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STRATÉGIE PATRIMOINE

Le rendez-vous des choix patrimoniaux

Lois de finances :
sous le signe de la stabilité
P. 5 Entretien avec Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget En partenariat avec :
P. 10 L’heure de la maturité pour les SCPI

P. 14 Les banques centrales à l’épreuve d’une vague déflationniste mondiale,


Dominic Rossi, CIO actions monde, Fidelity International
P. 16 Quand la liquidité d’un actif importe autant (voire plus !) que son espérance de rendement…
Xavier de Laforcade, responsable de la gestion financière, Rothschild Patrimoine
Multi FaMily OFFice
Immobilier
Gestion d’actifs
Conseil en financement
Corporate finance
www.allurefinance.fr
Édito

S
elon le dictionnaire sitif d’attribution gratuite
Larousse, l’entre- d’actions par la loi Macron
prise désigne « une durant l’été 2015. Un effet
affaire agricole, de levier auquel les cadres
c o m m e rc i a l e o u et les salariés peuvent éga-
industrielle dirigée par une lement accéder par l’inter-
personne morale ou physique médiaire du Plan d’épargne
en vue de produire des biens pour la retraite collectif
Aurélien Florin,
ou services pour le mar- (Perco), du Plan d’épargne
Décideurs Magazine ché ». À cette définition, entreprises (PEE), ou des
les sociologues ont ajouté contrats dits « article 82 »
u n e a u t re d i m e n s i o n  : et « article 83 ». Et ils ne
celle de la réalisation et de sont pas les seuls à en récol-
l’accomplissement de soi. ter les fruits, loin s’en faut.
Mais une nouvelle variable L’entreprise a également
pourrait très vite venir tout à y gagner. Fidéliser
l’enrichir : celle de la valo- les salariés d’aujourd’hui
risation du patrimoine des et attirer les talents de
collaborateurs. Une vision demain, tels sont ses grands
prenant encore un peu plus enjeux.
Édouard Petitdidier et Jean-François Fliti, d’ampleur avec la remise En t re p re n e u r s e t d i r i -
Allure Finance au goût du jour du dispo- geants : à vous de jouer !

Sommaire
GESTION DE PATRIMOINE

Une loi de finances placée sous le signe de la stabilité .......................................................................................... 4


Entretien avec Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget..................................................................................... 5
Fiscalité : des aménagements favorables aux contribuables..................................................................................... 6
Quand stratégie patrimoniale rime avec diversification, Édouard Petitdidier, associé fondateur, Allure Finance.............. 8

IMMOBILIER
L’heure de la maturité pour les SCPI................................................................................................................... 10

GESTION D’ACTIFS

La carte du monde de la gestion d’actifs.............................................................................................................. 12


Les banques centrales à l’épreuve d’une vague déflationniste mondiale,
Dominic Rossi, CIO actions monde, Fidelity International.................................................................................................. 14
Quand la liquidité d’un actif importe autant (voire plus !) que son espérance de rendement…
Xavier de Laforcade, responsable de la gestion financière, Rothschild Patrimoine........................................................... 16

TRANSMISSION D’ENTREPRISES

Entretien avec Renaud Dutreil, ancien ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales...... 18

Décideurs Stratégie & Patrimoine est une newsletter trimestrielle éditée par Décideurs Magazine - ISSN en cours. LEADERS LEAGUE - 15, avenue de la Grande-Armée - 75116 Paris
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GESTION DE PATRIMOINE

Une loi de finances


placée sous le signe de la stabilité
Après plusieurs années d’inflation réglementaire,
le gouvernement a enfin décidé d’offrir un peu de répit aux contribuables.

L
a loi de finances pour 2016 fiscal, ne sont désormais plus éli-
met en œuvre la poursuite des gibles à l’ensemble des aides au loge- LE LÉGISLATEUR RELANCE
efforts budgétaires instaurés ment. Cette disposition fait suite à un LE PEA-PME
dans le plan d’économies de amendement déposé par les députés Pour soutenir le développement
50 milliards d’euros pour les François Pupponi et Marcel Roge- du PEA-PME, le législateur a étendu
années 2014 à 2019. En s’appuyant mont et vise « à supprimer un excès la nature juridique des titres
sur une prévision de croissance de 1 % possible du dispositif des APL où des susceptibles d’intégrer le PEA-PME.
pour l’année 2016, l’exécutif espérait personnes et en particulier des étudiants Une nouvelle définition des titres émis
ainsi ramener le déficit public à 3,3 % dans des familles très aisées peuvent être par les sociétés cotées ainsi qu’une
du PIB en 2016. Hélas, cet objectif attributaires des APL ». extension du champ d’application
s’annonce d’ores et déjà difficile à Le législateur entend, par ailleurs, du contrat aux obligations convertibles
atteindre compte tenu des dépenses rendre progressivement obligatoire la et aux obligations remboursables en
actions ont ainsi été intégrées au texte.
budgétaires supplémentaires engen- télédéclaration pour les contribuables
drées par les attentats de novembre. qui disposent d’un accès Internet Un amendement intégré à cette loi incite
Une situation clairement endossée (entre 2016 et 2019 en fonction du également à un réinvestissement
des liquidités dans le PEA-PME.
par le chef de l’État à Versailles dans montant de l’impôt). Enfin, le gou-
Un dispositif souligné par Grégoire
les jours qui suivirent : « Le pacte vernement s’est engagé à entamer les Salignon, directeur de l’ingénierie
de sécurité l’emporte sur le pacte de sta- travaux relatifs à la mise en place du patrimoniale chez Rothschild & Cie
bilité budgétaire. » prélèvement à la source de l’impôt sur Gestion : « Les gains issus de la cession
le revenu pour le 1er janvier 2018. d’OPCVM monétaires, entre le 1er avril
DES MESURES SANS 2016 et le 31 mars 2017,seront mis
INCIDENCES MAJEURES ISF PME : LA FRANCE SE MET EN en report d’imposition
Parmi les différentes dispositions CONFORMITÉ AVEC L’EUROPE si le prix de cession (net de prélèvements
votées dans le cadre de ce volet La loi de finances rectificative pour sociaux) est réinvesti dans un PEA-
budgétaire figure le relèvement de 2015 vient durcir les conditions PME. L’exonération sera définitivement
acquise après cinq ans (en l’absence
0,1 % des limites de chacune des d’application des réductions d’ISF
de rachat dans le PEA-PME). »
cinq tranches d’imposition et l’élar- pour souscription au capital de
gissement de la décote. Précisons PME. Un aménagement qui était
que le seuil d’entrée dans la première rendu nécessaire pour mettre en
tranche à 14 % a, quant à lui, été conformité le droit français avec les Sauf exception, les dirigeants ne
porté à 9 700 euros. La limite d’ap- règles européennes des aides d’État. pourront plus réduire leur ISF en
plication de la décote a été relevée de Principal changement, les souscrip- réinvestissant dans leur propre entre-
1 135 euros à 1 553 euros pour les tions réalisées dans le cadre d’une prise. Autre changement, l’avantage
célibataires, divorcés, séparés et veufs augmentation de capital ne sont plus fiscal est désormais recentré sur les
et à 2 560 euros pour les couples. éligibles à la réduction d’impôt entreprises de moins de sept ans ou
Notons en outre la prorogation du lorsque le redevable est associé ou de moins de dix ans lorsque l’inves-
dispositif du crédit d’impôt pour actionnaire de la société bénéficiaire. tissement est réalisé par l'intermé-
la transition énergétique jusqu’au diaire d’un fonds. Une dérogation
31 décembre 2016 ainsi que la subsiste toutefois lorsque l’investisse-
simplification du prêt à taux zéro ment est destiné à faciliter l’introduc-
et l’élargissement de son éligibilité tion de la PME sur un nouveau
dans les projets de rénovation de marché et si son montant est supé-
logements anciens. rieur à 50 % du chiffre d’affaires
Et mauvaise nouvelle pour les per- annuel moyen réalisé par la société au
sonnes assujetties à l’impôt de soli- cours des cinq dernières années.
© Sergey Kelin

darité sur la fortune, leurs enfants, Enfin, les souscriptions sous forme
lorsqu’ils sont rattachés à leur foyer d’apports en nature sont exclues.

