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Impact des facteurs socioculturels sur la croissance des


petites entreprises : une recension de la littérature

Hamadou BOUKAR
Enseignant
Université de Ngaoundéré
hamadouboukar@yahoo.fr

Pierre-André JULIEN
Professeur émérite
INRPME, Université du Québec à Trois-Rivières
Pierre-Andre.Julien@uqtr.ca

RÉSUMÉ

Un grand nombre d’études ont essayé de mesurer les facteurs explicatifs de la croissance des
petites entreprises, mais peu ont tenu compte des variables socioculturelles comme l’influence
de la famille, de l’ethnie et de la religion, en même temps que les qualités de l’entrepreneur
tels son niveau d’instruction et son expérience. Cette étude exploratoire veut combler quelque
peu cette carence en l’appliquant à un environnement de pays africains comme le Cameroun.
Elle présente ici les bases de cette explication socioculturelle de la recherche qui sera
poursuivie par la suite.

MOTS CLÉS

Entrepreneuriat : le rôle de la culture et du milieu - PME : proximité et développement local


La PME : théorie et caractéristiques
« La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées
scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada

INTRODUCTION

Ce n’est que depuis une trentaine d’années que les recherches en sciences de gestion se sont
penchées sur les petites et moyennes entreprises et en ont fait un objet de recherche spécifique
différent de celui des grandes entreprises. Cet intérêt s’explique en particulier par leur nombre
(près de 99 % des entreprises), mais aussi, par leur importance dans la création d’emplois
(OCDE, 2005 ; Roubaux, 2007) notamment dans plusieurs régions où les grandes entreprises
sont absentes ou ont commencé à décliner dans les années 1970. Auparavant, on les voyait les
petites entreprises comme « archaïques » (Nègre, 1987) ou encore, leur importance ne valait
que si elles avaient tendance à croître rapidement pour devenir « efficaces » en fonction de la
théorie des économies d’échelles pourtant jamais prouvées (Julien et Marchesnay, 1990).
D’une part, on s’est aperçu que la grande taille engendrait aussi de la bureaucratie et de
l’inertie ; d'autre part, les crises de 1982, 1990-93 ont obligé les grandes firmes à «
externaliser » une partie de leurs activités, notamment auprès de petits sous-traitants, pour
augmenter leur flexibilité, prouvant ainsi concrètement les limites des économies d’échelle. À
ces changements s’ajoutent l’ouverture des frontières et l’arrivée de nouveaux concurrents
mondiaux, ce qu’on appelle la mondialisation de l’économie, et la crise écologique remettant
encore plus en question la grande taille et ses effets majeurs sur l’environnement.

Les premières recherches ont repris les travaux de Cantillon, Turgot ou Schumpeter sur le rôle
des entrepreneurs et ont essayé de comprendre les facteurs favorisant la création des PME,
notamment des micro-entreprises (de moins de 5 employés) et des petites entreprises (entre 5
et 20 employés). Par la suite, elles ont tenté avec plus ou moins de bonheur de développer des
théories différentes de celles des grandes entreprises sur la gestion de ces entreprises (par
exemple, la centralisation et la vision à l’encontre de la planification stratégique : Marchesnay
et Carrier, 2005), leur financement (en tenant compte de l’apport personnel et du capital
amical et de proximité : St-Pierre, 2004), le marketing relationnel plutôt que formel (Pacitto,
et coll., 2006), etc. Mais, ces théories doivent être encore mieux assises sur les spécificités des
PME.

Une des difficultés pour mieux asseoir ces nouvelles théories est que le dirigeant des petites
entreprises (PE) intègre très souvent des valeurs liées à la culture ambiante, à ses origines et à
son niveau d’éducation et est influencé par sa famille et son entourage sinon par ses
employés, influences qui agissent sur sa personnalité et, finalement, sur la création et le
développement de son entreprise. Tous ces différents facteurs vont ainsi contribuer plus ou
moins au développement ou à la croissance de la petite firme sinon la freiner, en particulier
dans un environnement où la culture semble déterminante comme dans plusieurs pays
africains.

L’objectif de cette recherche est de voir jusqu’à quel point la culture influence la croissance
des petites entreprises comme facteur de contingence dans un pays en développement, soit le
Cameroun. Comme premier apport, elle veut résumer les principales études qui touchent
depuis quelques années cet aspect de l’influence de la culture pour aboutir à la formulation de
certaines hypothèses qui seront ensuite testées dans la suite de la recherche.

