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MÉDIATHÈQUE de CHÂTEAUNEUF

Journal
des lecteurs

Mai 2019 N° 39
Sommaire

La petite Gauloise, Jérôme Leroy .................................................4


La goûteuse d’Hitler, Rosella Postorino ........................................5
Né d’aucune femme, Franck Bouysse............................................6
Madame 60 bis, Henriette Valet ....................................................7
Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu ....................................8
Les impatients, Maria Pourchet .....................................................9
Manuel de survie à l’usage des jeunes filles, Mick Kitson..........10
Asta, Jón Kalman Stefánsson ......................................................11
Le lambeau, Philippe Lançon ......................................................12
Naissance d’un Goncourt, Yann Queffélec ................................13
Les sœurs aux yeux bleus, Marie Sizun ......................................14
L'ordre du jour, Éric Vuillard.......................................................15

Coups de cœur ........................................................................16-17


L’été des quatre rois, Camille Pascal
Boccanera, Michèle Pedinielli
Le silence de Sandy Allen, Isabelle Marrier
Jeu blanc, Richard Wagamese
Pékin Pirate, Xu Zechen
Les prénoms épicènes, Amélie Nothomb

BD ............................................................................................18-19
Rosa (Dermaut)
Paris 2119 (Zep, Bertail)
Les vieux fourneaux (Lupano, Cauet)

Édito

« Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe »


Jules Renard

Les livres sont des passerelles dans les périodes de doutes…


Souvenez-vous comme on s’est arraché le Traité sur la Tolérance à
l’occasion de la mort de Jean Calas (1763) de Voltaire après les
attaques terroristes qui ont bouleversé la France, au début de
l’année 2015.
Dans ce nouveau numéro se côtoient l’histoire du vingtième siècle et
l’actualité brûlante de la dernière décennie, comme si l’une se
nourrissait de l’autre…
« Madame 60 bis » venue accoucher avec les pauvres à l’Hôpital de la
Pitié pourrait être la grand-mère des adolescents « cassés » par la
fermeture des hauts fourneaux et le chômage dans le Grand Est (Leurs
enfants après eux)
Les « impatients « d’aujourd’hui sont les héritiers en droite ligne des
« Sœurs aux yeux bleus » qui atteignent à grand-peine la reconnaissance
de leur statut de femme au début du XXe siècle.
La terrible reconstruction du visage de Philippe Lançon après les


attentats de Charlie Hebdo (Le lambeau) nous renvoie aux pires
horreurs de la première et de la seconde guerre mondiale.
La littérature est là pour dresser des ponts entre les époques et peut-
être ainsi nous aider à éclairer notre présent. Mais ce qui me paraît le
plus important, c’est qu’elle véhicule le désir de survie, de dépassement
des épreuves pour continuer à croire en l’avenir.
Lisez le très beau premier roman de Mick Kitson : « Manuel de
survie à l’usage des jeunes filles » et continuez avec nous à
défendre les livres !

Marie-Claude
La petite Gauloise
Jérôme Leroy
La manufacture de livres

Une ville de chantiers navals, sur la Côte Ouest. Un climat délétère


dans une France minée par le populisme et la xénophobie. Tout cela
dans un futur proche, tellement proche qu’on s’y croirait.
Dans un style incisif et enlevé, Jérôme Leroy nous emmène, du
commissariat au lycée en passant par les bars à chicha, dans un entrelacs
de portraits croisés qui finissent par se rejoindre sur la planète
terrorisme.
L’auteur connaît bien son affaire, qui enseigne dans des
établissements de zones dites « sensibles » et publie depuis de longues
années des ouvrages pour la jeunesse mais aussi de la poésie et des
scénarios.

P.B.

