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Cette note technique propose un retour d'expérience sur l'utilisation des fluides de
forage et de complétion dans le contexte des forages géothermiques profonds du
Bassin Parisien. Elle est avant tout dédiée à la compréhension du rôle fondamental
joué par la boue dans les opérations de forage. Les principales difficultés rencontrées
dans ce domaine sont également abordées et analysées. Quelques recommandations
qualitatives sont émises, en insistant particulièrement sur les précautions à prendre
dans les circonstances spécifiques liées aux opérations de cimentations, aux
diagraphies et au forage du réservoir.
Pour réaliser la foration d’un puits, un fluide (souvent appelé boue de forage) est
pompé à haute pression à l’intérieur des tiges de forage. Le fluide est injecté au niveau
de l’outil de forage qu'il nettoie, refroidit et lubrifie, avant d'entraîner les morceaux de la
roche forée (cuttings) jusqu’en surface par l’espace annulaire situé entre les tiges de
forage et les parois du puits.
En surface, la boue subit des traitements mécaniques plus ou moins poussés en
fonction des besoins (tamisage, dessablage, dessiltage, centrifugation) permettant
d'éliminer les solides entraînés par la boue. Lorsque nécessaire, des dilutions ou des
traitements chimiques complémentaires sont effectués de manière à ce que la boue
nettoyée de ses solides retrouve ses propriétés initiales. Elle est alors stockée dans
des bacs afin d'être à nouveau pompée et réinjectée dans la garniture de forage.
La boue est conçue de manière à remplir tous ces rôles. Ses caractéristiques sont
principalement définies en fonction des propriétés des formations traversées (nature
des roches, pression interstitielle, présence de fractures, etc.). Ainsi, pendant la
construction d'un forage, des boues sensiblement différentes peuvent être utilisées en
fonction de chacune des phases de la foration.
L'utilisation des boues de forage présente toutefois des obligations ou certains
inconvénients qu'il convient de bien maîtriser pour assurer la bonne réalisation des
travaux. A défaut, des problèmes techniques peuvent survenir engendrant parfois des
surcoûts importants :
- pour la phase 26" couvrant les terrains de surface, une boue de type
"bentonitique simple", avec injections de bouchons visqueux (polymères) selon
besoins ;
- pour la phase 17"1/2 couvrant les réservoirs de l'Albien et du Néocomien et la
prise d'angle de la déviation, une boue de type "bentonitique améliorée avec
des polymères" ;
- pour la phase 12"1/4 en déviation stabilisée allant au toit du Dogger, une boue
de type "bentonitique améliorée aux polymères" avec ajouts éventuels de
lubrifiants pour limiter le couple de rotation de la garniture. Depuis assez
récemment on observe également l'utilisation d'une boue de type "K2CO3 +
Glycol". La boue au glycol permet en particulier un meilleur contrôle des
argiles ;
- pour la phase 8" 1/2 (réservoir), une boue de type "eau saumurée avec
polymères biodégradables’’. La densité requise est obtenue avec du sel. Les
polymères dégradables apportent la viscosité nécessaire tout en garantissant
un faible niveau d'endommagement du réservoir. Des bactéricides sont
systématiquement ajoutés dans le cas des forages captant l'Albien et le
Néocomien.
Les boues spécifiques utilisées pour la foration des réservoirs sont aussi appelées
"boues de complétion". Elles sont conçues pour ne pas endommager les
caractéristiques hydrauliques et la productivité des formations captées. Elles ne
doivent pas être confondues avec les "fluides de fracturation" utilisés pour provoquer
ou stimuler la production de certaines formations (comme pour les EGS ou pour
permettre l'exploitation du gaz de schistes).
De nombreux produits chimiques sont ajoutés à la boue pour lui donner des propriétés
particulières. Ces produits sont choisis pour influer sur son poids et sa densité, sa
viscosité, sa stabilité, sa résistance à la chaleur, ou en matière de taux de pénétration
du substrat, de capacité de refroidissement et de lubrification des équipements, pour
lui donner un caractère biocide ou pour limiter les risque d'entartrage ou de corrosion,
etc. Les différents polymères hydrosolubles utilisés en géothermie ont généralement
un triple rôle : celui d'agent viscosifiant permettant de contrôler la viscosité, celui de
réducteur de filtrat limitant l'épaisseur du mud-cake et enfin celui d'encapsulateur
3 Problèmes rencontrés
Les principaux problèmes liés à la boue observés dans le Bassin Parisien concernent
la géométrie du trou foré, les pertes partielles ou totales de fluide et des collages de la
garniture de forage par pression différentielle.
Pour éviter au mieux ce phénomène, il faut agir sur les trois principaux éléments
suivants :
- disposer d'une boue et d'une hydraulique bien adaptée, que l'on conservera le
plus homogène possible pendant toute la durée de la phase. Le choix de la
boue et la conservation des paramètres de celle-ci pendant la phase concernée
est un élément fondamental de la stabilité du trou foré ;
- réaliser une trajectoire de déviation aussi régulière, lisse et peu perturbée que
possible afin de limiter la déstabilisation des parois par les frottements de la
garniture. Réduire le nombre de manœuvres permet également de limiter la
déstabilisation et l'érosion des parois ;
- il faut enfin maintenir une vitesse d'avancement régulière, ni trop lente, ni trop
rapide, afin de conserver au mieux l'équilibre entre trou et formations.
