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I. Un rapide historique:
La mention de la pollution atmosphérique, même si elle n’apparait évidemment pas sous cette
dénomination, est relativement ancienne. Dés l’Antiquité, des auteurs, comme Lao Tseu
(milieu du VIe siècle av. J.-C. – milieu du Ve siècle av. J.-C.), s'inquiètent des impacts de
l’activité humaine sur l'environnement (notamment l'air).
Un magistrat romain réglemente les émissions liées a un abattoir et a une brasserie a York
(Grande-Bretagne) dés le IVème siècle (tableau 1).
La littérature historique fait habituellement débuter aux écrits du physicien et médecin Moses
Maimonides (1135-1204) une description documentée de la qualité de l’air :
« the air becomes stagnant, turbid, thick, misty and foggy» (en reprenant les termes des
traductions anglo-saxonnes.
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Bruno Sportisse, La pollution atmosphérique, Dunod (2008)
2
Des réglementations contre l'usage du charbon a proximité du Palais royal sont edictées par
Edouard Ier (roi d'Angleterre de 1272 à 1307). (« whosoever shall be found guilty of burning
coal shall suffer the loss of his head») (Quiconque reconnu coupable de la combustion du charbon
subira la perte de sa tête. A plus grande échelle, Richard II reglemente l'usage du charbon a
Londres.
Plus proche de nous, le livre de John Evelyn, Fumifugium or the Inconveniencie of the Aer
and Smoak of London Dissipated (figure 1), paraît en 1661 (sous titré Les inconvénients de
la propagation des miasmes et des fumées de Londres), l’un des premiers livres consacrés à
la pollution (en l'occurrence à Londres). (alors que l'Europe et l'Angleterre ont bien d'autres
sujets de préoccupation). Il est généralement présent comme le premier grand texte
spécifiquement consacré à la pollution atmosphérique.
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Figure 2. le livre de John Evelyn, Fumifugium or the Inconveniencie of the Aer
and Smoak of London Dissipated (1648)
La notion de « pluie acide » fait l'objet de son ouvrage de 1872, Air and Acid Rain : the
Beginnings of a Chemical Climatology. Inspecteur general en charge de l'application de
l'Alkaly Act, il met en place un véritable réseau de mesures, précurseur des réseaux modernes
de surveillance.
Alors que l'ozone commence a être mesuré des la seconde moitie du XIXème siècle (a la suite
de son identification, du fait de son odeur caractéristique, par Christian Schönbein), des
mécanismes chimiques sont proposés tout au long du XXème siècle pour expliquer la
composition chimique de I'atmosphère. Sidney Chapman propose, au début des années 30, un
premier mécanisme décrivant l'ozone stratosphérique. Arie Jan Haagen-Smit décrit la
composition probable du smog photochimique de Los Angeles au début des années 50 : un
mélange d'ozone, d'oxydes d'azote et de composes organiques volatils.
Aux thématiques « classiques » (smog soufre ou photochimique) s'est ensuite greffé, a partir
des années 60, tout un ensemble de nouvelles préoccupations : pluies acides, pollution
transfrontière, ozone stratosphérique, effet de serre additionnel, et plus généralement l‘étude
de la composition chimique de I' atmosphère.
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La perception de I’atmosphère comme un milieu chimiquement réactif est définitivement
installée par les travaux de P. J. Crutzen, M. J. Molina et F. S. Rowland, parmi d'autres
scientifiques, récompensés par Ie prix Nobel en 1995 «for their work in atmospheric
chemistry, particularly concerning the formation and decomposition of ozone».
Les impacts de la pollution atmosphérique vont, de plus, bien au-delà des seuls impacts
sanitaires. Les travaux d'Arie Jan Haagen-Smit analysent ainsi originellement l'impact du
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smog photochimique sur la baisse des rendements agricoles. Dans les années 60 et 70, les
pluies acides vont principalement se manifester par les atteintes aux écosystèmes
(dépérissement des forêts et
eutrophisation des lacs). Enfin, l'interaction entre le SO2, les particules et l'eau conduit au
noircissement des façades des bâtiments.
Un corpus réglementaire (plus systématique que les initiatives historiques déjà citées) se met
en place peu a peu (tableau 4). Des initiatives locales, qui remontent au Moyen Age, ont pour
objet de contraindre les hauteurs de cheminées.
M. Faraday) s'intitule ainsi Committee for Means and Expediency of preventing the Nuisance
of Smoke arising form Fires or Furnaces (1843). (Comité pour les moyens et l'opportunité de
prévenir la nuisance de la forme de fumée résultant incendies ou des fours)
Plusieurs textes règlementaires sont proposés mais font l'objet d'une forte opposition des
milieux industriels. Une clause timide concernant les émissions de fumées est ajoutée dans le
Public Health Act de 1846. Il faut attendre 1853 pour avoir un texte spécifique et contraignant
(Smoke Nuisance Abatement Metropolis Act). Des clauses seront précisées ensuite dans Ie
Public Health Act de 1875.
Un volet trés ciblé s'applique à l'industrie du savon, émettrice de composés chlorés, avec l'
Alkaly Act de 1863 (qui conduira aune réduction de prés de plus de 95 % des émissions de
chlore).
Des 1895, les Etats-Unis commencent à réglementer les émissions liées à l'automobile, afin de
diminuer « the showing of visible vapor as exhaust from steam automobiles». (la projection
de vapeur visible de l’échappement des voitures).
Le caractère répétitif des épisodes de smog de Los Angeles conduit a la création du premier
réseau de surveillance en 1947 (Los Angeles Air Pollution Control District). A la suite de
l‘épisode de Londres (1952), Ie British Clean Air Act (CAA) est édicté en 1956 ([153] pour
une perspective historique). Une réglementation similaire est mise en place en 1963 aux Etats-
Unis, avec un volet spécifique pour les automobiles en 1965. Alors que la surveillance de la
pollution était encore essentiellement dévolue aux Etats, des amendements (CAAA, Clean Air
Act Amendments) établissent en 1970 Ie rôle d'une agence fédérale en charge de la protection
de l'environnement (US EPA, Environmental Protection Agency) et définissent des objectifs
fédéraux à atteindre pour six types de polluants (NAAQS, National Ambient Air Quality
Standards).
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La prise de conscience de l'impact des pluies acides en Amérique du Nord conduit à
réglementer les émissions de dioxyde de soufre (un volet spécifique est inclus dans les CAAA
de 1970). La persistance de l'acidité des pluies sur certains sites (evaluée par Ie NAPAP,
National Acid Precipitation Assessment Program) conduit à la mise en place d'un marché des
droits a émettre du dioxyde de soufre (titre IV de l' US Clean Air Act de 1990 et lancement de
l'Acid Rain Program). Les producteurs d’électricité, grands consommateurs de charbon (qui
peut avoir une teneur en soufre non négligeable), sont les premiers concernés,
En Europe, dés 1967, Ie scientifique suédois Svante Oden s'alarme des effets des émissions de
dioxyde de soufre sur l'acidité des pluies. Apres Ie scepticisme initial face au possible impact
à longue distance d‘émissions, Ie caractère transfrontière de la pollution est reconnu dans les
années 70 :
Program for monitoring and evaluation of the long range transmission of air pollutants in Europe.
Plusieurs directives de l'Union européenne vont suivre : pour Ie dioxyde de soufre en 1980
(80/779/EEC), pour les oxydes d'azote en 1985 (85/203/EEC), pour l'ozone en 1992
(92/72/EC), etc. Une politique plus globale de la qualité de l'air commence avec la directive «
cadre» de 1996 (96/62/EC) qui génère ensuite plusieurs directives « filles » : particules,
soufre, plomb et oxydes d'azote en 1999 (99/30/EC), monoxyde de carbone et benzène en
2000 (2000/69/EC), ozone en 2002 (2002/3/EC), métaux lourds, mercure et HAP
(hydrocarbures aromatiques polycycliques) en 2004 (2004/107/EC). En France, la LAURE
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(loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l’énergie), transcription française de directives
européennes, est promulguée en 1996.
Un des résultats les plus tangibles de cette activité réglementaire concerne Ie plomb. La
diminution de plus d'un facteur 2 du contenu autorise dans les carburants, a la fin de 1985
(directive 85/ 210/EEC), conduit très rapidement à une diminution comparable des niveaux de
concentration dans l'air. L'utilisation dans les carburants sera, par la suite, interdite à partir de
l'année 2000.
Pour indication, la figure 3 donne l‘évaluation, début 2007, de la capacité des pays à réaliser
les objectifs assignée pour les NOx (le polluant le plus problématique, notamment pour la
France).
II est à noter que seulement une douzaine d’années sépare la compréhension du rôle joué par
les émissions de CFC sur la destruction de l'ozone stratosphérique et une traduction
réglementaire (l'interdiction progressive des CFC).
Dans Ie même temps, une forte augmentation des concentrations atmosphériques de CO2 est
observée, notamment avec les mesures de Charles Keeling (Hawaii, Mauna Loa) dans les
années 60. Cela fait craindre une perturbation du fonctionnement radiatif de I'atmosphère («
effet de serre additionnel ») et un impact sur Ie climat. Un cycle de conférences
internationales aboutit au protocole de Kyoto en 1997, qui fixe, pour les pays signataires, des
objectifs d’émissions. Parallèlement, les travaux de l'IPCC (Intergovernmental Panel on
Climate Change, par exemple [103]) contribuent à mieux comprendre les processus et
évaluer les impacts possibles sur Ie climat.
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Figure 4. Evolution de 1991 à 2001 du nombre de stations de mesure de
l’Ozone en France. (ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maitrise de
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III. Rôle de I’ expertise scientifique
Dans un tel contexte, l'expertise technique et scientifique a joué (et continue à jouer) un rôle
fondamental. Cela comprend historiquement a la fois :
• la compréhension des phénomènes qui mènent à un impact sanitaire ou environnemental,
afin d’évaluer la contribution de I' activité humaine;
• la définition de moyens de mesures appropriées en support de décisions réglementaires (les
réseaux de surveillance de la qualité de l'air) ou pour améliorer la connaissance scientifique
(l'observation satellitaire de la composition chimique de l’atmosphère).
