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"_ VIMAGE-SYMPTOME 285 _ ctistalliser chez la sainte femme un moment d'intensité qui se donne avant tout comme une veritable effraction dans ordre synbolique de Phistoire évangélique : c'est le moment d’un | contretemps qui tépete, dans le corps de Madeleine, le désir | elfséné antiques ménades ®. C'est le geste dune contre-efec- | ination qui se souvient, dans le corps de Madeleine, d'un paga- © tisme dont tout le contenu symbolique ~ le sacrifice du Verbe catné — ne veut évidemment rien savoir. Il s'agit done bien ‘quelque chose comme un symptdme. © On pourrait dire que Phistoire de Mart warburgienne, dans ses modéles de temps - le Nachleben — comme dans ses ‘modeles de sens - la Pathosformel — aura voulu appréhender “kes objets de prédilection & partir de leurs effets critiques : “depuis les « poursuites érotiques » chez Botticelli ct Pollaiuolo | fo Savonarole voyait a juste titre Tinsolence d'un « désir | ofgiaque & l'ceuvre *»), jusqu’aux « superlatifs du langage “mimique » ot, chez Donatello et bien d’autres, surgit une _ xmobilité de expression [..] parfaitement inopportune * »; “depuis V'irruption de Pastrologie arabe dans une fresque fer- aise du xV* sigcle jusqu’aux obscurs trafies de la Reforme | allemande avec les croyances astrologiques **, & chaque fois "hous expétimentons a quel point « la nécessité de se confron- © ‘er av monde formel des valeurs expressives prédéterminées ‘qu’elles proviennent du passé ou du présent — représente pour chaque artiste [..] la crise décisive (die entscheidende Rrisis)"” ». Dans la valse de ces « crises décisives », Warburg ‘gira fini par voir toute Ia culture occidentale agitée par une “oscillation symptomale que lui-méme avait subie de plein niet # DIALEKTIK DES MONSTRUMS, OU LA CONTORSION COMME MODELE La «psychologic historique de Vexpression » révée_ par ‘Warburg — au titre de fondement théorique pour son anthro- pologie des images - fut done, avant toute chose, envisagée comme une psycbopathologic. Uistoire warburgienne des images tente d’analyser le plaisir des inventions formelles & la Renaissance, mais aussi la « culpabilité » de rétentions mémo- ratives qu’elles peuvent y manifester; elle évoque les mouve- ments de création artistique, mais aussi les compulsions d'« auto-destruction » a Pecuvre dans Pexubérance méme des formes; elle souligne la cohérence des systémes esthériques, mais aussi I'« inrationnel » des croyances qui les fondent quel- quefois ; elle recherche Punité des époques stylistiques, mais” aussi les « conflits » et les « formations de compromis » qui peuvent les traverses, les dissocier ; elle considre la beauté et Te charme des chefs-dceuvre, mais aussi I'« angoisse » et Tes « phobies » dont ils offrent, disait Warburg, une «sublima- tion ». Tout ce vocabulaire ~ surprenant sous la plume d’un histo- rien de 'humanisme - demande, bien sGr, a étre interrogé dans _ son atchéologie théorique, Il nous indique dgja que, sile sym 7 bole fut au centre des préoccupations de Warburg, il ne le fut pas comme une synthése abstraite de la raison et de Virration- nel, de la forme et de Ia matiére, etc. — mais comme le syinp- tome concret Cun clivage sans cesse & Poeuvre dans la « tragé- die de la culture ». Lorsque Warburg, pose son regard sur une Madeleine pathétique de Niccold dell’Arca, de Donatello ov de Bercoldo di Giovanni (fig. 22 et 54), il devient clair que Pe expression » gestuelle n'est syrmbolique qu’a éxxe d'abord symptomatique. La formule gestuelle, ici, n’sexprime» qu’a << Quelquefois il me semble que, comme psycho-hstorien (ib als Pryebobistoriter, i tenté de diagaostquer la schizophrénie de la, culture occidentale (die Schézopbrenie des Abendlandes) partis de ses images, dans un réflexe autobiographigue. La nymphe exte- tigue (maniague) d'un c&eé ct le diew fluvial en deni (depressif) +33. A, Warbuep, 1893, p. 20-21 (tend. p. 38) 34 Tid, 9-363 (ead. p. 62-80). 35. Ld, 1914, p. 173-176 lead. p. 228 36. 1d, 1912, p. 173198 (ad. p. 197-220). Id, 1920, p. 199305 (ead. p. 245. 32, CFE, Cassive, 1922, p. 39-111. Id, 1923a, p. 737. 4 37. Id, 1929, p. 172 (rod. p. 4. 