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CHAPITRE 1 : La migration : cadre théorique et conceptuel

Introduction

Au cours des 30 dernières années, l’immigration constitue un phénomène majeur dans le


monde. Après 1945, les pays occidentaux ont attiré un nombre important de travailleurs
étrangers venant en particulier de pays en développement d’Afrique, d’Asie, du Moyen-
Orient, on parle alors de boom d’immigration. Ce phénomène qui est la migration est de plus en
plus intéressant qu’il a besoin d’être décortiqué ce qui fera l’objet de ce chapitre qui sera
subdivisé en deux grandes sections. La première portera sur les principaux concepts liés à la
migration, la deuxième exposera les différentes théories sous-jancentes.

Section 1 Migration : les principaux concepts

Depuis les cinq dernières décennies, le thème de la migration interne a attiré l’attention des
économistes, des sociologues et des chercheurs en général. Pour cela, une pluralité des
approches ont été élaborées afin de définir certaines notions et concepts liés à la migration.
Dans un premier temps, nous proposons de définir la migration tout en intéressant à ses
différents types. Nous présentons dans un deuxième temps les modèles basiques de la
migration.

I La migration : définition et types

1 Définition

Pour définir la migration, certains auteurs (Simmons 1987) suggèrent la présence de trois
critères à savoir le changement de résidence, d’emploi et des relations sociales. En général, on
retient le premier critère (le changement de résidence) comme définition de la migration. La
migration est définie alors comme étant « le déplacement d’une personne ou d’un groupe de
personnes, soit entre pays, soit dans un pays entre deux lieux situés sur son territoire. La
notion de migration englobe tous les types de mouvements de population impliquant un
changement du lieu de résidence habituelle, quelles que soient leur cause, leur composition,
leur durée, incluant ainsi notamment les mouvements des travailleurs, des réfugiés, des
personnes déplacées ou déracinées »1.

La migration est l’acte de migrer c'est-à-dire quitter son pays pour séjourner d’une manière
durable ou définitive dans un autre pays. La migration est définie comme étant un ensemble
1
Glossaire de la migration 2007

1
de déplacements ayant pour effet de transférer la résidence des intéressés d'un certain lieu
d'origine ou lieu de départ à un certain lieu de destination ou lieu d'arrivée. L’objectif de
l'immigration est de trouver un emploi et de retrouver une meilleure qualité de vie.

Cette définition stipule que la migration présente deux dimensions : l’une temporelle et l’autre
spatiale. Cependant, il ya une relation entre ces dimensions puisqu’on ne peut pas dire que le
déplacement dans l’espace est une migration s’il n’ya pas une durée déterminé pour ce
déplacement. Les différents problèmes liés au concept de la migration ne se limitent pas
uniquement aux dimensions temporelles (la durée) et spatiales (la distance) mais plutôt à
l’intérêt de ce mouvement. Par exemple, comment savoir si on est dans un état de migration
ou bien dans un séjour touristique. Pour répondre à cette question, on fait appel
essentiellement à la dimension temporelle qui permet de calculer la durée de la migration qui
se mesure par le temps effectué depuis la sortie de lieu d’origine. Plusieurs enquêtes
démographiques ont conclu que l’individu ne se trouve dans un état de migration que s’il
dépasse six mois. Par ailleurs, les auteurs (Ba Cheikh 1995 ; Guilmoto 1997, OIM 2007) ont
diminué la durée de la migration jusqu’à trois mois en distinguant entre la migration de
longue durée (plus d’un an) et la migration de courte durée (plus de 3 mois et moins d’un an).

Par contre, la dimension spatiale renferme la notion de résidence et de mouvement spatial. Le


concept de l’espace revient au sens du changement de local (c’est la région : qui est définit
comme une petite entité géographique appartenant au pays). Donc, l’individu quitte son lieu
d’origine où il vit dès sa naissance et se dirige vers d’autres lieux.

2 Émigration – Immigration, externe-interne : clarification

On parle de l’émigration lorsque le déplacement correspond à une sortie pour le territoire


considéré et à un départ pour le migrant. C’est une terminologie sorties - sortants et
émigration, émigrants. Dans ce contexte, le migrant se définit comme étant : «personnes se
déplaçant vers un autre pays ou une autre région aux fins d’améliorer leurs conditions
matérielles et sociales, leurs perspectives d’avenir ou celles de leur famille »2.

Le migrant est alors un individu rationnel qui prend sa propre décision de migrer dans le but
d’améliorer sa vie. Le migrant quitte son lieu d’origine et se dirige vers un autre lieu. Le lieu
d’origine ne représente pas toujours le lieu où l’individu est né mais son lieu de départ3.

2
l’OIM, 2007
3
Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) (2014).
2
Par contre, on parle de l’immigration lorsque le déplacement correspond à une entrée pour le
territoire considéré et à une arrivée pour le migrant. Donc, c’est une terminologie entrées -
entrants et immigration - immigrants.

Par ailleurs, la migration interne est définie comme étant le « mouvement de personnes d’une
région d’un pays à une autre afin d’y établir une nouvelle résidence. Cette migration peut être
provisoire ou permanente. Les migrants internes se déplacent mais restent dans leur pays
d’origine ».4

Partant de cette définition, la migration interne peut prendre plusieurs formes : rurale-rurale,
urbaine-urbaine, urbaine-rurale et rurale-urbaine. Elle peut être définitive, sur une longue ou
courte période ou saisonnière (Oucho & Gould 1993).

La migration interne définitive est différente de celle d’une longue période. Par contre, la
migration d’une courte période se fait périodiquement alors que celle saisonnière se fait
régulièrement au cours de l’année. Ainsi, le phénomène de l’urbanisation est le résultat d’une
forte intensité de migration interne définitive (exode rural) qui aggrave la situation
économique d’un pays.

Quant à la migration externe, elle correspond au fait que le lieu d'origine et le lieu de
destination se trouvent, l'un compris à l'intérieur, l'autre situé à l'extérieur du territoire
considéré.

II Les modèles de migration : notions basiques

Certains modèles tentent de décrire entre autres les relations entre la migration et certaines
variables telles que la distance, le nombre d'emplois disponibles, le montant du revenu
escompté, etc. alors que d’autres essayent de l'expliquer. Nous présentons dans ce qui suit la
description de quelques modèles simples de type plutôt descriptif.

