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1 Zone axiale du Rif 8 Plateau de Mekhnès - Fès et couloir Fès-Taza 21 Moyen Atlas et Causse
2 Zone rifaine 9 Rharb et Dradère - Soueïre 22 Haut Atlas occidental
3 Z one e t ri des pré r ifa ine s 10 Meseta 23 Massif ancien du Haut Atlas
4 Bas Loukkos 11 Rehamna 24 Haut Atlas calcaire
5 T a ng é r o i s 12 Chaouia côtière et plaine de Berrechid 25 Haut Atlas oriental -Tamlelt
6 Kerte 13 Plateau des Phosphates
7 Gareb et Sou Areg 14 Doukkala - Abda Domaine du sillon sud-atlasique
15 Sahel de Safi à Azemmour
Domaine du Maroc Oriental 16 Tadla 35 Sou ss et b as sin de Ti zn it
17 B ah ira 36 Bassin de Ouarzazate
26 Haute Moulouya - Itzer 18 Jbilete et Mouissate 37 Bassin Ksar es Souk_ Boudenib
27 Moyenne Moulouya 19 Haouz de Marrakech
28 Rekka me 20 Synclinal Essaouira -Chichaoua Domaine anti -atla sique
29 Chaîne des Horsts
30 Hauts P lateau x 38 Anti-Atlas- zone axiale
31 Guercif 39 An ti -A tla s o r ient al
32 Couloir Taourirt - Oujda. 40 Moyenne vallée du Drâ
33 Bni-Bou -Yahi - Bn i-Snassene 41 Bas-Drâ et Rani
34 Triffa 42 S e ya d - N ou n
43 Sud du Drâ et Hamada du Drâ
44 Tafilalt
45 Maidère
46 Hamada du SE
par
Le domaine Atlantique qui fait l'objet des descriptions du présent tome numéro deux
de l'ouvrage « Ressources en Eau du Maroc » est encadré au N par la chaîne rifaine qui,
avec son prolongement du Maroc oriental, a fait l'objet du tome premier, et à l’E et au S par
la chaîne atlasique qui avec le Maroc sud-atlasique fera l'objet du tome trois et enfin à l'W
par l'océan Atlantique (fig. 1).
Les plaines et plateaux du versant Atlantique du Maroc sont isolés du reste du pays
par deux hautes chaînes montagneuses, le Rif et l'Atlas, qui constituent des barrières
naturelles à de nombreux titres et confèrent à ce domaine une homogénéité d'ensemble qui
s'avèrera pourtant très relative en pénétrant plus avant dans le détail ; ceci ne saurait par
trop étonner si l'on considère que le domaine s'étend sur 4 degrés de latitude (entre les
parallèles 31 et 35 degrés N) et 6 degrés de longitude (entre les méridiens 4 et 10 degrés W)
et s'étend sur une superficie de l'ordre de 80 000 km2 représentant le sixième du Maroc. Ce
domaine contient des potentialités naturelles abondantes par comparaison au reste du pays.
Si l'Etat effectue depuis plusieurs années des actions de développement de toutes natures
sur l'ensemble du territoire, il faut bien reconnaître que la plupart des actions les plus
amples, les mieux réussies et les plus rentables intéressent ce domaine Atlantique qui
détient à lui seul en dépit de son étendue relativement restreinte, à peu près les trois quarts
du potentiel de production économique du Maroc, tout comme il recèle les 2/3 des terres
irriguées pérennes, plus des 2/3 du potentiel hydraulique, les 2/3 de la population et les 4/5
des industries.
PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
Le domaine Atlantique, c'est avant tout 600 km de d'autre, de vieux massifs primaires très érodés et d'al-
côtes entre Larache au N et Essaouira au S. Puis vient une titude modeste (500 à 1 500 m) qui sont la Méséta
bande plus ou moins large de basses plaines côtières centrale, les Rehamna et les Jbilete, des plateaux et
d'altitude inférieure à 200 mètres. Entre ces plaines hautes plaines compris entre 200 et 600 mètres
côtières et les massifs montagneux élevés du Rif et de d'altitude où les développements de l'irrigation
l'Atlas (plus de 3000 m d'altitude) se situent, de part et permettent une agriculture prospère.
