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l’OM, ou encore trente-quatre ans de budget d’un club


comme Montpellier. C’est le deuxième plus gros cas
Dopage financier: Platini et Infantino ont
de dopage financier depuis l’introduction des règles
couvert la fraude du PSG interdisant cette pratique, juste derrière Manchester
PAR YANN PHILIPPIN ET DONATIEN HUET
ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 2 NOVEMBRE 2018 City (lire notre enquête ici).

Le président du PSG Nasser Al Khelaifi (à droite) et son


© Reuters
directeur général délégué Jean-Claude Blanc © Reuters
Le Qatar a injecté 1,8 milliard d’euros dans le PSG
de façon largement frauduleuse. Le club a violé les Car dans le football européen, on n’investit pas ce
règles dites du fair-play financier mais les patrons de qu’on veut, comme on veut. Officiellement tout du
l’UEFA, Michel Platini et Gianni Infantino, ont aidé moins, depuis la réforme phare de Michel Platini.
à masquer la supercherie. Cela a permis au club de ne En 2010, l’ancien numéro 10 de l’équipe de France fait
pas être exclu de la Ligue des champions. adopter par l’UEFA les règles du fair-play financier.
En football, l’argent ne fait pas le bonheur. Mais L’objectif est double : interdire aux clubs d’être en
il y contribue énormément. En quelques années, le déficit afin de freiner la folle hausse des transferts
PSG a laminé toute concurrence en Ligue 1 et s’est et des salaires ; et empêcher les émirs, oligarques
fait une place parmi les grands clubs d’Europe. Le et autres milliardaires de fausser les compétitions en
problème est qu’il a triché, comme le démontrent les subventionnant les clubs à fonds perdu.
documents Football Leaks, obtenus par Der Spiegel Pour faire respecter la règle, l’UEFA dispose d’une
et analysés par Mediapart et ses partenaires du réseau arme atomique : l’exclusion temporaire de la Ligue
de médias European Investigative Collaborations des champions et de l’Europa League. Mais le PSG
(EIC). comme Manchester City y ont échappé. Alors que des
exclusions ont été prononcées contre d’autres clubs,

Malgré des enquêtes internes accablantes pour le PSG,


le club a été couvert par la fédération européenne
de football (l’UEFA) grâce à une série de combines
négociées par les deux hommes forts de l’organisation
jusqu’en 2016 : le président Michel Platini et son
secrétaire général, Gianni Infantino, devenu depuis le
président de la FIFA.
Depuis son rachat du PSG en 2011, le Qatar y a injecté
1,8 milliard d’euros, dont 1,35 milliard via des contrats
de sponsoring surévalués et le solde via des avances
d'actionnaire. Soit plus de onze ans de dépenses de

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comme Galatasaray ou le Milan AC (qui a été réintégré prolonger), se bornant à indiquer que le fair-play
en appel), pour des dérives financières d’un montant financier était à leurs yeux un succès, et que l’organe
bien inférieur. de l’UEFA chargé de sanctionner les clubs a agi en
toute « indépendance ». L’UEFA indique que les
fraudeurs ne sont exclus de la Ligue des champions
qu’en « dernier ressort », lorsque leur plan de retour
à l’équilibre n’est pas jugé crédible. Michel Platini
ajoute qu’il y a eu des sanctions « sévères », même s’il
a « toujours affirmé que le fair-play financier n’avait
pas vocation à “tuer” ou à asphyxier financièrement
les clubs européens qui enfreindraient les règles ».

© Donatien Huet / Mediapart


Les deux dirigeants avaient pourtant promis qu’ils
Michel Platini, président de l'UEFA jusqu'en 2016 (à droite), avec son
seraient inflexibles. « Si la question est de savoir si bras droit Gianni Infantino, aujourd'hui président de la Fifa. © Reuters
j’aurai le courage de sanctionner des clubs de renom,
Dans sa réponse écrite (à lire dans l’onglet prolonger),
la réponse est oui », lançait Platini en 2011. « On n'est
le PSG a refusé de répondre à la plupart de
pas là pour tuer les clubs, même si on pourra les punir
nos questions, invoquant des « obligations de
sévèrement s’il le faut. […] Il n’y aura pas de passe-
confidentialité » : « Vos questions montrent que vous
droit », ajoutait-il en 2013.
disposez de documents confidentiels. Nous faisons
Gianni Infantino était sur la même ligne. Le « dopage toutes réserves quant à la manière dont ces éléments
financier » est « une spirale » qui peut mener le foot au ont été obtenus et seront utilisés. » Vu nos questions
« désastre », disait-il en 2011. Si les clubs « violent les jugées « orientées », le PSG a « le sentiment que cette
règles, nous imposerons les sanctions les plus dures », enquête est exclusivement à charge alors que le club
assurait le secrétaire général de l’UEFA. n’a jamais caché aucune information à ses instances
Platini et Infantino ont pourtant couvert le dopage de contrôle […] et a toujours respecté les législations
financier du PSG. Le trouble jeu de l’UEFA applicables ».
s’est poursuivi, dans une moindre mesure, sous Le club nous a toutefois accordé un long entretien avec
la présidence du Slovène Aleksander Ceferin. Un son directeur général délégué Jean-Claude Blanc, et
document Football Leaks indique que le PSG a son secrétaire général Victoriano Melero. Le PSG est
été finalement blanchi par la fédération européenne très remonté contre le fair-play financier, qui a donné
en juin 2018 « pour des raisons politiques », de facto un avantage aux clubs comme le Real Madrid
avec d’importantes restrictions financières, mais sans ou Chelsea, qui ont eu recours au dopage financier
sanctions. Cette décision a d’ailleurs, fait rare, été avant qu’il ne soit interdit.
remise en cause par le président de l’instance
En « empêchant les actionnaires d’investir librement
indépendante en charge de faire respecter le fair-play
», le fair-play financier est « devenu un instrument
financier.
dans la main de quelques-uns, porté par l’UEFA pour
Interrogés par l’EIC, Aleksander Ceferin, Gianni empêcher les nouveaux entrants de rejoindre le club
Infantino et Michel Platini nous ont fait parvenir des fermé de deux clubs espagnols, d’un ou deux clubs
réponses écrites très générales (à lire dans l’onglet italiens, d’un club allemand et de quelques clubs

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anglais, qui trustent tous les titres européens depuis dépenser 1,3 milliard d’euros sur cinq ans, rien que
quinze ans », indique Jean-Claude Blanc à Mediapart. pour acheter des joueurs et payer leurs salaires. Le
Il ajoute que, malgré cela, le club s’est montré « PSG semble parfaitement conscient que c’est interdit
exemplaire » et s’est « conformé absolument » aux par le fair-play financier. « Ces règles vont créer
règles. un sérieux problème […], des actions de lobbying
régulières seront requises », conclut le document.
L’émir n’en fait qu’à sa tête. Deux ans après le rachat,
Qatar Sports Investments (QSI), l’entreprise publique
qui contrôle le PSG, a déjà financé l’achat de 21
joueurs pour 400 millions d’euros, dont les stars Zlatan
Nicolas Sarkozy et Nasser Al Khelaifi © Reuters
Ibrahimovic et Edinson Cavani. La masse salariale a
L’histoire commence le 23 novembre 2010 à l’Élysée, triplé.
neuf jours avant le vote pour l’attribution de la Coupe En juin 2012, le PSG made in Qatar termine deuxième
du monde 2022. Selon des enquêtes de So Foot et de la Ligue 1. Il accède à la Ligue des champions et
France Football, le président Nicolas Sarkozy a invité devient assujetti au fair-play financier. Coïncidence :
à déjeuner Tamim Al-Thani, alors prince du Qatar et le club signe deux mois plus tard, dans le plus grand
actuel émir, le président de l’UEFA Michel Platini et secret, un contrat de « promotion de l’image du Qatar
Sébastien Bazin, représentant du fonds Colony, qui » avec la Qatar Tourism Authority (QTA), contrôlée
veut vendre le PSG, lourdement déficitaire. Sarkozy, par le gouvernement de l’émirat. Il prévoit que QTA
grand supporter du PSG, aurait proposé le deal suivant verse 1,075 milliard d’euros sur cinq saisons au PSG,
au prince : rachetez le club et créez une chaîne sportive
en France ; en échange, Michel Platini vous aidera à
obtenir la Coupe du monde.
Michel Platini a toujours assuré que Sarkozy ne lui
avait rien demandé au sujet du Mondial lors du
déjeuner, même s’il a « senti qu’il y avait un message
subliminal ». Il a par contre confirmé qu’il était à
l’époque opposé à un rachat du PSG par l’émirat,
et que Nicolas Sarkozy a tenté de le convaincre du
contraire. « Il m’a dit que les Qataris étaient des
gens bien », a confié Platini à So Foot. Sollicité par
Mediapart, Nicolas Sarkozy a refusé de commenter,
mais indique que Bazin n’était pas présent.
En tout cas, tout s’est terminé à merveille pour le
prince Tamim et Nicolas Sarkozy. Platini a voté Qatar
(uniquement par conviction, assure-t-il), l’émirat a
obtenu le Mondial, puis a racheté le PSG en juin 2011,
six mois après le déjeuner.
L’émir a des ambitions colossales, résumées dans un
document confidentiel intitulé « plan stratégique du
PSG 2012-2017 ». Le club doit devenir l’un des cinq
plus gros du monde et arriver en demi-finale de la
Ligue des champions en 2016. L’émirat a prévu de

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soit 215 millions annuels en moyenne : 100 millions C’est loin d’être la seule anomalie. Alors que le contrat
la première saison, jusqu’à 250 millions ensuite (notre a été signé le 8 août 2012, QTA accepte de verser 100
document). millions d’euros pour la saison 2011-2012, close deux
mois plus tôt. Pour justifier ce cadeau, le président
de QTA s’est fendu d’un courrier, où il raconte s’être
mis d’accord sur le principe du partenariat lors d’une
réunion le 28 juin avec le PSG. Le club lui a demandé
de payer 100 millions rétroactivement afin de pouvoir
« respecter ses engagements » auprès de la Direction
nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme
financier du football français. Le patron de QTA
accepte et s’engage oralement à verser l’argent quoi
qu’il arrive, même si le contrat avec le PSG n’avait
finalement pas été signé. C’est cadeau.

