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réguliers et que résonnent souvent des « Touche pas à


ma République », « Démocratie, démocratie ! » ou «
Les «foulards rouges» aux «gilets jaunes»:
Nous aussi, on est le peuple ».
«Nous aussi, nous sommes le peuple»
PAR JOSEPH CONFAVREUX Emma est arrivée dès midi place de la Nation, pour
ARTICLE PUBLIÉ LE LUNDI 28 JANVIER 2019
« défendre la démocratie attaquée par les jaunes ».
Elle est venue du 93, déposée par son mari. Lui n’est
pas resté « parce qu’il avait peur d’être agressé et
attaqué par les gilets jaunes ». Elle tient à la main un
ballon rouge sur lequel est inscrit au feutre « Stop aux
casseurs » et reproche principalement aux gilets jaunes
leurs méthodes. « Les premières revendications, sur
Dans les rues de Paris, ce dimanche 27 janvier © Reuters le gasoil et le pouvoir d’achat, j’étais d’accord,
La « marche pour la République » initiée par les mais maintenant que le gouvernement a lâché, il faut
« foulards rouges » a défilé dans le calme entre arrêter ! »
Nation et Bastille, pour refuser que la démocratie et la
La principale motivation de sa présence ce dimanche
représentation populaire ne soient « confisquées » par
est toutefois son opposition au RIC (référendum
les gilets jaunes. Le cortège a regroupé quelque 10 000
d’initiative citoyenne). « On ne va pas voter tous les
personnes selon la préfecture de police de Paris.
trois mois pour un oui ou pour un non. Alors même que
« Pour la République, faites du bruit ! » Il est 14 h 30 les gens ne viennent même pas voter aux élections. »
place de la Nation, et un jeune homme s’époumone Qu’en est-il pour elle ? « J’ai toujours voté, mais je ne
en encourageant les manifestants engourdis par le me suis jamais intéressée à la politique. Cela a changé
crachin parisien à s’engager sur le boulevard Diderot, avec Emmanuel Macron. Depuis 40 ans que je suis en
en direction de la Bastille. France, explique cette femme d’origine ivoirienne qui
travaille pour son mari, expert-comptable, je n’avais
jamais écouté les débats comme je l’ai fait lors de la
dernière campagne présidentielle. Il m’a convaincue,
alors que tous les autres politiciens nous endormaient.
Cela fait seulement 18 mois qu’il est en politique, il
faut lui laisser le temps, il n’est pas magicien ! Macron
dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ce
qu’il paie aujourd’hui, c’est sa franchise. »
Elle trouve toutefois que les gilets jaunes « ont bien fait
de bousculer les grands patrons. Mais ils en ont trop
fait. On ne peut pas passer sa vie dans la rue ! C’est
pour ça que l’opinion publique se retourne ». Il faut
« faire des efforts pour ceux qui travaillent, mais pas
pour les glandouilleurs au RSA », embraye-t-elle, en
Le cortège, regroupant 10 000 personnes selon la
opérant une distinction entre les « vrais gilets jaunes
préfecture de police de Paris, avec de rares banderoles,
beaucoup de drapeaux français et quelques étendards
européens, est resté globalement silencieux et calme.
Même si la Marseillaise y est entonnée à intervalles

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à la campagne qui travaillent et qu’il faut aider » et pour le candidat LREM aux deux tours de la dernière
ceux qu’on voit à Paris, « qui ont été retournés par Le présidentielle. Il ne se définit pas comme pro-Macron,
Pen ou Mélenchon ». mais cite le président de la République pour justifier
sa présence ce dimanche : « La première injustice,
c’est le chômage. S’il y avait de la croissance et de
la redistribution, on ne serait pas tous en train de se
sauter à la gueule. »
Maryline est, elle, venue des Deux-Sèvres. Elle
ne porte pas de foulard rouge, est adhérente à
La République en marche, mais précise être venue
« en tant que citoyenne ». « Je ne suis pas pro-
Macron, enchaîne-t-elle, je suis pro-institutions, pro-
République. Il est important que le peuple ne soit pas
représenté que par les gilets jaunes. On peut partager
certaines de leurs revendications, mais je ne cautionne
pas ces manifestations à répétition. Je fais partie de
la majorité silencieuse. On aurait dû être beaucoup
Laurent, à la « marche pour la République ».
plus nombreux aujourd’hui, mais il y a eu beaucoup de
Au premier tour de la présidentielle, c’est pour le
fake news, comme quoi la manifestation était annulée,
leader de La France insoumise qu’a voté Laurent,
ou que ce serait dangereux. Et je sais que notre
parti à 9 h 30 ce matin de Lille pour défiler à Paris
député devait venir, mais qu’il a eu des contrordres.
« contre la casse, la récupération par les extrêmes,
» Certains parlementaires LREM s’étaient toutefois
et pour la défense de la République et des libertés ».
joints à la marche, mais sans signes distinctifs.
Il a rejoint le groupe Facebook des « foulards rouges
» après les dégradations commises sur l’Arc de
triomphe. « Aujourd’hui, je me dis que j’aurais mieux
fait de voter Hamon, enchaîne-t-il, quand je vois
l’enthousiasme que Mélenchon a pour Éric Drouet
ou le fait qu’il refuse de participer au grand débat,
c’est juste de l’opposition pour l’opposition. » Mais
ce fonctionnaire de 36 ans ne se définit pas comme
« anti-gilets jaunes. Je comprends les revendications
et les souffrances. Mais je suis contre la violence,
les blocages, l’absence de dialogue. À cet égard, la
liste gilets jaunes pour les européennes lancée par
Levavasseur me paraît une bonne initiative ».
Damien, ouvrier agroalimentaire dans les Hauts-de-
France, est venu dans le même bus que Laurent. Il À la « marche pour la République ».

