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&co

L E M A G A Z I N E D E L A C O O P É R AT I O N B E L G E E N R E P U B L I Q U E D É M O C R AT I Q U E D U C O N G O N°1

E D I T I O N S P É C I A L E 3 ème R É P U B L I Q U E & RECONSTRUCTION DU PAYS

Consolidons
la paix !

DOSSIER | 6 PARTENAIRES | 6 PARTENAIRES | 6 SUPPLÉMENT

Assainir Kinshasa Développement participatif Mayi ! De l’eau Carte CTB en RDC


2 F É V R I E R 0 7 | N°1 3

Le Ministre belge de la coopération au développement,


Armand De Decker, en visite sur le site des travaux de nettoyage
du canal Bitchaku-Tchaku.
AVA N T- P R O P O S

Johan SWINNEN
Ambassadeur de Belgique en RDC

congolais et l’action publique. Il veut élargir le


dialogue à tous les acteurs de la société, en dif-
fusant des informations et en facilitant la com-
préhension des enjeux du développement. Le
premier numéro aborde les programmes mis
en œuvre par la Coopération Technique Belge
, voilà une expression étonnante (CTB), l’agence chargée par l’Etat belge de
mais qui me semble bien choisie, pour intituler l’exécution de toutes les prestations de services
ce magazine de la Coopération belge en de coopération bilatérale directe en RDC.
République Démocratique du Congo : « &CO » Outre les interventions dans de nombreux sec-
comme COmpagnie, COngo, COopération… teurs (santé, infrastructures de base, éduca-
tion, gouvernance …) la Belgique a tenu sa pro-
J’ai coutume de dire, et je vais encore le répé- Les brigades communales s’activent au nettoyage des collecteurs messe à l’égard des Congolais dès le lendemain
ter ici tant cela me paraît essentiel, que les et des caniveaux de Kinshasa depuis le mois d’août 2006. EDITORIAL gramme Indicatif de Coopération pour la période du premier tour des élections présidentielles.
relations belgo-congolaises sont empreintes de 2008-2010 et, dès 2007, la Belgique engagera Le 4 août 2006, fut inauguré le Programme
solidarité, certes, mais surtout de COmplicité et non moins de cinquante millions d’euros. d’urgence post-électoral dont le premier volet
de COnvivialité. La Belgique entend garder le rôle moteur mit près de 1.300 jeunes de Kinshasa au travail
Manolo DEMEURE qu’elle a joué jusqu’ici pour entraîner la com- pour l’assainissement de leur ville. Ils arbo-
Deux peuples qui partagent bien des choses, Il s’agit maintenant de bâtir sur ces acquis tout gement, de soutien à la prise en mains des Représentant Résident Coopération Technique Belge munauté internationale dans le redressement raient le slogan « ensemble construisons la RD
au-delà d’un moment d’histoire commune : une en les renforçant encore, par exemple en com- Congolais par eux-mêmes. Dans ce cadre et Paul CARTIER de la RDC tout en promouvant les principes de Congo », illustrant ainsi leur confiance dans le
certaine vision de la vie, une capacité d’autodé- plétant le processus électoral par l’organisation dans cet esprit, je puis vous assurer de la Ministre-Conseiller à la Coopération au Développement la Déclaration de Paris sur l’harmonisation et futur. L’ensemble du programme vise un
rision et la volonté d’aller de l’avant. rapide des élections municipales. volonté des autorités et des forces vives belges l’alignement de l’aide. impact rapide auprès des populations les plus
de poursuivre l’effort. Les circonstances sont propices pour com- nécessiteuses des grands centres urbains tels

A
Deux peuples qui ont des choses à s’apprendre Il s’agit aussi de montrer, concrètement, que la près une difficile période de transition muniquer avec la population congolaise et que Kinshasa, Lubumbashi et Mbuji-Mayi.
mutuellement car, si la Belgique vit encore une Belgique reste aux côtés des Congolais au-delà Certains diront que c’est le devoir de la clôturée par le succès d’un processus favoriser une appropriation nationale de la Ainsi se matérialisent les dividendes de la paix
période de relative prospérité, le Congo et les de cette belle aventure des élections. Les divi- Belgique de le faire. Peut-être. Je leur préfère électoral dont bien peu imaginaient la coopération belgo-congolaise. De là l’idée et de la démocratie. La participation des béné-
Congolais lui ont montré une capacité de mobi- dendes de la démocratie et de la dignité retrou- celles et ceux, Congolais et Belges, qui voient réussite, 2007 ouvre une période pleine d’es- d’un magazine, destiné à un public large, qui ficiaires est intensive et courageuse grâce à
lisation et d’enthousiasme citoyen qui, à l’occa- vée, doivent être perçues d’emblée. C’est le sens cela comme une ambition partagée de bâtir poir pour la RDC. dépasse les seuls spécialistes du « monde du l’utilisation de la méthode des travaux HIMO
sion, pourrait servir d’exemple chez nous. du programme d’urgence post-électoral qui non une œuvre commune, signe tangible de la soli- La Belgique a soutenu fermement la RDC développement». Ce magazine s’adresse à tou- (haute intensité de main d’œuvre.) Ce numéro
seulement met en œuvre des chantiers qui ont darité entre les peuples, en l’occurrence, entre durant ces moments laborieux. Signe de cet tes les forces vives de la société congolaise : du nouveau magazine « &CO », se consacre
En effet, si la Belgique s’est engagée, depuis un impact direct et concret sur le quotidien de la deux peuples qui se connaissent, qui s’appré- engagement, notre coopération bilatérale acteurs étatiques ou non-étatiques, parlemen- principalement au premier volet du programme
1999, au et pour le Congo afin qu’il puisse sor- population de quelques villes du pays mais, cient et valorisent leur apport mutuel. directe redémarrée en 1999 est passée de 1,7 taires, médias, forces économiques, ONGD, post-électoral d’urgence à Kinshasa. Le dossier
tir du conflit, entrer en transition et, enfin, abou- aussi, pour ne pas dire surtout, vise à mettre un millions d’euros en 2000 à plus de 25 millions étudiants et simples citoyens. L’information par- central aborde la problématique de la gestion
tir à des élections saluées par le monde entier nombre important de personnes au travail, un Ce Congo nouveau, et des relations belgo- d’euros en 2006. ticipe à la transparence sur les programmes, un urbaine des déchets. Les numéros suivants
comme de très bonne facture, elle l’a fait dans travail rémunéré et utile à la communauté. congolaises empreintes de convivialité, de res- L’heure est maintenant venue de participer dura- facteur essentiel pour l’émergence d’une développeront les volets déployés dans les
le but de consolider la paix, élément essentiel ponsabilité et d’engouement, c’est tout l’esprit blement à la reconstruction et au développement citoyenneté responsable et impliquée. Cet outil autres zones du pays.
pour la démocratie et le développement socio- Ensemble, là aussi, est le maître-mot. Pas de ce premier numéro d’« &CO » de la RDC. Les deux gouvernements amis de communication veut contribuer au renouvel-
économique. question de substitution mais bien d’encoura- concluront dans les prochains mois un Pro- lement du contrat social entre les citoyens BONNE LECTURE ...
2 F É V R I E R 0 7 | N°1 3

Le Ministre belge de la coopération au développement,


Armand De Decker, en visite sur le site des travaux de nettoyage
du canal Bitchaku-Tchaku.
AVA N T- P R O P O S

Johan SWINNEN
Ambassadeur de Belgique en RDC

congolais et l’action publique. Il veut élargir le


dialogue à tous les acteurs de la société, en dif-
fusant des informations et en facilitant la com-
préhension des enjeux du développement. Le
premier numéro aborde les programmes mis
en œuvre par la Coopération Technique Belge
, voilà une expression étonnante (CTB), l’agence chargée par l’Etat belge de
mais qui me semble bien choisie, pour intituler l’exécution de toutes les prestations de services
ce magazine de la Coopération belge en de coopération bilatérale directe en RDC.
République Démocratique du Congo : « &CO » Outre les interventions dans de nombreux sec-
comme COmpagnie, COngo, COopération… teurs (santé, infrastructures de base, éduca-
tion, gouvernance …) la Belgique a tenu sa pro-
J’ai coutume de dire, et je vais encore le répé- Les brigades communales s’activent au nettoyage des collecteurs messe à l’égard des Congolais dès le lendemain
ter ici tant cela me paraît essentiel, que les et des caniveaux de Kinshasa depuis le mois d’août 2006. EDITORIAL gramme Indicatif de Coopération pour la période du premier tour des élections présidentielles.
relations belgo-congolaises sont empreintes de 2008-2010 et, dès 2007, la Belgique engagera Le 4 août 2006, fut inauguré le Programme
solidarité, certes, mais surtout de COmplicité et non moins de cinquante millions d’euros. d’urgence post-électoral dont le premier volet
de COnvivialité. La Belgique entend garder le rôle moteur mit près de 1.300 jeunes de Kinshasa au travail
Manolo DEMEURE qu’elle a joué jusqu’ici pour entraîner la com- pour l’assainissement de leur ville. Ils arbo-
Deux peuples qui partagent bien des choses, Il s’agit maintenant de bâtir sur ces acquis tout gement, de soutien à la prise en mains des Représentant Résident Coopération Technique Belge munauté internationale dans le redressement raient le slogan « ensemble construisons la RD
au-delà d’un moment d’histoire commune : une en les renforçant encore, par exemple en com- Congolais par eux-mêmes. Dans ce cadre et Paul CARTIER de la RDC tout en promouvant les principes de Congo », illustrant ainsi leur confiance dans le
certaine vision de la vie, une capacité d’autodé- plétant le processus électoral par l’organisation dans cet esprit, je puis vous assurer de la Ministre-Conseiller à la Coopération au Développement la Déclaration de Paris sur l’harmonisation et futur. L’ensemble du programme vise un
rision et la volonté d’aller de l’avant. rapide des élections municipales. volonté des autorités et des forces vives belges l’alignement de l’aide. impact rapide auprès des populations les plus
de poursuivre l’effort. Les circonstances sont propices pour com- nécessiteuses des grands centres urbains tels

A
Deux peuples qui ont des choses à s’apprendre Il s’agit aussi de montrer, concrètement, que la près une difficile période de transition muniquer avec la population congolaise et que Kinshasa, Lubumbashi et Mbuji-Mayi.
mutuellement car, si la Belgique vit encore une Belgique reste aux côtés des Congolais au-delà Certains diront que c’est le devoir de la clôturée par le succès d’un processus favoriser une appropriation nationale de la Ainsi se matérialisent les dividendes de la paix
période de relative prospérité, le Congo et les de cette belle aventure des élections. Les divi- Belgique de le faire. Peut-être. Je leur préfère électoral dont bien peu imaginaient la coopération belgo-congolaise. De là l’idée et de la démocratie. La participation des béné-
Congolais lui ont montré une capacité de mobi- dendes de la démocratie et de la dignité retrou- celles et ceux, Congolais et Belges, qui voient réussite, 2007 ouvre une période pleine d’es- d’un magazine, destiné à un public large, qui ficiaires est intensive et courageuse grâce à
lisation et d’enthousiasme citoyen qui, à l’occa- vée, doivent être perçues d’emblée. C’est le sens cela comme une ambition partagée de bâtir poir pour la RDC. dépasse les seuls spécialistes du « monde du l’utilisation de la méthode des travaux HIMO
sion, pourrait servir d’exemple chez nous. du programme d’urgence post-électoral qui non une œuvre commune, signe tangible de la soli- La Belgique a soutenu fermement la RDC développement». Ce magazine s’adresse à tou- (haute intensité de main d’œuvre.) Ce numéro
seulement met en œuvre des chantiers qui ont darité entre les peuples, en l’occurrence, entre durant ces moments laborieux. Signe de cet tes les forces vives de la société congolaise : du nouveau magazine « &CO », se consacre
En effet, si la Belgique s’est engagée, depuis un impact direct et concret sur le quotidien de la deux peuples qui se connaissent, qui s’appré- engagement, notre coopération bilatérale acteurs étatiques ou non-étatiques, parlemen- principalement au premier volet du programme
1999, au et pour le Congo afin qu’il puisse sor- population de quelques villes du pays mais, cient et valorisent leur apport mutuel. directe redémarrée en 1999 est passée de 1,7 taires, médias, forces économiques, ONGD, post-électoral d’urgence à Kinshasa. Le dossier
tir du conflit, entrer en transition et, enfin, abou- aussi, pour ne pas dire surtout, vise à mettre un millions d’euros en 2000 à plus de 25 millions étudiants et simples citoyens. L’information par- central aborde la problématique de la gestion
tir à des élections saluées par le monde entier nombre important de personnes au travail, un Ce Congo nouveau, et des relations belgo- d’euros en 2006. ticipe à la transparence sur les programmes, un urbaine des déchets. Les numéros suivants
comme de très bonne facture, elle l’a fait dans travail rémunéré et utile à la communauté. congolaises empreintes de convivialité, de res- L’heure est maintenant venue de participer dura- facteur essentiel pour l’émergence d’une développeront les volets déployés dans les
le but de consolider la paix, élément essentiel ponsabilité et d’engouement, c’est tout l’esprit blement à la reconstruction et au développement citoyenneté responsable et impliquée. Cet outil autres zones du pays.
pour la démocratie et le développement socio- Ensemble, là aussi, est le maître-mot. Pas de ce premier numéro d’« &CO » de la RDC. Les deux gouvernements amis de communication veut contribuer au renouvel-
économique. question de substitution mais bien d’encoura- concluront dans les prochains mois un Pro- lement du contrat social entre les citoyens BONNE LECTURE ...
4 F É V R I E R 0 7 | N°1 Actualité > 5

Un programme d’urgence MINISTÈRES IMPLIQUÉS :

• Ministère du Plan

pour consolider la paix


Coordination intersectorielle
• Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation
Ministère de tutelle des provinces, villes et communes
• Ministère des Travaux Publics
Cellule Infrastructures
• Ministère de l’Energie
Direction de l’Eau et de l’Hydrologie
Jean -Christophe CHARLIER – Expert Gouvernance

Les gros bacs bimoteurs permettent aux camions de gros tonnage de franchir le fleuve Congo

L
a guerre qui a ravagé la République la justice). Ce qui suppose au moins trois tion) et de montrer à la population que l’Etat manière isolée mais comme faisant partie d’une
et les rivières en zones rurales. La réhabilitation de plusieurs bacs permettra de désenclaver
Démocratique du Congo durant près dimensions : la sécurité, la reconstitution de la prend les choses en main. La fourniture rapide, stratégie globale de reconstruction de l’Etat des populations entières à l’intérieur du pays. Cela devrait contribuer à la réunification du pays
d’une décennie, est venue saper un légitimité et l’efficacité de l’action publique. et visible, de services aux populations participe congolais, qui doit intégrer le besoin fondamen- et favoriser la reprise des activités économiques.
Etat déjà fragilisé par des années de mal gou- au rétablissement de la confiance et de la légi- tal d’attention aux questions de sécurité et à la
vernance. Aujourd’hui, la plupart des observa- Si les élections, par ailleurs remarquablement timité. C’est un des objectifs du programme mise en place d’institutions de gouvernance
teurs internationaux considèrent que la restau- réussies, sont une étape importante vers la d’urgence. Il veut témoigner de la volonté du démocratique.
ration de l’Etat constitue l’un des défis majeurs pacification et la construction de la démocratie, gouvernement nouvellement élu de répondre BUDGET 25.000.000 €
de l’Afrique centrale en général et de la RDC en la RDC n’en est pas pour autant sortie de la aux besoins et aux demandes des citoyens sans Le programme d’urgence post-électoral prévu • Voiries et assainissement à Kinshasa 11 .017.295 €
particulier. Le redressement du pays passera crise. Les risques de résurgence des tensions trop attendre. sur deux ans, s’articule autour de huit volets. • Eau et assainissement à Lubumbashi 1. 800.000 €
par la construction d’un Etat capable d’assumer restent bien présentes. Dans ce type de La fourniture de services publics est directe- A savoir l’assainissement, l’accès à l’eau potable
• Voiries et assainissement à Mbuji-Mayi 2.000.134 €
ses fonctions de services publics (notamment contexte instable, il est important d’agir rapide- ment liée à la légitimation de l’Etat ; les citoyens à Kinshasa, Mbuji-Mayi et
• Réhabilitation de bacs en zones rurales 2.200.000 €
dans le secteur de la santé, de l’éducation et de ment (ce qui ne veut pas dire dans la précipita- ont tendance à retirer leur soutien au Lubumbashi, le désensablement
• Réhabilitation de la route Boma – Tshela 1.800.000 €
gouvernement qui ne veut (ou ne du port de Kalémie (Haut-
peut) fournir les services publics de Tanganyika), la construction de • Désensablement du port de Kalémie 1.400.000 €
base et les opportunités de dévelop- routes au Congo-Central et à • Approvisionnement en eau potable à Kinshasa 2.005.100 €
pement économique. L’incapacité ou Kinshasa, la réhabilitation de • Achat de bus pour l’Université de Kinshasa 300.000 €
le manque de volonté tangible d’un bacs à moteurs en zones rurales,
Etat, à améliorer les services, couplés ainsi que la livraison de bus pour
aux tensions ethniques constituent le transport des étudiants vers
des sources potentielles d’échecs qui l’université de Kinshasa. Avec
peuvent mener à la résurgence des une enveloppe de 25 millions
conflits. Au-delà d’une réponse aux d’euros, il vise l’amélioration des
besoins des populations, la légitima- conditions de vie des populations
tion de l’Etat constitue donc l’un des pauvres. La création massive
objectifs sous-jacents du programme d’emplois via la stratégie HIMO
d’urgence post-électoral. Celui-ci ne (Haute Intensité de Main d’Oeuvre)
peut cependant se concevoir de constitue l’un des principes direc-
teurs du programme.

