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Mise en place d’une reverse logistics

Cas industriel
par Ruddy SOCHAY
Responsable Logistique (entreprise COMOTEC, unité SIPAL)

1. Contexte et définition des besoins de l’entreprise ........................ AG 5 251 – 2


2. Infrastructure et moyens à mettre en œuvre ................................... — 3
3. Comment recapter la valeur des actifs secondaires ? .................. — 5
4. Gestion des stocks de retours et réintégration
dans la fabrication................................................................................... — 6
5. Flux financiers et coûts engendrés..................................................... — 7
6. Quels sont les avantages dont peut bénéficier l’entreprise ? ..... — 8
7. Conclusion ................................................................................................. — 8

Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 5 252

es concepts de la reverse logistics ont été exposés dans l’article [AG 5 250].
L Nous allons à présent donner un exemple concret de mise en place d’une
reverse logistics dans une entreprise. Le cas considéré est celui d’un fabricant
d’imprimantes. Le secteur d’activité est donc celui du matériel informatique.
Notre étude concerne principalement le matériel électrique et les équipements
électroniques.
Ce secteur d’activité est particulièrement intéressant parce que c’est un sec-
teur en pleine expansion et dans lequel certaines entreprises ont déjà mis en
place une reverse logistics. En effet, un fabricant de matériel informatique est
capable de faire des économies substantielles sur les matières premières qu’il
peut réutiliser (au même titre que dans le secteur de l’automobile).
Pour cette recherche, nous nous mettons à la place d’un logisticien à qui une
entreprise a confié une étude de faisabilité sur la mise en place d’une reverse
logistics.

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MISE EN PLACE D’UNE REVERSE LOGISTICS _________________________________________________________________________________________________

1. Contexte et définition — faut-il un système de prévision des retours ?


— faut-il surdimensionner la chaîne retour pour accélérer le trai-
des besoins de l’entreprise tement des retours ?
— faut-il adopter une politique zéro retour ?
— faut-il investir dans l’EDI 180 ?
■ L’entreprise que l’on a pris comme exemple d’étude veut mettre — quels en seront les coûts ?
en place une reverse logistics pour les imprimantes qu’elle fabrique. — aurons nous le personnel adapté ?
— etc.
L’idée d’une reverse logistics est venue à l’esprit du logisticien et
des dirigeants de l’entreprise parce qu’ils savent que des concur- Il est vrai que la mise en place d’une reverse logistics lorsque l’on
rents commencent à récupérer leurs produits en fin de vie, soit pour part de rien est très complexe et très lourde à gérer. D’autant plus
les détruire en respectant des directives environnementales, soit que la plupart des entreprises commencent juste à accorder de
pour les cannibaliser (c’est-à-dire les réutiliser). De même, le SAV l’importance à ce nouveau phénomène. Cela explique aussi les diffi-
enregistrait beaucoup de retours (de natures différentes) tout au cultés que l’on a lorsque l’on fait du benchmarking sur le sujet. En
long de l’année. La direction veut savoir pourquoi il y a des retours effet, beaucoup d’articles sont parus sur la reverse logistics mais il y
et voudrait avoir une solution pour les traiter au moindre coût. a encore très peu de chiffres. Les rares entreprises qui en possèdent
les gardent précieusement car ils représentent un avantage concur-
L’entreprise ne sait pas pour le moment comment traiter ce pro- rentiel important.
blème. La direction sait que certains de ses principaux concurrents
commencent à mettre en place une reverse logistics et elle voudrait Pour en revenir à notre cas, les retours produits se font chez le
faire une étude de ses besoins sur le sujet. détaillant ou directement chez le grossiste. Ensuite, ceux-ci retour-
nent les produits chez le fabricant contre un remboursement partiel
De plus, étant basée en Europe, elle est au courant que des direc- si les conditions du contrat le permettent.
tives sur le recyclage obligatoire vont bientôt être mises en place et
que ces projets sont financés sur le principe du « pollueur-payeur ». Le problème est de savoir combien de produits sont retournés et
surtout chez qui. Pour ce qui est du nombre de retours, nous pou-
■ Dans cette entreprise sont fabriqués différents types d’impriman- vons nous fier aux chiffres souvent cités et qui sont compris entre 10
tes (jet d’encre, laser, couleur, etc.). et 20 % [1].
Ces imprimantes sont ensuite vendues aux grossistes qui les Les problèmes qui viennent ensuite à l’esprit sont les suivants :
revendent soit directement aux entreprises, soit aux grandes surfa- — comment saurais-je qu’un produit intègre la chaîne retour ?
ces, soit aux détaillants ; ces deux derniers acteurs commerciaux — comment saurais-je à temps quel est le type du produit
fournissent le grand public (figure 1). retourné ?
Comme nous le voyons sur la figure, la logistique actuelle de — comment éviter que des produits « intrus » réussissent à inté-
l’entreprise est une forward logistics composée d’acteurs classi- grer la chaîne retour ?
ques. C’est une logistique standard comme il en existe dans beau- — quel moyen de communication dois-je mettre en place et entre
coup d’entreprises encore, au sein de laquelle rien n’a été pensé quels acteurs ?
pour une reverse logistics. — quelles informations l’entreprise doit partager ?
C’est à partir du moment où l’on commence à penser à la mise en Toutes ces questions vont nous amener à évaluer l’infrastructure
place d’une reverse logistics que beaucoup de questions nous vien- et les moyens qui seront nécessaires à la mise en place d’une
nent à l’esprit : reverse logistics.