1 Les modèles de gravitation

La variable retenue est la distance. Ce modèle considère la migration entre deux régions i et j.
Soit Pi et Pj la population de ces régions, dij la distance entre (i) et (j), n un paramètre à
déterminer et k une constante. La migration entre i et j est proportionnelle aux populations Pi
et Pj et inversement proportionnelle à la distance qui sépare ces deux zones élevée à une
puissance n qu'il faut déterminer.
4
l’OIM, 2007

3
Soit Mij le nombre de migrants qui se sont déplacés de la région i à la région j :

𝑝𝑖 𝑝𝑗
Formule de Pareto : Mij= 𝑘 𝑛
𝑑𝑖𝑗

Cette formule est la base du modèle de gravitation. La critique qu’on peut adresser à ce
modèle porte sur le fait que ce modèle considère Mij est proportionnel à Pi et Pj. Cette
hypothèse plus ou moins vérifiable dans les pays développés l’est moins dans les pays en voie
de développement.

En effet, le processus de concentration de la population est différent et où le nombre de postes


offerts par la région d'accueil n'est pas proportionnel à la population. L’hypothèse de
remplacement n’est pas vérifiée comme le suppose le modèle de gravitation. Au contraire,
c’est le phénomène d'accumulation qui est vérifié. De plus, ce modèle suppose une répartition
équilibrée de la population, ce qui n’est pas le cas.

2 Le modèles de Stouffer

Stouffer (1940) considère que la distance n'est qu’une variable intermédiaire. Son hypothèse
de base est que le nombre de personnes se déplaçant à une distance donnée est directement
proportionnel au nombre d’opportunités offertes et inversement proportionnel au nombre de
"possibilités" offertes entre la région d'origine et la région d'accueil. La formulation du
modèle de Stouffer dépend de la façon dont les opportunités seront définies. Ainsi, pour une
période donnée, soit Md le nombre total d’immigrants quelle que soit leur origines situés dans
une bande circulaire à une distance (d) de la région (i), M.d(i) le nombre total d’immigrants
quel que soit le lieu d’origine situés à une distance d(i) de la région (i) inférieur à d

𝑀
Mi (d)=k 𝑀.𝑑𝑑
(𝑖)

Stouffer parle de zone contenue dans un cercle de rayon (d) ainsi, il ne tient pas compte de la
direction des flux migratoires. Dans un autre modèle, Stouffer étudie le nombre de migrants

allant de la région i à la région j.

3 Le modèle de Todaro de l'exode rural

Todaro (1971) pose comme hypothèse de travail le fait que la décision de migrer du milieu
rural dépend de la maximisation du revenu qu'il espère obtenir. L'interaction entre les deux
variables à savoir la disparité de revenu entre la ville et la campagne et la probabilité d'obtenir

4
un emploi urbain, qui détermine le rythme et l'ampleur de l'exode rural en Afrique. Todaro
(1971) montre que les conditions liées à l'écart de revenu "escompté" entre la ville et la
campagne accentuent le chômage urbain.

Ainsi, la migration est considérée comme un processus d'ajustement de la population à


l'espace économique. Or, ces modèles n'ont pas pu être testés faute de données. De plus, il
faut bien maitriser le phénomène de migration afin d’utiliser productivement ces modèles.

Section 2 Migration, approches, limites et effets : étude théorique

Dans ce qui suit, nous présentons les différentes approches de la migration et leurs limites.
Nous étudions également les effets de la migration aussi bien sur les pays d’envoi que sur le
pays de destination.

I Migration : approches économiques

Dans ce qui suit, nous nous intéressons à l’économie néoclassique et à la nouvelle économie
de la migration.

1 L’économie néoclassique

La théorie néoclassique postule que les différences géographiques liées à l’offre et à la


demande de travail peuvent engendrer les migrations internes (Lewis 1954). Par ailleurs, cette
théorie permet de montrer que les zones qui ont relativement une forte dotation en travail par
rapport au capital se caractérisent par un salaire faible. Alors que les zones qui ont
relativement une forte dotation en capital par rapport au travail se caractérisent par un salaire
élevé. Cette disparité peut engendrer un déplacement de la main d’œuvre du milieu où le
salaire est faible vers celui où le salaire est élevé. Ce phénomène contribue à l’instauration
des inégalités entre les régions.

En reprenant la théorie de Lewis (1954), Ndione ((2006) montre qu’en Angleterre la


migration joue un rôle d'équilibrage du marche de travail entre les zones rurales et les zones
urbains en tenant compte de l'hypothèse du plein emploi (Ndione, 2006).

Cependant, Harris et Todaro (1970) sont les premiers qui ont élaboré la théorie néoclassique
de la migration. En se basant sur les travaux de Lewis(1954), ils montrent que la population
migre vers les régions caractérisées par des salaires plus élevés. En effet, la prise de décision
de migrer vers les régions privilégiées nécessite l'existence de l'information liée à ces zones.

5
En particulier, dans les modèles probabilistes de type Todaro (1969) et Harris et Todaro
(1970), on considère que la population rurale migre vers les villes urbaines où elle anticipe
l’obtention d'un salaire plus élevé que celui obtenu en agriculture. Todaro (1969), Gupta
(1988, 1993, 1997), Basu (2000), Chaudhuri (2000) et Bhattacharya (2002) montrent que le
migrant est prêt à supporter le chômage ou une baisse du salaire reçu du secteur informel
urbain dans l’espoir d’améliorer sa situation financière dans le futur.

Or, après l’indépendance, la plupart des pays d’Afrique ont continué à suivre les stratégies et
les politiques de développement qui leur ont été imposées par les coloniaux. Ces politiques
ont renforcé les écarts entre les régions du littoral et celles de l’intérieur du pays. De plus, les
activités touristiques et industrielles se concentrent dans les zones côtières ce qui permet
d’attirer et d’absorber l’exode de la main d’œuvre. Les capitaux étrangers ont participé
également à renforcer ce déséquilibre et à maintenir ces écarts régionaux (Amin 1974;
Rochefort 1973). Dans le même sillage, en menant une étude de la migration au Bénin,
Guingnido (1992) montre que les facteurs économiques et les écarts géographiques expliquent
la migration des individus. Dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP),
Sékouba Diarra (2002) montre une interdépendance entre la migration et la pauvreté au Mali.
En effet, les régions (Sikasso, Kidal et Gao) où les conditions économiques, sociales et
culturelles sont favorables forment des pôles attractifs pour les individus issus des régions
pauvres (Ségou et Tombouctou).