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Figure 6. Simulation de l’évolution du panache radioactif sur l’Europe à la suite de
l’accident de Tchernobyl marqué par un Triangle). De gauche à droite et de haut en
bas : Champ de Césium 137 (en Becquerel) à 3h00(GMT) du 26 Avril au 1er Mai
1986. Simulation à l’aide du système Polyphemus.
Définition
L’inventaire d’émission permet d’avoir une information quantitative sur les rejets de polluants
pour :
• informer les décideurs et le public
• définir les priorités environnementales et les acteurs majoritairement responsables
des problèmes
• fixer des objectifs et contraintes en matière de réduction des émissions
• évaluer des impacts environnementaux
• évaluer l’effet de différentes stratégies pour combattre les impacts
• faire l’analyse coût/bénéfice des décisions politiques
• surveiller l’état de l’environnement
• surveiller l’action politique et le respect des objectifs.
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Chapitre II
Principe de l’élaboration de l’inventaire
Le principe méthodologique général repose sur l’équation de base :
E = A * Fem
où E est l’émission (ou flux d’émission)
A est l’activité des émetteurs
Fem est un facteur unitaire d’émission
Pourquoi exprimer l’émission sous la forme d’un produit et non pas directement ? Bien
souvent, l’émission d’un procédé dépend de l’activité qu’il réalise. Par exemple, l’émission
d’une centrale thermique va dépendre de son régime de fonctionnement : en période d’activité
réduite comme en été, elle émettra moins que lorsqu’elle fonctionne à plein régime. Il est plus
simple et plus contrôlable de définir un facteur d’émission à fonction réduite et un facteur
d’émission en pleine charge.
Du point de vue de chaque procédé, il est également plus logique de considérer que les
émissions sont relatives à des régimes de fonctionnement regroupés sous la dénomination
activité.
De plus, cela permet de prendre en compte des variations d’activités au cours du temps, ce qui est
important notamment pour l’étude de scénario d’émission. Par exemple, pour le trafic automobile, les
Etats Européens ont pris des dispositions réglementaires de façon à limiter les émissions automobiles à
la source (introduction des catalyseurs). Mais dans le même temps, l’activité (ici le kilométrage
parcouru) a fortement augmenté ce qui a retardé les effets bénéfiques de cette réduction sur la qualité
de l’air. Ici, la hausse de l’activité A a compensé la baisse de l’émission unitaire Fem, ce qui s’est
traduit par des émissions relativement constantes.
Dans l’étude de scénario de prévisions des émissions ou de stratégie de réduction, il est important de
pouvoir distinguer la contribution des émissions unitaires de celle de l’activité car les mesures
politiques prises peuvent porter tantôt sur l’émission unitaire (par exemple, obligation du catalyseur
sur les véhicules), tantôt sur une limitation de l’activité (par exemple, interdiction de circulation des
véhicules sans pastille verte).
1. Identifier les sources (=émetteurs), en correspondance avec les substances, dans la zone d’espace et
de temps considérée.
2. Pour chaque source, déterminer son activité
3. Pour chaque source, déterminer son facteur unitaire d’émission
4. Pour chaque source, déterminer son émission en faisant le produit indiqué.
5. Sommer sur l’ensemble des sources recensées.
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La réalisation est essentiellement un travail de collecte de données et de recoupements de ces données.
Ce travail est extrêmement lourd et coûteux. Souvent, les données de base (facteurs d’émissions ou
activité) sont mal connues et il est nécessaire de les extrapoler. De plus, les formats de ces données
sont extrêmement variables selon le secteur concerné et les ordres de grandeurs ne s’acquièrent
qu’avec une solide expérience. La réalisation d’inventaire exige bien souvent la constitution de bases
de données très importantes. Petit à petit, les choses s’organisent pour automatiser l’observation et la
collecte de données de base nécessaires aux inventaires.
Dans un contexte réglementaire, la réalisation des inventaires est confiée à des organismes compétents
et indépendants, qui ont connaissance des méthodologies d’estimation des émissions et des bases
données associées.
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Chapitre III
Les substances
I. Introduction
Les différentes substances ont des durée de vie dans l’atmosphère qui sont extrêmement
variables, ce qui explique que les problèmes de pollution se situent sur des différentes échelles
de temps et d’espace très variables. Voici l’ordre de grandeur de la durée de vie dans
l’atmosphère de quelques polluants :
Les polluants primaires sont les polluants que l’on trouve à l’endroit de l’émission.
Par exemple, le CO est un polluant primaire.
Les polluants secondaires sont des polluants qui ne sont pas émis, mais qui résultent de
la transformation physico-chimique des polluants primaires au cours de leur séjour
dans l’atmosphère. Par exemple, l’ozone résulte de réactions chimiques impliquant
notamment les oxydes d’azote et les COV.
Exemple :
L'essentiel de l'ozone troposphérique est un polluant d'origine anthropique (généré par les
activités humaines). Une petite partie est naturellement produite au-dessus des zones
enforestées, ou après des incendies naturels de forêt. La pollution par l'ozone au niveau du
sol résulte d'un mécanisme complexe. L'ozone troposphérique est massivement formé à partir
de polluants « précurseurs », sous l'effet du rayonnement solaire (UV) ; il s'agit notamment
du dioxyde d'azote NO2 émis par les échappements des véhicules, des cheminées,
incinérateurs et incendies de forêts (souvent volontaires, ou secondairement induits par le
drainage et le réchauffement climatique).
Sous l'action de rayonnements solaires de courte longueur d'onde
NO2 → NO + O
puis O + O2 → O3
en présence d'autres oxydants,
sinon, NO2 se reforme : NO + O3 → NO2 + O2
Les émissions directes d'ozone par des activités humaines n'ont lieu qu'en faible quantité.
Il est possible de réaliser un inventaire d’émission pour les polluants primaires, mais pas pour
les polluants secondaires.
Le choix de la substance dépend généralement des objectifs de l’inventaire d’émission et/ou
des impacts que l’on souhaite étudier. L’inventaire peut être fait en masse de substance, ou en
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indicateurs. Dans ce dernier cas, la masse de substance a été convertie en fonction de son
potentiel d’effet. Par exemple, une quantité de CH4 peut être ramené à une quantité
d’équivalent CO2, moyennant un facteur de conversion exprimant la nuisance relative d’un kg
de CH4 par rapport à celle d’un kg de CO2. La notion d’indicateur permet ainsi d’additionner
des substances diverses pour en étudier plus facilement l’impact.
s composés organiques
Les composés organiques volatiles – COV
Les COV regroupent une multitude de substances et ne correspondent pas à une définition très
rigoureuse. Les hydrocarbures appartiennent aux COV et on fait souvent l’amalgame à tort.
Ceci est sans doute dû au fait que l’on exprime souvent les COV en hydrocarbures totaux
(notés HC), en équivalent méthane ou propane, ou par rapport à un autre hydrocarbure de
référence.
Il est fréquent de distinguer séparément le méthane (CH4) qui est un COV particulier,
naturellement présent dans l’air, des autres COV pour lesquels on emploie alors la notation
COVNM (Composés Organiques Volatils Non Méthaniques).
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont été déclarés des substances toxiques
car ils répondent aux critères de persistance, de bioaccumulation et de toxicité définis par
divers organismes internationaux. Les HAP proviennent de sources naturelles et
anthropiques.
Il s’agit d’un groupe de 100 substances chimiques différentes qui sont produites pendant la
combustion incomplète de charbon, de pétrole et de gaz, de bois, de déchets et d’autres
substances organiques. On les trouve généralement sous forme de nombreux composés
mélangés, dans des matériaux comme la suie.
Les HAP s’introduisent dans l’environnement pendant la phase gazeuse ou agglutinés à des
particules, principalement la suie. Dans l’air ambiant, 25 % des HAP adhèrent à des
particules et 75 % se présentent sous forme gazeuse, à l’exception des substances provenant
des alumineries où le ratio est de 50-50. Les HAP sont aussi généralement concentrés près de
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sources ponctuelles spécifiques et leurs concentrations semblent diminuer rapidement à
mesure qu’ils s’éloignent de leur source.
Il existe douze composés organiques toxiques à basse concentration. Ce sont des résidus
industriels souvent toxiques, mutagènes et cancérigènes, qui interfèrent avec notre système
hormonal et sexuel. La liste la plus communément admise est la suivante : Trichloroéthylène
(TRI), Trichloroéthane (TCE), Tetrachloroéthylène (PER), Dioxines et furanes (Diox),
Hydrocarbures aromatiques Polycycliques (HAP), Polychlorobiphényls (PCB) et
Hexachlorobenzène (HCB).
Ils sont semi-volatiles et circulent plus ou moins bien dans l’air, en fonction de la température
de celui-ci : dans les endroits froids, leur volatilité est réduite et ils se concentrent donc dans
les régions tempérées et polaires.
Ils sont lipophiles (faible solubilité dans l’eau mais forte dans les graisses), avec attirance
forte pour les tissus adipeux où ils se concentrent généralement (forte bioaccumulation). Ils
ont également une durée de vie très longue (persistance dans le milieu).
s sources de COV
Les sources de COV sont très nombreuses, les émissions sont dues à certains procédés
industriels impliquant la mise en œuvre de solvants (chimie de base et chimie fine,
parachimie, dégraissage des métaux, application de peinture, imprimerie, colles et adhésifs,
caoutchouc, etc...), ou n’impliquant pas de solvants (raffinage du pétrole, utilisation de CFC,
production de boissons alcoolisées, de pain, etc.). L’utilisation de combustibles dans des
foyers contribue un peu aux émissions mais sans aucune comparaison avec les proportions
indiquées pour SO2 et NOx. On retrouve au premier rang des émetteurs les transports (surtout
automobiles). On notera également que la biomasse est fortement émettrice (forêts), sans
oublier non plus les émissions liées aux produits domestiques (peinture, produits d’entretien,
parfums et cosmétiques, journaux, tabac, etc.).
