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FLORILEGIUM 10, 1988-91

UNE PETITE SEIGNEURIE


AU COEUR DE LA TOURMENTE:
LE DOMAINE DE LA FAMILLE D ’ORBEC
À CIDEVILLE
PENDANT LA GUERRE DE CENT ANS
Denise Angers

Notre connaissance du monde rural français au Moyen âge doit beaucoup


à la survivance, dans les archives, de livres-terriers, propriété de grandes
seigneuries ecclésiastiques ou de simples seigneurs laïcs. Héritier des loin­
tains “états de biens” et autres inventaires du haut Moyen âge, continuateur
des censiers, le terrier est, comme ces derniers, “essentiellement utilitaire . . .
instrum ent du contrôle seigneurial,” destiné à établir les droits du seigneur
sur ses “assujettis.” 1 À p artir du XIVe siècle, plus ou m oins tardivem ent et
dans une forme plus ou moins parfaite selon les régions, le terrier s ’affirma
comme un élément essentiel de la gestion seigneuriale.2 P our P. C harbon­
nier et G. Fournier, l’usage accru des terriers serait le fruit des crises qui
secouèrent les XIVe et XVe siècles.3 P ar ailleurs, lorsque le m ouvement de
mise en valeur des terres et de reconstruction se fit sentir, au cours de la
deuxième moitié du XVe siècle, les seigneurs voulurent noter avec précision
toute modification apportée à leur domaine. L’utilisation du terrier se fit
donc plus constante et sa rédaction plus précise. Le m ouvem ent ne de­
vait plus s’arrêter et le terrier devint, dans les siècles qui suivirent le “livre

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de la féodalité.” 4 Flexibles, s ’adaptant de très près à la réalité, les terriers