Donc, on peut conclure qu’il ya une corrélation positive entre la migration interne de travail
et le développement économique régional. Dans ce qui suit, nous proposons d’étudier la
migration dans le cadre des deux axes de la théorie néoclassique à savoir l’axe macro et
microéconomique.

a) La théorie macroéconomique

Cette théorie que est la plus connue et la plus ancienne explique la migration
internationale comme d’ailleurs l’interne comme étant le résultat d’une différence dans
l’offre et la demande de l’emploi. En effet, les pays avec une importante réserve de la
main d’œuvre par rapport aux dotations en capital ont un faible salaire d’équilibre. Par
contre, les pays avec une faible réserve de main d’œuvre par rapport aux dotations en
capital ont un salaire d’équilibre élevé. Cette différence de salaire pousse les travailleurs
de migrer des pays à faible salaire vers les pays à haut niveau de salaire. Ce mouvement
réduit le déséquilibre des dotations en main d’œuvre et ajuste les salaires dans les deux

6
pays. Ce mouvement sera accompagné par un mouvement des capitaux migrant des
pays riches vers les pays pauvres afin de valoriser et rentabiliser ces capitaux. Ce
mouvement est suivie de même par un mouvement comparable des compétences ou du
capital humain des pays riches vers les pays pauvres afin de valoriser ces compétences
(Douglas S. et al 1993).

Par conséquent, les néoclassiques considèrent que la migration est le produit d’une
décision individuelle dont l’objectif est de maximiser le revenu. Elle est due à une
différence de salaire, d’emploi, de condition d’emploi et des coûts de migration entre les
pays (Douglas S. et al 1993).

Les politiques publiques se sont largement inspirées des hypothèses avancées par les
néoclassiques afin d’avancer les propositions suivantes :

- La migration internationale des travailleurs est causée par une différence des
salaires entre les pays. Par conséquent, l’élimination de ce différentiel peut
entraver le mouvement des travailleurs ;
- Le mouvement des individus hautement qualifiés répond à une différence de
rendement de capital entre les pays. Ce qui pousse les individus des pays riches à
migrer vers les pays pauvre. Ce mouvement traduit un autre modèle de
migration opposé à celui lié à la migration des travailleurs ;
- Seul le marché de travail explique en grande partie la migration ;
- Le contrôle de la migration s’exerce à travers le règlement du marché de travail
dans les deux types de pays (d’origine et d’accueil).
b) La théorie microéconomique

Dans le cadre du modèle microéconomique du choix individuel (Sjaastad, 1962;


Todaro, 1969, 1976, 1989; Todaro and Maruszko, 1987), l’individu décide de migrer
parce qu’il anticipe de sa décision un revenu net positif. La migration internationale
est considérée comme étant un investissement en capital humain. Les individus
décident de migrer afin de rentabiliser leur compétence. Ils doivent supporter
certains coûts monétaires et psychologiques tels que les coûts de voyage, de
subvention de leur besoin de base, de formation, et d’apprentissage de certaines
compétences.

7
Douglas S. Mssey et al (1993) montrent que la décision de migrer peut être résumée
dans le développement analytique suivant :

Où ER(0) est le revenu anticipé de la migration calculé juste avant la migration au


temps 0, t est le temps, P1 (t) est la probabilité d’éviter la déportation du pays de
destination, P2(t) est la probabilité d’être employé dans le pays de destination, Yd(t)
est le revenu si l’individu est employé au pays de la destination, P3(t) est la
probabilité d’être employé dans le pays d’origine, Yo(t) est le revenu si l’individu est
employé dans le pays d’origine, r est le taux d’intérêt et C(O) est la somme des coûts
totaux du mouvement (incluant les coûts psychologique).

Si ER(0) est positive pour quelques destinations, l’individu rationnel migre, s’il est
négatif, il reste dans son pays d’origine et s’il est égal à 0, l’individu est indifférent
entre rester ou partir. En théorie, le migrant potentiel se déplace où le revenu
anticipé de la migration est élevé.

Dans cette même ligne d’idée, Bodvarsson et Van den Berg (2013) supposent que
l’individu prend la décision de migrer afin de maximiser son utilité en choisissant la
destination qui lui donne le salaire net le plus élevé. La décision de migrer constitue donc
en un arbitrage entre les conditions de travail liées aux marchés locaux de l'emploi et les
coûts engendrés par cette migration (Domingues Dos Santos, 1999). Cet arbitrage apparait
avec Sjaastad (1962) qui considère que la migration est un investissement suite auquel le
migrant espère retirer des bénéfices suffisants afin de compenser les coûts liés à son
déplacement. Ces coûts liés peuvent prendre deux formes : monétaires et non monétaires.
Les coûts monétaires sont liés au déplacement et à la recherche de l’information. La
deuxième forme comprend des coûts psychologiques dus au changement de mode vie. Par
ailleurs, la théorie du capital humain permet d’analyser et de montrer que les individus
réagissent d’une manière très différente aux taux de chômage et aux écarts des salaires et
donc cette théorie tient compte de l’hétérogénéité existée entre les individus. De plus, les
facteurs ayant un impact sélectif sur la migration sont essentiellement les facteurs
démographiques (l'âge et le sexe). Ainsi, la catégorie des jeunes représente la catégorie la

8
plus mobile qui peut bénéficier de la migration sur une longue période de temps par
rapport aux ainés. En effet, la différence entre le lieu de départ et le lieu d’arrivée en
termes de capital humain peut influencer la mobilité des individus. Dans cette même ligne
d’idée, Lee (1966) montrent que les personnes réagissent différemment aux ensembles de
facteurs plus et moins d'origine et de destination selon leur capacités à surmonter les
obstacles. Par ailleurs, en se basant sur des travaux empiriques, Junge, Diez et Schätzl
(2015) et Neumann et Hermans, (2017) ont pu déterminer les facteurs centripètes et
centrifuges des zones d’accueils et de destinations.

