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Gicquel, Introduction aux problèmes énergétiques globaux, Paris : Presses des MINES,
2e édition, collection Les cours, 2013.
1re édition : R. Gicquel, Introduction aux problèmes énergétiques globaux, Paris, Economica, 1992.
Édition anglaise : R. Gicquel, M. Gicquel, Introduction to Global Energy Issues, CRC Press/Balkema,
sous presse.
© Photo de couverture : Photocomposition effectuée par les auteurs sur la base de photographies
réalisées par Charles Cook (parc d’éoliennes), Chad Teer from Coquitlam Canada (plate-forme
offshore), M.O. Stevens (panneaux solaires) et par la Nasa (Terre vue de l’espace).
ISBN : 978-2-35671-044-4
Dépôt légal : 2013
Achevé d’imprimer en 2013 (Paris)
Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les pays.
Introduction aux problèmes
énergétiques globaux
Collection Les Cours
Renaud Gicquel
May Gicquel
L’ouvrage que vous avez sous la main est une mise à jour d’une première édition
qui date de 1992, soit il y a un peu plus de vingt ans. Si les années quatre-vingt-
dix n’ont pas été exceptionnellement marquantes sur le plan énergétique, on
ne peut plus en dire autant du troisième millénaire qui a vu l’énergie passer à
l’avant plan de l’actualité et devenir une composante majeure des budgets des
ménages et de la compétitivité des entreprises. C’est dire qu’il était grand temps
de rafraîchir cet ouvrage de base destiné aux étudiants de l’École des Mines,
tout comme les méthodes pédagogiques interactives qui sont proposées par les
auteurs en introduction et à l’annexe 1. Et c’est bien de pédagogie qu’il s’agit ici.
Chaque chapitre de cet ouvrage pourrait à lui seul se transformer en ouvrage
de 300 pages et c’est une prouesse des auteurs que de parvenir à synthétiser
autant de notions, de principes et d’information dans un espace aussi restreint, en
restant simple et accessible à tout lecteur. Précisément, sous des dehors simples,
se cache une matière éminemment complexe qui évolue de plus en plus vite, sous
l’impulsion de nouvelles technologies et de nouvelles politiques commandées par
des impératifs environnementaux et des modifications géopolitiques profondes.
Fukushima, Macondo, Sandy sont des noms maudits, directement liés à la
problématique énergétique, qui ont alarmé la planète entière et rappelé à l’homme
que l’énergie peut être indomptable.
Fukushima, en mars 2011, a mis en évidence la vulnérabilité du secteur nucléaire
aux catastrophes naturelles et a montré que les dommages peuvent se monter à des
montants astronomiques qu’aucun pays ne peut supporter. Cet événement a remis
en cause de façon radicale le bouquet énergétique de pays comme l’Allemagne, la
Suisse, la Belgique et même la France. Celle-ci est d’ailleurs aujourd’hui engagée
dans un débat sur la transition énergétique, auquel cet ouvrage peut contribuer
en fournissant à ceux qui veulent le suivre et le comprendre tous les éléments
d’information et de contexte nécessaires.
Macondo a rappelé que l’exploration pétrolière en mer profonde présente des
risques majeurs qui doivent pouvoir être maîtrisés par tous les intervenants de la
filière. Les dommages environnementaux provoqués par cet accident intervenu
en avril 2010 dans le golfe du Mexique sont tellement importants que leur
réparation est susceptible de causer la disparition de l’entreprise BP. Jamais les
indemnisations pour un accident industriel de ce type n’ont atteint des sommets
pareils. La prépondérance du pétrole dans l’économie actuelle, son rôle pour les
10 Introduction aux problèmes énergétiques globaux
pays producteurs, son coût pour les consommateurs, les risques de pénurie et son
importance géopolitique sont largement décrits dans cet ouvrage, en rappelant
les données essentielles de ce qui est encore et pour un bon bout de temps la
première source d’énergie.
Sandy qui a ravagé la côte est des États-Unis en novembre 2012 et plus
particulièrement New York et son centre financier a rappelé que le changement
climatique est à l’œuvre. Pour la communauté scientifique, il est la conséquence
des activités humaines et en particulier des émissions de gaz à effet de serre
produites par ces activités, que ce soit le transport, la production d’électricité
ou d’autres activités industrielles ou encore simplement le mode de vie des êtres
humains. La combinaison énergie et climat est sans doute la principale responsable
de l’augmentation de la température sur terre qui provoque les dérèglements que
nous subissons de plus en plus fréquemment. C’est la raison pour laquelle l’Union
européenne a adopté dès 2007 une politique volontariste à l’horizon 2020 de
réduction des gaz à effet de serre (20 % par rapport à 1990), d’augmentation de
sources renouvelables d’énergie (20 % du bouquet énergétique) et d’amélioration
de l’efficacité énergétique (20 % par rapport au scénario du fil de l’eau en 2020).
