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Réforme fiscale : Pour un système fiscal

plus juste

H.E
12 Février 2007

Les grandes lignes de la dynamique de réforme fiscale au Maroc et les enjeux y afférents
ont donné récemment au patron du Fisc l’occasion de livrer son appréciation technique
de la chose.

La réforme fiscale au Maroc et sa dynamique actuelle à la lumière des enjeux économiques


nouveaux. Telle a été la trame de l’intéressant débat qu’a abrité, le mardi 6 février, la CFCIM
(Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc). L’institution a, en effet, invité
Noureddine Bensouda, directeur général des Impôts, à animer, devant ses membres, un
exposé très attendu sur le train de mesures initiées par les pouvoirs publics pour moderniser
l’arsenal fiscal tout en optimisant son rendement. Le patron de la Direction générale des
Impôts a d’emblée expliqué que la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) fait partie des grandes
priorités de la réforme fiscale que l’Etat entend mener à bien. Une taxe «qui permet un
élargissement significatif de l’assiette», devait notamment expliquer Bensouda qui a par
ailleurs mis l’accent sur un autre volet essentiel de ladite réforme, en l’occurrence l’IR (impôt
sur le revenu), estimant qu’il «nécessite un important effort d’amélioration de la répartition
de la charge fiscale». Le manque à gagner relatif aux exonérations fiscales, pour ce qui est de
cet impôt, est énorme. En effet, le gap négatif pour le seul IR est actuellement estimé à
environ 52% de l’ensemble des exonérations fiscales, ce qui en dit long sur le
travail de réflexion et de rationalisation qui reste à faire sur ce registre. Le
directeur général des Impôts a fait une longue analyse des données actuelles
quant aux ressorts de la réforme initiée. Il a ainsi expliqué comment on a assisté
à une progression notable des recettes produites par la collecte de la TVA, sur le
marché domestique, durant l’exercice 2006. Le rendement de cette taxe s’est
ainsi traduit par une dynamique haussière, le niveau engrangé étant passé de
12,8 milliards de DH en 2005 à 16,7 milliards de DH en 2006, ce qui représente Noureddin
une évolution importante de l’ordre de 30,7%. À titre comparatif, les e
performances de la TVA à l’import se sont situées à un niveau d’évolution de Bensouda,
13,4% sur les deux mêmes exercices. DG des
Impôts.
Une contribution de 56% au Budget
La même embellie a été observée sur le volet de l’IS (impôt sur les sociétés), qui a affiché
une grosse progression de 28%, bondissant de 19,4 milliards de DH en 2005 à 24,8 milliards
de DH en 2006. Quant aux entrées engrangées au titre de l’IR, elles ont évolué plus
timidement, passant de 22,9 milliards de DH à 23,9 millliards de DH sur la même période, ce
qui correspond à une hausse de 4,6%. Pour ce qui les concerne, les droits d’enregistrement
se sont inscrits dans une tendance haussière affirmée de 13,7%, passant de 6,3 milliards de
DH en 2005 à 7,2 milliards de DH en 2006.
Globalement considérées, les recettes fiscales comptabilisées par l’Etat ont donc ainsi évolué
à la hausse, enregistrant une augmentation pondérée de 18,7%, passant de 62,6 milliards de
DH en 2005 à 74,3 milliards de DH en 2006. De fait, la contribution de l’ensemble des
recettes fiscales au financement du BGE (Budget Général de l’Etat) a atteint en 2006 56%
contre 53% au titre de 2005. Commentant le climat qui prévaut dans l’environnement où
s’activent aujourd’hui les opérateurs, Noureddine Bensouda a exprimé sans détours son
point de vue : «Nous voulons un système plus simple, plus juste et moins pénalisant pour les
acteurs économiques. Loin de la conjoncture, les chantiers de réforme devront répondre à
des priorités structurelles», a-t-il - entre autres idées fortes - lancé devant l’aréopage de
décideurs réunis à la Chambre française. C’est, en effet, un des thèmes chers au patron du
Fisc qui n’hésite pas, chaque fois qu’il est interpellé sur la question, à mettre à plat la
mécanique fiscale telle qu’elle fonctionne aujourd’hui et telle qu’elle est vécue par les
différents acteurs économiques du pays.

Sommaire

La réforme fiscale au Maroc et le système fiscal actuel

I. Descriptif du système fiscal marocain

A. L'impôt sur les sociétés (I.S.)


B. L'impôt sur le revenu (I.R.)
C. La taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A)
D. Les droits d'enregistrement et de timbre
E. Les taxes intérieures de consommation (TIC)
F. Les droits de douane
G. La fiscalité locale
II. Le système fiscal marocain : moteur ou frein au développement de
l'entreprise

A. Le système fiscal marocain : moteur de développement


B. La recherche d'un meilleur dosage entre la fonction financière et la
fonction économique et sociale
C. Une administration plus ouverte et en phase avec son environnement

Résumé de l'étude de cas

A l’indépendance, le Maroc avait hérité d’un système fiscal mis en place par une puissance
coloniale qui s’était dans une grande mesure contentée d’exporter de l’autre côté de la
Méditerranée son propre modèle fiscal. Le modèle ainsi greffé, plus caractéristique du 19e
que du 20e siècle, était néanmoins jugé adéquat, puisque le décalage qu’il accusait n’était
perçu que comme le reflet du « retard économique » du pays concerné.
Le système fiscal en question reposait sur une large prédominance des impôts indirects,
puisqu’ils représentaient à peu près les trois quarts des recettes fiscales du pays. Cette
catégorie d’impôts comprenait trois composantes :
1. une taxe sur le chiffre d’affaires, à caractère général et largement cumulatif ;
2. des taxes spécifiques à la consommation sur des produits particuliers (tabac, pétrole, thé,
sucre…) ;
3. des droits de douane, plus axés sur les droits à l’importation que sur les droits à
l’exportation.