L’ensablement du port de Kalémie (sur le lac


Tanganyka) contraint les bateaux à débarquer en
pleine mer, à bords de petites unités flottantes. Les femmes sont employées au même titre que les hommes
Une situation dangereuse et peu pratique, qui grève via des activités légères telles que le sarclage, le désherbage,
sérieusement l’expansion économique du port. le nettoyage des berges ou le transport de fardeaux.
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Un programme d’urgence MINISTÈRES IMPLIQUÉS :

• Ministère du Plan

pour consolider la paix


Coordination intersectorielle
• Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation
Ministère de tutelle des provinces, villes et communes
• Ministère des Travaux Publics
Cellule Infrastructures
• Ministère de l’Energie
Direction de l’Eau et de l’Hydrologie
Jean -Christophe CHARLIER – Expert Gouvernance

Les gros bacs bimoteurs permettent aux camions de gros tonnage de franchir le fleuve Congo

L
a guerre qui a ravagé la République la justice). Ce qui suppose au moins trois tion) et de montrer à la population que l’Etat manière isolée mais comme faisant partie d’une
et les rivières en zones rurales. La réhabilitation de plusieurs bacs permettra de désenclaver
Démocratique du Congo durant près dimensions : la sécurité, la reconstitution de la prend les choses en main. La fourniture rapide, stratégie globale de reconstruction de l’Etat des populations entières à l’intérieur du pays. Cela devrait contribuer à la réunification du pays
d’une décennie, est venue saper un légitimité et l’efficacité de l’action publique. et visible, de services aux populations participe congolais, qui doit intégrer le besoin fondamen- et favoriser la reprise des activités économiques.
Etat déjà fragilisé par des années de mal gou- au rétablissement de la confiance et de la légi- tal d’attention aux questions de sécurité et à la
vernance. Aujourd’hui, la plupart des observa- Si les élections, par ailleurs remarquablement timité. C’est un des objectifs du programme mise en place d’institutions de gouvernance
teurs internationaux considèrent que la restau- réussies, sont une étape importante vers la d’urgence. Il veut témoigner de la volonté du démocratique.
ration de l’Etat constitue l’un des défis majeurs pacification et la construction de la démocratie, gouvernement nouvellement élu de répondre BUDGET 25.000.000 €
de l’Afrique centrale en général et de la RDC en la RDC n’en est pas pour autant sortie de la aux besoins et aux demandes des citoyens sans Le programme d’urgence post-électoral prévu • Voiries et assainissement à Kinshasa 11 .017.295 €
particulier. Le redressement du pays passera crise. Les risques de résurgence des tensions trop attendre. sur deux ans, s’articule autour de huit volets. • Eau et assainissement à Lubumbashi 1. 800.000 €
par la construction d’un Etat capable d’assumer restent bien présentes. Dans ce type de La fourniture de services publics est directe- A savoir l’assainissement, l’accès à l’eau potable
• Voiries et assainissement à Mbuji-Mayi 2.000.134 €
ses fonctions de services publics (notamment contexte instable, il est important d’agir rapide- ment liée à la légitimation de l’Etat ; les citoyens à Kinshasa, Mbuji-Mayi et
• Réhabilitation de bacs en zones rurales 2.200.000 €
dans le secteur de la santé, de l’éducation et de ment (ce qui ne veut pas dire dans la précipita- ont tendance à retirer leur soutien au Lubumbashi, le désensablement
• Réhabilitation de la route Boma – Tshela 1.800.000 €
gouvernement qui ne veut (ou ne du port de Kalémie (Haut-
peut) fournir les services publics de Tanganyika), la construction de • Désensablement du port de Kalémie 1.400.000 €
base et les opportunités de dévelop- routes au Congo-Central et à • Approvisionnement en eau potable à Kinshasa 2.005.100 €
pement économique. L’incapacité ou Kinshasa, la réhabilitation de • Achat de bus pour l’Université de Kinshasa 300.000 €
le manque de volonté tangible d’un bacs à moteurs en zones rurales,
Etat, à améliorer les services, couplés ainsi que la livraison de bus pour
aux tensions ethniques constituent le transport des étudiants vers
des sources potentielles d’échecs qui l’université de Kinshasa. Avec
peuvent mener à la résurgence des une enveloppe de 25 millions
conflits. Au-delà d’une réponse aux d’euros, il vise l’amélioration des
besoins des populations, la légitima- conditions de vie des populations
tion de l’Etat constitue donc l’un des pauvres. La création massive
objectifs sous-jacents du programme d’emplois via la stratégie HIMO
d’urgence post-électoral. Celui-ci ne (Haute Intensité de Main d’Oeuvre)
peut cependant se concevoir de constitue l’un des principes direc-
teurs du programme.

L’ensablement du port de Kalémie (sur le lac


Tanganyka) contraint les bateaux à débarquer en
pleine mer, à bords de petites unités flottantes. Les femmes sont employées au même titre que les hommes
Une situation dangereuse et peu pratique, qui grève via des activités légères telles que le sarclage, le désherbage,
sérieusement l’expansion économique du port. le nettoyage des berges ou le transport de fardeaux.
6 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 7

Kinshasa
ville géante à assainir

AVEC PLUS DE 6 MILLIONS D’HABITANTS, KINSHASA FIGURE SUR LA LISTE


DES 50 MÉGAPOLES LES PLUS PEUPLÉES AU MONDE. IL A FALLU À PEINE
UN SIÈCLE, POUR QU’UNE POUSSÉE DÉMOGRAPHIQUE AHURISSANTE
TRANSFORME L’ANCIENNE PETITE BOURGADE
DE 10.000 ÂMES EN CITÉ MAMMOUTH. SOUS L’EFFET DE CETTE
EXPLOSION URBAINE, L’INSALUBRITÉ EST ALLÉE CROISSANTE
AU POINT DE MÉTAMORPHOSER « KIN-LA-BELLE ».
accentue encore la crise dans laquelle il est Kinshasa, soit 10 % du total de la population d’une urbanisation moderne assortie d’aména-
alors plongé. Les ruraux, confrontés à la néces- congolaise. Rien qu’en ville, ils sont un peu gements en eau et électricité. A cela, sont
sité d’étoffer leurs moyens de subsistance, moins de 6 millions à s’entasser sur une sur- venues s’ajouter de nouvelles communes, dans

À
raison de 5.000 m3 de déchets pro- C’est après l’indépendance, entre 1960 et 1970, migrent toujours plus nombreux vers Kinshasa, face habitable de seulement 280 km2, ce qui lesquelles les infrastructures publiques
duits journellement, ce sont de véri- que la croissance démographique de Kinshasa improbable Eldorado. Mais leurs espoirs de vie donne une densité moyenne de population demeurent rares, voire inexistantes. En
tables montagnes d’immondices qui s’est accélérée, sous la pression de l’exode meilleure s’estompent dès l’entame des affolante, de l’ordre de 22.000 habitants au l’absence de normes urbanistiques, certains
barrent à présent l’horizon des Kinois ! La capi- rural provoqué par la guerre civile. Kinshasa années 90. En 1991 et 1992, les « pillages » km , les autres occupant la proche zone
2
quartiers se sont même étendus dans les zones
tale pâtit en outre de sa situation géographique accueille à cette époque des «réfugiés» en masse, achèvent de ruiner l’économie du Congo. rurale. De plus, cette urbanisation galopante inondables et érosives.
particulière : amphithéâtre naturel construit sur fuyant l’insécurité des provinces en proie aux Enfin, la guerre survenue en 1998, entraîne ne devrait pas s’arrêter là. La plupart des pro-
un sol argilo - sableux, le site est aux prises troubles. Leur installation en ville et aux abords vers la capitale un flot considérable de réfugiés jections tablent en effet sur un dépassement En 1960, l’indépendance marque la fin d’une
avec des problèmes d’inondations au niveau de de celle-ci est du reste, favorisée par les leaders et de déplacés issus de toutes les provinces. du seuil des 10 millions de citadins à l’horizon politique d’aménagement du territoire. Les
la ville basse qui borde le fleuve, et se trouve politiques, qui y voient le moyen de gonfler leur 2015. Ce qui fera entrer Kinshasa, actuelle- autorités congolaises de l’époque, assistent
en même temps confronté à un important phé- électorat kinois suite à la création de nombreux On a presque de la peine à imaginer que ment la deuxième agglomération d’Afrique sans réagir à l’urbanisation anarchique de la
nomène d’érosion, à l’origine de glissements de partis à connotation tribale. Kinshasa ne compte que 400 000 habitants noire derrière Lagos, dans le top 30 des méga- ville. Les quelques initiatives visant à juguler
terrains dans les collines où s’est développée la lors de l'indépendance en 1960. A partir de cités de la planète. le phénomène n’aboutissent jamais : Kinshasa
ville haute. Qui plus est, certains facteurs tels A partir des années 70, le flux de population ce moment, la population croît de façon expo- s’étend comme une tache d’huile dans toutes
que le déboisement, la pluviométrie, la détério- vers la capitale continue de s’intensifier à nentielle. Les recensements connus dénom- Une ville tentaculaire les directions. Par ailleurs, les tentatives desti-
ration du système d’égouttage ou encore l’urba- mesure que se paupérisent les campagnes, brent 3 millions de Kinois en 1984 et près de 24 communes administratives, elles-mêmes nées à produire un habitat social, public ou
nisation anarchique, aggravent la crise de l’en- fortement touchées par la politique de 5 millions en 1995. Aujourd'hui, sur base des subdivisées en 310 quartiers, composent privé, n’existent qu’à l’état embryonnaire. Dès
vironnement face à laquelle les pouvoirs « Zaïrianisation » de l’économie nationale. résultats des opérations d’enrôlement pour les Kinshasa. Au Nord et à l’Est, la plaine qui suit lors, des communes entières voient le jour spon-
publics, affaiblis et dépourvus de moyens, se Entre 1980 et 1990, le programme d’ajuste- récentes élections, on estime que 6 200 000 la courbe du fleuve abrite la ville basse et ses tanément dans de vastes zones d’extension.
montrent impuissants. ment structurel imposé au pays par le FMI personnes peuplent la province urbaine de anciennes communes, lesquelles ont bénéficié >>
6 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 7

Kinshasa
ville géante à assainir

AVEC PLUS DE 6 MILLIONS D’HABITANTS, KINSHASA FIGURE SUR LA LISTE


DES 50 MÉGAPOLES LES PLUS PEUPLÉES AU MONDE. IL A FALLU À PEINE
UN SIÈCLE, POUR QU’UNE POUSSÉE DÉMOGRAPHIQUE AHURISSANTE
TRANSFORME L’ANCIENNE PETITE BOURGADE
DE 10.000 ÂMES EN CITÉ MAMMOUTH. SOUS L’EFFET DE CETTE
EXPLOSION URBAINE, L’INSALUBRITÉ EST ALLÉE CROISSANTE
AU POINT DE MÉTAMORPHOSER « KIN-LA-BELLE ».
accentue encore la crise dans laquelle il est Kinshasa, soit 10 % du total de la population d’une urbanisation moderne assortie d’aména-
alors plongé. Les ruraux, confrontés à la néces- congolaise. Rien qu’en ville, ils sont un peu gements en eau et électricité. A cela, sont
sité d’étoffer leurs moyens de subsistance, moins de 6 millions à s’entasser sur une sur- venues s’ajouter de nouvelles communes, dans

À
raison de 5.000 m3 de déchets pro- C’est après l’indépendance, entre 1960 et 1970, migrent toujours plus nombreux vers Kinshasa, face habitable de seulement 280 km2, ce qui lesquelles les infrastructures publiques
duits journellement, ce sont de véri- que la croissance démographique de Kinshasa improbable Eldorado. Mais leurs espoirs de vie donne une densité moyenne de population demeurent rares, voire inexistantes. En
tables montagnes d’immondices qui s’est accélérée, sous la pression de l’exode meilleure s’estompent dès l’entame des affolante, de l’ordre de 22.000 habitants au l’absence de normes urbanistiques, certains
barrent à présent l’horizon des Kinois ! La capi- rural provoqué par la guerre civile. Kinshasa années 90. En 1991 et 1992, les « pillages » km , les autres occupant la proche zone
2
quartiers se sont même étendus dans les zones
tale pâtit en outre de sa situation géographique accueille à cette époque des «réfugiés» en masse, achèvent de ruiner l’économie du Congo. rurale. De plus, cette urbanisation galopante inondables et érosives.
particulière : amphithéâtre naturel construit sur fuyant l’insécurité des provinces en proie aux Enfin, la guerre survenue en 1998, entraîne ne devrait pas s’arrêter là. La plupart des pro-
un sol argilo - sableux, le site est aux prises troubles. Leur installation en ville et aux abords vers la capitale un flot considérable de réfugiés jections tablent en effet sur un dépassement En 1960, l’indépendance marque la fin d’une
avec des problèmes d’inondations au niveau de de celle-ci est du reste, favorisée par les leaders et de déplacés issus de toutes les provinces. du seuil des 10 millions de citadins à l’horizon politique d’aménagement du territoire. Les
la ville basse qui borde le fleuve, et se trouve politiques, qui y voient le moyen de gonfler leur 2015. Ce qui fera entrer Kinshasa, actuelle- autorités congolaises de l’époque, assistent
en même temps confronté à un important phé- électorat kinois suite à la création de nombreux On a presque de la peine à imaginer que ment la deuxième agglomération d’Afrique sans réagir à l’urbanisation anarchique de la
nomène d’érosion, à l’origine de glissements de partis à connotation tribale. Kinshasa ne compte que 400 000 habitants noire derrière Lagos, dans le top 30 des méga- ville. Les quelques initiatives visant à juguler
terrains dans les collines où s’est développée la lors de l'indépendance en 1960. A partir de cités de la planète. le phénomène n’aboutissent jamais : Kinshasa
ville haute. Qui plus est, certains facteurs tels A partir des années 70, le flux de population ce moment, la population croît de façon expo- s’étend comme une tache d’huile dans toutes
que le déboisement, la pluviométrie, la détério- vers la capitale continue de s’intensifier à nentielle. Les recensements connus dénom- Une ville tentaculaire les directions. Par ailleurs, les tentatives desti-
ration du système d’égouttage ou encore l’urba- mesure que se paupérisent les campagnes, brent 3 millions de Kinois en 1984 et près de 24 communes administratives, elles-mêmes nées à produire un habitat social, public ou
nisation anarchique, aggravent la crise de l’en- fortement touchées par la politique de 5 millions en 1995. Aujourd'hui, sur base des subdivisées en 310 quartiers, composent privé, n’existent qu’à l’état embryonnaire. Dès
vironnement face à laquelle les pouvoirs « Zaïrianisation » de l’économie nationale. résultats des opérations d’enrôlement pour les Kinshasa. Au Nord et à l’Est, la plaine qui suit lors, des communes entières voient le jour spon-
publics, affaiblis et dépourvus de moyens, se Entre 1980 et 1990, le programme d’ajuste- récentes élections, on estime que 6 200 000 la courbe du fleuve abrite la ville basse et ses tanément dans de vastes zones d’extension.
montrent impuissants. ment structurel imposé au pays par le FMI personnes peuplent la province urbaine de anciennes communes, lesquelles ont bénéficié >>
8 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 9