Le contrat signé an août 2012 entre le PSG et QTA © EIC

Le montant du contrat est délirant. À l’époque, la


totalité des revenus de sponsoring du PSG s’élevaient
à 24 millions d’euros. En 2012, le Real Madrid, le
Bayern Munich et le FC Barcelone vendaient leur
tunique pour 30 millions. QTA paye six fois plus cher,
sans obtenir aucune visibilité, ni sur le maillot ni au La lettre du président de QTA au PSG évoquant le rendez-vous du 28 juin 2012. © EIC
Parc des Princes. Le PSG doit seulement mentionner
Jean-Claude Blanc répond à Mediapart qu’il ne se
le Qatar dans sa communication et participer à un
souvient pas de la lettre du président de QTA et que
événement promotionnel une fois par an. Sa principale
le PSG n’avait « pas besoin » de cet argent vis-à-vis
obligation est de « recruter des joueurs […] au plus
de la DNCG. C’est pourtant écrit noir sur blanc dans
haut niveau européen ».
notre document (ci-dessus).
Le contrat explique que « l’État du Qatar » a acheté le
PSG « pour développer son rôle et sa reconnaissance Le contrat QTA à 215 millions vaut en réalité
internationale en tant qu’acteur majeur dans le 77 à 1 750 fois moins
domaine sportif ». Pour faire briller l’image de Autre incongruité : pendant la saison 2012-2013,
l’émirat, le PSG devra « jouer un rôle majeur en Ligue l’existence de l’accord n’a pas été rendue publique
des champions », donc recruter des stars et dépenser, et QTA n’a pas mené la moindre campagne de
rien que pour leurs salaires, « 110 % de ses revenus promotion avec le PSG. L’Autorité touristique du
» actuels. Bref, le contrat indique noir sur blanc que Qatar a donc dépensé 200 millions pour rien cette
l’objectif de QTA est de combler les déficits du PSG, année-là, soit 300 millions au total en comptant les
nés de la volonté de grandeur de l’émir. 100 millions rétroactifs. Ce n’est plus du sponsoring

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mais du mécénat. Jean-Claude Blanc nous répond que Cela ne suffit pas à convaincre l’UEFA. « Ce n’est
le contrat est rétroactif, car le PSG a « commencé à pas possible d’avoir un sponsor à 300 millions […]
servir le Qatar » dès l’année précédant la signature. ce n’est pas correct, ce n’est pas le prix du marché »,
À l’époque, le directeur général du PSG prend les attaque Michel Platini en mai 2013.
devants. Dès février 2013, cinq mois avant le premier
examen des comptes du PSG par l’UEFA, il constitue
une équipe d’avocats de haut niveau pour attaquer les
règles du fair-play financier devant l’Autorité de la
concurrence. L’objectif : faire peur à l’UEFA et forcer
la fédération européenne à transiger.
Une plainte est rédigée mais ne sera jamais déposée. «
On l’a envisagé plusieurs fois, mais jusqu’ici le club
et ses actionnaires ont toujours été respectueux de
l’institution UEFA, confirme Blanc. On ne souhaitait
pas se mettre en position d’agressivité juridique [et
risquer] d’être exclus des compétitions européennes. »
Le PSG mandate aussi l’agence Havas pour tenter de
justifier la valeur du contrat. Les pros du marketing
utilisent le concept de « nation branding », ou « © Donatien Huet / Mediapart

promotion d’une nation », ce qui permet d’affirmer Pour faire respecter le fair-play financier, l’UEFA a
que le contrat ne peut pas être comparé à du sponsoring créé l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC),
classique. Le PSG presse aussi QTA d’ « activer » un organe « indépendant » doté d’un tribunal et
le partenariat. Il est enfin dévoilé le 29 octobre 2013, d’une « chambre d’instruction », présidée par un «
avec conférence de presse et annonce d’une première enquêteur en chef ». Lequel commande deux rapports
campagne publicitaire de QTA dans le métro parisien. d’experts et trois « opinions » d’éminents juristes.
Ils sont unanimes. « Ce n’est pas un vrai contrat
de sponsoring, il a été conçu pour contourner les
règles du fair-play financier », écrit Takis Tridimas,
professeur de droit à Londres.
Les évaluations des experts sont catastrophiques :
l’agence Repucom, qui mesure l’impact publicitaire
obtenu par QTA, chiffre sa valeur à 123 000 € par an,
1 750 fois moins que le montant du contrat. L’agence
Octagon, l’une des plus réputées au monde, a pour
sa part analysé les accords comparables. Verdict :
la valeur du contrat est divisée par 77, à seulement
2,78 millions d’euros par an. « QTA paie un montant
massivement surévalué […] Rien ne peut justifier une

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valeur de marché de 200 millions par an. Il aurait suffi Le rapport conclut que la valeur réelle du contrat QTA
d’un minimum de vérifications à QTA pour arriver à est de 0 pour 2011-2012 (l’année rétroactive) et de 3
cette conclusion », tacle Octagon. millions d’euros pour 2012-2013. En enlevant l’argent
de l’Autorité touristique du Qatar, le déficit du PSG
est de 260 millions sur deux ans, presque six fois plus
que la limite autorisée.
Le rapport doit maintenant être signé par l’enquêteur
en chef Brian Quinn, un économiste écossais, ancien
président du Celtic de Glasgow. Mais Quinn ne signera
jamais le document. Tout aussi troublant : le rapport
final et les expertises évaluant la valeur du contrat
QTA n’ont jamais été transmis au PSG. « On n’a
jamais vu ces rapports », confirme Jean-Claude Blanc.

La valeur réelle du contrat QTA, évaluée à la demande de


l'UEFA par les agences Repucom et Octagon en 2014. © EIC

Le PSG conteste ce type d’évaluations, car il ne


s’agit pas d’un contrat de sponsoring, mais de «
nation branding » (promotion d’un pays), comparable
à l’organisation par un pays des jeux Olympiques ou Michel Platini a présidé l'UEFA de 2007 à 2016 © Reuters

d’un grand prix de Formule 1. L’avantage : comme Si les pièces du dossier ont été enterrées, c’est sans
le PSG est le seul à appliquer ce concept « dans le doute pour ne pas perturber l’accord secret conclu
football des clubs », il affirme que le contrat QTA ne avec les plus hauts dirigeants de l’UEFA. Car l’autre
peut être comparé à aucun autre. Jean-Claude Blanc partie s’est jouée en coulisses. Fin février 2014,
ajoute que le contrat à 215 millions d’euros « pour la le club a obtenu un rendez-vous secret, au siège
visibilité qui a été donnée, ce n’est pas très cher ». suisse de l’UEFA. Nasser Al-Khelaïfi et son bras
Mais l’UEFA n'est pas convaincue. Le 8 avril 2014, droit Jean-Claude Blanc font face à Michel Platini
l’avocat de la chambre d’instruction rédige le rapport et Gianni Infantino. Selon des documents issus des
final qui doit être signé par l’enquêteur en chef. Il est Football Leaks, Al-Khelaïfi interpelle Platini, en lui
accablant. Le document conclut que le contrat QTA est lançant qu’il n’a pas intérêt à s’attaquer au Qatar à
non seulement « massivement surévalué », mais aussi travers le PSG. Était-ce une allusion au fait que QSI,
conçu dans le but de « contourner les règles » du fair- l’actionnaire du PSG, a embauché son fils Laurent
play financier. Platini dans une de ses filiales ? Au déjeuner de
l’Élysée ? Aucun des participants n’a accepté de nous
Interrogé par les enquêteurs, le PSG a été incapable répondre.
de fournir le moindre élément écrit prouvant qu’il a
négocié avec QTA. L’enquête a également établi que Toujours selon nos documents, Platini et Infantino
lorsque le club a reçu les premiers paiements de 300 ont proposé de régler l’affaire par un accord amiable.
millions en avril 2013, le PSG en a immédiatement Les dirigeants du PSG acceptent, mais à condition
reversé 283 à son actionnaire QSI, pour rembourser les que la négociation soit conduite au plus haut niveau
achats de joueurs effectués depuis le rachat du club. pour court-circuiter la chambre d’instruction. Platini