Avec naturellement des privilèges particuliers en faveur des échanges avec la métropole. Ces
impôts ont pour caractéristiques d’être « incolore et inodores », d’une administration
relativement facile et d’un rendement élevé. Ils sont aussi particulièrement régressifs et
inéquitables.

Le système fiscal mis en place par la puissance coloniale reposait aussi, mais dans une
proportion beaucoup plus réduite, sur quelques impôts directs cédulaires à caractère réel et
diverses sources de revenus déjà existants ou apparues avec la croissance des secteurs «
modernes » des économies : impôts agricoles, patente, impôt sur les bénéfices
professionnels, prélèvement sur les traitements et salaires, etc.

Enfin, dans ce système fiscal post-colonial, on comptait divers droits d’enregistrement et de


timbre, qu’on peut du reste largement ranger parmi les impôts indirects dans la mesure où
ils portent pour l’essentiel sur les droits perçus lors des transactions immobilières, et des
droits de timbre.

Le rappel de cette situation au début de l’indépendance n’est pas fortuit. C’est que pendant
les trois décennies qui allaient suivre, elle n’avait guère fondamentalement changé. Pour
l’essentiel, l’édifice légué par l’Administration coloniale avait gardé son armature et ses
structures, se perpétuant au prix de quelques aménagements plus ou moins significatifs et –
surtout – de nombreux relèvements des taux d’imposition. Il aura fallu la crise des années
quatre-vingt et la mise en œuvre de la politique d’ajustement structurel pour que le système
fiscal commence à évoluer…

Plus d’extraits de La réforme fiscale au Maroc et le système fiscal actuel

[...] Conclusion Le système marocain est incontestablement un système avancé et des efforts
importants ont été déployés pour sa modernisation, sa simplification et son harmonisation,
mais qui reste marqué par des limites importantes. « Bibliographie indicative » Lucien
Benichou,... Les Impôts sur les bénéfices au Maroc : Précédé d'une esquisse du système des
impôts directs marocains et suivi d'un appendice sur le régime fiscal des sociétés au Maroc
et sur la caisse d'aide sociale. A jour au 1er janvier 1948 par Lucien Benichou (Reliure
inconnue - 1947 | |Le Contribuable dans le système fiscal marocain | | |[Microforme] | | |
Boulakhrif, Driss (1953-....) / Atelier reprod. th. | | |Univ. [...]
[...] le système fiscal marocain : moteur de développement : Quoique l'on dise, le système
fiscal marocain, malgré ses limites et ses imperfections, n'a rien à envier aux systèmes
fiscaux des pays les plus avancés : c'est un système incitatif, en pleine mutation et
garantissant globalement les droits de l'entreprise. Personne ne peut contester que le
système fiscal marocain est aujourd'hui en perpétuelle mutation. Pour ne citer que quelques
exemples de cette mutation permanente, on peut rappeler : . la grande réforme fiscale de
1980 ; . [...]

[...] Un autre problème concerne la formation des magistrats en matière fiscale. L'impact du
système fiscal sur l'économie marocaine : La fiscalité, instrument de politique économique,
devrait participer activement à la réalisation des objectifs de croissance économique et de
paix sociale. De ce fait, elle doit être améliorée au fur et à mesure de l'évolution du paysage
économique de notre pays. La nouvelle approche de la fiscalité consiste donc à assurer un
meilleur dosage entre sa fonction purement financière ou budgétaire et sa fonction
d'orientation et d'exécution de la politique économique et sociale. [...]

[...] une taxe sur le chiffre d'affaires, à caractère général et largement cumulatif ; 2. des taxes
spécifiques à la consommation sur des produits particuliers (tabac, pétrole, thé, sucre...) ; 3.
des droits de douane, plus axés sur les droits à l'importation que sur les droits à
l'exportation. Avec naturellement des privilèges particuliers en faveur des échanges avec la
métropole. Ces impôts ont pour caractéristiques d'être « incolore et inodores », d'une
administration relativement facile et d'un rendement élevé. Ils sont aussi particulièrement
régressifs et inéquitables. [...]

[...] L'I.R. s'applique aux revenus et bénéfices acquis par les personnes physiques et les
sociétés de personnes. La base imposable comprend les revenus salariaux, professionnels,
agricoles (en l'occurrence exonérés jusqu'en 2010), fonciers ainsi que les revenus du capital.
|BAREME DE L'IMPOT SUR LE REVENU | |Tranche annuelle de revenus|Taux d'imposition | |
imposables | | |De 0 à 20 000 dh |Exonération | |De 20 001 à 24 000 dh |13% | |De 24 001
à 36 000 dh |21% | |De 36 001 à 60 000 dh |35% | |Au-delà de 60 000 |44% | 3. [...]

[...] A ce titre, nous avons accompli pour l'année budgétaire 1998-1999 un effort important
en matière de remboursement en passant de 924 millions l'année précédente à 1 milliard
700 millions (soit un peu plus de 82% d'augmentation). Dans le même sens, nous avons
élargi les compétences des services régionaux, en matière de remboursement de la T.V.A et
allégé les procédures et les circuits existants afin de réduire le délai de remboursement et
parvenir, à terme, à nous conformer au délai de quatre mois fixé par la loi. [...]
[...] De plus, nous devons toujours avoir présent à l'esprit que l'aménagement de la fiscalité
est un processus continu qui doit reposer sur des études et des simulations qui permettent
d'en prévoir les répercussions aussi bien sur le plan budgétaire que sur les plans économique
et social. En d'autres termes, ces aménagements ne doivent plus résulter d'une
improvisation. Dans le même sens, notre démarche actuelle vise à réduire les inégalités
devant l'impôt en recherchant la participation de tous. Notre action consiste à améliorer le
système fiscal en vigueur, en veillant à ce que le prélèvement soit le plus efficace possible,
tout en s'appliquant équitablement à l'ensemble des contribuables. [...]

