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Rayonnement solaire : bases physiques,


effets cutanés biologiques et cliniques
L. Meunier

La qualité du rayonnement solaire que nous recevons sur la terre dépend des instabilités de l’émission
du soleil, de notre position par rapport à celui-ci, de l’état de l’atmosphère et de la qualité du sol sur
lequel nous nous trouvons. L’ensoleillement reçu par l’individu est la résultante du rayonnement solaire
direct, de la lumière du ciel et de la réflexion du sol. Le spectre ultraviolet (UV) est le plus énergétique et
représente la portion du spectre solaire la plus active sur le plan biologique. La couche d’ozone arrête les
rayonnements les plus nocifs et sa destruction pourrait avoir de graves conséquences sur la santé. Les
effets biologiques vont dépendre du type d’exposition et du phototype : production d’espèces réactives de
l’oxygène, synthèse de prostaglandines, activation de facteurs de transcription, production de cytokines,
synthèse de mélanines et de vitamine D, dégâts de l’acide désoxyribonucléique (ADN) et mutations. Les
effets des UV peuvent être bénéfiques ou toxiques en provoquant des réactions de photosensibilisation
et en stimulant la promotion tumorale des cancers cutanés. Celle-ci est avant tout due aux effets des UV
sur l’immunité cutanée. Enfin, l’exposition solaire chronique est à l’origine du photovieillissement de la
peau. Tous ces effets doivent être pris en compte pour améliorer la photoprotection.
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Mots-clés : Ultraviolet A et B ; Soleil ; Photoprotection ; Cancers

Plan des effets biologiques relèvent d’une exposition solaire chronique.


Certains de ces effets sont bénéfiques, d’autres sont délétères [1] .
■ Introduction 1


Bases physiques 1
 Bases physiques
Effets biologiques sur la peau 3
Production de radicaux libres et d’espèces réactives de l’oxygène 3 Les radiations électromagnétiques qui sont caractérisées par
Photo-immunologie 3 un champ électrique et un champ magnétique qui vibrent et se
Synthèse de vitamine D 4 propagent de manière synchrone à grande vitesse (de 100 000
■ Conséquences cliniques sur la peau 5 à 300 000 km/s). Elles se présentent sous un aspect ondulatoire
Érythème 5 et corpusculaire [2] . L’aspect ondulatoire rend compte des phéno-
Pigmentation 5 mènes d’interférence, de réflexion et de diffraction. La longueur
Photocarcinogenèse 5 d’onde gamma (␭) qui est la distance entre deux ondulations est
Héliodermie 6 utilisée pour décrire les radiations dans le domaine de l’optique.
■ Conclusion 6 Elle se calcule à partir de la vitesse de propagation v et de la
fréquence F (nombre de vibrations par seconde) à partir de la for-
mule : ␭ = v/F. Elle est égale à la vitesse de l’onde divisée par la
fréquence de passage et s’exprime en nanomètres (nm). Comme
la vitesse, elle dépend du milieu traversé et peut être fonction
de l’indice de réfraction de ce milieu. Dans le vide, toutes les
 Introduction ondes se propagent à la même vitesse qui est celle de la lumière
(300 000 km/s).
Les effets du rayonnement solaire sur la peau sont estimés à par- L’aspect corpusculaire rend compte de l’absorption et des effets
tir des travaux portant sur les rayons ultraviolets (UV). Beaucoup photochimiques. Il tient compte du flot de particules (pho-
de résultats ont été obtenus à partir d’expériences faites sur des tons) que les ondes électromagnétiques propagent. L’énergie
modèles cellulaires ou des animaux de laboratoires. Peu de don- d’un photon est inversement proportionnelle à la longueur
nées finalement sont disponibles chez l’homme ; cela tient aux d’onde ; plus la longueur d’onde est courte et plus l’énergie est
difficultés des conditions expérimentales et au fait que la plupart importante.

EMC - Cosmétologie et Dermatologie esthétique 1


Volume 7 > n◦ 1 > octobre 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S2211-0380(12)55902-8
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50-020-B-40  Rayonnement solaire : bases physiques, effets cutanés biologiques et cliniques

