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Machines tournantes :

principes et constitution

par Bertrand NOGAREDE


Professeur des Universités
Docteur de l’Institut National Polytechnique de Toulouse
Responsable du groupe Machines et Mécanismes Électroactifs du LEEI
(UMR-CNRS n° 5828) de l’ENSEEIHT/INPT – Toulouse

1. Machines tournantes à interaction de champs magnétiques ..... D 3 411 – 2


1.1 Modes de création des champs magnétiques tournants ......................... — 2
1.2 Conversion d’énergie par interaction de champs et de moments
magnétiques tournants ............................................................................... — 6
1.3 Structures à moments magnétiques produits .......................................... — 7
1.4 Structures à moments magnétiques induits ............................................. — 10
1.5 Notion de commutation .............................................................................. — 13
2. Éléments constitutifs des parties actives et matériaux utilisés — 13
2.1 Circuits magnétiques et sources de champ .............................................. — 13
2.2 Conducteurs et supraconducteurs ............................................................. — 16
2.3 Matériaux électroactifs................................................................................ — 16
3. Conception des convertisseurs électromécaniques ...................... — 17
3.1 Principales étapes du processus de conception ....................................... — 18
3.2 Différents niveaux méthodologiques en présence ................................... — 18
3.3 Du concept à la structure dimensionnée :
« conception par optimisation »................................................................. — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 22

arallèlement à la diversification en termes d’application, le champ des solu-


P tions techniques exploitables en conversion électromécanique de l’énergie
s’est sensiblement enrichi. Il est clair que les progrès accomplis dans le domaine
de l'électronique de puissance constituent un facteur déterminant quant au déve-
loppement de structures électromécaniques répondant de manière de plus en
plus souple et efficace aux cahiers des charges visés (variation de vitesse, gestion
des réversibilités énergétiques …). Si ces progrès concernent initialement des
structures classiques, à effet magnétique, le développement de nouveaux maté-
riaux dotés de performances et de fonctionnalités accrues (matériaux magnéti-
ques composites, supraconducteurs, « électroactifs » tels que les céramiques
piézoélectriques et les alliages magnétostrictifs …) conduit aujourd’hui à un élar-
gissement sensible des principes mêmes grâce auxquels la conversion d’énergie
peut s’opérer.
Compte tenu de la large prédominance dont elle bénéficie, la famille des
machines tournantes à interaction de champs magnétiques fait ici l’objet d’une
étude spécifique : sur la base d’une approche analytique originale, les principes
élémentaires classiquement exploités en sont globalement étudiés et caractéri-
sés. Face aux aspects techniques qui sous-tendent la conception des structures
considérées, quelques données et tendances relatives aux principales familles
de matériaux utilisés sont alors proposées, avant que ne soient finalement abor-

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dés les aspects méthodologiques liés au dimensionnement optimal d’une struc-


ture satisfaisant à un jeu de spécifications et de critères donnés.
L’article « Machines électriques tournantes. Conversion électromécanique de l’énergie » fait
l’objet de deux fascicules :
D 3410 Machines tournantes : conversion électromécanique de l’énergie
D 3411 Machines tournantes : principes et constitution
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter à l’autre fascicule.

1. Machines tournantes aimanté perpendiculairement à son axe de révolution et placé au


centre d’une cavité cylindrique délimitée à sa périphérie par une
à interaction de champs zone de perméabilité supposée infinie (culasse idéale). La longueur
de la cavité étant grande devant son rayon d’alésage, les effets
magnétiques d’extrémités seront négligés. L’énergie magnétique libérée par
l’aimant est alors confinée dans le volume de la cavité.
La répartition du champ magnétique dans ce volume est régie par
les équations de la magnétostatique données par :
Les machines tournantes à effets magnétiques constituent de
toute évidence la famille de convertisseurs électromécaniques div B = 0
ayant bénéficié des plus larges développements, tant du point de 
vue des applications concernées (du micromoteur de montre à  (ce qui permet de poser B = rot A , où A désigne le potentiel

l’alternateur de centrale nucléaire !), que des architectures électro-  vecteur assujetti au choix : div A = 0)
mécaniques exploitées et des choix technologiques associés. Face 
aux diverses solutions en présence pour transformer, à l’aide de  rot H = j = 0
 (en l’absence de densité de courant j )
sources magnétiques interagissant au sein d’une structure rotative,
de l’énergie électrique en énergie mécanique (fonctionnement en
moteur) ou, réciproquement, de l’énergie mécanique en énergie
électrique (fonctionnement en générateur), il est clair que le concept
de « champ magnétique tournant » joue un rôle primordial. Aussi,
bien que cette notion ne permette pas à elle seule une présentation
exhaustive et détaillée de toutes les structures exploitées à ce jour Culasse magnétique de grande perméabilité
(cf. les articles spécialisés du présent traité), les principes fonda- (µ & ∞ ) H = 0 dans le volume de la culasse)
mentaux sur lesquels reposent leur fonctionnement et leur concep-
tion sont ici introduits en examinant les procédés élémentaires
d’interaction entre des moments et des champs magnétiques tour- y
nants dans une cavité cylindrique.
À cette fin, l’étude présentée s’appuie sur l’analyse d’une struc- uθ ur
ture idéalisée de machine tournante qui offre la possibilité d’une
J M e z'
approche par résolution analytique des équations du champ en
deux dimensions. Afin de simplifier les développements théoriques,
et sans restreindre leur généralité, le cas d’une architecture bipo- θ α x
laire sera plus particulièrement considéré. La théorie développée x' O
permet alors d’accéder à une caractérisation fonctionnelle des struc-
tures de base (conformément aux présentations à base de schémas z a
équivalents classiquement proposées), tout en offrant l’intérêt de
tenir compte explicitement des dimensions et caractéristiques des
objets considérés [1]. Elle constitue de ce fait une bonne introduc-
tion à la conception et au prédimensionnement des machines élec-
triques tournantes. y'

Aimant de polarisation J uniforme

1.1 Modes de création des champs


a rayon d'alésage de la cavité
magnétiques tournants e entrefer équivalent
Oz axe de révolution
Ox axe polaire de référence
Oy axe de polarisation magnétique
1.1.1 Champ produit par un aimant tournant dans
M, ur , uθ repère local
une cavité cylindrique

Considérons la structure magnétique schématisée sur la figure 1, Figure 1 – Structure aimantée bipolaire
constituée d’un aimant de polarisation magnétique J uniforme, à noyau uniformément polarisé

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En introduisant, en outre, la loi constitutive du milieu aimanté, sur H θ s’écrit (en remarquant que la constante ν 2 est nécessaire-
donnée de manière générale par : ment nulle pour assurer le caractère fini de A lorsque r tend vers 0) :
B = µ0H + J (1) Bθ – Jθ
( H θ ) r = a =  ------------------ = –k = 0 (3)
et en remarquant, d’autre part, que le rotationnel de J, supposé uni-  µ0  r = a
forme, est nul dans tout le volume de l’aimant, l’équation générale
gouvernant la répartition du champ magnétique dans l’ensemble du (en l’absence de courant superficiel de densité k = ku z , u z dési-
domaine considéré (aimant et entrefer compris), s’écrit finalement : gnant le vecteur unitaire orientant l’axe Oz). Soit :
∆A = 0 (2) ∂A
( B θ ) r = a = –  ------- = ( Jθ ) = – J sin ( θ – α ) (4)
où ∆ désigne l’opérateur laplacien.  ∂r  r = a r=a

avec J(T) : intensité de la polarisation magnétique du milieu,


Le milieu aimanté considéré ici a trait de manière générale à α(rad) : angle entre l’axe de polarisation Oy et l’axe de
un corps dont la polarisation magnétique J peut être formelle- référence Ox,
ment décomposée en un terme de polarisation spontanée et un
a(m) : rayon d’alésage de la cavité.
terme de polarisation induite qui dépend du champ H. Dans la
mesure où cette dépendance peut être supposée linéaire (sur la Par conséquent, on obtient finalement :
plage de fonctionnement utile de l’aimant), la prise en compte
du terme de polarisation induite revient à corriger la perméa- A ( r, θ ) = rJ sin ( θ – α )
bilité apparente du milieu.
d’où
Dans le cas des aimants permanents, on sera ainsi souvent
amené à considérer une loi constitutive de la forme : 1 ∂A
B r = --- ------- = J cos ( θ – α )
B = µ 0 µ p H + Jr r ∂θ
( 0< r < a )
∂A
avec µp : perméabilité relative de recul de l’aimant B θ = – ------- = – J sin ( θ – α )
∂r
(légèrement supérieure à 1 pour les aimants les plus
performants), Le champ magnétique apparaît alors comme un champ uniforme
Jr(T) : polarisation rémanente de l’aimant. s’identifiant à la polarisation magnétique de l’aimant (B = J), tandis
que le champ H est identiquement nul.

En vertu des hypothèses formulées au début de ce paragraphe, le ■ Dans le cas où l’on tient compte de l’entrefer mécanique séparant
système peut être considéré comme « invariant par translation » la surface de l’aimant de la culasse de perméabilité infinie, les deux
selon l’axe Oz, si bien que seule la composante selon Oz de A est jeux de constantes associées aux expressions du potentiel vecteur
non nulle (le problème se ramène alors à un calcul du champ B en dans les deux zones formant le domaine d’étude (l’aimant et l’entre-
deux dimensions dans un plan perpendiculaire à l’axe Oz). L’équa- fer) sont identifiés distinctement, grâce aux conditions de passage
tion vectorielle (2) se réduit dans ce cas à une équation scalaire qui relatives aux deux interfaces correspondantes. Il vient dans ce cas :
s’écrit, en coordonnées cylindriques (cf. figure 1) : — dans l’aimant ( 0 < r < a – e ) :

2 2 x
∂ A 1 ∂A 1 ∂ A
---------2- + --- ------- + ----2- ---------2- = 0 A ( r, θ ) = 1 – x e  1 – -----e- rJ sin ( θ – α )
∂r r ∂r r ∂θ 2

d’où :
où A désigne la composante du potentiel vecteur selon l’axe Oz.
Le rayon d’alésage définissant la cavité étant constant (alésage x
sans éléments saillants ou encoches), une solution de cette équa- B r = 1 – x e  1 – -----e- J cos ( θ – α )
2
tion est donnée par :
x

B θ = 1 – x e  1 – -----e- J sin ( θ – α )
2

q –q
A ( r, θ ) = ( ν 1 q r + ν 2 q r ) ( ν 3 q cos qθ + ν 4 q sin qθ ) pour 0< r < a
q=1 — dans l’entrefer ( a – e < r < a )

où q, ν 1 q , ν 2 q , ν 3 q , et ν 4 q désignent des constantes réelles. a 2


A ( r, θ ) = --- ( 1 – x e ) 1 +  --- rJ sin ( θ – α )
1 2

Cette expression fait apparaître les contributions relatives aux dif- 2 r


férents harmoniques d’espace, de rang q, contenus dans la distribu-
tion des sources du champ. Lorsque ces sources sont à répartition d’où :
sinusoïdale, seuls les termes relatifs au rang d’harmonique corres-
a 2
B r = --- ( 1 – x e ) 1 +  --- J cos ( θ – α )
pondant sont à considérer, q s’identifiant alors au nombre de paires 1 2
de pôles de la structure magnétique. 2 r
Dans le cas particulier de la structure bipolaire à aimant unifor- a 2
B θ = – --- ( 1 – x e ) 1 –  --- J sin ( θ – α )
1 2
mément polarisé (les composantes radiales et tangentielles de la 2 r
polarisation sont des fonctions harmoniques en θ), le problème se
réduira ainsi à la détermination des constantes relatives au rang avec e (m) : épaisseur de l’entrefer mécanique,
: coefficient d’entrefer relatif  x e = --- .
q = 1. Celles-ci seront identifiées en considérant les conditions de e
xe 
passage auxquelles sont assujetties la composante normale de B et a
la composante tangentielle de H au niveau des interfaces du
● La présence de l’entrefer conduit ainsi, dans le volume de
domaine (interface aimant-entrefer ou entrefer-culasse).
l’aimant, à l’apparition d’un champ H à caractère démagnétisant qui
■ Considérant, dans un premier temps, le cas particulier où réduit d’autant l’intensité B du champ à répartition uniforme dans le
l’aimant remplit toute la cavité (entrefer e négligé), la condition volume de l’aimant que l’entrefer augmente :

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— lorsque l’entrefer relatif tend vers 1 (cas limite d’un aimant


cylindrique fonctionnant dans l’air loin de tout corps magnétique), Conducteur Culasse magnétique statorique
le niveau de champ obtenu dans l’aimant et, par conséquent, le flux ( « aller » ou « retour »)
magnétique utile, sont réduits de moitié par rapport au cas idéal
obtenu pour e = 0 ;
— dans le cas où e reste petit devant a (les entrefers mécaniques y
relatifs mis en jeu dans les machines électriques sont généralement e
de l’ordre de quelques pourcent du rayon d’alésage), cette réduction
est proportionnelle, en première approximation, à la valeur de z'
l’entrefer relatif.
En ce qui concerne le champ dans l’entrefer, sa distribution non α x
uniforme est cependant caractérisée par une variation sinusoïdale x' O a
de ses composantes radiales et tangentielles le long d’un rayon r
donné. Notons, en outre, que l’amplitude de la composante tangen- z
tielle de B est un infiniment petit du premier ordre par rapport à xe,
tandis que l’amplitude de la composante radiale pourra être assimi-
lée en première approximation à l’intensité de polarisation J. y'

■ Dès lors, lorsque l’aimant subit une rotation autour de son axe de
révolution à vitesse constante [ α = Ωt + β 0 ] , le champ tournant qui
Nappe de conducteurs
en résulte se manifeste, dans le cas de la géométrie considérée, par superficiels équivalents
une évolution sinusoïdale, en quadrature de phase, des composantes
radiales et tangentielles de B (ou de H ) en un point d’observation
Têtes de bobine
donné de la cavité. Il sera par conséquent souvent judicieux d’adop-
(représentation partielle) Noyau magnétique intérieur
ter une représentation de ce champ sous forme complexe en posant :
B = ( B r + j B θ ) exp ( jθ ) (5)
a structure classique b structure idéalisée
a à bobinages logés b à bobinages superficiels
Exemple : B = J exp [ j ( Ωt + β 0 ) ] dans le cas où e est négligeable a dans des encoches b (distribution sinusoïdale
devant a. a des conducteurs)

a rayon d'alésage de la cavité


1.1.2 Champ produit par une distribution e entrefer équivalent
sinusoïdale de courants superficiels Oy axe magnétique de la bobine

Dans le calcul du champ développé au paragraphe 1.1.1, il est Figure 2 – Structure schématique d’une armature bobinée bipolaire
intéressant de noter que la source magnétique constituée par
l’aimant à polarisation uniforme intervient simplement par le biais avec i ( A ) : courant instantané parcourant le bobinage,
de la condition de passage que satisfait le champ d’excitation au
niveau de l’interface aimant-entrefer. Cette condition traduit ainsi le c (conducteurs.m –1) : fonction de répartition angulaire des
fait que l’aimant considéré est formellement équivalent à une den- conducteurs,
sité de courants superficiels distribués à la surface du cylindre de C (conducteurs.m –1) : valeur maximale de la densité linéique
rayon a – e (l’aimant ayant été remplacé par un milieu de perméa- des conducteurs.
bilité µ 0 ), selon une loi définie par :
Le signe de c rend compte de l’orientation « aller », c > 0, ou
« retour », c < 0, des conducteurs selon Oz.
J 
k ( θ, α ) = – -----θ- = K sin ( θ – α )  ● Dans le cas particulier où l’enroulement à distribution sinusoï-
µ0  dale est accolé à l’alésage, le volume de la cavité, de perméabilité
 (6)
J  µ0, sera donc le siège d’un champ uniforme dont l’intensité a pour
où : K = ------
µ0  valeur instantanée µ 0 Ci ( t ) .

