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Cas industriel
par Ruddy SOCHAY
Responsable Logistique (entreprise COMOTEC, unité SIPAL)
es concepts de la reverse logistics ont été exposés dans l’article [AG 5 250].
L Nous allons à présent donner un exemple concret de mise en place d’une
reverse logistics dans une entreprise. Le cas considéré est celui d’un fabricant
d’imprimantes. Le secteur d’activité est donc celui du matériel informatique.
Notre étude concerne principalement le matériel électrique et les équipements
électroniques.
Ce secteur d’activité est particulièrement intéressant parce que c’est un sec-
teur en pleine expansion et dans lequel certaines entreprises ont déjà mis en
place une reverse logistics. En effet, un fabricant de matériel informatique est
capable de faire des économies substantielles sur les matières premières qu’il
peut réutiliser (au même titre que dans le secteur de l’automobile).
Pour cette recherche, nous nous mettons à la place d’un logisticien à qui une
entreprise a confié une étude de faisabilité sur la mise en place d’une reverse
logistics.
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Détaillant
Détaillant
Fabricant
Imprimantes
Détaillant
Détaillant
Grossiste
Détaillant
Détaillant
Distribution
Détaillant
Grossiste Détaillant
Détaillant
Grossiste Figure 1 – Forward logistics de l’entreprise
étudiée
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Centre de collecte
Détaillant
Recyclage
Région Rhône-Alpes
Décharges
Revente
Détaillant Fabricant
Centre de collecte
Figure 3 – Ébauche d’une logistique à rebours
■ Ce travail permet d’imaginer une ébauche de ce que sera la logis- Le détaillant financera lui même sa partie « collecte ». C’est-à-dire
tique à rebours adaptée aux besoins de l’entreprise (figure 3). qu’il devra acheter le routeur nécessaire à la ligne spécialisée. De plus
il devra payer son abonnement pour l’utilisation de cette ligne. Pour
■ Pour l’entreprise ayant des distributeurs/grossistes dans diffé- finir, il peut, s’il le désire, investir dans le pistolet à infrarouge qui ser-
rents pays ou régions, il faut prévoir des tournées de collectes vira à lire le code-barres à deux dimensions du produit retourné.
géographiques (par exemple par région). Les tournées devront être
dirigées vers un centre de collecte qui s’occupera du tri et de l’envoi Cependant, cela n’est pas indispensable ; en effet, s’il y a peu de
des produits vers la filière de retraitement adéquate. retours chez ce détaillant, il pourra rentrer le code manuellement au
lieu de le scanner.
■ Le contrôle d’accès mis en place fera en sorte que seuls les pro-
duits vendus et autorisés par le fabricant pourront intégrer la chaîne Pour les grossistes, la seule différence est qu’ils devront obligatoi-
retour. rement investir dans un pistolet à infrarouge du fait de la grande
quantité qu’ils auront à gérer.
Pour que les détaillants et les grossistes sachent quel type de pro-
duit peut intégrer le canal retour du fabricant, il faut qu’ils aient Le centre de collecte est équipé de la même façon. Les produits
accès à une base de données créée par celui-ci. Ces informations sont récupérés puis envoyés vers les différentes filières de retraite-
serviront à : ment. Le centre de collecte est un prestataire. En effet, le produit étu-
— décrire le produit (date de fabrication, caractéristiques techni- dié est fabriqué avec différents plastiques qu’il faut trier ; le matériel
ques, nom, photo du produit...) ; nécessaire (rayons X, spectroscope, laser, pyrolyse...) pour ce genre
— avoir des commentaires spécifiques quant à son possible d’opération est très cher et peu courant. De plus, il faut un personnel
retour ; très spécialisé pour effectuer ce type de travail.
— avoir une liste des pièces réutilisables ;
— connaître la nature de ces composants (particulièrement les Point d’avancement no 2
plastiques) ;
— etc.
• À présent nous avons une base de données qui renseignera
Une fois que la base de données est créée, il reste à la transmettre les détaillants/grossistes sur la procédure de traitement d’un
aux différents revendeurs. Il ne faut pas oublier que cette base va retour.
être modifiée dans le temps avec la sortie de nouveaux produits, • Nous avons également un moyen de faire évoluer cette base
c’est pourquoi elle doit être remise à jour en temps réel chez les de données (nouveau produit) depuis le service reverse logistics
détaillants/grossistes, au centre de collecte et chez le fabricant. du fabricant.
