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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

Géosynthétiques et érosion fluviale et maritime

F.Antoine – Ministère de l'Equipement – DDE 66 – Perpignan - France


M. Malascrabes – Ministère de l'Equipement - CETMEF – Compiègne – France
D. Poulain – Cemagref, groupement de Bordeaux – Cestas – France

Résumé

Ce document consacré à l'érosion fluviale et maritime propose une synthèse de la doctrine française.
Sa présentation s'appuie sur le projet de recommandations du CFG pour l'utilisation de
géosynthétiques ou produits apparentés dans la lutte contre l'érosion et expose les apports les plus
significatifs des communications publiées lors de la 7ème Conférence Internationale sur les
Géosynthétiques portant sur ce sujet. Par ailleurs des retours d'expériences de dispositifs mis en
place depuis une dizaine d'année sont également présentés ici. Le document ne constitue en aucun
cas une liste exhaustive des techniques de protection contre l'érosion maritime et fluviale ; de même
l'ensemble des fonctions remplies par les géosynthétiques dans ces dispositifs ne sont pas ici
décrites, ces éléments figureront à terme dans les recommandations du CFG. L'objectif est ici de
rappeler les contraintes et les enjeux et de présenter, au travers des cas présentés à la conférence de
Nice et de quelques retours d'expérience, des exemples de l'apport que peuvent constituer les
géosynthétiques, utilisés seuls ou en complément d'autres dispositifs, dans la lutte contre l'érosion.

Mots clés : 7ème ICG, érosion fluviale, érosion maritime, géosynthétiques.

Abstract (Geosynthetics for fluvial and coastal erosion control)

This paper synthesizes the part of CFG's project of guidelines dedicated to the use of geosynthetics
against the fluvial and coastal erosion and makes the summary of the papers presented in the 7th
International Conference on Geosynthetics in this field of erosion control. Otherwise feedback from
experiences of geosynthetic systems installed for ten years are also presented here. This document
doesn't constitute an exhaustive list of the protective techniques against the maritime and fluvial
erosion; in the same way the geosynthetics functions in these systems are not described here, these
elements will appear in the guidelines of the CFG. From the papers presented to the conference of
Nice and some French experiences, the objective is here to recall the constraints and the stakes and
to present some examples of the contribution that the geosynthetics can constitute, used alone or in
complement of other devices, in struggle against the erosion.

Key-Words : (7th ICG, fluvial erosion, coastal erosion, geosynthetics)

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1. L'utilisation des géosynthétiques dans la lutte contre l'érosion fluviale et


maritime
1.1. Les enjeux et les sollicitations des berges et du littoral
1.1.1 Les différents types d'érosion retenus par le CFG
La définition retenue dans le projet de guide du Comité Français des Géosynthétiques (CFG) pour
caractériser le phénomène d'érosion est le suivant : "L'érosion est la déstructuration de surface par
arrachement et déplacement des particules d'un sol ou d'une roche sous l'action d'un agent extérieur
naturel (eau, air, froid, chaleur, hygrométrie, gel, dessiccation... ). "

Cinq types d'érosion externe ont été identifiés dans ce projet de guide :
- l'érosion pluviale ;
- l'érosion fluviale ;
- l'érosion maritime ;
- l'érosion éolienne ;
- les érosions anthropique et animale.
Seules les érosions fluviale et maritime sont abordées dans la présente communication ; les autres
types d'érosion font l'objet de la présentation de P. Reiffsteck et al (2003) qui définissent également
la terminologie des fonctions géosynthétiques et la classification des techniques géosynthétiques
auxquelles nous ferons référence dans cette communication.

1.1.2 Les ouvrages à risques


Les ouvrages à risques les plus dangereux sont ceux que l'homme fabrique en modifiant un
équilibre établi. Sur les chantiers de génie civil, le danger potentiel de l'érosion sur l'emprise même
du projet (zone d’étude) et sur son secteur d’influence (aire d’étude du projet et de ses impacts) doit
être apprécié avant le commencement des travaux. Pour cela il convient de prendre en considération
un certain nombre d'indications parmi lesquelles les caractéristiques générales des travaux et de leur
environnement naturel.
Mais les travaux les plus dangereux sont ceux qui changent les caractéristiques hydrauliques des
cours d'eau en créant des affouillements ou des dépôts intempestifs.
Toutes ces modifications d’un équilibre fragile, mineures certes si considérées de façon isolée,
peuvent néanmoins être à l'origine de grandes catastrophes ou aggraver de façon substantielle un
risque naturel existant.
1.1.3 L'érosion fluviale : ouvrages concernés et sollicitations correspondantes
Les problèmes d'érosion fluviale concernent à la fois, avec des sollicitations sensiblement
différentes, les voies navigables et les cours d'eau naturels, ainsi que les plans d’eau. L’érosion
affecte la majeure partie des ouvrages construits dans les lits mineur ou majeur des cours d’eau et
canaux. Trois principaux types d’ouvrages sont généralement définis : les ouvrages longitudinaux
(berges, perrés, quais et digues), les ouvrages transversaux (seuils, barrages, …) et les ouvrages
ponctuels (piles et culées de pont …). Compte tenu de la surface, les protections de berges
constituent l’application potentiellement la plus importante.

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texture
vagues
batillage Etat de surface composition chimique
vitesse
structure

EAU marée
marnage
SOL couvert végétal
modification
EROSION
taux de couverture de rugosité
matière organique

courant turbulences
section
jet d'hélice géométrie
pente

Figure 1 : Le cycle de l’érosion fluviale et maritime (extrait guide CFG)

Dans le cas des cours d'eau naturels, l'érosion est due :


• au courant naturel,
• aux variations de niveau d'eau (crue-décrue) ;
• aux vagues de vent ;
• à des interventions humaines (dragage, calibrage, endigage, rescindement de méandre…).
La présence de singularités et d’ouvrages (courbes des rivières, piles et culée de ponts, seuils et
barrage, ...) est susceptible d'accentuer ces phénomènes.

Dans le cas des voies navigables, la circulation des bateaux sollicite principalement les berges dans
des zones localisées de part et d'autre du plan d'eau à travers les phénomènes suivants :
• d'abaissement instantané du plan d'eau ;
• de création de vagues ;
• de création d'un courant de retour.

Dans le cas des cours d'eau navigués, les phénomènes se superposent.

