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d) Loi du 1er août 1893 modifiant la loi de 1867 sur les sociétés.
MAURICE DUFOURMANTELLE,
(1) Dans un article qui vient de paraitre, dans la Revue de Droit public
sur la crise de la science sociale, je signale justement ces symptômes de re-
tour à la morale, c'est-à-dire à la préoccupation du bien et du mal.
REVUE INTERNATIONALE DE SOCIOLOGIE
degrés.
La science est une conscience. Elle joue dans lavie sociale le même
rôle que la conscience dans la vie individuelle. Plus elle nous apprend
de réalités sur les choses, plus de problèmes elle pose de conduite en
face de ces réalités. Quand on ignore les choses ou qu'on a sur elles
des opinions toutes faites, il n'y a point de problèmes, la conduite
est instinctive, machinale. Quand on sait, la conduite devient raison-
née. Là est le péril, car rien n'est plus faillible que le raisonnement.
Et comme il y a des conduites bonnes, d'autres mauvaises, tôt ou tard
les conséquences des erreurs se font sentir.
La crise de science que traverse en ce moment l'humanité est aussi
dangereuse pour elle que la crise de conscience que subissent les ado-
lescents vers la vingtième année, alors que rejetant les idées tradi-
séquences pratiques que l'on est tenté d'en tirer sont radicalement
sociales. Ce sont les réformes sociales, à moins que ce ne soient des
insurrections ou des attentats! Je n'insiste pas.
Or donc, c'est cette science si facilement meurtrière que vous voulez
plus, comme elle n'est pas faite, vous voulez associer ces auditoires
à votre recherche scientifique. Mais vous savez bien qu'on n'associe
acquises.
REVUE INTERNATIONALE DE SOCIOLOGIE
Je n'ai traité
qu'une question de pédagogie et il est bien entendu
gain de force par cela seul qu'elle leur appliquera le genre de démons-
tration dont les esprits modernes ont besoin. Lorsque, grâce à elle,
nous aurons recommencé à croire à une foule de bonnes vieilles choses,
nous repartirons pour le progrès, non dans une nouvelle direction,
dans la même, car la logique sociale nous emporte, mais nos idées se
seront élargies. Je ne suis pas davantage hostile à l'enseignement de
la Sociologie dans les facultés de Droit à titre de science en formation.
Bien qu'elle relève principalement de la psychologie, elle gagnera à
être étudiée par des esprits ayant le sens juridique, car le sens juridi-
qui les caractérise, c'est que tout en étant scientifiques ils sont dans la
voie traditionnelle. Le grand mérite des Lois de l'imitation est d'avoir
donné une base positive aux éternelles idées
d'égalité, de fraternité,
de charité; d'avoir analysé tout ce qu'il y a de saisissable par la mé-
thode d'observation dans l'effort continuel que fait l'homme pour se
rapprocher des autres hommes; d'avoir montré que c'est ce travail
d'assimilation individuelle qui fait la matière sociale que la morale et le
Droit reposent sur les similitudes ainsi créées et s'évanouiraient avec
elles, d'avoir
enfin réhabilité la croyance et l'amour qui sont au fond
de ce mouvement de l'homme vers l'homme.
Je dis que là est la vérité. Comme contre-partie, je crois dans
l'erreur tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont voulu enfermer la
science sociale dans l'étude des formes sociales, des institutions, des
tement avec ses semblables; que ce qui agit sur lui, ce n'est pas tant
la Société organisée que la Sociabilité.
Voyez une fois de plus combien c'est une matière grave et combien
il faut éviter de lancer pêle-mêle ces idées dans l'enseignement avant
MAURICE HAURIOU,
OBSERVATIONS CRITIQUES
pu ainsi placer sous les yeux de nos lecteurs le résumé de ses pro-
pres idées sur le rôle de la sociologie. Mais ces idées, on le sent bien,
sont trop directement opposées à celles que s'efforce de faire préva-
loir la direction de cette Revue
pour que nous ne nous sentions pas
tenu de répliquer, à notre tour, aux pages que l'on vient de lire.
M. Hauriou prête aux partisans de la sociologie la prétention de dé-
clarer « leur science » supérieure au droit. Nous lui ferons observer
qui est, l'art de ce qui devrait être. Aucune des deux n'est supérieure
à l'autre, mais aucune ne saurait dispenser de l'autre, la détermina-
tion et l'application de l'idéal ne pouvant se faire que grâce à la con-
naissance du réel, l'étude du réel étant infructueuse si elle n'aide pas
à se former un idéal et à le faire passer de la virtualité à l'acte.
De quoi doit s'occuper la sociologie? De la structure du corps so-
cial, ou de son fonctionnement? De l'un et de l'autre, assurément;
et de l'un et de l'autre, au même titre. M. Hauriou ne pense pas ainsi.
Il estime que l'étude de la structure sociale est « secondaire », qu'elle
doit être subordonnée à l'étude de la manière dont les hommes se