Aujourd’hui, les Masina, Bumbu, Kisenso, Kimbanseke,


Selembao, Makala, Ndijli et autre Ngaba, recèlent une
Un défi
pour les pouvoirs publics
développement. Elle a une incidence directe
sur la bonne gouvernance des centres urbains,
de même qu’elle interpelle chacun dans son
Un nouveau souffle
pour la Plate-Forme
importante population très précarisée. Globalement, la phy- rapport à la chose et à l’espace public. Doivent Assainissement de
sionomie de l’habitat de Kinshasa s’analyse au travers de ses
différents quartiers. Outre ceux d’extension dont nous
et les citoyens donc se sentir étroitement concernés, aussi
bien l’Etat et ses représentants, que les citoyens
Kinshasa
venons de dire un mot, voici ce qu’on trouve : pris séparément ou dans leur ensemble, ainsi «Kin la poubelle» doit redevenir «Kin la belle».
« Mégacité aux mégaproblèmes». que tous les acteurs de la vie économique et C’est le défi à la réussite duquel contribue cette
Les quartiers résidentiels C’EST DE CETTE MANIÈRE QUE CLAUDINE TSHIMANGA MBUYI sociale. Seulement voilà : les moyens dont dis- fameuse plate-forme en faveur de l’assainissement
de Kinshasa. Créée en mars 2006, sous l’initiative
Ils sont implantés dans les communes de Lemba (Righini), ET FRANCIS LELO NZUZI, APPRÉHENDENT LA QUESTION pose la municipalité de Kinshasa sont dérisoi-
du programme d’appui aux services de base
Gombe, Limete et Ngaliema (Mbinza Ma campagne et DE LA « PAUVRETÉ URBAINE À KINSHASA » À LAQUELLE res en regard de l’ampleur de la tâche. D’après Le programme d’urgence post-électoral mis en
de la SNV (organisation néérlandaise
Mbinza IPN). Ces quartiers de standing bénéficient d’un ILS ONT CONSACRÉ UNE ÉTUDE TRÈS FOUILLÉE*. l’étude susmentionnée sur la pauvreté urbaine; place par la Belgique propose une réponse
de développement), elle a vocation de fédérer
plan d’urbanisation et sont dotés de véritables infrastructu- ENTRE AUTRES MÉGAPROBLÈMES POSÉS PAR LES CITÉS en 2004, l’entreprise publique PNA (Programme immédiate à une situation critique, en s’atta- les compétences et les moyens d’action disponibles
res (routes bitumées, canalisation des eaux de ruisselle- MASTODONTES AFRICAINES, CELUI DE LA GESTION National d’Assainissement), en charge de l’éva- quant au curage de quelques grands collec- sur place, aux fins de proposer une approche
ment, etc.). La densité de population y est faible et l’écono- DES DÉCHETS S’AVÈRE PARTICULIÈREMENT ÉPINEUX. cuation des ordures, disposait pour tout maté- teurs d’eaux de pluie et à des caniveaux. globale et intégrée de la problématique des déchets.
mie informelle peu visible. Aisés, la plupart des résidents riel d’une pelle, de 2 camions porte-containers, Toutefois, des solutions durables ne sont envi- La SNV était motivée par le constat que
effectuent leurs déplacements à l’aide de leurs véhicules. de 2 camions bennes et de 160 bacs dispersés sageables qu’à la condition de poursuivre les la dispersion des interventions empêchait la mise
en route d’un plan de lutte contre l’insalubrité

O
C’est là que l’on trouve les belles villas, les piscines, les ter- n l’a vu, à Kinshasa, l’augmentation en ville. Soit : de quoi enlever quotidiennement efforts déjà entrepris. Partant, toutes les parties
réellement efficace, et que vu l’ampleur de la
rains de golf et de tennis, les nombreux bars, hôtels et res- démographique vertigineuse des der- 600 m3 de déchets, pour une production plus en présence, tant les acteurs privés et étatiques
tâche, aucun acteur n’était en mesure d’agir seul.
taurants chics. nières décennies, associée à la fai- de huit fois supérieures dans le même laps de que les forces vives de la société civile, doivent
En décembre dernier, les efforts du programme
blesse des interventions de l’Etat (ramassage temps ! Si l’on déduit de ce volume monstrueux prendre leurs responsabilités en vue de régler d’urgence post-électoral de la Coopération
Les quartiers des anciennes cités de déchets, entretien des caniveaux, gestion la partie organique - en partie récupérée par les la grave crise environnementale que traverse Technique Belge et de la SNV se sont conjugués
Ils se situent dans les communes de Kinshasa, Lingwala, des lieux publics, etc.), ont provoqué une dété- maraîchers pour en faire du compost - ce sont Kinshasa. A cet égard, la relance de la Plate- pour donner une nouvelle impulsion à la plate-
Barumbu et Kintambo. Les vieilles habitations qui s’y trou- rioration de l’environnement absolument sans 4 000 m3 d’immondices qui se déversent cha- Forme des Acteurs de l’Assainissement de la forme d’assainissement. La première étape
vent se sont pour la plupart transformées en taudis. Les précédent. Au point que la splendeur dont se que jour dans Kinshasa, la rendant toujours Ville est sans doute un premier pas dans la de cette collaboration entre la SNV et la CTB,
routes sont dégradées, les canalisations d’eau complète- parait la capitale dans les années 50, n’est plus plus insalubre. A défaut de pouvoir organiser bonne direction. sera l’organisation en février 2007, à Kinshasa,
d’un séminaire sur la problématique de
ment bouchées et les chaussées piétonnières toujours en qu’un lointain souvenir effacé par l’image de efficacement la collecte, le transport, la valorisa-
l’assainissement. Il s’agira de dresser le bilan de
attente d’être aménagées. De ce fait, l’assainissement « ville poubelle ». tion et le traitement de ce gigantesque rebut ; la
la situation pour proposer un schéma directeur
constitue un sérieux problème : de nombreux cas de cho- plupart des opérations de nettoyage massif de développement futur de la ville.
léra y sont recensés. D’une densité très forte et de classe Cette problématique de gestion des déchets, se initiées par la municipalité n’ont jamais donné La plate-forme rassemble toute une série d’acteurs
moyenne, la population développe de nombreuses activités situe cependant au cœur des enjeux du aucun résultat probant. parmi lesquels on retrouve : les autorités
informelles dans ces parages. municipales, des opérateurs privés, des ONG locales
et internationales, de grands bailleurs de fonds
Les quartiers des cités planifiées (Union européenne, Banque mondiale), sans oublier
les Kinois eux-mêmes (via la société civile)
On les trouve dans les communes de Lemba, Matete, Ndijli
très désireux de rendre un souffle nouveau à leur
(quartiers 1 à 7), Kalamu et Bandalungwa. Elles disposent
ville. Dans le cadre de la décentralisation,
d’infrastructures et de commodités, mais sont néanmoins la plate-forme ambitionne de devenir un interlocu-
vétustes et inadaptées. Les habitations, conçues à l’origine teur incontournable aux niveaux du futur Conseil
pour un couple avec 2 enfants, en abritent aujourd’hui 7 en Communal de développement et de la province de
moyenne, dans des parcelles qui ne dépassent pas 300 m2. Kinshasa. Cette initiative s’inscrit dans le pur
Egalement de niveau moyen, les très nombreux habitants esprit de la Déclaration de Paris. C’est à dire une
se débattent avec un système de canalisation des eaux quête d’efficacité, et d’harmonie dans les méthodes
de travail, avec un alignement sur les initiatives du
ménagères inexistant ou hors d’usage.
gouvernorat, en matière d’assainissement.

Les quartiers semi-ruraux


Installés sur le territoire des communes de Maluku, Nsele,
Mont-Ngafula. Peu habitées, ces communes constituent la Le curage du collecteur Isangi à Lingwala, éliminera
banlieue agricole et industrielle (sidérurgie de Maluku) de les eaux stagnantes qui nuisent à la santé, en provoquant
des maladies hydriques. La prolifération de nombreux insectes
Kinshasa. Cités dortoirs (Mpasa), elles accueillent égale-
et animaux, vecteurs de maladies mortelles notamment
ment des activités récréatives (Kinkole) et maraîchères (malaria, typhoïde, diarrhée, choléra) est directement liée
(Mont-Ngafula). aux problèmes d’assainissement.
8 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 9

Aujourd’hui, les Masina, Bumbu, Kisenso, Kimbanseke,


Selembao, Makala, Ndijli et autre Ngaba, recèlent une
Un défi
pour les pouvoirs publics
développement. Elle a une incidence directe
sur la bonne gouvernance des centres urbains,
de même qu’elle interpelle chacun dans son
Un nouveau souffle
pour la Plate-Forme
importante population très précarisée. Globalement, la phy- rapport à la chose et à l’espace public. Doivent Assainissement de
sionomie de l’habitat de Kinshasa s’analyse au travers de ses
différents quartiers. Outre ceux d’extension dont nous
et les citoyens donc se sentir étroitement concernés, aussi
bien l’Etat et ses représentants, que les citoyens
Kinshasa
venons de dire un mot, voici ce qu’on trouve : pris séparément ou dans leur ensemble, ainsi «Kin la poubelle» doit redevenir «Kin la belle».
« Mégacité aux mégaproblèmes». que tous les acteurs de la vie économique et C’est le défi à la réussite duquel contribue cette
Les quartiers résidentiels C’EST DE CETTE MANIÈRE QUE CLAUDINE TSHIMANGA MBUYI sociale. Seulement voilà : les moyens dont dis- fameuse plate-forme en faveur de l’assainissement
de Kinshasa. Créée en mars 2006, sous l’initiative
Ils sont implantés dans les communes de Lemba (Righini), ET FRANCIS LELO NZUZI, APPRÉHENDENT LA QUESTION pose la municipalité de Kinshasa sont dérisoi-
du programme d’appui aux services de base
Gombe, Limete et Ngaliema (Mbinza Ma campagne et DE LA « PAUVRETÉ URBAINE À KINSHASA » À LAQUELLE res en regard de l’ampleur de la tâche. D’après Le programme d’urgence post-électoral mis en
de la SNV (organisation néérlandaise
Mbinza IPN). Ces quartiers de standing bénéficient d’un ILS ONT CONSACRÉ UNE ÉTUDE TRÈS FOUILLÉE*. l’étude susmentionnée sur la pauvreté urbaine; place par la Belgique propose une réponse
de développement), elle a vocation de fédérer
plan d’urbanisation et sont dotés de véritables infrastructu- ENTRE AUTRES MÉGAPROBLÈMES POSÉS PAR LES CITÉS en 2004, l’entreprise publique PNA (Programme immédiate à une situation critique, en s’atta- les compétences et les moyens d’action disponibles
res (routes bitumées, canalisation des eaux de ruisselle- MASTODONTES AFRICAINES, CELUI DE LA GESTION National d’Assainissement), en charge de l’éva- quant au curage de quelques grands collec- sur place, aux fins de proposer une approche
ment, etc.). La densité de population y est faible et l’écono- DES DÉCHETS S’AVÈRE PARTICULIÈREMENT ÉPINEUX. cuation des ordures, disposait pour tout maté- teurs d’eaux de pluie et à des caniveaux. globale et intégrée de la problématique des déchets.
mie informelle peu visible. Aisés, la plupart des résidents riel d’une pelle, de 2 camions porte-containers, Toutefois, des solutions durables ne sont envi- La SNV était motivée par le constat que
effectuent leurs déplacements à l’aide de leurs véhicules. de 2 camions bennes et de 160 bacs dispersés sageables qu’à la condition de poursuivre les la dispersion des interventions empêchait la mise
en route d’un plan de lutte contre l’insalubrité

O
C’est là que l’on trouve les belles villas, les piscines, les ter- n l’a vu, à Kinshasa, l’augmentation en ville. Soit : de quoi enlever quotidiennement efforts déjà entrepris. Partant, toutes les parties
réellement efficace, et que vu l’ampleur de la
rains de golf et de tennis, les nombreux bars, hôtels et res- démographique vertigineuse des der- 600 m3 de déchets, pour une production plus en présence, tant les acteurs privés et étatiques
tâche, aucun acteur n’était en mesure d’agir seul.
taurants chics. nières décennies, associée à la fai- de huit fois supérieures dans le même laps de que les forces vives de la société civile, doivent
En décembre dernier, les efforts du programme
blesse des interventions de l’Etat (ramassage temps ! Si l’on déduit de ce volume monstrueux prendre leurs responsabilités en vue de régler d’urgence post-électoral de la Coopération
Les quartiers des anciennes cités de déchets, entretien des caniveaux, gestion la partie organique - en partie récupérée par les la grave crise environnementale que traverse Technique Belge et de la SNV se sont conjugués
Ils se situent dans les communes de Kinshasa, Lingwala, des lieux publics, etc.), ont provoqué une dété- maraîchers pour en faire du compost - ce sont Kinshasa. A cet égard, la relance de la Plate- pour donner une nouvelle impulsion à la plate-
Barumbu et Kintambo. Les vieilles habitations qui s’y trou- rioration de l’environnement absolument sans 4 000 m3 d’immondices qui se déversent cha- Forme des Acteurs de l’Assainissement de la forme d’assainissement. La première étape
vent se sont pour la plupart transformées en taudis. Les précédent. Au point que la splendeur dont se que jour dans Kinshasa, la rendant toujours Ville est sans doute un premier pas dans la de cette collaboration entre la SNV et la CTB,
routes sont dégradées, les canalisations d’eau complète- parait la capitale dans les années 50, n’est plus plus insalubre. A défaut de pouvoir organiser bonne direction. sera l’organisation en février 2007, à Kinshasa,
d’un séminaire sur la problématique de
ment bouchées et les chaussées piétonnières toujours en qu’un lointain souvenir effacé par l’image de efficacement la collecte, le transport, la valorisa-
l’assainissement. Il s’agira de dresser le bilan de
attente d’être aménagées. De ce fait, l’assainissement « ville poubelle ». tion et le traitement de ce gigantesque rebut ; la
la situation pour proposer un schéma directeur
constitue un sérieux problème : de nombreux cas de cho- plupart des opérations de nettoyage massif de développement futur de la ville.
léra y sont recensés. D’une densité très forte et de classe Cette problématique de gestion des déchets, se initiées par la municipalité n’ont jamais donné La plate-forme rassemble toute une série d’acteurs
moyenne, la population développe de nombreuses activités situe cependant au cœur des enjeux du aucun résultat probant. parmi lesquels on retrouve : les autorités
informelles dans ces parages. municipales, des opérateurs privés, des ONG locales
et internationales, de grands bailleurs de fonds
Les quartiers des cités planifiées (Union européenne, Banque mondiale), sans oublier
les Kinois eux-mêmes (via la société civile)
On les trouve dans les communes de Lemba, Matete, Ndijli
très désireux de rendre un souffle nouveau à leur
(quartiers 1 à 7), Kalamu et Bandalungwa. Elles disposent
ville. Dans le cadre de la décentralisation,
d’infrastructures et de commodités, mais sont néanmoins la plate-forme ambitionne de devenir un interlocu-
vétustes et inadaptées. Les habitations, conçues à l’origine teur incontournable aux niveaux du futur Conseil
pour un couple avec 2 enfants, en abritent aujourd’hui 7 en Communal de développement et de la province de
moyenne, dans des parcelles qui ne dépassent pas 300 m2. Kinshasa. Cette initiative s’inscrit dans le pur
Egalement de niveau moyen, les très nombreux habitants esprit de la Déclaration de Paris. C’est à dire une
se débattent avec un système de canalisation des eaux quête d’efficacité, et d’harmonie dans les méthodes
de travail, avec un alignement sur les initiatives du
ménagères inexistant ou hors d’usage.
gouvernorat, en matière d’assainissement.