304 LIMAGE SURVIVANTE SESYMPTOME 305 ent intensifié, capable de «simultanéité contradic >, de déplacement et, done, de dissimulation. Levawre due sme ? Elle consiste & attirer les symboles dans un registre litéralement, les épuise : ils s’enrichissent, sc combineat Le symptéme déplace, se déplace : il ne se donne done a envisager que dans la dimension de I'équivoque. Telle est sa phénoménologie de départ, sa « situation incompréhensible». ‘Le symptéme ne nous donne accés ~ immédiatement, inten- sément ~ qu’a l'organisation de son inaccessibilité méme. Cette inaccessibilité est structurale : elle ne se résout par aucune «clé » supplémentaize du dictionnaite iconologique. Elle nous dit seulement que les portes sont trés nombreuses 8 ouvrit et que, si organisation il y a, celle-ci doit étre pensée en termes de mouvements, de déplacements ~ ces « migrations » dont ‘Warburg faisait tout le destin des Pathosformeln, et dont Vat. las Mnemosyne tente justement de reconstituer les mouvantes géographies autant que les survivantes histoires © Le symptome se déplace : il migre et se métamorphose. Neest-ce pas la ce que Rudolf Wittkower, croyant retenir Ia econ de Warburg, a nommé la « migration des symboles *» ? Pas tout a fait : car le symptéme porte en lui cette condition dinaccessibilité et dintrusion ~ refoulé, retour du refoulé — que le symbole ne suppose pas fatalement, Freud I’a bien éta- Dii dans un bref article de 1916 intitulé « Une relation entre un symbole et un symptéme » : le symbole, ordinairement fait pour étre compris, devient sympééme & partic du moment oa il se déplace jusqu’a perdre son identité premiére, ott il proli- fére jusqu’a étouffer sa signification, transgressant les limites de son propre champ sémiotique. Ainsi, soulever son chapeau dans la rue est un symbole dans Pordre de Ia convention sociale (Galuer poliment quelqu’un), voire du folklore onirique (le chapeau comme organe génital), II devient un symptéme a par- tir du moment od 'obsessionnel, par exemple, développe Vinfini la casuistique de la salutation, déployant tout un réseatt de significations propres a infecter ~ le déplacement est une sorte d’épidémie — tout ce qui lentoure : la téte elleméme devenant, entre autres choses, Porgane susceptible d’étre 618.” Bref, le symptéme est un symbole devenu incompréhensible cen tant qu’investi par les puissances du « fantasme inconscient qui est a Peeuvee » (die wirksane unbewusste Phantasie) : plas: @ aussi, L’« atticance » dont ils ont été Pobjet revient donc i déformation, leur vocation & informe. Freud la nomme ggression de la pensée symbolique vers de pures « images elles » oti la représentation, en quelque sorte, retourne ‘« matidre premiére » : - «Nous:n’avons fait que donner un nom & un phénoméne inex- plicable. Nous appelons régression (Regression) le fait que dans le “18v¢ la seprésentation (Vortellang) retourme a L'image sensorille (rnlickes Bild) dot elle est sortie un jour. [.] Lissemblage des pensées du réve se trouve désagrég€ au cours de la eégression et Tamen¢ A sa matigre premigre (in sein Robmateral aufgel6st)**.» yymbole devenu incompréhensible, le symptéme apparait bien, comme tel, inaccessible & Ia « notation » exhaustive, & la inthése » comme au « déchiffrement ® ». II demande & &tre frprété, ct non pas déchiffré (comme veulent le faire des grmés symboliques » les iconologues héritiers de Panolsky), mptOme est d’abord « mutisme dans le sujet supposé par- lant > ou, dit autrement, un « symbole écrit sur le sable de la gir», Ecriture paradoxale, donc : la régression et Vimage ysorielle n’ont pas empéché Freud de poser - métapsycho- juement — le probleme de Inscription inconsciente et de trace mnésique”' ». Nous touchons 1a au quatriéme élé- {structural de notre modéle : il reformule le principe dar pien de Yempreinte que Warburg — nous y reviendrons — ait pour sa part nommé l’engramme. Il nous dit que le symp- fhe est une survivance, une formation porte-mémoire. , peut-étre, le plus important pour notre propos. ‘oryne ne constitue-telle pas la clé de vouite de Pan- logic warburgienne des images? Mais qu’en estil de $8 1d, 1900, p. 261-402. GJ. Lacan, 1966, p, 358, 372, 518, 689, ete Id, 1973, p. 3-20. 1964, p. 16. ld, 1966, p. 280. 85. A. Warburg, 1906, p. 130 (rad, p. 169). Id, 1929b, p.173 (trad. p. 3-44), gf |S. Freud, 1900, p. 453.467, 86, R Witkower, 1977, 87. S. Freud, 1916, p. 237-238.

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