Le lecteur de cet ouvrage y trouvera encore une fois toutes les informations
de base lui permettant de comprendre les forces en jeu, que ce soit l’évolution
démographique, la croissance économique, le recours à certaines formes d’énergie,
les impacts environnementaux, jusque et y compris la crise du bois de feu dans
les pays en développement (chapitre 6.4.5), tout en prenant connaissance des
politiques mises en œuvre ou en devenir.
Il faut rendre hommage aux auteurs pour avoir mis à la portée de tout un chacun
toutes les notions essentielles qui gouvernent le secteur de l’énergie et pour
avoir mis celui-ci dans la perspective plus globale car l’énergie est aujourd’hui au
cœur du développement économique et de la gouvernance politique. C’est sans
doute avec raison qu’ils considèrent que la planète dispose de suffisamment de
ressources pour faire face à une demande croissante mais ils introduisent à juste
titre tous les facteurs qui font que la politique énergétique sera toujours difficile à
décider. Le bouquet énergétique est sans doute l’élément le plus difficile à mettre
en parfaite adéquation avec la dimension environnementale, en particulier en
raison des longs délais nécessaires pour modifier la composition du bouquet.
L’Union européenne, aussi volontariste soit-elle, a réduit sa dépendance aux
combustibles fossiles de 81 à 75 % entre 1998 et 2011. À cette allure, combien de
décennies faudra-t-il encore pour éliminer les gaz à effet de serre ?
Il ne fait pas de doute que la dimension environnementale va jouer un rôle
croissant dans l’évolution de l’usage de l’énergie. Il suffit de demander aux
habitants de Pékin et de Shanghai ce qu’ils ont pensé du mois de janvier 2013,
dominé par le « smog », une combinaison de brouillard et de fumées polluantes.
La croissance économique ne pourra se faire qu’en prenant cette dimension
Préface 11
totalement en compte et l’internalisation des coûts externes tels que les coûts
environnementaux va finir par s’imposer. Les comportements vont aussi changer
et la gestion de la demande va prochainement être révolutionnée par la mise
en œuvre des technologies de l’information dans l’ensemble de la chaîne de
production, transport et distribution d’électricité. Éviter de consommer l’énergie
est aujourd’hui la première priorité.
L’Union européenne fonde sa politique énergétique en très rapide devenir (voir
le chapitre 7.12) sur trois piliers : compétitivité et prix abordables, durabilité et
sécurité d’approvisionnement. L’équilibre entre ces trois piliers est à rechercher
en permanence dans un environnement où les variables sont nombreuses.
Comprendre ce qui se passe, pourquoi et comment est la première étape de
la définition de toute politique. C’est le mérite des auteurs de cet ouvrage d’y
contribuer avec modestie et compétence. Nul doute que les étudiants, mais
beaucoup d’autres également, pourront alimenter leur débat sur les questions
fondamentales de notre époque dans le domaine de l’énergie, en connaissance de
cause grâce à ce « petit » ouvrage, dont l’ambition première est certainement de
mettre en appétit. Et je crois pouvoir dire que c’est réussi.
Chapitre 1
Introduction
1 On appelle bilan énergétique un tableau ou un graphique donnant la répartition par source des
consommations d’énergie dans un pays ou une région, pour une ou plusieurs années. On parle aussi
couramment de bouquet énergétique ou de mix énergétique, cette dernière expression provenant
de l’anglais.
18 Introduction aux problèmes énergétiques globaux
2 http ://www.thermoptim.org/sections/logiciels/divers-portail/seances-disponibles
Introduction 19
2.1 Présentation
Ce chapitre fournit au lecteur une base technique sur l’énergie en présentant
succinctement ce que l’on appelle l’offre d’énergie ou encore les différentes
filières énergétiques. Après avoir indiqué quelles sont les formes d’énergie
existantes et expliqué les modes possibles de conversion entre elles, il introduit
les principales caractéristiques de ces filières, en commençant par celles qui
concernent les combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon, hydrocarbures
de synthèse). Viennent ensuite le nucléaire, la production d’électricité, les énergies
renouvelables (géothermie, solaire, éolien, hydraulique, énergie de la mer) et enfin
le stockage thermique ou pneumatique.