Détaillant

Détaillant
Fabricant
Imprimantes
Détaillant

Détaillant

Grossiste
Détaillant

Détaillant
Distribution

Détaillant

Grossiste Détaillant

Détaillant
Grossiste Figure 1 – Forward logistics de l’entreprise
étudiée

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2. Infrastructure et moyens 100

Nombre de retours (%)


à mettre en œuvre 90
80
70
■ Avant de mettre en place une reverse logistics, il faut trouver la
cause des retours de manière à en éliminer une partie et à accepter 60
dans la chaîne retour ceux qui ont une valeur potentielle pour 50
l’entreprise ou du moins qui ne vont pas mettre en péril la rentabilité 40
financière d’une gamme de produit. 30
Pour cette première phase concrète de l’étude, une démarche 20
auprès des détaillants et/ou des grossistes est nécessaire. Il faut 10
alors examiner les retours de façon à vérifier si la cause indiquée
0
par l’expéditeur est exacte et justifiée. Pour cette démarche, il faut
n° 1 n° 2 n° 3
avant toute chose déterminer l’ensemble des problèmes qui peu- Revendeur (grossiste ou détaillant)
vent être à l’origine d’un retour :
— panne ; Période de clôture comptable Défaut récurrent
— le client ne sait pas se servir du produit ; Matériel repris sous garantie Divers
— obsolescence du produit ;
— trop de stock chez le détaillant et/ou le grossiste (suite à des
invendus) ; Figure 2 – Causes des retours
— retours récurrents suite à un problème qualité sur un type/lot
de produits ;
— etc. • Pour le revendeur no 3, après étude, nous nous apercevons que
Une partie de ces données peut être recueillie sur les bons de les retours importants sont occasionnés par une sorte de
retours et auprès du service qualité. S’il y en a d’autres, elles seront « laxisme » du revendeur vis-à-vis des retours. Les clients en profi-
mises à jour lors de cette démarche. tent donc pour se faire rembourser une partie du produit après
l’avoir utilisé et en même temps pour racheter une imprimante plus
■ Une fois ce travail effectué, nous pouvons aller sur le terrain pour récente. Là encore, les accords que le fabricant a passés avec le
recueillir réellement les informations. C’est à ce moment qu’il faut revendeur doivent être renégociés.
faire appel à un technicien SAV afin de valider les défauts décrits par
l’expéditeur. Ce travail permet de valider certaines des causes de ■ Cette phase très importante permet, après avoir revu les clauses
retours trouvées ci-dessus et d’en identifier d’autres auxquelles contractuelles avec les revendeurs, de limiter l’entrée des produits.
nous n’avions pas pensé. De même, le contrôle d’accès (gatekeeping) est plus facile à gérer
puisque les retours subissent moins d’effets saisonniers (période
■ En agrégeant les informations et en dressant un graphe tel que d’inventaire comptable par exemple). Ceci permet d’assurer un
celui de la figure 2, il est alors plus aisé de mettre en évidence les nombre constant de produits dans la boucle (sorte de lissage).
causes de retours.
Ce concept de nombre constant de produits dans la boucle à
Ce graphique est très important pour mettre en place un contrôle rebours est fondamental. Le secteur d’activité dans lequel se trouve
d’accès (gatekeeping) des retours dans la chaîne à rebours, mais l’entreprise est contraignant du point de vue des retours. En effet,