Voici quelques exemples de COV associés à des sources courantes (sources intérieures). Cette
liste reflète la diversité des sources et des substances regroupées sous la dénomination COV :
– (+/-) alpha pinène Désodorisant, parfum d’intérieur, produit d’entretien
– 1,4 dichlorobenzène : Anti-mite, désodorisant, taupicide
– 111-trichloroéthane : Formulations de colle
– 124-triméthylbenzène : Solvant pétrolier, carburants, goudrons, vernis
– 1-methoxy-2-propanol : Laques, peintures, vernis, savons, cosmétiques
– 2-butoxyéthanol : Peintures, vernis, fongicides, herbicides, traitement du bois, calfatage
siliconé
– 2-ethoxyéthanol Peintures, laques, vernis
– Benzène : Carburants, fumée de cigarette, produits de bricolage, d’ameublement, de
construction et de décoration
– Butyl-acétate : Parquet, solvants
– cyclohexane : Peintures, vernis, colles
– Décane : White-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, sol, moquettes, tapis
– Ethyl-benzène : Automobile, cires
– Limonène : Désodorisant, parfum d’intérieur, cires, nettoyants sol
– Mp-xylène et O-xylène Peintures ; vernis, colles, insecticides
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– Styrène :Matières plastiques, matériaux isolants, automobile, fumée de cigarette
– Tétrachloroéthylène : Nettoyage à sec, moquettes, tapis
– Toluène : Peintures, vernis, colles, encres, moquettes, tapis, calfatage siliconé , vapeurs
d’essence
– Trichloroéthylène : Peintures, vernis, colles, dégraissant métaux
– Undécane : White-spirit, colles pour sol, cires, vernis à bois, nettoyants sol.
Ci-dessous figurent des substances appartenant à la famille des aldéhydes, souvent associés à
la pollution dans les ambiances intérieurs et potentiellement responsables d’effets sur la santé
:
– Formaldéhyde (CH2O)methanal : Photochimie, panneaux de particules, panneaux de fibres,
panneaux de bois brut, émissions des livres et magazines neufs, peintures à phase solvant,
Les HAP sont naturellement présents dans le pétrole brut et ils le demeurent dans les produits
raffinés. Mais ils sont également rejetés par des sources naturelles : les feux de forêt, qui
libèrent près de 2000 tonnes de HAP par an, sont sans doute la plus grande source naturelle de
HAP. Cependant, ces rejets étant généralement très éloignés dans le temps et dans l’espace, ils
n’entraînent pas de risque d’exposition continue. Le dépôt atmosphérique provenant de
sources à l’extérieur des pays constitue une autre voie d’entrée significative.
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s métaux lourds
Les métaux lourds désignent en général les métaux dont le poids atomique est supérieur à
celui du fer. Ces métaux sont parfois également désignés par le terme de métaux traces ou
d’éléments traces métalliques. On considère en général les métaux lourds suivants : Arsenic
(As), Cadmium (Cd), Chrome (Cr), Cuivre (Cu), Mercure (Hg), Nickel (Ni), Plomb (Pb),
Sélénium (Se), Zinc (Zn).
Chaque métal possède des caractéristiques et un impact propre. Néanmoins, on distingue en
particulier :
– Mercure : le mercure est le seul métal liquide à température ambiante. Il se combine très
aisément avec d’autres composés et a une volatilité importante. Pour le mercure métallique
(inorganique), on le retrouve sous forme gazeuse, liquide ou ionique. Mais le mercure peut
également se combiner avec du gaz carbonique et on parle alors de mercure organique. Le
mercure est très sensible à l’acidité du milieu. Il est extrêmement toxique et a des effets sur le
système nerveux. La volatilité importante du mercure en fait un polluant important dans les
études de pollution transfrontière.
– Plomb : Une source importante des émissions de plomb dans l’atmosphère a été le transport
car le plomb a été pendant longtemps additionné à l’essence du fait de son pouvoir
antidétonant.
De ce fait, il contamine souvent les terrains en bordures d’axes routiers. Depuis l’interdiction
du plomb dans les carburants (en 2000, pour la France), les rejets de plomb ont
considérablement chuté et les concentrations en plomb sont considérées maintenant comme
étant à des niveaux acceptables. L’ingestion de plomb déclenche le saturnisme.
Ces 3 métaux se distinguent des autres métaux souvent considérés comme des oligo-éléments
pouvant être utiles. Les premiers sont tous très toxiques (effets sur le système nerveux) et ont
une durée de vie très grande et une conductivité électrique élevée. Les métaux ne posent pas
seulement un problème pour la pollution de l’air, mais aussi pour celle de l’eau et des sols.
s particules
• PM10 : masse des particules dont le diamètre aérodynamique moyen est inférieur à 10 μm.
• PM2.5 : masse des particules dont le diamètre aérodynamique moyen est inférieur à 2.5 μm.
• PM1.0 : masse des particules dont le diamètre aérodynamique moyen est inférieur à 1 μm.
• Ultrafines : particules dont le diamètre aérodynamique moyen est inférieur à
0.1 μm.
• Nanoparticules : particules de diamètre aérodynamique moyen inférieur à 0.05 ou 0.03 μm.
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La composition chimique des particules est également un paramètre très important pour les
études de pollutions atmosphériques.
Les chlorofluorocarbones ou les CFCs (également connus sous le nom de Fréons) sont
nontoxiques, ininflammables et non-cancérogènes. Ils contiennent des atomes de fluor, des
atomes de carbone et des atomes de chlore. Les 5 CFCs principaux incluent le CFC-11
(trichlorofluorométhane - CFCl3), CFC-12 (dichlorodifluorométhane - CF2Cl2), CFC-113
(trichlorotrifluoroéthane -C2F3Cl3), CFC-114 (dichlorotétrafluoroéthane - C2F4Cl2), et CFC-
115 (chloropentafluoroéthane - C2F5Cl).
Les CFCs sont largement répandus comme liquides réfrigérants dans la réfrigération et les
climatiseurs, comme dissolvants dans les décapants, en particulier pour les cartes
électroniques, en tant qu’agents de soufflage dans la production de mousse (par exemple
extincteurs), et comme propulseurs en aérosols. Leur durée de vie dans l’atmosphère varie de
20 à plusieurs centaines d’années. A l’heure actuelle, les CFC ne constituent plus un problème
majeur de la pollution atmosphérique
Les impacts de la pollution conditionnent la plupart du temps le choix des substances retenues
dans un inventaire. L’échelle géographique pertinente pour analyser les phénomènes de
pollution de l’air va du très local (par exemple odeurs, effets des particules, du benzène, ... sur
la santé) à l’échelle mondiale (par exemple effet de serre, couche d’ozone), en passant par des
phénomènes régionaux ou continentaux (pluies acides ou pollution photochimique). On classe
souvent les effets en fonction de l’échelle qui les concerne.
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CHAPITRE IV
Effet de serre et changement climatique
I. L’effet de serre
Les rayons du soleil qui atteignent la Terre réchauffent sa surface et sont absorbés à hauteur
des deux tiers. Sous l’effet de la réverbération, le tiers restant est renvoyé sous forme de
rayonnement infrarouge vers l'espace, mais se trouve en partie piégé par une couche de gaz
située dans la basse atmosphère : celle-ci renvoie la chaleur vers la Terre et contribue à la
réchauffer davantage.
Cet effet de serre résulte pour les deux tiers de l'absorption de chaleur par la vapeur d'eau et
les nuages (qui évoluent entre le sol et 12 km d'altitude). Le troisième tiers résulte de
l'interaction d'un certain nombre de gaz dits à effet de serre (ou GES) qui se situent environ à
15 km au-dessus du sol. En majeure partie, leur origine est naturelle, mais la proportion due à
l'activité humaine, qui est dite d'origine anthropique, s'accroît depuis le début de l'ère
industrielle (1750).
L'augmentation incontrôlée de l'effet de serre pourrait provoquer selon les pires prévisions
(violents incendies de forêts dus aux sécheresses et réchauffement progressif des océans
entraînant la fonte puis la remontée à la surface du méthane stocké au fond des mers) une
augmentation de la température du globe jusqu'à 10°C en moyenne d'ici à 2150 si rien n'est
fait pour diminuer les rejets humains de gaz à effet de serre.
Les Gaz à Effet de Serre (GES) sont des gaz qui absorbent une partie des rayons solaires en
les redistribuant sous la forme de radiations au sein de l'atmosphère terrestre, phénomène
appelé effet de serre.
Plus d’une quarantaine de gaz à effet de serre ont été recensés par le Groupe
Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) parmi lesquels figurent : la
Vapeur d'eau (H2O), le Dioxyde de carbone (CO2 ), le Méthane (CH4), l'Ozone (O3), le
Protoxyde d'azote (N2O), l'Hydrofluorocarbures (HFC), le Perfluorocarbures (PFC) et
l'Hexafluorure de soufre (SF6).
Le dioxyde de carbone représente près de 70% des émissions de gaz à effet de serre d’origine
anthropique. Il est principalement issu de la combustion des énergies fossiles (pétrole,
charbon) et de la biomasse.
Le protoxyde d’azote (N2O) représente 16% des émissions. Il provient des activités agricoles,
de la combustion de la biomasse et des produits chimiques comme l’acide nitrique.
Le méthane (CH4) représente 13% des émissions. Il est essentiellement généré par
l’agriculture (rizières, élevages). Une partie des émissions provient de la production et de la
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distribution de gaz et de pétrole, de l’extraction du charbon, de leur combustion et des
décharges.
Les gaz fluorés (HFC, PFC, SF6) représentent 2% des émissions. Ces gaz sont utilisés dans
les systèmes de réfrigération et employés dans les aérosols et les mousses isolantes. Les PFC
et le SF6 sont utilisés dans l’industrie des semi-conducteurs. Les gaz fluorés ont un pouvoir
de réchauffement 1300 à 24000 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone et une très
longue durée de vie. C’est pourquoi ils représentent un réel danger malgré la modeste part
qu’ils représentent dans les émissions totales de GES.
Afin de limiter l'accentuation de l'effet de serre et la hausse des températures à la
surface de la planète, des politiques de réduction ou de limitation d'émissions de certains
GES ont été mises en place par de nombreux pays dont la France notamment dans le
cadre du protocole de Kyoto.
La couche d'ozone est la partie de l'atmosphère située entre vingt et cinquante kilomètres
d'altitude (stratosphère). La concentration en ozone y est de l'ordre de dix parties par million.
Le trou de la couche d'ozone est le Terme utilisé pour désigner la destruction de la couche
d’ozone lorsque le niveau décelé dépasse 50 %. Des trous d'ozone saisonniers ont été observés au-
dessus des régions arctiques et de l'Antarctique, d'une partie du Canada et de l'extrême Nord-est des
Etats-Unis.
Il s'agit d'une variété gazeuse allotropique de l'oxygène O2, plus lourde que l'air.
On parle du ''bon'' c'est-à-dire ozone stratosphérique et du ''mauvais'' c'est-à-dire ozone à la
23
surface de la terre, également appelé ozone troposphérique.