[...] La fin de la décennie soixante-dix marque pour le Maroc le début d'une période difficile.
Les équilibres internes et externes se détériorent dangereusement et conduisent à
l'adoption d'un nouveau plan de stabilisation. Le temps est à nouveau à l'austérité. Celle-ci
touche d'abord les dépenses d'investissement et, dans une moindre mesure, les dépenses
ordinaires (baisse des dépenses en matériel, blocage des salaires des fonctionnaires,
désengagement progressif du soutien des prix de certains produits de première nécessité).
Mais le service de la dette prend de plus en plus d'ampleur et atteint 22% des dépenses
ordinaires en 1982. [...]

http://blogs-static.maktoob.com/userFiles/y/a/yassineddeou/office/1195044555.pdf dial
15 pages

Réforme fiscale : un chantier inachevé

Lancée en 2005, la réforme fiscale engagée au Maroc n’a pas encore atteint tous ses
objectifs. Axée sur la simplification et l’harmonisation ainsi que l’élargissement de l’assiette
fiscale et la modernisation de l’administration fiscale, cette réforme met en jeu des intérêts
divergents à la fois des patrons, des salariés et de l’Etat. Pour l’heure, des améliorations
notables sont à relever, comme la hausse de la part des recettes générées par l’IS (soit 30 %
des recettes globales). Depuis 2007, elles dépassent celles de l’IR (17 %). Parallèlement, le
taux de l’IS est passé de 35 % à 30%, suscitant un manque à gagner pour l’Etat de 2 milliards
de dirhams, et celui de l’IR de 42 % à 38 %. Cette dernière mesure a permis d’injecter dans
l’économie 9,4 milliards de dirhams entre 2009 et 2010.

Mais en dépit de l’amélioration du rendement des impôts, le système présente encore des
failles dans lesquelles n’hésitent pas à s’engouffrer certains contribuables.

Pour aller de l’avant, deux défis s’imposent au fisc : intégrer les activités informelles par le
biais de nouveaux mécanismes et accélérer la réforme de la TVA axée sur l’harmonisation et
la baisse de taux. La tâche n’est pas aisée car l’essentiel des recettes de la TVA est adossé au
taux de 20 %. Et pour réduire ce taux, il faudra tenir compte du caractère spécifique des
denrées de première nécessité qui, elles, bénéficient de l’exonération…Dans ce cas, passer
de l’exonération à un taux de 7 % ou 10 % risque de provoquer une véritable levée de
bouclier.

M. K.

http://www.babfinance.net/index2.php?option=com_content&do_pdf=1&id=30

http://www.aujourdhui.ma/economie-details5389.html

De La réforme fiscale

Le système fiscal marocain, même réformé, reste assez archaïque. Dans son ouvrage «
L’impôt sur les sociétés», Rachid Lazrak entame une réflexion au sujet de son
indispensable refonte.
La réforme fiscale connue par le Maroc à la fin des années quatre vingt a été l’aboutissement
d’un long processus qui a permis de mettre en place un système moderne, cohérent et
surtout qui donne aux contribuables des garanties autrement importantes que celles qui lui
étaient accordées auparavant. Il faut, cependant, remarquer que le système réformé reste,
par certains de ses aspects, assez archaïque», relève Rachid Lazrak dans son ouvrage
«L’impôt sur les sociétés». Selon l’auteur, l’existence d’un impôt antiéconomique comme
l’impôt des patentes, les impôts locaux, expliquent l’effort de modernisation,
d’harmonisation et de simplification actuellement en cours. Ainsi, une refonte du code de
l’enregistrement, de la fiscalité locale sont en chantier. L’objectif étant la mise en place d’un
véritable code des impôts, adapté à la réalité économique et sociale marocaine.
Le Maroc, comme tous les pays en voie
de développement, s’est souvent trouvé confronté à de grandes difficultés pour la mise en
place d’un système fiscal qui puisse, d’une part, assurer un minimum de ressources stables,
en raison de la faiblesse de l’épargne intérieure et, d’autre part, qui permette un
développement économique et social équilibré.
« Or, le système fiscal marocain s’est longtemps distingué par son caractère intermédiaire,
se trouvent à mi-chemin entre une fiscalité de pays en voie de développement et celle de
pays industrialisés », précise Rachid Lazrak.
C’était un système relativement simple où dominait la fiscalité indirecte et où la préférence
était encore donnée aux impôts analytiques. Mais cette simplicité était peu atténuée par la
diversité de taux et par l’existence d’impôts modernes comme l’impôt sur les bénéfices
professionnels.
La loi-cadre adoptée en 1982 a défini les objectifs fondamentaux d’une réforme fiscale et a
posé les principes suivant lesquels cette réforme devrait être réalisée. « La réforme devrait
tendre à corriger les disparités du système et à instituer toutes mesures de nature à prévenir
et supprimer la fraude et l’évasions fiscales, dans le cadre d’une procédure légale,
garantissant les droits des contribuables », estime M. Lazrak.
Pour lui, la réforme devrait également avoir pour objectif la promotion et la consolidation
des finances des collectivités locales, en tenant compte des exigences du développement
économiques et social, dans le cadre d’une justice sociale.
Enfin, la réforme ne devrait pas porter atteinte aux mesures tendant à encourager les
investissements.
Sur un autre plan, l’auteur ne s’est pas limité à une étude analytique de l’impôt sur les
sociétés, mais a fait appel à des comparaisons avec d’autres sources fiscales étrangères,
notamment françaises.
Il a relevé les imperfections du système marocain, tout en louant les efforts de
l’administration fiscale qui ne cesse de travailler dans le sens de la modernisation, la
simplification et l’harmonisation des dispositions fiscales.
Rachid Lazrak a voulu faire de son ouvrage un véritable guide pour le contribuable, en
matière d’impôt sur les sociétés et ceci, à deux niveaux. Au niveau du plan de l’ouvrage qui
permet de présenter les sociétés assujetties, celles qui sont exclues du domaine de l’impôt
sur les sociétés, les sociétés qui bénéficient d’exonérations totales ou partielles, définitives
ou temporaires, en insistant sur le statut des sociétés étrangères opérant au Maroc et celui
des sociétés marocaines opérant à l’étranger.
La détermination des produits imposables des sociétés assujetties et de leurs charges
déductibles ainsi que les obligations comptables et déclaratives des sociétés, occupent une
place importante dans l’ouvrage.
Le processus du contrôle fiscal depuis son commencement jusqu’à son aboutissement, soit
devant les commissions locales de taxation, soit devant les tribunaux a été décrit de façon
minutieuse et détaillée.
Enfin, les différentes formes de recouvrement de l’impôt et ses conséquences ont été
étudiées, de façon très pratique.