Les quartiers semi-ruraux


Installés sur le territoire des communes de Maluku, Nsele,
Mont-Ngafula. Peu habitées, ces communes constituent la Le curage du collecteur Isangi à Lingwala, éliminera
banlieue agricole et industrielle (sidérurgie de Maluku) de les eaux stagnantes qui nuisent à la santé, en provoquant
des maladies hydriques. La prolifération de nombreux insectes
Kinshasa. Cités dortoirs (Mpasa), elles accueillent égale-
et animaux, vecteurs de maladies mortelles notamment
ment des activités récréatives (Kinkole) et maraîchères (malaria, typhoïde, diarrhée, choléra) est directement liée
(Mont-Ngafula). aux problèmes d’assainissement.
10 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 11

2 5 6

PHOTO 6 > Nettoyage du collecteur OKAPI. Voirie


Suite à l’érosion, ce canal charrie les eaux PHOTO 3 > Pour désenclaver les quartiers
chargées de sable de Kimbanseke. Ajouté aux ouest de Kinshasa, la route bétonnée de Mama
tonnes de plastiques et de déchets solides, ce Yemo sera réhabilitée. Au total une dizaine de km
magma provoque des obstructions énormes. seront construits ou réhabilités.
Le curage de cet ouvrage permettra de
diminuer les inondations qui déferlent réguliè- Lutte anti-érosive
1 3 7 rement sur Masina.. PHOTO 1 > Pour lutter contre l’érosion, l’amé-
nagement de digues en sacs de terre est privi-
Communes couvertes par le programme d’urgence post-électoral légié. Selon le principe du terrassement, ces
sacs diminuent les pentes et ralentissent ainsi

LES ACTIVITÉS
DU PROGRAMME D’URGENCE
Kin, fais-toi les eaux de pluie.

belle!
GOMBE
POST- ELECTORAL Fleuve Congo

BARUMBU
KINSHASA
A KINSHASA SE REPARTISSENT

LINGWALA
SUR SIX COMMUNES:
KIMBANSEKE, MASINA,
BARUMBU, KINSHASA, BANDALUNGWA

KINTAMBO
KASA-VUBU
LINGWALA ET NGALIEMA. PHOTO 7 > Le ruisseau naturel « Hindou », à
l’Est de Masina, fait des ravages à chaque sai- KALAMU LIMETE
NGIRI-NGIRI
Construction de caniveaux
L
es deux grands collecteurs d’évacua- son des pluies. Selon les riverains, « un enfant
tion des eaux de pluie vers le fleuve ou drainage a été emporté par les eaux lors des dernières
MASINA
BUMBU
nommés « Okapi et Bitchaku –Tchaku » PHOTO 4 > La commune de Lingwala est sou- inondations ». Des caniveaux en dur seront MAKALA
ainsi que leurs affluents, seront nettoyés et mise aux inondations chroniques. Ces ouvriers construits sur plusieurs kilomètres, pour accé- NGALIEMA
NGABA
curés. C’est une étape préliminaire indispensa- enlèvent les déchets et sédiments qui bloquent lérer l’évacuation des eaux de pluie. MATETE
ble avant la mise au point d’un système global les eaux du collecteur Isangi. Des constructions
d’élimination des déchets solides. Cela permettra en dur seront nécessaires pour éviter les ébou- Curage LEMBA
de diminuer la fréquence et la violence des lements des caniveaux en terre. PHOTO 5 > Nettoyage du grand collecteur SELEMBAO NDIJLI

inondations. Les activités de réhabilitation des Bitchaku-Tchaku. Les résultats sont visibles,
KISENSO
NSELE
routes portent sur Ngaliema et Kimbanseke. La PHOTO 2 > Caniveaux bouchés près de l’ave- ces deux bouches qui mènent au fleuve, étaient
construction de caniveaux (drainage) concerne nue Mokali. Les riverains ont placé des sacs de complètement obstruées avant les travaux.
surtout Masina et Lingwala. La lutte anti-érosive terre afin de protéger leurs habitations. Pour L’enlèvement des déchets, diminue la résistance
se concentre sur Kimbanseke ainsi que partout assainir Kimbanseke, des activités de curage et hydraulique, facilite l’écoulement des eaux (ce
KIMBANSEKE
où la population exerce une pression sur de drainage sont en cours le long des trois qui réduit le risque d’inondations) et augmente
l’environnement. artères principales de la commune. la capacité de réserve des bassins de rétention.
MONT-NGAFULA
10 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 11

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PHOTO 6 > Nettoyage du collecteur OKAPI. Voirie


Suite à l’érosion, ce canal charrie les eaux PHOTO 3 > Pour désenclaver les quartiers
chargées de sable de Kimbanseke. Ajouté aux ouest de Kinshasa, la route bétonnée de Mama
tonnes de plastiques et de déchets solides, ce Yemo sera réhabilitée. Au total une dizaine de km
magma provoque des obstructions énormes. seront construits ou réhabilités.
Le curage de cet ouvrage permettra de
diminuer les inondations qui déferlent réguliè- Lutte anti-érosive
1 3 7 rement sur Masina.. PHOTO 1 > Pour lutter contre l’érosion, l’amé-
nagement de digues en sacs de terre est privi-
Communes couvertes par le programme d’urgence post-électoral légié. Selon le principe du terrassement, ces
sacs diminuent les pentes et ralentissent ainsi

LES ACTIVITÉS
DU PROGRAMME D’URGENCE
Kin, fais-toi les eaux de pluie.

belle!
GOMBE
POST- ELECTORAL Fleuve Congo

BARUMBU
KINSHASA
A KINSHASA SE REPARTISSENT

LINGWALA
SUR SIX COMMUNES:
KIMBANSEKE, MASINA,
BARUMBU, KINSHASA, BANDALUNGWA

KINTAMBO
KASA-VUBU
LINGWALA ET NGALIEMA. PHOTO 7 > Le ruisseau naturel « Hindou », à
l’Est de Masina, fait des ravages à chaque sai- KALAMU LIMETE
NGIRI-NGIRI
Construction de caniveaux
L
es deux grands collecteurs d’évacua- son des pluies. Selon les riverains, « un enfant
tion des eaux de pluie vers le fleuve ou drainage a été emporté par les eaux lors des dernières
MASINA
BUMBU
nommés « Okapi et Bitchaku –Tchaku » PHOTO 4 > La commune de Lingwala est sou- inondations ». Des caniveaux en dur seront MAKALA
ainsi que leurs affluents, seront nettoyés et mise aux inondations chroniques. Ces ouvriers construits sur plusieurs kilomètres, pour accé- NGALIEMA
NGABA
curés. C’est une étape préliminaire indispensa- enlèvent les déchets et sédiments qui bloquent lérer l’évacuation des eaux de pluie. MATETE
ble avant la mise au point d’un système global les eaux du collecteur Isangi. Des constructions
d’élimination des déchets solides. Cela permettra en dur seront nécessaires pour éviter les ébou- Curage LEMBA
de diminuer la fréquence et la violence des lements des caniveaux en terre. PHOTO 5 > Nettoyage du grand collecteur SELEMBAO NDIJLI

inondations. Les activités de réhabilitation des Bitchaku-Tchaku. Les résultats sont visibles,
KISENSO
NSELE
routes portent sur Ngaliema et Kimbanseke. La PHOTO 2 > Caniveaux bouchés près de l’ave- ces deux bouches qui mènent au fleuve, étaient
construction de caniveaux (drainage) concerne nue Mokali. Les riverains ont placé des sacs de complètement obstruées avant les travaux.
surtout Masina et Lingwala. La lutte anti-érosive terre afin de protéger leurs habitations. Pour L’enlèvement des déchets, diminue la résistance
se concentre sur Kimbanseke ainsi que partout assainir Kimbanseke, des activités de curage et hydraulique, facilite l’écoulement des eaux (ce
KIMBANSEKE
où la population exerce une pression sur de drainage sont en cours le long des trois qui réduit le risque d’inondations) et augmente
l’environnement. artères principales de la commune. la capacité de réserve des bassins de rétention.
MONT-NGAFULA
12 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 13

Parole Thérèse Mwanga

aux acteurs
<3
44 ans, mariée, mère de 7 enfants

La « maman », moteur économique de son foyer

Jeanne MBANGA

3 4
M aman Thérèse a été engagée début octobre 2006 pour le chantier piloté
par la CTB à Masina. Elle habite tout près du chantier, sur l’avenue
Solidarité. « Nous sommes une trentaine de femmes à travailler aux côtés des
cantonniers sur le chantier du collecteur Okapi. Notre tâche consiste à dégager
Paul Kambombo
49 ans, marié et père de 6 enfants
les monceaux de terre sur les abords des
caniveaux pour empêcher qu’ils retombent. Le bourgmestre de Kimbanseke
Puis, nous trions les déchets qui ne sont
Sam Izemoke <2
24 ans, célibataire, sans enfants

L’ouvrier du chantier
pas biodégradables des autres. Nous les
amassons en vue de leur ramassage par les
évacuateurs qui les acheminent ensuite
J
de
e peux dire que ma juridiction est plutôt
bénéficiaire de la convention de prestation
service signée avec la Coopération
vers les décharges publiques. Enfin, nous Technique Belge. Dans ce cadre, un comité

1
J’ habite dans les environs du collecteur
Okapi qui est situé dans le quartier
Pascal à Masina. Je travaille comme ouvrier
plantons du gazon sur les aires ainsi amé-
nagées. La plupart d’entre nous habitent le
même quartier. Je tiens à préciser que nous
communal de développement, émanation des
différents comités locaux élus, a été mis en
place. Ces comités représentent toutes les
pour le projet de la CTB avec mes deux cent sommes bien traitées et que nous ne fai- couches de la population. Pour ma part, j’ai
2 vingt-six autres collègues. Dans l’exécution de sons l’objet d’aucune discrimination, ni au contribué à l’identification des problèmes qui se
notre tâche, nous nous butons souvent aux pro- regard de notre sexe, ni pour les tâches à posent dans ma circonscription ».
Omer Ngalema Kikala <1
blèmes de constructions anarchiques que nous effectuer et encore moins pour notre rému- Trois programmes de la CTB sont en cours dans
56 ans, marié, père de 8 enfants Sheila Kabamba
rencontrons sur le tracé du collecteur. En le nération », explique maman Thérèse. la commune de Paul Kambombo : le Paideco
25 ans, ménagère, mariée, mère d’un enfant
Le fonctionnaire communal curant de fond en comble, nous touchons par- (Programme d’appui institutionnel pour le
fois à certaines parties des habitations ; ce qui Pour son travail, elle touche 2000 francs La riveraine développement communautaire), le PPU
embarrassée par les travaux
O mer Kikala est chef de la brigade « assai-
nissement » de la commune de Masina.
Kimbanseke et de N’Djili, des déchets solides
qui sont évacués du Marché de la Liberté, de
nous attire des menaces et des attaques des
personnes concernées. En outre, notre travail
congolais par jour soir 12.000 francs par
semaine (environ 24 dollars). « J’en suis
(Programme post-électoral d’urgence) et le
programme d’adduction d’eau.
Il dirige une équipe de 227 personnes. C’est lui
qui supervise les travaux au collecteur Okapi.
« Je n’habite pas ici mais au quartier Mikondo,
l’Hôpital Mutombo Dikembe ainsi que de
l’Hôpital Roi Baudouin et qui sont versés dans
le collecteur. Nous sommes tenus de les exca-
dans des eaux insalubres nécessiterait que ces
eaux soient préalablement désinfectées car ce
n’est pas agréable de travailler en supportant
comblée, précise Thérèse Mwanga. Au
début, nous étions la risée de tous.
Aujourd’hui, notre travail impose le respect
L e travail de l’ouvrage, tel qu’il se fait, ren-
contre l’assentiment de nous tous dans le
quartier, déclare Sheila Kabamba. Mais c’est la
« Quand nous lançons un appel d’offre, l’ONG
qui décroche le marché en toute transparence
signe individuellement le contrat avec la CTB;
dans la commune de la N’sele. J’avais déjà été ver et de les déposer chaque fois sur les berges ces odeurs nauséabondes. et attire parfois la convoitise des autres. Il est manière dont ce travail est réalisé qui nous qui en informe ensuite la commune. Ma tâche
chef de service adjoint au service de de manière à ce qu’une fois entassés, un éva- vrai que ce que nous gagnons ne couvre cause du tort. Le mur de ma maison s’est consiste à veiller à l’utilisation rationnelle des
l’Urbanisme de la même commune. La CTB cuateur puisse les ramasser et les déposer sur pas tous nos besoins. Mais pour moi, c’est écroulé, tellement on a creusé jusqu’au-delà de matériaux et à l’exécution des travaux dans les
avait organisé une formation à notre intention et l’une des décharges publiques déterminées par une aubaine étant donné que mon activité la limite des fondations de ma maison. J’ai délais impartis. Je ne suis pas impliqué dans la
j’ai la chance de travailler sur ce chantier l’Hôtel de Ville ». antérieure se limitait à distiller de la boisson perdu des biens dans cette infortune. J’attends gestion des fonds alloués au projet. Je suis l’in-
depuis le mois de septembre 2006 », com- Mais ce n’est pas tout… « Ensuite, nous inter-
Paul Makola <4
alcoolisée pour des revenus dérisoires. Je maintenant que l’autorité publique m’indemnise. termédiaire entre la CTB et ses partenaires
71 ans, ajusteur de profession,
mente Omer Kikala qui précise que les gens qui venons pour décourager les inondations là où le vendais toujours à tempérament, car la plu- Quand le collecteur sera construit, j’attends locaux », précise Paul Kambombo.
marié, père de 7 enfants
travaillent sur le chantier sont en priorité recru- problème se pose. Concrètement, forts de la part de mes clients étaient des personnes qu’on reconstruise le mur de ma maison. « Je suis impatient de voir la fin de tous ces pro-
tés parmi les riverains victimes des inondations. science acquise lors de la formation dont nous Le riverain menacé d’expropriation vraiment démunies. Ce que je gagne jets. Car, pour l’heure, seul le Paideco est déjà
« Avant notre arrivée, chaque fois qu’il pleuvait, avons bénéficié, particulièrement avec la défini- aujourd’hui me permet d’assurer le paie- opérationnel. Les actions à mettre en œuvre
le boulevard Lumumba était inondé à ce niveau.
Il y avait toujours des dégâts matériels considé-
rables et, parfois, des pertes en vies humaines.
tion des tâches, l’évaluation du rendement des
tâcherons, le travail en hauteur, en profondeur
et en largeur, tout cela nous permet de faire des
J e vis ici depuis plusieurs années. Le travail
de curage de ce collecteur piloté par la CTB
mérite d’être salué, car il permet d’éviter de
ment de quelques frais de scolarité de mes enfants, l’approvisionnement de mon
foyer sans devoir nécessairement attendre le – maigre – salaire de mon mari.
C’est pour moi un motif de fierté de contribuer, en tant que femme, à l’améliora-
consistent, entre autres, à la réhabilitation et à la
construction des collecteurs et caniveaux, le
curage des rivières et des caniveaux ainsi qu’à
Depuis que nous sommes là, la situation est ouvrages de qualité en un temps record », nombreux sinistres à notre quartier. Jadis, tion du niveau de vie de ma famille et des conditions de vie des habitants de mon l’assainissement du milieu de vie. La commune
maîtrisée, le secteur est bien assaini ». explique fièrement Omer Kikala. « Ces travaux quand il pleuvait, il fallait se faire transporter quartier ». seule ne sait pas faire face à tous ces problèmes;
Fonctionnaire communal, Omer Kikala explique empêchent les eaux en furie de se répandre dans des chariots pour sortir de chez soi telle- au grand dam de la population qui vit dans la
en quoi consiste son travail. « Nous curons et de causer des dégâts. Nous devons faire en ment les parcelles étaient souvent inondées du Si maman Thérèse estime que ce travail est un réel « plus » pour sa personne, crasse et qui se plaint d’être abandonnée face
d’abord les caniveaux, puis, nous excavons les sorte qu’elles coulent de manière tout à fait fait du débordement des eaux. Aujourd’hui, elle aimerait toutefois recevoir une ration journalière de lait « vu les conditions aux sinistres à répétition qu’elle doit subir »,
détritus qui viennent des communes de normale ». nous ne vivons plus ce scénario catastrophe. d’insalubrité dans lesquelles nous devons travailler », conclut-elle. conclut le bourgmestre de Kimbanseke.
12 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 13