L'ozone stratosphérique ou ''bon ozone'' est retrouvé à assez haute concentration dans la
stratosphère terrestre, essentiellement à une altitude comprise entre 15 et 20 km. Cet ozone
absorbant fortement les rayons ultraviolets, protège les organismes vivants de radiations U.V.
Il est détruit par des aérosols, notamment issus de l'activité humaine, parmi lesquels les CFC,
entraînant ainsi un trou dans la couche d'ozone.
L'ozone troposphérique ou ''mauvais ozone'' est engendré par la pollution près de la surface de
la terre. Initialement, on pensait que l'ozone troposphérique était de l'ozone stratosphérique
qui serait descendu, étant donné que l'ozone est beaucoup plus lourd que l'air. Or, il est
reconnu aujourd'hui que, si le phénomène de descente d'une partie de l'ozone de la
stratosphère vers la troposphère existe bien, il n'est responsable que d'une petite partie de
l'ozone troposphérique. L'ozone des basses couches de l'atmosphère est un gaz extrêmement
irritant et incolore qui se forme juste au-dessus de la surface de la terre.
L’ozone troposphérique est formé par une réaction chimique impliquant le dioxyde d'azote
avec l'oxygène de l'air. Or, pour former du dioxyde d’azote (NO2), il faut du monoxyde
d’azote (NO) directement rejeté par les automobiles, combiné à des composés organiques
volatils (COV) provenant principalement des industries.
On l'appelle donc polluant secondaire parce qu'il est produit lorsque deux polluants primaires
réagissent au soleil et à l'air stagnant. Ces deux polluants primaires sont les oxydes d'azote
(NOx) et les composés organiques volatils (COV).
L'ozone troposphérique contribue à l'effet de serre et aux pluies acides (altération des
végétaux et des forêts). C'est un facteur de dégradation des matériaux dont le caoutchouc
(problème fréquent au niveau des pneumatiques). Chez l'homme ou l'animal, il est à l'origine
d'irritation des muqueuses oculaires et respiratoires, de crises d'asthme chez les sujets
sensibles.
Les pics d’ozone se produisent toujours en cours d’après-midi, selon le même cycle diurne
que celui de la température : minimum vers 8h et maximum vers 17h. La pollution par l’ozone
augmente régulièrement depuis le début du siècle dans l'atmosphère de l'hémisphère nord, et
nos régions sont couramment soumises en été à des pointes de pollution par l'ozone, en milieu
urbain et rural.
- Effets sur la santé : l'ozone est un oxydant puissant. Il altère les fonctions cellulaires aux
points d'impact que constituent les muqueuses (oculaires et pulmonaires en particulier). Il
perturbe, dans certaines conditions, la fonction respiratoire non seulement chez les
asthmatiques, mais chez les adultes sains et les enfants. Des études ont montré qu'il peut
entraîner une irritation des yeux et des voies aériennes supérieures, provoquant toux et maux
de tête.
- Effets aigus : diminution de la fonction respiratoire observée chez des enfants et des adultes,
rhumes, maux de tête possibles, irritation des yeux, déclenchement de crises d'asthme et
symptômes respiratoires. La réaction la plus forte se produit au bout de 2 jours d'épisode.
Après 4 ou 5 jours d'exposition, la réaction n'est plus perçue (l'organisme a réagi pour se
protéger). Il existe une synergie additive pour les effets sur la santé entre NO2, O3 et d'autres
polluants.
- Effets sur les végétaux : les grands processus physiologiques de la plante (photosynthèse,
respiration) sont altérés par l'ozone et la production des cultures agricoles peut être
significativement réduite.
- Effets sur les matériaux : l'ozone altère les caoutchoucs et certains polymères. La résistance
à l'ozone d'un polymère est considérée comme un paramètre essentiel dans les applications où
il se trouve exposé sous tension au vieillissement atmosphérique.
24
L'ozone est un gaz à effet de serre, tout comme le dioxyde de carbone. Il est susceptible de
bloquer une partie du rayonnement tellurique et de le renvoyer vers le sol. On estime
actuellement que la part relative de l'ozone dans l'effet de serre additionnel pourrait être
comprise entre 10 et 20 %.
Les niveaux de pollution photochimique enregistrés en France au mois d'août 2003 n'ont
jamais été aussi élevés depuis 1991, date de la généralisation des mesures de l'ozone en
France, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). L'ozone
atteint des niveaux supérieurs à 180 microgrammes par mètre cube d'air (µ g/m3) en
agglomérations et zones rurales, et les niveaux sont souvent élevés pour le dioxyde d'azote et
les particules fines.
V. Le Protocole de Kyoto :
Le protocole de Kyōto est un traité international visant à la réduction des émissions de gaz à effet de
serre, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques dont les
pays participants se rencontrent une fois par an depuis 1995. Signé le 11 décembre 1997 lors de la 3e
conférence annuelle de la Convention (COP 3) à Kyōto, au Japon, il est entré en vigueur le 16 février
2005 et en 2010 a été ratifié par 183 pays, les États-Unis n'en faisant pas partie.
Ces pays industrialisés se sont engagés sur une réduction de leurs émissions de 5,2% en
moyenne entre 2008 et 2012 par rapport au niveau de 1990. Les pays en développement sont
exemptés d’engagements chiffrés afin que leur développement ne soit pas remis en cause.
Pour entrer en vigueur, ce protocole a dû être ratifié par plus de 55 pays totalisant plus de 55%
des émissions de gaz à effet de serre. L’Union Européenne et de nombreux autres pays ont
ratifié le protocole en 2002. La France s’est engagée à ne pas émettre en 2010 plus de gaz à
effet de serre qu’elle n’en émettait en 1990, soit 563,9 millions de tonnes équivalent CO2. La
Russie a ratifié l'accord fin 2004 ce qui a déclencher l'entrée en vigueur du protocole. En
2007, l'Australie l'a ratifié. Les Etats– Unis en revanche se sont retirés du protocole depuis
2001. Pour respecter le protocole de Kyoto, l’Union Européenne a mis en place un
programme d’actions et un système d’échange des droits d’émission des gaz à effet de serre.
25
* chlorofluorocarbones (CFC), HBFC, méthyle chloroforme, tétrachlorure de carbone :
élimination complète d'ici le 1er janvier 1996;
‘HALONS : composé chimique halogéné bromé [HALON 1211 : CF2BrCl; HALON 1311 : CF3Br,
HALON 2402 : C2F4Br2] principalement utilisés pour lutter contre les incendies là où on ne peut
utiliser de l'eau (dans les salles d'ordinateurs, par exemple).
A l'instar des CFC, composés chlorés ou fluorés, ils sont responsables de la destruction de la couche
d'ozone stratosphérique (Haute altitude). Selon la variété, il est de 3 (halon-1211) à 10 fois (halon-
1301) plus nocif pour l'ozone que les CFC. Selon des chercheurs australiens, le halon provoque
actuellement 20% de la destruction d'ozone à travers le monde. Un pourcentage qui tend à croître, dans
la mesure où il y a de moins en moins de CFC dans l'environnement. En vertu du Protocole de
Montréal de 1992, les pays industrialisés devaient cesser la production de halon dès le début de 1994.
Mais les pays en voie de développement conservaient le droit d'en fabriquer jusqu'à 2010. La Chine
augmente sa production de halon-1211 de 200 tonnes par année au lieu de graduellement la réduire. Ce
pays est actuellement responsable de 90% de la production mondiale de ce gaz.
* bromure de méthyle : gel d'ici le 1er janvier 1995; élimination complète d'ici le 1er janvier
2005 et rapport sur la consommation annuelle;
* Les Parties doivent mettre en œuvre un système de permis pour l'importation et l'exportation
de substances réglementés neuves, usagées, recyclées ou récupérées, en provenance et à
destination d'États non Parties au Protocole;
* Les Parties doivent mettre en œuvre des mesures pour contrôler l'importation et
l'exportation de produits et d'équipement utilisant des substances réglementées, en provenance
et à destination d'États non Parties au Protocole;
* Les Parties interdisent l'importation de HCFC d'États non Partie à compter du 1er janvier
2004;
* Les Parties interdisent le commerce de bromochlorométhane avec des États non Partie à
compter du 1er janvier 2001.
Les Parties doivent déposer un rapport statistique annuel au Secrétariat du Protocole sur leur
production et leur consommation de substances réglementées, ainsi que sur leurs importations
et exportations de ces substances.
26
Deuxième partie
La pollution de l’eau
Introduction
Le cycle de L’eau
On entend par "cycle de l'eau" les mécanismes relatifs aux phénomènes hydrologiques
concernant les mouvements et le renouvellement des eaux sur Terre. Il existe en fait différents
cycles de l'eau. On parle de cycle car ils sont perpétuels à l'échelle des hommes, ne présentant
ni commencement ni fin.
Le cycle de l'eau au sens large obéit à des mécanismes très complexes, à la fois internes et
externes, qui sont influencés par de nombreuses variables d'ordre physique et parfois
chimique touchant les phénomènes météorologiques, géologiques, hydrologiques, etc.
D'expérience, nous savons que sous forme liquide l'eau s'évapore au Soleil, elle ruisselle sur
la terre, érode les reliefs et façonne les vallées. Elle s'écoule vers la mer où elle s'évapore pour
former des nuages qui à leur tour donneront des précipitations qui viendront lessiver les terres,
alimenter les rivières et ainsi de suite. Ca c'est la version poétique et caricaturée du cycle de
l'eau.
L'eau est également bénéfique aux organismes vivants. Sans insister sur son action
biologique, sous forme de vapeur elle forme un écran protecteur contre les rayons UV et
empêche la chaleur de s'échapper dans l'espace. Elle joue également un important rôle
thermorégulateur entre les océans, la terre et l'atmosphère et participe aux mouvements des
marées.
L'eau peut être douce ou salée, provenir des profondeurs de la terre, stagner à sa surface ou
rester en suspension dans l'air.
Voyons tout ceci en détails en commençant par le cycle interne de l'eau, celui qui se
développe en surface et que nous connaissons tous pour subir sa loi. Nous verrons ensuite le
cycle externe de l'eau, celui caractérisant les interactions entre les différents réservoirs d'eau.
1. Le cycle interne de l'eau
Le cycle de l'eau est régi par trois mécanismes :
- l'évaporation
- la condensation
- la précipitation.
