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Jean Clavreul 

MELMAN Charles 

Date publication : 08/11/2006 

  

Jean Clavreul vient de mourir, je l'ai appris par la presse. Il a été l'un de mes frères 
aînés, ceux sur lesquels je prenais modèle et appui une fois débarqué il y a 50 ans 
dans le milieu psychanalytique. 

Contrairement à bien d'autres - tels Perrier, Rosolato, Granoff, Smirnov, Valabrega, 


Aulagnier, Anzieu, etc. - il est jusqu'au bout resté fidèle à l'enseignement de Lacan. 

À ma surprise naïve, ceux-là, je les avais vus au cours du temps se séparer. Seuls ou 
par paquets, sans motif doctrinal mais avec une fière assurance oedipienne des 
héros. 

Pour qui avait cru que la cure permettait de donner au complexe paternel une 
autre issue que la triviale affirmation de soi, ça avait été autant de coups durs. Mais 
Clavreul s'est distingué, préférant la rigueur intellectuelle et morale au copinage. 

Après la crise provoquée par la dissolution de l'École Freudienne et le putsch 


agencé par Miller en se prétendant le plein pouvoir d'une autorité devenue 
impotente qu'il ne laissait plus personne approcher - pas même le frère bénédictin 
Marc Lacan - Clavreul, Faladé et moi avions fondé le Centre d'études et de 
recherches freudiennes. La grande majorité de l'EFP s'est réjouie de retrouver là un 
possible lieu de travail qui d'emblée eut plus de 600 membres. Ses premiers 
colloques furent passionnants et "Le Discours Psychanalytique" diffusé à plus de 
3000 exemplaires. 

Mais je n'ai pas vu venir le coup, la façon dont s'est rapidement agencé contre mes 
efforts, au moment même de notre commune réussite, une prise à partie 
personnelle, vindicative et persécutrice, dénonciatrice de ma tyrannie et destinée à 
m'éliminer. Aucun fait ni argument ne pouvaient trouver grâce. Solange se tenait 
un peu à l'écart, avec seulement une neutralité malveillante. C'est ainsi qu'a 
sombré la possibilité de trouver sur le champ une digne suite à l'enseignement de 
Lacan et que ses élèves se dispersèrent. 

Plus tard Clavreul fondera avec Safouan "La Convention Psychanalytique" - 


appellation plus politique que doctrinale - et là aussi, semble-t-il, le même 
complexe fraternel conduisit à la séparation. 

Il resta alors à Jean une solitude orgueilleuse qui s'épancha dans plusieurs 
manuscrits vengeurs restés sans éditeurs. 
J'imagine être suffisamment éloigné de la peine qu'il m'a causé, voire du dégât 
provoqué, pour pouvoir dire mon chagrin à sa disparition et rappeler, puisque les 
notices biographiques le négligent, qu'il était resté jusqu'au terme un lacanien, 
c'est-à-dire et même en dépit de ses sentiments, un frère. 

tomado de https://www.freud-lacan.com/getpagedocument/8684 

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