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Calvet Louis-Jean. 1. La chanson comme métissage. In: Vibrations, N. 1, 1985. Métissage et musiques métissées. pp. 71-80;
doi : https://doi.org/10.3406/vibra.1985.855
https://www.persee.fr/doc/vibra_0295-6063_1985_num_1_1_855
■ w
PRODUCTIONS
LA CHANSON
PAR LOUIS-JEAN
COMME
CALVET
METISSAGE,
rock
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: Ainsi
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française
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tandis
qu'il
pour
pour
rythme
rappeler
linguisti¬
utilisait
parler
qu'un
le
» :
proverbe décrétait gravement : « L'allemand hurle, le français
chante, l'anglais pleure, l'italien joue la comédie et l'espagnol
parle »...
En fait, il y a derrière ces phrases quelques idées concer¬
nant la langue, la musique, le rythme et leurs rapports, et cette
assertion qu'une langue, en l'occurrence le français, serait
incapable
un certain denombre
se plier
deà lieux
un rythme,
communs
ici celui
: du rock, repose sur
- le rock nous est venu des pays anglo-saxons, chanté bien sûr
en langue anglaise ;
- il a été, au début des années soixante, « copié » par les chan¬
teurs de la vague yéyé ;
- la copie était moins bonne que l'original ;
- et cette différence de qualité s'expliquerait par certaines
qualités ou par certaines caractéristiques de la langue em¬
prunteuse.
En d'autres termes, s'il fallait généraliser cette vision des
choses véhiculée par la vox populi , le tango serait de façon
définitive lié à la langue espagnole dans sa version argentine, la
samba serait nécessairement chantée en brésilien et le reggae
ne saurait se passer de cet anglais particulier parlé à la Jamaï¬
que tandis que la langue française serait le véhicule privilégié
de la java et de la chanson dite «rive-gauche»...
Notre propos n'est pas ici de juger de la « valeur » du rock
français, de la samba ou du reggae acclimatés aux rives de la
Seine, mais simplement de poser quelques questions simples
autour de ce problème qui l'est moins : quelles difficultés, en
particulier rythmiques , peuvent apparaître dans la rencontre
entre la langue et la musique ?
seront paTlern
r* f r Tri-r *-
choir,
horn, I have tried
torn ev-'ry-
in my one
way who reached toout befor free;
me;
Métissage et musiques métissées
Dans ce premier couplet, sept mots sont mis en valeur (les mots
en italiques) :
I. Non ce né.
À À à J- 1J
P II
SOL FA$7
î l à . i
Reprise 7 fois
et Coda
Si m
t-ttTT T y
Les Co . pains d'à . bord, Les Copains d'à _ bord.- - - - i 4.5.3.2. Au
Ses
Cé.taient
C'é - moin-
taient
fluc. dre
pas
tu
5e Case
M au etStyle
Chorus
jème répétition
7.6.refrain
trompette
bouche
Des
Au reprise
enfermée
ren.
ba_
bouchée
RÈ duteaux
dezen FA
■
CODA
m
TT n T
semble, l semble. love you, I love you, I love you, Thafs ail toI want
I need make to
you
need you, I need you, I need you
mi chelle ma belle
these are words that go together well
mi
my chelle
michelle
ma belle
sont les mots qui vont très bien en semble
très bien en semble
Nous remarquons tout d'abord que le traitement de la langue
française est ici très différent de celui qu'aurait donné un
compositeur francophone en particulier, micheîle et ensemble
:
ne font que deux syllabes, belle n'en fait qu'une, alors que la
tendance de n'importe quel francophone aurait été de tonifier
les « e muets » en ajoutant une syllabe à chacun de ces mots. Ce
qui nous montre à tout le moins que ce métissage dont nous
parlions relève de deux compétences différentes, une compé¬
tence linguistique (il faut avoir l'intuition de la langue pour
allonger telle ou telle syllabe, pour tonifier tel « e muet ») et une
compétence musicale (celle qui permet de mettre en musique
le texte). En outre, nous remarquerons que les rimes (ensemble)
ou les rimes approximatives (belle, micheîle, well) sont souli¬
gnées, ce qui n'est plus pour nous étonner mais nous montre
cependant que dans deux langues différentes (celle de Léo¬
nard Cohen d'une part, celle de Brassens ou de Le Forestier
d'autre part) comme dans le mixage de ces deux langues (dans
l'exemple des Beatles), les mêmes procédés sont utilisés avec
les mêmes effets, quelles que; soient les caractéristiques pho¬
nologiques de ces langues.