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ARRÊT

AFFAIRE FEODOROV c. RÉPUBLIQUE DE MOLDOVA

En l’affaire Feodorov c. République de Moldova,


La Cour européenne des droits de l’homme (troisième section), siégeant en une
chambre composée de :
JosepCasadevall, président,
AlvinaGyulumyan,
JánŠikuta,
LuisLópez Guerra,
KristinaPardalos,
JohannesSilvis,
ValeriuGriţco, juges,
et de Santiago Quesada, greffierde section,
Après en avoir délibéré en chambre du conseil le 1er octobre 2013,
Rend l’arrêt que voici, adopté à cette date :

PROCÉDURE

1. A l’origine de l’affaire se trouve une requête (no 42434/06) dirigée contre la


République de Moldova et dont un ressortissant de cet Etat, M. Sergiu Feodorov
(« le requérant »), a saisi la Cour le 26 septembre 2006 en vertu de l’article 34 de la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales
(« la Convention »).
2. Le 15 octobre 2008, le requérant est décédé. Le 30 mars 2009, Mme Elena
Sturza, sa tante et légataire universelle, a exprimé le souhait de poursuivre la
procédure. Elle a produit un testament authentique du 18 août 2006 par lequel le
requérant lui avait légué tous ses biens.
3. Le requérant et sa tante, qui a été admise au bénéfice de l’assistance judiciaire,
ont été représentés par Me R. Zadoinov, avocat à Chișinău. Le gouvernement
moldave (« le Gouvernement ») a été représenté par son agent, M. L. Apostol, du
ministère de la Justice.
4. Dans sa requête, le requérant se plaignait en particulier d’une violation des
articles 3 et 13 de la Convention.
5. Le 18 octobre 2010, la requête a été communiquée au Gouvernement.

EN FAIT

I. LES CIRCONSTANCES DE L’ESPÈCE

6. Le requérant est né en 1981 et résidait, à l’époque des faits, à Chișinău.


A. Mauvais traitements allégués
7. Le 26 janvier 2006, vers 23heures, le requérant et son cousin furent arrêtés par
la police à la suite d’une altercation dans la rue avec trois autres personnes et
furentconduits de force à un des bureaux de police de l’arrondissement Buiucani de
Chișinău.
8. Au bureau de police, les trois personnes impliquées dans la bagarre déclarèrent
qu’elles avaient été agressées par le requérant et son cousin et que ce dernier leur
avait dérobé de l’argent. Les policiers fouillèrent le requérant et son cousin et
trouvèrent entre autres surcelui-ciune bombe lacrymogène et une somme
correspondant à l’argent qui aurait été volé.
9. Le même jour, une procédure fut engagée à l’encontre du requérant pour
troublesà l’ordre public, refus d’obtempérer lors de son arrestation, et outrageset
violences enversdes agents des forces de l’ordre. L’intéressé fut placé en garde à
vue.
10. D’après le requérant, dans le bureau de police,des policiersl’ont frappéà coups
de poing et de pied sur la tête et sur d’autres parties du corps. Selon la version du
Gouvernement, le requérant a été blessé seulement lors de la bagarre avec les trois
personnes.
11. Le 27 janvier 2006, le tribunal de Buiucani reconnut le requérant coupable des
chefs d’inculpation (paragraphe Error: Reference source not found ci-dessus) et le
condamna à une peine d’emprisonnement de cinq jours.
12. Après l’audience, le requérant fut conduit à l’hôpital pour unexamen médical.
L’établissement lui délivra le 7 février 2006 un certificat faisant état des constats
suivants : fracture du nez sans déplacement des structures osseuses, plaie contuse
dans la région du pavillon de l’oreille droite, état d’ivresse.
13. Le requérant purgea sa peine au commissariat de police de Buiucani et au
commissariat général de police de Chișinău.
14. Selon ses dires, au commissariat de police de Buiucani,des fonctionnaires de
policel’ont frappé à coups de poing et de pied sur la tête, le corps et les jambes.
15. Le 1er février 2006, le requérant fut remis en liberté.
16. Le 2 février 2006, le requérant consulta un médecin légiste ; selon le rapport
dressé par ce dernier, l’intéresséavait déclaréavoir été battu dans la rue par un
inconnule 26 janvier 2006, à 23 heures. Dans son rapport, le médecin faisait
mention d’une ecchymose ovale autour de l’œil gauche de couleur violetjaunâtre et
mesurant 5,5 cm sur 5 cm, de deux excoriations situéesdans la région temporale et
sur le pavillon de l’oreille droite, recouvertes de croûtes brunes et mesurant
respectivement 1,5 cmsur0,6 cm et 2 cmsur0,1 cm, ainsi que d’une ecchymose
jaunâtre de 3 cmsur4 cm sur la joue droite. Il notait que les lésions avaient été
causées par un objet dur, contondant, ayant une surfaceréduite, probablement dans
les circonstances décrites par le requérant, et que les lésions corporelles constatées
étaient sans préjudice pour la santé de ce dernier.
17. Le 8 février 2006, le médecin légiste compléta son rapport médical en
signalant la fracture du nez du requérant. Il qualifia les blessures de ce dernier de
lésions légères nécessitant des soins médicaux sur une période allant de six à
vingtetun jours.
B. Plaintes pénales contre les trois particuliers et les policiers
18. Le 9 février 2006, le requérant et son cousin portèrent plainte pour agression
contre les trois personnesimpliquées dans l’altercation. Le requérant joignit à sa
plainte les attestations médicales qui lui avaient été délivrées les 2 et 7 février 2006
(paragraphes 12 et Error: Reference source not found ci-dessus). Son cousin quant
à lui affirma entre autres avoir utilisé une bombe lacrymogène pour se défendre.
19. Dans leurs dépositions des 20 février, 25 février et6 mars 2006, les trois
personnes visées par la plainte déclarèrent que le cousin du requérant les avait
agressées avec une bombe lacrymogène et qu’il avait ensuite volé de l’argent à
l’une d’entre elles. Elles reconnurent avoir riposté en utilisant la force physique
contre le requérant et son cousin qui, d’après elles, se trouvaient en état d’ivresse.
Elles ajoutèrent que les deux hommes avaient résisté aux policiers intervenus pour
mettre fin à l’altercation etqu’ils avaient proféré des injures contre elles-mêmes et
contre les policiersau commissariat.
20. Par une lettre du 17 mars 2006, le commissaire de Buiucani informa le
requérant que les trois personnescontre qui il avait porté plainte avaient agi enétat
de légitime défense et qu’elles n’encouraient aucune responsabilité.
21. Le 12 mai 2006, le requérant déposa une plainte auprès du procureur général,
dénonçant, entre autres, des mauvais traitements qui lui auraient été infligés au
commissariat de police de Buiucani.
22. Dans sa déposition faite le 30 mai 2006 auprès du parquet, il affirma que, le 26
janvier 2006, dans les locaux du bureau de police, des policiers lui avaient donné
des coups sur le corps. Il déclara avoir été également maltraité le lendemain soir,
au commissariat de police de Buiucanipar des policiers, dans le but de lui faire
avouer le vol qui aurait étécommis par son cousin.
23. Le même jour, le parquet recueillit également la déposition du cousin du
requérant, qui soutint que les policiers l’avaient frappéle 26 janvier 2006 sur le
trajetmenant au bureau de police ainsi qu’à l’intérieur du bureaupour obtenir des
aveux. Le cousinajouta que le requérant avait lui aussi été frappé pardes policiers
dans ce bureau de police.
24. A des dates non spécifiées, le parquet interrogea les trois personnes impliquées
dans la bagarre. Celles-ci réitérèrent leurs précédentes dépositions (paragraphe
Error: Reference source not found ci-dessus). Elles ajoutèrent qu’à aucun moment,
ni sur le trajet menant au bureau de police ni à leur arrivée sur place,les policiers
n’avaient maltraité le requérant et son cousin.
25. A des dates différentes, le procureur en charge de l’affaire interrogea les deux
policiers ayant arrêté le requérant et son cousin, le policier ayant mené l’enquête
sur l’accusation de vol, un inspecteur supérieur de la police criminelle du
commissariat de police de Buiucani et deux policiers de garde du commissariat
général de police de Chișinău. Tousdémentirent l’infliction de mauvais
traitementsau requérant et à son cousin.
26. Le 7 juin 2006, le procureur émit une ordonnance de classement sans suite des
plaintes du requérant au motif que les éléments constitutifs desinfractions alléguées
n’étaient pas réunis. Il conclut que les lésions corporelles du requérant
mentionnées dans le rapport médicolégal du 2 février 2006 (paragraphe Error:
Reference source not found ci-dessus) avaient été causées pendant la bagarre avant
l’arrivée de la police et que les trois personnesimpliquées dans l’altercation avaient
agi en état de légitime défense.
27. Le 16 juin 2006, le conseil du requérant contesta l’ordonnance susmentionnée.
28. Par un non-lieu du 6 juillet 2006, le juge d’instruction du tribunal de Buiucani
rejeta ce recours au motif qu’il était mal fondé et il confirma le classement sans
suite. Les passages pertinents de sa décision se lisent comme suit :
« (...) le [9] février 2006 [le requérant et son cousin] portèrent plainte contre [les
trois personnes] au motif que celles-ci les avaient frappés le 26 janvier 2006, à
23 heures (...). Il ressort du rapport médicolégal du 2 février 2006 que [le
requérant] a été battu dans la rue par des inconnus le 26 janvier 2006, à 23heures,
ce qui aurait provoqué des lésions corporelles légères (...). Ce n’est que dans leurs
dépositions du 30 mai 2006 que [le requérant et son cousin] ont affirmé que (...)
des agents de police leur avaient infligé des coups[dans l’enceinte du bureau de
police]. Ayant été interrogés, [les policiers] ont déclaréque personne n’avait
maltraité [le requérant et son cousin] à l’intérieurdu bureau de police et que les
blessures de ces derniers avaient été causées lors de la bagarre (...).
Il ressort du classement sans suite du procureur du 7 juin 2006 que l’infliction de
mauvais traitements par les agents de police n’a pas été établie, que les lésions
corporelles [constatées](...) avaient été causées lors de l’altercation avec [les trois
personnes] (...) et que ces dernières avaient agi en état de légitime défense (...).
Par ailleurs, il convient de considérer que les griefs tirés par [le requérant et son
cousin] de l’infliction de mauvais traitementsont été introduits tardivement et à
titre de moyen de défense dans le cadre de l’affaire pénale [concernant le vol]
(...) »
29. Le 6 septembre 2006, en vue de réunir tous les documents pertinents pour
introduire sa requête devant la Cour, le représentant du requérant demanda au
procureurde lui fournir une copie des dépositions de l’intéressé et de son cousin sur
leurs allégations de mauvais traitements.
Le 21 septembre 2006, le parquet lui envoya les documents demandés.
C. Issue de la procédure pénale engagée à l’encontre du cousin du requérant
30. Par une décision définitive de la Cour suprême de justice du 3 décembre 2008,
le cousin du requérant fut condamné pour le vol commis le 26 janvier 2006 à une
peine d’emprisonnement de quatre ans assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve
dedeux ans.