Notons que, α étant constant, la circulation d’un courant alternatif
–1
avec k ( A.m ) : densité linéique de courants superficiels équivalente, dans le bobinage conduit à la production d’un champ de direction
–1
K ( A.m ) : amplitude de la densité linéique de courants fixe dont la polarité s’inverse périodiquement. Ce type de champ est
(charge linéique). ainsi qualifié de champ pulsant. Il est intéressant de constater qu’un
tel champ peut se décomposer en deux champs tournants de même
■ Par conséquent, comme l’illustre la figure 2b, si l’on considère intensité et animés de vitesse de rotation opposées (§ 1.2).
inversement le champ produit par une distribution sinusoïdale de Le courant étant défini par :
conducteurs (répartis au niveau du rayon a – e ), constituant une
bobine d’axe Oy parcourus par un courant donné, le champ magné- i ( t ) = I cos ( ωt + β )
tique produit sera identique, en tout point de la cavité, à celui avec I ( A ) : amplitude du courant,
qu’engendrerait, conformément aux expressions précédemment
établies (§ 1.1), un milieu aimanté de polarisation équivalente J eq ω (rad.s –1) : pulsation,
donnée par : β (rad) : phase à l’origine,
J eq = µ 0 K = µ 0 C i (7) l’expression du champ sous forme complexe se décompose en effet
selon :
le bobinage étant défini par la fonction de répartition des conduc- B = µ 0 Ci exp ( j α ) 
teurs : 
µ0 C I µ0 C I  (8)
= ------------- exp [ j ( ωt + α + β ) ] + ------------- exp [ – j ( ωt – α + β ) ] 
c ( θ ) = C sin ( θ – α ) 2 2 

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D’un point de vue énergétique, convenant de privilégier une que, les gains obtenus demeureront limités par la saturation
expression fonction du courant i (ou, à l’échelle locale, du champ magnétique du noyau ou des éléments ferromagnétiques consti-
d’excitation H), l’équilibre (isotherme) du système est caractérisé tuant la structure (pour les alliages ferreux classiquement utilisés,
par une enthalpie libre généralisée ([D 3 410], § 1.3.2) dont la partie cette limite se situe aux alentours de 1,5 T).
magnétique, étendue au domaine ( 9 c ) de la cavité, s’écrit :
■ Remarquons enfin que, dans la plupart des structures de machi-
H 2
µ0 H 
∫∫B ∫ ∫
2 nes électriques, l’entrefer est encore réduit grâce à l’implantation
B
G mag = – ⋅ dH d 9 = – ------------- d9 = – --------- d9  d’encoches au sein desquelles les conducteurs constituant le bobi-
2 2 µ0 
9c 0 ( 9c ) ( 9c )
 (9) nage sont partiellement noyés, comme l’illustre la figure 2a. Ainsi
 découplé de l’épaisseur effective du bobinage, l’entrefer mis en jeu
1 2 2 2 
= – --- π a hµ 0 C i se voit alors le plus souvent limité par des considérations d’ordre
2  technologique (tolérances mécaniques).
avec h(m) : longueur de la cavité selon l’axe Oz. Comparée à la situation idéale considérée dans la théorie déve-
L’expression des grandeurs globales caractéristiques de la struc- loppée, cette configuration introduit de sérieuses différences quant
ture, exprimées en fonction des données géométriques du pro- à l’essence même des phénomènes physiques effectivement mis en
blème, s’obtiennent par dérivation du potentiel par rapport à la jeu : les courants logés dans les encoches ne baignent pas directe-
coordonnée généralisée correspondante. Dès lors, le flux magnéti- ment dans le champ magnétique d’entrefer, de sorte que les forces
que est donné par : engendrées s’exercent non pas directement sur les conducteurs
∂ G mag mais sur les dents du circuit ferromagnétique.
ϕ = –  ------------------ = , p i (10) Cependant, du point de vue des grandeurs caractéristiques globa-
∂i
les (énergie, couple …), les raisonnements relatifs à la structure de
2 2
où : , p = π a hµ 0 C bobinage idéalisée permettent d’appréhender avec une bonne
approximation les principaux effets exploités dans les machines
avec ϕ ( Wb ) : flux magnétique embrassé par la bobine, électriques. En outre, la possibilité d’une détermination analytique
, p ( H ) : inductance propre de la bobine. du champ dans la structure offre l’avantage d’aboutir à une modéli-
D’un point de vue quantitatif, avec l’équivalence « aimantation- sation directement paramétrée en fonction des dimensions et carac-
courant » précédemment introduite (en [D 3 410], § 2.2), soulignons téristiques physiques des dispositifs étudiés.
que, si des intensités de champ de l’ordre de 1T sont aujourd’hui
couramment obtenues à l’aide d’aimants permanents (§ 2), l’accès à 1.1.3 Champ produit par un système de bobines
de tels niveaux de champ par le biais de bobines « à air » reste alimentées par des courants polyphasés
inconcevable dans le contexte de dispositifs non supraconducteurs.
Les densités de courant admissibles dans les dispositifs bobinés En vertu de la linéarité des équations du champ résolues au
sont en effet nécessairement limités par les échauffements internes paragraphe 1.1.2, l’action combinée de deux enroulements à distri-
dus notamment à la dissipation thermique par effet Joule. bution sinusoïdale (E1) et (E2) accolés à la paroi d’une cavité cylindri-
Exemple : dans le cas du bobinage considéré (bien que bénéficiant que remplie d’un milieu homogène et isotrope conduit à un champ
d’une culasse extérieure ferromagnétique), l’obtention d’un champ de résultant uniforme, défini dans le plan complexe par :
1 T dans le volume de la cavité nécessiterait une densité linéique de B = B 1 + B 2 = µC 1 i 1 exp ( j α 1 ) + µC 2 i 2 exp ( j α 2 ) (11)
courant d’amplitude
–1 avec µ(H.m –1) : perméabilité magnétique absolue du
K = Ci = 1 × µ 0 = 796.103 A.m –1, milieu remplissant la cavité,
soit 10 à 20 fois plus que les valeurs de charges linéiques maximales Ck(conducteurs.m –1) : densités linéiques maximales associées
classiquement adoptées dans les machines électriques tournantes. à l’enroulement k ( k ∈ { 1, 2 } ) ,
● Considérant plus précisément le cas de l’alésage cylindrique,
αk(rad) : angle entre l’axe Oxk de la bobine k et
des niveaux de champs significatifs peuvent néanmoins être obte- l’axe de référence Ox,
nus grâce à l’augmentation de la perméabilité magnétique globale ik(A) : courant instantané parcourant la bo-
de la cavité. Pour ce faire, la solution généralement adoptée dans les bine k .
machines électriques tournantes consiste à implanter à l’intérieur Si les axes Ox1 et Ox2 des deux enroulements sont distincts
de l’alésage un noyau cylindrique concentrique de forte perméabi- (exp(jα1) et exp(jα2) jouent alors le rôle d’une « base » dans le plan
lité (culasse intérieure), laissant apparaître un « entrefer » de faible complexe), il apparaît ainsi que le champ résultant peut être
épaisseur au sein duquel le champ est sensiblement augmenté contrôlé, tant en intensité qu’en direction, en jouant sur les courants
(figure 2b). On montre alors, dans le cas d’un noyau central de per- d’alimentation i1 et i2.
méabilité quasi infinie (imposant une condition du type Hθ = 0 pour
r = a – e dans les calculs de champ précédents), que l’enthalpie libre Considérant, en particulier, le cas où les deux enroulements sont
magnétique caractérisant le dispositif est augmentée dans un rap- bobinés de manière identique (C1 = C2 = C) suivant des axes ortho-
π
port d’autant plus grand que l’entrefer relatif xe est petit. Lorsque xe gonaux  α 2 = α 1 + --- , et supposant en outre une alimentation par
tend vers 0, ce rapport admet une limite remarquable égale à 1/xe.  2
L’introduction du noyau revient ainsi formellement à multiplier la des courants alternatifs sinusoïdaux équilibrés en quadrature de
perméabilité initiale de la cavité (µ0) par le facteur 1/xe. phase définis par :
Nota : soulignons ici que, au-delà du coefficient remarquable qui affecte les grandeurs
 i 1 = I cos ωt
globales, la présence du noyau déforme fortement le champ magnétique dans la cavité, de 
sorte que, si la répartition uniforme est conservée à l’intérieur du noyau, le champ dans  i 2 = I sin ωt
l’entrefer est réparti de manière essentiellement radiale (les lignes de champ s’échappent
du noyau selon des directions perpendiculaires à sa surface). le champ résultant s’exprime alors par :
Par conséquent, comparés aux grandeurs obtenues sans noyau, B = µC ( i 1 + j i 2 ) exp j α 1 = µC I exp j ( ωt + α 1 ) (12)
les flux et inductances relatifs aux bobinages implantés dans l’entre-
fer seront augmentés dans ce même rapport, de même que l’inten- Par conséquent, la combinaison de deux champs uniformes de
sité maximale du champ magnétique dans l’entrefer. Notons même intensité, pulsants dans des directions perpendiculaires, en
cependant que cette augmentation reste tributaire d’un comporte- quadrature de phase, revient à produire dans la cavité un champ
ment linéaire des matériaux magnétiques utilisés. Ainsi, en prati- tournant uniforme d’amplitude µCI constante. Si l’armature dipha-

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sée ainsi constituée est fixe par rapport à l’axe de référence (α1 est
constant), la vitesse de rotation du champ s’identifie à la pulsation xm Culasse magnétique
des courants d’alimentation.
■ Cette situation se généralise aisément au cas d’une armature
symétrique constituée de m enroulements décalés d’un angle égal à (Em ) xk
(Ek )
2π/m et alimentés par un système m-phasé de courants sinusoïdaux
équilibrés (figure 3). Dans le cas où l’armature bobinée est fixe (on (Eeq)
conviendra alors de confondre l’axe Ox1 de la phase 1 avec l’axe (E1) y z'
polaire de référence Ox), le champ tournant engendré dans la cavité 2π
(k –1) mp
s’exprime de manière générale par : B (ωt + β)/p
x1' x1 x
m
B = ----- µC I exp j ( ωt + β ) (13) x' O
2 z
la répartition des conducteurs formant chacune des phases et les
y'
courants associés étant définis par :

c ( θ ) = C sin  θ – ( k – 1 ) 2π
-------
 k  m xk'
 k ∈ { 1, … m }
  - + β

 ik ( t ) = I cos  ωt – ( k – 1 ) ------
m  xm
' Milieu homogène et isotrope
avec m : nombre de phases.
Notons que la combinaison spatio-temporelle des densités de B champ magnétique résultant dans l'alésage ( )
courants associées aux différentes phases du bobinage se ramène à E1,..., Ek ,..., Em système de m bobines symétriques d'axes décalés
une distribution de courants superficiels résultante définie par : d'un angle égal à 2π/mp (modulo 2π/p), et alimentées
par un système polyphasé équilibré de courants
k eq ( θ, t ) = c k ( θ ) i k ( t ) = K eq sin ( θ – ωt – β ) ( k = 1, … m )  sinusoïdaux de pulsation ω

m  (14) Oxk axes de symétrie de la bobine d'indice k (k ∈ {1,...,m })
où : K eq = ----- I C
2 
 Oy axes de symétrie du champ magnétique résultant
(Oxk , Oy : axes de symétrie d'ordre p )
avec keq (A.m –1) : fonction de répartition de la densité linéique de
courant résultante, p nombre de paires de pôles
Keq (A.m –1) : amplitude de la densité linéique de courant Eeq bobine « fictive » tournante, d'axe (Oy), magnétiquement
résultante. équivalente au système de bobines fixes (l'axe de la
bobine n° 1 est confondu avec l'axe de référence Ox )
Ainsi, le système de bobines fixes parcourues par les courants
alternatifs polyphasés de pulsation ω est magnétiquement équiva-
Figure 3 – Production d’un champ tournant au moyen
lent à une bobine fictive (Eeq), de même densité de conducteurs C
d’une armature polyphasée multipolaire symétrique
que les bobines réelles, tournant à la vitesse angulaire ω et parcou-
m
rue par un courant continu d’intensité -----I . Le sens de rotation du
2 1.2 Conversion d’énergie par interaction
champ est directement lié à l’ordre de succession des phases. Par
conséquent, sa définition résultera « structurellement » du sens de de champs et de moments
la séquence des bobines formant l’armature et « électriquement » magnétiques tournants
de celle des courants d’alimentation. En particulier, dans le cas des
systèmes diphasés ou triphasés, une inversion de sens s’obtiendra
par simple permutation de deux phases quelconques du bobinage. La production d’un champ magnétique tournant au sein d’un alé-
sage cylindrique résulte, d’après les considérations du paragraphe
■ Comme l’illustre la figure 3, l’ensemble de ces considérations peut 1.1, soit de la rotation d’un milieu aimanté, soit de la rotation d’une
être globalement étendu au cas de structures comportant p paires de bobine parcourue par un courant continu, soit enfin de l’alimenta-
pôles magnétiques régulièrement répartis. Le champ multipolaire tion par des courants alternatifs polyphasés d’un système de bobi-
résultant (champ possédant un axe de symétrie d’ordre p) dérive nes symétrique (fixe ou mobile). Dès lors, cherchant à assurer un
dans ce cas d’un potentiel vecteur conforme à la solution générale transfert énergétique entre des circuits électriques fixes et des par-
précédemment obtenue (§ 1.1.1). Si les sources sont à distribution ties mécaniques en rotation, l’analyse des effets d’interaction sus-
sinusoïdale, l’expression se limite à un seul terme dont le rang q ceptibles de s’exercer entre ces différents types de sources permet
s’identifie au nombre de paires de pôles p. En vertu de la périodicité de déduire logiquement les différents concepts de convertisseurs
2π électromécaniques exploitables.
angulaire en ------- caractérisant le problème magnétique, la vitesse de
p Privilégiant le cas où au moins un des bobinages que comporte
rotation du champ tournant engendré est p fois plus faible que la pul- nécessairement la structure est solidaire de sa partie fixe (stator),
sation ω des courants qui lui donnent naissance. En conséquence, il afin de faciliter l’interconnexion de ces bobinages avec les circuits
conviendra dans le cas général de distinguer les angles d’alimentation externes, les concepts envisageables seront ici décli-
« mécaniques » θ des angles « électriques » pθ correspondants. nés sur la base d’une configuration prévoyant une armature bobi-
Notons enfin que, lorsque le système d’enroulements polyphasés née polyphasée au stator. Le champ tournant ainsi produit est alors
est lui-même animé d’un mouvement de rotation, sa vitesse à même d’interagir avec différents types de moments magnétiques
d’entraînement s’ajoute algébriquement à la vitesse relative du solidaires de la partie tournante (rotor). Sans restreindre la généra-
champ par rapport à l’armature qui lui donne naissance. Il est ainsi lité de l’analyse proposée, soulignons que les rôles du stator et du
possible, par exemple, de produire un champ de direction fixe à rotor peuvent être éventuellement interchangés. L’alimentation
l’aide d’une armature polyphasée tournante alimentée par des cou- électrique de la partie mobile suppose alors l’implantation d’un jeu
rants de séquence « inversée » synchronisés sur la fréquence de de contacts glissants assurant, le cas échéant, les fonctions de com-
rotation de l’armature (cas des machines « à courant continu »). mutation requises (§ 1.5). (0)

