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Le sens des principes et de la

responsabilité : à chaque burkinabè de


jouer !
mercredi 15 janvier 2014

Une séquence importante de l’avenir du Burkina Faso se jouera tout au long de cette
année, jusqu’aux élections de 2015 et leur issue. Il ne faut pas se faire des illusions : cet
avenir ne sera le fait, ni d’un miracle, ni d’une fatalité mais sera construit
progressivement, jour après jour par la capacité ou non de chaque burkinabè à se
comporter en homme intègre, au sens le plus noble du terme.

Réagissez
Cet avenir sera l’histoire individuelle d’hommes et de femmes courageux ou non, intègres ou
non, conséquents ou non, refusant ou non de se laisser emballer dans l’aventure personnelle
qui implique le destin d’un seul homme au dépend de celui de tout un pays et ses aspirations.

Il se trouve qu’à un moment de l’histoire de notre pays, nous sommes convenus d’un
principe : pour l’exercice du pouvoir suprême, chaque Burkinabè qui prétend à cette fonction
- pour peu que ce dernier remplisse les conditions à cet effet - a droit à seulement deux
mandats de cinq ans (dans la dernière version) non renouvelables, quelles que soient ses
qualités humaines ou surhumaines, ses compétences d’homme d’Etat et ses propensions à la
paix.

C’est un pacte républicain dont nous sommes convenus. Ce pacte doit être respecté. Au delà
du juridique, c’est une simple question de bonne foi, d’honnêteté avec le peuple et de
conséquence avec soi-même. Ces quelques lignes sont un encouragement et une invite à
chaque Burkinabè, digne de ce nom, en commençant par Blaise COMPAORE. Elles sont
surtout un encouragement à rester intransigeant et inflexible lorsqu’il s’agira d’apporter un
quelconque soutien à qui voudrait violer ce pacte. Elles sont enfin un encouragement à se
remettre en cause et à renoncer à soutenir ou à défendre toute tentative, même par des voies
légales, de modification de l’article 37 aux fins de se représenter en 2015.

Des hommes et des femmes, sous nos cieux ou d’autres cieux ont déjà eu le courage
d’assumer leur responsabilité. Nous pouvons et devons le faire aussi. Inspirons nous à travers
leurs exemples.

En 2003, alors que les Etats Unis étaient en pleine fougue guerrière contre l’Irak, la Grande
Bretagne de Tony BLAIR marquait son adhésion complète à la cause américaine. Le 17 mars
2003, alors que le parlement était à la veille d’autoriser une intervention britannique en Irak,
un homme, Robin COOK, alors ministre des relations avec le parlement se démarquait
admirablement de cette folle entreprise, en démissionnant du cabinet Blair. Il fit comprendre
ceci : « Je ne peux pas accepter une responsabilité collective pour la décision d’envoyer la
Grande-Bretagne maintenant dans une action militaire en Irak sans un agrément international
ou de l’opinion britannique.

A la même période, Jacques CHIRAC, président français à l’époque, manifestait sa ferme


décision de ne pas emballer la France dans cette guerre, au grand bonheur des pacifistes de ce
monde. Il affirma que « Dans ce nouveau monde en gestation (...), la France refuse la fatalité
de l’affrontement comme la facilité du laisser-faire », manifestant ainsi sa foi en « un monde
réconcilié et rassemblé ». En Afrique du Sud, Nelson MANDELA, après avoir passé 27 ans
en prison, accède à la magistrature suprême. A la fin de son premier mandat, il ne demanda
pas le renouvellement, préférant céder la place à la nouvelle génération et refusant par là de
pervertir la démocratie sud-africaine acquise à un prix de sang.

Il en va de même au Benin où Mathieu KEREKOU et Nicéphore SOGLO, tirèrent leur


révérence avant l’échéance présidentielle de mars 2006, conférant ainsi au jeu démocratique
de leur pays une certaine noblesse et une certaine hauteur. Au Liban, en juin 2006 à la suite
des sanglantes émeutes qui se sont déroulées à Beyrouth, le ministre de l’Intérieur, Hassan
SABEH présentait sa démission au Président de la république et au premier ministre. Tout en
expliquant son échec à garantir la sécurité pendant la manifestation par l’insuffisance des
effectifs et d’équipement, il a en outre fait une mise au point très saisissante : « Pour
empêcher ce qui s’est passé aujourd’hui, j’aurais dû donner l’ordre d’ouvrir le feu sur les
manifestants, c’est une mesure que je ne prendrais jamais contre des civils libanais ». En voilà
qui ne souffre pas d’équivoque.

Un autre exemple. Au Canada, en avril 2004, Marc BELLEMARE, alors Ministre de la


justice et député de Vanier démissionnait. Il justifia sa démission en ces termes : « Les
reformes ne se font pas au rythme et de la façon aussi extensive que je souhaiterais. Je
comprends qu’il y a des raisons d’Etat, des raisons administratives, des raisons politiques
aussi, qui ont de l’importance. Il faut être capable de naviguer dans l’ensemble de ces
considérations, ce que j’ai énormément de la difficulté à faire (...) Je ne suis pas un homme
qui accepte facilement qu’on reporte les échéances, qu’on diminue ou modifie la nature des
reformes qu’on s’est engagé à faire. Je suis plutôt un homme de ligne droite » et de conclure :
« Pour moi, le monde de la politique est un monde qui ne me convient pas. »

Enfin, au Burkina Faso, en décembre 1998, alors que les prédateurs de la presse venaient de
consumer quatre innocents corps dont celui du célèbre journaliste Norbert ZONGO dans la
géhenne de leurs desseins, un homme, Ahmed Newton BARRY, alors journaliste à l’infini
talent de reporteur et de présentateur à la Télévision Nationale du Burkina, chaine de
télévision gouvernementale, déposait sa démission de cet organe de presse gouvernementale.

