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ELEMENTS DE LA PROCEDURE PENALE

Introduction :
I- Présentation de la matière

Définition : branche du droit pénal qui fixe l’organisation et la compétence des


juridictions et des organes répressifs et qui détermine les règles procédurales à suivre
et les garanties de la défense à respecter tant aux trois stades successifs de l’enquête
policière, de la poursuite et de l’instruction, qu’en ce qui concerne le jugement, les
voies de recours et l’application des peines.
La procédure pénale constitue la 3ème composante (à côté du droit pénal général et du
droit pénal spécial) du droit pénal ou criminel qui se définit comme la branche du
Droit qui s’assigne pour objet la lutte contre la criminalité en réglementant le recours
de la puissance publique attitrée à la sanction pénale à travers des règles de fonds (ou
matérielles : DPG et DPS) et de fond (ou procédurales : PP).
Le droit pénal général (DPG) : s’attache à l’étude des règles communes à toutes les
infractions pénales, aux conditions de la responsabilité et aux sanctions.
Le droit pénal spécial (DPS) : traite le régime d’incrimination et de répression propre à
chaque type d’infraction (meurtre, infraction terroriste, infanticide, escroquerie…).

Interférence avec les sciences criminelles ou « sciences auxiliaires du Droit pénal » :

La criminologie : présente les causes de l’évolution (statistique et géographique) de la


criminalité et inspire une adaptation du dispositif organique et juridictionnel en place
(organisation et compétence des juridictions pénales)

La criminalistique dite aussi police scientifique qui comprend les différents procédés
techniques et policiers utilisés dans l’analyse de la matérialité des infractions et dans
la recherche de leurs auteurs telles que l’anthropométrie (empreintes digitales), la
police technique, la médecine légale et la toxicologie. Ainsi, à la faveur de ces
procédés scientifiques et techniques, la criminalistique apporte un concours précieux
dans la mise en œuvre de la procédure pénale, particulièrement aux stades de
l’enquête policière et de l’instruction préparatoire.

La science pénitentiaire ou pénologie qui se focalise sur l’étude de l’efficacité des


diverses mesures pénales. Cette science influence la PP dans la mesure où elle
contribue au développement de la manière d’exécution des peines.

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II- l’importance et enjeu de la matière :

Enjeu : concilier entre équité et sécurité : ( et ne pas donner la priorité à un seul de


ses éléments)

La sécurité – ordre public L’équité – droits de l’homme


Assurer l’efficacité de la répression garantir les libertés des citoyens
Préserver l’intérêt général et l’ordre assurer les conditions d’un procès
public équitable et de respecter les libertés et
les droits individuels conformément aux
normes internationales
protéger la société préserver les droits et libertés individuels
la règle de « la présomption
d’innocence » et son corollaire qui est
« le doute profite à l’accusé »
les droits de la défense (droits de
ne pas témoigner contre soi même, d’être
assisté par un avocat, de produire les
preuves à décharge, d’exercer les voies de
recours…).

le code de procédure pénale doit normalement être considéré comme « un


code des honnêtes gens » puisqu’il est censé constituer principalement, un ensemble
de règles à suivre, de précautions à prendre et de garanties à respecter de manière à
ne pas accabler, par erreur ou par abus, les personnes innocentes, donc pour ne
condamner que les véritables coupables.

Problématique du cours : Dans quelle mesure le régime de procédure pénale


en vigueur au Maroc permet-il de réaliser cette conciliation ?

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Chapitre I : les magistrats

Section 1 : les magistrats du ministère public


Ces organes judiciaires n’ont pas la mission de mener une instruction ni de juger (c’est
plutôt le rôle des magistrats du siège), ils ont plutôt pour mission essentielle de veiller
à préserver l’ordre public et à lutter contre la criminalité notamment en exerçant des
poursuites contre les auteurs soupçonnés d’infractions.

Paragraphe 1 : composition du parquet au sein des juridictions

I- Au niveau des juridictions de droit commun :


- Devant le tribunal de première instance, le ministère
public comprend un procureur du Roi et un ou plusieurs substituts -dont un premier
substitut- qui exercent l’action pénale sous contrôle du procureur général du Roi près
la cour d’appel du même ressort judiciaire. Ce corps dispose d’un secrétariat du
parquet.
- Devant la cour d’appel, le parquet est constitué d’un
procureur général du Roi et des substituts dont le nombre est variable selon
l’importance de la cour et dont l’un d’eux est désigné premier substitut. Dans
l’exercice de leurs fonctions, ces magistrats disposent d’un secrétariat général du
parquet.
- Devant la cour de cassation, le parquet comprend un
procureur général du Roi et des avocats généraux- dont un premier avocat général-
(dénommés ainsi vu leur qualité de défenseurs de la société et de l’intérêt général). Le
parquet dispose d’un secrétariat du parquet général.

II- Auprès du tribunal permanent des forces armées royales:


Les fonctions du ministère sont exercées par un officier de justice militaire ayant au
moins le grade de commandant ou ayant le grade de l’inculpé si celui-ci est général ou
un colonel.