Le lecteur intéressé par une analyse en profondeur de la conversion thermique
de l’énergie peut se référer à [Gicquel, 2009], qui fournit une présentation plus
exhaustive de la thermodynamique appliquée aux systèmes énergétiques.
Ce chapitre se termine par une section récapitulative qui souligne en particulier
les rigidités du secteur énergétique.
une multitude d’usages, dont certains lui sont spécifiques : éclairage, moteurs
électriques, électrolyse, chauffage à induction, acquisition, traitement et
transmission de l’information, etc.
L’énergie nucléaire est l’énergie de liaison entre les particules qui constituent le
noyau d’un atome. La théorie de la Relativité a montré l’équivalence de la matière
elle-même et de l’énergie, selon la célèbre formule e = mc2. L’énergie nucléaire
peut être dégagée par la fission, qui consiste à fendre le noyau d’un atome lourd
(uranium, plutonium), ou par la fusion de noyaux légers (hydrogène, deutérium).
Aujourd’hui, seule la fission est maîtrisée dans des réactions contrôlées, la fusion
ne pouvant encore être réalisée que dans des bombes atomiques, même si
d’importants programmes de recherche comme ITER se donnent pour objectif
de la maîtriser. Un développement significatif de la fusion avant 2050 est peu
probable.
2.4.1 Pétrole
Depuis la première mise en production de pétrole en 1859 par Drake aux États-
Unis, la consommation des produits pétroliers a connu un développement
considérable (1Gt en 1960, 2,9Gt en 1987, et 4Gt en 2007) ce qui s’explique par
les avantages certains que présente cette énergie du fait de sa forme liquide, de sa
forte capacité énergétique volumique, et de sa nocivité relativement faible.
Liquide, le pétrole est transportable facilement et distribuable en quantités très
variables, les réseaux de transport et de distribution des produits pétroliers, après
départ de raffinerie, étant les moins coûteux et les plus souples. En particulier,
le pétrole est de nos jours la forme d’énergie la plus adaptée pour les transports
routiers, aériens et maritimes, qui constituent un marché quasiment captif pour
les carburants liquides.
Un autre avantage offert par le pétrole est que la multiplicité de ses usages s’est
progressivement développée au cours des cent dernières années, et couvre
aujourd’hui une gamme considérable de produits, comme le montre la figure
2.4.1. La polyvalence du pétrole en fait ainsi une source d’énergie particulièrement
attractive, et explique le fort développement de son marché au XXe siècle.
26 Introduction aux problèmes énergétiques globaux
2.4.1.2 La production
La mise en exploitation d’un gisement est réalisée en forant plusieurs puits. Selon
la pression naturelle au sein du gisement, la production peut se faire spontanément
ou doit être assurée par l’emploi de pompes (pompes de surface aspirantes/
refoulantes à balancier, ou, de plus en plus, pompes électriques au fond du puits).
Ces moyens correspondent à la récupération primaire, qui ne permet
généralement pas de recueillir plus de 20 % du potentiel du gisement.
Pour améliorer le rendement, il faut passer à la récupération secondaire, qui
consiste à injecter de manière systématique de l’eau ou du gaz sous pression en
un ou plusieurs endroits, facilitant ainsi la remontée du pétrole par le puits de
production. En moyenne, le taux de récupération peut alors être porté à 33 %.
Enfin, la phase de récupération tertiaire, beaucoup plus coûteuse et en cours de
développement technologique, devrait permettre de porter le taux d’extraction à
40 ou 50 % grâce à l’injection de vapeur, d’hydrocarbures miscibles ou de produits
chimiques dilués dans l’eau. Il est alors nécessaire de décanter le pétrole extrait
pour en séparer les gaz et les eaux salées. Ces techniques ont un coût élevé et ne
se justifient donc que si les prix dépassent certains seuils.
La mise en exploitation complète d’un champ pétrolier s’étend sur plusieurs
années et peut demander jusqu’à 15 ans pour un grand gisement offshore. Dans
ce dernier cas, on doit utiliser des plates-formes posées ou ancrées au fond de la
mer selon la profondeur.
Le développement de l’exploration et de la production en mer a été rendu
nécessaire par le rapide épuisement des réserves à terre. Les océans représentant
70 % de la surface de la Terre, les potentiels pétroliers qu’ils recèlent sont en effet
considérables, même si l’environnement y est beaucoup plus hostile.