Pour ce faire, nous rappellerons d’abord la théorie de la contingence qui explique que
l’environnement, tel que celui socioculturel, est important pour expliquer les divergences dans
l’impact des autres facteurs. Ensuite, nous discuterons de la mesure de la croissance. En
troisième lieu, nous nous arrêterons aux facteurs socioculturels traditionnellement pris en
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compte. Mais, comme l’entrepreneur est au cœur de la création et de la croissance des petites
firmes, nous tenons compte en quatrième lieu de quelques éléments le touchant, telles la
formation et l’expérience. En cinquième lieu, nous présenterons notre modèle de recherche
incluant les variables discutées et la croissance. Enfin, en conclusion, nous montrerons les
limites de cette analyse et les problèmes qu’elle pose du côté de l’application qui suivra.

1. LA THÉORIE DE LA CONTINGENCE

Un certain nombre de théoriciens de la contingence (Katz et Khan, 1966) avaient déjà insisté
sur le rôle de l’environnement socioculturel. L’approche de la contingence stipule qu’il est
probable que d’autres facteurs internes ou externes propres à l’organisation et à son
environnement ou à l’environnement du propriétaire dirigeant aient aussi un effet sur une ou
plusieurs de ses composantes (Fabi, Garrand et Pettersen, 1993). Cette théorie voit l’entreprise
comme un système ouvert, constitué d’un ensemble de sous-systèmes en interaction
constante, et dont la survie dépend de l’adaptation à leur environnement.

L’entreprise a rarement le contrôle absolu de ses actions. Par exemple, elle doit acquérir les
ressources nécessaires et disposer de sa production, et elle dépend, par conséquent, de
l’environnement socio-économique extérieur. Elle est tributaire des échanges qu’elle
entretient avec son milieu où elle puise ces ressources et où elle écoule ses biens ou services.
Ce milieu lui impose des contraintes qu’elle peut toutefois chercher jusqu’à un certain point à
transformer et à modifier (Thompson, 1967; Marchesnay et Julien, 1990).

La petite entreprise est un produit de la société ; elle y remplit une tâche spécifique qui doit
être légitime et répondre à une demande de celle-ci ou créer cette demande 1 . Elle doit donc
aligner le mieux possible ses objectifs sur les valeurs dominantes et les exigences de cette
société ; elle est inséparable d’un certain marché qui régit ses comportements par rapport à
l’environnement (Bruyne, 1980; Hofstede, 1987). Son environnement est aussi source de
menaces et d’opportunités. En ce sens, l’évolution de ce dernier va déterminer non seulement
les facteurs de contingence auxquels l’entreprise doit faire face (Thompson, 1967), mais aussi
sa capacité d’apprentissage et de performance (Terreberry, 1968). L’entreprise réagit par le
choix d’une stratégie qui, si elle est adaptée aux circonstances, assure son succès (Child,
1973).

Bien que plusieurs auteurs considèrent que la variable « environnement » a des effets plus
accentués sur la structure, d’autres variables ont été insérées et appliquées pour expliquer son
impact : l’âge (Meyer et Brown, 1978) 2 , la taille (Hall et coll., 1977 ; Blau, 1970), le choix et
le pouvoir (Child, 1972), les conditions socioculturelles (England et coll., 1979), les
conditions stratégiques (Hickson et coll., 1971), la technologie (Perrow, 1967 ; Woodward,
1965) et le système technique (Mintzberg, 1982). C’est ce que montrent Julien et coll. (2006),
dans une étude longitudinale rétrospective de sept PME ayant connu quatorze brusques
accélérations et ralentissements dans leur rythme de croissance ; ces derniers souvent plus ou
moins hors de contrôle du dirigeant, influencent simultanément un changement dans le rythme
de croissance.
Toutefois, cette théorie de la contingence ne met pas suffisamment d’accent sur l’influence
des paramètres socioculturels sur la croissance des petites entreprises alors que le propriétaire
dirigeant d’une petite entreprise et ses influences socioculturelles occupent une place centrale

1. Si non ne tient pas compte des entreprises illégales ou fonctionnant au noir.


2. Cité par Tremblay (1998).
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compte tenu notamment de la personnalisation de la gestion qui constitue une variable clé de
la petite entreprise (Torrès, 1998 ; Torrès et Julien, 2005).

Cette question de l’influence socioculturelle est d’autant plus difficile à répondre que
généralement il n’y a pas de facteurs clés socioculturels ou autres qui influencent plus
l’entreprise qu’un autre ; d’autant plus que c’est souvent la combinaison d’un ensemble de
facteurs organisationnels, financiers, environnementaux et socioculturels qui peuvent être
efficaces dans un contexte donné et ne le sont pas dans d’autres. C’est dans ce sens que
Lawrence et Lorsch (1968) en parlant des structures organisationnelles affirment : « Il n’y a
pas une structure qui est meilleure, mais plutôt différentes structures qui sont les meilleures
dans différentes conditions ».