sont, de ce fait même, des documents de valeur inégale. Dans le meilleur
des cas, lorsque la fabrication du terrier a été faite avec beaucoup de soin
et souci d ’exhaustivité, on y trouve des renseignements de premier ordre
sur la société rurale: taille et type des parcelles, modes de mise en valeur
des sols, nature des rentes prélevées et persistance de prélèvements anciens
— redevances banales, corvées, guet, servage — catégorie sociale des ten­
anciers et leur plus ou moins grande inégalité devant les charges fiscales,
formes particulières d ’organisation familiale, etc. Plus généralement, c’est
toute l’organisation seigneuriale qui apparaît ainsi mise en lumière ainsi que
les modes d ’ad aptation des communautés rurales à la seigneurie. De plus,
comme l ’a souligné E. Perroy, les seigneurs n ’ayant pas attendu la fin de la
guerre de Cent ans pour rem ettre de l’ordre dans leurs affaires, les terriers
rédigés pendant la guerre offrent cette chance de pouvoir saisir sur le vif les
dommages causés par le long conflit dont souffrit la France, de même que
les réactions seigneuriales aux difficultés de l ’époque.5
Les archives norm andes n ’ont pas livré aux chercheurs un aussi grand
nom bre de terriers que les régions favorisées que sont l’Auvergne et le
Lyonnais.6 C ependant, dès les années 1960, M. Lucien Musset avait at­
tiré l’attention des historiens norm ands sur certains terriers ou censiers,
touchant en particulier l’ouest de la Normandie.7 D ’autres, concernant cette
fois la Norm andie orientale, ont été exploités par Guy Bois dans son livre
Crise du f é o d a li s m e .* Il en est encore qui attendent d ’être découverts. Leur
im portance et leur intérêt varient beaucoup.9 L’historien de la Normandie,
médiéviste par surcroît, ne croule donc pas sous les docum ents de ce genre.
De plus, il y a peu de terriers ém anant de petits domaines laïcs, propriétés
de seigneurs modestes. Or ceux-ci se com ptaient certainem ent par cen­
taines, sinon par milliers. Il y aurait eu en effet, dans la Norm andie du XV'
siècle, près de quatre mille fiefs.10 Si l ’on sait mieux aujourd’hui comment
les grands domaines et les vastes ensembles des seigneuries ecclésiastiques
passèrent à travers la tourm ente que fut la guerre de C ent ans et amorcèrent
la reconstruction, on connaît moins bien les destinées des petits propriétaires
de fiefs. D ’où l ’intérêt du terrier de la paroisse de Cideville,11 cette com­
m unauté paroissiale dont je veux vous entretenir aujourd’hui.12 Située dans
la vicomte de Rouen, cette paroisse nous est connue principalem ent à cause
de son terrier, rédigé en 1430, à une époque où la Norm andie était sous
adm inistration anglaise, suite à l’invasion des armées d ’Henry V en 1415.13
Elaboré à un m om ent critique de l ’histoire de la Normandie, ce terrier nous
renseigne égalem ent sur la famille d ’Orbec, branche cadette de la famille
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du même nom enracinée dans la vicomte d ’Orbec et propriétaire du fief de
Cideville. Il nous plonge au coeur de l ’univers d ’un de ces petits seigneurs,
Georges d ’Orbec, m odeste à l’image sans doute de biens d ’autres seigneurs
norm ands, aux prises avec les problèmes quotidiens causés par l ’instabilité
m arquée de ces années de crise, obligé de composer avec la dépopulation,
l ’affaissement du prix de la terre et l ’insécurité générale. En ce sens, le ter­
rier q u ’il nous a transm is constitue un docum ent précieux qui m érite d ’être
connu.
Le m om ent exact où l ’un des membres de cette famille décida de s ’im plan­
ter dans la région de Rouen est inconnu. Sans lever com plètem ent l ’obscurité
qui pèse sur ces débuts, le terrier de 1430 apporte cependant quelques
éclaircissements. Il indique que l ’acquéreur des terres possédées par cette
famille dans la vicomte de Rouen était le père de Georges d ’Orbec, nommé
Jacques, écuyer. A une date indéterminée, celui-ci épousa la fille aînée
de Raoul Crasoysel et de M arguerite de Bernabosc, petite-fille de Robert
de Bernabosc, et arrière petite-fille de Richard D ivetot.14 Jacques d ’Orbec
développa peut-être, à cause de ce mariage, un intérêt pour la région de
Cideville et de Clères car ces familles y possédaient toutes des biens.15
Il se p o rta donc acquéreur du fief de Cideville et, sim ultaném ent, d ’un
quart de fief démembré du fief de Grugny, parfois nommé également fief
de Grugny, m ais plus communément appelé fief du Bosc-Nouvel, assis au
Bocasse.16 Le fief de Cideville était tenu directem ent du roi, celui du Bosc-
Nouvel dépendait du seigneur de Clères.17 Il semble qu’avec ces premières
conquêtes nous tenions le coeur des domaines de Jacques d ’Orbec dans la
vicomté de Rouen. Il continua par la suite, au gré des occasions, à arrondir
sa seigneurie. Il m ourut probablem ent quelque tem ps après 1410, année
où on le trouve en procès contre un de ses tenanciers, R obert de Grouchet
et contre les Filles-Dieu de Rouen. Jacques d ’Orbec et sa femme eurent
au moins un fils, Georges, celui-là même qui, en 1430, fit écrire le terrier
de sa seigneurie. Georges apparaît pour la première fois dans les actes du
tabellionnage de Rouen à la date du 1er m ai 1406. Ce jour-là, au prix de
64 l.t., il acheta de Jean Cavelier de Saint-M artin de L’Aigle18 un m anoir
et sept acres de terre et de bosc situés dans la paroisse de Cideville, en
plus de quelques rentes.19 Georges d ’Orbec n ’était pas encore, à ce m om ent,
seigneur de Cideville car son père Jacques apparaît également dans l’acte
à titre de seigneur. Avant 1420, Georges épousa Marie de Saâne, fille de
Robert de Saâne.20 En 1420, le 14 janvier, les époux furent confirmés dans
leurs héritages par le roi d ’Angleterre.21 En 1429, Georges fit commencer la
description de ses seigneuries. Cette description ne fut terminée qu’en 1430,
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date du deuxième préam bule introduisant le texte du terrier. À Cideville, il
se déclara possesseur d ’un quart et d ’un huitième de fief, cette déclaration
incluant le fief de Barnabos situé à St-Victor-la-Campagne.22 A cet héritage
légué par son père, il avait ajouté le fief de Grosfy, un quart et un huitième
de fief qui lui étaient venus de son grand-père m aternel, Raoul Crasoysel.23
De plus, en ta n t qu’aîné,24 Georges d ’Orbec répondait de la vavassorie du
Vivier,25 tenue du seigneur d ’Hermanville.26 De sa tante, Jeanne Crasoy­
sel, épouse de Jean de Veulles, il avait de plus recueilli des biens à Grosfy,
Bourdainville et La Fontelaye.27 Ses seigneuries étaient alors situées à une
trentaine de kilomètres au nord-ouest de Rouen, dans une zone d ’environ
15km par 25km.2®Le m om ent où fut rédigé le terrier correspond donc, nous
semble-t-il, à un premier tem ps de prospérité, Georges d ’Orbec ayant con­
sidérablem ent accru le patrim oine que lui avait laissé son père et la guerre
n ’ayant pas empêché, et peut-être ayant permis, que la famille arrondisse
son patrim oine. Le coeur des possessions patrim oniales était alors constitué
par le triangle Cideville-Barnabos-Bosc-Nouvel. Il dem eura intact ju sq u ’à
1534. Un deuxième tem ps de prospérité se situe au début du XVI* siècle,
au m om ent où le petit-fils de Georges d ’Orbec, par un mariage judicieux,
en tra en possession de biens situés autour de l’embouchure de la Seine.
Nous ne savons pas pourquoi, en 1429, Georges d ’Orbec ordonna la con­
fection d ’un nouveau terrier. Nouveau, car il s’agit bien ici d ’une refonte
prenant pour modèle un “roulle ancien” dont il est évidem m ent impossi­
ble de préciser la date, m ais qui fut peut-être rédigé après que Jacques
d ’Orbec eut term iné ses conquêtes.29 L’ordre était-il venu, dès le début des
années 1420, du roi d ’Angleterre, désireux de détenir des dénombrements
en règle des seigneuries norm andes, au tan t de la part des nobles m aintenus
dans leurs terres que des nouveaux seigneurs avantagés par la générosité
royale?30 Ou cette rédaction tardive fut-elle commandée par la conjonc­
tu re des années 1429-1430? À ce m om ent, entre la prise d ’Orléans et les
menaces pesant sur Paris, l’adm inistration anglaise appela plusieurs fois les
nobles norm ands à la guerre.31 Dans ce contexte, une mise en ordre et une
évaluation de la valeur de la seigneurie pouvaient s’avérer nécessaires. Ou
enfin, la rédaction du docum ent fut-elle le résultat de la seule volonté de
Georges d ’Orbec de clarifier l ’adm inistration de ses biens afin de pallier les
effets de la désorganisation causée par l’invasion anglaise? Nous l ’ignorons,
le docum ent ne contenant aucune “lettre à terrier” comme c’était parfois le
cas ailleurs.32
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À la lumière du terrier et des autres sources que nous avons pu consulter,
le village de Cideville semble avoir été une paroisse très m odeste, sinon pau­
vre. Malgré tout, peut-être à cause de la proximité de la capitale normande,
ce terroir a ttira it au tan t la noblesse que la bourgeoisie rouennaise, prêtes à
investir dans des achats de terres ou à s’adonner au commerce des rentes.
Le territoire de la paroisse était très morcelé entre différents seigneurs, laïcs
et ecclésiastiques, dont les propriétés s’enchevêtraient les unes aux autres.
Toute cette region pullulait d ’ailleurs de petits fiefs assis dans les nombreux
ham eaux typiques de 1 h ab itat de cette zone. Mais, en term e de production,
cette région ne semble pas avoir eu un potentiel particulièrem ent intéressant.
En retour, cette multiplicité de petits et de moyens propriétaires aux biens
disséminés sur l ’ensemble du territoire rendait difficile l’enclenchement d ’un
processus de réformes des pratiques agraires, consacrant ainsi davantage la
m édiocrité de 1 économie locale. En fait, l ’économie de la paroisse se laisse
m al saisir et l ’évolution démographique, marquée par une forte mobilité de
la population, n ’indique pas une comm unauté en pleine expansion, même
après la fin de la guerre de Cent ans au m om ent où le reste du pays de Caux
fait l ’expérience d ’une véritable renaissance.33
P ar petites touches cependant, le terrier nous révèle le malaise vécu à
Cideville au cours de ces années tum ultueuses de l’histoire de la Normandie.
La paroisse n ’est guère mentionnée dans les docum ents de cette époque.
