, et est divisée en deux
à la I'rance,ses coloniesont été florissantes aux xvii« parties par l’avant-corps du milieu. Chaque partie
et xvine siècles dans les deux Indes; mais elles n’ont se compose de colonnes corinthiennes cannelées et
plus aujourd’hui, à l’exception de l’Algérie, qu’une accouplées. La seconde, oeuvre du cavalier Bernin,
importance fort secondaire : elles se bornent à la Mar- se compose de deux portiques demi-circulaires qui
tinique, à la Guadeloupe, à la Guyane, à l’ile Bour- embrassent la place de Saint-Pierre , et sont soute-
bon, au Sénégal, avec quelques dépendances et quel- nus chacun par cent quarante-deux colonnes dori-
ques comptoirs dans l’Inde; l’affranchissement brus- ques et par un grand nombre de pilastres de plus de
que des esclaves en 1793 et en 1848 les a presque 13 m. de haut. Cette colonnade magnilique forme
complètement ruinées. — Jusqu’à l’émancipation des
noirs en 1793, nos colonies d'Amérique avaient été ré-
trois allées; celle du milieu est assez large pour que
deux voitures y puissent passer.
gies par un code spécial, qu’on ajipelait le Code noir. COLONNE, pilier circulaire en bois, en pierre,
Qn peut consulter sur les colonies : JDe veterum en marbre, en granit, en bronze, etc., destiné à sou-
coioniarum jure ejusque causis, de Heyne, Gœtt., tenir ou à orner une portion de bâtiment. Toute co-
1766; De l’état et du sort des colonies des anciens lonne se compose de trois parties la base, sur laquelle
:
, , , , , ,

COLO — 379 COLZ


repose le reste de la construction ;
le fût, ou colonne nâtres. Le fruit est globuleux, d’abord verdâtre,
proprement dite, placé immédiatement au-dessus de puis jaune, à écorce mince et dure; sa pulpe blan-
la base ; et le chapiteau qui le surmonte. Sous le che, spongieuse, est d’une excessive amertume et
rapport de la construction, on distingue ;la C. d’as- extrêmement purgative. On emploie la pulpe sèche,
semblage, formée de membrures de bois assemblées, à petites doses, contre l’apoplexie, l’hydropisie, la
collées et chevillées sur des plateaux de madriers colique des peintres. Le commerce la tire du Levant
circulaires, puis façonnée au tour; la C. incrustée, ou de l’Espagne ; la meilleure vient d’Alep.
faite de tranches minces de marbre mastiquées sur COLORIAGE. Voy. enluminure.
un noyau de marbre ou de brique ; la C. jumelée COLOSSE (du grec colossos, même signification),
ou gemellée, dont le fût est formé de trois morceaux statue ou monument quelconque d’une grandeur ex-
de pierre posés en délit et liés ensemble par des traordinaire. La plupart des constructions des Égyp-
crampons; la C. de maçonnerie, faite de moellons tiens et des Assyriens peuvent être rangées parmi les
ou de briques, et recouverte ou non de plâtre ou de colosses, et notamment les sphinx , la statue sonore
stuc; la C. par tambours, dont le fût est composé de Memnon, les statues royales du temple de Thè-
moins hautes que le diamètre de la colonne;
d'assises bes, ainsi que celles qui ornaient les pilastres d’un
et la C. par tronçons, composée, au contraire, de temple ninivite et qu’on a récemment transportées à
morceaux pl us hauts que larges —
sous le rapport de
;
Paris. Tel était, chez les Grecs, le fameux colosse de
la forme, la C. en balustre, qui a la forme d'un pilier Rhodes haut de 70 coudées (environ 33 m.) Les Ro- .

de balustre; la C. bandée, qui a des anneaux de di- mains eurent aussi du goût pour les colosses témoin :

stance en distance ; la C. cannelée ou striée, dont le la statue de Néron et celle de Commode , hautes
fût est orné de cannelures ; la C. torse, dont le fût de plus de 100 pieds romains (33 m.), et dont la pre-
est contourné en spirale; la C. en faisceau, qui sem- mière donna son nom au vaste cirque appelé Colos-
ble être la réunion de plusieurs colonnettes; la C. sée ou Colisée. —
Chez les modernes , il y a peu
fuselée, qui ressemble à un fuseau ;
la C. gothique, de monuments qui méritent le nom (le colosses ;
pilier rond sans proportions déterminées ; les C. on peut citer cependant la statue de saint Charles
feuillées rustiques, rudentées , serpentines, etc.,
,
Borromée près (Je Milan, VHercule, ou saint Chris-
dont le fût est orné de feuillages, de guirlandes, de tophe de la Wilhelmshœhe près de Cassel, le mo-
rudentures, de serpents entortillés, etc. nument en fonte du Kreutzberg près de Berlin,
On appelle colonnes mémoriales et triomphales et la statue colossale de la Bavière, tout récemment
(le hautes colonnes isolées qu’on élève en mémoire de élevée près de Munich.
•luelque événement remarquable ou en l’honneur COLOSTRE ,
Colostrum, nom donné au premier
d'un personnage illustre. Les plus célèbres en ce laitqui se produit après l’accouchement. 11 est doux,
genre sont chez les anciens , la C. Trajane et la
: légèrement sucré, très -séreux, et parait doué de
C. Antonine à Rome, la C. d’Arcadius à Constanti- propriétés purgatives qui le rendent propre à faire
nople et la C. de Pompée en Égypte, toutes quatre évacuer le méconium (Je l’enfant nouveau-né.
en marbre; chez les modernes, la C. de la place COLPORTEUR (du latin comportare porter avec
Vendôme (180ti-10) et la C. de Juillet (1832) à Pa- soi) , marchand ambulant. Le colporteur doit être
ris, toutes deux en bronze; la colonne élevée àBou- pourvu d’une patente, et se conformer aux règle-
logne-sur-Mer , en souvenir du camp de Boulogne; ments de police (loi du 2 mars 1791, art. 7). Le col-
à Londres, la colonne en pierres, dite le Monument, portage des imprimés avait donné lieu , après 1848,
en souvenir de l’incendie de 1666; à Saint-Péters- aux plus graves abus, qu’il a fallu réprimer par une
bourg, la colonne Alexandrtne en granit, élevée législation sévère la loi du 27 fuillet 1849 y a pourvu.
:

à la mémoire de l’empereur Alexandre; à Venise, M. Ch. Nisard adonné La littérature du colportage.


la colonne qui supporte le lion de saint Marc, etc. COLUMELLAIRES, famille de mollusques Gasté-
Les colonnes funéraires sont plus connues sous le ropodes, ordre des Pectinibranches, institué par La-
nom de Cippes. Voy. ce mot. marck pour cinq genres de coquilles : les Colom-
On appelle colonnes milliaires les colonnes ou belles, Mitres, les Volutes, \c% Marginelles et
bornes que les Romains plaçaient sur les routes de les Volvaires. Ils n’ont point de canal à la base de
mille en mille pas. Voy. bornes milliaires. l’ouverture, mais une échancrure subdorsale plus ou
En Anatomie, on appelle colonne vertébrale, et moins distincte, et des plis à la columelle.
vulgairement épine dorsale, la tige osseuse formée COLUMELLE (du latin columella diminutif de
par vingt-quatre os nommés vertèbres, et qui s’étend columna, colonne), nom donné 1® en Botanique, à
:

di la nuque au sacrum. Voy. rachis et vertèbres. l’axe vertical de quelques fruits, qui persiste après
Dans l’Art militaire, on nomme colonne toute dis- la chute de leurs autres parties, comme dans le Gé-
[losition de troupes dont l’étendue est beaucoup plus ranium, et au petit axe filiforme que l’on observe
considérable en profondeur qu’en largeur. au centre de Turne des mousses; —
2® en Conchy-
COLOPHANE (en grec colophônia, du nom de Co- liologie, à l’espèce de petite colonne qui forme l’axe
lophon, ville d’Ionie d’où cette substance fut d’abord de toutes les coquilles spirales.
apportée), dite aussi arcanson ou brui sec, résine COLURES (en grec kolouroi), nom donné à deux
contenue (Jans la térébenthine, et qu’on obtient pour grands cercles de la sphère terrestre , perpendicu-
résidu en distillant la térébenthine dans de grands laires à l’équateur, qu’on suppose s’entrecouper à an-
alambics de cuivre pour la priver d’huile essentielle. gles droits aux pôles du monde, et passer, l’un , par
Cette opération s’exécute à Bordeaux, à Mont-de-Mar- les points équinoxiaux, d’où le nom de colure des
san (Landes), àMirecourt (Vosges), etc. On emploie équinoxes', et l’autre, par les points solsticiaux, d’où
la colophane pour faire la poix jaune, pour faire les celui de colure des solstices. Les deux colures divi-
vernis communs, et pour frotter les archets des vio- sent le zo(liaque et l’équateur en quatre parties égales.
lons , afin de les empêcher de glisser sur les cordes. — Le nom que leur ont donné les Grecs veut dire
COLOQUINELLE, ou Fausse Coloquinte, variété qui a la queue coupée, et semble venir de ce qu’ils
de Courge de la section Pepon. Voy. courge. s’entrecoupent à leurs extrémités boréale et australe.
COLOQUINTE, nom donné à une espèce de con- COLZA (du flamand kolzaad graine de chou)
combre, le Concombre amer {Cucumis colocyn- Brassica oleracea, plante oléagineuse du genre Chou,
this), ainsi qu’à son fruit. La plante croît natu- dont la culture a pris depuis quelques années une
rellement dans l’Afrique septentrionale et dans le extension considérable. C’est une espèce de chou vert
Levant; elle a les tiges grêles, anguleuses, hérissées ou rougeâtre^ fort branchu, ne portant que de pe-
de poils et couchées ; les feuilles découpées velues tites feuilles clairsemées au milieu de sa tige et qu’on
,
et blanchâtres en dessous les fleurs grandes et jau- ne mange point. On forme avec le colza des prairies
;
,, j

COMB — 380 — COMB


momentanées , et on en tire un fourrage d’hiver qui plus un , des unités représentant la quantité des
convient surtout aux bêtes à cornes; mais on le cul- choses qu’on veut avoir dans chaque groupe ensuite
;
tive principalement pour l’huile que l’on tire de sa oh divise le produit total par 2 fois, 3 fois, 4 fois le
graine. L’huilede colza peut s’employer comme huile nombre qui exprime cette quantité. Cette opération
comestible; on s’en sert surtoutpour l’éclairage, ainsi s’exprime en algèbre par la formule suivante :
que pour préparer les cuirs et les laines. Le marc se
C, ,
m[m — lL)[m—%) [rn—n-hl)
donne aux bestiaux. La récolte du colza se fait en
juin. On distingue deux variétés de colza : l’une hâtive,
dite C. de Mars , à fleurs blanches , qui se sème au S’il s’agit, par exemple, de trouver le nombre des

printemps, et mûrit dans le même été; l’autre, tardive, combinaisons qu’on peut obteniravecS lettres grou-
appelée C. d’hiver, à fleurs jaunes, qui se meten pées 4 à 4, on fait m
égal à 8 et « égal à 4; et comme
terre à la mi-juin, et occupe le sol d’un été à l’autre. ledernier facteur du numérateur devient moins m n
COMA (en grec côma, qui a le même sens) , as- plus 1, c.-à-d. 8 moins 4 plus 1, ou 5, on a :
soupissement plus ou moins profond dans lequel tom- r 7. 6. 5
bent quelquefois les malades, et qui est ordinairement (4, 8) =—8.
, ,
^
= 70 combinaisons avec
le symptôme d’unecongestion sanguine ou d’un épan- 8 lettres 4 à 4.
chement dans l’intérieur du crâne. On en distingue Le calcul des combinaisons ,
peu connu des an-
deux variétés le coma vigil, appelé aussi subdeli-
: ciens, a acquis de l’importance par les travaux de Pas-
rium, dans lequel le malade a le délire, parle seul et cal, Huy ghens, Leibnitz, Bernouihi, Laplace, Poisson.
change fréquemment de position, et le coma somno- On s’en sert particulièrement pour calculer les chan-
lentum, qui consiste en un sommeil excessif d’où il ces dans les jeux de hasard, les loteries, pour trouver
est très-difficile de tirer le malade, et dans lequel il la clef des lettres écrites en chiffres, et dans plu-
retombe après avoir à peine ouvert les yeux. sieurs autres applications du calcul des probabilités-
COMANDRE (du grec comè, chevelure, et aner, En Chimie, on appelle combinaison l’union de
andros, mâle, étamine), Comandra, genre de la fa- deux ou de plusieurs corps, simples ou composés,
mille des Santalacées, est formé d’une seule espèce, qui a pour résultat la formation d’un nouveau corps.
le Thesium umbellatum, originaire de l’Amérique Toute combinaison chimique se distingue d’un sim-
du Nord. C’est une plante herbacée, vivace, à feuilles ple mélange en ce qu’elle possède d’autres proprié-
alternes, veinées, et à fleurs terminales blanches et tés que chacune de ses parties constituantes. Le sou-
hermaphrodites. On la cultive dans les jardins. fre, par exemple, est un corps jaune; le mercure
COMARET ( du grec coniaron , fruit de l’arbou- est un métal blanc et liquide; le résultat de la com-
sier), Comarum, genre de plantes de la famille des binaison du soufre et du mercure , le cinabre , est
Rosacées, tribu des Dryadées, ne renferme qu’une une poudre rouge et cristalline qui a des propriétés
espèce, le Comai'um -palustre, qui croît dans les ma- entièrement distinctes de celles de ses deux éléments.
récages de l’Europe centrale : c’est une plante her- Tous les corps se combinent dans des proportions
bacée, vivace, à feuilles alternes, composées, impa- fixes et invariables. Voy. proportions chimiques.
ripennées, et à fleurs pourpres au sommet de la tige COMBLE (du latin culmen, même signification),
et des rameaux. On la cultive dans les jardins. ensemble de pièces en bois ou en fer qui soutiennent
COMRAT DE COQS, de taureaux, etc. F. coq, etc. la couverture d’un édifice. Le comble se compose or-
combat judiciaire. Voy. jugement de dieu (au Bict. dinairement de pièces séparées , dites fermes, que
univ. d’Hist. et de Géogr ). réunissent des pièces longitudinales dites pannes.
COMBAT SINGULIER. Voy. DUEL. On distingue les C. ïmp/es, qui n’ont guère qu’une
COMBATIVITÉ, mot barbare par lequel les Phré- pente ou un égout, et qu’on nomme appentis les
nologistes désignent le penchant à combattre, et C. à deux égouts, les C. pyramidaux , coniques,
l’organe qui trahit ce penchant. Voy. phrénologie. en berceau, sphériques, sphéroïdes, et les C. à la
COMBATTANT, Jl/ac/ietès, genre d’oiseaux de l’or- Mansard : ces derniers présentent en profil laforme
dre des Echassiers, famille des Longirostres. On n’en d’un trapèze isocèle surmonté d’un triangle , ce qui
connaît qu’une espèce, le M. Tringapugnax, ou Paon permet d’y pratiquer des pièces habitables dites
de mer, qui est un peu plus petit que la Bécassine. Les mansardes. En Italie, les combles soutpeu rapides
Combattants sont remarquables par leurs habitudes et presque plats. Dans les pays humides, au con-
belliqueuses, surtout à l’époque des amours, ainsique traire, et où il tombe beaucoup d’eau, la pente est
par les changements qu’ils éprouvent dans leur colo- rapide. En France, la hauteur du comble est d’or-
ration aux différentes saisons de l’année ainsi, leur
; dinaire le tiers ou la moitié de la base.
plumage est tantôt blanc ou gris, tantôt roux ou noir, COMBRET (de combretum, nom qu’on trouve,
avec des reflets violets. Leur cou et leur poitrine sont dans Pline, donné à une plante analogue), genre de
garnis de longues plumes qui forment une sorte de plantes exotiques, type des Combrétacées, dont une
bouclier, et qu’ils hérissent au moment de l’attaque. seule espèce est cultivée dans les serres en Europe :
Ces oiseaux nichent sur nos côtes ils sont communs
;
c’est le C. écarlate ou Chigomier, connue aussi sous
en Picardie. En Angleterre et en Hollande, leur chair le nom à’Aigrette de Madagascar, aux fleurs petites,
est très-estimée; on les engraisse pour la table. écarlates , nombreuses et disposées en grappes ; aux
COMBINAISON (du latin cum, avec, et binare fruits capsulaires, oblongs, renfermant une graine
accoupler), se dit de la réunion de plusieurs choses en unique; aux feuilles opposées, ovales, oblongues, un
divers groupes, composés d’un nombre quelconque de peu coriaces, entières et d’un beau vert.
ces choses. Par exemple, les cinq lettres a, b, c, d, e, COMBRETACÉES , famille de plantes dicotylédo-
étant données, les groupes ab, bc, cd, de, ac, etc., nes, détachée des Onagraires par R. Brown. Elle
formés par la réunion de ces lettres deux à deux renferme des arbres et des arbrisseaux à feuilles
ou les groupes abc, abd, cbd, formés par la réunion entières et à fleurs en épis, en grappes ou en capi-
de ces mêmes lettres trois à trois, et ainsi de suite, tules. Le genre type est le Combret.
sont les combinaisons des cinq lettres a, b, c, d, e. COMBURANTS ( du \dXia comburo, brûler), nom
Pour trouver combien de combinaisons peut donner donné, en Chimie, aux corps qui donnent lieu au phé-
un nombre quelconque m de choses groupées deux nomène de la combustion. L’oxygène a été regardé
à deux, trois à trois, ou, en général, d’une manière d’abord comme le seul comburant. On a depuis décou-
(pielconque « à n, on multiplie ce nombre par lui- vert que d’au très corpssimplestelsque le chlore, l’iode
même diminué d’une unité , puis ce produit par le et le fluor, jouissent aussi d’une véritable faculté cozn-
même nombre diminué de deux unités, puis dimi- burante. Cette action comburante , exercée par ces
nué de trois unités, et enfin, diminué du nombre. corps simples sur les autres corps de la nature, n’est
, , ,

COME — 381 — COME


»utre chose qu’une combinaison de ces corps, pendant lavigne ;
la C. d’intrigue, où les personnages sont
laquelle il y a dégagement de chaleur et de lumière. placés dans des situations embarrassantes et comi-
COMBUSTIBLE, nom donné, en Chimie, à tout ques , telles que les Fourbei'ies de Scapin , de Mo-
corps susceptible de s'unir chimiquement avec l’oxy- lière ,
le Mariage de Figaro, de Beaumarchais ; et
gène, et, clans l’économie domestique, aux substan- la C. mixte, qui est à la fois comédie d’intrigue et
ces dont on se sert communément pour produire de de caractère. —
On appelle C. larmoyante, tragé-
la chaleur ces dernières substances sont le bois, le
: die bourgeoise ou drame, celle qui renferme beau-
charbon, la tourbe, \a. houille, le cote, etc. Parmi ces coup de situations pathétiques ou attendrissantes
combustibles, il en est qui donnent une grande flam- comme l’École des Mères , l’Honnête criminel, eic.',
me, tels que les bois en général , et , en particulier, C. historique celle dont le sujet est puisé dans
les bois blancs, les charbons de terre flambants, etc. ; l’histoire , comme le Verre d’eau, de Scribe ; C. hé-
d’autres brûlent sans flamme, tels que le coke, le roïque, celle où les personnages sont pris dans un
charbon de bois, le charbon de tourbe et certains ordre supérieur, où l’on met en scène des rois et des
charbons de terre. Voy. bois, charbon, houille, etc. princes Corneille fit usage le premier de cette dé-
:

COMBUSTION (du latin comburere, brûler), ac- nomination pour Don Sanche d’Aragon, représenté
tion de brûler. Ce mot s’applique en Chimie, d’une en 1650 ; le Don Garde de Navarre de Molière est
manière générale, à la combinaison d’un corps avec aussi une comédie héroïque; C. pastorale, celle dont
l’oxygène. Il peut cependant y avoir combustion sans l’action se passe entre des bergers, comme dans le
la présence de l’oxygène le fer, par exemple, brûle
: Mélicerte de Molière ; C. ballet, une comédie mêlée
dans la vapeur de soufre fortement échauffée et s’y de ballets, comme les Fâcheux de Molière (la pre-
combine; l’antimoine brûle à la température ordi- mière de ce genre qui ait été donnée Sur notre théâ-
naire dans le chlore gazeux et s’y combine, etc. La tre), les Amants magnifiques, etc.; C. épisodique
première théorie sur la combustion a été émise au ou C. à tiroir, celle dont les scènes n’ont aucune liai-
commencement du xviii® siècle par le chimiste alle- son nécessaire entre elles , comme les Fâcheux de
mand Stahl, qui croyait qu’elle était l’effet du déga- Molière, le Mercure galant de Boursault, etc.
gement Aaphlogistique [Voy. ce mot) ; Lavoisier dé- Parmi les auteurs qui se sont distingués dans la
montra que les combustions ordinaires sont l’effet de comédie moderne, on doit citer : en France, après
la combinaison de l’oxygène avec les corps. Molière et Regnard , Destouches, Le Sage, Gresset,
Combustion spontanée. On nomme ainsi, en Mé- Dancourt , Marivaux, Beaumarchais, Collin d’Harle-
decine, la destruction rapide du corps humain par ville. Picard, Andrieux, Delavigne , Scribe , Bayard ;
l’effet d’un feu dont la nature et l’origine sont en- en Italie , Machiavel , Goldoni ; en Espagne, Caldé-
core inconnues, mais que l’on croit dépendre d’un état ron, Lope de Vega, Moratin; en Angleterre, Con-
particulier de l’organisme. Cet accident, assez rare, greve, Steele, Farquhar, Fletcher et Beaumont, etc.
a été surtout observé chez des individus d’un âge COMÉDIE FRANÇAISE (Théâtre). Voy. THÉATRE-FRAN-
avancé, d’un grand embonpoint, et dont les tissus ÇAIS. —COMÉDIE ITALIENNE. VoiJ. BOUFFES.
étaient , pour ainsi dire, imprégnés d’alcool par un COMÉDIENS. Voy. acteurs et comédie.
long abus des liqueurs spiritueuses. Le corps brûle COMESTIBLE (du latin comedere, manger). Em-
avec une flamme bleuâtre et ne laisse qu’un résidu de ployé comme adjectif, ce mot exprime les substances
cendres. —Les faits de C.spontan^esontfort contestés. que l’homme peut manger, par opposition à celles
COMEDIE (du grec cômé, village, et aeidô, chan- qui ne peuvent servir d’aliments c’est ainsi qu’on
:

ter, parce que les premiers acteurs allaient réciter distingue les champignons en comestibles et non
leurs pièces de village en village), poème dramati-
que , dans lequel on représente une action de la vie
comestibles. —
Employé comme substantif, il s’en-
tend surtout de certains mets de prix, soit frais, soit
commune , et qui peint d’une manière plaisante les cuits ; on y comprend aussi les conserves alimentaires,
mœurs, les défauts ou les ridicules des hommes. les denrées coloniales et exotiques , les vins fins, etc.
La Comédie, chez les Grecs, eut trois époques dis- Les comestibles, ainsi entendus, sont devenus depuis
tinctes la C. ancienne
: qui remonte à la 82« olym- quelques années l’objet d'un commerce important, à
piade et qui censurait les vices en nommant et repré- la tête duquel se sont placées à Paris les maisons
sentant les individus : Aristophane en offre le type
la C. moyenne, où le poète ne se permettait que
;
Chevet, Corcelet, Potel, etc. —
D’après l’art. 475 du
des Code pénal, ceux qui exposent en vente des comesti-
allusions à des personnages connus, et dans laquelle bles gâtés, corrompus ou nuisibles, sont passibles
brillèrent Antiphane et Alexis enfin la C. nou- d’une amende de 6 fr. à 10 fr. En cas de récidive, la
; ,
velle, qui se bornait à critiquer les défauts de l’hu- peine de l’emprisonnement pendant cinq jours au
manité : Ménandre excella dans cette dernière. On plus doit être prononcée (art. 478).
peut encore ranger parmi les comédies grecques COMÈTES (en grec comêtès, dérivé de comè, che-
les satires [Voy. ce mot) que les poètes dramatiques velure ), astres semblables aux planètes, qui ne sont
donnaient à la suite de leurs trilogies pour récréer visibles pour la terre que dans une partie de leur cours,
les esprits : tel est le Cyclope d’Euripide. —
La co- et qui se meuvent, en décrivant une vaste parabole,
médie romaine ne fut qu’une imitation de la comédie dans des orbites très-excentriques dont le soleil occupe
grecque; elle fut peu cultivée; on n’a conservé en ce le foyer. Les comètes apparaissent tantôt comme des
genre que les ouvrages de Plaute et deT’érence. Chez masses compactes, tantôt comme de simples vapeurs
les Romains, on distinguait trois espèces de
comédies, lumineuses, n’offrant aucun caractère de solidité. On
qu’on appelait : prœtextatæ, trabeatœ et tunicatæ,
y distingue ordinairement : la tête, masse de lumière
selon que les personnages de ces pièces étaient tirés large et éclatante, mais terminée d’une manière con-
d’une classe de la société plus ou moins élevée. Il fuse; le noyau, partie beaucoup plus brillante et plus
y
avait aussi les atellanes et les mimes, qui n’étaient nettement découpée, située au centre de la tête;
que des espèces de farces. la queue ou chevelure, traînée lumineuse plus ou
Autrefois, en France, on appelait comédie toute moins large et diffuse , qui part de la tête dans une
représentation théâtrale ; c’est pour cela que la salle direction opposée au soleil , et qui se subdivise quel-
du Théâtre-Français a longtemps porté le nom de quefois en plusieurs bandes. Cette queue a souvent
Comédie française. On distingue aujourd’hui dans de grandes dimensions ; on eu a observé auxquelle;-
la comédie proprement dite trois genres principaux : on attribue plus de 80 millions de kilomètres. Mal-
la C. de caractère ou de mœurs, qui a pour objet gré les nombreux travaux des astronomes et de,-
de peindre un caractère particulier ou les caractères physiciens , la science n’est pas encore parvenue à
généraux d’une classe, d’une nation, telle que l’A-
vare, de Molière, l’Ecole des Vieillards, de C. De-
expliquer ce singulier phénomène. —
La détermina
tion de l’orbite des comètes est fort difficile, à cause
, ,

COMI — 382 — COMM


de leur mouvement irrégulier ; vont tantôt de
elles COMITÉ (de l’anglais committee, commission),
l’orient à l’occident, tantôt de l’occident à l’oTient; réunion de délégués formée pour préparer les pro-
les unes se dirigent du midi au nord, les autres du jets de lois ou examiner une question, une affaire
nord au midi, et le plan de leur orbite fait les an- et en faire le rapport. Ce mot est à peu près syno-
gles les plus divers avec le plan de l’écliptique; nyme de commission', cependant il implique quel-
quelquefois aussi on voit les comètes demeurer sta- que chose de plus durable; en effet, les comités sont
tionnaires un jour, et le lendemain s’avancer de 40 d’ordinaire permanents, tandis que les commissions
à. 45 degrés, puis rétrograder subitement. sont purementtemporaires. L’Assemblée constituante
Il y a plusieurs comètes dont la marche peut être se divisa en comités dès sa formation le plus célèbre
:

aujourd’hui calculée à l’avance avec quelque approxi- de ces comités est celui de la Constitution , créé par
mation; ces comètes périodiques sont : 1® la C. de décret du 6 juillet 1789. L’Assemblée législative éta-
Halley, la même qui, en 1456 , causa en Europe la blit d’abord sept comités; leur nombre s’éleva posté-
plus vive consternation par l’immense queue qu’elle rieurement à vingt-trois. Sous laConvention, ce nom-
développait sur l’horizon ; Halley en calcula l’or- bre changea le plus célèbre de tous les comités for-
:

bite en 1682; elle a de, nouveau reparu en 1835; la més alors est le Comité de salut public [Voy. ce mot
duree de sa révolution est de 75 à 76 ans ; son au jDict. univ. d’Hist. et de Géogr.]. —
Chaque ad-
excentricité énorme, qui est de 0,967, lui permet de m in istration, chaque grande branche du service peut
s’éloigner du soleil deux fois plus qu’Uranus et de s’en avoir ses comités ; c’est ainsi qu’au ministère de la
rapprocher plus près que Vénus; 2° la C. d’Encke, Guerre, il y a des C. consultatifs pour l’infanterie,
nommée aussi C. à courte période, parce que la pour l’artillerie, pour la cavalerie, pour les fortifica-
durée de sa révolution n’est que de 3 ans 1/2 ou de tions, pour l’Algérie; que près le ministère de l’In-
1207 jours; M. Encke, directeur de l’observatoire de struction publique , il y a des C. historiques de la
Berlin, en a le premier calculé les retours enl8l9; langue et de la littérature française', des chroni-
elle avait déjà été vue en 1782, 1786, 1795 et 1805; ques, chartes et inscriptions', des sciences, des
3» la C. de Biela, vue en 1763, 1772, 1795 , 1805, monuments et des arts; ces comités ont des mem-
1826, 1832, et qui fait sa révolution en 6 ans 3/4 ; bres correspondants dans les départements. — Pour
M. Biela, astronome de Johannisberg, en a le pre- ta direction et la surveillance de l’instruction pri-
mier démontré la périodicité ; 4® la C. de Paye, dé- maire , la loi du 28 juin 1833 avait créé des Comités
couverte en 1843 par M. Faye, astronome de Paris, communaux, des C. d’arrondissement , et à Paris un
qui en a calculé l’orbite ; sa révolution s’opère en C. centra/, remplissant les fonctions de comité d’ar-
7 ans 1/2 environ; dans sa plus courte distance, rondissement; ces comités ont été remplacés dans la
cette comète est encore plus éloignée que Mars , et loi du 15 mars 1850 (art. 42-44) par les réunions de
sa distance maximum est à peu près la distance de délégués, qui ont à peu près les mêmes attributions.
Jupiter; 5“ la C. de Vico, vue en 1844 par Vico COMMA (du grec comma, qui a la même signi-
directeur de l'Observatoire de Rome elle fait sa ré-
;
fication , et qui dérive lui-même de coptù, couper )
volution en 5 ans 1/2. terme d’Orthographe et de Typographie, désigne
On attribuait jadis aux comètes une influence fu- tantôt la virgule, tantôt les deux points ( •)•
neste ; la science a dissipé ces terreurs
,
et l’abon- En Musique, on appelle comma l’intervalle, pres-
dance de l’année 1811 a même été cause qu’on s’est que inappréciable à l’oreille, qui existe entre une
félicité de la présence de la comète qui, pendant cette note diésée, «/ dièse, par exemple, et la note sui-

année, avait si longtemps charmé les yeux. On sup- vante bémolisée, ré bémol. Cet intervalle se calcule
posait autrefois que les comètes étaient de simples mé- parfaitement en acoustique ; il est même sensible sur
téores engendrés dans notre atmosphère; Tycho- le violon et le violoncelle; mais il est nécessairement
Brahé combattit le premier cette erreur en observant négligé sur le piano et sur tous les instruments à
la'comète de 1585, et fit revivre une ancienne idée de clavier. Le C. sxjntonique, qui existe entre le ton ma-
Sénèque, qui avait rangé les comètes au nombre des jeur, représenté par la proportion 9 : 8, et le ton
planètes de notre système solaire. Képler entreprit mineur, qui s’exprime par 10 ; 9, se représente par
de calculer l’orbite d’une comète , mais il put re- la proportion 81 80. C’est la 9® partie d’un ton. Le
:

connaître seulement que cet orbite n’est pas circu- C. diatonique, ou C. de Pythagore, est la différence
laire. Hévélius reconnut que les comètes décrivent qui existe entre l’octave juste, représentée par 1 2, :

une parabole; enlin, Newton compléta cette théorie et le dernier terme de douze quintes successives, dif-
en démontrant que les comètes sont attirées par le férence exprimée par les nombres 531441 : 534288.
soleil en vertu des mêmes lois que les planètes. 11 CüMMAND (du latin mandatum, mandat), se dit,
existe sur les con>ètes des traités spéciaux de Vige- en Jurisprudence, de la personne que l’avoué ou
nère, 1578, de Képler, 1619, d'Hévélius, de Pingré tout autre mandataire qui se porte acquéreur d’un
[Cornétographie, 1783). Bayle publia en 1681 les bien s’est réservé de nommer ultérieurement , et
Pensées sur la comète, pour combattre le préjugé pour laquelle il déclare avoir acquis. On entend par
relatif à cet astre, et dissiper les terreurs qu’inspirait Déclaration de command celle qui est faite par un
la comète qui parut à cette époque. individu qui déclare qu’il n’a pas acheté pour lui-
COMICES [comitia. de cum, ensemble, et ire, al- même , mais bien pour une personne qu’il se réserve
ler), assemblées du peuple romain pour l’élection des de désigner. L’origine de cette locution provient de
magistrats : elles avaient lieu tantôt par curies, tan- ce que celui qui contracte ne fait, en ce cas, qu’exé-
tôt par centuries ou par tribus [Voy. le Dict. univ. cuter le commandement ou l’ordre d’autrui.
d’Hist. et de Géogr .). — En France, sous la première COMMANDANT, nom donné, dans l’armée fran-
République , et en 1851, pour la réélection du Pré- çaise, à tout qui a un commandement quel-
officier
sident de la République, on a aussi donné le nom conque; il se dit plus particulièrement des chefs de
de Comices aux assemblées électorales du peuple bataillon et d’escadron , ainsi que des officiers supé-
français, réunies en vertu du suffrage universel. rieurs qui commandent dans une place de guerre.
Depuis 1820, on appelle comices agricoles, des En Marine, ce titre est donné à presque tous les
réunions formées par les propriétaires et fermiers officiel s supérieurs. On appelle commandant de ma-
d’un département ou d’un arrondissement, dans le rine l’ofllcier qui commande dans un port militaire.
but d’améliorer les procédés agricoles et les races — Titre lioiiorifique. Voy. commandeur.
les plus utiles d’animaux domestiques. On
y décerne COMMANDEMENT. On donne le nom de Comman-
des prix au cultivateur qui a obtenu le plus de suc- dements de Dieu aux dix préceptes contenus dans le
cès dans un genre quelconque de culture, a celui qui Décalogue, et celui Ae Commandements de l’Eglise
présente les troupeaux les mieux tenus , etc. aux six préceptes que l’Église y a ajoutés. Ces com-
, , , ,

COMM - 383 - COMM


mandements ont été consignés et comme mnémo- COMMÉMORATIFS (
du latin commemorare, rap-
nisés dans des vers fort anciens : peler), se dit, en Médecine, des signes qui rappel-
lent une affection, une maladie, une circonstance
Commandements de Dieu. quelconque, antérieure à la maladie actuelle, et pro-
Luxurieux point ne seras pres a éclairer sur sa nature.
Un seul Dien tn adoreras
Et aimeras iiarfaiiement. De corps ni de consentement. COMMENDE (du latin commendare, confier), dé-
Dieu en vain lu ne jureras, Le bien d’autrui lu ne prendras pôt d’un bénéfice, prieuré ou abbaye, entre les mains
Ni autre chose pareillement. Ni retiendras à ton escient. d’un séculier qui, ne pouvant le posséder d’après
Les dimanches tu prderas Faux témoignage ne diras, les lois canoniques, se contentait d’en administrer
En servant Dieu dévotement. Ni mentiras aucunement.
les revenus, sauf à rendre compte des fruits au ti-
Tes père et mère honoreras L’œuvre de chair ne désireras
tulaire. On appelait commendataire celui qui était
Afin de vivre longuement.
Homicide point ne seras
Ou’en mariage seulement.
Biens d’autrui ne convoiteras pourvu d’une commencle. —
h’obbé commendataire,
De fait ni volontairement. Pour les avoir injustement. opposé à Y abbé régulier, était un clerc séculier
pourvu par le pape d’une abbaye, avec permission
Commandements de l’Eglise. d’en percevoir les fruits pendant sa vie.
Les fêtes tn sanctifieras An moins à Pâques humble- On distinguait ; les Commendes libres, lorsqu’un
Qui te commandement.
sont de [ment. bénéfice donné en commende pouvait passer d’un bé-
Les dimanches la messe ouï- Quatre-temps, 'Vigiles, jertne- néficier à un autre sans nouvelle dispense du pape;
Et les fêles pareillement, [ras, [ras, et les C. décrétées, qui devaient retourner en règle
Tous tes péchés confesseras, Et le Carême entièrement. par la démission, résignation ou décès du titulaire.
A tout le moins une fois l’an. Vendredi chair ne mangeras.
Ton Créateur tu recevras Ni le samedi mèmemenl.
On fait remonter l’origine des commendes au pape
Léon l'y ; mais l’usage parait en être plus ancien.
Entermes de Pratique, un commandement est COMMENSURABLÉ (du latin cttni, avec, et men-
un acte ou exploit par lequel un huissier, en vertu sura, mesure), se dit, en Mathématiques, des quan-
d’un jugement ou d’un litre exécutoire, commande, tités qui peuvent être mesurées par une mesure
au nom de la justice, de satisfaire aux obligations commune. Deux lignes sont dites commensurables
ou engagements énoncés dans le titre. Les actes lorsqu’il existe une troisième ligne qui peut les me-
d’exécution doivent être précédés d’un commande- surer toutes deux exactement. 'Tous les nombres en-
ment, à moins qu’il ne s’agisse de saisie-gagerie, tiers sont commensurables, parce qu’ils peuvent être
ou d’une saisie sur un débiteur foraiu (Code de Proc., mesurés par l’unité ; il en est de même des nombres
art. 819 et 822) Le commandement non suivi d’exé-
. fractionnaires, comparés soit entre eux, soit avec les
cution n’a de valeur que pendant 3 mois. nombres entiers; car on peut toujours trouver une
Autrefois, les secrétaires d’Etat portaient le titre unité fractionnaire qui les mesure.
de secréiaû'es des commandements ; sous la royauté, COMMENTAIRE (du \a\.m commentarius même
ce titre était aussi donné aux secrétaires des princes signification), éclaircissements, remarques sur un
et princesses de la famille royale. texte pour en faciliter l’intelligence. On distingue
commandeur, nom donné aux chevaliers do des C. critiques, ou mieux philologiques, qui portent
quelques ordres, tels que ceux de Malte, de Saint- sur la vraie manière de lire un auteur; des C. exé-
Jacques, de Saint-Lazare, de Calatrava, a été trans- gétiques destinés à expliquer le texte; des C. litté-
porté dans la Légion d’honneur, et a remplacé de- raires, qui en font apprécier les beautés ou les défauts.
puis 1816 le titre de Commandant qui avait été L’école d’Alexandrie a donné naissance aux premiers
adopté originairement ; c’est le grade immédiatement commentateurs parmi eux, on remarque surtoiif
:

au-dessus de celui d’officier. Voy. commandeur au Zénodote, Aristarque, et, plus tard, Didyme d’A-
Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. lexandrie, qui tous trois exercèrent leur critique sur
COMMANDEUR, oiseau. Voy. troupiale. les poèmes d’Homère. Chez les Latins, Donat et
COMMANDEUR BAUME DE). Voy. BAUME.
( Servius se sont illustrés par leurs commentaires sur
COMMANDITE , espèce de société commerciale Térence et sim Virgile. Avant le xvi' siècle , on no
dans laquelle une partie de ceux qui la composent peut guère citer qu’Eus<alhe, Chrysoloras, Lascaris,
se bornent à verser les fonds convenus, sans prendre Gémislius Pléthon et Marc Musurus. Du xvi» au xviii<^
aucune part à la gestion. Les membres de ces so- siècle, les classiques grecs et latins exercent une foule
ciétés sont appelés commanditaires. Le Comman- d’habiles commentateurs en France, les Estienne,
:

ditaire n’est engagé solidairement que jusqu’à con- Casaubon, Saumaise; en Hollande, les Bu."nit.nn, les
currence des sommes qil’il a versées ou qu’il s’est Heinsius , Gronovius, Hemsterhuys, Wyttenbach;
engagé à verser. D n’assume aucune responsabilité, en Angleterre, Bentley, Toup, Porson, etc. De nos
a moins qu’il ne fasse partie du conseil de surveil jours , ces critiques ont eu pour successeurs non
lance. Les Sociétés en commandite par actions sont moins distingués les Heyne, Brunck, Bœckh, Jacobs,
aujourd’hui régies par la loi du 17 juillet 1856. Coray, Boissonade, Hase, etc. Mais, à côté de ces
COMMELINÉES (du genre type Commelina, dé- commentateurs judicieux, on peut citer nombre de
dié au botaniste Commelin), famille de plantes mo- savants, surtout en Allemagne, qui ont poussé l’abus
nocotylédonées , renferme des espèces vivaces ou du commentaire jusqu’au pédantisme. —
Les clas-
annuelles! à racine fibreuse ou formée de tubercules siques modernes ont eu jusqu’ici peu de commenta-
charnus; à feuilles alternes, engainantes à leur base. teurs célèbres notts devons toutefois mentionner le
:

Le genre Commeline a des fleurs d’un bleu agréa- Commentaire sur Corneille, de Voltaire; les C. sur
ble; ses feuilles sont ovales, lancéolées ou cordifor- Molière, de Bret; les C. sur La Fontaine, de Cham-
mes. Les plantes de ce genre sont très-nombreuses
entre les tropiques. Leurs sucs et leurs rhizômes
fort et de Walekenaër. —
Les livres saints ont égale-
ment donné lieu à un grand nombre de commentai-
sont alimentaires. res ; branche prend les noms d’Exégèse et
cette
COMMÈMORaISON et commémoration (du latin d’ Herméneutique. Voy. ces mots.
commemorare, rappeler), mention que l’Eglise fait On a aussi donné le nom de Commentaires à cer-
d’un saint ou d’une sainte le jour où l’on célèbre Lains mémoires historiques, écrits par ceux qui ont
une autre fête ; on dit aussi mémoire. On appelle — eu la plus grande part aux événements qui y sont
Commémoration des morts : 1“ la mention que le rapportés tels sont les Commentaires de César, les
:

prêtre fait des trépassés, à l’endroit du canon de la Commentaires de Montluc etc.


messe appelé memento; 2“ la fête que l’Eglise célè- COMMERÇANT. La loi qualifie de commerçants
bre, le 2 novembre, en l’honneur des morts on dit : tous ceux qui exercent des actes de commerce et qui
aussi simplement le jour des Morts. en font leur profession habituelle (Code decomm.,
, , ,

COMM — 384 — COMM


art. 1). Les principales obligations imposées aux COMMINATOIRE [deminari, menacer). Voy. me-
commerçants sont la contribution des patentes , la nace , CLAUSE COMMINATOIRE, etc.
tenue de livres réguliers, celie de la correspondance, COMMIS (du latin commissus de committere,
les inventaires annuels la publication de leurs con- confier), se dit de tout employé, qu’il appartienne à
,
ventions matrimoniales. Comme, à raison des obli- un établissement privé ou à une administration pu-
gations particulières qui sont imposées aux commer- blique. —
Dans le Commerce, les commis prennent
çants, les tribunaux ont souvent à décider si un le nom de C. marchands
,
C. voyageurs. Dans —
homme est commerçant ou non , la loi a déterminé l’Administration, on distingue des commis de diver-
avec soin les actes qui doivent être réputé actes de ses classes : premier Commis, C. expéditionnaire,
commerce (Code de comm., art. 632). C. d’ordre (chargé d’enregistrer les actes à l’arrivée
COMMERCE. On distingue : C. intérieur, C. ex~ et au départ), etc. —
On nomme C. greffier celui
térieur, C. d’importation, C. d’exportation, etc., qui supplée le greffier en chef auprès des tribunaux;
toutes expressions qui s’expliquent d’elles-mêmes. C. de barrière ou C. aux barrières, un employé
Tyr et plus tard Carthage paraissent être les pre- de l’octroi qui se tient aux barrières d’une ville pour
mières villes qui aient été en possession du mono- percevoir les droits , empêcher la fraude , etc.
pole commercial. Rome hérita de la puissance com- Autrefois, en France, on appelait C. ««a; ai
merciale de Carthage ; mais Marseille rivalisa bien- ou C. des fermes, les employés préposés par les fer-
tôt avec elle. Sous les empereurs
,
Alexandrie devint miers des impôts à la perception des droits sur di-
l’entrepôt des marchandises de l'Asie et de l’Afri- verses marchandises. Par extension, le mot commis
que. Au commencement du xi® siècle , les ville de s’employait aussi absolument comme synonyme de
l’Italie, surtout Venise et Gènes, virent passer en- financier; c’est en ce sens que Roileau a dit :
tre leurs mains presque tout le commerce de l’Eu-
Un commis engraissé des malheurs de la France.
rope. Sur les débris de la puissance commerciale de
Venise et de Gènes s’élevèrent, au xv« siècle, celle du COMMISE. Dans la Jurisprudence féodale, ce mot
Portugal ; au xvi® siècle, celle de l’Espagne dans l’A- exprimait la confiscation d’un fief en faveur du sei-
mérique; au commencement du xvii®, celte de la gneur. Un fief tombait en commise par le forfait ou
Hollande dans les îles de la Sonde. Sous Louis XIV, la violence du vassal envers le seigneur, par le dés-
Louis XV et Louis XVI, le commerce de la France aveu , c’est-à-dire le refus que faisait le vassal de te-
fut un des plus étendus et des plus florissants mais nir un fief mouvant du seigneur.
;
il rencontra partout la redoutable concurrence de COMMISSAIRE (du latin committere, commettre),
l’Angleterre , dont la politique envahissante substi- nom donné à certains fonctionnaires de Tordre ad-
tue partout ses comptoirs à ceux des autres nations. ou judiciaire, chargés par le Gou-
ministratif, civil
Depuis quelques années, les Etats-Unis disputent vernement, par un tribunal, etc. , de remplir des
avec avantage à l’Angleterre la supériorité dans le fonctions soit temporaires soit permanentes. On le
,
commerce maritime. donne également à tout membre d’une commission.
Le commerce a été, en France, l’objet de l’at- Sous la première république, on appelait Commis-
tentiondu Gouvernement. Une législation spéciale, saires de la Convention les représentants envoyés
le Code de commerce (décrété en 1807, considé- en mission dans les départemen ts et aux armées pour
rablement modifié par les lois des 19 mars 1817, y faire exécuter les décrets du Gouvernement. De
31 mars 1833, 3 mars 1840) a été faite pour lui; même , en 1848, le Gouvernement provisoire avait
une administration particulière , tantôt séparée du nommé une foule de commissaires et de sous-com-
ministère de l’iutérieur (en 1812 et en 1830), tan- missaires, armés de pouvoirs illimités et chargés
tôt réunie à ce département (1814 et 1852), a été de remplir les fonctions de préfets et de sous-préfets.
instituée pour veiller à ses intérêts
;
des tribunaux Dans les tribunaux, il est nommé des juges-com-
spéciaux , les Tribunaux de commerce, élus par les missaires pour faire une enquête, pour vérifier
commerçants eux-mêmes, lui ont été accordés {Voy. certains actes, pour procéder à un interrogatoire sur
tribunal); des Bourses et des Chambres de com- faits et articles, pour surveiller les opérations d’une
merce ont été créées dans les principales villes ; faillite ,
etc.
enfin , un Conseil général du commerce et des ma- Dans les conseils de guerre ,
on nomme Commis-
nufactures a été institué pour faire connaître au saire du Gouvernement un officier chargé de repré-
Gouvernement ses besoins, et proposer les mesures senter le Gouvernement, et de remplir, de concert
nécessaires. En outre , il s’est élevé, pour préparer avec le rapporteur, une partie des fonctions exercées
la jeunesse au haut négoce, de grands établissements, dans les tribunaux civils par le procureur de la Ré-
à la tête desquels on doit placer {'Ecole supérieure publique ou par ses substituts. 11 requiert les peines
du commerce, fondée en 1820 par Chaptal, Laffitte, portées par leCode pénal, veille àl’exécution des lois,
Ternaux et Cas. Périer; des cours préparatoires aux et se pourvoit contre leur infraction. On nomme —
professions commerciales et industrielles ont été créés aussi C. du Gouvernement les orateurs choisis par le
dans les collèges de l’État sous les noms à' Enseigne- chef de l’État pour soutenir une loi devant les cham-
ment commercial , à’ Enseignement spécial; enfin, bres ou devant le corps législatif; et les délégués du
une foule d’ouvrages ont été publiés, soit pour gui- Gouvernement auprès des chemins de fer, des ton-
der celui qui étudie , soit pour éclairer le commer- tines ,
et de certaines compagnies commerciales.
cant ; il suffira de citer le Cours complet d’études Commissaires des guerres. Avant 1789, on nom-
eommcm'aiesd’Edm. Degrange, le Dictionnaire du mait ainsi des officiers chargés de surveiller tout ce
Commerceet des manufactures, le Dict. du Commerce dont se compose le matériel de la guerre, tel que la
et des marchandises (nbl et 1852); le Tableau géné- solde, les vivres, les hôpitaux, transports, arsenaux
ral duC.de la France, etles Annales du C. extérieur, et marchés. Eu 1800, ces fonctions furent partagées
publiées par le Gouvernement. On doit à M. Depping entre deux corps d’officiers , dont les uns conservè-
une Histoire du Commerce (1830), et à M. Gouraud rent le nom de C. des guerres; les autres prirent
VHist. delà Politique commerc. de la France (tSbO).- celui dè inspecteurs aux revues. Ils ont été rempla-
commettage, opération decorderie par laquelle cés en 1817 par les intendants militaires.
on réunit un nombre plus ou moins grand de fils de Commissaires de marine officiers de l’adminis-
caret pour en former des cordes de diverses gros- tration maritime chargés des approvisionnements
seurs. En commettaniiRB fils de caret, on a le bitord; navals, des revues des employés au service, du paye-
en commettant le bitord on a le toron, et en con- ment des soldes et tous les détails de comptabilité,
tinuant ainsi, le grelin, le câbleau et le câble. lisse divisent enC. généraux, ayant rang de contre-
COMMETTANT. Voy. commission (commerce). amiral; en C. principaux, siraptes Commissaires et
COMM 385 — COMM
sous-commissaiTes , assimilés aux ,
aux
capitaines situés transversalement , l’un en avant et l’autre en
lieutenants et aux enseignes de vaisseau. Ce corps a arrière du ventricule moyen du cerveau.
été réorganisé par un décret du 24 mai 1853. COMMODAT (du latin commodare, prêter), prêt
CoynTnissciiTe de policGj officier public subordonné à usage, consiste à donner gratuitement une chose,
au préfet de police. 11 remplit des fonctions à la fois meuble ou immeuble, pour un certain temps, à con-
administratives et judiciaires il veille au maintien
; dition que , ce temps expiré , l’emprunteur rendra la
de l’ordre public, protège la sûreté individuelle et même chose en nature, et non pas une chose sem-
publique, recherche les contraventions de police et blable. Ce qui concerne ce genre de prêt est réglé
en poursuit la punition ,
reçoit les rapports et les par le Code civil , art. 1874 et suiv.
plaintes sur les crimes et délits qui se commettent COMMODORE, titre qui, dans les marines anglaise,
dans l’étendue de son ressort, et en dresse procès- hollandaise et américaine, est donné temporaire-
verbal, etc. Les commissaires portent une écharpe ment au capitaine de vaisseau commandant une di-
dans l’exercice de leurs fonctions leur bureau est in- vision de bâtiments de guerre. Chez les Anglais , le
diqué par une lanterne. — ;

Avant 1789, une partie commodore prend rang après le contre-aniiral. Ce


de ces fonctions étaient remplies par des officiers de grade répond à celui de nos chefs de division.
robe longue , appelés commissaires enquêteurs et COMMUNAUTE. D’après le Code civil (liv. III,
examinateurs. Le commissariat, tel qu’il existe au- tit. V, art. 1393, 1399 et suiv.), le régime de la

jourd’hui.aété constitué par les loisdu29sept. 17 91 et communauté forme le droit commun de la France
du 28 pluv.anVlII, etparledécr. dul7jauv. 1853. entre les époux, relativement à leurs biens; mais ils
Commissaire priseur, officier public nommé par ont la faculté d’y déroger ou de le modifier par feurs’
le gouvernement, auquel la loi attribue le droit ex- conventions matrimoniales. Ainsi, la communauté
clusif de faire la prisée des meubles et la vente pu- de biens entre époux peut être ou légale, en l’ab-
blique aux enchères de tous les objets mobiliers, etc. sence de conventions matrimoniales; ou convention-
Il portait autrefois le nom d’huissier priseur. nelle. lorsqu’il existe un contrat déterminant les ef-
COMMISSION (du latin committere, envoyer, fets qu’il est dans la volonté des époux de lui faire
commettre), nom donné, dans l’ancien Droit fran- produire. On doit à Pothier un savant Traité de la
çais, à une juridiction exceptionnelle attribuée, dans communauté. —
Quant à la communauté de biens
certains cas, à des personnes n’ayant pas le caractère entre tous les citoyens, Voy. socialisme.
de juges , ou n’étant pas les juges naturels des par- COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES , associations de person-
ties ; telles furent les commissions qui , à diverses nes vivant sous une même règle religieuse, telles que
époques, jugèrent Eiiguerrand de Marigny, Jacques couvents , monastères d'hommes et de femmes , cha-
Cœur, Semblançay, de Thou et Cinq-Mars, Fou- pitres de chanoines et de chanoinesses, confréries
quet, etc; la Chambr-e ardente, qui jugea la Brin- de toute espèce, séminaires , établissements hospita-
villiers et ses complices ; les Commissions militai- liers, etc. On nomme spécialement ainsi certaines as-
res et les Cours pre'vôtales , chargées de connaître sociations particulières, comme la communauté des
de certains complots contre l’État. Les commissaires prêtres de Saint-Sulpice ,
la communauté des sœurs
qui formaient ces tribunaux étaient nommés par le de Sainte-Marthe, celle des Béguines de Flandre, etc.
roi, et choisis indistinctement dans toutes les classes COMMUNAUX (Bios), biens que possèdent par
de citoyens ; ils devaient, dans leurs procédures , se indivis les habitants d’une ville , d’un bourg, d’un
conformer aux lois du royaume; mais leurs juge- village , tels que terres , prés , pâturages , etc. 11 ne
ments étaient sans appel. De tout temps, l’opinion faut pas confondre les communaux avec les droits
pubüque s’est élevée contre ces tribunaux d’excep- d'usage et de parcours. Voy. ces mots.
tion : ont disparu avec la Restaui ation.
ils COMMUNE. Dans la division administrative de la
On nomme commission rogatoire celle qu’un tri- France on appelle commune une division du terri-
,
bunal adresse à iwi autre tribunal, pour l’inviter à toire administrée par un maire c’est la subdivision :

faire dans l’étendue de son ressort quelque acte de pro- du canton {Voy. ce mot). Le nombre des communes
cédure ou d’instruction qu’il ne peut faire lui-mème. varie constamment par l’effet de réunions ou de sé-
Outre les commissions judiciaires, il y a encore parations on en compte plus de 37,000.
,
Aux termes —
des commissions administratives, législatives, scien- de la loi du 10 vendémiaire an IV, les communes,
tifiques, etc. Quelques-unes sont permanentes, telles à l’exception de celle où siège le gouvernement,
que laC. des monnaies et médailles, établie à Paris; sont responsables des dégâts commis sur leur terri-
la C. d’instruction publique, la C. aes travaux pu- toire. —
On trouve dans le Dictionnaire gén. d’ Ad-
blics, créées eu 1816; la C. d’initiative parlemen- ministration un traité complet sur les communes.
taire ,pviicda.ui\e sein de l’Assemblée nationale, etc.; Autrefois, on appelait ainsi le corps des bourgeois
le plus souvent elles n’ont qu’une existence passagère, d’une ville, ou des habitants d’un bourg ou d’un
comme la cause qui les a fait établir : la C. dite village. —
Pour l’histoire des communes au moyen
des Onze est celle qui fut chargée par la Convention âge, et pour la Commune de Paris pendant la Révo-
de rédiger le projet de constitution de l’an 111. lution (1789-1794), Voy. ïcDict. univ. d’H. et de G.
Dans le Commerce, on entend par commission la COMMUNES (chambre des), une des deux chambres
charge ou l’ordre que l’on donne à quelqu’un d’a- du parlement anglais. Voy. chambre et parlement.
cheter ou de vendre ; tout ce qui concerne la com- COMMUNICATION figure de pensée par laquelle
,
mission est réglé par le Code civil (liv. III, tit. xni). on s’identifie avec d’autres personnes, comrne quand
On donne le nom de commettant au négociant qui un avocat dit de lui-même ce qui n'appartient qu’à
donne une commission a l’un de ses correspondants, son client. C’est ce que fait l’intimé dans les Plai-
et celui de commissionnaire à celui qui fait spécia- deurs en plaidant pour le chien :
,
lement la commission. Le commissionnaire est l’in-
De vol de brigandage on nous déclare auteurs;
termédiaire obligé entre le fabricant et le commerce
, ,

On nous traîne ,
on nous livre à nos accusateurs , etc.
de détail ; il perçoit tant pour cent.
COMMISSIONNAIRE. V. commission (commerce). COMMUNION. Ce mot exprime, en général, l’u-
COMMISSURE (de committere, mettre ensemble, nion de plusieurs personnes dans une même foi ;
réunir), nom donné en Anatomie 1® au point où
: c’est dans ce sens qu’on dit : les diverses commu-
deux parties se réunissent c’est dans ce sens qu’on nions chrétiennes , la communion de l’Église ro-
:

dit les C. des lèvres, les C. des paupières, en par- maine , la communion de l’Église grecque. La —
lant des angles de ces parties ; 2® aux organes à l’aide communion des fidèles est la réunion des Chrétiens
desquels deux parties se trouvent unies : ainsi les C. dans la même croyance, dans la croyance des mêmes
du cerveau sont de petits faisceaux médullaires. dogmes ou de mêmes articles de foi, sous un même
, ,

GOMP — 386 — COMP


chef, qui est le pape. —
Dans le Symbole des apôtres, protégé parles Templiers. Les compagnons forment
on entend par Communion des saints l’union qui trois grandes associations qui se donnent les noms
existe entre l’Église triomphante, l’Église militante à’ Enfants de Salomon, d’Enfants de maître Jacques,
et l’Église souffrante, c.-à-d. entre les bienheureux d'Enfants du père Soubise. Les premiers se subdi-
qui sont dans le ciel, les fidèles qui composent ici-bas visent en Gavots et en Loups ou C. étrangers. Les se-
la véritable Église, et les âmes du Purgatoire. conds se divisent en Loups-garous et Dévorants. Les
Par le nom de Sainte communion on désigne l’acte principaux métiers ainsi associés sont les tailleurs de
principal du sacrement de rÉueharistie, la réception pierre , les charpentiers , les menuisier^ les serru-
du corps et du sang de N.-S. Jésus-Christ (F. eucha- riers, les boulangers, les cordonniers. Tous ces or-
kistie). On distingue la C. ecclésiastique, qui se fait dres de compagnons sont soumis à certaines règles,
sous les deux espèces du pain et du vin ; et la C. lai- qu’ils appellent devoir; mais les Enfants de maître
que, qui se fait sous l’espèce du pain seulement, au Jacques et ceux du père Soubise prennent seuls le
moyen de l’hostie consacrée. On distingue encore la nom de Compagnons du Devoir. Ces associations,
Première communion, ia Communion pascale, etc. au lieu de s’unir et de s’entr’aider, sont rivales et
Le commnni.ant doit être en état de grâce et à jeun. hostiles : trop souvent elles se sont livré des com-
COMMüNlSMÉ, doctrine sociale qui consiste à bats acharnés. On doit à M. Agricol Perdiguier un
mettre tous les biens en commun. Voy. socialisme. ouvrage curieux sur le Compagnonnage.
COMPAGNIE (de compagnon, qu’on dérive de CMtrt, COMPARAISON. En Psychologie, on nomme ainsi
ensemble, et pen7ion, enseigne). Outre son accep- l’opération qui consiste à rapprocher deux idées pour
tion ordinaire, ce mot désigne : 1» toute réunion de découvrir leurs rapports ; c’est une double attention.
religieux, de magistrats, de savants, de gens de let- Le fruit de la comparaison est un jugement. En —
tres, formant un corps, comme la Compagnie de Jé- Littérature, la comparaison est une ligure de rhéto-
sus, le Parlement, l’Académie française, etc.; 2® toute rique qui rapproche de la chose dont on parle une
association formée par des négociants, des capita- autre chose qui lui ressemble , et qui sert à la faire
listes, des gens d’affaires, etc., pour entreprendre mieux comprendre ou seulement à l’embellir; c’est
de grandes opérations de commerce, d’industrie, de le plus riclie des ornements du style : c’est ainsi
finances ou de travaux publics. On distingue les que Milton compare Satan déchu au soleil caché par
C. privilégiées, comme les compagnies formées à di- une éclipse. La métaphore n’est qu’une comparaison
verses époques en France, en Angleterre et en Hol- —
abrégée. En Grammaire, on appelle degrés de com-
lande, pour exploiter le commerce des deux Indes, paraison dans les adjectifs , le positif, qui exprime
les diverses compagnies qui ont entrepris la con- la qualité considérée en elle-même; le comparatif,
struction et l’exploitation des chemins de fer, des qui exprime le plus ou le moins; le supetdatif, qui
canaux, etc. ; et des C. particulières, telles que les exprime la qualité portée au plus haut degré.
compagnies d’assurance contre l’incendie, contre les COMPARATIF. Voy. comparaison (degrés de).
risques de la mer, sur la vie, etc., etc. Voy. sociétés. COMPARUTION (mandat de). Voy. mandat.
Dans l’Armée, on nomme compagnie une subdi- COMPAS (du bas latin compassus, formé de cum,
vision du bataillon commandée par un capitaine, avec, ensemble, et passas, pas, marche), instrument
ayant sous ses ordres des lieutenants, dessous-lieu- composé de deux branches ou jambes s’ouvrant à char-
tenants et des sous-officiers. La compagnie d'infan- nière, dont on se sert pour décrire des cercles, mesu-
terie est en France de 80 hommes sur le pied de paix, rer des lignes, etc. L’inventiondu compas ordinaire
et de 120 sur le pied de guerre. —
Autrefois, on appe- remonte aux temps fabuleux de l’antiquité les poètes ;

lait C. franche une compagnie qui n’était incorporée grecs l’attribuent à Talaüs , neveu de Dédale. Dans
dans aucun régiment; C. d’ordonnarice des com- les temps modernes, on a varié la construction et la
pagnies de cavalerie qui ne faisaient point partie de forme des compas, de manière à satisfaire à tous les
l’armée; C. des gardes, les quatre compagnies des besoins des arts graphiques. —
Le C. d’arpenteur
gardes du corps attachées à la personne du roi; est employé pour accomplir sur le terrain les opé-
Grandes compagnies les compagnies d’aventuriers rations que le compas ordinaire réalise sur le papier.
qui désolèrent la France au xiv® siècle. Pour ces Il est en bois; sa dimension est d’environ 2 mètres;
dernières, Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. il est muni d’un
appareil qui maintient les branches
COMPAGNIE (règle DE). Voy. SOCIÉTÉ (RÈGLE De). écartées à la distance voulue. —
Le C. d’épaisseur
compagnonnage. Sous l’empire des maîtrises se compose de deux branches en forme d’S , assem-
et des jurandes, on appelait ainsi le second degré du blées à leur milieu par un clou rivé dos deux côtés ;

noviciat par lequel il fallait passer pour arriver à la elles se meuvent autour de cet axe comme une paire
maîtrise. On était admis au grade de comjiagnon de ciseaux. On saisit un corps avec deux des pointes
après cinq années d’ajiprentissage, et ce n’éta tqu’a- recourbées; les deux autres pointes indiquent par
près cinq ans de compagnonnage qu’on était reçu leur écartement l’épaisseur de ce corps. —
Le C.à
à produire un chef-d’ceuvi'e [Voy. ce mot). trois branches sert à prendre trois points à la fois,
Aujourd’hui on entend par compagnonnage l’asso- et à transporter des triangles d’un dessin sur un au<-
ciation des ouvriers dans une même profession pour tre. — Le C. de réduction s’emploie pour réduire
s’entr’aider, se secourir et se procurer de l’ouvrage : des dimensions d’un plan dans un rapport donné :
c’est une espèce de franc-maçonnerie, qui a ses se- il est à coulisse et offre ,
lorsqu’il est ouvert ,
la
crets, ses épreuves et ses signes de reconnaissance. forme d’un X ; sa construction est fondée sur ce
C’est surtout dans l’industrie du bâtiment que le principe, que les triangles semblables ont leurs cô-
compagnonnage s’est le mieux conservé. 11 existe tés homologues proportionnels. —
Le C. de propor-
dans chaiiue ville de France une mère des ouvriers, tion sert à résoudre différents problèmes de géomé-
chez qui les compagnons en voyage trouvent loge- trie il se compose de deux règles de cuivre lixées
:

ment, nourriture à bas prix et même à crédit, et l’in- l’une à l’autre par leurs extrémités, et portant des
dication des maisons où ils pourront avoir du travail. divisions. —Le C. à verge est employé pour mesu-
Ou a prétendu faire remonter le compagnonnage, rer de grands intervalles et décrire de grands arcs
comme la franc-maçonnerie, à la construction du de cercle; il est formé par une longue règle por-
temple de Salomon il est plus vraisemblable qu’il
; tant, à l’un de ses bouts, une boite qui est assujettie
ne date que du moyen âge; il paraît être né, à cette avec des vis et armée d’une pointe sèche, tandis
époque de désordre et de dilliciles communications, qu’une autre boîte, qui présente à volonté une pointe,
du besoin de s’entr’aider et de se défendre contre un crayon ou un tire-ligne, glisse le long de la rè-
les entreiiriscs dés seigneurs on le fait sortir, vers
: gle, où elle est retenue par une vis de pression.
le xn« siècle, de la franc-maçonnerie. 11 fut d’abord On a donné le nom de Géométrie du compas à
, ,

COM P 387 COMP


une branche de la géométrie qui a pour but de ren- pelle celle de nos premiers trouvères. Quelques-unes
dre la solution graphique des problèmes indépen- de ces complaintes ont acquis une sorte de célébrité .
dante de l’imperfection des instruments. L’usage de telles sont la Complainte du Juif-Errant celle de
la règle y est proscrit, et les lignes droites sont in- Geneviève de Brabant, la C. sur la Passion. Aujour-
diquées seulement par les points qui les terminent. d’hui, on u’en fait plus guère que sur les grands pro-
Le géomètre italien Mascheroni a publié une Géo- cès criminels, tels que ceux de F ualdès, de Papavoine.
métrie du compas, traduite par M. Carette, 1828. En Droit, on nomme complainte une action pos-
Dans la Marine, Compas se prend pour Boussole. sessoire dans laquelle il s’agit de se faire maintenir
COMPELLATIF (de compellare, interpeller). On en possession d’un immeuble, lorsqu’on y est trou-
nomme ainsi, dans certaines grammaires, le mot de blé. Les actions possessoires ne sept recevables qu’au-
la phrase qui sert à appeler la personne à laquelle tant qu’elles ont été formées dans l’année du trouble
on s’adresse. Dans les langues qui ont des cas, on par ceux qui, depuis une année au moins, étaient
met ce mot au vocatif. en possession paisible (Code de Procéd., art. 23).
COMPENDIUM (mot latin qui veut dire abrégé], COMPLANT(de cum, ensemble), plant de vi gnes for-
s’applique surtout aux abrégés d’ouvrages de science. mé par la réunion de plusieurs pièces de terre. F. bail.
La Philosophie, la Médecine, la Chirurgie, ont donné COMPLEMENT. En Arithmétique , on appelle
naissance à de nombreux compendium. complément d’un nombre le nombre qu’il faut ajou-
COMPENSATEUR ,
mécanisme destiné à corriger ter à un autre pour égaler l’unité de l’ordre immé-
les effets des variations de la température sur la mar- diatement supérieur : ainsi, 426 est le complément
che des horloges et des chronomètres. Dans les horlo- de 574, parce que la différence entre 574 et 1000 est
ges, c’est un pendule formé de plusieurs tiges de mé- 426. — En Géométrie, le complément d’un angle est
taux différents dont les dilatations se contrarient, de l’angle qu’il faut ajouter à un angle aigu pour avoir
manière que le centre d’oscillation ne se déplace un angle droit ; le complément d’un arc est l’arc
oint [Voy. pendule). Dans les chronomètres, c’est un qui, étant ajouté à cet arc, forme avec lui un angle
alancier formé de matières inégalement dilatables (le 90 degrés. — En Astronomie, le complément d’un
tellement disposées que leurs dilatations ne produi- astre est la distance de cet astre jusquW zénith.
sent aucun changement dans la durée des oscillations. En Grammaire, on oppeWe compléments \e& mots
COMPENSATEUR MAGNÉTIQUE, appareil destiné à faire qui servent à compléter le sens d’une préposition
connaitre les déviations qu’éprouve la boussole par d’un verbe, etc., et en général à déterminer la signi-
Faction du fer qui entre dans la construction des fication des mots auxquels on les joint. Voy. régime.
vaisseaux. Il se compose d’une tige en cuivre rouge, COMPLEXE (nombre). Voy. nombre complexe.
portant à son extrémité deux plaques de fer sépa- COMPLEXÉS , nom donné par les Anatomistes à
rées par une feuille de carton, et fixées elles-mêmes deux muscles dont les libres charnues sont entre-
sur une espèce de cage en bois qui peut faire une croisées de fibres aponévrotiques et tendineuses : le
révolution complète autour de la verticale du pivot grand complexus [ou trachélo-occipital), qui s’atta-
de l’aiguille de la boussole. L’emploi de cet appa- che d’une part aux apophyses transverses des vertè-
reil, d’un usage encore très-récent, est très-délicat. bres cervicales et de l’autre au-dessous de la ligne
C’est surtout au professeur Barlow de Woolwich courbe supérieure de l’occipital; et le petit complexus
qu’on doit les connaissances qu’on possède aujour-
(
trachélo-mastoidieu), qui s’étend de ces mêmes
d’hui sur les moyens de corriger les déviations éprou- apophyses à la surface mastoïdienne du temporal.
vées par la boussole dans les bâtiments, et sur l’em- COMPLICE, COMPLICITÉ. Les complices d’un
ploi du compensateur magnétique. crime ou d’un délit sont punis de la même peine
COlffENSATlON. En Droit, c’est une espèce de que les auteurs mêmes de ce crime ou de ce délit,
libération réciproque entre des individus qui sont en sauf les cas où la loi en aurait disposé autrement
même temps créanciers et débiteurs l’un de l’autre : (Code pénal, art. 59). Le Code détermine , en outre
chacun retient en payement de la somme qui lui est les caractères de la complicité (art. 60, 61, 62).
due celle qu’il doit à l’autre. Elle n’alieu qu’entre det- COMPLIES (du latin complere, achever), huitième
tes liquides, exigibles, ayant égalementpourobjetsoit et dernière partie de l’office canonial dans l’Eglise
une somme d’argent, soit des choses fon giblesde même latine , se dit le soir après Vêpres, et se compose du
espèce, ou des prestations non contestées. C.c.,1291. Confiteor, d’une leçon, de trois psaumes, d’une an-
COMPENSATIONS (SYSTÈME DEs), Système que pro- tienne , d’une hymne , d’un capitule , d’un répons
fessaM. Azaïs au commencement de ce siècle : il ad- bref, du cantique de Siméon [Nunc dimittis], d’une
mettait un équilibre parfait dans toutes les parties
de l’univers par voie de compensations exactes. L’au-
oraison, etc. — Chez les Grecs, les Vêpres terminent
l’office du jour, et il ne se dit point de Compiles.
teur n’appliqua d’abord ce système, plus ingénieux COMPONÉ se dit, en termes de Blason , des bor-
que solide , qu’aux destinées humaines prétendant dures , bandes, sautoirs, etc., qui sont composés de

juste et exacte; puis,


,
que tout s’y balance et se compense d’une manière pièces carrées d’émaux alternés. — On nomme com-
il l’étendit au monde entier. pon chacune des parties égales, carrées et alterna-
COMPERE-LORIOT, nom vulgaire de l’orgelet, tives , qui forment le blason componé.
bouton qui survient aux paupières. Voy. orgelet. COMPONIUM, c.-à-d. machine à composition,
COMPÉTENCE (de competere, convenir, apparte- instrument de musique inventé vers 1820 par Win-
nir ), droit qu’a une certaine autorité de connaitre ckler, mécanicien hollandais, est composé d’un orgue
dune affaire, de statuer ou de prononcer dans les à cylindre, dont le mécanisme est resté un secret.
limites de ses attributions. Les juges de paix éten- Un thème quelconque étant pointé sur le cylindre,
dent leur compétence sur toutes les demandes qui cet instrument, livré à lui-même, eu reproduit les
ne s’élèvent pas au-dessus de 1,500 fr. et pronon- notes avec toutes les vai'iations possibles.
,
cent en dernier ressort si la demande ne dépasse COMPOSÉ. En Chimie, on nomme composés les
pas 100 fr. Les tribunaux civils de première instance corps qui renferment au moins deux sortes de ma-
et de commerce prononcent en dernier ressort sur tières, mais qui peuvent en contenir 3, 4 , 5, etc.; de
toute demande qui ne dépasse pas 1,500 fr. et à
là leurs dénominations de corps binaires, iernairei,
charge d’appel sur toutes les autres (loi de 1838).
Les règles de la compétence sont fixées, en matière
quaternaires, etc. — En Botanique, on nomme fleur
composée, celle qui est formée par la réunion de
civile, par le Code de procédure, et, en matière
cri- plusieurs petites fleurs portées sur un réceptacle
minelle , par le Code d’instruction criminelle. commun, comme la reine-marguerite, le dahlia, le
COMPLAINTE , chanson populaire sur un sujet chardon, la camomille : ces fleurs forment la grande
tragique ou pieux, dont la versification négligée rap-
famille des Composées (Voy. ci-après) ; feuille com-

25
,, , ,, , ,

COMP — 388 — COMP


posée, celle qui est formée de la réunion de petites terre comme engrais. Les fumiers forment la base
feuilles articulées sur un pétiole commun. des meilleurs composts.
Pour ces expressions : Nombre composé, Raison COMPOSTEUR (du latin componere, mettre en-
composée, Pendule composé, Voy. nombre, etc. semble), petite règle de métal composée de deux
COMPOSÉES , famille de plantes monopétales à parties assemblées en équerre, sur laquelle l’ouvrier
insertion épigyne : fleurs réunies en capitules dans un typographe range les lettres dont il forme les lignes.
calice ou un involucre commun et formant une ou Cet instrument, long de 20 à 25 centim., a un bout
,
plusieurs rangées imbriquées autour du réceptacle. terminé par un talon fixe, tandis que sur sa lon-
Parmi ces fleurs, les unes régulières , appelées fleu- gueur il en existe un autre mobile , qu’on fixe au
rons, ont le limbe partagé en cinq dents; les autres moyen d’une vis, selon la justification de l’ouvrage.
irrégulières, et appelées demi- fleurons, ont le limbe Dans les Manufactures de soie , c’est une petite
déjeté en dehors en une languette à cinq dents; baguette de bois sur laquelle on passe les portées de
Tournefort, pour cette raison, avait divisé la famille la chaîne d’une étoffe de soie pour la plier.
des Composées en Flosculeuses ne contenant que COMPOTE (du latin compositus, composé, à cause
des fleurons, Semi-flosculeuses ne contenant que des divers ingrédients qui y entrent), espèce de con-
des demi-fleurons, et Radiées, contenant des fleu- fitures de fruits cuits avec de l’eau ou du vin et du
rons au centre et des demi-fleurons à la circonfé- sucre, de la cannelle, etc., et qui, n’étant point des-
rence. Linné , remarquant que dans toutes les es- tinées à être gardées, sont moins cuites et plus liqui-
pèces, les anthères sont soudées latéralement en un des que les confitures ordinaires. Les fruits mis en
tube dépassant la gorge de la corolle, avait désigné compote deviennent moins acides et plus digestifs.
les Composées sous le nom de Synanthérées. Vail- COMPRÉHENSION. En Logique , on entend par
lant n’a fait que changer lesdénominations de Tour- compréhension d’une idée générale, l’ensemble des
nefort en celles de Chicoracées (semi-flosculeuses), propriétés communes à tous les individus que re-
Cinarocéphales (flosculeuses), et Corymbifères (ra- présente cette idée; on l’oppose à Vextension, qui
diées); ces dénominations avaient été adoptées par est le nombre des êtres auxquels appartiennent les
A. L. de Jussieu, et avec lui par tous les botanistes. mêmes propriétés. Foy. idée générale.
Depuis, les divisions ont été multipliées, et aujour- COMPRESSE (du latin comprirnere, comprimer),
d’hui la famille des Composées compte huit tribus : pièce de linge de toile ou de coton, de longueur et
Vernoniacées , Eupatoriacées Astéroïdées, Séné-
,
de formedifférentes, qu’on emploie dans le pansement
cionidées , Cinarées, Mutisiacées , Nassauviacées des plaies elles sont dites, selon leur forme, lon-
:

Chicoracées. Voy. ces mots. guettes, carrées, circulaires etc. Elles sont dites
COMPOSITE (ordre) , un des cinq ordres d’archi- fenétrées quand elles sont percées d’ouvertures plus
tecture, en usage surtout chez les Romains, est ainsi ou moins grandes; découpées, quand leurs bords
nommé parce qu’il est composé du corinthien et de sont plus ou moins profondément divisés; en croix
l’ionique. — On désigne aussi sous le nom de com- de Malte, quand, étant carrées, elles sont fendues
posite, tout ordre qui est composé de plusieurs or- également aux quatre angles, etc.
dres , soit dorique, soit corinthien ou ionique. COMPRESSEUR, instrument destiné à compri-
COMPOSITEUR. On nomme ainsi : 1« celui qui mer des nerfs, des vaisseaux, ou un canal quelcon-
compose en musique ( Voy. composition ) ; 2» l’ou- que, dans le but d’amortir la sensibilité des parties
vrier typographe qui compose, c.-à-d. qui prend sur lesquelles le chirurgien opère , ou d’empêcher
un à un les divers caractères dans les cassetins placés une hémorragie. On connaît surtout le C. de Du-
devant lui et les range sur le composteur. puytren, destiné à la compression des artères.
COMPOSITION. Eu Musique, c’est l’art d’inventer COMPRESSIBILITÉ, propriété que possèdent les
des chants et de les accompagner par l'harmonie. corps de se réduire à un moindre volume apparent,
La composition, comme la poésie , se fonde avant lorsqu’on les presse de toutes parts elle est une con-
;

tout sur l’invention ; elle s’appuie en outre sur des séquence de la porosité, les corps ne diminuant de
procédés que l’on nomme règles, et qui sont puisés volume que parce que leurs particules peuvent se rap-
dans le goût et dans l’exemple des grands maîtres. procher les unes des autres. Les tissus très-poreux sont
Les diverses branches de la composition compren- en même temps très-compressibles; l’éponge peut
nent l’étude de la mélodie, de l’harmonie, du contre- être réduite au tiers, au quart, et même au dixième
point, de la fugue, la connaissance des effets de voix de son volume apparent. Le papier, les étoffes , le
et des inftruments, l’application de toutes ces choses bois et tous les tissus qui se laissent pénétrer par
aux divers emplois de la musique. On doit àReicha les fluides , peuvent pareillement diminuer de vo-
un Cours complet decompositionmusicale, 1818-33. lume, et perdre parla compression les fluides qu’ils
Dans les Arts du dessin , on entend par composi- contiennent. Une foule de procédés des arts ne sont
tion l’invention ou le choix du sujet, sa mise en que des applications de ce principe ( Voy. compres-
scène et son expression pittoresque. sion). Les liquides sont, en général, beaucoup moins
Dans l’ancien Droit barbare, on appelait composi- compressibles que les solides. L’air et les gaz sont, de
tion (wehryeld) une indemnité pécuniaire que l’au- tous les corps, ceux qui se compriment le plus facile-
teur d’une ofl’ense ou attentat devait payer à la per- ment, et qui peu vent être réduits à un moindre volume.
sonne offensée, ou, en cas de mort, à sa famille. Le D’après la loi de Mariette, les volumes des gaz com-
meurtre d’un Franc était payé 200 sous d’or; le primés sont en raison inverse des poids comprimants.
meurtre d’un Romain possessem', 100 soms; celui d’un COMPRESSION. Dans les Arts , la compression a
Franc vassal du roi, 600; celui d’un Romain convive donné lieu à l’invention d’une foule de machines
du roi, 300, etc. utiles ou curieuses : on peut ranger dans cette caté-
On appelle encore composition tout accommode- gorie les presses de tout genre , les balanciers pour
ment par lequel l’une des deux parties ou toutes deux frapper la monnaie, la pompe de compression {Voy.
ensemble cèdent quelque chose de leurs prétentions : pompe), la fontaine de Héron ( Voy. fontaine), les
les arbitres chargés d'amener de tels accommode- fusils à vent, le briquet à air, etc.
ments sont dits arbitres compositeurs. En Médecine, on se sert de la compression contre
COMPOST (du latin compositus déposé ensem- les anévrismes des artères , les varices , les hernies
ble), mélange de substances diverses, telles que dé- les ulcères calleux, certainestumeurs, les engorge-
tritus de végétaux , débris d’animaux , eaux de cui- ments divers, les luxations, etc. Elle s’exerce au
sine et d’écurie , curures de mares et d’étangs moyen de compresseurs, de bandes, de bandages, de
marnes, craies, etc., qu’on laisse en tas subir quel- bas élastiques , de tampons , de tourniquets , etc.
que fermentation et qu’ensuite on répand sur la COMPROMIS, convention synallagmatique par la-
, , ,

COMP — 389 — GONG


quelle deux ou plusieurs personnes conviennent de C’est une loupe soutenue sur deux montants de cui-
remettre le jugement de leurs différends à des ar- vre, à une distance convenable d’un disque percé
bitres qu'elles autorisent à prononcer avec ou sans d’un trou carré à travers lequel on regarde l’étoffe.
appel. Le Code de procédure civile (art. 1003 et COMPTE-PAS, instrument dit aussi pédomètre
suiv.) trace les règles qui concernent le compromis. et hodomètre, destiné à indiquer par approximation
COMPTABILITE ( de compte ) ensembie des la longueur d’une route par le nombre de pas qu’on
comptes et des livres d’une administration publique fait en la parcourant. Le compte-pas de Bréguet a
ou privée. —Dans le Commerce, comptabilité est la forme d’une montre : il porte un cadran divisé en

synonyme de Tenue de livres (Voy. ce mot). 100 parties désignant chacune un double pas; au cen-
Par Comptabilité publique, ou entend l’ensemble tre de ce cadran est un disque mobile, divisé aussi
des règles qui gouvernent le maniement des deniers en 100, dont chaque unité indique 100 doubles pas.
publics et des matières appartenant à l’État , qui Une seule aiguille marque les unités sur le cadran
établissent les obligations et la responsabilité des extérieur et les centaines sur le disque mobile : cet
comptables. Les dispositions qui régissent la comp- effet est produit par deux roues et un pignon.
tabilité publique ont été réunies, et pour ainsi dire COMPTEUR, se dit en général d’un instrument
codifiées , dans l’ordonnance du 31 mai 18.28. qui sert à compter le nombre des révolutions d’un
COMPTABLE. Ce mot s’applique à toute personne axe tournant ou des oscillations d’un pendule, ac-
qui est assujettie à rendre compte des affaires qu’elle complies dans un temps donné. 11 se compose ordi-
a gérées. —En Droit, sont comptables le curateur à dairement d’une série de rouages analogues à ceux
une succession vacante (Code civ., art. 813), l’exécu- des montres, faisant mouvoir des aiguilles sur des
teur testamentaire (art. 1031), l’héritier bénéficiaire cadrans gradués. — Le compteur de gaz qu’on em-
(art. 803), le tuteur (art. 469), le mandataire (art. ploie pour mesurer la dépense du gaz employé à
1993), le mari, s’il a joui des biens paraphernaux l’éclairage est une espèce de roue à augets, plongée
malgré l’opposition constatée de la femme (art. 1579). jusqu’à l’axe dans un cylindre fermé, en tôle; un
En Administration , on appelle Comptables tous tuyau amène le gaz dans un auget ; celui-ci s’élevant
ceux qui sont chargés de la manutention des deniers et sortant complètement de l’eau, le gaz qu’il ren-
de l’État, des communes, des hospices, des établis- ferme se répand dans la partie supérieure du cylin-
sements pubiics. Ces comptables sont astreints à un dre, et s’échappe par un autre tube disposé à cet
cautionnement; leurs biens sont frappés d’une hy- effet; à peine le premier auget a-t-il vidé son con-
pothèque légale (Code civ., art. 2121). —
Pour les tenu, qu’un second auget s’emplit de la môme ma-
règles auxquelles ils sont assujettis, V. comptabilité. nière pour se vider à son tour, et ainsi de suite; ces
COMPTANT. Payer comptant, c’est payer au mo- entrées et ces sorties alternatives du gaz impriment
ment même de la livraison des marchandises. Toute- à la roue un mouvement de rotation ; un système de
fois lorsque, dans les transactions,on stipule la clause rouages note le nombre des tours qu’elle fait dans
de comptant, cela ne signifie pas toujours que l’ar- un temps donné, d’où il est ensuite aisé de déduire,
gent soit compté à la livraison l’usage, à Paris, dans
: à l’aide de la capacité connue des augets, le volume
le commerce de demi-gros, est de ne payer que 4, 5 du gaz qui a traversé le compteur.

ou 6 semaines après la livraison. Quand on stipule la
condition C. à livrer ou sur balle, cela veut direqu’on
COMPTOIRS (de compter), établissements com-
merciaux d’une nation à l’étranger. Dans ce sens,
exige qu’aussitôt que la marchandise a été agréée et ce mot est synonyme de factorerie ( Foy. ce mot).
pesée, le montant en soit acquitté sur-le-champ par — Succursales de la Banque de France dans les prin-
l’acheteur, même avant qu’elle soit enlevée : c’est cipales villes des départements. F. banque de France.
I ce qu’on appelle aussi comptant compté. COMPTOIR NATIONAL d’escompte. Oïl nomiiie ainsi des
COMPTÉ (du latin computus, fait de computare, espèces de banques nationales et temporaires, qui
supputer). Dans le Commerce, on appelle C. cou-: furent fondéesen France à la suite des révolutions de
rant, tout crédit ouvert par un banquier à un par- juillet et de février, par une loi du 17 octobre 1830 et
ticulier, pour un temps illimité et p..jr toutes les par un décret du 7 mars 1848, pour venir au secours
affaires courantes; on dit aussi de négociants qu’iis du commerce en détresse , en escomptant les valeurs
sont en comptes courants lorsqu’ils se sont ouvert que les banquiers ne pouvaient plus escompter. Ces
un crédit réciproque pour toutes leurs affaires cou- établissements rendirent d’éminents services.
rantes; C. de bilan, celui qui ne s’ouvre au grand- CO.MPULSOIRE (de compulser, faire une recher-
livre que pour la clôture des livres C. de capi- che dans un registre ). C’est ainsi qu’on nomme en
;

tal, celui qui évalue tout ce que possède an négo- Procédure la voie prise dans le cours d’une instance
ciant, tant en meubles qu’en immeubles, déchargé de pour se faire délivrer expédition ou extrait d’im
toutes dettes et hypothèques ; C. de clerc à maitre, acte dans lequel on n’a pas été partie. La demande
I
celui où le comptable porte rigoureusement en recette à fin de compulsoire est formée par requête d’avoué
et en dépense tout ce qu’il a pu faire de bénéfice, de à avoué : elle est portée à l’audience sur un simple
I
frais ou de pertes dans sa commission Débet de acte , et j ugée sommairement sans aucune procé-
;
compte, l’excédant de la recette sur la dépense. — dure (Code de proc., art. 847). Le jugement est exé-
Dans la Comptabilité publique, on distingue : C. de cutoire, nonobstant appel ou opposition (art. 848).
gestion, celui qui est rendu par le comptable, et où COMPUT (du latin computus, calcul), ensemble
il est justifié de la régularité des recettes et des des calculs qui ont pour but de régler les époques des
dé-
penses; C. d’administration, celui qui est rendu fêtes mobiles. Le comput ecclésiastique a pour bases :
I par un administrateur, dans un but moral jilutôt le Nombre d’or, VEpacte, le Cycle solaire, Vlndic-
I
que financier, afin de faire ressortir la bonne ad- tion romaine et la Lettre dominicale. Voy. ces mots.
I
ministration ; C. de matières, qui repose sur les in- COMTE (du latin cornes, compagnon), titre nobi-
ventaires, sur les procès-verbaux d’entrée et de sortie liaire, qui se piace entre celui de baron et celui de
des matières , sur le visa d’agents spéciaux pour les- duc ou de marquis. La couronne de comte est un
I

dites entrées et sorties, etc.; C. de deniers, où il cercle d’or, à pointes surmontées de perles. Foy. le
est rendu compte de l’emploi des fonds. Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
COMPTE (monnaie de). Foy. MONNAIE. CONCAVE (de cavus, creux), se dit de toute sur-
COMPTES^(CODR DES). Foy. COUR DES COMPTES. face dont le milieu est déprimé. Foy. verres, miroirs.
COMPTE-FILS, instrument qui sert à apprécier CONCENTRÉ (du latin cum ensemble , et cen-
le degré de finesse d’une étoffe trum, centre), se dit, en Chimie, de tout corps en
, en permettant de
!

compter le nombre de fils qui entrent dans la trame dissolution dont on a rapproché les molécules, en
'
ou la chaîne, dans un carré de grandeur déterminée. diminuant, par l’action de la chaleur ou autrement,

\
, ,,,

CONC — 390 — CONC


Va proportion du liquide qui les tient dissoutes. On CONCERTANT. On appelle morceau concertant
concentre, par exemple, un acide en faisant évaporer une composition musicale destinée à faire briller al-
une partie de l’eau qui le tient en dissolution. ternativement les instruments ou les soix; style con-
En Médecine, le pouls est dit concentré lorsque certant ou concerté, un genre de musique d’église,
l’artère est peu développée sous le doigt qui la presse. moins sévère que le style a capella, accompagné par
CONCENTRIQUE, qui a le même centre. En Géo- l’orchestre, et qui se rapproche beaucoup du style
métrie, deux cercles ou deux courbes quelconques dramatique. —
On appelle encore concertants les ar-
qui ont un même centre se nomment concentriques. tistesqui se font entendre dans les concerts.
CONCEPT (en iatin conceptum, de concipere, con- CONCERTO, mot italien qui s’applique à une pièce
cevoir). Ce mot, qui, dans l’ancienne langue de la sco- de musique composée spécialement pour faire briller
lastique, était synonyme A’ idée, de notion, a été l’habileté d’un instrumentiste. Le concerto propre-
spécialement affecté par Kant et ses disciples à toute ment dit se compose de trois ou quatre morceaux de
idée qui est générale sans être absolue. Us distin- mouvements divers. Ceux de Mosart , de Viotli, de
guent des C. purs, qui n’empruntent rien de l’expé- Kreutzer, de Romberg, en sont d’excellents modèles.
rience externe, comme la notion de cause; des C. Le concertino ne comprend guère qu’un seul mor-
empiriques, dérivés de l’expérience, douleur, plai- ceau , divisé en deux parties , dont la dernière est
sir ; des C. mixtes, où entrent à la fois des données d’un mouvement plus animé.
de l’expérience et des données de l’entendement pur. Le concerto grosso était, au commencement du
CONCEPTACLE (de concipere, contenir). En Bo- XYiii® siècle, une sorte de symphonie avec des parties
tanique, ce mot désigne ordinairement les cavités qui principales de violon ou d’autres instruments. Ceux
contiennent les corpuscules reproducteurs des plan- de Corelli, de Geminiani et autres, ont donné nais-
tes cryptogames. — Il se prend aussi pour follicule. sance aux concertos et aux symphonies modernes.
CONCEPTION. En Psychologie, ce mot exprime CONCESSION. En Administration, on nomme
l’opération la plus simple de l’esprit, celle qui con- ainsi ce qui est accordé à un particulier ou à une so-
siste purement à saisir ou à se représenter les cho- ciété, à titre gratuit ou onéreux, par l’État, par un
ses, sans affirmation ni négation ; on l’oppose x ju- établissement public ou une commune :par exemple,
gement. Le même mot s’applique au résultat de cette l’exploitation d’une mine, d’un canal, d’un chemin
opération, à Vidée que la conception fait entrer dans de fer, une prise d’eau dans une rivière, l’établisse-
l’esprit. —
En Physiologie , la conception est pour ment d’un péage, etc. Ces concessions ne se font le
une femme le fait de devenir enceinte. Les Chré- plus souvent qu’avec concurrence. Celui qui obtient
tiens fêtent, le 8 décembre, la Conception de la la concession est dit concessionnaire.
Vierge, c.-à-d. le moment où la Vierge a été conçue CONCETTI (pluriel du mot italien concetto, qui
dans le sein de sa mère; cette conception est dite a la même signification), bon mot, pointe, pensée
immaculée, parce que la Vierge fut conçue exempte ingénieuse, délicate ou brillante, où il y a plus d’af-
du péché originel ( V. le Dictionn. univ. d’Hist. et de fectation et de faux brillant que de naturel et de
Géoqr.).—\]n ordre religieux en l’honneur de la Con- solidité ; tel est ce vers de Virgile, « 'Nec capti po-
ception de la Vierge a été fondé en Espagne ên 1484 tuere Ck9i,yi en parlant des Troyen^ et cet autre,
par Béatrix de Silva , parente d’Isabelle de Castille. que Racine met dans la bouche de Pyrrhus :
CONCEPTUALISME, doctrine fondée par Abai- Brfttè de plus de (eux que je n’en allumai.
lard , au commencement du xn® siècle , dans le but
de coucilier le Réalisme et le Nominalisme, consiste Les Italiens ont surtout recherché ce genre d’es-
à dire que ; bien que les Universaux n’aient pas, prit , et chez eux le mot concetti n’est pas pris
comme le voulaient les Réalistes, une existence ab- comme chez nous, en mauvaise part.
solue et indépendante, ils ne sont cependànt pas de CüNCIllFÉRES (du latin co«c/ia , coquille, et de
purs mots, comme le voulaient les Nominalistes; fera, porter), nom donnéparLamarckàune classe de
mais qu’à chaque nom d’une idée générale peut Mollusques qui correspond aux jlcepûa/e^ de Cuvier.
correspondre une conception, représentation vague de CONCHOIDE (du grec conchè conque), courbe
la chose , qui n’a d’existence que dans notre esprit. inventée par le géomètre grec Nicomède pour ré-
CONCERT (du latin concenius, même significa- soudre les problèmes de la duplication du cube et
tion) On distingue les C. à grand orchestre et avec
. : de la trisection de l’angle. Cette courbe, indéfiniment
chœurs; les C. de salon, danà lesquels le piano, ac- prolongée, se rapproche de plus en plus d’une ligne
compagné ou non d’autres instruments, tient lieu droite, mais sans jamais la rencontrer. F. asymptote.
d’orchestre; les Festivals, où des masses considé- CONCHOLÉPAS (du grec concha, coquille, et lé-
rables d’artistes se réunissent pour exécuter les chefs- pas, patelle), genre de Mollusques gastéropodes de
d’œuvre des grands maîtres; les C. purement vo- l’ordre des Scutibranches, ne renferme qu’une seule
caux, comme ceux de VOrphéon, etc. espèce elle est remarquable par l’ouverture très-
:

On donna d’abord des concerts d’instruments d’une ample de sa coquille uuivalve, et par les deux pe-
seule espèce, violons, flûtes, hautbois, etc. ;
ce n’est tites dents qu’elle porte à la base de son bord droit.
qu’à la ün du xVn« siècle que l’ori imagina de faire Cette coquille est fort prisée par les amateurs.
jouer ensemble des instruments d’espèces différen- CONCHYLIOLOGIE (du grec conchylia, coquille
tes. Les premiers concerts publics furent établis en et logos, discours), partie de la Zoologie qui s’occupe
France en 1725 par Philidor. On les appelait con- de l’étude des Mollusques à test ou Coquillages. C’est
certs spirituels, parce qu’on n’y exécutait que de la depuis les travaux de Laraarck, de Blainville et de
musique sacrée. Depuis, le nombre des concerts pu- Cuvier, qu’on est parvenu à établir une méthode
blics s’est considérablement accru. — Parmi les plus naturelle de classification en Conchyliologie (Voy.
célèbres associations musicales qui ont donné ou qui mollusques). On doit à M. le Dr Chenu la Descrip-
donnent des concerts à Paris, on peut citer le Con- : tion de toutes les coquilles connues, avec figures
cert de l’hôtel Souhise (1770-79), la Loge Olympi- etàM. Deshayesun Traité élém. de Conchyliologie.
que 1780-89) , le C. de la rue de Clénj (1789), le
(
CONCILE (du latin concilium, même signification),
C. Feydeau (1794), la Société des concerts du Con- assemblée d’évêques de l’Église catholique légalement
servatoire (1801-14, et de 1828 jusqu’à présent), la convoqués pour délibérer et décider sur des questions
meilleure de toutes; 1« C. du Vauxhall (1815-29), de doctrine et de discipline. Pour leur énumération,
V Athénée musical (1829 etann. sniv.), les Enfants Foi/, le Dicl. univ. <rilist. et de Géogr.
d’Apollon (de 1741 jiiS(iu’aMjourd’liui) , la Société des CONCILIABULE (diminutif do concile), assem-
concerts de musique vocale religieuse, etc. (1843
,
blée convoquée hors du sejn de l’Eglise, par des hc-
etsiiiv.), la Société philharmonique, etc. réti'pies ou des schismatiques, dans un but d’oppo-
, , ,

GONG — 391 — CONG


sition. Oq connaît surtout conciliabule du Chêne,
le CONCORDANCE. En Grammaire, on appelle ainsi
qui déposa saint Jean Chrysostôme, et qui fut ainsi l’accord des mots les uns avec les autres sous le rap-
nommé, parce qu’il se réunit dans un quartier de la port du genre, du nombre, de la personne (Voy. ac-
vilie de Chalcédoiue , dit le quartier du, Chêne; et cord) La syntaxe de concordance est la partie de la
.

celui qu'on a nommé le Brigandage d’Éphèse, qui syntaxe qui traite de l’accord des mots; on l’oppose
condamna le concile de Chalcédoiue, auaüiématisa à la syntaxe de dépendance.
le pape saint Léon , et maltraita ses légats. On appelle Concordances de la Bible des dic-
Aujourd’hui, ce mot se dit de toute réunion secrète tionnaires ou index qui renferment, par ordre al-
de gens à qui l'on suppose des desseins coupables. phabétique, tous les mots de la Bible, avec l’indica-
Chez les Romains, on appelait conciliabule le lieu tion du livre et du chapitre, et la citation textuelle
où les préteurs , les propréteurs , les proconsuls du passage où ils se trouvent. L’idée en est due à
tenaient leurs assemblées pour rendre la justice. On Hugues de Saint-Cner, premier cardinal de l’ordre
donna le même nom aux marchés tenus par ordre de Saint-Dominique, mort en 1262 il fit exécuter le;

de ces mêmes magistrats en certaines occasions. premier ouvrage de ce genre par cinq cents moines
CONCILIATION. En Droit,on appelle ainsi Taccord de son abbaye. Les Concordances les plus estimées
que le juge de paix cherche à établir entre deux sont celles de Lucas de Bruges (Cologne, 1684, in-8),
personnes qui ont un différend. Au début de tout d’Er. Schmidt, de G. de Zamora, etc. M. Dutripon
procès cixil , à l’exception de certains cas pi évus dans a publié en 1838 une nouvelle Concordance de la Bi-
l’article 49 du Code de procédure civile , la loi exige ble (
grand in-4 de 1,500 pages, à 3 col.).
un essai de conciliation. Le défaut de cette formalité CONCORDANT , nom donné, dans la Musique vo-
suffirait pour faire rejeter l’instance. cale, à celle des parties qui tient le milieu entre la
CONCLAVE (du latin conclave, chambre; formé taille et la basse, et qu’on appelle aussi ténor
;
en —
lui-même de conclavatus, enfermé sous clef), le lieu Poésie, à des vers qui ont plusieurs mots communs,
où s’assemblent les cardinaux pour élire un pape, et qui cependant présentent un sens opposé; exemple ;

et le collège même
des cardinaux ainsi assemblés.
Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. lupus / “* ®‘
\ \ nulritur J 1 vastat. }
CONCLAVISTE, ecclésiastique qui s’enferme dans Aujourd’hui, on ne trouve plus guère devers con-
le conclave avec un cardinal pour le servir. Les con-
cordants que dans les scènes d’opéra, où plusieurs
clavistes ont plusieurs privilèges : ils obtiennent gra-
personnages chantent ensemble ; exemple :
tis, après le conclave, les bulles dont ils peuvent
avoir besoin ; ils ont le droit de bourgeoisie dans la Je m'abandonne
"e
ville de l’Etat ecclésiastique qu’ils ve\ilent choisir, etc.
CONCLUSION. Dans on appelle con-
la Pratique, CONCORDAT (de coyicorde), accord fait entre le
clusions le résumé des demandes qu’une partie forme pape et un souverain concernant les affaires reli-
contre la partie adverse et qu’elle se propose de justi- gieuses. Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
fier. On distingue les C. au fond, qui sont relatives à la Sous l’ancien régime, on appelait aussi Concordat
contestation en elle-même, comme dans le cas où l’on une sorte de traité par lequel des officiers au service,
demande qu'une obligation soit annulée comme étant afin de se procurer de l’avancement, assuraient une
le fruit de l’erreur; les C. exceptionnelles par les- prime à celui qui, pourvu d’un grade supérieur, vou-
quelles, sans examiner si la prétention de son adver- lait quitter le service. Les concordats furent prohibés
saire est bien fondée, le défendeur demande une me- dès qu’on s’occupade réprimer la vénalité des emplois.
sure préjudicielle, par exemple, la nullité de l’exploit Aujourd’hui, dans le Commerce, on nomme Con-
introductif d’instance ou le renvoi des parties devant cordat l’arrangement qu’un débiteur hors d’état de
un autre tribunal; les C. principales, celles que remplir ses obligations fait avec la masse de ses
prend d’abord une partie , et qu’elle demande qu’on créanciers, et qui a pour objet de lui permettre de re-
lui adjuge par préférence; les C. subsidiaires, que prendre le cours de ses atfaires.Tout traité par lequel
prend une partie pour le cas où le juge refuserait les créanciers, abandonnant leurs droits antérieurs,
de lui accorder ses conclusions principales. consentent novation avec le failli, constitue un con-
Conclusion, en Logique. Voy. syllogisme. cordat. Ce qui concerne les concordats est réglé par le
CONCOMBRE, Cucumis, genre de la famille des CodedeComm. (607-525) et par la loi du 26 juin 1856.
Cucurbitacées , renferme un grand nombre d’espè- CONCOURS (du latin concursus, même signif. ).
ces, toutes annuelles, herbacées, à tiges rampantes Pendant longtemps, le mode des concours a ôté adopté
ou grimpantes. Elles sont originaires des régions en France pour la nomination aux chaires des Facul-
chaudes de l’ancien continent. On distingue les Con- tés de Droit et de Médecine, pour les titres d’agrégés
combres pr-oprement dits, les Melons et les Du- près les Facultés des Lettres et des Sciences, ainsi
dàims. Parmi les premiers, on remarque surtout le que pour ceux d’agrégés dans l’Instruction secon-
C. commun plante potagère , à tiges longues , ra- daire. Le décret du 9 mars 1852 a remplacé le con-
meuses, rudes au toucher; à fleurs jaunes; à fruits cours pour ies chaires des Facultés parla nomination
allongés, presque cylindriques, faiblement recour- directe. —
A l’Académie française et dans les quatre
bés en arc, de couleur blanche, verdâtre ou jaune. classes de l’Institut, chaque ahnée on ouvre des con-
Ils sont aqueux, d’un goût légèrement pi ononcé, se cours pour des prix de poésie et d’éloquence. Il y a
mangent cuits ou crus et confits dans le vinaigre ;
,
aussi, à l’école des Beaux-Arts, un concours entre les
c’est un mets froid , rafraîchissant, mais difficile à élèves de peinture, de sculpture, d’architecture, de
digérer. On s’en sert aussi pour fabriquer la|) 0 >nwia«?e gravure et de musique, pour le grand prix de Rome.
de concombre, cosmétique employé pour adoucir la On appelle Concours général la lutte académi-

peau et l’empêcher de se gercer. Les autres variétés que qui a lieu, chaque année, entre l’élite des élèves
les plus connues sont le C. hâtif de Hollande, le C. des lycées de Paris et de celui de Versailles, depuis
jaune et le C. vert long; le C. petit-vert, appelé Cor- les classes de rhétorique, de philosophie, de mathé-
nichon,^ et que l’on confit au vinaigre le C. de Rus- matiques, jusqu’àcellede troisième. Chaque lycée en-
;
sie, qui est presque rond, et qui vient par bouquets ; voie 10 élèves par classe (12 quand il y a deux di-
le C. arada, qui n’est pas plus gros qu’une noix; le visions). La distribution des prix a lieu vers la mi-
G. serpent, originaire de ITnde, et qui doit son nom aoiU, dans la grande salle de la Sorbonne, sons ia
à sa forme allongée et à scs contours; le C. amer présidence du ministre et en présence du Conseil de
ou Coloquinte ( Voy. ce mot). —
On a étendu le nom rinstruclion publique. —
Le concours général a été
de Concombre à diverses espèces de Courges et à plu- fondé en 1746 par un legs de Legendre , chanoine
sieurs plantes du genre Giclet. Voy. ces mots. honoraire de la métropole, pour les classes de rhi -
, , , , ,

CONC — 392 — GOND


torique, de seconde et de troisième. Le concours fut revenus publics, qui se seront rendus coupables de
successivement étendu à d’autres classes , en 1749 concussion, seront punis, savoir : les fonctionnaires
par le père Coffln, et en 1750 par le chanoine Collot. ou les officiers publics, de la peine de la réclusion,
Interrompu en 1793, il fut rétabli en 1801, et s'ou- et leurs commis ou préposés d’un emprisonnement
vrit entre les écoles centrales; depuis 1805, il a lieu de deux ans au moins et de cinq ans au plus. Les
annuellement entre les lycées de Paris; en 1819, coupables seront, de plus, condamnés à une amende
le collège de Versailles fut admis à concourir; Sta- dont le maximum sera le quart des restitutions et des
nislas et Sainte-Barbe (Rollin) obtinrent la même dommages-intérêts, et le minimum le douzième.»
faveur en 1822. La liste des lauréats est imprimée CONDAMNATION. On appelle C. contradictoire
chaque année. M. Jarry de Mancy a publié, sous le celle qui est prononcée après que les parties ont été
titre de Livre d'honneur, un relevé des sujets nom- entendues dans leurs moyens de défense ; C. par dé-
més au Concours jusqu’en 1846. La plupart des com- faut, celle qui est prononcée contre une partie qui ne
positions couronnées au Concours général ont été re- s’est pas présentée en matière criminelle, elle prend
:

cueillies par les librairies classiques. le nom de C. par contumace. On nomme C. soli-
CONCRET ;du latin cowcre^w^, mêlé, composé). En daire celle qui s’exécute solidairement contre plu-
Philosophie, ce mot désigne un être, une idée envi- sieurs condamnés; C. par corps celle qui entraîne
sagés avec tous leurs éléments réunis, substance et l’emprisonnement de la personne condamnée. —
qualités; on l’oppose au mot abstrait (Poÿ. abstrac- Sous le rapport des peines, on distingue les C. au
:

tion). — En Arithmétique, les nombres concrets, grand criminel , la réclusion, les travaux forcés, le
qu’on oppose aussi aux nombres abstraits, sont ceux bannissement, la dégradation civique, la déportation,
qui sont accompagnés de la désignation de la qualité la surveillance de la haute police, la peine de mort,
de leurs unités, tels que 20 hommes, 40 chevaux, etc. auxquelles se joignaient naguère l’exposition, la con-
— En Cliimie, on appelle substances concrètes celles fiscation, la mort civile; les C. en police correct.,
qui ont une consistance plus ou moins solide, par qui sont l’amende, la confiscation, l’interdiction des
opposition à celles de même nature qui sont fluides : droits civils ou civiques, l’emprisonnement, la sur-
ainsi, le camphre est une huile volatile concrète. veillance de la police; les C. en simple police l’a-
CONCRÉTION ( du latin concretio action de s’é- mende, la confiscation et un court emprisonnement.
paissir). En Géologie, on appelle ainsi des substan- CONDENSATEUR électrique, appareil dans le-
ces minérales qui se présentent sous forme de ma- quel on accumule de l’électricité dissimulée. 11 est
melons irréguliers , accolés les uns aux autres. Les composé essentiellement de deux lames conductri-
stalactites, les stalagmites, l'albâtre oriental, cer- ces, séparées par une lame non conductrice. Le con-
tains dépôts formés par les eaux, quelques sables dur- densateur le plus usité est un électroscope à feuilles
cis et consolidés peuvent être considérés comme de d’or, sur lequel on adapte deux plateaux métalli-
,
véritables concrétions ; enfin, les petites masses glo- ques, minces et bien dressés : le plateau supérieur
buleuses et calcaires que l’on nomme dragées de Ti- est mobile , et s’enlève par un manche isolant ; le
voli sont aussi des concrétions. — En Pathologie plateau inférieur est fixé à la garniture de la cloche
concrétion est synonyme de calcul (Voy. ce mot). de Télectroscope ; les deux plateaux sont enduits , à
On donne le nom de concrétions osseuses ou topha- leur face de contact, d’un vernis de gomme laque.
cées aux ossifications accidentelles qui se forment â On emploie ce condensateur pour accumuler et faire
l’intérieur de quelques organes, notamment du foie. ainsi connaître des sources d’électricité d’une très-
CONCURRENCE. Ce mot est spécialement appliqué faible tension : à cet effet , on met le plateau supé-
par les Économistes à la rivalité dans l’industrie et le rieur en communication avec cette source; puis on
commerce. On s’est partagé sur les avantages et les touche avec le doigt la partie métallique nue de
inconvénients de cette espèce de concurrence : pour l’autre plateau; l’électricité se condense ainsi dans le
les uns elle est une conséquence nécessaire et légitime plateau supérieur, agit par influence sur l’autre pla-
de la liberté, la condition de tout progrès, le moyen teau , chasse l’électricité de même nom à travers le
le plus sùrde mettre un juste prix aux marchandises
;
corps de l’opérateur, et attire le fluide de nom
les autres n’y voient qu’une lutte déplorable qui en- contraire dans les parties les plus rapprochées du
traîne la ruine delà plupart de ceux qui s’y livrent; plateau inférieur ; quand on enlève le plateau supé-
ils y trouvent la source de toutes les trompei'ies des rieur, le fluide de l’autre plateau , devenu libre , se
commerçants, de toutes les falsifications de l’indus- répand dans toutes les parties inférieures de l’appa-
trie. On a essayé de remédier aux inconvénients de reil, et produit dans les feuilles d’or de Télectroscope
la concurrence, soit en limitant le nombre des fabri- un écartement proportionné à son énergie. C’est â
cants, comme cela avait lieu avant 1789 (Voy. ju- Volta que Ton doit l’invention de ce condensateur.
randes et MAÎTRISES ) , soit en fixant un minimum CONDENSATION (de condenser), rapprochement
pour les marchandises, soit, enfin, en mettant entre des molécules d'un corps, diminution de volume et
les mains du gouvernement la direction de toute augmentation de densité qu’un corps acquiert par
l’industrie (Voy. socialisme); mais tous ces moyens l’accroissement de la pression ou l’abaissement de la
oppresseurs ont été justement repoussés. C’est encore température. Ces deux causes réunies ont donné le
aujourd’hui, pour l’économiste et pour le législa- moyen de condenser tous les gaz, excepté Toxygène,
lateur, le plus grand et le plus intéressant des pro- l’hydrogène etl’azote (Voy. gaz). —La rosée, le gi-
blèmes de régler la concurrence sans nuire à la li- vre, la pluie, les brouillards, les nuages, la neige,
berté légitime et aux vrais progrès de l’industrie. sont des phénomènes dus à la condensation des va-
CONCUSSION (du latin concussio, extorsion, con- peurs de l’atmosphère. Voy. congélation.
cussion), exaction ou malversation commise par un CONDIMENT, syn. d'assaisonnement. Voy. ce mot.
fonctionnaire dans l’administration ou la manuten- CONDITION. En Droit, on nomme ainsi tout évé-
tion des deniers publics. Ce crime était fort commun nement futur et incertain duquel on fait dépendre
à Rome, ce qui fit appeler cette ville, par Jugurtha, une disposition ou une obligation l’obligation est
:

ville vénale : il y avait pourtant dans cette ville un dite alors conditionnelle (Code civ.,art. 1168). On
tribunal permanent pour juger les faits de concussion. distingue : C. de droit ou légale, celle que la loi
En France, sous l’ancienne monarchie, les con- impose et qui est toujours suppléée,quand même elle
cussionnaires étaient punis très-sévèrement, même ne serait pas exprimée dans l’acte ; C. de fait, celle
du dernier supplice; en outre, leurs biens étaient qui a pour objet des faits exprimés dans l’acte; C.
conGsqués. — D’après l’article 174 du Code pénal ; expresse celle qui est exprimée dans l’acte ou dans
« Tous fonctionnaires , commis ou préposés , tous la loi; C. tacite, celle qui n’est point exprimée dans
percepteurs des droits, taxes, contributions, deniers. l’acte, mais qui résulte de la nature du contrat ou
, , ,

GOND 393 — CONE


de la loi; C. impossible, celle qui est contraire aux Conducteurs électriques. 11 existe, comme pour
de nature physique; C. potestative, qui dé-
la la chaleur, de bons et de mauvais conducteurs du
lois
pend uniquement du pouvoir de l'une ou de l’autre fluide électrique. Le sol est un assez bon conducteur.
des parties; C. T’e'vo/MfoiVe, de l’existence de laquelle L’eau et la vapeur d’eau sont de bons conducteurs ;
il en est de même du corps humain ; quand un
on fait dépendre la résolution d’un engagement; C.
suspensive, événement futur à l'existence duquel homme est debout sur un mauvais conducteur,
on subordonne l’accomplissement d’une convention comme un gâteau de résine, il s’électrise dans toute
(art. 1170-71, etc.). son étendue; quand il touche au sol, il perd son
CONDITION DES SOIES. On appelle ainsi dans le électricité et la lui transmet. Les métaux sont les
,

commerce des un établissement public ad-


soies meilleurs conducteurs qu’on connaisse. L’air sec est
,

ministré par les chambres de commerce, et dans un corps non conducteur; mais, dans l’air humide ,
lequel, au moÿen d’une étuve disposée à cet effet,' l’électricité se dissipe promptement; le verre, le

toutes les soies sont ramenées à un degré fixe et soufre, la résine , la soie, la gomme laque , sont de
commun de Les soies se vendant au poids
siccité. mauvais conducteurs. Les plus mauvais conducteurs
et ce poids variantconsidérablement, suivant le de- deviennent assez bons lorsqu’on les humecte de
gré d humidité de la soie, la déclaration de leur état quelque vapeur aqueuse ; c’est pourquoi il faut
ou condition est une garantie nécessaire pour la sin- chauffer les corps pour les sécher avant de les sou-
cérité des transactions entre le vendeur et l’acheteur. mettre au frottement qui doit les électriser. Les corps
Les premières conditions ont ôté étabiies à Turin mauvais conducteurs sont aussi appelés corps iso-
vers 1750. En France aujourd’hui, il en existe à Paris, à lants, parce que les corps électrisés qui reposent sur
Lyon, Avignon, St-Étienne, Nîmes, Privas, Aube- eux sont véritablement isolés du sol, et conservent
nas, Tournon, Cavaiiion, etc.; la condition de Lyon longtemps l’électricité qu'ils possèdent. —Les con-
a été établie par un décret du 23 germinal an Xlll. ducteurs d’une pile sont les deux fils métalliques
Le droit exclusif de fonder ces établissements et de qui puisent l’électricité aux deux pôles.
les administrer a été concédé aux Chambres de com- CONDUCTIBILITÉ, se dit, en Physique, delà pro-
merce par ordonnance de 1832 et décret de 1851. priété que possèdent les corps de transmettre la
CONDITIONNEL (dans les verbes). Voy. mode. chaleur ou le fluide électrique. Voy. conducteur.
CONDOR, Sarcoramphus gryphus, espèce d’oi- CONDUIT. En Anatomie, ce motest synonyme de
seau de proie du genre Sarcoramphe et de la famille canal; ou connaît surtout les C. auditifs, qu’on dis-
des Vautours , est appelé aussi Vautour des Atides. tingue en C. auditif externe ou articulaire, com-
Le mâle a sur la tête une crête cartilagineuse , gar- mençant au fond de la conque de l’oreille, et aboutis-
nie de petites papilles mamelonnées , de couleur sant à la caisse du tympan, et C. auditif interne ou
rouge violet ou violet presque noir. L’arrière de la labyrinthique, creusé dans l’épaisseur du roclier; les
tête et le cou , le dessous de la gorge , ainsi que le C. nourriciers qui transmettent dans l’intérieur
sabot, sont nus comme chez les Vautours, et de la des os les vaisseaux destinés à leur nutrition , etc.
couleur de la tète. Tout le plumage du corps, ainsi CONDUPLIQUE (du latin cum, ensemble, et dupli-
que la queue et une partie des ailes, sont d’un noir catas, doublé), épithète donnée, en Botanique, aux
grisâtre; le reste est blanc. Les ailes du Condor ont feuilles qui, dans le bourgeon, sont pliées en double
jusqu’à 2 m. et demi d’envergure , et sou corps a dans le sens de leur longueur, comme celles du til-
plus d’un mètre de long. Le condor est un des plus leul, du rosier, du cerisier, etc. Les cotylédons sont dits
grands oiseaux de proie et celui dont le vol est le condupliqués quand ils offrent la même disposition.
jilus élevé. 11 habite les plus hauts pics de la chaîne CONÜYLE ( en grec condylos, jointure, articula-
des Andes, près de la limite des neiges, et ne descend tion), ancienne mesure linéaire de l’Asie et de l’É-
guère dans les vallées que pour y chercher sa proie. gypte , valant un peu plus de deux centimètres. —
11 n’a pas d’autre aire que la surface nue des rochers. En Anatomie, on nomme ainsi les éminences des
CONDOTTIERI (du latin conductus loué), nom articulations qui sont arrondies dans un sens et
sous lequel étaient connus, en Italie, les capitaines aplaties dans l’autre , telles que celles de l’extrémité
d’aventuriers qui, pendant le moyen âge, se mettaient inférieure du fémur, de la mâchoire , etc.
à la solde des différents princes de cette contrée. CONDYLOME (du grec condylos, jointure), ex-
CONDUCTEUR. Dans l’administration des Ponts croissance de chair molle, indolente, résultant delà
et chaussées, ou appelle conducteurs des agents pla- végétation morbide du tissu cellulaire cutané, et qui
cés directement sous les ordres des ingénieurs et au- se développe en diverses parties du corps.
dessus des piqueurs, pour la surveillance des travaux CONDYLOPES (du grec condylos, articulation, et
des routes, des ponts, des canaux, etc. Pendant long- de pous, pied ; c.-à-d. pieds à jointures), nom donné
temps, ces fonctionnaires ont été exclus des rangs des par Latreille à une division des Articulés comprenant
ingénieurs; une loi du 30 nov. 1850 leur a conféré le les Crustacés, les Arachnides et les Insectes ; animaux
droit d’entrer dans ce corps, en satisfaisant à certai- qui ont les pieds composés de plusieurs articles.
nes conditions d’aptitude. ’Tcfut ce qui les concerne CONDYLURE ( du grec condylos, articulation, et
est réglé par le décret du 13 oct. 1851, portant or- aura, queue), Condylurus, genre de Carnassiers
ganisation du corps des Ponts et chaussées. insectivores , de la triïm des Talpiens de Blainville,
En Physique, conducteur se dit de tout corps qui a pour caractères ; le corps trapu, le museau très-
transmet la chaleur ou le fluide électrique : prolongé, garni de crêtes membraneuses disposées
Conducteurs calorifiques. La conductibilité des en étoile autour des narines ; point d’oreilles exter-
corps pour la chaleur est plus ou moins rapide, nes; les yeux extrêmement petits; les pieds anté-
suivant leur nature. On nomme bons conducteurs les rieurs com t^ , larges et robustes, à 5 doigts munis
corps qui se laissent pénétrer facilement par la cha- d’ongles, et propres à fouir, de même que ceux des
leur, et qui prennent rapidement la température taupes ; les pieds postérieurs grêles , à 5 doigts ; la
qu’ils doivent avoir tels sont, en général, les mé-
: queue de longueur médiocre. Ces animaux sont à peu
taux; mauvais conducteurs, ceux qui se laissent pé- près de la taille des taupes ; ils en ont les formes et
nétrer moins facilement, et qui sont plus lents à se les habitudes. On les trouve dans l’Amérique du Nord.
mettre en équilibre de température dans toutes leurs CONE (de grec cônos), solide dont la base est un
parties : l’eau , le verre , le soufre le charbon les cercle et qui se termine par le haut en une pointe
, ,
pierres de différentes espèces toutes les substances
,
qu’on appelle sommet. On peut considérer le cône
végétales et animales sont, en général, de mauvais comme une pyramide dont la base serait un poly-
conducteurs ; les liquides et les gaz sont les plus mau- gone réguher d’un nombre infini de côtés, La ligne
vais conducteurs qu’on connaisse. droite menée du sommet d’un cône au centre de sa
, , ,, , ,

CONF 394 CONF


oase se nomme Vaxe; la hauteur d’un cône est la ner une affaire en litige ou à discuter une question.
perpendiculaire abaissée de son sommet sur le plan Telles sont les Conférences diplomatiques entre les
de sa base ; on nomme côté du cône toute droite ministres plénipotentiaires, pour préparer un traité
menée sur la surface convexe du sommet à la base. de paix, d’alliance ou de commerce ; les Conférences
Le cône est droit lorsque l’axe est perpendiculaire religieuses qui ont lieu entre les ministres de diver-
à sa base; il est oblique, lorsque l’axe est incliné; ses religions pour amener un rapprochement (comme
dans le premier cas , il est engendré par la révolution le Colloque de Poissy), ou entre les ministres d’un
d’un triangle rectangle autour d’un des côtés de l’an- même culte pour traiter de questions religieuses,
gle droit. On nomme C. tronqué une portion de cône notamment les Confér. cantonales, établies depuis
dont on a retranché la partie supérieure, en le cou- plusieurs siècles en divers diocèses de France ; telles

pant par un plan parallèle à la base. La surface con- sont encore dans les diverses Faculté* les réunions
vexe du cône droit est égale à la moitié du produit entre docteurs ou étudiants, comme autrefois, dans
de la circonférence de sa baise par le côté du cône. La la Faculté de théologie , tes C. de la Sorbonne et
surface convexe du cône tronqué est égale au produit celles de Saint- Sulpice et aujourd’hui, au Palais,
de son côté par la demi-somme des circonférences la C. rfesauoeafs, réunion des. avocats stagiaires, sous
des deux bases. Le volume du cône est égal au produit la présidence du bâtonnier de Tordre pour s’exer-
de sa base par le tiers de sa hauteur. Tout cône est cer aux luttes du barreau. — ,

Les professeurs qui font


le tiers d’un cylindre de même base et de même hau- des cours à l’École normale portent le nom de Maî-
teur. — On nomme C. semblables ceux dont les tres de conférences. — On donne aussi le nom de
axes sont entre eux comme les diamètres de leurs Conférences à une explication du dogme catholique
bases ; les volumes de deux cônes semblables sont faite en chaire par un prédicateur, telles que celles
dans ,1e même rapport que les cubes de leurs hau- de Tabbé Frayssinous à Saint-Sulpice au commence-
teurs, ou que les cubes des diamètres de leurs ba.ses. ment de ce siècle; et de nos jours, celles des PP. La-
CÔNE , Conus, genre de Mollusques gastéropodes cordaire et Ravignan à Notre-Dame.
de Tordre des Pectinibranches, famille des Bucci- Dans certaines cours , notamment en Allemagne
noides, est caractérisé par une coquille dont la spire, on nomme Conférences une sorte de conseil privé
tout à fait plate ou peu saillante, forme la base d’un où se traitent les affaires politiques les plus impor-
véritable cône dont la pointe est à l’extrémité op- tantes ; les membres de ce conseil sont appelés Mi-
posée ; l’ouverture étroite , rectiligne ou à peu près, nistres des conférences.
s’étend d’un bout à l’autre, sans renflements ni plis. En Théologie et en Droit, on appelle Conférences
Tous les Cônes sont recouverts d’uii épiderme mem- ou Collations certains ouvrages dans lesquels on a
braneux, qui, lorsqu’il est desséché , s’enlève par rapproché différents textes sur les mêmes sujets.
couches longitudinales. On en connaît près de 200 es- CONFERVES ou confervées (de conferruminare,
peces, habitant toutes les mers : le C. drap d'or, d’un souder, pmee que, au dire de Pline, on attribuait aux
beau jaune doré, avec des lignes ondulées de brun et conferves la propriété de souder les os fracturés )

de taches blanches triangulaires; le C. amiral ou C. tribu de la famille des Algues , section des Zoosper-
cedo-nulli, \ Ecorcede citron,\’ Ecorce d' orange, etc. mées, est caractérisée par des filaments tubuleux,
En Botanique , on appelle cônes, à cause de leur cylindriques, vitrés, simples ou rameux, articulés;
forme conique, les chatons qui supportent les fleurs la fructification consiste en des gemmes intérieures,
femelles des végétaux conifères. Ces cônes, que Ton tout à fait nues, non capsulaires. Les Conferves ha-
a aussi nommés strobiles, sont composés d’écailles bitent les eaux douces ou salées, la surface des bois
persistantes, ordinairement disposées en cône. C’est pourris et des murs humides. La sécheresse les dé-
à Taisselle de ces écailles que sont les fleurs et plus truit. Le genre Conferve, type de la tribu des Con-
tard les fruits. Telle est la pigne ou pomme de pin. fervées, ne compte pas moins de 150 espèces. Quel-
CONFARRÉATION (de cum, avec, et far, blé ou ques-unes , telles que la Conferva rivularis multi-
farine) , une des trois formes de mariage usitées plient de telle sorte qu’elles remplissent rapidement
chez les Romains, était ainsi nommée parce qu’elle les ruisseaux. Un autre genre, le Batrachosperme,y\x\-
consistait dans l’offrande d’un gâteau de froment gairement Frai de grenouille, renferme des plantes
apporté par la nouvelle épouse. Voy. mariage. gélatineuses, dont la surface est tellement onctueuse
CONFECTION (du latin cum, ensemble, et fa- et glissante, que ces plantes, lorsqu’on veut les saisir,
cere, faire). Dans l’Industrie, cemot s’applique par- échappent des mains, comme le frai des Grenouilles.
ticulièrement à la fabrication en grand de certains CONFESSEUR {àcconpteri, avouer). On nom-
objets {Voy. confectionneur). —
En Pharmacie, il mait ainsi dans la primitive Église le chrétien qui
est synonyme A’électuaire et (Vopiat : il ne s’ap- professait publiquement sa foi , et qui était disposé
plique guère qu’à des électuaires très-composés et à souffrir et à mourir pour elle; on confond souvent
inusités aujourd’hui. confesseur et martyr, quoique Ton pùt cependant
CONFECTIONNEUR, industriel qui fait l’entre- confesser sa foi sans subir le martyre. —
Aujourd’hui,
prise des divers ouvrages de couture (lingerie, vête- ce mot désigne les prêtres qui ont le pouvoir d’enten-
ments, etc.) ou d’objets de fourniment, nécessaires dre la confession et de donner l’absolution.
pour les troupes, les hôpitaux, les fabricants en gros. CONFESSION. La confession a été instituée par
CONFÉDÉRATION (du latin cum, ensemble, et Jésus-Christ, qui donna en ces mots à ses disciples le
fœdus, traité, alliance), réunion de plusieurs États pouvoir de remettre les péchés «Les péchés seront
:

souverains entre eux par un pacte commun


liés remis à ceux à qui vous les remettrez. » Év. selon
pour toutes mesures d’intérêt général , mais con-
les S. Jean, ch. 20, f 22. Le concile de Latran, tenu en
servant du reste leur indépendance propre pour tout 1215, fait aux fidèles une obligation de se confesser
ce qui regarde leur gouvernement intérieur tels : au moins une fois l’an. Les lois canoniques comman-
sont, en Europe, la Confédération aermanique, la dent aux prêtres le secret de la confession sous peine
C. nelvétirque en Amérique, les Etats-Unis, etc. d’une pénitence perpétuelle. La loi du secret ne lie
{Voy. leDicf. univ. d’Hist.etde Géogr.) pas seulement le confesseurpar rapport aux vivants,
Ce mot se disait autrefois en Pologne des associa- mais aussi à l’égard des morts. Les Calvinistes et la
tions que faisaient ies nobles et les grands, sans l’aveu plupart des sectes réformées rejettent la confession.
du roi, et souvent contre ses vues, pour maintenir la — Autrefois on prescrivait dans certains cas la con-
constitution de la république la Confédération de fession publiipie Nectaire, évêque de Constantino-
;
:

Bar est célébré dans l’hisloire de Pologne. ple j donna l’exemple de l’abolir, au iv‘ siècle. —
CONFÉRENCE. On nomme ainsi toute réunion po- Après la révocation de Tédll déNantes,on exigea des
litique, religieuse ou scientifique, destinée à termi- nouveaux convertis des billets de confession sous
, , , , ,

CONF — 395 — CONF


peine des galères perpétuelles et de la confiscation carmin ,
la cochenille , la laque carminée , et celle

des biens. Aujourd’hui les billets de confession ne du Brésil; en bleu, avec le bleu de Prusse et l’in-
sont exigés que pour le mariage religieux. digo; en jaune, avec le quercitron , le safran, le
Confession veut dire aussi profession de foi on : fustet, les graines d’Avignon et de Perse. Le choix
connaît surtout la C. d’Augsbourg, que firent les des matières colorantes a une grande importance :
Protestants dans la diète d’Augsbourg en 1530, et la celles qui sont empruntées au règne minéral olfrent
C. d'Emden, faite en 1562 par les Belges réformés. de graves inconvénients; aussi plusieurs sont-elles
CONFIRMATION (du latin confirmare, fortilier), sévèrement interdites. On trouve un Manuel du Li-
l’un des sept sacrements de l’Église, est comme le monadier et du Confiseur dans la collection Roret:
complément du baptême. Elle nous donne le Saint- CONFITURES. Voy. confiseur.
Esprit, avec l’abondance de ses dons, et nous rend par- CONFLIT (du latin conflictus lutte). Il y a
faits chrétiens. Ce sacrement ne peut être conféré conflit soit lorsque deux autorités s’attribuent la
qu’une fois. Il faut pour le recevoir être en état de connaissance d’une même affaire, soit lorsque, au con-
grâce. L’évêque seul a droit de confirmer : pour ad- traire, deux autorités se déclarent également incom-
ministrer ce sacrement, il impose les mains et ré- pétentes pour connaître d'une affaire : dans le pre-
cite en même temps une invocation au Saint-Es- mier cas, le conflit est povfff/'; dans le second, néga-
prit; il trempe ensuite le pouce de la main droite tif. — Le conflit, soit positif, soit négatif, prend le
dans le saint chrême et en fait un signe de croix nom de conflit de juridiction quand la difficulté naît
sur le front du confirmé, en disant : Je vous marque des prétentions ou du refus d’autorités de même
du signe de la croix et je vous confirme du chrême ordre, soit judiciaire, soit administratif; on l’appelle
du salut, puis il lui donne un léger soutllet sur la conflit d’attribution si la difficulté s’élève entre deux
joue, en disant La paix soit avec vous. Souvent le autorités d’ordres différents, par exemple de l’ordre
:

confirmé reçoit un nouveau nom à la confirmation. administratif ou de l’ordre judiciaire. —


Les conflits
Pendant Ion gtemps, la confirmation se conférait immé- de juridiction sont jugés par l’autorité immédiate-
diatement après le baptême : ce qui se fait encore auj. ment supéi'ieure aux autorités entre lesquelles a lieu
en Orient. —Dans les Communions évangéliques, la la contestation ainsi, les conflits entre deux tribu-
:

confirmation n’est que le renouvellemcn t des vœux du naux de instance sont portés devant la cour d’ap-
baptême et n’est pas envisagée comme un sacrement. pel ; ceux qui s’élèveraient entre deux cours d’appel,
En Rhétorique, la confirmation est la partie du devant la cour de cassation. —
Les conflits d’attri-
discours où l’orateur expose ses preuves. Il y a deux bution sont le plus souvent jugés par le conseil d’É-
choses à considérer dans la confirmation le choix
: tat. Tout ce qui regarde les conflits avait été réglé
des preuves, qui consiste à écarter les preuves fai- par une ordonnance du juin 1828. La Constitu-
bles, fausses ou contradictoires pour ne conserver tion de 1848 créa (art. 89) un tribunal mixte com-
que celles qui sont puissantes et solides, et Varran- posé de membres de la cour de cassation et de con-
gement des preuves, qui dépend toujours de la na- seillers d’Etat p>our juger des conflits d’attribution.
ture de la cause ou des circonstances du moment. Cette institution n’a pas été conservée par la Con-
Les rhéteurs ont appelé ordre homérique une dis- stitution de janvier 1852.
position des preuves telle, qu’on met au commence- CONFLUENT (du latin cum, ensemble , et fluere,
ment et à la fin les moyens les plus concluants, en couler). En Anatomie , on nomme confluent des si-
glissant au milieu ceux dont on se défie ; ils la nom- nus de la dure-mère, ou pressoir d’Hérophile, une
ment ainsi sans doute parce que Nestor, dans 1’/- cavité lisse , polie , irrégulière , située au-devant de
liade (iv, 297), range ses soldats en bataille d’après la protubérance occipitale interne , et formée par
un système analogue. la réunion des trois grands replis de la dure-mère.
CONFISCATION action d’adjuger des biens au
,
En Médecine, on nomme variole confluente celle
fisc pour cause de crime, de contravention ou de dé- dont les pustules sont si abondantes qu’elles se con-
lit. Chez les Romains, la confiscation, inusitée dans fondent on l’oppose à variole discrète.
:

les premiers temps do la république , devint d’une En Botanique, les anthères sont confluentes quand
application générale à partir de Sylla; elle dégé- les deux lobes paraissent n’en former qu’un seul ;
néra , sous les empereurs , en un instrument de pil- les cotylédons sont confluents lorsque, étant sessiles,
lage et de tyrannie. Tibère acipiit une immense ils se confondent par leur base.
fortune par les confiscations , et après lui Caligula CONFRERIE, société de personnes pieuses et li-
et Néron firent périr les hommes les plus vertueux bres, établie dans quelques églises pour se livrer en
pour s’emparer de leurs biens. Au moyen âge , la commun à des exercices de piété , comme pour ho-
confiscation était reçue chez presque toutes les na- norer particulièrement un mystère ou un saint; il
tions de l’Europe. La confiscation générale pour y a des confréries de dévotion (C. du St-Sacrement,
crime, en usage dans l’ancienne monarchie fran- de la Ste- Vierge de la Croix ) des confréries de
,

çaise, fut abolie en 1790 ; rétablie en 1792 et admise charité , de pénitents , etc. Plusieurs sont établies
par le Code pénal de 1810 pour les crimes d’atten- par des bulles de papes qui leur accordent des in-
tat à la sûreté de l’État et de fausse monnaie, elle dulgences. —
On appelle archiconfrérie certaines
a été abolie par la Charte de 1814. Néanmoins , il confréries , établies pour la plupart à Rome , aux-
existe encore une confiscation spéciale, pour cause quelles d’autres confréries se sont affiliées ; telles
de contravention en matière d’impôt ou de police : sont la C. du Gonfalon (pour la rédemption des cap-
elle porte alors sur le corps du délit
,
ou sur les cho- tifs), celles du Saint-Crucifix , des Agonisants. —
ses qui étaient destinées à commettre le délit (Code En 1836, il a été établi à Paris, à Notre-Dame-des-
pénal, art. 11, 470 , 477, 481). Victoires, une archiconfrérie sous le titre de C. du
CONFISEUR (de confire), celui qui fabrique et Très-saint et immaculé Cœur de Marie.
qui vend des confitures, des conserves, des dragées Confrérie de la Passion, association célèbre for-
et toute espèce de sucreries. On distingue les Confi- mée originairement de pèlerins, qui représentaient le
tures liquides ou fruits confits dans un sirop li- mystère de la Passion ; elle se transforma bientôt en
quide , telles que confitures de groseilles, de cerises, une troupe de comédiens patentée par Charles 'VI,
:

de pommes, de coing, etc. ; les C. sèches, qui com- elle fut interdite en 1541 par le parlement à cause ,
prennent les fruits entiers confits au sucre, les mar- des abus niixquels elle avait donné lieu.
melades, pâtes à demi solides faites avec les pul- CONFRONTATION (du latin cum, avec, et frons,
pes de fruits succulents, les gelées, les pâtes de fruits, front), formalité de Procédure criminelle par la-
tels que abricots
,
pommes , coings , etc. — Les con- quelle on met le témoin en présence de l’accusé ^
fiseurs colorent leurs sucreries en rouge, avec le pour qu’il ait à déclarer s’il le reconnaît. Outre
, , , , , ,, , , ,

GONG — 396 — GONG


cette confrontation, qu’on appelle réelle, on em- CONGÉNÈRE (du latin cum
avec , ensemble , et
ployait autrefois la C. littérale ou figurative dans genus, genre) , qui est de même
genre ou de même
laquelle on se bornait à lire devant l'accusé la dépo- espèce. En Anatomie, on appelle muscles congé-
sition du témoin absent ou décédé, pour figurer la nères ceux qui concourent à produire le même effet ;
confrontation. Le Code d’instruction criminelle (ar- on les nomme ainsi par opposition aux muscles an-
ticles 317-19) règle la manière dont la confrontation tagonistes, qui agissent en sens contraire.
doit se faire. CONGÈNIALou congénital (du latin cum, avec,
CONFUSION. D’après Farticle 1300 du Code civil, et genitus engendré). On appelle maladies ou af-
lorsque les qualités de créancier et de débiteur se fections congéniales celles qui dépendent de l’orga-
réunissent dans la même personne , il se fait une nisation primitive de l’individu, et qui existent en
confusion de droits qui éteint la créance. Ainsi, par principe au moment de sa naissance.
exemple, je suis débiteur ou créancier de Paul, je CONGESTION (du latin congerere amasser, ac-
deviens son héritier : il y a confusion, et, par con- cumuler). On appelle ainsi tout afflux du sang dans
séquent, extinction de mon obligation. les vaisseaux d’un organe , d’ailleurs sain, par suite
CONGE, Congium, mesure de capacité pour les de l’exagération de la force impulsive du centre cir-
liquides dont se servaient les Romains et les Juifs : culatoire. Le cerveau, le poumon, la rate, le foie,
elle valait 3 litres, 2 décilit. —
C’est, aujourd’hui, le sont les organes qui éprouvent le plus souvent les
aom d’un vase de bois ou de métal dont on se sert effets de la congestion. Le remède principal de la
dans les mines pour mesurer le minerai. congestion est la saignée. Voy. apoplexie et abcès.
CONGÉ (du latin barbare congeare, congédier, CONGIAIRE (de conge), gratification faite par les
renvoyer). Dans le Service militaire, on nomme ainsi empereurs au peuple romain. Elle consistait, dans
soit des permissions d’airsence temporaire [C. de se- l’origine,en un conge de vin ou d’huile, et elle con-
mestre, de convalescence etc.), soit des autorisa- serva le même nom dans la suite, quoiqu’on donnât
tions définitives de départ (C. de libération, C. de beaucoup plus d’un conge, et souvent même de l’ar-
réforme , etc.) . —
Dans l’Instruction publique , un gent au lieu de dons en nature.
congé est la permission accordée aux écoliers d’in- CONGLüBÉ (du latin cum, ensemble, et glohus
terrompre leurs études dans les établissements de
; globe), qui est assemblé en rond. En Anatomie, on
l’État, le nombre des congésest fixé par les règle- a appelé ÿ/anrfes conglobéesles, glandes ou ganglions
ments ; de ces établissements ne peuvent en
les chefs lymphatiques , à cause de leur forme. En Bota- —
accorder d’eux-mèmes. —
Én matière de Contribu- niiiue , on appelle feuilles ou fleurs conglobées les
tions indirectes, on nomme congé la permission que feuilles ou fleurs assemblées en houle. Ce mot est
donne la régie de transporter du vin, de la bière, quelquefois synonyme de Composées.
du cidre ou toute autre liqueur, d’un lieu dans un CONGLOMÉRATS (de conglcrineratus ,rin'ci\ en pe-
autre. — En termes de Marine, ce mot se dit de l’es- loton), nom donné, en Géologie et eu Minéralogie, à
pèce de passe-port que le patron d’un vaisseau est différentes espèces de roches composées de fragments
obligé de prendre quand il veut sortir du port et qui se trouvent liés entre eux par un ciment plus ou
mettre en mer, sous peine d’étre réputé corsaire. moins dur, plus ou moins grossier. Voy. boches et grès.
En matière de Louage, on appelle congé la décla- CONGRE, Conger poisson du genre Murène et
ration que l’une des parties fait à l’autre qu’elle en- la famille des Anguilliformes, a pour caractères :
tend mettre lin, pour une époque déterminée, à la ouies ouvertes de chaque côté sous la nageoire pec-
jouissance antérieurement convenue. Elle peut être torale, mâchoire supérieure plus longue que l’infé-
écrite ou verbale; si le congé n’est pas accepté, il faut rieure, corps arrondi. Le C. commun, ou Anguille
recourir au ministère d’un huissier. de mer (Murœna Conger), long de 1 à 3 m. et très-
En Architecture, on nomme congé une espèce de vorace, est très-commun sur nos marchés sa chair, :

moulure employée dans les meubles et les bâtiments, blanche et fade , est peu estimée. Voy. anguille.
et qui joint le fût de la colonne à ses deux ceintures. CONGRÉGATION (de congregarè, assembler),
CONGÉ-DÉFAUT. Voy DÉFAUT.
. nom donné en général à toute association religieuse,
CONGÉABLE (de congé), se disait autrefois , en se dit proprement de prêtres séculiers qui vivent sous
Jurisprudence, d’un domaine dans le(piel le seigneur l’empire de statuts approuvés par l’autorité ecclésias-
pouvait toujours rentrer, et d’où il pouvait congédier tique et qui s’emploient le plus souvent à l’éducation
celui qui l'occupait. 11 se dit encore aujourd’hui d’un et aux missions : tels sont les Oratoriens, les Doctri-
domaine aO’ermé pour un temps indéfini, mais dont naires , les Lazaristes , les Sulpiciens , les Pères de
le propriétaire peut toujours reprendre la jouissance la Miséricorde, les Eudistes, les Maristes. Les Con- —
en remboursant les dépenses faites pour l’améliorer. grégations ne peuvent s’établir en France qu’avec
^CONGELATION (du latin gelure, geler), passage l’autorisation de TÉtat, qui vise et approuve leurs
d’un corps de l’état liqu ide à l’état solide, par l’effet de statuts. Ces établissements sont régis par les décrets
la soustraction d’une partie du calorique latent. L’eau des 18 févr. 1809, 26 déc. 1810, par les lois des 2 janv.
commence à se congeler à la température de zéro du 1817, 24 mai 1825, et par le décret du 3 janv. 1852.
thermomètre centigr. Le mercure se congèle à — 40 A Rome ,
on donne le nom de Congrégations à
degrés centigr. Les liquides alcooliques se congèlent des commissions permanentes composées de cardi-
plus difficilement (Voy. glace et réfrigérants). naux et de prélats : telles sont la C. du Saint-Office
On nomme aussi congélation les phénomènes ou du Dogme, instituée par Paul 111 pour connaître
morbides déterminés par l’application du froid aux des hérésies ; la C. de l’Index chargée d’examiner
surfaces vivantes. Lorsque le froid agit à la fois sur les livres sous le rapport de la foi et de les permettre
toutes les parties du corps, il en résulte un engourdis- ou delesdéfendre ; la C. des Rites, qui s’occupe de tout
sement qui ressemble au sommeil, et qui est bientôt ce qui regarde le culte; celle de la Propagande, etc.
suivi de l’apoplexie ou de l’asphyxie. Lorsque le CONGRÈS (du iâlin congressus réunion, assem-
froid agit seulement sur certaines parties, notam- blage), réunion des diplomates de plusieurs États
ment sur les extrémités, telles que le nez, les pieds, pour concilier les prétentions opposées de diverses
les mains, les oreilles, ces parties deviennent d’abord puissances. Pour l’énumération des plus célèbres de
rouges ou bleues, puis marbrées de taches livides, ces congrès, Voy. le Dict. univ. cTHist. et de Géogr.
scches, dures et semblables à de la corne. Ces con- Congrès scientifique réunion libre de savants
gélations partielles se guérissent ordinairement au qui s’assemblent à certaines époques et dans des lo-
muyen de frictions avec de la neige ou de la glace calités déterminées à l’avance, pour conférer sur
pilée. Si Ton approchait du feu les parties gelées, l’état et les progrès des sciences, et se communiquer
on s’exposerait il les faire tomber en gangrène. leurs travaux. La Suisse et l’Allemagne ont donné
, , , , , ,,

CONI — 397 CONJ


le premier exemple des réunions de ce genre. En CONIVALVES (de conus, cône, eivalvce, valves),
France, le premier congrès fut celui de Caen, fondé nom sous lequel Cuvier avait désigné les coquilles
en 1834 par M. de Gaumont; il fut suivi de ceux de en cône élargi (Patelles, Cabochons, Flssurelles )
Poitiers, de Douai, de Blois, de Metz, de Clermont, rangées aujourd’hui parmi les Scutibranches.
du Mans, de Besançon, de Lyon, de Strasbourg, CONJOINT (du latin conjunctus, même significa-
d’Angers, de Nîmes , de Reims , de Marseille, etc. tion ), nom donné , en Botanique , aux organes de
Outre les congrès scientifiques, on a vu naître suc- même nature qui sont soudés ensemble. On nomme
cessivement en France le C. archéologique pour la feuilles conjointes, les feuilles opposées ou verticil-
conservation des monuments (1834) , le C. central lées qui sont soudées entre elles par leur partie in-
d’ agriculture (1844) , le C. des vignerons et des férieure, comme dans le chardon et le chèvrefeuille.
producteurs de cidre ( 1842), le C. historique eu- Il y a , dans le houblon des stipules conjointes ;
,
ropéen (1845), le C. de la Paix (1848), etc. dans la vigne, des pétales conjoints, et dans les sy-
CONGRUENCE (du latin congruus, qui s’accorde), nanthérées et les malvacées, des étamines conjointes.
relation de deux nombres inégaux, dont la différence En Arithmétique on nomme règle conjointe, une
,

est multiple d’un nombre entier. Les nombres com- opération qui a pour but de déterminer le rapport
parés se nomment congrus, et le nombre entier qui de deux nombres, dont les rapports avec d’autres
divise exactement leur différence s’appelle le mo- nombres sont connus. On veut savoir, par exemple,
dule. Ainsi , 11 et 21 sont congrus par rapport au combien 50 mètres valent d’yards (mesure anglaise),
module 5, parce que la différence 21 moins 11, ou 10, sachant que 13 décimètres valent 4 pieds français, et
est un multiple de 5 ; ils sont, au contraire, incongrus que 27 yards valent 76 de ces pieds. D’après la rè-
par rapport à un autre module , par ex. 7. Chacun des gle conjointe, on dispose ces données sur deux séries
nombres comparés prend le nom de résidu par rapport verticales, en équations successives, en appelant x
à l’autre, lorsque ces nombres sont congrus, et de l’inconnue, de cette manière :

non-résidu dans le cas contraire par exemple , 11


:
X yards = 50 mètres.
est résidu de 21 par rapport au module 5, et il est
1,3 mètres = 4 pieds.
non-résidu par rapport au module 7. Le signe de la
congruencese composede trois traits horizontaux =;
76 pieds = 27 yards.
ainsi A = B signifie que A est congruent avec B. Évidemment, le produit des 3 premiers termes
On doit à M. Gauss l’introduction, fort récente, dans est égal au produit des 3 termes de droite. Donc on
la science des nombres de l’idée des congruences. a : X X 1,3 X 76 =
50 X 4 X 27 ou X X 98,8
CÜNGRUISME (de congruere, s’accorder, coiuci- = 5400 ; donc en divisant des deux côtés par 98,8,
der), système sur l’efficacité de la grâce imaginé par il vient x= 54,66; c.-à-d. que 50 m. valent 54,66
Suarez, Vasquez et quelques autres pour rectifier yards ou sensiblement 54 2/3 yards. —
Les opérations
celui de Moliiia, fut conçu dans le but de faire ac- de la règle conjointe, connues dans le commerce
corder la liberté de l’homme et la volonté de Dieu; sous le nom à’ arbitrage {
Voy. ce mot), sont d’un
accord qu’ils nommaient congruité. emploi fréquent toutes les fois qu’on veut convertir
CONICINE ,
dite aussi conéine ou cicutine, alcali les unes dans les autres, des monnaies ou des mesures
organique auquel laCiguë (Conium maculatum) d’après des l’apports donnés.
doit ses propriétés vénéneuses. 11 est huileux et ren- CONJONCTIF (de conjungere, unir). Pronom con-
ferme du carbone, de l’hydrogène et de l’azote dans jonctif. Voy. PRONOM. —
Locution conjonctive. Voy.
les rapports de C’®H'^N. 11 a été découvert par CONJONCTION. — Mode conjonctif. Voy. subjonctif.
Gieseke en 1826 ; Geiger l’obtint eu 1831 pour la CONJONCTION { du latin conjungere unir). En
première fois à l’état de pureté. M. Ortigosa en fit Grammaire, c’est une partie du discours dont la
la première analyse exacte en 1842. fonction est d’établir un rapport entre deux juge-
CONIFÈRES ( du latin conus, cône , et fero, por- ments énoncés, entre deux propositions. On distingue :
ter), familie de plantes Dicotylédouées, à fleurs di- C. copulatives, qui servent à rassembler deux noms
clines, dépourvues de périanthes. Les fleurs mâles ou deux verbes sous une même affirmation ou sous
sont ordinairement en chaton ; les fleurs femelles une même négation : et, aussi, ni, etc.; C. alter-
solitaires , réunies en globule ou disposées en cône; natives , qui marquent une alternative ou qui éta-
les tiges sont ligneuses le fruit, disposé en cône dans blissent une distinction : ou soit soit que
; , , ;
la plupart des genres les feuilles, en général persis- C. adversatives qui lient deux propositions en mar-
;
tantes et linéaires. La famille des Conifères est une quant opposition dans la seconde à l’égard de la
des plus importantes et des plus utiles de notre hé- première : mais , cependant, bien que; C. restric-
misphère ; elle se compose en grande partie d’ar- tives, qui restreignent, de quelque manière que ce
bres verts et résineux, formant d’immenses forêts soit, une idée ou une proposition : sinon, quoique,
dans les contrées du Nord de l’Europe et de l’Amé- à moins que; C. conditionnelles, qui lient deux pro-
rique, ainsi que sur les hautes montagnes tels sont : positions par une supposition ou marquent une con-
;
le pin, le sapin, le cèdre, le genévrier, le cyprès, le dition si, pourvu que, etc. Toutes peuvent être ra-
:

thuya, l’if, etc. Quelques espèces, comme le mélèze, menées à deux classes , les C. copulatives ou coordi-
le cyprès chauve et le ginkgo perdent les feuilles natives, établissant entre les propositions un simple
pendant la saison froide. —
Cette famille se subdi- rapport de coexistence, et les C. subjonctives mar-
vise eii 3 tribus : les Taxinées, les Cupressinées et quant une subordination de l’une à l’autre. Les —
les Abiétinées. Voy. ces mots. conjonctions sont, en outre, simples ovl composées :
CONIQUE, qui a rapport au cône, qui est en forme simples, quand elles sont exprimées en un seul mot ;
de cône. — Les sections coniques sont des lignes et, que, si; composées, quand elles sont formées de
courbes que donnent les sections d’un cône par un plusieurs mots ; pourvu que, attendu que, etc.
plan. Il y en a de quatre espèces ; le cercle, l’el- En Astronomie, on appelle conjonction, la ren-
lipse, la parabole et l’hyperbole. contre de deux astres au même point du zodiaque
CONIROSTRES (de conus, cbx\e,e,irostrum, bec), sur la hgne cpil joint le centre du soleil à celui de la
famille d’oiseaux de l’ordre des Passereaux créée
,
terre. La conjonction est dite vraie, lorsque les deux
par Cuvier pour tous les oiseaux qui ont le bec co- astres ont une même latitude et une même longitude ;
nique et sans échancrure. Elle renferme les Alouet- apparente, lorsqu’ ayant la même longitude ils diffè-
tes, \ts Mésanges, les Moineaux ou Fringillés les rent par la latitude. On divise aussi les conjonctions
Etourneaux, les Piyue-bœuf, les les Cor- en héliocentriques (du grec hélios, soleil, et cen-
beaux, les Paradisiers, et les Rolliers. tron, centre), ou conjonctions qu’on observerait si
CONIUM, nom latin de la Gigue. Voy. ce mot. l’on était dans le soleil, et en géocentriques (du gr.
, , ,

CONJ — 398 CONN


gè, terre), ou conjonctions vues de la terre. Les tracent des cercles autour des objets sur lesquels
conjonctions géocentriques des planètes sont infé- ils veulent opérer, se servent de mots et de carac-
rieures o\i supérieures selon que les planètes sont tères cabalistiques, etc. —
Conjuration se dit aussi
entre la terre et le soleil , ou que le soleil est entre pour exorcisme. Voy. ce mot.
la terre et les planètes. Les grandes conjonctions sont CONNAISSANCE , vue de l’esprit. Voy. idée.
celles où plusieurs planètes sont vues, sinon au même CONNAISSANCE DES TEMPS , Ouvrage sous forme de
point du zodiaque, du moins très-près l’une de l’au- calendrier astronomique, à l’usage des astronomes,
tre. La lune se trouve tous les mois en conjonction marins, ingénieurs, eic., contient les positions du so-
avec le soleil : c’est ce qu’on nomme la nouvelle lune. leil, de la lune, des planètes, ainsi que des prin-
Lorsque la conjonction est parfaite, c.-à-d. lors- cipales étoiles à certaines époques périodiques , ce
qu’elle a lieu dans les nœuds de l’écliptique, ou très- qui dispense de faire le calcul des formules expri-
près de ces nœuds, il y a éclipse de soleil, parce que —
mant le mouvement des astres. Cet ouvrage a été
la terre, la lune et le soleil se trouvent alors sur une publié pour la première fois en 1679, par l’astro-
même ligne droite ; par la même raison il y a éclipse nome Picard, et continué par lui jusqu’en 1683, et
de lune, lorsque la conjonction se trouve près de ensuite par Lefebvre (1683-1702), Lieutaud (1729),
nœuds, au moment de l’opposition, c.-à-d. au temps Godin (1734), Maraldi (1759), Lalande (1775), Jeau-
de la pleine lune. Les conjonctions et les oppositions rat (1787), Méchain (1794). — Depuis 1795,1a ré-
de la lune portent le nom de syzygies. Les con- — daction en a été confiée au Bureau des Longitudes,
jonctions jouaient un grand rôle dans les horosco- qui le publie chaque année pour 2 ou 3 ans d’avance.
pes, d’après lesquels les astrologues prétendaient dé- CONNAISSEMENT (de connaitre), déclaration
couvrir l’avenir. contenant un état des marchandises chargées sur
CONJONCTIVE ,
membrane muqueuse ainsi ap- un navire, le nom de ceux à qui elles appartien-
pelée parce qu’elle joint le globe de l’œil aux pau- nent , l’indication des lieux où on les porte, et le
pières, en tapissant d’une part la surface interne de prix du fret : c’est la lettre de voiture maritime.
ces voiles membraneux et de l’autre le globe de Tous les connaissements doivent être signés par le
,
l’œiljusqu’à la circonférence de la cornée transpa- capitaine et par le chargeur. Le connaissement fait
rente. La conjonctive se continue avec la membrane foi entre toutes les parties intéressées au charge-
pituitaire par les points lacrymaux. ment , ainsi qu’entre elles et les assureurs (Code de
CONJUGAISON (du latin' cum, avec, et jugum , Comm., 11, VII, art. 281-85). — Dans la Méditer-
joug), nom donné, en Grammaire, à l’ensemble des ranée on dit plutôt police de chargement.
formes que le verbe peut revêtir dans une langue; CONNARACÉES, famille de plantes dicotj'lédo-
ces formes sont au nombre de 4 : le mode, le temps, nes polypétales, détachée de celle des Térébintha-
le nombre, la personne. Voy. ces mots et verbe. cées. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux exoti-
En Anatomie , on appelle Conjugaison des nerfs, ques, à feuilles alternes, composées d’une ou de
la conjonction de certaines paires des nerfs Trous plusieurs paires de folioles , coriaces , avec impaire,
;
de conjugaison, des ouvertures situées sur les côtés et à fleurs en grappes ou en panicules. Le calice est
de la colonne vertébrale , qui donnent passage aux quinquéparti , la corolle est à 5 pétales, les étami-
nerfs de la moelle épinière et à certains vaisseaux. nes sont en nombre double et le pistil à 5 ovaires.
CONJUGUÉ (du latin conjugatus, réuni, accom- Toutes les plantes de cette famille appartiennent à
pli), nom donné, en Botanique : 1« aux feuilles l'Amérique intertropicale. Le genre Connare [Con-
composées dont les folioles sont disposées par paires narus), qui en est le type, a des fleurs blanches,
des deux côtés du pétiole comme dans le sainfoin nombreuses , en panicules axillaires.
, ;
la feuille conjuguée est dite unijuguée bijuguée
,
CONNÉ, connatus, se dit en Botanique des feuil-
trijuguée, multijuguée, etc., selon qu’elle offre une, les opposées, soudées par leur base; en sorte qu’elles
deux , trois ou un plus grand nombre de paires au paraissent n’en former qu’une seule à travers la-
pétiole ; 2“ à une tribu d’Algues d’eau douce, appe- quelle passe la tige ; telles sont les feuilles termi-
lées aussi Zygnémées ou Synsporées, remarquable nales du Chèvrefeuille, celles de la Cardère, etc.
par l’accouplement qui s’opère entre les articles de CONNECTIF (du latin connectere, nouer ensem-
deux de leurs filaments rapprochés parallèlement, ble), organe charnu, plus ou moins visible, qui réu-
et qui, au point de leur réunion, forment une spore. nit les deux loges des anthères de certaines plantes.
En Géométrie , on appelle. Diamètres conjugués Tantôt le connectif n’est apparent qu’au dos de l’an-
deux diamètres d’une courbe quand l’un est tou- thère , comme dans le lis ; tantôt il l’est sur les
,
jours parallèle aux cordes que l’autre divise en deux deux faces tantôt ilest tellement développé qu’on ne
;

parties égales ; Hyperbole conjuguée, l’hyperbole le reconnaît que par analogie, comme dans la sauge.
décrite dans l’angle vide des asymptotes d’une autre CONNÉTABLE , titre d’une grande dignité aujour-
hyperbole, et ayant les mêmes asymptotes que cette d’hui abolie : c’était , en France , le commandant en
dernière; Ovale conjugué, un ovale complètement chef de toutes les armées du royaume. Pour l’histoire
séparé et isolé des branches d’une seconde courbe de cette dignité, Voy. le Dict. univ. d’H. et de G.
principale , située dans le même plan et donnée CONNÉTABLIE {àe connétable) Ce mot désignait
.
,
dans la même équation; Axe conjugué, 1e petit axe autrefois 1“ lajuridictiondu connétable et desmaré-
:

diamètres de l’ellipse. chaux de France sur les gens de guerre et sur ce qui
Foyers conjugués, terme de physique. Voy. foyer. regardait la guerre, tant au civil qu’au criminel ; 2® la
Pierres conjuguées pierres gravées où les têtes juridiction des maréchaux de France, pour les affaires
sont représentées sur le même profil. quiregardaientle point d’honneur. La connétabliese
CONJURATION (de cum, ensemble, etyM/’o, jurer;
^
tenait ordinairement chez le doyen des maréchaux
s engager par serment), complot formé entre plu- de France, comme représentant le connétable.
sieurs personnes dans le but d’opérer une révolution CONNEXITÉ, liaison existant entre deux ou plu-
dans l’État. La conjuration ne diffère que par une sieurs aflaires qui demandent à être décidées par
faible nuance de la conspiration : la Ir® paraît plu- un seul et même jugement. Ainsi une demande prin-
Wt s’attaquer aux choses, et la 2® aux personnes. cipale et une demande accessoire doivent être répu-
Pour les conjurations célèbres, Voy. conspiration. tées connexes. Si une contestation est connexe à une
Conjuration se dit aussi des paroles, des cérémo- cause déjà pendante devant un autre tribunal, le
nies par lesquelles de soi-disant magiciens préten- renvoi peut être demandé et ordonné ( art. 171 du
dent , en vertu d’un pacte fait avec le diable con- Code de Procédure).
,
jurer les démons, la peste, l’orage, évoquer les mau- CONNIVENT ( du latin connivere, clignoter, fer-
vais esprits ils se servent à cet ellèt d’une baguette. mer à demi), se dit, en Botanique, de certains or-
;
, , , , , ,

CONS ^ 399 — CONS


ganes des plantes (feuilles, calices ou corolles) dont CONSCIENCE (de cm»z, avec, et scire, savoir). En
les dWisions sont rapprochées ou tendent manifeste- Psychologie , ce mot signifie ;
ment à se rapprocher. — En Anatomie, on nomme i». La faculté par laquelle tout hotnme sent à cha-
valvules conniventes des replis circulaires très-mul- que instant tout ce qui se passe en Iqi, prenant à
tipliés (ju'on observe dans le canal intestinal, depuis la fois connaissance de son être et des phénomènes
l’orifice du pylore jusqu’à son extrémité , et qu’on de sensibilité ou d’activité qui se succèdent pendant
croit destinés , non-seulement à ralentir le cours de toute la vie : on l’appelle aussi sens intime ;
la masse chymeuse, mais aussi à l’imprégner des 2“. La faculté par laquelle l’homme, se jugeant
fluides biliaire et pancréatique , et à augmenter la lui-même, apprécie le bien et le mal qu’il fait,
surface absorbante et exhalante. discerne le juste et l’injuste. Les philosophes se sont
CONOCARPE (du grec cônos, cône, et carpos, partagés sur la nature de cette faculté , les uns la
fruit), qui a les fruits coniques, comme les capsules rapportant à la sensibilité, les autres à la raison. Elle

du Verbasquedit Conocarpe. Ce caractère a donné est un composé des deux car, tandis que la raison
:

son nom à un genre de la famille des Combrétacées, saisit le caractère essentiel de l’action et la qualifie
dont plusieurs espèces sont cultivées en Europe. bonne ou mauvaise, la sensibilité s’émeut, et se ré-
CONOCLINE ( du grec cônos, cône, et clinè, lit), jouit du bien accompli, comme elle souffre du mal.
Conoclinium genre de la famille des Composées CONSCRIPTION. Voy. recrutement.
tribu des Eupatoriées, est composé d’herbes et de CONSCRIPTS (pères), nom des sénateurs chez les
sous-arbrisseaux de l’Amérique boréale et tropicale, Romains, Voy. sénateur.
à feuilles opposées, et à fleurs bleues ou pourpres en CONSÉCRATION (du latin sacrare, rendre sacré),
capitules. Le type de ce genre est VEupatorium cérémonie par laquelle on destine certaines choses
cœlestinum, jolie plante recherchée dans nos jardins ou certaines personnes au culte ou au service de
pour ses belles fleurs d’un bleu azuré. Dieu. C’est en ce sens qu’on dit la consécration
CONOIDE (du grec cdnos, cône, tieidos, forme), d’un autel, d’un calice, d’une église (Voy. sacre,
solide formé par la révohition d’une section conique ORDINATION, dédicace). —Pris dans un sens plus
autour de son axe. Le conoïde parabolique ou pa- étroit, ce mot se dit de l’action par laquelle le prêtre
raboldide résulte de la révolution de la parabole; qui célèbre le sacrifice de la messe change le pain
le condide elliptique, sphéroïde ou ellipsoïde, de et le vin au corps et au sang de Notre- Seigneur Jé-
celle de l’ellipse ; le conoïde hyperbolique ou hy- sus-Christ, et de la partie de la messe qui commence
perboldïde de celle de- l’hyperbole. par ces paroles ; Qui pridie quam pateretur, et con-
Les Anatomistes donnent quelquefois aux dents tinue jusqu’à la prière : Unde et memores.
canines le nom de dents condïdes. CONSÉCUTIF ( de cowveg'Mi , suivre ) On appelle
.

CONOPS, genre d’insectes Diptères, famille des phénomènes ou accidents consécutifs certains effets
Athéi icères ; tête très-volumineuse par rapport au d’une maladie qui se développent après sa cessation,
corps; yeux ovalaires; trompe deux fois plus longue sans paraître avoir de rapports directs avec elle.
que la tête; abdomen long, très-rétréci à la base ; CONSEIL. Ce mot a des acceptions fort différentes
pattes de grandeur moyenne et robustes. Les Co- selon qu’il est employé dans l’ordre judiciaire, dans
nops ont le vol vif et rapide ils vivent sur les fleurs
: l’ordre administratif, ou dans l’ordre politique.
des prairies. L’espèce type est le Conops à grosse tête I. Dans Tordre judiciaire. Conseil est le plus sou-
(C. macrocephala), dont la forme et la taille sont vent synonyme A' avocat : tout accusé traduit en cour
à peu près celles d’une guêpe. — Le Conops donne son d’assises doit avoir un conseil ; s’il n’a pas lui-même
nom à la tribu des Conopsaires, qui a pour carac- fait de choix , il lui est nommé un conseil d’office.
tère essentiel une trompe saillante en forme de si- Le Conseil judiciaire est un conseil nommé par
phon, tantôt cylindrique , tantôt conique. Outre le la justice au prodigue : celui qui en est pourvu ne
genre type, elle comprend les genres Systrope, Zo- peut, sans l’assistance de ce coqseil, plaider, transi-
dion MyMe Stomoxe et Bucenfe.
, , ger, emprunter, recevoir ou donner décharge, alié-
CONQUE (du grec conc^é, coquille), nom sous le- ner ni grever ses biens d’hypothèques (Code civil,
quel les anciens désignaient la plupart des coquilles art. 513 et 514 ) Ce conseil remplit auprès du pro-
.

bivalves. Aujourd’hui on nomme C. de Vénus mâle, digue l’office d’un véritable curateur.
le Venus verrucosa; C. de Vénus orientale, le V. Le Conseil de famille est une assemblée de pa-
disera; C. de Vénus épineuse le V. Dione; C. de rents, convoquée et présidée par le juge de paix, pour
Vé7ius en pointe, le Cardium pectinatum; C. tuilée, délibérer sur ce qui concerne les intérêts d’un mi-
le Cardium isocardia ;
C. exotique, le Cardium cer- neur, ou pour donner son avis sur l’état d’une per-
tatum ; enfin, C. de Neptune ou C. de Triton , quel- sonne dont l’interdiction est demandée. V. tutelle.
ques coquilles univalves. — Lamarck a créé , sous le Le Conseil de discipline est un tribunal chargé
nom de Conques, une famille de coquilles bivalves d’appliquer aux infractions au service commises dans
régulières qu’il partage en deux groupes : les C. la garde nationale les peines disciplinaires établies
fluviatiles, comprenant les genres Cyclade, Cyrène par la loi (Voy. garde nationale). —On a donné le
et Galatée; et les C. murines comprenant les gen- même nom à une espèce de tribunal institué dans
res Cyprine, Cythérée, Vénus et Vénéricarde. divers corps, comme dans l’ordre des avocats, le corps
Les Anatomistes nomment conque la cavité de l’o- des notaires, des avoués, pour y maintenir la disci-
reille au fond de laquelle se trouve l’orifice externe pline et la dignité des membres du corps.
du conduit auditif. Les Conseils de guerre sont les tribunaux insti-
coNüUE est aussi le nom d’une ancienne mesure tués pour juger les crimes et délits militaires. Ils
grecque pour les liquides, équivalant à 2 centilitres ont été créés par la loi du 13 brumaire an V (1797),
un quart ; — et d’une mesure pour le sel et les grains, complétée par la loi du 4 fructidor an V, et par le Code
en usage à Bayonne, et pesant 83 kilogr et demi. militaire de 1857 Chaque conseil de guerre est com-
.

CONQUÊTS (en \vXm conquisita acquis ensem- posé de sept membres : un colonel, qui remplit les
ble), se dit, en Droit, de toute acquisition faite en fonctions de président, un chef de bataillon ou d’esca-
commun des deniers de la communauté conjugale. dron, deux capitaines, un lieutenant, un sous-lieute-
CONSANGUIN (du latin cum, ensemble, et san- nant et un sous-officier. Un capitaine fait les fonctions
guis, sang), se dit des enfants nés d’un même père, de rapporteur; un autre capitaine remplit celles de
mais non d’une même mère, par opposition aux en- commissaire du gouvernement. Lorsqu’il s’agit de
fants utérins, qui sont nés d’une meme mère et non juger un général, le conseil est composé d’un général
pas d’un même père ; et aux germains, qui sont nés ayant commandé en chef, de trois généraux de division
de père et de mère communs. et de trois généraux de brigade, d’un commissaire
, , , ,

CONS — 400 — CONS


du gouvernement etd’un rapporteur, qui doit être que arrondissement près du sous-préfet, fait la ré-
intendant militaire (loi du 4 fructidor an V). — Il partition, entre les communes del’arrondissement,
y a, par chaque division militaire , deux conseils des contributions directes, foncière et mobilière,
de guerre, qui sont composés de la même manière : donne son avis motivé sur les demandes en dé-
quand le 1*^ a jugé , le condamné ou le commsssaire charge formées par les communes, et exprime son
du gouvernement peut en appeler; et si le conseil de opinion sur l’état et les besoins de l’arrondissement.
révision casse le jugement, l’affaire est portée devant Il se rassemble chaque année à une époque fixée par

le 2', quijuge en dernier ressort, à moins que le conseil le gouvernement


,
et la durée de sa session ne peut
de révisionn’inlirme encore ce nouveau jugementpour excéder quinze jours. Chaque conseil d’arrondisse-
vice de forme. Dans ce cas , le ministre de la Guerre ment est composé d’autant de membres que l’arron-
saisit un conseil de guerre d’une autre division mili- dissement a de cantons. Ils sont élus pour six ans,
taire.— Quand Vétat de siège a été déclaré, tous les et renouvelés par moitié tous les trois ans ( loi du
crimes commis dans les lieux mis en état de siège 22 juin 1833).
sont déférés aux C. de guerre. Voy. droit militaire. Conseil des bâtiments civils conseil établi près
Les Conseils de guerre maritimes sont des assem- du ministre des Travaux publics, à Paris, examine
blées d’officiers de marine qui se forment chaque fois les projets et devis concernant les constructions et
qu’il se présente à juger un délit commis sur un réparations de tous les bâtiments civils du royaume,
bâtiment de l’Etat, et dont la peine excède celle de les projets des alignements des rues et places de Pa-
la cale ou de la bouline. Ils ont été créés en 1806. ris et des autres villes
,
et donne son avis sur les
On a encore appelé conseils de guerre des assem- questions d’art soumises à son examen par le ministre.
blées que tiennent les officiers généraux d’une armée, Conseil colonial conseil institué en 1833 dans
ou les officiers principaux d’un détachement, d’une chacune des quatre principales colonies françaises
place de guerre , pour délibérer sur le parti qu’on (
Martinique , Guadeloupe , Guyane et Bourbon )
doit prendre en certaines conjonctures difficiles. et composé de propriétaires de la colonie. Les mem-
Conseils de révision. Les jugements rendus par bres sont élus pour cinq ans par les collèges électo-
les conseils de guerre peuvent être déférés au con- raux. Les conseils coloniaux ont chaque année une
seil de révision, soit sur la demande des parties, soit session ordinaire. Us discutent et votent le budget
sur la demande du commissaire du gouvernement. intérieur de la colonie, déterminent l’assiette et la
Le conseil de révision est composé de cinq membres : répartition des contributions directes, donnent leur
un officier général, un colonel, un chef de bataillon avis sur toutes les dépenses à la charge de l’Etat, et
ou d’escadron, deux capitaines, et d’un greffier qui règlent certaines matières. Us peuvent être dissous
est toujours au choix du président (loi du 18 ven- —
par les gouverneurs. Il existe, en outre, un Conseil
démiaire an VI). Il prononce, à la majorité des voix, des délégués des colonies, siégeant à Paris. Ces délé-
l’annulation des jugements, en cas de défaut de gués sont au nombre de sept, savoir deux pour cha-
forme, d’excès de pouvoir, ou d’incompétence ; mais cune des colonies de la Martinique , de la Guadeloupe
il ne peut connaître du fond de l’affaire
;
s’il an- et de l’île Bourbon, et un pour la Guyane. Us sont
nule le jugement, il renvoie le fond du procès à chargés de donner au gouvernement les renseigne-
celui des deux conseils de guerre qui n’a point connu ments relatifs aux intérêts généraux des colonies, et
de l’affaire. de suivre auprès de lui l’effet des délibérations et
On donne aussi le nom de conseils de révision aux des vœux des conseils coloniaux. Us sont nommés par
conseils chargés, lors du recrutement de l’Armée ou les conseils coloniaux pour cinq ans. Us reçoivent un
de la Garde nationale , de statuer sur l’aptitude des traitement payé par la colonie qu’ils représentent.
sujets présentés. Aux termes delà loi du21 mars 1832, Conseil d’État, réunion de magistrats choisis par
le conseil de révision se compose pour l’Armée
, ,
du le chef de l’Etat pour préparer les lois, rédiger les
préfet, président, d’un conseiller de préfecture, d’un décrets et règlements d’administration , pour don-
membre du conseil général du département et du ner leur avis sur tout ce qui intéresse l’administra-
conseil d’arrondissement, d’un officier général. Ceux tion générale du pays, et pour juger les affaires con-
qui croient avoir des motifs d’exemption se présen- tentieuses dont les lois réservent la connaissance à
tent devant ce comité , qui les fait visiter par des l’administration générale. Le Conseil d’Etat se com-
officiers de santé, et jirononce, sur l’avis de ces der- pose de conseillers, de maîtres des requêtes et d’au-
niers, l’admission au service ou la réforme. diteurs, en service ordinaire ou extraordinaire. Le
II. Dans Yordre administratif, il a une foule service ordinaire est celui des conseillers d’Etat, des
y
de conseils , dont les uns participent à l’adminis- maitres des requêtes et des auditeurs employés aux
tration, comme les C. municipaux, les C. d’arron- travaux intérieurs et habituels du conseil le service
;

dissement, les C. généraux de département, le C. extraordinaire est celui des conseillers d’ÈUt et des
d’Etat; dont les autres sont purement consultatifs. maitres des requêtes exerçant, hors du conseil, des
Conseil académique conseil résidant auprès du fonctions publiques. Les membres du Conseil d’Etat
recteur dans chaque académie, exerce des fonctions sont nommés par le chef de l’Etat , et peuvent être
à la fois administratives et judiciaires ; le recteur révoqués par lui ; ils sont répartis en six sections, sa-
en est le président. Créé en 1808 avec l’Université, voir : section de législation, justice et affaires étran-
réorganisé par les lois du 15 mars 1850 et 14 juin 1854. gères; section du contentieux; section de l’intérieur,
Conseil d’administration. Ce nom , qui peut de l’instruction publique et des cultes ; section des
avoir une foule d’autres significations, se donne plus travaux publics , de l’agriculture et du commerce ;
particulièrement à la réunion des officiers qui, dans section de la guerre et de la marine; section des
un corps d’armée, se réunissent en conseil pour au- finances. Le Conseil d’Etat est présidé par un président
toriser certaines dépenses et arrêter les comptes du nommé par l’Empereur et ayant rang de ministre; il
corps. Le conseil d’un régiment , présidé par le co- peut être présidé par l’Empereur. Les avocatsau Cons.
lonel, se compose de deux officiers supérieurs, deux d’État et à la Cour de cassation peuvent seuls plai-
capitaines, un lieutenant et un sous-officier; celui der devant ce conseil dans les affaires contentieuses
d’un bataillon est présidé par le chef de bataillon dont il connaît. — Le Conseil d’Etat a existé sous dif-
et composé de deux capitaines, d’un lieutenant et férents noms sous l’ancienne monarchie. Supprimé
d’un sous-officier; celui d’une compagnie, du capi- en 1789, il fut rétabli, ou plutôt créé à nouveau, par
taine, d’un lieutenant et d’un sous-officier. Les mem- la constitution de l’an VllI (1799). 11 a reçu depuis
bres du conseil d’administration sont choisis par d’importantes modifications , notamment en 1814
leurs pairs au scrutin, et nommés pour un an. (ordonnance du 29 juin) et en 1815 (ordonnance du
Conseil d’arrondissement, couseU placé dans cha- 27 août). Réorganisé par la loi du 19 juillet 1845,
, , , , , , , ,
,

CONS — 401 — CONS


profondément modifié dans ses attributions par la néraux en sont membres permanents; les inspec-
constitution de 1848 et par la loi organique du teurs divisionnaires y viennent à tour de rôle , au
8 mars 1849, il a été ramené par la constitution du nombre de six; l’inspecteur divisionnaire attaché à
14janv. et le décret du25 janv. 1852 à son institution la marine en est aussi membre. Ce conseil se divise
primitive. M. Régnault, bibliothécaire du Conseil, en deux sections, les routes et ponts, etlanawÿafjon.
a donné en 1852 une Histoire du conseil d’Etat. Conseil municipal, conseil chargé, dans chaque
Conseil général d’agriculture conseil créé en commune, de surveiller l’administration des biens
1819 et réorganisé par un décret du 27 mars 1852. communaux et de prendre toutes les mesures propres
11 est composé de 100 membres, dont 86 choisis an- à assurer la prospérité de la commune. Les conseil-
nuellement par le ministre de l'Intérieur et de l’Agri- lers municipaux sont élus pour six ans , par l’assem-
culture dans les Chambres d’agriculture et 14 en de- blée des électeurs communaux. Il y a 10 conseillers
hors ; le ministre le préside. Les fonctions des mem- dans les communes de 500 habitants et au-dessous
bres de ce conseil sont gratuites. Ce conseil tient une 12 dans celles de 500 à 1,500, 16 dans celles de
session annuelle qui ne peut durer plus d’un mois. 1,500 à 2,500 , 21 dans celles de 2,500 à 3,500, 23
D délibère et émet des vœux sur les propositions de dans celles de 3,500 à 10,000,27 danscelles de 10,000
ses membres, et donne son avis sur toutes les ques- à 30,000 , et 36 dans celles de 30,000 et au-dessus.
tions que lu' soumet le ministre. Les conseils municipaux sont renouvelés par moitié
Conseil général du commerce, conseil composé de tous les trois ans, et se réunissent quatre fois par an,
membres élus par les Chambres de commerce, et pris, en février, mai, août et novembre. Chaque session
soit dans leur sein ,
soit dans leur circonscription ; peut durer dix jours. Le maire est président. Dans
ses membres sont nommés pour trois ans, leurs fonc- les communes où il y a plus de trois adjoints, le
tions sont gratuites. Chaque chambre nomme un conseil s’augmente d’un nombre de membres égal
membre , à l’exception de celles de Paris , qui en à celui des adjoints au-dessus de trois; dans celles
nomme huit, et de Lyon , Marseille, Bordeaux, Nan- où il a été nommé un ou plusieurs adjoints sup-
tes , Rouen et du Havre , qui en nomment chacune plémentaires, le conseil s’augmente d’un nombre
deux. Ce conseil tient une session annuelle ; des con- égal à celui de ces adjoints. A Paris, le conseil
vocations extraordinaires peuvent , en outre , être municipal est soumis à un régime particulier. — Les
ordonnées. H délibère sur les propositions faites par conseils municipaux ont été organisés par les lois
les membres du conseil. — Il existe, en outre ,
près du 21 mars 1831 et 22 juillet 1837.
de l’intérieur, un Conseil supérieur du
le ministère Conseil de préfecture sorte de tribunal institué
commerce appelé à donner ses avis sur les projets pour la justice administrative, est présidé par le pré-
de lois et ordonnances concernant le régime des fet lorsqu’il y assiste. Le Conseil de préfecture pro-
douanes en ce qui intéresse le commerce ; sur les nonce sur les demandes des particuliers tendant à
projets des traités de commerce et de navigation ; obtenir la décharge ou la réduction de leur cote de
sur la législation commerciale des colonies; sur le contributions directes; sur les difficultés entre les
système des encouragements des grandes pêches ma- entrepreneurs de travaux publics et l’administration;
ritimes ; sur les vœux des conseils généraux du com- en un mot , sur toutes les affaires contentieuses qui
merce, des manufactures et du conseil d’agriculture, sont de la compétence de l’autorité administrative.
et sur toutes les questions que le ministre juge à Il ne juge -qu’en Ire instance et sauf le recours au
propos de lui soumettre. 11 a été, ainsi que le précé- Conseil d’État. Les conseillers de préfecture sont nom-
dent, organisé par une loi du 29 avril 1831. més par le chef de l’État et sont révocables.
Conseil général de département conseil établi Conseil des prud’hommes. Yoy. prdd’uommes.
dans chaque département, et qui s’assemble chaque Conseil de recensement conseil chargé de former
année à une époque fixée par le gouvernement. La les rôles de la garde nationale. Voy. recensement.
durée de la session ne peut excéder quinze jours. Le Conseil de salubrité conseil établi à Paris, près
nombre des membres du conseil est égal à celui des la préfecture de police, est chargé de tout ce qui in-
cantons du département, sans toutefois excéder le téresse l’hygiène publique il a dans ses attributions
:

nombre de trente. Les membres des conseils géné- l’examen sanitaire des halles et mai'chés, cimetières,
raux sont élus pour neuf ans, et sont renouvelés par tueries et voiries, des chantiers d’équarrissage et au-
tiers tous les tr ois ans. Les conseils généraux font la tres établissements insalubres ; les amphithéâtres de
répartition des contributions directes entre les arron- dissection, les vidanges, les bains pnblics, la visite
dissements; ils statuent sur les demandes en réduc- des prisons, les secours à donner aux noyés et
tion faites par les conseils d’arrondissement et les asphyxiés, les épidémies, la statistique médicale et
communes; ils déterminent le nombre des centimes les tableaux de mortalité, les recherches pour assai-
additionnels dont l’imposition est demandée pour nir les lieux publics et perfectionner les procédés
les dépenses des départements ils reçoivent et vé- des professions qui peuvent compromettre la salu-
;

rifient le compte annuel que le préfet doit rendre brité. Ce conseil tient séance tous les quinze jours à
des dépenses départementales; ils expriment leur la préfecture de police. Créé en 1802, ce conseil a
opinion sur l’état et les besoins des départements. été réorganisé par un arrêté du 24 décembre 1832
Conseil général des manufactures conseil qui Conseil de santé des armées. Ce cons ul délibère
a, dans sa sphère, les mêmes attributions et les mê- sur le service des hôpitaux et la médecine militaire,
mes règlements que le conseil général du commerce. et propose à l’avancement les officiers de santé. Il se
H est composé de vingt membres nommés pour trois compose de médecins inspecteurs, désignés chaque
ans par vingt des chambres consultatives des arts année par le ministre. Supprimé en l’an IX, il fut
et manufactures et de quarante membres nommés rétabli en 1816. 11 a été réorganisé par le décret du
,

par le ministre de l’Agriculture et du Commerce en 23 mars 1852, mais avec une influence très-limitée
;
outre , douze membres du conseil général du com- sur le personnel du service de santé.
merce ont entrée à ce conseil. Il existe, en outre, près le ministère de l’Intérieur,
Conseil général des mines, conseil composé de un Conseil supérieur de santé, chargé de veiller à
SIX inspecteurs généraux, dont trois de
première ce qui intéresse la santé générale du pays.
classe et trois de seconde, et d’un ingénieur
en chef, Conseil supérieur du commerce. Voy. ci-dessus
secrétaire. 11 examine tout ce qui a rapport
à l’ex- CONSEIL DU COMMERCE.
ploitation et au classement des mines en France. Conseil supérieur de l’Instruction publique. Voy.
Conseil général des ponts et chaussées, conseil INSTRUCTION PÜBLICOE.
auquel sont soumises toutes les affaires relatives aux III. Dans l’ordre politique, le nom de Conseil a été
travaux des ponts et chaussées. Les
inspecteurs gé- donné spécialement aux deux assemblées législatives
26
,; , , ,

CONS — 402 CONS


instituées par la Constitution de Tan 111 sous les le nom de Société des Concerts y donne , chaque
noms de C. des Anciens et de C. des Cinq-Cents, année, de grands concerts publics. Toulouse, Mar-
ainsi qu’aux assemblées nationales qui régissent la seille, Metz, Dijon , ont depuis quelques années des
Suisse, au C. jlM/ioue institué en Autriche, et jadis écoles de musique qui sont des succursales du Conser-
au C. des Dix de Venise. Voy. ces noms au Dict. vatoire de Paris. —
Vienne, Prague, Rerlin, Londres,
univ. d’Hist. et de Géogr. Bruxelles ont aussi des Conservatoires de musique.
CONSEILLER. Ce mot, applicable à tout membre Le Conservatoire des .Arts et Métiers de Paris
d’un conseil quelconque , est plus particulièrement situé dans les bâtiments de l’abbaye St-Martin, doit
donné, dans l’usage, aux membres des hautes cours son origine à Vaucanson ; il s’est formé par la réu-
de justice, telles que la cour de cassation, la cour des nion successive de différentes collections de machines,
comptes et les cours d’appel. de modèles, d’instrumen ts et d’appareils de tout genre.
11 y avait autrefois des Conseillers clercs, ou ec- Son existence officielle date de 1794; son musée et sa
clésiastiques ils furent créés en 1573 par Charles IX,
: bibliothèque sont ouverts au public le jeudi et le di-
et remplissaient dans les parlements , les prési- manche. Le nombre des cours a souvent changé ;
diaux , etc. , des charges spéciales à eux réservées. d’après le programme de 1852 , on y fait des cours
Parmi les conseillers clercs, il s’en trouvait qu’on de géométrie, de mécanique, de physique et de
appelait conseillers clercs nés, parce qu’ils faisaient chimie appliquées, d’arts céramiques, d’agricul-
partie, soit du parlement, soit de toute autre juri- ture, d’économie et de législation industrielles; ces
diction, par le seul fait de leur dignité : tels étaient cours sont particulièrement destinés aux ouvriers.
l’évêque de Paris et l’abbé de Cluny. CONSERVE. On donne ce nom : 1° à une espèce
Conseillers d’épée ou Conseillers de robe courte. de confitures sèches faites de substances végétales et
On nommait ainsi , sous l’ancienne monarchie, ceux desucre on faitdesconservesdecitron, de framboises,
:

des conseillers qui avaient le droit de siéger l’épée même de roses, de violettes,de fleurs d’oranger, etc.;
au côté. C’était le privilège des princes du sang, des 2» à toute espèce de mets, gDiier, volaille, poissons,
ducs et pairs , des gouverneurs de province , des légumes, fruits, œufs, laitage même, cuits et con-
baillis et des sénéchaux. servés avec soin dans des boites de fer-blanc sou-
Conseillers d’Ètat. Voy. conseil d’état. dées on dans de grosses bouteilles soigneusement
Conseiller maître, Conseiller référendaire à la privées d’air et liouchées hermétiquement. Ces pré-
Cour des Comptes. Voy. cour des comptes. parations peuventse conserver ainsi plusieurs années,
CONSENTEMENT. Le consentement est la condi- et, lorsqu’on les chauffe au bain-marie, elles ont
tion essentielle delà validité de toute convention. Le presque autant de saveur que si elles étaient fraîches.
Consentement n’est pas valable s’il n’a été donné que M. Appert a beaucoup pei-fectionné cette industrie,
par erreur ou s’il a été extorqué par la violence ou — M. Masson a réussi depuis à conserver les légumes
surpris par le dol (Codeciv., art. 1109). Le consen- au moyen de la compression et de la dessiccation.
tement est exprès lorsqu’il est manifesté de vive voix Dans la Marine , on nomme conserve un bâti-
ou par écrit; tacite lorsqu’il est manifesté par des ac- ment qui fait route avec un autre, pour le secourir
tions, des faits qui indiquent sufflsammeiu qu’on ad- ou pour en être secouru au besoin c’est ce qu’on
:

hère à la proposition qui est faite ; quelquefois même appelle naviguer de cotiserve ou de compagnie.
le silence suffit d’après l’adage : Qui ne dit rien con- CONSERVES, espèce de lunettes. Voy. lunettes.
sent. — ,

Le consentement est indispensable pour la CONSIGNATION (du latin consignare, caclieter,


validité du mariage « 11 n’y a pas de mariage lors-
: sceller). On désigne spécialement par ce mot les dé-
qu’il n’y a pas de consentement.» Code civ., art. 146. pôts ordonnés par justice ou effectués volontairement
CONSÉQUENT. Voy. antécédent et proportion. dans une caisse publique pour opérer une libération
CONSERVATEUR, titre donné, en France, à plu- sujette à être contestée (Code civ., art. 1257). Ces
sieurs fonctionnaires préposés à la garde et à la sur- dépôts se font, à Paris, à la Caisse des Dépôts et
veillance d’un dépôt, tel que bibliothèque, musée, Consignations {Voy. dépôt), dans les départements,
cabinet de médailles, d’histoire naturelle, etc. entre les mains du receveur général. —
Avant la
On nomme Conservateurs des hypothèques les création de la caisse des dépôts , les sommes étaient
fonctionnaires chargés de tenir les registres où s’in- déposées entre les mains de Receveurs de consi-
scrivent les privilèges et les hypothèques, et d’y gnations, offices créés à cet effet en 1578.
opérer la transcription de tous les actes de ventes Dans le Commerce, mettre des marchandises en con-
d’immeubles il y en a un dans chaque arrondisse-
; signation, c’est en opérer le dépôt dans une maison
ment ; — C. des eaux et forêts, les agents supérieurs de commission pour en effectuer plus facilement la
de l’administration générale des forêts de TÊtat. vente, ou pour obtenir des avances d’argent. Toutes
CONSERVATOIRE, établissement destiné à con- les marchandises qui composent la cargaison d’un na-
server et à propager les connaissances acquises, no- vire sont consignées sur le bâtiment, et dans ce cas
tamment en Musique et dans les Arts et métiers. la principale conséquence de la consignation crt d’af-
Les Conservatoires de musique ont pris naissance fecter les marchandises, non-seulement au payement
en Italie; le premier fut fondé à Naples en 1537 du fret, mais aussi à tous les risques maritimes.
celui de Paris ne remonte qu’à 1784. Ce fut d’abord CONSIGNE (du latin cwm,avec, eisignum, signe;
une école spéciale de chant on y ajouta en 1786 signe convenu) , ordre, instruction que Ton donne à
;

des classes de déclamation. Fermé en 1789, il fut une sentinelle, au chef d’un poste, etc. On donne—
rouvert en 1793, sous le nom à’ Institut national aussi ce nom
à une punition militaire qui consiste
de musique; réorganisé en 1795, par un décret dans la défense de sortir soit de la chambre, soit de
du 12 thermidor, il reprit le titre de Conservatoire la caserne, soit de la viUe. Dans certaines circonstan-
de musique. Sous à’hahile direction de Sarrette ces, la consigne à la caserne n’est qu’une mesure
(1788-1814), et sous celle de Cherubini (1822-42), d’ordre et de sûreté, ou bien une précaution pour le
le Conservatoire a éminemment contribué aux pro- cas où il y aurait une prise d’armes inopinée.
grès de l’art musical et de la déclamation en France. Dans les villes de guerre, on nomme portier-con-
Plus de 500 élèves suivent annuellement ses cours signe Thoinme placé aux portes pour tenir registre
et ses méthodes sont devenues classiques dans toute exact de tous les étrangers qui entrent dans la ville.
l’Europe. Les plus grands noms parmi les composi- Dans la Marine, on nomme ainsi, à bord des bâ-
teurs, les instrumentistes ou les artistes dramatiques timents de guerre , le lieu où Ton conserve pour le
contemporains, appartiennent au Conservatoire. De- service une lampe allumée dans un fanal.
puis 1828, une association musicale , composée de CONSISTOIRE (du latin consistorium, même
si-

musiciens formés dans l’établissement et connue sous gnification), nom donné autrefois au conseil intime
, ,, ,

CONS - 403 - CONS


et secret des empereurs romains ,
et aujourd’hui au posés de sons formant des consonnances. Ces inter-
collège des cardinaux , c.-à-d., au conseil du pape. valles sont la tierce, la quarte la quinte, la sixte
On distingue ; le C. public, qui s’assemble dans la et l’octave. On appelle Consonnances parfaites celles

grand’salle du palais de Saint-Pierre, et où le pape qui cessent d’être des consonnances si on les altère •.

préside en habits pontificaux sur un trône et en- ce sont la quarte, la quinte et l’octave] et C. impar-
touré de toute sa cour : on y traite des causes judi- faites, celles qui peuvent être majeures ou mineures
ciaires, de la canonisation des saints, etc.j le C. se- sans cesser d’être des consonnances : ce sont la
cret, qui se tient dans la c//am6re ditec?M Papegai; tierce et la sixte,
il n'y a que les cardinaux qui y soient admis : on y CONSONNé du (
latin cum, avec, et sonus, son ),
propose les évêques et les cardinaux. lettre de l’alphabet qui n’a point de son par elle-
Dans la religion protestante, on nomme ainsi en même, et qui ne peut se prononcer qu’étant jointe
France les assemblées instituées par laloi pour régler aux voyelles : les consonnes figurent les articula-
les affaires, la police et la discipline des diverses Égli- tions. Le nombre des consonnes varie selon les lan-
ses. Les consistoires se composent du pasteur ou des gues : il y en a en français dix-neuf : b, c, d, f. g, h,j,
pasteurs attachés à l’église consistoriale, et de notables k, l, m, n, P, q, r, s, t, v, x, z. On appelle labiales
laïques. Ils peuvent destituer les pasteurs et rem- les consonnes à la formation desquelles les lèvres
plir les places vacantes. Dans l’Église calviniste, ont la plus grande part {b, p, m, v, f) ; dentales,
cinq églises consistoriales forment l’arrondissement celles à la formation desquelles les dents contribuent
d’un synode. Dans la communion luthérienne, cinq particulièrement [d, t, th anglais) ; palatales, celles
églises consistoriales forment une inspection. Il y a, qui résultent d’un mouvement de la langue contre le
en outre, dans l’Église luthérienne, un consistoire gé- palais [g, c dur, écrit aussi le, q)] linguales ciliquides,
néral, résidant à Strasbourg, ayant l’administration celles où la langue joue le principal rôle (/, II, r) ;
supérieure de toutes les églises consistoriales et de sifflantes, celles dont le son s’exécute vers la pointe
toutes les inspections. Un Conseil central des deux de la langue, appuyée contre les lèvres [s et c doux,
églises, résidant à Paris, a été créé par décret du Z, j, ch ) ; nasales, celles qui se prononcent un peu
26 mars 1852. du nez (n, gn) ; gutturales, celles qui sont pronon-
Il existe aussi en France des Consistoires israéliies. cées avec une aspiration forte et par un mouvement
Institués le 15 mars 1808, ils ont été réorganisés par du fond de la gorge {h aspiré et le ch des Arabes).
une ordonnance du 5 mai 1844 ; on distingue le C. Quelques grammairiens classent à part, sous le nom
central, siégeant à Paris, et des C. départementaux. de chuintantes, celles qui font entendre un sifflement
CONSOLÉ {du latin consolidare, consolider). On assez semblable au cri d’une chouette : tels sont j,
nomme ainsi, en Architecture, une pièce saillante ch. Én outre, toutes les consonnes peuvent être clas-
et ornée , ordinairement en forme d’S
,
qui sert à sées en fortes et en faibles ou ténues, selon que l’on
soutenir une corniche, un balcon, etc. —
On a étendu
ce nom à une espèce de meuble, en forme de con-
fait en les prononçant un effort plus ou moins grand ;

P, t, k, f, s, ch, sont des consonnes fortes ; les con-


sole, qui sert à orner les entre-deux de croisées et sonnes faibles qui leur correspondent sont b, d, g, v,
sur lequel on pose des bronzes, des vases, etc. —,
On Z, j. Souvent , pendant l’enfance surtout , on sub-
nomme aussi la partie supérieure de la harpe, stitue dans la prononciation les faibles aux fortes.
qui contient la portion la plus compliquée du mé- Voy. l’article consacré à chaque consonne.
canisme des pédales, et à laquelle tiennent les che- CONSORTS (du latin cum, avec, et sors, sort),
villes qui servent à attacher les cordes. terme de Pratique, se dit, dans une affaire civile, de
CONSOLIDATION , opération financière par la- tous ceux qui ont intérêt avec quelqu’un dans un pro-
quelle on assigne un fonds pour assurer le payement cès, et peuvent être condamnés solidairement avec lui.
d’une dette publique. On appelle spécialement Con- CONSOUDÉ (en Ixiln Consolida, de consolidare,
solidés, des fonds anglais ainsi garantis, et Tiers souder, parce qu’on attribuait à cette plante la pro-
consolidé \c% fonds français réduits au tiers pendant priété de réunir les vaisseaux rompus), Symphytum,
la Révolution mais consolidés par leur inscription genre de la famille des Borraginées , à fleurs termi-
,
au grand-livre. Voy. rentes et tiers consolidé. nales et axillaires, en panicules corymbiformes , et à
CONSOMMATION. En Économie politique, on op- feuilles hérissées de poils roides et épais. On trouve
pose la C. des richesses à la production, et l’on cette plante dans toute l’Europe , au bord des fossés,
appelle ainsi tout emploi qui peut être fait des pro- dans les lieux aquatiques. On cultive dans les jardins
duits. On distingue : C.prodvxtive, cellequi ne détruit de botanique la C. d’ Orient, la C. de Russie, et sur-
une valeur que pour la remplacer par une autre tout la C. officinale, vulgairement Grande Consoude,
comme dans la fabrique; et C. improductive celle plante herbacée s’élevant à 50 ou 60 centim., très-
qui détruit la valeur consommée sans remplacement. branchue , velue et succulente ; ses feuilles sont ova-
Autant les Économistes encouragent la première, au- les, rudes au toucher; la couleur des fleurs varie du
tant ils condamnent la seconde; ils flétrissent sous le rouge purpurin au blanc sale. Sa racine, charnue
nom d’oisifs les consommateurs improductifs. et noirâtre, a une saveur douce, et passe pour astrin-
CONSOMMÉ, bouillon succulent, contenant une gente ; on l’emploie surtout contre la diarrhée.
plus grande proportion de substances animales que CONSPIRATIONS et conjurations. Les plus fa-
le bouillon ordinaire, et susceptible de se prendre meuses conspirations connues dans l’histoire sont :
en gelée par le refroidissement. dans l’histoire ancienne, celle qui renversa Smerdis le
CONSOMPTION (du latin consumere, consumer) Mage, chez les Perses (522) ; celle d’Harmodius et d’A-
diminution lente et progressive des forces et du vo- ristogiton contre les Pisistratides (509) ; celle qui , la
lume de toutes les parties molles du corps, qui con- même année, chassa les Tarquins de Rome ; la conju-
duit au marasme. Ce phénomène appartient à toutes ration de Catilina, celle de Brutus contre César, et
les maladies organiques, et particulièrement à la
phthisie, dont il est un des principaux symptômes;
celle de Cinna contre Auguste, etc. — Dans les temps
modernes , les Vêpres siciliennes (1282) ; la conspi-
il peut aussi être déterminé
par un vice de la nu- ration de D. Tiepolo à Venise (1310) ; celle deRienzi
trition , indépendant de toute lésion physique.
à Rome (1347) ; celle des Pazzi à Florence contre les
Fièvre de consomption. Voy. hectique (fièvre). Médicis (i478) ; celle de Fiesque à Gènes contre An-
CONSONNANCÉ (du latin cum, ensemble, et dré Doria (1547) ; la conjuration d’Amboise (1560) ;
sonare, sonner) , nom donné, en Musique, à la réu- la conspiration des Poudres en Angleterre (1605) ;
nion simultanée de deux sons qui forment un ac- la conjuration dite de Venise (1618), ourdie par Bcd-
cord, et dont l’effet est agréable à l’oreille. On ap- mar; celle de Pinto en Portugal (1640) ; celle de Cel-
pelle intervalles consonnants ceux qui sont com- lamare contre le régent (1718); celles dont furent
96 .
CONS — 404 — CONS
victimes en Russie Pierre III (1762) et Paul I (1801); 7. Le Lézard. 10. Le Sextant d’üranie.
celles de Babeuf (1797), de Mallet (1812), etc. Voy. 8 . Le Lynx. 11. Le Petit-Triangle.
ces noms au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. 9. L’Écu de Sobieski. 12. Le Petit-Lion.
CONSTABLE (formé de cornes stabuli, comme no- 2». Constellations ajoutées par Halley
tre mot connétable), titre donné, en Angleterre, aux dans la partie australe.
officiers de police. Ils furent institués sous le règne
d'Èdouard Ier; ils ont pour insigne une masse, pe-
1. La Colombe. 5. Le Paon.
2. Le ChênedeCharl.lI. 6. L’Oiseau indien.
tit bâton surmonté d’une couronne.
3. La Grue. 7. La Mouche.
CONSTANTE , nom qu’on donne , en Algèbre , à Le Caméléon.
toute quantité qui ne varie pas, par rapport à d’au-
4. Le Phénix. 8.

tres quantités qui varient et qu’on nomme variables. 3». Constellations australes de Bayer.
CONSTELLATION (du latin cum, ensemble, et 1. L’Indien. 7. Le Paon.
Stella, étoile), assemblage d’étoiles dans lesquelles on
2. La Grue. 8. Le Toucan.
a cru trouver des figures d’hommes, d’animaux ou de
3. Le Phénix. 9. L’Hydre mâle.
certains objets, et qu’on distingue par des noms parti-
4. L’Abeille. 10. La Dorade.
culiers. On désigne les différentes étoiles d’une même
5. Le Triangle austral. 11. Le Poisson volant.
constellation par les lettres de l’alphabet grec, en
6. L’Oiseau de Paradis. 12. Le Caméléon.
attribuant les premières lettres aux étoiles les plus
brillantes ;
ordinaires
les lettres latines et les chiffres 4». Constellations australes de La Caille.
sont employés à la suite , quand le nombre des as- La
1. L’Atelier du sculp- 8. Machine pneu-
tres dépasse le nombre des lettres de l’alphabet grec.
matique.
— Les écrivains les plus anciens dont les ouvrages
2.
teur.
Le Fourneau chimi- 9. L’Octant.
nous sont parvenus connaissaient la division du ciel 10. L’Équerre et la Rè-
que.
en constellations on en trouve plusieurs mention-
:
L’Horloge astronomi- gle.
3.
nées dans la Bible, dans Hésiode et dans Homère.
que. 12. Le Télescope.
Aratus de Tarse, poète astronome qui vivait 277 ans
4. Le Réticule rhom- 13. Le Microscope.
avant l’ère vulgaire, nous a laissé un traité de toutes
boïde. 1-4. La Montagne de la
les constellations connues de son temps ; les astro-
5. Le Burin du graveur. Fable.
nomes s’en servirent jusqu’à Ptolémée. Ce dernier Le grand et le petit
6. Le Chevalet du pein- 15.
traça dans la partie du ciel connue de son temps 48
tre. Nuage.
constellations 12 formaient le zodiaque ; 21 étaient
:
La Croix.
7. La Boussole. 16.
disposées dans la partie nord, et 15 dans la partie sud.
Hévélius ajouta 12 constellations à celles des anciens, Les autres constellations modernes sont :

Halley 8, Bayer 12, La Caille 16, et plusieurs autres Le Renne. bourg.


astronomes 12 ; ce qui porte le nombre total des con- Le Solitaire. Le Télescope de Herschel.
stellations admises à 108. —
Voici, d’après Delambre, Le Messier. Le Globe aérostatique.
le tableau des constellations anciennes et modernes :
Le Faucon de Ponia- LeQuart de cercle mural.
constellations de ptolémée. towski. Le Chat.
LesHonneursdeFrédéric. Le Loch.
Constellations boréales. Le Sceptre de Brande- La Harpe de George.
1. La Petite-Ourse. 12. Le Cocher.
Les constellations font l’objet de plusieurs atlas,
2. La Grande-Ourse. 13. Ophiuchus ou le Ser-
dont le plus complet et le plus détaillé est celui que
3. Le Dragon. pentaire.
Bode a publié à Berlin. Voy. cartes astronomiques.
4. Céphée. 14. Le Serpent. latin cum, avec, et Stella,
CONSTELLÉ (du
5. Le Bouvier. 15. La Flèche.
étoile). appelait autrefois anneaux constellés
On
6. LaCouronne boréale. 16. L’Aigle et Antinoüs.
des anneaux qui avaient été fabriqués sous l’influence
7. Hercule. 17. Le Dauphin.
supposée de certaines constellations. Les astrologues
8. La Lyre. 18. Le Petit-Cheval. leur attribuaient des vertus merveilleuses.
9. La Poule ou le Cygne. 19. Le cheval Pégase. CONSTIPATION (du latin cowiOpare, resserrer).
10. Cassiopée. 20. Andromède.
Cette indisposition, qui provient tantôt d(un défaut
11. Persée. 21. Le Triangle. de sécrétion muqueuse ou biliaire, tantôt d’une trop
Constellations i ans le zodiaque. grande activité du système absorbant, tantôt enfin
22. Le Bélier. 28. La Balance. de l’insuffisance de l’influence nerveuse, est quelque-
23. Le Taureau. 29. Le Scorpion. fois lesymptôme d’une maladie mais, le plus souven t, ;

c’est un simple dérangement dans l’état


normal. La
24. Les Gémeaux. 30. Le Sagittaire.
25. Le Cancer. 31. Le Capricorne. vie sédentaire, les occupations intellectuelles, les af-
26. Le Lion. 32. Le Verseau. fections morales, le temps froid et sec, 1 occasionnent
27. La Vierge. 33. Les Poissons. souvent. Elle cède ordinairement aux boissons ra-
fraîchissantes, aux bains tièdes et aux lavements sim-
Constellations australes. ples; quelquefois on est obligé d’avoir recours
aux
34. La Baleine. 42. La Coupe. lavements purgatifs. Les personnes sujettes àlacon
35. Orion. 43. Le Corbeau. stipation doivent s’astreindre au régime végétal, et
36. Le Fleuve (l’Éridan). 44. Le Centaure. s’abstenir de tout excitant.
37. Le Lièvre. 45. La Bête (le Loup) CONSTITUANTE (assemblée). Voy. assemblée.
38. Le Chien. 46. L’Autel. CONSTITUT et précaire. On appelait ainsi, dans
l’ancien Droit, la clause par laquelle celui qui
ven-
39. Procyon. 47. La Couronne aus-
jouis-
40. Argo. trale. dait ou donnait une chose dont il se réservait la
41. L’Hydre. 48. Le Poisson austral. sance déclarait ne posséder cette chose qu’au
nom
CONSTELLATIONS MODERNES. du nouveau propriétaire, ne s’en constituant lui-
même que possesseur précaire.
1 “. Constellations ajoutées par Hévélius. CONSTITUTION. En Politique, c’est la loi fonda-
1. Antinoüs. 4. La Girafe. mentale d’un État celle qui détermine la forme ou
,

2. Le mont Ménale. 5. Cerbère. gouvernement, et qui règle les droits des citoyens;
3. Les Lévriers , Asté- La Chevelure de Bé- c’est ce qu’on a appelé aussi Charte. La
France, avant
6.
sorte de constitution dans un
gou-
rion et Chara. rénice. 1789 ,
avait une
, —
,

CONS — 405 — CONT


vernement qui était consacré par plusieurs siècles par la constitution de Tan VIII pour désigner les
d’existence; mais elle n'a eu de constitution écrite premiers magistrats de la République française (de
qu’en 1791. Depuis, elle n’en a que trop fréquem- 1799 à 1804) Voy le Diet. univ. d’Hist. et de Géogr.
. .

ment changé. Pour les diverses constitutions de la On appelle aujourd’hui consid, un fonctionnaire
France et de l’Angleterre, Voy. au Dict. univ. d’H. établi dans un port étranger pour y exercer une cer-
et de G. les mots constitution et charte. — 11 a été taine juridiction sur les négociants et les marins de
publié une Collection des Constitutions de l’Europe la nation qu’il représente, et pour y défendre leurs
et de l’Amérique, par MM. Guadet, Duvergier et intérêts; il fait aussi les actes de l’état civil. Les
Dufau , 1823-25, 6 v. in-8. V. droit constitutionnel. consuls jouissent de tous les privilèges et immunités
On donne aussi le nom de Constitution : 1<> aux que les règles du droit public assurent aux ambas-
lois et décrets rendus par les Empereurs romains et sadeurs. On distingue des consuls généraux, des
grecs; — 2» à certaines décisions des Papes en ma- consuls de lf« classe et de 2® classe. Ils sont nommés
tière de foi et de discipline, rendues soit sous forme par le chef de l’Etat sur la proposition du ministre
de brefs, soit sous forme de bulles (comme la Consti- des affaires étrangères (ord. du 20 août 1833). Il est
tution Unigenitus contre les jansénistes , 1713). défendu aux consuls de faire aucun commerce, soit
Constitutions apostoliques. V. canons apostoliques. directement, soit indirectement, sous peine de révo-
En termes de Droit, on appelle constitution de cation. —
L’institution des consuls paraît être d’ori-
dot un acte ou une clause d’un acte qui établit ce que gine italienne et remonter au xii® siècle ; le commerce
les futurs époux apportent en dot; C. de procureur, considérable que les républiques de Venise , de Gênes,
l’acte ou la clause d’un exploit par lequel on déclare de Pise, etc., faisaient alors dans le Levant nécessita
que tel procureur occupera; C. de rente, l’établis- la création de ces qui se répandirent
officiers publics,
sement d’une rente qui provient de libéralités ou de bientôt partout. On peut consulter, sur les droits et les
l’intérêt d’argent placé. devoirs de ces agents l'Essai sur les Consuls, de
:

CONSTITÜTIOMEL (droit). Voy. droit. Steck, Berlin, 1 7 90; le Manuel des agents consulaires,
CONSTRICTEUR (du latin constringere , serrer par M. de Moreuil, Paris, 1860; le Guidepratique des
ensemble), nom donné, en Anatomie, aux muscles CowsMlafs,parMM. A.deClercqetC. deVallat, 1861;
dont la fonction est de resserrer en agissant circu- le Dict. des Consulats, deM. Roland de Bussy, 1864, et
lairement. Toutes les ouvertures ont leurs muscles le Dict. des Chancelleries, de M. de Moreuil, 1865.
constricteurs destinés à en rétrécir l’entrée ( V. sphinc- Autrefois, en France , on donnait, dans certaines
ter) . —
Les muscles constricteu 7 'S du pharynx sont provinces, le nom de consuls à des officiers munici-
les plans musculeux qui concourent à former les pa- paux remplissant les fonctions d’échevin. On appe-
rois du pharynx. — On appelle consb'icteur de l’œ- lait juges consuls des juges pris parmi les marchands
sophage un faisceau de fibres charnues et circulaires et les négociants pour connaître sommairement de
qui se trouve à la partie supérieure de l’oesophage. certaines affaires urgentes en matière de commerce.
constricteur (boa). Voy. boa. Aujourd’hui encore on appelle justice consulaire la
CONSTRUCTION. On entend par ce mot l’art de justice rendue par les tribunaux de commerce.
choisir les matériaux, et celui d’assembler et de dis- CONSULAIRE (de consul). A Rome , on appelait
poser les diverses parties d’un édifice, d’un navire personnage consulaù'e tout citoyen qui avait été
d’une machine. Il se dit surtout de la construction consul. Les consulaires jouissaient de certains privi-
navale. Voy. architecte, ingénieur. lèges parilovdlexs,.— Justice consulaù'e. Voy. consul.
On appelle construction géométrique l’opération CONSULTATION. En Jurisprudence, on nomme
graphique dont le but est d’aider à la démonstration ainsi l’avis verbalou écrit donné par un Jurisconsulte
d’une proposition ou à la solution d’un problème. sur une question qui lui est soumise. Les transactions
La construction grammaticale est l’arrangement dans les intérêts des mineurs, les requêtes civi-
des mots dans le discours suivant les règles et l’usage les, etc., ne sont admises en justice qu’après consul-
de la langue dans laquelle on écrit ou l’on parle. On tation de trois avocats désignés par le ministère pu-
distingue : C. simple on naturelle C. figurée, et blic. Les communes, les hôpitaux, les établissements
,
C. usuelle. La première énonce les mots successi- publics de charité et de bienfaisance, ont aussi besoin
vement selon l’ordre logique , présentant d’abord le de cette formalité pour être autorisés à plaider. Les
sujet et tout ce qui s’y rapporte, puis le verbe et Tat- consultations signées par des avocats doivent être sur
tribut avec tout ce qui en dépend; la deuxième est
celle où Tordre logique est modifié selon les besoins
papier timbré. —
Les juges, les procureurs et les sub-
stituts, n’ont pas le droit de donner des consultations.
de la passion , de l’imagination ou de l’harmonie : Le nom de consultation est aussi donné aux avis
elle admet de nombreuses inversions; la troisième est de médecins, surtout à ceux qui émanent de méde-
composée des deux précédentes elle n’est ni toute
: cins appelés dans des cas graves pour assister le mé-
«mple ni toute figurée. — Faù'e la construction decin ordinaire ou pour contrôler le traitement or-
d’une phrase, c’est disposer suivant Tordre direct les donné; les médecins ainsi appelés en consultation
mots d’une phrase qui renferme une inversion. sont dits médecins consultants. —
La plupart des
^
CONSUBSTAN’TIALITÉ , identité de substance et avocats et des médecins donnent des consultations
d’essence. L’Eglise adopta dans le premier concile gratuites aux indigents; beaucoup de médecins ont
de Nicée le terme de consubstantiel pour désigner à cet effet des heures de consultations publiques.
1 égalité parfaite en
toutes choses du Fils de Dieu CONSULTE (en italien consulta), nom donné, en
avec son Père, et son identité de substance avec lui : Italie et en Espagne , à divers conseils et cours de
ce mot est la traduction du grec homousios dont justice. Il existe à Rome une Congrégation de la Con-
s est servi le concile de Nicée dans son
symbole pour sulte, chargée des affaires temporelles. Dans laRépu-
décider contre les Ariens la divinité du Verbe. blique cisalpine, il y eut une Consulte, dont les mem-
CONSUBSTANTIATION, terme par lequel les Lu- bres remplissaient les fonctions de conseillers d’Etat-
thériens expriment leur croyance sur la présence CONTAGION (du latin cum, avec, tangere, tou-
réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Us cher), mode de propagation des maladies par l’effet
préten-
dent qu’après la consécration, le corps et le sang de du contact médiat ou immédiat d’un produit mor-
Jésus -Christ sont réellement présents avec la sub- bide. La contagion diffère de l’infection en ce que
stance du pain, et sans que celle-ci soit détruite; dans celle-ci le mode de propagation s’effectue par
® ®st ce que Ton nomme encore impanation. des miasmes; la contagion se transmet par virus.
CONSUL ( du latin consulere, veiller, pourvoir), Ces virus peuvent être communiqués par inoculation
norn donné originairement aux magistrats souverains ou insertion (variole, vaccine, rage); par contact et
de la république romaine, a été adopté
en France frottement (gale, syphilis) ; par l’intermédiaire de
, , , , , ,
,

CONT — 406 CONT


substances diverses transportées de l’individu ma- posés par le derviche Moclès; le Gulistan et le Ba-
lade à l’individu sa’n (variole, rougeole, etc.) ; par haristan, de Saadi ; l'Histoire de la sultane de
\ intermédiaire de l’air (rougeole, scarlatine, coque- Perse et des quarante vizirs, contes turcs composés
luche, etc.) Les voies par lesquelles les virus répan-
. par Zadé , précepteur d’Amurat II ; les Contes in-
dus dans l’atmosphère pénétrent dans l’économie diens, de Bidpai et de Lokman, etc. ; — les Contes
sont : l’absorption cutanée, l’absorption des fées, tels que le Chapei'on rouge, le Petit Pou-
tinale, et surtout l’absorption pulmonaire. Une fois cet, Cendrillon, Peau d’Ane, la Barbe Bleue, etc.,
introduits dans l’économie, les virus peuvent agir su- de Ch. Perrault ; — les Contes chevaleresques tels
bitement ; mais, le plus souvent, ils restent pendant que YAmadis des Gaules et la plupart des romans
un temps variable à l’état latent ; ainsi , le virus de de nos vieux trouvères ; — les Contes-nouvelles ,

la rage peut n’agir qu’au bout d’un an; pour la parmilesquelson remarquele Décaméron de Boccace,
vaccine, la période d’incubation est de trois à quatre V Heptaméron delà, reine de Navarre, Marguerite de
jours ; pour la variolé, de six à vingt, etc. Certaines Valois, etc., compositions dont le sel et l’intérêt ne
substances se chargent difücilement des principes peuvent faire excuser la licence ; —
les Contes fa n tas-
contagieux (pierres, métaux, hois) ; d’autres offrent tiques, dont l’Allemagne a fourni le plus grand
une propriété contraire (étoffes de laine , de coton, nombre, notamment les contes d’Hoffmann ; —les
fourrures , etc. ) ; les insectes qui voltigent dans l’air, C. philosophiques, comme ceux de Chaucer, de Vol-
les personnes qui visitent les malades, peuvent en- taire , de Gresset, d’Andrieux, de Daru, etc. ; —les
core devenir des agents de transmission. L’air at- Contes moraux, ou peintures des mœurs du temps,
mosphérique sert souvent de véhicule aux principes tels que ceux deMarmontel; —les contes destinés à
contagieux. —
Plusieurs circonstances favorisent ou àl’amusementde la jeunesse, tels que
l’instruction et
empêchent l’action des virus : la chaleur du corps ceux de Campe, deWeisse, de Berquin, de Bouilly,
humain, la température atmosphérique qui s’en rap- du chanoine Schmidt, de Mmes de Genlis, Leprince
proche , l’humidité , sont éminemment favorables à de Beaumont, Guizot, de Renneville, Edge'worth, etc.
la contagion ; au contraire , une température trop CONTEMPLATION. On la définit en Théologie:
basse ou trop élevée s’oppose, en général, à la pro- « une vue de Dieu ou des choses divines , simple
pagation des maladies contagieuses. libre, pénétrante, certaine, qui procède de l’amour
On distingue des maladies contagieuses propre- et qui tend à l’amour. » Elle est, selon Fénelon ,
ment dites ; la rage, la morve, le charbon, la syphi- l’exercice du pur amour. Dans cet état, l’âme est
lis, la variole, la rougeole, la scarlatine, la coque- entièrement passive par rapport à Dieu. Plusieurs
luche, la gale, etc.; et des maladies accidentellement ordres religieux sont livrés à la vie purement con-
contagieuses, où le virus ne se forme que dans cer- templative; Ste Thérèse, Ste Catherine de Sienne ,
taines circonstances, telles que V affection typhoïde, Marie Alacoque , Mm® de Chantal , M"®® Guyon , ont
la peste, la fièvre jaune, la dyssenterie, V angine gan- offert des modèles en ce genre. La contemplation
gréneuse, le muguet malin, la suette, le choléra, cer- conduit faciiement à l’extase et au Quiétisme.
taines ophthalmies etc. 11 est enfin quelques mala- CONTENTIEUX (du latin contendere, prétendre,
dies qu’on a faussement considérées comme conta- disputer) se dit, en style administratif, de tout ce
gieuses, comme Ï3, phthisie pulmonaire, les fièvres in- qui est susceptibie d’être mis en discœssion devant
termittentes le cancer, le scorbut, les sa'ofules. des juges. Les tribunaux connaissent du contentieux
Les mesures préservatrices consistent : i® à em- judiciaire; la juridiction administrative (le Conseil
pêcher le principe contagieux de prendre naissance, d’Etat et les Conseils de préfecture ) connaît du con-
en détruisant ou éloignant le foyer d’infection, no- tentieux administratif. — Dans chaque administra-
tamment pour le typhus, la peste, la fièvre jaune, tion publique, il y a un bureau de contentieux, où
la dyssenterie, etc.; 2® à le détruire lorsqu’il s’est ma- se traitent toutes les affaires qui sont susceptibies
nifesté, en abattant les animaux affectés de la rage, d’être portées soit devant les tribunaux civils , soit
du charbon, de la morve , etc. ; en brûlant les vête- devant tribunaux administratifs.
les
ments de laine, de soie, les fourrures, et tous les objets CONTINENT (du latin eonhnens, qui se tient sans
infectés , ou en les purifiant par des lavages à l’eau interruption). Les Géographes appelient co«ft«e?îf
de chaux , par l’exposition ù l’air, par la ventilation, une vaste étendue de pays sans solution de continuité
par des fumigations, etc. ; 3» à placer les sujets dans et que la mer entoure de tous côtés. Autrefois on ne
des conditions qui les garantissent de son influence : reconnaissait que deux continents , V ancien et le
cette dernière indication comprend l’isolement , les nouveau; aujourd’hui, l’Australie est considérée
cordons sanitaires , les lazarets et les quarantaines. comme un troisième continent.
Depuis le commencement de ce siècle , les méde- CONTINGENT (de continyere, arriver acciden-
cins se sont divisés ,
sur la question de la contagion, tellement). En Métaphysique, on appelle âinsi ce
en contagionistes et non contagionistes. A la tête qui peut être ou n’être pas; en ce sens, on oppose
des premiers se place Pariset ; à la tête des seconds, contingent à nécessaire. Les vérités contingentes
le Dr Chervin. Cette question, soulevée d’abord au les propositions contingentes sont celles qui se rap-
sujet de la fièvre jaune et du typhus, s’est renouvelée portent à des faits contingents. —
On appelle futur
dans ces derniers temps Al’occasion du clioléra. L’ex- contingent, ce qui est dans l’ordre des choses possi-
périence et l’observation semblent dans le plus grand bles, ce qui pourra se réaliser dans l’avenir, sans
nombre des cas favorables à l’opinion des non conta- qu’il y ait ni nécessité, ni certitude à cet égard.
gionistes. Aussi a-t-on pu , depuis plusieurs années En Administration, ce mot exprime spécialement
adoucir sans inconvénient la rigueur des mesures pré- la part mise à la charge de chaque circonscription
servatives , qui étaient si nuisibles au commerce et territoriale dans la répartition annuelle, soit des con-
aux relations internationales. C’est surtout aux efforts tributions directes, soit du recrutement; dans ce
de la Conférence sanitaire internationale réunie dernier cas, on dit : Contingent militaire. En —
à Paris en 1851-52 qu’on doit cet heureux résultat. France, le pouvoir législatif vote annuellement, sur
CONTE, récit fabuleux ou merveilleux, en prose la proposition du ministre de la Guerre, le nombre
ou en vers. Ce genre de littérature, aussi ancien que d’hommes à appeler sous les drapeaux; la répaadition
le monde, parait avoir eu son berceau en Asie ; au- s’en fait ensuite entre lesdépartements , les arron-
jourd’hui il est répandu par tout l’univers. On con- dissements et les cantons . proportionnellement à la
naît divers genres de contes. Les plus fameux sont : population. —Dans la Confédération suisse et la
les Contes orientaux (arabes, persans, indiens, Confédération germanique, la loi a réglé le contin-
turcs, etc.), tels que les Mille et une Nuits, contes gent que chaque État de la Confédération doit four-
arabes ; les Mille et un Jours, contes persans com- nir pour former l’armée fédérale.
,. , , .;
;

CONT — 407 CONT


CONTINU (du latin contimus, même signification) quel nous jugeons faux ce qui implique à la fois affir-
En Mathématiques, on appelle ainsi toute quantité mation et négation; il s’exprime ainsi Une même
:

susceptible de -varier en passant successivement par chose ne peut être et n’êtrepas àlafois. Leibnitz afait
tous les états de grandeur intermédiaires. —
Pour le plus grand usage du principe de contradiction.

les Fractions continues, les Proportions continues, CONTRADICTOIRE ( CONDAMNATION , JUGEMENT )


Yoy. FRACTION et PROPORTION. Voy. CONDAMNATION et JUGEMENT.
SONTO terme de compte en Portugal , exprime
,
CONTRAINTE. C’est, en matière fiscale, un man-
une somme de 1,000 reis, équivalant à 601 fr. 71 c. dement décerné contre un redevable des deniers pu-
CONTONDANT du latin contundere, broyer,
(
blics pour le mettre en demeure de payer, et, à dé-
écraser ). On appelle corps contondants tous les faut de payement, donner ouverture aux poursuites.
corps ou instruments ronds, obtus et non tranchants, CONTRAINTE PAR CORPS. On nomme ainsi et le droit
qui meurtrissent et déchirent les parties sans les cou- qu’a un créancier de faire une exécution sur la per-
per ni les piquer, un bâton, par exemple : ces corps sonne de son débiteur, et l’exécution elle-même :

produisent des contusions et des plaies contuses. cette exécution s’accomplit par une arrestation et un
CONTORNIATES (de l'italien contorno, contour). emprisonnement. — La contrainte par corps peut
On nomme ainsi , en Numismatique , les médailles être ordonnée : en matière civile, pour stellionat,
de cuivre terminées dans leur circonférence par un pour dépôt nécessaire; en cas de réintégrande, pour
cercle d’une ou deux lignes de largeur, continu avec le délaissement d’un fonds dont le propriétaire a été
le métal, quoiqu'il semble en être détaché par une dépouillé par voies de fait, pour la restitution des
rainure assez profonde qui règne à l'extrémité du fruits qui en ont été perçus pendant l’indue posses-
champ , de l'un et de l'autre côté de la médaille. sion, et pour le payement des dommages-intérêts ad-
Eckhel, dans sa Doctrina nummoimm (t. vu, p. 277), jugés au propriétaire ; pour répétition des deniers ou
a traité complètement des Contorniates. des titres déposés entre les mains des personnes pu-
CONTRACTILITÉ (du latin contrahere, resserrer) bliques établies à cet effet (C. civ., art. 2059, et suiv.)
faculté que possèdent certaines parties de l’économie — en matière commerciale , pour tous les actes de
animale et végétale de se raccourcir en revenant sur commerce, même quand ils sont faits par des non-
elles-mêmes. Les végétaux et ceux des animaux dont commerçants, et contre toute personne condamnée
l'organisation est la plus simple (mollusques, vers, pour dette commerciale montant à 200 fr. au moins
etc.) présentent cette faculté dans tout leur corps; — en matière criminelle et correctionnelle pour
;

mais, dans les animaux où l’organisation est plus toutes les condamnations pécuniaires; — en matière
compliquée, elle devient l’attribution spéciale d’or- administrative contre tout comptable de deniers
ganes particuliers appelés muscles : ceux-ci doivent publics ou d’effets mobiliers publics, contre les débi-
leur contractilité aux filaments nerveux qui s’y dis- teurs de droits de douane, octrois et autres contri-
tribuent par diverses ramifications. Bichat a divisé butions indirectes, qui ont obtenu un crédit. — La con-
la contractilité en volontaire ou animale, dépen- trainte par corps peut, en outre, être prononcée contre
dant immédiatement de l’action du cerveau, comme les étrangers dans tous les cas précédents, et pour
dans les muscles de la locomotion l’exaltation de
; toute créance s’élevant à 150 fr. au moins. — Elle ne
cette faculté produit les spasmes et les convulsions
;
peut être prononcée, en matière de commerce, con-
son absence, la paralysie et en involontaire ou or- tre les débiteurs qui ont commencé leur 70* année.
;
ganique, indépendante de cette action, comme dans L’emprisonnement pour dette commerciale cesse de
les muscles des viscères de la digestion. plein droit après un an, lorsque le montant de la
CONTRACTION , phénomène physiologique qui condamnation principale ne s’élève pas à 500 fr. ;

est le résultat Ae\& contractilité. Voy. ci-dessus. après deux ans, lorsqu’une s’élève pas à 1,000 fr.
En Grammaire , la contraction est la réduction de après trois ans, lorsqu’il ne s’élève pas à 3,000 fr. ;
deux syllabes en une seule , comme dans les mots après quatre ans, lorsqu’il ne s’élève pas à 5,000 fr. ;
août, paon, faon, qu’on prononce oût, pan, fan. Le après cinq ans, lorsqu’il est de 5,000 fr. et au-dessus.
mot du est aussi une contraction pour de le; au, pour La loi romaine accordait anciennement aux créan-
à le; aux, pour à les. Dans toutes les langues il ciers un droit de vie et de mort sur leurs débiteurs.
y a
beaucoup de mots formés par contraction. La lan- La loi Petilia Papiria réduisit les droits des créan-
gue grecque offre de fréqueuts exemples de contrac- ciers sur la personne de leurs débiteurs à la simple
tion, notamment dans les noms et dans les verbes : contrainte par corps. En France, la contrainte par
la contraction corps remonte aux temps les plus reculés; elle s’exerça
y est soumise à des règles qu’ensei-
gnent toutes les grammaires. Il d’abord avec une extrême rigueur. Cette rigueur fut
y a deux sortes de
contractions, la sijnérèse et la crase. Voy. ces mots. adoucie par une ordonnance de Philippe le Bel, du
CONTRACTURE , maladie qui consiste dans la 23 mars 1302. De nouvelles ordonnances rendues
rigidité permanente et l’atrophie progressive des en 1539, en 1566, en 1657, en 1673, aggravèrent ou
muscles fléchisseurs, qui s’opposent aux mouvements améliorèrent alternativement la condition des débi-
d’extension au delà d’un certain degré. Elle est com- teurs. La Convention abolit complètement la con-
mune chez les individus atteints d’affections du cer- trainte par corps le 9 mars 1793 ; mais, sur les nom-
veau ou de la moelle épinière; elle survient à la breuses réclamations du commerce , elle fut rétablie
suite de rhumatismes, de névralgies, de convul- en principe par la loi du 24 ventôse an V; elle fut
sions. Dans cet état maladif, les fibres des muscles consacrée par le Code civil et le Code pénal. La loi
deviennent tendineuses et forment des espèces de du 17 avril 1832 modifia quelques dispositions du
cordes dures qui se dessinent sous la peau. On com- Code à cet égard et les compléta. Suspendue en 1848
bat la contracture par les bains tièdes, les bains de par le Gouvernement provisoire dès son établisse-
vapeur, et par l’extension mécanique des membres. ment (9 mars), la contrainte par corps fut rétablie
CONTRADICTION. Les Jurisconsultes appellent par la loi du 13 déc. 1848 , qui remit en vigueur la
ainsi , en matière de prescription une dénégation législation antérieure, ayec quelques adoucissements.
,
formelle, un refus positif, un désaveu du droit con- CONTRALTO, mot italien qui sert à désigner la
tre lequel on prescrit. La contradiction intervertit plus grave des voix de femme , intermédiaire entre
le titre de la possession, et rend prescriptible ce qui le soprano ou voix aiguë de femme , et le ténor o\i
ne l’était pas, en vertu de l’art. 2238 du Code civil. voix aiguë d’homme. Le Contralto ne s’élève guère
En Métaphysique, les Contradictions entre pro- au-dessus du mi, et il est d’autantplus précieux qu'’!!
positions également vraisemblables prennent le nom peut descendre plus bas. U y a peu de femmes qui
à’ Antinomies (Voy. ce mot). —
On appelle Principe
de contradiction, le principe de notre raison par le-
aient la voix de contralto. En Italie, on obtenait ar-
tificiellement ces voix chez les hommes. F. castr.vt.
, , . , , , , ,

CONT — 408 — CONT


CONTRAPUNTISTE , musicien habile dans le et les escadres. Ils remplissent les fonctions de chefs
contre-point. Voy. contre-point. d’état-major auprès des amiraux, celles de préfets
CONTRAT (en latin contractus, formé de cum et maritimes, d’inspecteurs-généraux, de majors-géné-
trahere tirer ensemble). D’après Tarlicle 1101 du raux de la marine, de gouverneurs des colonies, etc.
Code civil, «le contrat est une convention par la- Le navire monté par un contre-amiral porte au mât
quelle une ou plusieurs personnes s’obligent, en- d’artimon le pavillon tricolore de figure carrée.
vers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à CONTREBANDE (de contra, et du bas latin ban-
ne pas faire quelque chose. » Dans l’usage, ce mot se dum ban, édit). Ce mot, qui, dans son acception
dit spécialement de Tacte même ou de la pièce écrite la plus étendue, se dit de tout commerce qui se fait
qui forme la preuve littérale de l’engagement con- contre les lois fiscales d’un État, et qui est alors sy-
tracté. Le contrat est synallagmatique ou bila- nonyme de fraude se dit plus particulièrement des
téral lorsque les contractants s’obligent réciproque- contraventions aux lois de douanes, qui empêchent
ment les uns envers les autres. 11 est unilatéral lors- soit par une prohibition absolue, soit par des droits
qu’une ou plusieurs personnes sont obligées envers élevés, l'entrée des ma^handises étrangèies dans
une ou plusieurs autres, sans que, de la part de ces un pays. Souvent la contrebande s’exerce avec les cir-
dernières, il y ait d’engagement. Il est commutatif constances aggravantes d’attroupement et de port
lorsque chacune des parties s’engage à donner ou à d’armes. Les faits de contrebande sont déférés , se-
faire une chose qui est regardée comme l’équivalent lon leur gravité, aux juges de paix, aux tribunaux
de ce qu’on lui donne ou de ce qu’on fait pour elle. correctionnels, et, dans les cas de rébellion avec at-
Lorsque l’équivalent consiste dans la chance de gain troupement et port d’armes, aux cours d’assises. Les
ou de perte pour chacune des parties d’après un évé- peines sont 1° la confiscation des marchandises et des
:

nement incertain, le contrat est dit aléatoire [à’ aléa, moyens de transport ; 2® une amende solidaire de
coup de dé) : le pari, la rente viagère, l’assurance, l,000fr. si l’objet de la confiscation n’excède pas cette
sont des contrats aléatoires (art. 1101-4). On di- — somme, ou du double de la valeur des objets confis-
vise les contrats en nommés et en innommés. Les qués si cette valeur excède l,000fr.; 3® un emprison-
premiers sont ceux qui ont un caractère spécial et nement qui ne peut être moindre de six mois, ni ex-
déterminé, tels que les contrats de mariage, d’w- céder trois ans. En cas de crimes soumis aux cours
nion, de vente, de louage, le contrat à la grosse d’assises, la réclusion et les travaux forcés à perpé-
(Voy. ces noms) ; les seconds sont ceux qui ne sont tuité peuvent être prononcés. M. Égron a publié un
pas assez usuels pour avoir reçu une dénomination Recueil de tous les moyens de contrebande déjoués
particulière. Le titre III du 3« livre du Code civil est par l’administration des douanes 1816; M. Vil-
tout entier consacré aux contrats et aux obligations lermé fils, les Bouanes et la Contrebande 1851.
conventionnelles. —On distingue encore C. de : CONTRÉ-BANDÉ , terme de Blason , se dit d’un
bienfaisance, dans lequel Tune des parties procure écu également divisé en deux émaux dans le sens de
à l’autre un avantage purement gratuit C. à titre -, la bande et taillé de manière que les parties de
,

onéreux, celui qui assujettit chacune des parties à bandes qui se répondent soient d’émaux différents.
donner ou à faire quelque chose. CONTRE-BARRE, terme de Blason, se dit d’un
On a nommé Contrat social une convention ex- écu tranché dont les portions de barres qui sc ré-
presse ou tacite par laquelle sont réglés les droits et les pondent sont d’émaux différents.
devoirs respectifs d’un peuple etde son gouvernement: CONTRE-BASSE. grand instrument
C’est le plus
pendant longtemps, un contrat social parut une pure de la famille des Violons. résonne à l’octave grave
Il
utopie; les chartes et les constitutions librement dé- du violoncelle. La contre-basse est souvent à trois
battues chez plusieurs nations modernes (Angleterre, cordes; mais l’usage tend à prévaloir d’en mettre
Etats-Unis, France, Belgique, etc.), ont réalisé cette quatre. C’est un instrument très-précieux dans l’or-
utopie. On connaît spécialement, sous le titre de Con- chestre , mais peu propre au solo et à la musique de
trat social, un ouvrage célèbre de J. -J. Rousseau, où chambre. Son usage ne paraît pas remonter au delà
U imaginait un contrat qui aurait été fait à l’origine de l’année 1700.
des sociétés ; ce livre, qui souvent n’est qu’une dange- CONTRE-BASSON, instrument à vent qui donne
reuse utopie, fut comme l’Évangile de la Révolution l’octave basse du basson.
CONTRA.VENTION (de contrevenir, s’opposer). CONTREDANSE (du mot anglais country-dance,
Ce mot, qui, dans l’usage vulgaire, peut s’appliquer danse de campagne), sorte de danse à huit, à douze,
à toute infraction à une loi, à un règlement ou même à seize personnes ou plus, dans laquelle les danseurs
à une simple convention, exprime, en Droit, le fait sont divisés par couples, placés en face les uns des
qui , tout en pouvant n’être pas blâmable en lui- autres, et exécutent des pas, qui sont auditât après
même , devient répréhensible et punissable à cause répétés par leurs vis-à-vis : c’est ce que l’on nomme
des prohibitions de la loi. Le Code pénal (art. 1) aujourd’hui quadrille. Les airs de musique destinés
définit la contravention « toute infraction que les à ce genre de danse sont d’un mouvement plus ou
lois punissent des peines de police,» et il oppose la moins animé, à deux temps, ou à six-huit, et la
contravention au délit, puni de peines correction- mélodie doit eu être coupée de huit en huit mesures,
nelles, et au crime, puni de peines afflictives ou avec reprises et retour au sujet.
infainantes. —L’article 137 du Code d’instruction CONTREDITS. On nomme ainsi, en style de Pra-
criminelle considère comme contraventions de simple tique, les écritures fournies par une partie contre
police les faits qui ne peuvent donner lieu qu’à une les pièces produites par l’autre partie dans les affaires
amende de 15 fr. au plus, ou à cinq jours d’empri- qui s’instruisent par écrit.
sonnement. La connaissance en est attribuée au juge CONTRE-ÉPREUVE. Dans les arts du Dessin, on
de paix et au maire (art. 138-178). appelle ainsi une estampe ou dessin qu’oii tire sur
CONTRA -YERVA , mot espagnol qui signifie une estampe fraîchement imprimée ou sur un dessin
herbe-contre c.-à-d. contre-poison désigne la l’a- au crayon, et qui reproduit les mêmes traits, mais
cine de plusieurs espèces du genre Dorsténie em- à rebours , le côté droit paraissant à gauche.
pliwées comme antidotes. Voy. dorsténie. CONTREFAÇON. Ce mot se dit et de l’imitation
CONTRE-AMIRAL, officier de la marine militaire frauduleuse des œuvres d’autrui, et de l’œuvre même
qui vient immédiatement après le vice-amiral, et produite par cette industrie spoliatrice. 11 s’applique
qui a le troisième grade parmi les officiers généraux le plus souvent aux atteintes portées à la
propriété lit-
;
il a rang de général de brigade. Le contre-.imiral téraire. D’après l’art. 425 du Code pénal , toute repro-
«'appelait autrefois chef d’ escadre Les contre-ami- duction d’écrits, de composition musicale, de dessin,
raux commandent les divisions des armées navales de peinture ou de toute autre œuvre imprimée ou gra-
,. , ^ ,,

CONT 409 - CONT


«ée au mépris des droits et règlements relatifs à la Marine militaire, on nomme
ainsi un officier de

la propriété des auteurs, est


une contrefaçon. Le manœuvre qui est sous les ordres du maître d’é-

débit d’ouyra-ges contrefaits, 1 introduction sur le quipage et qui le remplace au besoin. Le contre-
territoire français d’ouvrages cjui , après
avoir été maître est chargé de l’inspection de la cale et des
imprimés en France, ont été contrefaits à l’étranger, ouvriers qui y travaillent.
sont des délits de la même espèce (Code pén art. 425) CONTRE-MARCHE, se dit, en général, de la mar-
La peine contre le contrefacteur ou contre l’in- che d’une armée en sens contraire ou opposé à celui
troducteur est une amende de 100 à 2,000 fr. ; et dans lequel elle paraissait vouloir aller, afin de
contre le débitant, une amende de 25 à 500 fr. La tromper l’ennemi. —
En termes de Manœuvres, la
confiscation de l’édition contrefaite est en outre pro- contre-marche est l’évolution par laquelle une co-
noncée. Les planches, moules, ou matrices des objets lonne fait volte-face; elle s’exécute circulairemeut
contrefaits sont aussi confisqués. —
Tout directeur, par une marche de front. —
On appelle aussi contre-
tout entrepreneur de spectacle , toute association marche l’évolution d’une armée de vaisseaux en li-
d’artistes qui fait représenter sur son théâtre des ou- gne, exécutant une même manœuvre dans les eaux
vj'ages dramatiques au mépris des lois et règlements les uns des autres.
relatifs à la propriété des auteurs, est puni d’une Les Charpentiers donnent ce nom à la hauteur de
amende de 50 à 500 fr. , et de la confiscation des recet- chaque marche d’un escalier, et les tisserands à un
tes. — Le produit des confiscations est remis au pro- levier posé entre les marches d’un métier à tisser.
priétaire pour l’indemniser d’autant (C p., a. 426-29).
.
CONTRE-MINE , ouvrage souterrain que l’on fait
La contrefaçon àl’étranger ne peut être atteinte que pour éventer la mine de l’ennemi. Voy. mine.
par des traités de commerce plusieurs traités de ce
: CONTRE-PARTIE, nom donné, en Musique, aux
genre ont été récemment conclus avec l’Angleterre, parties diamétralement opposées : ainsi, la basse
les États-Unis, la Sardaigne, l’Espagne, le Portugal, est la contre-partie du dessus.
la Toscane, et la plupart des États allemands; enfin, CONTRE-POINT. Ce mot a pour origine l’usage
la Belgique , où s’exerçait surtout ce genre de pirate- où l’on était jadis de se servir de points au lieu de
rie, y a renoncé par une convention signée le 22 août notes pour écrire la musique, et signifie proprement
1852 et ratifiée en 1854. Déjà le gouvernement fran- l’opposition des notes les unes aux autres , comme
çais avait, par un décret du 28 mars 1852, donné cela a lieu dans l’harmonie; mais le contre-point
l’exemple d’interdire sur son territoire toute contre- s’entend plus précisément de certaines combinai-
façon d’ouvrages étrangers. sons musicales, telles que l’imitation mélodique et
On peut consulter sur cet intéressant sujet le Traité le renversement de l’harmonie. Le contre-point est
des Droits d’auteur de M. Renouard, les Traités de la à l’harmonie ce que l’art de développer ses idées est
Contrefaçon de M. Blanc et deM. Ed. Calmels, etl’ou- à la grammaire et à la syntaxe. L’harmonie apprend
vragedeSl. Villefort sur les Traités relatifs à la Con- à écrire correctement la langue musicale ; le contre-
trefaçon littéraire ( 852). V. propriété littéraire
1 . point enseigne à traiter simultanément toutes les
La contrefaçon en matière d’industrie est atteinte parties harmoniques, à les ench;dner, à poursuivre
par des lois spéciales; mais il faut que le plaignant la pensée musicale , et à l’enrichir d’une multitude
ait préalablement constaté son droit, soit par la prise de ressources. On appelle C. simple l’harmonie en
d’un brevet d’invention, soit, pour les dessins sur étof- accords plaqués et en notes de valeurs égales , par
fes, par le dépôt aux archives des prud’hommes, soit opposition avec le C. fleuri, où les valeurs des notes
enfin par l’adoption d’une nianiue de fabrique. La — varient entre les parties. Dans le C. double, l’har-
contrefaçon des sceaux de l’État, des billets de ban- monie est renversée c’est-à-dire qu’elle passe du
que, des effets publics, des poinçons et des timbres, dessus à la basse , et réciproquement. Le contre-
est punie des travaux forcés à temps ou à perpé- point devient triple ou quadruple (pxaccià on l’écrit
tuité (Code pénal, art. 139 et suiv.). Voy. faussaire. à trois ou quatre parties , en harmonie renversée ;
CONTREFORTS ou éperons, espèce de grands enfin, on distingue encore le C. fugué, le C. libre
piliers butants, carrés ou triangulaires, qu’on érige et le C. rigoureux. Le premier emploie les imita-
soit dans les murs de quais, de remparts, de di- tions qui caractérisent la fugue; le second admet
gues, destinés à résister à la poussée des terres et une foule de licences, tandis que le dernier est assu-
au poids de l’eau , soit dans ceux qui supportent des jetti les plus sévères du genre.
aux règles
voûtes ou des poids considérables. Il ne faut pas l’invention du contre-point à Gui d’A-
On attribue
confondre les contre-forts avec les arcs-boutants rezzo, au commencement du xi* siècle ; mais cet art
(Voy.ço mot). — On appelle encore ainsi, en Géo- s’est développé par degrés dans les siècles suivants,
graphie , les monticules moins élevés , qui ont l’air au point qu’il représente aujourd’hui ce que la com-
de soutenir le pied despics des chaînes de montagnes. position musicale a de plus difficile et de plus com-
CONTRE-GARDE, autrefois Couvre-face, nom pliqué. Les compositeurs les plus habiles dans l’art
donné, en Fortification, à un ouvrage construit au- du contre-point sont désignés sous le nom de con-
devant d’un bastion, d’une demi-lune, etc., et des- trapuntistes. On cite parmi eux les savants musi-
tiné à couvrir les faces de l’ouvrage qu’il défend ciens du XVII® et du xviii® siècle, J.-Séb. et Emmanuel
contre les batteries de brèche, dans le but de forcer Bach, Hændel, Joseph et Michel Haydn, Mozart, et
l’assiégeant à s’emparer d’abord de cet ouvrage par plus près de nous, Beethoven et Cherubini. On doit
les moyens qu’il aurait employés pour ouvrir le à ce dernier un Cours de Contre-point, Vatis, 1836.
corps de place, et prolonger ainsi la durée du siège. CONTREPOINTE. En termes d’ Armurier ,
on
CONTRE-LÉTTRE , acte , ordinairement secret nomme contrepointe de lame, ou faux tranchant
destiné à détruire ou à modifier un autre acte en la partie tranchante du dos de la lame d’un sabre
tout ou en partie. Cet acte ne peut avoir d’effet celle qui est la plus voisine de la pointe , et qui , en
qu’entre les parties contractantes ; il n’en a aucun s’amincissant, forme un double taillant : l’espèce
contre les tiers (Code Nap., art. 1321). Les contre- d’échancrure pratiquée aux cimeterres est en cm-
lettres qui ont pour effet de modifier les conventions
entre époux , avant la célébration du mariage, doi-
trepomte. —En termes d’Escrime , la contrepointe
diffère de l’espadon en ce qu’elle a dés parades moins
vent être faites par acte notarié. Le Code Nap. per- larges, et se combine de coups de taille et d’estoc.
met de les opposer à des tiers, si elles ont été rédi- Cette manière de combattre est souvent mortelle.
gées à la suite de la minute du contrat. CONTRE-POISON. Voy. antidote et poison.
CONTRE-MAITRE. Dans les atehers on donne ,
CONTRESCARPE , bord extérieur du fossé d’une
ce nom à un ouvrier en chef chargé de diriger et place forte ou d’un ouvrage détaché; celui qui re-
de surveiller le travail des autres ouvriers. — Dans garde la face ou l’escarpe. Voy. escarpe.
, , , , , ,

CONT - 410 - CONV


CONTRE-SCEL, contre-seing. On appelle cow^re- 4®. Diverses marques ou poinçons qui doivent être
scel un petit sceau qui s’appose sur le tiret de par- appiiqués sur les matières d’or et d’argent, avant
chemin dont on se sert pour attacher des lettres qu’elles soient mises en vente. On distingue trois
scellées en chancellerie, à l’effet d’assurer l’authenti- espèces de contrôle : celui du fabricant, celui du
cité de l’acte. Le contre-scel n’a été adopté que vers titre [Voy. ce mot); et celui du bureau de garantie.
le Tiii® siècle croit que Philippe-Auguste est le
on Tout objet non contrôlé est confisqué, et entraîne
premier roi qui
;

en ait fait usage. Le contreseing, une amende de 200 à 1,000 fr. Les marques du contrôle
ou signature de celui qui contre-signe, s’emploie de l’Etat sont changées tous les ans. La contrefaçon
dans le même but que le contre-scel. Son usage, du poinçon de l’État est punie des travaux forcés à
considéré comme nécessaire, ne remonte pas au delà temps (Code pénal , art. 140) Le droit de contrôle,
.

du XV® siècle. Les rois, étonnés de la facilité avec la- dit droit ô’ essai ou de touchau est d’un franc par
quelle leur signature était surprise, décidèrent qu’au- hectogramme d’argent et de 20 fr. par hectogr. d’or.
cun acte émané d’eux ne serait valable qu’autant qu’il CONTROLEUR GÉNÉRAL. On donnait autrefois
porterait le contre-seing de l’un des officiers attachés le nom de contrôleur général des finances à Tun des
à leur personne. Cette règle est devenue depuis la premiers officiers de l’Etat , chargé de contrôler et
base de notre système constitutionnel aucun acte : d’enregistrer tous les actes qui avaient rapport aux
émané du pouvoir n’est considéré comme valable s’il finances du roi. D’abord soumis au surintendant
ne porte le contre-seing d’un ministre responsable. général des finances, il devint, après la suppression
CONTRE-STIMULANTS. Voy. stimulants. de cette charge (1661), le chef du service des finances,
CONTREVALLATION (ligne de), suite d’ouvrages c’est-à-direun véritable Ministre des finances.
de fortification opposée à la ligne de circonvalla- CONTROVERSE [àe contra, contre, et versare,
tion. Voy. ce mot. tourner, agiter), dispute sur un sujet quelconque’,
CONTRJBUTION. En matière d’impôt , c’est ce principalement sur des questions philosophiques ou
que chacun donne pour sa part des charges publi- religieuses. La controverse a été de tout temps cul-
ques. On distingue : les C. directes, directement tivée avec ardeur, et a été de bonne heure réduite
établies sur les biens et sur les personnes, telles que en art : la Sophistique des Protagoras, des Gor-
la C. foncière, perçue sur les propriétés la C. person-
-, gias, des llippias; la Dialectique àcs Platoniciens;
nelle et mobilière sur les personnes et les habitations; VArt éristique d’Éuclide et des Mégariens V Argu- ;

la C. des portes et fenêtres, la C. des patentes les mentation des Scolastiques, n’étaient que des for-
C. sur les mines, etc. ; —les C. indirectes, établies mes diverses de la controverse.
sur les transactions, sur les objets de commerce et de Dans les temps modernes, le nom de Controverse
consommation , ou sur certaines choses dont le be- a été réservé aux disputes élevées entre les catholiques
soin est éventuel tels sont les droits d’enregistre-
: et les sectes dissidentes sur des peints de foi ; c’est en
ment, de timbre, d’octroi, de douanes,de péage, etc., ce sens que Ton dit ; étudier la Controverse pour
l’impôt sur les sels , sur la fabrication des cartes à étudier les matières controversées. Bellarmin, Du
jouer, la vente des tabacs et de la poudre, etc. Les Perron, le cardinal de Lorraine, Bossuet, Arnault,
contributions indirectes ont remplacé les droits Nicole, Pellisson, Papin parmi les catholiques ; Théo-
réunis [Voy. ce mot). La perception de ces contri- dore de Bèze, Bayle, Jurieu, Chillingworth parmi
butions est confiée à une administration qui, depuis les protestants, se sont fait un nom comme contro-
le décret du 27 décembre 1851, porte le titre de versistes. —La controverse exerce et éclaire l’intel-
Direction générale des douanes et des contribu- ligence ; mais, en présentant sans cesse le pour et le
tions indirectes. Voy. impôts et perception. contre , elle expose au scepticisme les esprits indécis.
En Droit, on entend par contribution, ou contri- CONTUMACE (du latin contumax, opiniâtre, ré-
bution de deniers, la répartition ou partage pro- fractaire), se dit et du refus de comparaître en jus*
portionnel du prix des biens d’une personne entre tice , et de l’accusé qui fait ce refus. Ce mot n’est
tous ses créanciers, lorsque ces biens ne suffisent pas d’usage qu’au grand criminel. Tout accusé est tenu
au payement intégral de toutes les créances. de se présenter dans le délai de dix jours ; sans quoi
CONTRITION (en latin contritio, de conterere ses biens sont mis en séquestre, et, après^ l’instruc-
broyer, briser). C’est, d’après la définition du concile tion de l’affaire , la cour prononce sans l’assistance
de 'Trente, une détestation du péché commis, avec un du jury. Les condamnations par contumace n’em-
ferme propos de ne plus pécher à l’avenir. On distin- portaient la mort civile qu’après les cinq années qui
gue la contrition parfaite, qui a pour motif Tamour suivaient l’exécution du j u gement par effi gie. Les con-
de Dieu, de la contrition imparfaite ou attrition, damnations par contumace cessent de produire leur
qui est conçue par la considération de la laideur effet du moment où le condamné se présente.'
du péché , ou par la crainte des peines de Tenfer. CONTUSION (du \a.\.\ncontundere, écraser, meur-
CONTROLE (de contre rôle). Avant 1789, on
,
trir), lésion causée dans les tissus vivants par le choc
appelait contrôle la formalité à laquelle étaient sou- violent des corps, sans destruction de la peau. Quand
mis les actes et les contrats, et qui consistait dans leur la contusion est légère et n’affecte que des parties
reproduction par extraits dans des registres publics, superficielles ,
la peau devient brunâtre ou violette
à l’effet d’en assurer l’existence et la date positive. par suite de Textravasion du sang; si le coup est plus
C’est ce qu’on appelle aujourd’hui enregistrement. violent, les muscles, les vaisseaux, les nerfs, peuvent
Aujourd’hui , on entend par contrôle : être déchirés, les os même être fracturés. Dans ce
1®. L’état nominatif des personnes qui appartien- dernier cas, l’amputation est quelquefois nécessaire.
nent à un corps, soit de Tarmée proprement dite, Le plus souvent il suffit d’appliquer aux^ contusions
soit de la garde nationale; légères des compresses ou des affusions d’eau froide,
2®. La surveillance qu’exercent, dans les différents d’eau végéto-minérale, d’eau vinaigrée à laquelle on
ser^ces publics , sur les opérations des agents in- ajoute du sel, etc. L’eau-de-vie camphrée et les eaux
férieurs , des fonctionnaires appelés contrôleurs : spiritueuses dites vulnéraires sont aussi très-effica-
toutes les branches des contributions, directes ou ces. Les sangsues et les ventouses scarifiées
convien-
indirectes , ont leurs contrôleurs particuliers ; nent dans les contusions profondes des membres ou
3®. Une direction spéciale du ministère des Finan- des parois des cavités splanchniques. S’il se mani-
feste dans la partie contuse de la tension, ne
ces, dite Contrôle central du trésor publie, qui em- la

brasse la vérification des recettes et dépenses jour- douleur ou de la chaleur, on remplace les réfrigé-
nalières de la caisse du trésor, le visa des récépissés rants et les résolutifs par les topiques émollients.
et valeurs émises , le contrôle et visa des certificats CONVALLAIRE, Convallaria (de vallis, vallon),
famille
d’inscription d« rente sur le grand-livre , etc. ou Lys des vallées, genre de plantes de la
, , , , ,,,