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et Infantino y consentent. Ils avaient pourtant assuré contre l’accord ». Mais le PSG ne cède pas. « Gianni
publiquement que la chambre était « indépendante », m’a poussé à accepter la lettre complémentaire [mais]
conformément aux règles de l’UEFA. j’ai refusé », écrit Blanc à Al-Khelaïfi.
Des négociations secrètes s’engagent, principalement
entre Blanc et Infantino, voire avec le président Platini
lui-même. Nasser Al-Khelaïfi et Jean-Claude Blanc ne
nomment que rarement l’ancien numéro 10 de l’équipe
de France. Ils l’appellent « the top guy », le « mec au
sommet ».
Fin mars 2014, une première séance préparatoire est Gianni Infantino, ancien secrétaire général de
organisée sans les patrons, entre représentants du club l'UEFA, président de la Fifa depuis 2016. © Reuters

et de l’UEFA. L’UEFA dit que la valeur du contrat Le PSG a fait tourner ses calculettes : abaisser le
QTA est quasi nulle. Elle ajoute que le contrat n’est contrat QTA de 215 à 100 millions d’euros va créer
pas crédible, ce dont le PSG convient. Il faut nous aider « un déficit de 100 millions d’euros en 2014-2015
à le rendre crédible, lancent alors les représentants de », s’alarme Blanc auprès d’Al-Khelaïfi. Informé,
l’UEFA. Infantino suggère au PSG de réduire ses dépenses. Le
C’est ainsi que naît l’idée qui va permettre de couvrir club refuse. Et Infantino craque une nouvelle fois.
l’irrégularité : rédiger un nouveau contrat qui ait l’air Le match s’est joué le 19 avril 2014, le jour de la finale
suffisamment sérieux pour que l’UEFA puisse lui de la Coupe de la Ligue entre le PSG et Lyon. Dans
accorder une valeur élevée sans perdre la face. la journée, Blanc et Infantino ont trouvé un accord. Le
Reste à tomber d’accord sur un chiffre. Tout se joue secrétaire général de l’UEFA a accepté que la baisse
le 8 avril à Londres. Lors d’une rencontre secrète du contrat QTA soit presque intégralement compensée
avec Jean-Claude Blanc, Gianni Infantino accepte par de nouveaux sponsors qataris. La victoire du PSG
de valoriser le contrat QTA à 100 millions d’euros, est totale. Au Stade de France, le PSG l’emporte 2
alors même qu’il sait que les experts indépendants à 1 grâce à deux buts d’Edinson Cavani, l’attaquant
l’estiment à 3 millions d’euros au grand maximum. vedette acheté 64 millions d’euros grâce au dopage
financier qu’Infantino vient d’accepter.
Infantino est si embarrassé qu’il réclame que le chiffre
ne figure pas dans l’accord officiel, mais dans une « « C’est faux, il n’y a pas eu d’accord sur 100 millions,
lettre complémentaire » qui resterait secrète. Il a peur il y a eu une décision de la chambre d'instruction »,
que « d’autres clubs exercent (avec succès) un recours réagit Jean-Claude Blanc.
Reste une formalité : faire valider par la chambre
d’instruction « indépendante » l’accord négocié dans
son dos. Jean-Claude Blanc est confiant. « Gianni
Infantino m'a appelé hier soir pour m'indiquer [qu’il]
avait avancé avec le panel de l'UEFA », écrit-il le
16 avril. Le 1er mai, il écrit à Nasser Al-Khelaïfi : «
Demain quand on signe, n’oublie pas d’appeler le top
guy pour information. »
Le lendemain, la chambre d’instruction se réunit pour
examiner l’accord avec le PSG. Mais l’enquêteur
en chef Brian Quinn refuse de le signer. Selon une
source informée, Quinn a indiqué à ses collègues

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qu’il trouvait l’accord « trop indulgent » envers Bref, l’UEFA cède sur presque tout, ce qui crée
le PSG. Il démissionne en pleine séance de ses visiblement un gros malaise. Le 28 avril 2014, son
fonctions d’enquêteur en chef. La chambre choisit directeur juridique rédige des éléments de langage : «
d’élire en catastrophe l’un de ses membres pour le L’accord amiable n’est en aucune façon un embarras
remplacer, l’universitaire italien Umberto Lago. Il ou une capitulation vis-à-vis du PSG », puisque
signe immédiatement l’accord. le Qatar et Abou Dhabi auraient « accepté de se
Le PSG s’en sort bien. Il n’écope que de 60 millions soumettre aux règles du fair-play financier ».
d’euros d’amende, et de deux ans de restrictions
financières : plafonnement de la masse salariale,
limitation du nombre de joueurs, et balance nette des
transferts (achats – ventes) limitée à 60 millions par an.
Le club s’engage aussi à revenir à l’équilibre financier
d’ici à deux ans. Avec un contrat QTA à 100 millions
par an et l’autorisation secrète de recruter de nouveaux
L'émir du Qatar Tamim Al Thani © Reuters
sponsors qataris, il n’y a rien d’insurmontable…
La suite du document est une leçon de réalisme sur
Un Qatar Winter Tour... en Tunisie
les rapports de force dans le foot. Exclure de la Ligue
Mais le psychodrame se poursuit. Le PSG apprend des champions « certains des plus gros clubs et des
que Manchester City va écoper d'une amende ferme plus grands joueurs du monde » ne serait pas bon pour
moins élevée. Nasser Al-Khelaïfi est dans une colère le business : « Il faut être raisonnable et essayer de
noire. L’honneur de l’émirat est en jeu. Pas question trouver des solutions qui ne nuisent pas à la qualité
que le Qatar soit moins bien traité que le demi-frère » de la compétition. « Et il faut raisonnablement
du cheikh d’Abou Dhabi, propriétaire du club anglais. reconnaître à qui on a affaire. On parle de clubs (PSG
Al-Khelaïfi en profite pour réclamer que le montant et Manchester City) détenus par des États-nations, qui
de l’amende reste confidentiel. « Nous refuserons que ne sont pas habitués à changer leur façon de faire du
l’UEFA annonce le montant et que notre club soit business pour respecter les règles d’une organisation
moins bien traité que les autres », écrit-il à Infantino. de football comme l’UEFA. » Tout est dit.
Pour l’émirat, être sanctionné, même a minima, est une
Puisque le business passe avant tout, les cadeaux
humiliation.
continuent. Un an plus tard, fin mai 2015, Jean-
L’affaire remonte au plus haut niveau. Le 11 mai, Claude Blanc est furieux. L’UEFA lui a confié
Blanc appelle Infantino et le « top guy ». Le lendemain, une information confidentielle : Manchester City,
Platini rappelle : le PSG perd sur la publication de sanctionné lui aussi pour deux ans en mai 2014,
l’amende, mais obtient le même deal que Manchester a obtenu que ses sanctions soient levées un an à
City. L’amende ferme est réduite de 60 à 20 millions l’avance, c’est-à-dire immédiatement. « Manchester
d’euros. City est libre d’investir de nouveau sur le marché.
Le PSG en veut cependant toujours plus. En Ligue […] Ça expliquerait pourquoi ils discuteraient avec
des champions, un club peut aligner 25 joueurs, dont la Juventus d’un transfert de Pogba pour 100 millions
8 formés dans son pays. Le PSG râle très fort. Et d’euros avec 12 millions de salaire net par an pour le
Michel Platini accepte de faire approuver par le comité joueur », fulmine Blanc dans un mail à Al-Khelaïfi. À
exécutif de l’UEFA une interprétation des règles, nouveau, l’honneur du Qatar est en jeu.
qui limite à 5 le nombre de joueurs formés au pays Blanc réclame illico le même traitement que le club
lorsqu’un club ne peut en aligner que 21. d’Abou Dhabi. Infantino est gêné : seule la chambre
d’instruction a normalement le pouvoir de modifier