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Tableau 1 – Principaux concepts de machines tournantes à interaction de champs et de moments magnétiques


Moment
Moment magnétique de type « aimantation » Moment magnétique de type « courant »
magnétique
Machine à aimantation permanente : Machine à double alimentation :
— machine « synchrone à aimants permanents » — machine « synchrone à inducteur bobiné »
« produit »
cf. figure 4, § 1.3.1 cf. figure 5, § 1.3.2
— machine « à courant continu à aimants permanents » — machine « à courants continus à inducteur bobiné »
Machines à aimantation induite : Machine à courants induits :
— machine « à réluctance variable » machine « asynchrone » ou « à induction »
« induit » cf. figure 6, § 1.4.1 cf. figure 8, § 1.4.2
— machine à « hystérésis »
cf. figure 7, § 1.4.1

Reprenant la classification des effets d’interaction élémentaires œuvre, le plus souvent de manière combinée, permet de déduire
proposée dans le fascicule ([D 3 410], § 2.2), deux grandes familles d’une théorie à caractère générique les propriétés fonctionnelles et
de structures peuvent être a priori identifiées, selon que le moment structurelles caractérisant les principales structures de convertis-
magnétique rotorique est directement imposé (machines à moment seurs électromécaniques tournants.
magnétique produit) ou qu’il résulte d’un phénomène dont la cause Nota : dans les formules des paragraphes 1.3 et 1.4 et pour les figures 4 à 8, on rappelle
tient au champ statorique lui-même (machines à moment magnéti- que a est le rayon d’alésage du rotor, xe le coefficient d’entrefer relatif et h la longueur de fer.
que induit). Sachant que ce moment magnétique peut indifférem-
ment résulter de l’action exclusive de corps aimantés ou de la
circulation de courants au sein de milieux conducteurs, quatre types 1.3 Structures à moments magnétiques
d’effets élémentaires seront finalement isolés (tableau 1). produits
Nota : la notion de source magnétique de type « courant » est ici considérée au sens
large, si bien que sont englobés dans cette catégorie les moments magnétiques résultant La première classe (tableau 1) d’effets exploités dans les machi-
de la polarisation par un système de courants d’un milieu ferromagnétique « passif » (cas
d’armatures bobinées « à pôles lisses » équipées de culasses éventuellement pourvues
nes tournantes correspond aux structures au sein desquelles le
d’encoches, etc.). moment magnétique interagissant avec le champ tournant est
directement produit, soit au moyen d’une source magnétique
Les structures de base qui en découlent sont présentées de
interne liée à la présence d’une aimantation permanente, soit par le
manière schématique sur les figures 4 à 8 et on trouvera, dans les
biais de circuits bobinés connectés à des sources externes assurant
paragraphes 1.3 et 1.4, une étude simplifiée de leur fonctionnement
la double alimentation électrique des armatures statorique et rotori-
à partir de la modélisation par calcul analytique du champ introduite
que.
au paragraphe 1.1.
Afin de limiter les développements théoriques, les différents prin-
cipes seront analysés en considérant une configuration magnétique
1.3.1 Machines à aimantation permanente
bipolaire à distribution sinusoïdale, configuration qui offre l’avan- La machine tournante à aimantation permanente exploite de
tage de mettre en jeu des champs à répartition essentiellement toute évidence le principe de conversion le plus « intuitif » en ce
uniforme (§ 1.1). En outre, les fonctionnements de base considérés sens qu’il repose directement sur l’exploitation des actions élémen-
dans l’étude résulteront d’une alimentation à courants statoriques taires subies par un aimant permanent plongé dans un champ
donnés. magnétique extérieur tournant ([D 3 410], § 2.2). Considérant la
Notons par ailleurs que, en vertu de la décomposition possible configuration de référence schématisée sur la figure 4, la conver-
d’un champ pulsant en deux composantes tournant en sens inver- sion d’énergie résulte ici concrètement des effets réciproques subis
ses (§ 1.1.2), le remplacement de l’armature polyphasée statorique par un bobinage statorique et un aimant rotorique en mouvement
par un enroulement monophasé conduit à une simplification large- relatif : les variations de flux entraînées par le déplacement de
ment exploitée dans le domaine des machines de petites puissances l’aimant engendrent, au sein des circuits électriques fixes, des for-
(de quelques fractions de watt à quelques kilowatts). Ainsi, moyen- ces électromotrices « de rotation », tandis que, de manière corol-
nant des dispositions particulières permettant de privilégier une des laire, le rotor aimanté est soumis à un couple dynamique visant à
composantes tournantes du champ (bobines auxiliaires de démar- aligner son moment magnétique dans l’axe du champ statorique.
rage, etc.), les principes présentés ci-après seront globalement
■ Dans le cas d’un stator idéalisé formé d’une armature bobinée
transposables au cas de structures à alimentation monophasée.
polyphasée symétrique à distribution sinusoïdale alimentée par un
Soulignons, enfin, que les dénominations classiquement adop- système de courants sinusoïdaux équilibrés, la source du champ
tées en électromécanique mélangent des critères de classification statorique se ramène à une densité de courant superficiel tour-
de natures souvent très diverses, critères liés tour à tour aux fonc- nante dont la distribution spatio-temporelle est donnée, conformé-
tionnalités obtenues (machines synchrones, etc.), aux matériaux uti- ment aux définitions adoptées au paragraphe 1.1.3 [cf. relation (14)]
lisés (machines à aimants permanents, etc.), ou encore à la façon par :
dont on conçoit leur fonctionnement (machines à réluctance varia-
ble, etc.). k S ( θ, t ) = K S sin ( θ – α S )
À la différence de ces approches, la présentation adoptée ici où : αS = ωS t + βS
s’appuie sur une classification résolument centrée sur la nature des avec kS (A.m–1) : fonction de répartition de la densité linéique de
effets physiques exploités. Ce choix tient essentiellement au fait que courant statorique,
la variété et la diversité croissantes des structures de machines et
d’actionneurs magnétiques modernes rend délicate l’élaboration KS (A.m–1) : charge linéique statorique,
d’un catalogue exhaustif des architectures utilisables. En revanche, αS (rad) : angle entre l’axe (OyS) de la bobine équivalente
l’analyse des effets élémentaires susceptibles d’y être mis en et l’axe statorique de référence (OxS),

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champ tournant statorique et le moment magnétique rotorique,


yS
condition formulée par :
xR ( y )
R  α S – α RS = Cte

β  αS = ωS + βS ⇒ Ω = ωS

 α RS = Ωt
z'
avec Ω (rad.s –1) : vitesse angulaire de rotation du rotor (on
J αS conviendra arbitrairement d’aligner l’axe rotorique avec l’axe de
référence statorique à l’instant t = 0).
xS
Dans le cas d’une structure à p paires de pôles, la condition tradui-
xS' O αRS
sant « l’accrochage » des champs statorique et rotorique s’écrira
z
plus généralement :
pΩ = ω S (17)
Soulignons ici que la condition de synchronisme résulte, en pratique ;
xR'
— soit d’un fonctionnement autonome intrinsèquement syn-
chrone (alternateur synchrone à aimant permanent débitant sur une
(yR' )
charge passive);
yS' — soit d’une exploitation stable à fréquence imposée (machine
« accrochée » sur un réseau d’alimentation à fréquence fixe);
— soit, enfin, d’une stratégie de pilotage à vitesse variable par
αRS = Ω t (ωS) commutation « autosynchrone » des courants d’alimentation (§ 1.5) ;
α S = ω St + β S la structure est, dans ce dernier cas, associée à un organe de commu-
tation électromécanique de type balais-collecteur à lames (machine
Vitesse de rotation mécanique : Ω = ωS /p « à courant continu à aimants permanents », les aimants étant alors
p : nombre de paires de pôles placés au stator) ou à un module électronique « d’autopilotage »
On convient que ωS > 0 : champ tournant dans le sens direct (machines « sans balais – ou Brushless – à aimants permanents »).
● Le moment du couple développé en mode « synchrone »
Angle de calage des courants : β
s’exprime par :
β ∈ ] 0,π [ → fonctionnement en moteur 2 2
γ = π a ( 1 – x e ) hK S J r sin β (18)
β ∈ ] –π,0 [ → fonctionnement en générateur
en posant : β = βS
Figure 4 – Machine synchrone à aimantation permanente. Cas d’une avec β (rad.s –1) : angle de calage des courants.
armature statorique polyphasée symétrique à pôles lisses ● Le réglage de l’angle de calage permet alors d’atteindre diffé-
rentes configurations de fonctionnement de type « moteur » ou
ωS (rad. s–1) : pulsation des courants d’alimentation statoriques, « générateur » (selon le signe du couple et le sens de rotation)
βS (rad) : phase à l’origine des courants statoriques. comme l’illustre la figure 4. Le couple maximal, dans le cas d’une
alimentation à amplitude de courant fixée, est obtenu pour :
Cette distribution de courants crée dans la cavité un champ
π
d’excitation magnétique HS à distribution uniforme, d’axe OyS, dont β = --- modulo π
l’intensité s’identifie à l’amplitude de la densité linéique de courant 2
(champs tournants statorique et rotorique en quadrature de phase).
KS (§ 1.1.2). Ce champ se superposant en tout point de la cavité à
celui que produit l’aimant permanent uniformément polarisé consti- ■ S’agissant par ailleurs des aspects dimensionnels, soulignons
tuant le rotor de la machine (§ 1.1.1), l’enthalpie libre magnétique simplement qu’un raisonnement à polarisation J et charge linéique
généralisée qui caractérise l’état énergétique global du dispositif (à KS constantes montre que le moment du couple développé par la
courants d’alimentation et position angulaire du rotor donnés) peut machine est proportionnel au volume occupé par son rotor (γ varie
être déterminée analytiquement. La dérivation de ce potentiel par avec le carré du rayon rotorique (a – e) tandis qu’il dépend linéaire-
rapport aux variables d’état correspondantes permet alors de déter- ment de la longueur de fer h). Ainsi, en première approximation, le
miner les grandeurs conjuguées qui leur sont associées (respective- couple spécifique (par unité de volume du rotor aimanté) s’identifie
ment les flux magnétiques par phase, dont se déduisent en au produit KSJ.
particulier la force électromotrice de rotation et le couple électromé- Exemple : dans le cas d’une machine à aimants permanents de
canique). Ainsi, la partie de l’enthalpie libre magnétique associée à dimensions centimétriques refroidie de manière conventionnelle
l’interaction du champ statorique avec l’aimant rotorique s’exprime (convection naturelle), l’exploitation courante de charges linéiques de
dans le cas présent par : l’ordre de 10 000 A.m –1, associée à l’utilisation d’aimants de type ter-
2 2
G mag-int = – ( H S ⋅ J ) 9 A = – π a ( 1 – x e ) hK S J r cos ( α RS – α S ) (15) res rares dont la polarisation rémanente avoisine 1T, conduit à un cou-
3
ple spécifique de 104 N.m –2 ; ramené à la masse totale des parties
avec 9 A ( m ) : volume de l’aimant, actives de la structure, cela permet d’atteindre classiquement des
Jr(T) : intensité de la polarisation rémanente, niveaux de « couple massique » de l’ordre de 1 N.m.kg –1.
αRS (rad) : angle entre l’axe de référence lié au rotor (OxR) et
l’axe de référence statorique (OxS). 1.3.2 Machines à double alimentation électrique
■ Le moment du couple exercé par l’armature statorique sur En vertu de l’équivalence courant-aimantation introduite dans le
l’aimant rotorique (couple équilibré, en régime quasi statique, par fascicule [D 3 410], le pendant de la solution à aimants décrite au
les efforts appliqués sur l’arbre de sortie de la machine) est donné paragraphe 1.3.1 consiste à produire le moment rotorique, de
par (cf. [D 3 410], § 1.3.3) : même que le champ tournant statorique, au moyen de bobinages
∂ G mag-int alimentés par des sources électriques extérieures. Comme l’illustre
γ = – γ a = – ------------------------
2 2
= π a ( 1 – x e ) hK S J r sin (α S – α RS) (16) le schéma de principe de la figure 5, cette configuration « à double
∂ α RS iS k = Cte alimentation » impose alors en pratique la mise en jeu d’un système
● Il apparaît ainsi que la production d’un couple de moment de contacts glissants permettant d’alimenter le bobinage mobile
constant est assujettie à une condition de « synchronisme » entre le depuis le bâti fixe.

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avec Gmag S (J) ou Gmag R (J) : terme propre au système de cou-


yS
rants statorique ou rotorique,
yR Gmag-int (J) : terme d’interaction entre les deux
systèmes de courants,
β
xR KR (A.m –1) : charge linéique rotorique,
z' αR (rad) : angle entre l’axe (OyR) du champ
αR rotorique et l’axe de référence (OxS)
lié au stator.
αS
xS Les deux premiers termes de la relation (19) correspondent, au
xS' O αRS signe près, à l’énergie magnétique stockée dans le champ propre à
chacune des deux armatures, tandis que le terme d’interaction
z témoigne du couplage qui s’exerce entre les deux sources de champ.
xR' Nota : en faisant apparaître les courants instantanés parcourant chacune des phases
des bobinages statorique et rotorique, on peut déduire de ces termes énergétiques les
(G) inductances « cycliques » caractérisant les deux armatures polyphasées, ainsi que la
mutuelle inductance cyclique qui témoigne de leur couplage magnétique global.
Rappelons, par ailleurs, que la présence d’un noyau central rotorique de perméabilité
yR' quasi infinie, introduisant un entrefer relatif xe supposé très petit devant 1, conduit à des
yS' termes énergétiques proportionnels au facteur µ0/xe (§ 1.1.2).

■ Les deux armatures étant alimentées par deux systèmes poly-


phasés indépendants de courants sinusoïdaux équilibrés, le déca-
(ωS) (ωR) lage entre l’axe des composantes statorique et rotorique du champ
s’exprime par :
Un cas particulier important correspond à la machine synchrone à rotor
bobiné ; dans ce cas ωR = 0 α S – α R = ω S t + β S – ( ω R t + β R + α RS ) = ( ω S – ω R – Ω ) t + ( β S – β R )

G : jeu de contacts glissants avec ω R (rad.s –1): pulsation des courants d’alimentation rotoriques,
αRS = Ω t βR (rad) : phase à l’origine des courants rotoriques (confor-
αS = ωSt + βS mément aux définitions adoptées au § 1.1.3).

