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TITRE DE LA THESE :

Les salariés développant du logiciel libre : dualité, implication et management

RESPONSABLE(S) DE LA THESE :

Directeur de thèse :Julien PÉNIN, Maître de Conférences HDR en Sciences Economiques à l’Université de
Strasbourg, mlembre du BETA (Bureau d’Economie Théorique et Appliqué, UMR 7522, CNRS, évalué A+
par l'AERES). Habilitation à diriger des recherches. Titre du document d’habilitation : « Brevet d’invention,
open source et dynamique d’innovation »

Encadrants : Nicolas Jullien (MCF économie Télécom Bretagne)

ECOLE DE RATTACHEMENT DU RESPONSABLE DE LA THESE : Télécom Bretagne

EQUIPE(S) D’ACCUEIL DE LA THESE

Département LUSSI, Télécom Bretagne et laboratoire ICI., équipe M@rsouin, dans le cadre du RT7, TIC &
société (axe coopération, liens et engagement sociaux du RT7)

MOTS CLES :
Coopérations et collaborations médiées par les TIC dans les organisations ; analyse des interactions ; open-
source ; management ; modèle d'affaire ; innovation ouverte ; travail

RESUME EN 15 LIGNES :
Dans le logiciel libre, emblème des collectifs de production coopératifs et volontaire en ligne, une grande
partie des participants est rémunéré pour contribuer (Lakhani et Wolf, 2005, Vicente 2009). Notre postulat
est que la communauté du logiciel libre, en tant que fournisseur d'innovation, peut être vue comme un
actif, au sens de Teece (1986), dans lequel l'entreprise va investir et surtout plus ou moins concentrer ses
investissements, i.e.:la participation des développeurs salariés à la communauté (Jullien & Zimmermann,
2009, 2011). Une méthode de recherche qualitative puis quantitative par questionnaire est privilégiée. La
thèse étudie une situation de gestion innovante, qui reflète l’orientation d’un nombre croissant de sociétés
vers un fonctionnement éclaté, remettant en cause les frontières traditionnelles de la firme (Jullien &
Pénin, 2011). Les résultats attendus portent sur l’identification de configurations types relatives la
participation des salariés au développement de logiciels libres et l’analyse des modes de management
associés. Cette thèse apporte un complément d’analyse centré sur la position du développeur au thème
des communautés de production de connaissance et de la stratégie d'innovation ouverte.
THESE DE DOCTORAT / DESCRIPTIF DETAILLE

Eléments de synthèse

Porteurs du projet / Ecole de rattachement ; Nicolas Jullien (Télécom Bretagne) et Julien Pénin (BETA, Univ.
Strasbourg, évalué A+ par l'AERES) / Télécom Bretagne.

thème de soumission ; RT7, TIC & société (axe coopération, liens et engagement sociaux)

titre de la proposition : Les salariés développant du logiciel libre : dualité, implication et management

L'objectif de cette thèse est d'étudier le management des salariés d'entreprises impliqués dans des
communautés de production de connaissance ouverte, et spécifiquement dans la production de logiciel libre. Ce
projet qui s'inscrit dans l'axe coopération, lien et engagement sociaux du RT7 est un sujet économique important
pour les entreprises d'informatique, et plus généralement pour les producteurs et les utilisateurs des
technologies de l'information, mais aussi pour les instituts de formation des futurs salariés de ces industries. En
effet, participer à des communautés ouvertes, tout en respectant les limites imposées par la stratégie de
l'employeur, est une compétence de plus en plus importante pour des futurs ingénieurs. Nous avons prévu de
travailler avec le groupe logiciel libre du pôle Systematic pour assurer une bonne diffusion des résultats. Le sujet
est porté, en plus de Télécom Bretagne, qui mène une activité de recherche sur l'économie du logiciel libre
depuis plus de 10 ans, par le BETA, laboratoire d'économie et de gestion de l'université de Strasbourg, noté A+
par l'AERES, et dont un des thèmes de recherche porte sur l'innovation industielle. Il s'appuie sur des
collaborations avec l'iSchool de l'Université de Syracuse (NY, USA), une des institutions leader sur la recherche en
management dans les systèmes d'information aux États-Unis.

