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Duhamel Maurice. Les 15 modes de la musique bretonne . In: Annales de Bretagne. Tome 26, numéro 4, 1910. pp. 687-740.
doi : 10.3406/abpo.1910.4225
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1910_num_26_4_4225
MAURICE DDHAMEL
modal
I. Les
des Modes
Bretons
antiques.
VI.
; harmonisations.
Origine
— II.desLesgammes
autres
— IV. Modes.
bretonnes.
Mélodies.
— III.
— V.
Le Statistiques.
système
DO RÉ MI FA SOL LÀ SI DO
RE Ml FA SOI LA SL 00 RÉ
i
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 689
Pour rendre aux demi-tons la place qu'ils doivent immua
blement occuper, nous élèverons donc le troisième et le
septième degrés de cette gamme au moyen de deux dièses :
La mineur :
Si MINEUR
Ut MINEUR
(1) II ne s'agit ici, bien entendu, que du genre diatonique, le seul qui
nous fournisse un élément de comparaison avec la musique bretonne.
Nous nous abstiendrons, par conséquent, de rechercher si, comme le
croient Westphal et Gevaert — et comme il nous paraît probable, —
tous les modes existèrent réellement sous les trois formes diatonique,
chromatique et enharmonique, ou si, selon l'opinion de critiques plus
récents, — M. Laloy, entre autres, — chaque mode était lié à un genre:
le Dorien, par exemple, n'étant cultivé que dans le genre enharmonique,
le Phrygien dans le genre chromatique, etc.
(2) A la vérité, les gammes grecques étaient descendantes. Nous les
avons représentées montantes, selon les habitudes modernes, afin de
simplifier la compréhension de cet exposé, cette particularité de direction
n'ayant, du reste, dans le sujet qui nous occupe, aucune importance.
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 691
1. Mode Lydien (ajouta hàurci) :
2. Mode Phrygien (â
Q-
jCL
5. Mode Hypophrygien (a
•n
7. Mode Mixolydien {â
a.
Majeur : 00 Ré
Lydien: do RÉ ni n sol la si DO
Phrygien RÉ mi SOL LA SI DO RE
Dorien : m
4S S*
Ces gammes, à première audition, choquent nos habitudes.
Elles commencent et finissent en réalité sur unje dominante,
et pivotent autour de leur tonique réelle, qui est la première
note de la quinte :
l'impression
terminer
Lydien
Les mélodies
: sur de
un ne
engendrées
point
pasMld'interrogation.
conclure,
par
FA cesou,
SOLgammes
si LA
5*
l'on SI
préfère,
nous DOdonnent
de se
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 693
Renversons ces trois modes, c'est-à-dire plaçons la quinte
en tête et la quarte à sa suite, sans modifier l'ordre des notes
qui composent cette ' quinte et cette quarte. La tonique
reprendra la place où nous avons coutume de la voir, et
nous obtiendrons trois gammes — l'hypolydienne, l'hypo-
phrygienne et l'hypodorienne — dont la division est « ha
rmonique », comme celle du Majeur dit moderne :
Hypolydien : fa sol la si do ré mi FA
5* i?
5*
HYPODORIEN : LA SI 00 H Ml FA SOL U
Si £
*♦*
694 LES 15 MODES
Le mode de Si — Mixotydien — mérite une mention parti
culière, en raison de sa composition spéciale. Il ne peut être
divisé en quinte et quarte, puisque l'intervalle Si-Fa n'est
pas une quinte juste. Aussi les théoriciens — à la suite de
Gaudence — lui attribuent-ils communément la division
arithmétique :
§■
Mixolydien
65? 3*
Le Mixolydien n'est plus ainsi qu'un nouveau renversement
de l'Hypophrygien :
I
i
« LA SI DO RÉ Ml
52 4*
Toute difficulté disparaît si l'on se rappelle que les Grecs
considéraient la sixte et la tierce comme des intervalles
dissonants (5t«©ova) et n'en pouvaient tenir compte. De là,
cette division arithmétique dé l'octave mixolydienne qui
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 695
heurte nos habitudes harmoniques, mais qui s'accordait
avec la théorie antique des intervalles.
