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Revue Philosophique de Louvain

Rudolf Bernet, La vie du sujet. Recherches sur l 'interprétation de


Husserl dans la phénoménologie
Pavlos Kontos

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Kontos Pavlos. Rudolf Bernet, La vie du sujet. Recherches sur l 'interprétation de Husserl dans la phénoménologie. In: Revue
Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 92, n°4, 1994. pp. 609-612;

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Document généré le 25/05/2016


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depuis longtemps d'ouvrages de ce genre (Ducrot, Mounin, Hagège,


etc.), cherchera plutôt dans ce livre la trace d'une compréhension
typiquement anglo-saxonne du structuralisme
Holdcroft commence par critiquer la seule édition du CLG
disponible à ce jour, celle de Bally et Séchehaye, parue chez Payot et dont on
se souvient qu'elle fut réalisée à partir de notes prises par des étudiants,
Saussure n'ayant laissé qu'un manuscrit original fort incomplet.
L'auteur rappelle, à la suite de Godel et d'Engler, qu'il existe des notes
constituant un «Troisième cours» plus clair que celui utilisé par les
éditeurs.
La présentation des trois grandes thèses de Saussure que sont
l'arbitraire du signe, la linéarité du signifiant et la synchronie du système
linguistique est classique et détaillée, mais on peut regretter que la
discussion ne tienne pas compte des clarifications apportées par Benveniste à
la notion d'arbitraire. En règle générale, d'ailleurs, le recours à la
littérature secondaire est superficiel, même si Holdcroft n'oublie pas de
réserver quelques pages à la critique par Derrida du privilège de l'oral
sur l'écrit chez Saussure, donnant même une explication pragmatique à
ce privilège: Saussure aurait voulu sauver du naufrage une partie de la
linguistique comparative qui étudie les langues sans écriture.
Professeur de philosophie, Holdcroft se demande si la théorie
élaborée par Saussure est réaliste ou idéaliste. Il est vrai que l'idée d'un
système de signes à l'intérieur duquel les éléments n'ont de valeur qu'en
vertu des rapports qu'ils établissent l'un par rapport à l'autre
(immanence) suggère une position non-réaliste.
Signalons pour finir quelques difficultés de traduction comme la
distinction langage/langue, rendue par deux périphrases: «natural
language/a particular language». Il est clair que cette distinction est moins
naturelle en anglais, mais elle ne conduit l'auteur, visiblement bon
linguiste, à aucun contresens.
Thomas De Praetere.

Rudolf Bernet, La vie du sujet. Recherches sur l 'interprétation de


Husserl dans la phénoménologie (Épiméthée). Un vol. 22 x 15 de
338 pp. Paris, Presses universitaires de France, 1994. Prix: 197 FF.
Cet ouvrage, réunissant des textes dont la plus grande partie ont
déjà été publiés, est appelé à vérifier une fois de plus que la lecture
minutieuse de l'œuvre husserlienne va de pair avec l'ampleur du travail
phénoménologique et la fécondité d'une réflexion moderne sur le sujet
egologique. Il faut souligner par avance que la cohésion de l'ensemble
des textes est assurée par deux facteurs. D'abord, par la structure triple
de leur groupement autour des axes: i/intentionnalité et intersubjectivité,
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ii/perception, iii/temporalité, historicité, langage. Ensuite, mais de