Paragraphe 2 : statut particulier du ministère public

Les magistrats du parquet ont une double qualité de représentants du pouvoir


exécutif et de protecteurs de la société et de l’ordre public. Plusieurs caractères :
1°- Le caractère hiérarchisé du ministère public :
Les magistrats du parquet sont placés sous la direction et le contrôle de leurs
supérieurs hiérarchiques (ainsi le procureur général du Roi est le supérieur hiérarchie
des substituts), et sous l’autorité du ministre de la justice qui peut leur adresser des
circulaires ou des injonctions telle que l’injonction d’exercer des poursuites dans
l’intérêt de la Loi.
En tant que représentants du pouvoir exécutif auprès des juridictions
répressives, ils sont en principe tenus dans l’exercice de leurs fonctions, de se plier aux

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ordres et injonctions émanant de leurs supérieurs (à commencer par le ministère de
la justice). Ce qui n’est pas le cas des magistrats du siège qui ne sont assujettis à
aucune subordination hiérarchique et doivent statuer uniquement suivant leur intime
conviction. Toutefois, l’obligation pour les magistrats du parquet d’obéir à leurs
supérieurs est assortie d’une limite importante selon laquelle ils peuvent dans
l’intérêt de la justice développer oralement (c'est-à-dire, à l’audience) un point de vue
autre que celui qu’ils ont développé par écrit (dans leur réquisitoire) conformément
aux ordres reçu de leur supérieurs hiérarchiques (art 38 CPP).
Le principe de la subordination des magistrats du parquet a pour conséquence
notamment qu’ils sont amovibles contrairement aux magistrats de siège qui sont
inamovibles conformément à l’article 108 de la constitution (voir plus loin les
développements concernant les magistrats du siège, principes communs).

2°- L’indivisibilité du ministère public :


Les membres d’un même parquet sont considérés comme constituants un même
et unique représentant du pouvoir exécutif. Aussi sont-ils admis à se remplacer au
cours de la même instance sans pour autant entacher la régularité de la procédure. Or
tel n’est pas le cas pour les magistrats du siège qui ne peuvent au cours du jugement
d’une affaire se remplacer, sous peine de nullité de la procédure.

3)- L’indépendance du ministère public :

Vis-à-vis, des juridictions d’instruction et de jugement, le parquet est


indépendant en ce sens que celles-ci ne sauraient lui donner des instructions ni
encore moins lui adresser des injonctions.
Vis-à-vis, ensuite, des parties privées au procès, le parquet est indépendant.
Mais, il n’est pas indépendant vis-à-vis du pouvoir exécutif (ministère de la
justice).

4°- L’irrécusabilité du ministère public :

La récusation est la procédure par laquelle une partie au procès (l’inculpé, le


civilement responsable ou la partie civile) demande à ce qu’un magistrat soit écarté
de la formation de jugement car elle a des raisons d’en suspecter la partialité à son
égard (en raison par exemple d’un lien de parenté ou d’intérêt avec la partie adverse).
Or, contrairement aux magistrats du siège qui peuvent faire l’objet d’une
procédure de récusation, les magistrats du ministère public sont irrécusables (art 274
du CPP). Cela s’explique par le fait que le parquet est une partie principale au procès
pénal agissant au nom et dans l’intérêt de la société et qu’il est donc impossible de
récuser son propre adversaire. Mais cela reste difficilement défendable, car il ne faut
pas confondre l’institution du parquet, partie publique au procès, censée agir de
manière objective, avec le magistrat qui la représente et qui comme tout être humain

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peut céder au subjectivisme et au parti pris sous l’influence des liens de famille,
d’alliance, d’amitié, de subordination ou d’intérêt.

5°- L’irresponsabilité du ministère public :

A la différence des parties privées, le parquet ne peut être condamné ni aux


frais du procès, ni à des dommages intérêts lorsque ces accusations se sont révélées
non fondées suite à l’acquittement de l’inculpé. Autrement dit, ce dernier n’est pas
admis à réclamer une réparation du fait qu’il a été poursuivi à tort et éventuellement
incarcéré en attendant son jugement.

Cette sorte d’immunité instituée au profit du parquet s’expliquerait par le fait


que celui-ci agit au nom de la société dont il défend les intérêts et qu’à cet effet, il
importe de lui laisser les mains libres. Reste cependant à préciser que cette
irresponsabilité n’est pas sans limite : le magistrat du parquet qui commet une fraude
ou une faute volontaire (tout comme, d’ailleurs, les magistrats d’instruction et de
jugement) engage sa responsabilité civile selon la procédure de « la prise à partie ».

Paragraphe 3 : Attributions du ministère public :

Le ministère public exerce plusieurs fonctions :

Ayant la haute main sur la police judiciaire, le procureur général du Roi et le


procureur du Roi assurent la direction et la supervision de l’activité des membres de la
police judiciaire relevant de leur ressort et peuvent ainsi, leur donner des instructions
concernant la constatation des infractions et la recherche des auteurs. Il leur
appartient d’ailleurs d’apprécier souverainement la suite à donner aux procès-verbaux
qu’ils reçoivent à cet effet.

Le magistrat du parquet peut, en sa qualité d’officier supérieur de police


judiciaire (V. infra chap II, Section I), accomplir lui-même des actes d’enquête et
recevoir des plaintes et des dénonciations dont il apprécie la suite à donner. Il peut
aussi placer sous mandat de dépôt la personne inculpée d’une infraction punissable
d’emprisonnement lorsqu’il s’agit d’une infraction flagrante ou si l’inculpé ne présente
pas de garanties suffisantes de représentation ou s’il est jugé dangereux (art 47 et 74
du CPP).