Dans le cadre de notre recherche, nous sommes en présence d’un ensemble de facteurs aussi
bien endogènes qu’exogènes susceptibles d’influencer la croissance de l’entreprise. Nous
pensons que plusieurs facteurs sont contingents à la croissance de l’entreprise. Compte tenu
donc de tout ce qui précède, nous pensons que la théorie de la contingence est appropriée,
d’autant plus lorsqu’elle s’applique à un pays en développement à base d’économie rurale
dans lequel la culture joue un rôle important sinon majeur et où le propriétaire dirigeant est
encore plus la clef de la création et de la croissance de son entreprise du fait du manque de
support de l’économie (Dana, 1994). Comme l’a montré Bauer (1993), le propriétaire
dirigeant de la petite entreprise dans cet environnement est confronté à la logique du Pater
familias sur la croissance, soit dans un environnement où la famille, l’ethnie et la religion
occupent une place importante et expliquent en partie la stratégie suivie face à l’incertitude.

2. LES INDICATEURS DE LA CROISSANCE

L’entreprise, a-t-on souvent écrit, tout comme l’individu, naîtrait, croîtrait, puis disparaîtrait
tôt ou tard. On peut qualifier de naissance son démarrage. En croissant, elle se transforme et
modifie sa structure, organisant ainsi sa mue (Montmorillon, 1997) ; mais cela est vrai aussi
pour celles qui ne croissent pas ou croissent peu, comme c’est le cas de plus de 70 % des
entreprises, qui doivent aussi s’ajuster à l’évolution de l’environnement (Davidsson, 1991;
McMahon, 2001).

Selon Nègre (1987), la croissance de l’entreprise correspond à l’augmentation de sa taille


dans le temps. Pour Verna (1994), « la croissance est à la fois l’action de croître et le résultat
de cette action ». L’auteur désigne donc par ce mot à la fois le fait qu’une entreprise devienne
plus importante et les circonstances de cet agrandissement.

Pour Starbuck (1965), la croissance n’est pas un phénomène spontané ni aléatoire, mais bien
la conséquence d’une décision, telle créer de l’emploi pour le décideur ou sa famille ou
embaucher dans la région et accroître la production en réponse à une demande plus forte ou
dans le but justement de stimuler la demande. Il souligne que la croissance peut être un
objectif en soi, comme étalon de la réussite du dirigeant et de l’entreprise, ainsi que des
progrès réalisés par cette dernière (Walker et Brown, 2004). Pour Weinzimmer (1993), la
croissance est un phénomène complexe et multidimensionnel, affectant plusieurs ressources
ou encore multipliant celles-ci y compris par fusion d’une autre entreprise, et relevant d’une
stratégie plus ou moins délibérée et aux possibilités de l’environnement et des interactions
entre ces différents types de variables (Janssen, 2002).

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La mesure de croissance fait l’objet d’un vaste débat et relève d’estimations différentes de
l’évolution des variables telles que le profit, les actifs, les immobilisations, la valeur ajoutée,
l’emploi, les ventes ou encore les mesures subjectives relevant des objectifs du dirigeant
(Chrisman et McMullan, 2000 ; Wiklund, 1999 ; Delmar, 1997).

Les mesures objectives ne sont pas toujours possibles. Chandler et Hanks (1993) récapitulent
ces difficultés notamment pour l’étude des jeunes et petites firmes :

− les mesures financières sont inopérantes si l’entreprise ne diffuse pas ses résultats ;
− les spécificités d’investissement des jeunes entreprises peuvent fausser les résultats
comptables ;
− il n’existe pas une mesure comptable unique permettant de rendre compte du concept
multidimensionnel de la performance ;
− la performance constatée, en fonction des résultats comptables, est fortement liée au type
d’industrie ;
− les mesures financières nécessitent souvent une analyse sur le long terme.

Pierre (2004) ajoute que l’interpénétration du patrimoine de l’entrepreneur dans la structure


financière de sa firme complique encore plus l’analyse.