Mais, n en doutons pas, elle était trop proche de Rouen pour ne pas souffrir
des aléas de la guerre. Les indices q u ’en fournit le terrier m éritent d ’être
releves même s ils n ont rien d ’inhabituel: disparition de tenanciers que
le seigneur prend soin de dater: tel est porté m anquant depuis 1414, tel
autre depuis 1415 ou depuis 1416; le terrier indique également les terres
abandonnées, abandon conduisant inexorablem ent à l’extension des friches
et des bois ou à la reprise par le seigneur de ces terres labourables dans
sa censive, de même que l’affaissement des rentes consenti par le seigneur,
conscient des difficultés de ses tenanciers.
L’aspect le plus intéressant de ce terrier est ce q u ’il nous révèle des
tenanciers de la famille d ’Orbec et des liens q u ’ils tissaient entre eux. Les
allusion aux saisies ou aux ventes dont leurs terres ont été l ’objet perm ettent
de retracer quelques revers de fortune. C ’est le cas, nous semble-t-il, d ’un
tenancier du nom de Laurent Avice. En 1430, celui-ci détenait 31 acres
de terre dans la seigneurie de Cideville. Il en était l’un des exploitants les
plus aisés. Mais le terrier est émaillé de mentions faisant allusion ta n t à
des tenures qui n ’étaient plus en sa possession en 1430 m ais qu’il “soulloit
baillier . . . par escroe,”34 donc qui lui avaient appartenu, q u ’à des parcelles
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qu’il avait vendues ou qui avaient été “conquises,” souvent par “décret,” par
d ’autres tenanciers pour des raisons qui nous sont inconnues.35 L’ensemble
de ces m entions représente une soixantaine d ’acres, c’est-à-dire presque le
double de ce q u ’il avait encore entre ses m ains en 1430. Laurent Avice avait-
il vraim ent détenu, à un m om ent donné, une mouvance de quelque 90 acres
dont il aurait ensuite perdu les deux tiers? Ou avons-nous ici affaire à un
spéculateur prenant en fieffe puis abandonnant des terres au profit d ’autres
tenures jugées plus rentables? Rien ne nous perm et de trancher.36
Le terrier m ontre également de façon to u t à fait explicite les liens qui
unissaient les tenanciers entre eux par le biais des sous-accensements de
tenures. C ’est certainem ent là un des aspects les plus originaux et les plus
intéressants de ce docum ent. En effet, dans toutes les études p o rtan t sur
la vie rurale, sur les charges supportées par les paysans et sur leurs revenus
éventuels, il faut bien adm ettre une possibilité d ’erreur, une “discordance”
venant des baux conclus entre les paysans eux-mêmes. Ces baux, dont on
imagine bien qu’ils ont dû exister, ne nous sont en général pas accessibles.37
Ce vide, le terrier de Cideville perm et de le combler un peu. Parce que
Georges d ’Orbec a cru nécessaire d ’y consigner les rentes payées par ses
tenanciers à d ’autres que lui-même, le terrier perm et en effet d ’envisager
diverses situations et combinaisons quant à la possession et à l’exploitation
du sol.
D ’une p art en effet, c’est le cas le plus simple, le tenancier pouvait
être à la fois le propriétaire et l’exploitant des terres pour lesquelles il se
reconnaissait responsable du paiem ent des rentes et de l’accomplissement
des services dus au seigneur.
Mais il arrivait aussi qu ’il ait cédé, contre une rente ou un loyer, l ’exploi­
tatio n de ses propres terres. En ce cas, le terrier indique le nom du ou
des sous-tenanciers, de même que la superficie occupée par chacun et les
charges qui pesaient sur eux. Ainsi, la famille du Gaallay avouait tenir
du seigneur de Cideville presque 26 acres de terre divisées en trois sec­
tions. En fait, la famille n ’exploitait directem ent qu’une partie de ces
terres, un peu plus de 10 acres, c’est-à dire moins de la moitié des biens
pour lesquels elle payait des rentes au seigneur. La superficie restante, 14
acres, avait été sous-fieffée à sept sous-tenanciers différents. De ces sous-
traitan ts, elle recevait évidemm ent des redevances annuelles.3® Il arrivait
égalem ent q u ’un propriétaire réussisse à se décharger des rentes et devoirs
seigneuriaux dont il était norm alem ent responsable en en faisant porter le
poids par le sous-tenancier.39 P ar ailleurs, un tenancier pouvait exploiter di­
rectem ent beaucoup plus de parcelles qu ’il n ’en avouait, s’il avait lui-même
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accepté des terres en sous-fieffe, terres pour lesquelles il payait des rentes
au propriétaire.
Il faut donc, pour se faire une idée juste de la situation de chacun
des tenanciers à l ’intérieur des limites de la seigneurie, non seulem ent tenir
com pte de ce q u ’il avoue, m ais aussi de ce qu’il exploite. Superficie avouée
et superficie exploitée ne coïncident pas toujours et la différence pouvait être
im portante. L ’exemple de la famille du Gaallay cité plus haut l’illustre bien.
A l ’inverse, un tenancier comme Guillaume Castel exploitait en fait plus de
14 acres, presque le double des tenures avouées directem ent sous son nom.
De la même façon, un autre tenancier, Guillaume Manchion, n ’avouait et ne
payait les rentes seigneuriales que pour 2 acres de terre m ais en exploitait
réellement 9. Dans une petite paroisse comme Cideville, on trouvait donc,
à côté de la masse des paysans, deux types de propriétaires-exploitants:
les entrepreneurs, baillant à d ’autres une bonne partie de leurs terres et
les véritables laboureurs, cherchant au contraire à accroître les terres q u ’ils
exploitaient eux-mêmes.
Enfin, en contraste avec ces deux types de situation, il y avait aussi dans
la seigneurie de Cideville, de purs exploitants, ne tenant rien du seigneur
de Cideville. C ’était de le cas de Roger Tonnelieu à qui n ’appartenaient
aucune des parcelles entrées sous son nom. On pourrait penser ces sous-
tenanciers exem pts de tout contrôle de la part du seigneur de Cideville.
Mais celui-ci était prom pt, le tenancier principal venait-il à faire défaut,
a exiger du sous-tenancier le paiem ent de toutes les rentes en souffrance.
Evidem m ent, lorsque d ’autres membres de la famille possédaient des biens
dans la seigneurie, c’est plutôt vers eux que le seigneur se tournait pour
le paiem ent des rentes du mem bre m anquant de la famille. Ainsi Jehennin
d ’Estainem are devait-il assum er les rentes de son frère aîné. Mais dans le cas
contraire, le sous-tenancier était tenu responsable des dettes de son bailleur.
Le terrier de la seigneurie de Cideville m et donc bien en évidence la
complexité des relations entre seigneurs et paysans d ’une part, et entre
paysans d ’autre part. Plus de la moitié des tenanciers40 sont engagés dans
ces transactions croisées par lesquelles ils louaient leurs propres terres et,
dans le même tem ps, acceptaient de tenir des parcelles d ’un autre tenancier.
Le b u t de ces opérations était-il de rendre plus compactes les mouvances
paysannes de sorte à éviter l’éparpillement des parcelles et la dispersion
des efforts? L ’étude de tous les confins ne perm et pas de conclure de
façon totalem ent affirmative. Mais certains exemples sont nets et vont bien
dans ce sens. Ainsi, six des huit parcelles prises en sous-fieffe par Guil­
laum e Castel étaient-elles contiguës à ses propres terres et lui perm ettaient
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donc de se b âtir une mouvance un peu plus homogène. Mais cela ne vaut
m alheureusem ent pas pour tous. On doit donc adm ettre que toutes ces
stratégies échappent pour le mom ent à l’analyse. Elles pourraient bien être
le résultat de calculs financiers ou de situations familiales ou sociales di­
verses. Le tenancier qui loue ses propres terres accroît son revenu des rentes
que lui doivent ses locataires. En acceptant lui-même des terres en sous-
fieffe, il augm ente le produit en nature dont il pourra disposer et q u ’il pourra
écouler sur le m arché sans accroître pour au tan t les charges qui le lient au
seigneur. C haque propriétaire devait peser soigneusement les avantages de
chacun de ces choix.
P ar ailleurs, on peut se demander si la période de crise que connaissait la
N orm andie ainsi que la chute de population avaient un effet sur des pratiques
de ce genre ou s ’il s ’agissait de façons de faire traditionnelles et déjà bien
ancrées dans les habitudes sociales.41 On a m ontré, dans d ’autres régions de
la France com m ent la dépopulation a favorisé l ’apparition et la croissance
d ’un m arché de la terre et a permis à la loi de l ’ofTre et de la dem ande de
jouer à plein.42 Les paysans de Cideville louaient-ils leurs terres parce que
leur famille déclinante ne pouvait plus en assurer l’exploitation? Le m anque
d ’héritiers masculins se fait sentir dans le terrier du fait q u ’un certain nom­
bre de terres sont venues en la m ain des tenanciers qui les déclarent par des
femmes. En Norm andie, on le sait, celles-ci n ’étaient autorisées à hériter de
biens fonciers q u ’en cas d ’absence d ’héritiers masculins dans la famille.
L’au tre aspect intéressant de ces relations entre les paysans est le paie­
m ent de ce que nous appellerons la rente paysanne. Même si le terrier,
à cause de l’irrégularité avec laquelle les m entions de paiem ent des rentes
des sous-tenanciers sont entrées, ne perm et pas de calculer l ’ensemble des
rentes payées par les sous-tenanciers pour les tènem ents qu’ils exploitent,
l ’inform ation à ce sujet est assez abondante pour m ériter quelques rem ar­
ques. Le tenancier qui sous-fieffe ses terres à un exploitant est, de toute
évidence, dans une position avantageuse car la rente qu’il reçoit du sous-
co n tractant est généralem ent supérieure à celle qu’il doit lui-même au sei­
gneur.43 Il y a donc ici une m arge de profit dont on peut penser qu’elle était
calculée de façon à pallier le manque à gagner que représentait la perte
du produit né de l ’exploitation de la terre ainsi cédée. L’écart entre rente
seigneuriale et rente paysanne était parfois im portant. Ainsi l’héritier de
Guillaum e Ausners payait-il 3 d.t. l’acre une parcelle dont la rente seigneuri­
ale ne s’élevait q u ’à 1 d.t. pour deux acres. Rogier Tonnelieu, pour sa part,
acq u ittait une rente de 2 s.t. par vergée là où le tenancier principal ne payait
que 4 d .t..44 Dans ces deux exemples, la rente paysanne était donc six fois
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Tableau 1
Accensements et sous-accensements: prix des rentes