Le parquet est également chargé de l’exécution des décisions de justice y


compris les ordonnances des juges d’instruction et exerce, le cas échéant, contre les
décisions rendues les voies de recours légales.

D’autres prérogatives ont été introduite par le nouveau code de procédure


pénale, ainsi, en cas de crime ou de délit punissable d’un emprisonnement d’une

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durée égale ou supérieure à 2 ans, le procureur général du Roi et le procureur du Roi
sont habilités à ordonner, pour les besoins de l’enquête préliminaire, le retrait du
passeport de la personne soupçonnée et le blocage des frontières à l’encontre de
celle-ci, tout comme ils sont en droit de délivrer des mandats d’arrêt internationaux
pour les besoins de la procédure d’extradition.

Le procureur général du Roi est également admis, pour certaines infractions


graves expressément déterminées par l’article 108 (notamment : atteinte à la sûreté
de l’Etat, infraction terroriste, trafic de drogue, enlèvement, prise d’otages…), à
requérir le premier président de la Cour d’appel d’ordonner pour les besoins de
l’enquête préliminaire, des écoutes téléphoniques, l’enregistrement des
communications et l’interception de courriers, tout comme, il peut ordonner lui-
même ces procédés sous les conditions prévues par le texte susvisé notamment en
cas d’urgence, prérogative certes exceptionnelle mais qui n’en demeure pas moins
critiquable.

D’autre part, le procureur du Roi peut décider de ne pas engager l’action


publique en cas de conciliation entre les parties dûment homologuée par le président
du TPI et ce lorsque l’infraction commise est punissable d’une peine
d’emprisonnement inférieure ou égale à 2 ans ou d’une amende ne dépassant pas
5000 DH, ce procédé assurément de bonne justice, est de nature à décongestionner
les tribunaux.

Hormis ces prérogatives, la fonction première du parquet consiste à lancer des


poursuites et à exercer l’action publique, et à ce titre, il joue à la fois le rôle de partie
principale (I) et de demandeur privilégié au procès pénal (II).

I- le ministère public : partie principale au procès pénal

Alors que dans les instances civiles, le ministère public fait le plus souvent figure
de partie jointe, dans les procès pénaux, il joue en principe le rôle de partie principale
et nécessaire.
En tant que partie principale agissant au nom et dans l’intérêt de la société, le
parquet exerce l’action publique même au cas où celle-ci a été mise en mouvement
par suite d’une constitution de partie civile.

II- le ministère public : demandeur privilégié au procès pénal


Par rapport aux autres parties au procès pénal, c'est-à-dire, l’inculpé et la partie
civile, le parquet dispose de prérogatives particulières et extrêmement importantes à
différents stades de la procédure :
1°- Au stade de l’instruction préparatoire, c’est le parquet qui répartit
librement les dossiers à instruire entre les juges d’instruction et saisit le juge choisi
par un réquisitoire introductif.

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D’ailleurs, même lorsque le magistrat instructeur est directement saisi d’une
plainte de la partie civile, il doit la communiquer au chef du parquet pour qu’il prenne
ses réquisitions. De même lorsque le juge d’instruction dépiste, à la faveur de ses
investigations, de nouveaux éléments ou de nouveaux suspects qu’il entend inculper,
il doit en référer au parquet pour que celui-ci prenne de nouvelles réquisitions ou un
réquisitoire supplétif.

D’autres prérogatives sont dévolues au parquet en cours d’instruction : il peut à


tout instant demander communication du dossier d’instruction à charge de le
restituer au juge dans les 24 heures (art 89 CPP) ; il donne son avis (décisif) sur la
délivrance par le juge d’instruction d’un mandat d’arrêt et sur la mise en liberté
provisoire de l’inculpé ; à l’exception de l’ordonnance concernant le recours à une
expertise, il a le droit d’interjeter appel de toute ordonnance du juge d’instruction
devant la chambre correctionnelle de la cour d’appel (art 222 CPP), et ce à la
différence des autres parties au procès pénal qui ne peuvent interjeter appel que de
certaines ordonnances limitativement déterminées (art 223 et 224 CPP).(1)
De là à dire que le parquet a un pouvoir de direction et de supervision sur
l’instruction, il n’y a pas à hésiter bien que le juge soit, en principe, en droit de mener
librement ses investigations et de refuser de donner suite aux mesures requises par le
parquet (par exemple délivrance d’un mandat d’arrêt ou de dépôt) en rendant à cet
effet dans un délais déterminé (5 jours ou 24 heures selon les cas) une ordonnance
motivée (art 89 et 134 CPP).

2°- À l’audience, le ministère public exerce en tant que demandeur


particulier au procès pénal trois attributions :
- Il développe ses conclusions dans un réquisitoire oral ;
- Il présente les preuves de ses allégations ;
- Il requiert selon les cas, soit la condamnation de l’inculpé et l’application de la
peine prévue par la loi, soit l’acquittement de celui-ci (possibilité sans doute rare)

3°- Après le jugement, le ministère public assure l’exécution de la décision


rendue. Il peut, par ailleurs, s’il le juge utile, exercer les voies de recours contre cette
décision (appel ou pourvoi en cassation, selon les cas) et à cet effet, il dispose de
délais de recours particuliers (voir la 2ième partie).