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un accord amiable. Le 19 juin, Nasser Al-Khelaïfi Le 30 octobre 2014, sur ordre personnel de Nasser
écrit une lettre furibarde à Michel Platini : il menace Al-Khelaïfi, QTA se voit retirer arbitrairement 10
d’attaquer en justice la légalité du fair-play financier. de ses 15 sièges en loge, sans même un courrier
Ça marche. Dans les jours qui suivent, Infantino et d’explication. « Ça a eu un impact important sur
Blanc élaborent un nouvel arrangement. L’accord de nos activités commerciales », se plaint QTA au PSG,
mai 2014 prévoyait que le contrat QTA valait zéro euro en réclamant une confirmation officielle de cette
pour le passé ? Peu importe. Infantino autorise le PSG décision.
à réécrire a posteriori ses comptes afin de valoriser le Deux semaines plus tard, le PSG organise son « Qatar
contrat QTA à 100 millions d’euros dès 2013-2014. Winter Tour » 2014, avec un match amical de prestige
Le PSG revient ainsi à l’équilibre un an à l’avance, et contre l’Inter de Milan à… Marrakech, au Maroc, en
les sanctions peuvent être levées sans que l’accord soit violation du contrat avec QTA.
modifié. La encore, l’Autorité touristique du Qatar proteste : «
Cette solution acrobatique est validée le 2 juillet Le Maroc n’est pas un marché cible pour nous, donc
2015 par le président de la chambre d’instruction, appeler [le match] Qatar Winter Tour ne nous apporte
Umberto Lago, au motif que le PSG « a signé un pas vraiment de bénéfices. » QTA demande que les
nouveau contrat » avec QTA, qui accorde à l’office du références au Qatar soient retirées des communiqués
tourisme du Qatar « de nouveaux droits de sponsoring offciels, car « il s’agit de la marque d’une tournée
substantiels et exclusifs ». C’est faux. Le PSG a au Qatar, elle ne peut pas être attachée à un match
seulement envoyé à l’UEFA, fin 2014, une version qui se joue en dehors du Qatar ». Mais le PSG est
préliminaire et non signée du nouveau contrat. Ce inflexible et QTA ne se plaindra plus, même lorsque le
document ne sera paraphé que deux ans plus tard… PSG organise son Qatar Winter Tour 2016 en Tunisie.
Autre étrangeté : le nouveau contrat ne s’élève pas à En dépit des 145 millions d’euros que QTA lui verse
100 millions par an, mais à 155, puis 145 millions, car par an.
c’est le montant dont le PSG a besoin pour atteindre Et qui ne suffisent pas à assurer l’énorme train de vie
l’équilibre et passer les contrôles de la DNCG, le du PSG. Gianni Infantino a, on s’en souvient, autorisé
gendarme financier de la ligue française de football. le PSG en avril 2014 à compenser la baisse du contrat
Par contre, seuls 100 millions seront pris en compte QTA avec de nouveaux sponsors qataris. Le club ne
par l’UEFA dans le calcul du fair-play financier. Là s’en est pas privé, avant même que le numéro 2 de
encore, la fédération européenne ne moufte pas. l’UEFA ne donne son feu vert.
C’est d’autant plus surprenant que si le contrat est Ces contrats sont aussi étranges que celui signé avec
passé de 5 à 66 pages, le PSG n’a pas accordé les QTA. Il y a d’abord leurs montants très généreux,
nouveaux droits « substantiels et exclusifs » pourtant entre 4 et 20 millions par an. Comme tous les clubs, le
exigés par l’UEFA pour valoriser le contrat à 100 PSG tient ses plus gros contrats de son sponsor maillot
millions par an. QTA n’a obtenu qu’une loge privative Emirates et de son équipementier Nike qui versent
de 15 places au Parc des Princes, d’une valeur de 150 chacun autour de 20 millions par an. Des montants
000 euros par an, et un déplacement de l’équipe chaque logiques, puisque tous deux sont très bien exposés, sur
hiver à Doha pour y disputer un match amical, baptisé le devant du maillot.
« Qatar Winter Tour ». En revanche, pour les autres sponsors, les prix
Même ces engagements minimalistes ne sont pas sont beaucoup plus faibles. Ainsi, Orange, troisième
tenus. Comme si le PSG prenait un malin plaisir à partenaire non qatari du PSG, ne paie que 1,5 million
humilier QTA, son plus gros pourvoyeur de fonds. par an. À des années-lumière de ce que versent les
sponsors de l’émirat.

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Autre incongruité : la plupart des contrats qataris sont « Auriez-vous le nom de l’entreprise/marque qui
à effet rétroactif, ce qui revient pour les sponsors pourrait devenir le partenaire principal ? Cela nous
à payer en partie pour rien. La palme revient à la aiderait à construire un package plus pertinent »,
chaîne beIN Sports : son accord de sponsoring du club, écrit-il à Al-Obaidly en octobre 2014.
signé en septembre 2013 pour 2,8 millions d’euros C’est ainsi que le PSG obtient 4,5 millions par
par an, couvre la saison 2012-2013, qui s’est pourtant an de la clinique sportive qatarie Aspetar. Le PSG
terminée trois mois plus tôt. s’apprête aussi à conclure pour 12 millions d’euros
Avec beIN Sports, qui sponsorise le club, le conflit avec le groupe hôtelier Katara Hospitality. Mais le
d’intérêts est évident. Nasser Al-Khelaïfi, président club découvre à la dernière minute que cette entreprise
du PSG, dirige aussi beIN Sports et QSI (Qatar Sport est contrôlée par… QTA. Qu’à cela ne tienne, le
Investments), le propriétaire des deux entreprises. contrat sera finalement signé avec Katara Cultural
Lorsque le contrat est signé, il pourrait signer pour les Village, un centre culturel et commercial de Doha.
deux entités. Il est donc demandé à Jean-Claude Blanc Interrogé par l’EIC, Yousef Al-Obaidly indique que
de le faire côté PSG. nos informations ne sont « pas exactes ». Il reconnaît
Par ailleurs, depuis mars 2012, QSI loue au club toutefois avoir mis ses « nombreuses relations
pour 2,7 millions d’euros par an l’intégralité des 239 d’affaires » au Qatar au service du club.
sièges de la tribune présidentielle du Parc des Princes, L’exemple le plus croquignolesque est sans doute
transformée en outil de relations publiques, où le Qatar celui d’Ooredoo, l’ex-Qatar Telecom. En juillet 2013,
invite les VIP et les stars de passage à Paris. Le l’opérateur signe une simple lettre de deux pages, où il
montant est passé à 6 millions par an à l’été 2015. Soit s’engage à payer 20 millions par an pendant cinq ans.
25 000 € le siège, deux fois plus que ce qui est facturé Et à faire un premier versement immédiatement, sans
à d’autres clients du PSG. même savoir quels droits marketing il va obtenir.
Le contrat avec l’académie qatarie de football Aspire Mais Ooredoo refuse de payer les deux années
passe quant à elle de 1,5 à 5,5 millions par an à l’été suivantes, estimant que ce qu’il a obtenu (le centre
2014, et celui avec beIN Sports de 2,8 à 3,9 millions. d’entraînement rebaptisé à son nom et sa marque à
Idem pour QNB, la banque nationale du Qatar. Au l’arrière du maillot) ne vaut pas 20 millions par an.
printemps 2013, les négociations pour renouveler le Le 3 juin 2016, Ooredoo annonce même au PSG qu’il
contrat sont rudes, QNB ne voulant pas aller au-delà de résilie immédiatement le contrat. Nasser Al-Khelaïfi
3 millions par an. Mais la banque accepte subitement s’en plaint dans un mail en prenant soin de mettre
en septembre d’en payer 15, en échange de son logo le directeur de cabinet de l’émir du Qatar en copie.
sur la manche des maillots. Résultat : Ooredoo capitule, paye les 40 millions
Le PSG blanchi « pour des raisons d’arriérés et promet d’honorer la suite du contrat.
politiques » Au même moment, le PSG a réglé le même problème
Pour respecter le fair-play financier à la suite de la avec QNB. Le 27 juin 2016, la banque indique au PSG
réduction du contrat QTA, il faut trouver de nouveaux qu’elle ne renouvellerait pas son contrat, qui expire
sponsors. Au PSG, c’est simple. Le club calcule le 30 juin. Trois jours plus tard, la banque nationale
les sommes dont il a besoin, et les insère dans du Qatar mange son chapeau et réclame un nouveau
des contrats où seul manque le nom du sponsor, à contrat pour les trois prochaines saisons.
compléter. Les documents sont envoyés à Yousef Al- Malgré ces difficultés, le PSG a atteint son objectif :
Obaidly, président de beIN Sports France et principal pendant les deux saisons qui ont suivi l’accord de
collaborateur qatari de Nasser Al-Khelaïfi. Il doit mai 2014 avec l’UEFA, QTA et les sept autres
trouver à Doha des entreprises prêtes à signer. Le sponsors qataris ont versé 206 millions par an au club.
directeur marketing du PSG n’est pas très à l’aise. Presque autant que ce qui était prévu dans la première

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version du contrat QTA. Ce sponsors ont fourni jusqu'à Neymar et 145 millions (plus 30 millions de bonus)
52 % des recettes du club – 36 % aujourd'hui (notre pour le jeune prodige français Kylian Mbappé. Soit
infographie ci-dessous). 402 millions en quinze jours.
Interrogé par l’EIC, le PSG s’est borné à répondre que
ces contrats sont normaux et qu’il ne considère pas
ses sponsors qataris comme des « parties liées », bien
qu’ils soient tous contrôlés par l’État du Qatar.
Tout irait ainsi pour le mieux si l’UEFA n’avait pas
modifié les règles du fair-play financier en juillet 2015.
Désormais, si des entités contrôlées par un même État
fournissent 30 % des recettes du club, ces contrats Kylian Mbappé sous les couleurs du PSG © Reuters