Sur les plans d’eau, qu’il s’agisse de retenues artificielles, de lacs ou d’étangs, l’érosion est
essentiellement due :
• au marnage ;
• aux vagues de vent ;
• au batillage généré par la pratique des sports nautiques motorisés.

Le choix d'un type de protection de berges est en premier lieu conditionné par la fonction à
remplir par le dispositif et l'intensité des sollicitations développées plus avant. On retient
habituellement trois principales fonctions :
• protection contre l'érosion et soutènement ;
• protection contre l'érosion et étanchéité ;
• protection contre l'érosion uniquement.

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1.1.4 L'érosion maritime


L’érosion maritime concerne le littoral naturel et aménagé. Dans le projet de guide du CFG, les
ouvrages d’aménagement portuaire (digues, quais, terre-pleins,...), qui nécessitent de multiples
études approfondies pluridisciplinaires, n’ont volontairement pas été détaillés. Nous attirons
l'attention du lecteur sur l’interaction forte qui existe entre les ouvrages portuaires et les parties de
littoral naturel qui les entourent ; ainsi que sur la nécessité d’intégrer les composantes spatiale et
temporelle de l’érosion dans l’étude et la conception de ces ouvrages.

Le littoral que nous considérerons est donc un milieu naturel, éventuellement protégé, assurant la
transition entre des espaces terrestres et marins. Cette particularité fait que les facteurs naturels de
l'érosion du littoral sont principalement les actions d’origines continentale et marine, et
accessoirement les actions chimiques et biologiques. S’y ajoutent le cas échéant les effets des
interventions ou actions humaines.

Les actions continentales ou météoriques sont surtout effectives sur les littoraux constitués de
falaises de roches meubles ou de sols sableux. Elles déplacent les matériaux ou modifient leurs
caractéristiques physiques ou géotechniques. On peut notamment citer :
• les apports fluviaux ;
• les eaux de ruissellement ;
• les eaux d'infiltration ;
• les effets thermiques ;
• le vent.

Les actions marines sont notamment :


• l'action des vagues ;
• l'action des courants ;
• les variations du niveau marin.

1.2. Usages des géosynthétiques dans la lutte contre les phénomènes d'érosion maritime et
fluviale
1.2.1 Nature des principales applications
Les géotextiles ou produits géosynthétiques sont utilisés dans la construction ou la réalisation
d'ouvrages neufs ou dans des opérations d'entretien ou de confortement d'ouvrages existants. Ils
interviennent alors en tant que constituants principaux de ces ouvrages, essentiellement en fonction
conteneur, ou comme des éléments techniques assurant un rôle capital dans leur comportement,
essentiellement en fonctions séparation et filtration ou en se substituant aux traditionnels filtres et
dispositifs anti-affouillement en matériaux granulaires ou en petits enrochements.

La conception d’un dispositif de protection nécessite une démarche préalable de diagnostic et de


concertation permettant d’obtenir une parfaite connaissance des mécanismes en jeu et
d’appréhender le problème d’érosion et ses enjeux dans leur ensemble. Ceci passe notamment par le
recensement des phénomènes hydrauliques, leur détermination et leur localisation sur le rivage ou
sur les berges. A l’issue de ces échanges et analyses, les techniques ou mesures de protection
envisageables pourront être précisées en prenant en compte les fonctions réelles que le dispositif
devra ou pourra assurer.

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Une approche globale en résultera :


• conception d’un ouvrage respectant les critères de stabilité géotechnique et hydraulique et
répondant à une commande ou à un cahier des charges précis ;
• détermination des constituants fonctionnels à évolutions connues, dont les géosynthétiques,
assurant un rôle essentiel dans le comportement des différentes parties de l’ouvrage.

1.2.2 Avantages des produits géosynthétiques en ingénierie littorale ou fluviale


Au sein des ouvrages de protection contre l'érosion, l’utilisation de produits géosynthétiques
présente un certain nombre d’avantages qui concourent à la fiabilité et à la qualité des
constructions :
• la fabrication de produits (standards et spécifiques) selon des procédés industriels suivant
une démarche qualité permet de disposer sur le site de matériaux certifiés dont les
caractéristiques sont choisies, connues et conformes aux normes en vigueur. Les contrôles
des constructeurs peuvent ainsi être limités ou réorientés ;
• le remplacement d’une ou plusieurs couches de matériaux granulaires ou de petits
enrochements par un produit qui se présente généralement en nappes minces de grandes
dimensions limite les extractions en carrières et les transports à pied d’œuvre associés, et
réduit les emprises résultantes ;
• les interventions subaquatiques sont spécialisées, réduites et sécurisées.

A ces avantages liés à l’utilisation fonctionnelle des géosynthétiques s’ajoutent ceux liés à leur
usage en tant que conteneur composant structurel ou fonctionnel :
• lorsque la granulométrie des matériaux facilement disponibles est insuffisante pour que ces
matériaux soient stables vis à vis des sollicitations hydrodynamiques, leur confinement par
un géosynthétique permet d’obtenir un nouveau matériau, qui constitue alors une partie
d’ouvrage, stable ;
• l’absence de critères stricts sur la granulométrie des matériaux de remplissage du conteneur
permet d’envisager la valorisation de sous-produits issus du BTP ou de l’élimination des
déchets. Cette possibilité ne doit évidemment pas être utilisée pour faciliter le réemploi de
matériaux pollués dont l’immersion ou le contact avec l’eau présenterait un danger pour
l’environnement.

1.2.3 Des conditions de mise en œuvre impliquant une rigueur de conception et de réalisation
Plus encore que pour les autres ouvrages d’infrastructure, la construction en présence d’eau, et
généralement sous l’ eau, accroît la sensibilité des dispositions constructives retenues pour les
ouvrages fluviaux et maritimes et celle des techniques de mise en œuvre des divers matériaux
utilisés. C’est pourquoi une extrême rigueur scientifique et technologique est nécessaire. Les
intervenants dans l’acte de construire doivent ainsi constamment garder présent à l’esprit que les
géosynthétiques utilisés dans les dispositifs de protection contre l’érosion sont de réels produits
techniques auxquels on demande d’assurer des fonctions importantes, qui, si elles ne sont pas
correctement remplies peuvent remettre en cause la pérennité de l’ouvrage.

De plus, en l’absence de suivi régulier pendant les différentes phases de construction et de visites de
surveillance périodique associées à des mesures ponctuelles d’entretien préventif dés la mise en
service de l’ouvrage, les désordres ne sont généralement que très peu visibles pour une personne
non sensibilisée et peuvent apparaître brutalement.