Jusqu'où ira la réforme fiscale ?

Wadie El Mouden
Le matin : 26 - 02 - 2010

Le dîner-débat sur « La politique fiscale entre redistribution et croissance »,


organisé conjointement par Eco Plus et Rotary Club Casa-Nord a tenu ses
promesses. Fidèle à son habitude, l'invité d'honneur, Noureddine Bensouda, n'a
pas déçu les nombreux rotariens venus partager réflexions et questions autour
d'un thème d'actualité politique, économique et sociale. Le directeur général
des impôts a excellé dans l'art de convaincre ses clients-contribuables, le tout
sans langue de bois.
Le directeur des impôts a d'abord planté le décor de son intervention en faisant
le lien entre l'impôt et les transformations présentes et futures des sociétés.
L'impôt, dit-il, est si intimement lié à l'évolution des sociétés et à celle de leurs
institutions juridiques et économiques. En citant Shumpeter pour qui « l'histoire
fiscale d'un peuple constitue une part essentielle de son histoire tout court », N.
Bensouda se montre conscient que le Maroc est en train d'écrire une nouvelle
page de son histoire. Au-delà des chiffres et des techniques, la stabilité des
recettes fiscales que vit le Maroc d'aujourd'hui doit être comprise d'abord
comme un fait politique et social. Il ne suffit pas de dire que le Fisc a collecté 152
milliards de recettes en 2009 contre une prévision initiale de 159 milliards de DH
pour mesurer la qualité des progrès réalisés dans le domaine fiscal. Il faut
expliquer aux citoyens pourquoi a-t-on pu réaliser ces performances malgré la
crise et l'incertitude de la conjoncture économique internationale.
En 2009, le déficit budgétaire au Maroc (chiffre annoncé au cours de la dernière
rencontre du Comité de veille stratégique), est limité à 2,2%. Ceci au même
moment où d'autres pays, notamment européens, affichent des déficits à deux
chiffres. Cela démontre encore une fois la capacité de résistance, voire de
résilience de notre économie aux chocs exogènes. C'est aussi la preuve de la
solidité de notre système fiscal. D'ailleurs, la Banque mondiale ne s'est pas
trompée en témoignant, dans son dernier rapport, que « des politiques
macroéconomiques et fiscales avisées placent le Maroc dans une meilleure
position pour surmonter sans difficultés les effets modérés de la crise, tout en
gardant une bonne position pour bénéficier de la reprise de l'économie
mondiale ».
La stabilité des finances publiques donne du sens à la réforme fiscale. Celle-ci a
affiché ses objectifs depuis son lancement en 2005. Une baisse des taux
maximums couplée à l'élargissement de l'assiette fiscale. Le bilan d'étape est
déjà positif. Il suffit de consulter la nouvelle structure des recettes fiscales. Les
entrées d'IS qui n'ont dépassé celles de l'IR qu'en 2007, représentent aujourd'hui
29% des recettes totales contre seulement 17% pour l'IR. Cela reflète un
changement de comportement d'une société en pleine mutation. La
réconciliation du citoyen avec l'impôt est en marche.
On investit, on consomme et chacun expose sa fierté d'avoir passé à la caisse
pour accomplir son devoir national. Ce constat est valable aussi bien pour les
entreprises (l'IS a baissé de 35 à 30%, soit un manque à gagner pour l'Etat de 2,1
milliards de DH) que pour les particuliers (le taux marginal de l'impôt sur le
revenu ramené de 42 à 38% entre 2008 et 2010, ce qui a permis d'injecter 9,4
milliards de DH dans l'économie entre 2009 et 2010).
L'Etat, de son côté, joue bien son rôle redistributif en s'attaquant aux niches
fiscales devenues désuètes avec le temps. Le directeur des impôts a annoncé un
chiffre révélateur dans ce sens. Pas moins de 46 mesures dérogatoires
(abattements, exonérations) ont été supprimées entre 2006 et 2009. L'idée
consiste à faire payer les personnes –physiques ou morales- dont la faculté
contributive est importante pour pouvoir ensuite réorienter la marge de
manœuvre budgétaire qui en découle au profit des détenteurs de revenus faibles
ou intermédiaires. C'est cette logique qui explique certains choix opérés par le
législateur dans le cadre de la nouvelle Loi de finances. Dans un sens, il a été
décidé de taxer les profits issus de la cession des actions non cotées de 20% au
lieu de 15%. Dans un sens contraire, de nouvelles exonérations ont été créées
pour ne citer que celles dédiées au logement social.
Une chose est sûre. La réforme fiscale est sur la bonne voie. En revanche, deux
grands défis restent à relever. D'une part, il va falloir innover de nouveaux
mécanismes susceptibles d'intégrer l'informel et de fiscaliser les activités qui
constituent un gisement fiscal non encore exploité. Ce n'est pas la fiscalité qui va
résoudre ce problème, estime N. Bensouda. Selon lui, il faut d'abord lutter
contre l'analphabétisme fiscal (voire encadré).
D'autre part, il serait temps d'accélérer la réforme de la TVA. Une mission qui ne
sera pas aussi simple comme on pourrait l'imaginer. Car l'essentiel des recettes
de TVA est adossé au taux de 20%. Si on veut aller vers un seul taux (entre 10 et
20% par exemple), il faudra tenir compte du caractère spécifique des denrées de
première nécessité qui bénéficient de l'exonération (si la TVA sur les produits
