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en passant par les corvettes, des patrouilleurs de « Quand on fournit des armes à une coalition
taille plus modeste, aux vedettes armées, appelées en guerre, ne participe-t-on pas à cette
« intercepteurs ». guerre ? »
Pour décrocher ces juteux contrats, plusieurs pays Mais les accolades, c'était avant l'affaire Khashoggi.
occidentaux sont sur les rangs : début 2018, les L'assassinat du journaliste dans des conditions
Américains ont remporté la commande de quatre sordides, le 2 octobre 2018 à Istanbul, a rappelé à
frégates, tandis que les Espagnols ont fini, malgré l’opinion publique la cruauté et le caractère tyrannique
quelques questionnements éthiques, par officialiser la du régime saoudien. L'affaire a relancé du même
même année la vente de quatre corvettes. Quant aux coup l’intérêt pour la guerre au Yémen… ainsi que
Français, ils ne sont pour le moment pas parvenus pour les armes destinées à ses belligérants. « Quand
à placer leurs fleurons. Les chantiers Couach ont on fournit des armes à une coalition en guerre,
toutefois réussi à décrocher en 2015 la construction de est-ce qu’on ne participe pas à cette guerre ? »,
79 intercepteurs, dont les derniers exemplaires ont été interroge le député (ex-LREM) Sébastien Nadot, à
livrés en septembre 2018. l’origine d’une mission d’information parlementaire
Les Constructions mécaniques de Normandie (CMN), sur le contrôle des exportations d’armement mise en
de leur côté, ont récupéré début 2018 un contrat de 250 place fin octobre.
millions d'euros pour trois patrouilleurs de 56 mètres, Certains pays européens – tels que l'Allemagne et le
initialement destinés à l'armée libanaise. Un autre Danemark – ont en tout cas annoncé vouloir cesser
accord aurait été trouvé avec CMN pour la commande leurs exportations en direction de la péninsule. Le
de 39 nouveaux patrouilleurs – d'un modèle plus petit 25 octobre, les députés européens se prononçaient
–, pour un montant estimé à environ 500 millions également pour un embargo des ventes d’armes des
d'euros. La société saoudienne spécialisée dans le pays de l’UE. « Cette résolution a été votée plusieurs
naval, Zamil Offshore, revendiquait ce partenariat le fois, et par plus de 500 députés européens », insiste
13 avril 2018 sur son compte Twitter, soulignant que Sébastien Nadot.
la moitié des bateaux seraient construits en Arabie Malgré la position européenne et la pression des
saoudite. défenseurs des droits humains et des ONG – qui
La date coïncide avec la visite diplomatique en France viennent à nouveau d'écrire aux députés français
du sulfureux prince héritier et ministre de la défense pour leur réclamer un « contrôle de l'action du
saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS, reçu gouvernement » et une suspension des ventes d'armes
avec faste par Emmanuel Macron, Florence Parly et le aux acteurs du conflit –, la France n’a, à ce jour, pas
ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. choisi le même chemin. « C’est de la pure démagogie
Côté saoudien, on se félicitait alors, photos à l’appui, de dire : “Il faut arrêter de vendre des armes.” Ça n’a
d’une rencontre « qui a permis de passer en revue […]
les zones de coopération stratégique entre les deux
pays […] notamment sur les aspects militaires et de
défense ». Le président français évoquait quant à lui
la signature de deux accords-cadres importants, des
« convergences » en matière de défense, ainsi qu'une
invitation à Riyad « acceptée avec plaisir » et fixée à
l’époque pour la fin de l'année 2018.
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rien à voir avec l’affaire Khashoggi », a ainsi asséné navales saoudiennes, Naval Group n'a pas démenti.
Emmanuel Macron le 26 octobre, contestant de ce fait L'entreprise se contente d'indiquer : « Nous ne
la légitimité du débat. commentons pas nos campagnes commerciales et
les contenus de nos échanges avec les autorités
émiriennes sont confidentiels. Concernant les Royal
Saudi Naval Forces, c'est un client de longue date et
nous les rencontrons régulièrement en France et en
Arabie saoudite. »
Même son de cloche du côté du Quai d'Orsay qui,
Le prince héritier d'Arabie saoudite, dit MBS, avec interrogé sur une possible prochaine visite de Jean-
la ministre française de la défense Florence Parly.
Yves Le Drian à Riyad, se contente d'évoquer « des
La position française est toutefois devenue bien plus contacts bilatéraux réguliers avec l’Arabie saoudite ».
difficile à défendre. Si Emmanuel Macron a affiché sa Et d'ajouter : « Une éventuelle visite du ministre de
proximité avec MBS lors du G20 de Buenos Aires, le l’Europe et des affaires étrangères dans ce pays sera
30 novembre dernier, sa visite à Riyad, initialement annoncée le moment venu. »
prévue fin 2018, n’a pour le moment pas eu lieu.
Questionnés par Mediapart sur l’aspect éthique et
Pourrait-elle être reportée prochainement ? Sera-t-
légal d’éventuelles ventes d'armes dans le contexte
elle l’occasion d’évoquer les négociations en cours,
de la guerre au Yémen, Naval Group et le ministère
y compris les cinq corvettes proposées aux forces
de l'Europe et des affaires étrangères escamotent le
navales saoudiennes ? Ou encore Sawari III, le contrat
sujet. L’industriel se réfugie derrière les autorisations
« serpent de mer » qu'aimerait également décrocher
préalables d’exportation qui lui sont délivrées par
Naval Group et qui pourrait comprendre de nouvelles
le gouvernement, tandis que le ministère répète ses
frégates, voire des sous-marins ?
éléments de langage quant à l'existence d'un « cadre
Interrogé sur l'existence de négociations avec Riyad législatif et réglementaire rigoureux ». Sans répondre
et Abu Dhabi pour la vente de corvettes, ainsi plus précisément aux questions soulevées concernant
que sur d'éventuels contacts récents avec les forces d'éventuels crimes de guerre.
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