Section 2 : les magistrats du siège

Il s’agit des juges d’instruction et des juges de jugement. Ils sont dénommés
« magistrats du siège » ou « magistrats assis ».
A la différence des magistrats du parquet qui agissent en tant que partie au
procès pénal représentant le pouvoir exécutif et l’intérêt de la société, les magistrats
du siège ne représentent que l’intérêt de la justice et de l’équité. Etant au dessus des

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parties au procès, ils doivent œuvrer à la recherche de la vérité dans le respect des
droits de la défense et de l’intérêt de la victime et s’employer à prendre leurs
décisions en se fiant uniquement à leur conscience et à leur conviction constituée sur
la base des éléments du dossier et des preuves en présence.

C’est pourquoi au cas où leur indépendance ou leur impartialité sont sujettes à


caution, la loi a prévu la possibilité de les dessaisir de l’affaire en question au moyen
notamment du renvoi pour cause de suspicion légitime (1) et de la procédure de
récusation (2).

Paragraphe 1 : principes communs

Trois principes essentiels régissent le corps de la magistrature assise :


l’indépendance, l’inamovibilité, et la séparation des juridictions d’instruction et de
jugement.
1°- L’indépendance :
a- A l’égard des pouvoirs exécutif et législatif, l’indépendance des
magistrats constitue un corollaire du principe de la séparation des pouvoirs et signifie
qu’ils doivent, dans l’exercice de leurs fonctions, être à l’abri de toute immixtion (ou
ingérence) de la part des autorités parlementaires et administratives et qu’ils ne
peuvent recevoir d’injonctions, ni subir de pression.
Ce principe d’indépendance trouve sa consécration expresse dans la
constitution qui proclame dans son article 107 que « le pouvoir judiciaire est
indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Le Roi est le garant de
l’indépendance du pouvoir judiciaire». Cette disposition est confrontée par d’autres,
notamment l’article 109 qui dispose : « est proscrite toute intervention dans les
affaires soumises à la justice. Dans sa fonction judiciaire, le juge ne saurait recevoir
d’injonction ou instruction, ni être soumis à une quelconque pression. Chaque fois
qu’il estime que son indépendance est menacée, le juge doit en saisir le conseil
supérieur du pouvoir judiciaire. Tout manquement de la part du juge à ses devoirs
d’indépendance et d’impartialité, constitue une faute professionnelle grave, sans
préjudice des conséquences judiciaires éventuelles. La loi sanctionne toute personne
qui tente d’influencer le juge de manière illicite ». (1)
Dans ce sens, le code pénal incrimine les actes, paroles ou écrits publics qui ont
pour objet de faire pression sur les décisions des magistrats ou qui tendent à jeter un
discrédit sur les décisions juridictionnelles et qui sont de nature à porter atteinte à
l’autorité de la justice ou à son indépendance, la peine prévu étant l’emprisonnement
d’un mois à un an et l’amende est de 250 à 5000 DH, plus éventuellement l’affichage
et la publication de la décision aux frais du condamné (art 266 du CP).
b- Vis-à-vis du parquet et des justiciables, l’indépendance des magistrats
du siège se traduit par le fait que la décision du juge n’est pas nécessairement tenu de
déférer ni aux réquisitions du parquet, ni aux demandes de l’inculpé ou de la partie

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civile et que sa décision ne peut être dictée que par sa conscience et son intime
conviction sur la base des éléments du dossier et des preuves rapportées.

2°- L’inamovibilité :
Cette règle fondamentale est consacrée par l’article 108 de la constitution. Elle
signifie que les magistrats du siège ne peuvent être déplacés, suspendus ou révoqués
que selon une procédure exorbitante du droit commun disciplinaire. Cette procédure
prévue par le statut des magistrats (dahir de 11 novembre 1974 tel que modifié et
complété) est du ressort du Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire. La règle de
l’inamovibilité constitue à la fois une garantie essentielle tendant a assuré
l’indépendance du juge en le mettant à l’abri des pressions et une condition aussi
pour une bonne administration de la justice.

3°- la séparation des fonctions d’instruction et de jugement :


Elle se traduit par la règle énoncée à l’article 52 du CPP aux termes duquel les
juges d’instruction « ne peuvent, à peine de nullité, participer au jugement des
affaires pénale dont ils ont connu en leur qualité de magistrats chargés
d’instruction ».
Ce principe de la séparation des fonctions d’instruction et de jugement est loin
de faire une unanimité au sein de la doctrine (1). Les parties y voient une garantie
supplémentaire d’impartialité et d’indépendance de la juridiction de jugement dans la
mesure où le juge d’instruction, qui s’est déjà formé une opinion, aurait tendance, s’il
est admis à participer au jugement, de peser lourd dans la balance au moment des
délibérations et lors de la prise de décision.
Autrement dit, en l’absence du juge d’instruction parmi la formation du jugement,
celle-ci serait libre de toute gêne ou influence et serait donc mieux à même de statuer
sans s’aligner nécessairement sur les vues et les conclusions du magistrat instructeur.

Quant aux adversaires de la séparation, ils y voient une complication inutile de


la procédure au détriment de l’efficacité et de la qualité dans l’administration de la
justice, car le juge d’instruction, estiment-ils, connaît l’affaire mieux que quiconque de
sorte que le double souci de vérité et d’équité recommanderait de ne pas se priver,
lors du jugement, de ses ampliations et ses explications de vive voix et lors des
délibérations, de sa contribution dans la prise de la décision.