Pour nous, qui avons perdu le sens d'une musique pure
ment mélodique, et qui ne pouvons entendre une succession
de notes sans leur imaginer une « basse », le mode mixo-
lydien est bien composé d'une sixte et d'une tierce, puisque
nous ne saurions l'harmoniser autrement qu'en Sol. Tel est
aussi le mode syntono-lydien (<zp[xovi<x
Syntono-lydien
* *
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II
DORTEN :
Locrien : LA
jLL
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LES 15 MODES
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^ J.
autre
Or, région,
dans unesous
autre
la notation
dictée d'une
du même
autre air,
chanteuse,
faite dans
la pré
une
sence d'une note omise dans la première version (Si fcj) révèle,
sans erreur possible, le mode syntono-lydien :
«N1 J' J J. J
J
-fautmf «««tMftlw
^^
y^nos.
de
peuples
Mais
Pareille
l'Occident
iln'attendirent
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déformation
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fautconnu
pas point
oublier
le
a Majeur
pu,que
évidemment,
quel'Eglise
qu'au
si la XVIe
musique
catholique
altérer
siècle,religieuse
certains
,4r
le leur
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 699
révélât. Là gamme chinoise qui va de « Hô » à « Woû »
n'est pas autre chose que notre gamme majeure pourvue
d'un ton supplémentaire :
Gamme majeure
Pas de Ton
dJsjorictif
.
On voit que la réunion, sur une môme échelle, des deux
tétracordes caractéristiques de chaque « système » permettait
de faire alterner, dans un même air, le Si naturel avec le
Si bémol.
Appliquons cette particularité à l'une des gammes du
genre diatonique que nous avons précédemment étudiées,
l'hypolydienne, par exemple. Nous constaterons que le mode
hypolydien avec Si bémol coïncide exactement avec l'échelle-
type de notre mode majeur :
Majeur do RE Ml FA SOL LA Si DO
' v<
(échelle-type) 1 V*
1 Va 1 1
Certes, il est peu probable que les Grecs aient composé
des 'mélodies, instrumentales ou vocales, construites tout
i-
m-
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 701
entières sur cet hypolydien altéré. Mais il est certain qu'ils
ne possédèrent pas le Si bémol sans en faire parfois usage.
Or, une mélodie hypolydienne, avec Si généralement naturel,
et de temps à autres bémol, ne peut s'analyser autrement
qu'en ces termes : thème en mode hypolydien, avec modul
ations passagères en majeur.
Dans ces conditions, il est permis d'admettre que les Celtes
en général, et les Bretons-Àrmoricains en .particulier, con
nurent le Majeur en des siècles assez reculés. Autrement,
on s'expliquerait mal que, dans leurs mélodies traditionnelles,
ce mode dispute à l'Hypodorien la prépondérance sur tous
les autres. Et cette opinion paraît plus justifiable encore si
l'on songe à la place insignifiante qu'occupe, par contre, dans
leur musique, le mode mineur, qui apparut cependant en
même temps que le majeur dans les chants sacrés du
christianisme européen.
Il ne serait même pas impossible que les peuples celtiques
aient été, sur ce point, les initiateurs de l'Eglise, par l'inte
rmédiaire "de ces monastères celtes dont l'influence, sur la
liturgie médiévale, fut certainement considérable et mériter
ait d'être étudiée, quelque jour, en détail.
K— £- o £2. YS> m
IZ!
6
Cl)
DE LA MUSIQUE BRETONNE.
Et si, par contre, aucun thème populaire ne nous a révélé
trace du troisième renversement possible du mode mineur,
avec échelle divisée en sixte et tierce,
III
** *
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DE LA MUSIQUE BRETONNE. 707
I. — Finale mélodique : Ut.
i. Lydien (quarte + quinte, tonique : Fa).
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LES 15 MODES
2. Hypolocrien (quinte + quarte, tonique: Ré).
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VI. — i.
Finale
Hypodorien
mélodique
(quinte
: La.+ quarte, tonique: La).
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DE LA MUSIQUE BRETONNE. 711
3. Locrien (quarte + quinte, tonique : Ré).
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VII. — Finale mélodique : SU».
1. Mixolydien (sixte + tierce, tonique : Sol).
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grecque
(1) Dans(Imprimerie
son intéressante
nationale),
conférence
faite ausur
Trocadéro,
la Modalité
le 7dans
septembre
la Musique
1878,
7d2 LES 15 MODES
IV
(1) A trois exceptions près, tous ces exemples sont extraits de nos deux
recueils actuellement sous presse : Guerzenneu ha Sonnenneu Bro-Guéned
(chansons populaires du pays de Vannes; en collab. avec Loeiz Herrieu)
et Musiques bretonnes (airs et variantes mélodiques des Gwerziou Breiz-
Izel et des Soniou Breiz-Izel). — Rouart, Lerolle et Cie, éditeurs, Paris.