La répartition des photons d’un rayonnement en fonction de été qu’en hiver. L’intensité des UVB en automne est supérieure à
leur longueur d’onde constitue le spectre. Celui-ci peut être mono- celle du printemps car la couche d’ozone est plus mince d’août
chromatique, lorsque tous les photons ont la même longueur à octobre. La latitude est également importante, l’ensoleillement
d’onde, ou polychromatique lorsqu’ils ont des longueurs d’onde étant maximal sous les tropiques où le rayonnement est vertical et
différentes. Le spectre peut être continu, et constitué alors d’une où la couche d’ozone est plus faible. Au-dessus de la 45e parallèle,
suite infinie de radiations (le soleil), ou discontinu (spectre de l’efficacité érythémale est moindre : le soleil des Canaries fait deux
raies) ne comportant que certaines longueurs d’onde (lampe à fois plus rougir en été que celui de Suède à la même période [2] .
vapeur de mercure) [2] . L’inclinaison du soleil sur l’horizon varie en fonction de l’heure
Les ondes électromagnétiques comprennent les ondes hert- de la journée et le rayonnement UVB est maximal entre 11 h et
ziennes (radio, télévision, téléphone), les rayons optiques 14 h (heure « administrative » décalée de deux heures par rapport
(infrarouge, lumière visible et ultraviolets) et les radiations ioni- à l’heure solaire). Enfin, l’altitude représente un autre facteur de
santes (rayons X, rayons ␹ et rayons cosmiques) [3] . Les ondes variation avec une augmentation de 4 % de la quantité d’UVB
électromagnétiques du domaine optique se subdivisent en trois par palier de 300 m. À 1500 m d’altitude le rayonnement solaire
régions : les infrarouges (IR), le visible et les ultraviolets (UV). Les comprendra 20 % d’UVB supplémentaire et, à l’opposé, la quan-
infrarouges comprennent les IRA (de 780 à 1500 nm), les IRB (de tité d’UVB reçue sur les plages de la mer Morte sera très faible
1,5 à 3 ␮m), les IRC (de 3 à 10 ␮m) et les IR lointains (de 10 ␮m puisque celles-ci sont situées à 400 m au-dessous du niveau de
à 1 mm). Le rayonnement visible, défini par la sensibilité de l’œil la mer [6] .
humain, comporte : le violet (de 380 à 440 nm), le bleu (de 440 Les rayonnements diffusés par le ciel constituent la deuxième
à 495 nm), le vert (de 495 à 570 nm), le jaune (de 570 à 590 nm), source d’ensoleillement. Les longueurs d’ondes les plus courtes
l’orangé (de 590 à 620 nm) et le rouge (de 620 à 780 nm). Les du spectre visible sont réfléchies et dispersées par les particules en
rayons UV sont divisés (en fonction de la transmission du verre) en suspension dans l’atmosphère. Le pourcentage de rayonnement
UVC (de 200 à 280 nm), UVB (transmission dans le quartz et non rétrodiffusé s’appelle « l’albédo ». Le bleu du ciel est dû à la dif-
dans le verre ; de 280 à 320 nm), UVA (transmission dans le verre ; fusion par l’atmosphère de la lumière blanche polychromatique.
de 320 à 400 nm). Les UVA sont séparés en UVA courts ou UVA-II À midi, les 30 à 50 % du rayonnement UV reçus sont dus à la
(de 320 à 340 nm) et en UVA longs ou UVA-I (de 340 à 400 nm). diffusion du ciel. En atmosphère nuageuse, les nuages de basse
Le soleil, qui est situé à 149 millions de kilomètres de la terre, altitude laissent passer peu d’UV, alors que ceux de haute altitude
est le siège de réactions thermonucléaires très intenses produisant laissent passer autant d’UV que le ciel est clair [6] . La réflexion des
un immense rayonnement électromagnétique allant des rayons UV varie selon la nature du sol : de 75 à 95 % pour la neige, de
cosmiques aux ondes radioélectriques. La répartition du rayonne- 15 à 45 % pour le sable, de 10 à 30 % pour l’herbe et de 5 à 10 %
ment solaire en fonction de l’énergie caractérise le spectre solaire. pour l’eau. En ce qui concerne l’eau, il faut rappeler que le nageur
Il s’agit d’un spectre continu s’étendant des rayons cosmiques reste exposé car 40 % du rayonnement UVB sont transmis dans
(100 nm) aux ondes radio (500 m). La lumière n’est qu’une faible 50 cm d’eau, cette exposition étant majorée par la suppression du
partie de ce spectre dont les limites sont définies par la sensibilité signal calorique. L’utilisation d’un parasol sur la plage n’est pas
de l’œil qui va de 380 à 700 nm. La qualité du rayonnement solaire complètement efficace pour se protéger du soleil car elle ne bloque
que nous recevons sur la terre dépend des instabilités de l’émission que le rayonnement direct, mais ne s’oppose pas à la diffusion des
du soleil, de notre position par rapport à celui-ci, de l’état de rayons par le ciel et surtout à ceux provenant de la réflexion par
l’atmosphère et de la qualité du sol sur lequel nous nous trou- le sable. La possibilité d’apparition d’un érythème sans exposi-