Mais, plusieurs études tendent à démontrer que les différents critères de mesure de la
croissance seraient plus ou moins interchangeables. Certaines ont montré une corrélation entre
la croissance de l’emploi et celle des ventes (Chrisman et McMullan, 2000). Une étude belge
portant sur les déterminants financiers de la croissance mesurée sur la base de l’actif, des
fonds propres, de la valeur ajoutée, des ventes et de l’emploi des entreprises observe aussi une
importante corrélation de ces variables entre elles (Manigart, 1996). McPherson (1992), dans
une étude portant sur la performance de 146 entreprises du secteur manufacturier américain,
mesurée en termes d’exploitations, de profit, de valeur ajoutée, de l’emploi, de
développement de produits et de procédés, aboutit aussi à la conclusion que ces différentes
mesures sont significativement corrélées entre elles, à l’exception toutefois du taux annuel de
croissance de l’emploi. Child (1973) avait déjà observé de telles corrélations entre la taille et
les actifs, l’emploi ou le chiffre d’affaires. Dans ce sens, la croissance peut relever de valeurs
absolues (Westhead et Birley, 1995 ; Evans, 1987) ou de valeurs relatives (Janssen, 2002;
NKongolo-Bakenda et coll., 1994). C’est pourquoi certains auteurs se limitent à la croissance
de l’emploi (Delmar, 1997; Kirchoff, 1991; Child 1973) comme indicateur de croissance
tandis que pour d’autres c’est les ventes ou le chiffre d’affaires (Donckels, 1990). Certains
auteurs, plus isolés, estiment cependant que ces variables affectant la croissance de l’emploi
ne sont pas identiques à celles qui influencent la croissance des ventes (Janssen, 2002 ;
Weinzimmer et coll., 1998).

Par exemple, dans une entreprise qui emploie une forte main d’œuvre familiale, on peut
assister à une augmentation de l’emploi, sans qu’il n’y ait nécessairement accroissement du
chiffre d’affaires, vu que la main d’œuvre est peu ou pas du tout rémunérée 3 .

Dans notre cas, il nous semble plus réaliste d’utiliser l’évolution relative de l’emploi comme
mesure de la croissance ; d’autant plus que c’est souvent la seule donnée que nous pouvons
avoir dans des PE de pays en développement.

3. Dans certains cas, le propriétaire dirigeant prend totalement en charge son employé. Il l’héberge, le nourrit,
le vêtit, le soigne…
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3. LES FACTEURS SOCIOCULTURELS

Bien qu’un certain nombre d’auteurs aient étudié l’influence de la culture sur les pratiques de
gestion de l’entrepreneur (Kamdem, 2002 ; Torrès, 2001 ; Allali, 2001 ; D’Iribarne, 2000), il
n’en demeure pas moins qu’aucune étude n’a, à notre connaissance, tenté d’identifier
explicitement l’influence de ces derniers sur la croissance des petites entreprises.

L’étude des rapports entre culture et organisations économiques a vu le jour notamment en


Amérique (Bollinger et Hofstede, 1987). Ces recherches ont été étendues aux sociétés en
développement, telles celles africaines, et ont permis de lier la culture aux contraintes et aux
opportunités de croissance d’entreprise. Elles partent de l’histoire, du contexte et de
l’environnement des acteurs (individus, groupes, entreprises), du système de représentations,
des normes et des valeurs des sociétés étudiées. Les analyses révèlent que les dirigeants
pensent et agissent en fonction de leurs contextes socioculturels portés notamment par la
famille, comme l’explique Bauer (1993). On trouve plusieurs éléments socioculturels pouvant
influencer la croissance des entreprises, notamment dans les pays en développement, soit la
famille, l’appartenance à certaines ethnies ou la religion.

3.1. La famille

Bauer (1993) montre en particulier l’importance des considérations d’ordre familial, par
exemple, dans les problèmes de relève et de succession. On peut ainsi rencontrer des
propriétaires dirigeants « paternalistes » qui vont jusqu’à considérer une partie ou l’ensemble
de leurs employés comme leurs enfants. Parfois, le propriétaire dirigeant est appelé à jouer un
rôle dans son village ce qui étend son intervention. Celle-ci devient communautaire. Ce
chercheur distingue ainsi trois grandes figures du Pater Familias.

Le dynasteur : le propriétaire dirigeant se caractérise à la fois par une forte prégnance du rêve
dynastique. Celui-ci rêve souvent de construire une véritable dynastie.

L’égalitariste : ici, le propriétaire dirigeant se distingue par des exigences de plus d’égalité.

Le dynasteur-égalitariste : celui-ci se caractérise par une forte prégnance du rêve dynastique,


mais aussi par une certaine égalité.

Grégoire et coll. (2000) transforment cette analyse pour étudier les toutes petites entreprises
en y ajoutant une quatrième figure du Pater Familias, soit :

Le parrain : ici, la famille passe en premier, mais la poursuite d’objectifs familiaux se fait à
travers l’entreprise.