Parole Thérèse Mwanga

aux acteurs
<3
44 ans, mariée, mère de 7 enfants

La « maman », moteur économique de son foyer

Jeanne MBANGA

3 4
M aman Thérèse a été engagée début octobre 2006 pour le chantier piloté
par la CTB à Masina. Elle habite tout près du chantier, sur l’avenue
Solidarité. « Nous sommes une trentaine de femmes à travailler aux côtés des
cantonniers sur le chantier du collecteur Okapi. Notre tâche consiste à dégager
Paul Kambombo
49 ans, marié et père de 6 enfants
les monceaux de terre sur les abords des
caniveaux pour empêcher qu’ils retombent. Le bourgmestre de Kimbanseke
Puis, nous trions les déchets qui ne sont
Sam Izemoke <2
24 ans, célibataire, sans enfants

L’ouvrier du chantier
pas biodégradables des autres. Nous les
amassons en vue de leur ramassage par les
évacuateurs qui les acheminent ensuite
J
de
e peux dire que ma juridiction est plutôt
bénéficiaire de la convention de prestation
service signée avec la Coopération
vers les décharges publiques. Enfin, nous Technique Belge. Dans ce cadre, un comité

1
J’ habite dans les environs du collecteur
Okapi qui est situé dans le quartier
Pascal à Masina. Je travaille comme ouvrier
plantons du gazon sur les aires ainsi amé-
nagées. La plupart d’entre nous habitent le
même quartier. Je tiens à préciser que nous
communal de développement, émanation des
différents comités locaux élus, a été mis en
place. Ces comités représentent toutes les
pour le projet de la CTB avec mes deux cent sommes bien traitées et que nous ne fai- couches de la population. Pour ma part, j’ai
2 vingt-six autres collègues. Dans l’exécution de sons l’objet d’aucune discrimination, ni au contribué à l’identification des problèmes qui se
notre tâche, nous nous butons souvent aux pro- regard de notre sexe, ni pour les tâches à posent dans ma circonscription ».
Omer Ngalema Kikala <1
blèmes de constructions anarchiques que nous effectuer et encore moins pour notre rému- Trois programmes de la CTB sont en cours dans
56 ans, marié, père de 8 enfants Sheila Kabamba
rencontrons sur le tracé du collecteur. En le nération », explique maman Thérèse. la commune de Paul Kambombo : le Paideco
25 ans, ménagère, mariée, mère d’un enfant
Le fonctionnaire communal curant de fond en comble, nous touchons par- (Programme d’appui institutionnel pour le
fois à certaines parties des habitations ; ce qui Pour son travail, elle touche 2000 francs La riveraine développement communautaire), le PPU
embarrassée par les travaux
O mer Kikala est chef de la brigade « assai-
nissement » de la commune de Masina.
Kimbanseke et de N’Djili, des déchets solides
qui sont évacués du Marché de la Liberté, de
nous attire des menaces et des attaques des
personnes concernées. En outre, notre travail
congolais par jour soir 12.000 francs par
semaine (environ 24 dollars). « J’en suis
(Programme post-électoral d’urgence) et le
programme d’adduction d’eau.
Il dirige une équipe de 227 personnes. C’est lui
qui supervise les travaux au collecteur Okapi.
« Je n’habite pas ici mais au quartier Mikondo,
l’Hôpital Mutombo Dikembe ainsi que de
l’Hôpital Roi Baudouin et qui sont versés dans
le collecteur. Nous sommes tenus de les exca-
dans des eaux insalubres nécessiterait que ces
eaux soient préalablement désinfectées car ce
n’est pas agréable de travailler en supportant
comblée, précise Thérèse Mwanga. Au
début, nous étions la risée de tous.
Aujourd’hui, notre travail impose le respect
L e travail de l’ouvrage, tel qu’il se fait, ren-
contre l’assentiment de nous tous dans le
quartier, déclare Sheila Kabamba. Mais c’est la
« Quand nous lançons un appel d’offre, l’ONG
qui décroche le marché en toute transparence
signe individuellement le contrat avec la CTB;
dans la commune de la N’sele. J’avais déjà été ver et de les déposer chaque fois sur les berges ces odeurs nauséabondes. et attire parfois la convoitise des autres. Il est manière dont ce travail est réalisé qui nous qui en informe ensuite la commune. Ma tâche
chef de service adjoint au service de de manière à ce qu’une fois entassés, un éva- vrai que ce que nous gagnons ne couvre cause du tort. Le mur de ma maison s’est consiste à veiller à l’utilisation rationnelle des
l’Urbanisme de la même commune. La CTB cuateur puisse les ramasser et les déposer sur pas tous nos besoins. Mais pour moi, c’est écroulé, tellement on a creusé jusqu’au-delà de matériaux et à l’exécution des travaux dans les
avait organisé une formation à notre intention et l’une des décharges publiques déterminées par une aubaine étant donné que mon activité la limite des fondations de ma maison. J’ai délais impartis. Je ne suis pas impliqué dans la
j’ai la chance de travailler sur ce chantier l’Hôtel de Ville ». antérieure se limitait à distiller de la boisson perdu des biens dans cette infortune. J’attends gestion des fonds alloués au projet. Je suis l’in-
depuis le mois de septembre 2006 », com- Mais ce n’est pas tout… « Ensuite, nous inter-
Paul Makola <4
alcoolisée pour des revenus dérisoires. Je maintenant que l’autorité publique m’indemnise. termédiaire entre la CTB et ses partenaires
71 ans, ajusteur de profession,
mente Omer Kikala qui précise que les gens qui venons pour décourager les inondations là où le vendais toujours à tempérament, car la plu- Quand le collecteur sera construit, j’attends locaux », précise Paul Kambombo.
marié, père de 7 enfants
travaillent sur le chantier sont en priorité recru- problème se pose. Concrètement, forts de la part de mes clients étaient des personnes qu’on reconstruise le mur de ma maison. « Je suis impatient de voir la fin de tous ces pro-
tés parmi les riverains victimes des inondations. science acquise lors de la formation dont nous Le riverain menacé d’expropriation vraiment démunies. Ce que je gagne jets. Car, pour l’heure, seul le Paideco est déjà
« Avant notre arrivée, chaque fois qu’il pleuvait, avons bénéficié, particulièrement avec la défini- aujourd’hui me permet d’assurer le paie- opérationnel. Les actions à mettre en œuvre
le boulevard Lumumba était inondé à ce niveau.
Il y avait toujours des dégâts matériels considé-
rables et, parfois, des pertes en vies humaines.
tion des tâches, l’évaluation du rendement des
tâcherons, le travail en hauteur, en profondeur
et en largeur, tout cela nous permet de faire des
J e vis ici depuis plusieurs années. Le travail
de curage de ce collecteur piloté par la CTB
mérite d’être salué, car il permet d’éviter de
ment de quelques frais de scolarité de mes enfants, l’approvisionnement de mon
foyer sans devoir nécessairement attendre le – maigre – salaire de mon mari.
C’est pour moi un motif de fierté de contribuer, en tant que femme, à l’améliora-
consistent, entre autres, à la réhabilitation et à la
construction des collecteurs et caniveaux, le
curage des rivières et des caniveaux ainsi qu’à
Depuis que nous sommes là, la situation est ouvrages de qualité en un temps record », nombreux sinistres à notre quartier. Jadis, tion du niveau de vie de ma famille et des conditions de vie des habitants de mon l’assainissement du milieu de vie. La commune
maîtrisée, le secteur est bien assaini ». explique fièrement Omer Kikala. « Ces travaux quand il pleuvait, il fallait se faire transporter quartier ». seule ne sait pas faire face à tous ces problèmes;
Fonctionnaire communal, Omer Kikala explique empêchent les eaux en furie de se répandre dans des chariots pour sortir de chez soi telle- au grand dam de la population qui vit dans la
en quoi consiste son travail. « Nous curons et de causer des dégâts. Nous devons faire en ment les parcelles étaient souvent inondées du Si maman Thérèse estime que ce travail est un réel « plus » pour sa personne, crasse et qui se plaint d’être abandonnée face
d’abord les caniveaux, puis, nous excavons les sorte qu’elles coulent de manière tout à fait fait du débordement des eaux. Aujourd’hui, elle aimerait toutefois recevoir une ration journalière de lait « vu les conditions aux sinistres à répétition qu’elle doit subir »,
détritus qui viennent des communes de normale ». nous ne vivons plus ce scénario catastrophe. d’insalubrité dans lesquelles nous devons travailler », conclut-elle. conclut le bourgmestre de Kimbanseke.
14 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 15

De nombreux projets de développement communautaire


touchent à l’éducation des enfants.
UN RÔLE DÉCISIF APPARTIENT
À LA POPULATION ELLE-MÊME
DANS LA LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ OU DANS L’AMÉLIO-
RATION DES CONDITIONS DE
sein de leur commune pour 79 % à Lingwala.
VIE DE SON QUARTIER.
Besoin de proximité ici encore, à cause d’un
relatif enclavement. Les dispensaires du quar-
tier sont souvent choisis par les habitants, car ils
peuvent espérer y être soignés à crédit étant
bien connus du personnel soignant.

« Article 15 », les petits métiers


de la débrouillardise
« Débrouillez-vous » est peut-être le maître mot

I
l va de soi que la pauvreté urbaine est un
du langage populaire kinois. Pour survivre face
fait réel en République Démocratique du
à la crise et au chômage persistant qui acca-
Congo, singulièrement à Kinshasa. Les
blent Kinshasa, ses habitants mettent leur ima-

La vraie vie
manifestations de cette pauvreté, du reste endé-
gination au pouvoir en élaborant toutes sortes de
mique aux grandes cités d’Afrique noire, sont
stratégies de survie. C’est ainsi qu’à « Kin», pul-
légion. Parmi elles, le ramassage calamiteux de vie sur leurs relations sociales ? Un chiffre Survivre d’abord,
lulent quantité de petits métiers communément
voire inexistant des immondices; l’absence ou la interpelle : 88 % des ménages dépensent moins étudier et se soigner ensuite
appelés « article 15». Ultimes remparts contre le

dans la cité
mise hors service des conduites d’évacuation d’1 $ US par personne et par jour. Et la Autres problèmes perçus avec acuité par les
dénuement extrême, leur liste tient de la litanie.
des eaux usées, sont des indices patents de quasi-totalité mange quotidiennement moins de auteurs de l’étude, ceux relatifs à l’accès à l’édu-
En battant le pavé de la capitale, on ne peut
cette pauvreté. Mais des indices parmi tant trois repas. cation et à la santé. Ces deux secteurs ont payé
manquer d’en rencontrer pléthore. Il y a les
d’autres, qui renvoient aux différentes probléma- un lourd tribu aux restrictions budgétaires qui
incontournables « changeurs» de monnaies; les
tiques urbaines sur lesquelles l’étude à la base La proximité, facteur essentiel ont suivi l’échec de la politique de
« Khadafi », revendeurs non patentés de produits
de notre dossier pose un regard acéré. de développement « Zaïrianisation ». D’autre part, l’incapacité des
pétroliers; les « anti-gangs», jeunes musclés qui
Un élément alarmant attire l’attention : 84 % des parents à faire face aux frais de scolarité de
louent leurs biceps en jouant les gardes du
Sans toutefois établir un raccourci trop auda- Kinois de ces zones urbaines ne ressentent pas leurs enfants explique en grande partie le taux
corps; les mamans « bipupula » et les mamans
cieux ou trop réducteur, on peut dire que tous les bienfaits de la présence des ONG dans leur élevé de décrochage scolaire. Une situation cor-
« Kabola », respectivement spécialisées dans le
les problèmes vécus dans les deux communes quartier. La proximité est pourtant pour eux un roborée par d’autres recherches qui montrent
partage équitable des sacs de manioc et des
analysées par cette étude, Lingwala (vieux facteur essentiel, destiné à la promotion des qu’à Kinshasa, 73 % des élèves interrompent
Explosion démographique et jeunesse 34% d’entre eux ne sont pas connectés au rames de poisson; les « vernisseurs à ongles»,
quartier central « taudifié ») et Ngaliema (quar- divers programmes de développement. Mais la leurs études dès lors qu’ils ne sont plus en
Démographiquement, la population de Ngaliema réseau électrique. Cela a pour conséquences ambulants qui font du porte à porte pour offrir
tier périphérique, récent, mais sans infrastruc- rareté des transports en commun, conjuguée à mesure d’assumer les frais de leur scolarité !
et Lingwala est typique de Kinshasa : la moitié indirectes que l’assainissement des eaux usées des services de manucure et de pédicure; les
ture) se rencontrent à des échelons divers dans leur coût souvent exorbitant en regard des pos- Le faible niveau de vie de la population de
est âgée de moins de 20 ans... Où et dans quel- est malaisé : 55 % des ménages utilisent des « secrétaires debout», sorte d’écrivains publics;
d’autres municipalités de Kinshasa. Mais la sibilités réelles des Kinois, entravent les mouve- Ngaliema pousse les parents - parmi lesquels
les conditions vit-elle ? Parmi les ménages, un latrines non hygiéniques. Certains en sont les « chargeurs», qui facilitent l’embarquement
tonalité originale de l’étude réside dans son ments. Beaucoup sont donc obligés de se rabat- 40 % ne sont allés au bout d’aucun enseigne-
tiers (34%) dispose en moyenne de deux cham- même réduits à jeter purement et simplement des passagers à bord des taxis-bus; les « com-
aspect psychologique plus encore que socio- tre sur la marche à pied comme mode unique ment, pas même celui du primaire -, à envoyer
bres à coucher, un autre tiers d’une seule. Une leurs ordures sur la voie publique. Les conduites missionnaires», intermédiaires dans tous types
économique. « Le Kinois », lit-on sous la plume de déplacement, en dépit des distances très leurs enfants étudier dans des écoles publiques,
situation paradoxale et complexe qui permet d’évacuation des eaux usées sont soit cadu- de transactions commerciales, etc. Bref, tous
des auteurs, « n’accepte pas d’être appelé pau- longues, nécessitant souvent plus de trois heu- indifférents à la qualité ou au cadre de l’ensei-
d’affirmer que si 49 % des habitants de ces quar- ques, soit non entretenues et saturées. Enfin, le ces petits boulots sont à la base d’une économie
vre, car pour lui, la pauvreté est la situation de res de marche. Sans encadrement ni appui gnement. Lingwala, mieux loti, propose des
tiers sont propriétaires de leur logement, 54% des ramassage des ordures est quasi inexistant dans parallèle qui rend la vie du Kinois supportable en
celui qui a perdu tout espoir, or il vit au jour le extérieur, difficile pour ces familles de dépasser écoles privées plus attractives que celles du
ménages sont contraints de loger 4 personnes la plupart de ces quartiers. lui fournissant un moyen d’existence alternatif.
jour, convaincu que demain peut être meilleur.» la simple obligation de se libérer des tâches réseau public.
Grâce à une culture ancestrale, fondée sur une par chambre à coucher dans des conditions de inhérentes à la satisfaction de leurs besoins les
formidable capacité de résistance et de rési- vie parfois très difficiles. Au quotidien, les besoins En l’absence d’un réseau de distribution d’eau plus élémentaires. Un rapide coup d’oeil à l’état Un indice important permet cependant d’expli-
lience, « Le kinois » développe des stratégies de pratiques sont difficilement comblés. efficace, ce sont surtout les femmes et les de leurs ressources est évidemment bien trop quer le faible taux de scolarisation à Ngaliema :
survie, étonnantes de créativité. Celles-ci enfants qui perdent non seulement du temps réducteur pour expliquer cette pauvreté endé- 99 % des enfants y sont pris en charge par le
Un dollar par personne et par jour mais surtout de l’énergie à remplir leur corvée * Ce dossier a été largement rédigé
s’adaptent à toutes les circonstances, notam- mique. Il faut surtout souligner leur incapacité à seul chef de ménage (contre 69% à Lingwala)
Si les structures existent parfois, d’autres d’eau. Et ceci au détriment de leur santé, du et inspiré par l’ouvrage de Francis Lelo Nzuzi
ment par le biais d’une gamme de métiers infor- transformer ces ressources en mieux être ou en qui doit naturellement tôt ou tard faire un choix
et Claudine Tshimanga Mbuyi sur
mels. Indéniablement, un rôle décisif appartient demandent en revanche à être développées. temps qu’ils consacrent à leur éducation ou à moteur de développement efficace. Plus son pour savoir lequel de ses rejetons poursuivra sa
la pauvreté urbaine à Kinshasa (juin 2004).
à la population elle-même dans la lutte contre la L’eau et l’hygiène, notamment. La moitié des un autre travail plus rémunérateur. Que dire par espace de capacité est réduit, plus l’individu scolarité. La même analyse prévaut malheureu- Ce document présente une enquête initiée
pauvreté ou dans l’amélioration des conditions ménages ne sont pas raccordés au réseau de conséquent de la vie quotidienne de ces gens sera pauvre en terme de choix de vie. sement pour l’accès aux soins de santé. A par le Projet Vie Urbaine et financée par
de vie de son quartier. distribution d’eau de la REGIDESO, tandis que et surtout des implications de ce faible niveau Ngaliema, 87 % des ménages se soignent au le bureau de liaison de Cordaid /Kinshasa.
14 F É V R I E R 0 7 | N°1 Dossier > 15