II. LE DROIT INTERNE PERTINENT

31. Le droit interne pertinent en l’espèce est résumé dans l’arrêtParnov


c. Moldova (no 35208/06, § 17, 13 juillet 2010 – cet arrêt n’est disponible qu’en
anglais).
EN DROIT

32. Invoquant l’article 3 de la Convention, le requérant se plaignait, d’une part, de


mauvais traitements infligés par les policiers au bureau de police et au
commissariat de police de Buiucani et, d’autre part, de l’absence d’une enquête
effective relative à ces allégations. Cet article est ainsi libellé :
« Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou
dégradants. »
33. Le requérant se plaignait également de l’absence d’un recours interne effectif,
au sens de l’article 13 de la Convention, susceptible de défendre ses droits énoncés
à l’article 3 de la Convention. Aux termes de cette disposition :
« Toute personne dont les droits et libertés reconnus dans la (...) Convention ont été
violés, a droit à l’octroi d’un recours effectif devant une instance (...) »
34. Par ailleurs, au titre de l’article 34 de la Convention, le requérant reprochait au
parquet de ne pas avoir répondu en temps utile à sa demande de copie des
dépositionsfigurant dans le dossier d’instruction et d’avoir ainsi entravé l’exercice
de son droit de recours individuel devant la Cour.L’article 34 de la Convention, en
ses passages pertinents en l’espèce, se lit comme suit :
« (...) Les Hautes Parties contractantes s’engagent à n’entraver par aucune mesure
l’exercice efficace de ce droit. »

I. QUESTION LIMINAIRE

35. La Cour note que le requérant est décédé le 15 octobre 2008 et que sa tante et
unique héritière, Mme Elena Sturza, a exprimé le souhait de poursuivre l’instance.
36. La Cour rappelle que, dans plusieurs affaires où un requérant était décédé
pendant la procédure, elle a pris en compte la volonté de poursuivre l’instance
exprimée par un héritier, par un proche parent et même, au regard des
circonstances de l’espèce, par un ayant cause potentiel (légataire universel) qui
cherchait à faire reconnaître ses droits successoraux dans une procédure pendante
(voir, parmi d’autres, Deweer c. Belgique, 27 février 1980, §§37-38, série A no 35 ;
Vocaturo c. Italie, 24 mai 1991, § 2, série A no 206-C, et Malhous c. République
tchèque (déc.) [GC], no 33071/96, CEDH 2000-XII).
37. En l’espèce, la Cour constate que Mme Sturza, en tant que proche parente et
légataire universelle du requérant, a un intérêt légitime àpoursuivre la procédure et
que le Gouvernement n’a d’ailleurs pas contesté ce point.
38. Partant, la Cour reconnaît à MmeSturzala qualité pour se substituer au requérant
dans la présente instance.

II. SUR LA RECEVABILITÉ

A. Sur les griefs soulevés par Mme Sturza


39. Dans ses observations du 8 avril 2011 présentées à la Cour, Mme Sturza
soutient être elle-même également victime des violations alléguées initialement par
le requérant.
40. Le Gouvernement excipe de l’absence dequalité de victime de l’intéressée ; il
fait valoirque cette dernièren’a pas été personnellement touchée par les
violationsen question.
41. La Cour estime qu’il n’est pas nécessaire de s’exprimer sur l’exception
soulevée par le Gouvernement car les griefs de Mme Sturza sont irrecevables pour
d’autres motifs.
42. La Cour rappelle qu’en vertu de l’article 35 § 1 de la Convention elle ne peut
être saisie d’une affaire que « dans un délai de six mois à partir de la date de la
décision interne définitive » ; elle doit donc déterminer à quelledate est intervenue
pareille « décision interne définitive » pour pouvoir appliquer d’office la règle des
six mois (Walker c. Royaume-Uni (déc.), no 34979/97, CEDH 2000-I).
43. En l’espèce, la Cour constate que la décision interne définitive correspond au
non-lieu prononcé par le juge d’instruction du tribunal de Buiucani le 6 juillet 2006
(paragraphe Error: Reference source not found ci-dessus). Les griefs de Mme Sturza
introduits le 8 avril 2011 sont en conséquence tardifs et doivent être rejetés, en
application de l’article 35 §§ 1et 4 de la Convention.
B. Sur le grief tiré de l’article 34 de la Convention
44. Le requérant se plaignait d’une entrave à son droit de recours individuel
devant la Cour car, d’après lui, leparquet n’avait pas répondu en temps utile à sa
demande de copie des dépositions figurant dans le dossier d’instruction, à savoir
sadéclaration et celle de son cousin sur les mauvais traitements qu’ils auraient
subis.
45. La Cour rappelle que, pour que le mécanisme de recours individuel instauré à
l’article 34 de la Convention soit efficace, il est de la plus haute importance que les
requérants, déclarés ou potentiels, soient libres de communiquer avec la Cour, sans
que les autorités les pressent en aucune manière de retirer ou modifier leurs griefs
(voir, entre autres,Akdivar et autres c. Turquie, 16 septembre 1996, § 105, Recueil
des arrêts et décisions 1996-IV, et Aksoy c. Turquie, 18 décembre 1996, § 105,
Recueil 1996-VI).A cet égard, le terme « presse[r] » vise non seulement la
coercition directe et les actes flagrants d’intimidation, mais aussi les actes ou
contacts indirects et de mauvais aloi tendant à dissuader ou décourager les
requérants de se prévaloir du recours qu’offre la Convention (Kurt c. Turquie, 25
mai 1998, § 160, Recueil 1998-III).
46. Dans la présente affaire, la Cour constate que le représentant du requérant a
demandé au parquet, le6septembre 2006, de lui fournir une copie des documents en
question et que celui-ciles lui a envoyés par la postele 21 septembre 2006 ; elle en
conclut quela réaction duparquet a été prompte. Au demeurant, elle note que rien
dans le dossier n’indique que les autorités internes aient eu une conduite destinée à
pousser le requérant à retirer ou modifier sa requête ou à le gêner de toute autre
manière dans l’exercice effectif de son droit de recours individuel, ou que leur
comportement ait eu en réalité un tel effet.
47. En conséquence, l’Etat défendeur n’a pas manqué à ses obligations au titre de
la dernière phrase de l’article 34 de la Convention.
C. Sur le restant de la requête
48. Constatant que les griefs tirés par le requérant des articles 3et13 de la
Convention ne sont pas manifestement mal fondés au sens de l’article 35 § 3 a) de
la Convention et qu’ils ne se heurtent à aucun autre motif d’irrecevabilité, la Cour
les déclare recevables.
III. SUR LA VIOLATION ALLÉGUÉE DE L’ARTICLE 3 DE LA
CONVENTION