Nom Nom Rentes* Rentes


tenancier sous-tenancier seigneuriales paysannes
R. Mahieu G. Castel 22 d.t. 3 s.t.
J. Le Pesant G. Castel ca 20 d.t. 12 s.t.
R. Mahieu
P. Benart G. Tonnelieu ca 16 d.t. ca 8 s.t.
J. Le Pesant R. Tonnelieu ca 30 d.t. ca 10 s.t.
G. Souain J. Broutet 13 d.t. 24 d.t.
R. des Hayes G. Castel 10 d.t. 12 d.t.
C. du Gaallay G. Ausners ca 1/2 d.t. 3 d.t.
J. P oupart G. Manchion ca 5 d.t. 8 d.t.
*Les rentes ont été normalisées au prix à l’acre,

plus élevée que la rente seigneuriale. Bien que partiel, le tableau de la page
suivante résume les divergences les plus im portantes.
De quel oeil le seigneur voyait-il ces tractations et ces transferts qui
risquaient de morceler le domaine? De toute évidence, il ne pouvait les
empêcher. En principe d ’ailleurs, dans une société stable et peu mobile, il
ne risquait pas grand chose.45 Mais, au moment de la composition du ter­
rier, tel n ’était certainem ent pas le cas. Georges d ’Orbec a pris soin de faire
noter les noms de tous les tenanciers antérieurs des tenem ents, signe qu’il
pouvait y avoir risque de confusion, que la situation était très fluide et la
population très mobile. Dans ce contexte, il devait tenter à tout prix de
garder le contrôle en étan t mis au courant de tout sous-accensement et de
to u t transfert. Mais, à cet égard, les structures juridiques ne sem blent pas
le favoriser a u tan t qu’elles favorisaient les seigneurs anglais.46 Les centaines
de contrats transcrits dans les actes du tabellionnage m ontrent bien que
le seigneur n ’était pas présent au moment de ces transactions.47 De plus,
très peu de contrats m entionnent des droits de prise de possession payables
au seigneur.48 La situation française était plus souple m ais aussi plus dan­
gereuse pour le seigneur. D ’où le soin mis par Georges d ’Orbec à consigner
ces détails dans son terrier. Il avait peut-être déjà été échaudé, comme il
le laisse entendre pour expliquer la perte de 7 acres de terre norm alem ent
tenues par Colin du Gaallay et pour lesquelles il ne réussissait plus à se faire
payer les rentes qui lui étaient dues. Fieffées par le tenancier à plusieurs
sous-contractants, ces terres n ’avaient pas fait l ’objet de contrats en bonne
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et due forme et les transferts échappèrent à l ’attention de Georges d ’Orbec.


Il dut se contenter du témoignage oral d ’un homme m alade, témoignage
imprécis qui ne parvint à lui rendre ni terres ni rentes.49 C ’est peut-être à
cause de pertes de ce genre et pour éviter de nouveaux déboires q u ’il décida
de faire rédiger un nouveau terrier.
Ce terrier témoigne donc du souci de Georges d ’Orbec d ’adm inistrer
sa seigneurie en suivant de très près les destinées de ses terres. Il perm et
égalem ent d ’entrouvrir une porte sur la condition paysanne au m om ent de la
guerre de Cent ans. L’univers dans lequel se mouvaient ces tenanciers était
fait d ’un réseau complexe de relations, d ’obligations, de devoirs m ais aussi
de revenus dont nous ne pouvons malheureusement pas nous faire une image
complète à p artir de la description d ’une seule seigneurie. Mais l’image du
tenancier vivant des produits de sa terre et soumis à son seigneur doit être
abandonnée. Le terrier de Cideville confirme que le m onde paysan était
to u t sauf un univers m onolithique et statique.

L ’Université de Montréal

NOTES

1 R . Fossier, P olyptyques et censiers. Coll. T ypologie des sources d u M oyen âge


o ccid en ta l, fasc. 28: 37 (T o u rn ai, 1978. 70 p .).
2 E n L yonnais, M .-T h . L o rcin d a te le p lu s an cien te rrie r d e 1300: Les campagnes
de la région lyonnaise aux X I V * et X V * siècles: 255, n . 8 (L yon, 1974. 548 p .). Il se ra it
d ev en u d ’u sag e c o u ra n t v ers 1350: R . F éd o u , Le terrier de Jean Jo ssa rd , coseigneur de
C h â tillo n -d ’A zergues (H S 0 -1 4 6 S ): 11 (P a ris, 1966. 137 p .).
3 P. C h a rb o n n ie r, Une autre France: la seigneurie rurale en B a sse A uvergne du
X IV * au X V I e siècle: 16. (C lerm o n t-F e rra n d , 1980. 2 vol.); G . F o u m ie r, “Le* origines
d u te r rie r en B asse-A uvergne, X '- X V ' siècles” , R evue d ’A uvergne, 69(1955): 117-18.
4 E . G ru te r, “Le te rrie r, livre d e la féodalité” , L ’H istoire, 9(1979): 8 0 -8 2 ; A. Soboul,
“D e la p ra tiq u e d e s te rrie rs à la veille d e la R évolution” , A n n a le s ( E co n o m ies, Sociétés,
C ivilisa tio n s), 1964: 1049-65.
^ E . P erro y , “L a crise économ ique d u X IV e siècle d ’ap rès les te rrie rs foréziens” ,
B u lle tin de la D ia n a , 29(1945): 80.
® Les c a r t u l aires so n t p lu s n o m b reu x . À côté des c a r t u l aires des in s titu tio n s ecclé­
sia stiq u e s d o n t c e rta in s o n t é té é d ité s ou o n t fa it l ’o b je t d ’é tu d e s poussées, c e rta in s
c a rtu la ire s d e fam illes n o b les so n t é g alem e n t connus. Voir p a r exem ple: M . L epingard,
“Le c a rtu la ire d e l ’E glise N o tre -D am e de Saint-L ô” , N otices, m é m o ires et d ocum ents
publiés par la S o ciété d ’agriculture, d ’archéologie et d ’histoire naturelle du D ép a rtem en t
de la M anche, 17(1899): 99-1 4 6 ; 18(1900): 131-46; 19(1901): 72-85; v o ir a u ssi L. Delisle,
“Le c a rtu la ire d e G u illa u m e d e C ro ism are ” , B u lle tin de la Société de l ’h istoire de N o r­
m andie, 7(1893-1895): 122-55 ain si que les thèses de M . B o u d in s u r le c a rtu la ire d e la
fam ille P e iT O t e de B re tte v ille -l’O rgueilleuse, e t de L. L arochelle s u r celui d e la fam ille Le
DENISE ANGERS 161

C h ev alier de C a en , conservées to u te s d eu x a u x A rchives d é p a rte m e n ta le s d u C alvados.