α R = (ω R + p Ω ) t + β R Par conséquent, dérivant le terme d’interaction par rapport à la


position relative du rotor, on montre alors qu’un couple de moment
Vitesse de rotation mécanique : Ω = (ωS – ωR) /p constant est à même de s’exercer entre les deux armatures pourvu
ωS, ωR : vitesses angulaires respectivement associées aux pulsations que les champs produits par le stator et le rotor tournent à la même
ωS, ωS : des courants statoriques et rotoriques vitesse (dans un même référentiel).
p : nombre de paires de pôles Généralisant la relation obtenue précédemment, cette condition
de synchronisme s’écrit (dans le cas général d’une structure com-
On convient que ωS > 0 : champ tournant dans le sens direct
portant p paires de pôles) :
Angle de calage relatif des systèmes statorique et rotorique : β = βS – βR
pΩ = ω S – ω R (20)
Ω < 0 : fonctionnement en générateur
β ∈ ] 0,π [ →
Ω > 0 : fonctionnement en moteur tandis que le moment du couple développé par la machine bipolaire
Ω > 0 : fonctionnement en générateur de référence s’exprime par :
β ∈ ] –π,0 [ →
Ω < 0 : fonctionnement en moteur
µ0
γ = π a h  ------ K R K S sin β
2
(21)
Figure 5 – Machine tournante à double alimentation. Cas d’une xe
armature statorique polyphasée symétrique à pôles lisses
en posant : β = βS – βR
Le réglage de l’angle de calage relatif β entre les systèmes de cou-
Dans le cas général d’une structure symétrique équipée au rotor rants statorique et rotorique permet ainsi d’exploiter la machine en
et au stator d’une armature bobinée polyphasée, les fonctionnalités « moteur » ou « générateur », le sens de rotation étant déterminé
de la machine obtenue résultent ainsi de l’interaction de deux par le signe de la différence des deux fréquences d’alimentation
champs tournants contrôlés indépendamment : à l’instar du champ (figure 5).
statorique, l’intensité du moment magnétique rotorique de même Notons en outre que, dans le cas où ces fréquences sont identi-
que son orientation peuvent désormais être contrôlées par rapport ques, le réglage du déphasage entre les deux systèmes de courants
au référentiel lié à l’armature mobile qui lui donne naissance. polyphasés offre la possibilité d’un contrôle en position du rotor de
■ Ainsi, reprenant les hypothèses simplificatrices précédemment la machine.
admises, la détermination de l’enthalpie libre généralisée caractéri-
■ Enfin, un cas particulier important concerne les structures dont
sant l’état magnétique global du système étudié conduit à une
une des deux armatures est alimentée par des courants continus.
expression de la forme (limitée ici aux termes d’ordre 0 en xe) :
L’armature concernée se réduit alors le plus souvent à un bobinage
Gmag = Gmag S + Gmag R + Gmag-int (19) « inducteur » constitué d’un seul enroulement par pôle.
où : Ainsi, dans le cas où le rotor est alimenté par des courants conti-
nus (cas des machines « synchrones à inducteur bobiné »), l’alimen-
1 2 µ0 2
G mag S = – --- π a h  ------ K S tation de l’enroulement tournant nécessite en pratique un jeu de
2 xe
doubles bagues tournantes et de balais fixes (une alimentation par
1 2  µ 0 2 voie inductive combinée à un redressement par « diodes
G mag R = – --- π a h  ------ K R
2 xe tournantes » peut être utilisée dans certain cas).
2  µ 0 Lorsque, au contraire, les courants continus circulent au stator
G mag -int = – π a h  ------ K R K S cos ( α S – α R )
xe (cas des machines « à courants continus à inducteur bobiné »), l’ali-

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mentation de l’armature tournante (généralement dénommée


« induit ») se fera, comme dans le cas des variantes à aimants per- Anisotropie
manents, au moyen d’un organe électromécanique combinant les « géométrique » yS
fonctions de contact glissant et de commutation des courants roto- yR
riques (§ 1.5). xRq
β xRd
Notons que si les fonctionnalités associées à ces machines à dou-
ble alimentation particulières sont comparables à leurs homologues
à aimants permanents, elles bénéficient cependant de la souplesse z'
de commande supplémentaire que procure le réglage du courant
continu « d’excitation » gouvernant le flux inducteur (possibilité de αS αR
réguler la tension d’induit en mode générateur ou d’augmenter la xS
vitesse par « affaiblissement du flux » dans le cas d’un fonctionne-
ment en moteur …). En revanche, comparés aux solutions à aimants
xS' O αRS
Ji
permanents, les circuits d’excitation bobinés (associés aux élé- z
ments ferromagnétiques qui les supportent) se révèlent relative-
ment pénalisants en termes de couple massique (énergie spécifique
plus faible), de rendement énergétique (augmentation des pertes
par effet Joule), d’aptitude aux « surcouples » transitoires (satura- xRd
'
Anisotropie
tion précoce du circuit magnétique à faible entrefer sous l’effet
« magnétique »
d’une surintensité), de maintenance et durée de vie (usure des yR' xRq
'
yS'
contacts glissants) …
αRS = Ω t
1.4 Structures à moments magnétiques α S = ω St + β S ( ω S)
induits α R = (ω R + p Ω ) t + β R
ωS, ωR : vitesses angulaires respectivement associées aux pulsations
L’idée de faire interagir le champ tournant engendré par une ωS, ωS : des courants statoriques et rotoriques (ici ωR = 0)
armature bobinée avec un moment magnétique généré indirecte-
ment par le biais du champ tournant lui-même donne lieu à une Ω Vitesse de rotation mécanique : Ω = ωS /p
deuxième classe de convertisseurs électromécaniques que l’on p : nombre de paires de pôles
regroupera ici sous la dénomination de structures « à moments On convient que ωS > 0 : champ tournant dans le sens direct
magnétiques induits » (tableau 1). Deux types d’effets sont alors
exploités, selon que le moment magnétique résulte de phénomènes Angle de calage relatif des systèmes statorique et rotorique : β = βS – βR
purement magnétiques d’aimantation induite au sein de matériaux π
généralement ferromagnétiques, ou qu’il est lié à la circulation de β ∈ 0, → fonctionnement en moteur
2
courants induits dans un milieu conducteur soumis aux variations
du champ produit. β ∈ – π , 0 → fonctionnement en générateur
2

1.4.1 Machines à aimantation induite Figure 6 – Machine tournante à aimantation induite : machine
à réluctance variable. Cas d’une armature statorique polyphasée
Considérant la configuration de base dans laquelle l’armature symétrique à pôles lisses
bobinée qui engendre le champ tournant est placée au stator, la pro-
duction d’un couple électromécanique utile à partir d’un rotor
aimanté suppose, de manière générale, que l’axe du moment Remarquons, par ailleurs, que l’anisotropie requise peut égale-
magnétique résultant soit décalé par rapport à l’axe de symétrie du ment s’exercer à l’échelle des propriétés magnétiques locales du
champ tournant (§ 1.3.1). Dans le cas où l’aimantation rotorique est milieu constituant le rotor, ce qui suppose physiquement que les
induite, l’obtention du décalage recherché peut résulter, comme susceptibilités magnétiques dans l’axe direct et dans l’axe en qua-
l’illustre la figure 6, d’une anisotropie du corps magnétique consti- drature soient distinctes. Dans ces conditions (le rayon délimitant le
tuant l’élément mobile. Ainsi, la polarisation de l’élément s’effec- rotor aimanté demeurant constant), la modélisation par calcul ana-
tuant préférentiellement selon un axe « direct » de facile lytique du champ précédemment exploitée reste utilisable, en
aimantation (OxRd), l’axe (OyR) du moment magnétique induit au notant cependant que le terme de polarisation magnétique rotori-
rotor sous l’effet du champ d’excitation statorique (à condition que que constitue dans le cas présent une inconnue du problème.
ce dernier possède une composante « directe » non nulle) est L’équation constitutive du milieu polarisable anisotrope supposé
orienté selon un axe magnétique très voisin de l’axe direct solidaire linéaire s’écrit :
du rotor. Par conséquent, le corps mobile est à même de subir les
effets « dynamiques » de la composante du champ « en quadra- B = µ 0 H + Ji (22)
ture », d’axe (OxRq), effets qui tendent à ramener le moment magné-
tique induit dans l’axe du champ tournant (OyS).  Ji d = µ0 χd Hd
où :  ( pour J i < J sat )
■ L’axe d’aimantation privilégié résulte généralement d’une aniso-  Ji q = µ0 χq Hq
tropie « géométrique » du corps polarisable, ce qui revient en prati-
que à adopter une architecture magnétique dite « à pôles saillants » avec H (A.m –1) : excitation magnétique,
(figure 6). L’exploitation directe des effets correspondants donne Ji (T) : polarisation magnétique induite
lieu ainsi à la famille des structures classiquement regroupées sous respectivement de composantes (Hd, Hq) et (Jid, Jiq) dans le référen-
le vocable de machines « à réluctance variable », eu égard aux tiel (OxRd, OxRq) lié au rotor,
fluctuations caractéristiques de la réactance de l’armature bobinée
lors du déplacement du rotor. Notons en outre que, combinés aux χd ou χq : susceptibilité magnétique du milieu polarisable
principes de conversion décrits par ailleurs (§ 1.3), ces effets seront dans l’axe Oxd ou Oxq,
très fréquemment mis en jeu au sein de structures à caractère Jsat (T) : polarisation à la limite de saturation (de l’ordre de
hybride (machines « synchrones à pôles saillants », etc.). 1 T pour les composés ferreux).

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La combinaison des expressions du champ d’excitation précé-


demment obtenues, lié, d’une part, à la contribution du milieu Ji
aimanté rotorique (§ 1.1.1) et, d’autre part, à celle de la source poly-
phasée statorique, (§ 1.1.3), conduit à un terme d’aimantation
induite défini par :
2
 2 HS O t
χ d cos ( α S – α RS ) χ q sin ( α S – α RS ) 
Ji = µ0 KS --------------------------------------------- 
+ --------------------------------------------
x  x
1 + χ d x e  1 – -----e- 1 + χ q x e  1 – -----e- 
 2  2
 HS

O
 (23)
 x e 
χ q 1 + χ d x e  1 – ----- 2
-  Ji
tan ( α R – α RS ) = ------ -------------------------------------------- tan ( α S – α RS ) 
χd x 
1 + χ q x e  1 – -----e-

t

 2 
On notera que le champ d’excitation associé aux courants statori- Figure 7 – Machine tournante à aimantation induite :
ques étant uniforme et le milieu rotorique homogène, la polarisa- machine à hystérésis
tion induite au rotor est également à répartition uniforme (dans le
cas de la configuration bipolaire de référence).
Par conséquent, reprenant l’expression du couple [relation (16)] d’accélérer le cylindre formant rotor jusqu’à son « accrochage »
subi par un corps cylindrique aimanté plongé dans un champ éventuel avec le champ tournant (fonctionnement limite de type
magnétique tournant (§ 1.3.1), le moment des efforts développé « synchrone à aimants permanents »). Rappelons ici simplement
s’exprime finalement, en supposant que la condition de synchro- que le concept de machines « à hystérésis » a été largement uti-
nisme associée est satisfaite, par : lisé dans le domaine de petits moteurs électriques alimentés le plus
souvent à partir du réseau monophasé.
1 2 2 µ0 ( χd – χq ) 2
γ = --- π a ( 1 – x e ) h --------------------------------------------------------------------------------------------------- K S sin 2 β (24)
2  x e  x e
1 + χ d x e 1 – ------ 1 + χ q x e 1 – ------ 1.4.2 Machines à courants induits
 2  2
où l’angle de calage β s’identifie ici à la phase à l’origine βS des cou- En vertu des lois de l’induction électromagnétique, un corps
rants statoriques, conformément aux définitions adoptées conducteur soumis à une source magnétique variable est le siège de
précédemment (§ 1.1.3). courants induits dont l’effet tend à compenser les variations subies
Il apparaît ainsi que le couple développé est d’autant plus élevé par le champ magnétique extérieur (notons que cette compensation
que le « contraste » de susceptibilité magnétique entre l’axe direct est totale dans le cas de milieux supraconducteurs idéaux au sein
et l’axe en quadrature est grand. Notons que ce contraste pourra desquels le champ magnétique B est nécessairement nul, cf.
être encore amplifié en adoptant une structure « à double [D 3 410], § 2.2). Par conséquent, comme l’illustre la figure 8, un
saillance » rotorique et statorique (cas des machines dites « à réluc- corps cylindrique conducteur, soumis au champ tournant produit
tance commutée » ou « switched reluctance machines »). En outre, par une armature polyphasée, est susceptible de « réagir » en déve-
la position du rotor étant indifférente à un pas polaire près (un demi- loppant à son tour un moment magnétique « induit » tournant à la
tour dans le cas de la machine bipolaire), le contrôle du fonctionne- même vitesse que le champ produit et à même d’interagir avec ce
ment de la machine en régimes « moteur » ou « générateur » dernier.
s’effectue sur une plage de réglage de l’angle de calage dont la lar- Considérant plus particulièrement le cas d’un stator polyphasé à
geur est égale à π (angle « électrique »). Le fonctionnement à couple distribution sinusoïdale à l’intérieur duquel est placée une nappe
maximal pour une amplitude de courant fixée est quant à lui obtenu cylindrique conductrice homogène éventuellement accolée à un
pour : noyau magnétique de grande perméabilité (culasse intérieure), le
π π champ engendré dans la cavité (dans le cadre de l’approximation
β = --- modulo ---
4 2 des états quasi stationnaires) est régi par les équations locales pré-
(ce qui correspond à un compromis en termes d’intensité d’aiman- cédemment exploitées (§ 1.1) auxquelles il faut adjoindre l’équation
tation induite et de décalage des axes des champs statorique et de Maxwell-Faraday formulée par :
rotorique). Soulignons d’autre part que la validité de l’expression ∂B
obtenue demeure conditionnée par le fait que le milieu aimanté se rot E = – ------- (25)
∂t
comporte de manière linéaire. Dès lors que la machine est exploitée
en régime saturé (ce qui sera fréquemment le cas en pratique), la avec E (V.m –1) : champ « électromoteur ».
dépendance d’ordre quadratique du couple vis-à-vis de l’amplitude Compte tenu des hypothèses d’invariance par translation précé-
des courants statoriques s’efface progressivement, pour conduire demment admises, le champ électromoteur est, dans le cas présent,
finalement à un couple limite indépendant du courant lorsque les porté par l’axe de révolution (Oz). Rappelons, en outre, que
milieux aimantés constituant le circuit magnétique de la machine l’équation (25) est valable dans n’importe quel repère (à condition
sont polarisés « à saturation ». de définir les grandeurs impliquées et d’effectuer les dérivations
dans un même référentiel). Privilégiant ainsi le système de réfé-
■ Notons enfin que, en marge des solutions reposant sur une ani-
rence rotorique (d’axe polaire OxR), et supposant, de plus, des
sotropie du corps polarisable, un deuxième type d’effet visant à
conditions de « court-circuit » idéales aux extrémités du cylindre
décaler l’axe de l’aimantation induite par rapport à l’axe du champ
conducteur, le champ électromoteur s’exprime finalement en fonc-
magnétique produit consiste à tirer profit de l’effet « déphaseur »
tion du potentiel vecteur A par :
naturel que procure l’hystérésis magnétique (figure 7). Placé dans
un champ d’excitation tournant HS d’intensité suffisamment ∂A
E ( R ) = – -------
grande, un cylindre ferromagnétique homogène et isotrope initiale- ∂t (R)
ment au repos est ainsi susceptible de développer une polarisation
J i accompagnant la rotation du champ suivant un déphasage avec E(R) (V.m –1) : composante selon l’axe (Oz) du champ électro-
« arrière ». Il en résulte alors un couple d’entraînement capable moteur observé dans le référentiel rotorique.