A. Thèses des parties


1. Sur les allégations de mauvais traitements
49. Dans sa requête initiale, le requérant soutenaitqu’il avait été maltraité par les
agents de police au cours de sa privation de liberté, entre le 26 janvier et le
1er février 2006, et que les blessures constatées lors des examens médicaux étaient
imputables à ceux-ci. Son représentant estime que le Gouvernement n’a fourni
aucune explication plausible susceptible de renverser la présomption selon laquelle
les blessures avaient été occasionnées pendant cettepériode.
50. Le Gouvernement réplique que le requérant s’était plaint, dans un premier
temps, d’avoir été maltraité uniquement par les trois personnes impliquées dans
l’altercation du 26 janvier 2006. Il précise que le requérant avait déclaré au
médecin légiste le 2 février 2006 avoir été frappé par un inconnu dans la rue et que,
dans sa déposition du 9février 2006, il avait indiqué avoir été battu par les trois
personnes. Il souligne que ce n’est que le 30 mai 2006, soitquatre mois après les
faits, que le requérant avait évoqué pour la première fois devant le procureuravoir
été victime de violences policières. Ilestime que, à supposer même que les mauvais
traitements en questionaient eu lieu, il incombait au requérant d’en informer
aussitôt les autorités. Eu égard aux circonstances de l’affaire et au comportement
du requérant, le Gouvernement considère qu’il n’a pas été établi, au-delà de tout
doute raisonnable, que l’intéressé avait effectivement subi des mauvais traitements.
2. Sur les allégations d’absence d’enquête effective
51. Le conseil du requérant estime que l’enquête menée par les autorités moldaves
n’était pas approfondie et que le procureur en charge de l’affaire n’a pas agi
impartialement. De plus, il déplore que les policiers mis en cause n’aient pas été
suspendus de leurs fonctions durant l’enquête et qu’aucune investigation n’ait été
menée dans les bureaux où le requérant avaitallégué avoir été maltraité.
52. Le Gouvernement soutient que l’enquête était rapide et effective et que le
parquet a agi promptement en interrogeant, entre autres, les policiers concernés et
les trois personnesimpliquées dans l’altercation.
B. Appréciation de la Cour
1. Principes généraux
53. La Cour a déclaré à maintes reprises que l’article 3 de la Convention consacre
l’une des valeurs fondamentales des sociétés démocratiques. Cet article ne prévoit
pas d’exceptions, en quoi il contraste avec la majorité des clauses normatives de la
Convention, et d’après l’article 15 § 2 de la Convention il ne souffre nulle
dérogation, même en cas de danger public menaçant la vie de la nation (Selmouni
c. France [GC], no 25803/94, § 95, CEDH 1999-V, et Labita c. Italie [GC], no
26772/95, § 119, CEDH 2000-IV). La Cour a confirmé que même dans les
circonstances les plus difficiles, telle la lutte contre le terrorisme et le crime
organisé, la Convention prohibe en termes absolus la torture et les peines ou
traitements inhumains ou dégradants, quels que soient les agissements de la
victime (Chahal c. Royaume-Uni, 15 novembre 1996, § 79, Recueil 1996-V, et
Labita, précité, § 119).
54. La Cour rappelle également que, lorsqu’une personne se trouve en garde à vue
et donc entièrement sous le contrôle de fonctionnaires de police, toute blessure qui
lui est occasionnée pendant cette période donne lieu à de fortes présomptions de
fait (Salman c. Turquie [GC], no 21986/93, § 100, CEDH 2000-VII). Il appartient
alors au Gouvernement de fournir une explication plausible sur l’origine des
blessures constatées et de produire des preuves relatives à des élémentsfaisantpeser
un doute sur les allégations de la victime, notamment si ces dernières sont étayées
par des pièces médicales (voir, parmi d’autres, Selmouni, précité, § 87 ; Soner
Önder c. Turquie, no 39813/98, § 34, 12 juillet 2005, et Dönmüş et Kaplan
c. Turquie, no 9908/03, § 44, 31 janvier 2008).
55. La Cour rappelle en outre que les allégations de mauvais traitements contraires
à l’article 3 de la Convention doivent être étayées par des éléments de preuve
appropriés (Martinez Sala et autres c. Espagne, no 8438/00, § 122, 2 novembre
2004). Pour l’établissement des faits allégués, elle se sert du critère de la preuve
« au-delà de tout doute raisonnable », une telle preuve pouvant néanmoins résulter
d’un faisceau d’indices, ou de présomptions non réfutées, suffisamment graves,
précis et concordants (Irlande c. Royaume-Uni, 18 janvier 1978, § 161 in fine,
série A no 25, et Labita, précité, §§ 121 et 152).
56. La Cour réaffirme que, à l’égard d’une personne privée de sa liberté, tout
usage de la force physique qui n’est pas rendu strictement nécessaire par le propre
comportement de ladite personne porte atteinte à la dignité humaine et constitue,
en principe, une violation du droit garanti à l’article 3 de la Convention (Ribitsch
c. Autriche, 4 décembre 1995, § 38, série A no 336). De plus, les nécessités de
l’enquête et les indéniables difficultés de la lutte contre la criminalité ne sauraient
conduire à limiter la protection due à l’intégrité physique de la personne (Tomasi
c. France, 27 août 1992, § 115, série A no 241-A).
57. La Cour rappelle de surcroît que, lorsqu’un individu soutient de manière
défendable avoir subi, aux mains de la police ou d’autres services comparables de
l’Etat, un traitement contraire à l’article 3 de la Convention, cette disposition,
combinée avec le devoir général imposé à l’Etat par l’article 1 de la Convention de
« [reconnaître] à toute personne relevant de [sa] juridiction les droits et libertés
définis (...) [dans la] Convention », requiert, par implication, qu’il y ait une enquête
officielle effective. Cette enquête doit pouvoir mener à l’identification et à la
punition des responsables. S’il n’en allait pas ainsi, nonobstant son importance
fondamentale, l’interdiction légale générale de la torture et des peines et
traitements inhumains ou dégradants serait inefficace en pratique, et il serait
possible dans certains cas à des agents de l’Etat de fouler aux pieds, en jouissant
d’une quasi-impunité, les droits des personnes soumises à leur contrôle (Georgiy
Bykov c. Russie, no 24271/03, § 60, 14 octobre 2010 ; Corsacov c. Moldova,
no 18944/02, § 68, 4 avril 2006, etAssenov et autres c. Bulgarie, 28 octobre 1998, §
102, Recueil 1998-VIII).
58. La Cour rappelle enfin que l’enquête rendue nécessaire par des allégations
graves de mauvais traitements doit être à la fois rapide et approfondie, ce qui
signifie que les autorités doivent toujours s’efforcer sérieusement de découvrir ce
qui s’est passé et qu’elles ne doivent pas s’appuyer sur des conclusions hâtives ou
mal fondées pour clore l’enquête ou fonder leurs décisions (Assenov et autres,
précité, § 103, et Batı et autres c. Turquie, nos 33097/96 et 57834/00, § 136, CEDH
2004-IV). Les autorités doivent prendre toutes les mesures raisonnables à leur
disposition pour obtenir les preuves relatives aux faits en question, y compris, entre
autres, les dépositions des témoins oculaires et les expertises criminalistiques
(Tanrıkulu c. Turquie [GC], no 23763/94, §104, CEDH 1999-IV, et Gül c. Turquie,
no 22676/93, § 89, 14 décembre 2000). Toute carence de l’enquête affaiblissant sa
capacité à établir les causes despréjudices subis ou l’identité des responsables
risque de faire conclure qu’elle ne répond pas à la norme d’effectivité requise
(Boicenco c. Moldova, no 41088/05, § 123, 11 juillet 2006).
2. Application des principes susmentionnés à la présente espèce
59. La Cour observe que les parties ne sont pas d’accord quant à l’origine des
blessures du requérant. D’après ce dernier, elles avaient été infligées par les trois
personneset les policiers, alors que le Gouvernement défend la thèse selon laquelle
elles avaient été occasionnées exclusivement lors de l’altercation, avant l’arrivée
de la police.
60. La Cour considère qu’il est établi qu’une altercation violenteentre les
différents protagonistes a bien eu lieudans la rue et qu’une partie des blessures du
requérant a été causée dans ce contexte. Elle note d’ailleurs que le requérant lui-
même a porté plainte pour coups et blessures le 9 février 2006 contre les trois
personnes en question (paragraphe Error: Reference source not found ci-dessus).
Elle estime donc qu’il lui reste à déterminer si toutes les lésions du requérant ont
été causées lors de l’altercation précitée.
61. La Cour observe que le requérant n’a pas été soumis à un examen médical
avant d’être placé sous le contrôle de la police ; or, un tel examen aurait été
approprié, particulièrementen raison de l’affrontement survenu entre les différents
protagonistes. Elle rappelle qu’un examen médical peut non seulement déterminer
si une personne est en mesure de faire l’objet d’un interrogatoire, mais également,
en cas d’allégation de traitements contraires à l’article 3 de la Convention,
« décharger » les autorités de lacharge de la preuve en ce qui concerne l’origine
des blessures constatées (Türkan c. Turquie, no 33086/04, § 42, 18 septembre
2008).
62. La Cour relève que le requérant a subi un examen médical le 27 janvier 2006,
soit le lendemain de son placement en garde à vue, et que, à la suite de cet examen,
les médecins ont établi que l’intéressé avait une fracture du nez et une plaie à
l’oreille droite, et qu’il était en état d’ivresse (paragraphe 12 ci-dessus). Elle note
par ailleurs que, le lendemain de sa remise en liberté –six jours après le premier
examen médical – le requérant est allé de son propre chef voir un médecin légiste
et que ce dernier a constaté, outre les lésions précitées, des blessures
supplémentaires, à savoir une ecchymose autour de l’œil gauche, une excoriation
dans la région temporale et une ecchymose sur la joue droite (paragraphe Error:
Reference source not found ci-dessus). La Cour relève que le contenu de ces deux
rapports est cohérent avec les dires du requérant qui soutenait avoir reçu,après son
placement en garde à vue, des coups portés notamment à la tête.
63. Il appartient dès lors à la Cour de déterminer si le Gouvernement a présenté
une explication plausible sur l’origine des blessures du requérant et s’il a produit
des preuves faisant peser un doute sur les allégations de ce dernier.
64. En l’absence d’un procès-verbal de placement en garde à vue explicitant les
conditions d’arrestation du requérant et d’un rapport médical effectué à ce
moment-là, la Cour considère qu’il n’a pas été prouvé de manière convaincante
que les blessures du requérant eussent résulté exclusivement de la bagarre avec les
trois personnes. Elle prête une attention particulière au signalement de nouvelles
blessures dans le second rapport médical,établi après la remise en liberté du
requérant,qui n’avaient pas été mentionnées dans le rapport médical précédent
correspondant à l’examen effectué lelendemain du placement en garde à vue de
l’intéressé. Elle note que le Gouvernement n’a d’ailleurs nullement expliqué
l’origine de ces nouvelles blessures.
65. Pour le Gouvernement, les allégations du requérant sont infondées car
l’intéressé s’étaitinitialement plaintd’avoir été frappéuniquement parles trois
particulierset n’avaitdénoncé que quatre mois plus tard les mauvais
traitementsallégués.Aux yeux de la Cour, cet élément n’est pas à lui seulen mesure,
eu égard notamment au contenu du second rapport médical produit par le
requérant,d’écarter les allégations de ce dernier.
66. La Cour relève que le parquet ne semble pas avoir cherché à identifier les
éventuels témoins de l’altercation survenue dans la rue, afin de vérifier l’étendue
des blessures subies par le requérant à cette occasion. Elle souligne également
l’absence de toute explication des autorités étatiques sur l’origine des blessures
supplémentaires constatées lors du second examen médical du requérant
(paragraphe Error: Reference source not found ci-dessus) ; il apparaît donc que les
autorités ontentériné la version des faits des policiers sans mener d’investigations
plus approfondies.
67. En conséquence, vu l’ensemble des éléments soumis à son appréciation, la
Cour estime qu’il y a eu violation de l’article 3 de la Convention sous son volet
procédural.
68. Quant à la question de savoir si le requérant a été soumis à des traitements
contraires à l’article 3 durant sa détention, la Cour en l’espèce note que, malgré les
deux rapports médicaux susmentionnés, les éléments du dossier ne permettent pas
d’avoir une certitude, au-delà de tout doute raisonnable, sur la cause des lésions du
requérant. A cet égard, elle tient toutefois à souligner que cette impossibilité
découle en grande partie de l’absence d’une enquête approfondie et effective par
les autorités nationales sur la plainte présentée par le requérant pour mauvais
traitements (Lopata c. Russie, no 72250/01, § 125, 13 juillet 2010, et San Argimiro
Isasa c. Espagne, no 2507/07, § 65, 28 septembre 2010).
69. En conséquence, la Cour ne peut conclure à une violation substantielle de
l’article 3 de la Convention s’agissant des mauvais traitements allégués par le
requérant durant sa détention.
IV. SUR LA VIOLATION ALLÉGUÉE DE L’ARTICLE 13 DE LA
CONVENTION