22 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
Cette côte, redoutée jadis des plus audacieux à l'embouchure du Tensift, de hautes falaises constituées
navigateurs, est dans l'ensemble monotone, rectiligne et de terrains crétacés, dominent l'Océan de plusieurs
sans abri naturel. Secouée par des tempêtes violentes, dizaines de mètres ; le cordon dunaire existant partout
elle demeurait avant l'édification de ports modernes ailleurs disparaît dans ce secteur. Au S de l'oued
fréquemment inabordable en hiver pendant des semaines Tensift, les dunes vives réapparaissent et prennent
entières, lorsque la barre y développe sa frange de autour d'Essaouira une extension qu'elles n'ont nulle
rouleaux créés par le déferlement d'une houle part ailleurs sur la côte.
qu'engendrent des perturbations atmosphériques très
éloignées, sur une plate-forme continentale large et peu En arrière immédiat de la côte se situe la zone des
profonde. dunes du Quaternaire ancien, mortes et fixées,
constituant le Sahel. Celui-ci est formé de sols légers et
La côte est constituée assez généralement par une sablonneux faciles à labourer et s'échauffant
dune sableuse récente plus ou moins consolidée en grès, rapidement. Le profil des dunes, quoique très émoussé,
d'altitude comprise entre 5 et 20 mètres et rarement impose au littoral une morphologie caractéristique faite
fixée par la végétation. Au N de Rabat et jusqu'à
Larache une plage presque ininterrompue de sables fins, de longues croupes parallèles à la côte, séparées par des
plus ou moins recouverte pendant le flot, s'étend au pied sillons à fond plat s'allongeant en dépressions plus ou
de la falaise dunaire. Entre Rabat et Meddouza, les moins marécageuses. Ces dunes anciennes contiennent
plages de sables fins alternent avec des promontoires ro- une nappe phréatique facile à exploiter et souvent assez
cheux (chicots de socle primaire ou grès du Quaternaire riche, ce qui fait du Sahel très tempéré par la proximité
ancien) et se trouvent parfois isolées de la mer ouverte de l'Océan, une zone à vocation d'agriculture intensive,
par une barre rocheuse qui protège une lagune encouragée par la facilité d'écoulement des produits
(Oualidia). De part et d'autre de Safi, de Meddouza vers les grandes villes proches du littoral.
La chaîne du Rif vient plonger au N dans irrigations à 200 000 ha d'ici l'an 2 000 ; l'exécution de
l'Atlantique en enserrant la basse plaine du Loukkos ce plan a été entamée en 1970.
qui appartient naturellement au domaine Atlantique
mais a été traitée par ailleurs (tome 1, chapitre 4). Les Au S du bassin Rharb-Mamora, la frange littorale
dernières collines prérifaines séparent la plaine du de la Méséta centrale marocaine correspond à une
Bas-Loukkos au N de la plaine du Rharb-Mamora au bande étroite et basse (altitude de 100 à 200 m) où le
S. socle primaire est recouvert de sols peu épais mais qui
portent des cultures céréalières et des pâturages, faute
Le bassin du Rharb-Mamora est une vaste cuvette de nappe phréatique en dehors du Sahel côtier voué au
fermée dont le centre, occupé par l'oued Sebou, a une maraîchage. Entre Rabat et Azemmour, la plate-forme
altitude inférieure à 10 mètres alors que les bords ne primaire est profondément entaillée (de l'ordre d'une
dépassent pas une centaine de mètres. Vers la mer, la centaine de mètres) par des rivières dont l'eau, située à
cuvette est également fermée par le Sahel dunaire une côte trop basse par rapport au sommet des rives,
large de 5 à 25 km et haut de 30 à 50 mètres. La plaine est de ce fait inemployée, même lorsque les oueds ne
est subsidente et fait l'objet d'un alluvionnement sont pas temporaires (Bou-Regreg – Mellah - Oum-er-
important depuis le Miocène par le Sebou, fleuve le Rbia). Des arêtes de quartzites durs appartenant au
plus abondant du Maroc et qui la traverse d'E en W. socle primaire font parfois saillie dans le paysage, du
Le fleuve s'écoule entre ses propres levées de berges plateau côtier, en rompant la monotonie.