vons [3] . La lumière se propage à vitesse constante (300 000 km/s) tion solaire directe est importante à considérer dans la prévention
sous forme d’un flot de photons caractérisés par leur énergie expri- des coups de soleil, en particulier chez l’enfant. À l’opposé, le
mée en watts (W). Les ondes électromagnétiques transportent de risque accru d’érythème en bateau est avant tout secondaire à la
l’énergie et la quantité d’énergie émise, transportée ou reçue pen- prolongation de l’exposition solaire due à la sensation de rafraî-
dant un temps t, s’exprime en joules (J). L’éclairement énergétique chissement procurée par le vent et les projections d’eau. En valeur
est le flux d’énergie reçu par unité de surface irradiée. Son unité moyenne, 30 % du rayonnement solaire arrivant vers la terre
est le watt par mètre carré (W/m2 ). La dose D de rayonnement retournent vers l’espace, 20 % sont absorbés par l’atmosphère et
reçue par une surface pendant un certain temps t est le produit de les nuages, et 50 % sont absorbés par le sol afin d’assurer la vie
l’éclairement E (W/m2 ) par le temps t (en secondes) : D = E × t, D sur terre.
s’exprimant en joules par mètre carré (J/m2 ). L’énergie étant inver- L’énergie lumineuse atteignant le sol terrestre correspond au
sement proportionnelle à la longueur d’onde, elle est d’autant plus deux tiers de l’énergie solaire. Elle est d’environ 140 mW/cm2
grande que sa longueur d’onde est courte. Presque toute l’énergie et se répartit pour 50 % dans l’IR (800–2500 nm), 40 % dans le
solaire se situe entre 270 et 5000 nm (des UV courts à l’IR moyen). spectre visible (400–800 nm) et seulement 10 % dans l’UV. Ce der-
L’atmosphère terrestre filtre environ le tiers du rayonnement nier est cependant le plus énergétique (faibles longueurs d’onde)
solaire. La couche d’ozone stratosphérique forme une couche et représente la portion du spectre solaire la plus active sur le
qui est située entre 15 et 35 km au-dessus de la surface terrestre. plan biologique. Les UV arrivant sur la peau ne comprennent
L’ozone (03 ) y est formé et détruit en permanence par les UV pas d’UVC (bloqués par la couche d’ozone) mais des UVB
solaires les plus courts qui dissocient l’oxygène moléculaire atmo- (290–320 nm) dont le débit de dose est 0,2 mW/cm2 , à midi par
sphérique [4] . Il arrête les rayonnements les plus nocifs (rayons temps clair, et des UVA (320–400 nm) dont le débit de dose est de
cosmiques, rayons gamma, rayons X), les UVC et les UVB les plus 4 mW/cm2 à midi, en climat tempéré. Les propriétés optiques de
courts (< 290 nm). La dégradation de la couche d’ozone est donc la peau influencent la pénétration du rayonnement dont le tra-
susceptible d’avoir des effets très néfastes sur toute forme de vie jet intracutané dépend surtout d’un processus d’absorption qui
terrestre [5] . D’autres éléments participent à la filtration du rayon- pourra générer des réactions photochimiques au niveau de la
nement solaire : les poussières et les fumées qui atténuent plus ou kératine, de la mélanine, des protéines et d’autres molécules ou
moins la lumière visible, la vapeur d’eau en suspension, les nuages chromophores. La réflexion (entre l’air et la couche cornée) et la
de la basse atmosphère qui absorbent une partie des infrarouges. diffraction par les fibres et les organites cellulaires modulent éga-
L’exposition solaire sous un ciel nuageux peut ainsi entraîner un lement la pénétration du rayonnement dans la peau. La majorité
coup de soleil, et ce surtout par une diminution de la sensation des UVB (70 %) est arrêtée par la couche cornée, 20 % atteignent
de chaleur locale qui entraîne alors une augmentation du temps le corps muqueux et 10 % le derme superficiel. La majorité des
d’exposition [6] . UVA et du visible traverse la couche cornée, mais seule une par-
L’ensoleillement reçu par l’individu est la résultante du rayon- tie (de 20 à 30 %) atteint le derme du fait de l’absorption par la
nement solaire direct, de la lumière du ciel et de la réflexion du sol. mélanine. Le rouge et l’infrarouge traversent l’épiderme, le derme
Plus le trajet du rayonnement direct est court et plus sa richesse et parviennent à l’hypoderme. L’absorption par des molécules
en UVB augmente. La quantité d’UVB reçue va donc varier en cibles ou chromophores va seule générer des réactions photochi-
fonction de plusieurs paramètres. Le premier d’entre eux est la sai- miques ; cette condition est nécessaire, mais n’est pas suffisante
son et, dans notre hémisphère, le taux maximal d’UVB est atteint car un rayonnement peut être absorbé sans générer de telles
en juillet avec un pouvoir érythématogène 100 fois supérieur en réactions.