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 713
qu'enregistrèrent des Bretons dévoués aux souvenirs de leur
race, — tels M. Vallée, de Saint-Brieuc ; M. Le Moal, de
Goadout ; M. Even, de Tréguier, — lesquels eurent l'obl
igeance de nous les confier.
M.M. J e 80
est à Plounevez-du-Faou...
} <w
- oueiuk O
"c
^'-'v-»sÇv
vi. it i, h i
Si-
EÉ
J' J'
J.l J
mère
ma
Traduction.
petite
m'élevait
a douce
—mignonne
Quand
» — quand
j'étais
(me gâtait),
petite,
j'étais toute
petite,
— mapetite,
toute
mère—petite,
m'élevait
assurément,
— mi
ma
gnonne..
MM. J «80
i ii -u
J s
la Traduction.
plus belle jeune
— Jeannette
fille qui Le
soitRoux,
sous de
le soleil...
Saint-Pol-de-Léon, — [est]
idoy J- wc ta c&oiyX- «t
s
VMVkMTucftT. 1J^\J^ AtKxL • àouàc+L" U« OlohlaMpaukha. MÙ
Traduction. — J'ai choisi une maîtresse (bis) — une fillette jolie
et mineure — rouie laridondon ! — une fillette jolie et mineure, —
roulé laridongué!...
,m CL
716 LES 15 MODES
MM. J.92
Qpt. JJ * — *• V IJ J
Xt*v
J-ilJ*LU
CL-
s J- J> 1 J J IJ_.
«lUUl'
MM. J.138
\, 1,
/tb<^\
(1) Nous devons remarquer, toutefois, que le même thème nous a été
chanté aussi en Majeur-tonique. Peut-être était-ce là sa forme primitive.
718 LES 15 MODES
Traduction. — Malédiction de ma vielle ! disaient les « sonneurs »,
— il va falloir lever une chanson au sujet d'un arbre (bis).
M.M.J = 92
1
dowcnt* KomoMj tu* ' c'houXtu. ■side.xil***' ; JIû- \ïboulCMsJKlcty<*i- y Wi-
J*
£t J^'JI ^ J'
aot a^ Jp*r<^
J
.
JJ J
I* J J J'i J i
- Traduction.
je vous dirai—sans
Approchez,
y rien changer
jeunesses,
en sur-le-champ,
quel état vousjevivez...
vous prie,
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 719
Le Lydien est extrêmement rare, — si rare, même, qu'avant
nos recherches, on n'en possédait aucun échantillon. Nous
avons eu le bonheur de rencontrer deux mélodies basées sur
ce mode. La première nous a été chantée par une vieille
chercheuse de lichen du Port-Blanc, « conteuse » attitrée de
M. Anatole Le Braz :
M. M. J.« 110
U'^N J i J
ion ,_
Ko*t~
Traduction. — Débouchez vos oreilles, et vous entendrez une
sône, — et vous entendrez une sône — qui a été levée, — treï
tra la la, etc. — qui a été levée, ce n'est pas sans raison...
vH>
j Iji J'i
t »■*■ î**- - -v^ : « 1*4, - C-buw p-Ux. OO*- -et v*ux-1Lm4.
j,
(3<^! ui&tA*ÀC Xna JijM. oui et hux, Xto^M^b .
720 LES 15 MODES
Traduction. — Une jeune bergère, gai! en gardant ses moutons,
gai ! — en gardant ses moutons : — « Vous avez bien déjeuné,
fillette, puisque si gaîment vous chantez? »
^ J«-
i> i j è r; i J
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M.M.J* 110
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-ue+tbturzî' } — — h XtoueXuX-, _
M
y,
£ 726 LES 15 MODES
|. Une telle analyse est très simple. Le malheur est qu'elle
est impossible.