qui dominent la plaine environnante, et déborde
fréquemment, provoquant des inondations Au S de l'Oum-er-Rbia, la plaine des Abda-
catastrophiques et très redoutées. Cette plaine fertile Doukkala est un autre bassin alluvionnaire fermé qui
où 50 000 ha de cultures riches sont irriguées a fait possède la particularité de n'être parcouru par aucune
l'objet d'un plan d'aménagement destiné à étendre les
Limites du domaine atlantique
Limite de bassin hydrogéologique Targuist
8 Plaine de Meknès-Fès et couloir de Taza OUEZZANE
9 Plaine du Rharb et bassin de Dradère
10
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Meseta centrale et Meseta côtière OUED DOMAINE
Massif de Rehamna
12 Chaouia intérieur et Chaouia côtière RIFAIN Ouarrha
13 Plateaux des Phosphates
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rivière permanente. Les oueds torrentiels qui y Essaouira n'est pas pérenne à ce niveau car ses eaux
débouchent en provenance du massif des Rehamna sont totalement utilisées à l'amont pendant l'été. Au
n'ont plus aucun exutoire et s'épandent dans la plaine, Sud du Tensift, l'altitude se relève et l'on peut parler
s'infiltrant dans le sol perméable et s'évaporant après d'un plateau côtier d'Essaouira, interrompu par des
avoir causé des dégâts aux aménagements mis en place. chaînons montagneux qui se rattachent au système
Cette plaine possède beaucoup de sols de bonne qualité atlasique. Cette région méridionale de la zone côtière
; un périmètre moderne d'irrigation est en cours atlantique est la plus pauvre en eau, tant souterraine
d'équipement à partir des eaux de l'Oum-er-Rbia et que superficielle ; en outre les sols sont peu épais et
atteindra 30 000 ha en 1972 sur 65 000 ha au moins généralement sableux, ce qui explique qu'en dépit d'un
envisagés actuellement et 125 000 ha potentiels. climat très doux, l'agriculture ne soit pas prospère et
Le Tensift qui se jette à l'Océan entre Safi et possède un fort caractère aléatoire.
Trois massifs anciens et très érodés brisent avec une de pommiers (Oulmès) et quelques exploitations
direction E-W l'extension du N vers le S des basses minières.
plaines. Ce sont successivement la Méséta centrale, les Les Rehamna ont la même constitution géologique
Rehamna et les Jbilete. que la Méséta, mais demeurent à une altitude plus basse
(moins de 700 mètres) et se situent déjà beaucoup plus
La Méséta centrale est une succession de plateaux
à l'intérieur des terres. Les précipitations (300 mm/an)
tabulaires d'altitudes croissantes d'W en E, atteignant
sont plus que deux fois inférieures à celles reçues par la
1400 m au pied de l'Atlas et culminant à 1 650 m.
Méséta ; cette région est avec les Jbilete la moins
Constituée de roches primaires schistes, quartzites et
peuplée du Maroc atlantique. Cependant, grâce à cette
granites, la Méséta est fortement entaillée par les
vallées profondes des réseaux hydrographiques du Bou- faible densité, les habitants des Rehamna qui disposent
Regreg et du Beth. Les sols provenant de la de vastes parcours, sont moins démunis que certaines
tribus d'autres régions plus à l'étroit sur de meilleurs
décomposition des roches primaires sont des plus
sols.
médiocres et il n'existe pas de nappe d'eau souterraine
Les Jbilete ne sont séparés des Rehamna que par le
étendue dans le substratum. C'est l'abondance des
plateau des Ganntour et la plaine de la Bahira. Ils sont
précipitations grâce à la proximité de l'océan et à
l'altitude qui donne à cette région d'excellentes peu élevés puisqu'ils culminent vers 1 000 m, mais
aptitudes pastorales et une vocation forestière. On y possèdent des caractères encore un peu plus
continentaux que les Rehamna de sorte que les deux
note en outre quelques cultures céréalières, des vergers
massifs, de même constitution, sont très semblables.