Puisqu'il s'agit d'un cycle sans fin, nous pourrions le prendre à n'importe quel étape du
processus mais il est plus logique de l'expliquer à partir de l'étape où le rayonnement solaire
déclenche l'évaporation.
A. L'évaporation
Il s'agit du passage de l'eau de l'état liquide à l'état gazeux (vapeur). Dans certaines
circonstances on peut observer une sublimation, l'eau sous forme de glace passant directement
à l'état de vapeur. L'évaporation est donc un phénomène physique régis par l'intensité du
27
rayonnement solaire. Cette évaporation est d'autant plus élevé que le climat est chaud et sec,
l'atmosphère jouant alors le rôle de véritable absorbeur d'humidité.
Ce phénomène est particulièrement frappant dans la mer Morte située à la frontière de la
Jordanie, d'Israël et de la Cisjordanie.
Alimentée par le Jourdain, la mer Morte est située à 417 m sous le niveau moyen de la mer.
Depuis environ 40000 ans, le régime des pluies a diminué, provoquant une forte évaporation
du lac. Aujourd'hui la mer Morte contient environ 25% de sel soit ~275 g/l ! L'eau est
tellement dense qu'on y flotte sans effort ! La densité de l'eau atteint même 1.33 à 350 m de
profondeur avec 325 g de sel par kilo d'eau, ce qui représente une salinité de 325, alors que la
salinité de l'océan n'est que de 35 en moyenne.
Les eaux de la mer Morte sont ainsi stratifiées, celles des profondeurs sursalées étant
anoxiques (privées d'oxygène).
Depuis 1983, le sel (halite) précipite comme l'explique cet article. C'est ainsi que des dépôts
salins (évaporites) s'accumulent sur toutes les berges et jusqu'à quelques mètres du rivage.
De manière générale, l'évaporation de l'eau se manifeste sur toutes les surfaces, sur les terres
comme sur les océans et s'accumule sous forme de vapeur dans l'atmosphère. Les étendues
liquides sont les principales sources d'humidité, suivies par la couverture végétale des forêts.
De manière générale, l'évaporation de l'eau se manifeste sur toutes les surfaces, sur les terres
comme sur les océans et s'accumule sous forme de vapeur dans l'atmosphère. Les étendues
liquides sont les principales sources d'humidité, suivies par la couverture végétale des forêts.
On parle d'évapotranspiration lorsque cela concerne l'évaporation de l'eau du sol et la
transpiration des plantes (forêts, prairies, gazon, etc). Ce mécanisme est divisé en deux
composantes : l'évapotranspiration réelle (somme des quantités de vapeur d'eau évaporées par
le sol et par les plantes) et l'évapotranspiration de référence (quantité maximale d'eau
susceptible d'être perdue en phase vapeur) par une couverture végétale spécifique).
L'étude de l'évaporation se base généralement sur l'analyse du bilan et de la gestion de l'eau
par les plantes, sauf dans le cas de projets d'aménagement où l'eau est avant tout considérée
sous son aspect de vecteur dynamique.
B. La condensation
Il s'agit du phénomène inverse de l'évaporation par lequel la vapeur passe à l'état liquide. Du
fait des poussées par des phénomènes d'instabilité, les particules d'air humide se refroidissent
en s'élevant dans l'atmosphère. A une certaine altitude, fonction des paramètres
météorologiques, elles arrivent à saturation et se condensent sur les noyaux de condensation
(de fines particules de sel, de poussière, etc.) pour former des gouttelettes d'eau ou de glace.
Cette condensation est visible sous forme de nuages et est restituée aux sols et aux océans par
le biais des précipitations.
C. Les précipitations
Il s'agit de la chute d'un ensemble de particules solides ou liquides. Les précipitations sont
des effet associés à un changement de température ou de pression et leur fréquence comme
leur ampleur varient en fonction des conditions climatiques.
Les précipitations dépendent du phénomène de coalescence des gouttes d'eau qui leur
confère une masse plus ou moins élevée favorisant leur chute par gravité. On parle de virga
lorsque les précipitations n'atteignent pas le sol, s'évaporant au cours de leur chute. Les
28
précipitations sont exprimées en litres ou mm/h ou encore en mm/m2 quand on considère la
quantité d'eau précipitée.
Les précipitations sous forme liquide sont partiellement interceptées par le couvert végétal
qui les restituent à l'atmosphère sous forme de vapeur à travers l'évapotranspiration. Les
précipitations résiduelles atteignent le sol (terres ou océans).
Mécanismes annexes
Plusieurs mécanismes annexes très complexes interviennent pour boucler le cycle de l'eau.
Selon les conditions, l'eau parvenue jusqu'au sol peut s'évaporer à son contact, ruisseler sur la
surface ou s'infiltrer sous terre.
L'eau qui ne stagne pas ou ne s'écoule pas en surface peut plonger dans les entrailles de la
terre par percolation, formant localement des nappes souterraines. L'eau peut également être
absorbée par certaines roches. Elle peut enfin s'accumuler dans le sous-sol, servant de source
d'humidité aux végétaux et à la microfaune.
Si l'humidité est trop abondante, l'eau souterraine peut s'écouler à travers le sous-sol ou les
cavernes et occasionnellement rejoindre la surface au niveau des sources ou des cours d'eau.
L'évaporation de cette eau contenue dans le sol, les cours d'eau et le couvert végétal ainsi
que celle rejoignant les océans terminent le cycle de l'eau.
29
A. Interception et rétention de l'eau
Une bonne partie des précipitations, qu'il s'agisse de pluie ou de neige, n'atteignent pas le
sol. Mais ne s'évaporent pas non plus. Il s'agit de l'eau interceptée et stockée au-dessus du sol
par les végétaux et les bassins de rétention et autre dépression On estime que jusqu'à 30% des
précipitations sont absorbées par les forêts, 25% par les prairies et 15% par les zones
agricoles. L'effet induit par l'accumulation des précipitations dans les dépressions est très
variable et difficile à quantifier. On sait seulement qu'il participe à un effet retard sur le
démarrage des phénomènes hydrologiques au départ des bassins de rétention. Cet effet est
marginal sous nos latitudes tempérées mais il peut représenter une variable importante dans
les pays tropicaux à la végétation et la pluviosité abondantes.
30
C. Ruissellement et écoulements
Par ruissellement on entend les différentes formes d'écoulements de l'eau, qu'ils soient lents
(rivière) ou rapides (crues), se manifestant en surface ou dans le sous-sol. On peut également
faire la distinction entre les écoulements naturels (cours d'eau) et artificiels (canaux) bien que
cela fasse référence à une notion hydraulique.
Figure 2 : A gauche, des cascades en Utah, USA. A droite, celle de Sgwd Clun-gwyn dans le
parc national de Brecon Beacons en Angleterre (Wales)..
Les écoulements peuvent également se définir par rapport à leur champ d'application. Ainsi
dans le cadre de projets d'aménagement, le bilan du réseau hydrologique peut s'exprimer en
litres/seconde quand on parle de drainage ou d'irrigation ou s'exprimer en mètre cube/mètre
carré/seconde pour caractériser l'écoulement sur une surface.
Des mesures récentes indiquent que les solides arrachés aux masses continentales par les
cours d'eau s'élèvent à 10 tonnes par km2 en Australie et à environ 193 tonnes par km2 en
Europe. A l'échelle mondiale, les cours d'eau transportent quelque 4 milliards de tonnes de
sels dissous vers les océans.
Quand cela concerne exclusivement des écoulements souterrains ou la quantité d'eau
transportées par les cours d'eau, les ingénieurs parlent de débit, c'est-à-dire de volume d'eau
s'écoulant par unité de temps. Ainsi, en période de crue le débit de l'Amazone atteint 300000
m3/sec, davantage que les débits du Nil et du Mississippi réunis.
On estime qu'en moyenne sur l’ensemble du globe terrestre, chaque année 65% des
précipitations qui arrivent au sol s’évaporent, 24% ruissellent et 11% s’infiltrent sous terre.
31
Ce cycle se caractérise par deux composantes interdépendantes :
- une composante atmosphérique caractérisant la circulation de l'eau dans l'atmosphère
- une composante terrestre relative à l'écoulement de l'eau sur les continents, en surface ou
souterrain.
Il faut y ajouter une composante moins visible mais tout aussi importante, celle des échanges
d'eau qui se produisent entre l'hydrosphère et le manteau terrestre.
Concernant la première composante, on observe dans la haute atmosphère une décomposition
accélérée des molécules d'eau sous l'effet du rayonnement ultraviolet solaire. Suite à cette
photodissociation, l'hydrogène étant très léger, il échappe à l'attraction terrestre et s'échappe
dans l'espace. Il en est de même pour l'oxygène mais dans des proportions nettement
inférieures.
Toutefois, le bilan global tend à démontrer que ces pertes sont négligeables et que la quantité
totale d'eau contenue dans l'hydrosphère reste constante.
On peut même démontrer sur base d'études des sédiments marins que le volume des océans a
très peu varié depuis 1.5 milliards d'années, les pertes ou le déficit dans l'une ou l'autre
composante étant compensé par un excès dans une autre composante.
Non seulement cela démontre que la Terre est un système thermodynamique parfaitement
régulé mais c'est une serre capable de contrôler son taux d'humidité et sa température avec
une extrême précision au cours du temps malgré les écarts importants que l'on observe
localement. La Terre est un système thermodynamique complexe dans lequel des variables
sont en interactions et qui semble tout à fait capable de s'autoréguler naturellement.
Mais ce n'est pas une raison pour le pousser jusqu'à ses limites où, à l'image d'une machine, le
système peut s'emballer, entrer dans un nouveau régime et produire des effets inattendus voire
préjudiciables à l'homme. Car si les scientifiques comprennent le fonctionnement de la Terre
dans ses grandes lignes, ils ignorent les détails de cette machinerie et les conséquences
précises que peut entraîner la modification d'une ou plusieurs variables sur son régime.
Nous avons l'exemple des émissions de gaz à effet de serre. Nous savons qu'elles augmentent
la température de l'air et par extension elles accélèrent la fonte des glaces et l'élévation du
niveau des océans. Parmi les conséquences les plus visibles, on constate que le corail meurt à
petit feu car les eaux sont trop chaudes, des mammifères comme des poissons perdent leurs
territoires et leur population diminue, les eaux inondent des îles paradisiaques forçant des
population à se réfugier sur de plus grandes îles ou sur le contient, etc. Ces dérèglements sont
loin d'être innocents et nous n'en connaissons que quelques effets.