Les agents colmatants (Lost Circulation Matérial ou LCM) peuvent être par exemple du
carbonate de calcium, des silicates (paillettes de mica) ou des produits à base de
cellulose (cellophane). Ils doivent boucher les pores de la formation rocheuse et
permettre ainsi de plus ou moins étanchéifier les parois du puits. Pour une efficacité
optimale, les grains ou éléments des agents colmatants doivent avoir autant que
possible une taille équivalente à la moitié des espaces interstitiels ou de l'espace des
fractures et ne pas obturer les duses de l'outil de forage. L'utilisation de ce type de
produits doit être - bien évidemment - strictement prohibée dans la phase de foration
du réservoir géothermique capté.
Collage par pression différentielle : les coincements par pression différentielle sont
causés par la différence de pression pouvant survenir entre la pression de formation
(PF) et la pression hydrostatique (PH) de la colonne de boue. Cette différence de
pression s'exerce tout particulièrement sur les masse-tiges lorsque celles-ci, sont
immobilisées et en contact avec la paroi du trou, ce qui survient systématiquement lors
d'un ajout de tige en puits dévié.
Le cake de la boue forme alors une interface qui empêche l'égalisation des pressions
entre les deux faces des masse-tiges. Plus le cake est épais, plus augmente la surface
sur laquelle s'exerce cette différence de pression.
Quelques autres problèmes sont parfois observés, plus rares et plus spécifiques. On
citera en particulier :
La prolifération bactérienne : le matériel de forage et l'utilisation de produits
biodégradables dans les boues (polymères, cellulose, papier…) peuvent provoquer la
prolifération de bactéries qu'on souhaite généralement éviter à proximité de forages
d'eau potable, ou lors de la foration des aquifères stratégiques protégés (Albien,
Néocomien). Pour ces raisons, les fluides de forage peuvent contenir des biocides.
L'ensemble du circuit boue et du matériel de fond est de la sorte traité pour assurer la
protection des zones aquifères concernées.
Le bullage : on observe parfois un "bullage" de la boue (mud gas cut) correspondant à
la présence accidentelle dans la boue de gaz (H2S, CO2, hydrocarbures, air) sous
forme de bulles plus ou moins fines provenant des formations traversées ou provoqué
par des problèmes dans le circuit de pompage ou à l'aspiration des pompes. Ce
phénomène peut modifier les caractéristiques du fluide ou être à l'origine d'une
diminution de la densité apparente de la colonne de boue et provoquer des venues.
Pour éviter le gonflement des argiles, il faut principalement agir au niveau des
caractéristiques de la boue, pour cela :
5 Développements et évolutions
Les fluides de forage et de complétion ont un rôle central dans la réalisation des
travaux de forage, avec un impact qualitatif majeur sur l'ensemble des travaux. De la
bonne maîtrise des fluides de forage va dépendre pour une grande part les
performances d'avancement en foration, la bonne géométrie du trou foré, l'efficacité du
centrage des tubages, le bon placement du ciment, la qualité de certaines diagraphies
et enfin la bonne productivité de l'ouvrage. Dans le réservoir, ce sont les
caractéristiques des fluides de forage qui permettront de minimiser les risques
d'endommagement et de pollution de la nappe.
Le choix et le contrôle des boues de forage dans le cadre de la géothermie profonde
du Bassin Parisien sont pleinement maîtrisés par la grande majorité des Maîtres
d'Oeuvre qui s'appuient pour ce faire sur des sociétés de services et des opérateurs
spécialisés.
Le travail qui est effectué dans ce domaine vise principalement deux objectifs :
diminuer autant que possible les risques en foration tout en limitant les coûts de mise
en œuvre et de traitement des effluents. Pour ce faire, certains opérateurs recherchent
une optimisation des produits (en particulier dans le choix des nombreux polymères
disponibles sur le marché), des formulations alternes plus performantes (les boues au
glycol par exemple) ou des solutions de stockage ou de traitement des effluents
toujours mieux adaptées aux conditions des chantiers en zone urbaine (surfaces
restreintes, problèmes de rejets et de transports). D'autres proposent de mettre en
œuvre des technologies pouvant permettre des économies d'échelle au niveau de la
réalisation des doublets (machines de forage à capacité de skidding).
6 Recommandations
Hormis d'assez fréquents problèmes de calibrage (principalement en phase 17"1/2,
plus rares et moins marqués en phase 12"1/4) et des cas de collage par pression
différentielle, il n'a été observé au cours de ces dernières années que très peu de
problèmes directement provoqués par les fluides de forage, du moins pour ce qui
concerne les forages au Dogger et à l'Albien dans le Bassin Parisien. Les
recommandations qui peuvent être faites vont donc surtout avoir un objectif qualitatif et