pétroliers a été augmenté cette année de 7 à 10%, c'est parce que le
gouvernement s'est engagé à prendre en charge le différentiel via la Caisse de
compensation).
Maintenant, sachant que le choix définitif sera orienté vers une configuration à
deux taux, la décision fiscale dans ce schéma devient un peu complexe, de l'avis
même de l'auteur d'un ouvrage récent intitulé « Le processus de la décision
fiscale au Maroc », et qui n'est autre que N. Bensouda. « Autant on vous
applaudit à l'unanimité quand vous parlez d'une baisse de TVA. Mais dès que
vous évoquez la réforme dans le sens inverse, pour passer par exemple de
l'exonération à un taux de 7 ou de 10%, vous vous retrouvez dans la solitude la
plus totale », fait remarquer le directeur général des impôts. Ne dit-on pas que
la résistance au changement est inhérente au comportement des individus et…
des politiques ?
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La révolution fiscale du logement social
Le logement social est sans doute la manifestation la plus évidente du rôle
redistributif de l'Etat marocain. Conformément aux instructions de S.M. le Roi, le
secteur a été érigé en priorité économique et sociale nationale. Le système des
avantages proposé par le dispositif mis en place est le fruit de la mobilisation de
plusieurs départements ministériels. En effet, le budget général de l'Etat se
dessaisit de ses parts de recettes (IS pour les sociétés immobilières et l'IR pour
les promoteurs-personnes physiques). De même, il y a eu l'exonération des
droits d'enregistrement et de timbres. Les collectivités locales, elles, participent
à ce programme par le biais de l'exonération de la taxe professionnelle et celle
liée aux opérations de construction. Pour sa part, le Fonds spécial de l'habitat se
dessaisit de la taxe sur le ciment. Enfin, la contribution de la Conservation
foncière s'est matérialisée par l'exonération des droits qui lui sont attribués. Le
nouveau dispositif apporte néanmoins une nouveauté dans la relation entre
l'Etat et le citoyen. Au lieu de passer par le canal du promoteur, la subvention
est adressée directement aux bénéficiaires. L'Etat verse au notaire qui participe
à l'opération le montant de la TVA due au titre de l'acquisition du logement
social.
Amnésie et analphabétisme fiscale
Le thème d'une fiscalité différentiée revient souvent dans les débats. Les PME
plaident depuis longtemps pour une taxation adaptée à la taille de leurs
structures et à leurs bénéfices. De même, pour combattre le phénomène de
l'informel, d'aucuns pensent que la fiscalité passe par la piste d'une fiscalité
attrayante. S'agissant des PME-PMI, le législateur a tranché le débat dans une
logique de restructuration capitalistique. Pour pouvoir bénéficier d'une
réduction d'impôt, la PME doit augmenter son capital. N. Bensouda préfère
aborder ce sujet sous un autre angle, en faisant allusion à ce qui s'apparente à
une sorte d'«amnésie fiscale ». « Aujourd'hui, tout le monde pense que l'Impôt
sur les sociétés est de 30%. Or, en réalité, on peut recenser au moins six taux de
l'IS : 8%, 8,75%, 10%, 17,5% 30%, 35%», constate le directeur des impôts. Ce sont
là des taux net réels situés à des niveaux inférieurs au taux standards du
moment où l'on tient compte de l'effet des mesures dérogatoires (abattements,
exonérations) dont on pourrait bénéficier selon des critères liés à la nature du
secteur d'activité, la géographie (export, tourisme, zones franches …).
Concernant l'informel, là encore, N. Bensouda pense qu'il faudra d'abord lutter
contre ce qu'il appelle « l'analphabétisme fiscal ». En début d'activité, si une
entreprise venait à déclarer même un exercice déficitaire, elle bénéficie de
l'exonération de la cotisation minimale pendant trois ans. Plus, elle a droit à une
exonération de taxe professionnelle pendant cinq ans. Par méconnaissance du
système, on reste cantonner dans l'informel. Le directeur des impôts donne
l'exemple de ceux qui, par ignorance, restent accrochés au régime forfaitaire : «
Quand vous êtes au régime net simplifié ou au régime réel, vous avez une
meilleure protection sur le plan des droits vis-à-vis de l'administration fiscale.
Mais quand vous restez dans le système forfaitaire, vous n'avez aucune
protection ».
Une administration orientée vers le client
Dans la littérature fiscale, on parle souvent de « tax policy and tax
administration ». C'est dire que le degré de réalisation des objectifs d'une
politique fiscale dépend de la qualité de l'administration fiscale. Au Maroc, dans
sa relation avec le client, le Fisc a la ferme volonté de poursuivre le projet de la «
télédéclartion obligatoire » qui s'étendra, dès 2011, aux entreprises dont le
chiffre d'affaires est supérieur ou égal à 50 millions DH (le seuil 100.000 DH en
vigueur depuis le 1er janvier dernier). De nouvelles échéances ont été également
fixées et seront appliquées dès 2011 dans le but d'éviter l'encombrement du
réseau des perceptions lors des dépôts des déclarations. Sur le plan des
procédures, il a été décidé à ce que les personnes qui ont un impôt (déjà arrêté
par la commission locale) et dont le montant est inférieur ou égal à 50 mille DH,
