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René Berger et la joie de la connaissance transdisciplinaire

Tout a commencé entre nous par des coïncidences.

En 1986, après la lecture de mon livre Nous, la particule et le monde, un ami physicien,
Elliot Leader, professeur à l'Université de Londres, m'a suggéré d'en envoyer un exemplaire à
un critique d'art suisse, René Berger. Il l'avait rencontré à une école internationale de
physique, à Erice, en Sicile et pressentait qu'un contact fécond pourrait s'établir entre nous.
L'enthousiasme sans réserves de mon ami m'a déterminé de suivre aussitôt sa suggestion.

Le 8 juillet 1985, je recevais la première lettre de René Berger : " Cher Monsieur,
Illustration métaphorique du principe de non-séparabilité : Elliot Leader vous parle de moi
comme d'un "lecteur idéal" ; je parle de votre livre à mon ami Michel Thévoz, conservateur
de la collection de l'Art Brut à Lausanne, qui est justement en train de vous lire... Je termine
votre ouvrage en retrouvant, c'est le cas de le dire, Stéphane Lupasco que j'avais rencontré
autrefois à plusieurs reprises chez Suzanne de Conninck à la Galerie de Beaune... ". Il
finissait sa lettre en écrivant : " J'aime, moi aussi, rôder dans la Vallée de l'Etonnement,
souvent en compagnie de mon cheval, Astronome... ".

Peu de temps après, en mars 1986, la vie allait nous offrir l'occasion de nous rencontrer
dans un lieu magique, à Venise, lors du colloque La science face aux confins de la
connaissance - Le prologue de notre passé culturel, organisé par l'UNESCO en collaboration
avec la Fondation Cini.

De la place qui était la mienne - celle de l'animateur du colloque - j'ai observé avec
grand intérêt comment René Berger s'est intégré immédiatement au noyau agissant qui se
forme au début de tout colloque relativement restreint. Je fus intrigué par ce que je ressentais
alors comme une violence cachée. Avec un charmant sourire, avec des mots d'esprit qui
émaillaient sans cesse ses interventions et comme protégé par ses vénérables cheveux blancs,
René Berger énonçait de dures vérités qui normalement auraient dû faire sursauter ses
interlocuteurs. Pourtant ceux-ci l'écoutaient avec ravissement. Je me suis demandé d'où venait
cette violence cachée. Etait-elle la manifestation d'une volonté de domination ou, tout au

1
contraire, était-elle le signe d'une orientation intérieure inflexible ? Je devais trouver la
réponse beaucoup plus tard, en 1991.

Ce qui m'a frappé aussi chez René Berger, ce fut son intérêt authentique pour la science
de pointe. Il m'était clair que cet intérêt était motivé non pas par une recherche d'honorabilité
mais par l'identification d'un axe solide de réflexion intellectuelle. Dans un entretien qu'il a
accordé pendant le colloque à Sven Ortoli et qui fut publié par la suite dans un livre collectif,
René Berger disait : «  ... cette physique quantique m'émerveille et m'émeut. Tout comme je
suis émerveillé devant Carpaccio et sa « Légende de Sainte Ursule »... Je ne distingue pas
entre une émotion de type scientifique et une émotion de type esthétique. Elles ont une racine
commune, qui est précisément cette dimension esthétique » 1

Un an plus tard, René se trouvait tout naturellement parmi les cinquante-deux


personnalités que j'ai sollicitées comme membres fondateurs du Centre International de
Recherches et Etudes Transdisciplinaires (CIRET) 2 , à côté de Peter Brook, Lima de Freitas,
Gilbert Durand, Edgar Morin, René Huyghe, Stéphane Lupasco et bien d'autres. Ainsi a
commencé une amitié rare, fondée sur une extrême exigence. Il nous est arrivé d'entrer en
conflit, à propos de tel point de théorie ou de tel point d'action, mais chaque fois notre amitié
sortait renforcée.

