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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 11-500-A-10

11-500-A-10

Anévrismes de l’aorte thoracique


R Roudaut
F Laurent
X Roques
Résumé. – De nos jours, la pathologie de l’aorte est mieux comprise et décrite. Cet article présente les
principales caractéristiques anatomiques, physiopathologiques et cliniques des principaux anévrismes, en
fonction de leur étiologie. Les avantages et les limites des différents examens complémentaires sont discutés
(échocardiographie, scanner, résonance magnétique). Enfin, la signification pronostique et la prise en charge
thérapeutique sont envisagées.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : anévrisme aorte thoracique, dissection aortique, hématome de paroi, ulcère athéromateux
pénétrant, rupture traumatique de l’aorte, maladie annuloectasiante.

Introduction Tableau I. – Principales étiologies des anévrismes aortiques.


Par définition, l’anévrisme de l’aorte correspond à une dilatation Congénitaux
localisée avec perte du parallélisme des bords [15, 28]. Les anévrismes - Anévrismes des sinus de Valsalva
sont le plus souvent acquis et correspondent à des étiologies variées - Bicuspidie aortique et anévrisme de l’aorte ascendante
(dystrophiques, athéromateuses, inflammatoires, voire infectieuses). - Diverticule et anévrisme de Kommerell
Nous concentrons notre propos sur les anévrismes vrais, qui Dystrophiques
correspondent à une soufflure des trois tuniques de l’aorte. Les faux - Maladies du tissu élastique
anévrismes correspondent à une pathologie différente, dans la - Maladie de Marfan
mesure où leur sac est constitué par l’organisation d’une poche en - Formes frustes de maladie de Marfan
regard d’une brèche pariétale, qui elle-même peut être d’origine - Maladie d’Ehlers-Danlos
traumatique, infectieuse ou chirurgicale. Nous excluons de cet article Dégénératifs
les anévrismes disséquants chroniques.
Athéroscléreux

Généralités Inflammatoires (« aortites »)


- Maladie de Takayasu
Les anévrismes de l’aorte thoracique sont relativement rares, même - Maladie de Horton
- Spondylarthrite ankylosante
si leur fréquence de découverte tend à augmenter du fait du
- Syndrome de Reiter
développement des explorations à visée diagnostique non invasives - Maladie de Behçet
performantes, et du vieillissement de la population.
Infectieux
- Syphilis
ÉTIOLOGIES (tableau I) - Anévrisme infecté
La fréquence des anévrismes varie également en fonction de
Traumatiques
l’étiologie.

¶ Anévrismes congénitaux
À la limite du sujet, citons le diverticule et l’anévrisme du ductus
Il s’agit essentiellement des anévrismes des sinus de Valsalva. Ils arteriosus, correspondant selon toute vraisemblance à un défaut
sont rares et correspondent à une déformation en « doigt de gant ». d’évolution de la paroi aortique au niveau du ligament artériel
Ils prédominent au niveau du sinus coronaire droit, chez l’adulte (diverticule de Kommerell) [45].
jeune de sexe masculin.
Notons par ailleurs qu’une dilatation de l’aorte ascendante ¶ Anévrismes dystrophiques
accompagne de façon non exceptionnelle une bicuspidie aortique,
ce qui, en l’absence de lésion de jet, évoque une pathologie tissulaire Ils prédominent au niveau de l’aorte ascendante, à l’origine de la
de l’aorte ascendante. « maladie annuloectasiante ». Cette pathologie, plus fréquemment
reconnue de nos jours, correspond à trois situations : le syndrome
de Marfan typique, une « forme fruste » de syndrome de Marfan,
ou une média nécrose kystique sans cause sous-jacente évidente.
Raymond Roudaut : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de cardiologie. Dans le syndrome de Marfan, plusieurs mutations de gènes localisés
François Laurent : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de radiologie.
Xavier Roques : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de chirurgie cardiaque du Pr Baudet.
sur le chromosome 15 sont responsables d’anomalies de constitution
Hôpital du Haut-Lévêque, avenue de Magellan, CHU de Bordeaux, 33604 Pessac cedex, France. de la fibrilline de type 1 [29].

Toute référence à cet article doit porter la mention : Roudaut R, Laurent F et Roques X. Anévrismes de l’aorte thoracique. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Cardiologie,
11-500-A-10, 2002, 17 p.
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

Dans le cadre des anévrismes dystrophiques, citons également les


anomalies de synthèse du collagène, et tout particulièrement le 2 1 Représentation schématique de
l’aorte et de ses différents segments.
syndrome d’Ehlers-Danlos. Isthme

¶ Anévrismes dégénératifs [35]

Une dilatation anévrismale de l’aorte peut compliquer une sténose


1
aortique valvulaire ou encore une hypertension artérielle (HTA)
sévère. Dans ce contexte, l’hyperpression locale (lésion de jet) ou
diffuse favorise la dégénérescence de la paroi artérielle et la
dilatation.
3
¶ Anévrismes athéroscléreux [68] 0

Environ un quart des anévrismes athéroscléreux atteignent l’aorte


thoracique, siègent surtout sur l’aorte thoracique descendante, et
réalisent une dilatation fusiforme ou sacciforme de l’aorte
thoracique. Certains anévrismes sacciformes correspondent selon
toute vraisemblance à une modalité évolutive de l’hématome de
paroi ou de l’ulcère athéromateux pénétrant. Parfois, l’aorte entière
est ectasique, créant un véritable anévrisme thoracoabdominal. 4
Soulignons que les anévrismes athéromateux sont souvent associés
à des lésions d’athérosclérose diffuses, en particulier atteintes
artérielles carotidiennes, rénales et coronaires.

¶ Anévrismes inflammatoires [32]


5
Les principales maladies inflammatoires à l’origine d’une « aortite »
et d’un anévrisme sont la maladie de Takayasu, la maladie de
Horton, la maladie de Behçet. Une insuffisance aortique peut être
associée à une dilatation de l’aorte ascendante dans l’évolution de la
spondylarthrite ankylosante, de l’arthrite de psoriasis, d’une arthrite
associée à une colite ulcérée, à un syndrome de Reiter.
une portion aortique en grande partie intrapéricardique ; le
¶ Anévrismes infectieux segment 2 est la partie horizontale de la crosse aortique qui donne
naissance aux troncs supra-aortiques ; le segment 3 correspond à
Anévrismes syphilitiques l’aorte thoracique descendante de l’origine de la sous-clavière
gauche à la traversée diaphragmatique. Cette position donne
L’atteinte de la paroi aortique par le spirochète se produit à la phase
naissance aux artères intercostales et souvent à l’artère
secondaire de la syphilis. La localisation préférentielle est l’aorte
d’Adamkiewicz. Cette dernière prend en effet origine de façon
ascendante. Il s’agit d’une pathologie devenue très rare.
variable, soit des dernières artères intercostales (à partir de D8), soit
en dessous du diaphragme des premières artères lombaires (jusqu’en
Autres anévrismes infectieux
L2).
Il s’agit de pathologies rares, qui correspondent à la contamination
de la paroi aortique dans un contexte d’une infection de voisinage, ¶ Lésions macroscopiques
d’une septicémie, d’une endocardite, d’une chirurgie de l’aorte.
Sur le plan macroscopique, un anévrisme correspond à une
Dans ces deux derniers cas, il s’agit le plus souvent d’un faux
dilatation des trois tuniques de l’aorte : intima, média et adventice.
anévrisme que d’un anévrisme vrai. L’infection peut être à l’origine
Il peut être fusiforme lorsque la dilatation entraîne une soufflure de
de toutes sortes de dilatations anévrismales, quelles soient
l’ensemble de la paroi sur un segment plus ou moins long, ou
fusiformes, sacciformes ou faux anévrismes. Une infection peut se
sacciforme lorsqu’une poche se développe à partir d’une zone
fixer au niveau d’un anévrisme athéroscléreux préexistant.
d’implantation large ou étroite qui, dans ce dernier cas, prend le
nom de collet.
¶ Anévrismes traumatiques de l’aorte [67]
Un thrombus est fréquemment retrouvé au niveau de l’anévrisme :
Ils résultent le plus souvent de traumatismes avec décélération thrombus plan de l’anévrisme fusiforme ou encore thrombus
rapide. Dans ce cas, l’isthme aortique est concerné en priorité, la comblant tout ou partie d’un anévrisme sacciforme.
déchirure pariétale (intima et média) conduit à un anévrisme Signalons la particularité de certains anévrismes, en particulier
sacciforme ou fusiforme selon que la rupture est partielle ou totale. syphilitiques, d’adhérer aux tissus voisins.
Dans les formes les plus graves, l’évolution est rapidement
compliquée de rupture. Cependant, chez bon nombre de patients, la ¶ Lésions microscopiques
brèche pariétale n’est que partielle et l’anévrisme n’est décelé que
quelques mois, voire quelques années après l’accident. Sur le plan microscopique, les lésions varient en fonction de
l’étiologie de l’anévrisme.
Ainsi, les anévrismes dystrophiques, de plus en plus fréquents, ont
ANATOMOPATHOLOGIE pour dénominateur commun la « média nécrose kystique »,
associant dégénérescence des fibres élastiques et désorganisation du
¶ Segmentation de l’aorte (fig 1) collagène.
Il est habituel de diviser l’aorte en six segments dont trois sont Les anévrismes dégénératifs sont également caractérisés par une
intrathoraciques [14]. Le segment 0 correspond aux sinus de Valsalva ; média nécrose kystique.
le segment 1 correspond à l’aorte ascendante depuis le plan des Les anévrismes athéromateux associent une média nécrose kystique
orifices coronariens exclus jusqu’à l’origine du tronc artériel qui tend à détruire la média, et des lésions de l’intima à type de
brachiocéphalique. À ce niveau, les anévrismes se développent sur plaques pouvant s’ulcérer ou bourgeonner dans la lumière aortique.