doivent automatiquement faire l’objet d’un audit pour L’Europe du foot est en ébullition. Le président de
évaluer leur valeur réelle. l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, dénonce «
C’est la panique : le PSG explose ce plafond, l'évolution actuelle des prix comme des salaires, [qui]
avec 42 % des recettes fournies par les Qataris en compromet l'équilibre du football français et peut-
2014-2015. Si l’on prend en compte les seuls revenus être même européen ». Les vieux ennemis du PSG
de sponsoring, la part apportée par le Qatar est même s’étranglent de rage. Le patron du Bayern Munich,
de 80 %. Lorsqu’il découvre ce chiffre, Nasser Al- Karl-Heinz Rummenigge, réclame l’exclusion du PSG
Khelaïfi a des sueurs froides. « Assurez-vous s’il vous de la Ligue des champions. Le 22 août 2017, le
plaît que la part des sponsors non qataris progresse président de la Ligue espagnole, Javier Tebas, dépose
pour atteindre 50 %, c’est l’objectif pour vous et votre plainte à l’UEFA pour violation du fair-play financier.
équipe pour 2017 », écrit-il au directeur marketing du La pression est trop forte. Le 1er septembre, la chambre
PSG en octobre 2016. d’enquête de l’UEFA ouvre une nouvelle procédure.
Mais le club n’y arrive pas, et doit se résoudre à Au sein de la fédération européenne, les acteurs
adopter des mesures d’urgence pour tenter de passer principaux ont changé. Un nouveau président, le
sous la barre des 30 % de recettes qataries. Fin avril Slovène Aleksander Ceferin, a remplacé en septembre
2017, un mois avant la clôture des comptes de la 2016 Michel Platini, radié à cause de l’affaire des
saison, le PSG accorde un rabais exceptionnel de 20 % paiements différés de la FIFA (il a été blanchi par la
à cinq de ses sponsors de l’émirat, dont QTA et beIN justice suisse). Gianni Infantino est devenu président
Sports, soit 35 millions d’euros. Le club met fin aux de la FIFA.
contrats avec Aspetar, Aspire et Katara, parce que leur L’Italien Umberto Lago, président de la chambre
valeur serait extrêmement difficile à justifier vis-à-vis d’instruction, a pour sa part démissionné à l’été 2017.
de l’UEFA. Immédiatement après, il a été embauché par le géant
Le PSG sait qu’il est sur la corde raide. L’émir du du conseil KMPG, où il aide les clubs à se défendre
Qatar n’en a cure. Deux mois plus tard, en août 2017, le contre l’UEFA dans les affaires de fair-play financier :
PSG explose le record du mercato le plus cher de tous l’ex- enquêteur en chef aide désormais les fraudeurs
les temps, en signant les deux plus gros transferts de présumés. Le 2 août 2017, il a même offert ses services
l’histoire du foot : 222 millions pour la star brésilienne au PSG, dans un mail adressé à Jean-Claude Blanc. Le
club a prudemment décliné. Lago confirme et répond
que sa firme démarchait plusieurs clubs à l’époque.
Il indique n’avoir « jamais eu de contacts » avec des
employés de l’UEFA depuis son départ, et ne voit
aucun problème éthique à défendre les clubs.

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Le nouvel enquêteur en chef, l’ancien premier ministre pas dépasser 30 millions. « Le Paris Saint-Germain ne
belge Yves Leterme, est dans une situation très respecte pas les règles du fair-play financier », conclut
inconfortable. Il a accès au dossier de 2014 et ne le document.
peut ignorer que le dopage financier du PSG a été
couvert par l’UEFA et par la plupart des membres
de la chambre d’instruction qu’il préside. Le nouveau
président Ceferin campe, en apparence, sur une ligne
dure : « Nous n’aurons pas peur de punir. […]
Personne n’est au-dessus des lois », lance-t-il en août
2017.
Au PSG, l’heure est grave. Même si Mbappé a été
prêté la première année par Monaco pour soulager
la trésorerie, il doit, tout comme Neymar, être inscrit
au bilan dès le 1er juillet 2017 et amorti sur cinq
ans. Selon des documents issus des Football Leaks,
l’achat des deux superstars va générer, si l’on ajoute
leurs salaires et les commissions d’agents, une charge © EIC

de 830 millions d’euros sur cinq saisons. Soit 166 Pour sortir du rouge, le PSG décide de vendre pour
millions de dépenses supplémentaires par an, un tiers 111 millions d’euros de joueurs d’ici au 30 juin 2018,
du budget du club. quasiment le double de ce qu’il avait prévu au départ.
Le 22 septembre 2017, des prévisions confidentielles Les joueurs à céder en priorité sont l’attaquant argentin
sont fournies au conseil d’administration du PSG Angel Di Maria et l’ailier brésilien Lucas Moura. Mais
(notre document ci-dessous). Le club prévoit un déficit le plan ne peut fonctionner que si l’UEFA ne dévalue
au sens du fair-play financier de 124 millions d’euros pas les contrats qataris…
pour la saison 2017-2018. Le déficit cumulé sur les Le PSG ressort des cartons son arme atomique : la
trois dernières années, qui est le critère pris en compte plainte qu’il a rédigée en 2014 pour l’Autorité de la
par l’UEFA, s’élève à 74 millions, alors qu’il ne doit concurrence. Elle est toujours en suspens.
La chambre d’instruction commande un rapport à
l’agence de marketing sportif Octagon, qui avait déjà
été mandatée en 2014. Sans surprise, elle arrive au
même résultat. Dans un rapport de février 2018,
Octagon évalue la valeur réelle du partenariat QTA à
5,5 millions d’euros par an, vingt-six fois moins que

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les 145 millions inscrits dans le contrat. La valeur des Le 28 avril 2018, le PSG est auditionné au siège de
six autres contrats qataris est divisée par deux, à 27 l’UEFA par la chambre d’instruction de l’Instance de
millions au lieu de 60 (notre document). contrôle financier des clubs (ICFC). Les enquêteurs
sont critiques sur les contrats qataris. Mais alors que le
PSG n’a jamais paru aussi acculé, il s’en sort encore.

Les valeurs réelles des contrats qataris du PSG,


évaluées par l'agence Octagon en janvier 2018. © EIC

C’est une catastrophe pour le PSG. Le club réplique en


commandant une contre-expertise à la firme Nielsen. Aleksander Ceferin, président de l'UEFA depuis 2016. © Reuters
Les résultats sont bien meilleurs : QTA est valorisé Tout s’est joué lors de deux rendez-vous au siège de
123 millions d’euros en 2016-2017, et même 217 l’UEFA en mai 2018, dont les documents Football
millions en 2017-2018, après l’arrivée de Neymar et Leaks nous ont permis de reconstituer le contenu.
Mbappé. Le PSG y est représenté par son secrétaire général,
Mais ces chiffres sont très contestables. Les règles de Victoriano Melero. Il ne discute pas avec la chambre
l’UEFA imposent que les experts soient indépendants. d’instruction, mais avec des cadres de l’UEFA
Selon des documents Football Leaks, le PSG savait qui dépendent directement du président Aleksander
qu’il n’avait pas le droit de choisir Nielsen, la firme Ceferin. Il y a Andrea Traverso, responsable du fair-
travaillant régulièrement pour le club. Si Jean-Claude play financier lors de l’enquête de 2014, désormais
Blanc n’a pas démenti, il estime qu’il n’y a « pas de promu « directeur de la soutenabilité financière » ; et
conflit d’intérêts », car Nielsen travaille aussi pour son successeur, Philippe Rasmussen.
l’UEFA. Selon ces documents, la délégation de l’UEFA indique
Le PSG doit trouver 300 millions d’euros au PSG que l’enquête va être classée sans suite « pour
supplémentaires par an, plus de la moitié de des raisons politiques », alors même que plusieurs
son budget membres de la chambre d’enquête ont indiqué qu’ils
Il y a aussi la méthode choisie : Nielsen a mesuré la pourraient démissionner si jamais le PSG était blanchi.
valeur publicitaire brute obtenue, sans tenir compte Lors du second rendez-vous, l’enquêteur en chef Yves
des prix payés dans la vraie vie par les sponsors pour de Leterme se joint brièvement à la conversation. Il
tels contrats. Après discussion avec l’UEFA, l’expert confirme que les membres de la chambre d’instruction
du PSG a reconnu que ses chiffres devaient être divisés penchent en faveur d’un renvoi devant la chambre
par trois. de jugement, réputée plus sévère. « Signer un accord
pour des raisons politiques ou autres, moi je n’ai
Après correction, l’estimation de Nielsen valorise les
jamais eu vent de cela », dément Victoriano Melero.
quatre contrats encore actifs (QTA, QNB, Ooredoo et
beIN Sports) à 104 millions d’euros. C’est beaucoup Lors des mêmes rendez-vous de mai 2018, les cadres
plus qu’Octagon (26 millions), mais bien moins que de l’UEFA proposent au PSG un accord amiable
leur valeur officielle (183 millions). secret et officieux. Le club sera blanchi, mais devra
accepter en échange de dévaluer ses contrats qataris et
de vendre des joueurs. Les représentants de l’UEFA
précisent que leur président Ceferin a une demande

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supplémentaire : le PSG devra conclure de grosses renouvelé pour seulement 15 millions annuels. Le
ventes de joueurs au moment précis où l’enquête sera club s’engage à vendre pour 140 millions d’euros de
classée sans suite. joueurs lors du mercato de l’été 2018, dont 10 millions
Histoire de compenser la nouvelle dévaluation, d’ici au 30 juin.
l’UEFA a proposé le même deal informel qu’en 2014 : Mais le lendemain, la chambre d’instruction de l’ICFC
le PSG serait autorisé à conclure un nouveau contrat refuse l’accord, jugé trop favorable au PSG. Elle
à plus de 100 millions d’euros avec une nouvelle insiste pour que l’ensemble des contrats qataris soient
entreprise qatarie, à condition qu’il soit crédible. dévalués, et qu’ils le soient aussi pour la saison
Le problème, c’est qu’un tel arrangement semble précédente, achevée en juin 2017. La chambre ne veut
contraire aux règles de l’UEFA. Elles stipulent que pas entendre parler d’un renouvellement du contrat
les accords amiables doivent être publiés en version QTA, qui lui empoisonne la vie depuis quatre ans.
censurée sur le site de la fédération, et consultables La suite de l’histoire ne figure pas dans les documents
dans leur intégralité par les autres clubs, afin qu’ils Football Leaks. Le 13 juin 2018, la chambre
puissent déposer un recours si jamais ils estiment que d’instruction a annoncé qu’elle classait l’enquête
l’accord est trop clément. visant le PSG… mais en le sanctionnant. Le PSG
Avec cet accord secret, il n’y a aucun recours possible. indique que cette décision finale n’a pas été négociée
C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que à l’amiable, mais a été imposée au club.
l’UEFA l’a proposé. Le PSG était conscient que cette Selon L’Équipe, l’UEFA a rétroactivement dévalué
solution était juridiquement fragile. Mais elle était tout les sponsors qataris de 37 % pour les deux dernières
à son avantage : le club aurait été sanctionné plus saisons : le contrat QTA à 145 millions ne pourra être
sévèrement à travers un accord officiel, et aurait risqué pris en compte qu’à hauteur de 58 millions pour le
l’exclusion de la Ligue des champions en cas de renvoi calcul du fair-play financier, contre 100 auparavant.
devant le tribunal interne de l’UEFA. Idem pour QNB, Ooredoo et beIN Sports, qui seront
pris en compte pour 27 millions au lieu de 38. La
chambre d’instruction a choisi de valider la valeur des
contrats selon les chiffres de Nielsen, le cabinet du
PSG, pour des montants trois fois supérieurs à ceux
d’Octagon.