Le paternaliste : le propriétaire dirigeant prend à cœur l’intérêt de la famille, mais en ayant


conscience que cet intérêt profite aussi ou surtout à l’entreprise.

L’aristocrate d’affaires : ici, l’entreprise est un actif « froid » qui génère des revenus et dans
lequel la famille est faiblement impliquée.

L’exploiteur : les considérations de l’entreprise prennent le pas sur celles familiales.

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La tradition communautaire est présentée comme l’une des caractéristiques primordiales du


fonctionnement des entreprises africaines. À cet effet, Bourgoin (1984, p. 121-122) dit :
« Dans une culture communautaire, les relations entre les employeurs et employés vont
ressembler à ceux qui ont existé entre l’enfant et sa famille étendue. Elles se tisseront sur une
base morale, engendrant des obligations mutuelles : protection de l’employé par l’employeur
(indépendamment des performances des salariés) et loyauté vis-à-vis de l’employeur de la
part de l’employé ». Ce qui, selon Kamdem (2001) engendre un certain nombre d’attitudes et
de comportements en milieu professionnel (entre autres le comportement paternaliste des
dirigeants à l’égard des salariés, l’entreprise est un prolongement de la famille et
l’engagement et le mérite individuels sont inclus dans une appréciation globale de la
performance…). S’agissant de l’influence du rapport entre l’individu et la communauté sur le
fonctionnement de l’entreprise africaine, Kessy ajoute : « L’esprit communautaire constitue la
clé de voûte de l’édifice social africain. Cette manière de vivre va entrer en conflit avec le
principe de l’entreprise et de l’économie capitaliste qui sont fondées sur l’individualisme et la
recherche du profit » (1998 : 105).

3.2. Le facteur ethnique

Le concept d’ethnie, très présente dans la littérature en sciences sociales, est ancien,
remontant aux années 1940 (Poutignat et Streiff-Fenart, 1995). Abou (1981, p. 32) propose la
définition suivante de l’ethnie : un groupe dont les membres possèdent, à leurs yeux et aux
yeux des autres, une identité distincte enracinée dans la conscience d’une histoire ou d’une
religion commune. Ce fait de conscience est fondé sur des données objectives telles qu’une
langue, une race ou une religion commune, voire un territoire, des institutions ou des traits
culturels communs, quoique certaines de ces données puissent manquer. Cette définition fait
ressortir plusieurs caractéristiques dont l’influence sur le comportement individuel et collectif
est variable selon la structuration de la société concernée, le lieu et la période (Kamdem et
Ongodo, 2007, p. 36). Ces derniers définissent l’ethnicité comme un comportement, c’est-à-
dire un ensemble de manières de penser, d’agir et de réagir adoptées par un individu ou un
groupe dans le but, d’une part, de susciter la reconnaissance de son existence, d’autre part,
d’exprimer la différence avec un autre individu ou un autre groupe.

Dans les organisations, le lien ethnique est le support principal pour le fonctionnement, même
si le concept est critiqué pour sa passivité pour sa vision sentimentale sinon fataliste. L’ethnie
est à la fois une extension de la parenté, une revendication d’intérêts communs, un reflet des
antagonistes économiques, un système culturel et d’interaction sociale. Ainsi, au Cameroun,
les paramètres dominants de l’ethnicité sont la région d’origine, la répartition de la population
sur le territoire, la langue (locale ou occidentale) et la religion appliquée.

Les ethnies, dans le cadre d’une famille étendue, attribuent des rôles respectifs aux individus
et aux groupes, en assurant la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel. Le
collectivisme implique des devoirs et des obligations à l’égard du groupe, la loyauté envers
les membres de la famille au sens large, le renforcement des liens fraternels et consanguins, le
partage des ressources, le maintien de l’harmonie, la résolution des conflits à l’amiable, le tout
basé sur une distance hiérarchique forte. Au cours de l’histoire, ce collectivisme, la tradition
et les valeurs de référence, ont subi un recul au profit d’une certaine avancée de
l’individualisme. En effet, le régime colonial et le modernisme ont été à l’origine de l’avancée
de l’individualisme, source de compétition ; même si, pour certaines ethnies (à l’instar celle
des Peules), les indices du phénomène étaient déjà présents. Pareillement, la solidarité
ethnique qui constitue le prolongement de la solidarité familiale peut aussi jouer un rôle dans
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l’évolution de la petite entreprise. Une forte implication de la communauté ethnique dans la


gestion de la petite entreprise peut freiner l’expansion de celle-ci. Comme le souligne
Bourgoin (1984), une forte influence de la tradition communautaire dans les entreprises
engendre un certain nombre d’attitudes et de comportements : le comportement paternaliste à
l’égard de ses employés ; la nécessité de prendre en compte d’autres critères de l’efficacité
productive que ceux de la rentabilité financière dans l’évaluation de la performance ; la faible
prise en compte de l’engagement et du mérite individuels au profit d’une appréciation globale
et collective de la performance.