Il est hors de doute, en effet, que les thèmes très anciens
que nous notons aujourd'hui, dans les campagnes bretonnes,
et qui ne se sont conservés que par la tradition vocale, ont
subi des altérations, en passant de bouche en bouche, sinon
toujours dans leur ligne mélodique, du moins dans leur
mouvement et dans leur rythme. Par suite, rien n'est moins
r certain pour nous que leur style primitif. — En outre, les
ï(' chanteurs sous la dictée de qui nous les écrivons, mendiants,
, pêcheurs côtiers, chercheuses d'épaves, vieilles gens pour la
| plupart, ont souvent la mémoire capricieuse. Si l'air d'une
jk chanson leur fait momentanément faute, ils n'hésitent nulle-
I ment à le remplacer par l'air d'une autre cantilène, aux vers
|v de mètre identique, mais d'inspiration parfois totalement
'y opposée. Et voici une nouvelle source d'erreurs ! — Enfin,
le temps est loin où les « bardes » populaires composaient
l' eux-mêmes la musique de leurs poèmes. Dans un grand
'
[.; / nombre de chansons qu'on peut entendre à cette heure, en
Bretagne, les paroles sont beaucoup moins vénérables que
^ la musique. Ces paroles, en effet, furent presque toujours
b composées sur des airs existant antérieurement (*>, et dont
l'
les poèmes primitifs sont peu à peu tombés dans l'oubli. De
iû telle sorte que maintes mélodies bretonnes sont comparables
% . à ces parchemins d'autrefois, dont on grattait le premier
texte pour y substituer des écritures nouvelles. Mais nulle
réaction chimique ne peut nous rendre la version perdue de
ces palimpsestes oraux.
Gomment, dès lors, étudier le sentiment que dégagent ces
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ib,' *(
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|.
g.^"£.' auteurs
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ton
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chercher,
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celui
war
Certains
diver-
deeun
qui
la
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 727
thèmes, s'ils se sont modifiés au cours des âges ? Et comment
vérifier la concordance d'une mélodie et d'un poème, quand
le poème que nous avons sous les yeux n'est pas celui pour
qui la mélodie lut faite ?
Une seule ressource nous reste donc : classer les airs que
nous possédons d'après la région où nous les avons recueillis,
— Trégor, Léon, Gornouailles, Vannetais, — en supposant
que c'est là leur région d'origine; voir quels modes sont em
ployés dans chaque « pays », et dans quelle proportion ils s'y
trouvent; eti chercher ensuite, en nous référant aux classif
ications d'Aristote et de Platon, si le caractère de ces modes
coïncide avec le caractère particulier des habitants de ces
diverses contrées.
C'est ce que nous avons fait, sans nous illusionner, d'ail
leurs, sur la portée de ce travail. Nous avons d'abord éliminé,
pour les raisons déjà dites, tous les airs de musique instru
mentale, ainsi que toutes les variantes d'un même air, ce qui,
de 1.000 environ, a fait tomber notre total de mélodies à 543.
Relevant ensuite le nom de toutes les localités où nous avons
recueilli ces mélodies, nous les avons classées en quatre
catégories, selon les divisions traditionnelles de la Basse-
Bretagne. Enfin, nous avons compté tous les spécimens d'un
même ^mode, et nous en avons établi le pourcentage par
rapport à l'ensemble des thèmes de chaque région, et au total
général. On verra, sur le tableau B, ci-contre, le résultat de
ces calculs.
Nous en tenant aux seuls modes dont les Grecs nous aient
signalé Yéthos, — c'est-à-dire négligeant le Locrien et le
Syntono-lydien, ainsi que les groupes majeur et mineur, —
nous constatons l'importance de l'Hypodorien- dans chaque
contrée, et, par suite, la prédominance des sentiments de
franchise, d'élévation et de gravité. Le pourcentage nous
révèle ensuite que ces sentiments, extrêmement puissants
chez les Vannetais, — par ailleurs très passionnés, très
enthousiastes, mais de tempérament plus gracieux que viril,
- le sont peut-être davantage encore chez les Gornouaillais,
— aussi rêveurs et plus mâles, mais moins doux, moins
Tableau B. — Répartition modale de 543 Chanso
Chansons Chansons Chansons Léonnais
MODES Trégorroises Cornouaillaises
NOMBRE PROPORTION NOMBRE PROPORTION NOMRRE PROPORTION
, Hypodorien 81 30,45 p. 400 54 34,00 p. 400 5 47,24 p. 4
Toniqu
Dorien 2 0,74 » 4 0,66 »
Hypophrygien 7 2,60 » 3 2,00 » 2 6,89 »
Phrvffien . 10 3,74 » 4 2,66 »
§.