Contexte Scientifique

Le logiciel libre est devenu un enjeu économique majeur, avec un marché évalué à 1,5milliards d'euros pour la
France en 2010 (7 au niveau européen, 12 prévu en 2012, source PAC 1). Certains assurent même, qu'on est « à
l'aube d'un déploiement massif de l'open-source dans les entreprise »2. D'autre part, l'organisation libre est
souvent vu comme un modèle pour le développement industriel collaboratif et ouvert d'innovations dont
s'inspirent ou pourraient s'inspirer d'autres industries, comme les télécommunications, la biologie. Mais pour
cela, il faut mieux comprendre comment les entreprises s'engagent dans ces collaborations, c'est-à-dire pourquoi
et comment elles investissent dans la production d'éléments de propriété industrielle qu'elles diffusent
libéralement, et quels sont leurs retours sur investissement, mais aussi quel est l'impact de cet engagement sur
le fonctionnement des communautés.

Si de plus en plus d'entreprises contribuent au logiciel libre, ou, plus exactement, de plus des contributeurs au
logiciel libre sont payés pour le faire (Lakhani et Wolf, 2005, Vicente 2009), en même temps, ces entreprises
choisissent ce qu'elles veulent révéler, publier librement (Henkel 2006). La « carrière » des développeurs libres
devient double : les développeurs doivent en même temps gérer l'évolution de leur participation dans la
communauté, et leur carrière professionnel (Vicente, 2008).

1 https://www.pac-online.com/pac/pac/live/pac_france/home/rapport/index.html?lenya.usecase=show-
rapport&document=pac_sitsi_reports/press_release/fr_pr_10_logiciel_libre&xsl=press_release

2 Open source : de la clandestinité à la gouvernance au sein du SI, avril 2012 par ,


http://www.globalsecuritymag.fr/Open-source-de-la-clandestinite-a,20120405,29462.html
Pour accéder à des responsabilités dans une communauté, les personnes doivent « participer », s'engager vis-à-
vis de la communauté et se comporter de la façon attendue par la communauté. Les raisons de l'implication
varient, avec les individus et au cours du temps, mais qui tournent autour du l'accroissement des connaissances
de l'individu, de la résolution d'un problème technique qui lui est posé 3. Les entreprises changent cet aspect des
choses en intégrant des motivations plus « stratégiques » à l'implication : une personne peut être embauchée
pour participer à une communauté définie d'avance, avec un niveau d'implication maximum limité par
l'employeur et par son métier, suivant les caractéristiques proposées par Jullien & Zimmermann (2009, 2011)
(résumées dans la figure 1, en annexe). Cette immixtion de contraintes professionnelles peut avoir un impact sur
la structure même des communautés, car les stratégies des entreprises peuvent être en contradiction avec leur
fonctionnement (Fitzgerald, 2006), mais aussi sur la façon dont on s'implique dans la communauté, sur les
motivations d'engagement et sur les parcours des développeurs (engagement au sens de Becker 1963, comme
souligné par Demazière et al. (2006) ou Shah 2006). Peut-on, par exemple, toujours parler de liberté
(d'expression, de choix, de contribution), qui est « un des fondements de la culture du logiciel libre » (Scacchi,
2007) et une incitation bien connue à participer, lorsque les individus sont payés pour relayer, mettre en pratique
la stratégie de leur employeur ? Le comportement des entreprises peut contredire les valeurs des communautés
et et donc avoir un impact sur leur efficacité, car l'idéologie a une influence sur l'efficacité des équipes de logiciel
libre (Stewart et Gosain, 2006). En résumé, les employés du logiciel libre sont susceptibles de rencontrer une
contradiction, une « tension” (au sens de Thévenot, 2007) entre leurs engagements vis-à-vis de la communauté
et vis-à-vis de leur employeur.

L’objet de la thèse est d’analyser les spécificités de cette situation qui met principalement en relation trois
acteurs : un développeur à la fois salarié d’une entreprise et également impliqué plus ou moins fortement dans
une activité de développement libre ; sa hiérarchie qui doit veiller à la réalisation d’objectifs organisationnels ; et
enfin, une communauté porteuse du développement du logiciel libre (individus, structures, sociétés…) Notre
postulat de départ, est alors que la communauté du logiciel libre, en tant que fournisseur d'innovation, dans le
modèle proposé par Von Hippel et von Krogh (2003), peut être vue comme un actif, au sens de Teece (1986)
Teece et al. (1997), dans lequel l'entreprise va investir et surtout plus ou moins concentrer ses investissements.
L'investissement est compris ici comme le temps que les développeurs salariés peuvent consacrer à la
communauté et à la prise de responsabilité dans cette communauté, mais aussi leur liberté de choix de la
communauté dans laquelle investir.

C'est cette tension et la façon dont elle est gérée dans les entreprises d'informatique que nous voulons étudier
ici. Il n'existe pas, à notre connaissance de travaux sur le sujet. Les travaux les plus proches sont ceux de Michaël
Vicente, sur la carrière professionnelle des développeurs de Debian (thèse de doctorat de l'UTC, soutenue en
2010) et ceux de Demazière et al (2010) sur la sociabilisation des développeurs de logiciels libre.

