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Microfinance outil alternatif de lutte contre la pauvreté

La Microfinance est un terme générique désignant les offres de services financiers destinées
aux populations pauvres, exclues du système bancaire traditionnel. Elle concerne, au sens large,
les microcrédits, micro assurances, micro transferts. Au sens strict, elle se confond au
microcrédit définit comme étant des prêts de petites sommes destinées à financer tout ou partie
d’un projet générateur de revenus.

Quant à la pauvreté, dans son sens absolu, elle représente une situation de privation des moyens
de couverture des besoins primaires des membres des ménages. Elle est mesurable par un
niveau de revenu ou de dépense individuelle. Elle désigne l’incapacité d’acquérir une ration
alimentaire équilibrée assortie d’une incapacité à couvrir correctement les autres besoins non
alimentaires. Dans son sens relatif, la pauvreté dans un pays est la situation des ménages faisant
partie des 20 % de la population effectuant les dépenses les moins élevées.

L’émergence de la Microfinance comme outil approprié de lutte contre la pauvreté est à inscrire
dans le contexte global de la coopération internationale et des débats sur l’efficacité de l’aide
au développement au cours des années 90 et la décennie 2000.

Face à la difficulté, voire l’échec, de l’aide au développement de contribuer significativement


à la réduction de la pauvreté dans le monde, on a reconnu à la Microfinance, notamment lors
du premier Sommet Mondial sur la micro crédit 3 en 1997, à Washington, une approche
fonctionnelle de financement du développement en faveur des micros entrepreneurs et des
femmes, à travers des crédits et d’autres services financiers.

Ce Sommet faisait suite à la création dès 1995, auprès de la Banque Mondiale, sous l’initiative
des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, le Groupe Consultatif d’Assistance aux
Pauvres (CGAP) avec la mission d’améliorer les capacités des institutions de micro finance,
afin qu’elles puissent offrir des services financiers durables.

Faisant écho à l’action de la Banque Mondiale et à diverses initiatives développées çà et là, les
Nations Unies, après la rencontre sur le micro crédit de NewYork en 2002, décident de faire
de l’année 2005, l’Année Internationale du microcrédit.

De même, les Autorités françaises, à l’issue du sommet consacré au même sujet à Paris(2005),
expriment leur volonté de soutenir le développement de la micro finance à la fois à travers
des réformes institutionnelles (cadres légal, fiscal) et une mobilisation de ressources privées.
Aussi, sur la même thématique, la Conférence des Nations Unies de juin 2006 à Dakar, dresse
le constat suivant : « la réalité reste que la plupart des populations les plus pauvres à travers le
monde, n’ont pas encore accès à des services financiers pérennes et viables, qu’il s’agisse de
l’épargne, du crédit ou de l’assurance. Notre défi majeur consistera donc à éliminer les
contraintes qui excluent les plus démunis d’une pleine participation au secteur financier.
Ensemble, nous devons construire des secteurs financiers inclusifs qui aident les populations à
améliorer leurs conditions de vie ».

Les objectifs qui sont assignés à la Microfinance et partagés par les Agences de développement
et les gouvernements, sont de plusieurs ordres : augmenter les revenus des plus pauvres ,
favoriser, stabiliser et professionnaliser leurs activités économiques, mais aussi et surtout,
améliorer le statut des femmes en termes économique, d’éducation, de santé, et plus
généralement, renforcer leur autonomie et favoriser la naissance d’un ensemble de sentiments
de libertés réelles , d’accroissement des « capacités » de l’individu, au sens d’Amartya Sen
(1993), Prix Nobel d’Économie, 1998.

Pour Sen, être pauvre signifie avant tout, être privé de « capacités » de base plutôt que de
disposer en soi d’un maigre revenu, ce dernier étant considéré au sens instrumental (générateur
de capacités) plutôt qu’intrinsèque (empêchant la pauvreté).

Il faut souligner qu’à l’époque, cet engouement des Gouvernements, Institutions


internationales, Organisations Non Gouvernementales et populations en attente d’aide pour la
micro finance a été en grande influencée par l’expérience de Mohammed Yunus, Prix Nobel de
la Paix, reçu en 2006 au cours du second Sommet Mondial du microcrédit à Halifax (Canada).
En effet, on rapporte que ce chercheur et un grand praticien du microcrédit a réussi dans la
durée, à améliorer dans une certaine mesure et sous certains aspects, les conditions de vie de
des populations pauvres au Bengladesh, grâce à de petits crédits.

L’efficacité de la Microfinance en question

Dans la littérature, plusieurs études se sont intéressées à l’efficacité des Institutions de