À d é fa u t des thèses, o n p o u rr a lire les a rticle s su iv an ts: M . B oudin, “D u la b o u re u r aisé
a u g e n tilh o m m e c am p ag n a rd ; les P e rro te de C airo n d e B re tte v ille-l’O rgueilleuse (1 3 8 0 -
1480) , A n n a le s de N o rm a n d ie t 13(1963): 237—68; L. L arochelle, “S u r les tra c e s d ’une
fam ille b o urgeoise de C aen a u XVe siècle: l ’ascension sociale des Le C h e v alier” , Ibid.,
3 8 /1 (1 9 8 8 ): 3—18. Le m an u sc rit B N , n o u v . acq. franç. 1122 est ég alem ent u n c a rtu la ire
(fam ille Le Pigny, 1382).
^ L. M u sset, “Les censiers d u M ont-S aint-M ichel. E ssai de re s titu tio n d ’u n e source
h isto riq u e p e rd u e ” , R evue du d épartem ent de la M anche, 2(1960): 284-99; Id ., “À p ro p o s
des censiers d u M ont-S aint-M ichel. N ote com p lém en taire” , Ibid., 3(1961): 38 8 -8 9 ; Id.,
F ra g m en t d ’u n cerisier d e l ’a b b ay e d u M ont-S aint-M ichel p o u r le m a n o ir d ’A rdevon
(X IV e siècle)” , Ib id ., 5(1963): 146—50; Id ., “Y a -t-il eu u n e ré a c tio n seig n eu riale d a n s le
N o rd d u C o te n tin sous l ’o c c u p a tio n an glaise?” , A n n a le s de N o rm a n d ie, 13(1963): 2 0 5 -
07 (u tilise e t r e p ro d u it u n e p a rtie d u te rrie r d e S o tte v a st, u n d o c u m e n t d e 33 folios,
p a rtie te rrie r, p a r tie c a rtu la ire fa it e n 1428 à la d e m a n d e des religieux d e la T rin ité d e la
Lesse: B N , n o u v . acq. franç. 1416); Id ., “A u to u r d u c e n s ie r d u M esn il-R ain fray (M anche,
c a n t, d e Ju v ig n y le T e rtre ). A p e rçu s s u r l ’h isto ire d e la seigneurie ru ra le d a n s le B ocage
N o rm a n d ” , Le P ays B a s-N o rm a n d , 63(1971): 2—17. N otons en p lu s, p o u r l ’o u e st de la
N o rm a n d ie , le m a n u s c rit BN , n o u v . acq. franç. 1373, qui e st u n c o m p te p o u r la te rre de
T ro isg o ts (M anche) en 1412-1416, e t le m an u scrit BN , n o u v . acq . fran ç . 20958-118, u n
d é n o m b re m e n t d u fief d e M a u ta le n t en 1492.
® C rise du féo d a lism e. (P a ris, 1976. 412 p .). S ignalons e n p lu s l'a rtic le de H.
D u b o is, “Q uelques q u e stio n s posées a u ‘L ivre des J u ré s ’ d e S a in t-O u en d e R o u e n ” , Les
A bbayes de N o rm a n d ie : 181—189. A ctes d u X IIIe C ongrès des Sociétés h isto riq u e s et
archéologiques d e N o rm an d ie. C a u d eb ec, 1978. (R o u e n , 1979), à p ro p o s d ’u n m a n u sc rit
q ui m é rite ra it d ’ê tre d a v an tag e exploité e t connu.
9 P o u r la p é rio d e d e g u e rre n o to n s en 1414, le te rrie r des Filles-D ieu d e R o u e n , u tilisé
p a r F . C h a u b e , “Les Filles-D ieu d e R ouen a u x X IIIe-X V e siècles. E tu d e d u processus
d e ré g u la ris a tio n d ’u n e co m m u n a u té religieuse” , R evue M abillon, 62(1990); en 1430,
celui d e la seigneurie d e S and o u v ille (com . c an . d e S a int-R om ain-de-C olbosc, a rr. du
H a v re ), d é p e n d a n t d e S a inte-V aubourg, u n p e tit d o c u m e n t r a p p o rta n t 35 d é c la ra tio n s de
ten a n cie rs; p lu s im p o s a n t p u is q u ’il d é c rit 748 p arcelles, le te rrie r d e M anneville-ès-P lains,
d ressé e n 1431 p o u r les religieuses d e l ’a b b ay e d e M ontivilliers; enfin, m ais b e a u c o u p p lus
ta rd if, le te rrie r d u fief de VrayvUle a u N eu b o u rg d e 1527, connu p a r u n e copie d e 1658.
10 C .T . A 11mand, “D o cu m en ts R e la tin g to th e A nglo-French N e g o tia tio n s o f 1439” ,
C am den M iscellany, 24: 143 (L ondres, 1972) cité d a n s A .E . C u rry , “Le service féodal en
N o rm a n d ie ” , La France ‘anglaise’ au M oyen Âge: 239 (A ctes d u I I I e C ongrès n a tio n a l
des Sociétés sa v a n te s, P o itie rs, 1986. P a ris, 1988.).
ü C om . c an . d ’Y erville, a rr. d e R ouen. T o u te s nos id en tificatio n s d e lieu x v ien n en t
d e C h. d e B e au re p aire e t J . L a p o rte , D ictionnaire topographique du D é p a rtem en t de
S e in e -M a ritim e . P a ris, 1984. 2 vol.
12 C et a rtic le e st la version ap p ro fo n d ie d ’u n e c o m m u n icatio n p ré sen té e a u C olloque
d e la Société des H u m a n iste s d ’O tta w a -C a rle to n en m a rs 1991.
^ Ce te r rie r a p p a rtie n t à u n c o llectio n n eu r p rivé.
14 Les re g istre s d u tab e llio n n a g e d e R o u e n fo n t é ta t, en 1381, d ’u n c e rta in Ja c q u e t
d ’O rb e c, frère d e M ess. G uillaum e d ’O rbec, ch anoine d e H arlebeke en F la n d re . Les d eu x
so n t “d is d ’O rb e c ” e t h a b ita ie n t la p aroisse S t-E rb la n c de R ouen: A rchives d é p a rte m e n ­
ta le s de la S ein e-M aritim e (d éso rm ais A D SM ), 2 E l /1 5 3 , 21 a o û t e t 27 se p te m b re 1381.
C e Ja c q u e t é p o u sa Alis M arguerie, fille de J e a n M arguerie. C om m e le r a p p e la it R io u lt de
162 FLORILEGIUM 10, 1988-91

N euville, le n o m d ’O rb e c n ’é ta it p a s ra re d a n s la région de R ouen: “Les b a ro n s d ’O rb e c ” ,