4
D. R.

« Il n’est pas concevable de traiter plus favorablement


celui qui réalise une activité par l’intermédiaire
d’une plate-forme de mise en relation »

Christian Eckert
secrétaire d’État au Budget

La loi de finances pour 2016 et la loi de finances rectificative chise générale avait été proposée par les sénateurs
pour 2015 n’ont pas apporté de bouleversement d’ordre fiscal. de 5 000 euros sur les revenus tirés par les particuliers
L’actualité a davantage été marquée par les résultats significatifs de leurs activités issues des plates-formes collabora-
obtenus des procédures de régularisation ainsi que par tives. Cette disposition n’a finalement pas été retenue.
les discussions autour du régime fiscal des revenus issus
Des discussions autour de la fiscalité de ces revenus
des plates-formes collaboratives. Le secrétaire d’État au Budget
pourraient-elles de nouveau avoir lieu ?
nous livre son analyse sur l’ensemble de ces questions.
C. E. Les discussions sur l’économie collaborative ont été
riches et nombreuses. Les sénateurs avaient documenté
les débats avec deux rapports sur le sujet, conduisant
Décideurs. Quel regard portez-vous sur les dispo- notamment à cet amendement sur la franchise de
sitions qui ont été votées dans le cadre de la loi de 5 000 euros. Nous n’avons pu y donner un avis favorable,
finances ? Répond-elle aux objectifs initialement fixés car au regard du principe d’égalité, il n’est pas concevable
par l’exécutif, notamment concernant la réduction des de traiter plus favorablement, pour une activité donnée,
déficits publics ? celui qui la réalise par l’intermédiaire d’une plate-forme
Christian Eckert. En prenant un peu de recul sur l’exa- de mise en relation et celui qui la réalise par une mise en
men des textes financiers de fin d’année, je retiendrai relation traditionnelle.
trois éléments. Le premier, c’est le climat de confiance Nous avons privilégié pour 2016 un principe de pédago-
dans lequel les débats se sont déroulés. La sincérité dans gie et d’information. Les plates-formes devront communi-
nos différents exercices de prévision et quer aux utilisateurs les règles fiscales et
la tenue de nos engagements, vis-à- sociales qui s’appliquent à leurs activités
vis des entreprises, des particuliers ou
de nos autres partenaires, nous y ont
« En 2016, l’État et leur adresser chaque mois de janvier
un récapitulatif du montant des transac-
très certainement aidés. Le second devrait récupérer tions qu’ils ont réalisées.
élément est que nous nous étions fixé
des objectifs exigeants en matière de
2,4 milliards Décideurs. En 2015, l’État a récupéré
réduction des déficits publics, à 3,3 % d’euros grâce 2,65 milliards d’euros grâce à la régu-
pour 2016, que nous avons réussi à
maintenir malgré l’intégration en
aux procédures larisation de contribuables détenant
des avoirs à l’étranger non déclarés.
cours de débat des dépenses liées au de régularisation » Vous attendiez-vous à un tel résultat ?
pacte de sécurité. Anticipez-vous de percevoir un mon-
Enfin, je me souviendrai de ce PLF tant équivalent en 2016 ?
comme étant le socle de réformes fiscales qui accom- C. E. Les recettes de 2015 – comme les dépenses d’ail-
pagnent les mutations de notre société, comme la leurs – ont été conformes à nos prévisions, voire légère-
réforme de la fiscalité écologique ou la préparation du ment meilleures. Il en est allé de même pour les recettes
prélèvement à la source et la généralisation de la télédé- du STDR, le service de traitement des déclarations
claration. Je pense également à la mise en conformité rectificatives, par lequel il nous a été possible de récu-
du dispositif d’ISF PME avec le cadre européen, qui pérer 2,65 milliards d’euros. Il s’agit précisément du
nous permet de préserver et d’améliorer ce dispositif résultat que nous avions prévu.
indispensable pour aider les entreprises – notamment Nous sommes également confiants dans nos prévi-
les jeunes entreprises innovantes – à se financer. Enfin, sions. Le nombre de dossiers reçus en 2015 ne tarit
nous avons enfin pris des dispositions attendues dans pas : nos services ont ainsi reçu 8 813 nouveaux dos-
le cadre du développement de l’économie numérique, siers entre le 1er janvier et le 15 décembre 2015. Leur
tout en faisant attention à ne pas créer de distorsions nombre total atteint 44 823 depuis la création de ce
qui pourraient mettre en péril l’économie « physique ». service fin 2014. En 2016, nous attendons un résultat
de 2,4 milliards d’euros. Le succès du STDR est la
Décideurs. L’économie dite « de partage » a fait l’objet preuve que nous obtenons des résultats dans la lutte
de nombreuses discussions. Dans ce cadre, une fran- contre l’évasion fiscale.

5
GESTION DE PATRIMOINE

Fiscalité :
des aménagements favorables aux contribuables

2015 aura été marquée par la réforme du dispositif d’attribution gratuite d’actions, la décision
du Conseil d’État sur le traitement fiscal des moins-values sur les cessions de titres
et l’abrogation de la réponse ministérielle « Bacquet ».

LE DISPOSITIF ENTRETIEN AVEC PIERRE-CHARLES LANNEMAJOU,


D’ATTRIBUTION GRATUITE AVOCAT ASSOCIÉ, ELLIS SOCIÉTÉ D’AVOCATS
D’ACTIONS RELANCÉ
Une souplesse qui n’existe, par
Pour restaurer l’attractivité du dispo- exemple, pas dans le système de
sitif d’attribution gratuite d’actions, stock-options. Pour toutes ces rai-
la loi Macron a modifié en profon- sons, cet outil demeure très appré-
deur son régime juridique, fiscal cié des employeurs et des employés.
et social. Principale nouveauté, Soulignons toutefois que ces titres
l’avantage tiré de l’attribution qui ne peuvent pas être intégrés dans
était jusqu’alors imposé en tant que un plan d’épargne en actions.
salaire est désormais fiscalement
traité comme une plus-value de Décideurs. Les bénéficiaires de
cession de valeurs mobilières. Une Décideurs. La loi Macron a relan- ces titres sont-ils soumis à une
disposition qui permet d’appliquer cé l’opportunité pour les chefs obligation de conservation ?
au gain d’acquisition l’abattement d’entreprise de pouvoir motiver P.-C. L. À la suite de l’attribu-
pour durée de détention de droit leurs collaborateurs à travers le tion des titres, un délai d’acquisi-
commun. Un abattement de 50 % dispositif d’attribution gratuite tion commence à courir à l’issue
s’applique ainsi sur le montant de la d’actions. Est-ce une disposition duquel le bénéficiaire devient juri-
plus-value au-delà de deux années de pertinente ? diquement propriétaire. Ensuite,
détention, ce taux étant porté à 65 % Pierre-Charles Lannemajou. il vient ce que l’on appelle un délai
après huit ans de détention. Les aménagements du dispositif de conservation. L’employeur peut
d’attribution gratuite d’actions imposer une période d’incessibi-
étaient nécessaires. Aujourd’hui, lité des actions à ses salariés. Étant
La fiscalité les stock-options ne sont plus beau- précisé que ce n’est qu’à son expira-
coup utilisées tandis que les bons tion que les actions pourront être
du dispositif a été de souscription de parts de créateur cédées. Le texte souligne qu’il faut
significativement d’entreprise (BSPCE) s’adressent
à une catégorie d’entreprises très
un délai minimum de deux ans
entre la date d’attribution et la date
allégée ciblée. Les actions attribuées dans de cession. Une liberté convention-
le cadre de ce dispositif présentent nelle est donc laissée à l’assemblée
l’avantage de toucher le plus grand générale extraordinaire pour fixer
Autre bonne nouvelle, le légis- nombre et de permettre aux béné- les périodes d’acquisition et, le cas
lateur a supprimé la cotisation ficiaires d’être gagnants dans tous échéant, de conservation qu’elle
salariale de 10 % du gain d’acqui- les cas de figure. En effet, même souhaite, sachant que la période
sition qui était appliquée et abaissé si au moment où les bénéficiaires d’acquisition doit être d’au moins
la cotisation patronale de 30 % à deviennent juridiquement pro- un an. Ce dispositif a clairement
20 %. Un nouveau régime qui priétaires des actions, leur valeur a pour objectif de fidéliser les salariés.
ne s’applique cependant qu’aux fortement diminué par rapport à Le plus souvent l’entreprise fixera
actions gratuites dont l’attribution leur date d’attribution, ceux-ci n’en un délai d’acquisition d’une seule
a été autorisée par une décision de demeurent pas moins gagnants année puis une période d’incessi-
l’assemblée générale extraordinaire puisque les actions sont gratuites. bilité de deux ans.
postérieure au 7 août 2015.

