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été 2010

Une forêt naturelle et prodigue

mountainwilderness
france
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En couverture
© Nathan Daumergue
Foisonnante au printemps, fraîche en été,
éblouissante et nourricière en automne, douce
en hiver... En toute saison la forêt de montagne
se révèle à nous. Les images proposées ici en
sont des témoins. Merci à tous ceux qui nous les
ont gracieusement offertes.

p. 4 - actus

Une convention liant les accompagnateurs

en montagne et MW

Sauvons les tétras-lyres !

p. 5 - actions

Assemblée générale de Mountain Wilderness France à Die

Production d’énergie renouvelable en montagne

p. 7 - dossier

Une forêt naturelle et prodigue

p. 15 - actions

MW brandit l'Étendard du Silence !

Changer les comportements grâce au portail

de la montagne sans voiture !

Les Alpes du nord ont besoin d'un cadre fort

p. 18 - à lire

p. 19 - agenda

Imprimé sur papier 100% recyclé

par une imprimerie labélisée Imprim'vert.

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Business as usual*
Hugues Thiébault, Président de Mountain Wilderness France

­ lors que l’évidence d’un épuisement

A
des matières premières se fait de plus en
plus nette, que le changement climatique
frappe jusque dans nos campagnes,
comme en Vendée et en Charente, ceux
qui ne voient dans la nature qu’une
ressource gratuite continuent à « déve-
lopper de façon durable » la surexploita-
tion des territoires de montagne.

Après le massacre de la Turra par les

promoteurs en Maurienne, ce sont main-
tenant le Chaberton qui est promis aux
bulldozers de Montgenèvre, le vallon du
Crachet que Vars souhaite « sécuriser » (entendre : sécuriser les
rentrées financières lui échappant actuellement, du fait du carac-
tère non aménagé), le vallon du Clou que la municipalité de
Sainte-Foy-Tarentaise veut artificialiser, au mépris de ses engage-
ments antérieurs. Face à la cupidité de certains élus locaux, qui
ne raisonnent qu’en termes de retombées électorales immédiates,
à la démission de l’État et de son administration, qui jouent les
modernes Ponce-Pilate, refusant d’intervenir quand ils en ont le
pouvoir et le devoir, aux parlementaires de tous bords, toujours à
l’affût d’un amendement scélérat leur apportant quelques voix de
chasseurs ou de motoristes, il ne reste plus que nous pour sauver
ce qui peut l’être encore.

A ceux qui se demandent quel peut être l’intérêt d’adhérer à

Mountain Wilderness, ou d’en rester membre, on ne peut que
conseiller d’aller voir les lieux des défaites d’hier. Et si demain
nous ne voulons pas encore déplorer les combats perdus, il
Édito

importe que nous soyons forts. Et nombreux.

* « Les affaires continuent »

mountainwilderness - n°83 - été 2010

MNEI - 5, place Bir Hakeim - 38000 Grenoble / tél. 04 76 01 89 08
www.mountainwilderness.fr - contact@mountainwilderness.fr
Directeur de publication : H. Thiébault, Président / Coordination : F. Brondex, A. Dautrey.
Crédits photo : Les photos sont issues des photothèques des différentes sections de MW, sauf mention contraire.
Maquette, mise en page : N. Carli / Souris Verte / Impression : Imprimerie des Eaux Claires.
sur papier recyclé / N° ISSN : 1621 - 5974

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1. Direction régionale de
l'environnement, de
l'aménagement et du logement.
Actus
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Une convention entre les accompagnateurs
en montagne et MW
Dans le cadre de l'Assemblée générale de Mountain
Wilderness France qui s'est déroulée les 27 et 28 mars
2010 à Die, le Syndicat national des accompagnateurs
en montagne et Mountain Wilderness ont signée une
convention de collaboration. En effet, ces deux associa-
tions comptent un nombre important de membres
impliqués dans les deux structures. Elles considèrent
que la défense de l’environnement montagnard
et la promotion des bonnes pratiques constituent
des intérêts communs et ont donc souhaité établir
des relations de coopération plus fortes afin d'amélio-
rer la compréhension mutuelle entre les professionnels
de la montagne et les protecteurs de la nature.
Cette convention permet de pérenniser le travail
commun entrepris dans le cadre des Journées de
la montagne en Rhône-Alpes et laisse entrevoir de
nombreuses collaborations futures. En effet, proposer
des sorties encadrées par des professionnels qui
soient accessibles en transport en commun et contri-
buant à l'économie locale est un concept commun dont
les deux entités souhaitent l'extension géographique.
Cette convention peut être lue sur le site internet
de Mountain Wilderness.
Sauvons les tétras-lyres !
2010 est l'année internationale de la biodiversité.
Il est donc normal que ce soit cette année que prenne
son envol le « plan d'action pour la conservation du
tétras-lyre et de ses habitats », lancé l'an dernier par
(1)
la DREAL et la région Rhône-Alpes, en collaboration
avec l'Office national de la chasse et de la faune
sauvage et l'Observatoire des galliformes
de montagne.
Il est en effet plus que temps de s'en occuper :
le tétras-lyre, cette espèce hautement symbolique
des montagnes, est en forte régression en Europe
occidentale. Ce déclin résulte principalement de
la pression anthropique que connaissent ses milieux
de vie, essentiellement due aux aménagements
touristiques, mais aussi à certaines pratiques
pastorales et d'exploitation forestière.
Prévu pour une durée de cinq ans renouvelable, ce
plan s'articule autour de quatre grands axes de travail :
- conservation de l'espèce et de son habitat (réduction
des facteurs de mortalité anthropique, conservation,
connexion et quiétude des habitats) ;
- amélioration des connaissances (pérennité des suivis,
soutien à la recherche appliquée) ;
- communication (sensibilisation du grand public,
éducation scolaire/formation professionnelle) ;
- gouvernance (faire perdurer les partenariats,
animation, etc.).
Il a été élaboré de manière concertée, avec la parti-
cipation de groupes de travail thématiques (tourisme,
chasse, pastoralisme, forêt, formation) qui se sont
réunis durant l'année 2009, et vient d'être validé par
le conseil scientifique régional du patrimoine naturel
(CSRPN). Notons que la lutte contre le développement
des domaines skiables, considéré comme la principale
cause de mise en danger de l'espèce en entraînant
la disparition de son habitat, est la priorité numéro 1.
En toute logique, le CSRPN a également jugé prioritaire
notre proposition de sensibiliser les « décideurs »
(préfets, administrations, membres des commissions
des sites, etc.) à cet enjeu de préservation du tétras.
En cohérence avec cet objectif, saluons l'adoption
par le Comité consultatif de la réserve naturelle
des Hauts-Plateaux du Vercors d'un moratoire sur
© Alain Cagne / LPO Isère
la chasse au tétras-lyre d'une durée de cinq ans.
Gageons que les efforts de tous permettront de
sauvegarder à l'échelle des Alpes cet oiseau
emblématique !
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Actions Assemblée générale

de Mountain Wilderness France à Die
NICOLAS MASSON - secrétaire de Mountain Wilderness France

Les adhérents de Mountain Wilderness, venus de toute

la France, se sont retrouvés les 27 et 28 mars au centre
« Le Martouret » à Die, au pied du Vercors, pour participer
à l’assemblée générale annuelle de l’association.
un résultat comptable positif qui permet à l’asso-
ciation de se constituer petit à petit un fonds de
roulement, après plusieurs années où la situation
de trésorerie n'était pas confortable.