Ce développement amène à certaines conclusions qui sont :

- Le mouvement international s’explique par une différence dans le revenu et


l’emploi entre pays ;
- Le capital humain (éducation, expérience, formation, et les compétences
linguistiques) augmente le taux de rémunération et la probabilité d’emploi dans
le pays de destination par rapport au pays d’origine ce qui augmente le
mouvement international ;
- Les caractéristiques individuelles, les conditions sociales ou technologiques qui
réduisent les coûts de la migration, augmentent le revenu net de la migration et
donc augmentent la probabilité du mouvement international ;
- La taille du différentiel du revenu entre pays détermine la taille du flux des
migrants entre les pays ;
- Les décisions de la migration naissent entre les marchés du travail, les autres
marchés n’influencent pas directement la décision de migrer ;
- Si les conditions dans les pays d’accueil sont psychologiquement attractives pour
les migrants, les coûts de la migration peuvent être négatifs. Dans ce cas, un
différentiel de gain négatif est nécessaire pour stopper la migration entre les
pays ;
- Le gouvernement peut affecter la migration à travers des politiques telles
que l’affectation du revenu dans les pays d’origine ou de destination. Par
exemple, celles qui augmentent le risque du chômage dans les pays de destination
ou celles qui essayent d’augmenter le revenu dans les pays d’origine à travers un
programme de développement de long terme ou celles qui tentent d’augmenter
les coûts économiques et psychologiques de la migration.
2 La nouvelle économie de la migration

9
La nouvelle économie de la migration a vu le jour afin de défier la théorie néoclassique
(Stark and Bloom, 1985). Le message principal de cette approche est que la décision de
migrer n’est pas individuelle. Elle s’amène de toute la famille afin de maximiser le
revenu anticipé mais aussi de minimiser les contraintes liées à l’échec de certains
marchés en particulier celles du marché de l’emploi (Stark and Levhari, 1982; Stark,
1984; Katz and Stark, 1986; Lauby and Stark, 1988; Taylor, 1986; Stark, 1991 ; Taylor
(1991) et De Haas2010).

La décision d’immigrer ne se limite pas à l’individu mais elle émane du groupe en particulier
la famille. En effet, la migration est étudiée par les différents membres de la famille puis si le
gain net est positif, ils prennent ensemble la décision de migrer. Cette approche tient compte
non seulement du volet économique mais aussi du volet social et culturel de telle sorte que les
individus font leur choix sur la base des facteurs socioculturels (traditions) plutôt
qu’économiques. De plus, Hagen-Zanker (2008) montrent que lorsqu’un membre de la famille
trouve une opportunité et que les bénéfices sont supérieures aux dépenses du reste de la
famille donc elle décide de migrer. Ainsi, la décision de migrer ne se limite pas à la recherche
d’un salaire supérieur mais elle dépend de la situation financière de tout le ménage. Par
opposition à l’individu, le ménage est plus apte à contrôler le risque en diversifiant
l’allocation des ressources. En effet, des membres de la famille restent au pays pour
travailler alors que les autres membres aillent travailler à l’étranger où les salaires et les
conditions de travail sont faiblement ou et négativement corrélés avec ceux du pays
natal. Le migrant, dans ce cas servira de caution pour la famille en cas de risque ou de
manque de ressources financières. La migration permet à la famille du migrant de
diversifier les risques. Les migrants ne cherchent pas seulement à maximiser leur
profit, mais également à minimiser les risques en diversifiant les sources de
revenus. Par exemple, un ménage peut envoyer ses membres à différentes places où les
marchés de l’emploi ne sont pas trop reliés afin de se prémunir contre les risques en cas
de crise économique dans le pays d’origine. Par conséquent, les individus migrent
même en absence de différence de salaires entre les régions. Ainsi, Lall et al (2006)
considèrent que la migration constitue un mécanisme d'ajustement puisqu'elle permet de
réduire les risques associés à l'absence d’assurance liée à la variation des prix des récoltes et
des salaires dans les zones rurales. Donc, autres que la maximisation des salaires individuels
(la micro-économie), cette nouvelle approche permet de tenir compte des nouveaux facteurs
permettant d’influencer la décision de migrer tels que la réduction des écarts entre les familles

10
habitants les zones pauvres. Dans ce cas, la migration est un moyen d’ascension sociale (Stark
1991; Massey et al 1998).

Ainsi, les hypothèses et les propositions de la nouvelle économie de la migration sont


différentes de cette de la théorie néoclassique dont nous pouvons citer :

- Les recherches qui portent sur la migration adoptent la famille ou le ménage ou


autre unité culturelle de production et de consommation et non pas l’individu ;
- Le différentiel de salaire ne constitue pas une condition nécessaire pour la
migration internationale. Le ménage désire diversifier son revenu à travers la
migration même en absence de différentiel de salaire ;
- Le développement économique des régions d’origine ne réduit pas la pression sur
la migration internationale. En effet, les possibilités de rester dans la région
natale (travailler ou investir) ou de migrer ne sont pas des opportunités
exclusives. En effet, les ménages sont incités à s’engager dans des activités locales et
migrer. En effet, une augmentation de revenu issu des activités locales peut inciter
à la migration afin de réduire les risques ;
- La migration internationale ne s’estompe pas en absence de différence de salaire.
La migration se poursuit en absence d’autres marchés, ou en présence des
marchés déséquilibrés ou imparfaits ;
- Les gouvernements peuvent influencer les taux de migration non seulement à
travers les politiques qui influencent les marchés de travail mais aussi à travers
les marchés d’assurances du capital. Par exemple, l’assurance du chômage peut
significativement affecter les incitations à migrer ;
- Les politiques du gouvernement qui forment la distribution du revenu peut
changer le sentiment de privation chez les individus et donc réduit l’incitation à
migrer ;
- Les politiques du gouvernement et les changements économiques qui affectent la
distribution du revenu affecte la migration internationale. En effet, ces politiques
qui produisent un niveau élevé de revenu dans les pays d’origine peuvent
augmenter la migration si les ménages pauvres ne profitent pas de ce gain de
revenu. De la même manière, les politiques peuvent réduire la migration si les
ménages riches ne profitent pas de ce gain de revenu.

II Migration : un mouvement perpétuel

11
D’après ce qui précède, les causes de la migration sont multiples telles que le gain, la
diversification du risque lié au revenu de ménage, la recherche de l’emploi, etc. Or, les raisons
qui favorisent le mouvement international peuvent être différentes de celles qui font perpétuer
le mouvement en lui-même dans le temps et dans l’espace. Nous pouvons citer la propagation
des réseaux des migrants, l’évolution des institutions supportant la migration internationale et
le changement dans la perception de la notion du travail dans les pays d’accueil.