4
La goûteuse d’Hitler
Rosella Postorino
Albin Michel

En Prusse Orientale où Hitler a établi son QG en 1943, craignant


d’être empoisonné, celui-ci fait réquisitionner des jeunes femmes pour
goûter sa nourriture.
C’est l’histoire de l’une d’elles Rosa Sauer dont le mari combattant en
Russie, est porté disparu. Celle-ci, pour assouvir sa faim, accepte ce poste
malgré sa peur et sa haine du nazisme.
États d’âme personnels, parmi ses compagnes de table. Chacune
d’elles s’épie, se jauge, se trahit et les intentions et les apparences ne
sont pas toujours ce qu’elles semblent être.
Excellent roman, inspiré d’une histoire vraie, la tension ne faiblit pas
jusqu’aux dernières pages et nous fait vivre les tourments d’une jeune
femme propulsée dans un rôle méconnu de la dernière guerre.

Françoise

Rosella Postorino est une auteure italienne.


Elle a reçu le prix Campiello, le prix Pozzale Luigi Russo, le prix Rapallo et le prix
Vigevano Lucio Mastronardi en 2018 pour son roman "La goûteuse d'Hitler".

5
Né d’aucune femme
Franck Bouysse
La Manufacture de Livres

Une histoire simple, classique, tragique : Rose, 14 ans, est vendue par
son père contre une bourse bien légère, même pas suffisante pour sortir
la famille de la misère. L’acheteur ? Officiellement, un bon bourgeois
ayant besoin d’une bonne pour aider sa mère à tenir la maison. Rose, une
bonne, une esclave, si digne dans l’horreur de cette vie, sauvée par les
mots : « Les mots, nous dit-elle dans l'intimité des chapitres qui lui sont
consacrés, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que
je lisais dans le journal du maître, ceux que je ne comprends pas
toujours et que j'aime quand même, juste capable de m'emmener
ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils sont dans le ventre,
pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. Je les
appelle les mots magiciens : utopie, radieux, jovial, maladrerie,
miscellanées, mitre, (… ) et tellement d'autres que j'ai retenus sans
effort, pourtant sans connaître leur sens. Ils me semblent plus légers à
porter que ceux qui disent. Ils sont de la nourriture pour ce qui
s'envolera de mon corps quand je serai morte, ma musique à moi. C'est
peut-être ce qu'on appelle une âme. »
La puissance de ce roman tient à sa construction, roman à plusieurs
voix, et à chaque voix son écriture, et surtout à la très grande humanité
de ses personnages, exceptions faites bien sûr du maître et de sa mère.
Un roman bouleversant, tout à la fois sombre et lumineux, dont je ne
vous dirai rien de plus pour ne pas le déflorer !
A lire absolument !

Marie-Anne

Après des études de biologie, Franck Bouysse s’installe à Limoges pour enseigner.
Professeur dans un lycée technique, il se lance en 2004 dans l'écriture. "La paix du
désespoir", "L'entomologiste", "Le Mystère H.". En 2019 il publie "Né d'aucune femme" à
La Manufacture de livres.

6
Madame 60 bis
Henriette Valet
L’arbre Vengeur

« Je n’ai pas eu à chercher des thèmes, à inventer des situations, j’ai
vécu ce que j’ai écrit. »
Henriette Valet fut cette « Madame 60 Bis » depuis le soir où elle
poussa la porte de cet asile-refuge de la maternité jusqu’au jour où elle
le quitta avec son enfant.
Aucune intrigue dans ce roman, qui se situe dans une salle dans
laquelle sont rassemblées des femmes pauvres (bonnes de maison,
prostituées, petites paysannes, mères de famille...) qui arrivent là pour un
moment à l’abri de la misère et de la rue et pour accoucher.
« La vie du dehors devient lointaine. Même la nuit horrible s’efface.
J’en suis heureuse. Et pourtant une autre angoisse, encore imprécise,
monte déjà. Cette acceptation n’est-elle pas la passivité, la résignation
féminine, qui m’étonnent tant chez mes compagnes ? Suis-je donc moi
aussi, plus que je ne le croyais, une femme écrasée par la vie et la
misère ? »
Roman absolument captivant sur la vie des femmes dans les années
1930, qui pourrait presque être identique aujourd’hui, sur la
maternité,… Instruite, lucide et vigilante, Henriette Valet sait de quel
système politique et de quels enjeux économiques participe le culte de la
maternité en régime capitaliste. 
Marie-Anne

On ne sait pas grand-chose sur Henriette Valet, sinon son engagement au côté des
défenseurs du prolétariat. Elle est l’auteure d’un second roman « Le mauvais temps ».