Dans­ son­ rapport­ moral,­ le­ président,­ Hugues

La journée du samedi a été consacrée le matin à
des réunions des groupes de travail « Mobilité
douce », « Installations obsolètes » et « Partenaires
privés », puis l’après midi à un débat sur l’éco-
tourisme, thème auquel sera consacré le prochain
dossier de la revue. Elle s’est terminée par une
soirée conviviale avec un bal folk animé par un
groupe local.
Le dimanche, a eu lieu l’assemblée générale statu-
taire de Mountain Wilderness France.
Thiébault,­a­rappelé­son­ambition­de­continuer­à
faire­ grandir­ l’association­ en­ étendant­ progressi-
vement­ notre­ implantation­ et­ nos­ actions­ dans
tous­les­territoires­de­montagne­de­France.
Une motion sur les installations de production
d’énergie renouvelables en montagne, qui avait été
préparée par un groupe de travail dont André
Mansiaux s’est fait le rapporteur, a ensuite été
débattue et votée par l’assemblée (voir l’article
consacré à cette motion en page suivante).

Le rapport d’activité présenté par le secrétaire,
Nicolas Masson, a montré que 2009 aura été une
année satisfaisante pour notre association avec des
actions menées à tous les niveaux, des commis-
sions administratives jusqu’aux opérations de
terrain en haute montagne, des succès importants
devant les tribunaux, et une équipe salariée renfor-
cée par de nouvelles embauches.
Jean-François Gatel, trésorier adjoint, a présenté
dans le rapport financier 2009 un budget en
augmentation qui témoigne du soutien renouvelé
de nos partenaires financeurs et de l’implication
grandissante des bénévoles –valorisée par la
© Alain Cagne / LPO Isère
Une convention de partenariat entre le Syndicat
national des accompagnateurs en montagne et
Mountain Wilderness France a été signée afin de
conforter les collaborations entre ces deux struc-
tures.
L’assemblée générale a ensuite procédé au renou-
vellement du conseil d’administration.
Reconnaissante aux administrateurs sortants pour
les actions accomplies au cours de leurs mandats,
l’assemblée a chaleureusement applaudi Laurence
Roussel, Cathy Gosselin, Daniel Rouzier, Patrick Le
Meignen, Philippe Martin et Eric David, qui conti-
nueront certainement à contribuer d’une autre

procédure des notes de frais non remboursés–, et manière à la vie de l’association.

Cinq nouveaux administrateurs ont été élus pour

Composition du conseil d'administration
pour l’année 2010
(entre parenthèses les postes au sein
du bureau et les référents thématiques)
Bureau
Hugues Thiébault (président,
aménagement, silence)
Anne Ille-Brière (vice-présidente,
pratiques sportives)
Jean-Christophe Caillaud
(vice-président)
Jean-François Gatel (trésorier,
partenaires privés)
André Mansiaux (trésorier adjoint,
partenaires privés, équipe salariée)
Nicolas Masson (secrétaire)
Yannick Guizol (secrétaire adjointe)
Autres administrateurs
Jean-David Abel (espaces protégés)
Stanislas Besson (mobilité douce,
montagne à vivre)
Guillaume Blanc (silence !)
Francine Brondex (communication,
espaces protégés)
Patrice de Rorthais (pratiques
sportives)
Billy Fernandez (montagne à vivre)
Fleury Gelay (installations obsolètes)
Patrick le Vaguerèse
Frédéric Marat (aménagement)
Frédi Meignan (mobilité douce)
Stéphane Roux (eaux vives)
Sylvain Théobald
Antoine van Limburg
les remplacer.
Francine Brondex habitant les Alpes Maritimes,
sera la référente pour la communication et un
relais pour les actions de plus en plus nombreuses
menées avec le Parc national du Mercantour.
Patrice de Rorthais, isérois, avait déjà exercé un
mandat d’administrateur. Il revient au conseil
d'administration, notamment pour travailler sur le
dossier « Pratiques sportives ».
Stanislas Besson, isérois également, était déjà un
bénévole actif dans le groupe de travail « Mobilité
douce ».
Guillaume Blanc est originaire des Hautes-Alpes
mais habite en Ile de France, région pour laquelle
il est notre délégué local. Il souhaite s’impliquer
sur la thématique « Silence ! ».
Frédéric Marat, habitant la région lyonnaise (dans
l’Ain, tient-il à préciser), est intéressé par la théma-
tique « Aménagement ».

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A C T I O N S
Production d’énergie renouvelable en montagne
ANDRÉ MANSIAUX Le changement climatique et l’épuisement des
Administrateur ressources énergétiques apparaissent depuis quelques
de Mountain Wilderness années comme des enjeux majeurs au niveau
mondial et ils sont devenus de plus en plus incon-
tournables dans les réflexions et les actions menées
par tous les acteurs de l’environnement et de sa
protection.
Parmi les leviers permettant de limiter les émissions
de gaz à effet de serre sources de changement clima-
tique, le recours aux énergies renouvelables prend de
plus en plus d’importance avec le lancement de
nombreux projets sur tout le territoire.
Une éolienne est elle esthétique ou hideuse ?
Ces équipements sont indispensables,
mais pourquoi les installer sur nos
chères montagnes ? …
On ne peut que regretter que l’accent ne soit pas
suffisamment mis sur les deux autres leviers que sont
la sobriété et l’efficacité énergétique (quel gâchis que
de voir par exemple des énergies renouvelables servir
à chauffer électriquement des logements qui sont
pour beaucoup d’entre eux de véritables passoires
MW et les installations de production d’énergie
renouvelable en montagne
Motion adoptée lors de l’Assemblée générale de Die, 28 mars 2010
Le constat
Il faut modifier radicalement nos modes de production,
de transformation et de consommation d’énergie, car :
- La majeure partie de la consommation mondiale d’énergie
est issue de sources non renouvelables. Au rythme actuel
de consommation, ces ressources seront devenues rares
avant la fin du XXIe siècle.
- Les émissions de gaz à effet de serre engendrent
un changement climatique catastrophique à l’échelle
planétaire.
Ces modifications indispensables se réaliseront en
améliorant la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique
et le recours aux énergies renouvelables. Ces trois actions,
indissociables et complémentaires, doivent être menées
de front.
Le mouvement Mountain Wilderness (MW) n’a pas voca-
tion à agir sur le problème de l’énergie dans sa globalité.
Cependant, certains aspects de ce dernier affectent les
espaces naturels de montagne, domaine d’intervention
de MW. Déjà, de nombreuses actions de MW vont dans
le sens de la réduction des consommations d’énergie.
6 mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3
thermiques), mais cet engouement pour les énergies
renouvelables est inéluctable et nous devons le pren-
dre en compte.
Les territoires de montagne sont potentiellement
propices à l’installation d’équipements d’énergie
hydroélectrique, solaire et éolienne, et Mountain
Wilderness est de plus en plus amenée à prendre
position sur ces projets. Devons nous considérer que
la lutte contre le changement climatique est la prio-
rité de part ses conséquences catastrophiques ? Faut-il
considérer un équipement d’énergie renouvelable
comme tout autre équipement pouvant amener de
fortes nuisances ? Une éolienne est elle esthétique ou
hideuse ? Ces équipements sont indispensables, mais
pourquoi les installer sur nos chères montagnes ? …
Autant de questions que nous nous sommes posées
lors de plusieurs réunions sans que nous puissions
trancher, d’où notre décision de soumettre une
motion au vote des adhérents en Assemblée
Générale.
Le débat qui a précédé le vote a permis de mettre en
évidence les oppositions entre ceux qui estimaient
que cette motion donnait une part trop belle aux
énergies renouvelables et ceux qui ne la trouvaient
pas assez ambitieuse. Les adhérents ont tranché et
son adoption devrait nous aider dans les prises de
position futures.
La position de Mountain Wilderness France
Mountain Wilderness France (MWF) pourra prendre
position sur la question des aménagements liés à l’énergie,
dans la limite de son champ d'action, en cohérence avec
ses objectifs de protection de la montagne, et en accord
avec le constat de l’urgence du changement énergétique.
MWF considère que les installations de production
d’énergie renouvelable en montagne doivent faire
l’objet d’un traitement différencié.
Pour ces installations, MWF sera vigilante sur la qualité
et l’opportunité écologique des projets, et leur apportera
un soutien dès lors que ces critères de qualité seront
satisfaits, la protection de la wilderness de montagne
sera toujours le premier de ces critères.
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Dossier Une forêt naturelle et prodigue
Dossier coordonné par Jean-François Gatel, administrateur de Mountain Wilderness
Il y aurait tout à dire sur la forêt de montagne,
tant le sujet est riche. Tant de pages pourraient
être noircies de chiffres : près d’un tiers
du territoire montagnard est recouvert
de forêts, une grande majorité des gens
répondent “la forêt” quand on leur demande
de citer un espace naturel...
Ce ne sera pas l’objet de ce dossier.
Nous voulons vous montrer ici deux choses.
Tout d’abord, la forêt peut être vue comme une
source formidable d'énergie et de matériaux,
mais l'exploitation de ces ressources
économiques doit être gérée au mieux en
ce qui concerne l'environnement et profiter
le plus possible à son territoire d’attache.
Ensuite et surtout, la forêt peut être un lieu
d’émancipation, de ressourcement, de rêverie
ou de création propre à chaque individu.
La forêt sauvage a ceci en commun avec
les cimes englacées que l'on peut y ressentir
la solitude, celle-là même qui permet à chacun
de se retrouver et de rêver.
Alors, même si cette forêt évolue, même si on
ne sait quel aspect elle aura dans un siècle,
notre devoir est d’empêcher les dernières
forêts sauvages de montagne de disparaître.
Pour les espèces sauvages qu’elles abritent,
et parce qu’être contemporain de ces espaces
sauvages est un besoin fondamental pour
l’homme.
C’est parce qu’elles sont inspirées de ces
sous-bois moussus, tordus et pourrissants
qui symbolisent les forêts sauvages que des
œuvres d’artistes figurent dans ce dossier.
L’arbre décharné est semblable
au hurlement du loup.
Il restitue la dimension de la forêt.
Il évoque un monde qui n’appartient qu’à lui-même.
Ni hôte, ni exploitant, l’homme ne sera jamais
en cette forêt qu’un éternel passant.
Bernard Boisson - La forêt primordiale
© Gilbert Cochet
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D O S S I E R