Actuellement, la ligne ADSL semble être très performante pour ce • Nous avons aussi apposé sur tous nos produits (qui pour-
type de transaction. Par contre elle n’est pas disponible partout en ront entrer dans la boucle à rebours) une étiquette à code-barres
Europe, c’est pourquoi une ligne spécialisée (type Transpac) peut à deux dimensions.
être utilisée pour ce type de projet. Cette ligne nécessite d’avoir un Nota : nous ne considérons pas comme indispensable l’utilisation de la radiofré-
quence IRF dans l’entrepôt du centre de collecte (ou chez le fabricant directement)
routeur dans chaque entité mais ceci peut être mis en place très parce que nous savons quel produit a réintégré la boucle retour grâce à l’utilisation
rapidement. À titre d’information l’installation d’un routeur coûte des codes-barres.
environ 550 euros et l’abonnement 300 euros par mois.
Pour la suite de l’étude, nous traiterons les retours chez le L’étape suivante consiste à savoir où expédier les produits et sur-
détaillant et chez le grossiste séparément. tout comment recapter la valeur (§ 3).
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Décharge
Valorisation
thermique
Détaillant
Centre de collecte
et de tri
Cannibalisation Valorisation
matière
Réemploi
Grossiste du produit
Détaillant
Fabricant
Autres
filières
3. Comment recapter données du fabricant sur le type de produit qui vient d’intégrer le
processus retour (principe du gatekeeping).
la valeur des actifs À partir de ce moment, tous les retours produits sont agrégés
dans la base de données du centre de collecte et du fabricant qui
secondaires ? peut alors prévoir le nombre de camions et de tournées nécessaires
à la récupération des produits. Le processus est donc piloté suivant
le concept « quantité fixe, date variable ».
■ Plusieurs solutions existent, les principales sont décrites ci-
Cette donnée est intéressante puisque qu’elle va devenir un indi-
dessous :
cateur de performance. En effet, si le fabricant arrive à stabiliser les
— réemploi du produit entier après une remise en état, un recon- retours (à l’aide de campagnes publicitaires de reprise par exem-
ditionnement ou un simple réemballage ; ple), les dates de collecte se stabiliseront aussi.
— « cannibalisation » ;
— valorisation matière ; ■ Ensuite le fabricant et le transporteur organisent les tournées
— mise en décharge ; comme ils le souhaitent mais toujours par région. J’insiste sur le fait
que ces collectes doivent être régionales parce qu’il est ainsi plus
— valorisation thermique par incinération ;
facile pour le fabricant de déceler des retours récurrents suite à un
— vente sur un marché secondaire (seconde main, pays étran-
problème de segmentation du marché par exemple.
ger...).
Pour notre entreprise, nous ne pouvons pas utiliser le système de ■ Une fois les produits déchargés au CRC (Centralized Return Cen-
valorisation par la vente sur un marché secondaire. En effet, ce ter), celui-ci les trie selon les préconisations du fabricant. Il doit en
genre d’action entraînerait forcément des conséquences sur la stra- outre renvoyer en premier les produits qui auront juste à être réem-
tégie de ventes de nos produits neufs ainsi que sur l’image du fabri- ballés ou à subir un très léger retraitement afin de pouvoir être
cant. revendus à un grossiste.
En revanche nous pouvons tout à fait utiliser les autres modes de Les produits et sous-ensembles qui ne peuvent pas être recyclés
revalorisation. Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans ce ou qui sont sans valeur seront envoyés à la décharge. Les plastiques
secteur d’activité (Action Toner, A.E.P, Armor, CF Entreprise, Chroma- bicomposants qui ne sont pas réutilisables seront valorisés thermi-
tex, C.M.B. France, etc.). quement (incinération avec récupération d’énergie).
La figure 4 indique les différents canaux de retours possibles et Les produits comportant des pièces réutilisables (cartes électroni-
les possibilités de retraitement d’un produit. ques principalement) seront démontés. Ces pièces réutilisables
seront envoyées au fabricant tandis que le reste (boîtiers plastiques,
■ Une fois que le consommateur a retourné un produit chez le fils électriques, etc.) partira dans une filière de revalorisation de la
détaillant ou chez le grossiste, celui-ci scanne l’étiquette code-barres matière. Le plastique sera retransformé en granulés qui seront
à deux dimensions. Cette opération permet de renseigner la base de ensuite réintégrés dans la filière plasturgie.