2
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

Dans l’anévrisme syphilitique, la média est détruite par le (correspondant à une insuffisance aortique) et plus rarement continu,
spirochète, si bien que la paroi, privée de son armature correspondant à une rupture dans les cavités droites.
musculoélastique, se laisse distendre. L’endartérite oblitérante peut – Deuxième foyer de battement au-dessus du cœur dans les
également obstruer les ostia des coronaires. deuxième et troisième espaces intercostaux gauches ou droits qui
La maladie de Takayasu est l’apanage des jeunes femmes. Il existe oriente vers un anévrisme évolué en voie d’extériorisation.
une prolifération de l’intima, une fibrose de la média avec
dégénérescence des fibres élastiques et réaction inflammatoire – Anomalie de la silhouette aortique sur une radiographie
cellulaire. Il en résulte un épaississement important de la paroi thoracique à la faveur d’un examen systématique de médecine du
aortique avec réduction de la lumière vasculaire et formation de travail, scolaire ou universitaire.
dilatations, voire d’anévrismes sacculaires en aval des sténoses.
¶ Anévrisme symptomatique
L’artérite à cellules géantes caractérise la maladie de Horton. L’aorte
n’est atteinte que dans 15 % des cas.
Douleurs thoraciques
Dans la spondylarthrite ou la maladie de Reiter, les lésions
prédominent souvent au niveau de la racine aortique et sont à type Elles sont généralement sourdes, médiastinales profondes, parfois
d’interruption du tissu élastique, d’un infiltrat inflammatoire et de angineuses en rapport avec une insuffisance coronarienne associée.
fibrose sous-endothéliale. Rappelons la classique association angor-clangor évocatrice d’une
aortite syphilitique. Plus rarement aiguës, vives, pulsatiles, voire
La maladie de Behçet peut s’accompagner d’anévrismes multiples
migratrices en cas de dissection ou de fissuration.
de l’aorte et de ses branches et de l’artère pulmonaire.
Enfin, les anévrismes traumatiques sont, comme nous l’avons vu, en Syndromes de compression
réalité des faux anévrismes par rupture intimale, de tout ou partie
de la média, l’adventice seule assurant l’étanchéité de l’aorte. – Compression médiastinale tel le syndrome cave supérieur
associant œdème en pèlerine, bouffissure du visage, dilatation
¶ Évolution anatomique veineuse superficielle cervicothoracique.
– Compression trachéobronchique associant toux incessante,
À la faveur de la fragilité de la paroi aortique, l’évolution se fait
dyspnée.
vers la dilatation, avec refoulement et compression des organes du
voisinage. – Compression du nerf récurrent gauche avec voix bitonale,
La rupture est la complication majeure ; elle peut être brutale ou compression du sympathique thoracique avec syndrome de Claude
progressive (fissuration). Bernard-Horner.
Selon le siège de l’anévrisme, la rupture se fait dans le péricarde, la
Embolie systémique
plèvre, le médiastin, le poumon, la trachée, l’œsophage…
Quelques cas de stabilisation par fibrose et calcification ont été Hématémèse, hémoptysie… témoignant d’une fissuration dans
rapportés. l’œsophage ou les bronches.

PHYSIOPATHOLOGIE EXAMEN CLINIQUE

Quelle que soit l’étiologie, la fragilisation de la paroi aortique, et en L’examen clinique proprement dit est généralement peu contributif.
particulier de la média, favorise la dilatation. Normalement, à Il est centré sur l’appareil cardiovasculaire, et comprend un examen
chaque systole, les fibres élastiques de l’aorte subissent une cardiaque et vasculaire minutieux (auscultation cardiaque et
élongation transversale et longitudinale ; en diastole, la paroi revient aortique), prise des pouls aux quatre membres, prise de la tension
sur elle-même. artérielle aux quatre membres.
Selon la loi de Laplace, la contrainte pariétale (C) est d’autant plus Certains contextes étiologiques orientent d’emblée vers une
grande que la pression (P) qui règne dans le vaisseau est élevée, que pathologie aortique : maladie de Marfan, spondylarthrite
le rayon (r) augmente, et inversement proportionnelle à l’épaisseur ankylosante.
pariétale (h).
Loi de Laplace : C = P × r/h EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
La dilatation s’accentue donc inexorablement jusqu’à un certain
seuil, où surviennent les complications à type de dissection ou de ¶ Radiographie thoracique
rupture.
Elle permet de découvrir bon nombre d’anévrismes, et de suggérer
À noter que, dans la maladie de Marfan, l’amincissement de la paroi le diagnostic devant des images évocatrices. Le diagnostic doit
fait que le seuil de rupture est atteint pour une dilatation plus faible cependant toujours être confirmé par une méthode d’imagerie en
de l’aorte. coupe, échographie, tomodensitométrie (TDM) ou imagerie par
résonance magnétique (IRM), car la confusion avec les masses
médiastinales ou médiastinopulmonaires est toujours possible.
Clinique Le signe le plus fréquent sur le cliché standard de face est la
présence d’une opacité médiastinale, élargissant le médiastin ou
Les circonstances de découverte d’un anévrisme de l’aorte déplaçant une ligne médiastinale, bien souvent l’opacité du bouton
thoracique sont extrêmement variables en fonction de leur étiologie, aortique et/ou la ligne para-aortique ou paraspinale. L’image est en
de leur siège. continuité avec les parois aortiques sus- et sous-jacentes sur les
incidences de face et de profil. Elle est souvent associée à des
calcifications linéaires ou grumeleuses. Une compression des
CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE organes médiastinaux peut être visible, déviation de la trachée,
compression de la bronche souche gauche, refoulement de
¶ Découverte fortuite l’œsophage, érosion du sternum ou des corps vertébraux. Il est
– Souffle au niveau du foyer aortique qui conduit à la réalisation essentiel de rechercher des anomalies pulmonaires associées.
d’une échocardiographie et à la découverte d’une maladie En pratique, les signes sont variables selon le siège de l’anévrisme.
annuloectasiante. Ce souffle peut être systolique ou diastolique Ceux situés au niveau du sinus de Valsalva sont le plus souvent

3
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

4 Ao
3
2
1

VG

OG

2 Technique de mesure échocardiographique du diamètre aortique en échocardiogra-


phie transthoracique (d’après Jondeau). 1. Anneau aortique : bord de fuite au bord d’at-
taque ; 2. sinus de Valsalva (le diamètre le plus large) : bord d’attaque au bord d’atta-
*
A
que : la paroi antérieure fait partie du diamètre mesuré ; 3. juste au-dessus des sinus :
bord d’attaque au bord d’attaque : la paroi antérieure fait partie du diamètre mesuré ;
4. aorte ascendante : bord d’attaque au bord d’attaque : la paroi antérieure fait partie du
diamètre mesuré ; VG : ventricule gauche ; OG : oreillette gauche ; Ao : aorte.

invisibles, car noyés dans l’opacité cardiovasculaire en raison de leur


situation intrapéricardique. Les anévrismes de la portion tubulaire
de l’aorte ascendante se traduisent par un aspect convexe en dehors
du bord droit de l’opacité cardiomédiastinale qui est alors constitué
par le bord droit de l’aorte ascendante. Les anévrismes de la crosse
aortique sont visibles en fonction de leur volume. Lorsqu’ils sont
localisés au niveau de la fenêtre aortopulmonaire, ils se projettent
sous la forme d’une opacité arrondie, qui se superpose au bouton
aortique avec une image en double contour. Les anévrismes de
l’aorte thoracique descendante se visualisent sur le cliché de face
comme une opacité qui déborde largement le rachis à gauche, la
limite externe convexe correspondant à la limite para-aortique
gauche déplacée. L’anévrisme peut aussi s’étendre en *
B
thoracoabdominal.

¶ Échocardiographie
Au cours de ces 20 dernières années, l’exploration de l’aorte a
largement bénéficié de l’évolution de l’échocardiographie :
l’échocardiographie transthoracique (ETT) est l’examen de première
intention. Cependant, l’échocardiographie transœsophagienne (ETO)
est d’un apport considérable pour l’exploration de l’aorte thoracique
descendante. Nous envisageons successivement l’exploration de
l’aorte, puis le diagnostic d’anévrisme de l’aorte.
Comment examiner une aorte ? [53]

Échocardiographie transthoracique
L’examen de l’aorte thoracique en ETT doit être standardisé et
complet, visant à analyser successivement la racine de l’aorte, les
sinus de Valsalva, l’aorte ascendante (fig 2), l’aorte horizontale,
l’aorte thoracique descendante, sans oublier l’aorte abdominale en *
C
général facilement accessible.
3 Maladie annuloectasiante chez un jeune homme de 18 ans. Échocardiographie
Plusieurs incidences s’avèrent complémentaires : transthoracique.
A. Incidence parasternale coupe grand axe. Dilatation de l’aorte au niveau des
– incidence parasternale gauche en utilisant l’espace standard, c’est- sinus de Valsalva à 57 mm.
à-dire le quatrième espace intercostal, mais aussi les deuxième ou B. Incidence parasternale coupe petit axe : dilatation des trois sinus de Valsalva.
troisième espaces de façon à explorer l’aorte ascendante (fig 3A) ; C. Incidence suprasternale : aorte ascendante distale, horizontale et descendante
non anévrismale.
– incidence parasternale droite, le patient étant incliné en décubitus
latéral droit, de façon à explorer l’aorte ascendante (fig 3B);
– incidence suprasternale qui explore l’aorte horizontale (fig 3C) ; – une incidence « dorsale », la sonde étant placée dans la gouttière
paravertébrale gauche, a été proposée avant l’ère de l’ETO pour
– incidence apicale qui permet de visualiser la racine de l’aorte,
visualiser l’aorte thoracique descendante, mais il faut bien dire
mais également l’aorte thoracique descendante rétrocardiaque
(lorsque le thorax n’est pas trop large) ; qu’elle est peu utilisée car les résultats sont très aléatoires.

– incidence sous-xyphoïdienne pour étudier l’aorte thoracique Le doppler, dans ses différentes modalités (couleur, pulsé, continu),
descendante au niveau de la traversée diaphragmatique ; est d’une aide précieuse à l’analyse des flux.

4
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

5 Échocardiographie transœsophagienne multiplan illustrant la complémentarité


des coupes. À gauche, coupe à 0° surestimant le calibre de l’aorte ascendante (40 ×
*
A 70 mm). À droite, coupe à 90° permettant des mesures de l’aorte ascendante de façon
perpendiculaire au grand axe (diamètre 45 mm).

*
B

4 Anévrisme de l’aorte ascendante chez une patiente hypertendue de 73 ans.


A. Échocardiographie transthoracique incidence parasternale coupe grand axe :
anévrisme prédominant à la partie moyenne de l’aorte ascendante mesuré à 6 Échocardiographie transœsophagienne multiplan, coupe 0° au niveau de l’aorte
59 mm. thoracique descendante : anévrisme fusiforme mesuré à 70 × 55 mm avec important
B. Échocardiographie transœsophagienne multiplan : coupe à 101° permettant contraste spontané (volutes de stase).
d’évaluer l’anévrisme à 58 mm.