CONV — 411 — CONV


des Smilacinées, à en forme de cloche et dont
fleurs bée spliériquement. Voy. verres, lentille, miroir.
le fruit est une baie globuleuse à trois loges. H ne CONVICT (c.-à-d. convaincu), nom donné par les
renferme qu’une seule espèce, la Convallaire de Mai, Anglais aux criminels déportés. Voy. déportation.
plus connue sous le nom de Muguet. Voy. ce mot. CONVOI (du leLÜnconvehere, porter, voiturer). On
COÎSVENTION. En Droit, les conventions légale- appelle ainsi : dans l’Art militaire, soit une réunion
ment formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont de transports conduisant d’un point à un autre des
faites ; elles ne peuvent être révoquées que de leur malades et des blessés , ou bien des munitions de
consentement mutuel ou pour les causes que la loi guerre ou de bouche, des bagages, des effets d’ar-
autorise (Code Nap., art. 1134). Les conventions — mement et d’habillement, etc.; soit des colonnes de
écrites prennentlesnomsdeconfrafs et d’oft/îg-affo^jÿ. prisonniers de guerre , escortées par une troupe de
En Politique , on donne le nom
de convention à soldats; — dans la Marine, une réunion plus ou
tout pacte ou traité conclu entre plusieurs puissances moins considérable de bâtiments de commerce na-
pour l’exécution en commun d’un même plan de viguant, pendant la guerre, sous l’escorte de vais-
conduite. — Il s’emploie aussi quelquefois comme seaux de l’État;— sur les Chemins de fer, une suite
synonyme de capitulation. Voy. ce mot. de wagons traînés par la même locomotive.
En Histoire, le nom de Convention a été donné à Convoi funèbre. Voy. funérailles.
diverses assemblées nationales formées dans le but CONVOLUTÈ (du latin convolutus, roulé). En
de rédiger ou de modifier la constitution d’un pays :
Botanique, on appelle feuille convolutée celle qui
on connaît surtout sous ce nom le parlement anglais est roulée sur elle-même OH autour d’un autre corps,
de 1688 et l'assemblée qui gouverna la France de de manière à former un cornet. Une feuille convolu-
1792 à 1795. Voy. le Bict. univ. d’H. et de G. tive est celle qui est roulée sur elle-même, de sorte
CONVERGENT (du latin cum, ensemble et ver- ,
que l’un de ses bords représente un axe autour du-
gere, pencher vers), se dit, en Géométrie, des lignes quel le reste du limbe décrit une spirale.
droites qui se dirigent vers un même point; des CONVOLVULACEES (du genre type Convolvulus,
courbes hyperboliques du troisième ordre dont les Liseron), famille de végétaux dicotylédonés monopé-
,
branches tendent l’une vers l’autre en se diiûgeant tales hypogynes, renferme des plantes herbacées ou
vers le même côté on l’oppose à divergent.
: En — frutescentes, à tiges généralement volubiles ou grim-
Mathématiques on appelle séries convei'getites des
,
pantes, à feuilles alternes, à fleurs soutenues par des
séries toilesque, si on prend un nombre suffisamment pédoncules uniflores oumultiflores, et souvent très-
grand de termes, l’erreur que l’on fait en négligeant grandes ; les graines sont, en général, dures, à sur-
le reste des termes peut être rendue aussi petite que face chagrinée et hérissée de poils ; le fruit est une
l’on voudra. —
En Physique, on nomme rayons con- capsule , avec une ou deux graines. Cette famille
vergents ceux qui, en se prolongeant, vont passer par importante se divise en 2 tribus : les Convolvula-
un même point. Les miroirs sphériques et paraboli- cées proprement dites et les Cuscutées; la ren-
ques et les lentilles sphériques à bords tranchants ferme les genres Convolvulus on Liseron (genre type),
rendent convergents les rayons parallèles à leur axe. Quamoclit, Wilsonie, etc. ; la 2« renferme les gen-
CONVERS (frère), converse (soeur), de
comer- res Cuscute, Liserolle, etc. La plupart des Convol-
sus , ou récemment admis. On nomme
converti vulacées habitent les régions intertropicales ; cepen-
,
ainsi dans les couvents
les frères et les sœurs em- dant on en trouve encore beaucoup dans nos climats
ployés aux œuvres serviles. C’est généralement le tempérés. Quelques-unes de ces dernières , notam-
premier degré par lequel on passe. C’est S. Jean ment la Belle de jour, donnent des fleurs éphémères
Gualbert, abbé de Vallombreuse, qui, le premier, remarquables par l’éclat des couleurs de leur corolles.
établit les frères convers dans le siècle. Plusieurs plantes fort connues, soit médicinales (le
,
CONVERSION (du latin convertere, tourner, chan- Jalap, la Scammonée), soit alimentaires (la Patate )
ger). En
Religion , ce mot signifie changement de appartiennent aussi à cette famille.
'^'’oy^nce de mai en bien {Voy. abjuration). CONVOLVULUS (de convolvere, rouler), nom bo-
L’Eglise fête le 25 janvier la Conversion de S. Paul. tanique du Liseron tiré de la disposition qu’a cette
En Arithmétique, on appelle conversion d’un plante à s’enrouler autour des corps voisins.
nombre une nouvelle manière de l’exprimer; pro- CONVULSION ( du latin convellere secouer
portion par conversion de raison, la comparaison ébranler), mouvement brusque, irrégulier, invo-
de 1 antécédent avec la différence de l’antécédent et du lontaire des muscles. On distingue des convulsions
conséquent dans deux raisons égales.
la conversion des équations est l’opération
En Algèbre, — toniques (du grec tonos, tension), caractérisées par
par la- la tension et la roideur des muscles, et des convul-
quelle une quantité inconnue étant sous la forme sions cloniques [declonos, agitation), caractérisées
de
fraction, on réduit le tout à un même dénomina- par des secousses et des soubresauts provenant de la
teur, pour ne conserver ensuite que les numérateurs contraction et du relâchement alternatifs des mus-
dans l’équation. —
En Astronomie , le mot conver- cles ; dans l’un comme dans l’autre cas, bien que ce
sion se disait autrefois de toute révolution céleste. soient les muscles qui paraissent seuls en exercice,
Dans l’Art militaire, la conversion est un mou- le siège du mal est dans un désordre du système
vement par lequel le front d’une troupe change de nerveux. Aux C. toniques se rapportent le tétanos,
direction en tournant ou pivotant sur son extrémité la catalepsie ; aux C. ioniques, l’éclampsie, la cho-
de droite ou sur celle de gauche. rée, l’épilepsie, l’hystérie, l’asthme, les palpita-
Conversion des propositions. On nomme ainsi tions, etc. Les convulsions proviennent soit de causes
en Logique, ce qui a lieu lorsqu’on change le sujet pathologiques, telles que les différentes maladies du
en attribut et l’attribut en sujet, sans que la propo- système cérébro-spinal (méningite, encéphalite), les
sition cesse d’être vraie, comme quand, par exem- vers intestinaux, l’inflammation Etiguë du tube di-
ple, on change la proposition Quelques hommes gestif, les blessures ou fractures, l’action de certains
:
sont justes, en celle-ci : Quelques justes sont hom- poisons, la rage ; soit de causes physiologiques, telles
mes. Les propositions universelles négatives et les pro- que la dentition, la grossesse, l’accouchement, l’excès
positions particulières peuvent se convertir sans au- des travaux intellectuels , les veilles trop répétées
cun changement; mais les ;^iverselles affirmatives une excitation trop vive des sens, une impression
ne peuvent se convertir qu’en ajoutant une marque brusque et imprévue, les passions exaltées , surtout
de particularité à l’attribut devenu sujet. le fanatisme religieux. On peut être prédisposé aux
Conversion des rentes. Voy. rentes. convulsions par l’hérédité, par les émotions morales
CONVEXE (du latin convexus, même signif.), se qu’a pu éprouver la mère pendant la grossesse. Les
dit, par opposition à concave, de toute surface bom- enfants et les femmes y sont plus sujets que les
, , , , , , ,

COPA — 412 - COQ


hommes. La marche des convulsions est très-varia- diacées,au Courbaril et autres arbres résineux. Cette
ble; elles peuvent être intermittentes, continues ou résine nous vient de l’ile de Ceylan et du Rrésil;
périodiques ; le plus souvent elles durent peu d’in- mais on préfère celle de l’Inde. Elle entre dans la
stants et cessent spontanément. composition des meilleurs vernis à l’huile, à l’éther
Le traitement varie selon les circonstances. S’il y a et à l’alcool, et est des plus solides. Etendue sur du
dos signes de pléthore, on a recours aux émissions bois, du papier, du métal, etc., elle reste parfaite-
sanguines; si, au contraire, la peau est pâle, si le ment transparente et forme un vernis appelé Vernis
pouls est faible et lent, ou serré et dur, on insistera copal , vernis à la copale ou Vernis Martin , du
sur les révulsifs, tels que sinapismes, vésicatoires, nom du tabletier Martin , son inventeur.
frictions stimulantes, etc.; on emploiera les bains COPEAU (du grec copéion, morceau). —
On ap-
salins et les lavements de même nature ; on y join- pelle Vin de copeaux, du vin nouveau que l’on fait
dra l’emploi dos antispasmodiques, tels que les in- passer sur des copeaux, ou dans lequel on a fait
fusions de tilleul, de feuilles d’oranger, le camphre, tremper des copeaux : ce qui a pour effet de l’éclaircir
le musc , le castoréum , l’éther, le quinquina et les et de le mettre plus promptement en état d’étre bu.
opiacés, mais à très-petite dose. Les bains tièdes sont COPEC, monnaie russe. Voy. kopek.
aussi fort avantageux. On a encore tenté l’emploi de COPPA, signe numéral des Grecs. Voy. koppa.
l’électricité, l’insufflation pulmonaire, la compression COPRIS, nom latin du Bousier. Voy. ce mot.
des artères carotides. On vante les affusions froides COPROLITHES (du grec copros excrément , et
ou les applications de glace sur la tête. lithos, pierre), concrétions qu’on rencontre quel-
Convulsions de Saint-Médard. On appelait ainsi, quefois en quantité considérable dans le terrain
au dernier siècle (1727), des phénomènes singuliers houiller et dans le lias, et qu’on considère comme
qu’offraient des Jansénistes exaltés en priant sur le les excréments pétrifiés de certains poissons et d’au-
tombeau du diacre Paris, martyr de leur secte, enterré tres animaux antédiluviens. On les emploie comme
au cimetière de Saint-Médard ils éprouvaient des
: engrais. M. Buckland a attiré, dès 1829, l’attention
convulsions ou des extases, pendant lesquelles ils des savants sur ces pétrifications , d’où il a tiré de
paraissaient insensibles aux coups les plus violents. curieuses inductions sur l’organisation des animaux
Voy. CONVULSIONNAIRES au Dict. univ. d’H. et de G. d’où elles provenaient.
CONYZE (du grec conyza, nom de plusieurs plan- COPROPHAGES (du grec copros, excrément, et
tes chez les anciens), Conyza, genre de la famille des phagô, manger) , genre d’insectes Coléoptères tétra-
Composées, tribu des Astéroidées, renferme un grand mères de la tribu des Scarabéides , famille des La-
nombre de plantes herbacées ou frutescentes pres- mellicornes ; contient tous les scarabées qui, comme
que toutes particulières aux contrées chaudes, à le nom l’indique, vivent des excréments des animaux.
fleurs en corymbe ou en panicule terminale. On COPTOGRAPHIE (du grec coptô, couper, etyra-
cultive dans nos jardins la C. de Virginie ou Séne- phô écrire), art de découper des morceaux de car-
çon en arbre arbrisseau de 2 à 3"’, à feuilles per- ton de manière que leur ombre, projetée sur une
sistantes, ponctuées de blanc, à fleurs petites et muraille, y dessine des figures.
blanchâtres, environnées d’écailles pourprées. On COPULATIVE (conjonction). Voy. conjonction.
trouve en France ; la C. raboteuse, à qui son odeur COPULE (du latin copula, lien), se dit, en Logique
pénétrante, fatale pour les insectes, a vaiu le nom et en Grammaire , du mot qui lie le sujet d’une pro-
d’ Herbe aux mouches. Elle habite les bois et les haies, position avec l’attribut. Le verbe être exprimé ou
et a une tige droite haute de 0“,75 à 1“>, des feuilles sous-entendu, est la copule de toutes les propositions.
sessiles et des fleurs jaune-pâle. COQ (du grec kokkyzô, qui exprime le chant du
COOLIS ou COULIS, Indiens qui s’engagent pour coq?) , Ga?/as, genre de l’ordre des Gallinacés et de
être transportés dans les diverses colonies européen- la famille de Faisans , a pour caractères : un bec
nes à l’effet d’y travailler librement , moyennant allongé, médiocre, moins haut que large, la tête
salaire convenu et à la condition d’être ramenés surmontée d’une crête charnue chez les mâles la ;

dans leur pays après un temps déterminé. On a eu gorge souvent garnie de deux barbillons charnus et
recours à ces engagements depuis l’abolition de pendants; les ailes courtes, larges. Ordinairement
l’esClavage, pour rétablir la culture dans les colonies. on réserve aux mâles le nom de coqs; les femelles
COORDONNÉES, nom donné, en Géométrie, à portent le nom de poules. Le mâle se distingue de
deux lignes droites considérées dans leur disposition la femelle par un plumage plus brillant; il a les
relative , et servant à déterminer la direction d’une caroncules de la tête et de la gorge plus prononcées;
courbe. On détermine cette direction en rapportant sa taille est plus grande ; ses tarses plus robustes et
chaque point de la courbe à deux droites perpendi- armés à leur base , un peu au-dessus du pouce, d un
culaires l’une sur l’autre, et dites, l’une axe des ergot ou éperon. —Les oiseaux qui composent le
abscisses, et l’autre axe des ordonnées. genre Coq sont lourds et pesants, et volent avec dif-
COPAHU (résine ou baume de), substance résineuse ficulté ; ils sont omnivores , mais ils préfèrent les
extraite du Copaier.
V. copaïer et baume de copahu. graines. Selon plusieurs naturalistes, l’espèce qui a
COPAIER , Copaifera genre de la famille des donné naissance à la plupart de nos races domesti-
Légumineuses , section des Césalpiniées , tribu des ques est le Coq bankiva qui vit sauvage dans l’île
Cassiées, est composé d’arbres assez élevés, indigènes de Java : le mâle de cette espèce a la crête dentelée,
de l’Amérique méridionale. L’espèce la plus connue une collerette orangée et dorée autour du cou, -et le
est celle qui donne le copahu , le Copaier officinal corps noir en dessous; la femelle est d’un roux brun
{C. offlcinalis), arbre touffu, à feuilles composées vermiculé en dessus, et roux clair avec des flammes
de 5 à 8 folioles, entières, un peu luisantes, ponc- blanchâtres en dessous. On met au même rang le Coq
tuées ; à fleurs petites, blanchâtres en grappes ra-
, de Sonnerai, dont le mâle est gris avec une crête
meuses, axillaires, et dont le fruit orhiculaire, bi- dentelée, et dont la femelle est rousse.
valve, comprimé, contient 1 ou 2 graines. On en tire Le Coq domestique est une espèce du genre Coq
la résine de copahu au moyen d'incisions faites à réduite à l’état de domesticité. Un bon eoq doit être
l’écorce pendant les grandes chaleurs. de tailie moyenne; il a le plumage brillant et varié;
COPAL (nom mexicain), espèce de gomme formée la tête haute , garnie d’une large crête et de barbes
d’une matière résineuse solide, cassante, transpa- bien pendantes, d’un beau rouge vif; la queue à
rente, d’un blanc jaunâtre plus du moins foncé, peu deux rangs, recourbée en faucille et bien relevée;
soluble dans l’alcool, l’éther et les huiles essentielles. l’œil étincelant, le bec fort et crochu, la poitrine
Elle s'obtient par des incisions faites au Sumac copal large, le corps gros et carré, les jambes et les pieds
copallinum) arbre de la famille des Anacar- jaunes, armés d’ongles courts et forts. Il peut suffire
, ,,

COQU — 413 — COQU


à douze femelles. La chair du coq est sèche et fort la coque. Cette action blâmable est défendue et sé-
peu estimée ; la crête seule est recherchée des gour- vèrement punie par les règlements sur la pêche. Les
mets. Toutefois la castration donne à la chair du propriétés vénéneuses de la Coque du Levant sont
jeune coq un goût succulent : l’animal prend alors le dues à un principe alcalin et cristallisable , décou-
nom de chapon. On trouve quelquefois dans les pou- vert par Boullay, et qu’il a wppe\è picrotoxine.
laillers de petits œufs jaunes que l’on appelle œufs de COQUELICOT, Papaver Rhœas nom vulgaire
coq, et qui contiennent, selon le vulgaire, un ser- d’une espèce du genre Pavot. C’est une plante bien
pent : ce sont des œufs provenant d’une jeune poule connue, à fleurs d’un rouge éclatant , et qui , des-
ou d’une poule épuisée; ce qu’on prend pour un ser- séchées , sont employées comme sudorifiques dans
pent, ce sont les cordons que ces œufs ont conservés. les rhumes chroniques. On en fait un sirop qui a été
L’ardeur martiale du Coq est aussi connue que son autrefois préconisé comme incisif et expectorant. Le
affection pour ses poules. Dès la plus haute antiquité coquelicot abonde dans les champs de blé et dans
les hommes ont fait servir cet animal à leur amuse- tous les terrains fraîchemeilt remués , où il fleurit
ment. Les Grecs et lesRoinainsavaient fait une science de bonne heure en été. On le cultive dans les jar-
de la manière d’armer les coqs et de les exciter au dins, où il produit un bel effet par ses fleurs simples,
combat. Aujourd’hui même, la Chine, l’Inde, l’An- doubles, diversement colorées ou panachées.
gleterre et l’Amérique ont conservé ce goût. On COQUELOUBDE , nom vulgaire donné à un Nar-
arme les ergots des coqs de lames et de pointes cisse, à V Anémone pulsatille et à une Agrostemme.
tranchantes et aiguës. Ces combats donnent presque COQUELUCHE (ainsi nommée sans doute de ce
toujours lieu à des paris exorbitants. que , pendant les quintes , la respiration , devenue
Les Hébreux regardaient le Coq comme un animal sonore, imite le chant du coq ), dite aussi catarrhe
impur ; les Grecs l’avaient consacré à Mars , à Bel- convulsif, affection caractérisée par une toux vio-
lone et à Mercure ; il était chez eux le symbole de lente et convulsive, revenant par quintes à des in-
la vigilance, de l’activité et de l’ardeur guerrière. tervalles plus ou moins longs , et consistant en plu-
Ils l’immolaient à Esculape quand ils guéai^saient sieurs expirations courtes et saccadées , suivies d’une
d’une maladie. — Les Gaulois représentaient le Coq inspiration longue, pénible et sonore. Elle attaque
dans leurs enseignes ; mais c’est seulement en 1789 que presque exclusivement les enfants , surtout les filles,
le Coq parut pour la première fois sur une médaille entre la première et la deuxième dentition , et les
comme emblème de la France : toutefois il avait sujets lymphatiques et nerveux. Elle sévit particu-
été déjà employé en plusieurs circonstances, mais lièrement au printemps et en automne , surtout
seulement comme armes parlantes { G allas Gau- dans les années froides et humides. La coqueluche
lois, et Gû/fMv,Coq); en 1789 on le choisit autant est souvent épidémique et toujours contagieuse; or-
comme emblème de Mars que comme symbole des dinairement elle n’attaque qu’une seule fois dans
Français. En 1830, il remplaça la fleur de lis comme la vie. — Inconnue des anciens, elle a été confondue
emblème national ; en 1852 il a été lui-même rem- les autres affections catar-
jusqu’au xviii' siècle avec
placé par l’Aigle de l’Empire. rhales tandis que c’est évidemment une névose
,
On a donné le nom de Coq de Bruyère et de Coq de la respiration , avec irritation ou même phleg-
de Bouleau ,au Tétras ;
— — de C. d’Inde, au Dindon; masie de la muqueuse des bronches. Elle précède ou
de C. d’Eté, à la Huppe — de C. de Roche, au complique souvent la rougeole. Les quintes , plus
Rupicole; — ;
de C. de Marais, à la Gélinotte; — de violentes et plus fréquentes la nuit, sont accompa-
C. Indien, au Hocco —
; de C. de Mer, au Calappe. gnées d’agitation , de douleurs déchirantes dans la
Les Horlogers donnent le nom de Coq à l’espèce poitrine, avec suffocation imminente; l’accès finit
de pont qui couvre et sert à maintenir le pivot du par un vomissement glaireux , après lequel l’enfant
balancier. C’est une pièce ordinairement taillée en reprend immédiatement sa gaîté et ses jeux.
cercle léger et évidé et fixée par des vis à la pla- La coqueluche est une maladie peu dangereuse à
, ,
tine d’une montre elle est percée au centre d’un moins qu’elle ne se prolonge indéfiniment ; sa durée
;
trou pour y recevoir le bout du pivot, et ce trou est peut être de 6 semaines à 5 ou 6 mois. On la combat au
recouvert par une petite plaque d’acier, appelée pefff début, par des boissons chaudes et mucilagineuses,
coq ou coqueret, arrêtée au coq par une ou plusieurs des juleps ou des loochs gommeux, avec du sirop dia-
vis, et sur laquelle porte l’extrémité code; puis par despédiluvesou mieux des cataplasmes
du pivot quand
1 axe du balancier est vertical. sinapisés aux extrémités, par de légers vomitifs ainsi
coq {du latin cojmm.v, cuisinier) Les marins, sur-
. que par des purgatifs; quelquefois on est forcé do
tout sur les bâtiments de guerre, appellent Coq ou recourir aux révulsifs énergiques, tels que les vési-
Maître coq, le matelot chargé de la cuisine de l’équi- catoires , et les frictions avec la pommade stibiée.
page. — Ils nomment Coq-souris une voile ou bon- Dans les cas d’épidémie, le changement d’air est
nette en deux parties, qui se lace entre le hunier et souvent d’une grande utilité.
la vergue de fortune d’un sloop, d’une galiote, COQUEMAR (en latin cucuma) sorte de bouil-
etc.,
POttr remplir le vide et les échancrures du hunier. loire en cuivre ou en argent à large ventre, rétrécie
COQUE (du latin concha). C’est proprement l’é- au col et un peu évasée à l’ouverture , avec un bec
Cme ou coquille de l’œuf (Voy. oeuf). —En Bota-
nique, on nomme ainsi les parties de certains fruits
pour diriger le liquide. Le tout est surmonté d’un
couvercle à charnière, et armé d’une anse en métal
composés d’un péricarpe sec, se séparant en un nom- entourée d’osier. Les coquemars sont appelés aussi
bre déterminé de loges, qui se détachent les unes cafetières du Levant, parce que les premières qui
des autres par la scission de leur cloison en deux parurent en France furent apportées du Levant.
lames; ces loges individuellement prises sont des COQUERET, nom vulgaire de la plante dite Al-
co-
jws ; tels sont les fruits du pavot, du buis, des eu- kékenge (en latin Physalis). Voy. alkékenge.
phorbes. — On emploie encore le mot coque comme COQUILLAGES, dénomination générale sous la-
synonyme de cocon. Voy. ce mot. quelle on comprend tous les animaux testacés. Voy
COQUE DU LEVANT, fruit du Menispermum cocculus COQUILLE et CONCHYLIOLOGIE.
ou Bois à enivrer, espèce du genre Cocculus, de la COQUILLE, Cochlea, test ou corps testacé calcaire,
famille des Ménispermées ; c’est un drupe oblong,
développé soit en dehors, soit dans l’épaisseur de la
réniforme , légèrement comprimé et monosperme. peau d’un mollusque, et destiné à protéger tout l’a-
Jslle a la propriété d’endormir
et même de faire mou- nimal, ou seulement certaines parties de son corps,
rir les poissons qui en mangent ; aussi les pêcheurs contre les chocs extérieurs. La limace grise des ca-
s en servent-ils pour composer
une espèce de pâtée ves, par exemple, porte sa coquille dans l’intérieur
avec de la mie de pain c’est ce qu’ils
: appellent tirer de la tête; elle a la forme d’un ongle, et couvre le
,. , ,

COR — 414 CORA


cœur et le cerveau de ces animaux. On distingue COR (du latin cornu, même signification), instru-
ordinairement les coquilles par le nombre de pièces ment de musique à vent et à embouchure. C’est un
dont elles sont composées, et on les nomme unival- tube de cuivre composé de plusieurs bouts, con-
ves quand elles n'offrent qu’une seule pièce (lima- tourné en spirale , et dont le diamètre va toujours
çon) ; bivalves, quand elles sont composées de deux croissant jusqu’à s’évaser en un large paw'Wora, où
pièces qui s’ouvrent à charnières comme une taba- l’on insère la main pour modifier les sons. Les tons
tière (huîtres) ;
multivalves enfin, quand ces pièces que l’on obtient par ce moyen sont moins éclatants
sont au nombre de plus de deux gland de mer )
(
que les tons naturels de l’instrument, et se nomment
D’après leur habitation , les coquilles sont distin- ions bouchés : l’embouchure a la forme d’un petit
guées en terrestres, fluviatiles et marines. Sous le entonnoir. Plus on lâche les lèvres, plus le son est
rapport de la fixité , elles sont libres ou adhérentes. grave; plus on les serre en les pressant contre les
Sous le rapport de la forme , elles sont symétriques, dents, et plus le son est aigu. La musique de cor se
équivalves, inéquivalves , régulières, etc. —Les co- note sur la clef de sol et quelquefois sur la clef da
quilles étant calcaires pour la plupart , elles servent fa, quatrième ligne, pour certaines notes graves. Les
dans beaucoup de pays à fabriquer de la chaux ; on parties de cor sont presque toujours écrites dans le
en fait aussi, surtout chez les sauvages, des orne- ton à'ut majeur, certains solos exceptés; mais, pour
ments de toilette; on les recueille comme objets de jouer dans des tons différents, on a des tubes de re-
curiosité ; certaines coquilles , appelées cauris, sont change qui sont dans ces divers tons. Le son naturel
employées dans l’Inde et l’Afrique comme pièces de le plus grave d’un cor en ut est le sol que rendrait,
monnaie. C’est de coquilles des genres Peme, Mu- à vide , la première corde filée d’un violoncelle on
;

rette et Pintadine, qu’on retire la nacre et les perles. produit ensuite quatre octaves en montant vers l’aigu.
Quelques-unes atteignent des proportions considéra- — Le Cor de chasse, qu’on nomme aussi trompe,
bles ; telles sont celles qui servent de bénitiers ( V. bé- ne diffère du cor simple que parce qu’il est plus
miiER). — Il existe beaucoup de Coquilles fossiles; grand, qu’il est tout d’une pièce, et n’a pas de corps
on nomme Coquillers\e% terrains qui en contiennent. de rech^ge. On le joue sans mettre la main dans
— L’étude des Coquilles est devenue une science le pavillon.— L’usage de cet instrument parait être
spéciale sous le nom de Conchyliologie. Voy. ce mot. fort ancien, et il est impossible de préciser l’époque
On appelle C, des peintres l’I/niopictorum; C. de à laquelle il a été inventé.
Pharaon, le Monodonte ou Bouton de camisole; C. dé COR ANGLAIS, instrument à vent et à anche, de la
Saint-Jacques, toutes les coquilles du genre Peigne, famille des hautbois , a la forme du hautbois , mais
parce qu’autrefois les pèlerins qui se rendaient à dans des proportions plus fortes ; il est un peu re-
St-Jacques de Compostelle portaient attachées à leur courbé, et son pavillon se termine en boule, au lieu
manteau les valves de quelques espèces de Peigne d’être évasé comme celui du hautbois. 11 sonne une
communes dans la Méditerranée et l’Océan. quinte au-dessous de celui-ci, et tient par consé-
Dans les Arts, le mot coquille prend une foule quent, parmi les hautbois, la même place que l’alto
d’acceptions diverses. On appelle : papier coquille une ou viole parmi les violons. Son diapason est de deux
qualité de papier à écrire qui dans le filigrane porte octaves, qui commencent au troisième fa grave du
pour marque une coquille ;
— or en coquille, une piano. La musique destinée au cor anglais se note
pâte faite de miel et de feuilles d’or réduites en sur la clef d!ut seconde ligne. Les Italiens l’ap-
poudre dont on se sert pour dorer; elle se vend pellent voix humaine {voce umana).
dans des coquilles. — Les lapidaires nomment co- COR DE BASSET (en allemand basset-horn), instru-
quille un outil de cuivre en forme de dé à coudre ment de musique à vent, à bec et à anche, du genre
qui sert pour mettre les diamants en soudure. — de la clarinette, et qui est à celle-ci ce que le cor
Le fourbisseur donne ce nom à cette partie de la anglais est au hautbois, c’est-à-dire qu’il en sonne
poignée d’une épée qui a la forme d’une double co- la quinte au-dessous. Son diapason comprend qua-
quille , et sert à protéger le poignet. —
Le fondeur tre octaves, qui commencent au second ut grave du
appelle coquille à boulet les moules en fer forgé ou piano. La musique destinée au cor de basset se
fonte de fer dont il se sert pour faire le boulet par transpose à la quinte ou à la quarte. Cet instru-
le moyen de la réunion des deux coquilles.
,

Le ment n’est guère en usage qu’en Allemagne.
sculpteur appelle coquille un petit ornement taillé COR ou CORNET A PISTONS , instrument du genre
sur le contour d’un quait de rond. —
Le maçon de la trompette. Au moyen de plusieurs pistons
nomme coquille d’escalier le dessous des marches que l’exécutant presse tour à tour, la colonne d’air
qui tournent en limaçon, et dont l’ensemble pré- renfermée dans l’instrument est raccourcie de ma-
sente la forme d’une coquille. —En Typographie, nière à produire le plus grand nombre des tons et
on nomme coquille une lettre déplacée de son cas- demi-tons que le cor ordinaire refuse. Le cor à pis-
setin, et employée pour une autre dans la composition. tons conserve les bonnes notes du cor ordinaire, rend
COR (de cornu, corne), petite tumeur dure et cir- —
l’éclat aux sourdes et remplit toutes les lacunes. Cet
conscrite qui se développe sur les doigts du pied; instrument a été inventé en 1820 par le musicien
elle est ordinairement produite par la compression allemand Stœzel; il a eu pendant quelque temps une
qu’exercent les chaussures trop étroites ou trop du- très-grande vogue , et U est encore d’un usage très-
res. Elle se compose d’une portion superficielle, sè- fréquent dans les concerts et la musique militaire.
che , en tête de clou , formée de plusieurs couches COR RUSSE , instrument à vent en cuivre , qui se
d’épidermes superposées; et d’une autre portion plus joue avec une embouchure, et qui est de forme co-
étroite , plus profonde demi-transparente s’enfon-
, ,
nique. Le tube ne fournit qu’un seul son. Pour
çant à travers le derme jusqu’aux tendons, jusqu’aux avoir quelques octaves de tous les demi-tons, il faut
ligaments et même jusqu’au périoste. Cette portion avoir autant de tubes qu’on veut employer de sons,
parait organisée, car on
y a découvert des vaisseaux et en proportionner la longueur au degré de grave
à l’aide du microscope c’est ce qui distingue le cor
;
ou d’aigu qu’on veut obtenir. On arrive à des effets
du simple durillon. Les cors se gonflent daus les surprenants par la réunion de vingt, trente et qua-
temps humides, et pressent les parties sous-jacentes rante de ces cors : le son en peut être entendu à
ce qui occasionne de vives douleurs. Les pédicures plus de 6 kilom. Le cor russe a été inventé au der-
extirpent les cors en cernant avec une aiguille courbe, nier siècle par le bohémien J. -A. Maresch.
à pointe mousse, le tubercule calleux; les emplâtres CORACIAS, oiseau. Voy. choquart et rollier.
de toute espèce, la baudruche, les feuilles de joubarbe CORAIL (du grec corallion), genre de Polypes
et d’ éclaire sont inefficaces; l’emploi dos caustiques corticaux , ne présente qu’une seule espèce connue,
est quelquefois dangereux. le C. rouge, que l’on trouve dans la Mediterranée,
, , , ,,

CORB — 415 CORD


près des côtes (surtout à La Galle, en Algérie) et dans Leur vue odorat sont perçants, ce qui empê-
et leur

quelques parties de rOcéan.Ce sont des animaux mi- che les chasseurs de les approcher facilement. Ils
croscopiques, blancs, mous et presque diaphanes. marchent posément, d’un air grave, mais sautent
Leur bouche, qui leur sert aussi d’anus, est entourée quand ils veulent hâter leur marche et prendre leur
de huit tentacules coniques, légèrement comprimés essor ; leur vol est élevé et soutenu. Leur intelli-
et ciliés sur les bords. Ils vivent captifs et en grand gence paraît assez développée ; on peut les appri-
nombre sur un polypier fixé au fond de la mer, et voiser, et les rendre même d’une très-grande fami-
couvert de petites loges où est enfermé leur abdo- liarité; mais leur caractère est turbulent, querel-
men, c.-à-<L la partie de leur corps qui contient les leur et défiant. Us ont un cri rauque et discordant
organes destinés aux fonctions vitales. Ce polypier, connu sous le nom de croassement; cependant ils
appelé lui-même Corail, présente la forme d’un petit apprennent assez facilement à parler. Partout, les
arbrisseau sans feuilles, mais très-branchu , de 50 à corbeaux sont sédentaires ; ils nichent sur les arbres
60 centim. de longueur sur une épaisseur de 3 à les plus élevés, sur les rochers escarpés, ou bien
4 centim. Il est couvert d’une écorce gélatino-calcaire dans les châteaux en ruines. Pendant l’hiver et à
qui, à l’état frais, s’enlève aisément, et il est enve- l’époque des semailles, ils se répandent par troupes

loppé d’une membrane vasculaire qui lie les uns aux dans lescampagnes , où leur présence ne paraît pas
autres tous les individus d’un même pied, et fait que causer de dommages bien considérables. On leur at-
la nourriture de l’un profite à tous les autres. L’axe tribue une fort longue vie. On prétend que le vol du
central est d’un rouge vif, et a la dureté du mar- corbeau , plus ou moins élevé, inquiet, incertain et
bre. C’est cette matière que l’on emploie à faire des accompagné de croassements , annonce le mauvais
bijoux, des colliers, etc.; elle fait un article de com- temps. Les anciens avaient consacré le corbeau à Apol-
merce important sur les côtes de la Sicile, de la Grèce lon, parce qu’ils lui attribuaient la faculté de pré-
et de la Barbarie. Souvent de hardis plongeurs vont dire; ils regardaient son chant comme de mauvais
les arracher ou les couper à la main au fond de la augure. Chez les Juifs, cet oiseau était déclaré impur.
mer ; mais le plus ordinairement on les recueille en On appelle C. aquatique l’Ibis acalor; C. blanc,
promenant au fond de l’eau, au moyen d’une corde, le Vautour papa; C. cornu, le Calao; C. de mer, le
une sorte de filet appelé salabre, que l’on maintient grand Cormoran ; C. de nuit, l'Engoulevent, etc.
ouvert par une croix de hois, et qui est retenu au Les Romains appelaient corbeau une sorte de croc
fond par une grosse pierre ou un boulet. — Le corail en métal qui 'leur servait de grappin d’abordage, et
a été préconisé comme tonique et absorbant mais qui avait été inventé par le consul Duillius dans la
l’analyse a démontré qu’il ne contient que du car-
;
première guerre punique. On donne aujourd’hui —
bonate de chaux uni à un peu de gélatine. On ne ce nom en Architecture , à un ouvrage en saillie,
:

l’emploie plus que dans les poudres et les opiats à une grosse console qui a plus de saillie que de hau-
dentifrices. — On fabrique un corail artificiel : teur, et qui sert souvent à porter des bouts de poutre
cest une pâte qui a pour base ordinaire la poudre ou des naissances de voûte {Voy. enxoubellement );
de marbre cristallin, cimentée avec de l’ichthyocolle, — au morceau de fer qui sert à porter les sablières
ou quelquefois avec une huile très-siccative, et que
1 on teint au moyen
d’un plancher. —
C’est aussi le nom d’une machine
du vermillon de Chine, mêlé à qui sert à soulever des fardeaux.
une très-petite quantité de minium. Le corail arti- CORBEILLE D’OR , nom vulgaire de VÂlysse
ficiel est bien inférieur au corail naturel jaune (Alysson saxatile). Voy. alysse.
I

sous le rap-
PO*(t^du poli , de l’éclat et surtout de la durée. CORBILLARD. Voy. pompes funèbres.
,
COBALINE ou coralline (du grec corallion, co- CORBIN était autrefois synonyme de Corbeau. —
1 genre d’.âlgues, type de la tribu des Coralli- Par suite on a dit Bec de corbin, pour instrument
,
:

I
nées , section des Floridées. Lamarck et Cuvier l’a- recourbé ; nez en bec de corbin pour nez crochu.
vaient rangée parmi les Polypes CORBIVAU, Corvus albicollis, espèce du genre
I

à polypiers; mais
les récents travaux de MM. Schweger, Link,
Kiit— Corbeau, dont on a fait un sous-genre, sous le nom
zing et Decaisne, ont démontré qu’elle appartient de Corvultur : il doit ce dernier nom à son bec
au règne végétal. La coraline croît par touffes sur comprimé élevé et à dos tranchant.
, ,
les rochers du hord de la mer. Sa couleur
varie du CORBÜLEES (du genre Corbule, qui en est le
vert au rouge plus ou moins foncé. L’espèce type ), famille de Mollusques établie par Lamarck
la plus
remarquable est la C. officinale, qui a longtemps renferme des espèces à coquille inéquivalve , à liga-
été employée comme vermifuge, mais à ment intérieur, et fait partie des Conchifères ténui-
laquelle on
préfci e aujourd’hui la Mousse de Corse. pèdes. Elle ne comprend que les deux genres Cor-
I
COBAL-RAG, nom anglais du Calcaire à poly- bule ci Pandore de l’ordre des Acéphales ostracés
piers 11 est blanchâtre, à texture grossière pies-
.
de Cuvier. Le genre Corbule renferme de petites co-
,
que entièrement composé de madrépores branchus. quilles marines, rares et recherchées à l’état vivant.
I
CORAN, livre sacré des Musulmans. Yoy. ce mot On les trouve aux environs de Paris à l’état fossile.
au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. CORCELET. Voy. corselet.
I

I
CORAX, nom grec du Corbeau, a formé les mois CORCHORE (du grec chorchoros plante aujour-
Coraciiie's, Coracias,suhdiy. delafam. des Corvidés.
,
d’hui incertaine), Corchorus, genre de la famille
I
CORB, Corvina, espèce comestible du g. Sciène. des Tiliacées, renferme des herbes, des sous-arbris-
CORBE, mesure de capacité employée en Italie seaux et des arbrisseaux, à feuilles alternes, deuti-
poim les matières sèches et liquides. La corbe
de blé culées; à stipules latérales géminées; à jolies fleurs
!
contient 78,64 lit. la corbe de vin, 78,59.
; jaunes , portées sur des pédoncules très-courts. Le
CORBEAU, en latin Corvus, genre de Passereaux C. du Japon {C. Japonicus), à fleurs doubles, est
conirostres de la famille des Corvidés, renferme
un cultivé dans les jardins, où il est plus connu sous le
j

grïdm nombre d’espèces, parmi lesquelles ou distin- nom de Corète du Japon; on eu tapisse les murs.
I
pe : les Corbeaux proprement dits, les Corneilles, CORDAGE (en grec cordaké], danse gaie, vive et
les Freux et les Choucas.
licencieuse, en usage chez les anciens Grecs et dans
Les Corbeaux proprement dits ont pour
1
carac- l’Asie - Mineure , avait le caractère de nos passe-
tères : un bec droit, conique,
très-fort, et dont la pieds : elle entrait souvent dans les divertissements
nase est garnie de plumes roides
,

dirigées en avant, des comédies antiques.


et une queue ronde ou
1

dune
carrée. Leur taille est celle CORDAGE (de corde), nom générique de toutes
poule; leur plumage est généralement noir, les cordes qui servent au gréement et à la manœuvre
us ont 1 appétit vorace et
, se nourrissent volontiers des navires, au jeu des machines, à l’élévation et à
Pe Charognes : aussi répandent-ils
une odeur fétide. la traction des fardeaux, etc. Le chanvre est la ma-
, , , , , ,
,

CORD — 416 CORD


tièi’e le plus communément employée pour la fabri- du tympan un filet nerveux qui s’introduit dans la
cation des cordages ; on en fait aussi en fils de coton caisse du tympan C. vocales;
les cordons tendi-
pour l’usage des mécaniques^ comme étant plus élas- neux qui forment les bords des lèvres de la glotte.
tiques et- moins sensibles à l’humidité de l’air; en On appelait autrefois corde une certaine quantité
écorce de tilleul , pour les cordes de puits ; en fils de bois à brûler, qu’on mesurait avec une corde :
métalliques, etc. La fabrication des cordages eom- elle équivaut à deux voies ou à quatre stères.
rend deux opérations distinctes : le filage, ou fa- CORDEAU (diminutif de corrfe), petite corde dont
rication du fil de caret, élément de toute corde- les fils sont fins et serrés, qu’on nomme aussi fouet
rie, et le commettage, qui consiste à réunir et à — U se dit plus ordinairement de la petite corde
tordre ensemble un certain nombre de fils de caret attachée à deux piquets , ou tenue tendue par les
pour en composer les cordages de toute grosseur, de- mains, dont se servent les ingénieurs, les maçons,
puis le bitord jusqu’au câble [Voy. ces mots). Depuis les jardiniers, pour tracer des lignes di'oites ou
quelque temps, on se sert dans les mines do cordages pour aligner leurs ouvrages.
plats, qui n’ont point l’inconvénient de s’enrouler, CORDELIÈRE. On appelle ainsi , en termes do
et de faire tourbillonner sur eux-mêmesles tonneaux Blason , un filet plein de nœuds que les veuves ou
dans lesquels les mineurs descendent et remontent. les filles mettaient en guise de cordon pour entourer
On distingue dans la marine deux sortes de cordages, l’écu de leurs armes. L’exemple en fut donné par
les cordages ordinaires ou blancs et les cordages la reine Anne de Bretagne , qui avait entouré son
noirs, qui sont goudronnés. On tanne aussi les cor- écu d’une cordelière en l’honneur des cordes dont
dages pour leur donner plus de force. Jésus-Christ avait été lié en sa passion. C’est au-
CORDE (du grec chordè, qui a signifié originai- jourd’hui le nom d’une espèce de ceinture lâche en
rement intestin, ensuite corde d’instrument de mu- gros cordon de soie que portent beaucoup de femmes.
sique), tortis fait ordinairement de chanvre et quel- En Architecture , on appelle cordelière une ba-
quefois de coton, de laine, de crin, etd’autres matières guette sculptée en forme de corde.
pliantes et flexibles. 11 y a des cordes de toute es- CORDELINE , petite tringle de fer avec laquelle
pèce et de toute grosseur, selon l’usage auquel on l’ouvrier verrier prend dans le four le verre liquide
les destine. La plus grosse s’appelle câble, la plus nécessaire pour faire le cordon du goulot d’une bou-
petite ficelle; celles qui servent dans la marine pren- teille. —
C’est aussi le nom du fil de soie ou de
nent le nom de cordages. Voy. cordage et cordier. flpuret servant de lisière aux étoffes de soie.
On appelle C. à boyaux celles qu’on fabrique avec CüRDlA, nom latin du Sébestier. Voy. ce mot.
des intestins d’animaux. On se sert de ces cordes dans CORDIAL (du latin cor, cœur). On donne le nom
plusieurs arts pour établir diverses communications de cordiaux aux médicaments qui ont la propriété
de mouvement et dans les instruments de musique ; d’augmenter promptement la chaleur générale du
on donne le nom de cordes de nerfs à des cordes corps et l’action du cœur et de l’estomac. Ce sont
faites de tendons, de ligaments battus, filés et tordus. des excitants et des stimulants diffusibles , tels que
— Dans les instruments de musique, on distingue en les alcoolats aromatiques, les vins généreux, la can
outre ; les C. à boyaux qu’on attaque par le frotte- nelle le girofle, la vanille, etc., et les composés
,
ment; les C. métalliques qu’on frappe, et les C. auxquels ces produits peuvent donner naissance.
de soie, que l’on pince. On appelle cordes filées CORDIER , ouvrier qui fabrique la corde. Ses
celles qui sont revêtues d’un fil de laiton blanchi qui instruments sont , pour le fileur, un rouet à plu-
les entoure d’un bout à Tautre
;
elles rendent les sieurs broches ; un touret espèce de dévidoir ; et
sons graves. Dans le violon le violoncelle, l’alto et
,
des râteliers, placés de di.stance en distance pour
la contre-basse , les cordes filées sont en boyau tan- soutenir le fil à mesure qu’il se forme : l’ouvrier,
dis que dans la guitare elles sont en soie.
,

Les muni d’un peignon de chanvre attaché à sa cein-
cordes des clavecins et des pianos sont métalliques, ture, marche à reculons en lâchant peu à peu une
les unes en fil d’acier de deux ou trois degrés de certaine quantité de brins de chanvre qui se tor-
finesse pour les sons aigus ; les autres, pour les sous tillent et se forment en fil par le mouvement con-
moyens, sont en fil de laiton de deux grosseurs; et tinuel du rouet et du touret. Pour le commettage
enfin les sons graves sont rendus par des fils de lai- on dispose sur des supports isolés et mobiles les
ton filés, c’est-à-dire revêtus d’un fil de laiton plus tourets chargés de fils de caret, et tous ces fils
fin qui les entoure en spirale. viennent se réunir sur un chariot disposé de telle
Dans les Arts mécaniques, on appelle corde sans sorte qu’en roulant il dévide les tourets et tord les
fin la corde qui entoure la roue des tours, des rouets fils en même temps. —
On appelle confm'e l’atelier
à filer, etc. Elle sert à communiquer à une roue que où l’on fabrique les cordes. La plupart sont en plein
l’on veut faire tourner le mouvement de rotation vent, dans une allée d’arbres; dans les ports de
déjà imprimé à une autre roue. mer, on a construit pour cet usage des hangars d une
Les artificiers appellent corde à feu une mèche de immense longueur Cherbourg , Brest et Toulon
corde formant une grosse étoupille , avec la compo-
;

possèdent de magnifiques coi'deries. —


M. Boitard
sition qui leur sert pour les étoiles et avec laquelle ils a donné le Manuel du Cordier.
forment des dessins divers. —
Les drapiers appellent CORDIÈRITE. Voy. saphir d’eau.
corde les fils dont le drap est tissu. Dans les fabriquas CORDIFORME, se dit, en Botanique, des feuilles
de soie, on appelle C. de semple une corde de fil à ou des pétales qui ont la forme d’un cœur.
trois bouts ; C. de rame, une corde plus grosse que CORDON (de cordé). On donne ce nom ; dans les
celle du semple, et où l’arcade est attachée C. de ateliers de corderie , à une petite corde destinée à
volets, la corde qui tend la chaîne; C. encordée,
;
faire partie d’une autre ; —
chez les passementiers, à
une grosse corde qui roule double sur l’ensuple de une petite tresse ou tissu de fil, de soie ou de coton,
derrière, et qui sert à tenir un bois garni de cro- mêlé quelquefois de fils d’or ou d’argent; —chez les
chets qui arrêtent le composteur. —
Les marins architectes, les sculpteurs, les serruriers, les fon-
donnent le nom de cordes de défense à un paquet deurs , etc. , à un petit ornement en relief, circu-
de grosses cordes ou de bouts de vieux câbles qu’on laire et arrondi qui règne autour d’une
,

fait pendre le long des bordages des chaloupes ou Autrefois, en France, on appelait cortfons mews
des bateaux pour rompre le choc , et empêcher les les chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit, et codons
Saint-
avaries dans la rencontre avec d’autres bâtiments. rouges, ceux qui portaient la grand’croix de
En Géométrie, on appelle corde toute ligne droite Louis, à cause de la couleur de leur ruban.
Aujour- —
qui joint les extrémités d’un arc de cercle. d’hui, on appelle grand cordon le large ruban ronge
En Anatomie, on appelle corde du tambour ou que portent les grand-croix de la Légion d’honneur.
, , , , ,

CORD — 417 — CORM


fongueuse, épaisse, peu extensible dents nombreu-
On appelait cordon de S. François cordon garni
le ;

ses, coniques, simples; la tête est munie de grandes


de nœuds que portaient les divers ordres monasti-
ques qui reconnaissaient S. François pour leur fon- plaques polygonales; le corps couvert d’écailles car-
dateur les Cordeliers, les Capucins, les Minimes,
;
rées; la queue revêtuede grandes écailles en anneaux.
blanc j les Pénitents et Il y a un grand nombre d’espèces de Cordyles, toutes
les Récollets, le portaient
lesPicpus le portaient noir. originaires du Cap de Bonne-Espérance.
En termes de Blason, on appelle cordon un orne- COREOPSIS (du grec coris, punaise, et opsis,
ment qui accompagne les armoiries des prélats. aspect; de laforme aplatie de la graine), genre de Com-
Le cordon descend des deux côtés du chapeau, et se posées-Hélianthées, renferme des plantes herbacées,
termine par un nombre de houppes proportionné à. rarement frutescentes, à branches et à feuilles oppo-
la dignité. Le cordon d’un cardinal est de gueules sées, le plus souvent partagées en un grand nombre
terminé de chaque côté par douze houppes de môme de segments filiformes, à fleurs terminales étoilées,
couleur; celui d’un archevêque est de sinople, et d’un brun velouté au centre, d’un jaune vif sur les
n’a que neuf houppes, etc. bords. Ces jolies plantes, originaires des montagnes
Dans l’art du Monnayeur, on appelle ainsi ce qui de la Virginie et delà Caroline, sont cultivées dans
forme la circonférence des monnaies. Le cordon les jardins d’agrément. Tous les terrains leur con-
destiné à faire reconnaître si les pièces d’or et d’ar- viennent; mais elles craignent l’ombre.
gent sont rognées , était autrefois en creux. Il est CORÈTE Dü JAPON, nom vulgaire d’une es-
aujourd’hui en relief. pèce du genre Corchore. Voy. ce mot.
Eu Anatomie, on nomme cordon ombilical le fais- CORIANDRE (du grec caris, punaise , à cause de
ceau vasculaire qui s’étend du placenta jusqu’à l’om- son odeur), genre de la famille des Ombellifères,
bilic du fœtus , et porte à celui-ci les matériaux de renferme plusieurs espèces, et notamment la C.
sa nutrition. Sa surface est noueuse et bosselée; il cultivée, originaire de l’Italie et naturalisée en
est formé par les vaisseaux omphalo-mésentériques, France. Ses fleurs sont d’un blanc rosé, et plus
par les artères et la veine ombilicales. —
En Bota- grandes à la circonférence de l’ombelle qu’au cen-
nique, on donne ce nom à la partie qui unit la tre ; sa tige un peu rameuse et couverte de feuilles
graine à la plante mère , et qui est adhérente au à segments très-étroits. La plante sur pied exhale
placenta. M. Richard le oommc •podosperme. —
Le l’odeur de la punaise; mais sa graine desséchée aune
cordon pistil laire est un ensemble de filets ou de agréable odeur d’anis; elle entre dans la préparation
vaisseaux disposés en faisceaux, simples ou ramifiés, des liqueurs elle est stomachique et carminative.
:

situés dans les parois de l’ovaire, et qui se rendent CORIARlA,SMmocet Redou.— CORICUS,Sutifcf.
des ovules au stigmate au travers du pistil. On croit CORINDON (du mot corund, nom que lui don-
qu’ils sont lesconducteurs de la matière fécondante. nent les Indiens), dit aussi Spath adamantin mi-
On appelle cordon sanitaire une ligne militaire néral vitreux ou pierreux, extrêmement dur, cristal-
établie pour empêcher la propagation de la peste ou lisant en rhomboïdes, est composé d’alumine pres-
de quelque mal épidémique. que pure. Les variétés jaune (Topaze orientale),
CORDONNET, petit cordon ou tresse de fil, de bleue (Saphir), rouge (Rubis oriental), et vio-
soie , d’or ou d’argent , que fabriquent les passe- lette (Améthyste orientale ) , sont recherchées pour
1
mentiers et qu’emploient les boutonniers, les fran- la joaillerie ; la variété verte , fort rare lorsqu’eile
giers , les brodeurs les marchandes de modes , etc.
,
est, d’une belle teinte, s’emploie aussi sous le nom
Ils le font servir à l’enjolivement de tous leurs ou- à’ Émeraude orientale. Les variétés grossières du
vrages. Dans la broderie des étoffes au métier, on corindon sont réduites en poudre, et servent, sous
I
applique le cordonnet ; dans la broderie de la mous- le nom à’ émeri, à tailler et à polir les corps durs.

j
seline à l’aiguille, on l’imite par un gros ül plat Quelquefois on remarque sur le plan perpendiculaire
fixé sur les contours du dessin, sur lequel on repasse à l’axe du cristal une étoile blanchâtre à six rayons
en travers et à points serrés avec du fii plus fin. qui tombent sur le milieu de chacun des côtés du
CORDONNIER , autrefois Cordouannier (de Cor- prisme hexagonç ; c’est ce que les lapidaires appel-
doue ville d’Espagne , renommée pour la prépara- lent astérie. Le corindon se trouve disséminé, par-
j

tion de ses peaux de chèvre tannées), artisan qui ticulièrement dans les granits; il se rencontre sur-
confectionne les souliers, bottes et autres chaus- tout dans le Malabar, le Thibet et la Chine, d’où if
sures. Sous l’empire des maîtrises, on distinguait nous arrive en pierres toutes taillées. U existe aussi
trois classes de cordonniers : les C. bottiers, les dans les dolomies du Saint-Gothard et dans le i uis-
C. pour hommes et les C. pour femmes. La corpo- seau d’Expailly , près du Puy-en-Velay , où il pro-
ration avait pour patrons S. Crépin et S. Crépinien vient des dépôts volcaniques de la contrée.
I

I
(2b octobre). —
Les semelles des chaussures se font CORINTHIEN. Voy. ordre et chapiteau.
ordinairement avec du cuir de bœuf ou de vache ; CORlüPE , nom vulgaire du coréopsis.
1
l’empeigne , qui couvre le dessus du pied , et les CORIS (du nom grec d’une plante aujourd’hui in-
i quartiers, qui emboîtent le talon, sont en cuir de connue), genre de la famille des Primulacées, tribu
j
veau , de chèvre , de mouton, en cuir verni, en ma- des Lysimachiées. L’espèce unique est la C. de
i
roquin ; et quelquefois, dans les chaussures de femme, Montpellier (C. monspeliaca) petite plante à fleurs
en coutil, en laisting, en soie, etc. Pour faire le sou- rouges, en bouquet, cultivée dans quelques jardins.

lier,le cordonnier assemble d’abord les quartiers avec CORIS, coquille qui sert de monnaie. Voy. cauris.
I
l’empeigne, et celle-ci avec la trépointe, lanière de CORIZE (du grec coris punaise), Corizus, in-
1
cuir qui fait le tour du soulier le long de la première secte hémiptère de la famille des Hydrocorises, à
semelle, et qui finit, de chaque côté, où le talon corps court, à tête peu avancée et à antennes cour-
I

i
commence. Il coud ensuite la première semelle avec tes. Ces insectes vivent habituellement dans l’eau, et
la trépointe et l’empeigne, puis la seconde semelle. n’en sortent guère que le soir pour voler d’un étang
I
R pe reste plus alors qu’à parer les semelles , à les à l’autre. L’espèce type est le C. de la jusquiame,
I

noircir et à les polir, et à border le soulier. Toutes qu’on rencontre quelquefois aux environs de Paris.
!
ces coutures sont faites avec du fil de Bretagne ciré, CORLIEU. Voy. courlieu.
et armé à chaque bout d’une soie de sanglier qui CORME ou SORBE, fruit du Sorbier. Voy. sorbier.
sert d’aiguille. \oy. chaussures, botte,
etc. CORME, espèce de cidre assez agréable que l’on
CÜRDYLE (du grec cordylè, massue), genre de prépare avec le jus des cormes.
reptiles Sauriens a pour
, caractères : tête pyrami- CORMIER, nom vulgaire du Sorbier domestique
dale, quadrangulaire terminée par un museau ob-
, et de quelques espèces d’Aliziers. Voy. sorbier.
tus; yeux munis de deux paupières langue molle,
; CORMORAN (abréviation de l’itaüen corvo ma-
27
, ..

CORN - 418 — CORN


rino, corbeau marin), Carbo, genre d’oiseaux aqua- gnes. Les cornes qu’ils emploient le plus communé-
tiques de l’ordre des Palmipèdes, famille des Toti- ment sont celles de bœuf, de buffle, de chèvre et de
palmes, et voisin des Pélicans. Ces oiseaux ont tous bélier. Pour les mettre en œuvre, on les fait d’abord
les doigts réunis par une seule membrane, le bec macérer, puis bouillir dans l’eau pour les ramollir-
plus long que la tête, robuste, mince, droit, à man- il faut ensuite les scier, les aplatir et les réduire
en
dibule supérieure recourbée en onglet à sa pointe; feuilles minces et transparentes; enfin, à l’aide de
la face garnie d’une peau nue qui s’étend jusque sous sels et d’oxydes métalliques, on les teint de diverses
la gorge ; les ailes allongées , pointues ; la queue al- manières, on leur donne même l’apparence de l’é-
longée, arrondie. Leur plumage est d’un brun foncé caille; on utilise jusqu’aux rognures, que l’on fond
en dessus, verdâtre en dessous ; les pattes et les pieds pour faire des boutons , des tabatières , des cadres de
«ont noirs. Les Cormorans sont d’un naturel triste miniatures, des poires à poudre, etc.
et tranquille; ils se tiennent par troupes sur les ro- CORNE , fruit du Cornouiller. Voy. ce mot.
chers qui bordent les côtes de la mer et les rives des CORNE d’abondance, OU C. d’Ameuthée, corne qu’on
fleuves. Ils permettent qu’on les approche de très- représente pleine de toutes sortes de fruits et de
près, et se-laissent souvent prendre avec une stu- fleurs, et que la Fable suppose avoir été arrachée ou
pidité qui leur a valu les noms de Nigauds. On les de la tête d’Achéloüs, lorsque, transformé en tau-
apprivoise facilement en Chine, on les dresse à la
: reau, il fut vaincu par Hercule, ou provenir de la
pêche en leur faisant dégorger le poisson qu’ils ont chèvre Amalthée, qui avait nourri Jupiter. La corne
pris en plongeant. 11 y a plusieurs espèces de Cormo- d’abondance est l’attribut des divinités bienfaisantes;
rans, la plupart étrangères la principale es t le Grand
;
c’est le symbole du commerce et de l’agriculture.
Cormoran (C. cormoranus) qui est assez commun CORNE DE CERF, nom donné à plusieurs prépara-
en France et en Angleterre il est rare dans le Midi
; tions pharmaceutiques fort en vogue autrefois, et
Sa chair est de mauvais goût. Le C. nigaud {C. qui avaient pour hase la corne ou bois de cerf. On
graculus) a la chair plus supportable. On le trouve distinguait la corne de cerf calcinée, ou phosphate de
en Afi’ique. au Brésil et dans les régions polaires. chaux en poudre, obtenue en calcinant jusqu’au blanc
CORNAC (de l’hébreu keren, puissance, etwaagr, le résidu de la cristallisatson de la corne de cerf ; l’es-
conduire?), conducteur d’un éléphant. V. éléphant. prit de corne de cerf, liquide jaunâtre, d’une odeur
CORNAGE , bruit que certains chevaux font en forte et désagréable , qui reste dans le ballon après
respirant, et que l’on a comparé à celui que produit cette distillation, et qui se compose en grande partie
une corne dans laquelle on souffle : c’est un symp- de sous-carbonate d’ammoniaque, etc. La corne de
tôme de diverses affections de l’appareil respira- cerf calcinée entre dans la décoction blanche de Sy-
toire. Quelquefois le cornage tient simplement à denham; râpée, elle sert à préparer, avec l’eau
un corps étranger qui gêne mécaniquement la res- bouillante, une boisson gélatineuse adoucissante.
piration, ou même à un vice de conformation. En Botanique, on appelle vulgairement Corne de
CORNALINE (du grec corallion, corail, à cause cerf une espèce du genre Plantain , le Plantago co-
de sa couleur, ou de carneolus, couleur do chair), ronopus, dont les feuilles se bifurquent comme le
variété d’agate chalcédoine, de couleur rouge, variant bois du cerf, et que l’on mange en salade.
du rouge de sang foncé au rouge de chair tendre CORNES. Ces appendices , qui croissent particuliè-
nuancé de jaunâtre. Elle est ordinairement demi-dia- rement sur la tête des Ruminants, ne sont le plus
phane. Lorsque les cornalines sont d’une belle cou- souvent qu’un prolongement de l’os frontal. Les cor-
leurfoncée uniforme, elles sont fort recherchées pour nes sont toujours, excepté chez le Renne, l’apanage
les bijoux. La cornaline reçoit un poli très-vif; c’est du mâle, et comme un signe de puissance et de force.
la pierre la plus employée pour graver les cachets Chez certains animaux, comme le Cerf, le Daim, l’É-
et pour faire les intailles Ou gravures en creux. On lan, les cornes sont caduques et de substance tout à
en tire une grande quantité du Brésil. Les anciens fait osseuse;
on les appelle bois (Voy. ce mot). Chez
nous ont laissé un grand nombre de cornalines gra- les autres Ruminants la Girafe exceptée , le prolon-
,

vées on ignore d’où ils tiraient ces pierres.


: gement osseux est recouvert d’un tissu corné ; on ^

CORN ARD cheval atteint du cornage Voy. ce mot


, . les appelle cornes à étui ou cornes proprement dites. |

CORNARET (ainsi nommé de la capsule cornue Ces dernières ne tombent jamais et s’accroissent pen- i

qui succède au fruit), Martynia, genre de la fa- dant toute la vie de l'animal. La plupart sont creu- I

mille des Pédalinées renferme des plantes herba-


,
ses; quelquefois au contraire, comme chez les Anti-
cées ou sous-frutcscp.ntes d’Afrique ou d’Amérique. lopes et les Gazelles, elles sont pleines. Les cornes
Le C. à deux étamines [M. diandra) est une plante de la Girafe au lieu d’un étui corné sont revêtues
annuelle, originaire du Mexique, dont la tige herba- d’une peau velue. La corne que le Rhinocéros porte |

cée monte à 60 centim., jette beaucoup de rameaux, sur le nez n’est qu’un amas de poils agglutinés et .

abondamment chargés de poils blancs et visqueux; durcis par le temps.


les feuilles sont opposées, verdâtres, dentées et ve- En Anatomie , on appelle cornes diverses parties I

lues; les fleurs sont d’un rouge clair, tachées de plus ou moins saillantes à la surface des organes dont
pourpre foncé en dedans et blanches en dehors. Le elles dépendent telles sont les cornes de l’os hyoïde,
:
.

C. spathacé {M. spathacea) Anne racine blanche, les grandes et petites cornes du cartilage thyroïde, !

cylindrique, grosse, charnue, d’une saveur douce. On les cornes du sacrum, du coccyx, etc. |

la dépouille de son écorce, on la met à cuire avec CORNES d’ammon , nom vulgaire des ammonites. ;

la viande de bœuf, ou bien on la confit au sucre. CORNÉ, qui est de la nature de la corne ou qui en ’

CORNE (du latin cornu, même signification). La a l’apparence tissu corné.


: —
Les anciens appelaient
corne est une substance compacte, transparente, assez argent corné ou lune cornée le chlorure d’argent, à
molle , et cependant tenace , filamenteuse ou lami- cause de son aspect semblable à celui de la corne.
naire, de couleur blanchâtre ou noirâtre, qui revêt CORNÉE (de corne, à cause de sa ressemblance ;

extérieurement certaines partiesdu corps de plusieurs avec la corne transparente), une des tuniques de
animaux ; ce n’est autre chose qu’un mucus albumi- l’œil. C’est une membrane transparente, de
forme
j

neux, secrété par les organes du derme ou par le circulaire, convexe en avant et concave en arrière, ,

scléroti-
derme lui-méme. Elle forme la matière principale et qui est enchâssée dans l’ouverture de la
j

des ongles, des poils, des écailles, des cornes^ des sa- que. Sa face antérieure est recouverte par une 1^®® ;

bots, de l’épiderme, etc., en un mot de tout le tissu très-mince appartenant à la conjonctive; la posté-
rieure est tapissée par la membrane de !
humeur
corné. La corne est d’un grand usage dans les arts :
.

aqueuse. On lui a donné aussi le nom de C.


trans- i
elle prend les formes les plus variées entre les mains
la sclérotique, que
des tourneurs, des tabletiers et des fabricants de pei- parente, pour la distinguer de
, ,

CORN — 419 — CORN


l’on a appelée C. opaque. La cornée réfracte les large, vont frapper les parois du cornet; ils
y sont
rayons lumineux en les rapprochant du centre du réfléchis, et, après une ou plusieurs réflexions, ils ar-
faisceau, et augmente ainsi l’intensité de la lumière. rivent à l’autre ouverture avec d’autant plus d’in-
Chez les myopes, sa convexité est plus saillante ; chez tensité qu’ils sont plus nombreux et qu’ils ont subi
les presbytes ,
au contraire, elle est plus aplatie. moins de réflexions. La forme la plus propre à aug-
CORNÊENNE. Les Géologues nomment ainsi une menter l’intensité du son est celie d’une paraholoide
pâte sensiblement homogène , dans laquelle on ne dont le foyer est à petite ouverture, parce que tous
découvre à l’œil nu aucune agrégation distincte de lesrayons qui, ayant une direction parallèle à l’axe,
minéraux différents , et qui est presque toujours la vont frapper la surface , sont réfléchis au foyer, et
base de diverses roches mélangées. On la regarde ce- arrivent ainsi, après une seule réflexion, à l’ouver-
pendant comme un mélange d’amphibole et d’argile. ture du cornet.
CORNEES ou cornacées (de Coimus, Cornouiller, Les tabletiers nomment cornet une espèce de go-
genre type), famille de plantes dicotylédones poly- belet légèrement conique, en corne, en ivoire ou en
pétales épigynes, détachée des Caprifoliacées, ren- cuir, dont on fait usage pour agiter les dés quand
ferme des arbres, des arbrisseaux et des herbes vi- on joue au trictrac ou à tout autre jeu. Les pape- —
vaces, à feuilles simples et opposées, à fleurs en têtes tiers appellent grand eipetit cornet deux sortes de pa-
ou en ombelles, munies d’un calice à 4 dents et d’une pier mince et lisse qu’on emploie comme papier à let-
corolleà 4 pétales. Les étamines sont au nombre de 4, tres, et qui ne diffèrent entre eux que par le format.
un drupe à noyau osseux, à 2 ou 3 loges.
et le fruit est CORNETTE (de corne). Autrefois, ce mot dési-
Les principaux genres ioniXeCoi'nouillereiVAucuba. gnait en général toute coiffure de tête, et s’employait
corneille, Cornix, une des principales divi- comme synonyme de chaperon. Il désigne encore au-
sions du genre Corbeau, renferme plusieurs espèces, jourd’hui la coiffure des sœurs de Charité et une sorte
presque toutes étrangères à nos climats. La plus de coiffe de nuit que les dames ne portent guère que
connue est la C. vulgaire {Corvus corone), dite aussi dans le déshabillé du matin.
Corbine, Cravunt, et très-souvent Corbeau. Elle ne Il se disait aussi particulièrement 1» d’une longue
:

diffère du Corbeau ordinaire que par sa taille, qui et large bande de taffetas que les conseillers au par-
est plus petite. Elle est d’un noir foncé à reflets vio- lement portaient autrefois au cou comme marque
lets, avec le bec et les pieds d’un noir mal. Elle se d’honneur, et que François Rr accorda aux profes-
tient l’été dans les forêts, et niche sur les arbres; seurs du Collège de France; 2® du chaperon que les
elle se nourrit de fruits, surtout de noix, de petits oi- docteurs et les avocats portaient sur la tête, et que
seaux, d’œufs d’insectes et aussi de charognes. La dans la suite on mit autour du cou, et enfin sur l’é-
chair des Corneilles est dure, noire et fétide. Chez les paule on l’appelle aujourd’hui chausse. Ce nom de
:

anciens, cet oiseau était, comme le corbeau, le sym- cornette lui était venu de ce qu’après avoir fait plu-
bole d’Apollon, dieu des devins; son chant était, chez sieurs tours, scs deux extrémités se réunissaient sur
les Romains, d’un mauvais présage pour celui qui le haut de la tête en forme de petites cornes.
commençait une entreprise. — La C. manlelée [C. cor- Dans la Marine, le mot cornette désignait autre-
Kia;) vulgairement Meunière, Religieuse ou Jaco-
, fois le pavillon pointu que le chef d’escadre portait
bine, habite surtout les contrées du Nord : elle niche au mât d’artimon quand il commandait. Aujourd’hui
sur les pins et les sapins, et ne vient chez nous que la cornette est plus longue qu’un pavillon et fendue
l’hiver. Elle est d’un gris cendré sur tout le corps, de la moitié de sa longueur comme le guidon, mais
excepté la tête, la gorge et la queue qui sont d’un enverguée ; elle se hisse à la tête d’un mât , en tra-
beau noir, —
Corneille d’église. Voy. cuoucas. vers comme une flamme; ses pointes déployées au
CORNEMUSE (du latin cornu, corne", et musa, vent forment deux cornes. C’est la marque distinc-
air, chanson), instrument à vent, aujourd’hui aban- tive de l’olücier supérieur commandant une division
donné, consistait en une espèce de hautbois rustique d’au moins trois bâtiments de l’Etat. —
Dans l’ar-
dépourvu d’anche, et composé d’un tube de roseau mée de terre, chaque compagnie de cavalerie avait
creux , d’une boite cylindrique dans laquelle jouait jadis un étendard à cornes, nommé cornette, aux eou-
une espèce de corps de pompe dont les mouvements leurs du capitaine. La dénomination en passa à l’offi-
modifiaient la colonne d’air , et d’un autre tube cier qui la portait, et à la compagnie. —
La cornette
percé de huit trous pour diversifier les intonations. royale était blanche. On ne la déployait à l’armée
— Ce que l’on appelle le plus souvent aujourd’hui que quand le roi y était. L’usage de la cornette
cornemuse est une vraie musette. Voy. ce mot. royale se perdit sous Louis XIU.
CORNES. Voy. ce mot à la suite de corne. CORNICHE (du grec corônis, faîte, sommet) , par-
CORNET (diminutif de cor), instrument de mu- tie de l’arcliitecture, composée de plusieurs moulures
sique à vent dont les anciens se servaient à la guerre en saillie et placées les unes au-dessus des autres,
et qui a souvent remplacé le tambour pour guider de manière que les plus hautes sont les plus avan-
la marche des soldats [Voy. voltigeurs et clairon). cées. La corniche sert de couronnement à toute sorte
Les postillons se servent encore du cornet en Alle- d’ouvrages, principalement dans les divers ordres
magne. La musique moderne fait un grand usage d’architecture, où elle est placée sur la frise de l’en-
du cornet à pistons {Voy. cor). —
On appelle cornet tablement. Dans l’ordre toscan, le profil de la corni-
à bouquin une longue trompette faite en écorce d’ar- che ne présente que des lignes droites ou courbes;
bre, dont on se sert dans les montagnes pour rappe- dans l’ordre ionique , la corniche est composée de
ler les troupeaux. —
Cornet est aussi le nom d’un denticules ; dans l’ordre dorique , elle est soutenue
jeu d’orgue composé de quatre tuyaux qui résonnent par des membres saillants nommés mutules, égale-
à la fois sur chaque touche, et qui sont accordés à ment espacés entre eux; dans l’ordre corinthien,
l’octave, à la double quinte et à la triple tierce. elle se fait remarquer par ses modillons qui sent
En Botanique, les cornets sont des appendices va- de petites consoles, tantôt découpées en pans, tantôt
_

riés, creux et évasés, que l’on remarque dans cer- contournées en S. —


Les menuisiers et les ébénistes
taines fleurs irrégulières, comme celles des Asclé- se servent de cet ornement dans les lambris d’ap-
piades. On désigne encore par ce mot les pétales des partement, les dessus de portes, les armoires, les
Ancolies et des Hellébores. meubles de toute sorte, etc.
On nomme cornet acoustique un instrument en CORNICHON (de corne, à cause de sa forme), Cu-
forme de conque ,
à l’usage des personnes qui ont cumis sativus, espèce du genre Concombre, origi-
l’ouïe dure. La petite ouverture étant placée dans naire de l’Asie, et depuis longtemps transporté dans
Toreille, les rayons sonores qui ont pénétré par l’ou- le potager. Il y donne un fruit petit, vert, allongé,
verture oppbsée, laquelle est toujours beaucoup plus ordinairement un peu courbé, et connu lui-même
27 .
, ,. ,

CORO — 420 — CORP


sous le nom
de Cornichon. Ce fruit a produit succes- vent être sujets dans leur première période, et elle
sivement par la culture plusieurs espèces de Concom- tombe dès que la fécondation est commencée. C’est
bres. La variété le plus communément employée est la partie de la plante qui brille le plus par ses cou-
le Petit vert Voy. concombre). Pour préparer les cor-
(
leurs et d’où s’exhale principalement l’odeur.
nichons confits, on emploie du vinaigre blanc, qu’on CORONAL, nom donné autrefois à l’os du front,
fait bouillir à 80» et qu’on verse ensuite sur les cor- parce que c’est sur lui que repose en partie la cou-
nichons disposés convenablement dans un vase avec du ronne des rois (Voy. frontal). Dans le 1er âge, pos
sel, du poivre et des feuilles de laurier. 11 est nécessaire coronal se compose de deux pièces, réunies plus tard
de se servir de vases de verre ou de porcelaine pour par une suture, connue sous le noTuâosuturecorotiale.
que les cornichons ne deviennent point dangereux. CORONER (du grec coroné, couronne), officier
CORNOUILLER, Cornus, genre de 1a famille des de justice anglais, chargé de faire au nom de la
Caprifoliacées, tribu des Cornées, renferme des plan- couronne, et avec l’assistance du jury, des informa-
tes ligneuses ou herbacées, indigènes de l’Europe et tions sur les causes de toute espèce de mort violente.
de l’Amérique du Nord. Le C. mâle ou commun CORONILLE (diminutif de corona, couronne, à
(C. wzascM/a), vulgairement Corwfer, est un arbris- cause de la disposition de ses fleurs), genre de la fa-
seau de 3 à 4 m., à feuilles opposées, ovales, entières ; mille des Légumineuses, section des Papilionacées,
à fleurs jaunes, auxquelles succèdent des fruits pe- tribu des Hédysarées, est composée de plantes herba-
tits, oblongs, de couleur rouge, mûrs en septembre, cées, à fleurs le plus souvent jaunes , quelquefois
et que l’on appelle cornes, cornioles et cornouilles roses, blanches, pourpres ou violacées, toutes dispo-
Ces fruits se mangent crus ou en confiture; ils sont sées en ombelles plus ou moins lâches. Une des es-
employés en médecine comme astringents et fébrifu- pèces la C. bigarrée passe pour être vénéneuse.
, ,

ges; dans le Nord, ils remplacent les olives. Le bois CORONOPUS, espèce de Plantain et de Senehière.
est très-dur et susceptible d’un beau poli; l’aubier est COROSSOLIER, nom vulgaire de MAnona muri-
rougeâtre, et le cœur brun on fait avec le tronc des
: cata,oip'ocoà’ Anone, qu’on nomme aussi .d^wu’m'er;
alluclions, des barreaux d’échelles, des cerceaux, des le fruit est le corossol. Voy. anone et asimina.
échalas , d’excellent charbon , etc. Le C. sanguin CORPORAL (du latin corpus, corps), linge sacré
(C. sanguinea), appelé aussi Bois punais, est un ar- que le prêtre étend sur l'autel eu disant la messe,
brisseau à rameaux longs et droits, avec écorce lisse, pour y placer le calice contenant le corps de Notre-
d’un rouge brun, à fleurs blanches et à baies noires; Seigneur ; d’où son nom. Le corporal doit être de toile
ses feuilles exhalent une mauvaise odeur, ce qui lui de lin très-bl anche, point trop claire, sans aucun or-
a valu son surnom. On retire de ses baies amères une nement, si ce n’est au bord. 11 représente le linceul
huile bonne à brûler. Ses jeunes branches, flexibles dans lequel le corps de Jésus-Christ fut enveloppé
et filandreuses, peuvent s’employer en guise d’osier. après sa mort. 11 est aussi , par sa blancheur, le sym-
Le Cornouiller se plaît dans les lieux frais et ombragés. bole de la pureté nécessaire au célébrant et à ceux
CORNUE (du latin cornu, corne, à cause de sa qui communient.
forme) , vase à col allongé et recourbé, servant aux CORPORATION (du latin corpus, corps), réunion
chimistes, comme l’alambic, pour faire les distilla- en un corps des individus qui exercent la même
tions. On
y distingue la panse, la voûte et le col. Les profession , le même métier, ou qui sont astreints
cornues sont quelquefois tabulées, c.-à-d. qu’elles au même devoir. Les corporations d’arts et de mé-
portent à la voûte une ouverture destinée à recevoir tiers sont très-anciennes; elles existaient déjà chez
un simple bouchon de liège ou un bouchon en verre les Romains ; au moyen âge , elles se reformèrent,
ou eu métal. Les cornues sont faites en verre, en terre, d’abord en Italie, puis en Allemagne et en France.
en porcelaine, en fonte, en plomb ou en platine, sui- Avant 1789, il y avait à Paris 6 corporations de mar-
vant les substances qu’on y veut distiller. Quand on chands et 44 communautés d’artisans qui étaient en
se sert d’une cornue comme vase distillatoire, on
y possession du commerce et de l’industrie de cetta
joint presque toujours un récipient, destiné à recevoir grande ville, et chacune de ces corporations était or-
le produit; ce récipient
y est souvent fixé par l’inter- ganisée en corps qui avaient leurs officiers, leurs as-
médiaire d’une allonge qui sert à l’éloigner du feu. semblées, leurs statuts (F. art.s et métiers). Turgot
COROLLAIRE (du latin corollarium, même signi- avait obtenu , en mars 1776, un édit qui émancipait
fication ), conséquence (pai découle d’une proposition l’industrie; mais cet édit fut rapporté dès le mois
déjà démontrée, et dont la déduction n’exige pas une d’août de la même année. Les corporations ne furent
démonstration spéciale. Ainsi, après avoir démontré supprimées que par la loi du 17 mars 1791. — Les
que deux angles adjacents valent deux droits , on en corporations religieuses sont plus connues sous les
déduit, comme corollaire, que tous les angles formés noms de Confréries et de Congrégations. V. ces mots. ^

du même côté d’une droite valent aussi deux droits. On doit à M. Ch. Ouin-Lacroix i' Histoire des an-
En Rotanique, on appelle Fleurs corollaires des ciennes Corporations d’ Arts et Métiers et des Con-
fleurs doubles, dont le nombre de pétales est dû à fréries religieuses de France, Paris, 1852, in-8.
la multiplication des pétales de la corolle. CORPS (du latin corpus). En Physique, on dis-
COROLLE (du latin corolla, diminutif de corona, tingue ordinairemeut les corps, en corps solides,
couronne), la partie la plus voyante de la fleur ce : corps liquides et corps gazeux, selon que, dans la
nom est donné par Linné à tout périanthe coloré , nature, ils affectent plus particulièrement l’état so-
et par la plupart des botanistes à l’enveloppe in- lide, l’état liquide, ou l’état gazeux ; mais la plupart
terne d’un périanthe double. Suivant M. Richard, des corps peuvent passer par ces trois états. _
I

la corolle est un organe floral laminé ou tubulé Eu Cliimie on appelle corps simples les corps qui
,
,

simple ou multiple, qui, placé en dedans du calice, ont toutes leurs parties homogènes, comme l’oxygène,
naît immédiatement en dehors du point ou de la le chlore , l’argent on leui' donne aussi le nom d clé-
:

ligne d’insertion des étamines, ou bien les porte at- ments; corps composés ceux qu’on peut réduire
tachées par leur base à sa paroi interne. On appelle en des substances douées de propriétés différentes,
pétales les divisions de la corolle , lorsqu’elles sont comme l’eau, la potasse, le sel marin, etc.
distinctes et séparées; et la corolle est dite mono- En Histoire naturelle, les corps sont partagés en
pétale ou polypétale suivant qu’elle est indivise ou Minéraux, Végétaux et Animaux: ou donne aux pre-
divisée en plusieurs pétales. Ou distingue encore la miers le nom de corps bruts ou inorganiques, et 1 on
corolle en infère ou hypogyne, et en supère ou épi- réuuitles deux autres sous le nomde corps organises.
yyne, selon qu’elle a son origine au-dessous et au- En parlant de l’homme et des animaux, on ap-
pelle plus particulièrement corps ce que les
Anato-
dessus de l’ovaire. La corolle garantit les oi ganes
de la fructification des affections auxquelles ils peu- mistes appellent tronc. —
En Anatomieyon donne le
, , , , , , ,

CORK - 421 — CORS


nom chaque os et
de corps à la partie principale de CORROYEUR (du latin corium, cuir), ouvrier

de chaque muscle le corps du sphénoïde le corps


:
qui travaille cuir déjà tanné et lui donne le bril-
le

du fémur. —
Qn donne aussi ce nom à une infinité lant, le lustre et la souplesse nécessaires. Il
y par-
d’organes qui n’ont paade forme particulière, comme vient en le trempant, le refoulant,lepassant à l’huile,
le corps calleux, le corps caverneux, le corps ré- le mettant au suif, le teignant, le lissant, etc. 'Tout

ticulaire, le corps vilré, etc. Voy. calleux, etc. cuir tanné qui n’est pas cuir fort, ni destiné à faire
En Politique, le mot corps désigne figurément des semelles , doit être soumis au corroi. Le cor-
une compagnie, un certain nombre de personnes royage se réduit à quatre opérations principales :
qui suivent la même carrière ou remplissent les 1® défoncer les cuirs, c.-à-d. les ramollir avec de
mêmes fonctions ; c’est en ce sens qu’on dit les grands l’eau, les fouler ensuite avec le talon de gros sou-
corps de l’État, les corps constitués, le corps mu- liers dits souliers de boutique, ou avec une espèce

nicipal, le corps diplomatique. de masse en bois appelée bigorne, enfin égaliser leur
Dans l’Armée, ce mot exprime l’ensemhle de ceux surface; 2° tirer à la paumelle c.-à-d. passer avec
qui appartiennent à une arme spéciale corps d’état-
: force sur la peau la. paumelle, instrument en bois
major, corps de l’artillerie , corps du génie, etc. dur, couvert de cannelures, pour former le grain de
Corps francs petits corps de troupes légères la peau ; 3® étirer les cuirs, c.-à-d. rendre au moyen
levés pour la guerre seulement , et dont l’entretien de l’étire, espèce de plaque en fer ou en cuivre, la
n’est pas à la charge du gouvernement. peau d’une épaisseur plus uniforme ; 4“ parer à la
Corps législatif, assemblée établie par la Consti- lunette, c.-à-d. étendre la peau sur le paroir et en
tution de l’an VIII, et rétablie en 1852. Voy. corps enlever, avec un couteau circulaire appelé lunette,
Législatif au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. la partie charnue et grossière.
Corps d’une lettre. On nomme ainsi, en Typo- CORRUPTION , désorganisation. V. putréfaction.
graphie, la dimension de la pièce qui supporte l’œil En Droit, tout fonctionnaire de l’ordre administra-
de la lettre, et qui se mesure par points typogra- tif ou judiciaire qui agrée des offres ou promesses,
phiques du côté du cran. Fby. point typographique. ou reçoit des dons ou présents pour faire un acte de
Corps mort. Les Marins appellent ainsi toutolijet son emploi, ou pour s’abstenir d’un acte qu’il devrait
établi sur le rivage, ou sur le fond d'une rade, pour faire , est coupable de corimption et puni de l’em-
l’amarrage des navires; c’est ordinairement une très- prisonnement, de la dégradation civique et d’une
grosse ancre borgne avec un câble , dont le bout est -amende double de la valeur des choses promises
porté par un bateau ou par tout autre corps flottant. reçues. Si la corruption a pour objet un fait crin»
CORPUSCULES. Voy. atomes, infusoires. nel, la punition peut être plus grave. Le corrupteur
Philosophie corpusculaire. Voy. atomisme. est passible des mêmes peines; cependant si la ten-
CORRECTION. En Droit, ce mot s’applique spé- tative de corruption n’a point été suivie d’effet , il
cialement 1» à la punition que le père de famille peut
: est simplement puni de 3 à 6 mois de prison et de
infliger à ses enfants en les faisant détenir dans une 100 à 200 fr. d’amende ( Code pénal, art. 177).
maison publique; 2® à celle que le juge peut pro- CORS, branches fourchues qui naissent de la per-
noncer contre le mineur de seize ans, excusé comme che du bois des Cerfs. Voy. cerf.
ayant agi sans discernement. CORSAC , Canis corsac, espèce du genre Chien
Correction paternelle. Si l’enfant est âgé de appelé aussi jlcfi'w et Chien du Bengale, ne dépasse
moins de seize ans, le père peut le faire détenir guère la grandeur d’un chat. C’est un joli animal,
pendant un mois; le président du tribunal d’arron- d’un gris fauve en dessus, blanc-jaunâtre en des-
dissement, sur la simple demande du père, délivre sous, et à longue queue. 11 habite l’Asie, et était de
1 ordre d’arrestation. Depuis l’âge de seize ans jus- mode à Paris comme chien de salon, au xvi® siècle.
la majorité
,
le père peut requérir la déten- CORSAIRE (de l’italien corsa, course), nom donné
tion de son enfant pendant six mois. Il n’y a, aux bâtiments armés en course pendant la guerre,
dans aucun cas, ni écriture ni formalité judiciaire ;
et aux capitaines de ces bâtiments. —
Chez toutes les
le père est seulement tenu de payer les frais et de nations, l’existencedescorsairesaété reconnue comme
fournir les aliments. Le père est toujours maître légitime. En temps de guerre, le gouvernement donne
d’abréger la détention (Code civ. art. 375-382). aux particuliers des lettres de marque ou permis-
,
Correction judiciaire. L’accusé qui a moins de sion de faire main-basse sur les navires de la nation
seize ans est acquitté s’il est déclaré qu’il a agi ennemie. Jean Bart, Duguay-Trouin, Du Casse, sous
Sans discernement; mais les juges peuvent ordon- Louis XIV, et sous l’Empire, Surcouf, se sont fait
ner qu’il sera conduit dans une maison de correc- une grande réputation comme corsaires. L’arrêté du
tion pendant un nombre d’années qui ne peut ex- 2 prairial an XI (22 mai 1803) et l’ordonnance du
céder l’époque où il aura accompli sa vingtième 29 octobre 1833 ont régi jusqu’en 1856 tout.ee qui
année (Code pénal, art. 66). S’il est décidé qu’il a concernait la course maritime en France. Une décla-
agi avec discernement le temps de l’emprisonne- ration du Congrès de Paris du 30 mars 1850 a aboli
ment dans une maison de correction peut être beau- la course et les lettres de marque.
coup plus considérable (art. 67). Corsaire se prend pour pirate quand on parle
U a été construit à Paris (rue de la Roquette) une des anciens pirates barbaresques. Voy. pirate.
maison spéciale dite d’éducation correctionnelle pom CORSELET. On appelait autrefois corselet ou cor-
à qui la peine de la correction estinfligée. celet la partie principale de la cuirasse, celle qui
Police correctionnelle. Voy. police. couvre la poitrine , l’estomac et le ventre.
CORRÉGIDOR, mot espagnol qui signifie cori’cc- Les Entomologistes donnent ce nom à la partie
ieur. C’est, en Espagne et en Portugal, le titre du corps des insectes située entre la tête et le ventre,
que
porte le premier magistrat, le premier otlicier de qui a pour caractères de ne jamais supporter d’ailes
I

[
justice d’une ville ou d’une province où ne réside pas et de donner insertion à la première partie des pattes.
!
on gouverneur. Il est supérieur à l’alcade. CORSET. On fait ordinairement les corsets en
CORROI. Voy. corroyeur et catissage. coutil fort, en toile , quelquefois en soie; ils sont
CORROSIF (du latin corrodere ronger). On ap- garnis de baleines de place en place et munis par
pelle substances corrosives, celles qui, devant d’une lame d’acier ou de baleine placée ver-
1
mises en
contact avec les parties vivantes les altèrent et les
,
ticalement et qu’on nomme buse. —
Autrefois, en
désorganisent peu à peu : tels sont les acides miné- France, les femmes portaient des corps ro ides et
raux , les alcalis caustiques le deutochlorure de durs qui ne dessinaient nullement la taille; ces corps
,
I mercure {sublimé corrosif), etc. Les corrosifs sont furent remplacés pendant la Révolution par les cor-
,
moins énergiques que les caustiques proprement dits. sets à la paresseuse, sans baleines, serrant modéré-
, , ,

CORV — 422 - COSM


ment et s'attachant par quelques lacets placés de vée sur l’eau ; la corvette de charge bâtiment do
distance en distance vers le dos. Depuis, les femmes ti'ansport de 800 tonneaux, à batterie couverte et à
en sont revenues aux tailles Dnes; trop souvent elles trois mâts verticaux : elle est plus légère que les
serrent le corset au point de comprimer la poitrine et flûtes et les gabarres. — Les capitaines de corvette
l’estomac etde compromettre leur santé. —
On confec- ont rang de chef de bataillon.
tionne des corsets orthopédiques qui ont pour objet CORVIDÉS , tribu d’oiseaux de l’ordre des Passe-
de corriger ou de prévenir les déviations de la taille. reaux etde la famille des Conirostres, remarquables
On doit au Dr Bouvier des Etudes historiques et par leur bec fort , leurs narines couvertes de poils
médicales sur l’usage des Corsets (1853). et de plumes décomposées, et par leur grande taille.
En Chirurgie, on nomme Corset un ^and ban- Cette tribu renferme les genres Corbeau, Pie, Geai,
dage qui embrasse grande partie du tronc.
la plus Casse-noix, Choquard, Témia et Glaucope.
CORTES nom donné,
(de l’espagnol corte, cour), CORYMBE (du grec corymbos, bouquet de fleurs),
en Espagne et en Portugal aux assemblées natio-
,
se dit, en Botanique, d’un groupe de fleurs dont les
nales. Fow. le Dict. unie. d’Hist. et de Géogr. pédoncules, partant de différents points de la tige,
CORTICAL (du latin cortex, écorce). En Ana- arrivent tous à une même hauteur : telles sont les
tomie, on appelle substance corticale, la substance fleurs de la plupart des Composées et du Sorbier.
grise qui forme la partie extérieure, et comme l’é- CORYMBIFÈRES , nom donné par Vaillant aux
corce, du cerveau et des reins. plantes de la famille des Radiées de Tournefort.
En Botanique, on nomme couches corticales, les Aujourd’hui elles font partie de la famille des Com-
couches concentriques qu’on observe dans l’écorce de posées {Voy. ce mot), dont elles constituent à peu
certaines plantes ligneuses corticales, les prèsla tribu des Astéroidées. Ce sont des plantes dont
;
plantes qui naissent et végètent sur l’écorce des ar- les fleurs sont généralement disposées en corymbe.
bres, comme les mousses, les lichens, etc. CORYPHE, Corypha (du grec coryphè, sommet),
CORTICIFÈRES ( de cortex, écorce, et fero, por- genre de la famille des Palmiers, tribu des Coryphi-
ter), dénomination donnée par Lamouroux à une nées, a pour type le Coryphe parasol ou Talipot de
section de Polypiers composés de deux substances : Ceylan {C. umbraculifera) à tige parfaitement
une extérieure ou écorce ;
l’autre centrale, nommée cylindrique , haute de 20 ou 25 m. et couronnée
axe, et qui supporte la première. Cette section com- d’un faisceau de 8 à 10 feuilles qui s’étalent en vaste
prend : les Spongiées, les Gorgoniées et les Isidées. parasol. Les fleurs eupanicules nombreuses tombent
CORTINE (du latin corffna, tapis, rideau), nom en épis renversés. Les baies sont sphériques, grosses
donné par les anciens : 1<> à une peau de serpent comme une pomme de reinette, lisses, vertes et suc-
dont était couvert le trépied sur lequel la pytho- culentes renferment un noyau dont l’amande
elles
;
nisse rendait ses oracles
;
2» au trépied lui-même. offre une chair ferme. On trouve ce végétal dans les
CORTIQUEUX (de cortex, écorce), épithète qui Indes orientales. Les Indiens font avec ses feuilles
désigne des fruits durs et coriaces extérieurement, et des tentes, des parapluies et des couvertures de toits;
charnus ou pulpeux intérieurement, comme le citron. les Malais y gravent leurs lettres avec un stylet de
CORVÉE ( mot dérivé, selon les uns, de corps, et fer. Les noyaux des fruits, tournés, polis et peints
Ac vée, qui signifiait en vieux gaulois peine, tra- en rouge, servent à faire des colliers, et le suc des
vail ; selon les autres, du bas latin corvadu, formé spathes fournit un vomitif très-violent.
de curvatus, parce qu’on travaille à la terre le corps CORYPHÉE (du grec coryphè, tête, sommet), nom
courbé), travail et service gratuit et forcé, qui, sous donné, chez les Grecs, au chef du chœur dans les tra-
le régime féodal, était dû au seigneur par le paysan gédies. Le coryphée, qu’il ne faut pas confondre avec
ou le tenancier, et qu’on fournissait soit en journées le chorége, placé au milieu du chœur et dans une
de corps, soit eu journées de chevaux, de bœufs, etc. situation élevée pour être facilement vu et entendu,
Les corvées consistaient le plus ordinairement à entonnait le chant d’une voix forte , et marquait la
faucher ou à faner les foins du seigneur, à scier mesure ; c’était avec le pied que le coryphée donnait
ses blés
,
labourer ses terres , curer les fossés du le signal. —
De nos jours, on nomme VMS&i coryphée
château, réparer les chemins. On distinguait les C. le chef du chœur dans les opéras.
réelles, dues par les possesseurs de fonds pour la CORYPHÈNE (du grec coryp/mfna, espèce de pois-
cession de ces fonds; et les C. personnef/es, dues par son de mer), genre de poissons de la famille des
tous ceux qui habitaient l’étendue d’une seigneurie. Scombéroldes, commun dans l’Atlantique et la Médi-
Longtemps les habitants des terres féodales furent terranée, remarquables par leur éclat et par les chan-
corvéables et taillables à merci. Peu à peu il fut ap- gements de couleur qu’ils subissent après leur mort,
porté des restrictions à cet état intolérable. Louis XVI, ainsi que par l’avidité avec laquelle ils saisissent tout
sur la proposition de Turgot abolit la plus grande
,
ce qu’on leur jette. Leur chair est peu estimée.
partie des corvées par une déclaration du 27 juin CORYZA, mot grec conservé en français, désigne
1787. L’Assemblée constituante (18 mars 1790) et la l’inflammation catarrhale de la membrane pituitaire
Convention (17 juillet 1792) effacèrent les dernières ou muqueuse des fosses nasales , connue vulgaire-
traces de cette institution, devenue odieuse. Aujour- ment sous le nom de Rhume de cerveau. Le Coryza
d’hui, la loi ne connaît d’autres corvées que celles a le plus souvent pour causes la suppression suinte
infligées aux soldats par le décret du 29 octobre de la transpiration cutanée, et par suite l’augmen-
1790, concernant la discipline militaire ce sont les
: tation de la transpiration interne; d’où naît l’inflam-
corvées de la chambre, du quartier, de la place. — mation. L’impression du froid , particulièrement à
Cependant on donne encore dans l’usage le nom de la tête et aux pieds, l’occasionnent le plus souvent.
corvee à la part que doivent prendre aux travaux de Quelquefois il accompagne ou précède les épidémies
réparation entrepris par la commune les habitants catarrhales appelées grippe ou influenza, ainsi que
qui ne peuvent s’acquitter en argent : cette nou- la coqueluche, la rougeole, la variole et la scarla-
velle espèce de corvée est la prestation en nature. tine. Les enfants, les femmes, les sujets lymphati-
CORVETTE (du latin corbita, bâtiment de trans- ques-, y paraissent plus spécialement disposés. Sa
port), petitbâtiraent de guerre qui prend rangentre la durée ordinaire est de 6 à 8 jours; le plus souvent
frégate et le brick. On distingue làcorvettede guerre, il cède de lui-même et n’exige que de la chaleur;
à la fois solide et légère, à batterie couverte et por- la récidive en est fréquente chez certaines persoimes.
tant de 20 à 30 bouches à feu la corvette-aviso
;
COSÉCANTE, cosiNDS. On appelle ainsi, en Géo-
excessivement rapide, instrument de communication métrie , la sécante et le sinus du complément d un
entre le chef d’escadre et les divisions placées sous arc ou d’un angle. Voy. sécante et sinus.
ses ordres elle est à batterie découverte et peu éle-
: COSMETIQUE (du grec cosmos, ornement). Ce
, — ,,, ,

coss — 423 — COTÉ


mot désigne à la fois les diverses préparations des- nom qu’ils donnaient à Vinconnue des problèmes.
tinées à conserver ou à accroître la beauté, et Uart COSSYPHE (du grec toayp/ios, merle, àcausedesa
qui enseigne à conserver la beauté et à faire dispa- couleur), genre de Coléoptèreshétéromèrestaxicornes.
raître ou diminuer les défauts du corps, art sur lequel COS'TUME. La connaissance du costume propre à
Criton d' Athènes , et la reine Cléopâtre , avaient chaque époque et à chaque pays a une importance
,
dit-on, écrit des traités. — Parmi les cosmétiques, les incontestable pour les arts et même pour l’histoire ;
uns servent à embellir la peau , cà lui donner de la aussi a-t-elle été l’objet de nombreux travaux. Parmi
souplesse et du brillant tels sont les savons parfumés,
: les traités ou recueils ayant trait â ce sujet, nous
les lotions émulsives, les eaux distillées de roses, de citerons les Recherches sur les costumes de Maillot,
plantain, etc., les vinaigres aromatiques, les pomma- Paris, 1804, 3 vol. in-4; les Costumes des xiii®,
des de concombre, de cacao , d’amandes douces , de xive et xv« siècles, de Bonnard, Paris, 1828,2 vol.
baume de la Mecque, etc.; les autres ont pour but de in-4; la Collection de costumes, armes et meubles
faire disparaître les traces de l’âge, et de simuler les de Viel-Castel, Paris, 1828-33, 3 vol. in-4; les Cos-
couleurs de la jeunesse ( Voy. fard) ; leur emploi est tumes français de Mussard, Paris, 1836-39 4 vol.
,

souvent dangereux. On range encore parmi les cos- gr. in-8; VHist. complète des costumes de l’Europe,
métiques les pommades et les huiles pour les cheveux. par P. Lacroix et Ferd. Séré; les Costumes histor. delà
COSMIE, Lépidoptère, espèce du g. Noctuelle. France, parCh. deLaraotte, 10 vol. gr. in-8, 1852-54.
COSMIQUE (du grec cosmos, monde). On appelle, Costume se dit encore 1“ de l’habillement et
;

en Astronomie, lever et coucher cosmique d’une des insignes qui distinguent les personnes consti-
étoile ceux qui s’effectuent quand l’étoile se trouve à tuées en dignité ou chargées de fonctions publi-
l’horizon en même temps que le soleil. —
L’expression ques : le costume des principaux corps constitués en
matière cosmique est une désignation vague imagi- France avait été régié au début de l’Empire; ces
née par les astronomes pour expliquer les nébuleuses. costumes ont été rétablis avec de légères modifica-
COSMOGONIE (du grec cosmos, univers, et gonos, tions en 1852; 2° des habits dont on se sert au théâ-
naissance, formation), nom donné aux différentes doc- tre pour représenter les personnages historiques, ou,
trines qui ont pour but d’expliquer la formation du dans les bals dits costumés, pour se déguiser. Avant
monde. Il y a des C. religieuses, comme la Genèse, le dernier siècle, les comédiens français n’avaient
des C. fabuleuses, comme la Théogonie d’Hésiode, point de costumes; il manqua à Molière, à Corneille
les Védas indiens, les Eddas Scandinaves, etc.; et et à Racine,d’avoir des habits analogues aux temps et
des C. philosophiques comme celles des philoso- aux caractères de leurs personnages. Cette réforme,
phes indiens et chinois , de Platon , de Sanchonia- entreprise par Le Kain,sous l’inspiration de Vol-
thon celle de Buffon , etc. Toutes placent le chaos au
, taire, n’a été véritablement accomplie que parTalma
début du monde, et expliquent comment ce chaos en l’791. Aujourd’hui, les comédiens français ont
a été débrouillé. Voy. création. poussé à une rare perfection l’e.xactitude du costume.
COSMOGRAPHIE et COSMOLOGIE (du grec cos- COTANGENTE, tangente du complément d’un
mos, univers, et de graphô, écrire, oulego, lire). arc. Voy. tangente.
La Cosmographie est la simple description de l’uni- COTE (du latin quotus, combien), part que l’on
vers visible ;
elle s’occupe de la terre considérée fait à chacun des associés dans le résultat d’un
comme planète, et dans ses rapports avec les autres compte, soit en gain, soit en perte. Quand il s’élève
astres. La Cosmologie est la science des lois par les- des contestations sur un compte , on les termine
quelles l’univers est gouverné. La cosmographie, qui souvent par une cote mal taillée, espèce de compo-
est enseignée dans les collèges, a été exposée dans sition ou de transaction qui arrête le compte en gros
de nombreux ouvrages classiques, parmi lesquels on sans entrer dans les discussions de ce qui peut ri-
remarque les Leçons de cosmographie de M. Faye
les Eléments de cosmographie de M. de Sainte-
goureusement appartenir à chacun. — Par exten-
sion, on appelle cote la part que chacun doit payer
Preuve, les Comoÿrap/iieÿ élémentaires de MM. B. dans les contributions publiques. — La cote de la
Guilmin., etc. (F. astronomie). hoCosmos rente est l’indication du taux de la renie.
de Humboldt est un haut traité de Cosmologie. Les Praticiens appellent cote une marque numé-
LOSMORAMA (du grec cosmos, monde, et orawa, rale ou alphabétique dont on se sert pour classer les
vue, c.-à-d. représentation de l’univers), espèce de pièces d’un procès, d’un inventaire, etc.; ainsi on
Uiorama, établi à Paris en 1808 par l’abbé Gazzera, dit : Cette pièce est sous la cote A; cet écrit est
savant piémontais, dans le but de former une riche sous la cote B; la cote 3 , la cote 4, etc.
collection de tableaux représentant les sites et les CÔTE (du latin Costa, même signification), nom
monuments les plus remarquables de toutes les par- donné , en Anatomie , aux arcs osseux qui partent
ties de l’univers. Le Cosmorama a été
fermé en 1832; des vertèbres, et dont l’assemblage forme les parties
il était alors composé
de 260 tableaux. latérales de la poitrine. Les côtes sont, chez l’homme,
COSSE , enveloppe de légumes. Voy. silique. au nombre de 24, 12 de chaque côté. Les 7 supé-
COSSE, en latin Cossis ou Cossus, genre d’in- rieures sont appelées vraies côtes; on les appeUe
sectes de l’ordre des Lépidoptères nocturnes aussi côtes sternales , parce qu’elles s’attachent au
,
dont
les chenilles vivent dans le tronc
des arbres, et cau- sternum au moyen d’un cartilage de prolongement;
sent souvent des dégâts assez grands. Le
C. gâte- 3 des 5 suivantes sont dites fausses côtes ou côtes
bois (C. ligniperda), le plus commun et le
plus asternales : elles s’attachent au cartilage de la côte
dangereux, a les ailes d’un gris foncé; sa longueur précédente; les 2 dernières restent libres à leur ex-
est d environ 40 millim. sa chenille , longue de
; trémité antérieure et ne sont retenues que par des
31 millim., est luisante, rougeâtre, et exhale
odeur désagréable ; elle se tient à la base des ar-
une membranes on ;
les nomme
côtes flottantes. — Dans
le cheval, sont au nombre de 36, 18 de
les côtes
bres, surtout du chêne, de l’orme, du
saule, du peu- chaque côté. Les Ruminants en ont 13 de chaque
plier, en^ ronge l’aubier, et parvient
ainsi à faire côté. Chez les grenouilles, les requins, les raies, les
mourir 1 arbre entier. Elle pénètre aussi jusqu’au côtes manquent complètement.
cœur du bois en faisant des trous tortueux assez En Botanique , on nomme côte la nervure mé-
grands pour y introduire le petit doigt. On ne diane d’une feuille simple ou le pétiole commun
peut
guere combattre ce fléau qu’en faisant la chasse
à d’une feuille composée.
1 insecte quand il est à
l’état de papillon. COTÉ (de côte] , nom vague par lequel on désigne
CÜSSIQUE (règle), nom sous lequel les premiers la partie d’un animal qui s’étend, à droite et à gau-
auteurs italiens désignèrent l’algèbre lors
de son che, entre le ventre et le dos, depuis les épaules ou
introduction en Europe, vient du mot de cosa {chose)
les ailes jusqu’aux jambes de derrière ou au dedans
, , ,

GOTO — 424 — GOTO


des cuisses; et^ en parlant du corps de l’homme, ton de Géorgie est le plus ün de tous et le plus doux,
depuis les aisselles jusqu’aux hanches. il est un peu jaunâtre ce qui lui a valu le nom de
,
En Géométrie, le côté d’une figure est une ligne beurre terne; celui de Bourbon est le plus uni et le
droite qui fait partie de son périmètre ou contour. plus égal des cotons; celui d’Égypte, dit jumel est
Dans une Église , on appelle bas-côtés les ailes fin et nerveux; celui de Cayenne est fort et régulier.
basses qui bordent la nef, et où se trouvent les cha- Parmi les seconds, on préfère ceux de la Louisiane,
pelles latérales. On appelle côté de l’Épitre le côté de l’Alabama, de la Caroline, et le coton Mobile.
droit de l’autel , et côté de l’Évangile le côté gauche. Chaque espèce de coton se divise en trois qualités :

Dans le langage politique, les expressions de côté la première ou fleur de marchandise est la plus
droit et côté gauche servent à désigner deux sec- longue, la plus belle et la plus propre : on la réserve
tions d’une assemblée politique, séparées l’une de pour la chaîne. La deuxième ou qualité marchande
l’autre par le bureau du président. En France, le est ordinairement employée pour la trame. La troi-
côté droit a été toujours occupé par les membres sième ou qualité inférieure sert aussi pour la trame,
qui défendaient le principe du pouvoir; le côte gau- mais pour des étoffes plus grossières.
che, par l’opposition. On exporte le coton en tei’we dans d’énormes balles,
COTHURNE (du grec cothornos, cothurne), espèce qui peuvent contenir de 250 à 300 kilogr. environ. On
de chaussure dont se servaient les acteurs tragiques estime la production générale du coton à 350 millions
chez les Grecs, pour paraître plus grands et mieux de kilogr. environ , quantité qui s’accroît chaque an-
représenter les héros dont ils jouaient les rôles. On née ; cette masse énorme de coton alimente un nom-
oppose le cothurne tragique au brodequin comique. bre infini de filatures en Éurope (surtout en An-
C’était aussi la chaussure des rois , des grands , des gleterre et en France), aux États-Unis et en Chine.
gens riches et opulents, etc. Le cothurne avait une Au sortir de la balle où il a été renfermé après la
semelle très-haute et laissait le dessus du pied à dé- récolte, le coton est livré au batteur-éplucheur, qui
couvert. On attachait à la semelle des ligatures qui le nettoie, et au batteur-étaleur, qui l’étend; puis
passaient entre l’orteil et les autres doigts et qui se il est porté sous la carde, qui l’étire et le laisse
divisaient en deux bandes autour de la jambe, en échapper en une espèce de ruban léger et sans ün;
forme de réseaux couleur de pourpre, quelquefois do- ce ruban, doublé, puis étiré de nouveau par le dra-
rés et surmontés d’un croissant d’ivoire ou d’argent. wing-trame est formé par le rota-frotteur ou banc
COTIER (pilote). Voy. pilote. à lanternes en une mèche grossière, que la mule-
COTIGNAC (de Cotignac, département du ’Var, jenny ou banc à broches transforme en un ül dé-
où on le prépare, ou de cotoneum malum, coing), licat le dévidoir s’en empare alors , pour le céder
;

sorte de marmelade ou de gelée faite avec des coings. à V ourdisseur ; il est enfin reçu par le métier à tis-
On donne aussi ce nom à une sorte de conserve pré- ser, qui le croise, le bat et en fait un des nombreux
parée avec le suc de coing, le vin blanc et du sucre tissus répandus dans le commerce.
pur. On l’emploie en médecine comme astringente. Le coton est, avec la soie, le lin et la laine , la
— Il y a encore une autre espèce de cotignac qui se matière la plus nécessaire aux hommes pour les
fait avec du moût de raisin et des poires de certeau. vêtements, ün en fait, sous le nom de cotonnades,
COTILLON (diminutif de cotte). Le nom de cette des toiles qui sont excellentes pour la santé, parce
espèce de jupe a été étendu à diverses sortes de qu’elles s’imprègnent de la transpiration, sans cau-
danse. Autrefois, on appelait ainsi une sorte de ser aucun refroidissement ; elles conviennent surtout
branle qui se dansait à quatre ou à huit personnes : dans les climats septentrionaux. Outre le linge de
ôn dansait ce branle aux chansons. Aujourd’hui corps, le coton fournit encore un excellent linge de
c’est le nom d’une danse assez compliquée où la valse table et d’office ; on l’applique également à tous les
domine, et qui sert de final aux bals. articles de bonneterie; on en fait aussi des tissus,
COTINGA (nom indigène) ,Ampelis, genre d’oi- que l’on varie à l’infini, en combinant le coton avec la
seaux de l’orclre des Passereaux et de la famille des laine, la soie, le lin et le chanvre; on en fait des
Dentirostres. Plusieurs naturalistes en ont fait une fa- velours, des couvertures de lit, etc. La bourre de coton
mille sous le nom à' Ampélidés. Les C. ont la taille du sert encore à rembourrer les matelas , coussins et au-
merle; ils ont le bec large, légèrement arqué, échan- tres sièges; sous le nom de ouate, elle remplace les
cré à la pointe, qui est comprimée leurs ailes sont
;
fourrures , sert à garnir les douillettes, etc. Le coton
longues; leur queue est médiocre, élargie, et leurs cardé est employé avec succès dans le traitement
tarses sont courts et faibles. Plusieurs de ces oiseaux des brûlures. Énfin , la chimie a récemment tiré du
sont parés des plus riches couleurs; leur chant n’est coton une poudre fulminante. Yoy. coton-poudre.
qu’un cri enroué ou un sifflement monotone. Le plus L’usage des étoffes de coton est fort ancien. Au
connu est le C. bleu, du plus bel outremer, avec la temps d’Hérodote, tous les Indiens portaient déjà des
poitrine violette, traversée d’un ruban bleu, et mar- vêtements de coton. Dans le l®r siècle avant J. -G.,
quée de quelques taches aurores. On lui donne en- il
y avait en Égypte et en Arabie des fabriques
core le nom de Cordon bleu. Le C. Pompadour est de tissus de coton ; cependant les Grecs et les Ro-
carmin foncé avec les ailes blanches. Les cotingas mains ne paraissent pas avoir jamais fait beau-
vivent d’insectes et de fruits sucrés, surtout de raisins. coup usage de ces sortes d’étoffes. Les Chinois ne
Ces oiseaux sont propres à l’Amérique méridionale. commencèrent à cultiver le cotonnier qu’après la
COTON , duvet floconneux, long, fin et soyeux, conquête des Tartares, c.-à-d. au xiii® siècle; vers la
de couleur blanche, jaunâtre ou rougeâtre, qui en- même époque, les étoffes de coton étaient déjà l’objet
veloppe les graines du Cotonnier. Ce duvet se re- d’un commerce important dans la Crimée et dans la
cueille vers la fin de septembre ou le commencement Russie du nord, où on les apportait du Turkestan.Dès
d’octobre, époque à laquelle les gousses qui le ren- le x« siècle, les Arabes avaient naturalisé le cotonnier
ferment, étant parvenues à leur maturité, s’entr’ou- en Espagne, et, au xiv', les cotonnades de Grenade
vent pour le laisser échapper. Après avoir retiré le surpassaient en réputation celles de l’Orient. En Ita-
coton de son enveloppe on l’expose au soleil pour lie, les fabriques de coton datent du commencement
,
le sécher ; après quoi
,
on le sépare de la graine en du xive siècle Venise et Milan virent s’élever les pre-
:

le faisant passer entre deux rouleaux de bois disposés mières. Deux siècles après, Anvers importait encore
horizontalement l’un au-dessus de l’autre et assez de ces deux villes des étoffes de coton, des futaines
rapprochés pour que le coton seul puisse passer. et des basins, bien qu’à la même époque Bruges et
On distingue les cotons en longue soie et courte soie. Gand en fabriquassent une grande quantité. Ce n’est
Parmi les premiers, les plus estimés sont ceux de qu’au commencement du xvii® siècle qu’on trouve
Géorgie, de Bourbon, d’Égypte et de Cayenne; le co- quelque trace de fabrication de fils et de tissus de
, ,, —,

GOTO — 425 — COTY


coton en France et en Angleterre, ainsi qu’aux naire; elle fait explosion, comme la poudre à canon,
États-Unis : en 1771 seulement, R. Ark'wright éta- par le contact d’une étincelle, et môme par le seul

blit à Cromfort (Derby) les premiers moulins à eau choc. Il suffit, pour la préparer, de maintenir pendant
pour la filature du coton. Le gouvernement français 15 à 20 minutes du coton dans un mélange d’acide
fit Rouen, en 1787, des machines à filer
établir à nitrique et d’acide sulfurique concentrés; on lave en-
le coton ; mais ce n’est que sous l’Empire , et grâce suite le produit à grande eau et on le dessèche cette :

aux efforts de Richard-Lenoir, que cette industrie, dernière opération exige beaucoup de précautions
aujourd’hui si florissante, put s’acclimater en France. quand on opère sur de grandes masses. Le coton-
Les Botanistes donnent le nom de coton ( tomen- poudre renferme du carbone , de l’hydrogène et de
tum) au duvet long, entre-croisé et crépu, qui recou- l’oxygène, dans les mômes rapports que la fibre li-
vre la surface de quelques parties de certains végé- gneuse, mais associés aux éléments de l’acide nitri-
taux, notamment l’intérieur des bourgeons. que ,
auxquels il doit, comme
la poudre à canon
COTONNADE. Pris dans toute son étendue, ce ses propriétés explosives. On a
proposé de le substi-
mot comprend tous les tissus de coton, quelle que tuer à la poudi'e à canon pour les armes à feu et les
soit leur finesse ou leur mode de fabrication; mais, mines ; mais, outre qu’i^ revient six fois plus cher,
dans le Commerce, il désigne plus spécialement les il a l’inconvénient de détériorer les armes s’il n'est

tissus fabriqués avec du colon teint après avoir été pas bien préparé, de les remplir toujours d’humi-
filé, et livrés à la consommation à leur sortie des dité, et de produire sur elles des effets binsants. Les
mains du tisserand, sans avoir besoin de subir d’au- expériences qu’on a faites dans les mines et les car-
tres préparations. On comprend encore sous ce nom rières pour faire éclater les roches ont montré que la
quelques espèces de tissus de coton dont la chaîne force explosive du coton-poudre est environ quatre
est en fil de lin et la trame en fil de coton écru fois plus grande que celle des poudres de mine.
,
blanchi ou teint en diverses nuances, tels que l’ar- Quelques chasseurs ont aussi constaté qu’il écarte
ticle connu sous le nom de fil et coton, les retors, moins les charges à petit plomb que la poudre à ca-
les siamoises, les flammées, etc. On donne aux non. On emploie en Chirurgie, sous le nom de collo-
cotonnades différents noms qui rappellent soit les dion, du coton-poudre dissous dans l’éther.
pays d’où elles tirent leur origine, soit les noms Les Chimistes connaissaient depuis longtemps un
des étoffes qu’on a voulu imiter ; de là les noms de grand nombre de substances explosives produites
percale, jaconas calicot, madapolam, madras par l’action de l’acide nitrique sur les substances
,
(tirés de l'inde) , de nankins (de Chine) , de gain- organiques; mais c’est M. Schoenbein , professeur
ons (de la ville de Guiugamp en France) , etc. de chimie à Bâle, qui prépara le premier, en 1846
Dans le commerce, plusieurs espèces de cotonna- une semblable substance avec le coton.
des sont connues sous le nom de rouenneries COTRE , espèce de vaisseau. Voy. cutter.
parce que Rouen en est le principal marché. On en COTRE'T (de Villers-Cotterets?]. Voy. fagot.
fabrique aussi de fort estimées en Alsace, surtout COTTABE, jeu fort aimé des Grecs et qu’ils avalent
à Mulhouse, qui a la réputation pour l’impression emprunté des Siciliens ; ils s’y livraient dans les
sur ces sortes de toiles (Voy. indiennes). Saint-Quen- festins. Sur un long bâton fixé en terre, on en pla-
tin, Bar-le-Duc, Saint-Étienne, Roubaix, Nantes, çait un autre en équilibre; on accrochait aux extré-
Roanne, sont, après Rouen et Mulhouse, les villes de mités de ce dernier deux plateaux de balance ; on
France où il se fabrique le plus de cotonnades. La mettait sous ces plateaux deux seaux , et dans ces
plus grande partie des étoiles de ce genre qui se seaux , deux petites figurines de bronze ou deux
fabriquent en France se consomme à l’intérieur. pyramides, appelées manès. Les joueurs, après avoir
COTONEUM MAEüM, nom latin du coing. vidé en partie leurs coupes, tâchaient de jeter le reste
COTONNIER (mol dérivé, suivant les uns, de co- du vin dans un des plateaux, de manière qu’en pen-
toneum malum, du Cognassier, arbre dont les
fruit chant il frappât la tète de la figure de bronze qui était
feuilles et les fruits sont couverts
d’un duvet coton- dessous. Si le coup s’entendait, le joueur avait gagné.
neux; suivant les autres, de l’arabe goutn, qui a COTTAGE , nom donné en Angleterre aux fermes
une signification analogue), Gossypium genre de élégantes qui appartiennent à des villageois aisés.
Malvacées, tribu des Hibiscées, comprend des arbres, COTTE (de l’allemand /cttffe, même signification).
des arbrisseaux et des herbes vivaces, quelquefois Au moyen âge, on appelait coite de mailles un
annuelles , formant une dizaine d’espèces toutes ori- vêtement de guerre, consistant en une sorte de che-
ginaires des régions équatoriales. Le Cotonnier res- mise faite de petits anneaux de fer. D ne faut pas
semble beaucoup à une grande mauve. La fleur, à le confondre avec le haubert, dont le tissu était plus
double calice et à cinq pétales, rappelle un peu celle fin et qui couvrait aussi les bras et les jambes les ;

du lis; sa couleur varie du blanc au jaune et au rou- chevaliers seuls avaient le droit de vestir le haubert.
geâtre ; à la fleur succèdent des espèces de coques La cotte de mailles portait différents noms et s’ap-
qui s’ouvrent quand elles sont mûres, et qui renfer- pelait jaque jaquette , brugne , jaseran.
ment des graines enveloppées dans un flocon de du- — ,

On appelait cotte d’armes une espèce de dalm.a-


vet très-fin ,
qui est coton ; les feuilles sont dé-
le tique ou de casaque fort riche , dont les chevaliers
coupées comme celles de la vigne. et les nobles avaient coutume de couvrir leur ar-
Le Cotonnier est cultivé non-seulement dans les murepour la préserver de Tardeur du soleil et comme
contrées intertropicales mais partout où le climat ornement. L’usage s’en maintint jusqu’à Henri IV;
,
est assez chaud pour que l’oranger y puisse croître depuis, ce vêtement fut encore conservé comme
en plein air. Sur le littoral de la Méditerranée
on partie du costume des hérauts d’armes.
cultive surtout le C. herbacé ou de Malte On appelait cotte morte les habits, l’argent, les
{G. her-
ba.ceum); aux Antilles, on préfère le C. velu meubles, en un mot, toute la dépouille d’un reli-
(G.
hirsutum) et le C. de la Barbade (G. Barbadense). gieux après sa mort. L’abbé s’emparait ordinaire-
Dans l’Inde et la Chine, on estime le plus le C. ment de la cotte morte des moines de son abbaye.
nankin {G. religiosum), dont le coton jaunâtre sert COTTE-CHABOT, espèce de poisson. Foy. chabot.
a tisser l’étoffe connue sous le nom de nankin,
et le COTUTEUR. Voy. tuteur.
C. arborescent (G. arboreum). COTYLE (du grec cotylè, cavité, écuelle), mesure
COTON-POUDRE ou fülmi-coton, substance explo- des Grecs pour les liquides. Elle valait 0 lit. 26.
sive qu on obtient par l’action de En Anatomie, on appelle cotyle la cavité d’un os
l’acide nitrique
sur le coton, le papier, le chanvre, et, en général, qui reçoit la tête d’un autre os. La cavité cotyldide
la fibre ligneuse. Élle est légèrement est la partie de l’os iliaque qu i s’articule avec le fémur.
jaunâtre
Cl se distingue à peine par l’aspect
du coton ordi- [
COTYLÉDON (du grec cotylédon, coupe, ecuelle)»
, , ,

COUC — 426 — COUD


partie de la graine consistant, comme on le voit dans bitent toutes les contrées les plus chaudes de l’Asie,
le haricot, en un ou plusieurs lobes charnus qui en- de l’Afrique et de la Malaisie. —
La mieux connue
veloppent la radicule et la gemmule ; avec ces deux est le Houhou ( C. Ægyptius ) qui s’approche le
derniers organes, les cotylédons constituent l’em- plus des habitations et dont le nom imite le cri.
bryon. Ils sont, pour ainsi dire, les mamelles qui COUCHANT, point du ciel où le soleil semble se
nourrissent la plante naissante; ils lui donnent leur coucher. 11 est à la droite de celui qui regarde le
substance mucilagineuse et sucrée , tant qu’elle ne midi, et à la gauche de celui qui regarde le nord. On
peut encore s’alimenter dans le sol. A mesure que l’appelle encore ouest et occidetit. Comme le lieu du
la plante grandit, les cotylédons diminuent d’épais- couchant change tous les jours , par suite du mou-
seur, se dessèchent et meurent tantôt ils restent
;
vement annuel de la terre, on a pris pour point fixe
sous la terre, après la germination de la graine on : du couchant celui où le soleil se couche aux équi-
les appelle alors hypogés', tantôt ils s’élèvent à la noxes, et qui partage en deux parties le demi-cercle
surface avec la tigelle et forment les premières de l’horizon qui est entre le midi et le nord. La di-
,
feuilles qu’on nomme feuilles se'minales : on les ap- stance entre ce point, qu’on appelle couchant vrai,
pelle alors épigés. •
— On pomme corps cotyle'do- et le coucher effectif, porte le nom d’amplitude.
naire , la masse plus ou moins charnue qui dans COUCHER d’un astre, moment où un astre se
certaines plantes est formée par la soudure des co- cache en descendant au-dessous de l’horizon. Le
tylédons c’est ce qui a lieu dans le marron d'Inde.
: coucher d’un astre est dit acronyque (du grec acros,
Certains végétaux n’ont pas de cotylédons : tels extrême, et nyx, nuit) quand il s’effectue en même
sont les Champignons; d’autresen ontun seul comme temps que celui du soleil, à la fin de la nuit; cos-
le Lis, le Blé, le Palmier; d’autresdeux (leRosier, mique (du grec cosmos, monde ou ciel), quand il a
etc.)
ou un plus grand nombre (plusieurs Pins) L’absence,
. lieu dans l’instant où le soleil se lève ; et héliaque
la présence et le nombre des cotylédons ont une (du grec hélios, soleil) , quand il entre dans les
corrélation si remarquable avec les caractères offerts rayons du soleil et cesse d’être visible. Les mêmes
par toutes les autres parties de la plante, que L. de épithètes s’appliquent au lever des astres.
Jussieu, et, après lui, la plupart des botanistes, ont COUCHES {découché, lit). En Géologie, on ap-
fondé sur cette considération la division du Règne pelle couches les diflérents lits superposés dont se
végétal en trois embranchements Acotylédonés, ou
: compose un terrain ; ce sont des dépôts présentant
plantes privées de cotylédons Monocotylédonés , deux faces parallèles et s’étendant indéfiniment,
;
plantes à un seul cotylédon et Dicotylédones, plan- tant qu’ils ne sont point bornés par l’escarpement
,
tes b. 2 ou plus de 2 cotylédons Voy. ces mots). des montagnes. Voy. stratifications.
(
La
première division répond aux Cryptogames de Linné; En Botanique, on appelle couches corticales l’en-
les deux dernières, à ses Phanérogames. semble de lames fibreuses appliquées les unes sur
COTYLÈDONË, se dit, en Botanique, d’un végé- les autres qui constitue l’écorce; couches ligneuses,
tal pourvu de cotylédons; il s’emploie comme les cercles qui, dans le bois, s’emboîtent les uns
sy-
nonyme de phanérogame. Voy. cotylédon. dans les autres, et dont le nombre indique assez
COTYLOIDE (cavité). Voy. COTYLE. exactement l’âge d’un arbre.
cou ou COL (du latin collum), partie du corps En Horticulture on appelle couches un amas de
,
qui unit le tronc à la tête. Outre les vertèbres fumier disposé convenablement pour hâter l’accrois-
cervicales, qui en forment la charpente osseuse et sement et la maturité des plantes ou des légumes.
qui sont au nombre de On distingue les C. chaudes, celles qui se font avec
7, il existe, à la partie anté- :

rieure et supérieure du cou, l’os hyoïde, au-dessous du fumier de cheval ou de brebis nouvellement tiré
duquel le cartilage thyroïde fait une saillie plus ou de l’écurie ou de la bergerie ; les C. tièdes ou tem-
moins prononcée; entre cette saillie et le bord du pérées, celles qu’on forme avec du fumier de cheval
sternum , se trouvent le cartilage cricdïde et la et de vache mélangé de feuilles, de marc de raisin,
trachée artère. La face postérieure du cou ^end le de tan, etc. ; les C. sourdes, celles qui sont au-des-
nom de nuque (cervix). En outre, 75 muscles, sans sous du niveau du sol; les C. encaissées, celles qui
compter ceux qui lui sont communs avec la partie sont dressées dans des encaissements de bois.
postérieure du tronc, entrent dans la composition COUCOU, en latin Cucullus (par onomatopée du
du cou, et concourent aux divers mouvements de la cri de cet oiseau), genre de l’ordre des Grimpeurs,
qu’aux fonctions de la respiration de la type de la famille des Cuculés, renferme des oiseaux
déglutition, de la voix, etc. — ,
Dans les Mammifères de petite taille (25 à 30 centim.), à bec presque
comme dans l’homme, le cou a 7 vertèbres cervica- aussi long que la tête, très-fendu, comprimé; à
les, excepté dans l’Ai qui en a langue vermiforme, susceptible de s’allonger à vo-
9, et dans le Laman-
tin qui en a 6. Dans les Oiseaux, le nombre lonté; à tarses courts; à queue longue, et dont la
des ver-
tèbres varie de 9 (Moineau) à couleur varie du blanc jaunâtre au verdâtre avec des
23 (Cygne).
On nomme vulgairement Cou coupé, le Gros-bec taches olivâtres ou cendrées. Ce sont des oiseaux
fascié, C. jaune, la Curruca pensilis, voyageurs qui passent l’été en Europe et l’hiver en
espèce de Fau-
Rouge-gorge, C. tors, le Torcol. Afrique ou en Asie. Ils se tiennent sur la lisière des
LOUA, oiseau. Voy. coulicod. bois , et se nourrissent uniquement d’insectes et de
COUAGGA, Equuscouagga, espèce du genre Che- chenilles. Le Coucou ne fait pas de nid, et dépose
un peu moins grande que le Zèbre, mais res- ses œufs dans le nid des autres oiseaux. Aussi est-il
semblant davantage pour la forme au cheval. Le poil devenu le symbole de l’infidélité conjugale.
du Louagga est brun-foncé sur le cou et les épaules, On connaît un très-grand nombre d’espèces de
et brun-clair sur le dos les flancs et la croupe, qui coucous; les deux plus intéressantes sont : le C. gris
,
commence à prendre une teinte rougeâtre. Les par- ou commun qui nous arrive par troupes au mois
ties supérieures sont rayées en travers de bandes d’avril , et s’accouple presque aussitôt c’est alors
:

blanchâtres; les inférieures sont d’un beau blanc, qu’il fait entendre le cri si connu auquel il doit son
ainsi que le jarret et la queue qui est terminée nom ; et le C. indicateur, particulier â l’Afrique, et
,
par une touffe de poils allongés. Le Couagga vit en qui se nourrit presque exclusivement d’abeilles ; il
nombreuses dans l’Afrique méridionale. est ainsi nommé parce que son cri sert à guider les
COUCAL (mot composé de coucou et d’alouette), indigènes quand ils vont à la recherche des essaims.
Çentropus genre d’oiseaux Grimpeurs, de la fam, Chez les anciens, le coucou était consacré à Jupiter :
des Coucous, renferme des espèces qui ont l’ongle du selon la Fable, le dieu prit un jour la forme de cet
pouce long et pointu d’où leur nom scientifique
; oiseau pour faire une surprise à Junon.
(du grec kentron, aiguillon eipous, pied). Ils ha- COUDE , cubitus, angle saillant formé par Tapo-
,
, , ,,