M é m o ires de la Société des A n tiq u a ires de N o rm a n d ie , 30(1880). D fa u t donc se g a rd e r
d e con fo n d re les d ’O rb e c de C ideville avec u n e fam ille de b ourgeois d e R o u en qui a v ait
d o n n é à la ville to u te u n e série d e m aires a u X IV e siècle.
N ous n ’avons p u id en tifier le b e au -p ère de Ja c q u es d ’O rb ec. M ais le p a tro n y m e
C raso y sel se re tro u v e fréq u e m m e n t d a n s les d o c u m e n ts c o n ce rn an t la vicom té d e R ouen.
L es C raso ysel a v aien t des h é rita g e s p rès de G rosfy e t de S t-O u e n -d u -B reu il. P o u r ce
q u i e st d e la fam ille d e B e rn ab o sc, c ’est d ’a b o rd le te rrie r q ui n o u s fa it c o n n autre son
existen ce. R o b e rt d e B e rn ab o sc y est donné com m e a y a n t te n u le fief de C lerchy acquis
p a r Ja c q u e s d ’O rb ec e n 1385: ten e m en t 1. E n 1400 e t en 1467, la fam ille d e B e rn ab o sc
t e n a it u n fief d u b a ro n d ’E sn ev al a u M e sn il-E sn ard (can. B oos, a rr. R o u e n ): A. F iq u e t,
“A v eu x d e la b a ro n n ie d ’E sn ev al a u x X IV e, XVe e t X V Ie siècles” , M élanges de la Société
de V histoire de N o rm a n d ie , 12(1933): 13-16. Q u a n t à R ic h a rd D iv e to t, il n e sem ble
p a s y a v o ir de h e n s ici avec R ic h a rd d ’Y v e to t, é p o u x d e Je a n n e P a n to u f, ni avec Je h a n
d ’Y v e to t d e T aillanville qui é p o u sa Je h a n n e d e Saâne: L.-A. B eaucousin, H istoire de la
p rin c ip a u té d ’Yvetot. Ses rois-ses se ig n eu rs: 7 3 -75 (R ouen, 1884. 344 p .).
C om . d e B o c asse -V alm artin c an . d e C lères, a rr. de R o u en . T errier, fol. 67 ss.
Le v e n d e u r é ta it G u illa u m e d e G rugny, écu y e r d e C o tté v ra rd (com . c an . B ellencom bre,
a r r. R o u e n ). N e u f a n s p lu s ta r d , e n 1394, celui-ci céd a ce fief d e G ru g n y à G eorges de
C lères p o u r le p rix d e 480 l.t.: A D SM , 2 E l /1 5 5 , 23 ju in 1394.
L a fam ille d e C lères a v ait au ssi, e t d e p u is lo n g tem p s, d ’a u tre s fiefs d a n s la région
im m é d ia te ; e n tre a u tre s les fiefs d u B ocasse e t d e L a H oussaye (L a H oussaye-B éranger
c a n . C lères, a rr. R o u e n ) q u i a v aien t é té a jo u té s a u x b ien s de la fam ille de C lères p a r
J e a n II vers 1260: F .-A . A u b e rt de L a C hesnaye-D esbois, D ictio n n a ire de la noblesse,
vol. 5, col. 848 (P a ris, 1770-1786. 15 vols).
C h. 1. c a n ., a rr. M o rtag n e-au -P erch e.
19 A D SM , 2 E l /1 6 1 , 1er m a i 1406.
T errie r, p ag e d e g a rd e verso. L a fam ille d e S aân e, é ta it de la région d e R ouen:
E .D ., c o m te de M agny, N obiliaire de N o rm a n d ie : 133 (P a ris, 1863—1864. 2 vols). E lle fu t
trè s a c tiv e a u p rè s d u roi d ’A n g le te rre a p rès la co n q u ête. A insi Je a n d e S aân e, seig n eu r
d e S a â n e (S aâne-le-B ourg, h a m . com . d e S a â n e-S ain t-J u s t c an . d e B acqueville-en-C aux,
a r r. d e D ie p p e), avec lequel M arie é ta it p ro b a b le m e n t p a re n te , fu t e n 1429 a m b a ssa d e u r
p o u r le d u c d e B ed fo rd a u p rè s d u ro i e n A n g le te rre en rem p lac e m e n t d e “M o nseigneur le
c a rd in a l d ’A n g le te rre ” : P a ris, B ib lio th èq u e n a tio n a le , pièces originales (d éso rm ais BN,
p .o .), 2626, 5 e t 6. E n 1431, il fu t chargé d e la v isite des “c h arp e n tie rs, m aço n s, c an o n ­
nière, p io n n ie rs” e t a u tre s o u v riers, em ployés p o u r faire les “a b illem en ts d e g u e rre ”
néce ssa ires a u re c o u v re m e n t d e la to u r d u c h â te a u d e R ouen occupée p a r les ennem is
“q u i d ’em blée c u y d o ie n t g u a ig n e r le c h aste l d ’icelle ville e t p a r force o n t esté re b o u te z
d e d a n s icelle grosse to u r laq u elle ilz te n o ie n t” . À p a r tir de 1434 ju s q u ’e n 1455, u n J e a n
d e S a â n e re ç u t u n e p e n sio n régulière en t a n t q u e conseiller d u roi: BN , p.o . 2599, 4 -
19. E n 1467, il e st n o m m é d a n s l ’aveu d e R o b e rt d e D reux p o u r la b a ro n n ie d ’E sneval
co m m e d é te n a n t, d a n s la vicom té d e L ongueville, 45 a cres “q u e b o y s que te rre s ” , e n tre
la S eine, le M esn il-R u ry (h a m . com . de T orp-M esnil c an . d e D oudeville, a rr. d e R ouen)
e t C a lto t (h a m . com . d e S a in t-L a u re n t-e n -C a u x c an . d e D oudeville): A. F iq u e t, op. cit.,
12(1933): 29, e t A N , P 19252-47618. E n 1482, il é ta it n o n seulem ent se ig n eu r d e Saâne
m a is a u ssi d e V ig u em are (M ottes-d e-V ig u em are, é c a rt com . d e S a â n e-S ain t-J u s t): BN,
p .o . 2 5 99-20.
DENISE ANGERS 163

^ R ôles n o rm a n d s e t français e t a u tre s pièces tirées des A rchives de L ondres p a r