La qualité de l’imagerie obtenue est dépendante de la fenêtre


échocardiographique du patient et de la qualité de l’appareillage
(fig 4A).
Certains pièges échocardiographiques sont à bien connaître :
superpositions vasculaires, ou surtout artefacts de réverbération au
niveau de l’aorte ascendante [16].
Échocardiographie transœsophagienne [59, 63] (fig 4B, 5, 6, 7, 8)
L’examen de l’aorte en ETO a largement bénéficié des sondes
multiplans, qui sont actuellement à notre disposition et qui
permettent un examen très complet, y compris de la jonction aorte
ascendante-aorte horizontale, qui classiquement était mal vue en
ETO monoplan du fait de l’interposition de la trachée et de la
bronche souche gauche (zone aveugle). L’examen doit se faire pas à
pas de façon à analyser les différents segments aortiques. Dans un
premier temps, le capteur est positionné dans l’œsophage au niveau
de la masse cardiaque, la racine de l’aorte peut être parfaitement
explorée grâce à la sonde multiplan qui dégage les trois sigmoïdes
aortiques, les sinus de Valsalva et l’aorte ascendante sur 8 à 10 cm. 7 Échocardiographie transœsophagienne multiplan coupe 0° au niveau de l’aorte
thoracique descendante : anévrisme sacciforme comblé par du thrombus.
Le couplage du doppler permet d’analyser les flux, et de rechercher
une pathologie valvulaire. Idéalement, les mesures de l’aorte
ascendante doivent être réalisées perpendiculairement à l’axe transversales et longitudinales de l’aorte sont effectuées à différents
longitudinal de l’aorte sur une incidence à 135°. En revanche, il faut niveaux par un mouvement de retrait progressif ; ainsi l’aorte
se méfier des mesures faites dans le plan 0° qui risque de couper thoracique descendante peut être analysée de l’isthme aortique à la
l’aorte de façon oblique (fig 5). traversée diaphragmatique. À ce niveau, l’aorte est généralement
L’aorte thoracique descendante est examinée ensuite en orientant le rectiligne, si bien que les mesures en coupes petit axe sont
capteur vers la gouttière paravertébrale gauche. Des coupes généralement valables.

5
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

Tableau II. – Valeurs normales de l’aorte « sinusienne » en fonction


de l’âge et de la surface corporelle (selon [52]).
Enfant de moins de 18 ans
1,2 + [0,98 × SC (m2)]
Adultes de 18 à 40 ans
1,2 + [1,12 × SC (m2)]
Adultes > 40 ans
1,92 + [0,74 × SC (m2)]

Valsalva, jonction sinotubulaire, aorte ascendante (1 cm au-dessus


de la jonction) et d’interpréter des résultats en fonction de l’âge et
de la surface corporelle (tableau II, fig 2).
Le diagnostic d’anévrisme est retenu chez l’adulte lorsque le
diamètre sinusien est supérieur à 2,1 cm/m_, celui d’anévrisme est
retenu lorsqu’il existe une dilatation de 50 % par rapport aux valeurs
normales.
Dans ces cas, l’ETO a peu d’indications en l’absence de
complications. En revanche, l’ETO devient très utile en cas de
8 Échocardiographie transœsophagienne multiplan coupe à 100° au niveau de suspicion de dissection ou de fissuration.
l’aorte thoracique descendante illustrant un anévrisme athéromateux sacciforme avec
collet. • Anévrisme dégénératif
La sténose valvulaire aortique tend à dilater l’aorte ascendante. Cette
L’aorte horizontale est située à 25 cm environ des arcades dentaires dilatation, véritable lésion de jet, doit être recherchée dans le bilan
et est analysée en coupes longitudinale et transversale. de gravité du RA, car sa négligence peut conduire quelques années
L’ETO est un examen généralement bien toléré, à condition de après le remplacement valvulaire aortique à une dissection ou à une
respecter les contre-indications. Exceptionnellement, l’examen doit intervention secondaire.
être interrompu pour non-progression de la sonde qui bute contre Dans le domaine de l’HTA, l’aorte tend à se dilater de façon
l’anévrisme. fusiforme, aboutissant parfois à un aspect de mégadolichoaorte.
Tout comme en ETT, certains pièges échocardiographiques sont à
bien connaître : superpositions vasculaires, artefacts de réverbération
• Anévrisme athéromateux (fig 6, 7, 8)
au niveau de l’aorte ascendante [16]. De par leur siège plus fréquent au niveau de l’aorte horizontale ou
thoracique descendante, les anévrismes athéromateux sont beaucoup
Diagnostic d’anévrisme de l’aorte en échocardiographie [22] mieux explorés par ETO.
Il s’agit d’anévrismes fusiformes ou sacciformes, fréquemment
• Anévrisme du sinus de Valsalva siègent de thrombi plans. L’ETO précise :
Le diagnostic est le plus souvent fait à la faveur d’une rupture qui, – l’état de l’aorte adjacente ;
sur le plan clinique, est évoquée sur la découverte d’un souffle – le calibre, la forme et l’étendue de l’anévrisme ;
continu parasternal, d’apparition récente, parfois dans un contexte
douloureux thoracique. – l’existence d’un thrombus.
En ETT, on met en évidence une néoformation d’allure kystique • Anévrismes inflammatoires
siégeant au niveau de la partie initiale de l’aorte, juste au-dessus du
Peu de travaux ont été consacrés aux aspects échocardiographiques
plan des sigmoïdes aortiques et prolabant le plus souvent dans les
des aortites. Il faut savoir évoquer ce diagnostic devant une aorte
cavités droites. Si l’anévrisme est rompu dans les cavités droites, il
dilatée aux parois épaisses.
existe en doppler couleur un flux continu en « mosaïque », canalisé
entre l’aorte et les cavités droites. Le doppler continu précise que ce L’ETO et l’ETT sont certainement complémentaires pour faire un
flux continu est de haute vélocité (de l’ordre de 4 m/s) ce qui est la bilan complet de l’extension de la maladie et des lésions associées
traduction du gradient de pression physiologique entre l’aorte et les (valvulaires).
cavités droites. L’ETO n’est pas indispensable au diagnostic, mais Dans ce contexte, l’exploration ultrasonore doit en règle être
aide à préciser la topographie lorsque l’ETT est en défaut. complétée par un examen scanographique ou par résonance
magnétique. Soulignons que l’évaluation complète d’une maladie de
• Maladie annuloectasiante (fig 3) Takayasu impose ce type d’exploration (cf fig 12).
La maladie annuloectasiante peut, selon Lemon [42], dilater l’aorte • Anévrismes infectieux
ascendante de trois façons :
L’anévrisme syphilitique siège le plus souvent au niveau de l’aorte
– dilatation pyriforme : 56 % des cas ; ascendante et se présente souvent comme un anévrisme fusiforme.
– dilatation symétrique : 28 % des cas ; L’échocardiographie est de peu d’apport pour orienter vers le
diagnostic étiologique. En revanche, l’étape de la radiographie
– dilatation localisée aux sinus de Valsalva : 6 % des cas. thoracique est importante s’il existe des calcifications linéaires
Dans la forme typique de dilatation pyriforme, l’échocardiographie bordantes.
permet de constater une dilatation des sinus de Valsalva et de Une suspicion de localisation infectieuse dans un contexte
l’anneau aortique réalisant un aspect en « bulbe d’oignon ». Une septicémique ou d’endocardite doit faire recourir à l’ETO qui permet
insuffisance aortique est fréquemment observée, mais de degré une exploration plus complète de l’aorte, à la recherche d’un
variable. Classiquement, les sigmoïdes aortiques apparaissent anévrisme mycotique qui prédomine le plus souvent au niveau du
étirées, et les ostia coronariens sont surélevés. manchon aortique au-dessus des sigmoïdes.
Les dilatations les plus importantes sont constatées dans le
syndrome de Marfan. Des dilatations minimes peuvent être difficiles • Anévrismes post-traumatiques
à dépister, d’où l’importance de mesurer l’aorte selon les L’anévrisme post-traumatique chronique siège en règle au niveau
recommandations de Roman [52] à quatre niveaux : anneau, sinus de de l’isthme de l’aorte. Il s’agit d’un faux anévrisme communiquant

6
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

Tableau III. – Valeurs moyennes en fonction de l’âge et du sexe des diamètres aortiques de 100 sujets-témoins mesurés en coupes axiales transver-
ses en tomodensitométrie [3].

Hommes Femmes
Niveaux anatomiques
21-40 ans 41-60 ans > 60 ans 21-40 ans 41-60 ans > 60 ans