Le cycle externe de l'eau concerne, en résumé, les mécanismes relatifs aux différents
réservoirs d'eau et leurs interactions. A l'inverse du cycle interne de l'eau qu'il est possible de
résumer en quelques paragraphes, le cycle externe est un concept très complexe qu'il me
paraît impossible de décrire en quelques phrases au risque de caricaturer le sujet et de donner
une fausse image de ce qu'il représente.
Pour comprendre son fonctionnement il est nécessaire de le diviser en ses différentes
composantes élémentaires. Nous verrons donc successivement :
- Les volumes des réservoirs d'eau
- Les flux entre réservoirs d'eau
- La répartition de l'eau sur la Terre
- Les eaux souterraines
- Les cours d'eau
- Les lacs et mers intérieures
32
- Les glaciers
A. Les volumes des réservoirs d'eau
Il n'existe pas de chiffres officiels des volumes totaux d'eau disponible sur Terre. C'est à peine
si on peut estimer la capacité des quatre grands réservoirs (océans, eaux continentales,
atmosphère et biosphère) car on ne peut pas évaluer avec précision les quantités d'eau qui
s'infiltre ou percole dans le sol car elles dépendent également de l'épaisseur de la croûte
terrestre.
A défaut d'estimations fiables de chaque composante, on peut estimer les réserves d'eau à un
instant donné pour un réservoir donné.
Ce travail de fourmi étant très complexe et fastidieux, les scientifiques sont contraints de se
baser sur les études réalisées par leurs collègues pour obtenir des chiffres qu'il n'est pas facile
de vérifier. Croyons-les donc sur parole. Selon Ghislain de Marsily[1], les différents réservoirs
d'eau sont répartis comme suit :
Au total, l'hydrosphère contient 1 385 990 800 km3 d'eau, sachant que 1 km3 d'eau représente
un cube mesurant 1 km de côté et contient mille milliards de litres ! Nous disposons donc en
théorie de suffisamment d'eau pour désaltérer toute la population mondiale, arroser nos
cultures et alimenter nos industries durant des milliards d'années s'il le fallait.
Malheureusement 37% de cette eau est constituée d'eau de mer et est impropre à la
consommation au risque de contracter des infections ou de tuer à petit feu nos cultures,
brûlées par le sel.
En pratique 20% seulement des réserves d'eau sont exploitables. Sur ces 20%, seuls 3% des
réserves sont constituées d'eau douce et la majeure partie est gelée soit emprisonnée aux pôles
soit sous forme de glaciers.
Il n'est même pas question de remorquer des icebergs des pôles et notamment de l'Antarctique
car ils seront fondus avant d'arriver à destination. En fait les ressources d'eau douce sont très
mal distribuées sur le globe et plus encore quand on considère les sources
d'approvisionnement vis-à-vis des sites d'exploitation industriels.
Quant aux 43% d'eau restant, ils constituent des réserves virtuelles car inexploitables à grande
et même à petite échelle. Elles n'intéressent que les micro-organismes et les végétaux.
33
Finalement il reste à peine 9 millions de kilomètres cubes d'eau directement exploitables (9
milliards de milliards de litres) dont la plus grande partie est représentée par les eaux
souterraines.
CHAPITRE I
I Qu’est-ce que la pollution ?
Un milieu aquatique est dit pollué lorsque son équilibre a été modifié de façon durable par
l’apport en quantités trop importantes soit de substances plus ou moins toxiques, d’origine
naturelle ou issues d’activités humaines, soit encore d’eaux trop chaudes.
Ces pollutions peuvent entraîner divers types de nuisances :
Augmenter la mortalité de certaines espèces animales ou végétales jusqu’à parfois les faire
disparaître, altérer leurs capacités physiologiques, détériorer la qualité de l’eau au point de la
rendre impropre à certains usages, comme l’alimentation humaine.
Tous les polluants ne présentent pas les mêmes risques pour les écosystèmes. Certains
notamment sont biodégradables. Riche en espèces animales et végétales et en micro-
organismes, un écosystème est naturellement capable de transformer et d’éliminer, en partie
ou en totalité, les substances biodégradables qu’il reçoit et d’assurer ainsi le maintien de son
équilibre et de la qualité de ses eaux. Mais, si l’abondance de ces substances dépasse un seuil
critique, ses capacités d'auto-épuration ne suffisent plus : l’agent polluant ne peut plus être
éliminé assez rapidement ; il s’accumule, rompant progressivement l’équilibre dynamique
naturel du milieu aquatique, et peut même devenir toxique. On dit alors qu’il y a pollution.
D’autres agents polluants, comme les plastiques, les métaux et certains pesticides, ne sont pas
ou peu biodégradables : le processus d'auto-épuration est alors inopérant et ces substances
s’accumulent dans l’écosystème, intoxiquant les espèces vivantes qui les ingèrent. Certaines
de ces substances, de surcroît, comme les métaux lourds ou les pesticides, s’accumulent dans
les organismes, se concentrant dans certains tissus ou organes à des doses parfois bien
supérieures à celles mesurées dans l’eau, un phénomène appelé " bio-accumulation " . Cette
accumulation, qui s’amplifie à chacun des maillons de la chaîne alimentaire, peut prendre
parfois une ampleur inquiétante. Un seul exemple : au plus fort de la pollution du Clear Lake,
en Californie, alors que les taux de résidus de DDT (un des premiers pesticides utilisés)
atteignaient 0,8 microgramme par litre dans l’eau, on en trouvait, 5 microgrammes par litre,
dans les algues et le plancton, 100 microgrammes par kilogramme dans les poissons, 5 350
microgrammes par kilogramme dans les muscles des pélicans et des cormorans, et jusqu'à
161 000 microgrammes dans leur graisse !
Il n'est pas toujours facile d'identifier les sources de pollution ni d’estimer leurs effets
respectifs, qui dépendent à la fois de la nature et de la concentration du polluant et de
l’écosystème considéré, les phénomènes en jeu étant fort complexes. Il est donc souvent
difficile de déterminer, pour chaque substance toxique, une concentration maximale
34
acceptable pour un écosystème. Il n’existe d’ailleurs aucun consensus sur les seuils à ne pas
dépasser. Dans les rares cas où les lois fixent des normes, celles-ci varient selon les pays.
Dans les pays industrialisés, la pollution des cours d’eau a pris une ampleur nouvelle et
inquiétante durant la seconde moitié du XXe siècle. À partir des années 1950, l’utilisation
d’engrais et de pesticides a fait apparaître une pollution particulière, l’eutrophisation, due à
des apports excessifs de nutriments dans les milieux aquatiques.
Mais cette dégradation constante de la qualité des eaux continentales et, simultanément, la
difficulté grandissante à traiter ces eaux pour les rendre potables ont progressivement fait
évoluer les consciences. Des mesures de protection ont commencé à être prises. Depuis
quelques années, le développement de plus en plus généralisé de l’assainissement des eaux
usées et des effluents industriels tend à progressivement limiter certains dommages causés
aux écosystèmes aquatiques.
35
Chronologie des principales sources
de pollution des eaux continentales
dans les pays industrialisés,
L’activité humaine, qu’elle soit industrielle (chimie, papeterie, industrie agroalimentaire, etc.),
urbaine (usages domestiques, commerce, entretien des rues), ou agricole (utilisation d’engrais
et de pesticides), produit quantité de substances polluantes de toute nature qui sont à l’origine
de différents types de pollutions : des pollutions organiques (essentiellement d’origine
animale), chimiques (fertilisants, pesticides, métaux, détergents…), biologiques (bactéries,
virus et autres champignons), radioactives ou acides.
Ces polluants sont émis dans l’atmosphère, évacués dans les eaux usées ou épandus sur les
sols, sous forme de gaz, de substances dissoutes ou de particules. La plupart finissent par
rejoindre les milieux aquatiques. Comment font-ils ? Grâce à l’eau ! Capable de dissoudre
quantités de substances, l’eau est en effet, au cours de son cycle, le véhicule privilégié de la
pollution. Des voies diverses peuvent être empruntées : déversement direct d’effluents
industriels et d’eaux d’égouts (dans les pays ne disposant pas d’infrastructures
d’assainissement), retombées sur les sols de polluants atmosphériques entraînés par la pluie,
lessivage des sols pollués par ruissellement et/ou infiltration souterraine des eaux de pluie…
Selon la manière dont ils sont mis en circulation, les polluants mettent plus ou moins de temps
pour atteindre les milieux aquatiques.
Même un simple orage en zone urbaine peut avoir des conséquences remarquables en termes
de pollution. Les eaux de pluie ruissellent dans les rues où se sont accumulées poussières,
détritus et hydrocarbures rejetés par les véhicules, et sur les toitures où se sont déposées, entre
deux pluies, poussières urbaines et suies de combustion et d’incinération des ordures
ménagères. Si l’agglomération est équipée d’un réseau d’assainissement unitaire, de loin le
plus fréquent, qui collecte à la fois eaux usées et eaux de pluie, les pluies et leur charge
polluante sont drainées jusque dans les égouts. Or, en cas d’orages, ceux-ci peuvent déborder,
leurs eaux allant directement dans la plus proche rivière. Il en résulte une pollution brève mais
intense qui provoque une désoxygénation des eaux pouvant conduire à une mortalité massive
des poissons.
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TYPES DE POLLUTION NATURE SOURCES
> Physique
pollution thermique rejets d'eau chaude centrales thermiques
pollution radioactive radio-isotopes installations nucléaires
> Chimique
fertilisants nitrates, phosphates agriculture, lessives
mercure, cadmium, plomb, aluminium, industries, agriculture, pluies acides,
métaux et métalloïdes
arsenic... combustion
pesticides insecticides, herbicides, fongicides agriculture, industries
organochlorés PCB, solvants industries
composées organiques de
nombreuses molécules industries
synthèse
détersifs agents tensio-actifs effluents domestiques
hydrocarbures pétrole et dérivés industrie pétrolière, transports
Principaux types de pollution des eaux continentales, nature de produits polluants et leurs origines
Ces pollutions peuvent être permanentes (rejets domestiques d’une grande ville, par exemple),
périodiques (augmentations saisonnières des rejets liées au tourisme, aux crues...), ou encore
accidentelles ou aiguës, à la suite du déversement intempestif de produits toxiques d’origine
industrielle ou agricole, ou du lessivage des sols urbains lors de fortes pluies.