Dans le même sens, les principaux acteurs des événements du 3 janvier 1966 ont par ailleurs
fait preuve d’un grand sens de la responsabilité et des principes, qu’il s’agisse de l’armée, du
peuple ou de Maurice YAMEOGO, avec son fameux « transfert pacifique des compétences ».
Il ajouta d’ailleurs dans son discours à la radio : « Si depuis plus de quatre jours, notre
capitale d’habitude si pacifique a connu un tel échauffement et que heureusement rien ne se
soit produit sur le plan de la perte de vies humaines, c’est parce que là encore, bien que
possédant les attributs du pouvoir, nous n’avons pas voulu user de quoi que ce soit pour qu’un
jour, on puisse dire que la Haute-Volta a perdu l’une de ses grandes vertus qui est le respect
de soi-même, l’amour entre ses frères. Et c’est pour quoi je suis heureux que le chef d’état-
major général, entouré de tous ses officiers, ait pu, en parfaite harmonie avec moi-même, pour
que l’histoire de notre pays puisse continuer à aller de l’avant, réaliser de façon si pacifique ce
que j’appellerais ce transfert de compétences ».

Ces différents hommes et femmes dont mention vient d’être fait sont certainement de lieux, de
situations et de réalités bien différentes mais partagent un fort point commun : le sens des
principes et de la responsabilité. Ces hommes et femmes se sont trouvés dans des situations
dans lesquelles les valeurs qui leur sont le plus intimes étaient plus que jamais en jeu ;
quelque chose de si précieux, de si grand et peut être de si noble en eux et à laquelle ils
attachaient certainement une capitale considération était en passe d’être violée.

Et ces hommes et femmes ont préféré être conformes à leurs principes ; ils ont préféré faire
valoir leur sens de la responsabilité. Ils se sont comportés en hommes de principe, en
responsable, assumant les conséquences de leurs actes, leurs choix, leurs négligences, leurs
incompétences, leur illégitimité, plutôt que d’accepter une réduction de leurs valeurs et
principes ou de se laisser aller à un entêtement stupide et peu honorable, en s’accrochant
indignement sans doute, mais certainement résolument.

Il y a à parier que si chacun d’entre nous faisait preuve d’un si grand sens de la conséquence
dans la sphère de responsabilité qui est la sienne, le Burkina, notre Burkina, s’en porterait
mieux. Et il y a à parier aussi que le désordre troublant dans lequel se trouve notre pays
provient certainement de ce que nous ne sommes pas toujours enclins à être des hommes de
principe et de responsabilité. Nous tordons souvent le cou à certaines de nos valeurs
fondamentales bafouant ainsi notre sens des principes au profit d’intérêts strictement
personnels immédiats tels que l’honneur, le privilège, l’argent, le pouvoir et renvoyant ainsi
l’intérêt général ou le bien collectif, ou l’intérêt des générations futures dans l’univers éthéré
des concepts creux, imprécis et utopiques.

Nous refusons bien souvent d’assumer nos responsabilités et d’appliquer nos principes dans
des situations dans lesquelles notre éducation, nos valeurs sont en jeu mais aussi des situations
dans lesquelles nos limites, nos erreurs, nos négligences, notre impopularité sont notoirement
établies, préférant nous entêter en portant la responsabilité sur les autres. Alors, c’est à nous
de jouer. Le Burkina de demain sera ce que nous voudrons qu’il soit.

Notre pays n’est pas situé sur la planète Mars. Nous faisons partie d’une Union (africaine) et
nous devons nous conformer aux standards de la démocratie qui prévalent dans quelques pays
africains exemplaires, n’en déplaise à « l’exception burkinabè ».

Le Burkina serait une royauté que l’on comprendrait aisément. Mais pour l’instant, le Burkina
n’est pas une royauté et dans un pays qui a choisi le régime démocratique, on comprend
difficilement qu’un seul homme justifie à lui seul 27 ans de pouvoir, fut-il un homme
exceptionnel ! Il faut surtout arrêter de résumer la démocratie à la tenue continue et régulière
d’élections. Il faut bien plus, dont l’alternance entre autres.

Blaise Compaoré devrait tirer toutes les conséquences de ces vérités élémentaires et se retirer
du pouvoir à l’échéance de son mandat. Il n’en mourra pas et il y a bien un autre destin après
celui de président.

S’il ne veut pas entendre raison, que tous ceux et celles qui l’encouragent et qui passent des
journées entières à lui répéter en boucle qu’il est l’homme providentiel du Burkina et de
l’Afrique veuillent bien l’aider. En cas de refus de comprendre, qu’ils en tirent toutes les
conséquences en se rangeant du bon côté de l’histoire.

En conclusion, je voudrais terminer par cette réflexion : apprenons à être des hommes et des
femmes de principe et de responsabilité à quelque niveau que ce soit. Parce que seuls des
femmes et des hommes d’une telle envergure, sachant tirer toutes les conséquences de leurs
actes mais aussi sachant refuser toutes réductions compromettantes à des valeurs et principes
cardinaux seront à même de relever nos nombreux défis contemporains et aussi de demain.

Gnienhoun Abdoulaye Nazaire


Consultant-Freelance en droits de l’homme et communication
contact@abdoulaye-nazaire.ch

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