Aorte ascendante proximale (cm) 3,47 3,63 3,91 3,36 3,72 3,50

Aorte ascendante distale (cm) 3,28 3,64 3,80 2,80 3,47 3,68

Aorte descendante proximale (cm) 2,21 2,64 3,14 2,06 2,63 2,88

Aorte descendante portion moyenne (cm) 2,25 2,39 2,98 1,91 2,45 2,64

Aorte descendante distale (cm) 2,12 2,43 2,98 1,89 2,43 2,40

avec la lumière aortique par un collet, réalisant un aspect L’exploration en scanographie conventionnelle était limitée à la
d’anévrisme sacciforme plus ou moins comblé par du thrombus. réalisation de coupes transverses. Si celles-ci s’avèrent largement
suffisantes pour faire le diagnostic d’anévrisme, elles ne peuvent pas
Évolution échographique apprécier l’extension précise aux vaisseaux de la gerbe aortique,
L’histoire naturelle d’un anévrisme de l’aorte est dominée par la ainsi qu’aux branches abdominales et iliaques pour les anévrismes
dilatation. Il est donc important, par des examens complémentaires thoracoabdominaux. Avec un équipement de scanographie spiralée
répétés, d’apprécier l’évolutivité des lésions, dont on sait qu’elle est qui est aujourd’hui indispensable, l’exploration de l’aorte ne se
particulièrement grande dans la maladie annuloectasiante et la conçoit qu’en totalité, incluant les troncs supra-aortiques dans leur
dissection aortique chronique. trajet thoracique jusqu’aux artères fémorales communes [11, 36]. Une
acquisition sans injection est utile pour reconnaître un hématome
Lorsque l’ectasie prédomine au niveau de l’aorte ascendante, l’ETT
récent et des calcifications. L’injection de produit de contraste est
est l’examen de choix. Elle permet également de préciser la présence
indispensable pour apprécier la lumière aortique et la distinguer du
et l’importance d’une insuffisance aortique. Les anévrismes de
thrombus. Cette technique permet d’obtenir des mesures précises
l’aorte horizontale et de l’aorte thoracique descendante imposent des
de l’anévrisme et une analyse de ses rapports avec les principales
recours à d’autres techniques d’imagerie : ETO, scanner, IRM. La
branches de l’aorte [54, 57]. Toutefois, l’exploration de la portion initiale
qualité du scanner spiralé et de l’IRM avec reconstruction
de l’aorte ascendante (segment 0) peut être rendue difficile en raison
tridimensionnelle en fait aujourd’hui des examens incontournables,
des artefacts de pulsation cardiaque [51]. Avec les scanners les plus
en l’absence de contre-indications spécifiques (insuffisance rénale
récents, qui utilisent la technologie « multicoupes » et la
pour le scanner, pacemaker pour l’IRM).
synchronisation électrocardiographique (ECG), la totalité de l’aorte
L’évolution peut être émaillée de complications à type de dissection peut être explorée en coupes fines sans aucun artefact et la qualité
ou de rupture. des reconstructions, ainsi que l’analyse des segments proximaux des
Le diagnostic de dissection de l’aorte, véritable urgence artères coronaires, améliorées. Les différents procédés de
médicochirurgicale, a largement bénéficié de l’apport de l’ETO, du reconstructions sont utiles pour obtenir une bonne analyse
scanner, voire de l’IRM. Lorsque le patient est pris en charge en tridimensionnelle de l’aorte et de ses branches de l’aorte, ainsi que
milieu cardiologique, l’approche échocardiographique du diagnostic des mesures précises des diamètres et surfaces de section du
de dissection a l’avantage d’être réalisée au lit du patient. vaisseau dans un plan perpendiculaire à son axe principal. Ces
Le diagnostic de fissuration est également une urgence mesures de l’anévrisme et de son évolution sont très utiles pour
médicochirurgicale. Quelques cas ont été rapportés en ETT [1] décider du traitement [27] puisque l’indication opératoire est liée au
(fissuration de l’aorte ascendante avec tamponnade), mais les volume de l’anévrisme et à son évolution [9]. Les reconstructions
examens de choix sont le scanner ou l’IRM, à la recherche d’un multiplanaires bidimensionnelles sont les plus simples et les plus
hémothorax ou d’un hémomédiastin (fissuration de l’aorte utiles. Les reconstructions de surface offrent une vue
thoracique horizontale ou descendante). tridimensionnelle de l’anévrisme mais ne permettent pas de mesures
précises. Les reconstructions de type projection d’intensité maximale
¶ Tomodensitométrie et imagerie par résonance (MIP) ont pour objectif de remplacer la vision angiographique. Elles
magnétique nécessitent plusieurs incidences car le calcium pariétal se projette
sur la lumière et peut masquer son contenu. Les techniques les plus
Les développements thérapeutiques ont créé le besoin d’une récentes dites de « rendu volumique » et d’« angioscopie virtuelle »
imagerie de précision de l’aorte et de ses branches, capable de mieux font appel à l’informatique la plus puissante et sont les plus
appréhender l’anatomie aortique tridimensionnelle. La TDM et prometteuses, mais leur place reste encore à définir [33].
l’IRM ont fait des progrès spectaculaires, et peuvent aujourd’hui
complètement remplacer l’angiographie. Le choix d’une technique Les limites du scanner sont celles de l’irradiation et l’utilisation des
est dicté par sa disponibilité particulièrement dans le contexte de agents de contraste iodés. C’est donc surtout en raison de la
l’urgence, les performances des machines et les habitudes des nécessaire répétition des examens que le choix peut s’orienter vers
opérateurs. Ce n’est pas le diagnostic d’anévrisme de l’aorte l’IRM.
thoracique qui pose problème aujourd’hui, mais la réalisation de
mesures précises et fiables, l’évaluation de l’extension aux branches • Diagnostic d’anévrisme (tableau III)
de l’aorte et la situation du collet, qui sont essentielles aux choix Le diagnostic d’anévrisme de l’aorte repose sur l’augmentation de
thérapeutiques. calibre du vaisseau de plus de 50 % par rapport à la normale [28] et la
rupture du parallélisme des bords du vaisseau. À titre indicatif, sont
Tomodensitométrie rapportées dans le tableau III les dimensions de l’aorte selon les
segments, l’âge et le sexe chez l’adulte [3]. De telles références existent
• Choix techniques aussi chez l’enfant [18]. Ces mesures ont été effectuées sur des coupes
Depuis le début de son utilisation en imagerie corps entier, la TDM transverses, sans tenir compte de l’erreur liée à l’angulation de l’axe
est apparue comme la technique de choix pour faire le diagnostic principal du vaisseau avec la coupe. L’erreur est très faible chez les
d’anévrisme de l’aorte thoracique et faire le diagnostic différentiel sujets normaux lorsque l’on mesure les segments aortiques les plus
avec les lésions des organes adjacents, médiastin et poumons [21]. perpendiculaires aux coupes. En revanche, si l’aorte est tortueuse

7
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

ou si l’on veut mesurer de façon fiable la crosse ou la racine de Aspects en imagerie selon l’étiologie
l’aorte, il est indispensable de le faire sur des reconstructions
La TDM et l’IRM ont des performances pratiquement équivalentes
effectuées dans l’axe principal du vaisseau.
pour mettre en évidence les différentes formes anatomiques des
Les différents éléments morphologiques macroscopiques d’un anévrismes et donc suggérer certaines étiologies.
anévrisme sont visibles en scanner : la dilatation de l’aorte, la
Les anévrismes congénitaux du sinus de Valsalva sont exceptionnels.
présence et l’épaisseur d’un thrombus, le déplacement ou l’érosion
Le scanner et l’IRM ne sont pas les meilleures techniques
de structures adjacentes, l’épaississement des structures
d’exploration du segment initial de l’aorte. L’IRM est en revanche
périadventitielles dans les anévrismes inflammatoires, les fréquentes
performante pour suivre les patients souffrant d’une maladie de
atélectasies pulmonaires au contact de l’anévrisme, voire
Marfan afin d’apprécier l’évolution du diamètre aortique et de
l’hématome périanévrismal en cas de fissuration [ 2 6 , 6 5 ] . Les
rechercher l’évolution vers une dissection [31].
calcifications sont mieux visibles sans injection de produit de
contraste. Le nombre de segments aortiques intéressés par Les anévrismes de la maladie annuloectasiante siègent au niveau de
l’anévrisme, sa situation, ses dimensions, l’importance du thrombus l’aorte ascendante et sont associés à une dilatation de l’anneau
et des calcifications, les rapports précis avec les vaisseaux de la gerbe aortique. L’insuffisance aortique n’est pas reconnue ni évaluée par
aortique sont essentiels. La portion initiale des coronaires n’est pas le scanner qui permet en revanche une étude précise du diamètre
toujours bien visible en TDM spiralée, mais ceci n’est plus vrai avec aortique et permet de reconnaître une éventuelle dissection. Un
les scanners « multicoupes » et la synchronisation ECG. anévrisme peut aussi mais rarement être associé à un rétrécissement
L’exploration de l’aorte doit être complète car les formes bifocales et aortique (fig 9, 10, 11).
les anévrismes thoracoabdominaux ne sont pas rares. Les anévrismes athéromateux se traduisent par une dilatation
fusiforme ou sacciforme d’un ou de plusieurs segments aortiques,
Imagerie par résonance magnétique et bien souvent s’étendent de part et d’autre du diaphragme.
L’anévrisme contient un thrombus mural et parfois des calcifications
• Choix techniques dans 85 % des cas. Elles sont murales ou situées dans le thrombus
Il existe plusieurs méthodes en IRM pour explorer les vaisseaux. lui-même et il ne faut pas les confondre avec les calcifications d’une
Schématiquement, la paroi vasculaire est surtout analysée sur les dissection aortique présentes sur l’intima. Le thrombus mural peut
séquences d’écho de spin dites anatomiques, alors que la lumière être circonférentiel ou en « croissant ». La lumière de l’aorte est lisse
aortique est au mieux analysée sur des images obtenues avec des et circulaire, parfois irrégulière. La distinction avec une dissection à
séquences rapides dynamiques et l’injection de produit de contraste. faux chenal thrombosé, un hématome de paroi et un ulcère
Un examen IRM doit en pratique associer ces deux types pénétrant est parfois difficile. Une forme particulière est l’anévrisme
d’acquisition. du ductus arteriosus, qui est en réalité un anévrisme de la portion
Les anévrismes aortiques sont facilement identifiés sur les images juxta-aortique du canal artériel [10, 64]. Ils sont souvent découverts au
d’écho de spin avec synchronisation ECG. Le sang circulant ne cours d’un examen TDM du thorax effectué pour une tout autre
présente aucun signal. Les acquisitions sont réalisées au minimum cause et volontiers confondus avec une masse sous-aortique si
dans le plan axial transverse comme en scanner et dans le plan l’injection ou la finesse des coupes est insuffisante.
sagittal oblique de la crosse aortique, ce qui permet une étude Les complications aortiques de la syphilis étant devenues
morphologique satisfaisante de l’aorte et de sa paroi [13, 20, 44]. La exceptionnelles, les anévrismes inflammatoires sont essentiellement
lumière de l’anévrisme est théoriquement dépourvue de signal représentés par la maladie de Takayasu (fig 12). Ils sont
comme l’aorte circulante, mais les flux tourbillonnaires sont à habituellement plurisegmentaires et se caractérisent par un
l’origine d’artefacts qui rendent parfois difficile la séparation de la épaississement de la paroi aortique [56]. Ceci traduit l’inflammation
lumière et du thrombus. Le thrombus apparaît de signal murale mais ces modifications ne sont pas spécifiques car d’autres
habituellement intermédiaire en écho de spin T1, c’est-à-dire de pathologies inflammatoires peuvent atteindre l’aorte. Ils peuvent
tonalité moyenne entre la graisse de fort signal et les muscles des être associés à des sténoses artérielles et une atteinte des artères
structures thoraciques pariétales. Mais lorsqu’il n’est pas organisé, pulmonaires. L’intérêt du scanner par rapport à l’angiographie dans
le thrombus peut présenter des zones de signal hyperintense cette indication a été récemment souligné [70]. Le risque de rupture
d’interprétation difficile car les hématomes ont aussi cette est important et ne semble pas lié à l’épaississement mais à l’absence
caractéristique en IRM. Les dimensions mesurées en IRM sont de calcifications pariétales [60].
parfaitement corrélées à celles du scanner [48]. L’IRM est beaucoup Les anévrismes infectieux ou mycotiques siègent volontiers au niveau
moins performante que le scanner pour mettre en évidence les du sinus de Valsalva droit ou postérieur [69] , sont volontiers
calcifications. Les acquisitions dynamiques en techniques d’écho de sacculaires, mais peuvent siéger sur n’importe quel segment
gradient appelées « cine-IRM » explorent l’aorte de manière aortique [23] (fig 13).
cinétique en permettant de visualiser son comportement au cours
Les faux anévrismes développés après un traumatisme thoracique
du cycle cardiaque. Le signal du sang est alors intense en l’absence
sont situés au niveau de l’isthme aortique, après la naissance de la
de toute injection. Ces séquences permettent surtout d’identifier les
sous-clavière gauche, et sont sacciformes [49] (fig 14).
anomalies valvulaires aortiques associées aux anévrismes en cas de
maladie annuloectasiante ou de rétrécissement aortique [25].
• Suivi
L’angiographie-IRM est plus récente et combine l’utilisation de
séquences très rapides à haute résolution spatiale et l’injection en Le suivi des anévrismes thoraciques autres que ceux de l’aorte
bolus de produit de contraste [2, 34, 37, 38, 43, 50]. La faible quantité injectée ascendante est souvent réalisé avec une technique non invasive,
et l’absence de néphrotoxicité offre à la technique une innocuité TDM ou IRM, qui permet des mesures reproductibles de l’anévrisme
presque totale. Le principal avantage de cette technique est de et des autres segments aortiques. Il est important de réaliser ces
permettre une analyse fine des branches de l’aorte et de parfaitement mesures sur les mêmes plans de coupe. La surveillance est aussi
délimiter la lumière et le thrombus. Les coupes sont habituellement utile après traitement endovasculaire [17].
visualisées après fusion et traitement des images restituant une Devant une douleur thoracique, le scanner peut apporter des
image angiographique sans superpositions analysable sous arguments en faveur d’une rupture aortique lorsqu’elle reste
différents angles. L’angiographie-IRM effectuée en apnée ne présente contenue aux tissus périaortiques. Les coupes réalisées avant
pas d’artefacts de mouvements respiratoires et ceux dits de injection de produit de contraste peuvent montrer la présence d’une
susceptibilité magnétique sont moins gênants qu’en écho de spin. zone de forte densité en croissant autour de l’anévrisme. Elle
L’exploration de la totalité de l’aorte et de ses branches est bien sûr représente l’hémorragie aiguë dans un thrombus mural ou dans la
souhaitable. Avec les techniques les plus récentes, seules les paroi. Le defect de la paroi postérieure aortique est également un
coronaires ne sont pas accessibles en routine. bon argument en faveur de cette rupture et donc de la nécessité