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où :
Rotor bobiné yR
court-circuité α R = ( ω R + Ω ) t + βR = ωS t + βR
xR

(ωR)
µ -----0- ξa ω R
 x e
yS' KR = ------------------------------------------------- K S
z' µ0 2
1 +  ------ ξaω R
 x e
β αS
αR 1
xS tan β = – ---------------------------
xS' O αRS µ 0
------ ξaω R
 x e
z
sachant que :

yS β = βS – βR ;

xR' Rotor conducteur


π π
yR' massif β ∈ – π, – --- ∪ ---, π
2 2
αRS = Ω t
avec KR (A.m –1) : charge linéique induite au rotor,
α S = ω St + β S (ωS)
αR (rad) : angle entre l’axe (OyR) du moment magnétique
αR = (ωR + p Ω )t + βR rotorique et l’axe de référence statorique (OxS),
Ω Vitesse de rotation mécanique : Ω = (ωS – ωR) /p ω R (rad.s –1) : pulsation des courants rotoriques induits,
ωS, ωR : vitesses angulaires respectivement associées aux pulsations βR (rad) : phase à l’origine des courants rotoriques.
ωS, ωS : des courants statoriques et rotoriques ■ On déduit alors de la formulation du couple établie dans le cas de
p : nombre de paires de pôles ; l’interaction de deux systèmes de courants donnés (§ 1.3.2) l’expres-
On convient que ωS > 0 : champ tournant dans le sens direct sion du moment du couple exercé par l’armature statorique sur le
cylindre conducteur. On obtient finalement, sous les conditions de
Angle de calage relatif des systèmes statorique et rotorique : β = βS – βR
l’approximation précédemment admise :
Ω > 0 : fonctionnement en moteur
π
Ω < ωS → β ∈ ,π
→ Ω < 0 : fonctionnement en frein
2 µ0 2
Ω > ωS → β ∈ –π, – π → fonctionnement en générateur π a h  ------ ξω R K S
3 2
2  x e
γ = ------------------------------------------------ (27)
µ0 2 2 2 2
1 +  ------ ξ a ω R
Figure 8 – Machine tournante à courants induits : machine  x e
asynchrone. Cas d’une armature statorique polyphasée symétrique
à pôles lisses
Remarquons que le couple développé est directement fonction de
la pulsation des courants induits. L’expression simplifiée obtenue
■ L’introduction de l’équation constitutive locale définissant le fait en outre apparaître une valeur maximale définie par (à ampli-
conducteur mis en jeu permet alors d’établir l’équation gouvernant tude de courant donnée) :
la distribution du courant superficiel induit au rotor, équation
qui s’écrit : 1 2 µ0 2
γ = γ max = --- π a h  ------ K S (28)
∂ 2 xe
k R (θ ′, t ) = ξE = – ξ ----- A ( r = a – e, θ ′, t ) (26)
∂t (R)
1
avec kR (A.m –1) : fonction de répartition de la densité linéique de pour ω R = -------------------
courant rotorique, µ 0
------ ξa
 x e
ξ (Ω –1) : conductivité linéique de la nappe conductrice.
Il est intéressant de noter que cet optimum correspond à un déca-
Les grandeurs sont ici exprimées dans le référentiel lié au rotor en lage β entre l’axe du moment magnétique rotorique induit et l’axe
fonction de la variable angulaire associée θ ’. Le changement de du champ statorique produit égal à ± 3 π /4 (angle de calage
repère stator-rotor se déduit de la relation de passage θ ’ = θ + αRS. « médian » qui met en évidence une similarité d’ordre fonctionnel
Le conducteur étant supposé tourner à vitesse constante avec les machines à aimantations induites, § 1.4.1).
(αRS = Ωt), et l’excitation du champ produit au stator étant de nature
■ Comme le résume la figure 8, il résulte de l’expression du couple
parfaitement sinusoïdale, la résolution de l’équation (26) conduit à
obtenue différents modes d’exploitation de la machine « à
rechercher pour la densité de courant induite au rotor une solution
induction », ou machine « asynchrone », ainsi définie, selon que son
harmonique. La pulsation rotorique correspondante s’identifie alors
rotor est entraîné dans le sens de rotation du champ tournant à une
à la vitesse angulaire relative du champ statorique « inducteur » par
vitesse supérieure (fonctionnement « hypersynchrone » en généra-
rapport au milieu conducteur rotorique. Par conséquent, exprimant
teur) ou à une vitesse inférieure (fonctionnement « hyposynchrone »
le potentiel vecteur lié à l’action combinée des deux systèmes de
en moteur), voire en sens inverse du champ tournant (fonctionne-
courants à partir des expressions préalablement obtenues (§ 1.1.3),
ment en frein « à contre-courant »).
la densité linéique de courant induite s’exprime finalement,
dans le cadre d’un développement en xe limité à l’ordre 0, par : Du point de vue des structures rotoriques exploitables, souli-
gnons que la solution basique que constitue le « rotor conducteur
k R ( θ , t ) = K R sin ( θ – α R ) massif » reste marginale en pratique, en raison notamment de la dif-

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ficulté d’obtenir une circulation « profonde » des courants induits. Dans le cas des structures « à formes d’ondes sinusoïdales » qui
Citons parmi les solutions classiquement adoptées les architectures dérivent directement des procédés de conversion décrits auparavant,
à barres court-circuitées (rotors « à cage »), dont la constitution sim- la fonction capteur requiert par principe une résolution relativement
ple et économique est très attractive dans le domaine des entraîne- élevée (on utilisera le plus souvent des capteurs de type
ments de petites et moyennes puissances. Par ailleurs, dérivant « synchrorésolveurs » ou « codeurs optiques »). Cette résolution peut
directement de l’architecture « à double alimentation » précédem- néanmoins être sensiblement réduite dès lors que l’on adopte une ali-
ment analysée (§ 1.3.2), la solution retenue lorsque l’on souhaite mentation séquentielle « en tout ou rien » des enroulements de la
bénéficier d’une plus grande souplesse de commande consiste à machine. En effet, la mise en rotation du champ tournant est produite
adopter une armature polyphasée rotorique (machines « à rotor dans ce cas « en mode pas à pas » selon des axes magnétiques pré-
bobiné »). La mise en court-circuit du bobinage tournant peut être déterminés dont le nombre est limité (6 positions élémentaires par
réalisée depuis les parties fixes de la machine (via le jeu de contacts paires de pôles sont à distinguer dans le cas d’une alimentation par
glissants). Cette configuration offre alors la possibilité d’adapter la des courants alternatifs triphasés « en créneaux » de largeur angu-
conductivité apparente du rotor vis-à-vis des conditions de fonction- laire égale à 2π /3). On montre, dans ces conditions, que la production
nement de la machine (optimisation du couple de démarrage (ω R d’un couple de moment quasi constant repose alors sur la mise en jeu
voisin de ω S) par association de résistances extérieures variables en d’une architecture électromagnétique appropriée au sein de laquelle
série avec les circuits rotoriques, …). le champ n’est plus distribué de façon sinusoïdale. Cette configura-
Signalons enfin que, si le fonctionnement synchrone (ω R = 0) de tion aboutit ainsi aux variantes de machines dites « à forme d’onde
la machine à induction correspond dans le cas général à un couple rectangulaire » (ou « à forme d’onde trapézoïdale » du point de vue
nul, ce mode d’exploitation pourra néanmoins trouver un intérêt de la force électromotrice), structures qui se caractérisent globale-
dans le cas limite où la conductivité du rotor tend vers l’infini (cas de ment par une simplicité accrue à l’échelle de l’ensemble machine et
la machine à rotor supraconducteur au sein de laquelle les courants alimentation électronique.
induits rotoriques sont « piégés » dans le champ statorique). ■ Selon un principe fonctionnel similaire, un moyen exploité de lon-
gue date en électromécanique pour assurer l’autopilotage repose
enfin sur la « commutation électromécanique » mise en jeu dans les
machines « à collecteur ». L’aiguillage du courant d’alimentation dans
1.5 Notion de commutation les différentes sections du bobinage est ici assuré par un ensemble de
balais fixes et d’un collecteur à lames tournant. Ce procédé est à l’ori-
gine d’un grand nombre de structures de convertisseurs tournants
Le contrôle de la conversion d’énergie réalisée au moyen des qua- (machines « à courant continu », moteur « universel » …) exploitées
tre principes élémentaires décrits dans les paragraphes 1.3 et 1.4 dans une large gamme de puissance (de quelques fractions de watt à
repose de manière générale sur la maîtrise des conditions plusieurs mégawatts).
« d’accrochage » des moments et des champs magnétiques intera-
gissant au sein de la structure. Dans le cas d’un fonctionnement à
Si ces architectures se caractérisent par une intégration fonc-
fréquence imposée, la condition de synchronisme traduisant cet
tionnelle et structurelle poussée souvent difficile à égaler avec
accrochage peut être assurée de manière intrinsèque (alternateur
les solutions à commutation électronique, soulignons ici que les
autonome débitant sur une charge passive), ou, plus généralement,
avantages dont bénéficient ces dernières en terme de souplesse
résulter de la stabilité de l’équilibre relatif à l’interaction des sources
de commande ou de maintenance se révèlent logiquement
magnétiques rotorique et statorique (machines « synchrones » ou
aujourd’hui de plus en plus attractives pour le concepteur.
« asynchrones » accrochées sur le réseau à fréquence fixe). Si
l’exploitation de telles solutions de conversion s’avère relativement
directe (l’infrastructure associée doit néanmoins prévoir des orga-
nes classiques de protection et de coupure, voire, le cas échéant,
des moyens de régulation des courants inducteurs), les fonctionna-
lités de la machine s’avèrent cependant tributaires des risques de 2. Éléments constitutifs
« décrochage » occasionnés par un dépassement du couple utile
vis-à-vis du couple maximal développé par la machine électrique. des parties actives
Si l’on souhaite s’affranchir de ces difficultés, pour disposer en et matériaux utilisés
particulier de convertisseurs tournants aptes au service à vitesse
variable, les différents procédés de conversion utilisables doivent
être associés à une stratégie « d’autopilotage » visant à garantir
l’interaction synchrone des champs au sein de la machine quelles Sans chercher à établir un catalogue exhaustif de toutes les
que soient ses conditions de fonctionnement. À cette fin, les enrou- familles de matériaux exploités dans les machines électriques
lements sont alors alimentés au moyen d’un organe de commuta- modernes, le présent paragraphe fournit quelques données et ten-
tion réalisant un verrouillage de phase entre les grandeurs dances relatives aux technologies disponibles vis-à-vis des fonc-
d’alimentation (courants ou tensions) et la position de la partie tions de base à assurer. Si ces fonctions concernent essentiellement
mobile. Cet organe pourra assurer le cas échéant un contrôle en ici le cas des structures à effet magnétique, les matériaux électro-
amplitude de ces grandeurs. actifs font toutefois l’objet d’une brève présentation en vue d’intro-
duire les nouveaux concepts de conversion qui en découlent.
■ Pour réaliser ces fonctions, l’architecture généralement mise en
œuvre dans les machines modernes « à commutation électronique »
utilise classiquement un convertisseur statique (de type onduleur de
courant ou onduleur de tension éventuellement régulé en courant) 2.1 Circuits magnétiques et sources
dont les ordres de commande sont élaborés à partir de l’information
de position fournie par un capteur de position solidaire de l’arbre de de champ
la machine. Notons que l’accès à cette information, de même que la
connaissance de certaines grandeurs nécessaires au contrôle de la
machine (flux, couples…), pourront, dans certains cas, bénéficier 2.1.1 Matériaux laminés
d’un procédé d’estimation numérique visant à simplifier l’architec-
ture matérielle de l’entraînement (techniques de pilotage « sans Pour assurer la canalisation du flux magnétique dans les machi-
capteurs »). nes à effet magnétique, les composants laminés à base de fer

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constituent de toute évidence la solution la plus utilisée. En effet, Ces avantages se révèlent ainsi très attractifs dans le domaine de
par opposition aux matériaux « durs » dont l’aimantation et la désai- machines à haute performance pour l’aéronautique. Par ailleurs,
mantation s’effectuent avec difficulté, le fer « doux » bénéficie d’une certains composés dits « semi-rémanents » trouvent un débouché
polarisation magnétique à saturation relativement élevée (près de particulier dans la réalisation des rotors des machines « à
2,2 T à 25 °C) sous un champ d’excitation relativement faible. De hystérésis » (§ 1.4.1) dont le fonctionnement repose sur un compor-
plus, facilement disponibles sous forme de tôles laminées, les com- tement intermédiaire entre les composés de type « doux » (à cycles
posés qui en découlent se prêtent au feuilletage du circuit magnéti- d’hystérésis étroits) et « durs » (à cycles larges).
que (dans un plan contenant la direction principale du champ), afin
de limiter les pertes par courants de Foucault engendrées sous
champ variable. Mentionnons l’intérêt que présentent néanmoins
les pièces ferromagnétiques massives dès lors que le matériau est
utilisé en régime statique ou quasi statique (cas des noyaux rotori- 2.1.2 Matériaux frittés
ques de turboalternateurs synchrones dont la réalisation en acier
forgé permet en outre d’atteindre la résistance mécanique requise).
Parmi les différents composés utilisés, on distinguera, par ordre
chronologique d’apparition, les alliages fer-silicium des alliages fer-
nickel et fer-cobalt. La métallurgie des poudres, qui repose notamment sur le procédé
de « frittage », donne lieu à une deuxième famille de matériaux très
■ La constante évolution dans la maîtrise des processus de fabri- utilisés en électrotechnique. Les avantages de cette filière tiennent
cation et de traitement des alliages ferreux a permis de développer notamment à la possibilité de produire en grand volume des pièces
des tôles alliées de type fer-silicium de plus en plus performantes industrielles de dimensions centimétriques ou millimétriques. Les
que l’on peut classer en deux groupes : les tôles à grains non orien- éléments constitutifs du matériau étant initialement exploités sous
tés et les tôles à grains orientés [D 2 110]. Les tôles à grains non forme de poudre dont les grains sont soudés à haute température
orientés prédominent sur le marché avec une production trois fois (de l’ordre de 1 200 °C) après broyage et pressage, cette technique
supérieure à celle des tôles à grains orientés. se révèle particulièrement adaptée à la fabrication de pièces mou-
lées homogènes de formes diverses. On notera cependant que, face
Leur utilisation s’est longtemps opérée de façon complémentaire aux exigences d’ordre dimensionnel dont sont généralement tribu-
avec un domaine d’application ciblant historiquement les machines taires les éléments constitutifs des convertisseurs électromécani-
tournantes, pour les tôles à grains non orientés, et les machines sta- ques, les « céramiques » obtenues à l’issue de ce procédé devront
tiques (transformateurs, etc.) pour les tôles à grains orientés. Plus être le plus souvent soumises à un usinage final relativement coû-
récemment, ces dernières ont néanmoins été utilisées dans le cas teux (rectification).
de machines de grande puissance (stators de certains turboalterna-
teurs de 1 500 MW). Si les composés frittés trouvent un large débouché dans le
domaine des composants magnétiques statiques à base de ferrite
● Les propriétés principales des tôles à grains non orientés se
« doux » (noyaux d’inductances ou de transformateurs, …), c’est au
résument classiquement par un niveau de champ d’induction
travers de leurs caractéristiques ferromagnétiques « dures » qu’ils
magnétique de 1,49 T sous une excitation de 5 000 A.m –1, tandis que
s’expriment majoritairement dans le domaine des convertisseurs
les pertes massiques engendrées sous un champ variable d’ampli-
électromécaniques. Ces caractéristiques sont ainsi directement
tude 1,5 T et de fréquence 50 Hz sont de l’ordre de 2,5 W.kg –1 pour
exploitées dans le domaine des machines à aimants permanents
des tôles de 0,35 mm d’épaisseur (ces pertes sont quasiment dou-
(§ 1.3.1). Mentionnons en outre, parallèlement, le cas des cérami-
blées pour une épaisseur de 0,65 mm).
ques ferroélectriques (dures ou douces) dont le développement
● Les tôles à grains orientés apparaissent peu après la révolution récent conduit à la famille des actionneurs et moteurs à effet piézoé-
technologique de la coulée continue et du laminage à froid. Subdi- lectrique (§ 2.3.1).
visée en deux classes principales, la famille des tôles « à haute
perméabilité » se révèle particulièrement prometteuse quant aux Sans entrer ici dans une analyse détaillée des aimants perma-
possibilités de réalisation de structures comportant une anisotropie nents frittés modernes [D 2 100], on peut néanmoins souligner
magnétique marquée avec des niveaux élevés du champ d’induc- l’évolution remarquable qu’a subi ce domaine au cours du XXe
tion (intensité maximale de l’ordre de 1,85 T à 50 Hz sous une exci- siècle [2]. Considérant en particulier les performances atteintes en
tation de 800 A.m –1, contre 1,75 T pour des tôles à grains orientés terme d’énergie spécifique maximale (BHmax), il apparaît que les
classiques). progrès sont constants jusqu’en 1970, depuis les aciers aimantés du
début du siècle (2 kJ.m –3) jusqu’aux aimants de type « Fe-Co-Al-
■ Quant aux alliages de type fer-nickel [D 2 130] (dont certains Ni » dénommés « alnico » (80 kJ.m –3), en passant par les aimants
composés sont plus connus sous le nom de « Permalloys » ou « ferrite » (40 kJ.m –3) mis au point dans les années 1950. Deux rup-
« Mumétal »), leur intérêt tient essentiellement aux performances tures technologiques majeures interviennent ensuite avec l’avène-
dont ils bénéficient en terme de perméabilité magnétique relative ment des aimants à base de « terres rares », en 1970 tout d’abord à
(de l’ordre de 105 dans les alliages formés à 80 % de nickel). l’occasion de la découverte des propriétés remarquables des com-
posés au « samarium-cobalt » (200 kJ.m –3), puis en 1980 avec les
Peu stratégiques dans le domaine des machines classiques en rai- aimants de type « néodyme-Fer-Bore » (400 kJ.m –3).
son d’une polarisation à saturation relativement faible (de l’ordre de
0,8 T), certains composés à teneur réduite en cobalt offrent néan- Le tableau 2 résume les caractéristiques principales de quelques
moins l’avantage de pertes réduites à haute fréquence (de l’ordre de matériaux industriels. Les niveaux de polarisation rémanente
15 W.kg –1 à 1 000 Hz sous un champ magnétique de 1,2 T d’ampli- atteints avec les aimants à base de terres rares (plus de 1,3 T pour
tude dans le cas de rubans de 50 µm d’épaisseur alliés à 50 %). Ces les aimants « néodyme » les plus performants), de même que les
matériaux permettent ainsi de répondre efficacement à des cahiers champs coercitifs élevés qui limitent les risques de démagnétisation
des charges relatifs à des actionneurs spéciaux (minimachines à (celle-ci intervient après inversion du sens du champ magnétique B
haute vitesse, etc.). pour les composés les plus rigides !) trouvent logiquement des
applications de plus en plus significatives dans le domaine des
■ Enfin, les alliages à base de fer et de cobalt [D 2 130] autorisent machines « à commutation électronique ». Soulignons néanmoins
des niveaux de champ d’induction parmi les plus élevés (amplitude que, en dépit de performances aujourd’hui moins attractives, les
du champ d’utilisation avoisinant couramment 2,2 T). Disponibles aimants « alnico » demeurent utilisables lorsqu’une grande stabilité
en tôles de 100 µm d’épaisseur, ces matériaux bénéficient en outre thermique est requise, tandis que les aimants « ferrite » continuent
de hautes perméabilités relatives (de l’ordre de 104), et conduisent à de trouver des débouchés importants en raison de leur faible coût
des pertes massiques réduites (45 W.kg –1 à 400 Hz sous 2 T). de fabrication (actionneurs pour l’automobile, etc.). (0)