Aujourd’hui, bien rares sont les régions du monde épargnées et les milieux aquatiques
continentaux non pollués.
On estime ainsi que la moitié des fleuves et des lacs européens et nord-américains est
gravement polluée. Moins connue, la situation dans les pays en développement ne serait pas
meilleure. Selon les experts du Conseil mondial de l'eau, dans un rapport élaboré pour le
deuxième Forum mondial de l'eau (mars 2000, La Haye), seuls " deux des principaux fleuves
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mondiaux peuvent être qualifiés de sains : l'Amazone et le Congo " . Au total, 20 % des
espèces aquatiques ont disparu au cours des dernières années ou sont menacées d'extinction.
Pollués de leur source à leur embouchure, les fleuves déversent ensuite les produits toxiques
qu’ils transportent dans les mers et les océans. En outre, environ 60 % de la population
mondiale vit le long des côtes dont les rejets perturbent profondément les milieux côtiers et
marins. En conséquence, si les grands océans, bien que pollués en surface restent encore
propres en profondeur, la plupart des mers sont très polluées, car dans ces milieux fermés
l’effet de dilution n’est pas aussi important que dans les océans.
Quant aux nappes phréatiques, bien qu’alimentées uniquement par infiltration, elles ne sont
pas épargnées : les polluants peuvent mettre longtemps à les atteindre, mais y demeurer des
dizaines d'années si la circulation de l’eau est lente. Leur pollution n’est donc pas immédiate,
mais son effet est plus durable et difficilement réversible.
Les hydrocarbures par exemple, comme le pétrole, sont des composés organiques
biodégradables. Ils peuvent cependant avoir des effets toxiques importants sur la flore et la
faune aquatiques lorsqu'ils sont présents en fortes quantités. Or, les fortes pollutions
ponctuelles aux hydrocarbures ne sont pas rares, non seulement en mer notamment lors des
fameuses " marées noires " provoquées par les accidents de pétroliers géants, mais aussi sur
les milieux continentaux. Dans le Bassin Parisien par exemple, 40 % des pollutions seraient
dues à des hydrocarbures.
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Liposolubles, ils peuvent s'accumuler dans les graisses des organismes vivants. Détectés dans
l’environnement dans le courant des années 1970, leur usage a été restreint dans les pays
industrialisés. Leur production a même cessé en France depuis 1987. Ils perdurent néanmoins
dans les eaux à des concentrations non négligeables, du fait de leur adsorption par les
sédiments et de leur grande stabilité.
La pollution microbiologique est une autre forme de pollution organique. Les déchets
organiques, en particulier les excréments, contiennent des germes pathogènes (virus,
bactéries ou parasites) véhiculés par l’eau. Ces germes peuvent provoquer des maladies aussi
graves que le choléra, la typhoïde, la dysenterie... Ils ont été jadis responsables d’épidémies
dramatiques dans nos pays. Aujourd’hui, cette pollution des eaux continentales a fortement
diminué dans les pays industrialisés grâce à la mise en service de stations d’épuration qui
assurent le nettoyage des eaux usées avant leur rejet dans la nature. Mais cela n’est pas le cas
des pays en développement où elle provoque encore des morts innombrables.
Le lac du comté de Catlin dans l'état de New-York, situé dans les régions industrialisées, présente
une telle contamination par des composés organiques persistants (insecticides organochlorés et
PCB) que la pêche est autorisée à titre récréatif mais interdite à la consommation.
Les pesticides (insecticides, raticides, fongicides, et herbicides) sont des composés chimiques
dotés de propriétés toxicologiques, utilisés par les agriculteurs pour lutter contre les animaux
(insectes, rongeurs) ou les plantes (champignons, mauvaises herbes) jugés nuisibles aux
plantations. Le premier usage intensif d’un pesticide, le DDT, remonte à l’époque de la
seconde guerre mondiale.
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Malheureusement, tous les pesticides épandus ne remplissent pas leur emploi. Une grande
partie d’entre eux est dispersée dans l’atmosphère, soit lors de leur application, soit par
évaporation ou par envol à partir des plantes ou des sols sur lesquels ils ont été répandus.
Disséminés par le vent et parfois loin de leur lieu d’épandage, ils retombent avec les pluies
directement sur les plans d’eau et sur les sols d’où ils sont ensuite drainés jusque dans les
milieux aquatiques par les eaux de pluie (ruissellement et infiltration). Les pesticides sont
ainsi aujourd’hui à l’origine d’une pollution diffuse qui contamine toutes les eaux
continentales : cours d’eau, eaux souterraines et zones littorales.
Mais la source la plus importante de contamination par des pesticides demeure la négligence :
stockage dans de mauvaises conditions, techniques d’application défectueuses, rejet sans
précaution de résidus ou d’excédents, ou encore pollutions accidentelles comme, par exemple,
lors du rejet accidentel de 1250 tonnes de pesticides dans le Rhin, en novembre 1986.
Si les pesticides sont d’abord apparus bénéfiques, leurs effets secondaires nocifs ont été
rapidement mis en évidence. Leur toxicité, liée à leur structure moléculaire, ne se limite pas
en effet aux seules espèces que l’on souhaite éliminer. Ils sont notamment toxiques pour
l’homme.
Estimer les effets sur les écosystèmes d’une pollution liée aux pesticides s’avère difficile, car
il existe un millier de familles de pesticides, soit des dizaines de milliers de pesticides. Ils sont
en outre utilisés à faibles doses et leurs comportements sont très divers. Leur impact dépend à
la fois de leur mode d’action (certains sont beaucoup plus toxiques que d’autres), de leur
persistance dans le temps (certains se dégradent beaucoup plus rapidement que d’autres) et de
leurs sous-produits de dégradation lesquels sont parfois plus toxiques et se dégradent moins
vite que le composé initial. Leurs effets sur le vivant sont, eux aussi, encore très mal connus.
• Les pyréthroïdes sont des insecticides de synthèse très toxiques pour les
organismes aquatiques. Une pollution accidentelle des eaux par ces composés peut
être dramatique.
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• Les phytosanitaires, qui regroupent un très grand nombre de produits de la
famille des triazines ou des fongicides, représentent plus de la moitié du tonnage
annuel des pesticides utilisés en France. Ces produits réagissant avec le sol lors de leur
migration (piégeage, relargage, spéciation), l’évaluation de leur devenir et de leur
impact se révèle difficile.
Très solubles dans l’eau, les nitrates constituent aujourd’hui la cause majeure de
pollution des grands réservoirs d’eau souterraine du globe qui par ailleurs présentent en
général une qualité chimique et bactériologique satisfaisante pour l’alimentation. Cette
pollution a débuté à la fin des années 1950 et n’a fait qu’augmenter depuis lors. Alors qu’en
l’absence de contamination, la teneur en nitrates des eaux souterraines varie de 0,1 à 1
milligramme par litre d’eau, elle dépasse souvent aujourd’hui 50 milligrammes par litre,
norme retenue pour les eaux potables par l’Organisation mondiale de la santé. Désormais, de
telles eaux nécessitent donc un traitement spécifique pour pouvoir être consommées.
L'essentiel de cette pollution est dû à la différence entre les apports en nitrates sous
forme d’engrais et ce qui est réellement consommé par les plantes. La pollution par les
nitrates est un problème complexe. Outre d’être des nutriments pour les plantes, les nitrates
sont également consommés par les microorganismes (bactéries et champignons) présents dans
la terre. Ils participent ainsi à la synthèse des matières organiques du sol qui stockent en leur
sein l’azote contenu dans les nitrates qui n’ont pas été consommés dans l’année par les
plantes, et ce jusqu’à leur mort. Leur décomposition par les bactéries libère alors l’azote
qu’elles contiennent sous la forme de nitrates. Mais cette libération peut se produire à tout
moment de l’année, notamment lorsque les plantes sont au repos et s’alimentent peu : dans ce
cas, ne pouvant être consommés par ces dernières, les nitrates libérés sont lessivés par les
eaux de ruissellement et d’infiltration.
Les nitrates emportés par les eaux d’infiltration au cours d’une année ne proviennent
donc que pour une faible part des engrais apportés cette même année. L’essentiel provient de
la production de nitrates par la matière organique morte des sols, c’est-à-dire des nitrates
épandus les années précédentes et stockés. À ceci s’ajoute parfois la lenteur de la progression
de l’eau d’infiltration dans les sols.
Chaque épandage contribue donc peu chaque année à la contamination des eaux, mais
il y contribue durant de nombreuses années. D’année en année, ces contributions " retardées "
s’additionnent les unes aux autres et les quantités de nitrates lessivés atteignant les nappes
augmentent. C’est ainsi que la pollution actuelle des nappes souterraines provient de 20 à 30
années d’épandage d’engrais. Même si l’on arrêtait aujourd’hui de fertiliser les sols, il faudrait
attendre plusieurs décennies avant de retrouver une situation normale.
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La pollution des eaux par les nitrates présente un double risque. Ingérés en trop grande
quantité, les nitrates ont des effets toxiques sur la santé humaine. Par ailleurs, ils contribuent
avec les phosphates à modifier l’équilibre biologique des milieux aquatiques en provoquant
des phénomènes d’eutrophisation, voire de dystrophisation (La dystrophisation est l'état
extrême de l'eutrophisation, qui se traduit par la mort des organismes animaux et végétaux
supérieurs.).
Les phosphates sont les principaux responsables, en France et dans le monde, des phénomènes
d’eutrophisation et de dystrophisation. En effet, non toxiques en eux-mêmes pour la vie
animale et végétale, ils portent atteinte à l’environnement dès lors qu’ils sont en fortes
concentrations : ils deviennent alors de véritables engrais pour les milieux aquatiques qu’ils
contribuent à enrichir exagérément en matière organique.
Les phosphates ont la propriété de neutraliser l’action du calcaire. Ils sont donc rajoutés aux
détergents pour adoucir l’eau et obtenir ainsi un meilleur lavage. Mais leur utilisation fait
l’objet depuis quelques années d’une polémique entre producteurs de lessives et protecteurs
de l’environnement. Pour ne pas contaminer les milieux aquatiques, une solution efficace
existe qui consisterait à déphosphater les eaux usées dans les stations d’épuration, mais elle
est très coûteuse. Quant à trouver une substance de remplacement, rien de moins facile. La
Suisse par exemple a interdit en 1986 l’emploi des phosphates dans les lessives, une mesure
qui a permis de diminuer l’eutrophisation du lac Léman très atteint depuis les années 1950.