Paragraphe 2 : Fonction de juge du jugement

A la différence des magistrats du parquet qui, on l’a vu, sont indivisibles et des
juges d’instruction qui, pour des actes d’instructions déterminés, peuvent se faire
remplacer par un autre juge, voire par un officier de police judiciaire (au moyen des
commissions rogatoire) (1), les juges de jugement ne sont pas interchangeables. En
effet, aux termes de l’article 297 du CPP, les jugements ou arrêts « doivent être

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rendus, à peine de nullité, par des juges ayant participés à toutes les audiences de la
cause ».

Paragraphe 3 : fonction de juge d’instruction

Les juges d’instruction exerçant au sein des tribunaux de première instance et


des cours d’appel, sont nommés en cette qualité pour 3 ans renouvelables parmi les
magistrats du siège desdites juridictions.

La nomination se fait par arrêté du ministre de la justice sur proposition, selon


les cas, du président du tribunal de première instance ou du 1 ier président de la cour
d’appel. C’est ce qui ressort de l’article 52 du CPP qui précise, en outre, qu’il peut être
mis fin à leur fonction de juge d’instruction dans les mêmes formes (auquel cas, ils
gardent bien entendu leur qualité de magistrat du siège).

Notons que l’attribution du pouvoir de nomination des juges d’instruction et de


cessation de leur fonction au ministre de la justice est considérée, à juste titre,
comme une atteinte à l’indépendance de ces magistrats et donc comme un procédé
susceptible de déteindre négativement sur les garanties d’une bonne justice et sur les
droits de défense. Aussi, deux visions différentes de réforme sont-elles préconisées à
cet égard : soit subordonner la nomination par le ministre de la justice à l’accord du
conseil supérieur de la magistrature, soit confier carrément ce pouvoir de nomination
à la cour suprême ou à l’assemblée générale des magistrats de la juridiction
concernée.

Le choix du juge d’instruction relève des attributions du parquet (Art 90 CPP), le


juge choisi peut aussi être saisi par un réquisitoire à fin d’informer.
Or, pour sa part, cette prérogative de désignation dévolue au parquet n’échappe
pas à la critique doctrinale puisqu’elle est jugée de nature à amoindrir davantage
l’indépendance du juge d’instruction et à ébranler les garanties d’un procès équitable,
le parquet pouvant avoir tendance à choisir le magistrat instructeur qu’il estime le
plus « docile » c'est-à-dire le plus à même de s’aligner sur ses vues et ses orientations.
C’est pourquoi la meilleure proposition de réforme à formuler à cet égard, consisterait
dans le retour à la solution initialement prévue par le code de procédure pénale de
1959 (avant d’être modifié en 1962) en vertu de laquelle c’était le juge d’instruction
doyen (c-à-d le plus ancien) au sein de la juridiction qui procédait à la répartition des
dossiers entre les magistrats instructeurs.

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Chapitre II : les organes auxiliaires de la justice pénale

Section 1 : les auxiliaires relevant de la direction et du contrôle de l’autorité


judiciaire :

Paragraphe 1 : la police judiciaire

Il faut d’abord la distinguer de la police administrative.


La police administrative a un rôle essentiellement préventif consistant à veiller
au maintien de la paix et de la sécurité publiques. (placée sous l’autorité du prefet de
police).
La police judiciaire joue un rôle répressif, en ce sens qu’elle intervient que
lorsqu’une infraction est commise pour entreprendre des actes de constatation et de
recherche et à ce titre elle est placée sous la direction et le contrôle de l’autorité
judiciaire.
Toutefois, si les ordres de police se distinguent théoriquement par leurs rôles
respectifs et par l’autorité de direction et de contrôle, dans la pratique les différentes
tâches susvisées sont souvent assurées par les mêmes fonctionnaires. Ainsi l’agent de
police ou le gendarme qui règle la circulation (opération de police administrative)
peut être amené à constater aussi les infractions (contraventions routières ou autres
délits ou crimes) au cas où elles viennent à se produire (opération de police
judiciaire).
Sous le bénéfice de ces précisions, il y a lieu de s’arrêter aux divers titulaires des
fonctions de police judiciaire (I) avant de mettre l’accent sur les attributions (II) et sur
le contrôle et la responsabilité de la police judiciaire (III).

I- les diverses titulaires des fonctions de police judiciaire :

A- Les organes investis d’une mission habituelle de Police Judiciaire :


1- les officiers supérieurs de police judiciaire :
Cette catégorie est composée d’organes ayant tous la qualité de magistrat. Il
s’agit ainsi des magistrats du ministère public (procureur général du Roi, procureur du
Roi et leurs substituts) et des juges d’instruction.
Alors que les magistrats du parquet exercent un pouvoir de direction et de
contrôle sur les membres de la police judiciaire et peuvent accomplir eux-mêmes les
divers actes relevant des attributions de celle-ci, les juges d’instruction, sans avoir ce
même pouvoir, peuvent néanmoins leur donner des ordres, sous forme de mandats,
ou leur déléguer certains actes d’instruction par commissions rogatoires (art 18 et 87
CPP).
En tout état de cause, l’attribution au juge d’instruction de la qualité d’OSPJ est
depuis longtemps sujette à des critiques virulentes que pertinentes (2) ; car non
seulement elle pourrait l’acculer à privilégier la logique policière de l’efficacité et du

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primat de l’ordre public et de la sécurité au dépens des préoccupations judiciaires de
l’impartialité et de la recherche de la vérité, mais aussi et surtout elle conduit à placer
directement ce magistrat instructeur en tant qu’organe de police judiciaire sous
l’autorité et la direction du parquet, ce qui compromet davantage son indépendance
déjà sérieusement entamée (1).