3.3. La religion

À ces comportements s’ajouterait le poids de la religion. Dans plusieurs cas, la religion


constitue un facteur premier qui permet de comprendre une société (Greif, 1994). Ceci avait
été mis en exergue par Weber à propos du poids du puritanisme sur la montée du capitalisme
en Angleterre, bien que Braudel (1979) ou Habermas (1981) aient critiqué fortement cette
approche. Du moins, dans ses écrits sur l’Islam, Weber considère que les caractéristiques des
dynasties Abbassides, Mameluks et Ottomanes ont empêché les structures légales rationnelles
de se développer. Greif (1994) affirme que les différences culturelles des Génois du monde
latin et de la société communautaire ou collectiviste du monde musulman ont conduit à
l’innovation chez les Génois (utilisant des contrats formels, des tribunaux pour assurer leur
application…) d’un côté, et à la réticence ou à l’incapacité des Maghribis4 à s’adapter à
l’autre. Kuran (2002) va aussi dans le même sens en considérant que les pratiques islamiques,
par exemple les règles de succession, ont freiné le développement d’institutions commerciales
comparables à celles qui se sont développées en Occident. Selon Kuran (2003) ces contraintes
institutionnelles expliquent pourquoi le commerce au Moyen-Orient a progressivement été
dominé par des minorités religieuses non musulmanes, jusqu’à l’adoption générale des
institutions et pratiques occidentales au XIX siècle. Les travaux de Hofstede (1987) ont aussi
établi partiellement des liens entre indicateurs culturels et religions.

Tribou (1995) a mis l’accent sur le rôle joué par l’Islam dans la mobilisation de leurs croyants
dans des activités économiques, eu égard à l’influence d’autres facteurs. Selon l’auteur,
l’islam présente certaines similitudes avec le protestantisme. L’auteur, dans son étude, arrive à
obtenir quatre résultats :

Le premier porte sur l’individu musulman. Le musulman est une personne libre d’aménager
son destin. L’islam ne porte pas plus au fatalisme que d’autres religions.

Le second concerne la raison du musulman. L’Islam est une religion qui ménage la raison. Cet
esprit rationaliste peut être sollicité pour atteindre une finalité matérialiste. Le musulman peut
poursuivre la réalisation de son bien-être sur terre en plein accord avec sa religion.

Le troisième relève de l’éthique de l’Islam. Le musulman, à l’exemple du prophète, peut


réaliser des activités commerciales. L’Islam favoriserait ainsi l’esprit d’entreprise.

Le quatrième porte sur la gestion rationnelle du temps. À l’exception des interdits, le


musulman est libre de gérer son temps et ses facteurs de production. L’entrepreneur
musulman intègrerait « traditionnellement » le risque à sa gestion.

4. Juifs d’Afrique du Nord ayant adopté des valeurs de la société musulmane.


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Selon ce chercheur, si l’éthique protestante imprègne l’éthos de l’entrepreneur puritain et


donne un sens et une force d’action, les mêmes façons de faire peuvent être envisagées chez
l’Islam.

Par contre, Laporta et coll. (1997) ont défini l’orthodoxie, le catholicisme et l’Islam comme
des religions « hiérarchiques ». Ils ont constaté qu’à revenu par habitant constant, les pays où
ces religions dominent, on trouve des organisations judiciaires moins efficaces, un niveau plus
bas de grandes entreprises dans l’économie, des infrastructures inférieures et une inflation
plus élevée.

D’Iribarne (2004), pour sa part, analyse la façon dont la religion, en interaction avec d’autres
facteurs culturels, contribue à donner un sens à des pratiques de management. L’auteur a
étudié, par exemple, la mise en place de la démarche de qualité totale à la lumière de repères
marocains et islamiques. Cette démarche a conduit à des changements spectaculaires de
comportements et à un fonctionnement rénové de l’entreprise (Pras, 2007).

Noland (2007) compare l’influence de l’hindouisme, du christianisme, du bouddhisme, du


judaïsme et de l’Islam sur la croissance économique, à un niveau de développement donné.
Ses analyses empiriques permettent de mettre en lumière une plus forte croissance chez les
tenants de l’Islam.