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ABATTEMENT SUR LES
MOINS-VALUES MOBILIÈRES : & Cie Gestion, « cette décision d’un contrat d’assurance-vie non
LA DONNE CHANGE s’avère globalement favorable pour dénoué, souscrit par l’époux sur-
le contribuable, notamment s’il a vivant et financé avec les deniers
Par un arrêt du 12 novembre réalisé des moins-values à moins communs d’un couple, consti-
2015, le Conseil d’État a cen- de deux ans  ». Grégoire Sali- tuait un acquêt de communauté,
suré l’administration fiscale sur gnon rappelle toutefois que « ce qui devait figurer à l’actif de la
le traitement fiscal des moins- n’est pas systématiquement le cas. succession pour moitié de sa
values sur les cessions de titres. Aussi est-il nécessaire de vérifier valeur. Si le conjoint n’avait
Jusqu’alors, l’administration sa situation personnelle avant de aucun droit de succession à payer,
fiscale soutenait que l’abatte- décider de déposer une éventuelle les enfants devaient quant à eux
ment pour durée de détention réclamation auprès de l’adminis- acquitter ces droits au décès du
s’appliquait sur les plus-values tration fiscale. » Les contribuables
réalisées mais également sur les qui souhaitent demander le
moins-values subies. Autrement remboursement d’impôts éven-
dit, les moins-values n’étaient tuellement payés à tort doivent
imputables sur les plus-values
qu’après prise en compte de cet
déposer une réclamation avant
le 31 décembre 2016 pour les
Michel Sapin met
abattement. moins-values réalisées en 2013 et fin à une doctrine
Dans cet arrêt, les juges ont ainsi
rappelé que l’abattement ne
avant le 31 décembre 2017 pour
celles réalisées en 2014.
très critiquée
s’applique pas aux moins-values
de cession. Pierre-Charles Lan- LA RÉPONSE MINISTÉRIELLE
nemajou précise que les juges DITE BACQUET
ont également reconnu « aux (ENFIN) ABROGÉE premier époux sans pour autant
contribuables une liberté dans le Au cours du mois de janvier, pouvoir bénéficier du contrat
choix de leur imputation [i.e. de le ministre des Finances et des d’assurance-vie.
préférence sur les plus-values Comptes publics, Michel Sapin, Une taxation qui s’appliquait
réalisées sur des titres détenus a décidé de revenir sur la réponse aux successions ouvertes depuis
depuis moins de deux ans]. Ce ministérielle Bacquet, une doc- le 29 juin 2010. Cette décision
n’est qu’après cette imputation que trine très largement critiquée pleine de bon sens prise par
l’abattement pour durée de déten- par les épargnants et les profes- Michel Sapin permet notamment
tion est pratiqué. » Pour Grégoire sionnels (cf. interview Gérard aux enfants de n’être imposés sur
Salignon, directeur de l’ingénie- Bekerman ci-dessous). Celle-ci le contrat d’assurance vie qu’au
rie patrimoniale chez Rothschild prévoyait que la valeur de rachat décès du second époux.

ENTRETIEN AVEC GÉRARD BEKERMAN,


PRÉSIDENT DE L’AFER

Décideurs. Ce début d’an- le conjoint n’avait aucun droit de succession à


née sonne comme une vic- payer, les enfants devaient quant à eux acquitter
toire pour vous avec l’abro- ces droits au décès du premier époux sans pour
gation par Michel Sapin autant pouvoir bénéficier du contrat d’assurance-
de réponse ministérielle vie. Une taxation qui s’appliquait aux successions
« Bacquet ». ouvertes depuis le 29 juin 2010. Cette doctrine
G érard Bekerman. En avait largement troublé nos adhérents. L’Afer
vertu de la réponse minis- s’était mobilisée depuis plusieurs mois sur ce
térielle Bacquet, la valeur sujet, elle est aujourd’hui entendue au plus haut
de rachat d’un contrat niveau de l’État. Avec l’abrogation de cette doc-
d’assurance-vie non dénoué, financé avec les trine administrative, les enfants ne seront impo-
deniers communs d’un couple, constituait un sés sur le contrat d’assurance-vie qu’au décès du
acquêt de communauté, qui devait figurer à l’ac- second époux. Je me réjouis de cette décision
tif de la succession pour moitié de sa valeur. Si capitale pour l’assurance-vie.

7
GESTION DE PATRIMOINE

Quand stratégie
patrimoniale
rime avec diversification

Il n’y a pas une bonne stratégie patrimoniale, mais des stratégies


patrimoniales. Chacun prendra des orientations différentes selon la taille
de ses revenus, de ses projets personnels, de son appétence
au risque, de sa fiscalité, etc. Une bonne stratégie patrimoniale repose
sur au moins trois piliers : les placements financiers, les investissements
Édouard Petitdidier,
immobiliers et l’optimisation fiscale. Bonne nouvelle, l’investissement associé fondateur,
à long terme permet une grande diversité de placements. Allure Finance

FAIRE PREUVE DE PRÉVOYANCE tion, croissance économique,


AVEC UN PATRIMOINE niveau des taux d’intérêt, démo- À PROPOS D’ALLURE
DIVERSIFIÉ ET COHÉRENT graphie, politique monétaire. FINANCE
Pour se constituer un patrimoine Une bonne gestion nécessite alors Allure Finance est une société
solide sur le long terme, rien de tel un équilibre intelligent entre ces de conseil en gestion privée
que de diversifier ses placements. différents placements et selon qui propose également
Une épargne régulière permet, par l’aversion au risque de chacun. un accompagnement de type
ailleurs, de lisser la performance La diversification du patri- « family office ». Allure Finance
de vos investissements. moine est le meilleur moyen de s’appuie sur la compétence de ses
La construction de l’alloca- rester gagnant quelle que soit associés ainsi que sur des partenaires
tion d’actifs ne peut s’envisa- l’évolution de la conjoncture de premier choix et un réseau
ger sans un audit minutieux de économique. d’experts. Son organisation
en architecture ouverte lui permet
votre patrimoine complété par
de s’adapter à chaque attente particulière
une évaluation objective de vos INVESTIR RÉGULIÈREMENT
et de proposer des solutions
attentes et de votre aversion. SUR LES MARCHÉS FINANCIERS
imaginées avec les meilleurs conseils.
Car, évidemment, il n’y a pas de Pour faire face à vos besoins
« meilleurs » placements dans futurs, épargnez le plus tôt pos-
l’absolu, mais des placements sible ! Pour des raisons stricte- est récurrente depuis plus de
adaptés qui, assemblés de façon ment fiscales, et pour ne pas 30 ans. Pendant ces années, les
adroite, peuvent correspondre à obérer le rendement de vos épargnants en ont bien pro-
une stratégie patrimoniale. Après placements, il convient de pri- fité. Mais cette époque est bel
analyse des actifs (sous le triple vilégier les produits de capita- et bien révolue, les taux sont
prisme financier, juridique et lisation, comme l’assurance-vie, aujourd’hui à des niveaux plan-
fiscal), l’important est de procé- le contrat de capitalisation ou le cher. Il faut trouver d’autres
der à une étude approfondie des PEA, au détriment du compte- solutions plus opportunistes et
besoins et des projets à court, titres ordinaire. Dans les nécessairement plus risquées
moyen et long termes (approche différents cas, c’est la date d’ou- pour générer davantage de ren-
actif/passif ). verture qui fait courir les durées dement. Les marchés d’actions
Chaque classe d’actifs (moné- fiscales au-delà desquelles vous paraissent être une bonne alter-
taires, obligations, actions, bénéficierez d’un régime fiscal native.
immobilier, etc.) possède des plus favorable sur vos gains. La règle d’or est la diversifica-
caractéristiques complémentaires Plus ces contrats sont ouverts tion : répartir ses placements
les unes des autres. Les éléments tôt, plus vite vous bénéficierez pour augmenter leur potentiel
qui impactent leur performance de leur fiscalité allégée. de rendement, tout en lissant
varient selon leur nature : infla- La baisse des taux obligataires les risques dans le temps. Une