aussi pour mesurer dans le temps la compétence et l’efficacité des lorsqu’un client ramène une imprimante en SAV, normalement, le
grossistes et détaillants, ainsi que les performances et la qualité des revendeur doit pouvoir lui en redonner une directement en atten-
produits. Pour que ce graphique soit le plus parlant possible, il faut dant que la sienne lui soit retournée. C’est pourquoi le nombre de
qu’il y ait autant de barres que de grossistes et/ou détaillants. De produits dans la boucle doit être le plus constant possible de
même, il est utile de dresser ce même type de tableau pour les pro- manière à assurer un flux régulier. Cette règle est d’autant plus vraie
duits et/ou gammes de produits étudiés (si c’est possible, sinon il dans le secteur aéronautique où un avion immobilisé au sol à cause
faut faire des regroupements). d’une pièce de rechange manquante peut coûter plusieurs millions
• Dans notre cas, nous nous apercevons que le revendeur no 1 de francs.
(figure 2) essaie d’éliminer ses stocks avant la période de clôture
comptable. Si, après examen, il s’avère que ce fait revient
régulièrement, il faut soit renégocier les clauses de retours du con- Point d’avancement no 1
trat soit se séparer de ce revendeur. En effet, un grossiste réagissant
de cette manière représentera toujours au sein d’un partenariat une • Pour le moment, nous avons schématisé la logistique exis-
faiblesse dans le cadre d’une rétrologistique. Cependant, ce surstoc- tante de l’entreprise. Pour résumer brièvement, c’est une
kage chez un revendeur peut soulever un autre problème : en effet, « logistique avant » classique de flux standards (du fabricant au
nous pouvons nous poser la question de savoir si le produit que l’on consommateur en passant par des grossistes/détaillants).
distribue dans cette région répond bien aux besoins des clients L’entreprise traite des retours mais au cas par cas et aucune pro-
potentiels. Si tel n’est pas le cas, une étude plus approfondie doit cédure n’est écrite à ce sujet.
être menée par le service marketing. • Ensuite nous avons étudié les retours et déterminé leurs
• Pour le revendeur no 2, nous voyons que la cause principale des causes. Ceci a permis de soulever certains problèmes rencon-
retours est un problème d’invendus. Dans ce cas, le service qualité trés avec des grossistes/détaillants ainsi que des problèmes
du fabricant doit se rendre compte que pour un type de produit, la concernant la qualité de certains produits.
cause des retours est liée à un problème de conception. Pour régler • Une fois ces problèmes résolus, il nous est possible de
ce problème il faut que le service qualité s’implique dans une déterminer un nombre de produits qui pourraient intégrer la
démarche d’étude du processus de fabrication de ce produit. Il en boucle reverse logistics. En effet, nous pouvons faire une esti-
résultera une modification de ce dernier et normalement une baisse mation en prenant en compte les prévisions de ventes futures
du nombre de retours du produit concerné. Si, par contre, le pro- qui, combinées à la durée de vie du produit (3 ans) et à un taux
blème persiste dans le temps, c’est que le consommateur utilise mal de retour, donnent un nombre de produits qui doivent se retrou-
le produit et il faudra alors revoir le manuel d’utilisation. ver dans un canal retour 3 ans après.