L'ancien premier ministre belge Yves Leterme préside la chambre d'instruction de


l'ICFC, l'instance de l'UEFA qui mène les enquêtes sur le fair-play financier. © Reuters

Le PSG a refusé de répondre au sujet de ces rendez-


vous, mais souligne qu’il est parfaitement normal de
Nasser Al-Khelaïfi © Reuters
rencontrer des membres de l’administration, qui font Jean-Claude Blanc nous a indiqué qu’après avoir
“l’interface” avec la chambre de l’instruction. calculé l’impact des dévaluations, l’UEFA « nous
La suite est une négociation de marchands de tapis a obligés, afin d’être à l’équilibre sur la saison
menée entre Jean-Claude Blanc et Andrea Traverso. 2017-2018, à vendre 60 millions de joueurs d’ici le 30
Le principal point de tension concerne l’accord avec juin, en seulement 17 jours ». L’objectif a été tenu avec
QTA, qui expire le 30 juin 2019. Dans une lettre les transferts de Yuri Berchiche (24 millions), Javier
officielle envoyée le 7 juin par Jean-Claude Blanc, le Pastore (25 millions), Odsonne Edouard et Jonathan
PSG accepte que ce contrat soit dévalué à 60 millions Ikoné.
d’euros par an jusqu’à ce qu’il expire en 2019, puis

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Plus important encore, la chambre d’instruction de mais aussi leur interprétation. C’est du jamais-vu
l’UEFA a imposé au PSG de ne pas renouveler », indique le secrétaire général du club, Victoriano
l’accord à 145 millions avec QTA lorsqu’il expirera Melero. Le PSG envisage de contester la décision
le 30 juin 2019. Le club va donc se retrouver étranglé finale de l’UEFA, lorsqu’elle sera rendue. « Quand à
financièrement dès la saison prochaine : entre l’arrêt un moment mon institution bouge tellement les règles
de QTA et le surcoût de Neymar et Mbappé, le PSG va pour qu’à la fin je n’y arrive plus, peut-être faut-
devoir trouver 300 millions d’euros supplémentaires il changer l’institution et les règles », menace Jean-
par an, plus de la moitié de son budget. Claude Blanc.
Mais la décision de l’UEFA est incroyablement Seul le PSG a accepté de répondre à certaines de nos
bancale : même s’il va subir de sévères restrictions questions. Michel Platini et Gianni Infantino n’ont
financières, le PSG est officiellement blanchi et a envoyé que des réponses générales. Infantino, devenu
échappé aux sanctions disciplinaires, qui vont de en 2016 président de la FIFA et l’homme le plus
l’amende à l’exclusion de la Ligue des champions. puissant du foot mondial, indique que la chambre de
Fait rarissime, la décision de la chambre d’instruction l’instruction est « indépendante », mais qu’elle peut
a d’ailleurs été contestée le 3 juillet par le président être « assistée par l’administration de l’UEFA, ce
de la chambre de jugement de l’ICFC, José Narciso qui inclut bien sûr le secrétaire général ». En clair,
da Cunha Rodrigues, un ancien procureur général du Infantino assure qu’il n’a fait qu’aider les enquêteurs.
Portugal. La chambre de jugement avait le pouvoir de Aucun d’entre eux ne nous a répondu, certains
sanctionner le PSG. Elle ne l’a pas fait. Après trois invoquant leur engagement de confidentialité vis-à-vis
mois d’examen, elle a décidé, le 24 septembre, de… de l’UEFA. L’institution se barricade. Face à la vague
renvoyer le dossier devant la chambre d’instruction, de révélations Football Leaks, le silence risque d’être
Selon Le Journal du dimanche, la chambre de difficilement tenable.
jugement aurait exigé un nouvel audit des contrats ----------------------------------
qataris. • Pour comprendre en vidéo (et en 3 minutes)
L’affaire tourne à la farce. La chambre d’instruction, comment le PSG et le Qatar ont triché :
qui a couvert le PSG et partiellement changé d’avis en • Et pour comprendre comment l'UEFA les a
juin 2018, va donc de nouveau examiner ces contrats couverts:
qu’elle ne connaît que trop bien. Boite noire
Le PSG est furieux. Pour Jean-Claude Blanc, la
réduction puis l’arrêt du contrat QTA est un nouveau «
tour de garrot pour être sûr qu’à la fin on nous étouffe
». « Par cette décision, connaissant nos comptes […]
l’UEFA, seule ou poussée par d’autres clubs et une Après une première saison en 2016, quinze
ligue […] hispanisante, dit que le PSG est obligé de journaux européens regroupés au sein du réseau
vendre un de ses gros joueurs pour être à l’équilibre en de médias European Investigative Collaborations
2019-2020. Ça tombe bien, qu’est-ce qu’on peut lire (EIC) révèlent à partir du vendredi 2 novembre la
dans la presse espagnole en ce moment ? Neymar au deuxième saison des Football Leaks, la plus grande
Barça, Neymar au Real, MBappé dans un grand club fuite de l’histoire du journalisme. Plus de 70 millions
». de documents obtenus par Der Spiegel, soit 3,4
Le club a beau jeu d’expliquer que l’UEFA a remis teraoctets de données, ont été analysés pendant huit
en cause des contrats qu’elle avait pourtant validés mois par près de 80 journalistes, infographistes et
en 2014. « Au gré de l’évolution du business model informaticiens.
du PSG, l’UEFA a changé non seulement les règles,

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Corruption, fraude, dopage, transferts, agents, évasion En ce qui concerne l'équité de la compétition, les aléas
fiscale, exploitation des mineurs, achats de matches, sportifs et l'égalité de traitement, il suffit de regarder
influence politique : les Football Leaks documentent les équipes qualifiées pour la finale des dernières
de manière inédite la face noire du football. Nos saisons pour voir que FPF a raté ses objectifs initiaux.
révélations d’intérêt public, qui reposent sur des - Entre 1997 et 2010, 7 clubs constituaient plus de
documents authentiques et de nombreux témoignages, 68 % des finalistes de la Ligue des champions (NB:
s’étaleront de façon simultanée pendant un mois. Manchester United, Real Madrid, Barcelone, Bayern,
Outre Mediapart, les médias membres du Milan, Liverpool, Juventus); Depuis la création du
projet sont Der Spiegel (Allemagne), Expresso fair-play financier, ils représentent plus de 88%.
(Portugal), L'Espresso (Italie), Le Soir (Belgique), - Une seule finale a été disputée par les clubs ne
NRC Handelsblad (Pays-Bas), The Black Sea/ faisant pas partie des 4 meilleures ligues européennes
RCIJ (Roumanie), Politiken (Danemark), Nacional (Premier League, Serie A, Bundesliga et Liga) (NB:
(Croatie), Tages Anzeiger/Tribune de Genève AS Monaco - FC Porto 2004).
(Suisse), Reuters (Royaume-Uni), De Standaard
L’opinion du club est que la réglementation devrait
(Belgique), VG (Norvège), Premières Lignes/France 2
(i) faciliter les investissements tout en contrôlant le
(France) et NDR Television (Allemagne).
niveau d’endettement comme en France, et (ii) mettre
Le PSG nous a adressé des réponses écrites (à en place des mécanismes de traitement égal pour tous
retrouver intégralement dans l'onglet prolonger). Le les clubs. Par exemple, les clubs souhaitant rivaliser
club nous a également accordé un long entretien avec avec les meilleurs clubs devraient pouvoir le faire,
son directeur général délégué Jean-Claude Blanc et avec neutralisation des charges sociales et de l’impôt
son secrétaire général Victoriano Melero, qui s'est sur le revenu des joueurs.
déroulé le 20 octobre dernier au Parc des Princes.
À notre connaissance, l'objectif du FPF n'était pas
Michel Platini, Gianni Infantino et Aleksander Ceferin d'empêcher les clubs français de performer au plus
ont refusé de répondre à nos questions sur les faits haut niveau européen ni de décourager les nouveaux
rapportés dans cet article. Ils nous ont fait parvenir des investisseurs potentiels.
réponses générales (à retrouver intégralement dans
La légalité du FPF est mise en doute par de nombreux
l'onglet Prolonger). Nous avons également sollicité le
juristes et le doute sur sa légalité s'est encore renforcé
président de l'ICFC, tous les membres de la chambre
d'instruction de l'ICFC et les responsables du fair-play à la suite des récentes affaires ISU1 et Milan AC /
financier au sein de l'administration de l'UEFA. Ils UEFA2. En effet, la réglementation FPF devrait
n'ont pas donné suite ou ont refusé de nous répondre, permettre aux nouveaux entrants d'investir dans le
évoquant leurs obligations de confidentialité vis-à-vis football professionnel européen tout en assurant la
de l'UEFA. durabilité économique, comme c'est le cas en France
avec le contrôle mis en place avec la DNCG.
Prolonger
Interrogé par l’EIC, le PSG nous a fait la réponse Il est donc dans l’intérêt de l’ensemble de la
écrite suivante : communauté du football que la réglementation FPF
évolue pour prendre en compte le droit de la
La mise en œuvre du fair-play financier (FPF) en concurrence et augmenter ainsi le nombre de clubs
2011 avait pour objectifs principaux (i) de préserver ayant la possibilité de faire partie des meilleurs clubs
l'intégrité de la compétition en rétablissant l'équité et européens et de construire une franchise sportive
l’incertitude sportive et (ii) de garantir l'égalité de mondiale.
traitement entre tous les clubs de football.