1 La théorie du réseau

« […] each act of migration alters the social context within which subsequent

migration decisions are made, typically in ways that make additional movement more likely »

(Massey et al (1998) p 46)

Les réseaux migratoires peuvent être définis comme étant l’ensemble des liens interpersonnels
qui relient les migrants, les personnes ayant déjà migré et les non migrants des zones
d’origine, ceci à travers les liens de parenté, d’amitié et d’affinités d’origine (Massey 1988).
La famille en tant qu’institution est à l’origine de la décision de migration, d’autant plus, si la
migration a pour objectif le travail. De plus, les réseaux migratoires et la famille jouent un
rôle important dans le processus migratoire puisque la plupart des individus se dirige vers eux
afin de réduire les coûts monétaires et non monétaires liés à la migration. Ainsi, le réseau
constitue une forme de capital social pour le migrant lui permettant de satisfaire ses besoins
en particulier l’emploi. Les groupes de parenté qui sont déjà installés dans les régions
d’accueil aident et supportent leurs familles qui viennent de migrer pendant une période
donnée. Ainsi, les réseaux de la migration représentent des réseaux d’aide pour le migrant
puisqu’ils lui permettent de réduire les coûts liés à la migration et donnent la chance de migrer
pour ceux qui ont des faibles salaires (Zlotnik 2003). Les réseaux migratoires offrent plus ou
moins le confort pour le migrant que ce soit l’hébergement, l’emploi provisoire, la sécurité,
l’information et lui permettent aussi d’intégrer facilement dans le nouvel entourage (Salifu
2007). Ces relations augmentent la probabilité du mouvement international, car ils
augmentent les rendements attendus de la migration et réduisent les coûts et les risques du
mouvement. En effet, les relations dans le pays de destination constituent une forme de capital
social et fournissent une aide financière, un logement et un soutient moral facilitant et
entretenant la migration (Hammar et al 1997) .Ce réseau permet ainsi de faire perpétuer ce
mouvement (Hugo, 1981; Taylor, 1986; Massey and Garcia Espafia, 1987; Massey, 1990a,

12
1990b; Gurak and Caces, 1992). En outre, Caldwell (1968) constate qu’il ya une corrélation
positive entre la décision de migrer et le nombre de famille qui existe déjà dans la zone
d’accueil. Autrement dit, la probabilité de migrer de lieu d’origine vers le lieu de destination
augmente avec l’accroissement du nombre de famille qui est déjà installé. Selon Caldwell
(1968), dès le déclenchement de processus de migration, les relations de parenté existent sous
le nom «migration en chaine ».

Ainsi, la conceptualisation de la migration comme étant un processus auto-renforcé engendre


certaines implications qui sont :

- Une fois débuté, la migration internationale se propage dans le temps jusqu’à ce que le
réseau s’élargie dans les régions de départ de telle façon que les individus qui désirent
immigrer le font sans difficultés. Dans ce cas, la migration se ralentit ;
- La taille du flux migratoire entre les deux régions n’est pas forcement corrélée avec le
différentiel de salaire ou du taux d’emploi. En effet, la migration dépend des coûts et
des risques engendrés par les relations ou par le réseau en général ;
- Au fur et à mesure que le réseau se propage et le risque et le coût de la migration
baisse, les flux migratoires deviennent moins sélectives (sur le plan socioéconomique)
et deviennent plus représentatifs du pays ou de la communauté de départ ;
- Les gouvernements trouvent des difficultés à contrôler les flux migratoires parce que
le processus de la formation du réseau n’est pas sous leur contrôle ;
2 La théorie institutionnelle

En présence de la migration internationale, des institutions privées et des organisations


volontaires apparaissent afin de régler les problèmes liés aux flux migratoires qui réclament
un visa et défendre leur droit.

Les organisations à but lucratif et les entreprises fournissent aux immigrants des services
marchants clandestins tels que le transport clandestin, les contrats de travail entre les
employeurs et les immigrants, les visas, le mariage entre les immigrés, le logement, les crédits
et d’autres assistances. Par ailleurs, les associations humanitaires aident les immigrés en leur
fournissant des conseils, services sociales, des conseils juridiques portant sur leur situation.
Ces entités deviennent très connues pour les immigrés formant ainsi une autre forme de
capital social sur laquelle ils peuvent se baser pour accéder au marché de travail. La présence
de cette réalité institutionnelle amène aux implications suivantes :

13
- La reconnaissance de ces organisations en tant que support à la migration
internationale, cette dernière devient de plus en plus institutionnalisée et
indépendantes des facteurs qui l’ont crée à l’origine ;
- Les gouvernements se trouvent dans la difficulté de contrôler le mouvement
migratoire car il est difficile de maitriser le processus d’institutionnalisation. De plus,
une politique restrictive qui vise la réduction des flux migratoires fait face à une
résistance acharnée de la part des associations humanitaires.
3 La théorie de la causalité cumulative

La causalité cumulative est l’une des moyens, en plus du réseau et des institutions
internationales permettant de faire perpétuer la migration internationale (Myrdal 1957). La
migration internationale devint alors un processus social cumulatif. Dans le cadre de cette
approche, la migration peut affecter la répartition des revenus et des terres, l’organisation de
l'agriculture, la culture, la répartition régionale du capital humain et la signification sociale de
travail (Stark, Taylor, and Yitzhaki, 1986; Taylor, 1992). En effet, les individus peuvent être
motivés à migrer non seulement pour augmenter leur revenu ou diversifier leur risque mais
aussi pour améliorer leur revenu par rapport à d’autres ménages appartenant au même groupe.
L’amélioration de la situation financière des ménages dont l’un ou deux de ses membres ont
migré incite les autres familles du groupe à migrer ce qui avec le temps réduit l’inégalité au
sein du groupe ou de la communauté. Concernant la répartition des terres, l’achat des terrains
est le principal investissement de l’immigrant. Ce dernier procure les terres afin de répondre
aux besoins de distinction sociale (prestige) ou de sécurité durant la retraite. Ce comportement
conduit aux achats supplémentaires des terres qui exercent de la pression sur les individus de
la communauté et les incitent à immigrer (Rhoades 1978; Reichert 1981; Mines 1984; Wiest
1984). Concernant l’organisation de la production agricole, la migration favorise la
capitalisation de l'agriculture, l’exode rural conduisant ainsi à une migration encore plus
grande.