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Centre de collecte

Détaillant
Recyclage
Région Rhône-Alpes

Décharges

Revente
Détaillant Fabricant

Centre de collecte
Figure 3 – Ébauche d’une logistique à rebours

■ Ce travail permet d’imaginer une ébauche de ce que sera la logis- Le détaillant financera lui même sa partie « collecte ». C’est-à-dire
tique à rebours adaptée aux besoins de l’entreprise (figure 3). qu’il devra acheter le routeur nécessaire à la ligne spécialisée. De plus
il devra payer son abonnement pour l’utilisation de cette ligne. Pour
■ Pour l’entreprise ayant des distributeurs/grossistes dans diffé- finir, il peut, s’il le désire, investir dans le pistolet à infrarouge qui ser-
rents pays ou régions, il faut prévoir des tournées de collectes vira à lire le code-barres à deux dimensions du produit retourné.
géographiques (par exemple par région). Les tournées devront être
dirigées vers un centre de collecte qui s’occupera du tri et de l’envoi Cependant, cela n’est pas indispensable ; en effet, s’il y a peu de
des produits vers la filière de retraitement adéquate. retours chez ce détaillant, il pourra rentrer le code manuellement au
lieu de le scanner.
■ Le contrôle d’accès mis en place fera en sorte que seuls les pro-
duits vendus et autorisés par le fabricant pourront intégrer la chaîne Pour les grossistes, la seule différence est qu’ils devront obligatoi-
retour. rement investir dans un pistolet à infrarouge du fait de la grande
quantité qu’ils auront à gérer.
Pour que les détaillants et les grossistes sachent quel type de pro-
duit peut intégrer le canal retour du fabricant, il faut qu’ils aient Le centre de collecte est équipé de la même façon. Les produits
accès à une base de données créée par celui-ci. Ces informations sont récupérés puis envoyés vers les différentes filières de retraite-
serviront à : ment. Le centre de collecte est un prestataire. En effet, le produit étu-
— décrire le produit (date de fabrication, caractéristiques techni- dié est fabriqué avec différents plastiques qu’il faut trier ; le matériel
ques, nom, photo du produit...) ; nécessaire (rayons X, spectroscope, laser, pyrolyse...) pour ce genre
— avoir des commentaires spécifiques quant à son possible d’opération est très cher et peu courant. De plus, il faut un personnel
retour ; très spécialisé pour effectuer ce type de travail.
— avoir une liste des pièces réutilisables ;
— connaître la nature de ces composants (particulièrement les Point d’avancement no 2
plastiques) ;
— etc.
• À présent nous avons une base de données qui renseignera
Une fois que la base de données est créée, il reste à la transmettre les détaillants/grossistes sur la procédure de traitement d’un
aux différents revendeurs. Il ne faut pas oublier que cette base va retour.
être modifiée dans le temps avec la sortie de nouveaux produits, • Nous avons également un moyen de faire évoluer cette base
c’est pourquoi elle doit être remise à jour en temps réel chez les de données (nouveau produit) depuis le service reverse logistics
détaillants/grossistes, au centre de collecte et chez le fabricant. du fabricant.
Actuellement, la ligne ADSL semble être très performante pour ce • Nous avons aussi apposé sur tous nos produits (qui pour-
type de transaction. Par contre elle n’est pas disponible partout en ront entrer dans la boucle à rebours) une étiquette à code-barres
Europe, c’est pourquoi une ligne spécialisée (type Transpac) peut à deux dimensions.
être utilisée pour ce type de projet. Cette ligne nécessite d’avoir un Nota : nous ne considérons pas comme indispensable l’utilisation de la radiofré-
quence IRF dans l’entrepôt du centre de collecte (ou chez le fabricant directement)
routeur dans chaque entité mais ceci peut être mis en place très parce que nous savons quel produit a réintégré la boucle retour grâce à l’utilisation
rapidement. À titre d’information l’installation d’un routeur coûte des codes-barres.
environ 550 euros et l’abonnement 300 euros par mois.
Pour la suite de l’étude, nous traiterons les retours chez le L’étape suivante consiste à savoir où expédier les produits et sur-
détaillant et chez le grossiste séparément. tout comment recapter la valeur (§ 3).