8
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

*
A *
B

9 Maladie annuloectasiante de l’aorte. La radiographie thoracique (A) montre une


convexité anormale du bord droit du médiastin. Ce signe n’est pas spécifique d’un ané-
vrisme et peut traduire un simple déroulement athéromateux de l’aorte. L’imagerie par
résonance magnétique (IRM) en séquences d’écho de spin en coupe sagittale oblique
dans le plan de la crosse (B) montre une dilatation de l’aorte ascendante mesurée à
50 mm alors que l’aorte descendante mesure 25 mm dans sa portion moyenne. Noter
que les mesures sont effectuées perpendiculairement au grand axe du vaisseau. L’IRM
en écho de gradient (C) dans le plan frontal montre une zone de faible signal dans le
ventricule gauche qui correspond à la régurgitation valvulaire.

*
C

*
A

*
B *
C
10 Anévrisme athéromateux de la crosse aortique. La tomodensitométrie montre la situation de l’anévrisme par rapport aux vaisseaux de la gerbe, les calcifications sont
dilatation de la crosse sur les coupes axiales (A) et sagittales obliques (B). La mieux appréciées sur la reconstruction type projection d’intensité maximale (C).

d’une chirurgie urgente. Enfin, la rupture peut aussi se traduire par très longtemps dans une partie du thrombus, rendant l’identification
un hémomédiastin, un hémopéricarde ou un épanchement pleural du caractère récent du saignement plus aléatoire. Le caractère
le plus souvent gauche, parfois droit en cas de rupture d’une aorte stratifié de l’hypersignal est en faveur de son ancienneté.
sinueuse. Il est parfois difficile de distinguer une rupture
d’anévrisme aortique des autres causes de pathologie aortique aiguë, ¶ Angiographie
dissection, ulcère pénétrant, hématome pariétal [19, 39, 40, 41]. Elle n’est pratiquement plus utilisée sur le plan diagnostique, mais
En IRM, le signal hyperintense comme signe de rupture est plus peut être réalisée avant un geste endovasculaire [30, 46] ou lorsque la
difficile à interpréter. En effet, la transformation biochimique de cartographie préopératoire de l’artère d’Adamkievitz est requise par
l’hématome peut entraîner l’apparition d’un hypersignal qui persiste le chirurgien. L’abord vasculaire est habituellement rétrograde selon

9
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

14 Pseudoanévrisme chronique post-


traumatique découvert fortuitement après
un accident de la voie publique. L’imagerie
par résonance magnétique en écho de spin
dans le plan sagittal oblique de la crosse
aortique montre l’image d’addition de to-
pographie isthmique (tête de flèche).

*
A *
B

11 Anévrisme athéromateux localisé de l’aorte descendante. L’imagerie par réso- Traitement


nance magnétique (IRM) en séquence d’écho de spin en coupe sagittale oblique dans le
plan de la crosse (A) montre une dilatation de l’aorte descendante et une paroi anévris-
male épaissie. L’angio-IRM avec injection de gadolinium (B) permet de mieux appré- Le traitement des anévrismes de l’aorte doit avant tout tenir compte
cier la lumière de l’anévrisme. de l’étiologie et de la taille. Bon nombre d’anévrismes sont d’emblée
chirurgicaux. Il faut néanmoins souligner la place du traitement
médical des anévrismes de l’aorte ascendante entrant dans le cadre
12 Maladie de Takayasu. L’imagerie par
d’une maladie annuloectasiante.
résonance magnétique en séquence d’écho
de spin en coupe sagittale oblique dans le
plan de la crosse montre une dilatation de
l’aorte descendante mesurée à 45 mm et TRAITEMENT MÉDICAL
un épaississement de l’ensemble de la pa- Il est avant tout basé sur les bêtabloquants dont le but est de
roi aortique.
diminuer l’inotropisme cardiaque et donc l’effet « coup de boutoir »
de chaque systole.
L’étude princeps de Shores [58] dans la maladie de Marfan a bien
démontré le rôle bénéfique des bêtabloquants. La comparaison de
l’évolution de la dilatation de l’aorte entre deux groupes (avec
bêtabloquants : 32 patients et sans bêtabloquants : 38 patients) fait
apparaître que le rythme de croissance de l’aorte est de 0,12 cm/an
dans le groupe avec bêtabloquants contre 0,42 dans le groupe sans.
Par ailleurs, en termes de survie, s’il n’y a pas de différence à 1 an,
la différence devient significative dès 5 ans en faveur du traitement
la technique de Seldinger. La voie humérale peut être imposée par par bêtabloquants.
l’absence de pouls fémoral et le risque de complication iatrogène
lors du franchissement de l’isthme aortique. La sonde doit être À l’heure actuelle, il est donc légitime de proposer ce type de
placée au-dessus de l’origine des artères coronaires et des traitement dans la maladie annuloectasiante, et probablement à tout
sériographies sont réalisées selon plusieurs incidences pour dérouler anévrisme de l’aorte ascendante, mais nous ne disposons pas
la crosse et dégager le bulbe aortique. d’étude concernant les anévrismes d’autre origine.
L’angiographie permet un bilan anatomique précis et analyse La surveillance évolutive doit être basée sur l’échocardiographie, le
l’origine et la totalité des artères coronaires et des vaisseaux de la scanner spiralé ou l’IRM en fonction des disponibilités locales, de la
gerbe. Mais seule la lumière est appréciée et une sous-estimation du facilité de mise en œuvre de ces différents types d’examens et des
calibre de l’aorte peut faire méconnaître l’anévrisme. habitudes des différents centres.

13 Anévrisme mycotique de l’aorte ascendante. Coupe


transverse tomodensitométrique (A) et imagerie par résonance
magnétique en écho de spin sagittale (B) et montrant la paroi
du sac anévrismal, la lumière et l’érosion sternale.