Par ailleurs, la migration instaure une autre culture c'est-à-dire d’autres valeurs, normes et
traditions différentes de celles qui prévalent dans la communauté. Piore (1979) parle du
changement des goûts, des perceptions et des motivations chez l’immigrant. Reichert (1982)
parle de la tradition d’immigrer et ceux qui ne migrent pas pour améliorer leur situation
financière sont considérés comme des paresseux.

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En outre, la migration affecte la distribution du capital humain entre les régions. La migration
en particulier sélective améliore la croissance économique dans les régions d’accueil au
détriment des régions d’envoi entrainant ainsi leur stagnation dans le temps (Myrdal, 1957;
Greenwood, 1981, 1985; Greenwood, Hunt, and McDowell, 1987).

Les propositions avancées par cette approche sont les suivantes :

- la migration internationale de part son caractère social cumulatif s’échappe au contrôle des
gouvernements ;

- le refus des indigènes d’occuper des emplois destinés aux immigrés augmente la probabilité
de recruter des immigrés.

4 La théorie des systèmes mondiaux

Un système de migration internationale comprend généralement une région réceptrice


centrale. Cette dernière peut être un pays ou un groupe de pays et un ensemble de pays
d’envoi spécifiques caractérisé par des flux d'immigrants exceptionnellement importants
(Fawcett, 1989; Zlotnik, 1992). Un système de migration implique certaines hypothèses et
propositions.

- Bien que la proximité facilite l’échange entre les pays du système, cependant, elle ne
le garantit pas. Ce qui compte le plus ce sont les relations économiques et politiques
qu’entretiennent ces pays ;
- Ce système n’est pas fixe c'est-à-dire les relations entre les pays ne sont pas stable tout
dépend de l’évolution des structures économiques, sociales et politiques.

III Évaluation des théories

Les théories qui sont proposées pour expliquer les origines et la persistance de la migration ne
sont pas nécessairement contradictoires. En effet, la décision de la migration peut s’amener de
l’individu qui se base sur une approche coût-bénéfice. Le ménage prend sa décision
d’immigrer suite à une volonté de diversifier l’allocation du travail. De plus, le contexte
socio-économique dans lequel ces décisions sont prises est déterminé par les forces
structurelles opérant au niveau national et internationaux (Papademetriou et Martin, 1991).
Ces approches doivent être testées afin de se prononcer sur leur réalité.

1 Les modèles de l’économie néoclassique : manque de réalisme et difficulté d’empirisme

15
Le mérite de ces modèles qu’ils disposent des propositions facilement vérifiables. En effet, la
principale proposition qui peut être toujours vérifiée est le fait que la migration internationale
entre les pays est directement reliée à la différence des taux de salaire entre ces pays. Les
théories de Lewis (1954) et Ranis et Fei (1961) peuvent être testées puisqu’on dispose des
écarts salariaux et la distance géographique entre pays en tant qu’approximation des coûts de
déplacement. Cependant, le modèle néoclassique a été révisé dans le sens que la décision en
matière de migration se base sur l’écart de revenus prévus et non sur le différentiel de salaire
réel (Todaro, 1969, 1976; Todaro et Maruszko,1987). De plus, certaines études empiriques
(Todaro 1980 et Greenwood 1985) ont montré que des flux internationaux se produisent en
l'absence d'un écart salarial contredisant ainsi les hypothèses des néoclassiques.

Par ailleurs, le modèle Todaro prédit que la décision de migration émane des individus et des
ménages. Elle est corrélée positivement avec le taux de rémunération et la probabilité
d’emploi dans les régions de destination. Ce modèle stipule que la probabilité de la migration
dépend des variables du capital humain telles que l’âge, l’expérience, la scolarisation, le statut
et les compétences. De même, la migration dépend de l’accès du ménage aux ressources
internes telles que la possession d’un terrain ou d’une entreprise car cela affectera le
rendement net de la migration. Or, les variables du capital humain affectent les taux d’emploi
et le salaire aussi bien dans les régions d’origine que de destination. Pour cela, l’un des
problèmes empiriques essentiels est de savoir si l’effet du capital humain est plus grand dans
les régions d’envoi ou d’accueil. De plus, le capital humain acquis localement est
imparfaitement transféré aux pays de destination (Chiswick 1979) ce qui fait que les immigrés
peuvent être négativement sélectionnés par rapport à leur compétences. Par exemple, les
retombées économiques de la scolarisation des Mexicains ont toujours été plus importantes
dans les zones urbaines du Mexique qu'aux États-Unis. Alors qu'un migrant ayant fait des
études secondaires a le même emploi et le même salaire à Los Angeles avec son homologue
sans aucune instruction. Ce fait, augmente ainsi la probabilité de migration rurale-urbaine et
réduit le mouvement international (Taylor 1987). Ainsi, il est presque impossible, a priori, de
prédire la direction de la relation entre une variable individuelle de fond et la probabilité de

migration. De même, il est difficile de tirer des conclusions d’une régression réduite selon
laquelle la probabilité de migration est modélisée directement en fonction des variables liées à
l’individu et au ménage. Certes, le capital humain devrait en quelque sorte être lié à la
probabilité du mouvement international, cependant, la force et la direction de la relation est
impossible à connaître en l'absence d'informations historiques sur les pays impliqués.

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Une alternative plus formelle consiste à modéliser la probabilité de la migration en fonction
du différentiel de revenu attendu et simultanément modéliser le différentiel de revenu attendu
en fonction des variables liées à l’individu et au ménage (douglas S. Massey et al. 2013).

2 La nouvelle économie de la migration : l’approche par la demance

Contrairement à la théorie économique néoclassique, la nouvelle économie de la migration

se focalise sur le ménage ou la famille plutôt que sur l’individu. Elle postule que la migration
est une réponse aux risques liés au revenu et aux défaillances sur divers marchés (assurances,
crédit, travail). Cette approche peut être testée par la relation qui peut exister entre les
imperfections du marché et le pourcentage des ménages qui participe à la migration. Piore et
d’autres affirment que la migration est motivée par les conditions de la demande de travail
plutôt que par l'offre. Étant basée sur la demande, les flux internationaux de main-d'œuvre
commencent par des mécanismes de recrutement formels plutôt que des efforts individuels.
Cette hypothèse est facile à vérifier en énumérant les principaux flux migratoires
internationaux qui ont immigré depuis 1950 suite à des rapports officiels.