Dans la partie septentrionale du domaine At- établit des conditions très normales à la culture des
lantique, le bassin côtier du Rharb-Mamora se poursuit céréales sans irrigation ; le plateau de Meknès-Fès
vers l'E par le plateau de Meknès-Fès prolongé jusqu'à porte de riches terres à blé qui sont parmi les plus
Taza par le couloir sud-rifain ; ce secteur est bien prospères du Maroc. La prairie dense, formation
circonscrit par le Rif, le Moyen Atlas et la Méséta végétale la mieux adaptée à la modération du climat,
centrale. La disposition du relief de ce couloir en fait la permettrait également un élevage prospère ; les croupes
voie de passage la plus importante de l'Afrique du Nord marneuses et les piémonts montagneux qui bordent les
; cette fonction géographique s'est épanouie en un rôle plateaux portent des arbres fruitiers, oliviers surtout au
historique prestigieux lorsque les Idrissides établirent à N, mais aussi cerisiers (Sefrou), pommiers, vignes et
Fès au IX e siècle les bases de l'Etat chérifien. Le pla- agrumes. Fès et Meknès sont deux très grandes villes à
teau, dont le soubassement calcaire poursuit le massif vocation commerçante, dont le rôle historique est
du Moyen Atlas, recèle une nappe d'eau souterraine considérable.
abondante qui dégorge en de grosses sources, utilisées
Au S de la Méséta centrale, la présence de sédiments
de longue date pour l'irrigation. Par ailleurs,
crétacés et éocènes sur le socle primaire individualise
l'humidité océanique pénètre jusqu'à ces régions et
les plateaux des Phosphates et des Ganntour qui sont
DOMAINE ATLANTIQUE 25
GEOLOGIE (fig.3)
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SCHEMA GEOLOGIQUE TRES SIMPLIFIE
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E DU DOMAINE ATLANTIQUE
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CLIMATOLOGIE
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Moins de 200 mm/ an
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FIG. 5 -
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LATITUDE EN DEGRES
Pluviosité moyenne
annuelle en fonction de
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littoral Atlantique
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FIG 6. Diagrammes pluviothermiques selon quatre coupes méridiennes dans le domaine atlantique
32 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
et N-S du domaine Atlantique. courant des Canaries qui circule au large. Le climat
littoral (amplitude comprise entre 15 et 25°C) est le
L'amplitude thermique extrême moyenne (moyenne fait d'une bande large d'une quarantaine de kilomètres
des maxima moins la moyenne des minima) a été et qui s'étend sur toute la frange côtière. Les plaines et
cartographiée (Debrach, 1953). Lorsque l'amplitude est plateaux intérieurs du domaine ont un climat semi-
inférieure à 15°C le climat est qualifié d'insulaire ; ce continental avec amplitudes thermiques comprises
climat se rencontre en un seul lieu au Maroc, dans la entre 25 et 35°C. Seuls les reliefs élevés de la Méséta
région côtière d'Essaouira au SW du domaine centrale ont un climat continental marqué, à amplitude
Atlantique, conséquence des montées d'eaux froides du thermique extrême supérieure à 35°C.
HYDROLOGIE SUPERFICIELLE
(fig. 7)
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18 Jbilete et Mouisssate Qe = 0 TAZA
19 Haouz de Marrakech CHERRATE V= 50 Qe = 0 Salé FES
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TENNSIFT Limite des bassins versants hydrologiques
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KSOB V = 110
Qe = 0 Bassin fermé, endoreïque
ESSAOUIRA MARRAKECH Station hydrologique du réseau national (1971)
O.