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Chercher à limiter ce type de situation passe notamment par :


• une connaissance approfondie des problèmes à résoudre et de leurs origines (phénomènes
érosifs externes ; instabilités géotechniques générales ou ponctuelles dont les ruptures par
poinçonnement, glissements plans et circulaires et les phénomènes d’écoulements dans les
sols ; protection d’un environnement sensible ; emprises à maintenir exondées ; …), du
contexte d’intervention et des enjeux réels ;
• l’identification et la hiérarchisation des diverses fonctions à remplir par le géosynthétique
(filtration, séparation, drainage, renforcement, conteneur, anti-érosion et étanchéité) ;
• la détermination des caractéristiques structurelles et fonctionnelles correspondantes ;
• l’agrément des produits et de leurs modalités de mise en œuvre ;
• la réalisation de contrôles et la prise en compte des adaptations nécessaires ;
• l’élaboration dès la phase projet d’un plan de surveillance et d’entretien de l’ouvrage.
1.2.4 Des techniques et produits propres aux travaux à la mer et fluviaux
Dans un contexte de lutte permanente contre des éléments naturels rapidement variables et
difficilement maîtrisables (marées, vagues, courants, vents, …) les constructeurs sont amenés à
concevoir et à utiliser des matériels et des matériaux spécifiques ou à adapter des matériels
terrestres.

Dès que la profondeur d’intervention dépasse quelques mètres et que le travail depuis « la
terre ferme» n’est plus possible, des moyens nautiques et subaquatiques lourds s’imposent
généralement pour déplacer, positionner, installer correctement et maintenir en place les produits
géosynthétiques. On peut citer pour les chantiers d’une certaine ampleur où l’utilisation de ces
moyens est possible et acceptable : les plates-formes de travail équipées de treuils et palonniers (qui
permettent de maintenir au droit du site d’immersion des nappes de grandes dimensions assemblées
par couture et pliées spécifiquement, puis de les immerger par lestage et déplacement progressifs),
les barges à clapets (pour le largage des conteneurs de grandes dimensions ou pour la mise en
oeuvre des couches supérieures) ou encore les bateaux à déversement latéral (qui permettent un
lestage mécanisé régulier des nappes maintenues en position par d’autres moyens nautiques). Sur
des chantiers plus modestes, le lestage est généralement effectué manuellement par des lests
ponctuels (conteneurs sacs, petits enrochements, barres métalliques, …).

Pour faciliter la mise en œuvre, des produits spécifiques ont été mis au point et validés par
l’expérience comme :
• le tapis de fascines qui consiste actuellement généralement en un géotextile en nappe à
boucles d’accrochage recouvert d’une couche de roseaux et de boudins (branchages ou
matériaux synthétiques) fixés transversalement et longitudinalement à la nappe pour la
rigidifier et former un compartimentage ;
• des composites (assurant les fonctions filtration/séparation et protection) de conception plus
récente [Artières et al, 2002 ; Technical exposition, 2002] avec ou sans lest intégré. Dans ce
dernier cas [Heibaum, 2002], une fine couche de sable (de l’ordre de 5 kg/m2 à 10 kg/m2) est
enfermée en usine entre deux nappes de géotextiles non-tissés différenciés dont l’un assure
les fonctions de filtration et de séparation et le second la protection vis-à-vis des couches
supérieures agressives (carapace ou transition). Leur mise en œuvre a été testée avec des
courants de 0,6 à 1 m/s.

Toutefois ces évolutions pragmatiques et technologiques ne permettent pas de s’affranchir


totalement des importantes sollicitations auxquelles les géosynthétiques (nappes, conteneurs)
restent soumis :
• lors de leur mise en œuvre ;

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• lors de la construction des parties d’ouvrage supérieures ;


• durant la vie de l’ouvrage.

Si des dispositions constructives simples ne sont pas respectées sur le chantier, les dégradations des
produits qui en résultent (déchirement des nappes, éclatement des conteneurs, ...) conduisent à une
diminution et à une altération des caractéristiques d’état, mécaniques et hydrauliques du
géosynthétique induisant à une perte d’efficacité partielle à quasi-totale dans les fonctions filtration
et séparation, voire la disparition de la fonction conteneur.

Au vu de réalisations passées et des études publiées ou non publiées, cinq principaux types de
recommandations peuvent être préconisés pour les applications les plus courantes en lutte contre
l’érosion maritime et littorale :
• limiter autant que faire se peut la hauteur de chute (effective ou équivalente en cas
d’immersion) des éléments des couches de transition et de carapace recouvrant une nappe
géosynthétique ;
• utiliser dès que nécessaire une structure de protection rapportée (seconde nappe épaisse à
forte perméabilité) ou un composite intégrant cette couche dans sa fabrication ;
• mettre en place une couche de transition perméable stable vis-à-vis des écoulements et des
turbulences internes entre les éléments de carapace et le géosynthétique. Son importance
dans la stabilité des structures est maintenant bien appréhendée. La couche de transition
assure la répartition des contraintes, protège à long terme le géosynthétique des
rayonnements UV et surtout assure un contact homogène et permanent du produit avec le sol
support indispensable à l’établissement de l’auto- filtre naturel et à la limitation des
phénomènes de colmatage [Faure et Lelay, 2002] ;
• ne pas sous dimensionner le nombre et la résistance des dispositifs annexes (points de
traction et d’amarrage, coutures de fermeture ou d’assemblage, goulottes de remplissage,
évents éventuels, …) ;
• limiter le remplissage des conteneurs sacs « conventionnels » à environ 80% de leur capacité
maximale.