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Nous voyons que les matières ne sont pas obligatoirement ren- Si l’on prend en exemple les cartes électroniques, le fabricant
voyées dans leur filière d’origine. En effet, outre le fait qu’elle peu- attendra d’avoir l’équivalent d’une quantité économique de réapprovi-
vent finir à la décharge, elles sont autorisées (dans notre cas) à être sionnement de cartes retournées avant de les intégrer dans la fabrica-
réintégrées dans le secteur de la plasturgie qui à son tour fabriquera tion.
des sous-ensembles pour la filière automobile par exemple. Les stocks de cartes sont représentés par le graphique de la
figure 5.
■ À ce moment intervient l’obligation de mettre en place un sys- Comme nous pouvons le voir, l’usine attendra d’avoir 100 cartes
récupérées avant de les consommer en production. En admettant que
tème de suivi pour être en conformité avec la directive européenne le seuil de réapprovisionnement soit de 20 cartes (égal à la consomma-
concernant les déchets électriques et électroniques (directive EEEE tion par jour multipliée par le délai de réapprovisionnement en jour),
« End of life Electrical and Electronic Equipment »). nous voyons que le service approvisionnement passera une com-
mande un peu avant fin juin. Les approvisionnements seront donc
Le centre de collecte fournira au fabricant, un « Certificat de gérés suivant la méthode quantités fixes/dates variables.
démantèlement et de valorisation » comportant : Remarque : il n’a pas été représenté sur le graphique pour des raisons de sim-
plicité, mais il y aura forcément un stock de sécurité à déterminer.
— le numéro de série, accompagné du type et de la référence Une fois que les retours seront stabilisés et que les prévisions seront
commerciale de l’appareil démantelé ; donc plus fiables, nous pourrons appliquer le concept du double appro-
visionnement. Ce système permet de diminuer les achats. En effet,
— le poids du matériel démantelé. une partie de ceux-ci seront remplacés par l’arrivée et surtout l’utilisa-
tion quotidienne des cartes retournées chez le fabricant.
Comme décrit auparavant, le CRC sait quels sous-ensembles sont Les stocks évolueront alors comme indiqué sur la figure 6.
à renvoyer au fabricant pour une possible réutilisation. À partir de Remarque : les cartes achetées et récupérées seront mélangées et utili-
là, le centre de collecte devra aussi fournir avec les pièces un sées indépendamment les unes des autres.
« Certificat de mise hors d’usage ». Ce certificat devra comporter : L’approvisionnement des cartes achetées se fera de la même façon
à la différence près qu’elles seront commandées plus régulièrement et
— le numéro de série du sous-ensemble démantelé ; en moins grosses quantités (puisque nous n’attendrons plus d’avoir
consommé entièrement les cartes récupérées).
— le numéro de série de l’appareil dont il est issu.
160
Quantité
Point d’avancement no 3 140
120
• Nous connaissons maintenant quels seront les flux physi- 100
ques et d’information.
80
• Nous savons également quels canaux de retraitement seront
utilisés pour recapter la valeur de certains actifs secondaires. 60
• Parallèlement à cela, nous avons vu les documents que 40
devra nous fournir le CRC en vue d’être en accord avec la direc- 20
tive « End of life Electrical and Electronic Equipment ». 0
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil
Temps
120
Quantité
Actuellement, très peu d’études ont été faites sur le sujet. Il faut 100
savoir qu’il existe pour le moment deux méthodes. La première con- 80
siste à intégrer directement les retours dans les stocks de l’entre-
prise (concept appelé « double approvisionnement ») tandis que la 60
deuxième consiste à créer deux types de stocks (méthode commu- 40
nément appelée « refabrication en unités séparées »). Cette 20
deuxième méthode est la plus couramment utilisée parce qu’elle
permet une planification plus aisée et plus en rapport avec la réalité. 0
Janvier Février Mars Avril Mai
En effet, si l’on ajoute les retours dans les stocks de l’entreprise, et
Temps
en considérant que ceux-ci sont aléatoires, il y a une variable sup-
plémentaire qui s’ajoute à la gestion des stocks. Stock de cartes achetées
Stock de cartes retournées
C’est pourquoi, dans notre cas, nous estimons que la deuxième Stock total
méthode permettra à l’entreprise de démarrer convenablement sa
reverse logistics, avec pour objectif à moyen terme, de travailler Figure 6 – Évolution des stocks selon la méthode du « double
avec la méthode de double approvisionnement. approvisionnement »
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Décharge
Valorisation
thermique
Détaillant
Centre de collecte
et de tri
Cannibalisation Valorisation
matière
Réemploi
Grossiste du produit
Détaillant
Fabricant
Autres
filières
Centre de collecte
Flux physiques
Flux financiers
Figure 7 – Flux physiques et financiers
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