Ensuite, René m'a introduit dans son temple - le colloque de Locarno, organisé en
marge du Festival de Vidéo-Art de notre ami, le " magicien " Rinaldo Bianda. Au début, je
fus dérouté par le discours militant de René Berger sur le rôle des nouvelles technologies dans
l'art d'aujourd'hui. Je ne voyais pas la finalité de ce discours et son optimisme débordant me
semblait quelque peu naïf. Mais, en même temps, j'étais attiré par l'atmosphère de ce colloque,
engendrée par la présence de René. Je ressentais ce colloque comme une musique de chambre
dans le concert international de recherche de ce qui est à la fois nouveau et durable à notre
époque. René m'a invité à m'exprimer sur différents sujets - les niveaux de Réalité, les
nouvelles logiques, la création d'une université à caractère transdisciplinaire et bien d’autres
thèmes - et je fus ravi de constater l'approfondissement progressif du caractère

1
Sven Ortoli, Entretiens de France-Culture avec la participation de René Berger, Nicolo Dallaporta, Jean
Dausset, Gilbert Durand et Basarab Nicolescu, in La science face aux confins de la connaissance - La
Déclaration de Venise, Editions du Félin, 1987. L’entretien avec René Berger se trouve p. 135-148.
Pour les documents photographiques voir
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/GALERIE/Galerie_Venise.html
2
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/

2
transdisciplinaire du colloque de Locarno3. Au cours des années j'ai découvert enfin ce que
René cherchait : une dimension verticale qui, à la fois, est en accord avec notre temps et qui
donne sens à notre temps, dimension verticale qu'on peut dénommer, sans aucune connotation
religieuse, le sacré.

L'épreuve que nous avons vécu tous les deux en décembre 1991 nous a rapprochés
encore plus.

Nous participions au congrès "Science et Tradition: perspectives transdisciplinaires,


ouvertures vers le 21e siècle", qui à eu lieu au siège central de l'UNESCO, à Paris. Ce
congrès, financé en partie par une association d’ingénieurs, était menacé d'insignifiance par le
mélange de niveaux extrêmement différents. J'ai vécu alors une expérience inoubliable. En
véritable maître de maïeutique, René m'a donné un conseil concret, précis et très précieux, qui
m'a aidé à introduire un certain ordre dans ce colloque un peu chaotique. Dans une longue
discussion intime (au cours de laquelle il m’a avoué aussi ses liens, de par sa mère, avec la
Roumanie), René m'a fait comprendre la nature de ce qu'il appelait, de ses propres mots, sa
violence rentrée, attitude qui m'avait tant frappé en 1986. Un chercheur de vérité est toujours
fragile, car il se remet continuellement en cause, tout en gardant toujours la même orientation
intérieure, liée à la dimension verticale du sacré. La violence rentrée m'est apparue alors
comme une manière d'être dans ce monde, qui protège cette orientation, qui la garde vivante.
Tout a été sauvé par le Communiqué final de ce congrès. René a fait partie du Comité de
Rédaction, à côté de Lima de Freitas, Michel Cazenave, Roberto Juarroz et moi-même. Ce
Communiqué sera publié en 1994 dans le livre L'homme, la science et la nature - Regards
transdisciplinaires, aux Editions Le Mail4. Dans le même livre, René est présent avec le texte
de sa communication au congrès, Du transdisciplinaire à la réalité virtuelle5.

3
Victor Fagone (Ed.), L'Art Vidéo 1980-1989 - Vingt ans du VideoArt Festival, Locarno (Recherches, théorie
perspectives), Edizione Mazzotta, Milano, 1999, préface de Rinaldo et Ines Bianda, photos par Lorenzo Bianda.

4
Communique final du congrès "Science et Tradition: perspectives transdisciplinaires, ouvertures vers le 21 e
siècle", UNESCO, Paris, 2-6 décembre 1991, Comité de rédaction: René Berger, Michel Cazenave, Lima de
Freitas, Roberto Juarroz et Basarab Nicolescu, in Basarab Nicolescu et Michel Cazenave (Ed.), L'homme, la
science et la nature - Regards transdisciplinaires, Le Mail, Collection Science et conscience, Paris, 1994, p.
279-280.