8
règle d’or qui prend encore plus gérants qualifiés via des fonds DÉFISCALISER
INTELLIGEMMENT
de sens dans un contexte mou- minutieusement sélectionnés,
vant : entre des taux très bas, comme des fonds patrimoniaux Préserver son capital, c’est aussi
baisse tendancielle des fonds en ou flexibles, mais aussi des pro- payer le moins d’impôts possible.
euros, forte volatilité des cours duits structurés. Pour définir une bonne stratégie de
boursiers et risque de remontée défiscalisation, il faut commencer
des taux obligataires, la situation UNE DOSE D’IMMOBILIER par décider des revenus que vous
est en mouvement permanent et DANS VOTRE souhaitez soustraire à l’impôt.
nécessite des réponses fiables. PORTEFEUILLE Selon qu’il s’agisse de revenus du
Pensez à panacher votre épargne Une fois votre épargne finan- travail, de revenus de placements
sur ces différents supports : cière constituée, vous pourrez ou de revenus fonciers, la stratégie
- le fonds garanti en euros sur commencer à vous intéresser à sera différente. Il faudra également
lequel vous ne pourrez pas l’immobilier locatif. L’immobi- choisir entre les dispositifs qui vous
perdre d’argent, mais sur lequel, lier doit être considéré comme un procurent une réduction d’impôt
la rémunération s’érode chaque placement à long terme, ne serait- (Rentrant ou pas dans le plafond
année (2,5 % nets en moyenne ce que pour amortir les frais de global des niches fiscales), ou ceux
en 2015), notaire, mais aussi pour respec- qui vous procurent une déduction
- sur les autres supports finan- ter certaines durées de détention d’impôt (beaucoup plus intéres-
ciers plus risqués. Plus votre exigées par une grande partie des sante pour les personnes fortement
horizon de placement est long, dispositifs fiscaux. taxées, entre 41 % et 45 %). Il
plus il est recommandé de privi- L’immobilier acheté en direct conviendra alors peut-être de pri-
légier les actifs boursiers. pour le louer est un excellent vilégier la mise en place d’un Perp
Pour contenir le risque des placement de diversification, ou d’un contrat Madelin.
marchés actions, il faut investir qui apporte des revenus entre Une fois que vous aurez mis en
régulièrement en Bourse afin de 3 % et 5 %, d’autre part plus œuvre vos placements financiers,
multiplier les points d’entrée et stables que des placements bour- vos investissements immobiliers
ne pas risquer d’investir en une siers. Pour obtenir davantage, il et vos stratégies de défiscalisation,
seule fois et au plus mauvais faudra opter pour l’immobilier vous pourrez vous intéresser à
moment. Il faut diversifier son de bureau, via des SCPI de ren- votre stratégie de transmission
argent en faisant confiance à des dement ou des club-deals. patrimoniale.

© DR

9
IMMOBILIER

L’heure de la maturité
pour les SCPI

La pierre-papier a le vent en poupe et les SCPI font figure de passage obligé


dans le portefeuille diversifié de l’épargnant.
Attention cependant à la baisse des rendements.

LA COLLECTE FRANCHIT
LA BARRE DES
4 MILLIARDS D’EUROS
L’immobilier a toujours la cote au
sein des portefeuilles des Français.
La faiblesse des taux et le fait que
les marchés actions soient au plus
haut entraînent un regain d’activité
de la pierre-papier. Le profil risque/
rendement des SCPI (Société civile
de placement immobilier) inté-
resse les particuliers et les collectes
reflètent l’engouement des sous-
cripteurs : 2,5 milliards en 2013,
2,9 milliards en 2014, la barre des © Stasique

4 milliards serait franchie en 2015


(1,86 milliard d’euros pour le pre-
mier semestre 2015 soit +47,5 %
par rapport au premier semestre Le levier bancaire est souvent la compris entre 6 % à 14 % et les
2014). Mi-juin 2015, la capitalisa- clé d’accès à ce marché : avec des frais de gestion sont de l’ordre de
tion globale des SCPI approchait les taux inférieurs à 2 % pour un ren- 5 % par an. Même ainsi, les SCPI
35 milliards d’euros, en hausse de dement tournant autour de 5 %, sont un outil de rendement per-
6,3 % par rapport au 31 décembre le produit a de quoi séduire des formant, offrant par ailleurs un
2014, date à laquelle le volume des investisseurs souhaitant diver- accès à l’immobilier tertiaire sans
SCPI avait franchi pour la première sifier leur portefeuille. Les frais les contraintes de la gestion.
fois le seuil des 30 milliards d’euros. de souscription sont pourtant
LES SPCI FISCALES
PERFORMANCES : LES SCPI S’IMPOSENT COMME DES PRODUITS DE RENDEMENT SONT À LA PEINE
Les SCPI ne sont cependant pas
Catégorie 5 ans 10 ans 15 ans 20 ans toutes égales devant le succès et
Bureaux 5,27 % 8,42 % 8,88% 5,48 % leur choix est généralement le fait
des besoins en matière de défis-
Commerces 8,10 % 10,32 % 10,65 % 7,87 %
calisation de l’épargnant ou de sa
Spécialisées 6,41 % 7,69 % 7,04 % 2,52 % recherche d’un rendement stable.
Diversifiées 7,13 % 10,32 % 10,42 % 5,52 % L’échec des SCPI Duflot ayant
Immobilier d’entreprise 6,33 % 9,24 % 9,59 % 5,97 % largement handicapé la promo-
Source : Aspim - IEIF
tion immobilière et l’investisse-

10
PERFORMANCES : LES SCPI S’IMPOSENT COMME DES PRODUITS DE RENDEMENT
ment locatif, le gouvernement
a souhaité donner un nouveau Collecte nette 2013 M€ 2014 M€ Variation
cadre fiscal plus favorable. Les Bureaux 1 699,2 1 823,9 +7,3 %
SCPI Pinel, Malraux ou Déficit
Commerces 413,2 437,2 +5,8 %
foncier se veulent plus efficaces
en la matière. Le résidentiel peine Spécialisées 75,8 154,0 +103,3 %
pourtant à retrouver sa place au Diversifiées 143,3 315,6 +120,2 %
sein des investissements, les épar- Immobilier d’entreprise 2 331,5 2 730,8 +17,1 %
gnants étant conscients que ce
Immobilier résidentiel 181,5 199,8 +10,1 %
que l’État donne d’une main, il le
reprend de l’autre. Ensemble des SCPI 2 513 2 930,6 +16,6 %
C’est ainsi que malgré sa situation Source : Aspim - IEIF

hors plafonnement de niches et son LE RATIO RISQUE/RENDEMENT DES SCPI SÉDUIT LES INVESTISSEURS
adaptation aux besoins de défisca-
lisation, le dispositif Malraux pâtit Marché secondaire réalisé 2 013  M€ 2 014  M€ Variation
de l’allongement de 15 à 25 ans de Bureaux 428,4 428,9 +0,1 %
durée de détention pour bénéficier
Commerces 61,2 78,6 +28,4 %
d’une exonération des plus-values.
Constatant que sa plus-value se Spécialisées 0,9 2,0 +131,3 %
calcule sur l’écart entre le prix du Diversifiées 21,7 23,9 +10,2 %
foncier et celui de la revente, les Immobilier d’entreprise 512,2 533,4 +4,1 %
épargnants sont nombreux à ne
Immobilier résidentiel 10,9 9,8 -10 %
pas vouloir rester coincés par un
dispositif dès lors particulièrement Ensemble des SCPI 523,1 543,2 +3,8 %
illiquide et peu rentable passé la Source : Aspim - IEIF

période des travaux de rénovation.