Pour des réalisations particulières ou pour des ouvrages très sensibles, il conviendra d’intégrer
impérativement le temps et les moyens de réaliser des essais paramétriques en conditions réelles,
ainsi que leur suivi comportemental, dans le planning et le budget de l’opération.
1.2.5 Principes constructifs de nature à favoriser la réussite de nombreuses applications
Nous avons exposé qu’un géosynthétique ne pouvait fonctionner correctement que s’il était
correctement dimensionné et intégré à un ouvrage de conception sûre et stable. Toutefois bon
nombre de dysfonctionnements et d’insatisfactions observés sur diverses réalisations passées, ou
plus proches pour certaines, montrent que des détails de mise en oeuvre ont leur importance.
Souvent, les déboires ou ruines auraient pu être évités si les quelques principes constructifs
élémentaires suivants avaient été respectés :
• assurer une continuité des fonctions par coutures ou recouvrements pour les produits en
nappe ou par une pose en quinconce pour les conteneurs sacs « conventionnels ».
L’attention des concepteurs est à attirer sur les contraintes et déplacements résultants du
chargement par les parties supérieures d’ouvrage et/ou du tassement du support ; ainsi que
sur les incertitudes de positionnement des produits sous l’eau. Ceci conduit à adopter des
dispositions particulières (surlargeur de recouvrement, couture renforcée, conteneur de
continuité en deuxième ligne …) ;
• orienter les discontinuités en tenant compte de la géométrie de l’ouvrage (en respectant les
lignes de plus grande pente et la présence de risbermes éventuelles) et en intégrant les effets

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des courants avalants et des vagues descendantes ;


• veiller à ne pas empêcher les déplacements d’adaptation du produit au support (pas
d’ancrage complet par tranchée ou d’épinglage non progressif avant la fin du chargement,
pas d’engins positionnés sur les extrémités des nappes en cours de chargement) ;
• assurer par une disposition constructive spécifique l’arrêt de la technique géosynthétique en
périphérie de l’ouvrage de lutte contre l’érosion.
Tout ouvrage de protection contre l’érosion crée de fait une limite physique entre des matériaux
restant sensibles à l’érosion et ceux le constituant, stables. Dans cette zone de transition, les
phénomènes hydrauliques sont perturbés et le plus souvent amplifiés, conduisant généralement à
des érosions locales importantes, temporaires ou permanentes. Le concept du dispositif spécifique
préconisé vise à anticiper sur ces formes d’érosion en constituant une réserve de matériaux au droit
de la zone d’arrêt (butée de pied stabilisatrice ou tapis de pied anti-affouillement) et en rattrapant
progressivement par enfouissement le niveau du terrain naturel environnant. Ainsi, évaluer les
dimensions de la forme d’érosion et construire le dispositif dans une souille est souvent à moyen
terme une solution mieux disante que le simple chargement en surélévation.

2. Applications et techniques caractéristiques de lutte contre l'érosion maritime


et fluviale
2.1. Erosion fluviale
La figure 2 issue du projet de guide CFG résume les techniques et les fonctions correspondantes
assurées par les géosynthétiques ; on pourra se référer pour les abréviations et symboles à la
communication de Reiffsteck et al (2003)

phénomène érosion fluviale

ouvrage berges seuils de rivières piles de ponts

CGAs FSP CG FSP CG


technique FSP
mur
FSP
couche
CG CGA RSA

fonctions

page 66 68 71 75 76 79 79 80 81 82

Figure 2 : organigramme de choix de protections contre l'érosion fluviale (extrait guide CFG)

Les principales techniques mettant en œuvre des géosynthétiques rappelées sur la figure 2 sont :
• la filtration du sol support sous protection (FSP) ;
• les systèmes de confinement par géoconteneurs (CGC) ;
• les systèmes de confinement géoalvéolaire (CGA) ;
• les systèmes de renforcement du sol d'apport (RSA).
Plusieurs de ces techniques nécessitent également la mise en œuvre d'une végétalisation.

Chacune de ces techniques a fait l'objet d'une ou plusieurs communications à la conférence de


Nice ; les principaux éléments de ces communications sont présentés ci-après.

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2.2. Erosion maritime


L’érosion littorale et maritime intéresse différents types d’ouvrages :
• les dunes ;
• les hauts de plages ;
• l’estran ;
• les fonds marins ;
mais les estuaires relèvent de la même problématique.

La figure 3 résume les techniques et les fonctions correspondantes assurées par les
géosynthétiques ; on pourra se référer pour les abréviations et symboles à la communication de
Reiffsteck et al (2003).

phénomène érosion littorale

ouvrage dunes haut de plage estran en mer

technique PSA FSP CGC FSP CGC CGA RSA VEG CGC FSP
voir voir RSA
chapitre chapitre
V et VI V et VI
fonctions

page 89 90 90 93 94 96 96 96 97 98

Figure 3 : organigramme de choix des protections contre l'érosion maritime (extrait guide CFG)

2.3. Les apports de la 7ème ICG de Nice


Dans ce chapitre sont brièvement résumés les communications décrivant des techniques ou des
expérimentations de dispositifs de lutte contre l'érosion pluviale et maritime. Une première partie
est consacrée aux géoconteneurs, objet de nombreuses publications à Nice; la seconde partie
regroupe les publications concernant les autres dispositifs.

2.3.1 Les conteneurs, des applications en cours de développement


La dénomination système de confinement géoconteneur (CGC) regroupe un nombre important de
produits d’aspects mono, bi ou tridimensionnels (1D, 2D ou 3D) allant des sacs traditionnels (0,01 à
0,1 m3 de volume), aux conteneurs de grande contenance (10 à 2000 m3), en passant par les tubes et
matelas (1 à 10 m3/ml ou m3/m2).

Au sein de ces produits, des sous familles ou des appellations spécifiques peuvent être retenues en
fonction de leurs formes et dimensions :
• les gabions (2D ou 3D) ont aujourd’hui une forme régulière parallélépipédique. Leur
enveloppe est constituée de nappes ou de grilles géosynthétiques ;
• les tubes (1D) présentent une longueur prépondérante devant la hauteur et la largeur ;
• les matelas (2D) sont caractérisés par leur faible hauteur par rapport à leur surface.

Issus historiquement d’applications militaires (les gabions et sacs de terre) et bénéficiant des
avancées de l’ingénierie du conditionnement pour le transport de vrac dans l’industrie, le génie-
civil et l’agro-alimentaire (les « big bags »), leurs utilisations restaient relativement limitées en

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France jusqu’à ces dernières années.

De plus, hormis certaines réalisations suivies par des organismes publics à compétence nationale,
les principes de conception et de réalisation des ouvrages n’étaient que rarement décrits ; voire
s’attachaient à promouvoir non un concept mais des assemblages particuliers de nappes donnant
lieu à la multiplication de produits aux appellations multiples et variées.