Une forêt naturelle et prodigue

La naturalité pour les forêts de montagne

GILBERT COCHET Les forêts des montagnes françaises, presque toujours
Naturaliste passionné vivant en en terrains pentus et difficiles d’accès, pourraient lais-
Ardèche, professeur agrégé de ser croire qu’elles recèlent des trésors de naturalité
sciences naturelles, correspondant
dans des sites inviolés par l’homme. Ce n’est vrai que
du Muséum national d’histoire
pour quelques exceptions. Ainsi, dans les forêts
naturelle et expert auprès du
vierges des falaises des gorges de l’Ardèche se déve-
conseil de l’Europe.
loppe une population de genévriers de Phénicie, pour
certains âgés de près de 2 000 ans ! Mais ces forêts
verticales, qui se retrouvent dans d’autres secteurs de
nos montagnes, ne doivent pas nous faire oublier que
le reste de la couverture boisée des flancs des reliefs
a été très largement exploité par l’homme.
Nos forêts de montagne, exploitées, ne jouent
plus véritablement le rôle de refuge...
La preuve est apportée par les disparus. Le grand
tétras a été complètement éradiqué des Alpes fran-
çaises. L’espèce est en voie de disparition dans les
Vosges, ne subsiste plus qu’en très petit nombre dans
le Jura et diminue fortement dans les Pyrénées. Le pic
à dos blanc, après avoir disparu des Alpes françaises,
des Vosges et très probablement du Massif central,
n’est présent que dans quelques vieilles hêtraies pyré-
néennes. Le pic tridactyle est très localisé dans les
Alpes du nord. Enfin, l’ours a disparu de toutes les
forêts de notre pays puisque le seul mâle qui reste
dans les Pyrénées ne s’est jamais reproduit, faute de
femelles. Maintenant, nos seuls ours sont donc
slovènes et limités à quelques individus.
Ainsi donc, nos forêts de montagne, exploitées, ou
détruites pour diverses raisons, ne jouent plus vérita-
blement le rôle de refuge et leur inaccessibilité n’est
que toute relative à l’heure des engins d’exploitation
forestière de plus en plus performants. Et pourtant,
dès lors que la pente est trop forte, l’exploitation
forestière n’est plus rentable. Aussi, laisser évoluer
librement ces forêts nous apporterait beaucoup :
protection des sols et de l’eau avec, en prime, une
riche biodiversité. Le tout sans réelle perte écono-
mique.
Des réserves biologiques intégrales existent déjà,
comme sur les hauts plateaux du Vercors. Un exem-
ple à suivre, comme chez nos amis suisses qui se
donnent comme objectif la préservation intégrale de
10 % de leurs forêts alpines. Ce même objectif vient
de faire l’objet d’une convention dans la région
Rhône-Alpes entre tous les acteurs de la forêt, dont
l’association « Forêts sauvages ». Souhaitons donc ce
renouveau pour des forêts de grande naturalité. Le
retour des espèces disparues sera là pour nous dire si
nous avons su relever ce défi.

Rendre leur "naturalité" aux forêts

L’association Forêts sauvages a pour
objectif la préservation des forêts
naturelles et la promotion de la notion
de « naturalité ». En effet, les espaces
où la nature est en expression libre
sont devenus très rares à une époque
marquée par la gestion de tous les
territoires.
Forêts sauvages participe à des
colloques et édite une lettre par
Internet : Naturalité. Par ailleurs, grâce
aux dons de nos sympathisants, nous
achetons des forêts, bien entendu lais-
sées en libre évolution. Ce qui n’em-
pêche pas le suivi scientifique de
ces véritables laboratoires vivants.

Si notre démarche vous intéresse,

notamment pour participer aux acqui-
sitions foncières, rendez-vous sur
© H. Bourdin notre site : www.forets-sauvages.fr
© Nathan Daumergue

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D O S S I E R

Une forêt naturelle et prodigue

La réserve biologique intégrale du Vercors

Cette réserve vient d'être officiellement créée
par arrêté interministériel du 16 octobre 2009.
Située sur les communes de Saint-Agnan-en-Vercors
(Drôme) et Saint-Andéol (Isère), elle couvre une
surface de 2 160 ha et s'étage de 920 m à 2 090 m.
JEAN-LOUIS TRAVERSIER Située sur un substrat géologique caractéristique des
Responsable environnement massifs calcaires tabulaires (lapiaz, scialets ...), elle
à l'Office national des forêts subit un climat particulièrement rude. Cette forêt, qui
Drôme-Ardèche n'est plus exploitée depuis plusieurs années, notam-
ment sur les parties hautes, abrite de nombreux habi-
tats forestiers que sont entre autres la buxaie
(formation dominée par les buis), la chênaie, la
hêtraie sapinière, la pessière (forêt d'épicéas) puis la
pineraie de pin à crochet et se termine par les pentes
rocailleuses et les pelouses d’altitude. 1 835 ha sont
Ce territoire emblématique devient,
avec ce classement, un territoire privilégié
pour l'étude et la compréhension de l'évolution
des espèces et des écosystèmes.
inclus dans le territoire de la Réserve naturelle des
Hauts plateaux du Vercors qui est elle-même un
territoire intégré dans le réseau Natura 2000 comme
Zone de protection spéciale au titre de la directive
« Oiseaux » et comme Zone spéciale de conservation
au titre de la directive « Habitats ». On y rencontre
de nombreux habitats d'espèces et de nombreuses
espèces inscrites dans les annexes de ces directives.
Cette réserve va permettre à tous les organismes
scientifiques travaillant sur les milieux forestiers ou
sur les espèces associées à ces milieux d'établir des
programmes de recherche ambitieux en temps et
ayant besoin de grande surface. Ainsi, depuis 2009,
en partenariat avec le Parc gestionnaire de la Réserve
naturelle et avec l'appui financier de la DREAL
(Direction régionale de l'environnement, de l'aména-
gement et du logement) Rhône-Alpes, l'ONF (Office
national des forêts) et la LPO (Ligue pour la protec-
tion des oiseaux) Drôme essaient d'appréhender les
effectifs et tentent de mieux connaître la reproduction
et le comportement de la chouette chevêchette.
D'autres études, en partenariat avec l’Institut de
recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de
'environnement (Cemagref) tentent d'appréhender
l'impact des changements climatiques sur le fonction-
nement des écosystèmes forestiers. Tous ces
programmes de recherche devront s'inscrire dans le
plan de gestion qui a été élaboré et devront être
soumis à l'approbation du comité scientifique de la
Réserve naturelle des Hauts Plateaux. Le classement
en Réserve biologique intégrale implique que la
plupart des activités traditionnelles comme l'exploita-
tion forestière, le pâturage, la chasse au petit gibier
sont désormais interdites : les autres activités se prati-
queront selon les prescriptions applicables au sein de
la Réserve naturelle.
Ce territoire emblématique devient, avec ce classe-
ment, un territoire privilégié pour l'étude et la
compréhension de l'évolution des espèces et des
écosystèmes.

