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26/02/2019 Djihadisme et haute trahison, par Thierry Meyssan

Réseau Voltaire

Djihadisme et haute trahison
par Thierry Meyssan

Les citoyens européens, encouragés à rejoindre la lutte armée en


Syrie aux côtés des mercenaires pro-Occidentaux, ne peuvent être
poursuivis pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison dans
la mesure où ils peuvent se réclamer du soutien de l’Otan et de ses
États membres. Les États européens ne peuvent les juger sans
examiner la responsabilité première de leurs propres dirigeants
dans la guerre contre la Syrie.

RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | 26 FÉVRIER 2019


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Les Occidentaux ayant rejoint les


djihadistes doivent être poursuivis
pour les atrocités qu’ils ont
commises, mais cela ne fait pas d’eux

L
des traîtres.

e président Donald Trump a demandé à ses alliés


occidentaux de rapatrier leurs djihadistes prisonniers des
Forces démocratiques syriennes et de les juger sur leur sol.
Le Royaume‑Uni s’y est opposé, tandis que la France n’envisage
des retours que cas par cas.
En se retirant du territoire syrien, les États‑Unis admettent que
les Forces démocratiques syriennes ne sont pas une armée
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proprement dite, mais juste une force supplétive sous


encadrement US. De même, ils admettent qu’il n’y a pas d’État
kurde en Syrie, de «  Rojava  », que celui‑ci n’était qu’une fiction
créée pour les journalistes. Par conséquent, la «  Justice kurde  »
n’était qu’une mise en scène et les moyens d’en appliquer des
décisions disparaîtront dans quelques semaines. Les détenus
islamistes devront être soit libérés, soit remis à la République
arabe syrienne qui les jugera selon ses lois dérivées du droit
français. Or cet État pratique la peine de mort à laquelle les
Européens sont aujourd’hui opposés.
En droit, les citoyens de pays européens qui sont partis faire le
jihad en Syrie ont entretenu une « intelligence avec l’ennemi » et,
éventuellement, commis un crime de «  haute trahison  » en
combattant des intérêts européens. Mais, au vu des actes des États
occidentaux dans cette guerre, aucun jihadiste occidental ne sera
condamné dans son propre pays pour ces chefs d’inculpation.
La fin de cette guerre nous ramène à la réalité. Pendant 8 ans, les
Européens ont prétendu découvrir avec surprise une « révolution »
populaire contre une « dictature alaouite ». Or, les actes posés par
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des États européens sont aujourd’hui faciles à exposer et à


prouver. Ils ne correspondent pas du tout à cette narration : ils ont
préparé depuis 2003 les événements qui ont débuté en 2011, et
les ont organisés jusqu’à aujourd’hui  [1]. Cette guerre a duré si
longtemps que ses mensonges ont été découverts.
Si des jihadistes européens devaient être jugés pour intelligence
avec l’ennemi, voire pour haute trahison, le tribunal ne pourrait
retenir contre eux que leurs atrocités contre des Syriens et,
éventuellement, leurs crimes chez eux contre leurs concitoyens —
le fanatisme n’étant pas un délit—. Il conclurait que seuls les
dirigeants occidentaux devraient être jugés pour haute trahison.
Avant toute chose, précisions que l’objection selon laquelle des
groupes jihadistes comme al‑Qaïda et Daesh ne sont pas
assimilables à des États reconnus ne tient pas. En effet, il est
évident que des organisations disposant de tels moyens militaires
ne peuvent exister sans le soutien d’États.
À titre d’exemple, voici comme je construirais en France une
plaidoirie pour la défense de ces fanatiques :
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Les jihadistes ne sont pas des traîtres, mais des


soldats

 1. Les prévenus n’ont fait qu’agir à la requête du gouvernement


français en allant se battre contre la République arabe syrienne et
son président, Bachar el‑Assad. Les autorités françaises n’ont
cessé de qualifié la République arabe syrienne de «  dictature
alaouite » et ont appelé à assassiner le président Bachar el‑Assad.
Ainsi, l’actuel président du Conseil constitutionnel, M.  Laurent
Fabius, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, a déclaré
«  Après avoir entendu les témoignages bouleversants des
personnes ici (...) quand on entend ça et je suis conscient de la
force de ce que je suis en train de dire  : M.  Bachar el‑Assad ne
mériterait pas d’être sur la Terre  »  ; une prise de position
particulièrement forte pour un pays qui a abrogé la peine de mort.

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Pour qu’il n’y ait aucune confusion et que l’on comprenne bien
que cet appel au meurtre ne s’adressait pas simplement aux
Syriens, mais à tous les Français, la Ville de Paris, à l’initiative de
son maire, Mme  Anne Hidalgo, a organisé à la Tour Eiffel une
journée de solidarité avec l’opposition syrienne. Un bureau de
recrutement avait alors été installé au pied de la Tour dont la
presse s’est faite l’écho.
Certes par la suite, ce soutien s’est montré moins visible et à
partir de 2016, c’est‑à‑dire cinq après le début des événements,
les autorités françaises ont pris des mesures pour stopper
effectivement les départs en Syrie. Mais à aucun moment, elles
n’ont contredit leurs déclarations précédentes de sorte que les
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prévenus pouvaient croire que la France tentait de se conformer à