Toutefois, hors de cette approche commerciale et notamment dans le cadre de la recherche


technique de dispositifs de protections de berges économiques, des gabions et des tunages
géosynthétiques (confinements in-situ par nappes de renforcement et de filtration) étaient mis en
œuvre avec succès il y a maintenant plus de dix ans sur des canaux à petit gabarit [Courtin et
Thibault, 1988 ; Antoine et Richard, 1993]. Plus récemment, des réparations d’ouvrages fluviaux et
maritimes à l’air libre ou en sous-œuvre en eau étaient facilitées par l’emploi de gabions (nappes de
géotextile tissé) remplis de béton [Gourvat et al, 1999]. A ce jour leur comportement et intégration
dans leur site d’accueil respectif sont très satisfaisants.

L’intérêt du conteneur géosynthétique était donc mis en évidence au travers d’un petit nombre
d’applications, certes limitées et ciblées, et la voie était ouverte pour, d’une part, identifier et
retenir au niveau du groupe de travail du CFG sur l’érosion une nouvelle fonction conteneur pour
les géosynthétiques et, d’autre part, s’intéresser aux nombreuses applications potentielles.

Dans un contexte en évolution, la 7ème conférence internationale sur les géosynthétiques a ainsi
donné lieu à la présentation de réalisations basées sur la mise en œuvre de systèmes de
confinement géoconteneur à travers le monde.

Deux motivations exposées précédemment sont retrouvées dans le choix de ces techniques : la
nécessité d’intervenir en urgence pour limiter ou réparer les effets de désordres liés à l’érosion
fluviale ou maritime ainsi que la possibilité d’utiliser à moindre coût un matériau disponible sur le
site. S’y ajoute souvent une troisième qui est la simplification de la construction en eau par une
accélération de phases de constructions critiques et un contrôle de la dispersion des matériaux.

Si une partie des constructions réalisées sur les continents américain et asiatique présente un faible
niveau de prise en compte de l’environnement littoral et fluvial et de leurs paysages
caractéristiques qui ne permet pas de les transposer sur le territoire national, les études et
réalisations menées sur le Vieux Continent confirment les multiples possibilités d’utilisation des
conteneurs. Nous résumerons donc ci-après les avancées conceptuelles qui nous paraissent les plus
significatives.

• Il apparaît qu’il n’existe pas de critères objectifs qui conduiraient à se limiter à l’emploi de
géotextiles tissés pour constituer la base de l’enveloppe des sacs et des conteneurs de
grandes dimensions. Par exemple, Heibaum (2002) et Saathoff ( 2002) présentent de
multiples mises en œuvre probantes de conteneurs et de sacs en non-tissés pour la
construction et la réparation d’ouvrages côtiers et fluviaux en Allemagne. Par ailleurs, dans
le cadre de la construction d’une digue de rescindement de la rivière Mersey en Grande-
Bretagne, des sacs en non-tissés ont été retenus à l’issu d’essais spécifiques. Pour ces
applications, la capacité de déformation des sacs, améliorant la résistance à
l’endommagement lors de la mise en œuvre et la stabilité de l’ouvrage par contacts proches
entre les sacs et avec le sol support, serait un des éléments de choix.

• La conception des ouvrages peut s’affranchir des contraintes liés à la disponibilités de


matériels nautiques spécifiques (chalands ou barges à clapet notamment) et aux tirants

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d’eau nécessaires associés. Il s’agit en fait de substituer à un conteneur de grandes


dimensions une juxtaposition de sacs de volumes plus classiques (de l’ordre de 1 à 10 m3)
et auto-stables. Des matériels terrestres peuvent alors être simplement adaptés et utilisés
depuis la terre ferme ou depuis un ponton.

• Les sacs sont le plus souvent remplis au moyen de trémies à proximité de leur site
d’utilisation. Toutefois, dans le cadre d’une conception s’attachant à valoriser des produits
de réemploi, un transport par voie maritime ou fluviale peut être une alternative à étudier
sérieusement.

• Les conteneurs de grandes dimensions font quant à eux l’objet d’études théoriques, sur
modèles et in-situ visant à fiabiliser leurs conditions de remplissage et d’immersion. Elles
sont principalement menées aux Pays-Bas [Bezuigen et al, 2002] et en Allemagne [Cantre,
2002]. Les premiers résultats mettent en avant l’importance de l’homogénéité du
chargement, de la saturation et de la consolidation de son constituant. La précision de
positionnement est grandement dépendante de la régularité du clapage et des courants et
vagues en présence. L’impact lors du placement engendre les contraintes les plus
importantes pour le géosynthétique d’enveloppe et pour les éléments accessoires.

• Enfin des applications ou des principes de construction présentent un intérêt particulier et


méritent d’être étudiées en variante à des solutions granulaires classiques :

les matelas nappe (remplis de sable ou d’un produit cohérent) et les matelas grille
(remplis de petits enrochements) pour assurer la protection des canalisations posées en
traversée sous-fluviale [Kurchkin et al, 2002] ou sur les fonds marins ;
les sacs utilisés pour combler les fosses d’érosion apparues au droit de piles ou culées de
pont ou des affouillements en pied de quais. Cette technique peut être mise en oeuvre
seule ou associée à un filtre sous enrochements (FSP). Elle peut également compléter
une protection anti-affouillement par matelas grille [Levillain, 1999] ;
les sacs utilisés pour constituer une couche intermédiaire sous des enrochements de
transition ou de carapace lorsque la pente à respecter est trop raide ou que les
sollicitations hydrodynamiques sont trop importantes pour envisager des techniques
granulaires traditionnelles ;
les conteneurs de gros volumes pour conforter par rechargement de pied de talus sous-
marins ou sous-fluviaux présentant des instabilités générales à type de rupture par grand
glissement ;
les conteneurs ou tubes juxtaposés et immergés en mer par petits fonds sableux pour
jouer le rôle de brise-lames. Cette technique, de construction plus rapide que les brise-
lames en enrochements, demande toutefois que des études de fond soient menées. Outre
une réelle analyse économique sur une durée de vie d’un ouvrage de lutte contre
l’érosion correctement entretenu, il apparaît en effet impératif de se poser la question de
l’origine et de la nature des matériaux de remplissage ; ainsi que de s’assurer de la
résistance de l’enveloppe (éventuellement composite) vis-à-vis des activités humaines,
de la navigation et des tempêtes. En outre, le fonctionnement de tels ouvrages diffère de
celui des brise-lames émergents équipant majoritairement les côtes françaises : on ne
dispose encore que de peu de recul théorique et de retours d’expérience exploitables.