5
René Berger, Du transdisciplinaire à la réalité virtuelle, op. cit., p. 144-167.

3
J'ai eu ensuite la chance de découvrir la famille de René, lors d'une de mes visites à
Lausanne.

J'ai tout de suite éprouvé une grande affection pour Rose-Marie, car j'ai senti que
l'activité créatrice de René et de Jacques-Edouard se nourrissait de sa présence protectrice, de
son respect pour cette dimension verticale sans laquelle rien dans ce monde ne peut avoir un
sens.

La rencontre avec son fils Jacques-Edouard fut d'une grande intensité. Sur le pas de la
porte il m'a exprimé sa grande reconnaissance. Très surpris, je lui ai demandé : " Pourquoi ? ".
" Depuis qu'il vous connaît mon père devient de plus en plus jeune. Il est animé de plus en
plus de projets ". La prophétie de Jacques-Edouard s'est réalisée pleinement…

En juin 1993, pour fêter ma première visite en Roumanie après vingt-cinq ans
d'absence, j'ai organisé à l'Institut Français de Bucarest un colloque transdisciplinaire «  Le
temps dans les sciences - Que fait le temps à l'affaire ? ». Malgré un méchant accident à la
jambe, René était là, appuyé sur son bâton et sa parole, comme d’habitude, fut inspirée 6. Il
m'est impossible de décrire la joie provoquée par sa présence, à un moment si symbolique de
mon existence. De plus, René était porteur d'un message de Jacques-Edouard - un magnifique
miroir magique, très ancien, venu de Chine. Depuis, ce miroir accompagne ma vie de tous les
jours à la maison, par sa présence vivante.

Les actions transdisciplinaires se développent à un rythme effréné et René est de plus en


plus actif, infatigable compagnon. Ainsi, en avril 1992, j'ai fondé, avec l'accord de Federico
Mayor, Directeur Général de l'UNESCO, et en collaboration avec René, le Groupe de
Réflexion sur la Transdisciplinarité auprès de l'UNESCO. René est membre de ce groupe, à
côté de Lima de Freitas, Michel Cazenave, André Chouraqui, Antoine Faivre, Roberto
Juarroz, Ervin Laszlo, Solomon Marcus, Edgar Morin, Yujiro Nakamura et Henry Stapp. La
fugue de René à la défense de l’Internet nous ennuyait quelque peu mais quelle était notre joie
de l’entendre nous expliquer les milles détails d’une telle ou telle peinture du 15 e siècle… En
tout cas, nos réunions, à Paris et à Venise, ont préparé la voie au premier Congrès Mondial de
la Transdisciplinarité.

6
René Berger, Le temps de l’émergence, in Basarab Nicolescu, Norbert Dodille et Christian Duhamel (Ed.), Le
temps dans les sciences - Que fait le temps à l'affaire ?, Harmattan, Paris et Institut Français de Bucarest, 1995,
p. 183-207.

4
Fin février 1993, le Groupe de Réflexion sur la Transdisciplinarité auprès de l'UNESCO
se réunit à Venise et nous écoutons et discutons avec grand intérêt la proposition de Lima de
Freitas d'un grand congrès international au Portugal. Lima m'écrit le 14 mars 1993, en
évoquant notre rencontre vénitienne, dominée par "l'espérance de futures réalisations" :
« Espérance mitigée, certes, si l'on considère la situation effroyable de notre monde,
l'énormité des tâches, et la petitesse des moyens, mais espérance malgré tout - sorte de
"desperatio fiducialis", ou de "quiétude inquiète", cette simultanéité de pessimisme radical et
d'"indomptable espoir", qu'évoqua Corbin en parlant de l'attente du XII e Imâm chez les
shiites, et qu'il compare à l'attente du Paraclet dans la tradition johannite chrétienne. Serons-
nous un peu ce que furent les douze chevaliers autour d'"Humanus" décrits par Goethe dans
son poème inachevé "Die Geheimnisse"? Un "Humanus" qui représente l'Homme pleinement
humain, l'Homme Parfait, l'"Anthropos teleios", le seul par qui l'humanité puisse trouver la
réjuvénation: non pas chef, leader, condottiere ou meneur d'homme, mais l'Humanus à
l'intérieur de chacun de nous, dans le foyer de notre cœur […] ». Il conclut sa lettre en
écrivant: «  […] je garde un souvenir lumineux de nos rencontres en bordure du Grand Canal
[…] qui m'incite à trans-gresser les frontières et les "bornes", à trans-poser, trans-former et
trans-mettre, c'est-à-dire, à me vouer radicalement à la trans-disciplinarisation de ce qui
reste bêtement "disciplinaire": la peinture, l'art, ne sont-ils pas - avant tout - une vision et
une mise en œuvre transdisciplinaires? ». Mots définitoires, cruciaux pour la compréhension
de l'art, mots qui guident nos pas encore aujourd'hui. La confrontation entre Lima de Freitas et
René Berger au sujet de l’art était, en fait, une fausse confrontation, due à un langage
différent. Tous les deux étaient des chevaliers du Beau.