3 La théorie des systèmes mondiaux : manque de conceptualisation

Elle stipule que la migration internationale devrait aller de la périphérie au centre le long des
voies d’investissement. Certaines "villes mondiales" canalisent et contrôlent les
investissements. Cette approche ne fournit pas des critères spécifiques pour définir la "Ville
mondiale". Or, un ensemble de critères opérationnels pourrait être élaboré à partir
d'informations sur les immobilisations et le siège social. On pourrait alors examiner la
fréquence relative des mouvements vers les villes du monde, par opposition à d’autres
endroits.

4 La théorie des réseaux : nécessité d’une analyse multidimentionnelle

Cette théorie conduit à une série de propositions éminemment testables. Piore, Massey et
d’autres, considèrent que la migration dépend de l’expérience de l’immigré. Plus ce dernier
est habitué à l’immigration, plus la probabilité d'un voyage supplémentaire augmente (Massey
et al., 1987). Une autre proposition stipule que la probabilité de la migration augmente chez
les individus qui ont des relations avec des immigrés expérimentés dans les mouvements
internationaux. De plus, la migration augmente avec les relations familiales. En effet, plus les
obstacles à la migration internationale sont importantes, plus les connections aux réseaux

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seront éminentes. Ainsi, les connections aux réseaux sont systématiquement très puissant dans
la prédiction de la migration internationale. De même, plus les immigrés d’une même
communauté sont nombreux, plus la probabilité d’immigrer pour les autres individus
appartenant à une communauté est élevée (Massey and Garcia Espafia 1987). Plus le capital
social est puissant entre les immigrés et leur proche moins la migration est sélective. Ainsi, la
migration individuelle ou collective doit être étudiée dans le cadre local nécessitant une
analyse multidimensionnelle incorporant des indices mesurant les relations au sein du réseau
communautaire.

5 La théorie institutionnelle : difficultés de mesure du rôle des institutions dans


l’évolution du mouvement international

La théorie institutionnelle soutient que les problèmes rencontrés par les immigrés ont été à
l’origine de la création des institutions et des organisations à but lucratif et non lucratif afin de
subvenir aux besoins des immigrés (demande de visa, recherche d’emploi, logement et
conjoint, etc). La présence de ces institutions a permis l’accélération des mouvements
internationaux. Or, il est difficile de lier empiriquement l’effet des institutions aux
mouvements des immigrés. Dans le cadre d’un questionnaire, on peut demander aux immigrés
et non immigrés leur avis sur l’aide que pourraient apporter ces institutions aux immigrés.
Toutefois, les immigrés et non immigrés doivent être documentés sur le rôle joué par ces
institutions afin de prévoir la probabilité de la migration.

6 La théorie de la causalité cumulative : nécessité d’une analyse multidimentionnelle

Cette théorie stipule que la migration crée en elle-même une autre migration. En effet, la
décision d’immigrer affecte la structure socioéconomique au sein de la communauté affectant
à leur tour la décision d’immigrer d’autres individus et ainsi de suite (Massey et al., 1987;
Massey, 1990b). Or, idéalement, cette théorie devrait être testée en utilisant des données
longitudinales multi-niveaux, qui contiennent des variables définies au niveau individuel, des
ménages, de la communauté et même au niveau national afin de voir l’effet da la décision sur
la structure socioéconomique. Or, la vérification de la théorie de la causalité cumulative fait
face à plusieurs difficultés dont nous pouvons citer :

- la nécessité de rassembler des informations détaillées sir les réseaux de migrants telles
que les liens de parenté et d'amitié entre migrants et non-migrants ;

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- la mesure précise de revenu du ménage ;

- des données détaillées sur le régime foncier et la distribution des terres et de la


propriété d’une manière générale ;

- des informations sur la production agraire, l’utilisation de l’irrigation, les machines, la


main-d’œuvre embauchée, les herbicides, les pesticides et les semences améliorées, à
la fois des familles de migrants et de non migrants ;

- des informations sur les croyances, les valeurs et les pratiques normatives.

D’après ce qui précède, nous pouvons dire que les théories et les approches qui ont été
développées afin de comprendre les processus de la migration montrent des mécanismes de
causalité largement divergents ce qui exige une analyse multidimensionnelle et amène à des
implications de politiques économiques différentes. Les enseignements de ces modules
s’accordent sur le fait que pour contrôler la migration internationale, il faut modifier les
salaires et les conditions de travail dans les pays de destination, établir des programmes
d’assurance sociale dans les pays d'envoi, réduire les inégalités de revenus et améliorer les
marchés à terme ou des capitaux dans ces pays. Or, toutes ces politiques sont infructueuses du
moment où le mouvement international de migration n’est pas contrôlé par le marché.

IV Les effets de la migration

Les effets économiques de la migration sont contradictoires et incertains (Héran, 2002). Les
études de ces effets dépendent de la théorie adoptée, de la méthodologie suivie, des
techniques d’analyse utilisées, de la période étudiée,etc. (Goldin et al., 2011). En outre, les
effets de la migration sont parfois indirects et étalés dans le temps. Ces effets dépendent aussi
de la nature de la migration (temporaire ou permanente). Pour cela, les résultats de ces études
sont d’une grande divergence. En effet, tantôt on trouve des effets positifs, tantôt négatifs, et
parfois on ne peut pas trancher. Ces difficultés n’ont pas empêché certaines études d’aboutir à
des effets positifs (Sutch 1999 et Goldin et al., 2011). En effet, selon ces études,
l’immigration peut avoir des impacts importants sur l’ensemble de la structure économique,
incluant les taux d’activité, le niveau des qualifications de la population, la quantité et la
qualité du capital, l’innovation et les apports fiscaux.