7
Leurs enfants après eux
Nicolas Mathieu
Actes Sud

La France oubliée à l'honneur, couronnée par les Goncourt, grâce au talent d'un
jeune auteur qui n'a pas peur des mots. Il capte, parce qu'il connaît bien la région
et les gens, l'électricité qui traverse, le temps de trois étés, une petite ville que la
mondialisation a dévastée.
Pendant l'été 1992, dans la petite ville imaginaire de Heillange, une bande
d'adolescents en ébullition se mélange, toute appartenance sociale semblant abolie
quand il s'agit d'être en quête de barrette de shit, d'en consommer et de boire
ensemble, mais cela peut-il suffire à faire un lien réel qui survivra aux étés suivants ?
Les parents de ceux de la zone pavillonnaire ont eu la vie cassée par la fermeture
des hauts fourneaux et leurs rêves déglingués par le poids du quotidien. Le très
beau titre du roman interroge l'avenir de leurs enfants, celui qu'ils osent rêver, rêve
qui passe par les barrettes de shit, les motos conduites en zigzags, comme si la mort
n'était pas pour eux, et surtout par l'éveil de la sexualité naissante
douloureusement attisée. Le visage disgracié d'Anthony, qui sait qu'on le traite de
« cassos », la pauvreté de ses mots, ont-ils des chances de séduire la jolie Steph des
quartiers bourgeois ?
Il est dérangeant pour un amateur de belle littérature de pénétrer dans ce
roman, d'y suivre des adolescents désœuvrés et de faire leur connaissance à travers
une langue triviale, argotique, mais pouvait-il en être autrement si l'auteur voulait
nous les livrer dans leur vérité ? S'il voulait rendre palpables leur ennui, leurs
pauvres ressources intellectuelles, alors que brûle en eux la rage de vivre, et qu'ils
vouent aux gémonies l'exemple honni de leurs parents ?
Le roman offre une autre facette ; l'auteur capte l'intérêt du lecteur affligé par
l'indigence du langage parlé, en approfondissant la vie de ses personnages dans
une belle langue incisive, sur laquelle se détachent d'autant mieux ces vies
bancales, soumises aux élans brisés. Il sait ainsi transformer l'agacement premier en
empathie devant leur urgence à vivre, même mal. Un Goncourt qui se lit comme on
se brûle.
Nicole

Nicolas Mathieu a 40 ans. Il a écrit Aux animaux la guerre, roman dans lequel les personnages
n'avaient pas non plus la vie douce. Il a été adapté pour la télévision.