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Rayonnement solaire : bases physiques, effets cutanés biologiques et cliniques  50-020-B-40

Les différentes régions du corps sont inégales devant s’agisse d’une réaction de phototoxicité ou d’une réaction pho-
l’exposition. Pour 100 % reçus au vertex, les épaules, le dos du pied toallergique. La réaction phototoxique dépend de la dose de
reçoivent 80 % et les parties verticales environ 50 %. Un travailleur chromophore et de la quantité de lumière absorbée. Deux méca-
à l’extérieur reçoit en moyenne 25 % du rayonnement alors qu’un nismes sont importants dans ce type de réaction : le transfert
employé de bureau n’en reçoit que 2 à 4 %. La dose reçue en d’énergie, avec création d’une réaction photochimique et produc-
UVB par un agriculteur est de 6 × 104 J/m2 pour 104 J/m2 pour un tion d’oxygène singulet responsable d’une oxydation des molé-
employé de bureau. Trois semaines de vacances sur les plages de cules avoisinantes et d’un effet photodynamique (porphyries), la
Méditerranée correspondent à 1,5 × 104 J/m2 , soit l’équivalent de formation après irradiation de lésions covalentes entre le chromo-
l’exposition d’une année entière pour un employé de bureau [2] . phore et une macromolécule comme l’ADN (psoralènes). La réac-
La peau possède plusieurs systèmes de protection contre les tion photoallergique, contrairement à la réaction phototoxique,
effets délétères des UV. Le premier d’entre eux est constitué par n’apparaît que chez quelques individus et peut déborder les zones
la pilosité qui, sur le cuir chevelu, permet en grande partie de insolées. Elle aboutit à la formation d’un photoantigène respon-
prévenir la survenue des kératoses actiniques. Le deuxième est sable d’une réaction d’hypersensibilité à médiation cellulaire.
représenté par la couche cornée qui est photoprotectrice par
plusieurs mécanismes (réflexion, diffraction et absorption). La
réflexion directe se produit à l’interface air–stratum corneum et Photo-immunologie [12]
est due à une différence de l’indice de réfraction de l’air (1,0) et
Le système immunitaire cutané, appelé skin-associated lymphoid
du stratum corneum (1,55). Cette réflexion directe est importante
tissue (SALT), comporte des cellules dendritiques épidermiques
pour le visible et l’IR (60 %) mais modeste pour les UV inférieurs à
et dermiques [13] , des kératinocytes producteurs de cytokines, le
320 nm [2] . Elle est plus importante chez le Blanc que chez le Noir
réseau endothélial des veinules postcapillaires, des lymphocytes T
et dans les régions à kératine dense. La couche cornée absorbe
et le système lymphoïde régional.
70 % des UVB du fait de la présence dans la kératine d’acides
L’action des UV sur le système immunitaire cutané a fait
aminés polaires (acide glutamique, asparagine, sérine) et de la
l’objet de revues générales récentes [14, 15] . Les premières expé-
présence d’AUC. L’AUC est un photorécepteur de la couche cor-
riences de greffes de cellules tumorales immunogènes ont permis
née formé à partir de l’histidine. Son isomérisation trans-cis est
de montrer que, contrairement aux souris non irradiées, celles
effectuée sous l’action des UVB et l’acide cis-urocanique, qui est
qui avaient été préalablement exposées aux UVB développaient
éliminé dans la sueur, jouerait un rôle important dans la photo-
des tumeurs ; l’effet immunosuppresseur des UV pouvait expli-
protection [7] . Les lipides de surface présents dans le sébum sont
quer la tolérance et la promotion tumorales. Les mécanismes de
capables d’absorber les UVB et possèdent un faible effet protec-
la photo-immunosuppression (PIS) sont multiples et intriqués ;
teur. La mélanine produite par les mélanocytes et distribuée dans
ils dépendent du rayonnement (type, dose, exposition aiguë ou
les kératinocytes avoisinants est un des principaux mécanismes
chronique) et du terrain (phototype et susceptibilité génétique).
de protection.
Mécanismes de la photo-immunosuppression
Les UVB peuvent induire une immunosuppression locale et sys-
 Effets biologiques sur la peau témique [16] . L’immunodépression locale est définie par l’absence
d’immunisation lorsque la sensibilisation est effectuée en peau
Production de radicaux libres et d’espèces irradiée ; elle peut conduire à un état de tolérance lorsque
réactives de l’oxygène [8] les tentatives ultérieures d’immunisation restent infructueuses.
L’immunodépression systémique est caractérisée par l’absence
Les effets de la lumière dépendent en grande partie de d’immunisation lorsque la sensibilisation est effectuée à distance
l’absorption de celle-ci par des molécules cibles appelées de la zone irradiée.
« chromophores ». C’est cette absorption qui déclenche ensuite Les mécanismes impliqués dans la PIS sont complexes et font
les réactions photochimiques primaires et secondaires. La pre- intervenir :
mière étape est très brève et se traduit par un état d’activation • une action sur les cellules de Langerhans (CL) : les UV peuvent
moléculaire qui va très rapidement être suivi d’une désactivation, agir directement sur celles-ci, mais également en activant la
avec transfert d’énergie responsable des réactions photochimiques production de certaines cytokines par les kératinocytes (tumor
secondaires. necrosis factor alpha [TNF␣], interleukines 1, 12 et surtout 10 [IL-
Les espèces réactives de l’oxygène (ERO) formées à la suite de ces 1, IL-12, IL-10]) [17] ;
réactions chimiques sont l’anion superoxyde, l’oxygène singulet, • l’isomérisation d’un photorécepteur de la couche cornée appelé
le peroxyde d’hydrogène, l’ion hydroxyle et le radical hydroxyle. « acide transurocanique » en dérivé cis immunosuppresseur ;
Ces ERO (dits radicaux libres) sont toxiques pour les membranes • des cellules monocytaires CD-36+ DR+ CD-1a− apparaissant
cellulaires (lipoperoxydation), les enzymes, les protéines et les dans l’épiderme après une forte dose d’UV [18] .
acides nucléiques. Les systèmes de défense intracellulaires contre Les UV agissent sur des molécules appelées « chromophores »
le stress oxydatif sont composés d’enzymes (catalase, superoxyde qui, en absorbant l’énergie photonique, vont déclencher des réac-
dismutase, glutathion peroxydase), de composés thiols (gluta- tions photochimiques et photobiologiques. L’AUC, l’ADN, les
thion), de vitamines (E et C) et d’oligoéléments (sélénium et acides aminés des protéines et les mélanines représentent les
zinc). Les superoxydes dismutase et catalase catalysent la dis- principaux chromophores de la peau. Leurs interactions avec les
mutation de l’anion superoxyde et du peroxyde d’hydrogène, le rayons UV aboutissent à la production de nombreux médiateurs,
glutathion peroxydase décomposant ce dernier en utilisant le glu- dont certains auront non seulement une action locale, mais égale-
tathion comme donneur d’hydrogène. Les dommages causés par ment systémique (cytokines, histamine, prostaglandines). Les UV
le stress oxydatif altèrent les voies de transduction des signaux modifient le nombre, le phénotype et la fonction des CL [12, 16] .
et la transcription de facteurs intervenant dans le contrôle de Après irradiation, les CL sont susceptibles d’entrer en apoptose
la prolifération cellulaire [9] . Ce type de réactions représente la et/ou de perdre leurs processus dendritiques. La modification de
voie principale de l’action délétère des UVA alors que les photons leur phénotype et la production locale de cytokines (TNF␣, IL-1␤)
principalement en cause dans les réactions directes sont les UVB. sont responsables des anomalies de migration vers les ganglions
Cependant, les UVA peuvent entraîner comme les UVB des dégâts lymphatiques. Dans certains systèmes expérimentaux, sous l’effet
de l’ADN avec en particulier la création de dimères de dipyrimi- des UV, elles induisent préférentiellement la prolifération de lym-
dines [10] . La couche basale épidermique semble représenter une phocytes T, de type Th2 producteurs d’IL-4 et d’IL-10. L’activation
cible privilégiée de l’action délétère des UVA [11] . Le stress oxydatif anormale d’autres types de cellules T régulatrices (lymphocytes T
induit par les UV va également être à l’origine de mutations et cytotoxic T lymphocyte antigen-4 [CTLA-4] et cellules natural killer T
d’altérations du fonctionnement des mitochondries. [NKT]) produisant de l’IL-10 pourraient également jouer un rôle
La présence de chromophores anormaux dans la peau est une essentiel dans le contrôle de la réponse T après activation par les
des caractéristiques des réactions de photosensibilisation qu’il CL irradiées [19] .