n'aient plus la possibilité de recours à la commission nationale, tout en gardant
bien évidemment le droit d'aller au tribunal. Dans ce cas là, la décision de la
commission locale devient définitive, de sorte à laisser la commission nationale
se concentrer sur les
«grands» dossiers. Cette dernière sera dotée d'une nouvelle organisation
administrative et un secrétaire général sera bientôt nommé pour assurer sa
gestion. Tout cela s'inscrit dans l'esprit d'une nouvelle configuration
organisationnelle. N. Bensouda souhaite que son administration soit orientée
vers le client à l'image d'une institution financière, appuyée par une
catégorisation de la population contribuable. ''Celui qui ramène un chèque de
500 millions DH ne va pas être reçu de la même manière que celui qui vient faire
la queue pour déposer un chèque de 350 DH''. D'ailleurs, même la cotisation
minimale (1.500 DH) qu'on pouvait régler en quatre échéances, le Fisc a décidé
qu'elle soit payée en totalité une seule fois.
Comment distinguer le bien du mal ?
A chaque fois qu'on achète ou on vend un bien immobilier, on fait
systématiquement l'objet d'une révision fiscale. En évoquant ce constat, un
participant au dîner-débat d'''Eco Plus'' et des rotariens estime qu'au Maroc,
dans ce cas précis, on est considéré suspect jusqu'à preuve du contraire. «Est-ce
qu'il existe une solution pour que les citoyens qui déclarent le prix réel ne
fassent pas l'objet d'une révision ?», se demande-t-il. «Dans l'administration
fiscale, nous n'avons pas ce rôle de juger de la bonne ou de la mauvaise foi »,
répond le directeur des impôts, tout en attirant l'attention sur la distinction que
l'on doit faire entre l'insuffisance et la dissimulation des prix. L'insuffisance a lieu
lorsque, par exemple, le terrain est vendu à 1.000 DH, alors que son prix de
référence est de 2.000 DH. « On n'est pas dans la logique de bonne ou de
mauvaise foi. Pour l'administration, c'est clair, vous n'avez pas vendu au bon
prix, mais si vous ne savez pas faire de bonnes affaires, l'impôt sera prélevé sur
la base du prix de référence ». Le directeur des impôts va au-delà de cet exemple
pour relier le phénomène de la fraude fiscale à un modèle social évolutif. «Celui
qui a l'habitude de tricher depuis son enfance continuera de tricher lorsqu'il sera
grand. En fraudant, il s'estime intelligent. Or, il est uniquement malin », analyse
N. Bensouda. Et d'ajouter : «C'est une perpétuelle confrontation entre les
transparents et ceux qui trichent. Vous ne pouvez pas éradiquer la triche,
comme vous ne pouvez pas éradiquer le mal. En tant qu'administration, notre
objectif, c'est d'essayer de diminuer la dose de la triche par rapport à la
transparence».
Durkheim à l'origine du retard de la carotte
Les incitations fiscales dédiées aux nouvelles introductions en Bourse devraient
normalement expirer au 31 décembre dernier. Tout le monde s'attendait à leur
reconduction, comme cela a été le cas depuis leur mise en place il y a une
dizaine d'années. D'autant plus que l'exercice 2009, rappelons-le, s'est soldé par
zéro nouvelle introduction et plusieurs entreprises, particulièrement de grande
taille, avaient déjà annoncé leur intention d'ouvrir leur capital courant 2010. La
première mouture du budget actuel, celle déposée à la première Chambre, ne
contenait aucune trace de ce dispositif dérogatoire. Il a fallu attendre la phase
extrême du circuit législatif avant que l'amendement du patronat ne soit retenu
par le gouvernement. Ce retard d'adoption s'explique par des raisons purement
politiques. En effet, précise le directeur général des impôts, les majorités
parlementaires se partagent le travail entre les deux Chambres : « C'est à peu
près la division du travail social chère à Durkheim. Mais ce qui nous intéresse, ce
n'est pas qui fait quoi ? L'essentiel, c'est qu'au 1er janvier, quel est le système
fiscal qui a été mis en place ?»
Les limites de l'épargne longue
En l'absence de mécanismes susceptibles d'inciter à la promotion de l'épargne
longue sur le marché boursier (plans d'épargne actions …), le directeur des
impôts préfère traiter cette question à partir de l'offre déjà existante. Autant
d'organismes proposent à la clientèle des produits d'assurance-vie ou de retraite
complémentaire. Mais les résultats affichés sur ce créneau sont loin d'atteindre
des niveaux en ligne avec le potentiel de l'économie marocaine en matière de
mobilisation d'épargne surtout longue. Pourtant, comme l'a bien rappelé N.
Bensouda, ces produits sont totalement défiscalisés. « Quand bien même les
dispositifs législatifs donnent la possibilité de déduire la totalité du revenu,
mathématiquement, vu le pouvoir d'achat de chacun, la proportion à épargner
reste limitée », observe le directeur général des impôts.
Quand la transparence réduit la taxe
C'est juste une erreur, ayant glissé dans la rédaction de la Loi de finances 2009,
qui aurait retardé l'application de la nouvelle mesure. Les profits issus de la
cession d'une valeur mobilière (actions ou parts de capital) sont désormais taxés
à 15% lorsqu'il s'agit d'une valeur cotée en Bourse et à 20% pour les transactions
