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Voir Dumézil, 1973, p. 212-214.
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Nous omettons ici la mention d’une exception que le comparatiste estimait
pouvoir relever : la querelle entre Tarquin l’Ancien et l’augure Attus Navius sur
les trois centuries de cavaliers (plutôt que les trois tribus) que sont les Ramnenses,
Titienses, Luceres. Mais, comme il le reconnaissait lui-même, rien n’appelle, dans
cet épisode, une interprétation fonctionnelle des divisions de la Rome primitive.
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Sur le fait qu’il faut concevoir l’accession au pouvoir de ces rois non en
fonction de ce qui aurait été une conquête de Rome par les Étrusques, mais par
leur réussite personnelle, explicable vraisemblablement par leur arrivée dans la ville
comme spécialistes de l’art militaire, voir ce que nous avons écrit dans HINARD
2000, p. 100-105, avec bibliographie p. 937-938.
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Voir Dumézil, 1985, p. 105-114. Également « Les trois péchés des Tarquin
père et fils », dans l’ouvrage posthume Dumézil, 1994, p. 271-277. Comme signe
de l’inexistence d’une disparition du cadre des trois fonctions pour la période des
rois étrusques, on peut également faire intervenir le fait que G. Dumézil avait admis
la proposition de son élève L. Gerschel, formulée en 1952, de reconnaître dans la
tradition relative à cette époque la présence d’une série de trois histoires parallèles,
situées sous plusieurs de ces rois, déclinant un même thème selon les trois fonctions.
Voir Gerschel, 1952.L’article est cité dans Dumézil, 1973, p. 211, n. 1. Nous avons
nous-même cru pouvoir repérer des séries comparables dans Briquel, 1998, p. 435-
450, 421-435.
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Sur l’impossibilité d’accepter la chronologie traditionnelle, comme cela avait
été repéré déjà dans l’Antiquité, voir Cazanove, 1988.
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Voir Briquel, 1998a, p. 369-395 ; pour Romulus, Briquel, 1980, p. 320-346,
pour Tullus Hostilius, Briquel, 1997. Dans le cas de Tarquin l’Ancien, les trois
triomphes s’ordonnent dans un sens ascendant, allant de la troisième à la première
fonction, alors que pour les deux autres rois on a une série descendante, allant de la
première à la troisième fonction.
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Nous avons étudié la question de l’éviction de Tarquin le Superbe et de
l’instauration de la république dans Briquel, 2008. On notera la symétrie globale
entre le début et la fin de la dynastie des Tarquins, avec Lucumon-Tarquin l’Ancien
qui arrive de l’extérieur à Rome pour y devenir roi et Tarquin le Superbe qui est
forcé à quitter la ville et perd ainsi son trône.
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Voir nos remarques dans Hinard, 2000, p. 111-115, avec bibliographie p. 938-
939.
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Voir nos articles Briquel, 1998b et 1998c.
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Voir Borghini, 1984; Coarelli, 1992, p. 314-315; Johner, 1996, p. 259-263.
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À la différence de Denys d’Halicarnasse, chez qui Lucumon, arrivé à
Rome accompagné de toute une troupe de serviteurs et de clients (3, 47, 2), est
immédiatement reçu par le roi (3, 48), Tite-Live ménage une savante progression
dans l’accomplissement du destin de Lucumon-Tarquin. Arrivé seul avec sa femme,
il se fait peu à peu connaître et finit par être remarqué par le roi et entrer dans son
intimité.Le récit prend des allures de conte populaire, avec des détails concrets sur
la vie du couple, sur la vie de relations à Rome, qui font sentir combien, par rapport
aux grandes figures un peu impersonnelles que sont les rois précédents, on passe à
une autre étape de l’histoire de la période royale.
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On décèle les traces d’une présentation négative du roi Tarquin qui a précédé
Servius Tullius à travers le personnage de Tarchetios, le méchant roi d’Albe qui
joue le rôle d’Amulius dans la version de la légende de Romulus transmise par
Promathion, légende qui a été reprise pour la figure de Servius Tullius, dont le récit
du règne a été aligné sur celui du premier roi Romulus. Sur cette question, voir nos
remarques dans Briquel, 2007. Dans le récit livien, le fait que, pour écarter les fils
d’Ancus Marcius au moment où il va se porter candidat devant les comices, Tarquin
envoie ceux-ci à la chasse (1, 35, 2) peut garder le souvenir d’une forme de légende
où il les faisait périr dans un accident de chasse, comme cela est parfois relaté à
propos d’Amulius vis-à-vis du fils de son frère Numitor (Denys d’Halicarnasse, 1,
76, 2, Origo gentis Romanae, 19, 4).
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Nous avons étudié les traces de cette représentation à Rome dans Briquel,
2002.
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Voir Dumézil, 1959, 1966, p. 557-559 (= 1974, p. 574-576), 1971, p. 357-
359 ; Dubuisson, 19678a et 1978b.