70. Le requérant se plaignait de l’absence, en droit moldave, de recours effectif


relativement à des allégations demauvais traitements.
71. Le Gouvernement conteste cette thèse et invite la Cour àconclure à la non-
violation de l’article 13 de la Convention.
72. La Cour constate que ce grief est, par essence, le même que celuisoumis sous
l’angle de l’article 3 de la Convention concernant l’absence d’enquête effective. Eu
égard à la conclusion relativeà l’article 3 (paragraphe67 ci-dessus), la Cour estime
qu’il n’y a pas lieu d’examiner s’il y a eu, en l’espèce, violation de l’article 13 de
la Convention(voir, entre autres, Colibaba c. Moldova, no 29089/06, § 58,
23 octobre 2007).

V. SUR L’APPLICATION DE L’ARTICLE 41 DE LA CONVENTION

73. Aux termes de l’article 41 de la Convention,


« Si la Cour déclare qu’il y a eu violation de la Convention ou de ses Protocoles, et
si le droit interne de la Haute Partie contractante ne permet d’effacer
qu’imparfaitement les conséquences de cette violation, la Cour accorde à la partie
lésée, s’il y a lieu, une satisfaction équitable. »
A. Dommage
74. Mme Elena Sturzaréclame 20 000 euros (EUR) au titre du préjudice moral que
son neveu aurait subi.
75. Le Gouvernement fait valoir que Mme Sturza n’a pas été directement touchée
par les violations alléguées et qu’elle n’a droit à aucun dédommagement. En tout
état de cause, il estime que la somme réclamée est excessive.
76. La Cour souligne d’abord qu’elle a reconnu que Mme Sturza avait qualité pour
poursuivre la procédure après le décès de son neveu survenu le 15 octobre 2008
(paragraphe 38 ci-dessus). Elle rappelle qu’en pareilles circonstances une personne
habilitée à reprendre l’instance après le décès du requérant peut également se
substituer à ce dernier en ce qui concerne les prétentions au titre de l’article 41 de
la Convention (Malhous c. Républiquetchèque [GC], no 33071/96, § 67, 12 juillet
2001). En l’espèce, la Cour estime que le requérant a dû éprouver une certaine
détresse et subir un traumatisme psychologique liésaux défaillances des autorités
compétentes.Statuant en équité, elle considère qu’il y a lieu d’octroyer à
Mme Sturza 5 000 EUR pour le dommage moral.
B. Frais et dépens
77. Mme Sturza demande également 6 375 EUR pour les frais et dépens engagés
devant les juridictions internes et pour ceux engagés devant la Cour. Selon elle,
cette somme correspond à la rémunération de l’avocat pour quatre-vingt-cinq
heures de travail à raison de 75 EUR de l’heure.
78. Le Gouvernement estime que ce montant est excessif.
79. Selon la jurisprudence de la Cour, un requérant ne peut obtenir le
remboursement de ses frais et dépens que dans la mesure où se trouvent établis leur
réalité, leur nécessité et le caractère raisonnable de leur taux. En l’espèce, compte
tenu des documents dont elle dispose et de sa jurisprudence, la Cour estime
raisonnable la somme de 1 500 EUR tous frais confondus. Après déduction de la
somme de 850 EUR versée par le Conseil de l’Europe au titre de l’assistance
judiciaire,la Cour lui accordela somme de 650 EUR.
C. Intérêts moratoires
80. La Cour juge approprié de calquer le taux des intérêts moratoires sur le taux
d’intérêt de la facilité de prêt marginal de la Banque centrale européenne majoré de
trois points de pourcentage.

PAR CES MOTIFS, LA COUR

1. Déclare, à la majorité,la requête recevable quant aux griefs tirés par le requérant
des mauvais traitementssubis au cours de sa privation de liberté et de l’absence
d’une enquête effective y relative (articles 3 et 13 de la Convention) et irrecevable
pour ce qui est des griefs soulevés par MmeElena Sturza ;

2. Dit, à l’unanimité, que l’Etat défendeur n’a pas manqué aux obligations lui
incombant au titre de l’article 34 de la Convention ;

3. Dit, par six voix contre une, qu’il y a eu violation de l’article 3 de la


Convention sous son volet procédural ;

4. Dit, par quatre voix contre trois, qu’il n’y a pas eu violation de l’article 3 de la
Convention sous son volet substantiel ;

5. Dit,à l’unanimité, qu’il n’y a pas lieu d’examiner le grief tiré de l’article 13 de
la Convention ;

6. Dit, par six voix contre une,


a) que l’Etat défendeur doit verser à Mme Elena Sturza, dans les trois moisà
compter du jour où l’arrêt sera devenu définitif conformément à l’article 44 § 2 de
la Convention, les sommes suivantes, à convertir dans la monnaie de l’Etat
défendeur au taux applicable à la date du règlement :
i. 5 000 EUR (cinq mille euros), plus tout montant pouvant être dû à titre d’impôt,
pour dommage moral,
ii. 650 EUR (six cent cinquante euros), plus tout montant pouvant être dû à titre
d’impôt, pour frais et dépens ;
b) qu’à compter de l’expiration dudit délai et jusqu’au versement, ces montants
seront à majorer d’un intérêt simple à un taux égal à celui de la facilité de prêt
marginal de la Banquecentrale européenne applicable pendant cette période,
augmenté de trois points de pourcentage ;

7. Rejette, à l’unanimité, la demande de satisfaction équitable pour le surplus.


Fait en français, puis communiqué par écrit le 29 octobre 2013, en application de
l’article 77 §§ 2 et 3 du règlement de la Cour.

SantiagoQuesada JosepCasadevall
Greffier Président
HOTARÎRE

CAUZA FEODOROV c. MOLDOVEI

În cauza Feodorov c. Moldovei,


Curtea Europeană a Drepturilor Omului (Secţia a Treia), întrunită în cadrul unei
Camere compuse din:
Josep Casadevall, preşedinte,
Alvina Gyulumyan,
Ján Šikuta,
Luis López Guerra,
Kristina Pardalos,
Johannes Silvis,
Valeriu Griţco, judecători,
şi Santiago Quesada, Grefier al Secţiei,
Deliberând la 1octombrie 2013 în şedinţă închisă,
Pronunţă următoarea hotărâre, care a fost adoptată la acea dată:

PROCEDURA

81. La originea cauzei se află o cerere (nr. 42434/06) depusă împotriva Republicii
Moldova la Curte, în conformitate cu prevederile articolului 34 al Convenţiei
pentru Apărarea Drepturilor Omului şi a Libertăţilor Fundamentale („Convenţia”),
de către dl Sergiu Feodorov („reclamantul”), la 26 septembrie 2006.
82. La 15 octombrie 2008, reclamantul a decedat. La 30 martie 2009, dna Elena
Sturza, mătuşa şilegatarul său universal, şi-a exprimat dorinţa de a continua
examinarea cererii. Ea a prezentat un testament autentic din 18 august 2006 prin
care reclamantul i-a lăsat toate bunurile sale.
83. Reclamantul şi mătuşa sa, care au beneficiat de asistenţa juridică, au fost
reprezentaţi de către dl R. Zadoinov, avocat din Chişinău. Guvernul Republicii
Moldova („Guvernul”) a fost reprezentat de către Agentul său, dl L. Apostol.
84. În cererea sa, reclamantul s-a plâns, în special, de violarea articolelor 3 şi 13
ale Convenţiei.
85. La 18 octombrie 2010, cererea a fost comunicată Guvernului.