des engagements internationaux, mais qu’elle n’avait pas changé
de position sur la légitimité de cette action.
  2. Tous les prévenus ont bénéficié de l’aide indirecte du
gouvernement français durant leur jihad. L’ensemble des
groupuscules jihadistes a été financé et armé de l’étranger. Les
appels d’offre du Pentagone attestent que celui‑ci a mis en place
des filières permanentes pour importer des armes en Syrie [2]. Les
enquêtes de la presse non‑alignée ont permis d’établir, preuves à
l’appui, que plusieurs dizaines de milliers de tonnes d’armes ont
été illégalement importées en Syrie au cours de l’opération Timber
Sycamore, d’abord contrôlée par la CIA, puis par le fond
d’investissement privé KKR  [3]. Au moins 17 États, dont
l’Allemagne et le Royaume‑Uni ont participé à ce trafic. Au
demeurant, s’il n’est pas prouvé que la France y a directement
participé, elle est impliquée dans la répartition et la distribution de
ces armes, via le LandCom (commandement des Forces terrestres)
de l’Otan dont elle a rejoint le commandement intégré.

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  3. Les prévenus ayant appartenu aux groupes se réclamant


d’Al‑Qaïda ont bénéficié de l’aide directe du gouvernement
français. C’est ce qu’atteste une lettre remise par l’ambassadeur
Bachar Jaafari au Conseil de sécurité, le 14 juillet 2014. Datée du
17 janvier de la même année, et signée par le commandant‑en‑
chef de l’Armée syrienne libre (ASL), elle expose la répartition des
munitions offertes par la France aux jihadistes et précise qu’un
tiers est attribué par Paris à l’Armée syrienne libre et que les deux
autres tiers doivent être transmis à al‑Qaïda (dit en Syrie « Front
al‑Nosra »). Monsieur Fabius ne disait‑il pas qu’« al‑Nosra fait du
bon boulot » [4] ?
Les prévenus ayant obéi aux instructions du gouvernement
français et ayant reçu indirectement des armes et directement des
munitions de l’État français ne sauraient être accusés d’intelligence
avec l’ennemi et de haute trahison.

Ce sont les dirigeants européens qui sont des


traîtres à leur pays
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Au contraire, les dirigeants français qui ont publiquement affirmé


leur respect des Droits de l’homme et ont secrètement soutenu les
jihadistes devraient avoir à en répondre devant les tribunaux. Ils
devraient également expliquer en quoi la République arabe
syrienne qu’ils désignent comme l’« ennemi » de la France a porté
atteinte aux intérêts français.
Au début du conflit, il était d’usage de rappeler que, en 1981,
durant la guerre civile libanaise, la Syrie avait fait assassiner
l’ambassadeur de France Louis Delamare. Cependant, outre que
trente ans séparent cet événement du début de la guerre contre la
Syrie, il avait déjà été sanctionné en réplique par un attentat contre
le bureau national de la conscription militaire à Damas qui fit 175
morts  ; attentat ultérieurement revendiqué par le directeur de la
DGSE de l’époque, l’amiral Pierre Lacoste.
Il a également été dit que la République arabe syrienne avait
porté atteinte aux intérêts français en assassinant l’ancien Premier
ministre libanais Rafic Hariri. La France a soutenu et soutient
toujours une organisation hybride dite «  Tribunal spécial pour le
Liban » pour juger les présidents libanais et syrien Émile Lahoud et
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Bachar el‑Assad. Or, cette organisation (qui joue à la fois le rôle de


procureur et de magistrats du siège) a retiré ses accusations après
que les témoignages sur lesquels elles étaient établies s’avérèrent
des faux rémunérés par l’accusation. Plus personne ne croit à cette
accusation mensongère, sauf les employés de cette organisation et
leurs commanditaires, pas même les enfants du défunt. Ainsi,
Bahaa Hariri, le fils aîné de Rafic Hariri, rendait chaleureusement
visite au président Bachar el‑Assad, le mois dernier.
Pour mener une guerre contre un pays ami, la Syrie, les
dirigeants français ont soutenu sans hésitation des jihadistes. Ce
faisant, ils ont non seulement porté atteinte à l’image de la France
dans le monde, mais aussi aux intérêts français : ils mettaient fin à
une fructueuse collaboration anti‑terroriste et se rangeaient
délibérément du côté des terroristes. Certains de leurs protégés
sont par la suite revenus en France de leur propre initiative y
commettre des attentats.
Ces dirigeants devraient donc être poursuivis devant la Justice
française pour complicité avec des organisations terroristes ayant
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commis des crimes en France, pour intelligence avec l’ennemi et


pour haute trahison.
Thierry Meyssan

[1] Voir Sous nos yeux. Du 11‑Septembre à Donald Trump, éditions Demi‑lune, 2017. Ouvrage
disponible en d’autres langues  : anglais, espagnol, italien, russe (momentanément épuisé) et
turc.. Et prochainement en arabe.
[2] «  De Camp Darby, des armes US pour la guerre contre la Syrie et le Yémen », par Manlio
Dinucci, Traduction Marie‑Ange Patrizio, Il Manifesto (Italie), Réseau Voltaire, 18 avril 2017.
[3] « Des milliards de dollars d’armes contre la Syrie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18
juillet 2017.
[4] Cité in «  Pression militaire et succès diplomatique pour les rebelles syriens  », par Isabelle
Maudraud, Le Monde, 13 décembre 2012.

Source : « Djihadisme et haute trahison », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 26


février 2019, www.voltairenet.org/article205298.html

https://www.voltairenet.org/article205298.html 11/11

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