Voir Duby, 1973, p. 261-262, 1976, p. 35-36, et également nos remarques dans
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L’épisode du Janicule est nettement différencié de la suite du récit, et constitue
un élément à part. Pour les deux autres aspects que nous envisageons de distinguer,
il ne s’agit pas d’épisodes à proprement parler, mais de points mis en relief dans la
description du comportement du roi une fois établi à Rome. On ne peutpas établir de
succession chronologique, l’accomplissement d’exploits militaires et la gratification
de largesses aux Romains se situant parallèlement.
récit livien, des procédés qui sont de l’ordre de la troisième fonction :
« Poussé par l’état de furie de sa femme, Tarquin se met à intriguer
auprès des sénateurs et à solliciter surtout les pères du second rang ; il
de force, et de force armée, même si c’est dans un cadre qui relève de
la guerre civile et non de la guerre étrangère. Tarquin, lorsqu’il passe à
l’action, « fait irruption sur le Forum, entouré d’une troupe armée »
(Tite-Live, 1, 47, 8), « apparaît en public avec ses amis qui avaient tous
des épées cachées sous leurs vêtements » (Denys d’Halicarnasse, 4, 38,
2) et sa confrontation avec Servius, si elle donne lieu à des échanges de
discours, se traduit aussi par une lutte physique entre le vieux roi et le
jeune prétendant, qui le saisit à bras-le-corps et le jette à bas des marches
du Sénat (Tite-Live, 1, 48, 3 : « Alors Tarquin, qui, dans sa situation,
en était réduit aux dernières extrémités et qui avait largement l’avantage
de l’âge et de la force, saisit Servius à bras-le-corps, le porte hors de
la curie et le jette en bas des marches » ; Denys d’Halicarnasse, 4, 38,
consiste à écraser le corps de son père, il s’agit assurément avant tout
d’un forfait horrible, mais on peut constater qu’il relève de la première
fonction. C’est une fille qui se comporte ainsi à l’égard de son propre
père et son comportement apparaît de ce fait comme bafouant les lois les
plus sacrées, attentant à la pietas qu’un enfant doit à celui qui lui a donné
la vie. Le crime a un caractère sacrilège : il regarde la première fonction.
Au reste, il baigne, dans le récit livien (1, 48, 7), dans une atmosphère
religieuse. Les forces surnaturelles agissent : l’historien latin évoque « les
furies vengeresses de sa sœur et de son mari17 » qui égarent Tullia, ainsi
que les dieux du foyer que ce crime scandalise et qui n’auront dès lors
de cesse qu’il soit puni (« Elle était elle-même tachée et souillée, jusqu’à
la demeure qu’elle occupait avec son mari ; leurs pénates, irrités par ce
début de règne criminel, le firent bientôt suivre d’une fin semblable »).
On notera également, y compris chez Denys d’Halicarnasse18, que la
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Ce sont là les deux premiers conjoints de Tullia et de Tarquin le Superbe,
l’autre fils de Tarquin l’Ancien et l’autre fille de Servius Tullius que les deux époux
avaient épousés lors de leur premier mariage et qu’ils sont au moins soupçonnés
d’avoir assassinés.
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La connotation religieuse est moins explicite chez Denys d’Halicarnasse (qui
introduit en revanche une discussion entre Tullia et son cocher, lequel refuse de
passer sur la cadavre de Servius et est forcé à le faire par Tullia) que chez Tite-Live.
On notera cependant que, traduisant en grec le nom du Vicus Sceleratus, rue du
crime, l’auteur grec emploie l’adjectif asebès, ce qui signifie proprement « impie »,
donnant donc à l’adjectif une coloration religieuse qu’elle n’avait pas au départ en
latin.Un peu auparavant, en 4, 39, 1, la jeune femme a été qualifiée d’anosia, ce qui
a également le sens d’« impie ».
Fonction II Fonction II
Campagne de largesses : prouvent Crime de Tullia faisant passer
aux yeux des Romains la capacité son char sur le corps de son père
de Tarquin l’Ancien à être roi
Par là, dès le départ, Tarquin le Superbe aurait été connoté comme le
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Voir notre article Briquel, 2008.
Bibliographie
Alberto Borghini, « La ‘scena’ del carro e la donna divina : Gordio, Pisistrato
e Tarquinio Prisco », Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici 12,
1984, p. 61-115.
Dominique Briquel, « Trois études sur Romulus : A) Rémus et réprouvé, B) Les
trois arbres du fondateur, C) Les guerres de Romulus », in Raymond Bloch
(éd.), Recherches sur les religions de l’Antiquité classique, 1980, Genève-Paris,
Droz-Champion, p. 267-300, 301-319, 320-346.
Dominique Briquel, « Le règne de Tullus Hostilius et l’idéologie indo-
européenne des trois fonctions », Revue de l’Histoire des Religions 214, 1997,
p. 5-22.
Dominique Briquel, « Les Tarquins de Rome et les trois fonctions de l’idéologie
indo-européenne : I) Tarquin l’Ancien et le dieu Vulcain, II) Les vicissitudes
d’une dynastie : 1) Désirs humains et volonté divine, 2) Famille des Tarquins
et famille des Atrides », Revue de l’Histoire des Religions 214, 1988a, p. 369-
95, 215, p. 421-450.
Dominique Briquel, « Les figures féminines dans la tradition sur les trois
derniers rois de Rome », Gerion 16, 1998b, p. 113-141.
Dominique Briquel, « Les figures féminines dans la tradition sur les rois
étrusques de Rome », Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 1998c, 397-414.
Dominique Briquel, « Le citoyen romain héritier du roi indo-européen »,
in H. Inglebert (dir.), Idéologies et valeurs civiques dans le monde romain,
Hommage à Claude Lepelley, 2002, Paris, Picard, p. 37-47.
Dominique Briquel, « Stratifications dans la légende de Servius Tullius :
modèle romuléen et figures féminines », in Robert Bedon et Michel Polfer
(dir.), Être romain, hommages in memoriam Charles Marie Ternes, 2007a,
Remshalden, Verlag Bernhard Albert Reiner, p. 199-235.