ÎN FAPT
I.CIRCUMSTANŢELE CAUZEI

86. Reclamantul s-a născut în anul 1981 şi locuia, la momentulfaptelor, în


Chişinău.

A. Pretinsa maltratare
87. La 26 ianuarie 2006, aproximativ la ora 23.00, reclamantul şi verişorul său au
fost reţinuţi de către poliţie în urma unei altercaţiiîn stradă în care au fost implicaţi
ei şi alte trei persoane, şi au fost duşi cu forţa la Comisariatul de poliţie Buiucani
din Chişinău.
88. La comisariatul de poliţie, cele trei persoane implicate în altercaţie s-au plâns
de faptul că au fost agresate de către reclamantşi verişorul său şi că aceştia din
urmă i-au furat banii. Poliţia l-a percheziţionat pe reclamant şi verişorul său şi a
găsit asupra lor, printre altele, un recipient cu gaze lacrimogene şi o sumă de bani
egală cu suma furată.
89. În aceeaşi zi, împotriva reclamantului a fost intentată o procedură
administrativă pe motivul tulburării ordinii publice, refuzului de a se conforma
reţinerii sale, şi insultării şi violenţei aplicate împotriva agenţilor ordinii publice.
Reclamantul a fost pus sub arest.
10. Potrivit reclamantului, la sediul comisariatului de poliţie, el a fost bătut cu
pumnii şi cu picioarele în cap şi în alte părţi ale corpului de către poliţişti. Potrivit
versiunii Guvernului, reclamantul a fost rănit doar în timpul altercaţiei în stradă cu
cele trei persoane.
90. La 27 ianuarie 2006, Judecătoria Buiucani l-a condamnat pe reclamant pentru
comiterea contravenţiei imputate (paragraful 9 de mai sus) la arest administrativ pe
o perioada de cinci zile.
91. După şedinţa de judecată, reclamantul a fost dus la spital pentru un examen
medical. Instituţia medicală i-a eliberat un certificat la 7 februarie 2006,
careconstata următoarele: fractura de nas fără deplasarea structurilor osoase, plăci
contuze în regiuneapavilionului urechii drepte, în stare de ebrietate.
92. Reclamantul a executat pedeapsa la Comisariatul depoliţie Buiucani şi
Comisariatul General de Poliţie Chişinău.
93. Potrivit reclamantului, la sediul Comisariatul de poliţie Buiucani, el a fost
bătut cu pumnii şi cu picioarele în cap şi în alte părţi ale corpului de către poliţişti.
94. La 1 februarie 2006, reclamantul a fost eliberat.
95. La 2 februarie 2006, reclamantul a fostexaminat de un medic legist. Potrivit
expertizeiacestuia, reclamantul a declarat că la 26 ianuarie 2006, la ora 23.00, el a
fost bătut în stradă de o persoană necunoscută. În raportul său de expertiză,
medicul a menţionat prezenţa unei vânătăi ovale în jurul ochiului stâng de culoarea
violet gălbuie de dimensiunea 5,5 cm pe 5 cm, două răni în regiunea temporală şi
pavilionul urechii drepte, acoperite cu cruste maro de dimensiunea 1,5 cmpe 0,6
cmşi 0,1 cmpe 2 cm, şi o vânătaie galbenă de 3 cm pe 4 cm pe obrazul drept.
Medicul a menţionat că leziunile au fost provocate de un obiect dur, contuz, cu o
suprafaţă redusă, probabil în circumstanţele descrise de cătrereclamantşi leziunile
constatate nu prezintă pericol pentru sănătatea acestuia.
96. La 8 februarie 2006, a fost întocmit un alt raport de expertiză medico-
legală,prin care s-a constatat fractura nasului la reclamant. Potrivit acestuia,
reclamantul avea leziuni corporale uşoarecare necesitau un tratament medical pe o
perioadă de laşase la douăzeci şi unu de zile.
B. Plângerile penale depuse împotriva celor trei persoane şi poliţişti
97. La 9 februarie 2006, reclamantul şi verişorul său au depus o plângere
împotriva celor trei persoane implicate în altercaţie. Reclamantul a anexat la
plângerea saraportul de expertiză medicalăîntocmit la 2 şi 7 februarie 2006
(paragrafele 12 şi 16 de mai sus). Verişorul său a afirmat, printre altele, că a folosit
gaz lacrimogen pentru a se apăra.
98. În depoziţiile lor din 20 februarie, 25 februarie şi 6 martie 2006, cele trei
persoane menţionate în plângere au declarat că verişorul reclamantuluii-a atacat
cugaz lacrimogen şi a furat banii de la unul dintre aceştia. Ei au recunoscut că au
răspuns la acest atac prin folosirea forţei fizice împotriva reclamantului şi
verişorului acestuia, care, potrivit lor, erau în stare de ebrietate. Ei au adăugat că
cei doi au opus rezistenţăpoliţieicare a intervenit pentru a opri altercaţiaşi că i-
auinsultat pe eişi pe ofiţerii de poliţie de la comisariat.
99. Prin scrisoarea din 17 martie 2006, comisarul de poliţie de la Buiucani l-a
informat pe reclamant că cele trei persoane împotriva cărora el a depus plângerea
au acţionat în legitimă apărare şi nu sunt responsabili de cele întâmplate.
100. La 12 mai 2006, reclamantul a înaintat o plângere Procurorului General,
printre altele, pe motivul maltratării sale în Comisariatul de poliţie Buiucani.
101. În declaraţiile sale din 30 mai 2006 făcute în cadrul urmăririi penale,el a
declarat că la 26 ianuarie 2006,el a fost bătut de poliţiştiîn incinta secţiei de poliţie.
El a declarat, de asemenea, că a fost maltratat şi în seara următoare în cadrul
Comisariatului de poliţie Buiucani de către ofiţerii de poliţie, pentru a-l determina
să recunoască că furtul a fost comis de către verişorul său.
102. În aceeaşi zi, procurorul a luatdeclaraţii de la verişorul reclamantului, care a
susţinut că poliţia l-a bătut la 26 ianuarie 2006 în drum spre comisariatul de
poliţieşi în interiorul acestuia pentru a obţine mărturii din partea lui.Verişorul a
adăugat că reclamantul a fost, de asemenea, bătut de către poliţişti în biroul
acestora.
103. La date nespecificate, procuratura a interogat cele trei persoane implicate în
altercaţie. Ei au reiterat declaraţiile lor anterioare (a se vedea paragraful 19 de mai
sus). Ei au adăugat căpoliţiştii nu l-au maltratat pe reclamant şi verişorul acestuia
nici în drum spre comisariatul de poliţie şi nici la sosirea acestora în comisariat.
104. La date diferite, procurorul responsabil de acest caz i-a interogat pe cei doi
poliţişti care l-au arestat pe reclamant şi verişorul acestuia, pe ofiţerul de poliţie
care conduce urmărirea penală pe marginea acuzaţiilor de furt, pe
inspectorulsuperior de la poliţia judiciară din cadrul Comisariatului de poliţie
Buiucani şi pe cei doi ofiţeri de poliţie de gardă de la Comisariatul General de
Poliţie Chişinău. Toate persoanele interogate au dezminţit aplicarea relelor
tratamente faţă de reclamantşi verişorul său.
105. La 7 iunie 2006,procurorul a emis o ordonanţa de neîncepere a urmăririi
penale pe marginea plângerii reclamantului,pe motivul ca fapta nu întruneşte
elementele infracţiunii. Acesta a constatat, în special, că leziunile corporale
descrise în raportul de expertiză medico-legală din 2 februarie 2006 (paragraful 16
de mai sus) au fost cauzate reclamantului până la sosirea poliţiei la locul
altercaţieişi că cele trei persoaneimplicate în altercaţieau acţionat în legitimă
apărare.
106. La 16 iunie 2006, reprezentantul reclamantului a atacat ordonanţa sus-
menţionată.
107. Printr-o încheiere din 6 iulie 2006, judecătorul de instrucţie de la Judecătoria
Buiucani a respins recursul reclamantului ca neîntemeiatşi a lăsat în vigoare
ordonanţa de neîncepere a urmăririi penale. Părţile relevante ale încheierii sunt
următoarele:
« (...) la[9]februarie 2006 [reclamantul şi verişorul său] au depus o plângere
împotriva [celortrei persoane], susţinând că au fost bătute de către acestea la 26
ianuarie 2006, la ora 23.00 (...). Potrivit raportuluide expertiză medico-legalădin 2
februarie 2006, [reclamantul] a fost bătut în stradă de către persoane necunoscute
la 26 ianuarie 2006, la ora 23.00, fapt carei-a cauzatleziuni corporale uşoare (...). În
declaraţiile din 30 mai 2006, [reclamantul şi verişorul său] audeclarat că (...)
poliţiştii i-aubătut [în interiorul secţiei de poliţie]. După ce au fost interogaţi,
[poliţiştii] au declarat că nu l-aumaltratat [pe reclamantşi verişorul său] în
interiorul secţiei de poliţie şi că leziunile corporale le-au fost cauzate în timpul
altercaţiei (...).
Potrivit concluziei procurorului din 7 iunie 2006, faptul maltratării reclamantului
de către ofiţerii de poliţie nu a fost stabilit,leziunile corporale [constatate] (...) i-au
fost cauzate în timpul altercaţiei cu [cele trei persoane] (...) şi cei din urmă au
acţionat în legitimă apărare(...).
Mai mult, trebuiede avut în vedere că plângerile [reclamantuluişi verişorului
acestuia] privind aplicarea relelor tratamente au fost depuse cu întârziere cu scopul
de apărare în cadrul procesului penal [pe marginea furtului] (...)”
108. În scopul acumulării tuturor documentelor relevante pentru a depune o cerere
la Curte, la 6 septembrie 2006,reprezentantul reclamantului a cerut procurorului să-
i elibereze o copie a declaraţiilor reclamantului şi verişorului său cu privire la
maltratare.
La 21 septembrie 2006, procurorul i-a eliberat documentele solicitate.
C. Rezultatul procesului penal intentat împotriva verişorului reclamantului
109. Printr-o decizie definitivă a Curţii Supreme de Justiţie din 3 decembrie 2008,
verişorul reclamantului a fost condamnat pentru furtul comis la 26 ianuarie 2006 la
patru ani privaţiune de libertate cu suspendare cu termen de încercare de doi ani.