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Les modifications du système immunitaire cutané après un des cellules tumorales greffées sur la peau préalablement exposée
coup de soleil sont tout à fait particulières. En effet, deux ou trois aux UV est beaucoup plus importante que celle survenant en
jours après une exposition aiguë à une forte dose d’UVB, les CL peau saine. L’importance de l’immunité est attestée par le fait
ont disparu complètement de l’épiderme et ont été remplacées par que cette accélération de croissance ne se produit plus si l’animal
des cellules macrophagiques ayant des propriétés particulières de est immunodéprimé. La promotion tumorale induite par les UV
présentation antigénique leur permettant d’activer préférentiel- serait favorisée par des altérations locales et non spécifiques de
lement des lymphocytes T à activité suppressive [18] . Ces cellules, l’immunité cutanée et par des anomalies systémiques spécifiques
qui produisent surtout de l’IL-10 et peu d’IL-12, sont impliquées d’antigènes tumoraux. Chez l’homme, il n’existe pas de preuve
chez l’animal dans la tolérance photo-induite [20] . expérimentale pour impliquer formellement les effets immuno-
L’action du rayonnement UVB sur l’ADN est largement domi- suppresseurs des UV dans la survenue des carcinomes et des
née par la formation de photoproduits dimériques entre deux mélanomes malins. Il existe cependant des arguments cliniques et
bases pyrimidiques adjacentes [21] . Le rôle de ces dimères au cours épidémiologiques permettant d’impliquer étroitement photocar-
de la PIS a été mis en évidence grâce à l’utilisation d’enzymes cinogenèse et photo-immunosuppression, comme en témoigne
permettant leur réparation [22] . Ainsi, chez la souris, l’application l’incidence accrue des carcinomes cutanés en peau insolée chez
de liposomes contenant une endonucléase permet de prévenir les malades transplantés immunodéprimés.
la diminution des réactions d’hypersensibilité de contact (HSC) Les UV modifient profondément le système immunitaire
après UV. Chez l’homme, ces liposomes préviennent l’induction cutané, les mécanismes impliqués étant multiples et probable-
par les UV de la production d’IL-10 et de TNF [23] . L’action des ment très intriqués. Il est vraisemblable qu’indépendamment des
UV sur l’ADN des cellules dendritiques cutanées pourrait modi- doses les différentes longueurs d’onde du spectre solaire exercent
fier la synthèse de molécules de costimulation ou l’activité de des effets biologiques susceptibles de se moduler réciproquement.
gènes impliqués dans le processus de présentation antigénique. La réponse adaptative existante in vivo lors des expositions chro-
La formation de dimères dans les kératinocytes pourrait entraîner niques reste encore très mal connue.
la production anormale de certaines cytokines telles que l’IL-6,
l’IL-10 ou le TNF␣ [14] .
Le rôle de l’AUC est complexe et controversé [7] . L’isomère Synthèse de vitamine D
trans de l’AUC est synthétisé dans la couche cornée à partir
de l’histidine ; il est transformé en partie en isomère cis sous La vitamine D3 ou cholécalciférol est une vitamine liposoluble
l’action des UV. Cette isomérisation est maximale entre 270 et qui est synthétisée dans la peau grâce à l’action des UVB [27] .
310 nm, mais peut également se produire sous l’action des UVA-I Ceux-ci agissent sur les membranes des kératinocytes et sont res-
(340–400 nm). Le cis-AUC semble jouer un rôle essentiel au cours ponsables de l’isomérisation réversible du 7-déhydrocholestérol
des toutes premières phases de la PIS. Il est impliqué dans la dimi- (7-DHC) en provitamine D3. Sous l’effet de la chaleur et non des
nution des réactions d’hypersensibilité retardée (HSR) et d’HSC UV, cette dernière est soit transformée en quelques heures en vita-
observée après irradiation par les UVB. mine D3, soit convertie en dérivés inactifs. La vitamine D3 est
transportée dans le sang par une protéine porteuse jusqu’au foie
Ultraviolets et réactions d’hypersensibilité où elle est hydroxylée en 25-hydroxy-vitamine D3 (25-OHD3),
puis dans les reins où elle sera transformée en son métabolite
Les UVB diminuent les réactions de HSC et de HSR en inter- actif, la 1,25-dihydroxy-vitamine D3 (1,25-OH-D3) ou calcitriol.
venant au cours des phases d’induction ou de révélation de la Le spectre d’action solaire pour la synthèse de la vitamine D cor-
réponse immune. Le dinitrochlorobenzène (DNCB) est un irri- respond à peu près à celui du spectre érythémal, mais ne s’étend
tant et un allergène fort qui est très utilisé pour explorer la pas dans les UVA comme celui-ci. Dépendant des UVB, la forma-
réponse immune primaire au cours des réactions de HSC [24] . Si tion de vitamine D dans la peau est d’autant plus importante que
la sensibilisation est effectuée sur une zone cutanée préalable- l’angle zénithal est faible (été, midi heure solaire, faible latitude).
ment exposée aux UV, il existe chez certains volontaires sains, Ainsi, plus l’index UV est élevé et plus le temps pour produire
en fonction de la dose d’UV utilisée, une diminution des réac- dans la peau une quantité donnée de provitamine D3 est faible [28] .
tions de HSC lorsque la révélation est effectuée en peau saine non Dans des conditions d’exposition identiques, la dose d’UV requise
exposée. Elle serait plus marquée chez les sujets ayant des antécé- pour assurer une synthèse suffisante de vitamine D est inférieure
dents de cancers cutanés. La baisse des réactions d’hypersensibilité à celle requise pour induire un érythème ; la proportion de vita-
après exposition solaire peut être observée chez pratiquement tous mine D formée est identique pour une fraction donnée de la dose
les individus après une dose d’UV correspondant à une heure érythémateuse minimale (DEM), et ce quel que soit le phototype.
d’ensoleillement pendant l’été vers 12 heures dans des latitudes La conversion maximale de 7-DHC est atteinte avant la DEM et la
moyennes [12] . poursuite de l’exposition au-delà de cette dose efficace est inutile,
voire néfaste puisque la vitamine D nouvellement formée dans la
Ultraviolets et infections [25] peau peut être dégradée par les UV. La surface cutanée à expo-
Les UV diminuent les réponses de type Th1 et sont donc suscep- ser pour satisfaire aux besoins est limitée et on considère qu’une
tibles d’altérer les défenses immunitaires et la résistance à certains exposition de la tête et du cou pendant 20 minutes produit autant
agents infectieux. L’herpès cutané est un exemple d’infection de vitamine D qu’un bain de soleil de deux minutes. Des expo-
virale favorisée par l’exposition solaire. L’immunosuppression sitions brèves et régulières suffisent pour assurer une synthèse
locale photo-induite peut faciliter la réplication virale par diffé- cutanée suffisante : l’exposition de 25 % de la surface corporelle
rents mécanismes : altération de la présentation du virus par les (bras et tête ou avant-bras et jambes) à un quart de la DEM per-
cellules dendritiques cutanées, diminution de la production locale met de couvrir des besoins estimés à 1000 unités internationales
d’interféron ␣ (baisse des réponses Th1) et de l’activité NK [12] . (UI) par jour. Ainsi, pour un index UV de 7 où la DEM est atteinte
après 40 minutes d’exposition, une exposition de dix minutes est
suffisante. Avec l’âge, la quantité de 7-DHC dans les kératino-
Immunosuppression et cancers cutanés cytes diminue et, de ce fait, les expositions solaires doivent être
Chez la souris, les cancers cutanés induits par le rayonne- plus fréquentes chez les sujets âgés, ce d’autant que dans cette
ment UV sont fortement antigéniques et font l’objet d’un rejet tranche d’âge les besoins en vitamine D semblent plus importants.
lorsqu’ils sont greffés sur la peau de souris syngéniques saines et Par ailleurs, pour une même dose d’UVB, la quantité de vita-
non irradiées. Les expériences de Kripke et al. ont démontré le mine D formée est d’autant plus faible que la densité de mélanine
rôle essentiel des UV dans la croissance des mélanomes malins est importante. Le phototype joue donc un rôle important dans
et d’autres tumeurs immunogènes chez la souris [26] . Les tumeurs l’adaptation de l’exposition solaire aux besoins. Les individus de
induites par les UV ne sont pas rejetées lorsqu’elles sont gref- phototype clair (I, II), habitant dans des régions où la latitude est
fées chez des animaux syngéniques irradiés par les UVB. Cette élevée, ont un rendement de synthèse important, alors que ceux
tolérance, transmissible par le sérum des animaux irradiés, est dont la peau est sombre (V, VI) ont besoin d’une exposition plus
due à la production de lymphocytes T suppresseurs. La croissance prolongée pour obtenir un taux sérique adéquat. La photoprotec-