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Décharge

Valorisation
thermique
Détaillant

Centre de collecte
et de tri
Cannibalisation Valorisation
matière
Réemploi
Grossiste du produit

Détaillant

Fabricant

Autres
filières

Centre de collecte Figure 4 – Flux liés à la collecte


et au retraitement

3. Comment recapter données du fabricant sur le type de produit qui vient d’intégrer le
processus retour (principe du gatekeeping).
la valeur des actifs À partir de ce moment, tous les retours produits sont agrégés
dans la base de données du centre de collecte et du fabricant qui
secondaires ? peut alors prévoir le nombre de camions et de tournées nécessaires
à la récupération des produits. Le processus est donc piloté suivant
le concept « quantité fixe, date variable ».
■ Plusieurs solutions existent, les principales sont décrites ci-
Cette donnée est intéressante puisque qu’elle va devenir un indi-
dessous :
cateur de performance. En effet, si le fabricant arrive à stabiliser les
— réemploi du produit entier après une remise en état, un recon- retours (à l’aide de campagnes publicitaires de reprise par exem-
ditionnement ou un simple réemballage ; ple), les dates de collecte se stabiliseront aussi.
— « cannibalisation » ;
— valorisation matière ; ■ Ensuite le fabricant et le transporteur organisent les tournées
— mise en décharge ; comme ils le souhaitent mais toujours par région. J’insiste sur le fait
que ces collectes doivent être régionales parce qu’il est ainsi plus
— valorisation thermique par incinération ;
facile pour le fabricant de déceler des retours récurrents suite à un
— vente sur un marché secondaire (seconde main, pays étran-
problème de segmentation du marché par exemple.
ger...).
Pour notre entreprise, nous ne pouvons pas utiliser le système de ■ Une fois les produits déchargés au CRC (Centralized Return Cen-
valorisation par la vente sur un marché secondaire. En effet, ce ter), celui-ci les trie selon les préconisations du fabricant. Il doit en
genre d’action entraînerait forcément des conséquences sur la stra- outre renvoyer en premier les produits qui auront juste à être réem-
tégie de ventes de nos produits neufs ainsi que sur l’image du fabri- ballés ou à subir un très léger retraitement afin de pouvoir être
cant. revendus à un grossiste.
En revanche nous pouvons tout à fait utiliser les autres modes de Les produits et sous-ensembles qui ne peuvent pas être recyclés
revalorisation. Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans ce ou qui sont sans valeur seront envoyés à la décharge. Les plastiques
secteur d’activité (Action Toner, A.E.P, Armor, CF Entreprise, Chroma- bicomposants qui ne sont pas réutilisables seront valorisés thermi-
tex, C.M.B. France, etc.). quement (incinération avec récupération d’énergie).
La figure 4 indique les différents canaux de retours possibles et Les produits comportant des pièces réutilisables (cartes électroni-
les possibilités de retraitement d’un produit. ques principalement) seront démontés. Ces pièces réutilisables
seront envoyées au fabricant tandis que le reste (boîtiers plastiques,
■ Une fois que le consommateur a retourné un produit chez le fils électriques, etc.) partira dans une filière de revalorisation de la
détaillant ou chez le grossiste, celui-ci scanne l’étiquette code-barres matière. Le plastique sera retransformé en granulés qui seront
à deux dimensions. Cette opération permet de renseigner la base de ensuite réintégrés dans la filière plasturgie.