O. K 20 Ressources en eaux superficielles à lembouchure des
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E principaux bassins hydrologiques
I N V Apports annuels moyens naturels (en 10E6 m³/an )
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FIG. 7 - Bilan des ressources en eaux superficielles à l'embouchure des principaux bassins, en modules annuels et à l'étiage. Situation du réseau
national de mesures de la Division des Ressources en Eau (1971).
34 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
- KSOB (1 700 km2). Ce petit bassin côtier très régionales sur ces bassins qui constituent à chaque
méridional du domaine Atlantique, peu arrosé et fois des cas particuliers (Doukkala - plaine de
situé sur des formations essentiellement im- Berrechid - Bahira).
perméables a des apports moyens annuels mesurés
depuis peu et de ce fait imprécis. Pour la période RESSOURCES EN EAU SUPERFICIELLE
1965-1970, ces apports seraient de l'ordre de 110
millions de mètres cubes par an. Sur la figure 7 sont mentionnés les apports moyens
Les étiages sont pratiquement nuls, mises à part annuels à la mer des grandes rivières du domaine
quelques résurgences de nappes à proximité de Atlantique. La somme de ces apports représente une
l'embouchure, résurgences utilisées dans leur totalité ressource de 11940 millions de mètres cubes (ou 379
pour l'alimentation en eau potable de la ville m3/s fictifs continus) ; si l'on y ajoute les ressources
d’Essaouira. Un aménagement par barrage d'accu- des bassins endoréiques, on obtient un total un peu
mulation pourrait être envisagé, à condition d'utiliser supérieur à 12 milliards de m 3/an (ou 380 m 3/s) chiffres
l'ouvrage à plusieurs fins : irrigations et alimentation en que l'on retiendra. Par ailleurs le domaine Atlantique
eau potable de la ville d'Essaouira ; un tel projet mérite peut disposer, lors du mois de l'année le plus sec, d'au
d'être examiné. moins 41,5 m3/s pérennes (soit 64 % des ressources
pérennes des rivières du Maroc). Ainsi, le domaine
BASSINS ENDOREIQUES Atlantique voit transiter dans ses rivières environ 58 %
Un certain nombre de bassins fermés, ne possédant du volume total des ressources en eau superficielle du
aucun exutoire superficiel pour les eaux de pluie qui Maroc alors qu'il ne représente que 20 % de la
les arrosent, existent dans le domaine Atlantique. Les superficie du Pays. Bien entendu ces ressources
eaux de pluies ne possèdent alors que deux issues : proviennent pour une très grande part du domaine
infiltration puis écoulement hors du bassin, ou bien atlasique qui domine le domaine Atlantique, mais qui
évaporation, les deux possibilités étant souvent ne peut guère utiliser ses propres ressources sur place
combinées. On reviendra dans les descriptions en raison de son relief accidenté.
HYDROGEOLOGIE
(fig. 8)
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Ressource : 85 Mm³ (80% exploités)
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Ressource : 75 Mm³ (90% exploités)
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Ressource : 320 Mm³
NAPPES ABDA-DOUKKALA-SAHEL ro (40% exploités)
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Ressource 100 Mm³ (50% exploités) SETTAT
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L Ressources 200 Mm³ (10% exploités)
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NAPPE DE LA BAHIRA RBIA NAPPE DE TADLA
Benguerir Beni Mellal Ressource 400 Mm³ (25% exploités)
Ressource 100 Mm³ (20% exploités)
el
O. ul
17 Mello
el Kalâa des Srarhna
NAPPE ESSAOUIRA CHICHAOUA Asif
OU
Ressources 150 Mm³ (20% exploités) ED 18
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TENNSIFT
NAPPES PHREATIQUES
ESSAOUIRA MARRAKECH
O. 20
O.