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Rayonnement solaire : bases physiques, effets cutanés biologiques et cliniques  50-020-B-40

tion externe par applications de filtre solaire réduit la synthèse solaires contre les UVA [33] . La pigmentation retardée, ou bron-
cutanée de vitamine D. Ainsi, l’application d’un filtre dont le fac- zage, est induite par les UVA et les UVB ; elle apparaît 2 ou 3 jours
teur de protection solaire (FPS) est de 15 entraîne une réduction après l’exposition et résulte de plusieurs phénomènes : activation
de presque 100 %. Celle d’un filtre avec un FPS de 8 est respon- de la tyrosinase, augmentation du nombre de mélanocytes et de
sable d’une réduction de 97,5 % (dans des conditions d’utilisation mélanosomes, accélération du transfert des mélanines aux kéra-
identiques à celles requises lors des conditions expérimentales, tinocytes. Le spectre d’action du bronzage se superpose à celui
c’est-à-dire 2 mg/cm2 ). La vitamine D joue un rôle important dans de l’érythème. L’efficacité pigmentogène est maximale dans les
la régulation de la prolifération et de la différenciation cellulaires, UVB pour devenir progressivement nulle vers 500 nm. Les UVA
ainsi que dans l’immunité cutanée [29] . exigent ainsi des doses environ 1000 fois supérieures à celles qui
sont nécessaires aux UVB pour produire le même effet [33] . Le bron-
zage estival multiplie la DEM par 10 et la DEM du sujet noir
 Conséquences cliniques est de 15 à 60 fois supérieure à celle du sujet blanc. Le princi-
pal système de protection épidermique repose sur les mélanines
sur la peau qui sont des pigments produits par les mélanocytes et transférés
dans les kératinocytes avoisinants grâce aux mélanosomes dont
Érythème le regroupement autour du noyau de la cellule forme une cape
protégeant le matériel génétique. Cette défense pigmentaire est
L’érythème induit par l’irradiation solaire, ou érythème acti- variable d’un individu à l’autre, la différence résidant essentielle-
nique, correspond au coup de soleil qui est caractérisé par la ment dans l’activité des mélanocytes, la taille et la distribution des
présence dans l’épiderme de kératinocytes en apoptose ou sun- mélanosomes. La pigmentation mélanique absorbe plus de 90 %
burn cells (SBC) [30] . Les UVB sont les longueurs d’onde les plus des UV et la mélanine est protectrice en absorbant les photons et
efficaces pour induire des SBC, mais les UVC et les UVA à forte dose en réduisant la formation des radicaux libres [34] .
sont également susceptibles d’avoir cet effet. Le spectre d’action
du coup de soleil se situe dans les UVB avec une efficacité maxi-
male à 308 nm (absence d’érythème au-delà de 320 nm). Les UVA
peuvent faire rougir la peau, mais il faut pour cela des doses Photocarcinogenèse
1000 fois supérieures (de 20 à 90 J/cm2 ) à celles qui sont néces- Elle correspond à l’ensemble des processus impliqués dans la
saires aux UVB (de 30 à 70 mJ/cm2 ) pour produire les mêmes formation des cancers cutanés (carcinomes et mélanomes) pro-
effets. Moins de 10 % de l’érythème survenant après exposition voqués par l’exposition au soleil ou à des sources lumineuses
solaire sont imputables aux UVA. La réponse érythémale aux UVB artificielles [35, 36] .
est cependant majorée par l’irradiation concomitante en UVA Les arguments épidémiologiques et cliniques permettant
(phénomène de photoaddition), ce qui explique qu’un coup de d’imputer aux rayons solaires le développement de ces cancers
soleil dû aux UVB à midi puisse être aggravé par une exposition sont nombreux : prédominance sur les zones photo-exposées
solaire de fin d’après-midi plus riche en UVA [6] . L’érythème acti- et chez les individus de phototype clair bronzant difficilement
nique est biphasique, avec une phase immédiate transitoire qui et brulant facilement, rareté chez les sujets à peau noire, plus
débute au bout de quelques secondes et qui ne dure que quelques grande fréquence dans les pays à fort taux d’ensoleillement.
minutes, puis une phase prolongée qui débute au bout de 3 à Les expositions solaires brutales et intenses pendant l’enfance et
5 heures, qui est maximale entre 12 et 14 h et qui dure environ l’adolescence constituent un des principaux facteurs de risque de
72 heures. survenue des mélanomes à l’âge adulte. Les carcinomes spinocel-
La capacité de la peau à rougir peut être appréciée par le test lulaires sont corrélés à la quantité totale de radiations reçue alors
de Saidman qui se déroule en deux temps : irradiations du dos le que certains basocellulaires et les mélanomes sont liés aux expo-
premier jour, avec des doses croissantes d’UV, et détermination le sitions intermittentes. L’utilisation des lampes à bronzer chez les
lendemain de la dose la plus faible responsable d’un érythème à sujets jeunes favorise également la survenue des carcinomes et des
bords nets. Cette dose est appelée DEM. Elle est variable selon le mélanomes.
phototype et la source lumineuse. Il a donc été proposé d’utiliser De nombreuses études expérimentales chez la souris ont per-
une dose érythémateuse standard (DES) comme unité de mesure mis de définir le spectre d’action responsable pour les carcinomes
de l’érythème induit par les UV. Cette DES, indépendante des et de montrer que les UVB et les UVA (en particulier les UVA-1)
qualités de la source lumineuse, est de 100 J/m2 efficaces. La étaient carcinogènes, cet effet dépendant essentiellement de la
DEM peut être exprimée en fonction de la DES. Les phototypes dose reçue [37] . Les expériences réalisées chez le poisson xipho-
I à IV ont des DEM comprises entre 150 et 600 J/m2 , soit 1,5 phorus et l’opossum sud-américain ont souligné le rôle non
à 6 DES. L’éclairement global efficace (Eteff ) pour provoquer un seulement des UVB, mais également des UVA dans la surve-
érythème est mesuré au niveau du sol par des radiomètres spéci- nue des mélanomes. Même si l’extrapolation de ces données
fiques. L’index UV proposé par l’Union européenne pour le grand à l’homme reste contestable, un certain nombre d’arguments
public est égal à 40 fois l’Eteff arrondi à l’unité la plus proche, expérimentaux permettent de supposer que les expositions
les valeurs obtenues se répartissant alors d’une échelle allant aux UVA ont favorisé, chez certains malades, la survenue du
de 1 à 15 [3] . mélanome.
Les principaux effets des UV rendant compte de leur action
Pigmentation carcinogène sont liés aux dommages de l’ADN et à certaines muta-
tions [36] . Liée à ces dégâts de l’ADN, la PIS joue également un
La synthèse des mélanines s’effectue sous l’action de l’alpha rôle important dans la promotion tumorale comme en atteste
melanocyte stimulating hormone (␣MSH). Le récepteur à cette hor- la plus grande fréquence des cancers cutanés photo-induits chez
mone, encore appelé « récepteur à la mélanocortine de type I » les sujets immunodéprimés. Les régions adjacentes aux pyrimi-
(melanocortin 1 receptor ou MC1R), joue un rôle essentiel dans ce dines (cytosine ou thymine) sont les plus sensibles aux UV et
processus en orientant la synthèse vers les eumélanines lorsqu’il présentent des mutations spécifiques de type C vers T ou CC vers
n’est pas muté et vers les phæomélanines en cas de mutation [31] . TT aux sites dipyrimidiniques. L’irradiation UV peut ainsi altérer
La synthèse des mélanines est également sous la dépendance l’expression de gènes impliqués dans la signalisation, la proli-
de gènes codant pour la tyrosinase. Les eumélanines sont beau- fération et l’apoptose cellulaires. Deux catégories de gènes sont
coup plus photoprotectrices que les phæomélanines, ces dernières surtout concernées : les oncogènes et les gènes suppresseurs de
pouvant être phototoxiques [32] . La pigmentation immédiate est tumeurs [35] .
surtout induite par les UVA et résulte de la photo-oxydation des Les mécanismes génétiques et moléculaires impliqués dans
mélanines préformées. Elle disparaît en quelques heures après les carcinomes et les mélanomes sont distincts et permettent
l’arrêt de l’exposition, mais se stabilise après la première heure. Ce d’expliquer en partie les caractéristiques cliniques et évolutives
phénomène de pigmentation persistante (persistent pigment darke- de ces deux types de tumeurs [37] . Les mutations de p53 inter-
ning ou PPD) est utilisé pour évaluer in vivo la protection des filtres viennent dans les carcinomes spinocellulaires et basocellulaires ;