Il s’avère parfois plus intéressant établissements de santé, d’éducation
FAIRE SES CHOIX pour le gérant d’arbitrer son bien ou de crèches ; La Française Reim
Les SPCI de rendement bénéfi- que de le réhabiliter. cible notamment le marché immobi-
cient par contre d’un réel engoue- Face à ces enjeux, certains épargnants lier allemand avec LFP Europimmo.
ment du marché et les particuliers privilégieront des SCPI dédiées à Les derniers chiffres soulignent que
cherchent parfois sans succès à y l’immobilier d’entreprise en région les SCPI diversifiées et spécialisées
investir tant la demande est forte. parisienne, moins rentables mais plus ont mieux su convaincre particuliers
Tout du moins pour les véhicules sûres en matière de taux d’occupa- et investisseurs, au détriment des
limités en termes de taille car l’ap- tion. De nouvelles stratégies d’inves- SCPI classiques.
pétence du marché est réelle et, tissements s’offrent par ailleurs pour À l’instar des autres classes d’actifs,
malgré son augmentation, le mar- les autres. Plusieurs gérants ont déve- les SCPI devront répondre aux
ché secondaire reste limité, avec un loppé ces dernières années des pro- attentes. Aux gérants de montrer
taux annuel de rotation des parts duits innovants en matière de cibles. leur talent, de se confronter à un
de SCPI limité à 1,65 %. Avec Primovie, Primonial s’ouvre aux marché plus tendu.
Pour les gérants de SCPI, le défi
consiste à faire correspondre
les fruits d’une collecte impor-
tante avec des biens qui restent à
identifier et qu’il faudra disputer
âprement à des investisseurs ins-
titutionnels se reportant massive-
ment sur l’immobilier. Les attentes
de rendement pourraient égale-
ment souffrir des nouveaux modes
d’usage en matière de bureaux
des grandes entreprises. Celles-
ci réduisent en effet les surfaces
occupées, souhaitent davantage
de flexibilité, de connectivité. Les
investissements nécessaires pour
© Pete Spiro

continuer d’attirer ces locataires


– ou les retenir – augmentent.

11
GESTION D’ACTIFS
FRANÇOIS-XAVIER CHAUCHAT,
économiste et stratégiste,

Allemagne
La carte du monde
Dorval Asset Management

Que va faire le géant allemand de près de 2 000 milliards d’euros

des marchés d’excédents commerciaux accumulés depuis dix ans ? Il faudra


bien que l’Allemagne investisse et consomme davantage. Le plein-
emploi et les deux vagues migratoires récentes – Europe de l’Est
puis Moyen-Orient – devraient conduire à davantage d’investisse-
ments – dans la construction en particulier – et à plus de consom-
mation. Déjà, les prix de l’immobilier ont pris plus de 20 % depuis
2011, et la consommation a grimpé de 2  % en 2015, un plus haut
FRANÇOIS-XAVIER CHAUCHAT, depuis quinze ans. Les indicateurs récents montrent une accélé-
économiste et stratégiste, ration des commandes dans la construction. Ce sont ces thèmes
domestiques qu’il faudra savoir jouer en Bourse cette année.
Royaume-Uni Dorval Asset Management

Alors que la campagne du référendum du 23 juin sur le « Brexit »


commence à peine, la livre sterling a déjà perdu 10 % en six mois.
La forte attractivité du pays souffrirait-elle tant que cela d’une
sortie de l’UE ? Il y a trop d’inconnues – réaction de l’Écosse, IGOR DE MAACK,
coût et difficultés des renégociations tarifaires et réglementaires, gérant et porte-parole de la gestion,
répercussions politiques dans le reste de l’UE – pour qu’une DNCA Investments
réponse rassurante puisse être apportée. Pour une économie
particulièrement sensible aux flux de capitaux et à la confiance
France
financière, les risques (au moins à court terme) semblent donc Si les marchés français ont souffert en ce début d’année, ils
l’emporter sur le gain de l’économie budgétaire de dix milliards ont toutefois mieux résisté que la plupart de leurs voisins
de livres sterling que produirait une sortie de l’UE. européens. Au rang des mauvaises nouvelles, on notera la
révision à la baisse de la croissance de la France par l’OCDE,
de 1,4 % à 1,2 %. La France continue d’être un mauvais
élève en matière de déficit budgétaire car peu de réformes
ont été engagées depuis le début de la mandature de François
JULIE JOURDAN,
Hollande. Malgré tout, les entreprises françaises sont bien
gérées et bénéficient d’un parapluie monétaire très impor-
gérante actions
tant grâce à l’action de la BCE.
américaines, Mansartis
États-Unis
La situation est inédite aux États-Unis avec, d’un
côté, un emploi proche de ses plus hauts, une infla-
tion sous-jacente dynamique et une consommation
stabilisée, mais, de l’autre, une récession industrielle
et des profits de sociétés entravés par la forte hausse
du dollar. Si nous sommes confiants sur la résilience
américaine, le cycle de normalisation des taux nous
semble, à court terme, compromis.

BRUNO VANIER,
président, Gemway assets
Brésil BRUNO VANIER,
La situation économique et politique reste extrê- président, Gemway assets
mement préoccupante au Brésil et les agences de
notation n’en finissent pas de dégrader le pays. Afrique du Sud
Alors que nous devrions assister à une améliora- Aidée par une politique fiscale et monétaire volontariste et
tion au niveau de la balance commerciale (le réal un rand affaibli, l’économie sud-africaine a résisté tant bien
brésilien ayant déjà été divisé par deux en trois que mal à la baisse du prix des matières premières. Le crédit
ans), c’est au niveau budgétaire qu’il est difficile à la consommation continue de progresser d’environ 10 %
d’entrevoir une possible amélioration, les trois par an. Mais les licenciements massifs annoncés en 2015
quarts des dépenses étant quasiment incompres- dans le secteur minier risquent de faire monter le chômage.
sibles. Pour financer son déficit, le pays est obligé La croissance devrait être inférieure à 1 % cette année et
d’emprunter et ses taux d’intérêt à plus de 14 % autour de 2 % en 2017. Le pays a besoin de réformes de fond
rendent les investissements productifs peu ren- mais le gouvernement actuel semble peu enclin à les engager.
tables et le service de la dette très lourd. Le rand, qui a perdu 50 % de sa valeur depuis 2010, pourrait
néanmoins se stabiliser.

12
BRUNO VANIER, WOLFANG FICKUS,
président, Gemway assets membre du comité d’investissement,
Russie Inde Comgest

Effondrement du cours du pétrole, sanctions inter- L’Inde est la grande économie qui connaît une croissance
nationales, intervention militaire en Syrie… le pays économique la plus rapide avec une population très jeune en
n’est pas à la fête. Depuis janvier 2014, le rouble a été forte expansion. Le pays dispose d’une démocratie qui fonc-
divisé par deux et les salaires réels ont baissé sous le tionne bien et de sociétés correctement gérées à travers un
poids d’une inflation galopante. La Russie risque une large éventail de secteurs industriels, élément essentiel de notre
deuxième année de récession si le pétrole reste à trente démarche axée sur la croissance de qualité. La situation macro-
dollars. Face au renchérissement des importations, économique est stable car l’Inde relève plutôt d’une économie
les Russes consomment de plus en plus local, ce qui domestique et donc isolée du ralentissement du commerce
est relativement positif à moyen terme et devrait per- mondial. Même si les réformes axées sur l’offre du Premier
mettre une stabilisation du rouble. Autre point positif : ministre Narendra Modi prennent du temps, plus de temps
un cessez-le-feu en Syrie pourrait être suivi d’une levée que ce qui avait été « pricé » par le marché lors du rallye de
des sanctions d’ici fin 2016. 2014, elles s’attaquent aux vrais problèmes. Après une période
de consolidation, le marché boursier indien se trouve à nou-
veau en ligne avec son niveau de valorisation moyen sur le long
terme. Une bonne base pour un investisseur de long terme.

WOLFANG FICKUS,
membre du comité
d’investissement, Comgest
Chine
La Chine traverse actuellement une période de transition majeure
plus axée sur le consommateur. Les efforts de réforme sont très
crédibles, mais « Monsieur Marché » se concentre sur les décideurs
chinois, qui se sont tiré une balle dans le pied en voulant stimuler
un marché boursier en difficulté, puis avec la « mini-dévaluation »
d’août. En tant que stock picker, nous avons une approche bottom
up sur la Chine avec un focus sur la « Chine nouvelle », qui béné-
ficie d’une très forte demande des consommateurs. Le pays offre
des opportunités de croissance de qualité à des prix très attractifs.