8
Les Impatients
Maria Pourchet
Gallimard

Si toute génération apporte des ruptures avec la précédente, c’est


dans son rapport au travail que se distingue la génération Y (née entre
1980 et 1995). Née à l’ère du numérique et des réseaux sociaux, elle
manifeste le besoin de se tester sur tout et le reste avant de comprendre
ce qui la porte. Sans compter qu’elle entend travailler en cohérence avec
ses valeurs, et n’accepte pas de s’ennuyer au travail. Tel est le thème de
ce nouveau roman de Maria Pourchet.
Reine, 32 ans, est dynamique, cultivée et sur diplômée. Son job
semble à la hauteur de ses attentes, épanouissant et valorisant, son mec
quasi parfait, son meilleur ami impeccable. Et pourtant... Elle vient de
décrocher un superbe job dans une entreprise de cosmétiques, et dès le
premier jour interroge sa « N+1 » sur la pertinence de la mission qui
vient de lui être confiée : « N’est-ce pas complètement stérile de s’épuiser
à ressusciter un produit alors qu’on a sous la main de quoi en faire un
nouveau ? ».
À partir de là, la vie de Reine va basculer : toute tracée et quelque peu
assoupissante, la vie de Reine va prendre un tout autre rythme... dont je
ne vous dévoilerai absolument rien !
Sociologue, Maria Pourchet semble avoir une grande connaissance de
ces « Millénial » qu’elle évoque avec une profonde tendresse, mais aussi
beaucoup d’ironie...
« Le tweet est à la pensée ce que le pet est au système gastrique ».
Dans une langue vive, presque hachée, elle dessine un portrait attachant
de cette jeunesse brillante et impatiente !

Marie-Anne

Maria Pourchet : Après des études de sociologie qu’elle poursuit tout en travaillant au
Républicain Lorrain (presse quotidienne Metz), elle s’installe à Paris. Elle y dispense
des cours (sociologie de la culture) à l’Université de Paris 10 Nanterre. Elle a enquêté,
dans le cadre de ses missions, sur les pratiques de lecture, la prescription littéraire et
la promotion du livre. En 2012, elle publie son premier roman, Avancer.

9
Manuel de survie à l’usage des jeunes
filles
Mick Kitson
Métailié

Ce « manuel de survie » va bien au-delà de ses objectifs : certes le titre


ne nous a pas menti ! On apprend comment deux fillettes âgées
respectivement de 13 et 10 ans doivent se débrouiller seules au cœur
d'une des forêts les plus sauvages des Highlands.
Ce n’est pas juste une fugue mais bien une question de survie pour
fuir une mère alcoolique et son compagnon, Robert alias « le salaud ».
Tout est dit d’autant que l’histoire nous est racontée par Sal, la plus âgée !
Sal a tout planifié en visionnant des centaines de vidéos sur Youtube
et elle entraîne sa sœur Peppa loin du domicile familial et des sévices qui
l’attendent.
On s’attache tout de suite à ces deux petites filles aux personnalités
bien marquées qui se protègent mutuellement et s’aiment sans limites. Si
leur enjeu est de survivre en pleine nature, on trouve aussi une quête de
bonheur dans cette histoire qui aurait pu être totalement désespérante.
Le récit a quelque chose en effet d’un conte de fée avec les épreuves,
les rencontres et la rédemption mais c’est surtout une très belle histoire
racontée avec réalisme et pudeur sur un sujet difficile.
Ce premier roman de l'Écossais Mick Kitson est une très belle
surprise !

Marie-Claude

10
Ásta
Jón Kalman Stefánsson
Grasset

Ásta est le roman d’une famille islandaise, qui traverse les époques et
les pays.
Les protagonistes, Helga et Sigvaldi, puis Ásta et Josef, incarnent de la
plus belle manière qui soit notre quête de la passion et du bonheur,
difficilement conciliables.
Et c'est magique ! La lecture est envoûtante sous les décors contrastés
d'Islande, avec ses lumières d'été et ses nuits d'hiver. 
La narration est rythmée d’une part par les souvenirs de Sigvaldi, père
d'Ásta, qui tombé d'une échelle, évoque auprès d’une norvégienne
réconfortante, les épisodes de sa vie qui défilent dans sa mémoire au gré
du vent ; et d’autre part par les lettres d’amour d’Ásta.
Nous naviguons à travers une narration éclatée, parfois avec quelques
difficultés, mais tenus en haleine par ces personnages qui sont tantôt
transportés, tantôt abattus.
C'est une œuvre foisonnante, pleine de poésie, profonde et exaltante.
« On dirait parfois qu’un seul et même chemin mène au bonheur et
au désespoir
- mais à part ça, tout va bien, non ? »