manière bien plus décisive et profonde, par un leitmotiv qui traverse,
comme «on est frappé de constater» (selon l'aveu de l'auteur lui-
même), l'ensemble: la problématique de la constitution du sujet.
L'objectif de l'auteur est de mettre en lumière la «double vie du sujet»,
conçue selon le dernier mot de cet ouvrage comme «la transcendance
dans l'immanence».
Avant de présenter l'enjeu en cause, notons la particularité du point
de vue de R. Bernet. Comme il est déjà indiqué dans le sous-titre,
«Recherches sur l'interprétation de Husserl dans la phénoménologie», la
perspective directrice est celle d'une lecture rétrospective de Husserl, à
partir des critiques qui lui ont été adressées par ses «disciples» (voir
Heidegger) et spécialement par les phénoménologues français. Il ne
s'agit pourtant pas d'une défense au nom d'une orthodoxie husserlienne,
ni d'un prolongement, d'une re-construction de ses principes. Se laisser
guider par la phénoménologie actuelle, c'est découvrir les tensions qui
gouvernent déjà l'œuvre de Husserl. Au delà des généralisations
abusives il y a lieu de suivre le basculement du maître de Fribourg entre la
lettre et l'horizon non-thématisé de sa réflexion. Outre l'attention portée
aux manuscrits, la précision de la genèse des concepts capitaux de la
phénoménologie husserlienne et l'objet auquel ils furent initialement
destinés sont les moyens qui permettent à l'auteur ce regard en arrière.
Le cas exemplaire de cette décision herméneutique est une lecture de
Husserl face aux critiques qui lui ont été adressées par J. Derrida: mettre
le doigt sur les réductions successives décrites dans La voix et le
phénomène, c'est mettre le doigt sur l'effort de Husserl lui-même pour
maîtriser les tensions qui mettent en mouvement sa pensée.
Les tensions mises au jour concernent la double vie du sujet: l'ego
transcendantal, loin d'être condamné à vivre hors du monde, n'est
qu'une face de la double vie de l'ego, face par essence inséparable de
l'ego mondain et donc nécessairement liée au monde lui-même; la
scission entre un Dasein mondain et un autre isolé dans son empire
spéculatif du «spectateur impartial» ne fait que révéler l'unité des deux faces
d'un seul et même Dasein. Voilà la thèse de l'auteur décrite à partir
d'une interprétation de la «réduction phénoménologique», chez Husserl
et Heidegger. D'ores et déjà on comprend sa décision de promouvoir
une étude qui comprend les tensions internes de la «réduction» comme
pôles constitutifs du sujet dans sa plénitude.
C'est sur la base de ce principe qu'il va falloir définir la
problématique de l'intentionnalité, de la perception et de la temporalité, en tant
que facettes de cette double vie du sujet. A propos de l'intentionnalité, il
est évident que le principe de la double vie du sujet ne peut nullement
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tolérer l'épuisement de l'immanence à la sphère d'une intentionnalité


constituante, et en plus à une conscience qui se donne comme objet
intentionnel. Une forme de transcendance constitutive du Dasein lui est
indispensable (disons-le en termes heideggeriens, une forme de
«différence ontologique»). La duplicité du sujet obtient ainsi une précision
capitale: ses deux pôles doivent être conçus à la lumière de la différence
entre transcendance originaire et intentionnalité, différence dont la
reprise husserlienne est à examiner. En fait, il s'avère que déjà la
conception du «monde» présuppose une telle reprise. Au delà de ce
qu'on connaît comme le monde constitué par la conscience, il y a lieu de
montrer que, chez Husserl, «YUmwelt et VAllewelt se révèlent à
l'homme comme des formes de la transcendance» (p. 108): le monde
dans ce visage étrange paraît comme «la transcendance dans
l'immanence», comme ce qui s'oppose à la dominance du sujet.
Ce même jeu de l'immanent et du transcendant paraît en chair et en
os à propos de la perception: d'une part, la conscience constitue l'objet
perceptif selon un noème bien délimité; pourtant le perçu reste toujours
hors d'atteinte pour l' intentionnalité perceptive qui lui oppose son
infinité essentielle. Le sujet doit mener à bout sa conflictualité: sa
manière finie de se livrer à la recherche de l'infini. L'exemple de la vie
perceptive est en outre bien caractéristique concernant ses implications
«charnelles». Bien que la voie de Merleau-Ponty, selon laquelle le sujet
arrive à se soumettre à une «vie acosmique» (p. 182) propre à l'unité
du monde, reste étrangère à Husserl, l' auto-manifestation de l'ego
charnel dépasse le niveau de l' intentionnalité objectivante; une couche plus
originaire surgit et s'impose au sujet en le privant de son statut de «sujet
egologique». Une nouvelle transcendance face à l'immanence de la
constitution est mise au jour.
Or, les remarques concluantes de cet ouvrage ne sont qu'à venir. Dès
le début et à maintes reprises, l'auteur n'omet pas de nous rappeler que
la transcendance du sujet chez Husserl prend sa forme la plus concrète à
propos de la temporalité. C'est d'ailleurs bien la temporalité qui fut
chargée de concrétiser le sens de la transcendance du Dasein heidegge-
rien. Le point de controverse est la possibilité de raisonner chez Husserl
comme si la temporalité dépassait le niveau du temps intra-temporel. Et
voilà que R. Bernet, ayant bien délimité les lacunes de la critique hei-
deggerienne, se prononce pour une constitution temporelle de la «double
vie du sujet» : à l'opposé du primat du présent impressionnel, piégé pour
toujours dans les prémisses d'une ontologie de la Vorhandenheit, se
profile la co-originarité d'une autre temporalité. Il s'agit de la rétention
comme constituante de la «conscience absolue» et surtout comme non
soustraite au primat de l'impression. Cette rétention, en tant que modifi-
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cation originaire, est plus que la re-présentation d'une impression