Bref, la croissance de l’entreprise est un phénomène multifactoriel. Elle résulte de situations


issues particulièrement d’une combinaison de facteurs personnels et d’éléments de
l’environnement immédiat, ethnique, social, politique et macroéconomique. L’éventail de ces
facteurs ou valeurs est à chercher principalement dans la famille et le système éducatif chargé
de véhiculer les valeurs, croyances et normes. L’évolution de l’entreprise s’avère donc
tributaire de tout un faisceau de facteurs. Elle n’est pas le fruit du hasard, encore moins celui
d’une volonté capricieuse. Elle dépend de l’appui et du soutien des réseaux de relations
entretenus avec différentes personnes.

4. LES CARACTÉRISTIQUES DU PROPRIÉTAIRE DIRIGEANT

Mais comme il a été dit à quelques reprises, le propriétaire dirigeant joue un rôle clef dans la
création, le développement et la croissance de son entreprise. Deux variables ont été mises en
exergue pour tenir compte de son influence, soit la formation et l’expérience.

L’influence du niveau d’études a été amplement étudiée. Plusieurs recherches constatent que
le niveau d’études du dirigeant a un impact positif sur la croissance (Hall, 1995 ; Weasthead,
1995 ; Storey et coll., 1989 ; Dunkelberg et Cooper, 1982). Le fait que le dirigeant soit
détenteur d’un diplôme d’études supérieures, voire de diplômes complémentaires, semble
stimuler la croissance de la firme (Janssen, 2002). Papadaki et Chami (2002) vont aussi dans
le même sens en affirmant que les études supérieures permettent au dirigeant de mieux faire
face aux problèmes et de saisir les occasions dont dépend la croissance de la firme. Toutefois,
les données empiriques concernant cet effet sur le rendement de la firme ne sont pas
concluantes. Selon Cooper et coll. (1992), dix des dix-sept études qu’ils ont consultées
soulignent un lien négatif entre le niveau d’études du dirigeant et le rendement de la firme.

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Dans le Grand Nord du Cameroun, la plupart des enfants sont en train de perdre les repères de
l’éducation traditionnelle sans pour autant bénéficier des avantages de l’éducation moderne.
Les problèmes divers cités le plus souvent concernent les aspects suivants :

− le peu d’efficacité de l’école ;


− les faibles relations viables entre système éducatif et système productif ;
− les coûts élevés des études pour la majorité des parents ;
− le statut peu prestigieux de l’enseignant ;
− le taux de persévérance scolaire bas ;
− la sous scolarisation des filles.

C’est dans ces conditions que les entreprises se créent, survivent, et se développent surtout
dans le secteur commercial. Ceux qui ne maîtrisent pas l’alphabet français utilisent les
caractères arabes dans leurs transactions dans le cas où ils ont suivi un enseignement religieux
assez élevé leur permettant d’acquérir cette compétence. Mais, la règle demeure l’oralité.
Toutefois, le rang de gens d’affaires plus instruits grossit continuellement avec l’arrivée de
nombreux diplômés des universités ou grandes écoles. Un faible niveau de scolarité peut être
toutefois compensé par l’expérience, soit venant d’une famille entrepreneuriale et donc des
données apprises durant l’adolescence, soit apprise sur le terrain.

Ainsi, Scott et Bruce (1987) et O’Farrell et Hitchens (1988) ont montré que certaines habiletés
du dirigeant reliés à la formation et l’expérience favorisent le développement de son
entreprise. D’ailleurs, on constate à partir de la littérature sur la faillite, que les principales
raisons menant les entreprises à leur disparition sont liées au manque de compétences,
d’expertise et de connaissances de leur dirigeant principal, le manque de compétences étant
dominant (Baldwin et coll., 1997). Une analyse plus détaillée révèle que les habiletés et
l’expérience en gestion (Peterson et coll., 1983; Lussier, 1995; Longenecker et coll., 1999)
ainsi que l’expérience dans le domaine (Lussier et Pfeifer, 2001) s’avèrent des facteurs
importants soutenant la croissance. Morrison et coll. (2003) ; Butt et Khan (1996) ainsi que
Lebouché (2000) constatent que l’expérience dans le secteur d’activité est aussi un critère de
succès pour la réussite de la croissance et la performance. Ainsi, Johnson et coll. (1997)
indiquent que près de 84 % des personnes qui gèrent les affaires quotidiennes d’une jeune
entreprise montante travaillent pour la même entreprise depuis 10 ans ou plus. O’Neill et coll.
(1987) mentionnent que l’âge de l’entrepreneur peut également servir de substitut à
l’expérience comme facteur explicatif de la performance dans les environnements
dynamiques

5. LE MODÈLE DE RECHERCHE

Compte tenu de ce qui précède, nous avons élaboré le modèle conceptuel de notre recherche.
Rappelons qu’un modèle n’est qu’une représentation partielle et simplifiée de la réalité ; son
seul but étant d’aider à mieux comprendre et à mieux appréhender le phénomène. La vraie vie
nous enseigne que chaque personne, chaque situation et chaque milieu possèdent sa
dynamique propre et ses particularités, celles-ci ne pouvant pas être totalement généralisées ;
à la rigueur, cependant, elles peuvent servir d’illustrations.