2- les officiers de police judiciaire (OPJ) :


Ce sont des fonctionnaires qui relèvent statutairement (administrativement) soit
du ministère de l’intérieur, soit de département chargé de la défense nationale. Le
code (art 20) en distingue deux ordres : les OPJ de plein droit et les OPJ désignés.

a- les officiers de police judiciaire de plein droit, sont :


- Le directeur général de la sûreté nationale ; (hammouchi)
- Les préfets de la police ; (au niveau de chaque préfecture de police )
- Les contrôleurs généraux de la police ;
- Les commissaires de police ;
- Les officiers de police ;
- --------------
- Les officiers et les gradés de la gendarmerie ;
- Les gendarmes ayant le commandement d’une brigade ou d’un poste de la
gendarmerie pendant la durée de son commandement ;
- Les pachas et caïds ;

b- les officiers de police judiciaire désignés sont :


- Les inspecteurs de police ayant 3 ans de service en cette qualité et qui sont
désignés par arrêté conjoint des ministres de la justice et de l’intérieur ;
- Les gendarmes ayant 3 ans de services et qui sont désignés par arrêté conjoint
du ministre de la justice et de l’autorité gouvernementale chargé de la défense
nationale.

NB : les officiers de police judiciaire chargés des mineurs


Il s’agit en fait de fonctionnaires faisant partie des OPJ susmentionnés et qui
sont désignés pour enquêter spécialement sur les infractions commises par des
mineurs.

B- les fonctionnaires investis de certains pouvoirs de police judiciaire :

Sans avoir la qualité d’OPJ, certains fonctionnaires et agents se voient assigner,


sous des conditions déterminées, des attributions limitées en matière de police
judiciaire. Il s’agit d’abord de ceux que le code appelle les agents de police judiciaire

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(APJ) ; ensuite, des Wali et gouverneur ; enfin, de certains fonctionnaires et agents
publics nommément visés par des textes particuliers.

1- Les agents de police judiciaire :


Tel qu’ils sont énumérés par l’article 25 du CPP, ce sont d’une part tous les
fonctionnaires des services actifs de la police, et les gendarmes qui n’ont pas la qualité
d’OPJ ; et d’autre part, les Khlifas du Pachas et les Khalifas de caïds.
Leur rôle se limite à seconder les OPJ dans l’exercice de leurs fonctions, à rendre
compte à leur chef hiérarchique des infractions dont ils ont connaissance et à
recueillir tous renseignements utiles à la découverte des auteurs.
En revanche, ils ne sont pas admis à prendre l’initiative d’une enquête et à
entreprendre des actes qui s’y rattachent telles que les auditions, les perquisitions et
la rédaction des procès verbaux.

2-Le wali et le gouverneur :

En tant que représentant du pouvoir central à l’échelon de la wilaya, de la


province ou de la préfecture, ils ont, entre autres fonctions, de veiller au maintien de
l’ordre et de prévenir les infractions et à ce titre ils font normalement partie de la
police administrative.
Or, en delà de cette mission habituelle, le CPP leur confère le pouvoir
d’accomplir personnellement tous actes nécessaires à l’effet de constater les
infractions parvenues à leur connaissance ou de requérir par écrit à cet effet les OPJ
compétents.
Cependant, l’article 28 du CPP y apporte des limites strictes tenant à la nature
des infractions pour lesquelles ils peuvent agir, à la notion d’urgence et à la durée des
pouvoirs du wali ou gouverneur à cet égard.

a – Quant à la nature de l’infraction : le wali ou le gouverneur ne se voit reconnaître


des pouvoirs de police judiciaire qu’en cas de crime ou délit contre la sûreté intérieure
ou extérieure de l’Etat.
b – Quant à la notion d’urgence : Le code ne définit pas la notion d’urgence, mais on
admet généralement qu’il y a urgence chaque fois que les circonstances justifient une
action rapide et énergique, chose qui relève, en définitive de l’appréciation souveraine
du wali ou gouverneur.
c – Quant à la durée du pouvoir du wali ou gouverneur : lorsque cet organe local de
l’administration centrale fait usage de ces pouvoirs, il est tenu d’en aviser
immédiatement le représentant du parquet auprès de la juridiction compétente et
dans les 24 heures qui suivent l’ouverture des opérations, de se dessaisir au profit de
celui-ci en lui transmettant les procès et en lui présentant toutes les personnes
appréhendés. C’est alors à ce dernier qu’il incombera de poursuivre la procédure.

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3- les fonctionnaires et agents de certaines administrations ou services public

Au vue de leur spécialisation dans le domaine où ils exercent et dans un souci


d’efficacité, ces fonctionnaires et agents sont désignés par des textes spéciaux pour
exercer des pouvoirs de police judiciaire dans les conditions et des limites publics
différents (Impôts, douane, chemins de fer, pêche maritime, régie des tabacs, réseau
routier…).
Les pouvoirs de police judiciaire de ces fonctionnaires et agents se limitent à la
recherche et à la constatation des infractions commises au préjudice de leur propre
administration ou service.