Ces arbres qui ornent nos montagnes

Les forêts de montagne des Alpes du Sud sont
marquées par deux essences phares : le Pin Noir
d'Autriche et le Mélèze. Ces deux arbres, aux
origines bien différentes, ont des soucis de santé
parfois importants.
Le Mélèze, essence autochtone, connaît des hôtes
récurrents comme la tordeuse grise du mélèze
(Zeiraphera diniana). Ce lépidoptère, défoliateur
cyclique fait parler de lui à intervalles réguliers,
mais sans menacer l'espèce. Le coléophore
(Coleophora laricella), autre lépidoptère moins
connu, attaque sur des surfaces inférieures, mais
ses dégâts sont souvent plus sévères, pouvant
aller jusqu'à la mort de tout ou partie de l'arbre.
Depuis deux ans de nouveaux ennemis sont appa-
rus dans les mélézins des Alpes du Sud, comme le
champignon pathogène foliaire (Meria laricis), ou
encore la Tenthrède du Mélèze, (Cephalcia larici-
phila) un hyménoptère défoliateur dont la fausse
chenille s'attaque exclusivement aux mélèzes
plantés hors de leur zone naturelle, et qui était
également inconnue dans notre région.
D'autres problèmes ressurgissent ponctuellement
comme les attaques de la Nonne (Lymantria
monacha), un lépidoptère plutôt présent sur
épicéa, et qui peut ponctuellement s'attaquer
à d'autres résineux, et même à des feuillus !
Le Pin Noir d'Autriche est une essence exotique
originaire des Balkans, introduit massivement
dans les Alpes du Sud par les Eaux et Forêts,
au XIXème siècle, lors des opérations de
reboisement. Cette espèce n'a pas connu de
soucis phytosanitaires sérieux pendant une bonne
partie du XXème siècle. Mais la fin de ce siècle
et le début du 3ème millénaire ont vu surgir
d'importantes complications sur le plan sanitaire.
Cette essence rustique présente trois pathologies
principales :
le Gui (Viscum album) en extension exponentielle
sur les pins en général,
la Processionnaire du Pin (Thaumetopoea pityo-
campa), présente par endroit à plus de 1800 m
d'altitude, mais dont l'impact des dégâts,
hors jeunes plantations, reste faible,
enfin, depuis 2003, un dépérissement d'origine
abiotique beaucoup plus inquiétant, lié à la cani-
cule et aux cinq années de sécheresse qui ont
suivi. Ce déficit hydrique a entraîné des mortalités
de masse sur des pans entiers de montagne.
Le Pin Sylvestre, pourtant indigène, est atteint
des mêmes maux.
Tous ces phénomènes inhabituels sont suivis
avec attention car ils pourraient être les symp-
tômes des changements climatiques en cours.
Les Alpes du Sud, aux caractéristiques de
végétation déjà marquées par une forte influence
méditerranéenne, pourraient alors être précurseurs
de modifications affectant l'ensemble des
montagnes d'Europe.
Lilian Micas, technicien à l'ONF, correspondant-
observateur du département de la santé des forêts
pour les Alpes-de-Haute-Provence