*
B

*
A

10
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

ASPECTS CHIRURGICAUX Et enfin, ce bilan est bien entendu complété par un bilan de
L’évolutivité des anévrismes aortiques thoraciques vers une coagulation.
augmentation constante de leur diamètre entraînant une D’une façon générale, toutes les anomalies doivent être corrigées en
symptomatologie de compression des organes de voisinage, mais préopératoire.
surtout la gravité de leurs complications aiguës, fissuration ou
rupture, expliquent l’agressivité chirurgicale à leur égard et ¶ Chirurgie conventionnelle
autorisent une prise de risque relativement importante. Encore
faut-il porter des indications les plus justes possible non seulement Principes généraux de la technique chirurgicale
en fonction du diagnostic lésionnel de l’anévrisme et de son
évolutivité, mais aussi de l’état général du patient. Cela nécessite un La chirurgie des anévrismes de l’aorte thoracique est réalisée, soit
bilan préopératoire très complet. avec circulation extracorporelle (CEC) soit sans, et alors seulement
sous clampage simple.
L’amélioration des résultats depuis 10 ans, la disposition d’un
matériel endovasculaire en constante progression, sont aussi en Cette chirurgie nécessite plusieurs types de protection :
faveur de cette agressivité chirurgicale. – la protection des organes dont l’irrigation est assurée par les
collatérales naissant du segment aortique réparé, et dont la
¶ Principes chirurgicaux généraux vascularisation interrompue va entraîner leur ischémie ;
Le principe du traitement est de supprimer la totalité du tissu – lors du clampage simple, protection des organes sous
aortique pathologique. hyperpression systémique en amont du clampage et sous
hypopression systémique en aval du clampage ;
Diagnostic lésionnel – prévention des effets délétères de la CEC et de l’hypothermie
Le diagnostic lésionnel est basé sur la valeur du diamètre de l’aorte profonde.
pathologique comparé aux valeurs normales du diamètre du
segment considéré : une augmentation du diamètre de plus de 50 % • Protection des organes exclus de la vascularisation et prévention
par rapport à la normale est pathologique. Ainsi, un diamètre de de l’ischémie
l’aorte ascendante (segments 0 et 1) au-delà de 50 mm est une
Protection myocardique
indication chirurgicale ; cependant, étant donné les risques
chirurgicaux plus importants au niveau des segments horizontaux Toute la chirurgie de l’aorte ascendante et presque toute celle de
(2) et descendants (3), les indications chirurgicales y sont un peu l’horizontale se font à cœur arrêté non perfusé, même si l’acte
plus restrictives et retenues pour des diamètres plus larges au-delà chirurgical n’intéresse pas le segment 0 d’où naissent les coronaires.
de 60 mm et même de 65 mm pour certaines équipes. C’est aussi Comme pour toute CEC conventionnelle, la protection myocardique
l’augmentation de taille du diamètre aortique observée dans le peut être assurée par hypothermie : elle associe le plus souvent une
temps par IRM ou TDM réalisée tous les 6 mois ou tous les ans qui hypothermie générale modérée assurée par l’échangeur thermique
oriente l’indication chirurgicale et permet de décider du moment de de la CEC (température œsophagienne à 28 °C), une hypothermie
l’intervention : en principe, l’augmentation de 0,5 cm de diamètre locale par glaçage intrapéricardique associé à une perfusion
sur une période de 1 an rend compte d’une grande évolutivité de discontinue intracoronarienne de solution cardioplégique cristalloïde
l’anévrisme et induit l’indication. ou sanguine refroidie à 4 °C et assurée, soit de manière antérograde
par les artères coronaires, soit rétrograde par le sinus veineux
Le bilan lésionnel recherche le nombre de segments aortiques
coronaire. Lors de temps de clampage courts, la protection
atteints, et pour chaque segment, l’existence de lésions associées :
myocardique peut être réalisée en normothermie par la perfusion
une pathologie valvulaire aortique pour les segments 0 et 1, une
intracoronaire de sang enrichi de solution en potassium.
atteinte des gros vaisseaux naissant de l’aorte horizontale, l’existence
d’un thrombus mural postérieur dans les anévrismes de l’aorte Protection cérébrale (fig 15A, B)
thoracique descendante. Tout geste chirurgical qui intéresse l’aorte horizontale (segment 2)
avec clampage simultané des trois troncs artériels supra-aortiques à
Bilan général destinée cérébrale (tronc artériel brachiocéphalique, carotide
primitive gauche et artère sous-clavière gauche) nécessite la
Un bilan général doit accompagner le bilan lésionnel en
protection de l’encéphale.
préopératoire. Plus que l’âge avancé qui n’est plus une contre-
indication, c’est l’appréciation clinique générale qui peut dans – L’une des techniques de protection, largement la plus utilisée, est
certains cas faire récuser l’intervention, et il apparaît alors inutile de l’hypothermie profonde qui a été bien codifiée par Griepp [24] en
réaliser ce bilan. Les quatre organes cibles de ce bilan sont le cœur, 1975. Son principe est d’induire une hypothermie générale à l’aide
le cerveau, les poumons et les reins. de l’échangeur thermique de la CEC. La température est descendue
Pour ce qui est du cœur, il faut apprécier les séquelles de nécrose jusqu’à 15 à 18 °C œsophagiens, ce qui correspond à des
myocardique et les troubles du rythme à l’ECG, les fonctions températures de 13 à 16 °C au niveau tympanique. À cette
ventriculaires à l’échocardiogramme et surtout la réserve coronaire température, l’électroencéphalogramme est plat, la perfusion
avec, selon les équipes, échocardiographie de stress ou scintigraphie cérébrale peut être arrêtée. L’avantage de cette méthode est sa
et sûrement, au moindre doute, la ventriculocoronarographie. Cette simplicité, la protection de tous les organes, et non pas seulement
dernière est de toute façon réalisée en cas d’anévrisme des segments de l’encéphale, permettant ainsi un arrêt circulatoire total par arrêt
0, 1 ou 2. de la CEC et exsanguination vidant par simple siphonnage veineux
le système vasculaire et asséchant le champ opératoire. Les
Le poumon est évalué cliniquement et avec l’exploration
inconvénients sont une perte de l’autorégulation du débit cérébral
fonctionnelle respiratoire. Tous les patients ayant une
qui disparaît au-dessous de 20 °C rectaux et la possibilité de refroidir
bronchopneumopathie obstructive ont une préparation
et donc protéger certaines régions encéphaliques plus que d’autres.
d’assèchement bronchique dans la phase préopératoire.
D’autre part, le taux de complications neurologiques postopératoires
Un échodoppler des vaisseaux du cou qui montre des lésions est directement lié à la durée de l’arrêt circulatoire cérébral, comme
carotidiennes associées peut nécessiter une angiographie l’a bien montré Svensson [61] : peu de complications dans la grande
quadripédiculaire de la base du crâne. En cas d’antécédents majorité régressives lorsque l’arrêt dure moins de 30 min, apparition
d’accidents vasculaires cérébraux, une TDM cérébrale permet de de complications avec séquelles mineures entre 30 et 45 min (4,5 %
faire le bilan. des patients), complications neurologiques supérieures à 10 % des
La fonction rénale est appréciée avec un ionogramme sanguin. patients avec séquelles mineures et majeures après 45 min. Enfin,

11
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

VCS Enregistreur 15 A. Technique de la perfusion veineuse cérébrale rétro-


pression grade (d’après Chocron et al, Presse Med 1994). La cir-
carotide
culation extracorporelle est établie entre les deux veines
caves et l’artère fémorale. Pendant l’arrêt circulatoire cé-
rébral, la ligne de dérivation 1 est déclampée, les lignes fé-
morales et veine cave supérieure (VCS) 2 sont clampées,
Brassard le retour artériel à partir de l’oxygénateur se dirige vers
brachial la VCS.
Filtre B. Technique de perfusion artérielle cérébrale sélective
antérograde : les deux lignes de retour artériel, fémorale
et cérébrale, sont indépendantes.
2
Ligne veineuse

Lign

Pompe 1
VCI
e de
dévia

Artère Pompe 2
tion

fémorale

Oxygénateur

1
Oxygénateur
Filtre

*
B
3

Ligne artérielle *
A

les derniers inconvénients et non des moindres sont les effets deux corps de pompe de CEC. Le risque d’hyperperfusion possible
secondaires extraencéphaliques de l’hypothermie profonde exposés doit être évité par la prise de la pression de perfusion au niveau des
un peu plus loin. carotides.
Même à 15 °C tympaniques, le parenchyme cérébral reste Protection médullaire
consommateur d’oxygène et c’est pourquoi Ueda [66] en 1986 Elle est nécessaire dans la chirurgie de l’aorte thoracique
introduisit une perfusion rétrograde encéphalique par voie veineuse descendante, et tout particulièrement dans son segment
pendant l’arrêt circulatoire cérébral avec du sang froid et oxygéné à juxtadiaphragmatique. Les méthodes utilisées pour la protection
l’aide d’une ligne de dérivation posée sur le circuit de CEC entre les médullaire dans la prévention d’une paraplégie ont toutes des
voies artérielles et veineuses et permettant le retour de sang artériel résultats incertains. C’est pourquoi, elle reste encore aujourd’hui du
glacé dans la veine cave supérieure à un débit de 300 mL/min. Cette domaine de la recherche, aucune méthode n’ayant montré sa
méthode simple sans dissection permet de diminuer le nombre supériorité. Le by-pass temporaire avec ou sans surveillance des
d’accidents neurologiques postopératoires de l’hypothermie potentiels évoqués somatosensitifs, l’hypothermie de surface
profonde et éviterait les embolies gazeuses. donnent des résultats très médiocres. Des méthodes plus récentes
– Une autre méthode de protection cérébrale est la perfusion sont encore en voie d’évaluation : l’hypothermie médullaire sélective
artérielle cérébrale sélective antérograde assurée par canulation par perfusion intradurale d’une solution froide [6], la perfusion
directe des vaisseaux à destinée cérébrale, soit double dans le tronc aortique distale par retour artériel fémoral à partir de la CEC
artériel brachiocéphalique et la carotide primitive gauche ou associée au drainage du liquide céphalorachidien [55]. L’hypothermie
bicarotidienne primitive, soit simple dans le tronc artériel profonde avec ou sans arrêt circulatoire que nous utilisons
brachiocéphalique. Cette méthode, qui avait été introduite la préférentiellement assure une bonne protection médullaire avec
première en 1956 par De Bakey, a été ensuite abandonnée étant l’inconvénient de temps de CEC longs très délétères chez ces
patients abordés par thoracotomie latérale. Dans ce cadre de
donné ses mauvais résultats jusque dans les années 1985. Depuis,
protection médullaire, la recherche systématique des artères
elle a été remise en vigueur aux États-Unis par l’équipe de
intercostales donnant naissance à la vascularisation médullaire pour
Crawford, au Japon par Soma et Kuwabara, et en France par Bachet
permettre leur réimplantation a donné des résultats décevants. La
et Guilmet [4]. C’est une méthode que nous utilisons volontiers, et
réimplantation des intercostales nourricières (D8 à D11) de l’artère
pour cette perfusion cérébrale, comme la plupart des équipes, nous
radiculomédullaire antérieure est toujours indiquée si elle est
employons deux pompes de CEC indépendantes : une pour le circuit
anatomiquement possible.
général et une, généralement pédiatrique, pour la perfusion
cérébrale sélective avec un seul oxygénateur et un seul échangeur
• Protection des organes en amont et en aval des clamps du segment
thermique. Avec une pompe indépendante, le débit cérébral peut
aortique anévrismal (fig 16)
alors être régulé, maintenu au-dessus de la valeur-seuil de
350 mL/min. La température de perfusion varie selon les équipes. Cette protection n’intéresse pas la chirurgie des segments 1 et 2 dans
Bachet et Guilmet [4] assurent une cérébroplégie froide avec une lesquels le retour artériel de la CEC par canulation aortique ou
température de perfusion entre 6 et 12 °C cérébraux ; à l’opposé, iliofémorale assure la perfusion des organes en aval du clamp distal.
nous maintenons une hypothermie modérée avec une perfusion à Elle intéresse essentiellement la chirurgie de l’aorte thoracique
28°. Les avantages de cette méthode sont d’être plus physiologique, descendante (segment 3) dans laquelle il existe, après clampage
préservant la consommation en glucose du cerveau et la proximal, une brutale augmentation de la postcharge à l’éjection du
concentration intracérébrale d’acide adénosine triphosphate (ATP) ventricule gauche avec surcharge ventriculaire gauche aiguë et
comme l’a montré Swain [62]. Elle ne limite pas la durée du clampage retentissement en amont sur la circulation pulmonaire. Il s’y associe
des trois troncs supra-aortiques permettant une réparation aortique une hyperpression dans l’aorte ascendante et horizontale et dans les
dans de meilleures conditions. Elle évite l’hypothermie profonde et vaisseaux à destinée brachiocéphalique.
des temps longs de CEC pour le refroidissement et le réchauffement. En aval, la diminution brutale du débit et de la pression dans l’aorte
Elle a l’inconvénient d’être plus complexe, le système nécessitant thoracique et/ou abdominale distale au clampage est susceptible de