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Tableau 2 – Caractéristiques magnétiques usuelles des principaux types d’aimants permanents frittés (d’après [2])
Type de Dénomination Polarisation Champ Énergie Température Sensibilité thermique relative
matériau usuelle rémanente coercitif spécifique de Curie

Pr µ 0 H CJ (2) (BH)max ΘC (%.°C –1)

(T) (T) (103 J.m –3) (°C) en terme de

polarisation champ
coercitif

Fe-Co-Al-Ni Alnico 1,18 0,06 37 860 – 0,02 –

BaFe12O19 Ferrite 0,42 0,31 34 469 – 0,2 + 0,3

SmCo5 SmCo (1 : 5) (1) 0,95 1,2 180 723 – 0,04 – 0,3

Sm(Co,Fe,Cu,Zr)7.7 SmCo (2 : 17) 1,10 1,40 215 800 – 0,03 – 0,2

Nd2Fe14B Nd-Fe-B 1,33 0,94 340 312 – 0,12 – 0,4

(1) (1 : 5) proportion entre les atomes de samarium et de cobalt, telle qu’indiquée dans les catalogues des constructeurs.
(2) HCJ champ coercitif intrinsèque

2.1.3 Matériaux composites mais d’ores et déjà exploitables face à certains types de cahiers des
charges.

Résultant d’un procédé industriel sensiblement moins lourd que


les précédents, les matériaux magnétiques composites sont obte-
nus de manière générale en chargeant une matrice polymère à Exemple : Le matériau Atomet EM-1 fourni par la firme Quebec
l’aide d’une poudre dotée de propriétés magnétiques. Comparées Metal Powders Limited (Canada) présente une perméabilité relative de
aux données intrinsèques du matériau pur, les performances du l’ordre de 450 sous un champ magnétique alternatif d’amplitude égale
composé sont certes dégradées sous l’effet de la « dilution » du à 0,5 T à 400 Hz. Les pertes magnétiques spécifiques engendrées
matériau actif au sein du liant plastique. En contrepartie, cette tech- dans ces conditions restent inférieures à 15 W.kg –1, elles s’élèvent à
nique offre la possibilité d’optimiser la composition du matériau 35 W.kg –1 à la même fréquence lorsque l’amplitude du champ est aug-
pour adapter spécifiquement ses caractéristiques à l’application mentée jusqu’à 1 T.
visée (augmentation des « nuances » de matériaux disponibles). En
outre, elle conduit à des matériaux plus faciles à mettre en œuvre
(moulage ou surmoulage de formes diverses, usinage relativement
aisé, résistance aux chocs accrue comparée à celle des composés ■ Intéressant principalement le cas des ferrites et des néodyme-fer-
frittés …). Ainsi, dans le domaine des machines tournantes, ces bore, la technologie des aimants permanents à liant plastique (ou
matériaux sont susceptibles de répondre efficacement à la diversifi- plastoaimants) utilisés dans les machines électriques résulte
cation qui s’opère notamment dans le secteur des applications à essentiellement de deux techniques de moulage, par injection ou
grande diffusion (automobile, domotique …), grâce à une technolo- par compression.
gie de fabrication plus souple offrant des fonctionnalités étendues Le moulage par injection permet la réalisation de formes comple-
(machines à structures « injectées », possibilité d’exploiter des cir- xes et assure en outre une meilleure résistance à la corrosion du
cuits magnétiques tridimensionnels, facilité de « déconstruction » matériau. En revanche, la concentration en élément actif étant plus
de la machine en vue de son recyclage …). faible que celle des aimants compressés (de l’ordre de 60 % en
Les matériaux composites exploitables dans les convertisseurs masse, contre 80 % dans le cas de composés compressés à matrice
électromécaniques correspondent essentiellement aux matériaux époxyde), les performances atteintes en termes d’énergie spécifi-
« à poudres magnétiques douces » pour la réalisation des circuits que, de résistance mécanique et de conductibilité thermique sont
magnétiques d’une part, et aux aimants permanents « à liant globalement plus faibles.
plastique » d’autre part. Remarquons ici que, comme pour les composés frittés, la fabri-
■ L’intérêt potentiel des matériaux doux à poudre repose princi- cation du matériau pourra bénéficier ou non d’une étape d’aligne-
palement sur le caractère isotrope dont ils bénéficient par principe, ment des monocristaux élémentaires visant à maximiser le champ
comparé aux solutions feuilletées. Leur structure en grains isolés dans la direction privilégiée. Il en résulte deux types d’aimants, an-
conduit ainsi à une réduction sensible des pertes engendrées à isotropes ou anisotropes, dont le choix dépend des contraintes pro-
haute fréquence quelle que soit la direction du champ appliqué. En pres à l’application ciblée (polarisation rémanente accrue pour les
outre, l’isotropie qui se manifeste également sur le plan thermique composés anisotropes, facilité et souplesse d’aimantation pour les
constitue un avantage certain dans le domaine des machines tour- aimants isotropes).
nantes, dans la mesure où l’équilibrage des conductivités radiales et Le tableau 3 illustre les propriétés de quelques matériaux com-
axiales qui en résulte permet d’améliorer les conditions d’évacua- mercialisés. Notons que la température de fonctionnement indiquée
tion de la chaleur. Leur point faible réside, en revanche, au niveau de correspond plus à une limitation introduite par le liant plastique
performances magnétiques certes encore relativement modestes, qu’à une contrainte intrinsèque de la poudre utilisée. (0)

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Tableau 3 – Caractéristiques magnétiques typiques d’aimants permanents à liant plastique


d’après la documentation fournie par la société WIDIA Magnettechnik
Type Désignation Polarisation Champ Énergie Température limite Sensibilité thermique Masse Technique
de matériau rémanente coercitif spécifique d’utilisation relative volumique de moulage
Pr µ 0 H CJ (BH)max
(T) (T) (103 J.m –3) (°C) (%. °C –1) (kg.m –3)
en terme de
polarisation champ
coercitif
Ferrite dur Koerox 0,128 0,276 2,7 150 – 0,2 + 0,35 3300 Injection
Isotrope 2/20 PA
Ferrite dur Koerox 0,260 0,302 12,9 150 – 0,2 + 0,35 3400 Injection
anisotrope 12/23 PA
NdFeB Koerdym 0,490 1,257 38 150 – 0,13 – 0,4 4900 Injection
à liant 38 PA
polyamide
NdFeB Koerdym 0,610 1,194 63 150 – 0,13 – 0,4 6000 Compression
à liant 63 EP
époxyde

2.2 Conducteurs et supraconducteurs tangentielles inférieurs à 1 MPa, le décuplement de ces niveaux de


champs grâce à la mise en œuvre d’enroulements supraconduc-
teurs « sans fer » permettrait a priori d’atteindre des contraintes
■ Le bobinage des machines électriques repose classiquement sur motrices de l’ordre de 100 MPa !.
l’utilisation des propriétés conductrices du cuivre, allié ou non, à Sans entrer ici dans les détails d’un sujet très vaste où les techno-
l’exception de quelques cas particuliers utilisant l’aluminium (rotors logies sont nombreuses et évoluent rapidement, rappelons simple-
à cage coulée en aluminium pour petites machines à induction, ment que, s’agissant des deux filières exploitables, dites à basse ou
etc.). Le matériau peut être exploité soit sous forme de conducteurs à haute température critique, ce sont surtout les matériaux à basse
filaires « émaillés » en vue de l’isolement électrique, soit sous forme température, de type niobium-titane, voire niobium-étain, générale-
de barres de section généralement rectangulaire éventuellement ment refroidis à 4,2 K dans l’hélium bouillant, qui ont conduit
constituées de plusieurs méplats connectés en parallèle. jusqu’à présent aux avancées les plus marquantes en électrotechni-
● La technologie des barres est classiquement réservée au que (cf. les articles spécialisés et notamment [D 2 700]). Exploités
domaine des machines de moyenne et grande puissance (>100 kW). sous la forme de conducteurs multifilamentaires (filaments de
Cette solution est notamment préférée en raison d’une tenue méca- dimensions submicrométriques) afin de limiter les pertes électro-
nique plus facile à assurer (résistance aux forces centrifuges, facilité magnétiques en régime de champ variable aux fréquences indus-
de calage …). En outre, le système de refroidissement de la struc- trielles, ces matériaux ont conduit au développement de plusieurs
ture peut s’accommoder plus directement de cette technologie, lors- prototypes de machines tournantes. Le développement des supra-
que l’on envisage en particulier une circulation de fluides conducteurs à haute température critique (regroupés sous la déno-
caloporteurs (circulation de gaz ou de liquide sous pression au sein mination de HTSC), est lié à une augmentation conjointe de leurs
même du bobinage). Signalons, par ailleurs, que la limitation des température et densité de courant critiques. Mis en œuvre sous
courants induits engendrés par le champ de fuite d’encoche dans le forme de pièces massives, les composés de type YBaCuO permet-
volume de la barre pourra parfois nécessiter une structure à barres tent ainsi classiquement d’atteindre des densités de courant de
« transposées » visant à annuler les courants de circulation liés à la l’ordre de 108 A.m –2, sous un champ de 1T, à la température de 77 K
mise en parallèle des éléments du conducteur subdivisé (barres de (température de l’azote bouillant à la pression atmosphérique).
type « Roebel », etc.). Quant aux supraconducteurs utilisables en électrotechnique, leur
● Si les conducteurs filaires concernent plutôt le bobinage des
obtention résulte le plus souvent de la technique des « poudres en
machines de petites puissances, ils sont néanmoins de plus en plus tubes » qui donne lieu à des conducteurs multifilamentaires de lon-
utilisés en grande puissance (jusqu’à 750 kW et plus). Cette évolu- gueurs kilométriques, dont les pertes spécifiques à 50 Hz sont de
tion est liée à l’amélioration de l’isolation des fils émaillés ou enru- l’ordre de 5 mW.A –1.m –1. Si l’idée d’utiliser des supraconducteurs
bannés, tant du point de vue des contraintes en tension supportées HTSC à température ambiante reste encore tout à fait prématurée, le
que de la tenue thermique de l’isolation (température limitée à développement récent de nouveaux matériaux, à base de mercure
155 °C en classe F, et pouvant atteindre 220 °C avec des isolants à notamment, ouvre des perspectives prometteuses grâce à des tem-
base de polyimide). Par ailleurs, le développement des produits pératures critiques sensiblement plus élevées (164 K pour
d’imprégnation du bobinage permet d’obtenir une résistance méca- HgBa2Ca2Cu3O8+δ sous 45 GPa, contre 21 K pour NbTi).
nique accrue pour les vitesses élevées. En outre, ces procédés amé-
liorent sensiblement la tenue électrique du bobinage (au niveau des
têtes de bobines notamment) tout en favorisant les conditions 2.3 Matériaux électroactifs
d’évacuation de la chaleur.
■ En rupture technologique totale avec les solutions couramment
pratiquées, mentionnons, enfin, les gains potentiels que laissent 2.3.1 Généralités
entrevoir les progrès constants réalisés dans le domaine des supra-
conducteurs : alors que les actionneurs électromécaniques à effets Sous le vocable de « matériaux électroactifs » sont regroupés les
magnétiques classiques, au sein desquels interagissent des champs composés donnant lieu à des effets de couplage électroélastique
magnétiques de l’ordre de 1 T, exploitent des niveaux de contraintes ([D 3 410], § 2.4) ou magnétoélastiques ([D 3 410], § 2.5) suffisam-