COÜE — 427 COUL


physe olécrane à la partie postérieure de l’articu- COUFIQUES (caractères), anciens caractères ara-
lation du bras avec l’avant-bras. bes. Voy. KOUFA au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
COU-DE-PIED, saillie que présente la face supé- COUGOURDE et codgoubdette. Voy. courge.
rieure du pied près de son articulation avec la jambe. COUGUAR, dit aussi Lion des Péruviens, Tigre
Les individus dont les pieds sont plats, et dont le rouge, etc., en lat. Felis puma, espèce du sous-genre
cou-de-pied est peu saillant, sont peu propres à des des Chats proprement dits, est caractérisée par un
marches prolongées : c’est un motif d’exemption pelage d’un fauve agréable et uniforme, sans aucune
admis par la loi pour le service militaire. —
L’Aca- tache; des oreilles noires; une queue noire à son ex-
démie kcTÏi cou-de-pied, sans doute parce que cette trémité seulement. Les jeunes couguars ont dans
partie du corps joint le pied à la jambe, comme le le premier âge, comme les lionceaux, une livrée,
cou joint la tète au tronc; d’autres écrivent coude- c.-à-d. un pelage laineux parcouru de petites raies
pied àcause d’une prétendue analogie avec le coude. brunes transversales. Cet animal habite l’Amérique.
cdUDËE (de courfe), mesure de longueur, fort en D’un naturel féroce, il a la cruauté du tigre sans en
usage chez les anciens, et surtout chez les Hébreux. avoir le coqrage. Il attaque de préférence les mou-
La coudée naturelle est la distance du coude à l’extré- tons, les chèvres et les génisses; mais il fuit l’homme.
mité du doigt du milieu. La coudée se divise en 2 em- COULE, se dit, en Musique, du passage d’ une note
pans chaque empan en 3 palmes, et chaque palme à une autre, qui se fait en liant les notes par le
en 4 doigts; 4 coudées font une brasse. La coudée a même coup de gosier, de langue, d’archet, etc. Dans
souvent varié de longueur. Voici le tableau compa- l’écriture musicale, le coulé se marque par un trait
ratif des principales coudées antiques : placé au-dessus des notes.
Miliim. COULÉE, nom donné, en Géologie, à un terrain
Coudée naturelle égyptienne 450 sans stratification, ayant pour forme extérieure celle
Coudée royale égyptienne 525 que doit revêtir une matière pâteuse qui sort par
Coudée grecque ou olympique 462 une ouverture déterminée, et qui, en se répandant
Coudée romaine 442 sur des surfaces diversement configurées , y prend
Coudée ordinaire philétérienne 540 un aspect et des formes différentes, comme un tor-
Coudée royale philétérienne 720 rent qui se serait solidifié d’une manière subite.
Coudée ordinaire des Arabes 480 En Calligraphie, on appelle coulée, écriture cou-
COUDRIER ou NOISETIER, Corylus, genre de la lée, une écriture penchée dont toutes les lettres se
grande famille des Amentacées , division des Cupu- tiennent et dont tous les jambages sont droits.
liférées, renferme plusieurs espèces d’arbrisseaux à COULEQUIN , nom vulgaire de la cécropie.
feuilles alternes, à fleurs monoïques les fleuri mâles
: COULEUR (du latin co/or), impression que font
et les' fleurs femelles n’ont aucune ressemblance; les sur l’œil les rayons de la lumière réfléchis par la
premières sont des chatons cylindriques, pendant de surface des corps. Parmi les corps, les uns réflé-
la partie supérieure des jeunes rameaux; les secondes chissent tous les rayons lumineux : ceux-là parais-
sont contenues dans des bourgeons écailleux qui nais- sent blancs; les autres les absorbent ou les anéan-
sent à la place des anciennes feuilles , et qui don- tissent tous ce sont les corps noirs; d’autres, enfin,
:

nent naissance à des bouquets de noisettes de deux absorbent une partie des rayons et réfléchissent le
à huit fruits. L’espèce la plus connue est le C. com- reste; ceux-ci reçoivent différents noms suivant la
mun, ou Noisetier avelinier {Corylus avellana), couleur qu’ils réfléchissent ainsi, telle fleur est rouge,
:

commun dans les haies et les taillis , et qui atteint bleue ou jaune, parce qu’elle réfléchit les rayons
de 6 à7 m.; ses branches, droites et rameuses, offrent rouge, bleu ou jaune, tandis qu’elle absorbe tous
de petites taches jaunâtres; ses feuilles sont ovales, les autres. — On appelle couleurs primitives
dentées, d’un beau vert en dessus et légèrement ve- sept couleurs du spectre solaire : violet, indigo,
loutées en dessous. Son fruit, la noisette, off re trois bleu, vert , jaune , orangé, rouge; on les nomme
variétés principales : les noisettes ovales et blan- aussi couleurs simples, parce qu’on ne peut par au-
ches, les noisettes ovales blanches et rosées en des- cune opération en faire sortir des nuances différentes.
sus, les noisettes rondes ou avelines. Le coudrier croit Toutes les couleurs simples prises ensemble repro-
presque partout il se multiplie de graines, et surtout
; duisent la lumière blanche; pour en altérer la blan-
de drageons. Tout le monde connaît la saveur agréa- cheur, il suffit de supprimer l'une des couleurs sim-
ble de la noisette ; les confiseurs en font des dragées ples ; ainsi, en supprimant le rouge dans le spec-
fines, on en retire par la pression une huile analo- tre, et en composant entre elles toutes les couleurs
gue à celle de l’amande douce. Le bois porte plus restantes , on obtient une teinte bleuâtre ; cette
spécialement le nom de Coudrier : on fait avec ce teinte , mêlée au rouge , reproduit le blanc. On dit
bois des fourches, des cercles de barils, des bâtons que deux couleurs sont complémentaires l’une de
de lignes, du charbon que les peintres emploient l'autre toutes les fois qu’elles donnent du blanc par
pour faire des esquisses. On s’en sert pour mouler à leur mélange. On appelle couleurs composées celles
la baguette la chandelle commune. La baguette de qui sont produites par le mélange de deux ou trois
Moïse et celle qu’on donne à Mercure étaient, dit-on, rayons. On peut, en mêlant et en graduant les cou-
de bois de coudrier c’est avec du coudrier que les
; leurs primitives, obtenir une foule de nuances :
chercheurs de sources font leurs baguettes divina- M. Chevreul a formé en 1851 un cercle chromatique
toires. Cet arbre est le symbole de la réconciliation. qui en contient soixante-douze. Quant aux couleurs
COUENNE { du bas latin cutenna corruption de changeantes ou irisées, elles doivent cette propriété
cutis). Dans le langage usuel, ce mot désigne le à la manière dont les surfaces reçoivent les rayons lu-
derme ou la peau de certains animaux , tels que les mineux ; car elles changent ou varient de reflet avec
cochons, les pachydermes en général, et les cétacés, la position de l’objet, et, par conséquent, avec l’angle
dont le tissu renferme naturellement une grande suivant lequel ces rayons viennent à le frapper : cer-
quantité de graisse. —
En Pathologie, on donne le tains papillons, les colibris, la gorge des pigeons,
nom de couenne à certaines taches con géniales ou les taffetas glacés, plusieurs substances métalliques,
altérations du tissu cutané dans lesquelles la peau présentent ce phénomène.
est dure saillante , brunâtre et couverte de poils En Peinture , on donne le nom de couleurs aux
,
différents de ceux des autres parties. Ces forma- substances colorantes, simples ou mélangées, dont
tions anormales, connues aussi eu pathologie sous
on se sert pour colorier les objets. Les peintres em-
les noms di envies de nœvi materni ont été attri- ploient cinq couleurs fondamentales, avec lesquelles
buées par le vulgaire â l’influence de l’imagination ils forment toutes les autres, ainsi que leurs di-
de la mère sur l’organisation du fœtus. verses nuances ; ce sont le blanc, le jaune, le rouge,
, , , , , , ,

COUL — 428 COUM


le bleu et le noir. Les blancs se font avec la céruse pauds, d’insectes, de vers, de poissoris,même de petits
ou blanc de plomb, l’oxyde de zinc, le blanc d’Es- oiseaux, etc.; elles avalent leur proie toute vivante
;
pagne, les diverses craies les jaunes, avec les ocres,
;
mais il est faux qu’elles sucent le pis des vaches et
la gomme gutte, le jaune de Naples, de chrome, etc.; des brebis , comme le croit le vulgaire. On trouve des
les rouges, avec le carmin, le cinabre, les laques rou- couleuvres dans les deux continents; elles vivent iso-
ges, etc.; les bleus, avec l’outremer, le bleu de Prusse, lées sous les bois couverts, dans les prairies humi-
le bleu de cobalt , les cendres bleues , etc. ; le noir, des, et au bord des ruisseaux ; quelques espèces na-
avec le noir d’ivoire, d’os, de charbon, de fumée, etc. gent avec rapidité. En hiver, elles s’enfoncent sous
Avec ces couleurs on parvient à faire les orangés, les terre, ou se blottissent de compagnie dans des tas de
violets, les verts et les bruns. On tire aussi directe- pierres et y restent engourdies jusqu’au printemps.
ment ces derniers de diverses substances naturelles Ces reptiles répandent une odeur infecte , souvent
ou de produits chimiques. Toutes ces couleurs sont alliacée; cependant leur chair ne partage pas cette
d’abord broyées à l’eau sur une table carrée appelée odeur : aussi dans beaucoup de pays on les mange
porphyre et formée d'une pierre très-dure, avec une sans dégoût sous le nom dianguilles de haies. Ils
pierre de même nature, appelée molette; puis on paraissent susceptibles d’être apprivoisés, et quelques
les met en petits tas appelés trochisques et on les personnes se sont plu àen élever. —
On connaît un très-
laisse sécher. On les broie ensuite à l’huile avec une grand nombre d’espèces de couleuvres ; les natura-
lame de couteau mince et flexible, et, après cette listes les ont partagées en trois groupes les C. ter-
:

opération , on les met dans de petits morceaux de rcsti'es, les C. d’arbres et les C. d’eau douce. Parmi
vessie de cochon , dont on forme des nouets de la les espèces répandues en France , on remarque la
grosseur d’un œuf de pigeon; ou bien on les pétrit C. commune ou Verte-jaune qui se trouve dans
avec un liquide agglutinant et on en forme des pains. l’Ouest et le Midi et dans la forêt de Fontainebleau ;

— Les peintres en bâtiments donnent le nom de c’est une des plus jolies espèces ; sa taille peut dé-
couleurs rompues à celles qui sont produites par un passer un mètre; la C. à collier, dite Serpent d’eau,
mélange de plusieurs matières; celui de couleurs de couleur gris d’ardoise, avec une bande blanche ou
transparentes, à celles que l’on emploie en glacis, jaunâtre bordée de noir sur le cou, commune sur le
c.-à-d. que l'on passe légèrement par-dessus d’autres, bord des eaux douces, où elle va quelquefois cher-
et qui laissent apercevoir le fond. Un Manuel du cher sa proie; la C. lisse, d’un gris roussâtre, lui-
fabricant de couleurs a été publié dans la collection sant en dessus, noirâtre et marbrée en dessous elle:

Roret par MM. Riflault, Vergnaud et Toussaint. — a quelque ressemblance avec la Vipère.
Quant aux couleurs tinctoriales, Voy. teinture. COULEVRINE ou couleuvrine (de couleuvre, à
Couleurs nationales, couleurs adoptées par chaque cause de la dimension allongée de cette arme), pièce
nation comme marques distinctives , et reproduites de canon plus longue que le canon ordinaire, et qui
ordinairement sur les pavillons, lesdrapeaux et les co- porte plus loin. L’invention des coulevrines remonte,
cardes. On sait que les couleurs nationales de France, dit-nn, au xiv® siècle. On en cite quelques-unes de
après avoir plusieurs fois varié, sont aujourd’hui le remarquables la C. de Nancy, qui, avait 7 m. de
:

bleu, le blanc et le rouge {Voy. cocarde). Celles de long, \e pistolet de poche de la reine Élisabeth, etc.;
l’Autriche et de l’Espagne sont le rouge et le blanc les Turcs ont encore en batterie des coulevrines de
de l’Angleterre, le rouge et le bleu; de la Hollande, fer pour la défense de la passe des Dardanelles; la
le rouge, le blanc et le bleu; de la Prusse, des Deux- grande Couleuvrine de Saint-Pierre au château
Siciles et du Portugal, le blanc liséré de rouge
; de
Saint-Ange, à Rome, sert à annoncer l’élection des
la Bavière, le bla7ic liseré de bleu; de Suède le bleu papes. Aujourd’hui on ne fond plus de couleuvrines.
,
liseré de jaune; du Danemark et de la Suisse
,
le COULICOU ou couA, Coccyzus, genre d'oiseaux de
rouge; de la Russie, le /«wne. V. drapeau et pavillon. l’ordre des des Grimpeurs, famille des Coucous, ren-
Couleurs théologales. offices se font réguliè- ferme des oiseaux à ailes courtes, ayant les cinq pre-
rement avec cinq couleurs le blanc, le rouge, le
: mières rémiges étagées. Les Coulicous nichent dans
vert , le violet et le noir. Le blanc sert pour les les arbres et couvent eux-mêmes leurs œufs. Leur
mystères de Notre-Seigneur , excepté le vendredi nom est une imitation de leur chant. L’espèce appelée
saint; pour les fêtes de la sainte Vierge, pour celles Mangeur d’escargots, de Madagascar, parait se nour-
des anges, des confesseurs, des vierges et de tous les rir exclusivement de ces Mollusques, dont il brise la
saints et saintes qui n’ont pas souffert le martyre; coquille sur les pierres avec beaucoup d’adresse.
le rouge pour les solennités du Saint-Esprit, pour COULIS (de couler), nom qu’on donne au jus ou
les martyrs et les apôtres excepté S. Jean le vert
, ;
suc qu’on exprime des viandes , des poissons ou des
est d’usage depuis la Pentecôte jusqu’à l’Avent et de- légumes au moyen d’une extrême cuisson. Ce suc
puisl’Épiphanie jusqu’à la Septuagésime; le lu'o/eisert passé au tamis et assaisonné avec des condiments de
pendant l’Avent, le Carême, aux Quatre-Temps, aux toute espèce , peut se conserver longtemps dans des
Vigiles,aux Rogations; le noir est pour les morts. bouteilles bien bouchées. Les coulis sont excellents
M. Fréd. Portala traité Des Couleurs symboliques. pour relever le goût des aliments fades, et pour en fa-
COULEUVRE (du latin cofwèer), reptile de l’ordre voriser la digestion et l’assimilation ; mais employés
des Ophidiens : ce sont des serpents non venimeux, à seuls ce seraient des stimulants trop énergiques.
tète aplatie, ovale, couverte de larges écailles; à mâ- COULIS ou coolies. Indiens engagés. Voy. cooLis.
choires dilatables, dardant avec vivacité une langue COULISSE (de couler). Ce mot, qui signifie pro-
noire et fourchue mais sans venin ni consistance à
, ;
prement une rainure longitudinale par laquelle on
dents petites, nombreuses, aiguës, rétroverses, mais ne fait glisser un châssis , une fenêtre , une porte de
faisant point de morsure dangereuse; leur corps, cy- bois, etc., s’entend, au Théâtre, des châssis mobiles
lindrique et allongé, est suivi d'une queue longue et qui forment les décorations latérales de la scène , et,
grêle, arrondie à l’extrémité il est couvert en dessus
;
par extension, de toute la partie du théâtre qui est
d’écailles en losange imbriquées, en dessous de gran- en dehors de la scène et où se tiennent les acteurs,
des plaques, entières sous le ventre, rangées par A la Bourse, on appelle coulisse un lieu situé hors
paires à pptir de la queue; leur taille varie de quel- du parquet des agents de change et où il se fait des
ques centimètres à près de 2 mèt. Plusieurs espèces affaires sur les effets publics, avant et après l’heure
se font remarquer par la vivacité de leurs couleurs. des négociations régulières; on nomme coulissiers
Les couleuvres vivent très-longtemps, et changent ceux qui se livrent à ce genre de commerce ce :

de peau tous les ans elles s’accouplent au printemps


; sont des espèces de courtiers marrons.
et sont ovipares; leur voix est un sifflement sourd. COUMARINE , substance organique composée de
Leur nourriture se compose de grenouilles , de cra- carbone, d’hydrogène et d’oxygène, dans les rap-
, , ,

COUP — 429 — COUP


ports de C'*H*0*; incolore, cnstallisable ,
d’une doit être faite seulement avec la cognée et an rei de
,
odeur aromatique fort agréable et d'une saveur brû- terre , attendu que la repousse est plus vigoureuse.
lante. Elle est contenue dans les fèves Tonka, fruit En Architecture ,
on appelle coupe la projection
du Coumarou, dans les fleurs de mélilot, etc. verticale d’un édifice qu’on suppose coupé de manière
COUMAROU, Coumarouna ou Dipteryx, genre à faire voir le profil des murailles et autres épais-
de la famille des Légumineuses, section des Papi- seurs. — Pour la Coupe des pierres, V. stéréotomie.
lionacées, tribu des .Albergiées, renferme des arbres En Musique, on nomme coupe la disposition des
propres à l’Amérique tropicale, à feuilles alternes, diverses parties dont se compose une pièce de mu-
composées , à fleurs paniculées , à tige élevée , ra- sique. Elle varie suivant l'objet et l’étendue d’une
meuse, et à légume drupacé. Le C. odorant, à fleurs composition; cependant, il existe deux formes géné-
pourpres, porte une gousse oblongue, cotonneuse, rales auxquelles toutes les autres se rapportent : ce
renfermant une seule graine qui a la forme d’une sont les coupes binaire et ternaire, qui divisent la
amande: c’est la fève Tonka, aromate dont on se sert composition en deux ou en trois parties ; dans ce der-
pour parfumer le tabac à priser. Le bois du Coumarou nier cas, la troisième partie est une reproduction de
est très-dur. Cet arbre a été importé de la Guyane en la première. —
Les morceaux de théâtre ont des cou-
France en 1793; on le cultive dans les serres. pes très-variées , qui dépendent des exigences du
COUMlERou couMA, arbre lactescent de la Guyane, poëme et des situations dramatiques. Il n’en est pas
genre de la famille des Apocynées. Ses rameaux sont de même dans la musique instrumentale ; la grande
triangulaires et glabres; ses fleurs roses, de gran- coupe binaire s’y applique surtout dans les morceaux
deur médiocre, sont disposées au sommet des ra- de longue haleine: symphonie, quatuors, sonates. La
meaux; le fruit est une espèce de baie arrondie, un II® partie contient l’exposition, et la 2® les dévelop-
peu déprimée, renfermant de 3 à 5 graines : ce fruit, pements ainsi que le retour au sujet primitif. La —
dont la pulpe est d’abord âcre , puis douce et comes- coupe ternaire s’emploie dans les pièces de moindre
tible , se vend à Cayenne sous le nom de Poire de dimension, comme andantes, menuets et rondeaux.
couma. De son écorce, qui est couleur de rouille, COUPÉ. En termes de Dlason , on appelle Écu
découle un suc laiteux, qui se fige et se convertit coupé un écu divisé par une ligne horizontale en
en une résine assez semblable à l’ambre gris. deux parties égales, l’une supérieure et l’autre infé-
COUP (du latin barbare colpus, corruption de co- rieure. — On dit qu’un chevron, une bande, une
îaphus, soufflet). Voy. blessures, contusions, etc. barre, etc., sont coupés, lorsqu’ils ne touchent point
Coup de fouet. Voy. fouet (coup de). les bords de l’écu et semblent en avoir été séparés.
Coup de sang, congestion momentanée du sang On appelle Coupé une voiture de ville dont la
vers la tête, qui s’annonce par les mêmes symptômes caisse n’a qu’un fond. 11 y a des grands coupés de
que l’apoplexie , tels que des étourdissements , une luxe fort élevés et à deux chevaux, et de petits cou-
légère perte de connaissance
,
une lésion plus ou pés fort bas , le plus souvent à un seul cheval.
moins profonde des sens, mais qui est promptement COUPELLATION, opération qui a pour but de
suivie du retour à l’état normal, et ne produit point séparer, dans des vases poreux appelés coupelles, les
de paralysie durable. Voy. apoplexie. métaux étrangers qui peuvent être contenus dans l’or
Coup de soleil, effet produit, sur une partie quel- ou l’argent. Cette purification s’effectue en ajoutant
conque du corps, par l’action d’un soleil ardent : à l’or et à l’argent une certaine quantité de plomb,
l’effet du coup de soleil, lorsqu’il porte seulement et en soumettant à la calcination l’alliage qui en ré-
sur un membre ou sur une partie du tronc, est une sulte , de telle sorte que , l’or et l’argent exceptés
espèce d'érysipèle ; mais quand il frappe sur la tête, il tous les autres métaux soient convertis en oxydes, et
peut en résulter une affection cérébrale intense. par cela même éliminés. On distingue la coupella-
Coup d’État, mesure extraordinaire et inatten- tion qui se pratique en grand, dans les ateliers de
due, jjresque toujours violente, à laquelle un gou- métallurgie, et celle qui ne se fait que sur de très-
vernement a recours lorsque la tranquillité de l’Etat petites quantités, par les essayeurs des matières d’or
lui parait compromise et que les moyens légaux sont et d’argent. Le premier mode s’applique aux plombs
insuffisants. La révolution du 18 brumaire et celle d’œuvre, ou plombs argentifères on l’exécute dans
:

du 1 décembre 1851 sont les coups d’Etat les plus des fourneaux à réverbère, dont la base est creusée
hardis et les plus heureux des temps modernes. Par et représente une espèce de coupe; celle-ci est re-
ses ordonnances du 25 juillet 1830, Charles X .tenta couverte d’une couche assez épaisse et bien battue
un coup d’Etat qui entraîna sa ruine. de cendres lessivées, sur laquelle sont disposés les
COUPE (de couper). En termes d’Eaux et Forêts, saumons de plomb ; on fait fondre le métal et l’on
on donne le nom de coupe à l’opération d’abattre y dirige de l’air afin que le plomb s’oxyde tandis
les bois. Il y a diverses manières de procéder à cette que l’argent conserve son état métallique; quand
opération, selon que l’on veut avoir des bois taillis l’oxyde de plomb est en pleine fusion , on le fait
ou de hautes futaies. Dans le premier cas, les cou- écouler par une ouverture latérale , et l’argent seul
pes ont lieu tous les 10 ou 20 ans ; dans l’autre, elles reste sur la coupelle sous la forme d’un culot bril-
sont beaucoup plus rares. Elles sont dites pério- lant. Le deuxième mode repose sur la propriété que
diques quand elles s’opèrent sur des souches aptes présentent les coupelles en phosphate de chaux de
à repousser; définitives, quand elles s’appliquent à laisser écouler les oxydes fondus , comme un tamis
des arbres qui ne peuvent plus repousser les arbres
; très-fin, et d’êtreimperméables aux métaux, de sorte
résineux, par exemple. Tantôt elles se font en plein que ceux-ci restent à leur surface inlérieure, tandis
ou à blanc estoc, sans rien laisser sur le sol; tantôt que les premiers passent à travers leurs parois on ;

elles sont partielles


,
et se font soit en furetant ou ajoute à l’alliage qu’on veut titrer une certaine quan-
en jardinant c’est-à-dire en ôtant les arbres qui tité de plomb pur, pour que l’oxyde de plomb qui se
nuisent à leurs voisins, ou qui sont arrivés à leur forme pendant la calcination puisse dissoudre l’oxyde
complet développement, soit en réservant seulement de cuivre et l’entraîner avec lui à travers les pores de
des baliveaux [Voy. ce mot), soit par bandes, soit la coupelle. Ce mode d’analyse ne donne pas des ré-
enfin au moyen de coupes sombres qui diminuent sultats absolus; aussi lui a-t-on généralement sub-
seulement l’épaisseur de la futaie, pour favoriser la stitué V essai par voie humide Voy. essai }. Les
(
croissance des jeunes arbres, et de coupes claires, alliages d’or s’analysent aussi par la coupellation ;
qui permettent aux arbres déjà forts de se développer mais, comme on ne peut pas débarrasser l’or de tout
plus facilement etc. Aux termes d’une ordonnance quantité
, le cuivre, il faut
y ajouter une certaine
de 1669 , encore en vigueur, les arbres ne doivent d’argent et soumettre ce nouvel alliage à la coupel-
être coupés qu’en automne et en hiver; la coupe lation (Foy. inquartation et départ). — La coupel-
, ,
, ,

COUR 430 COUR


lation était connue des Égypfens et des Hébreux ; connues sous les noms de Champs de Mai et de
elle a été xaguement indiquée par Diodore de Sicile, Champs de Mars. V. ce mot au Dict. un. d’H. et de G.
Pline, Strabon. Au ix« siècle, l’Arabe Geber la dé- Dans sa2« acception, le nom de Cour a été donné
crivit pour la fois d’une manière complète.
première à des juridictions fort diverses, dont plusieurs n’exi-
COUPELLE (diminutif de coupe), vase poreux stent plus. Voici les principales .

servant à la coupellation. Voy. ce mot. Cour des Aides. On nommait ainsi, sous l’ancienne
COUPE-RACINES, instrument propre à diviser monarchie française, une cour souveraine à laquelle
les racines alimentaires (carottes, navets, pommes ressortissaient les tribunaux A' élections tribunaux
de terre, etc.) pour la nourriture des bestiaux. 11 en institués pourconnaître en première instance de toutes
a été construit plusieurs sur des modèles divers tous
: les difficultés relativesaux impôts dits aides ( Voy. ce
se composent essentiellement d’une trémie, destinée mot). Elle jugeait en dernier ressort tous les procès
à recevoir les racines, et de couteaux, qui sont mis civils et criminels qui avaient rapport à cette matière.
en mouvement soit par la main , soit par une ma- Cour d’ Amour. On nommait ainsi , en France, au
nivelle ou par un plus puissant moteur. M. Masson, moyen âge, une espèce de tribunal composé de da-
jardinier, a perfectionné cet instrument, et l’a appli- mes nobles, dont la juridiction, reconnue seulement
qué depuis 1847 à bâcher, à l’aide de la mécanique, par la courtoisie et l’opinion, s’étendait sur toutes
les légumes potagers, qu’il a réussi à conserver in- les questions de galanterie. Les cours d’amour existè-
définiment après les avoir desséchés. rent depuis le xn® siècle jusqu’à la fin du xiv®. An-
COUPEROSE (du latin cupri ros, rosée ou eau dré le Chapelain, dans un livre intitulé Be arte
:

de cuivre), ancien terme de chimie qui désigne le amatoria et reprobatione amoris, rapporte en en-
sulfate de cuivre (C. bleue), le sulfato de fer (C. tier les règles du code suivi par les cours à’amour.
verte), et le sulfate de zinc (C. blanche) V. sulfate.
. Ces cours tenaient leurs sessions en Provence : à Si-
En Pathologie, on appelle Couperose, Goutte rose, gnes, Pierrefeu, Romanin et Avignon.
une inflammation chronique des follicules cutanés, Coursd’ Appel, dites, selon les temps. Cours impé-
que caractérisent des taches rouges, rugueuses, ir- riales, C. ro)/ate, tribunaux quiformentle deuxième
régulières , qui surviennent à la peau du visage et degré de juridiction en France, institués pour sta-
qui ont toujours une marche chronique. Cette érup- tuer sur les appels des jugements des tribunaux de
tion se montre particulièrement dans l’àge mûr, chez Ir® instance et de commerce. Chaque cour d’appel a
les individus pléthoriques, sujets à des hémorra- une ou plusieurs chambres civiles une chambre de
:

gies, chez les femmes parvenues au temps critique, mises en accusation et une chambre d’appels de po-
chez les individus adonnés à la bonne chère et aux lice correctionnelle , et se compose d’un premier
liqueurs spiritucuses. On la combat par un régime président, d’autant de présidents que de chambres,
doux et des boissons rafraîchissantes, laxatives, diu- enfin de conseillers. Le ministère public est exercé
rétiques; quelquefois elle exige la saignée. près de chaque cour par un procureur général , des
coupole (du grec cupellon, coupe), voûte sphé- avocats généraux et des substituts. Il —
y a en France
rique, en forme de coupe renversée, qui surmonte 27 cours d’appel à Paris, Agen, Aix, Amiens, An-
:

un édifice circulaire. La coupole diffère du dôme en gers, Bastia, Besançon , Bordeaux , Bourges, Caen,
ce que celui-ci désigne surtout la partie extérieure, Colmar, Dijon, Douai, Grenoble, Limoges, Lyon,
tandis que la coupole indique plutôt l’intérieur. Les Metz, Montpellier, Nancy, Nîmes, Orléans, Pau, Poi-
coupoles les plus élevées sont celles du Panthéon tiers, Rennes, Riom, Rouen et Toulouse. La cour
de Rome, construite avant J.-C., et qui a plus de d’appel de Paris, organisée par le décret du 20 avril
45 m., celle de Saint-Pierre de Rome, construite 1810, complétée par le décret du 8marsl852,compte
en 1580 parle Bramante, Michel-Ange et Vignole, et 4 chambres civiles, outre la chambre d’accusation
dont la hauteur est de 43 mètres, celle de Sainte- et la chambre d’appels de police correctionnelle.
Geneviève, à Paris. Cours d' Assises juridiction chargée de l’admini-
COUPON, partie retranchée ou coupée d’un tout. stration de la justice criminelle. Les cours d’assises
On appelle ainsi ce qui reste d’une pièce de drap, ne forment pas un tribunal à part ; elles sont tem-
d’étoü'e ou de toile lorsqu’on a coupé sur cette pièce poraires, n’existent qu’à partir du jour fixé pour
une certaine quantité de mètres. — En termes de leur ouverture , et cessent d’exister aussitôt qu’elles
Finances, on appelle coupon chacune des portions ont prononcé sur toutes les affaires qui leur sont
d’un titre au porteur, rente ou action, dont la valeur soumises. Leur compétence comprend tous les cri-
est divisée entre deux ou plusieurs personnes
;
ainsi mes contre la chose publique ou contre les particu-
qu’une espece de bordereau imprimé faisant partie département ;
liers. Il y a une cour d’assises par
du titre même, et portant l’indication des intérêts à elle se tientordinairement au chef-lieu. Chaque cour
toucher ; on en coiipe une partie à chaque échéance. d’assises est composée de trois juges : un président,
COUPURE, petite plaie faite avec un corps tran- choisi parmi les conseillers de la cour d’appel, et
chant, couteau, canif, rasoir ou verre cassé. Ces sor- deux assesseurs. Lorsque l’accusé est présent, la cour
tes de lésions guérissent aisément : il suffit de laver d’assises ne peut prononcer sans le concours du jury,
la plaie avec de l’eau fraîche et d’en maintenir les qui seul juge le fait. Les magistrats n’ont qu’à appli-
bords rapprochés à l’aide d’un morceau de taffetas quer la loi (Code d’instr. crim., art. 251 et suiv.).
anglais ou de petites bandes de diachylon. Cour de Cassation tribunal suprême chargé de
COUR , en latin curia. Ce nom fut donné primiti- maintenir l’uniformité dè jurisprudence, prononce
vement chez les Romains au lieu où s’assemblait cha- sur les demandes en cassation contre les arrêts et
que curie du peuple; il fut ensuite appliqué à la salle jugements en dernier ressort rendus par les cours
où se réunissait le sénat, et enfin au siège d’une as- et les tribunaux; elle a droit de censure et de disci-
semblée quelconque. Chez nous, ce mot, outre son pline sur les cours d’appel et les cours criminelles.
sens vulgaire, exprime tantôt le lieu où réside un Elle ne connaît pas du fond des affaires; elle juge seu-
souverain , tantôt un tribunal supérieur, sans doute lement si on a observé la loi et les formes. La cour de
parce qu’on rendait Injustice au nom du souverain. cassation siège à Paris. Elle se divise en trois cham-
Dans la acception, la cour s’entend de toute la bres, chacune de quinze conseillers et d’un président;
famille du roi, de ses officiers, de son conseil. Au a en outre un premier président. La D® chambre,
elle
moyen âge, on appelait cours plénières des assem- chambre des requêtes statue sur l’admission ou le
blées solennelles que les grands princes tenaient le rejet des requêtes en cassation ou en prise à partie,
jour de quelque fèto notable, ou lorsqu’ils voulaient et sur les demandes en règlement de juges, soit
soit
de
donner quelque tournoi magnifique. Dans l’origine, en renvoi d’un tribunal à un autre pour cause
actes
on avait appelé ainsi les assemblées nationales , plus suspicion légitime , soit en annulation des
., ,

COUR — 43J — COUR


par lesquels les cours et tribunaux ont excédé leurs connaissait des crimes de haute trahison et des at-
pouvoirs. La 2« chambre, chambre de cassation ci- tentats contre la sûreté de l’Ëiat (art. 28 de la Charte.)
vile, prononce définitivement sur les demandes en Cour des Poisons, nom donné à la ciiambre royale
cassation et en prise à partie, et sur les matières établieàl’Arsenal par lettres patentes du7avril 1679,
d’expropriation pour cause d utilité publique. La pour reconnaître et juger les accusés prévenus de
3« chambre, chambre de cassation criminelle, pro- poison , maléfices, impiétés, sacrilèges, profanations
nonce sur les demandes en cassation en matière cri- et fausse monnaie. Cette commission extraordinaire
minelle, correctionnelle, de police et de gardes na- se composait de 8 conseillers d’Etat, 6 maîtres des
tionales. Il y a près de la cour un procureur géné- requêtes ; elle jugea la fameuse empoisonneuse la
ral, six avocats généraux, un greffier en chef, et Voisin. Cette cour fut supprimée avant 1690.
quatre commis-greffiers. Le délai pour se pourvoir Cours Prévotales. V. prévôt et prévotales (cours).
en cassation , en matière civile , est de trois mois à Cours Royales. Voy. cours d’appel.
dater du jour de la signification du jugement ( de COÜRAI ou coüROi, composition de suif, de sou-
six mois pour ceux qui habitent en Corse ou hors fre, de résine, qu’on applique très-chaude sur la
de France, d’un an pour les colons d’Amérique , de carène des bâtiments destinés aux voyages de long
Sénégal, de Guyane); en matière criminelle, cor- cours, pour garantir le bois de la piqûre des vers.
rectionnelle ou de police, le condamné n’a que trois courante, air de danse à trois temps et à deux
jours. La partie civile qui se pourvoit en cassation reprises, d’un mouvement fort grave, plus vif cepen-
doit fournir une expédition authentique de l’arrêt dant que le menuet. La danse à laquelle il s’appli-
dont elle appelle, et consigner une amende de 150 fr., quait est passée de mode en France ainsi que le mor-
qui se léduit à 75 fr. si l’arrêt a été rendu par con- ceau de musique qui s’y rapportait.
tumace ou par défaut. Les condamnés en matière COURANTS ÉLECTRIQUES, se dit, en Physique, des
criminelle sont dispensés de l’amende, ainsi que les mouvements de l’électricité produits par la recomposi-
agents des administrations publiques et les indi- tion des deux fluides contraires à travers les corps. On
gents. — Sous l’ancienne monarchie , les demandes développe surtout les courants électriques au moyen
en cassation étaient portées devant des juridictions de la pile; on suppose que lorsqu’à l’aide d’un fil
multipliées. Ces diverses juridictions ont été rem- métallique on établit lacommunication entre lesdeux
placées en 1790 par un tribunal unique, nommé pôles de la pile, le fluide positif parcourt la pile ainsi
d’abord Tribunal de cassation, qui, depuis 1804, a que le fil conducteur, dans un sens, et le fluide néga-
reçu le titre de Cour de cassation. tif dans un autre. Si l’on ne fait qu’approcher l’un de
Cour des Comptes, juridiction supérieure insti- l’autre les fils de métal qui vont puiser l’électricité
tuée pour examiner et juger les comptes des recettes aux deux pôles , on voit se produire une succession
et dépenses publiques, qui lui sont présentés chaque d’étincelles électriques. Si lacommunication est non
année par tous les comptables des deniers publics. interrompue entre les deux pôles et si le fil conduc-
Elle statue en outre sur les pourvois présentés contre teur est d’un diamètre un peu fort , il ne se mani-
les règlements de compte arrêtés par les conseils de feste aucun phénomène apparent ; on dit alors que
préfecture , et prononce contre les comptables en le fil est traverséparuncourant. Ces courants nepro-
retard les peines édictées par la loi. Les arrêts de la duisentdes phénomènes sensibles que s’ils sont assez
cour des comptes peuvent être cassés par le conseil énergiques pour échauffer le conducteur ; mais ils
d’Etat pour violation des formes et de la loi. En cas sont toujours décelés par l’action qu’ils exercent sur
de cassation d’un arrêt, l’affaire est renvoyée devant l’aiguille aimantée (Voy. électro-magnétisme). De —
l’une des chambres qui n’en a pas connu. La cour même que les courants agissent sur la direction de
des comptes se divise en trois chambres. Elle a un l’aiguille aimantée, les aimants à leur tour peuvent
premier président trois présidents de chambre; influencer la direction des courants eux -mêmes.
dix-huit conseillers maîtres, qui jugent les comptes; Ampère a aussi reconnu que les courants agissent
quatre-vingts conseillers référendaires, chargés de les uns sur les autres, et il a constaté que deux cou-
la vérification des comptes, mais sans voix délibé- rants parallèles s’attirent quand ils marchent dans
rative; ceux-ci sont divisés en deux classes, savoir : le même sens repoussent quand ils mar-
et qu’ils se
dix-huit de première classe et soixante-deux de
,
chent en sens contraire, etc. —
Toutes les causes qui
deuxième; un procureur général, chargé de rem- développentdei’électricitésont aussi capablesde pro-
plir auprès de la cour les fonctions du ministère duire des courants. Ee frottement , la pression , le
public, et un greffier en chef. Les présidents et clivage ne produisent que des courants très-faibles,
conseillers sont nommés par le chef de l’Etat et in- comparés à ceux que donnent les piles voltaïques.
amovibles. La cour des comptes prend rang immé- L’action de la chaleur détermine dans les corps
diatement après la cour de cassation , et jouit des bons conducteurs, et particulièrement dans les mé-
mêmes prérogatives. — La cour des comptes était, taux , des courants énergiques appelés C. thermo-
avant la Révolution, connue sous le nom de Cham- électriques (V. thermo-magnétisme). Enfin , les phé-
bre des comptes. Elle fut remplacée en 1791 par nomènes chimiques de combinaison et de décompo-
des Commissions de comptabilité et ne fut insti- sition développent toujours des courants électriques
tuée telle qu’elle existe aujourd’hui que par la loi (Voy électro-chimie). —
Un courant qui traverse
du 16 septembre 1807. Son organisation , respectée un fil conducteur peut faire naître un courant dans
jusqu’en 1848 , eut à subir alors (décret du 2 mai) un fil voisin ;
ce nouveau courant prend le nom de
des modifications qui furent bientôt reconnues incom- C. par induction; il se manifeste au moment où le
patibles avec le bien du service. L’ancien état de choses courant électrique commence à traverser le fil voisin,
a été rétabli par un décret du 15 janvier 1852. et au moment où il cesse : le courant qui commence
Cours Martiales On nommait ainsi des tribunaux fait naître un courant par induction dans le même
militaires institués par décret du 22 septembre 1790, sens ; le courant qui finit fait naître un courant par
pour prononcer sur les crimes et délits militaires : induction en sens contraire. M. Faraday a découvert
ces cours étaient composées d’un grand juge, de deux en 1831 les phénomènes d’induction.
assesseurs, d’un commissaire auditeur et d’un gref- COURANTS MARINS, endroits de la mer où l’eau a un
fier, qui étaient assistés d’un jury d’accusation et d’un mouvement propre, soit dans toute sa profondeur,
jury de jugement. Elles étaient au nombre de 23. soit à une certaine profondeur seulement. Quelques-
Supprimées par la loi du 16 avril 1793, elles ont été uns de ces courants ont une immense étendue : tel
remplacées par les Conseils de guerre. Voy. ce mot. est celui qui porte les eaux de l’Océan entre les tro-
CourdesPairs, nom que prenait l’ancienne Cham- piques d’Orient on Occident, dans une direction con-
bre df-îFairy quand elle siégeait comme tribunal: elle
I
traire à celle de la rotation du globe , celui qui porte
, , , , , ,

COUR — H32 - COUR


les eaux des mers du Nord vers l’équateur, le Gulf appelait ainsi, avant 1789, des domestiques tout
stream, qui traverse une partie de l’Atlantique, etc. chamarrés plumes et de rubans et armés de
d’or, de
On attribue ces courants à l’action des vents, des ma- longues cannes, que les seigneurs faisaient tenir der-
rées, du soleil, à la rotation de la terre, etc. —
On doit rière leurs carrosses et employaient à porter leurs
àM. DuperreyuneCarfe des courants marins, 1854. messages. Les coureurs précédaient quelquefois aussi
COURATARI, Courataria, genre de la famille les voitures pour les annoncer de loin. — On a cru
des Myrtacées , tribu des Lécythidées , renferme que les meilleurs coureurs étaient dératés, c.-à-d.
de grands arbres indigènes à la Guyane et au Bré- privés de rate; ce qui n’a pu avoir lieu que bien
sil. Le C. de la Guyane
,
appelé aussi Maou et Ba- rarement, si cela a jamais eu lieu. Voy. rate.
latas blanc, est un arbre de haute tailie, à branches En Ornithologie, on nomme Coureurs les oiseaux
étalées, et dont le bois, blanc à la circonférence, qui courent, tels que les autruches, les casoars, les
rouge au centre , est d’exceliente qualité pour les secrétaires , les outardes , etc. —M. Blainville a
constructions. Son écorce fournit une conteur de donné le même nom à une famille de l’ordre des
cannelle solide. Ses fleurs sont grandes, d’un blanc Rongeurs, correspondant aux Cabiais. V. ce mot.
agréablement lavé de pourpre , disposées en épis. COURE -VITE, Cursorius genre d’oiseaux de
Son fruit est une capsule sèche , coriace, oblongue, l’ordre des Échassiers et de la famille des Pressiros-
presque en cloche, et légèrement triangulaire. tres , a pour caractères ; un bec grêle , conique et
COURBARIL, Hymenea, genre de la famille des arqué; des ailes courtes et des jambes hautes, ter-
Légumineuses, section des Papilionacées, tribu des minées par 3 doigts courts, non palmés et sans pouce.
Césalpiniées est formé d’une seule espèce, le C. de
,
Son nom lui vient de l’extrême rapidité de sa course,
Cayenne ou Caroubier de la Guyane arbre ré- qui lui permet d’éviter facilement le chasseur. Ce
sineux dont le tronc fournit la résine animé occi- genre a pour type le C. Isabelle, qui se tient dans les
dentale, employée dans quelques préparations phar- lieux secs, sablonneux et éloignés des eaux. Il ap-
maceutiques. Les gousses du Courbaril renferment partient à l’Afrique Septentrionale et à l’Europe.
une pulpe farineuse d’une odeur aromatique et de la COURGE, Cucurbita, genre type de la famille
saveur du pain d’épice. Son bois, d’un beau rouge des Cucurbitacées renferme des plantes herbacées
,

et susceptible
d’un poli parfait, est très-recherché des annuelles, à tiges fistuleuses, rampantes ou grimpan-
ébénistes; on l’emploie aussi dans la construction. tes ; à feuilles couvertes de poils courts et roides ; à
COURBATÜN. On appeile ainsi, dans ia Marine , fleurs jaunes ou blanches, en entonnoir plus ou moins
une pièce de bois courbée presque à angle droit, évasé; à fruit très-volumineux et de forme varia-
dont l’usage est de joindre les membres des côtés bie ; elle» ne diffèrent des concombres que par leurs
d'un vaisseau à ceux du dedans. semences, qui sont entourées d’un bourrelet très-sen-
COURBATURE (du latin curvatura, de curbare sible quand elles sont entières, et qui sont échancrées
courber), indisposition caractérisée par une sensa- en cœur quand elles sont avortées ou desséchées. Les
tion de brisement ou de contusion des membres, et Courges, originaires des contrées chaudes du globe,
une extrême lassitude. Lorsqu’elie vient à la suite sont aujourd’hui répandues partout : on les cultive
de travaux pénibles, le repos absolu et les bains la en grand dans beaucoup de parties de la France.
dissipent promptement. Dans ie cas contraire, c’est Leurs fruits sont généralement bons à manger; on
le symptôme de quelque affection plus ou moins grave. tire des semences une huile verdâtre d’assez boa
Les Vétérinaires appelient coMrôaifu un cheval qui goût qui peut servir à l’éclairage. La pulpe peut ser-
n’a pas le mouvement des Jambes bien libre pour
,
vir aussi à engraisser les bestiaux. —Le genre Courge
avoir éprouvé un excès de fatigue. Quand on vend un se divise ordinairement en plusieurs sections : 1® les
cheval, on doit le garantir de pousse, morve et cour- Pepons, qui comprennent la C. orangine ou Colo-
:

bature. quinelle, dite aussi Fausse Orange, Fausse Coloquin-


COURBE (du latin c«ruM5), ligne dont les parties te, fruit d’agrément, ayan t la forme et la couleur d’une
successives, infiniment petites, ont des directions orange, mais qui ne se mange pas; la Cougourdette
différentes. On distingue deux ordres de courbes : ou Fausse Poire, dont on fait des vases agréables ;
elles sont à simple (cercle) ou à double courbure la C. de Barbarie, au fruit allongé en forme de
(spirale), suivant qu’elles se trouvent ou qu’elles ne concombre, de couleur verte mêlée de jaune, et qui
se trouv^ent pas tout entières dans un plan. Les C. à est bon à manger frit avant sa matuiaté ; le Tur-
simple courbure, on courbes planes, se divisent ordi- banet ou Bonnet turc, en forme de turban , égale-
nairement en deux classes ; les C. algébriques ou géo- ment comestible; le Giraumon ou Citrouille [Voy.
métriques, et les C. transcendantes ou mécaniques. ce mot) ; le Pâtisson, dit aussi Bonnet d’électeur
Les Irvs sont celles pour lesquelles la relation entre ou B. de prêtre et Artichaut de Jérusalem, qui se
Yabscisse et Vordonnée (Voy. ces mots ) est représen- conserve en hiver et dont la saveur est délicieuse ;
tée par des quantités algébriques ordinaires les
;
2° le Potiron [Voy. ce mot); 3® Xa. Melonnée dont
sont celles dont les équations renferment des quan- le fruit, aplati, sphérique ou ovale, quelquefois cy-
tités transcendantes. Le cercle, l’ellipse, l’hyperbole lindrique, en forme de massue ou de pilon, de cou-
et la parabole portent le nom Ao courbes du premier leur jaune et rouge orangé , est recherché pour sa
ordre ou de sections coniques. Descartes est le pre- saveur délicate : on le cultive dans le inidi de la
mier qui ait déterminé les courbes par des équations. France, l’Italie et les Antilles; 4® la Pastèque {Voy.
Les Vétérinaires appellent courbe une tumeur os- ce mot), dite aussi Melon d'eau; 5® la Calebasse,
seuse, oblongue, située en bas ou au dedans du jar- ou Courge proprement dite, dont les fruits, à coque
ret des animaux domesti([ues, et qui gêne le mou- dure et crustacée , affectent les formes les plus va-
vement de l’articulation. Cette tumeur est ordinai- riables, et qui, vidés et desséchés, servent de gourde
rement produite par un effort , une chute ou un [Voy. ce mot). Cette dernière espèce comprend trois
exercice trop grand elle nécessite presque toujours
: variétés ; la Cougourde, ou gourde des soldats et des
l’application du feu. pèlerins; la Gourde, presque pas étranglée ni allon-
COURBET (de courbe), instrument de jardinage ; gée ; et la Tromqiette, ou courge longue et en massue.
c’est une grande serpe avec laquelle on coupe les COURLAN, Aramus, genre d’oiseaux de l’ordre
taillisou l’on abat les jeunes arbres. des Echassiers et de la famille des Grues, a un long
COUREUR (Accourir). Les coureurs étalent fort bec renflé à la pointe, des jambes demi-nues et des
en usage dans l’antiquité et dans les pays où les doigts entièrement divisés. 11 ne renferme qu’une
chevaux étaient rares ils faisaient l’office de cour-
: espèce, le C. courliri qui habite la Guyane : il
riers {Voy. ce mot). Chez les modernes, les coureurs est long de 75 centim., a le dos brun pourpré, le
n’ont plus été employés qu'à des usages serviles on : ventre brun, tacheté de blanc, et le bec jaune.
, , , , ,.

COUR — 433 — COUR


COURLIEU ou coRLis, Numenius, genre d’oiseaux couronner roi d’Italie en 1805, et institua à cette
de l’ordre des Échassiers et de la famille des Lon- occasion l’ordre de la Couronne de fer.
girostres, se nourrit de vers et d’insectes, et se tient Les rois de France de la race portèrent qua-
dans les marais comme les Ibis , auxquels il ressem- tre sortes de couronnes : la première était un dia-
ble beaucoup. Ce sont des oiseaux voyageurs qui dème de perles fait en forme de bandeau , avec
vivent en troupes nombreuses , et ne se séparent des bandelettes qui pendaient derrière la tête; la
qu’au moment de la pariade. Ils ont le bec arqué deuxième était la même que celle que portaient ies
assez grêle, rond sur toute sa longueur ; la tête et le empereurs; la troisième avait la forme d’un mor-
cou entièrement garnis de plumes. —Le C. d’Eu- tier; la quatrième enfin était en forme de cha-
rope a la taille d’une poule ; son plumage est brun, peau pyramidal , finissant en une pointe surmontée
chaque plume étant flammée de blanchâtre; son d’une grosse perle. —
Les rois de la 2« race avaient
croupion est bianc, et sa queue rayée de blanc et de la tête ceinte d’un double rang de perles ou d’une
brun. Il niche dans les herbes qui croissent au mi- couronne de laurier. —Ceux de la 3® ne portèrent
lieu des dunes. On l’appelle aussi Bécasse de mer. qu’une seule espèce de couronne, composée d’un
COURLIRI. Voy. courlan. cercle d’or enrichi de pierreries et rehaussée de fleurs
COÜROI, sorte d’enduit. Voy. coorai. de lis. C’est depuis François Rv que la couronne fer-
COUROL (de Coucou et de RoUe noms de deux mée paraît avoir été définitivement adoptée. Les —
oiseaux ), dit aussi Vouroudriou (nom indtgène), en couronnes des autres rois de l’Europe sont analogues
latin Leptosomus genre d’oiseaux de l’ordie des à celles des rois de France. Le pape porte une tiare
Grimpeurs et de la famille des Coucous, a le bec [Voy. ce motj ornée de trois couronnes.
pointu, gros, robuste, à mandibule supérieure cro- Les princes souverains , rois ou empereurs , por-
chue et échancrée vers le bout; les ailes pointues; tent seuls la couronne fermée; les autres portent la
la queue grande. Les Courols sont frugivores et ni- couronne ouverte. —
La noblesse porte sur ses armoi-
chent dans les forêts. Ce genre ne se compose que ries des couronnes dites de casques ou d’écussons. On
de deux espèces le C. vert et le C. cromb que
: distingue la C. ducale , toute de fleurons à fleurs
:

BufFon avait confondus sous le nom de Grand d’ache ou de persil ; la C. de marquis, qui est de fleu-
Coucou de Madagascar. rons et de perles alternativement ; la C. de comte, de
COURONNE (du latin corona, et du grec corônè) pointes surmontées de perles; la C. de vicomte, de
Les premières couronnes furent consacrées aux di- neuf perles entassées de trois en trois ; la C. de
vinités; elles étaient composées des plantes qui fai- baron , simple cercle orné d’une torsade en perles.
saient partie de leurs attributs celle de Jupiter était
: On a donné le nom de couronnes à beaucoup de
de chêne, et quelquefois de laurier ; celle de Junon, monnaies qui portaient pour effigie une couronne
de feuilles de coing; celle de Bacchus, de pampre sur une de leurs faces, notamment à celle qui eut cours
et de raisin, de branches de lierre chargées de fleurs en France sous Philippe de Valois : la couronne va-
et de fruits ; celle d’Apollon, de roseaux ou de laurier; lait alors 40 sols de l’époque, environ 20 fr. 25 cent.
celle de Vénus, de roses et de myrte celle de Minerve,
;
En Angleterre, la couronne (crown) est encore au-
d’olivier ; celle de Flore, de fleurs diverses ; celle de Cé- jourd’hui une monnaie courante. Voy. crown.
rès, d’épis celle de Pluton, de cyprès; celle de Pan, de
;
En Astronomie, on appelle Couronne australe
pin ; celled’Hercule,depeuplier, etc. Les prêtres elles une constellation de 12 petites étoiles , placée au-
sacrificateurs portaient pendant les sacrifices des cou- dessous du Sagittaire ; C. boréale, une constellation
ronnes d’or, de branches d’olivier ou de laurier. Les de 33 étoiles située à l’est du Bouvier, et dont la plus
magistrats, dans les jours de cérémonies, portaient des belle a reçu le nom de Margarita Coronæ. Suivant
couronnes d’olivier ou de myrte; les ambassadeurs, de la Fable, cette constellation serait la couronne don-
verveine ou d’olivier. —
Dans les festins, on composait née à Ariane par Bacchus et transportée au ciel. —
les couronnes de fleurs, d’herbes et de branches de On appelle aussi couronne un anneau lumineux que
roses, de lierre, d’if, de quintefeuille. Les conviés l’on observe quelquefois autour du soleil et de la lune.
portaient trois couronnes : l’une qu’ils plaçaient d’a- Dans la Marine, on appelle couronne un fort cercle
bord sur le haut de la tête , l’autre dont ils se cei- en fonte, d’une structure ingénieuse, qu’on fixe à la
gnaient le front, et la troisième qu’ils se mettaient partie inférieure du cabestan et qui sert à faire plus
autour du cou. — Les Romains avaient des couron- facilement rentrer à bord le câble-chaîne ; cet instru-
nes militaires pour récompenser la valeur : on les ment est dû à M. Barbotin, capitaine de vaisseau.
appelait, selon la nature de l’exploit à récompen- En Anatomie, on appelle couronne des dents la
ser, murales, navales ou rostrales , ob- partie des dents qui se trouve hors des gencives, et
sidionales etc.; et des couronnes civiques, qu’on qui est revêtue d’émail; C. radiante, l’épanouisse-
décernait à celui qui avait sauvé la vie à un citoyen : ment des fibres médullaires des pédoncules cérébraux
ces dernières étaient en chêne. dans les lobes des hémisphères du cerveau.
Les empereurs romains portèrent , à l’imitation Les Vétérinaires donnent le nom de couronne à la
de Jules César, la couronne triomphale, qui était de partie du pied du cheval qui correspond à la deuxième
laurier. Après leur apothéose on leur donnait la phalange des orteils de l’homme ; elle est située en-
,
couronne radiée, ou composée de rayons. A dater de tre le paturon et le pied, à l’endroit où le poil joint
Constantin , la couronne fut remplacée par le dia- et couvre le haut du sabot, et est formée d’un seul
dème. — La couronne impériale de Charlemagne os, dit os de la couronne, ou du second phalangien.
était fermée en haut comme un bonnet, et sembla- — On dit d’un cheval qu’il est couronné quand il a
ble à celle des empereurs d’Orient. Au moyen âge aù genou une place circulaire dépouillée de poils;
,
les empereurs d’Allemagne recevaient trois cou- ce qui suppose qu’il s’est blessé en tombant.
ronnes ; celle de Germanie, qui était d’argent et En Botanique, on donne le nom de couronne:
qui se prenait à Aix-la-Chapelle celle de Lombar- 1» à l’ensemble des fleurettes disposées en rayons
;
die , dite couronne de fer, qui consistait en une allongés, aplatis, divergents, qui ornent le disque
bande d’or, en forme de diadème antique, et qui était des fleurs radiées ; 2® à l’espèce d’appendice qui sur-
garnie intérieurement d’une bande de fer, provenant, monte la gorge de la corolle ou du périanthe ; 3” au
croyait-on, d’un clou de la Passion : on la conservait débris du calice qui demeure adhérent à la graine
à Monza; la couronne impériale, qu’ils recevaient des scabieuses, des camomilles, etc., aux fruits du
à Rome , et qui était surmontée d’une mitre sem- lierre, du poirier, du grenadier, etc. 4® aux feuilles
;
blable à celle des évêques mais plus petite , plus disposées en rosette au sommet d’une tige ou de ses
,
large et moins pointue ; son ouverture était au front. divisions; 5° à une sorte de greffe {Voy. ce mot) ;
Napoléon reprit la couronne de fer lorsqu’il se fit 6® à une maladie des arbres, dite aussi couronnement
28
, ,

COUR - 434 — COUR


(Foj, ce mot). — On nomme vjlgairemenl C. d’A- de face , pour marquer la continuation des étages.
riane une espèce d'Apocyn ; C. de moine, le Pissen- On appelle Voyage de long cours les voyages qui se
lit; C. de terre, \ei Lierre terrestre; C. des frères, le font par la mer pour le commerce, etdont le terme est
ChardonEriophore;C.(/MsoZeî7, leTournesolannuel; fort éloigné, tels que ceux des Indes, des colonies, etc.
C. impériale, la Fritillaire; C. royale, le Mélilot. COURSE (du latin cursus), genre de locomotion
Couronne (papier), sorte de papier qui sert prin- qui consiste à se porter en avant par une suite de
cipalement aux impressions de bureau , et dont la sauts plus ou moins rapides. La course diffère de la
marque intérieure est une couronne. Voy. papier. marche en ce que le moment pendant lequel les deux
COURONNEMENT. On appelle ainsi, en Architec- jambes posent sur le sol, dans la marche, est rem-
ture, tout ornement, tel que corniche, entablement, placé, dans la course, par un moment durant lequel au-
statue, etc., qui termine en dessus un édifice, un cunedes deux jambes ne touchela terre. On distingue,
dôme, un mur, une colonne, la poupe d’un vaisseau, chez l’homme : la C. en fauchant, dans laquelle on
la partie supérieure d’un meuble, d’un vase, etc.; lance en avant les membres inférieurs en rasant à
— en Agriculture , une maladie d’un arbre dont peine le sol ; la C. en sautillant, qui a lieu par pe-
les canaux oblitérés ne permettent plus à la sève de tits sauts sur la pointe des pieds et dans laquelle
,
monter jusqu’au sommet, et qui par suite se dessèche les pas ne sont pas plus grands que dans la marche
et meurt (V. décurtation). — Pour la cérémonie dans ordinaire, mais sont plus rapides dans un temps
laquelle on couronne un souverain, Voy. sacre. donné; la C. ère sai<fa?!é, qui n’est qu’une succession
Courrier (de courir), nom donné à celui qui de bonds et de sauts. La course est un exercice ex-
porte des dépêches en courant soit à pied, soit à cellent pour les personnes robustes et qui ont la
cheval ou en voiture. L’usage des courriers publics est poitrine forte; eUe est nuisible à ceux qui ont des
fort ancien. Les rois de Perse employaient à cet usage affections de la poitrine ou du coeur.
des coureurs à pied qui faisaient 80 à 100 kilom. par Chez les anciens, la course à pied était un des exer-
jour, et se relayaient de distance en distance. Chez les cices auxquels se livraient les athlètes. On distin-
Grecs, il y avait aussi des courriers à pied, nommés guait la course du stade, qui consistait à parcourir
hémérodromoi (qui court tout le jour), qui. faisaient l’étendue d’un stade; la course du diaule, où l’on
jusqu’à 140 kilom. en un jour. Chez les Romains, parcourait deux fois la longueur du stade; course
on nommait les coureurs viatores. — L’institution du dolique, dans laquelle on parcourait douze sta-
des courriers en France date de celle des postes par des sans s’arrêter. Chez les Modernes, ce genre
Louis XI; mais l’établissement des courriers tels d’exercice est moins usité : il est cependant encore en
qu’ils sont aujourd’hui ne date que de 1630. honneur dans nos départements de la Bretagne. —
On appelle courriers de la malle ceux qui font le Outre la course à pied, les anciens avaient la course
service ordinaire de la poste aux lettres. des chars et les courses de chevaux. Les chars
Dans l’Église, on nommait courrier un officier avaient la forme d’une coquille montée sur deux
considérable attaché au service d’un prélat séculier. roues, avec un timon fort court, auquel on attelait
Il faisait exécuter les ordres de l’évêque, et était son deux , trois ou quatre chevaux de front. A l’extré-

lieutenant pour le temporel. Les courriers ou cur-
seurs apostoliques sont les messagers de la cour de
mité du stade était une colonne qui servait de borne,
et autour de laquelle il fallait faire tourner douze
Rome. Leur office est de convoquer les cardinaux, d’af- fois le char. Quant aux courses de chevaux, elles se
ficher les décrets du pape aux portes de Saint-Jean faisaient sans selle et sans étriers, dans des hippo-
de Latran , de Saint-Pierre , du palais de l’inquisi- dromes longs de quatre stades.
tion et de la chancellerie apostolique, et au champ Chez les Modernes, les Anglais sont les premiers
de Flore. Leur habit de cérémonie est violet ; quand qui aient remis en honneur les courses de chevaux,
ils sont en mission, ils portent une verge noire dans mais dans le but d’améliorer iarace chevaline, plutôt
;
les solennités où le pape se trouve, ils ont en main que de déployer le talent des lutteurs. L’éducation
une masse d’argent et entourent la litière. des chevaux de course et celle jockey s est devenue
Plusieurs journaux ont porté le nom de Courrier: un art aussi difficile que coûteux. Les courses les
tels sont en Angleterre, the Courier, grand journal
,
plus célèbres de l’Angleterre sont celles de New-
quotidien et ministériel; en France, le Courrier Market, Epsom, Saint-Alban, Ascot, Chester, etc.
français fondé en 1820 , et qui a compté parmi ses Depuis 1814, le goût des courses de chevaux s’est
rédacteurs Kératry, R. Constant, J -P. -P. Pagès (de répandu dans toute l’Europe. L’Autriche, la Prusse,
l’Ariége), Bavoux, Aug. Thierry; le Courrier aes le Hanovre, le Mecklembourg, comptent aujourd’hui
spectacles, le Courrier des dames, etc. de nombreux hippodromes. —
Napoléon introduisit
COURS. On comprend sous la dénomination de et organisa les courses de chevaux en France en
Cours d’eau les rivières navigables ou flottables, et les 1807. Aujourd’hui, outre celles que le gouvernement
petits cours d’eau qui ne sont ni navigables, ni flot- prend sous sa protection et où il décerne des prix
tables. Les premiers appartiennent à l’État, les se- il existe des courses particulières aux frais des villes
conds restent dans le domaine de tous. La police des ou par souscription volontaire : les lieux où se font
cours d’eau a donné lieu à une législation fort éten- les principales sont Paris, Chantilly, Versailles, le
due, dont les principes avaient été posés dans l’or- Pin (Orne), Nancy, St-Brieuc, Caen, Nantes, An-
donn. d’août 1669 sur les eaux et forêts. gers, Limoges, Aurillac, Bordeaux. "Tarbes.
En Italie, et aujourd’hui en France, on appelle On appelle Course au clocher (Steeple-chase)
Cours (Corso) la rue principale d’une ville ou l’a- une course qui consiste à parcourir en ligne droite
venue plantée d’arbres qui sert pour les courses de un vaste espace semé d’obstacies. Voy. steeple-chase.
chevaux et aussi comme lieu de promenade. Les Courses du gouvernement sont régies par un
En termes de Commerce, on appelle cours de arrêté ministériel en date du 17 février 1853.
change ou cours de place le taux du cours que les On trouvera d’intéressants détaiis sur les courses
banquiers prennent pour droit do change, à raison dans le livre intitulé Le Turf ou les Courses de che-
de tant pour cent, pour faire tenir de l’argent d’un vaux en France et en Angleterre, par E. Chapus,1853.
lieu dans un autre; Cours de la rente, le taux au- En Marine, on appelle course lacampagne et la route
quel la rente est cotée quotidiennement à la Bourse. d’un corsaire ; on dit en ce sens armer en course.
:

Les Architectes appelient Cours d’assise un rang COURTAGE. Voy. courtier.


continu de pierres de même hauteur, dans toute ta COURT-BOUILLON, manière d’apprêterle poisson,
longueur d’une façade, et qui n’est interrompu par qui consiste à le faire cuire dans de l’eau avec du vin
aucune ouverture; Cours de plinthe, la continuité blanc ou quelquefois du vinaigre, avec du beurre, du
d’une plinthe de pierre ou de plâtre dans les murs thym, du laurier, des épices, pour être servi sec, et
, ,

cous — 433 — COUS


mangé à l’huile et au vinaigre. On
appelle Court- sont issus de frères et de sœurs. Dans la première
bouillon blanc une espèce de saumure faite avec de génération, les cousins s’appellent germains;
l’eau, du sel et du lait; Court-bouillon bleu, une dans la seconde, issus de germains; dans la
sauce qui consiste à employer du vin rouge bouillant troisième et la quatrième , cousins au troisième et
dans lequel on commence par immerger les poissons, au quatrième degré. Toixictoiscci nombres n’expri-
afin qu’ils y prennent une couleur bleuâtre. ment pas ledegré réelde parenté, puisque les cousins
COURTIER (Accours, ou du latin cMMifare, cou- germains ne sont parents entre eux qu’au quatrième
rir çà et là), sorte de négociateur qui s’entremet degré (V. parenté) ; pour savoir le vrai degré de pa-
pour la vente et Tacbat des marchandises, moyen- renté existant entre deux cousins, connaissant leur de-
nant un droit fixe ou variable qu’on appelle cour- gré de cousinage, on double ce nombre et on y aj oute 2.
tage. Le courtier doit connaître toutes les variations Le mariage entre les cousins et les cousines germaines
de prix ou ce qu’on nomme le cours des marchan- est autorisé par la loi civile. Autrefois il était égale-
dises, des eflets de commerce ,
du change ,
etc. ;
il ment permis par l’Eglise; aujourd’hui il est défendu
en donne connaissance aux parties intéressées , in- jusqu’ au 4' degré inclusivement, à moins de dispense.
dique les lieux et les personnes gni ont des fonds à En France , le roi traitait de cousin non-seulement
livrer ou à recevoir en pays étrangers ; en un mot les princes de son sang, mais encore les souverains
roflSce du courtier est de servir d’agent intermédiaire étrangers, les cardinaux, les pairs, les ducs, les
pour les parties contractantes. On distingue quatre maréchaux de France, les grands d’Espagne , et
sortes de courtiers ; l» les C. de marchandises ; 2° les quelques seigneurs du royaume. François Rr est le
C. d’assurance; 3“ les C. interprètes et conducteurs premier qui ait donné ce titre aux grands dignitaires
de navires dans les poids de mer, et 4® les C. de de la couronne. Henri II en décora les maréchaux
transport par terre et par eau. Autrefois le com- et les ducs et pairs.
merce de courtage était libre; aujourd’hui le nom- COUSIN, en latin Cw/ea;, culicis, genre d’insectes Di-
bre des courtiers est limité , et ils sont nommés par ptères, de la famille des Culicides, division desNémo-
le gouvernement. On appelle courtiers marrons ccwtl cères, est surtout connu par le mal que fait éprouver
que le gouvernement ne reconnaît pas. Le Code de sa piqûre. 11 a pour caractères ; deux antennes, poilues
Commerce traite aux art. 78 et suiv. de tout ce qui chez la femelle , plumeuses et en forme de panache
concerne le courtage et les courtiers. chez le mâle; de longues ailes membraneuses cou-
COURTILIÈRE (du vieux mot courtil, jardin po- chées horizontalement; une trompe ou suçoir corné,
tager, parce que cet insecte habite de préférence les garni de deux palpes articulées et velues et de cinq
po\.c,gcrî), Gryllotalpa, genre d’insectes Orthoptères, aiguillons très-acérés quilaissentdistillerdanslapeau
de la famille des Grilliens , est appelé vulgairement qu’ils percent une espèce de venin ; enfin des pattes
Taupe-Grillon, à cause de sa double ressemblance très-longues supportant un corps filiforme à peine
avec ces deux animaux. Il a six pattes; celles de de- long d’un centimètre. La femelle pond au bord des
vant, larges, aplaties comme celles de la taupe, den- eaux dormantes ou sur quelque corps flottant ; ses
tées et tranchantes en dedans, lui servent comme de œufs éclosent au bout de deux jours, et il en sort une
mains pour fouir la terre et couper les racines ; son larve qui change de peau plusieurs fois; à la der-
corps, gros comme le doigt, assezallongé, et de cou- nière mue, l’insecte revêt une forme toute nouvelle
leur brune, a une forme bizarre, à cause du déve- devient une nymphe , qui bientôt se métamorphose
loppement du thorax qui emboîte la tète comme une en insecte parfait. Les cousins fournissent jusqu’à sept
carapace; ses ailes, assez longues, sont repliées en fi- générations dans la même année, et chaque femelle
lets et dépassent les élytres. La C. commune fait de pond jusqu’à 300 œufs à la fois. Heureusement les
très-grands ravages dans les jardins elle se creuse
: hirondelles et les poissons en détruisent un très-
sous terre différentes galeries qui aboutissent toutes grand nombre. La piqûre du cousin est suivie de
à son terrier. On a cru longtemps que cet insecte tuméfactions inflammatoires qui causent de très-
était herbivore; mais il se contente de couper, sans vives démangeaisons. On calme la douleur avec des
les manger, les racines qui lui font obstacle, et ne lotions d’eau vinaigrée ou salée, d’eau de guimauve,
se nourrit que de proies vivantes. Le mâle se fait ou bien d’un mélange d’huile d’amandes douces et
entendre de la femelle par un petit bruissement ana- d’ammoniaque liquide : il faut surtout éviter de se
logue à celui du grillon : celle-ci, aussitôt après l’ac- gratter. C’est dans les pays chauds et humides que
couplement, se creuse un nid et y pond près de 200 les cousins sont le plus nombreux, et c’est surtout
œufs; les petits éclosent au bout d’un mois et su- pendant la nuit qu’ils sont le plus incommodes : ce
bissent diverses transformations avant de passer à qui force à entourer les lits avec des cousinières.
Tétat d’insecte parfait. Pour détruire les courtilières, En France, on ne connaît que deux espèces de Cou-
on fait en terre des trous carrés remplis de fumier
,
Bins, le C.comwiMnetle C.anneié, ainsi nommé parce
de vache, où elles ne tardent pas à accourir, et on que son corps et ses pattes sont couverts d’anneaux
les y prend par centaines; ou bien on enterre des blancs. — Dans plusieurs pays on donne aux Cousins
pots ventrus vernissés à l’intérieur, où elles tombent le nom de Moustiques et de Maringouins.
sans pouvoir en sortir ou bien encore on suit les
;
COUSOIR, nom de plusieurs instruments qui ser-
galeries^ de l’animal qui conduisent au trou princi- vent à coudre. Le cousoir du relieur est une ma-
pal, et l’on y verse un demi-verre d’eau mélangée de chine dressée sur une table , au devant de laquelle
quelques gouttes d’huile. est une mortaise pour y passer les ficelles auxquelles
COURTINE (du latin cortina, rideau), partie d’un on doit coudre les livres. Le cousoir du gantier, in-
front de fortification qui réunit les deux bastions venté en Angleterre, ressemble à un étau en fer dont
tracés aux extrémités de cette ligne et ferme l’entre- lu partie supérieure de chaque mâchoire, qui est en
deux comme un rideau. C’est dans le milieu de la laiton , est garnie d’une espèce de peigne de même
courtine qu’on place les portes et les ponts dormants métal; les dents de ce peigne ont au plus 2 milhm.
qui communiquent de la ville à la campagne. de long, et conservent entre elles une égalité par-
COUSCOUS ou couscoussou, sorte de pudding fait faite, ce qui permet d’exécuter avec célérité et régu-
de farine grossière de blé ou de millet, et arrosé de larité les coutures délicates de ces sortes d’ouvrages.
bouillon ou mêlé avec de la viande en hachis, est fort COUSSINET (diminutif de coussin). Les Chirur-
en usage pat-mi les indigènes de l’Algérie, de la Gam- giens font un grand usage de coussinets, petits sacs
bie etd’une grande partie de l’intérieur de l'Afrique. remplis d’étoupes ou de balles d’avoine, pour le pan-
COUSIN, consobrinus, mot qui s’applique à di-
vers degrés de parenté en ligne collatérale, et qui
sement des fractures. — Les Vétérinaires appellent
coussinet oculaire l’amas de tissu cellulaire grais-
désigne tous les membres d’une même famille qui seux qui entoure la face postérieure de l’œil du chevaL
28 .
, ,

COLT — 436 — COLV


et se trouve contenu dans la gaine fibreuse de cet or- coutils se fabriquaient à Bruxelles; aujourd’hui,
gane ; et coussinet plantaire, la partie du dessous du grâce aux efforts des Buzot-Dubourg, des Gaultier,
pied qui compose la fourchette molle ou de chair. — des Visser, des Thirouin,les manufactures de France
Dans les machines , on appelle coussinets les demi- rivalisent et surpassent même les produits étrangers.
cylindres^en métal, en bois ou en pierre plus ou moins Lille, Roubaix,Mulhouse,Troyes, Rouen, Coutances,
dure, entre lesquels sont maintenus et tournent les Verneuil, Condé-sur-Noireau, Nérac, Agen, etc.,
tourillons d’un axe de mécanique. —
En Architec- sont les villes où il se fabrique le plus de coutils.
ture, on nomme coussinet le premier voussoir d’une COUTEE (du latin culter, même signification),
voûte, dont le lit de dessous, placé sur l’imposte, une des principales pièces de la charrue, consiste en
est de niveau, mais dont le lit de dessus est en pente une lame d’acier trempé, placée verticalement et qui
pour mieux recevoir le voussoir suivant. —
Pour les détache à gauche la portion de terre que la charrue
Coussinets employés dans la construction des voies doit renverser. Dans la charrue dite de Brie, le con-
ferrées, voy. chemin de fer, 2' alinéa. tre ne change jamais de position dans les charrues
;

COUTEAU (du latin cultellus). On emploie dans cer- tourne-oreilles , dites de France, le contre change
taines professions des couteauxqui reçoiventdes déno- de direction en même temps que l’oreille et se place
minations particulières lesChirurgiens se servent du
; tantôt à droite , tantôt à gauche. Voy. charrue.
C. courbe et du C. droit pour les amputations, du COUTUME, DROIT COUTUMIER. On appelle ainsi,
C. lenticulaire pour l’opération du trépan, du C. à en Jurisprudence, le droit particulier d’un pays,
crochet pour les accouchements laborieux, etc. —
Le droit fondé d’abord sur l’usage, qui lui a donné force
Chapelier a deux sortes de couteaux le grand, qui
: de loi , et rédigé ensuite par écrit. On nomme Pays
ressemble au tranchetdu cordonnier, etsert à arracher coutumier, ou Pays de coutume, le pays qui se régit
les jarres qu’il rejette \e petit, qui ressemble à une
;
par une coutume, à la différence du Pays de droit
serpette , dont le tranchant est sur la partie convexe, écrit, qui se régit par le droit romain. L’origine des
et sert à raser les peaux pour en conserver les poils coutumes ne date guère que de l’affranchissement des
qu’il destine à la fabrication des chapeaux. —
Le communes : la plupart ne furent que les chartes ac-
Doreur et l’Argenteur se servent du C. à hacher cordées par les seigneurs. — On donne aux coutu-
pour taillader les pièces, afin que l’argent et Tory mes qui régissaient à la fois plusieurs lieux le nom de
prennent plus aisément; ce couteau est àlame courte coutumes générales, et à celles qui régissaient un
et un peu large. — Ün nomme C. à pied, un outil seul lieu celui de coutumes locales. —
En France,
plat et tranchant , en forme de segment de cer- la Guienne, la Gascogne, le Roussillon, le comté
cle et garni d’un manche dont se servent les ou-
,
de Foix, le Languedoc, le Quercy, la Provence, le
vriers qui travaillent le cuir ou les peaux; C. à Dauphiné, le Lyonnais, le Forez, le Beaujolais, la
rogner, un outil à l’usage des relieurs, composé Franche-Comté et une partie de l’Auvergne, étaient
d’un talon en fer et d’une lame d’acier soudée au des pays de droit écrit ; toutes les autres provinces,
talon, qui a un trou carré taillé en chanfrein pour Normandie, Bretagne, etc., étaient régies par des cou-
recevoir la tête du boulon à vis qui doit le fixer sur tumes. On distinguait 50 coutumes génémles et 225
le châssis qui le supporte ; la lame est à deux tran- coutumes locales. Le nombre des coutumes de toute
chants, pointue et en langue de serpent. la France , y compris celles des villes, s’élevait à 490.
On nomme aussi Couteau l’arête du prisme trian- Cette diversité de législation, qui donnait lieu aux
gulaire sur laquelle repose le fléau d’une balance. difficultés les plus graves, a disparu en 1789; toutes
Couteau de Saint-Jacques nom vulgaire d’un co- les coutumes ont été remplacées par nos codes.
quillage long et plat comme un couteau, qui est Le nom de Coutumier se donne encore aux re-
une espèce de Solen, le Solen cultellus. cueils qui contiennent la coutume d’une ville, d’un
COUTELIER , artisan qui fabrique et vend des pays , d’une province , etc. Le Coutumier général
couteaux et toutes sortes d’instruments tranchants de Bourdotde Richebourg (Paris, 1724, 4 v. in-f.)
et délicats, tels que rasoirs, canifs, ciseaux, et tous renferme presque toutes les coutumes de France.
les instruments de chirurgie. Le coutelier doit être COUTURE. L’art de la couture comprend la cou-
à la fois forgeron , serrurier et mécanicien ; il doit ture du linge et la couture des robes. Dans l’une
savoir tremper l’acier, braser et manipuler les mé- comme dans l’autre partie , on distingue plusieurs
taux précieux, travailler toutes les matières dont il sortes de points ; p. de devant, p. d’ourlet ou de
orne les manches de ses instruments. Pour les grosses côté, dit aussi couture à l’anglaise, point arrière,
pièces ou les couteaux communs, le coutelier emploie p. de surget,p. de boutonnière [Voy. point). Outre
des étoffes qu’il fabrique lui-meme , ou qu’il achète la couture proprement dite, la couturière doit sa-
toutes fabriquées dans les usines où l’on prépare voir tailler le linge, les chemises, les camisoles, les
l’acier. Pour toutes les pièces délicates , il emploie robes, etc. Les couturières en robes de France, sur-
l’acier. Pour polir ses ouvrages, il se sert de diffé- tout celles de Paris, ont la réputation d’être les plus
rentes substances qui doivent être en poudre impal- habiles et d’avoir le plus de goût ; aussi leur adresse-
pable, et qu’il appelle potées. Pour faire las man- t-on des commandes de tous les points du globe.
ches de ses instruments , le coutelier emploie la COUTURIER. Jusqu’au xvi* siècle, les tailleurs
corne de bœuf, de mouton , de bélier, de» bouc s’appelaient cozifurier^. — En Anatomie, on appelle
d’élan et de cerf; l’ébène, le bois rose, le palissan- muscle couturier, ou ilio-pré tibial, un muscle situé
dre, le noyer, le buis, l’olivier, le cerisier, la ba- à la partie antérieure de la cuisse, qui s’étend obli-
leine, l’écaille, l’os, la nacre, etc. En France, on quement de l’épine iliaque antérieure et supérieure
estime surtout les coutelleries de Langres , de Cbà- à la partie supérieure et interne du tibia. Ce muscle
tellerault, de Saint-Étienne, de Paris, de Nogent, sert â plier la jambe, en la dirigeant en dedans. 11
de Thiers, etc. Lacoutellerie anglaise de Birmingham fléchit la cuisse sur le bassin, et réciproquement. Ce
passe pour être la meilleure. On cite également la sont les deux muscles couturiers qui, en se contrac-
coutellerie de Liège, de Namur, et celle de Bruxelles. tant lorsqu’on est assis, font croiser les jambes, et
M. Landrin a donné le Manuel du coutelier. leur donnent la position que prennent ordinairement
COUTIL (du latin culcita, matelas), grosse toile les tailleurs d’où le nom qu’on leur a donné.
;

croisée, fort serrée et lissée, quelquefois toute en fil, COUTURIÈRE, ouvrière en couture (Fby. cou-
mais plus communément aujourd’hui en fil et coton. ture). — Nomvulg. d’une espèce du genre Fauvette, la
On l’emploie ordinairement pour la confection des lits Sylvia sutoria, et de plusieurs insectes, notamment
déplumés, des traversins, desoreillers, des tentes, des
j

d’un A ttelabe qui attaque la vigne. —


V. courtiliére.
guêtres , etc. On fait aussi des coutils de fil d’un tissu COUVAIN (de couver), nom donné soit aux jeunes
très-fin pour pantalons d’été Autrefois, les plus beaux
. larves que nourrissent les abeilles, soit à celles qui
, , ,, ,

COVA — 437 — CRAB


sont à l’état de nymphes : c’est dans la partie basse COW-POX (de l’anglais cow , vache, eipox, va-
des rayons que se trouve le couvain. On étend ce nom riole ; variole de la vache), nom donné par les An-
au rayon de cire qui contient les œufs et les larves. glais à une éruption qui se développe sur le pis des
COUVÉE. On nomme ainsi tous les œufs qu’une vaches, et qui contient le virus dit vaccin. V. vaccin.
poule ou tout autre oiseau couve en même temps COXAL (os), de coxa, hanche. Foi/, iliaoue (os).
et les petits qui en proviennent. On appelle couvai- COXALGIE (du grec coxa, hanche, et algos, dou-
son l’époque à laquelle la volaille couve , et couvoir leur) , luxation spontanée de la hanche. F. luxation.
ovi couveuse, un appareil pour l’incubation artificielle. COYAUX, petits bouts de bois qu’on place sur le
COUVENT (de conventus, réunion). F. monastère. bord de la couverture d’un toit pour former l’avance
COUVERT. Ce mot, qui au propre embrasse tout de Tégout, et qui portent d’un côté sur le bas des
ce dont on couvre la table, nappe, serviettes, as- chevrons, et de l’autre sur la saillie de l’entablement.
siettes, couteaux, cuillers, etc., désigne plus par- COYER, pièce de bois qu’on place horizontalement
ticulièrement, dans Tusage, la cuiller et la four- sous l’arêtier d’un comble , fait fonction d’entrait.
chette. Le plus ordinairement les couverts se font COYPOU, espèce de Rat d’eau. Voy. mvüpotamb.
en argent; on en fabrique aussi en vermeil, en pla- CRABE (du grec carabos, espèce de poulpe), en
qué, en étain, en fer battu, même en corne et en latin Cancer, genre de Crustacés de l’ordre des Dé-
buis. On a en outre inventé depuis quelques années capodes, famille des Brachyures , a le corps couvert
pour cet usage, divers alliages métalliques qui simu- d’une cuirasse calcaire articulée, plus large que lon-
lent l’argent, tels que le maillechurt, Valfénide, etc. gue, et dont le bord antérieur présente tantôt des
COUVER’TE (de couvrir), enduit ou vernis formé dents en scie, tantôt de larges crénelures ; les yeux
de substances facilement vitrescibles, telles que le rapprochés et portés chacun sur un pédoncule; les
sable siliceux, les oxydes de plomb, d’étain, de pattes antérieures sont très-fortes, et terminées par
cuivre, etc., dont on se sert pour recouvrir les pote- des pinces, quelquefois très-grosses; la queue est
ries, afin de les rendre imperméables, et d’empêcher cachée et comme appliquée sous le ventre. Ces ani-
les corps gras et chauds de les pénétrer. Voy. vernis. maux habitent le bord de la mer; ils ont un aspect
COUVERTURE (de couvrir). Dans la Construc- désagréable et des mouvements bizarres : ils mar-
tion, on nomme ainsi un assemblage d’ardoises ou chent ordinairement de côté. Les Crabes, très-com-
de tuiles, de feuilles de plomb, de cuivre, de tôle ou muns sur les côtes de l’Océan, sont carnassiers et se
de zinc, qui recouvre la charpente d’un toit. Depuis nourrissent d’animaux marins, morts ou vivants. Us
quelques années, on essaye de faire des couvertures sont craintifs, et se retirent dans les fentes des ro-
en plaques de fonte de même forme à peu près que ches ou s’enfouissent dans le sable de la mer. Le
les tuiles; on fait aussi des couvertures en dalles et en genre Crabe renfermait autrefois beaucoup d’espè-
bitume. Les couvertures en bardeaux , en chaume ces; mais il a été très-restreint. Le C. ù'ès-eniier
en jonc et en roseau, sont encore en usage à la cam- (C. integerrimus) est aujourd’hui le type du genre.
pagne, mais elles sont fort sujettes à l’incendie. Le C. commun (C. mœnas) et le Tourteau ou
Les couvertures de lit sont en laine ou en coton. Poupart {Platycarcinus pagurus), qui naguère en
Les couvertures de laine sont ourdies et tissées comme faisaient partie, sont aujourd’hui rapportés, le pre-
le drap ordinairement blanches , et terminées , mier au genre Carcin, le second au genre Platy-
,
vers les deux bouts, par de grandes raies de couleur, carcin. Le Crabe appelant a reçu le nom de Géla-
soit bleues, soit rouges, et enfin par quelques centim. sirne (Voy. ces mots). — On désigne vulgairement
de blanc. Elles se terminent, du côté des barres, par certaines espèces de Crabes sous le nom de Cancres,
les bouts de la chaîne
,
qui sont entrelacés et for- telles que le Cancre chevalier [Ocypoda hippeus),
ment des espèces de franges. Les meilleures ont été le C. migrane (Calappa granulata), le C. peint
pendant longtemps fabriquées à Montpellier. Les —
de rivière (Gecarcinus ruricola), etc. La chair des
couvertures de coton se fabriquent de la même ma- crabes se mange comme celle des homards; elle n’est
nière que celles de laine ; le tissu en est croisé on pas de facile digestion. La marche lente et l’aspect
tire le poil à la corde, mais on ne le foule pas.
;
— repoussant de ces animaux a fait du nom de cancre,
A Lisieux , on fabrique des couvertures en poil de qui est synonyme de crabe un terme de mépris.
vache, dites thibaudes, qui servent pour l’emballage On connaît aussi sous le nom de Crabes de petits
et pour doubler les tapis. crustacés qui se rencontrent en certains temps de
A la Bourse, on appelle couverture la garantie que l’année, de juin à septembre, dans les moules, et qui
le vendeur donne d’une partie de rentes ou d’autres rendent malades les personnes qui en mangent. Ces
effets vendus, à livrer à une époque convenue. Elle crustacés appartiennent au genre des Pinnothères.
est destinée à couvrir la différence qui peut résul- On nomme Bois de Crabe, ou de Girofle, une espèce
ter, à l’époque où la livraison doit avoir lieu, entre le de Cannelle qui est Técorce du Myrtus caryophyllata.
prix stipulé dans le marché et le cours actuel de CRABIER,DïifeZj)Aîs cancrivora, espèce de Mam-
l’objet à livrer ; la couverture qui n’est qu’un nan-
, mifère du genre Sarigue ou Didelphe, appelé aussi le
tissement sert à solder cette différence. Puant de Cayenne. Le Crabier est de la taille 'd’un
COUVRE-FEU, signal de retraite et de repos qu’on chat; son pelage est d’un jaunâtre terne, mêlé de
donnait autrefois, sur les huit heures du soir, par brunâtre et traversé de soies brunes. 11 vit sur les
le son d’une cloche ou d’un beffroi. Après le couvre- rivages limoneux, et se nourrit de petits animaux,
feu , il n’était plus permis de sortir des maisons ni principalement de crabes. On le trouve à la Guyane.
de tenir du feu allumé. Cet usage, très-ancien en CRABIER BE MAHON, Ai'dea comata, espèce d’oiseau
France, fut introduit en Angleterre par Guillaume du genre Héron, qui se trouve principalement dans
le Conquérant. — Aujourd’hui , dans les villes de le Midi. Le Crabier a le dos brun-roussàtre et les ailes
guerre, on appelle encore couvre-feu le signal de la blanches ainsi que le ventre.
retraite et de la fermeture des portes. CRABRON (de crabro, nom du frelon chez les
COUVREUR (de couvrir), ouvrier dont le métier Latins), genre d’insectes Hyménoptères, famille des
est de couvrir les bâtiments avec des tuiles ou des Fouisseurs, type d’une tribu dite des Crabronites
ardoises. Ses outils sont ; Venclume, sur laquelle se tête forte, antennes en massue, labre peu apparent,
taille l’ardoise; le marteau, pour la tailler et la abdomen étroit à sa base. Ces insectes creusent des
clouer; Vessette petite hache qui sert à dresser les trous soit dans le sable , soit dans le bois. Ils sont
chevrons , à couper et à clouer les lattes le marte- vifs et fort agiles, surtout pendant la chaleur. Ils
;
let, pour tailler la tuile; le tire-cloy,, etc. ressemblent aux guêpes par leur couleur mêlée de
COVADO, mesure de longueur employée en Por- jaune et de noir, et vivent du suc des fleurs. On
tugal pour les étoffes, équivaut à 0™,65. trouve en Europe le Cr. à grosse tête (Cr, cepha-
, , ,

CRAM — m— CRAP
lotes), qui nourrit ,
dit-on , ses larves de pucerons. CRAMPON. Les serruriers appellent ainsi un mor-
CRACHAT (de cracher), matière évacuée par la ceau de fer plat coudé à doublé équerre, qui sert à
bouche après les efforts de l’expectoration. Les cra- recevoir le verrou d’une targette, ainsi qu’à lier les
chats sont le produit d’une secrétion surabondante pierres ensemble. — En Botanique , on donne ce
qui a son siège dans les cryptes muqueux des bron- nom à tout appendice de la tige qui sert à l’accrocher
ches , de la trachée, du larynx , du pharynx , et de aux corps voisins, sans être roulé en spirale comme
l’isthme du gosier. Cette sécrétion n’est pas incom- la vrille. La tige du lierre est pourvue de crampons.
patible avec l’état de santé ; mais , dans l’ordre na- CRAN. En Mécanique, c’est une entaille qui se fait
turel, la mucosité qui forme ordinairement les cra- dans un corps pour y faire entrer un autre corps et
chats ne doit être produite que dans la proportion l’arrêter. — En termes d’imprimerie, c'est un petit
nécessaire pour lubrifier le pharynx et les voies aé- vide demi-circulaire, pratiqué au pied de la lettre
riennes. Voy. EXPECTORATION et SALIVE. par le fondeur pour indiquer au compositeur le sens
Crachat de coiicouou de grenouille, petites masses dans lequel il doit la placer.
écumeuses qu’on voit au printemps sur les feuilles des CRAN ou CRANSON, uom Vulgaire du Cochlearia
végétaux, sont produites par les larves des Cercopes. armoracia. Voy. armoracia.
Crachat, insigne honorifique. Voy. PLAaoE. CRANCELIN, nom donné, en termes de Blason,
CRACHEMENT de sang. Il peut provenir, soit des à une portion de couronne à fleurons, posée en bandé
fosses nasales et de la gorge , soit des bronches et à travers un écu , du chef à la pointe.
des poumons; dans le l" cas, il n’a aucune gravité ; CRANE (en grec cranion), boîte osseuse du cer-
dans le 2”, le sang est plus abondant et le ma! plus veau : c’est un assemblage d’os aplatis , articnlés
grave ; il prend alors le nom A’hémoptysie. V. ce mot. entre eux au moyen de sutures. Ces os sont ; en
CRAIE ( en latin creta, nom de l’ile de Crète, où avant, le frontal ou coronal; en arrière, Voccipi-
la craie se trouve en abondance), espèce de calcaire tal; sur les côtés et en haut, les deux pariétaux;
tendre. Voy. calcaire et chaltx carbonatée. sur les côtés et en bas, les deux temporaux; infé-
On appelle Craie de Briançon une espèce de talc rieurement et au centre , le sphénoïde au devant
blanc et nacré dont les tailleurs font usage pour duquel est Yéthmoïde. La partie inférieure du crâne
tracer leurs coupes sur le drap, sans le tacher. s’articule avec les os de la face et de la colonne ver-
Les anciens chimistes employaient souvent le mot tébrale. Sa région antérieure se nomme sinciput;
craie pour désigner un carbonate : ainsi ils appe- la postérieure , occiput ; la supérieure , voûte ver-
,

laient craie de plomb le carbonate de plomb. tex; les latérales sont dites les tempes l’inférieure
CRAMBE, Crambus, genre d’insectes Lépidoptè- est la base du crâne. Le crâne étant l’enveloppe du
res, famille des Nocturnes, dont les palpes forment cerveau, la conformation du cerveau influe nécessai-
une sorte de bec plus ou moins allongé comme dans rement sur sa forme extérieure. L’étude des protu-
les Pyralites. Ils ont les ailes longues et étroites, de bérances du crâne et des dispositions que trahissent
sorte que l’insecte paraît avoir une forme allongée ces protubérances fait le fondement d’nne science
approchant de celle d’un cylindre ; les insectes qui nouvelle créée par le célèbre Dr Gall , sous les noms
composent cette tribu se trouvent assez abondam- de Craniologie, de Cranioscopie et qu’on nomme
ment dans les pâturages. Ce genre est le type d’une de préférence aujourd’hui Phrénologie.
tribu qui prend de là le nom de Crambite. CRANEQUIN (de l’allemand AmnicA grue, ma-,

CRAMBE (du grec crambè, même signification), chine ) , instrument de fer en forme de pied de bi-
dit aussi Chou marin, genre de plantes herbacées che,composé d’nne crémaillère s’engrenant avec une
ou semi-ligneuses, de la famille des Crucifères, tribu roue dentée , mise en mouvement à l’aide d’une
des Raphanées, a la tige droite et rameuse, les feuilles manivelle il servait à attirer la corde et à bander
:

plus ou moins découpées, les fleurs blanches, nom- l’arc des arbalètes. Les arbalétriers du moyen âge
breuses, disposées en panicule terminale; la gousse portaient cet instrument à leur ceinture, d’où le
est globuleuse, coriace, à une seule loge; la graine nom de Cranequiniers qu’on leur donnait.
sphérique , noirâtre. Le Cr. maritime croît sur les CRANGON , dit aussi Crevette de mer, genre de
bords sablonneux de la Méditerranée. On le cnltive Crustacés décapodes, famille desMacroures, àtest très-
comme plante potagère, et l’on. fait blanchir les re- déprimé, incolore ou tirant sur le vert, marqué sou-
jetons à la manière des cardons et du céleri. On vent d’une infinité de points ou de lignes noires. Ce
l’accommode de la même manière que le chou-fleur. genre a pour type le Cr. vulgaire de la Méditerra-
CRAMOISI (de l’italien cremesino, dérivé lui- née. On le sert sur nos tables; mais sa chair n’est \

même de kermès, espèce de cochenille) nom d’unbeau


,
pas aussi délicate que celle des crevettes, avec les- i

rouge violet , soigneusement distingué par les tein- quelles on le confond quelquefois. i

turiers, et qui est considéré comme nuance princi- CRANIOLOGIE (du grec cranion, crâne, et logos,
pale. On donne cette belle couleur avec divers bois, discours), nom donné à l’étude des saillies ou bosses
avec la cochenille, etc., suivant le genre de teinture. que présente crâne, et des indices qu’on peut en
le

!

CRAMPE , contraction involontaire, spasmodique tirer relativement aux penchants des individus. Ce '

et douloureuse de certains muscles, particulièrement nom, créé pour le système du Dr Gall, a été rem-
de ceux de la cuisse, de la jambe, de la main et du placé depuis par celui de Phrénologie. Voy. ce mot.
cou. Les crampes de la jambe surviennent surtout CRANIOSCOPIE (du grec cranion, crâne, et sco-
la nuit; on
y est aussi fort exposé en nageant. Elles pein, examiner). Ce mot a le même sens que ceux I

cessent presque instantanément dès qu’on appuie for- àe Craniologie eiàe Phrénologie. Voy. phrénologie.
tement le pied sur le sol. Quand la crampe se pro- CHANSON, nom vulg. du Cochlearia armoracia. \

longe, on peut la faire cesser par des frictions faites CRAPAUD (qu’on dérive du latin crepare, cra- j
à rebrousse-poil avec une brosse. La crampe résulte quer et crever, soit à cause du cri que le crapaud fait (

ordinairement d’une fausse position ou de la compres- entendre, soit parce qu’on prétend qu’ils’enfle jusqu 'à |

sion directe 3’un muscle ou d’un nerf; mais souvent crever), Bufo, genre de reptiles amphibies, de l’or-
j
aussi elle tient à une surexcitation du cerveau et des dre des Batraciens et de la famille des Anoures, qu’on
nerfs, ou bien à certaines maladies, comme la co- a souvent confondu avec la Grenouille, a pour ca-
lique de plomb et le choléra-morbus. —
On appelle ractères distinctifs :une forme trapue et ramassée, j

crampe d’estomac une douleur vive qui a son siège un corps globuleux et couvert de verrues, d’où suinte i

dans les parois de ce viscère et qui parait due à la une humeur visqueuse, la bufonine; deux grosses
,
contraction spasmodique de sa tunique musculaire glandes placées sous le cou ; des membres posté-
— Cr. de poitrine, une constriction douloureuse du
;

rieurs de la longueur du corps seulement ; des doigts <

thorax, que l’on appelle anssi angine de poitrine. courts, plats et inégaux; point de dents ; ce dernier I
, , ,,
,

CRAP — 439 — CRAY


caractère distingue le crapaud de la grenouille, dont de trous qui se met à l’entrée d'un tuyau de bassin
la mâchoire supérieure est armée de dents. L’aspect ou de réservoir, sans doute afin d’empêcher les
difforme de cet animal immonde, la bave qu’il épan- crapauds d’y entrer. —
Enfin, comme les crapauds
che quand il est irrité, la faculté qu’ü possède de se marchent en écartant les cuisses , on dit , dans l’art
gonfler en accumulant l’air dans ses poumons Tési- culinaire mettre des pigeons à la crapaudine, pour
;

culeux, en ont fait de tout temps un objet de répu- dire qu’après les avoir éventrés et farcis , on les
gnance et d’horreur on doit dire cependant que sa
: fait rôtir ou cuire les cuisses écartées.
bave, non plus que son urine, n’est point venimeuse. CRAQUELINS, nom que les pêcheurs donnent
Le crapaud se nourrit de vermisseaux, de chenilles aux Crustacés qui viennent de subir leur mue, et
et d’insectes; il se tient dans les lieux sombres et qui sont encore mous : ils s’en servent pour appât.
humides ,^ans les trous des vieux murs, sous les On donne aussi ce nom ;1® au hareng saur nou-
pierres et même dans la terre , d’où les pluies d’o- veau; 2® à un gâteau, qu’on fait surtout à Lyon,
rage en font quelquefois sortir une quantité innom- et qui craque sous la dent.
brable : ce qui a fait croire à des pluies de cra- CRASE (du grec crasis, mélange), se dit, en ter-
pauds. Le crapaud n’approche guère de l’eau qu’au mes de Grammaire, de l’union de deux voyelles ou
moment de la ponte : la femelle dépose ses œufs de deux syllabes qui se confondent tellement qu’il
dans l’eau , et le mâle les féconde à la manière des en résulte une seule syllabe , comme , en français
poissons. Ses petits se développent sous la forme de paon, faon, Caere, qui se prononcent ^are, fan, Can;
têtards, et vivent primitivement dans l’eau. On pré- et, en latin, mi pour mihi, sis, pour si vis, etc.
tend que les crapauds vivent très-longtemps, et qu’ils CRASSANE, CRESANE, esp. de Poire. V. poirier.
deviennent en vieillissant d’une grosseur énorme. CRASSULACEES ou crassulées (de Crassula
Ils ont la vie peu active et peuvent rester fort long- genre type), famille de plantes Dicotylédonées po-
temps immobiles et sans manger; dans cet état, lypétales, la même que celle des Joubarbes de Jus-
ils consomment fort peu d’air : on prétend qu’on sieu et des Sempervivées d’autres auteurs, a pour
en a trouvé enfermés dans des pierres calcaires de- caractères : pétales et étamines insérés au calice , ti-
puis un temps inconnu. La voix du crapaud est un ges et feuilles épaisses, charnues et succulentes,
cri monotone plaintif et flùté qui, dans quelques offrant plusieurs modes d’inflorescence. Cette famille
, ,
espèces, rappelle celui des oiseaux de nuit. On a fait renferme genres Crassule, Joubarbe, Orpin.
les
sur le crapaud les contes les plus absurdes on lui CRASSULE, Crassula (dimin. de crassus, épais,
;
a attribué des vertus extraordinaires contre plusieurs gras), genre type de la famille des Grassulacées
maladies, et on l’a fait entrer dans une foule de originaire des régions équatoriales, renferme des
philtres et de spécifiques. —
On connaît un grand plantes herbacées et des arbustes vulgairement ap-
nonibre d’espèces de crapauds , parmi lesquelles on pelés plantes grasses, à cause de l’épaisseur de leurs
distingue : le Cr. commun, gris-verdàtre ou brun- feuilles et de leurs tiges. Un très-petit nombre se
roussàtre, de 6 à 12 centim. le Cr. des joncs, ou trouve en Europe et en France. La Cr. éclatante est
;
Calamite, olivâtre, avec une ligne jaune sur le dos, un arbuste d’un mètre et demi, dont la tige se di-
de 5 à 8 centim. il monte sur les arbres et les vieux
: vise en rameaux rougeâtres , garnis de feuilles ova-
murs ; le Cr. accoucheur, gris d’ardoise sur le dos et les, opposées en croix; ses fleurs, disposées en une
blanchâtre en dessous il doit son nom aux soins
: sorte d’ombelle, joignent à une couleur rouge ma-
qu’il donne à sa femelle pendant la ponte (F. accou- gnifique un parfum très-agréable; la Cr. rougeâtre
cheur) j le Cr. épineux, dont les verrues se termi- a la tige basse, un peu velue, divisée à son sommet
nent par une petite épine cornée; le Cr. sonneur oo. en trois ou quatre rameaux , avec des feuilles épar-
pluvial, gris foncé en dessus, bleu et jaune en des- ses, oblongues, et des fleurs sessiles, d’une couleur
sous : il se trouve dans les eaux dormantes et on
le blanche , traversée par une ligne purpurine.
rencontre sur les chemins après les pluies d’orage; son CRATÆGUS , nom latin de I’alizier.
cri monotone rappelle le tintement d’une
clochette. CRATÈRE (du grec cratèr, coupe). Voy. volcan.
On donne le nom de Crapaud volant à l’Engoule- CRATEVIER (ainsi nommé par Linné en l’hon-
vent , celui de Crapaud ailé au mollusque appelé neur de Cratevas, ancien botaniste grec), Crateva,
Sfrombus latissimus celui de Crapaud de mer à genre de la famille des Capparidées , appartenant
plusieurs poissons. Voy. scorpéne et svkancée. aux climats les plus chauds du globe , renferme des
Dans l’Artillerie ,
on nommait crapaud un affût arbres et des arbrisseaux à feuilles composées de
de mortier, inventé en 1765. Il est plat et sans roues, trois folioles, à baies globuleuses ou ovoïdes, portées
quelquefois de bois, plus souvent de fer coulé, ou sur une longue queue, à écorce mince. On en connaît
du même métal que la bouche à feu. 11 n’a pas de douze espèces , dont les plus remarquables sont : le
recul comme l’affût du canon. Cratevier religieux [C. religiosa), bel arbre à bois
Crapaud (le) , maladie du cheval. Voy. fic. dur, à rameaux très-nombreux, à feuilles lancéo-
CRAPAUDINE (de crapaud). On donne ce nom : lées, vénéré des Hindous à cause des propriétés mé-
1“ à une espèce de pierre précieuse, ronde
ou ovale, dicales que les Brahmes attribuent à son fruit pul-
de couleur grisâtre , qu’on croyait autrefois se trou- peux , qu’ils recommandent contre les maladies de
ver dans la tête d’un crapaud et qui n’est qu’une
,
couronne de dent molaire de Spare pétrifiée : les
vessie; — le Cr. tapier {C. tapia), arbre du Brésil
et des Antilles, dont les baies sont comestibles, et
joailliers en font des bagues
, des colliers ; on ap- servent à la préparation d’une sorte de vin.
pelle œil de serpent celles qui présentent des
cercles CRAVACHE (par corruption de cravate ou croate,
concentriques de diverses nuances; —
2» à une plante
de la famille des Labiées dite aussi Sidérite
parce que les Croates s’en servaient), espèce de fouet
des en forme de badine dont on se sert pour monter à
Canaries; — ,
3® à un poisson de mer plus connu cheval. Son diamètre va toujours en décroissant de
sous les noms de Loup marin et à’ Ânarrhique
4® à une crevasse qui se forme aux pieds
; — la pomme, qui est souvent plombée, jusqu’à l’au-
du che- tre bout, qui est garni d’une mèche. L’intérieur est,
val par suite des atteintes qu’il se donne sur la
cou- dans les meilleures , formé d’une baleine, et dans les
ronne avec ses fers; —
5® à un mal de pied des autres, de petit rotin ou de bois pliant et élastique.
bêtes à laine et des bêtes à cornes, plus connu sous L’extérieur offre une tresse de bon fil, gros et tordu,
le nom de piétin
; —6® dans les Arts mécaniques
a une boite de métal qui reçoit le pivot d’un arbre
ou de fines cordes à boyau, nattées sur la pièce même.
GRAVANT, Anas oernicla, nom vulgaire d’une
vertical; au morceau de fer ou de cuivre creux dans espèce du genre Oie. Voy. oie.
lequel entre le gond d’une porte
; â la plaque de CRAVATE, ornement de cou, dont la forme et
plomb ou de tôle , ou â la toile métallique percée l’étoffe varient suivant les caprices de la mode. L’u-
, , , ,

CRÉA — 440 — CRÉG


sage, ainsi que le nom, en ont été empruntés aux de l’argent. On distingue les Cr. chirographaires
cavaliers cravates (ou croates), qui la mirent en to- ou ordinaires, porteurs d’un titre chirographaire,
gue. — On appelle cravate de drapeau un morceau c.-à-d. souscrit par le débiteur, mais n’emportant
d’étoffe de soie long et étroit, garni à ses deux ex- ni privilège, ni hypothèque : quand il n’y a pas de
trémités de franges en or ou en argent, et attaché quoi les payer tous , ils reçoivent au marc le franc ;
en forme de rosette au haut des drapeaux et des les Cr. privilégiés qui, à raison de la nature par-
étendards. Louxois distribua en 1668 les premières ticulière de leur créance, ont le privilège d’être payés
cravates au corps d’infanterie. par préférence avant tous les autres (leurs droits sont
On donne vulgairement le nom de Cravate à di- réglés par les art. 2103 et suiv. du Code civ. ) ; et les
vers oiseaux remarquables par la couleur de leur Cr. hypothécaires, qui, à raison d’un droit d’hypo-
cou, tels que le Tyran, dit Cravate blanche; le Phi- thèque dont ils sont investis, ont le privilège d’être
lédon , ou Cr. frisé; l’Alouette du Cap, ou Cr, payés sur le prix des biens du débiteur : lorsqu’il y
jaune; le Trochilus nigricollis, ou Cr. noire. a plusieurs créanciers ayant des droits sur le même
CRAVATES (par corruption de Croates), nom que gage, on établit entre eux pour leur tour de paye-
l’on donnait, avant la Révolution, à certains régi- ment un ordre, d’après la date de leur inscription.
ments de cavalerie légère formés à l’imitation des CRÈATINE (du grec créas, chair), substance or-
cavaliers croates , qui passaient pour les meilleurs ganique, incolore et nacrée, découverte par M. Che-
soldats de cavalerie légère ; ils étaient composés en vreul dans le liquide dont la chair musculaire est
grande partie d’Allemands. On les plaçait en éclai- imprégnée et qu’on retrouve dans le sang et dans le
reurs sur les flancs de l’armée F ormée sous Louis XIV,
. bouillon. On la rencontre aussi dans l’urine. Elle
cette milice fut abolie en 1748. — On donne aussi renferme d’après l’analyse de M. Liebig , du car-
,

ce nom à des chevaux vigoureux tirés de Croatie. bone, de l’hydrogène, de l’azote et de l’oxygène
CRAVE ou coRACiAS, Fregilus, nom donné par Cu- dans les rapports de C®H*N®0* -f- 2 aq. Les alcalis
vier à un oiseau du genre Corbeau. Voy. choquard. la convertissent en urée.
CRAX, nom scientifique du genre Hocco. V. ce mot. CRÉATION, acte par lequel Dieu a tiré tous les
, CRAYONS (de craie, parce queles premierscrayons êtres du néant. L’idée de création, ainsi comprise,
ont été faits de cette substance) ,nom générique donné était inconnue aux païens, qui posaient en principe :
à plusieurs substances terreuses ou métalliques dont Ex nibilo nihil in nihilum nil posse rererti.
;
on se sert pour tracer des lignes et pour dessiner.
Les crayons le plus communément employés -au- Parmi eux, comme Xénophane, Parmé-
les uns,
jourd’hui sont les crayons de plombagine, substance nide Melissus prétendaient que le monde est éter-
, ,

métallique de couleur grise, improprement appelée nel, même dans sa forme ; les autres , comme Leu-
mine de plomb, et qui n’est autre chose qu’un car- cippe, Démocrite Épicure, enseignaient qu’il est
,

bure de fer fort tendre et facile à tailler. Pour les le résultat de la rencontre fortuite des atomes ; d’au-
fabriquer on se contentait autrefois de scier directe- tres , comme les brahmes de l’Inde et les Néoplato-
ment la plombagine en petits parallélipipèdes qu’on ciens, qu’il n’est qu’une émanation de la substance
incrustait ensuite dans des enveloppes de bois de cè- divine; les plus sages , comme Anaxagore , Socrate,
dre ou autre en 1795, furent inventés les crayons
;
Platon, admettaient que le monde, bien qu’éternel
Conté, ainsi appelés du nom de leur inventeur, et qui dans sa matière , avait eu besoin pour arriver à sa
se composent de plombagine réduite en poudre, puis forme actuelle d’un ordonnateur suprême , que Pla-
chauffée au rouge dans un creuset, et mêlée dans ton appelait le Démiurge.VaxmWei modernes, quel-
diverses proportions avec de l’argile. Depuis quelques ques-uns, comme Spinoza, Schelling, et tous les
années, on se sert aussi de petits bouts cylindri- Panthéistes, n’admettent d’autre existence que celle
ques de plombagine que l’on place dans des porte- de Dieu , de l’absolu, et sont par là conduits, comme
crayons métalliques. — Les crayons noirs pour des- Xénophane, à nier la création.
siner sont fabriqués de même avec une pâte argi- Le dogme de la création repose sur le texte de la
leuse très-fine, colorée avec du noir de fumée et Genèse ; on y lit dès le début : « Au commence-
cuite plus ou moins; ils sont ensuite moulés, les ment , Dieu créa le ciel et la terre.... Dieu dit :
uns en prismes, les autres en cylindres. On fait des « Que la lumière soit, et la lumière fut. » La Ge-
crayons noirs grossiers, pour les charpentiers ou nèse nous enseigne en outre que la création a été
les tailleurs de pierres , qui sont simplement taillés effectuée en six jours , et trace l’ordre dans lequel
dans une variété de schiste appelée ampélite ; on ont été créés les êtres divers. La Géologie est venue
emploie aussi pour cet usage des schistes argileux jeter un no\iveau jour sur ce sujet en faisant con-
grisâtres ou bleuâtres ; ces crayons viennent du naître les diverses révolutions du globe. On a de —
Maine , de la Bretagne et de la Normandie. On fa- Mosheim une dissertation De creatione ex nihilo ;
brique en outre, avec un mélange de savon, de cire M. l’abbé Waterkein a publié un savant livre inti-

et de suif coloré avec de la fumée, des crayons noirs tulé : La science et la foi sur l’œuvre de la créa-
dits lithographiques pour dessiner sur pierre. — tion, Liège, 1845.
Les crayons pour le pastel sont composés comme L’époque de la création a donné lieu chez les
ceux de Conté ; on appelle crayons de mine colorée chronologistes aux opinions les plus diverses. Des-
des crayons renfermés dans des étuis de bois comme vignoles a recueilli plus de 200 calculs différents sur
ceux de plombagine , dont la base est l’argile d’Ar- cette époque , tous fondés sur l’Écriture : selon une
cueil colorée avec du bleu de Prusse, du blanc de chronologie longtemps adoptée, d’après le calcul
plomb, du vermillon, de l’orpiment, etc. On fait aussi d’Ussérius la création aurait eu lieu 4000 ans avant
,

des crayons de pastel avec de la craie diversement J. -G.; lesauteurs de VArt de vérifier les dates la
colorée les crayons blancs sont de la craie purifiée
: placent à l’an 4963 , et cette opinion est suivie dans
par des lavages, broyée en pâte fine et débitée en ba- nos livres classiques. L’Église grecque compte 5508
guettes; les crayons rouges, vulgairement sangui- ans avant J. -G.; les Juifs n’en comptent que 3483.
nes. sont faits avec de la sanguine (fer oxydé, héma- GRÈGELLE ou cresselle (du grec crécélos, bruit
tite) pulvérisée, dont on fait une pâte à l’aide de colle désagréable, ou du lat. crepitaculum,hochet,sreioi)
de poissou et de gomme arabique. — On nomme moulinet de bois dont on tire un son aigre et bruyant
crayons d’ardoise ou crayons gris des crayons des- en l’agitant fortement avec la main , et dont on se
tinés à écrire ou à dessiner sur de l’ardoise : le plus sert au lieu de cloche le jeudi et le vendredi de la
souvent ce ne sont que des fragments d’ardoise tendre. semaine sainte. Les baladins, dans les foires, et quel-
CRËAC, un des noms de \' Esturgeon commun. ques marchands ambulants en font usage. Au moyen
CRÉANCIER. On appelle ainsi celui à qui il est dû âge, les lépreux étaient obligés, pour avertir les
, , ,

GRÉD — 441 — CRÉM


passants de leur approche , d’agiter une crécelle analogues existaient depuis longtemps en Allemagne
qu’on appelait tarlavelle ou tartarelle. et en Pologne, et nos économistes en avaient fait
CRÉCERELLE, Falco tinnunculus, espèce d’oi- apprécier tous les avantages ; mais c’est surtout aux
seau du genre Faucon, appelé vulgairement Émou- efforts persévérants de MM. Royer et Josseau qu’on
chet et Epervier des alouettes de la grosseur d’un doit leur introduction dans notre législation. Le 1er
pigeon , a les ailes longues , la tête et la queue de a publié en 1846 Des institutions de crédit fon-
:

couleur cendrée, le dos roux , et le ventre d’un blanc cier en Allemagne et en Belgique-, le 2®, en 1854 :

légèrement roussàtre, avec des taches oblongues Traité du crédit foncier, 1 vol. in-8.
brunes. Il est très-commun en France. Il se tient Crédit mobilier. Voy. mobilier (crédit).
dans les crevasses des vieilles murailles, et se nourrit Dans la Tenue des livres, il y a, pour tout compte
de souris, mulots, petits oiseaux, insectes, etc. courant, le crédit qui énonce les sommes ou valeurs
CRÈCERELLETTE, Falco tinnunculdides es- reçues par l’un des correspondants pour le compte
pèce du genre Faucon, différé de la Crécerelle ou de l’autre on l’inscrit sur le feuillet à droite ou
:

Emouchet par ses ailes atteignant l’extrémité de la recto du grand-livre; on l’oppose au débit, qui
queue, et par ses ongles, qui sont de couleur blan- énonce les valeurs ou sommes payées à valoir sur
che, tandis que l’Émouchet les a noirs. Elle est com- le crédit, et qu’on inscrit à gauche. — On appelle
mune en Espagne, en Italie et en Allemagne. Cr. ouvert l’autorisation donnée par un individu à
CRÈCHE, en italien greppia (du celtique krippe, un autre individu de disposer sur lui jusqu’à concur-
peigne, puis râtelier?), mangeoire à l’usage des bes- rence de telle somme, et pendant un temps déterminé.
tiaux. On appelle la sainte Crèche, ou absolument Dans la langue parlementaire, on appelle Cr. ex-
la Crèche, celle où l’enfant Jésus fut mis au mo- traordinaires, les fonds demandés par un ministre
ment de sa naissance dans l’étable de Bethléem. comme nécessaires pour faire face à une dépense qui
Dans ces dernières années, on a donné le nom de n’a pas été prévue ; Cr. supplémentaires, les fonds
Crèches à des salles destinées à recueillir les enfants demandés comme supplément à un crédit qui n’a
encore à la mamelle, auxquels leurs propres mères pas été assez largement doté lors du vote du budget.
viennent donner le sein à certaines heures de la jour- CREDO , nomsouslequel on désigne vulgairement
née. Cette institution charitable, dont la première le Symbole des Apôtres, parce qu’il commence par
pensée appartient à de Pastoret, a été mise à ce mot latin credo, je crois. Voy. symbole.
exécution par M. Marbeau : la crèche fut ouverte CRÉMAILLÈRE ( du grec cre'mad, suspendre),
à Paris le 14 nov. 1844 ; en moins de 6 ans, Paris en ustensile de ménage ordinairement en fer, qu’on
,

put compter près de 25, et l’institution se répandit scelle au fond des cheminées de cuisine, et qui,
promptement dans les départements. L’Autriche et muni de crans obliques, recourbé en crochet à son
l’Angleterre n’ont pas tardé à suivre l’exemple de la extrémité inférieure, sert à accrocher à diverses hau-
France. Cependant, quelques personnes contestent teurs au-dessus du feu les chaudrons dans lesquels
encore l'utilité de cette fondation. on veut faire cuire ou chauffer quelque chose. —
CRÉDENCE (du latin credere, confier), nom donné Par extension , dans les Arts, on a donné le nom de
dans nos Églises à la petite table ou support de mar- crémaillère à toute pièce garnie de crans dont la
bre et de métal fixé au mur près de l’autel, où l’on forme rappelle celle de \a.crémaillère.VàO Mécanique,
dépose les burettes qui servent à la messe ou à quel- on appelle ainsi toute barre dentée , ondée ou cré-
que cérémonie ecclésiastique. —
Ce mot se disait nelée sur sa longueur, destinée à se mouvoir par l’en-
autrefois de l’endroit où l’on tient les provisions de grenage d’un pignon ou d’une roue dentée, de ma-
bouche dans certains établissements publics, tels nière qu’elle transforme un mouvement de rotation
que couvents, séminaires, collèges, etc. On appelait en mouvement rectiligne ou de translation.
crédencier celui qui était chargé du soin de la cré- Dans l’Art militaire on appelle ouvrage à crémail-
dence et de la distribution des provisions de bouche. lère ,m\c ligne défensive de circonvallation tracée
CRÉDIT du latin creditum, participe neutre de
(
en forme de dents de scie , et propre à donner des
credere, confier). C’est la faculté que l’on possède de feux obliques et des feux croisés.
trouver des prêteurs, faculté qui est proportionnée à CRÈMANT ( de crème], épithète distinctive qu’on
la confiance que l’on inspire. Le crédit est dit privé, applique, en OEnologie, à une espèce de vin de Cham-
si l’emprunteur est un particulier; public, si c’est pagne qui se couvre d’une mousse blanche , légère
l’Etat qui emprunte. et peu abondante, fort estimée des amateurs.
Le Crédit public, ou la confiance inspirée par l’État, CRÈME, couche jaune et onctueuse qui se forme
a donné naissance à de nombreux emprunts qui con- à la surface du lait, par le repos dans un lieu frais
stituent la Dette publique Voy. ce mot) On consultera
(
. et tranquille ; cette couche augmente graduellement
utilement sur ce sujet les livres intitulés : Du crédit par le séjour du lait à l’air, et finit par devenir si épaisse
public et de son histoire, par Marie Augier, 1842; qu’on peut renverser le vase qui la contient sans
Histoire philosophique du crédit, par V. Avril, 1849. qu’il s’en écoule rien. Au bout de quelques jours, elle
Le Cr. privé donne lieu journellement à une foule perd sa saveur douce et onctueuse, et acquiert celle
de transactions, dont les unes sont purement com- d’un fromage gras; c’est ainsi qu’on obtient ce qu’on
merciales, lorsque le prêt est fait sur simple signa- appelle les fromages à la crème. — La crème est
ture, comme dans les billets à ordre de
les lettres d’autant plus abondante dans le lait qu’il est de
change, etc.; et dont les autres sont garanties par meilleure qualité; on a cherché les moyens de déter-
des immeubles donnés en nantissement le crédit
: miner la quantité de crème que contient le lait. On
est dit alors crédit foncier, crédit hypothécaire.
y est parvenu au moyen d’une éprouvette graduée
Le C>‘. foncier longtemps entravé en France par nommée Crémomètre, due à M. Quevenne. On a re-
J
les difficultés qumffraient aux particuliers les prêts marqué que, par un temps d’orage, la crème se sé-
hypothécaires , a pris son essor depuis la publica- pare du lait en moins de douze heures. Soumise à
tion du décret du 28 févr. 1852, qui a autorisé la l’agitation dans une baratte ou dans un autre vase
formation de sociétés de crédit foncier. Ces sociétés approprié la crème perd de son onctuosité , et le
,
ont pour objet de fournir aux propriétaires d’immeu- beurre qu’elle renferme se sépare sous forme de gru-
bles qui voudront emprunter sur hypothèque la meaux qui peu à peu s’agglomèrent.
,
possibilité de se libérer au moyen d’annuités à long On fait avec du lait et des jaunes d’oeufs un mets
terme ; elles ont le droit d’émettre des obligations délicat que l’on sert en entremets et qu’on nomme
en lettres de gage. Pour faciliter leurs opérations, crème : il y a des crèmes au café, au chocolat , au
l’Etat et les départements peuvent acquérir une cer- caramel, etc. —
La crème fouettée est de la bonne
taine quantité de ces lettres de gage. —
Des sociétés crème de lait qu’on fait élever en mousse en la fouet-
, , , ,

CRÉO — 442 — CREP


tant avec de petits osiers. On y fait entrer du sucre guérison des ulcères. Elle a été découverte par Rei-
en poudre, de la gomme adragant, de l’eau de fleurs chenbach en 1833.
d’oranger, de la vanille, etc.;on la colore quelquefois. CRÊPE (du latin crispus, frisé , ondé), étoffe de
On donne encore le nom de crème à diverses sub- soie crue ou de laine fine, claire, légère et non croi-
stances qui ont quelque ressemblance avec la crème : sée, qui se fabrique, comme la gaze et les autres
ainsi, on appelle Cr. de riz, une sorte de bouillie étoffes non croisées, sur le métier à deux marches. Il
rafraîchissante faite avec de la farine de riz; — Cr. y a des crêpes crêpés et des crêpes lissés, des crêpes
de chaux, la pellicule blanche de carbonate de chaux simples et des crêpes doubles, selon que la chaîne
qui se forme sur beau de chaux au contact de Tair; est plus ou moins tordue. On crêpe en trempant
— Cr. de tartre le bitartrate de potasse , etc dans l’eau l’étoffe au sortir du métier, et en la frot-
CRÉMENT (de crementum, accroissement), aug- tant avec un morceau de cire préparée. On la blan-
mentation du nombre des syllabes qui a lieu dans les chit ou on la teint ensuite sur le cric, à froid;
mots latins quand on forme les cas d’un nom ou les puis on lui donne l’eau gommée. La plus grande
temps d’un verbe le crément tombe sur les sylla-
: partie des crêpes se font à Lyon et à Avignon. —
bes qui sont placées entre désinence :
le radical et la Pris absolument , crêpe se dit du morceau de crêpe
ainsi, hominis, génitif dVmwio, a un crément, mi, noir que l’on porte en signe de deuil , et qui se met
hominibus en a deux, mi et wf; legeram, plus-que- ordinairement au chapeau; les militaires portent la
parfait de lego, a un crément, ge; legeramus en crêpe au bras. — On donne aussi le nom de crêpe
a deux, ge et ra. à une pâte grasse, plus délayée que celle des beignets,
CRÉMOMÈTRE. Voy. crème. et qu’on fait cuire en l’étendant sur la poêle.
CREMONE, espèce à’espagnolette. Voy. ce mot. CREPI (du latin crispus, crépu , à cause de l’iné-
CRENEAUX (de cran), nom donné, au moyen galité du crépi ) , couche de mortier ou de plâtre
âge, à la maçonnerie dentelée qui couronnait les qu’on jette sur un mur avec la truelle ou avec un
murailles des châteaux forts. Quelquefois on tendait balai. Le crépi diffère de l’enduit proprement dit en ce
d’un créneau à l’autre une sorte de clayonnage ap- qu’il n’est pas lissé comme ce dernier avec la truelle,
pelé hourdis, qui protégeait l’archer combattant sur et reste raboteux; il porte aussi le nom de gobetis.
l’embrasure ou archière. On appelait châteaux cré- CRÉPIDE (du latin crepidd), espèce de chaussure
nelés cms dont les défenses s’entrecoupaient de cré- antique qui était ferrée et qui ne couvrait pas tout
neaux. — Les créneaux ont été considérés jusqu’à le pied. Chez les Grecs c’était celle des philosophes,
,
la Révolution comme un droit nobiliaire ils se trou- et chez les Romains celle du peuple. On connaît le
;
vent au nombre des meubles de blason. proverbe Ne sutor supra crepidam ; le cordonnier
:

CRENELE se dit, en Botanique, des organes planes ne doi t juger que de la chaussure chacun son métier.
:

des végétaux chez lesquels le bord offre des lobes CRÉPIDE, Crépis genre de plantes de la famille
très-courts , arrondis , et séparés par des sinus très- des Composées , tribu des Chicoracées , renferme im
aigus et peu profonds. grand nombre d’espèces, qu’o» trouve communé-
CRENEQUIN. Voy. craneqdin. ment autour des habitations dans tous les pays tem-
CRENILABRE (de crena, fente, et labrum, lèvre), pérés. La Cr. rouge ou Barkausie {Cr. fætida) est
Crenilabrus genre de poissons Acanthoptérygiens une plante originaire d’Italie, et qui, froissée ou
de la famille des Labro'ides, est caractérisé par son simplement remuée , répand une odeur désagréable.
préopercule dentelé, ses lèvres épaisses et charnues, Sa fleur est d’un rose foncé , large d’environ 4 cen-
et ses mâchoires armées de dents coniques et sur un timètres. Ses feuilles sont longues, fortement échan-
seul rang. Le Cr. Paon
(
Cr. Pavo), poisson de la crées et armées de pointes. On a encore la Cr. des
Méditerranée, doit son nom à ses hrillantes couleurs. toits, la. Cr. bisannuelle, la Cr. des Alpes, etc.
CREOLE (qu’on dérive de l’espagnol criollos, nom CREPINE, ouvrage de passementerie en or, ar-
que les premiers Nègres exportés d’Afrique don- gent ou soie, à jour par le haut et pendant en grands
naient à leurs enfants nés dans le nouveau monde). filets ou franges par en bas. — Les bouchers appel-
Cette dénomination, appliquée d’abord aux habi- lent ainsi la toile de graisse qui couvre la panse de
tants des possessions espagnoles et portugaises nés en l’agneau ou du veau et qu’on étend sur les rognons.
Amérique de parents blancs , a été depuis étendue à CREPINS (de S. Crépin, patron des cordonniers),
tous les habitants issus aux colonies de parents eu- toutes les fournitures à l’usage des cordonniers.
ropéens. Les créoles sont , en général , bien déve- CREPITATION (du latin crepitare, craquer), bmit
loppés, d’une taille mince, d’une constitution plutôt d’une flamme qui pétille ou du sel projeté sur le feu.
maigre que grasse , plutôt délicate que robuste — En Chirurgie, on exprime \<aT crépitation le bruit
d’un caractère vif, fier et impérieux; leur teint est que produisent les parties d’un os fracturé, lorsque
souvent livide et plombé ; cette pâleur est attribuée l’on imprime quelque mouvement au membre. — La
à l’action augmentée de l’appareil biliaire et à la crépitation est encore le bruit produit par l’air ou
diminution du sang. Leurs passions sont ardentes à tout autre gaz dans les cellules pulmonaires cette
:

l’excès. Cependant les femmes créoles sont, en ap- crépitation se remarque dans la pneumonie au pre-
parence, faibles et indolentes. Les créoles espagnols, mier degré et dans l’œdème du poumon.
cornme aujourd’hui encore les hommes de couleur, CREPON (de crêpe), étoffe de laine ou de soie
étaient autrefois traités avec mépris par les Espa- non croisée, à chaîne torse et trame simple, frisée
gnols venus d’Europe. Ce n’est qu’en 1776 qu’une comme le crêpe, mais beaucoup plus épaisse , et qui
ordonnance de Charles III les rendit aptes à remplir se fabrique de la mêmé manière. Elle se tisse ordi-
les fonctions civiles, ecclésiastiques et militaires. nairement en blanc, et se teint ensuite en différen-
CREOPHAGES (du greccréophagos, mangeur de tes couleurs, surtout en noir. Il sert principalement
chair), famille des Coléoptères de M. Duméril, ré- pour faire les soutanes des ecclésiastiques et les robes
pondit à celle des Carabiques. Voy. ce mot. du palais. On en fabrique à Naples et en Suisse: le
CREOSOTE (du grec créas, chair, et sozâ, conser- crépon de Zurich est le plus estimé.
ver), huile très-caustique contenue dans la fumée et CREPS, dit aussi Craps ou Krabs, jeu de dés qui
dans les produits de la distillation sèche des matières se joue à deux ou à plusieurs personnes,avec trois dés
végétales, comme le vinaigre de bois et le goudron. et un cornet. Pour savoir qui aura le dé , l’un des
Elle a la propriété de préserver de la putréfaction la joueurs met les dés dans un cornet et les lance :
chair et d’autres matières animales ; c’est à elle que s’il amène un nombre pair, il garde le cornet ci sert ;
la ^mée doit ses propriétés antiseptiques. On l’em- s’il amène un nombre impair, il livre 1e cornet au
ploie contre les maux de dents et pour arrêter les second joueur. Celui qui a le dé annonce alors le
hémorragies. On s’en sert aussi avec succès pour la |
point sur lequel il veut que roule tout le jeu : c’est
, ,
, ,
,

GRES — 443 — CRÉT


ce qui s’appelle donner la chance, elle ne se donne jaune foncé, et donne un fruit rond ou ovale de la
que depuis 5 jusqu’à 9. Si du premier coup il amène grosseur d’un citron, qu’on nomme cohyne.
le point de chance, il ramasse l’enjeu ; s’il amène CRESSE, Cressa, Cretica, espèce du genre Liseron.
quelque autre point, celui-ci devient l’opposé du point CRESSERELLE , cresserelette , espèces d’oi-
de chance, et dans les coups suivants le point de seaux. Voy. CRÉCERELLE , CRÉCERELLETTE.
chance est au bénéfice des adversaires, qui ont contre CRESSON (en allemand kresse), nom donné à di-
eux le point amené en opposition au point de chance. verses plantes appartenant presque toutes à la famille
En outre, il y a des coups dont l’apparition est tou- des Crucifères, et remarquables par leurs propriétés
jours fatale à celui qui tient le cornet : tels sont les diurétiques, antiscorbutiques et dépuratives. Le vrai
points 2, 3, 11 et il Ce jeu nous vient de l’Angle- cresson est le Cr. de fontaine (Sisymbrium nastur-
terre; il varie suivant les lieux ou le caprice' des fjMw), plante vivace du genre Sisymbrium, qui croît
joueurs. Il ne se joue guère que dans les maisons naturellement au bord des eaux courantes. Sa fleur
do jeu, et est rangé parmi les jeux prohibés. blanche a la forme d’une croix latine; son feuillage,
CREPUSCULAIRE (cercle), se dit, en Astrono- d’un vert foncé, aune saveur aromatique et piquante :
mie, d’un petit cercle abaissé au-dessous de l’horizon on le mange en salade; en médecine, il entre dans la
de 18 degrés sexagésimaux, et qui lui est parallèle : composition An jus d’herbes. Il paraît devoir ses pro-
c’est le cercle limite des crépuscules. priétés dépuratives à une certaine proportion d’iode.
CRÉPUSCULAIRES (de crépuscule parce que d’oi'di- Plusieurs plantes connues sous le nom de Cres-
naire ces insectes ne sortent que le soir) , famille d’in- son appartiennent à des genres différents : tels sont
sectes Lépidoptères, reconnaissables à leurs antennes lo le Cr. alénois [Lepidium sativum), dit aussi par
fusiformes, à la grosseur de leur corps relativement corruption Cr. à la noix, plante annuelle du genre
aux ailes, à leurs 6 pattes, propres à la marche, et à Lépidier, qui pousse très-rapidement et dont les jeu-
des ailes qui sont en toit dans le repos, et sont retenues nes feuilles, à raison de leur saveur piquante , s’em-
par un crin fixé aux ailes inférieures et entrant dans ploient fréquemment pour l’assaisonnement des sa-
une coulisse des supérieures. Toutes leurs chenilles lades : il est originaire de Perse ,
et se cultive dans
ont 16 pattes, et leurs chrysalides sont toujours mu- les jardins; son nom vient probablement de la forme
tiques et conico-cylindriques. Les Crépusculaires se de ses feuilles pinnatifides, déchiquetées en forme
divisent en Sphingides Sésiéides et Zygénides.
,
A’alênes;2°\e Cr. des prés [Cardamine pratensis)
CRÉPUSCULE (du latin crepusculum, qui dérive dit aussi Cr. élégant, qui s’emploie aux mêmes
de creperus, incertain ; sous-entendu lux, lumière) usages ( Voy. cardamine) ; 3“ le Cr. de roche ou Saxi-
lumière qui se répand dans l’atmosphère quelque frage dorée ; 4» le Cr. de terre ou Érysimum pré-
temps avant le lever et après le coucher du soleil. coce ; 5® le Cr. du Pérou ou Grande Capucine, etc.
Dans le 1er cas,
il reçoit le nom particulier à’ aurore; On appelle cressonnière un lieu baigné d’eau où
dans il conserve celui de crépuscule. Ce phé-
le 2®, l’on fait croître du cresson. Les premières cresson-
nomène a lieu lorsque le soleil est abaissé au-des- nières artificielles ont été faites en Allemagne; l’u-
sous de l’horizon d’environ 18 degrés : ses rayons sage en a été introduit en France en 1810.
frappent alors la partie supérieure de l’atmosphère CRÉTACÉ (terrain), de creta, craie, terrain qui
qui nous les renvoie. Le crépuscule dure plus long- se divise en plusieurs étages, et qui comprend les
temps dans les solstices que dans les équinoxes. Dans différentes variétés de craie, et, en ouLe , les mar-
les pays circumpolaires, il dure toute la nuit. nes, les argiles, les sables et les autres calcaires.
CRÉQUIER , espèce de prunier sauvage. — En C’est dans la partie inférieure du terrain crétacé que
termes de Blason, c’est un arbre nain et sauvage en se trouvent les sources qui alimentent les puits ar-
forme de chandelier à sept branches. La maison de tésiens. Les montagnes formées par ce terrain sont
Créqui portait un crêquier de gueules en champ d’or. toujours arrondies et terminées par des plateaux
CRESANE ou crassane, sorte de poire fondante plus ou moins vastes.
d’un excellent goût. Voy. poire. CRÊTE du latin crista , signif. ) . Ce mot
même
(
CRESCENDO , mot italien qui signifie en crois- désigne proprement la caroncule rouge et charnue
sant, et qui exprime que la force du son doit être qui s’élève sur la tête de quelques oiseaux , surtout
augmentée graduellement. C’est un des effets les du coq, et qui est plus ou moins considérable, sui-
plus heureux et les plus employés de la musique. Il vant la race ouïes individus; les poules ont aussi une
s’applique à la voix comme aux instruments , aux crête, mais en général plus petite que celle du coq.
plus simples traits de mélodie comme aux effets les Les espèces qui ont une huppe ont la crête beaucoup
plus éclatants des chœurs et des orchestres. Les sym- plus petite , et quelquefois même n’en ont pas.
phonies et les ouvertures d’opéras se terminent pres- En Botanique, on appelle Crête de coq une belle
que toujours par un crescendo. variété d’ Amarante {Voy. amarante) et plusieurs
CRESCENTIE ( du nom de Crescenti, agronome plantes de la famille desPersonnées. Voy. rhinanthe.
italien), dite aussi Calebassier, genre de plantes En Géologie, on donne le nom de crête à la partie
placé par Jussieu dans la famille des Solanées, mais la plus élevée du sommet d’une montagne. La crête
devant appartenir, suivant d’autres, à la famille des est en général très-marquée dans les montagnes &
Rignoniacées, se compose d’arbrisseaux indigènes de couches inclinées.
l’Amérique équatoriale, dont les fleurs sont généra- CRETELLE DES PRÉS ,
Cynosurus cristatus
lement grandes, la baie très-grosse, à une loge, à espèce de Graminée commune dans les prés, appar-
écorce dure; la pulpe est succulente et aigrelette. La tient au genre Cynosurus. Vorj. cynosure.
Crescentie à longues feuilles est un arbre au tronc CRÉTINS. On appelle ainsi des individus de l'es-
tortueux , à l’écorce ridée , au bois blanc et coriace. pèce humaine disgraciés de la nature , et de l’idio-
Les fleurs qui pendent aux rameaux sont solitaires tisme le plus complet ; ils sont généralement de pe-
d’un blanc pâle et d’une odeur désagréable. La tite taille , de complexion scrofuleuse , ont la tète
pulpe du fruit préparée est recommandée aux per- petite, aplatie aux régions temporales, le nez épaté,
sonnes affectées de maladies de poitrine. Mangée la mâchoire béante et laissant écouler la salive, la
dans son état naturel, elle est regardée comme un langue épaisse et pendante, les yeux rouges et chas-
excellent vulnéraire. Avec la coque de son fruit, les sieux, les paupières très-grosses, les chairs flasques,
nègres fabriquent de jolis vases et des ustensiles de la peau flétrie, ridée, jaunâtre ou pâle; les sens, ex-
ménage , qu’ils gravent et qu’ils peignent avec plus cepté la vue , très-obtus ; un goître plus ou moins
ou moins de goût :ces vases sont assez durs et assez volumineux ,
et les organes de la génération très-
imperméables pour contenir du vin et des liqueurs. développés. Les crétins sont indolents , apathiques,
La Cr. à larges feuilles a des fleurs petites, d’un d’une malpropreté dégoûtante, lascifs ; mais tous ne
, , , , — ,

CREV — 44.4, — CRIC


présentent pas à un égal degré cet état de dégrada- gwef aux plus belles de ces crevettes; la Cr. ZocMSte,plus
tion physique et morale. On trouve beaucoup de rare en France qu’en Angleterre, et qui est phospho-
crétins dans les vallées basses, profondes et étroites rescente ; la Cr. des ruisseaux ou Squille aquati-
du Valais, dans la vallée d’Aoste, la Maurienne, dans que, qu’on trouve dans les sources aux environs de
une partie du Tyrol, de l’Auvergne et des Pyré- Paris : elle est petite, et nage toujours sur le flanc.
nées. Les races affectées de cette infirmité sont con- La Crevette donne son nom
à la famille des Cre-
nues dans quelques localités sous les noms de Ca- vettines, qui est partagée par M. Milne-Edwards en.
gots, de Caqueux, etc. Le crétinisme, qui est souvent deux tribus : les Crevettines sauteuses , comprenant
héréditaire, paraît tenir particulièrement à l’habi- les Crevettes, les Talitres, les Orchesties; et les Cr.
tation dans les vallées profondes et humides. On l’a marcheuses, dont les genres principaux sont les Co-
aussi attribué à la crudité des eaux , à la prédomi- rophies, les Alyles et les Podocères.
nance dans le sol de la craie, de la magnésie, à l’ab- CRI. On appelle Cri d’armes la devise que les sei-
seucede l’iode soit dans l’eau,soit dans l’atmosphère; gneurs féodaux faisaient graver ou peindre sur leurs
mais les causes n’en sont pas encore bien connues. armes , et qui , sur le champ de bataille , servait de
Quant au nom de crétins, les uns le dérivent de chré- mot de ralliement. Celui des anciens rois de France
tien, parce que dans les temps reculés on vénérait était Montjoie et St-Denis; celui des premiers ducs
ces infortunés comme des saints; les autres, de creta, de Rourgogne, Chastillon au noble duc; celui de la
craie, parce qn’on attribuait leur mal à l’influence maison de Savoie, quelquefois Savoie, quelquefois
des eaux crétacées ; d’autres le font venir de crête Saint-Maurice et souvent Bonnes-Nouvelles ; les
parce qu’ils habitent près delà crête Aa montagnes. ducs de Bretagne criaient Saint-Malo au riche
:

CRÉTIQUE (vers). Voy. amphimacre. duc; ceux d’Auvergne, Clermont au Dauphin d’Au-
CRETONNE (de Creton, fabricant normand qui vergne; ceux de Brabant, Louvain au riche duc; les
fit le premier cette toile, il
y a environ deux siècles), seigneurs de Coucy, Coucy à la merveille ; les comtes
sorte de toile blanche très-forte qui se fabrique dans de Flandre, Flandres au lion; les rois de Navarre,
les environs de Lisieux , est faite en entier avec du Bigorre, Bigorre, comme issus des anciens comtes de
fil de lin, sur une chaîne de fils de chanvre. Il
y a ce nom, etc. Tous les gentilshommes n’avaient pas
des cretonnes de toutes les qualités, fines, moyen- le droit du cri d’armes c’était un privilège qui n’ap-
;

nes et grosses. On s’en sert pour le linge de corps, partenait qu’aux chevaliers bannerets.
surtout pour les chemises. Il ne faut pas confondre le cri d’armes avec le cri
CRETONS, résidu des pellicules qui contenaient de guerre, qui a été employé de tout temps, et qui
le suif avant qu’on Teût fondu on en fait des pains
;
le plus souvent, surtout chez les anciens, n’était
pour les chiens de basse-cour et les chiens de chasse. qu’une clameur confuse. C’était aussi quelquefois une
Les corroyeurs et les hongroyeurs s’en servent pour phrase courte ou un mot expressif, ou bien le nom
adoucir leurs cuirs. On appelle cretonniers ceux qui d’un saint ou celui du chef. Le cri de guerre n’existe
achètent les résidus de suif pour en tirer le creton. plus aujourd’hui chez les peuples civilisés; le cri
CREUSET (dérivé de creux), vase généralement d’armes s’est conservé dans les armoiries.
fait de terre réfractaire (silicate d’alumine, de chaux CRIS SÉDITIEUX. L’ article 8 de la loi du 25 mars
et de fer) , quelquefois en porcelaine, en platine, en 1822 punit d’un emprisonnement de six jours à deux
plombagine ou en fonte, qu’on emploie dans les la- ans et d’une amende de 16 fr. à 4,000 fr. tous cris
boratoires de chimie et dans plusieurs arts industriels séditieux publiquement proférés.
pour fondre ou calciner certaines substances. Il a or- CRIBLE , machine destinée à nettoyer les grains
dinairement la forme d’un cône tronqué, fermé à son des ordures avec lesquelles ils sont mêlés, se compose
sommet, arrondi ou triangulaire et ouvert à sa base. d'un cercle en bois nommé cerche, de 10 centim. de
Les meilleurs creusets en terre viennent d’Allema- large environ, et d’une peau de porc, d’âne, de che-
gne, et sont connus sous le nom de creusets de Hesse: val ou de mouton, préparée par le parchcminier, et
ils résistent à des températures d’autant plus élevées tendue sur le cerche cette peau est percée de trous
:

qu’ils contiennent moins de chaux et d’o,xyde de fer. faits à l’emporte-pièce. H y a des cribles de plusieurs
Le chimiste allemand Glauber recommanda un des dimensions ; les petits se tiennent des deux mains
premiers l’usage des creusets de Hesse. Ou distingue comme les tamis du droguiste; les grands se suspen-
trois espèces de creusets : 1° les Cr. poreux, qui sont dent au plancher par trois cordons.
les plus réfractaires les Cr. désoxydants, propres à
;
On appelle encore Crible une planche percée de
la réduction des oxydes métalliques; les Cr. com- trous, destinée à maintenir les tuyaux dont les em-
pactes, qui sont fort sujets à se fendre. Voy. coupelle. bouchures sont placées dans le sommier de l’orgue.
CREVETTE [A’ écreoisse) ,
Gammarus, genre de Ou appelle Crible d’Ératosthène une méthode
petits Crustacés section des Cystibranches, appelés
,
inventée par ce mathématicien pour déterminer les
aussi Chevrettes et Salicoques et assez semblables nombres premiers. Elle consiste à exclure de la suite
à de petites écrevisses. Les Crevettes ont pour ca- des nombres naturels : 1, 2, 3, 4, etc., tous ceux
ractères : un corps allongé, la tête petite et arrondie, qui ont des diviseurs ; les nombres restants sont
des antennes et à trois articles , situées au devant de alors nécessairement des nombres premiers.
la tête ,
entre les yeux de médiocre grandeur, qua- CRIC (par onomatopée), machine destinée à sou-
torze pieds, dont les quatre antérieurs sont terminés lever des fardeaux, se compose généralement d’une
par une main large, comprimée, pourvue d’un fort barre de fer formant crémaillère et dans laquelle
crochet , susceptible de mouvement ; les suivants s’engrène un pignon que l’on fait tourner sur son
finissant insensiblement en un doigt simple et légè- axe au moyen d’une manivelle. On met au cric un
rement courbé dans quelques-uns; l’abdomen est cliquet qui , entrant dans une des dents du pignon,
pourvu de longs filets, très-mobiles, placés de chaque l’empêche de tourner lorsque la machine, ayant pro-
côté du dessous de la queue, qui est terminée par trois duit son effort, le poids agirait pour redescendre.
paires d’appendices allongés. Ces crustacés sont très- On appelle Cr. à noix un appareil dont se servent
communs sur le bord de la mer et même dans les les emballeurs, les voituriers, les rouliers , pour ser-
eaux douces courantes; ils sont très-agiles et très- rer les ballots, malles, paquets et colis, de façon à
voraces ; ils se nourrissent d’insectes, de végétaux, résister aux secousses et aux cahots de la voiture ;
de poissons et de débris d’animaux. Les espèces les Cr. à vis, un instrument servant aux mômes usages,
plus connues sont : la Cr. marine, qu’on pêche en qui se compose de deux crochets à écrous, tenant les
abondance sur les côtes de Normandie et d’Angle - deux bouts d'une chaine et qu’on rapproche au
terre, et qu’on sert sur nos tables comme un mets moyen d’une barre de fer ronde travaillée en vis.
délicat {Voy. crangok) : on donne le nom AeBou- CRICOIDE (du grec cncos, anneau, et eidos.
( , , ,

CRIN — 445 — CRIS


forme), un des cartilages du larynx , représente une corps allongé, cylindrique, grêle, aminci aux extré-
espèce d’anneau qui occupe la partie inférieure de mités, et dont la tête est garnie de deux tubercules
cet organe, et qui a plus de hauteur en arrière qu’en latéraux. Le Cr. tronqué se rencontre dans les in-
avant. Sa surface intérieure est tapissée parla mem- testins du cheval et souvent dans les parois de ses
brane muqueuse du larynx. grosses artères. On le trouve aussi dans le chien.
CRI-CRI , nom vulgaire du Grillon. Voy. ce mot. CRINUM , nom latin du genre Crinole.
CRIÉE , vente publique de biens, meubles ou im- CRIOCÉRE (du grec crios, bélier, et céras,
meubles, faite aux enchères [Voy, enchère). —
On corne) , genre de Coléoptères nuisibles à l’agriculture,
appelle au Palais audience des criées, celle qui est est plus connu sous le nom de Lema. Voy. ce mot.
consacrée à l’adjudication des immeubles, tant sur CRIQUE , petite baie qui forme un port naturel
expropriation forcée que sur vente volontaire. où les petits bâtiments peuvent se mettre à l’abri.
CRIËIJRS PUBLICS. D’après les lois du 10 juillet Dans l’Art militaire, on donne ce nom à des fossés
1830 et du 16 fév. 1834 , nul ne peut exercer même que l’on creuse en différents sens dans les environs
temporairement la profession de crieur sur la voie des places fortes, pour couper le terrain de façon que
publique , sans autorisation préalable de l’autorité l’ennemi ne puisse y conduire des tranchées.
municipale. Cette autorisation peut être retirée. CRIQUET, Acridium, genre d’insectes Orthoptè-
Toute contravention est punie d’un emprisonnement res famille des Acridiens de Latreille ( Sauteurs de
,
de six jours à deux mois pour la première fois, et de Cuvier) tête ovale, emboîtée à sa partie postérieure
:

deux mois à un an en cas de récidive. dans le corselet; yeux ovalaires, saillants; antennes
CRIME (du latin crimen), toute violation grave de cylindriques, filiformes; mandibules garnies d’un
la loi morale, religieuse ou civile. En Droit, on qualifie grand nombre de dents aiguës, propres à couper et
crime tout attentat dirigé contre les personnes, les à broyer ; ailes très-développées et dépassant sou-
biens ou la sûreté publique, toute infraction que la loi vent l’abdomen. Les Criquets sont agiles ils mar- :

punit d’une peine alllictive ou infamante (Code pén., chent mal , mais sautent avec beaucoup de facilité.
art. 1); on oppose \e. crime sm délit et à la simple con- Us font de grands dégâts dans les campagnes. Ils
travention qui tombent sous la juridiction des tribu- voyagent de pays en pays, ce qui leur a valu le nom
naux correctionnels. Le crime peut entraîner la peine de Sauterelles de passage. On remarque surtout
de mort réelle ou civile, les travaux forcés à temps ou à l’espèce appelée Cr. voyageur {A. migratorium), au
perpétuité,la déportation, laréclusion,la dégradation. corps verdâtre, aux ailes grisâtres, tachetées de brun,
CRIN (du latin crinis, cheveu), poil rude, long et aux jambes roses; ses ailes étendues ont plus de 1 dé-
flexible, d’une substance analogue à celle delà corne cimètre d’envergure. Dans plusieurs contrées du Le-
et des ongles, qui forme la crinière du cheval, et vant on grille le Criquet, on le sale et on le mange.
qui se trouve à la queue de cet animal et de quel- CRISÈ (du grec crisis jugement, décision). En
ques autres quadrupèdes (àne, mulet, yack, etc.). Médecine ,
on nomme ainsi un changement, le plus
On en fait un grand usage dans les arts et dans l’in- souvent favorable , qui survient dans le cours d’une
dustrie. Dans le commerce, on distingue le crin maladie , et qui s’annonce par quelques phénomènes
plat, qui est droit et tel qu’on le prend sur l’ani- particuliers , comme une excrétion abondante, une
mal, et le crin crépi, qui a été d’abord filé et tordu hémorragie considérable , des sueurs , un dépôt
comme une côrde, et qu’on a fait ensuite bouillir dans les urines, etc. On explique les crises par le
pour le friser. Ce dernier sert à garnir les mate- retour des fonctions au rhythme normal : c’est un
las, à rembourrer les fauteuils, les coussins, les effet de la diminution de l’état morbide qui avait
selles, etc. Le crin plat sert aux luthiers pour garnir enrayé le mouvement vital dans certains organes,
les archets, aux boutonniers pour couvrir les bou- particulièrement dans les organes sécréteurs.
tons; on en fait aussi des étoffes dites crinolines, Mesmer donnait le nom de crises aux phénomè-
qui servent à couvrir' les meubles, à faire des cols, nes nerveux qui se développaient dans les personnes
des sacs, à garnir des jupes, etc. : la chaîne de ces qu’il soumettait au traitement magnétique.
étoffes esten fil et la trame en crin. La France, la CRISPATION ( du latin crispare, rider, froisser),
Russie et l’Amérique sont les contrées d’où l’on tire contraction faible et involontaire des muscles.
le plus de crins. CRISPIN, nom d’un valet de comédie, est devenu
On a donné le nom de crin végétal aux fibres pré- un type c’est le comédien Poisson qui introduisit
:

parées de V agave, de \a.zostère, de \a.caragate, du les Crispins sur la scène. —


On donne aussi ce nom
palmier nain, à certaines préparations de sparte- à un manteau court à l’espagnole , fait à l’imita-
,

rie, etc., à l'aide desquelles on a cherché à rem- tion de celui que portent ordinairement les Crispins.
pbicer le crin animal, dont le prix est assez élevé. CRISTAL (du grec crystallos,g\o.ce). On nomme
CRINIÈRE. Cet ornement, qui chez le cheval cou- ainsi, en Minéralogie, tout corps ayant une forme ré-
vre la partie supérieure du cou, entoure la tête en- gulière et terminé par des faces planes , ordonnées
tière dans le lion. Chez ce dernier, elle est seule- symétriquement autour de certaines lignes idéales
ment l’apanage du mâle. appelées 2 a:es, qu’on peut concevoir dans l’intérieur
CRINOIDES (du grec crinon^ Iis, et eidos, forme, des cristaux. Lorsqu’un corps cristallise dans les
à cause de leur ressemblance avec cette fleur), nom mêmes circonstances, il prend toujours la même
donné par Muller à la grande famille des Encrines, forme cristalline ; si, au contraire, les circonstances
zoophytes radiaires de la classe des Éebinodermes. varient, on obtient des cristaux différents l’alun :

CRINOLE , Crinum, genre de la famille des Ama- cristallise dans l’eau en octaèdres réguliers ; cristal-
ryllidées, renferme des plantes indigènes à Tlnde, lisé dans un liquide alcalin , il se présente en cubes.
au Cap de Bonne-Espérance et à l’Amérique du Nord. Toutefois, ces formes différentes ont entre elles des
Elles se distinguent par un bulbe plus ou moins relations déterminées elles appartiennent uuméme
:

gros, des feuilles amples et d’un beau vert, une système d’ axes c.-à-d. que si les faces de l’octaèdre
hampe droite, haute, terminée à son sommet par sont symétriquement placées autour de trois axes
de grandes fleurs d’un blanc éclatant , disposées en qui se coupent en un point à angle droit , les faces
ombelle. Le fruit est une capsule triloculaire , à du cube présentent une disposition également symé-
graines grosses, arrondies , bulbiformes. L’espèce la trique autour de ces mêmes axes. En général lors- ,

plus connue est le Cr. d’Asie, à fleurs blanches; qu’un cristal éprouve une modification sur une par-
son bulbe est employé comme émétique et guérit les tie quelconque, sur une arête ou sur un angle, la
blessures faites avec des armes empoisonnées. même modification se reproduit sur toutes les parties
CRINOLINE , étoffe en crin. Voy. crin. semblables. —
Les nombreuses formes qu’un corps
CRINON, Crino, genre de Vers entozoaires, au affecte peuvent toutes se ramener à une seule forme
— ,

CRIS — 446 CRIS


primitive, dont les arêtes et les angles se modifient, Si Ton dissout un sel dans Teau , et qu’on enlève
suivant les circonstances, d’après cette loi de symé- ensuite une certaine quantité de ce liquide par l’é-
trie : ainsi, le carbonate de chaux se rencontre dans vaporation , le sel, au moment de se séparer prend
,

la nature sous des formes excessivement variées, souvent la forme cristalline. Si Ton fait fondre un
mais qui toutes dérivent du rhomboèdre; ces formes métal , le bismuth par exemple, et qu’on le laisse
dérivées sont dites formes secondaires. ensuite refroidir lentement en décantant la partie
On appelle Système cristallin, l’ensemble des encore liquide dès que le reste s’est concrété, on ob-
formes secondaires qui dérivent d’une seule et tient de beaux cristaux de ce métal. La cristallisa-
même forme primitive. On choisit Informe primitive tion est, en général, d’autant plus parfaite, qu’elle
parmi les types les plus simples, ordinairement —
est plus lente. Les cristaux qui se déposent au sein
parmi les formes parallélipipédiques ou prismes à 4 de l’eau en retiennent souvent en combinaison une
faces : tels sont le cube, le prisme droit à base carrée certaine quantité; la proportion de cette eau de
ou à base rectangulaire, le^rhomboèdre, le prisme cristallisation est toujours la même pour le même
oblique à base rbombe ou à base de parallélogramme sel à la même température. C’est à. sa présence que
obliquangle. V. cristallisation et cristallographie. les sels doivent la propriété de s’eflleurir au contact
CRISTAL, espèce de verre remarquable par sa beauté de Tair sec, comme cela a lieu, par exemple, pour la
et sa transparence. On distingue: l^le cristal ordi- soude ou le sel de Glauber : ces sels perdent alors leur
naire, verre à base de plomb, qui se fait avec du transparence et se réduisent en poussière par l’effet
sable blanc , de la potasse et du minium ; il se re- de la perte de leur eau de cristallisation. Celle-ci
connaît à sa grande pesanteur spécifique qui varie leur communique aussi la propriété de se liquéfier
de 2, 9 à 3, 3 ; 2° le cristal de Bohême, verre à base par une légère chaleur ; cette fusion aqueuse fait va-
de potasse et de chaux, moins dense (2,6), mais bien poriser leur eau de cristallisation,et ce n’est qu’après
plus dur que le cristal ordinaire ; on le fabrique avec être devenus anhydres qu’ils peuvent de nouveau se
du sable très-blanc, de la potasse et de la chaux fort fondre par l’action du feu; alors ilséprouvent ce qu’oc
pures, etc. On colore les cristaux en bleu avec l’oxyde appelle la fusion ignée. Les sels desséchés , et sus-
de cobalt, en vert avec le verdet du commerce, en ceptibles de se combiner avec Teau, développent tou-
rouge avec le précipité d’or, dit pourpre de Cassius. jours de la chaleur au contact de ce liquide , parce
Lafabrication du cristal ordinaire est originaire d’An- qu’ils reprennent alors Teau de cristallisation qu’on
gleterre. Les cristaux de Bohême se fabriquent sur- leur avait fait perdre ; on observe ce phénomène en
tout en Bohême et aux environs de Venise; on en fa- gâchant avec de Teau le plâtre cuit. Outre Teau de
brique aussi en France, notamment à Baccarat et à la cristallisation , les sels en contiennent souvent une
Plaine deWalsh (Meurthe), à Saint-Louis et à Munt- certaine quantité simplement engagée entre les mo-
zahl (Moselle), à Bercy, à Clichy et à Grenelle (Seine) lécules des cristaux ; ils doivent à cette eau, dite eau
;
en Belgique, à Voneiche, etc. On doit à MM. Gui- d’interposition la propriété d’humecter le papier
nand fils et Bontemps, directeurs de la cristadlerie de dans lequel on les comprime , ainsi que celle de sa
Choisy-le-Roy, d’importants perfectionnements dans fendiller avec bruit et de sauter en éclats quand on
la fabrication des cristaux, ainsi que des autres es- les expose brusquement à une forte chaleur : le sel
pèces de verre, comme le crown-glass et le flint-glass, de cuisine offre ce phénomène de décrépitation.
qu’on emploie pour les instruments d’optique. CRISTALLOGRAPHIE (du grec crystallos, et de
L’art de tailler les cristaux a été importé de Bo- qruphô, écrire), science quia pour objet Tétude des
hême en France vers 1740 par un certain Bûcher. Ce cristaux et des relations de forme qui existent entre
travail comprend : Vêbauchage qui se fait à la eux. Ces relations se déterminent par les mesures des
j
meule de fer, au moyen de sable fin, pur et mouillé ; angles des cristaux à l’aide du goniomètre [Voy. ce
le premier adouci, qui se fait à la meule fine; le ^e- mot), et par des calculs trigonométriques basés sur
cond adouci, à la meule de bois , avec la poudre de ces mesures. La cristallographie sert aux chimistes
pierre-ponce mouillée; enfin l&poli, à la meule de et aux minéralogistes pour distinguer les corps.
liège, avec de la potée d’étain sec. Les anciens naturalistes connaissaient des cristaux,
Cristal de roche. Quartz pur cristallisé. V. quartz. particulièrement le cristal de roche] mais ils les re-
Cristal de Vénus, Acétate de cuivre ou Verdet. gardaient comme des jeux de la nature, et ignoraient
CRISTALLERIE, fabrique de cristaux. V. cristal. les lois qui en régissent la forme. Linné paraît avoir
CRISTALLIN ( de cristal , h. cause de sa transpa- le premier compris l’importance de Tétude des cris-
rence), espèce de lentille transparente située dans taux pour la connaissance des minéraux, et il peut
le globe de l’œil
, derrière la pupille , et qui est
être considéré comme le fondateur de la cristallogra-
destinée à recevoir le cône de lumière émané d’un phie. Romé de Lisle publia, en 1772, le premier
point lumineux pour en réfracter les rayons et les traité de cristallographie, et fit les premières re-
rassembler ainsi sur la rétine. Le cristallin n’a guère cherches scientifiques sur cette matière ; mais il ne
plus de 4 millim. et demi d’épaisseur sur 9 de dia- vit dans les cristaux que des corps isolés. Ce fut
mètre ; sa face antérieure est un peu plus aplatie Haüy qui , quelque temps après, eut la gloire de dé-
que sa face postérieure. Transparent chez l’adulte, couvrir la loi de symétrie à laquelle sont subor-
il jaunit et durcit avec Tâge. Il est enveloppé données toutes les formes cristallines il avait re-
d’une :

membrane séreuse dite capsule du cristallin, dont connu à Paris, en 1781, presque en même temps que
il n’est séparé que par un fluide peu abondant ap- Bergmann à Berlin , qu’un certain nombre de mi-
pelé /mwewr de Aforÿa^'nî ; il est suspendu dans un néraux ont la propriété de se casser suivant des lames
liquide limpide qu’on appelle humeur vitrée. L’opacité dont le sens estconstantpourchaquesubstance [Voy.
du cristallin et de sa membrane empêche les rayons CLIVAGE , et cette découverte est devenue la première
)

lumineux d’arriver à la rétine et produit .ainsi la base de la minéralogie géométrique. Haüy fit de la
maladie connue sous le nom de Cataracte. cristallographie une science rigoureuse. M. Weiss y
cristallin (système). Foi/, cristal. introduisit plus tard quelques considérations nou-
CRISTALLINE , base saliflable oléagineuse décou- velles, et entre autres l’hémiédrie. Plus récemment
verte par Runge dans Thuile empyreumatique d’in- encore, M. Mitscherlich formula sa belle théorie de
digo, a été ainsi nommée parce qu’elle forme, avec l'isomorphisme. M. G. Delafosse a, dans un savant
les acides, des sels susceptibles de cristalliser. Elle est mémoire lu à l’Institut en 1851, établi les rapports
plus connue sous le nom à’ Aniline. Voy. ce mot. qui existent entre la composition atomique et les
CRISTALLISATION, formation de cristaux. La formes cristallines. La science doit aussi beaucoup
cristallisation a lieu par la voie humide ou par la aux travaux de MM. Ebelmen et Becquerel.
Les meilleurs traités de Cristallographie sont ceux
j

voie sèche, c.-à-d. par dissolution ou var fusion. !


, , ,, ,

CROC — m— CROC
de Haüy M. Miller, traduitde l’an-
(1809 et 1822), de CROCHET (diminutif de croc). Un grand nombre
glais par M. de Senarmont, et de M. Dufrénoy, dans d’industriels, les fabricants de bas au métier, les
le l«r volume de sa Minéralogie (Paris, 1844). blanchisseurs de toiles , les chandeliers , les mégis-
Les commençants peuvent consulter le petit Précis siers , les passementiers, les menuisiers, les charpen-
de M. Laurent (1847, in-12). tiers, etc., se servent de crochets faits, pour chacun
CRITÉRIUM (du grec critérion, ce qui sert à ju- d’eux, de différentes manières. — On donne le nom
ger). On nomme ainsi le caractère qui forme comme de crochet à l’instrument avec lequel les serruriers
la pierre de touche de la vérité , qui permet à. l’es- font jouer le pêne d’une serrure quand ils n’en ont
prit de distinguer le vrai du faux et d’obtenir ainsi pas la clef, instrument dont les voleurs savent trop
la certitude. Parmi les philosophes, les xms ont placé bien faire usage pour crocheter les serrures.
le erftd'm»? de la vérité àa.m\etémoignage des sens Broder au crochet, c’est broder avec un petit in-
comme les Épicuriens et les Sensualistes ;
les autres, strument en acier, de la grosseur d’une forte aiguille
dans le témoignage des hommes ou \’ accord univer- à coudre, dont une des extrémités, qui est pointue,
sel, comme M. de Lamennais; le plus grand nom- porte un crochet ce crochet a la forme d’une flèche
:

bre le place , avec Descartes , dans V évidence , qui dont un côté serait enlevé.
est en effet impliquée dans tous nos moyens de con- En Hippiatrie , ou appelle crochets les dents qui
naître. Les Pyrrhoniens , niant l’existence de la vé- sont placées entre les incisives et les molaires; elles
rité, refusent à l’homme tout moyen de la connaître, sont au nombre de quatre, deux à chaque mâchoire.
et, par conséquent, n’admettent aucun critérium. Les crochets existent très-rarement chez les femelles.
CRITHME (en grec crêthmon, même significa- CROCODILE (du grec crocodeilos) grande famille
tion), plante. Voy. bacile. de Reptiles de Tordre des Sauriens, assez semblables
CRITICISMÉ (du grec krinô, juger), nom par le- aux lézards par leurs traits généraux , mais qui , vi-
quel on désigne le système de Kant , qui prétend vant habituellement dans l’eau, ont les pieds de der-
soumettre à la critique de la raison toutes les notions rière palmés et la queue aplatie et propre à la na-
qui sont dans l’entendement humain. Voy. kant au tation. Us ont la tête allongée, en forme de pyra-
Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. mide déprimée; le museau raboteux et inégal; le
CRITIQUÉ (en grec kritikè, formé de krinô, ju- cou assez marqué; la gueule fendue bien au delà
ger), art de juger. On distingue : la Cr. littéraire, des oreilles la mâchoire inférieure seule mobile ;
;

qui apprécie les productions de l’esprit : Aristarque, les dents conformées et disposées de telle sorte qu’ils
Quintilien, Bayle, Le Batteux, La Harpe, Fréron, peuvent déchirer leur proie , mais non la mâcher ;

Clément, Geoffroy, Sam. Johnson, Jean-Paul , les les yeux rapprochés l’un de l’autre, placés en avant
Schlegel, etc., y ont excellé, et de nos jours M. Vil- du crâne etmunis d’une membrane clignotante
lemaiu l’a portée à la plus grande hauteur ; la Cr. — cinq doigts aux pieds antérieurs , armés de grif-
;

esthétique, qui s’applique aux oeuvres d’art et sur fes crochues, quatre aux pieds de derrière. Leur
laquelle ont écrit Diderot, Winckelmann, etc. ; la — corps est recouvert de plaques osseuses , pyramida-
Cr. historique, qui détermine le degré de confiance les, juxtaposées en quinconces, revêtues d’un épi-
que doit inspirer l’histoire ou l’historien : Mahillon, derme écailleux assez épais, et formant par leur ré-
Fréret,Lévesque,Volney, Sainte-Croix, Niebuhr,Dau- union une espèce de cuirasse à l’épreuve de la balle ;
nou, s'y sont exercés —
la Cr. philosophique qui
;
sur le dos, ces plaques se relèvent en arêtes longi-
scrute les fondements de nos connaissances elle fut : tudinales plus ou moins saillantes, et la queue est
surtout cultivée chez les anciens par les Académi- armée de deux crêtes dentées en scie qui se réu-
ciens et les Sceptiques, chez les modernes par Hume nissent en une seule à son extrémité. La peau est
et par Kant; —
la Cr. philologique qui s’occupe d’un vert olivâtre en dessus, entrecoupé de bandes
de l’examen et de la restitution des textes , et dans plus foncées, et d’une couleur jaunâtre par-dessous.
laquelle ont brillé Casaubon , Bentley Hermann Les crocodiles habitent les parties les plus chaudes
,
Heyne, Jacobs, Boissonade, etc. Voy. commentaire. de l’ancien et du nouveau continent ; ils vivent dans
En Médecine, on appelle y owrs critiques ceux où les grands fleuves, dans les grands lacs, et quelque-
apparaissent de préférence les crises, phénomènes fois sur le bord de la mer. Ils sont ovipares ; on pré-
qui accompagnent ou qui précèdent la terminaison sume qu’ils vivent très-longtemps, parce que leur
de certaines maladies. D’après Hippocrate et Galien, accroissement est très-lent; au sortir de l’œuf, ils
le 7® jour est le jour critique par excellence : presque n’ont que 20 centimètres , mais quelques individus
toutes les crises qui ont lieu ce jour-là sont favora- atteignent un développement de plus de 10 mètres.
bles. Ensuite viennent, dans l’ordréde leur efficacité, Ces animaux sont essentiellement carnassiers et très-
le 14®, le 9®, le 11®, le 20® ou le 21®, le 17®, le 5®, voraces ; ils détruisent beaucoup de poissons et s’at-
le 4®, le 3®, le 18®, le 27® ou le 28'. Le 6® jour était taquent même à l’homme.
surnommé par Galien le tyran, parce que les crises Cuvier a divisé les Crocodiles en trois genres les
;

qui s’y opèrent sont le plus ordinairement funestes. Champsès ou Crocodiles, proprement dits, les Alli-
Après ce jour, les plus défavorables sont le 8®, le gators ou Caïmans, et les Gavials ou Longirostres.
10®, le 12®, le 16% le 19®. Les Crocodiles proprement dits ont la tête oblon-
Onappelle âge critique l’époque de la vie où les gue et deux fois plus longue que large ; ils attei-
femmes cessent de pouvoir être mères : l’épithète de gnent les plus grandes dimensions. Ils habitent
critique a été donnée à cet âge à cause des mala- principalement les régions supérieures du Nil, dans
dies plus ou moins graves qui
y sont fréquentes. les roseaux duquel ils se tiennent en embuscade
CROASSEMENT (par onomatopée), cri particu- pour saisir leur proie. Ces crocodiles nagent avec
lier aux oiseaux du genre Corbeau. Il ne faut pas rapidité ; mais ils ont peine à se tourner quand ils
le confondre avec coassement des grenouilles.
le marchent; ils répandent une forte odeur de musc.
CROATES, troupe de cavalerie. Voy. cravates. Ils font entendre un cri qui ressemble au vagisse-
CROCHE, anciennement coma, diesis, fuse on ment d’un enfant. Ils ont la vue très-perçante. La
crochet, note de musique en forme de crochet, qui se femelle pond , deux à trois fois par an , une ving-
figure ainsi ( p ), et qui représente la durée d’un son taine d’œufs qu’elle enfonce dans le sable, où la
égal à la 8' partie d’une ronde, à la 4® d’une blanche, chaleur du soleil les fait éclore; mais les ichneu-
et à la 2' d’une noire. Une double croche
( p
est la )
mons en détruisent heureusement un grand nom-
moitié de la croche , une triple croche en est bre. Les anciens ont fait au sujet du crocodile les
( p )
le tiers
,
une quadruple croche ( |) en est le quart. contes les plus merveilleux. Les Égyptiens, surtout
La durée de la croche est purement relative et dé- les habitants de Thèbes et du lac Mœris, l’adoraient
pend de la lenteur ou de la rapidité du mouvement. comme un. dieu deux villes avaient pris en son hon-
;
,, , ,

CROI — kkS — CROM


neur le nom de Crocodilopolis. Aujourd’hui , on lui la sole qu’on observe souvent chez les chevaux af-
fait en Égypte une guerre acharnée, et il n’est plus fectés de fourbure.
qu’un objet de curiosité; sa chair est peu estimée à CROIT, c.-à-d. accroissement, produit, augmen-
cause de son odeur ; on n’a plus de confiance dans tation d’un troupeau par la naissance des petits. —
les remèdes que l’ancienne médecine lui empruntait, On appelle bail à croit un bail de bétail fait à charge
et c’est à peine si ses dents servent à faire des culots d’en partager le produit ou l’augmentation. On le
de pipe. — Outre le Crocodile d’Egypte on con- nomme aussi , mais abusivement , bail à cheptel.
naît le Cr. de Siam, le Cr. à deux arêtes, le Cr. à CROIX (du latin crMx, même signification), instru-
museau effdé, le Cr. cuirassé, etc., qui sont parti- ment de supplice usité chez les anciens, et sur lequel
culiers à l’Afrique et à l’Asie Méridionale. on attachait les malfaiteurs pour les y faire mourir,
CROCONIQUE (acide), du grec crocos safran, était composé de deux pièces de bois se coupant à
acide organique jaune, cristallisable , renferme du angles droits. A Rome , la croix était le supplice des
carbone, de l’oxygène etde l’hydrogène (C^0‘, HO), voleurs , des esclaves et des déserteurs. — C’est sur
11 donne des sels de la couleur du safran. 11 se pro- la croix que le divin Sauveur a voulu mourir pour
duit accidentellement dans la préparation du po- notre rédemption. Constantin , après avoir embrassé
tassium , quand on calcine un mélange de charbon la foi , défendit, par respect pour Jésus-Cbrist, d’in-
et de carbonate de potasse. Il a été découvert par fliger à l’avenir aux criminels le supplice de la croix.
M. Léopold Gmelin. — On donne le nom de mystère de la croix à la
CROCUS, nom latin du Safran, genre de plantes mort soufferte par J.-C. sur la croix , et celui ûevraie
bulbeuses de la famille des Iridées. Voy. safran. croix au bois sacré sur lequel s’est opéré ce mystèi'e.
Les anciens chimistes nommaient Crocus metallo- Retrouvé par sainte Hélène, mère de Constantin, ce
rum [Safran métallique) le protoxyde d’antimoine bois a été depuis conservé religieusement et distribué
sulfuré, employé comme purgatif par les vétérinaires. par parcelles à toutes les nations de la terre. L’Église
CROISADES (de croix, croisé), expéditions guer- fête le 3 mai l’Invention de la sainte Croix par
rières entreprises pour délivrer les lieux saints du sainte Hélène, et le 14 septembre, l’Exaltation de la
joug des Infidèles; ceux qui y participaient portaient sainte Croix, en mémoire de ce qu’Héraclius rapporta
une croix sur leurs habits et sur leurs étendards : sur le Calvaire en 642 la vraie croix que Chosroès
ce qui leur fit donner le nom de Croisés. Pour l’his- roi des Perses, avait enlevée 14 ans auparavant.
torique des Croisades, Voy. ce mot au Dict. univ. Sous le rapport de la forme, on distingue diffé-
d’Hist. et de Géogr. rentes sortes de croix : la Cr. latine, f, dont la
CROISÉ (de croix), se dit en Botanique d’une branche horizontale est plus petite que la tige verti-
partie d’un végétal dont les divisions, au nombre de cale, et est placée au tiers de la hauteur ; c’est la plus
quatre, sont étalées en croix, comme les feuilles de la connue ; la Cr. grecque, -j-, dont les quatre bras sont
'Véronique etles fleurs d’un grand nombre de plantes. égaux et se coupent à angles droits; la Cr. de Malte
On appelle tissus croisés ceux qui se fabriquent à ou de Jérusalem, {», à branches égales, comme la
quatre marches, en sorte que les fils y sont beaucoup croix grecque , mais dont les branches sont pattées
plus serrés que dans les étoffes qui ne se font qu’à et échancrées; la Cr. de Saint-André, enferme d’X;
j
deux marches. On distingue, parmi les tissus de soie, la Cr. de Lorraine, à. deux traverses.

les serges et les ras de Saint-Maur


;
parmi les tissus Dans le Blason , la croix figure au premier rang ,

'
de laine, les ras, les ratines et les serges; et parmi parmi les pièces honorables. On y distingue, outre
les tissus de coton et fil, les basins et les futaines. les croix précédentes, les croix dites potencée, pat-
CROISÉE. Ce mot désignait, au moyen âge, le tée, ancrée, anilée, cantonnée, dentelée, crénelée,
montant et la traverse de pierre ou de bois en forme fleur-de-lisée, etc. On donne également le nom de :

de croix qui se remarquait dans l’ouverture des fe- croix à la réunion du pal et de la fasce. j

nêtres. Aujourd’hui, il est devenu synonyme de fe~ On nomme aussi croix la décoration, ordinaire-
nêtres ; mais il désigne surtout le châssis en me- ment en forme de croix ou d’étoile , qui di.stingue f
nuiserie garni de vitres qui les ferme. On distingue les membres de divers ordres on la porte soit au
: 1
les Cr. à coulisse, presque abandonnées aujour- cou, soit sur l’habit, attachée avec un ruban, soit en f
d’hui; et les Cr. à deux vent aux, à grands ou à écharpe. Dans plusieurs ordres, comme dans la Lé- I
petits carreaux, carrées, cintrées, en ogive, etc. gion d’honneur, les plus hauts dignitaires portent le 1
CROISETTE, nom vulgaire de la Crucianelle. nom de grand-croix. —
La Croix pectorale est w
CROISIÈRE , parage où s’établit un bâtiment celle que les évêques portent sur la poitrine, comme
croiseur, courant dans tous les sens, soit pour sur- marque de leur dignité. (l
veiller l’ennemi, soit pour atteindre au passage les Autrefois, dans les monnaies, on nommait croix j'

bâtiments qu’il veut capturer, ou pour éclairer la un des côtés de la pièce (celui où est aujourd’hui la
route des bâtiments de commerce qu'il veut défendre figure ou face) parce que jadis on y figurait une
contre les corsaires. — On appelle aussi croisière croix; l’autre côté était appelé pile. Voy. ce mot. ; ,

l’action de croiser, et même les bâtiments croiseurs. En Botanique, on appelle Croix de Jérusalem, de i

CROISILLONS, pièces de bois ou de fer disposées Malte ou de Chevalier le Lychnis Chalcedonica et le


en croix, en travers d’une baie ou d’un châssis de Tribule terrestre; Croix de St-Jacques ou de Ca-
croisée, pour recevoir les vitres ou les vitraux. latrava, une belle espèce d' Amaryllis (A. formosis-
CROISSANT (du latin crescens, même significa- sima); Cr. de Lorraine, un Cactus épineux.
tion), nom donné à la figure qu’offre la lune, soit En Astronomie, on nomme Croix du Sud, une •
i

lorsqu’elle est nouvelle, soit lorsqu’elle est en dé- constellation australe qui contient 17 étoiles. C’est 1

cours. Elle ne montre alors qu’une petite partie de par le moyen de 4 des étoiles de cette constellation 1

que les navigateurs trouvent le pôle sud.


'

sa surface , recourbée et terminée par deux pointes I

ou cornes {Voy. lune). —


Les anciens ornaient d’un CROMLECH , monument druidique formé de plu- ;

croissant le front de Diane ou Phœbé, déesse de la sieurs grosses pierres rangées en cercle autour d’une
lune ; lés dames romaines en décoraient aussi leur pierre plus élevée qui est posée debout. On suppose
coiffure. Le croissant était l’emblème de Byzance ; qu’ils servaient à des réunions religieuses.
c’est encore aujourd'hui celui de l’empire ottoman. CROMORNE (de l’allem. krump-horn, cor tordu), i

On appelle aussi croissant une espèce de faucille instrument à vent assez employé aux xv» et xvi®
en forme d’arc et placée au bout d'un long manche, siècles , mais dont l’usage est abandonné depuis
dont on se sert pour tailler les parties les plus éle- longtemps il était fermé par le bas, et le son ne
:

vées des arbres. sortait que par deux trous. —


On donne aujourd’hui
Les Vétérinaires donnent ce nom à une tumeur de le même norii à un jeu d’orgue composé de tuyaux ,

. I

11
,

CROU — W9 — CROU
cylindriques à anches. Il a quelque rapport pour le voies aériennes. Le croup s’observe surtout pendant
son avec celui du violoncelle. l’hiver et au commencement du printemps, dans les
CRONE, espèce de grue qui sert dans les ports de lieux bas, humides et froids, dans les cités popu-
décharger les navires. leuses et les quartiers malsains. Il affecte surtout les
mer pour charger et
CROQUIS. Voy. esquisse. garçons de deux à huit ans, et d’un tempérament
CROSSE (de croc, ou de crux), bâton pastoral sanguin-nerveux. 11 peut tlro sporadique, épidt^rni-
des évêques et autres prélats : c’est le symbole de la que et endémique', il peut devenir contagieux.Ta.n-
correction épiscopale. Dans l’origine, la crosse était un tôtla maladie débute par un mal de gorge avec gon-
simple bâton sur lequel s’appuyait l’évêque à cause de flement et sensibilité des glandes sous-maxillaires ;
son grand âge; dans la suite, ce bâton s’allongea et tantôt elle éclate subitement : l’enfant se sent ré-
se courba par le haut en forme de houlette. Pendant veillé la nuit par un accès de toux violent avec suf-
longtemps la crosse a été de bois; aujourd’hui elle focation ; cette toux, dite croupale, est rauque et
est d’argent ou d’or. bruyante; elle fait entendre un son particulier que
Les Anatomistes donnent ce nom aux courbures ar- l’on a comparé à la voix d'un jeune coq; la face est
térielles en forme de crosse telle est la Cr. de l’aorte.
: rouge et gonflée, le pouls fréquent; la tête se ren-
CROSSETTE. On nomme ainsi, en Agriculture, verse en arrière par reflet de la suffocation ; la toux
toute branche de vigne, de figuier, de saule, etc., en et le vomissement expulsent des mucosités épaisses,
forme de petite crosse, à laquelle on laisse, en la tail- filantes, mêlées de lambeaux membraneux ; la respi-
lant, un peu de bois de l’année précédente, pour faire ration devient convulsive, sifflante, suffocante; enfin,
des boutures. — En Architecture, c’est la partie d’un si l’on ne peut arrêter les progrès du mal, il y a sup-

voussoir qui est prolongée horizontalement au delà du pression de l’expectoration, aphonie complète, pouls
joint de la voûte, ou la partie des lits de pierres tail- rapide et très-petit, sueur froide, refroidissement et
lée perpendiculairement au couronnement. lividité des extrémités, abattement comateux, mort
CROTALAIRE (de crotale, serpent à sonnettes), par asphyxie. La durée ordinaire du croup est de 4 à
Crotalaria, genre de plantes de la famille des Légu- 5 jours. 11 est le plus souvent mortel; on l’a vu em-
mineuses, section desPapilionacées, tribu des Lotées. porter le malade en moins de 12 heures. —L’autop-
Ce sont des plantes herbacées ou ligneuses, habitant sie fait ordinairement reconnaître une fausse mem-
les régions voisines des tropiques. On en cultive quel- brane grisâtre, plus ou moins étendue, qui tapisse
ques espècesen France. La Cr.jooizrpre, originaire du la membrane muqueuse des voies respiratoires, dont
Cap de Bonne-Espérance , a été apportée en Europe elle n’est qu’une sécrétion anomale, et qui inter-
en 1792 ; ses feuilles sont d’un beau vert; ses fleurs cepte le passage de l’air.
pourprées, grandes, en grappes; ses fruits sont des Le croup exige un traitement très-actif on a :

légumes ovales, d'un vert foncé, renflés; ils renfer- d’abord recours à l’application des sangsues au cou,
ment plusie’ms graines brunes, réniformes, qui, et même à la saignée du bras; on administre ensuite
par l’agitation, produisent un bruit que l’on a com- un vomitif à haute dose afin de faciliter le décolle-
paré à celui du Crotale ou Serpent à sonnettes. ment et l’expulsion des fausses membranes. On y
CROTALE, Crotalon, instrument de percussion joint des laxatifs, tel que le calomel, des frictions
des anciens, était composé de deux pièces de fer ou mercurielles sur les côtés du cou, sous les aisselles;
de bronze ressemblant assez à deux écuelles, fort des boissons adoucissantes, pectorales ; des lavements
épaisses et peu concaves. On en jouait de la même émollients, et, contrairement au préjugé vulgaire,
manière que des cymbales. Les Corybantes, les Bac- des bains chauds prolongés pour calmer les acci-
chantes en faisaient usage. —
Nom scientifique du dents spasmodiques. On trouve d’utiles auxiliaires,
Serpent à sonnettes, qui fait entendre un bruit ana- comme dérivatifs, dans les sinapismes appliqués sur
logue à celui du Crotale des anciens. Voy. ce mot. les membres inférieurs, dans les vésicatoires volants
CROTON, genre de la famille des Euphorbiacées, posés à la nuque ou entre les épaules ; des frictions sur
renferme des arbrisseaux , des sous - arbrisseaux et ces régions avec la pommade ammoniacale, la pom-
des herbes à fleurs unisexuées, monoïques ou dioi- made stibiée , l’huile de croton. M. Guersant a con-
ques : les fleurs mâles ont 5 pétales; les fleurs femelles seillé d’agir en outre sur la fausse membrane elle-
n’en ont pas ; les feuilles sontcouvertes tantôt d’écail- même, en portant jusque sur la glotte une petite
les argentées uu dorées, tantôt de poils en étoiles. éponge imbibée d’une solution concentrée de ni-
Toutes les espèces appartiennent aux régions équa- trate d’argent ou d’un mélange de miel rosat et
toriales. Le Cr. porte-laque ( Cr. lacciferum est)
d’acide chlorhydrique. M. Bretonneau , de Tours,
un arbre de Ceylan , qui distille une laque très-belle, pratique des insufflations avec la poudre d’alun cal-
avec laquelle les habitants’vernissent de petits meu- ciné; comme dernière ressource, il a conseillé et
bles. Le Cr. sebiferum, ou Arbre à sai/, fournit aux pratiqué avec succès la trachéotomie.
Chinois la matière de leurs chandelles; on obtient Le croup ayant enlevé en 1807 le jeune Louis Bo-
cette substance par l’ébullition de ses graines dans naparte, fils du roi de Hollande, Napoléon proposa
l’eau. Le Cr. porte-encens (Cr. balsamiferum)\ox%ie un prix de 12,000 fr. au meilleur ouvrage qui serait
suinter autour de son écorce une matière semblable à publié sur ce sujet ; le prix fut remporté par Royer-
de l’encens. Le Cr. sanguifluum fournit une espèce Collard. M. Double, en 1812, M. Bretonneau, en 1826,
de sang-dragon. Le Cr. tinctorium ou Tournesol ont publié des Traités estimés sur le Croup.
des teinturiei's, donne la matière colorante nommée CROUPE , partie du cheval, qui s’étend depuis la
tournesol. Le Cr. tiglium, et surtout ses graines, région lombaire jusqu’à l’origine de la queue; elle
connues sous les noms de Pignon d’Inde (latropha est formée par les trois muscles fessiers. On nomme
Curcas], de Graine des üoluques, Gr. de Tilly, sont croupe avalée celle i]ui tombe trop tôt; croupe
I
imprégnés d’une matière oléagineuse très-âcre. Cette croupée, celle qui, regardée de profil , est étroite et
[ plante fournit le Bois des JtfoiMÇMei, employé comme peu arrondie; croupe tranchante, celle d'un cheval
émétique et purgatif, et l’Huile de croton, purgatif qui a les cuisses par trop aplaties.
très-fort, même à faible dose; on l’emploie aussi en CROUPIER (qui monte en croupe avec quelqu un,
frictions ; ses propriétés sont dues à un principe de c.-à-d. associé), nom donné, dans les maisons de jeu,
nature résineuse, qu’on a proposé de nommer ligline aux individus qui assistent le banquier, l’avertissent
ou croton ine. L’écorce est un succédané du quinquina, des cartes qui passent, qui payent les joueurs, et reti-
i
CROUP (del’écossais crowp ),
dit aussi angine tra- rent avec un râteau ce que ceux-ci ont perdu.— Il s’est
|i
chéale ou wieméraneuse, variété de laryngite aiguë, dit aussi de ceux qui avaient un intérêt dans une entre-
commune chez les enfants, est caractérisée par la pro- prise de finance, qu’ils prêtassent ou non de l’argent.
duction assez rapide de fausses membranes dans les CROUPIERE (de croupe), longe de cuir rembour-
I

29
, , , , , — , ,

CRUG — 450 — CRUS


rée et attachée à la selle ou au bât , que l’on pose tribus sont: les Arabidées, les Alyssine'es, les Thlas-
sous la queue d’un cheval , d’un mulet, etc. Cette par- pidées. les Sisymbrie'es les Camélinées les Lépi-
tie du harnais a pour effet d’ein()éclier que le cheval, dinées,\e% Isatidées, les Brassicées, les Raphanées,
en marchant, ne fasse trop remonter la selle ou le et les Héliophilées. C’est à cette famille qu’appar-
harnais, ce qui gênerait le mouvement des épaules. tiennent le cresson, la. moutarde, le chou, le navet,
Dans la Marine, on a[ipelle croupière, un greiin at- le 7'adis le colza la navette la giroflée etc.
taché d’un bout au câble de l’ancre et passant par un CRUCIFIEMENT, mise en croix. Ce mot rappelle
dessabordsde l’arrière, alin détenir le vaisseau anûté tout spécialement le principal et dernier épisode de
par son arrière et de l’emiiècher de se tourmenter. la Passion de Jésus-Christ, he Crucifiement aexereè
CROUPION , extrémité postérieure du tronc chez le génied’un grand nombre d’artistes et a inspiré à la
les oiseaux, correspond aux deruières vertèbres sa- peinture plusieurs de ses chefs-d’œuvre on cite sur-
:

crées et à celles du coccyx , dont la dernière, assez tout les tableaux de Mantegna, de Raphaël, deRubens,
semblable à un soc de charrue, supporte les plumes de Van Dyck , du Poussin , de Vouet , de P. Guérin.
de laquelle. La pointe charnue du croupion renferme CRUCIFIX, représentation du Christ attaehé â la
des glandes sécrétant une humeur grasse , avec la- croix. On en voit apparaître dès iv' siècle, mais ce n’est
quelle les oiseaux lustrent leur plumage pour l’em- que depuis le vu' que cette effigie est partout adoptée
pêcher de se laisser pénétrer par l’humidité. comme symbole du chrétien : ce fut le 6® concile
CROUTE (du latin crusta, enveloppe extérieure). œcuménique, tenu à Constantinople, qui ordonna
Eu Médecine, on appelle vulgairement croûtes, de de représenter Jésus sous la figure humaine et atta-
petites plaques formées sur la peau ou à l'origine ché à la croix. Le plus ordinairement, la croix des
des membranes muqueuses par une humeur puru- crucifix est en bois et le corps eu bronze ; on en fait
lente desséchée et solidiliée, telles que les Cr. vario- aussi en ivoire, en argent, en or ou en toute autre
leuses, les Cr. vaccinales les Cr. dartreuses, etc. matière. On met des crucifix dans les églises, à
On nomme Cr. de lait, une éruption exanthéma- l’entrée du chœur et sur les autels où l’on dit la
tique qui occupe particulièrement le cuir chevelu et messe ; on en place aussi dans les oratoires, les salles
le visage , chez les enfants k la mamelle. d’étude, les tribunaux. Les religieuses et beaucoup
CROWN c.-à-d. couronne, monnaie d’argent usi- de lidcles en portent sur la poitrine.
tée en Angleterre, vaut 5 schellings. Le Crown ancien CRUCIFORME, se dit, en Botanique, de la dis-
vaut 6 fr. 18 cent, de notre monnaie; le crown nou- position en forme de croix de la corolle lorsqu’elle
veau (depuis 1818) vaut 5 fr. 80 cent. 72 centièmes; a quatre pétales opposés deux à deux par leur base.
le demi-crown vaut 2 fr. 90 cent. 36 centièmes. Tournefort avait créé une famille de Cruciformes
CRowN-CLASS, mot anglais qui signifie verre à qui correspond à la famille des Crucifères. V. ce mot.
couromie, verre supérieur; se dit d’un verre de très- CRUOR (c.-à-d. sang). Ce mot latin francisé a
belle qualité, composé d’un silicate à base de po- été employé par les médecins, pour désigner tantôt
tasse de soude et de chaux, et qu’on emidoie par- le sang extravasé à la suite d’une contusion, d’une
ticulièrement pour la fabrication des lunettes achro- chute, d’une blessure, tantôt la matière colorante
matiques. M. Bontemps, de Choisy-lc-Roi, â qui l’on du sang , tantôt le caillot lui-même.
doit des perfectionnements dans la préparation de CRUPINE, Crupina, genre de la famille des Com-
ce verre, emploie les matériaux suivants 120 kilogr.
: posées, tribu des Centauriées, dans lequel la graine
de sable blanc, 35 kilogr. de carbonate de potasse, est attachée immédiatement par sa base, et l’ai-
20 kilogr. de carbonate de soude, 15 kilogr. de craie, grette se compose d’un rang extérieur d’écailles im-
et 1 kilogr. d’acide arsénieux. Voy. cristal. briquées, minces et plumeuses, et d’écailles inté-
CRUCIAL (du latin «'«x, croix), qui a Informe rieures plus courtes et tronquées. LaCrupine se trouve
d’une croix. On nomme incision cruciale une incision dans le midi de la France. Ses fleurs sont purpu-
en forme de croix, qu’on pratiipie avec le bistouri. rines. Elle est cultivée dans les jardins.
CRUCIANELLE, vulg. Croisette, Rubéole, genre CRURAL (de c/w, jambe), nom donné, en Ana-
de la famille des Rubiacées, tribu des Galiées, ren- tomie, aux parties qui appartiennent à la cuisse. On
ferme des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, appelle arcade cr-urale ou inguinale (vulgairement
à tiges anguleuses, à feuilles étroites, à fleurs en ligament de Fullope ou de Poupart) un repli très-
croix, petites et à épis simples, rarement en co- formé par le bord inférieur de
fort et très-résistant,
rynibe. Les Crucianelles croissent en Europe, dans l’aponévrose du muscle grand oblique de l’abdomen
le voisinage de la Méditerranée. La France en pos- — canal ci'ural ou fémoral un canal aponévrotique
,
;

sède 4 espèces : les Cr. maritima, monspeliacn, an- qui se prolonge sur les vaisseaux iliaques à la partie
(justi folia et latifolia; elles ne sont d’aucun emploi. antérieure et interne de la cuisse; artère crurale,
CRUCIFÈRES (de crux, croix, et fero, porter, une artère qui fait suite à l’iliaque externe et se
à cause de la disposition de leurs pétales), famille termine inférieurement à l’artère poplitée ; —
nerf
de plantes Dicotylédonées , â fleurs polypétales et à crural, un nerf fourni par le plexus lombaire, et qui
étamines hypogynes. Elle forme la5« classe de Tour- se divise à la cuisse en rameaux cutanés (qui se dis-
nefort sous le nom de Cruciformes, et la 15® classe de tribuent aux téguments de la partie antérieure et
la Tétradynamie de Linné. La corolle des Heurs a 4 interne de la cuisse) et en rameaux musculaires.
pétales en croix; 6 étamines, dont 4 plus grandes que CRUSTACÉ (du latin C7’Ms/a, croûte, enveloppe),
les deux autres. Cette famille renferme des plantes nom donné aux corps organisés couverts de croûte.
herbacées, à racine perpendiculaire, tantôt grêle, En Botanique, ce mot désigne les parties qui sont
tantôt épaisse et charnue , à feuilles alternes, à fleurs dures, fermes et fragiles, ou les plantes étendues sur
disposées en grappes simples, les unes opposées aux les corps eu forme de croûte mince. Schuitz a nommé
feuilles, les autres terminales. Le fruit est tantôt al- crustacés les lichens affectant la forme de croûte.
longé, comprimé, cylindrique ou quadrangulaire (sf- CRUSTACÉS, classe d’animaux articulés, inverté-
lique), tantôt moins long que large et globuleux ou brés, à pieds articulés, et respirant par des bran-
comprimé (siliculé). Toutes ces plantes renferment chies ; ils sont couverts d’une croûte calcaire qui leur
dans leurs diverses parties une huile volatile âcre, irri- a fait donner leur nom. Us ont le sang blanc. Leur
tante, et ont des propriétés antiscorbutiques; en outre, circulation est double : le sang, en sortant de l’or-
plusieurs renferment des fluides mucilagineux et su- gane respiratoire, se rend dans un grand vaisseau ver-
crés,que la culture rend assez abondants pour que ces tical qui le distribue à tout le corps, d’où il revient à
plantes deviennent alimentaires. La famille des Cruci- un cœur formé d’un seul ventricule situé dans le dos;
fères se divise en 21 tribus comprenant plus de cent de là le cœur le renvoie aux branchies. Ils ont des
genres, laplupartcroissanl eu Europe; les principales pattes articulées, au nombre de cinq ou sept paires.
, , , ,

CRYP — 451 — CUBE


L’épiderme durci qui forme leur squelette extérieur ment découpé à jour, qui, posé sur la missive au juste
se renouvelle à certaines époques pendant tout lo point. Délaissé apparents que les caractères néces-
temps de leur croissance. Ils ont des yeux multiples, saires, et masque tous ceux de pur remplissage qui
formés d’un grand nombre de petites facettes hexa- ont élé a joutés par l’expéditeur après qu’il a écrit, au
gonales ou carrées. Leur bouche est armée de plu- moyen (l’une même grille, les caractères essentiels.
sieurs mâchoires, souvent au nombre de six paires. On a beaucoup de traités de Cryptographie, notam-
Les crustacés sont très-carnassiers. Ils habitent toutes ment la Polygruphie et la Stéganographie de l’abbé
les mers, les creux des rochers, les eaux douces, les Triliième, Cologne, 1635; le Traité des chi /Très d&
arbres, ou sont parasites. Leur chair est peu nutri- Biaise de Vigonère, 1586, in-4; De occultis littera-
tive et dilUcile il digérer. Les Crustacés sont ovipares runi notisdù .-B. Porta (Strasbourg, 1626) , contenant
ou ovovivipares. —
On divise les Crustacés en deux 180 manières de cacher sa pensée dans l’écriture ; la
sous-classcs ; Mulacostracés et les Enlomostra-
les Crypicographie de J. -R. du Carlet, 1644, in-12; Vln-
cés la première comprend cinq ordres
: Décapo- : terprétation des chiffres da P. Niceron, 1641, iu-8-
des Stnmapodes Arnphipodes
, ,
l,a'mnrlirioi/es e*.
.
CR YPTONYME (de /ert/ptos, caché, etonoma, nom;,
i.,opodes; la deuxième comprend les Branchiopodes auteur qui cache son nom: anonyme ou pseudonyme.
et les Pœcilopodes. C’est à cette classe d’animaux CRYPTONYX (c.-à-d. Ongle caché). V. roulûul.
i|u’appartienneiit les Écrevisses les Homards, les CRYPTOPODES (du grec kryptos, caché, eipous,
Crabes, les Crevettes, les Cloportes, etc. podos, pied), tribu de Crustacés établie par Latreille
Les Crustacés fossiles se nomment Crustacites. dans l’ordre dos Décapodes, famille des Bachyures,
On doit il MM. Bosc et Desmarets et à M. Milne- renferme les genres Caluppe et CEthre. Ils ont un
Ldwards des ouvrages classiques sur les Crustacés. test demi-circulaire, eu voûte, avec les angles posté-
CRUSTODERMES, nom donné par Rlainvüle aux rieurs dilatés de chaque côté et recouvrant les quatre
poissons Branchiostéges, à enveloppe crustacée. dernières paires de pieds dans leur contraction.
CRUZADE (de crux, croix), monnaie du Portugal CRYSTAL, cRYSTALLiN, etc. V. cristal, cristallin.
et du Brésil, contient 480 reis et vaut env. 3 fr. CTENES (du grec kténos, peigne), Ctenus, genre
CRYOLITHE (c.-à-d. pierre de qlace) , fluate de d’Arachnides pulmonaires de la famille des Pileuses,
Sodium et d’Aluminium, d’où l’on tire l’Aluminium. tribu des Gitigrades. compose de grandes espèces
11 se
Il se trouve surtout au Groenland. d’aranéides répandues en Europe en Asie et en Afri-
,

CRYPTE (du grec krijptos, caché), nom donné, que. Ce genre a pour type ie Ct. bordé du Cap de
dans les premiers siècles du christianisme, aux lieux Bonne-Espérance. Onen trouve aux environsde Paris.
cachés et souterrains où se retiraient les chrétiens CUBAGE ou cubature des solides, opération qui
pour célébrer leurs mystères [V. catacombes). On — consiste à évaluer en mètres cubes, décimètres cu-
donne aussi ce nom aux chapelles et aux églises sou- bes, centimètres cubes, etc., le volume d’un corps,
terraines placées dans quelques-unes de nos églises. la capacité d’un vase ou l’étendue d’un espace quel-
En
Géologie, on nomme cryptes des galeries sou- conipie. Le procédé général consiste à ramener le
terraines plus ou moins étendues, qui paraissent, volume ou la portion d'espace qu’il s’agit de cuber
pour la plupart, avoir été creusées par des hommes. à l’une des formes géométriques que l’on sait cuber
En Anatomie , on nomme cryptes ou follicules exactement. Les principales sont le parallélipipède,
des petits corps arrondis ou lenticulaires, creux, si- qui a pour mesure le produit de ses trois dimensions ;
tués dans l’épaisseur de la peau ou des membranes le prisme, qui a pour mesure le produit de sa base
muqueuses, et versant habituellement à leur surface par sa hauteur; la. pyramide, quia pour mesure le
des liquides de diverse nature qu’ils sécrètent, et qui produit de sa base par le tiers de sa hauteur; le
s’échappent de leur cavité par une ouverture étroite. cylindre, qui a pour mesure le cercle qui lui sert
Ces liquides entretiennent la souplesse, l’humidité de base multiplié par sa hauteur; le cône, qui a
de la peau, et la préservent de l’action irritante des pour mesure le cercle qui lui sert de base multiplié
corps avec lesquels elle doit se trouver en contact, par le tiers de sa hauteur ; la sphère qui a pour
CRYPTES, genre d’insectes Hyménoptères de la mesure sa surface multipliée par le tiers du rayon
famille des Pupivores, tribu des Ichncumonides. Ces ou bien encore le cube du rayon multiplié par les
insectes, très-petits, vivent, pour la plupart, à l’état 4/3 du 22/7, rapport de la circonférence au diamètre.
de larve dans les œufs des autres insectes, ou dans le Dans le cubage des bois de chauffage, le mètre
corps des pucerons. Les larves du Cr. globuleux cube, qui sert d’unité, porte le nom de stère; ses
forment une agglomération de coques attachées au* multiples sont le décastère et Thectostère.
graminées, qui atteignent jusqu’à 3 centimètres. Pour le cubage des tonneaux, Voy. jaugeage.
CRYPTOBRANCHE (du grec kryptô, cacher, et CUBE (du grec cubos dé à jouer), corps solide,
brachia, branchies), nom donné par M. de Blainville régulier, terminé par six faces carrées, égales entre
à un ordre de poissons osseux à branchies sans oper- elles, et donttous les angles sontdroits;on le nomme
cules,maispourvus d’une membrane branchiostége; aussi hexaèdre .

La forme cubi(]ue se rencontre fré-
ilcomprend les genres Styléphore et Mormyre. quemment dans les cristaux : elle est généralement
CRYPTOGAMES (du grec kryptos, caché, et ga- considérée comme la forme primitive des cristaux
mos, mariage), nom donné par Linné aux plantes appartenant au premier système cristallin.
qui ont les organes sexuels peu apparents ou cachés, Le problème de la duplication du cube, c’est-
non distincts pour les deux sexes, ou du moins dans à-dire de la construction d’un cube double en vo-
lesquels la forme des organes diffère beaucoup des lume d’un cube donné, est célèbre dans l’histoire
étamines et des pistils des autres plantes. Jussieu les a de la science. Ou s’en occupa surtout beaucoup au
désignées sous le nom d’Acotylédones, Richard sous temps de Platon. La tradition rapporte qu’une peste
celui d’Inembryonées, Necker sous celui d’Agames. ravageant l’Attique, l’oracle de Délos, consulté sur
CRY’PTOGAMIE, 24® classe du système sexuel de les moyens d’apaiser les dieux, répondit : Doublez
Linné , renferme les plantes cryptogames. l'autel. On supposa que l’autel désigné par l’ora-
CRYPTOGRAPHIE (du grec kryptos, caché’, et cle était celui d’Apollon à Athènes, dont la forme
graphô, écrire), art de correspondre secrètement au était exactement cubique. On construisit donc un
moyen de chilfres , de lettres ou de signes convenus nouvel autel , en doublant les côtés de l’ancien ;
entre les parties intéressées. On y emploie des chif- mais on obtint ainsi un cube non pas double, mais
fres à simple clef ou à double clef (Voy. chiffre), octuple. Le fléau ne cessa pas, et l’oracle, consulte
des nulles, c.-à-d, des syllabes ou des phrases insi- de nouveau, répondit qu’on avait mal interprété sa
gnifiantes , entremêlées aux caractères significatifs, réponse. Ou soupçonna dès lors qu’il s’agissait de
et quelquefois une grille : c’est un carton bizarre- la duplication géométrique de l’autel, et tous les

29 .
, , , ,

CÜBO — 452 CUCÜ


géomètres de la Grèce furent appelés à trouver la au dos du pied ; l’inférieure est creusée d’une cou-
solution du problème, mais ce fut sans succès. Il est lisse oblique pour recevoir le tendon du muscle
reconnu aujoiiid’luii qu'il en est de ce problème long péronier latéral.
comme de ceux de la quadrature du cercle et de la CÜCIFÈRE (de cuci, nom donné par les anciens au
trisection de l’angle, qu'il est impossible de réaliser fruit de ret arbre) , Hyphæne thebdica, le Doum des
parla règleet le compas. Ce problème intéresse néan- Arabes, espèce d’arbre de la fami lie des Pal miers, dont
moins riiistoire de la science par les découvertes aux- on a fait le genre Hyphæne, voisin du genre Cha-
quelles il a donné lieu , telles que celle de certaines mœrops, s’élève à une hauteur de 10 m. sur 1 m.
courbes, de la conchoide, de la quadratrice, etc. de circonférence. Ses feuilles, groiqiées en faisceaux,
En Arithmétique et en Algèbre, cube se dit d’un sont palmées, longues de plus de 2 m. et composées
nombre formé par l’élévation d’un autre nombre à de plusieurs folioles. Ses fleur.s, dioiques et disposées
la troisième puissance : ainsi, par exemple, 27 est en grappes, donnent naissance à un drupe sec, à
le cube de 3, c’est-à-dire qu’il est égal à 3x3x3. tissu fibreux et à noyau osseux : ce fruit, appelé par
On appelle racine cubique le nombre qui a été ainsi les anciens cuci ou kouki, n’est d’aucun usage. Le
multiplié; ici, par exemple, c’est le nombre 3. bois de ce palmier, plus dur que celui du dattier, est
Voici les cubes des nombres de 1 à 10 : employé à faire des planches. — Le Cucifère , dont
la description avait été donnée par Théophraste, a
Racinescub. 1,2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
été longtemps inconnu des modernes, et n’a été re-
Cubes. 1, 8,27, 64, 125,216, 343, 512, 729, 1000
trouvé que par les savants de l’expédition d’Égypte.
Le cube d’un nombre entier, composé de dizaines CUCUBALUS (pour Cacobalus de kakos, mau-
et d’unités, contientquatre parties, savoir le cube
: vais, et balos, jet), genre de plantes de la famille des
des dizaines, le produit de trois fois le carré des Caryophyllées , séparé du genre Silène , dont il ne
dizaines par les unités, le produit de trois fois les diffère que par la gorge nue de sa corolle. Le C. bac-
dizaines par le carré des unités, et le cube des uni- cifère, dit aussi C. behen, vulgairement Carnillet,
tés. On exprime ce principe en algèbre par la for- est une plante herbacée, remarquable par ses hautes
mule (a-f-6) Ainsi, tiges à rameaux étalés, ses feuilles opposées, ses
262144, cube de 64, est composé de 216000, cube fleurs solaires blanchâtres, et surtout par son fruit
des 6 dizaines; de 3 fois 3600, carré des 6 dizaines qui est une capsule nue, globuleuse, en forme de
multiplié par les 4 unités, ou 43200; de 3 fois les baie et noirâtre. Cette plante croit dans les vignes
6 dizaines multipliées par 16, carré des 4 unités, ou et les taillis; on la trouve par toute la France.
2880, et enfin de 64, cube des 4 unités. Le cube CUCUJE (de l’espagnol cucujo, insecte lumineux),
d’une fraction s’obtient en élevant séparément au genre de Coléoptères, de la famille des Xylophages,
cube le numérateur et le dénominateur. Pour ob- a pour type le C. déprimé qui se trouve en Suède
tenir le cube d’un nombre décimal, il sutlil de for- et en Allemagne, et dont la tète, le prothorax et les
mer le cube du nombre entier qui résulte de la sup- élj'tres sont d’un brun rouge et le reste noir. Les
pression de la virgule, et de séparer ensuite, sur la autres espèces se trouvent surtout en Amérique. Ces
droite du cube, 3 fois autant de décimales qu’il y insectespbospborescents serventde parure aux dames
en a dans le nombre proposé. du Pérou. On prétend qu’ils jettent assez de lumière
eu BÉBÉ , fruit d’une espèce de Poivrier (Piper pour permettre de lire les plus petits caractères.
cubeba], qui croit dans les Indes Orientales. Il est CUCULÉS, cocuLiDES (du latin cuculus. Coucou),
plus gros que le poivre ordinaire, brun à l’extérieur, famille d’oiseaux grimpeurs, a pour type le Coucou.
blanchâtre et huileux à l’intérieur, d’une odeur aro- CUCULLE (du latin cucullus, capuchon ). Ce mot,
matique particulière, d'une saveur chaude, àcre et qui désigne proprement une espèce d’habit religieux
piquante. Le cubèbe jouit de propriétés excitantes couvrant à la fois le corps et la tète , comme le froc
assez marquées; il agit puissamment sur les mem- des chartreux , a été donné à plusieurs genres d’in-
branes muqueuses, particulièrement sur l’appareil sectes et de mollusques peu importants qui présen-
génito-urinaire. On l’emploie avec succès dans le trai- tent une forme analogue au vêtement de ce nom.
tement de plusieurs maladies. Vauquelin en a ex- CUCULLIFORME, qui a la forme d’un capuchon
trait une litiile volatile presque concrète, de la (cucullus) ou d’un cornet. Les Botanistes appliquent
gomme, quelques sels, une matière extractive et une cette épithète aux diverses parties des plantes, telles
résine analogue à celle du copabu. efue feuilles, spathes, pétales, etc., qui sont roulées
CUBIQUE qui est de la pâture du cube. On dit
,
en cornet ou en forme de capuchon. — On donne
puinsance cubique et racine cubique, dans le même aussi ce nom au prothorax des insectes, quand il est
sens que troisième puissance, racine troisième [Voy. élevé en forme de voûte et qu’il reçoit la tête.

rmssANCE et racine). Une équation cubique est une CUCUWIS, nom latin du genre concombre.
équation du troisième degré. CUCURBITACEES (du latin cucurbita, courge),
CUBlSïlQUE, danse antique. Voy. cydistiqüe. famille de Dicotylédonées polypétales, renferme des
CUBITAL (du latin cubitus), qui a rapport au plantes herbacées, en générât annuelles, à tiges
coude, à l’os cubitus ou à la partie interne de l’a- volubiles ou rampantes, à feuilles souvent rudes ou
vant-bras où se trouve cet os. U y a une artère cu- couvertes de points calleux, et munies de vrilles
bitale un nerf cubital, deux muscles cubitaux, simples ou rameuses, à fleurs monoïques ou dioï-
plusieurs veines cubitales, etc.— Voscubital, os du ques, qui ont un calice adhérent à l’ovaire, 5 éta-
carpe, est jdus connu sous le nom àa pyramidal. mines à anthères flexueuses, un ovaire uniloculaire,
cubitus, mot latin qui signifie coude, est, de- à placentaires pariétaux, 3 à 5 styles plus ou
moins
puis Cclse, employé en Anatomie pour désigner soudés; les fruits, de forme variable et d’une gros-
celui des deux os de l’avant-bras dont une extré- seur souvent considérable ,
renferment une pulpe
mité ferme, dans la flexion, la saillie que nous appe- plus ou moins charnue ou succulente. Les melons
lons coude. Le cubitus occupe la partie interne de les courges, \ei citrouilles, les concombres, les pa«-
l’avant-bras; il s’articule avec la tète du radius. tèques les coloquintes sont les principaux genres
CUBOÏDE, qui a la forme d’un cube, nom donné, de cette famille : la plupart sont comestibles ; quel-
en Anatomie, à un os court et cubique, situé à la ques-uns cependant contiennent un suc amer et
(lartie antérieure et supérieure du tarse, s’articu- nauséabond qui, pris à forte dose , est un violent
lant en arrière avec le c.dcanéum, par devant avec drastique et peut môme devenir un poison mortel.
les 4' et 5« os du métatarse, et en dedans avec le Les graines que fournissent les Cucurbitacées sont
3» os cunéiforme , quelquefois aussi avec le sca- rangées parmi \es semences froides.
phoïde. Sa face supérieure est aplatie, et répond CUCURBITE (de cucurbita, courge, à cause de sa
, , , , ,

CUIR — 453 CUIS


forme), partie de l'alambic dans laquelle on met les Le Cuir h rasoir est une bande de cuir préparée
matières à distiller. Voy. alambic. à l’huile et collée sur du bois; on l’enduit d’une pom-
CUFFAT, sorte de tonne qui sert, dans les puits des made dure , mêlée de potée d’émeri , d’étain , d’a-
mines, àtransporterà lafoisle minerai etlesmineurs. cier, ou de rouge d’Angleterre, de poudre d’ardoise.
CUFIQUES, nom donné à d’anciens caractères ara- On s’en sert pour aiguiser le lil des rasoirs.
bes. Voy. KOUFA au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. CUIRASSE (de l’italien corazza, dérivé lui-même
CUILLER ou CUILLÈRE (du latin cochlear). Outre du latin coriunc, cuir), arme défensive d'un usage
l’ustensile de table de ce nom , dont l’usage ne re- fort ancien. Il en est souvent question dans la Bible;
monte pas au delà du xiv» siècle, on nomme ainsi les Perses s’en servaient, ainsi que les Grecs et les
divers ustensiles en forme de cuiller dont se servent Romains. Selon Vairon, les Gaulois seraient les pre-
les artisans, tels que les fondeurs, les scieurs de long, miers qui auraient porté des cuirasses en fer avant
;

les sabotiers, etc., pour les usages particuliers de eux, elles étaient en cuir, en feutre, en toile de lin,
leur art, ainsi que divers instruments de chirurgie, en lames ou en écailles d’airain ou de corne , etc.
comme le couteau en cuiller de Fabrice de Hilden Abandonnée vers 380 par les Romains et les Byzan-
pour l’extirpation de l’œil, les cisea'i.z à cuillers tins , la cuirasse fut reprise par les Francs au com-
de Louis, les cuillers du forceps. mencement du IX® siècle. Au xi«, elle fit place à la
On donne vulgairement le nom de cuillers à plu- cotte de mailles, qui elle-même fut remplacée au
sieurs coquillages appartenant au genre Cérite. moyen âge par une cuirasse bien dilférente de la
Herbe à cuillers. Voy. cochlearia. cuirasse antique ; depuis le xiv® siècle, en etl'et, la
CülLLERON ou cueilleron (de cuiller), petite cuirasse fut un véritable corset en métal battu,
lame simple ou double, de forme demi-circulaire, formé de deux plaques distinctes, appelées l’une
imitant une coquille d'huilre, qui existe à la base plastron pectoral , mammelicre ; l’autre dossicre,
,

de l’aile de la plupart des Diptères, et qui aide au huméral ou musquin et s’ajustant -ensemlile au
vol chez ces insectes. —
Les Botanistes donnent aussi moyen d’epaulières et de courroies latérales. Outre
ce nom aux pétales ou à toute autre partie d’une la cuirasseproprement dite, qui était portée par les
fleur ou d’une plante qui a la forme d’une cuiller. hommes d'armes, il
y avait le hallecret, cuirasse
CUEILLETTE (de cueiY/iV), récolte des fruits. On légère à l’usage des archers a pied , le corcelel, porté
cueille au moment de leur complète maturité les par lespiquiers, etc. Les medleures cuirasses étaient
fruits qui doivent être mangés aussitôt; pour ceux alors fabriquées à Milan. Alternativement prise et
qui doivent être conservés, on les cueille dès qu’ils quittée dans nos années, la cuirasse avait été aban-
cessent de croître. 11 faut choisir pour faire la cueil- donnée en 1775. Elle reparut pendant les guerres de
lette un temps sec, un ciel sans nuage, et attendre la Révolution; elle est encore portée aujourd’hui par
que la chaleur du jour ait dissipé l’humidité du matin. les \es Carabiniers. Voy. ces mots.
Cuirassiers et
Dans quelques pays on se sert communément, pour En Histoire naturelle, on appelle cuirasses ; 1“ les
la cueillette des fruits, d’un crochet en fer emman- plaques anguleuses tl dures qui , dans certains pois-
ché d’une perche plus ou moins longue. sons, comme les Loricaires, couvrent tout ou partie
On appelle droit de cueillette, le droit qu’ont tous du corps; 2» l’enveloppe qui couvre le corps de cer-
les hommes, dans l’état de nature, de participer à tains infusoires.
la jouissance des fruits de la terre. CUIRASSIERS {de cuirasse) cavaliers armés
Cuir (du latin corium), nom qu’on donne soit à d’une cuirasse, et qui , dans l’armée française, for-
la peau épaisse et presque dépourvue de poils qui ment, avec les carabiniers, la grosse cavalerie ou
recouvre cerhiins mammifères, comme l’éléphant, cavalerie de réserve. Au moyen âge, tous les gens
le rhinocéros, l'hippopotame, soit aux peaux de d’armes portaient la cuirasse , mais les premiers ré-
bœufs, veaux, vaches, buffles, etc., privées de leur giments de cuirassiers proprement dits furent for-
poil par le tannage et ayant subi diverses préparations més en France en 1666. Supprimés 6 ans après, à
pour être employées dans la sellerie, la cordonnerie l'exception d’un seul, ils n’ont été réorganisés tels
et autres industries. La F’rancene produit point assez qu’ils sont aujourd’hui qu’en 18ü8. Ou compte à
de cuirs pour sa consommation elle est obligée d’en présent 10 régiments de cuirassiers; leur uniforme
;
tirer de l’étranger. Les pays qui lui en fournissent le est une cuirasse en acier, un casque à la romaine en
plus sont la Colombie, la Havane, Buénos-Ayres, acier, la crinière en crin noir, le plumet droit en
le Cap-Vert la Barbarie, le Sénégal, la Russië, plumes de coq, de couleur écarlate un habit bleu à
,
l’Irlande , etc. Tous ces cuirs sont expédiés secs et en boutons blancs, des épaulettes écarlates, le pantalon
poils. Autrefois les cuirs anglais étaient les plus esti- garance et la buffleterie blanche. Les couleurs distinc-
més; aujourd’hui les cuirs français leur font con- tives sont le 6/a«c pour les 4 premiers régiments, le
currence. Paris est le plus grand centre des industries jonquille pour les 4 suivants, et le garance pour les
qui se rattachent à la fabrication des cuirs (tanne-
ries, corroieries, mégisseries, maroquinage, etc.).
2 derniers. —
Il existe en outre 1 régiment de Cui-
rassiers de la garde impériale. Ils se distinguent
Depuis le commencemen t de ce siècle, le commerce surtoulpar leur casque àcrinière noire flottante; col-
des cuirs s’est enrichi d’une nouvelle branche d’in- let, retroussis etpattes de parements écarlates; bou-
dustrie, les cuirs vernis; les premiers se tirent re- tons blancs, à aigle; épaulettes et aiguillettes en 111
rnarquer à l’exposition de l’an X (1802); aujourd'hui blanc manteau en drap garance.
l'usage en est généralement répandu. CUISINE. Voy. culinaire (art).
On appelle Cuir de Bohême ou de Hongrie, un CUISSARD, nom donné au moyen âge à la par-
cuir très-fort dans la préparation duquel on fait en- tie de l’armure qui couvrait la cuisse et qui formait
trer du suif et de l’alun; C. de Bus.^ie, la peau de le prolongement antérieur de la cuirasse. Les cuis-
phoque tannée, ainsi ([u’un cuir odorant préparé en sards étaient formés de bandes de fer mobiles appe-
Russie avec du bois de santal et corroyé avec une lées tasselles articulées comme l’enveloppe des
huile empyreumatique que fournit Tépiderme du crustacés, et appliquées sur une épaisse peau de
Douleau ( la be'tuline) ce cuir, qui a une odeur particu-
: buffle ; ils ne couvraient ordinairement que le devant
passe pour être inattaquable aux vers et ne craint
lière, de la cuisse et venaient se joindre en bas à la ge-
point l’humidité. On s’en sert pour la reliure des li- nouillère. Les cuissarils ont remplacé les chausses
vres et pour les portefeuilles. Aujourd’hui on l’imite de mailles vers le commencement du xiii® siècle, et
parfailement en France et en Angleterre. leur usage a cessé en F rance vers le règne de Henri 111.
En Anatomie, on appelé Cuir chevelu la portion Les Suisses en portaient encore au xvii® siècle.
de la tête qui est couverte par les cheveux ; le tissu CUISSART, instrument destiné à remplacer le
en est plus doux, plus serré et plus compacte. membre inférieur après l’amputation. H reçoit le
, ,

GÜIV — 454 — CÜIV


moignon dans un cône creux, que bourre pour
l’on quer des vases et des ustensiles de ménage, des alam-
rendre la pression moins douloureuse; le sommet bics, des chaudières, des feuilles pour la coque des
du cône se termine par un support en fer ou en bois vaisseaux; il est la base de la monnaie debillon, et en-
destiné à poser sur le sol par son extrémité. tre pour un dixième dans les monnaiesd’or et d’argent.
CUISSE (du latin coÆo). La cuisse n’a qu’unseul Uni à d’autres métaux, il forme le bronze, le laiton ou
os , le fémur; on y compte 21 muscles : 3 clans la cuivre jaune, le similor, le maillechort,el beaucoup
région fessiére (grand , moyen et petit fessier) ; d’autres alliages utiles. Enfin, la plupart de ses com-
6 dans la région pelvi-trochantérienne (obturateurs binaisons chimiques ont de fréquentes applications.
interne et externe , pyramidal, jumeaux supérieur Le cuivre forme deux combinaisons avec l’oxy-
et inférieur, carré crural
) ;
3 dans la région cru- gène, le protoxyde (Cu’O) et le deutoxyde (CuO).
rale antérieure (couturier, droit antérieur, tricepts Ce dernier oxyde fournit tous les sels de cuivre em-
crural):; 3 dans la crurale postérieure (demi-apo- ployés dans les arts, et qui tous sont caractérisés
névrotique , demi - tendineux , biceps crural); 5 par une couleur bleue ou verte, llssontextrêmement
dans la crurale interne (pectiné, droit interne, vénéneux l’acétate, le carbonate, le nitrate elle
:

grand, moyen eXpetit adducteur) ;1 dans l’externe sulfate sont les sels de cuivre les plus importants.
(tenseur de l'aponévrose crurale). — Chez les rumi- Le cuivre a été connu et mis en œuvre dès l’anti-
nants et les solipèdes, la partie qu’on nomme vulgai- quité la plus reculée. D’après la tradition des Égyp-
rement cuisse est, à proprement parler, la jambe, tiens, l’art de fabriquer le cuivre avait été trouvé
l’os de la cuisse étant enveloppé dans la peau de l'ab- du temps d’Osiris, dans la Thébaïde il servit d’a-
:

domen et peu distinct en dehors de la hanche; dans bord à faire des armes et des instruments aratoires:
les animaux articulés, les insectes, les arachnides, les Selon les traditions grecques, Cadmus porta en Grèce
crustacés, on nomme cuisse l’article qui suit la hanche. la connaissance de ce métal et l’art de le travailler.
Cuisses du cerveau. Voy. moelle allongée. CUIVRE ARSÉNiATÉ. 11 cxiste dans la nature de nom-
CUISSE - MADAME , nom vulgaire d'une poire breuses combinaisons du cuivre avec Tacide arséni-
longue et fondante qui est très-estiinée. que telles soniVolivénite , Vérinite, la liroconite,
:

CUITE. On nomme ainsi, dans les Arts cérami- l’upharièse et l’euchroïte des minéralogistes.
ques, l’action de faire cuire de la porcelaine, de la CUIVRE AZURÉ, dit aussi Cuivre carbonaté bleu.
faïence, des tuiles, des briques. Voy. ces mots. Bleu de Montagne ou Azurite, minéral composé d’a-
CUIVRE (du latin cuprum, fait du grec Cypros, cide carbonique , d’oxyde de cuivre et d’eau (4 CO*,
nom de nie de Chypre, d’où Ton tirait autrefois le —
3CuO-(-m7.). Foi/. AZURITE. Vespierresd' Arménie,
cuivre), corps simple métallique d’une belle couleur si célèbres chez les anciens, qui leur attribuent une
rouge; il a une saveur sensible, et, lorsqu’il est foule de propriétés médicamenteuses, entre autres,
frotté , il communique aux doigts une odeur désa- celle de guérir la mélancolie, ne sont que des pierres
gréable et nauséabonde. Sa densité est d’environ 8,9. siliceuses ou calcaires pénétrées de cuivre azuré.
Il est plus fusible que Tor et moins que l’argent. C’est CUIVRE BLANC, nom donné à plusieurs alliages de
un des métaux les plus sonores, les plus ductiles et cuivre, d’arsenic et d’étain , dont on se sert pour
les plus malléables 11 se recouvre à l’air d'une légère faire des miroirs de télescopes, des échelles de gra-
couche verte, connue sous le nom de vert-de-gris, duation pour thermomètres , cadrans , etc. — Le
et composée de sous-carbonate de cuivre h 3'draté. cuivre blanc des Chinois a presque l’éclat de l’ar-
Le contact avec des aliments acides ou gras le trans- gent ; il se compose, dit-on , de cuivre, de nickel,
forme aussi plus ou moins rapidement en un produit de zinc et de fer.
analogue. Lorsque le cuivre est en contact avec la CUIVRE CARBONATÉ. On en trouve de deux sortes
flamme, il s’oxyde et lui communique une teinte verte. dans la nature. La première est un sous-carbonate
Le euivre se présente dans la nature sous les for- de cuivre bibasique : elle est de même nature que le
mes les plus variées, et constitue une vingtaine d’es- vert-de-gris carbonate de cuivre que Ton obtient
pèces minérales. 11 est, après l’or, le métal qu’on dans les laboratoires en versant un carbonate alcalin
rencontre le plus souvent ù l’état natif il est alors
: neutre dans un sel de cuivre soluble; on l’appelle
rouge, en masses dendritiques ou en cristaux. Le mi- vulgairement Cuivre azuré ( Voy. ce mot) La seconda
.

nerai de cuivre le plus abondant est le cuivre pyri- est le carbonate de cuivre basique, qu’on ne peut ob-
teux, ou combinaison de cuivre, de soufre et de fer; tenir artificiellement, mais que la nature nous offre
viennent ensuite le cuivre carbonaté, le protoxyde dans le Cuivre carbonaté vert ou Jl/a/ac/iffe, minéral
de cuivre ou cuivre oxydulé, le cuivre arséuiaté et vert, composé d’acide carbonique, d’oxydede cuivre
phosphaté, et le sulfure de cuivre plus ou moins ar- et d’eau (2 CO’, 2 CuO -|- «g.), très-recherché dans
gentifère appelé cuivre gris. Les pays les plus riches la bijouterie et pour la décoration, à cause de ses
en mines de cuivre sont l’Angleterre, notamment le belles nuances et du beau poli qu’il peut acquérir.
comté de Cornouailles; la Suède, l’Autriche, la On en fait des socles, des vases, des chambranles
Saxe, la Hongrie, la Transylvanie, en Europe; le de cheminée, des tabatières, etc. On rencontre en
Mexique, le Chili, le Brésil,dans le nouveau monde; Sibérie les plus belles malachites.
la Perse, le Japon, la Chine, la Sibérie, en Asie. CUIVRE GRIS , minéral composé de soufre, de cuivre,
En France, on ne connaît guère que les mines de d’antimoine et de plomb, quelquefois aussi d’argent.
Baigorry dans les Pyrénées, de Chessy et Saint-Bol Il en existe plusieurs espèces que les minéralogistes
près de Lyon, de Poullaouen et de Huelgoat, en distinguent par les noms de bournonite, de poly-
Bretagne ; l’Algérie offre aussi quelques mines de basite, de panabase, etc.
cuivre. Nos usines de France ne produisent qii’cn- CUIVRE JAUNE, ou Laiton, alliage de cuivre et de
viron 250,000 kilogr. sur les 6,000,000 de kilogr. zinc, en proportions très-variées, avec lequel on
auxquels s’élève notre consommation. fabrique une foule d’ustensiles de ménage, un grand
Le traitement des minerais de cuivre est long et nombre d’instruments de musique, les cordes de
dispendieux on exploite presque toujours les sulfu-
: piano, les devantures de magasin, les épingles, les
res, notamment le cuivre pyriteux, qu’on soumet boutons, les faux bijoux, etc. Le laiton proprement
à des grillages multipliés dans des fours à réverbère dit se compose, terme moyen, de 65 parties de cui-
et à des fontes fréquentes, jusqu’à ce que le métal vre et de 35 de zinc. Le chrysocalque, qui sert sur-
soit entièrement séparé du soufre. Le cuivre ainsi ob- tout à la fabrication des faux bijoux , renferme 90
tenu est en plaques rondes et couvertes d’aspérités; de cuivre et 10 de zinc; les autres espèces de cuivre
il porte, dans le commerce, le nom de cuivre rosette. jaune, qui portent les noms d’or de Manheim de
Le cuivre est, après le fer, le métal le plus employé Similor, de Tombac, de Pinchbek, etc., ont une
dans les arts pur et sans mélange , il sert à fabri-
: composition analogue. La couleur de tous ces alliages
, , M , ,

CULI — 455 — CULP


varie suivant les proportions relatives des deux mé- qu’ilne faut pas confondre avec la Gastronomie { Voy.
taux. La fabrication du laiton s'exécute principale- ce mot), s’occupe de tout ce qui a rapport à la prépa-
ment à Liège, à Namur; et en France, à L’Aigle, à ration des aiiments. La cuivine ne commence guère à
Jmphy (Nièvre), à Rouen et à Romilly. La moitié devenir un art chez lesGreesqu'au siècle de Périclès;
au moins du cuivre jaune livré au commerce est em- chez les Romains, elle est cultivée dès le temps de
ployée à la confection du Cl de laiton et des épingles. Sylla, et domine dans les deux premiers siècles de
cmvRE oxYDULÉ, minéral composé d’oxygène et de l’empire. Chez ces peuples, elle fut plutôt splendide et
cuivre (Cu*0), d’une belle couleur rouge cochenille. recherchée que succulente et délicate : on vit appa-
On le rencontre en filaments soyeux ou en cristaux. raître sur les tables romaines les mets les plus bizar-
CUIVRE PANACHÉ, minéral brun avec des reflets rou- res et les plus monstrueux , (Tepuis les cervelles de
ges et bleus, est composé de cuivre, de fer et de sou- rossignols et les langues de phénicoptères jusqu’à des
fre (FeS, 2Cu*S) ; il est important comme minerai. sangliers rôtis tout entiers. Anéanti avec la civilisa-
CUIVRE PHOSPHATÉ. 11 existe dans la nature plu- tion romaine, l’art culinaire reparaît avec éclat aux
sieurs combinaisons du cuivre avec l’acide phos- ixo et x« siècles surtout en Italie. Les siècles sui-
,
phorique : telles sont la libéthénite la phosphoro- vants introduisirent parmi les assaisonnements les
chalcite, la trombolitke, etc. des minéralogistes. épices de l'Inde, inconnues des anciens. Au xvni®
CUIVRE PYRITEUX, le plus important des minerais siècle, la supériorité passe à la France ; les cuisiniers
de cuivre, composé de soufre, de cuivre et de fer des grandes maisons, telles que celles d’Orléans, de
(FeS-|-CuS). Il est d’un jaune de laiton foncé, Conti, de Soubise, inaugurèrent ce qu’on appelle la
quelquefois en cristaux appartenant au prisme droit petite cuisine, tlorissante aujourd’hui. Les progrès de
à base carrée, le plus fréquemment en masses amor- l’art, ralentis à l’époque de i.i Terreur, se ranimèrent
phes, à cassure conchoide; sa densité est de 4,169. à partir du Directoire : Laguipierre, Doucher, Ro-
Les mines du Cornouailles, celles d’Anglesea et de bert, Lasnes eurent la plus grande part à celte renais-
j
Fahlun sont exploitées sur du cuivre pyriteux. sance de l’art culinaire. Carême le porta à sa perfec-
CUIVRE ROSETTE. Voy. ci-dessus CUIVRE (1' « colonne), tion ; c’est dans ses écrits de la cuisine, le Cui-
cm VKOT, outil à l’usage des horlogers, en cuivre smier parisien, \q aître d'hôtel français ,\e Pâtis-
ou en acier, leur sert à tourner. On distingue le C.
; sier royal) (pi’il faut l’étudier; c’est à son école que se

!

ordinaire, petite poulie en cuivre, percée, au centre, sontformés!esDelaunay,lesBorel,lesVéry,etc. Les


! d’un trou dans lequel l’horloger introduit la pièce livres les plus usuels sont la Cuisinière bourgeoise,
;

qu’il veut tourner; le C. à vis, ordinairement en la Cuisinière de la ville et de la campagne, le Dic-


acier, et formé de deux pièces réunies par deux vis; tionnaire général de la Cuisine française.
le C. à verge, aussi en acier, en deux pièces réunies CULMINATION (du latin culmen, faite), nom
par deux vis du côté opposé aux vis, on ménage
: qu’on donne, en Astronomie, au passage d’un astre
une partie saillante et cylindrique appelée verge. à son point culminant c’est-à-dire le plus élevé.
CULASSE, la partie de derrière d’un tube d'arme CULOT. On appelle ainsi, en Chimie lole métal, :

à feu, canon, fusil ou pistolet, celle par laquelle est or ou argent, qui s’est séparé des scories et qui reste
close l’extrémité du tube c’est toujours la partie la
: au fond du creuset après la fusion d’un mélange
plus épaisse. Dans le canon , elle est opposée à la métallique; 2° le petit plateau cylindrique de terre
vo/e'e, et comprend la lumière et le bouton. cuite sur lequel on pose le creuset dans le fourneau
CUL-BLANC, nom vulgaire de plusieurs oiseaux, pour le garantir de l’action trop vive du feu ; en —
tels que VEdolius leucophœus, VAstur leucorrhœus, Architecture, un ornement de sculpture employé
le Motteux [Motacilla œnanthe), la Bécassine et le surtout dans l’ordre corinthien, et d’où sortent les
Bouvreuil. —
On nomme Cul-blanc de rivière une volutes, hélices ou rinceaux de feuillage; la partie
espèce du genre Chevalier, le Totanus ochropus. la plus basse d’une lampe d’église, d’un bénitier et
CUL-DE-JATTE, nom qu’on donne familièrement d’autres vaisseaux; —
en Artifice, la base mobile
à une personne estropiée qui ne peut faire usage ni d’une fusée , sur laquelle on appuie la cartouche
de ses jambes ni de ses cuisses pour marcher, et qui pour la charger.
est forcée de se traîner dans une espèce de jalte. CULOTTE C’est proprement la partie du vêtement
.

