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CHAPITRE SECOND LES ESPRITS SUPERIEURS Le monde ancien avait primitivement de Dieu une notion magni- fique. II se le figurait, non point solitaire et comme perdu dans les déserts du ciel, mais bien comme un puissant et vigilant monarque au milieu d’une cour brillante d’innombrables esprits. Le Seigneur des Esprits, \e Seigneur des deux mondes,le Vigilant, le Seigneur des armées, ou plutét des hiérarchies du ciel, tels sont, entre beaucoup autres, les noms sous lesquels la haute antiquité nous présente Vidée de I'Eternel. Auprés de sa sublime majesté, nous disent les plus ancienhes tradi- tions, sont d’abord rangés trois ordres d’esprits supérieurs. Ils sont ses familiers, ses intimes, ceux qu’il veut bien admettre dans ses con- seils, Tout remplis du feu divin qui rayonne sans cesse de celui qui est I’Btre des étres, la source de toute vie, ces esprits de gloire nous sont représentés eux-mémes comme des flammes vives, comme un feu toujours ardent. On leur a donné le nom de Séraphins, du mot 70 ou WW, combussit, incendit. « Ce nom, dit l’écrivain qui a le plus « savamment parlé des esprits célestes, et dont les siécles postérieurs « n’ont souvent fait que commenter les livres (1): ce nom indique (1) Saint Denis l’Aréopagite, dont l'admirable Traité sur la hiérarchie céleste contient tout ce quia été dit plus tard sur les Anges par les éeri- — 20 — manifestement leur durable et perpétuel altrait pour les choses divines, l’ardeur, V’intensité, 'impétuosité sainte de leur généreux et invincible élan, et cette force puissante par laquelle ils soulévent, transfigurent et réforment 4 leur image les natures subalternes, en les vivifiant, les embrasant des feux dont ils sont eux-mémes dévo- rés, et cette chaleur purifiante qui consume toute souillure, et enfin cette active, permanente et inépuisable propriété de recevoir et de communiquer la lumiére, de dissiper et d’abolir toute obscurité, toutes ténébres (1). » Au second rang des célestes esprits apparaissent ceux qui sont dé- signés sous le nom de Chérubins, c’est-a-dire, selon l’interprétation la plus vraisemblable, assistants, @tres privilégiés et rapprochés de Diev, du mot ans, propinguus, adstans (2). « Le nom des Chérubins « montre qu’ils sont appelés & connaltre et admirer Dieu, 4 contem- « pler la lumiére dans son état originel et 1a beauté incréée dans ses « plus splendides rayonnements; que, participant A la sagesse, ils « se fagonnent 4 sa ressemblance, et répandent sans envie sur les « essences inférieures le flot des dons merveilleux qu’ils ont re~ «© gus (3). > Quand au nom de Trénes que l'on a donné au troisiéme rang des esprits supérieurs, il est particuligrement expressif, et il offre immé- diatement a l’esprit l’idée d’un ordre de créatures élevées, en rapport RAR RRR RAR vains du moyen-Age ou de |’époque moderne, sans en excepter saint Tho- mas et le P. Pétau. Saint Denys était beaucoup lu et médité autrefois, no- tamment le traité que nous citons ici; ce traité et celui dela hiérarchie ecclésiastique ont été le point de départ et comme le type de bien des trai- tés de spiritualité. II n’est pas jusqu’au livre de I'Imitation de Jésus-Christ qui ne produise partout la triple idée fondamentale de ce que saint Denys enseigne sur les hiérarchies du ciel et de la terre et sur les degrés de Véchelle mystique de ces hiérarchies : purgation, illumination, perfection. (1) Voir Ja traduction des QEuvres de saint Denys V'Aréopagite, par M. T’abbé Darboy, ch. vil, pag. 204, in-8*. Paris, 1845, tom. 11, col. 205, de la Patrologie grecque de Migne. (2) Gesenius, édit. Drach. Catholicum lexicon, de Migne. (6) Saint Denys, traduction de M. Darboy, p. 205, —u— de grande proximité avec la Divinité, dontelles sont le siége d’honneur et comme le support immédiat. « Le nom des nobles et augustes « Trénes signifie qu’ils sont complétement affranchis des humiliantes « passions de la terre; qu’ils aspirent, dans leur essor sublime et « constant, a laisser loin au-dessous d’eux tout ce qui est vil et bas; « qu’ils sont unis au Trés-Haut de toutes leurs forces avec une admi- « rable fixité ; qu’ils regoivent d’un esprit pur et impassible les douces « visites de la Divinité ; qu’ils portent Dieu en quelque maniére, et « s'inclinent avec un frémissement respectueux devant ses saintes « communications (4). » Une seconde classe d’intelligences célestes se présente aprés celle que nous venons de contempler. Elle se tient plus loin de la Divinité, elle n’est pas admise au méme degré dans Ja participation 4 ses fa- veurs ; et cependant elle occupe une position bien élevée dans l’échelle des étres. Elle a été désignée par le nom général de Gouverneurs, comme les premiers par celui de Conseillers; elle se compose, comme la premiére classe, d’un triple rang d’esprils célestes, aux- quels on donne les noms de Dominations, de Vertus et de Puissances. « Ces noms révélent les propriétés augustes par lesquelles ces étres supérieurs se rapprochent de la Divinité. « Ainsi, le nom des saintes Dominations désigne, je pense, leur spiritualité sublime et affranchie de toule entrave matérielle, et leur autorilé 4 la fois libre et sévére, que ne souille jamais la tyrannie d’aucune vile passion. Car, ne subissant ni la honte d’aucun esclavage ni les conditions d’une dégradante chute, ces nobles intelligences ne sont tourmentées que du besoin insatiable de posséder Celui qui est la Domination essentielle et !’origine de toute domination ; elles se fagon- nent elles-mémes ct faconnent les esprits subalternes 4 la divine ressemblance ; méprisant toutes choses vaines, elles tournent leur activité vers l’étre veritable, et entrent en participation de son éternelle et sainte principauté. « Le nom sacré des Verlus me semble indiquer cette male et invin- cible vigueur qu’elles déploient dans l’exercice de leurs divines fonc- (1) Ibid, p. 208. tions, et qui les empéche de faiblir et de céder sous le poids des augustes lumiéres qui leur sont départies. Ainsi portées avec énergie a imiter Dieu, elles ne font pas lAchement défaut a !’impulsion céleste ; mais, contemplant d’un ail attentif la vérité suressentielle, originale, et s'appliquant 4 en reproduire une parfaite image, elles s’élévent de toutes leurs forces vers leur archétype, et 4 leur tour s’inclinent, a la facon de la Divinité, vers les essences inférieures pour les transformer. « Le nom des célestes Puissances, qui sont de méme hiérarchie que les Dominations et les Vertus, rappelle l’ordre parfait dans lequel elles se présentent 4 l'influence divine, et l’exercice de leur sublime et sainte autorité. Car elles ne se livrent pas aux excés d’un tyrannique pouvoir; mais, s’élancant vers les choses d’en haut avec une impétuosité bien ordonnée, et entratnant avec amour vers le méme but les intelligences moins élevées, d’un cété elles travaillent 4 se rapprocher de la puis- sance souveraine et principale, de l’autre elles la réfléchissent sur les ordres angéliques par les admiral.les fonctions qu’il leur est donné de remplir. Ornée de ces qualités sacrées, la seconde hiérarchie des esprits célestes obtient purelé, lumiére et perfection en la maniére que nous avons dite, par les splendeurs divines que lui transmet la premiére hiérarchie, et qui ne lui viennent ainsi qu’au second degré de leur manifestation (1). » Enfin, une troisiéme hiérarchie, composée également de trois ordres ou cheeurs, compléte |’ensemble harmonieux de la cour du Roi des rois : c’est la higrarchie des Minislres, et les trois ordres qui la forment sont les Principautés, les Archanges et les Anges. — « Le nom des célestes Principautés (2) fait voir qu’elles ont le secret divin de com- mander avec ce bon ordre qui convient aux puissances supérieures ; de se diriger invariablement elles-méme, et de guider avec autorité les autres vers Celui qui régne par-dessus tout ; de se former, au degré ou c’est possible, sur le modéle de sa principauté originale et de mani- fester enfin son autorité souveraine par la belle disposition de leurs propres forces. (1) Ibid., chap. vitt, pag. 211 et suiv. (2) Ibid., pag. 246 et suiv. — 23 — «Lordre des Archanges appartient & la méme division que les saintes principautés... Il est un milieu hiérarchique ov les extrémes se trouvent harmonieusement réunis... Il a quelque chose de commun avec les Principautés et avec les Anges tout ensemble. Comme les unes, il se tient éperdument tourné vers le Principe sur-esscntiel de toutes choses, et s’applique & lui devenir semblable, et méne les Anges 4 