hors cote. Le budget 2009, en baissant cette taxe de 20 à 15%, n'avait pas précisé
que ce taux ne devait s'appliquer qu'au profit des actions cotées. En corrigeant
cette erreur, la nouvelle Loi de finances suscite des réactions controversées,
notamment chez ceux qui estiment que cette mesure discriminatoire (selon eux)
allait avoir des effets néfastes jusqu'à atteindre l'attractivité de l'investissement
étranger. Surtout si l'on sait qu'en plus du différentiel de 5%, les transactions
hors cote sont soumises au droit d'enregistrement. La réponse du directeur des
impôts est catégorique : « Il faut être bon joueur. Le Parlement, souverain,
a décidé d'opter pour cette distinction. Les investisseurs étrangers sont venus et
ont payé leurs droits d'enregistrement, sachant que ce dernier impôt est
déductible. Il ne faut pas confondre les intérêts suprêmes de l'Etat avec les
intérêts particuliers ». En fait, le différentiel de 5%, c'est en quelque sorte une
prime de transparence, aux yeux des députés. Quand on est hors cote, le prix
réel de la cession n'est pas connu avec certitude.
Quand le Fisc demande à ce que l'opération soit enregistrée, c'est justement
pour favoriser la transparence. Par contre, lorsque la transaction s'échange en
Bourse, la transparence est garantie dans la mesure où la cotation est suivie en
temps réel. Par conséquent, tout profit constaté sur le marché boursier sera taxé
à 15% au lieu de 20%.
Des pistes pour améliorer la Balance des paiements
Le constat est unanime. La soutenabilité à terme de la Balance des paiements
pose vraiment problème au Maroc. C'est un sujet transversal qui concerne
plusieurs départements ministériels. Invité à partager sa réflexion autour de
certaines pistes ayant filtré d'une récente rencontre avec le GPBM (portant sur
la fiscalité du secteur financier), le directeur des Impôts évoque deux aspects
importants. D'une part, celui lié au dumping et à la sous-facturation. On apprend
ainsi que le ministère de l'Industrie et celui du Commerce extérieur sont en train
de réfléchir, en concertation avec l'ensemble des parties prenantes, à des
solutions pour lutter contre le phénomène de la sous-facturation qui, non
seulement laisse des traces sur les recettes fiscales, mais surtout pénalise les
entreprises et les industriels marocains. D'autre part, la question du
rapatriement des capitaux a été traitée dans le sens d'une fiscalité incitative.
«Certains pays, notamment l'Italie, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ont
imaginé des incitations aux rapatriements des capitaux. Mais je tiens à préciser
que cela ne relève pas de ma compétence. C'est aux politiques de décider la
bonne mesure à prendre pour améliorer la Balance des paiements», nuance le
directeur des impôts.
La TVA ne conditionne pas le développement durable
Devrait-il y avoir une fiscalité incitative dédiée aux projets de développement
durable? Certes, la Loi de finances 2010 a apporté une baisse de TVA pour
l'achat des équipements solaires, mais aux yeux du directeur des impôts, ce
n'est pas la baisse de taxation qui va inciter à investir ce créneau. La TVA, dit, il
faut la laisser tranquille. Il faut peut-être l'améliorer. Et d'ajouter : « La TVA n'a
jamais été un impôt servant à orienter l'économie. C'est un impôt sur la
consommation qui doit être payé par tout le monde. A chaque fois qu'on le
touche, on met en difficulté les autres impôts».
Gouvernance fiscale et régionalisation avancée
La fiscalité sera certainement au centre des débats «économiques » autour du
projet de la «régionalisation avancée». Cette réflexion relève, comme l'a bien
rappelé N. Bensouda, des compétences de la Commission consultative désignée
par S.M. le Roi. Chose qui n'a pas empêché le directeur des impôts de donner
aux rotariens présents lors du dîner-débat un aperçu des expériences étrangères
en la matière. Le choix se fait généralement entre trois écoles de finances
publiques. La première, liée à une seule entité, l'Etat en l'occurrence, qui se
charge de la collecte des impôts avant de procéder à la répartition des
ressources entre les différentes régions. Ensuite, le modèle de l'autonomie du
pouvoir fiscal : chaque entité, que ce soit l'Etat, la région ou la collectivité locale,
prélève à la limite de ses propres prérogatives sur la base d'une seule assiette
fiscale. Enfin, il y a le modèle mixte, associant les deux premiers modèles, tel
que celui adopté par le Maroc au niveau des finances régionales ou locales. Le
directeur des impôts rappelle, à ce titre, que 30% des recettes de TVA vont
directement aux collectivités locales. De leur côté, les régions bénéficient des
recettes fiscales à hauteur de 1% des entrées d'IS et 1% des entrées d'IR. Dans ce
système hybride, d'autres taxes se gèrent à l'échelle locale. Bref, conclut N.
Bensouda, tous les modèles sont bons. « Il faut juste savoir lequel serait le
mieux adapté à même d'atteindre les objectifs arrêtés par S.M. le Roi
Mohammed VI ». Encore faut-il se soucier de la dimension liée à la gouvernance
fiscale. Est-ce que l'Etat marocain, se demande le directeur des impôts, est en
mesure d'avoir des administrations fiscales nationales, régionales et locales ?