STEPHEN DE MENDELSSOHN,
gérant actions japonaises,

Japon Mansartis

À 13,8 fois les bénéfices à mars 2017, un PBR de


1,22 fois, un rendement de 1,91 %, le marché
actions y est sous-valorisé historiquement. Une
croissance des bénéfices des sociétés de 8 % à 10 %
sur les deux prochaines années fiscales est attei-
gnable. Les actions japonaises sont attractives à la
fois en termes de valorisation, suite à la correction
du mois de janvier, et de perspectives de résultats.

BRUNO VANIER,
président, Gemway assets
Philippines
Bright spot de l’Asie du Sud-Est, les Philippines continuent d’enre-
gistrer une croissance économique robuste : 5,6 % en 2015, plus
de 5 % attendus pour 2016. Le pays a l’avantage de disposer d’une
main-d’œuvre jeune et qualifiée maîtrisant l’anglais. Les vingt mil-
lions de Philippins travaillant à l’étranger envoient à leurs familles
restées au pays l’équivalent de 11 % du PIB par an. Le dynamisme
du secteur de la sous-traitance informatique est également un atout
(recettes équivalentes à environ 9 % du PIB). Ainsi la balance cou-
rante du pays affiche un surplus important, ce qui est positif pour
le peso. La baisse du prix du pétrole bénéficie au consommateur,
les ventes de voitures progressant de plus de 10 %.

13
GESTION D’ACTIFS

Les banques centrales


à l’épreuve d’une vague
déflationniste mondiale

Que la croissance américaine montre quelques signes de ralentissement


n’est ni une surprise ni un drame. D’autant que l’on anticipe que la zone euro
contribue enfin plus significativement à la croissance mondiale à l’avenir.
Dès lors, comment expliquer l’extrême nervosité des marchés ?
Le pétrole, dont la baisse raisonnable eut été une aubaine pour les pays
Dominic Rossi,
qui l’importent, a fini par créer une vague déflationniste n’épargnant pas CIO Actions Monde,
les économies développées. Fidelity International

UN CONSTAT IMPLACABLE LES BANQUES CENTRALES stabilisent, et nous espérons bien


DE CROISSANCE FAIBLE AU CENTRE DU JEU que ce soit précisément ce qui est
L’économie mondiale connaît Dans ce contexte et plus que en train de se passer. Mario Dra-
actuellement sa troisième période jamais, les banques centrales des ghi a préparé les marchés à un
de déflation en moins de dix ans, en pays développés doivent assurer renforcement de son QE en mars
provenance, cette fois-ci, des pays une communication claire sur et il ne peut pas se permettre de
émergents. Les chocs subis en termes leur politique monétaire afin de les décevoir à nouveau. La PBOC,
de baisses de volumes et de prix soutenir la demande globale et qui a reconnu son erreur, va
pèsent sur la demande globale, ce de minimiser les dommages que devoir communiquer beaucoup
qui laisse à penser que la croissance pourrait causer cette troisième plus clairement sur le pilotage de
du PIB mondial en valeur nominale vague déflationniste sur les éco-
restera durablement inférieure à son nomies développées. Malheu-
potentiel. Un ajustement doulou- reusement, plusieurs erreurs de LES POINTS CLÉS
reux de l’offre se profile dans les pays communication commises ces
émergents car une nouvelle baisse de dernières semaines ont inuti- - La croissance réelle de la Chine ne
la production mondiale est désor- lement contribué au recul des sera que de 2 % (compte tenu de la
mais inévitable. On observe ainsi très marchés actions. La BCE a déçu déflation et de la dévaluation du Yuan).
clairement un fléchissement généra- les marchés financiers européens -L
 a baisse des prix du pétrole
lisé des anticipations d’inflation. avant Noël. La banque centrale et des matières premières entraîne
Avec cette crise, les pays émergents chinoise (PBOC) a très mal géré une baisse des prix généralisée,
sont entrés dans l’univers des taux l’évolution de sa politique moné- notamment issue des produits
nominaux très bas qui a englouti les taire, qui n’est plus arrimée au manufacturés exportés vers les pays
pays développés depuis la dernière dollar américain mais à un panier développés.
grande crise financière. Exprimée de devises, ce que personne n’a -L
 es banques centrales vont
en dollars nominaux, la croissance vraiment compris. Enfin, après devoir agir pour contrer les effets
chinoise se situe entre 1 % et 2 % avoir orchestré à merveille la déflationnistes sur les économies
(rythme inférieur à la croissance hausse des taux de décembre, les développées.
américaine), contre plus de 10 % en membres de la Fed ont trop insisté -M
 algré la baisse massive et
2010. Un atterrissage brutal à n’en sur le fait que les marchés moné-
indifférenciée des marchés, il existe
pas douter. Nous sommes, indénia- taires sous-estimaient les hausses
des solutions d’investissement
blement dans une période marquée des taux d’intérêt en 2016.
opportunistes et souffrant moins
par une croissance nominale atone Ces signaux doivent s’inverser
de la volatilité.
et des taux d’intérêt très bas. pour que les marchés actions se

14
ANTICIPATIONS D’INFLATION À CINQ ANS AUX ÉTATS-UNIS La politique monétaire devrait
tenir compte de l’impact de la
2.7 fermeté du dollar sur les forces
déflationnistes. La Fed n’a jamais
2.5
réussi à calibrer l’incidence de ses
2.3 « indications prévisionnelles » sur
les marchés des changes. Par consé-
2.1 quent, une corrélation s’est établie
1.9
entre l’appréciation du dollar et la
faiblesse des prix des matières pre-
1.7 mières, la volatilité des marchés
1.5
émergents et un durcissement
global des conditions financières.
1.3 Ce qui a créé un environnement
février mai août novembre février mai août novembre Février
d’inflation très faible.
2014 2014 2014 2014 2015 2015 2015 2015 2016 La Fed doit donc clairement renon-
Source : Datastream, FRED, février 2016
cer à procéder à quatre hausses des
taux d’intérêt cette année sinon
elle risque d’engendrer une nou-
sa politique de taux de change. baisse du pétrole. En effet, après velle phase d’appréciation du dol-
Il n’y a plus qu’à espérer que la la récession de 2001-2003, seu- lar, qui est la principale menace
Fed revienne sur son intention de lement deux années furent néces- pour la stabilité des marchés finan-
procéder à quatre hausses des taux saires pour que le taux d’inflation ciers. La Fed doit donc dire claire-
en 2016. américain atteigne 2 % alors que ment qu’elle tient compte de cette
Elle avait justifié ces futurs nous en sommes à la sixième menace et qu’une nouvelle appré-
relèvements par la vigueur du année de stagnation de l’indice ciation du billet vert ne serait pas
marché de l’emploi et les anti- des prix à la consommation la bienvenue. À lui seul, ce message
cipations de hausse des salaires. actuellement à 1,3 %. serait bénéfique.
Les tensions sur le marché de
l’emploi sont indéniables et la
croissance des salaires est de plus
en plus évidente. DU POINT DE VUE DE L’INVESTISSEUR
Toutefois, sur les autres mar-
chés, aucun signe de tension ne Dans ce contexte de volatilité extrême aux dettes d’État en investissant
se manifeste. L’offre de biens et sur l’ensemble des marchés, les dans des entreprises aux
de services est considérable et de actifs « risqués » que sont les actions fondamentaux solides.
et le marché des obligations à haut Quant aux actions, des fonds
nombreux secteurs sont en surca-
rendement sont les premiers à être investissant sur le marché mondial
pacités. Le taux d’utilisation des pénalisés. Et les investisseurs voyant en ciblant ces mêmes entreprises
capacités industrielles est inférieur la valeur de leur épargne diminuer de qualité et de croissance durable
à 77 % et une multitude de biens contribuent eux-mêmes au phénomène de leurs dividendes offrent également
importés à bas coûts viennent de baisses indifférenciées de tous des opportunités. Ainsi le fonds FF
grossir les rayons de Walmart. La les marchés. Pourtant, parmi les Global Dividend Fund va continuer
baisse récente du prix du pétrole entreprises cotées ou émettant de la d’investir sur des entreprises de qualité,
a encore fait chuter les anticipa- dette, le plus grand nombre est à l’abri ayant elles-mêmes été pénalisées
tions d’inflation comme en atteste d’une défaillance et nombreuses sont par les baisses des marchés et dont
le graphique ci-dessus. celles qui se sont fortement renforcées les dividendes vont venir amortir voire
au cours des dernières années, compenser la faiblesse des cours.
particulièrement en Europe. De même, la classe d’actifs
CHANGER SES RÉFÉRENCES Ainsi, il existe des alternatives qui immobilière bénéficie d’un « effet
DANS UNE ÉCONOMIE permettent de traverser ces périodes revenus » intéressant. Les loyers issus
MONDIALE BOULEVERSÉE difficiles avec une moindre volatilité, de commerces, de bureaux
que ce soit sur les marchés obligataires ou de plates-formes logistiques situées
La Fed a préféré mettre de côté ou actions, ou encore sur l’immobilier. en Europe d’un fonds tel que Fidelity
ces anticipations car elle est Ainsi, se positionner sur un fonds Eurozone Select Real Estate Fund*,
convaincue que l’impact de la d’obligations d’entreprises de qualité constituant une part importante
faiblesse des prix du pétrole et (Investment Grade) tel que le fonds FF du rendement total du fonds.
des matières premières n’est que Euro Corporate Bond Fund permettrait * Le fonds FIREF Eurozone Select Real Estate Fund
de bénéficier de rendements supérieurs est exclusivement réservé à la vente pour les investisseurs
passager. Or, cette opinion était institutionnels et professionnels.
déjà discutable avant la nouvelle