Microfinance (IMF). On peut regrouper ces études en deux catégories :
 Dans la première catégorie, les études analysent la performance des institutions de
micro-finance en ne prenant en que le caractère d’intermédiation financière de celles-
ci, voir notamment; Qayyum et Ahmad, 2006 ; Bassem, 2008 et Haq et al., 2009. Ces
études s’inscrivent donc dans l’approche du CGAP, 2003 (Consultative Group to Assist
the Poor), qui préconise de mesurer l’efficacité des Institutions de microfinance à
travers des ratios se rapportant à la soutenabilité/profitabilité, la gestion actif/passif, la
qualité du portefeuille et l’efficacité/productivité. Ainsi, ces études ne permettent pas
vraiment d’appréhender la performance des Institutions de microfinance en termes de
réduction de la pauvreté ;
 Dans la deuxième catégorie de ces études sur la performance des Institutions de
microfinance, en plus de la fonction d’intermédiation de ces institutions, on prend en
compte la dimension de pénétration (outreach) liée à la fonction sociale de ces
institutions. Ceci, par l’intégration de variables telles que le nombre de clients, le
pourcentage de femmes emprunteurs et, pour certaines études, un index de pauvreté
calculé à partir des données relatives aux états financiers de ces institutions. Celui-ci est
censé mesuré la propension de l’Institution de microfinance à prêter aux populations les
plus pauvres. On peut citer notamment Guittiérez-Nieto et al., 2007 et 2009 ; Soulama,
2008 ; Serano-Cinca et al., 2010 et Hermes et al., 2011. Kablan (2012).
D’après ces auteurs, en permettant à des pauvres de bénéficier de services financiers les
Institutions de microfinance participent à la réduction de la pauvreté. Aussi, les
Institutions de microfinance qui prêtent le plus aux femmes sont celles qui sont le plus
axées sur la lutte contre la pauvreté.
Dans le cas guinéen, on peut citer l’étude de A. A. Bah(2012). Cette étude porte sur les
articulations entre finance formelle et informelle et lutte contre la pauvreté au Fouta-Djalon.

Une des limites fondamentales de ces études est qu’elles évacuent d’emblée la question de
savoir si le vrai problème des pauvres dans les pays en développement est celui du financement.

La question de l’efficacité de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté n’est pas sans
rappeler la fameuse controverse au cours des deux dernières décennies sur l’efficacité de l’aide
au développement entre les tenants du « Big Push » ou « Grande impulsion » et les partisans de
la capacité d’absorption1. La théorie du « Big Push » repose sur l’hypothèse de piège de sous-
développement qui postule que les pays pauvres sont enfermés dans un équilibre bas et qu’une
« grande impulsion » associée à un afflux massif d’aide extérieure serait nécessaire pour les
sortir de la pauvreté ; Alors que la théorie de « capacité d’absorption » met l’accent sur les
contraintes de décaissement des pays pauvres.

1
A ce sujet, voir le n° spécial de la revue d’économie du développement 2006/2-3-septembre
A l’image de ce débat au niveau des pays, on se demande si le même type de questionnement
ne s’applique pas au niveau des individus pauvres. En effet, la focalisation actuelle sur les
institutions de microfinance comme instrument de lutte contre la pauvreté donne l’impression
que tout se passe comme si les pauvres n’attendent que leurs besoins de financement soient
satisfaits pour sortir de la pauvreté. Ils restent dans la pauvreté parce qu’ils n’ont pas reçu
suffisamment de financement, et comme ils n’ont pas accès, ou difficilement, au financement
bancaire, il ne reste que les institutions de microfinance pour les aider à sortir de la pauvreté ;
D’ailleurs, compte tenu de la dimension de leurs activités, leurs besoins de financement, dont
la satisfaction est considérée comme le principal obstacle à leur sortie de la pauvreté, est faible.
En ce sens, les microcrédits, par opposition au financement bancaire où les montants peuvent
être relativement importants, suffiraient.

Cependant, à l’observation au quotidien du phénomène de pauvreté, on peut se demander si le


principal problème des pauvres est l’accès au crédit. Or, si tel n’est pas le cas, beaucoup
d’énergie et de moyens financiers risquent d’être mis dans le secteur de microfinance sans que
cela ne réduise significativement la pauvreté ; Alors que ces ressources peuvent être utilisées
plus efficacement en identifiant et en s’attaquant aux véritables causes de la pauvreté. A cet
égard, notre intuition est que, sans négliger la contrainte d’accès au crédit pour les pauvres, il
faut appréhender la pauvreté davantage comme résultat de déséquilibre de marchés
microéconomiques de biens et services, d’une part, et de politiques de répartition des valeurs
ajoutées, au sein des entreprises, inadaptées à la promotion d’une croissance pro-pauvres au
niveau macroéconomique, d’autre part. Une réflexion dans ce sens devrait, à notre avis,
améliorer notre compréhension du phénomène de pauvreté et conduire à la mise en place des
outils pertinents de lutte contre la pauvreté.

Dans tous les cas, la question de savoir qu’elle est la meilleure approche pour lutter contre la
pauvreté appelle, in fine, une réponse d’ordre empirique.

Dans l’ensemble on peut relever deux limites fondamentales de ces différentes études :
 Premièrement le rôle éventuel du coût de l’accès au crédit Microfinance dans
l’aggravation de la pauvreté à travers le poids du surendettement n’est pas examiné.
Cet aspect est pourtant fondamental. En effet, face à de sévères contraintes de liquidité
les agents économiques ont souvent tendance à accepter des crédits sans une réelle
appréciation des taux d’intérêts à payer;
 Deuxièmement, même dans le cas des études qui prennent en compte le rôle social des
Institutions de microfinance l’analyse est faite uniquement sur la base des données de
ces institutions et on ne met l’accent que sur la propension de prêt aux pauvres et la
part des prêts faits aux femmes comme mesure de l’efficacité des Institutions de
microfinance dans la lutte contre la pauvreté. Les données propres aux bénéficiaires des
crédits de la Microfinance ne sont pas, ou insuffisamment prises en compte. Or, l’accès
au crédit est une opportunité qui ne se traduit pas forcément par une réduction de la
pauvreté.
En somme pour une meilleure évaluation de l’impact de la Microfinance, il est essentiel de
mettre l’accent sur la capacité de la Microfinance à renforcer l’autonomie des pauvres et
favoriser à leur niveau la naissance d’un ensemble de sentiments de libertés réelles,
d’accroissement de leurs « capacités », au sens d’Amartya Sen.

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