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1 Décision de la Commission du 8 décembre 2017 relative à une procédure Le contrat QTA est un contrat de « Nation branding ».
d'application de l'article 101 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne Le concept de « Nation branding » consiste à mettre
et de l'article 53 de l'accord EEE (Affaire AT.40208 - Règles d'éligibilité de en œuvre une stratégie cohérente et institutionnalisée
l'Union internationale de patinage) [notifiée sous le numéro C(2017) 8240)
qui supervise la réputation d’un pays à long terme
2 Décision du TAS du 1 er octobre 2018 annulant la décision de la chambre
afin de générer un large éventail d’effets positifs,
que l’on peut qualifier d’ « externalités positives ».
d’instruction de l’ICFC et la renvoyant à cette chambre pour qu’elle prenne une Le « Nation Branding » est proche du concept de
nouvelle décision proportionnée, c’est-à-dire conforme au droit de la concurrence. « Place Branding », ce dernier étant défini comme
L'ACCORD QTA un processus de communication visant à promouvoir
Tout d'abord, la relation avec QTA a été matérialisée l'image d'une ville, d'une région ou d'un pays. Pourtant,
par un accord court (short form), puis par un là où le « Place Branding » met l’accent sur des
accord long (long form), il s'agit d'une pratique intérêts économiques spécifiques tels que la hausse du
assez courante. Par conséquent, faire référence à un tourisme, le « Nation Branding » concerne l’ensemble
deuxième accord QTA est inexact. Le contrat avec de l’image d’un pays sur la scène internationale
QTA (version courte) a été signé entre QTA et le club couvrant les dimensions politique, économique et
au moment de la signature de l’accord amiable [conclu culturelle.
entre le PSG et l’UEFA/ICFC, ndlr]. Sa valeur et La stratégie de « Nation Branding » est d'une autre
sa durée ont été reconnues et acceptées par l'UEFA/ dimension par rapport aux contrats de sponsoring
ICFC. traditionnels
Le paiement du montant de la première saison n’était Le « Nation Branding » est pleinement considéré dans
pas justifié par une contrainte de la DNCG, car, du l'industrie du sport, par exemple lorsque des pays et
point de vue de la DNCG, des garanties peuvent être des villes accueillent des événements majeurs tels que
fournies par les actionnaires et/ou les banques pour les Jeux olympiques ou la Formule 1. L'association
assurer la soutenabilité du club. Le club n’a donc entre le Paris Saint-Germain et le Qatar est de nature
pas eu besoin du paiement QTA pour respecter ses similaire.
engagements envers la DNCG. Dans le cas présent, Des rapports officiels montrent que l'organisation des
le club a fourni à la DNCG l’engagement de QTA, Jeux à Londres en 2012 a coûté près de 15 milliards
conformément à sa pratique habituelle. Les flux de livres aux contribuables britanniques et que 45%
financiers auxquels vous faites référence sont des flux de leurs sponsors étaient des entreprises britanniques.
de trésorerie normaux - remboursement de l’avance L’impact positif sur l’Angleterre était incontestable et
sur compte courant de l’actionnaire. une majorité de Britanniques a déclaré que les Jeux
Depuis le début du projet, le Paris Saint-Germain a en valaient la peine et qu’ils seraient ravis d’avoir la
été l’un des clubs les plus audités et les plus suivis possibilité d’organiser un événement sportif majeur.
de l’histoire. Le Paris Saint-Germain a toujours été L’un des objectifs de la stratégie de « Nation
transparent sur cet accord. Branding » est de tirer parti du positionnement du Paris
La caractérisation que vous avez faite des événements Saint-Germain comme l’un des premières franchises
est inexacte. sportives mondiales pour promouvoir le Qatar dans le
Comme indiqué dans la décision dde la chambre monde entier, notamment en Afrique du Nord lors des
d’instruction de l’ICFC du 16 mai 2014, «… le contrat tournées d’hiver de l’équipe.
entre le PSG et QTA a été soigneusement examiné et Comme il existe par essence une forte corrélation entre
une juste valeur, significativement inférieure à celle le budget et les performances sportives, il est rationnel
soumise par le club, a été attribuée ». que QTA ait conclu ce partenariat pour améliorer les
performances sportives du club et ainsi s’assurer que le

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Qatar sera étroitement associé à la stratégie gagnante Nous avons des avocats, des économistes et d'autres
qui consiste à bâtir l’une des premières franchises consultants qui travaillent avec nous sur les questions
sportives mondiales, ainsi qu’aux succès sportifs de relatives au FPF (et les honoraires qui leur sont
cette franchise. versés ne sont pas retraités par le FPF), mais nous ne
En ce qui concerne la valeur de l'accord QTA, elle travaillons pas avec M. Lago […].
est d'une toute autre ampleur que celle des contrats de L’ACCORD AMIABLE
sponsoring traditionnels. Les bénéfices sont similaires Tout d’abord, vous faites référence à diverses
à ceux d’une ville ou d’un pays qui paie pour accueillir informations et documents (projet d’avis préliminaire,
les étapes du Tour de France, un Grand Prix de F1, les rapports d’agences, etc.) qui ne nous ont pas été
Jeux Olympiques, etc. fournis.
Le club n'a jamais rien caché de cet accord et de son La juste valeur de l’accord QTA n'a pas varié pendant
concept. En effet, il convient de noter que le club a l’accord amiable et si nous avions besoin d'une sortie
toujours fait valoir que, en raison de leurs spécificités, anticipée, c'était parce que le club était conforme aux
la valorisation des stratégies de « Nation Branding » ne critères d’équilibre financier de l’UEFA.
peuvent pas être évaluées à l’aide de la méthodologie
Le seul ajustement accepté par l'UEFA/ICFC lors de
de l’UEFA, les accords de sponsoring traditionnels
l'accord de règlement était de neutraliser la taxe de
ne pouvant pas être utilisés comme référence. Vous
75% fixée par le président François Hollande et de
faites référence à des évaluations de la juste valeur
déduire ainsi les 43,8 millions d’euros versés par le
[du contrat QTA – ndlr] dont nous n'avons pas été
club (sur les 50 millions d'euros versés par tous les
informés, mais si cela est vrai, cela prouve qu'un
clubs français) des comptes FPF.
accord de « Nation Branding » ne peut pas être évalué
au moyen de la méthodologie utilisée par l'UEFA Le club a toujours affirmé et continue d'affirmer
pour évaluer le sponsoring, et que l'UEFA/ICFC l'a qu'il est totalement injuste de ne pas prendre en
reconnu [le concept de « Nation Branding » – ndlr] considération le niveau des taxes qu'il paie. Par
en attribuant une valeur différente [au contrat QTA exemple, en 2017-2018, le club a payé jusqu’à 77,5
– ndlr] dans l'accord amiable [signé avec l’UEFA en millions d’euros de cotisations sociales, soit deux fois
2014 – ndlr]. plus que Manchester City, huit fois plus que Barcelone
et 250 fois plus que le Bayern Munich.
PROCESSUS ET DÉROULEMENT DES
ENQUÊTES DE L'UEFA/ICFC De plus, les joueurs étant payés sur une base nette-
nette, l’impôts sur le revenu [des joueurs, ndlr] payés
Comme indiqué dans les règles de procédure FPF,
par le club devraient également être neutralisés.
l'UEFA/ICFC mène tous ses process et enquêtes avec
le soutien total de son administration: AUTRES PARTENAIRES ET SPONSORS
QATARIS
Article 11 - « L'Administration de l'UEFA assiste
l'ICFC dans l'accomplissement de sa mission, telle que Premièrement, nous traitons tous nos partenaires et /
définie dans les présentes règles. L'administration de ou sponsors avec le même niveau d’attention et nous
l'UEFA fournit ICFC le personnel, l'infrastructure et le les traitons équitablement.
soutien administratif nécessaires au siège de l'UEFA Deuxièmement, dès le début, le club a indiqué que QSI
pour s'acquitter de sa tâche. " est son seul partenaire considéré comme une « partie
Nous supposons que l'UEFA a appliqué les principes liée », tandis que l’UEFA/ICFC a continué à modifier
juridiques d'égalité de traitement et de proportionnalité les règles des « parties liées » et leur interprétation.
des sanctions à tous les clubs. Leur dernière interprétation est datée de novembre
2017.