De nombreux projets de développement communautaire


touchent à l’éducation des enfants.
UN RÔLE DÉCISIF APPARTIENT
À LA POPULATION ELLE-MÊME
DANS LA LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ OU DANS L’AMÉLIO-
RATION DES CONDITIONS DE
sein de leur commune pour 79 % à Lingwala.
VIE DE SON QUARTIER.
Besoin de proximité ici encore, à cause d’un
relatif enclavement. Les dispensaires du quar-
tier sont souvent choisis par les habitants, car ils
peuvent espérer y être soignés à crédit étant
bien connus du personnel soignant.

« Article 15 », les petits métiers


de la débrouillardise
« Débrouillez-vous » est peut-être le maître mot

I
l va de soi que la pauvreté urbaine est un
du langage populaire kinois. Pour survivre face
fait réel en République Démocratique du
à la crise et au chômage persistant qui acca-
Congo, singulièrement à Kinshasa. Les
blent Kinshasa, ses habitants mettent leur ima-

La vraie vie
manifestations de cette pauvreté, du reste endé-
gination au pouvoir en élaborant toutes sortes de
mique aux grandes cités d’Afrique noire, sont
stratégies de survie. C’est ainsi qu’à « Kin», pul-
légion. Parmi elles, le ramassage calamiteux de vie sur leurs relations sociales ? Un chiffre Survivre d’abord,
lulent quantité de petits métiers communément
voire inexistant des immondices; l’absence ou la interpelle : 88 % des ménages dépensent moins étudier et se soigner ensuite
appelés « article 15». Ultimes remparts contre le

dans la cité
mise hors service des conduites d’évacuation d’1 $ US par personne et par jour. Et la Autres problèmes perçus avec acuité par les
dénuement extrême, leur liste tient de la litanie.
des eaux usées, sont des indices patents de quasi-totalité mange quotidiennement moins de auteurs de l’étude, ceux relatifs à l’accès à l’édu-
En battant le pavé de la capitale, on ne peut
cette pauvreté. Mais des indices parmi tant trois repas. cation et à la santé. Ces deux secteurs ont payé
manquer d’en rencontrer pléthore. Il y a les
d’autres, qui renvoient aux différentes probléma- un lourd tribu aux restrictions budgétaires qui
incontournables « changeurs» de monnaies; les
tiques urbaines sur lesquelles l’étude à la base La proximité, facteur essentiel ont suivi l’échec de la politique de
« Khadafi », revendeurs non patentés de produits
de notre dossier pose un regard acéré. de développement « Zaïrianisation ». D’autre part, l’incapacité des
pétroliers; les « anti-gangs», jeunes musclés qui
Un élément alarmant attire l’attention : 84 % des parents à faire face aux frais de scolarité de
louent leurs biceps en jouant les gardes du
Sans toutefois établir un raccourci trop auda- Kinois de ces zones urbaines ne ressentent pas leurs enfants explique en grande partie le taux
corps; les mamans « bipupula » et les mamans
cieux ou trop réducteur, on peut dire que tous les bienfaits de la présence des ONG dans leur élevé de décrochage scolaire. Une situation cor-
« Kabola », respectivement spécialisées dans le
les problèmes vécus dans les deux communes quartier. La proximité est pourtant pour eux un roborée par d’autres recherches qui montrent
partage équitable des sacs de manioc et des
analysées par cette étude, Lingwala (vieux facteur essentiel, destiné à la promotion des qu’à Kinshasa, 73 % des élèves interrompent
Explosion démographique et jeunesse 34% d’entre eux ne sont pas connectés au rames de poisson; les « vernisseurs à ongles»,
quartier central « taudifié ») et Ngaliema (quar- divers programmes de développement. Mais la leurs études dès lors qu’ils ne sont plus en
Démographiquement, la population de Ngaliema réseau électrique. Cela a pour conséquences ambulants qui font du porte à porte pour offrir
tier périphérique, récent, mais sans infrastruc- rareté des transports en commun, conjuguée à mesure d’assumer les frais de leur scolarité !
et Lingwala est typique de Kinshasa : la moitié indirectes que l’assainissement des eaux usées des services de manucure et de pédicure; les
ture) se rencontrent à des échelons divers dans leur coût souvent exorbitant en regard des pos- Le faible niveau de vie de la population de
est âgée de moins de 20 ans... Où et dans quel- est malaisé : 55 % des ménages utilisent des « secrétaires debout», sorte d’écrivains publics;
d’autres municipalités de Kinshasa. Mais la sibilités réelles des Kinois, entravent les mouve- Ngaliema pousse les parents - parmi lesquels
les conditions vit-elle ? Parmi les ménages, un latrines non hygiéniques. Certains en sont les « chargeurs», qui facilitent l’embarquement
tonalité originale de l’étude réside dans son ments. Beaucoup sont donc obligés de se rabat- 40 % ne sont allés au bout d’aucun enseigne-
tiers (34%) dispose en moyenne de deux cham- même réduits à jeter purement et simplement des passagers à bord des taxis-bus; les « com-
aspect psychologique plus encore que socio- tre sur la marche à pied comme mode unique ment, pas même celui du primaire -, à envoyer
bres à coucher, un autre tiers d’une seule. Une leurs ordures sur la voie publique. Les conduites missionnaires», intermédiaires dans tous types
économique. « Le Kinois », lit-on sous la plume de déplacement, en dépit des distances très leurs enfants étudier dans des écoles publiques,
situation paradoxale et complexe qui permet d’évacuation des eaux usées sont soit cadu- de transactions commerciales, etc. Bref, tous
des auteurs, « n’accepte pas d’être appelé pau- longues, nécessitant souvent plus de trois heu- indifférents à la qualité ou au cadre de l’ensei-
d’affirmer que si 49 % des habitants de ces quar- ques, soit non entretenues et saturées. Enfin, le ces petits boulots sont à la base d’une économie
vre, car pour lui, la pauvreté est la situation de res de marche. Sans encadrement ni appui gnement. Lingwala, mieux loti, propose des
tiers sont propriétaires de leur logement, 54% des ramassage des ordures est quasi inexistant dans parallèle qui rend la vie du Kinois supportable en
celui qui a perdu tout espoir, or il vit au jour le extérieur, difficile pour ces familles de dépasser écoles privées plus attractives que celles du
ménages sont contraints de loger 4 personnes la plupart de ces quartiers. lui fournissant un moyen d’existence alternatif.
jour, convaincu que demain peut être meilleur.» la simple obligation de se libérer des tâches réseau public.
Grâce à une culture ancestrale, fondée sur une par chambre à coucher dans des conditions de inhérentes à la satisfaction de leurs besoins les
formidable capacité de résistance et de rési- vie parfois très difficiles. Au quotidien, les besoins En l’absence d’un réseau de distribution d’eau plus élémentaires. Un rapide coup d’oeil à l’état Un indice important permet cependant d’expli-
lience, « Le kinois » développe des stratégies de pratiques sont difficilement comblés. efficace, ce sont surtout les femmes et les de leurs ressources est évidemment bien trop quer le faible taux de scolarisation à Ngaliema :
survie, étonnantes de créativité. Celles-ci enfants qui perdent non seulement du temps réducteur pour expliquer cette pauvreté endé- 99 % des enfants y sont pris en charge par le
Un dollar par personne et par jour mais surtout de l’énergie à remplir leur corvée * Ce dossier a été largement rédigé
s’adaptent à toutes les circonstances, notam- mique. Il faut surtout souligner leur incapacité à seul chef de ménage (contre 69% à Lingwala)
Si les structures existent parfois, d’autres d’eau. Et ceci au détriment de leur santé, du et inspiré par l’ouvrage de Francis Lelo Nzuzi
ment par le biais d’une gamme de métiers infor- transformer ces ressources en mieux être ou en qui doit naturellement tôt ou tard faire un choix
et Claudine Tshimanga Mbuyi sur
mels. Indéniablement, un rôle décisif appartient demandent en revanche à être développées. temps qu’ils consacrent à leur éducation ou à moteur de développement efficace. Plus son pour savoir lequel de ses rejetons poursuivra sa
la pauvreté urbaine à Kinshasa (juin 2004).
à la population elle-même dans la lutte contre la L’eau et l’hygiène, notamment. La moitié des un autre travail plus rémunérateur. Que dire par espace de capacité est réduit, plus l’individu scolarité. La même analyse prévaut malheureu- Ce document présente une enquête initiée
pauvreté ou dans l’amélioration des conditions ménages ne sont pas raccordés au réseau de conséquent de la vie quotidienne de ces gens sera pauvre en terme de choix de vie. sement pour l’accès aux soins de santé. A par le Projet Vie Urbaine et financée par
de vie de son quartier. distribution d’eau de la REGIDESO, tandis que et surtout des implications de ce faible niveau Ngaliema, 87 % des ménages se soignent au le bureau de liaison de Cordaid /Kinshasa.
16 F É V R I E R 0 7 | N°1 Partenaires > 17

De nombreux projets de développement communautaire


touchent à l’éducation des enfants.

LE PROGRAMME
« PAIDECO» VISE
éducation, environnement et lutte contre les UN DÉVELOPPEMENT
érosions. Le PAIDECO contribue également au COMMUNAUTAIRE
renforcement des capacités des comités de ADAPTÉ À LA
développement locaux, des comités communaux RÉALITÉ DU CONGO
et des ONG.

Réalisations communautaires pour la


santé, l’éducation et la lutte anti-érosive
En l’espace de quatre ans, le PAIDECO a permis
de grandes réalisations dans la commune de
Kisenso. Pas moins de 36 écoles y ont été
construites et/ou réhabilitées. Il s’agit principale-
ment d’écoles publiques pour lesquelles l’Etat
fixe le montant du minerval. La CTB obtient un
engagement des comités de parents et des res-

Participation des populations ponsables de l’école de sorte que, en dehors


des frais fixés par l’Etat, aucun autre frais ne soit
imposé aux parents. En outre, le PAIDECO fournit

& décentralisation du matériel pédagogique pour les enseignants.


Le but consiste à faciliter l’accès à l’enseigne-
ment au plus grand nombre d’enfants.
Dans le domaine de la santé, une maternité,
A lubumbashi, le manque d’eau potable est le problème prioritaire identifié par les populations.
Le programme d’urgence prévoit la construction de plusieurs forages en zone urbaine

quatre centres de santé et un bloc opératoire


Elyse ODIEKILA ont été construits. M. Washe indique que la CTB
ne peut pas prendre en charge une infrastruc-
ture hospitalière, mais qu’elle peut, par contre,

L
e développement communautaire revêt n’a pas toujours l’assurance que l’argent des sociale de certaines zones de la République négocier avec le ministère de la Santé et Pour ce qui est de l’eau et l’électricité, la stratégiques, de désenclavement ainsi que de
une importance capitale dans la société bailleurs de fonds atteindra son but. C’est donc Démocratique du Congo. Le PAIDECO est exé- l’inspection provinciale de la Santé. RÉGIDESO, chargée de la distribution de l’eau construction de latrines publiques.
congolaise actuelle. Tout simplement en vue d’améliorer de façon durable les condi- cuté dans la ville-province de Kinshasa ainsi que potable en RDC, ne dispose pas de capacités En province, il faut adapter la méthodologie au
parce qu’il permet à l’Etat de se concerter direc- tions de vie des populations via la promotion de dans le Bas-Congo, le Bandundu et le Katanga. En ce qui concerne la lutte anti-érosive, Kisenso suffisantes pour en fournir partout où vivent des milieu rural. Les dynamiques communautaires
tement avec la population, pour essayer de la bonne gouvernance locale, que la CTB a mis est un site vallonné, sablonneux et très instable. gens. Le PAIDECO a, de ce fait, mis en place une n’y sont pas les mêmes que celles existant en
résoudre les difficultés majeures vécues par en place un Programme d’Appui aux Initiatives A Kinshasa, priorité aux communes Pas moins de 63 érosions y ont été détectées. dizaine de kilomètres de tuyauterie pour alimen- ville. La CTB expérimente sa méthodologie en
celle-ci. Ce principe de développement permet de Développement Communautaire ou, en défavorisées de Kisenso et Kimbanseke M. Washe soutient qu’au stade actuel, les éro- ter en eau potable quatre quartiers de Kisenso. milieu rural dans le Bas-Congo. Là comme ail-
également aux populations concernées d’adhé- abrégé, « PAIDECO ». Ces actions contribuent à Communes « dortoirs », Kisenso et Kimbanseke sions ont atteint le seuil d’irréversibilité et c’est En 2007, le PAIDECO interviendra également leurs, une concertation provinciale y est prévue
rer plus facilement au travail des autorités. Et la reconstruction institutionnelle, économique et ont attiré l’attention de la CTB pour plusieurs rai- l’urbanisation non contrôlée qui en est la cause. pour l’approvisionnement en électricité. avec pour objectif le renfort de la cohérence et
donc de sortir d’un certain attentisme. Le projet sons : peu de routes, infrastructures délabrées, Il faut par conséquent d’énormes moyens pour la synergie des intervenants : bailleurs de fonds,
prend place dans le futur dispositif d’administra- accès difficile à l’eau potable, érosions, extrême y remédier… Etat congolais. La CTB essaye de renforcer
tion du territoire basé sur la responsabilisation pauvreté. Autant de maux qui caractérisent ces Le PAIDECO a recouru au système de sacs pour En province, la méthodologie est adaptée mutuellement les actions. Ces concertations
des acteurs locaux. C’est ainsi que le gouverne- coins reculés de la capitale congolaise. construire des digues qui constituent autant à la réalité rurale sont menées par le gouvernorat de la province.
ment belge, à travers la CTB, ancre son action M. Raphaël Washe, conseiller en planification et d’obstacles à l’érosion. Le programme a égale- Les activités en province ont démarré aux alen- La préparation technique de ces conférences
dans le processus de décentralisation du pays. évaluation à la CTB, précise que les travaux de ment permis de construire des bassins de réten- tours du mois de juin 2006. A Kikwit est réalisée par le PAIDECO avec pour finalité la
reconstruction ont commencé à Kisenso en tion d’eau autour des voies d’érosion. Il est ainsi (Bandundu), les premières réalisations visent à création d’une capacité d’intervention multi-bail-
Comme pour plusieurs pays en développement, 2002 déjà et en 2006 à Kimbanseke. Le conseillé à tous les riverains d’éviter que les réhabiliter la maison communale, les bureaux leurs à l’échelon provincial.
les structures de l’Etat, en République
Budget : 14 millions d’Euros PAIDECO intervient actuellement à Kisenso pour eaux de pluie n’arrivent dans la rue. Ceux-ci doi- du quartier ainsi qu’une salle polyvalente qui
Démocratique du Congo, sont « essoufflées ». • PAIDECO Kinshasa : 6 millions la réhabilitation des infrastructures communau- vent par conséquent creuser un petit puits dans servira de salle du conseil communal. Dans les
L’Etat est bien souvent incapable d’intervenir • PAIDECO Bas-Congo, taires à caractère social et économique. Tout en leurs parcelles afin d’y recueillir l’eau. Ce sys- communes de Lukemi et Kazamba une action
dans plusieurs domaines de la vie pour satisfaire Bandundu et Katanga : 8 millions n’étant pas restrictif, le programme soutient des tème permet ainsi de limiter la progression des de grande envergure de lutte anti-érosive sera
un tant soit peu les besoins de sa population. Et micro-projets dans les domaines de l’eau et têtes d’érosion en encourageant la plantation de bientôt entamée. A Boma (Bas-Congo), il est
dans ce contexte de l’« avant-démocratie », on l’assainissement; drainage et voiries, santé, bambous et de pelouses. prévu des actions de réhabilitation des avenues
16 F É V R I E R 0 7 | N°1 Partenaires > 17

De nombreux projets de développement communautaire


touchent à l’éducation des enfants.