originaire. «Ce qui nous importe exclusivement, c'est que l'intention-
nalité longitudinale de la rétention qui, à partir d'une impression
originaire, récapitule les phases du flux de la consience absolue [...]
représente bien une manifestation originaire de l' être-temporel du sujet»
(p. 325). Cette rétention met la phénoménologie husserlienne à l'abri
d'un quelconque réalisme qui exige l' auto-donation du sujet en sa
permanence et sa mêmeté transparente, car elle oblige le sujet à une
distance de soi-même, à une non-coïncidence avec soi-même. La
double vie du sujet obtient ici son ultime éclaircissement: la différence
ontologique fondatrice du sujet n'est que «le phénomène d'un
enchevêtrement originel entre l'impression originaire et la rétention»
(p. 290). «La transcendance dans l'immanence» se présente comme
une «double intentionnalité».
Pavlos Kontos.

Cari Friedrich Gethmann, Dasein: Erkennen undHandeln.


Heidegger im phânomenologischen Kontext (Philosophie und Wissenschaft.
Transdisziplinâre Studien, 3). Un vol. 20 x 14 de vm-346 pp. Berlin-
New York, Walter de Gruyter, 1993. Prix: 48 DM.
Le volume que présente C.-F. Gethmann est composé d'articles déjà
publiés au cours d'un grand espace de temps, et qui pourtant offrent une
homogénéité admirable. Le chemin philosophique de l'auteur comprend
deux axes: d'abord, l'accent sur la portée phénoménologique de l'œuvre
heideggerienne; ensuite, mais de façon davantage fondamentale,
l'affinité de l'auteur avec «l'école d'Erlangen» et la théorie constructiviste
de la science. Adoptant le credo de ce pragmatisme moderne, le texte
dépasse les limites d'une simple «critique interne» de la philosophie
heideggerienne et devient le témoignage d'une rencontre fructueuse
entre la phénoménologie heideggerienne de l'agir et le constructivisme.
Cette rencontre n'est pas mise en route uniquement grâce à
l'introduction d'un vocabulaire peu familier chez les «heideggeriens», comme, par
exemple, «scheme d'action» en tant qu'explicatif du commerce avec les
choses, «attributeur d'action» (Handlungspràdikator) au lieu de «en tant
qu'herméneutique». Au contraire, elle aboutit à une compréhension
cohérente de l'ontologie fondamentale comme théorie de l'agir. D'un
autre côté, les distances de ces deux points de vue sont esquissées
attentivement; c'est pourquoi ce volume commence par la justification de la
possibilité de la «question de l'être» chez Heidegger en dépit de la
critique négative des constructivistes. Il est aussi à noter que l'auteur n'omet
pas de circonscrire les problèmes intrinsèques à l'agir dans Etre et temps,
notamment à propos de ses conséquences éthiques. Dans cette optique le

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