CUL-DE-LAMPE. En Architecture on donne ce


,
deshommes qui couvre le corps, de la ceinture aux
nom à un ornement de lambris ou de voûte qui est genoux. La culotte était en usage chez les anciens
fait comme le dessous d’une lampe d’église. — En Gaulois, qui l'appelaient bræck d’où les Romains
Typographie , c’est un ornement qui se termine or- ont fait bracca, et nous braies; c’est elle qui a valu à
dinairement en pointe , et qui se met à la fin d’un la Gaule propre le nom de Gallia braccata. Jusqu’au
livre, d’un chapitre, pour rempiir le blanc de la page. XVI® siècle , les bas furent attachés aux braies. Sous
CUL-DE-POULE , nom que donnent les vétéri- Charles I.\, les culottes, qu’on appelait alors hauts-
naires 1» aux ulcères dont les bords sont saillants et
; de-chausses, étaient extrêmement bouffantes et or-
recourbés en dehors, comme dans le farcin; 2» à l’é- nées de bandes ou taillades. Du temps de Henri IV,
minence que la graisse forme quelquefois près de la elles se couvrirent d’une multitude de rubans et d’ai-
queue du cheval lorsqu’il est trop gras. guillettes; après lui, elles commencèrent à redeve-
CULÉE, nom donné à chacun des deux massifs de nir plus étroites ; flottantes sous Louis XIII et sous
de pierres ou de briques qui soutient la voûte des Louis XIV, elles furent depuis serrées par des jar-
dernières arches d’un pont et toute leur poussée. Les retières, qu’on porta d’abord au-dessus, puis au-
culées sont elles-mêmes appliquées au sol des deux dessous du genou. La culotte a disparu au commen-
rives, et sont contrebutées par la poussée des terres; cement de ce siècle elle est remplacée parle pantalon.
:

leur épaisseur est fort variable et dépend du besoin. Dans la Boucherie, on appelle Culotte de bœuf xxo.
CULEUS (mot latin qui signifie sac, outré) , grande morceau fort estimé pour la cuisine : c’est la partie
mesure pour les liquides, en usage chez les Romains supérieure de la fesse, celle qui est la plus charnue.
valait 20 amphores, environ 517 de nos litres. La.Culotte de chien estime espèce d’0ranger;4a C,
CULEX, nom latin de l’insecte connu sous le nom de Suisse, la Grenadille bleue et une variété de Poire
de Cousin: d’où le nom de la famille des Culicides. assez estimée; la C. de velou7's, une variété de Coq.
CULICIDES, tribu de la fam. des Némocères, sub- CULPEU (nom indigène) , Canis culpeus, espèce
div, de l’ordre des Diptères, a pour type le g. Culex, de chien sauvage commune au Chili. Le Culpeu est

et pour caractères une trompe longue et menue un ,
analogue au renard il en a la taille; il a le pelage
:

suçoir de six soies et des palpes droites. Elle renferme gris-roussûtre et les jambes fauves. 11 vit dans les
les genres ; Culex, Anophèle, Mégar hine et Ædès. bois, où il se creuse des terriers comme le renard.
CULINAIRE (art), de culina. cuisine. Cet art. 11 aboie comme le chien , et se nourrit de lapins et
, , , , ,

CULT 456 GUPI


de petits animaux, qu’il ne peut saisir qu’à force de à soie. — On nomme culture forcée celle qui a pour
ruse et de patience ; car il est peu agile. obj et de contraindre les végé taux à fleurs et les plantes
CULTE, lionneurqu’on rend à Dieu ou à des êtres alimentaires à donner leurs produitsen quelque sorte
regardés comme saints. Il y a autant de cultes que artificiellement, et avant l’époque marquée par la
de religions [Voy. religion). Dans toute religion, on nature ; cette partie a été récemment l’objet de grands
distingue le culte intérieur, qui consiste dans l’ado- perfectionnements. Voy. agriculture.
ration, la contemplation, les pieux élans de l’àme CUMIN, Cuminum, genre de la famille des Om-
xers Dieu; le culte extérieur, qui consiste dans la bell itères, ne renferme qu’une seule espèce, le Cumin
récitation des prières et l’accomplissement des céré- officinal [C. cyminum), petite plante herbacée an-
monies imposées par la religion; le culte privé, que nuelle, analogue au fenouil, à tige très-rameuse, à
chacun rend à Dieu dans son particulier; le culte feuilles découpées en lanières filiformes; ses fleurs
public, rendu dans les temples et les églises. Un sont blanches ou purpurines; ses graines verdâtres
culte public est nécessaire pour l’édification des fi- ont une odeur forte, mais agréable, une saveur aro-
dèles; il accroît dans chacun, par une sorte d’in- matique et piquante; elles ont reçu , avec l’anis et
fluence mutuelle, la force du sentiment religieux. le carvi , le nom de semences chaudes. Les anciens
— Dans l’Eglise catholique, on délinit le culte l’en- se servaient du cumin en guise d’épices; les Orien-
semble des lois, conimandements et cérémonies par taux en mettent encore dans tous leurs ragoûts. En
lesquels on rend hommage au vrai Dieu ou à d'au- Allemagne et en Hollande , on en fait entrer dans
tres êtres, par rapport à lui. On y distingue le culte le pain et dans le fromage. On en mêle quelquefois
de làtrie, qui n’est dû qu’à Dieu; le culte de dulie, à l’avoine pour ragoûter les chevaux.
que l’on rend aux saints le culte d'hyperdulie, que
;
On appelle vulgairement Cumin des prés, le Carvi ;
l’on rend à la sainte Vierge. On doit à M. l’abbé C. noir, laNigelle cultivée; C. indien, une espèce
Raffrayun excellent ouvrage sur le Culte catholique. de Myrte , etc.
La liberté des cultes, qui aux xvi' et xvii' siècles CÜMINÉ , principe extrait de l’essence de cumin.
fut l’objet de luttes aussi longues que sanglantes, Voy. CAMPHOGÈNE.
est aujourd’hui admise dans presque toute l’Europe. CUMINIQUE (ACinE), acide organique cristallisé
En France, l’Etat reconnaît et protège également incolore, peu soluble dans l’eau, volatil sans décom-
tous les cultes : ministres du culte catholique
les position , et composé de carbone , d’hydrogène et
du culte réformé du culte Israélite, sont salariés
et d’oxygène dans les rapports de C*“H''0^,H0. Il se
par le trésor public; des églises et des temples sépa- produit par l’action de f air et des autres agents oxy-
rés sont affectés à chacun de ces cultes. M. Gaudry et génants sur l’essence de cumin. 11 a été découvert
M. Dalloz ont écrit des Traités de la Législation des en 1840 par MM. Gerhardt et Cahours.
Cultes enFrance. —Lesrapportsde l’Egliseetde l’É- CUMUL, réunion en une même personne de deux
tat en ce qui concerne le culte ont été réglés en France ou plusieurs fonctions publiques salariées. Le cu-
par le Concordat de 1801. Une administration spé- mul , qui a souvent été porté jusqu’à un abus ex-
ciale, qui tantôt a eu une existence à part, tantôt a cessif, a donné lieu en France aux plus vives discus-
été réunie au ministère de la Justice ou de l’Instruc- sions; diverses dispositions législatives ont été adop-
tion publique, est chargée de toutes les affaires tem- tées pour y mettre un terme. D’apres les dernières
porelles des divers cultes. Le ministère des Cultes mesures adoptées, les professeurs , les gens de let-
fut créé sous l’Empire, en 1804, et confié à Portalis. tres , les savants et les artistes peuvent seuls cumuler
CULTELLATION (du latin cultellare niveler, deux traitements le montant des traitements cumulés
:

aplanir), nom sous lequel les arpenteurs désignent la peut s’élever à 20,000 fr. (décret du 9 mars 1852).
mesure d’un terrain rapportée au plan de l’horizon , Il n’est permis en aucun cas de cumuler un traite-
par opposition à la méthode de développement qui ment d’activité avec une pension de retraite de l'Etat.
tient compte des pentes, des plans inclinés. La mé- CUNÉIFORME (du latin cuneus, coin), qui a la
thode de la cultellation est la meilleure pour repro- forme d’un coin. Én Botanique, on appelle ainsi
duire fidèlement sur le papier le plan d’un terrain. toutes les parties des plantes, telles que feuilles, pé-
CULTIVATEUR. Outre qu’il désigne l’agriculteur tales, filets, etc., qui s’élargissent en forme de coin
qui se livre aux divers genres de culture [Voy. cul- de la base au sommet. — En Anatomie, on désigne
T!jREl,ce nom a été appliqué à plusieurs instruments sous ce nom 1“ l’os sphénoïde , 2® l’os pyramidal
:

dont on se sert pour cultiver la terre pendant la vé- du carpe , 3® l’apophyse basilaire de l’os occipital
gétation des plantes. Ces instruments ont en général 4® trois des os de la seconde rangée du tarse, dits le
pour objet le buttage, le binage ou le sarclage tels : grand le moyen et le petit cunéiforme.
sont le butloir, le binoir, la houe à cheval la ra- On donne aussi ce nom à une écriture des anciens
tissoire à cheval , Vextirpateur, le scarificateur et Chaldéens, dans laquelle les lettres avaient la forme
la herse brisoire. de coins disposés de diverses manières. La lecture
CULTRIROSTRES (du latin cultrum, couteau, et de ces caractères, malgré les travaux remarquables
rostrum, bec) , famille d’oiseaux de l’ordre des Échas- de Grotefend, de Heeren et de M. Eug. Burnouf, est
siers, à bec gros, long et fort, le plus souvent tran- encore fort imparfaite.
chant et pointu , forme trois grandes tribus : les CUNÉIROSTRES (du latin cuneus, coin , et ros-
Grues, les Hérons et les Cigognes. Voy. ces mots. trum, bec), famille de Passereaux, qui comprend
CULTURE (du latin colere, cultiver), ensemble des oiseaux dont le bec est en forme de coin, comme
des travaux qui ont pour objet de faire produire au les Coucous, les Pies, les Torcols, etc.
sol les végétaux qui servent à nos besoins. On dis- CUNETTE (en ital. cunetta, dimin. de cuniculus,
tingue ; 1° la grande culture, qui s’exécute sur de conduit souterrain), canal large de 6 à 7 m., profond
grandes étendues de terrain à l’aide de machines d’environ 2 m. , et plein de 1 à 2 m. d’eau, que l’on pra-
mues par des animaux; 2» la petite culture, qui est tique dans le fond d’un fossé de fortification, afin de
pratiquée à bras par l’homme lui-même, comme dans rendre plus difficile à l’ennemi le passage de ce fossé.
les jardius; 3“ la moyenne culture, qui s’exécute al- CUPIDONE (de Cupidon , dieu de l’amour, parce
ternativement par le travail de l’homme seul et par qu’on employait cette plante dans la composition des
l’emploi des machines. La grande culture constitue philtres), Catananche en grec et en latin, genre de
proprementl’agricuUure. La petite culture estappelée la famille des Cbicoracées, renferme plusieurs es-
communément horticulture, jardinage; la moyenne pèces originaires du midi de l’Europe, notamment
culture peut comprendre, outre la culture des céréales, la C. bleue, vulgairement Gomme bleue et Chi-
l’horticulture, la silviculture, l’arboriculture, la vi- corée bâtarde , remarquable par ses grandes fleurs
ticulture, et môme l’éducation des abeilles et des vers bleues, semblables à ceUes de la Chicorée , et par
, ,

CURA — 457 — CURE


sa tige grêle, haute de 65 centimètres, divisée à son CURATELLE, charge de cüratedr.
sommet en plusieurs petites branches, et couverte CURATEUR (en lat. curator, de curare, soigner).
de feuilles longues, étroites , velues. On la cultive Ce nom a été donné, chez les anciens et chez les mo-
dans les jardins. Ses fleurs se conservent longtemps dernes, à des fonctions fort diverses.
détachées du pied, et sont appelées pour cela Fleurs A Rome, on appelait curateurs divers officiers pu-
immortelles. La. C. jaune, ou Pied-de-lion, a deux blics : C. du calendrier, le trésorier ou receveur

ou trois tiges hautes d’un demi -mètre, et couron- des deniers de la ville il était ainsi nommé parce
;

nées par une simple tête de petites fleurs jaunes. qu’il percevait le jour des calendes, on lel®'' du mois,
CUPRESSINÉÊS { du latin cupressus, cyprès), les intérêts des fonds delà cité; C. datif, une espèce
tribu de la famille des Conifères, dont quelques’ de tuteur nommé ou donné par le juge; C. légi-
Botanistes ont fait une famille distincte. Voy. cyprès. time , le plus proche parent qu’on chargeait de la
CUPRESSUS, nom latin du genre cyprès. tutelle, à défaut de père ou de frère, dans le cas de
CUPRIDES (du latin cuprum, cuivre), famille de minorité avec démence ; C. de la maison de l’Em-
minéraux qui renferme le cuivre et ses composés. pereur, celui qui avait soin du revenu du souverain
CUPULE ( du latin cupula , diminutif de cupa , et de sa dépense ; C. des ouvrages publics, celui qui
coupe ), nom donné, en Botanique : 1® à un assem- en avait l’intendance il était garant des défauts de
:

blage de bractées écailleuses ou foliacées, unies par ces ouvrages pendant 15 ans; C. delà République,
leur base et formant une espèce de coupe ou godet celui qui avait soin des travaux publics : il devait

qui enveloppe la fleur et persiste autour du fruit veiller à ce que les maisons en ruine fussent réparées.
en l’entourant tout entier ( noisettes ) ou en partie Chez nous , le curateur est celui qui est commis
(
glands) ; 2° à l’enveloppe la plus extérieure de l’o- par la loi pour avoir soin des biens et des intérêts
vaire dans les Cycadées et les Conifères; 3« à la par- d’autrui. Les fonctions de curateur se confondent
tie creusée des Champignons de la tribu des Pé- souvent avec celles du tuteur. Il y a lieu de nommer
zizées. —
On appelle poils à cupule ceux qui sont un curateur en cas d’émancipation, d’interdiction, de
terminés par une glande concave (pois chiches); cu- succession vacante, de biens v icants, de bénéfice d’in-
pulés les fleurs et les fruits munis d’une cupule. ventaire, d’absence, de banqu -route, de faillite ou de
CÜPULIFÈRES , une des grandes divisions du cession de biens, de grossesse posthume, de condam-
groupe des Amentacées , ainsi nommée de la cupule nation à une peine afflictive, te. fC. Civ., art. 480).
qui porte le fruit, renferme des arbres et des ar- On nomme, Curateur au mineur émancipé,
: celui
brisseauxcommuns dans nos forêts, tels que le Chêne, qui est nommé par un conseil de famille pour as-
le Châtaignier, le Hêtre, le Charme, le Coudrier, etc. sister le mineur lors de la reddition du compte de
CUR.ê.ÇAO ou cuRAço, liqueur de dessert faite sa tutelle , lorsqu’il reçoit un capital mobilier ou
avec l’écorce des oranges séchées ou avec une petite qu’il en fait emploi, et quand il soutient un procès
espèce de ce fruit , amère et âcre , qui tombe avant relatif à des droits immobiliers; C. aux biens de
sa maturité. On l’appelle ainsi de l’ile de Curaçao l’absent, le curateur nommé par le tribunal du do-
(Antilles) , où croît cette espèce d’oranges. micile d’une personne présumée absente et qui n’a
CURAGE, opération qui a pour objet de débarras- point de mandataire fondé pour administrer tout
ser «n bassin, un
port, un puits, etc., de la vase et des ou partie des biens de l’absent; C. dans le cas de
débris qui s’amassent au fond et en exhaussent le grossesse ou curateur au ventre, le curateur nommé
sol. Le curage des puits se fait à main d’homme. Poul- par le conseil de famille pour empêcher une sup-
ie curage des ports, des bassins, des rivières, on se position de part, lorsque le mari meurt, laissant sa
sert du cure-môle et de la marie-salope. Le cure- femme enceinte ; C. à une succession vacante, celui
môle (ou cure-molle) est un bateau ponté sur le- qui est nommé par le tribunal de première instance
quel est établi un appareil, le plus souvent à vapeur, dans l’arrondissement duquel une succession est
propre à faire agir de vastes cuillers qui servent à net- ouverte , lorsque , après l’expiration des délais , il
toyer le fond de la mer dans un port; ces cuillers ont ne se présente personne pour réclamer cette succes-
une trappe en dessous, qui s’ouvre lorsqu’elles sont sion et qu’il n’y a point d’héritier reconnu.
hors de l’eau pour qu’elles se vident. La marie-sa- CURCAS, espèce du genre latropha ou Médici-
lope est une barque à un mât, contenant deux puits nier. Voy. mèdicinier .

eu forme de pyramide quadrangulaire tronquée, qui CURGULIONITES (de curculio, charançon), fa-
sont destinés à recevoir les matières enlevées par la mille de Coléoptères qui a pour type le Charançon,
drague et le cure^ôle : ces puits sont fermés par en est aussi nommée Charançonites. Voy. ce mot.
bas avec une trappe ou soupape, qui sert, lorsqu’on CURCUMA (de l’arabe CMrAwm) , genre de la tribu
l’ouvre, àdécharger,aularge, les vases ou immondices des Zingibéracées , famille des Amomées, renferme
qui y ont été versées. —
Les matières qui provien- des plantes herbacées, vivaces, appartenant à l’Asie,
nent du curage des étangs, des fossés, etc., et que à l’Afrique et à l’Amérique , à feuilles ovales ou ar-
l’on nomme curures, offrent un engrais très-riche. rondies , â fleurs jaunes, et douées pour la plupart
CURARE, poison végétal très-actif, dont les In- d’un principe aromatique et colorant. L’espèce la
diens de l’Amérique du Sud se servent pour empoi- plus utile est le C. longa, qui croit aux Indes et au
sonner leur flèches, est dû à une ou deux espèces Cap, et dont la racine, dite aussi Terra mérita, Sa-
de liane du genre Strychnos , qui croissent sur les fran des Indes, est employée dans la teinture, pour
bords de l’Orénoque, du Rio-Negro et du fleuve des sa matière colorante [curcuminé). On s’en sert pour
Amazones. Mis en contact avec le tissu sous-cutané teindre en jaune les papiers, les bois, les cuirs, les
ou injecté dans les vaisseaux sanguins d’un animal, vernis , les pâtisseries, le beurre, le fromage, les
le curare tue presijue instantanément, et sans souf- huiles, les pommades, et comme couleur dé fond
france apparente. Le curare peut néanmoins être pour les dorures. Les Indiens l’emploient pour se tein-
avalé sans danger ; oer il parait qu’il n’exerce au- dre la peau. La couleur du curcuma a peu de soli-
cune action délétère sur le tube digestif ainsi que dité; la soie et la laine la prennent mieux que le
sur les autres muqueuses , excepté celles des voies colon et le lin. La teinture de curcuma étant très-
aériennes. —
Pour extraire ce poison, les Indiens sensible à l’action des alcalis, les chimistes en colo-
plient l’écorce de la liane , en l’arrosant d’eau ; ils rent des bandes de papier qui servent comme réac-
obtiennent ainsi un liquide jaunâtre qui, étant con- tif pour découvrir les alcalis ;
ceux-ci font passer
centré , prend l’aspect d’une résine noirâtre; on au brun la couleur jaune du curcuma.
pense qu’ils y ajoutent du venin de serpents ou de CURE (du latin cwro,soin).Ondistingueen France
crapauds. On a extrait du curare un alcaloïde, la cu- les cures proprement dites, desservies par un prêtre
rartne, auquel on attribue ses propriétés vénéneuses. appelé curé, institué à vie, et les succursales, ad-
, , , , , —

CURU — 458 — CÜTA


ministrées par un desservant qui est réTOcable. Il la suite les premiers magistrats, dictateurs, consuls,
y a au moins une cure {ou paroisse) par Justice de préteurs , censeurs , grands édiles ; ce siège les sui-
paix, c.-à-d. par canton. On distingue des cures de vait à Tarmée; on le plaçait sur les chars de triom-
première classe, qui ne peuvent être érigées que phe : c’est sans doute de là que lui vint ie nom do
dans les communes ayant plus de 5,000 habitants et curule [curulis] , dérivé de currus, char.
une justice de paix, ou dans les chefs-lieux de pré- CURURES. Voy. curage.
fecture , et des cures de seconde classe dans les CURVL... Beaucoup demots,en Botanique comme
communes qui ont au moins 1,500 habitants cette : en Zoologie, commencent ainsi et indiquent que la
distinction n'établit de didérence que dans le traite- partie de l’animal ou du végétal qui complète le
ment des titulaires. Les communes moins considé- mot est courbe: ainsi on dit, en Zoologie, curvi-
rables ne peuvent avoir que des succursales. caude, curvipède , curvirostre, qui a la queue, les
CURE (du bas latin curatus, formé de cura, soin, dents, les pieds, le bec recourbés; en Botanique,
parce que le curé prend soin des âmes), en latin pa- cun'icaule, curvi flore, curvinerve, etc., qui a la tige,
rochus, dans quelques pays, recteur ou pasteur, prê- les fleurs, les nervures des feuilles, etc., recourbées.
tre qui est pouivu d’une cure ou paroisse. Les curés CURVILIGNE, nom donné , en Géométrie, à des
sont nommés par l’évèque, sauf l’approbation du Gou- aires et à des figures formées par des lignes courbes,
vernement; ils sont à vie. D’après un règlement de comme le cercle, l’ellipse, le triangle sphérique, etc.
1 834, trop peu exécuté, il faut, pour être nommé curé Angle curviligne, angle formé par des lignes courbes.
dans un clief-lieu de dép. ou d’arr., être licencié en CUSCUTE , Cuscuta genre de plantes de la fa-
théologie, ou avoir exercé pendant 15 ans les fonc- mille des Convolvulacées, renferme une quarantaine
lions de curé de canton ou de desservant; le grade de d’espèces, cosmopolites en général, les unes ligneuses,
bachelier ou un exercice de 10 ans sulDsent pour les les autres herbacées, pour ai nsi dire sans feuilles, à ti-
curés de canton. Les desservants peuvent être chan- ges longues, filiformes et grêles, qui s’accrochent aux
gés de résidence ou révoqués jiar l’évêque. Les curés végétaux, les enlacent de mille replis et finisse t par les
ii

reçoivent de l’État un traitement de 1500 ou de étoull'er. Ces plantes parasites se multiplient et s’é-
1200 fr. selon qu’ils sont de !>“ ou de 2» classe en tendent très-rapidement c’est un véritable fléau, sur-
:
;
outre, ils peuvent recevoir des fidèles des oblations tout pour la luzerne. Un grand nombre d’espèces se
qui sont autorisées par les règlements. Les communes trouvent dans l’Amérique du Nord; parmi celles qui
leur doivent un presbytère. Us administrent les re- croissent en France, on remarque la C. européenne
venus de la paroisse, avec le concours de la fabrique. [C. europœa), à fleurs rougeâtres, commune dans les
Avant la Révolution, les curés vivaient du produit bois, les haies etles prairies, surtout dans les champs
des dîmes ecclésiastiques; ils étaient chargés de l’é- de luzerne; la C. épithym [C. epithymum) à fleurs
iat civil; aujmird’hui leur ministère est purement blanches , qui vit aux dépens du thym, du serpolet,
spirituel. — On n’est point d’accord sur l’origine des des bruyères, etc.; la C. à fleurs serrées, ou An-
curés. Selon les uns, ils sont d’institution divine :
ÿOMn'e, qui s’attache au lin, etc.— On détruit la Cuscute
ils auraient été établis par Jésus-Christ même dans la en couvrant le terrain infecté de colombine ou de suie.
personne des 72 disciples, auxquels ils ont succédé; CUSPARÉ(nom indigène) , Cusparia, genre d’ar-
selon les autres, ils sont d’institution ecclésiastique. bres de la famille des Rutacées, est composé d’une seule
M. Dieuhn adonné Lebon Cure et Le Guide des Curés. espèce, le C. fébrifuge (C. febrifuga), originaire de
ün appelait Curé décimaieur celui qui jouissait l’Amérique méridionale. Ses rameaux sontcouverts de
en toutou en partie des dîmes de sa cure; Cui'é à petites taches blanchâtres; ses feuilles parsemées de
portion congrue celui qui recevait du décimateur très-petits points demi-transparents; ses fleurs sont
line faible rétribution
,
appelée portion congrue. blanches et solitaires sur une grappe axillaire. Son
CURE-MOLE ou cure-molle. Voy. curage. écorce est très-vantée comme succédanée du quin-
CURE-OREILLE, insecte. Voy. forficüle. quina; elle est d’un brun fauve, recouverte par un
CURETTE , instrument de chirurgie qui sert à épiderme blanchâtre; on la prescrit contre les fièvres
extraire les corps étrangers, et particulièrement de intermittentes et la fièvre jaune ; on la connaît dans
petits calculs de la vessie, après qu’on a fait à ce le commerce sous le nom A' Angusture.Voy. ce mot.
viscère une incision suffisante. Il est composé d’un CUSPIDÈ (du latin cuspis pointe), se dit, en
manche et d’une tige d’acier terminée par une es- Botanique , des parties terminées par une pointe
pèce de cuiller fort allongée, plus large à son milieu roide, aiguë, allongée, comme les feuilles de Yagave.
qu’aux extrémités, à bords mousses et polis. CUSSON , ou Charançon du blé. Voy. bruche.
CURIE, Curia, division du peuple romain, était CUSTODE (du latin custodia, garde, étui). Ce
une fraction de la tribu présidée par un magistrat mot désigne tantôt le saint ciboire où l’on garde
appelé curion. Romulus avait établi 30 curies. Dans les hosties consacrées , tantôt les rideaux qui , dans
les réunions du peuple par curies, on votait à la ma- quelques églises, ornent les côtés du maître-
jorité des voix individuelles, par opposition aux as- autel. Autrefois, ce mot servait aussi à désigner
semblées par centuries, où Ton votait par centuries, 'les rideaux des lits des particuliers.
ce qui était à l’avantage de la noblesse. F. centurie. Dans la Sellerie , la custode est le chaperon ou
CURRUCA, un dos noms scientifiq. de la fauvette. le cuir qui couvre le fourreau des pistolets, ou bien
CURSEUR (du latin cursor, coureur). On appelle encore la partie garnie de crin qui est à chaque côté
ainsi en Mathématiques une petite lame, règle ou du fond d’un carrosse , où l’on peut s’appuyer
pointe , qui glisse à volonté dans une coulisse pra- Dans certains ordres religieux, tels que les Capu-
tiquée au milieu d’une règle ou d’un compas. cins, les Cordeliers, les Récollets, etc., on appelle
En Astronomie, c’est le fil qui traverse le champ custode (du latin custos, gardien) un supérieur de
d’un micromètre et qui sert à mesurer le diamètre couvent qui administrait autrefois les subdivisions
apparent d'un astre. des provinces, appelées custodies. —C’était encore
Curseurs ou Courriers apostoliques. V. courriers. un titre de dignité dans quelques églises.
CURSORIPEDES (dulatin cursor, etde pw, pied), Le. président de l’académie des Arcades à Rome
oiseaux qui, comme l’autruche, ont des pattes pro- porte le titre de Custode.
pres à la course : ces oiseaux ont trois doigts par CUTANÉ (du latin cutis, peau), qui appartient à
devant et n’en ont point par derrière. la peau ou qui concerne la peau Nerfs cutanés,
,
:

CURULE (chaise), sella curulis, siège d’honneur nom donné à deux branches du plexus brachial,
chez les Romains ; c’était un siège d’ivoire pliant et — Glandes cutanées, petits grains dont la surface
sans dossier, plus élevé que les sièges ordinaires, sur interne de la peau est narsemée; —
Maladies cuta-
lequel s’asseyaient dans l’origine les rois, et dans nées, les maladies de la peau, etc.
, ,,

CYAN — 459 CYAN


CUTICULE (dimin. de cutis, peau), un des noms poison si on l’administre assez promptement. —
do l'épiderme. Voy. épiderme. L’acide cyanhydrique étendu d’eau est employé en
CUTTER ou COTRE (de l’anglais cutter, coupeur), médecine pour calmer l’irritabilité de certains orga-
petit bâtiment léger et rapide, à un seul mât planté nes; on l’a conseillé contre la phthisie pulmonaire
en avant du centre de longueur du navire, et pen- commençante et surtout contre les affections nerveu-
ché en arrière. Ses voiles principales sont coupées ses.— Cet acide a été isolé en 1780 par Scheele, qui
en oreilles; il porte aussi des voiles carrées, comme l’a extrait du bleu de Prusse ; de là le nom d’ Acide

huniers et perroquets. Les cutters de guerre servent prussique. Ce chimiste, qui est mort subite-
. de croiseurs et de gardes-côtes : ils peuvent porter ment dans le cours de ses recherches , passe pour
sept ou huit caronades. La plupart des yachts ou en avoir été la première victime. Scharinger, chi-
navires de plaisance des Anglais sont des cutters. miste de Vienne, est mort aussi pour en avoir laissé
CU'VE (du latin cupa), grand vaisseau garni d’un tomber sur son bras nu. 11 paraît que les prêtres de
seul fond et ordinairement en bois, qui sert à rece- l’Égypte eonnaissaient déjà l’acide cyanhydrique
voir la vendange, à fouler le raisin et à le faire fer- et l’employaient pour faire périr les initiés qui
menter. On se sert aussi do cuves pour faire de la avaient trahi les secrets de l’art sacré; les eaux
bière : dans plusieurs brasseries d’Angleterre on amères que, d’après la coutume juive et égyptienne,
emploie des cuves en fonte de fer d’une dimension le prêtre faisait boire à la femme accusée d’adultère,
considérable. Les teinturiers, les rafflneurs, etc., et qui tuaient promptement sans laisser sur le ca-
se servent aussi de cuves de différentes formes. davre aucune trace de lésion, paraissent également
On appelle cuve pneumatique un réservoir rempli avoir été des préparations d’acide cyanhydrique.
d’eau ou de mercure, à travers lequel on fait passer CYANHYDRATE, synonyme de cyanure.
les gaz pour les recueillir avec une éprouvette. CYANIQUE (acide), acide organique composé de
CŸAME, Cyamus[à.\i greccî/flmos,fève), vulg. Pou carbone, d’azote, d’oxygène et d’hydrogène, dans les
de haieine, genre de Crustacés isopodes ou læmodi- rapports de C^NO, HO; on l’obtienten décomposant
podes, de la section des Cystibranches, à corps large, les cyanatespar les acides minéraux. C’est un liquide
orbiculaire, solide et coriace; à tête petite et allongée; très-acide qui s’altère' promptement en se transfor-
ayant quatre antennes, des yeux lisses, cinq paires mant en acide carbonique et en ammoniaque. Il a
de pieds à crochets, courts et robustes. Ces animaux été découvert en 1822 par M. 'Woehler.
vivent en parasites sur le corps de la baleine. CYANITES, nom improprement donné par quel-
CYANATES , sels formés par l’acide cyanique et ques chimistes aux Cyanates. Voy. cyanates.
une base. Le plus important est le Cyanate de po- CYANOFERRURE.F. cyanure et bleu de prusse.
tasse qui se produit par la calcination à l’air libre,
,
CYANOGÈNE (du grec cyanos, bleu, et génos
du cyanure de potassium. génération , corps composé de carbone et d’azote
)

CYANEE (du grec cyanos bleu), Cyanea, genre (C’N),est le radical de l’acide cyanhydrique, des cya-
de Zoophytes acalèphes de la famille des Méduses, nures et du bleu de Prusse. C’est un gaz incolore, qui
à corps orbiculaire et transparent , qui vivent dans brûle avec une belle flamme pourpre, et dont l’odeur
les mers tempérées et surtout dans les mers d’Eu- rappelle celle de l’acide cyanhydrique. Il n’existe pas
rope. On remarque la C. de Lamarck, qui est d’un dans la nature à l’état de liberté. Il est remarquable
beau bleu : on la rencontre sur les côtes de la en ce qu’il se comporte, sous beaucoup de rapports,
Manche; et la C. de la Méditerranée, d’une belle comme un corps simple, comme le chlore, par exem-
couleur de vermillon. —
En Botanique, on a nommé ple il se comhiue, en effet, avec l’hydrogène, l’oxy-
:

Cyanée la première section du genre Nymphæa. — gène , les métaux , en produisant des composés qui
En Minéralogie, Cyanée est synonyme de Lazulite. ont la plus grande analogie avec ceux du chlore.
CYANHYDRIQUE (acide), dit aussi Acide prus- Combiné aux métaux, il forme les cyanures. On ob-
sique, Ac. hydrocyanique, acide organique composé tienne gaz cyanogène en soumettant le cyanure d’ar-
de carbone, d’azote et d’hydrogène dans les rapports gent ou de mercure à l’action de la chaleur. Le cya-
de C’“NH,est le plus vénéneux des corps de la chimie. nogène a été découvert par M. Gay-Lussac en 18l4.
11 est liquide, incolore, transparent, et d’une odeur CYANüMÈTRE (de cyanos, bleu, et mélron, me-
qui est la même que celle des amandes amères ou sure) , polariscope inventé par M. Arago pour dé-
des fleurs de pêcher, mais si forte qu’elle en est in- terminer l’intensité de la couleur bleue du ciel ; c’est
supportable et qu’elle détermine aussitôt des maux un carton sur lequel on a tracé un cercle dont une
de tête et des vertiges. 11 est tellement volatil qu’il zone d’une ccrt.aine largeur est divisée en 40 parties.
entre en pleine ébullition à 26 degrés, et que, si l’on Chaque division porte une teinte bleue qui va tou-
en laisse tomber une goutte sur du papier, celle-ci jours en augmentant d’intensité, depuis le blanc qui
se congèle par l’effet du froid qu’elle produit en se est au n“ 1 jusqu’au n“ 40, qui approche du noir.
vaporisant en partie. Il s’altère très-facilement, et se CYANOSE ou CYANOPATHiE, dite aussi /ctère bleu,
convertit peu à peu en une masse noire et charbon- Maladie bleue, etc., état de maladie dans lequel
neuse. 11 prend naissance dans une foule de réac- toute la surface du corps est colorée en bleu. Èlle
tions chimiques. L’eau distillée de laurier-cerise, est toujours symptomatique, et dépend ordinaire-
l’huile essentielle d’amandes amères, toutes les aman- ment de la communication directe des cavités droites
des des fruits à noyau, les pépins de pommes et de du cœur avec les cavités gauches , d’où résulte le
poires contiennent des quantités d’acide cyanhydri- mélange du sang artériel et du sang veineux; ou
que plus ou moins fortes. On le prépare en distillant d’une lésion considérable des poumons, et générale-
avec de l’acide sulfurique le sel jaune, connu dans ment de tous les obstacles qui gênent ou suspendent
le commerce sous le nom de ferrocyanure de potas- l’oxygénation du sang. Elle se termine ordinaire-
sium ou lessive de sang. Aucun corps n’exerce sur ment par la mort. — La cyanose est aussi un des
l’économie animale une action aussi redoutable que caractères principaux du choléra-morbus.
l’acide cyanhydrique à l’état concentré : l’odeur CYANURES , sels formés par le cyanogène et un
seule de cet acide suflit pour tuer un oiseau; une métal. Les cyanures sont analogues aux chlorures et
seule goutte, portée dans la gueule du chien le plus aux bromures; ils se produisent toutes les fois qu’on
vigoureux, le fait tomber roide mort la même quan-
;
calcine avec de la potasse du sang, de la corne, de la
tité, appliquée sur l’œil de l’animal ou injectée dans chair, ou une autre matière organique azotée. Lors-
la veine du cou, le tue aussi à l’instant même; cet qu’on les traite par l’acide sulfurique, ils dégagent
agent produit sur l’homme les mêmes effets que sur de l’acide cyanhydrique. — Le C. de potassium, dit
les animaux. Le chlore détruit promptement l’acide aussi cyanhydrate , hydrocyanate ou prussiate de
cyanhydrique, et peut s’employer comme contre- potasse, est un sel blanc, inodore, cristallisé en eu-
—, , , , , , ,

CYCA 460 — CYCL


bes, très-soluble dans l’eau, d’une saveur âcre, alca- quelle les Japonais font du pain. Leur stipe fournit
line et amère; il exerce sur l'économie animale une en outre, une espèce de gomme, et leurs fruits sont
action très-énergique. On l’emploie en médecine comestibles. —
Il existe béaucoup de plantes analo-

dans les mêmes cas que l’acide cyanhydrique. On gues aux Cycas parmi les plantes fossiles des terrains
s’en sert aussi dans l’analyse chimique et dans la do- secondaires.
rure galvanique. — Le C. de zinc est un sel blanc, CYCLADE (du grec cyclas, disposé en rond), Cy-
insipide, insoluble dans l’eau; on l’emploie dans le clas, genre de mollusques Acéphales testacés, de la
traitement des maladies vermineuses des enfants et famille des Cardiacés, est caractérisé par une coquille
contre les crampes d’estomac. ovale, bombée, transverse, équivalve. Les Cyclades
Les cyanures se combinent entre eux, et forment des sont petites, diaphanes et recouv'ertes d’un épiderme
cyanures doubles. Parmi ces combinaisons , le C. de vert ou brun. Leur longueur varie de 5 à 20 millim.
fer et de potassium, plus connu sous les noms deprus- Quand l’animal est dans la coquille, deux tubes ou j

siafe ferrugineux, prussiate jaune, ferrocyanure de siphons font saillie d’un côté, et de l’autre sort un
|

potassium, hydroferrocyanate de potasse, se rencon- pied mince, allongé et linguiforme. Les Cyclades ha-
tre dans le commerce en beaux cristaux jaunes, d’une bitent Ifs eaux douces des deux continents. I

saveur amère et désagréable ; on l’emploie pour faire CYCLAMEN (du grec cyclos, cercle), vulgaire- ,

'

le bleu de Prusse (F. ce mot). On obtient ce cyanure ment Pain de pourceau , genre de plantes herba-
double en calcinant du sang ou d’autres matières ani- cées, de la famille des Primulacées, à feuilles radi-
males avec du fer et de la potasse, lessivant le produit cales , entières, à fleurs pendantes, blanches ou
et faisant cristalliser de là son nom vulgaire de lessive
; purpurines. L’espèce la plus commune a une racine
de sang. Il sert aux chimistes pour préparer les autres de forme orbiculaire, tubéreuse, brune en dehors,
cyanures, les cyanates, l’acide cyanhydrique, etc. Il blanche en dedans les pourceaux en sont très-
:

est remarquable en ce que le fer n'y est pas accusé friands. On la trouve dans les lieux ombragés, les
par les réactifs ordinaires dece métal. Leprussiate haies, les fossés, etc. La racine du cyclamen d’Eu-
rouge est un autre cyanure double du même genre, rope est vermifuge et très-purgative : elle faisait au- !

composé de cyanogène, de fer et de potassium, dans trefois la base de l’onguent nommé arthanita; on
des proportions différentes de celles du prussiate en tire un principe immédiat nommé arthamtine. \

jaune; les chimistes s’en servent comme réactif. On Les amateurs cultivent plusieurs espèces de Cycla-
l’emploie dans l’impression des indiennes pour dé- mens, à cause de l’élégance de leurs fleurs.
colorer l’indigo.— Le C. double de potassium et d’ar- CYCLE (du grec cyclos, cercle). On appelle ainsi
gent est employé dans l’argenture électro-chimique. diverses périodes d’un certain nombre d’années, des-
M. H. Bouilhet a récemment démontré (1852) qu’il tinées pour la plupart à faire concorder des années
offrait le meilleur moyen d’argenter et a donné l’ex- différentes. Chez les anciens, les cycles principaux :

plication de son mode d’action. étaient la diétéride ou période de deux ans, qui for- |

CYANÜRIQUE (acide), acide organique cristallisé mait 730 jours; Voctaétéride ou période de 8 ans, qui
qui a la même composition que l’acide cyanique, formait 2,922 jours; le cycle de Calippc, de 76 ans,
mais dont l’équivalentchimiqueest différent (CM^O^, formé de 27,759 jours; le cycle d'Hipparque, de
3HO). On l'obtient par l’action du chlore sur l’urée. 304 ans, formé de 111,035 jours; le C. lunaire et le
|

Il forme avec les bases les cyanurates. C. solaire, les plus importants de tous, et dont on
CYATHE (du grec cyathos, coupe), petit vase fait encore usage aujourd’hui dans nos calendriers.
dont se servaient les anciens pour puiser le vin dans Le C. lunaire ou ennéadécaéteris est une période
le craler et pour le verser ensuite dans les coupes. de 19 années lunaires comprenant 235 lunaisons, à
— C’était aussi une mesure de capacité qui était, l’expiration desquelles les nouvelles et les pleines lunes
chez les Grecs, le 6' du cotyle , et chez les Romains arrivent aux mêmes époques, parce que le soleil et la
le quart du setier ; elle valait 0 lit., 04 1/2. lune sont de nouveau, par rapport à la terre, dans les
CYATHE, Cyatnea, genre de Fougères arborescen- mêmes points du ciel que 19 ans auparavant. Ce cycle
tes, type de ia tribu des Cyalhéacées, à tiges droites, est dû àl’astronomeMéton,quile fit connaître l’an 433
qui croissent dans les régions tropicales des deux av. J.-C. ; il fut accueilli parles Grecs avec enthousias-
continents. Les espèces les plus remarquables sont me, et on l’inscrivit dans les temples en lettres d’or :
les C. glauca et excelsa de l’île Bourbon ; la pre- d’où lui est venue la dénomination de nombre d'or. Le
mière atteint une hauteur de 12 à 15 mètres. cycle lunaire actuel (en 1854) a commencé le l'c jan-
CYATHIFORME (du \a.im cyathus coupe , et de vier 1843 et finira au 1« janv. 1862. —
Le C. solaire,
forma, forme), nom donné, en Botanique, aux par- qui a commencé 9 ans avant notre ère, est une période
ties des végétaux qui ont la forme d’une coupe, d’un de 28 années, au bout desquelles l’année recommence
gobelet, comme les lichens, les champignons. par les mêmes jours. On détermine les jours de la se-
CYBISTIQUE (du grec cybistaô, faire la culbute), maine à l’aidedes sept premières lettres de l’alphabet,
une des 3 sortes de danse des Grecs, étaitaccompagnée que l’on place vis-à-vis des jours du mois, et que l’on
de culbutes, de tours de force, de souplesse. F. danse. nomme lettres dominicales. A l’expiration du cycle
CYCADEES, famille de plantes monocotylédones, solaire, les lettres dominicales reviennent à leur pre-
voisines des Palmiers et des Fougères arborescentes mière place et dans le même ordre qu’auparavant. —
par le port de ses plantes, et des Conifères par leur Le cycle lunaire et le cycle solaire combinés forment
organisation intérieure, a pour type le genre Cycas. la période Dionysienne ou Victorienne dite aussi
CYCAS (du grec cycas, palmier d’Ethiopie), genre Cycle pascal ; c’est un cycle de 532 années attribué
type de la famille des Cycadées, se distingue à ses à Denys le Petit et à Victorius, et à la On duquel la
fleurs mâles, disposées en un chaton dont les écailles fête de Pâques revient au même dimanche. Ce cycle
sont garnies de nombreuses anthères globuleuses; ramène les nouvelles lunes aux mêmes jours de l’an-
à ses fleurs femelles en massue, et à son fruit mona- uéejulienne. On ne s’en sertplus depuis Grégoire XIII.
Kène. Les espèces les plus remarquables sont le C. On appelle Cycle caniculaire ou sothiaque une
circinalis, originaire de la Chine et des îles Molu- période égyptienne Je 1460 ans, au bout de laquelle
ques , qui a l’aspect du palmier il porte des feuilles
:
le commencement de l’année vague ou religieuse
pennées de plus d’un mètre de long, qui sortent du coïncidait avec celui de l’année civile ou solaire.
bourgeon enroulées en crosse, e'i qui sont groupées au Cette coïncidence avait lieu au lever héliaque de l’é-
sommet de la tige; et le C. revoluta du Japon, dont les toile de Solhis (Sirius) : d’où le nom de cycle.
longues feuilles restent roulées àleur sommet en forme CYCLIQUES (puËTEs), anciens poètes grecs qui ont
de crosse. Ces deux espèces contiennent une moelle embrassé tout un cycle historique ou fabuleux.
farineuse fournissant une espèce de Sagou, avec la- Yoy. cycliûues au JHct. univ. d’Hist. et de Géogr.
, ,

CYGN — 461 — CYLI


CYCLOBRANCHES (du grec cyclos, cercle, et de La plus connue est le C. domestique, ou C. à bee
branchia, branchies), Mollusques qui ont les bran- rouge (Anas olor), dont le plumage est d’une blan-
chies rassemblées symétriquement autour de l’anus. cheur passée en proverbe. C’est le plus grand des oi-
C\’CL01DE(du grec cyclos, cercle), dite aussi seaux nageurs ; il peut avoir 1"'50 du bout du bec â
Ti'ochdide ou Roulette, courbe engendrée par un l’extrémité de la queue ; son bec est rouge dans toute sa
point lixe d’un cercle roulant sur une droite. Cha- longueur, excepté à l’extrémité delà mandibule supé-
que point d’une roue en mouvement décrit une cy- rieure, qui est noire, ainsi que l’excroissance charnue
cloide. Galilée signala le premier cette courbe en qui s’élève vers la base de cette même partie du bec; on
1615. 1634, Roberval détermina son aire; eu
Eu remarque aussi de chaque côté des joues une place dé-
1644, il trouva le volume des solides engendrés par pourvue de plumes, qui est noire et triangulaire. Ses
la révolution de la cycloide autour de sa base et de jambes, ses pattes, ses ongles sont d’un gris foncé. Les
son axe. En 1658, Pascal proposa une série d’autres jeunes cygnes naissent couverts d’un duvet gris, dont
problèmes relatifs à celte courbe. ils se dépouillent à leur première mue, pour revêtir

CYGLOPÉENNES (constructions) , constructions le plumage blanc. La femelle construit son nid avec
anciennes que la Fable attribuait aux Cyclopes, et des herbes sèches, et y pond six ou sept œufs très-
qui paraissent être l’œuvre des Pélasges. Elles se font gros et parfaitement blancs. Le cygne est robuste et
remarquer par les énormes dimensions des pierres, courageux ; son bec et ses ailes sont des armes puis-
taillées en polyèdres réguliers, et par l’absence totale santes dont il se sert vigoureusement pour repousser
de ciment. Ces monuments, dont il subsiste encore les attaques des plus gros oiseaux de proie et même
des vestiges dans l’Argolide, à Corinthe, en Sardai- des chiens. Comme les oies et les canards, le cygne
gne, etc., datent d’env. 200 ans av. la prise de Troie. marche mal aussi quitte-t-il rarement les eaux; mais
:

Ed Uodvvell euadonnéune description ; Petit Radel a


. il nage avec grâce et majesté
,
et fait le plus bel or-
formé Une collection de modèles de constructions cy- nement des pièces d’eau dans nos parcs et nos jar-
clopéennes,que l’on conserve à laBiblioth.Mazarine. dins il vole rarement, mais son vol est rapide et
;

CYCLOPES (du grec cyclops, œil rond), genre de très-élevé. Il se nourrit de plantes aquatiques, d’in-
petits Crustacés, de l’ordre des Branchiopodes et de sectes, de grenouilles et de vers. On a exagéré la
la famille des Monocles est caractérisé par un œil durée de son existence, mais, en réalité, elle
,
unique, un test univalve, un corps allongé, terminé est fort longue. Les anciens prétendaient que le
en queue, de consistance gélatineuse; par 2 à4 an- cygne près de mourir faisait entendre un chant
tennes et 6 à 10 pattes soyeuses. Les Cyclopes habi- mélodieux ; cependant il ne produit jamais qu’un
tent les eaux douces et stagnantes, nagent sur le sifflement sourd et strident, qui est loin d’être agréa-
dos avec vivacité , et en arrière aussi bien qu’en ble. La chair du cygne est noire , dure , coriace et
avant. Ils se nourrissent de matières animales et vé- de mauvais goût; son duvet est très-recherché : on
gétales. Les femelles sont d’une fécondité prodigieuse. en fait des fourrures blanches fort élégantes.
CYCLOPTÉRE (du grec cyclos, cercle, elpte'ron, Le C. sauvage qui est la souche du Cygne domesti-
nageoire), Cyclopterus, genre de poissons de l’or- que, est moins gros que lui ; son bec est plutôt jaune
dre des Branchiostéges, caractérisé par la forme de que rouge, et la tache de ses joues est jaune, au lieu
leurs ventrales , dont les rayons, suspendus autour d’être noire. Il habite les régions du Nord et ne
du bassin et réunis par une seule membrane , for- descend dans nos contrées que dans les hivers très-
ment un disque ovale et concave dont le poisson rigoureux. Son cri est moins désagréable que celui
se sert comme d’un suçoir pour se fixer aux rochers. du cygne domestique, ce qui lui a fait donner par
Les Cycloptères ont la bouche large, garnie de dents quelques naturalistes le nom de C. musicus.
pointues, les opercules petits, la peau visqueuse et Le C. noir [C. atratus) est une espèce toute par-
sans écailles, mais couverte de petits grains durs. ticulière à l’Australie; elle est encore fort peu ré-
Parmi les espèces on distingue le C. lump et le C. pandue en Europe.
liparis, qui habitent sur nos côtes. Le Cygne était consacré à 'Vénus; le char de la
CYCLOSTOME (du grec eyc/os, cercle, ci stoma, déesse était traîné par des cygnes ; cet oiseau était
bouche ). Ce mot désigne : 1® une famille de pois- aussi dédié à Apollon , sans doute à cause de la fable
sons Chondroptérygiens , au corps long et arrondi, répandue sur la mélodie de son chant. Jupiter prit
dénué d’écailles, et qui parait tronqué en avant à la forme d’un cygne pour tromper Léda.
cause de leur bouche circulaire, ayant pour support CYGNE A CAPUCHON. Voy. DRONTE.
un anneau membraneux ou cartilagineux : cette fa- CYGNE, constellation de l’hémisphère boréal, qui
mille comprend les Lamproies les Gastérolran- renferme 81 étoiles, est située dans la Voie Lactée,
ches , \ei Ammocœtes etc.
;
,

2® un genre de Mol- entre Cépbée , la Lyre et le Renard.
lusques terrestres, de la famille des Colimacés leur : CYLINDRE (du gr. cylindres, dérivé de cylindô,
coquille est de forme variable , à tours de spire ar- rouler), solide terminé par trois surfaces , dont une
rondis; l’ouverture en est ronde, régulière; le péri- est convexe et circulaire, et les deux autres planes
stome, continu. Ces Cyclostomes sont privés de nacre et parallèles entre elles. On nomme cylindre droit,
intérieure, d'épines et d’écailles. On en trouve plu- celui dans lequel la droite qui joint les centres
sieurs à l’état fossile, dans les terrains tertiaires. des deux cercles est perpendiculaire aux plans de
CYCLOTOME ( du grec cyclos, cercle, et tomè, ces cercles; dans fous les autres cas, le cylindre est
section ), instrument de Chirurgie qui sert à prati- dit oblique. — On peut concevoir la génération
quer l’opération de la cataracte par extraction. Il se du cylindre droit en le considérant comme produit
compose d’un cercle d’argent et d’une lame tran- par la révolution d’un rectangle autour d’un de ses
chante qui agit au moyen d’un ressort. On s’en sert côtés ; dans ce mouvement, les côtés perpendiculaires
à la fois pour fixer le globe de l’œil etinciser la cornée. au côté immobile décrivent deux cercles, et le côté
CYCLURE (Queue-cercle), genre d’Iguaniens. mobile décrit une surface convexe. Le côté immobile
CYDONLV, nom latin du cognassier. prend le nom A’uxe du cylindre, et les deux cercles
CYGNE Cygnus, genre d’oiseaux aquatiques,
,
de en sont les bases. On nomme hauteur du cylindre
l’ordre des Palmipèdes et de la famille des Anati- la perpendiculaire abaissée de l’un des points d’une
dées, se distingue des autres oiseaux de la même fa- de ses bases sur le plan de l’autre base dans le cy-
;

mille par ses tarses courts, son col allongé, son bec plus lindre droit la hauteur est égale à l’axe. Un cylindre,
long que large, et surtout par la grâce et l’élégance droit ou oblique , peut être considéré comme un
de ses contours et de ses mouvements. On en compte prisme dont les bases sont des polygones d’un nom-
5 ou 6 espèces, communes à tous les continents, mais bre infini de côtés. La surface convexe d’un cylindre
habitant surtout les contrées septentrionales. droit est égale au produit de la circonférence de sa
, , , ,

CYMO 462 CYNO


base par Taxe du cylindre ou par sa hauteur. Le vo- ployée dans la joaillerie sous le nom de Chrysolithe
lume du cylindre droit ou oblique est égal au pro- et de Topaze orientale.
duit de sa base par sa hauteur. Deux cylindres sont CYNANCHE (du grec cyôn, chien, et agekein
entre eux dans le rapport des produits de leurs hases étrangler, à cause de ses propriétés vomitives), Cy-
par leurs hauteurs. On nomme cylindres sembla- nanchum, genre de la famille des Asclépiadées, ren-
bles ceux dans lesquels des axes ont le même rap- ferme des plantes herbacées des bords de la Médi-
port que les diamètres des bases. —Toute section terranée, à tiges volubiles, remplies d’un suc lai-
laite par un plan parallèlement à la base d’un cy- teux à feuilles opposées, en cœur ; à ombelles inter-
;

lindre est un cercle égal à la base. Toute section pétiolaires. Tous les Cynanches sont purgatifs , et
faite par un plan parallèle à Taxe est un parallélo- quelques-uns sont de violents poisons ; l’espèce la
gramme. Les sections formées dans le cylindre droit plus remarquable est le C. de Montpellier, à racines
par des plans inclinés à Taxe sont des ellipses. rampantes, à fleurs blanches, en étoile; on extrait
Les cylindres sont de la plus grande utilité dans de sa racine un suc drastique dont on se sert comme
les Ai'ts mécaniques : on s’en sert pour aplatir uni- de la Scammonée. La racine du C. vomitif fournit
foi'inément les feuilles ou plaques de tôle, de plomb Tlpécacuanlia du commerce.
et (le cuivre; pour fouler et lustrer les éloüès, etc. CYNANCIE (de cyôn, chien, et agehein, étran-
En Agriculture, on appelle Cylindre un gros rou- gler), espèce d’angine dans laquelle les malades tirent
leau de pierre ou de bois dont se servent les labou- la langue à peu près comme fout les chiens haletants.
reurs pour écraser les mottes d’une terre labourée, CYNAJNTHROPIE (du grec ajôn, chien, et an-
et les jardiniers pour aplanir les allées d’un jardin. thropos, homme), variété de la mélancolie dans la-
Eu Histoire naturelle , on nomme ainsi des Mol- quelle le malade croit être changé en chien, et imite
lusques dont la forme est cylindrique. la voix et les habitudes de cet animal.
Cylindre noté, cylindre de bois qui sert, dans CYNAREES, cykarocéphales. Voy. cinarées , etc.
les serinettes et Torgue de Barbarie, à lever les sou- CYNÉGÉTIQUE (c.-à-d. qui concerne la chasse,
papes des tuyaux qui doivent émettre les sons. Le du grec cynégéô, chasser avec un chien). Les Grecs
mécanisme (les cylindres notés se retrouve dans la appelaient ainsi Part de la chasse, et, en particulier.
musique des pendules, des tabatières, etc. Part de la chasse au chien. Oppien a laissé sous ce
CYLINDROIDE, nom donné, en Géométrie, à un titre un poème estimé.
solide qui ressemble au cylindre, mais dont les bases CYNIPS, genre d’insectes Hyménoptères téré-
sont des ellipses au lieu d’être des cercles. brants, de la famille des Pupivores, tribu des Galli-
En Anatomie , on appelle protubérances cylin- coles, a pour caractères : des antennes filiformes,
droïdes les corps cylindriques et contournés sur des cuisses non renflées, le ventre pédiculé, com-
eux-mêmes qui sont placés à la partie postérieure primé ,la tête étroite et le thorax bombé. Ces in-
,

des ventricules latéraux du cerveau. à Taide d’une tarière effilée, percent Técorce
sectes,
CYMAISE (du latin cymatium). Voy. cimaise. pour y déposer leurs œufs.
et les feuilles des arbres
CYMBALES (du grec cymbalos,mème signifie. ), La présence de ces œufS protluit les excroissances
instrument de percussion composé de deux dis([ues
, connues sous le nom de galles ou bédégars (Voy.
métalliques égaux, de 30 centim. environ de dia- ces mots), au milieu desquelles la larve, sortie de
mètre et fort minces , ayant chacun à leur centre Tœuf , transforme jusqu’à ce qu’elle
se nourrit et se
une petite cavité , percée de façon à recevoir une soit insecte parfait.Les Cynips se trouvent particu-
double courroie, dans laquelle ou passe la main pour lièrement sur chênes, les rosiers sauvages, les fi-
les
frapper les disques Tuu contre l’autre. Cet instru- guiers, etc. Les espèces les plus remarquables sont :

ment s’emploie concurremment avec la grosse caisse, le C. tinctorial, qui vient sur une espèce de chêne
le triangle chapeau chinois , le tambour et les
, le du Levant, et dont la galle s’emploie dans la fabri-
castagnettes pour marquer les temps forts de la
,
cation de l’encre à écrire ;
et le C. du figuier, dont on
mesure dans les marches militaires, les ouvertures, se sert en Orient pour féconder les figuiers, et pour
lesfinalesd'opéra, etc. Les meilleures cymbales vien- hâter la maturation des figues. Voy. caprification.
nent d’Orieut ou les nomme cymbales turques;
: CYNIQUES (du s;rec kyôn, kynos, chien), philo-
celles qu’on fabrique en France sont d’une sonorité sophes grecs dont Diogène était le chef, affectaient
moins pure. —
Les cymbales antiques consistaient de mépriser les bienséances sociales. Voy. CYNiauES
en deux moitiés d’une petite sphère creuse de mé- au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
tal, pourvues d’un manche, et que Texécutantfrap- CYNOCÉPHALE, Cynocephalus (du grecA//dw,
pait de côté on s’en servait surtout dans les céré-
: chien, et céphalè, tête), genre de Singes de l’ancien
monies religieuses. Voy. crotale. continent, munis d’abajoues et de callosités; à mu-
On appelle encore Cymbale un jeu d’orgue aigu, seau allongé, tronqué à l’extrémité ; les crêtes sour-
qui se compose de trois à sept tuyaux à bouche , eu cilières sont très-développées et s’élèvent au-dessus
étain, sur chaque note. Ou les accorde à la tierce, des yeux, en sorte que le front est entièrement effacé,
à la quinte, à Toctave. ce qui donne à la tète de ces animaux une certaine res-
CYME , terme de Botanique. Voy. cime. semblance avec celle du chien. On les trouve dans les
CYMÉNE ou cuMÈKE. Voy. camphogéne. parties chaudes de l’Afrique. Ils sont brutaux et fé-
CYMINDIS (nom d’oiseau, en grec), genre d’oi- roces, doués d’une force et d’une agilité qui les ren-
seaux de Tordre des Rapaces et de la famille des dent dangereux, même pour les hommes. Les plus
Fa ucous, est caractérisé par un bec très-crochu, étroit remarquables &oi\t\e Mandrill, à face bleue, avec un
et assez allongé, et par des ailes obtuses. On n’en nez rouge et une louguebarbe jaune ; lelS«ôoùi jaune,
connaît que 2 espèces, qui se trouvent à la Guyane verdâtre et à face noire le Tartarin, qui a la face cou-
;

et au Brésil : le C. bec-en-croc ( C. uncinaius), et leur de chair et la tête ornée d’une longue crinière ; et
le C. à manteau noir (C. Guianensis). les Papions, singes de petite taille répandus en Afri-
GYMODOCEE (nom arbitraire). Crustacé déca- que et eu Arabie. On trouve fréquemment des Cyuocé-
pode, a lesdernières pattes relevées obliquement sur ph.des représentésdansles sculptures des Égyptiens.
les côtés de Tabdomen La C. poilue [C. pilosa) qu’on
.
,
CYNOUON (du grec kyôn, cliien,et odous, dent),
trouve dans la Méditerranée, est le type de ce genre. genre de Graminées établi pour une petite plante
CYMOPHANE (du grec cyma, flot, et phanos vivace, le Cynodon dactylon, ya\g. Dent-de-chien.
lumière), substance minérale de l’ordre des Alumi- CYNOGLOSSE, Cynoglossum (à\i kyon, ky-
nates, composée de silice, d’alumine, de glucine,etc.; nos, chien, et glâssa, langue), vulgairement Lan-
elle est vitreuse, d’un jaune verdâtre chatoyant. La fue-de-chien genre de la famille des Borraginées
Cymophane se trouve en Amérique elle est em-
:
ÏAspérifüliées, L.), renferme des plantes herbacées
, , ,
,

GYPR 463 CYST


à tiges rameuses et garnies de fleurs de couleur rouge du précédent; son bois est excellent pour la char-
vineuse. Le type du genre est la C. officinale, plante pente. On remarque encore le C. pendant ou glau'
d’un vert pâle un peu argenté; ses feuilles sont que, le C. faux-thuya ou Cèdre blanc du Canada
couvertes d’un duvet très-Dn et ont la forme d’une et le C. chauve ou de la Louisiane, qu’on range
langue ; ses fleurs, d’un assez beau rouge, sqpt dis- aujourd’hui dans le genre Taxodium.
posées en épis. Elle croît naturellement dans le midi Petit cyprès. Voy. santoline.
de la France, au bord des sentiers et sur les berges CYPRIN (du grec cyprinos, poisson), Cyprinus,
des rivières. Ses feuilles, cuites dans l’eau et appli- genre type de la famille des Cyprinoides, renferme
quées extérieurement, passent pour émollieutes, ano- des poissons d’eau douce, à corps écailleux, à bouche
dines et narcotiques. On en fait un extrait qui entre petite et sans dents , à lèvres protracliles ou allon-
dans la composition des pilules de cynoglosse. On geables, et n’ayant qu’une nageoire dorsale. Ces
connaît encore la C. argentée, la C. printanière ou poissons sont peu carnassiers : ils vivent surtout
Cabaret des murailles, la C. à feuilles de lin, etc. d’herbes, de graines et de limon. A ce genre appar-
CYNOPITHÈQUES (du grec kyôn , kynos, chien, tiennent les Cyprins proprement dits, les Carpes
et pithex, singe), sorte de singes à courte queue, Tanches, Barbeaux, Goujons, Brèmes, Ab/es, etc
intermédiaires entre les Cynocéphales et les Magots, CYPRINE, Cyprina, genre de mollusques Gastéro-
a pour type le Cynocéphale macaque, ou Singe noir podes de l’ordre des Scutibraiiches , est caractérisé
de l’île Célèbes. Us donnent leur nom à une tribu par une coquille bivalve, oblongue, cordiforme,
de la grande famille des singes, les Cynopithéciens, présentant trois dents sur la charnière et une dent
qui appartient exclusivement à l’ancien monde. latérale écartée de la charnière. La C. islandica est
CYNOREXIE ;dugrec%dn, kynos, chien, etorexis, la seule espèce vivante de ce genre. On en trouve
appétit), dite aussi faim canine, maladie nerveuse de fossiles dans les terrains tertiaires.
de l’estomac, caractérisée par une faim excessive et CYPRINOIDES, famille de poissons Malacoptéry-
par la vomissement de tous les aliments peu après giens abdominaux, a pour type le genre Cyprin,
leur ingestion. Voy. aussi boulimie. dont les caractères sont ceux de la famille même.
CYNORRHODON, ou Rose de chien. V. églantier. CYPRIPEDE, Cypripediuni (du grec Cypris, Vé-
CYNOSURE (du grec kyôn, chien, et oura, queue), nus, et pédion, lien;, genre de la famille des Orchi-
nom sous lequel on désignait jadis la Petite Ourse. dées , renferme des plantes herbacées à racines fi-
CYNOSURE, Cynosurus genre de Graminées, breuses, à tiges foliacées, à fleurs grandes, remar-
à feuilles planes, à panicules serrées et spiciformes, quables par leur forme bizarre et leur odeur suave.
composées de fleurs hermaphrodites mêlées d’épil- Elles croissent dans les parties froides et tempérees
lets stériles. Ce genre a pour type la Cretelle des de l’hémisphère boréal , surtout en Amérique. Plu-
prés, commune dans nos prairies. sieurs espèces sont recherchées à cause de leurs fleurs.
CYPÉRACEES ou CYPÉROiDES (du grec cypeiros , Le type du genre est le C. sabot de Vénus ou de la
souchut), famille déplantés Monocotylédonées, voi- Vierge qui croît dans les Alpes.
sine des Graminées et des Joncées, renferme un CYPSELE (du grec kypsélion, petite corbeille), sy-
grand nombre de végétaux herbacés qui croissent nonyme à’ Akène chez quelques botanistes. V. ce mot.
en général dans les lieux humides. Leur racine, an- CYRENAIQUES, philosophes anciens ainsi nommés
nuelle ou vivace, fibreuse, présente des tubercules d’Aristippe de Cyrène, leur chef, soutenaient que
charnus remplis d’une substance blanchâtre et amy- l’homme ne doit rechercher que le plaisir.
lacée la tige est un chaume anguleux ou cylindri-
; CYRILLIQUE (alphabet), alphabet servien in-
que à nœuds rares, ordinairement simple; à feuilles venté, dit-on, au xi® siècle par S. Cyrille, l’apôtre
caulinaires ou radicales; les fleurs forment des épis de la Servie, qui le premier traduisit la liturgie
ovoïdes, globuleux ou cylindriques. Cette famille grecque et la Bible dans la langue des Vendes.
renferme une dizaine de tribus dont les principales L’alphabet cyrillique dérive de l’alphabet grec; il est
sont les Caricées (ayant pour type le Carex, Laiche) en usage, pour l’idiome liturgique, en Russie, en
et les Cypérées (du latin Cyperus, Souchel) c’est à
: Servie et en Bulgarie.
cette dernière tribu qu’appartient le papyrus. CYHT ANDRE (du grec kyrtos, courbé, et aner,
l’.YPERUS, nom latin du genre Souchet. andros, mâle, étamine) , genre de la famille des Acan-
CYPHOSE (du grec kyphos, courbe). V. gibbosité. thacées plante herbacée ou sous-frutescente à feuil-
•.

CYPREA, nom latin des Porcelaines. Voy. ce mot. les simples, opposées
;
à fleurs en capitules, blanches
CYPRES, Cupressus, genre de la famiile des Co- ou jaunâtres. On en a fait une famille sous le nom de
nifères, qui a donné sou nom à la tribu des Cupres- Cyrtandracées. L’espèce type est le Cyrtandre à
sinées, a pour type le C. fastigié ou pyramidal bouquets, à feuilles d’un beau vert et à fleurs blan-
originaire du Levant et très-répandu dans le midi ches. Elle est originaire de l’Inde ou de lava.
de l’Europe. C’est un arbre résineux, de haute taille CYSTE (du ^reckystis, vessie), mot qui entre dans
et de forme pyramidale , à racines nombreuses et la composition de plusieurs noms avec la significa-
déliées , au tronc élevé , dont les rameaux pressés tion de vessie ou poche. Voy. aussi kyste.
,
contre la tige, portent un feuillage d’un vert foncé, CYSTIBRANCHES (du grec kystis, vessie, et bran-
composé de petites folioles imbriquées les unes sur chia., branchies), famille de Crustacés isopodes, com-
les autres; ses fleurs sont formées de plusieurs écailles prend ceux qu’on présume avoir des branchies dans
arrondies qui, en s’agglomérant, forment un fruit les cavités vésiculaires : tels sont les Cyames. Ces
coüoide de la grosseur d’une noix, mûrissant en hi- Crustacés sont tous marins, et habitent sur des plan-
ver et s’ouvrant par segments pour laisser échapper tes ou des animaux. Quelques naturalistes en fout
la graine. Le Cyprès, par sa couleur sombre, répand un ordre sous le nom de Lœmodipodes.
autour de lui un certain air de tristesse : aussi est-il CYSTICERQUES(du grec vessie, et kerkos,
l’arbre des tombeaux; les anciens l’avaient consacré à queue) , vers intestinaux qui ont le corps presque cy-
Pluton. Dans le Midi , on fait avec le cyprès des haies lindrique, terminé par une vessie pleine de sérosité
très-serrées et très-hautes pour servir d’abri aux jar- limpide, et dont la tête, garnie de quatre suçoirs,
dins et à certaines cultures. On prétend que cet arbre est armée d’une trompe obtuse couronnée par des
purifie l’air. Son bois, fortet incorruptible, est suscep- crochets. Les Cysticerques sont presque toujours con-
tible de recevoirun beau poli. Sadurée est, dit-on, sept tenus dans des kystes membraneux. C’est à une espèce
fois plus grande que celle du chêne. La résine qui en de ce genre qu’est due la ladrerie des porcs. Quelques
découle est utile contre les blessures récentes, et espèces se trouvent dans le tissu du corps humain.

donne une belle couleur. Le C. horizontal ou étalé,
dit aussi Arbre de Montpellier, n’est qu’une variété
CYSTINE ou OXYDE cystiûüe (du grec kystis,
vessie), substance organique jaune et cristalline qu’on
— — , , , ,

DACT — 464 — DACT


trouve dans la vessie, et qui constitue quelquefois les CYTINELLE, Cytinus (du grec kytinos, fleur de
calculs urinaires chez l’homme. Elle renferme du car- grenadier, à cause de la couleur rouge de ses feuilles
bone, de l’hydrogène, de l’azote, de l’ovygène et du et de ses fleurs) , genre type de la famille des Cyti-
soufre. Elle a été découverte par Wollaston. nées , détachée des Aristolochiées , est composé de
CYSTIQüE {du grec kystis, vessie), qui appartient plantes herbacées à tige simple , couverte d écaillés
à une vésicule, et spécialement à la vésicule biliaire. imbriquées ; à fleurs mono'iques, sessiles et axillaires.
On nomme bile cystique celle qui est contenue dans La seule espèce connue est ïHypociste parasite [C.
cette vésicule; artère cystique, l’artère provenant hypocistis), petite plante charnue croissant sur les
de la branche droite du tronc hépatique, et se divi- racines des diverses espèces de Cistes , d’où son nom.
sant en deux rameaux qui se distribuent à la vésicule Elle est haute de 4 à 5 centim. , et est surtout re-
biliaire ; conduit cystique, un canal placé dans l’é- marquable par la couleur rouge de ses écailles et des
paisseur du petit épiploon, et s’étendant du col de la petites fleurs qui terminent sa tige. On la trouve
vésicule biliaire au canal hépatique; ce canal livre dans les contrées méridionales de l’Europe. Ses baies
passage à la bile lorsqu’elle reflue dans la vésicule ou renferment un suc acide, astringent et tonique.
s’écoule dans le duodénum; — calculs cystiques, CYTISE , Cytisus, genre de la famille des Légu-
ceux qui se forment dans la vésicule biliaire. mineuses, section des Papilionacées, renferme des
CYSTIRRHÉE (du grec kystis, vessie, drhéô, arbustes et des arbrisseaux dont le port se rapproche
couler), dite aussi catarrhe vésical , flux muqueux de celui des Genêts, mais qui ne sont pas épineux ;
de la vessie, écoulement muqueux qui suit souvent ils ont les feuilles ternées, accompagnées de stipules
le catarrhe aigu delà vessie ou cystite (F. ci-après). très-petites; les fleurs jaunes ou pourpres, disposées
Cette maladie se montre particulièrement dans les en grappes ou en épis. On en compte une trentaine
saisons froides et humides, et attaque surtout les d’espèces, originaires des contrées montueuses de
vieillards et les gens sédentaires. l’Europe et de l’Asie méridionales, et cultivées, pour
CYSTITE (du grec vessie), inflammation la plupart, dans nos jardins. Le type du genre est le
'aiguë ou chronique des membranes de la vessie. On C. des Alpes, ou Faux Ébénier {C. Laburnum),
distingue la C.superficielle{C. catarrhale, C. érysi- originaire des Alpes et du Jura. C’est un arbrisseau
pélateuse, catarrhe aigu), c.-à-d. bornée à la mem- à feuillage épais et d’un vert foncé, sur lequel se dé-
brane interne de la vessie : sa durée est de vingt à tachent agréablementde longues et nombreuses grap-
quarante jours; rarement elle est mortelle; — la C. pes de fleurs jaunes semblables à celles de TAcacia;
profonde ou phlegmoneuse, c.-à-d. étendue à toutes dans certains pays, il atteint 4 et 5 m. de haut. Son
les membranes de la vessie et à la portion du péri- bois, très-dur, veiné de vert, est susceptible de pren-
toine qui recouvre ce viscère. Cette dernière est le dre un beau poli : les anciens en faisaient des arcs;
plus souvent dangereuse. aujourd’hui, il est employé par les tourneurs. Ses
CYSTOTOMIE (du grec kystis, vessie, et tomè graines, noires et lenticulaires, sont vomitives et pur-
section) , incision de la vessie. Autrefois, on nommait gatives. On le multiplie de graines et de drageons.
ainsi l’incision faite à la vessie dans l’intention d’é- Les chèvres et autres bestiaux se plaisent à brouter
vacuer l’urine, et on avait réservé le nom de taille les jeunes pousses et les feuilles du Cytise.
à l’opération pratiquée pour extraire les calculs. CZAR ou TSAR (du latin Cœsar) , qu’on prononce
CYTHEREE, belle coquille, espèce du genre Vénus. tchar, un des titres que porte l’empereur de Russie.

D
D consonne
,
dentale , 4® lettre de l’alphabet fran- suivie de deux brèves : càrmïnà; ce pied est ainsi
çais correspond au a des Grecs ; elle a le son du
, nommé par allusion au doigt, qui a trois phalanges,
T afl'aibli et se confond ou s’échange fréquemment dont lapremière est plus longue que les deux au-
avec cette lettre. —Dans les nombres, D valait 500 tres. Le dactyle entre dans la composition des vers
chez les Romains, D, 5,000; chez les Grecs, F va- hexamètres, pentamètres, etc. Voy. ces noms.
lait 4; , (T valait 4,000. — Dans le Calendrier romain, Les Grecs appelaient encore dactyle : 1® une me-
D était la 4® des lettres nundinales il estencore dans
;
sure linéaire , longue à peu près d’un travers de
notre calendrier la 4® des lettres dominicales. — Con- doigt ; c’était la 16® partie du pied grec (0“,02 en-
sidéré comme abréviation des prénoms romains, D viron ) ; 2® une sorte de danse qu’exécutaient les
désignait DecîMS, Decimus; Dr. Drusus. Devant les athlètes; 3® des prêtres du mont Ida, qui étaient,
nomsd’empereursetde saints, D signifiait Divus, Dio- comme les doigts, au nombre de cinq; on leur at-
nysius (Denis), etc. Sur les pierres tumulaires, D. M. tribue l’invention du pied qui porte le même nom.
signifie Diis Manibus, aux Dieux Mânes; sur les En Botanique, on nomme Dactyle m genre de la
frontons des temples et des églises, D. 0. M., Deo famille des Graminées, composé de plantes vivaces,
Optimo Maximo, au Dieu très-bon , très-grand. — nombreuses et multiflorcs. Le Dactyle pelotonné,
Dans l’ancien alphabet chimique, D indiquait le sul- vulgairement Chiendent à brossettes se trouve en
fate de fer. —Sur nos monnaies , D indique la fa- abondance dans les prés et le long des chemins. 11
brique de Lyon. —D est encore l’abréviation de don, donne un mauvais foin, et ne s’emploie guère qu’à
titre donné aux seigneurs espagnols et de dom, former des gazons dans les jardins.
,
titre particulier aux anciens bénédictins. Les Conchyliologistes donnaient autrefois le nom
DA CAPO (et par abréviation D. C. ), expression de Dactyles à plusieurs coquilles affectant plus ou
italienne qui signifie depuis la tête et qui se met moins laforme d’un doigt. Aujourd’hui, on désigne
quelquefois à la lin d’un morceau de musique pour ainsi la Modiole lithophaye espèce de mollusque
indiquer qu’il faut le reprendre depuis le commen- de la famille des Mytilacés, et la Pholade dactyle,
cement jusqu’au signe de terminaison. autre mollusque de la famille des Enfermés.
DACNIS , nom latin donné par Cuvier au Pitpit, DACTYLIOTHÉQUE (du grec dactylios, anneau,
genre de Passereaux conirostres. Voy. pitpit. et théké, cassette), collection d’anneaux ou de pier-
DACTYLE (du grec dactylos, doigt), sorte de pied res gravées. Chez les Romains , Scaurus, gendre de
de la poésie grecque et latine, composé d’une longue Sylla, parait avoir formé la première collection de
, ,
, , ,

DAGÜ — 465 — DAHL


1
ce genre. Chez les modernes, Laurent de Médicis eut en abondance aux parties de la surface qui ont été
le premier cabinet de pierres gravées. On cite sur- frappées par une vive lumière, à l’exclusion de celles
tout les collections des cabinets de Paris, de Vienne qui sont restées dans l’ombre, et se précipiter en
et de Berlin. Voy. CLYPTiauE. quantité variable sur les espaces occupés par les
DACTYLOGRAPHE (du grec dactylos, doigt, et demi-teintes. Pour fixer définitivement l’image , on
graphô, écrire), instrument à clavier inventé en 1818, plonge la plaque dans une solution d'hyposulfite de
et destiné à transmettre, au moyen du toucher, les soude, et on la lave ensuite avec de l’eau distillée.
signes de la parole. Use compose de 25 touches, cor- On a cherché à expliquer la fixation de l’image en
respondant chacune aux 25 lettres de l’alphabet. Au admettant que, dans les parties de la plaque indurée
moyen d’un mouvement imprimé à la touche, telle ou bromurée qui ont été frappées par certains rayons,
'
ou telle lettre peut se faire sentir sous la main de la l’iode ou le brome étaient volatilisés et le métal mis
personne avec laquelle on communique. Le dactylo- à nu ; que ces parties , exposées ensuite à la vapeur
graphe offre un moyen de correspondance entre les mercurielle , se combinaient plus ou moins avec le
sourds-muets et aveugles.
les mercure, et produisaient ainsi un amalgame blanc
I
DACTYLOLOGIE (du grec dactylos, doigt, et et mat; enfin, que le lavage à l’hyposulüte enlevait
logos discours), art de parler avec les doigts, em- les autres parties iodurées ou bromurées qui n’a-
ployé par les sourds-illuets. Voy. sourds-muets. vaient pas subi cette décomposition par la lumière :
DACTYLOPTÉRE (de dactylos, doigt, et ptéron, mais cette théorie ne rend pas encore un compte
aile), dit aussi Poisson volant. Hirondelle de mer, suffisant de tous les phénomènes. — Depuis quelque
genre de poissons Acanthoptérygiens . de la famille temps on a réussi à substituer du papier sensible aux
des Joues cuirassées. Ils sont revêtus d’écailles dures, plaques métalliques. Les épreuves ainsi obtenues
ont le museau court et sans proéminence, la bouche échappent à l’inconvénient du miroHage qu’offrent
située en dessous; leurs nageoires pectorales se di- toujours les plaques métalliques. — Les images da-
'
visent en deux parties, une antérieure, de longueur guerriennes ne reproduisent pas les couleurs des ob-
i
médiocre, une postérieure presque aussi longue que jets; quelques personnes y suppléent en coloriant
le corps :lorsque celle-ci s’étend , elle figure une sur la plaque l’image obtenue; mais à moins d’être
sorte d’aile au moyen de laquelle le poisson peut appliqué par une main très-exercée, ce coloriage
I
s’élever dans l’air, pour échapper à la poursuite des lisque de défigurer l’image. — On sait tout le parti
autres poissons. Dans les temps calmes, on voit les qu’on a tiré du daguerréotype: il sert surtout à obtenir
j
Dactyloptères voler par troupes au-dessus de la mer ; des portraits, des paysages, des copies de tableaux, etc.
II ils peuvent parcourir ainsi un espace de 30 à 40 mè- Les premières tentatives pour fixer les images de
I
très. Ces poissons sont communs dans la Méditerra- la chambre obscure ont été faites dès 1813 par
née ; leur chair est comestible. M. Niepee, propriétaire aux environs de Châlon-sur-
DÆDALEA (du grec daidalea, enjolivée), genre Saône ; il se livra pendant de longues années à des
de Champignons de la tribu des Basidiosporés. Une es- investigations sur ce sujet , et trouva , en 1827, un
pèce de ce genre pousse sur les vieux troncs des sau- procédé qu’il appela héliographie pour la copie
les et a une odeur d’anis très-prononcée. On le ré- des gravures. 11 s’associa en 1829 avec M. Daguerre
duit en poudre, et on en prépare un électuaire qu’on pour le perfectionnement de ce procédé : après 12 ans
emploie dans la phthisie pulmonaire. de recherches persévérantes, M. Daguerre imagina
DAGUE (du celtique dag), gros poignard fort en enfin le procédé qui sert encore aujourd’hui. De nom-
usage au moyen âge, et dont la pointe très-dure et breux perfectionnements ont été introduits depuis
très-acérée pouvait percer les cottes de mailles et pé- dans l’art du daguerréotype , particulièrement par
nétrer dans le défaut de la cuirasse. Au xv« siècle on ap- MM. Fizeau, Chevalier, Lerebours, Gaudin, Fou-
pelait daiyue à rowe/fes, de longs poignards espagnols cault, etc. On peut consulter à ce sujet les Nouvel-
garnis d’une l'orte garde en forme de petite roue. — les instructions sur l’usage du Daguerréotype par
Lorsque l’adversaire était renversé par la lance ou l’é- Ch. Chevalier (1841); les Derniers perfectionne-
pée, on tirait la dague pour la lui enfoncer dans le corps ments apportés au daguerréotype par Gaudin et
au défaut delà cuirasse,à moins qu’il ne demandât grâ- N. P. Lerebours (1842); le Traité pratique de Pho-
ce : ce qui avait valu à la dague le nom de miséricorde. tographie sur papier, sur plaque et sur verre, par
En termes de Vénerie, on nomme dague le pre- Aubrée (1851). Voy. photographie.
mier bois qui pousse à la tête du cerf vers sa seconde DAGUET, jeune cerf. Voy. dague. —
On désigne
année d’où le nom de daguet, donné au jeune cerf
: aussi sous ce nom une section de Cerfs à bois ronds,
qui n’a pas trois ans. composée d’espèces originaires de Cayenne, dont le
DAGUERREOTYPE (du nom de l’inventeur Da- bois ne dépasse jamais l’état rudimentaire de celui
guerre'', appareil à l’aide duquel on fixe les images des autres espèces. Leur tête est plus pointue que
de la chambre obscure. 11 se compose d’une cham- celle des autres cerfs. Il en existe deux espèces le:

bre obscure, disposée de manière à recevoir les ima- Cerf nemorivage, à poils bruns grisâtres, ayant un
ges sur une plaque de métal préparée à cet effet. Cette peu de blanchâtre vers la pointe, et le Cerf roux^,
plaque est du cuivre argenté, recouvert d’une couche dont le pelage est d’un roux vif en dessus, blan-
très-légère d’iodure ou de bromure d’argent qu’on châtre sous le ventre et à la croupe.
obtient en l’exposant, dans une boîte, à l’évaporation DAHLIA (de Dahl, botaniste suédois), genre de
spontanée de quelques parcelles d’iode ou de brome. plantes exotiques de la famille des Composées, tribu
Ainsi préparée et placée dans la chambre obscure, des Astéroïdées, cultivé dans nos jardins pour la
cette plaque est, en quelques secondes, impressionnée beauté de sa fleur. Le Dahlia se distingue à son ca-
par les rayons qui émanent des objets disposés devant pitule multiflore, à ses demi-fleurons femelles ou
l’objectif, et leur image s’y reproduit. La production neutres, à ses fleurons unisexuels, tubuleux et à cinq
de l’image daguerrienne n’exige pas une très-vive lu- dents; à son involucre double, à son réceptacle plan,
naière ; elle s’effectue également bien, mais moins ra- à ses akènes ovales et sans aigrettes; ses tiges, suf-
pidement, par un temps couvert. On a observé qu’en frutiqueuses et vivaces dans son pays natal , sont
blanchissant l’intérieur de la pièce où l’on opère herbacées et annuelles chez nous; ses feuilles sont op-
l’image se formait plus vite avec une lumière moins posées; ses rameaux, nombreux, nus au sommet, ordi-
forte, et que l’imprégnation était plus uniforme. — nairement monocéphales. Ce genre renferme aujour-
Quand on retire la plaque de la chambre obscure d’hui sept ou huit espèces distinctes, auxquelles la cul-
ellene présente encore aucun trait; mais si on l’ex- ture a fait produire plu* de deux mille variétés : il est
pose ensuite , dans une seconde boîte, à l’action des un des plus beaux ornements de nos jardins, tant
vapeurs du mercure, on voit ces vapeurs s’attacher par la grandeur de ses fleurs que par la délicatesse
30
DALÉ — 466 — DAMA
et l’inflnie diversité des, couleurs qu’elles peuvent çais, à qui cette plante fut dédiée par Plumier),
revêtir. L’espèce la plus répandue est le D. varia- genre d’Euphorbiacées, originaire de l’Amérique in-
ble, à racine fasciculée et tuberculeuse, dont la tige tertropicale , renferme des arbrisseaux à tige grim-
herbacée et cylindrique dépasse 2 mètres. On a ob- pante ; à feuilles alternes, munies de stipules ; à fleurs
tenu des variétés h fleurs doubles dans lesquelles en ombelle, séparées pour chaque sexe. On cultive la
tes fleurons tubuleux et jaunes du dahlia sauvage se D. velue, dont les rameaux se terminent par un pa-
«ut transformés en demi-fleurons colorés de nuances quet de fleurs renfermées entre 2 grandes bractées.
vives et veloutées. — Le dahlia se multiplie aisément DALEE (de Th. Dale, botaniste anglais), Dalea,
par semis, par bouture, par greffe ou par la sépara- genre delà famille des Légumineuses, section des
tion des tubercules : ce dernier moyen est le plus Papilionacées, tribu des Lotées, renferme des herbes
simple et le plus usité. A la fin de mars, on place et des arbrisseaux à feuilles imparipennées, ponc-
lestubercules sur une couche, le long d’un mur ex- tuées en dessus, et à fleurs bleues, violacées ou jau-
posé au midi, et on les recouvre d’un peu de terreau nâtres. Cette plante est originaire de l’Amérique du
légèrement humecté. Au bout de quinze jours , on Nord. On la cultive dans nos jardins comme plante
voit sortir un certain nombre de pousses, que l’on d’ornement.
séparé et que l’on transplante dès qu’elles ont at- DALÊME (de l’inventeur français A. Daléme),
teint de 6 à 12 centim. Après la floraison, on laisse sorte de poêle composé de plifsieurs tuyaux de fer
mûrir les tubercules jusqu’au mois de novembre, et, emboîtés l’un dans l’autre, et qui est destiné à em-
à cette époque, on profite d’un beau jour pour les pêcher la fumée de se répandre dans les apparte-
enlever de terre, on les nettoie bien, et on les place ments en la forçant de descendre dans le brasier, où
à l’abri du froid et de l’humidité jusqu’au printemps elle se convertit en flamme.
suivant. Au Mexique, les tubercules du dahlia se DALLE, pierre calcaire, coupée en tablettes de
mangent cuits sous la cendre ; chez nous, leur saveur peu d’épaisseur, et qui sert à paver des péristyles,
est fade et même désagréable : on peut toutefois des trottoirs, des rues même, ou l’intérieur des églises,
s’en servir pour engraisser la volaille; les feuilles des salles, des balcons, etc.; à couvrir des terrasses
sont aimées de tous les bestiaux. M. Payen a extrait et des toits. On emploie aussi à cet usage le granit,
du tubercule une substance blanche appelée Dah- la lave, le marbre, la pierre de liais, etc. Souvent
îine, assez semblable à VInuline (Voy. ce mot), et on se sert de dalles en marqueterie, c.-à-d. de cou-
qui convient dans les maladies de langueur. leurs différentes mélangées ensemble , comme le
Le Dahlia a été importé du Mexique à Madrid en marbre noir et la pierre de liais. Les dalles doivent
1790 par V. Cervantes; il a été introduit en France reposer sur un terrain battu et solide, et être jointes
en 1802, et est aujourd’hui répandu partout. entre elles par un ciment imperméable pour éviter
DAIM, Cervus dama, espèce du genre Cerf, à an- les infiltrations. On donne à l’aire formée de dalles
douillers supérieurs aplatis et palmés, et dont la le nom de dallage.
taille est intermédiaire entre celle du chevreuil et On appelle encore dalles dei tranches ou rouelles
celle du cerf. Le Daim ressemble beaucoup à ce der- coupées en travers ou perpendiculairement sur un
nier par son port, par sa légèreté et par la couleur de gros poisson cylindrique, comme le saumon.
son poil, qui est d’un jaune rougeâtre; il est timide DALMATIQUE (ainsi nommée des Dalmates, de
et rapide à la course. La femelle, appelée Daine, n’a qui les Romains empruntèrent ce vêtement) , espèce
pas de bois. Le daim «e plaît dans les climats tem- de tunique àlongues manciies, ordinairement blanche
pérés; il vit dans les bois et sur les collines; il est et bordée de pourpre, était primitivement portée par
commun dans toute l’Europe, mais surtout en Angle- les laïques. Les empereurs et les rois la revêtaient à
terre, où il fait l’ornemeut des parcs. On le chasse leur sacre et dans certaines cérémonies. L’usage de
principalement pour sa peau, dont on fabrique des ce vêtement fut introduit dans l’Eglise romaine par
gants excellents; on en employait autrefois de gran- le pape S. Sylvestre, au vi« siècle. Les diacres seuls
des quantités pour faire les culottes des cavalieis. le portèrent d’abord; puis, vers le ix» siècle, tous
DÀIS (de l’allemand decken, couvrir, s(don Ca- les évêques et quelques prêtres. Aujourd’hui il est
zeneuve). On nomme ainsi tout ouvrage de bois, de réservé aux sous-diacres, aux diacres et aux évêques,
tenture, etc., fait dans la forme des anciens ciels quand ils sont à l’autel. La dalmatique de l’évêque
de lit, et que l’on met à quelque hauteur au-dessus est en soie, sans broderies, sans dorures, et recou-
d’un maître-autel, d’une chaire à prêcher, d’un verte de la chasuble pontificale. Celle des sous-dia-
trône ou de la place où siègent, dans les occasions so- cres et des diacres est enrichie d’ornements, de ga-
lennelles, certains personnages éminents, roi, prince, lons d’argent ou d’or, et de gros glands pareils qui
seigneur, prélat. — On appelle spécialement dais le sont attachés sur les épaules. — La forme de la dal-
poêle garni de velours ou de soie , surmonté de pa- matique se retrouve encore dans les vêtements de
naches et soutenu par deux ou quatre petites colon- plusieurs nations, entre autres, des Arabes.
nes sous lecpiel on porte le Saint-Sacrement dans
,
DALÜT, pièce de bois placée aux côtés d’un vais-
les processions. Voy. baldaquin. seau, et dans la longueur de laquelle on fait une
Dais, genrede la famille des Thymélées, renferme ouverture de quelques centimètres pour l’écoulement
des arbrisseaux exotiques, originaires des contrées des eaux de pluie ou des vagues qui tombent sur le
les plus chaudes de l’Afrique et de l’Asie. L’espèce la pont. On nomme aussi dalots les ouvertures desti-
plus connue en Europe est le Dais à feuilles de fus- nées â donner passage aux pompes.
tel , bel arbrisseau à rameaux d’un vert tendre, à DAM. Voy. DAMNATION.
feuilles ovoïdes, opposées; à fleurs ramassées en fais- DAMAN (par corruption de l’arabe ghannem ou
ceaux ombelliformes. On le cultive dans les jardins. ghanam, même signilicat. ), Hyrax, genre de Mam-
DALBEltGE ou dalbebcie (de Dalberg , botaniste mifères à fourrure épaisse et de petite taille, placé par
suédois), genre de la famille des Légumineuses, sec- Cuvier dans la famille des Pachydermes proprement
tion des Papilionacées, comprend des arbrisseaux à dits. Les Damans vivent en Afrique et en Asie; ils
fleurs axillaires, disposées en grappe ou en épis : ils sont de la taille des marmottes. Ils se nourrissent de
sont tous originaires des régions tropicales; ils ne fruits et d'herbages, se tiennent sur les montagnes,
sont cultivés chez nous que comme plantes d’agré- et peuvent s’apprivoiser facilement. On se nourrit de
ment. Une espèce, la D. à gousse ovale, a le bois leur chair, et leur fourrure est précieuse. On en
rouge; sa racine laisse couler, par incision, un suc compte quatre espèces: le D. du Cap, le D. du Don-
résineux ipii est la gomme la</ne du commerce. Cette gola, le D. de Syrie et le D. d'Abyssinie. Cet ani-
plante croit à. Surinam, dans les lieux humides. mal n’a été connu des naturalistes que fort tard :

DALÈCHAMPIE (de Daléchamp, botaniste fran- le premier daman fut apporté en Europe en 1760.
, , ,

DAME — 467 — DAMN


DAMAS ,
de soie ornée de dessins plus ou
étoffe Dans nos jeux de canes, on donne le nom de da-
moins riches formés en même temps que le tissu
,
mes à quatre cartes sur chacune desquelles est peinte
et ainsi appelée de la ville de Damas en Syrie, d’où la figure d’une femme ce sont les dames de cœur,
:

on la tirait on en fabrique partout aujourd’hui de pique, de carreau et de trèfle. On donne aussi


;

et notamment en France (à Lyon et à Nîmes). — ce nom à la seconde pièce du jeu d’échecs.


On a étendu le nom de damas à toutes les étoffes de Jeu de dames. On distingue le jeu à la française,
laine, de fil ou de colon dont le tissu imite celui lans lequel chaque joueur a douze dames ou pions,
des damas de soie. —
On donne particulièrement le et le jeu à lapolonaise, où chaque joueur en a vingt :

nom de damassé au linge de table dont le tissu re- ce dernier est le plus usité aujourd’hui. Le jeu de
présente des fleurs ou autres dessins. La fabrication dames se joue sur une petite table carrée appelée
du linge damassé est originaire de Flandre, et re- damier, divisée, selon l’espèce du jeu, en 64 ou
monte au xv« siècle. Aujourd’hui , elle est surtout en 100 cases , alternativement noires et blanches.
répandue en Angleterre, en Saxe, en Hollande et en Les pions de chaque joueur sont de couleur diffé-
France (Aisne, Nord, Doubs et Basses-Pyrénées). rente ; ils se groupent en face l’un de l’autre de cha-
On donne aussi le nom de damas à des lames de que côté du damier, marchent l’un contre l’autre en
sabre dont le plat pré.sente des dessins moirés très- suivant les lignes obliques du damier, et enlèvent
variés, tels que des veines noires, argentines, b»an- l’adversaire dès qu’il laisse un vide derrière lui.
ches, rubannées, parallèles ou croisées, etc., et que Lorsqu’un pion, traversant sans accident tout le jeu,
l’on a longtemps tirées du Levant surtout de atteint l’une des dernières cases qui lui sont oppo-
,
Damas. Ces lames sont en acier fondu et d’une sées, on dit au’il est allé à dame, et on le double.
trempe supérieure. M. Clouet,en 1804, a trouvé le La dame peut parcourir toutes les lignes du damier
moyen d’imiter parfaitement le damas , et depuis, sans aller de case en case. —Ce jeu paraît avoir été
ses procédés ont été encore perfectionnés par MM. De- connu desLatinssousîenomde ludus calculorum et
grand, Gurgey et Couleaux. F. acier et damasodikeur. peut-être même des Grecs. On dérive son nom du celti-
Prunes de Damas. Voy. prünes. que f am,disque en bois, ou de l’ailem.damm ,rempart.
DAMASONE (d’une plante aquatique appelée par Les ingénieurs appellent dames (de damm, rem-
les Grecs damasônion) Damasonium, genre de la part) : 1» des digues, des chaussées, qu’on ménage
,
famille des Alismacées, tribu des Alismées, renferme par intervalles, pour empêcher l’eau de remplir un
des plantes aquatiques, annuellesou vivaces, à feuilles canal que l’on creuse et de gagner les ouvriers;
cordiformes, nageant à la surface de l’eau ou sub- 2» de petits cônes en terre que l’on pratique de
mergées; à fleurs hermaphrodites en verticilles, et distance en distance dans les tranchées pour indi-
sans tige. On les trouve dans les marais et sur le bord quer la hauteur des terres qu’on a fouillées.
des étangs. On en cultive plusieurs dans les jardins. Dans les Fonderies de fer, on donne ce nom à une
DAMASQUINEUR, ouvrier qui incruste sur le fer pièce haute de 30 centimèt. avec laquelle on ferme
ou l’acier préparé des ornements en or ou en ar- la porte du creuset, à la réserve d’un espace de 15
gent. Le damasquineur commence par faire bleuir à 20 centimèt. appelé coulée, par où passe la fonte.
la lame sur Is feu; il grave ensuite au burin le sujet Dans la Marine , on nomme dames : 1“ deux che-
qu’il veut figurer ; puis il incruste dans le trait un villes de fer plantées sur l’arrière d’une embarcation,
fil métallique qu’il achève de refouler à l’aide d’un de chaque côté d’un grelin pour le fixer; 2“ les dou-
mattoir; et quand le dessin a fait corps avec le mé- bles tolets servant à retenir les avirons sans estropes.
tal, il passe sur le tout une lime douce pour polir Dans l’Art militaire, on appelle dame de mine une
la lame. — L’art de damasquiner a été importé du masse de terre restée debout, quand plusieurs four-
Levant en France sous le règne de Henri IV. Au- neaux peu distants ont sauté du même coup; dame
jourd’hui ses produits ne sont plus guère recher- de fortification une petite tour à centre plein, en
chés que par les Orientaux. maçonnerie , qui surmonte le milieu du batardeau
DAMASSÉ (linge et acier). Voy. damas. d’un fossé inondé, afin que la crête du batardeau
Dame (par contraction du latin domina, maî- ne puisse servir de pont pour traverser le fossé.
tresse). Dans l’origine, on n’appelait dame que la Les Botanistes appellent Dame-d’onze-heures l’Or-
femme noble possédant, de son chef ou de celui de xiithogalle, parce que ses fleurs s’épanouissent à cette
son mari, une seigneurie, et ayant droit, autorité et heure de la journée.
commandement sur des vassaux. On attachait alors On appelle dame jeanne une grosse bouteille ronde
une grande idée de respect au titre de dame : les de verre ou de grès qu’on garnit ordinairement de
reines elles-mêmes s’honoraient de le porter. Au paille ou d’osier, et qui sert à contenir des acides
temps de la chevalerie, tout chevalier choisissait ou d’autres liquides. Voy. tourie.
une dame, à qui il consacrait ses soins et rapportait damier, jeu. Voy. dames (Jeu de).
ses exploits, et dont il portait les couleurs. Dans la Eu Zoologie et en- Botanique, on a donné ce nom
suite, ce titre ne fut plus qu’une distinction honori- à divers animaux ou plantes dont le système de co-
fique réservée aux femmes nobles ; il devint enfin un loration rappelle les cases d’un damier, notamment
titre banal donné à toute femme mariée. —Les filles à un oiseau du genre Pétrel qui habite le Cap de
du roi de France prenaient, dès leur naissance, le Bonne-Espérance; à plusieurs papillons de jour du
nom de Dames de France (Voy. madame ) Le roi .
genre Argynne ; à un mollusque du genre Cône ; à
pouvait donner un brevet de aarne à toute fille noble une plante de la famille des Liliacées qu’on appelle
qui lui était présentée. On donnait en outre le nom aussi Fritillaire, etc.
de dame aux femmes non mariées renfermées dans DAMMARA (nom indigène) , genre de la famille
certaines abbayes, ainsi qu’aux chanoinesses : ce titre des Abiétinées, renferme de beaux arbres à feuilles
est encore aujourd’hui jiorté en France par les di- alternes et coriaces , à fleurs dioiques , les mâles en
gnitaires de la maison de la Légion d’honneur. chatons extra-axillaires, et à graines ailées. On les
Dame est un titre d’office on appelle dame
aussi : trouve dans l’Asie tropicale et la Nouvelle-Zélande.
d’honneur première dame de la maison et de la
la On cultive dans les jardins le D. orientalis origi-
suite des reines et des princesses de sang royal dame ;
naire d’Amboine. Cette espèce fournit un excellent
d'atours, celle qui est chargée spécialement de la toi- bois pour la marine, et une résine dite dammarin.
lette et en général, dames du palais, toutes les da-
;
DAMNATION (du latin damnare, condamner, ou
mes qui composent la cour de la reine et des prin- de dam, punition des damnés). D’après l’Eglise, la
cesses. L’origine des dames du palais remonte à damnation consi.ste dans la peine du dam, ou pri-
François Dr ; mais ce ne fut qu’en 1673, sous Anne vation de Dieu, considéré comme souverain bien, et
d’Autriche, qu’elles prirent ce nom. dans celle du feu qui brûlera les réprouvés sans ja-
30
, , , , , , , , ,,

DANS — 468 — DARS


mais les consumer. La damnation n’aura pas de fin : carillons], la danse des brandons, etc. 'Vinrent en-
c’est ainsi que l’a défini formellement le concile de suite le menuet, la gavotte, les voltes, les cotillons-
Florence en 1439. Voy. enfer. puis les danses italiennes, la gigue la pavane (pa-
DAMOISEL ou damoiseau (diminutif de dam. cor- douane),la cabriole les quadrilles (squadra) les
;
ruption de dominas seigneur). Ce nom désignait danses espagnoles, la sarabande, le fandango, le bo-
autrefois les fils de chevaliers, de barons, et, en gé- lei'O ; enfin s’introduisirent la contredanse anglaise,
néral , les jeunes gentilshommes qui n’étaient pas la valse allemande, etc. —
Aujourd’hui, de toutes les
encore chevaliers. On le donnait aussi aux fils des danses importées en France au xvii® siècle, la con-
rois et des grands qui n’étaient pas encore en état tredanse seule nous est restée. Le menuet a disparu
de porter les armes. Dans les vieux auteurs il est sou- avec le xviii'» siècle et la gavotte avec l’Empire. La
vent confondu avec celui de page ou de varlet. Le contredanse elle-même passe de mode ; le galop, la
damoisel accompagnait le châtelain et la châtelaine à po/4'a hongroise, la wazourÆa et la rerfoîoa polonaises,
la chasse,. à la promenade, en voyage; il les servait à la schottisch, danses toutes récentes, ont la vogue.
table et faisait leurs messages. —
Aujourd’hui le mflt On peut consulter : Meursius, Orchest-a. sive de
damoiseau ne s’emploie guère qu’en mauvaise part. saltationibus veterum , Leyde , 1618 ; Cahuzac
On a appelé longtemps damoiselles les filles de Traité delaDanse, LaHaye,l754; A. Baron, Lettres
qualité, c.-à-d. les filles des dames : on dit aujour- sur la Danse ancienne, moderne, religieuse, civile et
d’hui demoiselles. Voy. ce mot. théâtrale, 1824; le Manuel de la Danse, de Blasis et
DAMPIERA(de W.Dampier, navigateur anglais), Yergnaud , etc. — Dorât et Berchoux ont chanté
genre de la famille des Goodéniacées , formé par la Danse. Voy. danseur, ballet, chorégraphie.
Brown, est originaire de la Nouvelle-Hollande, et se danse DES MORTS, dite aussi Danse macaère nom ,

compose de sous-arbrisseaux ou d’herbes vivaces, cou- donné dans le moyen âge à divers tableaux représen-
vertes de poils, à feuilles alternes et coriaces, à fleurs tant une ronde infernale à laquelle préside la Mort, et
bilahiées, bleues ou pourpres, extrêmement velues. à laquelle prennent part des morts de tous les âges et
Quelques espèces ont été introduites dans nos jardins. de toutes les conditions; un des plus célèbres se trou-
DANAIDE (nommythol.),DaKai!5, sous-genre d’in- vait au cloître des Dominicains à Bâle. Hans Holbein
sectes Lépidoptères, de la famille des Diurnes. Ce avait dessiné une Danse des morts qui a été gravée sur
sont des papillons dont la tête et le corps sont noirs pierre par J. Schlotthauer et expliquée par M. H. For-
avec des points blancs, les ailes fauves bordées de toul,1842. Peignot (1846), E. -H. Langlois (1851), G.
noir et ayant plusieurs points blancs. On les trouve Kastner (1852) ont aussi écrit sur les Danses desmorts.
au Sénégal, en Égypte et dans l’Asie méridionale. V. MACABRE (Danse) au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
Le plus connu est la D. chrysippe {D. chrysippus), DANSE DE SAiNT-GüY, maladie. Voy. chorée.
qu’on a trouvée en Grèce et dans le royaume de DANSEUR, artiste qui se livre à l’exercice delà
Naples. danse théâtrale {Voy. ballet). Chez les anciens, les
On appelle aussi Danaïde un genre de plantes de danseurs remplissaient aussi le rôle de pantomimes
la famille des Rubiacées, à tiges grimpantes, â fleurs {Voy. ce mot). En France, les plus fameux danseurs
rouges, répandant une odeur agréable. Ces plantes de l’Opéra depuis le xvii« siècle sont Pécourt,Vestris,
sont originaires des îles de France et de Bourbon. Duport, Petipa; la Camargo, la Sallé, M'*« 'Taglioni,
En Mécanique, on appelle Dandide une espèce les Di'es Essler, Fanny Cerrito, Rosati, etc.
de roue hydraulique qui sert à convertir le mouve- DANSEUR DE CORDE. FoW. ACROBATE
et FUNAMBULE.
ment rectiligne d’un courant d’eau en un mouvement DAPHNÉ (du grec daphnê, laurier), Daphné,
de rotation continue. Elle fut inventée au dernier genre de la famille des Thymélées, renferme des
siècle par le marquis Manoury d’Hectot. arbustes élégants, voisins des Lauriers, àfeuilles épar-
DANOIS (chien), race de chiens originaire du ses ou rarement opposées, à fleurs roses, blanches ou
Danemark. Voy. chien. violacées et exhalant une odeur suave. Cet arbuste se
DANSE (de l’allemand tanz). La danse est en trouve dans toutes les parties du monde. Vauquelin
usage chez tous les peuples de la terre , même les a extrait du daphné un principe actif et vénéneux
plus sauvages. Son origine paraît avoir eu presque appelé daphnine. L’écorce du D. mezereum ou Bois
toujours un caractère religieux. On voit dans la Bible gentil fournit à la médecine le garou ou saùibois,
les Hébreux , conduits par Moïse , célébrer par des journellement employé comme épispastique.
danses le passage de la mer Rouge, et David danser DAPHNIE (du grec daphnê, laurier), Daphnia,
devant l’arche. Les Égyptiens, les PMasges, les Grecs, genre de Crustacés entomostracés,de l’ordre des Bra-
les premiers Romains avaient leurs danses sacrées. chiopodes, famille des Monocles, tribu des Lophyro-
Les diverses espèces de danses, sacrées ou profanes, pes, a pour caractères un test bivalve, une tête appa-
en usage chez les Grecs , se rangeaient sous trois rente avec deux antennes, de 8 à 10 pattes, un seul
classes principales ; Vorchestique danse noble et œil et une queue. Ce sont des animaux parasites : on
régulière, sans gestes exagérés; la sphéristique les appelle aussi poux aquatiques, puces d’eau, etc.
qui consistait eu bonds plutôt qu’en pas, et imitait DAPHNOIDEES ou daphnacées. Voy. thymélées.
les mouvements d’une balle (sphœra) lancée et ren- DARD (dérive, selon Roquefort, du grec ardis
voyée par des joueurs; la cyoistique, qui ressem- pointe de javelot). Comme arme, dard se prend tan-
blait à des tours de force plutôt qu’à une danse vé- tôt pour javelot, tantôt pour flèche. Voy. ces mots.
ritable. Parmi les danses sacrées, les plus célèbres On donne quelquefois ce nom , en Botanique, aux
sont celles des corybantes et des dactyles idéens, poils piquants de l’ortie et, en Zoologie, à l’extré-
;

la dyonisiaque, la. cal Unique, ïhormus, etc.; parmi mité de la queue des scorpions , ainsi qu’à la pièce
les danses armées, la pyrrhique ou énoplienne la principale de l’aiguillon des Hyménoptères.
gymnopédique, le aiîpâwme; parmi les danses joyeu- En Architecture, on appelle dard la partie qui
ses ou lascives, la cordace, la sicinnis, les anago- divise les oves que l’on sculpte sur les quarts de rond
gies, et toute espèce de danses mimées. —
Chez les et qui est taillée en forme de flèche.
Romains, on cite la danse religieuse et militaire des D ARIQUE, monnaie d’or des anciens Perses, frappé»
Saiiens la farouche bellicrepu, les danses volup- originairement au type de Darius le Mède, d’où son
tueuses et mimées des ludions étrusques et des his- nom,valalt20 drachmes (environ 18 fr. 55 c.). Les da-
trions ; la pyladeios ou l’italique, celles de la grue riques sont aujourd’hui très-rares; elles se reconnais-
et de l’outre dite ascoliasmus. sent à un archer agenouillé et décochant une flèche.
Au moyen âge, la France eut ses danses rustiques, DARSE (de l’italien rfamna, même signification),
la plupart d’origine romaine ; telles que les branles, se dit, soit d’une baie naturelle, soit de la partie in-
les bourrées, les cnro/er (qui ont donné naissance aux térieure d’un port qui se ferme à l’aide d’une chaîne#
, , , , ,

DART 469 DATA


et l’on met à l’abri de petits bâtiments. Ce mot
où 5®. La D. Squammeuse, dite aussi D. vive. Lichen
n’estguère usité que sur les côtes de la Méditerranée. agrius, qui se manifeste à l’origine des membranes
DARTRE (du ^v&c,darsis, excoriation), en latin muqueuses , par une tache rouge sur laquelle se
herpes, maladie cutanée, essentiellement chronique, forme une multitude de petites pustules d’où suinte
caractérisée par une éruption prurigineuse de petits une matière âcre et ichoreuse ; l’épiderme se détache
boutons ou de pustules, réunis en plaques plus ou en écailles larges, humides, qui sont bientôt rempla-
moins larges, communément arrondies, laissant ex- cées par d’autres.
suder un fluide séreux qui, en se desséchant, forme Le traitement des dartres consiste dans l’emploi
des croûtes, des écailles ou des ulcérations, suivant de bains tièdes prolongés, de topiques émollients
I le degré, l’étendue et le siège de l’irritation qui les et narcotiques , de préparations sulfureuses à l’in-
produit. Les dartres ont une grande tendance à chan- térieur et à l’extérieur, notamment des eaux de Ba-
ger de siège , à disparaître et à se reproduire. Leur règes, d’Enghien, d’Uriage (Isère). On y joint les
développement peut être favorisé par une disposition purgatifs doux, répétés. On a préconisé contre les
héréditaire, par le tempérament lymphatico-san- dartres une foule de substances végétales , comme
guin, parla constitution scrofuleuse, l’habitation dans la bardane, la fumeterre, la patience, la chicorée,
les climats chauds, les professions sédentaires , l’ap- le houblon, la douce-amère, etc. ; le sirop antiscor-
plication des irritants sur la peau,Tusage d’aliments butique, le vin de gentiane ou de quinquina. De nos
âcres et indigestes, la suppression de la transpira- jours, beaucoup de praticiens n’hésitent pas à cau-
tion, d’une évacuation ou d’un exanthème habituel. tériser de prime abord la dartre avec le crayon ou la
On ne sait pas bien encore si les dartres sont conta- solution d’azotate d’argent. On emploie aussi l’appli-
gieuses ou non. Quant à leur cause première, on l’a cation d’un large vésicatoire volant sur la dartre. On
cherchée dans un vice interne, dans une disposition doit dans tous les cas prescrire un régime doux, l’u-
morbide particulière que produirait l’altération du sage des viandes blanches, des légumes frais, du lai-
sang et des divers fluides de l’économie. tage, des fruits mûrs, des boissons amères, l’absti-
Les principales espèces de dartres sont : nence des salaisons et des liqueurs spiritueuses, et
1°. La D. furfuracée, sèche, bénigne, farineuse, la les soins de propreté. Voy. dermatose.
plus fréquente et la plus mobile, qui consiste en lé- DASYMÉTRE (du grec dasys, épais, et métron,
!
gères exfoliations ressemblant aux pellicules du son ; mesure ), instrument inventé en 1780 par M. de
elle occupe ordinairement les sourcils, le cuir chevelu, Fouchy pour mesurer les variations de densité des
I
la face, les aines ;
elle affecte surtout les enfants ; s’ac- diverses couches atmosphériques. Il consiste en un
compagne de démangeaisons très -incommodes, et ballon de verre fermé, plongé dans une masse d’air
peut se changer en dartre squammeuse ; elle com- d’une densité connue, et équiiibré par une balance
mence par une rougeur très-vive, puis l’épiderme au moyen d’un poids qui varie suivant la densité des
I
en une espèce de farine, ou d’écailles de son
s’exfolie : couches sur lesquelles on opère.
on distingue la D. furfuracée volante, remarquable DASYPE (du grec dasys, épais, ci pous pied),
par l’abondance des écailles, et la D. arrondie, qui nom scientifique du Tatou. Voy. ce mot.
siège plus particulièrement autour des articulations, DASYPODE (du grec dasys, épais, velu, et pous,
sous forme de plaques écailleuses circulaires; podos, pied), Dasypus, genre d’insectes Hyméno-
2». La Z), crustacée, dans laquelle la dessiccation du ptères, de la famille des Mellifères et de la tribu des
liquide sécrété donne lieu à la formation de croûtes Andrenètes ils ont la tête en triangle allongé; les
:

dures et peu épaisses, qui se détachent au bout d’un yeux très-oblongs, écartés; les ailes petites; le cor-
certain temps , et sont bientôt remplacées par d’au- selet carré. Ils sont couverts de poils très-épais, sur-
tres; sa durée est très-longue ; elle s’ulcère fréquem- tout aux jambes et aux tarses postérieurs. LesDasy-
ment on distingue dans cette espèce la D. crusta-
: podes creusent des trous en terre, et y déposent le
cée ftavescente, qui consiste en croûtes jaunes sem- pollen qu’ils ont recueilli sur les fleurs. Ces insectes
blables au miel desséché, et qui occupe le milieu des sont nombreux à la fin de l’été et pendant l’automne.
joues; la D. crustacée stalactiforme en croûtes Le D. hirtipes (à pieds velus), est le type du genre.
I

I
pendantes comme des stalactites, et occupant les DASYPOGON (du grec dasys, épais, et pogon
ailes du nez; et la D. crustacée musci forme, en barbe), genre d’insectes Diptères de la tribu des Asi-
croûtes d’un gris verdâtre , analogues à la mousse liques, famille des Tanyslomes, est caractérisé par
des toits , entourées d’une aréole rouge et laissant ,
une trompe renflée au milieu, par des antennes de
voir au-dessous d’elles, lorsqu’on les détache, un trois articles et très-longues, par une tête plate, un
I
bourgeon charnu proéminent et granulé ;
corselet arrondi et un abdomen déprimé. Ces insectes
3®. La D. pustuleuse, une des plus fréquentes, qui se trouvent surtout dans le midi de la France.
consiste dans des boutons proéminents dontle sommet On nomme aussi Dasypogon un genre de Jonca-
blanchit; elle a son siège au visage, à la poitrine, aux cées, établi pour le D. bromeliifolius sous-arbris-
épaules, etc.; ta chute des croûtes formées par le pus seau de la Nouvelle-Hollande, à feuilles gramini-
I

I
desséché laisse des taches rougeâtres. Ses variétés sont: formes , couvertes de poils rudes.
I la D. mentagre ou sycosis, qui occupe le menton
;
DASYURE (du grec dasys, épais, et aura, queue),
la D. couperose ou acné, fréquente sur le nez les Dasyurus, genre de Mammifères de l’ordre des Mar-
,
joues, le front, spécialement chez les buveurs et chez supiaux, propre à la Nouvelle-Hollande. LesDasyures
les femmes qui usent de certains cosmétiques ce sont : ont le museau allongé, garni de fortes moustaches,
[

des pustules isolées,peu étendues, environnées d’une et terminé par un large mufle dans lequel sont per-
I
aréole rosée dont la peau conserve des traces d’in- cées les narines; ils ont cinq doigts antérieurement
jection; la D. pustuleuse miliaire qui occupe le et quatre postérieurement, tous munis d’ongles fouis-
1 front, chez les adultes , sous la forme de très-petits seurs; le pelage doux, épais, la queue touffue, et la
boutons blanchâtres et luisants comme des grains de taille petite. Ces animaux ressemblent aux fouines,
I
uiillet;laD.diMe>n!nèi?, occupant surtout lapoitrine, et en ont les habitudes. Ils ne sortent que la nuit.
I

les épaules et le visage, sous forme de gros boutons Le D. courte-queue, de la Nouvelle-Galles du Sud,
rougeâtres, coniques, semblables àde petits furoncles; cause de grands dégâts dans les poulaillers.
4®. La £). rongeante, qui affecte le visage, et qui est DATAIRE. On appelle ainsi l’officier le plus con-
i caractérisée par la dureté et l’ulcération de la peau : sidérable de la chancellerie romaine, celui par les
elle fournit un pus âcre et fétide, avec prurit insup- mains duquel passent tous les bénéfices vacants, et
portable; l’ulcère rongeant s’étend successivement au auquel il faut s’adresser pour l’expédition des bulles
tissa cellulaire , aux cartilages et aux os ,
et amène et des dispenses. Quand cet officier est un cardinal,
quelquefois la fièvre, le dépérissement et la mort; il prend le nom de prodataire. Le dataire a sous
,
,

DATT — 470 — DAUP


ses ordres un sous-dataire et un grand nombre d'em- commerce considérable. Chaque pied en fournit eu
ployés. — On appelle daterie l'ofllce du dataire et moyenne 50 kilogr. on les cueille un peu avant la
:

le lieu où s’exercentses fonctions. maturité, et on les passe au four, ou on les sèche au


DATE, indication de l’époque où un événement est soleil sur des nattes. C’est un aliment agréable, et
arrivé, où un acte a été fait, une lettre écrite. Ce mot en même temps une substance stomachique et adou-
vient du latin e?alî/OT, donné, parce qu’autrefois on cissante. Les feuilles du dattier servent à faire dos
mettait au bas d’un édit, d'un diplôme, d’une lettre, paniers, des cordages. On fait \ovin de palme en fai-
cette formule : datum tali loco ou tali die, donné sant fermenter la sève des espèces dont le fruit n’est
en tel lieu ou tel jour. pas comestible, par exemple, celle du Phœnix syl-
Indépendamment de l’incertitude qui règne sur l’é- vestris; ce vin offre une liqueur alcoolique précieuse
poque à. laquelle beaucoup d’événements se sont ac- dans ces contrées trop chaudes pour la vigne. Les
complis, les différences qu’offrent les ères et les ca- dattes fermentées donnent aussi une liqueur spiri-
lendriers des différents peuples, les changements qui tueuse dont on fait de Teau-de-vie. Le noyau, pilé
ont eu lieu fréquemment chez un même peuple dans et ramolli dans Teau bouillante, peut être donné en
la forme de l’année, dans l’époque où elle a com- nourriture aux chevaux et aux chèvres. Le bois,
mencé, fout qu’il est souvent difficile de bien con- enfin, sert aux constructions. Les meilleures dattes
naitre la véritable époque d’un événement, lors même viennent de Tunis et d’Alger; il en arrive aussi de
que la date en est donnée. On trouve dans VArt de Smyrne et d’Alexandrie en grande quantité ; on doit
vérifier les dates des Bénédictins des tables qui per- les ciioisir nouvelles, grosses, charnues, pleines, fer-
mettront de lever toutes ces difficultés. mes, se séparant facilement du noyau, d’une saveur
En Droit, la date est nécessaire pour la validité douce, sucrée. Marseille est le grand entrepôt des
des actes : l’omission de la date dans un acte par- dattes pour toute l’Europe.
devant notaire le rend nul comme acte autlientique. Outre le Dattier commun, décrit ci-dessus, ou
Date certaine. Les actes sous seing privé n’ont de remarque encore le D. arqué (Ph. declinata ) , du
date contre les tiers que du jour où ils ont été enre- Cap de Bonne-Espérance, à fruits très-petits, et le
gistrés, du jour de la mort de celui ou de l’un de D. nain (Ph. pusilla , cultivé aux Indes orientales.
)

ceux qui les ont souscrits, ou du jour où leur sub- DATURA (corruption d'un mot arabe), genre de la
stance est constatée dans des actes dressés par des of- famille des Solanées, renferme des herbes annuelles
ficiers publics, tels que procès-verbaux de scellé ou ou vivaces, et des arbrisseaux à feuilles simples, à
d’inventaire (Code civil, art. 1328). fleurs très-grandes , de forme tubulée ou en cloche
DATIF. Voij. CAS. allongée, le plus souvent d’odeur vireuse quclques-
:

DATISQUE, Datisca, genre type de la famille des \ines dissimulent leurs propriétés nuisibles pa- une
Datiscées, renferme un petit nombre de plantes, an- odeur très-suave. Ces plautes, qui nous viennent de
nuelles ou vivaces, originaires de l’Asie. Le D. chan- l’Amérique tropicale et de TAsie , sont aujourd’hui
vre , ou Cannabine de Crète, est une plante vivace acclimatées partout. L’espèce la plus connue est le
à feuilles composées, ailées; à fleurs petites, jaunâ- D. stramoine ( D. stramonium), ou Pomme épi-
tres, disposées en grappes. Ladécoction de ses feuilles neuse, qui- en Asie, se trouve dans les lieux incul-
donne une belle couleur jaune employée en teinture. tes, les endroits sablonneux, les amas de décom-
DATTE fruit du Dattier. Voy. ci-après.
,
bres, etc.; ses fruits sont hérissés de pointes aiguës;
DATTIER (de dactylos, doi gt, à cause de la ressem- ses fleurs sont blanches ou d’un violet clafr. Brandes
blance de la datte avec un doigt), P/iœn?a;, g. déplan- avait extrait de- ses graines un alcali végétal, la Da-
tés monocotylédones, type de la famille des Palmiers, t urine', mais il a été reconnu que cette substance
renferme des arbres élevés, à tige renflée au milieu, n’est que de la potasse mêlée à une matière narcoti-
à feuilles embrassantes, pennées, laissant d’épaisses que. On prépare avec ces graines des potions calman-
écailles sur le stipe après leur chute, et se transfor- tes d’une grande énergie, mais dont Tu.sagc n’est
mant quelquefois en épines vers leur base. Les fleui's pas sans danger. Le D. arborea et le D. suaveoleiis,
sont dioiques, à spadice rameux, enveloppées d’une importés du Pérou et du Chili, sont cultivés dans
spathe avant leur épanouissement. Le calice est cu- les jardins. Ce sont des espèces arborescentes dont
puliforme et à trois dents, la corolle à trois pétales; les fleurs exhalent une odeur délicieuse; mais qu’il
les fleurs mâles présentent six et quelquefois trois ou serait dangereux d’aspirer longtemps. F. stramoine.
neuf étamines; les fleurs femelles ont trois ovaires à DAUBE, mode de cuisson des viandes qui consiste
stigmate sessile. Un seul de ces ovaires se développe et à les enfermer, avec les assaisonnements convena-
donne naissance à un di'upe appelé Datte, à chair bles, dans un vase soigneusement fermé, et à les
ferme et sucrée, à noyau oblong et très-dur. soumettre à l’action prolongée d’une chaleur douce.
L’espèce la plus intéressante est le D. cultivé ou La daube convient surtout aux chairs d’animaux déjà
D. commun [Ph. dactylifera) qu’on trouve dans vieux qu’on veut attendrir les substances qu’on sou-
;

toute l’Afrique septentrionale et en Arabie, et qu’on met le plus ordinairement à ce mode de cuisson sont la
est parvenu à acclimater aussi dans le midi de l’Eu- noix de bœuf, le filet d’aloyau, le gigot de mouton, la
rope. Sa tige s’élève à 20 m., et produit à un mètre longe deveau,le carré de porc frais, les oies, les dindes
de hauteur de nombreuses racines, grosses comme le et les chapons. On fait venir douée de dauber, battre,
doigt, qui la fixent solidement au sol. Les feuilles, parce que la viande doit être préalablement battue.
nombreuses et longues de 3 à 4 m., forment un pa- DAUBENTONIA (de Daubenton, naturaliste fran-
nache élégant au sommet de la tige. De l’aisselle des çais, auquel il fut dédié par De Candolle), genre de la
feuilles sortent les régimes, spadices ou grappes de famille des Légumineuses, section des Papilionacées,
fleurs jaunâtres mâles sur certains pieds , femelles
,
est composé d’arbrisseaux inermes, à feuilles impa-
sur d’autres. On a constaté que les fleurs mâles fé- ripennées, à belles fleurs pourpres en racèmes axil-
condent les fleurs femelles â plusieurs kilomètres de laires , et à étamines diadelphes. Deux espèces de
distance. En Afrique et dans tout l’Orient, Ton cul- l’Amérique tropicale sont cultivées dans les jardins :
tive en grand les dattiers femelles, et, à Tépoque de le D. punicea de la Plata, à grandes fleurs d’un
la floraison, on secoue sur leur cime ou Ton y atta- rouge cramoisi ; et le D. tripetiana, qui parait n’é-
che des régimes de dattiers mâles qui les fécondent. tre qu’une variété du précédent.
On connaissait déjà du temps d’Hérodote cette ma- DAUCUS, nom latin du genre carotte.
nière de les rendre plus productifs. On sait aussi DAUPHIN, Delphinus, genre de Cétacés, type de
que , dans leurs guerres , les tribus arabes abattent la famille des Delpliiniens , est caractérisé par les
les dattiers mâles de leurs ennemis pour les affamer. dents nombreuses qui garnissent ses mâchoires. Leurs
La datte est pour toute la Barbarie un objet de évents ont une ouverture unique sur le sommet de
, , ,

DAVI — 471 — DEBI


la tête. Les Dauphins ont le corps allongé la peau ,
porte sur l’enclume la pièce de fer qu’on veut forger ;
nue, dépourvue de poils et reposant sur une couche 3» une petite patte insérée entre les deuxcoupletsdela
de graisse huileuse. Us sont vivipares, et leur chair presse typograiihique pour maintenir, au moyen d’une
est dure et indigeste. Ou trouve ces animaux dans vis, le petit tympan dans l’enchàssure du grand, etc.

toutes les mers; quel'iues espèces même sont fluvia- DAVIËSIE, Uauiesia (du naturaliste anglais //aÿâ

tiles. Le D. vulgaire long de près de 2 m. 11


est Davies), genre de la famdle des Légumineuses, sec-
suit les navires, semble lutter de vitesse avec eux, et tion des Papilionacées, est formé d’arbustes originai-
étonne les passagers par la variété, l'agilité et la sin- res de la Nouvelle-Hollande, dont les rameaux sont
gularité de ses mouvements. Les anciens ont raconté garnis de feuilles alternes et de fleurs jaunâtres dis-
beaucoup de fables sur cet animal on a prétendu: posées en grappes ou en ombelles. Ce sont, en gé-
I qu’ils recueillaient les naufragés et qu’ils étaient néral, de jolies plantes une vingtaine d’espèces en-
:

i
sensibles à la musique : c’est à l’un d’eux, selon la viron sont cuitivées dans les jardins.
Fable, que le musicien Arion dut son salut. DÉ. Ce mot exprime deux choses qui n’ont rien do
Les Astronomes donnent ce nom à une constella- commun : 1» le dé à coudre (anciennement deil',
tion boréale, voisine de l’équateur, et qui renferme didal, par corruption du latin digitale, qui s’a-
18 étoiles ; selon la Fable, cette constellation est le dapte au doigt ) , que tous les ouvriers qui se ser-
Dauphin qui sauva Arion et qui fut transporté au ciel. vent de l’aiguille adaptent au doigt du milieu pour le
L'ainé des enfants des rois de France, héritier protéger lorsqu’il pousse l’aiguille ; 2» le dé à jouer,
présomptif de la couronne, prenait autrefois le titre (en laün fessera, talus), petit cube d’os, d’ivoire
de Dauphin, et portait un dauphin dans ses armes. ou de bois, qui a six faces carrées et égales, renfer-
Voij. DAUPHIN au Dict. univ. d’iiist et de Ge'ogr. — mant les nombres depuis 1 jusqu’à 6. On joue aux
Si c’était une fille, elle recevait le nom de dauphine, dés en lançant avec la main ou avec un cornet deux
quoique ne devant pas succéder. ou trois dés sur une table celui qui a le plus de points
:

DAUPHINE, nom vulgaire d’une variété de Laitue est vainqueur. Il y a mille manières de jouer aux
cultivée et d’une sorte de grosse Prune de couleur dés : les parties les plus connues , après la partie
verte , tachetée de gris et de rouge. —
Voy. dauphin. simple, sont le passe-dix, la rafle le creps etc.
I DAUPHlNELLE,Dei?/)/ü'«in»2 , genre de la famille {Vog. ces mots). —
Le jeu de dés est très-ancien : il
!
des Renouculacées, tribu des Elléborées, comprend était en usage chez les Grecs et les Romains. On croit
I
des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, à tige qu’il fut introduit en France sous Philippe Auguste.
dressée, simple ou rameuse, à feuilles alternes, à On appelle aussi rfe le tronc en forme de dé d’un
fleurs bleues, blanches ou roses, et disposées en épis piédestal ou la partie qui est entre sa plinthe et sa
j!
ou panicules terminales. Le Pied d’alouette {D. Aja- corniche; il se dit aussi des pierres que l’on met sous
cis), dont on fait des touffes ou des bordures, mest des poteaux de bois, pour les élever de terre, afin de
qu’une Dauphinelle il a fourni des variétés de toutes
: les empêcher de pourrir; des prismes quadrangulai-
sortes, à fleurs simples ou doubles, bleues, blanches, res de pierre, qui servent à porter des vases, etc.
j

'

roses, violettes, etc., et en longs épis. DEALBATION (du latin allas, blanc), opération
Dauphinelle Staphysaigre. Voy. staphysaigre. qui consiste à blanchir certaines substances par l’a-
DAÜPHINULE, Delphinula, genre de mollusques tion du feu, se dit surtout en parlant des os préparés
Gastéropodes à coquille épaisse , nacrée , hérissée pour les besoins de l’anatomie. —
Le mot déalbation
d’épines ou de tubercules. On les trouve aujourd’hui est aussi quelquefois synonyme d'étiolement.
dans les mers de l’Inde. Elles existent aussi, à l’état DÉBARCADÈRE (du franç. débarquer) : 1» sorte
fossile , dans les terrains tertiaires. décalé ou jetée en pierres brutes, ou bout de pont
I
daurade (du latin am'ata, dorée) ,Chrysophnjs, avancé du rivage sur la mer ou sur un fleuve, pour
genre de poissons Acanthoptérygiens de la famille débarquement desvoyageursoule déchar-
faciliter le
des Sparoides , est très-commun dans la Méditerra- gement des marchandises; 2® station d’arrivée d’un
1 née ; il passe dans les étangs voisins de la mer, s’y chemin de fer, lieu où s'opère le déchargement des
I
engraisse, et devient d’un goût fort délicat. La Dau- wagons. —
Ce mot a pour corrélatif embaixadère.
rade a le dos gris ou argenté, à reflets verdâtres, le DEBARDEUR (de bard, civière dont on se sert
j
ventre brillant d’un bel éclat argenté, et une ving- pour porter les pierres et autres matériaux), ouvrier
'
taine de bandelettes longitudinales dorées, donnant qui attend sur le port l’arrivage des bateaux char-
à tout le corps un reflet jaune doré qui lui a valu gés , pour mettre les marchandises à terre, pour dé-
'
son nom. —
On ne doit pas confondre ce sparo'ide pecer les trains de bois, etc. Les débardeurs formaient
avec le scombéroide appelé Dorade. Voy. ce mot. autrefois une corporation sous la juridiction du pré-
DAÜW, Equus montanus, espèce du genre Che- vôt des marchands; ils sont encore organisés en com-
val, tenant le milieu entre le Zèbre et le Couagga. pagnie ayant ses syndics, et ont seuls le droit de dé-
Il est de la taille de l’âne son pelage est ras, blanc charger les bateaux sur les bords de la Seine à Paris.
;
jaunâtre , avec des bandes noires et fauves. Sa cri- DÉBET (du latin debet il doit). En termes de
nière est roide ; ses fesses sont blanches. Le .Dauw Commerce, ce mot désigne ce qui reste dû après
habite le Cap de Bonne-Espérance. l’arrêté du compte c’est le reliquat
: à solder après
DAVIER (dérivé, par corruption, selon M. Clavier, la balance faite entre l’actif et le passif. Les comp-
de clavus, clef, mais plus probablement du nom de tables des deniers publics sont constitués en débet
l’inventeur), instrument de chirurgie en forme de lorsque, après la vérification de leurs comptes, ils
pinces très-fortes , droites ou recourbées , à serres sont déclarés reliquataires.
courtes et garnies de dentelures, à branches solides DEBILITANTS (du latin debilitare, affaiblir),
et allongées. Les Dentistes en font usage pour ex- moyens employés en médecine pour diminuer direc-
traire les dents qui n’ont qu’une racine. Les daviers tement ou indirectement l’énergie surexcitée des or-
présentent l’avantage de ne pas prendre de point ganes, particulièrement celle des muscles ; comme la
d’appui sur les dents voisines ni sur l’os maxillaire : diète et les antiphlogistiques (saignée, boissons dé-
on saisit la dent d’avant en arrière, le plus près pos- layantes, émollientes, narcotiques, bains tièdes,etc.E
sible de la racine
,
et on la tire dans le, sens de son DEBIT (de debitum, participe du verbe latin de-
axe , en l’ébranlant et facilitant sa sortie par de bere, devoir). Dans la Tenue des livres, ce mot ex-
légers mouvements de rotation. On distingue des prime ce dont on est débiteur dans un compte cou-
daviers droits et des daviers courbes. rant : le compte du débit est tenu sur la page à
On appelle encore davier : 1“ l’outil dont se servent gauche du grand-livre d’un négociant ; on y porte
les tonneliers pour faire entrer les cercles d’un ton- les articles fournis ou les sommes payées à quel-
neau; 2® la barre de fer à l’aide de laquelle on trans- qu’un. On oppose le Débit à l’Avoir ou au Crédit,
, , ,

DEÇA — 472 — DÉCA


I

compte tenu sur la page de droite, où l’on porte tout En Zoologie, ce terme s’applique à tout ce qui pré» i

ce que l’on a reçu au bénéfice de quelqu’un ou en sente 10 angles, comme le test de l’Oursin. j

balance de son compte. Ouvrage de fortification composé de 10 bastions. !