12
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

– le shunt pulsé, peu utilisé, consiste en un court-circuit partiel entre


16 Protection médullaire.
le cœur gauche généralement par canulation de l’oreillette gauche et
A. Shunt inerte.
B. Circulation extracorporelle par- l’aorte thoracique distale à la zone clampée avec interposition d’une
tielle veinoartérielle ilio-iliaque. pompe centrifuge sur le circuit ;
– la CEC partielle de l’hémicorps inférieur est une assistance
veinoartérielle de type droit-gauche par canulation de la veine
iliaque et retour dans l’artère iliaque. Réalisée en normothermie, elle
assure une décharge du cœur gauche par réduction du retour
veineux systémique dans le cœur droit. La régulation de son débit
est adaptée pour maintenir dans l’aorte distale une pression égale
ou supérieure à 60 mmHg. Elle peut par ailleurs être aisément
transformée en CEC totale ;
– les mesures pharmacologiques anesthésiologiques jouent un rôle
majeur dans ce type de protection. Elles sont utilisées seules lorsque
la technique chirurgicale est celle du clampage simple sans
utilisation de court-circuit ou de CEC partielle. Cette technique de
clampage simple est utilisée par de nombreuses équipes pour des
anévrismes thoraciques descendants isolés et peu étendus. Dans ces
*
A cas, le clampage doit être inférieur à 30 min pour éviter les
complications essentiellement médullaires et rénales. Un
remplissage vasculaire est réalisé avant le clampage et dès celui-ci ;
des vasodilatateurs diminuant la postcharge ventriculaire d’une part
et augmentant la circulation collatérale d’autre part sont largement
utilisés. Un remplissage vasculaire rapide est assuré au moment du
déclampage qui doit être progressif après avoir neutralisé
préventivement l’acidose anoxique. La perfusion de dopamine ou
de furosémide permet de stimuler la fonction rénale. Ce clampage
simple, sans méthode de protection autre que pharmacologique,
peut cependant être source de problèmes médicolégaux.

• Prévention des effets délétères de l’hypothermie profonde et de la


CEC
Ces effets sont directement dépendants de la durée de l’hypothermie
et de la CEC :
– il existe des modifications rhéologiques avec une augmentation
de la viscosité sanguine qui double entre 37 °C et 15 °C
œsophagiens, nécessitant une hémodilution avec un hématocrite au-
dessous de 20 %. Cette hyperviscosité est due à une augmentation
de la diurèse pendant le refroidissement et à un œdème cellulaire
qui n’épargne pas les cellules sanguines, et en particulier les
hématies qui deviennent sphériques ;
– l’œdème des plaquettes entraîne leur séquestration au niveau du
foie et des poumons et, associé à la diminution de tous les facteurs
de coagulation consommés au niveau du circuit de CEC, entraîne
des modifications importantes de l’hémostase. Le métabolisme de
O l’héparine est ralenti, posant des difficultés pour sa neutralisation en
fin de CEC. Des bilans de coagulation répétés sont nécessaires, de
même que la commande et la transfusion systématique de facteurs
de coagulation et de plaquettes. Enfin, l’hémostase chirurgicale doit
être de la meilleure qualité possible ;
– l’œdème pulmonaire avec hypoventilation alvéolaire, associé à
une diminution de l’oxygène dissous et du pH plasmatique, entraîne
une acidose qu’il faut constamment surveiller. L’utilisation
*
B systématique des oxygénateurs à membrane de plus en plus
performants a très nettement amélioré les résultats ;
– l’hypothermie profonde entraîne une diminution des moyens de
déterminer une ischémie pluriviscérale particulièrement rénale ou défense de l’organisme contre l’infection (œdème cellulaire) et la
médullaire quand le clampage distal est au-dessus de D7-D8. Cette correction préopératoire de tout foyer infectieux (sinusal, dentaire
protection peut être assurée de plusieurs façons : ou autres) est absolument indispensable. L’antibiothérapie ciblée
essentiellement antistaphylococcique a là encore très nettement
– les shunts inertes dont le plus connu est celui de Gott court- amélioré les résultats postopératoires.
circuitent la zone aortique exclue en reliant les segments aortiques
en amont et en aval des clamps, par canulation directe. Il existe Principes de technique chirurgicale selon le siège
des shunts préhéparinés qui permettent de limiter très nettement
l’anticoagulation pendant l’intervention. Ces shunts diminuent • Chirurgie de l’aorte ascendante : segments 0 et 1 (fig 17)
ainsi la postcharge ventriculaire et assurent la vascularisation En pathologie anévrismale, la chirurgie de remplacement isolée du
d’aval ; segment 1 est exceptionnelle ; la limite du tissu aortique

13
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

technique la plus utilisée a été décrite par Bentall et de Bono [5] et


consiste en un remplacement valvulaire aortique et de l’aorte
ascendante à l’aide d’un tube en polyester dont l’extrémité
proximale est ancrée sur une valve prothétique. Comme pour un
remplacement valvulaire aortique isolé, l’anneau aortique natif est
fixé sur l’anneau de la valve prothétique. Les orifices coronariens
sont ensuite adossés et anastomosés à deux orifices correspondants
taillés dans la prothèse en arrière pour l’ostium gauche, en avant
pour l’ostium droit, selon la technique originale. Il est possible de
prédécouper ces deux orifices sous forme de deux collerettes et de
les réimplanter directement dans la prothèse, soit à l’extérieur soit à
l’intérieur de celle-ci. Le tube en polyester est ensuite anastomosé
distalement à l’aorte ascendante distale.
Dans de très rares cas, la technique de Cabrol [8] peut être utilisée
avec bénéfice. Elle consiste en une réimplantation indirecte des
coronaires par l’intermédiaire d’un tube en polyester tissé de 8 mm
de diamètre anastomosé en terminoterminal par ses deux extrémités
sur les deux ostia coronaires et en latérolatéral sur le tube de
remplacement aortique.
Une technique de chirurgie conservatrice de l’aorte ascendante par
*
A enveloppement de celle-ci dans un cylindre de tissu synthétique non
*
B résorbable est une alternative possible chez les patients âgés chez
lesquels on veut alléger le geste opératoire. Cependant, elle est très
17 A. Remplacement de l’aorte ascendante et de la valve difficilement réalisable au niveau des sinus de Valsalva et ne
aortique par du matériel prothétique. Réimplantation
supprime donc pas le tissu pathologique.
des ostia coronaire (technique de Bentall-De Bono).
B. Exclusion de l’anévrisme avec prédécoupage de la
valve aortique native qui est conservée. Inclusion de la • Chirurgie de l’aorte horizontale ou transverse : segment 2
valve aortique dans le tube de remplacement de l’aorte
Les anévrismes isolés du segment 2 nécessitent le remplacement de
ascendante (technique de T David).
l’aorte horizontale, associé à la revascularisation des trois troncs
supra-aortiques. Cette chirurgie nécessite une CEC et une protection
cérébrale (cf supra).
Voie d’abord et site de canulation
La voie d’abord élective est une sternotomie médiane longitudinale
*
C qui peut être agrandie en cervicotomie. La CEC est établie entre une
canule veineuse dans l’oreillette droite et le retour artériel par
l’artère fémorale. Lorsque la perfusion cérébrale sélective
pathologique n’étant jamais franche, on risque de laisser en place
antérograde a été choisie comme moyen de protection cérébrale, on
un segment 0 pathologique, évoluant secondairement vers
y associe un retour artériel par canulation des artères carotides
l’anévrisme nécessitant une réintervention. C’est pourquoi le
primitives ou du tronc artériel brachiocéphalique.
remplacement de toute l’aorte ascendante (segment 0 + 1) est
indiqué dans la majorité des cas. Technique chirurgicale
Lorsqu’il existe une pathologie valvulaire aortique associée, la Lorsque l’aorte ascendante est saine et laisse suffisamment d’espace
chirurgie de remplacement de toute l’aorte ascendante est combinée pour implanter une prothèse en polyester sur clampage latéral, cette
à un remplacement valvulaire aortique. chirurgie peut être réalisée à cœur battant ; sinon, elle nécessite le
Lorsque la valve aortique peut être conservée, on peut utiliser des clampage total de l’aorte ascendante, l’arrêt cardiaque et donc la
techniques décrites par Yacoub ou Tyrone David [12]. La partie protection myocardique. De nombreuses variantes techniques ont
proximale du tube de remplacement aortique est alors découpée de été décrites. Elles ont toutes en commun l’implantation d’un tube en
trois échancrures qui sont suturées sur les trois commissures de la polyester sur l’aorte isthmique saine après la zone anévrismale par
valve aortique laissée en place ou la valve native est suturée à suture terminoterminale puis la réimplantation des troncs supra-
l’intérieur du tube comme une homogreffe. Dans les deux cas, les aortique, et enfin l’anastomose proximale sur l’aorte ascendante en
trois sinus de Valsalva sont remplacés par du tissu prothétique. Dans terminolatéral ou terminoterminal. La réimplantation des troncs
tous les cas, une réimplantation des artères coronaires sur le tube supra-aortiques peut être réalisée lorsque les conditions
prothétique est nécessaire. anatomiques s’y prêtent avec une seule anastomose entre le dôme
aortique sur lequel les trois vaisseaux restent implantés et une large
Voie d’abord et site de canulation
découpe elliptique dans la convexité du tube. Le plus souvent parce
La voie d’élection est la sternotomie médiane verticale. que l’anévrisme intéresse aussi la convexité ou que les vaisseaux de
L’arrêt circulatoire dans l’aorte ascendante et coronaire nécessite une la base du cou sont intéressés par le processus anévrismal, il est
CEC. Celle-ci est établie entre une canulation veineuse dans nécessaire de réimplanter les trois vaisseaux séparément, soit
l’oreillette droite ou dans les deux veines caves et une canulation directement, soit indirectement par l’intermédiaire de tube en
artérielle de réinjection dans l’aorte ascendante sus-anévrismale si polyester de petit calibre ; l’important est de réaliser toutes les
l’on dispose d’assez de tissu ou, dans le cas contraire, au niveau de sutures aortiques ou artérielles en zone saine. Le lavage de la
l’artère fémorale commune ou iliaque, la plus accessible. prothèse, la purge de l’air et les débris fibrinocruoriques ou même
La protection myocardique est évidemment nécessaire (cf supra). La athéromateux sont réalisés très soigneusement avant de remettre en
CEC peut être réalisée en hypothermie modérée avec une charge les trois vaisseaux supra-aortiques, soit séparément, soit
température rectale entre 28 et 32 °C afin d’assurer une protection simultanément.
multiviscérale. Cas particulier de remplacement partiel du segment 2
Technique Certains anévrismes de la crosse sont limités parce que sacciformes
Après mise en place de la CEC, l’aorte ascendante est totalement et corrigés par simple exclusion ou, parce qu’il existe une extension
réséquée, la valve aortique étant laissée en place ou non. La à l’aorte horizontale d’un anévrisme isthmique ou de l’aorte

