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159, 1900
(1857-1887)
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J’ai cru devoir insister sur ces traits divers, qui constituent,
en quelque sorte, la charpente de cette forte individualité :
ceux-là seuls sont essentiels. Je ne m’étendrai donc pas sur les
détails biographiques de l’enfance de Stein, sur laquelle,
d’ailleurs, je ne possède que peu de renseignemens. Ce que j’ai
dit de sa famille suffit. Après de solides études préparatoires
dans les lycées de Merseburg et de Halle, Stein fut immatriculé
comme étudiant en théologie à l’Université de Heidelberg, en
1874, à l’âge de dix-sept ans. On prétend que l’historien Buckle
lisait trois volumes par jour : Stein semble avoir été aussi
insatiable ; la liste mensuelle de ses lectures, pendant ses
dernières années de collège, fait frémir. Elle embrasse tout, de
Sophocle et de Platon jusqu’au dernier roman de M. Heyse,
sans oublier les œuvres théologiques des Dœllinger et des
Haase. Ses essais poétiques abondent, il va jusqu’à écrire des
vers grecs. Mais voici un trait plus typique encore : pour mettre
un peu d’ordre dans l’innombrable multitude des poésies qu’il
a absorbées, Stein se construit une sorte de table analytique des
genres, table assez compliquée, avec de nombreuses
subdivisions, où tout trouve sa place, d’Anacréon à Rückert ;
puis ce travail, à peine terminé, ne le satisfait plus, et il se
plonge dans un poème interminable, où il fait défiler devant le
lecteur ébahi tous les poètes, en commençant par le rossignol et
en finissant par Schiller et Goethe ! L’année même où il
parvint au baccalauréat, un de ses professeurs lui dit : « Stein,
vous escomptez vos forces, vous anticipez sur vos facultés
intellectuelles ; vous devriez lire moins et vous instruire plus ;
vous ne travaillez plus comme autrefois. » Ces mots firent sur
le jeune étudiant une vive impression ; il y revient plusieurs
fois dans son Journal. Son professeur avait touché la corde, si
sensible chez lui, du devoir ; il se concentre, se remet à l’étude,
et passe un examen si brillant que le jury le dispense des
épreuves orales. C’est à ce moment qu’il trouve cette maxime
qui, boussole librement choisie, doit le conduire désormais sur
l’océan de la vie :
II
III
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2. ↑ http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr
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