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D O S S I E R
Une forêt naturelle et prodigue
Forêt de montagne et changements climatiques
GEORGES KUNSTLER En montagne, les forêts sont fortement soumises aux
Chargé de recherche à variations des conditions climatiques. Cette influence
L’institut de recherche en sciences du climat se remarque facilement lorsque l’on s'élève
et technologies pour l'environne- en altitude et que l'on voit progressivement le
ment (Cemagref) de Grenoble passage des feuillus aux résineux, puis la disparition
des arbres au profit des pelouses alpines. Cet étage-
ment de la végétation résulte de la variation de
température avec l'altitude (perte de 0,5°C tous les
100 m). Il semble donc évident que les changements
climatiques sévères prédits par les climatologues (+ 4 °C
en 2100) devraient conduire à des modifications
profondes des forêts de montagne.
La difficulté à obser ver les impacts des
changements climatiques en cours ne doit
pas nous pousser à les minimiser.
Une première approche assez simple laisserait penser
© Nathan Daumergue
qu'une augmentation de 4 °C pourrait se traduire par
une remontée des étages de végétation de l'ordre de
800 m. En appliquant cette même démarche, l'aug-
mentation de 0,6 °C qui s'est déjà produite durant
les 100 dernières années aurait dû entraîner une
remontée des espèces forestières d'environ 120 m.
Certaines observations récentes vont dans ce sens.
Des études ont par exemple montré une remontée en
10 mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3
altitude du hêtre dans le massif du Montseny
(Barcelone). D’autres travaux, réalisés sur l'ensemble
des montagnes de France, ont également relevé une
remontée en altitude de différentes espèces végétales,
mais elle reste relativement limitée pour les arbres.
Globalement, les signes d'une remontée en altitude
des plantes lors du siècle dernier sont rares. Ceci
s'explique par le fait que la vision d'un équilibre
simple entre les forêts et l'altitude est fondamentale-
ment fausse. Les forêts des montagnes ont été façon-
nées par les activités humaines (gestion forestière,
agriculture...). Et les profonds bouleversements qui se
sont opérés dans nos sociétés au cours du siècle
dernier ont induit des changements de gestion
auxquels les forêts sont encore en train de répondre
(la recolonisation des pâturages abandonnés peut
prendre plus de 100 ans). Il est donc difficile de sépa-
rer les effets des changements climatiques de cette
évolution des paysages forestiers, en particulier de
l'effet de la déprise agricole.
Cette difficulté à observer les impacts des change-
ments climatiques en cours ne doit pas nous pousser
à les minimiser. En effet, les travaux de modélisation,
qui prennent en compte l'histoire de ces forêts dans
leurs prédictions, s'accordent tous sur des impacts
importants, avec une remontée en altitude de la
limite supérieure forestière et une réorganisation
complète de la composition en espèces des forêts.
L'ampleur de ces changements et les mécanismes par
lesquels ils s'opéreront (dépérissement brutal des
forêts ou remplacement progressif d'une espèce par
une autre) restent cependant encore incertains.
revue 83:revue 68 29/05/10 17:22 Page11
Le paysage forestier
comme ressource pour le territoire
Façonné par les activités pastorales et forestières
pendant de nombreux siècles, le Queyras –territoire
habité le plus haut d’Europe– se caractérise par une riche
mosaïque de milieux à la biodiversité exceptionnelle.
Son patrimoine forestier constitue une ressource
fondamentale à la fois comme élément du paysage
et comme ressource économique.
JOËL GIRAUD L’ensemble des paysages du Queyras est très apprécié
Député des Hautes-Alpes
par les touristes. Avec sa végétation caractéristique, le
Queyras constitue un territoire où le mot nature
prend tout son sens puisque le tourisme ne s’est pas
développé au détriment des richesses naturelles, mais
au contraire grâce à celles-ci. A ce titre la création du
Parc naturel régional du Queyras a permis de conci-
lier activités économiques et développement, protec-
tion et valorisation des ressources.
Le tourisme ne s’est pas développé au
détriment des richesses naturelles, mais
au contraire grâce à celles-ci.
Les forêts du Queyras se caractérisent notamment par
leur grande diversité. Ainsi, il est possible de retrou-
ver des forêts de mélèzes et de pins cembros qui
atteignent l’altitude record de 2 500 mètres, là où la
végétation n’a guère plus de trois mois pour se déve-
lopper. Le mélèze est le seul conifère à perdre ses
aiguilles à l’automne. Le pin cembro, ou arole, est
emblématique du Queyras. Le pin sylvestre se déve-
loppe, lui, plutôt dans les Gorges du Guil où il s’ac-
commode bien des conditions difficiles, mais aussi
sur les adrets. Il contribue à fixer les sols instables.
La forêt du Queyras est également une ressource très
importante pour le territoire sur le plan économique.
Le travail du bois constitue depuis le XVIIème siècle
une activité essentielle regroupant l’ensemble des
D O S S I E R
Une forêt naturelle et prodigue
activités de la filière bois et l'artisanat local y a une
place importante. Les habitants, contraints de rester à
l'intérieur durant l’hiver long et rigoureux, ont déve-
loppés des savoir-faire particuliers pour construire des
outils, des meubles, des jouets et autres objets en
bois. Cet artisanat est toujours présent mais doit faire
face à une concurrence mondiale de plus en plus
forte. A cet égard et les meubles et objets (jouets
notamment) fabriqués ont toujours la particularité
d’être issus des forêts queyrassines.
Les visiteurs à la recherche d’authenticité et de
produits vrais savent reconnaître la qualité, le savoir-
faire caractéristiques de l’artisanat local.
La forêt a aussi une fonction sociale de plus en plus
importante. On vient chercher en forêt l’agrément, le
plaisir gratuit offert par la vision, la contemplation de
la nature en tant qu’habitat naturel ou par l’immer-
sion dans la nature sauvage. Le patrimoine forestier
du Queyras constitue donc un espace de détente et
de loisirs. Zone touristique importante, le Queyras et
ses forêts accueillent de nombreuses activités spor-
tives et constituent un vaste terrain de pratique pour
tous les amoureux de la nature ! Randonnée pédestre,
vélo, équitation, sports d'eau vive sont autant d'ex-
cuses pour profiter de la fraîcheur forestière et des
couleurs qui changent au gré des mois et des saisons.
Très sensibles à la qualité de leur environnement et à
la valorisation des ressources locales en bois, les
collectivités du territoire sont aussi le moteur d’une
véritable dynamique dans l’utilisation et le dévelop-
pement de chaufferies bois via les réseaux de chaleur.
D’un point de vue environnemental, la forêt du
Queyras participe à la biodiversité du territoire et à sa
conservation. Avec l’appui du Parc, elle joue égale-
ment un rôle de protection active et passive contre les
risques naturels (érosion des sols, crues) que connaît
malheureusement le Queyras.
mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3 11
revue 83:revue 68 29/05/10 17:22 Page12
D O S S I E R
Une forêt naturelle et prodigue
Le bois, une ressource pas assez exploitée
WILFRIED TISSOT
Cartographe/géomaticien,
chargé de mener à bien les plans
d'approvisionnement territoriaux au
sein de la Fédération nationale des
communes forestières
© J.F. Gatel
La forêt est au cœur d’enjeux sociaux, économiques,
environnementaux et énergétiques, mais
aussi culturels et touristiques.
1. Programme « 1000 chaufferies bois
pour le milieu rural » et le développe-
ment des plans territoriaux en plaquette
forestière ou en bois d'œuvre.
www.1000chaufferies.com
Programme « 100 construction bois
local », dans lequel un critère
d'efficacité énergétique variera de
Finergie à passif en fonction d'une
typologie de bâtiment ou des
politiques régionales.
12 mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3
La filière bois française n’est pas au mieux de sa
forme. La France importe pour 5 à 6 milliards d’euros
de bois par an, et 30 % des bois sciés sont des bois
importés. Le bois correspond au deuxième poste le
plus déficitaire de la balance commerciale française.
Ceci peut paraître paradoxal, puisque la France
possède un parc forestier important, mais elle sous-
valorise sa ressource. Aujourd’hui, 40 % de l’accrois-
sement forestier annuel n’est pas exploité, en
montagne encore plus qu’ailleurs. Sur le Pays Grand
Briançonnais, par exemple, moins de 30 % des
surfaces forestières sont jugés exploitables. Cela pose
un double problème : le premier d’ordre écono-
mique, puisque le territoire ne peut compter sur cette
ressource, et le second d’ordre environnemental, car
dans certains cas, la tentation de surexploitation des
zones forestières facilement exploitables est grande.
Elle l’est d’autant plus que la ressource forestière est
un des piliers sur lequel le gouvernement compte
s’appuyer pour accroître la part des énergies renou-
velables dans la production globale d’énergie. Les
projets de la CRE (Commission de régulation de
l’énergie) prévoient pour 2012 un besoin de 2 millions
de tonnes de plaquettes forestières pour faire de la
cogénération (production simultanée d'électricité et
de chaleur). S'il est important d'augmenter la natura-
lité de certaines forêts, il ne faut pas que cela se fasse
au détriment de l’emploi du bois dans la construction
ou comme énergie, solutions de remplacement
viables à l'usage d'autres énergies (fioul, charbon,
nucléaire) et matériaux de construction (béton, plas-
tique…) aux impacts environnementaux non-négli-
geables.
La forêt est ainsi au cœur d’enjeux sociaux, écono-
miques, environnementaux et énergétiques, mais
aussi culturels et touristiques. En effet en France, un
paysage d’exploitation forestière choquera plus qu’un
paysage d’exploitation agricole. Si le tourisme peut se
développer autour de l’exploitation agricole, ce n’est
pas le cas en ce qui concerne l’exploitation forestière.
Cette vision est très française, elle ne se retrouve pas
dans des pays comme l’Autriche où la « culture bois »
est très forte. Dans certaines chartes forestières, la
notion de paysage entre très largement en considéra-
tion. Ces constats montrent que les problématiques
concernant la forêt vont bien au-delà de la biodiver-
sité ou de la naturalité, bien que ces deux sujets
soient essentiels. Alors est-il nécessaire d’accroître la
naturalité ? Faut-il au contraire développer la desserte
forestière et ouvrir davantage les massifs à l’exploita-
tion, sachant que cela entraînera d’autres problèmes,
notamment la recrudescence des loisirs motorisés ?
Faut-il transformer les méthodes d’exploitation, et
généraliser le débardage par câble par exemple, sa-
chant que cela nécessite quand même des dessertes ?
Il n’est pas facile de répondre à toutes ces questions.
La Fédération nationale des communes forestières a
tenté, à travers ses différents programmes d’actions(1),
d’apporter les réponses les plus pragmatiques possi-
ble. La fédération met en place des plans d’approvi-
sionnement territoriaux en plaquettes forestières et en
bois d’œuvre, sur lesquels les élus s’appuient pour
aider les filières bois courtes à se développer.
L’objectif est de valoriser le bois de proximité, en
implantant des chaufferies et des réseaux de chaleurs
alimentés en bois local. Cela crée des emplois, valo-
rise la ressource locale, limite les transports et permet
aux territoires de tendre vers l'autonomie énergé-
tique. En parallèle, la même démarche concernant le
bois d'œuvre permettra aux scieurs de s’approvision-
ner de manière plus importante en bois local et, à
terme, de construire des bâtiments collectifs efficients
sur le plan de la consommation énergétique. Les
plans sont conçus avec une très forte volonté de limi-
ter les impacts environnementaux. Cela sous-entend
de proposer de nombreux scénarios d’exploitations,
d’intégrer de multiples zonages environnementaux,
de proposer l’ouverture de certains massifs, et de
garantir le respect d’une naturalité sur d’autres
espaces.
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D O S S I E R