14
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

descendante. Leur cure est réalisée sous CEC à cœur battant avec
clampage latéral de l’aorte pour les anévrismes sacciformes ou
clampage après la carotide primitive gauche ou entre celle-ci et le
tronc artériel brachiocéphalique pour les anévrismes distaux de
l’aorte horizontale. La protection cérébrale ici n’est pas nécessaire.

• Chirurgie des anévrismes étendus aux segments 1 et 2 ou 0 + 1 + 2


Cette chirurgie associe les techniques précédentes : CEC, protection
myocardique, protection cérébrale. Le plus souvent, elle consiste à
remplacer la valve aortique, l’aorte ascendante et le segment II dans
son intégralité ou dans sa moitié proximale. Lorsque l’hypothermie
profonde est utilisée, le temps de refroidissement sert à réaliser le
geste le plus proximal (valve aortique, segments 0 et 1) et au
moment du refroidissement optimal, le geste sur le segment 2 est
effectué.

• Chirurgie des anévrismes de l’aorte descendante : segment 3 *


A
Sur le plan tactique, il faut distinguer les anévrismes proximaux
isthmiques des anévrismes distaux sus-diaphragmatiques et les
anévrismes de la totalité du segment 3.
Les anévrismes proximaux sont le plus souvent post-traumatiques,
secondaires à une rupture aortique accidentelle, contenus par une *
B
adventice suffisamment solide au moment de l’accident, mais qui se
laisse distendre pour devenir anévrismale avec le temps : le risque 18 A. Remplacement des segments 0 + 1 + 2 de l’aorte, avec réimplantation des
médullaire est ici peu important. troncs supra-aortiques sur une seule collerette. La partie distale du tube est lais-
sée libre dans l’aorte segment 3 selon le procédé de Borst.
Les anévrismes distaux sus-diaphragmatiques dans la courbure que B. Endoprothèse d’un anévrisme isthmique à partir de l’artère sous-clavière gau-
fait l’aorte avant de traverser le diaphragme sont le plus souvent che après transposition carotido-sous-clavière gauche.
athéromateux : le risque médullaire est ici le plus important.
Les anévrismes de toute l’aorte thoracique descendante sont mois après, par thoracotomie gauche, à aborder l’anévrisme de
dysplasiques ou athéromateux, rarement isolés, le plus souvent l’aorte thoracique descendante, à clamper anévrisme et prothèse
étendus en sous-diaphragmatique, et appartiennent alors à l’entité proximale au niveau de l’isthme, à récupérer la prothèse dans l’aorte
des anévrismes thoracoabdominaux. thoracique descendante et à confectionner la seule anastomose
Là encore, de nombreuses variantes techniques ont été décrites. distale sur l’aorte diaphragmatique.
Voie d’abord ¶ Traitement endovasculaire des anévrismes de l’aorte
Dans les anévrismes localisés, la voie élective est une thoracotomie thoracique
postérolatérale dont la hauteur varie en fonction de la situation de
l’anévrisme. Cette thoracotomie, si nécessaire, peut être agrandie par Depuis 5 ans, l’association des compétences des chirurgiens et des
une sternotomie transversale, associée ou non à une sternotomie radiologistes a permis le développement de techniques
longitudinale médiane supérieure, de façon à exposer la crosse de endovasculaires dans le traitement des anévrismes aortiques
l’aorte si nécessaire. thoraciques. Cette technique est encore en évaluation. La mise sur le
marché de matériel de plus en plus sophistiqué et les succès obtenus
Technique chirurgicale laissent à penser qu’elle prendra dans l’avenir une place importante
Comme sur les autres segments, le principe est de remplacer la dans cette chirurgie. Son principal intérêt est d’être une technique
totalité de l’aorte pathologique entre deux clamps par un tube en mini-invasive, sans moyen de protection particulier, permettant de
polyester. Cependant, pour les anévrismes isthmiques post- traiter de façon élégante les anévrismes très localisés et d’élargir les
traumatiques, il est possible, après dissection minutieuse, de réaliser indications de la cure anévrismale à des patients contre-indiqués
une exclusion de l’anévrisme suivie d’une suture aortoaortique pour une chirurgie ouverte.
terminoterminale sans interposition de prothèse (nous l’avons réalisé Cependant, les résultats à long terme de ces endoprothèses ne sont
dans 14 cas sur 20). Dans les anévrismes qui intéressent la moitié pas connus. Les résultats à moyen terme qui apparaissent
inférieure du segment 3, le mur postérieur de l’aorte qui supporte actuellement dans la plupart des séries sont biaisés par le fait qu’ils
les ostia des artères intercostales, lorsque les conditions anatomiques portent sur des groupes de séries de patients peu importantes et
s’y prêtent, peut être adossé et anastomosé à une fenêtre prothétique très sélectionnées.
découpée sur le bord postérieur du tube.
Matériel et voie d’abord
• Chirurgie des anévrismes étendus à toute l’aorte thoracique Les endoprothèses actuelles de deuxième génération sont
segments 0 + 1 + 2 + 3 ou 1 + 2 + 3 (fig 18)
généralement composées d’un stent autoexpansible en éthinol et
Le remplacement en un temps de toute l’aorte thoracique a été décrit couvert d’une prothèse en polytétrafluoroéthylène (PTFE)
avec un taux de mortalité non négligeable. Cela est dû à une ultramince. Le diamètre des prothèses utilisées varie de 25 à 40 mm
agression simultanée de l’ensemble des organes vitaux. avec des longueurs de 8 à 20 cm. Ces endoprothèses sont très
Le traitement en deux temps, selon la technique décrite initialement flexibles et introduites dans un système de largage coaxial,
par Borst [7], donne de meilleurs résultats. Le premier temps est un l’endoprothèse étant maintenue au centre du cathéter. Ce système
remplacement de l’aorte ascendante et de la crosse (segments 0 ± 1 ± d’introduction est relativement souple et a un calibre externe de 18
2). L’originalité de la technique est d’introduire toute la portion à 22 F.
distale du tube en polyester dans l’anévrisme de l’aorte descendante L’introduction du matériel nécessite une voie d’abord chirurgicale
(segment 3) en l’y laissant flotter librement après l’avoir fixé sur fémorale. Sous contrôle scopique, le système est conduit sur un
l’isthme aortique par surjet circulaire. La difficulté de la technique guide jusque dans une position adéquate par rapport à l’anévrisme
est au niveau de cette suture car les conditions anatomiques ne sont puis l’endoprothèse est larguée et se déploie alors dans la position
pas toujours réunies pour la réaliser. Le deuxième temps consiste, 2 voulue dans le sac anévrismal.

15
11-500-A-10 Anévrismes de l’aorte thoracique Cardiologie

Ce sont essentiellement les anévrismes de l’aorte descendante


(segment 3) et de la terminaison de l’aorte horizontale qui
bénéficient de ce traitement. Il n’est pas utilisé pour les anévrismes
des segments 0 et 1 et il existe quelques expériences isolées de
traitement des anévrismes du segment 2 par endoprothèse avec
branches collatérales. Ce sont les anévrismes isthmiques haut situés
qui sont le plus fréquemment traités de cette façon (fig 19). Le
traitement des anévrismes sus-diaphragmatiques comporte le même
risque médullaire que la chirurgie par voie conventionnelle [1].
Parmi les complications secondaires à la pose d’endoprothèse, les
migrations et les déchirures d’endoprothèse devraient disparaître
avec l’amélioration du matériel. Les endofuites restent la
complication la plus fréquente (20 %) et peuvent être traitées par
extension proximale ou distale de la prothèse, embolisation, mise en 19 Anévrisme athéromateux de l’aorte descendante traité par la mise en place d’une
place vidéo assistée de clip sur les collatérales nourricières de endoprothèse. La tomodensitométrie de contrôle montre sur la reconstruction 2D dans
l’endofuite, ou chirurgie conventionnelle. le plan de la crosse la situation précise de l’endoprothèse.

La survie à moyen et à long termes dépend de l’étiologie de


¶ Résultats de la chirurgie d’anévrisme thoracique
l’anévrisme : en cas de dystrophie, la récidive anévrismale sur un
Dans les cas de primo-intervention, la mortalité hospitalière dépend autre segment aortique que celui déjà traité est fréquente, nécessite
du segment aortique traité : elle est inférieure à 2 % pour les des réinterventions et est un facteur de mauvais pronostic.
segments 0 et 1, entre 5 et 10 % pour les segments 2 et 3. Ces chiffres D’une façon générale, la probabilité de survie après cure de
sont à multiplier par deux lorsqu’il s’agit de réintervention. Elle est l’anévrisme thoracique à 5 ans est en moyenne de 70 à 80 %
supérieure à 50 % lorsque ces anévrismes sont opérés en urgence. (supérieure pour le segment 1), et à 10 ans, de 60 à 70 %.

16
Cardiologie Anévrismes de l’aorte thoracique 11-500-A-10

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