Développées initialement à proximité des côtes où se situaient les grands
gisements, l’exploration et la production offshore se sont ensuite étendues à des
zones d’accès beaucoup plus difficile comme la Mer du Nord, le Labrador, etc.
Environ 30 % du pétrole produit dans le monde provient aujourd’hui du fond des
mers, et ce chiffre devrait rester stable dans l’avenir proche.
Notons que le trafic pétrolier international représente encore une part très
importante du commerce maritime mondial (36,6 % en 2009 contre plus de 50 %
de 1950 à 1980 [CNUCED, 2012]).
La principale contrainte technique est que le pétrole brut ne peut guère être utilisé
tel quel, et qu’il est donc nécessaire de le raffiner, pour produire des « dérivés »
ou « produits », qui correspondent aux usages très variés, soit énergétiques, soit
chimiques.
2.4.1.4 Le raffinage
Le raffinage a pour but de séparer les différents hydrocarbures composant le
pétrole. On utilise pour cela des procédés physiques et physico-chimiques qui
permettent d’obtenir quatre grandes catégories de produits ou « coupes » : les gaz
de pétrole liquéfiés (GPL), les essences, les distillats moyens (fioul domestique,
gazole), et les fiouls lourds, comme indiqué sur la figure 2.4.3.
2.4.1.5 La distribution
Alors que production et raffinage demeurent des activités centralisées, la
distribution des produits pétroliers peut être plus largement décentralisée.
Le mode de distribution dépend de l’importance du consommateur :
-- les gros consommateurs sont généralement livrés directement par les
raffineries ;
-- la livraison finale aux petits consommateurs se fait uniquement par route.
On dénombre en France 32 000 stations services alimentant les 21 millions
de voitures particulières et les transports routiers, et 6 000 négociants en
fioul, qui approvisionnent plus de 6 millions de chauffages centraux.
Les compagnies pétrolières disposent de surcroît de dépôts, utilisés comme
stockage stratégique (90 jours de consommation pour les États membres de
l’Union européenne et d’importations pour ceux de l’AIE), et économique pour
répondre aux fluctuations de la demande. Ils sont généralement situés à proximité
des zones de consommation. La France compte par exemple 500 dépôts dont la
capacité varie de 1 000 m3 à plus de 10 000 m3.
2.4.1.8 Conclusion
La polyvalence du pétrole en fait une source d’énergie particulièrement attractive,
et explique le fort développement de son marché au XXe siècle. Facilement
stockable et fractionnable à loisir, il constitue un carburant privilégié pour les
transports routiers et aériens.
Compte tenu de ses caractéristiques technico-économiques, l’exploration-
production du pétrole est réservée à des entreprises fortement intégrées, jouissant
d’une puissance financière suffisante pour faire face aux risques encourus. En
revanche, la distribution des produits pétroliers peut sans difficulté être assurée de
manière décentralisée et ne nécessite pas de réseau particulier, ce qui en fait une
source d’énergie privilégiée pour les pays à infrastructure réduite, et notamment
pour les pays en développement.
Les deux premiers maillons sont analogues à ceux du pétrole, le gaz naturel
s’étant formé selon les mêmes processus, et se trouvant quelquefois sur les lieux
mêmes d’un gisement pétrolier. On parle alors de gaz associé, qui peut être selon
les cas du gaz dissous dans le pétrole, ou du gaz individualisé, séparé. Jusqu’au
premier choc pétrolier, ce gaz associé était brûlé sur les lieux de production,
dans les torchères situées à proximité des puits de pétrole, ou bien réinjecté dans
le cadre des opérations de récupération secondaire. On cherche désormais de
plus en plus à l’exploiter comme du gaz non associé, ou gaz sec, lorsque c’est
économiquement rentable.
L’exploitation du gaz naturel présente des contraintes plus fortes que celle du
pétrole. Autant ce dernier peut être transporté et stocké de manière relativement
simple du fait qu’il se présente sous forme liquide, donc avec un volume spécifique
faible, autant le gaz naturel, qui se présente sous forme gazeuse aux conditions
normales, demande à être conditionné de manière particulière, pour pouvoir être
transporté dans des conditions de sécurité acceptables. De plus, d’un gisement à
l’autre, la composition du gaz naturel varie sensiblement et il faut souvent l’épurer.
Par exemple, le gaz du gisement de Lacq en France doit être débarrassé de son
soufre avant expédition.
