GUIDE DU PARIS ESOTERIQUE
s’étend, jusqu’aux portes du Sénat, la superbe perspective des Jardins
de l’Observatoire et du Jardin du Luxembourg.
Avant de nous y engager, jetons un rapide coup d’cil au
médaillon incrusté 4 angle de avenue de l’Observatoire et de
Yavenue Denfert-Rochereau. Quelques centaines de métres plus bas,
sur le trottoir de la Closerie des Lilas, a Pangle du boulevard du
Montparnasse, la statue du maréchal et franc-magon Ney (initié le 13
septembre 1801 par la Loge « Saint-Jean de Jérusalem » & POrient de
Nancy) par le Rude (membre du Grand Orient) nous rappelle
que le duc d’Elchingen fut officiellement fusillé ici, pratiquement sur
le méridien,
A quelques metres de 1a, un médaillon est planté dans le sol a la
hauteur du monument de bronze dédié & la mémoire de explorateur
Francis Garnier. Quatre autres repéres de bronze jalonnent l’avenue
de TObservatoire jusqu’aux grilles du Jardin du Luxembourg : un
médailion au croisement de la rue d’Assas, un autre au carrefour de
la rue Michelet, un autre encore a la hauteur du 4 de Pavenue de
PObservatoire et le dernier sur le trottoir de la rue Auguste Comte.
Offrons nous une petite pause dans les Jardins de ’Observatoire et
profitons-en pour étudier les ceuvres qui les jalonnent. Une série de
quatre statues allégoriques célébre, du sud au nord, la course de
Pastre solaire. OZuvre de Frangois Jouffroy, installée tout prés de la
fontaine de l'Observatoire, ¢l’Aurore », les bras levés, annonce
Parrivée du jour symbolisé par un homme qui s’éveille. Un peu plus
au nord, dans le jardin Marco-Polo, c’est Pallégorie du «Jour » de
Jean Perraud, que I’« Aube» désaltére avec son amphore. Vient
ensuite, grave et méditatif, un « Crépuscule », dut au ciseau du
sculpteur Gustave Crauck, qui annonce l’ceuvre de Charles Gumery
la « Nuit», figurée sous les traits d’une femme se couvrant d’un voile
devant un homme représentant le «Jour ». Cette série symbolique
annonce le chef d’ceuvre de ces jardins qu’est incontestablement la
Fontaine de Observatoire, merveille de grace en mouvement. Mais
la plastique des quatre jeunes femmes nues de Jean-Baptiste
Carpeaux n’est pas la caractéristique la plus intéressante de la
fontaine : oeuvre constitue un remarquable manifeste de domination
universelle d'inspiration apollinienne.
L’extraordinaire manifeste apollinien de la Fontaine des Quatre
parties du Monde
La fontaine, construite en 1875 par l'architecte Gabriel Davioud,
est constituée de deux bassins, un demi-circulaire (symbolisant le
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Ciel) du c6té méridional, et un autre, plus petit et carré (symbolisant
la Terre), c6té nord. Le bassin en demi-lune est légerement au-dessus
de Pautre de fagon que son trop-plein s'y déverse et offre ainsi une
représentation symbolique des influences célestes sur le domaine
terrestre. Du centre du grand bassin surgissent quatre attelages de
deux fringants chevaux-tritons caracolant aux quatre directions de
Pespace sous les jets d’eau qui jaillissent de la gueule de sept grandes
tortues marines et de quatre dauphins. Cette hétéroclite menagerie de
bronze dissimule un symbolisme apollinien. Le cheval, depuis ’aube
des temps, est un symbole solaire. La course de Péquidé a été
comparée celle du soleil dans le ciel ; sa criniére flottant au vent
ymbolise les rayons du soleil flamboyant ; attelé au char du dieu
Soleil, il participe intimement a la marche des cieux. La tortue est le
symbole et Phicroglyphe du Cosmos : ses quatre pattes figurent les
piliers du monde disposés aux quatre dircctions de espace et
supportant la vodtte céleste que représente la carapace de animal que
sa lenteur et sa longévité font le symbole naturel de Pimmuabilité, de
Péternité. Le dauphin, quant 4 lui, est étroitement associé & Apollon
et aussi au sanctuaire de Delphes, omphalos du monde grec autour
duquel s’organisait la géographie sacrée des Hellénes. En effet, en
grec dauphin se dit « delphis », et Delphes, le plus célébre des
gouffres de la Gréce antique, devait son nom a « delphi» qui dans la
langue de Démosthéne signifie Porgane générateur féminin. Ainsi, du
centre de la Terre fécondée par les eaux célestes, surgit le char solaire
embrassant - grice au quadruple attelage de chevaux marins - les
quatre directions de Pespace. Le char démultiplié du dieu Soleil est
aspergé d’eau lustrale par les tortues, symbole du Cosmos, et les
dauphins qui, homophoniquement, sont le symbole de la matrice
universelle dou jaillit toute vie.