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elles correspondraient à un événement précoce de la Photocarci-


nogenèse. Les mutations du gène patched (PTCH) sont associées
 Conclusion
à la survenue des carcinomes basocellulaires. Le produit de Les UVA et UVB interviennent dans le photovieillissement
PTCH est une glycoprotéine qui forme, avec le produit du gène cutané et sont carcinogènes. Cependant, les UV ne représentent
smoothened, un récepteur impliqué dans le contrôle de la voie qu’une faible portion du spectre solaire, et il est vraisemblable
hedgehog [38] . Les mutations de PTCH sont présentes dans la que les rayonnements visible et infrarouge exercent également
nævomatose basocellulaire et dans les carcinomes basocellulaires des effets délétères. Toutes ces données sont à prendre en compte
(CB) de malades atteints de xeroderma pigmentosum. Les ano- pour améliorer la photoprotection.
malies génétiques les plus fréquemment rencontrées dans les
mélanomes familiaux sont les mutations du gène cyclin-dependent
kinase inhibitor 2 (aCDKN2A) [39] . Ces mutations vont retentir sur
deux voies de contrôle du cycle cellulaire : une impliquant la
 Références
protéine p16, l’autre impliquant la protéine p14 (qui permet la
[1] Krutmann J, Morita A, Chung JH. Sun exposure: what molecular pho-
stabilisation de p53) [40, 41] . Les mutations des oncogènes BRAF
todermatology tells us about its good and bad sides. J Invest Dermatol
et NRAS sont retrouvées dans 25 à 70 % des mélanomes et 2012;132(3Pt2):976–84.
concernent surtout des tumeurs siégeant dans des zones pho- [2] Thomas P, Amblard P. Photobiologie. In: Thomas P, Amblard P,
toexposées [41] . Des travaux récents montrent que la fréquence editors. Photodermatologie et photothérapie. Paris: Masson; 1987.
des mutations de BRAF et NRAS dans les mélanomes est corrélée p. 1–26.
au nombre de nævus et que celles de BRAF sont significative- [3] Bocquet J. Bases physiques. Photodermatologie. Rueil-Malmaison:
ment associées aux expositions solaires dans l’enfance [42] . Des Société française de photodermatologie-Arnette; 2008. p. 3–12.
variants du gène MCR1 sont associés aux cheveux roux, au teint [4] Norval M, Lucas RM, Cullen AP, de Gruijl FR, Longstreth J, Taki-
clair et à la susceptibilité aux effets cytotoxiques des UV ; ils zawa Y, et al. The human health effects of ozone depletion and
sont plus fréquemment rencontrés chez les malades atteints de interactions with climate change. Photochem Photobiol Sci 2011;10:
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principalement par la pollution, le tabac et surtout l’exposition [7] Gibbs NK, Tye J, Norval M. Recent advances in urocanic acid photo-
solaire [44] . chemistry, photobiology and photoimmunology. Photochem Photobiol
Les modifications cliniques liées au vieillissement cutané acti- Sci 2008;7:655–67.
[8] Béani JC. Notions fondamentales de photochimie. In: Photoderma-
nique, ou héliodermie, siègent sur les zones photoexposées et
tologie. Rueil-Malmaison: Société française de photodermatologie-
atteignent surtout le visage et le dos des mains [45] . Les taches pig-
Arnette; 2008. p. 15–8.
mentées, les rides et les télangiectasies constituent les premières [9] Ravanat JL, Cadet J, Douki T. Oxidatively generated DNA lesions
manifestations de l’exposition solaire chronique ; la peau devient as potential biomarkers of in vivo oxidative stress. Curr Mol Med
ensuite épaissie, jaunâtre, plus sèche, les rides se creusent et une 2012;12:655–71.
pigmentation irrégulière apparaît associant des tâches hyper- et [10] Mouret S, Leccia MT, Bourrain JL, Douki T, Beani JC. Individual
hypopigmentées, des éphélides et des lentigos actiniques. Enfin, photosensitivity of human skin and UVA-induced pyrimidine dimers
sur la peau chroniquement insolée peuvent apparaître des kéra- in DNA. J Invest Dermatol 2011;131:1539–46.
toses actiniques et des carcinomes. Plusieurs aspects cliniques [11] Halliday GM, Cadet J. It’s all about position: the basal layer of human
peuvent être individualisés : epidermis is particularly susceptible to different types of sunlight-
• la nuque rhomboïdale résultant de l’exposition solaire chro- induced DNA damage. J Invest Dermatol 2012;132:265–7.