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Nous voyons que les matières ne sont pas obligatoirement ren- Si l’on prend en exemple les cartes électroniques, le fabricant
voyées dans leur filière d’origine. En effet, outre le fait qu’elle peu- attendra d’avoir l’équivalent d’une quantité économique de réapprovi-
vent finir à la décharge, elles sont autorisées (dans notre cas) à être sionnement de cartes retournées avant de les intégrer dans la fabrica-
réintégrées dans le secteur de la plasturgie qui à son tour fabriquera tion.
des sous-ensembles pour la filière automobile par exemple. Les stocks de cartes sont représentés par le graphique de la
figure 5.
■ À ce moment intervient l’obligation de mettre en place un sys- Comme nous pouvons le voir, l’usine attendra d’avoir 100 cartes
récupérées avant de les consommer en production. En admettant que
tème de suivi pour être en conformité avec la directive européenne le seuil de réapprovisionnement soit de 20 cartes (égal à la consomma-
concernant les déchets électriques et électroniques (directive EEEE tion par jour multipliée par le délai de réapprovisionnement en jour),
« End of life Electrical and Electronic Equipment »). nous voyons que le service approvisionnement passera une com-
mande un peu avant fin juin. Les approvisionnements seront donc
Le centre de collecte fournira au fabricant, un « Certificat de gérés suivant la méthode quantités fixes/dates variables.
démantèlement et de valorisation » comportant : Remarque : il n’a pas été représenté sur le graphique pour des raisons de sim-
plicité, mais il y aura forcément un stock de sécurité à déterminer.
— le numéro de série, accompagné du type et de la référence Une fois que les retours seront stabilisés et que les prévisions seront
commerciale de l’appareil démantelé ; donc plus fiables, nous pourrons appliquer le concept du double appro-
visionnement. Ce système permet de diminuer les achats. En effet,
— le poids du matériel démantelé. une partie de ceux-ci seront remplacés par l’arrivée et surtout l’utilisa-
tion quotidienne des cartes retournées chez le fabricant.
Comme décrit auparavant, le CRC sait quels sous-ensembles sont Les stocks évolueront alors comme indiqué sur la figure 6.
à renvoyer au fabricant pour une possible réutilisation. À partir de Remarque : les cartes achetées et récupérées seront mélangées et utili-
là, le centre de collecte devra aussi fournir avec les pièces un sées indépendamment les unes des autres.
« Certificat de mise hors d’usage ». Ce certificat devra comporter : L’approvisionnement des cartes achetées se fera de la même façon
à la différence près qu’elles seront commandées plus régulièrement et
— le numéro de série du sous-ensemble démantelé ; en moins grosses quantités (puisque nous n’attendrons plus d’avoir
consommé entièrement les cartes récupérées).
— le numéro de série de l’appareil dont il est issu.

160

Quantité
Point d’avancement no 3 140
120
• Nous connaissons maintenant quels seront les flux physi- 100
ques et d’information.
80
• Nous savons également quels canaux de retraitement seront
utilisés pour recapter la valeur de certains actifs secondaires. 60
• Parallèlement à cela, nous avons vu les documents que 40
devra nous fournir le CRC en vue d’être en accord avec la direc- 20
tive « End of life Electrical and Electronic Equipment ». 0
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil
Temps

Stock de cartes achetées


Stock de cartes récupérées
4. Gestion des stocks Stock total

de retours et réintégration Figure 5 – Évolution des stocks selon la méthode

dans la fabrication de la « refabrication en unités séparées »

120

Quantité
Actuellement, très peu d’études ont été faites sur le sujet. Il faut 100
savoir qu’il existe pour le moment deux méthodes. La première con- 80
siste à intégrer directement les retours dans les stocks de l’entre-
prise (concept appelé « double approvisionnement ») tandis que la 60
deuxième consiste à créer deux types de stocks (méthode commu- 40
nément appelée « refabrication en unités séparées »). Cette 20
deuxième méthode est la plus couramment utilisée parce qu’elle
permet une planification plus aisée et plus en rapport avec la réalité. 0
Janvier Février Mars Avril Mai
En effet, si l’on ajoute les retours dans les stocks de l’entreprise, et
Temps
en considérant que ceux-ci sont aléatoires, il y a une variable sup-
plémentaire qui s’ajoute à la gestion des stocks. Stock de cartes achetées
Stock de cartes retournées
C’est pourquoi, dans notre cas, nous estimons que la deuxième Stock total
méthode permettra à l’entreprise de démarrer convenablement sa
reverse logistics, avec pour objectif à moyen terme, de travailler Figure 6 – Évolution des stocks selon la méthode du « double
avec la méthode de double approvisionnement. approvisionnement »

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Décharge

Valorisation
thermique
Détaillant

Centre de collecte
et de tri
Cannibalisation Valorisation
matière
Réemploi
Grossiste du produit