Au centre de ce bestiaire symbolique, wuvre d’Emmanuel
Frémiet, se dresse une solide colonne ornée de coquillages. L’axe du
monde, qui est aussi Arbre de Vie, surgit de la matrice des
primordiales, Debout sur cet axis mundi, quatre jeunes femmes nues
soutiennent un globe terrestre enchassé dans une sphére armillaire
décorée dune bande zodiacale, Officiellement, le magnifique groupe
de Carpeaux est une allégorie des races qui peuplent la Terre. Ce qui
rest pas faux (encore qu’aujourd’hui tes politiquement incorrect
les races n’existent pas, sauf quand elles réclament des quotas en leur
faveur), mais - largement - incomplet. Si elles symbolisent
VHumanité, elles représcntent aussi les quatre Ages du monde qui
rent s’épanouir, puis s’étioler quatre races. Elles figurent également
les quatre directions du monde, auxquelles il convient d’ajouter le
zénith (représenté par la sphére armillaire) et le nadir (représenté par
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OTERIQUE,
la colonne-axe du monde surgissant du centre de la Terre). La
fontaine de Observatoire est rigoureusement alignée sur le méridien
de Paris, qui symbolise - et matérialise - ’'axe du monde permettant
de relier, via Je pole nord (?Ultima Thulé, le volcan sur Tile blanche
au nord du monde), 'omphalos (qui conduit au centre de Ja Terre) &
VBtoile polaire, moyeu immobile de la votte céleste et demeure du
Grand Architecte de Univers. Les quatre races doivent ainsi
supporter le poids du monde soumis au joug inexorable du Destin
décrété par les 36 Décans, les trente-six dieux terribles du Temps.
Pour l'Initié, le mézidien est le chemin symbolique - et magique - qui
méne au péle nord, au Paradis terrestre, étape indispensable pour
rejoindre ce Paradis céleste qu’est le centre de PUnivers. La, aprés
avoir enfin atteint I’Empyrée, l’ime peut désormais connaitre la
délivrance des contraintes que sont l'Espace et le Temps pour se
fondre avec ’'Unité.
Cest peut-étre une de ces épreuves sur ce long chemin balisé de
disques de bronze que dut affronter, le 16 octobre 1959, un de nos
pélerins de la route du pole. Ce 16 octobre-Ia, juste aprés minuit, rue
Auguste Comte - entre les grilles du jardin du Luxembourg et le
fourrés enténébrés des jardins de ’Observatoire - le sénateur Francois
Mitterrand apportait sa premiére contribution personnelle (connue) &
Phistoire du réle occulte du méridien de Paris. Allongé en toute
curité dans Pherbe, bien plus transi par Phumidité que par la peur,
il allait devenir, en quelques heures, le héros en toc d’une tragédie
antique, avant d’étre, en quelques jours, la pitoyable dupe d'une
bouffonnerie dont les seules victimes furent, d’abord sa 403
iransformée en écumoire roulante, puis les vrais auteurs du faux
attentat, et finalement son honneur quand la comédie fut éventée
Peut-étre, pour ne pas penser & Vhumidité qui le transperga plus
sdirement que les balles qui ne lui furent jamais destinées, contempla-
til la superbe facade ornée de tétes de lions, d’ééphants et de
femmes qui se dresse au n°1 de avenue de l’Observatoire.
Le temple lunaire du Jardin du Luxembourg
Plutét que de sauter les haies des Jardins de l’Observatoire,
poussons tranquillement le portillon, traversons la place André
Honnorat et pénétrons dans le Jardin du Luxembourg. Devant nous
s’ouvre un nouveau terrain de chasse riche d'une dizaine de
médaillons Arago. De la place André Honnorat jusqu’au Jardin
francais une rangée de trois médaillons matérialise le méridien au sol.
in autre, esseulé, est planté a Pextrémité méridionale de la terrasse
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