nique, souvent observée chez les agriculteurs et les jardiniers [12] Meunier L. Photo-immunologie. In: Photodermatologie. Rueil-
(peau épaissie et marquée par des rides profondes pouvant for- Malmaison: Société française de photodermatologie-Arnette; 2008. p.
mer des losanges) ; 49–54.
• une peau épaisse et jaunâtre avec des orifices folliculaires dilatés [13] Meunier L, Gonzalez-Ramos A, Cooper KD. Heterogeneous popu-
(peau citréine de Milian) ; lations of class II MHC+ cells in human dermal cell suspensions.
• l’erythrosis interfollicularis colli, siégeant sur les faces latérales Identification of a small subset responsible for potent dermal antigen-
du cou où la peau y a un aspect de poulet déplumé sur un fond presenting cell activity with features analogous to Langerhans cells. J
Immunol 1993;151:4067–80.
couperosique ;
[14] Schwarz T. 25 years of UV-induced immunosuppression mediated by
• l’élastoïdose à kystes et à comédons de Favre et Racouchot, avec T cells-from disregarded T suppressor cells to highly respected regu-
sur les régions temporales et nasales des papules jaunâtres, des latory T cells. Photochem Photobiol 2008;84:10–8.
kystes et des comédons associés parfois à une hypertrichose. [15] Schwarz T, Schwarz A. Molecular mechanisms of ultraviolet radiation-
Sur le plan histologique, les modifications les plus remarquables induced immunosuppression. Eur J Cell Biol 2011;90:560–4.
concernent le derme : dégénérescence basophile du collagène, [16] Meunier L. Photoprotection de la cellule de Langerhans. In: Schmitt
avec diminution des collagènes de type I, III et VII, accumulation D, editor. La cellule de Langerhans humaine. Paris: Inserm; 2003. p.
d’un matériel anormal amorphe contenant des fibres élastiques 267–78.
épaisses et fragmentées riche en élastine (élastose solaire) et [17] Schwarz T, Schwarz A. DNA repair and cytokine responses. J Investig
présence d’un infiltrat inflammatoire riche en polynucléaires neu- Dermatol Symp Proc 2009;14:63–6.
trophiles contenant des élastases [46] . [18] Meunier L, Bata-Csorgo Z, Cooper KD. In human dermis, ultraviolet
Les mécanismes impliqués sont multiples et font intervenir radiation induces expansion of a CD36+ CD11b+ CD1- macrophage
une activation de certains facteurs de transcription responsables subset by infiltration and proliferation; CD1+ Langerhans-like den-
d’une stimulation des métalloprotéases dégradant les protéines dritic antigen-presenting cells are concomitantly depleted. J Invest
de la matrice extracellulaire [47] . D’autres facteurs jouent un rôle Dermatol 1995;105:782–8.
important : accumulation de mutations de l’ADN et réduction des [19] Schwarz A, Schwarz T. UVR-induced regulatory T cells switch
capacités de réparation de l’ADN, altération des systèmes anti- antigen-presenting cells from a stimulatory to a regulatory phenotype.
J Invest Dermatol 2010;130:1914–21.
oxydants qui deviennent progressivement saturés et ne peuvent
[20] Stevens SR, Shibaki A, Meunier L, Cooper KD. Suppressor T cell-
plus exercer leur rôle de protection contre la production des ERO
activating macrophages in ultraviolet-irradiated human skin induce a
qui peuvent ainsi induire des lésions de l’ADN et des protéines [48] , novel. TGF-beta-dependent form of T cell activation characterized by
mutations de l’ADN mitochondrial sous l’action des UVA et des deficient IL-2r alpha expression. J Immunol 1995;155:5601–7.
ERO [49] , accumulation de protéines oxydées due en partie à une [21] Cadet J, Sage E, Douki T. Ultraviolet radiation-mediated damage to
diminution de l’activité et de l’expression des protéasomes [50, 51] . cellular DNA. Mutat Res 2005;571:3–17.

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L. Meunier, Professeur, praticien hospitalier (laurent.meunier@chu-nimes.fr).


Université de Montpellier-I, CNRS, IBMM, 5, boulevard Henri-IV, 34967 Montpellier cedex 2, France.
Service de dermatologie, CHU de Nimes, place du Professeur-Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Meunier L. Rayonnement solaire : bases physiques, effets cutanés biologiques et cliniques. EMC -
Cosmétologie et Dermatologie esthétique 2012;7(1):1-7 [Article 50-020-B-40].

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