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FIGURE 1
Modèle conceptuel de l’influence des facteurs socioculturels sur la croissance d’une
petite entreprise

Environnement externe

Facteurs socioculturels Profil du dirigeant Croissance


- Famille -Niveau d’études de
- Communauté ethnique - Expérience l’entreprise
- Religion (variables modératrices) (variable
(variables indépendantes)
dépendante)

Autres variables

Mais, une théorie se concrétise par la construction d’un cadre conceptuel. Par définition, on
sélectionne les variables qui sont susceptibles d’avoir un effet réel. Ce modèle conceptuel fait
donc ressortir les différentes variables socioculturelles susceptibles d’influencer la croissance
des petites entreprises. À ces dernières, nous avons ajouté comme variables modératrices deux
principales variables touchant le propriétaire dirigeant, soit son niveau d’éducation et son
expérience.

Nous pensons avec ce modèle soulever 4 hypothèses que nous vérifierons avec une enquête la
plus exhaustive possible dans deux régions du Cameroun, soit celle de la capitale Yaoundé et
l’autre dans la ville de Douala, en isolant les facteurs socioculturels discutés plus haut et en
faisant le lien avec la croissance des entreprises, sachant que d’autres facteurs peuvent être
explicatifs. Ces hypothèses sont :

H1 : La croissance de la PE est positivement influencée par le fait que le dirigeant soit de


religion protestante ou de religion musulmane.

H2 : La croissance est négativement influencée par toutes activités entraînant une forte
mainmise familiale dans la gestion de la PE.

H3 : La croissance est positivement influencée par une faible influence de la communauté


ethnique dans la gestion de la PE.

H4 : L’effet de ces trois variables est influencé par le fait que le propriétaire dirigeant ait un
niveau d’études supérieur à celui du secondaire ou une expérience de dix ans et plus dans le
secteur de son entreprise.

Évidemment, toute cette analyse repose sur la qualité des mesures pour tenir compte de façon
majeure de ces influences à l’exception d’autres variables. Nous allons nous pencher sur ce
problème dans les prochaines étapes de notre recherche.
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CONCLUSION

La croissance des PME a fait l’objet de plusieurs études. Plusieurs théories ont été
développées pour tenter d’expliquer les causes et les conséquences de la croissance. Au
niveau des petites entreprises, l’accent est mis sur les objectifs personnels de l’entrepreneur
ou du propriétaire dirigeant. Ce dernier peut souvent choisir de maintenir son entreprise à une
certaine taille pour plusieurs raisons comme la peur de perdre le contrôle de son entreprise
avec, par exemple, l’arrivée de tierces personnes dans celle-ci. La théorie de la contingence a
essayé d’expliquer la croissance à la fois par des facteurs tant internes qu’externes à
l’entreprise. Et les théories culturalistes ont ajouté l’influence de l’appartenance à une
communauté avec ses traditions spécifiques. S’il est vrai que plusieurs études ont porté sur la
croissance de la PME, nous devons souligner que celles-ci se sont peu penchées, du moins
explicitement, sur l’influence des facteurs socioculturels sur la croissance des petites
entreprises. Comme nous l’avons vu, le propriétaire dirigeant d’une PE est central dans le
développement de son entreprise. Cependant, les contraintes sociales et culturelles de la
famille d’où il vient et de la communauté à laquelle il appartient et son degré d’attachement à
celles-ci vont contribuer à façonner et à donner une orientation évolutive ou non de la petite
unité. Mais, ces dernières valeurs varient avec le niveau de formation et l’expérience de
l’entrepreneur.

Dans le cadre de cette recension de la littérature, nous avons essayé d’élaborer un modèle
conceptuel mettant en évidence la relation potentielle entre la croissance et les facteurs
socioculturels pour ensuite déduire quatre hypothèses permettant de rendre le modèle plus
explicite. Reste évidemment à préciser les mesures pouvant prendre en compte les différents
éléments soulevés, et surtout appliquer ce questionnement à un échantillon représentatif des
petites entreprises camerounaises.

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