15
GESTION D’ACTIFS

Quand la liquidité d’un actif


importe autant (voire plus !) que
son espérance de rendement…

« La musique [...] est la vapeur de l’art. Elle est à la poésie


ce que la rêverie est à la pensée, ce que le fluide est au liquide,
Xavier de Laforcade,
ce que l’océan des nuées est à l’océan des ondes » responsable de la gestion financière,
Victor Hugo Rothschild Patrimoine

E
n physique « classique », qu’il en est quasi de même pour
telle qu’enseignée au les différentes classes d’actifs À PROPOS DE L’AUTEUR
collège et au lycée, un sur les marchés financiers… Xavier de Laforcade a dix-sept ans
même élément peut se contrairement à ce qui est cou- d’expérience professionnelle.
trouver sous la forme ramment « enseigné ». Il a commencé sa carrière à la Banque
solide, liquide ou gazeuse en En effet, la théorie financière Indosuez Tokyo (Japon), avant d’intégrer
fonction de facteurs externes, « moderne » de la construc- la gestion actions européennes
ces derniers pouvant entraî- tion de portefeuille a tôt fait de CCF Capital Management
ner un « changement d’état ». de séparer les actifs constitutifs en 1998. Responsable de la stratégie
d’investissement de la banque Neuflize
C’est ainsi que, sous nos lati- d’un patrimoine en deux classes
Schlumberger Mallet depuis 2001,
tudes, le glaçon se mue en eau résolument distinctes : les actifs il sera nommé responsable de la gestion
à 0 °C alors que le fer entre en liquides (actions, obligations, financière des comptes « grands clients
fusion à… 1 535 °C, pour deve- devises et monétaire) d’une part, privés » au sein du nouvel ensemble
nir totalement liquide ! Il est et les actifs non liquides (immo- Neuflize OBC de 2005 à 2010.
même convenu que tout élément bilier, private equity, gestion En 2010 il rejoint Rothschild & Cie
chimique « élémentaire » a sa alternative, produits structu- Gestion en tant que responsable
température de fusion propre : le rés, vignobles, art, bijoux, etc.) de la gestion financière de la banque
plomb passe de solide à liquide d’autre part. Cette ségrégation a, privée. Xavier est diplômé de l’École
vers 327 °C, l’or à 1 064 °C, et bien entendu, le mérite de créer centrale de Paris.
le carbone (ou « graphite », soit deux groupes a priori hermé-
la mine d’un vulgaire « crayon à tiques, ce qui satisfait le besoin
papier ») à 3 827 °C ! implicite d’identification et de et rare soit-il. Pour autant, les
Au fond, tout élément peut regroupement nécessaire à l’ap- marchés financiers connaissent
exister à l’état liquide : ce n’est proche théorique. Aussi faut-il régulièrement – presque chaque
qu’une question de tempéra- reconnaître que, la plupart du année, des périodes allant de
ture. Dit autrement, il est établi temps, cette distinction sonne quelques heures à quelques
que chaque élément peut « être juste : il reste relativement aisé semaines –, où des actifs a priori
rendu liquide » dès lors qu’il de vendre une ligne « actions » « liquides » ne peuvent plus être
est porté à la « bonne » tempé- détenue en portefeuille, dans un échangés « normalement ».
rature, cette dernière oscillant contexte « normal » de marché, « Normalement », car les actifs
entre - 272 °C et + 3 827 °C, en quand cela demande (le plus financiers, dans ces moments-là,
fonction de l’élément considéré. souvent) plusieurs mois pour ressemblent fortement aux élé-
Ce détour par la physique étant finaliser la cession complète ments « physiques » cités plus
fait, nous pouvons constater d’un bien immobilier, aussi beau haut : pour devenir effectivement

16
liquides… les actifs doivent être de petites et moyennes capi-
« portés à la bonne température ».
Et la « bonne température » se tra-
talisations (« mid caps »), les
obligations à très faible rende-
LES POINTS CLÉS
duit de facto en une décote de liqui- ment à maturité, les produits La théorie financière « moderne »
dité, autrement dit un abandon sur financiers avec un sous-jacent de la construction de portefeuille
le prix « normal » : l’énergie phy- de type « matière première » ou distingue les actifs en deux classes
sique pour obtenir la liquidité n’est immobilier, etc. a priori hermétiques, les actifs liquides
et les actifs non liquides. Pour autant,
rien moins que la décote de liqui- - Pour les actifs « non liquides »,
certains actifs semblent échapper
dité, en somme l’effort à apporter nous demanderons que la non- à cette règle. Dès lors, la notion même
pour liquider la position. liquidité (qui est une contrainte) de liquidité « normale » disparaît…
Sur ces dernières années, les du placement soit rémunérée. Au sein de Rothschild Patrimoine,
exemples sont légion. Bien Cela peut passer par une décote notre équipe de gestion essaie
entendu, il y a eu le marché des sur le prix de l’actif sous-jacent, d’évaluer la liquidité réelle de chaque
obligations d’entreprises, en mais cela se traduit le plus placement avant de décider d’y investir.
février-mars 2009, où les décotes souvent par une espérance de
ont atteint 10 % à 15 % pour celui performance singulièrement
qui cherchait, à tout prix, à vendre supérieure à celle des actifs
une ligne obligataire « classique ». « liquides » comparables. table, qui n’entraîne pas une vente
Plus récemment, lors du fameux Dans ce deuxième cas, et puisque prématurée, et qui permette de
« black monday » de fin août der- nous allons demeurer encore capter, effectivement, cette vraie
nier, ce sont plusieurs dizaines quelques années dans un environ- « prime de liquidité ».
de trackers américains, pourtant nement de taux européens très bas, Et puisque nous sortons à peine
sensés être parmi les actifs les cela peut être judicieux de se tourner des « fêtes de fin d’année », nous
plus liquides, qui ont cessé d’être davantage vers certains de ces place- conclurons en remarquant que
cotés par manque de liquidité des ments dits « non liquides », afin de les grands crus n’échappent pas,
actions ou des obligations sous- capter cette prime d’illiquidité qui eux non plus, à cette règle. S’ils
jacentes *. Dernièrement, c’est se traduira, vraisemblablement, sont liquides – par définition – à
le fonds obligataire américain par un surcroît de performance. tout moment, c’est bien le fait de
The Third Avenue Focused Cre- Ce défi durable qu’est la politique savoir conserver le flacon, dans la
dit Fund qui mettait le feu aux monétaire ultra-expansionniste durée et dans des conditions ad
poudres en ordonnant sa propre de la Banque centrale européenne hoc, jusqu’à la période de dégus-
liquidation, ce qui se traduit par doit donc amener à reconsidérer tation optimale, qui leur confère
l’impossibilité de récupérer, à court avec bienveillance les pondérations une grande part de leur valeur,
terme, les montants investis, alors globales d’un patrimoine en actifs tant gustative que financière !
que la société en charge de la ges- tels que le private equity, la dette À méditer… un verre à la main !
tion du fonds essaye de liquider non cotée, les produits structurés,
les positions dans un marché déjà la gestion dite « alternative », etc. Lire The Determinants of ETF Liquidity : Theory
*