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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

2.3.2 Autres fonctions assurées par les géosynthétiques

A - Filtration sous enrochement ou pavés béton


Faure et Lelay (2002) ont étudié le comportement des géotextiles filtrants mis en place sous une
couche d'enrochement protégeant un remblai ; ils présentent les résultats de leurs expérimentation
en laboratoire en grandeur réelle. Ils ont modélisé un remblai constitué de limon sableux fin protégé
par des enrochements dans un canal de 8 m de long et 1 m de large ; un géotextile est placé entre le
remblai et l'enrochement.
Deux types de géotextiles non tissés d’ouverture de filtration caractéristique de 80 microns sont
testés :
• le premier géotextile (GTX1) d’une épaisseur de 1,7 mm composé de deux couches avec des
diamètres de fibres différents, la première couche sert de filtre et la seconde sert de
renforcement au contact de l'enrochement ;
• le second géotextile (GTX2) d’une épaisseur de 7,8 mm.
Ce modèle est soumis à l’action de vagues pendant des durées de 5 à 15 jours. Ces vagues sont
produites par une roue dont l'excentricité peut varier de 140 à 340 mm et peuvent atteindre une
amplitude de 30 cm. Les paramètres mesurés durant le test sont les mouvements des blocs et la
turbidité de l’eau.
Les résultats obtenus sont notamment les suivants :
• pour les deux types de géotextiles la turbidité augmente rapidement puis s'annule en
quelques jours pour des excentricités inférieures à 240 mm. Pour une excentricité de
290 mm, la turbidité est nettement plus importante pour le GTX2 que pour GTX1 et
s'atténue plus lentement ;
• les blocs d'enrochement sont déplacés. Ceux situés en haut du remblai le sont plus que les
autres. Globalement les blocs sur GTX2 sont déplacés environs deux fois plus que ceux sur
GTX1 qui montre une meilleure performance ;
• les blocs après chaque test ont laissé leur empreinte sur le géotextile ; si le contact sol/
géotextile est bon les particules de sol ne traversent pas le géotextile, inversement si le
contact est mauvais alors des particules de sol sont prises dans le géotextile. Les particules
de sol piégées dans le géotextile sont en plus grand nombre dans le géotextile épais que dans
le fin.
L’état du sol après les essais dépend fortement de la qualité du contact entre le sol et le géotextile.
Un bon contact est assuré quand la force normale à l’interface est importante. Cette force est due en
partie au poids des blocs. Quand le contact est « mauvais » les plus fines particules du sol sont
entraînées et piégées dans le géotextile, dans ces conditions la cohésion du sol diminue ce qui
engendre des instabilités.
Cette expérience a mis en évidence l’importance des paramètres structuraux des géotextiles servant
de filtre.

Breteler et al (2002) ont étudié la perméabilité de couches de protection constituées de pavés béton
posés sur un géotextile. Cette étude s'intègre dans un programme plus global sur la stabilité sur
pente des dispositifs de protection. La perméabilité de la couche de protection joue un rôle
important : la présence d'une couche de pavés jointifs peut conduire à des sous pressions sous l'effet
des vagues.
Une approche théorique et une modélisation expérimentale mettent en évidence l'importance de la
perméabilité du géotextile assurant la filtration sous la couche de blocs béton. Le rôle du géotextile
placé sous la couche de protection sur la perméabilité de l'ensemble est très important, même un
géotextile très perméable diminue de manière notable la perméabilité de l'ensemble.
Cette communication est l'occasion de rappeler la nécessité pour les concepteurs de bien prendre en
compte les possibilités de développement de sous-pressions sous le dispositif de protection contre

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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

l'érosion. Ces sous-pressions, dues à la présence d'une nappe ou simplement sous l'effet des vagues
qui créent des variations rapides du niveau du plan d'eau, doivent être prises en compte dans le
calcul de stabilité du dispositif anti-érosion.

B - Systèmes de renforcement de la couche d'apport


Jie et al (2002) de l’université de Tsinghua, Chine ont testé la résistance à l’érosion par courant ou
par pluie de différents sols renforcés par fibres de polypropylène.
Dans cette expérience ils ont notamment étudié l’influence de la longueur des fibres ainsi que leur
proportion. Ils ont donc réalisé, en plus de l'essai mené sur un échantillon témoin de sable, quatre
tests, avec un pourcentage de fibres de 0,1% ou 0,2% et des longueurs de fibres de 7 cm ou 30 cm.
Les résultats ont montré que quel que soit le pourcentage de fibres, pour des fibres de 7 cm de long,
la résistance d’un tel sol à la pluie est bonne mais par contre il ne peut supporter le courant (1,6
m/s). Si le sol est traité avec 0,1 % de fibres de longueur 30 cm, il résiste à un courant de 1,6 m/s
mais pas à un courant de 2,5 m/s. Enfin un sol traité avec 0,2% de fibres de longueur 30 cm résiste à
un courant de 3,1 m/s. En conclusion ces auteurs ont montré que quelque soit le pourcentage de
fibres, la résistance au courant est fortement liée à la longueur des fibres.
Ils ont analysé le processus, et sont arrivés à la conclusion, que soumises à un courant ou une pluie
les particules de sable s’enchevêtrent avec les fibres pour former une couche composite filtrante.
Une fois la couche composite formée, les particules de sables ne peuvent plus être entraînées par le
courant, elles se déplacent uniquement sous cette couche.
Ces expériences ont montré qu’un sol renforcé par fibres avait de bonnes performances mécaniques
mais aussi de bonnes performances hydrauliques.

C - Système associant la stabilité des berges et leur végétalisation


Sotir et al (2002) décrivent un système de berges en sol renforcé végétalisé. Ce système permet
d'assurer, d'une part, la stabilité globale de la berge et, d'autre part, de lutter contre l'érosion en
surface. Le procédé consiste en la réalisation d'un massif de sol renforcé par des géosynthétiques de
manière classique, avec une pente du parement pouvant atteindre 70°, et d'implanter sur le parement
une végétation ligneuse. Les auteurs précisent que ce type de végétation arbustive présente des
avantages par rapport à l'enherbement classique : les risques de feu sont plus faibles, l'enracinement
est beaucoup plus important et participe à la stabilité en surface, la protection du géotextile contre
les UV est bien assurée et ce type de végétation résiste mieux à l'érosion lorsque les courants sont
importants qu'une végétation herbacée ; par ailleurs cette végétation arbustive nécessite peu
d'entretien selon les auteurs.
La réalisation de la végétalisation consiste simplement à enfoncer, au travers du parement en
géotextile, de petites branches d'espèces arbustives sélectionnées en fonction de leur développement
racinaire et aérien à taille adulte. Plusieurs réalisations de ce type, associant sol renforcé par
géosynthétiques et végétation arbustive sont présentées, les plus anciennes ont près de 10 ans.