A chacun son rôle, y compris les médias !
C'est connu. Dans un processus de conception d'une Loi de finances, le dernier
trimestre de l'année est décisif. Les tractations battent leur plein au cours de
cette période. On peut alors se poser la question légitime des raisons qui
expliquent l'absence de l'Administration générale des impôts des débats qui
meublent les discussions parlementaires. De même sur le plan de la
communication externe, le Fisc évite les sorties médiatiques pendant cette
période. Pas de déclarations, pas d'interviews. Il s'agit là d'une attitude tout à
fait volontaire, apprend-on du directeur des impôts. L'administration fiscale
n'est qu'un outil d'exécution de la politique gouvernementale. Autrement dit,
entre le mois de juin et celui de décembre, la balle est dans le camp des
politiques (gouvernement, députés et conseillers). C'est une «période muette»
aux yeux du Fisc. Le politique décide, puis l'Exécutif met en œuvre. Par contre, de
janvier à mai, c'est à l'administration fiscale de prendre le relais pour expliquer
les décisions contenues dans la Loi de finances. «Il ne faut pas confondre les
rôles. Les organes de presse ne sont pas là pour décider à la place des politiques
», lance N. Bensouda. Message reçu.
Quid de la fiscalité agricole ?
Les revenus agricoles sont exonérés de l'impôt jusqu'au 31 décembre 2013. Quid
donc de l'après 2013? Le directeur des impôts a annoncé l'ouverture de
discussions entre l'administration fiscale et le département de l'Agriculture. Une
réflexion commune est engagée dans l'objectif d'anticiper le devenir de la
fiscalité de ce secteur pourvoyeur de richesses et surtout créateur d'emplois. La
fiscalité agricole, comme disait N. Bensouda, c'est un métier à apprendre. Cela
passe d'abord par une revue d'expériences étrangères, notamment en Europe.
Fiscalité du futur, “keep it simple“
Comment sera la fiscalité marocaine dans le futur ? Réagissant à cette question
prospective, le directeur des impôts est favorable au principe philosophique
«Keep it simple », lequel désigne le fait que la simplicité dans la conception
devrait être le but recherché et que toute complexité non nécessaire devrait
être évitée. Les choses simples sont plus facilement compréhensibles, surtout
dans le domaine de la fiscalité. Autre principe valable si on se fie aux
enseignements de l'histoire fiscale, celui de l'ancienneté. « Un bon impôt est
celui qui dure longtemps », souligne N. Bensouda qui pense aussi que l'IR devrait
garder la même configuration. Par contre, s'il y a un rattrapage dont il faudra
tenir compte, ce sera au niveau de la position fiscale locale en lien avec les
évolutions futures de l'économie et la fiscalité internationales. L'économie ''va
plus vite que la fiscalité''. Pour ne prendre que l'exemple du commerce
électronique, une activité en pleine croissance au Maroc (notamment chez les
transporteurs aériens). D'ailleurs, une compagnie d'assurance locale a dû
expliquer au Fisc que pour bénéficier de la déduction des charges, elle ne
dispose pas de factures en bonne et due forme, mais juste d'un certain nombre
d'enregistrements contenues sur des disquettes. De son côté, l'administration
fiscale a dû changer sa position pour s'adapter à cette situation. Moralité,
affirme N. Bensouda, le droit fiscal doit rattraper au fur et à mesure les nouvelles
réalités économiques. Le Maroc accorde un intérêt particulier à ces sujets dans
le cadre de sa contribution active au sein des instances de l'OCDE ou encore de
l'ONU.
L'exonération de la TVA sert de starting-block
Les entreprises qui démarrent à peine leurs activités bénéficient d'une
exonération de la TVA pendant une certaine période qui peut aller jusqu'à 36
mois pour celles ayant signé des conventions d'investissement avec le
gouvernement (pour un investissement supérieur ou égal à 200 millions DH).
Pour les autres, l'exonération est valable pour 24 mois. Cette mesure a fait
l'objet d'un débat intense lors des dernières discussions budgétaires. Certains
opérateurs, notamment ceux issus de la Fédération du Bâtiment et travaux
publics, ont plaidé pour une suppression de ce dispositif qui, d'après eux,
pénalise la trésorerie des fournisseurs, généralement des PME, surtout lorsque
celles-ci traitent avec des entreprises publiques (ONE, ONCF, ONDA …). Pour le
Fisc, l'exonération, c'est juste un starting-block qui aide à entretenir un bon
départ. Sachant que selon le principe universel, on doit payer la TVA à chaque
fois qu'on achète un bien ou un service. « Momentanément, l'Etat a accordé aux
entreprises qui démarrent leur activité un délai d'exonération de 24 mois pour
soulager leurs trésoreries, du moment où l'investissement ne va commencer
réellement à produire qu'au bout de deux ou trois années », explique N.
Bensouda. La Loi de finances avait réduit ce délai à 12 mois. La première
Chambre a déposé un amendement pour le faire passer à 18 mois. Enfin, la
deuxième Chambre a décidé de le fixer à 24 mois
http://maghress.com/fr/lematin/128750

http://www.cgem.ma/upload/commission/fiscalite/guide_fiscal_2010.pdf dial cgem

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