19
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I N Aquifères divers d'âges secondaire ou teriaire
A
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s
FIG. 8 – Bilan des ressources en eaux souterraines par aquifères, avec indication du
taux d’exploitation (1971) d'exploitation (1971).
DOMAINE ATLANTIQUE 37
plaine des Doukkala, plateaux côtiers d'Akermoud et petits exploitants agricoles, maraîchers essentiel-
d'Essaouira. lement. Des captages à haute productivité ont été
exécutés un peu partout pour l'alimentation en eau
Les bassins sont de moins en moins bien arrosés par potable des centres urbains (Rabat, Casablanca,
les pluies au fur et à mesure que l'on descend du N Kénitra, Berrechid, Essaouira), de très nombreuses
vers le S. De 600 mm/an au N, la pluviosité décroît petites agglomérations et des industries. On a
progressivement jusqu'à 300 mm/an au S. Ce facteur couramment à se préoccuper pour ces aquifères
est particulièrement important car l'alimentation côtiers, des risques d'invasion marine à la suite de
naturelle de ces nappes est imputable essentiellement à mises en exploitation intensives ; à l'heure ac tuelle,
l'infiltration des eaux de pluies. Rien d'étonnant par ce phénomène est peu prononcé, sauf cas particuliers.
conséquent à ce que les nappes des bassins du N
soient plus riches que celles des bassins du S.
LES AQUIFERES FLUVIO-LACUSTRES
D'autres facteurs entrent néanmoins en jeu, dont PLIO-QUATERNAIRES
l'existence éventuelle d'un recouvrement superficiel
limoneux (Mamora-Chaouia intérieure, Doukkala, Les formations de piémont, d'origine fluviale ou
plateaux d'Akermoud et d'Essaouira) ou l'épaisseur fluvio-lacustre, provenant de l'érosion des chaînes
des niveaux gréso-sableux constituant les réservoirs; atlasiques, se sont accumulées en certaines grandes
les épaisseurs sont plus grandes dans les zones sub - cuvettes dont les principales sont le Tadla, le Haouz
sidentes (Dradère-Soueïre, Rharb, Sahel des Douk- de Marrakech et le bassin de Meknès-Fès. Des épais-
kala) que sur les plates-formes stables telle la Méséta. seurs souvent importantes (pouvant atteindre une
centaine de mètres) de sédiments graveleux et cail -
La qualité hydraulique des réservoirs gréso- louteux, calcareux (d'origine lacustre), limoneux et
sableux du Plio-quaternaire est d'une constance assez argileux, se sont entassées de façon assez
remarquable. Les perméabilités varient évidemment capricieuse. Elles constituent cependant des
selon les proportions de grès et de sables, mais réservoirs aquifères de premier ordre, souvent très
apparaissent en moyenne très voisine, d'une région à abondants. Ces aquifères se situent dans des régions
l'autre, lorsque l'on dispose de suffisamment de assez peu arrosées en général (sauf en ce qui
mesures pour calculer une moyenne significative ; concerne Meknès-Fès) si bien que l'alimentation
cette moyenne est toujours comprise entre 2 et 5.10 -4 directe des nappes par l'infiltration de la pluie est un
m/s. Il y a encore lieu de noter que des circulations phénomène sans grande importance. L'alimentation
karstiques importantes ont été signalées à maintes des réservoirs s'effectue naturellement, surtout par
reprises dans les zones les plus gréseuses de cet l'infiltration des eaux de surface, et elle a été
aquifère (captage de Taïcha en zone côtière de la considérablement accrue pas l'intervention de
Mamora - source de Aïn-Reboula dans la nappe de l'homme qui provoque des épandages artificiels par le
Temara - grotte de Douar Debagh à Rabat - puits de fait d'irriguer ; le transport des eaux dérivées à la
Zemamra dans le Sahel des Doukkala, etc.). sortie de la montagne jusqu'à la plaine par des canaux
en terre non revêtus et l'épandage d'irrigation
On observe assez fréquemment dans ces aquifères, supérieure aux besoins des plantes provoquent des
la mise en charge de l'eau des niveaux inférieurs par infiltrations importantes. Ainsi, dans le Haouz où la
des couches limoneuses moins perméables (Dradère, tradition d'irriguer est ancienne et la nappe en