II-les attributions de la police judiciaire :

a- En ce qui concerne la réunion des éléments de preuve et la recherche des


auteurs d’infractions, la tâche de la police judiciaire consiste en fait à rassembler des
indices comme des traces ou des empreintes, à recueillir des témoignages, à recevoir
des aveux, des dénonciations et des plaintes.
b- En ce qui concerne la constatation des infractions, elle est matérialisée dans
des procès verbaux qui sont en réalité des actes écrits soumis à un formalisme
rigoureux dont dépend leur validité. Ils doivent ainsi comporter certaines
énonciations, notamment la qualité du rédacteur et sa signature, l’identité du
suspect, les faits constatés et leurs dates, la date et l’heure de la rédaction et celles
des actes effectués, la mention, le cas échéant, du refus de signature ou d’apposition
de l’empreinte digitale du déclarant avec l’indication des causes…(Art 24 CPP).
La valeur probante des procès verbaux est fonction de la gravité des faits
constatés : ainsi si en cas de crime, le PV ne vaut que comme simple renseignement,
le juge ayant par conséquent toute liberté d’appréciation, lorsque l’infraction est
qualifiée de délit ou de contravention, le PV fait foi jusqu’à preuve du contraire.
Bien plus, en matière d’infractions douanières et d’infractions à la législation
relative aux eaux et forêt ou à la pêche maritime (dont la constatation est confiée à
des fonctionnaires ou agents investis de certains pouvoirs de police judiciaire), les PV
établis font foi jusqu’à inscription de faux (V. art 575 et s CPP).
De fait, la force probante ainsi attribuée aux PV, se révèle bien souvent quasi
inattaquable tant il est extrêmement difficile d’établir la preuve contraire des
énonciations à charge. Et du reste, elle est à juste titre fustigée par la doctrine et les
défenseurs des droits de l’Homme qui y voient non seulement une entorse de taille au
principe de la liberté du juge dans l’appréciation des preuves conformément à son
intime conviction, mais aussi une atteinte grave au principe de la présomption
d’innocence notamment lorsque les énonciations des PV sont de nature à accabler le
suspect .

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III- Contrôle et responsabilité de la police judiciaire

A- Le contrôle disciplinaire

Les membres de la police judiciaire exercent leur mission sous la direction du


procureur du Roi et sont placées dans chaque ressort de cour d’appel sous l’autorité
du procureur général du Roi et sous le contrôle de la chambre correctionnelle de la
cour d’appel (art 16 et 17), contrôle qui s’étend, d’ailleurs, même aux fonctionnaires et
agents investis spécialement de pouvoirs de police judiciaire (Art 35).
Ainsi, tout manquement relevé à l’encontre d’un OPJ ou d’un fonctionnaire ou
agent susvisé dans l’exercice de ses attributions de police judiciaire est déféré à la
chambre correctionnelle de la cour d’appel par le procureur général du Roi près de
ladite cour.
La Chambre correctionnelle peut adresser au membre fautif de la police judiciaire
des observations ou prononcer sa suspension temporaire (pour une durée ne
dépassant pas une année) ou sa déchéance définitive de sa fonction. La décision
prononcée peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation dans les conditions du Droit
commun.

B- La responsabilité pénale et civile

1- Au regard de la responsabilité pénale, le membre de la police judiciaire qui


commet une infraction, engage sa responsabilité pénale et s’expose par conséquent
aux sanctions prévues à cet égard (1). Mais dans les conditions édictées par les
articles 268 et suivants du CPP, il est poursuivi et jugé suivant des règles de
compétence exceptionnelles aménagées en fonction de la qualité de l’inculpé, de la
gravité de l’infraction (crime ou délit) et de sa commission dans l’exercice ou non des
fonctions de police judiciaire.

- Ainsi, par exemple, lorsque l’imputation vise un procureur général du Roi près
de la cour d’appel, un Wali ou un gouverneur pour un crime ou délit commis dans
l’exercice ou hors de l’exercice de leurs fonctions, ou lorsque l’imputation vise un OPJ
habilité à exercer ses fonctions sur tout le territoire marocain (tel que le directeur
général de la sûreté nationale) pour un crime ou délit commis dans l’exercice de ses
fonctions (V. art 268 al 3), c’est la chambre pénale de la cour de cassation qui est
compétente pour juger l’affaire
L’article 265 précise, par ailleurs, qu’aucune constitution de partie civile n’est
recevable devant la cour de cassation, la victime qui entend réclamer une réparation
étant alors acculée à saisir la juridiction civile compétente.

2- Au regard de la responsabilité civile, il n’y a pas de particularité de procédure.