M Mixolydien 1 0,37 »
Fa Hypolydien 5 4,85 »
Tonique:
Lydien 4 0,37 »
Syntono-lydien 4 0,37 » 4 0,66 »
y Hypolocrien 9 3,34 » 47 44,33 » 1 3,44 »
niqu
Lotrien 4 0,66 »
Ut Majeur-tonique 433 49,44 » 63 42,00 » 20 68,96 »
Tonique: 4,08 » '
Majeur-dominante 44 5 3,33 » 4 3,44 »
Majeur-médiante 2 0,74 » •
es Mineur-tonique 6 2,23 » 3 2,00 »
1 Mineur-dominante .... 4 0,66 »
Totaux. 269 [environs de Penvé- 450 [recueillies surtout 29 [presque toutes
nan, Guingamp, Pontrieux, en Haute-Cornouaille] . Bas-Léon].
Ploëzal, Pluzunet].
DE LA MUSIQUE BRETONNE. 729
distingués, moins exaltés et moins mobiles, — tandis qu'ils
•faiblissent un peu chez le Trégorrois, — passionné, rêveur,
un peu voluptueux, assez doux et parfois efféminé, — et dimi
nuent de moitié chez le Léonard, — qui n'a ni enthousiasme,
ni finesse, ni sensibilité, ni tendance à la rêverie. Enfin
l'extrême variété des modes, chez les Trégorrois, dénote
l'éclectisme de ce peuple, et justifie assez bien l'appellation
d'Attique bretonne que Quellien décernait à sa région. Par-
contre, le petit nombre de modes employés en Léon semble
indiquer le médiocre sens artistique des Léonards, et con
firmer la réputation de béotisme qu'on leur a faite.
■ .1
'30 LES 15 MODES
Trégor : 269 thèmes, fournissant 13 modes.
Gornouailles : 150 — — 11 —
Vannetais : 95 — — 9 —
Léon : 29 — — 5 —
(1) II s'agit surtout ici des habitants de l'Argoat, les thèmes que nous
avons recueillis en Basse-Cornouaille étant en très petit nombre,
DE LA MUSIQUE BRETONNE. '33
des modes mineurs. Il le subit pourtant, inconsciemment.
Et s'il compose des chansons, il s'y conforme, sans y prendre
garde, dans le choix de ses sujets et de ses thèmes.
Pour nous résumer, nous croyons que les Bretons res
sentent, des modes majeurs ou mineurs, des impressions
plus conformes à celles des Grecs qu'à celles des musiciens
occidentaux d'aujourd'hui. Mais ce sentiment s'altère et dis
paraîtra, par l'influence de la musique moderne, qui ne
pénètre en Bretagne que sous de pauvres habits. Les refrains
imbéciles ou graveleux des music-halls n'ont qu'une influence
restreinte, leur action ne s'exerçant guère au delà des* ports
où les matelots les débarquent. Plus pernicieuses sont les
« bretonneries » montmartroises dont nous avons déjà parlé,
et dont les patronages et les cercles chrétiens se font souvent
les déplorables propagateurs. Etrangères au génie breton,
elles en faussent les traditions et corrompent ou remplacent
les productions autochtones.
Ainsi, dans le domaine économique, à l'œuvre conscien
cieuse de l'artisan local se substitue l'article de bazar...
VI
FA SOL LA DO RÉ
l l \V% 1
Cette échelle, qui fut employée jadis en Grèce, et qui est
encore usitée chez les Gaëls d'Ecosse et d'Irlande, ne fut
certainement le privilège d'aucune race; car on l'a retrouvée
dans les cinq parties du monde, chez les peuples les plus
divers d'origine : Scandinaves, Slaves, Egyptiens, Pellatas,
Kalmouks, Indous, Malais, Siamois, Chinois, Japonais, Java
nais, Papous, Indiens d'Amérique, etc. d).
DO FA SOL LA
FA SOL LA DO RÉ
■
■
ces gammes au moyen de deux degrés supplémentaires Si et *
Mi (2) pour avoir la forme définitive et classique de ces
modes :
* **
^
H
$
Mode majeur.
RE Ml FA
Mode hypolydien.
Tableau G
s Hypolydien.
FA §h § g 3 formes modales. Lydien.
Syntono-lydien.
Hypophrygien.
Hypodorien.
Oh ( LÀ p « 2 formes modales.
Dorien.
/ s Majeur-tonique.
Hypolocrien.
RÉ o< § « 2 formes modales.
'3 6Ô O Locrien.