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Berichteund Kommentare
des Yasa
Esquisse de l'ethnoichtyologie b) Les Yasa
du Cameroun
Les Yasa sont des pêcheurscôtiers,de langue
bantoue, vivantdansle département de l'Océanau
SergeBahuchet sud-ouest du Cameroun, à la frontière de la Guinée
Equatoriale de
(région Campo). Dans le cadred'un
1. Introduction projetpluridisciplinaire d'anthropologie alimen-
taire1menéde 1983 à 1986 (programme conjoint
a) Ethnoichtyologie CNRS-ORSTOM-Institut des SciencesHumaines
de Yaounde,dirigéparI. de GarineetJ.F. Loung),
«Ethnoichtyologie» est un termecommodepour le villaged'Ebodiéa été choisi,qui regroupe une
désignerl'étudedes relationsavec les poissons. cinquantaine de foyers.Nous y avonsréalisédes
C'est en quelquesorteun chapitre de l'ethnozoo- enquêtessur les techniquesde pêche (Bahuchet
logie,toutcommel'ethnozoologie est elle-même 1985)et surles connaissances que les Yasa ontdu
un chapitrede l'ethnobiologie. On saitque l'eth- mondemarin, étude dont nous présenterons ici les
nozoologieest toutà la fois étudedes connais- grandeslignes.
sancesdes hommessur les animaux,mais aussi Dès l'abordla spécificité de cettesociétése
des usages de la faune par l'homme, c'est-à-dire manifeste: toutes les activités sont tournées versla
l'étudeconjointedes savoirset des savoir-faire.mer.Le villageest adosséà la plage,les champs
Les savoirs,ou ethnosciences, sonten réalitédes autour,entrele villageet la forêt.On y accède
sciencesappliquées,puisqueles sociétésutilisent d'ailleurssouventen passantpar la plage. Glo-
leursconnaissances pourleursactivitéstechniques. balement, ce sontles femmesqui s'occupentdes
L'étude des savoir-faire est priseen compte champs,alors que les hommespèchent.De ce
également dans ce que certainschercheurs nom- fait,touteétudeethnographique de cettesociété
ment«anthropologie maritime», qui estconcernée se changetoutnaturellement en étudeethnozoolo-
par l'étudedes procèstechniqueset sociauxde gique.
production, de transformation, de distribution et Ce petitpeuplede quelquesmilliers d'âmesfait
de consommation propresaux sociétésdontl'ac- linguistiquement partied'un ensemble plusvaste:
tivitéprincipale estl'exploitation du milieumarin en effettout longle du Golfe du Biafra,depuisle
{Anthropologie maritime 1984).La pêcheposedes pied du Mont Cameroun jusqu'à l'estuaire du Ga-
problèmes particuliers aux hommescar la merest bon, vivent tous les de
groupes langues bantoues
unenvironnement étrange, mouvant et dangereux, de la mêmebranche(A30, groupeBubi-Bengade
se présentant commeune surfaceplateet indif- Guthrie1967-1971),soit une demi-douzaine de
férenciée,et il est de
légitime s'interroger surles langues côtières dont les locuteurs sont tous des
moyensque les êtreshumains ontdéveloppés pour pêcheurs de mer.
vivrede cetenvironnement (Acheson1981). Dans
ce contexte, l'approcheproprement ethnoécologi-
que (Bahuchet1986),souvent négligée,nousparaît
le meilleuroutilpourmettre en relationles con- 1 Ce projetest effectuédans le cadre de l'équipe de recher-
naissancesde ce milieunaturel et les
si particulier che «Anthropologiealimentairedifférentielle» (ER 263 du
CNRS). Y participentI. de Garine,S. Bahuchet,P. Pasquet
techniques halieutiques et de ce faitcomprendre et C. M. Hladik (CNRS, ER 263), A. Froment,G. Koppert
les fondements de l'adaptation maritime. et E. Dounias (ORSTOM), J.F. Loung, G. Nguima-Ma-
woung et D. Nzouango (ISH Yaounde).
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Berichte
I / /A / >T itiRocher
du Loup
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de l'océan le longde la côte yasa
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Berichte 513
et nomenclature
classification
3. Les poissons, nomcomposédecomposable (qu'il nommelexeme
secondaire) sera d'un rangtaxinomique inférieur
Toute enquête ethnobiologique commence, ou à un nom simple. Au contraire les chercheurs
mieux,est fondéesurun inventaire minutieux et français, en particulier C. Friedberg (1974),distin-
précisde la nomenclature du monde: les éléments guentsoigneusement identification, dénomination
du milieunaturel sontreconnus, c'est-à-direnom- etclassification (c'est-à-dire insertion dansunsys-
més,parles membres d'uneethnie. tèmede référence), troisopérations distinctes qui
Au coursdes huitmois d'enquêteseffectuées peuventse confondre maispas nécessairement.
au villaged'Ebodié,j'ai pu recueillirprèsde 200 Examinons le matériel yasa.On relèveplusieurs
nomsd'animauxaquatiques,dont 147 nomsde ensembles où plusd'unepairede nomsestdistin-
poissons(plusdes trois-quartsen sontdéjà déter- guée par des déterminants. Dans ces cas il peut
minésparmessoins,poissonsen main,à partir de s'agiren effetde sous-ensembles classificatoires.