II. DREPTUL INTERN RELEVANT

110. Dreptul intern relevant în această cauză a fost rezumat în hotărârea Parnov
v. Moldova (nr. 35208/06, § 17, 13 iulie 2010 – această hotărâre este disponibilă
doar în limba engleză).

ÎN DREPT

111. Reclamantul s-a plâns, în temeiul articolului 3 al Convenţiei, pe de o parte,de


relele tratamente la care a fost supus de către poliţiştii în biroul lor şi în
Comisariatul de Poliţie Buiucani şi, pe de altă parte, de lipsa unei investigaţii
eficiente în privinţa acuzaţiilorinvocate.Articolul 3 al Convenţiei prevede
următoarele:
„Nimeni nu poate fi supus torturii, nici pedepselor sau tratamentelor inumane ori
degradante.”
112. De asemenea, reclamantul s-a plâns de lipsa unui recurs intern efectiv, în
sensul articolului 13 al Convenţiei, în privinţa drepturilor sale garantate de articolul
3 al Convenţiei. Articolul 13 prevede următoarele:
„Orice persoană ale cărei drepturi şi libertăţi recunoscute de prezenta convenţie au
fost încălcate are dreptul de a se adresa efectiv unei instanţe naţionale.... (...)”
113. Mai mult, în conformitate cu articolul 34 al Convenţiei, reclamantul s-a plâns
de refuzul procurorului de a-i elibera o copie din dosar de pe declaraţiile salecu
privire la pretinsa maltratare şi astfel a adus atingere dreptului său de a se adresa
fără nici o piedică cu o cerere la Curte. Articolul 34 al Convenţiei, în partea sa
relevantă acestui caz, prevede următoarele:
„(...) Înaltă Parte Contractantă se angajează să nu împiedice prin nicio măsură
exerciţiul eficace al acestui drept.”

I. INTRODUCEREA

114. Curtea notează că reclamantul a decedat la 15 octombrie 2008 şi că mătuşa şi


unica sa moştenitoare, dna Elena Sturza, şi-a exprimat dorinţa de a continua
procesul.
115. Curtea reaminteşte că, în mai multe cauze în care reclamantul a decedat în
timpul procesului, s-a luat în consideraţie dorinţa de a continua procesul exprimată
de către un moştenitor, de către un părinte şi chiar, în dependenţă de circumstanţele
cauzei, de către un potenţial succesor în drepturi (legatar universal), drepturile de
succesiune ale căruia au fost recunoscuteîn cadrul unei proceduri în curs (a se
vedea, printre altele, Deweer v. Belgium, 27 februarie 1980, §§ 37-38, series A nr.
35 ; Vocaturo v.Italy, 24 mai 1991, § 2, series A nr. 206-C, şiMalhous v. Czech
Republic (dec.) [GC], nr. 33071/96, ECHR 2000-XII).
116. În această cauză, Curtea a constatatcă dna Sturza, în calitate de rudă apropiată
şi legatar universal al reclamantului, are un interes legitim de a continuaprocesul şi
Guvernul nu a contestat acest lucru.
117. Prin urmare, Curtea recunoaşte dreptul dnei Sturza de a-l înlocui pe
reclamant în această cauză.

II. FONDUL

A. Cu privire la pretenţiile formulate de dna Sturza


118. În observaţiile sale din 8 aprilie 2011prezentate Curţii, dna Sturza a pretins că
ea înseşi este o victimă a încălcărilor invocate iniţial de către reclamant.
119. Guvernul a susţinut că reclamantul nu are calitate de victimă, şi că ea nu a
fost afectată personal de încălcările în cauză.
120. Curtea consideră că nu este necesar să se exprime cu privire la obiecţia
formulată de Guvern, deoarece pretenţiile dnei Sturza sunt inadmisibile din alte
motive.
121. Curtea reaminteşte că, în conformitate cu articolul 35 § 1 al Convenţiei, ea nu
poate fi sesizată decât „într-un termen de 6 luni începând cu data deciziei interne
definitive”, şi prin urmare ea trebuie să determine dată la care a fost adoptată
„deciziadefinitivă” pentru a aplica regula celor şase luni(Walker v. United Kingdom
(dec.), nr. 34979/97, ECHR 2000-I).
122. În această cauză, Curtea constată că încheierea judecătorului de instrucţie de
la Judecătoria Buiucani din 6 iulie 2006 reprezintă deciziadefinitivăadoptată la
nivel naţional în această cauză (a se vedea paragraful 28 de mai sus). Prin urmare,
pretenţiile dnei Sturza formulate la 8 aprilie 2011 au fost depuse cu întârziere şi,
prin urmare, trebuie respinse în conformitate cu articolul 35 § § 1 şi 4 al
Convenţiei.
B. Cu privire la pretenţiile formulate în temeiul articolului 34 al Convenţiei
123. Reclamantul s-a plâns de ingerinţa în dreptul său de a adresa o
cerereindividuală la Curte, deoarece, potrivit acestuia, procuratura nu a răspuns în
timp util la solicitareasa privind eliberarea unei copii a depoziţiilor sale din dosarul
penal, şi anume a declaraţiei saleşi a verişorului său privind relele tratamente
aplicate asupra lor.
124. Curtea reiterează că este de o deosebită importanţă pentru operarea efectivă a
sistemului de depunere a cererilor individuale, instituit de articolul 34 al
Convenţiei, ca reclamanţii sau potenţialii reclamanţi să poată comunica liber cu
Curtea, fără a fi supuşi oricărei forme de presiune din partea autorităţilor pentru a-
şi retrage sau modifica pretenţiile(a se vedea, printre altele, Akdivar andOthers v.
Turkey, hotărâre din 16 septembrie 1996, Reports of Judgments and Decisions
1996-IV, § 105; şi Aksoy v. Turkey, hotărâre din 18 decembrie 1996, Reports 1996-
VI, § 105). În acest context, „presiune” presupune nu numai o constrângere directă
şi fapte flagrante de intimidare, dar şi fapte sau contacte indirecte şi nepotrivite
destinate să descurajeze sau să împiedice reclamanţii să apeleze la remediul
instituit de Convenţie (a se vedea Kurt v. Turkey, hotărâre din 25 mai 1998,
Reports 1998-III, § 160).
125. În această cauză, Curtea a constatat că la 6 septembrie 2006, reprezentantul
reclamantului a cerut procuraturii să-i elibereze copia documentelor în cauză şi că
aceste documente i-au fost trimise prin poştă la 21 septembrie 2006, prin urmare,
Curtea a concluzionat că reacţia procuraturii a fost promptă. Mai mult, ea observă
că nimic din dosar nu indică asupra faptului că conduita autorităţilor naţionale a
avut drept scop a-l determina pe reclamant să-şi retragă sau să-şi modifice cererea
sau a-l împiedica în vreun alt fel să-şi exercite în mod efectivdreptul săula recurs,
sau că comportamentul lor a avut un asemenea efect.
126. Prin urmare, statul pârât nu şi-a încălcat obligaţiile prevăzute în ultima parte
a articolului 34 al Convenţiei.
C. Cu privire la restul cererii
127. Având în vedere că pretenţiile formulate de către reclamant în temeiul
articolelor 3 şi 13 ale Convenţiei nu sunt în mod vădit nefondate în sensul
articolului 35 § 3 a) al Convenţieişi că nu există nici un alt temei de
inadmisibilitate, Curtea le-a declarat admisibile.
II. PRETINSA VIOLARE A ARTICOLULUI 3 AL CONVENŢIEI