Une forêt naturelle et prodigue

Les forêts de montagne, protocole

d’application de la Convention Alpine
Signé par les huit pays alpins et l’Union européenne
en 1991, le protocole « Forêts de montagne » de la
Convention alpine préconise des mesures renforçant
les fonctions protectrices, sociales et écologiques
des forêts de montagne, tout en valorisant leur
rôle économique pour la population locale.
Une démarche représentative est menée par le Pays
OLIVIER RÉGNIER A3V (Asses, Verdon, Vaïre, Var), une association qui
Cipra France
regroupe 40 communes du département des Alpes-
de-Haute-Provence. Avec un territoire recouvert à
54 % par la forêt, la ressource en bois se révèle sous-
exploitée et la situation de la filière bois apparaît
préoccupante. Le Pays A3V, dans le cadre de sa
mission de développement économique et de valori-
sation des ressources naturelles, s’est engagé dans le
soutien de cette filière, avec diverses réalisations,
parmi lesquelles une chaudière automatique à
plaquettes de bois installée en 2004 à la Maison de
pays de Beauvezer, ou un réseau de chaleur prévu à
Castellane pour chauffer hôpital, écoles, salle polyva-
lente et logements.
Un projet de « Pôle Bois » mené sur la commune
de Villars-Colmars.
Albert Le Courbe, chargé de mission forêt et filière
bois pour le Pays A3V, coordonne cette initiative de
Plus d’infos : www.pays-a3v.net­ « Pôle Bois », issue d’un partenariat public / privé
impliquant les collectivités locales. Elle vise à valori-
ser le bois en filière courte grâce à la création d’une
petite zone d’activité autour d’une scierie que l’on
voudrait moderniser. Le territoire souffre d’enclave-
ment, ce qui nuit à la valorisation du bois, et cette
scierie est la dernière de taille significative. Le prin-
cipe est de réunir dans ce « Pôle Bois » des artisans
intéressés par les ressources locales : pin, sapin et
surtout mélèze, pour travailler avec la scierie dans un
véritable esprit de filière. Des débouchés locaux exis-
tent grâce aux rénovations de résidences secondaires
et touristiques.
Une Charte forestière pour structurer la démarche
Afin de prendre en compte la problématique du bois
dans sa globalité, élus et partenaires ont décidé
d'élaborer une Charte forestière à l'échelle du Pays en
2009. Signée le 18 février 2010, elle décline ses
enjeux selon trois principaux axes :
- mobiliser les propriétaires, améliorer la desserte et
la gestion forestière ;
- valoriser le bois d’œuvre local, structurer la filière
bois-énergie ;
- encourager l’agroforesterie, défendre les forêts
contre les incendies.
Cependant, afin de s’inscrire davantage dans l’esprit
du protocole, la politique forestière française mérite
d’être encore améliorée, par exemple avec la dyna-
misation de la recherche française sur l’écosystème
forestier de montagne.

Chaudières automatique au bois, des projets

D'autres réalisations voient régulière- alimentée par la filière bois locale
ment le jour. Ce fut le cas pour la et 3 fournisseurs se partagent équita-
maison de retraite d'Oraison (04) blement le marché. Ce sont des projets
bâtiment « Haute qualité environne- qui permettent de crédibiliser et
mentale » qui à été équipée en 2007 fiabiliser une démarche qui a de forte
d'une des premières chaudière bois chance de faire pas mal de "petits".
du département. Plus récemment,
le Lycée Beau-de-Rochas, à Digne-
les-Bains, actuellement en cours
de restructuration, bénéficie d'une
chaudière bois de 750 Kw. Elle est
© J.F. Gatel

© J.C. Caillaud

mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3 13
revue 83:revue 68 29/05/10 17:22 Page14
D O S S I E R
Une forêt naturelle et prodigue
Débardage, débusquage,
désencrouage... avec chevaux !
MICHEL PROST
Débardeur à cheval dans le Jura
1. Supprimer les accumulations
de débris de branchage qui
obstruent le cours d'eau
(embâcles).
2. Formations boisées,
buissonnantes et herbacées
présentes sur les rives
d'un cours d'eau.
© Michel Prost
14 mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3
Oubliée depuis des lustres, solution de remplacement
à une mécanisation forestière « galopante », l'utilisa-
tion du cheval en forêt tend à se refaire doucement
une place au soleil dans la pénombre des grandes
futaies. Le travail du cheval propose une solution
intéressante aux problèmes récurrents de dégradation
des sols et des dommages aux arbres restants en
place après l'exploitation d'une coupe de bois.
Longtemps, son domaine de prédilection a été
l'éclaircie en plantation.
Actuellement les débardeurs avec chevaux intervien-
nent principalement dans les milieux sensibles. Par
exemple, les rivières, pour le désembâclage(1) et l'en-
tretien préventif des ripisylves(2) souvent nichées au
fond de vallées encaissées et inaccessibles aux engins
motorisés lourds (la tempête de 1999 a été un vérita-
ble révélateur de l'intérêt de la traction animale dans
ce milieu). Mais aussi les terrains humides, les pentes
au fort risque d'érosion, les milieux boisés fragiles, les
forêts périurbaines où le cheval laisse peu de traces et
agit silencieusement. Le cheval ne tasse pas les sols, il
ne laisse pas d'ornières, il ne patine pas, il est capa-
ble de passer dans des « trous de souris » dans le
sous-étage et de slalomer entre les obstacles, épar-
gnant les jeunes plants, ne blessant pas les arbres de
réserve, et garantissant ainsi la pérennité de la forêt.
Quand les surfaces à exploiter sont faibles, et c'est
souvent le cas en forêt privée, la solution cheval de
débardage est facile à mettre en place. De même que
partout où il s'agit de sortir du bois en préservant des
installations en place : pont, passerelle, muret, digue,
espaces aménagés, chemins étroits... le cheval peut
manœuvrer avec sa charge.
Débarder avec des chevaux est devenu un choix où
l'homme se met au service de la nature avec l'idée de
protéger la biodiversité et les écosystèmes en interve-
nant de façon peu traumatisante pour l'environne-
ment.
Débarder avec des chevaux est d'abord une passion,
passion pour l'animal bien sûr mais aussi passion
pour la forêt et ses travaux. Il faut avoir vu des équi-
pages professionnels à l'œuvre pour saisir tout le
potentiel d'avenir de cette activité.
revue 83:revue 68 29/05/10 17:22 Page15

Actions
A C T I O N S

MW brandit l'Étendard du Silence !

BRUNO VIDAL – Co-organisateur de l'action

C'est avant l'aube du 14 mars 2010 que des courageux apparaissent bien petits vus du ciel. Pour une fois,
s'élancèrent, à l'appel de Mountain Wilderness, de la ils ont pu signifier leur ras-le-bol.
Frapna(1), de Cipra(2), de la FFCAM(3) et des associations Au-delà des considérations éthiques, ce sont égale-
locales Vivre en Maurienne et Vivre en Tarentaise, vers ment des considérations économiques qui se sont
exprimées lors de cette manifestation. Ainsi un
le glacier de l'Étendard. Dès 9 h, la bannière "Silence !"
accompagnateur en montagne rappelait à quel
était posée au bord de l'alti-surface du glacier.
point la présence d'une alti-surface et les activités
aériennes en général étaient non seulement une gêne
« Silence !», tel fut le simple mot brandi par les mais même un handicap pour tous ceux qui cher-
manifestants. À l'heure où certains rivalisent chent à développer un tourisme doux et à en vivre.
d'inventivité pour multiplier les offres de loisirs Après le colloque de Chambéry de décembre
motorisés aériens, les manifestants étaient venus 2009(4), c'est donc sur le terrain que le débat des
symboliquement rappeler cette évidence : la nuisances aériennes est relancé. Les participants,
montagne a besoin de zones de tranquillité, nous outre le fait de se donner rendez-vous l'année
avons besoin de zones de tranquillité, et le plaisir prochaine, ont convenu de solliciter les responsa-
de quelques-uns, la course au profit d'une bles politiques pour faire évoluer la législation et
poignée, ne sauraient transformer la moindre pour permettre que le calme revienne enfin là où il
parcelle du territoire en Luna Park et gâcher la n'aurait jamais dû disparaître.
quiétude du plus grand nombre. Les randonneurs,
les amoureux de la montagne existent même s'ils
1. Fédération Rhône-Alpes de
protection de la nature
2. Commission internationale pour
Guide sur les loisirs motorisés la protection des Alpes
3. Fédération française des clubs
MW France met à votre disposition que cela intéresse », et réalisé avec
et à celui des élus des communes la collaboration de la FRAPNA, ce alpins et de montagne
concernées un guide juridique sur les guide est téléchargeable au format 4. L’utilisation de l’hélicoptère et
loisirs motorisés. Intitulé « La circula- pdf sous l'onglet "Projets – Silence ! les vols de loisirs dans les Alpes,
tion des engins motorisés dans les - Documents" de notre site voir Revue MW, n° 82, p.16.
espaces naturels – Un point législatif www.mountainwilderness.fr
et règlementaire à l'usage des élus,
des administrations et de tous ceux

mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3 15
revue 83:revue 68 29/05/10 17:22 Page16
A C T I O N S
Changer les comportements grâce
au portail de la montagne sans voiture !
CAMILLE LABIE La montagne est belle mais vulnérable. Les pratiquants
Chargée de mission des activités de montagne sont des témoins inquiets des
Mountain Wilderness conséquences des changements climatiques. Mais ils
sont aussi des utilisateurs réguliers de leurs voitures
personnelles pour aller en montagne. Pour que vous
puissiez facilement vous rendre en montagne en trans-
port en commun, Mountain Wilderness a mis en ligne
« Changerdapproche.org », une base de donnée d'itiné-
raires accessibles sans voiture.
A par tir d'une car te, vous pourrez
visualiser de nombreuses possibilités de
sor ties en transpor t en commun dans
toutes les montagnes de France
Dans les hautes vallées, les flux touristiques représen-
tent près de 75 % des émissions des gaz à effet de
serre. Il est donc important de changer les modes
d'approche des lieux de loisirs. Changer les habitudes :
nombreux sont ceux qui y sont sensibilisés et qui y
sont favorables. Mais ce n'est pas toujours facile
d'abandonner sa voiture quand il suffit d'aller sur
Internet pour obtenir en un « clic » un trajet automo-
bile vers le point de départ d'une randonnée ou le
plus proche d'un site d'escalade.
Désormais, il est possible d'organiser une sortie en
transport en commun tout simplement !
Vous connaissez sûrement le concours « Changer
d'approche », que nous organisons depuis déjà
quelques années, et qui récompense les plus belles
sorties en montagne réalisées en transport en
commun. Ce concours incite les plus frileux à tenter
l'aventure du « sans voiture » et nous permet de
recenser une large gamme d'itinéraires, de traversées,
16 mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3
de sorties que nous mettons désormais à votre dispo-
sition. Nous avons donc créé une base de données
qui concentre de nombreux itinéraires de montagne
(randonnée, ski, escalade, alpinisme) avec les modes
accès et dessertes en transport en commun associés.
Fini l'organisation compliquée : en un « clic », sur le
portail « changerdapproche.org », vous trouverez des
idées de sorties et les informations nécessaires pour
les réaliser.
A ce jour, plus de 7000 itinéraires de montagne
accessibles sans voiture sont à votre disposition
L'objectif de ce portail est de faire découvrir à tous
l'éventail des possibles pour aller en montagne sans y
laisser de traces : faciliter les démarches et proposer
des idées de sorties pour aider chacun à faire le
premier pas.
A partir d'une carte, vous pourrez visualiser de
nombreuses possibilités de sorties en transport en
commun dans toutes les montagnes de France !
Chaque itinéraire décrit est accompagné d'informa-
tions concernant l'accès en transport en commun, de
commentaires, conseils, avis de celui qui l'a effectué.
Les forums associés permettent d'échanger sur le
thème de la mobilité douce.
En plus des offres de transports alternatifs à la voiture,
vous y trouverez des informations éco-touristiques.
L'objectif est de favoriser l'économie locale des vallées
(hébergement, restauration, produits locaux, …).
Lorsqu'on se déplace en transport en commun, qu'on
prend le temps de vivre, il est souvent bien agréable
d'organiser son itinéraire sur plusieurs jours ou de
s'arrêter à une terrasse de café dans un village... Vous
trouverez donc toutes les informations touristiques
locales nécessaires pour vous organiser des sorties
originales et pour vivre la montagne autrement.
Ce portail a été créé en collaboration avec l'association
Camptocamp qui gère le site « Camptocamp.org »,
site collaboratif de topo en lignes. Il fonctionne sur le
même principe que le site : toute nouvelle sortie en
mobilité douce peut y être ajoutée par quiconque.
Alors n'hésitez pas compléter cette base de données
et ajouter vos propres initiatives et aventures.
Nous avons lancé publiquement ce portail lors de la
conférence de presse qui s'est tenue le 5 juin sur le
quai de la gare de Lus-la-Croix-Haute. Maintenant, il
ne tient qu'à vous de faire vivre ce portail en inscri-
vant vos itinéraires sur « Changerdapproche.org ».
revue 83:revue 68 29/05/10 17:22 Page17

A C T I O N S

Les Alpes du nord ont besoin d'un cadre fort

VINCENT NEIRINCK
Chargé de mission
Mountain Wilderness
1. Elle se déroule du 9 avril
au 21 mai 2010.
2. Schéma de cohérence territoriale.
3. Plan local d'urbanisme.
Alors que débute l'enquête publique consacrée à la
Directive territoriale d'aménagement (DTA) des Alpes
du nord(1), on peut légitimement s'inquiéter de la voir
mort-née. En effet, certains élus profitent du débat
en cours à l'Assemblée nationale concernant le « projet
de loi portant engagement national pour l’environne-
ment », dit « Grenelle II », pour tenter de rendre
cette DTA totalement inefficace.
L'amendement CD 1286 prévoit ainsi pour les DTA
que « si leur adoption intervient après la publication
de la présente loi, elles sont soumises aux dispositions
applicables aux directives territoriales d'aménagement
et de développement durable. » C'est à dire qu'elles
ne seront pas opposables : elles n'auront vocation
qu'à être de vagues chartes pleine de bonnes inten-
tions mais n'engageant à rien !
Admirons l'explication de texte faite par les députés
soutenant cet amendement : « Cet amendement a
pour objet de permettre aux directives territoriales
d’aménagement en cours d’élaboration de bénéficier
de la souplesse du nouvel outil mis en place [les
DTADD], tout en conservant le travail déjà réalisé. »
Autrement dit, « on veut bien claironner partout qu'on
fait du développement durable, mais faudrait voir à
ce que rien ne nous y contraigne ! On est chez nous,
et on entend continuer à y faire ce qu'on veut ! »
Or, c'est justement d'une véritable directive opposa-
ble dont les Alpes du nord ont besoin, pour que les
documents d'urbanisme qui sont en train d'y être
élaborés, SCOT(2) et PLU(3), le soient dans un cadre de
cohérence pour le développement durable du terri-
toire.
Nous­tenons­à­rappeler­ici­notre­soutien­à­ce­projet
de­ DTA­ et­ demandons­ une­ fois­ de­ plus­ le­ maintien
de­ son­ caractère­ opposable, conformément aux
garanties données devant le Sénat le 16 septembre
dernier par monsieur Benoist Apparu, secrétaire d'État
chargé du logement et de l’urbanisme :
« sur les huit territoires les plus importants, sept sont
déjà couverts par une DTA. Je pense par exemple aux
estuaires ou aux territoires des Alpes maritimes que
nous évoquions.
Le huitième territoire est celui des Alpes du Nord.
C’est le plus important des territoires sur lesquels
nous avons la volonté d’exercer une protection natio-
nale et c'est la raison pour laquelle l’État souhaite
mener à son terme l’élaboration de la DTA afin que
celle-ci reste opposable. »