3. Retour d'expérience : l'exemple des expérimentations sur l'Escaut


En 1995 le Centre d'Etudes Techniques Maritimes Et Fluviales (CETMEF) a participé à des
expérimentations sur les protections de berges de canaux par procédés géosynthétiques.
Ces expérimentations ont eu lieu sur l’Escaut canalisé, d’une part, sur une partie à grand gabarit et,
d’autre part, sur une section au gabarit Freycinet (petit).
Durant ces expérimentations différents produits, dont nous avons pu suivre l’évolution dans le
temps (1 an et 6 ans), ont été testés. Le lecteur pourra se référer à la publication de Fagon (1997)
pour avoir de plus amples informations sur les dispositifs mis en place et très brièvement décrits ci-
après.

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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

3.1. Les dispositifs mis en place


3.1.1 Expérimentation sur l'Escaut au gabarit Freycinet
Les berges sont délabrées, elles sont soumises, suite au passage des bateaux, à des courants de
retour de 1,44 m/s et un abaissement de 0,48 m du plan d’eau après passage du bateau. Deux types
de dispositifs ont été testés : un géosynthétique alvéolaire et des plots béton fixés sur un géotextile.

• Le géosynthétique alvéolaire est en polyéthylène haute densité, extrudé en continu. Les


alvéoles ont une maille de 200 mm pour une hauteur de 100 mm. Le produit est fiché dans le
sol à l’aide d’épingles métalliques ; les alvéoles sont ensuite remplies de terre végétale pour
la partie supérieure de la digue et de cailloux dans la zone de batillage et en partie
immergée. Des hélophytes sont ensuite plantées et la terre végétale ensemencée.

• Les plots béton fixés sur géotextile sont constitués d'un panneau de géotextile tissé avec
sur chaque face des éléments en béton solidarisés entre eux par une clavette synthétique.
L’élément supérieur est sphérique et sert au lestage alors que l’élément inférieur est
tronconique et sert à l’ancrage. Le produit est déposé sur la berge puis les ancrages sont
enfoncés dans le sol et le tout est fixé par des épingles en fer sur le recouvrement (entre deux
panneaux) et en pied de berge. Ensuite le produit est recouvert de terre végétale ensemencée
pour la partie hors d’eau, et de cailloux pour la partie sous l’eau.
3.1.2 Expérimentation sur l’Escaut au grand gabarit
Les berges sont toutes effondrées. Le passage des bateaux entraîne des courants de retour de 1,56
m/s et un abaissement du plan d’eau après le passage du bateau de 0,70 m. Six types de
géosynthétiques ont été testés :
• une nappe géosynthétique tridimensionnelle avec gravillons et bitume composée d’un
enchevêtrement de monofilaments de polyamide 6 thermosoudés préremplie en usine d’une
charge perméable de gravillons liés par du bitume. La berge est préalablement ensemencée,
ensuite la nappe est mise en place, fixée sur sa surface par des fers à béton et en pied, des
enrochements sont disposés dans la bêche pour éviter le soulèvement du produit ;

• un matelas géotextile rempli de sable est constitué de deux géotextiles tissés cousus pour
former des tubes. Le matelas est posé et lesté en haut de berge, puis déroulé sur la pente et
rempli, à l’aide d’une pompe à eau et de goulottes en PVC. Ensuite le matelas ainsi formé
est enfoui en tête dans une tranchée d’ancrage. Le haut de berge est recouvert par de la terre
végétale ;

• un matelas géotextile rempli de béton constitué de deux nappes de géotextiles tissés


spéciaux reliées par des entretoises qui en déterminent l’épaisseur et le type du dispositif. Ce
coffrage est rempli de béton ;

• un matelas gabion PEHD constitué par des cages préfabriquées en PEHD de maillage
60 mm x 60 mm remplies de galets 80/120 mm. Les gabions sont constitués sur place,
l’ensemble des gabions est lié, à un géotextile. Une fois construits les gabions sont déposés
sur la berge et remplis de galets ;

• un géotextile tissé à poches. Dans le cadre de cette expérimentation, les poches de


dimensions 0,60 m x 0,60 m, sont disposées en damier et sont remplies de galets
80/120 mm, les rangées supérieures sont recouvertes de terre végétale ;

• un matelas rempli de sable - ciment - cendres volantes formé de deux géotextiles tissés
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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

cousus entre eux. Le matelas ainsi formé est rempli d’un coulis (pour 1 m3) fait d’eau, de
sable 0/2 (1350 kg), de ciment CLC (60 kg) et de cendres volantes (250 kg).
3.2. Résultats

Produits testés Etat de la berge Etat du produit Végétation

Ancrage par épingles défectueux,


flottement des alvéoles
Géosynthétique Recouvrement du talus rendant le
Bon
alvéolaire dispositif invisible
Dispositif complètement vide dans la
zone immergée
Légers mouvements dus à un ancrage Reprise inégale entre les plots de
Géotextile et plots trop faible (ancrage tronconique) béton mais fournie en tête de talus
Bon
bétons
Glissement mais bon comportement Reprise végétation en pied de berge
Nappe
Affouillement en Bien, sauf sur une bande de 20cm
géosynthétique Départ de la charge due au batillage
pied en haut de berge
tridimensionnelle
Tubes vidés partiellement dans la zone
de batillage. Effet de protection assuré
Matelas géotextile
Bonne tenue Roseaux en pied de berge
rempli de sable
Boudins vides sur le talus. Boudins
semi-remplis en pied de berges
Matelas géotextile Bonne tenue malgré quelques Reprise en partie supérieure du
Bonne tenue
rempli de béton déchirures du géotextile talus
Pas d’érosion dans
Matelas gabions la zone de batillage
Certains casiers se sont ouverts et vidés Reprise au dessus des gabions
PEHD
affouillements
Début
d’affouillement Poches déchirées
sous le dispositif Dense et haute en partie sup. du
Géotextile à poches
en pied de berge Présence de poches intactes dans la talus
zone de batillage
affouillements
Matelas géotextile Plusieurs manches vidés
rempli de Affouillement en NR
sable+ciment+cendr pied de berge Présence de boudins pleins assurant la
es volantes protection
NR : non renseigné ; caractères non soulignés = 1 an après expérimentation ; caractères soulignés = 5 ans après
expérimentation
Tableau 1 : Synthèse des résultats des expérimentations sur l'Escaut

Un an après la mise en place de cette expérimentation, les premières observations ont pu être faites
(tableau 1), elles montrent que les berges traitées n’ont pas reculé, contrairement aux sites témoins.
En 2001, 5 ans après les premières constatations, les conclusions sont très peu différentes.
Globalement les observations ont permis de constater des affouillements dans la zone de batillage
sur la plupart des dispositifs de la zone à grand gabarit mais une bonne reprise de la végétation sur
la partie supérieure de la berge, hormis sur les matelas remplis de béton. Les observations
particulières à la visite de 2001 sont indiquées dans le tableau 1 en caractères soulignés.