Jean

11
Le lambeau
Philippe Lançon
Gallimard

« Ce n'est que par le quotidien que j'ai pu apprivoiser ce qui avait eu lieu ». Pour
l'auteur de cette phrase, victime survivante de l'attentat islamiste qui en 2015 a
coûté la vie à plusieurs de ses collègues dans les locaux de Charlie hebdo, l'écriture
de ce texte a la dimension d'une reconstruction ; écrit « pour réapprendre à vivre »,
unanimement admiré, il ne peut être réservé aux lecteurs de ce magazine à la
teneur diversement appréciée.
Les tirs, les cris de haine, les longues minutes au ras du sol à voir ses camarades
ensanglantés à ses côtés, tout cela le hanterait longtemps.
Comment s'est-il relevé ? Pas à pas. Il a fallu découvrir l'horreur pour soi-même,
survivant à la mâchoire emportée, condamné longtemps au silence, installé dans un
autre monde, celui de la douleur, dans lequel « la vacance, la frivolité, le
mouvement sans souffrance » est l'apanage de « ceux d'en face », ceux de l'extérieur,
les visiteurs.
Impossible de ne pas être bouleversé par le lent et douloureux cheminement
dévolu à celui qui allait devoir vivre et qui, un an après les faits - car il ne s'agit pas
d'un journal -, écrit comment il a tenu à distance les plaintes, l'apitoiement sur soi-
même, les tentatives d'explications, les indignations, en puisant dans les ressources
que lui offrait l'homme cultivé qu'il avait été. Ne rien attendre de l'extérieur. La
musique de Bach, comme la morphine, me soulageait ; la lecture répétée des
souffrances de Marcel Proust, l'envie obsessionnelle de retrouver un livre sur le jazz
laissé sur les lieux de l'attentat, tout cela a participé à son envie de vivre ! Assigné
de longs mois à l'hôpital, il a réussi à accepter de s'y livrer en totale confiance au
corps médical, de l'aide soignante à la chirurgienne avec qui il faudrait tout
partager, les réussites des greffes, comme les échecs, entre déambulations et
descentes répétées au bloc.
Ce livre épais porte son lecteur, l'emporte, jamais ne le lasse malgré son sujet
pénible ; on ne se départit jamais d'une empathie admirative pour son auteur,
empathie à l'image de celle que manifeste inlassablement, à l'égard du monde
soignant, ce patient exemplaire. Sa méthode de reconstruction : puiser en soi-
même, mais avec les autres.
Nicole
Philippe Lançon est journaliste à Libération et chroniqueur à Charlie hebdo.

12
Naissance d'un Goncourt
Yann Queffélec
Calmann Lévy

Le livre, tout rouge, attire le regard, sur le bandeau, il est écrit : « Toi
chéri, tu as une gueule d'écrivain ». Le titre : Naissance d'un Goncourt et
sa couverture m'ont convaincu de le feuilleter. Yann Quéffelec, fils
d'Henry, est-ce le début d'une dynastie d'écrivains ? J'ai feuilleté le livre et,
amusé par des dialogues vivants et crus, j'ai fini par l'acheter car je
trouvais son style intéressant.
Mon âme de marin a beaucoup aimé la rencontre entre l'auteur et
Françoise Verny un soir de tempête sur le quai du port de Belle-Ile où ciel
et mer se confondent dans un déluge d'eau douce et salée. Vous
découvrirez vous-mêmes ce séjour étonnant ou détonnant dans la dite île
et les circonstances de ces péripéties. Le récit picaresque de l'amitié virile
entre un auteur en devenir et Françoise Verny, «  une grosse légume de
l'édition parisienne », émaillé de beuveries et de scènes ubuesques, nous
change de la littérature actuelle quelque peu convenue et politiquement
correcte.
Les personnalités fortes des deux protagonistes sont parfaitement
décrites par le biais d'anecdotes de leurs vies quotidiennes. Ce sont de
vrais vivants, pour ne pas parler de viveurs, loin de tous nos principes de
précaution.
Qui se souvient des « Noces Barbares » prix Goncourt en 1985, j'ai dû
le lire ; mais croyez-moi, je vais le relire.