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1 Cas des pays d’envoi

La question des effets de la migration sur les pays d’origine a été largement débattue. Ces
effets ont été entachés de pessimisme qui trouve son origine dans la théorie de la dépendance
de Bhagwati des années 1970. Cette théorie met le point sur l’histoire de l’enrichissement des
pays développées qui s’est réalisé au détriment des pays pauvres. Ces derniers ont été
exploités et pillés ce qui a aggravé leur retard. Dans le même contexte, de nos jours, on parle
de la fuite des cerveaux « brain drain ». Dans cette même ligne d’idées, les tenants de la
théorie de la croissance endogène considèrent que la migration affecte négativement la
productivité et la richesse des pays d’envoi suite à leur perte en capital humain. À partir des
années 1980 et 1990, l’augmentation des envois de fonds des migrants a soulevé l’effet de la
migration sur les pays d’origine. Certaines études montrent que dans ce cadre la migration
affecte positivement le développement de ces pays (Meftah 2018). C’est le cas du Maroc où
dans certains villages, les paysans sollicitent les migrants installés en France à financer ou
monter des projets dans leur village d’origine. Ces transferts ne se limitent pas uniquement
aux transferts financiers mais touchent également les compétences, les connaissances et le
savoir être. Avec le développement des réseaux de migration qui ont facilité la migration
contribuant ainsi à réduire les inégalités entre les membres de la communauté.

Sur le plan macroéconomique, l’évaluation des effets de la migration sur le pays d’origine
n’est pas concluante. Certaines études montrent que la migration à travers l’envoi de fonds
des immigrés affecte positivement la croissance économique, la répartition du revenu et la
réduction du déficit de la balance commerciale (Fayissa and siah 1996). Oberai et Manmohan
(1980) et Portes (2009) considèrent que le transfert monétaire des immigrés vers leur pays
d’origine est l’effet le plus important de la migration pour les pays en développement. Selon
ces auteurs, ces transferts permettent de soulager la misère de ceux qui n’ont pas pu immigrer.
Ils permettent également de financer des activités agricoles ou non agricoles dans les zones
rurales, la construction des logements et d’autres projets sociaux. Portes (2009) considère que
la migration temporaire est celle qui produit le plus d’effets positifs sur le pays d’envoi. Ratha
et Silwal (2012) ont essayé d’estimer les transferts monétaires vers les pays en
développement, ils totalisent la somme de 372 milliards de dollars, soit une augmentation de
12,1 % par rapport à 2010. Ils croissent à raison de 7 % à 8 % par an et la somme des
transferts pourrait atteindre 467 milliards de dollars en 2014. Ainsi, les immigrés peuvent
devenir des vecteurs du développement (Faist 2008).

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Sur le plan microéconomique, les effets de la migration se traduisent par l’expérience qu’a
acquit l’immigré lors de son aventure et par les changements survenus dans la population
native de la société d’accueil. Ces changements ne sont pas aussi importants étant donnée que
les immigrés occupent des emplois peu ou non syndicalisés, précaires et très peu qualifiés.

Néanmoins, d’autres études montrent que les transferts des migrants peuvent avoir des effets

négatifs sur le pays ou la communauté d’origine. Les tenants de cette idée se basent sur la
baisse de la productivité de ceux qui profitent de ces envois (Chami 2012). D’autres montrent
que les transferts augmentent la croissance via une augmentation de la demande interne. Cette
dernière peut favoriser l’augmentation des importations au détriment de la production locale.
Ces transferts peuvent entrainer une appréciation du taux de change réduisant ainsi les
exportations (Acosta 2007).

2 Cas des pays de destination

Les conséquences de la migration sont nombreuses pour les pays de destination. Certains
économistes considèrent que cette migration apporte du secours à ces pays suite au
vieillissement de leur population active. En effet, dans son rapport de 2012, l’OCDE montre
qu’entre 2000 et 2010, la croissance de la population active dans certains pays (Suisse,italie,

luxembourg et Royaume-Uni) est le résultat de l’arrivée de nouveaux immigrés.

Les effets des flux migratoires sur le pays ou la région d’accueil passent à travers plusieurs
canaux et affectent plusieurs domaines. Ces effets n’ont pas la même importance et certains
sont difficiles à mesurer. L’effet le plus répondu est celui lié à l’augmentation de l’offre de
travail. Cet effet est dû à la nature complémentaire ou substituable de la main d’œuvre
immigrante. Borjas (1990) considère que les études économétriques n’ont pas pu montrer que
les immigrés affectent négativement les revenus et l’emploi aux Etats-Unis. De plus, il montre
que les travailleurs natifs et les immigrants ne sont des substituts que pour les travailleurs
natifs les moins qualifiés. Friedberg et Hunt (1995) considèrent que dans une économie
fermée, les salaires baissent suite aux flux migratoires qui peuvent parfaitement substituer les
individus natifs. Ils considèrent en revanche que ces flux migratoires ont un effet ambigu en
présence d’une main d’œuvre imparfaitement substituable. Par contre, la main d’œuvre
immigrante fait augmenter les salaires des facteurs qui la complètent.

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Par ailleurs, l’effet de l’offre de travail sur le secteur productif a été étudié par plusieurs
auteurs. Greenwood (1994) et Greenwood et Hunt (1995) considèrent que le flux migratoire
agit sur la demande de biens et services même en absence d’une augmentation du revenu. En
effet, la croissance de la population augmente la demande de biens et services augmentant
ainsi l’emploi. De même, l’augmentation des flux migratoires augmente la demande de biens
et de services publics. L’accroissement de la population induit par la migration permet de
bénéficier des rendements croissants associés à l’usage de beaucoup d’équipements et de
services publics.

Par ailleurs, d’autres auteurs (Ortega et Verdugo 2012) montrent que la migration affecte
positivement l’économie des pays d’accueil. Ils estiment que sur la période 1962 à 1999, une
croissance de 10 % de l’immigration augmente le salaire des natifs de 3 % et une
augmentation des emplois de qualité. De plus, Chojnicki et Ragota (2012) montrent qu’une
politique migratoire expansionniste fait diminuer le poids de la fiscalité de plus de 20% suite
au vieillissement démographique en 2050. Alors qu’une politique sélective le diminuera de
30%.

Conclusion

Nous avons essayé tout au long de ce chapitre de décrypter le phénomène de la migration et


de l’étudier de plus près en fournissant des définitions, ce qui nous a permis de clarifier
certains concepts liés à la migration comme la migration interne la migration externe. De plus,
nous avons présenté les principaux modèles basiques de la migration. Plusieurs pensées
économiques ont émergé afin d’expliquer les causes et les conséquences de la migration sur
l’individu, la collectivité, le pays d’envoi et de destination.

Partant de la richesse théorique, et dans la même ligne d’idée, nous nous intéressons aux
effets de la migration sur les régions d’envoi et de destination. Ce développement fera l’objet
du chapitre deux de ce travail.

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