B réq u ig n y en 1764, 1765 e t 1766” , M ém oires de la Société de» A n tiq u aires de N o r­
m a n d ie , 23(1858): 224, no. 1262. N o te r c ep e n d an t que L a R o q u e de L a L o n tière so u tien t
q u ’ils fu re n t privés d e leu rs b ien s p o u r avoir so u te n u la cau se d u roi de F rance: H istoire
généalogique de la M aiso n d ’H a rco u rt: 1882 (P a ris, 1662. 4 vols).
22 C orn. d ’A ncrétiév ille-S t-V icto r can. d ’Y erville, a rr. d e R ouen.
23 H am . com . H ugleville-en-C aux can. Y erville, a rr. R ouen. T errier, folio 81. Le fief
fa isa it p a rtie d u fief de R o u m are e t s ’a p p e la it d ’ailleurs le fief d u “q u a rtie r de R o u m a re ” .
n é ta it assis à H ugleville e t à A nqu etierv ille (A ncretiéviU e-St-V ictor c an . Y erville, a rr.
R o u e n ). D e R a o u l C rasoysel, c e tte te rre d e G rosfy é ta it passée à G u illa u m e M artel,
se ig n eu r d A ngierville (A ngerville-larM artel c an . V alm ont, a rr. Le H a v re), p u is à R aoul
F ro n te b o sc e t enfin a u se ig n eu r d ’E sneval d e qui G eorges d ’O rbec la te n a it. C e p e n d a n t
elle n e fa isa it p a s p a r tie de la te rre d ’E sneval. À G rosfy, la fam ille d ’O rb e c d é p e n d a it
aussi d e S a in t-W an d rille a cause d u fran c fief d u H am el q u e l ’a b b ay e p o ssé d a it d a n s sa
b a ro m u e d e Sierville: A D SM , 16 H 215, fol. ix xxxvir e t v iiiKxiiiv. Le te rrie r m en tio n n e d e
p lu s à G rosfy, les n o m s d e G u illa u m e C rasoysel e t de Je h e n n e C rasoysel (tè n e m e n t 249),
fem m e d e J e h a n de V eulles, b e lle -so eu r d e Ja c q u es d ’O rb e c e t t a n t e d e G eorges.
24 r j . . .
L a possession d e c e tte vavassone indique-1t-elle q u e G eorges d ’O rb e c a v ait des
frères? S elon L. R io u lt d e N euville, op. cit.: 743-44, qui su it p e u t-ê tre e n c ela L a R oque
d e L a L ontière, op. cit.: 1882, G eo rg et d ’O rbec e t M arie de S aân e a u ra ie n t e u d eu x fils,
Je a n e t C olin seigneurs d e S t-V ic to r, de B ibos e t d e V a lm a rtin qui a u ra ie n t fa it foi p o u r
le u rs fiefs e n 1477. N ous n ’en avons tro u v e a u c u n e tra c e d a n s les d o c u m e n ts. P a r c o n tre
ces d e u x a u te u rs ig n o re n t l ’h é ritie r d u fief d e C ideville, G eorges. V oir aussi B N , D ossiers
b leu s 501. R io u lt de N euville, op. cit.: 743, fa it d e J e a n seul le seig n eu r d e B ibos e t de
V a lm a rtin e n 1477.
25 Le V ivier, com . C lères c an . C lères, a rr. R ouen.
À la fin d u X IV e siecle, le seigneur d ’H erm anville, À ne p a s c o n fo n d re avec la
fam ille d ’H erm anville de la vicom te d e C aen, é ta it Je a n M asquerel: R o b e rt d ’E s ta in to t,
“R oole d e la p e rq u isitio n fa ite des p e rso n n es nobles d u bailliag e d e C a u x , E v reu x , G isors,
co m m e n ça n t le 19 ju in 1523” , R evue nobiliaire historique et biographique (S a n d re t),
n o u v . sér. 5(1869): 136. C e tte fam ille sem ble a v o ir c o n tin u é à jo u ir d e so n fief a u cours
d u X V e siècle.

G rosfy, com . d H ugleville-en-C aux c an . d ’Y erville, a rr. d e R ouen; B ourdainville,


com . c an . d ’Yerville; L a Fontelaye, com . can. d e T ô tes, a rr. de D ieppe.
V oir la c a rte .
L es renvois a cet a n cien d o c u m e n t so n t trè s fréq u e n ts d a n s le te x te d u te rrie r, soit
p o u r in d iq u e r u n c h an g e m e n t d a n s le parcellaire o u d a n s le p a ie m e n t d e s re n te s. C ’est
d o n c u n e en q u ête qui s ’a p p u ie s u r u n p ré cé d en t, o ù Mle fa it d ’u n a n c ie n p a ie m e n t . . .
é ta b lit la ch arg e e t le d ro it d u se ig n eu r k réclam er u n n o u v e au p a ie m e n t” : A. D eléage,
“L es a n cien s te rrie rs d e l ’a b b ay e d e S aint-S ym phorien-lès-A utun (1 3 8 2 -1 4 5 2 )” , A n n a le s
de B ourgogne, 5(1933): 163.
A u X V e siècle, d a p rès R . F ossier, le seigneur a v a it b eso in d e le ttre s d e chancellerie
1 a u to ris a n t à faire c o nvoquer e t in te rro g er ses ten a n cie rs p a r u n e n q u ê te u r. O n p e u t
facilem en t im a g in er q u e ceux-ci n ’a p p réc ia ien t p a s p a rticu lière m en t ces e n q u êtes. La
le ttr e a te rrie r d e v in t le seul m oyen de les c o n tra in d re . E n m êm e te m p s, c e tte exigence
m e tta it des lim ite s à l ’a rb itra ire seigneurial. D ans u n te rrie r d e 1527, o n tro u v e c e tte
in d ic a tio n q u e le seig n eu r n ’a v ait le d ro it que “de faire b a ilü e r u n e fois à sa vie a d v e u à
ses h o m m e s” : B N , n o u v . acq. franç. (1418, fief de V rayville). R. Fossier, op. cit.: 47.
164 FLORILEGIUM 10, 1988-91