Jean-Michel

13
Les sœurs aux yeux bleus
Marie Sizun
Arlea

Vous aviez été séduits par « La Gouvernante suédoise », vous allez


retrouver la famille Sezeneau à Meudon, désemparée, après la mort de la
jeune mère Hulda.
Nous allons suivre le destin de ces personnages, Léonard, le père, ses
cinq enfants et leur gouvernante Livia, de Saint Pétersbourg à Paris, en
passant par un long purgatoire en Vendée. Marie Sizun s’attache surtout
à explorer l’éducation russe et française à la fin du 19e siècle et l’évolution
du statut de la femme au début du XXe siècle à Paris. Le roman prend
ainsi une dimension sociale et historique.
Les trois sœurs aux yeux bleus, d’abord élevées par un père rigoriste et
froid, puis orphelines, partent à la conquête de leur liberté tout en
restant victimes du poids des liens et des secrets familiaux.
Marie Sizun, avec beaucoup de délicatesse, clôt ainsi une partie de sa
propre histoire familiale marquée par les tabous et le silence. C’est un
grand plaisir de lecture !

Marie-Claude

14
L'Ordre du jour
Éric Vuillard
Actes Sud

« On ne tombe jamais deux fois dans le même abîme. Mais on tombe


toujours de la même manière, dans un mélange de ridicule et d'effroi. »
En regardant autour de soi, force est de constater qu’Éric Vuillard a
raison : « la cécité sociale, la morgue » qui caractérisaient une certaine
élite anglaise dans les années 30, aussi bien que « l'aspect poisseux de
combinaisons et de l'imposture » qu'arboraient les 24 industriels
allemands prêts à soutenir Hitler – non seulement n’ont pas disparu,
mais encore ont fait des émules.
À partir d'anecdotes savoureuses, Vuillard montre les dessous de
l'histoire récente – mais déjà oubliée semble-t-il – allant d'une réunion de
patrons en 1933 à l'invasion plutôt bâclée précédant l'Anschluss de 1938,
en passant par un dîner présidé par Chamberlain qui se fait royalement
berner par son invité et locataire Joachim von Ribbentrop.
Le ridicule et l'absurde volent (presque) la vedette au drame et à la
tragédie.
Comme de nos jours, on ne sait pas s'il faut rire ou pleurer de ce
spectacle, mais c'est plutôt le dernier qui gagne. Une belle mise en garde,
couronnée par le prix Goncourt.

Anne

15
Nos coups
L’été des quatre rois Livre dense et très bien documenté d’un épiso-
de unique de l’histoire de France. En juillet août
Camille Pascal 1830, quatre rois se sont succédé : Charles X, Louis
XIX, Henri V, Louis-Philippe.
Amateurs d’histoire, plongez-vous dans cette
épopée racontée par l’auteur Camille Pascal, agré-
gée d’histoire.
Françoise

Boccanera est un polar niçois où Ghjulia


Boccanera
«  Diou  » Boccanera quinquagénaire en Doc
Michèle Pedinielli Martens, et détective privée, enquête pour trouver
le coupable de plusieurs meurtres. Elle va sillonner
Aube Noire
Nice, ville éventrée par le chantier du tramway,
échapper à des chausse-trappes et se jeter dans la
gueule du loup grâce à une bonne dose d'incons-
cience.
Avec le ciel, la mer et le soleil en toile de fond
Premier roman fort bien mené dans une
ambiance niçoise par une romancière également
niçoise A surveiller, elle ira loin.
Françoise

Le silence de Sandy L’histoire vraie de la femme la plus grande du


Allen monde, une Américaine, qui va entrer au Guinness
World Records Book, et sera la muse de Fellini
Isabelle Marrier dans son « Casanova »… Mais surtout l’histoire
d’une femme « différente » dès son plus jeune âge,
Flammarion
objet de toutes les moqueries . Un récit poignant
et sensible qui redonne à cette femme –géante,
toute son humanité.
Marie-Claude

