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Zakaria Boulahya
La grève des commerçants de gros de Casablanca semblent faire des émules. Après
les grossistes de Derb Omar, Korea et garage Allal, ce sont les commerçants de
Meknès qui ont fermé boutique ce lundi 7 janvier, manifestant et protestant contre
les mêmes mesures fiscales ayant suscité l’ire de leurs homologues casablancais.
Sur les réseaux sociaux, les différents témoignages des commerçants se recoupent:
pratiquement tous jugent irréalisable d’appliquer une facturation systématique
pour l’ensemble de leurs transactions, que ce soit sous format papier ou
électronique, et ce en raison de la multitude des intervenants. Ils rejettent
également les contrôles douaniers et la saisie des marchandises sans factures… tout
en se disant tout à fait disposés à se conformer à la loi !
Mais quelles sont ces "nouvelles" mesures fiscales qui déstabilisent à ce point
les commerçants marocains? En fait il n’y en a aucune. Les dernières
dispositions fiscales en matière de facturation ont été instaurées par la loi de
finances 2018, il y a un peu plus d’un an donc. Elles se limitent principalement à:
disposer d’une facturation numérotée et en série continue, d’un logiciel de
facturation et d’un système d’information directement relié aux serveurs de la DGI.
Certaines de ces dispositions sont mêmes obligatoires depuis plus d’une décennie.
"Comment peut-on manifester contre une obligation qui est instaurée depuis la loi
de finances de 1997? Dans son article consacré à la TVA, il y est clairement stipulé
que tout contribuable professionnel est tenu d’éditer une facture tirée d’une série
numérotée et continue. Sur le fond il n’y a donc aucun problème. La LF 2018 a
uniquement renforcé la transparence par l’instauration de la facturation
électronique.
"Ce sera l’occasion de se mettre d’accord sur des éléments concrets, comme la
nature des machines et logiciels de facturation, en fonction de chaque activité. Sans
oublier les modalités de financement: l’installation des machines et logiciels sera-
t-elle à la charge du commerçant, ou l’Etat va-t-il supporter tout ou une partie de
cette charge? Il en découlera une feuille de route qui servira de base au
calendrier de déploiement de ces mesures", souligne Khalad Zazou. La DGI
compte d’ailleurs publier incessamment une communication officielle en ce sens.
Réagissant aux griefs formulés par les commerçants grévistes – notamment par
rapport aux contrôles des dépôts et à la saisie de marchandises, Lakhdar soutient
fermement que "ces contrôles se déroulent dans un cadre parfaitement
réglementaire. Il est vrai que nous avons renforcé les contrôles dans le cadre
de la lutte contre le fléau de la contrebande - notamment à travers la brigade
nationale des douanes, nouvellement créée. Ce n’est aucunement pour protéger
certaines marques commerciales comme cela a parfois été avancé, nous voulons
uniquement nous assurer que les marchandises ont été acquises de manière
réglementaire, justificatifs à l’appui".
Sauf que les commerçants se sentent lésés par ce qu’ils considèrent un traitement
injuste. «Il faut mettre en place un contrôle plus rigoureux aux frontières, et non
s’acharner sur le maillon faible. Les commerçants ne sont pas contre l’application
de la loi, mais comment leur imposer des mesures très contraignantes alors qu’ils
sont déjà asphyxiés par une forte pression fiscale ?», s’insurge Nabil Nouri,
président du Syndicat national des commerçants et des professionnels (SNCP).
Dans les deux cas de figure, les marchandises de contrebande sont regroupées dans
des entrepôts, et l’on peut se retrouver très vite avec d’importants volumes qui
s’avèrent préjudiciables pour l’économie nationale. C’est l’une des raisons pour
lesquelles nous avons renforcé les contrôles au niveau des dépôts. Notre objectif
est que chacun respecte les règles du jeu, tout en garantissant les intérêts légitimes
de chacune des parties".
Quand on lui fait part de l’argument avancé par certains transporteurs, selon lequel
il est impossible de fournir des factures pour l’intégralité d’un chargement, Nabyl
Lakhdar rappelle une autre obligation légale destinée à faciliter les contrôles: celle
de produire un manifeste de transport, qui synthétise l’ensemble des informations
relatives à un chargement: nature des marchandises, identité des clients, destination
et numéros de factures,….
"Bien qu’obligatoire, le manifeste est très rarement utilisé par les professionnels
du transport routier. C’est pourtant une mesure qui facilite les contrôles, tout en
assurant une protection au transporteur par rapport à la légalité de son chargement",
explique Lakhdar, qui reconnaît même une certaine souplesse dans l’application
des circulaires de contrôle. "Auparavant, en cas d’absence de facture, les Douanes
saisissaient aussi bien la marchandise que le camion. Ces derniers temps, seule la
marchandise est saisie».