Adhérer
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Faible ressources : 15 € réduction d'impôt (dans la limite de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Courriel : v o u s
Tél. domicile : Avez-vous une compétence à mettre à disposition de
l’association ?
Tél. travail :
Communication : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Profession :
Partenariat : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Année de naissance :
Relations publiques : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Comment avez-vous connu l’association ? a i d e r
Traductions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Juridique : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ces informations sont nécessaires à votre adhésion. Vous bénéficiez d’un droit d’accès et de Autre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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A lire La forêt primordiale

B. Boisson
Un superbe livre à lire ou feuilleter afin de se plonger dans l'univers de la forêt naturelle que
l'on ne connait presque plus en Europe. De très belles images ainsi que des réflexions ou
textes poétiques permettent de nous interroger sur notre rapport à la nature. Cet ouvrage
n'est ni naturaliste, ni encyclopédique, il nous montre juste ce que nous n'avons plus l'occa-
sion de voir, la nature non transformée par les activités humaines.
B. Boisson, La forêt primordiale, Editions Apogée, 192 pages, format 28,5 x 28,5, prix public 42,00 €

Naturalité
« Naturalité » est la revue électronique publiée par l'association Forêts sauvages. Cette publi-
cation est d'un contenu tout à fait intéressant et relate les différentes actions de l'association.
De nombreuses œuvres ou références artistiques agrémentent la lecture. Des lieux, des
pensées et des actes sont présentés et permettent au lecteur de se tenir informé de ce qui se
passe dans le monde forestier.
Cette lettre est conçue pour être lue et diffusée par voie électronique, permettant ainsi de
réduire l’empreinte papier de la publication. Depuis le numéro 7, le parti pris graphique est
très intéressant et, pour une fois, nous avons plaisir à feuilleter une revue à l'écran...
Lettre éditée par Forêts Sauvages - 4 rue André-Laplace, 43000 Le Puy-en-Velay.
Courriel : naturalite@aliceadsl.fr - Site web : http://www.forets-sauvages.fr

Sur les traces du paradis blanc

Ce DVD présente une ancienne pratique remise au goût du jour, le ski de randonnée nordique.
Les témoignages des intervenants permettent de montrer que l'activité est en plein dévelop-
pement et qu'elle connait un franc succès, pour ceux qui la tente. Nous avons apprécié les
relations à la nature proposées : découverte, immersion, respect.
Les affinités de Régis Cahn (le grand promoteur de cette pratique) avec notre mouvement n'y
sont certainement pas pour rien. Un DVD à voir, donc, mais surtout une activité à tenter pour
vivre des moments intenses dans la nature.
Une production www.vuesurterre.com, 38 mn, réalisé par Yoann Périé.

Le jour où le soleil s'est éteint

Pierre Guibourdenche
L'auteur de cette fiction nous invite, un peu comme dans les contes écologiques asiatiques, à
nous projeter dans l'éventualité d'une catastrophe environnementale qui nécessite de retrou-
ver des valeurs « pures » afin de se sortir d'un mauvais pas. La solidarité montagnarde est
mise au premier plan, et, de part la nature de l'intervention nécessaire, les acteurs de la
montagne et les montagnards sont au cœur du récit.
Sans prétention, cet ouvrage se révèle d'une lecture très agréable et ceux qui se questionnent
sur la société actuelle trouveront des partenaires d'interrogation.
Pierre Guibourdenche, Le jour où le soleil s'est éteint, Ed. Eilivre, 2009

Aller plus loin...

Publications : Documentation :
“Regards sur la montagne“, ouvrage Plaquette MW - nb d'exemplaires :
pédagogique édité par le Centre national de
documentation pédagogique (fiches et CD Rom). Documents de sensibilisation (participation aux frais d’envoi) :
28 € port compris - nb d'exemplaires : Installations Obsolètes - nb d'exemplaires :
“En finir avec les installations obsolètes...", Silence ! - nb d'exemplaires :

savoir
Mountain Wilderness, 84 p.
13 € port compris - nb d'exemplaires :
informer
Canons à neige - nb d'exemplaires :
Sauvons les derniers espaces naturels d’eaux vives
“Le versant noir du Mont-Blanc",
Pro Mont-Blanc, 64 p. Boutique
5 € port compris - nb d'exemplaires : Autocollant Mountain Wilderness

apprendre
“Sauver la montagne", François Labande,
Ed. Olizane, 400 p.
2 € l’un / 5 € les 5 - nb d'exemplaires :
Ecusson Mountain Wilderness
28 € port compris - nb d'exemplaires : 5 € l’un / 10 € les 3 - nb d'exemplaires :
Drapeau Mountain Wilderness
10 € l’un / 20 € les 3 - nb d'exemplaires :
Chèques à libeller à l’ordre de Mountain Wilderness
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Séminaire Mountain Wilderness 4 et 5 septembre

La Bérarde, Saint-Christophe-en-Oisans, Isère
Sport et compétition dans
les espaces naturels de montagne
Si le mot compétition a pour synonymes
challenge, épreuve, rencontre, jeu, d'autres
concepts émergent tout de suite après,
de connotation un peu moins sympathique :
conflit, dispute, rivalité... Et si chacun
s'est un jour ou l'autre tiré la bourre avec
ses copains ou son chronomètre dans
une ascension, les grandes manifestations
sportives, comme les JO d'hiver par exemple,
ont leurs lots de dérives et d'agressions
envers la montagne et les espaces naturels.
Les organisateurs des « assises de l'alpinisme
et des activités de montagne », en prépara-
tion, considèrent comme intrinsèque à
l'alpinisme de « s’engager en montagne
hors des espaces aménagés et sans se
préoccuper de compétition organisée. La
démarche de l’alpinisme, en effet, ne se veut
ni confrontation avec une montagne équipée,
ni confrontation des hommes entre eux, mais
découverte et fréquentation d’un milieu
préservé en tant que terrain d’aventure. »
Alors, entre aménagements et état d'esprit, la
wilderness est-elle soluble dans la compétition ?
C'est sur cette question que nous vous
invitons à venir débattre avec nous
l'après-midi du 4 septembre à La Bérarde.
Débat animé par Hugues Thiébault,
président de MW France.
La soirée sera consacrée à la présentation
de réalisations de jeunes alpinistes.
En plus de ces échanges, ce week-end
sera l'occasion pour ceux qui le souhaitent,
samedi matin et dimanche, de sortir les
chaussons vers l'une des nombreuses voies
de la Tête de la Maye, ou les chaussures
de rando pour, par exemple, raccompagner
le gardien du refuge du Promontoire qui
sera descendu à La Bérarde pour les débats.
L'hébergement se fera au choix au centre
alpin du CAF, où se dérouleront les débats
(un certain nombre de places en demi
pension sont d'ores et déjà retenues), au
camping, ou dans l'un des gîtes de la vallée.
Contact : vn@mountainwilderness.fr

Agenda
Le t t r e d ' i n f o r m a t i o n
Sur le fil
de la montagne
La lettre d'information annoncée depuis quelques temps
arrive à maturité et dans vos boites très prochainement.
Les premiers tests sont concluants. Restent à peaufiner
quelques détails.
Ce fil d'information mensuel sera adressé aux relations
de Mountain Wilderness, à tous les visiteurs du site qui
souhaiteront s'inscrire et bien évidemment aux adhérents.
En tant que membre vous recevrez une version spéciale plus
tournée vers la vie et le fonctionnement de notre structure.
Le principal avantage de ce média étant son interactivité
mais aussi son coût presque nul.
Nous avons donc besoin d'un maximum d'adresses
électroniques. En effet, nous ne connaissons pas toujours
le mél de nos adhérents. Nous faisons donc un grand appel
: pour que vous nous communiquiez une adresse électronique
si vous pensez ne pas l'avoir déjà fait.

Pensez à faire circuler les premiers numéros que

vous recevrez. Cela ne coûte rien et peut faire
connaitre l'association à votre carnet d'adresse.

Merci à nos partenaires

mountain w i l d e r n e s s - n ° 8 3 19
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