De retour à Lisbonne, Lima prend immédiatement contact avec Helena Vaz da Silva,
Présidente de la Commission Nationale UNESCO, qui lui accorde son soutien et qui va jouer
un rôle important dans la réussite du premier Congrès Mondial de la Transdisciplinarité. Le
16 décembre 1993 j'ai communiqué à Lima l'accord du CIRET pour patronner le congrès. Le
lieu était déjà fixé: le magique Convento da Arrábida.

Pour moi, le miracle était de voir réunis dans la cour du couvent des grandes
personnalités comme René Berger, le grand peintre portugais Lima de Freitas, le maître de
l'imaginaire Gilbert Durand, le poète argentin Roberto Juarroz, le sociologue français Edgar
Morin, le philosophe portugais Carlos Silva, le physicien français Olivier Costa de
Beauregard, le mathématicien roumain Solomon Marcus, l'architecte espagnol Javier de

5
Mesones, le poète français Michel Camus, l'astrophysicien italien Nicolo Dallaporta, et, au
milieu de tous, courant de l'un à l'autre, notre cher Michel Random, qui les filmait7.

L'histoire du congrès est maintenant bien connue 8. Un livre écrit par Michel Random et
publié en 1996 par les Editions Dervy de Paris donne une image fidèle de ce qui s'est passé au
congrès9. La nouvelle « confrontation » au sujet de l’art transdisciplinaire entre René Berger10
et Lima de Freitas11 est restée dans toutes les mémoires.

Rétroactivement, la trace la plus durable dans le temps du premier Congrès Mondial de


la Transdisciplinarité est certainement la Charte de la Transdisciplinarité12.

Quelques jours avant le congrès, j'ai rédigé, en collaboration avec Michel Camus, une
première mouture de la Charte de la Transdisciplinarité, qui sera soumise au vote des
participants. Le jour d'avant le congrès, nous avons une réunion avec les organisateurs et
quelques personnalités importantes pour parler de l'opportunité d'une Charte. Des réserves
sont émises: au nom de quelle autorité pouvons-nous proposer l'adoption d'une Charte, car
nous ne sommes ni l'ONU, ni l'UNESCO, ni un gouvernement? A ma grande surprise, René
se rallie à cette position. C’est fut la seule ombre qui s’est glissée entre nous, un instant,
pendant nos longues années d’amitié.

7
Michel Random a réalisé quelques importants entretiens filmés et nous espérons pouvoir les éditer sous la
forme d'un DVD. Michel Random est décédé en 2008.
8
Le programme du congrès se trouve sur la page Internet
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/bulletin/b3et4c8.htm#pr
9
Michel Random, La pensée transdisciplinaire et le réel, Dervy, Paris, 1996, préface de Michel Random, avant-
propos de Michel Camus. Traduction en portugais : Michel Random, O pensamento Transdisciplinar e o Real,
éditions TRIOM, São Paulo, Brésil, 2000, traduction de Lucia Pereira de Souza.