A. Argumentele părţilor
1. Privind pretenţiile de maltratare
128. În cererea sa iniţială, reclamantul a susţinut că el a fost maltratat de către
poliţişti în timpul detenţiei sale, în perioada 26 ianuarie şi 1 februarie 2006, şi că
leziunile corporale constatate în timpul examenelor medicale au fost cauzate
anume de aceste maltratări. Reprezentantul său consideră că Guvernul nu a
prezentat nicio explicaţie plauzibilă care ar contesta prezumţia potrivit căreia
leziunile corporale au fost cauzate în această perioadă.
129. Guvernul a declarat că la început reclamantul s-a plâns de faptul că a fost
maltratat doar de cele trei persoane implicate în altercaţia din 26 ianuarie 2006.
Potrivit Guvernului, reclamantul a spus medicului legist la 2 februarie 2006 că el a
fost lovit de o persoană străină în stradă şi în depoziţiile sale din 9 februarie 2006,
el a spus că a fost bătut de trei persoane. Guvernula subliniat faptul că abia la 30
mai 2006, adică patru luni mai târziu, reclamantul a invocat pentru prima dată în
faţa procurorului faptul că el a fost victimaviolenţei aplicate de către poliţie.
Guvernul consideră că, chiar dacă presupunem că abuzul în cauză a avut loc,
reclamantul trebuia imediat să informeze autorităţile. Având în vedere
circumstanţele cauzei şi comportamentul reclamantului, şi dincolo de orice
îndoială rezonabilă, Guvernul consideră că nu a fost stabilit faptul că
asuprareclamantului au fost aplicate acte de violenţă.
2. Privind pretenţiile legate de lipsa unei investigaţii efective
130. Avocatul reclamantului a declarat că investigaţia efectuată de autorităţile
Republicii Moldova nu a fost minuţioasăşi că procurorul responsabil de această
cauză nu a acţionat imparţial. Mai mult, el a declarat că ofiţerii de poliţie implicaţi
în această cauză nu au fost suspendaţi din funcţiile lor pe timpul investigaţieişi că
nu a fost efectuată nicio acţiune de urmărire penală în birourile poliţiştilor în care
reclamantul a pretins că a fost maltratat.
131. Guvernul a susţinut că investigaţia a fost efectuată rapid şi eficient şi că
procurorul a acţionat prompt, interogându-i, printre altele, pe ofiţerii de poliţie
implicaţi şi pe cele trei persoane implicate în altercație.
B. Aprecierea Curţii
1. Principii generale
132. După cum Curtea a menţionat de multe ori, articolul 3 consfinţeşte una din
valorile fundamentale ale unei societăţi democratice. Acest articol nu conţine
prevederi care să permită excepţii, iar, conform articolului 15 § 2, nicio derogare
de la prevederile sale nu este permisă, chiar dacă este cazul unui pericol public
care ameninţă viaţa naţiunii(Selmouni v. France [GC], nr. 25803/94, § 95, ECHR
1999-V,şi Labita v. Italy [GC], nr. 26772/95, § 119, ECHR 2000-IV). Curtea a
confirmat că, chiar şi în cele mai dificile circumstanţe, cum ar fi lupta împotriva
terorismului şi a crimei organizate, Convenţia interzice în termeni absoluţi tortura
şi tratamentele sau pedepsele inumane sau degradante, indiferent de
comportamentul victimei (Chahal v. United Kingdom, 15 noiembrie 1996, § 79,
Recueil 1996-V, şi Labita, citată mai sus, § 119).
133. De asemenea, Curtea reiterează faptul căatunci când unei persoane îi sunt
cauzate leziuni corporale, în timp ce ea se află în detenţie sau sub un alt control al
poliţiei, orice astfel de leziune va crea o puternică prezumţie că acea persoană a
fost supusă maltratării (Salman v. Turkey [GC], nr. 21986/93, § 100, ECHR 2000-
VII).Ţine de sarcina statului să dea o explicaţie plauzibilă despre circumstanţele
în care au fost cauzate leziunile şi să ofere dovezi referitoare la elementele care
pun la îndoială afirmaţiile victimei, mai ales dacă acestea sunt susţinute de dovezi
medicale (a se vedea, printre altele, Selmouni, citată mai sus, § 87; Soner Önder v.
Turkey, nr. 39813/98, § 34, 12 iulie 2005, şi Dönmüş amd Kaplan v. Turkey,
nr. 9908/03, § 44, 31 ianuarie 2008).
134. În continuare, Curtea reiterează că pretinsa maltratare, care reprezintă o
violare a articolului 3 al Convenţiei, trebuie să fie susţinutăde dovezi pertinente
(Martinez Sala and othersv. Spain, nr. 8438/00, § 122, 2 noiembrie 2004). Pentru
ca faptele pretinse să fie stabilite, trebuie să se adopte standardul probei „dincolo
de orice îndoială rezonabilă”, cu toate acestea, astfel de probe pot rezulta dintr-un
corp de dovezi sau prezumţii incontestabile suficient de grave, precise şi
consecvente(Ireland v. United Kingdom, 18 ianuarie 1978, § 161 in fine, series A
nr. 25, şi Labita, citată mai sus, §§ 121 şi 152).
135. Curtea reiterează faptul că aplicareaforţei fizice în privinţa unei persoane
lipsite de libertate, care nu a fost determinată neapărat de comportamentul
persoanei, umileşte demnitatea umană şi constituie, în principiu, o încălcare a
dreptului său stipulat în articolul 3 al Convenţiei(Ribitsch v. Austria, 4 decembrie
1995, § 38, Series A nr. 336). În plus, necesităţile investigaţiei şi dificultăţile
incontestabile inerente luptei împotriva criminalităţii nu trebuie să ducă la limitarea
protecţiei integrităţii fizice a persoanei (Tomasi v. France, 27 august 1992, § 115,
series A nr. 241-A).
136. Curtea reaminteşte că atunci când o persoană face afirmaţii credibile că a fost
supusă unor tratamente contrare articolului 3 al Convenţiei de către poliţie sau alţi
agenţi de stat, prevederile acestui articol, citite în contextul obligaţiei generale a
statului conform articolului 1 al Convenţiei de a „recunoaşte oricărei persoane
aflate sub jurisdicţia sa drepturile şi libertăţile definite în Convenţie”, impun
efectuarea unei investigaţii oficiale efective. O astfel de investigaţie ar trebui să
permită identificarea şi pedepsirea persoanelor responsabile. Altfel, interzicerea
generală prin lege a torturii, a tratamentelor sau a pedepselor inumane şi
degradante, în pofida importanţei sale fundamentale, ar fi ineficientă în practică şi
ar face posibil, în anumite cazuri, pentru agenţii de stat să comită abuzuri împotriva
persoanelor aflate sub controlul lor, ei beneficiind, astfel, de o imunitate virtuală
(Georgiy Bykov v. Russia, nr. 24271/03, § 60, 14 octombrie 2010; Corsacov v.
Moldova, nr. 18944/02, § 68, 4 aprilie 2006, şi Assenov and others v. Bulgaria,
28 octombrie 1998, § 102, Recueil 1998-VIII).
137. În final, Curtea reaminteşte că investigarea acuzaţiilor grave de maltratare
trebuie să fie rapidă şi minuţioasă. Aceasta înseamnă că autorităţile trebuie
întotdeauna să depună eforturi serioase pentru a afla ce s-a întâmplat şi nu trebuie
să se bazeze pe concluzii pripite sau nefondate pentru a înceta investigaţia sau
pentru a-şiîntemeia deciziile pe acestea(a se vedea Assenov and Others v. Bulgaria,
citată mai sus, § 103şi Batı and others v. Turkey, nr. 33097/96 şi 57834/00, § 136,
ECHR 2004-IV).Ele trebuie să întreprindă toţi paşii rezonabili şi disponibili lor
pentru a asigura probe cu privire la incident, inclusiv, inter alia, declaraţii ale
martorilor oculari şi probele medico-legale (a se vedea Tanrikulu v. Turkey [GC],
nr. 23763/94, ECHR 1999-IV, § 104 şi Gül v. Turkey, nr. 22676/93, § 89, 14
decembrie 2000). Orice omisiune pe parcursul desfăşurării investigaţiei care ar
putea submina capacitatea sa de a stabili cauza leziunilor corporale sau identitatea
persoanelor responsabile riscă să nu corespundă acestui standard (Boicenco v.
Moldova, nr. 41088/05, § 123, 11 iulie 2006).
2. Aplicarea principiilor sus-menţionate la această cauză
138. Curtea observă că părţile nu au ajuns la un acord cu privire la originea
leziunilor corporale ale reclamantului. Potrivit celui din urmă, acestea i-au fost
cauzate de către cele trei persoane şi poliţiştii, în timp ce Guvernul susţine
versiunea potrivit căreia leziunile i-au fost cauzate în timpul altercaţiei, înainte de
sosirea poliţiei
139. Curtea consideră că ea a stabilit faptul că a avut loc o altercaţie violentă în
stradă, şi o parte din leziunile reclamantului au fost cauzate în acest context. De
asemenea, ea a luat act de faptul că reclamantul a depus o plângere împotriva celor
trei persoane în cauză privind altercaţia din 9 februarie 2006 şi leziunile cauzate (a
se vedea paragraful 18 de mai sus). Prin urmare, ea a constatat că nu este clar, dacă
toate leziunile reclamantului au fost cauzate în cadrul altercaţiei din stradă.
140. Curtea observă că reclamantul nu a fost supus unui examen medical înainte
de a fi plasat sub custodia poliţiei, cu toate că un asemenea control ar fi fost util, în
special din cauza versiunilor diferite ale evenimentelor descrise de diferiţi actori.
Ea reiterează că un control medical nu determină doar faptul dacă o persoană poate
fi interogată, dar, de asemenea, în cazuri de pretinsă violare a articolului 3 al
Convenţiei, „eliberează” autorităţile de responsabilitatea legată de originea
leziunilor constatate (Türkan v. Turkey, nr. 33086/04, § 42, 18 septembrie 2008).
141. Curtea notează că reclamantul a fost supus unui examen medical la 27
ianuarie 2006, în ziua în care el a fost plasat în custodia poliţiei, şi, ca urmare a
acestui control, medicii au stabilit ca el avea nasul fracturat, o rană la urechea
dreaptă, şi era în stare de ebrietate (a se vedea paragraful 12 de mai sus). Curtea a
menţionat, de asemenea, că a doua zi după eliberarea sa - şase zile după primul
examen medical - reclamantul a fost examinat de către un alt medic legist la
iniţiativă proprie, care a stabilit leziuni suplimentare, şi anume vânătaie în jurul
ochiului stâng, o rană în regiunea temporală şi o vânătaie pe obrazul drept (a se
vedea paragraful 16 de mai sus). Curtea observă că conţinutul acestor rapoarte
corespunde cudeclaraţiile reclamantului, care a pretins că le-a primit după plasarea
sa în detenţie, inclusiv lovituri la cap.
142. Prin urmare, este de competenţa Curţii să stabilească dacă Guvernul a
prezentat o explicaţie plauzibilă a originii leziunilor reclamantului şi dacă
reclamantula prezentat dovezi împotriva acestor pretenţii.
143. Având în vedere lipsa unui proces-verbal cu privire laplasarea reclamantului
în detenţieîn care ar fi menţionatecondiţiile sale de detenţie şi a unui raport medical
elaborat la acel moment, Curtea consideră că nu a fost demonstrat faptul că
leziunile reclamantului au fost cauzate în altercaţia cu cele trei persoane produsă
anterior reţinerii acestuia. O atenţie deosebită a fost acordată concluziilor privind
leziunile corporale noi,menţionate în cel de-al doilea raport medical,
constatatedupă eliberarea reclamantului, care nu au fost menţionate în raportul de
expertiză anterior efectuat a doua zi după reţinerea reclamantului. Ea notează că
Guvernul nu a explicatoriginea noilor leziuni.
144. Guvernul susţine că pretenţiile reclamantului sunt nefondate, deoarece acesta
s-a plâns iniţial că a fost bătut doar de trei persoane şi a denunţat faptul aplicării
relelor tratamente în privinţa lui abia patru luni mai târziu. În opinia Curţii, acest
argument nu este singurul în acest sens, în special având în vedere conţinutul celui
de-al doilea raport medical prezentat de către reclamant cu scopul de a respinge
afirmaţiile celui din urmă.
145. Curtea a notat că, aparent, urmărirea penală nu a încercat să identifice
potenţialii martori ai altercaţiei din stradăpentru a verifica gradul leziunilorcauzate
reclamantului cu această ocazie. De asemenea, ea a subliniat lipsa oricărei
explicaţii din partea autorităţilor cu privire la originea leziunilor constatate în cea
de-a doua examinare medicală a reclamantului(paragraful 62 de mai sus). Astfel, se
pare că autorităţile au acceptat versiunea evenimentelor descrisă de către poliţişti,
fără a efectua investigaţii suplimentare.
146. Prin urmare, având în vedere toate argumentele prezentate, Curtea a constatat
că a avut loc o violare a articolului 3 al Convenției subaspect procedural.
147. În ceea ce priveşte chestiunea dacă reclamantul a fost supus unui tratament
contrar articolului 3 în timpul detenţiei sale, în acest sens Curtea a remarcat că, în
pofida rapoartelor medicale nominalizate, nu există dovezi incontestabile privind
originea leziunilor corporale ale reclamantului. Cu toate acestea, Curtea a subliniat,
că această imposibilitate se datorează, în mare parte, lipsei unei investigaţii
minuţioase şi eficiente pe marginea plângerii reclamantului care se referă la
acţiunile de maltratare (Lopata v. Russia, nr. 72250/01, § 125, 13 iulie 2010, şi San
Argimiro Isasa v. Spain, nr. 2507/07, § 65, 28 septembrie 2010).
148. Prin urmare, Curtea nu poate conchide că a avut loc o violaresub aspect
material a articolului 3 al Convenţiei în ceea ce priveşte presupusa maltratare a
reclamantului în timpul detenţiei sale.