En résumé ces expérimentations montrent, sur le petit gabarit, que le géotextile à plots béton donne
de bons résultats et d'autre part, que sur le grand gabarit, le comportement de l'ensemble des

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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

dispositifs est bon au dessus de la zone de batillage. Par contre, dans la zone de batillage, l'érosion a
été fortement ralentie mais les dispositifs de protection sont endommagés ; seul le matelas rempli de
béton a bien résisté. On peut cependant considérer que ces résultats sont encourageants compte tenu
des conditions "pénalisantes" du site sur lequel les systèmes de protection ont été mis en place : il
s'agit en effet d'une berge très dégradée qui a été reprofilée sans création de risberme et qui est
soumise au double effet du courant de la rivière et de la navigation ; de plus la réalisation de
tronçon de faible longueur a entraîné des effets de bord sur certains dispositifs.

4. Conclusion
L'érosion maritime et fluviale constitue un enjeu économique, environnemental et de sécurité
publique important. La protection du littoral ainsi que des berges des cours d'eau, des canaux et
d'une manière générale des ouvrages hydrauliques nécessite des techniques éprouvées dans
lesquelles les géosynthétiques peuvent jouer un rôle primordial. Les géosynthétiques peuvent être
utilisés dans ces ouvrages de protection soit comme structure principale du dispositif soit comme un
élément technique essentiel associé à des matériaux traditionnels (enrochement, fascine, …) avec
des fonctions qui sont très variées. Dans tous les cas, une analyse des contraintes spécifiques du site
et des fonctions que devront remplir les géosynthétiques est indispensable pour définir des
techniques et des produits adaptés et garantir la pérennité de l'ouvrage.

5. Bibliographie
5.1. Communications et documentations de la 7ème ICG analysées

7 ICG-NICE 2002, Proceedings of the Seventh International Conference on Geosynthetics: Geosynthetics -


State of the Art - Recent Developments, Nice, France, 22-27 septembre, A.A. Balkema Publishers, Lisse :
- Volume 1 : Geotechnical Engineering and Reinforced Structures, pp. 1-440,
- Volume 2 : Environmental Engiineering, pp. 441-848,
- Volume 3 : Transportation and Hydraulic Engineering, pp. 849-1198,
- Volume 4 : Properties of Geosynthetics, pp. 1199, 1600.
O. ARTIERES & J.G. TCHERNIAVSKY, Vegetated reinforced soil slopes, pp. 635-640
A. BEZUIJEN and al., Field tests on geocontainers, pp. 997-1000
A. BEZUIJEN and al., Model tests on geocontainers, placing accuracy and geotechnical aspects pp.
1001-1006
M. BINDRA, An innovative application for nonwoven geotextiles, pp. 597-600
BRETELER M.K., BEZUIJEN A., PILARCZIK K.W., Vegetated reinforced soil slopes, pp. 635-640
CHEN X.L., ZHANG J.M. Application of geotextiles in deepwater channel regulation project of the
Yangtze estuary, pp. 605-608
FAURE Y.H., LELAY M., Behaviour of geotextile filter for bank protection : full scale laboratory
experimentation, pp. 609-612
M. H. HEIBAUM, Geosynthetic containers – a new field of application with nearly no limits, pp. 1013-
1016
JIE Y.X., CHEN P., LI G.X., FENG S.H., Erosion test on the fiber-reinforced soil, pp. 619-622
KUROCHKIN V.V., SPECTOR Y.I., NOVOSELOV V.V., SHCHEPIN N.F., Antierosion cellular
cover for underwater pipelines protection, pp. 623-624
F. SAATHOFF, Geotextile sand containers in hydraulic and coastal engineering – German
experiences, pp. 1141-1144
SOTIR R.B., CHRISTOPHER B.R., COWLAND J.W., Vegetated reinforced soil slopes, pp. 635-640

7 ICG-NICE 2002, Technical exposition of the Seventh International Conference on Geosynthetics:


Geosynthetics - State of the Art - Recent Developments, Nice, France, 22-27 septembre
Aménagement et confortement de la falaise d’Ilbarritz-Mouricot à Biarritz (fiche de cas Bidim Geosynthetics)
Geosystems-case histories (fascicule de fiches de cas Ten Cate Nicolon)
Use of Secutex soft rocks on the River Mersey, UK (fiche de cas Naue Fasertechnik)

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5es Rencontres Géosynthétiques Francophones 2003 / 2004

5.2. Autres publications

F. ANTOINE & F. RICHARD, Expérimentation de tunages géotextiles en défense de berge, note STC.VN
n°93.A, mars 1993, 11pages, 2 annexes
CFG. (à paraître), Recommandations pour l'utilisation des géosynthétiques dans la lutte contre l'érosion,
Comité Français des Géosynthétiques, Rueil-Malmaison, environ 110p + annexes.
Th. COURTIN & J. THIBAULT, Utilisation de gabions géotextiles dans la réalisation de défenses de berges
économiques, note STC.VN n°88.A, septembre 1988, 29 pages
Y. FAGON, Protection de berges par procédés géosynthétiques, bilan de réalisations courantes et
expérimentales, journée d'étude de l'AIPCN, Reims 1997.
D. GOURVAT, F. ANTOINE et al, Utilisations de conteneurs géosynthétiques en protection de berges,
Rencontres géoynthétiques 99, pp. 193-199
J.P. LEVILLAIN Une technique de mise en ouvre d’un filtre geotextile sous 10 à 20 m d’eau dans un fleuve,
Rencontre géosynthétiques 99, pp. 163-168
P. REIFFSTECK, A. ROBINET, Géosynthétiques et érosion de surface, Rencontres géosynthétiques 2003-
2004

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