Pour les documents photographiques voir

http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/GALERIE/Galerie_Arrabida.html

10
René Berger, Trans-technologie, vers un nouvel art ?
11
Lima de Freitas, Nature transdisciplinaire de la quête du Beau

12
La Charte de la Transdisciplinarité, adoptée au Premier Congrès Mondial de la Trandisciplinarité, Convento
da Arrábida, Portugal, 6 novembre 1994, Comité de rédaction: Lima de Freitas, Edgar Morin et Basarab
Nicolescu. La Charte peut être consultée en plusieurs langues (français, anglais, arabe, espagnol, portugais, turc,
italien et roumain) sur le site Internet du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires
(CIRET) http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/

6
La crise était profonde. La présence de Lima de Freitas et celle de Michel Camus est
salvatrice: nous convenons le lendemain que notre autorité est celle de notre propre œuvre et
que la Charte n'oblige le signataire que par rapport à lui-même. René accepte tout de suite ce
point de vue. Un comité de rédaction, formé de Lima de Freitas, Edgar Morin et moi-même,
recueille les suggestions des participants et rédige une version quelque peu édulcorée, fait
inévitable pour un document collectif. La séance de discussion de la Charte, présidée par
Roberto Juarroz, Lima de Freitas et moi-même, est parsemée de discussions interminables,
mais la Charte est adoptée pratiquement sans changements.

La Charte a été adoptée depuis 1994 par des centaines de chercheurs transdisciplinaires
et elle a stimulé d'importantes actions transdisciplinaires dans beaucoup de pays. Elle est
maintenant un des documents de référence de la transdisciplinarité. René a pu constater lui-
même que nos efforts n'ont pas été inutiles: l'ampleur du développement du mouvement
transdisciplinaire dans le monde dépasse aujourd'hui toute attente.

Dans l’élan crée par le premier Congrès Mondial de la Transdisciplinarité, Madeleine


Gobeil et moi-même décidons de célébrer les 80 ans de René par une grande fête. Cette
grande fête a lieu le 13 mai 1995 à l’UNESCO 13, avec la participation d’Edgar Morin, Henri
Lopes, Guy Wellen, Jacques Monnier-Raball, Manfred Eisenbeis, Alessandro Villa, Dan
Haulica et Philippe Quéau. Et Madeleine et moi, nous gardons un souvenir ineffaçable de ces
moments uniques, de célébration d’une œuvre mais aussi d’une amitié rare.

Toujours à l’UNESCO, sous la présence tutélaire de Madeleine Gobeil, le CIRET et les


Editions du Rocher organisent le 29 mars 1996 le lancement de la collection
« Transdisciplinarité » que j’ai fondée aux Editions du Rocher, grâce à Jean-Paul Bertrand 14.
René est, bien entendu, parmi les premiers auteurs que j’ai publiés, avec son livre L’origine
du futur15.

En 1997, René est une des présences marquantes, à côté de Mario Botta, le Prix Nobel
Werner Arber, Michel Camus, Edgar Morin et Abdelwahab Meddeb, au Congrès
International « Quel Université pour demain ? – Vers une évolution transdisciplinaire de
l’Université », qui a eu lieu à Locarno entre le 30 avril et le 2 mai 199716.
13
Hommage à René Berger, Rencontres Transdisciplinaires no 6, CIRET, Paris, mars 1996
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/bulletin/b6.htm
14
Pour les documents photographiques voir
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/GALERIE/Galerie_Unesco.html
15
René Berger, L’origine du futur, Le Rocher, Collection « Transdisciplinarité », Monaco, 1995.
16
Rencontres Transdisciplinaires no 11, CIRET, Paris, juin 1997

7
Tout naturellement, j’ai invité René à collaborer à la revue « Mémoire du XXIe siècle »
que j’ai fondé en 1999, en collaboration avec l’éditeur visionnaire Jean-Paul Bertrand. Cette
revue était attachée au « Groupe 21 » (« 21 » du 21e siècle). Ce Groupe 21, international,
avait un noyau stable (dont René faisait partie) et des invités selon le thème abordé. Nous
nous réunissons tous les six mois dans les locaux des Editions du Rocher (Place Saint Sulpice
à Paris). Nos débats étaient enregistrés et ensuite transcris. Ensuite, à partir de ces
transcriptions, nous décidions s’il y a matière ou non pour un numéro de revue. Ce n’est qu’en
dernière étape que les auteurs écrivaient leurs contributions. En clair, nous étions libres, grâce
à la générosité de Jean-Paul Bertrand : il n y avait aucune obligation de périodicité de la
revue.