zone côtière du Rharb, Chaouia intérieure) ou par un équilibre, on remarqué que les débits de front de
recouvrement superficiel récent, d'âge quaternaire nappe, négligeables près des piémonts, s'accroissent
(Rharb). Les niveaux en charge, d'une bonne au fur et à mesure que l'on s'avance vers l'aval dans
productivité en général, sont exploités grâce à des des proportions n'ayant aucune mesure avec ce qu'il
forages habituellement réalisés par la méthode rotary. serait pensable d'attribuer à des infiltrations
provenant de la pluie. Au Tadla, où l'irrigation est
Les nappes du Plio-quaternaire gréso-sableux sont récente et a été appliquée de façon massive, les
très exploitées lorsque le niveau d'eau est peu nappes des Beni-Amir et Beni-Moussa, jadis pauvres
profond (zone côtière de Kénitra à Azemmour-Ber- et profondes, sont maintenant presque parvenues au
rechid). Sinon, des moyens techniques et par con - niveau du sol et nécessitent l'exécution de dispositifs
séquent financiers importants s'avèrent indispensa bles de drainage superficiel.
pour vaincre les difficultés de creusement des puits
dans des formations alternativement gréseuses et Les qualités hydrauliques de ces réservoirs sont
sableuses qui s'éboulent facilement d'une part, et extrêmement variables d'un secteur à un autre et
d'autre part présentent des passages consolidés très même parfois entre deus points voisins. On possède
durs ; ces moyens ne sont souvent pas à la portée des désormais, à la suite de nombreuses années d'études
38 RESSOURCES EN EAU DU MAROC
systématiques et détaillées, une bonne connaissance de plateau des Phosphates (n° 13) et la Bahira (n° 17).
ces grands aquifères, ce qui permet d'y implanter des
captages importants avec le maximum de chances de La barre calcaire du Turonien, bien qu'épaisse d'une
succès. Il ne faut surtout pas omettre de considérer, dans ces trentaine de mètres environ, s'est avérée être un
secteurs, pour chaque application, la qualité chimique excellent aquifère en quelques points du Tadla (n° 16) et
de l'eau qui, souvent recyclée plusieurs fois, se détériore du plateau des Phosphates (n° 17). Cependant elle
jusqu'à devenir inutilisable en certains endroits. s'enfouit très rapidement du N au S, sous ces bassins, et
de ce fait n'a encore été explorée qu'en de rares points,
Les trois grands aquifères d'origine fluvio-lacustre du ce qui ne permet pas d'avoir une idée très précise sur ses
domaine posent des problèmes tout à fait différents aux possibilités. Il en est de même de la formation des
hydrogéologues. Le plateau de Meknès-Fès est mis en calcaires de Dridrate (Crétacé inférieur) de la région de
valeur par des dérivations de petits oueds et par le Safi (bassin n° 15).
captage de sources et résurgences aux débits très
importants, mais grevés de droits d'eau très anciens Les formations calcaires du Lias du Moyen Atlas se
perpétuant un mode d'exploitation qu'il est très difficile prolongent vers le N sous le plateau de Meknès-Fès et le
de songer à modifier car aucun apport d'eau couloir sud-rifain (bassin n° 8) en s'enfonçant
supplémentaire provenant de réserves nouvelles progressivement du S vers le N. Puissantes et bien
(superficielles en particulier) ne peut être assuré, sauf alimentées en eau par le Moyen Atlas montagneux, ces
investissements déraisonnables. La plaine du Tadla par calcaires dégorgent leurs réserves d'eau dans le bassin
contre, est abondamment irriguée par des apports massifs n° 8 à l'occasion d'accidents géologiques (failles et
d'eaux provenant de réservoirs superficiels ; ces apports flexures). Par ailleurs, des forages profonds ont atteint
ont alimenté et constitué une nappe abondante qu'il faut cet aquifère et l'exploitent. Dans la réalité, la distinction
désormais drainer, mais qui commence déjà à être utilisée entre l'origine des sources (nappe phréatique ou nappe
comme un réservoir supplémentaire permettant de profonde) est souvent malaisée et il est assez difficile
recharger les canaux d'irrigation en certaines périodes de d'effectuer un bilan des réserves de chacune des nappes.