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ment marqués pour être exploités en conversion électromécanique ■ Développées plus récemment, les céramiques électrostricti-
de l’énergie. Les déplacements mécaniques susceptibles d’être ves de type PMN-PT sont le siège d’un phénomène de couplage
exploités étant d’amplitude micrométrique, l’obtention de mouve- du second ordre ([D 3 410], § 2.4) qui se révèle relativement perfor-
ments de corps solides exploitables repose alors sur un cumul des mant comparé aux céramiques PZT (déformations en régime quasi
déplacements élémentaires, cumul d’ordre temporel (entraînement statique de l’ordre de 1000 p.p.m sous un champ de 1 MV.m –1).
par friction au moyen d’un mouvement vibratoire approprié) ou de Associés à la technologie des éléments multicouches, ces matériaux
nature spatiale (utilisation d’architectures à déplacement amplifié). semblent en particulier prometteurs dans le domaine du microposi-
Exploitant principalement les propriétés des céramiques piézoélec- tionnement. En effet, outre les performances annoncées en terme
triques d’une part et des alliages magnétostrictifs d’autre part, ces de constante électroélastique, ils présentent peu d’hystérésis dans
concepts donnent lieu aujourd’hui à une nouvelle génération de le plan contrainte-déformation. De plus, ne nécessitant pas de pola-
convertisseurs électromécaniques rotatifs, linéaires ou à plusieurs risation initiale, la dérive de leurs caractéristiques associée aux
degrés de liberté. effets du vieillissement s’en trouve sensiblement réduite.
Principalement destinées à des fonctions d’actionneurs dans le
domaine des mécanismes de dimensions centimétrique ou millimé-
trique, les moteurs piézoélectriques [D 3 765] constituent dans cette 2.3.3 Composés magnétostrictifs
gamme une alternative particulièrement compétitive vis-à-vis des
solutions classiques à effets magnétiques, notamment en terme Initialement tributaire des propriétés ferromagnétiques des
d’efforts massiques (le couple massique peut être multiplié par 10), métaux (fer, cobalt, nickel) et de leurs alliages, le développement
de discrétion de fonctionnement (alimentation à des fréquences des matériaux magnétostrictifs bénéficie de la mise au point, au
ultrasonores), ou, encore, d’intégration fonctionnelle et de miniatu- cours des années 1980, d’alliages de fer et de terres rares dotés de
risation (possibilité d’un entraînement « direct », sans réducteur propriétés remarquables (déformations relatives de 10 à 50 fois
mécanique, associé à un frein d’immobilisation naturel lorsque le supérieures à celles des métaux précédemment cités). Tel est le cas
moteur n’est pas alimenté). du composé connu sous le nom de Terfenol-D (Tb1–xDyxFey avec x
voisin de 0,7 et y voisin de 2) qui permet d’exploiter des déforma-
tions relatives en régime quasi statique de l’ordre de 1000 à
2000 p.p.m. (en régime résonnant, ces déformations peuvent être
2.3.2 Céramiques piézoélectriques doublées).
et électrostrictives
Si les performances intrinsèques de ces alliages, souvent quali-
fiés de matériaux « à déformation géante », sont globalement com-
■ Les applications de la piézoélectricité dans le domaine des action- parables, voire légèrement supérieures, à celles de leurs
neurs électromécaniques découlent du développement des maté- homologues piézoélectriques ([D 3 410], § 2.7), leur mise en œuvre
riaux synthétiques que constituent les céramiques polycristallines est généralement plus délicate. En effet, alors que l’excitation des
ferroélectriques de type PZT. Ces composés sont obtenus par frit- actionneurs piézoélectriques s’effectue par le biais de simples élec-
tage d’un oxyde de plomb, zirconium et titane (formule générale Pb- trodes accolées à un milieu de grande permittivité (de l’ordre de
Zr1–xTix – O3 avec x voisin de 0,5). Les polarisations spontanées des 1 000 pour les céramiques PZT), la commande des actionneurs
magnétostrictifs repose souvent sur une architecture complexe
différents domaines étant initialement orientées de manière quel-
combinant bobinage de commande, aimant de polarisation, et sys-
conque, l’anisotropie nécessaire à l’existence de la piézoélectricité
tème de précontrainte mécanique ([D 3 410], § 2.5). En outre, le
est obtenue après une phase de polarisation sous champ électrique
champ magnétique requis (de l’ordre de 1 T) est d’autant plus diffi-
intense. On notera que, à l’instar des matériaux ferromagnétiques,
cile à produire que la perméabilité du matériau est généralement
les propriétés piézoélectriques des céramiques PZT disparais-
faible (perméabilité relative inférieure à 4, sous un champ d’excita-
sent au-delà de la température de Curie associée à l’existence de
tion de 300 kA.m –1, dans le cas du Terfenol-D).
l’état ferroélectrique (de 150 °C à 400 °C pour les céramiques PZT).
Ainsi, outre certaines applications de pointe (hydrophones, trans-
Sur le plan quantitatif, en dépit d'une limite en champ électrique
ducteur sonar, sondage pétrolier …), le développement des trans-
relativement élevée (limite de dépolarisation de l’ordre de 2 MV.m –1),
ducteurs à base de matériaux magnétostrictifs demeure
les déformations engendrées par les céramiques PZT en régime
relativement limité comparé à celui des solutions piézoélectriques,
quasi statique sont relativement faibles ([D 3410], § 2.4). Afin d’accé-
en dépit de quelques expérimentations prometteuses dans le
der à des déplacements élémentaires plus importants, plusieurs
domaine de moteurs rotatifs ou linéaires à efforts élevés et basses
solutions existent qui peuvent être éventuellement combinées :
vitesses [3].
— une première approche repose sur l’amplification des déplace-
ments générés, grâce à une cinématique appropriée (effets de type Mentionnons, enfin, le potentiel que représente cette filière face à
« bilame », etc.) ; des applications émergentes dans le domaine des microsystèmes,
si l’on considère en particulier la possibilité d’utiliser à l’échelle
— une deuxième solution consiste à tirer profit d’effets de réso-
micrométrique des alliages magnétostrictifs amorphes en couches
nance mécanique (résonateur de Langevin, etc.) ;
minces (de type TbFeCo par exemple).
— enfin, une troisième voie s’appuie sur les progrès technologi-
ques réalisés en matière de céramiques PZT « multicouches » :
grâce à une implantation micrométrique des électrodes le long d’un
barreau travaillant en mode longitudinal, ces éléments permettent
de tirer pleinement parti des déformations maximales obtenues
sous champ intense, tout en mettant en jeu des niveaux de tension
3. Conception
d’alimentation acceptables (comparativement aux tensions à appli- des convertisseurs
quer, à champ électrique équivalent, entre les électrodes d’un élé-
ment « massif » de même longueur). électromécaniques
Exemple : un barreau de céramique PZT « multicouche » de
80 mm de long et de 25 mm2 de section, alimenté sous une tension de Le concepteur en électromécanique dispose aujourd’hui d’un
150 V, est capable de générer des déplacements à vide de l’ordre de grand nombre de méthodes et d’outils susceptibles de l’assister
70 µm, tout en développant des forces maximales de plus de 800 N en dans sa démarche. Les progrès réalisés en matière de codes de
régime d’encastrement (actionneurs commercialisés par la société calcul numérique des champs permettent ainsi de simuler de
Morgan Electroceramics). manière fiable les comportements électromagnétique, mécanique

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ou thermique de structures à deux ou trois dimensions. Ces codes sionnement de la structure retenue, que pour ce qui est même de la
offrent même pour certains la possibilité de tenir compte des phé- formulation du cahier des charges considéré.
nomènes de couplage locaux mis en jeu, ainsi que des interactions Ainsi, soulignons de manière générale qu’une des difficultés
entre le convertisseur électromécanique et ses étages d’alimenta- majeures du problème méthodologique associé à la conception
tion et de commande. Cependant, en grande partie tournés vers d’un convertisseur électromécanique repose sur la mise en jeu de
« l’analyse » du fonctionnement de structures données, ils ne per- compétences pluridisciplinaires étroitement couplées au sein d’une
mettent pas, à eux seuls, de résoudre le problème de « synthèse » démarche impliquant, par principe, de nombreuses itérations.
que constitue l’opération de conception (problème qui consiste pré-
cisément à déterminer les données structurelles et matérielles ini-
tiant le processus d’analyse). Si l’intérêt de l’intervention de ces 3.2 Différents niveaux méthodologiques
outils d’analyse dans un schéma de conception est évident (au
niveau en particulier des étapes de validation et d'affinage de la en présence
solution), il n’en reste pas moins que la complexité et la diversité
des problèmes à résoudre doivent nécessairement s’appuyer sur la En matière d’approches résolument tournées vers la conception
mise en œuvre de méthodologies adaptées. des actionneurs électromécaniques, on peut distinguer dans la
bibliographie plusieurs niveaux méthodologiques, en fonction du
degré de généralité de ces approches vis-à-vis des structures et des
3.1 Principales étapes du processus cahiers des charges susceptibles d’être considérés.
de conception ■ Un premier niveau consiste à mettre en place et à exploiter
des procédures spécialisées répondant spécifiquement aux pro-
Sans restreindre la liberté de pensée et d’action dont doit pouvoir blèmes posés par la conception d’une famille d’actionneurs donnés.
bénéficier le concepteur dans sa progression vers la solution, le Ces procédures s’appuient généralement sur des algorithmes de
déroulement du processus de conception s’articule logiquement conception à caractère pragmatique, déduits d’une expertise du
autour des trois préoccupations incontournables que constituent, problème considéré [4]. Si ces algorithmes « dédiés » s’avèrent
tour à tour, la formulation du cahier des charges traduisant le besoin généralement très fiables, en vertu de l’expertise souvent très poin-
sur le plan électromécanique, la définition d’un concept répondant à tue dont ils sont issus, leur haut niveau de spécialisation constitue
ce besoin et, enfin, la détermination des éléments quantitatifs carac- une limitation relativement insurmontable quant à leur utilisation
téristiques de l’objet recherché. éventuelle en tant qu’ébauche de procédures de dimensionnement
■ La première opération consiste ainsi à exprimer le besoin fonc- à vocation plus générale.
tionnel initial en termes clairs vis-à-vis des performances de ■ Dès lors, cherchant à mettre en place un cadre de conception
l’actionneur à définir. Quoique bien souvent négligée, cette étape radicalement ouvert, tant du point de vue des problèmes à résoudre
décisive, quant à la pertinence de la solution finalement obtenue (la que des solutions à considérer, une deuxième approche consiste à
meilleure solution, certes, mais pour le « bon » problème), est loin rassembler, au sein d’un même environnement informatique, un
d’être triviale de par le degré de complexité croissant des conditions ensemble d’outils complémentaires à même d’intervenir au
de service des dispositifs considérés (fonctionnement en régime niveau des différentes étapes du processus de synthèse. Ces outils
fortement variable, etc.). Cette complexité entraîne ainsi de sérieu- se situent nécessairement sur des plans relativement hétérogènes,
ses difficultés quant à la détermination objective des éléments depuis la simulation fonctionnelle de l’actionneur dans son environ-
dimensionnants de la structure (caractéristique effort-vitesse de nement, jusqu’à l’optimisation fine de son comportement électro-
référence, conditions de fonctionnement thermiques …). Cette magnétique ou thermique, en passant par les étapes de dimen-
étape reposera ainsi très largement sur l’analyse fonctionnelle du sionnement [5]. La difficulté d’une telle approche réside souvent
convertisseur sous les contraintes propres au système considéré et dans le manque d’adéquation des différents modules utilisés, en
à son environnement. vue de leur enchaînement efficace et souple, eu égard en particulier
■ Une fois le besoin formulé, il s’agit de définir le concept aux nombreuses itérations à prévoir.
d’actionneur servant de base à la synthèse de la solution. Cette ■ Aboutissement naturel d’une démarche visant à tirer le parti le
définition peut s’opérer soit par sélection d’une solution classique plus complet possible de l’outil informatique, l’ultime niveau métho-
au sein d’un portefeuille de concepts traditionnels, soit à partir de la dologique consiste à faire appel aux techniques de l’intelligence
création de concepts innovants. Il est clair que le caractère innovant artificielle pour élaborer des procédures de « conception
de ces solutions résidera essentiellement dans le mode de mise en automatisée », grâce notamment aux systèmes experts [6]. Ainsi,
œuvre d’effets électromécaniques connus par ailleurs. Soulignons réfutant l’imbrication, souvent très étroite au sein des procédures
qu’une des difficultés du problème peut résulter ici de la diversité dédiées, de la nature de l’objet considéré et du savoir-faire attaché à
croissante des solutions potentielles en présence ([D 3 410], § 2). sa conception, le point fort de ce type d’approche repose sur la struc-
Une phase comparative, fondée sur un « prédimensionnement » turation de la connaissance mise en jeu, selon qu’elle a trait à la
des structures mises en compétition face au cahier des charges caractérisation de l’objet (données), aux lois auxquelles sa
considéré, doit alors permettre de dégager le concept finalement conception est assujettie (règles) ou aux raisonnements qui président
privilégié. à sa définition (stratégie). Soulignons toutefois que ces techniques
■ Sur la base des modèles disponibles quant à la structure retenue, semblent pour l’instant d’autant plus recommandées que le champ
il s’agit enfin de procéder à la détermination précise des dimen- des solutions admissibles correspond à un domaine fortement dis-
sions et des matériaux à adopter pour atteindre quantitativement crétisé (synthèse de structures de convertisseurs statiques, etc.).
les spécifications visées (efforts nominaux, contraintes géométri-
ques …), tout en satisfaisant aux objectifs de conception mis en
avant (critères technico-économiques, etc.). 3.3 Du concept à la structure
dimensionnée :
■ À l’issue de l’étape de dimensionnement, la « solution poten-
tielle » obtenue doit enfin être validée et affinée, en considérant « conception par optimisation »
éventuellement des aspects avancés négligés jusqu'alors (phéno-
mènes vibratoires, etc.), avant que ne puisse être raisonnablement Dans le schéma de conception décrit au paragraphe 3.1, les pha-
lancée la phase de prototypage. À ce stade, il peut s’avérer néces- ses de dimensionnement préliminaires constituent des étapes clés
saire de remettre en cause les résultats acquis au cours des précé- qui doivent pouvoir répondre aux exigences de rapidité et de sou-
dentes étapes, tant en ce qui concerne le choix et le dimen- plesse imposées par le caractère itératif de la démarche (prédimen-