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Voici la saison de démarrage de nos partenariats avec clubs italiens. Nous considérons qu’il ferait mieux de
des entités qataries: se concentrer sur la manière dont le football espagnol
• 2011/12: QTA, QSI, Aspire, QNB est parvenu à devenir aussi compétitif aujourd’hui.
• 2012/13: BeIN Sports La situation du club est très bien connue (contrats,
• 2013/14: Ooredoo situation financière, etc.) par l’ICFC depuis de
• 2014/15: Aspetar nombreuses années et considérée comme conforme
• 2015/16: Katara aux règles du FPF. Les seuls nouveaux éléments
L'UEFA/ICFC a effectué plusieurs audits, directement apparus en septembre 2017 ont été l'acquisition de
ou par l'intermédiaire d'auditeurs externes. L'UEFA/ Neymar et de Mbappé et la perte des trois partenaires
ICFC connait chacun de ces accords. qataris que vous avez mentionnés.
Grâce à ces accords, conclus équitablement entre les Le secteur du sport étant principalement tiré par les
deux parties, les sponsors ont acquis des droits et des athlètes recrutés, investir dans Neymar et Mbappé a été
actifs spécifiques. essentiel pour le développement du club et sa stratégie
Avant la fin de la saison 16/17, le club a reçu une visant à créer une franchise sportive mondiale.
lettre de l'UEFA/ICFC et a appliqué ses directives, Il convient de rappeler que l'enquête avait initialement
accordant ainsi une réduction à certains de ses été ouverte pour évaluer l'investissement du club
partenaires/sponsors. dans Neymar et Mbappé. Ensuite, lorsque ces deux
LA SECONDE ENQUETE FFP DE L’ICFC EN transactions ont été entièrement validées, il a été
2017/18 décidé de réexaminer certains de ses accords, tous
bien connus et déjà reconnus par l'UEFA/ICFC chaque
Premièrement, comme indiqué ci-dessus, avant la fin
année depuis 2014.
de la saison 2016/17, le club a reçu une lettre de
l'UEFA/ICFC et a appliqué ses directives, accordant À cet égard, la méthodologie utilisée par Octagon n’est
ainsi une réduction à certains de ses partenaires/ pas pertinente pour un contrat de « Nation Branding ».
sponsors. Le Paris Saint-Germain a été plus que fair play dans le
Deuxièmement, outre les auditeurs du club, KPMG processus. Nous n'avons pas commandé notre propre
puis PWC, le Paris Saint-Germain a accueilli de évaluation de la juste valeur, nous avons appliqué les
nombreux enquêteurs de l’UEFA à son siège. Il règles du FPF selon lesquelles « le club peut choisir
a également répondu à toutes les demandes de un évaluateur tiers indépendant qui a été approuvé par
l'administration française, tant en matière fiscale que l'UEFA ». Nous avons engagé Nielsen, société cotée
sociale, et s'est toujours conformé à la réglementation américaine bien connue et reconnue, qui travaille avec
DNCG mise en place par les autorités françaises du l’UEFA/ICFC et a même créé la méthodologie.
football dès 1984. En effet, outre une remise appelée « méthodologie
Grâce à ce suivi approfondi, l'UEFA a toujours d’indice de qualité (QI) » reflétant la valeur « réelle »
bénéficié d'informations complètes sur les contrats du des contrats, nous avons découvert en mars 2018
Paris SG en toute transparence au cours des 7 dernières (après avoir envoyé à l’UEFA/ICFC les résultats du
années. Et tout cela malgré le changement permanent rapport Nielsen) que Nielsen avait créé (sur demande
de réglementation de l'UEFA. de l'UEFA/ICFC?) un deuxième rabais, appelé ROI
concept [retour sur investissement, ndlr].
Comme chacun peut s’en rendre compte, M. Tebas
a décidé de lancer une campagne publique contre le Cette méthodologie est basée sur des données
club la saison dernière et il fait de même avec les officielles d’exposition média qui ne peuvent pas être
manipulées, tandis que la méthodologie Octagon est
basée sur un « benchmark » [comparaison avec les

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accords d’autres clubs, ndlr] sans certitude quant aux Nous avons, pendant plusieurs mois, échangé et
chiffres qu’elles utilisent ni aucune information sur le travaillé avec la Commission Européenne, les clubs et
contenu des droits accordés par les clubs. les instances dirigeantes de l’UEFA pour construire
Le 13 juin 2018, l'UEFA/ICFC a pris une décision des règles et un dispositif répondant à ces ambitions
unilatérale et a décidé de ne pas prendre en compte et qui s’inscrivaient dans le plus strict respect de la
l'évaluation Octagon. Il n'y a pas eu d'accord sur ce légalité et des droits des clubs.
point entre le PSG et l'UEFA/ICFC. Nous avons par ailleurs créé au sein de l’UEFA les
Vous comprendrez aisément que nous ne pouvons instances indépendantes pour mettre en œuvre les
pas totalement commenter une affaire qui est toujours règlements du Fair Play Financier, contrôler les clubs,
en cours, mais ce que nous pouvons confirmer, c’est instruire et les sanctionner si besoin était.
qu’après l’ouverture d’une enquête, en septembre J’ai toujours affirmé que le Fair Play Financier n’avait
2017, le club a été mis en situation de vendre des pas vocation à « tuer » ou à asphyxier financièrement
joueurs dans un délai de 17 jours afin d’atteindre les clubs européens qui enfreindraient les règles du
l’équilibre financier. Et encore une fois, nous Fair Play Financier, mais j’ai aussi dit publiquement
avons fait l'impossible pour nous conformer à une à maintes reprises que je souhaitais que des sanctions
décision prise au dernier moment. Cette décision – y compris sévères – puissent être prononcées contre
était particulièrement injuste dans la mesure où elle ces derniers.
fournissait aux autres clubs des informations critiques J’ai toujours eu conscience que les changements
sur notre situation et faussait donc les négociations sur qu’imposaient le Fair Play Financier, n’allaient pas
la vente (non planifiée) de nos joueurs. aller de soi et qu’ils allaient créer beaucoup de
Cette procédure sans fin et ces changements d'opinion résistances et parfois de contentieux. Mais je constate
permanents [de l’UEFA, ndlr] créent une grande qu’aujourd’hui la situation financière des clubs au
incertitude pour le club et ses 700 employés. Nous niveau européen s’est considérablement assainie et
ne connaissons aucun secteur dans lequel une telle que l’actuelle direction de l’UEFA entend pousser
procédure pourrait se dérouler sans encourir le risque plus loin encore les principes du Fair Play Financier,
de devoir payer des dommages importants à la société témoignant ainsi de la pleine pertinence de ce
soumise à un tel arbitraire. En outre, vous remarquerez règlement.
que cela a eu une influence sur la stratégie sportive La mise en œuvre la gestion de ces conflits et
du club étant donné (i) les ventes et acquisitions du des procédures de sanctions s’est toujours faite sous
dernier mercato estival (ii) le nombre de joueurs issus le pilotage opérationnel et juridique des instances
de notre centre de formation sur le terrain cette saison. indépendantes.
Interrogé par l’EIC, Michel Platini nous a fait la Par ailleurs, concernant le Paris Saint Germain, j’ai
réponse écrite suivante : toujours dit qu’elle était ma position sur le déjeuner
J’ai voulu avec le Fair Play Financier introduire des à l’Elysée. Elle n’a jamais varié et ne changera pas,
règles de bonne gestion financière et d’équité pour les car c’est tout simplement la réalité. Pour cela je vous
clubs participant aux compétitions européennes sous renvoie entre autres au Rapport Garcia :
l’égide de l’UEFA. J’étais et je reste convaincu du https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Coupe-
bien-fondé et des vertus de ce principe pour l’éthique du-monde-au-qatar-aucun...
et l’avenir du football professionnel en Europe.
Interrogée par l’EIC, la FIFA nous a fait la réponse
C’était ma vision et un principe d’équilibre écrite suivante au nom de Gianni Infantino:
que j’entendais voir s’imposer à tous les clubs,
sans exception ou hiérarchie, sans passe-droits ou
avantages.

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L’objectif principal du fair-play financier était (et est) d’une chambre d’instruction et d’une chambre
d’améliorer les standards de gestion financière dans le de jugement, chacune composée de personnalités
football européen, de réduire l’endettement et d’aider éminentes du droit, de l’économie et de la politique.
les clubs à fonctionner sur la base de leurs propres L’ICFC est présidé par un ancien juge de la Cour
ressources, de manière à ce qu’ils puissent fonctionner de justice européenne, José Cunha Rodrigues, ancien
comme des entreprises stables et durables. procureur général du Portugal.
Lors de l'introduction du fair-play financier, les pertes L'Administration de l'UEFA assiste l’ICFC dans son
des clubs de football européens s'élevaient à environ travail, conformément à l'article 11 du règlement de
1,7 milliard d'euros. Ce chiffre est désormais inférieur procédure de l’ ICFC. L'Administration de l'UEFA, ce
à 300 millions. Par conséquent, le fair-play financier sui inclut bien sûr le secrétaire général, peut assister
est une réussite économique pour le football européen. l’ICFC selon les cas. Cela peut inclure des discussions,
Toutes les décisions relatives aux enquêtes de des réunions, une assistance pour aider à trouver
l’UEFA relatives au fair-play financier sont prises par des solutions et d’autres interactions destinées à pour
l'Instance de contrôle financier des clubs de l'UEFA aider l’ICFC dans son travail. Toutefois, l’ICFC est
(«ICFC»). Il s’agit d’un organe indépendant, composé entièrement responsable de ses propres décisions.

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