LE PROGRAMME
« PAIDECO» VISE
éducation, environnement et lutte contre les UN DÉVELOPPEMENT
érosions. Le PAIDECO contribue également au COMMUNAUTAIRE
renforcement des capacités des comités de ADAPTÉ À LA
développement locaux, des comités communaux RÉALITÉ DU CONGO
et des ONG.

Réalisations communautaires pour la


santé, l’éducation et la lutte anti-érosive
En l’espace de quatre ans, le PAIDECO a permis
de grandes réalisations dans la commune de
Kisenso. Pas moins de 36 écoles y ont été
construites et/ou réhabilitées. Il s’agit principale-
ment d’écoles publiques pour lesquelles l’Etat
fixe le montant du minerval. La CTB obtient un
engagement des comités de parents et des res-

Participation des populations ponsables de l’école de sorte que, en dehors


des frais fixés par l’Etat, aucun autre frais ne soit
imposé aux parents. En outre, le PAIDECO fournit

& décentralisation du matériel pédagogique pour les enseignants.


Le but consiste à faciliter l’accès à l’enseigne-
ment au plus grand nombre d’enfants.
Dans le domaine de la santé, une maternité,
A lubumbashi, le manque d’eau potable est le problème prioritaire identifié par les populations.
Le programme d’urgence prévoit la construction de plusieurs forages en zone urbaine

quatre centres de santé et un bloc opératoire


Elyse ODIEKILA ont été construits. M. Washe indique que la CTB
ne peut pas prendre en charge une infrastruc-
ture hospitalière, mais qu’elle peut, par contre,

L
e développement communautaire revêt n’a pas toujours l’assurance que l’argent des sociale de certaines zones de la République négocier avec le ministère de la Santé et Pour ce qui est de l’eau et l’électricité, la stratégiques, de désenclavement ainsi que de
une importance capitale dans la société bailleurs de fonds atteindra son but. C’est donc Démocratique du Congo. Le PAIDECO est exé- l’inspection provinciale de la Santé. RÉGIDESO, chargée de la distribution de l’eau construction de latrines publiques.
congolaise actuelle. Tout simplement en vue d’améliorer de façon durable les condi- cuté dans la ville-province de Kinshasa ainsi que potable en RDC, ne dispose pas de capacités En province, il faut adapter la méthodologie au
parce qu’il permet à l’Etat de se concerter direc- tions de vie des populations via la promotion de dans le Bas-Congo, le Bandundu et le Katanga. En ce qui concerne la lutte anti-érosive, Kisenso suffisantes pour en fournir partout où vivent des milieu rural. Les dynamiques communautaires
tement avec la population, pour essayer de la bonne gouvernance locale, que la CTB a mis est un site vallonné, sablonneux et très instable. gens. Le PAIDECO a, de ce fait, mis en place une n’y sont pas les mêmes que celles existant en
résoudre les difficultés majeures vécues par en place un Programme d’Appui aux Initiatives A Kinshasa, priorité aux communes Pas moins de 63 érosions y ont été détectées. dizaine de kilomètres de tuyauterie pour alimen- ville. La CTB expérimente sa méthodologie en
celle-ci. Ce principe de développement permet de Développement Communautaire ou, en défavorisées de Kisenso et Kimbanseke M. Washe soutient qu’au stade actuel, les éro- ter en eau potable quatre quartiers de Kisenso. milieu rural dans le Bas-Congo. Là comme ail-
également aux populations concernées d’adhé- abrégé, « PAIDECO ». Ces actions contribuent à Communes « dortoirs », Kisenso et Kimbanseke sions ont atteint le seuil d’irréversibilité et c’est En 2007, le PAIDECO interviendra également leurs, une concertation provinciale y est prévue
rer plus facilement au travail des autorités. Et la reconstruction institutionnelle, économique et ont attiré l’attention de la CTB pour plusieurs rai- l’urbanisation non contrôlée qui en est la cause. pour l’approvisionnement en électricité. avec pour objectif le renfort de la cohérence et
donc de sortir d’un certain attentisme. Le projet sons : peu de routes, infrastructures délabrées, Il faut par conséquent d’énormes moyens pour la synergie des intervenants : bailleurs de fonds,
prend place dans le futur dispositif d’administra- accès difficile à l’eau potable, érosions, extrême y remédier… Etat congolais. La CTB essaye de renforcer
tion du territoire basé sur la responsabilisation pauvreté. Autant de maux qui caractérisent ces Le PAIDECO a recouru au système de sacs pour En province, la méthodologie est adaptée mutuellement les actions. Ces concertations
des acteurs locaux. C’est ainsi que le gouverne- coins reculés de la capitale congolaise. construire des digues qui constituent autant à la réalité rurale sont menées par le gouvernorat de la province.
ment belge, à travers la CTB, ancre son action M. Raphaël Washe, conseiller en planification et d’obstacles à l’érosion. Le programme a égale- Les activités en province ont démarré aux alen- La préparation technique de ces conférences
dans le processus de décentralisation du pays. évaluation à la CTB, précise que les travaux de ment permis de construire des bassins de réten- tours du mois de juin 2006. A Kikwit est réalisée par le PAIDECO avec pour finalité la
reconstruction ont commencé à Kisenso en tion d’eau autour des voies d’érosion. Il est ainsi (Bandundu), les premières réalisations visent à création d’une capacité d’intervention multi-bail-
Comme pour plusieurs pays en développement, 2002 déjà et en 2006 à Kimbanseke. Le conseillé à tous les riverains d’éviter que les réhabiliter la maison communale, les bureaux leurs à l’échelon provincial.
les structures de l’Etat, en République
Budget : 14 millions d’Euros PAIDECO intervient actuellement à Kisenso pour eaux de pluie n’arrivent dans la rue. Ceux-ci doi- du quartier ainsi qu’une salle polyvalente qui
Démocratique du Congo, sont « essoufflées ». • PAIDECO Kinshasa : 6 millions la réhabilitation des infrastructures communau- vent par conséquent creuser un petit puits dans servira de salle du conseil communal. Dans les
L’Etat est bien souvent incapable d’intervenir • PAIDECO Bas-Congo, taires à caractère social et économique. Tout en leurs parcelles afin d’y recueillir l’eau. Ce sys- communes de Lukemi et Kazamba une action
dans plusieurs domaines de la vie pour satisfaire Bandundu et Katanga : 8 millions n’étant pas restrictif, le programme soutient des tème permet ainsi de limiter la progression des de grande envergure de lutte anti-érosive sera
un tant soit peu les besoins de sa population. Et micro-projets dans les domaines de l’eau et têtes d’érosion en encourageant la plantation de bientôt entamée. A Boma (Bas-Congo), il est
dans ce contexte de l’« avant-démocratie », on l’assainissement; drainage et voiries, santé, bambous et de pelouses. prévu des actions de réhabilitation des avenues
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« Mayi » !
*
Budget
• Mbuji-Mayi : 7.000.000 €
• Kindu / Sud Kivu

Pour tout le monde !


Kinshasa-Est: 9.509.215 €
provinces congolaises pour y avoir travaillé. Le fait D O M I N I Q U E S O WA > Le problème d’accès à l’eau
dont programme d’urgence
d’avoir un aperçu général de la situation du pays potable va exiger beaucoup de ressources dont post-électoral 2.005.100 €
permet de se faire une idée précise de ce qu’il le pays ne pourra pas disposer Même si l’Etat

Idées originales pour agir vite et bien faudrait apporter comme solution pour améliorer
la desserte en eau. Pour la ville de Kinshasa, par
mobilisait des fonds suffisants, la mise en
œuvre prendrait beaucoup de temps. Par rap-
Total (AEPA) 16.509.215 €

exemple, qui compte environ 6 millions d’habi- port aux résidents de la Gombe et de Ngaliema,
OU COMMENT LES BONNES IDÉES PEUVENT NAÎTRE DE SOLIDES RELATIONS ENTRE PARTENAIRES. tants. Près de la moitié accède correctement à par exemple, les populations de la périphérie
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, C’EST AUSSI UNE QUESTION DE QUALITÉ RELATIONNELLE, l’alimentation en eau. Cela veut dire qu’actuelle- de Kinshasa consomment très peu d’eau. Il faut
DE CONFIANCE RÉCIPROQUE ET DE DIALOGUE FRANC. ment, trois millions de Kinois n’ont pas accès à donc répondre à leurs besoins. Deuxième
l’eau potable de manière permanente. remarque : ces habitants n’ont pas la capacité
Si l’on tient compte de l’évolution démographi- de faire face à une dépense mensuelle pour
Entretien réalisé par B E N - C L E T K A N K O N D E D A M B U que, on peut estimer qu’il y aura entre 10 et leurs besoins en eau. Ils vivent dans la préca-
11 millions d’habitants dans la capitale d’ici rité, au jour le jour, en fonction de leurs recettes
Concrètement, comment se passe l’an 2027. Si l’on veut résoudre le problème journalières. Si l’on veut qu’elles prennent l’eau
votre collaboration ? de l’alimentation en eau pour toute la en charge ou d’autres services, il faut que cela
D O M I N I Q U E S O WA > Dès notre première population, en considérant que 3 millions corresponde à leur mode de vie, sans leur DOMINIQUE SOWA LUKONO
rencontre, en 1999, nous avons beau- seulement y ont accès actuellement, il faudra occasionner de soucis financiers. Notre sys- « Une passion
coup discuté de la manière de résoudre le
problème de l’accès à l’eau potable en RDC.
trouver des moyens pour alimenter les 7 à 8
millions d’habitants supplémentaires. En tenant
tème leur permet de payer « le service » selon
leurs ressources, et non de payer l’eau qui est
pour l’eau potable »
Après plusieurs années d’échanges, nous avons compte du coût actuel des installations, il faut gratuite. C’est une innovation. Nous rapprochons
tracé des pistes pour améliorer d’urgence cet tabler sur un montant de 800 millions de dollars les gens: décideurs du quartier et consomma- « Mon passage au Service National
accès à l’eau du plus grand nombre de citoyens. pour les vingt prochaines années; rien que pour teurs. Le système va créer des emplois dans les d’Hydraulique rurale m’a laissé une pas-
Jean-Luc Mouzon de la CTB
Vous savez, l’urgence est partout ici. Kinshasa ! quartiers (surveillants, techniciens). On rend sion pour l’approvisionnement en eau
et son homologue congolais
JEAN-LUC MOUZON > Nous avons partagé les L’intérêt de notre intervention est de montrer aux populations leur capacité de gestion. C’est potable. C’était devenu difficile pour moi
de l’ONG «ADIR»,
Dominique Sowa Lukono, idées de Dominique parce que nous avions la qu’il existe des alternatives au réseau centralisé difficile, mais grâce à notre expérience, de me reconvertir dans une autre fonction
au ministère. Avec trois collègues qui
même lecture de la situation. Nos idées remon- de la REGIDESO. Nous proposons des mini- Jean-Luc et moi voulons démontrer que la
partageaient la même passion que moi,
tent à 1999 et elles se concrétisent en 2006. réseaux de distribution alimentant des bornes population peut se prendre en charge. Et que
nous avons décidé de continuer à travailler
fontaines. Le coût de leur réalisation est les gens doivent apprendre à décider pour eux-
dans le secteur de l’eau mais sous forme
Un Congolais et un Belge cohabitant depuis nettement moins lourd : moins de 16 euros mêmes au quartier quand ils manquent d’eau. d’une ONG. Au début, c’était très difficile de percer
sept ans, en dépit des différences de culture, (20 dollars) par personne et par an. parce que nous n’avions rien, mis à part la tête, l’esprit
Jean-Luc Mouzon de la CTB et son homologue Ingénieur électromécanicien de formation, sont-ils à l’abri de malentendus ? et la volonté. Le hasard a bien fait les choses puisque
congolais de l’ONG « ADIR », Dominique Sowa Jean-Luc Mouzon est arrivé au Congo en février JEAN-LUC MOUZON > Nous ne nous brouillons nous avons rencontré un Belge qui nous a mis en
Lukono, parlent du programme d’alimentation 1999 pour le Programme d’Appui à la Santé jamais !! Même si, dans les détails nous n’avons contact avec la Miba (Minière du Bakwanga) ainsi qu’un
en eau potable et assainissement (AEPA) mis en (PATS) de l’Union européenne. Aujourd’hui, il pas toujours les mêmes points de vue. bureau d’études belge qui avait été désigné pour
JEAN LUC MOUZON :
réaliser un projet d’adduction d’eau à Mbuji-Mayi.
œuvre par la CTB, grâce à des fonds belges et
européens. A Kinshasa, ce projet prévoit la réa-
travaille à la CTB dans le cadre des program-
mes d’approvisionnement en eau potable.
D O M I N I Q U E S O WA > Nous allons dans la bonne
direction car, aujourd’hui, le projet est en train
«Notre projet a été accepté » Ce projet, financé par la Miba, a démarré en 1997.
Pendant deux ans, de 1997 à 1999, nous avons mis en
lisation de 22 mini-réseaux d’adduction d’eau de se concrétiser. C’est cela le plus important. « En 1999, comme l’Union européenne ne voulait pas s’engager sur de gros projets place des installations autonomes de fourniture d’eau
gérés de façon autonome. Ce qui devrait per- Ingénieur technicien en bâtiments et travaux Ce qu’on reproche en général aux ONG congo- avec des partenaires congolais, nous avons demandé à Dominique et à son ONG gérées par les communautés. L’eau était payante. Cette
mettre à 340.000 personnes de bénéficier d’un publics (option hydraulique et environnement), laises, c’est qu’elles font un travail d’amateur, de faire d’abord leurs preuves avec de petits projets d’aménagement des sources. expérience était bien différente de celle que j’avais
accès direct à l’eau saine. Le Programme Dominique Sowa Lukono, travaille dans le sec- sans respecter la qualité. Moi, je suis très exi- Ce test a permis de passer à un autre projet plus important avec Oxfam. connue au Service national d’hydraulique rurale. A la fin
d’Urgence Post-électoral qui finance 35 % de teur de l’eau depuis une trentaine d’années. Il geant sur ce plan. Ensuite, nous sommes allés directement vers un projet plus ambitieux avec l’ONG «ADIR». de ce projet, nous étions à la croisée des chemins.
Je m’occupais du volet eau, hygiène et assainissement dans les structures de santé. Puis, nouvelle coïncidence à bord d’un avion pour
cette intervention permettra d’alimenter a débuté sa carrière au ministère du
Le programme que Dominique et moi avons mené ensemble à l’époque concernait l’eau, l’hygiène, Mbuyi-Mayi… Où j’ai rencontré un expatrié qui allait
120.000 personnes grâce à la réalisation de 7 Développement rural en tant que directeur d’un Quelle est votre vision de la problématique
l’amélioration de la desserte en eau dans les structures de santé, notamment à Kananga et à Mbuji-Mayi. évaluer un projet hydraulique dans la même ville.
mini-réseaux. projet d’hydraulique dans le Nord-Kivu et en de l’eau en RDC ? Par la suite, j’ai directement embrayé avec la CTB. J’ai d’abord travaillé sur un projet de distribution Ca tombait bien, le projet en question était celui
Ituri. De 1984 à 1995, il était responsable du JEAN-LUC MOUZON > J’ai eu la chance, de voya- de manuels scolaires dans toutes les écoles primaires du Congo. Parallèlement, Dominique et moi avons que nous avions réalisé ! Il nous a ensuite proposé
Service National d’Hydraulique Rurale (SNHR). ger dans six des onze anciennes provinces du finalisé un projet pour le secteur de l’eau. Et il a été accepté. Grâce au Programme d’Urgence de la CTB, de monter un petit projet d’approvisionnement
* Mayi signifie eau en Lingala Aujourd’hui, il dirige sa propre ONG. pays. Dominique aussi connaît toutes les nous avons commencé à le mettre en œuvre, notamment à Kinshasa ». et d’aménagement des sources ».
18 F É V R I E R 0 7 | N°1 Partenaires > 19

« Mayi » !
*
Budget
• Mbuji-Mayi : 7.000.000 €
• Kindu / Sud Kivu

Pour tout le monde !