Blacheetal. 1970).Parmiceux-ci,le vocabulaire Par exemple:
ichtyologique est particulièrementrichepuisque
les lutjans(«carpillons»en françaislocal) regroupent trois
plusde 120 espècesde poissonssontdénommées vá bèibèi
- - types:vikóbiyà
(aussi bien d'eau douce 28 noms que de /carpillon/de/rougeur/
«Lutjanus sp., Lutjanidae»,vikóbiyà
"Lutjanusgoreensis(Val.)» et vikóbiyà
mer).Il est intéressant de rappelerque Monod vfviïndâ/carpillon/de/noirceur/ "L. dentatus(Dum.)»;
(1928) signalela relativepauvretéspécifiquede les raiesregroupent quatretypes:jùbà «Dasyatismarganta
la côte du Cameroun, où seulement123 espèces (Gthr.),Dasyatidae»,;^;^ èbàbàngò«raie-papillon Gymnura
étaientdécrites(à cetteépoque).On voitque les micrura(Bl. Sehn.),Dasyatidae»,jùbà já iwònjò«raie-aigle
Yasa dénommeraient la quasi-totalitédes espèces Pteromylaeus bovina(Geoff.St.Hü.),Myliobatidae» tijùbàjá
existantsurleurcôte. jißa Torpedo
«torpille spp.,Torpedinidae»;
et les roussettes sontdésignéspar un nom
La majoritédes noms de poissons,chez les les petitsrequins
kòmbóqui regroupetroistypes:kòmbóà bèbùlà
générique
Yasa, sontsimples.En effet,sur les 147 noms /rousette/à/rayures/ «Paragaleuspectoralis(Garm.),Carcha-
57 seulement
recueillis, (38 %) sontcomposés. rhinidae»,kòmbóà màlo/rousette/à/oreilles/ «requin-marteau,
La pluparts'opposent parpaires,paradjonction Sphyrna zigaena(L.), Sphyrnidae» etkòmbó mòõngô /requin/de
de déterminants. Dans certainscas, ceux-cidési- mollesse/, indéterminé;
gnentle milieuphysique,tel que «le large»,«le les «poissons longs»sontdésignésparle nomgénérique ngònú
fond»,«les rochers»,«l'eau douce».Parexemple: qui détermiMc cinqtypes:ngònúà botù«Muraenamelanotis?»,
ngònúà dïbâ/murène/de/rivière/ «silureind.»,ngònúà mángà
et
ètàndã«poissonvolant(Exocoetidae)» /murène/du/bordde mer/ ferox?
«Cynoponticus '», ngònúà wãn-
jã /murène/à/taches/
«Lycodontispolygonius (Poey), Muraeni-
ètàndãã múnjà/poisson volant/du/large/ volant»
«grondin dae»;
tùbùlè«Gerreidae»et
sous le nomgénérique
tùbùlèà túbè/poisson «Diagramma
sp./de/mer/ mediterraneusles «grandsrequins»sontregroupés
ndômï, sixtypes:ndômïà èkûlu/requin/de/courte
qui recouvre
(Guich.),Pomadasyidae» ndômïà màlo/requin/à/oreilles/
taille/,
indéterminé, «Sphyrna
ind.,ndômïà màó-
spp.»,ndômïà màlálè/requin/de/rochers/,
D'autrespeuventaussi êtredes descriptions,ngó/requin/de/longueur/, ind.et ndômïà jißa /requin/de/tor-
tellesque «à rayures», «tacheté», «rouge».Ils peu- pille?/,ind.
ventdistinguer des espècesappartenant au même
genre, ou au moins à la même famille zoologique. Cependant dansplusieurscas des poissonsqui
Parexemple: se ressemblent, désignéspar des noms simples,
indécomposables mais différents, sontregroupés
mòngóngà «raie-guitare Rhinobatos (Geoff.St.Hil.), en catégoriesdésignéespar le nom de l'espèce
cemiculus
Rhinobatidae»et
mwámàtõnõ/raie-guitare/des/rayures/ la plus importante(par sa fréquence en général),
mòngóngà «(peutêtre)
Rhynchobatuslubber ti Ehr.,Rhinobatidae» ce termedevenant ainsi «nom collectif».C'est le
cas des «bars» (en françaislocal,c'est-à-dire les
On peuts'interroger surla valeurclassificatoireSciaenidae,corb,otolithe et courbine) réunissous
que ces dénominations peuventavoir.Plus préci- le termebèpúi(plurielde èpúi):
sément,la dénomination reflète-t-ellela position
taxinomique d'untypede poisson,c'est-à-dire leur èpúi«Miracorvinaangolensis(Norm.)»
ibòmàpèndà«Pteroscion
peli (Blkr.)»
place dansun système classificatoire? ilàngé«Argyrosoma
hololepidotum (Lac.)»
On sait que les ethnoscientifiques américains, njòmò«PseudotolithustypusBlkr.»
et en premier lieu B. Berlin(1973),le pensent, ce
qui les amènent à accorder beaucoupd'importance Il en va de mêmeavec les «daurades»(français
à la formedes noms pour déterminer le rang local, carpesde merPomadasyidaeet daurades
en et
taxinomique: particulier, poursimplifier, un Sparidae)désignéesparbépèi(plurielde épèî):
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b) Principales
techniques 4m
longueur
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Le trides sardinelies
prisesdans le filetdérivant,
activité La ligneà main,sonplioiret soncrabe-appât,
collective.
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