31 A .E . C u rry , op. cit.: 243 a relevé q u a tre sem onces d e nobles en 1429. Voir
a u ssi C .T . A 11ma n d , L ancastrian N o rm andy, 1415-1450. The H istory oj a M edieval
O ccupation: 33 (O xford, 1983. 349 p .).
32 ex em p le en B o u rb o n n ais: R . H om et, “E n fren tam ien to d e los p ro b lem as del
siglo XV p o r la a d m in istra c io n d el d u q u e de B o u rb o n n a is. L a c a ste lla m a H érisson segun
el te rrie r de 1457” , E stu d io s en H om enaje a D on Claudio Sanchez A lb o m o z en sus 90
ano»: 393 (A nejos C u a d e m o s de H isto ria de E sp a n a. B uenos-A ires, 1986); R . F é d o u ,
op. cit.: 53.
33 50 p aro issien s a u X IIIe siècle, 60 feux v ers 1370 e t 64 en 1497: “P o ly p ty ch u m
D i o c e s i s R o th o m a g e n sis” , R ecueil des h isto rien s des Gaules et de la France, t. 23: 228-31
(D om B o u q u e t, é d . P a ris, 1868-1904. 24 vol.), B N , m s. franç. 26002-122 e t 25924-1135.
34 C ’e st-à-d ire d o n t il a v ait l ’h a b itu d e d e p o sséd er les titre s.
35 p o u v a it s ’a g ir de saisies p o u r d e tte s o u d e la p ro c éd u re d e r e tr a it p o u r lignage
d e b o u rse ” . A insi le 16 ja n v ie r 1425, L a u re n t A vice a -t-il p ris à ferm e p lu s de 18 acres
de te rre de T h o m a s d ’A lib ert qui a v ait o b te n u ces terre s “p a r d é c re t su r le d it L a u re n s” :
A D SM , 2 E l /1 7 2 ; v oir aussi “Le sty le d e p ro c éd e r en N o rm a n d ie ” , M ém oires de la
S o ciété des A n tiq u a ire s de N o rm a n d ie, 18: c h a p , lvii, De clam eur et m archié de bourse.
36 Lç p ro c essu s d ’am enuisem ent d e s b ien s possédés p a r la fam ille A vice c o n tin u a a u
co u rs d u X V e siècle com m e e n tém o ig n e u n c o n tra t d e 1483 p a r lequel G eorges d O rb ec
e n tr a e n possessio n d ’u n e pièce d e te rre a u tre fo is possédée p a r L a u re n t A vice, a lo rs en la
possessio n d e J e a n d u H o m m et, p r o c u re u r k R ouen. Celui-ci l ’a v ait acquise p a r d é cre t:
A D SM , 2 E l /2 0 9 , 7 ja n v ie r 1483. N otons en co re q u ’à la fin d u X V Ie siècle, u n seul
tè n e m e n t é ta it en co re e n tre les m a in s de c e tte fam ille.
37 g B ois, d a n s so n é tu d e s u r la N o rm an d ie, a a d m is la possibilité d e telles dis­
c o rd an ces. Il c ro it c e p e n d a n t le ph én o m èn e m inim e: op. cit.: 145. M êm e en A n g leterre
o ù les so u rces d isp o n ib le s o n t p e rm is a u x h isto rie n s d e p o u sse r trè s lo in l ’a n aly se de
l ’économ ie d o m an ia le , ceux-ci a d m e tte n t n e rien savoir, d a n s c e rta in e s régions, d e ces
o b lig a tio n s p a y sa n n es: “we know n o th in g o f th e r e n ts ch arg ed b y p e a s a n ts a m o n g th e m ­
selves” : R . F a ith , “B erkshire: F o u rte e n th a n d F ifte e n th C e n tu rie s” , T he P ea sa n t Land
M a rk et in M edieval England: 126 (P .D .A . H arvey, éd. O xford, 1984).
38 C es red ev an ces é ta ie n t payées en n a tu re ou en a rg e n t. L e u r ex iste n ce n e fa it p a s
d e d o u te m ais les som m es payées n e so n t m alh e u re u se m en t p a s to u jo u rs indiquées.
39 D es s itu a tio n s sem blables n a issa ie n t d ’a rra n g e m e n ts p a rtic u lie rs e n tre ten a n cie rs,
telle c e tte e n te n te e n tre G u illau m e Le B orgne e t Je h e n n in C a rb o n n el, le v é rita b le p ro ­
p rié ta ire d u tè n e m e n t in sc rit sous G . Le B orgne. Ce d e rn ie r p a y a it les re n te s dues a u
se ig n eu r à la su ite d 'u n e e n te n te conclue e n tre so n p è re e t celui d e J . C a rb o n n el, le
tè n e m e n t e n q u e stio n é ta n t v en u à so n père à la su ite d ’u n échange avec le p è re de
J. C a rb o n n e l. M ais c et échange a y a n t é té ju g é inégal à l ’a v an tag e d u p è re d e G . Le
B o rg n e , celui-ci a c c e p ta , e n co m p e n sa tio n , de se c h arg e r des re n te s seigneuriales. Les fils
n e fa isaien t q u e c o n tin u e r l ’e n te n te.
40 37 p e rso n n e s su r 54.
41 Le p a y s d e C a u x e st a u jo u r d ’h u i d écrit com m e u n e rég io n o ù le ferm age dom ine.
D ’a p rè s A. F ré m o n t, A tla s et géographie de la N orm andie: 122 (P a ris, 1977. 289 p .), les
tro is -q u a rts d e la superficie d u sol a p p a rtie n n e n t à des n o n -e x p lo itan te. Il s ’a g it là d ’u n e
des p lu s fo rtes p ro p o rtio n s de to u te la N orm andie. E n m êm e te m p s, la surface d isponible
p a r tra v a ille u r s e ra it l'u n e des p lu s faib les d e to u te la N o rm an d ie. C es co n sid ératio n s,
to u te s c o n te m p o ra in es, re n d e n t c e p e n d a n t u n son trè s fam ilier p o u r le m éd iév iste. N est-
ce q u e le ré s u lta t d u h a sa rd ?
DENISE ANGERS 165

42 C ’e st ce q u e sem ble affirm er R. H om et p o u r le B o u rb o n n a is: E n fren ta m ie n to


. . . : 395 e t 402. R . F a ith , op. cit.: 121 e t 158.
43 n n ’y a d a n s les te rrie r q u ’u n seul exem ple c o n tra ire à c e tte “rè g le ” , la re n te
p a y sa n n e e t la re n te seigneuriale é ta n t e x ac te m en t de m êm e valeur.
44 Ici ( les re n te s so n t a p p ro x im ativ es c a r elles é ta ie n t payées e n n a tu r e e t en a rg en t.
Nous avons c o n v erti les re n te s e n n a tu re d e la façon suivante: 1 c h a p o n , 2 s. 4 d .t.;
10 oeufs, 5 d .t.; 1 b o isse a u d ’orge, 2 s .t., d ’après u n e “ap p réc ie ” d e 1427, c o n ce rn an t,
m alh e u re u se m en t, la vicom te de C o u tan ces: BN , m s. franç. 26050-778. N ous n ’avons
tro u v é a u c u n e a p p réc ie to u c h a n t la vicom té de R ouen.
45 S u rto u t si les re n te s é ta ie n t payées e n a rg e n t. L o rsq u ’elles é ta ie n t payées en
n a tu r e , e t lo rsq u ’il y a v a it services e t corvées, il é ta it facile de c o n to u rn e r la difficulté en
re n d a n t u n seul te n a n c ie r re sp o n sa b le d e to u s les p a ie m en ts. V oir P .D . A. H arvey, op. cit.:
345.
T o u te te rre qui fa isa it l ’o b je t d ’u n e tra n s a c tio n re to u rn a it d ’a b o r d a u se ig n eu r
qui a c c e n sa it lui-m êm e a u n o u v e a u ten a n cie r: P .D .A . H arvey, op. cit.: 24. M ais d a n s
le B erk sh ire, c e rta in e s tra n s a c tio n s se fa isaien t sa n s le co n trô le seigneurial: R . F a ith ,
op. cit.: 112.
^ O n se c o n te n te d e co n firm er l ’e xistence d e re n te s seigneuriales k p a y e r lo rsq u e
c ’é ta it le cas, e n p ré c isa n t qui d e v ra en a ssu m e r le coût.
46 L ’éq u iv alen t des “e n try fines" anglais.
49 M\^ e t tr e q u e il m e fa u t ichy se p t acres de fieu q u e G a a lla y n e b aillie p o in t p a r
escroe, q u e il fa u t q u é rir.” Le te x te d é crit e n su ite m in u tieu sem en t ces a cre s p e rd u e s
e t explique c o m m e n t G eorges d ’O rbec te n t a d e tire r la s itu a tio n a u c la ir avec le sous-
ten a n cie r: “M e ttre q u e a u d e v a n t que G uillaum e S ouain tre s p a s s a t, G eorges d e O rbec
lu y e n p a r la à R o u en , e t il lu y re sp o n d it q u e il sav o it b ien que il en te n o it a u b o u t d e ses
te rre s . . . e t que il n ’e n a v o it p o in t baillié d ’escroe a u d it G a allay p o u r q u e il n e sa v o it
c o n b ie n il e n te n o it n i com bien il e n d ev o y t. M es bien savoyt d e c e rta in q u e il n e te n o it
p o in t to u te s les vii a cres e t q u e il n ’en c u y d o it te n ir q u e iii o u iiii a cre s a u p lu s, p a r p e tite
re n te re n d a n s a u d it G a allay com m e aisné.”
166 FLORILEGIUM 10, 1988-91

LOCALISATION DES BIENS DE LA FAMILLE D'ORBEC


DANS LA RÉGION DE CIDEVILLE ET DE CLÈRES
AUX XIVe- XVTeSIÈCLES

\ O St-Victor-la-Campagne
fstlS ârtin-aux-A rbrea
| • St-Ouen-du-Breuil

\
î St-Étienne-le-Vieux
• H ugleville-cn-Caux

Valm artin
• Bosc-Nouvel
Limésy G rosfyO • le Bocasse
• Clères
Ste-Austreberthe
O Le V ivier
•Cordclleville

2 km

• Lieux où la famille d'Orbec possédait des biens


O Fiefs appartenant à la famille d'Orbec
® Chefs - lieux de canton

--------- Le fief de Cideville

Région immédiate de Cideville

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