Kinshasa-Est: 9.509.215 €
provinces congolaises pour y avoir travaillé. Le fait D O M I N I Q U E S O WA > Le problème d’accès à l’eau
dont programme d’urgence
d’avoir un aperçu général de la situation du pays potable va exiger beaucoup de ressources dont post-électoral 2.005.100 €
permet de se faire une idée précise de ce qu’il le pays ne pourra pas disposer Même si l’Etat

Idées originales pour agir vite et bien faudrait apporter comme solution pour améliorer
la desserte en eau. Pour la ville de Kinshasa, par
mobilisait des fonds suffisants, la mise en
œuvre prendrait beaucoup de temps. Par rap-
Total (AEPA) 16.509.215 €

exemple, qui compte environ 6 millions d’habi- port aux résidents de la Gombe et de Ngaliema,
OU COMMENT LES BONNES IDÉES PEUVENT NAÎTRE DE SOLIDES RELATIONS ENTRE PARTENAIRES. tants. Près de la moitié accède correctement à par exemple, les populations de la périphérie
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, C’EST AUSSI UNE QUESTION DE QUALITÉ RELATIONNELLE, l’alimentation en eau. Cela veut dire qu’actuelle- de Kinshasa consomment très peu d’eau. Il faut
DE CONFIANCE RÉCIPROQUE ET DE DIALOGUE FRANC. ment, trois millions de Kinois n’ont pas accès à donc répondre à leurs besoins. Deuxième
l’eau potable de manière permanente. remarque : ces habitants n’ont pas la capacité
Si l’on tient compte de l’évolution démographi- de faire face à une dépense mensuelle pour
Entretien réalisé par B E N - C L E T K A N K O N D E D A M B U que, on peut estimer qu’il y aura entre 10 et leurs besoins en eau. Ils vivent dans la préca-
11 millions d’habitants dans la capitale d’ici rité, au jour le jour, en fonction de leurs recettes
Concrètement, comment se passe l’an 2027. Si l’on veut résoudre le problème journalières. Si l’on veut qu’elles prennent l’eau
votre collaboration ? de l’alimentation en eau pour toute la en charge ou d’autres services, il faut que cela
D O M I N I Q U E S O WA > Dès notre première population, en considérant que 3 millions corresponde à leur mode de vie, sans leur DOMINIQUE SOWA LUKONO
rencontre, en 1999, nous avons beau- seulement y ont accès actuellement, il faudra occasionner de soucis financiers. Notre sys- « Une passion
coup discuté de la manière de résoudre le
problème de l’accès à l’eau potable en RDC.
trouver des moyens pour alimenter les 7 à 8
millions d’habitants supplémentaires. En tenant
tème leur permet de payer « le service » selon
leurs ressources, et non de payer l’eau qui est
pour l’eau potable »
Après plusieurs années d’échanges, nous avons compte du coût actuel des installations, il faut gratuite. C’est une innovation. Nous rapprochons
tracé des pistes pour améliorer d’urgence cet tabler sur un montant de 800 millions de dollars les gens: décideurs du quartier et consomma- « Mon passage au Service National
accès à l’eau du plus grand nombre de citoyens. pour les vingt prochaines années; rien que pour teurs. Le système va créer des emplois dans les d’Hydraulique rurale m’a laissé une pas-
Jean-Luc Mouzon de la CTB
Vous savez, l’urgence est partout ici. Kinshasa ! quartiers (surveillants, techniciens). On rend sion pour l’approvisionnement en eau
et son homologue congolais
JEAN-LUC MOUZON > Nous avons partagé les L’intérêt de notre intervention est de montrer aux populations leur capacité de gestion. C’est potable. C’était devenu difficile pour moi
de l’ONG «ADIR»,
Dominique Sowa Lukono, idées de Dominique parce que nous avions la qu’il existe des alternatives au réseau centralisé difficile, mais grâce à notre expérience, de me reconvertir dans une autre fonction
au ministère. Avec trois collègues qui
même lecture de la situation. Nos idées remon- de la REGIDESO. Nous proposons des mini- Jean-Luc et moi voulons démontrer que la
partageaient la même passion que moi,
tent à 1999 et elles se concrétisent en 2006. réseaux de distribution alimentant des bornes population peut se prendre en charge. Et que
nous avons décidé de continuer à travailler
fontaines. Le coût de leur réalisation est les gens doivent apprendre à décider pour eux-
dans le secteur de l’eau mais sous forme
Un Congolais et un Belge cohabitant depuis nettement moins lourd : moins de 16 euros mêmes au quartier quand ils manquent d’eau. d’une ONG. Au début, c’était très difficile de percer
sept ans, en dépit des différences de culture, (20 dollars) par personne et par an. parce que nous n’avions rien, mis à part la tête, l’esprit
Jean-Luc Mouzon de la CTB et son homologue Ingénieur électromécanicien de formation, sont-ils à l’abri de malentendus ? et la volonté. Le hasard a bien fait les choses puisque
congolais de l’ONG « ADIR », Dominique Sowa Jean-Luc Mouzon est arrivé au Congo en février JEAN-LUC MOUZON > Nous ne nous brouillons nous avons rencontré un Belge qui nous a mis en
Lukono, parlent du programme d’alimentation 1999 pour le Programme d’Appui à la Santé jamais !! Même si, dans les détails nous n’avons contact avec la Miba (Minière du Bakwanga) ainsi qu’un
en eau potable et assainissement (AEPA) mis en (PATS) de l’Union européenne. Aujourd’hui, il pas toujours les mêmes points de vue. bureau d’études belge qui avait été désigné pour
JEAN LUC MOUZON :
réaliser un projet d’adduction d’eau à Mbuji-Mayi.
œuvre par la CTB, grâce à des fonds belges et
européens. A Kinshasa, ce projet prévoit la réa-
travaille à la CTB dans le cadre des program-
mes d’approvisionnement en eau potable.
D O M I N I Q U E S O WA > Nous allons dans la bonne
direction car, aujourd’hui, le projet est en train
«Notre projet a été accepté » Ce projet, financé par la Miba, a démarré en 1997.
Pendant deux ans, de 1997 à 1999, nous avons mis en
lisation de 22 mini-réseaux d’adduction d’eau de se concrétiser. C’est cela le plus important. « En 1999, comme l’Union européenne ne voulait pas s’engager sur de gros projets place des installations autonomes de fourniture d’eau
gérés de façon autonome. Ce qui devrait per- Ingénieur technicien en bâtiments et travaux Ce qu’on reproche en général aux ONG congo- avec des partenaires congolais, nous avons demandé à Dominique et à son ONG gérées par les communautés. L’eau était payante. Cette
mettre à 340.000 personnes de bénéficier d’un publics (option hydraulique et environnement), laises, c’est qu’elles font un travail d’amateur, de faire d’abord leurs preuves avec de petits projets d’aménagement des sources. expérience était bien différente de celle que j’avais
accès direct à l’eau saine. Le Programme Dominique Sowa Lukono, travaille dans le sec- sans respecter la qualité. Moi, je suis très exi- Ce test a permis de passer à un autre projet plus important avec Oxfam. connue au Service national d’hydraulique rurale. A la fin
d’Urgence Post-électoral qui finance 35 % de teur de l’eau depuis une trentaine d’années. Il geant sur ce plan. Ensuite, nous sommes allés directement vers un projet plus ambitieux avec l’ONG «ADIR». de ce projet, nous étions à la croisée des chemins.
Je m’occupais du volet eau, hygiène et assainissement dans les structures de santé. Puis, nouvelle coïncidence à bord d’un avion pour
cette intervention permettra d’alimenter a débuté sa carrière au ministère du
Le programme que Dominique et moi avons mené ensemble à l’époque concernait l’eau, l’hygiène, Mbuyi-Mayi… Où j’ai rencontré un expatrié qui allait
120.000 personnes grâce à la réalisation de 7 Développement rural en tant que directeur d’un Quelle est votre vision de la problématique
l’amélioration de la desserte en eau dans les structures de santé, notamment à Kananga et à Mbuji-Mayi. évaluer un projet hydraulique dans la même ville.
mini-réseaux. projet d’hydraulique dans le Nord-Kivu et en de l’eau en RDC ? Par la suite, j’ai directement embrayé avec la CTB. J’ai d’abord travaillé sur un projet de distribution Ca tombait bien, le projet en question était celui
Ituri. De 1984 à 1995, il était responsable du JEAN-LUC MOUZON > J’ai eu la chance, de voya- de manuels scolaires dans toutes les écoles primaires du Congo. Parallèlement, Dominique et moi avons que nous avions réalisé ! Il nous a ensuite proposé
Service National d’Hydraulique Rurale (SNHR). ger dans six des onze anciennes provinces du finalisé un projet pour le secteur de l’eau. Et il a été accepté. Grâce au Programme d’Urgence de la CTB, de monter un petit projet d’approvisionnement
* Mayi signifie eau en Lingala Aujourd’hui, il dirige sa propre ONG. pays. Dominique aussi connaît toutes les nous avons commencé à le mettre en œuvre, notamment à Kinshasa ». et d’aménagement des sources ».
L E M A G A Z I N E D E L A C O O P É R A T I O N B E L G E E N R E P U B L I Q U E D É M O C R AT I Q U E D U C O N G O

Le sida...
leçon de vie pour la CTB
Ou l’appropriation locale du développement, au-delà du sida

c’est le nom étonnant de


« ...La maladie ne sera vaincue
ce nouveau magazine sur que lorsque tout individu,
toute communauté humaine

D
le développement. « CO » comme COngo, COopération, epuis un an, la CTB au Congo s’est donné pour
COmplicité ou encore COnvivialité. Il est né sous le signe
sera assez informé et défi la mise en pratique de la politique multi-
du lien (&) pour souligner les relations particulières qui
unissent la RDC et la Belgique. Ce magazine s’adresse prendra la décision ferme sectorielle qui vise une extension transversale
en particulier aux forces vives de la société congolaise; d’en faire sa propre affaire.» de la lutte contre le sida à tous les secteurs du dévelop-
les acteurs étatiques et non étatiques, les médias,
pement.
les associations, les Ongd, les étudiants ou les simples
KOFFI ANNAN
citoyens. Et il s’adresse aussi à tous ceux
qui s’intéressent au développement du Congo. ancien secrétaire général des Nations Unies RDC Compétence est le nom choisi par les « facilitateurs »
« &CO » est réalisé par le service communication externe qui développent une approche d’appropriation de la lutte
de la CTB. Sa distribution est gratuite. par les communautés. Outre l’accompagnement dans un
processus de vie original, RDC Compétence écoute toutes
DIRECTRICE DE PUBLICATION : Marie–Christine Boeve
les demandes. Son rôle consiste à favoriser les contacts (réseautage ou « networking »), à mobiliser
COORDINATION ÉDITORIALE : Carol Sacré
des ressources, à favoriser le plaidoyer auprès des autorités ou le témoignage public des personnes
CONCEPTION GRAPHIQUE : Aplanos
vivant avec le virus. RDC Compétence voudrait montrer que les communautés congolaises peuvent
RÉDACTION : Phillipe Deboeck, Frédéric Loore, Olivier Stevens,
apporter leurs expériences aux autres, au Congo, mais aussi dans le reste du monde. La coopération
Elise Odiekila, Jeanne Mbanga, Ben-Clet Kankonde Dambu,
Sud-Sud mais surtout Sud-Nord, vous y croyez ? N’est ce pas le plus beau gage de réussite pour un
Jean-Christophe Charlier et Carol Sacré
organisme de coopération.
CRÉDIT PHOTOS :

Jan Van Vel (agence Reporters), Dieter Telemans, Jan Van Gysel,
Frederik Van Herzeele, John Bompengo, Ingrid De Loof En 2006, la plupart des projets CTB ont reçu la visite des « facilitateurs de RDC-Compétence ».
et Constant Dupuis pour les corrections. Chaque équipe a identifié son potentiel, pour finalement constater que la majorité des ressources
Monsieur Carl Michiels | Rue Haute, 147 | 1000 Bruxelles – Belgique / Imprimer sur papier recyclé

nécessaires était présente. Il suffit de les mobiliser. Beaucoup de partenaires, notamment dans les
Merci à ceux qui ont participé à la réalisation de ce numéro : projets à base communautaire, offrent déjà des services de prévention et de traitement. Mais il faut
Guido Couck, Olivier Chanoine, Yves Hanoteau, Paul Cartier, en faire davantage.
Manolo Demeure, Charles Musombwa, Michel Francoys,
Eric Willemaers, Francis Lelo Nzuzi, Erwin Dickens, RDC Compétence : C’est aussi un groupe de discussion ouvert sur le monde, grâce au Web, dans
Hervé Corbel, Jean-Luc Mouzon, Sandrine Ruppol, le cadre de « Aidscompetence »
Thierry Carton, Dominique Sowa, Frederik Van Herzeele.
Ainsi que l’équipe de la CTB en RDC. RDC Compétence en Action à la CTB, rejoignez-nous en nous écrivant aux adresses suivantes :
RDCCompetence-owner@yahoogroups.com et sandrine.ruppol@btcctb.org

CONTACTS

DIRECTION GÉNÉRALE DE
COOPÉRATION TECHNIQUE BELGE (CTB) LA COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT (DGCD)

Avenue Colonel Ebeya, 15-17 Ambassade de Belgique


Gombe, Kinshasa – République Démocratique du Congo Building du Cinquantenaire, Place du 27 Octobre
T. + 243 (0) 81 89 46 611 Kinshasa – République Démocratique du Congo www.btcctb.org
E. manolo.demeure@btcctb.org Adresse postale : B.P. 899 – Kinshasa
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EDITEUR RESPONSABLE :

Représentant Résident : Manolo Demeure


F. + 243 12 21 058
Responsable Administratif et Financier : Daniel Boucart
E. diplobel.kinshasa.ci@ic.cd
Responsable des Services Internationaux : Flory Fraipont
Responsable de l’exécution des Projets : Jan van Gysel Ministre-Conseiller à la Coopération au Développement :
Coordinateur du Programme d’Urgence Post-Electoral : Yves Hanoteau Paul Cartier (paul.cartier@diplobel.be)

Dit informatieblad wordt verspreid in de Democratische Republiek Congo en is daarom alleen in het Frans verkrijgbaar | Ce magazine d'information, destiné à une diffusion en République Démocratique du Congo est uniquement édité en version française

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