l'année. La nappe du Haouz enfin, est exploitée de longue On trouvera un exposé détaillé de la méthode adoptée
date pour l'irrigation par des ouvrages originaux, les (modèle analogique électrique) mis en oeuvre pour
rhettaras (drains souterrains de confection traditionnelle) mieux approcher ce problème.
et depuis une trentaine d'années par des stations de
pompage modernes ; une extension de la mise en valeur BILAN DES RESSOURCES
grâce à l'irrigation massive par des apports d'eau super- EN EAUX SOUTERRAINES
ficielle d'une part et l'accroissement des exploitations de DU DOMAINE ATLANTIQUE
la nappe d'autre part, est prévue à court terme. Dans les
trois cas ci-dessus, le problème de la gestion intégrée des La figure 8 constitue un récapitulatif graphique des
ressources souterraines et superficielles est d'ores et déjà ressources renouvelables en eau souterraine du domaine
posé et commence à faite l'objet d'études d'un genre Atlantique. Ces ressources atteindraient, au stade actuel
nouveau, encore jamais abordées au Maroc jusqu'à tout des investigations, un total de l'ordre de 2 100 millions
dernièrement. de m3/an dont 40 % seraient utilisés en 1971.
On entend désigner sous ce terme des nappes - L'atmosphère par évaporation. Cette issue qui
généralement en charge, situées dans des aquifères concerne presque toutes les nappes dans les secteurs
nettement séparés (par un horizon imperméable ou semi- ou elles sont peu profondes constitue l'exutoire
perméable) d'un aquifère superficiel contenant une nappe essentiel de certaines parties fermées des bassins n°
phréatique (libre). 9, 17 et 20. On admet un total de 8 m 3/s pour les
pertes par cette voie.
On rencontre des niveaux profonds, suffisamment - La mer par écoulement souterrain, en ce qui
individualisés et étendus horizontalement dans le Plio- concerne les nappes aquifères du littoral appartenant
quaternaire gréseux du Dradère, du Rharb (n° 9) et de la aux bassins n° 9, 10, 12, 14, 15 et 20. Le débit total
Chaouia intérieure (Plaine de Berrechid n° 12). perdu est évalué à 8 m3/s.
- La mer par écoulement superficiel, collecté par les
Des niveaux calcareux ou gréso-sableux de Crétacé rivières qui drainent les excédents des réservoirs
moyen et supérieur ainsi que de l'Eocène renferment des aquifères. Ce volume écoulé par les rivières (24
nappes profondes habituellement assez pauvres sous le m3/s) ne doit surtout pas, sous peine de double
DOMAINE ATLANTIQUE 39
double comptabilisation, être ajouté aux ressources compte dans ces dernières ressources précédem-
en eaux superficielles puisqu'il est déjà pris en ment évaluées à 380 m3/s transitant par le domaine
Atlantique.
REFERENCES
CHOUBERT G. & FAURE-MURET A. (1960-62) : THAUVIN J.P. & ZIVCOVIC Z. (1969) : Quelques données de
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DEBRACH J., GAUSSEN H. & JOLY F. (1958) : Précipitations
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2, pl. n° 4 a. C o m. Géogr. Maroc, Rabat, 36 pp. aux stations de mesures depuis l'origine, document
provisoire. Edit. Direction de l'Hydraulique, Rabat.