Elle a recours depuis lors à un produit de substitution efficace, le nitrilotriacétate, déjà utilisé
depuis plus de 20 ans au Canada. Ce produit se dégrade vite et bien, mais il a le défaut
d’entraîner la libération des métaux lourds fixés dans les sédiments, et ses effets à long terme
sont mal connus. Il est encore interdit en France. D’autres pays utilisent d’autres produits de
substitution, comme les zéolithes commercialisées en 1989 : bien que non biodégradables, ces
composés n'ont pas d’effet nocif connu.
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les milieux aquatiques dont les eaux sont peu renouvelées : les lacs principalement, mais aussi
aujourd'hui les estuaires de certains grands fleuves comme la Tamise ou la Loire. Ces
nutriments proviennent principalement des phosphates contenus dans les détergents et les
engrais, et des nitrates contenus dans les engrais azotés, mais aussi de l’ammoniac issu de la
décomposition des effluents organiques par des bactéries aérobies.
• les matières organiques biodégradables sont dégradées par les bactéries aérobies
présentes dans le milieu. Mais parce qu’il consomme beaucoup d’oxygène, ce
mécanisme provoque un premier appauvrissement en oxygène dissous.
• l'excès de nutriments, de son côté, entraîne une multiplication en surface du
phytoplancton et de certaines plantes aquatiques qui en mourant augmentent encore les
quantités de matières organiques biodégradables présentes dans le milieu. Les
bactéries aérobies, qui vivent dans les profondeurs où se déposent ces matières
organiques, prolifèrent et consomment progressivement tout l’oxygène des eaux
profondes qui ne peuvent se ré-oxygéner en raison du faible brassage des eaux.
• on observe alors une différence de plus en plus marquée entre les eaux proches de la
surface, très oxygénées, et les eaux profondes, totalement désoxygénées et non
éclairées, car la prolifération des algues en surface empêche toute pénétration de
lumière. Dans ces profondeurs, la vie disparaît peu à peu : les espèces animales et les
bactéries aérobies meurent asphyxiées. Au bout d’un certain temps, seules les
bactéries anaérobies survivent dans ce milieu dépourvu d’oxygène : elles se
multiplient et provoquent la fermentation de toute la matière organique accumulée,
libérant des gaz nauséabonds (hydrogène sulfuré et ammoniac) et du méthane.
X. La pollution métallique
La pollution métallique peut être due à différents métaux comme l’aluminium, l’arsenic, le
chrome, le cobalt, le cuivre, le manganèse, le molybdène, le nickel, le zinc... ou encore à des
métaux lourds comme le cadmium, le mercure ou le plomb, plus toxiques que les précédents.
De multiples activités humaines en sont responsables. Cette pollution provient en effet
essentiellement :
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La pollution métallique pose un problème particulier, car les métaux ne sont pas
biodégradables. En outre, tout au long de la chaîne alimentaire, certains se concentrent dans
les organismes vivants. Ils peuvent ainsi atteindre des taux très élevés dans certaines espèces
consommées par l’homme, comme les poissons. Cette " bio-accumulation " explique leur très
forte toxicité.
Le mercure
La première pollution grave imputée à un métal, le mercure, s'est produite au Japon en 1953.
Une usine de fabrication de matières plastiques déversait alors ses déchets dans une baie, à
Minamata. Au bout de quelques années, les habitants des littoraux voisins qui consommaient
beaucoup de poissons et de fruits de mer ont commencé à être victimes de graves troubles
osseux pouvant conduire à des décès (" maladie de Minamata " ). Dans les années 1950 et
1960, 150 tonnes de mercure ont ainsi été déversées dans la baie ! Et les taux de mercure
trouvés dans les poissons contaminés étaient 500 000 fois supérieurs à ceux des eaux de la
baie !
Dans le monde, des milliers de tonnes de mercure sont rejetées chaque année dans les cours
d’eau où ce métal se transforme en méthyl-mercure, un composé très stable qui se concentre
ensuite dans les organismes vivants. La toxicité élevée du mercure est liée à son aptitude à se
combiner au soufre. Dans les organismes vivants, il peut ainsi bloquer certains sites actifs
comportant des atomes de soufre, comme celui de la vitamine B12. Les composés mercuriels
sont particulièrement dangereux pour le cerveau où ils s’accumulent.
En France, les rejets directs de mercure dans les eaux fluviales sont faibles (0,5 tonne par an)
et proviennent surtout d’usines de la région Rhône-Alpes. La contamination au mercure vient
principalement des rejets émis dans l’atmosphère (15,8 tonnes par an, selon les données
officielles) lors de l’utilisation de combustibles fossiles, lors de l’incinération de déchets ou
encore par l’industrie métallurgique.
Le plomb
La toxicité du plomb est due notamment à son effet inhibiteur de certaines enzymes qui
provoque des troubles cérébraux et des retards mentaux chez les jeunes enfants.
La pollution par le plomb provient surtout des additifs anti-détonants de l’essence. Rejetés
dans l’atmosphère, ceux-ci retombent et se concentrent de part et d’autre des routes. Le plomb
qu’ils contiennent passe alors directement dans l’herbe ou dans les eaux de ruissellement.
Pour limiter ces rejets dangereux, l'usage d’essence sans plomb s’est beaucoup développé ces
dernières années. En 1994, les ventes d’essence sans plomb avaient atteint en France 45 % des
ventes totales d’essence. Mais cette solution n'est pas idéale car elle diminue le rendement des
moteurs et augmente l’émission d’autres polluants comme le monoxyde de carbone.
Invisible, la pollution radioactive n'en est que plus insidieuse. Cependant, hormis les accidents
nucléaires importants comme la catastrophe de Tchernobyl (avril 1986), cette forme de
pollution reste limitée. De grandes précautions sont prises lors des manipulations de produits
radioactifs : extraction et traitement du minerai, fonctionnement des réacteurs, transport et
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traitement des combustibles usés, conditionnement et traitement des déchets. En outre, des
limitations très strictes sont imposées aux rejets gazeux ou liquides issus des centrales
nucléaires. De fait, la radioactivité induite dans l’environnement par les rejets actuels est très
inférieure à la radioactivité naturelle due au rayonnement cosmique et à la radioactivité de
l’écorce terrestre.
Les risques de pollution radioactive sont donc surtout liés aux accidents potentiels. L’accident
de Tchernobyl a par exemple libéré dans l’atmosphère divers radioéléments, provoquant une
augmentation très nette de la radioactivité des aérosols. Retombés au sol avec les pluies, ces
contaminants ont été entraînés par ruissellement et infiltration jusque dans les nappes
phréatiques, surtout en Ukraine mais aussi dans des régions plus éloignées. Des taux
anormalement élevés de césium radioactif ont ainsi été retrouvés jusque dans des bassins
versants français.
Une autre source d’inquiétude vient de ce que, jusqu'à la signature d’un accord en 1982,
quantité de déchets très radioactifs ont été immergés dans de profondes fosses sous-marines
par une douzaine de pays, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Les Soviétiques
puis les Russes auraient poursuivi cette pratique jusqu'en 1992, immergeant réacteurs et sous-
marins nucléaires. Nul ne peut estimer aujourd’hui les effets à long terme de telles
immersions.
Plusieurs lacs, et rivières russes ont également été contaminés. Ainsi, après avoir servi durant
des années de décharge à quantités de fluides radioactifs, le lac Karatchaï (Oural) serait le lac
le plus radioactif au monde. Ces déchets se déplaceraient actuellement le long de la rivière
Irtych et menaceraient à terme de polluer toute la région de Sibérie occidentale et l’océan
Arctique.
Ce type de pollution, lié à l’utilisation de l’eau comme liquide de refroidissement par les
industriels, apparaît souvent mineur. Mais il s’accroît, du fait de l’augmentation des besoins
de l’industrie.
L'eau est notamment utilisée comme refroidisseur dans les centrales thermiques et nucléaires.
Elle est pompée dans les cours d’eau ou le milieu marin côtier, auquel elle est ensuite restituée
au sortir de la centrale à une température plus élevée de 4 à 5°C. Elle réchauffe à leur tour les
eaux dans lesquelles elle est déversée, ce qui peut perturber la vie aquatique, animale ou
végétale, notamment en modifiant les rythmes physiologiques des espèces (reproduction,
survie hivernale, etc).
Depuis le début des années 1950, on observe une forte augmentation de l’acidité des eaux de
pluie dans diverses régions industrielles du monde. Ces " pluies acides " résultent
essentiellement de la pollution de l’air par des gaz (dioxyde de soufre et oxydes d’azote) et
des particules, issus de différentes activités industrielles, de la combustion de produits fossiles
riches en soufre, de la circulation automobile et de l’élevage industriel. Ces gaz se dissolvent
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dans la vapeur d’eau de l’atmosphère et sont oxydés en acides (notamment sulfurique et
nitrique) qui acidifient les précipitations.
Ces pluies acides endommagent les forêts et empoisonnent sols, lacs et rivières. Dans un
premier temps, si le pouvoir tampon des eaux qui reçoivent ces pluies est suffisant, les
carbonates et les bicarbonates qu’elles renferment neutralisent l’apport acide sans que leur
acidité naturelle ne varie. Mais si les apports acides sont trop importants ou que leur pouvoir
tampon est trop faible, leur acidité peut augmenter brutalement. Lorsqu’elle est suffisante (pH
inférieur à 5), l’acidification des eaux met en solution des sels d’aluminium contenus dans des
silicates, comme les argiles, et dont la solubilité croit rapidement avec l’acidité du milieu
(pour un pH supérieur à 6, l’aluminium n’est pas soluble dans l’eau). Or, très toxiques, ces
sels perturbent la photosynthèse des végétaux et la biologie des organismes aquatiques.
D'autres métaux toxiques, comme le cadmium et le plomb, jusque-là bloqués dans les
sédiments, sont également libérés. Si l’acidité augmente encore (pH inférieur à 4), les
vertébrés et la plupart des invertébrés et des micro-organismes sont détruits. Seules quelques
algues et quelques bactéries survivent.
Les eaux acides affectent gravement des milliers de lacs, dans les pays scandinaves, au
Canada ou au Japon. La plupart des organismes vivants qu’ils abritent, y compris les poissons,
subissent de graves dommages.
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