Détaillant

Fabricant

Autres
filières

Centre de collecte

Flux physiques
Flux financiers
Figure 7 – Flux physiques et financiers

5. Flux financiers général la fourth part logistics sous-traite cette opération. La


deuxième solution consiste à donner la responsabilité du tri à une
et coûts engendrés third part logistics et de trouver un transporteur qui ne rendra des
comptes qu’au fabricant.
Dans notre cas j’ai choisi cette dernière solution. En effet, avec
Les flux financiers sont plus faciles à modéliser qu’à estimer. Très une fourth part logistics nous n’aurions aucune visibilité sur les
peu d’entreprises ont déjà mis en place ce genre de structure (HP, coûts engendrés par un tel système. De plus, cela nous coûterait
IBM, Lexmark et quelques constructeurs automobiles comme VAG). certainement plus cher parce que le centre de tri prendrait une
Ce concept étant très récent et les impacts concurrentiels très marge sur les coûts liés au transporteur. En outre, avec la third part
importants, les coûts estimés de la reverse logistics sont très confi- logistics, nous pourrions aisément renégocier le contrat avec notre
dentiels. Quelques ratios seulement ont été estimés par des cher- transporteur actuel pour qu’il s’occupe aussi du transport des pro-
cheurs qui ont étudié le sujet, mais ce ne sont que des duits retours. Cela lui permettrait de charger des produits retournés
approximations. lors de livraisons chez les grossistes. Nous adopterions la même
politique avec le transporteur qui livre les détaillants.
Par contre, nous pouvons tout à fait déterminer dans notre cas
quels seront les différents flux financiers. Comme nous pouvons le Concernant les grossistes et les détaillants, ce sont eux qui finan-
voir avec le schéma de la figure 7, ceux-ci sont nombreux et ceront leur outil lié à la mise en place d’une reverse logistics (pisto-
complexes. Plusieurs acteurs interviennent dans la chaîne ce qui let pour codes-barres, modem, etc.).
génère autant de flux physiques et financiers.
Finalement, c’est le client final, qui payera une grande partie de ce
À la base de cette reverse logistics, c’est le fabricant qui en pre- système. En effet, il n’est pas rare que celui-ci paye une taxe (trans-
mier finance la mise en place d’un tel système. C’est à lui parente ou non) pour le futur recyclage du produit qu’il vient d’ache-
qu’incombe la tâche de trouver un CRC capable de trier les produits ter. Cela dépendra de la politique commerciale de l’entreprise.
retournés aux détaillants et aux grossistes pour ensuite les
démonter et finalement les expédier dans la filière adéquate. Quoi qu’il en soit, toutes les entreprises s’accordent à dire que la
reverse logistics « post-production » coûte pour le moment plus cher
Le constructeur a le choix entre deux solutions. La première con- qu’elle ne rapporte. Le transport lié à la reverse logistics représente
siste à trouver une fourth part logistics qui s’occupera de trier puis la partie la plus élevée de ces coûts. En effet, il peut être neuf fois
de rediriger les produits vers les filières concernées. Il sera aussi en supérieur au coût du transport lié à une logistique avant classique
charge de la collecte auprès des détaillants et des grossistes. En (du producteur vers le consommateur) (Source : Lambert et Stock

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1993). Ceci est principalement dû au fait que les produits retournés