René est présent dans tous les numéros de « Mémoire du XXIe siècle » 17 et il a participé
à toutes les séances du Groupe 21. Il a fait d’ailleurs partie du Comité de rédaction, à côté
d’Adonis, Michel Camus, Michel Cazenave, Thierry Magnin, René Passet et moi-même, le
directeur de la revue étant Jean-Paul Bertrand. Parmi les auteurs qui ont contribué à cette
revue on trouve Adonis, Pierre Bettencourt, François Cheng, Roger Munier, Xavier Sallantin,
André Chouraqui, Olivier Germain-Thomas, Jean Biès, Michel Random, Bernard d’Espagnat,
Jean-Yves Leloup, Edgar Morin, Jean-Loup Herbert, Horia Badescu, Jean-François Malherbe,
Jean-Jacques Wunenburger et tant d’autres.

Enfin, en 2008, René publie un article important dans le livre Transdisciplinarity –


Theory and Practice, que j’ai édité aux USA18. Un an après, il a quitté ce monde.

Quelques jours avant la célébration de ses 80 ans, j'ai ouvert au hasard Griffures et j'ai
trouvé les mots suivants :

L'idée est embuscade. Ou refuge. Piège ou paresse.

Comment concilier ces mots, écrits en 1949, avec les gerbes de cinq idées par minute et
de mille idées par repas, discussion ou livre ? Je garde précieusement chez moi un exemplaire
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/bulletin/b11.htm
Voir aussi Rencontres Transdisciplinaires no 9-10, CIRET, Paris, février 1997
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/bulletin/b9et10.htm
Pour les documents photographiques voir
http://basarab.nicolescu.perso.sfr.fr/ciret/GALERIE/Galerie_Locarno.html
17
René Berger, Internet, l’enjeu du cybersacré ?, Mémoire du XXIe siècle, no 1 – Complexité et quête de sens,
Le Rocher, Monaco, 1999, p. 99-110 ; L’homme en rupture d’avenir, Mémoire du XXIe siècle, no 2 – L’homme à
venir, Le Rocher, Monaco, 2000, p. 155-168 ; Vers une transcendace émotionnelle ?, Mémoire du XXIe siècle, no
3-4 – Création et transcréation, Le Rocher, Monaco, 2002, p. 207-218 .
18
René Berger, Transdisciplinary Interface in Cyberspace, in Basarab Nicolescu (Ed.), Transdisciplinarity –
Theory and Practice, Hampton Press, Creskill, NJ, USA, 2008, p. 213-222.

8
dédicacé de Griffures : « Pour Basarab, ces tout premiers feuillets dans lesquels bruissent, si
je ne me trompe, quelques échos du « tiers secrètement inclus ». René, 1992 – 1949 ! »19

Ce « tiers secrètement inclus » nous l’avons pleinement vécu, mon épouse Anne et moi,
lors de ma dernière rencontre avec René, fin 2006, à Lausanne, dans son appartement. A notre
départ, René nous a accompagnés à l’ascenseur et, quand la porte de l’ascenseur s’est fermée,
nous avons vu l’ombre de la main nous faire, lentement et avec une infinie tendresse, le signe
d’adieu. Cette image nous poursuit sans cesse, Anne et moi.

René fut un chercheur de vérité, assoiffé d'absolu, visionnaire du monde à venir, frère
irremplaçable dans l'ordre de l'esprit. Mais il reste, dans ma vision, tout d'abord le poète qui
incarne la dimension esthétique, tout en l'enrichissant sans cesse par l'approche
transdisciplinaire.

19
René Berger, Griffures, Editions de Clairefontaine, Lausanne, 1949, exemplaire XX /XX sur Ingres Fabriano,
archives Basarab Nicolescu.

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