lunité par invincible ressort d’une aulorilé sage et réguliére ; comme les autres, il remplit les fonctions d’ambassadeur, et, recevant des natures supérieures la lumiére qui lui revient, il la transmet avec une divine clarté, d’abord aux Anges, et ensuite par eux 4 l’humanité, selon les dispositions propres de chaque initié. «Gar, on I’a déja vu, les Anges viennent compléter les différents ordres des esprits célestes, et ce n’est qu’en dernier lieu et aprés tous les autres que leur échoit la perfection angélique. Pour cette raison, eu égard 4 nous, le nom d’Anges leur va mieux qu’aux premiers, les fonctions de leur ordre nous étant plus connues et touchant le monde de plus prés. » Effectivement, il faut estimer que la hiérarchie supérieure, et plus proche par son rang du sanctuaire de la Divinité, gouverne le monde par des moyens mystérieux et secrets ; 4 son tour, la seconde, qui renferme les Dominations, les Vertus, et les Puissances, conduit la hiérarchie des Principautés, des Archanges et des Anges d’une fagon plus claire que ne fait la premiére, mais plus cachée aussi que ne fait la troisitme; celle-ci, enfin, qui nous est mieux connue, régit les hiérarchies humaines l'une par l'autre, afin que l'homme s’éléve et se tourne vers Dieu, communie et s’unisse 4 lui, en suivant les mémes degrés par lesquels, au moyen de la merveilleuse subordination des hiérarchies diverses, la divine bonté a fait descendre vers nous les saintes émanations des lumiéres éternelles. C’est pourquoi les théolo- giens assignent aux Anges la présidence de nos hiérarchies, attribuant 4 saint Michel le gouvernement du peuple juif et & d'autres le gou- nement d'autres peuples (1); car I'Eternel a posé les limites des na- tions en raison du nombre de ses Anges. » (1) Dan., x, 13. —~%— Voila le tableau magnifique de la cour du Roi des rois, du Seigneur des Esprits, du Mallre des armées du ciel, siégeant au milieu de ses conseillers, de ses gouverneurs et de ses ministres, et tel que nous le présentent, et dans l'ensemble, et plus ordinairement dans quelques- unes de ses parties, les divers monuments de I’antiquilé. Il n’y a rien peut-étre dont il soit parlé plus souvent que des Anges dans la Bible, et dés les- livres les plus anciens. Voici comment il est fait mention des Esprits supérieurs 4 l'homme et antérieurs 4 l'homme dans le Livre de Job (1) : Ou étais-tu, quand je posai les fondements de la terre? Dis-le moi, si tu possédes la science. Qui en a réglé la mesure, puisque tu le sais? Ou, quia tendu sur elle le cordeau? Sur quoi ses bases sont-elles établies? Ou, qui a jeté sa pierre angulaire? Lorsque les étoiles du matin chantérent ensemble, Etque les enfants de Dieu firent entendre des hymnes de joie? mvbn 32 52, tous les enfants de Dieu, telle est l’expression dont se sert auteur du livre de Job pour désigner les esprits célestes dont il est ici fait mention. « C'est une image magnifique que ce concert des astres et des « Esprits célestes, ces acclamations qui retentissent devant Dieu au « moment de la création, » dit M. Cahen aprés avoir traduit ce beau passage (2); c’est aussi, pouvons-nous ajouter, une preuve bien claire que, dés l’époque, probablement fort reculée, de la vie de Job (quelle que soit dailleurs ’époque précise de la rédaction du poéme biblique de ce nom), on avait la notion des Anges, et une notion toute sem- blable a celle que nous possédons aujourd'hui au sein de I’Eglise. (1) Job., xxxvim, 4-7. (2) La Bible, traduction nouvelle avec I'hébreu en regard, etc., tom. xv, pag. 175, n° 7. —- 56 — L'idée que nous exprimons par le mot Ange est rendue en hébreu par le mot 4N98, terme dérivé de la racine 8, legavit, et qui, par conséquent, signifie 4 la lettre delegatus, nuntius ; c’est l'idée méme d'eyyedos, d’ou viennent Angelus et Ange, et qui veut dire comme en hébreu : envoyé, délégué, ambassadeur. Le syriaque a le mol corres- pondant xond9, et l'arabe 4NID. C'est ordinairement sous ce nom général de qybo que la Bible nous désigne les Anges dans le texte hébreu ; quand aux versions anciennes et aux paraphrases, elles emploient le mot correspondant. Quelquefois cependant des chceurs spéciaux d’Esprits célestes sont désignés par leurs propres noms. Soe

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