On entend par débit oratoire, la prononciation à DÉCAGRAMME, c.-à-d. dix grammes, poids équi-
haute voix d’un discours le débit compose, avec le
: valan t à2 gros44 grains, 41 centièmes, poids de marc.
geste, ce que les anciens appelaient l’ac^mw. V. ce mot. DÉCAGYNIE (dugreccféca, dix, et gyné, femme), |

DÉBITEUR. Ce mot est corrélatif de préteur, de nom donné par Linné aux ordres des premières
créancier ;on peutdoncclasserlesdébiteurscommelcs classes de son système qui ont des fleurs à dix pi-
créanciers. Les obligations du débiteur varient selon stils, c.-à-d. dont Torgane femelle est en nombre ;

la nature de la créance et de la dette. Voy. ces mots. décuple. Ces fleurs sont dites décagynes. ’

Le débiteur en retard doit les intérêts à partir de DÉCALITRE ,


c.-à-d. dix litres. Le décalitre a
la mise en demeure; de plus, il s’expose à la saisie remplacé le boisseau de Paris pour les matières sè-
de tous ses biens, mobiliers ou immobiliers. En ma- ches. Pour les liquides, il répond à la velte sa conte-
:

tière commerciale , la loi autoi ise en outre la con- nance est de 10 décimètres cubes (environ 10 piutes).
trainte par corps ( Voy. ce mot). Toutefois, aucun acte DÉCALOGUE (du grec déca, dix, et logos, pa-
ne peut être exercé par le créancier contre le débi- role), code sacré qui renferme les dix commande-
teur, s’il n’a préalablement obtenu un jugement ou ments que Dieu donna à Moïse sur le mont Sinaï.
s’il n’est porteur d’un titre notarié ou exécutoire. Ces dix commandements étaient gravés sur deux
DÉBOISEMENT. Voy. uefrichement. tables de pierre : la première en contenait trois, les
DEBOITEMENT. Voy. luxation. seuls qui regardent les devoirs de l’homme envers
DÉBOUQUEMENT (du latin bucca, bouche), nom Dieu ; la seconde contenait les sept autres, qui re-
donné, dans les Antilles, à tout canal, détroit ou gardent les devoirs de l’homme envers son prochain,
passage resserré entre plusieurs lies au milieu des- Voy. commandements de dieu.
quelles un navire est obligé de passer. DÉCAMÈTRE, c.-à-d. dix mètres. Foy. mètre.
DEBOUT. En termes de Marine, on dit qu’un vais- DÈCAN (en latin decunus, du grec déca, dix). j

seau est debout au vent, au courant, à la lame, lors- On nommait ainsi , chez les Romains, un bas officier ;

qu’il présente son avant au vent, au courant, à la qui commandait une escouade de dix hommes. — f

lame : quand c’est au vent, on dit qu’il a vent debout. Dans la suite, ce nom a été appliqué, par la cour de j

En termes de Blason, debout se dit des animaux Byzance et dans l’Eglise, à un grand nombre de
qu’on représente dressés sur leurs pieds de derrière. fonctionnaires civils ou religieux, choisis le plus sou- I

A la Chasse, mettre une béte debout, c’est la lancer. veut parmi les plus anciens, et ayant ordinairement

i

DÉBOUTÉ (c.-à-d. bouté ou mis dehors), terme dix personnes sous leurs ordres. De décan on a :

de Pratique , exprime le rejet d’une demande faite fait décanat, qui exprime la qualité et la fonction de
en justice. On appelle Débouté d’opposition le juge- doyen d’une compagnie. Voy. doyen. ,

ment ou l’arrêt qui rejette l’opposition formée contre En Astronomie, on appelait décan l’arc du Mdia-
un jugement ou contre un arrêt rendu par défaut. que comprenant dix degrés ou un tiers de signe.
DÉBRIDEMENT, opération chirurgicale qui con- DÉCANAT. Voy. décan et doyen.
siste à enlever les brides ou filaments dont la pré- DÉCANDRIE (du grec déca, dix, et anêr, andros, ,

sence dans un abcès ou dans une plaie mettrait mâle ) , nom donné par Linné à la 10« classe de son
obstacle à la libre sortie du pus. On a recours au dé- système de Botanique, comprenant les plantes dont ;

bridement particulièrement pour les plaies d’armes la fleur a dix étamines ou dix organes mâles : telles I

à feu, les hernies, les panaris, etc. sont les fleurs de la rue, de ^Œillet, etc. Cette f

DEÇA, mot grec qui signifie dix, désigne, dans classe se subdivise en cinq ordres, appelés, d’après le j

le système des nouvelles mesures, une quantité dix nombre des pistils, monogynie, diyynie, trigynie, j
fois plus grande que l’unité génératrice. Ainsi on pentagynie , décagynie. Voy. ces mots. !

dit : décagramme , décamètre , décastère , décali- DÉCANTATION (du latin de, hors de, et canthus,
tre pour dix grammes, dix mètres, etc. goulot , opération qui a pour objet la séparation
)

DÉCACKORDE ( du grec déca dix , et chordè ,


d’un liquide d’avec les matières solides déposées.
corde), instrumentde musique en usage chez les an- Pour décanter, on verse doucement en inclinant peu
ciens :c’était une espèce de harpe de forme trian- à peu le vase où la liqueur est contenue; mais il est
gulaire et montée de dix cordes. préférable de se servir d’une pipette.
DECADE (c.-à-d. dizaine). La rfecarfe jouait un DECAPAGE (du privât, de, et de cape, manteau),
grand rôle dans le système de Pythagore ; c’était le opération chimique par laquelle on enlève à la sur-
nombre le plus parfait, parce qu’il était la somme de face des métaux destinés à être soudés ou étamés !

la monade, de la dyade, de la triade et de la té- l’oxyde dont cette surface est recouverte, par exem-
trade c.-à-d. des nombres 1, 2, 3 et 4. — Ce mot ple, le vert-de-gris, la rouille, etc. Les bijoutiers dé-
désignait encore une des trois divisions du mois des capent les objets d’orfèvrerie en les saupoudrant avec

Athéniens (Foî/. année et mois). Dans le calendrier du borax qui, eu fondant, dissout tous les oxydes mé-
républicain de 1793, les mois furent aussi divisés en talliques; les serruriers et ies chaudronniers se ser-
trois décades; chaque décade renfermait dix jours, vent aussi de borax pour braser ou souder la tôle
nommés primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, et le fer. On décape le cuivre avant de l’étamer, en
sextidi, septidi, octidi, nonidi et decadi. le chauffant avec du sel ammoniac. Le décapage du
On s’est encore servi de ce mot pour désigner dans fer s’obtient en le trempant dans une solution d’a- 1

certains ouvrages de longue haleine la réunion de eide chlorhydrique. Le chlorure double de zinc et
dix livres ou de dix chapitres : telles sont, chez d’ammoniaque possède aussi à un haut degré la
les Romains, les Décades de Tite-Live. — Il fut pu- propriété de décaper le cuivre et le fer.
blié à la fin du xviii® siècle, sous le titre de Décade DECAPITATION (du privât, de, et de caput, tête).
philosophique, un recueil sérieux qui tirait son Autrefois, en France, comme encore dans beaucoup
nom de ce qu’il paraissait tous les dix jours. de pays, on ne décapitait que les nobles, et la déca-
DÉCADI. Voy. décade. pitation se faisait avec la hache. Aujourd’hui, la dé-
DÉCAFIDE (de déca, dix, et fmdere, fendre), se capitation est le supplice de tous les criminels con-
dit, en Botanique, d’un calice ou d’une corolle d’une damnés à mort quand ils ne sont pas militaires, et
spule pièce, mais dont le limbe est partagé en dix l’on se sert de la guillotine. Les condamnés militaires
découpures par exemple, le calice du fraisier.
• sont passés par les armes.
DÉCAGONE (du grec déca, dix, et gonia, angle), DÉCAPODES (du grec déca, dix, et pous, podos,
figure plane à dix angles ou à dix côtés. pied), ordre d’animaux Articulés de la classe des
, ,,

DÉCH — 473 — DÉCl


Crustacés et de la section des Malacostracés, est ca- électricités, positive et négative. Voy, batterie,
ractérisé par une tête intimement unie au thorax, BOUTEILLE DE LEYDE , etC.
et recouverte par un test ou carapace. Les Décapodes DÉCHAUSSEMENT, état des' plantes dans lequel
ont les branchies situées sur les côtés du test, les une partie des racines est mise à nu par Tenlève-
yeux portés sur u.a pédicule mobile, et le dessus du ment ou le tassement des terres : c’est ordinairement
corps recouvert d’un test très-dur. Ils vivent, pour le résultat de circonstances accidentelles, surtout de
la plupart, dans l’eau ; ils sont voraces et carnassiers. gelées suivies de prompts dégels; quelquefois c’est
Leurs membres repoussent quand on les a coupés. Cet une façon que Ton donne, notamment à la vigne et
ordre important se divise en deux familles, les Bra- aux arbres fruitiers, pour hâter la maturation.
chyures et les Macroures; il renferme les Homards, Le déchaussement des dents est la dénudation des
Langoustes, les Crabes, les Écrevisses, etc.
les racines produite par le décollement des gencives. Il
DÊCASTÈRÉ, dix stères. Voy. stère. peut avoir lieu à la suite de certaines maladies ou
DECATISSAGE, opération qui a pour objet d’en- de l’emploi de dentifrices nuisibles; quelquefois le
lever le cati 011 apprêt aux étoffes de laine, de fil ou dentiste lui-même, pour extraire plus facilement une
de coton. Après avoir mouillé légèrement l’étoffe dent, sépare, à l’aide de l’instrument appelé déchaus-
qu'on veut décatir, on Texpose à la vapeur de l’eau soir, les gencives qui adhèren'i, au collet de cette dent.
bouillante, et quand elle est parfaitement imbibée, DÉCHÉANCE (de dé, privatif, et du verbe choir).
on la brosse avec soin, puis on Tétire. Les étoffes C’est, en Jurisprudence, la perte légale d’un droit
qui ne sont point décaties sont plus fermes et plus ou d’une faculté, faute d’en avoir usé dans les délais
lustrées; mais l’eau et la pluie y font des taches. Les déterminés par la loi , et selon les formes et condi-
étoffes de soie ne se décatissent point. tions prescrites. Le Code de procédure civile ren-
Décatir des écheveaux, c'est en détacher les brins ferme les cas de déchéance (a. 444 et 1029); on peut
collés ensemble par l’humidité. aussi consulter le Code de commerce (art. 168-170).
DÉCEMBRE (du latin decem, dix), dernier mois En Politique, c’est la perte du trône. F. déposition.
de notre année. C’était le 10® de l’année romaine DÉCHIFFRER. C’est, dans la Diplomatie, décou-
sous Uomulus d’où le nom latin de december ;
: vrir la clef d’une correspondance secrète écrite en
sous Numa, il devint le 12®, mais sans changer de chiffres [Voy. cryptographie). — Dans la Musique,
nom. Ce mois n’est le dernier de notre année que c’est lire l’écriture musicale; c’est aussi traduire sur
depuis 1564 ( Voy. année) Il a 31 jours. Chez les an-
. le clavier ou sur la portée musicale l’harmonie indi-
ciens, Décembre était consacré à Vesta. C’est dans quée au-dessus d’un chant à l’aide des chiffres.
ce mois qu’on célébrait les Saturnales. DÉCl (abréviation du latin decimus dixième),
DÉCEMVIRS (du latin (feeem, dix, et vir, homme), particule qui , dans le système des nouvelles mesu-
nom donné en général, à Roipe, à tous les corps de res, désigne une unité dix fois plus petite que l’unité
magistrats qui se composaient de effx membres, et génératrice. Ainsi, les mots deciare, décigramme,
spécialement aux dix magistrats créés Tan 451 avant décilitre, décimètre, signifient un dixième A’ axe, A&
J.-C., pour rédiger un code et diriger les affaires grarnme, de litre, de mètre.
de la république. Pour leur histoire, Voy. décemvirs DÉCIARE, le dixième de Tare, vaut 10 m. carrés
au Dict. univ. d’Hist. et. de Géogr. ou environ 2 toises carrées. Voy. are.
DÉCENNALES (fêtes). Voy. fêtes. DÉCIDE (du latin deciduus qui va tomber), se
décennaux (prix). Voy. prix. dit en Botanique des organes des plantes qui ne
DÉCÉS (du latin decessus, départ). En France ,
tombent qu’après leur entier développemen t et après
lorsqu’une personne vient à déclaration doit avoir accompli les fonctions qui leur sont dévolues,
en être faite à l’officier de l’état civil, qui doit con- comme les calices et les corolles, qui ne se détachent
stater ou faire constater la mort. Uacte de décès est qu’après la fécondation, et les feuilles dont la chute
ensuite dressé par le même officier sur la déclaration a lieu en automne seulement ou avant la nouvelle
de deux témoins il contient les prénoms, nom, âge,
: pousse. Ce terme est opposé à caduc, qu’on appli-
profession et domicile de la personne décédée, des pa- que aux organes qui tombent aussitôt après l’épa-
rents, des témoins, etc. —
Si le décès a lieu dans les nouissement des fleurs, et k persistant qui sc dit
hôpitaux, sur mer, à l’étranger, à Tarmée, etc., il est des parties qui restent toujours fixées sur la plante.
constaté sur les registres particuliers des administra- DÉCIGRAMME, le dixième du gramme, équivaut
tions civiles ou militaires , des consuls etc. une à 1 gros 884 millièmes. Voy. gramme.
, ;
expédition de l’acte est envoyée par les personnes DÉCIL ou DEXTiL, terme dont se servaient les As-
que l’État charge de ce soin à l’officier de l’état civil trologues pour exprimer l’aspect ou position de deux
du dernier domicile du décédé, et celui-ci. est tenu planètes éloignées l’une de l’autre de 36 degrés ou
de l’inscrire sur ses registres (Code civil, art. 77-98). de la dixième partie du zodiaque.
DÉCHANT ou discant {discantus, chant double), DÉCILITRE , la dixième partie du litre ; sa conte-
sorte de contrepoint à deux parties en usage dans nance est env. celle d’un gobelet ordinaire. F. litre.
l’ancienne musique, et qui a donné naissance à l’har- DÉCIMAL (système), système de numération qui
monie. Il fut d’abord appliqué, vers le xiii® siècle, a pour base le nombre dix. Ce système, qui est pres-
au chant grégorien. que universellement répandu, parce qu’il est le plus
DÉCHARGÉ. En Jurisprudence, on appelle ainsi ; naturel, reposant sur le nombre des doigts, paraît
1® l’acte par lequel on reconnaît qu’une personne a avoir été inventé par les Indiens, auxquels il a été
remis les sommes, effets mobiliers ou pièces qu’elle emprunté par les Arabes et les Phéniciens,5iui l’ont
avait reçus en dépôt; 2® celui par lequel on obtient communiqué aux Grecs et aux Romains. Il était
libération d’une obligation quelconque. Ce mot est connu des Chinois dès les temps les plus reculés. En
très-souvent synonyme Ae quittance. —
En Droit cri-
minel, on appelle témoins a décharge ceux qui vien-
France, le système décimal a été appliqué depuis
1792 aux poids et mesures ainsi qu’au système mo-
nent déposer en faveur d’un accusé. nétaire. Voy. MESURES, MÈTRE, MÉTRIÛUE (SYSTÈME).
Les Charpentiers appellent décharge une pièce de DÉCIMALE ou fraction décimale, fraction qui a
bois posée obliquement dans une cloison ou dans un pour dénominateur dix ou une puissance entière de
cintre , et portant sur la sablière pour soulager le dix, comme î^, pjJô» ®tc. On exprime les frac-
point d’appui. On place toujours une décharge au- tions décimales comme des nombres entiers, à l’aide
dessus des portes et des fenêtres pour empêcher du système de numération ordinaire, où chaque chif-
l’affaissement du mur. fre a une valeur dix fois plus petite lorsqu’il est placé
En Physique,
on appelle décharge électrique à la droite d’un autre : ainsi , les chiffres placés à la
^
l’explosion produite par la combinaison des deux droite du chiffre des unités valent , le premier, des
, ,

DÉCI — 474 — DÉCL


dixièmes d’unité, ou des dixièmes le second, des On a donné aussi ce nom, dont le mot dime est
dixièmes de dixièmes, ou des le troisième, l’abrégé, à diverses sortes d'impositions, établies
des dixièmes de centièmes, ou des millièmes, etc. tant au moyen âge que dans les temps modernes.
Pour distinguer les entiers des fractions, dans un 1®. Les décimes proprement dites étaient des som-
nombre exprimé en fractions décimales, on place une mes perçues autrefois sur le clergé; au profil soit du
virgule à la droite du chilfre des unités. Le nombre roi, soit du pape. La première décime fut accordée à
fractionnaire 654783 cent-millièmes, par exemple, Charles Martel pour la défense du pape contre les
s’écrit 6,54783; la fraction 54 dix-millièmes ; 0,0ü54.
: Lombards. Depuis, les rois de France en levèrent
— Cette manière d’écrire les fractions décimales a été très-souvent; mais la perception des décimes ne de-
imaginée par le géomètre anglais Ougbtred (vers vint régulière et annuelle qu’à dater de François Iv.
1628) ; elle facilite extrêmement les calculs, et permet Après T’assemblée de Poissy en 1561 , ces décimes
d’exécuter sur ces fractions les ditl'érentes opérations s’appelèrent D. du contrat, D. anciennes ou D. or-
de l’arithmétique comme sur des nombres entiers. dinaires, pour les distinguer des D. extraordinaires
Une fraction décimale est dtte périodique lors- que le clergé payait à des époques moins régulières.
qu’elle est composée de groupes de chllfres qui se re- Ces décimes se levaient dans tous les diocèses du
produisent continuellement dans le même ordre ces ;
royaume, excepté dans les évêchés de Metz , Toul et
groupes forment la période; les chilfres qui précè* Verdun, dans l’Artois, la Flandre, la Franche-
dent la première nériode forment \s. partie non pé- Comté , l’Alsace et le Roussillon.
riodique; et les cliuTres décimaux placés entre la vir- 2®. Le décime sur les spectacles, ou Droit des
gule et la première période composent la partie déci- pauvres, est une subvention d’un décime par franc
male non périodique iLoTiqne lapénoüe commence qu’on prélève en faveur des indigents, sur le prix de
immédiatement après la virgule, la fraction décimale chaque billet d’entrée, dans toutes les salles où se
est dite périodique simple, comme i.T12T2,7, etc., donnent des pièces, bals, concerts , etc. : cette impo-
dontla période est 27. On l’appelle périodique mixte sition date de 1796.
quand la période ne commence qu’après un cer- 3®. D. de guerre, surtaxe établie par la loi du
tain nombre de chiti'res décimaux, comme dans 6 prairial an Vil (25 mai 1799), à titre de subvention
4,456272727, etc. extraordinaire de guerre. Cette surtaxe d’un décime
Pour transformer une fraction ordinaire en frac- par franc en sus des droits d'enregistrement, de tim-
tion décimale, il suffit de diviser le numérateur par le bre, hypothèque, droits de grefl'e, de douane, etc.,
dénominateur on a soin d’ajouter toujours des zéros
: ne devait d’abord être perçue que pendant Tan VII;
au dividende, jusqu’à ce qu’on ait pour reste 0, ou un elle a été successivement conti nuée j usqu’aujourd’hui,
nombre déjà trouvé. Dans le premier cas, le quotient DÉCIMÈTRE, dixième de mètre, équivaut à 3 pou-
ofl're une fraction décimale correspondant exactement ces, 8 lig., 344 millièmes des anciennes mesures.
à la fraction ordinaire ; dans le second cas, on a une DECISION (du latin decisio, action de trancher).
fraction périodique. Ainsi ; réduit en fraction dé- Dans l'ancienne .lurisprudence ce mot exprimait une
cimale, donne exactement 0,75 ; au contraire, f donne résolution prise sur une question controversée , ou
la fraction périodique 0,714285714285, etc. un jugement rendu soit par des arbitres, soit par des
DECIMATEUR, nom donné autrefois dans l’Église juges proprement dits. On cite en ce genre ; les
à celui qui avait le droit de percevoir la dîme. On Cinquante décisions de Justinien, par lesquelles il
distinguait les D. ecclésiastiques et les D. Iniques ; prononça sur des questions à l’égard desquelles les
les Z), privilégies, comme les évêques, les abbés, les jurisconsultes étaient partagés on les a incorporées
:

chapitres, les monastères ou communautés religieu- dans le 1" Code de Justinien et dans le Code Repetitæ
ses, qui percevaient les grosses dîmes, et les petits prœlectionis ; les Décisions du tribunal de la Rote,
D., ayant droit seulement aux menues dîmes, nova- imprimées en 1515 sous le titre de Decisiones Rotæ
les, dîmes vertes, etc. Le décimateur était obligé novæ et antiques; un recueil de lois saxonnes, inti-
d’entretenir le chœur et le cancel ou sanctuaire de tulé : Decisiones électorales Saxonicæ, etc.
l’Église, de fournir les objets nécessaires au culte, DÉCISOIRE (serment). Vmj. serment.
livres, ornements, etc., enfin de payer aux desser- DECISTERE, dixième de stère, équivaut à 3 pieds
vants le traitement appelé portion congrue. cubes, c.-à-d. à une solive de charpente. Eoj/. stère.
DÉCIMATION , mode de châtiment militaire en DECLAMATION (en lat. declamatio,àeclamare,
usage chez les Romains et qui s’infligeait aux troupes parler à haute voix). Les anciens donnaient ce nom
coupables de lâcheté, de désertion, ou de révolte. aux exercices oratoires usités dans les écoles des rhé-
On mettait dans un casque les noms des soldats qui teurs. On distinguait : les thèses , où l’on traitait
avaient forfait au devoir, et tous ceux dont le nom des questions générales et abstraites, et les hgpo-
sortait au dixième tour périssaient sous la hache thèses, dont le sujet se rapportait à des faits histo-
ou sous les verges. Souvent on ne frappait que le riques ou imaginaires ; ces dernières s’appelaient
vingtième, ou même le centième. La décimation, in- conseils ou opinions {suasorics) quand il s’agissait
troduite à Rome dans les premiers temps de la Ré- de délibérations politiques ou privées , et causes ou
publique (par App. Claudius, selon Tite-Live), sub- controverses, quand il s’agissait d’affaires judiciaires.
sista jusqu'à l’empereur Théodose. Charlemagne y Ce genre d’éloquence naquit en Grèce au temps
eut recours plusieurs fois. Cette peine a été rarement d’Alexandre il se répandit à Rome au premier siè-
;

employée chez les modernes. On en cite deux exem- cle avant notre ère et y fleurit surtout sous les em-
ples dans, le xvii' siècle pendant la guerre de Trente
:
pereurs. Sénèque le père nous a laissé un Recueil
ans, en 1642, l’archiduc Léopold fit décimer un ré- de déclamations qui peut donner une idée de ce
giment de la garde impériale; en 1675, le maréchal genre d’éloquence.
de Créqui fit décimer la garnison de Trêves qui s’é- De nos jours, le mot déclamation, pris dans un
tait soulevée. Une loi du 21 brumaire an V abolit sens technique , signifie l’art dedébiter sur la scène
cette peine pour les troupes françaises; elle existe la versification tragique, avec l’action mimique qui
encore en Espagne, où elle a été mise à exécution en est le complément indispensable. Pendant long-
par Mina, sous l’Empire, et par Espartero, en 1838. temps la déclamation théâtrale a été en France toute
DECIME ( du latin decimus dixième), pièce de de convention pour donner au vers plus d’énergie
:

monnaie de France, faite de cuivre ou de billon, et de majesté, les acteurs avaient substitué au parler
vaut la 10« partie d’un franc ou dix centimes. C’est naturel une espèce de cantilène aussi monotone
en 1793 que furent frappés les premiers décimes ; qu'emphatique. Baron, Lekain et Larive apportèrent
ils remplacèrent les pièces de deux sous tournois d’utiles réformes dans la déclamation théâtrale.
dont la valeur est, à très-peu de chose près, la même. Talma la réduisit presque au simple débit naturel.
, , , ,

DEGL — 475 — DÉCO


La Déclamation est, comme la Musique, un objet sur l’aiguille. Vers 8 heures du matin elle se met en
4'étude au Conservatoire de Paris on y enseigne,
: mouvement; son action devient plus sensible entre
en deux cours séparés , la Déclamation spéciale ou midi et 3 heures; le soir elle est stationnaire, et pen-
oratoire, et la D. hjriqw. —
Dorât a fait un poëme dant la nuit elle revient au point d’où elle était par-
de La Déclamation théâtrale en 3 chants (176C). tie; la moyenne de l’écartement est d’environ 10'.
DÉCLARATION. Eu Droit criminel, on appelle Christophe Colomb est le premier qui ait re-
ainsi 1“ le témoignage porté, soit devant l’officier
: connu le phénomène delà déclinaison (1492) ; Cabot,
de police, soit devant le juge d’instruction; 2» la de Venise, l’observa également vers Tan 1500. Les
formule que le chef du jury emploie pour faire con- premières tables de déclinaison furent dressées en
naître le verdict rendu au sujet d’un accusé. 1599 par les navigateurs hollandais, d’après les ordres
En Droit civil, on nomme D. d’absence, le juge- du prince de Nassau; enfin, le changement de la dé-
ment qui sé rend cinq ans après qu’un individu a clinaison dans le même lieu fut découvert en 1622
disparu de son domicile, pour constater la dispari- par Gunter, professeur au collège de Gresham. Les
tion de cet individu; D. de command l’acte par variations diurnes furent observées pour la première
lequel un avoué ou un particulier déclare que le bien fois par Graham, à la fin de 1722. Voy. boussole.
acquis en son nom appartient à une autre personne En Astronomie, la déclinaison d’un astre est la
de qui il a reçu mandat. Voy. command. distance de cet astre à Téquateur céleste, mesurée
En Droit commercial, on nomme D. de faillite, sur Tare du grand cercle qui passe par Tastre et par
la déclaration qu’un commerçant fait au greffe du les pôles de la sphère. Elle est, par rapport aux
tribunal de commerce lorsqu’il dépose son bilan. corps célestes, ce que la latitude est par rapport aux
Eu Droit administratif, la D. de naissance, ou de lieux terrestres. La déclinaison est boréale ou aus-
décès, est celle que l’on est tenu de faire à l’officier trale, suivant que l’astre se trouve dans l’hémisphère
municipal, dans les délais prescrits, d’une naissance boréal ou dans l’hémisphère austral. Les cercles de
ou d’un décès; la D. de douanes, celle qu’il faut déclinaison sont tous les grands cercles de la sphère
faire aux bureaux des douanes ou de l’octroi pour qui peuvent passer par les pôles du monde, et sur
obtenir la libre circulation des marchandises. lesquels la déclinaison est mesurée. Les qmrallèles
Dans l’ancien Droit français , on appelait D. du de déclinaison sont des petits cercles de la sphère,
roi un acte de la puissance souveraine qui inter- parallèles à Téquateur. Là. parallaxe de déclinaison
prétait, réformait, ou maintenait une loi D. seigneu-
: est Tare du cercle de déclinaison qui mesure la quan-
riale tout acte récognitif exigible de la part d’un tité dont la déclinaison d’un astre est augmentée ou
seigneur; D. sèche, la simple reconnaissance qu’un diinintiée par la parallaxe de hauteur. V. ce mot.
immeuble était assis dans la justice de tel seigneur. DÉCLINANT (du verbe français décliner). On
En Politique , on nomme D. de guerre, un ma- nomme : 1® cadran déclinant, celui dont la section
nifeste diplomatique, accompagné du rappel des am- avec l’horizon fait un angle avec le premier verti-
bassadeurs , par lequel deux puissances souveraines cal ; en général, ces sortes de cadrans ne regardent
se dénoncent l’état de guerre. Chez les Romains , pas directement quelqu’un des points cardinaux ;
cette déclaration se faisait par le ministère des
fé- 2° plan déclinant, tout plan, vertical ou non, qui fait
ciaux, qui jetaient une javeline sur le territoire de angle avec le premier vertical ou le premier méridien.
l’ennemi en lui déclarant à haute voix la guerre. DÉCLINA'TEUR (du français décliner), instru-
Au moyen âge, un héraut, dépêché au chef ennemi, ment en forme de cercle mobile à Taide duquel on
jetait à ses pieds un gantelet en signe de défi. aeiermine la déclinaison ou l’inclinaison des plans
DECLIC ou clic, mot imitatif du bruit
DÉCLicQ (de sur lesquels on veut tracer des cadrans solaires. Le
que fait une arme qui
se détend), échappement déclinateur ne porte pas un limbe divisé en degrés ;
d’un cliquet, d’un ressort. On appelle Armes de il n’indique que les points nord et sud.
déclic les armes à détente :l’arquebuse, le fusil, le DÉCLINATOIRE (du franç. rfec/i«er), instrument
pistolet, etc. — On nomme spécialement déclic une de physique en forme de boussole, qui donne avec
sorte de mouton d’une très-grande pesanteur, qu’on précision la déclinaison de l’aiguille aimantée et
élève, au moyen d’une machine, entre plusieurs piè- dont on se sert dans le lever des plans pour orienter
ces de bois,pour le faire retomber ensuite de tout une planchette : on dit aussi déclinateur. V. ce mot.
son poids sur des pieux qu’on veut enfoncer. En Jurisprudence, on nomme ainsi l’acte par le-
DÉCLINAISON (du latin declinatio, même signi- quel un défendeur appelé devant une juridiction se
fication!. Dans les langues qui ont des cas, comme le refuse à compai'aître devant elle , parce qu’il dé-
sanscrit, le grec, le latin, l’allemand, etc., décliner cline ou conteste sa compétence.
c’est faire passer par tous leurs cas les substantifs et DÉCLINÉ, se dit en Botanique des étamines et du
adjectifs dont la terminaison peut varier. On appelle style quand ils se portent vers la partie inférieure
aussi déclinaison le tableau de ces terminaisons. de la fleur, comme dans la Capucine et le Marron-
En Physique, on appelle D. magnétique, ou D. nier d inde. On l’oppose à ascendant.
de l’aiguille aimantée l’angle que Taigiiille d’une DECOCTION (du \dX\n decoquere, faire bouillir),
boussole horizontale fait avec la méridienne. La dé- opération pharmaceutique qui consiste à faire bouil-
clinaison est orientale quand le pôle austral de l’ai- lir dans un liquide des substances médicamenteuses
guille passe à l’est de la méridienne, ei occidentale dont on veut extraire les principes solubles. Ondonne
quand il passe à l’ouest. 11 y a des lieux sur la terre aussi le nom de décoction au produit de cette opé-
où l’aiguille se dirige exactement suivant la méri- ration. — On connaît sous le nom de D. blanche
dienne pour ces lieux, la déclinaison est nulle; il
;
de Sydenham, une boisson adoucissante qu’on em-
existe, d’un pôle à l’autre, au moins deux lignes sans ploie contre la dyssenterie et la diarrhée , et qui se
déclinaison : ces lignes traversent les mers et les con- prépare avec de la mie de pain , de la gomme ara-
tinents, dans des directions tout à fait sinueuses et bique, de la corne de cerf calcinée, du sirop de
irrégulières. La déclinaison d’un lieu varie d’ailleurs guimauve et de Teau de fleurs d’oranger.
avec le temps; en France, par exemple, l’aiguille dé- DÉCOLLATION (de ofe privât., et collum, cou).
clinait d’abord vers l’est d’environ 12o, ensuite elle Ce mot , qui synonyme de décapitation, désigne
est
se rapprocha du pôle, et, en 1664,1a déclinaison était particulièrement l’action de couper le cou avec un
nulle ; depuis cette époque, elle a maiehé vers l’ouest instrument tranchant, comme le glaive ou la hache.
jusqu’à 22“ environ ; aujourd’hui, elle se rapproche 11 ne s’emploie plus guère que pour désigner le sup-
du pôle. La boussole est en outre assujettie, dans sa plice de S. Jean-Baptiste. Voy. décapitation.
déclinaison, à des variations diurne), qui paraissent DÉCOLORATION. On nomme ainsi, dans les Arts,
être occasionnées par l’action magnétique des astres l’opération qui a pour objet d’enlever la couleur aux
, , , ,

DÉCO — 476 — DÉCR


substances végétales et animales. Pour les liquides, vêtements d’honneur {Voy. ordres et les noms de
cette opération s’effectue en général par deux pro- chaque décoration).
cédés : 1® par le charbon animal {Voy. charbon); — L’art. 259 du Code pénal punit d’un emprisonne-
2“ par le chlore, qui , en raison de son affinité ex- ment de 6 mois à 2 ans toute personne qui a publique-
trême pour l’hydrogène, décompose la couleur orga- ment porté une décoration qui ne lui appartient pas.
nique en lui laissant une teinte légèrement jaunâtre DÉCORTICATION (de de, privatif, et cortex,
qu’on peut enlever par la potasse (F. chlorométrie). écorce), séparation naturelle ou artificielle de Técorce
Le premier procédé s’emploie lorsqu’il s’agit du su- des arbres, ou de la première enveloppe d'un fruit,
cre dans les raffineries, des sirops chez les confi- d’une semence ou d’une racine. Quelques arbres
seurs, etc.; le second, lorsque l’on ne craint pas d’al- comme le chêne-liège, le platane et la vigne, se dé-
térer la saveur et les propriétés de la substance. Le pouillent tous les ans de leur écorce. On écorce cer-
soufre, l’arsenic et plusieurs autres corps possèdent tains arbres pour rendre leur bois plus dur, plus
également des propriétés décolorantes —
Pour la dé- dense et moins cassant, et, par conséquent, plus
coloration des solides, F. blanchiment, décreusage. propre au travail de la menuiserie.
DÉCOLORIMÈTRE , instrument imaginé par On a inventé plusieurs machines ingénieuses pour
M. Payen et qui permet d’évaluer le plus ou moins décortiquer les noix, les amandes, les châtaignes,
de propriété décolorante des divers charbons. 11 con- les fèves, les pois secs, etc. La décortication des lé-
siste en un tube terminé par deux plans de verre, et gumes est devenue depuis peu d’années une indus-
dans lequel ou introduit des quantités déterminées de trie importante. On remarque surtout la machine à
charbon et de caramel. La teinte produite, mise en décortiquer de M. David Lyon (1844) : elle con-
regard d’une autre quantité de caramel décoloré et siste essentiellement en deux meules en grès qui ne ,
pris pour point de comparaison, donne approximati- sont pas assez rapprochées pour broyer les légumes.
vement l’intensité décolorante du charbon d’épreuve. DÉCOURS (en latin decursus), se dit, en Astro-
DÉCOMPOSÉ, se dit, en Botanique, et des tiges nomie, de la diminution successive dans la grandeur
qui se divisent et se subdivisent dès la base en une apparente de la lune, qui a lieu depuis la pleine lune
foule de ramifications, comme l’ajonc, et des feuil- jusqu’à la nouvelle lune : c’est l’opposé du croissant.
les dont le pétiole est divisé en pétioles secondaires, DÉCOUVERTES. Voy. inventions.
ou qui sont découpées d’une manière diffuse et ir- DÉCREPITATION (du latin crepitare, pétiller),
régulière, comme celles de la sensitive. se dit, en Chimie, des sels cristallisés qui éclatent
DÉCOMPOSITION. En Chimie, on appelle ainsi et pétillent quand on les chauffe , par suite de l’ex-
la séparation des éléments simples et constituants pulsion brusque de l’humidité interposée dans les
d’un corps. Le feu , l’électricité , les acides , les al- cristaux : tel est, par exemple, le sel marin. Dans
calis, etc., décomposent la plupart des corps com- les sels qui ne contiennent pas d’eau, comme le sul-
posés. Un grand nombre de composés, particulière- fate de potasse , elle est l’effet de la séparation in-
ment dans le règne organique , se décomposent stantanée des molécules par le calorique.
spontanément quand on les abandonne à eux- DECRESCENDO ( mot italien qui signifie en dé-
mêmes sous l’action de l’air. La décomposition des croissant), s’emploie en Musique, par opposition à
corps se confond avec l’analyse chimique. F. analyse. crescendo, pour indiquer la diminution progressive
En Physique , la de'composition des forces est la de l’intensité des sons on dit encore dans le même
:

substitution des forces qui composent une force uni- sens : diminuendo, smorzando , calando.
que, dcppoXèe résultante, à cette force. DÉCRET (en latin, decretum, du verbe decer-
DÉCONFITURE (de YitaXien sconfitta défaite). nere, décider). Ce mot, dont le sens a varié, s’appli-
C’est l’état d’un débiteur non commerçant qui se quait, chez les Romains, aux actes du sénat relatifs
trouve insolvable : la déconfiture est, pour celui qui aux affaires générales de la république. En France,
n’est pas commerçant, ce qu’est la faillite pour le ce nom a été donné aux actes des assemblées légis-
commerçant. Mais les règles concernant les faillis ne latives jusqu’à la Convention inclusivement. Il fut
s’appliquent pas aux déconfits : ils restent dans 1e ensuite remplacé par celui de lois; on continua ce-
droit commun, et les créanciers ne peuvent agir con- pendant sous l’Empire à appeler décrets les règle-
tre eux que par les voies ordinaires. —
En cas d’as- ments généraux ou particuliers émanés de l’empe-
sociation, la société finit par la déconfiture de l’un reur, soit pour l’exécution des lois (et alors décret
des membres (Code civil, art. 1865). est synonyme d! ordonnance) soit pour tenir lieu de
DÉCOR. Voy. décorateur. loi. Après le 2 décembre 1851, les actes législatifs
DECORATEUR, nom donné en général à tous les du chef de l’État reprirent le nom de décrets.
architectes, peintres, sculpteurs, tapissiers, orne- Décrets judiciaires. Avant la loi du 11 brumaire
manistes, etc., qui se chargent de la direction et de an VII, on appelait ainsi l’ordonnance d’un juge des-
la confection des décors pour les théâtres , les fêtes tinée à purger Tes immeubles des hypothèques, droits
et cérémonies publiques, les pompes funèbres, etc.; réels ou servitudes qui les grevaient, ou à les faire
de l’ameublement et de l’ornementation d’une salle vendre judiciairement ces décrets étaient volon-
;

de bal, d’un appartement, etc. —


L’usage des déco- taires ou forcés. — En Droit criminel , on appelait
rations théâtrales était connu des anciens. Perdu au décret la contrainte décernée contre un accusé c’est
;

moyen âge, cet art fut restauré au xv® siècle par en ce sens que l’on dit : décrété de prise de corps.
l’italien Balth. Peruzzi. Après lui , se distinguèrent Décrets des conciles, nom donné en général aux
en ce genre Bibiena, J. Parigi, Bérain, Servandoni, décisions prises par les conciles, et en particulier à
et plus récemment Gicéri, Bouton et Daguerre, Sé- celles qui sont relatives à la discipline ecclésiasti-
chan, Philastre et Cambon, etc. Les architectes et que, le mot canon s’appliquant de préférence à tout
les peintres les plus distingués, les David et les Vis- ce qui regarde ledogmeet lafoi. —
On appelle Décret
conti, n’ont point dédaigné de concourir par leur ta- de Gratien la Iv® partie du Droit canon : c’est un re-
lent à la décoration de nos fêtes nationales. cueil des canons des conciles, des décrétales, etc.,
DÉCORATION, nom donné en général aux châs- formé par Gratien, religieux de l’ordre de St-Benoit
sis, toiles de fond, ornements de tout genre qui ser- à Bolosne, en 1151, et approuvé par Eugène III.
vent de décors au théâtre. La peinture de ces oh- DÉCRÉTALES , recueil des lettres écrites par les
jets constitue un art particulier. Voy. décorateur. papes en réponse aux questions qui leur étaient
On entend encore par décorations les insignes adressées sur le dogme ou la discipline. Voy. décré-
qu’on porte comme récompense ou distinction , soit tales au Dict. univ. d'Hist. et de Géogr.
dans l’ordre civil, soit dans l’ordre .militaire, tels DECREUSAGE ou décrusement (de la particule
que croix et rubans, colliers, médailles, armes ou privative de, et du. latin crusta croûte, enduit).
, ,

DÉES — 477 — DÉFE


préparation que les teinturiers font subir à la soie DÉFAUT. En Droit civil, c’est le jugement qu'ob-
pour lui enlever la matière gommeuse ou gélatineuse tientun demandeur contre une personne qui, régu-
qui en enveloppe les fibres. Cette préparation con- lièrement assignée, ne comparait pas , ou qui, étant
siste à faire tremper la soie dans deux ou trois bains présente , ne pose pas de conclusions. Le jugement
successifs contenant des quantités décroissantes de par défaut est prononcé à l’audience sur le simple
savon bleu ou de carbonate de soude, à la laver, et appel de la cause (Code de proc. , art. 150); il est sus-
à la blanchir ensuite par le gaz sulfureux. ceptible d’opposition dans des délais que la loi a fixés
DECUBITUS (mot latin francisé), position du corps {Voy. OPPOSITION et délai). —
Si c’est le demandeur
lorsqu'il est couché. Le décubitus offre aux médecins qui fait défaut, le juge donne au défendeur congé-
des indications précieuses pour la mesure des forces défaut de la demande. —
Si de plusieurs parties as-
d’un malade et pour certaines lésions organiques. signées, l’une fait défaut, et l’autre se présente , le
DÉCÜMAIRE (du latin decuma pour décima, profit du défaut esX joint, et le jugement de jonc-
dixième, à cause du nombre des divisions du pé- tion est signifié à la partie défaillante avec assigna-
rianthe), Decumaria genre de la famille des Phi- tion nouvelle à jour fixe cette sentence s’appelle
:

ladelphacées renferme quelques arbrisseaux sar-


, jugement de défaut-profit-joint. —
En Cour d’as-
menteux à opposées, glabres, et à petites
feuilles sises, le jugement rendu par défaut contre un cou-
fleurs blanches, odorantes, disposées en corymbes, pable qui n’a pu être arrêté ou qui s’est évadé prend
qui sont cultivés dans nos jardins. Ces plantes sont le nom d’arrêt par contumace. Voy. ce mot.
originaires du nord de l’Amérique. DÉFÉCATION (de de, privât., eifœx,fœcis, lie).
DECURIE , division civile et militaire chez les En Chimie et en Pharmacie , c’est l’opération au
Romains, était le dixième d’une centurie. Celui qui moyen de laquelle on débarrasse un liquide des sub-
commandait une décurie était appelé décurion. stances plus ou moins insolubles qui le troublent.
RECURRENT (du latin decurrere, courir, s’éten- La défécation s’opère par un commencement de fer-
dre), se dit, en Botanique, d’un pédoncule qui se mentation, par le simple repos, le lavage, la décanta-
prolonge sur la tige et y forme une saillie sensible, tion, la filtration , l’expression et la despumation.
et d’une feuille dont l’extrémité inférieure se pro- En Physiologie, c’est l’acte par lequel le résidu
longe sur la tige ou sur les rameaux. des aliments, amassé dans le rectum, est rejeté hors
DÉCURTATION (du latin decurtare, raccourcir), de l’économie elle comprend la série d’opérations vi-
:

maladie des arbres, appelée aussi couronnement, qui taies qui ont pour but de séparer^des substances ca-
en attaque le sommet elle fait périr particulière-
; pables de nourrir le corps celles qui ne sont pas sus-
ment les chênes. La privation de la sève, l’absence ceptibles d’assimilation, et d’en procurer la sortie par
des feuilles, la stérilité du sol, l’ardeur du soleil l’extrémitéinférieure du canal intestinal. F. digestion.
ou une grande gelée, en sont les causes ordinaires. DÉFECTIF ou défectueux, se dit, en Grammaire,
DECUSSATION (du latin decussare, croiser), dis- des verbes qui n’ont pas tous leurs modes ou tous
position de plusieurs corps en forme d’X ou de sau- leurs temps; —
en Minéralogie, des cristaux dans
toir. En Optique, \e point de décussation est celui où lesquels 4 angles solides du cube primitif manquent
plusieurs rayons se coupent, tel que le foyer d’un mi- et sont remplacés par autant de facettes , tandis que
roir, d’une lentiile. —
En Anatomie, on donne sur- les 4 angles opposés restent intacts, comme dans la
tout ce nom à l’entrecroisement des nerfs optiques. magnésie boratée. Voy. déficient.
DÉCUSSIS (du latin decem, dix, et as, assis, as), DÉFEND , bois dont l’entrée est interdite aux
monnaie romaine dont la valeur a varié de 10 à bestiaux , parce qu’il est encore trop jeune et ne
16 as. Elle était marquée du chiffre X. pourrait se défendre de la dent des animaux.
DEDICACE (du latin dedicare, dédier). On ap- DÉFENDEUR. En termes de Procédure, on appelle
pelait ainsi chez les anciens la consécration d’un ainsi celui ou celle contre qui une action est intentée
temple, d’une statue, d’un monument public ou et qu’on appelle en justice pour qu’il ait à se défen-
privé à une divinité, à un héros, un conquérant, un dre ; on l’oppose à demandeur. Devant les cours d’ap-
grand écrivain, etc. On gravait sur le frontispice du pel on désigne les défendeurs sous le nom l’intimés.
monument le nom du dieu ou de l’homme à qui il DÉFENSES. En Histoire naturelle, ce mot désigne
était dédié et le nom de celui qui le dédiait. l’ensemble des moyens à l’aide desquels les êtres or-
On entend aujourd’hui par dédicace la cérémonie ganisés repoussent tout ce qui peut leur nuire. Il
religieuse par laquelle un évêque consacre au culte désigne plus spécialement les dents saillantes de cer-
divin une église ou une chapelle. Chaque église fait tains animaux tels que l’éléphant le sanglier, le
, ,
tous les ans mémoire de sa dédicace toutefois, l’an- : morse. Il se dit par extension de l’aiguillon de l’a-
niversaire de la D. de toutes les églises se célèbre en beille, du test de la tortue et des mollusques, etc.
France le dimanche après l’Octave de la Toussaint. DÉFENSEUR, synonyme à' avocat. — Pendant la
DEDIT. On nomme ainsi et la révocation d’une Révolution le nom d’avocat a été remplacé par ce-
parole donnée et l’indemnité stipulée dans une con- lui de défenseur officieux. Le nom de défenseur est
vention en cas d’inexécution d’une promesse : c’est encore employé dans les colonies.
ordinairement une somme d’argent convenue , que DÉFÉRÈN'T (du latin deferre, porter, soutenir),
paye celui qui rétracte sa parole. nom donné par les anciens astronomes à un cercle
DÉDUCTION (du latin deducere, tirer de, ex- excentrique imaginaire qui leur servait à expliquer
traire), procédé de raisonnement par lequel on tire l'excentricité, le périgée et l’apogée des planètes. Us
d’une vérité ou d’une supposition tout ce qui supposaient que les planètes opéraient leur mouve-
y est
rigoureusement renfermé; on l’oppose à 1 ’îWmcO'o«, ment propre suivant un cercle non concentrique à la
par laquelle l’esprit, s’élevant du particulier au gé- terre, et qui, passant par le centre de chacune d’elles,
néral, va au delà des données rigoureuses de l’expé- semblait la soutenir dans son orbite. Képler a rem-
rience. Les sciences mathématiques et métaphysiques placé les cercles déférents des anciens par des el-
sont fondées sur la déduction; les sciences physi- lipses dont le soleil occupe le foyer.
ques sur l’induction. F. raisonnement et syllogisme. DÉFERLER (de l’anglais to furl, même signifie.),
DEESSES. Les Païens en comptaient autant ou se dit , en Marine : 1“ de l’action de déplier une
même plus que de dieux. Ils distinguaient les gran- voile qui était ferlée (Voy. ferler); 2“ de la mer
des déesses : Junon, Vesta, Cérès, Minerve, Diane, qui, rencontrant un écueil ou un obstacle quelcon-
Vénus, et les déesses inférieures qui étaient ou que , se brise avec bruit et s’étend en nappe blan-
des mortelles divinisées, ou les nymphes des eaux et chissante d’écume.
des bois, ou des divinités allégoriques, comme l’Au- DÉFET (de defectus, défaut), feuilles imparfaites,
rore, les M'jses, les Furies, les Parques. superflues ou dépareillées d’un ouvrage, dont on ne
, . ,

DÉFR — 478 — DÉGR


peut former un exemplaire complet , mais que l’oa juillet1827 (art. 219) arrêtèrent le mal en replaçant
conserve pour en tirer de quoi remplacer au besoin lesdéfrichements sous la surveillance de l’autorité.
ou perdues.
les feuilles tachées DEFTERDAR, mot persan qui signifie teneur de
DÉFI. Vmj. CARTEL. registre, désigne, en Perse et en Turquie, les rece-
DÉFICIENT (du latin deûcere, manquer). En veurs des impôts. Le defterdar effendi répond à
Arithmétique , on appelle déficient tout nombre peu près à notre ministre des Finances.
dont les parties aliquotes jointes ensemble font une DÉGAGEMENT. Voy. mont-de-piété.
somme moindre que le nombre lui-même 10 est un : DÉGÉNÉRATION, dégénérescence, se disent, en
nombre déficient, parce que ses parties aliquotes Pathologie, de toute altération d’où résulte la trans-
1, 2, 5, ne font que 8. — En Géométrie, on appelle formation du tissu d’un organe en matière essen-
hyperbole déficiente une courbe hyperbolique du tieilement morbide: telle est, par exemple, la dé-
3« degré qui n’a qu’une seule asymptote rectiligne. génération cancéreuse. Voy. cancer.
DEFICIT (mot latin qui veut dire il manque],
: DÉGLUTITION (du latin deglutire, avaler), fonc-
se dit particulièrement en pariant des dépenses an- tion physiologique qui consiste à faire passer les
nuelles de l’État ou d’un comptable, lorsque les re- aliments de la bouche dans l’estomac. Dans ce pas-
cettes ne font pas face aux dépenses : il exprime ce sage, le bol alimentaire soulève la luette, pénètre
qui manque pour égaler la recette à la dépense. dans l’isthme du gosier, ouverture qui occupe le
Le déficit dans les finances .a toujours été une des fond de la bouche, descend dans le pharynx ou
principales causes de révolution : en 1789, les finan- arrière-bouche abaisse Tépiglotte, et tombe dans le
ces qfl'raient un déficit de 659 millions. conduit de l’œsophage, d’où il pénètre dans l’esto-
DÉFINITION (de définire , limiter), proposition mac par une ouverture appelée cardia.
destinée à faire connaître la nature d’une chose ou DÉGRADATION, privation forcée, le plus souvent
le sens d’un mot: dans le l^'cas, elle est dite défini- infamante, d’un grade, d’une dignité. A Rome, ou
tion de choses; dans le 2«, définition de mots. Pour dégradait les vestales en leur arrachant les bandelet-
être bonne, il faut qu’une définition soit 1° claire,
: tes sacrées et le costume de prêtresse ; la dégradation
et pour cela , qu’elle n’emploie que des mots par- des prêtres s’appelait exauguration. On dégradait
faitement connus et déjà expliqués ; 2° courte et quelquefois des corps entiers, et le plus souvent avec
précise ; autrement elle embarrasse l’esprit au iieu un appareil ignominieux. —
Au moyen âge, on dé-
de l’aider; 3» universelle et propre, c.-à-d. qu’elle gradait le chevalier félon : le coupable était placé
convienne à tout le défini et seulement au défini, sur un échafaud; on brisait son blason et ses insi-
toü et soli definito; 4» réciproque, c.-à-d. que l’on gnes; on lui arrachait son armure; un héraut le
puisse, sans changer le sens, mettre l’attribut à la proclamait traître, vilain et déloyal ; enfin , on le
place du sujet ; par exemple :Dieu est le créateur couvrait d’un drap noir, et on disait sur lui Toflice
de l’univers; le créateur de l’univers, c’est Dieu. des morts. — Aujourd’hui, on distingue la dégra-
Le plus souvent on définit par le genre prochain et dation civique et la dégradation militaire.
la différence spécifique per genus proxinium et
(
La dégradation civique est une peine infamante
differentiampropriam) c.-à-d. en indiquant le genre qui consiste 1® dans l’exclusion des condamnés de
:

immédiatement supérieur dans lequel est contenue toutes fonctions, emplois ou offices publics; 2® dans
l’espèce qu’on définit, et le caractère propre qui dis- la privation du droit de vote, d’éligibilité, et de tous
tingue cette espèce de toutes les autres ; exemple ; les droits civiques et politiques; 3“ dans l’incapacité
l’homme est un animal (genre) raisonnable (diffé- d’être juré, expert ou témoin; 4® dans l’incapacité
rence spécifique); mais on peut aussi définir par la de faire partie d’aucun conseil de famille, et d’être
génération des idées, par la composition des choses, tuteur ou curateur, si ce n’est de ses propres enfants,
par leur usage, etc.; ex. l’idée est un sentiment dis-
: et sur l’avis conforme de la famille; 5® dans la pri-
tingué; l’air est un composé d’oxygène et d’azote; vation du droit de port d’armes, du droit de faire
une horloge est un instrument qui sert à marquer partie de l’armée ou de la garde nationale, de tenir
l'heure. On consultera avec profit sur la définition la école ou d’enseigner (Code pénal, art. 34).
Logir/ne de Port-HoyalMes, Leçons i\e Laromiguière. La dégradation militaire est tantôt une peine
DÉFLAGRATION (du latin deflagratio même purement disciplinaire qui se prononce dans l’inté-
signification), nom donné, en Chimie, à la combus- rieur du corps et seulement contre les sous-officiers
tion rapide accompagnée d’une flamme vive , d’une et soldats, et tantôt une peine infamante, prononcée
grande chaleur, d’un bruit plus ou moins fort, mais par les conseils de guerre toute condamnation d’un
:

souvent répété. Le pliosphore , les chlorates les ni-


,
militaire aux travaux forcés emporte dégradation.
trates, la poudre à canon et la poudre fulminante, Cette dernière-peine est infligée au coupable en face
brûlent avec déflagration. de la troupe : celui qui en est flétri est incapable de
DEFONCÉMENT, opération d’agriculture qui con- reprendre du service.
siste à creuser le sol à un mètre au plus de profon- Dégradation de la Légion d’honneur. Les procu-
deur, soit pour y mettre du fumier ou de la terre reurs généraux près les cours d’appel et les rappor-
nouvelle, soit uniquemenlpourla mêler et la retour- teurs auprès des conseils de guerre ne peuvent faire
ner. On défonce avec la bêche et avant l’hiver. exécuter aucune peine infamante contre un membre
DÉFRICHEMENT , opération d’agriculture par de la Légion d’honneur qu’il n’ait été préalablement
laquelle on convertit un terrain inculte, ou maréca- dégradé. Le président prononce, après la lecture du
geux, ou chargé de bois, de broussailles, etc., en jugement, la formule suivante : «Vous avez man-
terres labourables, en vignes, prairies, etc. Le dé- qué à l'honneur ; je déclare, au nom de la Légion,
frichement a lieu ordinairement au printemps il : que vous avez cessé d’en être membre. » Arrêté du
se fait à la main ou à la charrue, et comprend un 24 ventôse an XII, art. 5 et 6.
grand nombre d’opérations {Voy. friche , dessèche- DÉGRAISSAGE, opération qui consiste à enlever
ment, ÉcoBUAGE, etc.). — Dans le langage forestier, toute espèce de tache sur une étoffe quelconque sans
ce mot s’entend spécialement de la conversion d’une en altérer le blanc ou la teinture. Le dégraisseur
forêt en pàtuiage ou en terre de labour. Le défri- nettoie, blanchit, reteint et met à neuf les étoffes
chement, assujetti par une ordonnance de 1669 à salies ou altérées par l’usage; il a besoin, pour exer-
l’autorisation de l’État, avait été rendu complète- cer son art, de connaissances chimiques : en effet,
ment libre par la loi du 29 septembre 1791. H en les moyens d’enlever les taches varient suivant les
résulta bientôt des efl’ets désastreux , la dénudation agents qui les ont produites. —
On fait disparaître,
du sol, la formation de torrents, la dévastation des sur les étoffes non teintes, les taches de tabac, d’her-
vallées. Les lois du 9 floréal an XI (1803 ) et du 31 bes, de bière, de cidre, de poiré, de framboises, de
,

DÉGR _ 479 — DÉIS


fraises, de cerises, de groseilles, à l'aide d'un simple En Arithmétique , c’est la puissance à laquelle
ftwage à l’eau et au savon. — Les taches récentes pro- une quantité se trouve élevée dans un produit quel-
duites par des acides minéraux s’enlèvent avec de l’am- conque. On représente le degré d’une quantité par
moniaque étendue d’eau. — Pour enlever les taches —
un exposant [Voy. ce mot). En Algèbre, on nomme
de liqueurs, on imbibe la tache avec de l’eau pure, degré d’une équation le nombre qui exprime la plus
et l’on frotte légèrement avec soin; si la tache et si la haute puissance de l’inconnu que cette équation
couleur de l’étoffe le permettent, on a recours à l’a- renferme : ainsi on distingue des équations du Isr,
cide chlorhydrique ou citrique, et à l’alcali volatil du 2®, du 3® degré, etc. Voy. équation.
pour neutraliser; sur des tissus blancs, ces mêmes En Physique, on appelle àegrés les divisions des
taches disparaiissent à l’aide de l’eau de savon et du thermomètres, des baromètres, des aréomètres, etc.
gaz acide sulfureux. — Le café et le chocolat pré- En Médecine, Galien et son école se servaient du
parés au lait forment des taches très-apparentes, mot degré pour faire connaître les qualités des mé-
mais plus faciles à enlever que lorsqu’ils sont pré- dicaments. Ils admettaient des médicaments froids,
parés à l’eau. Le lavage à l’eau d’abord, et ensuite chauds, humides et secs, et quatre degrés différents
au savon, suffit pour les détruire; mais si l’on craint dans chacune de ces qualités.
d’affecter les couleurs on se sert du jaune d’œuf Dans les Universités, on nomme degrés les titres
,
délayé dans un peu d’eau chaude. — Lorsque les de bachelier, licencié et docteur, que les étudiants
taches d’encre sont récentes, il suffît de les laver à obtiennent successivement dans les diverses Facultés
l’eau et de les savonner, afin de séparer les sub- après les temps d’étude et les examens prescrits.
stancesvégétales de l’encre ; on enlève ensuite l’oxyde En Musique, le mot degré indique la position re-
de fer qui forme l’empreinte de la tache avec de l’a- lative des notes écrites sur les lignes de la portée ou
cide sulfurique ou chlorhydrique très-étendu sur dans leurs intervalles. Il ne faut pas confondre le
;
les étoffes blanches de lin et de coton, l’acide
oxa- degré avec le ton ; car le même ton peut être indi-
lique et le sel d’oseille, mêlé avec du sel d’étain, qué par deux notes placées sur des degrés différents ;
produisent de très-bons effets. — On fait disparaître exemple : fa dièse et sol bémol , ut bémol et si na-
sur les étoffes non colorées les taches de rouille au turel. Dans la gamme normale, ut est le premier de-
moyen de l’acide oxalique ou de la crème de tartre. gré, ré est le second, mf le troisième, et ainsi de suite.
— Pour enlever les taches de camhouis, d’huile ou de Les degrés conjoints ou diatoniques se suivent dans
paisse, de vernis, de peinture de goudron, on les l’ordre ordinaire de la gamme montante ou descen-
,
imbibe avec de l’essence de térébenthine, en frottant dante. Les degrés disjoints sont placés à de plus
légèrement avec une éponge; ensuite on mouille de grands intervalles, comme la tierce, la quinte, etc.
nouveau avec l’essence, et on couvre les parties ta- Pour les divers degrés de juridiction, de noblesse,
chées avec de la cendre tamisée ou de la terre de de parenté, etc., Voy. juridiction,nüblesse, parenté.
pipe en poudre ; après un quart d’heure on enlève Pour les degrés de comparaison, Voy. comparaison.
,
la terre absorbante, et l’on brosse bien la place.
L’al- DEGUERPISSEMENT (de la préposition de, hors,
cool rectifié et l’éther produisent le même effet que et du vieuxfrançais guerpir, dérivé de l’allemand
1 essence de térébenthine; on peut werfen, jeter, faire sortir), sortie forcée. Celui qui
encore employer
l’essence de lavande ou de citron l’eau de Cologne s’est mis indûment en possession du fonds d’autrui,
, ,
1 eau-de-vie forte
, etc. Les dégraisseurs emploient ou qui ne peut payer le prix d’un immeuble qu’il
aussi le fiel de bœuf pour enlever sur les étoft’es de occupe, est condamné au déguerpissement. Le dé-
laine lestaclies de graisse peu résistantes. —
de boue que l’eau n’enlèverait pas suffisamment dis-
Les taches tenteur d’un immeuble grevé d’une charge foncière
peut en déguerpir ou en abandonner la possession
paraissent très-bien si on frotte l’étoffe avec un jaune pour se soustraire aux charges qui pèsent sur lui.
1 d œuf, et que l’on rince ensuite; si la tache résistait D’après une ordonnance de Charles VI, on voit que
néanmoins, il faudrait employer la crème de tartre ce déguerpissement était usité dès 1441.
I
réduite en poudre, et la laisser agir pendant quel- DEGUISEMENT. Voy. mascarade.
que temps, après l’avoir humectée d’eau. DEGUSTATION (du latin gustus, goût). Dans le
Les anciens pratiquaient le dégraissage, ainsi que le Commerce des comestibles, surtout dans celui des
démontrent plusieurs passages de Pline et de Diosco- boissons, on a recours à des dégustateurs assermen-
ride; mais il a surtout fait des progrès rapides dans les tés pour constater la qualité des marchandises. On
temps modernes, grâce aux déccmvertes de la chimie. nomme piqueurs-gourmets ceux qui sont chargés de
PËGRAISSEUR. Voy. dégraissage. déguster les vins et les eaux-de-vie. Ils formaient
DEGRAS (de de, particule explétive, et gras), mé- autrefois une confrérie qui avait ses statuts; au-
lange d huile de poisson et d’acide azotique, dont se jourd hui, ils ont à Paris un syndicat. —L’art. 1587
servent les chamoiseurs pour passer les peaux en du Code civil porte qu’il n’y a point de vente de ces
chamois et les corroyeurs pour passer les cuirs en
, liquides tant que l’acheteur ne les a pas goûtes.
blanc, et les rendre souples et imperméables. ûEHISCENCE (du latin dehiscere, s’entr’ouvrir),
DEGRE (du latin gradus). En Géométrie, c’est la se dit, en Botanique, de l’action par laquelle les
360e partie de la circonférence valves distinctes qui ferment un organe quelconque
d’un cercie, suivant
la division sexagésimale. Le degré (°) se subdivise (anthère, péricarpe, etc.) se séparent régulièrement
en 60 parties ou minutes {'), la minute en 60 seeon- à l’époque de la maturité.
des (' ), la seconde en 60 tierces {"'), etc. 'Toute DÉICIDE (du latin Deus Dieu , et cœdere, faire
circonférence de cercle étant supposée divisée en de- mourir), se dit proprement des Juifs, qui ont mis à
grés, on désigne la grandeur d’un angle par le nom- mort Jésus-Christ, îils de Dieu et Dieu lui-même, et,
bre de degrés et de subdivisions de degrés que ren- par extension , de tout chrétien qui profane les sa-
ferme Tare qui lui sert de mesure. Ainsi un angle crements de l’Eglise , surtout la sainte Eucharistie.
,
de 30 degrés est un angle qui, placé au centre d’un DEIFICATION. Voy. apothéose.
cercle, intercepte entre ses côtés un arc de 30 degrés. DÉISME (de Deus, Dieu). Ce mot, qui devrait expri-
Le même mot s’emploie aussi en Astronomie et en mer seulement lacroyance en Dieu, a pris dansTusage
Géographie ; on y divise également les cercles de la une tout autre signification : il désigne le système
sphère en 360 degrés on distingue des degrés de la- de ceux qui, rejetant toute révélation, croient seule-
;
titude, parallèles à l’équateur, et degrés de lon- ment à l’existence de Dieu, joignant, tout au plus,
gitude, parallèles au méridien Voy. latitude et lon- à cette croyance la religion naturelle. On distingue
(
gitude). Les degrés terrestres ont en moyenne 11 my- le Déisme du Théisme; le premier est l’opposé de
j:
namètres, 1,004 m. (25 lieues de 4,444 m., ou 28 la religion révélée, le deuxième de l’athéisme. —
lieues V2 de 3,898 m.) On trouve le germe du pur déisme en France, dès
, ,

DÉLÉ — 480 — DÉLI


le XVII siècle ,
notamment dans Bayle ; mais c’est On nomme aussi délégation la commission donnée
surtout en Angleterre, dans les écrits deBolingbroke, dans certains cas par un fonctionnaire public à un
Collins, Tindall, Toland, Shaflesbury, Woolston autre fonctionnaire pour le remplacer dans ses fonc-
Priestley, qu’il se produisit ouvertement; il y fut pro- tions ainsi, un adjoint au mairepeut remplir les fonc-
:

fessé par tous ceux qui s’intitulaient les libres pen- tions d’officier de l’état civil par délégation du maire.
seurs. Voltaire, J. -J. Rousseau et leurs nombreux Én Italie , on appelle délégations les juridictions
disciples l’ont répandu en France au dernier siècle. administrées par un délégat. Voy. légations.
DEJEUNER. Voy. repas. DÉLéSSéRIA (du baron B. Delessert), genre de
DÉLAI (du latin dilatio), temps fixé par la loi ou plantes Cryptogames de la famille des Algues sec- ,

par le juge, ou convenu entre les parties, pour don- tion des Floridées, renferme une douzaine d’espèces
ner ou faire quelque chose. Les délais fixés par la à fronde cylindrique, à rameaux d’un beau rouge et
loi varient beaucoup ainsi, le délai d’ajournement
: à nervure médiane. Élles habitent les lieux submer-
est de trois jours en conciliation; devant les tribunaux gés par les marées. On les rencontre dans les mers
civils, il est ordinairement fixé à huitaine; dans les polaires et sur les côtes d’Écosse , où on les mange.
cas urgents, le président peut abréger ce temps et DÈLÉTÉRÉ (du grec délétèrios pernicieux), se
permettre d’assigner à bref délai. Le délai pour in- dit de tout ce qui attaque la santé ou la vie, parti-
terjeter appel des jugements des tribunaux civils ou culièrement des substances vénéneuses.
pour se pourvoir en cassation en matière civile est DÉLIBÉRATIF (genre). Voy. ÉLoauENCE, genre.
de trois mois; en matière criminelle et correction- DÉLIBÉRÉ, terme en usage dans les tribunaux,
nelle, le délai accordé pour se pourvoir est de trois signifie que les juges, au lieu de statuer séance te-
jours francs.— Quant aux délais accordés par le juge,
ils sont déterminés par le jugement. —
nante après les plaidoiries, se retirent dans la cham-
Tout délai bre du conseil pour y discuter l’affaire et recueillir
est augmenté d’un jour, à raison de trois myriamè- les avis. Le Code de procédure fixe les cas où les
tres de distance. Voy. distances légales. affaires peuvent être mises en délibéré et trace les
Dans le calcul des délais, on ne comprend ja- formalités à remplir alors (art. 93, 115).
mais le jour où commence le délai (à quo) ; mais DÉL1MÉÉS. tribu de Dilléniacées. Voy. ce mot.
on y fait entrer celui de l’échéance {ad quem), ex- DÉLINÉATION (du latin linea, ligne). Én Géo-
cepté toutefois pour les délais d’ajournement. métrie, ce mot désigne le tracé des lignes, droites ou
On appelle délai de repentir l’intervalle de temps courbes, nécessaires pour le tracé des plans et la
laissé entre la disparition d’un militaire et le terme projection des corps solides qu’on veut représenter
de rigueur fixé pour son retour, ou entre la trans- sous plusieurs points de vue, sur des surfaces planes.
gression d’un congé limité et le terme où commence DÉLIQUÉSCENCÉ ( du latin liquescere, devenir
la désertion. Après six mois de service, le délai, au liquide ), phénomène ofl’ert par certains corps soli-
camp ou dans une place de guerre, pendant la paix, des qui, exposés à l’air humide, absorbent assez de
est fixé à trois fois 24 heures
,
et , dans tout autre vapeur aqueuse pour s’y dissoudre, après l’avoir ra-
lieu, à 8 jours; en temps de guerre, il est fixé à 24 menée à l’état liquide. Tous les sels solubles sont
heures à l’armé^ et à 48 heures dans tout autre lieu. déliquescents. La chimie a mis cette propriété â
DÉLAISSEMENT. En matière d’Assurance mari- profit pour dessécher une foule de substances, no-
time , c’est l’acte par lequel l’assuré fait à l’assureur tamment l’air et les gaz en leur soutirant leur hu-
abandon des effets qui ont faitTobjet de l’assurance, midité au moyen de corps déliquescents; on se sert
avec sommation de payer le montant de la sohame à cet effet de chlorure de calcium.
assurée. Le Code de commerce énumère les cas où le DÉLIQUIUM , état d’un corps solide qui est de-
délaissement est autorisé, tels que prise, naufrage, venu liquide en absorbant l’humidité de l’air.
innavigabilité par fortune de mer, arrêt de puissance DÉLIRÉ , delirium { dérivé, selon Gébelin , de la
étrangère, perte des effets assurés, etc. (art. 369,394). prép. lat. de, hors de , et lira, sillon tracé en ligne
Le délaissement par hypothèque est l’abandon droite, d’où delirare, sortir du sillon, extravaguer;
d’un immeuble fait par celui qui en est le proprié- et selon d’autres, du grec lêrein, déraisonner), éga-
taire pour éviter les poursuites d’un créancier qui a rement d’esprit, désordre des facultés intellectuelles
hypothèque sur cet immeuble (C. civ.,art. 2168-79). par suite d’une altération du cerveau. Le délire peut
DÉLATION, DÉLATEUR. Le délateur est celui qui, être aigu ou chronique ; dansle 1"' cas, c’est le délire
dans un but intéressé, découvre un crime , vrai ou proprement dit ; dans le 2®, c’est la folie. —Le délire
faux , et en poursuit le châtiment. — A Rome, la peut être occasionné par toute excitation forte du
délation commença à se signaler à l’époque de Ma- système nerveux, comme aussi par défaut de stimu-
rius et de Sylla; mais elle fut surtout encouragée par lation : ainsi, d’un côté, les passions excessives, les
les empereurs. Us en firent un instrument de ty- contentions d’esprit, l’insolation, les chutes et coups
rannie, et récompensèrent les délateurs en leur aban- sur la tête, la douleur physique, etc., et, par contre,
donnant une partie des biens de leurs victimes. — la diète , l’anémie et les épuisements de tout genre.
Dans le langage vulgaire, on confond ordinaire- Les causes spécifiques les plus constantes sont les
ment les mots délation et dénonciation. Il est ce- spiritueux , les narcotiques et narcotico - âcres , les
pendant des cas où la loi fait un devoir de la dénon- venins ou virus septiques. Presque toujours, le délire

ciation ( Voy. ce mot) ; la délation est toujours infâme. n’est qu’un symptôme : il accompagne ou sert à ca-
DÉLAYAN'TS (de diluere, dissoudre ), médica- ractériser un grand nombre de maladies graves, telles
ments auxquels on attribue la propriété d’augmenter que les divers genres d’aliénation mentale, la ménin-
la liquidité du sang et des humeurs , en accroissant gite, les fièvres typhoïdes, ataxiques, etc. Il présente
leur volume aux dépens de leur masse : telles sont des formes nombreuses et variées; ainsi, il peut être
toutes les boissons aqueuses prises en abondance. gai ou triste , bruyant et turbulent, ou silencieux et
DéLÉATUR (mot latin qui signifie qu’il soit dé- tranquille, doux ou terrible. —
Le délire n’étant le
truit), s'emploie, en Typographie,pour indiquerqu’il plus souvent qu’un symptôme, son traitement con-
faut supprimer une lettre, un mot, une phrase, dans sistedans celui de la maladie qu’il accompagne.
une épreuve , et se marque ainsi On connaît sous le nom de Delirium tremens
DÉLÉGATION. On nomme ainsi, en Jurispru- (
œnomanie , dipsomanie , folie des ivrognes ), un
dence, la convention par laquelle un débiteur donne état de délire, d’agitation, de tremblement des
à son créancier un autre débiteur qui s’obiige à muscles, particulier aux gens adonnés à Tivrognerie.
payer la dette; ou simplement l’acte par lequel on D paraît avoir beaucoup d’analogie avec le délire
autorise une personne à recevoir d’une autre une nerveux, qui s’observe particulièrement chez les su-
certaine somme {Voy. Code civil, art 1275 et 1276). jets très-nerveux, pusillanimes, chez les blessés, les
. , , ,, , ,

DELT 481 — DEME


opérés, etc. On combat ce mal par l’opium, dont on forme), nom donné, en Anatomie, à un muscle
augmente progressivement la dose. triangulaire , ou en forme de delta (a), qui est at-
DÉLIT (du latin delictum). Dans le Droit fran- taché supérieurement à la partie externe du bord
çais, le délit est une infraction intermédiaire entre antérieur de la clavicule, et vient se fixer à la partie
le crime de peines
et la contravention, et passible moyenne et externe de l’humérus il élève le bras
:

correctionnelles que l’emprisonnement à


telles ou abaisse Tépaule, suivant le sens dans lequel il
,

temps, l’interdiction à temps de certains droits ci- agit; —en Botanique, aux feuilles qui sont épaisses,
viques, et l’amende. Les délits sont tous jugés par à trois faces, amincies aux deux bouts, et dont la
les tribunaux de police correctionnelle avant le dé- ;
coupe transversale ressemble à un delta; —
en En-
cret du 19 février 1852, les délits de presse étaient, tomologie, à une tribu de la famille des Lépidoptères
par exception, soumis à la juridiction du jury. nocturnes dont les ailes forment, avec le corselet,
Ou appelle flagrant délit Tétat dans lequel se sur les côtés duquel elles s’élèvent, une sorte Aedelta.
trouve un coupable surpris sur le fait; quasi-délit DÉLUGE (en latin diluvium, de diluo, laver,
le dommage involontaire qu’on cause à autrui par noyer ). Ce mot , qui s’applique à toute inondation
négligence ou par imprudence, et dont Tauteur est extraordinaire, désigne proprement l’inondation qui,
tenu à réparation (Code civil, art. 1382-86). selon la Bible et la tradition de tous les peuples , a
Le corps du délit est ce qui constate le délit ou couvert la totalité de la surface terrestre, et fait périr
le crime
,
comme un cadavre en matière d’homi- tout le genre humain, à l’exception d’une seule fa-
cide, un meuble brisé en matière de vol. mille. Voy. DÉLUGE au Dict. univ. d’Hist. et de G.
DÉLITESCENCE (du latin delitescere, disparaître, La science géologique, confirmant la tradition
se cacher), se dit, en Médecine, de la disparition universelle du déluge , a mis hors de doute que le
subite d’une tumeur, d’une maladie éruptive, sans globe a subi plusieurs grands cataclysmes, et que
qu’il en résulte aucun accident, ni que la maladie se pendant les périodes primitives, le niveau des océans
reproduise dans quelque autre partie du corps : ce a dénassé la hauteur des montagnes secondaires. Par-
I
qui distingue la délitescence de la métastase. tout, en elf'et, on retrouve les sédiments des eaux.
En Chimie, on donne ce nom au phénomène en Les terrains formés par ces sédiments ont reçu le
vertu duquel un corps cristallisé perd son eau de nom de tem'ains diluviens. Voy. duluviüm.
cristallisation et se détache en menues parcelles DÉMAGOGIE (du grec rfe’mos, peuple, agô, con-
ou par lequel un corps solide se désagrégé et tombe duire). Ce mot, qui, dans son acception primitive,
en poudre en absorbant de l’eau. signifiait l’art de gouverner le peuple , ne se prend
DELIVRANCE. C’est proprement l’expulsion des plus qu’en mauvaise part pour désigner le funeste
annexes du fœtus, c’est-à-dire de tous les organes talent de soulever les passions populaires. Les Cléon
temporaires qui lui avaient été indispensables pen- et les Hyperbolus à Athènes ; les Apuléius Satur-
dant le cours de la vie intra-utérine. La délivrance ninus, les Grecques et les Marius, à Rome; les
I!

;
s accomplit de la même manière et par les mêmes Marat, les Couthon, les Saint-Just, les Robespierre,
moyens que l’expulsion du fœtus; c’est le complé- les Babeuf, en France, ont été flétris dans l’histoire
ment de l’accouchement. —
Quelquefois, mais à du nom de démagogues.
tort, on emploie le mot délivrance comme syno- DÉMANCHEMENT , nom donné, en Musique, à
nyme A’ accouchement. Voy. accouchement. l’action de changer la position naturelle ou les pre-
DÉLIVRE, nom vulgaire de Tarrière-faix ou^/a- mières positions de la main sur le manche du violon,
centa. Voy. placenta. de l’alto, du violoncelle, etc., pour varier l’intensité
DELPHINAPTERE (du grec delphin, dauphin, des sons ou pour faciliter l’exécution d’un passage.
<2 priv., et ptéron, nageoire), Delphinaplerus
genre DEMANDÉ. En Jurisprudence, ce mot s’emploie
de Mammifères de l’ordre des Cétacés est caracté- généralement comme synonyme A’ action ; mais il se
,
,
risé par l’absence complète de nageoire dorsale, dit spécialement de l’acte par lequel le demandeur
j
et
'

a le museau séparé du crâne par un sillon profond. pose ses conclusions. Voy. ce mot.
I
La seule espèce connue est le D. de Pérou {D. Pero- On appelle demandeur, celui qui intente l’action,
nii ), long de 2 mèlr. et marqué d’une grande tache par opposition au défendeur, qui y résiste.
I

d uu bleu noir, en forme de camail sur la tête, DÉMANGEAISON, léger prurit. Voy. prurit.
,
le dos et les flancs. Le reste du corps est d’un
blanc DÉMARRAGE (de la préposition de, et amarré),
argenté. Cet animal habite les mers antarctiques, action de retirer les amarres d’un bâtiment, pour
f
DELPHINE ,
alcali organique ,
contenu dans les déplacer ce bâtimen t, pour l’appareiller ou le réamar-
!
graines de la Dauphinelle Staphysaigre [Delphinium rer ailleurs. Le démarrage est souvent dû à la force
Staphysagria) Il est résineux, d’une saveur âcre, du vent ou à l’état de la mer, qui fait rompre les
fit ne se volatilise pas sans
décomposition. Il a été amarres et fait chasser le navire sur ses ancres.
obtenu par Brandes en 1819. DÉMÉNAGEMENT. Aucun déménagement ne peut
j
DELPHINIENS,familledeMammifèresqueM. Geof- avoir lieu sans que le locataire se soit acquitté en-
froy Saint-Hilaire a établie dans l’ordre des Cétacés. vers le propriétaire ou envers celui dont il tient la
Elle comprend sept genres Dauphin Delphi-
: location. A défaut de payement, le propriétaire peut
,
naptc7'e, Delphinorhynque, Hétérodon, Me, Mar- retenir les meubles; mais il doit se pourvoir en jus-
souin et Narval. tice pour obtenir l’autorisation de les vendre. Tou-
DELPHINIUM nom scientifique de Pied-d’A-
, tefois, il ne peut saisir les objets les plus nécessai-
louette ou Dauphinelle. Voy. dauphinelle. res, tels que le coucher, les vêtements et les outils
DELPHINORHYNQUE (du grec delphin, dauphin, indispensables à la profession du saisi.
etrhynchos, bec, museau), genre de Cétacés de la fa- DEMENCE (de la partie, priv. de et de mens
! mille des Delphiniens, est caractérisé par un museau raison), sorte d’aliénation mentale qui consiste dans
long et étroit en forme de bec, et par une tête bombée l’oblitération plus ou moins complète des facultés in-
J
et des mâchoires quelquefois armées de
I

dents longues tellectuelles et l’incohérence des idées et des actions;


et crochues. La principale
espèce est le D. couronné elle diffère de l’idiotie en ce qu’elle est accidentelle,
[D. coronatus), qui a 30 dents coniques et très-ai- tandis que l’idiotie est ordinairement congéniale. Elle
pës à la mâchoire supérieure et 48 à l’inférieure. s’observe surtout chez les vieillards, et prend alors
11 atteint 12 mètr. de longueur et 3“,30 de circon- le nom de D. sénile; elle succède aussi quelquefois
férence. On le trouve dans la mer Glaciale, princi- à la manie ou â la monomanie. Ses causes ordinaires
palement aux environs du Spitzberg. sont les affections cérébrales, l’apoplexie, l’épilepsie,
OELPHINUS, nom latin du genre dauphin. les excès de tout genre et les habitudes solitaires;
DELTOÏDE (de la lettre gr. delta, et de eidos elle est presque toujours incurable.
,

ôl
, ,, , ,

DÉMO — 482 — DÉMO


DÉMÉRITE. Voy. mérite. Suisse, les États-Unis d’Amérique, la France, sous la
DEMEURE (du latin demorari, même significa- Ire République et depuis 1848, offrent des exemples
tion). En Droit, ce mot est synonyme de retarde- de démocraties. On peut consulter ; De la Démocra-
ment et s’entend du temps qui court au delà du tie nouvelle, par Ed. Alletz, et De la Démocratie en
terme auquel on devait satisfaire à une obligation. Amérique, par M. Al. de Tocqueville, 1838-^0.
Dans ce sens, on dit : constituer quelqu'un en de- DEMOISELLE , plus anciennement Damoiselle
meure , pour constater son retard et le sommer de (diminutif de dame], se disait autrefois d’une fille
donner satisfaction. Le débiteur est mis en demewe née de parents nobles. Au xii' siècle, la qualification
de satisfaire à son obligation, après qu’elle est échue, de demoiselle était propre aux femmes d’écuyers;
ou par une sommation ou autre acte équivalent , ou celles de chevaliers portaient le titre de dames. Jus-
par l’effet de la loi ou de la convention (Code civil, qu’au xviie, les femmes nobles portèrent seules le titra
art. 1139 et 1146). — On dit qu'il y a péril en la de dames; les femmes de la bourgeoisie portaient
demeure lorsque le moindre retard peut causer du alors le nom de demoiselles. Voy. mademoiselle.
préjudice. Cette locution de palais a passé dans le En Histoire naturelle, on donne vulgairement le
langage usuel , et se dit à propos de toute affaire nom de Demoiselles aux insectesdu genre Libellule ;
pressée, de toute circonstance urgente, où il n’y a pas à plusieurs poissons, au Marteau, à laüonzelle, à l’Uo-
un instant à perdre. lacan the; à divers oiseaux . tels que la Mésan ge à lo n gue
DEMI-BEC , Hemiramphus, sous-genre de Bro- queue , le Troupiale dore, etc. — La Demoiselle de
chets , famille des Esoces , renferme des poissons îlumidie une espèce du genre Grue, au cou noir, au
des mers tropicales , caractérisés par leur mâchoire corps gris bleuâtre, avec deux faisceaux blanchâtres
inférieure qui se prolonge sans dents au delà de la sur les côtés du cou ; on la trouve en Afrique.
supérieure, en forme de demi-bec. Leur chair, quoi- Le mot demoiselle a encore un grand nombre d’ac-
que huileuse, est assez agréable. ceptions bien connues dans les arts. Pour l’instru-
DEMI-BRIGADE, nom donné de 1733 à 1805 aux ment de ce nom employé par les paveurs, Voy. hie.
régiments français d’infanterie et d’artillerie. Voy. DEMON (en grec daimôri). Ce mot, qui, chez nous,
brigade. ne se prend qu’en mauvaise part, signifiait, chez les
DEMI-COURONNE. Voy. couronne et crown. anciens. Génie, être invisible qui présidait aux actes
DEMI-FLEURON, se dit en Botanique de la dispo- des hommes, les conseillait, et veillait sur eux. Les
sition des fleurs des Composées dans laquelle le limbe démons étaient supérieurs àl’homme, et participaient
de la corolle se termine par une lame unilatérale et de la nature divine. — Le Démon de Soaate est cé-
dentée. Tdurnefort appelait Vemi-flosculeuses les lèbre : ce philosophe soutenait qu’un génie particu-
plantes dont la corolle offre des demi-fleurons. lier le détournait du vice, lui donnait, par une espèce
DEMI-LUNE , ouvrage de fortification qui présente de seconde vue, la connaissance de faits éloignés, et
vers la campagne un angle flanqué, saillant, formé i’avertissait quand ses amis formaient des entreprises
de deux faces et surmonté d’une guérite. Cet angle, inconsidérées. On peut lire sur ce sujet les Dialo-
rectiligne dans l’origine, a été depuis arrondi. L’in- gues de Platon, surtout le Théagès, et le Démon de
vention des demi-lunes, qu’on appelait autrefois ra- Socrate duD'Lélut, 1836.— Les Juifs et les Chrétiens
velins, est attribuée aux Hollandais. Vauban et Cor- appellent Démons des anges qui désobéirent à Dieu
montaigne les ont perfectionnées. et se perdirent par leur orgueil et leur ambition : Sa-
DEMI-METAUX, nom donné par les anciens chi- tan est leur chef. Ils furent précipités dans l’enfer.
mistes aux métaux cassants, et qui n’ont pas les pro- L’occupation des démons est, d’après les théologiens,
priétés regardées alors comme essentielles , la con- de causer tous les maux, guerres, infirmités, stérilité,
ductibilité, la malléabilité , etc. Tels sont l’arsenic orages, etc ,mais surtout de tenter les hommes (F. pos-
.

l’antimoine, le bismuth, le cobalt, le manganèse, session). Ce pouvoir durera jusqu’à la fin du monde.
le mercure, le nickel, le tungstène, le molybdène. Chaque nation a eu ses démons : la plupart sont
DEMI-PALME, se dit, en Histoire naturelle, des plus connus sous le nom de Génies. Voy. ce mot.
pieds des oiseaux lorsque la membrane qui les unit DÉMONOMANIE, monomanie dans laquelle le ma-
entre eux ne s’étend que jusqu’à la seconde phalange. lade croit être possédé du démon. Cette monomanie
DEMI-PAUSE, DEMI-SOUPIR, signes de notation est due à l’altération ou à l’exaltation des organes
musicale. Voy. silence, soupir. du cerveau. L’âge du plus grand nombre de ces pos-
DEMI-TEINTE, se dit, en Peinture, d’un ton de sédés est de trente à cinquante ans. Les femmes sont
couleur moyenne entre la lumière et l’ombre. — En plus sujettes à la dômonomanie que les hommes. —
Gravure, il indique le passage des clairs aux ombres. J. Bodin a publié un curieux traité de
Démonomanie;
DEMI-TON , un des degrés de l’échelle musicale, W. Scott a fait une Histoire de la Démonologie.
est le plus petit des intervalles appréciables à l’oreille DEMONSTRATIF (genre). F. éloquence et genre.
qui soit employé dans la musique. On nomme demi- DÉMONSTRATION. Ce mot s’emploie surtout dans
ton majeur la difl'érence de la tierce majeure à la les Sciences pour exprimer l’ensemble des raisonne-
quarte; demi-ton mineur, la différence de la tierce ments par lesquels on établit d’une manière péremp-
mineure à la tierce majeure. toire la vérité d’un fait , d’une proposition. On dis-
DEMILIRGE (du grec démiourgos, artisan), nom tingue Démonstration à priori qui se tire d’une
:

que les Platoniciens donnaient au créateur du monde. chose préexistante à celle que l’on veut prouver, ou
Suivant quelques sectes , le Démiurge est un inter- de l’essence même de la chose (comme la démon-
médiaire entre l’Être suprême et la créature. stration de l’existence de Dieu par l’idée même que
DÉMOCRATIE (du grec dêmos, peuple, et cratos, nous en avons) ; D. à posteriori que l’on tire d une
puissance), forme de gouvernement dans laquelle le chose postérieure à celle qu’il s’agit de prouver,
peuple possède la souveraineté : on l’oppose à la mo- des effets de la chose à démontrer (comme la démon-
narchie et à l’aristocratie. Le gouvernement démo- stration d’un Dieu par l’ordre de l’univers) ; D. syn-
cratique implique l’égalité civile et politique, et l’ab- thétique qui part d’axiomes ou de vérités généra-
sence de tout privilège; le nombre seul y fait loi. les déjà démontrées, pour en déduire quelque vé-
Toute démocratie est essentiellement républicaine. rité particulière, comme dans le syllogisme; D. ana-
Dans les républiques jieu nombreuses de l’antiquité, lytique méthode de raisonnement qui tantôt ra-
comme Athènes et Rome, le peuple pouvait prendre mène une proposition à ses éléments pour la faire
une part directe à la décision des affaires; dans les dépendre d’une autre proposition déjà démontrée ou
pays si peuplés des temps modernes , il ne peut guère évidente par elle-même, tantôt fait regarder comme
exercer sa souveraineté que par les suffrages donnés vraie la chose en question , et tire de cette hypo-
dans les élections. Les Pays-Bas, au xvi® siècle, la thèse des conséquences successives, jusqu’à ce quoa
, ,,

DENI — 483 — DENO


soit arrivé à un résultat évidemment vrai ou évi- prêtés; le denier vingt représente cinq pour cent :
demment faux ;
c'est ce qu'on fait en algèbre. c’est le seul taux légat ; — pour désigner certaines
DENDRELLE (du grec dendron, arbre), genre sommes prélevées comme taxes , impôts , droits de
'

d’infusoires au corps conique, s’ouvrant antérieure- tout genre, telles que le centième denier, les deniers
^
ment en un orifice dépourvu de cirrhes et terminé d’octroi, les deniers royaux, le denier de César
postérieurement par un pédicule ramifié. Les Den- (contribution qui obligeait chaque chef de famille
drelles vivent en parasites sur les Conferves, les Cé- à payer au roi trois deniers par an); le denier de
ratophylles et autres plantes aquatiques, Saint-Pierre, ou Romescot (imposition établie pour
i DENDRITE (du grec dendron, arbre). Tantôt ce la première fois en Angleterre en 740, pour être re-
mot est synonymeà’ Arborisation [Voy. ce mot); mise au pape comme ofl'rande ou comme redevance,
!

tantôt ildésigne les arbres fossiles. —


On donne et depuis introduite en France, en Allemagne, etc.).
l’épitbète de Dendritique à tout ce qui a la forme En termes de Monnayage, on nomme denier de
d’arbre ou d’arbuste, ou qui offre des arborisations. poids, ou simplement denier, 24 grains ou la 785'i>ar-
I DENDROLITHE (du grec dendron arbre , et li- tie du kilogr.; cfem’e?’ de fln ou de loi, le degré de
thos, pierre), arbre fossile. Voy. fossile. pureté de l’argent, ou, plus exactement, chacune
DENDROLÜGIE (du grec dendron, arbre, et fo- des parties de fin contenue dans une quantité d’ar-
çfos, discours), partie de l’Histoire naturelle qui s’oc- gent quelconque qu’on suppose alors divisée en
cupe de la science des arbres. 12 parties égales.
DENDROPHAGE (du grec dendron, arbre, et Dans les Comptes, le fort denier est la fraction
phagô, manger), nom donné aux insectes qui habi- qu’on ne peut payer efi’ectivement qu’avec une pièce
tent dans l’écorce et le tissu des arbres, et qui se de monnaie plus forte, et qui profite à celui qui re-
nourrissent de la matière du bois. çoit ainsi 99 centimes ne peuvent se payer qu’avec
:

DENDROPHIDE (du grec cfencfron, arbre, etopÆîj, 1 fr.; le centime d’excédant forme ici le fort denier.
, couleuvre), Dendrophis, genre de reptiles Ophi- Autrefois, on appelait denier à Dieu une légère
diens de la famille des Couleuvres, se distingue des eontribution qui se payait sur tous les marchés
Couleuvres proprement dites par un corjis légère- ou engagements, pour être employée à quelque acte
ment comprimé, des écailles lisses, fort allongées, pieux et surtout au soulagement des pauvres. Plus
inclinées en arrière offrant sur le dos des chevrons tard, on préleva une partie de cette taxe pour les
,
composés d’écailles quadrilatérales et étroites. Les réparations des ponts et des chaussées. — Aujour-
j

Dendrophides ont le museau arrondi , les yeux d’hui, on entend par denier à Dieu la pièce d’argent
grands , à fleur de tête , la pupille circulaire, la tète qu’il est d’usage de donner au concierge d 'une maison
revêtue de grandes plaques. Ces serpents ont sou- lorsqu’on loue , ainsi qu’au domestique qu’on veut
vent plus d’un mètre. On les trouve en Asie et en arrêter : cette pièce d’argent tient lieu de contrat
!
Afrique, où ils habitent sur les arères; d’où leur nom. entre les parties , et, passé le délai de vingt-quatre
DÉNI DE JUSTICE, refus fait par le juge de rendre heures, l’engagement dont il est le signe est consi-
I


b justice. D’après la loi française, il y a déni de déré comme définitif. La quotité du denier à Dieu
j
justice même lorsqu’un juge, sous prétexte du si- varie selon l’importance des locations.
lence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, DÉNIZATION (lettres de). On appelle ainsi en
refuse de rendre la justice; et, dans ce cas, il est Angleterre des lettres royales en vertu desquelles un
puni d’une amende de 200 à 500 fr. et de l’interdic- denizen, ou étranger, qui a formé le dessein de ré-
tion de l’exercice des fonctions publiques depuis sider en Angleterre, obtient le premier degré de na-
5 jusqu’à 20 ans (Code pénal, art. 185). turalisation. Ces lettres lui donnent le droit de re-
DENIER (du latin denarius, dixième), petite pièce eueillir des héritages et d’acquérir des propriétés :
de monnaie dont la valeur avarié suivant les lieux elles permettent à un ecclésiastique étranger de pos-
et les temps. Chez les Romains, c’était une pièce séder des bénéfices en Angleterre. La dénization ne
d argent, marquée d’un X, qui valut 10 as, puis 16 ; il fait pas perdre la qualité de Français.
eut 84 deniers à la livre jusqu’à Auguste, et
y
I

96 posté- DÉNOMBREMENT, recensement de la population


rieurement. Le denier valut d’abord 82 cent. puis 72. d’un pays. Chez les anciens, les Égyptiens et les
,
Introduit par les Romains dans les Gaulps, le de- Hébreux avaient l’habitude de faire de fréquents
nier contint 21 grains d’argent sous les rois de la dénombrements ; on cite surtout chez ces derniers le
I
première race, et même de 28 à 30 grains sous les dénombrement de Mo'ise avant la sortie d’Égypte et
I
premiers rois de la deuxième race; mais peu à peu, celui de David. A Rome, le dénombrement, cens ou
il diminua de valeur par une
I

addition de cuivre de lustre [lustrum], fut institué par Servius Tullius; il


plus en plus forte et finit par perdre toute valeur,
,
même comme monnaie de cuivre,

avait lieu tous les cinq ans. Chez les peuples moder-
nes, la dénomination ùe recensement est plus usitée.
Les premiers deniers de cuivre pur furent frappés DÉNOMBREMENT ( CD Droit féodal). Voy. aveu.
sous Philippe pr : ils valaient la 12® partie d’un sou
j

I
DÉNOMINATEUR, se dit, en Arithniétique et en
I du temps. On appelait D. tournois ceux qui étaient Algèbre, de celui des deux nombres d’une fraction
frappés par l’archevêque de Tours; et D. parisis, qui indique en combien départies l’unité estdiviséh,
ceux qui étaient frappés à Paris par l’ordre du roi : qui dénomme l’espèce de ces parties; on l’écrit au-
ces derniers valaient un quart de plus. Il dessous de l’autre nombre, dit numérateur en l’en
j
y avait en-
core les D. toulousains ou tolza, les D. viennois, séparant par un trait. Dans par exemple, 4 est le
I
les D. toulois etc.; les D. de gros, monnaie de
compte qui valait la moitié d’un sou les D. de poids

dénominateur delà fraction. Dans les fractions dé-
; cimales, le dénominateur n’est jamais exprimé en
de marc, tiers du gros ou 24® de l’once, etc. chiffres : c’est toujours le nombre décimal du rang
On trouve souvent aussi le nom de dewfer appliqué immédiatement supérieur au dernier chiffre énoncé.
à une monnaie d’or sous les rois de la troisième race,
La réduction des fractions au même dénomina-
il est alors synonyme de
florin. Voy. ce mot. teur s’effectue, pour deux fractions, en multipliant
Le mot denier s’employait encore : pour exprimer les deux termes de chacune d’elles par le dénomi-
le taux de l’intérêt de l’argent par le rapprochement
nateur de l’autre, et, pour plusieurs fractions, en
du nombre de deniers qu’il faudrait donner en ca- multipliant les deux termes de chaque fraction par
pital pour obtenir un denier de bénéfice à titre d’in-
le produit des dénominateurs de toutes les autres.
térêt ; ainsi prêter au denier vingt c’était rece-
, DÉNONCIATION, nom donné, en Droit criminel,
voir un denier d’intérêt pour 20 deniers de capital
à la révélation qu’on fait spontanément à la justice
prêtés; prêter au denier dix, au denier huit, c’é-
d’un crime ou d'un délit, dans un but d’intérêt pu-
tait recevoir un denier pour
10, pour 8 deniers blic ; il faut bien se garder de confondre dénonciation

31 .
, , , , , . ,

DENS — m DENT
et délation {Voy. ce mot). D’après la loij quicon- 1,68 , ou 7,29. — Pour prendre la densité des gaz,
«lue a été témoin d’un attentat contre la sûreté pu- on pèse successivement un ballon vide, puis plein
blique, contre la vie ou la propriété d’un individu, d’air, et enfin plein de gaz. Il faut tenir compte
est tenu d’en donner avis sur-le-cliamn au procureur dans cette opération , de la température du gaz et de
impérial ou à l’un de ses auxiliaires, tels que juges sa force élastique, à moins d’opérer assez rapidement
de paix, commissaires de police, officiers de gendar- pour que la température et la force élastique soient
merie, etc. (Code d’instr., art. 30). —
Dans le cas de les mêmes que celles de l’air. Quand on connaît la
dénonciation calomnieuse faite par écrit , l’accusé densité d’un gaz par rapport à l’air, il est aisé de
acquitté peut obtenir des dommages contre ses dé- savoir ce qu’elle est par rapport à l’eau il suffit de :

nonciateurs (Code pénal, art. 373). diviser par 773 le nombre qui représente la deusité.
On distingue la D. civique ou officieuse, faite par Pour les deux autres moyens de mesurer la den-
tout citoyen désintéressé; la D. officielle ou sala- sité , Voy. ARÉOMÈTRE et BALARXE HYDROSTATIOUE.
riée, qui appartient aux officiers de police. Les corps les plus denses sont le platine, l’or, la
En Procédure civile, la dénonciation est la signi- mercure; les huiles sont moins denses que l’eau.
fication faite à quelqu’un de certaines procédures Les gaz sont les corps les plus légers; le gaz hydro-
dans lesquelles il n’est pas partie. gène est le corps le plus léger qu’on connaisse.
DÉNOUMENT, se dit, en Littérature, dû point où DENT (en latin dens) Dans l’homme et les Mam-
aboutit et se résout une intrigue épique ou drama- mifères ,
les dents garnissent le bord antérieur de
tique. La cessation de la colère d’Achille fait le dé- chaque mâchoire. Chaque dent se compose d’une
uoûment de l'Iliade ; la mort de Turnus, celui de couronne qui fait saillie en dehors, d’une im-
l'Enéide; la mort de Pompée , celui de la Pharsale. plantée dans une cavité appeléea/néo/e,et d’unco//ef
Au théâtre, le dénoûment doit être amené avec plus ou col, qui sépare la racine de la couronne. Quant à la
d'art, car c’est de lui surtout que dépend le succès matière eile-même de la dent, on y distingue 1" une :

d’une pièce. Il sera d’autant plus intéressant, qu’il partie intérieure {pulpe ou noyau), molle, gélati-
démêlera le nœud de l’action d’une manière plus neuse, pourvue de vaisseaux et de nerfs, qui est
imprévue : tel est le dénoûment de Rodogune. De l’organe sécréteur de la dent et le siège des dou-
tous les moyens d’amener le dénoûment , le plus fa- leurs si vives qu’on y éprouve ; 2° une partie inter-
vorable est la reconnaissance; malheureusement, médiaire, dite ivoire, dont la texture est très-dense,
l’abus qu’on en a fait l’a rendu trop commun. Il faut sans aréoles ni cellules elle présente une disposition
;

aussi citer le merveilleux (Deus ex machinâ) , dont lamelleuse et une cavité qu’occupe le centre delà cou-
les anciens ont fait un fréquent usage, et que Cor- ronne, et qui va en se rétrécissant jusqu’au sommet
neille et Racine ont employé fort habilement dans ouvert de la racine ; l’analyse chimique montre cette
Polyeucte et dans Athalie. partie composée de phosphate et de fluate de chaux,
DENRÉE (du vieux mot denerée ou denierée de carbonate de magnésie, de soude et de chlorure de
c.-à-d. chose acquise moyennant denier ou argent), sodium ; indépendamment des cartilages et des vais-
nom donné à toutes les productions de la terre et seaux ; 3» l'émail , qui recouvre l’ivoire , .de consi-
en général aux marchandises qui entrent dans la stance cartilagineuse, d’un blanc mat; il est peu ad-
consommation. hérent à l’ivoire tant que la dent n’a point percé
On entend par Denrées coloniales le café le su- ,
la gencive; il acquiert, au contraire, une très-grande
cre de canne, le cacao, le poivre le gingembre, les
,
dureté et adhère intimement à l’ivoire dès qu’il a
confitures des lies , la mélasse le coton l’indigo, le
, ,
éprouvé l’action de l’air et de la salive.
roucou et la casse, et autres productions qui pro- Chez les Mammifères, les dents sont de trois sortes :
viennent exclusivement des colonies. sur 1e devant, les incisives, qui servent à couper;
DENSITÉ (du latin densus, dense), ou Pesanteur sur les côtés, leseawfwes ou laniaires, qui percent
spécifique en Physique, du rapport de la
se dit, et déchirent les aliments ; au fond de la bouche, les
masse d’un corps à son volume. C’est la quantité molaires qui servent à les broyer. Dans les herbi-
plus ou moins grande de matière pesante que les vores, les molaires ont la couronne large et aplatie;
eorps contiennent sous un même volume. On rapporte dans les frugivores la couronne est couverte de
les densitésdes corps à un terme de comparaison con- tubercules mousses , arrondis ; dans les carnivores,
venu, qui est l’eau pour les solides et les liquides, elle présente des tuljercules tranchants; dans les in-
et l’air pour les gaz et les vapeurs. sectivores enfin, elle est hérissée de pointes coni-
La densité des liquides et des solides se détermine ques s’emboîtant les unes dans les autres. Le nom- —
à l’aide du flacon bouché, des aréomètres, ou de la bre des dents varie comme leur forme et fournit a,u
balance hydrostatique. Le premier procédé est le zoologiste des caractères distinctifs ; certains ani-
plus simple on prend un flacon bouché à l’émeri;
: maux n’en ont pas tels sont les fourmiliers, les
:

on le pèse d’abord vide, puis on le remplit d’eau pangolins les échidnés ( qui ont reçu de là le nom
,
et on le pèse de nouveau ; enfin, on le remplit avec d’édentés) les baleines les oiseaux ,
les tortues et
; ,

le liquide dont on veut connaître la densité, et on le quelques poissons; d’autres n’ont que des molai-
pèse encore une fois. Si, par ex., le flacon pèse, vide, res, comme les tatous; d’autres des incisives et des
56,916 gr., et, plein d’eau, 84,66 gr., le poids de l’eau molaires seulement, comme les rongeurs; d au-
sera de 27,744 gr. ; si , rempli d’acide sulfurique , il tres enfin ont, comme l’homme, les trois sortes de
pèse 107,142 gr., cela fera, pour le poids de l’acide dents ; tels sont les singes, les carnassiers, les rumi-
sulfurique, gr. 50,226. La proportion 27,744 50,226: nants sans cornes et les pachydermes. La place —
: ; 1 ; a; donnera la densité de l’acide sulfurique ou des dents varie aussi quelquefois ; par exemple, dans
1,81. — ,
Pour prendre la densité d’un corps solide au les Crustacés, les Articulés, les Mollusques, elles
moyen du même flacon, on prend d’abord le poids sont souvent placées dans l’estomac ou dans l’inté-
du corps dans l’air et le poids du flacon plein i rieur des voies digestives.
d’eau; puis on introduit le corps dans le flacon, d’où Le nombre des dents dans Thomme est de 32, sa-
il fait sortir, en vertu de l’impénétrabilité de la voir 8 incisives sur le devant , dont 4 à chaque
:

matière, un volume d'eau égal au sien propre; en- mâchoire 4 canines, une à chaque coin (celles de
;

fin, on pèse de nouveau le flacon avec le corps. Si la mâchoire supérieure prennent le nom d'œillères,
on trouve ainsique le nouveau poids est autre que les ou dents de l’œil) ; 8 fausses molaires, dites aussi
poids réunis du flacon , de l’eau et du corps, la dif- petites molaires, dont 2 à chacun des côtés des mâ-
férence est le poids du volume d’eau déplacé. Si, par choires , et 12 molaires dont 3 à chaque extrémité
,

exemple, on trouve que le corps pèse 12,25, et l’eau des mâchoires les 4 dernières molaires, qui ne vien-
:

sortie 1,68, la densité du corps sera égale à 12,25 : I nent que très-tard, sont appelées dents de sagesse.
,

DENT — 485 — DENT


'

Par opposition ,
on appelle dents de lait les premiè- présente la dentelle, puis, en revêtant les contours des
res dents des enfants, qui, vers l’âge de 7 ans, com- épingles avec des fils de diverses espèces que l’ouvrière
,
mencent à faire place aux dents permanentes.— Pour tient au moyen de nombreux fuseaux, on reproduit le
I
le développement des dents, Voy. dentition. dessin, et la dentelle se fait à mesure, tout autour.
i
Dents barrées, molaires dont les racines sont tor- Les diverses espèces de dentelles se distinguent soit
'
tues ou croisées, de sorte qu’on ne peut les arracher par la nature du travail qu’elles exigent, comme le
sans fracturer l’arcade alvéolaire. réseau, la bride, les grandes et les petites flem's,
Maux de dents. Voy. odontalgie et carie. soit par les localités d'où elles viennent. Les plus

I
En Ornithologie, on nomme dents les saillies ou belles se fabriquent à Bruxelles; viennent ensuite
I dentelures dont est pourvu le bec de plusieurs oiseaux. les points de Malines et de "Valenciennes, le point
; En Botanique, on donne ce nom aux petites divi- d’Alençon, le point d’Angleterre, celui de "Venise, les
< sions du bord des calices d’une seule pièce ; aux blondes et dentelles noires de Chantilly, etc.
pièces dans lesquelles un péricarpe valvaire se di- On ne sait guère à quelle époque ni dans quels
vise à l’époque de la maturité j aux parties saillantes lieux on a fabriqué pour la première fois de la den-
I

f du bord de certaines feuilles, etc. telle; mais c’est de Belgique que cet art nous est
On nomme vulgairemen t Dent de ch ien ou Cynodon. venu. Avant le xvii® siècle on ne confectionnait encore
l’Érythrone; D. de lion, le Taraxacum ou Pissenlit. que des dentelles grossières et qui ne servaient qu’à
DENT DE LOUP, nom donné aux canines du loup orner les vêtements d’église. En 1666, Colbertfonda
ou du chien dont se servent les brunisseurs, les bi- à Alençon, sous la direction de la dame Gilbert, la
I
joutiers, les relieurs, etc., pour polir leurs ouvra- première manufacture de dentelles dites point d’A-
ges. On les assujettit au bout d’un manche. lençon : c’est cet établissement qui a donné naissance
DENT DE NARVAL. Voy. NARVAL. aux nombreuses fabriques qui se sont depuis élevées
DENTAIRE (de dent), Dentaria, genre delafa- sur divers points du territoire. Aujourd’hui cette
mille des Crucifères, renferme des plantes à racines industrie s’est beaucoup perfectionnée en France,
(

tubéreuses, dentées par des écailles. Ce sont des notamment en Normandie et en Picardie. —
On a
essayé plusieurs fois de faire de la dentelle à la mé-
j

I
herbes à feuilles alternes , à fleurs en corymbes ou
en grappes terminales, blanches ou violacées. On les canique ; mais ces essais n’ont pas encore pu faire
I
trouve dansl’Amérique du Nord, l’Asie septentrionale abandonner le métier à la main.
et les Alpes. Elles sont carminatives et vulnéraires. On appelle Application , Application sur den-
DENTALE (de deiit). Dentalium , genre de Mol- telle, des fleurs ou autres ornements que Ton ap-
'
lusques cirrhobranches, placé autrefois parmi les Au- plique sur la dentelle, en les y cousant habilement
nélides et dont la coquille est un cône allongé ar-
,
après les avoir brodés à part.
,
qué , ouvert aux deux bouts , univalve. Cet animal DENTELLE DE MER, DOiii Vulgaire de plusieurs es-
porte en avant un tube membraneux renfermant un pèces de coquilles appartenant aux genres Millé-
opercule charnu et conique ; sur la base du jjied est pore. Eschare et Flustre.
une tête petite et aplatie, et sur la nuque, des bran- DENTELLE DE VÉNUS, nom vulgaire de la Coquille
chies. Les Dentales se rencontrent sur les côtes des dite Anadyomena flabellata.
mers des pays chauds, et vivent enfouis dans la vase. DENTEX ou DENTÉ, genre de poissons Acanthopté-
DENTALES (consonnes), consonnes qu'on ne peut rygiens, de la famille des Sparo'ides, est caractérisé
prononcer sans que la langue presse les dents : tel- par des dents coniques, un corps comprimé, une
les sont P et T. tête grande, des pectorales longues et pointues, et
DENTÉ (de dent), nom donné, en Zoologie et en par les rayons de leur dorsale cachés entre les écail-
Botanique, aux parties des plantes et aux organes les du dos. Ces poissons vivent en troupes dans toutes
des animaux dont les bords sont garnis de pointes les mers. Le D. vulgaire est argenté et bleuâtre sur
saillantes comme des dents. —
Poisson. Voy. dentex. le dos. Il atteint 1 mètre de long , et est assez re-
DENTELAIRE (l’espèce type était employée contre cherché pour sa chair. Sur les bords de la Méditer-
les maux de dents), J“/wîw6a</o, genre de la famille ranée, on en fait des salaisons.
des Plombaginées, est composé de plantes herba- DENTICULÉ , se dit , en Botanique , des parties
cées ou ligneuses , à feuilles embrassant la tige à des plantes qui sont garnies sur leurs bords de dents
,
fleurs en épis terminaux de couleur rose blanche très-petites , comme les feuilles de la laitue.
, ,
ou bleue. L’espèce la plus connue est la D. d’Eu- DENTIER , série de dents artificielles montées
rope [PL europœa), qui croît dans le Midi de la sur une seule pièce. On distingue des dentiers sim-
France. C’est une plante d’environ 65 cent., à tige ples, disposés de manière à représenter exactement
droite, cannelée et rameuse; aux feuilles ovales, une des arcades dentaires; des dentiers doubles
ondulées, velues; aux fleurs en corymbes. Cette assemblage de deux arcades dentaires. Tune supé-
plante est très-âcre, et sa racine est employée comme rieure , l’autre inférieure , unies ensemble à leurs
détersive et éniétique. On l’emploie aussi contre la extrémités au moyen de ressorts, et s’adaptant aux
gale et les maux de dents. Le nom latin Plumbago arcades alvéolaires complètement dépourvues de
est la traduction du grec Molybdœna, plante que dents. On les nomme aussi râteliers.
Ton a supposée appartenir au genre Dentelaire. DENTIFRICE (du latin dens, dent, et fricare,
DENTELLE, tissu léger et à jour, orné de fleurs frotter), nom donné aux diverses préparations dont
ou dessins, et à bords dentelés, que Ton fait à la on se sert pour nettoyer les dents et faire disparaître
^
t main et au fuseau, avec du ül de lin, de la soie, ou le tartreepA se dépose à loursurface. 11 faut se mettre
! des fils d’or, d’argent, etc. La dentelle en fil de lin en garde contre les poudres calcaires (corail, os de sei-
est la dentelle proprement dite : c’est la plus belle che, etc.), qui ont pour effet de rayer et même d’user
et la plus chère ; on
y emploie un très-beau fil qui Témail des dents, et contre les substances acides, dont
coûte, selon sa finesse et sa perfection, de lOOà 3,000 fr. l’action est encore plus pernicieuse. Un des meilleurs
ledemi-kilogr. La dentelle en fil desoie se fait avec de dentifrices, et en même temps un des plus simples,
la soie de qualité inférieure et s’appelle blonde [Voy. est la poudre composée de parties égales de charbon
ce mot) ; les dentelles noir-es sont en fil de soie noir. porphyrisé , de quinquina et de crème de tartre.
La dentelle en fil d’or et d’argent sert pour les or- DENTIROSTRES (du latin dens, Atal,elrosb'um,
nements d’église et les décorations ; c’est la moins bec), famille de Tordre des Passereaux, comprend
estimée. —
Le métier à dentelle n’est autre chose ceux qui ont le bec échancré au boutou dentelé dans
qu’un coussin formé d’une planchette rembourrée, toute sa longueur. Tels sont : les Pies-grièches les ,

qui se place sur les genoux de l’ouvrière on pique


: Gobe-mouches , les Merles , les Grives , les Fourmi-
avec des épingles un dessin tracé sur vélin et qui re- liers, les Martine, les Choquards \ts Loriots, les
,
, , , ,

DENT 486 DÉPO


Becs-fins, les Fauvettes, les Roitelets, les Bergeron- clare une diarrhée séreuse, jaunâtre ou verdâtre, ou
nettes, etc. La plupart sont insectivores. enfin des convulsions. Pour prévenir ces accidents '

DENTISTE. Pour exercer convenablement cet art, et accélérer la sortie de la dent, on a proposé Yin-
il faut joindre à des études d’anatomie et de chi- cision de la ÿewcrôe, opération qu’il ne faut pas faire
rurgie une grande dextérité de la main et même prématurément et sans urgence absolue. Le plus
,
aujourd’hui, une certaine pratique de la mécanique. souvent, on se contente de faire mâcher à l’enftint
Outre les conseils hygiéniques qu’ils ont à donner une racine de guimauve ou de réglisse, etc.; il faut !

pour la conservation des dents, et les prescriptions éviter de leur mettre alors entre les dents un corps
thérapeutiques ayant pour objet le traitement des trop dur, comme de l’os ou de l’ivoire. —
Les acci-
maladies dont les dents peuvent être le siège, les dents qui peuvent compliquer la seconde dentition
dentistes ont à pratiquer plusieurs opérations, dont sont loin d’être aussi graves que les précédents.
les principales sont le limage, la cautérisation, le DÉONTOLOGIE ( de déon, devoir, et logos, dis- i

plombage, V extraction ou arrachement, enfin le cours, traité). On peut désigner sous ce nom cette i

remplacement de la dent ou prothèse. Cette der- partie de la philosophie qui traite des devoirs ; elle 1

nière partie de l’art a fait de grands progrès, sur- se confond avec la morale [Voy. morale, devoir).
tout depuis 1814. Pendant longtemps, on ne sut — On connaît sous ce titre un traité célèbre de
|

remplacer les dents qui manquaient que par des Bentham, qui est comme le fondement de toute sa I

dents d’individus morts ou par des dents extraites doctrine et la clef de ses ouvrages de législation ci-
d’individus vivants et transplantées immédiatement; vile et pénale (trad. par Benj Laroche, Paris, 1833).
.

mais on a presque partout renoncé à ces moyens DÉPART (


du latin jsarùVi, partager), opération
cruels ou dégoûtants pour adopter l’usage des dents à l’aide de laquelle l’essayeur sépare l’argent de l’or I

artificielles. L’on fabrique aujourd’hui des dents ar- qui compose le bouton obtenu par la coupellation
tificielles incorruptibles
,
composées de pâte et d’é- [Voy. CO mot). On aplatit d’abord le bouton sous le '

mail à porcelaine mélangés avec divers oxydes mé- marteau et au laminoir, puis on roule la lame ainsi '

talliques; ces dents, montées et soudées sur des obtenue en un cornet , qu’on traite par l’acide nitri- I

plaques de platine, sont d’une durée indéfinie. On que. Cet acide ne dissout que l’argent, et le cornet I

fabrique aussi avec des fragments de dents d’hippo- d’or, lavé avec de l’eau distillée, peut ensuite être
potame des dents inaltérables et qui imitent parfai- pesé. Aujourd’hui on substitue à l’acide nitrique
tement la couleur de la dent humaine. Le plus sou- l’acide sulfurique bouillant.
vent , on assujettit les fausses dents au moyen de DÉPARTEMENT (dulatin partiri, partager) , nom |

crochets, de ligatures, de ressorts, de pivots enfoncés donné aux divisions territoriales de la France [Voy.
j

dans la racine des dents mais ces divers moyens ont l’art. FRANCE au Dict. unie. d'Hist. et de Géogr.) ; et
;
l’inconvénient d’être ou peu solides, ou douloureux, aux attributions des divers ministres. Voy. ministère. '

ou du moins gênants : une invention récente , celle Dans la Marine militaire, on donne le nom de dé- \

des dents à succion, dites osanores, qui s’enlèvent et portements maritimes oux cinq grands ports de Lo- |

se replacent à volonté
, obvie à la plupart de ces
rient, Brest, Toulon, Cherbourg et Rochefort. ,

défauts [Voy. osanores). Parmi les nombreux au- DÉPENS. On nomme ainsi tous les frais que peut i

'

teurs qui ont écrit sur l’art du dentiste il suffira


,
entraîner un procès. D’après le Code de procé-
de citer: Jourdain [Éléments d’odontalgie, 1756; dure (art. 130), toute partie qui succombe en justice
Formation des dents, 1766; Maladies de la bou- est condamnée aux dépens. Néanmoins le tribunal
die, 1778); Fauchard [le Chirurgien dentiste, 1786); peut compenser les dépens, en tout ou en partie , si j

Botot [Soins nécessaires pour la propreté de la bou- les parties succombent respectivement sur quelques :

che, 1786 ) ; Dubois de Chemant Dents et râteliers


(
points (art. 131). 11 y a compensation de dépens !

artificiels 1789); Delabarre [Histoire des dents, lorsque chacune des parties doit supporter ceux
j

1806) ; Duval [^Recherches historiques sur l’art du qu’elle a faits. Le tribunai peut ordonner qu’il sera
dentiste, 1808); J. Lemaire Traité sur les dents, fait masse des dépens, pour être supportés par moi-
(

1822); Marmont [VOdontechnie, poème en 4 chants, tié, par tiers, etc., par telle ou telle partie. V. frais.
1825) Désirabode [l’Art du dentiste, 1845).
; DEPHLOGISTIQUÉ (du grec phloyistos, brûlé),
DENTITION. On nomme ainsi l’ensemble des phé- nom donné par les anciens chimistes aux corps brû-
nomènes qui ont lieu pendant les diverses périodes lés parce qu’ils pensaient que la combustion con-
de la formation des dents. Les dents se forment dans sistait à séparer 1e phlogistique des corps qui brû-
de très-petites vésicules membraneuses, qu’on nomme laient. Le gaz oxygène s’appelait, d’après ce système,
follicules, arrondies, fermées de tontes parts et qui air déphlogistiqué. Voy. phlogistiüde.
adhèrent beaucoup aux gencives. Il s’élève du fond DÉPILATION (de la part. priv. de, et du latin
de ces follicules un petit corps rougeâtre et mou, ilus, poil), opération qui a pour but de faire tom-
nommé germe ou pulpe dentaire. La dent distend er les poils qui couvrent certaines parties du corps.
son follicule et la gencive , perce cette dernière et La dépilation détruit le bulbe du poil de manière à
se montre à nu sur le rebord alvéolaire. Cette pre- empêcher son développement ultérieur : elle diffère
mière dentition ou éruption des dents de lait (dents en cela de Yépilation qui se borne à arracher les ,

primitives, dents temporaires ou de remplacement), poils. Parmi les nombreuses préparations dépilatoi-
commence vers l’âge de six mois, et se termine à res , on connaît surtout le rusma des Orientaux, qui
3 ans environ. La chute des dents de lait arrive vers a pour base la chaux vive et le sulfure d’arsenic. —
l’âge de 7 ans, et annonce la seconde dentition La dépilation était en usage chez les Égyptiens, les ,

(dents permanentes) qui a lieu dans le même ordre


,
Perses, les Grecs et les Romains; elle l’est encore
et de la même manière que la précédente, et qui est chez les Arabes, les Turcs et les Chinois. En Europe,
complète de 18 à 25 ans. Plus tard encore survien- elle n’est guère pratiquée que dans certaines commu-
nent les dents de sagesse, qui garnissent le fond nautés religieuses ou dans un but de coquetterie.
de la bouche. Il est quelques enfants qui naissent DÉPIQUAGE (de de privât., et du mot épi),
avec 1 ou 2 incisives, témoin Louis XIV; chez d’au- opération d’agriculture. Voy. battage.
tres , l’apparition des premières dents est retardée DÉPOLARISATION. Voy. polarisation.
jusqu’au commencement de la deuxième année et DÉPOLISSAGE. Le dépolissage des vitres et des
plus.— La dentition est, pour certains enfants , une glaces se fait avec de l’émeri très-fin délayé dans de
cause de maladies ou d’accidents qui peuvent devenir l’eau, que l’on promène sur la surface à dépolir, à
très-graves. Souvent, outre la fièvre et ces rougeurs l’aide d’un morceau de liège plat, jusqu’à ce que la
au visage qu’on nomme vulgairement feux de dents, surface soit unie et ne présente aucun trait.
les digestions se troublent, le lait est vomi
;
il se dé- DÉPONENT (du latin deponens qui dépose),
,, , , , ,

DÉPO — 487 — DÉPO


terme de Grammaire latine, se ditde certains ver- pour toujours un ecclésiastique de son bénéfice et
bes qui se conjuguent passivement et ont cependant des fonctions qui y sont attachées, sans, néanmoins,
la signification active, comme miror, j’admire. On toucher au caractère de l’ordre.
suppose que ces verbes ont déposé la forme active, Déposition de témoins. Les dépositions faites de-
.
qu’ils avaient d’abord, pour revêtir la forme passive. vant le juge d’instruction doivent être consignées sur
DÉPORT, nom donné, en Jurisprudence, à l’acte procès-verbal il en est donné lecture aux témoins,
:

par lequel un juge déclare qu’il doit s’abstenir de et ils peuvent y faire tels changements et additions
prendre connaissance d’une affaire parce qu’il y a que bon leur semble. Le procès-verbal doit être
(
cause de récusation ou de refus en sa personne. signé par le témoin, le juge et le greffier.
I
Dans l’ancienne Législation française , c’était le DÉPÔT (du latin depositum, même signification).
î droit qu’avaient les évêques ou les seigneurs de D’après le Code civil (art. 1915-20), on distingue
prendre la première année du revenu des églises pa- deux sortes de dépôts 1“ le dépôt proprement dit,
;

roissiales après la mort du desservant, ou d’un fief contrat par lequel une personne donne une chose
après la mort du possesseur. mobilière à garder à une autre personne, qui s’oblige
Déport, terme de Bourse. Voy. boubse. à la rendre à la volonté du déposant il est volon- :

DÉPORTATlOiS , peine afflictive et infamante taire, quand le choix du dépositaire dépend de la


consiste dans le transport du condamné en un pays seule volonté du déposant; nécessaire quand il est
éloigné et hors du territoire continental de laFrance : forcé par un événement fortuit, comme un incen-
elle peut être temporaire ou perpétuelle] dans ce die, une ruine, un naufrage, etc.; ï<> \c séquestre
dernier cas, elle entraîne la mort civile; néanmoins, ou dépôt d’une chose contestée entre les mains d’une
le Gouvernement peut accorder au déporté l’exercice tierce personne, chargée de la garder et de la re-
de tout ou partie des droits civils (loi du 28 avril 1832). mettre, après la contestation terminée, au véritable
La déportation a été surtout employée jusqu’à pré- possesseur : il est conventionnel quand il est fait
sent à punir certains délits politiques; elle remplaçait du consentement des parties, sans décision préala-
presque toujours la peine de mort encourue pour ble de la justice; judiciaire, quand il a lieu par
crimes contre la sûreté de l’État. Depuis 1852, on a l’efièt d’une décision de la justice : dans ce dernier
substitué la déportation dans des colonies péniten- cas,il se fait le plus souvent à la Caisse des Dépôts
tiaires à la peine des travaux forcés, afin d’arriver et Consignations. Voy. ci-après.
à la suppression des bagnes. En Chimie, on donne le nom de dépôt aux matiè-
Introduite dans notre législation criminelle le 25 res solides qui se précipitent au fond d’un vase con-
septembre 1791, la déportation a été conservée dans tenant une dissolution. —
En Géologie, on donne le
le Code pénal qui nous régit aujourd’hui; mais, même nom aux grandes masses de matières miné-
pendant longtemps, la loi n’ayant pas déterminé un rales qui paraissent, en effet, s’être déposées lente-
lieu de déportation, elle était remplacée par la dé- ment dans un liquide. On distingue des dépôts gra-
tention perpétuelle dans une prison du territoire. La nitiques, calcaires, etc., selon la nature de la matière
loi du 8 juin 1850 et les décrets du 8 décembre 1851 prédominante. Ces dépôts affectent plusieurs formes
et du IG février 1852 ont comblé cette lacune en dé- et se présentent en couches, bancs, amas, liions, etc.
signant comme lieux de déportation les îles Mar- En Pathologie, le mot dépôt est synonyme A' abcès
quises, la Guyane et l’Algérie, auxquels on a récem- ou de tumeur] cependant il ne s’applique guère
ment ajouté laNouv. Calédonie. — Il ne faut pas con- qu’aux abcès formés par des matières sorties de leurs
fondre la déportation avec la transportation me- voies natui'elles , et infiltrées dans le tissu cellulaire
,
sure politique et toute exceptionnelle. Voy. ce mot. ou épanchées dans une cavité (tels que les dépôts
La déportation était usitée chez les Romains c’é- : sanguins, stercoraux, urinaires, etc.) ; ou aux abcès
tait le bannissement perpétuel dans un lieu formés par congestion ou par métastase.
déter-
mné. Elle est depuis longtemps en usage chez les Dans l’Armée, on nomme dépôt le lieu où restent
Anglais ; dès 1619, ils déportaient lescowufct^ en Amé- les soldats qui ne peuvent suivre le corps dont ils
rique; depuis l’émancipation des États-Unis, ils les font partie , et où s’exercent les recrues du corps.
dirigèrent sur Botany-Bay (Nouvelle-GaUes du Sud) Le Dépôt de la guerre est le lieu où l'on conserve
et plus tard sur la terre de Diémen. En Russie, elle les documents du ministère de la Guerre, ainsi qu’un
a été généralement substituée à la peine de mort ; grand nombre de cartes, dessins , mémoires , etc. , à son
les condamnés la subissent en Sibérie. La HoUande usage. Ce dépôt, créé en 1688, plusieurs fois modifié
a longtemps déporté ses criminels dans ses posses- depuis, a reçu une dernière organisation par la loi du
sions d’Asie; l’Espagne les envoie dans les présides 19 sei>t. 1850 ; un grand nombre d’ingénieurs, de des-
d’Afrique, ou aux Philippines (à Mindanao), etc.; le sinateurs, de géographes, de graveurs, d’écrivains et
Portugal, à Mozambique. de traducteurs y sont attachés : entre autres grands
DÉPOSITION , acte par lequel on retire à un travaux , on lui doit la belle Carte topographique
homme sa dignité , se dit surtout en parlant des de la France {Voy. carte). —
La Marine possède un
souverains et des papes. Les plus célèbres déposi- établissement semblable , sous le titre de Dépôt gé-
tions sont celles de Childéric 111 déposé par Pépin néral des Cartes et Plans, qui est sous la direction
,
en 752; de Louis le Débonnaire, deux fois déposé d’un vice-amiral. Sa fondation remonte à 1720.
par ses fils, 823 et 833; de Charles le Gros, solen- On appelle Dépôt de la préfecture de police les
nellement déposé dans la diète de Mayence { 888 salles qui font partie de l’hôtel de la Préfecture de
) ;
de l’empereur Frédéric II, déposé à Lyon par In- police à Paris, où l’on dépose provisoirement les per-
nocent IV (1245); d’Adolphe de Nassau, en 1298; sonnes arrêtées par les rondes et les patrouilles : le
du pape Jean XXII , privé de la tiare par l’empe- séjour des inculpés y est de peu de durée ; Dépôt —
reur Louis de Bavière en 1328 de Benoît XIII et de mendicité un établissement public dans lequel
;
Grégoire Xll , déposés par les cardinaux au concile on détient et on nourrit les pauvres qui n’ont ni la
de Pise (1408) ; celle de Jacques II, déposé par les force de travailler, ni asile ni ressources.
,
Etats d’Angleterre en 1688. A cette liste, on peut Caisse des Dépôts et Consignations, caisse pu-
ajouter les noms des princes contre lesquels la dé- blique établie à Paris, spécialement destinée à re-
chéance a été prononcée dans les temps les plus cevoir et à administrer les fonds provenant de con-
rapprochés de nous , comme Louis XVI Napoléon signations judiciaires, de cautionnements, de dépôts
,
Murat, Charles X , Louis-Philippe. Pour tous ces volontaires, des caisses d’épargne, ainsi que les som-
noms , Voy. le Dict. univ. d’Hist. et de Geogr. mes affectées aux dépenses de la Légion d’honneur
En Droit ecclésiastique , la déposition est une et à quelques autres services. Elle paye, à raison de
peine canonique par laquelle le supérieur dépouille 3 0/0, l’intérêt de toute somme consignée judiciai-
.