Cette thèse s'inscrit dans le contexte, de l'implication stratégique des entreprises dans des processus
d'innovation4 et les recherches appliquées se placent au niveau de l'entreprise 5, mais aussi sur les problèmes
managériaux que posent la transformation d'une entreprise fermée en entreprise ouverte et plus généralement

3 L'étude des motivations des participants au développement du logiciel libre a généré une littérature vaste,
dont Lakhani et Wolf (2005), Shah (2006), Scacchi (2007) proposent des synthèses. Le rôle des individus évalue
avec le temps (Jensen et Scacchi07), comme évolue les raisons pour lesquelles ils participe (Demazière et al. 2006).
Qu'on l'appelle le « processus d'implication » (Herraiz et al. 2006), la migration des rôles (Jensen et Scacchi 2007)
ou la “co-évolution des systèmes et des communautés (Ye et al. 2004), cette évolution suit un modèle canonique
(un chemin), à travers les différentes couches d'une communauté (le modèle en « oignon », Herraiz et al. 2006)
depuis l'absence de responsabilité jusqu'à des responsabilités centrales pour l'évolution de la communauté.

4 Pour une revue de la littérature sur l'open innovation, voir Dahlander & Gann (2010)
de la gestion de l'innovation dans les entreprises. En gestion des ressources humaines, la particularité de l'étude
des équipes innovantes et l'importance des interactions pour favoriser cette innovation a été souligné par Chanal
et al (2006), qui proposent aussi une revue de littérature sur le sujet. Cela a été aussi souligné dans un domaine
connexe à la production de logiciel, celui des jeux vidéos (Parmentier et Picq, 2006). Mais ces travaux et les
études de terrain qu'ils proposent s'intéresse au fonctionnement interne d'une organisation, pas au fait que les
salariés peuvent appartenir à plusieurs organisations.

Contenu Scientifique

L'hypothèse que nous faisons, est que, lorsque l'actif est spécifique, les salariés ne devraient avoir le droit de
travailler que sur le logiciel de l'entreprise, les autres implications si elles existent, devraient être inconnues du
management. Au contraire, dans les entreprises de services utilisant les logiciels libres, les salariés devraient être
plus autorisés, voir encouragés à explorer de nouveaux outils technologiques et donc à participer aux
communautés développant ces outils car c'est la solution la plus rapide pour acquérir des connaissances, mais
devraient être bridés dans leur implication, car ces entreprises de service n'ont pas besoin de spécialistes du
domaine.

Les terrains d'études devront prendre en compte la variété des situations de marché des entreprises. Nous
sommes en contact avec trois éditeurs de logiciels libres, Nuxeo (CMS) et Xwiki (Wiki d'entreprise) et Nexedi
(ERP), un éditeur de plate-forme, Mandriva, et une société de service en logiciel libre, Linagora, et une société de
service « classique », Cap Gemini, qui nous permettront de réaliser une enquête qualitative auprès du
management de ces entreprises et de préparer l'enquête quantitative auprès des salariés. Nous réaliserons aussi
une enquête quantitative (questionnaire), à l'image de celle réalisée sur les entreprises du logiciel libre, en
interrogeant les salariés sur leur relation aux communautés et la place de ces relations dans les objectifs
professionnels des individus.

Références.
H. S. Becker. Outsiders. Studies in the Sociology of Deviance. Free Press, 1963.

Valérie Chanal, Christian Defélix, Béatrice Galey, Les personnes innovantes dans les entreprises doivent-elles faire
l'objet d'une GRH spécifique? Une étude exploratoire. XIVe Congrès de l’AGRH, 2006, Grenoble

Linus Dahlander, David M. Gann. How open is innovation? Research Policy, In Press, Corrected Proof, Available
online 25 February 2010

D. Demazière, F. Horn, and N. Jullien. Le travail des développeurs de logiciels libres. la mobilisation dans des
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D. Demazière, F. Horn, M. Zune, Les développeurs de logiciels libres, militants, bénévoles ou professionnels, in
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pp 953 - 969, 2006.
5 Spithoven et al. (2010) sur un cas d'innovation ouverte et Gand et al. (2004) sur les stratégies d'implication
dans le logiciel libre. Voir Jullien & Pénin (2011) pour un résumé des recherches sur le sujet.
Israel Herraiz, Gregorio Robles, Juan JosÉ Amor, Teófilo Romera, and Jesús M. González Barahona. The processes
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