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Paragraphe 2 : les greffiers

Les greffiers sont des fonctionnaires publics relevant de l’administration de la


justice et régis par un texte particulier (Décret royal du 2 février 1967 maintes fois
modifié).
Présents auprès de chaque juridiction dans le cadre d’un secrétariat du greffe,
l’importance de leur mission s’illustre particulièrement en matière de procédure
pénale. Ainsi, en tant que secrétaire de la juridiction, le greffier en est le scribe
(écrivain à la main) : Il veille à la rédaction et à la notification des convocations ; il
établit les mandats de justice et transcrit les diverses opérations des autorités
judiciaires. A l’audience, il prend note sous forme d’un procès verbal d’audience des
requêtes et moyens de défense des parties ou de leurs avocats, des déclarations des
témoins, des principaux faits qui ont émaillé les débats ainsi que du dispositif de la
décision rendue, procès-verbal qu’il cosigne, tout comme le jugement ou l’arrêt
rendu, avec le président de la formation de jugement (V notamment les art 305 et 308
CPP). Une fois la décision rendue, il veille notamment à sa notification aux intéressés,
tout comme il prend acte, le cas échéant, de l’exercice des voies de recours et en
assure le suivi.

Section II : Les collaborateurs indépendants de l’autorité judiciaire

Paragraphe 1 : L’expert

I- La désignation de l’expert
Toute juridiction d’instruction ou de jugement saisie d’une question technique
peut ordonner une expertise soit d’office, soit à la demande du ministère public ou
des autres parties au procès (1).
L’expert désigné figure en principe sur un tableau d’experts judiciaires. Mais la
juridiction peut, au besoin, désigner un expert non inscrit à ce tableau. Dans ce cas,
l’homme de l’art commis prête serment en son honneur et conscience.
II- La mission de l’expert
Cette mission qui doit être précisée dans la décision de la juridiction ordonnant
l’expertise ne peut porter que sur les questions à caractère technique et doit en
principe être accomplie dans le délai fixé par ladite juridiction.
L’inobservation injustifiée du délai imparti peut entraîner, non seulement le
remplacement de l’expert qui devra alors restituer les objets et documents qui lui ont
été confiés, mais aussi éventuellement sa condamnation à des sanctions disciplinaires
et sa radiation provisoire ou définitive du tableau des experts agrées.
Dans l’accomplissement de sa mission, l’expert travaille en liaison avec le juge
d’instruction ou le magistrat délégué à cet effet par la juridiction ordonnant
l’expertise. A sa demande et conformément à certaines conditions et règles de forme,
tous les moyens à même de faciliter sa tâche, peuvent être mis à sa disposition,

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notamment la consultation des pièces du dossier, l’accès aux scellés et l’audition de
l’inculpé et des tiers en vue de recueillir des renseignements utiles.
Au terme de sa mission, l’expert rédige un rapport précisant les recherches
effectuées et ses conclusions. Le code de procédure pénale est muet sur la valeur
probante du rapport d’expertise. Par contre, il est établi en jurisprudence comme en
doctrine que les conclusions de ce rapport ne s’imposent pas à la juridiction qui peut,
en vertu de son pouvoir d’appréciation, en tenir compte ou non, tout comme elle
peut, d’ailleurs, ordonner un complément d’expertise ou une contre-expertise.
Bien plus, suivant l’article 66 dernier alinéa du code de procédure civile : « le
juge n’est pas obligé de suivre l’avis de l’expert désigné… ». Cette solution applicable
en matière civile doit l’être à fortiori en matière pénale.
En tout cas, le juge est tenu de motiver sa décision lorsqu’il entend écarter les
conclusions du rapport de l’expert.

Paragraphe 2 : L’avocat

I- La mission d’assistance

Elle consiste pour l’avocat à défendre son client et à plaider sa cause dans le
respect des règles légales et de l’intérêt de la société. Ainsi, contrairement à une
opinion répandue, l’avocat n’est pas un défenseur inconditionnel de son client. Certes,
il doit s’employer à établir l’innocence de son client inculpé ne serait ce qu’à la faveur
du bénéfice du doute et ce en s’efforçant de réfuter les preuves produites contres
celui-ci ou de remettre en cause la régularité de la procédure.

Mais lorsqu’il est lui-même convaincu de la culpabilité de son client et que les
preuves à l’encontre de celui-ci sont irréfutables (aveu sincère, témoignages
indiscutables…), il ne s’agit pas de faire »l’avocat du diable » au risque de nuire à son
client. Mieux vaut dans ce cas plaider coupable et solliciter conformément à la loi
l’atténuation maximale de la peine applicable à l’espèce.
Dans l’accomplissement de sa mission d’assistance, l’avocat bénéficie du monopole
de plaider oralement et par écrit pour le compte de son client et du privilège de
l’indépendance vis-à-vis des juridictions et du client (qui ne peut par exemple imposer
à l’avocat la démarche à suivre ni refuser une mesure demandée dans son intérêt par
ce dernier).
Lorsqu’un justiciable est admis au bénéfice de l’assistance judiciaire, un avocat est
commis d’office pour lui prêter ses services gratuitement, c'est-à-dire assurer sa
défense et accomplir tous actes de procédure appropriés.

II- La mission de représentation

Etant le mandataire légal de son client, l’avocat est habilité à effectuer de plein
droit tous les actes de la procédure à moins qu’il s’agisse de dénier l’écriture ou de

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déférer ou référer le serment, actes pour lesquels l’article 29 du dahir susvisé de 1993
exige un mandat écrit spécial. L’avocat est ainsi habilité à accomplir diverses
formalités judiciaires tels que le dépôt de mémoires et de pièces et à exercer les voies
de recours ordinaires et extraordinaires. Mais il ne peut continuer à assister son client
devant la cour suprême que s’il est agrée près cette cour.

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