porte un tee-shirt acheté sur Internet barré, sur la Maryline est professeure des écoles. 58 ans, « mais
poitrine, d’un « J’aime ma République » et, dans le loin de la retraite, précisez-le. Car, en France, on a
dos, d’un « Stop aux violences ». Il a rejoint voilà un ce souci que la population active est trop réduite par
mois les « foulards rouges », « tourmenté par ce qu’il rapport au reste de la société ». Elle a pris son billet
voyait dans les médias ». Adhérent à la CFDT, il n’a de train pour Paris « il y a longtemps pour que ça ne
jamais été encarté dans un parti politique, mais a voté coûte pas trop cher ». Sa fille étudie à Paris, dans un

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établissement privé qui coûte 10 000 euros par an. « Ce agréger tous les extrêmes. Dès l’acte I, j’avais discuté
ne sont pas les nantis qui manifestent aujourd’hui. Je avec un gilet jaune qui voulait marcher sur l’Élysée et
sais ce que sont les difficultés financières. Il n’y a pas mettre Poutine à la place de Macron. »
que les gilets jaunes qui ont des problèmes de fin de
mois. On peut revendiquer autrement. »
Monique, médecin hospitalière dans le nord de la
France, ne porte ni foulard rouge ni affiche. Elle
se définit comme une « citoyenne engagée, pas
spécialement politisée ». Elle aussi s’est déplacée ce
dimanche pour éviter qu’on ne « parle que des gilets
jaunes. Il y a, dans le champ de la santé, que je connais
bien, des réformes importantes qui sont en train de
se faire et auxquelles je crois. Il ne faut pas écouter
seulement une minorité ».
Elle reconnaît toutefois un aspect positif aux gilets
jaunes : « C’est que ça a permis aux gens de se parler,
alors qu’il n’y a plus de cafés, plus d’églises. L’aspect Pendant qu’on discute, il est abordé par un autre
positif, c’est qu’on rediscute. Une mesure importante homme qui l’interpelle sur sa pancarte, en précisant
serait sans doute de recréer des lieux de sociabilité. qu’il était dans la rue contre de Gaulle à cette époque.
Le plus grand succès pour moi, ce n’est pas seulement Pas simple étudiant, puisqu’il s’agit d’un ancien leader
cette manifestation, c’est le grand débat. Il est vrai que de Mai 68, l’architecte Roland Castro, lui aussi venu
monsieur Macron a pu vexer des gens, mais là, il est défendre la démocratie en ce dimanche pluvieux.
à l’écoute. » « Les politiques qui ont soutenu les gilets jaunes,
Boulevard Diderot, un homme qui préfère garder comme Rufin ou Mélenchon, sont des crapules, juge-
l’anonymat tient une affiche sur laquelle est inscrit : t-il. J’attaque l’huile, pas le feu, car il y a un état
« Démocratie, tiens bon. Oui à la réforme, non à la de malheur du pays que je sens depuis longtemps.
Chienlit. » Il est malgré tout un « peu trop jeune pour Mais c’est un mouvement fondé sur la haine, alors
avoir connu la contre-manifestation » gaulliste du 30 qu’il faudrait des grands trucs unificateurs, comme un
mai 1968, à laquelle cette marche du 27 janvier avait grand service civique par exemple. » Pour l’architecte,
un moment pensé pouvoir se comparer. Lui est pour qui reconnaît « adorer Macron », la situation est
« les réformes en cours » et était opposé dès le départ « triste » et le RIC « une énorme connerie. Je ne
aux gilets jaunes. « Je savais que le mouvement allait veux pas que le bistro devienne le principal lieu de la
politique française, même si je ne suis pas opposé à
des formes de référendum ».
Un peu plus loin, à l’angle de la rue Rondelet et
du boulevard Diderot, un homme qui s’en prend
verbalement aux manifestants est à son tour insulté :
« Dehors les fachos » ; « Gauchistes, fascistes, même
combat ! ». Un peu après, un homme vêtu d’un gilet
jaune passe en courant et en esquissant des pas de
danse sur le trottoir du boulevard. Il est hué par le
cortège et applaudi par les badauds installés au café…

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