Pour transporter sur des milliers de km le gaz naturel du lieu de production au
lieu de consommation, le recours à des technologies complexes et coûteuses est
nécessaire.
Filières énergétiques 35
Le transport par méthanier, sous forme liquide, représente lui aussi une prouesse
technique. Pour liquéfier le gaz à la pression atmosphérique, on doit le refroidir à
‑160°C ce qui a pour effet de diminuer d’un facteur 600 son volume spécifique.
Des méthaniers de capacité 75 000 à 160 000 m 3 aujourd’hui permettent
d’acheminer le GNL aux ports de débarquement.
36 Introduction aux problèmes énergétiques globaux
-- une troisième possibilité est de stocker le GNL dans des cuves enterrées, à
proximité des terminaux de regazéification. Cette technique, qui suppose un
refroidissement continu des cuves pour compenser les pertes thermiques,
est limitée à des quantités plus réduites.
Les capacités françaises de stockage sont aujourd’hui voisines de 300 milliards de
kWh PCS (26 Gm3 de gaz), soit 26 % de la consommation annuelle, avec un débit
de pointe égal à 200 millions de m3/jour [MEDDE, 2006].
Le réseau de distribution est composé de canalisations de diamètres très variés
(de 8 cm à 1 m), fonctionnant à moyenne pression (50 millibars - 4 bars) ou à
basse pression (20 millibars).
2.4.2.3 Investissements
L’ensemble de cette chaîne représente des investissements considérables, tant
pour le producteur que pour le consommateur, ce qui a pour effet de les lier sur
le long terme. En effet, les méthaniers ne peuvent décharger leur cargaison que
dans des terminaux de regazéification, à la différence des pétroliers, susceptibles
de décharger dans tous les ports ou presque.
À titre d’exemple, les coûts d’investissement d’une chaîne GNL sont les suivants :
38 Introduction aux problèmes énergétiques globaux
2.4.2.4 Conclusion
Le gaz naturel se présente comme une des sources d’énergie les plus propres,
à haut contenu énergétique, pouvant concurrencer le pétrole dans un nombre
significatif d’usages, aussi bien énergétiques que comme matière première.
Cependant, compte tenu de son caractère extrêmement volatil, chacun des
maillons de la chaîne gazière est marqué par des coûts d’investissement très
élevés, ce qui confère à l’industrie gazière un caractère particulièrement centralisé
et une forte rigidité.
2.4.3 Charbon
Depuis la révolution industrielle, le charbon a vu sa consommation augmenter
dans des proportions considérables. En 1950, la part du charbon représentait
encore 57 % de la consommation mondiale d’énergie primaire commerciale, puis
elle a décliné pour atteindre un plancher de 27 % en 2002. Depuis cette date, elle
oscille entre 25 % et 31 %.
L’importance de ses réserves et leur répartition géographique complémentaire de
celle des hydrocarbures en font un concurrent potentiel sérieux pour ces derniers,
le principal obstacle à son utilisation étant son impact beaucoup plus fort sur
l’environnement.
Les charbons ont été formés à partir des immenses masses végétales de l’époque
carbonifère (il y a environ 300 millions d’années), mélangées à des éléments
minéraux. Ils sont composés de carbone, de matières volatiles (hydrogène),
d’hydrocarbures et de cendres.
On distingue trois grandes catégories de charbons (ou combustibles solides) : la
tourbe, le lignite et la houille, dont l’anthracite est une variété de qualité supérieure.
-- la tourbe s’est formée à l’ère quaternaire. Fibreuse, légère, fortement
imprégnée d’eau, elle constitue un combustible de qualité médiocre, qui ne
fait pas l’objet d’échanges internationaux ou presque ;
-- le lignite remonte à l’ère tertiaire. Fibreux, sa structure laisse apparaître
des vestiges de rameaux et grosses branches. Meilleur combustible que la
tourbe, il reste d’un rendement faible, mais est assez largement utilisé. Lui
aussi fait l’objet de peu de transactions internationales ;
Filières énergétiques 39
-- la houille s’est formée à l’ère primaire. Son pouvoir calorifique est beaucoup
plus élevé que celui du lignite ou des tourbes. La houille comprend
diverses catégories de charbons, qui diffèrent par leur teneur en carbone.
Les anthracites et les houilles maigres sont utilisées comme combustible,
tandis que, par distillation, on retire des houilles grasses du gaz pauvre, des
goudrons et du coke.
Le tableau 2.4.2 permet de comparer entre eux divers combustibles.