IV. PRETINSA VIOLARE A ARTICOLULUI 13 AL CONVENŢIEI

149. Reclamantul a pretins că nu a existat un recurs efectiv în dreptul naţional în


privinţa plângerii salede maltratare.
150. Guvernul nu a fost de acord şi a solicitat Curţii să respingă pretenţia privind
violarea articolului 13 al Convenţiei.
151. Curtea consideră că această pretenţie, în esenţă, repetă pretenţia formulată în
temeiul articolului 3 al Convenţiei cu privire la lipsa unei investigaţii efective.
Având în vedere concluzia sa cu privire la articolul 3 al Convenţiei (paragraful 67
de mai sus), Curtea nu consideră necesar de a examina faptul dacă a avut loc o
violare a articolului 13 al Convenţiei (a se vedea, printre altele, Colibaba v.
Moldova, nr. 29089/06, § 58, 23 octombrie 2007).
V. APLICAREA ARTICOLULUI 41 AL CONVENŢIEI

73. Articolul 41 al Convenţiei prevede următoarele:


„Dacă Curtea declară că a avut loc o violare a Convenţiei sau a protocoalelor sale
şi dacă dreptul intern al Înaltelor Părţi Contractante nu permite decât o înlăturare
incompletă a consecinţelor acestei violări, Curtea acordă părţii lezate, dacă este
cazul, o satisfacţie echitabilă”.
A. Prejudiciul
152. Dna Elena Sturza a pretins 20,000 euro (EUR) cu titlu de prejudiciu moral
suferit.
153. Guvernul susţine că dna Sturza nu a fost direct afectată de pretinsele încălcări
şi că aceasta nu are dreptul la nicio despăgubire. În orice caz, acesta consideră că
suma pretinsă este excesivă.
154. În primul rând, Curtea a recunoscut că dna Sturza avea dreptul să continue
procesul după decesul nepotului său la15 octombrie 2008 (a se vedea paragraful 38
de mai sus). Ea a reiterat că, în aceste condiţii,fiind o persoană autorizată să
continue procesul după moartea reclamantului, ea de asemenea putea să-l
înlocuiască pe cel din urmă în privinţa pretenţiilor formulate în temeiul articolului
41 al Convenţiei(Malhous v. Czech Republic [GC], nr. 33071/96, § 67, 12 iulie
2001). În această cauză, Curtea consideră că reclamantul a suferit stres şi traume
psihologice ca urmare aomisiuniiautorităţilor competente. Făcând o evaluare
echitabilă, ea consideră că este necesar de a acorda dnei Sturza 5,000 euro cu titlu
de prejudiciu moral.
B. Costuri şi cheltuieli
155. Dna Sturza a mai pretins EUR 6,375 cu titlu de costuri şi cheltuieli angajate
în faţa instanţelor naţionale şi a Curţii. Potrivit ei, această sumă corespunde
remunerăriiavocatului pentru optzeci şi cinci de ore lucrate la rata de 75 euro pe
oră.
156. Guvernul susţine că această sumă este excesivă.
157. Potrivit jurisprudenţei Curţii, un reclamant are dreptul la rambursarea
costurilor şi cheltuielilor sale doar dacă s-a dovedit că acestea au fost realmente
angajate, necesare şi rezonabile ca mărime. În această cauză, având în vedere
documentele de care dispune şi jurisprudenţa sa, Curtea consideră rezonabil de a
acorda reclamantului suma de EUR 1,500 cu titlu de costuri şi cheltuieli. După
deducerea sumei de EUR 850 plătită de Consiliul Europei cu titlu de asistenţă
juridică, Curtea acordă reclamantului suma de EUR 650.
C. Dobânda de întârziere
80. Curtea consideră că este corespunzător ca dobânda de întârziere să fie calculată
în funcţie de rata minimă a dobânzii la creditele acordate de Banca Centrală
Europeană, la care vor fi adăugate trei procente.

DIN ACESTE MOTIVE, CURTEA,


1. Declară, cu majoritatea de voturi, pretenţia formulată de către reclamant cu
privire la relele tratamente aplicate în timpul detenţiei sale şi lipsa unei investigaţii
efective (articolele 3 şi 13 ale Convenţiei) admisibilă, şi pretenţiile formulate de
dna Elena Sturzainadmisibile;

2. Hotărăşte, în unanimitate, că statul pârât nu şi-a îndeplinit obligaţiile sale în


temeiul articolului 34 al Convenţiei;

3. Hotărăşte, cu şase voturi contra unu,că a avut loc o violare a articolului 3 al


Convenţiei sub aspect procedural;

4. Hotărăşte, cu patru voturi contra trei,că nu a avut loc o violare a articolului 3 al


Convenţiei sub aspect material;

5. Hotărăşte, în unanimitate,că nu este necesar de a examina separat pretenţia


formulată în temeiul articolului 13 al Convenţiei;

6. Hotărăşte, cu şase voturi contra unu,


a) că statul pârât trebuie să plătească dnei Elena Sturza, în termen de trei luni de la
data la care această hotărâre devine definitivă în conformitate cu articolul 44 § 2 al
Convenţiei,următoarele sume care să fie convertite în valuta naţională a statului
pârât conform ratei aplicabile la data executării hotărârii:
i. EUR 5,000 (cinci mii euro) cu titlu de prejudiciu moral, plusoricetaxă care poate
fi percepută,
ii. EUR 650 (şase sute cincizeci euro), cu titlu de costuri şi cheltuieli, plus orice
taxă care poate fi percepută;
b) că, de la expirarea celor trei luni menţionate mai sus până la executarea
hotărârii, urmează să fie plătită o dobândă la sumele de mai sus egală cu rata
minimă a dobânzii la creditele acordate de Banca Centrală Europeană pe parcursul
perioadei de întârziere, plus trei procente;

7. Respinge, în unanimitate, restul pretenţiilor reclamantului cu privire la


satisfacţia echitabilă.
Redactată în limba franceză şi comunicată în scris la 29 octombrie 2013, în
conformitate cu articolul 77 §§ 2 şi 3 al Regulamentului Curţii.

Santiago Quesada Josep Casadevall


Grefier
Preşedinte

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