16
de cœur
Jeu blanc Sauvé d'un internat atroce par son talent pour
le « jeu blanc » (hockey sur glace), l'Amérindien
Richard Wagamese Saul Indian Horse doit encore affronter le racisme
Les Éditions Zoé et ses propres démons intérieurs. Il sort victorieux,
le lecteur jubile avec lui.
Anne

Pékin pirate
Un tourbillon de sable jaune, vivifiant et piquant - un
Xu Zechen
livre qui respire l'énergie et le ressort qu'il faut pour
Philippe Rey survivre à Pékin – surtout quand on n'a rien d'autre.

Anne

Année après année, Madame Nothomb, nous


Les prénoms épicènes
sert un nouveau roman, l’exercice ne serait même
Amélie Nothomb pas laborieux : elle en produirait 3 à 4 par an et
n'en fait publier qu'un seul.
Albin Michel
Cette année, elle a choisi «  Les prénoms
épicènes » pour notre bonheur. Tout le livre tient
dans la première phrase « Il ne décolère pas ».
L'intrigue se déroule simplement jusqu'à son
aboutissement comme un bon roman policier et tout
à fait à la fin, vous vous dites : Mais oui, bien sûr…
Vous refermez le livre et lisez la 4e de
couverture, non ce n'était pas un polar, c'est un
excellent roman psychologique. Bravo !
Jean Michel

17
Rosa
Scénario et dessin :Dermaut,F
Sérieencours,2tomesactuellement…
DébutduXX siècledansunvillageisoléoùRosatient
e

le café local, les hommes ont des doutes quant à leur
virilitéetfontunpari« duplusperformant »…maisqui
pourrait les départager si ce n’est Rosa qui a besoin
d’argentpourpayerlessoinsdesonmarimalade…Elle
seproposedoncpour« tester »cesmessieurstropsûrs
d’eux…
Récit très attachant tout autant que les personnages.
Unetrèsbellehistoirequineglissepasdutoutdansla
vulgarité ou le sordide comme le sujet pourrait le faire
penser !C’estmagnifique !
C’estcertainementmoncoupdecœurdecemois.

Paris 2119
Scénario : Zep
Dessin :Bertail,D
Oneshot-Récitd’anticipation
Paris au XXII siècle n’est plus qu’une ville délabrée,
e

envahieparlesdronesetlesclonesetoùtoutaétésolu-
tionnéparlatéléportation.Malgrétoutcertainsvestiges
subsistentcommelemétrodontTristannepeutsepas-
ser,c’estunnostalgique……
Trèsbeaurécitdontledessinestsuperbesurtoutavec
cecamaïeudebleuetdeblanc.

18
Les Vieux fourneaux

Scénario :Lupano,W
Dessin :Cauet,P
Série en cours, 5 tomes actuellement…
Trois amis d’enfance septuagénaires,
rebelles,contestataires,hautsencouleurs,
impertinents et j’en passe…se retrouvent
lors d’un enterrement. S’en suivent des
aventuresrocambolesquesaufildesdiffé-
rents albums sous fond de politiquement
incorrect…

Drôleetémouvantàlafois,unvrairégal.Des
répliques de folie, un dialogue sympa, des
envoléesverbalestruculentes,c’estvraiment
uneBDàsavourer !

Martine

19
Médiathèque Municipale
de Châteauneuf
1, rue du Baou
Tel. : 04 93 42 41 71
mediatheque@ville-chateauneuf.fr

Journal des Lecteurs


écrit par et pour les lecteurs

Mise en page :
L’esp@ce Multimédi@
Rédacteur en Chef :
Marie-Claude LAMBERT

Impression :
Zimmermann - Villeneuve-Loubet

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