and Evidence from European Markets, A. Calamia,


fortement sinistré… pour leur conférer un poids accep- L. Deville et F. Riva, novembre 2015.
Cela nous amène donc à souli-
gner, de nouveau, l’importance
du facteur « liquidité » lorsqu’il
s’agit de décider d’une alloca-
tion ou d’un choix de placement.
Concrètement, nous essayerons
de jauger de la liquidité réelle des
placements avant d’y investir, ce
qui conduira à deux approches
clairement différenciées :
- L es actifs dits « liquides »
doivent être liquides dans les
moments difficiles, c’est-à-
dire vendus sans entraîner
une décote significative sur
le prix. Ainsi, parmi les pla-
© Photobank gallery

cements usuellement dits


« liquides », nous éviterons
les fonds globaux aux fortes
pondérations en entreprises

17
TRANSMISSION D’ENTREPRISES
D. R.

Au lieu de proposer vingt-cinq mesurettes


sur la transmission d’entreprise, satisfaisant
vingt-cinq lobbies, j’en proposais une seule
Renaud Dutreil
ancien ministre des PME, du Commerce,
de l’Artisanat et des Professions libérales

L’ancien ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat tions de stratèges budgétaires ou politiques qui n’avaient
et des Professions libérales est à l’origine de l’un des dispositifs jamais mis le pied dans une usine plus de cinq minutes.
juridique et fiscal les plus utilisés en matière de transmission Même au sein du gouvernement, cela n’a pas été facile. Au
d’entreprises, le « pacte Dutreil ». Retour sur la genèse d’un outil
lieu de proposer vingt-cinq mesurettes sur la transmission
très vite devenu indispensable.
d’entreprise, satisfaisant vingt-cinq lobbies, j’en proposais
une seule ! Imaginez le choc ! Francis Mer m’a appuyé. Il
a compris la logique. Je lui en sais gré. J’ai aussi été très
Décideurs. En 2003 vous êtes secrétaire d’État aux PME, heureux de voir que François Hollande, contre l’avis du
au Commerce, à l’Artisanat, aux Professions libérales PS, avait conservé cet outil. Les bonnes lois sont celles que
dans le gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin. deux camps opposés finissent par valider. Il faut cependant
Afin de favoriser la transmission d’entreprises, vous créez être vigilant. Beaucoup en France, par pure idéologie ou
un dispositif qui porte aujourd’hui votre nom, le « pacte famine budgétaire, songent au retour en arrière.
Dutreil ». Quels étaient les objectifs de cette réforme ?
Renaud Dutreil. À l’époque, la fiscalité sur la transmis- Décideurs. Vous avez récemment fait l’acquisition de
sion d’entreprise était confiscatoire et se traduisait par le l’eau de source Fontaine Jolival. Maintenant que vous
transfert de belles entreprises patrimoniales à des entre- êtes passé de l’autre côté de la barrière, quel regard por-
prises étrangères. Il apparaissait clairement que le produit tez-vous sur notre environnement juridique et fiscal ?
de cette lourde taxation était illusoire en comparaison des R. D. Nous sommes une nation qui veut à la fois par-
dommages causés par le transfert à l’étranger des centres ticiper aux Jeux olympiques et ceinturer de plomb les
de décision liés au changement de propriétaire. Déloca- athlètes qui entrent dans l’arène en portant ses cou-
lisation d’emplois, démembrement d’entreprises, dispa- leurs. L’économie moderne est une compétition. Que
rition des fonctions les plus créatrices de valeur, perte de l’on aime ou non les règles de cette compétition, notre
lien avec le territoire, etc., une fois de plus une fiscalité intérêt national est d’aider nos athlètes qui y participent
trop lourde se traduisait par une atteinte directe à nos – c’est-à-dire nos entrepreneurs – à être les meilleurs.
intérêts nationaux. J’ai voulu mettre un coup d’arrêt à Bien sûr, l’économie mondiale est déséquilibrée, parfois
cette étreinte destructrice, au moment où toute une géné- injuste, mais nous ne pouvons imposer aux seules entre-
ration d’entrepreneurs s’apprêtait à passer la main. prises françaises de financer une utopie bien-pensante,
où un État mal géré impose sa loi à des entreprises prises
en otage mais sommées de courir toujours plus vite.
« Nous ne pouvons imposer aux seules
Décideurs. De nombreuses questions entourent
entreprises françaises de financer le développement de la banque digitale. Quels axes

une utopie bien-pensante » de développement les banques doivent-elles suivre ?


R. D. D’une manière générale, la finance me semble capter
une part beaucoup trop importante de la valeur créée dans
l’économie moderne. Le système financier repose sur l’idée
Décideurs. Ce dispositif est encore aujourd’hui l’un fausse qu’il est sa propre fin, alors qu’il devrait être au service
des outils juridiques et fiscaux les plus performants en des acteurs économiques et sociaux, en optimisant l’alloca-
matière de transmission d’entreprise. Vous attendiez- tion des ressources financières. La banque digitale introduit
vous à une telle réussite ? de la concurrence dans ce système. Tant mieux ! Comme on
R. D. Oui, parce que j’ai élaboré cette mesure avec des disait chez moi : là où il n’y a pas de brochet, les carpes
esprits avertis, par exemple Maître Monassier ou Yvon Gat- sentent la vase. La concurrence par l’innovation, l’entrée
taz, qui savaient de quoi ils parlaient, en dialoguant avec des dans l’arène de nouveaux acteurs financiers et bancaires est
entreprises emblématiques de cette problématique fiscale, salutaire. J’ai moi-même investi dans deux nouveaux acteurs
comme dans la vallée de l’Arve, cette ruche savoyarde de innovants, Finexkap et Smile&Pay. Deux bons exemples de
PME industrielles, plutôt qu’en suivant les recommanda- l’innovation radicale que peut apporter la fintech.

18
2ÈME ÉDITION PAVILLON D ‘ARMENONVILLE PARIS

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PAVILLON D’ARMENONVILLE • PARIS
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EDITION FINANCE

G20 STRATEGY
& MANAGEMENT SUMMIT

6e édition

La 6e édition du congrès Décideurs édition Finance Le congrès sera suivi de la 6e édition des Trophées Leaders
rassemblera 400 participants tout au long d’une journée de la Finance qui se tiendra à partir de 18h30 au Pavillon
de conférences axée sur l’orchestration de la croissance et d’Armenonville et rassemblera plus de 650 professionnels
son financement. de la finance.

9h - 12h25 CONFÉRENCES 18h30 COCKTAIL D’OUVERTURE

12h30 - 14h DÉJEUNER D’AFFAIRE 20h DÎNER DE GALA ET REMISE DES TROPHÉES

DÉGUSTATION DE DESSERTS,
14h30 - 18h30 CONFÉRENCES 22h45
CHAMPAGNE ET DIGESTIFS

PARMI LES INTERVENANTS PARMI LES ENTREPRISES EN LICE


DE CETTE ANNÉE POUR LE TROPHÉE D’OR

• Coca-Cola • Webhelp
• Bonduelle • Bordeaux Metropole
• Paprec • Amundi Asset Management
Valérie Pécresse Michel Giannuzzi
• Aéroports de Paris • Engie
Présidente Président du directoire
Région Île de France Tarkett • Nexity • Danone
• Findis • Publicis
• Teleperformance • etc

Christophe Gouthière
Directeur général Pierre Duvieusart
finance gestion Directeur financier
Groupe Autodis GRTgaz

Pierre-Frédéric Roulot Jean-Philippe


Président directeur Gregoire
général Directeur financier
Louvre Hotels Group Fraikin

Maéva Willems Charlotte Fabre


mwillems@leadersleague.com cfabre@leadersleague.com
01 45 02 25 37 01 45 02 25 26

www.g20-summit-finance.com www.tropheesleadersdelafinance.fr

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