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sionnements comparatifs, etc.). Par conséquent, plutôt que de tes de type « butées » délimitant le domaine à l'intérieur duquel la
s’appuyer sur une représentation fine des phénomènes agissants, il solution est recherchée (domaine correspondant à l'intersection du
convient à ce stade de privilégier davantage le caractère global et domaine admissible et du domaine d'intérêt).
complet de la représentation vis-à-vis des divers phénomènes Notons que la conception par optimisation des actionneurs élec-
« dimensionnants » à prendre en compte. Toutefois, même si les lois tromécaniques engendre de manière générale des problèmes non
considérées sont relativement grossières, le nombre de variables linéaires et, qui plus est, non convexes. En effet, la non-linéarité des
nécessairement mis en jeu pour définir la structure d'un convertis- fonctions critères (f) et contraintes (hj, gk) est telle que, même dans
seur électromécanique est tel qu'une exploration « manuelle » de le cas du problème simple traité dans l’exemple ci-après (§ 3.3.2),
l'espace des solutions reste généralement très incertaine. L'obten- les fonctions en question n'ont aucune raison de jouir de propriétés
tion systématique et fiable des dimensions et caractéristiques défi- de convexité particulières. Ainsi, en d'autres termes, le problème est
nissant la solution doit donc reposer sur l'exploitation d'un outil susceptible de générer plusieurs optimums locaux, parmi lesquels
mathématique adapté : les théories de l'optimisation offrent un se trouve l'optimum absolu, ou global, recherché.
cadre tout naturellement indiqué pour traiter le problème.
■ La mise au point de méthodes numériques susceptibles de
3.3.1 Formalisation et résolution du problème déterminer la solution d’un problème d'optimisation non linéaire et
en termes d’optimisation non convexe constitue en soi un problème mathématique délicat.
De nombreux algorithmes de programmation non linéaire ont
■ Le principe de la démarche consiste à ramener dès le départ le néanmoins été élaborés. Citons, parmi les plus connus, les métho-
processus de conception à un problème d'optimisation formulé des du « lagrangien augmenté », les méthodes à « fonction de
analytiquement : les critères considérés découlent directement des pénalité » ou à « fonction de barrière », la méthode du « gradient
objectifs de conception privilégiés par le cahier des charges, tandis réduit » ou du « gradient projeté de Rosen »... Si le caractère opéra-
que les contraintes auxquelles la solution est assujettie correspon- tionnel de ces méthodes pour obtenir « une » solution est incontes-
dent, d’une part, aux spécifications de ce même cahier des charges, table, à condition toutefois que le point de départ de la recherche
et, d’autre part, aux relations constitutives du modèle analytique soit bien choisi, un inconvénient majeur réside dans leur incapacité
caractérisant la structure (modèle structural). à garantir, d'une part, le caractère absolu de la solution obtenue, et,
● Le modèle structural exprime ainsi les lois physiques régissant d'autre part, l'obtention de tous les optimiseurs lorsque cette solu-
le fonctionnement de la structure en fonction de ses dimensions et tion globale n'est pas unique [7].
caractéristiques, considérées comme les variables du problème. De
■ Dès lors, si le caractère systématique de la méthodologie doit
manière générale, les contraintes qui en résultent peuvent être :
être pleinement exploité, le problème de la conception par optimisa-
— du type « égalité » (par exemple, l’expression du moment du tion des actionneurs électromécaniques se pose initialement en ter-
couple électromagnétique) ; mes « d'optimisation globale ». Dans ce contexte, les techniques
— du type « inégalité » (les conditions relatives à la démagnétisa- d’optimisation avec satisfaction de contraintes susceptibles d'être
tion des aimants). À ces relations s'associent des contraintes de utilisées se subdivisent classiquement en deux types d'approches
type butées qui définissent le domaine des valeurs physiquement donnant lieu à des méthodes de nature soit « déterministe », soit
« admissibles » pour les variables (l’arc polaire, mesuré en angle « non déterministe » ou « stochastique ».
électrique, compris entre 0 et π).
● Les méthodes stochastiques, les plus couramment utilisées,
● Le cahier des charges précise quant à lui le besoin auquel doit correspondent essentiellement aux méthodes de « Branch &
répondre la structure. Ce besoin est formulé, d'une part, à l'aide de Bound » stochastiques, aux méthodes de « recuit simulé » et aux
contraintes : méthodes à base d'« algorithmes génétiques ». Si de telles techni-
— de type égalité (rapport du diamètre d'alésage à la longueur de ques ont pu être confrontées avec succès à des problèmes d’électro-
fer fixé) ; technique, on notera cependant que la définition des paramètres qui
— de type inégalité (diamètre extérieur limité) ; conditionnent leur convergence est souvent relativement critique.
— de type butées, ces dernières définissant le domaine La solution globale peut ainsi être plusieurs fois « frôlée » sans pour
« d'intérêt » à l'intérieur duquel la solution est recherchée a priori. autant être détectée.
D'autre part, les objectifs de conception définissent un ou plu- ● L'approche déterministe offre, par principe, la certitude d'obte-
sieurs « critères » d'optimisation (recherche du volume d'aimant nir l'optimum global recherché (s’il existe) ainsi que tous ses optimi-
minimal) qui permettront d'orienter la recherche de solutions. seurs. Le prix de cette certitude réside en théorie dans le coût du
● Dès lors, ramené à une formulation scalaire, le problème calcul à mettre en œuvre (temps de calcul, capacité « mémoire »…).
d'optimisation à variables mixtes (entières et réelles) qu'il s'agit Dans le cadre d’une procédure de dimensionnement optimal, la
de résoudre s'écrit de manière générale : taille du problème est néanmoins susceptible d’être efficacement
réduite grâce à la définition du domaine d'intérêt découlant du
 Minimiser f ( x, y ) cahier des charges considéré. L'algorithme de « Branch & Bound
 par intervalle » utilisé ci-après appartient ainsi à cette seconde
 assujettie à : classe de méthodes [8].

 h j ( x, y ) = 0 ( j = 1, … , p )
 3.3.2 Exemple d’application : dimensionnement
 g k ( x, y ) < 0 ( k = 1, … , q )
 optimal d’une structure de machine
 avec : x = ( x 1, …, x n ) T et y = ( y 1, …, y m ) T à aimants permanents

 L U
 xi ∈ [ xi , xi ] ⊂ R ( i = 1, … , n ) Le problème traité concerne le cas d’une machine à aimants per-
 manents sans encoches, à forme d’onde rectangulaire, dont la struc-
 yj ∈ [ yj , yj ] ⊂ N
L U
( j = 1, … , m ) ture électromécanique simplifiée est schématisée sur la figure 9.

n m
■ La formulation du problème qui en découle conformément à
où x et y sont respectivement des vecteurs de R et N relatifs aux la méthode préconisée au paragraphe 3.3.1 est ainsi présentée dans
variables réelles et entières définissant la structure, f désigne le cri- le tableau 4. Si l'exploitation de ce modèle relativement simple peut
tère, p et q correspondent respectivement au nombre de contraintes certes être envisagée, non sans difficultés, par le biais de techniques
de type égalité (hj) et inégalité (gk) constituant le modèle dimension- traditionnelles à base de variations paramétriques successives, les
L U L U multiples « a priori » nécessairement introduits mettent clairement
nant. Les valeurs x i , x i , y j , y j définissent en outre n + m contrain- en évidence les limites d'une telle approche. (0)

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Tableau 4 – Formulation du problème de dimensionnement de la machine à aimants permanents


sans encoches de la figure 9
Modèle structural Cahier des charges
Contraintes structurales n° Contraintes spécifiées n°

e min – e < 0 (7)


2π 2
γ 0 = ------- ( 1 – ν f ) a ( 2 a + b ) B e ν r ν p E ch b (1) (emin = 10 –3 m, ν f max = 30 %)
λ
ν f – ν f max < 0 (8)
2
Ech = Kjcu = νrb j cu (2) Impositions
γ0 = 10 N.m
Jr = 0,9 T
e +b νr = 0,7
ν f ≈ 0,75pνp -------------- (3)
a Bfer = 1,5 T
Ech = 1011 A2.m –3
∆p = 0,05 m
,a Jr Critères spécifiés
Be = ----------------------------------------
a ln  ------------------------
 a+b (4) a
a – ,a – e 9 u = 2π --- ( 2 a + b – e – , a ) ( 2 c + b + e + , a ) (9)
λ
π νp Be a
c = ----------------- a (5) 9 a = 2π ν p , a --- ( 2 a – 2 e – , a ) (10)
2 pB fer λ

πa a
p = ------- PJ = 2πρcu --- (2a + b)Ech
∆p
(6) λ (11)
ρcu = 0,018.10 –6 Ω.m (résistivité du cuivre)
(0)
Nomenclature des variables Butées
a (m) Rayon d’alésage [0,005 ; 0,25]
b (m) Épaisseur de bobinage [0,001 ; 0,05]
Be (T) Amplitude du champ magnétique à vide [0,1 ; 1,0]
Bfer (T) Champ maximal admissible dans le fer [0,5 ; 2,0]
c (m) Épaisseur de culasse [0,001 ; 0,05]
e (m) Entrefer mécanique [0,1 ; 5] 10 –4
Ech (A2.m –3) Coefficient d’échauffement [1,100] 1010
jcu (A.m –2) Densité de courant dans le bobinage [1,100] 105
Jr (T) Polarisation rémanente des aimants [0,05 ; 1,5]
, a (m) Épaisseur d’aimant [0,003 ; 0,05]
p Nombre de paires de pôles [1 ; 10]
∆p (m) Pas polaire [0,0005 ; 0,25]
γ0 (N.m) Moment maximal du couple électromagnétique [0,1 ; 100]
λ Coefficient de forme [1,0 ; 2,5]
νf Coefficient de fuites interpolaires [0,01 ; 0,5]
νp Coefficient d’arc polaire [0,8 ; 1]
νr Coefficient de remplissage de la zone de bobinage [0,1 ; 1,0]

Les équations constitutives du modèle structural correspondent teur est purement radial dans la zone occupée par les courants. Un
aux relations traduisant : coefficient de fuites magnétiques (νf) permet, en outre, de tenir
— la conversion électromécanique de l’énergie (1) ; compte du flux de court-circuit interpolaire, flux non négligeable
— la production et la conservation du flux dans le circuit compte tenu de l’importance relative de l’entrefer magnétique dans
magnétique (3), (4), (5) ; la structure sans encoches. Une relation empirique, établie par cal-
— la détermination de l’échauffement global dû aux pertes par cul numérique du champ, exprime ce coefficient de fuites en fonc-
effet Joule dans le stator (2) ; tion des dimensions géométriques de la structure (3). Quant à
— la dépendance du nombre de pôles vis-à-vis du diamètre l’échauffement global du bobinage, il est représenté d'une manière
d'alésage (6). certes relativement grossière, mais tout à fait légitime au stade du
Les hypothèses qui sous-tendent la modélisation magnétique de prédimensionnement, par le coefficient Ech, produit de la charge
la structure supposent notamment que le champ produit par l'induc- linéique K et de la densité de courant jcu dans le bobinage (2).

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La zone de bobinage, en raison de la forme des conducteurs et


νp π des isolants mis en jeu, sera remplie à 70 % par le cuivre. L’échauf-
p
fement admis est fixé à une valeur telle que le produit Kjcu est de
a
1011 A2.m –3. Le pas polaire doit être de l’ordre de 50 mm.
● En raison de contraintes d’ordre technologique, l’entrefer
Induit mécanique doit être supérieur ou égal à 1 mm. Les fuites interpolai-
res seront quant à elles limitées à 30 % du flux total engendré par
Culasse l’inducteur.
,a rotorique
Culasse La transcription des spécifications du cahier des charges conduit
rotorique donc, d’une part, à imposer certaines variables aux valeurs spéci-
fiées et, d'autre part, à introduire deux contraintes de type
« inégalité » (7) et (8).
Aimant
● Les objectifs de conception sont tels que la machine recherchée
Inducteur e doit bénéficier d’un volume des parties actives 9 u , d’un volume
d’aimant 9 a et de pertes par effet Joule PJ aussi faibles que possi-
b ble.
Arbre
de la L'expression de ces trois critères en fonction des variables du pro-
machine Bobinage blème correspondent respectivement aux relations (9), (10), (11)
données dans le tableau 4.
● Les relations de butées définissant le domaine d’intérêt (inclus
a
λ dans le domaine admissible du modèle structural) sont par ailleurs
précisées sur ce même tableau.
Figure 9 – Structure d’une machine tournante à aimants permanents
■ Le modèle dimensionnant considéré fait donc intervenir 11 varia-
sans encoches
bles impliquées au sein de 8 contraintes à satisfaire et 3 critères à
minimiser. La résolution du problème vis-à-vis de chacun des critè-
res considérés individuellement tout d'abord, puis simultanément
● Les spécifications imposées à titre d'exemple consistent à grâce à la méthode de Marglin [8] (volume des parties actives
dimensionner une machine capable de développer un couple γ0 de considéré comme critère principal), a conduit à 4 dimensionne-
10 N.m, utilisant des aimants de type terres rares (Jr = 0,9 T) et des ments différents détaillés dans le tableau 5. L'allure des machines
tôles supportant un champ limite de 1,5 T. correspondantes est représentée sur la figure 10. (0)

Tableau 5 – Dimensions et caractéristiques des solutions obtenues par la méthode


de Branch & Bound par intervalle

Variable Critère

9u 9a PJ 9 u, 9 a , PJ

a (m) 0,0796 0,0796 0,0637 0,0637

b (m) 0,0055 0,0054 0,0031 0,0040


Be (T) 0,287 0,289 0,633 0,521

c (m) 0,0038 0,0039 0,0105 0,0069


e (m) 0,001 0,001 0,001 0,001

Jcu (106A.m –2) 5,096 5,143 6,788 5,976

p 5 5 4 4

, a (m) 0,0030 0,0030 [0,0169 ; 0,0190] 0,0076


λ 2,4935 2,4996 2,4970 2,1160
νf 0,245 0,241 0,193 0,188

νr 0,8 0,8 1,0 0,8

Critère optimal

9 u (10 – 4m3) [5,511 ; 5,512] [5,527 ; 5,528] [7,565 ; 7,796] [6,121 ; 6,122]
9 a (10 – 4m3) [0,742 ; 0,743] [0,7404 ; 0,7405] [2,933 ; 3,234] [1,352 ; 1,353]

PJ (W) [59,463 ; 59,464] [59,282 ; 59,283] [37,581 ; 37,582] [44,664 ; 44,665]

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Notons que les solutions obtenues sont relativement éloignées


des solutions correspondant aux butées définissant le domaine
d'intérêt, ce qui démontre qu'elles ne sont pas le fruit de choix arbi-
traires effectués a priori mais bel et bien le résultat d'un processus
d'optimisation libre d'opérer. Par ailleurs, il faut remarquer que,
dans le cas du dimensionnement multicritères (figure 10d), les
valeurs obtenues pour le volume des parties actives ainsi que pour
les pertes par effet Joule ne sont pas très éloignées de leur optimum
propre, de sorte que ce mode de dimensionnement paraît être celui
qui conduit à la solution la plus satisfaisante d'un point de vue élec-
tromécanique. Une description de l'algorithme exploité de même
qu'une analyse comparative relativement détaillée des résultats
obtenus sont exposées dans la référence [8].
a minimisation du volume c minimisation des pertes
a des parties actives (9u) a par effet Joule (PJ)
■ Notons, enfin, que, au delà de l’exemple traité, les théories de
l’optimisation sont susceptibles d’intervenir à terme de manière
beaucoup plus fondamentale dans le processus de conception. En
effet, cherchant à définir les causes structurelles et matérielles sus-
ceptibles de produire les effets électromécaniques souhaités, ce
processus correspond par essence à la résolution d'un « problème
inverse ». Les théories de l'optimisation correspondent précisé-
ment à l'arsenal méthodologique nécessaire à la résolution d'un tel
problème. Fondée sur une représentation locale des phénomènes
exploités, une approche particulièrement prometteuse consiste
ainsi à déterminer simultanément la géométrie, les dimensions de
la structure ainsi que les caractéristiques des matériaux utilisés, à
partir d’une optimisation par voie numérique des fonctions locales
caractérisant les milieux (perméabilité, conductivité) et les sources
(densité de courant, aimantation) intervenant à l’intérieur d’un
b minimisation du volume d minimisation multicritère
a d'aimant (9a) a (9u,9a ,PJ ) domaine discrétisé [9]. Ce type d’approche contribue ainsi à l’élabo-
ration progressive d’une méthodologie de conception et de dimen-
sionnement « intégrée », dont le caractère générique et « sans a
Figure 10 – Allure des machines synthétisées (méthode de Branch priori » ouvre résolument la voie aux fonctions électromécaniques
& Bound par intervalle) spécialisées du futur.

Références bibliographiques

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