DERI — 488 — DERM


rementj ou déposée par les établissements publics ; manière que les coëfflcients différentiels successifs
|

à raison de 2 0/0, l’intérêt des sommes librement offrent l’exemple de quantités qui s’engendrent les
déposées par les particuliers. Elle emploie les fonds unes les autrespar un procédé uniforme d’opéra-
qui lui sont confiés en rentes sur l’État, en comptes tions. Ce nom a été proposé par le mathématicien
courants avec le Trésor ou avec les receveurs géné- Arbogast, à qui l’on doit un grand ouvrage sur le
raux, en prêts aux départements et établissements Calcul des dérivations , Strasbourg, 1800.
publics, ou en avances pour les travaux publics. DÉRIVE, déviation, altération dans la direction de
L’origine de cette institution remonte à, 1578, épo- la route d’un bâtiment, produite par une impulsion
que à laquelle des receveurs des dépôts et consigna- latérale du vent. On dit qu’un navire dérive, ou va
tions furent créés dans tout le royaume. Ces offices à la dérive, lorsqu’étant sous l’allure du plus-près, la
ayant été supprimés à la Révolution, les dépôts fu- direction de sa route est altérée d’une quantité quel-
rent attribués par une loi du 23 septembre 1793,
,
conque par l’effet de l’impulsion d’un vent latéral.
à la caisse de la Trésorerie pour Paris, et aux caisses On le dit également d’un bâtiment qui se laisse aller
de districts pour les départements; une loi du 8 plu- au courant d’un fleuve ou de la marée. —
On a ima-
viôse an XllI (1805) réunit ce service à la Caisse d’a- giné, sous le nom de Dérivomètres , divers instru-
mortissement. Enfin, une loi du 28 avril 1816 , sé- ments pour mesurer la dérive des navires : celui de
parant ces deux établissements, créa une Caisse M. Clément consiste en une lame en cuivre placée
spéciale des Dépôts et Consignations ; toutefois, la sous le navire et tenant par le haut à une tige de
nouvelle caisse, tout en ayant ses comptes distincts même métal surmontée d’une aiguille par l’effet :

de ceux de la Caisse d’amortissement, conserva la même de l’impulsion que reçoit la lame de cuivre
même administration. Voij. consignation. pendant que le bâtiment dérive, l’aiguille vient mar-
DÉPRESSION (du latin deprimere, enfoncer) En .
quer sur un cadran la quantité de la déviation.
Physique, on entend par dépression le phénomène DERIVOIR (du verbe river), instrument à l’usage
par lequel un liquide placé dans un tube qu’il ne des Horlogers, sert à enlever les pignons de dessus
mouille pas, par exemple, le mercure dans un tube les roues sans les gâter. C’est un poinçon percé d’un
de verre, se tient au-dessous du niveau du fluide am- trou capable de recevoir librement la tige du pignon,
biant : ce phénomène est dû à l’action capillaire et dont la partie inférieure est tournée en cône.
{Voy. capillarité).
pelle

En Mathématiques, on ap- DERMA (mot grec qui veut dire peau), entre dans
dépression l’abaissement de l’horizon visuel la composition d’un grand nombre de termes d’Ana-
au-dessous de l’horizon de la mer, par rapport à un tomie , de Zoologie , etc. , comme Dermatologie
observateur élevé au-dessus de son niveau, c.-à-d. Dermatose, Dermeste , etc. Voy. ci-après.
1 excès de l’horizon rationnel
sur l’horizon sensible. DERMANYSSE (du grec derma, peau, et nyssô, t

On a construit une table de dépression pour faciliter piquer), Dermanyssus, genre d’ Arachnides de la fa- '•

les calculs des hauteurs. —


Dans la Marine , on em- mille des Holètres, tribu des Acarides, à corps mou, i

ploie pour apprécier la dépression un petit appareil, à mandibules perforantes. Les Dermanysses vivent, i

nommé Dépressiomètre ,
que l’on visse sur l’alidade quelques-uns du suc des plantes, et la plupart, du sang ^
de lalunette d’un cercle à réflexion, età l’aide duquel des oiseaux et des Mammifères. Le D. des oiseaux s’at-
on peut mesurer l’arc du grand cercle passant par le zé- taque surtout aux oiseaux en cage la nui t, il leur suce
;

nith, quise termine àdeux points opposés de l’horizon. le sang, ce qui lui donne une couleur rouge, purpu-
DEPURATIFS (du latin depurare, purifier), mé- rine ou brune. Une autre espèce vit aux dépens des
dicaments qui ont la propriété d’enlever à la masse serpents, surtout des Pythons et des Boas.
des humeurs les principes qui en altèrent la pureté, DERMATÛCHÈLYS (du grec derma, peau, et
et de les porter au dehors par quelques-uns chélys, tortue), genre de Chélonces sous lequel M. de
des ^

émonctoires naturels : tels sont les amers les diu- Blainville réunit les grandes Tortues marines â peau
,
rétiques, les diaphorétiques etc. Voy. ces mots. nue. La principale espèce de ce genre est la Tortue
,
DÉPUTÉ (du deputare , envoyer en mis-
latin Luth [Testudo coriacea, L.), qui atteint près de
sion). Ce mot, qui, dans la langue vulgaire, se dit 2 m. de long, et que l’on trouve dans fAtlautique et
de toute personne chargée d’une mission a été, dès
,
même dans la Méditerranée. Sa chair est estimée.
les temps les plus anciens de notre histoire appli-
,
DERMATOLOGIE, partiedel’Analomieetde laMé-
qué aux représentants de la nation élus par leurs decinequi de la peau [derme] etdesesmaladies.
frai te
concitoyens pour siéger dans les assemblées publi- DERMATOSE (du grec derma, dermatos, peau), I

ques, telles que Champs de Mars, Champs de Mai, nom générique de toutes les maladies de la peau
Etats généraux, Assemblées de notables, etc.; c’est [Voy. peau). On a d’Alibert une célèbre Monogra-
aussi celui que prirent en 1789 et en 1791 les mem- phie des Dermatoses (1832 et 1835). M. P. Baumès
bres de \ Assemblée constituante et de V Assemblée a publié en 1842 une Nouvelle Dermatologie.
DERME (en grec derma, peau), ou Chorion, la
j

législative. Remplacé, sous la Convention, pendant |

les Cent-Jours et de 1848 à 1852, par celui de repré- plus profonde et la plus épaisse des couches qui con-
sentant du peuple, le titre de député fut repris, sous stituent l’appareil tégumentaire chez les hommes et i

le Directoire et sous l’Empire, par les membres du les animaux [Voy. peau). Le derme présente l’aspect ’i

Corps législatif; sous les Bourbons, par les mem- d’une membrane blanchâtre, souple, mais résistante: >'

bres de la Chambre élective, qui reçut de là le nom on y distingue un grand nombre de fibres lamelleu- ;

de Chambre des Députés, et reparut de nouveau en ses entre-croisées. Sa face externe, recouverte par le :
'

1852, avec le rétablissement du Corps législatif. corps muqueux réticulaire , qui l’est lui-même par ' '

Les conditions d’àge et de cens exigées pour être l’e/uVfermc, est parsemée d’une foule de petites sail- |

député ont fréquemment varié avec nos constitutions. lies rougeâtres, dites papilles, qui sont les organes ;
|

DERAPER, se dit d’une ancre qui quitte prise sur de la sensibilité et servent en même temps à l’exhala- '

le fi^d et laisse dériver le vaisseau. tion et à l’absorption cutanée; sa face interne est unie
'

DÉRIVATIFS (de derivare, détourner un cours aux parties voisines par une couche de tissu cellu- |

d’eau), nom donné aux remèdes qui attirent une ir- laire. C’est le derme de certains animaux qui , pré-
j
ritation dans un lieu différent de celui où elle parais- paré par le tannage, constitue le cuir. s

sait s’être fixée d’abord : tels sont


sinapismes, les
les DERMESTES(dugrect/erma, peau,etevf/m, man- |
|
vésiMtoires, les purgatifs, lesvoiniUfs. Foy. révulsif. ger), genre d’insectes Coléoptères pentamères, de la I

j
DÉRIVATION, en Médecine. Voy. dérivatifs. famille des Clavicornes mandibules courtes, an-
:
)
I

Canal de dérivation. Voy. canal. tennes eu massue, corps ovalaire, tête petite et in- ‘
I
Calcul des dérivations calcul où l’on considère
,
clinée. Leurs larves se trouvent dans les pelleteries I (

les quantités comme dérivant les unes des autres, de et dans toutes les matières animales qu’on conserve à j
|
,, , —

DESC — 489 DÉSI


l'état sec. Elles causent de grands dégâts dans les ennemi : telles furent autrefois la descente des
collections d’Anatomie et d’Histoire naturelle. Arabes et des Maures en Espagne (710 1086);et
DERMODONTE idu grec derma, peau, et odous, celles des Normands en Neustrie hx« de
siècle),
ndontos, dent), nom donné aux poissons qui ii’ontpas Guillaume le Conquérant dans la Grande-Bretagne
les dents implan téesdans les os maxillaires, mais seu- (1066), et, de nos jours, la descente des Français en
lement adhérentes à la peau ou au derme, pour les Egypte (1798), en Morée (1828) et en Algérie
distinguer des poissons dont les dents sont plus ou (1830), etc. — On étend aussi ce nom aux invasions
moins implantées dans les os des mâchoires. que firent en Italie les Gaulois, les Goths, les Lom-
DERMOPTÉRES (du grec derma, peau, ci pté- bards, etc., invasions dans lesquelles ces divers peu-
ron, aile), famille de poissons osseux formée par ples , après avoir franchi les Alpes , descendirent
Duméril aux dépens des Saumons de Cuvier, et
,
dans les plaines de la Lombardie.
comprenant les poissons qui ont la nageoire dorsale Descente sur les lieux. On nomme ainsi , en
dépourvue de rayons, et simplement formée par la Droit, le transport du juge sur les lieux afin d’y vé-
peau,comme les Saumons, les Truites, etc. rifier l’objet d’un litige. Cette opération se fait tantôt
nom se donne aussi aux Mammifères qui,
Ce par le juge seul, tantôt par le juge accompagné d’ex-
comme TÉcureuil volant, voltigent au moyen d’une perts (Code de procédure, art. 295 et suivants).
membrane qui s’étend des bras aux jambes. Ligne de la plus courte descente. Voy. brachisto-
DÉROCHER se dit de l’opération qu’on fait subir
,
CHRONE et CYCLOÏDE.
aux métaux, et particulièrement à l’or, à l’argent et DESCRIPTIVE (anatomie, géométrie, poésie).
au cuivre, pour nettoyer et affiner leur surface. On Voy. anatomie, etc.
se sert ordinairement, pour cet effet, d’un bain d’eau- DÉSERT (en latin desertum, de deserere, aban-
forte ou d’eau seconde dans lequel on laisse le métal donner) , vaste espace inhabité et souvent inhabita-
jusqu’à ce qu’il soit entièrement décrassé. On donne ble. Ordinairement ce sont de grands plateaux ou de
souvent le nom de blanchiment à cette opération vastes plaines, d’un sol sablonneux, pierreux ou salin.
surtout quand à l’argenterie.
elle s’applique La végétation y est nulle ou très-faible et ne produit
DÉROGATION (du latin de privatif, et rogatio, que quelques buissons ou quelques plantes herbacées
présentation d’un projet de loi). Il y s. dérogation qui ne peuvent résister aux ardeurs du soleil ; cepen-
à une loi lorsqu’elle est implicitement modifiée par dant on trouve dans quelques-uns d’agréables oasis.
une autre ou lorsqu’une partie seulement de cette loi On rencontre dans plusieurs des peuples sans de-
est abrogée; il
y a abrogation quand elle est formel- meures fixes , pasteurs ou chasseurs. Les deux plus
lement et entièrement supprimée. —
On entend en- vastes déserts sont celui de Kobi en Asie, et celui
core par dérogation toute convention contraire à une de Sahara en Afrique. Les déserts de l’Arabie, ceux
disposition de loi. «On ne peut déroger par des con- qui séparent ce pays de la Palestine et où les Hé-
ventions particulières aux lois qui intéressent l’ordre breux errèrent pendant 40 ans sous la conduite de
public et les bonnes mœurs. » Code civil, art. 6. Moïse, ne sont pas moins célèbres. On doit encore
DÉROGATOIRE (clause). Voy. clause. remarquer les déserts d’Adjmir, d’Angad, de Khari-
DERVICHE , mot arabe qui signifie pauvre, est le zim, de Kirman, de Libye, de Mekran, de Syrie [Voy.
nom qu’on donne aux religieux musulmans ou in- ces noms au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr .).
diens qui vivent en communauté dans des monastères. On étend quelquefois le nom de désert aux steppes,
DESAVEU , en Jurisprudence, de l’acte
se dit, aux landes, aux savanes, aux pampas. V. ces mots.
par lequel on refuse à quelqu’un une certaine qua- DÉSERTION (du latin deserere, abandonner) La .

lité ou par lequel on déclare que celui qui a agi en loi considère comme déserteur le soldat qui, sans
notre nom n’en avait pas le pouvoir. Le Code de permission, quitte son corps, abandonne son poste,
procédure trace les formalités à remplir dans ce cas ou passe à l’ennemi ; et le marin qui s’absente du bord
(art. 352 et suiv.). — On appelle D. de paternité sans autorisation, et n’y rentre pas avant l’expira-
le refus que le mari fait de reconnaître un enfant tion du troisième jour. De tout temps , la désertion
dont sa femme accouchée.
est a été frappée des peines les plus sévères : les Romains
Dans l’ancien Droit féodal , on nommait désaveu la punissaient du supplice de la croix. En France, la
le refus d’un vassal de faire hommage à son seigneur, loi punit de mort la désertion à l’ennemi, ainsi que
en lui déniant la mouvance de son fief. la désertion à l’intérieur avec armes et bagages. Dans
DESCENDANTS, nom donné, enJurisprudénce et tous les autres cas, la désertion est punie des tra-
en termes de Généalogie, à ceux qui descendent en vaux forcés ou du boulet, outre une amende : la
ligne directe d’une souche commune. Tels sont, par durée de la peine varie de 3 à 10 ans (Loi du 21 bru-
rapport aux aïeux, leurs fils et petits-enfants. Le lé- — maire an V ; arrêté du 19 brumaire an XII).
gislateur, dans l’intérêt de la morale
, a
prohibé le DÉSHÉRÉNCE (de la préposition privative de, et
mariage entre tous les ascendants, descendants et hæres héritier), manque constaté d’héritiers légi-
alliés dans la même ligne (Code civil, art. 161).— Les times ou autres. A Rome, l’argent résultant de la
descendants doivent des aliments à leurs ascendants vente des successions en déshérence se versait dans
qui sont dans le besoin, et réciproquement (art. 205). le trésor public. Au moyen âge, ces successions ap-
En Astronomie , on nomme signes descendants partenaient au roi ou aux seigneurs hauts justiciers;
ceux dans lesquels le soleil paraît descendre vers le aujourd’hui elles sont dévolues par la loi au domaine
pèle abaissé, c.-à-d. du 4® au 9® signe (de l'Écrevisse public (Code civil, art. 539, 723, 768) l’administra-
:

au Sagittaire) pour notre hémisphère boréal. tion des domaines fait apposer les scellés et rédiger
DESCENSION. On appelle Descension d’un astre l'inventaire des biens dans les formes prescrites pour
la distance qui se trouve entre le point équinoxial et l’acceptation des successions sous bénéfice d’inven-
le point de l’équateur qui descend sous l’horizon en taire; elle demande ensuite l’envoi en possession au
même temps que l’astre. La descension est dite droite tribunal de première instance, qui statue sur la de-
ou oblique, selon qu’on la rapporte à la sphère mande après trois publications faites de 3 mois en 3
droite ou à la sphère oblique. mois, et après avoir entendu le procureur impérial.
DESCENTE. En Médecine, c’est le nom vulgaire — Jadis, les biens acquis après la condamnation par
des hernies : il se dit particulièrement des hernies un condamné à la mort civile appartenaient à l'É-
abdom'inales, formées par la sortie de quelqu’un des tat par droit de déshérence (Code civil, art. 33).
viscères contenus dans l’abdomen, Voy- hernies. DÉSINENCE. Voy. terminaison.
Dans l’Art militaire, on entend par descente, une DÉSINFECTION , action d’enlever à l’air, à un
opération militaire qui consiste à débarquer une appartement , aux vêtements , aux divers tissus or-
armée ou un corps d’invasion sur la côte d’un pays ganiques, ou à un corps quelconque, les miasmes
, , , , ,

DESM 490 — DESS


méphitiques ou dangereux dont ils peuvent être in- DESMANTHE ( du grec desmos, lien, et anfhos,
fectés. Les moyens de désinfection le plus générale- Rmr),Desmanthus, genre de Mimosées, tribu desPar-
ment employés sont : les ventilations , les fumiga- kiées, renferme des plantes herbacées de l’Amérique
tions, et l’emploi du chlore et des chlorures ou méridionale et de ITnde, sans épines, rameuses, éta-
hypochlorites. La pratique de la chimie enseigne lées, dressées ou nageant à la surface des eaux; à
dans certains cas particuliers des procédés de désin- feuilles alternes, à fleurs en épis axillaires, blanches
fection adaptés aux besoins du moment : ainsi, le et petites, à gousses bivalves, contenant plusieurs
sulfate de zinc et le charbon neutralisent les éma- graines. Il y en a de terrestres et d’aquatiques.
nations des fosses d'aisance ;
l’alun détruit l’odeur DESMIDIE (du grec desmos, lien, etefrfov, forme),
ammoniacale de l’urine; une dissolution de potasse Desmidia genre d’ Algues microscopiques , section
absorbe le gaz acide carbonique, etc. ; l’bypochlorite des Synsporées, type de la tribu desDesmidiées,est
de chaux dissipe parfaitement l’odeur des matières composé de petits filaments prismatiques verts , roi-
animales putréfiées et s’emploie avec succès dans les des, tofdus et entourés de mucus. L’espèce type est
salles de dissection , les boyauderies , etc. L’applica- le D. Svoartzii qu’on trouve dans nos étangs. Ces
tion du chlore à la désinfection a été conseillée d’a- plantes se multiplient par simple déduplication, ou
bord par Guyton de Morveau, et perfectionnée de- par la séparation de deux jeunes corpuscules qui
puis par Labarraque. Voy. chlore et vidanges. entrent dans leur composition.
DÉSIR, desiderium mouvement spontané do DÉSOPILANTS (du latin de privatif, et oppilare,
l’âme qui aspire à la possession d’un bien. Ce mou- fermer, boucher), ou désobstruants, noms donnés
vement suppose que l’homme a déjà fait l’expérience en Médecine aux agents propres à guérir les ob-
du plaisir et de la douleur, du bien et du mal ; il structions. Voy. OBSTRUCTION et APÉRITIF.
naît de lui-même àla suite de cette expérience. Porté DÉSOXYDATION ou désoxygénation, opération
à son plus haut degré, le désir prend le nom de pas- chimique qui a pour but d’enlever à un corps l’oxy-
sion. U y a autant de sortes de désirs qu’il y a de gène avec lequel il était combiné , et de ramener
biens pour l’homme : la plupart des psychologistes ce corps à son état primitif. L’action de la lumière
les divisent avec Dugaid Stewart , en cinq classes :
,
ou de la chaleur produit quelquefois cet effet (oxydes
appétits, désirs sensuels, besoins physiques (faim, d’or et de mercure ) ; on emploie le charbon pour
soif, appétit du sexe, etc.)
;
désirs proprement dits, désoxyder les oxydes de cuivre, zinc, fer, étain, etc.
aspirant à des biens plus relevés (désir de connais- DESPOTE (du grec despotès, maître, seigneur).
sance , de société , d’estime , de pouvoir, de supério- Ce mot, dont la signification a souvent varié, était,
rité ) ; affections
(
affections bienveillantes ou mal- chez les anciens Grecs, synonyme de roi, mais im-
veillantes , sympathie
,
antipathie , sentiments de pliquait néanmoins l’idée d’un pouvoir supérieur,
famille, sentiments patriotiques, etc.); amour de tel que celui du grand roi (roi de Perse).
soi; amour du bien, ou faculté morale. 11 faut y Dans le Bas-Empire, les despotes furent de hauts
joindre Vamour du beau ou faculté esthétique. — dignitaires chargés du gouvernement de certaines
Les philosophes se sont partagés sur la nature du provinces ; c’étaient ordinairement des princes du
désir : les uns le rapportant à la sensibilité; les au- sang impérial. Tels furent au xii« siècle les despotes
tres, à l’activité. Ce phénomène est sur la limite de de Morée, de Servie, de Valachie, d’Albanie. Le gou-
ces deux facultés, tenant à la sensibilité en ce que, vernement d’un despote s’appelait Despotat.
comme elle, il est involontaire ; à l’activité en ce qu’il Aujourd’hui, le mot despote eii synonyme de ty-
pousse à l’action il est comme l’anneau qui unit ces
: ran. Le despotisme n’est pas une forme particulière
deux parties de notre nature. On ne pourrait sans un de gouvernement ; c’est l’abus du pouvoir souverain,
grave danger pour la morale confondre le désir avec quel que soit celui qui possède ce pouvoir, roi, peu-
proprement dite ou la volonté la volonté,
l’activité : ple ou assemblée politique. Le despotisme d’un seul
supérieure au désir, choisit entre les désirs et leur a surtout dominé en Asie. Mirabeau a laissé un célè-
résiste lors même ne peut les étouffer.
qu’elle bre Essai sur le Despotisme, 1792.
Les Mystiques appellent désir la tendance vers le DESPOTISME. Voy. despote.
monde supérieur; c’est en ce sens que Saint-Martin DESPUMATION (du latin de, préposition priva-
a intitulé un de ses ouvrages l’Homme de désir.
: tive, et spuma écume), opération par laquelle on
DÉSISTEMENT, se dit, en Jurisprudence, de toute enlève l’écume et les impuretés que la coction a fait
déclaration portant abandon formel ou renonciation monter à la surface d’un liquide en ébullition.
d’un droit, d’une demande ou d’une jirétention. Elle desquamation (du latin de, particule priva-
ne peut être faite dans le cours d’une instance judi- tive , et squama, écaille ), exfoliation de l’épiderme
ciaire qu’après que l’assignation a été remise. Le sous forme d’écailles plus ou moins grandes. C’est
désistement d’une demande peut être fait et accepté la terminaison de certaines maladies éruptives
par de simples actes signés des parties ou de leurs comme la rougeole, la scarlatine, l’érysipèle, et l’un
mandataires. 11 a pour effet de remettre les choses des caractères de quelques affections chroniques do
dans le même état où elles étaient avant la demande. la peau, comme la teigne, la dartre squammeuse, etc.
Le désistement est révocable tant qu’il n’a pas été — On appelle aussi desquamation l’opération par
accepté, ou, s’il est accepté, après le délai déter- laquelle on enlève les squames ou tuniques qui re-
miné par celui qui s’est désisté. couvrent certaines racines bulbeuses.
DESMAN, Mygale, genre de Mammifères carnas- DESSALAISON. Voy. eau de mer.
siers, de la famille des Insectivores, voisin des Mus- DESSÈCHEMENT, opération qui a pour objet d’as-
araignes, se distingue à Sa tête conique, terminée sainir et d’utiliser certains espaces couverts d’eau,
par un museau avancé en forme de petite trompe comme étangs, marais, terrains marécageux, qui
aplatie, mobile; à sa queue longue et comprimée, ont le double inconvénient de rester stériles et sou-
et à ses pattes garnies de 5 doigts palmés en ar- vent d’être nuisibles par leurs émanations. Il existe en
rière. Son pelage varie du brun clair au brun foncé; France plus de 6 millions d’hectares de terre dans cet
en dessous il est blanchâtre. Les Desmans sont des état. Les procédés de dessèchement varient suivant
animaux aquatiques : ils se pratiquent des galeries la nature du terrain et suivant l’origine des eaux.
souterraines au bord des étangs; ils nagent avec fa- Si elles proviennent des pluies ou de la fonte des
cilité, et se nourrissent d’insectes aquatiques. On n’en neiges, on leur donne écoulement par des rigoles
connaît que deux espèces le D. de Russie
: ou Rat ou fossés à découvert , et mieux, par des coulisses
musqué de Sibérie, qui répand une odeur très-forte ou rigoles souterraines {Voy. drainage). Si elles
de musc, et dont la taille est le double de celle du proviennent d’eaux accumulées dans des réservoirs
Rat d’eau ; et le D. des Pyrénées, qui est plus petit souterrains où la terre glaise empêche l’infiltra-
, ,

DESS — 491 — DEST


tion, et d’où débordent par l’effet de leur trop
elles D. au trait, simple tracé des contours, sans ombres;
grande accumulation , il suffit de percer quelques les D. ombrés, où les ombres sont exprimées à l’aide
trous de sonde au travers des glaises. Si les eaux pro- du crayon par des hachures {D. hachés] , pas des points
viennent de l’infériorité du niveau des terres par (D. grainés), ou par des teintes plus ou moins fon-
rapport à celles qui les entourent, on perce au cen- cées, à l’aide de l’estompe ou du pinceau (D. estom-
tre un puisard dans lequel on fait jouer la sonde pés ou lavés) ; le D. linéaire et artistique, qui re-
jusqu’à ce qu’elle ait atteint un terrain perméable présente avec un simple trait les objets de la nature
ou de nature à absorber les eaux ; on établit ensuite ou les produits des arts : il se divise en D. linéaire
des fossés ou des coulisses qui facilitent l’écoulement à vue, qui s’exécute au crayon ou à la plume, sans
des eaux vers ce puisard. Si les marais à dessécher le secours des instruments mathématiques; et i>. li-
sont au-dessous de tous les cours d’eau voisins, il ne néaire graphique, qui s’exécute avec la règle, le
reste plus qu’à recourir aux méthodes d’épuisement compas, le rapporteur et autres instruments ; il exige
par les machines, telles que machines à vapeur, des connaissances en géométrie : aussi l’appelle-t-on
moulins à vent, vis d’Archimède, etc. c’est ce qu’on
: souvent D. géométrique.
fait aujourd’hui pour la mer de Harlem. — Dans cer- On a inventé un grand nombre d’instruments plus
tains cas, le dessèchement peut s’opérer par le simple ou moins ingénieux pour reproduire un tracé exact
remblaiement, par des colmates, ou par des canaux des objets et remplacer le dessin à la main tels sont
:

de dérivation. Voy. ces mots. lepanotrace, le pantogràphe, le diagraphe etc.


Ce fut Henri IV qui s’occupa le premier du des- (Voy. ces mots). La chambre obscure, la chambre
sèchement des marais : il obligea les propriétaires claire, le daguerréotype peuvent aussi être rangés
à céder leurs marais à l’État sur une estimation amia- parmi les instruments de ce genre.
ble ou par experts (1607). Les réclamations des pro- Les Grecs faisaient honneur de l’invention du
priétaires firent perdre tout le fruit qu’on pouvait dessin à Dibutade, jeune fille de Sicyone, qui, pour
attendre de ces dispositions et amenèrent l’édit de conserver l’image de son amant, traça sur un mur
1764, qui exempta pendant 20 ans de toutes tailles, les contours du profil qu’y projetait son ombre [Voy.
impositions et dîmes ceux qui consentiraient à faire silhouette). L’histoire dessin se confond avec,
du
des dessèchements. Cet édit étant également resté celle de la peinture, dont est la partie fondamen-
il
sans succès , l’As3emblée constituante, par la loi du tale (Voy. peinture) . 11 de dire ici que parmi
suffira
5 janvier 1791, confia ce dessèchement à l’État, à les écoles de ocinture, celles qui ont acquis le plus
défaut des propriétaires, et à la charge de les indem- de célébrité pour le dessin sont l’école de Raphaël ou
niser. Cette loi n’ayant elle-même produit que des ré- école romaine, et après elle l’école française d u temps
sultats insignifiants. Napoléon, par la loi du 16 sep- de l’Empire , dont David est le chef.
tembre 1807, encore en vigueur, attribua au gouver- Des systèmes fort différents se sont produits sur
nement le droit exclusif d’opérer les dessèchements l’enseignement du dessin : les uns le bornent à la
ou de conférer ce droit à des concessionnaires. copie de dessins donnés pour modèles ; les autres
DESSERVANT.. Voy. curé. '
veulent que Ton débute par la représentation des
DESSICCATIFS, remèdes qui dessèchent les plaies, objets réels. Parmi les ouvrages élémentaires sur le
en empêchant la sécrétion du pus, ou en l’absor- dessin , on remarque ; la Science du dessin par
bant à mesure qu’il se montre on emploie la
: L. Vallée, 1838, 2' édit.; Perspective linéaire sim-
poudre de lycopode, la charpie sèche, quand il suf- plifiée, par Adèle Le Breton, 1828; \ts Cours
fit d’absorber le pus; la charpie imprégnée d’une de D. linéaire de Bouillon, de Lamotte; les méthodes
liqueur styptique , la poudre de tan quand il faut
,
classiques de M. Dupuis, de M. Thénot, etc. On peut en
des astringents. outre consulter le Parallèle des diverses méthodes de
DESSICCA'TION, opération dont le but est d’enle- dessin de Ch. Normand, 1833, et le savant Rapport de
.

ver aux corps l’humidité superflue qu’ils renferment. M. F. Ravaisson sur V enseignement du dessin, 1853.
On dessèche les plantes pour faire les herbiers en Législation. Aucuns dessins, gravures, est^pes,
les pressant et enlevant les parties aqueuses qu’elles emblèmes, ne peuvent être publiés sans l’autorisation
renferment. Pour les matières végétales succulentes, du ministre de l’intérieur à Paris et des préfets dans
destinées à être employées en Pharmacie ou à être les départements. — En cas de contravention, les des-
conservées, on les soumet à une température de 30 sins, etc.,pourront être confisqués, et le publicateur
à 35 degrés. D’autres fois on expose les substances sera condamné par les tribunaux correctionnels à un
que l'on veut dessécher à un courant d’air sec qui emprisonnement d’un mois à un an et à une amende
s’empai-e de l’humidité. On dessèche l’air et les gaz de 100 fr. à 1,000 fr., sans préjudice des poursuites
en les mettant en contact avec du chlorure de cal- auxquelles pourraient donner lieu lesdits objets (Loi
cium ou de la potasse caustique. Voy. siccatif. du 9 septembre 1835, art. 20).
DESSIN (du latin designare, tracer). Cet art, qui DESSINATEUR. Ce nom, qui en général convient
a précédé la peinture, la sculpture et l’architecture à tout artiste qui se livre à l’art du dessin, s’appli-
leur sert à tous de fondement : c’est ce qui leur a que spécialement aux artistes qu’emploient les ar-
fait donner le nom commun à’ Arts du dessin. chitectes pour mettre leurs plans au net et en faire
Pour les procédés employés dans le dessin, on dis- des copies ou des extraits, et à ceux qui, dans les
tingue : le D. au crayon, fait avec de la sanguine, de fabriques et manufactures d’objets où le dessin entre
la pierre noire d’Italie, de la mine de plomb, des pour quelque chose, sont chargés de fournir les des-
crayons noirs artificiels, etc.; le D. à la plume; le sins, les patrons, les modèles dont ces établissements
I>. à l’estompe; le D. lithographique, exécuté sur ont besoin il y a des Dessinateurs en bijouterie, en
:

pierre et dont on peutmultiplier les épreuves; leD. au broderie, en tapisserie; des D. de dentelle, des D.
pastel, exécuté avec des crayons diversement colorés. pour châles, pour tapis, pour éventails, pour papiers
Sous le rapport de l’exécution , on distingue les: eints; des D. sur étoffes, des D. de jardins. La
esquisses ou croquis, premier jet de l’imagination
;
rance excelle par son goût en ce genre , et ses mo-
les D. arrêtés, où l’artiste a retouché, rectifié et dèles de dessins sont partout recherchés.
soigné dans toutes ses parties un premier travail les
;
DESSUS, nom qu’on donne en Musique aux par-
études, fragments dessinés d’après nature, pour les ties les plus aiguës en général , et spécialement à la
faire entrer dans une composition; les académies, plus aiguë des parties vocales; le dessus est chanté
figures entières faites d’après le modèle vivant ou
, par les femmes , par les enfants, et par les sopranos
d’après la bosse ; les cartons, dessins faits sur papier italiens. Lorsqu’il y a deux parties aiguës dans la mu-
fort , dans la dimension des figures que l’on veut sique, on les divise en premier et en second dessus.
peindre, et pour lesquelles ils servent de modèle les
;
DESTIN (du latin aestinatum, fixé), enchaîne-
, , , ,
,

DEïE — 492 — DETT


ment nécessaire des événements, dont les Païens DÉTERSIFS ou détergents (du latin detergere,
avaient fait une divinité supérieure à tous leurs au- nettoyer), nom donné aux médicaments propres à
tres dieux. L'idée d’un destin irrésistible contre le- nettoyer les plaies et les ulcères. Ce sont, en géné-
quel l’homme lutte en vain domine dans toute la ral, des topiques stimulants, qui ravivent les surfaces
tragédie grecque. — Voy. fatalisme. suppurantes, favorisent la séparation des matières
DESTRIER (du latin dextra, main droite), vieux qui les recouvrent, et activent ainsi la cicatrisation.
mot qui désignait un cheval de main ou de bataille. DÉTONATION (en latin detonatio) bruit plus
Ce nom vient probablement de l’usage qu’avaient ou moins violent dû à l’ébranlement subit de l’air
les chevaliers de se faire suivre au combat de che- par la formation ou le dégagement instantané d’un
vaux de rechange , que leurs écuyers menaient à volume considérable de gaz. Tel est le bruit produit
dextre, c’est-à-dire à la main. par l’explosion de la poudre à canon.
DÉTACHÉ, en italien staccato, se dit en Musique DÉTONNER. C’est sortir de l’intonation, soit qu’on
d’un mode d’exécution des instruments ou de la attaque une note trop haut ou trop bas, soit qu’on
voix , dans lequel on sépare les sons par une émis- s’écarte de la modulation, même en chantant juste.
sion brève et non prolongée c’est l’opposé du lié.
: DETREMPE (du verbe tremper), nom donné par
DÉTAIL. Dans les Arts, ce mot désigne les objets les peintres aux couleurs délayées avec de l’eau et
qui peuvent être supprimés sans nuire à l’ensemble : de la colle, de la gomme , ou du blanc d’œuf, sans
tels sont dans un tableau les ornements , draperies graisse, ni huile, ni résine. On connaît trois sortes
vases, plantes, animaux, etc. ; dans un portrait, les de détrempes la D. commune, ci-dessus décrite,
:

rides, les poils, etc.— En Architecture, ce mot s’ap- la D. au vernis et le Blanc des carmes ou chaux
plique à des objets accessoires, tels que les rosaces, détrempée dans l’eau et ensuite colorée. On emploie
les modulons, les feuilles d’acanthe, etc. principalement la détrempe pour couvrir les pla-
Détail estimatif: c’est la partie d’un projet de con- fonds, les boiseries, les lambris, et pour peindre les
struction qui renferme l’évaluation des dépenses. Le décorations de théâtre, -r- Avant l’invention de la
sous-détail est cette évaluation encore plus détaillée. peinture à l’huile, les peintres de tableaux ne con-
DÉTENTE (du verbe détendre), nom que les hor- naissaient guère d’autre procédé que celui de la dé-
logers donnent à un levier qui fait détendre ou partir trempe. On en fait encore usage pour la miniature
la sonnerie d’une piendule. On nomme détentillon et d’autres petits ouvrages sur papier et sur vélin.
une petite détente levée par la roue des minutes. DÉTRESSE (du latin districtio, grande peine
Les Arquebusiers nomment détente une petite d’esprit). Dans la Marine, on appelle Signal de dé-
bascule ou petit levier qui, pressé avec le doigt, fait tresse celui qu’emploie un vaisseau pour annoncer
tomber le chien, dans les armes à feu. qu’il est en danger et qu’il a besoin de secours. Ce
DETENTION (du verbe détenir), peine afflictive signal consiste généralement en un pavillon placé
et infamante , qui consiste dans l'emprisonnement en berne à la poupe et appuyé de coups de canon.
sur le territoire continental de la France pendant DÉTRICHAGE , première façon que l’on fait subir
un laps de temps qui peut varier de 5 à 20 ans, sui- aux laines avant de les peigner, consiste à séparer
vant la gravité des cas (Code pén., art. 20) et qui en trois ou quatre qualités les différentes parties de
,
entraîne la dégradation civique et l’interdiction du laines èt à les mettre dans des cases ou par tas à terre.
condamné. — Jusqu’à l’époque où la déportation a DÈTRITOIR (du latin détritus, part, du v. de-
pu être effectuée , la détention perpétuelle dans une ^erere, broyer) , moulin à meules de pierres verticales
forteresse l’aremplacée(art. 17).— Les J/aisonsde tournant très-lentement dans une auge circulaire en
dé-
tention, au nombre de 2 pierre, et au moyen duquel ou écrase les olives
1 , sont situées àParis, Aniane,
Beaulieu, Cadillac, Clairvaux, Clermont (Oise), Em- avant d’en exprimer l’huile.
brun,Ensisheim,Eysses,Fontevrault,Gaillon,IIague- DÉTRITUS (du verbe rfeferere, broyer), mot latin
nau, Limoges, Loos, Melun, Montpellier, Mont-Saint- francisé , désigne le résidu d’une substance ou d’un
Michel, Nîmes, Poissy, Rennes, Riom et Vannes. corps quelconque organisé. En Géologie , il se dit
On nomme encore détention : 1“ l’état d’un indi- particulièrement des débris divers résultant de la dé-
vidu privé de sa liberté avec ou sans l’autorité de la térioration des roches et des végétaux répandus sur
justice; dans ce dernier cas, la détention est illégale; la surface du globe ; ces débris forment les terrains
la détention préventive est celle que subit un accusé détritiques. On distingue, dans les terrains détriti-
ayant son jugement elle ne compte pas pour l’ex-
: ques la terre végétale, dont le îerreaM forme une
piation de la peine; — 2“ l’état d’une chose dont on partie essentielle ; la terre aride ou impropre à la
a la possession actuelle; le possesseur prend alors le végétation ; les éboulis ou fragments disposés en
nom de détenteur : on nomme détenteur d’un hé- talus. Les dépôts tourbeux, le limon, les cailloux, lo
ritage celui qui en a la possession réelle et actuelle sable , sont encore des dépôts détritiques.
à titre de propriété, d’usufruit ou autrement. En Pathologie , on nomme détritus le résidu in-
DETENUS, terme générique servant à exprimer organique qui remplace le tissu des parties dégéné-
tous ceux qui sont enfermés pour crime, délit, con- rescentes. La présence des détritus dans les matières
travention , ou même pour dettes. — De sages ré- évacuées est un signe important pour le diagnostic
glements avaient assujetti les criminels détenus à de la dégénérescence de quelques viscères.
des travaux réguliers un décret du 24 mars 1848
: DÉTROIT (du latin districtus, resserré). Cette dé-
suspendit ces travaux; ils furent en partie rétablis nomination, qui, en Géographie, désigne tout canal
par une loi du 9 janvier 1850, et complètement naturel par lequel deux mers ou deux parties de mer
réorganisés par le décret du 25 février 1852. — communiquent entre elles, a été donnée par les Ana-
Les coupables condamnés à la détention sont pen- tomistes à deux rétrécissements que présente la ca-
dant toute leur vie sous la surveillance de la police. vité du bassin le détroit supérieur ou abdominal,
:

Il a été formé en plusieurs lieux, notamment à formé par la marge du bassin et qui sépare le crand
Cîteaux et à Clairvaux, des colonies agricoles pour bassin du petit; le détroit inférieur ou périnéal,
les jeunes détenus (c.-à-d. condamnés avant 16 ans). qui est l’ouverture inférieure du petit bassin.
DÉTERGENTS. Voy. détersifs. DETTE (qu’on écrivait jadis debte, du latin de-
DE’TERMINATIFS (adjectifs). Voy. adjectifs. bitum), tout engagement pris par un débiteur à l’é-
DÉTERMINISME, système idiilosophique qui ex- gard d’un créancier. On appelle Dettes passives ce
plique par l’enchaînement des causes et des effets que Ton doit ce sont les dettes proprement dites;
:

tout ce qui se passe dans le monde, admettant ainsi D. actives , ce que Ton vous doit, les créances à re-
que tout y est déterminé à l’avance ce n’est qu’un
: couvrer; D. mobilière, celle qui a pour objet quel-
autre nom du fatalisme. Voy. ce mot. que chose de mobilier D, immobilière celle qui
;
,, , , . , ,

DEUI — 493 — DÉVI


porte sur un immeuble ; D. personnelle celle à la- veux, La durée du deuil variait de 7 à 70 jours. —
quelle se joint une action contre la personne du dé- Les Égyptiens se livraient aux mêmes pratiques, et,
biteur; D. réelle celle qui n'est fondée que sur un en outre, se rasaient les sourcils. —
Chez les Grecs,
fait de possession, et qui peut être libérée par le dé- les hommes laissaient croître leurs cheveux , les
laissement; B. chirographaire celle qui résulte femmes les rasaient. —
Le deuil durait dix mois
d’une obligation ordinaire; D. privilégiée, celle qui chez les Romains ; il consistait à s’abstenir deS fêtes
doit être payée avant toute autre ; D. hypothécaire, et des jeux,à porter des vêtements noirs, la barbe in-
celle qui a pour garantie des immeubles hypothé- —
culte, etc. Les Gaulois n’avaient pas de vêtements
qués; D. liquide celle dont l'objet est une chose de deuil; ils se rasaient le tour de la tête.— Aumoyen
déterminée; D. commerciale ou consulaire, celle âge, on portait, en signe de deuil , le chaperon ra-
qui se rapporte à un fait de commerce, par opposi- battu sur le dos et sans fourrure. Dans les grands
tion àlaZ). civile; D. d’ honneur, ceWe qui ne repose deuils ,on portait pendant trois mois des habits de laine,
sur aucun titre et n'a d’autre garantie que l'honneur noirs dans la première moitié, blancs dans l’autre.
du débiteur : cette espèce de dette ne peut donner Aujourd’hui, la durée dos deuils est, en France,
lieu à aucune action en justice; toutefois le créan- pour la perte d’un mari, un an et six semaines; pour
cier a la ressource de déférer le serment décisoire
;
celle d’un père ou d’une mère, six mois; autant
D. de jeu, celle qui est contractée au jeu : cette es- pour une épouse ; pour un aieul , quatre mois et
pèce de dette ne peut, non plus, donner lieu à une ac- demi ; frère ou sœur, deux mois; oncle et tante, trois
tion judiciaire, à moins qu’il ne s’agisse de jeux qui semaines; cousin,quinze jours. En Corée et en Chine,

tiennent à l’adresse et à l’exercice du corps. Les héri- le deuil d’un père dure trois ans. La durée des deuils
tiers sont chargés des dettes de leurs auteurs
;
les de cour est réglée par le souverain ; le grand deuil
dettes de la communauté sont pour moitié à la charge est de 2 à 6 mois, le petit deuil de 3 à 2l jours.
de chacun des époux (Code civ., art. 724, 1482, etc.) La couleur du deuil , dans toute l’Europe et en
Pour les dettes qui reposent sur des titres , le Amérique, est aujourd’hui \enoir; après les premiers
créancier peut, selon les cas, saisir et faire vendre temps, on y substitue graduellement des couleurs
les effets mobiliers appartenant à son débiteur, met- plus claires; ce qui constitue le demi-deuil. La cou-
tre opposition au payement des sommes qui lui se- leur du deuil de cour était, autrefois, le violet pour
raient dues, ou poursuivre l’expropriation de ses biens le roi , et le blanc pour la reine. On prit le noir à

immobiliers (Code de proc., art. 557). Dans les cas
où la loi autorise la contrainte par corps (Voy. ce
la mort de Charles VIII; cette couleur a été depuis
adoptée universellement. En Turquie , le deuil est
mot), on arecoursàl’incarcérationdudébiteur comme bleu ou violet; en Egypte, jaune; en Éthiopie, gris;
moyen d’arriver au payement; les prisons où l'on re- on Chine et au Japon , blanc.
tient les débiteurs se nomment aussi dettes. A Paris, DEUIL, nom donné à plusieurs insectes Lépido-
les détenir pour dettes étaient, avant
1789, enfermés ptères du genre Satyre.
au For-l’Evèque. Lorsque le couvent de Sainte-Péla- DEUTÉRONOME (du grec deutéros nomos, se
gie devint une prison, une partie séparée de ce cou- conde ou nouvelle loi), le 5' et dernier des livres
vent, dite dès lors bâtiment de la Bette, leur en fut écrits par Moïse. Voy. pentateuoue.
réservée. Sainte-Pélagie ayant été depuis exclusive- DEUTO (du grec deutéros, deuxième), particule
ment destinée aux détenus politiques, les prisonniers qui, dans les termes chimiques, indique une deuxième
pour dettes allèrent occuper une prison construite proportion d’un corps deutosulfate, deutochlorure,
:

exprès pour eux; elle est située rue de Clichy. deutonitrate etc., désignent un sulfate, chlorure,
DETTE PCBiiQUE. On appelle ainsi les sommes que nitrate, etc. , correspondant au deutoxyde d’un métal.
doivent les gouvernements par suite des emprunts DEUTOXYDE (du grec deutéros, second), ou
,
qu ils ont contractés pour se créer des ressources bioxyde, se dit, en général, d’un oxyde qui est
promptes; les intérêts en sont acquittés sur des placé après l’oxyde le moins oxygéné ou protoxijde
fonds spéciaux votés, chaque année, avec le bud- dans l’ordre des proportions d’oxygène. On désigne
get. La dette publique de l'Angleterre
s’élève à quelquefois les deutoxydes en terminant par ique
plus de 20 milliards; celle de la France à 5 mil- le nom du métal qu’ils contiennent : ainsi, oxyde
liards. Ces deux dettes sont les plus fortes
de l’Eu- niercurique est synonyme de deutoxyde de mercure.
rope. La dette de la France se compose de sommes
DÉVELOPPÉE. On nomme ainsi en Géométrie
empruntées à différentes époques et inscrites au une courbe dont le développement décrit une autre
wand-hvre de la dette publique {Voy. ce mot); courbe appelée développante. Cette courbe est le
I intérêt stipulé a varié
selon l’état du crédit public lieu de tous les points de rencontre des normales in-
à cliaque époque il a été de finiment voisines menées à une courbe donnée. Les
:
5, de 4 1/2, de 4 et de
d 0/0. Voy. RENTES SUR l’ÉTAT. développées et les développantes ont été découvertes
La dette flottante est la partie de la dette publique par Huyghens. C’est sur l’excentricité continue des
qui n’est pas consolidée, et qui se compose d’enga-
développées qu’est fondée la difficulté du tracé ri-
gements à terme, de créances non réglées entière- goureux de quelques figures de géométrie, notam-
ment, etc.; elle est ainsi nommée parce qu’elle varie ment de la volute , dont tous les points sont centres
sans cesse et est susceptible de diminution et d’aug- de cercles de rayons inégaux.
mentation. En France , elle est réglée par le Trésor, DÉVELOPPEMENT. C’est, en Géométrie , l’action
en effets dits bons du Trésor, remboursables sur des par laquelle on développe une courbe pour lui faire
rentrées prochaines. En Angleterre, ces bons s’ap-
pellent billets de l’Échiquier. La dette flottante de
décrire une développante (Foi/, développée). — C'e.st
aussi la réunion sur un plan de plusieurs figures
la France résulte, en grande partie,
de fonds dont planes dont l’ensemble forme la surface d’un solide.
le dépôt est obligatoire (Voy.
dépôts et consigna- En Algèbre, c’est la formation d’une série qui
tions), et des versements des Caisses d’épargne; au représente une quantité algébrique.
1” janvier 1852, elle était de 593,275,900 fr. En Médecine, on entend par développement du
DEUIL (du latin dolere, s’affliger). La manière pouls une augmentation survenue dans sa force et sa
de manifester la douleur que fait éprouver la perte grandeur; par développement d’une tumeur ou de
a une personne aimée varie suivant les temps et les toute autre affection, l’accroissement d’un mal exi-
lieux. Les Israélites à la
, mort de leurs parents ou stant ou son apparition extérieure.
amis, déchiraient leurs habits, se couvraient
la tête DÉVIATION (du latin via, route, direction). En
de cendre et de poussière, allaient
nu-pieds et cou- Astronomie, on appelle ainsi la quantité dont une
verts d un cilice, couchaient
sur la terre, se frap- lunette méridienne ou un quart de cercle mural s’é-
paient la poitrine, s’arrachaient la barbe
et les che- cartent du véritable plan du méridien. On trouve
, ,

DEVO — 494 DEXT


cette déviation en comparant passage du soleil,
le la religion ,
par la loi, par un engagement ou par
observé dans la lunette , avec le passage au méridien. la bienséance ; ce mot s’oppose à droit. Tout devoir
En Physique, la déviation des coi'ps est la quan- suppose intelligence et liberté : intelligence pour
tité dont un corps, tombant librement à la surface connaître et comprendre la règle; liberté pour l’ac-
de la terre, s’écarte de la perpendiculaire menée de complir. On distingue des D. positifs, qui prescri-
son point de départ à cette surface ; cette déviation vent ce qu’il faut faire, des D. négatifs, ce qu’il
est due au mouvement de la terre. La grandeur de la faut éviter; des D. parfaits, ceux qui sont bien dé-
déviation se calcule d’après la hauteur de la chute terminés et dont on peut exiger l’accomplissement;
du corps, en mesurant l’angle de rotation de la terre des D. imparfaits, qui restent indéterminés, et qui,
pendant le temps de la chute. bien qu’obligatoires pour la conscience, ne peuvent
En Pathologie, on donne le nom de déviation entraîner la coercition.
à la direction vicieuse que prennent certains liqui- La science des devoirs constitue toute la Morale;
des organiques, tels que les urines, les matières fé- on les divise généralement, comme la Morale elle-
cales, la bile, etc., qui passent dans les vaisseaux même, en 3 classes D. envers Dieu, D. envers soi~
:

qui ne leur sont pas destinés. Quelquefois ce mot même,D. envers ses semblables. LesD. envers Dieu
s’applique à la direction vicieuse de la colonne ver- constituent la morale religieuse ; les D. envers soi-
tébrale {F. gibbosité), du nez et de sa cloison, à la même constituent la morale individuelle : ils sont
torsion de labouche, àla saillie des dents en avant,etc. relatifs à l’intelligence, à l’activité, à la sensibilité
DÉVIDOIR , nom commun à l’instrument dont se et au corps ; les D. envers ses semblables consti-
sert la fileuse pour mettre en écheveau le fil qui se tuent la morale sociale ils dirigent l’homme soit dans
:

trouve sur son fuseau, et à ceux avec lesquels on met la société civile, soit dans la famille. On peut y
en pelotons les écheveaux de fil, de coton, de soie, etc. joindre une 4® classe, celles des D. envers la nature,
On distingue le dévidoir à la main, liàton cylin-
: qui règlent l’action humaine relativement aux êtres
drique tournant sur lui-même, et dont les bras ou animés et inanimés qui nous entourent , et sur les-
traverses , figurant une double croix sont percés,
quels nous avons pouvoir et action. Pour l’exposi-
à leurs extrémités, de trous où l'on place de petites tion de ces divers devoirs, Voy. les traités de Morale.
baguettes sur lesquelles s’applique alternativement On a sous le titre de Traitédes devoirs (DeOfficiis)
le fil qu’on dévide avec la main
;
le tour d’Espagne, 2 ouvr. célèb., l’un de Cicéron, l’autre de S. Ambroise.
l’escaladou, le rouet etc. Voy. ces mots. Silvio Pellico adonné: Des Devoirs (1834), M. Mous-
DEVIN, DEVINERESSE. Voy. divination. nier: Dev.et Droits (1852), M. J. Simon: le Deu. (1853).
dbvin, grand serpent. Voy. boa. DeyoîV des compagnons ouvriers. F.compagnonnagb.
devin, insecte orthoptère. Voy. mante. DÉVOLUTION. En Droit, on nomme dévolus les
DEVIS , mémoire de prévision fait par un archi- biens qui, dans une succession, passent d’une per-
tecte, un ingénieur, un entrepreneur quelconque, sonne à une autre , et spécialement ceux qui sont
et renfermant le détail des travaux à faire et du attribués à l’une des deux lignes de la famille d’un
prix qu’ils doivent coûter. On distingue : le devis défunt, quand l’autre branche a cessé d’exister: «La
estimatif, état des dépenses arrêtées de manière à dévolution d’une ligne à l’autre n’a lieu que lors-
ne pouvoir dépasser les prévisions ordinaires de l’ex- qu’il ne se trouve aucun ascendant ni collatéral de
périence le devis approximatif, dont les prévisions
; l’une des deux lignes (Code civil, art. 733).» La —
s’approchent de la réalité ; le devis descriptif, in- dévolution en matière de succession donnait lieu au-
dication des ouvrages relatifs au projet dont on s’oc- trefois en France à de nombreuses contestations,
cupe. En Droit, un devis prend le nom de devis et mais ces questions n’ont plus d’intérêt depuis l’abo-
marché et a le caractère d’un contrat synallagmati- lition du droit coutumier, des privilèges de la no-
que, lorsque son exécution est donnée en entreprise, blesse et du droit d’aînesse.
et qu’il contient les obligations respectives de celui Dans les et en Alsace , le droit de dé-
Pays-Bas
qui fait faire le travail et de celui qui l’entreprend. volution consistait en ce que tous les immeubles ap-
DEVISE (de devis, propos), parole caractéristique portés par les conjoints en mariage, ou qu’ils acqué-
exprimée en peu de mots et le plus souvent accom- raient postériehremeut , par succession ou autre-
pagnée d’une figure symbolique. Cette figure forme ment, appartenaient en propriété aux enfants nés de
le corps de la devise les paroles ou la légende en
;
ce mariage , à l’exclusion des enfants nés d’un ma-
sont Vâme. Les anciens connaissaient les devises. Au riage subséquent; s’il n’y avait pas d’enfants vi-
moyen âge, l’usage des tournois et des carrousels vants , le survivant des époux succédait en pleine
les lit revivre et les multiplia. La plupart des rois de propriété à tous les biens. C’est en s’appuyant sur
France ont eu leur devise particulière : Louis XII, ce droit que Louis XIV, époux de Marie-Thérèse,
une tête de Méduse, avec ces mots Vincit quem respi-
: prétendit à la possession des Pays-Bas espagnols, ce
cit hostem (elle vainc l’ennemi qu’elle regarde), ou qui donna lieu à la Guerre dite de dévolution.Voy.
bien un porc-épic, avec ces mots : Cominus et DÉVOLUTION au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr.
eminus (de près et de loin) ; François une sala- En Matière bénéficiale, la dévolution èiaW, le droit
mandre dans le feu, avec les mots Nutrior et ex-
: qu’avait tout supérieur immédiat de conférer un
tinguo (J’y vis et je l’éteins) Henri IV un Hercule,
;
bénéfice rempli de fait, mais vacant de droit, à rai-
avec ces mots : Invia virtuti nulla est via (aucune son de la nullité de la collation précédente, ou par
route n’est inaccessible à la valeur) Louis XIV avait
;
défaut des qualités requises dans le collataire, ou à
pris pour devise le soleil avec ces mots : Nec pluri-
,
raison de quelque incapacité. Les collateurs étaient
bus impar (je pourrais au besoin éclairer plus d’un alors , selon les cas , le pape ou l'évêque.
monde). Les ducs de Savoie avaient pour devise ; DÉVORANTS (les). Voy. compagnonnage.
F. E. R. T., ou Fortitudo ejus Rhodum tenait (son DEXTRE (du latin dextera, droite), nom donné,
courage conserva Rhodes) ; la Sicile une hermine
,
en termes de Blason, au côté droit de l’écu.
et les mots Malo mori quam fcedari (mieux vaut
: DÉXTRINE (du latin dexter, droit, parce qu’eUa
la mort que la souillure). La plupart des anciens or- fait dévier à droiteX^ plan de polarisation), substance
dres de chevalerie ont une devise; on connaît celle semblable â la gomme arabique, qui se produit par
de l’ordre de la Jarretière, en Angleterre : Honni l’action des acides et de la diastase sur l’amidon. On
soit qui mal
y pense; et celle de la Légion d’hon- l’obtient aussi par la torréfaction légère de l’amidon;
neur : Honneur et patrie. il s’en développe spontanément dans les
graines de»
DÉVOIEMENT. Voy. diaurhée. céréales pendant la germination La dextrine est
DEVOIR (qu’on écrivait jadis debvoir, du latin blanche, insipide, sans odeur, et transparente quand
debere), ce à quoi on est obligé par la morale, par elle est sous (orme de plaques minces. Elle a la même
, ,

DIAB — 495 — DIAC


composition que l’amidon pur. L’eau la dissout en de sodium, lecarbonate de soude et la magnésie
grande quantité et devient alors mucilagineuse. La calcinée; les bains de vapeur, les bains sulfureux.
formation de la dextrine précède toujours celle du Les causes du diabète ne sont pas encore bien con-
sucre dans l’action des acides et de la diastase sur nues pendant longtemps on Ta attribué à une surex-
:

la fécule. C’est à sa présence que la bière doit sa citation des reins. M. Cl. Bernard a récemment éta-
consistance visqueuse. On se sert de la dextrine dans bli un rapport entre les fonctions du foie, qui, même
difl’érentes préparations aiimentaires , notamment dans l’état normal, sécrète et élabore une certaine
pour édulcorer et gommer les tisanes, pour fabri- proportion de sucre, et celles du poumon, qui con-
quer des pains de luxe dits pains de dextrine. On somme par l’acte de la respiration le sucre ainsi
l’emploie en chirurgie pour faire des bandages. Sa produit lorsqu’un état maladif vient surexciter Tac-
:

qualité hygrométrique la rend propre à fabriquer tivité du foie ou déprimer celle du poumon, la pro-
des feutres et des rouleaux d’imprimerie, à tenir hu- duction du sucre devient plus considérable, et, ne
mide le parou des tisserands, etc.; aussi trouve-t-elle pouvant plus être consommée par le travail de la
de nombreuses applications dans les apprêts, en- respiration, cette substance apparaît dans les urines ;

collages, impression des couleurs, etc. Les fabricants il est d’ailleurs d’observation que le diabète se com-
d’indienne emploient, spus le nom de léiocomme (du plique souvent de phthisie pulmonaire.
grec léios, lisse, et commi gomme), une dextrine DIABLE (du grec diabolos, calomniateur), l’es-
faite par une légère torréfaction de l’amidon. La prit du mal. Voy. démon.
dextrine a été obtenue en 1833 par M. Dubrunfaut, A la cour de Rome, on appelle Avocat du diable,
et étudiée aussitôt par MM. Payen et Persoz. celui qui, dans la procédure qui précède les canonisa-
DEXTROCHÈRE (du latin dextra, droite, et du tions, est chargé de contester les mérites du candidat.
grec che'ir, main ) , bracelet d’or que les Romains Le nom de Diable a été donné , à cause de leur
portaient au poignet droit. — En termes de Blason, laideur, à beaucoup d’animaux de tout genre. Ainsi
on nomme ainsi une main gantée et armée d’une on nomme D. des bois plusieurs espèces de singes ;
épée, qui faisait partie des armoiries du connétable D. de Java ou de Tavayen, le Pangolin petits Dia-
;

ou du doyen des maréchaux. bles OM Diablotins, des oiseaux marins d’Amérique,


DEXTROVOLUBILES , tiges qui s’enroulent en du genre Pétrel ; D. enrhumé, un oiseau des An-
spirale autour des corps voisins, et dont la spirale tilles, du genre Tangara; D. des savanes, TAni; D.
va de droite à gauche (haricot, liseron , etc.). des bois, un petit lézard de Surinam , nommé aussi
DEY, titre que portaient les pachas de la régence Gecko; D. de mer, une espèce de Foulque et plu-
d’Alger avant la conquête des Français. Voy. dey au sieurs espèces de poissons, telles que les grandes
Dict. univ. d’Hist. et de Géoyr. Raies, les Scorpènes, la Baudroie commune, etc. Aux
DIaBASE, espèce de roche. Voy. diorite. colonies, on nomme Diable un Charançon, qui fait
DIABETE (du grec diabainô, passer à travers), un grand tort aux plantations: grand Diable, un
maladie caractérisée par une excrétion excessivement insecte hémiptère du genre Lèdre; demi-Diable et
abondante d’urine plus ou moins chargée d’une ma- grand Diable, des insectes du genre Membrace.
tière cristallisable, fermentescible et le plus souvent Dans les Arts , le mot Diable désigne plusieurs
sucrée, avec sécheresse de la peau, soif très-vive, sortes d’instruments : 1® une machine armée de
appétit dévorant, abattement des forces et des facultés dents , dont on se sert pour ouvrer la laine , le co-
morales, amaigrissement etdépérissement progressif. ton, le crin, etc.; 2.® un chariot formé d’un fort
Cette maladie affecte de préférence les individus fai- châssis de bois monté sur des roues très-basses et
bies, lymphatiques, de 35 à 45 ans. Une alimentation qui sert à transporter de gros fardeaux à de faibles
de mauvaise qualité ou exclusivement végétale, les distances : ce chariot s’incline à volonté pour faire,
évacuations excessives, l’intempérance, les veilles au besoin , office de levier ; son nom lui vient du
prolongées, les affections tristes, le séjour dans des con grand bruit qu’il fait en roulant sur le pavé.
trées froides et brumeuses, la suppression brusque On nomme encore Diable, un jouet d’enfant im-
de la transpiration, en favorisent le développement. porté de Chine et perfectionné en France, qui con-
La quantité d’urine excrétée dépasse de beaucoup siste en deux sphéroïdes creux taillés dans le même
celle des boissons. Quand l’urine est sucrée, la mala- morceau de bois et percés chacun d’un trou dans un
die est appelée D. sucré. Quelquefois elle est sans sa- sens opposé : on le fait rouler librement , et avec
veur, on nomme alors la maladie D. insipide. On une intensité toujours croissante, sur une corde fai-
connaît en outre un D. avec excès d’urée, et un D. blement tendue, et dont chaque extrémité est atta-
avec matières grasses dit D. laiteux ou chyleux. chée à un bâtonnet ; ce mouvement établit dans les
Le diabète est une affection chronique fort grave, deux sphéroïdes un courant d’air rapide qui se traduit
qui résiste souvent à tous les moyens de traitement, par un fort ronflement semblable à celui de la toupie
et ne se termine qu’après plusieurs mois et même d’Allemagne : c’est ce bruit qui lui a valu son nom.
plusieurs années. Dans le D. sucré, l’urine ne con- DIABLES CARTÉSIENS. Voy. LUDIONS.
tenant plus d’acide urique et d’urée, en même temps DIABLON , on appelle ainsi quelquefois la petite
que le sucre y surabonde il convient de mettre le voile placée dans les grands bâtiments au-dessus du
,
malade à l’usage d’aliments azotés, de le nourrir diablotin, et qui se hisse sur le mât de perruche ; on
presque exclusivement de viande , de bouillon de la nomme aussi voile d’étai de perruche.
,
lui faire boire de bon vin, de proscrire toute matière DIABLOTIN, nom vulg. d’un Pétrel d’Amérique.
sucrée et féculente, telles que le suci'e, le pain, les Voile d’étai du perroquet de fougue ; elle est trapé-
pommes de terre. On a conseillé en outre les médi- zoïdale. Son point d’amure est placé à la jonction
caments diaphorétiques , l’usage des vêtements de du grand mât et de la voile d’étai d’artimon.
flanelle, les frictions sur les lombes, les bains chauds DIABOTANUM ( du grec dia, avec, et botanon,
à 30 degrés, les voyages dans les pays chauds, l’ap- plante), onguent formé de plusieurs plantes, comme
plication de vésicatoiies sur les reins; l’emploi des bardane, joubarbe, ciguë, valériane, angélique, etc.,
astringents, tels que l’alun, le cachou, les acides sul- était autrefois employé comme fondant et résolutif.
furique et nitrique, les toniques, notamment diverses DIACAUSTIQUE (du grec dia, à travers, et caus-
préparations de quinquina et de fer. On a vanté ticos, qui brûle), nom donné : 1® aux courbes caus-
comme une sorte de spécifique les eaux minérales de tiques produites par la réfraction , par opposition
Bristol,bues sur les lieux. On peut substituer l’eau aux catacaustiques [Voy. ce mot); 2® aux corps
y
de cha.iK coupée avec moitié lait la gomme ara- caustiques parla réfraction, comme les lentilles bi-
,
bique dissoute dans le lait. L’opium à haute dose a convexes dont on se sert quelquefois pour cautériser
souvent réussi. On a encore préconisé le chlorure en concentrant les rayons du soleil sur un seul point.
, , , , , , ,

DIAD ~ 496 — DIAG


DIACHYLON ou diachylum (du grec dia, par le DIADELPHIE (de diadelphe) 17' classe du sys-
moyen de, et chylos, suc), sorte d’emplâtre agglu- tème de Linné, comprend tous les végétaux dont les
tinatif, que l’on emploie aussi comme fondant et étamines sont dmdelphes. Elle se divise en 4 ordres,
résolutif. On distingue le B. simple, fait avec une la D. pentandrie ou à 2 faisceaux de 5 étamines (li-
décoction de racine de glaïeul de l'huile de muci-
,
seron); la D. hexandrie, de 6 étamines (fumeterre);
lage et de la litharge prtparée ; et le D. composé ou la D. octandrie, de 8 étamines (polygales); la D.
gommé, fait avec du diachylon simple auquel on décandrie, de 10 étamines (légumineuses).
ajoute de la cire jaune , de la térébenthine, de la DIADEME (du grec diadéô, lier autour), ban-
gomme ammoniaque, du galbanum, du bdellium, etc. deau de laine, de fil ou de soie, blanc et uni, plus
DIACODE (du grecrfi'a, avec, et codia, tète de tard chargé de broderies, d’or, de diamants, de per-
pavot). On appelle Sirop diacode un sirop calmant, les, de pierreries, dont les rois se ceignaient le front
qui a pour base la tête de pavot , ou l’extrait d’o- chez les anciens. Eu Grèce , le diadème était fort
pium ; on le prescrit fréquemment contre la toux étroit dans l’origine; Alexandre adopta le premier
d’irritation et les excitations nerveuses. le large diadème des rois de Perse, dont les extré-
DIACONAT, le 2' des ordres sacrés, celui qui pré- mités retombaient sur les épaules. Les rois de Rome
cède immédiatement la prêtrise. Yoy. diacre. portaient le diadème ; les consuls n’en firent point
diaconesse {û 6 diacre), nom donné, dans les usage ; les empereurs le reprirent à partir d’Auré-
premiers temps de l’Eglise chrétienne, à des femmes lien.Les rois barbares imitèrent tes empereurs; mais
qui remplissaient des fonctions analogues à celles de leurs diadèmes étaient ordinairement de métal et se
diacre : elles étaient attachées au service du culte confondaient avec les couronnes. Clovis portait un
pourles cérémoniesqui regardaientparticulièrement diadème radié, ou couronne non fermée; il en fut
les personnes de leur sexe. C’étaient ordinairement ainsi jusqu’à François Rr, qui prit une couronne
des vierges, ou des veuves qui ne devaient plus se fermée. Voy. couronne.
remarier. Les diaconesses faisaient partie du clergé ; En Histoire naturelle, le nom de Diadème a été
mais leur ordination n’était point sacramentelle. donné 1° au Tangara diademata; 2“ à un genre
:

Elles ont disparu dans les xii' et xiii« siècles. de Lépidoptères diurnes <[ui a pour type la Nym-
DLACONIE (de diacre), nom donné autrefois aux phale boline de Cayenne ; 3« à un poisson du genre
hospices établis auprès des monastères pour assister Holocentre 4» à un Mollusque dit aussi Coronule.
\

les pauvres et les infirmes, parce qu’ils étaient ad- DIAGNOSTIC (du gteediagnosis, discernement),
ministrés par un diacre. On compte encore à Rome partie de la Médecine qui a pour objet la distinction
14 diaconies , une pour chacun des 14 quartiers de des maladies , la connaissance des signes qui sont
cette ville ; les pauvres
y viennent recevoir les au- propres à cbacune d’elles. Dans un sens plus res-
mônes comme dans nos bureaux de bienfaisance. treint , c’est l’opinion que se forme un médecin sur
piACOPE (du grec rfiaco/iè, incision), genre de la nature d’une maladie considérée individuelle-
poissons Acanthoptérygiens de la famille des Per- ment. —
On appelle signes diagnostiques ceux qui
coides , est caractérisé par une échancrure au bord donnent le tableau de la maladie, et font en même
du préopercule. Plusieurs espèces se font remarquer temps connaître l’état actuel du malade. On les dis-
par leur beauté et leur bon goût. La D. seba res- tingue en signes caractéristiques qui sont insépa-
semble à peu près au Spare ; mais elle est moins lon- rables de la maladie; signes communs, qui se ren-
gue et plus haute. On la recherche comme aliment. contrent dans plusieurs maladies ; signes acciden-
DIACOUSTIQUE (du grec dia, à travers, et acouô, tels phénomènes qui quelquefois surviennent et
entendre ) , partie de l’Acoustique qui a pour objet d’autres fois n’arrivent pas dans une maladie.
la réfraction des sons et l’étude des propriétés DIAGOMÉTRE (du grec diagô, traverser, et mé-
qu’ils acquièrent en traversant divers milieux. tron, mesure), sorte d'électroscope , inventé j)ar
DIACRE (du grec diaconos serviteur), ministre M. Rousseau, et propre mesurer les élecü’icités les
ecclésiastique, destiné à servir à l’autel le prêtre ou plus faibles. 11 se compose d’une pile sèche et à
l'évêque. Dans l’origine, les diacres étaient chargés très-faible tension , qui agit sur une aiguille ainian-
de distribuer les aumônes, de préparer les agapes, tée, libre sur son pivot. En passant à travers diffé-
de donner l’eucharistie aux communiants, de la rents corps que l’on interpose dans le circuit, 1 ai-
porter aux absents ; plus tard, leurs fonctions se bor- guille se meut plus ou moins, suivant que la sub-
nèrent à présenter à l’autel le pain et le vin sacrés, stance interposée est plus ou moins conductrice. Cet
avec les offrandes des fidèles. Les diacres peuvent instrument peut servir à mesurer exactement la pu-
baptiser et prêcher, mais avec une permission spé- reté de l’huile :car on a observé qu’à travers 1 huile
ciale. Le diaconat est le dernier grade avant d’ar- d’olive pure, l’électricité agissait 675 fois moins sur
river au sacerdoce celui qui reçoit ce titre est défi-
;
l’aiguille qu’en traversant les autres huiles fixes.
nitivement engagé dans les ordres et ne peut se ma- DIAGONALE (du grec dia, à travers, et çônia,
rier. L'âge fixé pour le diaconat a varié il fallait
: angle), droite menée du sommet de l’angle d un pa-
d’abord avoir 30 ans, puis 25, pour
y être admis ; au- rallélogramme au sommet de 1 angle opposé. C est,
jourd’hui, on peutle recevoir à 23 ans. — A défaut dans les figures planes, la ligne qui joint deux angles
d’ecclésiastiques, les fonctions de diacre sont souvent non môme côté d’une figure rectiligne,
situés sur le
remplies dans les églises par quelqu’un des fidèles, dans polyèdres, c’est la ligne qui joint deux an-
les
qu'on appelle aussi diacre, mais improprement. gles dont les sommets ne sont pas situés dans le
L’institution des diacres remonte aux apôtres, qui même plan. Dans tout polygone, le nombre de dia-
choisirent sept serviteurs {diaconoi) pour les aider gonales qu’on peut tirer d’un même angle à tous les
dans leurs fonctions. L’Eglise de Rome élut d’abord autres est celui des côtés du polygone moins
égal\
un diacre, puis 7, puis 14; dans la suite, le nombre trois : on ne peut tirer de diagonale dans un
ainsi
en fut porté à 18 : ce chiffre est encore aujourd’hui triangle ; une diagonale est possible dans une figure
à Rome celui des cardinaux-diacres , qui font par- de quatre côtés; deux dans celles qui en ont cinq, etc.
tie du sacré collège. —
On donne quelquefois le nom DIAGRAMME (du grec diagramma dessin de ,

d'archidiacre au plus ancien des diacres. diagraphô décrire), nom donné par les Grecs à toute
DlADELPHE(dugrecrfis, deux fois, eX adelphos construction géométrique servant à démontrer une
frère), se dit, en Botanique, des plantes ou des fleurs proposition. —
On nommait ainsi, dans la musique
qu on
dont les étamines sont réunies par leurs filaments des Grecs, l’étendue de tous les sons c’est ce :

en deux ou plusieurs corps ou faisceaux distincts : appelle aujourd’hui gamme, clavier, échelle.
l’acacia, le pois, et le plus grand nombre de plantes DIAGRAMME, Diagramma, genre de poissons Acan-
pas
à fleurs papilionacées ont leurs étamines diadelphes. thoptérygiens, de la famille des Sciénoides, n a
, , , ,, ,

DIAL — 497 — DIAM


o’écailles sur le devant du museau, tandis que tout remplacée , chez
les Scolastiques, par X argumenta-
le reste de la tête en est couvert. Ces poissons pa- tion ; chez les Théologiens , par la controverse.
raissent argentés , avec des lignes de reflets le long iDans la phraséologie de Kant, dialectique est sy-
de chaque rangée longitudinale d’écailles. Ils sont nonyme de purement probable c’est en ce sens qu’il
:

très-voraces. On trouve dans l’Atlantique le D. à oppose les arguments dialectiques, qui ne reposent
front cave (D. cavifrons), dont la chair est estimée. que sur des faits contingents, aux arguments apo-
DIAGRAPHE (du grec diagraphô tracer des li- dictiques qui reposent sur des vérités nécessaires
gnes), instrument servant à donner en petit l’image et produisent une certitude absolue.
d'un objet plus grand , et à tracer d’un mouvement ÛIALLAGE (du grec diallagê différence, à cause
continu, et sans la connaissance du dessin, l’image de de la variétédeses couleurs), silicate à base de magné-
toutes sortes de lignes droites ou courbes. Use com- sie et d’oxyde de fer, assez commun dans la compo-
pose , 1° d’une lunette étroite et mobile à l’aide de sition des roches ignées. Ses couleurs varient du vert
laquelle l’œil suit les divers points des contours qu’on au brun , et sa forme est , en général , le prisme
veut reproduire, 2® d’un curseur adapté à la lunette, rhomboidal oblique. La diallagê est rayée par l’a-
et muni d’un crayon qui retrace sur le papier des li- cier; elle raye à peine le verre et fond au chalumeau
gnes analogues à celles que parcourt le rayon visuel : en un verre blanchâtre. Elle offre plusieurs variétés
c’est , en quelque sorte
,
la perspective mécanique. utilesaux lapidaires la, smaragdite ,à’\in beauvert;
:

On peut à volonté, par ce procédé, obtenir la même la bronzite, d’un brun jaunâtre, et le schillerspath,
image dans des proportions différentes. L’invention de couleur jaune d’or. On les trouve disséminées dans
du diagraphe est due à M. Gavard, qui la lit con- les dépôts de serpentine.
naître en 1831
,
et qui en a fait une belle applica- DIALLÈLE (du grec diallêlos réciproque), nom
tion aux tableaux des galeries de Versailles. donné par les Grecs au cercle vicieux. Voy. ce mot.
DIAGRÈDE (par corruption de dacrydion, nom DIALOGUE (du grec dialogos , conversation).
de la Scammonée chez les Grecs), nom donné jadis Considéré comme forme littéraire, le dialogue peut
au suc de Scammonée préparé avec du jus de coing. s’appliquer à tous les genres de composition. Outre
Voy. scammonée. les oeuvres dramatiques, qui sont nécessairement sous
DIALECTES (du grec dialectes, même signif.), cette forme, et la poésie pastorale, qui l’affecte par-
formes particulières que présente une même langue ticulièrement, la philosophie, la morale, l’éloquence,
dans des régions diverses. Le dialecte diffère du les sciences mêmes, se sont servies du dialogue pour
patois en ce que ce dernier est une corruption de la couvrir par la forme d’une conversation particulière
langue mère , tandis que le dialecte est un idiome ce que l’enseignement pouvait avoir d’aride. On cite
spécial , qui a ses règles et sa littérature. surtout en ce genre, chez les anciens, les Dialogues
Le mot dialecte s’applique surtout à la langue de Platon, plusieurs écrits philosophiques àe Cicéron
des anciens Grecs, dans laquelle on comptait quatre {Tusculanes , Académiques de l’Orateur, etc.) ; le
.

dialectes: V ionien, Vattique, le dorien et Véolien. Dialogue des orateurs, de Tacite ou de Quintilien ;
L ionien est le plus ancien Homère, Hésiode, Ana-
: les Dialogues des morts, de Lucien; chez les moder-
créon , Hérodote et Hippocrate s’en sont servis; les nes, les D. sur l’éloquence et les D. des morts, de
Ioniens aimaient le concours des voyelles, les sons Fénelon ; les D. des morts et la Pluralité des mon-
doux et mouillés; ils rejetaient toute contraction. des de Fontenelle; le D. de Sylla et d’Eucrate,
Vattique, au contraire, affectionne les contractions, de Montesquieu ; les Entretiens du P. Malebranche,
emploie fréquemment la lettre f, les deux tt (au ceux du P. Bouhours, de Mably, etc.
lieu des deux o-ir), etc. : Thucydide, Xénophon, Pla- DIAMAGNÉTIQUE , diamagnétisme , se dit des
ton, Isocrate, Démosthène, en prose; Eschyle, So- substances qui sont repoussées par les aimants.
phocle, Euripide, Aristophane, en vers, en sont les DIAMANT (du grecadamas, indomptable, à cause
modèles les plus purs. Le dorien était parlé dans le de sa dureté et de son incombustibilité supposée)
Péloponèse, la Sicile et la Grande-Grèce Théocrite corps vitreux, transparent, doué d’un éclat très-vif,
;
en offre lemodèle son caractère principal était de
: est formé par du carbone cristallisé. C’est le plus dur
faire dominer l’a. La langue latine semble s’être des corps connus ; sa densité est de 3,5. Il n’est ni vola-
formée principalement de ce dialecte. Véolien res til, ni fusible; aucun liquide ne lé dissout. Il résiste
semble beaucoup au dorien il fut d’abord parlé en parfaitement aufeu le plus violent quand on lechauffe
;
Béotie, et se répandit ensuite dans les Sporades et à l’abri de l’air; mais il brûle très-facilement dans
sur les côtes de l’Asie-Mineure il change l’esprit le gaz oxygène, et se transforme alors en acide carbo-
;
rude en F, qu’on nomme, à cause de cela, digamma nique. 11 est ordinairement sans couleur; mais, quel-
éolwue : Alcée et Sapho écrivaient dans ce dialecte. quefois, il prend des teintes bleues, jaunes, roses
Toutes les langues modernes ont aussi leurs dialec- ou brunes. On le trouve soit en grains irrégulière-
tes ; la langue française en compte deux principaux
: ment arrondis, soit en cristaux ayant la forme du
le français proprement dit et le
provençal; l’Alle- cube, de l’octaèdre régulier ou du dodécaèdre rhom-
inagne a le platt-deutsch et le hoch-deutsch ; l’An- boïdal, dans les terrains de transport ou dans les
gmerre, Paw/aiis proprement dit et l’écossais, etc. sables , au Brésil , aux Indes Orientales , et dans les
DIALEGTl(iUE (du grec dialégô, discoui ir, discu- montagnes de l’Oural ( gouvernement de Perm )
ter) Ce mot, que 1 on prend souvent pour synonyme
.
les mines de Golconde et de Visapour sont connues
de Logique, exprime proprement l'art de discuter, depuis les temps les plus reculés ; celles du Brésil, qui
1 application des règles du raisonnement
à la discus- existent principalement dans la province de Minas-
sion, art qui )n’est qu’une partie de la Logique. On Geraes, ont été découvertes au commencement du
attribue l’invention de cet art à Zénon d’Élée; les xviii® siècle; celles de l’Oural n’ontétédécouvertes que
Sophistes s’en emparèrent mais ils le discréditèrent
;
en s’en servant pour tout contester, pour soutenir
depuis peu d’années (1831). — On lave les sables dia-
mantifères pour entraîner la plus grande partie des
^r toute question le pour et le contre; Socrate et matières terreuses ; le résidu est ensuite étendu sur
Platon. le réhabibtèrent : chez eux, la dialectique une aire bien battue , et on y fait la recherche des
était l’art d’interroger, Tart d’amener diamants, sous la surveillance d’inspecteurs.
l’interlocu-
teur k reconnaître la vérité et à s’élever
graduelle- Le pouvoir réfringent et le pouvoir dispersif con-
ment à la vraie science. Les Dialogues de Platon sidérables que présente le diamant , et d’où naît l’é-
offrent le plus beau modèle en ce clat de ses feux, l’ont rendu un des corps les plus
genre. Aristote ré-
duisit la dialectique en une science
dans ses Topi- précieux employés en joaillerie ; en raison de sa
ques el dans son traité de la Réfutation des Sophis- grande dureté, il sert aussi à former des pivots pour
tes. Dans les temps modernes,
la dialectique a été les pièces délicates d’horlogerie , à polir les pierres
, , ,, , , ,

DIAM - W8 — DIAP
fines et à couper le verre. Les vitriers emploient prin- trouve dans les sables granitiques d’Alençon , et qui
cipalement le diamant cristallisé à arêtes courbes ont la forme de pyramides à deux faces.
dit diamant de nature. DIAMÈTRE (du grec dia à travers , et métron,
La taille augmente considérablement l’éclat du mesure), droite qui jouit de la propriété de couper
diamant. Elle s’exécute au moyen d’une plate-forme par moitié un système de cordes parallèles qui tra-
horizontale en acier très-doux, qu’on recouvre de versent une courbe dans une direction déterminée.
poudre de diamant, dite égrisée délayée dans de Le diamètre d’un cercle est la droite qui passe par
riiuile : on appuie le diamant contre la plate-forme le centre de ce cercle et qui se termine, de part et
pendant qu’elle tourne rapidement. Il y a deux espè- d’autre, à sa circonférence. Le rapport du diamètre
ces de taille la taille en rose, qui ne s’emploie que
: à la circonférence est incommensurable ; cependant
pour les diamants de peu d’épaisseur, et la taille en on peut en approcher de très-près par le calcul :
brillant, qui est plus recherchée. La taille en rose Archimède avait trouvé 7/22, Adrien Métius 113/355 ;
présente, à son sommet, une pyramide à facettes d’après les calculs les plus exacts, le diamètre est
triangulaires, et une large base plate destinée à être 1/3, 1415926, un peuplusdu tiers de la circonférence.
cachée dans la monture. Les diamants taillés en Le D. d’une section conique est une droitequi coupe
brillant ont, à la partie supérieure
,
une face assez toutes les ordonnées en deux parties égales; lorsque
large, ou table, entourée de facettes triangulaires, le diamètre est perpendiculaire aux ordonnées, H
nommées dentelles et de facettes en losange; la prend le nom à’axe [Voy. ellipse, hyperbole, para-
partie inférieure se termine par une sorte de pyra- bole) . —
Le D d’une sphère est la même chose que le
.

mide garnie aussi de facettes ou pavillons, destinée diamètre du demi-cercle dont la révolution a engen-
à réfléchir la lumière qui a traversé la pierre, et cette dré la sphère; on le nomme aussi l’axe delà sphère.
pyramide est tronquée par une autre petite table ou En Astronomie, on appelle D. apparent d’une
culasse. Les brillants sont toujours montés à jour. planète l’angle sous lequel elle apparaît à Vobserva-
La grosseur des diamants est ordinairement peu teur, en menant des rayons visuels de l’œil à deux
considérable; presque toujours ils ne dépassent pas points opposés du disque de cette planète; on l’é-
le poids d’un carat (centigr. 20,27) ceux qui pèsent
;
value en minutes et en secondes. Le D. réel d’une
plusieurs carats s’appellent diamants parangons. planète est sa véritable grandeur mesurée à l’aide
Les plus gros diamants connus sont : celui du radjah d’une grandeur connue, telle que le mètre , ou com-
de Matan, dans l’île de Bornéo, qui pèse, brut, 367 parée avec le diamètre de la terre.
^rats (plus de 75 grammes) ; celui de l’empereur du DIANDRE (du grec dis, deux, et aner, andros,
lltogol , dit le Kohi-Noor (mont de lumière)
,
qui mâle), se dit en Botanique de tous les végétaux
pèse 279 carats celui de l’empereur de Russie, qui est dont la corolle ne renferme que deux étamines.
;
delà grosseur d’un œuf de pigeon, et qui pèse 193 ca- DIANDRIE, 2« classe des végétaux dans le système
rats; il provient de Nadir-chah. On cite encore parmi de Linné, renferme les plantes qui ont deux étami-
les plus gros diamants celui de l’empereur du Brésil, nes libres : tels sont le jasmin, la véronique, la sauge.
celui du Nizam, qui, ait-on, pèse brut 400 carats, et Elle est divisée en trois ordres ; la D. monogynie
l’Étoile du Sud, diamant de 254 carats 1/2 brut, à un seul pistil ; la D. digynie, à deux pistils; la D.
trouvé au Brésil en 1853. Le diamant taillé qui passe trigynie, à trois pistils.
pour le plus beau, en raison de sa forme et de sa lim- DIANE (du bas latin dianœa, grand bruit de
pidité , est celui qui est connu parmi les bijoux de
,
chasse), batterie de caisse qui s’exécute au point du
la couronne de France, sous le nom de Régent; il fut jour, et qui est le signe du réveil dans le service des
acheté, pendant la minorité de Louis XV, par le duc garnisons sur terre et des garnisons de bord. On ne
d’Orléans, alors régent, d’un Anglais nommé Pitt, rend point d’honneurs militaires avant la diane.En
qui l’avait rapporté de l’Inde ; il pèse 136 carats 3/4. mer et dans les ports, la diane (dite fanfare ou ré-
On remarque encore le Sancy, ainsi nommé d’un veii-matfn) est accompagnée d’un coup de canon.
ministre d’Henri IV, qui en fut possesseur il fait
;
En Alchimie, Diane était le nom de l’argent.
aujourd’hui, partie des diamants de la couronne. ^rôre de Oiüwe, arborisation mélailiquo. K. arbre.
Les anciens ignoraient l’art de tailler le diamant. DIANELLE, Dianella, genre de la famille des
Ce fut un jeune noble de Bruges, nommé Louis de Asparaginées, renferme des plantes vivaces , herba-
Berquem , qui , ayant remarqué par hasard , en cées et rameuses, à fleurs disposées en panicules
1476, que deux diamants frottés l’un contre l’autre lâches terminales, avec des feuilles semblables à
s’usaient mutuellement , eut l’idée de tirer parti de celle des Iris. On cultive :1a JD. bleue (D. ccerulea), ou
cette observation pour tailler le diamant. Le pre- Reine des bois, originaire de la Nouvelle-Hollande, et
mier diamant taillé fut porté par Charles lé Témé- importée en France enl815 etl816; sa tige, haute de
raire; il est aujourd’hui possédé par l’Espagne. 16 centim., est tortueuse, garnie de feuilles glabres,
Les premières expériences sur la combustibilité du vertes et dentelées ; ses fleurs sont d’un beau bleu d’a-
diamant turent faites par deux académiciens de Flo- zur; la D. jaune (Z), «eworo^a), originaire de 1 Inde.
rence, AyeranielTargioni, enl694; ils effectuèrentla DIANTH'EES (de dianthus, nom latin de l’œillet),
combustion en plaçanUe diamant au foyer d’un miroir sous-famille de plantes, qui a pour type le Dianthus
ardent. Longtemps après, François-F.tienne de Lor- ou OEillet. Voy. oeillet et caryopuvllées.
raine , devenu depuis grand-duc de Toscane , et enfin DIANTHUS (du grec anthos fleur, et Dios, de
empereur sous le nom de François fit, à Vienne, Jupiter ; à cause de la suavité de son odeqr) , nom
une nouvelle série de recherches sur ce corps, dont scientifique de I’oeillet.
il opéra également la combustion complète à l’aide DlAPALME (de palme ,
parce qu’on y faisait en-
de fourneaux ordinaires. De 1766 à 177,^ , ces expé- trer autrefois une décoction de feuilles de palmier),
riences furent répétées de toutesles manières en F rance sorte d’emplâtre détersif et résolutif, composé de
pard’Arcet père, Rouelle, Marquer, Lavoisier et plu- litharge , de sulfate de zinc , d’huile d’olive et de
sieurs autres savants. Lavoisier s’assura que le dia- cire vierge.On en fait une espèce de cérat, et on
mant donne de l’acide carbonique comme le charbon l'emploie comme astringent et résolutif.
de bois, et qu’il est, par conséquent, formé de car- DIAPASON (du grec dia, avec, par, etpo^, tout). —
bone. Déjà Newton, se fondant sur certaines considé- C’était, chez les Grecs, le nom de l’octave.
On
rations optiques, avait émis l’opinion qu’il devait être donne aujourd’hui ce nom à l’étendue d’une voix ou
d’un instrument, c.-à-d. à la série des notes
qu une
combustible. De nos-jours, on a tenté, mais sans succès
voix ou un instrument peut faire entendre.
Chaque
jusqu’ici, de produire le diamant artificiellement.
particulier.
Ou appelle diamants d’Alençon des cristaux de VOIX, chaque instrument, a son diapason
quartz hyalin d’une grande limpidité, que l’on On appelle encore diapason un petit instrument
, , ,

DIAP — 499 — DIAÏ


composé d’une tige d’acier à deux branches, courbée DIAPRUN (de diaprée, espèce de prune), élec-
en forme d’ü , longue de huit ou neuf centimètres, tuaire laxatif et purgatif dont le principal ingrédient
plus rapprochée en haut qu’en bas, et disposée de pulpe de pruneaux. On distingue le D. simple,
est la
manière à faire résonner constamment et sans la composé de polypode, de fleurs de violette, de se-
moindre altération le ton de la, lorsqu’on le frappe mences d’épine-vinette et de réglisse, de roses de
contre un corps dur et qu’on le pose sur un corps Provins, bouillis avec des pruneaux et du sucre; et
sonore. C’est sur ce régulateur que l’on accorde tous le D. résolutif, qui résulte du mélange du diaprun
les instruments. simple avec de la scammonée en poudre.
DlAPÊDpSE (du grec dia'pédaô, traverser) , hé- diarrhée ( du grec diarrhéô , couler de toutes
morragie cutanée, transsudation ou exlialation de parts), vulgairement dévoiement , cours de ventre.
sang , sous forme de rosée , à la surface de la peau On confond généralement sous le nom de diarrhée
ou de toute autre membrane. C’est, dit-on, la ma- des affections diverses qui n’ont de commun que la
ladie dont mourut le roi Charles IX. fréquence et la liquidité des déjections alvines. La
DIAPÈRE (du grec diapeirô, transpercer), Dia- diarrhée n’est le plus souvent qu’un symptôme de
peris genre de Coléoptères hétéromères , famille l’entérite ou d’un accroissement anormal de la sen-
des Taxicornes ; antennes composées d’articles en sibilité de la membrane muqueuse intestinale. On
forme de disques enfilés par leur centre; corps la combat parles mêmes moyens. Cette affection
ovoïde et bombé; tête courte et triangulaire; écus- peut être produite par l’usage d’aliments indigestes,
son très-petit; pattes de largeur moyenne. Ces in- de remèdes purgatifs, par l’impression du froid, etc.
sectes vivent dans l’intérieur des champignons. L’enfance, la faiblesse de la constitution, le tempé-
DIAPHANEITÈ (du grec dia,k travers, et phaino, rament lymphatique, par.aissenty prédisposer. Sa
briller), ou transparence , propriété qu’ont certains durée est de 4 à 7 jours, et sa terminaison favorable.
corps, tels que l’air, l’eau, le verre , le diamant , le D1ASCÉVASTE (du grec diascévazô, arranger),
talc, le cristal, etc., de laisser passer librement les nom donné à ceux qui, avant les grammairiens de
rayons lumineux à travers leur masse , phénomène l’école d’Alexandrie, s’occupèrent de retoucher, d’ar-
que les savants attribuent au résultat de la rectitude ranger et même de continuer les poésies d’Homère
des pores à travers lesquels le fluide lumineux se et des poètes cycliques.
crée un libre passage. Les corps diaphanes sont op- DIASCORDIUM (du grec dia, avec, et du latin
posés aux corps opaques, à travers lesquels la lu- scordium, sorte déplanté), électuaire dont les feuil-
mière ne pénètre pas; ils diffèrent des corps translu- les de scordium sont la base , et dans lequel on fait
cides, comme l’agate, en ce que ceux-ci ne transmet- entrer des roses rouges, de la bistorte, de la gen-
tent à travers leur masse qu’une lumière diffuse. tiane, de la cannelle, du galbanum, du gingembre
DIAPHORESE (du grec diaphoréô, répandre), et de l’extrait d’opium. Cet électuaire, à
une odeur
surexcitation de la peau qui a pour effet de déter- et d’une saveur désagréables , est employé comme
miner des sueurs plus ou moins abondantes c’est un
: astringent et sédatif, surtout contre les diarrhées
état moyen entre la simple transpiration et la sueur. abondantes, soit en boisson, soit dans du pain azyme.
DIAPHORÈTIQUE (même étymologie). On donne D1ASPORE du grec diasporas, dispersé), miné-
(

ce nom à des sudorifiques de peu d’énergie ou ad- ral composé d’alumine et d’eau, avec quelques traces
ministrés à faible dose. Voy sudorifique. d’oxyde de fer. 11 se présente ordinairement en la-
DIAPHRAGME (du grec dia, ktro.'iori,otphragma, mes jaunâtres ou brunâtres, un peu fibreuses, à la
cloison) ,
muscle impair, membraneux ,
mince , cassure quelquefois vitreuse. Exposé au feu , il se
aplati, très-large, obliquement situé entre le thorax dissipe en une multitude de parcelles : d’où son nom.
et l’abdomen, qu’il sépare l’un de l’autre, comme Le Diaspore se trouve dans les terrains granitiques.
une cloison. Le centre de ce muscle est occupé par DlASTASE(dugrec diastasis, séparation, disjonc-
une large aponévrose, à laquelle on a donné le nom tion). Les Chirurgiens appellent ainsi la séparation
de centre phrénique, et qui reçoit les fibres nées de deux os qui étaient contigus, comme le cubitus et
de la circonférence du thorax, et dont la réunion le radius , le tibia et le péroné. —
Les anciens dési-
forme les piliers du diaphragme. Ce muscle pré- gnaient par ce mot le gonflement des veines vari-
sente deux ouvertures l’une en avant, appelée ou-
: queuses , et le temps où il s’opère quelque change-
verture œsophagienne, est traversée par l’œsophage; ment dans les maladies.
l’autre, en arrière, dite ouverture aortique donne En Chimie, on nomme Diastase une substance
passage à l’aorte, au canal thoracique et à la veine azotée neutre, découverte en 1833 par MJM. Payen
azygos. Le diaphragme maintient les viscères ren- et Persoz : elle est contenue, selon eux, dans toutes
fermés dans la poitrine et l’abdomen. Lorsqu’il se les céréales germées, et a la propriété de transfor-
contracte, ses libres, de courbes qu’elles étaient, mer rapidement la fécule en dextrine et en sucre,
deviennent droites; alors il s’abaisse et la poitrine est et de la séparer ainsi des substances insolubles avec
agrandie pour recevoir Pair : c'est ce qui le fait lesquelles elle serait mêlée. On peut l’extraire de
nommer muscle inspirateur; lorsqu’il se relâche, l’orge germée à l’aide de l’eau; elle est blanche,
il est repoussé vers la poitrine par les viscères
abdo- non cristalline, très-solnblo dans leau, insoluble
minaux. Le diaphragme joue un rôle essentiel dans dans On n’en connaît pas la com-
l’alcool concentré.
le soupir, le bâillement, l'anhélation, la toux,l’6ter- position. attribue à la diastase la transformation
On
nûment, le rire, le sanglot, le hoquet, le vomissement, qu’éprouve la fécule dans les céréales à l’époque de
les actes de flairer, crier, chanter, etc. Cet organe la germination.
n'existe chez les oiseaux qu'.’i l'état rudimentaire. DIASTOLE (du ^oodiastolâ, dilatation), mouve-
On nomme encore Diaphragme : 1® en Optique ment par lequel le cœur et les artères se dilatent
un anneau qu’on place au foyer commun de deux pour livrer passage au sang. Diastole est opposé à
verres d’une lentille, pour intercepter les rayons Systole, qui indique le resserrement de ces organes.
h’op éloignés de l’axe et qui pourraient rendre les DIATESSARON (du grec dia, par le moyen de,
images confuses sur les bords; —
2® en Botanique, et tessara, quatre), électuaire composé essentielle-
toute lame qui partage un fruit capsulaire en plu- ment de quatre médicaments : racines de gentiane
sieurs loges ou parties; —
3® en Mécanique, un dis- et d’aristoloche ronde , baies de laurier et myrrhe.
que plus Ou moins mince qui interrompt la commu- Ce médicament, qu’on appelait aussi thériaque dia-
nication dans le canal d’un tube cylindrique, tel tessaron, était recommandé contre les piqûres et
qu’un tuyau de pompe, de lunette, etc. Les soupapes morsures d’animaux venimeux.
des pompes sont portées par des diaphragmes percés. DIATHERMANE (du grec dia, à travers, et ther-
DIAPREE, espèce de prune. Voy. prune. mos, chaud , se dit en Physique , par opposition
)
, , , , , ,

DICH — 500 — DICO


aux substances athermanes des substances qui li- mille des Commélinées, originaire duBrésil. Ce sont
vrent passage à la chaleur rayonnante , comme les des plantes herbacées, à feuilles lancéolées, et à fleurs
substances diaphanes livrent passage à la lumière. en grappes terminales. On en connaît une espèce cul-
Le sel gemme , la chaux fluatée , le spath d’Islande tivée, fleurissant en France depuis 1829 ; c’est la D.
et le cristal de roche sont des substances diather- à fleurs en thyrse. Sa tige part d’un tubercule
manes , tandis que l’alun , l’eau pure et surtout les charnu, et monte à un mètre au plus; elle est cylin-
métaux opaques sont des substances athermanes. drique, d’un vert foncé. De chaque articulation sort
DIATHESE (du grec diathèsis, disposition), état une gaine tachée de brun pourpre ; au sommet de
de l’économie animale en vertu duquel on est disposé une panicule florifère, inodore, char-
la tige s’élève
à contracter une espèce déterminée de maladie , qui gée de ramifications cylindriques , courtes , et por-
se reproduit dans diverses parties du corps sous des tant à leurs extrémités trois à cinq fleurs d’un bleu
formes semblables ou variées. On distingue D. can- lilas à l’extérieur, blanches à l’intérieur, et vertes
céreuse, tuberculeuse, purulente, syphilitique, etc. à l’extrémité de chaque pétale.
— M. le D' Baumès a donné un Traité estimé des DICHOTOME (du grec dicha, en deux parties, et
Diathèses, Lyon, 1853, in-8. tomè, division), se dit, en Botanique, des parties qui
DIATOME (du grec dia, en travers, et tomé, se divisent et se subdivisent en deux on nomme tige
:

coupe) , genre d’Algues composé de segments ou dichotome, celle qui, d’abord simple, se bifurque en
de lames formant d’abord un petit filament simple 2 branches, dont chacune se subdivise encore en 2
et très-comprimé, et qui, ensuite, en se disjoignant branches, jusqu’au sommet. La tige du gui, de l’œil-
dans leur longueur, présentent la figure d’un zig- let, les pédoncules du fusain, etc., sont dichotomes.
zag. Les Diatomes forment sur les plantes aquati- En Astronomie, ce mot désigne l’état de la lune
ques des fontaines ou de la mer un duvet roussàtre, lorsque la moitié de cet astre est seule visible.
de couleur ferrugineuse, qui devient verdâtre par la En Logique, on appelle division dichotomique,
dessiccation. Le D. floconneux est l’espèce la plus classification dichotomique, celles qui procèdent

commune dans nos eaux douces. Le Diatome est le en divisant et subdivisant toujours de deux en deux.
type d’une tribu d’Algues qui a pris de là le nom
de Diatomées. Toutes les Diatomées se multiplient
— La Flore française de Lamarck offre un modèle
de méthode dichotomique appliquée à la Botanique.
par simple déduplication. DICHROA (du grecdiv, deux fois, et chrôa, cou-
DIATONIQUE (du grec dia, par, et tonos, ton). leur), genre de la famille des Rosacées, renferme un
On appelle ainsi, en Musique, le mouvement ou la arbrisseau de la Cochinchine, la D. fébrifuge, dont
gamme qui procède par tons et demi-tons alterna- les feuilles et les racines sont employées par les na-
tifs, par opposition au mouvement ou à la gamme turels comme un bon fébrifuge. Elles sont émétiques
chrvmatiquej qui ne procède que par demi-tons. et purgatives. Les fleurs de cette plante sont blan-
DIATRIBE (du grec rfiafriôé, frottement, examen). ches en dehors, bleues en dedans ce qui a valu au
:

Ce mot, qui, dans son acception primitive, se donnait genre le nom qu’il porte.
aux entretiens philosophiques, à l’examen sérieux DICUROISME (du grec dis, deux, double, et chrôa,
d’un ouvrage d’esprit, a été plus tard spécialement couleur), propriété optique des minéraux à double
appliqué à toute critique amère et violente. réfraction , qui consiste en ce que, si Ton regarde au
DIAULE (du pec dis, deux, eXaulos, flûte ou car- travers parallèlement aux axes, ces minéraux pré-
rière), double flûte en usage chez les anciens. F. flûte. sentent une certaine couleur ; et si Ton regarde au
Mesure de longueur, valant 2 stades (370 mètres). travers dans un autre sens , ils présentent une au-
C’est l’espace que parcouraient ordinairement les tre couleur : la cordiérite, par exemple, ou fahlu-
coureurs à pied dans les jeux publics de la Grèce. nite, est dans un sens du plus beau bleu de saphir,
DICÉE (nom d’un oiseau cité par Elien), Dicœum, et dans un autre sens, d’un blanc jaunâtre tirant sur
genre de Passeï eaux, de la famille des Ténuirostres, le(brun ce qui lui a fait donner le nom de dichroïte.
au bec court, dentelé à la pointe, élargi à sa base et — ;

On nomme uwicAroïfex les substances qui ne pro-


un peu arqué aux narines petites et arrondies aux
-,
duisent pas de double réfraction; trichrdites celles
;
ailes obtuses. Les espèces connues sont toutes des qui, comme la topaze, présentent 3 couleurs différen-
îles de l’archipel du S. E. de l’Asie et de l’Océanie. en présentent davantage.
tes ijBo/j/c/irot <65, celles qui
Leur taille est petite, et leurplumage teint, pour la DICLINE (du grec dis, deux, et clinê, lit), nom
plupart, du rouge le plus vif. Le D. noir habitela donné aux plantes dont les organes sexuels, mâles et
Nouvelle-Guinée; sa longueur est de 1 décimètre. femelles, ne sont pas réunis dans chaque corolle ou
DICERATE (du grec âis, deux, et céras, corne), dans chaque fleur, mais sont distincts sur des fleurs
Diceras, genre de Mollusques acéphales, de la fa- différentes. Ces fleurs, dites unisexuées, sont appe-
mille des Cardiacés, est composé de grandes coquil- lées monoïques lorsqu’elles habitent sur la même
les bivalves irrégulières, et à sommets coniques con- plante [monœcie de Linné), et dioïques lorsque les
tournés de manière à simuler une paire de cornes. organes mâles existent sur un pied , et les organes
Ces coquilles diffèrent surtout des Cames par la lar- femelles sur un autre (diœcie). L’Epinard, par
geur et la puissance de leur charnière. On ne les exemple, est monoïque , tandis que le Chanvre est
rencontre qu’à l’état fossile. La D. ariétine [D. arie- dioïque. Dans la Méthode naturelle des plantes, les
tina) est commune à Saint-Michel (Meuse), et au plantes diclines forment la 15' et dernière classe,
mont Salève près de Genève. qui renferme les Euphorbiacées, les Cucurbitacées
DICHOBUNE (du grec dicha, séparément, et bou- les Urticées, les Amentacées et les Conifères.
no3 colline, à cause des tubercules distinats qu’of- DICORDE, instrument des anciens, surtout des
frent leurs molaires), sous-genre d’Anoplothériums, Égyptiens, était monté de deux cordes, et avait la
de la classe des Mammifères, ordre des Pachyder- forme d’\in luth aplati avec un long manche.
mes, connu seulement à l’état fossile, et dont la dé- DICOTYLÉDONÈES (du grec dis deux, et co-
couverte est due aux recherches de Cuvier. Il ren- tylédôn, cotylédon), 3e grande division des végétaux
ferme plusieurs espèces , toutes de petite taille. Ces dans la classification de Jussieu, comprend tous ceux
espèces sont le D. lièvre, dont les formes et la di- dont la semence est à 2 lobes, dits cotylédons ou
mension rappellent celles d’un lièvre le D. rongeur,
;
feuilles séminales, qui se montrent ordinairement à
gros comme un cochon d’Inde, et le D. oblique de la surface du sol au moment de la germination, C est
la même dimension et remarquable par l’obliquité
,
la division la plus nombreuse ; elle renferme à elle
des branches de sa mâchoire inférieure. seule les quatre cinquièmes des plantes connues. Ou
DICHORISANDRE (du grec dichoria en deux les a appelées aussi Exogènes ( Voy. ce mot).
En
groupes, et aner,andros, étamine), genre de la fa- général, les plantes dicotylédonées se distinguent à
, , — , ,

DICT 501 DIDA


leur radicule rameuse , à leur tronc formé de cou- de Henri Estienne (1572), réédité par MM. Didot
ches concentriques, à leurs feuilles à nervures rami- (1840-48), et les lexiques abrégés de Schrevelius,
fiées et aux divisions de leurs fleurs ordinairement de Hederich, de Schneider, de MM. Planche, Yen-
au nombre de cinq ou multiples de cinq. On les a del-Heyl, Alexandre. — Un des plus anciens diction-
divisées en trois classes 1“ les
: subdivisées naires français est celui de J. Nicot (1572), après
en eÿwfamîKie (étamines épigynes), péristaminie lequel il faut citer le Lexique de, R. Cotgrave (Lon-
hypostaminie ( hypogynes ) ; 2» les dres, 1632) et les Origines ou Etymologies fran-
,
Monopétales, subdivisées en hypocoroUie (à corolle çaises de P. de Cazeneuve (1652). En 1694 parut le
hypogyne), péricorollie (périgynes), et épicorollie premier Dictionnaire de l’Académie seul code de
,

(épigynes), synanthérie (anthères réunies), choris- notre langue , dont la dernière édition a paru en
anthérie (anthères distinctes); 3° \es Polypétales, 1835. On remarque aussi en ce genre les travaux de
subdivisées en épipétalie (étamines épigynes), hy- Richelet,de Furetière, de Panckoucke, de Boiste,
popétalie (hypogynes), et jie'«)pe'fa//e (périgynes). —
de Gattel, de Laveaux, de Nodier, etc. A l’étranger,
DICRANE (du grec dicranos fourchu), Dicra- on cite surtout : en Allemagne , le Dictionnaire
num genre de Mousses acrocarpes, type de la tribu grammatical et critique d’Adelung (1786); en An-
des Dicranées. On la trouve ordinairement, sous gleterre, le Dictionnaire de la langue anglaise de
forme de gazon, sur la terre et sur les rochers. Johnson (1775), les D.angl.-fr. de Boyer, deCham-
DICROTE (du grec dis, deux fois, et crotos, bat- baud, de Spiers, etc.; en Italie, le Dictionn. des aca-
tement), nom donné au pouls qui, à certaines pulsa- démiciens délia Crusca (1612), cent fois réédité et
tions, semble battre deux fois, tel que le marteau qui complété les Dictionnaires classiques d’Alberti
;

frappe l’enclume, rebondit et achève son coup. On d’Alberi, de Ronna, etc.; en Espagne, le grand
nomme aussi ce pouls rebondissant. On le regarde Dictionnaire de V Académie de Madrid, etc.
comme un signe d’hémorragie nasale ou gutturale. Dictionnaires de noms propres. Ces dictionnaires,
DICTAME ou mcTAMNE , Dictamus et Dictamnus. dont le nombre s’est prodigieusement accru depuis
Les anciens donnaient le nom de Dictame à une plante 60 ans, n’étaient pas non plus inconnus aux anciens :
célèbre, commune en Crète, du genre Origan, de la témoin te Dictionnaire biographique de Suidas et
famille des Labiées , à tige vivace, rameuse coton- le Dictionnaire géographique d’Étienne de Byzance.
,
neuse, s’élevant à 0“50, à feuilles orbiculaires, épais- Au XVI' siècle, Charles Estienne donna un Dictiona-
ses, blanchâtres et opposées; à fleurs disposées en rium historico-geographico-poeticum (1560) ; mais
çanicules quadrangulaires, blanches ou purpurines, c’est surtout à partir du xvii® siècle qu’on vit appa-
ison odeur est suave et aromatique, sa saveur amère, raître les plus importants ouvrages de ce genre :
âcreou piquante. Ses sommités fleuries passaient pour nous citerons seulement le Dictionnaire historique
avoir des propriétés merveilleuses on les regardait
: et géographique de Moréri (1673, doiuière édit., 1759,
surtout comme efficaces contre la morsure des ani- 1 0 vol. in-fol.) ,1e Dictionnaire historique et critique
maux venimeux. Les biches blessées par les traits des de Bayle (1697) , le Dictionnaire géographique de
chasseurs se guérissaient, disait-on, en mangeant des La Martinière (1726), le Vosgien, ic Dictionnaire his-
feuilles de dictame. Le meilleur se recueillait sur le torique de Chaudon et Delandine (1766 et 1810),
mont Ida : on en trouve aujourd’hui dans le midi de ceux de Barrai, de Ladvocat, de Mesnard et Desenne ;
l’Europe et de la France. la Biographie universelle des frères Michaud (1811-
Les Botanistes modernes nomment Dictamne, un 1852); la Nouvelle Biographie de MM. Didot (1852
genre de la famille des Diosmées, renfermant de etann. suiv.); et nolic Dictionnaire universel d’Bis-
belles plantes vivaces, à odeur forte, à feuilles al- toire et de Géographie, qui résume les précédents.
ternes, à fleurs blanches ou pourprées, réunies en Les Dictionnaires de choses sont pour la plupart
grappes terminales. L’espèce la plus remarquable est connus sous le nom ^Encyclopédies, quand ils em-
le Dictamnus albus, plus connu sous le nom brassent les différentes branches des connaissances hu-
de
Fraxinelle. Voy. ce mot. maines. Voy. ENCYCLOPÉDIE. Pour les dictionnaires
DICTATEUR , magistrat suprême que l’on élisait spéciaux de chaque science ou de chaque art, on les
temporairement à Rome dans les moments difficiles trouvera au titre de la matière dont ils traitent.
et qui était investi de pouvoirs illimités. Voy, ce mot DICTYOTE (du grec dictyon réseau), genre
au Dict. univ. d’Hist. et de Géogr. d’ Algues marines , section des Phycoïdées , type de
DICTIONNAIRE (du latin dictum, parole), recueil la tribu des Dictyotées, est caractérisé par ses feuilles
de mots ou de noms rangés par ordre alphabétique. réticulées, vertes, sans nervures, et ses capsules en pe-
Le dictionnaire ne doit pas être confondu avec le tites masses éparses. La substance qui forme ces Al-
vocabulaire, simple nomenclature de mots, sans gues consiste en un réseau irrégulier très-fin, invisible
explication raisonnée ; avec le lexique, recueil de à l’oeil nu, et soutenu par un réseau plus apparent.
mots de langues étrangères surtout du grec ou de DIDACTI(}UE (du grec didaskô, enseigner), se
,
l’hébreu; avec le glossaire, recueil et commentaire dit de tout ouvrage, soit en prose, soit en vers, qui
de rnots vieillis et de locutions abandonnées. a pour objet d’instruire , d’enseigner les principes
Dictionnaires de mats. Les plus anciens ouvrages d’une science, les règles et les préceptes d’un art. Les
de ce genre sont le traité de Yarrou, De differentia écrits d’Aristote sur la Logique, sur la Poétique et
verborum, espèce de dictionnaire de synonymes; sur la Rhétorique, les livres de Cicéron sur l’Art de
celui de Verrius Flaccus, De significatione verbo- l’orateur, les Institutions oratoires de Quintilien, le
rum, abrégé plus tard par P. Festus; ï Onomasticon Traité des études de Rollin, le Coui's de Belles-
de Pollux, composé vers l’an 180 de J.-C. le Dic- Lettres de Blair, le Cours analytique de littérature
;
tionnaire grec d’Hesychius, vers 600. Au moyen âge, de Lemercier, sont d’excellents ouvrages didactiques.
on ne cite guère que V Elementarium rudimentum La dénomination de didactique s’applique parti-
de Papias (1053), et des lexiques français sans im- culièrement à un genre de poésie dont le principal
portance. En 1502 parut le Dictionnaire polyglotte but est d’instruire. Les Géorgiques de Virgile, VArt
d’Annbr. Calepin, plusieurs fois refondu et augmenté poétique de Boileau, plusieurs des poëmes de Ûelille
depuis. Yinrent ensuite le Thésaurus linguæ latince appartiennent à ce genre de poésie.
de R. Estienne (1531), le Lexicon totius latinitatis DIDACTYLES (du grec dis, deux fois, et dactylos,
de J. Facciolato (1720), refondu par Forcellini doigt), se dit, en Zoologie : 1° des animaux qui ont
(1771), et refait depuis par Scheller et par Freund; deux doigts à chaque pied, comme l’unau, parmi
et les Dictionnaires classiques de Boudot, de Noël, les mammifères ; l’autruche, parmi les oiseaux ; —

deWailly,Daveluy et Quicherat. En grec, nous cite-
rons, entre autres, le grand Thésaurus linguæ grœcæ
2° des parties divisées en deux autres, comme les mâ-
choires de certaines araignées. Klein avait donné le
, , , ,

DIÉT — 502 — DIEU


nom de Didactyles à une classe dans laquelle il avait raisonné et méthodique de toutes les choses essen-
réuni les chameaux et des paresseux à deux doigts. tielles à la vie, soit en santé, soit ep maladie; elle
DIDASCALIES (du grec didascalia, enseigne- comprend tout ce qui a rapport à l’air, aux ali-
ment), nom donné par les Grecs aux représentations ments, à l’exercice et au repos, au sommeil et à la
théâtrales, aux écrits qui avaient pour objet la scène, la veille , etc. Dans une acception plus restreinte,
aux pièces dramatiques , à l’art du théâtre en gé- c’est la partie de la thérapeutique qui s’occupe de la
néral, etc., parce que le poète se chargeait lui-même nourriture des malades exclusivement. Le plus—
du soin de faire apprendre [didaskein) sa pièce aux souvent, le mot diète est employé comme synonyme
artistes que le chorége mettait à sa disposition. à' abstinence et signifie alors privation d’aliments
DIDELPHES (du grec dis, double, et delphys, imposée à un malade. —
Souvent aussi on désigne
;

par le mot diète l’usage habituel de certaines sub-


j

utérus), famille de Mammifères établie par Blain»


;

ville, et qui comprend tous les animaux à double ges- stances alimentaires on dit, par exemple, la diète
: I

tation, l’une utérine et l’autre mammaire. Ce groupe lactée ; ce mot est alors synonyme de régime.
répond à l’ordre des Marsupiaux de Cuvier. Voy. La nature elle-même indique la diète ou l’absti- I

MARSUPIAUX et SARIGUE. nence dans les maladies aiguës, qui s’accompa-


'

DIDISQÜE (du grec dis, deux fois, et discos, gnent toujours de la perte de l’appétit. Dans beau-
'

disque), Didiscus, genre de la famille des Ombel- coup de cas, la diète seule peut amener la résolution
lifères, renferme des plantes herbacées, à feuilles de la maladie. —
La diète doit être fort sévère au
lobées, à lobes incisés, à fleurs en ombelles, bleues début des maladies fébriles , et pendant leur déve-
ou blanches. Le D. bleu, apporté récemment de la loppement. On peut commencer à permettre des
Nouvelle-Hollande, commence à être cultivé dans aliments aux malades quand la fièvre a cessé et que
les jardins. Ses fleurs sont d’un beau bleu d’azur. la faim reparaît on débute par des bouillons,
;

DIDRACHME , poids et monnaie des Grecs, valant auxquels plus tard on incorpore des fécules puis, ;

deux drachmes. Voy. drachmes. on arrive aux panades, au régime lacté, aux pois-
DIDYME (du grec didymos, double, jumeau), sons, aux légumes farineux; puis aux viandes blan-
épithète appliquée en Botanique aux organes com- ches et autres plus nutritives ces aliments doivent
:

posés de deux parties arrondies et réunies par un être préparés simplement et sans épices. On permet
point à leur sommet. Les anthères de l’épinard, de en même temps une petite quantité de vin vieux
l’euphorbe, sont didymes. coupé avec autant d’eau ordinaire, et souvent avec '

Métal peu connu qui accompagne presque tou-


,
un peu d’eau de Seltz. —
Dans les maladies chroni- ;

jours le cérium. 11 a été découvert en 1842 par ques on a recours à la diète lactée, au régime fé-
M. Mosander. culent, aux viandes blanches, aux légumes, etc.
DIDYNAMIE (du grec dis, deux, et dynamts, DIÈTE, assemblée politique. Voy. ce mot au Dict. '

puissance), 14® classe du système de Linné, est ca- univ. d'Hist. et de Géogr.
ractérisée par quatre étamines, dont deux sont plus DIÉTÊRIDE (du grec diétéris, année double), .

grandes que les deux autres. Elle se divise en deux nom que les Athéniens donnaient à un cycle formé i

ordres , la gymnospermie et l’angiospermie. par la réunion de deux années lunaires, à la se- . i


DIEDRE (angle), du grec dis , deux , et ecfm conde desquelles ils ajoutaient un mois de 22 jours, ^
base : angle formé par deux plans qui se coupent : nommé deuxième posidéon, pour faire concorder |
on l’appelle aussi angle a aeux faces, angle plan. l’année lunaire avec l’année solaire.
DIERESE (du grec c/iaiVesw, division). On nomme DIÉTÉTIQUE (de diète), partie de la médecine j
É
ainsi en Grammaire la division d’une diphthongue qui donne les règles à suivre sur la diète ou régime a
en deux syllabes, comme auldi pour aulœ : on l’op- à suivre pour conserver ou rétablir la santé. Voy. m
pose à Synérèse. DIÈTE et HYGIÈNE.
En Chirurgie, la diérèse est une opération qui DIÉTINE (diminutif de diète), assemblée de la ;

consiste dans la séparation des parties réunies con- noblesse polonaise des palatinats , des provinces et i

tre l’ordre naturel, ou de celles dont la division ou des districts, qui avait le privilège de nommer et i

la dilatation sont nécessaires pour le rétablissement d’envoyer des nonces à la diète de la nation.
de la santé. La diérèse a lieu par incision, par ponc- DIEU, TÉtre suprême, créateur et conservateur de
tion, par divulsion, par cautérisation, etc. On ap- l’univers. La science s’accorde avec la religion poiu’ le
pelle Diérétiques tous les agents mécaniques ou chi- définir « un esprit éternel, immuable et infini, qui
: ÿ
miques propres à opérer la division d’un tissu. est présent partout, qui peut tout, qui voit tout, qui J
DIESE (du grec diésis, action de faire passer au a créé toutes choses et qui les gouverne toutes. » La ;
J
delà), signe musical qui s’écrit ainsi science de Dieu est la Théologie, qu’on appelle Théo- /
ÿ , et qui, I

'
placé a La gauche d’une note, indique qu’elle doit logie naturelle quand on la considère au point de |

être élevée cTmi demi-ton, sans changer de nom ni vue purement philosophique, et r/(éorficee, quand on
de degré. Les dièses placés à la clef marquent les étudie les rapports de Dieu avec le monde moral. Elle
modifications que doit subir l’ordre des demi-tons comprend deux questions principales : celle des preu-
dans la gamme et déterminent ainsi le ton dans le- ves de l’existence de Dieu, et celle de ses attributs. '

quel tout le morceau est écrit. Ainsi, dans la gamme Les preuves de l’existence de Dieu ont été parta- |

de sol, pour qu’il y ait cinq tons et deux demi-tons gôes en trois classes Pr. physiques, Pr. métaphy-
:

comme dans la gamme en ut majeur, il faut mettre siques et Pr. morales. Les Pr. physiques se tirent :
un dièse. Les dièses se placent de quinte en quinte soit du mouvement de la matière, qui ne peut s’ex-
|

en montant. Le double dièse élève d’un demi-ton la pliquer que par l’impulsion d’une cause première;
note déjà diésée. soit de l’harmonie du monde, qui , dans l’ensemble !

Dans musique des anciens, le mot diésis était


la comme dans les parties , atteste un dessein profond
le nom d’un petit intervalle que nous appelons et proclame un ordonnateur suprême : cette dé-
comma. Cet intervalle résultait de la différence de monstration par l’harmonie de la nature est ce qu’on
deux sons approximatifs, comme ré bémol et ut nomme aussi l’argument des causes finales. Les P?’. )

dièse ; ses proportions se déterminent par 128 ; 125. métaphysiques se fondent sur certaines idées néccs- :

On disünguait le diésis enharmonique mineur, qui saires qui sont du domaine de la métaphysique , ;

haussait la note d’un quart de ton le chromatique, comme celle de l’existence par soi, de la perfection : )
;
qui l’élevait d’un demi-ton mineur; et Venharmo- tel est l’argument présenté per Descartes dans le
j

nicme majeur, qui l’élevait de trois quarts de ton. Discours de la méthode et dans les Méditations, et I

DIÈTE (du grec diaita, même signifie.). Dans qui consiste à soutenir que, l’homme ayant l’idée du |

son acception la plus générale, la diète est l’emploi parfait et n’ayant pu la puiser ni dans la connais- |

j
, , ,

DIEU — 503 DIFF


sance de son être, qui n’est pas parfait, ni dans celle de Leibnitz (Essais de Théodicée) de Clarke (Traité
du inonde, qui ne l'est pas davantage, il faut néces- de l’existence de Dieu),Aé Ch. Bonnet (Contem-
sairement que cette idée ait été mise en lui par plation de la nature), de 'W. Paley (Théologie na^
l’être parfait; d'où il suit que cet être, ou Dieu, turelle). On doit à M. Bouchitté une Histoire des
existe. La Pr. moi'ale repose sur le consentement preuves de l’existence de Dieu. Voy. théologie.
de l'humanité, qui a partout et toujours adoré un DIEUX. Les païens adoraient une foule de dieux :
être supérieur, comme le témoignent les religions, Hésiode en porte le nombre à plus de trente mille.
les langues, les littératures, les codes et les arts. Tous les objets qui inspiraient la reconnaissance ou
— On a aussi divisé les preuves de l'existence de la crainte, tous ceux qui pouvaient être utiles ou
Dieu en preuves à priori, et preuves à posteriori : nuisibles à l’homme, furent l’objet d’un culte : c’est
celles-là, indépendantes des données d« l'expérience, ainsi que les Grecs adoraient le soleil sous le nom
celles-ci, qui en dépendent; les premières se con- d’Apollon; la lune, sous celui de Diane; les eaux,
fondent avec les preuves métaphysiques , les secon- les arbres des forêts, sous ceux de Naïades, d’Ha-
des avec les preuves physiques et la preuve morale. madryades. Chaque peuple , selon ses besoins et
Kant distingue : 1® une Pr. ontologique : c’est la l’état de ses connaissances, se créa des dieux dont les
preuve métaphysique sous un autre nom ; 2® une formes et les attributs varièrent à l’infini, ainsi que
Pr. cosmologique, qui de l'existence contingente du les fonctions. Ces dieux étaient sujets à toutes sortes
inonde conclut celle d’un être nécessaire; 3® une de passions, à l’amour, à la haine, à la colère, à l’en-
Pr. physico-théologique ou téléologique : c’est l’ar- vie, etc. On les apaisait par de l’encens et par des
gument des causes finales. sacrifices, quelquefois sanglants. On adora d’abord
Les attributs de Dieu ont été classés en métaphysi- les astres; ensuite les plantes et les animaux furent
ques, intellectuels et moraux : métaphysiques, tels l’objet du culte des hommes. Souvent même on plaça
que l’unité, l’infinité, l’éternité; intellectuels tels au rang des dieux les rois, les empereurs, ou les
que l’intelligence, l’omniscience, la prescience ; mo- hommes qui avaient rendu des services à l’humanité.
raux, tels que la puissance, la liberté, la sagesse, la Plus tard, on adora les vices et les vertus, ainsi
bonté, la providence. On les démontre, comme l’exi- qu’une foule d’abstractions sous forme de divinités
stence de Dieu , par des arguments à priori, tirés de allégoriques. On finit par adorer des dieux inconnus.
l’essence de Dieu, et par des arguments à posteriori, ti- Les Romains avaient deux sortes de dieux : les
rés de la contemplation de l'univers. C’est dans les trai- grands dieux (dii majorum gentium), et les dieux
tés spéciaux qu’il faut chercher ces démonstrations. subalternes (dii minorum gentium). Les premiers
Quoique naturelle à notre esprit, au point que étaient au nombre de douze : six du sexe m.isculin
Descartes l’a supposée innée, l’idée de Dieu s’est res- (Jupiter, Neptune, Mars, Mercure, Vuioain , Apol-
sentie des divers degrés de barbarie et de civilisa- lon ), et six du sexe féminin (Vect'a, Jnnon, Cérès,
tion que l’espèce humaine a traversés. Dans les Diane, 'Vénus, Minerve); h» rangeaient parmi les
temps anclciit, les paiens rétendaient à une multi- seconds tous les autres dieux adorés sur la terre. Il
tude d'êtres ou d’objets auxquels ils attribuaient une y avait aussi les dii selecti : c’étaient Janus, Sa-
puissance divine : de là le polythéisme, appelé aussi turne, la Lune, Pluton et Bacchus; les dieux topi-
idolâtrie, à cause du culte rendu aux idoles; et le ques ou locaux, dont le culte était renfermé dans
fétichisme, qui règne encore aujourd’hui chez les une ville ou une contrée ; les dieux privés, qui veil-
nègres. Au sein de ces croyances grossières, i'an- laient sur la maison, sur la famille ou sur l’individu
thropomorphisme J qui fait la divinité à l’image de (les Lares, les Pénates, le Génie). Voy. au Dict.
l’homme, fut un premier progrès. Pour rendre univ. d’Hist. et de Géogr. le nom de chaque dieu.
compte du bien et du mal dans le monde, on ima- DIFFAMATION (de dis, part, priv., et du latin
gina un bon et un mauvais principe : de là le ma- fama, réputation), se dit, en Jurisprudence, de toute
gisme et le manichéisme. La philosophie grecque allégation ou imputation d’un fait de nature à por-
était arrivée de bonne heure à la notion d’un Dieu ter atteinte à l’honneur ou à la considération d’au-
unique, ou monothéisme. Ce dogme a fait dès les trui, que le fait soit vrai ou faux. Autrefois les dif-
,
teinps les plus reculés, le fond de la religion juive famateurs étaient punis de mort , des galères ou
;
mais c’est surtout le christianisme, et avec lui la phi- du bannissement. D’après les lois du 17 mai 1819 et
losophie moderne, qui a épuré l’idée de Dieu. Les du 25 mars 1822, qui rejettent la distinction précé-
anciens admettaient la coéternité de la matière et de demment établie entre le diffamateur et le calom-
Dieu ; les modernes conçoivent Dieu, non pas seule- niateur, la diffamation commise par des discours, des
ment comme ordonnateur du monde, mais comme cris , des dessins, des écrits ou des placards exposés
créateur. Par une rare exception, qui tient à un en- en public, est punie d’un emprisonnement qui peut
traînement de système ou à un coupable jeu d’es- varier, suivant les cas , de 5 jours à 2 ans, et d’une
prit, certains hommes ont nié Dieu : ce sont les amende de 50 à 3,000 fr. Voy. injure pitbliûue.
athées [Voy. athéisme) ; d’autres ont prétendu que DIFFÉRENCE. En Logique, c’est la qualité essen-
Dieu est tout, c.-à-d. qu’il constitue, par le dévelop- tiellequi distingue entre elles les espèces d'un même
pement infini de son essence, toutes les parties du genre c’est où ajoutant la différence au nom du
;

monde, lesquelles n’auraient de vie qu’eu lui et par genre que l’on définit. Voy. définition.
lui : ce sont les panthéistes [Voy. ce mot) ; ou bien En Mathématiques , on nomme différence l’excès
encore ils ont dit que tout est Dieu, c.-à-d. que Dieu, de grandeur d’une quantité sur une autre, c.-à-d.
au lieu d’exister à part, ne serait que l’ensemble de ce qui reste lorsqu’on a retranché une quantité d’une
la nature
,
qu’on se figurerait douée d’une vie di- autre quantité. On appelle encore ainsi les quanti-
vine ; c’est le naturalisme. Entre ces deux excès, tés infiniment petites. — Le calcul des différences
de nier Dieu ou de l’identifier au tout , il y a lo a pour objet les lois de l’augmentation ou de la di-
théisme affirmation de l’existence de Dieu , qu’on minution de grandeur qu’éprouve une fonction quel-
est convenu de distinguer du déisme, en attachant conque de quantités variables lorsqu’on augmente
à ce dernier mot l’idée de la négation de toute reli- ou qu’on diminue ces grandeurs variables. L’étude
gion révélée. Voy. déisme. des quantités finies ou réelles qui servent d’accrois-
Il a été composé d’innombrables traités sur l’exi- sement aux quantités variables se nomme calcul des
stence etles attributs de Dieu. On ne peut ici que rap- différences finies. L’étude des quantités infiniment
peler les ouvrages classiques de Cicéron (De natura petites qui servent d’accroissement aux quantités
deorum] de Descartes (Méditations), de Fénelon variables est le calcul différentiel. Voy. ci-après.
Traité de l’existence et des attributs de Dieu), de En Marini, on nomme spécialement différence
i ossuet (De la connaissance de Dieu et de soi-même), l’excédant du tirant d’eau de l’arrière d’un batiment
, ,

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sur celui de l’avant. Uu bâtiment léger et désarmé a ventre) , nom donné aux muscles qui ont deux por-
une plus grande différence que ceux qui sont chargés. tions charnues réunies et serrées par un tendon inter-
— On mesure cette différence au moyen d’un instru- médiaire, au-dessus et au-dessous duquel elles se ren-
ment appelé Di ffér endomètre, etformé de deux tubes flent. On donne plus particulièrement ce nom à un
eu cuivre ou en plomb l’eau de la mer s’y introduit
: muscle en forme d’arc, situé obliquement à la partie su-
par un conduit en plomb placé en serpenteau; un périeure et latérale du cou, et qui a pour fonction d’a-
flotteur s’élève dans le tube, au niveau de la flottaison baisser la mâchoire inférieure et d’élever l’os hyoide.
du bâtiment, et marque le tirant d’eau sur une règle DIGESTE (du latin digerere , arranger, ordon-
divisée. Deux robinets placés au haut du tube ser- ner) , réunion en un seul corps, faite en 533 par ordre
vent à vider l’eau après l’opération et à empêcher le de Justinien, des décisions diverses données jusqu’à
mouvement du flotteur quand la mer est grosse. lui par les j urisconsultes romains. Le Digeste, composé
DIFFÉRENTIEL. En Mathématiques, on nomme de 50 livres , forme la première partie du droit ro-
quantités différentielles les accroissements infini- main , et a été traduit en grec, du temps même de
ment petits que subit une variable que Ton fait Justinien, sous le titre de Pandectes. — Dans les an-
passer successivement par divers états de grandeur. ciens livres de Jurisprudence, on trouve le Digeste
Ce nom de différentielle vient de ce qu’elle est en désigné par la formule abréviative D. ou par ff.,
général la différence infiniment petite de deux quan- formule corrompue de celle qui était usitée en grec,
tités finies dont l’une surpasse l’autre d’une quan- et qui consistait dans la première lettre du mot
tité infiniment petite. Pandectes , II.
On nomme Calcul différentiel la partie de l’ana- DIGESTEUR. Voy. marmite de papin.
lyse infinitésimale qui a pour objet de rechercher DIGESTIF. En Pharmacie , un digestif est une
les différentielles des grandeurs variables, et de espèce d’onguent composé de jaunes d’œufs, d’huile
trouver les rapports de ces grandeurs au moyen de de millepertuis et de térébenthine. On y ajoute quel-
ceux que les artifices du calcul amènent entre leurs quefois de l’onguent basilicum, delà teinture d’aîoès.
diflérenlielles. Voy. infinitésimal (calcul). On l’emploie pour favoriser la suppuration des plaies.
DIFFLUGIE (du latin diffluere répandre), digestif (appareil), l’ensemble des organes qui
genre d’infusoires de la famille des Rhizopodes, est concourent â la digestion , soit d’une manière im-
caractérisé par un test imitant celui des Mollusques médiate, soit en fournissant des matériaux pour
et par des bras d’un blanc de lait. L’espèce type, la l’élaboration des aliments. Chez l’homme, cet ap-
D. protéiforme, se rencontre dans les eaux peuplées pareil comprend la bouche, le pharynx, l’oesophage,
de plantes, et doit son nom à la propriété qu’elle a l’estomac, l’intestin grêle (duodénum, jéjunum,
de pouvoir rentrer à la fois tous ses bras dans son iléum), le gros intestin (ccecum, colon ascendant,
test, ou d en faiio sortir un ou plusieurs à volonté. descendant et transverse) ; et divers corps glandu-
DIFFORMITE (de dis, part. priv.,et de forme), leux (glandes salivaires, amygdales, pancréas, foie).
vice de la conformation extérieure du corps. Tels DIGESTIFS. F. stomachiques et cordiaux.
sont le bec de lièvre, Tacéphalie, la distorsion des DIGESTION (du latin digerere, diviser, dissou-
membres, la déviation de la colonne vertébrale, les dre), fonction en vertu de laquelle les substances
monstruosités de tout genre, etc. Les difformités sont alimentaires, introduites dans le corps des animaux,
congéniales ou accidentelles. L’ensemble des moyens y subissent une élaboration qui les partage en deux
propres à les guérir, ou du moins à les atténuer, portions, de destinations essentiellement différentes :
porte le nom dl Orthopédie Voy. ce mot.
. l’une servant à la réparation du corps, l’autre destinée
DIFFRACTION (du latin diff'ringere séparer en â être rejetée au dehors. Chez l’homme, après le tra-
rompant), déviation qu’éprouve la lumière en rasant vail préliminaire de la mastication, les aliments sont
les bords d’un corps opaque ; les rayons s’infléchis- transmis par la déglutition à l’œsophage, qui les con-
sent dans ces circonstances, et il en résulte non- duit dans l’estomac, où ils pénètrent parmi orifice dit
seulement une plus grande ombre , mais celle-ci est cardia. Là, le bol alimentaire est dissous par le suc
encore bordée de différentes couleurs. Le P. Gri- gastrique; ilsubiten même temps de douces pressions
maldi écrivit le premier sur la diffraction (Physico- de la part des parois membraneuses et contractiles de
mathesis de lumine, coloribus et iride, Bologne, l’estomac ; soumis à l’influence de la chaleur et de
1665) ; Young et Fresnel en ont étudié les lois. l’humidité, il se trouve, au bout de 4 ou 5heures, con-
DIFFUS , se dit, en Botanique, des branches, des verti en une pulpe grisâtre et homogène qu’on appelle
rameaux et des feuilles qui sont lâches et étalés, ainsi le chyme. Celui-ci passe, par petites portions, à tra-
que d’une panicule dans laquelle les pédoncules des vers une ouverture qu’on appelle le pylore , dans le
fleurs sont écartées : la tige de la fumeterre est diffuse. premier intestin ou duodénum, où sa présence pro-
Lumière diffuse. Voy. lumière. duit une excitation qui détermine un afflux de bile et
diffusibles [dedi/fundere, disperser), substan- de. fluide pancréatique, dont le contact lui fait subir
ces et médicaments volatils, tels que l’alcool, l’éther une seconde digestion. Ainsi élaborée par ces flui-
sulfurique , les huiles volatiles, qui se répandent fa- des, la masse chymeuse est poussée dans i intestin
cilement par tout le corps. ’Tous les diffusibles sont grêle , où les vaisseaux chylifères ou absorbants en
odorants, inflammables et sujets à s’évaporer. Éten- cxtraieul les éléments nutritifs, qui, SOUS le nom de
dus d’eau et pris à dose modérée, comme dans le thé chyle, sont portés dans le torrent de la circulation. A
et le café, ils procurent une vive excitation : ils ne mesure qu’il fournit à l’absorption, le

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