ne bénéficient pas du même effet de masse que les produits de la
6. Quels sont les avantages
logistique avant. De plus, les produits ne sont pas toujours retournés dont peut bénéficier
dans leur emballage d’origine et ils ne peuvent pas être compactés
(pour ces deux raisons, la palettisation est impossible).
l’entreprise ?
Actuellement, toutes les entreprises ayant mis en place des pro-
Le coût logistique lié à une reverse logistics dépend fortement du jets de reverse logistics ont souvent acquis un avantage concurren-
secteur d’activité. Pour notre entreprise, nous avons la chance tiel. Ce dernier peut par exemple être représenté par une image
d’avoir déjà un réseau proche de la clientèle finale (détaillants et positive en termes de respect de l’environnement, et cela devient de
grossistes). Grâce à cette proximité, les clients ramèneront leur plus en plus important de nos jours. En exploitant cette image,
imprimante en panne ou en fin de vie lorsqu’ils en achèteront une l’entreprise peut acquérir une part de marché plus importante. De
plus, en mettant en place un tel système (surtout pour le recyclage
neuve. Ils le feront automatiquement ou suite à une campagne des déchets), elle peut obtenir une subvention de la part d’organis-
publicitaire de reprise. C’est pourquoi, nous pouvons considérer les mes comme la DRIRE par exemple.
détaillants et les grossistes comme des centres de collecte. Le second avantage de la reverse logistics est représenté par
l’économie faite sur les pièces et/ou sous-ensembles réutilisés dans
En ce qui concerne le produit, vu qu’il est de petite taille, les coûts la production de produits neufs. Comme indiqué auparavant, un
de transport sont automatiquement moins élevés que pour une voi- fabricant de matériel informatique a réduit de 50 % le coût de fabri-
cation de certains produits grâce à l’utilisation de composants
ture par exemple (environ 150 euros par véhicule usagé pour un récupérés et réutilisés dans sa production. Ces derniers proviennent
rapatriement à partir d’une casse automobile) []. Dans tous les cas, bien évidemment de la reverse logistics qu’il a mise en place et qui
il est souvent nécessaire d’avoir recours à des incitatifs pour obliger laisse entrer dans son canal retour uniquement les produits qui
le client à repatrier le produit chez un détaillant par exemple. représentent de la valeur pour lui. Les autres sont redirigés vers
d’autres filières.
Pour calculer ce coût logistique, nous pouvons appliquer la
formule suivante :
7. Conclusion
coûts totaux logistiques
Part des coûts logistiques = -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
coûts totaux logistiques + coûts de retraitement La reverse logistics intéresse aujourd’hui beaucoup d’entreprises.
Elles commencent petit à petit à mettre en place quelques démarches
Ce ratio très simple à calculer représente un indicateur de perfor- logistiques visant principalement à récupérer les produits en fin de
vie afin d’en retirer de la valeur et de respecter l’environnement.
mance pour l’entreprise en terme d’efficacité logistique. Nous pou-
Elles s’attellent également fortement aux retours engendrés par le
vons voir avec cette valeur si l’entreprise est performante,
SAV et qui peuvent représenter un réel avantage concurrentiel en
logistiquement parlant, au début de la mise en place d’une reverse terme de temps liés au traitement de la réparation (temps de trans-
logistics. Ce coût représente entre 20 et 40 % du coût total de la port, pièces en stock, etc.).
logistique à rebours [11]. Il est vrai que la reverse logistics n’en est qu’à ses débuts et que
beaucoup de travail reste à fournir de la part des entreprises. Une
Le triage représente aussi une grosse part des coûts engendrés mise en place de reverse logistics représente beaucoup de temps et
d’argent pour rapporter peu, voire faire perdre de l’argent au début,
par la reverse logistics. Dans notre cas, il sera compris dans la
mais il faut garder à l’esprit qu’elle peut en rapporter beaucoup par
rémunération du CRC. Cependant, nous pouvons le diminuer en le la suite si elle est prise au sérieux par la direction au départ. De
simplifiant. Par exemple, afin de limiter le temps de traitement et même, l’environnement y gagnera beaucoup, surtout si l’on part du
surtout pour travailler sur des produits représentant une valeur principe que « rien ne se crée, tout se transforme ».
potentielle pour le fabricant, nous pouvons décider d’envoyer à la Il y a peu de temps encore, les entreprises étaient incitées, par des
décharge directement tous les produits n’ayant pas une valeur suffi- pressions environnementales, à prendre en charge la gestion de
leurs déchets et de leurs produits en fin de vie ; maintenant, elles
sante (Black & Decker a déjà instauré cette politique aux États-Unis commencent à voir cet autre aspect de la logistique comme un réel
en envoyant systématiquement tous les produits de moins de avantage concurrentiel et surtout comme une source de revenu sup-
12,5 dollars dans la filière déchets) [26]. plémentaire.

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